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Full text of "Annales du Midi"

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ANNALES    DU    MIDI 


ANNALES 

DU    MIDI 

REVUE 

ARCHÉOLOGIQUE,    HISTORIQUE    ET    PHILOLOGIQUE 

DE  LA   FRANGE  .MÉRIDIONALE 

Fondée   sous  les   auspices   de   l'Université   de   Toulouse 
PA  K 

ANTOINE    THOMAS 


PRESIDENT     DU     COMITE     DE     REDACTION 

A.  JEAMiOY 

Professeur  ;\  l'Université  de  Paris. 
DIRECTEURS 

J.  ANGLADE,  J.  CALMETTE,  I[.  GRAILLOT 

Professeurs  à  l'Université  de  Toulouse. 

«  Ab  l'alen  tir  ves  me  l'aire 
«  Qu'eu  sent  venir  de  Proenza.  » 
Peire  A'idai.. 


XXIX'     ET     XXX'     ANNÉES 

1917-1918 


TOULOUSE 

IMPRIMERIE    ET    LIBRAIRIE    ÉDULARD    PRIVAT 

l4.  RUE  DES  ARTS  (SQUARE  DU  MUSÉE) 

Paris.  —  Auguste  PICARD,  rue  Bonaparte,  82. 


POÉSIES  RELIGIEUSES  INÉDITES  DU  XIV*  SIÈCLE 

EN  DIALECTE  TOULOUSAIN 
Tirées    des    LEYS    D'A  M  ORS 


Le  manuscrit*  inédit  des  Leys  d'Amors,  dont  nous 
allons  commencer  l'impression,  renferme,  outre  de  nom- 
breux passages  versifiés  ou  «  exemples  »  qui  lui  sont 
communs  avec  le  manuscrit  déjà  édité  par  Gatien-Arnoult, 
deux  groupes  de  poésies  dont  l'intérêt  nous  a  paru  suffi- 
sant pour  qu'elles  méritent  d'être  publiées  à  part. 

Ce  n'est  pas  que  la  valeur  littéraire  du  premier  de  ces 
groupes,  les  poésies  théologiques,  soit  éminente;  on  ne 
saurait  l'attendre  de  la  poésie  religieuse  en  général,  qui 
est  une  plante  délicate  ne  fleurissant  pas  dans  tous  les 
temps  et  ne  s'accommodant  pas  de  tous  les  milieux. 

A  plus  forte  raison  ne  peut-on  l'espérer  de  la  poésie 
théologique,  écrite  en  langue  vulgaire,  en  pleine  déca- 
dence de  la  littérature  méridionale.  On  verra  cependant 
que,  au  point  de  vue  littéraire,  le  second  de  ces  poèmes, 
la  CoNTEMPLACio  DE  Lx  Grotz,  u'est  pas  sans  mérite.  En 
tout  cas  chacun  de  ces  groupes  forme  un  tout  et  ils 
dépassent  de  beaucoup,  au  moins  par  leur  développe- 
ment, l'importance  et  l'intérêt  d'un  simple  «  exemple  », 
comme  il  y  en  a  tant  dans  les  Leys  d'Amors. 

Au  moment  où  l'on  vient  de  publier  à  nouveau  les 

I.  On  trouvera  la  description  de  ce  manuscrit,  qui  est  du  milieu 
du  xiv°  siècle,  dans  la  préface  de  notre  édition  des  Leys.  * 

ANNALES  DU  MIDI.  —  XXIX.  I 


2  J.    ANGLADE. 

Joyas  del  Gay  Saber*.  où  Vlnslilut  crEstudis  Catalans  de 
Barcelone  veut  bien  nous  donner,  par  l'intermédiaire  de 
M.  Masso  y  Torrents,  bibliothécaire  de  l'Institut,  les  poésies 
inédites  des  premiers  Manlenedors  de  la  Gaya  Sciensa*  et 
des  premiers  lauréats  de  nos  concours,  il  m'a  paru  oppor- 
tun de  détacher  ces  modestes  Heurs  poétiques  du  re- 
cueil au(iuel  elles  a{)partiennent  et  d'attirer  sur  elles, 
par  une  [)ublicalion  spéciale,  l'altentioii  qu'elles  méri- 
tent. 

I 
POÉSIES    THÉOLOGIQUES 

Ces  poésies  forment  un  recueil  de  729  vers  %  parmi  les- 
quels neuf  sont  empruntés  à  N'Ath  de  Mous,  troubadour 
toulousain  du  xni^  siècle,  cité  avec  prédilection  par  les  ré- 
dacteurs des  Leys.  Ces  poésies  sont  divisées  en  plusieurs 
parties,  ayant  chacune  un  titre  :  le  pouvoir  de  Dieu 
(v.  1-57),  preuves  de  l'existence  de  Dieu  par  la  Foi 
(v.  58-85),  [)ar  l'Ecriture  Sainte  (v.  86-139),  par  la  com- 
paraison du  Créateur  et  des  choses  créées  (v.  1^0-175), 
parles  paroles  des  Saints  (v.  176-181),  par  le  cri  [clamor) 
des  choses  créées  (v.  182-823),  par  la  raison  naturelle 
(V.  324-365),  détinition  de  Dieu  (v.  366-558),  existence 
d'un  seul  Dieu(v.  559-602),  la  Sainte  Trinité  (v.  6o3-6/j8), 
la  Foi  (v.  6/19-728). 

On  remarquera  que  la  longueur  de  ces  divisions  est 
très  inégale  :  la  preuve  de  l'existence  de  Dieu  par  les  pa- 
roles des  Saints  est  réduite  à  six  vers,  ce  qui  est  d'une 

1.  Les  Joies  du  Gai  Savoir,  nouvelle  ('dilioii.  |);i!'  M.  A.  Joanroy, 
Hibliolhèquo  méridionale,  l.  \\l. 

2.  Annales  du  Midi,  année  191/4-11)15. 

3.  I,es  vers  de  N'Alh  de  Mons  sont  de  six  syllabes;  les  autres  sont 
de  huit,  sauf  un  vers  (jui  lennine  (juelques  divisions  du  poème,  et 
•  lui  est  de  (|ualre  syllabes. 


POESIES    RELIGIEUSES    INEDITES    DU    XIV''    SIECLE.  6 

concision  bien  rare  chez  le  rédacteur  des  Leys;  en  re- 
vanche, la  preuve  par  le  «  cri  »  (clamor)  des  choses  créées 
ne  comprend  par  moins  de  i4i  vers,  et  il  faut  à  l'auteur 
une  centaine  de  vers  pour  définir  Dieu  et  ses  attributs. 

Le  plus  intéressant  de  ces  passages  est  sans  nul  doute 
celui  où  l'auteur  fait  parler  les  choses  créées,  ou  du 
moins  les  principales  d'entr'elles  ;  ce  n'est  d'ailleurs 
qu'une  paraphrase  d'un  passage  d'Huc  de  Saint-Victor. 
Les  autres  théologiens  cités  sont  saint  Bernard  et  saint 
Athanase. 

Au  point  de  vue  du  fond,  les  idées  de  l'auteur  parais- 
sent conformes  à  la  pure  doctrine  théologique  et  on  re- 
marquera plusieurs  fois  qu'il  se  soumet  humblement  à  la 
«  Sainte  Eglise  de  Rome  »;  cet  aveu,  souvent  répété  ici 
et  ailleurs  dans  les  Leys  dCAmors,  nous  rappelle  les  chan- 
gements profonds  qui  s'étaient  produits  depuis  plus  d'un 
siècle  dans  l'âme  des  compatriotes  de  Guilhem  Figueira. 

Quant  à  la  forme,  il  n'y  aurait  pas  grand  chose  à  re- 
lever qui  eût  quelque  intérêt,  le  vers  de  huit  syllabes  se 
prêtant  avec  une  déplorable  facilité  au  développement  et 
surtout  à  la  prolixité;  remarquons  seulement  les  vers 
suivants,  dans  lesquels  l'auteur  insiste  sur  la  difficulté 
qu'il  y  a  à  s'exprimer  en  «  romans  n  sur  des  questions 
difficiles  et  subtiles  : 

Autras  razos  trobam  subtils, 

Lasquals  laysham,  quar  diffîcils 

Son  per  espauzar  en  romans,  (v.  598-600.) 

Il  y  a  là  quelque  exagération.  La  langue  <(  romane  » 
était  parfaitement  apte  à  traiter  tout  sujet  philosophique 
ou  théologique  :  les  poésies  didactiques  de  N'Ath  de 
Mons  et  de  ses  contemporains,  surtout  de  Guiraut  Ri- 
quier,  en  sont  une  preuve  évidente.  Il  n'y  fallait  que  du 
talent,  et  il  semble  bien  qu'il  ne  manquait  pas  à  l'auteur 


4  J.    ANGLADK. 

du  deuxième  groupe  de  ces  poésies  :  on  s'en  convaincra 
aisément  en  lisant  ce  dernier  poème. 

Mais  de  qui  sont  ces  poésies?  Les  deux  groupes  sont-ils 
du  même  auteur?  Et  quel  est  cet  auteur? 

A  toutes  ces  questions  on  ne  peut  répondre  que  par 
une  hypothèse,  qui  est  la  suivante  :  nous  n'avons  pas  de 
raison  —  jusqu'à  preuve  du  contraire  —  de  refuser  la 
paternité  de  ces  deux  groupes  de  poésies  au  rédacteur 
principal  et  sans  doute  au  rédacteur  unique  des  Leys 
d'Aniurs,  qui  fut  Guilhem  Molinier.  C'est  l'opinion  de 
Chabaneau  '  :  elle  est  parfaitement  vraisemblable.  Car  on 
sait  que  Guilhem  Molinier  se  nomme  plusieurs  fois  dans 
le  Code  poétique  toulousain,  même  par  des  acrostiches  : 
et  nous  savons  que  c'est  à  lui  que  fut  donnée  la  commis- 
sion de  «  compiler  »  les  Leys.  Les  poèmes  intitulés  cocirs, 
dans  la  rédaction  publiée  par  Gatien-Arnoult,  prouvent 
d'ailleurs  que,  le  cas  échéant,  il  ne  manquait  pas  de  ta- 
lent poétique  ^ 

I 

POÉSIES  THÉOLOGIQUES 

Parla   del  grand  poder  de   Dieu. 

Ferrnanieiil  crczcm  (}ue  Dicus  es 
Fous  e  naisslu'iisa  de  tolz  ])es. 
Ses  comensanieii  e  ses  fi, 
/,     [F°  11  v°]  Simples  del  toi  e  lotz  en  si. 
La  veilutz  del  es  tolz  poders 
El  sens  d'el  tôt  pleniers  sabers. 


i.  Hixt.  ijén.  Imiuj.,  éd.  Privai,  \,  p.  357a  cl  p.  389,  11.  i 

a.  l'oul  iMrc  pourrait  on  penser  à  .Tohan  de  Gaslcllnou,  dont  les 

'<  vers  »  religieux  ne  manquent  pas  d'élévation;  mais  nous  tenons 

plutôt  pour  (luiilicm  Molinier. 


POESIES    RELIGIEUSES    INEDITES    DU    XlV   SIECLE. 

L'essers  de  Itiy  es  lis  bes  grans, 
8     Excellens.  naiitz  e  tan  passans 

Que  per  subtilitat  de  cor 

Hom  noy  atenh  per  degun  for. 

L'obra  de  liiy  tôt  so  qu'es  bo  ; 
13     Aquest  senhor  e  rey  del  tro 

Sus  tôt  quant  es  e  jos  demoia 

Totz  es  dedins  e  totz  defora. 

De  part  dessus  non  es  majors, 
i6     En  so  qu'es  jos  non  es  menors. 

Estans  defors  non  es  excbis, 

Per  estar  dins  non  es  enclus. 

Dessus  del  tôt  es  prezidens, 
30     Dejos  lot  quant  es  sostenens. 

Defors  lotas  cauzas  abrassa, 

Dedins  complish  Iota  la  plassa 

De  sobregran  bonaiiransa. 
3/1     Dieus  qu'es  de  totz  bes  habondansa 

Sus  mas  de  si  non  ha  sostenh, 

Jos  per  suffrir  greugz  no  l'atenh; 

Fors  pauc  ni  pro  no's  dilatatz, 
38     Dins  non  es  ponch  encarceratz. 

Movens  lo  mon  non  es  mogutz, 

Tenens  tôt  loc  non  es  tengutz. 

Ni's  muda  ges  lo  temps  mudans 
3a     E  so  qu'es  vac  del  (ot  fermans 

El  per  aiso  ges  no  vagueja. 

Non  es  lunhs  bonis  qu'aysso  no  déjà 

Notar  en  son  cor  et  escrinre. 
36     Vida  vivens  es  e  fa  viure. 

Totz  es  bos,  ans  es  bontatz  pura  ; 

E  nos  quez  em  sa  créa  tu  ra 

Hem  tengiit  am  mot  gran  fervor 
ko     De  cor  amar  aquest  Senhor, 

Servir,  hondrar  e  benezir. 
'       Li  nostre  plazer  el  dezir 

Tug  devon  esser  ordenat 


J.    A>GL.\DE. 

4/j     A  Dieu  pcr  far  sa  volonlat. 
E  quar  gloricjar  en  Dieu 
Et  alegrar  en  lo  nom  sieu 
Et  liaver  per  ferma  crezensa 

/,8     De  Dieu  veraya  conoyshensa 
F]  de  luy  parlar  mot  conforta 
E  niant  crim  delish  et  amorta 
E  noyrish  tôt  bon  esperit, 

52     Parlem  ne  donc  mays  .i.  petit 
A  lauzor  et  houor  e  gloria 
De  luy  e  per  haver  memoria 
De  far  e  dir  lo  sieu  plazer 

56     Per  que  puscam  lassus  haver 

JOT-E-TER-NAL 


Mostra  que  Dieus  es  et  aysso  proa  per  la  Fe. 

Lo  grant  poder  naut  divinal 

Ni  bocca  dir,  ni  cor  pessar 
60     Ni  lunhs  engenhs  emagenar 

No'l  pot,  tant  es  de  gran  nauteza, 

Et  ayssi  de  gran  prcondeza 

[F"  12  T°]  Que  lunli  final  terme  noy  ha. 
()4     (hie  siii  Dieus  aysso  nos  da 

La  santa  Ees,  quar  tota  via 

D'aysso  nos  porta  guerenlia. 

Crezen  Dieu,  a  Dieu  et  en  Dieu 
6(S     .In/ien,  Sarrasi,  Canalicu 

(Irezoïi  Dieu,  crezo  que  Dieus  es; 

Qui  a  Dieu  cre,  per  mays  es  près, 

(Miar  l(is  siens  dig/  cre  per  verays  ; 
~-j     (Jui  m  Dieu  cred'aytan  creysh  mays. 

(Jiiai   luy  crezen  c  sos  comans 

C.ouia  (Ici  l<i|  Ncrays  e  sans 
\(lU('ls  gardai-  \()|  a  loi  l'or 
7<''     l'I  aniar  Dieu  de  tut  son  cor 


POÉSIES    RELIGIEUSES    INÉDITES    DU    XIV'^    SIECLE. 

Et  csser  us  dels  siens  fizcls 

Per  venir  al  règne  dels  cels, 

Quoras  que  parla  '  d'aquesf  mon. 
80     Del  creyre  primier  e  segon 

Li  mal  e-1  bo  son  parsonier 

E'ih  bo  solamen  del  denier; 

Los  dos  primiers  a  bos  e  mais 
84     Trobam  cornus  e  gênerais 

E"l  ters  especial  als  bos. 

Que  sia  Dieus,  aysso  proa  per  la  Santa  Escriptura. 

Esser  Dieu  aysso  podem  nos 

Haver  per  TEscriptura  Santa, 
88     Laquais  enayssi  dit/  e  canta  : 

[F°  12  r°,  c.  2]  «  Senber,  tu  yest  elernalmen, 

Ses  fi,  ses  tôt  comensamen.  » 

Esser  Dieu  proat  es  ayssi. 
92     En  autre  loc  ditz  enayssi  : 

«  Cel  qui  es  a  vos  m  "a  trames.  » 

Qui  es  per  Dieu  veray  es  près. 

D'aquest  sant  nom  Dieus  se  nomnec, 
96     A  Moysen  dirlo  mandée  : 

Quar  ((  aycel  es,  tu  yest,  soy  yen  » 

Be  no"s  pot  dir,  sino  de  Dieu. 

Quar  homs  enans  sa  qualitat 
100     iMuda  que  soy'  pronunciat. 

Laquais  de  perfectio  nuda 

Appar  quar  soplamen  se  muda 

Per  temps  passât  o  que  sera. 
io4     Mudamen  Dieus  ni  temps  non  ha 

Avenidor  ni  prétérit  : 

En  si  es,  don  esser  complit 

E  profieg  ha  per  que  res  als 
108     Non  es,  mas  l'essers  divinals. 

1.  Ms.  parcn;  c  et  t  sont  souvent  confondus. 

2.  Sic  ms. 


J.    ANGLADE. 

E  ressers  bos  que  da  Natura 
Eu  quai  que  sia  creatura 
En  sas  qualitatz  uon  es  ferms, 
1 1 2     Aras  homsas  ',  aras  enferms, 
Et  aras  habondos  e  rix 
Et  aras  paubres  e  mcndix 
Et  aras  joves  e  baudos 
ii6     Et  aras  vielhs  c  tossilhos, 
Aras  alegres  e  rizens, 
Aras  iros,  tristz  e  dolens. 
L'essers  aquest  voutz  e  giratz 
I20     [F°  12  v°]  Es  ades  en  sas  qualitatz, 
En  mal  soen,  e  pueysh  en  pieytz, 
Si  que  del  tôt  non  es  perfieytz. 
La  pessa  d'ome  fort  mudabbla 
134     l'^s  ysbamens  e  variabbla  : 
Veus  ades  recort,  veus  oblil. 
Sofau  de  se  qu'aura  cauzit; 
Quar  ades  vol,  autreja,  manda, 
128     Apres  desvol,  nega,  desmanda, 
Si  que  vagueja  say  e  lay, 
Quar  en  un  voler  non  estay. 
Aras  es  dins,  aras  defora, 
l'À'A     Eu  tant  qu'en  ccrt  punch  no  demora. 
Dieus  es  en  si,  no'l  quai  relolge, 
Temps,  horas  ni  loc  on  s'alotge, 
Pcr  que  1(>  noms  priiicipals  siens 
i36     D'a(pjels  per  qu'es  mensonalz  Dieus 
Es  Cet  qui  es,  quar  trop  enporta 
Tant  quesad  als  be  no*s  reporta 
Mas  sol  a  Dieu  cpii  be  l'expauza. 

I.  Kn  nii  seul  mot  fl.ins  le  nis. 


POESIES    RELIGIEUSES    lîNEDITES    DU    XIV^    SIECLE.  9 

Que  sia  Dieus,  aysso  proa  per  comparatio  de  las  cauzas  creadas 

al  Creator. 

i4o     Que  sia  Dieus  per  Iota  cauza 

A  luy  comparada  se  moslra, 

Quar  ayssi  l'essers  de  la  nostra 

Natura  del  tôt  s'anienta 
i44     Quo'l  ros  al  solelh  o  can  venta 

E  may  cent  melia  tans  encara, 

Dece  quesaquel  nom  compara 

A  l'esser  de  la  deitat. 
ihS     Veray  de  gran  eternitat, 

De  gloria  poder  no  mudabbic, 

Creator,  senhor  perdurabble 

De  tôt  quant  es,  sera  ni  fo, 
162     Totas  las  causas  qu'el  mon  so 

Te  Dieus  en  son  poder  et  ha. 

Et  en  son  esserprezen  da 

A  totas  lor  esser  degut; 
i56     En  tant  que  si  Dieus  sa  vertut 

D'aquelas  sostrayre  volia 

Cascuna  s'anientaria 

Si  cum  de  nien  fo  creada. 
160     Assatz  appar  vertatz  proada 

Que  totas  cauzas  esser  han 

En  l'esser  de  Dieu  et  estan 

Vivoiî  e  prendo  movemen. 
164     En  autre  loc  ditz  yshanien 

Que  la  beutatz  e  la  drechura 

Que  pot  baver  nostra  natura 

Esquays  nien  que  petit  val 
168     En  respieg  de  la  divinal, 

Ans  es  no  re  segon  que"s  lieg. 

Pus  qu'en  Dieu  tôt  (|uant  es  se  rieg 

Et  es  e  viu  e-s  mou  e's  vira 
172     Sec  se,  qui  tôt  aysso  cossira. 


lO  J.    ANGLADE. 

Que  senes  luy  res  no  pot  esser  : 
Donx  totas  causas  per  lor  esser 
Nos  mostran  que  Dieus  es  tôt  clar. 

Que  sia  Dieus  aysso  proa  per  lo  dig  dels  Sans. 

176     [F°  13  r°]  Esser  Dieu  per  lo  prezicar 

Dels  Sans  appar,  e  per  escrig, 

Si  que  la  us  d'els  en  son  dig 

L'esser  de  Dieu  enayssi  pauza  : 
180     «  Senher,  tu  yest  una  tais  cauza 

Qu'oni  no  pot  cogitar  major.  » 

Que  sia  Dieus,  aysso  proa  per  la  clamordelas  cauzas  creadas. 

Que  sia  Dieus,  per  la  clamor 

E  per  lo  crit  totas  vegadas 
18/4     Appar  de  las  cauzas  creadas; 

Quar  totas  en  l'esser  que  so 

Dizo  :  Nostra  creatio 

Havem  de  Dieu,  non  pas  de  nos; 
188     Lo  crit  fa  Dieus  tôt  poderos 

Per  nom  de  tota  creatura, 

Quar  Dieus  es  la  votz  de  nalura 

Am  que  la  cauza  dreyturiera 
193     Deinostra  per  bona  maniera 

Dieu  que  l'a  fayta  drechurier 

E  la  veraya  vertadicr 

La  santa,  sant,  la  digna,  digne, 
i«)<)     Lumils  e  benigna.  bénigne, 

La  bona,  bo,  la  bcla,  bel  : 

Cascuna  lauza  son  capdel. 

Ayssi  nieteys  es  en  tend  ut 
200     D'niilra  cpial  (|ue  sia  verlul  ; 

Quar  ayssi  eu  m  Dieus  en  los  cels 

De  las  crcaluras  fizels 

Ks  bels  miraîbs  e  resplaïuiens 
3o/i     K  verays  ellumcnamens, 


POESIES    RELIGIEUSES    INEDITES    DU    XlV    SIECLE.  II 

Âyssi  meteysh  en  aqucst  mon 

Qui  las  creaturas  que  y  son 

Vol  be  regardar,  cossiran 
3o8     Las  formas  diversas  ques  han 

Prezas  de  Dieu  e  lots  vertutz, 

Son  us  miralhs  que  nos  adutz 

Ad  haver  certana  sciensa 
2  12     De  Dieu  e  vera  conoysshensa  ; 

Quar  l'obra  son  fazedor  lauza. 

Hue  DE  Sant  Victor  ditz  e  pauza 

Ques  a  nos  mania  creatura 
216     Am  sa  rescosta  parladuia 

Parla  claramen  ab  très  votz  : 

Pren,  RED  e  fug;  aquestz  très  motz 

Pren  servish  e  Red  amonesta, 
220     Fug  es  votz  a  menassar  presta. 

Per  la  prumera  ditz  lo  Cels  : 

«  Senhors  soy  del  mon  e  capdcl  ; 

De  be  far  ad  aquel  no  "m  trigui, 
23/j     Del  mantel  mieu  del  tôt  l'abrigui, 

Lutz  doni  lo  jorn  per  velhar, 

Ombra  la  nueg  per  repauzar.  » 

E  l'Ayres  ditz  :  «  Yeu  doni  vens, 
228     Auzels  e  vidais  bufamens.  » 

L'Ayga  ditz  :  «  Yeu  tenc  habondos 

Lo  mon  de  diverses  peysshos, 

Fluvis,  fons  e  manta  ribiera, 
282     Ostans  de  terra  la  sequiera  ; 

Fiualmen  a  lotz  m'abandoni 

E  francamen  a  beure  doni; 

E  quar  del  mon  tôt  jorn  me  plegi, 
286     [F°  13  v°]  Pudors  et  orduras  denegi.  » 

La  Terra  ditz  :  <(  Yeu  noyrisc,  porti 

Las  gens  lasquals  de  pa  coforti 

Et  am  bos  vis  las  fau  joyosas, 
2Z(0     De  carns  e  de  fruytz  habondosas; 

De  bestias  las  tenc  en  sayzina 


J.    A.Nr.LADE. 

Doinetjas  e  de  salvatgina 
A  lasquals  segon  lor  natura 

■itxk     Yen  servisc  e  doni  pastura.  » 

E  le  Focs  dilz  :  «  Can  fa  gran  freg 
E  ven  e  glas  e  temps  destreg, 
Las  gens  escalfi  e  soy  quocz 

aZiS     De  lor  viandas  en  totz  locz  ; 

Amagar  no"m  vuelh  ni  rescondie 
A  fargar  e  tôt  metalh  fondre.  » 
Red  es  votz  de  l'amonestan 

203     Don  fa  le  mons  argumen  gran 
E  ditz  :  «  Hom,  vuelhas  cossirar 
Que  Dieus  per  te  m'a  volgut  far; 
>fo  sia  ges  ta  pessa  tnrta  ; 

256     Guarda  l'amor  ques  el  te  porta; 
Per  se  m'a  fayt  e  te  per  se. 
Vuelhas  servir  a  Dieu  quel  fe; 
Yeu  te  servisc  per  quel  serviscas 

260     E  so  nom  tostemps  beneziscas. 
Dieus  nos  ha  faytz  e  pus  que  yeu 
Te  vuelh  servir,  servish  a  Dieu  ; 
Pus  que  d'el  prendes  benefici, 

26^1     \\(h\  li  degut  e  bon  servici; 
Uoconoysh  sa  benignitat 
Per  amor  e  per  caritat.  » 
FuG,  tersa  votz,  tôt  jorn  menassa 

268     Por  que'l  focz  de  dire  nos  lassa  : 
«  lloms  fols,  ardray  te  per  ta  fauta. 
Quar  mal  ses  emendar  t'azauta.  » 
La  Terra  ditz  :  «  Yeu  te  beuray  )>, 

272  Et  l'Aiga  :  «  Yeu  te  negaray  »; 
E  l'Ayrcs  ditz  :  «  Yeu  faray  tan 
Hue  no  polsaras  tan  ni  (juan  »  ; 
«  El  yeu  t'ongluliray  del  tôt, 

276     So  ditz  Yferns,  dedins  ma  .sot.  » 
<Juar  ayssi  cum  las  creaturas 
Servissho  segon  lors  naturas 


POÉSIES    RELIGIEUSES    INEDITES    DU    XI V'    SIÈCLE.  l3 

Los  Los  e-ls  no  sabens  essenlio 
280     Et  a  far  loi'  dever  enpenho, 

Ayssi  meteysli  son  ysscmplari 

De  far  als  mais  tôt  lo  contrari, 

Los  quais  ses  autre  perseguir 
284     Lor  colpa  fa  soen  fugir. 

Regarda  be  donx  e  décora 

Cum  las  creaturas  defora 

Corporals  e  senes  razo 
288     En  alcun  fag  avol  o  bo 

Nos  dono  bel  essenhamen  ! 

E  celas  de  dins  yssbamen, 

Cuni  l'arma  ques  ba  conoysshensa 
292     Am  la  remorden  cossiensa 

Que  fa  bos  faytz  e  fug  a  mal 

Per  baver  lo  joy  eternal, 

Quar  d'aquel  ba  gran  dezirier  ; 
296     E  mays  H  Sant  el  drecburier 

Per  bon  yssemple  de  lor  vida 

Cascus  a  be  far  nos  covida  ; 

Li  Patriarcba  libéral 
3oo     [F°  14  r°]  Foron  tostemps  en  lor  bostal  ; 

E  per  aysso  il  nos  aduzo 

Hospitalitat  ens  enduzo  ; 

E  li  Propbeta  nos  avizo 
3o4     A  vertat,  quar  aquela  dizo; 

Mostro  l'Apostol  caritat 

Et  en  la  fe  gran  fermetat; 

Et  li  Martir  gran  fortaleza, 
3o8     Quar  mort  cruzel  ban  per  Dieu  preza; 

E  li  Coffessor  abstenensa, 

Pietat  e  gran  penedensa  ; 

Las  verges  purtat  nos  ameno, 
3i2     Las  veuzas  castetat  semeno. 

Donx  havem  que  las  creaturas 

Segon  lors  diversas  naturas 

Nos  dono  niant  essenbainen. 


I^  .T.     ANGLADE. 

3i6     Segon  lor  esser  ysshamen 

Dono  conoysshensa  de  Dieu 

E  mostro  lo  gran  poder  sieu 

Qui  de  nien  las  ha  creadas, 
320     De  vertu tz  a  beutatz  doladas. 

Ani  mol  variabblas  faissos. 

Aysso  cossiran  totz  homs  bos 

Dieu  beuezish  d'aquesla  nioslra. 

Que  sia  Dieus,  aysso  proa  per  razo  natural. 

324     Esser  Dieu  aysso  ditz  e  mostra 

Razos  naturals,  quar  a  l'obra 

Ades  sab  conoysher  qui  l'obra  ; 

Et  argumens  far  et  endure 
328     E  per  dreg  natural  conclurre 

Que  Dieus  es,  et  am  razo  bona 

Per  esta  guiza  s'en  razoïia  : 

Cauza  creada  creator 
332     Requier,  e  fayta,  fazedof  ; 

Ses  formador  non  es  formada 

Cauza,  ni  ses  obrier  obrada; 

Donx  mostro  las  cauzas  formadas 
33<)     Qu'enans  qu'elas  fossan  creadas 

Covcnc  que  fos  (jui  las  crées 

E  l'esser  en  que  son  lor  des. 

Aysso  res  far  mas  Dieus  no  poc  : 
3/io     Concluzem  donx  en  aqucst  loc 

Que  Dieus  es  ccrt,  e  quel  mon  rieg. 

Dieus  esser  ha  sobreperfieg  ; 

Aquo  sobreperfieg  es  mot 
3/i4     Que  rc  non  ha  mas  de  si  tôt; 

Sobreperfieg  es  atressi 

So  (ju'esser  non  ha  fors  de  si. 

Nostr'essers,  quar  alcuna  cauza 
3^8     lia  fors  de  si,  degus  non  auza 

Dire  ni  pot  que  perfieytz  sia; 


POÉSIES    RELIGIEUSES    INEDITES    DU    XI V    SIÈCLE.  i5 

Divers  temps  ha  per  que-s  varia; 

Falh  nos  su  qu'oni  per  temps  passât 
35a     Tiobam  de  nostr'esser  mermal  ; 

Falh  nos  so  qu'om  per  temps  aten 

Per  dar  ad  esser  creysshemen. 

Nostr'esser  donx  vezem  falhir 
350     Per  temps  passât  oz  a  venir, 

Per  que  perfieytz  non  es  lunh  temps. 

L'essers  de  Dieu  es  totz  essems 

[F°  14  v°]  Per  temps  passât  ni  venidor; 
36o     L'essers  no-s  mou  del  Creador, 

Ni's  defectius  ni  defalhens. 

Ans  es  complitz  sobrieramens 

De  sobregran  perfeclio 
3C4     Tant  que  per  cngenh  pauc  ni  pro 

ReS-NOI  -APEZA. 

Mostra  quinha  cauza  es  Dieus. 

L'Eternitat  ni  la  grandeza, 

La  perfectio,  la  bontat, 
368     Pietat,  la  misericordia, 

Patz,  santetat,  doussor,  concordia, 

Vertat,  cosselb  ni-1  gran  poder, 

La  savieza  ni'l  saber, 
372     La  gloria,  gaug,  bouatiransa, 

La  Ycrtut,  la  gran  alegransa, 

La  beutat,  purtat,  la  sciensa, 

La  gran  nobleza,  l'cxcellensa, 
37G     La  volontat  ni  la  drechura 

De  Dieu  humanals  creatura 

Dire  no  pot,  ni  cor  pessar 

Ni  perfiechamen  declarar, 
38o     Ne  defenir  per  lunh  vocabble 

Naut  o  subtil  ni  entendabble 

Qu'es  Dieus,  quar  so  que  non  ha  cors 

Ni  quantitat  dins  ni  defors 


I  G  J  •    ANGLADE . 

384     Temps,  an,  mes,  jorn,  ni  luenh  ni  près, 

Sa  entras,  semjjres,  ni  atles, 

JVIajormen  so  qu'es  infinit 

Be  no  pot  esser  définit, 
388     Ni  vist  ni  palpât  ni  tengut 

Ni  perfiechamen  entendut. 

Si  era  fayta  questios 

On  era  Dieus  ans  que'l  mons  fos, 
39a     Respon  e  digas  enayssi  : 

«  Adonx  et  aras  es  en  si  ; 

Dieus  es  tôt  so  qu'es  bel  e  bo, 

Per  que  de  si  meteysh  a  pro  ; 
3()G     El  es  en  si;  que  res  compendre' 

Son  esser  no  pot  ni  entendre 

Efi  lo  mon  es  tanli  se  que  règne 

Ayssi  coma  reys  en  son  règne  ; 
/joo     En  angels  es  coma  doctors 

De  pura  vertat  e  doussors 

De  bontat  ses  Iota  mezura  ; 

En  Santa  Gleyza  Dieus  s'atura 
/io/i     Et  es  e  fa  mansio  tal 

Coma  senhor  en  son  liostal  ; 

En  los  elegitz  esta  Dieus, 

(^oma  del'endeyres  dels  siens 
408     E  ministrayre  de  totz  bes  ; 

En  l'arma  d'ome  fîzel  es 

En  las  manieras  sobredichas 

Et  en  las  autras  jos  escrichas 
l\ij     (]oma  lo  Iruytz  en  lo  fruchier 

U  cum  le  vis  en  lo  celier 

0  coma  viva  fons  en  ort 

0  lorrs  que  red  lo  castel  fort; 
/»!()     Et  eu  ni  en  la  bresca  le  mels 

Es  Dieus  en  l'arma  dels  fizels; 

Dieus  es  en  angels  désirables, 

I .  sic.  ms. 


POESIES    RELIGIEUSES    INEDITES    DU    XIV*    SIECLE. 

[F°  15  T°]  En  homes  bos  formen  amabbles, 
li'io     En  creaturas  veituos, 

E  mays  sobremeravillios; 

En  los  bos  es  tostemps  pazibbles 

Els  mais  per  lor  colpa  terribles  ; 
/|24     Dieus  es  totz  bos  ses  qualitat 

E  sobregran  ses  quantitat, 

Creayres  que  re  no'l  sofranh, 

Prezidens  qu'en  re  no  s'afranh, 
428     Per  tôt  ses  loc  es  totz  essems 

E  perdurables  senes  temps  ; 

Las  cauzas  muda  ses  mtidar 

E  ses  tôt  greuge  suffeitar 
432     Ni  pena,  desplazers  ni  mal, 

No  cay  en  l'esser  divinal, 

Lequals  be  no's  pot  exprimir 

Ni  cor  pessar  ni  bocca  dir 
436     Nil  volers,  poders,  la  bontatz 

De  laquai  nos  ha  totz  amatz; 

Quar  no"s  tanh  ni's  cauza  leguda 

Que  sia  per  home  saubuda 
44o     La  razos  del  voler  de  Dieu 

Ni  del  secret  jutjamen  sieu  ; 

Quar  non  es  dat  a  servidor 

Saber  lo  secret  del  senhor, 
444     E  mays  que  dece  quel  saubria 

Fes  ni  crezensa  no  séria, 

El  meritz  séria  perdutz  ; 

Ni's  bo  per  so  que  deceubutz 
448     No  sia  degus  homs  ni  erre 

De  disputar  ni  trop  encjuerre 

L'esser  de  la  divinitat 

Ni  de  la  Santa  Trinitat. 
453     La  volontat  ni'l  gran  poder, 

La  savieza  nil  saber 

De  Dieu  ni  la  sua  drechura, 

Quar  aysso  lunha  creatura 

ANNALES    DU    MIDI.   —  XXIX. 


l8  J.    ANGLADE. 

/i5G     No  pot  complidamen  entendre; 

E  quar  trop  montar  fay  deshendre 
Per  so  qui  mays  avan  s'enpeiih 
A  saber  aysso  mens  atenli, 

/jGo     Savis  non  es  qui-s  vol  enpenher 
Lay  on  no  pot  razos  atenher; 
Qui  sobresaber  vol  ni  cuja, 
Sabers  e  sens  cove  que-1  fuja, 

l^^Jll     Quar  otra  razo  qui  enquier 

C)  mays  que  sabers  no  requier 
Fols  appar  et  otiacujatz; 
Peio  cant  es  necessitatz 

/|08     Fer  estructio  de  la  fe, 

No's  tanh  oblidar  ni-s  cove 
D'enquérir  e  de  demandai 
Per  miels  si  meteys  enformar 

li']'j     La  vertat  e  l'esser  de  Dieu 
E  la  vertut  del  poder  sien, 
Ses  trop  cavar,  tempradamen, 
Quar  mot  gran  enlumenamen 

-'170     De  fc,  de  vertat,  de  sciensa 

Pren  cascus  en  la  conoyshensa 
De  Dieu  e  gran  estructio, 
Am  tal  pero  conditio 

/j8o     Demande  cascus  et  enquiera, 
Que  si  entendre  la  maniera 
Be  no  pot  de  so  que  demanda 
Adonx  amb  esperansa  granda 

48/i     Et  am  ferm  cor,  pur  et  leyal, 
La  santa  le  catbolical 
Creza  simplamen  cofessan' 
E  sa  crezensa  reportan 

/|88  Fcrmamen  del  tôt  et  en  soma 
\yssi  cum  \:\  gleyza  de  Roma 
Allcrma,  dilz  e  delermena, 

I.    Ms.  rDiifrsmui  .ivt'c  11  l'xponclucV. 


POESIES    RELIGIEUSES    INEDITES    DU    XIV '    SIECLE.  19 

Laquais  Sant  Esperitz  ordena 
492     Mcravilliozamen  e  riog. 

Don\  pus  que  sen  non  ha  peifieg 

Lunhs  homs  per  mostrar  ni  per  tlir, 

Expressar,  ni  per  définir 
496     Qu'es  Dieus,  lioms  doux  que  respondra 

Qui  d'aysso  demanda  li  fa? 

Diga  so  que' Dieus  n'amenistra 

Et  el  cor  d'omo  ne  registra, 
5oo     Que  Dieus  es  tais  cauza  que  res 

Major  cogitar  non  pot  ges. 

Dieus  es  cel  qui  es  el  meteysh; 

A  dir  yen  soy  qui  soy  ncs  feysh; 
5o4     Cel  qui  es  noms  es  competens 

A  Dieu  que  noy  cal  mays  ni  mens, 

Quar  assatz  compren  lo'  sieu  esser; 

Res  non  es  ses  luy  ni  pot  esser; 
5o8     El  es  a  si,  el  es  a  totz 

Fontayna  de  totz  bes  e  dotz; 

L'essers  de  luy  es  verays  Dieus 

Vida,  patz  e  gloria  dels  sieus; 
5 12     El  es  purs  e  simples  de  si, 

Ses  comensamen  e  ses  fi 

De  si;  tôt  so  qu'es  bel  e  bo 

Es  el  e  ses  relacio. 
5 16     En  Dieu  non  ha  mas  Dieus  veray, 

Noy  ha  re  als,  ni  mens  ni  may; 

Dieus  es  pura  vertatz  de  si 

E  lums  e  clartatz  atersi, 
5ao     Tan  grans  bontatz  e  savieza 

E  vertu tz  que  re  noy  apeza, 

De  si  meteysh  omnipotens, 

Totz  sobiras  et  exellens; 
634     Jutjans,  quar  es  vera  scieusa, 


I.  Ms.  los  sieu  esser.  En  marge,  main  du  xvn'  s.,  lo  biffé. 


20  J-    ANGLADE. 

Tôt  (luant  es  am  gran  pacierisa'. 

Pazibbles,  bénignes  e  bos, 

Plazens,  miseiicordins, 
52<S     Ygnoransa  non  ha  de  re 

E  sab  totas  cauzas  e  ve; 

Tostems  ama  sa  crealura 

Ayssi  coma  caritats  pura, 
532     Et  en  sa  gloriosa  se 

Esta  cnni  engalcatz  e  se; 

E  senhoreja  vas  totz  latz 

Ayssi  cum  vera  niagestatz. 
536     Le  regartz  siens,  vera  salutz, 

L'obra,  sobirana  vettutz, 

Révéla  coma  lutz  veraya 

E  coma  glorioza  raya, 
540     Prezenta  se  cnm  patz,  coucordia, 

Benignitatz,  misericordia, 

Et  am  sobriera  plenetat 

D'amor  e  de  gran  pietal. 
5.'t4     Diens  es  esperitals  substansa 

De  beulat,  de  bonaznransa, 

'i'ant  (pie  l'angel  bel  e  plazen 

|po  |g  poj  ],]  ,ïi;^Ys  clar  e  pins  resplandens 
5'|N     Vil  (lobbies,  e  mays  Iota  via, 

(^)nel  solelbs  non  es  a  mieg  dia 

De  Iny  vezer  e  regardar 

Lunh  temps  no's  podo  sadolar, 
55u     'I'ant  es  grans  la  gloria  (pies  liaii 

La  sna  lienlal  regardan, 

(Jnar  \czen  Dieu  (^ue  toslenis  colo 

Complidamen  han  so  que  volo  : 
()5()     \  Ida,  patz,  joy  et  alegrier 

Et  ardent  tostemps  dezirier 

De  —  LUY  —  SEHVUt. 
I.   Vers  niihlir  et  ajouh''  en  haut  (1(^  la  colonne. 


POÉSIES    RELIGIEUSES    INEDITES    DL    XlV    SIÈCLE.  2  1 


Mostra  que  us  Dieus  es  solamen. 

Adorar,  creyre,  benezir 

56o     Devem  tostemps  .1.  Dieu  verav. 
Tôt  poderos,  ses  plus  ni  niay, 
Quar  enayssi  l'auctoritatz 
Ho  mostra  clar  e  ditz  :  «  Aejatz 

56/|     Que  sols  yeu  soy  e  degus  ges 

Mas  yeu  ses  plus  vers  Dieus  non  es.  » 
Et  aysso  l'Âpostols  conferma. 
Quar  una  fe  ditz  et  afferma 

568     .1.  veray  Dieu  et  .1.  baptisme. 

Sant  Bernât,  parlan  de  l'Altisme, 
Ditz  que  Dieus  es  ainsslnms, 
Si  dire  se  pot,  tant  es  us; 

572     .1.  meteys  es  e  d'una  guiza 

Lunh  temps  d'un  esser  no- s  desguiza 
En  si,  mas  si  meteys  non  ha, 
Regens  tôt  quant  es,  ni  sera  ; 

576     Aquo  sobrieramens  es  .1. 

Que  nombre  no  recep  degu  ; 

Dieus  non  ha  compositio 

Ni  degu  nombre  })auc  ni  pro  ; 

58o     Vers  es  quant  a  la  Unitat, 
Non  pas  quant  à  la  Trinilat, 
.1.  meteys  de  si,  totz  en  si, 
Totz  purs  e  simples  atersi  ; 

584     Unitatz  per  comensamen 

De  nombre  ges  ayssi  no's  pren, 
Mas  segon  que  miels  se  comporta 
Amb  esser  ab  Dieu  se  reporta  ; 

588     Unitatz  si  per  nombre-s  pauza 

Vas  Dieu  pot  baver  semblan  cauza, 

Quar  ayssi  cum  ela  stanteja 

E  no-s  deshen  d'autru  nis  pleja 

592     E-1  nombres  plurals  s'en  abriva 


J.     ANGLADE. 

E  de  liey  deshen  e-s  dériva, 
'En  ayssis  Dieus  en  si  meteysh 

No -s  deshen,  ni  merma,  ni  creysh, 
596     Si  be  totas  cauzas  deshendo 

De  luy  e  lor  esser  ne  prendo. 

Autras  razos  trobam  ^  subtils 

Lasquals  laysham,  quar  diffîcils 
600     Son  per  espauzar  en  romans, 

Si  be  son  bonas  e  tocans 

La    —    UM    —    TAT. 


De  la  Santa  Trinitat. 

D'un  vcray  Dieu  eu  Trinitat, 
6o4     Payre,  Filh  e  Sant  Esperit, 

Nos  cove  parlar  .1.  petit. 

[F°  16  v°]  Le  Payres,  segon  que  nos  dona 

La  nostra  fes,  ha  sa  persona, 
608     La  sua  le  Filhs,  no'  per  si, 

El*  Sans  Esperits  atressi  ; 

Distinctas  son  aquestas  très, 

La  una  ges  autra  non  es  ; 
612     No  son  trey  Dieu,  mas  .1.,  ses  plus, 

Fcrmamcn  lo  crezcm  cascus  ; 

E  si  be's  distincta  cascuna, 

La  deitatz  de  lor  es  una, 
G16     Lor  gloria  del  tôt  es  ongals 

K  la  magestalz  olenials. 

H  crozem  u)ays,  quais  es  le  Payres, 

Tais  os  le  Eilhs,  nostrc  Salvayres, 
iy.'.o     Va  aUals  le  Sans  Espeiitz, 

Segon  que  lEscriplura  difz. 


I.  Kii  ninr^c.  iii;iiii  du  wir  s.?  Deul.  -la. 

7.  Ms.  Irouhnm  ;iv<m-  h  exponclué. 

'^.  Ms.  no  ('cril  au  tlessiis  de  ha  YniXé  {\i\'  s.). 

i.  Ms.  els. 


POESIES    RELIGIEUSES    INEDITES    DU    XIV      SIECLE.  20 

Degus  de  lor  non  es  cieatz, 

Pero  le  Filhs  es  engendra tz 
624     Per  Dieu  lo  Payrc  glorios; 

Le  Sans  Esperilz  de  lor  dos 

Procezish,  segon  nostra  fe, 

E  santa  Gleyza  ditz  e  cre. 
638     Tug  trey  nomnat  personalmen 

Son  .1.  Dieu  essencialmen  : 

Aysso  triangulars  figura 

Per  quays  semblansa  nos  figura 
633     0  per  un  pom  se  pot  entendre 

Ques  aia  color  et  odor 

E  tersamen  qualque  sabor. 

Très  cauzas  doux  haveni  en  una 
636     Et  am  distinctio'  cascuna 

E  tôt  essems  es  una  cauza. 

La  Santa  Gleyza  ditz  e  pauza 

Las  très  personas  divinals 
6^0     Totas  essems  totas  engals 

Que  noy  a  primier  ni  derrier 

Ni  may  ni  mens  ni  sobrancier  : 

Lo  foc,  la  clartat,  la  calor, 
644     Essems  et  engals  entre  lor 

Penre  podetz  per  quays  semblansa, 

La  us  de  l'autre  no  s'avansa. 

Qu'es  t'es  dam  vo'n  estructio 
648     Quar  fayta  n'avem  mentio. 

Mostra'  que  es  fes. 

Fes,  segon  l'Apostol,  es  vera 
Substancia  de  so  qu'oms  espéra 
E  de  las  cauzas  argumens 
653     Qu'om  no  ve,  ni  son  apparens  ; 


I .  Écrit  au-dessus  de  diversitat  exponclué. 
3.  Ms.  moustra. 


2^  J-    ANGLADE. 

Qui  spcra  cre  so  que  no  ve 
A  m  caritat  ha  vera  fe; 
Si  xperiencia  te  fa  cert 

656     Adonx  la  fes  so  merit  pert. 
Fes  de  religio  sostenta 
Es  que-ls  fizels  a  Dieu  prezenla, 
Liams  de  caritat  e  mays 

660     D'amor  adjutoris  verays  ; 

D'aquesta  santetat  pren  forsa, 
Aquesta  castetat  reforsa, 
Orna  dignitat  et  agensa, 

664     Resplan  mot  fort  en  penedensa 
E  creys  en  joves  e  florish, 
En  los  anticz  son  fruch  noyrish, 
[F°  17  r°]  Governa,  rieg  cresliantat, 

668     Avansa,  promou  bon  estât, 
En  gardar  uffici  curoza 
Es  et  en  paubres  gracioza, 
En  mejanciers  fa  de  joy  festa 

673     Et  en  los  riez  appar  honesta  ; 
Conservayritz  es  d'amistansa, 
Unisli,  coUegis  et  avansa; 
Gran  lauzor  e  sciensa  dona, 

676     Endenh  no'l  fa  lunlia  porsona, 
Degu  no  mespreza  nii  falh 
Si  deffîzeltatz  no  l'assalli  ; 
Dais  mandainens  es  bona  garda, 

680     E  te  so  qu'es  promes  e  garda  : 
Fes  red  faniiliar  ulTici, 
A  Dieu  e  veray  sacrilïici, 
A  Jesu  Christ  aniix  a|)plica 

68/,     Dois  (|uals  |)aradis  niultiplica; 
El  entendatz  le  qu'os  vesllda 
De  bf)nas  obras  e  garnida 
Ani  las((ualsviu  et  estanlcja; 

688     Morla  ses  be  far-  es  e  fieja, 

E  (jiiar  Iriip  es  dur.  grcu  e  lag 


POÉSIES    RELIGIEUSES    INEDITES    DU    XlV    SIÈCLE.  20 

Doptar  en  so  que  Dieu  s  ha  fag, 
Degus  no  yesca  de  la  fe 
692     Si  be  no  s'aten  a  far  be. 
De  fe  parlam  catholical, 
So  es  a  dir  universal, 
Laquai  en  lo  Credo  nos  mostra 
696     La  Santa  Gleyza,  mayres  nostra, 
Et  en  lo  Qiiiciunque  i:iilt  pauza 
ÂTHANAzis,  e  nos  espauza. 
Âquesta  fes  salva  deneja 
700     Los  crims  e  contra-I  mon  gueneja  ; 
Qui  la  requier  senes  fallacia 
Leugieramen  enpetra  gratia  ; 
Dona  perseveransa  ferma 
704     E  l'amor  temporal  amerma  ; 
Red  home  drechurier  e  bo 
E  l'adutz  a  salvacio, 
E  mejansan  ferma  speransa 
708     Met  los  fis  en  bonauransa. 
La  razos  que  nos  da  natura 
E  la  divinals  escriptura 
Esta  fes'  santa  nos  adutz 
712     Et  am  si  gran  re  de  vertu tz 

Don  ^"Ath  de  Mons,  que  fo  garnitz 
De  gran  saber,  enayssi  ditz  : 
«  Razos  d'arma  adutz 
716         «  En  home  bona  fe, 
«  Esperansa  merce 
«  Pietat,  caritat, 
«  Vergonha  honestetat, 
720         «  Mezura^  abstenensa, 
«  Patiensa  suffrensa. 
«  Cortezia  largueza, 
«  Leyaltat  savieza.  » 


I.  Ms.Je. 

3.  Ms.  Mesuziira:  en  marge  (xvii'  s.)  Meziira. 


26  J-    ANGLADE. 

73A     D'aysso  qu'es  dig  e  dir  volem  * 

De  tôt  en  tôt  nos  sosmetem 

E  singularmen  et  en  soma 

A  la  fizcl  Gleyza  de  Roma, 
738     Don  tug  prendem  govern  e  vida 

Quar  le  Sans  Esperitz  la  guida. 

Protesta   l'actors  que  d'ayssi   avan   [f"   17   r"]  procezira 
prozaygamen  sino  en  alcus  cazes  dejos  expressatz. 

Ses  rims  hueymais  procezirem 
E  nostras  Leys  conipiîarem 
Am  la  comuna  parladura 
Que  d'enpost  liamen  no  cura 
De  hyat,  fre,  collizio 
D'accen,  ni  replicacio 
Gardan  lo  cas  ayssi  co"s  lanh 
Alqual  Ijoslengatgcs  s'afranh  ; 
Enpero  can  mestiers  fara 
Hom  d'acort  de  rims  uzara 
Per  miels  declarar  et  entendre 
Per  breu  report  e  tost  aprendrc 
A  gloria,  lauzor  et  honor 
De  Dieu  nostre  veray  senhor 
E  de  la  sua  gracioza 
Vergena  mayro  glorioza 
En  cuy  totz  fizels  se  cofiza 
E  procczoni  per  esta  guiza'. 


I.  fies  six  vers  sont  onfoiurs  d'unr  arroladr  m  tnrnu'  do  fif^nre. 

rj.  Dans  la  copie  du  xvii*  sirrlr.  1rs  dix-huit  vns  ])n''rrdenls  sont 
cnlourés  d'un  trait  à  l'encre. 

.'Vu  bas  du  f"  18  on  lit  :  «  Nota  opus  prosoiis  ad  inslrucUouoni  lai- 
cnriini  prinriftalitoi'.  » 


POÉSIES    RELIGIEUSES    INEDITES    DU    XlV    SIECLE,  2"] 

II 

LA    CONTEMPLACIO    DE    LA    GROTZ 

Le  poème  qui  suit  est,  comme  le  précédent,  emprunté 
au  manuscrit  encore  inédit  des  Leys  d'Amors. 

Le  poème  sur  la  contemplation  de  la  croix  y  est  donné 
comme  exemple  de  vers  de  douze  syllabes.  Ce  poème 
n'existe  que  dans  la  rédaction  des  Leys  encore  inédite. 

Il  se  compose  de  cinq  cents  vers  environ,  divisés  en 
strophes  de  six  syllabes;  quelques  vers  seulement  man- 
quent dans  certaines  strophes.  Toutes  les  rimes  sont 
féminines;  elles  se  composent,  dans  chaque  strophe,  de 
trois  groupes  de  deux  rimes'. 

Il  semble,  d'après  l'état  du  manuscrit,  qu'on  ait  eu 
l'intention  d'accompagner  le  récit  d'illustrations  :  on  y 
voit  en  effet  de  nombreux  blancs;  nous  les  avons  indi- 
qués à  mesure. 

Le  poème  se  prêtait  en  effet  à  une  illustration  abon- 
dante, car  cette  «  Contemplation  de  la  Croix  »  est  un 
récit  de  la  Passion  du  Christ,  dans  lequel  sont  interca- 
lées, sous  forme  d'invocation,  quelques  prières. 

La  valeur  littéraire  de  ce  morceau  est  assez  grande; 
il  nous  semble  même  qu'elle  est  bien  supérieure  à  la 
plupart  des  poèmes  en  langue  vulgaire,  en  français  ou 
en  provençal,  écrits  au  Moyen  âge  sur  le  même  sujet. 
Les  beaux  vers  n'y  manquent  pas;  le  récita  de  l'éclat  et 
de  l'ampleur;  la  partie  dramatique  du  récit  de  la  Passion 
est  en  général  bien  rendue.  Les  détails  réalistes  ne  sont 

1.  M.  Paul  Meyer  a  public,  d'après  le  manuscrit  Didot.  un  poème 
sur  les  appellations  de  la  Morge,  qui  paraît  être  de  la  même  époque 
que  le  poème  sur  la  Contemplation  de  la  Croix.  11  est  écrit  en  vers 
de  douze  syllabes  et  en  strophes  de  quatre  vers  monorimes.  Cf.  P. 
Meyer,  Daiirel  et  Béton,  p.  cjn. 


28  J-    AXGLADE. 

pas  rares;  par  là  celle  poésie  s'éloig-ne  de  la  poésie  aca- 
démique alors  dans  sa  naissance. 

La  nécessilé  d'enfermer  chaque  scène  de  la  Passion 
dans  une  strophe  de  six  vers  donne  au  style,  médiocre 
et  sans  éclat  dans  les  poésies  théologiques  du  même 
manuscrit,  de  la  fermeté  et  de  la  concision,  et  au  récit 
du  relief  et  de  la  netteté  :  toutes  qualités  plutôt  rares 
chez  le  rédacteur  des  Leys. 

Ajoutons  que  l'ample  vers  de  douze  syllabes,  si  rare 
dans  l'ancienne  poésie  romane,  convient  admirablement 
à  la  grandeur  du  sujet. 

En  un  mot  ce  poème  ignoré,  et  que  nous  sommes 
heureux  de  mettre  au  jour  pour  la  première  fois,  nous 
paraît  être  une  des  meilleures  productions  de  la  muse 
toulousaine  pendant  le  xiv*"  siècle.  Il  mérite  à  tous  égards 
d'êfie  extrait  de  la  publication  que  nous  préparons  de  la 
deuxième  rédaction  des  Leys  <rAniors';  c'est  plus  qu'un 
c<  exemple  »,  c'est  un  modèle;  ou  jilutôt  c'est  l'un  et 
l'autre. 

L'aiilcur  du  poème  est  inconnu;  mais  il  ne  saurait 
guère  être  que  le  chancelier  Guilhem  Molinier,  qui  a 
joué  un  si  grand  rôle,  dans  les  premiers  temps  du  GV/.v 
Saber,  et  à  qui  appartiennent,  selon  toute  vraisemblance, 
les  différentes  lédactions  des  Lrys  (VAn^ors  (première  et 
deuxième  rédactions)  en  prose,  rédaction  en  vers  et  les 
diverses  poésies  qu'elles  contiennent.  Nous  voulons  parler 
non  seulement  des  définitions  versifiées  ou  des  ci  exem- 
ples »  allégués  |)()ur  compléter  les  définitions,  mais  encore 


I.  Nous  avons  découvert  récominoiil.  à  Rarcolonr.  iiii(>  troisiôme 
rrfl.-iclinn  dfs  Leyf.  (l'Amorx:  colle  rrdaclioii  csl  m  l'rrs.  h  la  difTé- 
rrnrr  drs  doux  aiil  les  i  7,r)()()  vois  cnviioin.  Nous  la  publiorons  dès 
(|uc  nous  aurons  IciiniiK"  l'iiuprossion  (\(^  la  deuxième  rédaction. 
Le  prcscnl  poème  ne  s\  linii\e  pas. 


POKSIES    RELIGIEUSES    INEDITES    DU    XIV''    SIECLE.  29 

des  poèmes  plus  étendus,  conune  les  élégies  (cossir)  du 
livre  l  (éd.  Gatien-Arnoull),  dont  quelques-unes  sont  si 
curieuses,  la  poésie  à  la  Vierge,  les  poésies  théologiques 
de  la  rédaction  des  Leys  encore  inédite,  et  probablement 
aussi  l'étrange  porqneira,  dont  le  réalisme  grossier  et  mal- 
propre détonne  si  fort  dans  ce  recueil  plutôt  austère  et 
vertueux. 

Le  poème  est  divisé  très  symétriquement  en  sept  grou- 
pes de  douze  strophes  de  six  vers  chacune  (12  x  ti  =  72). 
Chaque  groupe  porte  comme  titre  le  nom  d'une  division 
liturgique  de  la  journée  :  [Compléta],  Matinas,  Prima, 
Tercia,  Mieg  Jor>',  Hora  Aona,  Vespras'. 

Il  est  fait  allusion  à  cette  division  en  sept  heures  dans 
le  Brevîari  d'Auior  (écrit  à  Béziers,  à  la  fin  du  xiir  siècle)  : 

Car  en  .VII.  oras  trobaretz 
Que  fo  Jésus,  si  ben  ccrcatz, 
Entre  nuecli  e  jorn  trebalhaz 

(v.  3Z1006-8)'. 

M.  Paul  Meyer  ne  connaît  pas  d'autres  Heures  de  la 
Croix  que  celles  dont  il  publie  un  extrait.  Il  connaît 
deux  traductions  françaises  de  l'olTice  liturgique  latin 
concernant  les  heures  de  la  Croix.  C'est  probablement  un 
de  ces  ofQces  que  notre  auteur  toulousain  a  paraphrasé  ; 
mais,  si  on  en  juge  par  les  extraits  des  traductions  fran- 
çaises donnés  par  M.  Paul  Meyer  et  par  la  rédaction 
béarnaise  qu'il  publie  à  la  suite,  il  n'existe  aucune  com- 
paraison, quant  au  mérite  littéraire,  entre  ces  rimeurs  et 
notre  poète. 


1.  l'armi  les  poèmes  qui  traitent  le  même  sujet,  Ghabaneau  cite 
Lo  Romans  de  las  horas  de  la  Croiz,  d'un  auteur  gascon  (Hisl.  yen. 
Lantj.,  éd.  Privât,  X,  889  *J).  Cf.  Paul  Meyer,  Daiirel  et  Delon,  Paris, 
1880,  p.  GIX. 

2.  P.  Meyer,  Op.  land.,  p.  ex. 


3o  J.    ANGLADE. 


VEUS  AUTRE  YSIIEMPLE  DELS  BORDOS  DE  .  \U  .  STLL \BAS 
PER  LO  PRESEN  DICTAT  APPELAT  LA  CONTEMPLATIO 
DE  LA  CROTZ.  E  QUAR  LA  PASSTO  DE  \(JSTRE  MAESTRE 
JHEZU  GRIST  GOM.MENSEC  A  COMPLETA,  PER  80  LE  PRE- 
ZENS  DICTATZ  COMENSA  A  COMPLETA. 


I 

[Compléta]  '. 

Verays  DiousJlicsu  Crist,  lumniera  de  l' Altisme, 
Senhor  de  tôt  poder  e  de  cel  e  d'asbisnie, 

3     Gaug,  vertutz  e  lioiiorsde  Paradis  e  gloria, 
Pas  sagratz,  saboros,  vida,  patz  e  Victoria, 
Abrazanieiis  d'amor,  fous  de  totz  bes  veraya, 

0     Etz  vos,  Scnhois  humils,  e  doussors  que'iis  appaya. 

l'A\  aquest  mon  venguetz  vezitar  la  Vergena, 
Pies  del  glorios  ros  que  dossamen  semena 

9     Le  vers  Sans  Esperitz  e  plenieramen  dona, 
[F°  83  v°]  Per  so  que  s'averes  la  prophecia  bona 
Del  Scnlior  dezirat;  per  que  vos  carn  liuniana 

l'ji     De  la  Verges  jjrezetz,  quar  la  trobetz  certana. 

E  forotz'  verays  lioms  e  lillis  de  Dieu  lo  payre. 
De  layl  verge  noyritz  perla  Vergena  Mayre, 

i5     De  liey  prendre  volguelz  e  noyrimen  e  vida, 
Vos  ques  etz  verays  pas  que  noyrish  et  avida; 
En  la  grepia  ibs  mes,  can  vos  hac  la  piucela  ; 

i8     Gel  (jue  no  cap  els  ccls  en  sa  fauda  capdela. 

Nos  etz  verays  solelhs,  l'eslela  nos  lio  nioslra. 
Symeons  ab  gran  joy  dilz  qu'etz  lumniera  nostra. 


I.  Nous  ajoutons  ce  mot  d'après  l'indication  qui  précède, 
a.  Sic;  cf.  la  vraie  [oruw.  J'urelz,  au  v.  39. 


POÉSIES    RELIGIEUSES    INEDITES    DU    XIV"    SIECLE.  3l 

2  1     Heiodes  per  aucir  vos  quier  per  qucus  amaga 
La  Verges  e  cove  que  del  pahys  vos  traga  ; 
En  Egiptc  s'onfug,  de  sa  lerra  s'estranha, 

2Zi     A  os  poiian  en  son  bras  e  Josop  l'acompagna. 

A  liey  vos  sosmezelz,  Jliezus,  vota  luniiera, 
E  lums  e  resplandors  e  clailalz  verladiera; 

27     Pueysh  intrctzal  dezorl  far  penodensa  granda, 
Quar  de  quaranta  jorns  no  receubetz  vianda  ; 
Pueys  sanan  orbs  e  niutz  per  la  vertut  divina 

3o     Essenhetz  tôt  lo  mon  ain  veraya  doctrina. 

Als  vostres  gran  amor,  Senher,  havetz  niostrada, 
Gant  del  vostre  pur  sanc  de  vostra  carn  sagrada, 
[Six  lignes  en  blanc  \] 
83     Hostia  viven  e  frug  de  la  Verges  corteza, 

Los  volguetz  sadolar  per  vostra  gran  franqueza. 
Los  pes  dels  servidors  lavetz,  per  dar  entendre 
36     Que  cel  que  majors  er  vuelha  ressemblar  meudre. 

Apres  los  sermonetz  et  prezetz  vostra  via 
Per  montar  sus  lo  pueg  on  hom  penre-us  dévia; 
[F"  84  r"]  Mot  tristz  et  engoyshos  foretz  en  aquel'hora  ; 
Vostre  cors  paor  ha  de  la  mort,  per  que  plora 
E  trassuza  de  sanc  d'engoysha  que  sufferta  ; 
A2     Dieu  lo  payre  pregan  amb  oracio  certa. 

En  l'escurtat  fos  près,  vos  qu'etz  lums  de  las  armas, 
Per  vostres  enemicz  am  lansas  e  gazarmas. 
[Six  lignes  en  blanc] 
45     Al  senhal  del  bayzar  del  traydor  maligne 

Meto  lors  cruzels  mas  en  vos,  Senhor  bénigne; 
Manejar  vos  layshetz  coma  l'anhels  al  tondre 
48     Et  a  lor  no'us  volguetz  amagar  ni  rescoiidre. 

I.  Il  est  probable  que  ce  poème  devait  être  illustré  d'enluminures, 
comme  on  le  verra  par  le  nombre  de  blancs  Indiqués. 


32  J-    ANGLADE. 

Fons  de  gran  pielat  e  de  misericordia, 

E  princeps  glorios  de  patz  e  de  concordia, 
5i     Atras  fezetz  tornar  lo  vostre  defendeyre  ; 

El  no  fis  el  sanetz  qu'en  re  no-us  denhec  creyre; 

E  reddetz  be  per  mal,  don  cascus  s'adoctrine 
54     Ques  on  plus  naulz  sera  humilitatz  l'encline. 

Li  cruzel  cruzelmen  vos  lian  e-us  estaquo 
Et  am  buices  mot  gransvilanamen  vos  maquo; 

57     Las  vostras  santas  mas,  que  lot  quant  es  creero, 
Ayssi  coma  layro  fortmen  vos  estaquero; 
A  tolz  pogratz  haver,  sius  volguessetz,  delTensa; 

Go     Mas  plac  vos  lo  sulFrir  per  nos  en  paciensa, 

Près,  liât  e  ferit  lo  senhor  el  bon  pastre. 
Las  ovelhas  s'en  van,  tristas,  seguen  lor  astre, 

03     Ploran  e  sangloten,  ayssi  cum  yssliarradas, 
E  van  a  regiros  totas  espaventadas  ; 
Et  lian  paor  mot  gran  qu'ades  sian  atenchas, 

GG     E  planlio  lor  pastor  qu'emmeno  ad  enpenchas. 

Senher,  quar  vos  han  près  li  fais  Juzieu  s'en  gabo 
E  han  ne  tant  de  joy  que  il  meteysh  no  sabo 
[F'84v']  Quo  s'en  |)uescan  portar;  et  entertant  vos  meno 
Ad  Anna;  pueysb  aqui  li  gran  capela  veno 
Per  que  puescan  Icgir  contra  vos  lorsauteri 
7u     U'ontas  e  de  despieylz  e  t'ar  lot  vitupcri. 

Lunis  de  gran  resplandor,  joy  de  sans  e  de  santas, 
Gloria,  laus  et  honor,  haiatz,  Senher,  que  tanlas 
Enijoyshas  de  dolor,  escupimens  ed  antas 
Sujjfrilz  per  nostr'amor,  qaieii  no  say  dire  cpiantas ; 
Joencel  faytz  lauzor,  vielh,  efan  et  ef antas 
Al  (lavel/iat  senUor,  e  de  mas  e  de  pla/itas. 


POÉSIES    RELIGIEUSES    INEDITES    DU    XIV''    SIECLE.  33 

II 

A  matinas.  Rubrica. 

La  votz  el  bnigz  se  mou  e  la  gian  brcga'S  dressa. 
(]an  raguero  menât  vilmeii  ab  gran  detressa 
75     Denan  los  majorais,  per  far  de  luy  enquesta, 
(îaubu  s'en  li  Juzieu  en  fan  aqui  gran  festa 
D'esquerns  e  de  despieytz  e  pueysh  cascus  l'acuza 
E'I  bos  Senhors  s'estay  qu'en  re  no- s  dezencuza. 

Duy  teslimoni  fais  creysho  la  mala  salsa 
E  contra  l'ignoscen  fan  guerentia  falsa. 

81     L'avesques  fort  l'enquier  ain  paranla  terribbla 
E'I  conjura  fortmen;  el  dilz  am  votz  pazibbla  : 
«  Sezer  veyretz  lo  lilli  de  la  Verges  encaras 

84     En  la  dextra  de  Dieu  sobre  las  nivols  claras.  » 

Can  l'avesques  auzicd'estn  razo  la  thema, 
Cridet  coma  raujos  e  dilz  (jne  Dieu  blas[)liema; 

87     Tant  se  fenli  corrossat  que  sa  rauba  n'esquissa, 
Si  quels  autres  maustis  contra  l'aidiel  atissa; 
Pueysh  ciido  tug  essems  am  motz  cspaventabbles 

90     E  dizo  que  de  mort  es  dignes  e  colpabbles. 

E  qnar  la  volontatz  sobra  lo  sen  el  gasta, 
Aysso  que  mal  ban  dig  als  maustis  non  abasta, 

93     Ans  venu  contra  luy  c  dessobre  s'acato 

E  de  pes  e  de  punbs  mot  cruzelmen  lo  bato; 

[F"  85  r°]  El  menan  entre-ls  pes,  baten  cossi  fosgarba, 

96     E  li  rompo  los  pels  del  cap  c  de  la  barba. 

Tantli  donograns  colps  li  truan  pie  d'enveja 
Que  retondish  le  cors  e  la  cara  blaveja, 
99     Dels  siens  pels  glorios  portan  las  plenas  paulas; 
Pueysh  auziratz  los  colps  que-I  dono  per  las  gantas; 

ANNALES   DU   MIDI.   XXIX.  3 


34  •'•     ANGLADE. 

Son  cap  viratz  lorbal  e-1  mieg  d'aquela  gucrra 
102     Els  pels  aqiii  inaicar  a  graiis  mas  solz  en  terra. 


Ay,  Senher  bentados,  ad  avtal  gcnt  cruzayga, 
loâ     Quar  la  vostra  beutatz  es  del  tôt  ara  truma, 
Plena  de  blavayrols  e  de  la  vil'  escuma 
Dels  escupimens  grans  qiieus  fan  la  liiiandallia; 
loS     Mas  por  nf)s  restaurai'  vos  play  esta  batalha'. 

Can  bo  foron  tug  las  de  ferir  e  de  batre 
Anib  antas  e  despieytz  lo  coniniensou  conibalie. 
[Blanc  (le  six  un  sept  lif/nes.] 
1 1 1     Metol  sul  cap  .  j  .  drap  ani  que  lus  buellis  li  clauzo 
E  de  maysbelejar  li  bacalar  no's  pauzo; 
Cascus  lo  fier  ta  fort  ques  a  pauc  no'l  derroca; 
ii4     Et  après  dizon  li  :  «  Divina  tostqul't  toca.  » 

Sans  Peyres  vay  al  hiotdi,  ques  home  non  espéra, 
Segueii  lo  sieu  capdel  per  vezer  liom  queii  fera; 

1 17     Mas  enterrogatz  fo  per  alcuna  gent  pega 
Et  el  son  car  Seidior  très  vetz  ades  renega  ; 
Et  cant  le  pois  cantet  del  sieu  digse  lecorda; 

120     Ploret  amaramen  et  am  Dieu  el  s'acorda. 

Le  dous  vosirc  regartz,  Senher,  ayssl  transfora, 
(^)uc  sant  Pe\re  trauquel,  punh  en  dins  e  defora 

lu'S     E  l'oslel  de  la  gent  mala,  crnzel  c  fera 

|F"  85  v]  El  sieu  cors  escalfet,  (juar  freyiz  e  f^elalz  era 
1)(;1  \eray  foc  d'amor  que  las  armas  sadola 

1:^0     El  intra  doussamens  Iro  qu'es  dins  la  mezola. 

A  m  lo  dait  glorios  dels  voslres  uelhs  Sa  ni  Peyre 
Hedressetz  (pie  la  fcs  no  retornes  areyre, 
ij()     E  (le  sds  ralhimens  vous  li  sanelz  las  plagas. 

I.   I  II  \crs  iiiiUHpie  au  déljut  de  la  strophe. 


POÉSIES    RELIGIEUSES    INEDITES    DU    XlV    SIÈCLE.  35 

Quar  vitz  que  bon  cor  ha  qucus  fassa  bonas  pagas 
De  lagremas  e  plor  am  conlricio  ferma; 
iSa     Per  que  voslra  bontatz  en  la  fe  lo  conferma. 

Cant  be"us  ban  malmenât  e  fayt  lo  mal  que  podo, 
Li  malvat  bacalar  queus  van  entorn  e  rodo 

i35     Tôt  las  cl  enuiat,  pie  de  colps  e  de  bossas 

E  de  grans  blavayrols  e  d'autras  nafras  grossas 
Dins  una  preyzo  greu  on  los  murtriers  estujo 

i38     Vos  han  mes,  quar  ades,  Senher,  perdre  vos  cujo. 

Ay,  flors  de  gran  beutat.  sus  lo  sol  dur  quoi  macas, 
Estan  en  la  preyzo  cuberta  de  grans  tacas  ! 
i4i     Escalfamens  d'amor,  que  lot  quant  es  consolas, 
Ses  tôt  consolamen  de  gran  freg  quo  tremolas! 
Rays  del  veray  solelh,  que  lum  lostemps  célébras, 
i44     Aras  estas  enclaus  e  près  en  grans  tenebras. 
[Lums  de  gran  rcsplandor.  etc.]'. 


III 
A  prima. 

Li  major  capela  gran  mayti  se  revelbo 
Et  am  los  plus  anticz  d'ajuslar  s'aparelho, 

i47     En  una  sala  gran  on  la  gens  lalseguita 
En  re  mays  en  barat  no  pessa  ni  cogita  ; 
Quar  als  no  van  ([ueren  mas  que  Jhezu  traziscan 

i5o     Et  ayssi  cum  layro  en  crotz  lo  destruiscan. 

Li  major  de  la  ley,  coma  lop  devorabble, 
Fan  ades  amenar  lo  scrdior  i)erdurabble; 
i53     L'anhels  suaus  estay  am  motbumil  coralge 

El  mieg  dels  grans  maustis  que  son  fer  e  salvatge, 

I.  Cette  indication  manque  ici;  nous  la  rétablissons  d'après  les 
autres  passages  analogues. 


3G  J-     ANOLADE. 

[F"  86  r]  E  per  dccobre  luy  cascus  son  par  affoga 
i5G     Kl  Jiiii  lallacias  gratis  reiuiiiier  e  l'onterroga. 

Sa  doclrina  li  fais  e  son  all'ar  demando, 
Et  après  s'il  os  Crisl  lot  dire  lo  comando. 

1Ô9     El  bos  Setihors,  <|ue  ve  lor  voluiilat  nialigna, 
Dit/,  que  sevra  le  fillis  de  la  Verges  benigiia 
En  la  dextra  de  Dieu  celestial  e  nauta  : 

i()i     Avsso  reputan  fort  li  Juzieu  a  grau  fauta. 

Contra  luy  s'eiiardisb  cadaiis  e  s'arufa 
E  l'escriila  fortmen  e  l'escarnisli  e"l  trufa; 

I (').')     Trastug  son  d'un  voler  e  dizo  :  «  Pauc  nos  preza, 
Quar  vitupéra  Dieu  en  public  el  niespreza, 
(  hiar  lilb  de  Dieu  se  fa  el  nieleysh  o  cofessa  »  ; 

iGS     De  luy  vituperar  la  mala  genl  no-s  cessa. 

Aysso  fayt,  entre  lor  engenho  et  enarto 
(hiel  uienon  a  Pilât;  ])er  cpie  d'aqui  se  parte 

171  E  fan  l'anar  tôt  las;  el  niieg  de  la  gran  brega 
De  buis  1(»  lier  cascus  e  l'enpeid»  e'I  punhega. 
1,'anbel  près  e  liât  per  (pie  luenli  no  deniore 

17'j     Al  l<»p  inalicins  ban  liurat  ijue-l  dévore. 

1/1  gran  clerc  de  la  b  y  lolz  los  autres  enduzo, 

E  [)ueysb  denan  IMIat  l'uinil  senlior  acuzo; 
177     (!lontra  luy  falcetalz  e  tracios'  allego 

E  Dieu,  |»ura  vcriat  e  vcray  luni,  renego; 

Dizo  (pie  trops  do  mais  0  gran  re  de  lualezas 
180     (lonlia  Dieu  e  la  ley  lia  faytas  e  coiuezas. 

Pilalz  ara  l'enquier  en  una  part  sécréta 
El  .liiziou  crido  li  :  ((  Hey  se  fa  e  proplieta 
iS,')     !•;  >^iia  nosira  gont  et  on  après  deveda 

(^)ii('s  al  i(\  linni  no  (bi  Irai'ilaggo  ni  redda  ; 

1.   Ms.  Inilios? 


POFSrES    RELIGIELSES    INEDITES    DU    XIV"    SIECLE.  3^ 

A  pane  non  ha  ciel  toi  (laliloa  conqnisla  : 

Aytal  secla  d'error  lunh  temps  mays  no  lu  \ista.  » 

Can  Pilatz  an  rpi'el  os  de  la  terra  [F"  86  v"]  d'Krodes 
Am  si  meleys  el  ditz  :  «  Ges  tn  jntjar  nul  podes.  » 

189     Tantost  aqui  meleysh  lo  remet  a  son  jutje, 
Ad  Herodes  qnes  el  a  son  plazer  lo  jutge. 
Am  gran  bing  H  Jnzien  mantcnen  lo  van  segre 

193     Per  so  que-1  puescan  miels  acnzare  persegre. 

Can  li  foro  denan  Jliezii  Crist  li  prezento 
E  no'us  cal  demandar  li  bacalar  si  mento; 
195     Grans  son  las  falsetatz  ques  al  Scnhor  alevo, 

'  De  mal  que"l  puescan  far  pane  ni  pro  nol  relevo 
E  dizo  :  «  Grans  mais  fa,  Senlier,  tôt  jorn  e  traclia 
198     Per  que  sera  be  fag  qui  leu  d'el  se  despacha.  » 

Herodes  can  lo  vie  hac  trop  gran  alcgransa, 
Qnar  espéra  que-1  fesalcuna  demostransa 

aoi     De  qualque[s]  noels  faytz  e  de  grans  meravilhas. 
Enpero  d'ira  gran  ades  ronsec  las  silhas, 
Quar  mentre  que  l'cnquier  am  gran  re  de  paraulas 

2o4     Jhezus  no  li  respon  ni  preza  re  sas  faulas. 

Le  reys  lo  mesprezct,  quar  enayssi  l'escota, 
Don  fe  son  gran  esquern  la  malvaysa  gens  tola; 
307     Apres  tôt  las  e  clés  et  am  la  eolor  falba 

Per  far  major  despieg  lo  vesliro  d'un'  alba. 

[Blanc  de  six  lignes.] 
E  coma  d'un  rey  fol  caseus  de  lui  se  ganha 
210     Et  am  grans  erebacors  rcsearnish  la  compagna. 

Can  sadol  foron  tug  de  far  esquern  e  dire 
Et  antas  e  despieytz  deganhar  e  de  rire, 
3i3     Caseus  de  retornar  vas  Pilât  s'aparelha  : 

I.  \  ers  oublié,  ajouté  au  bas  de  la  page. 


38  J-     ANr.LADE. 

De  maiulameTi  dol  rey  al  lop  incnati  l'ovelha; 
E  va  s'en  trabucan  per  la  lauba  qu'es  longa; 
3i6     Cascus  per  tosi  aiiar  s'esforza  quoni  lo  ponga. 

Liims  de  (jran  respUuulor  [en  lettres  rouges  ut  S^]. 

IV 

A  tercia. 

[F°  87  r"]  En  torn  de  tercia  fo  can  retornat  l'aguero; 
Et  adonx  li  Juzieu  trop  gran  brcgua  tongiiero, 

219     E  Pilatz  coniandet,  cant  auzic  la  geiit  fola, 

Que-s  despiielhe  Jhezus  el  vestir'  hom  li  tola 
Et  al  pe  d'un  pilar  boni  fermamen  l'estaque 

233     El  bala  duramen  per  tôt  lo  cors  e-1  niaque. 

Cant  l'aguero  tôt  nut  liât  ara  correns  lasses 
Et  estreg  per  las  mas  per  cambas  e  per  brasses*, 
2a5     Duy  bacalar  malvat  las  faudas  se  regusso 
E'I  sien  cors  precios  balo,  feron  e  truffo, 

[Blanc  de  six  lignes.] 
Per  flânez  e  per  costalz,  per  cap  e  per  mayshclas, 
338     Per  ancas  yssbamens  qu'eran  blancas  e  bêlas. 

Tota  la  sua  carn  del  sieu  cor  viratz  blava 
Tant  descauzidanien  cascus  lo  nialnienava: 

33 1  Kl  pueys  de  batre  inays  cadaiis  se  perforsa 
Tro  cpie  li  blavayrol  sagnero  tug  per  forsa. 
El  oslay  liuinilnien,  scMiibla  <pie  rc  non  senla 

23/i     Ouar  no  fa  mol  nis  |)laiili  mentrc  qu'om  lo  lurmenta. 

(kiscus  es  ara  las  e  de  balrc  s'enueja 
Et  el  corr  lotz  de  sanc  ayssi  rnenut  cum  pliieja. 
\Blanc  de  six  lignes.] 


1 .   Ms.  veslirs. 
■)..   Ms.  Iirnxi^as. 


POÉSIES    RELIGIEUSES    INÉOITES    DI      XlV    SIECLE.  '.]f) 

2.37     Pucysli  d'un  pâli  vcrnielh  |)('r  rs([iicin  lo  cobriin; 
Soptamen,  cant  aysso  li  fais  Juzicn  scntiro, 
Venguero  près  d'aqui  per  quel  viliiporcsso 

3/(0     Et  ain  grans  crel)acors  so  niaiiire  dobblesso. 

Al  mot  huniil  Senhor  las  penas  son  cregudas, 

Qiiar  d'espinas  punhens  e  longas  et  agiidas 

[F"  87  v°]   Lo  coronan,  lasquals  tant  calqvn)  et  enpenho 

Tro  que  lains  preon  près  del  cervel  atenlio. 

[Blanc  de  six  lignes]. 

1 

■il\6     E'I  sancz  que  yeysh  del  test  pel  cap  cnjos  li  iiielha. 

Ayssi  coma  rey  fol  escridan  rescariiissho 
E  ly  sshiulan  aqui  e  vilinen  l'escupisso 

349     Trop  dezondradamen  sobre  la  cara  nuda. 

Pueys  cascus  de  génois  per  esquern  lo  saluda 

Dizen  :  «  Dieus  te  sal,  reys  »,  per  que'l  sieu  cor  esclate 

3.53     E  qu'enayssi  cascus  ab  crebacors  lo  mate. 

L'umil  Senhor  battit  per  cap  e  per  esquinas 
Malmenât,  escarnit  e  de  punhens  espinas 
355     Coronat  e  portan  ceptre  de  canavera 
[Blanc  de  sept  lignes]. 
Han  de  fora  mostrat  a  la  gen  rpie  l'espéra, 
Laquais  dece  quel  vie  am  dobbla  votz  l'escrida 
358     Dizen  :  «  Mefetz  l'en  crotz,  quar  el  l'a  be  merida  ». 

E'I  julges  bon  voler  mostra  de  luy  défendre 
Ed  dilz  :  «  >ol  trobi  crim  per  que  déjà  mort  prendre  ». 

361     Adonx  le  pobbles  fe  murmur  e  brug  e  brega, 
Acuzal  bon  Senhor  e  so  mal  cor  desplega; 
Liechas'  donadas  son,  relaxatz  es  le  layres 

364     Et  a  morir  en  crotz  es  jutjalz  le  Salvayres. 


I.  11  manque  un  vers. 

3.  Ms.  liechas;  copie  du  xvir  s.  hecluis;  au  bas  du  nis.,  main  du 
XVII'  s.  li  echas . 


yjo  J-    A>OL\DE. 

Prest  son  H  IV)1  sirven,  mal,  fer.  cspavcntabl)le; 

Gafan  l'anhel  hiimil  coma  lop  tlevorabble 
367     E  la  crolz  per  portar  li  cargan  ses  demora; 

[F"  88  r"]  [Blanc  de  six  lignes]. 

Esscms  amb  tlos  layros  lo  trayshero  defora; 

liursan  feren  son  cors,  las  e  clés  e  mot  fibblc. 
270     Lo  mcnan  escarnen  am  crit  e  btug  onible. 

Tant  es  pezans  la  ciolz  que  l'han  dessobre  mcza 
E  del  veray  Senbor  tan  grans  la  freoleza 

378  Del  mal  ques  ha  suffert  la  nuog  denan  passada 
(hiel  piTHi  los  membres  lolz  si  fpi'<Mi  sen  la  coiada. 
Tant  qu'en  va  tranpolan  cl  mieg  de  la  gran  torba 

376     E  s'enclina  le  cors  e  vas  terra  s'encorba. 

La  pressura  fo  grans  de  la  genl  dcfTezayga 
E  fero  major  brug  que  lunba  rabens  ayga  ; 

379  E  cridan  ayssi  fort  (pie  sembla  quays  toneyre; 
La  mort  del  Drechuricr  son  cobeytos  de  vcyre; 
La  trompa  brugis  fort,  la  crida  fortmen  tica 

282      IN'r  (\u('  veiiga  la  gen  plcna  de  mala  ruca. 

La  \(il/,  de  lauzar  Dieu  O/.anna  se  reversa, 
La  \i>lz  dcls  sieus  amix  en  lagrcmas  s'esmersa; 
28.")     La  \(it/  (Ici  filli  de  Dieu  de  gran  pietat  plena 
Oue  (le\(.'(la  plorar  e  de  l'umil  N'crgcna 
(hie  sanglolish  e-s  plaidi  ani  rauca  >olz  ploroza 
288     As[)n>  so  fan  e  riil  ;ini  d<il(M'  engoyssboza. 

Liuits  (le  (jran  rcsjtlan'Ioi'.  ut  S"  \cn  lettres  rour/es]. 

V 

A  mieg  jorn. 

.IIk'sus'  cazcn  lrv;in  es  al  purg  Ncnguiz  ara 
(>ii  deu  >ull'rir  ])ov  nos  nidri  ciuzel  et  amara: 

I.    \,n   iellrr   (uih'c   a   ('lé   ciilcM'e.   anlt'iicnrenu'nl   à  la   copie  du 

XYII'   S. 


POÉSIES    RELIGIEUSES    INEDITES    DU    XlV    SIÈCLE.  ^I 

391      r^a  i)icssura  fo  grans  si  quel  niacan  e'I  trussan  ; 
La  rauba  ques  te  fort  als  costatz  li  regussan 
Es  ostan  lay  dessus,  tiran  am  grans  estrachas, 

39/»     Las  plagas  refrescan  am  grans  batemens  fâchas. 

Dcspulhat  lo  Senhor  mot  ptecios  e  noblile, 
[F°  88  v°]  Totz  nutz  coma  iiasquel  remas  denan  lo  pobblc; 

297     Pies  fo  —  semblet  lebios  —  de  blavayrols  e  bossas 
E  de  plagas  cruzels  e  menudas  c  grossas  ; 
Pero  no  contrastan  estas  mâlas  bezonhas 

3oo     La  Mayres  ab  son  velh  li  cul)ric  las  vergonhas. 

La  brega  de  la  gent  ara  creysli  en  la  rota 
E  s'enpenh  tant  quant  pot  sobrel  Senhor  e's  bota, 

3o3     Tôt  fatigat,  elas  !  Cascus  pero  ses  triga 

Bursan  feren  de  ponhs  ades  mays  lo  fatiga; 
Et  après  lo  sieu  cor[s ']  ce  prendo 

3o6     E  le  verso  tantost  e  sus  la  crotz  l'estendo. 

A  maniera  de  pel  que  s'esten  e  s'alonga 
Tiran  los  menbres  sieus  sercan  on  hom  lo  ponga 

309     E  fiquo  los  clavels.  E  nientre  se  clavela 

Le  bras  se  ronsaT  cors,  e  pueys  men  la  pagela. 
D'una  part  clavelat  tiran  l'autra  per  forsa 

3i2     Tro  qu'es  endrey  lo  trauc  on  lo  clavels  s'amorsa. 

La  crotz  am  lo  Senhor  clavelat  bas  en  terra 
Drcsson  c  planto  la  naut  lassus  en  la  serra; 
3i5     Tan  gran  sortida  pren  que  las  plagas  s'en  uebro, 
[Blanc  de  six  lignes] . 
E  del  sanc  propri  sieu  la  crotz  e"l  cors  se  cuebro, 
Laquais  pren  ornamen  de  luy  e  ta  naut  pueja 
3i8     Et  en  tal  dignitat  quel  mon  de  peccat  veja. 

Ay  !  Crotz.  de  tan  bel  frug  e  noble  yest  ornada 
Et  de  mot  glorios  titol  enlitolada, 

I .   Lire  dece  ? 


'(■?  J.     \>r,LADE. 

331     Escriiit  segon  vcitat  aiii  divcrsas  figuras, 
Quar  cel  que"l  mon  creet  e  lotals  croaturas 
S'es  mes  aras  en  le,  penden  per  los  siens  brasses 

Sa/i     Am  los  nervis  rompu tz  e  faligatz  e  lasses. 

[F°  89  r°)  Tant  es  le  cors  desfaytz  qu'om  pot  nombrar  los 

Am  forlz  clavcls  agulz  las  mas  el[s]  pes  i  a  fosses      [osses; 
327     E  las  juncluras  son  rotas  c  desliadas, 

Las  venas  ysshamen  rompudas  et  trencadas; 

Per  lo  gran  pes  del  cors  que  la  mortz  fier  e  tusta 
33o     Se  plegan  li  genol  moren  ses  cauza  justa. 

Dos  layros  han  menât,  pies  de  mot  gran  tristicia; 
Jutjat  eron  a  mort,  far  ne  volon  justicia. 
333     Amduy  son  mes  en  crotz,  la  us  pen  en  la  destra, 
L'altres  ayssi  meteysh  en  l'autra  part  senestra; 

[Blanc  de  six  lignes]. 
Jhezus  es  el  mieg  loc  d'aqucsta  layronalha, 
336     On  languish  e  per  nos  am  cor  ferven  batalha. 

Aras  la  mala  gens  a  gitar  lotz  s'es  voûta 
IVr  la  rauba  partir  ques  han  al  Senhor  touta; 

33()     Cilh  que  passan  d'aqui  am  paraulas  e  bufas 

iS"en  ganho  li  mal  va  t  et  de  Dieu  fan  lors  trufas, 
E  lor  cap  secoden  desplegan  lor  sauteri 

343     Blapheman  lo  Senhor  el  dizo  viluperi. 

Senher,  niera  bontals,  pura  misericordia, 
Aras  fas  entre  nos  e  Dieu  patz  et  concordia; 

3'j')     Pregas  lo  que  de  mal  tos  eneniix  deliurc 

E  ta  Mayre  (pie  mort  volria  mays  que  viure 
(^omandas  a  Johan.  (pie  languish  e  sospira, 

3V*^     Pcrdonas  al  layro  (pic  vas  te  se  régira. 

I.a  iiinrlz  es  ara  près  del  Senhor  que  s'engoysha 
Kl  ditz  am  naula  volz  el  am  mot  gran  engoysha  : 
3.(1      «  Diciis  miens.  Dieus  miens  per  cpie.  Senher,  me  dezampa- 
Aprcs  dil/  :  .<  (iiim  sot  hay  »  ;  vinagre  prendon  aras,     [ras.  » 


POKSIES    RELIGIELSES    I\ÉDITES    DU    XIV"    SIECLE.  /lO 

A  m  fol  abeuian  lo  d'aquela  mala  saba. 
354     «  So  qu'es  ptophetizat,  ditz  Jhezus  Crist,  s'acaba.  » 

[F°  89  v°J   Dels  siens  dobblet  le  plors  cl  dois  en  crit 
E  la  Mayies  semblet  niays  trop  morla  que  viva.  [s'abriva; 

357     E  ges  repazimar  ncs  pot,  tant  es  dolenta. 

Johans  de  l'autra  part  se  plaidi  e  s'esgaynienla 
Et  am  coral  dolor  Jhezu  Crist  planh  e  plora; 

36o     E"l  solelhs  s'escurzis  del  tôt  en  aquel'hora. 
Lums  de  grani  (sic)  resplnndor.  Ut  S^. 

VI 
Ad  hora  nona.  R^ 

En  l'ara  de  la  cro'iz  l'anhels  ygnoscens  penja 

Et  am  humilitat  d'erguelh  ara  se  venja, 
363     Cofon'  sos  enemix  am  sobregran  victoria 

Et  avansa  lo[s]  siens  per  montar  en  sa  gloria; 

Quar  moren  nostra  mort  met  al  bas  e  revoca 
366     Et  yfern  dissaysish  am  la  crotz  el  derroca. 

On  plus  esta  le  cors,  se  ronsa  mays  e-s  maca; 

Cel  que  de  tôt  peccat  es  mondes  e  ses  taca 
369     Es  tacatz  e  del  sanc  totz  veytz,  am  color  falba; 

La  votz  s'afrevolish,  la  lenga  torna  balba  ; 

Le  cor  li  falh  ades  e  lo  sien  cap  enclina 
372     Et  adonx  se  cofish  la  nostra  medicina. 

Solelhs  de  gran  clarlat,  lumniera  de  drechura, 
La  tua  grans  beutatz  en  la  crotz  es  escura; 

37.5     Abrazamens  d'amor,  que  noyrish  e  coforta 

Totz  es  freytz  le  tiens  cors,  quar  am  dolor  s'amorta  ; 
Gaugz  d'angels  e  de  sans,  del  mon  bonaûransa 

378 ' 

1 .  Ms.  Confon,  avec  n  exponctué. 

2.  Strophe  trop  courte  d'un  vers. 


/i4  J-     ANOLADE. 

Qui-l  vie  et  ara  ve  la  sua  carn  dezerta 
De  colps,  d'escupimens  e  de  bossas  cubciia, 

38 1     A  penas  lo  conovsh,  quar  es  la  cara  tencha 

Del  sanc  cazut  del  test  e  d'engoysha  destencha; 
I.i  huelh  ne  son  intrat,  si  que  defalh  la  vista; 

384     La  Mayres  qu'aysso  ve  pessar  podetz  sis  trista. 

Cars  Senhers,  la  dolors  que  suefres  non  es  pauca, 
Quar  la  morlz  lo  tieu  cors  trassinh  e  ponh  e  trauca, 
[F"  90  r"]  Si  que  l'arma  del  cors  pauc  et  pauc  se  deslassa; 
La  deitats  pero  cascus  de  lor  abrassa  ; 
Coniandas  l'esperit,  ploran,  a  Dieu  le  payre; 
390     (irans  es  aras  le  critz  dels  tiens  e  de  ta  mayre. 

Sobre-l  trespassamen  la  terra  se  crodola, 
Las  pcyras  fendo  se  e  totz  le  mons  tremola; 

393  La  cortina  tantost  del  temple  s'es  fenduda 
Et  yferns  s'es  ubertz  e  la  porta  rompuda  ; 
Adam  qu'estava  près  dejos  la  viala  trapa 

396     Es  per  la  prezcnt  mort  rczemutz  et  escapa. 

D'ifcrn  romp  le  romj)utz  las  cadenas  a  trosses; 
Cel  ques  a  ferm  lassatz  e  pes  e  mas  et  osses 
399     En  l'aybre  de  la  crotz  c  penja  per  los  brasses 
Deslassa  prozamcns  e  iraiih  d'abis  los  lasses; 

[Blanc  de  six  lir/nes.] 
Li»  primier  falhimcn  del  toi  remet  c  quita; 
4o3     Mans  boms  per  sa  vertut  qu'era  mortz  ressucila. 

Can  vezo  l'escurtat  cl  lerrafremol  sento 
Marridas  son  las  gens  r  forment  s'espavenio; 

'405     K  quar  d'aipiesla  mort  saboii  (|U(^  mal  ne  miero, 
Tridari  coma  raujos  e  sobic'l  pioylz  se  liero, 
'Icsiimiini  i'azen  dizon  li  Juzieu  soptc  : 

/io8     <i  Veramcii  lilh  de  Dieu  acpiest  era  ses  dople.  » 

Ter  los  corecs  o.star  de  la  crolz  l'an  requesla 
Li  .liizicu  apilal  per  honor  de  la  fesla  ; 


POÉSIES    RELIGIEUSES    INEDITES    DU    XIV'    SIÈCLE.  /|5 

/(Il     Et  agiit  sori  autreg  fan  lor  tien({uar  las  cueyslias 
Tro  que  d'osscs  e  carn  l'oro  molas  e  (lueyslias  ; 
D'aquelz  dos  nialfachors  l'execucio  fâcha 

/ji-'i     Del  Seiilior  drcchiirier  parla  cascus  e  tracha. 

Aras  mena  graii  brug  la  fola  gen  testarda 

li\-     E  qiiar  lo  saute  cors  e  glorios  mort  viro 

De  las  cueyslias  tiencar  li  Juzieu  se  cauziro; 

[F"  90  V]     [Blanc  de  six  lignes.] 

La  lansa  près  Longi  jos  lo  coslat  lo  plaga, 

420     La  vista  recobret  qu'era  fieols  e  vaga. 

Par  lo  trauc  del  costat  gran  e  fer  e  sahatge 
Decorr  nieuut  le  sancz  desobre.  dons  beuratge' 

428  Et  aygua  de  salut,  d'aqui  meteysh  sobronda 
Que  nos  deneja  totz  e  nostres  peccatz  monda; 
Am  lo  sanc  nos  fa  sais  le  Senhor  de  l'Altisme 

42G     Laval  primier  peccat  am  l'ayga  del  baptisme. 

Li  paren  e  l'amie  engoyshozamen  crido, 
Li  planch  el  marri  men  de  noel  se  resshido, 

429  Com  mort  virol  Senhor  a  tant  cruzel  martire; 
La  gran  tristor  cascus  de  la  Mayre  cossire, 
Cant  lo  ve  lansejat,  la  dolor  li  refresca 

432     E  la  terra,  ploran,  de  lagremas  refresca. 
Lums  de  gran  resplandor.     Ut  S^. 


VII 
A  Vespras.  R^. 

Senhor  e  donas  son  gran  re  que  Jhezu  planho 
E  la  Mayre  planhen  e  ploran  acompanho  ; 

I.  11  manque  un  vers. 

a.  Ms.  hevaage,  avec  un  u  au-dessus  de  e-r. 


46  J-    AXGLADE. 

/jSô     Tug  son  trist  e  dolen  de  la  morl  ques  han  vista 
De  lor  senhor  Immil  tant  es  la  Mavres  tiista' 


438     Que  nos  pot  sostener,  ans  cove  que  la  tengan. 

A  Pilât  es  vengutz  Josep  Arimacia; 

La  mort  del  Salvador  tantost  li  denuncia 
44 1     De  laquai  en  son  cor  havia  dolor  granda  ; 

Lo  cors  par  sebelir  de  Jliezu  li  demanda; 

Pilatz  creyre  no  pot  (pie  ta  leu  sia  morta 
444     La  persona  de  Crist  segon  qn'om  li  reporta. 

Totas  vetz  el  estet  doptos  d'aquela  cauza 
Tro  que  Cenlurios  aysso  rneteysh  depauza  ; 
447     Josep  per  so  no  sta  que  lo  cors  no  requiera 
Per  onor  de  la  gran  festa  e  mot  sobriera  ; 
Pilât,  quar  el  sab  be  que  mortz  es  per  eveja, 
[F"  91  r"J  So  que  Josep  requier  mot  volentiers  autreja. 

Jozep,  Nicbodemus  al  vertuos  sacrari 
Nomnat  cominalmen  Pueg  de  Monticalvari 
453     Son  vengul  e  tantost  de  la  crotz  lo  dessbendo 
[Blanc  (le  six  lignes.] 
E  donas  e  serdior  en  los  brasses  lo  prendo  ; 
La  Mayres  denan  totz,  clessa  de  mal  e  lassa, 
45G     Bavzan  buelhs,  boca,  mas,  lo  cors  per  mieg  abrassa. 

Can  l'agro  descendu t  d'enguens  meiavilbozes 
L'an  oncb  et  enbasmat,  odorans,  preciozes, 

4'Xj     Per  (pie  miels  conservar  se  puesca  de  corrompre. 
Adonx  viralz  plorar,  lirarcabels  e  rompre; 
La  Mayre  sanglontisb  mentre  ques  bom  l'enbasma 

4<»2     Et  en  lagremas  Ion  e  sobre-1  cors  s'emblasma. 

Mayies  de  Dieu,  le  gaug  del  lieu  filb  se  Irasforma, 
Quar  en  plancli  et  en  plor  et  en  dolor  se  torna, 

I     II  iii;iiiqnc  un  vers. 


POÉSIES    RELIGIEUSES   INEDITES    DU    XIV^  SIECLE.  4 7 

405     Cant  lo  sieu  cors  desfayt  e  fos  de  plagas  vezes 
E'is  membres  scnes  sanc  et  de  la  carn  remezes 
Lo  glazi  que't  promes  Symeons  de  paraula 

4r»8     Per  execncio  dins  lo  tieu  cor  s'eiitaula. 

Can  onch  et  enbasmat  liagro  lo  cors  els  membres 
Am  lagremas  e  plors  aquel  prezero  cempres 

fi'jj     En  .j.  drap  blanc  e  prim  dece  l'enveloporo, 
E  segon  lor  estilb  nobblamen  l'adobero, 
Dedins  lo  monumen  non  e  l'resc'  lo  mezero 

A74     E  d'una  peyra  gran  manlenen  lo  clauzero. 

Can  la  Mayres  sariat  vie  d'aylal  sarradura 
Lo  monumen  e  clans  de  peyra  fort  e  dura 

477     Et  enclaus  lo  sieu  filh  dedins  una  gran  roca, 
Tan  grans  fo  la  dolors  que  dins  lo  cor  la  toca 
[F"  91  V]  Qu'en  terra  s'engroyshet  e  semblet  del  tôt  morta  ; 

480     Mas  caScus  dels  parens  l'adertz  e  la  conorta. 

Ara  foc  vespres  bas  si  que  le  jorns  s'enclina 

E  nos  pot  sostcner,  tan  freols  e  mesquina 
483     Es  la  Verges  per  que  las  douas  la'  sosteno 

E  deves  la  ciutat  en  son  hostal  la  meno. 

E  donas  e  senlior,  e  paren  e  parentas, 
486     S'en  van  am  liey  essems  dolen,  trist  e  dolentas. 

La  Verges  a  l'intran  de  la  ciutat  s'erissa, 
Quar  noy  sab  lo  sieu  gaug,  dolor  al  cor  la  fissa  ; 

48g     Orfa  pot  dir  quez  es  de  filh  mays  bel  e  nobble 
Que  fos  ni  ja  sera  restauramens  de  pobble. 
Et  aysso  cossiran  la  dolors  es  tan  granda 

493     Que  no's  pot  refrenar,  an  creysli  mays  e  s'abranda. 

Cant  foc  en  son  liostal  crida  :  «  Falsa  gen  croya, 
Tout  m'avetz  mon  solas,  tôt  mon  gaug  e  ma  joya  ; 

I.  Ms.  frest. 
a.  Ms.  las. 


48  J.     A>GLADE. 

f^^)^     Ay,  fillis,  no  puesc  trobar  lunha  re  que  m'alegre 
Sino  que  tost  mûris  per  su  quel  pogues  segre  ; 
Ses  te  lunli  joy  non  hay,  que  m'eras  aniparansa, 

/198     Hepaus  d'aim'e  cors  e  tota  ma  speransa. 

Li  païen  que  son  pics,  can  auzo  la  Vergena 
Ques  am  gran  marrimen  ayssis  planh  es  démena, 
âoi     Degus  no'l  pot  far  mot  quar  engalmen  sobmndo 
De  tan  coral  dolor  qu'en  lagremas  se  fondo  : 
Essems  pl(>ian  la  mort  de  lor  senhor  e  planlio 
5o4     Fazen  aqui  lor  dol  la  Verges  acompanho. 
Lums  de  gran  resplandor.     Ut  S^. 

J.   Anglade. 


JEAN    BARTON 


PIIEMIRU    PHKSIDENT    DE    LA    COUll    SOUVERAINE    DE    BORDEAUX 
(l'iJI-I^Ja). 


M.  F.  Gébclin  a  publié  récemment  une  relation  inédite 
de  l'entrée  de  Dunois  à  Bordeaux,  le  3o  juin  i/joi  '.  Ce  do- 
ment  renferme  d'intéressants  détails  sur  l'organisation  de 
la  justice  souveraine  dans  cette  ville,  détails  que  l'on  ne 
trouve  pas  dans  les  autres  relations  connues  jusqu'ici. 
Voici  le  commentaire  de  l'éditeur  à  ce  sujet  : 

L'article  20  du  traité  du  12  juin  stipulait  l'établissement 
d'une  justice  souveraine  à  Bordeaux  «  pour  cogooistie,  discuter 
et  déterminer  difTinitivcment  de  touttes  les  causes  d'appel  qui 
se  feront  en  iceluy  pays  )>.  Cet  article  fut-il  exécuté?  On  l'a 
contesté  longtemps,  quand  Briyes-Caze«  découvrit,  dans  un 
registre  du  Parlement  de  Bordeaux,  la  mention  suivante  : 
«  Lecta  et  publicata  in  curia  suprcma  Burdigale...  xxi  ju- 
«  nii  14Ô2...  »  C'est  à  peu  près  tout  ce  qu'on  sait  sur  celte  Cour 
souveraine,  qui  n'eut  qu'une  existence  éphémère  :  elle  fut  sup- 
primée à  la  suite  de  la  révolte  de  la  Guyenne  en  i452.  Le  texte 
que  nous  publions  nous  donne  le  nom  de  deux  commissaires 
qui  furent  chargés  de  l'organiser  :  il  nous  apprend  qu'après 
mûre  délibération,  le  Conseil  désigna  pour  ce  faire  un  «  général 
sur  le  fait  de  la'justice  des  aides  »,  J.  Barton,  et  un  conseiller 
au  Parlement  de  Toulouse,  Nicolas  Berthelot.  Et  si,  comme  on 
l'a  souvent  voulu  faire,  on  rattache  à  cette  Cour  souveraine 
l'origine  du  Parlement  de  Bordeaux,  ce  sont  les  deux  organi- 

I.  Mélanges  d'histoire  offerts  à  M.  Cluirles  BéinotiL  (l^iris,  igiS), 
pp.  406-4  lO. 

ANNALES  DU  MIDI.  —  XXIX.  4 


5o  A>TOINE   THOMAS. 

saleurs  de  ce  jinilcinent  dont  notre  texte  nous  donnerait  les 
noms  '. 

Sur  Jean  Baiton,  M.  Gébelin  se  l^orne  à  renvoyer  à 
\' Histoire  (le  Languedoc  des  Bénédictins,  édit.  l^rivat,  t.  XI, 
p.  1.")  ',  en  mentionnant  que  ce  général  de  la  justice  des 
aides  fut  désigné  comme  commissaire  royal  auprès  des 
États  de  Languedoc  en  i/i4G. 

Qu'il  me  soit  permis  de  rappeler  que,  dès  1S79,  j'ai 
publié  une  notice  biographique  sur  Jean  Barlon',  dans 
laquelle  j'ai  constaté  que  le  chancelier  de  la  Marche  (titre 
que  .lean  Barton  a  porté  jusqu'à  sa  mort,  pendant  qua- 
rante-cinq ans  au  moins,  et  sous  lequel  il  est  générale- 
ment connu*),  avait  été  commissaire  royal  auprès  des 
États  de  Languedoc^  non  seulemenlen  1/4^^16,  mais  en  ili\'], 
et  011  j'ai  signalé  son  rôle  judiciaire  à  Bordeaux  dans  les 
termes  suivants  : 

Apirs  la  conquête  de  la  (iuyenne,  Jean  Harton,  (pii  avait 
assisté  en  pcisonnc  à  la  reddition  de  Bordeaux,  fut  nommé  pai' 
Cliarles  \\\  picuiier  prt'sidenl  au  Parlement  de  cette  ville;  il 
résigna  alors,  en  i'axcnr  de  son  lils  Matliuiin,  sou  otïîce  de 
f;riu''ral  drs  aides  '". 

(  domine  source,  j'ai  in(li(|ué  sommairement  :  a  Beg.  de 
la  Cour  des  Aides,  \rcli.  nal.,  Z' \  18,  fol.  .'MG-17".  »  En 
réalité,  il  s'agit  tlu  registre  it),  où  l'on  trouve  des  plai- 
doiries prononcées  à  l'audience,  le  -20  mai  1 '|5'^  au  sujet 


I.  Loc.  laitiL,  pj).  V)J-'it>(J. 

■>..  Loc.  IniuL,  p.  ^09,  ti.  (i. 

.'i.  Lrs  HIals  i>n>i<iiiciau.r  de  ht  [■'nuire  ceiilrnlc  sous  CJuwIt's  ]  If.  t.  1. 
pp.  :*79  u80. 

f\.  Cf.  luoii  li\ic  iiililidi'  :  Le  coiiilé  île  lu  Mdrehc  cl  le  l'arlcincnl  de 
Puiliei's  (V'dvh,  lyioj,  pp.  i,xiii-i.xi\ . 

.').  Les  l-:ials  provinciaux,  t.  1.  pp.  ;i8'i  a85. 

<).  .le  Mie  suis  abslenn  de  reiiviiyer  au  XohiL  du  diocèse  el  de  lit 
(icnénil.  de  Limoijes  de  l'abbé  Josepli  .Nadaud,  où  il  est  dit  que  Jean 
nailoM  fui  <•  pii'iniri  président  de  Bordeaux  »  (t.  I,  p.  i!\'i),  parce 
(jue  Nadaud  ne  cWv  ;iii(  un  doeuiiiciit  à  l'appvù  de  son  dire. 


JEAN    BARTOX.  5l 

de  la  possession  d'un  ofTice  de  général  des  aides  conten- 
tieux entre  Malliuiiii  Buiton  cl  François  (juerincl.  Voici 
un  extrait  textuel,  limité  au  point  qui  nous  intéresse, 
de  l'une  de  ces  plaidoiries  : 

Entre  maistre  Malhuriu  Borthon  (sic),  gênerai  conseiller  du 
Uoy  sur  le  fait  de  la  justice  des  aides,  défendeur,  d'une  part, 
contre  maistre  François  duerinet... 

Poignant,  pour  icellui  défendeur...,  dit...  que  feu  maistre 
Nicole  de  la  Barre  ',  avant  fan  nij'  xvnj  et  au  devant  de  toutes 
les  divisions,  estoit  gênerai  conseiller  eu  la  Court  de  céans, 
...  jusqucs  à  la  bataille  des  Harens-,  qu'il  ala  de  >ie  à  trespas 
au  service  du  roy.  Dit  cpie.  par  icellui  trespas,  le  Roy  donna 
l'olTice  comme  vacant  à  maistre  Jehan  Barton,  a  présent  prési- 
dent de  la  Court  soiireraine  de  Hourdeaulj%  père  du  défendeur... 
Et  depuis,  icellui  maistre  Jehau  Berlon  (sic)  a  résiné  son  olFice 
audit  défendeur,  son  fdz. 

Le  procès  devant  la  Cour  des  Aides  traîna  en  longueur. 
Le  7  février  i^i53,  l'avocat  Poupaincourt  prononça,  en 
faveur  de  François  Guerinet,  un  long  plaidoyer  d'où 
j'extrais  ce  qui  suit  : 

Dit  que  quant  le  peredudit  maistre  Mathurin  a  resigné  icelui 
office  de  gênerai  audit  maistre  Mathurin,  son  père  estoit  en 
autre  office,  comme  président  de  Bourdeaulx.  Dit  que,  en  accep- 
tant iceluiofjlce  de  présidant,  h'dit  olhce  de  gênerai  vacquoit  "... 

Le  r2i  février  suivant,  lavocat  Poignant  dupliqua  en 
faveur  de  son  client,  Mathurin  Barton.  Je  nie  borne  à 
relever  les  points  suivants  de  sa  duplique  : 

Ad  ce  que  partie  a  dit  i[\ic  maistre  Jeha/i  Barton  est  président, 
etc.,  dit  qu'il  pouoit  tenir  tel  (5ic)  deux  offices  qu'il  luy  plaisoit, 
et  que  pour  ce  partie  impetre  l'office  de  président,  se  bon  lui 
semble.  Dit  que  ledit  maistre  Jehan  Barton  avoit  puissance  de 
tenir  lesdis  deux  offices  '. 

1.  Sur  ce  personnage,  voir  mes  HIats  proiùncinu.r .  t.  I.  pp.  278-279. 

2.  Le  12  février  1429. 

3.  Arcli.  nat.,  Z'.V2().  fol.  90. 

4.  Ihid..  fol.  112. 


52  ANTOINE    THOMAS. 

On  voit,  ]ydv  ces  cilations  f|iie,  si  les  avocats  ne  sont 
pas  (l'accord  sur  la  valabililé  de  la  résignation  faite  par 
Jean  Barlon  de  son  otrice  de  général  sur  le  lait  de  la 
justice  des  aides,  la  possession  par  lui,  dès  avant  le 
2  1  mai  i/|32,  de  roffîce  de  ^'  président  de  la  Court  souve- 
raine de  Bourdeaulx  »  ne  fait  pas  question. 

11  n'est  pas  douteux,  en  elfet,  (jue  la  Cour  souveraine 
instituée  à  Boideaux  par  lettres  patentes  données  à  Tours 
le  5  août  i4"Ji',  et  ({u'on  paraît  avoir  évité  d'appeler 
offîciellenieiil  ((  Pailetnenl  »  pour  ménager  la  susceptibi- 
lité des  Pailements  de  Paris  et  de  Toulouse,  n'ait  fonc- 
tionné régulièrement  pendant  l'annéejudiciaiic  i/|ji-i452. 
l)'aj)rès  l'acte  d'institution,  elle  devait  comprendre  un 
premici-  président,  un  second  président  et  six  conseillers. 
Brives-Gazes  déclare  qu'on  connaît  les  noms  de  quatre 
conseillers  (Jean  Tudert,  Jean  Avril,  Jean  de  Sansay  et 
Vital  du  Palais),  sans  l'ien  savoir  des  présidents'.  Avec 
Jean  Barlon  nous  tenons  l'un  de  ces  présidents;  il  est 
vraiseinblable  que  son  collègue  en  dignité  a  été  Mcolas 
Bertbelot.  Ce  «pii  est  sûr,  en  tout  cas,  c'est  que  Jean  Bar- 
ton  a  été  le  chef  de  la  Cour  souveraine  avec  le  titie  olïi- 
ciel  de  a  picmier  président  ».  Sur  ce  point  précis,  que  ne 
loucheiil  pas  les  extraits  des  l'egistres  de  la  Cour  des 
Aides  [)ubliés  ci-dessus,  je  vais  [)r(»duire  le  témoignage  de 
l'intéressé,  tle  Jean  Barlon  lui-même. 

Le  8  novembre  l 'i .")(),  le  clianceliei-  de  la  Marelie  com- 
paiutde\anl  le  |)i()eureur  général  Jean  Dauscl,  eliargé  de 
réaliser  au  prolil  du  roi  les  créances  de  Jacques  Cœur. 
Il  a\ail  à  s'explicpier  sur  deux  cédules,  signées  de  sa 
main,  <pii  s'étaient  trouvées  dans  les  papiers  de  l'argen- 
tier. Ses  ('\|)li(  alidns  liirenl  liés  longues  et  très  circons- 


1.    l'iiljlit'cs  par  Brivos-Gazos.   Orujines  du  Parlcmenl  de  Bordeaux 
I  liordoanx,  1887),  pp.  05-07. 
•j>..  I.tjr.  Iiiitd..  p.  70. 


JEAN    RVRTOX.  53 

lanciées.  J'en    cxlrais    sculcinent    ce    qui  intéresse  iiolic 
sujet  : 

Dit  oultre  [ledit  Bartoii]  que,  depuis,  lesdis  Cuer  et  Union 
estans  en  la  ville  de  Belac  en  Limosin',  icellui  Bartoii  demiiii(l;i 
audit  Cuer  s'il  avoit  rcceii  sa  part  desdiles  espices'  dudit  uiais- 
trc  Estienne  Petit ',  lequel  Cuerluy  dist  et  lespondit  que  oy.  Et 
lors  ledit  Bartou  pria  et  requist  ledit  Cuer  qu'il  lui  voulsist 
rendre  sesdites  cednlles  couime  acipiiltees,  lequel  Cuer  lui  dist 
et  respondil  qu'il  ne  les  avoit  jias  là,  mais  qu'elles  esloienl  de- 
vers le  Roy  en  l'Argenterie,  et  que,  la  première  foiz  qu'il/,  se 
trouveroieTil  ensemble  à  la  Court,  il  les  lui  renderoit,  et  iui 
paieroit  l'oultreplus  de  ce  qu'il  avoit  receii  pour  luy  dudit  Pelil 
à  cause  desdites  espices. 

Et  depuis  se  sont  trouvez  lesdis  Barlon  et  Cuer  à  Bourdeaux. 
auquel  lieu  ilz  ont  eii  pareilles  parolles  ensemble,  et  confessa 
pareillement  ledit  Cuer  avoir  esté  paie  de  ce  que  ledit  Barton 
lui  devoit,  et  lui  promist  rendre  sesdites  cedulles,  et  lui  paier 
avec  ce  l'oultreplus,  comme  dessus. 

Et  dit  ledit  Berton  que,  depuis  lors,  //  denioura  à  Bourdeaux , 
en  office  de  premier  président,  dont  il  ne  partit  point  jusques  à 
ung  peu  de  temps  avant  la  prinse  et  occupation  faicle  par  les 
Angloiz  du  dit  Bourdeaux ,  pendant  le(|uel  temps  ledit  Cuer  fut 
prins  et  constitue  prisonnier  à  Taillebourg'.  Et  depuis  les  pa- 
rolles et  appoinctemens  dessusdis  d'entre  lesdis  Barton  et  Cuer, 
ne  se  sont  peu  trouver  ensemble  à  la  Court  ne  ailleurs  en  autre 
lieu  où  il  aye  peu  recouvrer  dudit  Cuer  sesdites  cedulles  ne 
l'outreplus  que  ledit  Cuer  lui  devoit '. 

1.  Bellac.    chef-lieu  d'arrondissement   (  llaute-\  ienne).   Cette   rcn 
contre  de  Jean  Barlon  et  de  Jacques  (^œur  doit  être  antérieure  de 
peu  à  la  première  expédition  de  (iuïennc. 

3.  Il  s'agit  des  présents  en  argent  dits  ôpices  faits  par  les  l^lats  de 
Languedoc  aux  commissaires  royaux. 

3.  Trésorier  général  de  Languedoc. 

^.  Jacques  Cœur  fut  mis  en  état  d'arrestation  le  3i  Juillet  l'iôi 
(G.  du  Fresne  de  Beaucourt.  Hisl.  de  Charles  Vil.  t.  V,  p.  io6.  n.  6). 

ô.  Journal  de  Jean  Dauvel,  Arch.  nat.,  KK  328,  fol.  4i5  V-'iiO.  — 
Notons  en  passant  que  le  souvenir  des  relations  amicales  qui  exis- 
tèrent entre  Jacques  Cœur  et  Jean  Barton  ne  fut  proriabiement  pas 
étranger  à  la  conchision,  sous  le  règne  de  Louis  \I,  d'un  mariage 
entre  Bernard  Barton.  petit-fds  du  second,  avec  Françoise  Trous- 
seau, petite-fdle  du  premier. 


5^i  ANTOINE    THOMAS. 

Si  Ton  se  rappelle  que  les  Anglais  rentrèrent  à  Bor- 
deaux le  -.l'S  oclobrc  i\Ô2,  et  que  les  sessions  des  Parle- 
ments se  terminaient  au  commencement  de  Tété,  on  sera 
convaincu  ([ue  le  premier  président  Jean  Barton  a  été  à 
la  tète  de  la  Cour  souveraine  de  Guïcnne  du  premier  au 
dernier  jour  de  la  session  de  i45i-i/i52,  la  seule  que  cette 
Cour  ait  pu  tenir  avant  le  retour  offensif  des  Anglais. 

Quand  Louis  \I  rélahlit  le  Parlement  de  Bordeaux,  en 
juin  i46:^,  Jean  Barton  n'était  plus  là  pour  faire  valoir 
SCS  droits  d'ouvrier  de  la  première  heure;  il  était  mort  à 
Guéret,  âgé  de  soixante-seize  ans  environ,  le  -.>')  sep- 
tembre \'\i\\  '.  Le  poste  de  premier  président  fut  attribué 
à  Jean  Tudert,  un  de  ses  collaborateurs. 

Et  cela  même  est  un  trait  d'union  entre  la  Cour  créée 
par  Charles  VIT  et  celle  que  créa  Louis  XI,  ce  qui  revient 
à  dire  que  le  Parlement  de  Bordeaux  date  réellement 
de  i^ir)r,  malgré  l'éclipsé  quil  subit  pendant  les  dix 
années  sui\antes,  malgré  le  silence  gardé  inlentionnelle- 
ment  par  Louis  XI  sur  l'œuvre  de  son  père.  Il  est  l)ien  à 
craindre  que  les  registres  de  cette  session  de  i\'^m-v^'ô'2  ne 
soient  irrévocablemoni  perdus.  A  défaut  de  mieux,  con- 
tentons-nous d'être  renseignés  sur  la  personne  et  la  car- 
rière du  haut  magistrat  qui  la  présida.  Et  espérons  qu'on 
prendra  note,  une  bonne  fois,  à  Bordeaux. 

\nt()in(;  Thomas. 


I.  .rindiqiio  la  dalf  du  jour  d'après  le  Xohiliaire  dr  l'abbô  Nadaud, 
I.  I.  p.  i'|.'^  bien  (pi'il  ne  donne  pas  do  itIVtcmicos.  En  iont  cas,  la 
inorl  de  .1.  Harlon  csl  aiiliTicnrc  an  i"  février  i/iOa  (acte  original 
dos  arrhivos  (\v  tainillo  do  M.  |,-  cointo  (U-  Monibas.  descendant  de 
.1.  Karinn.  à    \niions). 


MÉLANGES  V:r  noCUMKXTS 


LES    FIEFS    DU    ROI    ET    LES    ALLELX    E>     GUIENNE' 

Le  registre  des  «  Recogniciones  feodorum  ».  —  En  i  Si/4, 
Jules  Delpit  et  son  cousin  Martial  publièrent  uuc  Aotice 
d'an  ninnuscrit  de  la  bibUol/ièfjde  de  W  olfenhiitlel  iniUulé 
Recogniciones  feodoi'um  el  où  se  trouvent  des  renseigne- 
ments sur  l'état  des  villes,  des  personnes  el  des  propriétés  en 
Guyenne  et  en  Gascogne,  au  XIII"  siècle-.  Plus  tard,  le 
même  Jules  Delpit  donna  des  extraits  de  ce  registre  dans 
les  tomes  lll  et  V  des  Archives  historiques  de  la  Gironde. 
Ces  publications  fragmentaires  laites  sans  suite,  avec  un 
soin  insuffisant,  étaient  comme  bien  d'autres  que  Delpit 
inspira  :  l'ouvrage,  suivant  une  locution  populaire, 
n'était  ni  lait  ni  à  faire.  M.  Rémont,  jugeant  avec  raison 
qu'un  pareil  texte  devait  être  édité  intégralement,  l'a  im- 
primé en  un  volume  de  la  collection  des  Documents  'iné- 
dits, avec  une  copieuse  introduction,  une  table  chrono- 
logique, un  glossaire,  enOn  un  index  des  noms  de 
personnes  et  de  lieux. 

1.  D'après  Recueil  d'actes  relatifs  à  l'administration  des  rois  d'Angle- 
terre en  Guyenne  au  \ui^  siècle,  llecognicioncs  feodorum  in  Aquilania, 
transcrits  el  publiés  par  Charles  Bêmont,  directeur  adjoint  à  l'École  pra- 
tique des  liautes  études;  Paris.  Imprimerie  nationale,  191^;  in-A"  de 
Lxxv-477  pages. 

2.  Extrait  des  Notices  et  extraits  des  manuscrits  publiés  par  l'Acadé- 
mie des  Inscriptions  el  belles-lettres,  L  \I\,  2'  partie. 


56  ANNALES    DU    MIDI. 

Ce  manuscrit  de  Wolfenbiittel  n'est  autre  que  le  second 
d'une  série  de  huit  registres,  A-H.  où  ladministration  du 
Domaine  royal  à  Bordeaux  avait  colligé  les  titres  qu'elle 
devait  appliquer.  Ce  registre  B,  sorti  des  Archives  du  Roi, 
entra,  dès  avant  1G27,  dans  la  bibliothèque  des  ducs  de 
Brunswick,  à  Wolfenbiittel.  Les  sept  autres  se  sojht 
perdus. 

Le  registre  dont  il  s'agit  est  appelé  Recogniciones  feodo- 
riim  in  Aquitania,  parce  qu'en  efï'et  il  se  compose,  pour 
une  grande  partie,  de  reconnaissances  féodales  consenties, 
en  1273-1276,  par  les  tenanciers  de  biens  qu4  étaient  pla- 
cés dans  la  mouvance  du  roi  d'Angleterre,  en  tant  que 
duc  d'Aquitaine.  Ces  fiefs,  disséminés  sur  une  vaste 
étendue,  étaient  surtout  nombreux  dans  la  prévôté  de 
Saint-Sever,  la  Chalosse,  le  Gabardan  et  le  Tursan,  dans 
les  Landes  bazadaises,  enfin  du  c(Mé  de  La  Réole  et  Lan- 
gon,  de  Libourne  et  Bourg,  de  Bordeaux,  Barsac  et  Bey- 
chac;  la  directe  du  Koi  s'étendait  au  littoral  landais  — 
Buch  et  Born,  .Maremne  et  Marensin  —  et  au  Labourd'. 

Les  agents  du  domaine  ducal  d'Aquitaine  avaient  déjà 
précédcnimcnl  consigné  })ar  écrit  les  obligations  dont  on 
devait  s'acquitter  entre  leurs  mains.  Il  semble  que  partie 
de  ces  états  eussent  la  forme  de  rouleaux  :  rôle  gardé  au 
château  royal  de  Bordeaux,  lôles  gardés  aux  châteaux  de 
i>a  Réole,  de  Bourg-.  Toulcfois,  un  regisire  se  conserve 
mieux  qu'un  rouleau.  On  sait  que  llaiinond  de  Penya- 
fort  recommandait  aux  églises  de  transcrire  les  pièces  les 
plus  piécieuses  à  la  (in  des  livres  lihirgicpies ';  un  acte 
des  l{('r()(/inci(>ii<:s  vise  une  donalion  (jui  est  ainsi  Iranscrilc 


1.   Cil.  Ik'iîionl,  op.  cil.,  Irilroduclion,  p.  \ii\. 

u.  N""  ft'.')-.  y.'.U,  fioC).  —  Pour  ce  fl(>rni(M-.  le  Icxlc  porte  :  u  iii  lolulo 
faslcII.Tiii  »;  Je  suppose  (pie  le  cliMlelain  Imhil.iil  le  cluile.iii. 

.H.  Publié  p;ir  \\i\\i\\ssni\.  Cdhiloyiic  des  nutniiscrih  des  hihliolhriiucs 
dex  dé  parlements,  I.  I,  p.  O20. 


MELANGES    ET    DOCUMENTS.  O" 

flans  un  missel  de  Téglisc  de  C^audrot.  Les  églises  du 
Bordelais,  la  Cathédrale,  Saint-Seurin  et  Sainte-Croix  de 
Bordeaux,  La  Sauve  et  même  des  particuliers  possédaient 
au  XIII"  siècle  des  cartulaires  :  il  était  rationnel  que  le 
Domaine  eût  son  terrier. 

Ce  terrier,  avec  ses  cinq  à  six  cents  reconnaissances, 
est  Tun  des  documents  qui  nous  renseignent  le  mieux 
sur  la  condition  des  personnes  et  des  biens  dans  nos  pays 
au  XIII'  siècle.  Je  voudrais  lui  (Muprunter  quelques  traits 
pour  une  très  rapide  et  très  incomplète  esquisse  des  rela- 
tions entre  le  Roi  et  ses  feudalaires. 

Les  auteurs  des  reconnaissances;  questions  auxquelles 
ils  répondent.  —  Qui  passe  recr)nnaissance?  C'est  généra- 
lement l'intéressé  ou  son  fondé  de  procuration  ou  son 
représentant  légal,  le  père  pour  le  fils,  le  mari  pour  la 
femme,  le  tuteur  pour  le  pupille.  La  reconnaissance  est 
individuelle  ou  elle  est  collective  :  deux  frères,  un  da- 
moiseau et  sa  sœur,  un  père  et  son  fils,  etc.  Le  maire  de 
Libournc  déclare  les  obligations  de  sa  commune  et  des 
habitants;  à  Issigeac,  l'ensemble  de  la  communauté  des 
hal)itants,  «  tous  et  chacuns  »,  figure  dans  l'acte;  ail- 
leurs, la  communauté  d'habitants  comparaît  par  procu- 
reur :  celle  d'Haux  délègue  pour  parler  en  son  nom  le 
curé  et  un  paroissien.  Il  est  à  noter  que  cette  intervention 
du  curé  est  une  très  rare  exception. 

11  est  fréquent,  au  contraire,  que  des  habitants  d'une 
contrée  soumis  à  un  même  régime,  sans  être  d'ailleurs 
solidaires,  s'entendent  pour  une  reconnaissance  com- 
mune. Ce  qui  est  plus  intéressant,  c'est  le  grand  nombre 
de  cas  où  des  cotenanciers,  des  parcionarii  agissent  en- 
semble. Ce  mot  de  parcionarii  revient  à  chaque  instant 
dans  les  Recogniciones,  et  c'est  là  un  fait  d'importance. 

Un   autre   fait  à   souligner  consiste   dans   lincroyable 


58  ANNALES    DU    MIDI. 

confusion  dont  témoignent  ces  aveux  et  dénombrements. 
Si  nous  connaissons  mal  le  légime  des  tenures  au  xm"  siè- 
cle, nous  pouvons  nous  consoler  en  pensant  que  les 
malheureux  fonctionnaires  du  Domaine  à  cette  époque 
ne  devaient  être  guère  plus  avancés. 

L'enquête  porte  principalement  sur  trois  points  :  si  le 
déclarant  possède  des  fiefs  du  Roi,  et  ce  mot  s'étend  aux 
censives;  s'il  a  des  alleux;  enfin,  s'il  n'a  lien  aliéné. 

Bien  des  gens  ne  sont  pas  en  état  de  répondre  :  ils 
ignorent  si  leurs  immeubles  relèvent  du  Roi  '  ou  bien  de 
quelles  charges  ces  tenures  sont  grevées-.  On  leur  ac- 
corde un  délai  poui*  s'informer.  La  réponse  est  parfois 
négative  :  Thibaud  de  Noaillan  n"a  ni  fief  royal  ni  alleu; 
tous  ses  biens  dépendent  de  la  maison  de  Noaillan.  De 
même,  Raimond-Guillaume  de  Gérons  ne  tient  rien  du 
Roi  :  il  ne  doit  ni  hommage  ni  fidélité,  et  s'il  lui  arrive 
de  se  rendre  à  une  citation  par-devant  le  prévôt  de  Bar- 
sac,  c'est  qu'il  cède  à  la  violence. 

Des  fevulalaires  ne  manquent  pas  de  réserver  les  droits 
des  tiers  :  Guillaume-Arnaud  de  ïontoulon  excepte  de 
sa  reconnaissance  «  le  bien  de  Gaptieux,  qu'il  dit  tenir 
de  fJaston  de  Béarn  «,  et  (iuillaume- Vrnaud  de  Gazalis 
précise  (pie,  dans  la  paroisse  de  ce  nom,  quatre  manses 
sont  dans  la  directe  du  seigneur  de  Doazil. 

L'objet  des  reconnaissances  :  dîmes,  fonctions  publi- 
ques, personne  du  feudataire.  —  LObjel  des  reconnais- 
sances est  très  ^arial)lc;  elles  sélendeni  jusrpi'à  des  dî- 
mes'; il  est  \rai  (pie  les  dîmes  sont  généralement  tennes 
de  révê(|ue  '. 

Les   fonclioMs   piihlicpies   sont  souvent    matière  à  con- 

I.  Inlrndnclioii.  p.  \\m. 

a.  N"  cjG. 

3.  N"  if). 

h.  V-  •»,',',.  r)fi7.  58;^,  O.SÔ.  r.3(>  [.1,13]. 


MÉLANGES    ET    DOCUMENTS.  bf) 

cession  :  les  droits  de  justice  à  Sainl-Eslèpiie  et  à  Cissac 
sont  donnés  en  «  commande  »  à  un  chevalier  ;  la  justice  et 
la  baillie  de  Pimbo  sont  données  en  «  commande  »  à  un 
clerc.  La  viguerie  de  Bourg,  celles  de  (lubzac,  Saint-Gei- 
vais,  etc.,  celle  de  Mauco  sont  tenues  en  fief.  Amanieu 
de  Puch,  chevalier,  viguier  de  Mimizan,  reconnaît  pour 
cette  viguerie;  le  seigneur  de  .Iuliac  et  celui  de  Mau- 
vezin  rendent  la  justice  en  tant  que  viguiers  royaux,  et 
la  fonction  paraît  inhérente  à  leur  fief.  Des  prévôtés 
étaient  tenues  pai-  des  feudataires,  dont  la  condition  so- 
ciale était  modeste  :  (elle  la  prévoté  de  Sainte-Eulalie, 
Yvrac  et  Ambarès.  Quelques  tenures,  qualifiées  mandarie, 
ne  seraient-elles  pas  des  oniccs  d'huissier,  d'appariteur? 
Le  registre  s'ouvre  par  une  pièce  des  plus  curieuses,  où 
Arnaud  d'Espagne,  damoiseau,  seigneur  de  Mérignac, 
avoue  tenir  féodaicment  la  garde  de  la  chasse  dans  de 
vastes  forets  au  sud  de  Bordeaux. 

Dîmes  inféodées,  fonctions  inféodées  occupent,  au  total, 
une  place  restreinte  dans  l'ensemble  des  Recogniciones :  on 
rencontre  plus  souvent  dans  ce  volume  mention  d'hom- 
mes qui  tiennent  du  Roi  leur  corps.  C'est  encore  une  no- 
tion juridique  abandonnée  de  nos  jours,  que  l'on  puisse 
de  la  sorte  disposer  de  son  corps  :  un  chevalier,  Arnaud 
Seguin  d'Estang,  a  engagé  sa  personne  et  ses  biens  au 
Boi,  qui  les  lui  rend  jusqu'à  la  saint  Jean  suivante.  Dès 
l'instant  que  Ion  pouvait  faire  servir  son  corps  à  gager 
une  créance,  il  était  naturel  qu'il  fût  soumis  à  un  contrat 
féodal.  Les  gens  qui  tiennent  leur  corps  du  Roi  sont,  du 
moins  le  j)lus  souvent,  ses  hommes  francs,  home  francaa 
de  lors  rors,  hoinines  fi'aiwale.s  ^ ,  et  ce  en  raison  de  leurs 
tenures',  spécialement  de  leurs  manses ',  ou  des  padouens 

I.  ]\"'  5;ii,  247. 
3.  >"'"  5^1,  543. 

3.  \-  2^1  [lit],  r.23. 


fio  ANNALES    DU    MIDI. 

OU  pi\liiia^''es ',  ([uelquefois  des  chemins-.  Il  en  est  cepcn- 
(laiil  (jui  alTirmcnt  n'avoir  rien  du  Uoi  sinon  leur  corps'. 
Nous  venons  de  voir  que  la  condition  du  manse  pouvait 
entraîner  la  sujétion  de  l'individu  :  il  est  logique,  en 
somme,  que  le  manse  et  spécialement  la  maison  d'habi- 
tation soient  plus  intimement  liés  au  tenancier  que  le 
reste  des  immeubles  ;  il  n'était  pas  indifférent  que  le 
paysan  IVit  domicilié  en  terre  royale,  casatus  siih  liege 
ou  in  terra  /-ef/ia  '.  Quelle  que  fût  l'origine  de  sa  dépen- 
dance, l'homme  qui  tenait  son  corps  eu  fief  pouvait  être 
astreint,  de  ce  chef,  à  un  cens  spécial  :  l'un  d'eux  payait 
au  prévôt  de  La  Réole  12  deniers  «  pour  sa  tête  '  ». 

Que  le  Uoi  ait  concédé  à  un  de  ses  fidèles,  durant  la 
vie  de  ce  dernier,  les  redevances  dues  par  un  juif  de  Les- 
parre%  c'est  une  simple  curiosité.  Il  est  plus  intéressant 
de  savoir  qu'assez  souvent  des  églises  ou  des  particuliers, 
nobles  ou  non,  onl  en  fief  du  Hoi  des  hommes,  posses- 
seurs d"alleu\,  (/iteslaux,  —  c'est-à-dire  taillables,  —  ou 
feudataires '. 

L'objet  des  reconnaissances;  immeubles  :  forteresses, 
caveries,  manses,  biens  à  usage  commun.  —  Quant  aux 
biens  immeubles  rpii  foi-maient  ordinaii'cmeul  la  malièie 
du  coniral  féodal,  ils  soni  d'une  extrême  variété,  depuis 
l(^  lemplc  de  Tulellc,  <|ue  Pierre  de  Bordeaux  possédait 
an  ((rnr  de  la  \\\\r  de  ce  nom,  jns(prau\  dunes  les  plus 
sau\ag('s.  (létaienl  parfois  une  liabitation,  (loniiis.  un 
manoir,  itumcriu/n,    plus   souvent   des    forteresses,    inola, 

I.  \"  OGi.  O.iS. 

a.  N"  63^. 

8.  N"  G75. 

\.  V"a.',7,  .',',. 

(i.   N'"  ^ôy.  'ili... 

7.  N""  352,  .ô'i'i.  i.>7.  i((. 


MÉLANGES    ET    DOCIMENTS.  Gl 

cfis/rii/n,  cas/elldrinni.  De  ces  li'ois  mots,  les  deux  pre- 
miers avaient  [)eut-etre  le  même  sens,  village  fortifié, 
château  :  à  Benquet,  le  seigneur  possède  la  motte  et  la 
moitié  du  faubourg,  «  niedielatem  bariii  et  motam  to- 
tam  )),  Eudes  de  Doazit  occupe  l'autre  moitié;  le  cii.sli'iuii 
de  Castelmoi'on  est  un  pitlorcs(|ue  village,  ceux  de  Cas- 
teluau-de-Cernès,  de  Pujols,  de  Rauzan,  etc.,  sont  des 
châteaux  au  sens  propre  du  mot.  Le  terme  casteWti-'uun, 
castelbii',  cnsleUarc,  rasierar.  désigne  peut-être  de  vieilles 
constructions  militaires  :  <(  Yetus  castellare  d'Vrulha  w. 
Les  défenses  de  ces  places  pouvaient  être  légères  et 
faites,  du  moins  en  partie,  de  palissades  et  de  fossés  : 
des  maisons,  à  Sault  et  à  Lahet,  sont  «  dedens  lo  barad  », 
à  l'intérieur  du  fossé,  rdUatuni. 

Le  château  était  fréquemment  le  chef-lieu  d'une  châ- 
tellenie  :  casfi'U  «  cum  eorum  castellaniis  '  »,  d'un  terri- 
toire formant  seigneurie,  honor  :  «  honorem  de  Turri  », 
«  castrum  de  Lesparra  cum  honore-  ».  Vajfariani  est  un 
tènement,  de  quelque  nature  que  ce  soit  :  «  affarium  seu 
tejiementum^  »;  ce  peut  être  un  village,  une  place  forte', 
un  territoire  :  «  in  territorio  seu  affaiio    ». 

Le  mot  milicia  désigne  des  biens  soumis  à  un  régime 
juridique  déterminé  :  (iuillaume-Arnaud  de  Saint-Aubin 
ignore  si  ses  possessions  «  sunt  milicie  vcl  non  )>.  C'est 
la  cavareria,  la  caveria  des  documents  plus  modernes, 
le  fief  de  chevalier,  la  tenure  noble,  peut-être  celle  qui 
devait  le  service  militaire  d'un  homme  d'armes  :  Vital 
de  Cazaletz  tient  deux  milicie  et  la  moitié  de  deux  autres  ; 
pour  les  deux  premières,  il  s'engage  à  fournir  deux  hom- 
mes d'armes,  et,  pour  sa  part  des  deux  inilicie  restantes, 

1.  N°  2o5. 

2.  N°'  ao5,  190. 

3.  i\'°  73. 

4.  N"'  42,  52. 

5.  iN°  i3i. 


62  ANXVLES    DU    MIDI. 

un  homme  d "armes.  Le  capmansus,  cnpinasard,  cajjinisurd 
est  à  la  uiUicia  ce  que  le  château  est  à  la  chatellenie; 
c'est  le  chef-lieu  :  pour  une  iniUcid,  la  capniisura  est  à 
Aire  et  les  terres  sonl  dispersées'.  On  comprend  que  les 
scribes  aient  attaché  même  signification  aux  deux  voca- 
bles :  «  miliciam  seu  capinasuram^  ». 

(^)uanl  au  casalc,  casau,  c'est,  du  côté  d'Aire,  le  mause, 
(pie  l'on  a])pelait  en  Bordelais  shujki,  cslalye.  L'n  docu- 
ment relatif  à  une  région  intermédiaire  entre  l'aire  du 
cusdu  et  l'aire  de  Vestalgp  assimile  l'un  à  l'autre  :  u  casale 
seu  stagiam^  ». 

Les  biens  à  usage  commun  sont  souvent  mentionnés 
dans  les  RecngiiU-iones.  Certains  manses  com|)renaient 
des  pacages  particuliers*;  mais  sur  les  laudes  et  bois  du 
seigneur  un  droit  d'usag-e  devait  appartenir  à  ses  hommes. 
Les  biens  soustraits  à  ce  droit  d'usage  de  la  collectivité 
sont  nommés  bedal,  beddliutv.  Les  habitants  d'une  paroisse 
ou  d'un  hameau  pouvaient  être  propriétaires  de  fonds 
communs  :  la  terre  des  hommes  de  Bernos,  la  terre  des 
lioniines  de  Caclien.  la  (erre  des  hommes  d'Arrios,  etc. 
I"]idin,  les  gens  de  nos  campagnes  jouissaient  des  chemins, 
des  eauv,  des  j)acag('s''.  C'étail  soit  un  droit  ])ersonnel, 
soit  un  accessoire  de  leur  prui)rié(é  :  des  habilants  de  la 
|)ié\ùlé  de  Barsac,  hommes  liges  du  Boi,  tenaient  de 
divers  seigncnrs  Icnis  biens,  manses,  terres,  etc.,  et  du 
souverain  leur  corps,  les  pacages,  eaux  et  chemins  pu- 
blics';  d'autres   anirmenl    qu'ils   ont  des   droits   sur    les 


I.  .N"  ii5. 

u.  N"  \\\. 

•y  \'  ,97. 

'\.  N"  G78  :  <(  Slajïiaiu  siiain.  lon-ain  ol  noiiius.  vinoasol  padnoncia 
sila  cilia  slagiaiii  siiaiii.  .> 

.'».  .N*  7a,  9:5.  !.(•  Il"  r)S  porlo  «  bcdaul  ». 

(3.  .N"  6^9. 

7.  V  Ga^. 


MÉLANGES    ET    DOCUMENTS.  63 

padciueiis  de  la  prévôté  en  raison  do  leurs  immeubles  et 
de  leui'  qualité  d'Iiommes  liges';  u\\  autie  enfin  se  sert 
des  chemins,  eauv,  padouens,  prairies  et  bois  })artoul  où 
il  a  des  censives  du  Hoi'.  La  libre  jouissance  des  pas- 
quiers,  des  bois,  des  eaux  et  des  chemins  était  assurée 
aux  habitants  Du  Tourne,  Tabanac,  Cambes%  etc.;  or, 
ces  biens  sont  énoncés  dans  les  reconnaissances  féodales; 
les  eaux  et  les  landes  étaient  accusées  comme  des  champs 
ou  des  vignes. 

Ln  vieux  brocard  recueilli  par  A  iollet*  disait  que  l'eau 
et  riierbe  relevaient  du  Pèie  Eternel;  on  voit  que  les 
barons  d'ici-bas  avaient  empiété  sur  la  directe  seigneurie 
du  Créateur.  On  ne  saurait  s'étonner  qu'ils  se  soient 
enqjarés  de  certains  droits  que  les  juristes  réservent  au 
souverain  :  Cénebrun  de  Lesparre  avait  en  liet'  la  côte  de 
la  mer;  le  seigneur  de  Lillan,  une  localité  du  Médoc 
engloutie  par  les  flots,  avait  également  en  tiel'  «  forestam 
que  dicitur  lo  Mons  »,  c'est-à-dire  la  dune  boisée,  plus, 
pour  son  bétail  et  celui  de  ses  hommes,  le  parcours  dans 
la  grande  dune  boisée,  —  peut-être  la  même,  —  dans  les 
marécages  et  les  forêts.  A  Mimizan,  des  |)articuliers  et 
la  comnmnaulé  d'habitants  tiennent  en  fief  direct  du 
duc  d'Aquitaine,  ceux-là  les  «  montagnes  »,  c'est-à-dire 
encore  les  dunes  couvertes  d'arbres,  et  celle-ci  la  côte. 

Des  procès  ont  été  engagés,  d'autres  sont  à  prévoir  au 
sujet  de  la  propriété  des  dunes  de  Gascogne;  l'adminis- 
tration prétend  que  les  dunes  font  essentiellement  partie 
du  domaine  public,  qu'elles  n'ont  jamais  été  et  n'ont 
jamais  pu  être  aliénées  par  la  (louronne  :  on  voit  quel 
démenti  les  faits  infligent  à  ces  théories  singulières.  Les 


1.  A  '  C77,  O24. 

2.  N"  059,  073. 

3.  \°  537. 

4.  Histoire  des  instilnlioiis  jjuliti^iues,  t.  III.  p.  11. 


6/4  AMVALES    DU    ÎVIIDT. 

dunes  étaieiiL  occupées  par  les  liabilaiils  avaiil  (pi'il  y  eût 
un  domaine  public  et  même  un  État  organisé  :  certaines 
l'écclent  des  vestiges  d'installations  préhistoriques. 

Il  semble,  mais  ceci  n'est  qu'une  hypothèse,  il  semble 
tpie,  dans  nos  contrées,  les  réserves  de  pacages,  les  vastes 
landes  situées  loin  des  centres  de  ])opulation  gardaient 
le  nom  de  biens  comtaux  :  <(  de  divisis  comitalibus'  ». 
Une  partie  des  paroisses  de  Portels,  Castres,  Cabanac 
s'appelait  Comiaii  :  co/nlaa  de  Portets,  cunifau  de  Castres, 
coinhiii  de  Cabanac  ;  on  ])arle  couramment  aujourd'hui 
encoi'c  de  la  coinlan  de  Blaye,  qui  est  une  étendue  consi- 
dérable de  niarais  desséchés.  Il  y  avait  même  près  de 
Toujouse  (Gers)  un  cassou  condal.  un  chêne  coudai,  (^ui 
fait  songer  aux  arbres  des  Basques. 

Condition  des  tenures;  les  alleux,  les  tenures  ecclé- 
siastiques. —  A[)iès  l'objet  des  tenures,  leur  cojidition. 
Ce  j)oint  n'olTre  ])as  une  moindre  diversité  que  les  i)ré- 
cédents. 

L'un  des  ])roblèmes  les  plus  attachants  que  sovdèvent 
les  lîecoiinir'umes  a  trait  auv  alleux  :  M.  Bémont  leur  a 
consacré  l'un  des  meilleurs  articles  de  son  Clossaire. 

Ce  mol  (illcu.  de  même  (jue  le  mot  com/iiunc,  a  un 
])reslige  dont  les  cousins  Delpit  ont  été  (juchpic  peu 
éblouis.  Assurément,  il  existait  entre  l'alleu  et  le  fief  une 
différence  spécifique,  puisque  des  propriétaires  conver- 
lissenl  leurs  alleux  en  liefs  -  ;  mais  l'un  et  l'autre  gardent 
bien  des  points  de  contact.  Soit  un  seigneur  foncier,  tpii 
perçoit  des  redevances  féodales;  rien  ne  s'oppose  à  ce 
(piil   possède  des  cens  en  alleu'.   On    comprend  que  la 


I.  'S'"  2^7,  p.  84,  col.  2-,  p.  8G,  col.  2.  —  Lo  proiuier  de  ces  doux 
alinéas  porte  :  «  Las  Viras  conilals  ». 
•j.  \"  35,  3()i.  l)8(j. 
3.  M"  590. 


MÉLANGES    KT    DOCUMENTS.  65 

féodalité,  organisation  militaire  du  pays,  ait  englobé  les 
immeubles  qui  présentaient  une  valeur  militaire  :  en  fait, 
M.  Bémont  ne  connaît  pas  un  seul  exemple  de  château 
possédé  allodialcment  ;  en  droit,  rien  n'empêchait  les 
dérogations,  et  il  en  existait  apparemment  quelques-unes. 
A  un  autre  point  de  vue,  la  différence  de  l'alleu  au  fief 
est  moins  importante  qu'on  n'est  tenté  de  le  croire  : 
certains  fiefs  supportent  des  chaiges  légères,  tel  alleu  est 
plus  lourdement  grevé. 

En  théorie,  on  reconnaît  un  fief  de  nos  pays  à  ce  qu'il 
doit,  lorsque  change  le  seigneur,  une  redevance  qui  peut 
être  minime,  ïcsporlc'.  Quant  aux  alleux,  s'il  en  est 
d'indépendants,  cette  indépendance  de  fait  n'est  pas  re- 
connue par  la  coutume,  même  dans  les  villes  les  plus 
privilégiées.  Des  documents  qui  parlent  d'alleu  libre 
s'empressent  d'ajouter  :  «  sous  l'autorité  et  la  seigneurie 
du  Hoi  »,  «  in  allodium  libcrum  sub  posse  et  dominio 
dicti  domini  Régis-  ».  Ces  textes  sont  dans  la  règle  :  il  n'y 
a  pas,  il  ne  peut  pas  y  avoir,  dans  une  société  organisée, 
de  biens  absolument  indépendants;  les  biens  qui  échap- 
pent à  la  mouvance  de  tout  seigneur  foncier  n'en  restent 
pas  moins  soumis  à  la  juridiction  générale  et  souveraine 
du  Roi. 

Martial  et  Jules  Delpit'  ont  rappelé  avec  à-propos  une 
reconnaissance  passée  par  les  Bordelais  en  127/i,  qui  n'est 
pas  transcrite  dans  le  manuscrit  de  Wolfenbûttel  ;  il  y  est 
dit  que  le  Roi  a  sur  les  alleux  trois  sortes  de  droits  :  s'il 
survient  un  procès  en  tnatière  féodale  relativement  à  un 

1.  Voir  rôtudo  de  M.  Hémont,  au  mol  Sporln  de  son  Glossaire, 
pp.  'i!\o-'6!\i.  —  A  la  vérité,  je  me  demande  si  Vesporle  n'était  pas 
due  au  changement  de  seigneur  ou  de  tenancier.  Les  documents 
portent:  «in  mutacionc  domini  »  ;  mais  le  tenancier  est.  lui  aussi, 
un  maître  du  bien,  doiniiuis. 

2.  N°^  2i4,  216,  222,  287. 

3.  Op.  cit.,  p.  4o  du  tir.  à  part. 

ANNALES  DU   MIDI.   WIX.  5 


66  ANNALES    DU    MIDI. 

licf,  le  seig-iieur  du  fief  est  compétent,  au  lieu  que  les 
an'aircs  (•oneeniaiil  les  alleux  ressortissent  à  la  justice  de 
droit  comiuuii  ;  en  cas  de  déshérence,  le  fief  appartient 
au  seigneur  et  lalleu  au  Roi;  en  cas  de  confiscation  éga- 
lement'. Au  XIV"  siècle,  la  coutume  de  Bordeaux  attribua 
au  souverain  un  cjuatrième  droit  sur  les  possesseurs 
d'alleux,  saxoir  la  faculté  d'exiger  le  service  militaire, 
(^etle  addition  ne  consacrait  i)eut-élie  (ju'un  ancien 
usage  :  en  i^y/j  déjà,  les  alleutiers  du  diocèse  de  Bazas 
étaient  tenus  à  l'host-. 

On  dislingue,  en  somme,  dans  nos  pays,  li'ois  espèces 
de  biens  :  fiefs  (léj)endanl  du  Boi,  fiefs  dépendant  d'un 
autre  que  le  Roi,  enfin  alleux.  On  comprend  maintenant 
la  portée  de  l'enquête  à  laquelle  procédait  l'administra- 
tion domaniale  :  dès  linslanl  (|u"elle  aAait  des  droits  sur 
les  alleux,  il  lui  importait  de  savoir  si  tel  immeuble  était 
un  fief  soumis  à  un  seigneur  ])aiticnlier  ou  un  alleu. 

La  consécinence  est  (jue  les  alleutiers  sont  astreints  à  la 
déclaration  :  le  relus  ()|)[)()sé  j)ar  (|uelques-uns  '  ne  semble 
j)as  fondé. 

Les  biens  tenus  i)ar  les  communautés  monaslicpies 
sont  assujettis  à  un  régime  ])articulier.  L'abbé  de  Blasi- 
mon,  (pii  lieid  en  lief  le  raslriiin  de  Blasimon  et  la  justice 
en  ce  lieu,  l'onmit  un  moine  nioidé  pour  servir  au  Boi 
d'aumoniei-,  lui  dire  les  messes  et  les  ollices.  L'abba\e  de 
La  Sauve  et  l'hôpital  de  Bessan  sont  astreints  à  prier 
poui-  le  souverain;  l'abbé  de  Vertheuil  allirme  son  indé- 
pendance et   n'est    lenu  (pi'à  des  oraisons;   les  abbés   de 

I.  \oii-  M"  .j  los  obliy:alu)iis  d'im  ail(Milier  des  nniroiis  do  Hazas  : 
la  justice  royalo  osl  compélcnlo  dans  les  causes  relatives  à  ces  alleux; 
s'il  )  a  confiscation,  l'est  au  profil  du  Uoi. 

a.  .N"  3")-^. 

3.  Martial  et  .Iules  Delpil.  ojj.,  cil.,  p.  ',;5  du  tir.  à  part.  —  M.  Bé- 
niont  (Intioductiou.  p.  \\\i)  sifj;nale  un  individu  qui  reconnaît  asoir 
lui  alleu,  mais  (pii  rcluse  de  l'iii(li(|uer. 


MÉL\>'GES    ET    DOCLMENTS.  G7 

Sainl-lloniain  et  Saint-Sauveur  de  Blaye,  de  (iuîtres,  de 
Fontguillem  ne  reconnaissent  aucune  obligation.  Les 
possessions  de  l'abbaye  de  Cadouin  et  de  Tbôpital  de 
Baulac  sont  des  alleux  libres,  «  sub  posse  et  dominio 
régis  Anglic  ».  L'abbé  de  Sainte-Cioix  de  Bordeaux  va 
plus  loin  el  passe  même  un  peu  la  mesure  :  comme  on 
lui  demande  de  qui  il  lient  les  justices  de  Macau,  Soulac 
et  Saint-Macaire,  il  répond  que  c'est  du  Pape. 

Condition  des  tenures  :  l'esporle,  la  corvée,  le  droit 
de  gîte.  —  Les  feudataires  ou  les  censitaires  ne  faisaient  pas 
masse  de  leurs  tenures;  un  même  individu  pouvait  avoir 
des  biens,  même  des  fiefs,  de  conditions  très  dissem- 
blables. 

Nous  savons  déjà  que  les  possesseurs  de  fiefs  acquit- 
taient un  droit  de  mutation,  dit  e.spoi'le  :  «  de  sporla  seu 
acaptamcnto  in  mutacione  domini  '  ».  Au  dire  des  bour- 
geois de  Bourg,  il  n'y  avait  pas  de  fief  dans  leur  coutume 
quand  il  n'y  avait  pas  esporle,  «  nisi  sit  ibi  sporla  seu 
investitui'a  ».  Peut-être  la  règle  n'est-elle  pas  générale, 
peut-être  souffre-t-ellc  des  exceptions;  car  Bertrand  de 
Lamotbe  tenait  du  Roi  un  caverie  non  loin  de  Saint-Sever 
et  il  ne  devait  pas  d'esporle^  L'esporle  occupait  une  telle 
place  dans  le  contrat  féodal  que  l'on  en  vint  à  dire  leiiii' 
à  esporle,  esporlamenl,  pour  lenu'  en  JiefK  L'esporle  pou- 
vait être  payée  en  nature  ou  en  espèces  :  c'était  excep- 
tionnellement une  ferrure  de  cheval,  fers  et  clous*,  un 
cheval  blanc  ',  etc.  ;  c'était  fréquemment,  même  quand  le 
tenancier  n'était  pas  noble,  une  lance,  dont  le  fer  devait 


1.  N"  227. 

2.  N°  5o  :  ((  De  sporla,  aichii  ». 

3.  N-  488-490. 

4.  N"  647. 

5.  N°  235. 


68  \N\VLF,S    DC    AflDI. 

(|uelqiier()is  rire  doré'  ou  dos  gaiils,  de  prélerence  des 
jianls  blancs-;  mie  fois  au  moins,  cestune  palm  :  n'est- 
ce  pas  un  Irhi.  la  ((tnlrc-pailie  de  rensnisincnienl  i>ri' 
l'cslncam  ■'■  ? 

1/espoile  |)aNée  en  espèces  alteignail  rarement  une 
somme  un  peu  élevée  :  ao  livres  (4o5  fr.  ')  pour  un 
(Misend)le  de  plusieurs  châteaux  et  domaines,  lô  livres 
{.')o'i  IV.)  poin-  la  vigiierie  de  \rimizan,  lo  livres  (200  fi'.) 
dans  nne  bourse  blanche,  5  livres  (loi  IV.)  pour  un 
manoir.  (Télail  pins  habituellement  une  petite  somme  : 
r  li\re  (:^o  IV.)  pour  nne  cavei"ie  el  dautres  biens,  10  s. 
(10  IV.),  .io  s.  (.'>()  IV.)  |)our  la  viguerie  de  Bourg,  ou  même 
()  deniers  (o  IV.  ')\').  Le  chinVe  qui  se  l'encontre  le  plus 
souvent  est  .">  s.  (.')  IV.)  ;  il  ne  l'aul  pas  oublier  que  c'est 
vm  chinVe  i)oui'  ainsi  dire  sacramentel  en  choit  romain  et 
(pii  (■\|)li(pie  la  IVé(pience  de  ces  autres  chifïVcs  Go  s.  et 
03  s.,  i'oire>^pondanl  à  la  don/aine  malhémalique  (5  X  12) 
et  à  la  ilouzaine  commerciale  (3   X  d'^  +   D)  ^^  "^  sous. 

Les  esporles  de  tiès  basses  sommes  nonl  pas  en  soi 
une  \aleiir  appr(''ciabie  ;  elles  sont  pnremenl  i-rcof/nilircs, 
elles  l'onmissenl  an  seigneur  l'occasion  danirmer  son 
droil  de  dirccle.  Les  lods  cl  xcnlcs,  au  coulraiie,  égaux  à 
nii  liiiilirnic  de  r.ibjcl  du  licL  constiUiaicnt  une  source 
inipoi  laiilc  de  icNciins;  mais  les  lods  el  \enles,  les 
r<-ii(l(is  s()\\[  bien  riircmeni  noniinésdans  \es lîecogfdciones  '' . 

Li' eonlial   IV'odid  s';idiipl;iil  ;ni\   nécessités  de  ré|)0(|ue  : 

1 .  N'"  I  Kl,  \i^,  1 1-.  CtS:).,  ji. 

•j.   .N'"  i-^i,  ',XH,  .'|S<). 

;?.   N"  .".S.".. 

'1.    La  livre  honiclaisc  ('laiil.  à  celle  é|)o(|iie.  assimilée  |)ai' les  tlocu 
mciilsà  la  livre  loin  nois.  j'ai  applicinc'  à   la  livre  bordelaise  les  valeurs 
iillrilmécs  par  Nalalis  de  Uaillv  à  la  livre  Inniiiois.  dans  riivpollièse 
d'un  paicnicnl  lail  luoirh-  en  or  el   nioilii'  en  arL!(Mil. 

à.   \""  :.().,.  •,;{8.  (188,  -0:1.  -.o'i. 

•  '.   N  "  lut.  ."i()i .   I  I  '(,  'M\, 

7.    l'ar  exemple,   n  ■■  .'iJC.  cl   L)8o. 


MÉLANGES    ET    DOf;L>[E\TS.  ()f) 

(le  même  qu'il  lemplaçait  des  fonrlioniialrcs  jiar  des  l'cu- 
dataires,  de  même  il  suppléait  à  la  pénurie  du  i)roléla- 
riat  salarié  par  la  corvée,  au  manque  des  moyens  de 
transport  jiar  des  réquisitions,  au  petit  nombie  des  hôtel- 
leries par  le  droit  de  gîte.  La  corvée,  le  bian  apj)arait  à 
peine  dans  le  registre  '.  Comme  réquisition  de  moyens  de 
transport,  on  peut  signaler  Tobligation  où  étaient  cer- 
tains personnages,  nobles  ou  non,  de  voiturer  sur  la 
Dordogne  le  Roi  et  sa  suite,  dont  le  chilTie  maximum  est 
indiqué,  dans  un  bateau  garni  de  paille  en  hiver  et  de 
jonc  en  été-.  Le  droit  au  gîte  et  le  droit  au  repas  sont 
courants,  non  pas  seulement  au  profit  du  souAcrain  ou 
des  seigneurs  justiciers,  mais  aussi  de  leurs  magistiats  et 
des  ofTiciers  de  leurs  cours  de  justice.  (Juillaume-Sanche 
de  Pomiers  offrait  au  Roi  et  à  dix  chevaliers  un  repas 
composé  de  viandes  de  porc  et  de  vache,  de  choux,  de 
moutarde  et  de  poules  rôties.  Quand  le  souverain  traver- 
sait les  terres  d'Arnaud-Seguin  d'Estang,  celui-ci  était 
obligé  de  lui  servir,  sur  un  point  donné,  une  vache  farcie 
et  autant  de  pain  et  de  vin  qu'il  en  fallait  pour  la  man- 
ger. Des  habitants  du  Razadais  pouvaient  avoir  à  héberger 
deux  fois  par  an  le  prévôt  et  ses  sergents  itinérants, 
«  cum  suis  servienlibus  erranlibus'  »,  et  des  gens  de 
Reychac  étaient  suceptibles  de  recevoir,  en  commun, 
quatre  fois  le  prévôt  et  deux  compagnons.  Arnaud 
d'Espagne,  ce  damoiseau  de  Mérignac  chargé  de  la  garde 
de  forêts  au  Sud  de  Rordeaux,  s'ariétait  dans  le  manse 
oij  la  nuit  le  surprenait,  quel  que  fût  le  maître  des  habi- 
tants de  ce  manse. 

Clauses  des  reconnaissances  :  cens  et  taille;  dépen- 

1.  ^"  ."i.^o,  par  cxciuplo. 

2.  N""  198,  201,  202. 

3.  N-^  2^0  [10]. 


no  ANNALES    T)V    MIDI. 

dance  des  personnes.  —  Les  lentncs  féodales  et  même 
divers  alleux  porliiienl  des  redevances  payables  en  cer- 
taines circonstances  ou  annuellemenl,  en  argent  ou  en 
nature,  celles-ci  quolilutivcs  ou  quantitatives.  La  fantaisie 
se  donnait  parfois  libre  carrière  dans  la  fixation  de  ces 
redevances  :  un  merle  blanc,  des  oublies,  du  vin  mouillé 
d'un  tiers  d'eau,  un  cbar  attelé  de  deux  vaclies  sans 
queue  auxquelles  on  devait  mettre  le  feu,  une  lance  avec 
une  chandelle  au  bout,  un  autour,  une  paire  d'éperons 
dorés,  une  poule,  des  (•bai)ons,  etc.  '  Comme  l'csporle,  la 
rente  annuelle  ou  cens  était  parfois  de  5  sous-,  tantôt 
inférieur  —  par  exemple,  i  sou  pour  chaque  emplace- 
ment de  maison  à  Libournc  —  et  tantôt  supérieur  :  la 
communauté  des  lial)ilaiils  de  Mimizan  j)ayait  un  cens  de 
3oo  sous  de  Morlaas. 

Certains  cens  étaient  liviables  dans  un  château,  château 
de  Bordeaux,  château  de  La  Réole'  :  le  fait  s'explique 
aisément  si  on  se  rappelle  cpie  les  trésors  étaient  déposés 
dans  une  forteresse. 

Le  cens  pesait  sur  des  immeubles,  la  taille  sur  des  jicr- 
sonnes.  Les  deux  retlevances  se  touchaient  de  très  près  et 
il  n'est  pas  toujours  aisé  de  démêler  si  une  prestation  est 
n'-cllc  ou  pers(»nnelle.  La  luillede  l'I'iii re-deux-Mers  était 
aboiiiHM'  à  '|(i  li\res;  nous  sommes  lenscignés  sur  le 
ré|)arteiii(iit  de  cette  soinnu'  :  liouliac,  3o  s.  ;  Floirac, 
W  s.;  l'aigues,  los.;  Le  Pont,  rîo  s.  et,  de  plus,  8  s.  d'es- 
porle:  Cursan.  '|o  s.  et  :>os.  desporle,  etc.'  ;  or,  le  prévôt 
de  Saiiite-llulalie  |)eiccvail,  «  en  raison  des  alleux  que 
les  lionimes  de  |;i  pié\ô|(''  possèdent  cu  ceitaines  jiaroisscs», 
r»!  s.  sur  les  '|o  li\ics  |)récitées  "'.  En   lia/adais,  pour  l'cn- 

I.  \  ■  i'y>>.  ;;;{(|.  (i',.  c.',.").  i-,s.  ;?:,(;.  (hSo.  ■>■,. 

j.   N  ■  0;<7.  —  AJoiiliT  rcNcnipIc  (l'une  luiicndc  de  .")  s.,  n"  W.\~. 

.1.  N-  /i»)."),  ïM^,  \m. 

.'..   N"  537. 

:.   \  f.So. 


MELANGES    ET    DOCUMENTS.  7I 

semble  des  hommes  libres,  francales,  la  taille  était  de 
20  livres,  sur  lesquelles  divers  contribuaient  pour  26  s. 
«  en  raison  des  manses'  »  ;  à  lîernos,  il  est  dû  pour  un 
manse  7  s.  de  taille,  «  vu  s.  de  questa,  »  et  une  part  du 
repas  offert  au  prévôt  pendant  sa  tournée  de  recelte. 
,  Les  redevances  proportionnelles  à  la  récolte  sont  visées 
dans  un  très  petit  nombre  de  documents  :  l'un  des  actes 
les  plus  récents  du  registre  est  u\ï  bail  à  fief  de  terrain 
dans  la  foret  royale  de  Gradignan,  moyennant  un  quart 
des  fruits,  plus,  si  le  terrain  était  converti  en  vigne, 
2  deniers  par  jour  et  «  a  dinar  a  la  garda  w,  le  repas  au 
surveillant  chargé  de  vérifier  la  quantité  de  vendange-. 

La  dépendance  de  la  terre  pouvait  entraîner  la  dépen- 
dance du  tenancier  :  les  hommes  de  Jieychac  étaient 
hommes  du  Koi  à  cause  de  leuis  l)iens'.  Dans  d'autres 
cas,  cette  obligation  personnelle  existait  quoiqu'il  n'y  eût 
aucune  espèce  de  tenure  :  tel  individu  de  Gérons  qui  ne 
possède  ni  fief  royal  ni  alleu  est  néanmoins  homme  du 
Roi.  C'est  l'exception,  si  bien  que  hoinniage  est  synonyme 
de  fief  :  on  disait  parfois  tenir  i)er  hoiniadjc  K  De  même 
que  la  reconnaissance  féodale  alfirmait  le  droit  du  sei- 
gneur foncier  sur  le  bien,  de  même  l'hommage  atrirmait 
le  pouvoir  d'un  seigneur  sur  l'individu.  Des  actes  parlent 
d'hommage  seul  '  ou  de  serment  de  fidélité,  jiwaiiieniam 
fdeUtalis,  Jidem  jui'dtain"  :  la  formule  courante  est  hom- 
mage elfidcHllc.  Les  deux  vont  ensemble  ;  ([uelques  décla- 


1.  N'  ^47- 

•2.  \'  o(i.  —  (icllc  claiiso.    «  a  dinar  a  la  garda  ».  est  coiiraiilc  <'ii 
Bordelais.  Il  y  a  lieu  de  rectifier  sur  ce  point  la  lecture  de  M.  liénionl. 

3.  >".54i  :  «  Sont  home    francau  deu  niediss  roi...  per  arradon 
de  la  niedissas  causas  que  an  en  la  medissa  parropia».  (]fr.  543  et  543. 

4.  N"  491  :  0  Ten  esporlamcnl  e  pcr  lioniiadge  ».  Cfr.  n"''  490,  492 
et  ss. 

5.  N"  691 . 

6.  N"  564,  <Ji4.  yu. 


y 2  ANVALES    DU    MIDI. 

rations  cnicgisliont  le  icIVis  d'hommage  et  de  fidélité'. 
L'expression  homme  litjr,  Itommage  lige  est  usitée,  et  aussi 
hommage  frwic'  :  celle-ei  précise  apparemment  qu'il 
s'agit  d'hommes  fraiieales,  d'hommes  francs  et  non  pas 
de  r/uestanx,  laillahles  à  merci;  quant  à  celle-là,  il  est 
permis  de  croire  quelle  ne  répond  à  aucune  réalité 
précise. 

On  se  déclarait  donc  l'homme  d'un  seigneur,  l'homme 
du  Roi,  et  on  relevait  volontiers  la  banalité  de  cette 
locution  par  l'énoncé  du  rang  social  :  on  était  l'homme 
libre  du  Hoi,  son  homme  lige  franc,  le  l)aion  homme 
lige  du  Hoi,  le  chcAaliei'  et  homme  du  Roi,  le  damoiseau 
et  homme  du  Roi  '. 

Dépendance  judiciaire.  —  Hommes  du  Roi  et  tenan- 
ciers de  Ilefs  loyaux  étaient  justiciables  du  souverain  et 
de  ses  juges  :  ils  devaient  slare  Jari,  ester  en  jugement 
devant  ces  derniers*.  On  disait  plutôt,  du  côté  de  Mont- 
de-Marsan,  qu'ils  devaient./«5  ac  legem,  far  dreii  ou  facere 
Jus  el  reeipere,  faire  et  recevoir  droit,  ou  encore  fdejahere , 
(lare  Jidejussores,  fournir  des  cautions  avant  d'engager 
l'instance''.  Le  possesseur  dune  caverie  sise  dans  la  pré- 
vôté de  Dax  a  l'en  deu  far  —  au  Roi  —  clam  e  sajct"  »  : 
r/r/m  désigne  lu  plainte  en  justice,  la  requête  |)ar  laquelle 
ou  saisit  le  juge;  \e  sajel  est  le  sceau,  la  juridiction  gra- 
cieuse a[)rès  hi  ju i  idiclion  conlentieuse,  ou  peut-être  le 
pouNoircpie  le  juge  a  de  faire  com|)arailre  devant  son 
h  ihiinal  ' . 


1.  N'"'  i.-),  18.""). 

2.  ^"'  Wh,  ao5.  ().")"). 

3.  N-Gr</i,  6;^()  |',7|.  •-,  i .  ■,x'>.  :û^\.   ,q:k 
'|.  S"'   \\\\.  (ici.   (il-.. 

;i.  N""  ;)().  1(1.1.  i)'|.  ()i.  iii|.   iiC).  (i^o.  .")',  1.  •)(,.').  (i.i,,.  Cl', 

f).  A"  X\. 

-  DiicuiL''-.  ;in   mol  S'ujiUum. 


MÉLANGES    ET    DOCUMENTS.  78 

On  s'est  déjà  rendu  compte  que  ce  droit  de  justice  peut 
remonter  à  des  origines  différentes  :  des  clercs  sont  justi- 
ciables d'un  prévôt  royal  en  raison  des  biens  qu'ils  ont 
reçus  en  flef  du  Roi';  Bernard  de  Vignau  est  justiciable 
de  la  cour  de  Saint-Sever  de  fiuido.  L'emplacement  des 
biens  déterminait  aussi  la  juridiction  à  laquelle  ressortis- 
sait  le  possesseur  :  un  damoiseau,  Arnaud  de  Lartigue 
reconnaît  «  jus  ac  legem  pro  biis  que  sunt  in  Marciano, 
ut  alii  de  vigeria  »,  tandis  qu'un  clievalier  de  Noaillan 
comparait  en  justice  devant  le  sénéchal  de  Gascogne  pour 
les  biens  sis  dans  le  diocèse  de  Bordeaux  et  devant  le 
sénéchal  de  Bazas  pour  des  biens  du  diocèse  de  Bazas-. 

Il  est,  d'ailleurs,  tels  déclarants  qui,  n'ayant  ni  fief 
royal  ni  alleu,  sont  néanmoins  sous  le  pouvoir  judiciaire 
d'un  officier  du  Roi '.  Les  Recogniclones  exposent  même 
le  cas  étrange  de  Bordelais  qui,  s'étant  soustraits  à  la  juri- 
diction du  Maire  pour  se  placer  sous  la  juridiction  du 
sénéchal,  entendent  néanmoins  garder  leurs  privilèges  \ 
Le  dernier  fait  s'explique  par  cette  théorie,  que  le  souve- 
rain est  supérieur  aux  divers  pouvoirs  locaux  :  à  La  Sauve, 
à  Bazas  et  à  Langon,  les  textes  lui  reconnaissent  la  pos- 
sibilité d'intervenir  s'il  y  avait  déni  de  justice  des  juges 
seigneuriaux  \ 

Service  militaire  :  le  principe.  —  Le  service  militaire 
n'est  pas  toujours  compris  dans  l'énumér^ition  des  charges 
qui  incombaient  aux  tenanciers,  même  chevaliers  \  Des 


1.  >°  188. 

2.  A"  187. 

3.  N"  183. 
A.  >">  519. 

5.  X"^  58^,  332,  291.  —  Cfr.  n"  100,  le  cas  d'un  chevalier  qui,  on 
présence  d'un  déni  de  justice  de  son  seigneur,  se  soustrait  à  la  juri- 
diction de  celui-ci. 

6.  X"''  52,  iio,  m,  121,  119,  94. 


nfx  ANNALES    DU    MIDI. 

reconnaissances  portent  expressément  que  le  déclarant 
ne  doit  rien  de  plus  que  ce  qui  est  énoncé  dans  l'acte  : 
ainsi  lîernard  de  Vignau,  chevalier,  qui  possède  vingt- 
ci  ikj  inanscs  à  (jastandet,  paie  une  lance  d'esporle,  plaide 
(levant  la  cour  de  Saint-Sever,  et  c'est  tout,  «  et  non 
aliud  w.  Le  texte  est  plus  explicite  encore  pour  certains 
comme  les  bourgeois  de  La  Sauve,  lesquels,  alfirmc-t-il, 
sont  «  francs  d'host  et  de  chevauchée  ». 

La  variété  était  moins  grande  en  matière  de  service 
militaire  qu'en  matière  de  cens,  par  exemple.  Il  existait 
des  règles  uniformes  pour  des  groupes  géographiques  ou 
pour  des  groupes  sociaux  ;  de  là  cette  formule  qui  revient 
souNcnt  :  «  comme  les  autres  )>,  «  nt  alii  »,  «  com  li  autre 
home  d"Entre-(los-Mars  »,  a  sicut  céleri  milites  preposi- 
ture  |de|  Harssiaco  »,  ou  encore  «  comme  la  ville  de 
Hazas  »,  «  comme  les  hommes  de  petite  condition  peu- 
vent et  doixenl  le  faire  '  ».  11  faut  croire  cependant  que 
les  règles  générales  étaient  insuffisantes  à  résoudre  le 
problème,  puisque  tel  damoiseau,  possesseur  d'une  ca- 
verie,  ignorait  comment  il  devait  s'acquitter  de  Thost  : 
«  débet  facere...  exercitum,  set  nescit  de  modo  =  »,  d'où 
on  |)cut  raisonnablement  inléici' cpie  ce  damoiseau  et  ses 
pareils  ii'in aient  pas  somciit  l'occasion  de  renqilir  ce 
de\<)ii-. 

Le  sei\  ici' inililairr  ('■lail-il  du  pour  la  personne  ou  pour 
Irv  hiciis!'  Ici  ciicoïc  la  réponse  \aiie  suixaul  les  cas  :  des 
lioMuucs  (lu  lia/adais  (pii  occujjeul  des  liefs  royaux  aflir- 
Miciil  (pi'ils  sont  exempts  d'host  et  de  chevauchée;  mais 
les  allciilicis  (lu  diocèse  y  sont  astreints  en  certaines 
'"'■'"■"■''iiccv  .  Il  est  (|iicl(|ii(-'-  (léclaralions  où  le  rapport 
csl   rnanirc-lc  cnlrc  li  niporlancc  de  la  Icnnrc  cl    lélcudue 

I.  \-  :)(■..  :»().  f)',!.  (ii.s.  •,/,-,  :,;;-. 

a.  N"  I -Ài. 

3.  .N'-a',',.  i8(,.  -i-yj,. 


MÉLANGES    ET    DOCUMENTS.  "jb 

(]c  riiosl  :  un  liuhitaiil  de  la  Chalossc.  possesseur  de  deux 
ou  plusieurs  caveries,  fournit  un  homme  d'armes  pour 
chacune  d'elles;  un  second  a  deux  caveries  et  la  moitié 
de  deux  autres,  l'acte  précise  que  le  Hoi  lèvera  deux 
hommes  d'armes  pour  les  premières  el  un  homme  d'armes 
pour  les  deux  uioitiés.  Il  serait  facile  de  niuiliplier  les 
exemples;  en  voici  encore  un  :  le  raslruin  de  Caclien  est 
réparti  par  douzièmes  entre  les  mains  de  feudataires,  dont 
chacun  doit  contrihuer  pour-  un  douzième  à  l'armement 
d'un  chevalier'.  Quelquefois  c'est  la  famille  qui  paye 
l'impôt  du  sang  :  dans  partie  au  moins  de  la  population 
de  Bernos,  est  soldat  qui  enl retient  feu  vif  et  l'host 
prend,  à  Bazas,  un  homme  par  maison-.  Le  principe 
même  du  service  militaire  n'est  |)as  constant  :  il  a  par- 
fois pour  but  de  défendre  le  pays  contre  l'étranger,  et 
paifois  d'assurer  la  police  intérieure.  C'est  au  Roi  quil 
appartient  de  décider  la  guerre;  les  sujets  n'ont  pas  à 
décider  s'il  a  tort  ou  raison  ;  aussi  les  hommes  de  Meillan, 
nobles  ou  non,  doivent-ils  l'aider  pour  toute  guerre, 
('  juste  ou  injuste^  ». 

Quant  à  l'organisation  de  la  police,  on  y  démêle  des 
traces  d'institutions  très  anciennes.  Certains  passages  des 
Recorjniv Urnes  font  penser  à  la  recommandation  :  entre  le 
Roi  et  le  tenancier  intervient  un  contrat,  aux  teimes 
duquel  ils  s'engagent,  le  tenancier  à  servir  au  Roi  des 
prestations  détei'ininées,  et  le  Roi  à  pi'oléger  le  tenancier  '. 

1.  N"'"  80,   120,  7;).  .îi.  ,'}i8.   iÎH).   i:>". 

2.  y»"^  338.  391 . 

3.  \"  334.  • 

4.  Celto  pioleclini)  parnit  ôfro  payée  sous  la  foriiio  d'une  rede- 
vance appelée  anipurnineiiluin  ou  emparamenlum  :  n"3i2.  le  Roi  et  sou 
prévôt  de  La  Réole  prometleut  de  proléger,  imparare  les  fiefs  tenus 
par  P.  de  Scarbona,  «  ne  sihi  injuria  fiât  »  ;  n"  3i4,  un  autre  tenan- 
cier promet  de  payer  au  même  prévôt  les  ainpananenla.  Durapproche- 
jiienl  des  deux  textes  se  dégage  le  sens  de  ce  mot.  —  Gfr.  n"  248  [i3]  : 
deux  individus    paient  annuellement  2  s.  «  pro  cabernio  el  ampa- 


^fi  ANNALES    nu    MIDI. 

C'est  suitoiil  fliiiis  la  prévôté  (le  Barsac  que  se  fait  jour  le 
souci  (le  l'ordic  el  de  la  sécurité;  or,  dans  les  reconnais- 
sauces  de  cette  prévôté,  il  subsiste  des  réminiscences  de 
la  paix  de  Dieu  :  à  Saiut-Vlorillon,  un  tenancier,  homme 
frauc  du  ]\o'\,  est  oblif^é  de  jurer  la  paix  au  prév(M  quand 
celui-ci  est  clian-^é.  Ce  devoir  de  solidarité  sociale  se 
^^iielTait  sur  le  statut  féodal  :  un  autre  habitant  de  la  même 
paroisse  jurait  la  paix  pour  son  inanse'. 

Toujours  est-il  que  des  hommes  de  conditions  sociales 
dilTérentes,  qui  résidaieul  dans  la  prévoté  susdite,  sui- 
vaient le  prévôt  «  s"il  lui  était  fait  violence  dans  sa  cir- 
conscription »,  ((  pour  défendre  la  juridiction  et  la  sei- 
"•neurie  du   Vmù   ».  «  (juand  ils  en  seront  requis  »,  etc.-. 

Service  militaire  :  les  obligations.  —  Le  service  mili- 
taire ('■lail-il  personnel?  Oui,  dans  certains  cas  :  le  sei- 
«^ncni-  de  Lesparre  dc\ait  faire  campagne  si  le  Roi  était 
présent  à  l'armée '.  hes  actes  prévoient  de  nombreuses 
dérogations  :  les  femmes,  les  enfants,  les  clercs,  les  laïcs 
qui  avaient  une  excuse  valable  se  faisaient  suppléer;  ainsi 
\nianicn  dVIbrcI,  (pii  était  mineur,  équij)ait  deux  che- 
valiers. Iji  outre,  bien  des  reconnaissances  sont  rédigées 
de  façon  (pielles  niénag(Mit  au  tenancier  la  faculté  de  se 
battre,  si  je  puis  diic,  par  procuration  :  liertrand  de  Po- 
densac  cl  lïcrlrand  (\r  Noaillan  axoucnl  des  fiefs  moNcn- 
iianl  I  host  personnel  on  d'un  clieNaliei'.  ^  cnni...  excrcitu 
>-iii  (oi  poris  \  cl   nnins  niilitis  m. 

'Ml    noie  enfin,    mais  rarement,   des  feudataires  (|ui  se 

ranlivo  .1,  iiin\ciiiiiiiil  (jiioi  !(>  Uni  on  son  rcprésonlani  les  piolèj^o 
conlrc  lontc  injinc. 

1.  N  ■  (■17(1  :  0  l»rn  isl;i  sl;i;,'i;i  jnial  paccni  picpnsilo  de  Harssiaco  in 
nnilac  inné  ctijnslilx'l  |)icposili.  •■ 

a.    N-  .")(i'i.  »r»'|.  Cy>.X. 

'A.  N"  i()o.  --\'()t>  :  \rnan(l  \inanicn.  sei^nenr  de  (;ani[)el.  ser- 
\na  pnsnnnellcineni  si  le  Uni  ^rnenoic  dan»  tics  limites  détcrininccs 
nu  s'il  etilroprend  de  faire  lever  le  siège  d'un  de  ses  cliàleaux. 


>ri:i>A>GRS    ET    DOCUMENTS.  77 

contenlenl  d'appoilor  à  l'hosl  une  faible  coiiliibulioii 
|)écuiiiaire  :  -20  deniers,  6  sous  et  8  denieis,  (i  deniers,  ou 
deux  ferrures  de  cheval  d'armes  et  de  jialcfioi  '  ;  lorsqu'un 
tenancier  doil  une  [)arlie  de  chevalier,  il  s"a^il  évidem- 
ment de  payer  dans  cette  proportion  la  sokle  et  l'entretien 
d'un  chevalier.  Dans  ce  cas,  il  peut  ariiver  fjue  le  tenan- 
cier s'acquitte  entre  les  mains  d'un  peisonna<ie  déterminé, 
lequel  est  responsable  envers  le  Koi  -. 

Nous  constatons,  en  etTet,  en  quelques  pages  des  He- 
cognic'ioncs,  rexistence  d'un  intermédiaire  entre  le  souve- 
rain et  le  déclarant  :  l'intermédiaire  garantit  le  déclarant 
de  toute  ol)ligation  dhosl;  mais,  si  cet  intermédiaire  est 
défaillant,  le  déclarant  reste  personnellement  engagé'. 
C'est  le  cas  pour  Raimond  de  Munhos,  bourgeois  de  Mont- 
de-Marsan,  lequel  possède  la  forteresse  de  Munhos,  non 
loin  de  Grenade-sur-l'Adour  :  «  Le  seigneur  de  Mourrin, 
tenant  le  chef-manse,  doit  garantir  de  l'host  ledit  Ber- 
nard, comme  il  incombe  à  qui  possède  l'héritage  d'oîi 
viennent  les  tenures  de  ce  derniei'  )>. 

Il  y  avait  donc  lieu  d'établi  1;  une  sorte  d'équivalence 
entre  remplaçants  et  remplacés,  et  les  indications  abon- 
dent sur  ce  point.  Va\  règle  générale,  pour  un  cheval iei- 
on  envoie  ti'ois  sergents;  mêmes  conditions  poui-  des 
damoiseaux  '  ou  même  pour  des  bourgeois  qui  ont  une 
caverie,  un  fief  de  chevalier  :  Vital  de  Cazalelz,  damoi- 
seau, recrutera  pour  deux  caveries  deux  houimes  d'ai'mes 

1.  IN'"  Gr)8,  G78.  aoi,  53 1. 

2.  \"  i34. 

'^.  \°''  102.  100. 

4.  -\°  i3o.  —  Dans  un  autre  ordre  d'idées,  voir  le  iv  27^1  :  des  in- 
dividus tiennent  des  fiefs  du  i\oi  à  -Monbos(aujourd"liui  Uordogne;  : 
l'un  des  co-tcnancicrs,  qui  sera  choisi  par  le  lioi.  devra  faire  hom- 
mage lige  et  payer  3o  s.  d'esporle  «  et  ille  qui  homagium  fecerit 
débet  aliis  suis  comparciariis  sua  feoda  garantire  ». 

5.  \""  ^7-  5i,  100,  79,  io4,  12G,  128.  —  Gfr,  n"  :i\  :  «  Ab  .  I  .  caver 
o  ab  .  m  .  serbentes  a  pee  si  caver  ne  puisse  aver.  » 


■y 8  VNNALES    DU    MIDI. 

OU  si\  scrgenls;  |)aniu  divers  bourgeois  résidant  à  Saint- 
Sever,  chaoïn  acquilleia  l'Iiosl,  comme  les  autres  l)Our- 
g-eois  de  la  mèiuc  \illc,  de  sa  personne  ou  i)ar  (rois  ser- 
gents, ((  de  se  arnialo  vel  tribus  servicntibus  ».  Le  notaire 
laisse  entendre  çà  et  là  que  les  sergents  sont  à  pied  ;  ((  de 
se  vel  uno  armato  eques  vel  tribus  servienlibus  '  ».  Plus 
raremenl,  un  ('euyei'  vaut  trois  sergenis-,  ou  deux  ser- 
gents, ou  un  seul  sergent  :  Vrnaud  de  Saint-Germain, 
chevalier,  équipera,  pour  la  motte  de  ce  nom  et  pour 
divers  autres  biens,  un  écuyer  à  cheval  ou  deux  sergenis 
à  pied  '  ;  un  damoiseau  feudataire  pour  la  caverie  de 
Hourdenv  servira  lui-même  ou  pai"  un  écuyer  à  cheval  ou 
pai-  un  sergent  à  pied  ;  plusieurs,  qui  sont  clievaliers, 
damoiseaux,  bourgeois  sont  quittes  moyennant  un  ser- 
gent*. Ln  acte  exige  que  le  sergent  soit  monté  sur  un 
roncin  et  armé  d'une  lance;  un  autre  acte  assure  à  l'armée 
du  Roi  le  concours  d'un  arbalétrier  à  pied\ 

Cei'iaines  j)ièces  spécilient  ([uel  doit  être  l'équipement 
du  soldat  :  le  seigneur  de  Mauriet  enverra  un  chevalier 
d'écn,  «  de  scuto  ».  l/annure  défensive  est  souvent  com- 
posée «  pcrpuncto  et  ganione"  ».  Gr//yîo,  r/omo  doit-il  se  tra- 
duire pnvijdi/ihrsofi?  Le  gambcson  était,  au  dire  de  Quiche- 
rat',  •<  un  Justaucorps  à  manches  entièrement  rembourré  et 
|>i<|""'  dune  iidinilé  de  points  »  ;  le  pourpoini  étaii  lui- 
même,  u  à  l'origine,  la  colle  de  tissu  rembourrée  d'ouate 
(pii  se  |)ortait  sons  le  haubeil  pour  éviter  (|u'il  meurtrît 
les   chairs"  »,   c'esl-à-din-   un   (jainheson,   et   on    se    ligure 


I.  N-  Su.  Ni. 

a.  \"  7(1. 

3.  .N"  75.  —  (ilV.  Il"  i(i(i. 

'\.  .\""  108,  I  lO,  I IV,  1 1;5. 

.').  .\"'   Oofl,     lOij. 

<i.  N""  ui  I,  -ix-jt,  y()7.  ;i'|i. 

7.  Histoire  du  rostiniii'  i-ti  /•'/vj/kv.  p]).   :joô  aoG. 

N.  IjiI.iiI.   Maiiiirl  ir<trrlit'',,l,,(iii-.  le  Otsluinc.  [).  'ly^. 


MÉLANGES    ET    DOCUMENTS.  79 

malaisément  un  combattant  portant  à  la  fois  l'un  et  l'autre. 
Peul-eti'c  le  (jmno  est-il  l'airnurc  des  jambes.  Le  heaume, 
sauf  erreur,  n'est  pas  nommé;  par  contre,  il  est  question 
du  chai)eau  de  fer  ',  «  cappello  »,  plus  prati(|ue  dans  uotre 
Midi.  Le  liouclier  est  rarement  sij>nalé.  L'homme  d'armes 
porte  la  lance  et  l'épée,  plus  ({uelquefois  le  couteau.  Tel 
sergent  avait  une  lance  et  un  dard,  et  tel  soldat,  sans 
autre  désignation,  un  couteau  et  deux  traits ',  qui  étaient 
apparemment,  sous  un  nom  ditTérenI,  une  arme  analogue 
aux  dards. 

On  sait  que  l'un  des  vices  essentiels  de  l'organisation 
militaire  féodale  consistait  en  ce  que  les  obligations  élroi- 
tement  définies  des  combattants  ne  permettaient  i)as  les 
expéditions  de  quelque  envergure  :  on  n'était  astreint  à 
servir  que  pendant  (jnelques  jours  et  dans  un  petit  rayon. 
La  durée  maxima  que  j'aie  enregistrée  estquarante  jours  pai' 
an.  Nous  savons  |)ar  ailleurs  qu'en  règle  générale  les  che- 
valiers du  Bordelais  pouvaient  être  retenus  à  l'armée  pen- 
dant ce  temps  '  et  quekpics  reconnaissances  confirment  la 
règle*;  mais  d'autres,  beaucoup  plus  nombreuses,  rédui- 
sent notablement  la  durée  du  service  :  quinze  jours,  ou 
moins'.  Les  hommes  libres  de  la  prévôté  de  Barsac  sui- 
vaient le  prévôt  un  jour";  des  nobles  de  la  même  prévôté 
pouvaient  être  obligés  de  rester  })lus  longtemps,  mais 
celui-ci  devait  alors  les  défiayer. 

Ces  hommes  libres  du  Barsacais  ne  marchaient  obli- 
gatoirement que  dans  les  limites  de  la  prévôté".  Quant 
aux  habitants  de   Meilhan,   on  n'avait  pas  le  droit  de  les 

1.  N"  34i. 

2.  N""  297,  34 1.  i;!3, 592. 

3.  Martial  et  Jules  Dolpit,  op.  cit.,  p.  29. 
\.  \°^  2o3,  5i8,  G53. 

5.  X°  27. 

6.  N°=  189.  50'',.  Gi3,  G23. 

7.  -V^  i8g,  56\.  Gi3.  G3G  [47]. 


8o  ANNALES    DL     MIDI. 

emmener  si  loin  de  clicz  eux  qnil  leur  fùl  ini])Ossible  de 
rentrer  au  loois  le  soir  ou,  au  plus,  le  lendemain'.  Assez 
fréquemment  il  est  stipulé  que  le  chevalier  ira  guerroyer 
((  entre  i)orts  et  Garonne-  ».  Le  délégué  charge  d'acquitter 
les  devoirs  inilihiircs  de  Tabbé  de  Sainl-Sever  allait  «  citra 
landas  »  pour  les  biens  que  ledit  abbé  possédait  en  deçà 
des  landes  et  «  ultra  landas  »  pour  les  biens  situés  au- 
delà. 

Dès  le  temps  de  paix,  on  s'occupait  de  grouper,  d'enca- 
(lici  les  iiHiiies  :  IMerie  de  Bourdenx,  damoiseau,  ira 
avec  le  seigneur  de  INmillon  ;  Guillaume-Bernai'd  d'Or- 
non  se  rangera  sous  létendard  du  seigneur  de  Blanque- 
fort;  les  bouigcois  de  Caudrot  sont  de  la  bannière  de  La 
Héole.  Le  seigneur  de  Benquet  amènera  un  écuyer  chargé 
de  porter  ses  armes,  tandis  que,  pour  d'autres,  ce  service 
est  assuré  par  un  personnage  désignée 

La  l'endablelé,  l'obligidion  de  livrer  une  i)lace  forte  au 
suzerain  est  |)arf()is  insérée  dans  la  reconnaissance*.  Sur 
divers  points,  du  c(Mé  de  Bergerac  et  de  Saint-Sever,  des 
fcudataires  s'engagent  à  faire  u  unum  niensem  castella- 
nie  »,  c'est-à-dire  à  tenir  garnison  un  mois  durant  dans 
tel  riis/nim  (|ue  nomme  l'acte''. 

Organisation  judiciaire  :  vigueries,  sénéchaussées,  etc. 

—  Les  llccot/nirioiirs.  d'une  p;irl,  les  Utiles  (jtfsrons  pi'écé- 
deiiiiucnl  imprimés  |)ar  M.  Uémoiil,  de  l'aiilre,  l'ourni- 
raienl  la  matière  d'une  étude  sur  la  géographie  atlminis- 
Iralive  du  Sud-Ouest  pendant  le  xni'  siècle. 

La  vigucric  de  Marsan  était,  autant  qu'on  en  puisse 
juger,  inie  \icillc  ciicidiscriijlion  ;  elle  avait  à  sa  tète  un 

I.  %■'  ;<;<o. 

a.   \""  u/i.  29.  /(3.  5'i,  •j.ja. 
3.   N"'  /,3,  5(1. 

r».  >•■  8.S,  ao:..  a;-.  ■.7,;.  ■j,i<-2.  uss.  ^84,280. 


MELANGES    ET    DOCUMENTS.  Ol 

vigerius,  qui  n'était  peut-être  pas  un  viguicr,  dans  le  sens 
rigoureux  du  mol.  Vigerius,  vigeria  ont,  en  effet,  une 
signification  vague  :  on  peut  voir,  au  Glossaire  de  M.  Bé- 
mont,  des  exemples  de  vigeria  pris  dans  l'acception  de 
juridiction,  de  justice  :  «  vigeriis  altis  et  bassis  ».  C'est  ce 
qui  explique  la  présence  de  vigerii  dans  des  localités  de 
mince  importance,  à  Laruscade,  à  Cubzac,  à  Mimizan,  et 
l'inféodation  fréquente  des  vigerie,  à  Bourg,  à  Mimizan, 
à  Juliac  et  Mauvezin,  où  la  vigerie  fait  partie  de  la  sei- 
gneurie locale,  etc. 

La  sénéchaussée  était  une  autre  division  géographique. 
On  a  l'impression  que  le  sénéchal  jugeait  plutôt  les  no- 
bles', le  commun  des  justiciables  ressortissant  à  la  pré- 
vôté; toutefois  la  règle  n'était  pas  absolue  et  les  gens  de 
Guillos,  entre  autres,  plaidaient  devant  le  sénéchal^ 

Le  bailli  est  un  personnage  moins  relevé  et  dont  les 
attributions  sont  mal  définies  :  bailli  de  Labouheyre,  de 
Mimizan,  do  Saint-Alacaire-'. 

Le  fonctionnaire  ((ui  est  le  plus  souvent  nommé  est  le 
prévôt.  Prcrot  veut  dire  préposé  ;  le  mot  peut  être  employé 
dans  ce  sens  :  «  probost...  a  cuillir  lo  pedage'  »,  préposé 
à  la  recette  du  péage.  Il  y  a  donc  prévôt  et  prévôt  :  les 
uns  avaient  des  attributions  quelconques,  comme  de 
percevoir  le  péage  du  poisson  à  Saint-Emilion'' ;  d'autres 
étaient  des  magistrats  d'ordre  administratif  et  judiciaire  ; 
d'autres  enfin  tenaient  le  milieu  entre  ceux-là  et  ceux-ci, 
entre  le  simple  agent  de  perception  et  le  personnage  semi- 
important  qu'était  le  prévôt  d'Entre-deux-Mers,  par  exem- 
ple. Bien  ])cu  de  reconnaissances  présentent  autant  d'in- 


1.  N"^  539.  544,  552,  5C7. 

2.  JN"^  572-5-4. 

3.  N°=  55i,  O95,  598.  —  Gfr.  n"  88.  in  fine.  la  mention  d'un  bailli. 

4.  iN"  5oi. 

5.  N°  G68. 

.\.NN.\LES   DU   MIDI.   \\I\.  6 


8-2  ANNALES    DU    MIDI. 

lérêt  que  celle  où  le  prévôt  de  Sainle-î^ulalic  crAmbarès 
fait  connaître  en  quoi  consiste  sa  charge,  qu'il  tenait 
d'ailleurs  en  fief. 

La  prévoté  de  Barsac-  était  très  solidement  organisée 
et  vivait  d'une  vie  [)ropre.  Le  Bazadais  avait  son  prévôt', 
et  aussi  le  Blanhadais*,  un  petit  pays  sur  les  bords  de  la 
Dordogne,  (pii  tirait  son  nom  de  Blaignac.  Les  docu- 
nienls  ciicnl  encore  le  prévôt  de  Mimizan,  le  prévôt  de  La 
Béoie,  le  [)révôl  de  Pellegruc,  etc.  Mais  le  prévôt  dont  le 
noni  revient  le  plus  souvent  est  le  prévôt  de  l'Enlre-deux- 
Mers,  de  cette  contrée  ([ui  s'étend  entre  Dordogne  et  Ca- 
ronnc. 

Ces  divisions  ont  laissé  leur  empreinte  dans  la  vie  du 
pays.  On  a  |)laidé  naguèie  sur  le  point  de  savoir  si  telle 
commune  a\ait  lait  partie  de  la  prévôté  de  Barsac  ou  de 
la  Juiidiction  de  Saint-Kmilion  et,  dans  un  procès  fameux, 
il  m'est  arrivé  de  tracer  pour  un  haut  tribunal  et  sur  sa 
demande  unecaite  de  la  vieille  sénéchaussée  de  Bordeaux. 

Il  existaitdes  châtelains  à  Bordeaux,  à  Dax,  à  Bouig,  etc., 
cl  un  ou  [)lusieurs  connétables.  Mais  il  se  peut  que  des 
noms  multiples  aient  désigné  une  hjnclion  unique  :  le 
cliàlclain  de  Bourg  est  probablement  le  personnage  qui 
es!  iiilleurs  dénommé  sénéchal,  comme  le  bailli  de  Mimi- 
zan n'est  autre  a|)parenitnnient  que  le  viguier  ou  le  pré- 
\  <'il  (lu   niéinc  lieu. 

Observations  diverses.  —  Il  ne  sauiait  être  (piestion 
d'épuiser  ici  l'intérêt  des  Recngiiic'umcs,  de  signaler  tout 
ce  (pie  ce  volume  j-enlennc  d'utile  :  histoire  des  rivalités 
<pii   cnviiiini;,,,|;,j,,,,(   |i,),-,|,.;,u\,    Bavounc  cl    Dax,    statuts 


I.  \"  G8o. 

a.  .N-  i8;i  f)3<). 

3.  .N"  uW. 

!\.  N"  KjK.  aoo.  -MYi. 


MÉLANGES    ET    DOCUMENTS.  83 

municipaux  dont  M.  Bémont  a  dressé  un  état  précieux', 
statuts  de  la  marine  marcliande  de  Bayonne  au  début  du 
xnr'  siècle-,  renseignements  sur  nombre  de  cbâteaux  et 
de  mottes,  mesures  contre  les  confréries^  devenues  un 
danger  pour  la  paix  sociale.  L'archéologue  feuillctera 
utilement  le  volume  :  il  comprendra  mieux  les  disposi- 
tions insolites  de  l'église  de  Pellegrue  quand  il  saura  que 
Pellegrue  est  une  bastide;  il  constatera  sans  surprise, 
mais  non  sans  intérêt,  l'importance  historique  de  cette 
paroisse  Saint-Pierrc-de-Mont,  près  de  Mont-de-Marsan, 
dont  l'église  à  chevet  tréflé  mériterait  d'être  mieux  con- 
nue. L'économiste  trouvera  mainte  obser^ation  à  faire  : 
des  locutions  suggestives,  comme  cJiem'ui  du  marché,  route 
de  V église,  «  de  itinere  mcrcadili  »,  «  viam  ecclesie*  », 
des  indications  sur  les  impôts,  des  chiffres  précis  concer- 
nant le  péage  du  port  de  Libourne,  etc.  Le  philologue  lui- 
même  parcourra  utilement  ces  pages,  oi\  il  notera,  parmi 
bien  des  formes  dignes  d'être  relevées,  des  gasconismes 
caractérisés  :  «  Seint-Orens  »,  «  Mountbet  »,  «  Moundi- 
ront'  »  et  autres.  Mais  le  volume  s'adresse  surtout  à 
l'historien  des  institutions. 

Celui-ci  constatera,  si  je  ne  m'abuse,  que  le  droit  féo- 
dal du  Sud-Ouest  présentait  pendant  la  seconde  moitié 
du  xni"  siècle  une  extraordinaire  confusion.  Les  distinc- 
tions théoriques  entre  nobles  et  non  nobles,  entre  fiefs 
et  ccnsivcs,  ne  répondaient  pas  à  la  réalité.  Assurément, 
on  peut  avec  quelque  attention  saisir  des  catégories  :  le 
bourgeois  de  Bazas  qui  faisait  une  prise  de  guerre  avait 
droit  à  loO/S.   s'il  s'agissait  d'un  chevalier,  à  5o  s.  pour 


1.  P.  xLiv,  note  k- 

2.  N°  407. 

3.  >i''  899. 

4.  N°^  362,  248  [3]. 

5.  >"°^  66.  78,  59. 


8/|  ANNALES    DU    MIDI. 

un  damoiseau,  à  20  s.  pour  un  bourgeois,  à  5  s.  pour 
un  paysan,  à  10  s.  pour  un  cheval'  ;  mais  ce  sont  là  des 
valeurs  conventionnelles;  dans  la  vérité  concrète,  un  ho- 
bereau besogneux,  comme  tel  que  citent  les  Recogniciones 
et  dont  j'ai  étudié  ailleurs  les  expédients,  ne  représente 
pas  à  beaucoup  près  une  valeur  égale  à  celle  de  ces  opu- 
lents bourgeois  qui  possèdent  des  caveries  et  sont  assu- 
jettis au  même  service  que  les  chevaliers.  Ce  maire  de 
Bourg,  dont  les  administrés  disaient  :  «  Je  suis  son  bour- 
geois 1),  fait  vraiment  figure  de  seigneur  féodal.  La  situa- 
tion de  fait,  la  fortune,  les  services  rendus  remportent 
sur  les  distinctions  de  dioit. 

Il  est  permis  d'ajouter  que  tous,  nobles,  bourgeois  et 
paysans  paraissent  être  soumis  à  des  obligations  légères; 
les  conditions  faites  par  les  Recogniciunes  aux  tenanciers 
du  Domaine  sont  loin  d'être  écrasantes  :  pas  de  cens  ou 
très  peu,  dus  droits  de  mutation  minimes  en  cas  de  chan- 
gement du  seigneur,  peut-être  des  droits  de  mutation 
plus  élevés  en  cas  de  vente,  pas  de  corvée,  un  service 
militaire  très  réduit,  on  ne  saurait  dire  que  le  contrat 
féodal  fut  léonin. 

Mais  ce  contrat  tend  à  perdre  son  caractère  :  les  tailles 
collectives  et  les  esporles  abonnées  également  collectives, 
les  unes  et  les  autres  mentionnées  dans  des  chartes  rela- 
latives  à  TEntre-Deux-Mc  rs,  induisent  en  des  réllexions 
instructives.  D'après  les  chartes  dont  il  s'agit,  le  tenan- 
cier ne  se  trouvait  plus  isolé  en  face  du  seigneur  foncier  : 
(M'hii-ci  avait  alTairc  à  un  grouj)e  organisé;  la  redevance 
iiidi\  idiicllc  tendait  à  devenir  une  contribution  à  un 
iin|)(\t  |)Ml)li('.  Le  devoir  envers  le  souverain  se  substitue 
|)iMi  à  peu  à  la  dépendance  féodale.  Les  autres  carlulaires 
boi'delais  contiennent  des  indications  plus  abondantes  et 

I.  >"  291. 


MÉLANGES    ET    DOCUMENTS.  85 

plus  ncUes  sur  les  redcvajices,  sur  les  convenlions 
entre  seigneur  foncier  et  tenancier;  le  registre  de  AVol- 
fenbiittel  apporte  plus  de  précisions  sur  les  devoirs  du 
sujet  envers  l'État.  Peut-être  est-ce  que,  dès  ce  temps-là, 
le  pouvoir  central,  incapable  de  remplir  avec  une  égale 
minutie  toutes  ses  fonctions,  était  un  médiocre  proprié- 
taire ;  à  coup  sûr,  le  roi  d'Angleterre  négligeait  ses  droits 
domaniaux  au  profit  de  ses  attributions  politiques. 

L'attitude  prise  par  le  Domaine  envers  les  alleu  tiers  ne 
mérite  pas  moins  notre  attention.  En  d'autres  pays,  le 
seigneur  dit  aux  possesseurs  d'alleux  :  «  Produisez  vos 
titres  ou  vos  biens  seront  réputés  fiefs.  »  Cliez  nous, 
c'est  le  Roi  qui  dit  aux  mêmes  propriétaires  :  «  Vous  avez 
des  alleux;  je  n'y  contredis  pas  et  ils  continueront  à  être 
qualifiés  tels;  mais  il  est  posé  en  règle  que  j'ai  sur  ces 
alleux  certains  droits  qui  appartiennent  au  seigneur  sur 
les  fiefs.  » 

Dans  ce  monde  d'antinomies,  deux  forces  agissaient 
pour  le  Roi  :  seigneur  féodal,  il  cherchait  dans  sa  suze- 
raineté des  occasions  et  des  moyens  d'étendre  et  de  ren- 
forcer les  pouvoirs  judiciaires  et  militaires  qui  lui  appar- 
tenaient sur  ses  feudataires  et  sur  leurs  biens;  souverain, 
il  s'efforçait  de  ressaisir  les  personnes  qu'il  n'avait  pu 
soumettre  comme  seigneur.  De  cette  double  action,  la 
liberté  eut  à  souffrir  parfois;  c'est  la  rançon  inévitable  de 
toute  organisation. 

11  y  a  plaisir  et  profit  à  étudier  le  beau  volume  de 
M.  Bémont  :  le  texte  est  établi  avec  soin  et  autorité',  les 
tables  et  le  glossaire  facilitent  les  recherches  et  les  rappro- 
chements. Il  me  sera  permis   d'adresser,  pour  finir,  les 

I .  \  oici  fiinc  des  menues  clifTîcultés  par  lesquelles  devail  être  ai  rèlé 
un  homme  étranger  au  pays:  ta  localité  appelée  In  noinine  Dominiesl 
Saint-André-de-Cubzac.  (Voy.  Archives  de  Ja  Gironde,  E  sujjpl.  43.) 


86  ANNALES    Dl     MIDI. 

icineiciements  des  érudits  du  Sud-Ouest  à  Tédileur  des 
liôles  gascons  et  des  Recogniciones,  à  l'historien  de  Simon 
de  Montfort  et  des  institutions  municipales  bordelaises, 
pour  tout  ce  qu'il  a  fait  en  vue  de  nous  révéler,  à  nous 
Gascons,  la  Gascogne  du  xui*"  siècle. 

J.-A.  Brltails. 


II 


UNE  SCULPTURE    COM\lEMOR.\TIVE   SUR    LA    CATHEDRALE 
DE   RAYONNE,    SECONDE  MOITIE   DU   XIV"   SIECLE  (?) 

M.  l'ahhé  Duhaiat,  curé  de  Saint-Martin  de  Pau,  a  eu 
rextrèmc  obligeance  de  me  signaler,  à  propos  de  mes 
études  sur  les  PoiiuUs  coniinrinoratifs  de  Bordeaux^  un 
curieux  passage  des  Recherches  consignées  par  le  cha- 
noine Veillet  vers  1710  sur  la  rille  et  l'église  calhrdrale  de 
Bayonne. 

Voici  ce  passage,  d'après  l'édition  qu'ont  donnée  de 
ces  Recherches  M.M.  Dubarat  et  Daranatz  (Pau,  1910,  in-/i", 
p.  37:?)  : 

(JiifMliioiis-nous  d'un  assez  bel  nriieineiil  de  sculpture  qui  est 
au  haut  et  au  dehors  de  ce  grand  portail'  de  l'église  par  lequel 
on  va  \ers  la  place  publique?  L'on  y  voit  un  cavalier  couronne 
(|ui  foule  un  homme  sous  les  pieds  de  son  cheval,  et  au  devant 
fhKjuel  se  présenlc  une  femme  aussi  couronnée.  Qu'est-ce  (pie 
cela  sifinifie  et  eji  quel  lem|is  fur(Mil  faites  ces  figures? 

Je  n'ozeiais  i)res(iiie  dire  (pie  j'ai  ouï  attribuer  tout  cela  à  un 

1.   \oy.    [iinuirs.   i()i(i.  I.   \\\|||.  p.  3o0  el  ss.,  ftiÀ  et  ss. 

a.  Celle  iiidicalioii  ri'csl  poiiil  cvacle.  Elle  est  recliTuV  par  un  lexlc 
que  nous  cilons  pins  loin,  el  i)ar  cet  autre  (pie  donnenl  les  (:'(m('urs 
loul  au  bas  de  la  p.  .S7',  :  «  Le  cavalier  n'i'lait  i)as  sur  la  porte,  mais 
sur  le  cdir  el  rui  hnul  du  perron  (jui  domine  la  i)laee  puljiicpie.  contre 
le  mur  cxlc'rieur  de  la  cliapellc  SaiiM  .Ican.  » 


MÉLANGES    FT    DOCUMENTS.  87 

gouverneur  de  Haionne,  le(iucl  (disoil-un),  en  présence  de  sa 
femme  qui  lui  avoit  élc  infidelle,  fit  marcher  son  cheval  sur  un 
de  ses  domestiques,  complice  de  ce  crime.  C'est  une  pure  fic- 
tion, qui  même  est  évidemment  détruite  par  ces  deux  cou- 
ronnes qui  ne  conviennent  point  à  un  simple  gouverneur  de 
ville,  lequel  d'ailleurs  n'auroit  pas  deu  conserver  la  mémoire 
d'un  tel  crime  et  d'une  telle  punition  sur  le  grand  portail  d'une 
église.  Et  puisqu'il  .faut  ici  deviner  et  comme  expliquer  une 
énigme,  je  dis  que  l'homme  renversé  sous  les  pieds  du  cheval 
est  le  simbole  d'un  ennemi  vaincu  par  un  conquérant,  tel  que 
nous  en  voionsun  grand  nombre  dans  les  anciennes  médailles. 
Ce  conquérant  est  un  roi,  comme  le  marque  sa  couronne,  et  ce 
roi  est  aparemment  Ciiarles  7  qui  par  ses  grandes  conquêtes  a 
mérité  le  titre  de  Victorieux.  Ce  roi,  après  avoir  chassé  les  Vn- 
glois  de  presque  toute  la  France,  se  rendit  encore  maître  de 
leur  Aquitaine.  Et  c'est  l'Aquitaine  vaincue  qui  vient  se  sou- 
mettre à  ce  roi  conquérant  sous  la  figure  d'une  souveraine  cou- 
ronnée. 

D'où  je  conclus  aussi  ([ue  toutes  ces  figures  furent  sans  doute 
taillées  et  appliquées  en  ce  lieu  peu  après  que  cette  ville  [de 
Bayonne]  et  cette  province  [de  Guiennej  passèrent  de  la  domi- 
nation angloise  à  celle  de  France,  c'est-à  dire  vers  l'année  r/iôi. 

De  ce  témoignage  du  chanoine  Aeillet  il  faut  rappro- 
cher, pour  le  compléter  et  le  rectifier,  celui  que  nous  a 
laissé  Fauteur  anonyme  d'un  manuscrit  du  (irand-Sémi- 
naire  de  Bayonne  (i84o)  et  que  rapportent  également 
MM.  Dubarat  et  Daranalz  (p.  '^-^i,  n.  2)  : 

Les  portails  de  l'église  étoient  aussi  ornés  de  grandes  statues 
qui  toutes  ont  été  détruites.  11  y  avoit  aussi,  à  coté  du  gni/td 
portai/  \crs  la  place  Notre-Dame  et  contre  la  voûte  extérieure 
du  dit  portait,  un  bel  ornement  de  sculpture;  cet  ornement 
colossal  représentoit  un  cavalier  couronné  foulant  un  honnnc 
sous  les  pieds  de  son  cheval  et  au  devant  duquel  se  préseiiloit 
aussi  une  femme  couronnée.  Ce  monument  colossal  fut  détruit 
vers  l'année  1812,  d'après  l'avis  des  officiers  du  génie  atachés  à 
la  Place,  parce  que  la  voûte  extérieure  contre  hupielle  il  étoit 
adossé  s'élant  crevassée  de  ce  coté,  on  craignoit  que  ce  poids 
ne  finît  par  entraîner  et  le  mm-  et  le  pilier;    ce  dernier  est 


88  ANNALES    DU    MIDI. 

cncoiT  Corlomonl  incliné.  Cette  crainte  étoit  d'autant  plus  fon- 
dée que  cette  voutc  extérieure  formant  vestibule  esta  côté  de  la 
haute  voutc  de  la  croix,  qui  étoit  tombée  l'année  1800  et  avoit 
pu  être  ébranlée  par  cette  chute. 

Que  retenir  de  ce  double  témoignage!'  C'est  ce  que  nous 
allons  esssayer  de  déterminer,  avec  le  regret  de  ne  pou- 
voir étudier  le  ])as-rclief  lui-même,  puisqu'il  n'en  subsiste 
pas  la  moindre  représentation  graphique. 

En  premier  lieu,  il  s'agit  d'un  groupe  de  personnages 
plus  grands  que  nature,  analogue  à  celui  de  Sainte-Croix 
de  Bordeaux,  et  placé  comme  lui  à  l'extérieur  de  l'édi- 
fice,  de  manière  à  solliciter  l'attention  de  la  foule,. 

En  second  lieu,  remarquons  qu'au  lieu  de  dater  ce 
groupe  pai'  ses  caractères  propres,  le  chanoine  Veillct  l'at- 
tribue sans  hésitation  à  la  seconde  moitié  du  xV  siècle, 
parce  qu'il  veut  rcconnailre  Charles  Vil  dans  le  cavalier 
couronné. 

Mais  ni  le  personnage  de  ce  roi  n'est  certain,  ni  donc 
la  date  qu'on  nous  propose.  Cherchons  autre  chose. 

Il  ne  i)cul  être  veiui  à  l'idée  d'un  artiste  réfléchi  de 
symboliser  «  lAquilainc  \aincuc  »  par  une  «  souveraine 
couronnée  ».  L'Acpiilaine  a-t-ellc  jamais  eu  rang  de 
royaume  pendant  le  Moyen  âge  féodal?  En  (pioi  était-elle 
'^onvciaine!*  N'était-ce  |)()inl  loni  simplement  un  duché 
subordonné  au  royaume  d'Angleterre!' 

Les  voûtes  de  la  cathédiale  de  l5a\onne,  construites  au 
XIV"  siècle,  portent  ])lnsienrs  médaillons  aux  armes  des 
rois  d"  \iigjcl('i  re.  Celle  conslalalion  es!  d'nn  grand  point 
|><Mir  nous;  elle  \a  nous  aider  à  fixer  approvinialix  e- 
intiil  la  (laie  de  consli  iiclion  el  par  suite  celle  du  gronj)e 
(|iii  nous  .Mciipc  Si  jiayonne  reste  à  l'Angleterre  jusque 
\ers  la  lin  du  xin  siècle,  elle  en  fui  détachée  par  la  grande 
trêve  de  i-^cj.S  et  revint  à  la  l'rance  (pii  la  garda  jusqu'au 
traité  de  Uiélign\  de  i.iC,,,.  l-ll le  reçut  alors  pour  la  seconde 


MÉLANGES    ET    DOCUMENTS.  89 

fois  une  garnison  anglaise  qui  y  demeura  jusqu'en  i45i. 

Au  jugement  des  archéologues  modernes,  le  portail  de 
la  cathédrale  de  Bayonne  fut  construit  lui  aussi  au  xiv"  s., 
peu  après  l'achcvement  de  la  nef  centrale. 

Le  rapprochement  de  ces  divers  faits  jious  conduit  à 
une  conclusion  assez  différente  de  celle  que  proposait  le 
chanoine  Yeillct.  Le  groupe  de  Bayonne  dérive  de  celui 
de  Sainte-Croix  de  Bordeaux;  il  en  serait  une  imitation 
(sinon  une  copie),  imitation  assez  rapprochée  du  modèle 
chronologiquement  pour  n'avoir  point  laissé  à  l'imagi- 
nalion  populaire  le  temps  d'en  déformer  le  sens  histo- 
rique. Comme  le  portail  lui-même,  il  serait  de  la  seconde 
moitié  du  xiV  siècle,  ce  ([ne  nous  avons  admis  pour 
celui  de  Sainte-Croix.  D'inspiration  anglaise  comme  lui 
et  comme  son  antécédent  à  Châteauneuf  en  Angoumois, 
il  représenterait  donc  la  reine  Aliénor  accueillant  le  roi 
Henri  II  à  la  veille  ou   au    lendemain    du   mariage  qui 


donnait  la  Guienne  à  l'Angleterre. 


Alfred  Leroux. 


P.  S.  —  M.  l'ahbé  Dubarat  me  signale  également,  au 
portail  de  l'église  Sainte-Marie  d'Oloron  (B.-Pyr.),  un 
cavalier  seul,  foulant  un  homme  aux  pieds  de  son  che- 
val. Il  y  voit  Constantin  écrasant  le  paganisme.  J'y  con- 
tredirais d'autant  moins  que  j'ai  déjà  admis  la  possibilité 
de  cette  interprétation  à  Poitiers,  Saintes  et  Limoges 
[Annales,  1916,  t.  XXYIII,  p.  IÔ9),  en  demandant  seule- 
ment pourquoi  les  sujets  du  duc  d'Aquitaine  ont,  à  l'ex- 
clusion de  tous  autres,  si  souvent  voulu  rappeler  le  ser- 
vice rendu  par  Constantin  à  l'Egiise. 


COMriKS  RENDUS  CIIITIOUES 


Noël  Valoir.  —  Jacques  Duèse,  pape  sous  le  nom 
de  Jean  XXII.  Paris,  imprimerie  nationale,  igi/i; 
in-/j"  de  a^ô  pages.  (Extrait  de  ÏUisloire  liltéra'ire , 
t.  XXXIY.) 

Depuis  plus  de  deux  ans  Clément  V  était  mort,  l'antagonisme 
des  cardinaux  italiens,  gascons  et  français  avait  rendu  inutile 
le  conclave  de  Carpentras,  et  les  prélats  réunis  de  nouveau  à 
Lyon  ne  semblaient  pas  devoir  mieux  s'entendre.  Las  de  leurs 
tergiversations,  pressé  de  rentrer  à  Paris  où  l'appelait  la  mort 
de  son  frère  Louis  \  qu'il  allait  bientôt  remplacer  sur  le  trône, 
l'bilippc,  comte  de  Poitiers,  les  attira  dans  le  couvent  des  Jaco- 
bins et  leur  signifia  (pi'ils  n'en  sortiraient  pas  avant  d'avoir 
donné  un  souverain  pontife  à  l'Église  (28  juin  i3i6).  L'accord 
s'établit  enfin  et  le  7  août  suivant  était  élu  Jacques  Duèse  qui 
prit  le  nom  de  Jean  WII'. 

Jacques  Duèse,  dans  la  langue  du  Midi  Jacme  Duesa,  était 
né  vers  12/iô  à  Cahors,  dans  la  paroisse  de  Saint-Bartbélemi.  Il 
appartenait  à  une  riche  famille  bourgeoise  de  la  ville;  en  effet 
son  père  Arnaud  Duèse  ne  figure  pas  dans  le  livre  des  métiers, 
mais  il  est  inscrit  le  troisième  sur  la  liste  des  plus  imposés. 
C'est  donc  par  erreur,  peut-être  pai-  une  irrévérencieuse  inler- 
|inialion  de  son  nom  de  famille  (lieuse  ou  luihe  signifiant  en 
\iiii\  l'iançais  bottes  ou  liouscaux)  (]u'on  a  fait  de  Jean  WII 
l(!  lils  d'un  savetier.  Il  n'était  pas  non  plus  de  soucbc  noble, 
puisque  son  frère  Pierre  obtint  en  seplendjre  i3iG  des  lettres 
(raiioijlisscmciil  du  loi  de  l-'iauce. 

I.  \(iir;i  ce  siijcl  (i.  Molhil.  Les  J'apcs  <r\i'iijii(,ii.  i'iiiis.  l.ccoUVe. 
njiy,  iii  la,  p.  Wi  iiy.  où  l'on  Iromcia  la  l>il)li()ui;ip|iie  complète  dos 
ouvrages  relalif.s  à  Jean  WII. 


COMPTES    RENDUS    CRITIQUES.  QI 

Apres  avoir  roçii  rinstrnction  dans  sa  ville  natale,  le  futur 
pape  étudia  à  Paris,  à  Orléans,,  peut-être  aussi  à  Toulouse  et  à 
Montpellier,  se  livrant  de  préférence  à  l'étude  du  droit  qui  de- 
vait finir  par  lui  ouvrir  l'accès  des  cours  séculières.  Une  missive 
qu'il  écrivit  en  iSaS  à  Charles  le  Bel  laisse  deviner  qu'il  n'avait 
pas  conservé  de  son  séjour  dans  les  pays  de  langue  d'oïl  une 
connaissance  suffisante  du  frain.-ais,  car  il  était  obligé  de  faire 
traduire  en  latin,  afin  de  la  mieux  comprendre,  une  lettre  que 
le  souverain  lui  avait  adressée. 

Nommé  évêque  de  Fréjus  en  looo,  chancelier  de  Charles  II 
d'Anjou,  comte  de  Provence  et  roi  de  Sicile  en  i3o8,  il  est  appelé 
en  i3io  par  Clément  V  au  siège  épiscopal  d'Avignon  devenu  le 
centre  du  monde  catholique.  Sa  fortune  dès  lors  est  rapide.  Il 
est  envoyé  en  mission  auprès  de  Philippe  le  Bel  à  propos  du 
procès  de  Boniface  Mil  et  chargé  de  classer  les  mémoires  du 
concile  de  Vienne;  il  en  est  récompensé  en  i3i2,  par  le  titre  de 
cardinal  de  Saint-Vital,  et,  moins  de  six  mois  après,  par  celui 
de  cardinal-évcque  de  Porto.  Il  avait  environ  soixante-douze  ans 
quand  il  monta  sur  le  trône  pontifical. 

Petit  de  taille,  chétif  d'aspect,  le  teint  pâle,  la  voix  grêle, 
mais  énergique,  emporté,  tenace  et  autoritaire,  il  conserva, 
contre  toute  attente,  le  pouvoir  pendant  dix-huit  années,  don- 
nant jusqu'à  la  fin  les  marques  d'une  inlassable  activité.  Il  lui 
fallut,  dès  les  premiers  jours,  sévir  contre  Hugues  Géraud, 
évêque  de  Caliors,  qui,  menacé  d'être  déposé  et  emprisonné  à 
cause  de  ses  désordres,  avait  résolu  de  le  faire  mourir.  La  dé- 
couverte de  poisons,  de  statuettes  de  cire  destinées  aux  prati- 
ques de  l'envoûtement  et  dont  l'une  portait  l'inscription  :  Papa 
Johannes  inoriatar  et  non  alias,  la  mort  subite  et  mystérieuse 
de  Jacques  De  Via,  neveu  du  pape,  les  enquêtes,  les  interroga- 
toires successifs,  les  aveux  mêmes  des  complices  firent  décla- 
rer l'évèque  coupable.  Il  fut  remis  au  bras  séculier  et  brûlé 
(i3.7). 

Jean  XXII  prit  dans  la  suite  des  mesures  générales  contre 
tous  ceux  qui  se  livraient  à  la  sorcellerie  et  aux  sciences  occul- 
tes. Il  enjoignit  à  l'évèque  de  Paris  de  les  expulser  du  dio- 
cèse (iSig),  aux  inquisiteurs  de  Languedoc  de  les  surveiller 


92  ANXALES    DU    MIDI. 

(iSao),  il  rappela  à  tout  chrélien  (1336-1027J  que  de  telles  pra- 
tiques font  encourir  rexcomniiinication  et  tout  hérétique  repen- 
tant dut  désormais  les  réprouver  formellement  dans  la  formule 
d'abjuration.  Afin  de  décourager  les  chercheurs  de  la  pierre 
philosophale,  il  les  obligea  à  verser  au\  pauvres  une  quantité 
d'or  ou  d'argent  véritable  égale  en  poids  au  prétendu  or  ou 
argent  qu'ils  auraient  fabriqué.  C'est  l'objet  de  la  bulle,  Spon- 
(tenlqiias  non  exhibent'  qui  figure  dans  le  Corpus Juris  canonici. 
Et  pourtant,  malgré  tant  de  preuves,  il  ne  manque  pas  d'histo- 
riens qui  ont  prétendu  que  Jean  XXII  s'adonnait  lui-même  à 
l'alchimie. 

Les  Juifs  aussi  se  virent  l'objet  de  ses  rigueurs,  cependant  le 
pape  usa  d'abord  de  mesures  de  bienveillance  à  leur  égard. 
Après  les  avoir  défendus  contre  les  Pastoureaux  qui  s'imagi- 
naient faire  (louvre  pie  en  les  massacrant,  après  avoir  aboli  la 
coutume  féodale,  déjà  prohibée  mais  toujours  vivace,  condam- 
nant à  la  confiscation  ceux  d'entre  eux  qui  recevraient  le  bap- 
tême, après  avoir  cherché  à  les  convertir  par  des  monitions 
charitables,  il  adopta,  devant  l'inanité  de  tant  d'eflbrts,  déplus 
rudes  moyens.  Nombre  de  ces  Juifs  furent  expulsés  du  Comtat- 
Venaissin,  quittes  à  s'établir  en  Provence  ou  en  Dauphiné;  les 
synagogues  de  Carpenlras,  de  Bédarrides,  de  Noves  furent 
rasées  pour  faire  place  à  des  chapelles,  et,  sur  l'initiative  de  la 
Cour  de  France,  les  écrits  talniudiques  furent  recherchés  et 
brûlés. 

A  côté  de  ceux  (pii  s'écartaient  ainsi  de  l'enseignement  de  la 
religion  ou  qui  refusaient  de  s'y  rallier,  à  côté  de  ces  adeptes 
des  sciences  occultes  et  de  ces  Juifs  trop  allachés  à  la  Loi  an- 
<'i»'nne,  Jean  X\ll  rencontra  d'autres  ennemis  plus  redoutables  : 
ce  hnvnl  les  disciples  mêmes  de  relui  qui,  suixant  la  légende, 
élail  .ipparn  an  pa])e  Innocent  III  sonicnant  l'édifice  chance- 
lanl  (le  l'j^glise.  Des  frères  Mineurs  |)()ussant  à  l'extrême  l'es- 
prit de  délachemeiil,  alfectaient  de  porter  des  cajjuchons  exi- 
gus, des  vêlements  étriqués,  de  \ivre  en  ermites,  et  qui  pis  est, 


I.  IMr.raj^a  1)1  es  communes,  lib.  \.  Ii(.  \|.  !),■  iTiniinc  fahi.   cap. 
luiic. 


COMPTES    RENDUS    CRITIQUES.  go 

refusaient  toulc  ol)éissanceà  leurs  supérieurs.  C'était  se  mettre 
en  contradiction  avec  les  préceptes  de  leur  saint  fondateur 
François.  Ils  furent  poursuivis  et,  malgré  l'éloquence  de  leur 
défenseur  Bernard  Délicicuv,  condamnés.  Par  les  trois  bulles 
successives  Qiioriiindani  exlgil  du  -  octobre,  Sancta  Roniaiia 
offjne  luiiversalis  Ecclcsia  du  3o  décembre  i3i7,  et  Gloriosain 
Eccleslam  du  aS  janvier  i3i8,  Jean  XXII,  aidé  de  l'Inquisition, 
crut  avoir  triomphé  avec  les  «  Conventuels  »  de  ces  Fraticelles. 
de  ces  Bizzochi,  de  ces  Béguins,  do  ces  dissidents,  en  un  mol 
de  tous  ces  «  Spirituels  »  répandus  en  Provence,  en  Langue- 
doc, en  Italie  et  en  Sicile,  mais  lorsque,  emporté  par  l'ambition 
de  plier  tous  ces  Mineurs  sous  une  règle  unique  modelée  sur 
celle  des  autres  Ordres  mendiants  tels  que  les  Dominicains,  il 
leur  est  conféré,  ou  plutôt  imposé  ce  droit  de  propriété  collec- 
tive dont  ils  ne  voulaient  point,  lorsque  se  prononçant  sur  la 
pauvreté  évangélique,  il  leur  eut  enlevé  ce  privilège  de  parfait 
dénûment  qui  faisait  leur  gloire,  il  ameuta  contre  lui  ces  frères 
ennemis  réconciliés  dans  une  commune  animosité.  Le  conflit 
se  ralluma  d'autant  plus  âpre,  il  acquit  d'autant  plus  d'exten- 
sion qu'il  devenait  politique  autant  que  religieux,  les  mécontents 
ayant  pris  parti  avec  leurs  chefs,  Michel  de  Césène,  Marsile  de 
Padoue,  Jean  de  Jandun.  pour  Louis  de  Bavière,  candidat  à- 
l'Empire  contre  Frédéric  d'Autriche  que  soutenait  le  pape. 

Vainqueur  de  son  rival  à  la  bataille  de  Muhldorf  (28  sep- 
tembre iS^a),  Louis  de  Bavière  entre  bientôt  en  lutte  ouverte 
avec  le  Saint-Siège,  il  s'avance  triomphalement  eu  Italie  et  se 
fait  couronner  à  Rome,  adoptant  les  griefs  des  frères  Mineurs, 
il  met  en  jugement  et  dépose  «  Jacques  de  Cahors,  l'hérétique, 
l'antéchrist  »,  il  lui  oppose  enfin,  sous  le  nom  de  Nicolas  V,  un 
antipape,  Pierre  de  Corbara,  qu'il  a  choisi  dans  leurs  rangs 
(12  mai  iSaS). 

\int  la  réaction;  Nicolas  V  se  rendit  au  pape  d'Avignon  qui 
le  traita  avec  indulgence;  les  dissidents  s'apaisèrent,  les  villes 
et  les  tyrans  italiens  se  soumirent.  Le  Bavarois,  hésitant  devant 
tant  de  défections,  se  fit  humble;  il  avoua  ses  torts,  il  sollicita 
le  pardon  de  Jean  XXII,  à  la  seule  condition  que  celui-ci  le 
reconnaîtrait  comme  empereur  (i33o).  C'était  oublier  la  ténacité 


g4  ANNALES    DU    MIDI. 

du  vieux  pontife.  Celui  qui,  avec  toute  l'autorité  d'un  Boni- 
face  VIII,  avait  déclaïc  qu'à  lui  seul  revenaient  le  gouverne- 
ment, l'administration  et  la  juridiction  de  l'Empire  vacant, 
refusa  de  transiger  avec  l'usurpateur,  et  il  mourut  sans  avoir  vu 
réussir  aucune  de  ces  combinaisons  par  lesquelles  il  se  flattait 
de  faire  passer  la  couronne  impériale  sur  la  tèle  d'un  prince  de 
son  choix. 

II  rétracta  à  ce  suprême  instant  l'opinion  qu'il  avait  avancée 
au  sujet  de  la  vision  béatifique,  c'est-à-dire  du  moment  où  les 
Ames  justes  sont  admises  à  voir  Dieu,  opinion  qui,  en  lui  sus- 
citant jns({ue  dans  l'Université  de  Paris  des  adversaires  plus 
nondjreux  encore  et  non  moins  acharnés  que  les  partisans  de  la 
pau\reté  évangéli(|ue,  empoisonna  le  déclin  de  son  laborieux 
pontifical. 

Si  à  coté  des  mesures  que  Jean  XXll  dut  ainsi  prendre  pour 
sa  défense  ou  celle  de  la  Foi,  nous  cherchons  à  déterminer  pour 
quelle  part  il  contribua  à  la  grandeur  de  l'Eglise,  7ious  consta- 
tons que  par  ses  réformes,  par  ses  fondations,  par  ses  travaux, 
il  en  augmenta  les  ressources,  il  en  étendit  l'influence,  il  en 
fortifia  le  pi»u\oir. 

Il  réserva  au  SaÎFit-Siège  les  annales,  taxe  prélevée  sur  les 
revenus  de  la  |)remière  aiuiéedes  plus  modestes  bénéfices  et  les 
«  services  comniniis  »  ainsi  que  les  «  menus  services  »  corres- 
pondant aux  annales  pour  les  gros  bénéfices.  Si  l'on  y  ajoute, 
avec  le  Denier  de  Saint-Pierre  et  les  subsides  caritatifs,  les 
dépouilles  ou  successions  laissées  par  les  prélats,  les  vacants  ou 
fruits  produits  p;u'  les  bénéfices  (pii  venaient  à  va(|uer  ///  ciiria, 
bénéfices  dont  le  nombre  s'accrut  notablement  lorsque  le  cumul 
en  entêté  interdit  par  la  constitution  licsccrabilis  {i[)  niAcm- 
i)re  i.iiy),  si  l'on  ohserxc  (pie  de  nombreux  collecteurs  furent 
noiiiniés  et  p;irtuut  en\o)és  pour  recueillir  toutes  ces  taxes,  que 
ladminislration  de  la  Chambre  apostolique  où  elles  étaient 
centralisées  fut  réorganisée  et  la  comptabilité  méticuleusemcnt 
réglée,  on  comprend  que  Jean  XXII  ait  remis  dans  une  bril- 
lante situation  les  finances  pontificales  qu'il  avait  trouvées 
épuisées.  Il  encourut  de  ce  chef  le  reproche  d'avarice,  et  Dante, 
sf)n  contenq)orain,  ne  manque  i)as  de  le  lui  adresser.  Le  pape 


COMPTES    RENDLS    CKITIQLES.  gS 

aurait  laissé,  d'après  ccrlains  clironi([uours,  22  ou  20  millions 
de  florins  d'or.  A  y  regarder  de  près  et  à  vérifier  les  chiffres,  on 
voit  que  ce  «  scandaleux  trésor  »  se  montait  seulement  à  700 
ou  800.000  florins,  somme  toutefois  considérable  quand  on 
sait  que  le  nouveau  pape  n'avait  recueilli  que  70.000  florins  en 
succédant  à  Clément  V.  On  a  voulu  voir  aussi  un  procédé  fiscal 
dans  la  création  de  nouveaux  diocèses,  ceux  de  Monlauban,  de 
Rieux,  de  Lombez,  de  Saint-Papoul,  de  Mirepoix  et  de  Lavaur, 
formés  aux  dépens  de  celui  de  Toulouse  élevé  au  rang  d'arche- 
vêché, ceux  de  Saint-Flour,  de  Castres,  de  Sarlat,  de  Luçon,  de 
Maillezais,  de  Vabres,  de  Tulle,  de  Condom,  de  Saint-Pons- 
de-Thomières  et  d'Alet. 

La  mesure  était  pourtant  justifiée  par  l'étendue  ou  la  situa- 
tion de  certains  de  ces  diocèses,  comme  celui  de  Toulouse,  trop 
vaste  et  trop  riche,  et  par  la  nécessité  d'assurer  la  bonne  admi- 
nistration et  de  faciliter  la  tache  des  évoques.  Elle  témoigne 
surtout  de  cet  esprit  de  centralisation  à  outrance  (pii  fut  une 
des  caractéristiques  de  ce  pontificat. 

Mais  avant  de  condamner  celle  «  fiscalité  excessive  dont  les 
avantages  n'ont  jamais  compensé  les  désastreux  efîets  »,  il  con- 
vient de  voir  comment  le  pape  utilisa  les  sommes  si  âprement 
amassées,  il  faut  songer  aux  dépenses  énormes  auxquelles  il 
dut  faire  face,  en  particulier  pour  la  propagalioTi  de  la  Foi  par 
les  croisades  et  par  les  missions. 

Par  la  reprise  de  ces  projets  de  croisade  dont  on  parlait  tou- 
jours, Jean  XXII  espérait  maintenir  la  paix  entre  les  princes 
chrétiens,  en  détournant  vers  la  Terre-Sainte  leurs  belliqueuses 
velléités  et  étouffer  en  même  temps  les  conflits  dont  il  aperce- 
vait les  redoutables  progrès.  La  preuve  nous  en  est  fournie  par 
ces  lettres  qu'il  écrivit  comme  arbitre  universel  aux  rois  de 
France  et  d'Angleterre,  à  ceux  de  Sicile,  de  Trinacrie  ou  d'Ara- 
gon, de  Chypre  et  d'Arménie,  partout  où  il  pensait  que  son 
intervention  pût  écarter  la  guerre. 

Philippe  A  et  Charles  IV  virent  surtout  dans  ces  projets  de 
passage  outre-mer  l'occasion  d'obtenir  des  subsides,  maintes 
fois  redemandés  et  maintes  fois  accordés.  Ils  les  perçurent  sous 
forme  de  décimes  sur  le  clergé,  déjà  obéré,  et  les  consacrèrent 


g6  ANNALES    DU    MIDI. 

à  d'autres  usages.  Avec  Philippe  VI,  nommé  chef  de  l'expédi- 
tion, l'entreprise  sembla  enfin  près  de  se  réaliser;  la  date  de 
l'embarquement  fut  fixée  et,  le  7  mars  i33/i,  le  pape  annonçait 
aux  Arméniens  l'arrivée  d'une  armée  considérable,  mais  il 
mourut  le  4  décembre  i334  et  le  roi  ne  partit  pas. 

Plus  consolants  furent  pour  Jean  XXII  les  résultats  des  mis- 
sions pacifiques  qui,  suivant  ses  instructions,  allèrent  chez  les 
Infidèles,  en  ces  terres  lointaines  où  cessaient  les  rivalités  des 
ordres  religieux.  Il  envoie  dos  Franciscains  en  Chine,  des  Domi- 
nicains en  Ethiopie,  en  Arabie,  en  Perse  où  il  fonde  la  métro- 
pole de  Sullanieh  et  l'évèclié  de  Tiflis  ;  il  correspond  avec  les 
chefs  tartares  et  écrit  lui-n)ème  au  grand  Khan  pour  l'engager 
à  se  convertir. 

On  peut  croire  que  c'est  afin  d'assurer  le  succès  de  ces  mis- 
sions qu'il  recommande  l'étude  des  langues  orientales  parmi 
toutes  les  mesures  qu'il  prit  en  faveur  du  développement  des 
Universités,  tandis  (pi'il  fondait  des  collèges  en  Arménie  afin 
d'y  répandre  l'usage  du  latin. 

Par  des  dispenses,  par  des  privilèges,  il  chercha  à  attirer  les 
étudiants  dans  les  Universités  de  Coïmbre,  de  Rome,  de  Pérouse, 
de  Paris,  d'Orléans,  de  Toulouse,  de  Montpellier,  de  Bolo- 
gne, etc.  Il  déjcudil  leurs  droits  contre  les  rigueurs  du  pouvoir 
civil  et  même  religieux;  c'est  ainsi  qu'il  fit  revejiir  de  Nevers, 
où  (>lle  avait  cherché  asile  contre  les  vexations  du  loi  de  France 
et  où  elle  faillit  sinstaller  définitivement,  l'Université  d'Orléans. 
Il  érigea  en  Université  le  collège  de  Oahors,  sa  ville  natale,  et 
celui  de  Cambridge  qui,  depuis,  acquit  une  bicTi  autre  célébrité. 

Jean  Wll  [)ublia  les  décrétales  de  son  prédécesseur  Clé- 
ment \  ;  jointes  aux  constitutions  du  concile  tle  Menue,  elles 
forment,  sous  le  titre  de  ClêineiiUiies,  le  septième  et  dernier 
livre  du  recueil  olïïciel  qui  reçut  le  nom  de  Corpus  jiiris 
cufio/iici.  Les  décrétales  mêmes  de  Jean  X\ll,  celles  des  divers 
papes  (lu'on  y  ajouta  beaucoup  plus  lard,  ne  furent  considérées 
(|uc  comme  un  supplément;  c'est  pourquoi  on  les  appela  les 
Exlravuijanlcs.  On  découvre  là  tout  le  zèle  que  le  pontife  appor- 
tait à  réprimer  les  abus,  à  raffermir  la  discipline,  à  répandre 
1  usage  de  la  prière.  Xous  le  voyons,  [)ar  exemple,  encourager 


COMPTES    RENDUS    CRITIQUES.  97 

par  des  indulgences  la  récitation  de  VAve  Maria  le  soir,  au  son 
des  cloches,  et  interdire,  en  invoquant  l'autorité  de  Boèce,  pour 
la  célébration  du  culte,  les  fantaisies  que  les  disciples  d'une 
nouvelle  école  avaient  introduites  dans  le  champ  liturgique. 
Enfin  il  soumit  à  des  règlements  plus  sévères  les  auditeurs  du 
sacré  Palais  f[ui  constituaient  ce  tribunal  au([uel  on  donna  dans 
la  suite  le  nom  de  Rote. 

Jean  WIl  avait  la  parole  facile;  un  seul  manuscrit  de  la 
Bibliothèque  nationale  (latin  8290)  nous  a  conservé  le  texte  de 
trente-deux  des  nombreux  sermons  qu'il  prononça.  On  y  perçoit, 
sous  un  ton  simple  et  généralement  familier,  une  tendance  à 
la  controverse. 

A  son  œuvre  littéraire  on  ajoute  différentes  prières,  entre  au- 
tres un  office  de  la  Croix,  un  otFice  du  Saint-Esprit  et  un  office 
de  la  Compassion.  Quant  au  traité  d'ajchimie  :  De  arte  metallo- 
riim  transinatatoria,  il  ne  saurait  pas  plus  lui  être  attribué  que 
l'ouvrage  de  médecine  :  Thésaurus  pauperum. 

Le  pontife  fut  enseveli  dans  l'église  de  Notre-Dame-des- 
Doms,  auprès  de  ce  palais  qu'il  avait  agrandi,  et  qui  devint  le 
somptueux  séjour  de  la  papauté  en  exil.  Lui-même  n'avait  pas 
renoncé  à  revenir  à  Rome,  et  à  certain  cardinal  qui,  au  dire  de 
Pétrarque,  lui  proposait  de  fixer  à  Cahors  le  siège  de  la  cour  de 
Rome  (ce  cardinal  était  cahorsin),  le  pape  répartit  que,  ce  fai- 
sant, lui  et  ses  successeurs  ne  seraient  plus  jamais  que  des 
évêques  de  Cahors  et  les  empereurs  qu'ils  couronneraient  ne 
seraient  que  des  gouverneurs  de  Gascogne. 

Des  réparations  furent  faites  sur  les  ordres  de  Jean  XXll  aux 
basiliques  du  Vatican,  de  Saint-Jean-de-Latran,  de  Saint-Paul- 
hors-les-Murs.  Une  forteresse  fut  élevée  à  Bologne  qui  marquait 
la  première  étape  du  retour,  mais  le  légat  Bertrand  du  Pouget 
en  fut  chassé  par  la  population  soulevée  et  le  projet  de  Jean  XXll 
resta  lettre  morte.  Puis,  en  faisant  rac(|uisilion  de  Valréas,  en 
réparant  les  châteaux  de  Sorgues,  de  Chateauneuf-Calcernier. 
de  Noves,  de  Bédarrides,  de  Barbentane,  de  Saint-Laurent-des- 
Arbres,  etc.,  en  peuplant  le  Sacré-Collège  de  cardinaux  qui 
presque  tous  Français,  la  plupart  du  Midi,  n'étaient  pas  sou- 
cieux de  se  risquer  au  delà  des  monts  où  ils  se  savaient  peu 

ANNALES   DU  MIDI.  XXIX.  7 


gS  ANNALES    DU    MIDI. 

sympathiques,  il  contribua  sans  doute  à  fixer  au  bord  du 
Rhône  le  centre  du  monde  catholique. 

Telle  est,  brièvement  exposée,  la  vie  de  ce  pape  «  de  réputa- 
tion variable  et  de  tumultueuse  mémoire  »  que  M.  N.  Valois  a 
étudié  au  poiîit  de  vue  dogmatique,  moral,  littéraire  et  intellec- 
tuel. On  ne  saurait  mieux  faire  apprécier  le  travail  du  regretté 
savant,  le  dernier  qu'il  ait  écrit,  qu'en  en  rejiroduisant  ici 
l'éloquente  conclusion.  «  L'homme  d'esprit  vif  et  de  sens  pra- 
tique qui,  ami  de  l'étude  et  des  livres,  comprit  d'une  part 
l'utilité  des  répertoires,  de  l'autre  la  nécessité  de  recourir  aux 
textes  originaux;  qui,  en  développant  l'instruction  dans  les 
Universités,  réagit  contre  la  déplorable  tendance  des  scolasti- 
(jues  à  la  subtilité;  qui  consacra  par  le  prestige  de  l'auréole 
l'autorité  pliilosopliicpie  de  saint  Thomas  d'Aquin,  réservant 
ses  sévérités  à  l'alchimie,  à  la  magie  et  à  d'autres  formes  de  la 
superstition,  cet  homme  joua  un  rôle,  et  non  des  moindres, 
dans  le  mouvement  littéraire  de  son  siècle. 

<(  En  oiitio,  le  pontife  autoritaire  et  tenace  qui,  épris  de  dis- 
cipline, d'unité  ol  d'uniformité,  poursuivit  l'hérésie  impitoya- 
blement, jjien  (pic  sa  de^tinée  fût  d'être  à  maintes  reprises 
tiailé  d"héréli(pie  lui-même,  qui  plaça  l'obéissance,  dans  les 
de\()irs  des  religieux,  au-dessus  même  de  la  chasteté  et  de  la 
pauvreté,  (|iii  lit  sagement  consister  cette  dernière  vertu  moins 
dans  la  privation  que  dans  le  détachement  des  biens,  et  qui, 
d'il  lie  main  rude,  au  prix,  hélas!  de  bien  des  amputations, 
t'l»iii;i.  sdiiiiiil,  assagit  dans  une  certaine  mesure  l'ordre  de 
Saiiil-Fraiu;ois  atteint  de  mysticisme  exalté  et  menacé  de  désa- 
grégation, ce  pontife  exerça  une  direction  puissante  sur  la 
maiche  d<'s  idées  de  ses  conleniporaiiis. 

«  All(jns  plus  loin  encore  :  le  pape  (pii,  pénétré  de  l'impor- 
tance de  ses  droits  et  sans  reculer  même  devant  l'ellusion  du 
sang,  maiiiliiil  en  face  des  tyrans  italiens,  de  rKmj)ire  viclo- 
ii<Mi\  et  des  théoriciens  révolutionnaires,  le  principe  de  la  su- 
pn'iiialie  l(Mn])orelle  du  Saint-Siège,  si  fort  battu  en  brèche  au 
Icmps  (le  IMiilippc  le  Bel;  l'hôte  du  rocher  des  Doms,  le  reclus 
volontaire  (pii,  sans  cesser  d'aspirer  au  retour  dans  la  Ville 
éternelle,  organisa  solidement  et  magnifiquement  le  campement 


COMPTES    IIENDUS    CRITIQUES.  99 

de  la  papaulé  sur  les  rives  du  Rhône,  accrut,  sa  puissance  et  ses 
ressources,  au  risque,  nialheureuscment,  de  débiliter  les  mem- 
bres en  faisant  aflluer  vers  le  chef  une  grande  partie  du  sang  et 
de  la  sève  de  l'Église;  celui  qui  enrichit  le  corps  du  droit 
canon;  celui  enfin  (jui  recula  les  bornes  de  la  chrétienté,  sinon 
par  des  guerres  saintes,  dont  le  succès  ne  lui  inspira  longtemps 
qu'une  médiocre  confiance,  du  moins  par  l'envoi  de  mission- 
naires et  la  fondation  d'évêchés  dans  des  contrées  jusque-là  ré- 
putées inaccessibles,  celui-là  contribua  largement  à  constituer 
ce  gouvernement  centralisé,  opulent,  universel,  absolu,  qui 
devait  survivre  au  Moyen  Age,  mais  aussi,  par  sa  puissance 
môme,  susciter  tant  de  jalousies,  fournir  prétexte  à  de  si  terri- 
bles révoltes. 

«  Enfin,  dans  l'ordre  purement  religieux,  le  pieux  pontife 
qui,  pour  maintenir  la  gravité  du  chant  liturgique,  s'efforça  de 
bannir  des  cérémonies  du  culte  les  mélodies  profanes,  et  qui, 
au  moment  solennel  de  la  chute  du  jour,  éveilla  la  voix  des 
cloches,  à  laquelle  la  prière  humaine  devait  faire  écho;  celui 
([ni  définit,  ou  tout  au  moins  s'efforça  de  définir,  sur  plusieurs 
points  restés  douteux,  la  doctrine  catholique,  prenant  tour  à 
tour  l'attitude  du  docteur  infaillible  qui  tranche  les  difficultés, 
et  celle  du  maître  encore  hésitant  qui  tâtonne  et  continue  ses 
recherches,  soumis  d'avance,  ainsi  que  le  porte  sa  déclaration 
dernière,  à  la  décision  de  ses  successeurs,  celui-là  n'a  pas  été 
non  plus  sans  influence  sur  les  usages,  les  croyances  et  les  des- 
tinées de  l'Kglise.  »  Aug.  COULON. 

A.-L.  Teruvcher,  professeur  à  rUniveisilé  de  Liverpool. 
—  Étude  de  géographie  linguistique.  Les  ai- 
res morphologiques  dans  les  parlers  popu- 
laires du  Nord-Ouest  de  l'Angoumois  (1800- 
1900).  Paris,  Ed.  Champion,  1914;  in-8°de  XIY-2I18  pa- 
ges, plus  une  suite  cV Appendices,  portant  le  même  titre, 
mais  avec  le  millésime  191 2,  paginés  de  i  à  4Ô2,  avec 
lalettre supérieures.  {Bibl.  Ec.  Hautes-Études,  fasc.  212.) 


lOO  AMNALES    DU    MIDI. 

Id.  —  Les  aires  morphologiques  dans  les  par- 
1ers  populaires  du  Nord-Ouest  de  l'Angou- 
mois  (1800-1900).  Vtlas.  Paris,  Ed.  Champion  , 
191/i;  37  cartes,  dont  une  double  (complément  du 
volume  précédent). 

C'est  un  métier  que  de  faire  uu  livre,  comme  disait  l'autre, 
qui  élail  La  liiuyère.  Le  présent  ouvrage  a  dû  coûter  beaucoup 
de  soins  non  seulement  à  lauleur,  mais  au  prote.  Le  livre  se 
compose  de  trois  parties  différentes,  bourrées  de  faits,  farcies 
de  cartes  et  de  tableaux,  hérissées  de  caractères  spéciaux,  qui 
feraient  frémir  la  plupart  de  nos  imprimeurs,  habitués  aux 
bons  caractères  que  l'on  achète  par  tonnes  et  que  l'on  manie 
les  yeux  fermés. «C'est  qu'il  n'est  plus  possible  d'écrire  un  livre 
(le  linguistique  descriptive,  du  genre  de  celui-ci,  sans  demander 
à  des  sciences  voisines,  comme  la  géographie,  leurs  méthodes  et 
leurs  procédés.  L'Atlas  linguistique  de  la  France  donna  le 
branle,  au  moins  chez  nous,  à  ces  études;  depuis,  de  jeunes 
linguistes  ont  étudié  avec  la  même  méthode  et  plus  de  détails 
des  coins  peu  connus  de  notre  sol;  les  parlers  wallons  et  lor- 
rains commencent  à  être  explorés  (par  M.  Ch,  Bruneau,  maître 
de  conférences  à  l'Université  de  Nancy);  on  nous  annonce  des 
études  du  même  genre'  sur  les  pailcrs  vosgiens  par  M.  0.  Bloch; 
en  attendant  (pic  nos  parlers  du  midi  soient  étudiés  avec  le 
môme  soin,  M.  A.  Terracher  nous  olîre  les  résultats  d'une  en- 
quête longue,  patiente  vl  minutieuse  sur  les  parlers  de  l'Angou- 
mois  (Cliai(Mile)  où  \oisinent  les  di;dectes  d'oïl  et  les  dialectes 
d'oc. 

Féliritoii.s  r;nileiir  d'aNoir  rompu  ii\er  l'habitude  de  n'étudier 
(|iic  la  plimirlicpie  d'nn  parler;  il  y  a  une  écol(>  de  linguistes 
qui  ne  tiennent  (pi'à  la  phonéli(|uc,  et  qui  semblent  ignorer  la 
syntaxe,  la  morphologie,  la  lexicographie  et  autres  parties  de 
la  ;:ianin!airi'  :  il  y  a  dans  celte  conception  un  excès  certain;  il 

1.  \u  iiiomciil  Mil  nous  corrigeons  les  éprouves  de  col  article, 
MOUS  apprenons  (jnc  c(«s  études  viennent  de  paraître  sous  forme  de 
llièses  soutenues  en  Sorboiine(i-  mars  1917). 


COMPTES    RENDUS    CRITIQUES.  lOI 

est  trop  commode —  pour  des  raisons  de  méthode  —  d'extraire 
d'un  bloc  une  seule  partie  que  l'on  étudie  d'après  des  procédés 
le  plus  souvent  trop  purement  descriptifs;  avec  la  morphologie 
et  la  syntaxe  on  pénètre  davantage  dans  l'élude  de  ces  phé- 
nomènes d'ordre  si  divers  qui  contribuent  à  l'évolution  des 
langues;  on  sort,  pour  ainsi  dire,  de  la  physiologie  pour  entrer 
dans  la  psychologie.  Peut-être,  d'ailleurs,  M.  Terracher,  dans 
son  goût  marqué  pour  la  morphologie,  a-t-il  trop  négligé  la 
phonétique;  il  a  eu  roccasion,  en  étudiant  les  parlers  de  cin- 
quante communes  de  l'Angoumois,  de  faire  des  observations 
intéressantes;  elles  sont  résumées  en  quelques  pages  (p.  8i- 
85);  il  n'aurait  pas  été  difficile  de  les  multiplier  et  de  nous  of- 
frir en  raccourci  un  tableau  de  la  phonétique  dos  parlers  étu- 
diés. L'étude  morphologique  n'y  aurait  rien  perdu;  elle  y  aurait 
même  gagné,  par  endroits,  en  précision  et  en  clarté. 

M.  Terracher,  ayant  observé  de  nombreux  phénomènes  de 
désagrégation  des  parlers  angoumois,  des  contaminations,  etc., 
s'est  demandé  à  quel  facteur  principal  étaient  dus  ces  change- 
ments, et  il  l'a  cherché  et  trouvé  dans  l'influence  des  mariages  et 
surtout  des  intermariages.  Les  explications  ordinaires  ne  lui  ont 
pas  paru  suffisantes  :  l'influence  du  français  littéraire,  des  jour- 
naux, de  l'école,  du  régiment  n'explique  pas  tout,  et  d'ailleurs 
elle  n'a  pas  été  étudiée  dans  le  détail  :  c'est  l'oreiller  commode 
d'une  dialectologie  facile;  les  limites  administratives  ou  ecclé- 
siastiques anciennes  —  qui  peuvent  peut-être  expliquer  l'ori- 
gine des  grands  dialectes,  si  tant  est  qu'on  puisse  s'exprimer 
ainsi!  —  ne  rendent  pas  compte  non  plus  des  changements  ob- 
servés; la  linguistique  ne  connaît  guère  les  divisions  admi- 
nistratives, mais  beaucoup  de  limites  ])olitiques  ont  été  fixées 
d'après  la  langue.  La  géographie  linguistique  emploie  une  mé- 
thode plus  sûre  :  en  étudiant  les  rapports  qu'ont  entre  eux 
certains  villages  ou  certains  groupes  de  villages,  en  tenant 
compte  des  moyens  de  communication,  de  l'orientation  des 
vallées,  de  l'isolement  des  plateaux,  etc.,  on  s'aperçoit  que  les 
changements  linguistiques  ne  sont  pas  dus  au  pur  hasard, 
mais  qu'ils  sont  souvent  conditionnés  par  des  facteurs  humains 
qu'il  n'est  pas  impossible  de  dégager.  Parmi  ces  facteurs,  un 


I02  A>'NALES    DU    MIDI. 

des  plus  importants  est  pour  M.  ïcrracher  celui  des  mariages 
et  surtout  des  intermariages.  L'enquête  minutieuse  qu'il  a 
poursuivie  dans  l'état-civil  de  cinquante  communes  donne  rai- 
son à  sa  méthode;  et  quelle  enquête  et  quelle  minutie!  Était-il 
vraiment  la  peine  d'imprimer  45o  pages  de  statistiques?  Et 
n'aurions- nous  pas  fait  crédit  à  la  conscience  de  l'auteur? 

M.  Terracher  a  insisté  à  plusieurs  reprises  sur  l'excellence  de 
sa  méthode;  elle  n'est  pas  nouvelle,  si  on  en  juge  par  l'abon- 
dante bibliographie  (piil  nous  donne  plusieurs  fois  sur  le 
sujet;  mais  c'est  la  première  fois,  croyons-nous,  qu'elle  est 
appliquée  avec  cette  vigueur  et  cette  ampleur  à  l'étude  des  par- 
lers  romans,  du  moins  en  France.  Nous  en  reconnaissons  avec 
l'auteur  l'excellence,  mais  nous  nous  associons  aux  restrictions 
qu'il  apporte  dans  son  dernier  chapitre  à  ce  qui  nous  avait  paru 
trop  rigoureux  et  trop  affîrmatif,  pendant  que  nous  lisions  les 
chapitres  précédents.  «  Malgré  ces  réserves,  les  coïncidences 
d'ensemble  et  de  détail  entre  le  mouvement  matrimonial  et  la 
résistance  ou  la  désagrégation  morphologique  du  nortl-ouest  de 
l'Angoumois  au  xix'  siècle  me  semblent  subsister.  Si  pauvres 
que  soient  les  phénomènes  ici  observés,  si  borné  que  puisse 
être  dans  l'espace  et  dans  le  temps  le  champ  de  cette  étude,  on 
m'accordera,  j'espère,  que  ces  coïncidences  sont  précises  et 
qu'elles  sont  constantes.  Simples  coïncidences?  Peut-être;  mais 
c'est  parce  qu'elles  sont  constantes  et  précises  que  l'on  est  fondé 
à  attribuer  aux  inlerniariages  le  rôle  (Vinlcrmédlnirc  humain 
co/islani  ri\[rv  le  langaiJ^'c  cl  r(Misenil)l('  des  l'ails  (pii  agissent 
sur  sa  réj)artition.  »  (P.  ■.i:>.<^.)  On  ne  saurait  mieux  dire,  et  nous 
nous  associons  à  ces  conchisions  ;  il  faut  d'ailleurs  aller  encore 
plus  loin;  les  inlerniariages,  surloiil  l'récjuents  et  constants 
dans  la  même  zone,  ne  sont  |)as  dus  au  hasard  ;  ici  intervient 
de  nnnveau  la  géograplii(>  non  pas  linguisticpie,  mais  la  géogra- 
|)hie  pureiiKMit  humaine;  les  marchés  et  les  foires,  les  facilités 
des  rclalidiis  ((imiiKM-cialcs  ou  agricoles,  tout  ce  (|ui  fail  la  vie 
active  dc^  canq)agncs  contribuent  largement  aux  «  inlernia- 
riages ))  ;  et  ce  seuil  aussi  des  «  inteiniédiaires  humains  cons- 
tants »  ;  c'est  l'eMiseiiihle  de  ces  laits  d'ordre  psychologique  (pii 
amène  révnluiioii   des   langues  :  dans  (pielle  mesure  chacun 


COMPTES    RENDUS    CRITIQUES.  Io3 

d'eux  y  contribue,  c'est  ce  qu'il  n'est  pas  facile  d'établir  tou- 
jours mathématiquement;  mais,  même  si  on  devait  l'aire  des 
reserves  sur  la  méthode  employée  par  M.  Terracher  (il  faudrait 
voir  par  exemple  ce  que  donnerait  cette  méthode  appliquée  à 
des  langues  de  pays  roman  ou  non  dont  les  conditions  géo- 
graphi(iues,  économi(iues,  politiques  ou  intellectuelles  seraient 
très  diflerentes  de  celles  d'une  province  française  de  vieille  cul- 
ture), il  semble  bien  ([ue  l'intermariage  joue  dans  le  «  devenir  » 
des  langues  un  rôle  des  plus  considérables.  Ce  n'est  pas  un 
mince  mérite  d'avoir  établi  cette  vérité  pour  une  partie  du 
domaine  français,  même  au  prix  d'un  très  gros,  trop  gros 
volume'.  J.  Anglade. 


I.  Il  y  aurait  des  observations  intéressantes  à  faire  sur  les  parlers 
qui  sont  sentis  socialement  supérieurs  à  d'autres  par  les  paysans 
illettrés  ;  mais  la  question  que  M.  Tcrraclier  effleure  plusieurs  fois 
est  bien  compliquée  et  difTicile.  Je  n'aime  pas  trop  les  expressions 
«  moins  patois  »  et  «  plus  patois  »,  qui  reviennent  souvent  ;  quant  au 
mot  «  provençal  ».  il  est  bien  gênant,  même  avec  des  guillemets, 
comme  l'écrit  M.  Terracher. 


RK\  l  E  DES  PÉRIODIQUES 


PÉRIODIQUES  FRANÇAIS  MÉRIDIONAUX 

Lozère. 

BuUelin  Iriniesfriel  dr  la  Soriélé  (Tagrirulfiire,  industrie, 
sciences  et  arts  du  département  de  la  Lozère,   191 1-19 13': 

i"  Archives  géraudnnaises ,  t.  II  (en  cours  depuis  1909). 
V.  iSq-^Si.  Coniniandnnt  Pt.iqle.  Procès-verbaux  inédits  des  délibé- 
ralioris  des  Étals  du  Ciévaudan  (i56'j-i588).  [Supplément  à  la  publi- 
cation des  procès-verbaux  faite  par  F.  André  de  iN7()  à  1882.]  — 
P.  333-4o.  C.  lînuxEL.  Courte  chronique  des  actes  d" Aldebert  IH, 
é\r(iu('  (le  Mciide.  [Traduction  française  du  texte  latin  publié  par 
le  même  auteur  à  la  suite  de  son  édition  des  Miracles  de  aninl  Pri- 
vai (igi-î).  Quelques  nouvelles  corrections  sont  apportées  au  texte 
original.  Ch.  iî,  proprinin  \nenin.  mon  l)ien  propre,  paraît  bien  être 
une  faute  pour /j/"op;-/V(/»  nmrani.  qui  s'accorde  mieuxaveclecontexte. 
S'il  eu  est  ainsi,  ce  qui  est  dit  de  l'auteur  de  la  chronique  serait  à 
reprendre. [  —  P.  ■i'i!-8'|.  D'  J.  IUiujot.  Chanac.  Chef-lieu  de  can- 
ton du  département  de  la  Lozère.  [Notes  historiques  sur  une  petite 
localili'  (|ui  a  joné  \\\]  lôle  important  dans  l'histoire  locale.]  — 
P.  aSô-ga.  D'  .1.  lUimoT.  Nouveauxdocuments  sur  l'histoire  de  ren- 
seignement dans  le  diocèse  de  Mende.  [Addition  à  une  publication 
du  même  anicur  parue  en  1910  (p.  137  du  même  volume).  Créa- 
lion  irunc  école  à  Moiilbrnn  (i7()8).  Notes  sur  les  écoles  de  La  (]a- 


I.  (ir.  Aiiniilrs.  nji:2,  I.  \\l\.  p.  i:ii.  bc  lîullcliii  de  relie  S()ci(''l('  est 
ciimposé  (If  la  réunion  sous  une  même  couvcrlure  cl'iui  certain  nombre  de 
feuilles  non  l)rocli('es,  <|ui  apparliennonl  à  divers  ouvrages  donl  la  publica- 
lion  se  poursuit^simullani'inenl .  Parmi  ceux-ci,  les  Procès-i'erbnux des si'ances 
ri  nijricnlUirr,  cjui  lormenl  \ui  volume  par  an,  ne  contiennent  rien  qui  soit  à 
ri'lever  ici.  Les  autres  sunl  iniHi|ués  dans  le  dépouillement  qui  s\iil. 


PÉRIODIQUES    FRANÇAIS    MERIDIONAUX.  Io5 

iioiirgiie  à  répoquc  révoliilioniiairc.  Il  vaudrait  mieux  donner 
des  études  approfondies  que  de  publier  ainsi  des  notes  au  hasard 
des  découvertes.]  —  P.  agS-Siô.  J.-B.  Delon.  Société  populaire  de 
Mcyrucis.  [Extraits  des  procès-verbaux  des  séances.] 

2"  Chronique  et  Mélanges,  t.  Il  (en  cours  depuis  1909). 
P.  129  3o.  P.  A[gulhon].  Quelques  mots  sur  deux  arrièrc-petils-ne- 
veux  d'Urbain  V.  Les  Borbal  de  Combret.  [Quelques  mots  pour 
signaler  que  le  colonel  Borbal  de  (Jombret  se  rattache  à  la  famille 
du  pape  gévaudanais  Urbain  V.)  —  P.  i3o-4.  P.  A.  Nouvelles  d'il  y 
a  cent  ans  en  Lozère.  [Résumé  du  Journal  de  la  Lozère.]  —  P.  i34  7. 
E.  Rémy.  Quelques  renseignements  sur  le  couvent  des  Carmes  de 
Mende  d'après  les  Miscellaneaaiqiie  coUecianea  du  P.  Bulle.  [D'après 
les  mss.  1 768-1 771  de  Dijon.]  —  P.  i38-4o.  Anonyme.  Épitaphe 
relevée  sur  deux  pierres  tombales  existant  dans  l'ancienne  chapelle 
des  Capucins  de  Mende.  [Inscriptions  tumulaires  en  latin  de  Jean 
de  Baglion,  comte  de  La  vSalle,  et  de  sa  femme  Catherine  Aumai- 
tre,  baronne  de  Saint-Marcel  (xvui"  s.).  Traduction  française.]  — 
P.  i4o-2.  A.  SoLANET.  Scrmcnts  et  mort  de  l'abbé  Jean  Tourne- 
mine,  curé  de  Florac  à  la  Révolution  de  1789.  [Résumé  par  l'auteur 
d'une  étude  parue  dans  la  Semaine  religieuse  du  diocèse  de  Mende, 
1910.)  —  P.  145-9.  P.  Agulhon.  Nouvelles  d'il  y  a  cent  ans  en  Lo- 
zère. —  P.  i5o.  Et.  Fages.  Origine  du  nom  des  Cévennes.  [D'après 
D'Arbois  de  Jubainville  et  MM.  Dottin  et  Jullian.  L'auteur,  ancien 
archiviste  de  la  Lozère,  est  mort  depuis  pour  la  France.]  —  P.  i.5i-4. 
D'  Barbot.  Bibliographie.  [Suite  annuelle  d'une  très  utile  entre- 
prise. Il  est  indispensable  d'apporter  à  cette  tâche  une  absolue  pré- 
cision bibliographique.]  —  P.  iSS-g.  J.  D'Esparron.  Une  députa- 
tion  du  Collège  électoral  de  la  Lozère  chez  l'empereur.  1813.  — 
P.  139-61.  É.  Fages.  Anderilum.  [Aujourd'hui  Javols.  Etymologie  et 
explication  par  la  présence  d'une  station  thermale  du  choix  de  cet 
emplacement  pour  y  établir  la  capitale  de  la  cité  des  Cabales.]  — 
P.  161-3.  E.  Fages.  Un  manuscrit  nouveau  de  la  vie  de  Saint-Hi- 
lairede  Gévaudan.  [Indication  du  ms.  171 1  de  la  Mazarine.  xi""  siè- 
cle.] —  P.  i63.  P.  Agulhon.  Plan  cavalier  de  la  ville  de  Mende  au 
xvi"  siècle.  [Dessin  imaginé  par  l'auteur.  Enfantillage.]  —  P.  i65-8. 
J.  D'Esparron.  Un  député  lozérien  à  la  fête  du  i"  vendémiaire 
an  IX  à  Paris.  [Paradan,  conseiller  général  de  la  Lozère.]  —  P.  169-74. 
P.  Weyd.  Quelques  mots  sur  les  inondations  et  les  éboulements 
en  Lozère.  [Liste  de  1706  à  nos  jours.]  —  P.  170-87.  Ponceau.  Chap- 


lOfi  ANNALES    DU    MIDI. 

tal.  [Discnursde  dislribulioii  de  prix  prononcé  au  collège  de  Mende.) 
—  P.  189.  Bail  à  ferme  des  eaux  de  Bagnols  en  1769.  [Extraits 
d'un  acte  notarié.]  —  P.  189-90.  Vente  de  la  maison  commune  de 
Mende.  [Publication  de  l'acte  (1791).]  —  P.  191-3.  D"^  J.  Barbot. 
Quelques  anciens  droits  seigneuriaux.  [D'après  des  minutes  de 
notaires,  whi'  s.]  —  P.  192-6.  D"^  J.  Barbot.  Bibliographie.  — 
V.  197-204.  L,.  CosTECALDE.  Découvcrtc  du  cimctière  dc  Saint-Iljjide 
à  Mende.  [Dizaine  de  tombes  du  Moyen  âge.]  —  P.  2o5-i2.  C.  Bru- 
NEL.  Leçons  des  offîccs  des  saints  du  Gévaudan  dans  le  bréviaire 
de  Mende  de  i542.  [D'après  l'exemplaire  unique  conservé  par 
M.  G.  Baudrier,  de  Lyon.]  —  P.  21  2-3.  L'église  dc  Florac  en  1578. 
[Acte  dc  prise  de  possession  de  la  cure.]  —  P.  2i3-6.  Agrandissc- 
menl  de  l'église  de  Florac  en  168G.  [Devis  à  la  suite  des  nouvelles 
conversions.]  —  P.  216-8.  D'^J.  Barbot.  Drayes  et  anciens  chemins, 
[lieievé  des  dénominations  :  chemin  ferré,  draye,  drayelte,  estrade, 
chalsade,  cami  Boumiou,  d'après  quelques  cadastres.] —  P.  218-20. 
A.  MATinia.  Le  colonel  Borrelii  de  Serres.  [Né  à  Mende  en  i836, 
originaire  d'iuie  famille  de  \illefort.]  —  P.  231-66.  L.  Costecalde. 
Anciennes  églises  du  déparlcmenf  de  la  Lozère  antérieures  au 
w"  siècle.  [Liste  utile,  inais  peu  sûre.]  —  P.  267-70.  E.  Bosse.  In 
Lozérien  inhumé  dans  la  cathédrale  de  Beims.  [L'abbé  Etienne 
Blanquel  de  Bouville,  1768-1838.]  —  P.  270-2.  D"^  J.  Barbot.  Biblio- 
graphie. [Souhaitons  que,  le  volume  une  fois  achevé,  la  Société  ne 
persévère  pas  à  publier  ce  recueil  de  broutilles.] 

3"  Oiirragrs  iii(l/'pc/i(h/iils. 

Conimandaiil  Pi,ioi  e.  Il'u^loirc  de  lu  iiKirrrliniissi'e  du  Gévniulnn,  1911- 
1913,  i9'i  p.  [Etud(>  sérieuse  et  soignée,  sur  un  sujet  neuf.  Malheu- 
reusement, l'auteur  suit  pas  à  pas  l'ordre  chronologique  et  ne 
nous  fait  grâce  d(^  l'achat  de  la  ninindre  casatjue:  la  lecture  de  son 
ouvrage  est  i)énible.  et  les  grandes  lignes  se  p(M(lent.  Pièces  justi- 
ficatives (  1 55,")- 1 789 ). ] 

Pniii:i;.  Ilhulca  d'IiisUtirc  cl  (l'firclti'idotjic  sur  le  Crvunddix  (en  cours 
depuis  1908).  —  P.  217-66.  La  domination  aragoiiaise  en  (îévaudan 
(suite).  [Fin  de  l'étude  et  pièces  Justificatives.  Dénombrement  des 
domaines  du  roi  d'Aragon  en  Cévaudan  (1217-8).  Enquêtes  sur  les 
«Iroils  (les  rois  d'Siagon  en  (îévaudan  (1262  et  1275).] --  P.  267-80. 
I  ne  p^tiido  (()ri><piiiili()n  contre  Odilon  dc  Mercœur  [évèquc  de 
Mende]  i  \A\^).  [D'après  un  fragment  d'enquête  publié.]  —  P.  281- 
3f8.  Le  jirocès  du  paréage  dc    i3o7   f''    '<^   fonds  dc  ce  procès  aux 


PERIODIQUES    FRANÇAIS    MERIDIONAUX.  IO7 

Archives  de  la  Lozère.  [Guide  indispensable  pour  utiliser  les  nom- 
breux documents  de  ce  grand  procès.  Il  est  fâcheux  d'avoir  changé 
de  caractères  d'imprimerie  et  de  papier  au  milieu  d'un  volume. 
A  suivre.]  C.  B. 

Pyrénées-Orientales. 

I.  Ruscino,  t.  IV,  191 4. 

P.  1-44,  129  76,  397-472.  P.  ^"|DVL.  Correspondance  inédite  de  Parchi- 
visteAlart  et  du  général  Callier.  [Suite.  \.  Ruscino,  191 3,  p.  195-220. 
Cette  correspondance  a  trait  à  la  fixation  de  la  frontière  des  Pyré- 
rénées,  trop  vaguement  délimitée  au  traité  de  1669.  On  y  trouve 
des  documents  d'un  réel  intérêt  concernant  principalement  le 
Moyen  âge.  M.  Vidal  en  poursuivra  la  publication  dans  les  numé- 
ros suivants  de  Ruscino.]  —  P.  45-72.  .\bbé  .1.  Gibrat.  Le  Prieuré  de 
Saint-Feliu-d' Amont  [Étude  bien  documentée  sur  ce  prieuré  fondé 
vers  l'an  1100.]  —  P.  78-86.  D'^  L.  FoxNtaine.  La  lutte  contre  les 
épidémies  pendant  et  après  la  peste  de  Provence.  [Processions  de  la 
Confrérie  de  la  Sanch,  du  Tiers-Ordre,  surveillance  des  portes  de 
la  ville  pour  empêcher  l'entrée  des  étrangers  suspects  de  porter  la 
contagion,  règlements  d'hygiène  municipale,  création  d'un  bu- 
reau de  santé,  etc.]  —  P.  89-99.  R-  ^^  Lacvivier.  Documents  iné- 
dits antérieurs  à  l'année  1790.  Le  siège  de  Perpignan  de  i542  et  le 
Livre  vert  d'Elne.  [Sur  la  feuille  de  garde  de  la  fin  du  Livre  vert 
d'Elne,  un  consul  d'Elne  a  consigné  en  i544  ses  impressions  sur 
le  siège  de  Perpignan  qui  fut  un  échec  pour  le  Dauphin  (i542). 
Document  publié  :  Lettres  patentes  créant  le  marfpiisat  d'Oms 
i^l^l)-]  —  r*-  ï 77-2 17-  lu-  Le  Livre  vert  d'Elne  et  les  deux  sacs  des 
archives.  [M.  de  Lacvivier  possède  une  analyse  faite  pièce  par  pièce 
de  tous  les  documents  insérés  dans  le  Livre  vert  d'Elne.  11  publie 
cette  analyse,  qui  doit  dater  du  xvui'^  siècle;  les  documents  pu- 
bliés se  rapportent  aux  années  1872  à  i5o6  inclusivement.  A  la 
suite,  analyse  du  contenu  des  deux  sacs  qui  formaient,  au 
xvn'  siècle,  le  dépôt  des  archives  d'Elne.]  —  P.  218-30.  P.  Vidal. 
Ambroise  Paré  à  Perpignan.  [A.  Paré  était  dans  l'armée  du  Dau- 
phin qui  assiégea  vainement  Perpignan  en  i542  ;  il  raconte  com- 
ment il  soigna  avec  succès  M.  de  Brissac,  grand-maître  de  l'artil- 
lerie, blessé  d'un  coup  d'arquebuse,  et  un  soldat  qu'il  était  im- 
possible de  sauver.]  —  P.  229-896.  H.  Auagox.  Les  vestiges  de 
Ruscino.  [L'auteur  réédite,  en  les  complétant,  les  renseignements 


I08  ANNALES    DU    MIDI. 

qiril  nous  a  donnés  sur  les  trouvailles  faites  à  Ruscino.  dans  son 
ouvrage  intitulé  Le  Bilan  des  fouilles  de  Ruscino,  dont  nous  avons 
publié lecomptc rendu.  Cf.  Annales.  1916,1.  XXVlII,p.  37iet5i4.]  — 
P.  47.3-80.  F.  BauOxN.  La  nomination  de  Galceran  Albert  aux  évê- 
chés  d'Elnc  et  de  Majorque  (i425-i432).  [Intéressants  détails  sur  la 
façon  dont  G.  Albert  fut  enfin  nommé  à  révêché  d'Elne  en  i43i, 
grâce  à  l'appui  dWIphonse  V  d'Aragon,  après  n'avoir  pu  obtenir 
cet  évêché  du  pape  Martin  \  .  en  l'jaS,  non  plus  que  celui  de  Ma- 
jorque en  1/139].  ^'"  ^' 

II.  Société  agricole,  scientifique  et  littéraire  des  Pyrénées- 
Orientales,  t.  LV,  iQi/j. 

P.  1-2 1.  P.  Masnou.  Quelques  scribes  et  enlumineurs  roussillonnais 
du  xv°  siècle.  [Données  sur  ce  qu'était  l'artiste,  sa  manière,  la  va- 
leur de  l'œuvre  et  son  gain.]  —  P.  a3-3.55.  .T.  Fhkixe.  Le  Passage 
de  Perlhus(i790-i878).  [Suite  de  l'imposant  travail  de  M.Freixe.  Le 
Bulletin  de  191/»  ne  relate  que  les  événements  de  1790  à  1810.  La 
dernière  partie  sera  publiée  ultérieurement.]  —  P.  307-63.  F. -P. 
Thieks.  Sur  les  origines  du  château  de  Caladroi.  —  P.  365-8i. 
Ph.  Toiuu.u.LEs.  La  difTusion  du  français  après  l'annexion  (1660- 
1700).  [Importante  contribution  à  l'histoire  de  la  francisation  du 
Hnussillon.  Après  l'annexion,  le  gouvernement  français  songe  de 
suite  à  gagner  les  générations  naissantes  par  l'école.  Le  collège 
fondé  par  les  .lésuites.  les  écoles  primaires  que  les  consuls  n'éta- 
blirent point  malgré  les  ordres  du  roi,  mais  qu'organisèrent  les 
curés,  firent  pénétrer,  moins  de  vingt  ans  après  la  conquête,  le 
français  dans  les  classes  aisées.]  M.  S. 

Var. 

I.  Bulletin  (te  l'Académie  du   \(ir,  LWIX'  année,  191 1. 

Néant.  —  LXXX*  année,  1912. 

P.  iii-Tti.  D'  \.  H\r.KiN.  Etude  comparative  des  budgets  de  la  ville  de 
Toulon  dans  les  aimées  181 9.  i843,  1912.  [Uéllexions  assez  som- 
maires sur  les  charges  comparées  aux  chillres  de  populaliou  (elles 
ont  prescpie  lri])lé  depuis  environ  un  siècle),  sur  les  principales 
sources  de  receltes  (octrois,  patentes,  location  des  places  aux  mar- 
chés, li;'lles  cl  <'iii|)lacements,  concessions  de  terrain  au  cime- 
tière, etc.),  sur  les  dépcMises  (arignientalion  des   frais   d'adminis- 


PÉRIODIQUES    FRANÇAIS    MERIDIONAUX.  lOQ 

tration,  service  des  pensions  de  rclrailc,  budget  de  rinstruciiori 
publique,  subvention  au  directeur  du  tliéâtrc,  œuvres  d'assistance, 
bureau  de  bienfaisance, etc.)  Les  budgets  de  iSiget  i8/|5  sont  équi- 
librés sans  emprunts;  depuis  1881,  ces  emprunts  s'élèvent  à  la 
somme  de  18  millions  867.700  francs.  Ils  ont  été  contractés  non 
seulement  pour  exécuter  des  travaux  d'assainissement,  créer  des 
écoles,  favoriser  des  œuvres  d'hygiène  et  d'utilité  générales,  mais 
«  trop  souvent...  pour  combler  un  déficit  imputable  à  une  mau- 
vaise administration,  à  l'incurie  et  à  l'imprévoyance  ».\ 

LXXXP  année,  icjiS.  Néant.  —   LXXXII-LXXXIIP  an- 
nées, 1914-191Ô. 

P.  G'j-i23.  J.  Parks.  Une  ambassade  hindoue  à  Toulon  (juin  1788). 
d'après  les  gazettes  du  temps  et  des  documents  inédits.  [Il  s'agit 
de  l'ambassade  envoyée  à  Louis  \M  par  Tippou-Sahib,  afin  de 
conclure  une  alliance  offensive  et  défensive.  Les  ambassadeurs 
hindous  arrivèrent  à  Toulon  le  9  juin  1788  et  y  séjournèrent  jus- 
qu'au 21  juin.  Us  se  réembarquèrent  à  Brest  le  11  octobre,  après 
avoir  échoué  dans  leur  mission.  M.  P.  donne  d'après  les  Archives 
de  la  marine,  à  l'arsenal  de  Toulon,  les  détails  de  la  note  à  payer.] 

V.-L.  B. 

II.  Bulletin  de  la  Société  d'études  scientifiques  et  arcfiéo- 
logiques  de  Draguignan,  t.  XXIX,  191 2-1910. 
P.  x-xvi.  A.  DE  Sapouta.  De  Montpellier  à  Aicc  en  1768.  Itinéraire 
d'un  Anglais.  [L'Écossais  Smolett  récrimine  surtout  contre  le 
manque  de  confort  des  auberges  provençales.]  —  P.  xxu-xxvni, 
i.xxn  Lxxni.  Mireur.  Le  port  du  manteau  et  du  voile  interdit  aux 
courtisanes  au  Moyen  âge,  sentence  du  juge  royal  de  Barjojs  (fin 
du  xiV  siècle).  [Reproduction  avec  commentaire  d'un  texte  frag- 
mentaire tiré  des  archives  de  Barjols  (Var).]  —  P.  xxx-xxxvni. 
A.  OuRSOu.  La  jeunesse  de  Gaspard  de  Besse.  [Gaspard  Bouïs,  né  à 
Besse  le  9  février  1707.  C'est  le  Mandrin  provençal  ;  ses  premiers 
exploits  dans  les  environs  de  Besse.]  —  P.  xlu-xlvi.  Masse.  Un 
procès  politique  dans  le  Var  après  les  Cent  Jours.  [Poursuites  in- 
tentées contre  un  certain  nombre  d'habitants  de  Saillans  (Var), 
pour  le  rôle  joué  pendant  les  Cent  Jours.]  —  P.  xlix-liv.  D'  Guiard. 
Un  médecin  dracénois  du  xv"  siècle.  [Antoine  de  Prat,  originaire 
de  Sisteron,  établi  à  Draguignan  vers  la  fin  du  xiv  siècle  et  mort 
vers  1433.]  — P.  Liv-LX.  Comte  de  Grasse.  La  chèvre  de  Cabris  et 


IIO  ANNALES    DU    MIDI. 

((loi  cabrioun»  do  Tanaron.  — P.  lxv-lxvi.  A.  Barbier.  Les  prôtrcs 
soptuag-énaires  prisonniers  dans  le  déparlcmcnt  du  Yar  à  Bona- 
parle.  [Texte  d'une  lettre  écrite  peu  après  le  1 8  brumaire  an  Mil.] 
—  P.  Lxxni-i>xxv.  Toi;cAS.  Une  inondation  à  Belgentier  en  iG5i. 
[Crue  extraordinaire  du  Gapeau  qui  noie  44  personnes,  8  septem- 
bre i65i.]  —  P.  Lxxxi-Lxxxviu.  É.  PoupÉ.  A  propos  d'Artefeuil. 
[Publie  six  lettres  et  deux  quittances  du  graveur  Coussin  écrites 
entre  le  a'»  novembre  175G  et  le  4  mars  1708  et  adressées  à  l'auteur 
d'une  Histoire  héroïque  el  universelle  de  la  noblesse  de  Provence 
publiée  en  1737-1759.  Vrtefeuil  est  un  pseudonyme  et  celte ///i/o/re 
est  une  entreprise  de  librairie  el  non  une  œuvre  consciencieuse 
d'érudition.] —P.  xci-xcui.  A.  BAUBtER.  Arrestations  du  courrier 
d'Aix  à  Nice  au  début  du  Concordat.  [Cinq  arrestations  en  deux 
ans,  3i  déc.  1799-25  octobre  i8oo.(  —  P.  xcvi-cr.  A.  Etienne.  Les 
majorais  du.  premier  Empire  inscrits  à  Draguignan.  — P.  cv-cxii. 
Histoire  d'un  calendrier  liturgique.  [A  propos  d'un  calendrier  ec- 
(•lésiasli(|ue  à  l'usage  du  diocèse  de  Fréjus  pour  l'année  1801,  saisi 
chez  iMi  imprimeur  de  Draguignan  le  29  déc.  1800.]^ — P.  cxiv-cxv. 
F.  Miiuxii.  La  gratuité  de  l'instruction  au  Val  (Var)  en  1681.  [D'après 
uneordonnance  municipaledu  i''i  sept.  1681.]  —  P.cxvii-cxix.Comte 
de  Grasse.  Une  épizootie  de  fièvre  aphteuse  à  Cavaillon  en  1C82.  [E.x- 
trail  du  Livre  de  raison  de  messire  .lean  Gaspard  de  Grasse,  cha- 
noine de  Cavaillon,  à  la  Bibliothèque  d'Avignon.] — P.  cxxii-cxxiii. 
F.  MiuEUR.  Le  plus  ancien  registre  d'actes  de  Pétat  civil  du  dépar- 
tement. [C'est  le  registre  de  catholicité  de  la  cathédrale  de  Toulon, 
i5i5-i52G.]  —  P.  3-20.  Capitaine  Pou AHER.  Lcbarond'Azémar,  second 
préfet  du  Var,  1806-181 1.  [Donna  à  Draguignan  une  place  publique 
et  une  promenade  qui  rappellent  aujourd'hui  son  nom;  encoura- 
gements aux  cidlures;  portrait;  cf.  un  compte  rendu  sommaire. 
Annales,  ujiS,  t.  WVII,  p.  i;>7.|  —  P.  ai-223.  F.  Miheir.  Le  cou- 
vent royal  des  Frères  Préciieurs.  [ llistoric{ue  détaillé  depuis  le 
milieu  du  xiir'  siècle  jusqu'à  la  Hévolulion  ;  description  du  domaine 
nionaslique  et  des  bâtiments,  l'église  el  le  couvent  (aujourd'hui 
place  (Jaudc-Gay);  liste  des  prieurs  et  des  religieux.]  —  P.  225-G3. 
(lornle  de  Gkasse.  La  Criiicpiedu  .Nobiliaire  et  la  famille  de  Grasse. 
[Montre  les  erreurs  dont  fourmille  la  Critique  du  Nobiliaire  de 
Provence  de  l'abbé  llnberl,  attribuée  à  Barcilon  de  Mauvans.  au 
sujet  iiotanuiienl  tie  la  lainillc  (le  (jrasse.] 


»  PÉRIODIQUES    FRANÇAIS    MERIDIONAUX.  III 

Tome  XXX,  191 4- 191 5  (paru  en  191G). 

V.  \i-\v.  Z.  d'Aginel  d'Acigné.  Les  ruines  do  San-Luen  au  Muy. 
(Description  de  ces  ruines  dalatil  de  l'époque  préliislorique,  de  la 
période  gallo-romaine  et  de  l'ère  cluélienne.  San  Luen  =  Saint 
Léonce.]  —  P.  xviu-xxiv.  E.  Masse.  La  mort  de  Martin  Bidouié. 
Les  responsabilités.  [Reproduit  une  lettre  du  capitaine  Érard, 
commandant  le  détachement  des  troupes  restées  à  Aups  au  mo 
ment  de  l'exécution  de  Martin  Bidouré  on  décembre  i85i  :  ce  n'est 
nullement  sur  l'ordre  du  préfet  Pastoureau  que  l'exécution  fut 
faite,  mais  à  la  suite  de  l'intervention  du  maire  d'Âups.]  — 
1*.  x\vi-xx\i.  M.  Sagot-Lesage.  L'ancien  château  de  Bormes. 
Fouilles  et  découvertes.  [L'auteur,  propriétaire  du  château,  a  dé- 
blayé les  ruines  d'une  chapelle  et  exhumé,  entr'autres  débris,  un 
cercueil  de  plomb  contenant  les  restes  de  Gaspard  de  Cauvet,  mar- 
quis des  îles  d'Or,  baron  de  Bormes,  mort  en  1CO8.]  —  P.  xxxnt-XL, 
xui-Lii,  Lx-Lxxin.  L.  Honoré.  L'instruction  publique  à  Bormes 
(1640-191/4).  [Importante  étude,  d'après  les  ai'chives  communales 
de  Bormes  (Var).  Liste  du  personnel  entre  ces  deux  dates.]  — 
P.  Lxxvi-Lxxvn.  Z.  d'Agnel  D'AcrGMi.  La  vérité  de  la  légende  de 
Saint-Hermentaire.  [Saint  Hermentaire.  patron  de  Draguignan, 
aurait  réellement  délivré  la  région  d'un  dangereux  reptile.)  — 
P.  XGi-ciii.  É.  PoLPÉ.  Lettres  de  l'abbé  Montjallard,  curé  de  Bar- 
jols,  député  h  l'Assemblée  constituante.  [Reproduit  trois  lettres 
de  l'abbé  député  et  une  lettre  de  son  collègue  Rigouard,  adressées 
à  Trucy,  maire  de  Barjols,  et  datées  des  i"  et  20  septembre, 
5  novembre  et  17  septembre  1789.]  —  P.  cvui-cxni.  F.  Mireur.  Con- 
trats d'apprentissage  pour  le  métier  de  tisserand  en  i565  et  i566. 
Participation  de  l'apprenti  aux  bénéfices.  [Commente  deux  textes 
tirés  des  archives  de  notaires.]  —  P.  cxvi-cxx.  Z.  d'Agnel  d'Acigné. 
Les  antiquités  du  Vérignasc.  [Quartier  aux  environs  du  Muy; 
quelques  débris  d'inscriptions  latines.]  —  P.  cxxni-cxxvi.  Adrien 
GuÉBHARD.  Découvertes  de  Castelars  dans  les  départements  du  Var 
et  des  Basses-Alpes.  —  P.  cxxx-cxxxiv.  É.  Poupé.  Un  ambassadeur 
turc  au  Beausset  en  1741-  [Il  s'agit  de  Saïd-Mehémet  pacha,  envoyé 
en  France  en  1741-1742;  il  s'arrêta  au  Beausset  en  allant  vers  Paris 
au  début  de  novembre  1741] 

P.  1-79.  É.  Poupé.  La  Cour  prévôtale  du  Var,  1816-1818.  [Étudie 
d'abord  l'organisation  et  le  fonctionnement  de  la  Cour  prévôtale 
et  passe  en  l'evue  les  différentes  affaires  qui  y  fui-ent  jugées,  pour 


112  ANNALES    DU    MIDI. 

vols,  contrebande,  tentative  d'assassinat,  fausse  monnaie,  rébellion, 
faux,  attentat  à  la  pudeur.  La  Cour  eut  à  connaître  six  affaires 
politiques.  Dans  Tcnsenible,  pour  les  affaires  de  droit  commun, 
la  Cour  prévôtale  ne  montra  pas  j^lus  de  sévérité  que  les  juridic- 
tions ordinaires;  au  point  de  vue  politique,  sauf  dans  les  pi*emiers 
mois  de  leur  installation,  les  juges  prononcèrent  leurs  jugements 
avec  impartialité.]  —  P.  80-96.  A.  Boîsnet.  Un  primitif  à  Dragui- 
gnan.  [Tableau  représentant  N.-D.  du  Rosaire,  dont  l'auteur 
donne  vnie  reproduction  en  couleurs.  De  l'examen  des  physiono- 
mies et  costumes  des  priants,  M.  B.  croit  pouvoir  conclure  que 
ce  retable  daterait  du  premier  tiers  du  xvi*"  siècle,  entre  i53o 
et  i534.)  —  P.  97  118.  F.  MiREUR.  Les  statuts  de  la  confrérie  des 
tailleurs  d'habits  de  Draguignan,  i47i-  [Commente  les  articles  des 
statuts  rédigés  en  provençal  dont  le  texte  est  reproduit.]  — 
V.  119-79.  II.  Belletrud.  Un  marin  provençal  au  xvin'  siècle. 
M.  de  Lyle-Taulane,  1710-1795.  [Biographie  de  ce  personnage 
d'après  les  archives  familiales  de  M.  le  baron  de  Sinety.  Rensei- 
gnements succincts  sur  les  diverses  campagnes,  une  vingtaine 
environ,  accomplies  par  M.  de  Lyle-Taulane  entre  1732  et  177/».] 

V.  L.  B. 


1>É1\I0DIQUES  FRANÇAIS  NON  MÉRIDIONAUX 

I .  —  liuUcUii  (irchéologiquc  dn  (jtinilé  des  Ti'dVdux  Iiis- 

l(>ri(/ii('s  ri  scû'/iliJU/uc'S,   1910. 

V.  \\\i\.  l'oullles  sur  l'einplacemenl  de  l'aiiciennc  calliédrale  de 
Montaubaii.  -  P.  \i..  iawiii.  cxi.w.  Fouilles  au  cimetière  de  Saiiit- 
Seuriii  de  Bordeaux.  —  1'.  \li.  Fouilles  sur  l'emplacement  de 
l'antique  P/.w()/.s-.  —  P.  xlh.  !''oullles  à  Juan  les-Pins  et  à  Fréjus. — 
V.  \i.ix.  Objets  |)réliislori{|nes  et  romains  trouvés  près  de  Cannes. 
—  I*.  I..  Fouilles  aux  abords  de  l'arc  de  Diane,  à  Caliors.  — 
I'.  i.i.  Sépultures  antiques  dans  la  conunune  de  Vallauris.  Téte- 
IMnlcait  (le  l'épocjue  gallo-romaine  à  Saint-Mailin  de  Crau.  — 
I*.  i.viii.  Miirques  de  [jlombiers  romains  dans  la  vallée  du  Rhône 
el  dans  llsèr(>.  —  P.  ia.  Inscription  romaine  à  Cliàleau-Barnier, 
près  de  .Nîmes,  épitaphe  de  Cn.  Luciclius  Fucteinon.  -  P.  i.wi. 
Uueyras  dans  les  Hautes-Alpes  et  la  peuplade  gauloise  des  (jua-^ 
ridtes;  Ium  ii|tti()ii  romaine  des  Escoyères  en  (^uejras.  —  P.  i..\x\i. 


PÉRIODIQUES    FRANÇAIS    \0>    MERIDIONAUX.  Il3 

Sculptures  préromanos  de  la  Gayole,  en  Provence.  —  P.  lxxx.  Sar 
cophages  chrétiens  de  l'église  Saint-Félix  de  Gérone,  à  rattacher 
à  l'école  provençale.  —  P.  lxxxu.  Bronzes  antiques  du  musée  de 
Nice.  —  P.  cxxin-v  et  cun-v.  Trois  inscriptions  romaines  d'.YrIes. 
[L'une  est  l'épitaphe  d'un  centurion  primipile.]  —  P.  cxxvn. 
Antiquités  romaines  à  Monans-Sartoux  (Vlpes-Maritimes).  — 
P.  cxxx.  Fouilles  dans  la  station  préhistorique  de  Laugerie-Haute 
(Dordognej.  —  P.  cxxxu.  «  Lunes  »  ou  disques  métalliques,  avec 
emblèmes,  personnages,  armoiries  ou  inscriptions,  ayant  décoré 
le  harnachement  des  bêtes  de  somme  dans  le  Gévaudan,  le  Rouer- 
gue  et  le  Velay.  —  P.  cxxxiv  et  cxlv.  Découverte  d'inscriptions 
dans  le  mur  romain  de  Périgueux.  —  P.  gxl.  Antiquités  préhis- 
toriques dans  la  vallée  des  Baux.  —  P.  cxli.  Statue  de  la  Vierge, 
xv"  siècle,  à  Saint-Pardoux-la-Rivière  (Dordogne).  —  P.  glu.  Pierre 
à  dessins  géométriques  trouvée  à  Cézan  (Gers).  —  P.  clxhi.  Anti- 
quités romaines  à  Rodez. 
P.  i5-2i  et  pi.  i-n.  M.  Chaillan.  Autels  chrétiens  de  Cassis,  de  Buoux 
et  de  Cavaillon  [d'époque  préromane].  —  P.  22-63  et  pi.  ni-xvn. 
Ch.  Dangibeaud.  L'école  de  sculpture  romane  saintongeaise.  [Elle 
atteint  son  maximum  d'intensité  vers  le  troisième  quart  du 
xn"  siècle;  placée  entre  deux  provinces  de  tempéraments  dissem- 
blables, elle  a  su  éviter  «  l'exubérante  minutie  et  la  rudesse  »  du 
Bordelais,  en  restant  inférieure  au  Poitou  et  à  l'Aiigoumois  pour 
l'invention,  la  richesse  et  l'exécution  ;  exclusion  des  gi'andes  scènes 
religieuses;  l'auteur  annexe  à  son  étude  un  intéressant  répertoire 
des  sujets  traités  par  ces  imagiers  de  Saintonge.]  —  P.  i^g-Oo 
(cf.  p.  Lvu  et  CLXvi).  F. -P.  TniERS.  Rapport  sur  les  fouilles  de 
Castel  Roussillon  (Pyrénées-Orientales).  —  P.  17^-204  et  pi.  xxx 
à  XXXIX.  A.  AuuoLLEiXT.  Les  tombes  à  incinération  du  musée  de 
Clermont-Ferrand. —  P.  3o8-i3  (cf.  p.  lxxxi).  II.  de  Gékin-Ricakd. 
Les  statues  romanes  de  l'église  Saint  Pierre-de-la-Manarre  (\ar). 
[Moines  en  prière,  sur  les  arcs;  xn^s.]  —  P.  814-27  et  pi.  lu  à  lix. 
Arxaud  u' Agxel.  JNotice  archéologique  sur  le  prieuré  de  Ganago- 
bie  (Basses-Alpes).  [Église  et  cloître  du  xn"  s.  ;  les  voussures  dente- 
lées dateraient  d'une  réfection  du  xvi"^  s.;  imporlanlos  mosaïques 
avec  ca\aliers.  fauves,  monstres,  palmeltes.J 

Id.,   191 1. 

P.  xxxv.  Substructions  d'un  cirque  antique  à  Arles.  —  P.  xxxvin, 
xuu.    Antiquités    romaines    à    Gondrin    (Gers).    —    P.    \x\ix-xli 

ANNALES    DU    MIDI.    \XIX.  8 


Il4  ANÎVALES    DU    MIDI. 

ol  cxvii.  Fouilles  de  Vésone  (Périgvicux).  —  P.  lxxxvii.  Les  em- 
preintes de  mains  sur  les  parois  de  la  grotte  de  Gargas  (Haute 
Garonne).  —  P.  cxi.  Fouilles  de  Vaison.  —  1^.  cxu  et  cwii.  Décou- 
vertes arctvéologiques  dans  le  déparlement  du  Gers.  —  P.  cxvni. 
Découvertes  dans  la  région  de  Cannes,  à  Fréjus  et  dans  l'Esté- 
rel.  —  P.  cxxxvin.  Squelette  moustérien  de  La  Quina  (Chai"ente).  — 
P.  cxxx  IX.  (irotte  préhistorique  dan  s  la  commune  de  Rivièie  (Landes). 
—  P.  CXI..  Oppidum  préromain  de  Saint-Gcnce  (Haute-Vienne). 
P.  3  i3  et  pi.  I.  F.  Mazaurig.  Sépulture  gauloise  avec  vases  poly- 
chromes découverte  à  Gavaillon  (\  aucluse).  [Influences  italo-grec- 
ques  sur  les  arts  industriels  de  la  Gaule.]  —  P.  i4-3o  et  pi.  n-iv. 
E.  HoiXAET.  Les  sarcophages  chrétiens  de  l'église  Saint-Félix  de 
Gérone  et  l'école  artésienne  de  sculpture  funéraire.  —  P.  -ioS-so 
et  pi.  XV  (cf.  [).  xLix  et  (.xlv).  F. -P.  Tuieus.  Rapport  sur  les  fouilles 
de  (^astel-Koussillon  (Pyrénées-Orientales).  —  P.  aa5-8  et  pi.  xvni 
(cf.  p.  Lix  à  Lxiv).  M.  Devdikh.  Table  d'autel  chrétien  à  Vauglnes 
(  \  aucinse.)  [Gf.  l'autel  d'Auriol  au  musée  d'Âix-en-Provence  et  celui 
de  liuoux,  supra  1910,  de  type  et  de  décoration  analogues,  avec 
rinceaux  de  vigne,  colombes,  chrisnie.]  —  P.  Sig-aS  et  pi.  xxi  à  xxn 
(cf.  p.  cxvni).  11.  DE  Géuin-Ricaud.  Découverte  d'un  nouveau  quar- 
tier d'Olbia,  prèsd'llyères  (Var).  [Entre  autres,  mosaïque  romaine]. 
P.  ;)53-(k)  ol  |)l.  x\rx  (cf.  p.  i.xxvi).  E.  Bonnet.  Un  autel  inédit 
du  NUI'  siècle.  |l)e  ia  collection  Didclot  à  l'Université  de  Montpellier  ; 
agneau  m>sticpie  et  symboles  des  Evangélisles.]  —  P.  3Gi-8  et 
|)l.  \x\-\\\i  (cï.  pi.  i.xxv).  VitxAtn  d'Agnel.  Fragments  d'un  bas- 
relief  du  xn'^  siècle  [)rovenant  du  mausolée  de  Sainl-Elzéar  de 
Sabraii.  | Le  mausolée  se  trouvait  dans  la  chapelle  des  Cordelicrs 
d'Apt  ;  les  deux  grou[)es  reproduits  ici  sont  conservés  au  musée 
Horély,  à  Mar.seille,  et  représentent  deux  miracles  du  saint.]  — 
P.  3()(|-72.  M.  HAnuiui.T.  La  construction  du  clocher  des  Augus- 
tins  d'Avignon.  [L'acte  de  piix-fait  est  de  1372;  .Lacques  Laugier, 
lapicide  d'Avignon,  continue  la  besogne  en  1377.I  IL  (!u. 

îi.        Urrur  (irc/i('(d<)(fu/uc,  V  série,  t.  XXIII,  191/1,  I. 

''•  '  •''•  •'<"•'" -Lucien  llioiut.  La  reine  de  Saba  et  le  bois  de  la  croix. 

(Légende  de  la  reine  de  Saba  au  pied  d'oie  ;  à  étudier  au  sujet  de 
la  légende  toulousaine  d'une  reine  Pédauque].  —  P.  09-98.  L.  Jou- 
iiN.  Le-  âges  protohistoriques  dans  l'Europe  barbare.  --  P.  11 1-2. 
U.  I.i/.<ii'.  Nouvelles  découvertes  à  Saint-Hertrand-de-Comminges. 
[Entre  antics.  ini  sarcophage  chrétien  dont  !e  couvercle  porte  l'ins- 


PERIODIQUES    FRANÇAIS    NON    MERIDIONAUX.  II 5 

criplion  :  Dit,  Chrisle,  famulae  lime  Aeinilinnae  requiem  el  vilam 
(lelernnm].  —  P.  .'«nS-G'i.  (1.  Barrano.  ^olos  sur  Vônasquo  (Vau- 
cluso).  —  P.  3/;9-78.  F.  dk  Mélv.  Sigiialiires  do  primitifs.  (Gclarli- 
liclc  est  une  véritable  étude  sur  la  danse  de  Saloniédans  l'iiisloire 
de  l'art  avant  la  Renaissance;  à  partir  du  xni"  siècle,  le  pas  de  ca- 
ractère devionl  une  danse  de  jongieresse  ;  l'auteur  cite  et  repro- 
duil.  [).  36i,  fig.  9-10,  le  chapiteau  du  musée  de  Toulouse  où  figure 
ce  thème;  s'il  n'a  pu  se  procurer  une  phologiaphie  de  la  Salomé 
toulousaine,  du  moins  aurait-il  pu  renvoyer  au  dessin  qu'en  donne 
^  iollel-le-Duc  dans  son  Dicliuiiiidire  de  V Architecture,  WU,i)  126,  à 
l'article  Sculpture,  cf.  son  Dictiomi.  du  Mobilier,  II,  p.  l\53,  à  l'arti- 
cle Da/ise].  —  P.  453-98.  Revue  des  publications  épigraphiques.  [N'"'  36- 
38,  Castcl-Roussillon,  85  Bizanot  (Aude),  igG  l^odez,  197  Ponsan- 
Soubiran  (Gers),  198  Lasséran  (Gers).] 

T.  XXIV.  191/,,  II. 

P.  3o5-3o.  .T.  LoTii.  Le  dieu  Lug,  la  Terre  Mère  et  les  Lugoves.  [Lug- 
duimm  Conveiiaruin  à  Saint-Bertrand-de-Gommingcs,  Lmjdunuin  Coii- 
seranorum  à  Saint-Lizier  (Ariège),  Lugduinim  Voconliorum  à  Mont- 
lehue  (Drôme)  ;  l'auteur  cite  également  Laudunum  à  Loudun  dans 
le  Gard,  Lauzun  dans  le  Lot-ct  Garonne,  Montlauzun  dans  le  Lot, 
Montlezun  dans  le  Gers;  examen  des  i^rincipales  hypothèses  sur 
la  signification  du  mot  Lug;  le  culte  de  Lug  en  Irlande  est  insépa- 
rable de  celui  de  la  Terre  ;  les  Lugoves  seraient  des  Maires  attachés 
à  Lug;  identification  de  Lug  et  de  Mercure.]  —  P.  36i-83.  Revue 
des  publications  épigraphiques.  [N°*  236  Vaison,  237  Die,  sSi  Nar- 
bonne,  382  Cabasse  (Var),  283  Saint-Canadet  (Bouches-du-Rhône), 
284  Guéroult  (\  ar),  285  Apt.] 

T.  XXV,  1915,  I. 

P.  3G-39.  II.  IIlbert.  Une  nouvelle  figure  du  dieu  au  maillet.  [Trou- 
vée à  Orpierre  dans  les  Hautes-Alpes,  acquise  par  le  musée  de  Saint- 
Germain-en-Laye  ;  assimilation  de  ce  dieu  à  Silvain].  —  P.  47-70 
et  259-82.  JouLiN.  Les  âges  prolohistoriques  dans  l'Europe  barbare. 
[Suite.  P.  55  et  264,  régions  du  Sud  de  la  Gaule.] 

Ici.   1915,  II. 

P.  8o-3.  D'^Pey^ean.  Découvertes  archéologiques  dans  la  Gironde.  [A 
Mios,  tuinuti  el  tombes  plates  à  incinération  ;  à  Biganos,  tumuli]. 

H.  Gr. 


NÉCROLOGIE 


Le  4  juillet  1915  est  décédé  à  Clcrmont-Ferrand  M.  Marcellin 
BouDET  ',  (lui  pendant  une  longue  carrière  de  magistrat  n'a  pas 
cessé  de  consacrer  à  l'histoire  de  l'Auvergne  tous  les  instants 
dont  il  pouvait  disposer.  Né  en  i834,  dans  une  petite  localité 
du  Puy-de-Dôme,  il  avait,  dès  sa  jeunesse,  manifesté  pour  les 
études  liislori(}ues  un  goût  très  vif  auquel  il  se  fût  volontiers 
consacré  exclusivement,  et  c'est  un  peu  malgré  lui  qu'il  était 
entré  dans  la  magistrature,  où  il  a  laissé  d'ailleurs  la  réputa- 
tion d'une  haute  compétence  juridique  et  d'une  intégrité  irré- 
prochahlc.  Partout  où  il  passe,  à  Gannat  comme  substitut,  à 
Murât  et  à  Saint-Flour  comme  procureur,  à  Riom  comme  subs- 
titut du  ])rocureur  général,  à  Tliiers,  puis  de  nouveau  à  Sainl- 
Flour  cijinme  président  de  tribunal,  à  Grenoble  comme  con- 
seiller à  la  Cour,  enlln  à  Clermont-Ferrand  où  il  s'établit 
en  iç)o3  en  prenant  sa  rotiaite,  il  fouille  les  archives,  il  stimule 
les  bonnes  volontés,  donne  aux  travaux  histoiiques  une  nou- 
velle impulsion  en  créant  des  sociétés  locales,  il  ramasse  enfin 
une  quantité  de  matéiiaux  qu'il  a  mis  en  œuvre,  avec  un  esprit 
(•riti(pie  excellent,  tantôt  dans  de  simples  articles  de  revues, 
l;iiili'il  dans  (h's  ouvrages  plus  importants  (jiii  le  placent  parmi 
les  meilleurs  des  historiens  régionaux. 

Nous  ne  pouvons  donner  ici    toute  la   liste  de  ses   travaux, 


1.  Nous  regrettons  vivement  que  les  circonstances  n'aient  pu  pcr- 
iiiL'lli(>  ;'i  aucun  do  nos  collaborateurs  réf^ionaux  de  rédiger  la  notice 
dctaillôc  (lue  aii\  mérites  de  ((>!  érudil  et  à  l'importance  de  son 
(iMivrc.  Nous  nous  contenterons  de  renvoyer  à  l'étude  biographique 
et  bibliograpldque  très  com|)lcle  (pie  ^\.  Aymar  lui  a  consacrée  dans 
la  séance  du  ■>.  uiais  i()i()  de  l'Académie  des  sciences,  lettres  et  arts 
(le  Clermoiil.  et  qu(>  M.  Uouchon,  archiviste  du  l'uy-de  Dôme,  a  biCn 
voulu  iiniis  sljfuater. 


NECROLOGIE.  I  I  7 

parus  clans  les  Mcmoircs  cl  le  Bulletin  de  rVcadéiiiic  de  Cler- 
mont,  dans  Ysiavcrfiiie  historique,  la  Revue  de  la  Haute-Auver- 
gne, la  Revue  (VAuvergne,  etc.  '.  Nous  citerons  seulement  les 
plus  saillants. 

Il  s'était  d'abord  occupé  d'études  révolutionnaires  et  avait 
publié,  en  1878,  Les,  li'ihuiiaux  criminels  et  la  justice  révolu- 
tionnaire en  Auvergne,  Les  exécutés",  puis  Le.s"  conventionnels 
d'Auvergne  ' \  mais  c'est  surtout  l'Iiisloire  du  moyen  âge  qui  lui 
a  fourni  la  matière  de  ses  ouvrages  les  plus  importants.  C'est 
la  publication  des  Registres  consulaires  de  SainlFlour  en  langue 
romane  {1376-1 W5),  qui,  malgré  quelques  imperfections  rele- 
vées par  les  philologues,  établit  tout  d'abord  sa  réputation'. 
Sur  Saint-Flour  également  on  trouvera,  dans  les  Annales  du 
Midi,  deux  articles,  Charles  VII  à  Saint-Flour  et  le  prélude  de  la 
Praguerie  {l^i37)'\  où  il  montre  comment  l'arrivée  inopinée  du 
roi  à  Saint-Flour  fit  avorter  une  première  tentative  des  sei- 
gneurs conjurés,  et  La  légende  de  SaintFlorus'',  où  il  prouve 
que  la  croyance  à  son  apostolicité  est  antérieure  à  Bernard  Guy, 
le  nom  actuel  de  la  ville  s'étant  subslitué  à  celui  d'Indiciac  au 
début  du  XI"  siècle.  Il  consacre  encore  à  cette  ville  divers  arti- 
cles :  Assauts,  sièges  et  blocus  de  Saint-Flour  pendant  la  guerre 
de  Cent  ans  (1356-1391)  ';  Villandrado  et  les  Écorcheurs  à  Saint- 
Flour '*;  Saint-Flour  et  sa  prévôté  pendant  la  révolte  des  Arma- 
gnacs et  des  Bourguignons'',  contribution  de  premier  ordre  à 
l'histoire  générale  a  la  fin  du  règne  de  Charles  Vil  et  au  début 

1.  On  en  trouvera  la  liste  détaillée  dans  l'étude  de  M.  Aymar 
(cf.  note  précédente).  Les  dépouillements  de  ces  périodiques  par  les 
Annales  du  Midi  ont  aussi  donné  en  leur  temps  une  analyse  de  ces 
articles;  nous  les  indiquons  en  note. 

2.  Paris,  Aubry,  in-S"  de  \v-3o6  p. 

3.  Id.An-S"  de  464  p. 

4.  Paris,  Champion,  1900,  gr.  in-S^de  4i8  p.  Cf.  un  compte  rendu 
de  M.  Jeanroy  dans  les  Annales,  1904,  t.  \VI,  p.  286-340. 

5.  Annales,  1894,  I.  ^  I,  p.  3oi-326. 

6.  Id.,  1895,  t^  VII,  p.  257-274. 

7.  ln-8°  de  34  p.  (Revue  d' Auvergne.  1893;  cf.  Annales,  1890,  t.  MI, 
p.  25o). 

8.  In-8"  de  87  p.  (Revue  d'siuverg ne,  1895). 

9.  1909,  in-8''  de  210  p.  (Revue  de  la  Haute-Auvergne,  1906,  1907). 


Il8  ANNALES    DU    MIDI. 

du  règne  de  Louis  M;  L'hôtel  du  consulat  de  Saint-Ftour,  ses 
maîtres  et  la  twurgeoisle  sanjloralne  au  moyen  âge  '  ;  Les  mar- 
chands d'Aarlllac  et  de  Saint- Flonr  aux  foires  de  Champagne  et 
à  Montpellier'^ :  La  recluserie  du  pont  Sainte-Christine  à  Saint- 
Flour^  (un  des  meilleurs  travaux  sur  les  recluserics);  et  enfin 
son  ouvrage  capital,  le  Cartulaire  du  prieuré  de  Saint-Flour*, 
dont  l'introduction,  bourrée  de  faits,  est  une  véritable  histoire 
critique  de  toute  une  région  de  l'Auvergne".  C'est  encore  dans 
notre  Revue  qu'il  a  retracé  le  rôle  des  États  d'issoire  de  i355,  à 
peu  près  inconnus  jusque-là  :  l'Auvergne,  en  échange  de  ses 
subsides,  obtient  du  roi  toute  une  série  de  garanties,  notam- 
ment contre  les  officiers  royaux  ". 

L'étude  des  coutumes  locales  semble  aussi  lavoir  particuliè- 
rement attiré.  Il  publie  en  1902  Aspres  sur  Buech  et  ses  chartes 
de  coutumes  (l'276-l^i39)'  ;  en  1908  et  1909,  Cournon  et  ses  char- 
tes de  franchises  (li'ii)";  enfin,  en  1914,  nne  très  importante 
Collection  inédite  de  chartes  de  franc/lises  de  Basse-Auvergne 
(XIII'-XV'  siècles)". 

A  l'histoire  générale,  à  l'histoire  des  institutions  se  ratta- 
chent ses  travaux  sur  Thomas  de  la  Marche,  bâtard  de  France^", 

I.  189Ô,  in  8"  de  i.'vi  p.  (DiiUerui  de  l'Académie  de  Clciiitonl,  iStj'i; 
cf.  Annales.  i!^()<'».  l.  \\\\.  p.   iy'4). 

■i.  ln-8"  de  38  p.  (Revue  de  In  Haute  Auvergne,  igiS). 

3.  Bévue  de  la  Haute  Auvergne,  1901  et  1902  (cf.  Aiuiales,  1903, 
I.  \\.  p.  95j. 

'].   Monaco.  1911);  in-4'  de  (ccww  i-r)77  p. 

.").  N  oir  le  compte  rciidn  (pic  les  [iui(tt<'s  onl  consacre  à  cel  ou 
vragcdgii.  t.  WIV.  p.  ■>.'i-i  ■>.\'^'). 

6.  Lex  Etals  d'issoire  en  1355  et  leurs  couuiiissnircs  rayuu.''  (Annales 
du  Midi,  1900,  t.  \II,  p.  33  60). 

7.  ln-8'' de  3o3  p.  (fiulleliii  de  f  \c(idéuue  delpliimdr :  cf.  \iuiidrs. 
1901,  t.  \\  I,  p.  118);  localité  (1(>  rarrondisscineni  de  (iaj).  dépendant 
do  l'abbaye  de  Sainl-Cîérand  d'Aurillac. 

S.  Iw-i^"  (le  9Ah\  p.  (Revue  d'Auvergne:  ci\  Annales,  n)!''!.  I.  \\i\. 
p.  I  •>"));  localité  près  do  Clermont. 

9.   ln-8"  de  53 1  p.  (Mémoires  de  iAïudrnuc  de  Clrmuml). 

Ml.  Thomas  de  lu  Marche,  hnlard  de  l^niiu-c  (^Revuc  historifiue,  189"), 
I.  I,l\.  p.  36-70);  Thnmus  de  tu  Marche,  bâtard  de  France,  et  ses  aven- 
lures  (i3i8-i36i).  1900.  in-N"  de  378  p.  el  7  i)l.  (  \uvcrgne  hislorigue. 
i898-i()ooj. 


NECROLOGIE.  T  [9 

fils,  d'après  M.  Boudet,  de  Pliilippe  fie  Valois  et.  de  IMaiiclie  de; 
Bourgogne,  comtesse  de  la  Marche,  première  femme  de  Charles 
le  Bel*,  chargé  de  diverses  missions  en  Bohême,  Allemagne,  et 
gouverneur  de  la  Haute-Auvergne;  sur  Les  derniers  Mercœars"' 
(Béraud  Vil,  1 272-1321,  principal  seigneur  d'Auvergne  sous 
Philippe  le  Bel);  sur  Les  baillis  royaux  et  ducaux  de  la  Haute- 
Auvergne^  (catalogue  très  documenté),  et  sur  le  vCAt  à' Euslache 
de  Beaumarchais  '  en  x\uvergne.  Enfin  l'histoire  économique  et 
sociale  avait,  en  dernier  lieu,  fait  l'objet  d'une  très  curieuse 
Éliule  sur  les  sociétés  marchandes  cl  fina/tcièrcs  au  moyen  à(jc. 
Les  Gayte  et  les  Chauchal" ,  étude  pleine  d'aperçus  nouveaux  et 
intéressants. 

Cette  simple  énumération  ne  saurait  donner  une  idée  de  la 
masse  énorme  de  documents  mis  en  œuvre  et  toujours  expli- 
qués, discutés  et  interprétés  avec  une  méthode  scientifique  per- 
mettant d'aboutir  le  plus  souvent  à  des  vues  d'ensemble  solide- 
ment établies. 

Ce  sont  toujours  aussi  les  documents  soigneusement  publiés 
et  critiqués  qui  sont  la  base  d'autres  travaux  moins  longs,  il 
est  vrai,  que  les  précédents,  mais  tout  aussi  importants  par 
leur  sujet  et  par  la  manière  dont  ils  sont  traités.  Citons,  par 
exemple,  comme  études  d'un  intérêt  général  :  Les  comtes  d'Au- 
vergne aux  V"  et  VI"  siècles  et  le  palais  de  Victorius,  étude  sur 


1.  Celte  thèse  a  été  vivement  combattue  par  G.  Paris  (Journal  des 
Snvantx,  décembre  1900)  et  ici  même  (cf.  compte  rendu,  Annales, 
1901,  t.  Mil,  p.  539-545).  M.  lîoudet  a  repris  la  question  dans  te 
Moyen  à<je  en  1901  (p.  3i5-356,  Ctiarles  le  Bel  el  Thomas  de  la  Marche, 
réponse  à  G.  Paris)  et  en  1903  (p.  283  3<i3,  Nouveaux  dociunenls  sur 
Thomas  de  la  Marche,  seigneur  de  ÏSonelle  el  d'  \u:on,  bàlard  de  France; 
cf.  Annales.  1904,  t.  W  I,  p.  126). 

2.  i9()().  in-8"  de  263  p.  (Revue  d'Auvcr<ini\  1904-191)5;  cf.  Annales, 
1907,  t.  XI\,  p.  56o  et  compte  rendu,  igoG,  t.  WIII,  p.  555). 

3.  In  8°  de  356  p.  (Auvergne  hislorique,  1903-1906;  cf.  Annales.  191 1, 
t.  WIII.  p.  25o). 

4.  In-8"de  220  p.  (Revue  de  la  llaule- Auvergne,  1899-1900;  compte 
rendu  dans  .l/ma/e*-,  1903,  t.  \IV,  p.  428). 

5.  1915,  in-8"  de  395  p.  (Revue  d'Auvergne,  1911-1914;  cf.  Annales, 
1913-1915,  t.  XXV,  p.  375-37G;  XXVI,  p.  398;  XXVII,' p.  107). 


120  ANXALES    DU    MIDI. 

ce  palais  à  propos  du  travail  de  Kurtli  sur  les  comtes*;  Sfdnl- 
Rohert  de  Tuiiande,  fondaleiir  de  La  Chaise  Dieu  et  sa  /ami Ile  "; 
Deux  épisodes  des  guerres  albigeoises  en  Ilaule-Auvergne  (le 
concile  de  Saint-Flour  en  laaS,  Louis  Vlll  à  Saint-Flour 
en  i2a6)^;  Le  domaine  des  dauphins  de  Viennois  et  des  comtes  de. 
Forez  en  Auvergne  {1303- 13 '49)';  La  justice  et  la  police  prévô- 
tales  en  province,  Haute-Auvergne";  .\ote  sur  le  commenceme/it 
de  l'invasion  anglaise  en  Auvergne  pétulant  la  guerre  de  Cent  ans  " 
(d'après  les  comples  municipaux  el  les  registres  de  délibéra- 
tions); La  Jacquerie  des  Tuchins  {ï3()3-13S^i)\  travail  qui, 
d'a|)rès  Aug.  Molinier,  a  donné  sur  le  caractère  et  les  causes  de 
ce  souleAement  des  aperçus  tout  à  fait  nouveaux;  Note  sur  la 
fabrication  <la  feu  grégeois  en  Auvergne  pour  lampée  de  Du 
Guesclin  (1380)^,  d'après  les  comptes  de  Saint-Flour;  La  Haute- 
Auvergne  et  les  d'Armagnac  pendant  le  siège  d'Orléans  et  la 
mission  de  Jeanne  d'Arc"  (envoi  de  secours  à  Orléans,  d'après 
les  archives  de  Sai;it-Flour)  ;  L'histoire  d'un  liandit  méconnu  : 
Bernard  de  Garlan,  dit  le  Méchant  Bossu,  capitaine  d'Aï- 
leuze'",  chef  d'une  des  grandes  compagnies  qui  ont  fait  le  plus 
de  mai  à  l'Auvergne  de  i38o  à  i3()i  (voir  aussi  la  notice  sur  un 


I.  TQOd,  in-S"  fie  \-  p.  (Hci'iic  <lc  ht  llanlc  Auvergne  :  cf.  Annales, 
ii)<).'^,  t.  \ \  .  \).  f)'\  I. 

:>..  ln-(S"de()o  p.  (litdlclin  de  l'Acndrinle  de  Clernwid.  1906  et  1907; 
cf.  un  compte  rendu,  Annfdes.  1907.  t.  \I\.  p.  ft'MV). 

3.  1904,  in-8"  de  la  p.  {Hcciic  de  la  Haute  Aiwergnc :  cf.  Annales, 
1905,  t.  WII,  p.  lioG). 

\.  190.5,  ni-8"  de  95  p.  {Bnllclin  ilc  i Académie  de  ClermnnI.  l()n\-\^\o^^  ; 
cf.  un  compte  rendu,  Annales,  1906.  I.  WIII,  p.  55/|,  et  1907.  t.  \1\, 
p.  26/i). 

5.   1902,  in-8"  de  177  p.  (Auvergne  hislorique). 

fi.  Bidlelin  de  l'Acndémie  de  CAermont,  1908.  p.  3i-'|8  (cf.  Annales, 
1910,  t.  WII,  p.  io3). 

7.  I11-8"  de  i/|8  p.  (Aurcrqnf  hisloritine.  i89'i-i89.'i  ;  cf.  vui  compte 
rendu,  Annales,  1896,  t.  Mil.  p.  98). 

8.  1906,  in-8"  de  12  p.  (Bullelin  de  l'Acadéndc  de  iUernionl  :  cf.  .1/i/irt- 
tes,  1908,  t.  X\.  p.  i3i). 

9.  nio'i.  iu-8"  de  59  p.  (Revue  de  la  Haule-Auvrrqne :  cf.  Annales, 
1905,  t.  WII,  p.  4o6). 

10.  1912,  in-8"  de  98  p.  (Rceue  de  ht  Ilaule-Auvergne;  cf.  Annales, 
ujy\,  [.  XXVI.p.  258;. 


NECROLOGIE.  121 

autre  routier.  Aimcri(/o/.  Marches,  1381-1391  ');  Origine  aiiver 
gnale  de  deux  ministres  de  Charles  Vil  :  Jacques  Cœur  et  Jean 
de  Vernet,  dit  Le  Camus  de  Beaulieu';  Étude  historique  sur 
les  épidémies  de  peste  en  Haute-Auvergne,  XlV-XVllL  siècle' 
(en  collaboration  avec  iM.  R.  Grand).  Voici  enfin  quelques  arti- 
cles d'un  intérêt  plus  local  :  Les  plomberies  de  Pontgifmad  sous 
les  Romains  et  au  moyen  éige  ';  Les  pren^iers  travaux  de  dessè- 
chement du  marais  de  Limagne,  d'après  les  textes  du  moyen 
âge'';  L'ours  et  le  gros  gibier  dans  la  Haute-Auvergne  d'autre- 
fois"; les  monographies  des  communes  de  Foulholes'  et  de 
Thuret",  etc. 

Les  indications  qui  précèdent,  loul  incomplètes  qu'elles 
soient,  montreront  combien  est  variée  et  considérable  l'œuvre 
laissée  par  M.  Boudet.  Sa  mort  sera  pour  l'histoire  de  l'Au- 
vergne une  perte  très  sensible. 


I.  Auvergne  tiistoriqae,  iS()3-94. 

3.   igiS,  in-S"  de  48  et  91  p.  (Bullefiii  de  l'Académie  de  CIcrmonI). 

3.  1902,  in-8"  de  i33  p.  (Revue  de  la  Ilaule-Auvergne ;  cf.  un  compte 
rendu,  Aniudes,  1904,  t.  X\  I,  p.  43i,  ci  id.,  p.  io4). 

4.  Mémoires  de  l'Académie  de  ClermonI,   i88i,  61  p.,  et  Balletin  de 
l'Académie  de  ClermonI,  1908,  42  p-  (cf.  Annales,  19 10,  t.  X\II,  p.  io4). 

5.  1890.  in-S"  de  59  p.  (Revue  d'Auvergne). 

6.  1912,  in-S"  de  78  p.  (Revue  de  la  Haute- Auvergne.  191 1  et  1912; 
cf.  Annales.  igiS,  t.  \XV,  p.  239). 

7.  1907,  In-8"  de  87  p.  (Revue  de  la  liante-Auvergne,  1900  et  190G; 
cf.  Annales,  1906  et  1908,  t.  WIII,  p.  627  et  t.  \X,  ]).  269). 

8.  1913,  in-S"  de  174  p.  (Auvergne  historique). 


CHRONIQUE 


Notre  gérant  M.  Edouard  Privât,  capitaine  au  3"  génie,  dont 
nous  avons  déjà  relevé  les  citations  à  l'ordre  de  l'armée',  a  été 
de  nouveau  cité  à  l'ordre  du  jour  de  sa  diA'ision  dans  les  termes 
suivants  : 

«  Kxcellent  commandant  de  compagnie,  d'un  bel  exemple 
pour  ses  subordonnés  par  sa  conscience  et  son  esprit  de  de- 
voir. Le  I  1  juillet  1916,  aux  abords  du  fort  de  Souville,  a  ob- 
tenu do  ses  hommes,  sous  un  violent  bom])ardement,  un  très 
gros  cfibrt,  maintenant  dans  sa  troupe  le  meilleur  esprit,  mal- 
gré les  pertes  qu'elle  subissait.  » 


L'Académie  de  la  I^angue  catalane  (Acadcmia  de  la  llcngua 
catalana)  a  été  déruiilivcment  constituée  à  Barcelone,  sous  la 
présidence  du  chanoine  Jaume  Collell. 

KUe  s(î  compose  de  membres  titulaires  et  de  membres  ad- 
joints. Ceux-ci  jouent  le  id\e  des  «  correspondants  »  des  Acadé- 
mies de  notre  In^^lilut  de  France.  L'objet  de  la  fondation  est 
défini  en  ces  termes  j);ir  l'article  3  des  statuts  :  «  L'estudi  aiuo- 
rns  (le  l;i  iKislia  lirngiia,  tant  en  sos  origens,  com  en  sos  clas- 
siclis,  COU)  en  son  a-.tual  innivcmenl,  tant  en  jos  arxius  y  can- 
celleries  com  la  paria  popular  y  vivent  en  lots  sos  lerrittiris; 
trebidiant  per  niornarli  l'antiga  xerital  ab  lo  Irc^sor  de  sos  in- 
menses  ri(pieses  (li;il('(|;ii  :  y  lomeiilaiit  cada  th'a  mes  son  cidtiii, 
son  honor  y  son  |)i('stigi.  » 

Les  termes  de  cet  article  méiilcnl  délrç  rele\és,  parce  ijnils 

I.   Cf.    [nnnlrs.   i<|i .').  I .   \  \  \  1! .  j..   i  a3. 


CHRONIQUE.  123 

définissent  un  esprit  et  un  programme.  Le  style  dans  lequel  il 
est  conçu  dénote  un  respect  marqué  du  catalan  traditionnel,  et 
les  formules  employées  révèlent  le  souci  de  concilier,  avec 
l'unité  fondamentale  de  la  langue,  la  variété  de  ses  dialectes. 
11  semble  donc  que  l'Académie  nouvelle  aborde  sa  tache  avec 
le  sentiment  très  net  des  réalités.  Puisse-t-elle  y  persister,  car 
c'est  la  condition  indispensable  de  son  succès  ! 


Le  texte  du  manuscrit  des  Leys  d'Ainors  conservé  à  l'Acadé- 
mie des  Jeux-Floraux,  et  jusqu'ici  inédit,  va  être  l'objet  d'une 
édition  par  les  soins  de  M.  Joseph  Axolade.  Cette  édition  for- 
mera les  tomes  XVll  et  XVIll  de  la  Bibliothèque  méridionale, 
dès  maintenant  sous  presse  et  mis  en  souscription. 


Mouvement  félibréen.  —  Depuis  notre  dernière  chronique,  le 
félibrige  a  perdu  deux  représentants  éminents.  i\L  J.  MoxxÉ  est 
décédé  à  Marseille,  où  il  habitait  depuis  très  longtemps.  Mais 
Monné  était  d'origine  catalane,  et  lorsque  la  Sainte-Estelle  fut 
célébrée  à  Perpignan,  il  fut  un  des  principaux  organisateurs  de 
cette  réunion.  Il  a  publié  de  nombreux  recueils  de  poésies  (on 
peut  en  voir  le  détail  dans  la  revue  perpignanaise  Moantanyes 
Régalades,  numéro  de  novembre-décembre  1916).  Il  dirigea 
longtemps  une  jolie  petite  revue,  Loii  Felihrige.  d'une  impres- 
sion très  élégante,  qui  a  vécu  une  dizaine  d'années.  Monné 
laisse  d'assez  nombreux  travaux  manuscrits,  entre  autres  un 
Dicdonnaire  de  rimes  qui  rendrait  autant  de  services  aux  phi- 
lologues qu'aux  poètes  —  et  sans  doute  plus  aux  premiers 
qu'aux  seconds  —  et  un  Dictionnaire  bibliographique  de  la  lan- 
gue d'oc. 

M.  Léopold  CoxsT.ws  était,  comme  J.  Monné,  majorai  du 
félibrige.  En  dehors  de  ses  travaux  scientifiques,  il  s'intéressait 
beaucoup  aux  publications  félibréennes  et  prêchait  d'exemple 
en  publiant  le  populaire  .4/vnana  rouergat  et  en  rééditant  les 
poésies  de  Peyrottes.  Pendant  l'exposition  internationale  de 
Liège,  il  fut  chargé  par  le  Ministère  de  l'Instruction  publique 


12^  ANNALES    DU    MIDI. 

d'une  mission  an  cours  de  lacjuellc  il  fit  une  série  de  confé- 
rences sur  Mistral  (elles  ont  paru  en  librairie,  à  Avignon,  chez 
Roumanille).  Ces  conférences  régionalisles  dans  ce  pays  de 
bon  régionalisme  qu'est  la  Wallonie  eurent  un  grand  succès. 
L'Armanak  de  la  Marmite,  qui  est  populaire  à  Liège,  en  fut 
aussi  fier  que  l'Annana  rouergat. 

\.'Almaiiac  Illuslral  de  Touloazo  e  dcl  Mieljoun  a  continué  à 
paraître  régulièrement  malgré  la  guerre.  On  y  lira  d'intéres- 
santes poésies  de  son  directeur,  M.  Xavier  Rivière,  l'auteur 
des  Campanejadas  Ladrar/aezas,  et,  dans  le  fascicule  de  191 7, 
une  belle  pièce  du  docteur  Albarel,  aide-major  à  l'armée 
d'Orient,  fondateur  de  la  Cigalo  narbowiéso. 

La  gracieuse  Reine  du  Félibrige,  M""  Marguerite  Priolo, 
vient  de  publier,  sous  le  titre  Coules  del  Meirilher  (Brive,  imp. 
Bessot  et  Guionie)  une  série  de  contes  limousins  qui  font  pen- 
dant à  ses  Légendes  limousuies. 

M"""  Frédéric  Mistral  vient  de  fonder  une  revue  félibréenne, 
Lon  Félibrige,  destinée  à  continuer  l'œuvre  du  Maître  et  à  servir 
de  lien  amical  aux  félibres.  Les  deux  premiers  numéros  parus 
font  présager  pour  cette  publicatif)n  un  légitime  et  durable 
succès. 

M.  Jules  RovjAT,  bien  connu  par  ses  publications  félibréen- 
nes,  sa  collaboration  à  Vivn  Proiivi'nro  et  par  ses  travaux  scien- 
tifiques {Comptes  consiilnires  de  Grenoble,  publiés  dans  la 
Revue  des  Langues  Romanes  et  Lssai  de  syntaxe  des  parlers  pro- 
vençaux) vient  de  se  faire  inscrire  comme  Privai  dorent  à 
ri  Diversité  de  (Jenève,  où  il  a\ail  fait  pendant  les  deux  der- 
niers semestres  un  cours  d(>  provençal.  Nous  souhaitons  un  bon 
succès  à  son  enseignement. 

Fribourg  a  un  excellent  provençaliste  en  la  peisonnc  de 
M.  (î.  Bcrloni  ;  (jencvc  n'a  plus  rien  à  lui  envier;  à  quand  Gre- 

"Oble?  J.   AXGI.ADE. 


CHROINIQUE.  125 

Le  proveiirnl  à  Alx-Marseille.  —  Le  cours  de  provençal 
laissé  vacant  à  la  Faculté  des  lettres  d'Aix-Marseille  par  le  décès 
du  regretté  Léopold  Constans  a  été  confié  à  un  jeune  professeur 
du  lycée  de  Marseille,  M.  Emile  Ripert.  M.  Ripert  est  un  poète 
des  plus  distingués,  qui  a  collaboré  longtemps  au  Feu,  l'ar- 
dente revue  méridionale  qui  vient  justement  de  faire  sa  réap- 
parition (i"'  janvier  1917).  Le  nouveau  chargé  de  cours  de  pro- 
vençal a  été  souvent  lauréat  de  l'Académie  des  Jeu\-Floraux, 
où  il  est  maître  es  jeux.  11  prononça,  il  y  a  quelques  années,  à 
la  séance  publique  du  3  mai,  un  éloge  en  vers  de  Clémence 
Isaure,  qui  fut  des  plus  remarqués.  Nous  lui  souhaitons  le  plus 
srand  succès  dans  son  enseignement.  J.  Angl\de. 


Section  Lettres-Philologie  de  l'Institut  d'Études  Méri- 
dionales (Années  191.5-1916).  —  Cours.  —  L'appel  des  classes 
1 916-19 17  a  réduit  de  plus  en  plus  le  nombre  de  nos  étudiants. 
Nous  avons  pu  cependant  faire  quelques  études  critiques  sur 
des  textes  provençaux  et  initier  nos  auditeurs  au  travail  de 
préparation  d'un  texte  méridional.  Nous  avons  continué  l'ex- 
plication de  textes  choisis  de  Folquet  de  Marseille,  de  Bertran 
de  Boni,  et  autres  grands  troubadours,  pour  faire  connaître 
à  nos  étudiants  les  chefs-d'œuvre  de  la  poésie  méridionale. 
Une  partie  des  conférences  a  été  consacrée  à  l'étude  de  la  con- 
jugaison en  ancien  provençal  et  à  l'étude  de  la  formation  des 
mots,  d'après  le  livre  de  l'Américain  L.  Adams,  Word-Forma- 
tion in  old  Provençal. 

Fxamcns.  —  Le  Diplôme  Supérieur  d' Etudes  Méridionales  a  été 
décerné,  avec  la  mention  Bien,  à  M.  l'abbé  Fouché,  professeur 
à  Perpignan.  Ce  candidat,  déjà  licenciées  lettres,  a  présenté  un 
excellent  mémoire  sur  la  Conjugaison  catalane,  ancienne  et 
moderne.  M.  Fouché  a  traité  avec  méthode  un  chapitre  impor- 
tant do  la  grammaire  catalane.  Malgré  des  traces  d'inexpé- 
rience, ce  mémoire  dénonce  non  seulement  une  préparation 
sérieuse,  mais,  ce  qui  est  plus  important,  un  goût  très  vif  pour 
les  études  de  linguistique  catalane.  M.  Fouché  a  d'ailleurs  dé- 
posé le  sujet  d'une  thèse  sur  Verdaguer  et  a  traduit,   comme 


laG  ANNALES    DU    MIDI. 

deuxième  épreuve  écrile,  une  chanson  du  tioubadouv  Peirc 
Hainion  deTolosa.  La  traduclion  était  bonne  et  le  commentaire 
philologique  excellent.  A  l'oral,  le  candidat  a  répondu  avec 
précision  à  une  question  de  littérature  provençale  et  il  a  expli- 
qué avec  aisance  un  passage  de  ÏAIla/ilidc  de  Verdaguer'.  Cet 
examen  est  le  ])remier  examen  de  philologie  catalane  subi  de- 
\aiil  une  Université  l'rançaise. 

Dons.  —  L'Institut  a  reçu  des  dons  assez  nombicux  pendant 
l'année  scolaire  i()ij-i()i6.  Le  plus  important,  par  le  nombre 
des  volumes  el  par  la  richesse  des  publications,  est  celui  qui 
nous  a  été  (ait  par  M.  Charles-Roux,  président  de  la  Compa- 
gnie (iénérale  Transatlantique,  membre  correspondant  de  la 
Société  archéologique  du  Midi  de  la  France,  et  par  M'""  Jeanxe 
DE  Flaxdueysy.  Nous  ne  pouvons,  dans  ce  compte  rendu,  don- 
ner en  entier  la  liste  de  ces  volumes;  citons  du  moins  les  prin- 
paux  :  Soiive/iirs  du  Passe  :  Arles;  in-4"  de  xxxvi-564  pages,  avec 
ZI93  illustrations,  26  autographes  et  4o  planches  hors  texte; 
Soiive/iirs  du  Passé  :  Saint-Gilles  ;  Souvenirs  du  Passé  :  Le  Cus- 
liunc  en  Provence,  t.  1,  Période  ancienne,  t.  11,  Période  mo- 
derne (la  |)ériod('  moderne  comprend,  à  elle  seule,  i5  plan- 
ches qn  couleur  hors  texte  et  338  dessins  originaux);  Sou- 
venirs du  Passé  :  Le  Cercle  artistique  de  Marseille  (avec  une 
gravure  au  burin,  3i  héliogravures,  2  planches  en  couleur, 
(kjo  dessins  originaux).  Nous  arrêtons  là  notre  énumération  ; 
elle  siiHit  à  donner  une  idée  de  la  magnihcence  du  don  qu'a 
bien  voulu  nous  faire  M.  Charles-Roux.  Il  nous  a  confié  per- 
sonnellement, en  vue  d'une  Iconoçiraphie  des  Troubadours,  plu- 
sieurs centaines  de  clichés  en  couleurs  des  principaux  chanson- 
niers; nous  espérons  qu'a])rès  l'achèvement  de  ce  travail  une 
partie  de  ces  richesses  restera  à  notre  Institut.  Ajoutons  (pie, 
|)ar  l'intermédiaire  de  M'""  Jeanne  de  Flandreysy,  M.  le  marquis 
de  Rargncelli-Javon  a  fait  don  à  l'Institut  de  son  beau  volume 

I.  L'épreuve  écrite  de  palcograpliic  consistait  dans  la  transcrip- 
tion et  l'analyse  d'une  lettre  en  catalan  des  conseillers  de  Barcelone 
aux  consuls  de  Mon(i)ellier,  au  sujet  d'une  lettre  de  inar(iue  (i39,''i); 
l'épreuve  orale  d'histoire  portail  sur  la  forniolion  des  étals  de  la 
maison  d'Armagnac. 


ClIROMQUE.  127 

de  poésies  inlilulé  :  Blad  de  Liuio  —  dont  plusieurs  pièces  se 
rapportent  à  'i'oulouse  —  et  de  sa  cliarnianle  nouvelle,  luxueu- 
sement illustrée,  Babali. 

Citons  encore,  parmi  les  plus  généreux  de  nos  bienlai- 
teurs,  le  président  et  les  membres  do  Vl/iatilul  d'Esladis  (Ca- 
talans de  Barcelone.  Au  cours  d'une  mission  en  Espagne  (en 
mai-juin  1916),  nous  avons  été  invité  par  VlnstiUit  à  faiic  six 
conférences  sur  la  langue  provençale;  elles  ont  réuni  dix-huit 
autlileuis,  dont  jilusieurs  étaient  tléjà  des  maîtres  en  philolo- 
gie. Nous  avons  eu  la  bonne  foitune  de  pouvoir  étudier  dans 
les  archives  de  l'inslitut  une  lédaction  rimée  des  Leys  d'Amorx 
(7.500  vers  enviion).  M.  Lucien  Poincvré,  directeur  de  l'Ensei- 
gnement supérieur,  qui  se  trouvait  en  mission  à  Barcelone,  a 
bien  voulu  nous  ouvrir  un  crédit  pour  faire  photocopier  ce  ma- 
nuscrit ;  la  photocopie  sera  déposée  à  Y  Institut  d'Études  Méridio-  . 
nales.  Nous  pensons  pouvoir  aller  plus  loin  dans  cette  voie  et 
commencer  bientôt  la  photocopie  des  manuscrits  des  trouba- 
dours conservés  à  la  Bibliothèque  Nationale  et  dont  aucun  n"a 
été  encore  publié  intégralement.  Les  membres  de  V Institut 
d'Estudis  Catalans,  ainsi  que  le  D'  C  vuulla,  recteur  de  l'Uni- 
versité de  Barcelone,  ont  bien  voulu  nous  donner  d'importantes 
collections  pour  notre  bibliothèque  et  pour  la  bibliothèque  uni- 
versitaire. Nous  les  remercions  chaleureusement.  Nulle  part  la 
science  de  nos  voisins  de  Barcelone  n'est  mieux  appréciée  qu'à 
Toulouse.  Nous  n'avons  oublié  ni  le  nom  ni  les  travaux  des 
deux  grands  grands  provençalistes  catalans  Bastero  et  Mila  y 
Fontanals. 

j^jme  ^i^fjig  ^Mistral  a  bien  voulu  nous  envoyer  le  dernier  au- 
tographe du  grand  poète  :  c'est  une  poésie  de  circonstance, 
composée  à  l'occasion  de  l'inauguration  d'une  cloche.  M"""  Mis- 
tral a  joint  à  son  envoi  un  exemplaire  de  Mireille  et  un  de  la 
traduction  de  la  Genèse.  Nous  exprimons  à  notre  donatrice  nos 
plus  respectueux  remerciements. 

M.  Emile  Cartailhag  est  toujours  un  de  nos  bienfaiteurs  les 
plus  zélés.  H  a  donné  plusieurs  volumes  à  notre  bibliothèque, 
en  particulier  un  exemplaire  des  Leys  d'-iniors  et  des  Rondayes 
de  Mallorca.  Notre  collègue  se  propose  de  nous  faire  des  dons 


J28  ANNALES    DU    MIDI. 

plus  importants  quand  l'Institut,  dont  une  partie  est  affectée, 
par  suite  de  la  guerre,  à  un  dépôt  public,  sera  rendu  à  sa  des- 
tination et  sera  en  plein  fonctionnement. 

Parmi  nos  autres  donateurs,  citons  M.  le  capitaine  Dm  y, 
du  19"  dragons,  qui  a  bien  voulu  nous  faire  liominage  du  vo- 
lume de  vers  languedociens  écrit  par  son  père,  le  félibre  Dipuy, 
décédé  récemment  à  Castelnaudary. 

I^emercions  aussi  les  directeurs  de  la  revue  catalane  Monla- 
nyes  Régalades,  de  Perpignan,  ([ui  ont  bien  voulu  nous  faire  le 
service  gratuit  de  leur  revue,  comme  l'avaient  fait  déjà  avant  la 
guerre  plusieurs  autres  directeurs  de  revues  méridionales. 
Soubaitons  que  cet  exemple  soit  suivi,  pour  que  nos  étudiants 
lisent  et  voient,  pendant  leur  séjour  à  l'Unixersité,  le  plus  de 
publications  possible  concernant  le  Midi. 

Nous  avons  donné  plusieurs  ouvrages  à  la  bibliotbèque, 
jjarmi  lesquels  les  Mélanges  Chabanean  et  les  Vies  des  Trouba- 
dours, publiées  à  Toulouse  par  «  Un  Indigène  »,  c'est-à-dire  le 
nianjuis  de  Loubens.  Nous  nous  proposons  d'offrir  à  l'Institut 
un  recueil  manuscrit  de  sermons  gascons,  composés  dans  la 
région  de  Muret  à  la  fin  du  wiiT  siècle  et  au  commencement 
du  XIX'';  nous  attendons  les  autorisations  nécessaires  pour  don- 
ner à  l'Institut  ce  manu.scril  que  nous  avons  découvert,  en  assez 
mauvais  état,  dans  le  grenier  (transformé  en  pigeonnier!)  d'un 
de  nos  amis,  notaire  dans  une  jjetite  ville  de  la  région. 

liibliolhhiue.  —  Malgré  la  guerre  et  l'état  des  finances  de 
IL  niversilé,  nous  avons  pu  commencer  à  acbeler  (piel(|ues 
livres  intlispensables.  Nous  avons  acquis  (pielques  manuels  et 
antbologies,  comme  VAiilologla  provenzale  de  M.  E.  Portai  ; 
mallieureusement  les  manuels  français  concernant  notre  an- 
cienne langue  sont  plutôt  rares. 

H  manque  à  nos  étudiants  une  Grammaire  de  l'ancien  pro- 
vençal, une  Chreslomalhic,  une  Histoire  de  la  liltéral are  proven- 
çale, c'est-à-dire  à  peu  près  l'essentiel.  Tous  nos  manuels  sont 
écrits  par  des  étrangers,  par  des  Allemands,  puisqu'il  faut  les 
appeler  [)ar  leur  nom.  Pour  remédier  un  peu  à  cet  état  de  clio- 
ses  et  pour  commencer  ab  oro,  nous  avons  rédigé  à  l'inten- 
lion  de  nos  étudiants  une  courte  notice  bibliograpbique  inli- 


CHRONIQUE.  129 

tulée  :  Pour  clndicr  les  Troubadours.  Grâce  à  l'obligeance  infa- 
tigable de  M.  Émii.e  Cartailhac,  celle  brochure  a  élé  imprimée 
sous  les  auspices  de  la  Soriclé  des  Amis  de  t'L  nivcrsilé  de  Tou- 
louse el  dédiée  à  nos  éludianls,  présents  el  fnlurs,  de  Tlnslilul. 
Nous  avons  acquis  les  diclionnaires  palois  de  Doujat  (réédilé 
par  ViSNER,  dialecte  toulousain),  le  Dictionnaire  palois-J'ra/içais 
de  l'abbé  Gary  (palois  du  Tarn  ;  Castres,  i8/i5)  el  surtout  le 
Trésor  du  Félihrige  de  Mistral,  indispensable  pour  les  éludes 
de  dialectologie  méridionale.  Nous  n'avons  encore  qu'un  em- 
bryon de  bibliothèque;  nos  besoins  sont  immenses,  nos  désirs 
innombrables,  nos  ressources  modestes  :  exoriare  nostris  ex 
ainicis  donalor! 

Joseph  Anc.lade, 

Professeur  de   langue  el  lillérature  méridionales. 


Chronique  de  l'Hérault. 

Grandes  ont  élé  les  pertes  éprouvées  i)ar  l'érudition  de  notre 
région  au  cours  de  ces  trois  dernières  années.  Nous  ne  voulons 
point  transformer  cette  chronique  en  nécrologe,  mais  il  nous 
sera  permis  d'entr'ouvrir  pieusement  le  rouleau  des  morts  pour 
saluer  la  mémoire  de  M.  Léon  (iaudin,  qui  l'ut  pendant  plus 
d'un  demi-siècle  l'actif  conservateur  de  la  Bibliothèque  de  la 
ville  de  Montpellier';  de  M.  Frédéric  Fabrège,  le  restaurateur 
cl  l'historien  de  l'antique  cathédrale  de  Maguelone;  de  M.  le 
professeur  Anlonin  Glaize,  qui  culli\a  avec  un  égal  succès  les 
lettres  anciennes  el  la  littérature  néo-romane;  de  M.  l'abbé 
Bougelle,  qui,  dans  d'estimées  monographies,  a  retracé  l'his- 
toire de  Montblanc,  de  Saint-Marlin-de-Loiulres  el  de  Puécha- 
bon.  Adressons  plus  parliculièrement  un  souvenir  ému  aux 
jeunes  tombés  gloricuscmcTit  au  champ  d'honneur,  à  M.  Babul, 
professeur  d'histoire  à  la  Faculté  des  lettres  de  notre  Lniver- 
sité;  à  MM.  Loubers  et  Moride,  agrégés  à  la  Faculté  de  droit; 

I.  Voy.  la  notice  nécrologique  consacrée  par  M.  Jos.  Berlhelé  à 
cet  érudit  dans  les  .4/l/K//(^s•  du  Midi,  i(ji5.  t.  WVII,  p.  u'nj,  ainsi  que 
notre  dernière  Chronique  de  rilrraull.  ihid..  i(|i."..  I.  \\\  .  p.  liçja. 

A.N.NALKS   UV    MIDI.   \\1\.  (J 


l3o  ANNALES    DU    MIDI. 

à  Maurice  LutliartI,  à  Jean  Baumes,  dont  les  pieuiiers  essais 
contenaient  de  belles  promesses  d'avenir. 

La  guerre  a  naturellement  paralysé  les  travaux  d'érudition 
dans  une  large  mesure.  Aussi  avons-nous  peu  de  publications 
nouvelles  à  signaler.  Toutes  nos  Sociétés  savantes  ont  cepen- 
dant continué  à  fonctionner,  d'une  façon  à  peu  près  normale, 
malgré  la  réduction  de  leur  personnel. 

La  Société  archéologique  de  Montpellier  a  publié  le  3"  volume 
de  la  deuxième  série  de  ses  Mémoires.  11  renferme  un  impor- 
tant travail  de  M.  Jos.  Berthelé  :  Anciens  textes  canipanaires  de 
r Hérault  (arrondissement  de  Montpellier).  Ce  volume  contient 
encore  un  résumé  des  Procès-verbaux  des  séances  de  la  Société 
de  1911  à  1913.  Nous  y  trouvons  des  notes  intéressantes  rela- 
tives au  peintre  monlpelliérain  Mirailhet  (xv°  siècle),  au  célèbre 
reliquaire  de  RonceAaux  (xiv*  siècle),  qui  serait  une  œuvre  de 
Montpellier,  et  enfin  plusieurs  textes  relatifs  à  l'industrie  de 
l'émaillerie  dans  cette  ville  au  Moyen  âge.  11  se  termine  par 
un  document  utile  :  la  liste  des  monuments  historiques  et  des 
objets  mobiliers  classés  dans  le  département. 

Les  G'  et  7"  volumes  des  Mémoires  de  cette  Société  sont 
actuellement  sous  presse.  Ils  seront  exclusivement  consacrés  à 
une  étude  très  documentée  de  M"'  L.  Guiraud  sur  les  origines 
iW  la  Kéfoime  à  Montpellier. 

De  son  côté,  la  Société  archéologique  de  Béziers  a  fait  paraî- 
tre deux  fascicules  de  son  Bulletin  portant  l'un  la  date  1913, 
l'autre  les  millésimes  kji/i-hjîô.  Signalons,  dans  le  premier, 
un  article  de  M.  l\  Cassan  sur  deux  églises  de  Béziers,  depuis 
longtemps  disparues  :  Saint -Pierre-le-\ieiix  et  Saint-Saturnin, 
et,  dans  le  second,  un  mémoire  de  M.  Félix  Mouret  sur  :  Le 
Temple  de  \'énus,  près  de  Vendres,  et  sun  empoi-iunt  p/iuccen  de 
Villc-Lon(jue.  Ce  travail  abondamment  illustré  présente  un  réel 
iFilérèt,  bien  que  nous  ne  [missions  souscrire  à  toutes  les  cou- 
chisiuiis  de  l'auteur,  notamment  à  celles  relatives  à  l'attribu- 
tion de  nos  monnaies  gauloises  à  légende  AorroïT.VAIITlJX . 

L'Académie  des  sciences  et  lettres  de  Montpellier  coTitinue 
à  ne  pidjlicr  les  Mémoires  d'aucune  de  ses  trois  classes.  Ce  fait 
prolnndi'incnt  regrettable  a  pour  cause  une  situation  financière 


CHRONIQUE.  l3l 

pou  brillanle.  Un  BuUotin  mensuel  (au  moins  par  son  titre)  se 
borne  à  donner  les  procès-verbaux  des  séances  et  un  résumé 
des  principales  communications  qui  y  ont  été  faites.  Cette 
Compagnie  a  récemment  rompu  avec  ses  anciennes  traditions, 
en  élisant  un  membre  féminin  dans  sa  section  des  Lettres. 
L'innovation  a  fait  quelque  bruit,  car  elle  a  soulevé  certaines 
oppositions  de  principe. 

La  Revue  historique  du  diocèse  de  Montpellier,  dont  le  direc- 
teur est  mobilisé,  a  cessé  de  paraître  depuis  le  début  des  hosti- 
lités. Espérons  que  des  temps  meilleurs  nous  permettront  de 
voir  l'achèvement  de  la  publication  du  Bullaire  et  du  Cartu- 
laire  de  Maguelonc,  vaillamment  entreprise  par  les  rédacteurs 
de  cette  revue'.  Nous  devons  à  un  de  ces  derniers,  M.  l'abbé 
Yillemagne,  une  très  complète  Histoire  de  Teyran  (Hérault), 
dont  une  partie  a  paru  dans  ce  périodique. 

M.  l'abbé  Chaillan,  curé  de  Septèmes  (Bouches-du-Rhône), 
qui  a  publié  une  bonne  Vie  d'Urbain  V  et  plusieurs  registres 
concernant  l'administration  des  collèges  fondés  par  ce  grand 
pape  français,  vient  d'éditer  un  nouveau  document  d'un  réel 
intérêt  pour  Montpellier.  C'est  le  Registre  des  comptes  pour  le 
Collège  papal  Saints-Benoît  et  Germain  (1368-1370),  d'après  le 
manuscrit  des  Archives  Vaticanes.  On  y  trouve  des  renseigne- 
ments précieux  sur  l'organisation  matérielle  de  ce  Sludium 
papale.  Il  est  fâcheux  que  se  soient  glissées,  dans  cet  ouvrage, 
de  regrettables  inexactitudes  en  ce  qui  touche  les  identifications 
topographiques  "'. 

M.  le  chanoine  Granier,  secrétaire  du  cardinal  de  Cabrières. 
a  donné,  d'après  des  documents  inédits,  un  curieux  travail  sur  : 
Le  dernier  évêque  de  Béziers,  M^''  Aymard-Claude  de  Nicolay, 
en  exil  (1791-1815).  11  contient  d'intéressants  détails  sur  l'atti- 
tude de  ce  prélat  vis-à-vis  du  Premier  Consul  et  sur  son  oppo- 
sition au  Concordat.  Nous  sommes  encore  redevables  au  même 
auteur  de  doux  phKpiettos  :  Le  pape  Pie  17/  et  les  cardinaux 

1.  Voy.  notre  doniièro  Chronique  do  l'Hérault  (Annales  du  Midi. 
\\\,  p.  387-388). 

2.  Cf.  un  conipto  rendu  do  cet  ouvrage  dans  les  Annales.  1916. 
t.  XWIII.  p.  A83. 


l32  ANNALES    DU    MIDI. 

/loirs  dans  le  diocèse  de  Monipcl/ier  ;  —  Deux  Mystiques  du 
XVII'  siècle  :  Jacquelle  de  Bachelier  de  Béziers  (1559-1635)  et 
Marie-Germaine  de  Clerniont-l'IIérault  (157^1-1638). 

Signalons  enfin  un  livre  de  M.  de  Ferrouil  de  Montgaillard  : 
Le  patrimoine  des  pauvres  et  les  services  hospitaliers  de  Bcda- 
rieiix  au  Moyen  âge,  et  la  publication  par  M.  Henri  Mazet  de 
Six  lettres  inédites  d'Auguste  Comte  à  Roméo  Pouzin,  professeur 
à  l'École  de  Pharmacie  de  Montpellier.  Ces  lettres,  qui  pui- 
sent leur  principal  intérêt  dans  la  personnalité  de  leur  auteur, 
s'espacent  entre  les  années  i8i4  et  i843.  Les  deux  premières, 
datées  de  l'École  Polytechnique,  sont  vraisemblablement  les 
plus  anciennes  lettres  connues  du  célèbre  philosophe. 

Aux  Archives  départementales,  M.  Jos.  Berthelé  achève  l'im- 
pression de  la  table  du  Répertoire  numérique  de  la  série  A  et 
poursuit  le  Répertoire  numérique  des  Archives  communales. 
Parmi  les  fonds  dont  le  répertoire  a  été  récemment  imprimé, 
mentionnons  ceux  de  Cette,  de  Lattes  et  de  \  illeneuve-les- 
Maguelone.  ^otre  infatigable  archiviste  départemental  vient 
d'o])ércr  le  reclassement  de  ce  qui  subsiste  de  l'important  dépôt 
des  Arciiives  municipales  de  Fiontignan,  dont  les  principaux 
parchemins  mis  en  Aenle,  à  la  suite  tlu  décès  d'un  ancien  maire, 
ont  été  ac(|uis  jjartic  par  les  Archives  de  l'Hérault,  partie  par 
M.  l'abbé  Léon  Cassan,  (|ui  les  a  légués  à  la  Société  archéolo- 
gicpie  (le  Montpellier. 

Aux  Archives  municipales  de  Monlpollici,  l'impression  des 
Inventaires  ri  Doiiime/ils  a  été  i'àcheusement  interrompue 
par  la  guerre.  Toulcfois,  la  pré|)aralion  des  fascicules  ultérieurs 
se  continue  régulièreuienl.  Le  prochain  volume  contiendra  la 
suite  (les  ((  Lclaircisseinents  l()[)(»graplii(jues  ». 

Nous  ne  saurions  passer  sous  silence,  dans  cette  chroni({ue, 
un  très  inqiorlant  événement  archéologique.  Nous  voulons 
palier  des  récentes  découvertes  faites  aux  environs  de  Béziers, 
sur  la  hauteur  d'Ensérunc.  De  tous  temps,  le  site  d'Ensérunc 
a\ail  attire  latlcution  des  archéologues  (|ui  avaient  conclu  de 
certain^  indices  à  l'existence,  sur  ce  promontoire  rocheux,  d'un 
iippidiiru  préi'oiiiaiii.  Mais.  jus(iu'ici,  les  (luehjues  fouilles  (pji 
)  axaient  éli-  piali((uée>  n'avaient  donné,  à  part  (juehjues  mon- 


CHRONIQUE.  l33 

naies  gauloises,  que  des  objets  appaiionant  à  la  prriodc  de 
l'occupation  romaine'.  Tout  dernièrement,  la  tiouNaillc  de 
quelques  fragments  de  vases  grecs  à  figures  peintes  a  démontré 
le  bien-fondé  des  anciennes  conjectures  et  décidé  un  archéolo- 
gue biterrois,  M.  Félix  Mouret,  à  acquérir  une  vigne  qui  sem- 
blait plus  particulièrement  receler  des  vestiges  antiques. 
M.  Mouret  a  entrepris  sur  ce  terrain  des  fouilles  méthodiques, 
et  ses  recherches  ont  été  magnifiquement  récompensées.  Elles 
ont  révélé  l'existence  d'un  vaste  cimetière  à  incinérations  dont 
les  tombes  étaient  garnies  d'un  abondant  et  riche  mobilier  fu- 
néraire :  beaux  vases  grecs  à  figures,  poteries  dites  ibériennes, 
ornements  de  bronze,  armes  de  fer,  etc.  Un  grand  nombre  de 
ces  objets  paraissent  remonter  au  v'  siècle  avant  l'ère  chré- 
tienne. L'Académie  des  Inscriptions  a  délégué  à  Ensérunedeux 
de  ses  membres,  MM.  Salomon  Heinach  et  Ed.  Potticr,  qui  se 
sont  plu  à  reconnaître  la  haute  importance  des  découvertes  de 
M.  Mouret,  tant  pour  l'histoire  de  l'art  que  pour  l'étude  des 
relations  de  notre  contrée  avec  la  Grèce  antique. 

Par  une  curieuse  coïncidence,  presque  au  même  moment, 
M.  Maurice  Gennevaux,  de  la  Société  archéologique  de  Mont- 
pellier, découvrait  à  Castelnau-le-Lez,  sur  l'emplacement  de 
l'ancienne  ville  de  Substantion,  un  très  important  monument 
de  l'époque  préromaine.  Mais  il  serait  prématuré  de  donner 
des  détails  sur  cette  découverte,  qui,  (hi  reste,  n'a  pas  encore 
été  publiée  par  son  auteur. 

Terminons  par  une  bonne  nouvelle  archéologique,  l  ri  des 
membres  les  plus  éclairés  du  clergé  montpelliérain,  auquel 
aucune  manifestation  de  l'art  ne  demeure  étrangère,  M.  le 
chanoine  Prévost,  \ient  de  faire  restaurer,  avec  un  soin  scru- 
puleux et  digne  des  plus  grands  éloges,  la  magnifique  chapelle 
de  l'ancienne  abbaye  cistercienne  du  Vignogoul  et  de  sauver 
ainsi  d'une  perte  presque  certaine  un  des  édifices  les  plus  re- 
marquables de  notre  région,  rare  témoin  de  la  période  de  tran- 


I.  Rappelons,  pour  mémoire,  que  c'est  à  p]nséruriie  qu'a  été  trou 
vée  la   précieuse   inscription   dite    de  Régimont,   qui  est  datée  de 
l'an  455. 


l3^  A>NALES    DU    MIDI. 

silion  enlrc  l'arL  roman  cl  le  gothique'.  Los  très  importants 
travaux  de  conserxalion  et  de  restauration  ont  été  dirigés  avec 
autant  d'habileté  f[ue  de  science  par  M.  Julien  Boudes,  archi- 
tecte, qui  s'était  déjà  signalé  à  l'attention  des  amis  de  l'art  par 
la  construction,  dans  notre  ville,  d'une  délicieuse  église  dans 

le  stvle  du  xiiT  siècle. 

Emile  Bonnet. 


I.   Un  documenl  pul^lié  dans  Gallid  ChristiaiKi  pernu-l  de  fixer  la 
fl.'ite  de  construction  de  cette  ciiapclie  en  l'année  1211. 


1>IVRES  ANNONCES  SOMMAIREMENT 


Catafogae  des  niaïuiscrils  de  la  hih/iulhètjae  île  /'l'/iirersitc  de 
Toulouse.  Paris,  Plon-Nourrit,  iQiO;  in-8"  de  02  pages  (E\lr.  du 
Catalogue  général  des  manuseri/s  des  Bibliolhlujues  publiques). 
— -  Ce  catalogue,  rédigé  par  MM.  Ducos  et  Vie,  bibliothécaires, 
d'après  les  notes  de  MM.  Canal  et  H.  Crouzel,  nous  montre  que 
la  Bibliothèque  universitaire  de  Toulouse  possède  un  véritable 
fonds  d'archives  diverses  dont  l'intérêt  n'est  pas  purement  uni- 
versitaire ni  local. 

Sans  doute  les  documents  les  plus  importants  sont  relatifs 
à  l'histoire  de  l'Université  de  Toulouse.  On  y  trouve  notamment 
les  statuts  de  l'Université  (iSio-iSoq,  n"  1-2),  dont  la  plupart 
ont  été  publiés  dans  le  grand  ouvrage  de  M.  Fournicr  (t.  I),  les 
registres  de  la  Chancellerie  (1698-17S4)  et  les  registres  de  testi- 
moniales ou  certificats  d'études  (1682-1784 ',  n""  12,  16  et  17-25), 
des  documents  relatifs  à  l'union  à  l'université,  en  1681  et 
17 17-1736,  des  collèges  des  Jésuites  et  de  l'Esquilc  (n"'  92-98). 
La  Faculté  de  théologie  est  représentée  par  des  registres  de 
testimoniales  (16 14-1690,  n"  26-29-31),  de  tentatives  (1630-171 1  ', 
n"  84),  des  nominations  de  bacheliers  (1622-1734,  n""  33-37), 
des  pièces  concernant  les  droits  des  professeurs  conventuels 
(1707-68,  n"  89),  un  cours  de  théologie  de  1742-43  (n"  282). 
Pour  la  Faculté  de  tiroit  on  a  tous  les  registres  de  délibérations 
de  1698  à  1789  (n"  3-6),  les  registres  d'inscriptions  de  1679 
à  1793  (n'"'  39-62),  de  bacheliers  de  1681  à  1798  (n"'  63-65),  les 

1.  Les  deux  derniers  registres  de  testimoniales  (i78'i-i793)  sont 
aux  archives  municipales. 

2.  Les  registres  1711-176S  sont  aux  archives  municipales,  qui  ont 
également  tous  les  registres  d'inscriptions  trimestrielles  (inscrip- 
tions proprement  dilesj  et  d'inscriptions  pour  examens  (suppliques) 
de  1742  à  1792. 


l36  ANNALES    DU    MIDI. 

procès-verbaux  fies  actes  en  droit  de  1G82  à  1798  (n"'  71-83)'. 
A  la  Faculté  de  médecine  se  rattachent  les  registres  des  déli- 
bérations de  1773  à  1793  (n"  275)'%.  les  présentations  et  actes 
concernant  la  maîtrise  des  apothicaires  jurés  de  1701  à  1792 
(n"  276),  les  statuts  et  listes  des  écoliers  en  chirurgie  de  i5i7 
à  1712  (n°  283).  Enfin,  l'histoire  de  l'enseignement  au  début 
du  xix"  siècle  trouvera  une  ample  moisson  dans  la  correspon- 
dance du  recteur,  de  la  Faculté  de  droit,  les  délibérations  du 
conseil  académique  (1809-18Ô1),  les  délibérations  de  commis- 
sions diverses  relatives  à  l'enseignement  primaire,  les  registres 
de  personnel,  de  comptabilité,  etc. 

L'Université  de  Toulouse  n'est  pas  la  seule  qui  figure  dans 
ce  catalogue.  Les  archives  de  colle  de  Cahors  ont  été  en  effet 
versées  à  celle  de  Toulouse  en  1702  (cf.  procès-verbal,  n"  85); 
registre  des  délibérations  (1611-17/1/1),  inscriptions  en  di'oit 
(1673-1751),  graduations  diverses,  inscriptions  et  graduations 
en  médecine  pour  le  xvii"  et  xviir  siècles,  attestations  en  théo- 
logie, et  arrêts  divers  du  conseil,  occupent  les  n"  1/1G-195.  Enfin 
le  n"  19G  concerne  des  con^enlions  entre  l'UniAcrsité  de  Bour- 
ges et  les  Jésuites  du  roljègo. 

Mais  c'est  surtout  sur  les  documents  étrangers  à  l'Université 
et  qu'on  ne  songerait  |)as  à  aller  chercher  dans  ce  dépôt  que 
nous  croyons  utile  d'attirer  l'attention.  Ces  documents  intéres- 
sent à  la  fois  l'histoire  de  Toulouse  et  de  sa  région,  l'archéo- 
logie, la  philologie,  l'aiitliropologic.  Parmi  les  j)remiers,  nous 
relèverons  :  comme  documents  ecclésiastiques,  le  registre  de 
l'archevêché  de  Toulouse,  concernant  les  mutations  survenues 
dans  le  clergé  de  i633  à  lO^j.")  (n"  2o3),  le  livre  des  comptes  de 
la  Table  du  Saint-Esprit  de  la  Dalbade  (i573-i68/|,  n"  -loli), 
les  statuts  de  l'archiconfrérie  de  rimmaculée-Conception  de 
\.-l).  à  l'église  de  la  Daurade  {  \ '\~ri-]b!\\))  en  langue  romane 
(n"  222);  —  sur  les  abbayes,  ]v  livre  des  fiefs  de  l'abbaye  de 
Mzors  (1028-1572,  u"  2o5),  un  acte  relatif  à  l'abbave  des  SaliMi- 


I.    I,('s  snp|)li(|iies  1  [--'À-i-jiy)  1  sont  aux  ai(i)i\e.s  iiiuiiicipales. 
y.  Deux  re-rislres  d'insci  ipiions  (  i703-i7'!()  et  17Ô8-1787)  aux  arclii- 
vcs  niunicipalcs. 


LIVRES    ANNONCÉS    SOMMAIREMENT.  l3~ 

qiics  (1099,  n"  206),  le  livre  des  fiefs  des  chapelains  de  Mones- 
tiès  (1791,  n"  9A^)\  — comme  documents  civils,  les  mémoires 
sur  la  généralité  de  Montauban  (1693,  n"  333),  les  déclarations 
des  revenus  des  habitants  de  Verfeil  (17/19,  n"  208);  —  comme 
documents  juridiques,  des  commentaires  par  Boutaric,  profes- 
seur de  droit  en  1728,  sur  l'ordonnance  de  1G73  relative  an 
commerce  (n"  2^6),  par  d'Aslrnc,  professeur  de  droit  en  1740, 
sur  celle  de  1735  relative  aux  Icstamenls  (n"  2  10)  ;  —  des  collec- 
tions diverses  sur  les  rues  de  Toulonse  (Taillade,  n"'  219-220), 
sur  l'histoire  du  Languedoc  (Du  Alège,  n"'  227  et  ss.),  sur  la 
ville  d'Albi  et  la  bibliothèque  Rochegude  (n""  238-2^1,  catalo 
gue),  et  sur  la  Révolution  à  Toulouse  (n"  220,  et  notamment  le 
catalogue  des  ecclésiastiques  détenus  à  la  maison  Sainte-Cathe- 
rine). Enfin  on  y  trouve  même  un  registre  de  minutes  en  roman 
d'un  notaire  de  Lédergues  (Aveyron)  en  i546  (n"  197)  et  un 
autographe  de  Victor  Hugo  de  1869  (n"  244)- 

Les  archéologues  consulteront  avec  fruit  les  papiers  de  Lebc- 
gue  sur  les  fouilles  de  Martres  (n"  207),  tandis  que  les  philolo- 
gues auront  à  leur  disposition  des  poésies  gasconnes  des  \vi% 
xvil'  et  xviii"  siècles  (n"  201,  202,  234)  et  les  papiers  de  Du  Mège 
(copie  des  Leys  d'Aniors,  n"  23o,  etc.).  Enfin,  l'anthropologie 
et  la  paléontologie  feront  leur  profit  des  papiers  d'Edouard  et 
Louis  Lartet  et  de  leurcorrespondancc  donnée  par  M.  Garlailhac 
(n"'  333-377);  ^t  les  papiers  de  \Iussy  (n"'  378-385),  ingé- 
nieur des  mines  à  Vicdessos  (Ariège),  relatifs  surtout  à  la  carte 
géologique  de  ce  département,  fourniraient  certainement  aux 
historiens  de  la  mine  de  Rancié,  près  de  Vicdessos,  des  détails 
qui  les  intéresseraient. 

C'est  donc  une  très  grande  variété  de  documents  que  possède 
la  Bibliothèque  universitaire,  et  il  y  avait  lieu  de  les  signaler 
aux  historiens,  puisque  sur  tous  ces  sujets,  si  les  sources  des 
autres  dépôts  publics  sont  incontestablement  plus  abondantes, 
on  peut  néanmoins  trouver  ici  des  détails  qui  les  complètent'. 

Fr.  Galabert. 


I.  Conformément  au  plan  général  de  la  publication  des  catalogues 


l38  AWALES    DL"    »nDI. 

Conseils  practichs  pcr  csrriure  en  calala  aixi  en  lu  Principal 
de  Catnhinva  y  Comlals  de  Bossello'  y  Cerdanya  coni  en  los 
Realines de MaUorca y  Fa/c/ic/a. Barcelona,Biblioteca  nova,  1916; 
in- 16  de  32  pages.  —  Cet  opuscule  anonyme  se  rapporte  au 
mouvement  qui  se  prononce  de  plus  en  plus  parmi  les  catala- 
nistes  traditionnels  en  faveui'  de  la  conservation  de  la  langue 
classique.  Cette  réaction  contre  la  hardiesse  de  certains  «  réno- 
vateurs »  irrespectueux  du  passé  a  déjà  inspiré  de  nombreuses 
dissertations  dont  nous  avons  signalé  dans  un  précédent  numéro 
l'une  des  plus  méthodiques'.  Celle-ci  se  distingue  par  autant 
de  clarté  cl  de  justesse.  Relevons  ce  qui  y  est  dit  (p.  9)  de  l'ar- 
ticle lo  :  «  De  cap  manha  post  sotstituirse  ab  «  el  »,  que,  a  mes 
d'esse  un  vulgarisme  dialectal,  ningu'l  pronuncia  (per  mes 
que  molts  aixi  l'escriugan);  donchs  lo  que's  diu  en  lloch  de  lo. 
es  un  so  inarticulat,  no  una  paraula.  »  Dans  le  camp  opposé  à 
celui  de  notre  auteur,  on  n'ose  défendre  le  barbarisme  «  el  », 
tant  il  est  indéfendable.  Anfos  Sans  i  Rossell,  dans  ses  Breiis 
nocions  de  lle/iga  calalana  (1909),  écrivait,  p.  i3  :  «  Cal  rcmar- 
car  que  l'articl  el,  aNuy  massa  usât,  sembla  provincnt  del  cas- 
tella.  Aixi  doncs,  mirarem  d'evitar-lo  tant  com  piiguem.  »  Il  ne 
semble  pas  que  ce  conseil  trop  timide  ait  été  suivi  el  qu'un 
effort  sérieux  ait  été  tenté  pour  chasser  l'intrus  ;  bien  au  con- 
traire. La  vérité  est  que  el  pour  lo  est  une  faute  grossière  qu'il 
faut  éviter,  non  pas  «  autant  qu'on  le  peut  »,  mais  d'une  façon 

(ios  tnannscrils  des  t)ibliollièqucs  puljli(|iios.  l'ordre  méthodique 
dans  lequel  sont  éuuniérés  les  manuscrits  n'est  pas  l'ordre  réel 
dans  lo(jn(>l  ils  figurent  sur  les  rayons;  les  numéros  en  caractères 
gras  de  1  à  .'^yo  (jui  figurent  sur  le  catalogue  imprimé  sont  des 
numéros  d'ordre  l'ulifs.  el  c'est  le  luiméro  qui  suit  entre  parenthèses 
(|ni  cnnslilue  la  véritable  cote  (ex.  :  testimoniales  en  théologie, 
29-31  n'  d'ordre;  ili,  >.;)i.  •?,5'?  cote  réelle).  Dans  le  compte  rendu 
(|ui  précède  nous  n'avons  indiipié  (|ue  le  ninnéro  en  caractère  gras 
du  calalogue.  le  seul  utile  pour  retrouver  dans  ce  catalogue  les 
niainisci  ils  cilés  ci-dessus.  Mais,  dans  toute  citalion  de  docinnent, 
il  scia  prudiMil  de  donner  les  deux  niunéros.  Il  \  a  là  un  inconvc- 
iiicnl  (pi'inic  jailli'  de  concordance  permelhail  c\\  |)ailic  d'cvilcr; 
il  csl  à  souhaiter  (pTclle  soit  donnée  à  la  (iii  de  la  [)ublicalion  dont 
cette  brochure  est  un  exirail. 

I.    [iiiifdcs.  K)!.").  I.  \\\ll.  p.  ■a(u:>. 


LIVRES    ANNONCÉS    SOMMAIREMENT.  l3Çf 

rig-nuiTiiso  cl  absolue,  si  Ion  se  })i(nie  de  parler  ou  d'écrire  et 

non  d'ccorchcr  le  catalan. 

J.  Calmette. 

DiPRAT  (Eug.).  \otes  de  lopor/raphie  arignonnise.  \\ .  Mdcho- 

vllla(CanmonlJ.  Paris, Champion, et  Avignon,  Kounianille,  1916; 

in-8"  de  3i  pages  (Extr.  des  Annales  d'Avignon  et  du  Comiat 

Venaissin,  1916). —  Après  tant  d'autres,  M.  Duprat  a  recherché 

le  site  de  la  villa  Macho,  dont  parle  Grégoire  de  Tours  et  qui 

appartint  au  patrice  Mummolus.  Il  croit  avoir  retrouvé  ce  site 

à  Caumont,  sur  la  colline  de  Serre,  en  un  lieu  désigné  sous  le 

nom  de  Magna  au  x"  siècle,  de  Magol  aux  xir  et  xur  siècles, 

de  Magnes   dans  les   temps   modernes.    L'archéologie  vient  à 

l'appui  de  l'onomastique;  car  le  territoire  de  Caumont  ofTre  les 

vestiges  d'une  importante  villa  romaine,  qui  semble  avoir  été 

occupée  encore  à  l'époque  mérovingienne.  Tous  les  arguments 

réunis  par  M.  Duprat  sont  des  plus   sérieux  et  rendent  son 

hypothèse  très  vraisemblable. 

II.  Ga. 

Labrole  (H.).  La  Société  populaire  de  Bergerac  pendant  la 
Réoolntion.  Paris,  F.  Kieder,  191.");  in-8"  de  423  pages  (Publi- 
cation de  la  Société  de  l'Histoire  de  la  Révolntion  française).  — 
Cette  publication,  qui  est  une  seconde  thèse  de  doctorat  es  let- 
tres, comprend  une  Introduction  de  5o  pages,  un  texte  détaillé, 
des  appendices  et  des  tables  alphabétiques  et  des  matières. 
L'Introduction  constitue  une  sorte  de  synthèse  des  indications 
éparses  dans  le  texte  sur  le  fonctionnement  de  la  Société,  ses 
organes,  son  influence  politique  et  administrative.  Le  texte  est 
tiré  de  trois  registres  de  délibérations  de  la  Société  populaire, 
conservés  aux  archives  communales  de  Bergerac,  et  (jui  \ont, 
avec  quelques  lacunes,  du  26  noAembre  1790  au  7  nivôse  an  II. 
Ce  sont  des  extraits  reliés  par  de  brèves  analyses.  Les  notes, 
fort  nombreuses  et  substantielles,  complètent  les  délibérations; 
elles  sont  en  général  empruntées  aux  autres  documents  d'archi- 
ves, constituant  le  fonds  de  la  Société  —  pièces  annexes  et  cor- 
respondances —  que  l'auteur  a  pu  consulter. 

Cette  disposition,  qui  marque  un  progrès  sur  les  publica- 


1^0  \NN\LES    DU    MIDI. 

lions  similaires  précédemment  faites,  permet  de  mesurer  dans 
toute  leur  étendue  les  moyens  d'action  de  la  Société  populaire 
de  Bergerac.  Sa  vie  intérieure  et  son  évolution  ont  leur  carac- 
tère propre.  Influencée  par  les  événements  politiques  sur  les- 
quels elle  réagit  à  son  tour,  elle  passe,  non  sans  secousses  et 
sans  retours  vers  le  passé,  du  modérantisme  constitutionnel 
à  la  démocratie  montagnarde  pour  se  survivre,  sous  le  Direc- 
toire, en  un  Cercle  constitutionnel  qui  conservera  quelque 
allure  républicaine.  Elle  fait  accueil  à  Lakanal,  qui  y  trouvera 
quelques-uns  des  agents  de  son  œuvre  d'organisation  '.  Elle 
suit,  pendant  une  partie  de  son  existence,  l'impulsion  du 
conventionnel  Pinet,  dont  la  correspondance  avec  ses  compa- 
triotes est  fréquemment  citée.  Elle  participe,  avec  zèle  et  con- 
tinuité, aux  mesures  de  défense  nationale,  d'assistance  publi- 
que, d'instruction  populaire,  de  répartition  des  subsistances. 
Elle  a  sa  politique  religieuse,  d'abord  sympathique  à  un  clergé 
qui  se  soumettrait  aux  lois  de  l'État,  puis  ardente  et  passion- 
née pour  la  «  déchristianisation  ».  C'est  le  tableau  en  raccourci 
des  transformations  de  l'opinion  dans  une  grande  partie  du 
pays  que  M.  Labrouc  met  en  relief  par  ses  extraits  largement 
compris,  où  seides  disparaissent  les  redondances  et  (juc  les 
notes  éclairent. 

En  dehors  même  de  ces  indications  d'histoire  générale, 
l'intérêt  de  la  publication  n'est  pas  limité  aux  faits  locaux. 
L'échange  d' y  adresses  »  de  la  Société  avec  les  clubs  «  affiliés  » 
ou  «  correspondants'  »  nous  fait  assister  à  quelques-uns  des 
actes  de  ceux-ci  ',  à  cet  ell'ort  d'action  collective  dont  la  rapidité 
nous  surprend  aujourd'hui,  préxcnus  comme  nous  le  sommes 
(les  difficultés  de  communications  cpi'il  fallait  surmonter. 

Les  deux  a|)|)(Midiccs  —  une  étude  sur  le  Cercle  constitution- 


I.  \oy(v.  la  llii-sc  j)rincii)ak'  de  M.  I.aljiouc  :  l.a  mission  ilit  Conren- 
lionnel  Laknnal  clans  In  Dordogne  en  l'un  II  (oclohre  1/93  août  t79'4), 
dotil  il  sera  donné  ici  nitôricurcnient  un  compte  rendu. 

■>.  M.  I.ahroiic  vu  a  compte  cent  vingt-neuf,  dont  un  anglais. 

.<.  .le  n'ai  pas  relevé  moins  de  quinze  citations;  dont  on  ne  relrou- 
vorail  poiil-ôlro  pas  toujours  récpiixalent  sur  place,  concernant  la 
Soriélé  de  Toulouse. 


LIVRES    ANNONCÉS    SOMMAIREMENT.  I /J  1 

nel  de  Bergerac,  une  carte  du  déjjartement  de  la  Dordogne 
divisé  en  neuf  districts  et  soixante-douze  cantons  —  ont  leur 
intérêt  et  leur  utilité.  La  table  alphabétique  des  noms  de  per- 
sonnes, d'institutions  et  de  lieux  est  très  complète. 

M.  Labroue  a  montré  une  fois  de  plus  de  quelle  utilité  serait 
le  dépouillement  systématique  des  «  actes  »  des  Sociétés  popu- 
laires. Son  livre  est  une  contriijution  à  l'histoire  de  l'esprit 
public  dans  un  déparlement  moyen,  point  trop  agité  par  les 
événements,  et  par  cela  même  digne  de  fixer  notre  attention 
pour  l'étude  d'une  période  si  complexe  de  notre  histoire  inlé 
rieure.  J.  Adher. 

Lacrocq  (L.).  Les  travaux  du  sculpteur  toulousain  Arthur 
Legoust  à  Limoges.  Limoges,  Ducourtieux,  1914;  gr.  in-8"  de 
10  pages.  (Extr.  du  Bull.  Soc.  arch.  du  Limousin).  —  M.  l'abbé 
Lestrade  a  démontré  jadis,  dans  le  Bull.  Soc.  arch.  du  Midi  de  la 
France  (n'  27),  que  les  Carmélites  de  Limoges  avaient  com- 
mandé à  Arthur  Legoust,  en  1O27,  un  grand  rétable  avec  sta- 
tues et  accessoires.  Par  le  présent  article,  M.  L.  prouve,  d'après 
les  mentions  recueillies  dans  notre  Inv.  des  arch.  dép.  de  la 
Haute-Vienne,  série  D,  que,  vers  le  môme  temps,  les  Jésuites 
de  Limoges  commandèrent  au  môme  artiste  un  autre  rétable, 
qui  fut  dressé  dans  leur  chapelle  en  iG3o.  Ces  deux  œuvres, 
qui  témoignaient  de  l'habileté  du  sculpteur  toulousain,  ont 
malheureusement  disparu  pendant  la  Révolution.  M.  L.  établit 
contre  l'abbé  Lestrade  qu'il  y  a  eu  à  Toulouse  deux  sculpteurs 
du  nom  de  Legoust  :  Arthur  f  avant  i63o,  et  Arthur-Georges 
qui  vivait  encore  en  1660.  Mais  il  n'en  admet  pas  trois,  con- 
trairement à  la  conjecture  des  auteurs  du  Répert.  des  artistes 
décorateurs  du  bois.  —  Bon  travail  qui  devra  servir  de  point  de 
départ  à  toutes  recherches  ultérieures  sur  les  Legoust  et  leurs 
œuvres.  A.  L. 

Lamolzèle  (E).  Toulouse  au  .W  JII'  siècle,  d'après  les  «  Heu- 
res perdues  »,  de  Pierre  Barlhès.  Toulouse,  J.  Marquesle,  1914; 
in-S"  de  4^0  pages.  —  Les  érudits  et  les  curieu\  connaissaient 
les  huit  volumes  manuscrits  de  Pierre  Barthès,  conservés  à  la 


1^2  ANNALES    DU    >IIDI. 

Bibliollièquc  de  Toulouse,  où  ce  modeste  répétiteur  de  latin  a 
consigné  jour  par  jour,  de  1787  à  1780,  les  grands  et  menus 
événements  toulousains.  Quelques  extraits  en  avaient  été  pu- 
bliés, au  hasard  des  recherches  d'histoire  locale,  notamment 
par  Uoschach  dans  ses  Eludes  hislorujues  sur  la  province  de 
Lanr/iiedoc'.  Mais  nul  n'avait  songé  jusqu'à  ])résent  à  une  pu- 
blication systématique,  totale  ou  partielle,  mettant  l'ouvrage  à 
la  portée  du  grand  public.  Grâce  à  M.  L.,  cette  lacune  est  au- 
jourd'hui comblée.  11  y  fallait  un  soin,  une  information,  un 
esprit  méthodique  et  judicieux  —  j'allais  dire  juridique  — dont 
l'éditeur  avait  donné  maintes  preuves  dans  ses  précédents  tra- 
vaux. 11  fallait  surtout  une  persévérance  et  une  volonté  sans 
cesse  en  éveil  pour  dégager  les  faits  saillants  du  verbalisme  où 
se  complaisait  Barthès,qui  écrivait  pour  lui  et  un  cercle  d'amis, 
ii'a\ail  aucun  scrupule  à  se  répéter,  à  s'étaler  et  à  moraliser,  à 
traiter  de  oinnl  re  scibilL 

Ceci  nous  explique  pourquoi  M.  L.  ne  pouvait  songer  à  une 
publication  intégrale.  La  méthode  suivie  s'imposait.  A  une  in- 
troduction destinée  à  nous  faire  connaître  l'auteur  succèdent, 
dans  l'ordre  chronologique,  avec  les  divisions  mêmes  adoptées 
j)ar  lîarthès,  des  extraits  reliés  par  des  analyses.  Ces  extraits 
comporteiil  i]es  coupures  marquées  par  des  points  et  destinées 
à  supprimer  les  redondances,  les  digressions  ou  les  détails 
oiseux.  Les  analyses  consistent  soit  en  une  simple  mention  du 
fait  —  aucun  n'est  omis  --  soit  en  un  rappel  complété  par  de 
courtes  citations.  De  cette  fa(;on  la  substance  même  du  récit 
reste,  avec  (juelqnc  chose  de  sa  saveur  première  et  tic  l'origina- 
lité du  texte. 

Disons  tout  de  suite  (pie  cette  méthode,  si  elle  a  des  avan- 
tages, présente  (piehpies  dilhcuités  d'application.  (^)ui  sera  juge 
du  degré  d'intérêt  liisl(ni(jue  (pie  présentent  le  récit  ou  les  ob- 
ser\alions;'  L'érudil  allachcra  de  rim])orlance  au  |)remier;  le 
psychologue  sappli(]uera  aux  secondes,  et  seul  le  lecteur  très 
infoinié  ap|)iéciera  (pielh>  conliibulion  le  texte  intégral  apporte 
à  1  bi>t(iire  des  ind'iirs.  C(>s  réserves,  (pii  ont  pu  êlie  faites  cha- 

1.    Ilistuir,'  ,lr  l.aïujHcduc.  I.  Mil  (édit.  I'ii\al). 


LIVRES    ANNONCES    SOMMAIREMENT,  l/|3 

que  fois  en  pareil  cas  et  ne  sont  d'ailleurs  pas  restées  sans  ré- 
plique, semblent  conserver  plus  de  force  lorsqu'il  s'agit  d'his- 
toire anecdotique. 

On  peut  dire  à  la  louange  de  M.  L.,  après  un  rapprochement 
tout  indiqué  de  sou  livre  et  du  maïuiscrit,  qu'il  a  fort  heureu- 
sement évité  le  reproche  de  parti  pris  ou  de  négligence.  Il  y  a 
bien,  en  ces  4oo  pages,  la  substance  «  utile  »  des  réflexions  du 
professeur  toulousain'.  11  y  a  surtout  des  faits,  dont  quelques- 
uns  peuvent  être  consignés  ailleurs,  mais  ont  ici  des  préci- 
sions, des  couleurs,  des  circonstances  particulières.  Cette  no- 
menclature, offerte  ])ar  le  livre  de  M,  L.,  nous  fait  regretter  la 
perte  du  manuscrit  (pji  servit  de  modèle  à  Barthès  et  où  étaient 
racontés  les  événements  toulousains  de  la  fin  du  règne  de 
Louis  \1V.  De  pareils  recueils  de  documents,  contemporains 
des  événements,  n'ayant  sidji  aucune  déformation,  à  peine  en- 
tachés de  préoccupations  littéraires,  sont  absolument  précieux. 

Ce  n'est  pas  ici  le  lieu  de  préciser  le  personnage  que  fut  Bar- 
thès. M.  L,  l'a  fait  pour  nous.  Disons  seulement  que  nous  som- 
mes en  présence  d'un  petit  bourgeois  de  moyenne  culture,  de 
sens  pratique,  attaché  aux  traditions  sociales  et  religieuses  ; 
avec  des  partis  pris,  quelques  «  haines  vigoureuses  »,  une  éru- 
dition livresque  jointe  à  une  absence  absolue  d'esprit  scientifi- 
que', une  sensibilité  très  émoussée,  des  Aertus  de  famille  tem- 
pérées, à  la  Montaigne\  Ses  propres  opinions  et  celles  d'une 
partie  de  ses  contemporains,  curieusement  caractérisées  par  ses 


1.  L'exception  confirmant  la  règle,  je  signalerai  à  M,  L.,  comme 
caractéristiques,  deux  omissions  qu'il  pourra  ultérieurement  réparer  : 
p.  60,  au  iG  avril  17A1  (vol  de  vase  sacré),  quelques  mots  sur  le  rôle 
du  clergé  de  Saint-Étienne,  plus  humain  que  la  pratique  judiciaue 
du  temps;  p.  i85,  au  a8  juillot  1709,  les  clTorts  du  principal  coupa 
ble  pour  ramener  au  domicile  paternel  la  victime  du  rapt,  ce  qui 
expliquerait  la  mesure  dont  il  fut  l'objet,  annulant  l'arrêt  du  Parle 
ment. 

2.  Ce  contemporain  de  Garipuy  nous  donne  une  singulière  «  ex- 
plication de  la  comète  »,  et  renvoie,  pour  des  précisions,  sans  y  re- 
courir lui-même,  au  Recueil  de  l'Académie  des  sciences  de  Toulouse. 

3.  Essais,  TI,  chap.  viu.  C'est  tout  à  fait  la  note  de   Barthès,  rela 
tant  la  mort  de  ses  enfants  ou  de  sa  première  femme. 


l44  ANNALES    DU    MIDI. 

réflexions  de  fin  d'année,  vont  divergeant  avec  le  siècle.  11 
meurt  après  1780,  avant  d'assister  aux  grandes  catastrophes 
qui  l'auraient  bouleverse  sans  trop  surprendre  son  pessimisme. 

C'est  un  curieux,  qui  recueille  autour  de  lui  les  faits  les  plus 
minutieux  et  les  plus  divers,  relate  au  besoin  ceux  de  la 
Gazette.  A-t-il  tout  vu  de  ce  qui  lui  était  accessible?  On  en 
doute  quelquefois;  mais  il  est  consciencieux,  laisse  en  blanc 
une  date  qu'il  n'a  pu  chercher  ou  retrouver.  11  veut  être  précis, 
pour  ceux  qui  liront  ses  cahiers  autour  de  lui,  pour  lui-même. 
C'est  par  cet  argument  qu'il  se  défend  du  reproche  d'avoir  un 
goût  malsain  pour  le  détail  des  exécutions  capitales.  «  C'est 
mon  plaisir.  »  Et  il  se  trouve  que  son  plaisir  fut  notre  instruc- 
tion, sinon  notre  édification. 

Le  livre  de  M.  L.,  annoté  sobrement,  est  édité  avec  soin.  Quel- 
ques fautes  d'impression'  disparaîtront  dans  une  prochaine 
édition.  Les  amis  de  notre  histoire  méridionale,  fort  nombreux, 
se  doivent  à  eux-mêmes  de  répandre  un  recueil  de  grande  va- 
leur tlocumenlaire,  (|ui  peint  par  surcroît  l'état  d'esprit  de 
toute  une  catégorie  sociale,  dans  une  gramle  ^ille  de  province, 
pendant  près  d'un  demi-siècle.  J.  Adueu. 

MoitKRE  (Ph.).  L'Ariègc  avant  le  régime  démocratique.  1.  Le 
})aysau.  —  11.  L'ouvrier.  Les  mineurs  de  Hancié.  —  111.  L'ou- 
vrier. Les  J'orgeurs.  Foix,  Gadrat,  1912,  igiS  et  igiO;  trois  bro- 
chures in-8'  de  1 1.  a.")  et  aô  pages.  (Extr.  du  Bull,  de  la  Soc.  de 
l'Histoire  de  la  Révolution  de  '18'(8,  t.  VIII,  X  et  XI  et  du  Bull, 
de  ta  Soc.  ariégeoise,  t.  Xlll,  n'"  3  et  8,  et  t.  XIV,  n"  0).  —  Les 
conditions  économiques  et  sociales  de  la  \'ic  du  paysan  et  de 
l'ouvrier  ariégeois  dans  la  première  moitié  du  xix'  siècle  sont  à 
pou  près  les  mêmes  que  sous  l'ancien  régime.  La  révolution 
de  1789  n'a  apporté  en  effet  aucun  changement  radical  à  leur 
existence  cl  le  tableau  (pi'en  trace  M.  Morère  avec  une  grande 
abondance  de  détails  puisés  dans  les  auteurs  ronlemporains, 

I.  Il  en  est  d'inollcMisivos,  quoi({ue  toujours  désagréables.  D'autres 
l'ont  contre-sens.  Ex.  :  fort  Caxiilluit  pour  fort  Oirilton  lil  s'agit  du 
Canada).  >I.  I,.  nous  excusera  de  icicxcr  ces  \(''tiiles;  (•"csl  la  prenvo 
que  nous  l'avons  bien  lu. 


LIVRES    ANNONCÉS    SOMMAIREMENT.  1^5 

dans  Tes  sciios  modcinos  tlos  arcliivcs  déparlcmciilalos  el  dans 
les  renseignements  fournis  par  des  témoignages  locaux  iiilolli- 
gemment  provoqués,  peut  aussi  bien  s'appliquer  au  xviir(|u'au 
XIX*  siècle.  A  ce  litre  il  y  avait  lieu  de  le  signaler  ici. 

La  situation  du  paysan,  loin  do  s'être  améli(irée  après  1789, 
semble  au  contraire  avoir  empiré  sous  la  Restauration  à  la  suite 
de  la  restriction  des  droits  des  communes  en  matières  fores- 
tières; restriction  (]ui  provoque  de  nombreux  soulèvements. 
Misère,  ignorance,  salaires  dérisoires,  disettes,  tel  est  le  soit  du 
paysan  qui  «  lutte  aprement  contre  la  faim,  les  épidémies,  les 
exigences  du  fisc,  l'usuie  »  et  «  est  miir  pour  la  révolte  ». 

Quant  aux  mineurs  de  Rancié,  ils  forment  un  admirable 
exemple  de  la  survivance  des  anciennes  institutions.  Véritable 
corporation  fermée,  se  recrutant  dans  les  mêmes  familles,  ex- 
ploitant la  mine  selon  des  règlements  antiques  qui  fixent  la 
(piantité  de  fer  à  extraire,  le  prix,  le  mode  de  vente,  résistant 
aux  nouvelles  mélliodes  que  cherclient  à  introduire  les  direc- 
teurs nommés  par  l'État,  fournissant  un  travail  pénible,  dange- 
reux et  peu  rémunérateur,  exploités  par  les  maîtres  de  forges, 
dont  dépend  le  prix  de  vente,  et  les  «  magasiniers  »,  qui  s'oppo- 
sent à  toute  innovation  contraire  à  leurs  intérêts,  les  mineurs, 
ignorants  et  routiniers,  fortes  têtes  et  querelleurs,  sont  restés 
des  primitifs.  C'est  seulement  à  la  fin  du  siècle  que,  les  condi- 
tions de  l'exploitation  venant  à  cbanger  sous  la  nécessité  de  la 
concurrence,  la  condition  des  mineurs,  plus  instruits  et  parti- 
cipant plus  directement  à  l'administration  de  la  mine,  s'amé- 
liore également. 

Même  phénomène  pour  la  forge  à  la  catalane  qui  subsiste 
avec  sa  constitution  féodale  jusqu'au  dernier  moment  et  dont 
la  technique  primitive,  telle  que  la  décrit  Picot  de  la  Peyrouse 
en  178G,  se  maintient  sans  aucune  intervention  de  la  machine. 
Le  travail  du  creuset  et  du  marteau  constitue  un  secret  qui  se 
transmet  dans  les  mêmes  familles,  et  l'ouvrier  est,  comme  sous 
l'ancien  régime,  soumis  à  la  volonté  absolue  du  maître.  D'une 
habileté  professionnelle  indiscutable,  le  forgeur  est  routinier, 
superstitieux,  brutal.  Le  travail  qu'il  doit  fournir  pour  manœu- 
vrer la  masse  ardente  dans  une  atmosphère  malsaine,  au   mi- 

ANN.VLES  DU  MIDI.   XXL\.  lù 


l/|G  ANNALES    DL     MIDI. 

lion  J'éliTicellos,  d'éclats  de  métal  on  fusion,  ruine  sa  santé, 
mais  lui  rapporte  un  salaire  cpii,  ajouté  au  revenu  du  petit  do- 
maine familial,  lui  procuio  une  aisance  relative.  Malheureuse- 
ment les  salaires  diminuent  après  i83o  par  suite  de  la  crise 
industrielle,  dès  lors  ap[)araît  la  rivalité  du  propriétaire  des 
forges  el  du  Ibrgonr.  L'installation  des  liauls-fonrneanx  amène 
la  disparition  île  la  forge  primitive  le  long  des  riAières  et  des 
ruisseaux.  Les  propriétaires  de  forges  perdent  leur  importance 
|)()lilique  et  sociale  tandis  que  les  forgeurs,  obligés  do  se  dis- 
perser do  tous  les  cotés  dans  les  verreries,  les  chemins  de  fer, 
rapportent  à  leur  retour  dos  grandes  \illes  des  idées  nouvelles. 
«  La  dispaiition  dos  forges  à  la  catalane  dans  l'Ariège  marque 
la  lin  d'un  monde  indusliiol,  politiipie  et  social.  » 

Ces  trois  études,  méthodiquement  présentées,  sont  particu- 
lièrement intéressantes  non  seulement  par  les  idées  générales 
(jue  M.  Morère  a  su  en  dégager,  mais  aussi  par  la  précision  et 
l'exactitnde  des  détails  qui  les  constituent.  La  description  du 
travail  dos  mineurs  el  do  celui  des  forgeurs  est  particulièrement 
vivante  et  forme  un  tableau  pittoresque  qui  montre  le  profit 
(pio  l'on  peul  liror,  pour  ces  études  sociales,  des  documents 
d'archives  et  dos  témoignages  oraux,  judicieusement  utilisés 
avec  toute  la  rigueur  de  la  critiipiehislorique. 

Vv.  Galabert. 

MoRf:RE  (Ph.)  cl  PÉr.issiEu  (E.).  L'Ariège  /lislorii/ue,  pays  de 
Foix,  Consera/is,  Do/uiczan,  Mirepoix.  Lectures  el  nolices.  Pa- 
niiors,  inq).  Labrunio,  nji'i;  in-iOde  ^ajH  pages  avec  gravures. 
—  L'ouvrage  de  MM.  Morère  et  Pélissicr  a  été  faitpour  le  grand 
public  et  les  élèves  des  écoles.  Pul)lic  et  écoliers  n'auront  pas  à 
se  plaindre.  Les  simples  érudits  eux-mêmes  y  lrou\eronl  leur 
compte.  Au  moyen  d'extraits  savamment  choisis  dans  des  ou- 
vrages relatifs  à  l'Ariège,  et  réunis  par  de  substantielles  analy- 
ses, les  auteurs  ont  tracé  non  seulement  un  résumé  succinct  de 
1  histoire  des  faits,  mais  encore  une  esquisse  très  complète  de 
la  \io  politique,  sociide  et  économi(jue  du  pays  aux  différentes 
péiiodos. 

Des  payes  enq)runtées  aux  lia\au\   de    MM.    Cartailhac,    Ré- 


IJVRES    ANNONCÉS    SOMMAIREMENT.  1  ^| - 

gnault,  l'icltc,  Noulet,  Cau-Diirban,  monlrcnl  l'aspecl  si  cu- 
rieux et  si  capital  pour  la  paléontologie,  qu'olTie  ce  départe- 
ment avec  ses  stationspréhistoriques  duMas-d'Azil,  de  L'Herm, 
Lornbrive,  ses  peintures  de  iMaux,  ses  bisons  du  tue  d'Audou- 
bert,  etc.  L'époque  celtique,  l'époque  romaine,  avec  ses  inscrip- 
tions, ses  murailles  de  Saint-Lizier,  ses  piles  du  Couserans, 
sont  décrites  d'après  Luciiaire,  Sacaze,  Anthyme  Saint-Paul, 
Pasquier.  Puis  vient  l'époque  barbare  avec  son  cimetière  Avisi- 
gothique  de  Tabariane  fouillé  par  R.  Roger.  Les  périodes 
suivantes  sont  naturellement  encore  mieux  connues  et  plus 
développées  :  c'est  d'abord  un  lableau  de  la  Société  féodale, 
représentée  par  Gaston  Piiébus  (d'ai)rés  Froissait),  par  l'évèque 
Dachon  (abbé  Vidal,  Les  comptes  de  l'évêchi'  de  Pamlers),  par  la 
charte  de  la  commune  d'Ornolac  (d'après  M.  Pasquier);  puis 
des  notions  sur  la  \ie  économique  à  Foix,  à  Pamiers  (d'après 
MM.  Pasquier,  le  chanoine  Ferran,  de  Lahondès),  sur  l'ensei- 
gnement (Barrière-Flavy,  Histoire  du  collège  de  Pamiers),  sur  la 
vie  religieuse  (abbé  Douais,  Les  Frères  prêcheurs  à  Pamiers,  elc). 
Par  un  procédé  identique  MM.  Guiraud,  l'abbé  Vidal  nous  ren- 
seignent sur  l'hérésie  albigeoise,  l'inquisition;  MM.  Baudon  de 
Mony,  Courteault,  Flourac  et  surtout  les  résumés  des  auteurs 
eux-mêmes,  sur  les  anciennes  divisions  territoriales,  sur  l'his 
toire  des  comtes  de  Foix,  de  la  guerre  de  Cent  ans;  ^IM.  Roger 
et  de  Lahondès  sur  l'architecture  militaire  et  religieuse  (l'Ariège 
fourmille  d'églises  romanes  ou  gothi([ues  et  de  ruines  de  châ- 
teaux féodaux);  MM.  Brun  et  de  Bardies  sur  les  guerres  de  reli- 
gion jusqu'à  Louis  Xlll;  MM.  Cénac,  Doublet,  Rumeau  sur  le 
xvir  et  le  xvin'  siècle,  sur  l'épiscopat  de  Caulet,  la  révocation 
de  l'Édit  de  \antes;  M.  Arnaud  sur  la  Révolution.  Pour  ces 
dernières  périodes,  les  auteurs  n'hésitent  pas  à  nous  donner  des 
documents  inédits  puisés  dans  les  archives  locales,  et  leurs 
résumés,  leurs  statistiques  sur  la  Révocation,  leurs  aperçus  sur 
la  question  des  forêts,  sur  la  misère,  la  peste,  le  brigandage, 
sur  la  vie  des  mineurs,  des  orpailleurs,  sont  le  résultat  de  sé- 
rieux travaux  personnels.  Il  en  est  de  même  pour  toute  l'épo- 
que contemporaine,  la  révolution  de  1800,  l'émeute  de  Foix 
de    1840  et  les   origines   du    mouvement  démocratique   dont 


I  18  ANNALES    DU    MIDI. 

M.  Mnirrc  a  fait  imr  ('liidc  foute  particulière  (les  forgeurs',  les 
clubs  de  Foix,  etc.)  ainsi  que  de  la  révolution  de  i848.  Les  au- 
teurs conduis.entleur  récitavec  uneimpartialité  toute  historique 
jusqu'à  la  convention  des  Transpyrénéens  en  1904  sans  oublier 
d'insister  sur  les  richesses  naturelles  du  département  (stations 
thermales,  usine  d'Orlu,  etc.) 

C'est  cette  note  personnelle  ([ui  fait  de  ce  livre  })lus  qu'un 
recueil  de  morceaux  choisis,  l'œuvre  d  historiens  dont  l'esprit 
critique  est  toujours  en  éveil.  On  regrettera  seulement  l'absence 
d'un  chapitre  sur  la  géographie  et  la  géologie.  11  est  en  effet 
peu  de  régions  naturelles  où  Tinfluence  de  ces  éléments  sur  les 
divers  aspects  de  l'histoire  du  pays  soit  aussi  sensible  que  dans 
l'Ariège.  Le  rôle  de  ce  département  dans  l'étude  de  la  préhis- 
toire par  exemple,  l'importance  des  questions  de  forêts  et  de 
pâturages  dans  l'histoire  économique,  sont  la  conséquence 
directe  de  la  structure  des  montagnes,  qui  explique  aussi  toute 
l'histoire  féodale  et  religieuse.  Les  auteurs  eux-mêmes  sont  na- 
turellement obligés  (voir  notamment  p.  86)  de  faire  ressortir 
ces  caractères  dans  le  cours  de  leur  travail  qui  s'adresse  d'ail- 
leurs à  des  Ariégeois;  mais  il  eut  été  peut-être  utile,  pour  les 
étrangers  an  département,  de  grouper  ces  notions  en  tête  du 
\i)lume  avec  une  carte  soniniaiic.  Fr.  Galabert. 


Phvtx  fMaxence).  1.  (Généraux  provisoires  de  l'armée  des  Py- 
rénées-Orientales (i7()3-i7()4).  Pradcs,  imp.  Cocharaux,  1914; 
in-8"  de  38  pages  (Kxir.  de  /?//*c/no,  octobre-décembre  i9i3). 
—  II.  Le  (jênéral  Dagoberl.  Lézignan,  imp.  (ï.  Lou])iac,  1913  ; 
i  11-8"  de  19  pages.  —  Durant  les  guerres  de  la  Ré\olution,  et 
même  sous  rFm])ire,  la  graïuh'  pénurie  des  cadies  d'officiers 
imposa  des  noniiiialioiis  de  généraux  à  litre  provisoire.  M.  Léon 
llennel  en  a  publié  utie  liste  {i\An<,  Feuilles  d'histoire,  1912  : 
Ciénéraur  provisoires  de  la  Rèvolalion  el  de  l'Empire).  L'érudil 
rous^illonnai>  bien  coiiuu.  M.  Maxencc  Pratx  a  extrait  de  cette 
liste  les  noms  de  ces  généiaux  (jui  ont  exercé  leur  commande- 

I.  Noir  le  coniplc  rendu  ci  dessus. 


LIVRES    ANNONCÉS    SOMMAIREMENT.  1 'if) 

ment  dans  les  Pyrénées-Oricnlales  et  a  complété,  par  des  détails 
précis  et  de  judicieuses  remarques  ce  que  le  travail  de  M.  Hen- 
net  lui  fournissait  sommairement.  Ainsi  apprenons-nous  que 
sur  i4  généraux  de  l'armée  provisoire  de  l'armée  des  Pyrénées- 
Orientales,  5  sont  morts  sur  l'échalaud.  C'est  beaucoup;  et  l'on 
peut  se  demander  de  quelle  utilité  pouvait  être  une  nomina- 
tion à  titre  provisoire  alors  que  la  guillotine  tranchait  aussi 
bien  les  nominations  à  titre  définitif.  Quoi  qu'il  en  soit,  on  ex- 
pliquait et  on  justifiait  alors  l'avancement  provisoire  —  ainsi 
qu'à  l'heure  présente  —  par  la  nécessité  de  juger  à  l'œuvre, 
avant  sa  titularisation,  celui  qui  était  investi  du  nouveau  grade. 
Mais  comme  le  fait  judicieusement  remarquer  M.  Pratx,  cette 
situation  ambiguë,  en  se  prolongeant  outre  me.sure,  comme  ce 
fut  le  cas  sous  la  Révolution,  n'était  point  faite  pour  rehausser 
le  prestige  de  l'officier  général  aux  yeux  de  ses  soldats.  Le  tra- 
vail de  l'auteur  est  d'ailleurs  plus  et  beaucoup  mieux  qu'une 
simple  biographie  de  ces  officiers  généraux.  Pour  la  meilleure 
compréhension  du  sujet,  M.  Pratx  est  en  effet  conduit  à  nous 
donner  d'utiles  et  précieux  renseignements  sur  l'armée  des  Pyré- 
nées-Orientales, de  1793  à  1790,  tant  sur  les  anciens  corps  de 
la  province,  comme  les  Miquclels,  qui  entrèrent  dans  l'organi- 
sation de  l'armée  révolutionnaire,  que  sur  les  gardes  natio- 
naux, volontaires,  réquisitionnés  qui  composèrent  cette  der- 
nière; sur  les  cadres  d'officiers  généraux,  qui  atteignirent  des 
chiffres  invraisemblables  :  au  cours  de  la  campagne  de  179^, 
qui  dura  neuf  mois,  le  commandement  en  chef  de  l'armée  des 
Pyrénées-Orientales  passa  entre  les  mains  de  treize  généraux; 
sur  les  anciens  grades,  sur  le  rôle  des  représentants  du  peuple, 
qui  ne  fut  pas  toujours  heureux,  etc.  L'œuvre  de  M.  Pratx  est 
un  excellent  travail  qui  intéresse  autant  l'histoire  générale  que 
l'histoire  locale. 

Le  second  travail  du  même  auteur,  écrit  à  propos  du  livre 
de  M.  Arthur  Chuquet  :  Le  Général  Dagoberl  (Paris,  Fontc- 
nioing,  1913,  un  vol.  in-S"  de  ^']2  pages),  n'est  point  un  sim- 
ple résume  de  l'œuvre  de  l'éminent  membre  de  l'Institut. 
M.  Pratx,  en  condensant  ce  qui  est  épars  dans  le  livre  de 
M.  Chuquet,  met  excellemment  en  lumière  la  figure  si  atta- 


l50  ANNALES    DU    MIDI. 

chante  du  vaillant  général  révolutionnaire.  11  y  ajoute  d'ailleurs 
des  remarques  personnelles  que  sa  parfaite  connaissance  de 
l'histoire  locale  rend  aussi  intéressantes  qu'autorisées. 

Marcel  Sellier. 

Prinet  (M.).  Sceaux  altribués  à  des  seigneurs  de  Duras  en 
(iuyen/ie.  Paris,  Rollin  et  Feuardent,  1918;  i  11-8°  de  10  pages  et 
planche.  (Extr.  de  la  Revue  numismatique,  i9i3).  —  Douet 
d'Arcq  a  rangé  un  sceau  d'Alix  de  Brabant,  comtesse  de  Duras 
(1361),  dans  la  catégorie  des  grands  feudataires  de  Guyenne. 
M.  Prinet  montre,  d'après  divers  documents,  qu'il  ne  s'agit  pas 
de  Duras,  chef-lieu  de  canton  de  l'arrondissement  de  Marmande, 
Lot-et  Garonne,  mais  de  Duras,  localité  de  la  Hesbaie  dans  le 
Limbourg  belge  (arrondissement  de  Hasselt,  canton  de  Saint- 
ïrond).  Certaines  indices  permettent  pourtant  de  penser  que 
la  matrice  de  ce  sceau  a  été  fabriquée  avant  le  deuxième  ma- 
riage d'Alix  de  Brabant,  alors  qu'elle  était  la  femme  de  Guil- 
laume, comte  de  Clermont  et  d'Auvergne. 

De  même  un  sceau  de  Robert  de  Duraccio  ne  doit  pas  être 
atlribné  à  Robert,  de  Duras  en  Agénois,  mais  à  Robert,  de  Du- 
razzo  en  Albanie.  Petit-fils  d'un  roi  de  Naples,  ce  personnage 
s'était  mis  au  seivicc  de  Jean  le  Bon  et  fut  tué  à  la  bataille  de 
Poitiers  (i356j.  Fr.  Galabert. 


PUBLICATIONS   \OUVELLKS 


Albanès  (J.-H.)  ol  U.  Chevalier.  Gallia  chrisliann  novissima. 
T.  VI.  Orange  (évêqiies,  prévôts).  Valence,  inip.  \alentinoise, 
1916;  gv.  in-l\°  à  3  col.  XIX  p.  et  204  col. 

Blanchet  (A.)  et  A.  Dieldonné.  Manuel  de  nnniismati(|iie 
française.  T.  H.  Monnaies  royales  françaises,  depuis  lingues 
Capct  jusqu'à  la  Révolution.  Paris,  Picard,  igiO;  in-8"  de 
x-4<jS  p.  avec  fig.  et  pi. 

Catalogue  de  la  collection  d'archéologie  régionale  du  musée 
national  Adrien  Dubouché,  de  Limoges,  par  P.  Ducoi  htieux. 
Limoges,  Ducourlieux  et  Goût,  191 6;  in-8"  de  viii-4i  p. 

Catalogue  général  de  la  librairie  française  d'ÔTXo  Lohexz. 
T.  XXIY  (1910-1912),  fasc.  4  (M-Z)  et  t.  XXV  (table  des  ma- 
tières du  t.  XXIV),  fasc.  I  (A-G),  rédigés  par  D.  Jordell.  Paris, 
Jordell,  8,  rue  de  Louvois,  1914  et  kjiô,  in-8"  à  2  col.,  p.  721- 
1 1 1 1  et  1-240. 

Catalogue  général  des  livres  imprimés  de  la  Bibliothèque 
nationale.  Auteurs.  Tome  LXIV.  Grégoire-Grosvenor.  Paris, 
imp.  nat.,  1916;  in-8"  de  1242  col. 

CouLON  (A.).  Le  service  sigillographique  et  les  collections 
d'empreintes  de  sceaux  des  Archives  nationales.  Xotice  suivie 
d'un  catalogue  du  musée  sigillographique.  Paris,  Champion, 
1916;  in-i6  de  i56  p.  et  pi. 

Coutumes  (Les)  de  Saint-Gilles  (xii'  et  xiv"  siècles),  p.  p. 
E.  Bligxy-Boxdura>'d.  Paris,  Picard,  i9i5;  in-S"  de  253  p.  et 
fac.  si  m. 

Exj.art  (C).  Manuel  d'archéologie  française.  Tome  111.  Le 
costume.  Paris,  Picard,  i9i(»;  in-8"  de  xxix-6i5  p.  avec  grav. 

Inventaire  sommaire  des  archives  départementales  du  Gard. 
Supplément  à  la  série  C.  Série  D.  Archives  religieuses,  supplé- 
ment aux  séries  G  et  H,  par  Bligxy-Boxduraxd.  Ninies,  imp. 
Cliaslanier,  191G;  gr.  in-4'  à  2  col.,  de  xi-oog  p. 


l52  ANNALES    DU    MIDI. 

LoiBERSA^NES  (E.).  Pclitc  liistoirc  de  Blave  d'AUngeois.  /Vlbi, 
iiiip.  coopôralivo  du  Snd-Ouosl,  t9i();  iii-i(i  doviii-iaS  p.  et 
carte. 

Mvz.viJHic  (F.).  Les  Musées  archéologiques  de  Mnics.  Recher- 
ches et  acquisitions,  années  i()\!\  et  1910.  Ninies,  imp.  Chasla- 
nier,  191  (3  ;  in-8"  de  34  p. 

>h'nioires  et  Documents  pour  servir  à  l'histoire  du  commerce 
et  de  l'industiie  en  France,  p.  p.  J.  Hayem,  /j"  série.  La  manu- 
facture d'armes  de  la  Montagne  (Tulle).  Quelques  conséquences 
du  blocus  continental  en  Corrèzc.  Les  papeteries  de  Provence 
au  xviii^  siècle.  L'industrie  chapelière  à  Marseille  au  xviir  siè- 
cle. Un  grand  atelier  de  charité  sous  Louis  XIY.  L'Hôpital 
général  de  la  Manulaclure  à  Bordeaux  (1058-1715).  Deux  docu- 
ments pour  l'histoire  du  salariat  dans  les  Bouches-du-RliAne. 
Les  houillères  de  la  Machine  au  xm*"  siècle.  Documents  inédits 
sur  l'histoire  du  compagnonnage  à  Marseille  au  xviii"  siècle. 
Les  relations  commerciales  de  Bordeaux  avec  les  villes  hanséa- 
li(pies  aux  xvii''  et  xviii'"  siècles.  Les  apothicaires  privilégiés  de 
Paris  sous  l'ancien  régime.  Paris,  Hachette,  1916;  in-8"  de 
vii-3i3  p. 

Monuments  et  Mémoires  publiés  par  l'Académie  des  inscrip- 
tions et  belles-lettres,  sous  la  direction  de  G.  Pehrot  et  I\.  de 
l^vsTEMUE.  '!'.  W,  fasc.  -î.  Tables.  Paris,  Leroux,  1916;  gr.  in-4" 
de  m/h  p. 

Procès-verbaux  de  l'Académie  rovde  d'architecture  (1O71- 
'79^^)'  !'•  P-  ï'-  Lemoxxieh.  T.  1\'  :  1713-172G.  Paris,  Cham- 
pion, 1915;  in-/i"  de  li-362  p. 

Recueil  des  actes  de  Philippe-Auguste,  roi  de  ('"'rance,  publié 
sous  la  direction  de  E.  Berger,  par  II. -F.  Delaroude.  T.  1, 
Années  du  règne  l  à  W  (1"'  nov.  1179-31  octobre  1194)-  Paris, 
Klincksieck,  191O;  gr.  in-/|"  de  XL-575  p.  ((Charles  cl  diplômes 
rchilifs  à  l'I fis/ni rc  de  France,  piihlics  par  les  soi/is  de  /'  Acadc- 
iiiic  des  uisci'ij)lioiis  cl  /jellc.s-lellres). 


Le  Gérniil.  Kn.  IMUVAT 


TouLOrsi:.  —  Inip.  ul  Lili.  KnorAiU)  Piuvat.  --  Ooli 


^s'"- 


LE  SIÈGE  DE  TOULOOSE  PAR  LES  NORMANDS  EN  864 

ET  LES  CIRCONSTANCES  QUI  S'Y  RATTACHENT 


Dans  une  note  placée  au  bas  de  l'une  des  pages  d'un 
article  récemment  paru',  M.  Ferdinand  Lot,  après  M.  Léon 
Levillain%et  non  moins  incidemment,  a  essayé  d'apporter 
quelque  lumière  sur  un  épisode  particulièrement  obscur 
de  l'histoire  toulousaine  :  le  siège  de  la  ville  par  les  Nor- 
mands en  864. 

Je  voudrais  examiner  de  près  les  textes  et  les  faits  sur 
lesquels  se  sont  appuyés  mes  deux  confrères  et  tenter 
d'expliquer,  s'il  se  peut,  d'une  manière  plus  satisfaisante 
qu'on  ne  l'a  fait  jusqu'ici  quelques-unes  des  circonstan- 
ces qui  se  rattachent  à  cet  événement. 

I 

Rappelons  tout  d'abord  qu'un  seul  auteur  contempo- 
rain parle  positivement  du  siège  de  Toulouse  par  les  Nor- 
mands en  864  :  c'est  Aimoin,  au  livre  II,  chapitre  xii  de 
la  Translatio  Sancll  Vincent ii  inartyris  ex  Hispania  in  Cas- 
trense  Gallise  monasterium\ 

1.  La  Loire,  l'Aqiiiiaine  et  la  Seine  de  86Q  à  8G^.  Robert  le  Fort,  dansla 
Bibliothèque  de  l'École  des  Chartes,  LXWI,  G'Iivraison,  novembre-dé- 
cembre igiS,  p.  492,  note  5. 

2.  La  Iranslation  des  reliques  de  saint  Auslremoine  à  Mozac,  dans  Le 
Moyen  âge,  WTI  (2°  série,  VHI,  p.  3i4,  noie  3). 

3.  ((  Nortmanni  quorum  livido  metu  sancii  levila'  et  mariyris  cor- 
pus recesserat,  lune  temporis  ex  Garonnae  tluvio  a  Pipino  couducti 

ANNALES  DU  MIDI.  —  XXIX.  II 


l5/i  J.    CALMETTE. 

Cet  auteur  nous  raconte,  en  substance,  que  les  Nor- 
mands «  ex  Garonnfr  fluvio  »,  —  c'est-à-dire  en  suivant 
le  cours  de  la  Garonne,  —  vinrent  jusqu'à  Toulouse,  con- 
duits par  le  roi  d'Aquitaine,  Pépin  II,  qui  les  avait  sou- 
doyés; avec  lui,  ils  assiègent  la  ville,  méditant  de  mettre 
à  feu  et  à  sang  la  campagne  d'alentour  et  de  tuer  tous  les 
citadins.  Non  seulement  les  Toulousains,  mais  même  les 
Albigeois,  craignant  l'attaque  brusque  des  païens  et  frap- 
pés d'épouvante  à  la  nouvelle  de  leur  approche,  s'étaient 
enfuis,  se  dispersant  de  tous  côtés.  Mais  les  Normands, 
après  quelques  jours  d'un  siège  vain,  fatigués  de  l'inuti- 
lité de  leurs  efforts,  se  retirent,  en  même  temps  que  leur 
guide,  non  qu'ils  aient  été  chassés  par  la  force,  mais,  sans 
avoir  été  empêchés  de  ramasser  tout  autour  leur  butin, 
ils  ont  été  repoussés  par  la  grâce  divine  et  par  l'interces- 
sion du  saint  diacre  et  martyr. 

De  ce  récit,  il  est  aisé  de  déduire  les  trois  points  posi- 
tifs suivants  : 

i"  Les  Normands  qui  parviennent  sous  les  murs  de  Tou- 
louse ont  remonté  le  cours  de  la  Garonne; 

2"  Ils  ont  été  conduits  par  Pépin  qui  les  a  pris  à  son 
service  et  s'est  placé  à  leur  tête  ; 

3"  Ils  ont  tenté  un  siège  qui  a  échoué. 

Aimoin  fait  honneur  de  cet  heureux  résultat  au  saint 


lucrciiiioniis,  parilor  cuin  co  ad  obsidendam  Tolosam  adventaverant. 
Hoc  ilaquc  conloiidotiles  agonizabant  qualUer  urbem  capcront;  ter- 
rain autein  priudiu  ignisquc  plaga  vaslareiil  alquc  incolas  exitiabilis 
forri  niucrone  sanguinissitibundi  périmèrent.  Unde  non  solum  Tolo- 
sani  sed  rêvera  Albicnses  omnes,  ne  forte  more  solilo  illis  supcrve- 
nienlibus  insperatc  praeoccnjjarentur,  gravi  perculsi  forniidine,  bue 
atquc  illuc  exlorrili,  morlis  periculum  evadere  concertantes  difTu- 
giuiil...  Dcnique  Norlniauni  posi  aliquos  dies  in  vanun»  exactes, 
siinul  cuin  coiiduclore,  inani  obsidioiie  fatigati,  recedunl;  non  ut 
coiiati  fuerant,  excepta  in  circuiln  iacta  pneda,  Dei  niiseralione 
sanclique  !'jvita>  et  niartyris  rogatione  repulsi.  «  (D.  Bouquet,  Rec. 
des  historiens  de  France,  MI,  352-353.) 


LE    SIEGE    DE    TOULOUSE    PAR    LES    NORMANDS.  lOJ 

dont  il  célèbre  la  translation.  Toutefois,  lui-même,  dans 
un  autre  chapitre  de  son  ouvrage'  nous  montre  le  comte 
d'Albi,  Ermengaud,  entouré  de  chevaliers  et  campé  dans 
les  prés  de  l'abbaye  de  Castres.  Ce  sont  là  visiblement  les 
contingents  de  l'Albigeois  concentrés  par  leur  Comte.  Si 
nous  ignorons  quelle  a  pu  être  la  marclie  de  cette  troupe, 
il  semble  raisonnable  de  croire  que  son  rassemblement, 
sinon  son  approche,  a  dû  être  pour  quelque  chose  dans  la 
levée  du  siège  par  Pépin  et  ses  alliés. 

II 

Sur  les  trois  points  positifs  que  nous  déduisons  du  cha- 
pitre XII  d'Aimoin,  nous  pouvons  trouver,  dans  d'autres 
sources,  des  éléments  précieux  de  corrobora tion,  de  façon 
à  obtenir  ce  recoupement  des  témoignages  qui  est,  pour 
l'historien,  la  seule  et  véritable  garantie  de  vérité. 

Les  Normands  ont  bien  suivi  le  cours  de  la  Garonne, 
en  effet.  Car  nous  lisons  dans  une  autre  œuvre  hagiogra- 
phique, —  Historia  transkitionis  reliqiiiuriim sanclse  Fmistœ-, 


I.  Lib.  II,  cap.  xviii  :  «  In  quodam  loco  eidem  cœnobio  adjacent! 
qui  Waldarii  cella  nunciqoatur,  hoc  mémorandum  enituit  virtutis 
prœconium.  Secus  etenim  ipsum  locum  diffusis  inilitum  copiis, 
monachi  Ilermengaudum  Albia?  comitem  adicrunt.  crantes  ut  ab 
hostium  invasione  equorumque  depastione  sata  condimine  sua?  pro 
tegeret.  Nam  in  Illis  partibus  pe[r]pauca  cxstant  prata.  »  (Migne, 
Palrol.  lai.,  CXXVI,    1024). 

a.  «  Tempore  que  post  doniini  nostri  Jesu  Ghristi  incarnationem 
DGCCLXIIII  annos  impletus  est,  obtinente  regnum  Francorum  Carolo 
rege,  filio  Ludovici  magni  imperatoi-is,  grassata  est  ingens  persecu- 
tio  in  ecclesia  Christi  in  regionibus  Aquitaniff"  seu  Gasconiic.  Siqui- 
dem  paganorum  barbaries,  quos  usitato  sermone  Danos  seu  Norman- 
nos  appeilant,  a  suis  sedibus  cum  innumerabili  exeunles  navali  ges- 
taniine,  ad  Sanclonicam  sive  Burdegalensem  urbes  sunt  advecti. 
Indeque  passim  discurrentes  provinciis,  urbes  depopulando,  monas- 
teria,  ecclesias  necnon  et  cunctas  hominum  a^des  igné  cremantes. 
non  parvos  hominum  strages  occidendo  dederunt.  »  {Rec.  des  Hist. 
de  France,  VII,  344.) 


l56  -T.    CALMETTE. 

—  que  «  en  86A  l'Église  du  Christ  souffrit  une  grande  per- 
sécution dans  la  région  de  l'Aquitaine  et  de  la  Gascogne  ». 
Et  l'auteur  nous  montre  les  navires  de  «  ceux  qu'on 
appelle  couramment  Danois  ou  Normands  «  à  Saintes,  à 
Bordeaux,  d'où  ils  se  répandent  «  dans  lesdites  régions, 
brûlant  les  ^lonastères,  les  églises,  toutes  les  habitations, 
massacrant  les  habitants.  >:> 

Or,  il  y  a  coïncidence  de  date  entre  cette  mention  de  la 
venue  des  pirates  en  Aquitaine  et  la  mention  du  siège  de 
Toulouse  par  Ai  moin.  Car  Aimoin,  au  début  de  son  œu- 
vre, inscrit  la  date  855  comme  étant  celle  du  début  des 
événements  qu'embrasse  son  récit.  Ces  événements  occu- 
pent neuf  ans  environ',  ce  qui  nous  amène  exactement 
à  864. 

Nous  retrouvons  encore,  par  surcroît,  cette  même  date 
de  86/»  dans  les  Annales  de  Sa'ml-Bertin  qui  mentionnent 
sous  cette  rubrique  l'alliance  de  Pépin  avec  les  Normands*. 


1.  Loi,  /or',  cil.,  p.  493;  Levillain,  loc.  cil.,  p.3i4,  note  3.  La  vision  du 
moine  Iliidebert  se  place  en  855.  Huit  ans  et  demi  après  la  vision,  ce 
moine  se  réfuj^ie  à  Castres.  ^  ientensuite  le  voyage  de  Salomon,  comte 
(le  Cerdagne,  à  Cordoue,dont  le  Khalife  ordonne  à  l'évèque  de  Sara- 
gosse  de  livrer  le  corps  de  saint  Vincent.  Enfin,  le  transport  du  corps 
exige  encore  un  certain  temps  :  on  peut  donc  compter  neuf  ans  en- 
viron entre  la  vision  d'Hildebert  et  l'épisode  qui  nous  intéresse.  Bien 
qu'approximatif,  ce  calcul  présente  plus  de  précision  que  ne  semble 
lui  en  attribuer  M.  Lot,  qui  dit  :  «  nous  atteignons  864,  mèmeSGô.» 
En  aucun  cas,  à  quelque  moment  indéterminé  de  855  que  l'on  place 
la  vision,  on  ne  peut,  en  ajoutant  seulement  neuf  années,  atteindre 
805;  c'est  donc  8(i't  qui  s'impose. 

2.  Annales  Uerlininni,  8ù[\  :  a  Pippinus,  l'ippini  lilius,  ex  monacho 
laicus  cl  apostata  factus,  se  Normannis  conjungit  et  ritum  eorum 
servat.  »  Comme  M.  Levillain  et  comme  M.  Lot,  nous  n'admettons 
pas  un  instant  que  Pépin  ait  abjuré.  Il  a  simplement  prisa  son  ser- 
vice la  bande  normande  de  la  Garonne,  et  l'on  peut  ajouter  encore 
aux  raisons  de  nos  deux  confrères  cet  argument  que  le  texte  d'Ai- 
moin  donne  précisément  ce  rôle  à  Pépin  sans  souftler  mot  d'une 
apostasie  (juclconque.  Au  surplus,  l'ardent  archevêque  de  Heims  est 
coulumier  de  noircir  les  adversaires  polili(iues.  11  appelle  Vvpin  apos- 
tat en  80.'t,  comme,  en  8O9,  il  appellera  concubine  la  seconde  femme 


LE    SIEGE    DE    TOULOUSE    PAR    LES    NORMANDS.  107 

Nous  avons  donc  ici,  en  même  temps  quune  confirmation 
nouvelle  de  l'année  sous  laquelle  se  placent  nos  événe- 
ments, une  confirmation  précieuse  de  rafTirmation  d'Vi- 
moin,  faisant  conduire  par  Pépin  les  païens  qui  assiègent 
Toulouse. 

Quant  au  troisième  point,  Téchec  des  Normands  devant 
la  ville,  on  peut  dire  qu'il  est  implicitement  confirmé  par 
ce  fait  qu'aucun  annaliste  ne  mentionne  en  86^  un  pillage 
de  Toulouse  par  les  Normands  :  circonstance  négative, 
il  est  vrai,  mais  d'autant  plus  digne  de  remarque  que  les 
Annales  de  Sainf-Berf in,  nous  le  verrons,  s'occupent  expres- 
sément de  Toulouse  en  cette  même  année  864. 


III 


Avant  d'aller  plus  loin,  constatons  que  les  trois  points 
que  nous  venons  d'établir  n'étaient  pas  si  évidents  qu'ils 
n'aient  été  parfois  méconnus.  Ainsi,  M.  Levillain  faisait 
venir  les  Normands  d'Auvergne  à  Toulouse,  et  le  même 
érudit  contestait  que  leur  chef  devant  les  murs  de  Tou- 
louse eût  été  Pépin. 

Or,  s'il  est  vrai  que  les  Normands,  venant  de  Saintes, 
ont  été,  en  863,  jusqu'à  Clermont',  il  n'y  a  aucune  raison 
pour  objecter  ce  fait  à  l'affirmation  catégorique  d'Aimoin 
qui  indique  nettement  la  Garonne  comme  voie  de  l'inva- 
sion de  864  dans  le  Toulousain ^ 


de  Charles  le  Chauve,  la  sœur  de  Boson,  la  reine  Richilde  (Cf.    ma 
iJiplomaUe  carolingienne,  p.  117). 

1.  Cf.  les  textes  relatifs  à  la  prise  de  Clermont  rassemblés  par  F. 
Lot.  /oc.  cit.,  p.  489.  Le  comte  de  Clermont,  Etienne,  fut  tué  lors  du 
sac  du  chef-lieu  de  son  pagns. 

2.  Rappelons  que  l'auteur  de  ïllisloria  reliquiarnm  sanctx  Faiislx 
(ci-dessus,  p.  i55)  corrobore  Aimoin.  Hincmar,  dans  les  Annales  de 
Saint-Berlin,  fait  d'ailleurs  revenir  les  Normands  sur  leurs  pas  après 
le  sac  de  Clermont.  C'est  M.  Lot  (loc.  cit.,  p.  492,  note)  qui  a  redressé 


l58  J.    CALMETTE. 

Quant  à  nier  que  Pépin  ait  conduit  les  Normands  au 
siège  de  Toulouse,  on  se  heurte  à  la  môme  autorité  d'Ai- 
moin,  à  laquelle  on  ne  peut  rien  opposer.  Nous  verrons 
un  peu  plus  tard  pour  quelle  raison,  toutà  fait  subjective, 
M.  Levillain  se  refusait  à  voir  dans  Pépin  le  chef  des 
assiégeants'. 

On  pourrait,  enfin,  hésitera  admettre  l'échec  des  Nor- 
mands en  se  référant  au  témoignage  de  l'historien  de 
Saint-Philibert,  llermcnlaire,  et  de  la  chronique  de  saint 
Bénigne  de  Dijon,  qui  citait  Toulouse  parmi  les  villes 
prises  au  ix''  siècle  par  les  Normands.  Les  Bénédictins, 
auteurs  de  VHisloire  générale  de  Languedoc-,  ont  toutefois 
donné  depuis  longtemps  l'exemple  de  ne  point  rapporter 
cette  mention  à  l'expédition  dont  Pépin  fut  le  triste  héros  : 
ils  ont  préféré  admettre  que  la  prise  de  Toulouse  avait  eu 
lieu  en  85o.  Or,  celte  prise  de  Toulouse  en  85o  par  les 
Normands  me  paraît,  quant  à  moi,  purement  imaginaire, 
et  je  reviendrai  peut-être  quelque  jour  sur  ce  problème, 
que  nous  pouvons  d'ailleurs  sans  inconvénient  écarter 
pour  le  moment. 

IV 

Mais,  si  nous  pouvons  écarter  pour  l'instant  les  textes 
(|iii  cilenl  Toulouse  parmi  les  villes  prises  par  les  Nor- 
mands au  IX'  siècle,  il  est  un  ordre  de  faits,  par  contre, 


sur  ce  poiiil,  —  cl  liTs  liourcusoiiiciil.  —  l'oiiour  do  M.  Levillain. 
On  peut  ajouter  que  l'itinéraire  de  linvaaion  indiqué  par  Aimoin  est 
beaucoup  plus  conforme  que  loul  autre  aux   hahitudes  normandes. 

I.  \oir  ci-dessous,  p.  iCa. 

■j.  Ed.  Privât,  II,  SOa-SG.H.  Disculaiil  la  liste  des  villes  prises  parles 
pirates,  d'après  llermenlairc,  les  auteurs  de  Vllisloirc  de  Languedoc 
s'elTorcent  de  déduire  la  date  à  laquelle  les  ÏNorniands  auraient  pris 
Toulouse  d'après  la  place  que  Toulouse  occupe  dans  la  liste.  Comme 
elle  est  inscrite  entre  Bordeaux  occupée  en  848  et  Angers  saccagée 
en  8.5 1,  on  place  en  Sôo  la  chute  de  Toulouse.  Il  y  aurait  liien  des 
objections  à  faire  à  ce  raisonnement  et  à  cette  conclusion. 


LE    SIEGE    DE    TOULOUSE    PAR    LES    NORMANDS.  DQ 

qui  se  rattache  directement  au  siège  de  86/i  et  que  nous 
devons  maintenant  aborder. 

A  première  vue,  les  faits  dont  il  s'agit  pourraient  ce- 
pendant paraître  sans  liaison  avec  l'expédition  normande 
dans  la  vallée  de  la  Garonne.  A  la  réflexion,  il  en  va  tout 
autrement. 

Le  texte  essentiel  à  considérer  est  celui  que  nous  devons 
à  Hincmar,  rédacteur  des  Annales  de  Saint-BerUn.  Le  célè- 
bre archevêque  de  Reims  nous  apprend  dans  cQ?,Annales\ 
à  l'année  863,  que  le  marquis  de  Gothie  Humfroi-,  profi- 
tant d'un  complot  tel  que  les  Toulousains  ont,  —  dit-il,  — 
l'habitude  d'en  ourdir,  accoutumés  qu'ils  sont  à  substi- 
tuer les  comtes  les  uns  aux  autres,  enlève  Toulouse  au 
comte  Raymond'  et  met  la  main  sur  cette  ville. 

Puis,  au  début  de  864,  Charles  le  Chauve,  au  témoi- 
gnage du  même  annaliste*,  délègue  ^c  des  missi  en  Gothie, 
—  in  Gothiam.  —  pour  récupérer  cités  et  châteaux  ». 
Plus  tard,  ces  missi  reviennent,  «  axant  peu  fait  pour  leur 
objet  »,  et  aussitôt  Hincmar  d'ajouter  que  «  Humfroi 
ayant  abandonné  Toulouse  et  la  Gothie  et  fui  par  la  Pro- 
vence jusqu'en  Italie  »,  le  roi  Charles  envoya  de  nou- 
veaux missi  à  Toulouse  et  en  Gothie  «  pour  recouvrer 
cités  et  châteaux^  ».  A  quoi  ils  réussissent  certainement, 

1.  Annakf!  Bertiniani,  863  :  «  Humfridus,  Gothuc  marchio,    sine 
consciencia  Karoli  régis,  factione  solilo  more  Tolosanorum  qui  comi- 
tibus  suis  candem  civitatem  supplanlare  sunt  soliti,  Tolosam  Rei 
mundo  subripit  et  sibi  usurpai.  » 

2.  Sur  Humfroi,  marquis  de  Gothie,  cf.  mon  étude  sur  Les  Mar- 
quis de  Gothie  sous  Charles  le  Chauve,  dans  les  Annales  du  Midi,  \l\ 
(1902). 

3.  Hincmar  était  parent  de  Raymond  (Annales  du  Midi,  \^  H,  igoS, 
p.  i4,  note  i).  Cette  parenté  explique  assez  qu'il  blâme  les  auteurs 
de  l'attentat  et  qu'il  soit  bien  renseigné. 

4.  Annales  Bertiniani,  8(j/|. 

5.  Reproduisons  en  son  entier  la  phrase  unique  de  l'annaliste  à  ce 
sujet  {Ann.  Bert.,  864)  :  «  Missi  régis  Karoli  parum  pro  quibus  missi 
fuerant  utilitatis  agentes,  a  negotio  revertuntur,  et  Huntfrido,  di- 


ifio  J-    CÂLMETTE. 

cette  fois,  attendu  que  Tannée  suivante,  en  865,  un  rema- 
niement territorial  de  la  marche  de  Gothie  est  réalisé 
sans  obstacle  '. 

Ne  quittons  pas  les  Annales  de  Sainf-Bertin  sans  y  rele- 
ver encore  un  trait  important.  Presque  aussitôt  après 
avoir  mentionné  l'envoi  des  seconds  missi  dans  le  Midi, 
Hincmar  raconte  ce  qui  s'est  passé  au  plaid  de  Pitres, 
ouvert  le  i"juin  86/i  :  Pépin  y  est  jugé,  après  avoir  été 
«  enlevé  à  ses  alliés  normands  »  et  fait  prisonnier^ 


Nous  connaissons  par  ailleurs  quelques  détails  sur  cette 
capture  qui  fut  l'œuvre  de  Rannoux,  comte  de  Poitiers'. 
Pépin  est  saisi  par  surprise,  et,  en  même  temps  que  lui, 
cet  Efroi,  —  Ecfridus,  —  en  qui  l'on  peut  reconnaître  à 
volonté  le  comte  de  Bourges  ou  l'ancien  comte  de  Tou- 
louse, signalé  en  8^2.  Quoi  que  l'on  conjecture  sur  cette 
identification  très  douteuse,  et  qui  n'importe  pas  à  notre 
sujet  actuel,  retenons  que  le  jugement  de  Pépin  à  Pitres 
oblige  à  placer  sa  capture  au  moins  en  mai. 

Or,  Hincmar  a  été  présent  au  plaid  de  Pitres.  Il  a  joué 
personnellement  le  rôle  d'accusateur  de  Pépin*.  Il  a  donc 
été  parfaitement  renseigné  sur  tout  ce  qui  se  rapporte  à 
la  dernière  équipée  du  roi  d'Aquitaine.  Son  témoignage 

niissa  Tholosa  ac  Golia  per  Provinciam  in  partes  Italiic  transcdiite, 
iterum  alios  missos  ad  rccipiendas  civilalcs  et  castella  Karolus  ad 
Tholosam  et  in  Gotiam  mittit.  » 

1.  Voir,  sur  ce  remaniement  de  la  Ciothie  en  8()ô.  l'article  rite  ci- 
dessus,  p.  iSg,  note  2. 

2.  Annales  liertiniani,  8()'i  :  «  Pippinus  apostata  a  Aortmannorum 
collegio  ab  \quitanis  ingenio  cajiitnr  et  in  eodem  placilo  priesen- 
lahir.  .. 

.'?.  !..  I.cvillain,  /or.  cil.,  p.  ;ii3.  noie. 

'i.  Hincmar,  De  prenilcnlia  Peppini  i'c<jh  (Mi;:,nie.  Pdlrol.  lai., 
t.  CWV).  Sur  l'interprétalion  qu'il  faul  donner  aux  accusations  for- 
mulées dans  ce  réquisitoire  contre  Pépin,  cf.  ci-dessus,  p.  i56,  note  2, 


LE    SIÈGE    DE    TOULOUSE    PAR    LES    NORMANDS.  l6r 

acquiert,  par  là  même,  un  intérêt  très  vif  :  c'est  un 
témoignage  des  plus  directs,  partant  des  plus  précieux. 

Justement,  cette  présence  de  notre  annaliste  au  plaid 
du  i"  juin  explique,  à  mon  avis,  la  forme  inattendue  de 
la  mention  qu'il  consacre  à  la  mésaventure  du  marquis 
Ilumfroi  :  forme  assez  singulière  pour  avoir  gêné,  voire 
trompé  les  commentateurs. 

C'est  dans  une  seule  et  même  phrase,  en  effet',  que 
l'archevêque  de  Reims  enveloppe  le  retour  des  premiers 
missi,  la  fuite  du  marquis  Humfroi,  l'envoi  de  la  seconde 
mission.  Or,  il  suffit  d'y  réfléchir  pour  se  convaincre  que 
ces  faits  ne  sauraient  être  concomittants.  Ce  n'est  certes 
pas  à  l'heure  de  l'échec  des  premiers  missi  envoyés  contre 
lui  que  le  rebelle  Humfroi  a  dû  abandonner  le  champ 
de  ses  exploits,  car,  en  pareil  cas,  au  lieu  d'être  un  échec, 
la  mission  du  début  de  l'année  eût  été  un  triomphe  et  la 
seconde  mission  eût  été  inutile.  Par  conséquent,  entre  le 
retour  de  la  première  mission  déçue  et  la  fuite  du  mar- 
quis il  s'est  nécessairement  écoulé  un  laps  de  temps  dont 
nos  Annales  ne  tiennent  aucun  compte. 

J'estime  qu'il  est  facile  d'expliquer  pourquoi  la  présen- 
tation des  faits  par  Hincmar  ne  répond  pas  et  ne  peut 
pas  répondre,  en  l'espèce,  au  rythme  des  faits  eux-mêmes. 

C'est  tout  simplement  que  notre  annaliste  a  appris  en 
bloc  ces  faits  en  arrivant  à  Pitres.  Il  a  noté  ensemble, 
parce  qu'il  les  a  connus  ensemble,  ces  événements  sépa- 
rés dans  la  réalité,  savoir  :  i"  le  retour  des  premiers  missi 
sans  avoir  pu  accomplir  leur  mandat;  2"  la  fuite  ulté- 
rieure du  marquis  usurpateur  et  l'envoi  fait  en  consé- 
quence d'un  nouveau  groupe  de  missi. 

Or,  puisque  la  fuite  du  rebelle  n'est  connue  au  Palais 
qu'au  moment  où  l'on  y  amène  Pépin  prisonnier,  cette 

I.  Cf.  celle  phrase  cilcc  ci-dessus,  p.  lôg,  noie  5. 


l62  J-    CALMETTE. 

fuite  se  place  à  peu  près  à  la  même  époque  que  le  siège 
de  Toulouse,  sans  que  l'un  et  l'autre  fait  puisse  être  séparé 
par  un  long  espace  de  temps'.  Lequel  de  ces  deux  faits 
est  antérieur?  C'est  ce  qui  n'apparaît  pas  jusqu'ici. 

VI 

La  question  se  pose  donc  de  savoir  si  Humfroi  a  été 
ou  non  le  défenseur  de  Toulouse  contre  les  Normands. 

M.  Levillain  admet  que  le  marquis  Humfroi  a  été  le 
défenseur  de  864  ;  M.  Lot  ne  l'admet  pas. 

M.  Levillain  croit  Humfroi  partisan  de  Pépin.  Sa  fuite, 
en  effet,  coïncide,  dit-il,  avec  le  désastre  et  la  capture  de 
celui-ci.  Elle  en  serait  donc,  suivant  lui,  la  conséquence 
directe.  D'autre  part,  c'est  de  Pitres  que  le  roi  délègue 
la  seconde  mission  dans  le  Midi,  après  que  le  marquis 
désillusionné  a  abandonné  Toulouse,  «  dimissa  Tolosa  ». 
Humfroi  était  donc  à  Toulouse  au  moment  du  siège. 
Seulement,  si  Humfroi  était  un  partisan  de  Pépin,  com- 
ment aurail-il  pu  défendre  Toulouse  contre  ce  même 
Pépin  conducteur  des  Normands  ?  Pour  se  tirer  de  cette 
difficulté,  M.  Levillain  préfère  ne  pas  croire  que  Pépin 
ait  assumé  le  rôle  qu'on  lui  attribue.  Pour  lui,  s'il  est 
exact  que  les  Normands  aient  assiégé  la  ville,  il  est  inexact 
que  Pépin  les  y  ait  conviés  et  dirigés-.  C'est  ainsi  que 
AI.  Levillain  est  réduit,  encore  (|u'il  le  fasse  timidement, 
à  s'inscrire  en  faux  contre  l'un  des  points  les  plus  solidc- 

I.  l'oiir  rvaliipr  cet  espace  de  temps,  il  laudrail  avoir  un  élénienl 
(l'api)récialion  qui  nous  inantiue  :  combien  de  temps  au  juste  s'est-il 
écoulé  entre  la  levée  du  siège  de  Toulouse  par  l^épin  et  sa  chute 
dans  les  mains  de  Rannoux?  (resl  ce  que  rien  ne  nous  autorise  à 
préjuger. 

■) .  !..  Levillain,  /oc.  c//.,  p.  ;ii5,  note  :  «  La  concordance  des  dates 
douiic  )i  croire  (pie //(j/;(/r(V/f/,s- était,  lui  aussi,  un  partisan  de  Pépin  II. 
et  ce  dernier  n'aurait  evi  alors  aucun  intérêt  à  conduire  lui-même 
les  Normands  soui  les  murs  de  Toulouse.  » 


LE    SIEGE    DE    TOULOUSE    PAR    LES    >ORMV>DS.  lOS 

ment  établis  :  la  présence  de  Pépin  parmi  les  assiégeants 
de  Toulouse.  Et  il  se  laisse  aller  à  cette  tentation  dange- 
reuse qui  consiste  à  écarter  un  témoignage  positif  au 
nom  d'une  déduction  purement  subjective,  uniquement 
parce  qu'il  a  supposé  préalablement  que  le  marquis  de 
Gothie  avait  agi  à  Toulouse  comme  partisan  de  Pépin. 

M.  Lot,  au  contraire,  s'exprime  ainsi  :  «  M.  LeviJIain 
émet  l'hypothèse  que  Humfroi  était  partisan  de  I*épin  II, 
vu  la  concordance  des  dates;  nous  n'en  savons  rien,  en 
réalité.  »  L'observation  est  aussi  juste  que  catégorique. 
Mais  M.  Lot  présente  tout  autrement  l'ordre  des  faits; 
selon  lui,  Humfroi  a  perdu  Toulouse  avant  le  siège  et  la 
défense  de  la  ville  à  l'arrivée  des  Normands  a  été  assumée 
non  par  lui,  mais  par  les  missi  royaux.  Lorsqu'ensuite, 
c'est-à-dire  postérieurement  au  retour  des  missi,  Hinc- 
mar  nous  apprend  que  le  marquis  a  abandonné  Toulouse, 
—  dimlssa  Tolosa,  —  il  faut  comprendre  Tolosa  non  au 
sens  de  Toulouse,  mais  au  sens  de  Tolzan,  Toulousain, 
pays  de  Toulouse;  et,  de  même,  les  seconds  missi,  en- 
voyés, aux  termes  de  nos  Annales  \  <(  ad  Tolosam  et  in 
Gotiam  »  sont  envoyés  non  pas  à  Toulouse,  mais  «  dans 
le  Tolzan  et  en  Gothie  ». 

VII 

C'est  là  une  interprétation  des  faits  et  des  textes  que 
nous  ne  pouvons  faire  nôtre. 

Comment  admettre,  d'abord,  que  ces  premiers  missi 
royaux,  dont  on  nous  dit  ffu'ils  ont  peu  fait-  pour  leur 
objet,  aient  recouvré  Toulouse'?  Le  penser  serait  mécon- 


1.  Texte  cité  ci-dessus,  page  iSg,  note  5. 

2.  Ibld.  «  Paruni  pro  quibvis  missi  fueranl  uUlilalis  agentes  ». 

3.  F.  Lot,  loc.  cit.,  p.  492,  note  5.  «  Les  missi  envoyés  en  janvier 
dans  le  Midi  ont  très  probablement  réussi  à  recouvrer  Toulouse  et 
à  la  défendre  contre  Pépin  et  les  .Normands.  » 


l64  J.    CALMETTE. 

naître  l'importance  de  Toulouse  dans  l'Aquitaine  du 
ix"  siècle.  Et  quand  un  annaliste  officieux,  dont  nous 
connaissons  les  attaches,  que  nous  savons  habitué  à  pré- 
senter toute  chose  sous  le  jour  le  plus  favorable  à  son 
maître,  nous  parle  de  délégués  qui  «  ont  peu  fait  pour 
leur  objet  »,  ce  peu  est  assurément  plus  près  de  rien  que 
de  beaucoup.  C'est  pourquoi  nous  ne  saurions  aperce- 
voir la  reprise  de  Toulouse  sous  l'adverbe  pessimiste,  le 
«  parum  »  de  l'annaliste. 

Qui  plus  est,  si  notre  discussion  de  tout  à  l'heure  est 
exacte,  si  la  phrase  unique  des  Annales  de  Saint-Berlin 
doit  être  entendue  comme  accouplant  des  faits  qui  se 
sont  produits  à  deux  moments  distincts',  l'ordre  des  faits 
ne  peut  pas  être  celui  que  M.  Lot  suppose.  C'est  seule- 
ment après  le  retour  des  premiers  missi  que  l'on  apprend 
au  Palais  la  fuite  du  marquis  abandonnant  Toulouse, 
—  (limissa  Tolosa,  —  et  alors  seulement  part  la  seconde 
mission  ad  Tolosam  et  in  Goliam. 

Il  est  vrai  que  M.  Lot  propose  une  traduction  nou- 
velle du  mot  Tolosa  dans  ce  passage.  Mais  nous  ne  pou- 
vons en  aucune  manière  nous  y  rallier. 

En  somme,  M.  Lot  se  trouve  ici  condamné  sinon  comme 
M.  Levillain  à  heurter  de  front  un  texte,  du  moins  à  tor- 
turer un  autre  texte  et  finalement  à  le  fausser.  Parce  qu'il 
a  voulu  imaginer,  —  en  dépit  de  ce  qu'en  dit  clairement 
llincmar,  —  la  première  mission  comme  couronnée  de 
succès  à  Toulouse,  —  et  uniquement  pour  cela,  —  M.  Lot 
est  obligé  d'imaginer  l'évacualion  de  Toulouse  par  Hum- 
IVoi  (ir<inl  le  siège.  Cette  façon  d'arranger  les  faits  en- 
haine  aussitôt  une  grosse  difficulté  pour  lenlenle  du 
Icxtc  aniialisli(|ue  qui  suit.  Dès  lors,  quand  llincmar 
place  à  sa  date,  —  c'est-à-dire  postérieurement  à  la  pre- 

I.  '-If.  ci  dessus,  p.  iGi. 


LE    SIEGE    DE    TOULOUSE    PVR    LES    NORMANDS.  I  (i.") 

niière  mission,  —  l'évacuation  de  Toulouse  par  Humfroi, 
—  diniissa  Tolosa,  —  M.  Lot  n'a  pas  d'autre  expédient 
que  de  rendre  Tolosa  non  par  Toulouse,  comme  il  devrait 
aller  de  soi,  mais  par  le  Tolzuii;  et  il  répète  forcément  la 
même  traduction,  en  vérité  toute  [)ersonnelle,  pour  le 
membre  de  phrase  suivant,  de  sorte  que,  d'après  lui,  les 
seconds  commissaires  sont  expédiés  non  à  Toulouse  et  en 
(jothic,  mais  dans  le  Tolzan  et  la  Ootliie'.  11  en  lésulte 
finalement  cette  interprétation  que  le  marquis  de  Golhie, 
ayant  évacué  Toulouse  lors  de  la  première  mission  royale, 
a  continué  à  dominer  le  Tolzan,  j^endanl  la  durée  du 
siège,  pour  s'enfuir  ensuite,  quand  il  était  le  moins 
menacé,  sans  que  le  motif  de  cette  fuite  puisse  être 
défini. 

Le  malheur  pour  cette  version  est  qu'elle  se  heurte  à 
une  objection  fondamentale  touchant  le  mot  Tolosa.  Il  est 
arbitraire  de  traduire  Tolosa  par  Tolzan,  comme  s'il  y 
avait  Tolosanum.  Encore  pourrait-on  y  consentir  si  le  mol 
n'était  dans  le  texte  qu'une  fois  :  on  pourrait  alors,  en  y 
mettant  de  la  complaisance,  risquer  l'équivalence  au  bé- 
néfice d'une  leçon  vicieuse  et  dun  à-peu-près  du  texte. 
Mais  cette  audace  devient  excessive  lorsque  notre  auteur 
emploie  aussitôt  après  l'expression  complète  «  ad  Tolo- 
sam  et  in  Goliam  mittit  ».  Cette  fois,  point  d'obscurité  ni 
de  doute  :  la  préposition  ad  devant  le  nom  de  ville,  la 
préposition  in  devant  le  nom  de  pays,  quoi  de  plus  régu- 
lier, quoi  de  plus  lumineux  ?  Et  il  suffit,  au  surplus,  de 
parcourir  la  partie  des  Annales  de  Sainl-Beiiin  rédigée 
par  Hincmar,  pour  se  rendre  compte  que  son  style  en 
pareil  cas  est  toujours  identique.  La  saine  critique  exige 
cette  conclusion  qu'en  écrivant  k  ad  Tolosam  »  c'est  bien 

I.  F.  Lot,  ibid.  a  Tel  est  ici  le  sens  de  Tolosa  =  Tolzan.  »  Cette 
traduction  n'est  justifiée  par  aucune  argumentalion  :  on  se  trouve 
devant  une  allîrmation  pure  et  simple. 


l66  -T-    CALMETTE. 

la  ville  de  Toulouse  que  notre  annaliste  a  entendu  viser. 
Dès  lors,  il  devient  évident  que  le  marquis  Humfroi  a  tout 
abandonné  d'un  coup  :  et  la  cité  comtale  naguère  usur- 
pée par  lui,  et  le  ïolzan,  et  la  Gothie  même. 

VIII 

Peut-on  préciser  davantage  la  chronologie  des  faits? 
M.  Lot  s'est  efforcé  de  resserrer  la  date  du  siège  de  Tou- 
louse entre  des  limites  étroites,  en  discutant  l'ordre  des 
mentions  placées  par  Hincmar  sous  l'année  86/4.  Cette 
discussion  le  conduit  à  placer  le  siège  en  février-mars. 

Voici  le  raisonnement  de  M.  Lot  à  ce  sujet'  :  «  La  date 
du  siège  de  Toulouse  n'est  fournie  par  aucun  texte.  Il  est 
à  coup  sûr  postérieur  au  début  de  863,  époque  à  laquelle 
le  rebelle  Humfroi  enleva  Toulouse  au  comte  Raimond, 
antérieure  à  mai  86^,  date  de  la  prise  de  Pépin.  On  peut 
préciser  davantage.  Hincmar,  qui  ne  parle  pas  du  siège 
de  Toulouse,  nous  apprend  que  les  missi  de  Charles,  en- 
voyés par  lui  en  Gothie  en  janvier  864  «  pour  recouvrer 
«  cité  et  châteaux  »  (au  pouvoir  du  rebelle  Humfroi),  étaient 
de  retour,  ayant  assez  mal  rempli  leur  mission,  à  une  date 
qui,  vu  la  place  de  la  narration,  est  antérieure  à  l'assem- 
blée de  Pitres  (i"  juin)  et  postérieure  :  i"  au  séjour  à 
Rome  de  l'empereur  Louis,  qui  y  célébra  la  fête  de  Pâques 
(4  avril),  séjour  qui  n'a  pu  être  connu  à  Reims  au  plus 
toi  qu'à  la  fin  d'avril  ;  2"  au  récit  du  voyage  de  Rolhadus 
en  Italie  en  avril-mai.  Le  retour  des  missi  se  place  donc 
en  mai...  Les  missi  envoyés  en  janvier  dans  le  Midi  et  de 
reloiii  v\i  mai  ont  très  probablement  réussi  à  recouvrer 
Toulouse...  ^ous  placerions  donc  entre  ces  deux  dates  le 
siège  de  la  cité  :  en  défalquant  un  mois  pour  l'aller,  un 
autre  pour  le  retour  des  missi,  nous  pensons  qu'on  doit 

I.  Loc.  cit.,  p.  !\()2,  note  5. 


LE    SIEGE    DE    TOULOUSE    PAR    LES    \ORALVNDS.  1 0- 

même  resserrer  la  date  entre  février  et  avril  864.  Une  au- 
tre remarque  vient  à  l'appui  de  cette  conjecture,  llincmar, 
avons-nous  dit,  ne  parle  pas  du  siège  de  Toulouse.  Mais 
il  mentionne  l'  «  apostasie  »  de  Pépin.  Cette  apostasie... 
consiste  en  réalité  à  prendre  à  sa  solde  des  Normands 
païens  pour  assiéger  Toulouse.  La  date  de  l'apostasie  nous 
donne  donc,  avec  quelques  semaines  d'avance,  celle  du 
siège,  llincmar  en  parle  au  début  de  864  avant  le  récit 
de  la  chasse  dans  la  forêt  de  Guise  (Gompiègne)  oii  Gliarlcs 
le  Jeune  fut  blessé  par  Aubouin...  L'accident  de  Gharles 
le  Jeune  ne  saurait...  être  postérieur  au  milieu  d'avril, 
peut-être  même  au  début...  L'  «  apostasie  »  de  Pépin, 
postérieure  à  janvier,  est  donc  antérieure  à  avril,  et,  par 
suite,  le  siège  de  Toulouse  se  place  en  février-mars.  » 

Il  ne  me  semble  pas,  quant  à  moi,  que  l'on  puisse  ob- 
tenir, sans  forcer  les  textes,  une  telle  limitation.  D'abord, 
M.  Lot  ne  peut  spéculer  sur  le  retour  de  la  première  mis- 
sion qu'à  la  condition  de  lui  attribuer  la  défense  de  Tou- 
louse :  hypothèse  que  nous  avons  rejetée.  De  plus,  M.  Lot 
n'est  pas  autorisé,  comme  il  le  croit,  à  dater  le  retour  de 
cette  première  mission  du  mois  de  mai  en  arguant  de  la 
place  de  la  mention  dans  les  Annales  de  Saint-Bertin,  car 
nous  avons  vu  qu'en  l'espèce  le  rythme  du  récit  ne  com- 
prend pas  un  rythme  des  faits*.  Une  partie  de  l'argumen- 
tation de  M.  Lot  tombe  donc.  Il  est  impossible,  d'autre 
part,  d'affirmer  avec  lui  qu'il  s'est  écoulé  seulement  «  quel- 
ques semaines  »  entre  l'apostasie,  —  c'est-à-dire  l'alliance 
de  Pépin  avec  les  Normands,  —  et  le  siège  de  Toulouse. 
Nous  ignorons  absolument  tout  de  la  campagne  dont  ce 
siège  fut  l'épisode  saillant.  Pour  notre  part,  nous  nous 
contenterons  donc  de  dire,  —  plus  modestement,  mais 
plus  prudemment,  —  que  cet  épisode  se  place  cerlaine- 

I.  Cf.  ci-dessus,  p.  iGi. 


I  68  J-    CALMETTE. 

ment  dans  les  cinq  premiers  mois  de  86/1,  et  vraisembla- 
blement dans  les  quatre  premiers,  peut-être  dans  le  pre- 
mier trimeslie,  sans  qu'il  nous  soit  possible  de  hasarder 
une  spécification  plus  précise. 

Contrairement  à  l'opinion  de  M.  Lot,  il  est  permis  de 
conjecturer  que  les  premiers  missi,  envoyés  en  janvier, 
sont  revenus  au  Palais  sans  résultat  sérieux,  précisément 
parce  qu'ils  étaient  arrivés  dans  le  Midi  en  pleine  crise. 
A  l'attentat  du  marquis  de  Gothie,  qui  motivait  leur  délé- 
gation, s'ajoutait  tout  à  coup  1'  «  apostasie  »  de  Pépin', 
l'invasion  normande.  Peut-être  le  pariini  —  le  peu  que 
les  missi  ont  fait,  suivant  notre  annaliste,  —  consiste-t-il 
à  avoir  suscité  cette  prise  d'armes  d'Ermengaud,  comte 
d'Albi,  dont  Aimoin  nous  a  conservé  la  mémoire  et  que 
nous  avons  considérée,  au  début  de  cette  étude,  comme 
la  raison  humainement  déterminante  de  la  levée  du  siège^ 

M.  Lot  n'essaie  pas  de  déterminer  à  quel  moment  se 
place  la  fuite  définitive  du  marquis  Humfroi.  Ur,  le  bruit 


1.  M.  Lot  ne  paraît  pas  s'aviser  de  ce  fait  que  l'apostasie  de  Pépin  est 
mentionnée  par  Hincmar  après  le  départ  des  missi  envoyés  en  jan- 
vier. L'ordre  des  mentions  indique,  ici,  que  l'on  n'a  appris  dans  le 
.Nord  la  nouvelle  levée  de  bouclier  du  roi  d'Aquitaine  qu'après  l'en- 
voi des  missi  dans  le  Midi.  Toutefois,  comme  il  est  difficile  de  savoir 
le  temps  qu'il  a  fallu  pour  recevoir  la  nouvelle  de  l'apostasie  de  Pépin, 
il  est  impossible  de  tirer  de  cette  observation  des  conclusions  chro- 
nologiques trop  rigoureuses.  Il  reste  du  moins  avéré  que,  d'après 
l'ordre  des  mentions  chez  Hincmar,  le  Palais  ignorait,  lors  de  l'en- 
voi des  premiers  missi,  les  complications  qui  venaient  de  se  produire 
du  côté  du  Toulousain  :  l'échec  de  la  mission  n'a  plus  rien,  dès  lors, 
qui  puisse  surprendre. 

■2.  Cf.  ci-dessus,  p.  i55.  —  M.  Lot,  Fidèles  ou  Vassaux?  p.  1 15,  note  4, 
a  montré  qu'Ermengaud  agit  en  comte  de  Rouergue  en  juin  864 
(cf.  mon  étude  citée  ci-dessus,  p.  159).  A  ce  moment,  déjà,  la  crise 
serait  donc  terminée  et,  sans  doute,  faut-il  voir  la  récompense  d'Er- 
mengaud dans  celle  union  entre  ses  mains  du  Uouergue  à  l'Albi- 
geois ;  le  Honergue,  précédemment  uni  au  Toulousain,  du  temps  de 
Ha>mond,  en  est  alors  disliail.  et  Bernard,  (ils  de  HaNmond,  se  con- 
tente du  Toulousain  seul. 


LE    SIÈGE    DE    TOULOUSE    PAR    LES    NORMANDS.  t()(| 

de  cette  fuite  n'étant  arrivé  au  Palais  qu'à  la  veille  du 
plaid  de  Pitres,  ainsi  qu'en  font  foi  les  Annales  d'  Saint- 
Berlin,  il  s'ensuit  qu'on  ne  peut  se  refuser  à  rcticMiver  ici 
la  concordance  de  dates  signalée  par  M.  Levillain'  :  la 
fuite  du  marquis  et  la  capture  de  Pépin  sont  présentées 
en  même  temps  par  ïlincmar.  Dès  lors,  la  fuite  du  mar- 
quis étant  sensiblement  contemporaine  de  la  capture  du 
roi  d'Aquitaine,  doit  se  placer,  comme  elle,  après  le  siège, 
en  sorte  que,  en  définitive,  le  défenseur  de  Toulouse  con- 
tre les  Normands  a  bien  été  Humfioi,  comme  le  pensait 
M.  Levillain^ 

IX 

Seulement,  si  Humfroi  a  été  le  défenseur  de  Toulouse 
et  si  la  troupe  assiégeante  a  été  conduite  par  Pépin,  il 
s'ensuit  nécessairement  qu'il  faut  renoncer  à  faire  agir 
Humfroi  en  partisan  de  Pépin. 

Ici,  nous  rejetons  la  solution  suggérée  par  M.  Levillain 
et  nous  estimons  bien  fondé  le  doute  exprimé  à  ce  pro- 
pos par  M.  Lot^ 

Au  demeurant,  au  lieu  de  se  contenter  d'un  doute,  on 
peut  faire  un  pas  de  plus  et  formuler  cette  question  : 
quelle  position  avait  prise  Humfroi  dans  les  compétitions 
princières  du  moment  P 

Ce  qui  avait  engagé  M.  Levillain  à  situer  Humfroi  dans 
le  parti  de  Pépin,  c'est,  sans  nul  doute,  ce  fait  qu'à  Tou- 
louse et  en  Gothie  la  longue  lutte  entre  Pépin  et  Charles 

1.  Cf.  ci-dessus,  p.  1G2. 

2.  Nous  savons  par  Hincmar  quand  Humfroi  est  entré  à  Toulouse 
et  quand  il  en  est  sorti  :  or,  le  siège  se  place  nécessairement  entre 
ces  deux  faits.  D'ailleurs,  l'échec  de  la  première  mission  envoyée 
par  Charles  le  Chauve  entraîne  nécessairement,  ce  semble,  l'attribu- 
tion à  Humfroi  do  la  défense  de  Toulouse.  Nous  ignorons  quels  ont 
pu  être  les  rapports  entre  Humfroi  et  l'évèque  de  Toulouse,  Helisachar. 
cité  par  Aimoin,  Mb.  H,  cap.  i\.  (^Migne,  Patrol.  lut.,  CWVl,  10:20.) 

3.  Cf.  ci-dessus,  p.  i03. 

ANNALES  DU  MIDI.  —  XXIX.  12 


t*o  J-    CALMETTË. 

le  Chauve  sest  traduite  fréquemment  par  des  substitutions 
de  dignitaires.  Deux  séries  de  personnages,  dont  chacune 
se  réclame  de  son  roi,  se  remplacent  alternativement  dans 
les  fonctions  comtales  ou  ducales.  Lorsque  s'était  ouverte 
la  lutte  fratricide  déchaînée  par  la  mort  de  Louis  le  Pieux, 
un  groupement  s'était  bien  vite  créé  entre  Lothaire  et 
Pépin  11  d'une  part,  Charles  le  Chauve  et  Louis  le  Ger- 
manique d'autre  part.  La  bataille  de  Fonlenoy  (Fontane- 
lum)  suivie  du  traité  de  Verdun  avait  eu  pour  conséquence 
un  |)arlage  à  trois,  éliminant  Pépin.  Mais  celui-ci  avait 
continué  à  prétendre  à  l'Aquitaine.  El,  à  partir  de  cette 
date  jusqu'à  la  catastrophe  de  804,  qui  termina  sa  carrière 
mouvementée,  Pépin  11  n'avait  cessé  d'aspirer  infatiga- 
blement à  la  domination  du  royaume  méridional  qu'il 
revendiquait  du  chef  de  son  père  Pépin  P',  Aussi  voyons- 
nous  souvent,  dans  ce  royaume  et  dans  ses  marches,  des 
comtes  et  des  marquis  en  lutte  les  uns  contre  les  autres'  : 
corollaire  local  du  duel  qui  se  livre  entre  Charles  le 
Chauve  et  Pépin  II  sur  le  terrain  de  l'histoire  générale. 
Nos  sources,  qui  sont  unilatérales,  invariablement  favo- 
rables à  Charles  le  Chauve,  traitent  sans  façon  d'usurpa- 
teur et  d'insurgé  quiconque  se  réclame  de  Pépin.  Ces 
vicissitudes  et  ces  tendances  nous  expliquent  justement 
le  trait  désobligeant  décoché  par  llincmar-  à  l'adresse  des 
Toulousains  à  l'occasion  de  l'expulsion  de  Raymond ^  A 
l'entendre,  les  Toulousains  ont  l'habitude  des  complots 
et  sont  coutumiers  de  substituer  des  comles  les  uns  aux 
autres.  En  réalité,  autant  il  y  avait  de  prétendants  à  la 
c(jmonne  d'Aquitaine,  autant  il    y  avait  de   partis   dans 

I.  Il  sciublc  que  les  anciens  liislorions  ont  mieux  saisi  que  les 
plus  récents  le  sens  véritable  de  ces  luttes  et  de  ces  substitutions. 
»;r.  par  exemple  Ilisl.  yen,  de  Lamineduc,  éd.  Privai.  T.  loai. 

■^.  Cf.  ci-dessus,  p.  ibç). 

3.  Uaymond  a  même  péri  en  <S03,  au  cours  ou  à  la  suite  de  raffalre, 
comme  le  prouve  M.  Lot  {Fidèles  ou  vassaux?  p.  99). 


LE    SIEGE    DE    TOULOUSE    PAU    LES    NORMANDS.  171 

Toulouse,  et,  ces  partis  ayant  alternativement  le  dessus, 
suivant  les  circonstances,  l'attitude  des  Toulousains,  vue 
du  dehors,  apparaissait  sous  le  jour  d'iiiie  perpétuelle 
instabilité'. 

Sans  entrer  dans  le  détail  de  ces  luttes  et  de  ces  chan- 
gements de  front,  qui  pourraient  faire  l'objet  d'une  étude 
particulière,  il  suffira  de  retenir  le  principe  j)our  saisir 
aussitôt  pourquoi  M.  Levillain  classait  dolïlce  Hunifroi 
comme  comte  de  Pépin  à  Toulouse.  Il  lui  donnait  de 
toute  évidence  ce  rôle  pour  ce  seul  motif,  à  ses  yeux  suf- 
fisant, que  le  marquis  avait  ravi  Toulouse  à  Raymond, 
connu  pour  être  un  fidèle  de  Charles  le  Chauve. 

Mais  ce  raisonnement  est  vicieux  s'il  y  a  une  tierce 
hypothèse,  à  laquelle  M.  Levillain  n'a  point  pris  garde, 
non  plus  d'ailleurs  que  M.  Lot,  hypothèse  qui  sera  propre 
à  tout  expliquer. 

X 

Si  l'on  replace  l'aventure  de  864  dans  son  ambiance 
historique,  elle  apparaît  comme  un  dernier  sursaut  de 
Pépin  II,  dont  la  vie,  depuis  plusieurs  années,  était  celle 
d'un  prétendant  déchu,  traqué  et  dépouillé".  Se  faire  le 
capitaine  d'une  bande  de  Normands,  c  était  un  geste  de 
désespoir  :  les  accusations  d'apostasie  auxquelles  un  tel 
geste  exposait  étaient  de  nature  à  disqualifier  un  carolin- 
gien ^  Si  Pépin  a  pris  ce  parti  extrême,  c'est  qu'il  était 
tombé  bien  bas,  c'est  qu'il  n'avait  plus  ou  presque  plus 
de  partisans,  et  sa  fin  lamentable  ne  fait  que  justifier  l'idée 

1.  A  cette  façon  d'envisager  les  choses  s'ajoute  assurément,  dans 
l'esprit  de  l'archevêque  de  Reims,  la  considération  de  parenté  qui  a 
été  relevée  ci-dessus,  p.  i5g,  note  3. 

a.  L.  Levillain,  loc.  cit.,  p.  3ii  :  u  Le  palais  de  ce  prince  vagabond 
était  sans  nul  doute  réduit  à  peu  de  chose...  » 

3.  Sur  l'interprétation  de  cette  prétendue  «  apostasie  »,  cf.  ci-des- 
sus, p.  i56,  note  2. 


1-2  J.    CALMETTE. 

sombre  que  l'on  doit  se  faire  des  dernières  semaines  de 
sa  misérable  activité. 

Aussi  bien  au  moment  ori,  l'année  précédente,  Humfroi 
avait  mis  la  main  sur  Toulouse,  ce  n'était  plus  Pépin  qui 
se  dressait  en  rival  de  Charles  le  Chauve,  c'était  plutôt 
le  propre  fils  de  Charles  le  Chauve,  celui  que  l'on  appelle 
Charles  le  Jeune  ou  Charles  l'Enfant.  Ce  jeune  cadet, 
que  son  père,  par  égard  pour  le  nationalisme  aquitain, 
avait  fait,  —  en  titre  tout  au  moins,  —  roi  d'Aquitaine, 
était  devenu  le  centre  d'une  intrigue  dont  quelques  me- 
neurs nous  sont  connus  et  dont  les  échos  multiples  nous 
sont  parvenus  à  travers  les  sources  annalistiques'. 

Marié  contre  le  gré  de  ses  parents  à  l'âge  de  quinze 
ans,  Charles  l'Enfant  s'était  révolté  et  l'année  863  marque 
juste  le  point  critique  de  cette  rébellion. 

L'acte  du  marquis  Humfroi  en  863  doit,  à  mon  sens, 
être  réintégré  dans  celte  série  d'événements.  Il  devient 
dès  lors  bien  clair  que  c'est  comme  lieutenant  du  fils  que 
le  marquis  de  Gothie  s'est  saisi  de  Toulouse,  en  l'enle- 
vant à  Kaymond,  le  fidèle  du  père". 

Marquis  de  Gothie,  Humfroi  rêvait,  apparemment,  une 
reconstitution  de  cette  marche  de  Toulouse-Septimanie 
qu'avait  autrefois  gouvernée,  —  en  vrai  vice-roi  du  Midi 

1.  F.  Lot,  hc.  cil.,  p.  48 1.  Ajoutez  que  l'existence  d'un  groupe 
iKiuitain  partisan  de  Charles  l'Enfant  se  déduit  de  ce  qui  se  passe 
lors  de  la  réconciliation  du  père  et  du  fils  :  la  plupart  des  Aquitains 
qui  avaient  suivi  Charles  l'Enlant  sont  reçus  en  grâce  en  même 
temps  que  lui. 

2.  L'interprétalion  que  Ton  adopte  ici  [xMinettra  de  comprendre 
In  nuance  de  sens  du  mot  quelque  peu  énigniatiquo  qu'emploie 
llincmar  à  propos  de  l'attentat  commis  sur  Toulouse.  Humfroi  se 
saisit  de  cette  ville  «  sine  consciencia  Karoli».  (^ette  expression,  assez 
particulière,  cadre  fort  bien  avec  une  substitution  de  comte  non  au- 
torisée —  et  pour  cause  —  par  Charles  le  Chauve,  au  regard  de  qui 
Charles  l'Enfant,  suivant  l'usage  carolingien  en  pareil  cas,  est  plutôt 
un  vice-roi  qu'un  roi.  L'envoi  de  missi  est  la  sanction  naturelle  de 
l'irrégularité  qui  a  été  commise  à  Toulouse  en  863. 


LE    SIEGE    DE    TOULOUSE    PVH     LES    NORMANDS.  (-3 

carolingien,  —  le  vainqueur  de  l'Orbieu,  le  fameux  duc 
Saint-Guilhern,  et  qui  avait  été  scindée  après  lui  :  recons- 
titution tentante,  à  coup  sûr,  et  que  tous  les  marquis  du 
IX'  siècle  ont  plus  ou  moins  âprement  pouisuivie,  à  peu 
près  comme  leurs  souverains  poursuivaient  le  fantôme 
décevant  de  la  reconstitution  impériale. 

En  863,  Pépin  battant  toujours  la  campagne,  Charles  l'En- 
fant soulevé  contre  son  père  et  représentant  en  face  de  lui 
le  nationalisme  aquitain  :  n'était-ce  point  une  occasion  in- 
espérée pour  refaire  la  grande  Marche  et  jouer  le  r(jle  d'un 
second  saint  Guilhem  sous  un  roi  sans  maturité?  Le  fait 
est  que  le  marquis  Humfroi  a  joué  cette  partie  séduisante 
et  son  coup  de  main  hardi  sur  Toulouse,  où  il  avait  des 
intelligences,  a  paru  un  moment  réussir  ;  nous  en  avons 
la  preuve,  puisque  les  missi  venus  du  Nord  au  début  de 
86/j  ont  été  incapables  de  remettre  les  choses  au  point. 

Mais  voici  bientôt  que  tous  les  espoirs  s'écroulent. 
Pépin  semble  se  ressaisir,  s'allie  aux  Normands.  Il  mar- 
che avec  eux  précisément  sur  Toulouse*  et  le  nouveau 
comte  du  Toulousain  voit  fuir  ses  administrés  quAimoin 
nous  montre  se  dispersant  dans  les  pagi  voisins.  Fidèle 
au  roi  de  France,  Ermengaud  arme  ses  chevaliers.  Sans 
doute,  Pépin  échoue  dans  son  suprême  effort,  sa  carrière 
est  brisée  avant  même  sa  capture.  Mais,  sur  ces  entre- 
faites, la  réconciliation  s'est  opérée  entre  Charles  l'Enfant 
et  son  père.  Alors  Humfroi,  qui  a  bravé  les  premiers 
missi,  qui  a  des  adversaires  déterminés  à  Toulouse  même, 
sent  qu'il  ne  peut  plus  désormais  tenir  ;  il  abandonne  la 
partie  brusquement,  se  rendant  compte  quelle  est   irré- 

I.  Il  n'est  peut-être  pas  inutile  d'observer  que  le  cas  du  marquis 
Humfroi,  partisan  de  Charles  l'Enfant,  assiégé  dans  Toulouse  par 
les  Normands  de  Pépin,  ressemble  fort  à  celui  du  comte  Etienne  tué 
dans  sa  cité  de  Clermont  par  les  Normands  (cf.  ci-dessus  p.  157  note). 
Or,  Etienne  est  l'un  des  meneurs  de  la  rébellion  de  Charles  l'Enfant. 
C'est  sans  doute  sa  mort  qui  en  détermine  l'avortemcnf. 


l-f^  J.    CALMETTE. 

médiablement  perdue  pour  lui,  ayant  sans  doute  de  bon- 
nes raisons  de  savoir  que  rattentat  qu'il  a  commis  l'année 
précédente  contre  ce  Raymond,  dont  la  famille  est  si 
bien  en  cour,  ne  lui  sera  pas  pardonné*. 


Il  semble  donc  que  tout  s'éclaire  maintenant,  que  le 
rôle  de  chaque  personnage  soit  devenu  net,  que  la  liaison 
entre  les  mentions  éparses  de  nos  textes  se  soit  retrouvée, 
qu'enfin  la  suite  des  événements  satisfasse  aux  exigences 
de  cet  enchaînement  logique,  parfois  si  malaisé  à  rétablir 
et  pourtant  si  nécessaire  à  l'intelligence  des  faits. 

Joseph  Calmette. 


I.  La  l'uilo  du  mai(]iiis  l'ait  conlrasle  avec  la  réconciliation  des 
aulics  suppôts  de  Charles  fEnfanl  reçus  en  grâce  avec  lui.  llum- 
froi  a  été,  senible-l-il  bien,  cxceiité  de  ceux  à  qui  Charles  le  Chauve 
accordait  son  amnistie.  C'est  pourquoi  il  abandonne  tout  et  ne  s'ar- 
rête, dans  sa  fuite,  qu'en  Italie.  Depuis,  on  n'en  entend  plus  jamais 
parler. 


OPUSCULES  PROVEXC^AUX  1)1  XV^  SIÈCLE 

SUR     LA     CONFESSION 


Le  manuscrit  français  1802  de  la  Bibliothèque  natio- 
nale est  bien  connu  depuis  que  M.  Paul  Meyer  a  attiré  l'al- 
tention  sur  lui'.  C'est  un  petit  volume  portant  une  demi- 
reliure  du  WHi"  siècle  en  maroquin  rouge,  au  dos  dacpicl 
on  lit  «  Médital[ions]  en  vieux  proven|çal]  ».  11  comprend 
189  feuillets  de  papier,  du  format  in-/i"  (l'i.")  sur  2i3  mil- 
lim.),  écrits  d'une  même  main  dans  la  seconde  moitié 
du  xV  siècle  et  numérotés  au  xix".  Son  exécution  est  très 
soignée;  les  initiales  des  chapitres  sont  presque  toujours 
en  rouge,  et  les  premières  lettres  de  chaque  phrase  ont 
été  ordinairement  relevées  de  couleur  jaune.  Les  signa- 
tures des  cahiers  montrent  que  ce  volume,  relié  une 
première  fois  lors  de  sa  composition,  a  été  relié  à  nou- 
veau au  xvi"  siècle,  avant  de  recevoir  sa  couverture  ac- 
tuelle. On  lit  sur  le  reste  d'un  feuillet  de  garde  collé  au 
dernier  feuillet  du  manuscrit  les  signatures  du  xyi'  siè- 
cle :  «  G.  Arnaud  presbiter  »  et  «  Barbasta  ».  Dans  la 
marge  intérieure  du  premier  feuillet,  se  distingue  cette 
autre  signature,  du  xvn'  siècle  :  «  David  de  la  Roche 
presbiter  ».  Ces  noms  d'anciens  possesseurs  ne  suffisent 
pas  à  nous  renseigner  sur  l'origine  du  li%re-.  \oiis  savons 

I.  Notice  du  manaiicrit  f murais  7852  de  la  BihlioUihiac  nalionale 
contenant  divers  opuscules  religieux  en  rouergal.  dans  Bulletin  de  la 
Société  des  anciens  textes  français,  t.  \VI  (1890),  pp.  70-107. 

a.  Au  verso  du  feuillet  18  v"  resté  blanc,  la  mention  suivante  a  élé 


jirg  CL.     BRUNEL. 

seulement  qu'il  entra  dans  la  Bibliothèque  de  Golbert  et 
passa  avec  elle  à  la  Bibliothèque  du  roi,  ainsi  qu'en  font 
foi  les  anciennes  cotes  tracées  au  premier  feuillet  :  a  Co- 
dex ColberLinus  ^297  »,  "  Regius  787.2  ». 

J'énunière  de  nouveau  les  opuscules  contenus  dans  ce 
manuscrit.  On  trouvera  dans  la  notice  de  M.  P.  Meyer  des 
analyses  et  extraits  de  chacun  deux. 

1  (fol.  i-i4).   Résumé  de  la  doctrine  chrétienne'. 

2  (fol.  16-17  V").  Commentaire  sur  les  six  premiers 
versets  du  j)saume  xxx  (fn  te  Domine  speravi),  sur  le 
psaume  cxxix  {De  profumlis),  et  sur  le  Magnificat. 

3  (fol.  19-32).   Règles  nécessaires  au  salut'. 

4  (fol.  33-37  ^  ')•  Tiaité  des  sept  péchés  capitaux.  Pu- 
blié ci-après. 

5  (fol.  58-71  v).  Traité  des  dix  commandements  de 
Dieu.  Publié  ci-après. 

G  (fol.  72-103).  Brève  exposition  des  psaumes,  de 
cantiques  et  d'hymnes. 

7  (fol.  lol-iii  v").  Traité  de  la  profession  religieuse 
suivant  la  règle  de  saint  Benoît^  suivi  de  courts  chapi- 
tres sur  la  prédestination,  la  multiplication  des  péchés  et 
la  multiplication  des  mérites*. 


écrite  au  \\\'  sièclo  :  "  Mcmoryc  soyo  de  saiiterys  de  carcme  pahyat 
Iros  a  nos.  » 

1.  Vjoiilcr  aux  obscrvalious  de  M.  P.  Meyer  que  l'auleur  nous  dU 
(fol.  ii5)  (jue  sainte  (]allierine  de  Sienne  (morte  en  i38o,  canonisée 
en  1/161)  était  fort  diligente  à  «  guasantiar  les  perdes  ». 

3.  Hemarqucr  ce  passage  (fol.  3ov")  :  «  Dama,  nos  religioses  em  per 
far  penilencia  per  los  seculars,  quar  nos  manjani  lotz  ios  jorns  lor 
peccatz,  lie  per  so  devem  esser  for  solicitoses  a  suflrir. ..  Dama,  vos 
dires  :  Totz  ios  jorns  nos  diseni  niatinas  lie  las  autras  lioras...  »,  du- 
«pu'l  il  résulte  (|ue  ce  traité  a  été  composé  par  un  ieiii;i(Mi\  ]iour 
une  religieuse. 

•i.  <>  traité  est  adressé  à  une  religieuse  bénédictine,  comme  le 
riioiilre  la  [ilirase  (fol.  lo'i  v";  :  «  Sapiatz  fpie  tais  discorses  vos  so 
iotiilineti  devedatz...  » 

'1      M  n'est  pas  |)rol)al)le  (pie  ces  trois  jiaragraplies  soient  un  opus- 


OPUSCULES    PROVENÇAUX    Dl      XV"    SIÈCLE.  iry 

8  (fol.  ii2-i33  V").  Traduction  du  Irailé  d'Albert  le 
(irand  sur  la  perfection,  suivie  de  préceptes  religieux  et 
de  l'indication  de  treize  moyens  de  parvenir  à  la  per- 
fection '. 

9  (fol.   i3'i-i39).   Division  des  livres  de  la  Bible. 

Les  opuscules  i ,  3  et  7  sont  adressés  à  une  femme  qui  y 
est  souvent  interpellée  sous  le  titre  de  «  Dama  ».  Des  ob- 
servations déjà  faites  sur  chacun  d'eux,  on  conclut 
qu'ils  ont  été  composés  après  1^(61,  pour  une  religieuse 
de  l'ordre  de  saint  Benoît,  par  un  religieux,  qui  était  du 
même  ordre,  selon  toute  vraisemblance'.  On  peut  attri- 
buer au  même  auteur  l'ensemble  du  livre  dont  le  style' 
et  la  langue  sont  partout  identiques*.  ^lais,  si  les  œuvres 
mystiques,  comme  les  traités  2,  6  et  8,  ou  didactiques, 
comme  l'opuscule  9,  peuvent  aussi  avoir  été  écrites  pour 
la  religieuse  désignée  ailleurs  sous  le  nom  de  «  Dama  », 
les  ouvrages  sur  la  confession  (4  et  5)  sont  certainement 
destinés  aux  personnes  du  siècle.  Leur  insistance  sur  la 
luxure  et  l'emprunt  des  exemples  aux  mœurs  des  paysans, 
des  marchands  et  des  étudiants,  aussi  bien  qu'à  celles 
des  gens   d'Église,    ne   laissent  pas  de  doute   à  ce  sujet. 


cule  distinct  du  précédent,  ainsi  que  le  suppose  ^^.  P.  Meyer,  car  ils 
ne  commencent  pas  en  tète  d'une  page  comme  les  autres  traités,  ni 
par  une  lettre  ornée. 

I.  Ces  deux  derniers  chapitres  ont  été  considérés  par  M.  1^.  Meyer 
comme  des  œuvres  distinctes  (n""  10  et  11).  Comme  ils  n'ont  pas  de' 
titre  et  se  rattachent  étroitement  à  ce  qui  précède,  il  est  préférable  d'y 
voir  simplement  des  appendices  ajoutés  au  traité  d'Albert  le  Grand. 

•2.  Celte  hypothèse  est  confirmée  par  la  prééminence  accordée  à 
saint  Benoît,  ci-après,  Op.  I.  fol.  56. 

3.  Le  style  est  négligé.  L'auteur  s'embarrasse  dans  les  proposi- 
tions incidentes  qu'il  multiplie,  des  phrases  commencées  ne  s'achè- 
vent pas,  et  la  concordance  des  personnes  et  des  temps  est  parfois 
mal  observée. 

4.  Il  est  certain  en  tout  cas  que  les  opuscules  4  et  5  sont  d'un 
même  auteur,  d'après  les  termes  suivants  lesquels  le  second,  ci- 
après,  ch.  m.  S  8.  renvoie  au  premier. 


,-8  CL.     BRUNEL. 

Le  soin  pris  par  l'auteur  d'indiquer  ses  sources  quand 
il  traduit  un  ouvrage  latin  (opuscule  8),  ou  suit  même 
simplement  la  doctrine  d'autrui  (opuscule  /i)  nous  auto- 
rise à  croire  que  les  divers  traités  de  notre  manuscrit 
sont  originaux  quand  nous  ne  sommes  pas  informés  du 
contraire.  On  rencontre  sans  doute  fréquemment  des 
mots  français,  ou  des  mots  dont  seule  la  terminaison 
est  provençale  :  frès  3  v",  i6  v";  Joynessa,  velhessa  9  v";  re- 
joyt  16  v";  no  m'en  chaut  21  v",  etc.;  sacrifices  28  v"; 
sagessa  3o  x";  fama  {=femina)  34  ;  lenle  34  v";  la  {^=  illac) 
30,  'jo  V;  varie  53  v";  grave  56;  asses  58,  io5;  saja  58  v°; 
AV>e|/]  61,  etc.,  mais  il  n'y  a  rien  là  que  d'habituel  dans 
les  textes  du  Midi  au  xV  siècle,  et  ces  emprunts  ne 
suffisent  pa^s  à  justifier  l'hypothèse  que  nous  ayons  affaire 
à  une  traduction  provençale  d'ouvrages  composés  en 
français. 

Quelques  passages  permettent  de  déterminer  approxi- 
mativement la  région  oij  vivait  notre  auteur.  Par  deux 
fois  il  cite  lUiiiversité  de  Toulouse';  ailleurs,  il  parle  de 
la  cour  de  Toulouse^;  plus  loin,  il  nous  informe  d'une 
superstition  à  laquelle  donnait  lieu  le  pèlerinage  de 
Notre-Dame-de-Quézac  en  Gévaudan  '.  Ces  exemples 
iiiiiiilrcnl  que  nos  opuscules  ont  été  composés  dans  le 
ressort  du  Parlement  de  Toulouse,  et  probablement  dans 
la  partie  septentrionale  '. 
-     Létude  de   la  langue   va  nous   permettre   de  préciser 


I.  l"ol.  (i.H.  ci-.iprès,  Op.  IF.  cli.  11.  S  ô;  fol.  6:^  v",  ihid..  cli.  iir. 
S  5. 

3.  Vol.  35  V",  ci-après,  Op.  I.  cli.  1,  a,  S  /(. 

3.   Fol.  Oo  v°.  Ci-après,  Op.  II,  ch.  i,  S  i<). 

!\.  S'il  est  fait  ailleurs  allusion  à  la  NoniiaiuliiMfol.  nS  :  '(  Coma  en 
Nnrniandia  an  tal  costuma  que  Parlamen  de  Paris  no  los  pot  poncli 
Iransporlar  de  lors  jutges,  ni  los  scolars  de  Paris  no  los  podo  ponch 
transportar  de  lors  julges  »),  c'est  pour  mi  exemple  propre  à  cette 
région. 


OPUSCULES    PROVENÇAUX    DU    XV"    SIECLE.  inç) 

davantage.    Voici   quels    sont   les  principaux   caractères' 
de  celle-ci  : 

1.  On  relève  plusieurs  exemples,  intéressants  par  leur 
date,  de  l'assourdissement  en  o  de  Va  tonique  latin 
suivi  d'une  consonne  nasale  :  po  G  v";  mo  9,  20  v"; 
démo  18.  5f)  v",  m. 

2.  La  finale  romane  -eira  s'est  toujours  développée  en 
ieyra  :  manieyra  33  v°,  63  v";  carrieyra  36  \";Jieyra  02  ; 
ribieyra  6/|  ;  ostcdleyra  6fi  v";  paabrieyra  ()C)  \°,  etc. 

3.  L'e  ouvert  ne  s'est  pas  diphtongue  au  contact  du 
yod  dans  gleysa  33,  et  passim. 

4.  Un  a  épenthétique  se  développe  entre  /  et  /  dans  les 
mots  emitials  38;  ulial  /iy  v°. 

5.  La  finale  latine  -lonem  est  représentée  souvent  par 
ioii  :  deliheracioii  34  ;  adjuraciou  63  v",  etc. 

6.  La  voyelle  initiale  précédant  un  s  suivi  d'une 
consonne  est  toujours  tombée  :  scalz  33;  stime  33  v"; 
stat  00  v°,  60  V";  apressamen.  67  v";  sllea  58  v°;  scri- 
chas  60  V";  scurs  61  v";  scampat  62  v";  scoti  68;  slnimens 
69,  etc. 

7.  Le  c  latin,  initial  ou  appuyé,  devant  a,  conserve  le 
son  explosif  :  peccal  33,  etc.,  caiilar  33  v",  caminar  37  v", 
carn  62;  capela  53  v°;  candelas  60  v"  ;  caassi  61;  carguar 
64,  etc.^ 

8.  On  rencontre  quelques  traces  du  changement  de  v 
en  b  :  baegz  3;  aben  49;  y/6/a  (graphie  inverse)  i34. 

9.  Le  /•  final  n'était  plus  prononcé.  Il  est  souvent  omis 
par  le  copiste  :  repenti  36  v";  palhardeja  49  v°;  povquie 
5o  v°;  Lisurie  54;  bochie  64  v",  etc. 


1.  Ils  se  retrouvent  dans  les  Mystèrex  provençaux  du  XV'  siècle  pu- 
bliés par  A.  .leanroy  et  H.  Teulié.  Toulouse.  1878  (Bibliothèque  méri- 
dionale, I"  série,  t.  III),  qui  proviennent  de  la  même  région. 

2.  Charniayres  60,  et  charmes  60  v°,  chaut  passim,  sont  des  mots 
d'emprunt. 


l8o  CL.     BRUNEL. 

10.  Le  h  est  employé  dune  façon  systématique  dans  les 
mots  7i«  (=  hahet),  hi,  he,  ho,  hiey. 

11.  On  remarque  quelques  pluriels  en  ses  :  aquelses 
ro'j;  lantses,  elses  io8. 

i:^.  Les. 3"'  pers.  du  plur.  se  terminent  en  o  :  parlo 
36  V";  gaasanho  ^|6  v";  vario  53;  aagmenlo  Bg  v°;  cridavo 
62,  etc.,  à  l'exception  des  désinences  de  Timparfait  en  -ia 
et  du  conditionnel,  qui  offrent  ordinairement  des  formes 
en  -ian  :  avianb^  v";  serianGb  ;  vol'uui  60,  etc.  Ces  derniers 
exemples  sont  d'ailleurs  des  graphies  traditionnelles;  la 
prononciation  est  indiquée  par  les  terminaisons  vulgaires 
qui  ont  échappé  au   copiste,    comme  dans  passarUm  9. 

i3.  La  i"  pers.  sing.  du  prés,  de  l'ind.  du  verbe  aver  est 
hiey  63,  58  v",  60,  etc.,  d'oiî  les  formes  correspondantes  du 
futur  :  seriey  3(i;  comprariey  ^i^  v";  aiiviey  /Iq  v",  60;  fariey 
^19  v";  creyriey  58  v";  iiilrnriey  (ri  v",  etc. 

i'i.  A  la  r'pers.  sing.  du  prés,  de  l'ind.  apparaît  une 
terminaison  en  i  :  alrobi  33  v";  peqiii  '^^^,  lau:i  ^|6;  observi 
58  v";  friifji  65  v",  etc. 

i5.  J^es  3'""  pers.  sing.  des  parfaits  faibles  se  terminent 
en  ('  .•  donec'ioi;  pendec,  usée,  eonvertie  iio,  etc. 

r6.  A  coté  du  fone  7,  i36  v",  foc  i36  v",  3"  pers.  sing. 
(lu  parf.  (I(!  esseï-,  nolcv  J'ofec  100  v",  i36. 

Parmi  les  |)liénoinèiies  (|u'om  vient  de  relever,  il  en  est 
plusieurs  qui  dépendent  uniquement  de  la  date  du  ma- 
nuscrit (5,  6,  9,  10).  D'autres,  au  contraire,  sont  des  traits 
dialectaux  précis,  tels  les  n""  1  cl  7  qui  présentent  cet 
iivanhigc  pour  le  but  |)ouisuivi  de  caractériser  des  aires 
livs  dilTérenles.  La  limite  méiidionale  de  l'altération 
de  II  +  //  intervocalique  en  o  passe  au  sud  des  dépai- 
temenls  de  la  Dordogne  et  du  Lot  et  englobe  la  partie  sej)- 
li'iili  i(ni;ilc  (le  !"  \ vcy roii ,  ainsi   (pic   la    Lozèie  en  ciilicr'. 

I.    l//'(s  liniinislùiiir  dr  hi  France,  carie  7()0  (main). 


OPUSCULES    PROVENÇAUX    DU    XV"    SIÈCLE.  l8l 

La  limite  septentrionale  de  la  conservation  de  la  valeur 
primitive  de  la  consonne  dans  le  groupe  en  latin  initial 
ou  appuyé  comprend  le  sud  et  Touest  de  la  Lozère, 
l'Aveyron  en  entier,  le  sud-ouest  du  Cantal,  le  Lot  et  le 
sud-est  de  la  Dordogne".  La  région  qui  se  trouve  à  la  fois 
dans  les  deux  domaines  ainsi  déterminés  est  constituée  par 
le  sud-est  de  la  Dordogne,  le  Lot,  le  sud-ouest  du  Cantal, 
le  nord  de  l'Aveyron,  le  sud-ouest  de  la  Lozère.  Dans  ce 
territoire,  le  v  a  également  pris  le  son  b-  (ci-dessus  8).  Si 
on  considère  que  dans  la  partie  occidentale  seule  de  cette 
région  la  T'  pers.  sing.  du  prés,  de  l'indic.  du  verbe 
aver  se  rencontre  aujourd'hui  sous  la  forme  ey^,  il  ap- 
paraît bien  que  c'est  dans  les  environs  de  Cahors*,  Vil- 
lefranche  ou  Moissac  que  notre  manuscrit  a  été  exécuté  \ 
Nous  savons  déjà  que  l'auteur  était  sans  doute  un  moine 
bénédictin.  Nous  sommes  ainsi  conduits  à  supposer  que 
le  recueil  que  nous  venons  d'étudier  sort  de  l'importante 

abbaye  de  Moissac. 

* 

La  plupart  des  opuscules  que  nous  avons  énumérés  ont 


1.  Ail.  ling..  n"  289  (cluindelle),  et  P.  Meyer,  C  et  G  suivis  d'A  en  pro- 
vençal, dans  Romania,  t.  WIV    (i8(j5),  p.  529. 

2.  Ail.  ling.,  n°  i354  (veau). 

'6.  Atl.  ling.,  n°  102  (J'ai).  La  limite  linguistique  rejette  le  nord  est 
du  Lot,  TAveyron  cl  les  territoires  plus  à  Test,  jusqu'à  la  Lozère 
inclusivement,  dans  le  domaine  où  on  dit  ai.  Pour  le  Moyen  âge,  je 
relève  la  forme  et  dans  Daurel  et  Béton,  les  chartes  du  Tarn,  de 
Tarn-et-Garonne  et  du  Toulousain,  voir  P.  Meyer,  Daurel  et  Béton, 
Paris,  1880  (Société  des  anc.  textes),  et  dans  les  Mystères  rouergats. 

f\.  La  forme /orec  (ci-dessus  n"  lO)  est  signalée  par  Mistral  dans 
le  Toulousain  et  le  Quercy. 

5.   Ln  désaccord  entre  l'idiome  de  l'auteur  et  celui  du  copiste  au- 
rait été  révélé  par  un  manque  d'unité  dans  la  langue,  ce  qu'on  ne 
constate  pas  dans  notre  manuscrit.  Ces  traités  n'ont  pas  dû,  d'ail 
leurs,  avoir  une  grande  diffusion.  Auteur  et  copiste  étaient  vraisem 
blablement   du    même  pays,  et  ils  ne  sont  peut-être  qu'une  seule 
personne. 


iSa  CL.     BRUNEL. 

un  intérêt  assez  faible,  l^ar  contre,  les  traités  4  et  5  rela- 
tifs à  la  confession,  grâce  aux  exemples  nombreux  qu'ils 
renferment,  sont  des  documents  curieux  pour  l'bis- 
toire  des  mœurs  et  des  idées  morales  dans  le  midi  de  la 
France  au  xv''  siècle'.  Ils  sont  à  cet  égard  d'une  valeur 
supérieure  à  celle  des  œuvres  provençales  analogues 
déjà  publiées-.  Ils  se  complètent  réciproquement,  l'un 
passant  en  revue  les  péchés  capitaux,  et  l'autre,  les  fau- 
tes contre  les  commandements  de  Dieu.  Nous  avons  vu' 
que  le  second  renvoie  au  premier,  ce  qui  établit  bien 
leur  dépendance  mutuelle. 

On  a  conservé  bon  nombre  de  traités  analogues  de  la 
même  époque,  en  diverses  langues*.  L'imprimerie  les  a 
multipliés  à  ses  débuts  \  Ils  se  répartissent  en  deux  groupes 
suivants  qu'ils  s'adressent  aux  confesseurs  ou  aux  péni- 
tents. Nos  opuscules  se  rangent  dans  cette  dernière  classe. 

TuAiTÉ  DF.s  SEPT  PECHES  CAPITAUX.  —  L'autcur  a  pris 
soin  de  citer  ses  sources  dans  le  titre  de  son  travail. 
Il  tire  ses  règles,  nous  dit-il,  de  la  Somme  de  saint 
Thomas    d'Aquiii,    d'Antonin,    et    de    la   Pantheologia\ 

1.  La  confession  lionf  aussi  une  grande  place  dans  l'opuscule  3. 
mais  ce  traité,  destiné  à  la  «  Dama  »  (jui  est  également  interpellée 
dans  les  opuscules  i  et  7,  ne  doit  pas  être  séparé  de  ces  derniers.  11 
est  d'ailleurs  d'un  intérêt  bien  moindre  que  ceux  qui  sont  publiés 
ci-après. 

2.  Le  TruUalo  provenzale  di  penitenza  (éd.  De  LoUis,  dans  Sludi  difilo- 
logiaroinnn:a,[.\  ,  1891,  p.  -iGS)  est  une  œuvre  purement  mystique.  Le 
traité  en  prose  sur  la  confession,  dont  II.  Snchier  a  publié  deux  ver- 
sions provenant  d'un  même  original  latin  inconnu  {Dciiknu'iler  der 
l>rovcn:aUschen  IJIleralar,  t.  I.  Halle,  i88;5,  n"  III,  et  Mélanges  Chaba- 
lu-au,  Lrlangen,  1907,  p.  42»),  n'est  (|u'un  guide  très  sec  du  pénitent. 

•H.  Ci-dessus,  p.  177,  note  1. 

'i.  Noir  nolammcnl  La  Confession  et  le  rrailé  des  dix  conimande- 
nienls  de  la  Loi  de  Gerson. 

5.  Urunei,  Manuel  du  libraire,  t.  VI  (i865),  table  méthodique,  col.  62. 

G.  l'ublié  dès  i'j73.  J'ai  consulté  l'édition  donnée  à  Lyon  en  1G70 
(3  vol.  in-fol.;. 


OPUSCULES    PROVENÇAUX    DU    XV""    SIÈCLE.  l83 

œuvre  duu  Frère  prêcheur  du  xiv"  siècle  nommé 
Rainier  de  Pise.  Il  n'y  a  pourtant  aucun  rapport  appa- 
rent entre  notre  traité  et  les  questions  de  la  seconde 
division  de  la  seconde  i)artie  de  la  Soinine  de  saint  Tho- 
mas, ou  les  articles  du  dictionnaire  théologique  de  Uainier 
de  Pise.  De  la  déclaration  de  l'auteur  relative  à  ces  deux 
théologiens,  on  retiendra  seulement  qu'il  avait  lu  leurs 
œuvres  et  suivait  leur  doctrine,  Il  n'en  est  pas  tout  à  fait 
de  même  en  ce  qui  concerne  saint  Antonin.  Ce  religieux 
dominicain,  qui  mourut  archevêque  de  Florence  en 
1459,  a  laissé,  entre  autres  ouvrages,  une  Sunvna  inoralis, 
qui  a  joui  d'un  grand  succès,  et  plusieurs  opuscules  pra- 
tiques sur  la-  confession  connus  sous  le  nom  de  Defece- 
runt,  Ciivam  illiiis  liabe  (pour  les  confesseurs).  Omnium 
mortalium  cura  (pour  les  fidèles),  dont  un  grand  nombre 
d'éditions  incunables  attestent  la  popularité'.  Le  traité 
provençal  a  le  même  caractère  de  vulgarisation  que  ces 
derniers  manuels.  Il  suit  en  outre  à  peu  près  les  divisions 
de  la  seconde  partie  de  la  Summa  relative  aux  péchés 
capitaux,  notamment  dans  l'indication  des  filles  de  cha- 
que péchés   Mais   si  notre   auteur  a   pu  s'inspirer  dans 

1.  Voir  Abbé  Raoul  Morçay,  Saint  Antonin,  archevêque  de  Florence, 
Paris,  1914  (Thèse  de  la  Fac.  des  lettres  de  Paris),  et  L.  Jordan,  An- 
cienne traduction  italienne  du  Confessionale  de  saint  Antonin  de  Florence, 
dans  Mélanges  Chabaneaa,  pp.  637-644 • 

2.  11  ne  faut  d'ailleurs  pas  exagérer  l'influence  de  la  Suntma  nwra- 
lis  à  ce  point  de  vue.  L'indication  des  diverses  filles  des  péchés  capi- 
taux remonte  aux  Moralia  de  Grégoire  le  Grand.  Elle  est  cou- 
rante au  Moyen  âge,  et  se  retrouve,  avec  des  variantes,  aussi  bien 
dans  Thomas  d'Aquin  que  dans  Rainier  de  Pise  et  ailleurs,  notam- 
ment dans  la  Somme  le  Roi  de  frère  Laurent  (voir  l'édition  imprimée 
par  Antoine  Yérard  avant  i5o4).  Nous  donnons  pourtant  en  note, 
dans  l'édition  du  texte,  la  référence  aux  chapitres  correspondants 
de  saint  Antonin,  pour  qu'on  puisse  plus  aisément,  à  titre  surtout 
de  commentaire  théorique,  se  reporter  à  un  ouvrage  du  même 
temps  où  la  doctrine  est  exposée  avec  ampleur.  Je  me  suis  servi  de 
l'édition  donnée  à  Lyon  en  1629  (4  vol.  in-foL).  Tous  les  lituli  cités 
se  rapportent  à  la  secunda  pars. 


l84  <^L.     BRUNEL. 

son  plan  de  l'œuvre  dAntonin,  il  est  complètement  ori- 
ginal dans  la  rédaction,  notamment  dans  le  choix  des 
exemples. 

Il  passe  d'abord  en  revue  les  sept  péchés  capitaux  dans 
Tordre  suivant  :  J,  Saperbia  (A,  Vana  Gloria  et  ses  huit 
fdles  :  Jactansa,  Presumpcio,  Ypocrisia,  Ambicio,  Pertina- 
cia,  Contencio,  Enobedienria  et  Discordia;  B,  Erguelh  et  ses 
dix  degrés  :  Arroyansa,  Car'iositat,  Laageyretat ,  Enepla 
Leticia,  Singul(U'U(d,  Fencha  Confessio,  Liber tat,  Defensio 
del  Peccat,  Acostumansa,  Tenlacio  de  Dieu);  II,  Luxuria  et 
ses  huit  filles  Cecilat,  Preripilacio,  Enconsideracio ,  En- 
costansa,  Amor  de  Se  Meteys,  Amor  de  aqiiest  Mande, 
Azirar  Dieu,  Desperado';  III,  Ira  et  ses  onze  fdles  {Endi- 
(jnacio,  Enjlacio  de  Coralge,  Blaspheinia,  Detractio,  Coutu- 
melia,  Convicii,  Enproperacio,  Derisio,  Clamor,  Rixa,  Su- 
surracio  ;  IV,  Gola  et  ses  cinq  filles  Ebetud  de  Sen,  Enepla 
Lelicia,  Parlar  en  Va,  Scurrilital,  Enmundicia  ;  \ ,  Enveja  ei 
ses  cinq  filles  (.4^//',  Sussuracio,  Delraclio,  Rejoyssansa  en  la 
Adversilal  del  Propda,  Tristicia  del  Be  del  Autru  ;  VI,  Pi- 
gricia  et  ses  six  filles  Malicia,  Torpor,  Pusillaniinitat,  Des- 
perado, Vagacio  de  Enlendenien,  Negligencia  ;  VII,  Avariciu 
et  ses  douze  filles  Synionia,  Lsura,  Rapina,  Sacrilegii, 
Layronessi,  Traicio,  Adulacio,  Acceptio  de  Personas,  Malvaf 
Guasanh,  Enqaiehid  de  Enlendenien,  Enluunanihd,  Amor  de 
las  Rirhessas  ,  puis  il  consacre  un  chapitre  (VIII)  à  divers 
péchés  qui  n'étaient  pas  rentrés  dans  les  cadres  précé- 
dents, ou  sur  lesquels  il  juge  à  propos  de  revenir  Pro- 
digulilal,  Peccal:  amlra  lo  Sand  Sperit,  Blasfemia,  Igno- 
ransa).  La  suite  de  l'opuscule  n'a  plus  de  rapport  avec  le 
plan  de  la  Snniina  nioralis.  Elle  comprend  un  i'liai)itre  (I\) 
de  considératioFis  générales  sur  les  péchés  (difïérence 
entre  les  péchés  mortels  et  les  péchés  véniels,  fin  des  pé- 
chés, occasions  de  pécher),  j)uis  un  antre  (\)  sur  la  con- 
trition. Viennent  ensuite  (ch.Xlj  une  série  de  règles  d'exa- 


OPUSCULES    PROVENÇAUX    DU    XV*"    SIECLE.  l85 

men  de  conscience  et  une  dissertation  (ch.  XII)  sur  les 
circonstances  aggravantes  des  péchés.  Le  traité  se  termine 
(ch.  XIII)  par  un  modèle  de  confession,  maladroitement 
interrompu  par  de  nouvelles  règles  sur  le  scandale. 

Traité  des  dix  commandements  de  dieu.  —  L'ordre 
suivi  par  l'auteur  est  celui  de  la  Bible  (Exode,  xx), 
mais  une  grande  confusion  règne  dans  notre  manus- 
crit :  le  sixième  commandement  porte  le  numéro  vu  ;  il 
est  suivi  du  neuvième;  vient  ensuite  le  septième,  appelé 
à  tort  sixième,  qui  précède  le  dixième;  le  huitième  figure 
en  dernier  lieu.  Le  traité  se  termine  par  deux  paragra- 
phes sur  la  correction  fraternelle. 

Chaque  commandement  formulé  en  tête  et  à  la  fin  de 
chaque  chapitre  est  examiné  dans  un  certain  nombre  de 
règles,  dont  le  nombre  varie  de  vingt-deux  pour  le  pre- 
mier commandement  à  un  pour  le  dixième.  L'examen  de 
conscience  pour  les  péchés  de  superstition  (ch.i)  offre  un 
intérêt  tout  particulier. 

I 

TRAITÉ  DES  SEPT  PÉCHÉS  CAPITAUX 

S'enseguo'  las  reglas  que  son  trachas  de  sant  Thomas  en  la 
segonda  de  la  .ij\  partida  de  la  Sunima,  de  Anthonini,  he  may 
aytant  be  de  la  Panth[e]ologia,  las  quais  ensenho  de  ben  vieure 
he  de  conoysser  quant  es  peccat  mortal  he  quant  es  venial  eu 
los  .vij.  peccatz  capitals. 

He  primieyramen  de  Superbia. 

I.  Ce  qui  est  ajouté  au  manuscrit  est  imprimé  entre  crochets; 
les  mots  dont  le  sens  de  la  phrase  demande  la  suppression  sont 
mis  entre  parenthèses. 


ANNALES   BU   MIDI. 


XXIX.  i3 


l86  CL.    BRUNEL. 

[I.  —  SUPERBIA.]' 

La  pnmieym  régla".  Totas  ves  que  hom  en  son  entendemen 
ha  delectaciou  he  plazer  en  pensan  que  hom  ha  extimaciou  de 
el,  ho  en  pensan  de  sos  bes  he  perfectios,  coma  de  esser  gran 
clerc,  ho  de  esser  dévot  ho  riche,  ho  de  qninha  autra  causa 
que  sia,  que  la  persona  s'i  arresta  he  pren  plazer  en  pensan  tais 
causas,  non  ordenan  pas  en  Dieu,  totas  ves  he  tantas,  hom 
pecca  mortalmen,  he  principalmen  quant  hom  s'i  arresta  après 
que  razo  ha  dich  que  no  s'i  quai  ponch  arresta,  quar  quant 
hom  pren  un  petit  de  vana  gloria  subitamen,  en  la  ostan  tôt 
mantenen  que  razo  dis  que  hom  la  oste,  aquo  no  es  que  peccat 
venial. 

La  .ij".  régla.  Totas  ves  que  la  persona  fa  ho  dis  alcuna 
causa  per  vana  gloria,  sia  almoyna  ho  dejuns,  ho  digua  messa, 
ho  Pater  noster,  ho  Ave  Maria  a  la  gleysa,  ho  fassa  leysos,  he 
que  fassa  aquo  après  que  razo  ha  délibérât,  ho  deu  aver  délibé- 
rât, la  persona  pecca  mortalmen.  Se  hom  ho  fazia  subitamen, 
en  no  hy  pensan,  séria  peccat  venial. 

La  .iij".  régla''.  Totas  ves  que  la  persona  se  jacta  de  aquo 
que  es  contra  Dieu,  coma  se  hom  se  jactava  que  hom  fossa 
Dieu,  ho  quant  hom  se  jacta  de  aquo  que  hom  ha,  en  disen 
que  hom  n'a  plus  que  non  hi  ha,  coma  ieu  que  non  hiey  que 
.X.  scutz  he  die  que  ne  hiey  .xx.,  he  en  ayssi  quant  hom  se 
jacta  en  disen  aquo  que  hom  ha  per  vana  gloria,  he  non  pas 
per  la  honor  de  Dieu  he  utilitat  de  son  propda,  he  en  ayssi 
quant  hom  se  jacta  en  [fol.  33  v"]  un  obprobri  he  contennemen 
dels  autres,  totas  he  tantas  ves  hom  pecca  mortalmen  per  una 
lllha  de  Vana  Gloria  que  se  apela  Jactansa. 

Aulra  régla.  Totas  ves  que  ieu  disi  que  ieu  sabi  alcuna 
sciencia,  ho  que  ieu  hiey  alcuna  perfection,  he  ieu  non  ho  die 

1.  Anloniii,  sec.  pars,  lit.  III  et  IV. 

2.  .Viilonin,  lit.  III,  cap.  n,  S  i  {prima  species  ><uperbiae). 

S.  Aiilouin,  ihid.,  S  ni  (lerlia  species  Superbiae).  Ibid.,  lit.  III. 
cap.  111.  i  vu  [quarlus  gracias  Superbiae),  el  lit.  IV,  cap.  iv  {Jilia  Inanis 
Gloriae). 


OPUSCULES    PROVENÇAUX    DU    XV*    SIÈCLE.  187 

pas  per  lauzor  mundana,  mas  pcr  la  lionor  de  Dieu,  alïi  que 
liom  ne  redda  gracias  a  Dieu,  lio  quant  ieu  lio  dizi  poi'  la  utili- 
tat  de  mon  propda,  affi  que  los  autres  prengo  bon  exemple  en 
mi,  ieu  no  pequi  pas,  mas  fau  obra  ben  plazcnla  a  Dieu. 

|.\.    —  VAN  A  GLORIA.] 

[2.  Presumpcio.]  ' 

Reglas  per  conoysser  quant  hom  pecca  per  la  .h".*  fii.ha  de 
Vana  Gloria,  que  se  apela  Presumpcio.  La  primieyra.  Totas 
ves  que  ieu  am  razo  deliberada  atrobi  qualque  novela  faysso  ho 
de  far  raubas  ho  autres  abilhamens,  ho  de  cantar,  ho  de  parlar, 
ho  de  servir,  ho  de  gestes,  ho  de  caminar,  ho  qualque  autra 
manieyra  he  faysso  de  quinha  causa  que  sia,  ieu  pecqui  mor- 
talmen;  he  senblanmen,  totas  ves  que  ieu  volia  trobarlas  causas 
sobredichas,  lie  no  las  podi  pas  atrobar,  aytant  be  pequi  mor- 
talmen. 

La  .ij".  régla.  Totas  ves  que  ieu  trobi  alcuuas  fayssos  novelas 
per  alcuna  causa  utila,  he  non  pas  per  vana  gloria,  coma  de 
far  alcun  abilhamen  plus  utilamen  que  hom  no  lo  solia  far  lo 
temps  passât,  ho  preguar  Dieu,  ho  de  far  abstinencias,  ho  de 
autra  causa,  ieu  no  pequi  pas  mortalmen,  se  no  que  fos  per 
autra  circumstancia,  coma  ieu  podi  be  vezer  que  belcop  de 
gens  volran  portar  la  novela  faysso  de  abilhamen  ho  de  autra 
causa  novela  que  ieu  liiey  trobada,  he,  non  obstan  que  ieu  no 
hi  prengua  pas  vana  gloria,  los  autres  n'i  penran,  he,  per  so, 
quant  ieu  vezi  aquo  en  troban  novelas  fayssos,  ieu  faria  contra 
la  caritat  de  mon  propda  he  peccaria  mortalmen;  he,  per  so, 
se  aviso  aquels  que  trobo  novelas  manieyras  ! 

La  .iij".  régla.  Totas  ves  que  ieu  reprehendi  alcuna  persona 
que  no  me  aperte  pas  de  la  repenre,  he  que  ieu  fau  aquo  affi 

1.  Antonin,  tit.  III,  cap.  vi;  tit.  III,  cap.  m,  S  x  (septiiims  yradus 
Saperbiae)  ;  tit.  IV,  cap.  v  {fdia  Inanis  Gloriae).  V.  ci-après,  ch.  I,  B,  $  3. 

2.  La  prima  filha  est  sans  doute  Jactansa.  dont  il  est  traité  dans 
le  chapitre  précédent  et  qui  est  mise  par  Antonin  au  nombre  des 
filles  de  Vaine  Gloire. 


CL.    BRUNEL. 


que  liom  stime  [fol.  3//]  de  mi.  ho  quant  me  entremeti  del  facli 
del  autiu  he  que  no  me  aperte  pas,  hc  que  ieu  fan  aquo  per  so 
que  ieu  slimi  fort  de  mi,  he  afh  que  hom  digua  que  ieu  sabi 
belcop  de  causas,  ieu  pe(|ui  mortalmen.  Quant  ieu  ho  faria 
per  una  laugeyretat,  en  no  hi  pensan  pas,  adoncas  no  séria  pas 
que  peccat  venial,  si  no  que  hom  s'i  acostumes. 

La  .iiij".  régla.  Totas  ves  que  ieu  jutgi  mal  mortal  de  alcuna 
persona  per  una  hmgéyra  circumstansa  he  per  un  laugier  signe, 
coma  per  so  que  ieu  vezi  un  religios  parlar  ab  una  fenna,  sols 
ho  non  soletz,  ieu  pequi  mortalmen,  quant  ieu  m'i  arresti  he 
ho  fan  am  deliberaciou  ;  se  ieu  ho  fa/ia  subitamen  he  sens 
deliberaciou,  séria  peccat  venial.  Mas  quant  ieu  jutgi  mal 
mortal  de  alcuna  persona  per  signes  manifestes  he  evidens, 
coma  ieu  vezi  .j.  home  cochât  en  un  liech  amb  una  que  no  es 
pas  sa  fama,  ho  ieu  vezi  .j.  home  que  rauba,  ieu  no  pequi  pas 
mortalmen. 

La  .v".  régla.  Totas  ves  que  no  entrepreti  la  causa  ho  la  obra 
que  se  pot  be  far  he  mal  far  a  la  melhor  partida,  ieu  pecqui 
mortalmen  per  so  que  fau  contra  la  caritat  de  mon  propda. 
Exemple.  Ieu  vezi  que  qualque  un  manja  lo  jorn  de  dejun,  ieu 
devi  entreprelar  la  melhor  partida,  so  es  assaber  que  el  no  pot 
ponch  dejunar  a  causa  de  alcuna  débilitât  ho  malautia  que  el 
ha,  he  se  ieu  jutjava  deliberadamen  que  el  pecca,  ieu  pequi 
mortalmen.  Semblanmen,  ieu  vezi  qualque  un  que  demanda 
la  almoyna,  ieu  devi  jutjar  que  el  ha  alcuna  débilitât,  he  per 
so  el  no  pot  guasanhar  sa  vida.  Hc  per  so  donc  en  las  causas 
doptosas  que  se  [)odo  be  far  he  mal  far,  cl  quai  entrepretar  la 
buna  partida. 

La  .l'j".  régla.  Totas  ves  que  ieu  me  meti  affar  alcuna  obra 
(jue  sobremonla  he  excedis  ma  facultat  he  ma  poyssansa,  he 
que  ieu  conoyssi  be  ho,  ho  devi  conoysser,  ieu  pequi  mortal- 
men; coma  hom  me  demanda  conselh  de  qualcjne  cas  de  cons- 
ciencia,  he  ieu  li  doni  conselh  a  la  venlura,  bo  lio  mal,  mas 
ieu  fau  aquo  per  so  que  hiey  vergonha  de  confessar  ma  igno- 
ransa,  ieu  |)ec(iui  [fol.3^tv°]  mortalmen.  Semblanmen,  totas 
vos  que  im  nie  meti  alfar  qualque  abstinencia  granda,  he  que 
couoyssi  be  que  ieu  no  soy  pas  asses  fort  per  la  far,  ho  ieu 


OPUSCULES    PROVENÇAUX    DU    XV    SIÈCLE.  1  8f) 

demandi  alcun  ofTici  ho  benefici,  hc  ieu  vezi  be  que  non  biey 
pas  la  sciencia  per  lo  guovernar,  ieu  pequi  mortalmen  ;  cjuanl 
ieu  faria  aquo  subitamcn,  lie  lot  mantenen  (\\w  ieu  conoysscria 
mon  cas,  ieu  me  retrayria  de  mon  prepaus,  aquo  no  séria  que 
peccat  venial.  Veray  es  que  quant  hom  ve  be  que  lioni  de  se 
meteys  no  pot  pas  far  alcuna  obra,  coma  de  se  guardar  de 
peccar  ho  autras  causas,  mas  an  la  ajuda  de  Dieu  hom  la  fara, 
en  fazen  tal  obra  hom  no  pecca  pas. 

La  .vij".  Totas  ves  que  ieu  reprehendi  los  dichs  ho  los  fachs 
dels  autres  sens  razo  suffîcienta  he  per  una  vana  gloria,  ieu 
pecqui  mortalmen.  Quant  ieu  los  repenria  per  razo  sufFicienta, 
per  manifestar  la  veritat,  he  non  pas  per  vana  gloria,  ieu  no 
pecquaria  pas.  Parelhamen,  se  ieu  reprehendia  lo  fach  ho  lo 
dich  de  mon  propda  per  una  laugeyretat,  en  no  hi  pensaji  pas, 
enquaras  quant  lo  fach  séria  notablamen  gran,  no  séria  <|ue 
peccat  venial,  mas  hom  séria  tengut  a  restituir;  coma,  per  una 
laugeyretat,  en  no  hi  pensan  pas,  ieu  die  :  «  Ieu  sabi  be  que  tu 
es  un  malvat  guarso  »,  tôt  mantenen  ieu  me  avisi  que  hiey  mal 
dich,  ieu  devi  dire  an  aquels  que  ho  an  auzit  :  «  Ieu  no  hi  pen- 
sava  pas,  no  crezas  pas  re  de  aquo  que  ieu  hiey  dich  ».  Apres, 
quant  ieu  reprehendi  lo  dich  ho  lo  fach  de  un  autre  que  no  es 
pas  notablamen  gran,  enquaras  en  hi  pensan,  ieu  no  pequi  que 
venialmen,  coma  ieu  dizi  :  «  Tu  yes  ben  lente  »,  no  es  que 
peccat  venial. 

La  .viij".  Totas  ves  que  me  mcti  deliberadamen  en  occasiou 
de  peccar  en  me  confizan  de  ma  poyssansa,  he  principalmen 
quant  ho  fau  voluntieyramen  lie  sens  nécessitât,  ieu  pecqui 
mortalmen;  coma  ieu  reguardi  alcuns  jocx  he  alcunas  repre- 
sentacios  deshonestas,  coma  de  ribautz  he  ribaudas,  ho  auzissi 
alcunas  [fol.  S')]  paraulas  provocans  a  palhardisa,  ho  legissi 
alcuns  libres  que  parlo  de  palhardisa,  coma  poetas  ho  alcuns 
romans,  ho  quant  ieu  reguardi  qualque  fenna,  ho  iou  que  soy 
fenna  reguardi  qualque  home.  Se  ieu  reguardava  totas  las  cau- 
sas sobredichas  a  la  ventura,  en  passan  per  la  carrieyra,  en  no 
m'i  arrestan  pas,  no  séria  pas  peccat  mortal. 


igO  CL.    BRUN  EL. 

[3.  Ypocrisia.]' 
S'enseguo  las  reglas  per  conoysser  quaxt  hom  pegga  per 

YpPOCRISLV,    QIE    ES   .1".    DE    LAS    FILHAS    DE  VaNA  GlORIA.   La  pH- 

mieyra.  Totas  ves  que  ieu  fau  alcun  signe  de  devociou  ho  de 
sanctetal  afTi  que  hom  digua  que  ieu  soy  dévot  he  sant  home, 
non  ordenan  pas  a  la  gloria  de  Dieu,  mas  a  la  moa,  ieu  pequi 
mortalmen;  coma  ieu  dizi  mas  horas,  ho  vau  a  la  gleysa,  ho 
fau  abstinencia,  he  en  ayssi  de  las  autras  causas,  per  aquesta  fi 
que  hom  digua  que  ieu  soy  bon  home,  he  non  ho  ordenan  pas 
a  la  gloria  de  Dieu.  Quant  ieu  faria  tais  signes  affî  que  hom 
me  repûtes  sant,  en  donan  la  gloria  a  Dieu,  he  non  pas  a  mi, 
he  per  lo  exemple  de  mon  propda,  el  séria  obra  plazenta  a  Dieu. 
He,  semblanmen,  quant  ieu  fau  alcun  signe  que  me  desplay  * 
alcunas  paraulas,  coma,  quant  hom  j)arla  de  palhardisa,  ieu 
scopissi,  affî  que  hom  digua  que  ieu  soy  caste,  ho  casta,  he  en 
ayssi  de  las  autras  causas,  ieu  pequi  mortalmen.  Quant  ieu 
volria  far  las  causas  sobredichas  sens  hy  pensar  hc  subitamen, 
he,  tôt  mantenen  que  razo  diria  que  aquo  es  mal  fach,  ieu  reti- 
raria  mon  prepaus,  no  séria  que  peccat  venial. 

La  .ij".  Totas  ves  que  ieu  cuobri  mos  peccatz,  non  pas  per 
vana  gloria,  mas  alïï  que  mon  propda  no  sia  pas  scandalizat, 
ieu  fau  bona  obra.  He  totas  ves  que  ieu  moslri  signe  de  devo- 
ciou affi  que  ieii  aia  de  mou  pntpda  qualque  be  que  me  es  ben 
nccessari,  non  pas  que  ieu  lo  vuclha  aver  per  tromparia,  mas 
que  ieu  sabi  be  que,  se  hom  sabia  ma  vida,  hom  no  lo  me 
baylaria  pas,  aepio  no  es  pas  peccat  mortal  de  far  signes  de 
devociou,  mas  que  no  hi  aia  aulra  circumstancia. 

l'j.  Ambicio.J-' 

Ul.<iLV     i'EU    CONOYSSER     QUANT    IIOM     PECCA    PEU    AmIUGIOI,    QIE 

I/o/.  :35  v"]  ES  L>A  DE  LAS  FUJLVS  DE  Va>'a  Glorlv.  Ltt  primicyra. 

I.  Anlouin.  lil.  I\  ,  cap.  vu. 

.*.  ilorn'^c/.  (lexjjlazo. 

S.  Aiildiiiii.  lil.  III.  lai).  \  iiirinuiDi  rilitini  dcxrendens  a  Supcrbia). 


OPUSCULES    PROVENÇAUX    DU    XV"    SIECLE.  I C)  i 

Totas  ves  que  ieu  demandi  alcuu  ofTici  ho  benefTici  principal- 
men  per  la  honor  que  hi  es,  he  non  pas  per  lo  be  régir  a  la  glo- 
ria  de  Dieu  he  a  la  utilitat  de  mon  propda,  quant  fau  aquo,  ho 
voli  far,  si  podia,  he  non  ho  fau  pas  que  no  podi,  totas  he  tan- 
tas  ves  pequi  morfalmen,  se  ho  fau  deliberadamen  ;  hc  totas  las 
ves  que  ieu  ne  parli,  ho  ne  fau  parlar,  he  vau  a  la  cort  per 
playgiar,  ho  a  Roma,  ho  a  Tholosa,  ieu  pequi  morlalnicn.  Pense 
cascun  que  se  vol  confessar,  quant  auria  recollegil  aquestz  pec- 
catz!  Se  hom  fazia,  ho  volia  far,  las  causas  sobredichas  subita- 
men,  en  no  hy  pensan  pas,  mas,  tôt  mantenen  que  hy  pensaria, 
retrayria  son  prepaus,  no  séria  que  peccat  venial. 

[5.  Pertinacia.]  ' 

Régla  per  conoysser  quant  hom  pecca  per  PERTn'ACL\,  que  es 
FiLHA  DE  Vana  Gloria.  La  priniieyra.  Totas  ves  que  ieu  voli 
demorar  en  ma  oppiniou  per  dire  que  hom  no  puesca  ponch 
dire  que  ieu  sia  stat  vencut,  he  totas  ves  que  ieu  bayli  evasios  a 
las  razos  dels  autres,  he  aquo  fau  per  vana  gloria,  afii  que  no 
sia  pas  vencut,  he  an  deliberaciou,  ieu  pequi  mortalmen,  he  en 
ayssi  quant  ho  volria  far,  he  non  ho  podi  ponch  far.  He  quant 
ieu  no  volria  pas  layssar  ma  oppiniou,  non  pas  per  vana  gloria, 
mas  per  razo  que  ieu  hiey  —  he  un  gran  tropel  so  de  la  oppiniou 
contraria  — ,  quant  aquo  séria  de  gran  causa,  ieu  no  devi  ponch 
demorar  en  ma  oppiniou,  se  no  que  los  autres  aguesso  oppiniou 
manifestamenfalsa;  quant  no  séria  pas,  masbende  petitacausa, 
que  no  poyria  pas  portar  notable  dampnatge,  adoncas  demora 
en  sa  oppiniou,  mas  que  no  fos  per  vana  gloria,  no  séria  pas 
peccat  morlal. 

[g.  goxtencio.j^ 

Régla  per  conoysser  quant  hom  pecca  mortalmen  per  Conten- 
ciou,  QUE  ES  UNA  DE  LAS  FiLHAs  DE  Yana  Gloria.  La  primicvra 
régla.  Totas  las  ves  que  ieu  voli  vincir  un  autre  en  paraulas  per 


1.  Antonin,  lit.  IV,  cap.  vu 

2.  Antonin,  lit.  IV,  cap.  ix  (seplima  et  uUunafilia  Inanis  Gloriae). 


IQ2  CL.    BRUNEL. 

vana  gloria,  he  que  ieu  cridi  fort  aut  per  lo  confundre,  ieu 
pequl  [fol.  36]  mortalmen;  he  en  ayssi,  quant  ieu  vezi  be  que 
l'autre  dis  veritat,  he  ieu  per  vana  gloria  li  contradic,  pequi 
mortalmen.  Mas,  se  ieu  cridi.  non  pas  per  vincir  l'autre  ni  per 
vana  gloria,  mas  que  no  fassa  pas  otra  l'orde  de  razo  ho  que  lo 
munde  no  sia  pas  scandalizat.  ieu  no  pequi  pas  mortalmen.  En 
ayssi,  totas  las  ves  que  ieu  respondi  ad  un  autre  he  li  bayli  res- 
ponsas  enpertinentas  per  lo  fay  taysar,  he  aquo  ieu  fau  per  esser 
vist,  ieu  pequi  mortalmen,  quant  ho  fauandeliberaciou  ;  quant 
ho  faria  subitamen,  he  tôt  mantenen  que  razo  diria  que  es  mal 
fach,  ieu  retiraria  mon  prepaus,  no  séria  que  peccat  venial. 

[7.    ElNOBEDIENCIA.]' 

Régla  per  conoysser  quant  hom  pecca  per  E>'OBediencia,  que 
ES  UNA  FiLHA  DE  Vana  Gloria.  Totas  ves  que  ieu  no  voli  ponch 
far  lo  comandamen  de  mon  prélat  ho  de  mon  maestro  en  cau- 
sas en  las  qualas  ieu  li  soy  obliguat  de  obesir,  ieu  pequi  mor- 
talmen; coma  lo  prélat  me  comanda  que  ieu  aneen  tal  loc,  que 
es  causa  utila  per  la  comunitat,  he  ieu  no  hi  voli  pas  anar,  ieu 
pequi  mortalmen.  Quant  lo  prélat  me  comandaria  causa  que 
fos  contra  Dieu,  ieu  no  lo  devi  pas  creyre,  he  en  ayssi  quant  lo 
prélat  me  comandaria  causa  en  la  quala  ieu  no  li  soy  pas  tengut 
de  obezir,  coma  el  me  comanda  (|ue  ieu  ane  a  matinas,  he  ieu 
me  senti  gravât,  he  après  (pie  me  seriey  desencuzat  en  disen 
que  soy  malaute,  se  après  lot  acpio  ol  me  comanda  que  ieu  hi 
ane,  en  no  li  obczen  pas  ieu  no  pequi  pas  mortalmen 

|8.    DlSCOHDLV.j- 
PeR  CO.NOYSSER  quant  nOM  pecca  MORTALMEN  PER  DiSCORDIA,  QUE 

ES  u\A  FILHA  DE  Vana  (ÎLORLV.  Lci.j" .  ref/lti.  Totas  \es  (|uo  no  voli 
ixincli  far  a(|uo  (|uo  los  autres  volo  far  ])er  una  vana  gloria,  per 
(lin\  cpip  ieu  no  denharia  pas  de  far  coma  los  autres,  iou  po(|ui 


r.    \nlntiiii.  lil.  I\.  cap.  11  1  itriiiui  Jiliii  liianis  Gloriae). 
■j-  \iil(tnin,  lil.  i\.  cap.  vm  {sexla  JUid  litanis  Gloriae). 


OPUSCULES    PHOVENÇAUX    DU    XV    SIECLE.  l()3 

inortalmen,  quant  ieu  fan  aqno  dcliberadamcn,  cpiar  (juanl  ieu 
ho  faria,  ien  no  peccaria  pas  mortalmen,  f|nant,  tôt  mantenen 
qne  razo  diria  que  es  mal  fach,  ien  hostaria  mon  prcpans  de  la. 

[B.   —   ERGUELH.] 

[i.  Arrogansa.]' 

Régla  per  conoysser  Vrrogansa,  que  es  dels.xu.'  degras  he 
Ergi'elh.  [fol.  36  V"]  ïotas  ves  que  ien  per  nna  gran  stimacion 
que  hiey  de  ma  persona  deliberadamen  mensprezi  los  antres, 
ho  los  fachs,  ho  los  dichs  dels  antres,  ien  peqni  mortalmen  : 
coma  per  exemple  me  es  avist  qne  ien  sabi  belcop,  ho  qne  ien 
soy  ben  sage,  he  per  so  ien  no  fau  conte  de  aqno  qne  dizo  los 
autres,  mas  tôt  mantenen  que  los  antres  parlo  ien  meni  la  testa 
ho  disi  :  «  Apres,  après,  avant,  avant»,  ho  no  denhi  pas  de  anar 
am  los  antres,  ho  dizi  alcnnas  paranlas,  coma  en  dizen  :  «  Jeu 
lo  ne  fariey  ben  repenti!  »  ;  quant  hom  dizia  talscansas  subita- 
men,  en  se  retiran  tôt  mantenen  que  razo  diria  qne  aqno  es  mal 
fach,  aqno  no  es  pas  mas  peccat  venial. 

[2.   Curiositat.]'' 

Régla  per  conoysser  Curiositat,  que  es. i.  degré  de  Superbia. 
Totas  ves  que  ieu  vezi,  ho  auzi,  ho  entendi  alcnna  causa  per  lo 
plazer  que  ieu  hi  prendi,  he  non  pas  per  la  honor  de  Dieu,  he 
en  ayssi  quant  ien  voli  experimentar  la  delectacion  de  alcnna 
obra  per  saber  que  es,  non  ordenan  ponch  en  la  honor  de  Dieu 
ni  en  la  ntilitat  del  propda,  he  qne,  enquara  quant  séria  contra 
Dieu,  ien  non  ho  volria  pas  layssar*.  Exemple.  Coma  ieu  hiey 
auzit  dire  qne  en  tal  carrieyra  ha  tant  bêla  fenna,  ho  tant  bel 

1.  Antonin,  t.  Kl,  cap.  ni,  §  ix  (sexhis  gradiu  Siiperbiae). 

2.  On  ne  rencontre  pourtant  ici  que  dix  degrés.  Le  nombre  douze 
a  été  emprunté  à  Antonin.  L'auteur  provençal  a  laissé  de  côté  les  de- 
grés 4,7  et  10  dWntonin  :  Jnctanlia,  Praesumptio,  Rebcllio,  et  en  a  in- 
troduit un  nouveau  :  Tentacio  de  Dieu  {n°  10). 

3.  Antonin,  t.  III,  cap.  m,  S  m,  et  t.  III,  cap.  vu. 
4-  Sujjpléer  ien  peqiii  mortalmen. 


iq4  CL.     BRUNEL. 

home,  he  ieu  non  podi  star  juscas  a  tant  que  ieu  la  aia  vista, 
ho  lo  aia  vist.  Ieu  auzi  dire  a  qualque  un  que  el  sap  be  de  no- 
velas,  ieu  no  me  podi  arrestar  juscas  a  tant  que  ieu  ho  sapia. 
Ieu  auzi  dire  que  en  tal  taverna  ha  de  si  bon  vi,  ieu  no  me 
podi  arrestar  juscas  a  tant  que  ieu  ne  hiey  begut,  non  pas  per 
besonh  que  ieu  ne  aia,  mas  per  vezer  si  es  si  bon.  Quant  ieu 
voli  saber de aicuna causa amb  una  tresque  gran  solicitud,  se  la 
causa  no  es  pas  prohibida,  ni  no  me  retray  pas  de  far  aicuna 
obra  a  la  quala  ieu  soy  obliguat,  he  que  ieu  no  me  meti  pas 
per  aquo  en  perilh  de  peccar  mortalmen,  he,  se  ieu  sabia 
desplayre  a  Dieu,  ieu  non  ho  faria  pas,  no  es  quepeccat  veuial. 
Mas,  se  ieu  hiey  si  gran  affectiou  a  conoysser  aicuna  causa  que, 
enquaras quant  ieusaubria  be  que  séria  contra  Dieu  he  que  me 
retrayria  de  far  aquo  que  ieu  soy  tengut  de  far,  enquaras  ieu 
hovolria  hr  —  Exemple,  los  dimenges  [fol.  37],  quant  ieu  devi 
pensar  a  Dieu  he  a  ma  consciencia,  ieu  quasi  tôt  lo  jorn  me 
applicariey  a  legir  fablas  de  poetas,  ho  a  joguar,  ho  a  ralhar  — 
ieu,  en  fazen  tais  causas,  pequi  mortalmen. 

La  segonda.  Totas  ves  que  ieu  studi  per  esser  vist,  ho  per 
sobremontar  los  autres,  ho  per  aver  honor,  ho  per  enguanar  lo 
munde,  ho  totas  ves  que  ieu  studi  artz  prohibidas,  coma  so  las 
artz  magicas,  ho  la  art  notoria',  ho  quant  apreni  de  aquel  que 
no  me  aperte,  coma  se  ieu  aprenia  del  dyable,  totas  he  tantas 
ves,  ieu  pequi  mortalmen. 

[3.   Lalgeyketat.  I' 
Régla  pkr  co\oysser  quant  hom  pecca  per  Laugevretat,  qie 

ES  IN  OEI.S  DEGRAS  DE  ErGUELU,   QUE  QUASI  ES  TOT  UN  AAI  PrESUMP- 

ciou.  Totas  ves  que  ieu  jutgi  mal  mortal  de  mon  propda  sens 
signe  manifesl  he  cert,  ho  que  ieu  reprehendi  lo  fach  ho  lo  dich 
del  autru.  a  la  quala  reprehenciou  s'ensec  notable  dampnatge 
de  mon  propda,  ho  en  bes,  ho  en  fama,  enquaras  quant  ieu  non 
ho  faria  pas  per  vana  gloria,  ieu  pequi  mortalmen;  he  per  so 

I.  Noir  ci-apirs,  Tniil/'  des  di.r  (■oiiiinaïKlcineids  de  Dieu,  cli.  1,  S  19. 
.> .    \iil()nii:.  lit.  III.  l;i|).  ui,  S  \  ■ 


OPUSCLLES    PROVENÇAUX    DU    XV    SIÈCLE.  if)o 

laugeyretat  he  presumpciou  no  se  dirtero  mas  per  aysso  que  la 
fi  de  presumpciou  es  vana  gloria,  mas  laugeyretat  pot  esser 
sens  vana  gloria. 

[4.  EiNEPTv  Lepic lA.]' 

Régla  per  conoysser  quant  hom  pecca  per  Enepta  Leticia, 
QUE  ES  UN  degra  DE  Erguelh.  Totas  ves  que  ieu  me  rejoyssi  deli- 
beradamen  per  so  que  ieu  hiey  vencut,  lio  en  paraulas,  ho  en 
playdejamens,  mon  propda,  coma  per  so  que  ieu  hiey  be  parlât, 
so  me  es  avist,  am  lo  jutge,  ho  am  lo  officiai,  après,  per  un  er- 
guelh he  jactansa,  ieu  m'en  vau  a  mon  companho,  he  li  die  que 
ieu  hiey  ben  parlât  am  lo  officiai,  ho  a  mon  maestre,  he  lor  ho 
reconti  tôt,  he  m'en  rizi,  he  los  fau  rire,  aquo  se  apela  Enepta 
Joya;  ho  ieu  hiey  guasanhat  en  Parlamen  .j.  procès,  he  ieu  fau 
un  gran  sopar,  he  covidi  mos  vezis,  he,  en  aquel  sopar,  ieu,  per 
una  jactansa,  recomti  tôt  lo  discors  a  mos  vezis,  en  rizen,  en 
cridan,  en  beven,  he  en  manjan,  totas  he  tan  tas  ves  que  ieu  fau 
aysso,  ieupequi  mortalmen  ;  he  en  ayssi  Jactansa  Mie  Enepta  Joya 
[fol.  37  V"]  van  tôt  jorn  ensemble  quasi,  lie  es  quasi  tôt  un.  Qui 
se  rejoyria  subitamen  per  erguelh,  he,  tôt  mantenen  que  razo 
diria  que  es  mal  fach,  ieu  m'en  retiraria,  ieu  no  peccaria  que 
venialmen. 

[5.   Singularitat.]^ 

Régla  per  conoysser  quant  hom  pecca  per  Singularitat,  que 
ES  un  scalo  de  Superbia.  Totas  ves  que  ieu  no  voli  pas  far  coma 
los  autres,  he  que  ieu  voli  aver  singulara  fayso,  ho  de  parlar, 
ho  de  manjar,  ho  de  caminar,  ho  de  cantar,  ho  de  autra  causa, 
se  ieu  ho  fau  per  vana  gloria  he  affi  que  ieu  sia  presat  del 
munde,  ieu  pecqui  mortalmen,  quant  ho  fau  an  deliberaciou  ; 
quant  ieu  ho  faria  subitamen,  no  séria  que  pcccat  venial.Se  ieu 
voli  aver  singulara  faysso  per  devociou,  ho  per  autra  bona  en- 
tenciou,  ieu  no  pequi  pas  mortalmen,   mas  que  aquela  novela 


1.  Antonin,  tit.  III,  cap.  m,  §  vi.  Voir  ci-après, ch.  IV,  s  2. 

2.  Ci-dessus,  ch.  I,  régla  iij". 

3.  Antonin,  tit.  III,  cap.  m,  §  vni  (quintiis  yradus  Superbiae). 


igô  CL.     BRUNEL. 

faysso  no  sia  pas  contra  Dieu,  autramen  el  qualria  dire  que 
aquels  que  an  trobat  paubretat  evangelica  aguesso  pcccat  en  la 
troban,  quar  al  comensamen  aquo  era  manieyra  singulara  de 
vieure. 

[6.  Fencha  Confessio.]' 

Regl\  per  congtsser  quant  hom  pecca  mortalmex  per  Fencha 
CoFEssiou.  Totas  ves  que  ieu  no  dizi  ponch  totz  mes  peccatz 
quant  confessi  davant  lo  confesser  attî  que  el  me  extime  melhor 
que  no  soy,  ieu  pequi  rnortalmen. 

[7.    LlBERTAT.]' 

Régla  per  cootsser  quant  hom  pecca  per  Libertat,  que  es 
UN  scALO  DE  Ekîuelh.  Totas  ves  que  ieu  serqui  los  médis  per 
esser  en  libertat  en  fugen  mos  parens,  ho  los  maestres  de  la 
scola,  ho  ieu  que  soy  religios,  ho  religiosa,  hiey  privilegi,  lie  tôt 
aysso  ieu  fau  per  esser  en  plus  gran  libertat  de  far  mal,  ieu, 
totas  ves  que  ho  fau,  pequi  rnortalmen.  Quant  ieu  voli  privilegi 
per  alcuna  bona  entencio,  coma  permielhs  aprofechar  al  poble, 
ieu  no  pequi  pas,  mas  fau  bona  obra. 

[8.  Defensio  DEL  Peccat.]^ 
Régla  per  conoisser  quant  hom  pecca  per  so  que  hom  deffen 

SOS  PECCATZ  QUANT  HOM  ES  CORREGIT,  QUE  ES.  I.  SCALO  DE  ErGUELH. 

Totas  ves  que  ieu,  quant  hom  me  corregis,  deffendi  mos  peccatz 
per  una  vana  gloria,  alTi  que  iiom  me  repute  melhor  que  no 
[fol.  38]  soy,  ieu  pequi  morlahnen;  coma  quant  hom  me  dis: 
«  Per  que  ralhaslu  tant,  (|uant  tu  parhis  de  causas  enutials?  Tu 
le  metes  lie  prcndes  occa>iiMi  de  peccar  morlalmcn  »,  he  ieu 
dizi  :  «   \<|U()  110  es  pas  giaii  causa,  las  gens  de  la  gleysa  ho  los 

1.  Aiiloniii.  lil.  III.  cap.  m.  s  mi  (nuntis  (inidiix  Saperbiae). 

■/.  Aiitonin.  lit.  |||.  cap.  ni,  S  xiii  (Libeiiof;  peccandi  andecimux  firo- 
dnx  Sitpcrhini- K 

•'».   \rilniiin.  lit.  Ijl.  cap.  m,  s  xi  Ujckwus  (jradus  Superbiae). 


OPUSCULES    PROVENÇAUX   DU    XV*    SIECLE.  197 

plus  peiTiechz  la  fan  be!  »  Quant  ieu  me  cxcusaria,  non  pas  per 
vana  gloria,  mas  per  la  veritat,  he  alTî  quehom  no  lospas  scan- 
dalizat  de  mi,  ieu  no  peccaria  pas  moitalmen. 

[9.    AcOSTUMANSA.j' 

Régla  per  conoysseu  quant  hom  pecca  per  Acostlmaxsa,  que 
ES  ,1.  scALo  DE  Erguelh.  Totas  ves  que  ieu  me  acoslumi  a  pec- 
car,  he  que  pequi  per  una  acostumansa,  ieu  pequi  plus  greumen 
que  se  no  peccava  ponch  per  acostumansa.  Item,  ieu  me  meti 
en  perilh,  quar  no  sabi  pas  se  me  poyriey  retirar  île  la  acostu- 
mansa, ni  si  Dieu  m'en  fara  la  gracia. 

[10.  Tentagio  de  Dieu.]- 

Regla  per  congtsser  quant  hom  pecca  en  tentan  Dieu. 
Totas  ves  que  ieu  fau  alcuna  causa  per  penre  experiensa  de  la 
sciensa,  ho  de  la  poyssansa  ho  bontat  de  Dieu,  ieu  pecqui  mor- 
talmen,  coma  ieu  voli  passar  una  ribieyra,  hela  podi  be  passar 
an  la  iiau,  he  qûeque  sia,  per  vezer  se  Dieu  me  ajudaria,  ieu 
me  metriey  a  passar  a  pe  ;  ho  ieu  soy  malaute,  ieu  podi  ben 
aver  remedi  del  metge,  he  ieu,  per  experimentar  la  bontat  de 
Dieu,  so  es  assaber  se  Dieu  me  ajudara,  ieu  no  anariey  pas  al 
metge,  ieu  pequi  mortalmen.  Quant  ieu  no  anaria  ponch  al 
metge  per  fauta  de  argen,  ieu  no  tentaria  pas  Dieu.  En  ayssi 
quant  ieu  soy  malaute,  he  per  una  negligensa  ieu  me  layssi 
morir,  ieu  tempti  Dieu  enterpretativamen,  quar  ieu  fau  alcuna 
obra  a  la  quala  s'ensec  experimentesa  de  la  bontat  ho  miseri- 
cordia  de  Dieu. 

[II.  —  LUXURIA.]' 

S'enseguo  reglas  per  conoysser  quant  hom  pecca  per  Luxuhia. 
Totas  ves  que  ieu,  [que]  no  soy  pas  maridat,  cometi  lo  peccal 
de  la  carn  amb  una  fenna  que  n'es  pas  maridada,  ho  ieu,  que 

1.  Antonin,  tit.  III,  cap.  m,  S  x\  {duodecimas  gradiis  Superbiae). 

2.  Ce  scalone  figure  pas  dans  Antonin,  parmi  les  degrés  dsSuper- 
bia,  il  y  fait  l'objet  du  cap.  x  tout  entier. 

3.  Antonin,  tit.  V. 


iq8  cl.   brunel. 

no  soy  pas  maridada,  cometi  lo  peccat  de  la  carn  amb  un  joven- 
sel  que  uo  es  pas  maridat,  ho  totas  las  ves  que  ieu  lo  volria 
cometre  se  avia  opportunitat,  ho  se  no  temia  lo  munde,  ieu 
pecqui  mortalmen.  [fol.  38  v"] 

La  Aj"  .régla.  Totas  ves  que  ieu,  que  soy  maridat,  cometi 
luxuria  amb  una  que  es  maridada,  ho  ieu,  que  soy  maridat,  co- 
meti lo  peccat  amb  una  que  n'es  pas  maridada,  ho  ieu,  que 
no  soy  ponch  maridat,  cometi  lo  peccat  amb  una  que  es  ma- 
ridada, ho  lo  voli  cometre  se  avia  opportunitat,  ieu  pequi  mor- 
talmen, he  cometi  plus  gran  peccat  que  en  l'autra  régla. 

La  .iij".  Totas  ves  que  ieu,  que  soy  verge,  cometi  luxuria  amb 
una  que  es  verge,  ho  ieu,  que  no  soy  pas  verge,  amb  una  que 
es  verge,  ho  ieu  que  soy  verge  amb  una  que  no  es  pas  verges, 
ieu  pecqui  mortalmen. 

La  .iiij".  Totas  ves  que  ieu,  que  soy  religios,  cometi  luxuria 
amb  una  religiosa,  ho  ieu,  que  soy  religios,  amb  una  que  no  es 
pas  religiosa,  ho  ieu,  que  no  soy  ponch  religios,  amb  una  que 
sia  religiosa,  ieu  pecqui  mortalmen. 

La  .v".  Totas  ves  que  ieu  cometi  lo  peccat  de  la  carn  contra 
lo  orde  de  natura,  ieu  pequi  mortalmen,  he  plus  gravamen  que 
per  totas  las  autras  fayssos  sobredichas. 

La  .f>J".  Totas  ves  que  ieu  hiey  tocamens  deshonestes  en  mos 
menl^res,  ho  que  ieu  toqui  deshonestamen  los  menbres  dels 
autres,  sian  homes  ho  fennas,  he  aquo  ieu  fan  per  palhardisa 
deliberadamen,  ieu  pequi  mortalmen. 

La  .vij".  Totas  las  ves  que  ieu  deliberadamen  reguardi  mi 
meteys  mit,  ho  un  autre  nut,  sia  masclo  ho  feme,  per  un  plazer 
palhard  que  ieu  hiey,  ieu  pequi  mortalmen.  Quant  ieu  reguar- 
daria  un  autre  nul,  lio  mi  meteys,  non  pas  palhardisamen,  mas 
per  autra  causa,  ieu  no  peccaria  pas  mortalmen. 

La  .viij".  Totas  las  ves  que  ieu  reguardi  los  menbres  de  gene- 
raciou  de  una  bcstia,  ho  quant  ieu  reguardi  doas  bestias  que 
liabito  ensemble,  per  un  reguard  palhard,  ieu  pequi  mortalmen. 

La  .ix".  [fol.  39]  Totas  ves  que  ieu  reguardi  una  fenna  per 
una  concupiscensa  carnala,  so  es  assaber  (jue  ieu  la  reguardi 
per  un  plazer  que  hioy  en  la  reguardar,  he  en  volen  acomplir  lo 
peccat  de  la  carn  amb   ela,  se  ieu  avia  opportunitat,    defora 


OPUSCULES    TROVENÇAl  \    DU    XV''    SIÈCLE.  l()i) 

mariatge,  ieu  pequi  mortalmen;  ho  ieu,  que  soy  fenua,  reguardi 
.j.  home.  Se  ieu  la  reguardava  en  no  hi  pensan  ponch  de  mal, 
no  peccaria  pas  mortalmen. 

La  .x".  Totas  ves  que  ieu  dizi  lengualges  provocans  a  palhat- 
disa  an  razo  deliberada,  ieu  pequi  mortalmen;  quant  ieu  ho 
diria  sens  hy  pensar  lie  subitamen,  ieu  peccaria  venialmen. 

La  .xj".  Totas  ves  que  ieu,  [que]  soy  maridat,  hiey  tal  afTec- 
tiou  a  ma  molher  que,  enquaras  ieu  la  volria  conoysser  car- 
nalmen,  quant  ela  no  séria  pas  ma  molher,  ieu  pequi  mortal- 
men, quant  ho  fan  an  deliberaciou  de  razo. 

La  .xij".  ïolas  ves  que  ieu  cogite  del  peccat  de  la  carn  en 
prenden  plazer  en  aquela  cogitaciou,  quant  aquela  cogitaciou 
es  morosa,  so  es  assaber  que  ieu  me  arresti  après  que  razo  ha 
dich,  ho  deu  aver  dich,  que  aquo  es  mal  fach,  ieu  pequi  mor- 
talmen; quant  ieu  hi  cogitaria  subitamen,  davant  que  razo 
murmure,  ieu  no  peccaria  que  venialmen. 

La  .xiij".  Totas  ves  que  ieu  me  pencheni,  ho  porti  bels  abi- 
Ihamens,  ho  m'en  vau  a  la  fenestra,  ho  a  la  gleysa,  ho  a  la  car- 
rieyra,  affî  que  ieu  plassa  a  las  fennas,  ho  ieu  que  soy  fenna 
plassa  als  homes,  he  que  aio  una  concupiscencia  de  mi,  ieu 
pecqui  mortalmen,  quant  ho  fau  deliberadamen. 

La  .xiiij".  Totas  ves  que  ieu  doni  alcuns  petitz  dos,  ho  grans. 
ho  rameletz  de  flors,  en  signe  de  una  fola  amor,  ieu  pequi  mor- 
talmen ;  he  en  ayssi  quant  ieu  fau  alcuns  signes,  ho  dels  huelhs, 
ho  del  cap,  ho  de  las  mas,  a  filhas  ho  a  fennas,  ho  ad  homes, 
ieu,  que  soy  fenna  ;  he  en  ayssi  quant  ieu  fau  lo  messatge  de 
dos  que  se  amo  de  una  fola  amor  ;  he  en  ayssi  quant  ieu  dizi 
alcuns  lenguatges  en  signe  de  amor  carnala  a  qualque  [fol.  39  V] 
filha,  ho  a  qualque  home,  ieu  pequi  mortalmen  ;  he  en  ayssi  es 
quant  scrivi  letras  que  conteno  recomandacios  ad  amoroses  ho 
a  fadas  amorosas. 

La  .XI'".  Totas  ves  que  ieu  hiey  poUuciou,  sia  en  velhan,  ho 
en  dormen,  he  que  ieu  ne  soy  causa,  quar  quant  ieu  velhava 
hiey  pensât  en  palhardisa,  ho  hiey  trop  manjat,  ieu  pequi  mor- 
talmen. Se  ieu  no  soy  ponch  causa,  mas  la  poUuciou  ve  per 
natura  que  se  purgua,  se  ela  se  comensa  en  dormen  he  se  acaba 
en  velhan,  se  en  aquela  delectaciou  carnala  ieu  hiey  consen- 


200  CL.    BRUXEL. 

timen,  so  es  assaber  que  ieu  voli  be  aver  aguda  aquela  delec- 
tacio,  quar  el  me  sembla  que,  per  so  que  ieu  no  la  hiey  pas 
procurada,  que  no  pequi  pas,  he  adonc  ieu  pequi  mortalmen. 
Se  ieu  en  velhan  procuri  polluciou  per  malvatz  tocamens  que 
ieu  fau  a  mi  meteys,  bo  que  un  autre  me  fa,  me  consenten,  se 
la  procuri  en  tocan  fennas  bo  en  las  reguardan  palhardamen, 
ieu  pequi  mortalmen,  be  es  un  grcu  peccat. 

[i .   Cecitat.]  ' 

Régla  per  conotsser  la  primieyra  filha  de  Llxl'rl\,  que  se 
APELA  Cecitat  ho  Ignoransa,  he  en  aissi  pot  esser  filha  dels 
autres  peccatz,  he  per  so  ieu  metriey  las  reglas  de  la  .viir. 

FILHAS  DE  LUXURIA  EN    QUANT    QUE  PODO  ESSER  FILHAS  DELS  AUTRES 

PECCATZ.  Totas  ves  que  ieu,  per  una  delectaciou  desordenada 
(|ue  biey  al  pecat  de  la  carn,  me  layssi  assaber  aquo  que  me  es 
necessari  a  mon  salut,  ieu  pequi  mortalmen.  Exemple.  Con- 
sciensa  me  dis  que  ieu  deuria  anar  al  sermo,  he  que  ieu  que  soy 
ignoran  bi  poyria  belcop  apenre  que  séria  approfecbable  al 
salut  de  mon  arma,  be  ieu,  per  so  que  tôt  jorn  pensi  a  palbar- 
disa,  no  bi  voli  poncb  anar,  mas  m'en  vau  per  la  rua  vezer  quai 
es  la  plus  bêla,  bo  lo  plus  bel,  be  per  so  que  ieu  no  soy  pas 
anat  al  sermo,  ieu  ignori  aquo  que  deuria  saber,  ieu  pequi  mor- 
talmen. He  semblanmen,  per  una  gran  sollicitut  que  ieu  biey  a 
luxuria,  ieu,  quant  soy  al  sermo,  no  bi  podi  poncb  pensar,  bo 
ieu,  que  soy  cleic,  quant  voli  studiar  per  conovsser  los  coman- 
damens  de  Dieu,  no  podi  studiar,  be  meti  la  lo  libre,  be  biey 
ignoransa  de  aquo  que  agra  be  pogul  [fol.  'tO]  saber,  aquo  es 
peccat  mortal.  Semblanmen,  quant  ieu,  per  una  gran  sollicitud 
que  biey  als  bes  del  munde,  me  layssi  de  saber  aquo  que  poyria 
be  saber,  bo  parelbamen,  se  ieu  me  occupi  trop  en  sciensas 
dels  philosophes,  bo  dels  poetas,  ho  en  mas  besonbas,  talamen 
que  ieu  layssi  de  saber  las  causas  que  me  so  necessarias  al  salut 
lie  mon  arma,  ieu  pequi  murtalmen.  Ile  de  ignoransa  enquaras 
lii  aura  reglas  '. 

1.  Aiiloiiiii,  lit.  \,  cap.  ix,  S  i  (Cecilas  Mentis  prima  Jilia  Luxuriae). 

2.  Ci-après,  cti.  Mil,  s  4. 


OPUSCULES    PROVENÇAUX    DU    XV"    SIECLE.  20I 


[2.   Precipitacio.]  ' 

Régla  per  conoysser  la  .h',  filha  de  Llxiuia,  que  se  ai'Ela 
Precipitaciou.  Totas  ves  que,  per  una  alTecliou  que  ieii  hiey  ad 
una  causa,  ieu  la  fau  en  ne  doptan  se  es  peccal  ho  no,  he  que, 
per  unaafTectiou  que  hiey  a  far  tal  causa,  ieu  nie  asseguri  sens 
ne  far  la  quesiciou  que  deuria,  mas  ieu  fau  tal  causa,  ieu  pec- 
qui  mortalmen.  Exemple.  Ieu  alcunamen  dopti  se  parlar  an 
fennas  he  fabular  amb  elas  sens  causa  es  })eccat  niorlal,  he,  per 
una  affectiou  he  plazer  que  ieu  hiey  a  fabular  he  ralhar  amb 
elas,  ieu  me  asseguri  en  dizen  :  «  Aquo  no  es  pas  peccat,  les 
monges  hi  ralhan  be  !  »,  he  ieu  no  demandi  pas  se  es  peccat  a 
qualque  persona  que  ho  sapia  dire,  per  aventura  que  ieu  ho 
demandariey  a  qualque  un  si  sot  coma  ieu,  adoncas,  en  fazen 
tal  causa,  ieu  pequi  mortalmen,  enquaras  quant  aquo  que  ieu 
fau  no  séria  pas  peccat  mortal,  mas  per  so  que  me  meti  en 
perilh  de  peccat  mortal. 

[3.  Engonsideracio.] - 

Régla  per  conoysser  quant  hom  pecca  per  Engonsideracio, 
que  es  una  filha  de  Luxuria,  he  parelhamen  dels  autres  pec- 
GATZ.  Totas  ves  que  ieu  no  prendi  lo  bon  conselh  que  gens  savia 
me  acosselha,  mas  ieu  prendi  lo  malvat,  he  aquo  ieu  fau  per 
affectiou  que  ieu  hiey  al  peccat  de  la  carn,  ho  als  bes  del 
munde,  ieu  pequi  mortalmen.  Exemple.  Ieu,  per  una  mala 
affectio  que  hiey  a  luxuria,  quant  hom  me  dis  que  ieu  per  me 
retirar  no  ane  ponch  entre  fennas,  ho  ieu,  que  soy  fenna,  no 
ane  ponch  entre  homes,  ni  no  parle  ponch  paraulas  provocans 
a  palhardisa,  he  ieu  no  voli  pas  pcnre  aquest  conselh,  ieu 
pequi  mortalmen.  He  semblanmen,  quant  hom  me  dis  que  ieu 
soy  asses  [fol.  UO  v°]  riche,  he  que  no  aia  si  gran  sollicitud  des 
bes,   he    que    pense   en    ma   consciensa,    he   ieu   non    \oli   re 

1.  Antonin,  tit.  V,  cap.  x  (secunda  Jilia  Luxuriae). 

2.  Antonin,  tit.  V,  cap.  xi. 

ANNALES  DU  MIDI.  —  XXIX.  l4 


202  CL.    BRUNEL. 

lar,  ieu  pequi  mortalmen;  he  en  ayssi  quant  ieu  soy  trop  soUi- 
citos  ad  studiar  sciensas  que  retraso  de  devociou,  he  layssi  star 
aquelas  que  me  so  necessarias,  ieu  pequi  mortalmen. 

[/i.    EltCOSTANSA.]  * 

Régla  per  conoysser  quant  hom  pecca  per  Encostansa,  que  es 
UNA  FiLHA  DE  LuxuRiA.  Totas  ves  quc,  quant  ieu  déjà  hiey  pre- 
pausat  de  far  lo  conselh  que  razo  dis,  he  tôt  mantenen  que  ieu 
conieiisi  de  besonhar,  ieu  hi  trobi  gran  difficultat,  he  ieu  ho 
layssi  tôt  la \  Exemple.  Ieu  hiey  agut  conselh,  afh  que  me 
guardes  de  luxuria,  de  fugir  las  occasios,  so  es  assaber  de  no 
anar  plus  en  companhias  dissoludas,  de  no  ralhar  pas  tant  coma 
ieu  hiey  acostumat,  he  ieu  m'en  absteni  .j.  jorn,  ho  dos,  he  ieu 
trobi  tant  longz  aquels  dos  jorns  que  me  sembla  que  duro  dos 
ans,  he  ieu  m'en  torni  far  coma  davant  serquar  las  occasios  he 
palhardeja  coma  per  davant,  ieu  pequi  mortalmen. 

[5.  Amor  de  Se  Meteys.]' 

Régla  per  conoysser  la  .y",  filha  de  Luxuria,  que  se  apela 
Amor  de  Se  Meteys.  Totas  ves  que  ieu  hiey  tal  affection  a  mos 
plasers  he  a  mas  delectatios  que,  enquaras  quant  ieu  saubria 
(pie  ieu  en  las  prenden  faria  contra  Dieu,  enquaras  la[s]  volria 
penre,  ieu  pecqui  mortalmen  ;  coma  ieu  prendi  si  gran  plaser 
a  ralhar  he  fabular  (he)que,  enquaras  quant  ieu  saubria  be  que 
ieu  faria  contra  Dieu,  ieu  no  m'en  curaria,  mas  enquaras  ho 
volria  far,  ieu  pecqui  mortalmen. 

[6.  Amor  de  aquest  Munde.]* 

Hegla  per  conoysser  la  .vi".  filha  de  Luxuria,  que  se  apela 
Amor  de  aquest  Munde.  ïolas  ves  (|ue  ieu  hiey  tal  amor  a  mos 
bes,  a  mos  enfans,  a  mos  companhos  he  a  mas  companhieyras, 

I.  Arilonln,  lit.  V,  cap.  xii  {quarla  jilin  Lnxuriae). 
•i.  Suj)pltVr  iea  pequi  morlalme/i. 

3.  Aiitoniii,  lit.  V,  cap.  xiii  (qiiinhi  Jilia  l.uxuriae). 

4.  Antouin,  lit.  V,  cap.  xiv. 


OPUSCULES    PROVENÇAUX    DU    XV"    SIÈCLE.  2o3 

que  ieu  volria  jamays  no  mori,  mas  tostemps  demorar  en  lo 
munde,  lie  no  m'en  chaut  de  paradis,  ieu  peqni  niorlalnicj), 
quant  ho  fau  an  dcliberaciou. 


[7.  AziRAR  Dieu.]* 

Régla  per  conoysser  quant  hom  pecca  per  la  .\u\  filha  de 
LuxuRiA,  QUE  SE  APELA  AsiRAR  DiEu.  Totas  vcs  que  ieu  mal 
grazissi  he  mal  lauzi  Dieu,  per  so  que  [fol.  ùl]  no  me  layssa 
accomplir  mas  delectacios  de  la  carn,  ho  en  au  Iras,  ieu  pequi 
mortalmen.  He  en  ayssi,  quant  ieu  soy  malaute,  ieuaziri  Dieu, 
he  me  corrossi  contra  Dieu,  per  so  que  no  podi  pas  anar  acom- 
plir  mas  delectacios  carnals  ;  se  ieu  era  corrossat  subitamen, 
no  séria  que  peccat  venial. 

[8.  Desperacio.]* 

Régla  per  conotsser  quant  hom  pecca  per  Desperaciou,  que 
ES  LA  DARRiEYRA  FILHA  DE  LuxuRiA.  Totas  ves  que  ieu,  per  una 
acostumansa  del  peccat  de  la  carn,  soy  totalmen  endispausat 
ho  endispausada  a  pensar  de  las  causas  spirituals  de  Dieu  he  de 
ma  consciensa,  de  infern  he  de  paradis,  que  me  es  avist  que  no 
me  séria  pas  possible  de  hy  pensar,  ieu  pequi  mortalmen.  En 
ayssi,  quant  me  trobi  si  envelopaten  tal  peccat,  que  me  es  avist 
que  ieu  no  m'en  poyria  pas  tener,  ieu  pequi  mortalmen;  he 
senblanmen  es  dels  autres  peccatz.  Quant  ieu,  per  una  gran 
sollicitud  desordenada  als  bes  temporals,  soy  tant  endispost, 
ho  endispausada,  que  no  podi  pensar  a  Dieu  ni  a  ma  consciensa, 
es  peccat  mortal. 


1 .  Odiiim  Dei  et  Desperatio  Vilae  futurae  sont  compris  parmi  les 
huit  filles  de  Luxure  qu'Antonin  (tit.  V,  cap.  ix)  cite  d'après  Grégoire 
le  Grand.  Mais  ces  deux  vices  ne  sont  l'objet  dans  la  suite  de  la  Sainma 
d'aucun  chapitre  spécial;  par  contre,  SlaUUia  est  traitée  dans  un  cha- 
pitre (xv),  étant  considérée  comme  fille  de  la  luxure  sur  l'autorité  de 
saint  Thomas. 

2.  Voir  ci-après,  ch.  VI,  $  4- 


2o/i  CL.    BRUNEL. 

[III.    -    IRA.]' 

[i.  Endignacio.]* 
S'enseguo  reglas    per   conoysser  lo  peccat   de  Ira  he   sas 

FILHAS,  ET  QUANT  HOM  PECCA  PER  LAS  FILHAS  DE  IrA,  HE  PER  LA 

pRiMiETRA  FiLHA  s'ejjsec  REGLA.  Totas  ves  quG  1611,  per  una  en- 
dignaciou,  appeti  he  demandi  venjansa  otra  lo  orde  de  razo,  en 
mon  coratge,  ieu  pecqui  mortalmen,  coma  ieu,  per  una  endi- 
gnaciou,  voli  mal  a  qualque  un  otra  lo  orde  de  razo,  aquo  es 
peccat  mortal.  Se  ieu  subitamen  volia  venjansa,  mas,  quant  me 
avisi,  ieu  me  retrasi,  no  pequi  que  venialmen. 

[2.  Enflacio  de  Coratge.] 

Régla  PER  conoysser  la  .ii".  filha  de  Ira,  que  se  apela  Enfla- 
ciou  DE  Coratge,  quant  es  peccat  mortal  he  quant  es  venial. 
Totas  ves  que  ieu  serqui  los  moyans  per  penre  venjansa  contra 
alcun  personatge,  ieu  pequi  mortalmen,  quant  me  voli  venjar 
otra  lo  orde  de  razo;  quant  ieu  ho  faria  subitamen,  aquo  no 
séria  que  peccat  venial. 

[3.  Blasphemia.]^ 

HeGLA  per  CONOYSSER  quant    HOM  PEGCA  per  la  .111'.  FILHA,   QUE 

se  apela  liLASPHEMiA  [fol.  //i  V"].  Totas  vcs  quc  ieu  per  un 
corros  mal  grasissi  Dieu,  despiechi  he  mal  lauzi  Dieu,  he  blas- 
plieini  Dieu  en  disen  a  despiech  de  Dieu  :  u  Malgrat  n'aia  Dieu 
de  labcsonha!  »,  ieu  pequi  mortalmen.  Quant  ieu  diria  aquo 
lot  subitamen,  en  no  hi  avisaii  ponch  que  disi,  ieu  no  peccaria 
pas  niorlalnieu. 


t.  Anlonin,  til.  VII. 

a.   Aiiluniii,  tit.  VU,  cap.  n. 

i.  Atitoniii,  lit.  Ml.  cap.  \.  \  oh-  ci-après,  ch.  MIL  S  3. 


OPUSCULES    PROVENÇAUX    DU    XV    SIECLE.  2o5 


[/j.  Detractio.]  ' 

Régla  fer  cootsser  Detractiou,  que  es  una  filha  de  Ira. 
Tolas  ves  que  ieu  enpausi  aicnn  cri  m  a  qualque  persona  que 
no  es  pas  veray,  ho  que  descobrissi  lo  cri  m  que  es  secret,  lie 
que  dizi  enquara  plus  que  no  hy  ha,  ho  que  layssi  a  dire  lo  be 
de  qualque  persona  que  ieu  sabi  be,  a  temps  he  loc,  ieu  pecqui 
mortalmen. 

[5.    CONTUMELIA.j ' 

Régla  quant  hom  pecca  per  Contumelia,  que  es  una  filha  de 
Ira.  Totas  ves  que  ieu  deliberadamen,  per  una  ira,  dizi  alcun 
peccat  de  mon  vezi,  en  sa  presencia,  perli  far  anta  he  per  m'en 
venjar,  ieu  pcqui  mortalmen,  he  soy  tcngut  de  li  restituir 
la  bona  fama,  se  lo  peccat  era  secret;  se  ieu,  per  una  enver- 
tensa,  die  lo  peccat  de  un  autre,  no  séria  que  peccat  venial,  mas 
ieu  ne  séria  tengut  a  restituciou  ;  se  ieu,  per  un  joc,  disia  lo 
peccat  mortal  de  un  autre,  ieu  peccaria  mortalmen. 

[6.    CO.NVICII.] 

Régla  per  conotsser  quant  hom  pecca  per  Convicii,  que  es 
u>A  FILHA  DE  Ira.  Tolas  ves  que  ieu  disi  deliberadamen  per  ira 
he  per  venjansa  lo  deffaut  natural  de  un  autre  en  sa  presencia, 
per  li  far  vergonha,  ieu  pequi  mortalmen,  coma  se  ieu  dizi  : 
«  Vay,  vay!  bornhe  !  boytos  !  ».  Se  ieu  disia  aquo  per  correc- 
tion, coma  a  mon  disciple  he  servitor,  no  séria  pas  peccat.  Se 
ieu  ho  disia  per  .j.  joc,  he  aquel  a  qui  ieu  ho  diria  séria  provocat 
a  blasfemar  Dieu,  ieu  peccaria  mortalmen;  en  ayssi  quant  ieu 
ho  diria  a  qualque  paubre  per  un  mesprezamen,  coma  se  de  el 
no  fos  re,  ieu  pecqui  mortalmen.  Per  dire  qualque  petit  deffaut 
per  .j.  joc,  no  es  que  peccat  venial. 


1.  A  oir  ci-après,  cli.  V.  §  3. 

2.  Antonin,  tit,  VU,  cap.  vi. 


2o6  CL.    BRUNEL. 

[7.  Enproperacio.] 

REOr.A    PER   COOYSSER    QUANT    HOM    PECCA    PER  EnPROPERACIOU  , 

QUE  ES  UNA  FiLHA  DE  Ira.  Totas  ves  quG  ieu  reprochi  a  qualque 
ua  lo  be  que  li  hiey  fach,  pcr  una  venjansa,  ieu  pcqui  mortal- 
men  ;  se  ieu  ho  fazia  per  correctiou,  no  séria  pas  peccat. 

[8.   Derisio.] 

Régla  per  conoysser  Derrisiou,  que  es  u.\a  filha  de  Ira 
[fol.  ''/2j.ïotas  ves  que  ieu,  per  una  ira,  me  moqui  de  un  autre, 
per  li  far  confusion,  ieu  pequi  mortalmen,  se  per  correctiou 
ho  dizia,  no  séria  pas  peccat  ;  he  en  ayssi  se  per  un  joc  disia  qual- 
que petita  mocaria,  no  séria  que  peccat  venial. 

[9.   Clamor.]' 

Régla  per  conotsser  Clamor,  que  es  .1/  filha  de  Ira.  Totas 
ves  que  ieu,  per  una  ira,  cridi,  dizen  paraulas  confusas,  he 
suspirs,  he  exclamacios,  deliberadamen,  contra  mon  propda, 
ieu  pequi  mortalmen  ;  he  en  ayssi  totas  ves  que  ieu  reguardi 
mon  propda  deliberadamen  de  un  reguard  pie  de  ira  he  de 
corros,  ho  quant,  per  una  ira,  no  volria  pas  ausir  parlar  de  el, 
ho  quant,  per  una  ira,  no  lo  sahidi  ponch,  ho,  quant  el  \e  per 
.j.  cami,  ieu  m'en  fugi  per  l'autre,  affî  que  no  lo  atrobe  ponch, 
et  quant,  per  una  ira,  no  me  volria  ponch  atrobar  la  ont  el  es, 
ieu  pecqui  mortalmen.  Quant  lot  aquo  ieu  faria  subitamen,  no 
séria  que  peccat  venial,  mas,  quant  razo  diria  que  aquo  es  mal 
fach,  que  ieu  m'en  retires. 

1 10.    Rfxa.  ]  - 

Régla  per  co>oysser  Rixa,  que  es  una  de  las  filhas  de  Ira. 
Totas  ves  que  ieu,  per  venjansa,  deliberadamen,  bâti  ho  tuy 
qualque  personatge,  ho  fau  dampnatge  a  qualque  causa  de  sos 

1.  Vntonin.  lit.  MF,  cap.  ni. 

2.  Anlonin,  lit.  MF,  cap.  vu. 


OPUSCULES    PROVENÇAUX    DU    XV*^    SIECLE.  207 

bes,  per  venjansa  de  el,  coma  en  baten  sos  enfans,  ho  en  rom- 
pen  SOS  albres,  ho  sas  vinhas,  ho  en  baten  sas  bestias  he  las 
tuan,  he  en  quant  ieu  me  rebelli  an  aquels  que  an  auctoritat  de 
me  corregir,  he  de  me  penre,  he  me  encarcerar,  he  en  ayssi 
quant  fau  guerra  enjusta,  ho  quant  sabi  be  que  lo  princep  fa 
guerra  enjusta,  he  ieu  hi  vau,  he  en  ayssi  totas  ves  que  ieu 
voiria  far  las  causas  sobredichas,  se  ieu  podia  ni  avia  opportuni- 
lat,  he  en  ayssi  quant  soy  be  joyos  quant  aquel,  al  quai  ieu  voli 
mal,  ha  qualque  adversitat,  he  soy  triste  quant  ha  qualque  be, 
totas  he  tantas  ves,  ieu  pequi  mortalmen.  Se  ieu  volia  aquo  su- 
bitamen,  masque,  après  tôt  mantenen  que  razo  diria  que  aquo 
es  mal  fach,  ieu  me  retiraria,  no  séria  que  peccat  venial.  En 
ayssi,  quant  ieu  ho  faria  per  correction,  en  baten  razonablamen 
he  no  fazen  pas  excès,  séria  bona  obra.  En  ayssi,  quant  hom 
frapparia  per  joc  qualque  un,  mas  que  no  hi  agues  [fol.  ^r2  i'°] 
pas  excès,  no  séria  que  peccat  venial  ;  he  parelhamen ,  quant  hom 
subitamen  batria  qualf[ue  un  en  no  s'en  avisan  he  subreptisa- 
men,  no  séria  que  peccat  venial.  En  ayssi,  quant,  en  me  defen- 
den,  ieu  fau  alcuna  lésion,  he  que  me  poyra  be  guardar  de  la 
far,  he  me  poyria  be  defîendre  sens  far  tal  lésion,  ieu  pequi 
mortalmen. 

[11.   susurracio.]' 

Régla  per  conoysser  quant  hom  pecca  per  Sussurragiou,  que 
ES  UNA  FiLHA  DE  Ira.  Totas  vcs  quc  ieu  per  una  venjansa  meti 
desacort  entre  doas  personas  que  se  acordavo  be  he  aprofechavo 
be  ensemble,  ieu  pequi  mortalmen. 

[IV,  —  GOLA.]' 

S'ensegiio  reglas  per  conoysser  lo  peccat  de  la  gola,  he  pri- 
mleyrameii  per  la  priinieyra  specia  que  se  apela  Trop  Manjar". 
Totas  ves  que  ieu  mangi  plus  notablamen  (jue  no  se  aperte  a 
ma  sustentaciou,   ieu  pequi    mortalmen;  (juant  ieu  manjaria 

1.  Voir  ci-après  ch.  V,  §  2. 

2.  Ântonin,  tit.  VI. 

3.  Antonin,  tit.  VI,  cap.  i.  Sv  {prima  species  Gulae). 


2o8  CL.     BRU.NEL. 

plus  que  no  quai  un  morsel  de  pa,  ho  dos,  no  séria  que  peccat 
venial. 

Régla  per  conoyaser  la  .ij".  specia.  que  es  quant  hom  preve  la 
hora'.  ïotas  ves  que  ieu,  quant  dejuni,  mangi  ho  bevi  vi  davant 
miech  jorn',  notablamen  davant  miech  jorn,  quar,  se  per  .j. 
quart  de  hora  ieu  nianjava  davant  miech  jorn,  no  séria  pas  pec- 
cat, mas,  se  per  una  hora  ho  dos,  séria  peccat;  se  ieu  bevia  de 
l'ayga  davant  miech  jorn,  no  séria  pas  peccat.  He  en  ayssi  los 
servidors  dels  senhors,  de  manjar  un  petit  davant  que  lo  senhor 
dine,  he,  après  que  ha  dinat,  de  acabar  de  dinar,  no  es  pas 
rompre  lo  dejun.  he  principalmen  quant  so  fatiguatz,  que  no 
poyrian  convenablamen  attendre  tant  sens  manjar,  quar,  se 
podian  attendre  juscas  que  poguesso  de  tôt  dinar,  séria  autra 
causa. 

Régla  per  conoysser  quant  hom  pecca  en  rompen  los  dejuns^. 
Totas  ves  que  ieu  après  lo  atge  de  .xxj.  an[s]  rompi  los  dejuns 
de  la  Gleysa  sens  causa  légitima,  ho  ieu,  que  soy  rcligios,  ho 
religiosa,  rompi  los  dejuns  de  ma  religion  que  so  en  coman- 
damen  sens  causa  legittima*;  se  ieu  era  malaute,  ho  malauta, 
ho  tant  débilitât  que  no  pogues  dejunar,  ieu  séria  excusât  ho 
excusada.  En  ayssi,  se  ieu  [fol.  W]  caminava,  he  que  no  pogues 
pas  far  Jornada  (jue  no  me  fos  gran  dampnatge,  parelhamen  séria 
excusât.  En  ayssi,  se  ieu  era  panbre.  he  que  no  agues  pogut 
amassar  depueys  lo  mati  juscas  a  miech  jorn  asses  de  po  per 
dinar,  séria  excusât.  Scmblanmen  a  me  que  me  es  forsa  al  jorn 
de  dejun  de  laborar  an  gen  stranha  per  guasanhar  ma  vida,  he 
de  mi,  he  de  ma  familia,  soy  excusât;  se  al  jorn  de  dejun  ieu 
besonhi  en  ma  possession,  ho  me  podi  be  guardar  de  anar  me 
loguaren  aquel  jorn,  no  séria  pas  excusât.  Fennas  que  noyrisso 
enfans  so  excusadas.  he  may  gens  vielhas,  que  so  fort  debili- 
tadas. 


I.  Vnloiiiii,  lil.  \l.cap.  vi.Six  (qninia  species  Giilae,  Anticiparc  IIo- 
rani  sen  exlrn  hornm  xlatnlain  vcl  com^uelam  comedere). 

•>..   Supplc'cr  ien  pct\n\  inoiidlnieit. 

.<.  Aiiloiiiti,  til.^l,c■ap.  ii.  Il  esl  renvoNéà  ce  cliapiiro  dans  le  Irailé 
suivant,  cli.  III.  s  8. 

'(.  Snpplf'cr  ieu  peqni  'iioiialincn. 


OPUSCLLKS    PROVENgVlX    DU    XV    SIECLE.  oof) 

Régla  perconoysser(jtia/il  ho/npeccapcr  la  .lij" .  speria'.  Totas 
ves  que  ieii  niangi  trop  delicadas  viandas  olra  mon  stat,  ieu 
pequi  mortalmen;  coma  ieu,  que  soy  un  laborador,  manjariey 
capos,  faysas,  lampresas,  he  autras  bonas  viandas,  lie  beuricy 
ippocras,  marvasi,  he  autre  bon  vi,  ieu  pequi  mortalmen.  Per 
ne  manjar  qualque  ves  l'an,  mas  que  no  lii  aia  pas  trop  gran 
excès,  no  séria  pas  peccat  :  coma  en  nossas,  ho  quant  hom  fa 
festa  a  sos  amicx,  ho  quant  hom  fa  revit,  ho  quant  hom  es 
malaute. 

Régla  per  conoysser  quant  hom pecca per  la  .iiij".  speria^.  Totas 
ves  que  ieu  meti,  ho  fau  mètre,  trop  gran  sollicitud  ad  appa- 
relhar  viandas,  he  que  hi  meti  tan  tas  podras,  he  specias,  he  de  au- 
tres diversas  causas  per  donar  gran  sabor  a  las  viandas  que  hy 
ha  gran  cost,  he  que  hy  cove  mètre  lo  ters  del  jorn  a  las  appa- 
relhar,  ieu  pequi  mortalmen;  de  hi  mètre  pena  rasonabla  no  es 
pas  peccat,  affi  que  hom  puesca  sustentar  natura  per  mielhs 
servir  a  Dieu. 

Régla  per  conoysser  la  .v".  specia  de  Gola  que  es  Trop  ardenmen 
Manjar^.  Totas  ves  que  ieu  mangi  si  ardenmen  que  mangi  plus 
per  contentar  la  gola  que  per  lo  sustentamen  del  cors,  he  que 
hiey  si  gran  affection  a  las  viandas,  que  enquaras  voiria  manjar 
quant  saubria  que  desplayria  a  Dieu,  ieu  pequi  mortalmen.  El 
es  veray  que  el  hy  ha  alcunas  gens  que  de  natura  an  [fol.  ^i3  v"] 
aquo  que  manjo  subitamen,  he  aquo  no  es  pas  peccat  mortal. 

Régla  per  conoysser  quossi  hom  pecca  per  lo  .vj/  en  se  ene- 
brlan~\  Totas  ves  que  ieu  bevi  vi  que  me  sembla  que  es  trop 
fort,  he  que  ieu  no  lo  poyria  pas  portar,  he  que  el  me  sembla 
be  que  me  enebriara,  he  que  ieu  ami  plus  lo  heure  que  se  hy 
metia  de  l'aygua,  ieu  pecqui  mortalmen  ;  he  après,  quant  ieu 
frappi,  ho  tuy,  hoenjuri,  ho  maudisi  qualque  un  quant  soy  ibre, 
heque  non  hiey  ponch  usatge  de  razo,  ieu  pecqui  mortalmen,  per 
so  que,  quant  ieu  bevia  lo  vi,  ieu  vezia  be  en  quinh  langier 

1.  Anlonin.  tit.  VI,  cap.  i,  §  vi  (secanda  species  Gaine), 

2.  Antonin,  tit.  VI,  cap,  i.  §  vu  (lertia  species  Gulae). 

3.  Antonin,  tit.  VI,  cap.  i,  S  viii  {tpiarta  species  Gulae). 

4.  Corrigez  la  .vj".  specia. 

5.  Antonin,  tit.  VI,  cap.  ni, 


2IO  CL.    BRUNEL. 

me  metia.  Quant  ieu  me  enebriaria  per  so  que  no  conoyssi  pas 
la  forsa  del  vi,  ho  que  soy  caut,  ieu  no  peccaria  que  venialmen. 

[i.   Ebetld  de  Se>.]' 

Régla  perconoysser  la  .i'.  filha  deGola,  quese  apela  Ebetld 
DE  Se>-.  Totas  ves  que,  per  trop  manjar,  ho  per  trop  heure,  ieu 
soy  talamen  endispausat,  ho  endispausada,  que  no  podi  re  far, 
ni  preguar  Dieu,  ni  contemplar,  ni  studiar,  ni  autra  causa,  ni  no 
podi  pas  parlar,  ni  sabi,  he  que  lo  ventre  me  fa  mal  de  forsa 
de  manjar,  ieu  pequi  mortalmen.  Se  ieu  me  trobava  un  petit 
mal  dispost  après  dinar,  aquo  no  séria  que  peccat  venial,  quar 
hom  no  saubria  si  sobramen  manjar  que  los  fums  de  las  vian- 
das  no  se  elevp  a  la  testa,  he  que  hom  non  es  pas  si  ben  dispost 
après  manjar  coma  davant. 

[2.  Enepta  Leticia.]^ 

Régla  per  co>'oysser  quant  hom  pecca  per  la  .11'.  filha  de 
GoLA,  QUE  se  apela  Enepta  Leticia.  ïotas  ves  que  ieu,  per  trop 
manjar  o  per  trop  heure,  hiey  una  joya  enepta,  so  es  assaber 
que  ieu  fau  jocx  provocans  a  luxuria,  ho  disi  per  joc  paraulas 
diffamatorias  de  mon  propda,  ho  disi  paraulas  que  provoco 
qualquc  un  ad  ira,  ho  a  jurar  he  blasfemar,  ho  quant  talamen 
ieu  ami  los  jocx  que,  enquara  quant  ieu  saubria  que  des- 
playrian  a  Dieu,  ieu  los  volria  far,  ho  quant  endifTerenmen^ 
sens  los  ordenar  a  qualque  bona  fi,  he  que  en  tota  hora  ieu  los 
fau,  ieu  pequi  mortalmen.  Autramen  séria  peccat  venial  quant 
hy  faria  un  petit  de  excès. 

I.   Anlonin.  lit.  \l,  cap.  i\.  §  11  { [iriina Jilia  Giikie). 
3.   Vnlnnin,  Ut.  VI.  cap.  iv.  S  ui  {seciinda  filia  Galae).  Voir  ci-dessus, 
cil.  I,  B,  s  i 

3.  Suppléer  los  faria. 


opuscules  provençaux  du  \\'  siècle.  211 

[3,   Parlar  en  Va.]' 

Régla  per  conoysser  la  .111°.  filua  ui:  Gula,  que  se  apela 
Parlar  en  Va  [fol.  ^t^i].  Totas  ves  que  ieu  parli  paraulas  que  no 
servo  de  re  :  coma  mantenen  de  la  gucrra,  inantoncn  de  gens 
maridadas,  mantenen  de  uns,  mantenen  de  autres,  se  per  aquo 
ieu  me  layssi  afTar  qualque  bona  obra  a  que  ieu  soy  tengut,  ho 
se  indifFerenmen  he  en  tota  hora  ieu  soy  conten  ho  contenta  de 
ralhar  he  fabular,  he  que,  enquara  quant  ieu  saubria  que  Dieu 
hy  prengues  desplazer,  enquaras  ho  volria  far,  ieu  pecqui  mor- 
talmen. 

[II.   Scurrilitat.]' 

Régla  per  conoysser  la  .iiii'.  filha  de  Gola,  que  se  apela 
ScuRRiLiTAT.  Totas  vcs  quc  ieu  fan  gestes  trop  desordenatz  he 
provocans  a  luxuria,  ho  quant  hy  ha  trop  grans  clamors,  que 
belcop  de  gens  ne  podo  esser  scandalisatz,  ho  quant  ieu  dansi 
en  la  gleysa,  ho  per  atrayre  mon  propda  a  concupiscensa,  ho  se 
en  dansas  ieu  prendi  tant  de  plazer  que,  enquaras  quant  ieu 
saubria  be  que  desplayria  a  Dieu,  ieu  ho  volria  far,  ieu  pecqui 
mortalmen.  Autramen,  quant  ieu  faria  un  petit  de  excès  en 
gestes,  ieu  no  peccaria  que  vcnialmen. 

[5.  Enmundicia.]' 

Régla  fer  conoysser  la  .v\  filha  de  Gola,  qle  se  apela 
Enmundicia.  Totas  ves  que  ieu,  per  trop  manjar  o  per  trop 
heure,  hiey  vomit,  ho  geti  ventositatz  he  damon  he  daval,  ho 
quant,  per  una  gran  ardor  de  manjar,  ieu  hiey  lo  visatge  he  la 
rauba  oncha,  he  que  lo  grays  me  ve  juscas  a  la  barba,  ieu  pequi 
mortalmen.  Quant  ieu  faria  las  causas  sobredichas  per  malau- 
tia,  ho  per  débilitât,  el  no  séria  pas  peccat. 

1.  Antonin,  lit.  V[,  cap.  iv,  §  iv  (tertia  filia  Galae,  Multiloqaiiim  seu 
Loquacitas). 

2.  Antonin,  tit.  VI,  cap.  iv,  ^  \  (qaar ta  Jilia  Galae,  ScurrllUas,  id  est 
Jocularitas  vel  Jociinditas  proveniens  ex  defectu  rationis). 

3.  Antonin,  tit.  VI,  cap.  v,  §  vi  (qiiinta  filia  Galae). 


212  CL,    BRUNEL. 

fV.  —  ENVEJA.]* 
[i.  AziR.]' 

S'eNSEGUO  reglas  PER  CO.NOYSSER  las  FILHAS  de  EnVEJA,   HE  PER 

LA  PRiMiEYRA  QUE  SE  APELA  AziR.  Totas  ves  que  ieu  per  una  en- 
veja  aziri  qualque  persona  en  li  volen  mal,  he  volria  que  no 
agues  degun  be,  ieu  pecqui  mortalmen,  quant  ho  fau  delibera- 
damen  ;  quant  subitamen  ho  faria,  no  séria  que  peccat  venial. 
He  en  ayssi  quant  lo  reguardi  per  una  enveja,  ho  quant  per 
una  enveja  no  voli  auzir  parlar  de  el,  en  ayssi  quant  hiey  en- 
veja quant  un  autre,  ho  una  autra,  sap  plus  que  mi,  ho  es  plus 
riche  que  ieu,  ho  richa,  ho  es  plus  prezat,  ho  prezada  que  ieu, 
ho  hom  fa  plus  conte  de  el  que  de  mi,  he  ieu  fau  aquo  delibe- 
radamen,  ieu  pecqui  mortalmen.  [fol.  ÙU  v"] 

[2,  susurracio.]' 

Régla  per  co>'Otsser  quant  hom  pecca  per  Susurraciou,  que 
ES  UNA  FILMA  DE  Enveja,  Totas  ves  que  ieu  per  una  enveja  dizi 
mal  de  qualque  persona  per  mètre  desacordi  entre  el  he  la  per- 
sona an  laquai  se  acordava  be,  ieu  pecqui  mortalmen,  he  soy 
tcngut  a  restituir  de  tôt  dampnatge  que  ne  es  endevengut,  ho 
de  cors,  ho  de  hes,  ho  de  bona  faina,  an  aquels  personatges.  Se 
ieu  metia  débat  entre  dos  que  fosso  be  de  acordi  a  far  mal,  ieu 
no  faria  que  bona  obra, 

|.).   Detractio.  I  * 

HeGI.A    per    CONOISSER    LA   .111".    FlLllA   DE  E.NVEJA,  QUE  SE  APELA 

DETHAcrio.  ïolas  ves  que  ieu  per  una  enveja  diffami  qualque 

I.  \iiioiiiii.  lii.  \ m. 

a.    Xiiloniii,  lit.  \l!i,  cap.  m  (Odinin  prima  fdin  Invidiaé). 

;<.  Viitoniti.  lil.  \lll.  cap.  \  ((jimrht  filin  Invidiaé).  Voir  ci-dessus, 
rh.  III.  s  I  I. 

'1.  \iiloiiiii.  lil.  \  111,  cap.  i\  (seciinda  filia  Invidiaé).  \oir  ci-dessus, 
di.  III,  s  .'i. 


OPUSCULES    PROVENÇAUX    DU    XV    SIÈCLE.  2l3 

personatge,  en  disen  que  es  palhard,  ho  layro,  ho  ergolhos,  ho 
que  el  no  sap  pas  aquo  que  honi  dis,  ho  que  es  palharda,  ho 
ergolhosa,  ieu  pequi  mortalmen  ;  mas  se  ieu  ho  di/.ia  suhita- 
men,  sens  deliheraciou,  no  séria  que  peccat  venial. 

[4-  Rejoyssansa  en  la  Adversitat  DEL  Propda.]' 

Régla  rer  conoysser  quant  iiom  pecga  per  la  .un",  filha, 
que  se  apela  Se  Rejoyr  en  la  Adversitat  de  son  Vezi.  Totas  \es 
que  ieu  me  rejoyssi  per  una  enveja  del  mal  he  de  la  adversitat 
de  mon  propda,  ieu  pequi  mortalmen,  quant  ieu  ho  fau  deli- 
beradamen;  quar,  quant  ieu  ho  faria  subitamen,  en  no  hy  pen- 
san  pas,  he  tôt  mantenen  que  razo  diria  que  aquo  es  mal  fach, 
ieu  me  retrayria  de  la,  no  séria  que  peccat  venial. 

[5.  Tristicia  del  Be  del  Autru.]* 

Régla  per  conoysser  quant  hom  pecca  per  la  .v'.  filha,  que 
SE  APELA  EssER  TRISTE  DEL  Re  DEL  AuTRu.  Totas  vcs  que  ieu  soy 
corrossat  de  la  bona  fortuna  del  autru  per  una  enveja,  ieu  pec- 
qui  mortalmen,  quant  ho  fau  deliberadamen,  comadesos  bes, 
ho  de  SOS  enfans,  ho  de  sas  honors;  he  eu  ayssi  quant  li  layssi 
a  dire  qualque  bon  cosselh,  ho  de  lo  avisar,  ho  quant  lo  atrasi 
a  mal,  pecqui  mortalmen. 


[VI.  —  PIGRICIA.]" 
[i.   Malicia.] 

S'eNSEGUO   reglas    per   conoysser    LOS  PECCATZ    DE  PiGRICIA,    HE 
PRIMIEYRAMEN  DE  MaLICIA,  que  ES  LA  PRIMIEYRA  FILHA  DE  PiGRICIA. 

Totas  ves  que  eu,  per  una  pena  que  hiey  en  pensar  en  ma  con- 
sciensa,  he  que  no  volria  pas  que  hom  me  disses  que  ieu  hy 

I.  Antonin,  tit.  VIIT,  cap.  vi  (qiiinta  fiUa  Invidiae). 
1.   Antonin,  tit.  Mil,  cap.  ii. 
3.  Antonin,  tit.  IX  {De  Accidia). 


2  1^  CL.    BRUNEL. 

penses,  quant  ieu  soy  corrossat  contra  aquel  que  me  dis  que 
ieu  hy  devi  pensar,  coma  davant  la  confession,  ieu  pecqui 
mor-[/o/.  ^/.l]-talmen,  quant  ho  fau  deliberadamen. 

[2.    TORPOR.] 

Régla  per  conoysser  qua^t  hom  pecca  per  Torpor,  que  es 
UNA  FiLHA  DE  P1GRECIA,  Totas  ves  quc  icu ,  per  una  pena  he  diffî- 
cultat  que  atrobi  a  guardar  los  comandamens  de  Dieu,  los 
layssi  star,  he  no  los  guardi  pas,  ieu  pequi  mortalmen. 

[3.   pusillammitat.]  ' 

Régla  per  conoysser  una  filha  de  Pigricia,  que  se  apela 
PusiLLANiMiTAT.  Totas  ves  quc  ieu,  per  una  diffîcultat  que  ieu 
atrobi  en  las  causas  que  so  de  conselh,  coma  de  intrar  en  reli- 
gion, de  servar  silenci,  he  en  ayssi  de  las  autras  causas  que  so 
de  conselh,  he  ieu  las  layssi  star,  que  me  es  avist  que  no  las 
poyria  ponch  far,  ieu  no  pequi  pas  mortalmen. 

[/4.  Desperacio.] - 

Régla  per  conoysser  .1".  filha  de  Pigricia,  que  se  apela  Des- 
peracio. Totas  ves  que  ieu  hiey  aquesta  oppiniou  que  dizi  que 
no  es  pas  possible  que  Dieu  me  perdone  mos  peccatz,  ieu  pequi 
mortalmen;  he  en  ayssi,  quant  ieu  hiey  oppiniou  que  ieu  no 
poyria  pas  guardar  los  comandamens  de  Dieu,  ho  quant  ieu  dizi 
que  no  me  es  pas  possible  de  me  guardar  de  peccar,  ieu  pequi 
Fiiortalnien. 

[5.  Yagacio  de  Entendemen.] 

Régla  per  conoysser  .1".  filha  de  Pigricia,  que  se  apela 
Vagaciou  de  Entendemen  en  causas  illicitas.  Totas  ves  que  ieu, 
per  so  que  no  trobi  {)onch  plaser  a  pensar  en  causas  spirituals, 

1.   Anloniii,  lit.  1\,  cap.  xvi. 

■j.  Antoriiti,  til.  IX.  cap.  xv.  Voir  ci-dessus,  ch.  II,  S  8. 


OPUSCULES    PROVENÇAUX    DU    XV""    SIECLE.  21  J 

pensi  en  causas  deshonestas  he  malvadas,  coma  niantenen  eu 
fennas,  ho  en  homes,  mantenen  en  honors,  he  en  richesas,  ieu 
pequi  mortalmen,  quant  ho  f'au  deliberadamen. 

[6.  Negligencl\.]' 

Régla  per  coxoysser  Negligencia,  que  es  .i\  filha  de  Pigrecia. 
Totas  he  tantas  ves  que  ieu  me  layssi  affar,  ho  [a]  pcnsar,  ho 
assaber,  ho  a  parlar,  lio  a  cor  régir,  ieu  pequi  mortahnen.  Se 
ieu  layssi  de  far  qualque  causa  que  era  ben  expedicnla  que  ieu 
la  fezes,  mas  non  era  pas  tengut  de  la  far,  non  es  que  peccal 
venial.  [fol.  //ô  v"] 

[VII.  —  AVARICIA.]^ 

[i.  Symoma.]  ^ 

Régla  per  coxoysser  quant  hom  pegca  per  lo  pegcat  de  Ava- 
RiciA  HE  per  sas  filhas.  He  primieyramen  DE  Symonl\.  Totas  ves 
que  ieu  vendi  ho  compri  la  causa  spirituala,  ho  lo  labor  que  es 
en  la  causa  spirituala,  ieu  pequi  mortalmen  ;  coma  ieu  doni  de 
argen  a  presfach  per  dire  una  messa,  ho  per  baplizar,  ho  per 
auzir  de  confession,  ho  per  aver  un  olhci,  ho  per  aver  un  bone- 
fici,  ho  pregui  qualque  avesque  de  donar  .j.  benefici  a  ([ualque 
un  que  no  sia  pas  digne,  ho  quant  ieu  fan  lo  dévot  affi  que  hom 
digua  be  de  mi,  ho  que  hom  me  fassa  des  bes,  ieu  pecqui 
mortalmen. 

[2.  Usura.]* 

Régla  per  coxoysser  quant  hom  pegca  per  Usura,  que  es  una 
FILHA  DE  AvARiCL\.  ïotas  vcs  que  ieu  prendi  en  prestan  argen 
qualque  causa  per  so  que  lo  presti  otra  lo  principal,  ieu  pequi 


1.  Antonin,  tit.  IX,  cap.  ni. 

2.  Antonin,  tit.  I. 

3.  Antonin,  tit.  I,  cap.  v. 

4.  Antonin,  tit.  I,  cap.  vi. 


2l6  CL.    BRLÎNEL. 

mortalmen;  coma,  per  so  que  ieu  presti  .xx.  scutz  per  .j.  an,  he 
liom  m'en  deu  redre  .xxj.,  en  ayssilo  sestierdel  blat  val  .x.  do- 
blas,  ieu  presti  lo  sestier,  he  hom  m'en  deu  redre  .xij.,  ho  hom 
me  bayla  .j.  guatge,  he  ieu  m'en  ajudi  he  me  servissi  del 
guatge,  he  no  li  conti  pas  lo  servici  que  me  ha  fach  lo  guatge, 
he  en  ayssi  quant  hom  me  bayla  en  guatge  qualque  possession, 
he  ieu  prendi  los  enefruchs'  de  aquela  possession,  he  no  los  li 
conti  pas,  en  totas  aquestas  fayssos  ieu  cometi  usura,  he  pequi 
mortalmen. 

[3.  Rapina.]- 

Regla  per  conoysser  quant  hom  pecca  per  Rapixa,  que  es 
UNA  FiLHA  DE  AvARiciA.  Totas  ves  que  ieu  prendi  per  forsa  lo  be 
del  autru  en  autre  loc  que  a  la  gleysa,  per  violensa,  quant  la 
causa  es  notablamen  granda,  ieu  pequi  mortalmen  ;  quant 
penria  qualque  poma  del  aulru,  no  séria  pas  peccat  mortal,  se 
no  (jue  ieu  fezes  amb  entenciou  de  ne  penre  plus  avan  quant 
agra  pogut.  Quant  ieu  séria  en  extrema  nécessitât,  ieu  en  ne 
prenden  de  la  ont  ne  trobaria,  quant  hom  no  m'en  volria  pas 
clonar,  no  pequi  pas  en  ne  prenden  \ 

[li.   Sacrilegii.]  * 

Régla  per  conoysser  quant  hom  pecca  per  Sacrilegii,  que  es 
UNA  UE  las  filhas  DE  AvARiciA.  Totas  vcs  que  ieu  prendi  de  la 
gleysa,  ho  del  cementeri,  ho  de  autre  loc  sant,  qualque  causa 
sancta,  coma  calices,  lio  relequias,  [fol.  U(j]  ho  vestimens,  ho 
quant  ieu  prendi  cpialque  causa  que  no  es  ponch  sancta  de  loc 
sant,  coma  una  rauba,  lio  .j.  libre  de  la  gleysa,  ho  qualque 
causa  sancta  de  loc  (jue  no  es  pas  sant,  coma  de  relequias  de 
(jualcpie  mayso,  ieu  pc(iui  iiiortaliiion,  he  soy  scumenjat  de 
cxcoiiiunicaciou  minor. 


I .  Corrigez  usexfrnchs, 

'J.  Aulonin,  lit.  I.  cap.  xn. 

3.  .\iiloniii,  lit.  I,  cap.  xiv,  S  i. 

'(.  Aiiloiiiii,  lil.  I,  cap.  \\i. 


opuscules  provençaux  du  xv*  siècle.  'ain 

[5.  Layronessi.]  ' 

Régla  per  conoysser  quant  hom  pegca  per  Layuonessi,  qi  e  es 
uNAFiLHA  DE  AvARiGiA.  Totas  ves  que  ieu  prendi  (jualque  causa 
en  loc  non  sant,  la  quai  causa  es  notablamen  granda,  sens 
licencia  de  aquel  de  qui  es,  he  que  la  prendi  lurtivanien,  ieu 
pequi  mortalmen  ;  se  la  causa  no  era  pas  notablamen  granda, 
he  que  ieu  no  entendes  pas  portai'  danipiiatge  an  a(|uel  de  qui 
la  prendi,  coma  de  prendre  doas  ho  très  prunas,  ho  una  ponia, 
no  séria  que  peccat  venial. 

[6.   Traicio.]- 

Regla  per  gonoysser  quant  noM  PEGGA  per  Traigio  ,  que  es 
.1".  FiLHA  DE  AvARiGiA.  Totas  ves  que  ieu  trayci  qualque  persona 
que  se  fize  en  mi,  enquaras  he  no  si  fize  per  aver  sos  bes,  ieu 
pecqui  mortalmen  ;  coma  qualque  persona  me  ha  dich  son 
secret,  una  autra  persona  venra  a  mi  he  me  dara  del  argen  affî 
que  ieu  li  diga  lo  fach  del  autre,  ieu  lo  li  dizi  he  l'autre  lo  vol 
trompar,  ho  diffamarj  ieu  pequi  mortalmen,  he  soy  tengut  a 
restituciou  de  tôt  dampnalge  que  lui  pot  venir.  Quant  séria 
causa  que  portaria  dampnatgea  qualque  persona,  he  el  no  m'a* 
auria  pas  baylat  en  fach  de  confession,  ieu  no  peccaria  pas  en 
la  disen. 

[7.  Adulacio.]* 

Régla  per  gonoysser  Adulagiou,  que  es  una  filha  de  Ava- 
RiGiA.  Totas  ves  que  ieu  lauzi  lo  peccat  de  qualque  persona,  ho 
lo  supporti  en  son  peccat,  he  lo  sosteni,  he  lo  deflendi  en  son 
peccat,  ho  lo  diminuici,  en  disen  que  aquo  no  es  pas  si  gran 
causa  coma  hom  dis,  ho  lo  layssi  a  corregir  quant  lo  devi  cor- 
regir,  ho  no  lo  reprehendi,  ni  no  lo  amonesti,  he  après,  se  no 

1.  Antonio,  lit.  I,  cap.  XIV. 

2.  Antonin,  tit.  I,  cap.  xxn. 

3.  Corrigez  m'o. 

4.  Antonin,  tit.  X,  cap.  n. 

ANNALES  DU  MIDI.  —  XXIX.  l5 


2l8  CL.    BRUNEL. 

se  vol  layssar  de  peccar,  si  ieu  non  ho  die  an  aquels  que  se 
aperle  de  corregir,  lie  tôt  aysso  ieu  fau  per  so  que  tal  persona 
me  fa  del  be,  ho  me  porta  honor,  ho  ieu  ho  fau  per  una  sim- 
plesa,  que  no  lo  ausi  corregir,  ieu  pequi  mortalmen,  lie  princi- 
paluieii  (|uanl  lo  peccat  es  mortal;  (jue  quant  tal  persona  no 
faria  que  peccat  [fol.  ^iG  V]  venial,  quant  ieu  no  faria  tota 
aquela  correction,  ieu  no  peccaria  pas  mortalmen. 

[8.   AccEPTio  DE  Personas.]* 

Régla  i'ek  conoysser  Acgeptiou  de  personas,  que  es  .i".  filha 
de  Avaricia.  Totas  ves  que  ieu  fau  plus  tost  justicia  ad  un  que 
ad  autre,  ho  plus  tost  ausissi  un  que  un  autre  en  facli  de  jus- 
ticia, ho  (jue  pallii  la  causa  de  la  un  per  donar  favor  a  l'autre, 
enjuslanien,  lie  en  causa  que  sia  notablamen  granda,  ieu  pequi 
mortahnen  ;  (juar  ([uant  séria  de  (jualque  petita  causa  que  no 
séria  quasi  de  deguna  emportansa,  no  séria  que  peccat  venial. 
Quant  faria  plus  tost  plazer  ad  un  (pic  ad  autre  en  causa  que 
ieu  no  séria  tengut  ni  ad   un  ni  ad  autre,  ieu  no  peccaria  pas. 

[9.   Malvat  Guasanh.]* 

Reola  per  conoysser  quant  hom  pegca  per  Malvat  he  enho- 
NESTE  CîuASANH.  Totas  vcs  que  ieu,  que  soy  jutge,  preudi  alcuna 
causa  per  jutjar,  ho  ieu,  que  soy  acosselhier  stipendiât,  prendi 
alcuna  causa  per  donar  conselh,  si  no  que  fos  qualque  petita 
causa  que  hom  donaria  de  son  plazer,  ho  quant  ieu,  que  soy 
doctor  stipendiât  suffîcienmen  per  vieure,  prendi  alcuna  causa 
de  emportansa  dels  scolars,  ho  ieu,  que  soy  roffia,  preudi  argen, 
lie  vivi  del  argen  ({ueguasanho  las  palhardas,  ho  ieu  que  prendi 
argen  de  palliardisa,  iio  logui  las  maysos  per  far  bordels,  ho  ieu 
(pie  prendi  argen  de  joc,  bo  ieu  que  fau  los  datz  ho  las  cartas 
per  \endie,  lio  ieu,  (pie  (au  taverna,  teni  cartas  lie  datz  par 
baylar  a  lotz  aquels  que  volran  jogar,  ho  ieu  que  teni  mayso  a 


I.  Antoniii.  lit.  I,  cap.  xx. 
■2.  .\ntûnin,  lit.  I,  cap.  xxiii. 


OPUSCULES    PROVENÇAUX    DU    XV"    SIÈCLE.  ^  |  (j 

publicx  jogadors  he  reneguadors  de  Dieu,  ho  icu  que  no  los 
corregissi  ho  no  los  fau  corregir  lanl  que  sera  en  mi,  pecjui 
mortahiien.  Ile  en  ayssi  quant,  en  canibian,  jnendi  plus  <|ue 
non  es  acoslumat  de  penre,  he,  per  far  porlar  argen,  prendi 
plus  que  no  me  aperte,  ho  quant  ieu  a  la  Sant  Johan  comprariey 
lo  blat  per  lo  vendre  a  Pascas  belcop  plus  car  en  lo  pays  meteys. 
he  principalmen  quant  aquo  no  es  pas  mon  offici  de  far. 

[lO.    ErsQUIETUD    DE    EnTENDEMEIN  .  J  * 

Régla,  per  conoysser  Enquietud  de  Entendemex,  que  es  .i*. 
FiLHA  DE  AvARiGiA.  Totas  ves  que  ieu  soy  tant  sollicites  he  tant 
curios  de  acquirir  bes,  ho  sciencia,  ho  honors,  ho  autra  causa 
mundana.  que  soy  conten,  [fol.  ^/7]  ho  no  m'en  chaut  de  layssar 
a  far  aquo  que  ieu  soy  tengut  de  far,  coma  de  auzir  messa  los 
dimenges  he  las  festas,  he  de  pensar  a  Dieu  he  a  ma  consciencia 
a  temps  he  a  loc,  ieu  pecqui  mortalmen.  Quant  ieu  séria  trop 
sollicitos  de  acquirir  bes,  mas  que  ieu  no  volgues  pas  per  aquo 
offendre  Dieu  ni  layssar  a  far  aquo  que  ieu  devi  far  segon  Dieu 
he  consciencia,  no  es  que  peccat  venial. 

[il.   Enhumanitat.]* 

Régla  per  goîvoysser  Enhumanitat,  que  es  .i\  filha  de  Ava- 
RiciA.  Totas  ves  que  ieu  hiey  de  bes  otra  nécessitât  he  la  de- 
censa  de  mon  stat,  he  non  doni  ponch  als  paubres,  quant  ieu 
vezi  be  que  n'an  nécessitât  he  m'en  demando,  ieu  pequi  mor- 
talmen ;  he  no  quai  pas  que  ieu  attenda  la  extrema  nécessitât, 
quar  ieu  podi  be  considerar  que  lo  munde  es  asses  pigre  he 
frech  a  lor  ne  donar,  he  no  sabi  pas  se  lo  paubre,  quant  aura 
extrema  nécessitât,  tornara.  En  ayssi  quant  lo  paubre  es  en 
extrema  nécessitât,  he  ieu  no  hiey  de  bes  mas  per  ma  nécessitât 
he  per  la  decensa  de  mon  stat,  ieu  devi  bayssar  mon  stat,  so  es 
assaber  tener  plus  strecha  vida,  aver  mens  de  servidors,  no 

1.  Antonin,  tit.  I,  cap.  xxv. 

2.  Antonin,  tit.  I,  cap.  xxiv. 


220  CL.    BRUNEL. 

portar  pas  si  finas  raubas,  no  bastir  pas  si  grans  maysos,  per 
soccorre  al  paubre  que  es  en  extrema  nécessitât,  autramen  ieu 
pecqui  morlalmen.  Se  ieu  doni  a  de  grosses  coquis  que  so  acos- 
tumalz  de  coquinar  he  que  poyrian  be  guasanhar  lor  vida,  ieu 
pequi  mortalmen  en  lor  donan,  se  no  que  fos  en  extrema  néces- 
sitât. Se  d'alcunas  ves  ieu  soy  trop  rude  de  paraula  als  paubres 
en  lor  donan  la  almoyna,  ho  la  lor  demori  trop  a  donar,  non  es 
que  peccat  venial,  si  no  que  moriguesso  per  mon  tardamen, 
adoncas  séria  peccal  mortal.  En  ayssi  ieu,  que  soy  bénéficiât, 
he  del  superflu  non  ho  doni  als  paubres  ho  a  la  reparaciou  de 
la  gleysa,  pecqui  morlalmen. 

[i2.  Amor  de  las  Richessas.] 

Régla  per  conoysser  quant  hom  pecca  per  Trop  Amar  Riches- 
sas.  Totas  ves  que  ieu  ami  los  bes,  que  ieu  soy  content,  ho  co- 
tenta,  de  ofFendre  Dieu  per  los  acquirir,  he  davaut  que  los 
laysse  soy  conlen  de  ofFendre  Dieu,  ieu  pequi  mortalmen; 
quant  los  amaria  trop,  masque  no  volgues  pas  offendre  Dieu 
per  los  accpiirir,  ho  per  los  retener,  no  pequi  que  venialmen. 
[fol.  Ul  r] 

[MIL  —  ALTRES  PECGATZ.] 

[i.  Prodigalitat.]* 

Régla  per  conoysser  quant  hom  pecga  per  Prodigalitat,  que 
ES  coNTRARLv  AD  AvAKiciA.  ïotas  ves  que  ieu  fau  trop  grans 
despens  nolablamen,  ho  en  manjar,  ho  en  heure,  ho  en  abil- 
hamens,  ho  en  servitors,  ho  en  chavals,  ho  en  autras  causas, 
ieu  pequi  mortalmen.  Quant  ieu  faria  un  trop  grand  despens, 
mas  ({ue  no  fos  pas  notablamen  grau,  ieu  no  peccaria  que  ve- 
nialmen. 

I.  \iiloniii.  lit.  \  I,  cap.  vni. 


OPUSCULES    PROVENÇAUX    DU    W"    SIÈCLE.  32  1 


[2.  Peccatz  contra  lo  Sanct  Sperit.]' 

Régla  per  conoysser  quant  hom  peccn  coiilra  h  Sanct  Sperit. 
Totas  ves  queieu  pequi  per  certa  malicia,  coma  icu  pecqui  non 
pas  per  fragilitat  ni  per  ignoransa,  mas  per  aquo  que  aquo 
[que]  ieu  fau  es  mal  fach,  ieu  pequi  mortalmen  he  contra  lo 
S.  Sperit.  Exemple.  Ieu  hiey  tant  manjat  que  no  me  curi  plus 
de  manjar,  mas  ieu  sabi  be  que  es  mal  fach  de  manjar  plus, 
mas  ieu  voli  manjar  per  so  que  ieu  sabi  be  que  es  mal  fach  de 
manjar  plus,  he  se  apela  de  certa  malicia,  quar  non  es  pas  ex 
temptaciou,  quar  natura  no  me  enclina  pas  de  plus  manjar,  ni 
non  es  pas  de  ignoransa,  quar  ieu  sabi  be  que  fau  mal,  he  es 
contra  [lo  Sant  Sperit,  quar  lo  Sant  Sperit  es  bontat,  hc  ieu  no 
pequi  pas  per  be  que  ieu  trobe  en  tal  acte,  quar  el  no  hi  ha  ni 
be  délectable,  ni  utial,  ni  honeste. 

Aiitra  régla  per  conoysser  quant  hom  pecca  contra  lo  Sant 
Sperit.  Totas  ves  que  ieu  prepausi  de  jamay  no  aver  contriciou 
ni  repentensa  de  mos  peccatz,  he  que  me  es  avist  que  Dieu 
no  me  perdonaria  jamay,  he  per  so  ieu  voli  far  al  piegz 
que  ieu  poyriey  juscas  a  la  fi,  ieu  pequi  mortalmen  hc 
contra  lo  Sant  Sperit,  car  ieu  me  desperi  de  la  bontat  he  mi- 
sericordia  de  Dieu,  he  aquest  peccat  es  enremissible  he  en 
aquest  munde  he  en  l'autre,  quar  ieu  prepausi  de  jamays  no 
aver  perdo  ni  aver  repentensa  de  mos  peccatz,  he  per  so  es  en- 
remissible, quar  quant  ieu  volria  layssar  aquesta  obstinaciou  he 
m'en  volria  retornar  à  Dieu,  ieu  auria  rémission  de  mos  pec- 
catz. 

Autra  régla  per  conoysser  quant  hom  pecca  contra  lo  Sant  Spe- 
rit. Totas  ves  que  ieu  hiey  enveja  per  so  que  un  autre  es  dévot, 
ho  servis  be  a  Dieu,  hoseguarda  de  peccar,  ho  ha  belcop  de  gracias 
de  Dieu,  ieu  pequi  mortalmen  he  contra  lo  Sant  Sperit,  per  so 
[fol.  ^i8]  que  lo  Sant  Sperit  per  sa  bontat  li  ha  donat  aqueslas 
gracias,  he  en  aquestas  gracias  es  mostrada  la  gracia  del  Sant 
Sperit  ;  ieu  pequi  contra  lo  Sant  Sperit  en  ne  aven  enveja.  Se  cl 

1.   Antonin,  lit.  Mil,  cap.  viii. 


322  f^L.    BRUNEL. 

me  sabia  mal  per  so  que  ieu  no  soy  si  bo  coma  cl,  ieu  no  pecca- 
ria  pas,  mas  faria  be  bona  obra.  En  belcop  de  autras  fayssos 
he  manievras  hom  pot  peccar  contra  lo  Sant  Sperit,  mas  aques- 
tas  so  las  principals  fayssos. 

[3.  Blasfemia.]' 

Régla  perconoysser  ql  ant  hom  blasfema  Dieu.  Totas  ves  que 
ieu  osti  a  Dieu  aquo  que  li  aperte  ho  li  attribuissi  aquo  que  no 
li  aperte  pas,  ieu  pequi  mortalmen  heblasfemi,  coma  quant  ieu 
dizi  ;  «  La  testa,  lo  ventre,  lo  sang  de  Dieu!  »,  car  en  Dieu  non 
ha  ponch  de  partidas,  ho  quant  ieu  diria  que  ieu  soy  Dieu.  En 
ayssi  totas  ves  que  ieu  diria  (jue  las  erbas  culhidasen  una  hora 
an  plus  de  vertut  que  se  ero  culhidas  en  autra  hora,  he  en  ayssi 
quant  ieu  doni  fe  ad  encantadors,  hoconjurados.ho  a  charmos, 
boa  breus  ont  el  hi  ha  vocables  que  hom  no  los  enten  ponch,  he 
parelhamen  quant  ieu  crezi  que  las  'costellacios  del  cel  podo 
constrenge  lo  home  de  peccar  he  podo  ostar  lo  franc  he  libéral 
arbitre  del  home,  totas  he  tantas  vos  que  ieu  fau  aysso  ho  sos- 
teni  aquels  que  ho  fan,  ieu  pequi  mortalmen °. 

\/i.   Ignoransa.]' 
Hegi.a  per  novoYssER  Quwr  noM  pecca  per  lr.\nRA>SA,  he  e\" 

QUINH    temps    hom    DEU    PENRE     LOS    A?iS     HE    DISCRECIOL  .   TotaS  VCS 

que  ieu  ignori  aquo  que  ieu  devi  saber,  ieu  pecqui  mortalmen, 
enquaras  quanl  ieu  uo  faria  alcuna  obra  mal  fâcha,  per  so  que 
ieu  ignori  a{|no  (pie  ieu  devi  saber,  ieu  pecqui  mortalmen.  He 
que  es  aquo  que  ieu  devi  saber?  Ieu  devi  saber  afjuo  cpie  es 
necessari  a  mon  salut,  so  es  assaber  de  conoyssec  quant  ieu 
|)r(|ui  luorlahncn  ho  venialmen,  he  (mi  ayssi  de  doptar  de  una 
causa  si  es  bcn  farha  ho  mal  fâcha,  aili  (pie  ieu  no  me  meta  pas 


I.  Noir  ci-flossn.s,  cil.  III,  S  3. 

7.  I,es  ni(''incs  prescriptions  soni  f'ailcs  plus  cxplicilcinciit  dans  le 
second  trailô,  ch.  I. 
3.  O  paragraphe  est  annonce  ci-dessus,  ch.  Il,  5  i. 


OPUSCULES    PROVENÇAUX    DU    W     SIÈCLE.  223 

a  la  far,  que  ieu  non'  demande  consclh  devant  que  ieu  la  Passa. 
Tu  me  diras  :  «  En  quinh  temps  devi  ieu  saber  he  conoysscr 
quant  ieu  pequi  mortalmen?  IIo  devi  ieu  saber  a  .vij.  ans,  ho 
a  .xiiij.,  ho  a  .x.,  ho  en  quinh  temps?  He  en  ([uinha  manieyra 
ho  podi  ieu  saber  que  sia  peccat  mortal?  »  Los  doclors  comu- 
namen  meto  que  a  .xiiij.  ans  al  mens  hom  dcu  saber  quant 
hom  pecca  mortalmen,  al  mens  en  aquel  temps  la.  [fol.  'tH  v"\ 
He  davant  .xiiij.  ans,  se  hom  ha  consciensa  he  razo  li  dicta  (jue 
aquo  que  el  fa  es  mal  fach  he  es  contra  Dieu,  el  pecca  mortal- 
men, en  quinh  atge  he  en  quinh  temps  que  hom  sia,  quant 
séria  ho  a  .v.  ans,  ho  a  .vj.,  ho  a  .vij.;  he  per  so  quant  los  doc- 
tors  diso  que  a  .xiiij.  ans  hom  deu  conoysser  quant  hom  pecca, 
no  volo  pas  dire  que  hom  no  puesca  peccar  davant,  he  en  ayssi 
el  hy  ha  de  enfans  que  a  .x.  ans  so  plus  agutz  he  conoyssens 
que  los  autres  a  .xiiij.,  he  per  so  hom  no  pot  bonamen  baylar 
régla  generala  de  af(uo,  mas  al  mens  a  .xiiij.  ans  hom  es  capa- 
ble que  deu  conoysser  que  deu  far  he  que  deu  layssar  a  far 
segon  Dieu,  ho  ne  deu  doptar  et  demandar  conselh  als  sages. 
«  He  quossi  al  atge  de  .xiiij.  ans  ho  podi  saber?  —  La  faysso  es 
aquesta  :  Ieu  vesi  al  atge  de  .vij.  ans  que  mos  parens  van  a  la 
gleysa  los  dimenges  he  las  festas,  lie  que  tôt  lo  munde  hy  va, 
per  razo  naturala  ieu  conoyssi  que  hom  es  tengut  de  hy  anar, 
he  que  séria  mal  fach  de  no  hy  anar.  Apres  mos  parens  me 
devo  mostrar  quossi  cove  creyre  en  Dieu  he  lo  amar  sobre  tôt, 
lie  me  devo  mostrar  los  articles  de  la  fe,  he  que  ieu  no  devi  ju- 
rar,  ni  perjurar,  ni  raubar,  he  en  ayssi  de  las  autras  causas  que 
veno  en  joynessa,  coma  de  honorar  he  aver  en  rèverencia  lo 
payre  he  la  mayre  he  gens  de  gleysa,  non  esser  pas  ergolhos  ni 
gorjut,  he  que  ieu  faria  contra  Dieu,  he  que  ieu  séria  dampnat, 
se  ieu  ho  fazia;  adoncas,  se  ieu  ho  fau,  ieu  pecqui  mortalmen. 
Apres,  ieu  \au  a  la  gleysa,  he  lo  rector  deu  mostrar  en  (juala 
manieyra  hom  offensa  Dieu  mortalmen,  coma  en  palhardisa,  ho 
en  erguelh,  ho  en  avaricia,  he  en  ayssi,  davant  que  ieu  vengua  a 
far  tais  causas,  so  es  assaber  davant  (jue  ieu  sia  tentât  deluxuria, 
ho  de  avaricia,  ho  de  belcop  de  autras  causas,  se  ieu  hiey  fach 

I.  Corrigez  ne. 


224 


CL.    BRUNEL. 


diligencia  de  anar  a  la  gleysa  he  de  ausir  los  sermos,  ieu  ho  podi 
be  sabcr.  —  He  se  ni  parens,  ni  curatz,  ni  uns  ni  autres  jamays 
no  m'en  an  re  mostrat,  quossi  ho  podi  ieu  saber?  —  Ieu  ho 
podi  saber  quar  razo  naturala  demostra  de  belcop  de  causas  se 
so  be  fâchas  ho  mal  fâchas.  »  He  en  ayssi  es  la  manieyra  de 
vieuie  [fol.  ^/Pj  dels  Christias.  He  belcop  de  causas  fa  l'enfan 
que  pecca  mortalmen,  he  aquo  que  fa  de  nature  delà  obra  no  es 
que  pecca t  venial. 

(A  suivre.)  Cl.   Brunel. 


BERNARD  DE  PANASSAG 
ET  GUILLAUME  ((  DE  VILLARIBUS  » 

D'APRÈS  DES  DOCUMENTS  NOUVEAIjX 


Le  présent  article  est  destiné  à  compléter  et  à  rectifier 
celui  que  j'ai  publié  ici  même,  en  1915,  sous  ce  titre  : 
Bernard  de  Panassac,  un  des  fondateurs  des  Jeux  Floraux''. 

En  ce  qui  concerne  Panassac  considéré  comme  trouba- 
dour, je  n'ai  rien  à  ajouter.  Mais  il  y  a  lieu  de  revenir 
sur  trois  points  connexes  à  sa  biographie  :  son  procès, 
le  mariage  de  sa  fille  «  Albria  »,  la  personnalité  de  Cuil- 
laume  «  de  Villaribus  ».  mari  de  cette  dernière. 

De  là,  trois  chapitres  distincts  entre  lesquels  je  vais 
répartir  ma  matière,  avec  le  regret  de  ne  pouvoir  quamor- 
cer  le  dernier. 

I.  —  Le  procès  de  Bernard  de  Panassac. 

Les  documents  publiés  ne  donnent  pas  l'indication  de 
Tannée  où  «  le  tribunal  du  sénéchal  de  Toulouse  eut  à 
juger  un  procès  considérable  dans  lequel  étaient  impli- 
qués une  trentaine  de  personnages  gascons,  nobles  et 
autres,  dont  le  plus  marquant,  cité  en  tête  de  la  liste,  était 
Bernard  de  Panassac  ».  J'ai  dû  me  borner  à  constater  que 
la  date  de  l'afl'aire  était  «  antérieure  au  mois  de  janvier 

I.  Ann.  du  Midi,  t.  WVII,  pp.  37-51. 


226  A.    THOMAS. 

i336'  n.  Des  documents  nouveaux  permettent  d'affirmer 
aujourd'hui  que  la  date  cherchée  est  antérieure  même 
à  i33i.  Voici  en  effet  les  deux  mentions  que  mes  recher- 
ches m'ont  fait  découvrir,  en  février  1916,  dans  un  regis- 
tre du  greffe  du  Parlement  de  Paris  conservé  aux  Archives 
nationales  et  coté  X'A  8845  "-  : 

1"  Session  du  Parlement  de  1331-1332  (28  mai  1332). 

Inter  procuratorem  noslrum,   pro  nobis,  et  Bernardum  de 

Panassaco.  Renovata  est  eorum  commissio  ad  niagislros  Johan- 

nem  de  Halis  '  et  Guidonem  Bonaffocii  \  clericos,   die  xxviij 

maii. 

(Reg.  cité,  fol.  260  v"). 

2"  Session  du  Parlement  de  1332-1333  (31  mai  1333). 

Inter  procuratorem  nostrum,  pro  nobis,  ex  una  parte,  et  Ber- 
nardnin  de  Panessaco  (sic),  ex  altéra.  Renovata  est  eorum  com- 
missio  ad  magistrum  Johannem  de  Halis  et  judicem  majorem 
senescallie  Tholose^  die  ultima  maii. 

(Ibid.,  fol.  826  r"). 

1.  Annales  du  Midi.  t.  XWII.  pp.  88-39. 

2.  Ce  registre  va  de  1838  à  i334.  Je  crois  pouvoir  affirmer  qu'il 
n'y  a  rien  de  relatif  à  l'affaire  Panassac  ni  dans  le  registre  précédent 
(X'A  HS!i'i,  de  !3i9  à  iSrîS),  ni  dans  le  registre  suivant  (X'A  88^6. 
de  i334  à  i337). 

3.  Sur  Jean  de  Haies,  menibrc  de  la  Chambre  des  Enquêtes  du 
Parlement,  voir  Auberl,  l.e  Parlement  de  Paris  de  Philippe  le  Bel  à 
Charles  Ml.  I.  I!  (Paris.  1890).  p.  809;  je  crois  qu'il  vaut  mieux 
l'appeler  J.  de  llales  que  J.  de.f  Halles,  comme  le  fait  F.  Auberl. 

II.  (]c  commissaire,  dont  le  nom  accuse  l'origine  méridionale,  est 
mentionné  comme  procureur  du  comte  d'Armagnac  et  de  la  vicom- 
tesse de  Lautrec,  le  27  novembre  i33o  :  «  Guido  Bonafocii,  procu- 
ralor  comitis  Armaniaci  et  vicecomifisse  Laulricensis  »  (Arch.  nat., 
X'A  88'|."),  fol.  9.00  v").  En  langue  vulgaire  du  Midi,  on  devait  écrire 
alors  lionafos;  par  la  suile,  la  graphie  es!  devenue  lionafons.  Bonnn- 
faii.c,  etc. 

.").  Le  juge  mage  en  qucsliou  csl  Etienne  Alberl  ou  Anhert  [Slepha- 
nns  Mlierli).  qui  avait  exercé  antérieurement  rofïicc  déjuge  ordinaire 


BERNARD    DE    PANASSAC.  02  7 

Pour  que  les  deux  commissaires  chargés  de  faire  iiiic 
enquête  sur  le  procès  de  Panassac  aient  vu  renouveler 
leur  commission  le  28  mai  i332,  il  faut  que  l'appel  des 
condamnés  de  Toulouse  ait  été  relevé  devant  le  Parle- 
ment au  plus  tard  dans  la  session  précédente,  c'est-à-dire 
à  la  fin  de  l'année  i33o.  La  première  nomination  de  ces 
commissaires  n'a  pas  été  enregistrée  par  le  grelFier.  La 
sentence  des  juges  de  Toulouse  est  demeurée  introuvable. 
D'après  les  lettres  royaux  datées  de  Toulouse,  le  23  jan- 
vier i336,  et  confirmées  par  celles  qui  furent  expédiées, 
le  mois  suivant,  à  Montpellier',  Panassac  avait  été  con- 
damné à  payer  une  double  amende  :  2.000  livres  tour- 
nois en  monnaie  faible,  et  2.000  livres  tournois  en  mon- 
naie fortes  II  y  a  là  un  précieux  indice  chronologique  : 
la  sentence  en  question  est  nécessairement  postérieure  au 
relèvement  de  la  monnaie  royale,  c'est-à-dire  au  25  dé- 
cembre 1329  ^  Comme  nous  avons  montré  qu'elle  doit 

de  Toulouse,  au  moins  dès  le  5  juin  1823  (Arch.  nat.,  JJ  61,  n"  i^r?) 
et  encore  le  26  octobre  1828  (Arch.  nat.,  JJ  66,  n"  72^;.  Il  figure 
comme  juge  mage  dans  différents  documents  qui  vont  du  1 1  dé- 
cembre 1829  (Arch.  nat.,  J J  66,  n°  iioi)  au  20  décembre  i333  ("Arch. 
nat.,  JJ  66,  n"  1857). 

1.  Ces  lettres,  que  j"ai  publiées  d'après  le  registre  du  parlement 
X'A  8,  sont  aussi  transcrites  dans  le  registre  de  la  chancellerie  colé 
JJ  69,  sous  le  n"  285,  fol.  102,  qui  nous  a  seul  conservé  la  formule 
finale  :  Per  dominum  Regem  ad  relacionem  vestram,  Math[els].  Le 
chancelier  dont  la  relation  est  visée  est  Gui  Baudet,  mort  évoque  de 
Langres  au  commencement  de  i838.  Le  texte  de  JJ  69  est  d'ailleurs 
très  défectueux.  La  rubrique  est  ainsi  conçue  :  QunUler  dominas  rex 
remicHt  Albrle  el  Moscoerose,  filiabus  el  heredilms  Bernnrdi.  de  Pensnco 
penain  sive  ordinacionein  dirrupcionis  faciende  in  donio  seu  J'orlnUcio  de 
Roueda.  Dans  le  corps  même  de  l'acle.  le  scribe  écrit  :  Albria  Mos- 
coerosa  (en  omettant  la  conjonction  el)  et  Bernardi  de  Penensaco. 

2.  Voir  Ann.  du  Midi,  loc.  cit.,  pp.  ^9  et  00.  Un  fâcheux  lapsus  calaini, 
relevé  lourdement  par  M.  Furgeot  {Ann.  du  Midi,  t.  XXYIIL  p.  892), 
m'a  fait  écrire,  dans  une  note  (loc.  cit.,  p.  3r)),  forte  au  lieu  do  faible  : 
j'en  fais  mes  excuses  au  lecteur. 

3.  Cf.  Ad.  ^'uilry,  Eludes  sur  le  réyiine  financier  de  la  France,  nou- 
velle série,  t.  II  (Paris,  i883),  p.  222  et  s. 


2  28  A.    THOMAS. 

être  antérieure  à  la  session  du  Parlement  qui  s'ouvrit  à 
la  fin  de  l'année  suivante,  nous  pouvons  la  dater  de  i33o, 
presque  aussi  sûrement  que  si  le  texte  nous  en  était 
parvenu.  Elle  doit  donc  émaner  du  sénéchal  Béraud,  sei- 
gneur de  Solignac,  successeur  de  Jean  de  Trie  et  prédé- 
cesseur de  Savari  de  Yivonne. 

Bernard  de  Panassac  mourut  entre  le  3i  mai  i333  et  le 
23  janvier  i336.  Malgré  sa  mort,  malgré  la  double  grâce 
faite  par  Philippe  III  à  ses  héritiers,  le  Parlement  conti- 
nua, comme  je  l'ai  dit,  à  instruire  la  cause  d'appel. 
Larrêt  fut  rendu  seulement  le  23  décembre  i338  :  rien 
ne  saurait  ébranler  cette  date,  quoi  qu'en  puisse  penser 
M.  Furgeot'.  Mais  ici  se  pose  une  question  délicate,  que 
je  n'ai  pas  résolue  clairement  dans  mon  exposition  de 
l'affaire,  et  que  je  vais  reprendre. 

Nous  avons  deux  libellés  de  cet  arrêt  dans  le  registre 
de  la  session  de  i338-i339,  tous  deux  datés  du  23  décem- 
bre, le  second  plus  favorable  que  le  premier  à  la  mémoire 
et  aux  héritiers  de  Panassac.  Le  premier  n'est  pas,  comme 
je  l'ai  dit,  un  ilictiun  antérieur  au  moment  où  le  Parle- 
ment fut  informé  par  la  famille  de  la  double  grâce  que 
lui  avait  faite  le  roi,  puisque  les  lettres  accordant  la  grâce 
sont  transcrites  à  la  suite  de  ce  libellé.  Il  faut  donc  ad- 
mettre que,  l'arrêt  une  fois  rendu,  une  pression  s'exerça 
sur  les  magistrats  pour  faire  modifier  les  termes  de  l'arrêt, 
que  les  magistrats  cédèrent  à  celte  pression  et  qu'ils  con- 
sentirent à  la  modification  demandée  :  de  là  la  radiation 
de  l'arrêt  dans  .sa  premic're  forme  et  une  nouvelle  rédac- 
lif)n,  destinée  à  flevenir  délinitive,  rédaction  à  laquelle 
on  maintint  la  date  priniili\('  du  :»3  décembre  i338,  et 
qui  fut  vraisemblablement  libellée  avant  la  fin  de  la  ses- 
sion de  1 338-1 339.  Le  nom  du  conseiller  rapporteur  se 

I.  cr.  .\/(/(. ./(/  .Midi.  [.  \\\  III.  |)|,.  ;)()i  ;}(j2. 


BERWRD    DD    PVNASSAC.  229 

lit  au  bas  du  texte  :  J.  Bescoti.  Goiiime  je  l'ai  dit',  Jean 
Le  Bescot  n'a  été  noiiirné  membre  de  la  Chambre  des 
Enquêtes  que  le  i6  novendjre  i336  :  le  fait  a  été  indiqué 
depuis  longtemps,  d'après  le  registre  X'A  88'|G,  fol.  iG3-. 

II.  —  Le  mariage  d'  u  Albria  »  de  Panassac. 

Le  lecteur  ne  peut  avoir  oublié  le  morceau  de  bravoure 
dans  lequel  M.  Furgeot  a  «  reconstitué  »  les  préliminaires 
du  mariage  d'  «  Albria  »  de  Panassac  avec  Guillaume 
«  de  Yillaribus'  ».  Je  n'ai  garde,  à  mon  tour,  de  lâcher 
la  bride  à  mon  imagination  :  ce  n'est  pas  pour  ce  genre 
de  littérature  que  j'ai  fondé  les  Annales  du  Midi.  Je  re- 
grette même  d'avoir  dit  avec  trop  d'assurance  que  les 
futurs  époux  étaient  fiancés  au  moment  de  la  mort  de 
Panassac.  Certes,  étant  bien  établi  que  Panassac  et  le  futur 
mari  de  sa  fille  ont  résidé  tous  deux  à  Toulouse  dès 
l'année  i323,  on  peut  supposer  que  des  relations  se  sont 
nouées  entre  le  troubadour  et  le  magistrat;  mais  ce  n'est 
là  qu'une  conjecture.  Le  projet  de  mariage  nous  est  révélé 
par  des  lettres  de  Philippe  YI  datées  de  Toulouse  le 
23  janvier  i336  :  contentons-nous  de  sa\oir  cela,  et  ne 
sollicitons  pas  trop  les  documents. 

Au  moment  oi!i  j'ai  rédigé  mon  premier  article,  je  me 
figurais  que  G.  «  de  Villaribus  »  se  trouvait  à  Toulouse 
quand  le  roi  de  France  y  arriva.  M.  Furgeot  suppose  que 
le  roi  l'amena  avec  lui  de  Paris  ou  des  environs,  quand 
il  se  mit  en  route  pour  le  Midi*.  Mieux  informé  aujour- 
d'hui, je  n'hésite  pas  à  déclarer  que  M.  Furgeot  a  vu 


1.  Ann.  du  Midi,  t.  XXVIII,  p.  SgS. 

2.  Félix  Aubert,  Le  Parlement  de  Paris  de  Philippe  le  Bel  à  Charles  VIL 
son  organisation  (Paris,  1886),  p.  /I9,  note  2. 

3.  Ann.  du  Midi,  t.  XXVIII,  p.  891. 

4.  Loc.  cit.,  p.  390. 


23o  A.    THOMAS. 

juste  sur  ce  point.  On  trouve  en  effet  Guillaume  «  de  Vil- 
laribus  »  auprès  du  roi  dans  plusieurs  lettres  de  chan- 
cellerie qui  s'échelonnent  de  juillet  à  novembre  i335  et 
sont  datées  des  divers  lieux  oii  séjourna  Philippe  VI  à 
cette  époque  (Pontoise,  Yincennes,  Boulogne-sur-Mer, 
Baugé,  etc.  '). 


III.  —  Guillaume  «  de  Villaribus  w. 

Comment  faut-il  énoncer  le  nom  du  mari  d'  «  Albria  » 
de  Panassac?  Dans  mon  précédent  article,  je  Tai  appelé, 
en  passant,  «  Guilhem  de  Villars  »,  et  même,  plus  sim- 
plement, «  Guilhem  de  A  ilars-  »  parce  que  je  voyais  en 
lui  un  Méridional.  Je  ne  tiens  pas  à  «  Guilhem  )>.  Et,  à 
vrai  dire,  pour  qui  écrit  en  français  et  non  en  «  ro- 
man »  du  Midi,  mieux  vaut  user  de  «  Guillaume  »  que  de 
«  Guilhem  »,  n'en  déplaise  aux  amis  du  «  félibrige  »  ; 
cela  a  l'avantage  de  ne  rien  préjuger  sur  le  fond  de  la 
question,  qui  seul  importe.  On  a  l'habitude  de  dire 
«  Guillaume  »  et  non  «  Guilhem  »  quand  on  parle  du 
célèbre  Nogaret;  on  peut  faire  de  même  pour  Guillaume 
«  de  Villaribus  »,  qu'il  soit  du  Nord  ou  du  Midi,  de  la 
région  oià  le  latin  vulgaire  villares  (pluriel)  garde  son  a 
tonique,  ou  de  celle  où  Va  a  évolué  en  e. 

Au  moment  où  j'écris  ces  lignes  ^  malgré  de  longues 
recherches,  je  n'ai  trouvé  aucun  document  explicite  sur 
la  patrie  du  mari  d'  «  Albria  »  de  Panassac.  Jusqu'ici  on 
n'a  pas  produit  de  témoignage  sur  sa  carrière  avant  la 
date  de  iS^^y.  Je  puis  affirmer  non  seulement  qu'il  était 
<^*^JiÀ  jugt^   tles  appeaux  civils   à  Toulouse  le   i4   décem- 


I.  Reg.  du  Trc'sor  tlps  Chartos,  JJ  Gg,  passiin. 
a.  Anii.  du  .\Jiili,  l.  WMI,  pp.  89,  4o,  '49  (noie  5). 
3.  ^7  juillet  1917. 


BERNARD    DE    PANVSSAC.  ySl 

bre  i323,  mais  qu'avant  tl'occuper  ces  fonctions,  il  était 
juge  de  la  jugerie  de  Rivière,  dès  le  f\  mars  précédent'.  Il 
est  certain  que  des  documents  français  émanésde  la  chan- 
cellerie royale,  et  même  d'ailleurs,  énoncent  son  nom  de 
famille,  à  partir  de  1827,  «  Villers  »  ou  «  Yilliers  ».  Voir 
là  une  présomption  en  faveur  de  l'origine  «  française  » 
de  maître  Guillaume,  c'est  peut-être  imprudent.  Mais 
comme  dans  la  seconde  partie  de  sa  carrière,  qui  pa- 
raît s'être  terminée  en  iS/jô  ou  peu  après,  il  adopte  lui- 
même  la  forme  française  (ou  francisée),  le  plus  sinqjlc 
est  de  l'imiter  en  disant  «  Guillaume  de  Villers  ». 

C'est  ce  que  je  ferai  dans  un  prochain  article  que 
j'espère  lui  consacrer  ici  même,  article  oii  seront  grou- 
pés les  nombreux  actes  qui  le  concernent,  et  avant  tout 
ceux  qui  intéressent  le  Midi  de  la  France.  A  cette  occa- 
sion, la  question  de  l'origine  et  de  la  forme  de  son  nom 
de  famille  sera  examinée  sous  toutes  ses  faces.  Que  le  lec- 
teur veuille  bien  me  faire  crédit. 

Antoine  Thomas. 


I.  Il  avait  probablement  succédé  dans   ces  fonctions  à  llaimond 
Court,  qui  les  exerçait  en  iSig. 


MÉLAMiES  ET  DOCUMENTS 


LE    NOM    DE    FLEUVE    «   AUDE   »  ' 

Dans  la  brochure  intitulée  :  Noie  sur  les  ports  antiques 
de  I\arl)onne,  que  M.  Henri  Rouzaud  a  récemment  publiée 
et  que  mon  confrère  et  ami  M.  Jullian  a  présentée  à 
l'Académie  des  Inscriptions  avec  de  grands  éloges  %  trois 
pages^  sont  consacrées  à  des  spéculations  philologiques. 
Elles  forment  un  paragraphe  spécial,  sous  la  rubrique  : 
((  Deux  noms  à  expliquer  :  Ataj-  et  Aude.  »  M.  Rouzaud 
y  émet  les  propositions  suivantes*  : 

1"  Il  n'y  a  aucune  relation,  aucune  parenté  philolo- 
gique entre  le  nom  ancien  Aiax  et  le  nom  moderne 
A  ude  ; 

2°  Le  nom  moderne  Aude  représente  l'adjectif-pronom 


1.  Mémoire  lu  ù  l'Académie  des  Iiisciiplions  et  Bclles-Lellres  dans 
la  séance  du  .'^i  aoûl  1917. 

2.  Séance  du  2()  juin  1917.  Il  est  bon  de  dire  que  celle  brochure 
csl  lui  tirage  à  |)arl  des  lomes  XIII  el  XIV  du  ïinllelin  de  la  Commis- 
sion archéologique  de  Navhonne. 

3.  Paffes  /n-/i4. 

,').  Je  laisse  de  côlé  l'oxplicalion  àWlax  comme  un  composé  grec 
pou\anl  signifier  u  l'iriégulier.  l'indiscipliné»,  du  verbe -râaaw  pré- 
cédé d'à  privatif;  je  ne  me  place,  en  ell'et.  que  sur  le  terrain  de  la 
philologie  romane. 


MÉL\NGES    ET    DOCUMENTS.  233 

latin  altenim  employé  siibstantivemonf  par  los  Tiallu-Ho- 
maiiis,  en  sous-enlendaniy/////jr// ; 

3"  Le  nom  ancien  Alax  n'a  pas  survécu,  à  moins  (|u'on 
ne  le  reconnaisse  dans  celui  de  la  Cesse,  alïluent  de  srau- 
clie  de  l'Aude,  en  supposant  (juM/r/^-  s'est  appliqué  d'abord 
spécialement  à  la  Gesse  et  à  la  branche  fluviale  qui  passe 
par  >«arbonne  considérées  comme  un  seul  et  même  cours 
d'eau  coupant  ou  croisant  VfiUeriuu  Jliunen,  c'cst-à-diic 
l'Aude  depuis  sa  souice,  dans  les  Pyrénées,  jus(prà  son 
emboucliure  nord,  près  de  Vendres. 

Ces  propositions  ne  sont  pas  avancées  dune  manière 
ferme.  L'auteur  multiplie  les  formules  dubitatives,  les 
réserves  :  «j'incline  à  croire  »  (p.  l'ii);  «je  n'aflirme  pas, 
je  cherche  une  lueur  »  (p.  4^);  «  la  question  est  pour  moi 
très  ardue  et,  si  je  me  risque  à  l'aborder,  c'est  moins  pour 
la  résoudre  que  pour  faire  appel  au  concours  de  quelque 
spécialiste  plus  qualifié  »  (ibid.). 

Je  suis  particulièrement  tenu  de  répondre  à  cet  appel, 
car  il  y  a  vingt-cinq  ans  que  j'ai  pris  sur  le  premier  point, 
d'oii  découlent  les  deux  autres,  une  position  directement 
contraire  à  celle  de  M.  Rouzaud. 

Et  je  dois  m'expliquer  devant  l'Académie  pour  compléter 
la  présentation  faite  par  mon  ami  ^L  Jullian  et  tempérer 
ses  éloges  par  une  déclaration  catégorique,  que  je  ne 
pourrais  garder  in  [le/lo  sans  li'ahii-  les  intérêts  de  la 
science  :  j'estime  que  les  spéculations  philologiques  conte- 
nues dans  la  brochure  de  M.  Rouzaud  sont  absolument  sans 
valeur.  En  [3 16,  le  cours  de  l'Aude  a  été  bouleversé  [)ar  un 
cataclysme  naturel  qui  a  gravement  compromis  la  prospé- 
rité commerciale  de  Narbonne  et  dont  des  siècles  de  travaux 
et  d'efforts  n'ont  pas  réussi  à  réparer  complètement  les 
conséquences  désastreuses.  Les  idées  de  M.  Rouzaud  ne 
vont  à  rien  moins  qu'à  déchaîner  dans  le  domaine  phi- 
lologique une  autre    manière   de   cataclysme  qui    boule- 

ANNALES    DU    MIDI.   —  WIX.  1" 


23A  ANNALES    DU    MIDI. 

verserait  encore  le  bassin  de  ce  malheuienx  fleuve.  11 
faut  conjurer  le  mal  sans  retard  et  sauver  l'Aude  menacée 
dans  son  intégrité  historique. 

Le  nom  moderne  .lH<:/eest  sorli  par  évolution  phoné- 
tique du  nom  ancien  A/a.r,  et  il  a  son  point  de  départ 
dans  le  cas  oblique  A  (are,  proparoxyton,  forme  où  la 
prononciation  du  latin  vulgaire  réunissait  et  confondait 
l'accusatif  et  l'ablatif  par  suite  de  la  chute  du  ni  qui  ca- 
ractérisait l'accusatif  Atacem.  Mais  comme  les  diflérentes 
étapes  de  cette  évolution  ne  sautent  pas  aux  yeux  à  pre- 
mière vue,  il  est  nécessaire  de  les  préciser  en  éclairant  les 
formes  que  nous  ont  transmises  les  textes  du  haut  Aloyen - 
âge  à  l'aide  des  lumières  de  la  philologie  romane  '. 

M.  Rouzaud  écrit-  :  «  Alax  n'a  pu  se  transformer  en 
Aude  et,  vu  l'absence  de  documents  et  de  formes  inter- 
médiaires, j'en  arrive  à  penser  qu'on  a  dû  les  créer 
pour  désigner  des  choses  différentes,  n  Va  l'absence  de 
documents  et  (te  j ormes  intermédiaires!  M.  Rouzaud 
n'ignore  certainement  pas  qu'il  existe  un  Dictionnaire  to- 
IxKjrapliique  de  l'Aude,  publié  en  1912  par  AI.  Tabbé  Sa- 
barthès,  et  que  dans  ce  recueil  l'article  Aide  est  abon- 
damment documenté'. 

Examinons  les  textes,  |)uisqu('  l'examen  en  a  élé  négligé 
de  parti  pris. 

1.  .Inlcs  (  Miichcral,  dans  son  livre  intitulé  :  De  hi  fuvmulion  J'raii 
raise  des  anciens  noms  de  lien  (Paris,  1867),  li.  80,  a  bien  vu  que  la 
transformation  d'Alax  en  Aude  comporte  une  mélathèse;  mais  la 
série  de  formes  qu'il  établit  (Azeie.  Azie.  Adte)  no  leiid  pas  comi)lo 
de  Va  qui  se  trouve  dans  Aude. 

:>..  Note  citée,  pp.  Ai-Zis. 

.'5.  M.  ral)bé  Sabarthès  n'a  pas  poussé  à  fond  le  dépo\iillemonl  dos 
textes  de  l'antiquité  classique  (voir  un  relevé  plus  complet  dans  l'ar- 
liclo  At.w  de  V Aliceltisctier  Sprachscliatz  d'Alfred  Holder)  ni  dos 
textes  du  Moyen  âge,  mais  il  donne  l'essentiel.  J'aurai  l'occasion  do 
citer  ci-dessous  quelques  textes  médiévaux,  non  dénués  d'intérêt,  . 
qu'il  a  omis,  et  aussi  do  rectifior  la  citation  (ju'il  a  faite  d'un  acte 
de  luSg. 


Ml:Lv^GI•s  i;t   docuaien  ts. 


Le  pi'cmier  qui  s'oflVc  à  nous  est  celui  du  coulimuilcui- 
(le  la  chronique  dite  de  Frédég-aire.  On  y  lit,  sous  l'an- 
née 707  :  super  [(lire  Jhivii).  Doue  \(Hcr  poui'  Marc.  1/al- 
raiblissement  ou  sonorisation  du  /  intervocaliquc  en  d  est 
lin  phénomène  si  connu  et  si  anciennement  attesté  en 
latin  vulgaire,  quil  n'y  a  pas  lieu  de  le  comnienter. 
Quant  au  changemeni  de  IV/  pénultième  en  /,  dans  un 
mot  pioparoxyton  comme  Atace,  il  rentre  dans  une  loi 
générale  dont  j'ai  établi  l'existence,  dès  1892,  par  de  mul- 
tiples exemples,  au  cours  de  mon  étude  étymologique 
sur  le  mot  français  aise,  élude  où  j'ai  précisément  l'ait 
état  du  nom  de  l'Aude'. 

Le  Dictionnaire  fopographique  de  l'Aude  ne  donne  aucun 
texte  indigène  entre  707  et  91 V.  Pour  le  x"  siècle,  il  n'en 
donne  que  deux  :  «  In  Jhiviuni  Ataze,  914  {II-  L.\  V, 
pr.  t\\);  In  Jhimine  A:ate,  978  (Doat,  07,  fol.  20).  Ce  der- 
nier texte  figure  aussi  dans  l'édition  Privât  de  Vllisfoire 
de  Languedoc,  V,  pr.  129,  col.  2  83-1,  où  A.  Mol i nier  l'a 
publié  d'après  la  copie  de  Doat  visée  par  l'abbé  Sabar- 
Ihès;  l'édition  et  la  copie  portent  :  A:ali,  et  non  A:ale, 
mais  ce  menu  détail  est  sans  importance.  11  existe  d'au- 
tres textes  pour  le  x"  siècle;  il  est  bon  de  les  enregistrei', 
par  ordre  chronologique  :  super  ^fluvium  Alax,  908  (di- 
plôme de  Charles  le  Simple  pour  Lagrasse,  //.  L.,  V, 
pr.  3/t);  super  Jluriuni    \:ale,   iy?.:)  (donation   du  vicomte 


I.  Romania,  X\I.  ôii;  cf.  la  ri-impression  de  celle  élude  dans  mes 
Essais  de  philologie  française  (1897),  pp.  3i4-2U). 

a.  Il  en  existe  cependant  au  moins  deux  pour  le  ix'  siècle,  que  je 
noie  ici  pour  mémoire  :  super  Jlaoium  qui  vocalur  Atax.  8i4  (diplôme 
de  l'empereur  Louis  pour  Lagrasse,  H.  L.,  IL  pr.  29);  super  Jîuviuin 
Atacio...  inflavio  Atace,  8V1  environ  (//.  L..  IL  pr.  124).  —  La  forme 
h:das,  relevée  par  le  D/e/.  lopogr.  dans  1' Vnonymede  Ravenne,  est  trop 
altérée  pour  mériter  considérai  ion. 

3.  Par  l'abrévialion  //.  L.  il  faut  eiiloiidre  VHishire  de  Languedoc 
des  Bénédictins,  édition  Privai. 


236  AXNALES    DU    MIDI. 

Vulveradus  à  Saint-Paul  de  >.aibonne,  //.  L.,  V,  pr.  5i'); 
superfluvlum  Atace,  926  (donalioii  de  Tendericus  à  la  ca- 
thédrale de  Narbonne,  //.  L.,  V,  pr.  53);  ///  ripd  de  Jhi- 
inine  Atace,  ^b^  (bulle  du  pape  Agapet  |)our  Saint-Martin 
de  Lez,  aujourd'hui  Saint-Martin-Lys,  //.  L.,  V,  pr.  gO). 
Au  X*  siècle  apparaissent  donc  pour  la  première  fois,  à 
côté  des  formes  classiques  A(ax  et  Atace,  trois  formes 
qui  attestent  la  sonorisation  et  l'assibilation  du  c  primitif 
en  :  (Afaze,  Azate,  Azati),  phénomène  bien  connu,  qui 
s'est  produit  en  Gaule  au  moins  dès  le  vn''  siècle-. 

Deux  de  ces  formes  {Azate,  Azati)  nous  montrent  une 
métathèse  entre  le  /  et  le  :;  cette  métathèse  est  la  pierre 
angulaire  de  l'évolution  qui  a  abouti  à  la  forme  moderne 
yiiide.  Nous  retrouvons,  au  xi-  siècle,  quatre  formes  ana- 
logues, dont  le  Dictiofinaire  topuyraphique  n'a  relevé  que 
deux  :  juxta  Jhicuim  Azalis,  io'6'i  (donation  du  comte  de 
Rodez  à  Saint-Paul  de  Narbonne,  //.  L.,  V,  pr.  198); 
juxta  JhuHuin  Azcdis,  io34  (engagement  d'Ermesinde  ù 
Saint-Paul  de  Narbonne,  original,  //.  L.,  V,  pr.  200);  /// 
JUunine  Azate...,  in  Jlumine  Azete,  io53-io6o  (accord  entre 
l'abbé  de  Saint-Paul  de  Narbonne  et  des  particuliers,  ori- 
ginal, Bibl.  nat.,  lat.  52ii  d,  n"  7,  publié  par  A.  Giry, 
Manuel  de  diplomatique,  p.  l^f^b,  d'après  un  fac-similé  de 
l'Ecole  des  chartes,  sans  référence  à  l'original).  La  méta- 
thèse est  un  accident  particulièrement  fréquent  dans  les 
proparoxytons  :  les  consonnes  qui  se  trouvent  au  com- 
mencement des  deux  dernières  syllabes  font  volontiers  un 
chassé-croisé.  Les  noms  communs  n'y  échappent  pas  plus 
que  les  noms  propres,  en  français  aussi  bien  qu'en  pro- 
vençal :  le  latin  corulus  ou  corylas,  «  noisetier  »,  a  été  gé- 
néralement altéré  en  "coUwu.s,  ce  qui  explique  le  français 

1.  Le  texte  imiDrimé  porte  :  Alaze;  mais  ta  copie  de  Doat,  seule 
source  connue,  porte  rcellenicnt,  conmie  je  m'en  suis  assuré,  Azale. 

2.  Voir  G.  Paris,  Mélanyen  Unçjuisliques,  p.  ia5. 


MELANGES    ET    DOCUiME.NTS.  237 

primitif  coldre,  aujourd'hui  coudre  (d'où  les  dérivés  coa- 
draie,  coudrier,  etc.),  dialectalement  coure,  raure,  et  le  pro- 
vençal (surtout  limousin)  colre,  coure:  le  latin  Jica/uui 
(proparoxyion)  ((  foie  »  a  eu  une  prononciation  concur- 
rente \fdacum,  laquelle  a  abouti  notamment  au  provençal 
jetge,  etc.  Citons  deux  noms  de  lieu  :  le  nom  de  la  ville 
de  Chartres  n'est  explicable  que  par  l'hypothèse  d'une 
forme  vulgaire  *Carfunis  qui  a  pris  la  place  de  Carnutis^; 
celui  de  la  ville  de  Vannes,  jadis  Vennes,  suppose  de  môme 
une  très  ancienne  prononciation  *Vetems  au  lieu  de  Ve- 
netis^. 

La  métathèse  peut  être  plus  *ou  moins  ancienne,  selon 
les  cas.  En  ce  qui  concerne  le  nom  de  l'Aude,  elle  est  cer- 
tainement postérieure  à  la  sonorisation  et  à  l'assibilation 
du  c  (prononcé  primitivement  A),  au  moins  en  tant  que 
génératrice  de  la  forme  moderne.  Il  se  peut,  certes,  qu'à 
l'époque  reculée  ori  le  c  était  encore  prononcé  comme 
une  consonne  explosive  [U) ,  d'aucuns  aient  prononcé 
*Akale  pour  *Atake,  mais  cette  prononciation  n'a  pas 
laissé  de  traces  durables  dans  les  parlers  cispyrénéens'. 
Au  contraire,  la  même  tendance  à  intervertir  l'ordre 
des  consonnes  s'étant  produite   (ou   maintenue)   lorsque 

1.  G'esl  ce  qu'a  bien  vu  Jules  Quicherat  dans  son  livre  inti- 
tulé :  De  la  formalion  française  des  anciens  noms  de  lieu,  p.  34. 

2.  En  revanche,  l'explication  du  nom  de  la  ville  de  Bordeaux  {gns- 
con  Bordeii  dans  les  j^lus  anciens  textes)  par  la  métathèse  *Burgidala, 
pour  Bardigala,  proposée  par  Meyer-Lûbke,  est  inacceptable;  je  l'ai 
dit  il  y  a  vingt-cinq  ans  (Rotnania,  X\I.  5i2-ôi3)  et  je  n'ai  pas  change 
d'avis. 

3.  M.  Henri  Rouzaud  me  signale  obligeamment  la  forme  A(jde, 
pour  Aude,  dans  le  Resumen  hislorial  de  las  grandezas  y  anliguedades 
de  la  ciudad  de  Gerona  de  .luan  (iaspar  Roig  y  Jalpi  (Barcelone,  1678), 
pp.  i3i-i32.  où  on  lit  :  «  El  dislriclo  de  Gapsir,  pequeno  pedaço  de 
lierra,  donde  el  rio  Atax.  o  .\gde,  que  corrc  jjor  la  Gallia  A'arbonense, 
tiene  su  origen.  »  Cette  forme  Agde,  si  elle  n'est  pas  une  faute  typo- 
graphique ou  une  erreur  de  l'auteur,  peut  remonter  phonétique- 
ment à  *Alxa(e  pour  *Ataice;  cf.  le  nom  de  la  ville  d'Agde,  sorti  du 
grec  AyaOr,  par  l'intermédiaire  du  latin. 


■2o!^  ANNALES    DL     MIDI. 

la  prononciuliou  du  c  iïit  celle  diui  :,  ou  eu  vint  à  dire 
Azaie,  [:ck'  pour  Akce,  *Ateze,  et  c'est  à  celte  deruière 
métathèse  que  la  foimc  lomaue  de  la  Gaule  doit  sou 
existence. 

La  forme  loniaue  ap|)araît  au  xi'  siècle,  mais  elle  n'a 
pas  encore,  à  celte  époque,  trouvé  son  équilibre,  ni  dans 
la  graphie  ni  probablement  dans  la  pnjuonciation.  Je 
re\h\e  Aide  en  1069  (If.  L..  V,  pr.  289')  et  en  1082  (quatre 
fois  dans  le  même  document):  A:dc  en  1089  dans  deux 
documents  différents,  le  premier,  du  20  février,  portant  : 
super  Jliiviuni  Azde-;  le  second,  du  22  juin,  où  on  lit 
deux  fois  :  Jlameri  (ou  Jluniine)  Azde,  et  une  fois  :  jUunen 
Asde\  Je  néglige,  comme  peu  sûre,  la  forme  Auzde  citée 
par  le  Diclionnaire  topographique  d'après  un  document  du 
même  siècle,  sans  date  d'année,  conservé  aux  archives 
municipales  de  Narbonne  et  non  inventorié  ' .  La  forme  1  zde 
est  sortie  tout  naturellement  des  formes  antérieures  Azate, 
Azete  expliquées  ci-dessus.  Quant  à  la  forme  Aide,  dont 
la  giaphie  sin'prcnd  au  premier  abord,  ce  serait  se  mé- 
prendre lourdement  que  de  voir  dans  son  /  un  point 
d'appui  pour  le  type  étymologique  [Il  cru  m  imaginé  par 
M.  Houzaud   :  le  /  de   l'adjectif-iironoui  (dieruni.    comme 


I.  ïoxlc  omis  par  le  l)icl.  hipo'jr. 

:>..  Bulle  du  pape  Urbaiu  II  publiée  dans  le  (Miiiilairc  de  l'abbaye 
de  Sainl-]  ictor  de  Marseille,  t.  H.  n"  83();  texte  non  cité  dans  le  Diel. 
Inpogr.  Les  éditeurs  du  ('.aviidaire  n'ont  [)as  icconrni  que  \:de  était 
une  forme  romane,  et  ils  y  ont  vu  le  génitif  d'un  |)iélet)du  uoruinalif 
'Azda,  qu'ilsont  inlrodnii  dans  WwvUivi.  <jéiH)Viiiiliujiu\  I.  II.  p.  X'\'\. 

3.  Donation  de  rarclievècpje  de  Narbonne  Dalmatius  à  Saiid  \  ic- 
tor de  .Marseille,  Bibl.  nat..  coll.  Doat.  l.  i.N  ,  fol.  i>\  v  .  d'après 
une  copie  trouvée  par  Doat.  chez  les  Dominiciùiis  de  Narbonne.  I.e 
iHrI.  (ojHjgr.  de  l'Aude  ne  cite  pas  la  forme  \sde.  et  il  a  altéré  la 
forme  A:de  en  Ad:e. 

'\.  Mon  confrère  M.  lissier.  arclii\ist('  municipal  dr  Narbonne.  à 
tpii  j'ai  demandé  des  renseignements  à  ce  sujet,  m'ccril  (pi'il  n'exisle 
|>as  dans  son  dépôt  de  document  original  du  \i'  siècle  oITiaid  la 
forme  Anzde. 


MKLANGFS    ra'    DOCLMIi.MS.  U.'ig 

tout  /  appiné  sur  une  consonne  immédiatement  |)récé- 
denle,  reste  immuablement  /  ;  (lUcrinn  devient  en  pioxen- 
çal  comme  en  français,  allre,  aiilre,  et  non  aldre.  diulrr. 
Vax  revanche,  la  notation  par  l  de  Vu  semi-consonne  sm  li 
dun  :  est  un  fait  connu,  particulièrement  fréquent  en 
catalan,  où,  encore  aujourd'hui,  à  côté  de  dea  (primitive- 
meid  (le:)  «  dix  «,  on  écrit  delnic  «  dîme  »,  dclmar  u  di- 
mer  »,  etc.  Nous  trouvons  de  même  en  ancien  ffascon 
dcliiia  à  coté  de  dciiinu  «  dîme'  >-.  On  i)eul  ailirmer  cpie 
.l/f/c  se  prononçait  Aude.  En  somme,  dès  le  xi''  siècle,  la 
I)rononciation  actuelle  .i«(/e  est  née-.  Saluons-la  :  c'est  celle 
(ju'onl  adoptée  et  propagée  les  chansons  de  geste,  véhi- 
cule à  travers  le  monde  de  la  gloire  poétique  de  Aarbonne 
et  de  son  fleuve,  incrite  par  nos  trouvères  au  livre  d'or 
de  l'épopée  française '. 

J'ai  écrit,  il  y  a  vingt-cinq  ans  :  «  Dans  Aude,  c'est  le  c 
l)alatal  qui  a  produit  1'//  conformément  à  la  phonétique 
catalane'.  »    L'Aude    prenant    sa   source  dans  le  Capcir 

I.  Luchaire.  Recueil  de  textes  rie   l'une,  dial.  tjaxeon,  au  rilnssairo. 

sous  DEZMA,   p.    l56. 

3.  Le  Dlclionnaire  topographique  de  t'Aade  icicve  Audeii  dans  une 
charte  de  ii47-  Mon  confrère,  M.  Galabert.  m'informe  que  ceUe 
charte  ne  nous  est  parvenue  que  dans  un  vidimus  de  i243  (Arch. 
dép.  de  la  Haute-Garonne,  fonds  de  Malte,  Campagne,  liasse  i,  n°  5i), 
mais  il  est  possible  que  la  forme  Audeii  remonte  à  l'original  perdu. 
Le  n  final  est  paragogique;  il  est  dû  à  l'inllucnce  des  formes  pri- 
mitives telles  que  joven.  oiiten,  ordeiu  usitées  concurrenunent  avec 
les  formes  sans  n  :  jove,  orne.  orde. 

3.  Le  Dict.  topogr.  ne  cite  que  les  chansons  d'Ayineri  de  .\arl)oitiie 
et  de  La  Mort  Aymeri  de  Narbonne;  mais  Aude  se  trouve  aussi  dans 
Les  Narbonnais  (édition  H.  Suchier  dans  la  collection  de  la  Société 
des  .anciens  textes  français,  t.  L  paru  en  1898)  en  deux  passages  dif- 
férents : 

IjOrs  pasent  Aude  qui  nioul  formenl  ondoie  (v.  .'^700); 

IJevant  JNerbone  par  nii  le  fonz  d'un  val 

•Si  coroil  Aude;  par  font  sont  li  clianal  (vv.  ;^i|5(j-3(jCo). 

4.  Roinania,  XXI,  5ii  ;  cf.  mes  Xouv.  Essais  de  philologie  française 
^1897),  pp.  31 '1-3 1."». 


■2\o  AWALES    DU    MIDI. 

(Pyiéiiées-Orientales),  pclil  pays  ([ui  appartient  liiiguisti- 
queincjit  au  domaine  du  catalan,  il  n'était  pas  absurde  de 
penser  (pie  la  forme  catalane  du  nom  de  lantique  Atax 
avait  |)u  sétendie  jusqu'en  Languedoc  au  détriment  de 
la  forme  proprement  pro\ençale  Azde.  Depuis  lors,  je 
me  suis  aperçu  —  et  j'ai  eu  occasion  de  le  dire'  —  que  le 
changement  de  :  en  //  n'était  pas  exclusivement  catalan 
comme  on  me  l'avait  enseigné.  Si  Ton  c<msidère  le  déve- 
lopi)ement  phonétique  des  noms  communs  latins  décima, 
((  dîme  »,  et  licUa,  <(  taxe  sur  les  marchandises  »,  on  cons- 
tate, en  elï'ct,  (|iic  les  loi  nies  <leum<i  et  leinhi  fonl  concur- 
rence à  dezmu  et  lezdd  non  seulement  en  Catalogne  et  en 
Roussillon,  mais  dans  les  départements  actuels  de  TAude, 
de  l'Ariège,  de  l'Hérault,  du  Gard,  de  la  Haute-Garonne, 
des  Basses-Pyrénées,  du  (iers  et  même,  exceptionnelle- 
ment, jusque  dans  la  Haute-\  ienne^  Dans  l'Aude  spécia- 
lement, le  Diclionnaire  (opographique  ne  cite  pas  moins  de 
'i3  anciens  péages  auxquels  s'est  appliqué,  ou  s'appli- 
que encore,  le  nom  de  La  Lenda^.  G'est  aussi  dans  la 
région  de  l'Aude  qu'a  été  écrite  la  célèbre  Bible  cathare, 
conservée  aujourd'hui  à  Lyon,  ^n\  le  latin  évangélique 
leloniani  csl  traduit  par  Leudairia\  et  où  on  lit  deaina, 
«  dîme''  ». 

La  continuité  phonétique  entre  Ahi.r  ci  Aude  étant  ainsi 
établie,  esl-il  permis  d'attacher  la  moindre  imi)ortance  à 


I.  lioiiiani'i,  WNIII  (iScjy).  p.  197  :  «  (Jiu'  lo  cliaiifjicinent  de  c  lalin 
flovant  e.  i  en  a  ail  pu  avoir  lieu  en  dehors  des  lionlièresdu  catalan 
|)ropreinent  dit,  c'est  ce  que  montre  le  nom  même  de  la  rivière 
iV  \ii(le  =  *Acele,  pour  "Alece,  Alacein  ». 

■j.  \oir  les  textes  cités  par  Raynouard  et  surtout  par  Emile  Levy. 
/'roc.  Suppleiiient-Wôrterbuch,  IV,  87.5;  cf.  ma  notice  étymologicpie 
sur  Icude,  dans  Romania,  \\\  III.  lyC)  197  et  '1^7. 

7).  Voir  en  outre  rarliclc  nu  mi:,  qui  concerne  un  rlang  ajjpclé  en 
\!\\\n  Derimnm. 

!\.  E.  I.evy,  op.  cU.,  1\  ,  876. 

ô.   Cf.  ihi'd.    II.  1 ',(•). 


MKLV.NGES    ET    DOCUMENTS.  a^t 

la  leniarque  faite  par  M.  Rouzavid  svir  le  nom  de  la  Cesse, 
alïluent  de  IWude?  \on,  assurément.  «  Qui  sali,  dil-il,  s'il 
n'y  a  qu'une  vague  analogie  de  sons  entre  de  Alace,  au 
cas  indirect,  et  un  Acesse,  d'où  serait  sortie  la  graphie 
la  Cesse^?  »  Le  Diclionnaire  lopographigae  nous  a[)prend 
(jue  la  plus  ancienne  mention  de  la  Cesse  est  ainsi 
conçue  :  «  In  rivturi  Seissar,  92/i  (//.  L.,  V,  pr.  5o)  ».  Nous 
sautons  ensuite  à  1262,  où  le  nom  de  ce  cours  d'eau  est 
écrit  ;  Cesser,  puis  à  i358,  où  l'on  Ivouxejîunien  Cesseris. 
D'autre  part,  le  Dietionnaire  topogniphiqae  de  l'HéraaU, 
publié  en  i865  par  Eugène  Thomas,  nous  fournit  pour  le 
nom  de  la  commune  de  Cesseras,  située  sur  la  Cesse  et 
qui  en  tire  manifestement  son  nom,  les  formes  Sesserus 
en  1090  et  Saisseras  en  iioo  =  .  Il  est  certain  que  le  nom 
antique  de  la  Cesse  commençait  par  un  .s'  et  non  par  un  c. 
On  peut  le  restituer  vraisemblablement  sous  la  forme 
*Saxar,  *Saxaris\  analogue,  dans  sa  désinence,  à  celle  du 
nom  primitif  de  la  Saône,  Arar,  Araris,  et  sans  rapport 
d'aucune  sorte  avec  Atax,  Ataels. 

En  terminant,  je  crois  utile  d'attirer  l'attention  sur  une 
singularité  de  V Allas  historique  de  la  France  de  notre  re- 
gretté confrère  Auguste  Longnon  en  ce  qui  concerne 
l'Aude.  J'ai  en  vue  la  planche  Vil,  qui  concerne  l'époque 
carolingienne,  spécialement  le  x"  siècle.  Le  nom  du 
fleuve  est  porté  trois  fois  sur  la  carte.  Entre  (>arcas- 
sonne  et  le  contluent  de  l'Aude  et  de  l'Orbieu  (appelé  Oro- 

I.  -Yo/«?  citée,  p.  Aa- 

3.  Thomas  donne  comme  premier  exemple  Cesaranus  en  898,  mais 
l'identification  avec  Cesseras  est  insoutenable:  cf.  Sabarthès.  Dicl. 
fopogr.  de  l'Aude,  art.  Sérame. 

3.  La  forme  Seissar  de  914  semble,  à  première  vue,  parler  en  fa- 
veur de  *Sexar;  mais  il  est  plus  probable  que  la  diphtongue  ei  est 
un  affaiblissement  d'une  diphtongue  antérieure  ai,  erj  faveur  de 
l'existence  de  laquelle  la  graphie  Saisseras  en  iioo,  pour  le  nom  de 
la  commune  actuellement  dénommée  Cesseras,  témoigne  claire- 
ment. 


2  42  ANNALES    DL    MIDI. 

hhme),  comme  plus  cii  aval,  eiilre  le  confluent  de  l'Aude 
cl  de  la  Cesse  (non  dénommée)  et  la  mer',  on  lit  :  {hi.r  F. 
Au  conlraiie,  près  de  la  source,  en  amont  d'Axal  (Adesate), 
on  lit  :  \(Jacr  F.  Je  n'ai  jamais  rencontré  la  forme  Adace, 
qui  lia  rien  (rinadmissible  ;  mais  pourquoi  la  localiser 
ainsi  près  de  la  source!'  Longnoii  aurait-il  pensé  que  le 
nom  de  lieu  [desale  est  avec  le  nom  du  ileuve  Aude  dans 
le  même  rapport  ([ue  le  nom  de  lieu  Cesseras,  signalé  ci- 
dessus,  avec  le  nom  de  la  rivière  (xsse?  Sq  l'igiKjre.  Tou- 
jours est-il  que  ce  rapport  ne  saurait  être  admis  sans 
autre  forme  de  |)rocès.  Adesale  ligure  dans  un  document 
de  i)')'\.  A  celte  date,  le  c  primitif  de  1  Uice  (ou  Adace)  avait 
depuis  longtemps  évolué  en  :,  mais  ce  :  n'était  pas  encore 
arrivé  à  se  confondre  avec  s,  puisque  dans  tout  le  cours 
du  XI'"  siècle  rorlhograj)he  usuelle  emploie  cncijre  le  :  ; 
voir  les  formes  citées  ci-dessus  :  Ala:e,  Azale,  A:eie, 
\:il('.  La  forme  isolée  Asde  (1089)  nest  peut-être  que  la 
faute  d'un  scribe  postérieur.  D'autre  [)art ,  d'après  le 
Dicl.  /op..  \\d\  n'est  pas  nommé  entre  (jT)^!  et  i'2[)\)  :  à 
cette  dernière  date  son  nom  est  énoncé  Aitsalam,  puis 
Arriafu/n  en  1007,  etc.,  ce  (jui  s'éloigne  de  plus  en  i)lus 
(In  nom  de  l'Aude. 

\ntoine  Thomas. 


1.  l,oiif.Mioii  a  coinpjt'lcniciil  omis  la  braiiclie  de  >arboiiuo  cl  n'a 
li;,nii('>  (|iu'  roiiil)Oiiclmr('  nord  fie  l'Audo;  il  y  a  là  une  fâcheuse 
omission,  d'aidant  pins  singulière  (jne  la  plnpar!  des  mentions  de 
l'Aude  (pu  nous  son!  par\eiines  |)()ni-  le  \'  siècle  conrern(Md  la  bran- 
che même  de  Narlionne. 


MELANGES    ET    DOCLMENTS.  2 '|  O 


II 


CONTRIBUTIONS    A    L  IIISTOIUE    DE    L  AKT    MEHIDIONAL 

1.  —  Sic  docutnenls  relatifs  à  la  cailintrale  Saint-Étienne 
lie  Toulouse. 

Jusqu'au  uiiiieu  du  xv"  siècle,  la  cathédrale  de  Toulouse 
paraît  avoir  conservé  son  portail  roman.  A  en  juger  par 
certains  vestiges  d'ébraseinents,  c'était  un  portail  à  trois 
baies,  qui  correspondaient  aux  trois  nefs  de  l'édifice  re- 
construit vers  la  fin  du  xi'  siècle  par  Tévêque  Izarn.  Le 
comte  Raymond  VI,  qui  remplaça  les  trois  nefs  romanes 
par  une  seule  et  grande  nef  à  voûte  gothique,  n'eut  pas  le 
temps  d'achever  son  œuvre;  les  maçons  travaillaient 
encore  à  la  voûte  quand,  sous  les  murs  de  la  ville,  arrivè- 
rent Simon  de  Monfort  cl  les  croisés  (1211).  Le  comte 
Raymond  Vil,  qui  termina  l'œuvre  de  son  père,  n'ajouta 
vraisemblablement  à  la  décoration  de  Tancienne  façade 
que  la  rose  aux  meneaux  rayonnants,  dont  le  type  rap- 
pelle celui  de  la  rose  occidentale  de  Notre-Dame  de  Paris. 
Ce  fut  l'archevêque  Pierre  du  Moulin  (i439-i/i5i)  qui  fit 
construire  le  portail  actuel.  Espérant  encore  que  l'on  réa- 
liserait les  plans  grandioses  de  l'évèque  Bertrand  de  l'Isle 
et  qu'une  triple  nef  relierait  un  jour  la  façade  au  chœur 
élevé  durant  le  dernier  quart  du  xiii"  siècle,  il  ouvrit  déli- 
bérément la  baie  dans  Taxe  du  bas-côté  méridional.  Mais 
il  lui  donna  des  proportions  qui  dépassent  celles  d'une 
porte  latérale.  Il  voulut  aussi  que  l'ornementation  en  fût 
riche  et  digne  de  son  église  métropolitaine.  De  cette  déco- 
ration sculptée  le  portail  n'a  conservé  que  les  vigoureux 
feuillages  de  chardons  frisés  qui  grimpent  le  long  d'une 


2^[i  ANNALES    DU    MIDI. 

voussure.  11  a  perdu  toutes  ses  statues.  Sur  la  seconde 
voussure,  où  s'étagent  encore  une  série  de  dais,  on  voyait 
les  statuettes  des  douze  apôtres,  de  saint  Sernin  et  de 
saint  Exupère.  Sur  les  pieds-droits  de  la  porte  se  dres- 
saient, à  droite,  la  statue  de  Pierre  du  Moulin;  à  gauche, 
celle  de  son  frère  et  prédécesseur  Denis  du  Moulin,  promu 
en  1439  à  l'évêché  de  Paris  '.  Le  pilier  central,  mutilé  au 
cours  du  XIX'  siècle,  portait  une  statue  de  saint  Etienne, 
patron  de  Téglise.  Quant  au  tympan,  il  n'a  jamais  reçu 
de  sculpture.  Mais  il  est  possible  que  la  mort  de  Pierre 
du  Moulin,  victime  de  la  peste  en  octobre  i^bi,  ait  inter- 
rompu les  travaux.  Nous  savons  seulement  qu'à  la  mort 
du  prélat  une  somme  de  2^6  écus,  cinq  gros  et  un  quart 
dor,  restait  due  au  maître  d'œuvre.  Celui-ci  eut  grande 
peine  à  se  taire  payer.  11  lut  obligé  dintroduire  une  action 
devant  le  Parlement  contre  larchevêque  Bernard  de  Rou- 
scrgue,  successeui'  de  Pierre  du  Aloulin,  et  contre  Jehan 
du  Moulin,  écuyer,  sans  doute  principal  héritier  de  Pierre. 
Pour  donner  satisfaction  au  demandeur,  «  ouïe  la  rela- 
tion des  commissaires  (jui  ont  vu  les  comptes  w,  la  Cour 
fit  vendre  aux  enchères  la  vaisselle  tl'aigent  du  défunt. 
Deux  documents  des  Archives  parlementaires  de  Tou- 
louse, datés  des  5  et  12  janviei"  i'|53  (nouveau  style),  sont 
relatifs  à  cette  affaire  (pièces  j  et  2).  Ce  qui  en  constitue 
le  priiK'i|)al  intéi"èt,  c'est  de  nous  faire  connaltie  rauleur' 


1.  Denis  du  Moulin  a  laissé  sou  t'Ili^^lc  sur  un  précieux  \  il  rail  de  la 
raltiédrale  de  Toulouse,  cjui  décore  la  chapelle  de  saint  Jose[)h.  an- 
cienne chapelle  de  saini  Jean  rKvauirélisle  :  cf.  de  Lahondès,  /.VV/Z/w 
Sainl-Hlicniic,  iS()ii.  p.  '.\\'>.  el  plauclie.  Il  esl  i('pr(''senté  à  genoux  el  eu 
prières  de\aul  une  jurande  croix,  couleuaul  les  reliques  de  la  vraie 
croix,  sur  un  soni[)lueux  missel  à  l'usaye  de  l'aris,  qui  fut  continue 
el  leriuiiK'  par  s(>s  soins;  lîibliolhèque  de  rArsenal,  ms.  6a i,  fol.  429; 
cl.  Ctthilofine  de  l'E.rpoxilion  ilc  poiinùlx  du  Xlll'aa  XVII'  siècle,  1907. 
p.  i\j.  n°  1^0.  h'elligie  de  Pierre  du  Moulin  esl  siiu|)leuieut  gravée  au 
Irai!  sur  la  dalle  liuiéraire  de  son  louibeau  ;  cf.  de  Lahondès,  oy>.  c//.. 
p.   190. 


MELA\GES    ET    DOCUMENTS.  2/10 

du  portail  de  la  cathédrale.  11  s'appciail  Marin  Haiuliv. 
Ces  documents  nous  montrent  en  outre,  par  un  cxcinplc 
des  plus  typiques,  les  diflîcullés  llnancières  (pii  n'ont 
cessé  de  faire  obstacle  à  l'aclièvement  de  Saint-Ktienne. 
Aussi  bien,  l'heureuse  initiative  de  Pierre  du  Moulin, 
dont  les  dépenses  ris([uaieiit  presque  de  dépasser  les  res- 
sources, semble-t-elle  avoir  été  la  dernière.  Son  successeur, 
Bernard  de  Rousergue  {i^Ô2-i^'jli),  s'intéressa  surtout  à 
l'aménagement  intérieur  de  sa  cathédrale;  et  le  colossal 
pilier,  dressé  par  Jean  d'Orléans  (i5o3-i533)  entre  la  nef 
de  Raymond  VI  et  le  chœur  de  Bertrand  de  l'Isle,  paraît 
bien  indiquer  le  renoncement  définitif  à  toute  reprise  des 
grands  travaux  d'architecture.  C'est  seulement  dans  la 
seconde  moitié  du  xvin'^  siècle  que  se  pose  à  nouveau  la 
question;  par  bonheur,  le  chapitre  se  borne  à  exprimer 
des  vœux,  et  rarchevêque  Richard  de  Dillon  à  demandei- 
le  plan  d'une  nouvelle  nef  à  l'architecte  Cammas.  Quant 
aux  constructions  récemment  entreprises  par  le  service 
des  Monuments  historiques,  je  crains  qu'elles  n'ajoutent 
rien  à  la  beauté  de  Toulouse  ni  à  la  gloire  de  l'art 
français. 

De  toutes  les  confréries  établies  dans  la  cathédrale,  au 
début  du  XVI"  siècle,  la  plus  importante  était  celle  du 
Coi'pus  Christi  ou  Corps  de  Dieu,  que  devait  remplacer 
plus  tard  la  Confrérie  du  Saint-Sacrement.  Son  autel  se 
trouvait  adossé  au  jubé,  sur  l'un  des  côtés  de  l'entrée 
principale  du  chœur.  Il  fut  décoré  d'un  retable  en  forme 
de  triptyque,  peint  en  lôig.  Les  bailes  en  avaient  fait  la 
commande  à  un  peintre  de  la  ville,  qui  se  nommait  Bar- 
thélémy Arseguel.  Grâce  aux  précisions  du  bail  à  besogne, 
passé  le  17  mars  par-devant  le  notaire  Saurelli ,  nous  en 
pouvons  reconstituer  aisément  le  thème  (pièce  3).  Celui-ci 
s'inspirait  du  mystère  eucharistique  et  de  l'objet  même 
des  adorations  de  la  pieuse  confrérie.  «  Un  Dieu  le  Père, 


■}  '|(i  A\>  \1,F,S    1)1      Mll)[. 

assis  en  son  Iroiic  »,  occupail  loul  le  panneau  eenlral;  de 
la  main  droite  il  donnait  la  bénédiction  et  dans  la  main 
ganclic  il  tenait  nn  calice,  que  surmontait  une  liostie. 
Nous  connaissons  daulres  variantes  de  ce  thème  mysti- 
que, qui  a  survécu  dans  l'imagerie  religieuse  :  tel,  par 
exemple,  le  Christ  portant  d'une  main  le  sceptre  et  de 
l'autre  le  calice  également  surmonté  de  l'hostie,  comme 
il  apparaît  sur  une  clef  de  voûte  du  collatéral  de  la  cathé- 
drale, en  face  de  l'entrée  de  la  sacristie,  ou  encore  le 
Christ  tenant  d'une  main  le  calice  et  présentant  de  l'autre 
l'hostie  à  l'adoration  des  fidèles,  comme  le  figurent  cei- 
lains  tableaux  de  l'école  espagnole  '.  Sur  chaque  panneau 
latéral,  on  voyait  un  ange  muni  d'un  encensoir;  cet 
attribut  est  en  général  celui  des  anges  qui  accompagnent 
l'hostie,  par  analogie  avec  le  rite  religieux  de  l'encense- 
ment du  Saint-Sacrement.  La  peinture  était  à  l'huile, 
selon  la  métliodo  flamande  qui  s'était  répandue  au  cours 
du  xv'"  siècle.  Mais  il  faut  croire  que,  dans  le  midi  de  la 
France,  on  connaissait  mal  encore  la  nouvelle  technique 
et  que  beaucoup  de  tableaux,  comme  dans  l'ait  italien  du 
Quattrocento,  s'écaillaient  et  se  ruinaient  vite  à  cause  de 
l'imperfection  des  procédés;  car  le  bail  à  besogne  spécifie 
que,  si  ladite  peinture  vient  à  «  perdre  sa  croûte  »  et  à 
se  détacher  pai'  écailles,  Arseguel  devra  la  refaire,  ainsi 
qu'il  en  a  pris  l'engagement.  Les  étoiles  semées  dans  le 
ciel  d'azur  étaient  d'or,  «  appelé  or  de  coche  »;  il  s'agit 
sans  doute  de  l'or  dit  de  coquille  ou  en  coquille,  (jui  ser- 
vait aux  ciduniineurs"'.  Chaque  panneau,  terminé  en 
couiiiC   à   la    |)arli('    snjiérieurc,    avait    une    bordure   d'or 


1.  Cf.  deux  hibloaux  de  .luaii  de  .luanès.  doid  l'un  csl  ceiiaine- 
meul  le  panneau  eenlral  d'vin  triptyque  :  Madrazo.  Calai,  des  (ableav.r 
(In  m  usée  du  Prado.  1918,  p.  173,  n""  811  et  S'iô. 

:*.  L'or  de  cocpiille  est  une  pàtc  solut^le.  où  l'oi'  esl  délayé  dans  une 
eau  niueiiaîrlneuse  nu  dans  une  dissolution  de  yoinme. 


MELVXOES    ET    DOCUAtRMS.  o/|  y 

J)ruiii.  Monlanls  cl  «  Iraverses  »  de  l'oncadioiiuMil  (reii- 
semble,  «  peints  de  fines  conlenis  à  la  détrempe  »,  étaieni 
«  enrichis  d'antiques  à  perfection  »;  autrement  dit,  les 
montants  formaient  des  pilastres  cannelés  ou  décorés  de 
rinceaux,  avec  chapiteaux  à  volutes  {roiiUrau.r),  que  sur- 
montait une  corniche  empruntée  aux  modèles  de  l'anti- 
quité romaine.  Cette  mention  d  d'anliques  »  est  particu- 
lièrement intéressante  à  la  date  de  lôig;  on  n'en  pourrait 
guère  signaler  de  plus  ancienne  dans  la  région  loulou- 
saine. 

Sur  le  jubé  se  trouvaient  les  orgues,  données  en  i/iO.S 
par  l'archevêque  Bernard  de  Rousergue'.  Cette  disposi- 
tion était  fréquente  au  xv"  siècle.  Elle  était  heuieuse  pour 
l'acoustique,  puisqu'elle  permettait  à  l'harmonie  de 
s'épandre  également  vers  le  chœur  et  dans  la  direction 
des  fidèles  ;  d'autre  part,  elle  pouvait  aboutir  à  d'heureux 
eflets  de  décoration,  si  la  montre  historiée  de  l'orgue  était 
digne  de  son  riche  piédestal-.  Comme  dimensions,  un 
orgue  du  xV  siècle  avait  à  peu  près  deux  fois  la  hauteur 
d'un  harmonium  actuel  et  un  peu  plus  de  largeur  que 
l'harmonium.  Aussi  les  cathédrales  importantes  en  possé- 
daient-elles plusieurs.  Il  y  en  avait  cinq  sur  le  jubé  de  la 
cathédrale  de  Toulouse.  Trois  de  ces  orgues,  dont  le  plus 
grand,  se  dressaient  au  milieu  du  jubé,  au-dessus  de  la 
porte  d'entrée  du  chœur,  et  étaient  réservés  au  chapitre. 
Les  deux  autres,  placés  à  droite  et  à  gauche,  étaient 
concédés  à  deux  confréries.  La  Table  et  Confrérie  du  Cor- 
pus C/irlsli  en  utilisait  un,  ({ui  dominait  précisément  son 
autel.   Pour  jouir  de  ce  privilège,  elle  s'était  engagée  à 


I.  De  Laliondès,  op.  cil.,  p.  190.  Oi-snos  ol  jub('-  fnroni  di'truils 
pur  Tincendic  du  9  décembre  1G09. 

a.  Cf.  Georges  Servières,  La  décoralion  des  buffets  d'orgue  aux  W 
et  XVI'  siècles,  dans  Gazette  des  Beaux-Arts,  igiA-  II-1916.  p.  'iô~  et  s.. 
et  1917,  T,  p.  9Ô  et  suiv. 


^48  ANNALES    DU    MIDI. 

«  tenir  accordés  lesdits  orgues  en  forme  duc,  à  ses  pro- 
pres coûts  et  dépens,  ainsi  que  appert  par  instrument 
retenu  par  maëslre  Jeiian  Danyel,  notaire  du  dit  chapitre  ». 
En  i53i,  il  lui  fallut  refaire  neuf  jeux.  Ce  fut  à  un  maître 
organiste  de  Tours,  nommé  Jacques  Goiinier,  qu'elle 
confia  celte  besogne,  pour  la  somme  de  1/40  livres  tour- 
nois. Les  organistes  chargés  de  l'expertise  et  de  la  récep- 
tion des  travaux  sont  tous  étrangers  à  Toulouse  :  maîtres 
Fortis  Pujol  est  de  Garcassonne,  Nicolas  Pongi  est  d'Uzès, 
et  maître  Firmin  de  la  Lyardière  est  d'Amiens  en  Picar- 
die (pièce  (j).  Une  feuille  annexée  à  l'acte  d'expertise,  et 
portant  la  signature  de  Jacques  Cormier,  énumère  les 
différents  jeux  de  l'orgue  en  question.  Cette  liste  présente 
quelque  intéi'ét  pour  l'histoire  de  la  musique.  On  y  re- 
trouve les  jeux  de  chantres,  de  fifres,  de  iiasard,  de  cor, 
de  cymbales,  de  petit  carillon,  de  flûtes,  le  jeu  de  régale, 
dit  aussi  voix  humaine,  un  jeu  de  «  papegayl  »,  qui  paraît 
être  un  jeu  de  fausset,  et  la  flûte  d'Allemagne,  «  fleute- 
traverse  que  l'on  appelle  à  grand  tort  d'Allemand  »,  écrit 
Garloix  ;  «  car  les  François  s'en  aydent  mieulx  »  '. 

L'année  précédente  (i53o),  la  Table  et  Confrérie  du 
Pain-Béiiit  avait  fait  un  don  à  l'église  qui  l'abritait.  Elle 
avait  commandé  à  maître  Jehan  Tailhant,  «  faiseur 
d'ymages  de  pierre  »,  un  pilier  de  mai'bre  pour  la  coupe 
de  Peau  bénite.  Ce  pilier  était  destiné,  ce  semble,  à  dé- 
corer le  centre  de  la  vasque,  ou  peut-être  à  suimonter 
la  partie  contiguë  au  mur,  et  à  servir  de  piédestal  à  une 
statuette  de  Notre-Dame,  d'un  art  plus  ancien.  11  devait 
avoir  l;i  hauteur  de  celui  (pi'il  leniplaçail,  mais  cire  taillé 
et  sculpté  w  en  manicre  de  balustre  à  l'antique  »  (pièce  5). 
L'artiste  a  promis  d'employer  «  la  meilleure  pierre  de 
marbre  blanche  que  se  pourra  trouver  ».  11  convient  de 

i.  Cité  par  Littic,  Dict.,  s.  \.  Fldle.  llabolab  tlil  (iia-  0  Gargaulua 
jouait  de  la  flûte  d'alleinan  à  neiil'  trous  ». 


MliLANGES    ET    DOCUMEM'S.  2/|(j 

noter,  en  passant,  cette  préoccupation  de  la  belle  matière 
et  ce  choix  du  marbre,  remis  en  vooue  par  la  Renaissance. 
Les  carrières  de  Saint-Béat,  jadis  e.\i)loitées  par  les  Ro- 
mains, fournissaient  du  marbre  à  Toulouse  avant  d'en 
expédier  au  roi  de  Fiance  '  ;  il  est  même  surprenant  que  la 
Renaissance  toulousaine,  dans  un  tel  milieu  dliunianistes, 
d'architectes  et  de  sculpteurs,  nait  pas  mis  davantage  à 
profit  le  voisinage  des  maibres  pyrénéens.  Ce  Jehan 
Tailhant  ou  Tailhan,  chargé  du  travail  par  les  bailes  de 
la  Confrérie,  dont  Tun  était  procureur  au  Parlement,  nous 
le  connaissons  par  ailleurs.  En  i33o,  il  sculpte  les  armoi- 
ries du  roi  et  de  la  ville  pour  un  mur  de  l'enceinte,  au 
faubourg  Saint-Cyprien.  En  i54i,  il  s'engage  à  faire,  pour 
un  marchand  de  (ïrenade-sur-Garonne,  une  croix  de 
pierre,  portant  l'image  du  Crucifié,  et  de  l'autre  côté 
ÏNotre-Dame  d'Espérance.  On  signale  également  comme 
soi'tis  de  son  atelier  une  croix  pour  le  quartier  de  Tounis, 
à  Toulouse,  et  divers  ornements  à  l'hôtel  de  l'avocat 
Maynier  (hôtel  dit  du  Vieux-Raisin).  En  i.j/jG,  il  travaille 
à  la  décoration  de  fenêtres,  de  portes,  de  cheminées,  pour 
l'hôtel  de  Pierre  Robin  de  Cuigniaulx,  dans  le  quartier 
de  la  Daurade.  Il  avait  besogné  en  i5/ii  pour  l'église  de 
la  Dalbade  ;  et  peut-être  collal)ora-t-il,  sous  la  direction 
de  Michel  Colin,  aux  sculptures  du  portail  -.  Son  surnom 
de  Manceau  révèle  son  pays  d'origine. 

La  même  Confrérie  du  Pain-Bénit  (Table  du  Pain-Ceniat) 
tît  bâtir  à  l'entiée  de  Saint-Étienne,  en  i5/i7,  une  chapelle 
destinée  aux  fonts  baptismaux.  Cette  chapelle,  sur  plan 
carré,    existe    encore.    Pour   sa   construction,    les    bailes 


\.  Douais,  L'\rl  à  Toulouse,  inalériaux,  igoi,  pp.  i5o-i54,  fourni- 
tures de  marbres  pour  le  roi;  l'archilccte  Dominique  Berlin  poiHe  le 
litre  de  ((  conducleur  du   marbre  pour  le  roy  »  (années  i554-i557). 

•i.  Voir  les  références  dans  Graillot.  Mie.  Bachelier,  p.  lao,  n.  i  ; 
cf.  p.  24.  Douais,  op.  cit..  p.  ôG. 

ANNALES   DU   MIDI.    —  X\l\.  I7 


25o  ANNALES    DU    MIDI. 

avaient  traité  avec  Nicolas  Bachelier  et  Laurens  Clary'. 
Laurens  Clary  avait  été  maître  de  l'œuvre  de  la  cathé- 
drale antérieurement  au  19  août  1529.  Gabriel  Bourgoing- 
lui  succéda  dans  cette  charge  et  dans  la  maison,  sise  rue 
Boulbonne,  que   le  chapitre  mettait  à  la  disposition  du 
maître  d'œuvre,  domiis  operis  (pièce  4).  Ils  furent  occupés 
l'un  et  l'autre  à  l'achèvement  du  clocher  %  peut-être  aussi 
à   l'édification   du  grand   pilier  de  Jean   d'Orléans  %  qui 
supporte  les  poussées  contraires  des  voûtes  du  chœur,  du 
collatéral  et  de  la  travée  bâtie  entre  le  chœur  et  la  nef. 
Faut-il  attribuer  au  maître  maçon  et  «  lapicide  »  Clary  la 
sacristie,  avec  les  sculptures  de  la  porte P  Cette  sacristie 
était  terminée  avant  le  1 1  janvier  1627,  date  à  laquelle  on 
y  transporte  les  ornements  et  vases  sacrés.  D'autre  part, 
depuis  le  mois  de  mai  iGaG,  Clary  dirigeait  les  travaux 
de  construction  de  la  tour  dite  des  Archives,  dans  l'enclos 
de  la  Maison  commune.  Parmi  le  personnel  embauché 
au  service  de  la  Ville  par  son  prédécesseur  Pierre  de  Naves, 
il  avait  trouvé  Gabriel  Bourgoing.  Celui-ci  était  un  maître 
français,  du  pays  de  la  pierre,  possédant  mieux  que  ses 
compagnons  de  la  région  toulousaine   la   technique  de 
cette  architecture.  Aussi  l'avait-on  choisi  avec  Jehan  Bar- 
bier, dès  le  mois  de  septembre  i525,  pour  tracer  le  dessin 
d'ensemble  de  la  Tour,  les  profils   des   moulures  et  les 
réseaux  de  nervures  des  deux  voûtes*.  Son  nom  disparaît 
vile  des  documents  d'archives.  Par  contre,  celui  de  Lau- 
lens  Clary  s'y  rencontre  encore  en  i555.  Ce  fut  Clary  qui. 


I.  Cf.  Graillot,  op.  cit.,  pp.  118  et  278. 

■j..  I.c  cIocIkm'  fut  U'nniné  on  i53i  ;  mais  l'arcade  de  bri([ucs  el  do 
pierres  de  laiile  en  bossages,  dans  laquelle  est  suspendue  la  cloche 
de  l'horloge,  no  date  que  du  commencement  du  xvu"  siècle. 

3.  L'archevêque  Jean  d'Orléans  prit  possession  de  son  diocèse  en 
mars  iSaa  et  mourut  en  septembre  i533. 

'i.  Roschach,  Les  nrcliiues  de  T.,  ilisL  du  dépôt  et  de  l'édifice,  1891, 
p.  56. 


MÉLANGES    ET    DOCUMENTS.  25l 

entre  î5/|0  et  i5/i8,  construisit  pour  Pierre  Potier  le  fier 
château  de  Sain t-Élix '.  Henri  Ckaillot. 


')  janvier  1/(53  n.  s. 

Entre  maistre  Marin  Baudry  peyrier  demandeur  et  requérant 
d'une  part  et  messire  Bernard  arcevesque  de  Tholosc  et  Jclian 
du  Molin  escuier  défendeurs  d'autre,  ouye  la  relacion  des 
commissaires  qui  ont  veu  les  comptes,  c'est  assavoir  l'irisliu- 
ment  du  pris  faict  de  la  main  et  de  la  pierre  pour  faire  le  portai 
de  Saincl  Estienne  de  ïholose  entre  feu  messire  Pierre  en  son 
vivant  et  dernier  arcevesque  de  Tholose  et  le  dict  Marin,  ont 
veu  aussi  les  paiemens  faiz  audict  Marin,  la  court  a  ordonné  et 
ordonne  que  led.  Marin  sera  paie  de  la  somme  de  deux  cens 
quarante  et  six  escus  cinq  gros  et  un  quart  d'or  restant  du  dict 
pris  faict,  des  biens  du  dict  feu  messire  Pierre,  c'est  assavoir 
sur  la  vaisselle  d'argent  estant  es  mains  de  maistre  Giles  Lelas- 
seur  conseiller  du  Roy  en  lad.  court,  en  baillant  quictance 
souffisant  de  tout  led.  pris  faict.  FaicI  le  cin([uicsme  jour  de 
janvier. 

(Arcliivos  dn  l'ailomenl  do  Toulouse.  Bi,  f"  202.) 


1  2  janvier  i  '1  j.'î  n.  s. 

La  court,  vcuc  la  requesle  baillée  par  ^larin  Baudry  peyrier 
a  ordonné  et  ordonne  que  la  vaisselle  d'argent  de  feu  messire 
Pierre  du  Molin  en  son  vivant  et  dernier  aicevesque  de  Tholose, 
estant  es  mains  de  maistre  Giles  Lasseur  conseiller  du  Roy  en 
lad. court  sera  délivrée  vocalis  vocandh  par  maistre  Jehan  Clia- 
tillon  exerçant  le  greffe  de  lad.  court  au  plus  offrant  et  dernier 
enchérisseur  et  que  du  pris  qui  en  ysira  sera  satisfait  aud.  Ma- 
rin selon  l'appoinctement  de  la  court  sur  ce  faict  le  cinquiesme 
jour  de  ce  mois,  et  sera  baillée  par  led.  Ghatillon  de  par  la 
court  descharge  aud.  maistre  Giles  tant  de  la  vaisselle  qui  sera 
baillée  ainsi  (|ue  dit  est  comme  de  celle  qu'il  a  baillée  par  or- 

I.  1*'.  Pasquier  dans  Bull.  nrrliéoJ.  du  Coinilé.  1901.  pp.2C5-27;^ 


202  ANNALES    DU    MIDI. 

donnances  des  commissaires  autrefois  sur  ce  députez  par  lad. 

court. 

(Ihifl..  f"  2o3.  Cf.  Inventaire  soinm.  des  Archives  dép..  Uaule- 
Gnronne.  (ircli.  civiles  Bi,  ir)i3.  p.  5.) 

:\ 

1 7  mars  lôig  n.  s. 

Auno  domini  miilesimo  quingentesimo  xviij"etdie  xvij  men- 
sis  marcii,  infra  ecclesiam  sancti  Stephani  Tholose  persoiialiter 
constitutus  magister  Bartholomaeus  Arseguel  pictor  Tholose, 
qui  ipse  recepitad  faciendum  a  bajulis  tabulae  corporis  Christi 
sancti  Stephani  Tholose  videlicet  presln  teris  magistro  l*etro  de 
Podio  et  Stephano  Ysalguie  praesenle  pro  dictis  bajulis,  ununi 
retabulum  dicte  tabule  sub  bis  pactibus  el  convonfione  se- 
(juentc. 

Et  primo  sera  tengut  lo  dict  Arseguel  de  pinta  lo  retaulo  de 
la  tanla  del  cor  de  Dieu'  de  la  présent  gleysa  de  Sanct  Stephe, 
so  es  a  saber  de  bonas  et  finas  colors  et  à  oly,  lequel  retaule  a 
très  paneaulx. 

Et  es  tengut  de  far  al  paneuau  del  miech  loc'  ung  Dieu  [de] 
le  payre  stant  assis  en  son  trosne,  que  tendra  tout  le  dict  pa- 
neuau, portant  ung  calice  en'  lo  Corporis  Christi  dessus  en  la 
ma  senestra,  et  am  la  dreyla  donera  la  bénédiction  ;  et  als  altres 
dos  [)ancaulx  en  cada  ung  faran  ung  angel  en  perfection,  tenent 
cada  ange  ung  ensencer,  de  finas  colors  et  ainsi  que  porte  de  fa 
angcls. 

Item  es  pacte  que  tolcs  les  bordos  des  paneaulx  et  les  areslas 
de  las  corbas  que  son  sus  le  sel*  et  le  bordo  del  davani  ([u'es 
dessus  le  sel  seran  d'or  brunit,  el  lo  cel  de  dessus  sera  d'asur 
semenatde  stelas  d'or  appelât  d'or  de  coche, 

item  es  pacte  que  les  costatz  et  traversies  seran  pinlatz  de 
finas  colors  a  destrempe,  enrechiz  de  antiques  à  perfection,  et 
les  roulleaux  seran  a  plata  coleur  de  diverses  el  bones  colors. 


I.  Uclablo  de  la  liiblc  on  confi-cric  du  corps  de  Dieu. 

■i.  l'anneau  ilu  milieu. 

3.  Il  faut  lire  sans  doulo  «  cl  »  ou  pcut-ôtic  <.  ;iiu  »  (: 

/i.  Sel,  ccl  =  ciel. 


MÉLANGES    ET    DOCUMENTS.  ^53 

Lequol  ohralge  prnmes  de  ineclie  à  perfection  per  toute  la 
semmaua  sancla  en  la  forma  et  maniera  que  dessus  es  dict, 
fasen  totas  fornituras  à  sos  dcspens  del  dict  pintre. 

Quae  praemissa  dictus  Arseguel  prornisit  facere  sub  prelio  et 

nomine    prelii    xxv    librarum     turnensium.    de    qua   quidem 

summa  dictus  Arseguel  recepit  realiler  in  praesentia  mei  no- 

tarii  etc.  a  diclis  bajulis  summam  xv  libiaium  turonensium  in 

quinque  sentis  solis  auii  et  residunm  in  moneta   per  manns 

dicti  de  Podio,  restantem  vero   summam  dicti  bajnli  promi- 

serunt  opère  perfecto,   videlicel    dictus  de   Podio  et  Vsalgnié 

nomine  dictorum  bajulorum,  et  casu  quo  praedicta  pintura  se 

descrostaret'    et   non    esset  bona   et   sutïîciens    juxta   dictum 

expertorum  quod  dictus  pictor  promisit  reffîcere  etc.  sub  obli- 

galione  bonorum  etc.  Testes  niagisler  Joannes  Fabrigalis  nota- 

rius  et  Bernardus  Textoris  Tholose  et  Dnrandus  Macari  Tho- 

lose  et  ego 

Saurelli  not. 

(\rcliives  nolariul«'s  de  T..  Saurelli  not..  reg.  ir)i8-i.J23,  f*^'  5.) 

I  ()  août  i52r). 
Oïdctaiicia  inagislri  GahrleUl  Borf/oiiig  lapicide  Tolose. 

Anno  quo  supra  et  die  décima  nona  mensis  augusti  apud 
Tholosam  personnaliter  instilutus  magister  Laurentius  Glari 
lapicida  Tholose  qui  gratis  etc.  recognovit  habuisse  et  récépissé 
a  magistro  Gabriello  Borgoing  magistro  operis  ecclesiae  sancti 
Stephani  Tholose  ibidem  praesenti  etc.,  quod  utensilia  et  sup- 
pellectilia  domus  ac  alia  bona  rnobilia  eidem  Glari  pertinentia 
in  domo  operis  dicte  ecclesie  existentia,  scita  in  carrera  Bor- 
bone  Tholose,  in  qua  dictus  Glary  solebat  habitare  tempore 
quo  erat  magister  operis  eiusdem  ecclesie  qu[a]eque  bona  fue- 
runt  baptisata"  speciffîcata  et  inventarisata  in  quodam  inven- 
tario  de  illis  bonis  facto,   necnon  et  dictus  Glary  recognovit 

1.  Cf.  Mistral,  Dicl.  prov.fr.  s.  v.  descroasfa  :  en  catalan,  descrosfar. 

2.  Cf.  Godefroy,  Dict.  de  Vanc.  langue  fr.,  s.  v.  Baptisier  ^=  dési- 
gner, énoncer,  avec  un  exemple  daté  de  i535. 


2h\  ANNALES    DU    MIDI. 

habuisse  plura  alia  bona  qu[a]e  iioa  erant  nec  sunl  compre- 
hensa  in  dicto  inventorio,  et  de  his  omnibus  dicLus  Clari  se 
habuit  cl  teniiit  percontentum  et  dictuni  Borgoing  quictavit  et 
quictum  tenere  promis! t  de  omnibus  dictis  bonis  etc..  Testes 
magistri  Arnaldus  Robert!  caussaterius  et  magister  Jacobus 
Orlhaci  studens  Tholose  habitatores. 

(Archives  notariales;  Saiirolli  riol.,  reg.   1027-1531.  non  fol.) 


1"  jan\  icr  l 'iSo  11.  s. 

l/islriiincnliuii  iificluriiin  passaloriim  Inter  bajnlos  tahiilc  jxuns 
bencdicti  ecclesic  sa/icli  Slephani  Tholose  ex  ana  et  ntayislrum 
Johannem  Tal/ianl  ymaginatoreni  lapidnm  Tholose  es  alio. 

Anrio  domini  millesinio  quingenlesimo  viccsimo  nono  et  die 
prima  mensis  januaiii  in  Tbolosa  et  in  ecclesia  sancti  Stephani 
Tholose,  in  mei  noiarii  etc.,  personnaliter  constituti  egregius 
vir  dominus  Polrus  Reveron  doctor  Tholose  et  magister  Guil- 
lermus  Gondal  prociirator  in  Parlamento  Tholosano  tanquam 
bajuli  dicle  tabule  j)anis  benethcti  tradiderunt  ad  facicndum  et 
(■omponendum  ununi  ])ilarium  de  marmore  supra  f'ontem  in 
(pio  a])ponitur  aipia  Ijenedicta  in  dicta  ecclesia  sancli  Slephani, 
magistro  Johann!  Talhant  ymaginatori  et  talhatori  lapidum 
Tholose  ibidem  praesenti  etc.  suJj  pactis  et  clarilicafionibus 
verbis  gal(l)icis  sequenlibus. 

Et  premièrement  est  pacte  convenu  en  Ire  lesd.  parties  <[ue 
led.  maislre  l^ierre  (sic)  'J'alhant  l'aiseur  d'vmages  de  pierres 
fera  ung  pilier  de  pierre  de  marbie  blanc  en  manieie  de  baluste 
à  la  anticpia  pour  mectre  à  le  l'ont  sur  la  coupe 'de  l'euau 
benoyte  de  lad.  glise  de  Sainct  Kslienne  (h)  'J'holose. 

Item  est  pacte  ({uc  ledict  Talhant  aura  f'aict  cl  ijarlaict  led. 
pilier  sur  lad.  coupe  de  la  font  de  l'euau  b(MK)Yte  à  la  anli(]ua 
à  manière  de  baluste  comme  dict  est,  de  |)ierie  de  marbre 
blanche  de  la  meilhcure  pierre  de  marbre  blanche  (pie  se 
punira  trouver  pour  mectre  sur  lad.  coupe  de  l'euau  benoyte, 
«il-  la  hauteur  d'icelluy  pillier  (pii  est  à  j)resenl,  et  ce  entre  icy 
et  carcsme  prencnt. 


MÉLANGES    ET    DOCUMENTS.  255 

Item  est  pacte  que  lesd.  bailhes  du  pain  l)onoil  seront  tenus 
pour  la  facture  et  composition  d'icelluy  pilier  poyer  aud.Talhan 
la  soma  de  unze  livres  tournois  et  ce  entre  si  et  le  jour  de 
caresme  prenent,  la  besoigne  parfaicte. 

Item  est  pacte  que,  au  cas  que  le  dictTalhan  n'eust  niys  Icd. 
pilier  aud.  jour  de  caresme  prenent  sur  lad.  coupe  de  l'euau 
benoyste  en  la  forme  et  manière  dessus  dicte,  bien  ferme  et 
assemblé  avecques  la  coupe,  par  dessus,  et  l'ymaige  Nostre 
Dame  qui. est  au  dessus,  led.  Talhan  a  voulu  et  veult  encourir 
la  poine  de  unze  livres  à  apliquer  à  lad.  table. 

Item  est  pacte  que  là  et  quant  ledict  pilier  ne  seroit  au  plai- 
sir desd.  bailles  et  ne  leur  seroit  agréable,  le  pourront  laisser 
aud.  Talhan,  et  si  led.  Talhan  en  avoit  prins  aucune  some  de 
deniers  pour  ce  faire,  led.  Talhan  sera  tenu  leur  [rendre]  l'ar- 
gent qu'il  auroit  receu  desd.  bailles. 

Quae  quidem  pacta  fueruut,  inde  tenere  et  servare  promise- 
runt  etc..  Testes  magister  Johannes  Longapierre  massonerius, 
Johannes  de  la  Roqau  et  Johannes  Fornic  Tliolose. 

Et  ibidem  illico  in  praêsentia  mei  notarii  dictus  Talhan  per- 
cepit  a  dictis  bajulis  in  deduclionem  dicti  pilarii  sunimam 
trium  librarum  turn.  quam  habuit  et  récépissé  recognovit  etc. 
in  praesentia  quorum  supradictorum. 

[.\rchives  notariales;  Saurclli  not.,  reg.  i527-i53i,  non  fol.] 

6 

3i  juillet  i53i. 

Sachent  tous  presens  et  advenir  que  comme  ainssin  soyt 
que  messieurs  les  bailles  regens  et  surentendens  de  la  table  et 
confrairie  du  corps  de  Dieu  en  l'église  métropolitaine  Sainct 
Estienne  de  Tholouse  instituée  heussent  baillé  à  reffaire  les 
orgues  de  la  dicte  table  à  maistre  Jacques  Cormier,  maistre 
orgueniste  de  Tours,  et  ce  à  faire  aux  ditz  orgues  les  jeulx  qui 
suyvent,  à  scavoir  est  le  principal,  la  octave,  le  xv""*,  la  xix% 
la  xxij%  la  grosse  fleute,  le  xij"  de  la  fleute,  le  xv"  de  la  tteute, 
le  bas  jeu  de  regales,  que  montent  tout  neuf  jeux  dilTerens, 
pour  le  pris  et  somme  de  cent  quarante  livres  tournois,  comme 
plus  aplain  est  contenu  en  l'instrument  sur  ce  passé  par  moy 


•>?)(■)  ANNALES    DU    MIDI. 

notaire  subsigné,  el  soyt  ainssi  que  les  dits  messieurs  de  bailles 
en  haussent  promis  à  messieurs  les  chanoynes  de  la  dicte  église 
de  soy  pouvoir  aydcr  desdicts  orgues  pourveu  que  t'eussent 
tenus  de  iceulx  tenir  accourdés  en  forme  deue  à  leurs  propres 
coutz  et  despens,  ce  que  lesd.  messieurs  de  chanoynes  avoyenl 
accordé  ainssi  que  appert  par  instrument  retenu  par  mestre 
Jehan  Danyel  notaire  du  dict  chapitre,  et  soyt  ainssi  que  tant 
le  dict  Cormyer  pour  sa  descharge  que  aussi  lesd.  messieurs 
heussent  convoqués  plusieurs  maistres  orguenistes  pour  visiter 
lesd.  orgues,  icelles  faire  somner  et  voir  si  led.  Cormier  auroit 
acompli  la  tenur  des  pactes  sur  ce  passés. 

Par  ainssi  est  que  l'an  que  l'on  conte  mil  vcxxxj  et  le  deinier 
jour  du  mois  de  julhet  dans  la  dicte  église  et  table  personnel- 
lement constitués  à  scaAoir  est  maistre  Fermyn  de  la  Lyardièrc 
de  Amians  en  Picardie,  Fortis  PujoUi  de  Carcassone,  Nicholas 
Pongi  de  Uzès  maistres  orguenistes,  messieurs  Guilhaume 
Picanain  (ou  Picavain)  maistre  des  enfans  du  cucr  de  cestc 
esglise,  Pierre  Chevallier  chantre  et  contrehaute  dud.  cuer, 
lesquels  tous  moyeuent  seraient  par  eulx  preste  ont  lefferé 
avoir  visité  lesd.  orgues  et  ensemble  les  pactes  passés  avec  led. 
Cormyer  et  icelles  visitées  avoir  tiouvé  led.  Cormyer  avoir 
acompli  le  contenu  auxd.  pactes  et  lesd.  orgues  estre  bien 
accordés,  les  jeulx  contenus  en  iceulx  pactes  avoir  esté  faicts 
par  le  susd.  Cormyer  et  acompHs  et  iceulx  orgues  estre  de  bon 
accort  et  en  perfection,  et  aussi  la  souflerie  estre  faicte  selon 
le  contenu  esd.  pactes,  desquelles  chouses  dessus  dictes  tant 
ledict  Cormyer  pour  sa  descharge  que  aussi  lesdicls  messieurs 
de  bailles  à  scavoir  est  messieurs  Pierre  Kolli,  \rnauld  de 
Hlancour  licencié,  maistre  Gerault  Peguricr  prociireur  en  Par- 
lement, Pierre  Malbard  appolhicaire,  ont  re{juis  à  moi  noiaire 
subsigné  leur  retenir  acte  de  ce  dessus  pour  leur  servir  en 
temps  et  lieu  contre  led.  chapitre,  aclendu  qu'ils  balhenl  lesd. 
orgues  à  présent  accordées,  là  où  et  c|u;ui(l  led.  cbappilre  en 
suivant  sad.  offre  ne  vouldroit  leui'  accorder  lesd.  orgues  en 
et  suyvanl  l'obligation  par  eulx  faicte,  es  présence  de  mestre 
Pierre  Ciilelli  docteui',  mestre  .leliau  de  Sancto"'  [trocuieui-  du 
roy,   Tuonsieur  Domiuge  de  Saint-Ange,   messieurs  Xrnauld  de 


MKLVNP.ES    ET    DOCLMKNl  S. 


■20' 


Arro  bachelier,  meslre  Pierre  de  (^)ueicu  panatier,  diul.  Tholose 
liabitans,  et  de  moy 

Salrelli. 

S'ensuit  les  dilerands  [des]  jeulx  de  l'orgue, 
et  premièrement  le  grand  jeulx, 
le  jeulx  de  papegayl, 
le  jeulx  des  chantres, 
le  jeulx  des  fleusles  d'allemans, 
le  jeulx  de  pifres', 
le  jeulx  souri, 

le  jeulx  de  nazars  petits  et  grans, 
le  jeulx  des  cornes, 
le  jeulx  des  simballes 
le  jeulx  des  tleustes, 
le  jeulx  de  petit  carillon, 
le  jeulx  de  petites  orgues, 
le  jeulx  de  petites  orgues  en  tleustes, 
et  sic  de  aliis 
le  tabou  ri  n 
et  un  jeulx  de  regalles. 

I Archives  notariales,  ihid.] 


III 


VERS     LANGUEDOCIENS     d'lN    ÉLÈVE     DL"     COLLEGE     DE     CASTRES 

(xvii"  siècle). 

Je  dois  à  mon  collègue  et  ami  Emile  Carlailhac  com- 
munication d'un  petit  volume  manuscrit  du  xvn"  siècle, 
contenant  des  élucubralions  d'un  écolier  du  «gymnase» 
de  Castres.  Le  volume  est  en  papier;   il   mesure  environ 


1.   Fifres;  cf.  Ducangc,  Glons.  s.  v.  piffarus,  et  Mistral,  Dicl.  i>rov. 
fr.,  s.  V.  pij're. 


2  58  ANNALES    DU    MIDI. 

i8  centimètres  de  hauteur  sur  12  et  demi  de  large.  Il  est 
composé  de  soixante-dix  feuillets  environ.  Il  renferme 
des  fragments  de  discours  français,  de  discours  latins,  de 
vers  latins,  des  extraits  des  sentences  de  Caton,  des  pré- 
ceptes de  rhétorique,  des  houts  rimes,  des  vers  français, 
et  tout  ce  que  peut  trouver  une  imagination  d'écolier, 
intelligent  d'ailleurs,  et  qui  devait  connaître  le  latin  infi- 
niment mieux  que  les  candidats  au  haccalauréat  d'au- 
jourd'hui. L'auteur  se  nomme  plusieurs  fois  ;  en  tête 
d'abord  :  Alaret  (f"  i,  1"),  Alaret  «  rhétoricien  au  col- 
lège de  Jésuites,  1670  (f"  12,  r")  »  ;  sur  un  feuillet  se 
trouve  la  date  de  1669,  sur  un  autre  Jacobus  Alaret 
1668;  un  autre  contient  la  mention  suivante,  plus  com- 
plète :  «Jacobus  Alaret,  eloquentiae  candidatus,  fecit  1668. 
Factum  es!  in  gymnasio  Gastrensi'.  » 

Parmi  les  compositions  du  recueil,  on  trouve  une  Épi- 
taphe  de  Mr.  de  Vasergues,  mort  en  Candie,  une  Épigramme 
du  Régent  Obrier,  jésuite;  une  épître  latine  qui  est  en- 
voyée à  Alaret  par  le  sieur  Degualy  ou  De  Gualy-  (avec 
réponse  d' Alaret).  Le  même  «  sieur  de  Gualy  »  lui  écrit 
de  Puylaurens  une  lettre  en  latin  et  Alaret  y  répond  dans 


I.  M.  Cartailhac  est  par  sa  graud'inèic  aiaterncUe  un  desccndani 
do  CCS  d'Alaret.  dp  Millau  (Avcyron);  il  possède  encore  leurs  biblio- 
Ihcques  formccs  aux  \\i°,  xvn°  et  xvni'=  siècles,  plus  de  vingt 
diplônios  universitaires,  des  livres  de  raison,  des  lettres  et  papiers 
divers,  qui  pourraient  permettre  d'écrire  un  petit  livre  intéressant 
sur  ces  bourgeois  rouergals  très  instruits,  médecins,  professeurs 
es  arts  libéraux,  juristes;  huguenots,  bien  qu'ayant  fréquenté,  faute 
d'autres,  les  écoles  cl  universités  callioliqnes.  M.  Cartailhac  a  pro 
mis  un  clioix  de  ses  documcnls  et  souxcnirs  au  Musée  Universitaire 
de  Toulouse,  qui.  sans  la  gueire.  serait  prêt  à  les  recevoir.  [E.  C.| 

y.  Encore  une  vieille  famille  de  Millau.  Le  correspondant  (hi 
jeune  .Vlarel,  cpii  devait  avoir  quinze  ans  environ  en  i()7o,  ne  se 
retrouve  pas  sur  les  listes  généalogiques  du  M.  11.  de  Harrau;  mais 
cet  historien  a  négligé  (iiieiciuefois  les  Rouergals  huguenots.  Or.  ce 
(le  (iualy  a  étudié  à  l'uNlaurens.  dans  l'Académie  de  la  religion 
réformée.   (K.  C.J 


MELANGES    ET    DOCUMENTS.  25q 

la  même  langue  (1670).  Il  y  a  encore  des  vers  sur  «  la 
caille  lorsqu'elle  passe  la  nier  »,  des  épigrammes  lati- 
nes, etc.  C'est  au  milieu  de  ce  l'atras  que  M.  Gartailhac 
m'a  signalé  les  deux  sonnets  publiés  ci-dessous.  La  poésie 
n'a  rien  à  voir  avec  ces  bouts  rimes  et  la  musc  y  parle 
((  patois  »  et  français.  Ces  vers  ne  sont  intéressants  qu'à 
un  seul  titre  :  ils  prouvent  que  le  goût  d'écrire  en  langue 
vulgaire  n'avait  pas  complètement  disparu  dans  certains 
milieux  de  la  société  méridionale.  Les  écoliers  du  collège 
de  Castres  seraient  ])eut-être  encore  capables  de  faire  de 
mauvais  vers  français;  mais  auraient-ils  l'idée  d'en  com- 
poser en  langue  castraise?  J'en  doute.  Rappelons,  en 
terminant,  que  Alaret  est  contemporain  de  Pierre  Borel, 
qui  fut  déjà  au  xvn'  siècle  un  philologue  et  dont  le 
Trésor  de  recherches  et  antiquités  gauloises  el  françaises 
peut  être  encore  consulté  avec  fruit'. 

J.    A>GL.\DE. 
I 
LHAUTEUR.    SONNET. 

Jamay  noun  me  prendrai!  per  grand  home  d'cslat, 
Jamay  noun  ay  legit  ny  libres  ny  pancartes, 
Jamay  noun  ay  jougat  qu'as  dats  et  à  las  cartes, 
Jamay  noun  ay  rendut  l'argen  que  m'en  prestal. 


I.  M.  Gartailhac  mp  communique  au  dernier  moment  une  note 
concernant  les  relations  cjui  existèrent  entre  un  membre  de  la  fa- 
mille Alaret  et  Pierre  Borel.  Notre  ami  possède  un  volume  de  ce 
dernier  intitulé  :  «  Discours  nouveaux  \  prouvant  |  la  pluralité  des 
mondes  |  ...  A.  Genève.  M.DG.LVtl.  »  Sur  la  feuille  de  garde  on  lit  : 
Pluralité  des  Mondes.  1657 .  Donum  Authoris.  La  date  de  1657  ne  con- 
vient pas  pour  notre  Alaret  ou  plutôt  d' Alaret.  Le  dWlaret  aucjuel 
Pierre  Borel  fait  hommage  de  son  volume  pourrait  être,  d'après 
M.  Gartailhac,  non  l'auteur  des  vers  languedociens  imprimés  plus 
loin,  mais  son  père,  licencié  en  médecine  en  1627,  qui  avait  une 
quinzaine  d'années  de  plus  c^ue  son  renommé  confrère  de  Gastres, 
le  savant  docteur  Borel. 


26f)  WNVLES    ni      MIDI. 

Jamay  noiin  crcsc  pas  d'aue  f'ach  (?)  autre  estât, 
Jamay  noun  ay  mangat  que  perdises  et  tartos, 
Jamay  noun  ay  agut  que  un  cop  las  febres  quartes  (sic), 
Jamay  noun  ay  pougut  faire  de  carrcstat. 

Jamay  noun  lornc  fa  de  débauches  pareilles, 
Jamay  noun  jogue  pas  jusques  à  las  aureilles, 
J.inia)  noun  sortiray  gaire  be  de  l'housteau; 

Jamay  noun  aymaray  l'enne,  p..o,  ny  iille  ; 
Jamay  noun  vole  pas  arboura  la  vedillc'  : 
Janiav  noun  m'ausiran  dire  nv  faire  mau. 


11 


.lamay  noun  a\  gastat  ol\  ni  ma\  caridelles 
l'er  estudia  lou  gra^c,  rhel)rieu  ny  lou  latin, 
.l;iinay  noun  ai  veillai  ny  vespre  ny  malin 
Pcr  retenc  (|uicon  dins  ma  lourde  cervelle. 

Ce  you  baihouille  en  vers  mon  humour  m'y  apelle, 
Cftmme  un  fantasque  esprit  de  faire  lou  lutin  ; 
I/on  noun  pot  évita  soun  malheureux  destin, 
l/igiiourence  embe  ion  n'es  pas  cause  nouvelle. 

Jou  noun  soui  pas  tant  fat  de  me  creire  entendut. 
Mais  tau  qu'oun  vaudra  pas  las  bragues  d'un  |)endut 
Fara  de  mous  sonnets  et  de  mous  vers  letieire. 

'i'outefcs  s'a  de  sen,  avant  que  s'en  trufa 
Tasche  permiciramenl  au  mens  de  million  i',\ 
Va  piei  monquf  se  prou  de  ma  limr  groiissieire. 

I.  I.a    \c(lili,,  ipiclinl  Trcsar   du    lV'lil)rij^c  >  <'sl    le    n(inil)ril    ri    sans 
(lonic  iMic  ,nili(>  |);iilie  (In  corps. 


COMPTES  RENDUS  CRITIOUES 


Les  Joies  du  Gai  Savoir,  recueil  de  poésies  couron- 
nées par  le  Consistoire  de  la  Gaie  Science  (132/4-1 /|8/i), 
publié  avec  la  traduction  de  ,I.-B.  Noulkt,  revue  et 
corrigée,  une  introduction,  des  notes  et  un  glossaire 
par  Alfred  Jeanrov,  professeur  à  l'Université  de  Paris. 
Toulouse,  imprimerie  et  librairie  Edouard  Privât, 
191 4  ;  in-8"  de  xx\-322  pages  [nihliol/ièqiie  inéi-idionale, 
V^  série,  t.  \VI|. 

M.  A.  Jeanrov  a  voulu  remcltro  en  circnlation  un  livre  de- 
venu aujourd'hui  introuvable  et  qui  pour  son  époque  fut  une 
très  bonne  ])ublication.  Les  Joies  du  Gai  Savoir  ont  été  d'abord 
éditées  par  cet  érudit  si  sûr  et  si  dévoué  à  nos  éludes  que 
fut  J.-B.  Noulet.  Noulet  était  un  de  ces  excellents  autodi- 
dactes, à  qui  il  n'avait  manqué  que  d'avoir,  au  temps  de  la  for- 
mation de  leur  esprit,  de  bons  maîtres  et  des  instruments  de 
travail.  Ils  n'abondaient  pas,  ni  les  uns  ni  les  autres,  du  moins 
pour  ce  qui  est  de  la  philologie  romane,  vers  18:20  ou  i83o. 
Aussi  y  avait-il  des  lacunes  tlans  l'éducation  philologique  de 
notre  romaniste;  mais  il  y  suppléa  par  des  lectures  nom- 
breuses et  des  travaux  minutieux;  il  axait  une  belle  bibliothè- 
que romane,  qui  se  dispersa  aux  quatre  coins,  sans  qu'aucune 
société,  compagnie  ou  corps  méridional  essayât  de  la  letcnir. 
Il  ne  fut  jamais  de  l'Académie...  des  Jeux  Floraux,  et  pourtant 
c'est  lui  qui  aurait  dvi  éditer  les  Lcys  d'Amors,  aux  lieu  et  place 
de  Gatien-Arnoult,  qui  était  moins  bien  préparé  que  Noulet  h 
cette  publication.  Un  de  nos  amis,  M.  F.  de  Gélis,  a  accjuis 
l'exemplaire  des  Leys  d'Amors  qui  ;i  appartenu  à  \oulet  :  de 
nombreuses  notes  et  corrections  montrent  combien  ce  profes- 
seur de  pharmacie  avait  le  sens  de  la  philologie  romane. 


262  A>>ALES    DU    MIDI. 

Ce  qui  le  montre  encore,  c'est  l'éloge  que  M.  Jeanroy  fait  de 
sa  traduction  des  Joies  du  Gai  Savoir  :  «  Quant  à  la  traduction, 
j'ai  cru  devoir  la  conserver  dans  son  ensemble;  elle  est  d'une 
littéralité  systématique,  parfois  un  peu  déconcertante,  mais 
non  sans  charme,  laquelle,  au  surplus,  était  seule  propre  à 
rendre  une  pensée  si  souvent  incertaine,  confuse  et  presque 
inexistante.  Je  me  suis  borné  à  remplacer  quel([ues  expressions 
trop  archaïques  ou  inexactes  et  à  effacer  les  contresens,  »  (P.  11.) 
Tel  est  l'hommage  justifié  rendu  par  M.  A.  Jeanroy  à  son  pré- 
décesseur. 

La  nouvelle  édition  se  recommande  par  des  améliorations  très 
sensibles  apportées  au  texte  et  par  l'élimination  des  contresens 
que  Noulet  n'avait  pas  toujours  su  éviter.  Une  préface  un  peu 
brève  peut-être  nous  fait  connaître  ce  qu'il  est  nécessaire  de 
savoir  avant  d'aborder  la  lecture  des  Joies.  Le  texte  est  sensi- 
blement amélioré,  avons-nous  dit;  il  semble  qu'il  pourrait  l'être 
encore  davantage  par  une  collation  minutieuse  du  manuscrit; 
nous  avons  collationné  (juelques-unos  des  pièces  (nous  avons 
pris  celles  du  début,  exactement  les  six  premières);  nous  don- 
nons ci-après  le  résultat  de  notre  étude,  en  signalant  les  lectu- 
res douteuses;  il  n'est  pas  d'ailleurs  dans  notre  intention 
de  diminuer,  par  ces  critiques  de  détail,  les  mérites  du  nou- 
vel éditeur  ni  ceux  de  l'ancien;  c'est  plutôt  un  complément, 
au  moins  pour-  ces  six  premières  pièces,  à  leur  édition. 

Préface,  p.  II.  Le  ms.  est  en  parchemin  et  appartient  à  la 
bibliothèque  de  l'Académie  des  Jeux  Floraux;  1,  2  de  la  note  3 
de  la  p.  I,  il  manque  les  cliifl'res  des  centaines  :  MflGCLXXXX. 

P,  V,  n.  3,  Au-dessus  du  dessin  représentant  une  femme, 
qui  se  trouve  à  la  ]>.  i  (hi  ms, ,  on  lit,  /),  Gl  (écriture  plus  ré- 
cente que  celle  du  ms,;  elle  pourrait  être  du  xvii°  siècle  ou  du 
XVI" î»);  or  i\  la  p.  ()i  de  la  pagination  primitive  se  trouve  la 
Dansa  de  Nostra  Dana  :  Palays  de  (/raid  excellensa;  c'est  sans 
doute  ce  haut  personnage  que  l'apprenti  dessinateur  a  voulu 
représenter  avec  une  gaucherie  parfaite. 

P.  \  1.  Deuxième  lislc  des  maiuteneurs  :  le  ms,  porle  M" 
conslaninient;  je  crois  (pi'il  faut  mainlrnir  M"  cl  non  pas  M', 


COMPTES   RENDUS    CRITIQUES.  263 

et  entendre  Mossen,  comme  il  est  écrit  en  (ouïes  hllres  au 
document  suivant.  En  ce  qui  concerne  ce  dociiineiil,  le  ms.  me 
paraît  porter  :  dillalz  (\.  5),  ([uoique  le  premier/  soit  moins  tiaut 
que  l'autre,  et  yj/'nnerament  (1.  6)  au  lieu  de  preinu-rnineiil. 
Capitol  (1.  3)  est  écrit  en  interligne. 

P.  Vil,  haut  de  la  page,  ligne  2  ."je  n'ai  pu  lire  sur  le  ms. 
que  qiiada;  si  an  existe,  il  est  invisible  aujourd'hui  par  suite 
de  la  reliure.  M.  de  Gélis  lil  (Ilhl.  crit.  des  Jeux  Floraux, 
p.  343)  quad'an. 

P.  VIll,  n.  I.  Titre  :  cominaliva  est  sûr;  je  lis  ensuite  istruc- 
liva  plutôt  que  eslructiva;  v.  2,  le  ms.  a  niesatger,  avec  une 
seule  s;  v.  5,  crldec  ms.;  v.  i3,  le  ms.  a  seii;  le  sens  n'en  est 
pas  d'ailleurs  plus  clair,  mais  j'exclurais  census;  v.  ll^,  il  sem- 
ble qu'on  ait  d'abord  écrit  nol,  corrigé  en  nô  par  le  grattage  de  / 
et  l'addition  du  tilde;  v.  19,  le  ms.  a  guarnir;  y.  21,  le  ms.  a, 
sauf  erreur,  nos  pas  (au  lieu  de  nos  par)  que  j'interprète  no's 
pas  =  no[n]  es  pas;  v.  23,  no  hy,  le  ms.  a  noy  ;  les  deux  derniers 
vers  sont  écrits  en  caractères  plus  gros. 

Dans  la  pièce  1  du  recueil,  publiée  d'abord  par  Noulet  et 
ensuite  par  Chabaneau  et  Noulet,  j'écrirais  avec  les  précédents 
éditeurs  :  Verges  ses  par  de  plazensa  (à  la  strophe  II)  sans  vir- 
gule après  Verges  et  Regina  dels  sels  d'ondransa  (st.  III)  sans 
virgule  après  sels  :  Verges  ses  par  et  Regina  dels  sels  me  parais- 
sent former  de  véritables  noms  composés  qui  peuvent  avoir 
un  complément  déterminatif.  La  traduction  de  nierce  par 
merci  (v.  f\,  64),  qui  se  retrouve  chez  les  deux  traducteurs, 
prête  à  la  confusion,  d'autant  que  la  tournure  -.Je  vous  prie 
que  merci  m'ayez  ne  pallie  pas  ce  défaut  par  son  élégance. 
Quant  à  la  traduction  :  aussi  vrai  que  je  suis  octroyé  là  où 
vertu  est  octroyée,  qui  remonte  à  Noulet  sauf  les  trois  premiers 
mots,  elle  n'est  pas  heureuse  non  plus. 

Dans  la  pièce  n°  II,  M.  A.  Jeanroy  a  aussi  gardé  la  traduction 
i\oulet  en  rectifiant  quelques  erreurs  (i"  strophe)  ou  faux  sens, 
mais  ceux-ci  peu  nombreux.  La  strophe  III  est  identique  dans 
les  deux  traductions  et  la  strophe  IV  présente  peu  de  change- 
ments. La  traduction  Noulet  du  vers  23  {que  l'ennui  le  cœur  me 
gâte)  me  paraît  meilleure  (sauf  ennui)  dans  sa  littéralité  que 


■J.(]^\  ANNALES    Dl     MIDI. 

celle  du  nouvel  (klilour  {fjuc  la  pà/)ioiso/t  le  cœur  me  trouble). 
A  la  deuxième  strophe,  Chabaneau  hésitait  entre  esserca,  sub- 
jonctif de  exercir,  o\  esserca,  indicatif  présent  de  essercar; 
M.  Jeanroy  adopte  la  [)remière  hypothèse  et  traduit  par  «  que 
j'exerce  le  droit  »;  le  sens  ne  me  satisfait  pas;  de  plus,  il  faut 
corriger  clreg:  en  dreg ;  enfin,  le  subjonctif  esserca  de  exercir 
me  paraît  peu  assuré;  je  ne  connais  que  exercisca  (dans  Ray- 
nouard,  Lex.  Rom.),  forme  inclioative;  j'aimerais  donc  mieux 
traduire  :  que  le  droil  [d'amour?]  recherche. 

Dans  la  pièce  111,  au  titre,  le  ms.  porte  non  pas  ex-capitol, 
forme  qui  ne  doit  pas  être  de  l'époque,  mais  cavalier  (oublié) 
HE  CAPITOL,  V.  i8,  le  ms.  a  prendem.  Au  v.  ^j,  la  lecture  ne 
me  paraît  i)as  douteuse;  paléographiquement  il  est  impos- 
sible de  lire  perl ;  pot  me  paraît  seul  lisible.  Y.  29,  avant 
naut  on  a  bairé  man;  à  la  fin  du  vers  le  scribe  a  écrit,  par 
erreur,  tôba  (avec  /)  qui  est  très  lisil)le.  Si  au  v.  02  on  con- 
serve la  leçon  du  ms.,  on  pourrait  entendre  :  si  bien  que  il 
(c.-à.-d.  l'ave/-)  nous  met  dana  la  tombe.  V.  l^-j,  ou,  faute  de  lec- 
ture ou  d'impression  pour  on,  leçon  du  ms. 

Pièce  IV  :  la  collation  du  ms.  indique  des  corrections  ;  pour 
l'année,  sauf  erreur,  je  lis  MCCCLVI  (au  lieu  de  MCCCLV). 
V.  (),  le  z  de  declaratz  est  gratté,  mais  il  est  encore  bien  visible; 
on  avait  d'abord  écrit  ray  declaratz,  on  a  ensuite  corrigé  rays 
déclarât.  A  .  10,  quar  <'sl  écrit  de  la  même  encre  que  senes  (cor- 
rection i)Ostérieure  au  texte).  V.  i4,  la  leçon  piimilive  est  liinh ; 
une  main  récente  a  corrigé  en  nuh  (et  non  nulz,  comme  il  est 
dit),  h  finale  de  lunh  étant  maintenue.  \  .  17,  le  ms.  a  bonlatz 
et  non  bontat.  \  .  -ÏA .  a\an!  f/uanjos  on  a\ail  écrit  yau ,  rayé 
ensuite.  \  .  'A-.  /o.v,  le  ms.  a  t(Ui.s\  \.  YA.  ((  ms.  amistal  n  ;  non,  il 
y  a  amislatz. 

\.  En  marge  le  ms.  porte  la  mention  r,  d.  ati  début  de 
chaque  strophe  de  canso  ou  de  dansa.  Cette  mention  cesse  après 
la  strophe  VIII.  V.  id,  le  /  de  deduyt  a  été  ajouté  après  coup; 
V.  17,  le  second  o  da  joyos  au-dessus  du  mot;  v.  19,  amors, 
s  est  ajoutée;  qucn  est  dans  le  ms.  que  avec  tilde  ajouté  de  la 
môme  main  qui  a  l'ail  les  autres  corrections.  V.  /|2,  .s'as(U/ua 
est  bien   traduit  an  g|(is«;aiie  par  ar/-nser;  le  p.iinl   d'inlerroga- 


COMPTES    RENDUS    CHITIQLFS.  205 

tiou  de  la  traduction  est  inutile.  V.  ôo,  écrire  ijue-tis  au  lieu  de 
que  vos;  v.  5i-5a,  les  mots  don  cascus  deu  ont  été  aussi  refaits; 
entre  deu  et  vos  on  pourrait  lire  peut-être  en  ou  es  de  l'ancien 
texte.  V.b8,joves  est  une  correction  intéressanle  du  nouvel  édi- 
teur, qui  rappellerait  un  passage  de  H.  de  Harbe/ienx.  V.  .^)9, 
je  lis  beulat  dans  le  mantiscrit,  et  je  crois  que  c'est  la  vraie 
leçon. 

VI,  3.  Lire  on  s'abitet  (pronominal)  •*  ^^  tj,  sauf  erreur  de  ma 
part,  le  ms.  a  soffric.  V.  8,  les  trois  derniers  mots  sont  écrits 
sur  trois  mots  grattés'. 

Pièce  Vil,  V.  3,  1.  pojat ;  v.  ^'i,  arbe  (avec  dissimilation)  doit-il 
être  maintenu?  V.  lo,  trop  vils  me  paraît  se  rapporter  au  sujet, 
non  au  régime.  V.  33.  Umililat,  \h  et  ailleurs,  me  paraît  devoir 
être  plutôt  traduit  par  miséricorde:  il  y  a  quelque  part  une 
observation  de  Cliabaneau  sur  ce  sens  de  humilitat  en  parlant 
de  Dieu  et  de  la  Vierge;  mais  je  n'ai  pu  retrouver  le  passage; 
à  la  pièce  \XI,  v.  5,  hiuniel  est  bien  traduit  par  bienveillante. 

VIII,  ai-aS.  Maior.  hotraciigar ;  j'aimerais  mieux  unifier  la 
graphie  duj;  cf.  p.  1V^  de  l'introduction  :  «  plusieurs  emploient 
\ej,  mais  sans  lui  donner,  semble-t-il,  une  valeur  particulière.  » 
Si  le  j  n'était  pas  en  i373  le  j  actuel  (français),  il  n'était  sûre- 
ment ni  i  ni  y  :  cf.  au  v.  53  reihovenir,  et  IX,  39,  venyansa,  etc. 

IX,  la,  lire  nous;  v.  34,  pourquoi  un  point  d'interrogation 
dans  la  traduction?  Ce  n'est  plus  un  duché,  il  n'existe  plus 
comme  duché,  car  il  ne  vous  reconnaît  plus,  mais  il  désire  très 
fort  le  roi  français.  V.  Z»6,  lire  c'um. 

XII,  10.  Corr.  tot[:]. 


I.  On  remarque  des  corrections  assez  nombreuses  dans  les  sus- 
criptions  des  pièces  :  des  noms  propres  sont  écrits  d'une  encre  plus 
récente  sur  un  texte  plus  ancien  gratté  (ou  simplement  effacé  par  le 
temps?).  Si  cette  restauration  n'a  eu  pour  but  que  de  rendre  plus 
lisibles  des  textes  qui  ne  l'étaient  plus  guère,  l'intention  l'ut  bonne 
et  la  restauration  beureuse.  Mais  si  par  hasard  quelques-unes  de 
ces  corrections  étaient  dues  à  un  faussaire-'  Ce  ne  serait  pas  la  pre- 
mière fois  qu'un  manuscrit  pourrait  dire,  comme  un  de  ceux  que 
de  Hailze  a  annotés  à  la  Bibl.  Méjanes  :  Super  dorsuin  ineain  fabrica- 
veninl  peccalam.  Je  pense  plus  particulièrement  à  la  pièce  MU,  qui 
se  trouve  dans  deux  manuscrits  avec  une  attribution  difl'érente. 

ANN.\LES    DU    MIDI.    \\I\.  l8 


206  ANNALES    DU    MIDI. 

XVI,  II.  Lire  totz  estrems.    Cf.  XXV,  21,  per  toutz  estrernps. 

XVI,  7.  Laupart  avait  été  écrit  d'abord  Laupardt,  puis  d  a 
été  effacé;  il  semble  que  a  ici  et  au  v.  i5  ait  été  corrigé  en  e  : 
au  V.  43  la  correction  (par  suite  d'un  grattage)  est  sûre;  v.  aS  le 
nis.  a  leupart,  v.  3i  et  89  également  :  leuparl  est  donc  la  forme 
attestée. 

XIX,  V.  3.  Remplacer  le  point  par  une  virgule. 

XXI,  7.  La  forme  tiau  (p.  lieu)  est  intéressante,  comme  pas- 
sage de  la  triphtongue  ieu  protonique  à  iaii.  V.  34-  La  traduc- 
tion littérale  :  Toulouse  csl  elle  de  grand  conforl  (qui  est  d'ail- 
leurs de  Noulet)  n'est  pas  des  plus  heureuses. 

XXIII.  Titre,  traduction  :  carmina  erant  de  re  nova  est  traduit 
par  étaienl  chose  nouvelle,  ce  qui  n'est  pas  très  exact.  Y.  42, 
lire  isla. 

XXIV,  49-  Le  ms.  porte  non  pas  a  calobre  cru,  mais  Icalobre 
cru,  que  l'on  peut  conserver  en  faisant  de  /  l'article  appuyé; 
l'article  peut  être  employé  dans  les  invocations  ou  exclama- 
lions  :  cf.  XI,  2,  a  î'05  reclam,  la  Regina  plasenl. 

XXVII,  titre.  Il  manque  un  C  au  millésime.  V.  87,  j'entends 
provesio  comme  apposition  au  v.  34.  A  la  lornada  (traduction) 
ajouter  le  nom  de  Bernard  Arnaut,  après  qu'il  lui  souvienne. 

XXIX,  4-  Je  lis  myljh  dans  le  ms.  au  lieu  de  niynh. 

XXXIV,  3o.  Corrigez  niiligara. 

XXXV,  V.  4-  Je  ne  crois  pas  que  la  traduction  (qui  est  de 
Noulet)  soit  exacte  :  gen  est  un  masculin  (cf.  genta  au  v.  i4) 
qui  doit  se  rapporter  à  capilol  :  «  je  veux  montrer  que  chaque 
capitoul  est  noble  par  une  vertu.  »  Sir.  II  (trad.)  honnéle parleur 
(pour  des  Toulousains  !),  honnêteté...  pkdsanle  (qui  sont  aussi 
de  Noulet)  sont  des  traductions  plutôt  faibles. 

XXXV,  V.  27  {den)  lire  dea. 

XXXVII,  37.  Le"ms.  n'a  pas  cslrey,  mais  ,s^//y'_v  avec  le  signe 
de  l'abréviation  de  n  au-dessus  de  ey. 

LX,  i4  :  C(^/'/r///a  ;  je  crois  (pi'oii  peut  arriver  au  sens  de  secou- 
rable,  fidèle,  qui  n'abandonne  pas  les  pécheurs,  par  l'intermé- 
diaire de  :  sûre,  à  qui  on  fie  s'adresse  pas  en  vain;  les  exemples 
donnés  par  Levy,  S.  W.,  ou  du  moins  celui  tiré  de  Guiraut  Ri- 
quier(7i,  1 54)  et  appliqué  à  la  Vierge,  peuvent  s'expliquer  ainsi. 


COMPTES    RENDUS    CRITIQUES.  267 

LXI,  17.  Il  vaudrait  mieux  écrire  melré  (avec  un  accent) 
comme  cela  a  été  fait  ailleurs,  clans  le  volume,  pour  faciliter  la 
lecture.  Cf.  XV,  10,  où  la  graphie  (jiie  dire  poui-  ({xc  dire  a  fait 
d'abord  tromper  le  traducteur  (corrigé  [).  "^98). 

P.  394.  Si  A/o.s-  Casteh  est  un  se/thal,  comme  le  veut  Cliaba- 
neau,  il  est  le  sujet  de  iibrisca  (et  non  de  iifrisca,  comme  il  est 
dit  par  erreur),  qui  n'a  pas  besoin  de  régime  direct,  surtout 
avec  un  pronom  régime  indirect. 

P.  294.  «  Cet  auteur  gagna  la  violette  en  i333  ».  Dans  l'éd. 
Noulet  des  Joyas  il  est  dit  i333;  tlans  Deux  mnnnscrils  il  y 
a  i33o. 

Note  à  Y,  44  :  c'est  ''/  qu'il  faut  lire;  j'entendrais  :  non  par 
une  paire  de  rimes  (sens  ordinaire  de  an  au  pluriel),  c'est-A-dire, 
non  simplement,  mais  par  une  coupe  nouvelle,  etc.  L'auteur 
veut  insister  sur  l'honneur  (ju'il  rend  à  la  Vierge  en  employant 
pour  la  chanter  une  forme  métrique  compliquée;  nous  sommes 
loin  de  la  simplicité  du  Tonibeor  lYoslre  Dame. 

Note  à  VII,  65-68.  Il  n'est  peut-être  pas  nécessaire  de  corri- 
ger po/'/a/-a  en  portaras  :  on  jieut  entendre  :  mon  rers  courlois 
me  portera,  c.-h-d.  portera  mon  /lo/n;  l'allusion  à  un  jongleur, 
même  lictif,  me  paraît  peu  vraisemblable  à  cette  époque.  Peut- 
être  aussi  pourrait-on  corriger  :  m'emportara,  puisque  le  poète 
désire  (v.  i)  c{ue  son  poème  soit  entendu  des  chevaliers  (qui 
pourraient  aller  à  la  croisade). 

Note  à  X,  44  :  j'entendrais  gitar  au  sens  de  déliorer,  qu'il  a 
souvent  (Levy,  S\  W.),  et  je  remplacerais  demensa,  inconnu, 
par  temensa  :  délivrer  de  sa  crainte,  ne  pas  avoir  j)eur  du 
démon,  ce  qui  correspond  assez  bien  à  indacere  in  tentationem. 

Au  glossaire  je  relève  altisme  traduit  par  ciel,  tandis  que 
dans  la  traduction  de  la  pièce  il  y  a  Très-haut;  à  cossena  se 
trouve  le  renvoi  à  LXV.  58,  c'est  LXVll,  60  qu'il  faut  lire; 
cossena  est  d'ailleurs  le  matelas  (de  plume)  ou  la  couette 
(comme  il  est  traduit  au  glossaire)  plutôt  que  le  lit  de  plume. 

Une  fâcheuse  erreur  de  typographie  a  interverti  une  partie 
des  deux  listes  de  lauréats  (ordre  alphabétique  et  ordre  chro- 
nologique). 


268  ANNALES    DU    MIDI. 

M.  Jeanroy  n'a  pas  voulu  faire  une  étude  grammaticale  de  ces 
textes,  et  on  ne  peut  lui  en  faire  un  reproche,  car  il  faudrait 
que  les  Leys  aient  été  auparavant  mieux  étudiées  au  point  de 
vue  grammatical.  Cependant  un  relevé  des  formes  les  plus  in- 
téressantes de  la  morphologie,  de  la  phonétique  et  de  la  syn- 
taxe, comme  l'a  fait  Chabaneau  pour  ses  Deux  manuscrils,  au- 
rait été  le  bienvenu.  Pour  la  syntaxe  on  remarque  de  nombreux 
emplois  de  la  conjugaison  périphraslique  de  esser  avec  un  par- 
ticipe présent,  ainsi  que  de  el  neutre  devant  les  impersonnels. 
Pour  la  phonétique  je  note  l'emploi  fréquent  de  ou  pour  o 
fermé;  dans  le  manuscrit  inédit  des  Leijs  d'Amors  ou  du  copiste 
est  ordinairement  corrigé  en  o  par  exponcluation  de  u.  En  ce 
qui  concerne  la  morphologie,  M.  Jeanroy  relève  des  formes 
verbales  fort  étranges  (p. XXVIII,  n.  i). 

11  est  quelque  peu  exagéré  de  qualifier  (p.  XXYIII,  n.  4)  de 
«  remarquable  »  le  travail  de  Lienigaurla  grammaire  des  Leys 
d'Amors  (Thèse  de  Breslau,  1890),  Cette  thèse  comprend  une 
brève  étude  sur  les  relations  des  Leys  avec  les  Razos  de  Irobar 
et  le  Donatz  et  la  «  phonétique  »  des  Leys  \ 

11  y  a  des  gallicismes  dans  ces  poésies  et  l'éditeur  on  a  noté 
(pielques-uns  au  glossaire,  sans  les  distinguer  d'ailleurs  des 
autres  mots.  Il  aurait  été  bon  de  relever  dans  un  tableau  d'en- 
semble —  (|ui  n'aurait  pas  été  trop  long  —  ces  différents 
gallicismes,  lexicologiques  ou  syntaxiques  (emploi  de  el  pour  // 
neutre  sujet  d'un  verbe  impersonnel,  etc).  11  y  a  là  des  élé- 
ments intéressants  pour  l'histoire  de  l'influence  de  la  langue 
d'oïl  sur  la  langue  d'oc,  si  l'on  songe  surtout  que  tous  les  ri- 
meurs  qui  ont  leur  place  au  recueil  devraient  avoir  le  souci, 
conformément  aux  préceptes  des  Leys,  de  parler  une  langue 
assez  pure. 

11  y  aurait  encore  matière  à  un  nouveau  volume  de  poésies 
toulousaines  ou  se  rattachant  au  Gai-Savoir.  Il  faudrait  réunir 
dans  un  même  recueil  les  poésies  du   manuscrit  de  Barcelone 

I.  Die  Graininalik  der  provenzalischen  Leys  d'Amors  verglichen  mil 
der  Sprache  der  Troubadours.  Breslau,  Wiltielm  Kœbner.  82  p.  -h  2  pa- 
ges (Vita  et  Thesen).  Le  travail  complet  comprend  iir»  pages.  La 
Morphologie  n'a  jamais  paru. 


COMPTES    RENDUS    CRITIQUES.  2G9 

déjà  publiées,  dans  les  Annales,  par  M.  Massô  Torrents;  il  fau- 
drait y  joindre,  après  collation,  les  poésies  contenues  dans  la 
rédaction  des  Leys  publiée  par  Gatien-Arnoult  et  les  poésies 
religieuses  qui  se  trouvent  dans  la  deuxième  rédaction  et  que 
nous  publions  d'autre  part;  le  tout  ferait  un  volume  qui  ne 
serait  pas  de  même  nature  que  celui-ci,  mais  qui  l'emporterait 
sur  lui  en  intérêt,  et  quelquefois  en  poésie.  Avec  le  recueil  pu- 
blié par  Chabaneau  et  Noulet  et  avec  les  Joies  du  Gai-Savoir 
nous  aurions  ainsi  en  trois  volumes  les  produits  de  la  muse 
toulousaine  aux  xiv"  et  xv'  siècles.  Toulouse  est  la  seule  ville 
du  Midi  qui  puisse  présenter,  pendant  cette  période,  une  telle 
production  ;  ce  sont  les  faits  qui  louent  et  non  les  paroles. 

P.  XVll  et  ibid.,  n.  i.  M.  Jeanroy  reproche  au  rédacteur  ou 
aux  rédacteurs  des  Leys  de  ne  pas  connaître  les  «  bons  et  an- 
ciens troubadours  »  auxquels  ils  se  réfèrent  assez  souvent;  «  ils 
les  ignorent  manifestement;  le  seul  qu'ils  citent,  At  de  Mons, 
est  presque  leur  contemporain  »,  etc.  En  fait,  il  y  a  au  moins 
deux  autres  troubadours  cités  par  leur  nom  dans  les  Leys  :  c'est 
Riambaa  {Leys,  \,  334),  qui  est  Rambaut  de  Vaqueiras,  dont 
nous  avons  ici  la  dernière  strophe  du  descort  «  polyglotte  »  et 
Arnaut  Daniel,  dont  le  début  de  la  sextine  est  cité,  t.  lll, 
p.  33o  (deux  premiers  vers). 

En  dehors  de  ces  grands  noms,  le  rédacteur  en  connaissait 
d'autres,  si  l'on  en  juge  par  une  page  intéressante  (lll,  286)  où 
sont  cités  trois  débuts  de  chanson  :  la  première  est  la  chanson 
de  Peire  Vidal,  Si  col  paubres  que  jay  el  rie  hostal;  la  deuxième 
est  la  jolie  pièce  de  Rigaut  de  Barbezieux,  Atressi  coin  l'ori- 
fanz.  Concurremment  avec  cette  dernière,  Guilhem  Molinier 
en  cite  une  autre  dont  je  n'ai  pas  su  retrouver  l'auteur'  :  Atressi 

I.  Grœbcr  {LiedersainmUimjen  der  Troubadours,  p.  648),  à  qui 
échappe  d'ailleurs  la  pièce  de  I\igaut  de  Barbezieux,  ne  parle  pas  de 
cette  pièce,  pas  plus  que  Barlsch,  dont  j'ai  eu  en  mains  l'exemplaire 
des  Leys.  M.  Jeanroy  a  été  plus  heureux  que  nous  trois  réunis.  Ce 
n'est  pas  une  poésie  provençale,  m'écrit-il,  «  c'est  le  début  légère- 
ment altéré  d'une  chanson  célèbre  de  Thibaut  de  Champagne  (Ainsi 
coni  Vimicorne  sai).  Et  voilà  bien  un  éloquent  témoignage  de  la  fami- 
liarité du  rédacteur  des  Leys  avec  les  œuvres  de  bos  et  antics  troba- 


2-0  ANXALES    DL     MIDI. 

coin  riinicorns.  Elle  parait  se  lapporler  à  un  gioupe  de  chan- 
sons qui  auraient  été  faites  sur  le  modèle  de  celles  de  Higaut 
de  Barbezieux  on  du  moins  qui  auiaient  emprunté  au  gentil 
troubadour  saintongeais  son  goût  prononcé  pour  les  compa- 
raisons'. 

Il  m'a  même  semblé  reconnaître  dans  un  passage  des  Leys 
commeun écho  d'une  pièce  célèbre  de  Peire  Cardenal  :  c'estlc  sir- 
ventés  Li  clerc  se /(inpastor  —  E  son  ancizedor,  avec  l'allusion  à 
Isengrin  ;  cf.  Leys,  111,  206  :  Paeys  que  releiio  li  pastor  —  Iffici 
de  lop  rciuhador  —  .1  cuy  poirem  d'iieimays  entendre  —  Per 
nostrns  ocelhas  defe/idre.  11  se  peut  qu'il  n'y  ait  là  qu'une  coïn- 
cidence et  que  ces  métaphores  fussent  devenues  communes; 
mais  j'inclinerais  assez  à  croire  qu'il  y  a  là  un  écho  de 
Peirc  Cardenal,  dont  le  souvenir  parait  être  resté  vivant  à 
Toulouse,  comme  le  prouveraient  peut-être  l'attribution  au 
troubadour  du  Puy  de  la  ]\'rsa  de  Raimon  de  Cornet  et  la 
mention  qu'en  fait  celui-ci  dans  sou  Doctrinal  {\ .  '|io)". 


docf.!  »  La  (rouvaillc  de  M.  .Jeanroy  est  inlércssanle.  i^eut-ètre  d'ail- 
leurs la  pièce  était-elle  réellement  de  Rigaut  de  Barbezieux,  car  elle 
est  citée  dans  les  Leys  sous  une  forme  provençale  un  peu  différente 
du  début  de  la  chanson  française.  Rigaut  de  Barbezieux  était  célèbre 
par  SOS  comparaisons,  et/on  lui  attribua  beaucoup  de  pièces  d'autres 
Iroidiadours  qui  couimcnçaienl  par  cet  artifice  de  rhétorique.  Ce 
troubadour  séjourna  à  la  cour  de  Champagne,  vers  la  fm  du 
\u'  siècle,  il  nous  reste  neuf  pièces  aullienliques  de  lui,  et  une 
soixantaine  de  Tiiiliaut  de  Cliainpagne.  lise  pourrait  bien  que  parmi 
les  pièces  perdues  de  Rigaut  il  s'en  trouvât  une  commençant  par 
une  comparaison  avec  la  licorne,  et  que  Thibaut  lui  en  eût  emprunté 
au  moins  le  début. 

Le  lirevinrl  d'Amov  cormait  quatre  poésies  de  'fhibaut   de    (Ihaui 
pagne,  mais  non  celle  ci.  Ajoutons,  en  ce  qui  concerne  l'auteur  de 
Leys,    qu'il    connaissait    les    troubadours   par    l'anthologie    (pii    se 
trouve  dans  le  Brcviari  (iAmnr  :  il  y  a  des  allusions  au  Breviari  dans 
les  Leys  ;  I,  138;  III,  lo'i. 

I.  De  ce  nombre  est  celle  do  Peirc  de  Cols  d'Aurillac,  (jue  l'on 
trouvera  dans  notre  édition  de  Rigaut  de  Barbezieux,  actuellement 
sous  presse. 

•j.  (If.  pour  d'autres  imitations  de  l'eire  Cardenal  par  R.  de 
Cornet  :  (liiabaneau.  Deux  manuscrits,  p.  \\\\  .  Il  se  pourrait  aussi 
(el  cela  me  |iaiaît  même  plus  viaisemblablei,  (ju'il  y  eût  ici  wn  écho 


COMPTES    RENDUS    CRITIQUES.  27 1 

Quoi  qu'il  en  soit  de  cette  supposition,  il  est  étrange  que  le 
rédacteur  des  Leys,  qui  connaissait  les  «anciens  troubadours», 
ne  les  ait  pas  cités  plus  souvent,  et  qu'il  donne  ainsi  l'impres- 
sion qu'il  ne  les  connaissait  pas. 

Il  est  probable  que  le  rédacteur  des  Leys  et  ses  collaborateurs 
ne  trouvaient  pas  chez  ces  anciens  troubadours  des  «exemples» 
qui  convinssent  à  leurs  idées  morales  ou  religieuses.  Et  peut- 
être,  plutôt  que  de  choquer  leurs  confrères  du  Consistoire  ou 
les  lecteurs  auxquels  étaient  destinés  leurs  préceptes,  ont-ils 
mieux  aimé  composer  eux-mêmes  leurs  «  exemples  »  dans  le 
ton  terne  et  médiocre  qui  leur  convenait  que  d'emprunter  à 
Arnaut  Daniel,  à  Rambaut  de  Vaqueiras,  à  Peire  Vidal  ou  à 
Rigaut  de  Barbezieux  quel(|ues-unes  de  leurs  plus  jolies  stro- 
phes. 

Nous  reviendrons,  pour  terminer,  sur  quelques  pages  de  la 
Préface  où  M.  Jeanroy  a  exprimé  son  opinion  sur  le  mérite 
littéraire  des  poésies  qu'il  vient  de  rééditer.  M.  Jeanroy  est 
sévère  pour  ces  rimeurs,  et  quand  on  a  lu  ces  textes,  on  partage 
sa  sévérité.  Pendant  ces  centsoixante  ans  de  coTicours académi- 
ques, il  semble  qu'il  n'y  ait  pas  eu  un  seul  poète,  ce  qui  prouverait 
l'inutilité  des  concours  et  même,  peut-être,  des  Académies,  si 
on  ne  le  savait  par  d'autres  exemples. 

C'est  que  la  poésie  méridionale  n'avait  pas  su  ou  peut-être 
n'avait  pas  pu  se  renouveler.  A  la  fin  du  xiii^  siècle,  avec 
Guiraut  Riquier,  elle  avait  jeté  un  dernier  et  mélancolique  éclat. 
Plusieurs  des  chansons  à  la  Vierge  du  troubadour  narbonnais 
sont  des  modèles  de  grâce  et  de  délicatesse  ;  les  lauréats  des 
concours  académiques  n'eurent  aucune  de  ces  deux  qualités; 
un  pédantisme  formaliste,  mis  au  service  d'une  imagination 
médiocre,  est  le  défaut  capital  de  cette  poésie.  Je  ne  crois  pas 


d'une  pièce  fie  Guilhem  Figueira,  .\oni  laissarai  per  paor,  où  l'on 
trouve  les  deux  vers  suivants  : 

Vers  es  que  iioslre  paslor 
Son  tornat  lop  raubador. 

Le  mot  ovelhas  se  trouve,  dans  la  même  pièce,  au  v.  2^. 


2-2  ANNALES    DL"    MIDI. 

que  le  milieu  où  se  recrutèrent  les  candidats  au  concours  soit 
pour  beaucoup  dans  cette  médiocrité  :  la  poésie  n'est  pas  lapa- 
nage  d'une  classe  de  la  société.  D'autre  part,  si  les  gallicismes 
commencent  à  s'introduire  dans  la  langue  méridionale,  cette  lan- 
gue reste  assez  pure  encore,  et  elle  était,  dès  longtemps,  assou- 
plie à  la  poésie  la  plus  subtile  et  la  plus  délicate  qu'on  pût  con- 
cevoir alors.  L'instrument  restait  excellent;  seuls  les  bons 
artistes  manquaient. 

Ils  manquèrent  si  bien  qu'un  jour  ils  abandonnèrent  leur 
langue  pour  écrire  en  «  bon  français  »,  comme  des  écoliers 
sages  et  studieu>:.  Pendant  tout  le  xvi'  siècle,  il  y  eut  de  nou- 
veaux rimeurs  et  pevi  de  poètes.  Puis  vint,  à  la  fui  du  xvti'  siè- 
cle, la  transfcjrmation  du  Collège  de  Rhétorujue  en  Académie 
presque  française,  faite  à  l'instar  de  l'autre  (avec  quatre  mem- 
bres en  moins,  pour  bien  marquer  la  liiérarcbie).  La  langue 
méridionale  disparut  pendant  deux  siècles  environ  des  Jeux 
Horaux;  les  Mainteneurs  avaient  renoncé,  non  à  leur  titre, 
mais  à  leur  devoir. 

Or  cette  vieille  Académie,  qui  s'est  obstinée  à  vivre  pen- 
dant six  siècles',  a  vu  reparaître  à  ses  concours,  dans  ces  der- 
nières années,  la  langue  méridionale;  ce  ne  fut  pas  sans  éton- 
nement  d'ailleurs,  ni  sans  (quelque  réserve  un  peu  dédaigneuse 
qu'elle  y  fut  de  nouveau  accueillie.  Celte  langue,  (pii  elle  aussi 
n'avait  pas  voulu  mourir,  était  maniée  cette  fois-ci  par  de 
vrais  poètes,  bien  supérieurs  par  le  talent  aux  rimeurs  des  xiv' 
et  XV*  siècles.  Sans  doule,  on  nous  présente  encore  trop  sou- 
vent des  bouts  rimes  en  guise  de  poésie;  mais  au  milieu  du 
fatras  que  connaissent  tous  les  concours  académiques,  il  y  a 
souvent  des  pièces  remarquables  par  l'imagination,  la  >iricé- 
rité,  l'émotion,  |)ar  l'éclal  (]u  verbe  et  du  r\llimr.  en  un  mol 
par  la  poésie. 

Les  auteurs  des  Joies  du  (îai  Savoir  ont  cependant  exercé  une 
action  bienfaisarde  :  il.-:  ont  contribué  à  faire  de  Toulouse  un 
centre  littéraire,  à  une  époque  où  ces  centres  n'étaient  pas  très 


I.  Cf.  les  articles   de  M.  .leanroy  dans  la  licnic  des  l'Yrrnrcs,  iyi4, 
3*  trimestre  rt  dans  la  Revue  Bleue  {'\,  ii,  18  octobre  i;)i3). 


COMPTES    RKNDLS    CRITIQUES.  273 

nombreux;  au  \vi*  siècle  de  nouveaux  foyers  se  sont  allumés, 
en  Gascogne,  en  Provence,  ((ui  se  sont  (lé\eloppés  au  wii'  ; 
mais  ce  sont  nos  mainteneurs  et  lauréats  toulousains  du  xiv'  et 
du  XV'  siècles  qui  avaient  «  maintenu  »  la  tradition.  C'est  à  ce 
litre  qu'ils  méritent  notre  reconnaissance;  et  ceux-là  la  méri- 
tent aussi  qui,  comme  M.  Jeanroy,  nous  ont  donné  l'occasion 
de  lire  leurs  œuvres  dans  une  édition  moderne,  bien  ordonnée 
et  accessible  à  tous,  avec  une  bonne  traduction,  qui  permettra 
aux  plus  déracinés  de  nos  compatriotes  de  suivre  de  près  le 
texte;  souhaitons-lui,  comme  à  l'édition  Noulet,  introuvable 
aujourd'hui,  d'avoir  beaucoup  de  lecteurs,  dans  tous  les  milieux 
et  dans  toutes  les  Compagnies  dont  s'enorgueillit,  et  à  juste 
titre,  eucore  aujourd'hui,  la  «  nobla  cieutat  de  Tholosa  ». 

J.   A?JGLADE. 


Jean  de  Jalrgain.  L'Évêché  de  Bayonne  et  les 
légendes  de  saint  Léon.  Étude  critique.  Sainl- 
Jean-de-Luz,  Béguet,  1917;  in-8"  de  102  pages. 

L'origine  de  l'évêché  de  Bayonne  est  un  de  ces  obscurs  pro- 
blèmes qui  depuis  des  siècles  défient  la  science  des  érudits  du 
Sud-Ouest  gascon.  Nous  avons  ici  aux  prises  deux  des  princi- 
pales solutions  proposées  dans  ces  derniers  temps.  Du  moins 
l'auteur  de  la  présente  brochure  s'essaie  à  faire  prévaloir  la 
sienne  à  rencontre  de_^celle  qu'a  soutenue,  en  lyoi,  M.  l'abbé 
Dubarat  dans  la  préface  de  sa  réédition  du  Missel  de  Bayonne 
de  iôfiS. 

Ce  n'est  pas  d'aujourd'hui  que  M.  de  Jaurgaiu  a  pris  position 
sur  ce  terrain.  Voilà  quelque  vingt  ans  que  dans  son  premier 
volume  de  La  Vasconie  (Pau,  i8()8)  il  attribuait  la  fondation 
de  ce  diocèse  à  Sanche  le  Grand,  roi  de  Navarre,  qui  l'aurait  créé 
vers  io3o  aux  dépens  des  diocèses  de  Pampelune  et  de  Dax. 
S'il  y  revient  aujourd'hui,  presque  sans  rajeunir  sa  démonstra- 
tion d'hier,  c'est  uniquement,  nous  dit-il,  ])Our  répondre  à 
M.  Joseph  Bédier,  qui  dans  ses  Légendes  épiques  s'est  rangé  à 
l'avis  de  M.  Dubarat,  tout  opposé  à  celui  de  M.  de  J.  sur  la  \a- 


274  ANNALES    DU    MIDI. 

leur  de  deux  documents  dont  il  est  fait  grand  état  dans  cette 
discussion.  FA  le  voilà  amené  à  reprendre  de  bout  à  fond  la 
réfutation  de  la  thèse  de  M.  Dubarat  pour  qui  le  diocèse  de 
Bavonne  aurait  pris  naissance  à  la  fin  du  v"  siècle  ou  au  début 
du  VI'. 

Sans  vouloir  prendre  parti  dans  le  débat,  il  n'y  a  que  justice 
à  reconnaître  la  vaste  science  dont  fait  preuve  ici  M.  de  J.  On  y 
retrouve  toute  l'abondance  d'information  qu'on  pouvait  atten- 
dre de  l'érudit  qui  depuis  plus  d'un  quart  de  siècle  s'est  voué  à 
l'étude  des  familles  seigneuriales  de  la  Gascogne  médiévale. 
Mais  pourquoi  n'apporte-t-il  pas  autant  de  pénétration  dans  sa 
critique  et  de  circonspection  dans  sa  méthode? 

Car  je  veux  bien  supposer  qu'il  n'a  manqué  que  de  circons- 
pection dans  la  chicane  qu'il  fait  à  son  adversaire,  dès  les  pre- 
mières pages,  à  propos  du  parti  que  celui-ci  a  tiré  du  passage 
du  traité  d'Andelot  (Greg.  Tur.,  fl.  F.,  IX,  20)  où  Bayonne 
figure  avec  une  dizaine  d'autres  civitates,  M.  de  J.  lui  oppose 
une  longue  citation  de  A.  Jacobs  d'où  il  appert  que,  dans  Gré- 
goire de  Touis,  le  mot  civitas  désigne  tantôt  une  ville,  tantôt 
son  territoire.  Mais  cela  n'a  rien  à  voir  dans  le  débat  présent. 
Ce  qui  est  en  question  entre  M.  de  J.  et  M.  Dubarat,  c'est  de 
savoir  si  le  mot  civUas  appliqué  à  Bayonne  ne  désigne  pas  là, 
comme  pour  les  autres  localités,  une  cité  ou  circonscription 
épiscopale.  Jacobs  répond  à  cette  question,  dans  la  page  citée, 
quelques  lignes  plus  bas,  et  M.  de  J.  ne  l'ignorait  pas  (cf.  Vns- 
conie,  I,  435)  ;  mais  je  ne  sais  comment  il  néglige  de  le  voir  ou 
du  moins  de  nous  le  dire.  11  coupe  sa  citation  au  bon  endroit. 
Je  la  continue  })Our  lui  :  «  Les  expressions  rivitns,  urbs,  oppi- 
d(ini  sont  donc  IVécpiemmenl  mêlées,  surtout  les  deux  premiè- 
res. Remarf|uons  toutefois  que  la  confusion  a  ses  limites  :  les 
'leiix  premiers  de  ces  mots  désigne/il  des  r  il  les  épiscopnles,  cl  il 
n  y  a  tjne  de  1res  rares  dérogations  à  celle  sorte  de  règle  impo- 
sée par  l'habitude  au  langage  désordonné  de  l'époque  méro- 
vingienne. »  C'est  moi  qui  souligne. 

I  n  autre  texte  dont  la  discussion  arrête  tout  aussi  long- 
t<ni|i'>  M.  (Ir  ,1.  rs(  (("lui  (|u'il  ii|)|)(>IIe  une  o  ])seud()-bulle  «  de 
J'"""''''   "•  ''l  il  lie  craini  pas  de  dire  que  si  elle  était  anihcn- 


COMPTES    REXDUS    CRITIQUES.  270 

ti(juc  «  l'origine  de  ré\èclic  de  Bayonne  serait  antérieure  o  à 
l'époque  qu'il  lui  assigne  lui-même.  Or  j'en  suis  bien  fàclié 
pour  sa  thèse,  cette  bulle  est  authentique. 

Pour  «  lui  enlever  toute  autorité  »,  M.  de  J.  croit  qu'il  lui 
suffît  «  d'en  retenir  les  phrases  finales  ».  En  bonne  critique, 
le  procédé  est  peut-être  un  peu  sommaire.  Mais  passons.  Contre 
ces  «  phrases  finales  »,  M.  de  J.  n'a  en  somme  à  objecter 
qu'une  erreur  de  date,  mcgvi  pour  mcvi  ou  plutôt  mgv  ;  mais 
le  nom  du  pape,  la  date  de  son  pontificat  et  l'indiction  nette- 
ment indiqués  imposent  et  justifient  la  correction  de  cette 
erreur,  due  évidemment  à  l'inadvertance  d'un  copiste,  car 
cette  bulle  ne  nous  est  connue  que  par  une  copie  de  la  fin  du 
xiii"  siècle.  M.  de  J.  lui-même  reconnaît  que  «  cette  erreur 
dans  l'année  n'a  qu'un  intérêt  tout  à  fait  secondaire  »  et 
que  le  faussaire  «  qui  l'a  fabriquée  eut  certainement  sous 
les  yeux  une  bulle  authentique  du  même  pape  ».  Mais 
M.  de  J.  a  trouvé  tout  de  même  un  bon  moyen  de  dépister 
sa  supercherie.  «  On  ne  s'avise  pas  de  tout,  dit-il,  il  ne  sut  pas 
discerner  que  le  5  des  ides  d'avril  de  la  sixième  année  du  pon- 
tificat de  Pascal  II...  tombait  un  dimanche,  et  je  doute  fort  que 
ce  souverain  pontife  eût  choisi  un  jour  consacré  au  Seigneur 
pour  fulminer  une  bulle...  »  J'ai  le  regret  de  dire  à  M.  de  J. 
que  son  doute  est  sans  fondement.  11  n'a  qu'à  ouvrir  les /?e^t'A'/a 
Ponlljicuni  Romanorum  de  Pb.  Jaffé  (2'  édit.),  qui  ne  lui  est 
pas  inconnu,  nous  le  savons;  il  trouvera  que  l'année  iio5  du 
Regestum  de  Pascal  II  s'ouvre  justement  par  deux  bulles  (600Z1, 
6oo5)  «  fulminées  »  le  premier  dimanche  de  janvier  et  se  clôt 
par  une  bulle  (6o56)  également  «  fiilminée  »  un  dimanche.  Il 
pourra  encore  constater  là  que  Jaifé,  ([ui  a  connu  la  bulle  de 
Pascal  H,  n'a  eu  aucun  doute  sur  son  authenticité.  Après  lui 
avoir  fait  subir  la  simple  relouche  mentionnée  plus  haut  (iioô 
pour  i2o(j),  il  l'a  admise  dans  son  recueil  (n°  6024),  où  elle  s'in- 
sère très  bien  dans  l'itinéraire  connu  de  Pascal  11  et  dans  la  série 
des  noms  de  ses  secrétaires.  A  pousser  son  examen  sur  le  texte 
même  de  la  bulle,  M.  de  J.  aurait  pu  voir  qu'en  dehors  de  la 
pseudo-charte  d'Arsius,  texte  de  provenance  bayonnaise,  qu'elle 
s'incorpore,  cette  bulle  se  conforme  rigoureusement  aux  lois  du 


276  ANNALES    DU    MIDI. 

Cursus  rvllimique,  généralement  peu  connues  des  faussaires 
postérieurs.  Pour  achever  sa  conviction,  il  n'aura  qu'à  lire  dans 
le  Cartulaire  de  Saint-Sernin  de  Toulouse  (édit.  C.  Douais,  Tou- 
louse, 1887,  p.  478)  une  autre  bulle  de  Pascal  II  publiée  d'après 
l'original  encore  existant  et  absolument  semblable  presque  mot 
pour  mot  à  celle  de  Bayonne,  sauf  naturellement  l'élément 
local,  ici  les  possessions  de  Saint-Sernin,  là  celles  de  l'église  de 
Bayonne  (même  uicipit  dans  les  deux  :  slcut  itijusta  petentihus . . . 
non  esl  diffevenda  petitio,  etc.  11  resterait  à  voir  comment  un 
document  faux  comme  la  charte  d'Arsius  a  pu  trouver  place 
dans  une  bulle  authentique.  Mais  cette  question  n'en  est  pas 
une  pour  M.  de  J.  lui-même,  qui  rapporte  et  fait  sien  (p.  78) 
le  mot  de  M.  Dubarat  «  que  le  Saint-Siège...  rédige  d'ordinaire 
les  bulles  et  les  brefs  d'après  la  teneur  des  suppliques  qu'on 
lui  adresse  ».    . 

Même  quand  il  en  admet  l'authenticité,  M.  de  J.  a  parfois 
une  façon  de  traiter  les  textes  vraiment  déconcertante.  Dans 
l'extrait  d'un  nécrologe  de  Saint-Sernin  de  Toulouse  copié  par 
dom  Estiennot  et  publié  dans  VHistoire  de  Languedoc  (IV,  523j, 
on  lit  :  ((  Eodeni  die  [II  non.  Febr.],  ohlit  Bonuspuer  cpiscopus 
Lapurdensls.  »  Sous  prétexte  que  «  ce  prénom  est  inconnu  », 
M.  de  J.  déclare  (|ue  Bonuspuer  est  «  certainement  une  faute 
de  lecture  »,  qu'il  faut  y  substituer  Bompart.  Et  cet  «  évêque  », 
ainsi  dépouillé  de  son  nom,  est  pourvu  en  revanche  de  tout  un 
élat-ci\il.  il  devient  cousin  d'un  comte  de  Lavedan  et  d'un 
vicoirite  de  Soûle,  «  prieur  de  Madiran  vers  le  commencement 
de  10.S7  »,  évêque  de  Bayonne  le  28  décembre  10,58  et  meurt 
le  \  février  io.h).  Et  tout  cela  est  tiré  de  l'identification  du 
Boniisj)ucr  du  nécrologe  de  Saitil-Seinin  avec  un  Bonus  Par, 
au(piel  il  est  consacré  quelques  lignes  dans  les  Init'ui  Madiren- 
sis  inonnslerii  publiés  par  dom  Marlène  (Thés.  Anecd..  1717)  et 
cités  par  M.  de  .1.  d 'a})rcs  un  niaïuiscrit  d'Oihénart  !  Or  lieu  ne 
permet  d'établir  celle  identification,  el  tout  concourt  à  la  faire 
rejeter.  Du  Bonus  Par  de  Madiran,  nous  savons  seulement 
(pi'il  se  fait  moine  ou  à  peu  près  (qualenus,  ahjectn  nuplinll 
(•()j)iilu,  rudcrci  sihi  harlxini  cl  capitl  el  induerci  se  reslinienlis 
Sfuidis)  sur   le    lard,  à  la  demande  duii   sien  cousin    Sanchc, 


COMPTES    RE^DLS    CRITIQUKS.  277 

(ini  veut  lui  Inisser  son  monastère.  Une  fois  à  la  lèlc  de  celte 
maison,  rien  ne  nous  apprend  qu'il  l'ail  ([uitléc.  Au  contraire, 
c'est  là  qu'il  attire  tous  les  seigneurs  de  la  région  pour  l'aider 
à  émanciper  sa  maison  vis-à-vis  de  l'abbaye  de  Marciilac,  là 
qu'il  reçut,  fort  mal  d'ailleurs,  l'abbé  de  cette  dernière,  là 
qu'il  meurt  en  passant  son  monastère  à  son  fils,  à  une  flale 
que  rien  dans  le  texte  ne  permet  de  préciser. 

Pour  ce  qui  est  de  sa  thèse  elle-même,  la  fondation  du  dio- 
cèse de  Bayonne  vers  io3o  par  Sanche  le  Grand,  roi  de  Navarre  et 
d'Aragon,  elle  ne  peut  s'autoriser  d'aucun  texte  positif.  M.  de  J. 
linduit  d'une  charte  qu'après  Moret  il  date  de  10^7,  et  où 
Sanche  détermine  les  limites  du  diocèse  de  Pampelune.  En  ad- 
mettant l'authenticité  de  cette  charte,  il  n'en  reste  pas  moins 
fâcheux  pour  le  parti  qu'en  tire  notre  auteur  qu'elle  soit  livrée 
à  la  discussion.  Mais  elle  répugne  pour  d'autres  motifs  encore 
au  service  qu'on  lui  demande  ici.  Sanche  s'y  fait  gloire  de  ren- 
dre pour  toujours  au  diocèse  de  Pampelune  son  ancien  terri- 
toire (quaecumque  exalienala  vel  extraneala  a  perversis  homi- 
nibus  ab  eadem  Ecclesia  fuerant. ..  perquirere  feci  et  exquisita 
omnia...  restitui...  atque  in  perpetuam  possessionem...  con- 
cessi).  Comprend-on  qu'il  y  porte  atteinte  trois  ans  plus  tard  P 
car  le  diocèse  de  Bayonne  créé  par  lui  aurait  ab.sorbé  «  un  terri- 
ritoire  détaché  du  diocèse  de  Pampelune  ».  Il  est  vrai  que 
M.  de  J.  a  remède  à  tout  :  le  roi  Sanche  aura  fermé  la  bouche 
à  l'évêque  de  Pampelune  en  lui  donnant  comme  compensation 
révêché  de  Nagera,  puisqu'  «  il  est  évêque  de  Pampelune  et  de 
Nagera  dans  une  donation  que  lui  fitSanche  le  Grand  en  io3i  ». 
Resterait  à  voir  si  le  diocèse  mutilé  de  Pampelune  pourrait 
aussi  facilement  s'accommoder  d'une  cession  momentanée, 
viagère  tout  au  plus,  faite  à  son  évêque.  Mais  nous  ne  sommes 
pas  au  bout  des  difficultés. 

Pour  créer  un  évêché  dont  le  territoire  s'étendait  sur  les  deux 
versants  des  Pyrénées,  Sanche  le  Grand  devait  exercer  une  au- 
torité souveraine  sur  la  Gascogne.  Cela  ne  fait  pas  de  doute 
pour  M.  de  J.  Pour  lui,  ce  roi  d'Aragon,  deCastille.  de  Navarre 
et  de  Léon  était  en  même  temps  prince  suzerain  de  Gascogne  et 
même  de  Toulouse.  Des  critiques  de  quelque  valeur  (M.  Barrau- 


270  A^^ALES    DU    MIDI. 

Dihigo,  M.  F.  Loi)  ont  déjà  objecté  à  l'auteur  de  La  Vasconie 
que  des  textes  sur  lesquels  sappuie  cette  souveraineté  cispyré- 
néenne  de  Sanche  les  uns  étaient  probablement,  les  autres  cer- 
tainement faux.  M.  de  J.  n'en  a  cure,  et  il  allègue  à  nouveau  ces 
textes  sans  prendre  la  peine  d'en  établir  la  valeur.  Il  est  pour- 
tant à  remarquer  que  Sanche  ne  prend  aucun  de  ces  titres  con- 
testés dans  cette  charte  de  1027  où  ils  auraient  été  si  bien  à 
leur  place,  puisqiie  ce  prince  aurait  préludé  dans  cet  acte  à  la 
création  de  l'évéché  de  Bayonne. 

Il  serait  aussi  bien  étrange  qu'un  roi  aussi  soucieux  du  bon 
gouvernement  des  églises  que  nous  apparaît  Sanche  le  Grand 
dans  les  textes  cités  ou  utilisés  par  M.  de  J.,  s'avise  de  créer  un 
évêché  de  plus  poui-  Raymond  le  Vieux  qui  en  a  déjà  six!  Le 
bon  moyen  de  faciliter  sa  tâche  (jue  d'ajouter  à  Vepiscopatus 
Vascuniae,  déjà  trop  vaste,  des  territoires  excentriques  dont  l'ac- 
cès était  si  facile  à  l'évêque  de  Pampelune.  Et  c'est  là  ce  que 
M.  de  J.  appelle  «  le  couronnement  de  l'œuvre  de  réorganisa- 
tion religieuse  entreprise  (par  le  roi  Sanche)  dans  ses  États  », 
singulier  couronnement  et  singulière  réorganisation  religieuse! 

Kt  «  le  Saint-Siège  »  qu'on  représentait  jus([u'ici  comme  im- 
|)uissant  à  réprimer  ce  scandaleux  abus  de  l'accumulation  de 
phisieurs  évêchés  sur  une  seule  tète,  serait  intervenu  pour  l'ag- 
graver en  se  prêtant  «  à  la  création  d'un  nouvel  évéché  puie- 
menl  basque!  ,)  C'est  du  moins  ce  qu'affirme  M.  de.l.  (p.  5o). 
Un  en  voudrait  la  preuve. 

Et  jjour  en  finir  ici  avec  lionuspuer,  s'il  avait  existé  à  la  date 
(jueM.  de  J.  lui  assigne,  comment  Rome  et  le  métropolitain 
d'Auch,  qu'on  nous  dit  alors  si  préoccupés  de  rétablir  l'unité  de 
siège  pour  l'unité  de  titulaire,  auraient-ils  laissé  si  facilement 
détruire  celte  unité  réalisée  (|uelques  mois  par  son  éjiiscopat? 

Je  ne  suivrai  pas  M.  de  J.  plus  loin;  il  y  a  beau  temps  que  la 
critique,  la  critique  désintéressée,  est  fixée  sur  la  valeur  des 
légendes  de  S.  Léon,  et  ce  n'est  pas  le  compromis  assez  inat- 
tendu (pi'il  propose  sur  le  nom  de  Villon  ((ui  modifiera  son 
verdict.  M.  de  ,1.  aurait  bien  pu  encore  se  dispenser  de  ses  lon- 
gues citations  (|ui  ne  font  (ju'encombrer  sa  marche.  11  aurait 
eu  aussi  tout  a\aiilage  à  renoncera  celte  vivacité  de  ton,  à  ses 


COMPTES    REINDUS    CRITIQIES.  279 

Irails  (le  persiflage  qui  doniieul  à  son  plaidoyer  dos  allures  de 
réquisitoire,  j'allais  dire  de  pamplilol.  Mieux  oui  \.dii  regarder 
de  plus  près  ses  textes  latins  où  il  s'est  glissé  vraiment  trop 
d'incorrections;  j'en  signale  seulement  quelques-unes  :  p.  33, 
senet  pour  lenel  [barbarisme  renouvelé  de  La  Vasconic,  1,  j).  420]  ; 
p.  39,  destruciioneinPampIonem.,  l'cllgiussiiDu;  j).  \'M'),  propter... 
J'amam...  dispersera/il  pour  dispersarn. 

Ces  fautes  et  autres  que  je  pourrais  relever  nedoivent  pas 
cependant  empêcher  de  reconnaître  que  le  gros  efTort  de 
M.  de  J.  n'aura  pas  été  vain.  Sur  bien  des  points,  secondaires 
pour  la  plupart,  il  apporte  des  données  nouvelles  ou  peu  con- 
nues avec  lesquelles  l'histoire  religieuse  de  Bayonne  devra 
désormais  compter.  A.  Degert. 


Bligny-Bondurand.  Inventaire  sommaire  des  ar- 
chives départementales  du  Gard,  anté- 
rieures à  1790,  T.  VI.  Suppléments  des  séries 
civiles  C.  D.  et  religieuses  G.  IL  Nimes,  Gliaslanier, 
1916;  in-4"  à  deux  colonnes  de  xi-5i2  pages. 

L'inventaire  des  archives  départementales  du  Gard  est  ac- 
tuellement parvenu'  au  sixième  tome  dont  la  distribution  vient 
d'avoir  lieu.  La  persévérance  dans  la  production  autant  que  la 
méthode  dans  la  rédaction  font  honneur  à  M.  Bligny-Bondu- 
rand,  auteur  de  cet  important  travail.  Ce  volume  est  unique- 
ment consacré  aux  suppléments  des  volumes  précédemment 
publiés  et  des  séries  déjà  constituées.  Remarquons  que  cet  ac- 
croissement, obtenu  à  la  suite  de  découvertes,  d'acquisitions, 
de  dons,  de  réintégrations  prouve  l'activité  de  l'archiviste;  la 
curiosité  toujours  en  éveil,  il  a  trouvé,  cherché  et  saisi  les  oc- 
casions d'enrichir  les  collections  de  son  dépôt  en  recueillant  des 
pièces  qui,  préservées  de  la  destruction,  servent  aux  recherches 
des  érudits. 


I.  Voir  Annales  du  Midi.  1901,   t.    \lll,  p.   281,  et  igoô.    t.    \M[, 
p.  i47- 


2  8o  ANNALES    DU    MIDI. 

L'inventaire  des  suppléments  comporte  autant  de  subdivi- 
sions qu'il  y  a  de  séries  représentées  :  C,  admiidslrnlion  pro- 
vinciale \  V>,  instruction  publique  ;  G,  clergé  séculier  ;  H,  ordres 
religieux. 

Comme  dans  les  précédents  volumes,  M.  B.  a  suivi  une  mé- 
thode qui  permet  de  dissimuler  l'aridité  du  fonds,  sans  rien 
enlever  à  l'exactitude  scientifique.  La  personne  qui  ouvre  ce 
volume  pour  un  simple  renseignement  se  laisse  prendre  in- 
sensiblement par  l'attrait  qu'offre  l'analyse  des  textes.  Ce  sys- 
tème attire  les  lecteurs,  leur  inspire  des  sujets  d'études.  On 
peut  l'affirmer,  c'est  aux  invei'taires  rédigés  d'après  ce  principe 
que  l'on  doit  la  connaissance  de  la  plupart  des  archives  provin- 
ciales et  que  le  public  a  commencé  de  s'y  intéresser. 

Quand  il  aborde  un  registre,  une  liasse,  un  dossier,  ^I.  B.  ne 
se  contente  pas  de  donner  quelques  mentions  plus  ou  moins 
sommaires,  il  ne  laisse  passer  aucune  page,  aucune  pièce,  sans 
l'examiner  avec  soin  pour  en  extraire  le  contenu  suivant  l'im- 
portance. Aussi  le  dépouillement  analytique  des  articles  donnc- 
l-il  le  résumé  d'événements,  le  sommaire  de  procès,  la  subs- 
taiîce  de  contrats  et  plusieurs  autres  indications.  Grâce  à  ces 
renseignements,  pour  un  grand  nombre  de  cas,  les  chercheurs 
n'en  demandent  pas  davantage  et  se  dispensent  de  recourir 
à  des  documents  dont  les  éléments  constitutifs  sont  mis  en 
lumière.  Arrivant  en  place  opportune,  des  citations  choisies 
avec  discernement  rompent  la  monotonie  des  nomenclatures  et 
donnent  parfois  un  peu  de  couleur  locale.  A  l'appui  de  ces  as- 
sertions, les  exemples  ne  manquent  pas  pour  montrer  l'intérêt 
du  sixième  volume  et  faire  juger  le  plan  [adopté  par  M.  B. 
(^est,  en  même  temps,  le  moyen  d'apprécier  l'importance  his- 
torique des  acquisitions  faites  parles  archives  du  Card.  L'in- 
troduction, du  reste,  fait  connaître  la  composiliim  (hi  volume 
et  sert  de  guide  à  travers  les  subdivisions. 

Dans  la  série  C,  signalons  le  registre  concernant  la  tenue  dos 
États  généraux  à  Tours  en  i^S/i.  Un  cahier  spécial  au  Langue- 
doc, sous  forme  d'annexé,  concerne  la  situation  de  la  pro- 
vince à  celte  épofjue,  ([ui  est  présentée  sous  de  tristes  couleurs. 
\  iciuienl  ensuite  plusieurs  articles  aiipartenanl  à  l'administra- 


COMPTES    RENDUS    CRITIQUES.  201 

lion  civile  des  diocèses  de  Ninics  et  d'Alais  pendant  les  xvi', 
XVII'  et  xviii'  siècles.  Ce  qui  constitue  un  des  principaux  attraits 
du  supplément  de  la  série  C,  ce  sont  quatre  recueils  factices 
relatifs   aux    protestants,    à    leurs    rapports    avec    l'adminis 
tration. 

Les  apports  de  la  série  D,  moins  considérables,  sont  aussi 
moins  intéressants;  il  s'agit  principalement  de  la  réorganisa- 
tion du  collège  de  Nimes  confié  aux  Doctrinaires  a[)rès  la  sup- 
pression des  Jésuites. 

Les  fonds  du  clergé  séculier,  série  G,  et  des  ordres  religieux, 
série  H,  se  sont  accrus  dans  des  proportions  notables  et  ont 
recueilli  des  collections  nombreuses  et  variées.  Citons  le  re- 
cueil de  documents  du  milieu  du  xvii"  siècle  provenant  de  l'évè- 
que  de  Nimes  Cohon,  qui  s'est  trouvé  mêlé  aux  affaires  de  Ri- 
chelieu, d'Anne  d'Autriche  et  de  Mazarin. 

On  a  réuni  plusieurs  fonds  de  première  valeur  qui  intéres- 
sent l'histoire  religieuse  de  Saint-Gilles.  En  cet  endroit  onl 
existé  trois  établissements  ecclésiastiques  :  la  renommée  de  l'un 
contribuait  à  celle  des  autres;  de  cette  confusion  résultait  une 
grande  célébrité  pour  toute  la  ville.  D'abord  la  collégiale,  dont 
le  cartulaire  contient  des  chartes  concédées  par  les  rois  de 
France,  les  comtes  de  Toulouse  et  de  Provence  ;  puis  l'abbaye, 
parmi  les  fonds  de  laquelle  se  trouve  le  bullaire  s'étendant  du 
XI'  au  xvn'  siècle;  enfin  le  grand  prieuré  de  la  Langue  de  Pro- 
vence que  l'ordre  de  Saint-Jean  ou  de  Malte  avait  établi  en  ce 
lieu.  Les  archives  du  prieuré,  très  considérables,  ont  été  trans- 
férées à  Marseille;  Nimes  n'a  guère  reçu  (pie  les  procès-verbaux 
des  ventes  faites,  dans  les  commanderies  du  ressort,  par  les  di- 
gnitaires de  l'Ordre. 

Les  coutumes  municipales  de  Saint-Gilles  (H  787),  où  l'on 
trouve  l'influence  du  droit  romain,  quoique  données  en  tra- 
duction résumée,  n'occupent  pas  moins  de  cinquante  colonnes. 
Cette  publication  est  de  nature  à  aider  les  érudits  dans  leurs 
recherches  et  à  vulgariser  un  texte  de  coutumes  communales 
réputé  parmi  les  ])lus  curieux  de  la  région. 

Les  fonds  des  Dominicains  et  des  Capucins  forment  aussi  un 
bon  appoint;  quant  aux  monastères  de  femmes,  ils  n'ont  trait, 

ANN.\LES  DU   MIDI.  —  XXIX.  IQ 


282  ANNALES    DU    MIDI. 

comme  celui  des  Clarisses  d'Alais,  qu'aux  alTaires  de  l'aduii- 
nistration  pendant  les  derniers  siècles  de  l'ancien  régime. 

Aux  éloges  que  mérite  le  travail  de  M.  B.  qu'il  nous  soit  per- 
mis de  joindre  deux  critiques,  qui  portent  surtout  sur  la  forme. 
Une  des  observations  peut  s'appliquera  la  plupart  des  inventaires 
composés  conformément  à  la  règle  administrative,  qui  n'admet 
pas  les  alinéas.  Les  colonnes,  où  l'œil  ne  trouve  aucun  blanc 
pour  se  reposer,  sont  trop  compactes,  ce  qui  nuit  à  la  facilité 
des  recherches.  Ce  défaut  est  apparent  dans  les  coutumes  de 
Saint-Gilles  où  les  sommaires  des  articles,  imprimés  en  itali- 
ques, sont  noyés  dans  les  lignes  du  texte.  La  seconde  critique 
est  imputable  à  l'auteur.  Pourquoi  a-t-il  fait  autant  de  pagina- 
tions distinctes  qu'il  y  a  de  séries  spéciales  et  qui  se  suivent 
dans  la  table  ?  Une  pagination  pour  tout  le  volume  aurait  mieux 
valu  et  aurait  évité  les  confusions  dans  les  citations.  Les  diffi- 
cultés surgissent  par  suite  de  ces  multiples  paginations,  quand 
il  s'agit  de  procéder  à  une  consultation  à  travers  ce  volume, 
auquel  manque  une  table  alphabétique  des  noms  de  lieux  et 
de  personnes. 

En  félicitant  Al.  B.  d'avoir  adopté  la  méthode  d'inventaire 
dont  nous  avons  vanté  les  avantages,  nous  ne  prétendons  pas 
qu'elle  soit  la  seule  et  qu'elle  doive  écarter  les  autres.  S'il  est  une 
matière  où  la  décentralisation  doit  être  admise,  c'est  bie^i  dans  les 
questions  concernant  l'organisation  des  archives  et  la  rédaction 
des  inventaires;  cependant  il  ne  faudraitpasaller  jusqu'à  déclarer 
qu'il  doit  y  avoir  autant  de  systèmes  que  de  dépôts;  il  convient 
qu'il  y  ait  une  réglementation  assez  souple  pour  tenir  compte 
des  circonstances  et  s'adapter  aux  exigences  des  dépôts  grands 
et  petits.  La  rédaction  d'un  inventaire  dans  les  grandes  collec- 
tions, où  les  séries  comptent  par  milliers  registres  et  liasses, 
doit  être  ramenée  à  des  proportions  plus  restreintes.  Si  l'on  lient 
a  voir  la  fin  dr  la  besogne  entreprise,  il  importe  de  la  sinipli- 
tier,  dùl-on  composer  un  simple  répertoire  semblable  à  un 
sec  catalogue  de  librairie.  Mais  si  l'archiviste  constate  que  la 
nijilh'Mc  n'est  pas  trop  abutuhmlf  et  que  l'inventaire  peut  rem- 
l)lacer  le  répertoire,  il  fait  œuvre  utile  en  donnant  aux  men- 
tions les  développements  que  comporte  l'intérêt  des  documents. 


COMPTES    RENDUS    CRITIQUES.  283 

C'est  ce  qu'a  fait  M.  B.  Aussi  comient-il  de  sigualer  comme  des 
modèles  du  peiiro  les  volumes  d'iuveutaire  des  aicliivcs  du 
Gard.  ]•'.    Pvsolikr. 


Auguste  Plis.  Les  Lettres  de  cachet  à  Toulouse 
au  XVIIIe  siècle,  d'après  les  documents 
conservés  aux  Archives   départementales. 

Paris,    Champion;  Toulouse,   Privât,  igi/j;  petit  in-8" 
de  332  pages,  avec  12  gravures  et  fac-similé. 

Après  une  introduction  où  il  explique  leur  importance  au 
point  de  vue  de  l'histoire  des  mœurs  de  la  vieille  société,  M.  V. 
étudie  les  lettres  de  cachet  en  général,  puis  les  lettres  de  cachet 
de  famille,  l'opinion  qui  entraîna  leur  abolition,  les  lieu\  de 
détention,  et  comme  type  d'affaire  célèbre  l'affaire  de  Solages. 
La  seconde  moitié  du  volume  est  consacrée  au  dépouillement 
de  dix  dossiers  de  lettres  de  cachet,  de  1788  à  1787,  et  d'une 
liste  de  documents  sur  ces  sortes  d'affaires,  classés  par  catégories 
sous  forme  de  tableaux'. 

Tout  cet  exposé  est  fait  avec  clarté  et  agrément.  L'auteur 
dégage  des  dossiers  examinés,  en  une  argumentation  subtile 
et  serrée,  les  «  motifs  »  qui  provoquèrent  la  délivrance  des 
lettres  de  cachet.  Il  s'applique,  dans  la  plupart  des  cas,  à  en 
démontrer  l'opportunité,  étant  donné  les  idées  du  temps  sur 
«  l'honneur  »  delà  famille,  la  rigueur  de  la  législation  pénale 
et  l'éclat  fâcheux  qui  résultait  d'une  condamnation  judiciaire. 
Il  s'applique  ailleurs  à  signaler  avec  quelle  circonspection  les 
subdélégués,  les  intendants,  les  ministres  eux-mêmes  étu- 
diaient ces  demandes  de  séquestration.  Il  applaudit,  et  nous 
pouvons  l'imiter  en  ceci,  à  la  fermeté  du  subdélégué  de  Tou- 
louse, Ginesty,  dans  l'affaire  de  M°"  de  Barrau".  Il  résume 
im  peu  sommairement,  mais  non  sans  un  effort  louable  de  «  dis- 
crimination»,  les  motifs  invoqués  pour  ou  contre  les  lettres 

I.  Parents  contre  enfants.  Epoux  contre  épouse.  Parents  conli<' 
parents.  Ordres  du  Roi.  Divers  au  Roi.  Divers. 

3.  Ou  affaire  de  Solaeres.    riinostv  a  encouru  les  obser^ 


2  84  ANNALES    DU    MIDI. 

de  cachet  avant  et  depuis  leur  abolition.  Il  rappelle,  entre 
autres,  l'opinion  de  M.  Funck-Brentano,  vers  laquelle  il  sem- 
ble incliner.  S'inspirant  de  la  formule  qui  ne  saurait  en  aucun 
cas  suspendre  le  jugement  de  l'histoire,  — ^  Autre  lemps,  autres 
mœurs,  —  il  conclut  :  «  La  monarchie  elle-même  proposa  la 
suppression  des  lettres  de  cachet...  11  y  avait  longtemps  que  la 
cause  était  entendue  et  jugée,  non  pas  seulement  dans  l'opi- 
nion, mais  dans  les  conseils  de  la  royauté  même.  » 

Je  ne  surprendrai  pas  M.  P.  en  lui  disant  que  cette  partie 
de  son  livre,  en  son  intime  argumentation,  trouvera  des  contra- 
dicteurs. Je  ne  lui  apprendrai  rien  non  plus  en  constatant  que 
son  récit  n'a  pas  toujours  une  forme  objective.  C'est  le  plus  sou- 
vent inoffensif';  mais  l'auteur  réunit  de  telles  qualités  d'his- 
torien et  d'écrivain  qu'on  peut  lui  souhaiter  de  se  dégager  des 
derniers  liens  du  polémiste. 

Le  livre  a  été  édité  avec  un  soin  particulier.  Les  amis  de 
l'histoire  documentaire  sauront  gré  à  l'auteur  d'avoir  recueilli, 
dans  nos  archives  départementales,  des  pièces  qui  auraient  pu 
y  rester  longtemps  enfouies  et  de  les  avoir  mises  en  bonne  lu- 
mière. C'est  une  nouvelle  contribution  à  une  série  d'études 
appréciée  sur  la  vie  sociale  et  familiale  sous  l'ancien  régime. 

J.  Adher. 

l'intendant  Saial-Priest  sur  son  peu  de  déférence  pour  l'opinion 
du  principal  persécuteur  de  M"*  de  Barrau.  «  Tant  que  vous  m'iio- 
norerez  encore  de  vos  bontés,  répond  le  subdélégué  le  i3  septem- 
bre 178a,  j'apporterai  le  plus  grand  soin  à  démêler  le  langage  et  les 
intrigues  des  passions  et  à  me  défendre  de  la  séduction  des  rangs, 
des  grades  et  des  qualités,  on  observant  cependant  les  égards  qui 
leur  sont  dus.  » 

I.  P.  90,  «  des  lois  persécutrices  ».  P.  99,  «  l'établissement  des  Pères 
de  la  Compagnie  de  Jésus,  aujourd'hui  spolié  ».  Voici  qui  est  plus 
grave  :  P.  94,  note  2,  «  Chabot,  le  régicide,  le  triste  et  corrompu 
comparse  de  Danton,  avec  qui  il  périt  sur  l'échafaud.  »  M.  P.  a-t-il 
voulu  caractériser  le  rôle  de  Danton  par  ce  rapprochement  som- 
maire et  tendancieu.K?  Sans  entrer  dans  une  discussion  qui  ne 
serait  pas  à  sa  place,  je  prendrai  la  liberté  de  rappeler  à  l'auteur  ce 
que  furent  ces  alîreux  ainahjames  où  les  partis  cherchaient  à 
déshonorer  leurs  adversaires  en  les  proscrivant. 


REVUE  DES  PÉRIODIQUES 


PÉRIODIQUES  FRANÇAIS  MÉRIDIONAUX 

Ariége. 

Ballet  la  de  la  Société  ariégeolse  des  Sciences,  Lettres  et 
Arts  et  de  la  Société  des  Études  du  Coaserans,  t.  XIV, 
2'  partie,  191C. 

P.  233-'i6.  F.  Pasquiek.  Coutumes  municipales  de  Rabat  au  pays  de 
Foix,  XVI'  xvu«  siècles.  [Suite  et  fin.  11.  Requête  à  la  comtesse  douai- 
rière de  Rabat  (1607).  III.  Texte  de  la  coutume  (roman  et  latin). 
IV.  Hommage  an  seigneur  par  les  habitants.]  —  P.  247-65. 
F.-J.  Samiac.  Situation  des  villes  de  Saint-Girons  et  de  Saint- 
Lizier  dans  les  trente  dernières  années  du  xvai'  siècle.  —  P.  2O9-90. 
Barrièbe-Flavy.  Testament  de  Germaine  de  Foix,  reine  d'Ara- 
gon, i488  (.3)-i536.  [Avant-propos.  Texte  du  testament.]  —  P.  291-2. 
Seuvat.  La  chanson  du  prisonnier  de  guerre  en  dialecte  de  Massât, 
avec  traduction.  —  P.  3o2.  Nomenclature  ofïicielle  des  monuments 
historiques  du  Couserans  (arrondissement  de  Saint-Girons).  — 
P.  3o3-4-  Glaustke.  Renseignements  archéologiques  sur  la  cha- 
pelle de  Salau  (canton  d'Oust,  Ariège).  —  P.  3o6-8.  F.  Pasquiek  et 
F.  Gadrat.  Aotices  nécrologiques  sur  R.  Roger,  mort  au  champ 
d'honneur  en  1916.  — P.  309.  Blazy.  Bibliographie  de  R.  Roger.  — 
P.  3 12-5.  Blazy.  Bibliographie  de  Jules  de  Lahondès,  de  l'abbé 
Ferran,  des  cai^itaines  Dessat  et  Julien  de  l'Estoile  en  ce  qui  con- 
cerne l'Ariège. —  P.  3i6-2o.  R.  Roger.  L'orfèvrerie  religieuse  dans 
le  comté  de  Foix  et  le  Couserans  :  reliquaires  d'Oust  et  de  Foix 
(Planches).  —  P.  32i-6.  R.  Roger.  Croix  du  pays  de  Foix  et  du 
Couserans  (Planches).  [Ces  deux  mémoires  sont  extraits  du  Bulletin 
archéologique  du  Ministère  de    l'Instruction   publique.]  —   P.    827. 


286  ANNALES    DL     MIDI. 

Ph.  MoBKHE.  Textes  concernant  Fliistoire  locale  d"Ax-les-ïhermes 
au  XIX' siècle  [Hôpital  militaire,  enseignement,  désarmement  de 
la  garde  nationale,  etc.].  F.  P. 

Gard. 

I.  Bulletin  du   Co/nité  de  l'arl  ehrétien  de   Mines,  t.  X, 
1914-1916. 

A"  70.  P.  3i3-'?!>.  Louis  Bascoll.  Ln  nmivcl  ('•\è(jno  dM  zès.  [Intéres- 
sante discussion  sur  la  question  d"  Vimliiis.  ^  oui  il  un.  deux  ou 
trois  évoques  de  ce  nom  ?  M.  B..  par  lélnde  attentive  du  Cnrtu- 
laire  de  Gellone,  supprime  le  pins  ancien  et  en  admet  deux,  l'un 
de  88G  à  916,  l'autre  de  9(5 '4  à  [)-■>..  Dans  ses  Fastes  épiscopaii.r  de 
l'ancienne  Gaide,  I.  1.  p.  .WC).  M-'  Dnchesne  ne  connail  qu'un  seul 
\mélius,  mi'ntionné  dans  la  corresjjondance  pontificale  depuis  le 
temps  d'Etienne  V  (885-891)  jusqu'à  911 '1 .  figurant  au  bas  des 
deux  conciles  du  Port  (880.  897)  et  dans  diverses  chartes,  et  vivant 
encore  en  912.  M^'  D.  écrivait  en  1907.  épo([ue  où  la  publicalion 
du  Cartulaire  de  Gellone  était  commencée.]  —  P.  .'Vi'i  8'|.  Chanoine 
Albert  Duu.vnd.  L'abbé  Bonhonune,  doctrinaire  et  curé  de  Saiid- 
Charles  (i759-i8'i-V)-  [St'  continue  et  se  termine  dans  le  n"  71, 
pages  393-'|3'|.  L'abbé  Bonhomme  joua  un  r('ile  ni;M(|iianl  (l;nis  les 
crises  politiques  de  Nimes,  notamment  en  i8i,").| 

N"  71.  P.  /|35-/j3.  Chanoine  \lta/on.  Beliques  de  saint  Césaire.  — 
P.  Vi'i-9-  Chanoine  Lrançois  Dlua.nu.  L'insciiplion  de  la  Belle-Croix. 
[Celte  croix  était  en  marbre  blanc.  Llle  a  laissé  son  nom  a  une 
place  de  Ximes.  11  n'en  reste  que  le  piédestal,  conservé  an  nouvel 
é'véché.  Inscription  de  iliC)!.]  K.    ]]. 

II.  Mémoires  de  l'Arudrinie de  finies,  \  11'  série,  I.  \\\\  , 

IIP  partie.  P.  \-.>.\.  Salonion  Kaii\.  Les  .lnir>  de  Posfjnières  et  de 
Saint-(jilles  au  Moven  âge.  |S;i\anl  cNposr-  (li>  la  \ie  de  ces  deux 
comnmnaMtc's.  nées  au  \n'  siècle  el  (h'Ii  uih's  par  Philippe  le  Bel 
en  ii)()().|  —  P.  -tW-W-.  Chanoini'  I  ran(;(li^  DiitWD.  L'église  de 
.MonlIVin  (Cardi.  jConsIruile  j)ar  les  Templiers.  Deux  planches.] 
—  P.  M9-'ii.  I*'(''li\  M  \z  M  luc.  Les  nnis('-es  aicln'oldyiipies  de  Nimes. 
Becherch(>s  el  ac(piisitions.  \Mii<''e  i9i>.  |\  ii(iI(M-  un  hron/e  anli- 
(pip  donné  par  M.  Baphel  el  repiV^enlanl  nii  groupe  de  i)ugi- 
listes;   le   moulage   d'un    bnsie   (i(-    DioiiNsos.    marbre    liouvé    à 


PERIODIOIFS    FUANÇAIS    MÉRIDIO-X  VUX.  -.iH-J 

Hozoucc:  les  i)roclnits  de  l'anliqno  nieliercle  céraini(]ue  de  Lafoiix; 
les  monnaies  antiques  de  }[arbaciun  (Sainle-Anaslasie);  les  trou- 
vailles du  Grau  de  la  Chèvre,  ancienne  embouchure  du  Rhône,  où 
figure  un  simpulumen  argent;  le  mobilier  de  deux  sépultures  pré- 
romaines  du  (luartier  de  Calinier,  près  M  mes.] 

T.  XXXVI,  igi3. 

P.  63-70.  Pierre  Glkrin.  Des  types  de  famille  et  des  causes  de  désor- 
ganisation de  la  famille  dans  une  commime  rurale  du  Midi. 
[Excellente  étude  d'histoire  démographique  et  économique  faite 
d'après  les  archives  communales  de  Milhau,  près  Mmes.  I>a  famille 
patriarcale  n'y  existe  plus  depuis  longtemps.  La  famille  souche  y 
a  formé  jadis  le  type  normal  d<'  la  plupart  des  familles  de  pro- 
priétaires moyens  ou  de  grands  propriétaires;  mais  ce  type  est  en 
pleine  décadence.  11  n'y  a  pas  Irenle  familles  où  vivent  côte  à  côte 
les  parents  et  l'héritier  destiné  à  continuer  directement  Parbrc 
généalogique,  en  restani  sur  leur  domaine  foncier.  Le  Code  civil 
a  tué  la  famille  souche  par  le  partage  égal  de  la  propriété  fami- 
liale entre  plusieurs  enfants.  L'abaissement  de  la  natalité  est  le 
remède  funeste  qui  met  fin  à  toute  compétition.  C'est  la  famille 
instable  qui  a  remplacé  les  deux  types  les  plus  anciens.]  —  P.  77-98. 
Georges  Maurin.  Le  mouvement  économique  du  Gard  sous  le 
Consulat  et  le  premier  Empire.  [Spirituel  et  A'ivant  tableau  de  la 
foire  de  Beaucaire  de  1800  à  i8i5.  complété  par  un  grai^hique  des 
marchandises  vendues  et  invendues,  el  un  graphique  des  navires 
arrivés.  Tant  que  le  régime  impérial  fut  victorieux,  on  gagna  de 
l'argent  à  la  foire  de  Beaucaire.  Le  signal  des  défaites  fut  celui  de 
la  ruine.]  —  P.  99-11.).  \rlhur  dk  Cazenove.  Vieilles  «  lunes  »  du 
Gévaudan,  du  Rouergue  et  du  Aelay.  [On  entend  par  lanex  de 
grands  disques  de  cuivre  ornant  autrefois  le  harnachement  des 
mulets.  Deux  servaient  d'œillères,  et  un  troisième  de  plaque  fron- 
tale. Cet  ornement  a  été,  de  tout  temps,  le  motif  d'une  décoration 
particulière.  Il  y  a  là  une  survivance  de  Page  du  bronze.  Les  der- 
niers échantillons  de  ces  lunes  se  retrouvent  dans  le  Massif  central. 
Deux  belles  planches  de  photogravures  font  connaître  des  plaques 
françaises  des  xvii"  et  xviri'  siècles.]  —  P.  11 7-8.  Albert  Roix. 
Sépultures  typiques  de  l'époque  barbare,  quartier  de  Meyrieni, 
commune  de  Blauzac.  —  P.  119-43.  Félix  Mazauric.  Les  musées 
archéologiques  de  Nimes.  Recherches  et  acquisitions.  Année  igiS. 
[A   noter  le  cimetière  néolithique  de  Carignargues,  près  d'Uzès; 


2  88  ANNALES    DU    MIDI. 

doux  cliapiloaiix  provenant  des  fouilles  de  la  rue  Litlrc,  à  >imes; 
les  fouilles  à  Saini-Haudile.  hors  les  murs  de  Mmes.  qui  ont  per- 
mis do  retrouver  remplarenieni  do  l'ancienne  église  et  du  monas- 
tère de  ce  nom;  les  fouilles  de  la  Baume  de  Saint-Vérédèmc,  com- 
mencées dès  191 1;  les  fouilles  du  rocher  de  Ganteduc  (Nimes)  qui 
ont  déhlayé  complètement  un  fond  de  cabane  gauloise,  au  bord 
même  de  l'à-pic  d'une  carrière  ouvei-le  par  les  Romains  pour  la 
construction  du  rempart  de  ?simes  ;  des  ruines  romaines  à  Bernis, 
sur  la  voie  Domitienne.] 

T.  XXXYII,  1914  et  1915. 
P.  37-36.  Chanoine  Nicolas.  Le  Nimois  Jacques  de  Cassagnes.  une 
des  victimes  de  Boileau.  [Un  seul  vers  de  Boileau  déconcerta  l'am- 
bition de  l'abbé  de  Cassagnes,  prédicateur  suivi  i)ar  le  beau 
monde,  et  le  fît  mourir  de  chagrin.  La  liberté  de  la  presse  a  rendu 
nos  contemporains  moins  vulnérables,  ce  qui  est  un  grand  bien- 
fait. M.  N.  rectifie  quelques  erreurs  historiques  au  sujet  du  trop 
sensible  abbé,  passé  malgré  lui  à  l'immortalité.]  —  P.  61-8.  Cha- 
noine A.  Dluaxd.  Les  prisonniers  de  guerre  d'autrefois.  [Il  s'agit 
de  prisonniers  de  guerre  espagnols  faits  au  siège  de  Perpignan, 
en  1642,  et  envoyés  h  Nimes  par  Louis  MIL  La  tour  ^  inatière, 
située  à  proximité  de  l'amphithéâtre  romain,  leur  servit  de  séjour. 
Avant  de  quitter  Mmes,  les  î^spagnols  signèrent  une  déclaration 
contenant  engagement  de  ne  pas  s'enfuir  et  où  ils  témoignaient 
leur  satisfaction  du  traitement  reçu  du  roi.]  —  P.  167-95.  F.  Ma- 
zAUiuc.  Les  musées  archéologiques  de  Nimes.  Recherclies  et  acqui- 
sitions. [  \nnéc  i9i'i-  A  noter  les  recherches  à  Saint-Hilaire- 
d'Ozillian;  une  plaque  de  baudrier  avec  inscription  romaine  eu 
pointillé;  l'achèvement  du  plan  de  l'enceinte  supérieure  de  l'op- 
pidum celtique  de  Nages;  les  fouilles  à  Saint-Baudile  IcMeux  ;  les 
recherches  à  l'oppidum  de  Nages;  les  recherches  dans  les  gorges 
do  la  Cèze.  —  Année  1915.  A  noter  les  fonds  de  cabanes  néoli- 
thiques des  chantiers  du  nouvel  hôpital  de  Nimes;  nn  petit  autel 
aux  Proxumes,  ayant  dû  servir  de  moellon  de  construction,  et 
entraîné  par  le  torrent  du  Cadcreau  du   chemin  d'Alais.] 

K.  B. 

Garonne  (Haute-). 

I.  Recueil  (le  Lé(jLslalioii  de  rouloiise,  a'sér.,  l.  IX,  1913. 

P.    3/1-76.   p.   BuESsoLi-Es.   Bernard-Antoine  Tajan   (177.5-1845)  et  le 
barreau  loul'">usaiTi  au  lendemain  de  la  Révolulion.  [Reconstitution 


PERIODIQUES    FRANÇAIS    MERIDIONAUX.  289 

du  barreau;  ses  rapports  avec  l'École  de  Droit.  Hiofiraphic  de 
Tajan;  son  rôle  à  l'Athénée,  aux  Sociétés  savantes  et  dans  l'admi- 
nistration.] 

ï.  X,    191/4. 

P.  17-44.  81-338.  J.  BoNNECASE.  La  Faculté  de  droit  de  Strasbourg 
(^'  jour  complémentaire  an  XII-io  mai  1871).  [Travail  considérable, 
accompagné  d'une  documentation  précise  et  abondante;  on  y 
trouve  un  passage  et  des  renseignements  bibliographiques  sur 
l'enseignement  du  droit  à  Toulouse  et  sur  l'histoire  de  l'Université 
de  cette  ville.]  L.  V. 

II.  Revue  de  Comminges,  t.  XXIX,  19 1 4- 

P.  u-in.  F.  Marsan.  L'incendie  du  17  scplcm1)re  171 1  à  Bagnères- 
de-Luchon.  [Précision  sur  la  date  de  cet  incendie,  allumé  par  les 
troupes  du  comte  de  Taff.]  —  P.  iv-vi.  Cazaux.  La  chapelle  de 
saint  Roch  à  Miramont.  [Commvme  voisine  de  Saint-Gaudens. 
Note  sur  l'origine  de  cette  chapelle,  construite  en  i63i.]  —  [Le  vo- 
lume est  ensuite  consacré  à  une  importante  et  fort  remarquable 
étude  de  M.  et  M"'  P.  Lesimnasse  sur  les  églises  du  Comminges. 
Il  sera  fait  un  compte  rendu  spécial  et  détaillé  de  ce  travail  qui, 
tiré  à  part,  forme  un  ouvrage  distinct  et  constitue  une  précieuse 
contribution  à  l'histoire  de  rarchitecture  religieuse  dans  le  midi 
de  la  France.]  L.  \  . 

Hérault. 

Bulletin  mensuel  de  V Académie  des  Sciences  et  Lettres  de 
Montpellier,  t.  VI,  i9i4- 

P.  92-109.  B.  Gaillard.  Origines  de  la  commune  de  Montpellier. 
[Complète  et  par  endroits  modifie  l'Histoire  de  In  commune  de 
Montpellier  de  Germain,  en  examinant  avec  quelques  détails  les 
trois  stades  par  lesquels  est  passée  l'évolution  communale  de 
Montpellier  :  soulèvement  de  ii4i,  à  la  fois  aristocratique  et 
popvdaire,  qui  ne  réussit  pas:  organisation  vers  1190,  par 
Guillem  VJII,  d'une  sorte  de  consulat  seigneurial  sans  indépen- 
dance; enfin,  à  la  suite  de  la  révolution  de  i2o4,  confirmation  de 
la  charte  de  commune  par  Pierre  d'Aragon,  époux  de  Marie,  la 
fille  de  Guillem  VIII.]  ^  .-L.  B. 

ï.  VU,  1915.  Néant. 


agO  ANNALES    DU    MIDI. 

Vienne  (Haute-) 

Bulletin  de  la  Société  archéologique  et  historique  du  Li- 
mousin, t.  LXIV,  1915. 

Tables  générales  des  tomes  LI  à  LXIII,  dressées  par  P.  Dlcourtieux 
[Comprend  une  table  méthodique,  plus  quatre  tables  de  matières, 
d'auteurs,  de  documents,  de  gravures.  La  deuxième  division, 
Hisloire.  manque  de  précision,  mais  l'ensemble  rendra  de  grands 
services.] 

Tome  LXV,  19 lO. 

V.  5-12.  F.  Delagi:.  Le  souterrain  de  Morlorat  (cf.  plus  loin  c.  r.  som- 
maire). —  P.  i3-8o.  L.  Lacuocq.  Chronique  des  tapisseries  anciennes 
d'Aubussou  et  de  Fellelin,  1912  et  igiS.  [Suite  de  cet  utile  travail.] 
—  P.  <Si-i36.  Abbé  A.  Lr.cLEu.  Hisloire  de  l'église  et  de  la  paroisse  de 
Siiiiit-Michel-des-Lions  à  Limoges.  [L'auleur  ne  cile  que  rarement 
SCS  sources.  L'église  dale  du  mv'  siècle;  elle  fut  reconslruile  sur 
l'emplacement  d'églises  cl  chapelles  antérieures,  qui  scndjJenl 
avoir  (mi  pour  point  de  dépari  une  chapelle  de  cimelièrc  remon- 
tant an  M'  siècle.  A  suivre. [  —  P.  107-75.  P.  Ducouutieux.  Les 
grands  chemins  du  Limousin  :  la  grande  voirie.  [Supplément 
aux  diverses  éludes  puljliées  j)ar  le  même  sur  le  réseau  des  voies 
publicpies  dans  l'ancien  Limousin.]  —  P.  176-92.  L.  L\cnocQ.  Pin- 
liers  cl  potiers  d'élain  limousins  et  marchois.  [Les  slatuls  de  la 
corporalion  de  Limoges  dateni  de  i'î()'i.  Il  csl  douleux,  quoi  (jue 
dise  M.  L.,  que  cette  corporation  soil  beaucoup  plus  ancienne, 
puis(pie  le  travail  corporatif  n'existait  pas  en  Limousin  antérieu- 
rement au  milieu  du  xn""  siècle.  Di'esse  une  liste  de  84  potiers.] 
-  I*.  if)v?-(t.  P.  iJrcoi  iirn;i  \.  La  lédcnqjtion  des  captifs  dans  l'an- 
cien diocèse  de  Litnogcs.  |l)";q)rès  les  notes  fournies  par  M.  Ed. 
Mouard  de  (^ard,  piol'esscur  à  l'I  ni\(Msité  de  'ronioiise.j  -  P.  197 
u()8.  Documciils  rcluHI's  à  li  xillc  de  Saiiil-^  1  ieix.  con)nunii(piés 
par  M.  II.  DK  MoxTK(;i  i-.  |Saii>  iiidiciilidn  de  source.]  —  I'.  209-2G. 
Doeumerds  relatifs  à  la  (iénéraiil(''  de  l.iirmges,  tirés  des  Archives 
nationales  et  conmnini(piés  i)ai'  M.  I!.  Lmix.  |Concernent  les  années 
1678-80.]  —  P.  •i:«7-7(i.  (;iii()iii(|ii(>  de  \;i  Société.  —  P.  277-.H07. 
Procès-veihanx  des  s(''anc('s  en   i()i'|.  A.  L. 


PERIODIQUES    FRA.NÇAIS    NON    MERIDIONAUX.  29 1 

PÉRIODIQUES  FRANÇAIS  NON  MÉRIDIONAUX 

îî.  —  Bulletin  archéologique  du  Comité  des  Travaux  histo- 
riques et  scientifiques,  191 2. 

P.  XL.  Inventaire  do  la  cathédrale  do  Digne  en  i3io.  —  P.  lu  et  lvki. 
Deux  inscriptions  médiévales  de  l'enceinte  fortifiée  de  Saint-Ga- 
briel, près  de  Tarascon  [dont  une  inscr.  hébraïque]. —  P.  lui.  Mo- 
saïques romaines  à  Die  (Drôme).  —  P.  nv.  Épitaphe  d'un  larda- 
riiis  à  >arlîonno.  —  P.  LViii.  Découverte  de  haches  en  cuivre  à 
Pertuis  (Vaucluse).  —  P.  l\.  ^  ases  peints  trouvés  dans  une  sépul- 
ture gauloise  à  Cavaillon.  [Cf.  1911,  p.  3-i3;  Déchclette  les  tient 
pour  une  importation  do  fabriques  apuliennes,  et  Pottier  y  voit 
plutôt  l'œuvre  d'artistes  établis  en  Gaule,  soit  de  Gaulois  s'inspi- 
rant  de  modèles  grecs,  soit  d'Italiens  immigrés.]  —  P.  lxicIclxvi. 
Fouilles  à  Sos  (Lot-et-Garonne).  —  P.  lxui.  Poteries  grecques  près 
de  Marseille.  Aqueduc  romain  de  Fréjus.  —  P.  lxxiii.  Pierres 
tombales  avec  épitaphcs  à  Orange.  [Époque  romaine,  v^.  xn°  et 
xvu'  siècles.]  —  P.  lxxviu.  Clocher  de  l'église  Saint-Michel  de 
Tarascon  (Ariège).  —  P.  lxxxiv.  Abbaye  de  la  Celle,  près  de  Bri- 
gnoles  (Var).  —  P.  cxxvit.  ^losaïque  romaine  à  Auch.  —  P.  cxliv. 
Fouilles  de  A  ésone.  —  P.  cli.  Commande  de  tapisserie  faite  vers 
i5.5o  à  \ntoino  Trigant,  habitant  à  La  Roche-Chalais  (arrondisse- 
ment de  Piibérac,  Dordognc).  pour  la  femme  d'un  président  au 
Parlement  do  Bordeaux.  —  P.  clu.  Fouilles  à  Fréjus,  à  Juan-les- 
Pins  et  à  Mouans-Sarloux  i Alpes-Maritimes).  —  P.  clui.  Antiqui- 
tés romaines  au  Chàtolard-do-Lanlicrs  (Basses-Alpes).  —  P.  cuv. 
Camp  anti(pio  de  (joudel  (Haute-Loire).  —  P.  clvhi.  Inscriptions 
romaines  à  Briançonnol  (  AIpcs-.Marilimes).  [L'ne  inscr.  en  l'hon- 
neur do  Claude  II  le  Gothique.]  —  P.  clxui.  Objets  antiques 
trouvés  à  Cézan  (Gers).  —  P.  clxv.  Tumuli  à  Lacajunte  (Landes). 
—  P.  CLxxif.  Mosaïque  romaine  à  Cahors.  —  P.  clxxhi.  Décou- 
verte do  mosaïques  romaines  à  Arles  en  i85i. 

P.  3-19.  .1.  Déchelette.  Los  «  cases  »  en  pierres  sèches  de  l'Auver 
gne.  [L'établissement  de  ces  anciens  villages  n'est  probablement  pas 
antérieur  aux  temps  féodaux,  mais  quelques-uns  ont  été  occupés 
depuis  l'époque  néolithique  ;  le  modèle  de  ces  villages  à  galeries 
souterraines  ne  doit-il  pas  être  attribué  aux  Germains  et  n'aurail- 
il  pas  été  importé  en  Gaule  au   temps  des  invasions  ?]  —  P.   ao-'i 


292  ANNALES    DU    MIDI. 

et  pi.  [.  (î.  Ghauvilhat.  Les  «  cases  »  en  pierres  sèches  de  Villars, 
commune  d'Orcines  (Puy-de-Dôme).  —  P.  76-86  et  pi.  xxi,  cf. 
p.  cxLviii,  CLXVH.  F. -P.  Thiefis.  Rapport  sur  les  fouilles  de  Castel- 
l\oussilIon.  [Le  forum.)  —  P.  87-98  et  pi.  xxn.  M.  Deydier.  Un 
monument  romain  à  Cabrières-d'Aigues  (Vaucluse).  [Scène  de 
halage.]  —  P.  94-116.  HÉnoN  de  Villefosse.  Rapport  sur  la  com- 
munication de  M.  Marc  Deydier  :  L  le  halage  à  l'époque  romaine; 
II.  les  utriculaires  de  la  Gaule.  [Fig.  2  à  4,  tessères  d'utriculaires 
trouvées  près  de  Gavaillon,  à  Saint-Hippolyte-dc-Montaigu  (Gard) 
et  à  Narbonne;  liste  des  inscriptions  trouvées  en  Gaule,  et  dans 
lesquelles  sont  mentionnés  des  utriculaires.]  —  P.  117-29.  R. 
Drouault.  Marmites  de  bronze  avec  inscriptions,  xni'-xvm'  siècles. 
[P.  laA  pt  suiv.,  exemplaires  du  Limousin  et  du  Périgord].  — 
P.  i85-88,  cf.  p.  xLvi,  Lx.  .1.  Déciielette.  Les  vases  peints  de 
Gavaillon.  —  P.  210-9  ^^  P^-  xxxi-xxxni,  cf.  p.  xuii,  xlvu.  cxxxn, 
cxLvui,  cLxv.  J.  Sautel.  Fouillcs  du  théâtre  romain  de  Vaison.  — 
P.  220-1.  A.  AcuoLLEXT.  Une  sépulture  à  incinération  aux  Marlrcs- 
de-Veyre  (Puy-de-Dôme).  —  P.  289-344  et  pi.  xlix  à  liv,  cf.  p.  xxxviu 
et  Li.  H.  Labande.  Saint-Sauveur  d'Aix.  Étude  sur  les  parties  ro- 
manes de  cette  cathédrale.  [Ancienne  église  Saint-Maximin  d'Aix, 
devenue  le  collatéral  méridional  de  la  cathédrale  sous  le  nom  de 
nef  du  Corpus  Domini;  elle  rentre  dans  la  catégorie  des  monu- 
ments édifiés  en  Provence  entre  i  i5(i  et  i  i8o|.  —  P.  880-90  et  pi.  lv, 
cf.  p.  xci.  H.  DE  Gérin-Riciiard.  Hachette  de  cuivre,  épée  et  bra- 
celets de  bronze  trouvés  dans  le  département  des  Bouches-du- 
Rhône.  —  P.  428-84  et  pi.  i,rx  à  lxi,  cf.  p.  xc.  E.  Ginot.  Les  pein 
turcs  du  manuscrit  260  de  la  Bibliothèque  de  Poitiers.  [Les  plan- 
ches représentent  le  poète  Fortunat.  la  vierge  Goda  et  Baudonivie). 
—  P.  444-66  et  pi.  Lxiv  à  Lxxni.  Labaxde  et  Arnaud  d'Agxel.  Notre- 
Dame  de  Salagon  (Basses-Alpes),  notice  archéologique.  [Voir  dans 
les  Annales  iln  Midi.  1916,  p.  878.  le  compte  reiulu  spécial.  | 

1910. 
P.  \r.  cl  \i,i\.  l'oiiillcs  de  Sos  (  Lot-el Caronne).  —  I'.  1..  l'ouilles  à 
Vnftitidinn  de  l'Iiiipcnial.  près  de  Luzech  (Loi).  —  P.  lu.  Fouilles 
dans  des  grottes  aux  environs  de  Marseille.  [Poteries  grecques]. — 
Vestiges  romains  à  Goulat.  près  de  Nontron  (Dordogne).  — 
P.  i.xx.  Temple  fi'AugusIe  el  Livie  à  Vienne  (Isère).  —  P.  i.xxiv. 
\nti([uilés  romaines  d'Aix-les-Bains.  —  P.  iaxvui.  Origines  de 
Grenoble.  —  P.  i.xxix.  Monnaies  gauloises  et  marseillaises,  trou- 
vées a  La  Tronche,   près  de  Grenoble:   aniiquilés  préhistoriques 


PÉRIODIQUES    FRANÇAIS    NON    MÉlUDIONAU\.  SQ.S 

et  protohistoriques  dos  environs  do  GronoljJo.  —1'.  iaw.  Station 
néolithique  à  Oradour-sur-Vayres  (Haute-A  ionnc).  —  I'.  lxxxui. 
Meubles  et  costumes  provençaux  au  xui'  siècle,  d'après  des  inven- 
taires inédits  des  archives  communales  de  Marseille.  —  P.  lxxxvi. 
Voies  romaines  du  Dauphiné.  —  P.  cxxiv.  Sarcophage  chrétien 
de  la  Gayole  (Var).  —  P.  cxxx.  Peson  gallo  romain  attaché  à  un 
vase  de  terre  cuite,  au  Garros  (Gers).  —  P.  cxxxi.  Fouilles  dans 
les  Alpes-Maritimes.  —  P.  cxxwu  et  clu.  Bustes  reliquaires  à  la 
cathédrale  de  Vence.  —  P.  cxxxvni  et  cxlv.  Fouilles  à  Aix-cn-Pro- 
vence.  —  P.  cxxxix.  Fouilles  à  Uzerche.  —  P.  cxl.  Inscription 
romaine  au  Cannet-du-Luc  (Var).  —  P.  cl.  Antiquités  préhistori- 
ques au  Tuf,  commune  de  Limeuil,  et  à  Rocheyrel,  commune  de 
Grand-Brassac  (Dordogne).  —  P.  clvi.  Inscription  romaine  à  >ar- 
bonne.  —  P.  clvu.  Inscriptions  romaines  de  Briançonnet  (  \lpos- 
Maritimes). 
P.  59-65.  R.  Roger.  Le  clocher  de  l'église  Saint-Michel  de  Tarascon 
(Ariège).  [Différents  types  de  clochers  du  xiv  siècle  dans  la  partie 
du  comté  de  Foix  cjui  est  au  nord  du  Plantaurel;  dans  la  partie 
montagneuse  on  reste  attaché  aux  traditions  romanes;  le  clocher 
de  Tai-ascon  est  carré,  à  l'imitation  des  clochers  romans  de  la 
Haute-Ariège  ;  quittance  d'acompte  délivrée  par  le  constructeur  le 
17  janvier  i383.]  —  P.  ii8-44-  Arnaud  d'Agnel  et  Isnard.  Inven- 
taire du  mobilier  de  la  cathédrale  de  Digne,  i34i.  —  P.  igS-aoS 
et  pi.  IX.  H.  DE  Gérin-Ricaud.  Un  pèlerinage  gaulois  alpin  avant 
et  après  la  conquête  romaine.  [Le  Chàtelard  de  Lardiers  (Basses- 
Alpes);  nombreuses  lampes  romaines;  appendice  :  note  sur  les 
voies  antiques  d'Apt  à  Sistoron.]  —  P.  206-22  et  pi.  x,  cf.  p.  cxliv. 
F. -P.  Thiers.  Rapport  sur  les  fouilles  de  Castel-Roussillon  (Pyré- 
nées-Orientales; en  1912.  [Inscr.  du  forum  romain;  plaque  cen- 
trale de  bouclier,  en  bronze  doré.]  —  P.  227-88  et  pi.  xi  à  xni, 
cf.  p.  cxxxvi  et  cui.  J.  Sautel.  Fouilles  du  théâtre  romain  de 
Vaison  en  191a.  [Statues  de  marbre.]  —  P.  233-5.  Héron  de 
ViLLEFOssE.  A  propos  du  torse  cuirassé  de  Vaison.  [Deux  Victoires 
autour  d'un  palladium.]  —  P.  286-54.  F.  Sauve.  Mobiliers  d'églises 
de  la  Haute-Provence  à  la  fin  du  moyen  âge.  [Inventaires  du  prieuré 
de  Lioux,  de  l'église  Saint-Pierre  d'Apt,  des  églises  de  Joucas, 
Clermont,  Cavaillon.]  —  P.  255-9  ^^  P^-  ^^^'  ^  ^^^>  ^^-  P-  ^'^• 
L.  Berthomieu.  La  maison  des  Trois  Nourrices  à  Narbonne.  [Seul 
type  d'architecture  civile  du  xvi'  siècle  à  Narbonne;  porte  la  date 
de  i558.]  —  P.  292-5  et  pi.  xxi,  cf.  p.  xci.  J.  Sautel.   Deux  autels 


20^  ANNALES    DU    MIDI. 

inédits  trouvés  à  Viiisnn  (Vavicluse).  [Dédicace  aux  Proxumes  et 
autel  anépigraphe  avec  le  symbole  du  maillet,  attribut  de  Silvain.] 

p.  296-300,  cf.  p.  xci.  .1.  Sautel.    Note  sur  le  Diadumènc  de 

Vaison,  le  lieu  de  sa  découverte  et  son  affectation.  —  P.  801-7  et 
])1.  XXII,  cf.  p.  Lxxxviii.  H.  DE  Gérin-Ricard.  Sculptures  et  ins- 
criptions antiques  à  Die,  Dea  Augusia  Vocontioriim .  —  P.  3o8-i4,  cf. 
p.  c;\xiii.  CiuiLLAX.  Les  fouilles  de  la  Gayole  (Var).  [Sarcophages 
en  pierre  el  tombes  en  briques  dans  l'église.]  —  P.  3i5-2i  et 
pi.  XXIII  à  XXVI,  cf.  p.  Lxxxiv.  Chailla.x.  Note  sur  un  sarcophage 
de  la  Gayole  (Var;.  [Sarcophage  d'Ennodius  Félix,  patrice.  préfet 
du  prétoire  des  Gaules:  notes  cl  croquis  de  Peiresc] 

1  9 1  ^ . 

P.  i.xii.  Fouilles  autour  de  Téglise  de  La  Gayole  (Var).  [Tombes 
romaines.]  —  P.  i.xx.  Fouilles  de  Yoppidiim  gaulois  de  l'Impernal, 
près  de  Luzech  (Loi).  —  P.  lxxi.  Tainuli  de  Tursan  (Landes).  — 
P.  lAxviii.  Anses  d'amphores  du  musée  de  Clermont-Ferrand.  — 
P.  Lxxix.  Trouvailles  romaines  au  Pont  de  Naud  (Puy-de-Dôme). 

—  P.  Lxxwi.  Monuments  de  la  région  de  Nimes  reproduisant  la 
figure  d'Hécate.  —  P.  xc.ii.  c  Cluseaux  »  ou  souterrains  ayant 
servi  d'habitation  et  de  refuge  clans  la  région  de  Ribérac  (Dordo- 
gne).  —  P.  c.ix.  Grotte  préhistoi'iciue  de  Fontarnaud  à  Lugasson 
(Gironde).  —  P.  ex.  Inscriptions  et  sculptures  rupestres  du  Val 
des  Merveilles,  piès  du  Col  [de  Tende,  [\nimaux.  armes,  outils, 
figures  géométriques  ;  rite  religieux?]  —  P.  cxii.  Momie  décou- 
verte au  xviii'"  siècle  sur  le  territoire  de  la  commune  de  Martres- 
d'Arlières  (Puy-de-Dôme).  —  P.  cxxvi.  Découvertes  de  poteries 
antiques  à  Marseillc-Veyre  (Bouchos-du-Rhône).  —  P.  cxxvii.  ^  es- 
tiges  préliisloriqucs  et  romains  à  Saint-Michel-de-Valbonne.  près 
d'Hyères  (Var).  —  P.  cxxxix.  Découverte  d'antiquités  à  Fifailloux, 
près  de  Rosières  (Ilaute-Loire). 

P.  3-87  el  pi.  i  à  III.  H.  Ferraxd.  Les  voies  romaines  du  Dauphiné. 
[\oie  principale  :  route  de  Suse  à  Arles;  voies  secondaires  :  roule 
de  ^  alence.  route  de  ^  ienne.]  —  P.  C^S-ç)  et  pi.  vi.  1)"^  Capitax. 
Ariléfixe  romaine  trouvée  à  l>éjus.  —  P.  91-6  et  pi.  vu.  J.  Saltel. 
Fouilles  du  thééitre  romain  de^aison  en  igiS.  [Statue  d'Hadrien. | 

—  P.  97-107.  .\RNAtu  d'Agnel  et  E.  Isxahd.  Inventaires  de  mobi- 
liers provençaux  du  xiir  siècle  tirés  des  Archives  de  Marseille.  — 
P.  108-45  et  pi.  \in.  Cil.  PoKïAL.  Notes  sur  Forfévrcrie  à  .Vlbi  du 
xi\' siècle  ;'i  1,1  fin  du  wiii'.  [Croix  filigranée  et  gemmée  de  Castel- 


PERIODIQUES    FRANÇUS    NON    MERIDIONAUX.  'M)'} 

iiau-dp-Montmiral  ;  liste  de  '19  orfèvres  albigeois.]  —  P.  iS^-q'i, 
cf.  p.  i-iv.  F. -P.  Thiehs.  Rapport  sur  les  fouilles  de  Castel-Rous- 
sillon  (Pyrénées-Orientales).  [Inscriptions  provenant  du  forum  ; 
plan  du  forum.]  —  1^.  255-03.  G.  DoiBr.r.T.  Note  sur  des  reliquaires 
trouvés  dans  réglise  de  Vence  (Alpes-Maritimes).  —  P.  447-60. 
(}.  Caillaud.  Un  four  de  potier  gallo-romain  de  Lezoux  (Puy-de- 
Dôme).  —  P.  491-8  et  pi.  \\viii-\\i\,  cf.  p.  xcv.  CiiAU.LA.N.  Quel- 
ques monuments  de  Brignoles  (\  ar;.  [Colonne,  chapiteau  et  pierre 
d'autel  de  l'époque  carolingienne,  stèle  antique?  etc.]  —  P.  012-7 
et  pi.  xLiv  à  xi.vir,  cf.  p.  xcvn.  R.  Roger.  Croix  du  pays  de  Foix 
et  du  Couserans.  [Audressein,  Gamon,  Saint-Lizier,  Daumazan 
dans  l'Ariège,  cf.  Belpech  dans  l'Aude.]  —  P.  556-Go,  cf.  p.  cxxiv. 
U.  RoccHOX.  Inventaire  des  joyaux  d'une  bourgeoise  du  Puy-en 
Velay.  en  ifioi. 

1915. 

P.  LU.  Fouilles  pratiquées  autour  de  l'Hôtel  de  Ville  de  Libourne.  — 
P.  Lx.  Oppidum  de  Bègues  (Allier;,  avec  muraille  vitrifiée.  — 
P.  Lxxi.  Sur  le  site  d'Uxellodunum.  —  P.  i.xxxi.  Cimetière  méro- 
vingien sur  les  hauteurs  dominant  la  Dordogne.  commune  de 
Bétaille  (Lot).  —  P.  lxxxv.  Château  de  Pellevézy.  près  de  Saint- 
Geniès  (Dordogne). 

P.  71-82  et  1)1.  vu-vui.  E.  Miciiox.  Le  trésor  gallo  romain  de  Pouzin 
(.\rdèche).  [Bague  en  or,  flacon  de  verre,  coupe  d'onyx,  coffret 
d'ivoire  en  forme  de  poule  accroupie]  —  P.  1 45-56  et  pi.  xii-xiii. 
Chaillan.  Les  aqueducs  romains  d'Aix  en-Provence.  —  P.  167-70. 
J.-B.  Chabot.  >'ote  sur  l'inscription  hébraïque  de  la  tour  de  Saint- 
Gabriel  à  Tarascon.  [Ce  serait  la  date  4956  de  l'ère  juive  exprimée 
sans  le  millésime  et  correspondant  à  l'année  1196  de  l'ère  chré- 
tienne.] H.  Gr. 

4.  —  Bulletin  philologique  et  historique  (Jusqu'à    1715) 
du  Comité  des  travaux  historiques  et  seientifiques ,  191/i. 

P.  6,  7-9.  G.  Lavergxe.  Les  cas  réser\és  du  diocèse  de  Périgueux  au 
XV'  siècle.  [Texte  du  mandement  adressé  par  les  vicaires  géné- 
raux du  diocèse  aux  couvents  d'Excideuil  et  de  Périgueux  le 
28  mars  1490  (n.  st.)  leur  conférant  le  pouvoir  d'absoudre  pendant 
un  temps  déterminé  certains  cas  épiscopaux  dont  la  liste  est  don- 
née.] —  P.  10,  11-9.  —  R.  JoLANNE.  L'IIôtel-Dicu  du  Puy  et  les 
hôpitaux  de  Tullins,  de  Charpenay  et  de  Saint-Étienne  de  Saint- 


29G  ANNALES    DU    MIDI. 

fîeoirs.  [Documents  du  xui''  et  du  xiv'  siècle  relatifs  à  des  filiales 
on  Daupliiné  de  l'hôpital  du  Puy.] —  P.  4i-  Laverg.ne.  Biron  et 
la  conspiration  de  Biron  en  Périgord  (1601-1603)  [Résumé  d'une 
communication.  La  présence  du  maréchal  en  Périgord  se  rattache 
à  ses  projets  de  trahison.]  —  P.  43.  Abbé  Auguste.  Arnaud  Baric, 
fondateur  de  l'hôpital  général  de  la  Grave  à  Toulouse  (1647).  i^^^- 
sumé  d'une  communication  montrant  que  Baric  appartient  à  la 
compagnie  du  Saint-Sacrement.]  —  P.  43-4-  Bégouen.  La  compa- 
gnie du  Saint-Sacrement  dans  le  diocèse  de  Pamiers.  [Résumé 
d'une  communication  montrant  les  efîorts  de  l'évêque  Gaulet 
pour  établir  la  compagnie  à  Foix,  Tarascon-sur-Ariège.]  —  P.  45-6. 
JouANNE.  Situation  intérieure  de  l'hôi^ital  de  rs\-D.  du  Puy  à  la  fin 
du  XV'  siècle.  [D'après  deux  règlements  de  i484  et  1492-  Résumé.] 
—  P.  71-3.  R.  Latouche.  Un  pouillé  du  diocèse  de  Cahors  conservé 
aux  archivesde  la  Société  archéologiquedeTarn-et-Garonne.  [Pouillé 
du  xvn'  siècle;  analogies  avec  celui  ijublié  par  M.  Longnon.]  — 
P.  34,  74  0.  Id.  Les  représentations  de  mystères  à  Saint- Antonin 
au  XV'  siècle.  [Une  confrérie  formée  au  couvent  des  Garmes  faisait 
jouer  tous  les  ans  le  jour  de  l'Epiphanie  le  «Mystère  de  l'Étoile  et 
des  trois  rois  venus  pour  prier  Dieu  à  Bethléem  »  et  un  Mystère 
de  l'Assomption.  Ces  représentations  étaient  une  source  de  béné- 
fices pour  les  Garmes  qui  prolestent  énergiquement  lorsque  les 
chanoines  veulent  jouer  le  même  mystère.  Texte,  conservé  dans  un 
registre  de  notaire,  de  la  tiansaction  de  i445  qui  met  fin  au  dé- 
bat :  le  mystère  sera  représenté  chaque  année,  à  tour  de  rôle  tous 
les  deux  ans,  dans  chacun  des  deux  couvents.]  —  P.  34,  77-81. 
E.  Laurain.  Deux  représentations  de  la  messe  de  saint  Grégoire. 
[Description  d'une  gravure  sur  pierre  à  Saint-Léonard  près  de 
Senlis;  comparaison  avec  un  bas-relief  de  Saint-Seurin  de  Bor- 
deaux, connu  sous  le  nom  de  «  Messe  du  pape  Glément  V  »  et  avec 
un  tableau  conservé  au  musée  de  La  Rochelle  sous  le  titre  de 
«  Personnification  de  l'Eucharistie.  »]  —  P.  35,  82-110.  E.  Laval. 
Les  chartes  de  coutumes  du  Bas-Quercy  octroyées  par  Alfonsc  de 
Poitiers.  [Renseignements  bibliographiques  sur  les  sept  chartes 
de  Montpezal  (1257),  Caylus  (1262  et  1268),  Montjoie  (1268),  Gas- 
telsagral,  Molières,  Puylagarde,  Septfonds  (1270),  localités  du  Bas- 
Quercy,  situées  dans  le  Tarn-el-Garonne.  Garactère  pratique  de  la 
politique  d'Alfonse  dans  l'octroi  de  ces  coutumes,  qui  sont  le  plus 
souvent  des  tarifs  de  redevance  imposés,  et  non  déballus,  avec  la 
concession  de  quelques  libertés  civiles   sans  danger  pour  le  sei- 


PERIODIQUES    Fn\\(.  \IS    NON    ^[KRiniONALX.  2f)7 

gncur.  L'étude  dos  trois  chartos  inéditos  de  Cayliis,  Ntoidjoie  cl 
Molières-Castelsagiat  prouve  que  les  differenls  t\|)es  auxquels  di- 
vers érudits  ont  voulu  ramener  les  eharlcs  dVlfonse  de  l'oitiers 
soid  arbitraires  el  que  la  l'oriiK»  el  la  teneur  de  chacune  des  cliai-- 
les  oui  leur  originalité  propre.  Texte  des  chartes  de  (iaylns 
(juin  ifiji)  en  81  articles  et  de  Molièrcs  (uiai  1370)  en  /i5  arlicles. 
I<'ragnient  très  intéressant  d'un  important  travail  sur  85  textes  qui 
ont  été  retrouvés  pour  le  Quercy.]  —  P.  !ii,  374-9.  G.  Mussf.t.  Do- 
minique de  Gourgues  '^1573).  | Publie  un  acte  de  1079  qui  piou\e 
(jue  le  roi,  malgré  l'ambassadeur  d'Espagne,  était  bien  dis|)osé  à 
l'égard  du  grand  navigateur  à  son  retour  de  la  Floride,  puisqu'il 
lui  fait  fournir  par  les  échevins  de  La  Rochelle  l'artillerie  néces- 
saire pour  une  nouvelle  expédition.)  —  P.  45,  38o-8.  R.  Fage.  Un 
petit  problème  de  bibliographie.  Jean  Margarin,  imprimeur  à  Li- 
moges. [En  1628,  Henri  de  Bourbon  publie  sous  le  titre  de  :  ((  Let- 
tre de  M.  le  Prince  à  M.  de  Rohan  »,  un  opuscule  de  huil  pages 
destiné  à  provoquer  les  défections  autour  de  Rohan  en  le  repré- 
sentant comme  seul  responsable  des  événements,  ennemi  du  loi 
et  traître  à  son  pays.  Rohan  réplique  vigoureusement  et  fait  im- 
primer clandestinement  sa  réponse  avec  la  lettre  du  Prince.  Il  en 
existe  deux  éditions  sans  nom  d'imprimeur;  c'est  une  3'^  édition 
de  cet  opuscule  qui  porte  l'indication  de  Jean  Margarin,  impri- 
meur à  Limoges,  1629.  En  réalité  ce  nom  de  Margarin  est  pure- 
ment imaginaire,  et  l'ouvrage  n'a  pu  être  impiùmé  à  Limoges, 
ville  catholique  avec  laquelle  d'ailleurs  Rohan  ne  pouvait  commu- 
niquer à  ce  moment.]  Fr.  G. 

0.  —  Congrès  archéologique  de  France,  LXXX'"  session; 

19 13,  Moulins  et  Nevers'. 

Troisième  excursion,  Mozac  et  Rioin.  —  Mozac'-  :  P.  i24-43.  Liziv  (abbé). 
Église  abbatiale  et  biàtiments  de  l'abbaye.  —  Rioin^  :  P.  i4'i-(i'i. 
Galchery.  ^lonuments  religieux.  [P.  «44,  Saint-Amabic  ;  p.  i.'x). 
Notre-Dame  du  Marthuret  ;  p.  lô'i,  Sainte-Chapelle.]  —  P.  164-73. 
Architecture  civile.  [P.  i64.  Maison  des  Consuls;  p.  166,  Hôtel  de 
Ville,  Tour  de  l'Horloge;  p.  167,  Hôtel  Guimoneau;  p.  171,  Maison 

1.  Nous  laissons  de  côté  la  région  visitée  par  le  Congrès,  mais  non  com- 
prise, comme  le  Puy-de-Dôme  et  la  Loire,  dans  la  zone  des  pays  dont  s'occu- 
pent spécialement  les  Aiiiialeg  du  Midi. 

?..  Près  de  Riom. 

3.  Chef-lieu  d'arrondissement  du  Puy-de-Dôme. 

ANNALES    DU    MIDI.   —  XXJX.  20 


298  ANNALES    DU    AUDI. 

des  Cariatides,  Maison  do  Guillaume  Pandu;  [>.  172,  Musée 
det.]  —  P.  477-  Compte  rendu  de  l'excursion  à  Riom. 
Cinquième  excursion,  Ambierle  et  Charlien'.  —  P.  333-4i-  Begut-e  (L.). 
Atnbieiie  :  Église  et  dépendance.  —  P.  342-68.  Rhein  (\.).  Char- 
lien.  [P.  2l\-i,  Église;  p.  243,  Prieure;  p.  24O,  Porclie  du  Prieuré; 
p.  254,  Cloître  du  Prieure;  p.  357,  Donjon;  p.  3Ô8.  l^]glise  Saint- 
Philibert;  p.  2G1,  IIcMel-Dieu;  |).  3()2,  Maisons  pailicnlières;  p.  9AM'). 
Couvent  et  (Cloître  des  Cordeliers.]  F.   P. 

(>.  —  Gazelle  des  Beauc-Aiis,    oô"  année,  I\'    périodo, 
tome  I\,  19 13,  I"  semestre. 

P.  ()9-72.  D''  PouzET.  L'adoration  des  Mages  du  cloître  Sainl-I^liennc 
au  musée  de  Toulouse.  —  P.  207-18.  Mahcei,  Raymond.  Uitels  ber- 
ninescpies  en  France.  [P.  218-21."),  maître-autel  de  la  cathédrale  de 
Tarbes,  inauguré  le  8  sept.  1721.) —  P.  201-9^  l^.  .1  wioi'.  Le  théàlic 
des  Champs-Elysées.  | Bas-relief  d'Émile-Antoine  Bourdelle.]  — 
P.  271-90.  Cii.  Saunier.  David  et  son  école  au  Palais  des  Beaux- 
Arts  de  la  ville  de  Paris  (Petit  Palais).  [Portrait  de  M""  de  \  erni- 
nac  ;  Ingres,  Gros,  Granet,  Evarisle  Fragonard.|  —  P.  323-3i.  Em. 
\  ERHAEUEN.  lufluence  séculaire  de  l'arl  naniand  sur  l'art  français. 
|P.  324.  Primilifs  de  Provence;  p.  327,  Sébastien  Bourdon;  |).  829. 
FragonardJ. 

Tome  X,  igiS,  2"  semeslie. 

P.  O8-7O.  Seymour  de  Ricci.  L'arl  du  Moyen  âge  et  delà  Renaissance 
à  l'hôtel  de  Sagan  [P.  74,  émaux  de  Limoges].  —  P.  io3-3o.  G.  dk 
.Mandacii.  De  la  peinture  savoyarde  au  w"  siècle.  [Apparentée  à  la 
peinture  du  Piémont  seplenlrional.j  —  P.  237-4<').  P-  Lv\edan. 
Les  émaux  limousins  en  Champagne.  —  P.  \(m  \f\.  L.  11.  Lusxnde. 
L'ameublement  jirovençal. 

56'"  année,  t.  M,  191/i,  1"  semestre. 

P.  2OÔ-7G.  .1.  Roman.  Le  livre  de  raison  d'Hyacinthe  Rigaud.  — 
P.  4G1-82.  C.  DuEYFUs.  La  collection  Camondo.  Les  sculptures  et 
les  ohjels  d'art  du  Moyen  âge  el  de  la  Uenaissance.  [Masque  luné- 
raire  en  cuivre  doré,  ])rovenant  sans  doute  d'une  église  d'Angers, 
truvre  de  l'art  limousin  vers  la  fin  du  xiu'  s.| 

I.  I^ocalilé-;  dr  l'aïuirii  l'orcz,  dans  le  déparlonienl  de  la  Loire. 


PKRIODIQUKS    FR\N(;VIS    \ON'    MEUIDIONAUX.  299 

Tome  XI,  1914,  a'  semestre'. 

P.  11-24.  Florence  Ingeusoll  Smolse.  La  sciilpluic  à  (iôiics  aii 
xvii'' siècle.  [Pierre  Pugct.  son  Saiiit-Sébaslioii  cl  son  Saiiil-\ni 
bi'oise  de  l'église  S.  Maria  di  Carigiiano,  ses  \  ierges  du  i)alais  Ca- 
laldi,  de  l'Albergo  dei  Poveri  et  de  l'Oratoire  de  Saint-Philippe  de 
Néri.]  —  P.  G7-80.  J.  F.  Schnerb.  Les  salons  de  igii-  Le  salon  des 
artistes  français.  [Suite.  Panneau  décoratif  de  Zo,  destiné  nu  mu- 
sée Donnât  de  Rayonne,  le  «  Travail  »  par  Henin  Martin;  iiKupiclle 
de  la  suite  des  «  .leux  floraux  de  Toulouse  »  par  Jean  Paul  f,au- 
rens,  gouache  reproduite  hors  texte  en  liéliotypie;  Philippe  1!  à 
l'Escurial,  du  même.]  -  P.  89-10/1.  (!.  Ceffroy.  Henri  de  Tou- 
louse-Lautrec (1 8(3/1- 1901).  —  P-  100  19.  M.  Retmond.  Le  baptistère 
Saint-Jean  de  Poitiers.  [Origines  du  monument  :  la  théorie  (pii 
fait  dvi  baptistère  la  transformation  d'un  tombeau  a  l'inconvénient 
de  ne  pas  expliquer  le  plan;  l'hypothèse  la  plus  vraisemblable 
paraît  être  que  ce  plan  irrégulier  et  compliqué  a  été  celui  d'une 
maison  d'habitation  antérieure  au  monument  funéraire;  le  tom- 
beau, probablement  du  m"  siècle,  a  été  transformé  en  baptistère  à 
l'époque  mérovingienne  avec  remaniements  du  xi^  et  du  xm"  s.  ; 
étude  des  parties  décoratives,  chapiteaux  et  plaques  ;  discussion  de 
la  date,  comparaison  avec  les  chapiteaux  de  Saint-Laurent  de  Gre- 
noble et  ceux  du  baptistère  de  Vénasque.]  —  P.  2/47-56.  A.  Mau- 
GuiLUER.  J.  F.  Schnerb.  [Né  à  A.vignon  en  1879,  ai'tiste  et  critique 
d'art,  tué  le  23  mai  igiS,  prèsd'Ablain-Saint-iXazaire.]  —  P.  273-9'^. 
S.  Ueinach.  Courrier  de  l'art  antique.  [P.  280,  statuette  disparue 
de  Jupiter  en  pierre,  ancienne  collection  Sallier  à  Aix-en-Pro- 
vence.]' —  P.  agS-SiO.  II.  A.  Michel.  Les  fresques  de  la  garde-robe 
au  palais  des  Papes  d'xVvignon.  [Scènes  de  lîêche,  de  fauconnerie, 
de  vénerie,  découvertes  en  190G;  elles  doivent  être  de  peu  posté- 
rieures à  la  construction  de  la  tovu'  de  la  garde-robe,  qui  date  des 
années  1 3/12-1, 543  ;  par  la  technique  et  le  style,  elles  relèvent  de 
l'art  italien,  ce  qui  n'exclut  pas  la  collaboration  d'artistes  français.  | 
—  P.  473.  ri.  Servu:res.  La  décoration  des  buffets  d'orgue  aux  xv" 
et  xvi"  siècles.  [Embrun,  cité  de  Carcassonne,  Villefranche-de- 
Rouergue.  Vence,  Perpignan,  Solliès-Ville  (Var)].  H.  C,v. 


I.  N'ont  paru  en  igii  que  les  livraisons  de  juillet  et  d'aoùl;  c'est  seulement 
en  juin  igi6  que  la  Gazette  des  Beaux-Arts  a  repris  la  suite  du  semestre  in- 
terrompu ;  la  687'  livraison  porte  les  indications  suivantes  :  juin  igiO,  y  se- 
mestre 191 'i. 


3oO  ANWLES    Dl      AriDf. 

7.  —  Romanifi,  t.  XLIII,  191^1. 

P.  18-28.  A.  Langfors.  Notice  du  nis.  Ir.  170G8  de  la  Bibliollièqup 
nationale.  [Publie  un  D^bat  de  hi  Vicnje  fl  de  la  Croix,  en  français. 
A  rapprocher  du  D,'hal  provençal  du  nirnie  yeiire.]  —  P.  ■39-58. 
E.  Philum'ox.  Suffixes  romans  d'origine  pié-laline.  |l.  SufTixe 
-ardo-;  U.  SufTixe  -aido-.]  —  P.  .19-88.  V.  Tuomvs.  Variétés 
ctimolojiqes.  [Ane.  daufinois  elmsiour  (  =  caxlorein),  cilé  dans  la 
leide  d'Enilirun;  Ane.  prov.  enUririnas  (diaphragme);  Ane.  tV. 
gest,  prov.  mod.  gèst,  poitev.  /V// ;  Ane.  prov.  (luivbia^greba,  griba 
(châsse);  Ane.  prov.  issirabn,  inisinipa-abn  :  ilal.  meseimba.  elc. 
(récipient)  ;  L'ai'ticlc  sncouhade  de  (iodefroy  (mésintelligence  de  .sy( 
confiade).]  —  P.  89-95.  G.  Bertom.  Il  Liiridario  italiano.  [Traduction 
d'une  version  française  de  ['Ehicidariaw  d'IIonorius  d'Vntun.  \ 
rapprocher  de  la  version  provençale  du  même  texte.]  —  P.  i(ji-(i. 
J.  Angla.de,  .\ostradamica.  II.  Deux  lettres  adressées  à  Jehan  de 
Nostredame.  [Lettres  de  Pierre  [iilonio  Boero,  sans  doute  P.  A.  Boyer. 
franciscain  de  Nice.J  III.  Pietro  délia  Rovere.  piemontese.  [Peire  de 
Ruer  de  Puymont,  dans  l'ouvrage  de  \ostrcdame.]  —  P.  i()7-7G. 
n.  Beiitoni.  Il  «pianio  »  provenzale  in  morte  di  re  Manfrcdi.  [To/a.s 
honors  e  tuig  fUig  beneslan  {Bavlsch.  'tCn,  r>.3\).  Edition  critique  et 
revue  des  poésies  provençales  qui  l'ont  mention  de  Manfred.]  — 
P.  ■.>.'ii-3.  P.  DouvEAUx.  \nc.  prov.  iiot:  yssercn,  not  ycherca  etc.  [Noix 
fournie  par  la  plante  qui  produit  la  graine  de  paradis,  autremeni 
dit  le  fruit  de  VAmoninin  Melegiieta  Roscoe.  Mot  d'origine  arabe.]  — 
P.  ^43-6.  A.  Jeankoy.  Sur  la  version  provençale  de  Barlaam  et 
Josaphat.  [Corrections  à  l'édition  IIeuckenkamp.[  — P.  3i/|-5.  M.  M. 
Compte  rendu  de  Jehan  de  Nostredamc.  Les  vies  des  plus  célèbres 
et  niiciens  poêles  provençaux,  éd.  Chabaneau  Anglade  |  Kloge].  — 
P.  819-20.  Haus  Maveh.  (jompte  rendu  de  II.  Morf,  \\nn  irsprang  der 
provenzaliseliea  Sclirijlspraclie.  jNe  croit  pas  qu'on  puisse  résou- 
dre déllnilivement  la  (piestion.)  —  P.  Y'^8-\'i.  A.  Jeanko\.  Compte 
rendu  des  Poésies  de  Peire  Vidal  publiées  par  M.  J.  Anglade.  (Kdi- 
liou  livbri(le.|  —  P.  V|5-5o.  A.  Jeaxuo^  cl  l.co  SrirzEit.  Conq)tc 
i-endu  de  E.  Mestroy,  Der  Trobador  Pislolela,  et  E.  Nandielh.  Der 
Trobador  GniUein  Magrel.  [Très  satisfaisant.  Observations  sui-  le 
texte.] —  P.  587-93.  (J.  Beutom.  In  nnoNo  Irovalore  italiano  :  («i- 
l'ardo  Cavalla/i.  [Public  d'après  un  nou\cau  ms..  la  Icwso  Si  pura- 
dis  et  infern:  suitl  aitat  déjà  éditée  par  Suchier,  Denkin.  prov.  Lit.. 
|).    297.    Idcnlificalion    de   l'aulcur.]         P.  593-().     \.   Thomas.    P<'ii(' 


PERIODIQUES    FR\\(;\IS     NON     MKIUDIONAUX.  3o  f 

\idal    ail    tèro    sainic.     [  f.nniinoiisos    idciilificalions    de    lociliU's 
(l'Or'uMil  rih'cs  dans  la  pK'cc    [joshtr  c  l(i>;s(ir  (\\  de  l'rd.   \ii^lado).| 

C.   H. 

8.  — Sociétc  iXdtioïKilc  des  [ii(i(/unires de  France,  nnllcliii, 
191/1. 

V.  12G.  Fokmigl:.  l'holographies  et  relevés  d'antiques  cabanes  en 
pierres  sèclies  dans  le  Gomlat  Venaissin.  —  P.  i3G-45.  Id.  Antiqui- 
tés gallo-romaines  de  Vénasque  etdes  localités  voisines  (Vaucluse). 
[Planches.]  —  P.  i\ô.  SEnBAx.  Dessin  re2:)résenlant  l'église  d'Issoirc 
(Pny-de-Dônie)  avant  sa  restauration  moderne.  —  \^.  i5\.  Dieu- 
donné.  Testons  de  Charles  ï\  frappés  à  Limoges  en  lôfifi.  —  P.  i58. 
R.  Page.  Note  explicative  sur  le  sens  du  mot  Capinanse  dans  le 
Bas-Limousin  d'après  les  carlulaires.  — P.  172  7.  A.  Blanchet.  Ins- 
criptions latines  dans  le  tome  111'  de  la  correspondance  de  Mabil- 
lon  recueillies  à  Limoges.  Observations  relatives  à  l'enceinte  gallo- 
romaine  de  cette  ville  au  m"  siècle.  —  P.  187.  F.  Pasquier.  Fouilles 
à  Saint-Bertrand-de-Gomminges  (Haute-Garonne)  :  découverte  dés 
substructions  d'un  vaste  édifice  gallo-romain  et  de  sarcophages 
en  un  autre  endroit.  — P.  aoi-a.  Héron  de  Villefosse.  Tête  virile 
romane  en  marbre  blanc,  trouvée  à  Marseille  dans  la  maison  Par- 
rovel  ;  dépôt  au  musée  de  Saint-tiermain.  —  P.  ■>.2'\.  M.  Prou. 
Objets  antiques  trouvés  à  Tifailloux  près  de  Rosières  (Haute-Loire). 
P.  235.  Robert  Michel.  Fresques  à  Avignon,  Palais  des  Papes, troi- 
sième étage  de  la  tour  de  la  Garde-robe  (scènes  de  pêche  et  de 
chasse).  —  P.  344-  R-  Fage.  Cuve  rectangulaire  servant  de  bénitier 
à  l'église  du  Dorât  (Haute-Vienne),  lions  sculptés  sur  trois  faces.  [La 
cuve  proviendrai!  d'une  église  du  xi-  siècle  remplacée  par  celle  du 
xii"  siècle.]  —  P.  355-6.  Héron  de  Vuxefosse.  Prolestation  de  la 
Société  des  Antiquaires  de  France  contre  le  vandalisme  des  Alle- 
mands et  spécialement  contre  Fiiicendie  de  Louvain  et  le  bombar- 
dement de  la  cathédrale  de  Reims. —  P.  271.  Héron  de  Villefosse. 
Résultats  des  fouilles  entreprises  par  M.  Henri  Ai-agon  sur  l'em- 
placement de  la  \ille  gallo  romane  de  Ruscino  :  Castel-Roussillon 
(Pyrénées-Orienlales).  —  P.  288  9.  R.  Fage.  Distribution  et  orga- 
nisation du  sol  dans  le  Bas-Limousin  au  Moyen  âge.  d'après  des 
docunients  contemporains.  —  P.  292-7.  G.  Lafage.  Monument  ro- 
main à  Labastide-Forte,  près  d'Aix-en-Provence,  détruit  au  xviir' 
siècle,  connu  par  un  dessin  de  Peiresc. 


3o2  ANNALES    DU    MIDI. 

I915. 

P.  i28-3i.  Héron  de  Villefosse.  Bronze  trouvé  dans  le  Rhône,  dé- 
posé au  musée  de  Nîmes.  [Tète  d'animal  formant  une  douille.]  — 
P.  i3i.  Td.  Mobilier  funéraire  gallo-romain  trouvé  à  Martigues 
(Bouches-du-Rhône).  [10  tlacons  en  verre,  i  lampe.]  —  P.  200. 
Begouen.  Découverte  d'une  grotte  préhistorique  à  Alontesquieu- 
Avantès  près  de  Saint-Girons  (Ariège).  [Dessins  gravés  et  coloriés 
représentant  des  animaux  et  une  femme  fantastique.] —  P.  201-2. 
MicnoN.  Indication  d'études  sur  le  palais  des  Papes  à  Avignon  et 
sur  d'autres  monuments  du  Moyen  âge  dans  le  Comtat-Venaissin. 
entreprises  par  Robert-André  Michel  et  interrompues  par  la  mort 
de  l'auteur  au  champ  d'honneur.  — P.  208.  R.  Fage.  La  planta- 
tion d'un  clou  en  1106  à  Tulle  (Corrèze)  considérée  comme  mar- 
que de  tradition  de  la  propriété.  V.  P. 

î).  —  Société  nailonaic  des  Antiquaires  de  France.  jVIé- 
moires,  8"  série,  t.  IV,  191/i. 

p.  90-1  H).  L.  .louLiN.  Les  âges  protohistoriques  dans  l'Europe  bar- 
bare. [Synthèse  des  découvertes  faites  d'objets  de  cette  époque  : 
bibliographie.]  —  P.  i53-8o.  Héron  de  Villefosse.  Deux  armateurs 
narbonnais  Fabius  Secundus  et  Olitius  Apollonius.  [Étude  sur  deux 
armateurs  de  Narbonne  au  ii''  siècle  et  sur  le  commerce  de  cette 
ville  à  celte  époque.]  F.  P. 


CORRESPOXDAXCE 


REPLIQUE    DE    M.     FURGEOT 

I"  M.  Thomas  croit  avoir  découvert  un  argument  décisif  pour 
rejeter  la  date  de  1 335  :  le  conseiller  rapporteur  du  jugé,  J.  Le 
Bescot,  dit-il,  n'a  fait  partie  de  la  Chambre  des  Enquêtes  qu'à 
partir  du  i6  novembre  i336;  donc  le  jugé  ne  peut  être  antérieur 
à  cette  date. 

Jiien  que  M.  Thomas  n'ait  pas  indiqué  la  source  où  il  a  puisé 
la  date  de  la  nomination  de  J.  Bescot  (ou  Le  Bescot),  admet- 
tons-la comme  exacte;  mais  qu'est-ce  que  cela  prouve?  Que 
M.  Thomas  enfonce  une  porte  ouverte  et  que  son  grand  argu- 
ment n'en  est  pas  un.  Je  n'ai  jamais  soutenu,  en  effet,  que  le 
remaniement  était  antérieur  à  novembre  i336  :  or  c'est  ce  jugé 
remanié  qui  est  signé  /.  Bescot.  Quant  au  jugé  primitif,  à  celui 
fjui  confirme  la  condamnation  de  Panassac,  il  ne  porte  pas  de 
signature  et  cette  suppression  est  caractéristicpie. 

■2"  La  remaniement  est  donc  postérieur-  à  novembre  i33G; 
quant  à  être  du  20  décembre  i338,  c'est  une  autre  affaire  :  il  est 
peu  vraisemblable  que  G.  de  Villiers  et  les  filles  de  Panassac 
aient  attendu  trois  ans  pour  se  prévaloir  des  lettres  de  rémis- 
sion et  faire  modifier  le  jugement  rendu  conl;re  celui-ci.  Le  fait 
que  ce  jugé  remanié  est  intercalé  après  lesjugés  de  janvier  i339 
ne  prouve  rien,  puisque  le  jugé  primitif  est  bien  inséré  après 
ceux  de  décembre  i338,  quoiqu'il  soit  manifestement  antérieur 
à  janvier  i33(). 

3"  En  vain  M.  Thomas  prétend-il  que  le  texte  du  folio  i5  n'a 
aucune  valeur,  parce  qu'il  est  omis  dans  la  table  et  qu'il  est 
cancellé  ou  rayé.  L'argument  tiré  du  fait  que  le  jugement  pri- 
mitif n'est  pas  mentionné  dans  la  table  ne  résiste  pas  à  l'exa- 
men ;  en  effet,  cet  acte  étant  reproduit  presque  textuellement 


3o4  ANNALES    DU    MIDI. 

au  folio  27,  stmsle  numéro  67,  et  mentionné  sous  ce  numéro  à 
la  table,  il  n'y  avait  pas  lieu  de  le  mentionner  une  seconde  fois. 

()uanl  à  l'argument  tiré  du  fait  que  ce  texte  est  cancellé,  iln'a 
pas  plus  de  valeur.  Pourquoi  l'a-t-on  cancellé  et  remplacé  par 
le  texte  du  folio  27?  Simplement  parce  que,  les  deux  filles  de 
Panassac  ayant  obtenu  la  remise  des  peines  prononcées  contre 
leur  père,  elles  obtinrent  aussi  une  modification  de  ce  juge- 
ment, modification  portant  uniquement  sur  la  condamnation 
de  Panassac  cl  laissant  intact  tout  le  reste  :  ce  ne  fut  pas  un 
nouveau  jugement,  mais  une  simple  retouche  du  jugement 
cancellé;  c'est  pour  cela,  sans  doute,  qu'on  laissa  subsister  la 
date  :  23  décembre. 

4°  Selon  M.  Thomas,  un  acte  cancellé  est  un  acte  nul  et  qui 
n'a  jamais  eu  aucune  valeur.  C'est  une  erreur.  Un  acte  cancellé 
n'est  pas  un  acte  nul  en  soi,  c'est  un  acte  qui  a  été  valable  un 
certain  temps,  mais  qui  a  été  annulé,  soit  en  tout  soit  en  partie. 

5"  Le  jugé  primitif  condamnant  Panassac  est  immédiatement 
suivi  de  ces  mots  :  «  Le  Roi.  n  remis  l'amende  susdite,  comme  il 
apparaît  par  les  lettres  siiiva/ttes  »,  qui  ne  sont  autres  que  les 
deux  lettres  de  rémission  du  'i'S  janvier  et  de  février  i336.  Et 
nous  lisons  dans  ce  jugé  :  «  Aaditis  in  ciirià  nostrâ  procuratore 
nostro...  prefatoqae  de  Panassaco...  in  causa  appellationis  pre- 
dicte...,  per  jiidicium  curie  nostre  dictum  fuit...  «C'est  donc  que 
Panassac  vivait  encore  au  moment  de  ce  jugé,  ou  que  sa  mort 
était  si  récente  qu'elle  n'était  pas  parvenue  à  la  connaissance 
du  Parlement.  Comme,  d'autre  part,  la  premièie  des  deux  let- 
tres de  rémission  nous  apprend  que  Panassac  était  mort  à  cette 
date,  il  en  résulte  avec  évidence  que  le  jugé  condamnant  Panas- 
sac est  antérieur  au  28  janvier  i330. 

Ainsi  s'écroule  tout  le  système  de  AI.  Thomas.  Ne  croyez  pas 
d'ailleurs  qu'il  reconnaisse  son  erreur  :  c'est  une  chose  ([u'un 
savant  n'avoue  guère;  bientôt  \ous  le  veirez  pointer  sa  lète  (hi 
milieu  des  décombres  de  son  édifice  et  vous  l'entendrez  crier: 
liedivirus.  rcdirivus  sum.  Henri  Flugeot. 


XÉCROLCXilE 


En  novembre  1916  est  décédé  h  \i\-en-Provence  M.  Léopnld 
CoNSTANS,  professeur  à  la  Faculté  des  Ictlies  de  ILniversilé 
d'Aix-Marseille.  M.  L.  Goastans  était  né  à  Millau  en  iS/^ô. 
Après  avoir  été  professeur  dans  divers  lycées,  il  devint  profes- 
seur de  langue  et  littérature  latines  à  la  Faculté  des  lettres 
d'Aix  ;  il  était  en  même  temps  chargé  d'un  cours  complémen- 
taire d'ancien  provençal,  qu'il  faisait  en  partie  à  Aixet  en 
partie  à  Marseille.  En  dehors  de  ses  ouvrages  sur  la  littérature 
latine,  il  avait  publié  d'importants  travaux  sur  les  littératures 
française  et  provençale  du  Moyen  âge.  Sa  Chreslomalhic  de 
l'ancien  français  était  une  œuvre  fort  méritoire,  qui  a  eu  trois 
éditions  et  (|ui  a  figuré  plusieurs  fois  aux  programmes  d'agré- 
gation. Son  œuvre  la  plus  importante,  dans  le  domaine  de 
l'ancien  français,  est  son  édition  du  Roman  de  Troie,  qu'il  a 
publiée  dans  la  collection  de  la  Société  des  Anciens  Textes  fran- 
çais ;  l'édition  de  ce  poème  de  trente  mille  vers,  faite  d'après 
les  trente-neuf  manuscrits  qui  nous  l'ont  conservé,  est  un  mo- 
nument de  patiente  érudition  qui  fait  honneur  à  la  science 
française;  les  six  volumes  ont  paiu  de  igoi'i  à  it)ia. 

Dans  le  domaine  des  études  méridionales,  M.  L.  Constans 
avait  publié  également  d'importants  travaux,  l  n  des  premiers 
fut  sa  description  des  manuscrits  provençaux  de  Cheltenham'. 
Vers  la  même  époque,  il  écrivit  un  Essai  sur  /histoire  du  sous- 
dialecte  du,  Rouergue'.  Très  attaché  à  sa  petite  patrie,  il  publia 
récemment  (avec  M.  Artières)  une  édition  nouvelle  du  poète 
Claude    Peyrot '.    M.    L.    Constans  était    majorai  du   félibrigc 

1.  Revue  des  Langues  Romanes,  lomcs  \l\  et  \\. 

2.  Montpellier-Paris,  1880. 
i.  Millau.  Artières,  19 10. 


3o6  ANNALES    DU    MIDI. 

depuis  1889,  époque  où  il  succéda  au  comte  de  Toulouse-Lau- 
trec. Il  était  depuis  191  a  Assesseur  de  Provence. 

J.  Anglade. 


Don  Joaquim  Botet  y  Sisô  est  mort  le  27  janvier  191 7  à  Gé- 
rone.  Il  était  né  dans  cette  ville  en  1848.  Il  exerça  la  profession 
d'avocat,  mais  s'adonna  surtout  à  la  politique  et  aux  sciences 
iiistoriques.  Le  patriotisme  catalan  l'animait  :  en  politique,  il 
fut  un  «  catalaniste  o  et,  comme  tel,  lame  de  I'  «  Unio  cata- 
lanista  »,  dont  l'œuvre  fut  reprise  par  la  «  Lliga  regionalista  »  ; 
comme  savant,  il  s'est  adonné  à  l'étude  des  antiquités  de  la 
Catalogne,  dont  il  aimait  à  faire  revivre  les  gloires  et  les  splen- 
deurs passées. 

De  187.^  à  1900,  Botet  sema  dans  la  Hevista  de  Geroiia  et  di- 
vers autres  périodif|ues  un  grand  nombre  d'articles  de  littéra- 
ture, de  critique,  de  bibliographie,  de  statistique,  de  démogra- 
phie, d'histoire  et  d'archéologie,  qui  indiquent  une  instruction 
générale  solide  el  une  compétence  variée.  Son  article  intitulé  : 
El  Ampurdan'  est  uncexcellente  étude  histori([uesur  les  limites 
de  cette  contrée.  Plus  tard,  il  écrivit  pour  la  belle  Geograjïa 
gênerai  de  Catahmya  de  Francesch  Carreras  y  Candi'  une  Geo- 
grafia  de  la provincia  de  Gerona  où  l'exactitude  des  détails  s'al- 
lie à  l'élégance  du  style.  Cette  œuvre  est  écrite  en  catalan.  Bo- 
let s'est  décidé  un  peu  tard  à  user  de  celte  langue  pour  ses  tra- 
vaux scienlilupies  :  celte  contradiction,  assez  surprenante  chez 
un  catalaniste  de  conviction,  a  été  déjà  signalée  à  propos  (hi 
regretté  Sanpere  y  Miquel. 

La  production  scientififinr  d.'  liotd  a  éli-  très  abondante  : 
aussi  ne  signalerons-nous  que  les  plus  intéressantes  de  ses 
contiibutions.  C'est,  tout  d'abord,  sa  «  Notice»  sur  Einporion', 
couronnera  Madrid  par  l'Académie  de  l'Ilisloire;  la  iniuiisiiia- 
tiqnc  y  occu|)('  une  place  de  prédileclioii.    \    ré|)o(pie   où    Bolet 

1.   lii'i'islii  de  ('icvDnii.  \^-^. 

■}..  Gfoiinijln  tjciwrul  de  Calnlunya.  Harteloiie.  A.  Martin.  I.  \  . 
.'5.   \()liria  hisloricn  y  nrfhcolmjica  de  In  nnligud  riudnil  de  Einporion. 
Madrid.    \.  (ioiiiez  l'ueiilcncl^ri).   1^7(1.  iii-8". 


NECROLOGIE.  .Sq- 

écrivait.  sa  «  notice  d,  l'opinion  la  plus  accréditée  était  qu'Ein- 
porion  datait  du  milieu  du  v"^  siècle  avant  notre  ère;  l'auteur 
s'y  était  rallié.  Mais,  trente-trois  ans  plus  tard,  il  changea  d'avis 
à  la  suite  de  découvertes  de  vases  grecs  sur  l'emplacement  de 
la  colonie  et  professa  que  sa  fondation  romonlail  à  la  seconde 
moitié  du  vi"'  siècle'. 

Attiré  par  les  problèmes  les  plus  dilTiciles,  Botel  s'altaipia  à 
un  sujet  fort  épineux  en  s'elTorçant  de  dresser  la  liste  des  Com- 
tes bénéficiaires  de  Gerona  :  son  mémoire'  porte  sur  dix  comtes 
carolingiens,  de  l'apparition  de  Rostagno  en  8oi  jusqu'à  la  mort 
deWifred  le  \  élu  en  898.  Si  quelques  rectilications ont  été  appor- 
tées à  ce  travail',  il  n'en  est  pas  moins  resté  la  hase  de  l'histoire 
critique  du  comté  de  Geronc  à  l'époque  franque.  Les  vicomtes 
de  Gerone  furent  également  étudiés  par  Botet'  :  il  dégagea  tles 
textes  l'existence  de  Llopart  (928),  Unefret  ((y.^),  Audegari  (946), 
Seniofred  (982-1008),  Amat(ior9),  Grau  de  Cahrera.  Après  celte 
époque,  la  vicomte  de  Gerone  appartientà  la  maison  de  Cahrera 
et  la  chronologie  en  est  h  peu  près  fixée. 

Ces  études  avalent  obligé  Botet  à  puiser  dans  les  archives 
épiscopales  de  Gerone.  Il  y  dépouilla  le.caitulaire  appelé  Carto- 
ral  de  Carlo  Marjiio;  11  reconnut  que  cet  important  recueil  de 
chartes  comprend  deux  parties,  l'ime  de  la  première  moitié  (hi 
xitr  siècle,  l'autre  de  la  première  moitié  du  xiV  siècle;  il  lit 
remarquer  que  le  nom  de  ce  Cartulaire  provient  d'une  confu- 
sion causée  par  le  premier  document,  relui  de  881,   émané  de 


1.  Dabtaproximada  en  que  les  (Jrecs  s'eslabllren  àEiiiporles.  Gerona. 
Dolores  Terres,  1908,  gr.  in-8.  A  ta  suite  de  ce  discours,  fait  cà  l'Aca- 
démie des  Belles-Lettres  de  Barcelone,  figure  la  réponse  de  D.  Joseph 
Pella  y  l'orgas,  qui,  objectant  le  silence  des    textes,  se  refnsc   à  ad 
mettre  les  conclusions  de  Botel,  basées  sur  l'archéologie  seule. 

2.  Condado  de  Gerona.  Los  Condes  benefieùirios.  (ierona.  P.  Torres. 
1890,  in-8. 

3.  J.  Calmette,  Rampon,  comle  de  Geronn  et  marquis  de  Gottiie  sous 
Louis  le  Pieux,  dans  le  Moyen  Age,  1901  ;  Notes  sur  WiJ'red  le  Velu,  dans 
Revistade  Archivas,  Bibliotecas  y  Museos,  1901  ;  Gaueelme,  marquis  de 
Gothie  sous  Louis  le  Pieux,  dans  Annales  du  Midi,  t.  Wllt,  1906. 

4.  Notes  sobre  vesconites  de  Gero/m,  dans  le  Boletin  de  la  R.  Acad.  de 
Baenas  Letras,  Barcelone,  IX,  1909. 


3o8  ANNALES    DU    MIDI. 

Caiiomau,  Karoliis  mannus.  Pour  épargner  à  ses  successeurs  les 
tâtonnements  auxquels  il  avait  dû  lui-mèaie  se  résigner,  Botet 
publia  une  précieuse  analyse  du  Carlulaire  '. 

Notre  érudit  passait  de  l'histoire  à  l'archéologie  avec  une  fa- 
cilité surprenante.  Il  alternait  ses  travaux  avec  une  admirable 
souplesse.  En  i8()ô,  il  publia  un  mémoire  sur  les  Sarcophages 
romano-chréliens  de  Gerune.  Barcelone  et  Tarragone'.  Et  c'est  à 
l'art  funéraire  qu'il  consacra  aussi  sa  dernière  étude  d'archéo- 
logie, en  191G,  en  étudiant  deux^arcophages  placés  aujourd'hui 
dans  l'église  Santa  Maria  do  Castellôd'Vmpurias,  mais  qui  pro- 
viennent du  couvent  de  Saint-Domingo  de  la  même  ville  '. 

Le  château  féodal  de  Cartellâ,  sis  à  7  kilomètres  environ  au 
nord-ouest  de  Gerone,  fournit  à  Botet  la  matière  d'un  mémoire 
descriptif  et  historique',  précédé  d'une  introduction  dont  les 
idées  générales  s'inspirent  d'Arcisse  de  Caumont  et  de  Viollet- 
le-Duc. 

La  numismatique,  que  Bolet  avait  abordée  dès  187Ô  à  propos 
de  sa  «  notice  »  sur  Emporion,  a  de  plus  en  plus  séduit  Botet; 
il  lui  a  consacré  le  meilleur  de  son  activité  à  partir  de  1900. 

Le  8  mars  1900,  une  lettre  adressée  à  son  ami  le  D''  Joseph 
Massot,  de  Perpignan,  soulève  les  questions  les  plus  intéres- 
santes '.  Depuis  plusieurs  années,   Botet   se  livrait  à  une  vaste 


\ .  Carioral  de  Caries  Many.  liidi'.r  rhrnnolûyieli  del  Ikuloni}  de  la 
(jirhi  ecclesiaslica  de  Gerona.  aiwmeiial  (le  "  f'jirlo  Magno  ».  dans  le 
liiilelui,  1905  et  suiv. 

2.  Sarcofagox  roinano-crblianos  seulliinidos  <jne  se  euitsertvm  en  Cala 
l'iùft,  Barcelone,  Jaime  Jepus,  iSgô,  in-8,  pi.    Il    faut  compléter  celte 
élude  à  l'aide  do  celle  do  M.  Emile  Bonnet,  Les  sarcophages  ehréliens 
de  iéijUse  Sainl-Félix  de  Gerone  el  l'Ecole  arlêsienne  de  scidiilure  funé- 
raire, dans  lo  Bidlel.  arch-'ol.  du  Comité  des  trav.  hist.  igii- 

.'!.  Sol)re  nue  sepidlures  de  la  Janiilia  eondal  d'Eniparies.  dans  le  /.'<> 
lelin,  i()i(i.  l/uii  (les  sarc()|)li;i<ios  rsl  celui  du  coiiilc  Malfianli.  raiilro 
celui  (le  llucli.  son  trôrc.  tous  deux  liisdc  (Inn;!  Marqiiesa,  \  iconilessc 
de  Cabrera,  el,  par  son  inariafre.  conilcssc  d' \in|)nrias. 

1.  (InavisUa  del  Casiell  de  Cartellâ.  s.  d. 

.").  Leilre  à  M.  le  D'  Massai  an  sujet  d'une  numinde    iinsiiiolliiijne   iné- 
dite et  des  récentes  découvertes  d'Anipurias.  (lotte  lettre,  écrite  en  cala" 
lari,  a  élé  pvd)liéo  avec  Iraduclion  franc^'aiso  dansia  Revue  d'histoire  e 
d'archéologie  du  l{i>n.<sillon.   i((oo.  p.   i-m)-i37. 


M':(:KOLor.iF.  ;^0(j 

enquête.  Il  la  poursuivit  sans  relâche,  et,  en  içio-,  il  i)ut  enfin 
publier  son  magnifique  livre  sur  les  Monnaies  catalanes,  cou- 
ronné au  concours  Martorell'.  C'est  un  ouvrage  magistral,  qui 
fait  état  des  nombreuses  publications  antérieures,  et  en  synthé- 
tise les  résultats  épars,  mais  qui  innove  en  même  tein|is  grâce 
notamment  aux  textes  inédits  découverts  par  l'auteur  dans  les 
archives  ecclésiastiques  de  Gerone  et  Barcelone  et  surtout  dans 
les  merveilleuses  Archives  de  la  Couronne  d'Aragon  :  les  trois 
volumes  de  cette  belle  publication  contiennent  la  description 
de  i.io5  pièces  dont  io5  environ  inédites;  elles  sont  accompa- 
gnées de  i.4oo  reproductions  en  gravure  ou  en  phototypie'. 

En  191 1,  dans  le  second  volume  du  Congrès  historique  tenu 
en  l'honneur  de  Jacques  le  Conquérant,  Botet  publia  une  «  note  » 
sur  les  monnaies  arabes  frappées  dans  les  Etats  d'Aragon  avec 
l'autorisation  de  ce  prince^  :  mazniudlnes  (doblesy  senars),  mil- 
lareses  et  qiiiratz.  En  1918  il  apporta  une  importante  contribu- 
tion à  la  numismatique  des  Baléares';  en  1915,  une  contribu- 
tion à  la  numismatique  vvisigothique  et  aux  monnaies  de  Tar- 
^assa^  Enfin,  un  ouvrage  sur  les  pallofes  de  Catalogne*'  est 
resté  encore  inédit. 

La  disparition  de  Botet  y  Siso,  encore  en  pleine  activité,  est, 

1.  Les  Monades  catalanes,  estudi  y  descriptio  de  les  monedes  carolin- 
(jies,  contais,  senyorials,  reyals  y  locals  propris  de  Catalnnya,  Barce- 
lone, Institut  d'Estudis  catalans,  3  vol.  gr.  in-4.  PI.  et  fig. 

2.  Nous  devons  les  éléments  de  cette  appréciation  à  M.  le  D'  ^[as- 
sot,  ami  personnel  de  Botet,  et  lui-même  numismate  des  plus  avertis. 

3.  Nota  sobre  la  encunacyo  de  monedes  ardbigues  pel  rey  don  Jaunie 
(del  volume  II  del  Congrès  de  historia  de  la  Corona  d'Aragô)  Barce- 
lone, Allés  y  Alabart,  1911. 

/i.  Notes  nuniismaticiiies.  Monedes  d'ihiça,  dans  le  Bolelin,  iQi'S. 

5.  Notes  numismalkjues .  Dos  monedas  wisigodes  inédites,  monedes  de 
Tarrassa,  dans  le  Bulletin,  igiS.  Dans  ces  notes,  l'auteur  répare  des 
oublis  commis,  comme  il  était  d'ailleurs  inévitable,  dans  son  livre 
Les  monedes  catalanes. 

0.  Il  s'agit  des  méravix  ou  bractéates,  appelés  pallofes  en  catalan. 
Ces  bractéates  servaient  à  rémunérer  tout  particulièrement  les  cha- 
noines de  leur  présence  aux  offices.  C'était  aussi  une  monnaie  de 
fortune.  Botet  en  a  décrit  600  et  plus  et  préparé  une  introduction 
historique  sur  leur  rôle.  Il  est  à  souhaiter  que  ce  travail  puisse  être 
l'objet  d'une  prompte  publication. 


3lO  \NNVLES    nu    MIDI. 

pour  la  scioiicc  calai, me,  une  immense  peite.  Ceux  (pii  ont 
connu  l'homme  el  apprécié  son  loyal  caiaclère,  ainsi  que  son 
inlassable  complaisance,  lui  doivent,  en  outre,  l'hommage 
d'une  estime  toute  paiiiculière.  Pierre  \inAL. 


A  la  fin  de  féviier  i()i7  est  mort  M.  Georges  Platon'  biblio- 
thécaire de  la  Faculté  de  droit  de  Bordeaux  el  l'un  des  co-direc- 
teurs  depuis  i(S88  de  la  revue  Le  Moyen  âge.  Né  à  Pujols  (Gi- 
ronde) en  iSôg,  il  avait  d'abord  professé  la  philosophie  au  col- 
lège de  Bazas.  Atteint  de  bégaiement,  il  avait  été  contraint  de 
renoncer  à  l'enseignement  et,  après  quelques  années  passées  à 
l'École  des  hautes  études,  il  était  entré  dans  le  service  des  bi- 
bliothèques. Il  n'appartient  aux  études  que  représentent  les 
Annales  du  Midi  que  par  deux  mémoires  :  l'un  sur  Le  Droit  de 
famille  dans  ses  rapports  avec  le  régime  des  biens  en  droit  an- 
dorran (1902),  et  l'autre  sur  La  Scriptura  de  terç  en  droit  cata- 
lan (1903).  Mais  sa  part  est  grande  dans  les  études  générales 
sur  l'histoire  de  France  par  ses  recherches  sur  La  nature  de  la 
royauté  frami ne  (1886).  le  Malins  ante  theoda  vel  Thunginum  et 
le  Malins  légitimas  (1889),  le  Droit  de  propriété  dans  la  société 
franc/ue  (1890),  L'Hommage  féodal  comme  moyen  de  contracter 
des  obligations  privées  (1902).  —  \ous  ne  pouvons  que  rappe 
1er  ici  ([ue  G.  Platon  avait  donné  au  droit  public  et  à  l'écono- 
mie politique  de  l'Anticpiité  et  du  Moyen  âge  grec  une  part  con- 
sidérable de  son  labeur.  Sociologue  averti,  polémiste  sans  peur 
en  matières  religieuses,  il  était  resté'épris  d'idées  et  de  princi- 
j)cs  autant  que  d'érudition,  et  sa  pensée  avait  évolué,  avec  une 
parfaite  sincérité,  du  rationalisme  pur  au  protestantisme  «  libé- 
ral »,  puis  au  catholicisme  orthodoxe,  non  sans  pousser  îles 
pointes  hardies  vers  le  spiritisme.  11  n'a  vécu  que  pour  la 
science  et  les  livres  avec  un  désintéressement  absolu  qui  lui 
avait  attiré  le  respect  de  tous,  professeurs  et  étudiants.  —  Le 
JJnlletin  de  l'association  des  Bibliothécaires  français  a  donné  par 
la  plume  de  M.  E.  Bouvy  un  relevé,  qui  n'a  pas  la  prétention 
d'être  complet,  des  publications  du  probe  érudil  que  fut  G.  Pla- 
ton. A.  Leroix. 


m:(:uoi.()(;ii:. 


f/énulil  bordelais  Kriiosl  Lviudir  esl,  décédé  |)irs(|n('  suljilc- 
iiit'iif,  lo  '37  mars  n)i7.  à  l'àgo  (]o  soixaiilc-doii/c  ans  sonnés. 
\jC  catalogue  de  son  oMivie  ne  conij)le  pas  nidins  de  licnle-liuil 
numéros',  dont  \iiigl-den\  concernaiil  la  l)il)liogia|)liie,  la 
typographie,  l'iconographie  bordelaises;  on/e  an  Ires  se  rappor- 
tent à  l'histoire  de  la  cérami(pi(^  en  (îascogtie,  Hazadais,  Age- 
nais,  Saintonge,  Aunis,  Périgord,  Limousin;  les  ciii(|  derniers 
traitent  de  sujets  di\crs,  entr(>  autres  des  lUllcIs  de  cun/ia/icc 
sous  la  Ucvolution.  Les  Annales  du  Midi  en  ont  apprécié  plu- 
sieurs et  rendu  justice  aux  mérites  de  l'auteur.  \enu  tard  aux 
travaux  de  ce  genre,  il  les  a  marqués  d'une  empreinte  très  per- 
sonnelle. En  concentraTit  ses  eflbrts  sur  un  petit  nombre  de 
sujets  modernes,  en  délaissant  ceux  pour  lestpiels  une  instruc- 
tion générale  ne  pouvait  sulTlre,  il  a  contribué  elficacemenl  aux 
progrès  des  études  d'histoire  locale  et  forgé  quelques  instru- 
ments de  travail  qui  manquaient  encore.  Possesseur  d'une 
grosse  fortune  acquise  dans  le  commerce  des  vins,  il  en  avait 
fait  un  bel  usage  en  rassemblant  l'une  des  plus  riches  collec- 
tions qu'il  y  eut  d'impressions  bordelaises,  estampes,  médailles, 
faïences,  etc.,  qu'il  mettait  fort  obligeamment  au  service  de 
ses  amis;  mais  de  ceux-là  seulement,  car  son  caractère  atra- 
bilaire le  rendait  exclusif  à  l'égard  des  hommes  comme  des 
opinions  Qtdes  choses.  11  laisse  inachevées  quelques  éludes  qiii, 
sous  une  forme  moins  définitive  que  celle  qu'il  leur  eût  donnée, 
pourront  cependant  paraître.  L'un  des  fondateurs  de  la  Revue 
historique  de  Bordeaux,  premier  président  de  la  Société  d'his- 
toire de  cette  ville,  Ernest  Labadie,  a  tracé  son  sillon  plus  pro- 
fondément et  plus  durablement  que  beaucoup  d'érudits  formés 

par  l'École 

A.  Lerolx. 

I.  M.  P.  Gourteault  les  a  soigneusement  énumérés  dans  la  lirriir 
hislorique  de  Bordeaux  (191 7,  p-  CC-70). 


3i;^  ANNAi.KS  ni    Mini. 


M.  Goorgos  Ai  vthiei:,  né  à  Nimes  en  iSS'i,  est  loml)é  gloiieu- 
sement  pour  la  pairie,  le  8  mai  dernier,  dans  l'alTaire  deGraonne, 
à  la  tète  de  la  section  d'infanterie  qu'il  entraînait  comme  aspi- 
rant officier.  Sorti  de  l'Kcole  des  Charles  avec  une  thèse  sur 
Les  Marais  de  Bordeaux  el  de  Bruges  de  17)99  à  1789,  il  avait 
été  nommé  archiviste  du  département  de  la  Corrèze  tout  à  la 
fin  de  1908,  après  un  long  stage  aux  Archives  de  la  Gironde. 
S'il  n'a  pas  eu  le  temps  de  donner  toute  sa  mesure,  il  laisse 
cependant  une  trace  dans-  le  dépôt  confié  à  ses  soins,  par  la 
peine  qu'il  prit  de  continuer  l'inventaire  et  de  dresser  les  réper- 
toires i)rescrits.  Plusieurs  de  ses  publications  ont  été  appré- 
ciées ici-même  :  sa  Courte  chronique  écrite  à  Ayen  (1909),  son 
Essai  sur  les  sources  de  l'histoire  de  la  Corrèze  pendant  la  Révo- 
lution (1910),  ses  Notes  et  documents  sur  l'instruction  publique  en 
Corrèze  pendant  la  Révolution  (1912),  ^a?,  Notes  et  documents  sur 
l'industrie  en  Bas-Limousin,  au  XVIII^  siècle  (dans  la  collection 
Ilayem,  1911  à  i3  et  1916).  Ajoutons-y  une  traduction  de  VHis- 
foria  Tatellensis  de  Baluze.  —  Déjà  licencié  es  lettres,  M.  Ma- 
thieu avait  mis  en  chantier  depuis  quelques  années  une  thèse 
de  doctorat  sur  l'Histoire  du  département  de  la  Corrèze  sous  le 
(Consulat  el  l'Empire,  dont  les  éléments  pourront  sans  doute 
être  utilisés.  Aux  qualités  de  l'homme  privé  il  unissait  celles  de 
l'érudit  consciencieux  et  du  fonctionnaire  irréprochable  pour 
rendre  son  souvenir  précieux  à  la  Société  des  lettres,  sciences 
et  arts  de  la  Corrè/e,  dont  il  était  seciétaire  général. 

A.   Leuoi  X. 


(  IIHOXrQT'K 


Dans  sa  séance  du  i8  mai  191 7,  l'Académie  desinscriplioiis  d 
belles-lettres  a  accordé  le  premier  prix  Gobert  9.000  francs  à 
M.  Delaghenal  ponr  son  troisième  volume  de  l'iiistoire  de 
Cbarles  \  . 

Dans  sa  séance  du  8  juin  elle  a  accordé  sur  le  prix  h\ùiitour 
ôoo  francs  à  M.  Roger  Gbaxd  pour  le  Contrai  de  compla/ir . 


Dans  sa  séance  du  7  juillet  191 7,  l'Académie  des  sciences  mo- 
rales et  politiques  a  accordé  sur  le  prix  Perret  une  somme  de 
5oo  francs  à  M.  Paul  Lemoxmer  pour  son  recueil  Les  Déporta- 
tions ecclésiastiques  à  Rochefnrt  et  ime  égale  somme  à  M.  Léon 
MiROT  pour  ses  études  sur  le  xiv"  et  le  xv'  siècles. 


Dans  sa  séance  du  12  juillet  1917,  l'Académie  française  a  ac- 
cordé sur  le  prix  Marcelin  Guérin  iine  somme  de  5oo  francs  à 
AI.  Dauphin  Meimeh  pour  son  ouvrage  sur  Louise  de  Miraljeau. 
marquise  de  Cahrls' . 

Les  thèses  de  l'École  des  Chartes  soutenues  le  i3  mars  der- 
nier et  jours  suivants^  ont  été  au  nombre  de  huit.  Deux  de  ces 
thèses  intéressent  le  Midi  :  celle  de  M.  Bruno  Durand  et  celle 
de  M.  François  Jourda  de  \au\  de  Foletier. 

I.  Voir  phis  loin  un  compte  rendu  sommaire  de  cet  ouvrage. 

3.  Voir  un  compte  rendu  critique,  Annales.  i9i'4.  t.  XXVI,  p.  ôa.'î. 

3.  Position  des  tlièses.  etc.  Paris.  Picard.  1917;  in-8°de  62  pages. 

ANNALES   DU   MIDI.   XXLX.  -il 


3l4  ANNALES    Dl     MWJ . 

M.  Bruno  Durand  a  étudié  La  vie  municipale  à  Ai.c-c/i-Pro- 
vencc  avant  1789.  Après  une  introduction  sur  la  «  topographif 
aixoise  »,  il  consacre  trois  chapitres  à  la  ((  vie  munici[)al(^  » 
proprement  dite,  divisée  en  trois  périodes  (avant  i32o;de  1820 
à  1490;  de  1490  à  1789)  ;  un  quatrième  chapitre  traite  du  «  per- 
sonnel municipal  »;  consuls,  assesseur,  conseil,  greffiers,  esti- 
mateurs, trompettes  de  ville,  sans  oublier  le«  prince  d'amour  ». 

M.  Jourda  de  A^aux  de  Foletier  a  jorésenlé  une  biographie  de 
Galiot  de  Genouillac,  maître  de  l'artillerie  de  France  {i  l\()ù- 1 3lt()). 
Cette  biographie,  développée  en  neuf  chapi Ires,  montre  d'abord 
en  Galiot  le  viguier  de  Figeac,  capitaine  de  Najac,  sénéclial 
d'Armagnac,  curateur  de  Charles  d'Armagnac;  nous  voyons  en- 
suite Galiot  chargé  de  fortifier  Bayonne  sous  Louis  XII  ;  grand 
maître  de  l'artillerie,  il  joue  son  rôle  àMarignan  et  revient  dans 
le  Midi  en  i5i7,  date  de  son  entrée  à  Cahors  comme  sénéchal 
de  Quercy;  il  inspecte  ensuite  à  diverses  reprises  le  Languedoc; 
enfin,  il  dirige,  avec  son  fils,  François,  l'artillerie  au  siège  de 
Perpignan  en  i542.  Le  petit-fils  de  Galiot,  Antoine  de  Crussol, 
fut  sénéchal  de  Quercy  en  survivance  et  devint,  en  i546,  gou- 
verneur de  Languedoc. 

Sous  le  titre  :  Quatre  poésies  du  troubadour  Pcire  Uaimon  de 
Tolosa  (Toulouse,  imp.  Gay,  1917),  M.  J.  Anglade vient  de  réu- 
nir en  une  petite  brochure  de  iS  pages  quelques  poésies  de  ce 
troubadour  de  la  fin  du  xii'  siècle,  qu'il  avait  lait  paraître  dans 
la  revue  L'.l/;/a,  organe  de  la  Société  Les  Toulousains  de  Tou- 
louse; une  traduction  et  des  notes  accompagnent  le  texte. 


VAcadén}ia  de  la  llcngua  Catalane  a  publié  ses  Règles  orto- 
grdjiques'.  Ces  règles  sont  inspirées  parles  ])rincipes  déjà  allir- 
més  par  cette  Académie',  et  confirmés  |)ar  l'introduclion   du 


I.  Barcolona,  kjiO,  in-iG  de  2/1  pages.  A  la  lin    de   celle    i)ioclnire 
figure  la  liste  des  académiciens. 
■>..  Annotes.  \[)\G.  I.  \\I\.  p.   laa. 


CMIIOMOUR.  ."il,") 

présenl  oi)uscule  :  inodifier  aulanl  que  possible  la  graphi(>  du 
catalan  sans  heurter  les  droits  légitimes  des  dialectes  et  sans 
rompre  avec  l'usage  essentiel  des  classicpies  ou  avec  la  c  plivsio- 
nomie  propre  »  de  la  langue.  Notons  en  particulier  (pie  TAra- 
démic  maintient  Vit  traditionnelle,  dans  des  mots  comme  nihù, 
vchi;  vl  Vy  dans  la  co])ulalive  y,  dans  les  finales  de  mots,  tels 
(pie /ry,  et  comme  semi-voyelle  dans  des  mots  tels  (pie //v/y/, 
reyet.  Sans  affirmer  que  les  solutions  de  l'Académie  soient  les 
meilleures  dans  tous  les  cas,  il  est  permis  dédire  que  le  res|)ecl 
du  passé  et  du  bon  usage  dont  ces  solutions  procèdent  mérite 
(r('tre  pris  en  sérieuse  considération. 


Grammaire  catalane.  —  M.  l'abbé  FouciiÉ,  professeur  à  Per- 
pignan, diplfjmé  supérieur  de  l'Institut  d'Études  Méridionales, 
va  publier  dans  la  revue  Ruiicino  un  Essai  de  grammaire  histo- 
rique du  catalan.  C'est  le  premier  essai  de  ce  genre  tenté  en 
France.  Toutes  nos  félicitations  au  sympathique  catalaniste  et 
à  la  Société  d'Archéologie  et  de  Philologie  catalane  qui  va  éditer 
celte  publication  :  Visca  Rosello!  Le  premier  fascicule  a  d(''jà 
paru  (Perpignan,  Barrière  et  C'",  éditeurs). 

Grammaire  provençale.  —  Il  existe  des  grammaires  d'ancien 
proven(,al  en  Italie,  en  Allemagne  et  en  Amérique  (ouvrages 
de  Crescini,  Schultz-Gora,  Grandgent).  Notre  collaborateur, 
M.  J.  Ânglade,  vient  de  mettre  sous  presse  une  Grammaire  de 
l'ancien  provençal  ou  ancienne  Ltmgue  d'oc  (le  mot  provençal 
est  entendu  ici  au  sens  large  qu'il  avait  au  Moyen  âge).  Cette 
grammaire  se  composera  de  35o  pages  environ  et  paraîtra 
dans  le  courant  de  l'année  1918  à  la  librairie  Rlincksieck, 
Paris.  Elle  comprendra  une  Biljliographie  de  la  grammaire 
provençale,  qui  vient  de  paraître  dans  les  Estudis  Romdnics, 
publiés  par  l'Institut  d' Estudis  catalans;  tirage  à  part  à  cin- 
quante exemplaires  (librairie  Masscj  Torrents,  Rambla  Cala- 
lunya,  Uibreria  de  ÏAvenç,  Barcelone),  une  Phonétique  et  une 
Morphologie;  les  études  sur  la  Syntaxe  de  l'ancien  proven(:al 
sont  encore  trop  sommaires  pour  qu'on  puisse  tenter  un  ré- 
sumé de  cette  partie  de  la  grammaire. 


3l6  VNWLES    Dl      MIDI. 


Mouvement  félibréen.  —  Le  bureau  du  Félibrige  a  décidé 
d'offrir  un  témoig-nage  d'admiration  au  maréchal  Jofl're.  A  cet 
elfet,il  sera  constitué  un  album  comprenant  des  poésies  et  des- 
sins dus  aux  meilleurs  poètes  ou  artistes  du  félibrige. 

Nous  annoncions,  dans  le  dernier  luiméro  des  Annales,  la 
nomination  de  M.  Emile  Ripert,  professeur  au  lycée  de  Mar- 
seille, comme  chargé  de  cours  à  l'Universiié  d'Aix-Marseillc. 
L'Académie  des  sciences  et  lettres  d'Aix  vient  de  décerner  à 
]\I.  Ripert  le  prix  de  S.ooo  francs,  fondé  par  M"""  Dosne,  nièce 
de  Thiers,  en  faveur  d'un  ouvrage  intéressant  la  Provence  et 
écrit  par  un  Provençal.  Ce  prix  est  décerné  tous  les  cinq  ans. 
L'ouvrage  de  M.  E.  Ripert,  encore  manuscrit,  porte  sur  la  Re- 
naissance provençale  au  xix'  siècle.  M.  Ripert  se  propose  de 
faire,  en  dehors  de  son  enseignement  à  Aix,  une  série  de  cours 
en  Avignon  dès  que  les  circonstances  le  permettront. 

M"""  Frédéric  Mistral  a  décidé,  conformément  à  la  volonté  ex- 
primée par  son  mari,  de  ne  pas  autoriser  la  publication  des 
manusciits  et  lettres  du  grand  poète  avant  une  période  de  cin- 
quante ans  à  partir  du  jour  de  la  mort  de  Mistral.  En  particu- 
lier, les  manuscrits  destinés  au  musée  Calvet,  d'Avignon,  no 
pourront  pas  être  publiés  avant  cette  date. 

Le  prix  de  poésie  en  langue  romane  a  été  décerné,  le 
3  mai  1917,  par  l'Académie  des  Jeux  Floraux  à  M.  Léon  Gouyor, 
du  Pont-Saint-Esprit,  pour  son  Ode  à  la  France. 

Le  concours  fut  d'ailleurs  exceptionnellement  bon  cette  an- 
née, et  le  rapporteur,  M.  le  baron  Desazars  de  Montgaillaid,  a 
regretté  qu'une  deuxième  récompense  ne  puisse  pas  être  décer- 
née. Deux  fleurs  sont  prévues  pf)nr  le  concours  do  langue  ro- 
mane de  1918. 

La  fête  des  Jochs  Florals  de  Barcelone  a  été  présidée  cette  an- 
née par  M.  Pages,  directeur  du  Télégramme.  Dans  un  excellent 
discours  languedocien,  M.  Pages  a  insisté  sur  l'amitié  séculaire 
(|iii  unit  le  Midi  dv  la  Krance  à  la  Catalogne  et  sui'  la  commu- 
nauté (je  nu-;  sontiMioiit-<  et  de  nos  goûts. 


M.  Johannis  J^ey,  de  la  Société  de  Slalisliqiic  de  la  Dn'uiic,  ii 
publié  en  biochurc  le  récit  d'une  charmante  felibrée,  qui  a  eu 
lieu  en  juillet  1916,  chez  M""  de  Flandrcvsy,  à  Valence.  I.e  dis- 
cours prononcé  à  cette  occasion  par  M.  .1.  Charles  Houx  énu- 
mère  le  programme  des  ouvrages  que  le  bon  provcnralisie 
qu'est  le  Directeur  de  la  Compagnie  transatlantique  se  propose 
de  publier  avec  l'aide  de  collaborateurs.  Cinq  publications  au 
moins  sont  prévues  ;  trois  volumes  sont  consacrés  à  Mistral,  du 
moins  dans  le  projet  primitif.  Nous  publierons  en  collabora- 
tion avec  M.  J.  Charles  Roux  une  Iconographie  des  Troubadours, 
surtout  d'après  les  manuscrits  I,K,  H,  etc.  La  publication  con- 
tiendra de  quatre  à  cinq  cents  reproductions  en  couleurs.  Le 
texte  comprendra  une  notice  sommaire  sur  chaque  troubadour 
accompagnée  de  notes  bibliographiques.  Les  provençalistes  ne 
seront  pas  fâchés  de  voir  comment  les  miniaturistes  du  xiii'et 
du  XIV'  siècle  se  représentaient  les  troubadours. 

On  nous  assure  que  le  procès-verbal  de  la  séance  solennelle 
du  3  mai  1917  de  l'Académie  des  Jeux  Floraux  a  été  rédigé  et 
transcrit  en  plana  lenga  romana.  Voilà  qui  aurait  fait  plaisir 
aux  sept  troubadours,  fondateurs  du  Consistori  de!  Gay  Saher. 
Mais  que  nous  sommes  loin  de  l'époque  déjà  lointaine  où  l'on 
reprochait  à  l'Académie  des  Jeux  Floraux  de  ne  pas  «  mainte- 
nir »  la  Lang^ue  d'Oc  !  J.  Axglade. 


Chronique  universitaire  ' 

Année  1915-1916.  —  L'Institut  d'Études  méridionales,  ouvert 
à  la  rentrée  de  novembre  1914.  n'a  vu  modifier  depuis  ni  les 
conditions  matérielles  de  son  installation,  ni  la  composition 
de  son  personnel  enseignant.  La  première  année  d'existence 
de  l'Institut  avait  témoigné  déjà,  malgré  la  guerre,  d'une  acti- 


I.  Xous  reproduisons,  sous  celle  rubrique,  les  rapports  olficiels 
présentés  au  Conseil  de  l'Université  par  M.  le  Doyen  de  la  Faculté 
des  lettres,  directeur  de  l'Institut  d'Études  méridionales,  qui  nous 
en  a  donné  commvinicalion  pour  les  Annales  da  Midi. 


3l8  ANNALES    DU    MIDI. 

vilé  de  bon  augure.  L'année  scolaire  1910-1916,  en  dépit  des 
mêmes  obstacles,  n'a  pas  été  moins  féconde. 

L'appel  des  classes  successives  sous  les  drapeaux  a  eu  pour 
e(Tet  inévitable  de  diminuer  le  nombre  des  étudiants.  Par  con- 
tre, des  étudiantes  en  plus  grand  nombre  ont  suivi  les  cours. 
Le  nombre  total  des  élèves  a  donc  été  plus  élevé. 

Cours.  —  M.  Anglade  (lettres-philologie)  a  initié  ses  audi- 
teurs à  l'étude  critique  de  textes  méridionaux  choisis  parmi  les 
œuvres  des  grands  troubadours.  Il  a  expliqué,  en  outre,  devant 
eux,  la  conjugaison  de  l'ancien  provençal  et  la  formation  des 
mots. 

M.  Calmette  (histoire)  a  traité  des  origines  et  de  l'évolution 
des  grands  fiefs  de  la  région  pyrénéenne. 

M.  Graillot  (histoire  de  l'art)  a  pris  pour  objet  de  ses  leçons 
l'étude  des  édifices  romans  et  gothiques  de  Toulouse  et  de  la 
région  toulousaine. 

M.  Cartailhac  (archéologie)  a  fait  un  cours  public  sur  les  an- 
tiquités préhistoriques  et  a  consacré  ensuite  aux  étudiants  de 
l'Institut  plusieurs  conférences,  avec  visites  dans  les  Musées 
toulousains  :  musée  d'histoire  naturelle,  musée  Saint-Uaymond. 
Ces  visites,  fort  goûtées,  ont  démontré  à  la  fois  la^  richesse  ex- 
ceptionnelle de  nos  collections  et  l'importance  des  découvertes 
locales. 

M.  Galabert  (paléographie)  a  fait  déchiffrer  et  commenter 
aux  élèves  de  nombreuses  chartes  d'intérêt  méridional,  dont 
plusieurs  ont  été  empruntées  par  lui  aux  archives  de  Tou- 
louse. 

Examens.  —  Le  diplôme  supérieur  d'études  méridionales  a 
été  décerné  avec  la  mention  bien  àM.  l'abbé  Fouché,  licencié 
es  lettres,  auteur  d'un  excellent  mémoire  sur  La  conjugaison 
catalane  ancienne  et  moderne.  Le  candidat  a  fait  preuve,  en 
outre,  de  connaissances  précises  en  liisloiic  lilléraire,  en  his- 
toire méridionale  et  en  paléographie 

D'antre  par!,  MM.  (Juilhamon  et  Cayré  onloblenu  le  diplôme 
d'études  supérieures  (histoire)  avec  deux  mémoires  portant  sur 
riiisloire  du  Languedoc  :  le  premier  a  étudié  L'étal  du  déparle- 
rncnl  de  la  Haute-Garonne  à  la  fin  du  prrniici-   Empire  ;  le  se 


ciiiiorocF.  3jfj 

cond,  La  Révolution  tk  IS^iS  à  Toulouse  ci  dans  le  dépnrlemenl 
de  la  Haute-Garonne. 

Pour  la  licence  d'histoire,  l'une  des  épreuves  pralicjues  a 
porté  sur  la  Basilique  de  Sainl-Sernin. 

Doxs  ET  ACQUISITIONS.  —  Des  dons  intéressants  ont  été  faits  à 
l'Institut  par  AIM.  Charles  Roux,  Emile  Carlailhac,  le  capitaine 
Dupuy  (livres).  L'Instilul  d'Esludis  catalans  a  autorisé  l'cvécu- 
tion  d'une  photocopie  de  son  manuscrit  des  Leys  d'Amors.  Cette 
reproduction  sera  faite  grâce  à  une  subvention  du  Ministère  de 
l'Instruction  publique. 

Les  collections  photographiques  d'art  et  d'archéologie  se 
sont  augmentées  d'un  lot  important,  comprenant  en  particulier 
une  riche  série  de  chapiteaux  romans  de  la  région. 

Extension  universita.ire.  —  M.  Angladc  a  obtenu  du  Minis- 
tère une  mission  à  Barcelone.  Pendant  son  séjour  dans  celte 
ville,  il  ne  s'est  point  contenté  de  poursuivre  ses  travaux  per- 
sonnels, mais  encore  il  a  donné  à  l'Institut  d'Esludis  catalans, 
qui  l'a  parfaitement  accueilli,  une  série  de  conférences  sur  la 
langue  provençale.  Ces  conférences  ont  été  suivies  par  un  pu- 
blic particulièrement  choisi. 

L'Académie  de  la  langue  catalane,  créée  à  Barcelone  en  19 15, 
sous  la  présidence  du  chanoine  Jaume  Collell,  a  élu  d'office 
M.  Calmette  membre  adjoint  de  cette  Compagnie. 


Année  1916-1917 .  —  L'installation  matérielle  et  le  personnel 
n'ont  subi  aucune  modification  depuis  le  rapport  précédent. 
Le  nombre  des  étudiants  est  demeuré  au  total  à  peu  près  le 
même  que  pendant  l'année  scolaire  1915-1916.  Pour  la  pre- 
mière fois  un  étranger  a  demandé  à  suivre  l'enseignement  de 
l'Institut  :  Ch.  Todesco,  professeur  au  lycée  de  Bassano,  qui 
s'est  placé  par  correspondance,  sous  la  direction  de  MM.  An- 
glade  et  Calmette,  et  qui  s'est  plus  particulièrement  spécialise 
dans  l'étude  de  la  langue,  de  la  littérature  et  de  l'histoire  de  la 
Catalogne. 

CoiRS.  —  M.  Anglade  (lettres,  philologie),  devant  un  audi- 


820  ANNALES    DU    MIDI. 

toirc  complètement  renouvelé,  a  traite  de  nouveau  des  éléments 
de  la  grammaire  et  de  la  littérature  provençale.  11  a  expliqué 
des  textes  anciens  (17t's  des  troubadours,  poésies  de  Peire  Vidal, 
Bernart  de  Ventadour,  Peire  Ramon  de  Toulouse)  et  Mireille  de 
Mistral.  11  a,  d'autre  part,  étudié  la  métrique  des  troubadours 
d'après  les  Leys  d'Amors. 

^1.  Calmette  (histoire)  a  poursuivi  l'histoire  des  États  pyré- 
néens. Pour  initier  les  élèves  à  la  critique  historique,  il  a  éta- 
bli, en  collaboration  avec  eux,  un  recueil  de  textes  qui  a  été 
imprimé  sous  ce  titre  :  Institut  d'Etudes  méridionales  ;  choix  de 
textes  latins  pour  l'explication  historique.  Chaque  élève  a  ensuite 
préparé  un  de  ces  textes,  et  l'explication  a  permis  de  montrer 
pratiquement  ce  qu'est  l'usage  et  la  discussion  des  sources; 
des  épisodes  variés  de  l'histoire  méridionale,  du  vi'  au  xv""  siècle, 
ont  été  de  la  sorte  passés  en  revue. 

M.  Graillot  (histoire  de  l'art)  a  fait  une  série  de  conférences 
sur  l'architecture  et  la  sculpture  gothiques  dans  le  Midi  de  la 
France  et  en  particulier  dans  la  région  toulousaine. 

M.  Cartailhac  (archéologie)  s'est  attaché,  dans  ses  leçons,  à 
faire  apprécier  la  situation  privilégiée  de  Toulouse  comme 
centre  des  études  d'archéologie  préhistorique:  toutes  les  phases 
paléolithiques,  néolithiques,  énéolithiques  sont  représentées 
dans  le  Midi  toulousain  par  des  gisements  et  même  des  monu- 
ments de  premier  ordre.  Plusieurs  matinées  ont  été  consacrées 
à  l'examen  sur  place  des  collections  conservées  au  Muséum  et 
au  Musée  Saint-Raymond. 

M.  Galabert  (paléographie)  a  fait  déchiffrer  et  commenter  de 
nombreuses  chartes  concernant  Simon  de  Montfort,  les  abbayes 
de  Moissac  et  de  Saint-Antonin,  la  Bigorre,  le  Roussillon,  la 
ville  de  Toulouse,  etc.  Une  visite  faite  aux  archives  municipales 
a  donné  aux  élèves  l'occasion  de  voir  de  près  les  documents 
caractéristiques  des  principales  séries. 

Examens  et  travaux.  —  Aucun  des  étudiants  n'a  affronté  les 
épreuves  du  diplôme  ou  du  certificat.  Un  candidat  à  la  licence, 
M.  Bégoueti,  a  choisi  pour  matière  d'option  l'aichéologie  pré- 
historique, et  a  obtciui  dans  cette  matière  des  notes  fort  satis- 
faisantes.  Parmi   les  travaux  en  préparation  sous  la  diioction 


niROMOl    i;.  3';(  1 

des  professeurs  de  l'Institut,  il  convient  de  signaler  ci  lui  (\c 
M""  ^'ilhac  sur  Les  plus  anciens  textes  concernant  Saint-Sernin ; 
celui  de  M"''  Maury,  sur  Le  rôle  des  corps  administratifs  à  Tou- 
louse pendant  la  Révolution:  celui  de  M.  ^oubel,  sur  Simon 
de  Montforl  et  Raymond  VIL  M""  Abcilliou,  AF.  Daydé  et 
M.  Labatut  ont  collaboré  à  l'établissement  d'un  index  des  Leys 
d'Amors. 

Dons  et  acquisitions.  —  Nos  collections  se  sont  accrues  par 
des  achats  et  par  des  dons.  Il  y  a  lieu  de  citer  ici  les  donateurs 
généreux  qui  ont  contribué  à  cet  enrichissement  :  MM.  Puig, 
de  Quillan  (ms.  de  cantiques  catalans),  de  Puybusque,  Emile 
Cartailhac,  A.  Jeanroy,  Décap,  Gadrat,  L.  de  Santi,  Auguste 
Puis,  Maurice  RaimbauU.  Savinian,  Auguste  Vidal,  Martin- 
Chabot  (livres  et  brochuues).  La  photographie  du  manuscrit 
des  Leys  d'Amors  conservé  à  Barcelone,  à  l'Institut  d'Estudis 
Catalans,  a  été  exécutée  comme  il  avait  été  prévu  dans  le  pré- 
cédent rapport.  L'Institut  d'Estudis  Catalans  a  bien  voulu  in.s- 
crire  l'Institut  d'Études  méridionales  parmi  les  établissements 
auxquels  se  fait  le  service  de  ses  précieuses  et  magnifiques  pu- 
blications. 

Extension  universitaire. —  M.  Cartailhac  a  été  nommé  mem- 
bre de  la  British  Academv  de  Londres. 


LIVRES  ANNONCÉS  SOMMAIREMENT 


Ageorges  (J.).  Le  docteur  Bordes-Pages.  Paris,  librairie  des 
Saints-Pères,  191 3;  in-12  de  278  pages  et  4  planches  hors  texte. 
—  L'ouvrage  de  M.  Joseph  Ageorges  se  recommande  aux  lec- 
teurs de  la  région  pyrénéenne  par  la  nature  des  sujets  qu'il 
traite.  Autour  du  sujet  principal  en  efTet  :  la  vie  et  les  œuvres 
d'un  homme  de  bien  qui  joua,  comme  médecin,  comme  admi- 
nistrateur et  comme  homme  politique,  un  rôle  important  dans 
l'Ariège  au  cours  du  xi\'  siècle,  s'en  groupent  naturellement 
un  certain  nombre  d'autres  qui  sont  d'un  vif  intérêt  pour  l'his- 
toire du  coin  méridional  où  M.  Bordes-Pagès  a  déroulé  sa  lon- 
gue et  belle  vie. 

Fils  spirituel  de  Montalembert  (qu'il  documenta  un  jour  sur 
une  question  de  législation  médicale)  et  démocrate  «  bien  avant 
le  ralliement  »,  le  héros  du  livre  et  les  principaux  membres  de 
sa  famille  :  Jean-Pierre  Pages,  l'illustre  député  de  Saint-Girons, 
le  grand  orateur  et  l'incorruptible  adversaire  de  Guizot  —  et 
Kdouard  Descola,  le  polémiste  fougueux,  spirituel  et  courtois, 
l'aident  républicain  dont  nul  n'a  pu  mettre  en  doute  la  sin- 
cérité —  sont  éminemment  représentatifs,  pour  l'Ariège,  du 
parti  connu  sous  le  nom  de  catholicisme  libéral.  Acquis  de 
tout  temps  aux  i)rincij)es  démocratiques,  ils  les  ont  défendus 
sans  défaillance  tantôt  contre  les  adversaires  naturels  de  leur 
religion,  tantôt  contre  ces  chrétiens  do  rop])osition  qui  nul 
toujours  AU  dans  ht  Démocr(die  et  l'h'fj/isc  deux  ennemis  irré- 
conciliables, it  ([ui  ne  inénagèren!  pas  leur  «  faiouche  hosti- 
lité »  au  UiAÀv  ouNrage  de  M.  Bordes-Pagès  j)aiu  sous  ce  litre 
en  1881. 

A  côté  de  ses  luttes  |t()lili(jues.  M.  Hordos-Pagès  en  soutint 
d'autres  ni>r>  moins  \  ignureusos.  Il  lui  l'un  »  des  initiateurs  du 


LIXUES    ANNONCES    SOMMAI  RKMF,NT.  ,'r<0 

mouvement  transpyrénéen  »  (p.  03).  C'est  même  lui  «  (jui  le 
premier  donna  une  forme  vraiment  pul>li(|ue  à  l'idée  de  l'éta- 
blissement d'une  voie  ferrée  franco-espagnole  |)ar  les  IS'rénées 
centrales  ».  Au  triomphe  de  ce  grand  dessein  il  se  dé\oua  si 
bien  tout  entier  qu'il  mérite  d'être  considéré  comme  «  le  véri- 
table apôtre  du  transpyrénéen  central  »  (p.  86).  C'est  ainsi  que 
le  livre  de  M.  A.  devient  un  fragment  de  l'histoire  économique 
de  l'Ariège. 

On  y  retrouve  encore  l'histoire  de  l'Ariège  dans  les  pages 
savoureuses  consacrées  à  la  création  de  la  station  thermale 
d'Aulus  par  le  docteur  Bordes-Pagès  (p.  73-83)  —  et  dans 
l'appendice  relatif  au  choléra  qui  sévit  à  travers  le  département 
en  i854  (p.  200-237),  ^  ^^  suite  d'une  longue  disette  causée  par 
diverses  perturbations  atmosphériques. 

Ou  la  suit  enfm  —  avec  le  regret  de  la  trouver  un  peu  courte  — 
dans  un  passage  instructif  sur  certaines  querelles  locales.  Il  y 
est  question  de  la  séculaire  inimitié  qui  lançait  parfois  Oùst 
contre  Seix  dans  «  des  engagements  à  mains  armées  »  (p.  53) 
et  qui  se  traduisit  une  fois  «  par  une  guerre  de  mémoires 
imprimés  »  remplis  d'épithètes  désobligeantes,  de  reproches 
amers,  de  virulentes  satires  efd'homériques  chamailleries  —  le 
tout  à  propos  d'un  juge  de  paix  que  les  deux  communes  se 
disputaient  avec  rage.  Cela  se  passait  en  1823. 

11  faut  signaler  en  terminant  l'intérêt  social  du  livre  considéré 
comme  l'histoire  d'une  famille  bourgeoise  et  lettrée  d'Ariège 
au  XIX'  siècle.  Visiblement  nourri,  sur  ce  point,  d'une  surabon- 
dante documentation,  dont  on  me  dit  que  l'auteur,  sous  peu, 
tirera  un  parti  plus  considérable,  il  nous  fait  pénétrer  dans  un 
milieu  de  chrétiens  aussi  larges  que  convaincus,  d'excellents 
bourgeois  amis  de  leur  foyer  et  de  leur  province,  de  distingués 
humanistes  et  jjhilosophes.  C'est  le  type  de  la  famille  française 
où  il  n'y  a  que  des  honnêtes  gens  dans  tous  les  sens  du  mot, 

y  compris  celui  du  xvii-  siècle. 

Julien  Fajolles. 

Archwes  municipales  de  Bordeaux.  I/wenlaire  .sommaire  des 
registres  de  la  Gironde  de  1.520  à  17S:J,  t.  VI,  public  par  Alfred 


32^  ANNALES    DU    MIDI. 

Lerolx.  }3onleaux,  Pech,  191C;  in-V  de  xiv-8^0  pages.  —  Com- 
prend quatre-vingts  rubriques  nouvelles,  qui  conduisent  la 
publication  jusqu'au  milieu  de  la  lettre  G.  La  préface  indique 
que  les  rubriques  les  plus  abondantes  sont  les  Fiefs  (213  p.), 
Fontaines  (53  p.),  Gouverneurs  militaires  (120  p.)  et  Grains 
(218  p.).  Les  index  ont  reçu  un  développement  qu'ils  n'avaient 
point  eu  jusqu'ici  et  remplissent  i3o  pages.  Il  y  a  une  vingtaine 
de  délibérations  ou  mentions  de  1217  a  iSao. 

L.  A. 

Auguste  (Abbé  Alph.).  Le  séminaire  de  Caraman  au  fauboury 
Saint-Ètienne,  à  Toulouse.  Paris,  Picard;  Toulouse,  Privât,  1918; 
in-8"  de  170- pages  et  4  planches.  —  Des  dix  séminaires  qui, 
de  la  fin  du  xvi'  siècle  à  la  Révolution,  prirent  naissance  à 
Toulouse  et  y  durèrent  plus  ou  moins  longtemps,  celui  du 
faubourg  Saint-Étienne  ou  de  Caraman  (1651-1704)  a  trouvé 
un  historien  particulièrement  érudit  et  consciencieux,  dont  le 
travail  très  fouillé  et  fortement  documenté  ne  laisse  rien  dans 
l'ombre. 

Le  premier  séminaire  toulousain,  celui  du  cardinal  de  Joyeuse, 
fondé  en  1590,  avait  cessé  d'exister  en  1602.  En  i65i,  le  chan- 
celier de  Ciron  établit  près  de  Saint-Pierre-des-Cuisines  le  sémi- 
naire des  Hautes  Sciences  qui  n'eut  qu'une  vie  éphémère  et  ne 
vécut  que  neuf  ans.  Au  contraire,  le  séminaire  du  faubourg 
Saint-Étienne,  né  en  i65o,  confié  par  l'archevêque  Montchal 
à  la  direction  de  R.  Bonal,  devait  durer  un  siècle;  installé 
d'abord  dans  une  «  maison  attenante  de  celle  de  M.  le  chance- 
lier »  de  Ciron,  il  fut  transféré  quelques  mois  plus  tard  «  au 
faux-bourg  de  Saint-Étienne  »,  dans  la  propriété  «  du  S'  Comte 
de  Carmaing  ».  Avec  un  soin  mirmticux,  ^L  l'abbé  Auguste 
suit  pas  à  pas  l'institution  nouvelle  dans  son  organisation  inté- 
rieure, son  développement,  «  sou  maximiim  de  prospérité  en- 
tre 1680  et  1690  »,  son  union  avec  les  Lazaristes  en  1753.  Ceux- 
ci,  ayant  acheté  l'ancien  noviciat  des  Jésuites  sur  le  quai  de  la 
Daurade,  se  défirent  des  bàlirnents  et  des  terrains  de  Caraman, 
dans  lesquels  se  succédcrciil  |)ai'  la  suite  la  communauté  du 
Ron  Jésus  ou  dos  filles  repenties,  une  usine,  une  caserne  et  une 


LIVRES    ANNONCÉS    SOMMAIREMENT.  826 

partie  du  Pensionnat  des  Frères  des  Kcoles  clirétionnes  nota- 
blement agrandi. 

Deux  passages  de  l'importante  et  si  instructive  monographie 
du  séminaire  de  Caraman  sont  consacrés  aux  vieilles  chapelles 
Saint-Aubin  et  Saint-Sauveur,  et  à  un  tableau  magistralement 
brossé  de  ce  (ju'était  co  quartier  rural  et  champêtre  quand  le 
creusement  du  canal  du  Midi  en  commença  la  transl'ormalion. 
Les  Toulousains  doivent  être  reconnaissants  à  M.  l'abbé  Auguste 
d'avoir  apporté  une  si  importante  contribution  à  leur  histoire 
locale,  contribution  dont  nous  avons  pu  apprécier  personnelle- 
ment toute  la  valeur  en  amorçant  en  1914  et  en  terminant  plus 
récemment,  sur  un  quartier  qui  nous  est  particulièrement  cher 
(Saint-Sauveur,  le  faubourg  Saint-Étienne  et  la  place  Dupuy), 
une  étude  d'ensemble,  prête  en  manuscrit,  et  que  nous  espé- 
rons faire  paraître  dès  que  les  circonstances  le  permettront. 

Louis  ViÉ. 

Brutails  (J.-Aug.).  La  question  de  saint  Fort.  Bordeaux, 
Gounouilhou,  1916;  gr.  in-8"  de  87  pages  (Extr.  des  Actes  de 
l'Académie  des  sciences,  belles-lettres  et  arts  de  Bordeaux.  — 
Sans  être  professionnellement  un  «  dénicheur  de  saints  », 
M.  Brutails  vient  d'en  tenir  l'emploi  en  foute  révérence  aux 
dépens  de  saint  Fort,  que  la  dévotion  des  Bordelais  avait  adopté 
comme  «  bienheureux  »  depuis  quatre  ou  cinq  siècles  (p.  10), 
et  que  l'abbé  Ci  rot  de  la  Ville,  suivi  par  le  P.  Moriguet,  a  con- 
sacré comme  tel  il  y  a  justement  un  demi-siècle.  Après  avoir 
constaté  le  vague  de  la  tradition  relative  à  saint  Fort,  que  les 
uns  appellent  de  ce  nom,  les  autres  Sigebert,  Gilbert,  Sanctus 
ou  Gallicin  ;  l'incertitude  de  la  date  où  il  aurait  vécu  :  le  i"  siècle 
d'après  quelques-uns,  le  ii%  le  111%  le  iv%  le  v%  le  vi"  et  même 
le  viii"  d'après  quelques  autres  ;  les  contradictions  que  l'on 
relève  quant  au  genre  de  son  supplice  :  lapidation,  décapita- 
tion, égorgement;  l'ignorance  où  l'on  est  du  siège  qu'il  aurait 
occupé  comme  évêque.  —  M.  B.  n'a  pas  de  peine  à  montrer 
ce  que  valent  les  arguments  philologiques,  archéologiques, 
liturgiques  ou  soi-disant  historiques  dont  on  n  voulu  étayer  le 
culte  adventice  rendu  à  ce  personnage  dont  le  nom  apparaît 


3-26  VNNALKS    DU    AUDI. 

pour  la  première  i'ois  au  \m"  siècle  (p.  27).  «  C'est  probable- 
ment un  saint  d'oiigino  populaire  et  laïque,  né  de  l'imagina- 
tion des  loules  »,  (pii,  du  mot  fort  signifiant  un  autel,  une 
chasse  ou  iieut-ètre  une  reli([iic,  ont  l'ait  un  homme  à  tra\ci's 
la  personnalilr  diujuel   la   dévotion  de   tous  s'adressait  à  saint 

Seurin  (p.  .'k")  et  suiv.)  '. 

\lfrcd   Leroix. 

Calmette  (J.).  Le  problème  des  origines  de  Perpujnan.  Tou- 
louse, Privât,  191O;  in-8"  de  11  pages.  (Exlr.  du  Bulletin  de  la 
(ircliéolo(ii<ine  du  Midi  de  lu  France,  1914- 1910) •  —  -M-  J-  Cal- 
mette, professeur  à  la  Faculté  des  lettres  de  Toulouse,  à  qui 
nous  devons  de  si  reuiarquables  travaux  sur  le  Roussillon, 
établit,  à  l'aide  d'une  |)én(''trante  critique  de  documents  connus, 
les  origines  historiques  de  Perpignan,  si  obscures  comme  celles 
de  la  plupart  des  villes  de  France,  et  parlant  si  controversées. 
L'auteur  a  vite  fait  d'écarter  ce  qu'il  nomme  la  légende  linguis- 
tique et  la  légende  poétique  qui  ne  reposent  que  sur  des  jeux 
de  mots.  En  revanche,  il  lui  a  fallu  sa  si  sûre  faculté  de  criti- 
que savante  et  ingénieuse  pour  démolir  ce  qu'il  appelle  juste- 
ment la  légende  archéologique  a  laquelle  un  très  bon  archéo- 
logue, M.  Mayeux,  a  prêté  en  igiS  l'ajîpui  de  son  talent,  dans 
un  article  du  Bulletin  monumental.  Celui-ci  admet,  avec  de 
nombreux  érudits,  que  l'église  principale  de  Perpignan  dérive- 
rait d'une  abbatiale  bénédictine  carolingienne,  noyau  de  la  cité 
primitive.  Cette  abbatiale  (dite  dels  Correchs  =  des  ravins), 
attenante  à  la  cathédrale  Saint-Jean  actuelle,  aurait  dépendu 
du  monastère  de  Montmajour, 

M.  Calmette  ne  songe  point  à  nier  l'existence  d'une  chapelle 
du  ix"  siècle  au  lieu  tlit  dels  Correchs.  Une  chapelle  de  ce  nom 
subsiste,  attenante  à  la  cathédrale,  —  mais  vraisemblablement 
postérieure  à  celle  du  ix'  siècle  et  sur  l'emplacement  de  celle-ci  : 
on  va  la  rendre  incessamment  au  culte.  Mais  il  prouve  que  cet 
édifice  n'a  jamais  été  une  abbatiale  bénédictine.  D'abord  par 
une  remanpie  négative  :  comment  se  fait-il  que  pas  un  docu- 

I.  ^oi^  |)tiis  loin  le  coiiiplc  icudu  (iiiii  liaxail  di'  M.  (ilianliac  sui- 
te ni«'iiif'  sujet. 


l.nURS     WNONCKS    Sf  )M  M  M  Itl'M  lAT  .  .'^2" 

inent  local  n'altestc  j'ac  Ihilé  du  inonaslri^^  <lcls  darriu-hs,  aUns 
([iio  sont  si  hioii  coiiiiiis,  par  do  iKniihreuscs  cliai ic^s  (  rclalées 
dans  la  Marca  hispanica),  les  instiUits  rdifiicux  de  l'époquo. 
carolingienne  d(^  la  piovince?  Voilà  déjà  i:ne  piésomplion  grave 
de  noa-c\islencc.  On  rri)ond,  il  csl  \iai,  (mi  laisanl  appel  à 
l'autorilé  (\\\  chanoine  Coma  tpii,  an  v\ii  sirclc,  a  d(''\el()|)p(''  la 
théorie  d'nii  monastère  bénédictin  an\  Cunrr/i.s,  en  s'appu\anl 
sur  deux  textes.  Or,  M.  Mayenx  lui-même  a  ruiné  l'un  de  ces 
textes  qui,  par  erreur  singulière,  confondait  (lorreiis,  dans  le 
Var,  où  à  la  vérité  fut  fondé  un  monastère  (en  loio  seulement, 
sous  Sixte  IV,  et  non  à  l'époque  carolingienne,  sous  Sixte  11), 
avec  les  Correchs  perpignanais.  Quant  à  l'ultime  document, 
une  prétendue  bulle  de  Sergius  II  décrite  et  copiée  par  Baluze 
qui  l'a  vue  aux  archives  d'Elue,  et  perdue  depuis,  M.  Cal  mette 
démontre  irréfutablement  qu'elle  est  apocryphe  :  si  cette  bulle 
était  de  Sergius  II,  elle  serait  sur  papyrus  et  non  sur  parche- 
min; —  en  relation  évidente  avec  la  bulle  concernant  Correns, 
elle  devrait  dater  de  Sergius  IV;  —  la  souscription .SVr^f«,s Papa 
aecandiis  est  faiissc  et  fausse  également  la  bulle  en  plomb. 
«  Voilà  donc  le  monastère  parti  pour  rejoindre  la  foret  incen- 
diée de  l'Albère  et  les  bœufs  du  Père  Pinya.  )>  11  reste  qu'une 
chapelle  existait  au  ix'  siècle  sur  le  territoire  futur  de  la  cathé- 
drale Saint-Jean.  C'était  vraisemblablement  la  chapelle  de  la 
Villa  Perplnia/ii.  Le  véritable  Père  Pigne  se  nommn\[  Perpinius, 
et  s'il  n'a  point  comme  Romulus  tracé  le  fossé  qui  devait  cein- 
dre la  cité  future,  sa  villa  avec  sa  chapelle  furent  l'origine  véri- 
table de  Perpignan.  Ce  travail  d'érudition  pourrait  être  le  pre- 
mier chapitre  d'une 'histoire  de  Perpignan;  avec  tant  d'autres 
travaux  du  même  auteur,  il  nous  fait  espérer  que  M.  Calmelte 
nous  donnera  bientôt  l'œuvre  qu'attendent  de  lui  tous  les  éru- 
dits  de  la  province  :  une  Histoire  générale  du  Ronssillon. 

Marcel  Selleeh. 

Cu.vuLiAG  (A.),  ancien  élève  de  l'École  polytechnique.  Hé- 
Jîexions  d'an  Bordelais  sur  la  question  de  saint  Fort  (Bordeaux. 
Féret,  1917  ;  gr.  in-8"  de  29  pages).  —  «  Douloureusement  ému  » 
par  les  conclusions   du   mémoire  de  M,    Brulails   dont  tious 


3a8  ANNALES    nu    MIDI. 

avons  rendu  compte  plus  liaut,  M.  Chauliac  entreprend  cou 
rageusement,  avec  le  concours  de  quelques  amis  anonymes, 
d'établir  «  la  solidité  do  la  tradition  séculaire  relative  à 
saint  Fort  ».  S'il  est  contraint  de  reconnaître  qu'on  ne  sait 
rien  de  positif  quant  à  la  personnalité  du  sujet  en  cause,  il 
établit  du  moins  que  le  culte  en  était  célébré,  dès  le  commen- 
cement du  xiv'  siècle,  c'est-à-dire  emiron  quatre-vingts  ans 
plus  tôt  que  n'admet  M.  Brutails,  et  il  infirme  légèrement  sur 
quelques  autres  points  la  force  probante  des  arguments  que 
celui-ci  a  présentés.  Toutefois,  le  fond  des  choses  n'en  est  pas 
changé  :  saint  Fort  doit  sa  naissance  à  l'imagination  populaire, 
par  les  raisons  qui  ont  été  dites.  La  discussion  de  M.  Ch.  reste 
toujours  courtoise;  mais  en  réclamant  les  preuves  positives 
d'un  fait  négatif,  il  élève  une  prétention  inadmissible  en  bonne 
logique.  Puisqu'il  remet  à  l'Autorité  diocésaine  le  soin  de  pro- 
noncer en  derniert  ressort,  nous  nous  permettrons  d'éclaircir 
un  peu  la  question  en  présentant  ailleurs  quelques  remarques 

qui  n'ont  pas  encore  été  faites. 

Alfred  Leroi  x. 

Del.vge  (Fr.j.  Le  souterrain  de  Morloral.  Limoges,  Ducour- 
tieux,  igiT);  gr.  in-8"  de  8  pages  (Extr.  chi  /)////.  de  la  Société 
nrch.  et  hisl.  du  Limousin).  —  Mortorat  est  un  tout  petit  village 
de  la  commune  de  Saint-Priest-la-Feuille  (Creuse).  Le  souter- 
rain qu'il  renferme  a  été  découvert  fortuitement  en  191 2  par 
M.  Uoby,  propriétaire,  et  s'ajoute  au  nombre  considérable  de 
ceux  que  l'on  connaît  déjà  (plus  de  200)  dans  les  trois  départe- 
monts  de  l'ancien  Limousin,  grâce  aux  rochcrchos  de  MM.  Le- 
cier,  Bombai,  Kiclianl  ol  Imbort  (Cf.  L'IIonn)ie  préhistorique, 
1910).  —  M.  D.  a  exploré  Mortorat  avec  grand  soin  et  l'a  décrit 
avec  la  compétence  qu'il  possède  en  ce  genre  d'études  dont  il 
s'est  fait  une  spécialité.  On  y  accède  par  un  puits  de  /|  m.  3o 
(|ui  aboutit  à  un  couloir  conduisant  à  doux  chambres  mesurant 
cliacunc  oiniron  /(  mètres  de  longueur.  Dans  le  sens  opposé  ce 
couloir  central  conduit  à  une  autre  chambre  longue  de  .')  mètres 
i\(^  forme  assez  régulière.  Los  objets  recueillis  dans  ce  souter- 
rain sont  des  scories  (]o  fer,  dos  fragments  do  poteries  et  d'ar- 


LIVRES     VXNONCKS    SOMMAIREMENT.  ?>:>.f) 

mes.  Au  jugement  de  M.  D.  on  est  vraisemblablemcnl  en  pré- 
sence de  silos  de  l'époque  gallo-romaino.  —  Quand  donc  les 
archéologues  de  la  Haute-Vienne  et  de  la  Creuse  songeront-ils 
à  entreprendre  une  exploration  méthodique  et  approfondie  de 
la  petite  ville  de  La  Souterraine,  dont  le  nom  si  claiioincnl 
significatif  éveille  tant  d'espoirs? 

A.  L. 

Dlrr  (E.).  —  1.  Karl  der  Kiihne  iind  der  Ursprung  des  Ifahs 
burgisch-Spanischen  Imperiums.  S.  1.  n.  d.  ;  in-8°  de  33  pages 
(Extr.  de  la  Historische  Zeihchrift,  Bd.  ii3j.  —  II.  Liidivig  XI, 
die  aragonesich-castiUanische  Helrat  iind  h'àrl  der  Kiihne.  S.  1. 
n.  d.  ;  in-8"  de  36  pages  (Extr.  des  Mltteilangen  des  InsUluis  fur 
osterr.  Geschichichts/orschungen,  xxxvBd.,  a  Heft).  —  M.  Diirr 
est  un  jeune  érudit  suisse  qu'attire  la  diplomatie  compliquée 
de  la  fin  du  Moyen  âge.  L'idée  fondamentale  de  la  première 
de  ses  deux  brochures  est  de  montrer  que  l'élection  impériale 
de  i5i9  tient  à  une  politique  austro-hispano-bourguignonne 
dont  le  destin  se  suit  à  travers  la  trame  de  l'histoire  internatio- 
nale du  XV'  siècle.  Le  développement  de  l'Etat  valois  de  Bour- 
gogne et  la  rivalité  de  Charles  le  Téméraire  et  de  Louis  XI,  le 
duel  des  maisons  d'Anjou  et  d'Aragon,  la  question  des  Pyré- 
nées, la  question  de  Lorraine,  autant  d'aspects  du  même  pro- 
blème. Que  la  conception  soit  juste,  il  m'appartient  d'autant 
moins  de  le  dire  que  M.  D.  se  réfère  à  mes  précédentes  publi- 
cations où  l'essentiel  de  ce  thème,  —  il  ne  le  cèle  point,  —  a 
été  formulé  d'abord.  —  L'empire  que  Charles  le  Téméraire  a 
rêvé,  Charles-Quint  l'a  réalisé,  et  au-delà.  Dans  un  travail  plus 
fouillé,  dont  la  présente  dissertation  n'est  qu'une  esquisse  très 
générale,  M.  D.  se  propose  de  faire  l'étude  détaillée  des  rela- 
tions diplomatiques  entre  Louis  XI  et  Charles  le  Téméraire  dans 
leurs  rapports  avec  la  politique  européenne,  de  1467  à  Jli']l\. 
Si  ce  travail,  annoncé  et  amorcé,  met  en  œuvre  les  sources  très 
dispersées  que  le  sujet  comporte,  une  grave  lacune  dans  notre 
bibliographie  du  xv'  siècle  se  trouvera  comblée. 

La  seconde  brochure  me  semble  être  un  chapitre  détaché  de 
l'ouvrage  dont  il  vient  d'être  question.  M.  D.  s'attache  à  éclai- 

ANNALES   DU   MIDI.   —  XXIX.  22 


33o  ANNALES    DU    MTDI. 

rer  dans  ses  détours  la  politique  matrimoniale  des  maisons  de 
France  et  de  Bourgogne  en  Castille  durant  le  troisième  quart 
du  XV''  siècle.  C'est,  au  juste,  la  succession  du  trône  castillan 
qui  est  en  cause.  Nous  n'avons  pas  vu  cité  parmi  les  l'éférences 
de  l'auteur  le  livre  de  J.-B.  Sitges  :  Enriqiie  IV  y  la  excellente 
senora  llamada  vulgarmente  doîia  Juana  la  Beltraneja,  livre 
paru  à  Madrid  eu  1913  et  qui  intéresse  au  premier  clief  le 
sujet. 

.1.  Calmette. 

Fage  (R.).  Histoire  d'une  famille  bourgeoise  depuis  le  X  VI'  siècle. 
Brive,  Roche,  1916;  gr.  in-S"  de  39  pages  (Extr.  du  Bull,  de  la 
Société  scienl.,  hisf.  et  arch.  de  Brive).  —  11  s'agit  de  la  famille 
Maruc  (de  Tulle),  dont  l'existence  s'écoula  en  Bas-Limousin, 
et,  par  alliance,  de  la  l'amille  Froment,  dont  un  membre,  titré 
seigneur  de  Champlagarde  et  des  Condamines,  était  bailli  de 
Versailles  au  moment  de  la  Révolution.  —  Recherches  étendues 
dans  les  archives  de  la  Corrèze,  de  Seine-et-Oise,  du  ministère 
des  Affaires  étrangères,  du  collège  Stanislas,  où  l'auteur  a  suivi 
la  trace  de  divers  membres  de  la  l'amille  :  l'un  député  en  1822. 
l'autre  consul  à  Tripoli,  un  autre  professeur  ecclésiastique. 
Les  portraits  qu'il  nous  en  donne  sont  bien  tracés  et  toujours 
indulgents.  Le  style  est  vif  et  précis,  la  connaissance  des  en- 
tours  indéniable,  le  sens  historique  très  aiguisé,  qu'il  s'agisse 
du  xvir  siècle  ou  du  xix"  :  «  Lu  tombeau  en  bonne  place  dans 
l'église  paroissiale,  une  maison  en  ville,  un  domaine  à  la  cam- 
pagne, une  «  pièce  »  dans  la  banlieue,  une  profession  libérale  » 
(p,  16),  c'est  à  ces  buis  (jue  se  bornait,  en  elTel,  l'ambition  des 
bourgeois  de  l'Ancien  régime.  J'y  ajouterais  pourtant  le  souci 
qu'ils  avaient  presque  tous  de  posséder  quelque  charge  hono 
rifique  et  d'ajouter  à  leur  nom  patronymique  celui  de  f|uekpie 
lopin  de  terre. 

A.  L. 

Grand  (R.).  Le  contrat  de  comptant  depuis  les  origines  jusqu'à 
nos  jours.  Paris,  librairie  du  Recueil  Sirey,  1917;  in-8"  de 
Ui~   pages.  —   Par   le  contrat  de  complani,   «  le  propriétaire 


LIVRES     \rsNO\CFS    SOArMAIREMENT.  '.\^l 

(l'une  ferre  inculte  ou  d'une  vigne  décrépite  cède  sa  terre  pen- 
dant cinq  ans  à  un  preneur  qui  s'engage  à  y  planter  des  ceps. 
Passé  ce  délai,  la  vigne  est  divisée  en  deux  parties  égales,  dont 
l'une   revient  en   toute  propriété   à  l'auteur  de  la  concession 
tandis  que  l'autre  reste  entre  les  mains  du  concessionnaire, 
dans  des  conditions  juridiques  variables,  allant  selon  les  cas 
de  la  pleine  propriété  du  fonds  à  la  simple  jouissance  viagère 
des   améliorations,   mais  à  charge  d'une  redevance  annuelle, 
consistant  parfois  en  argent,  le  plus  souvent  en  une  quolt;  part 
de  la  récolte  ».  Tel  est  le  complant  de  la  bonne  époque,  celle 
qui  s'étend  du  ix"  au  xni""  siècle.  Avec  quelques  modifications, 
ce  contrat  régit  encore  certaines  exploitations  viticoles  de  la 
Loire-Inférieure.  Il  a  donné  lieu,  à  la  fin  du  siècle  dernier,  à 
des  discussions  auxquelles  ont  pris  part  surtout  des  incompé- 
tents, députés  ou  journalistes,  et  qui  ont  eu  en  1898  leur  écho  à 
la  Chambre.  On  a  beaucoup  disserté,  dès  le  xviir  siècle,  sur 
la  nature  juridique  du  complant,  sans  aboutir  à  quelque  chose 
de  bien  précis,  peut-être  parce  que  c'est  une  survivance  médié- 
vale qui  ne  répond  plus  à  nos  idées  simplistes  sur  la  classifica- 
tion des  droits  réels.  Du  contrat,  que  les  textes  appellent  sou- 
vent ad  médium  plantiim,  résulte  en  effet  pour  la  portion  de 
terrain  entre  les  mains  du  complanteur,  du  concessionnaire, 
une  situation  juridique  assez  particulière,  puisque  le  bailleur 
y  possède  un  droit  de  propriété  sur  le  fonds,  tandis  que  le  pre- 
neur a  acquis  sur  ce  même  fonds  un  droit  de  jouissance,  et  sur 
la  vigne  qui  y  est  plantée  un  droit  de  propriété  transmissible 
(sous  certaines  modalités),  par  voie  d'héritage,  de  vente,  etc. 
On  n'est  pas  d'accord  non  plus  sur  les  origines  du  complant. 
Peut-être  se  rattache-t-il  à  des  institutions  romaines  analogues, 
dont  on   constate   l'existence  dans   l'Afrique  du   Nord.   Peut- 
être  aussi  a-t-il  été  oublié  pendant  quelques  siècles,  pour  se 
recréer  en  quelque  sorte  en  Gaule,   à  l'époque  franque,   sous 
l'influence  de  conditions  économiques  analogues  à  celles  qui 
l'avaient  fait  naître  dans  le  monde  romain.  Il  n'en  est  pas  ques- 
tion dans  les  textes  de  l'époque  mérovingienne.  Le  premier 
acte  qui  en  constate  l'usage  sur  le  territoire  de  l'ancienne  Gaule 
est  une  charte  du  cartulaire  de  Saint-Victor  de  Marseille,  de  817. 


332  ANNM.F.S    DT      Afini. 

Au  IX',  au  X'  siècle,  le  complant  joue  un  rôle  important,  et  esl 
peut-être  le  procédé  le  plus  employé  pour  mettre  ou  remettre 
en  valeur  des  terres  incultes,  dans  la  plupart  des  régions  pro- 
pres à  la  culture  de  la  vigne,  dans  la  vallée  du  Rhône,  en  Bour- 
gogne, en  Auvergne,  mais  surtout  en  Angoumois  et  en  Poitou. 
Les  exemples  de  complant,  dans  les  documents  de  ce  dernier 
pays,  sont  même  si  nombreux,  au  x*^  siècle  et  au  xi",  que 
R.  Lampreclit  voulait  considérer  ce  contrat  comme  carac- 
téristique de  l'économie  agricole  poitevine.  11  est  curieux 
de  constater  que  ce  sont  précisément  les  districts  poitevins 
rattachés  au  x'  siècle  à  la  Bretagne  qui  seuls  ont  conservé  le 
contrat  de  complant,  jadis  si  répandu  dans  la  plupart  des  pays 
du  sud  de  la  Loire.  A  la  veille  de  la  Révolution,  il  existait 
encore  en  Poitou,  en  Angoumois,  en  Saintonge,  en  Aunis,  en 
Auvergne  et  en  Guyenne.  A  ce  titre,  le  travail  de  M.  Roger 
Grand  devait  être  signalé  aux  lecteurs  des  Annales  du  Midi. 

R.    PoiPARDIX. 

Leroux  (A.).  Les  ports  de  Bordeaux  et  de  Hambourg.  Élude 
comparée.  S.  1.  n.  d.;  in-8"  de  i6  pages  (Extr.  de  la  Revue  phi- 
lomatique  de  Bordeaux  'et  du  Sud-Ouest).  —  «  Entré  dans  l'his- 
toire générale  au  i"'  siècle  avant  J.-C,  dans  l'histoire  commer- 
ciale à  la  fin  du  xir  siècle  grâce  aux  xVnglais,  Bordeaux  a  eu 
longtemps  l'avance  sur  Hambourg,  qui  n'apparaît  dans  l'his- 
toire générale  qu'au  ix"  siècle  après  J.-C.,  et  dans  l'histoire 
commerciale  qu'au  xiir.  »  Ainsi  s'exprime  M.  L.  Les  tableaux 
comparatif  qu'il  établit  très  minutieusement  entre  la  situa 
tion  des  deux  ports  en    igiS  sont  fort  suggestifs. 

J.  C. 

Lettres  de  la  comtesse  d'Albany  au  chevalier  de  Sobirals,  sui- 
vies de  quelques  pièces  inédites  ayant  rapport  à  elle,  éditées 
])ar  le  marquis  de  Ripert-Moxclar.  Monaco  et  Paris  (Picard), 
191  G;  in-8°  de  i38  pages.  —  M.  le  marquis  de  Ripcrt-Monclar 
ayant  trouvé  dans  ses  archives  de  famille  vingt-cinq  lettres 
adressées  par  la  comtesse  d'Albany  au  chevalier  François  de 


LIVRES     VNNONCÉS    SOMMAIREMENT.  333 

Sobirats  entre  1808  et  1830,  ajustement  pensé  que  celle  corres- 
pondance intéresserait  non  seulement  le  cercle  de  plus  on  plus 
étendu  des  «  alba/tysanls  »,  mais  encore  tous  ceux  f[ui  sont 
curieux  d'histoire  et  de  psychologie.  L'édition  qu'il  nous  donne 
de  ces  lettres  et  qui  a  pris  place  dans  la  série  des  Mémoires  et 
documents  historiques  publiés  par  ordre  de  S.  A.  S,  le  prince 
Albert  de  Monaco,  est  tort  bien  présentée.  Je  ne  parle  point  de 
la  forme  typographique,  qui  est,  comme  pour  les  divers  numé- 
ros de  la  collection,  irréprochable;  mais  M.  de  Ripert-Monclar 
s'est  fort  bien  ac(juitté  de  sa  tâche  d'éditeur  :  il  a  accompagné 
le  texte  des  lettres,  reproduit  fidèlement  dans  leur  orthographe 
parfois  bizarre,  de  notes  précises  et  assez  nombreuses';  il  s'est 
efforcé  d'éclairer  les  allusions  aux  faits  et  aux  personnes.  La 
tâche  était  facilitée  par  le  fait  qu'une  partie  des  lettres  (34)  de 
Sobirats  à  la  comtesse  d'Albany  a  été  conservée  et  publiée  par 
M.  Pélissier.  Par  une  singulière  bonne  fortune  on  se  trouve 
avoir  une  correspondance,  incomplète  sans  doute,  mais  assez 
abondante  et  assez  étendue  pour  pouvoir  porter  un  jugement 
motivé  sur  les  deux  correspondants.  Pour  apprécier  la  comtesse 
d'Albany,  nous  possédons  les  trois  cent  quarante  et  quelques 
lettres  publiées  par  le  regretté  doyen  de  Montpellier  en  trois 
séries,  et  dont  il  est  étrange  que  M.  de  Ripert-Monclar  ne  fasse 
pas  la  moindre  mention \  Certaines  de  ces  lettres,  notamment 
quelques-unes  adressées  au  chevalier  Cerretani,  auraient  pu 
être  utilement  rapprochées  de  celles  écrites  à  Sobirats.  En  ce 
qui  concerne  ce  dernier,  il  convient  de  corriger  l'appréciation 
plutôt  sévère  de  M.  Pélissier,  ou  plutôt  de  la  mettre  au  point, 
ce  que  M.  de  Ripert-Monclar  s'est  chargé  de  faire  dans  une 

1.  Quelques  personnages  auraient  pu  être  l'objet  d'une  note  ou 
biographique  comme  Puccini,  p.  36  (cf.  les  Lettres  de  la  comtesse 
d'Albany  à  Cerretani,  p.  io3).  ou  bibliographique  comme  pour  les 
œuvres  du  comte  Baldelli. 

2.  Ces  lettres  étant  adressées  à  des  correspondants  qui  n'appar- 
tiennent pas  au  Midi  de  la  France  n'ont  pas  fait  l'objet  d'un  compte 
rendu  dans  les  Annales.  La  présente  publication,  au  contraire,  ren- 
tre dans  le  cadre  de  notre  Revue,  le  chevalier  de  Sobirats  étant  du 
Comtat-Venaissin  et  les  lettres  qui  lui  sont  adressées  concernant 
souvent  la  Provence  et  régions  avoisinantes. 


33 'l  ANNALES    DU    MIDI. 

substantielle  Introduction'.  L'édition  des  lettres  de  la  comtesse 
d'Albany  est  complétée  par  trois  lettres  de  la  sœur  de  la  com- 
tesse, la  princesse  de  Cas  tel  franco,  et  par  un  document  qui 
pose,  sans  la  résoudre,  la  question  mystérieuse  d'une  descen- 
dance de  la  comtesse  d'Albany  et  de  son  mari  le  prince  Charles- 
Edouard  Stuart.  V.-L.  Bourrilly. 

Œuvres  de  François  de  Corlète,  sieur  de  Prudes  et  de  Cainbes, 
publiées  par  Ch.  Ratier.  Agen,  maison  d'édition  et  imprimerie 
moderne,  igiS;  in-8"  de  xviii-342  pages  avec  grav.  (Recueil  des 
Travaux  de  la  Société  d'agriculture,  sciences  et  arts  d'Agen, 
3*  série,  tome  XVII.)  —  Le  tome  XVII  du  Recueil  annoncé  ci- 
dessus  est  consacré  tout  entier  à  une  édition  des  œuvres  gas- 
connes de  François  de  Cortète,  sieur  de  Prades  et  de  Cambes, 
dont  l'œuvré  a  joui,  après  sa  mort,  de  quelque  célébrité,  si  on 
en  juge  par  les  éditions  assez  nombreuses  qui  s'espacent  du 
xvir  siècle  à  nos  jours.  La  nouvelle  édition  est  due  à  M.  Ch. 
Ratier,  félibre  majorai,  auteur  de  travaux  estimés  d'érudition 
et  en  particulier  de  deux  notices  sur  François  de  Cortète,  parues 
dans  la  Revue  de  VAgenais  (1888  et  1890).  Cette  édition  était 
prête  depuis  1889;  les  circonstances  ont  retardé  son  apparition 
jusqu'à  ce  jour. 

I.  On  aurait  voulu  que  M.  de  l\iperl-Moiiclar  se  moniràl  aussi 
équitable  envers  M.  Pélissier.  Sans  doute,  il  rend  hommage,  —  com- 
ment ne  pas  le  faire  .3  —  aux  publications  qu.e  M  Pélissier  a  consa- 
crées à  la  comtesse  d'Albany.  Mais  pour  le  prendre  en  défaut  il  ne 
le  cite  pas  toujours  avec  toute  l'exactitude  désirable;  et  sufTit-il  d'une 
erreur  d'interprétation  (au  sujet  d'un  passage  qui  est  loin  d'être 
<(  parfaitement  clair  »  puisque  M.  de  R.-M.  est  lui-même  obligé  de 
l'expliquer  en  une  longue  note,  p.  18,  n.  3),  pour  donner,  à  l'en 
croire,  «  la  mesure  du  peu  d'importance  et  de  réflexion  que  M.  Pélis- 
sier apportait  à  l'annotation  des  documents  qu'il  mettait  au  jour 
avec  profusion  »  ?  Quel  éditeur  n'a  pas  sur  la  conscience  quelque 
bévue  de  ce  genre.»  Que  M.  de  Hipert-Monclar,  par  exemple,  se 
reporte  à  la  lettre  de  Sobirals  publiée  à  la  page  4o3  du  Porle-feuille 
de  la  comtesse  d'Albany  :  il  y  verra  que  le  litre  courant  :  Un  émigré 
en  demi-solde,  dont  il  triompbe  pour  taxer  d'erreur  M.  Pélissier,  se 
rapporte  non  pas  à  Sobirals  qui  effectivement  ne  fut  jamais  ni  émi- 
gré ni  en  demi-solde,  mais  à  un  certain  M.  de  iVlalolau,  dont  il  est 
tout  au  long  question  dans  celte  page.  11  suffît  de  hre  le  passage. 


LIVRES    A\\ON(:iîS    SOMMAIREMENT.  335 

L'édition  do  M.  Ch.  Halier  comprend  la  Miramoiuido,  pasto- 
rale; le  liaiiwiuiel,  ou  le  paysan  agenais  revenu  de  la  guerre. 
Ces  deux  pièces  ont  été  souvent  éditées;  en  revanche,  la  Iroi 
sièrae  pièce  publiée  par  M.  Ch.  Halier,  Sanc/w  Pansa  al  })alais 
del  Duc,  était  jusqu'ici  inédile.  11  faut  savoir  gré  à  l'éditeur 
de  nous  avoir  fait  connaître  cette  imitation  gasconne  de  Cer- 
vantes. 

Ce  qui  frappe  —  et  choque  —  le  plus  dans  l'œuvre  de  F.  de 
Cortète,  ce  sont  les  gallicismes;  on  en  trouve  partout  :  à  la 
rime,  dans  la  syntaxe,  dans  le  vocabulaire;  il  emploie  presque 
constamment  le  pronom  sujet  devant  les  verbes  :  el  es  buii; 
el  cal  (il  est  bon,  il  faut);  sa  muse  parle  gascon  et  français. 
Dans  Ramounet  le  miles  gloriosus  parle  un  français  bourré  de 
gascon  ;  mais  ce  sont  tous  les  personnages  de  F.  de  Cortète 
qui  parlent  ainsi;  en  rendant  ridicule  le  soldat  vaniteux,  mal 
«  dégasconné  »,  Cortète  prononce  sa  propre  condamnation. 
11  est  vrai  que,  au  xvii"  siècle,  trop  de  causes  se  mêlaient  pour 
empêcher  un  écrivain  méridional  de  parler  une  langue  pure  : 
les  défauts  de  Cortète  sont  communs  à  tous  ceux  de  ses  contem- 
porains qui  firent  servir  l'idiome  dit  vulgaire  (devenu  surtout 
vulgaire!)  à  l'expression  de  leurs  sentiments. 

Mais  Cortète  a  montré  dans  plusieurs  passages  qu'il  était 
capable  d'écrire  de  jolies  scènes  champêtres,  d'une  langue  pure 
et  savoureuse  :  dans  Miramounclo,  pastorale,  il  y  a  des  bergers 
qui  parlent  comme  des...  bergers  et  comme  des  bergers  gas- 
cons; il  y  a  telle  description  du  printemps  ou  d'une  chasse  au 
loup  qui  nous  conduit  dans  la  vraie  campagne  gasconne  et  non 
dans  les  paysages  factices  des  pastorales  françaises  d'imitation 
italienne.  C'est  dans  des  passages  comme  ceux-là  qu'il  faut 
chercher  l'originalité  de  Cortète;  et  c'est  par  là  qu'il  mérite 
d'être  compté  au  nombre  des  précurseurs  de  la  Renaissance 
méridionale.  Remercions  son  savant  compatriote,  M.  Ch.  Ra- 
tier,  de  nous  avoir  fait  connaître  son  œuvre  dans  une  bonne 
édition,  soigneusement  faite,  très  correctement  et  très  joliment 
imprimée.  Un  glossaire  complet  (35  pages  à  deux  colonnes) 

termine  le  volume. 

J.  Anglade. 


336  A>>ALES    DU    MIDI. 

Pasquier  (F.).  Fêles  publiques  à  Toulouse  sous  le  Directoire, 
d'après  les  comptes  rendus  officiels.  Toulouse,  imp.  Bonnet, 
191G;  in-8°  de  74  pages.  ■ —  Les  fêtes  publiques  de  la  Révolu- 
tion ont  eu  (iVI.  Mathiez  a  insisté  sur  ce  sujet  dans  ses  Origines 
des  cultes  révolutionnaires  et  dans  la  Théophilanthropie  et  le 
culte  décadaire)  une  tendance  moralisatrice  bien  marquée  et 
elles  sont  intéressantes  au  point  de  vue  de  l'effort  tenté  par  les 
révolutionnaires  pour  remplacer  les  morales  religieuses  par 
une  morale  purement  civique,  pour  substituer  en  somme  une 
religion  laïque  aux  religions  alors  existantes. 

Ce  caractère  à  la  fois  instructif  et  moralisateur  se  retrouve 
très  marqué  dans  les  fêtes  célébrées  à  Toulouse  dont  M.  Pas- 
quier nous  donne  une  analyse  très  complète  d'après  les  deux 
registres  de  procès -verbaux  officiels  conservés  aux  Archives 
municipales.  Lecture  des  lois,  des  bulletins  de  victoires,  indi- 
cation du  nombre  d'actes  de  l'état  civil,  récitation  par  les  en- 
fants de  la  nomenclature  des  départements,  exercices  de  diction, 
lutte  contre  l'accent  du  terroir,  voilà  le  côté  de  propagande  et 
d'instruction  civique;  célébration  des  mariages,  discours  sur 
les  vertus  antiques  ou  sur  les  actions  d'éclat  et  de  dévouement, 
chant  d'hymnes,  cérémonies  destinées  à  frapper  l'imagination, 
à  remplacer  la  pompe  extérieure  des  divers  cultes,  propagande 
contre  les  danses  particulières  des  tavernes,  «  toujours  dange- 
reuses pour  les  enfants  des  deux  sexes  »  (p.  i5),  au  moyen  de 
danses  publiques  «  où  les  administrateurs  se  mêlent  aux  admi- 
nistrés »  (p.  [\k),  voilà  le  côté  moralisateur  destiné  à  «  unir  les 
citoyens  dans  un  même  sentiment  de  concorde  et  d'égalité  » 
(p.  i5),  à  opérer  la  «  régénération  morale  »  en  même  temps  que 
la  réorganisation  sociale  (p.  Sa),  «  à  fonder  la  morale  publique, 
surtout  par  l'enseignement  républicain  »  (p.  \lx).  Ces  dernières 
expressions  de  l'administration  municipale  sont  à  ce  point  de 
vue  des  plus  curieuses,  ainsi  que  l'expression  de  d  religieu- 
ses »  dont  les  rédacteurs  eux-mêmes  qualifient  ces  cérémonies 
(p.  56). 

M.  Pasquier,  après  avoir  fait  lessortir  quclquos-un.s  de  ces 
caractères,  donne  de  ces  fêles  une  description  méthodique.  11 
a  groupé  ensemble  ce  qui,  dans  cette  période  de  l'an  IV  à 


LIVRES    ANNONCES    SOMMAIREMENT.  ^.î; 

l'an  VIll  à  laquelle  se  rapportent  les  registres,  concerne 
une  même  fête,  en  donnant  une  physionomie  complète  de  la 
première  et  en  relevant  seulement  pour  les  suivantes  les  inci- 
dents spéciaux  s'il  y  a  lieu.  C'est  ainsi  qu'il  nous  décrit  les 
fêtes  de  la  jeunesse,  des  époux,  de  la  reconnaissance  et  des  vic- 
toires, de  l'agriculture,  de  la  vieillesse,  de  la  liberté,  île  la 
chute  du  trône,  de  la  prise  de  la  Bastille,  de  la  république, 
du  i8  fructidor,  de  la  souverainté  du  peuple,  les  fêtes  funè- 
bres en  l'honneur  de  Hoche,  de  Joubert,  des  plénipotentiaires 
de  Radstadt,  de  Washington,  et  pour  l'an  Yll  et  l'an  \  111  les 
fêtes  décadaires. 

C'est  toujours  le  même  cortège  des  autorités,  les  mêmes 
((  colossales  »  statues  de  la  Liberté,  le  même  déploiement  de 
fleurs,  guirlandes,  théories  de  jeunes  gens  et  de  jeunes  filles, 
déclamation  de  discours  de  Desbarreaux-Bernard,  administra- 
teur du  département,  ou  d'Aubegès,  chef  du  bureau  de  l'Ins- 
truction publique  de  la  Commune;  d'hymnes  d'un  poète  «  cor- 
rect, solennel  et  ennuyeux  »,  Jean  Carré,  fournisseur  attitré 
en  cette  matière,  qui  a  successivement  célébré  avec  la  même 
abondance  de  paroles  et  la  même  absence  d'inspiration  la 
Monarchie,  la  Révolution,  l'Empire  et  le  retour  des  Bourbons. 
Il  n'est  pas  jusqu'aux  animaux  qui  ne  contribuent  à  l'éclat  des 
fêtes,  tels  les  chevaux  qui,  dans  la  fête  de  la  reconnaissance  et 
des  victoires,  «  semblaient  s'applaudir  »  de  conduire  les  guer- 
riers blessés  (p.  22),  ou  les  bœufs  de  la  fête  de  l'agriculture, 
«  dociles  à  la  voix  des  magistrats...  fiers  d'être  dirigés  par  des 
mains  consulaires  et  marchant  majestueusement  au  milieu 
d'un  peuple  immense  »  (p.  35). 

Il  y  a  cependant  certaines  fêtes  qui  sortent  de  la  banalité 
ordinaire  :  ainsi  la  fête  des  victoires  destinée  à  témoigner  aux 
soldats  blessés  et  à  leur  famille  la  reconnaissance  publique, 
où  on  proclama  les  noms  des  six  mille  Toulousains  qui  étaient 
partis  pour  les  armées;  la  fête  de  l'agriculture,  où  l'on  voit 
nettement  le  côté  pratique  de  ces  fêtes  qui  se  traduit  ici  par 
un  véritable  concours  agricole  destiné,  avec  la  participation 
de  la  Société  libre  d'Agriculture,  à  encourager  les  progrès  de 
l'agriculture,  la  suppression  des  jachères,  les  défrichements. 


338  AMSALES    DU    MIDI. 

le  développcmeut  de  I.)  pioduclion  chevaline,  etc..  La  fête  de 
la  liberté,  par  ses  exercices  de  lutte,  natation,  course,  etc., 
offre  aussi  un  caractère  particulier. 

Enfin,  les  fêtes  décadaires,  outre  le  caractère  général  que 
nous  avons  déjà  noté,  nous  font  saisir  par  de  brèves  allusions 
la  persistance  des  menées  royalistes  dans  la  région  et  nous 
montrent  la  popularité  sans  cesse  grandissante  de  Bonaparte 
«  général  surnaturel  et  toujours  victorieux  »  (p.  60),  «  héros 
républicain  »  (p.  66),  qui,  émule  de  Washington  (p.  70),  appa- 
raît aux  révolutionnaires  du  Midi  comme  animé  de  «  la  volonté 
de  faire  triompher  la  République  »  (p.  65)  contre  les  nouvelles 
menaces  d'une  insurrection  semblable  à  celle  de  l'an  VII.  Et 
après  le  18  brumaire  et  la  Constitution  de  l'an  VIll,  les  Toulou- 
sains se  déclarent  u  satisfaits,  parce  qu'ils  avaient  un  gouver- 
nement fort  et  stable  qui  avait  fait  triompher  la  République 
des  ennemis  du  dehors  et  du  dedans  »  (p.  68).  On  saisit  ici  sur 
le  vif  les  conséquences  de  l'insurrection  du  Midi  et  des  intri- 
gues royalistes'  qui  favorisent  le  succès  du  Premier  consul. 

Sans  doute,  comme  l'observe  avec  raison  M.  Pasquier  dans 

sa  conclusion,  ces  fêtes  avaient  «  une  existence  factice  »  et  elles 

nous  paraissent  froides  et  monotones;  mais  l'exposé  très  bien 

présenté  de  M.  Pasquier  nous  montre  qu'elles  ont  pourtant 

leur  intérêt,  puisqu'elles  nous  font  connaître  la  mentalité  de 

toute  une  époque,  la  Révolution  morale  tentée  également  en 

même  temps  que  la  Révolution  politique  et  sociale,  et  qu'elles 

nous  donnent  aussi  des  aperçus  sur  l'évolution  des  esprits  vers 

le  régime  napoléonien. 

Fr.  Galabert. 

Petit  (Aug.).  Le  domaine,  du  prieuré  de  Venues.  Limoges, 
Guillemot,  h)i6:  gr.  iu-8"  de  .")i  pages.  (Extr.  des  Mém.  de  la 
Société  des  sciences  nal.  cl  arc/i.  de  lu  Creuse.)  —  Elude  fouillée 
du  lemporcîl  foncier  d'un  très  petit  prieuré  voisin  de  Guéret 
(d'après  les  nombreux  documents  conservés  aux  Archives  de 


I.  \oir  à  ce  suj(>l  une  Ijroclunc  rrccrilc  de  M.  de  Sanli  dont  il  sera 
icudu  compte  |)rociiaiiicriuMit. 


LIVRES    ANNO.NCKS    SOMM  VIKKMICNT.  '.V,\t) 

la  Haute-Vienne  et  depuis  longtemps  analysés,  D.  ô'yG  à  .J8/|j. 
Fondé  au  xm"  siècle  par  les  moines  de  L'Artige  près  Limoges, 
ce  prieuré  prolongea  jusqu'à  la  Révolution  sa  «  longue  et  obs- 
cure existence  ».  A  l'exploitation  directe  (|ue  l'on  constate  pri- 
mitivement se  substitua  en  i45o  l'exploitation  par  «  métayers 
perpétuels  »,  laquelle  se  continua  à  travers  beaucoup  de  vicis- 
situdes durant  trois  siècles.  La  métairie  se  divisait  en  plusieurs 
corps  de  domaines,  et  les  revenus  s'aiTermaient  suivant  divers 
modes.  Une  nouvelle  transformation  des  conditions  d'exploi- 
tation se  produisit  peu  après  que  les  Jésuites  du  collège  de 
Limoges  eurent  pris  possession  du  prieuré  (1748).  M.  P.  a  étu- 
dié en  juriste  ces  divers  genres  de  tenures.  De  plus,  il  a  repro- 
duit en  appendice  trois  longs  documents  d'un  intérêt  capital 
(1381-1477).  Mais  comment  ignore-t-il  que  les  deux  bulles  de 
ii58  et  1256,  qu'il  cite  à  la  page  6,  note  2,  sous  la  cote  D.  584 
(corrigez  D.  984),  ont  été  publiées  dès  i883  par  son  prédéces- 
seur aux  Archives  de  la  Haute-Vienne  ? 

A.  L. 

Régné  (J.),  —  L  Les  prodromes  de  la  Révolution  dans  l'Ar- 
dèche  et  le  Gard.  Une  relation  inédite  de  la  révolte  des  Masques 
armés  dans  le  Bas-Vivarais  pendant  les  années  1782-1783.  Lar- 
gentière,  imp.  Mazel  et  Plancher,  1916;  in-8''  de  16  pages. 
(Extr.  de  la  Revue  historique  de  la  Révolution  française  et  de 
l'Empire  d'octobre-décembre  igiô.)  —  II.  La  grande  peur  en 
Vivarais  {fin  juillet  1789).  Contribution  à  l'étude  de  la  forma- 
lion  des  légendes.  Privas,  chez  l'auteur  de  Y  Histoire  du  Vivarais, 
1917;  in-8''  de  3o  pages.  (Extr.  de  la  Revue  historique  de  la  Ré- 
volution française  et  de  l'Empire  de  juillet-septembre  191 0).  — ■ 
in.  Les  synthèses  d'histoire  provinciale  à  la  veille  de  la  guerre 
(1905-191.5).  Aubenas,  imp.  Ilabauzit,  1917;  in-8°  de  i4  pages. 
(Extr.  de  la  Revue  du  Vivarais.)  —  La  première  brochure  donne 
le  texte  d'un  journal  de  la  répression,  par  M.  de  Dampmartin, 
commandant  à  Uzès  et  Saint-Ambroix,  des  attroupements 
masqués  et  armés  provoqués  par  la  misère,  le  manque  de  ré- 
coltes, l'esprit  processif  du  pays,  l'avidité  des  procureurs  et 
des  gens  d'affaires  en  Cévenues  et  en  Vivarais.    Les  masques 


34o  ANNALES    DU    MIDI. 

brûlaient  les  registres  et  papiers  des  praticiens,  ancêtres  des 
palrocineiirs  du  xia'  siècle,  sans  dédaigner  le  pillage  de  l'ar- 
gent, des  effets  et  des  provisions.  Ils  tuaient  peu.  On  en  pendit 
et  on  en  roua.  Ce  texte  est  plein  de  détails  intéressants;  il 
appartient  aux  archives  de  l'Hérault. 

La  seconde  brochure  nous  jiernict  de  suivre  jusqu'aux  points 
terminus  les  principales  bifurcations  du  courant  de  la  peur  en 
Vivarais.  La  rumeur  venait  du  Dauphiné,  et  aborda  le  Vivarais 
par  Tain,  Loriol,  Montélimar,  Pierrelatte,  aboutissant  à  Anno- 
nay,  Aubenas,  Vallon,  Pont-Saint-Esprit. 

La  grande  peur  sévit  à  la  fin  de  juillet  1789.  Le  renvoi  et 
l'exil  de  Necker  (11  juillet)  avait  très  impoli tiquement  froissé 
l'esprit  public.  Le  peuple  y  répondit  par  la  prise  de  la  Bastille 
(i4  juillet).  Des  bandes  armées  parcoururent  le  Dauphiné,  entre 
autres  provinces,  et  le  désordre  s'étendit,  sans  justifier  la  grande 
peur,  disproportionnée  à  sa  cause,  et  destinée  à  tomber  bientôt 
d'elle-même. 

Kn  l'absence  d'un  pouvoir  central  outillé  pour  connaître 
promplement  la  vérité,  les  autorités  locales  agirent  avec  déci- 
sion et  sagesse,  étant  donné  les  messages  erronés,  mais  de 
bonne  foi,  qu'elles  recevaient,  et  qu'elles  ne  pouvaient  suspec- 
ter, dans  leur  ignorance  de  la  réalité.  C'est  de  la  grande  peur 
({ue  naquirent  les  milices  bourgeoises. 

Avec  la  troisième  brochure,  nous  entrons  dans  un  ordre 
d'idées  récent,  qui  touche,  comme  il  arrive  souvent,  au  passé. 
Il  s'agit  d'un  érudit  exposé  du  degré  d'avancement  du  groupe 
d'histoires  consacrées  à  nos  provinces.  Les  unes  sont  de  pure 
vulgarisation,  les  autres  s'inspirent  de  la  méthode  de  M.  La- 
visse  et  de  ses  collaborateurs.  La  Savoie,  la  Corse,  le  Poitou, 
ont  vu  leurs  histoires  paraître  de  igi/j  à  igiô.  La  Gascogne, 
l'Auvergne,  le  Languedoc,  le  Houssillon,  f)nt  leurs  histoires  en 
préparation.  Les  auteurs  en  sont  res[)OCtivement  MM.  Cour- 
teault,  W.  Fagcs,  V.  (Jachon,  .1.  Calmelle  et  V.  Vidal.  Les  lec- 
teurs des  /{finales  du  Midi  savent  que  le  premier  volume  de 
V Histoire  du  Vivarais  a  paru  en  191^,  sous  la  signature  de 
M.  J.  Uégiié.  .le  ne  parle  pas  des  histoires  provinciales  étran- 
gères au  Midi.  (;t  (jiii  n'avaiiconl  pas  moins  (pic  les  nôtres. 


LIVRES    ANNONCIÎS    SOMMAIREMFNT.  3^1 

En  terminant  l'examen  des  histoires  provinciales  parues, 
petites  ou  grandes,  M.  Régné  s'occupe  naturellement  de  l'in- 
fluence que  pourront  avoir  sur  la  réforme  administrative  toutes 
ces  résurrections  historiques  de  nos  anciennes  provinces,  dont 
la  guerre  actuelle  évoque  à  chaque  instant  les  noms  chers  et 
glorieux  :  Alsace,  Lorraine,  Champagne,  Picardie,  Flandres. 

Je  ne  crois  pas  le  département  sérieusement  menacé  comme 
division  administrative.  11  a  pour  lui  d'exister  depuis  long- 
temps, de  se  prêter  admirablement  aux  groupements  les  plus 
divers,  et  d'avoir  favorisé,  par  sa  faible  étendue,  l'unité  morale 
et  politique  de  la  France,  palladium  de  notre  pays  dans  les  in- 
vasions subies  depuis  1790. 

La  résurrection  des  anciennes  provinces  ne  me  paraît  pos- 
sible que  dans  le  domaine  de  l'histoire  et  de  l'art  ;  mais  là  elle 
est  éminemment  désirable,  pour  nous  faire  mieux  connaître  et 
mieux  aimer  la  France,  expression  suprême  de  la  patrie. 

Ed.   BONDURAND. 

Thomas  (Ant.).  —  I.  Cartulaire  de  Bertaud  de  Ry,  gentilhomme 
normand,  capitaine  de  Felletin  sous  Charles  VIT.  Paris,  imp.  nat. , 
1916;  gr.  in-8"  de  55  pages.  (Extr.  du  Bull.  phil.  et  hist.,  igiS.) 
—  II.  Les  premières  franchises  de  Bourganeuf.  Limoges,  Guil- 
lemot, 1916;  gr.  in-8"  de  1 5  pages.  (Extr.  des  Mém.  de  la  Soc.  des 
se.  nat.  et  arch.  de  la  Creuse.)  —  Le  court  cartulaire  domestique 
de  Bertaud  de  Ry  ne  contient  que  38  pièces  (i4/J7-55),  aux- 
quelles l'éditeur  ajoute  12  autres  pièces  qui  en  sont  le  complé- 
ment naturel  (1420-1 523).  Il  concerne  une  dizaine  de  paroisses 
de  la  Haute-Marche  et  du  Bas-Limousin  sur  lesquelles  s'éten- 
daient les  intérêts  de  la  famille  de  Ry.  —  Est-il  besoin  de  dire 
ici  que  ce  cartulaire  est  publié  avec  le  soin  minutieux  dont 
M.  T.  est  coutumier;  que  les  identifications  de  localités  et  de 
personnes  sont  des  plus  sûres,  à  une  ou  deux  exceptions  près; 
que  la  description  du  manuscrit  est  un  modèle  à  proposer  aux 
érudits,  et  que  l'introduction  résume  très  exactement  le  genre 
de  renseignements  que  ces  00  documents  apportent  à  l'histoire 
économique  de  la  région? 

C'est  seulement  en    iZi^S   que   les  habitants  de  Bourganeuf 


342  ANNALES    DU    >tIDT. 

(dioc.  de  Limoges)  ol)liment  du  graud-niaître  de  l'ordre  des 
Hospitaliers  une  charte  communale,  qui  fut  confirmée  en  i449 
par  Charles  \]\{Ordonn.  des  rois.  XV).  Aces  faits  depuis  long- 
temps connus  M.  T.  a  le  mérite  d'ajouter  deux  curieux  antécé- 
dents :  le  premier,  de  i3o8,  émane  d'im  grand-maître  qui, 
après  avoir  entendu  les  doléances  des  habitants  contre  les  em- 
piétements et  les  actes  arbitraires  {potentlx)  des  commandeurs 
de  Bourganeuf,  consent  à  accorder  certaines  franchises  aux 
plaignants,  sauf  deux  qui  sont  exclus  de  cette  mesure;  le  se- 
cond, de  i3i5,  étend  à  ces  deux  exclus  le  bénéfice  des  franchises 
obtenues  par  la  communauté.  Charles  IV  confirmera  les  deux 
actes  en  1827.  —  Bourganeuf  attend  encore  son  historien.  La 
tâche  de  celui-ci  sera  facilitée  par  les  textes  que  vient  de  publier 
M.  T.,  d'autant  plus  utilement  qu'on  les  chercherait  en  vain 
dans  le  Cartulaire  général  des  hospitaliers  de  Saint-Jean-de-Jéru- 
salern  du  très  regretté  Delaville-Le  Roulx.  A.   L. 


PUBLICATIONS   .\()U\KI.I.F.S 


Archives  départementales  de  l'Ardèche.  Répertoire  numéri- 
que. Série  L  (Période  révolutionnaire),  p.  p.  J.  Régné  et  Cii. 
PiNTARD.  Largentière,  imp.  Mazel  et  Plancher,  1917;  gr.  \n-l\" 
à  2  col.  de  27  p. 

Baluze.  Vitae  paparum  Avenionensium,  nouv.  éd.,  par  G. 
MoLLAT.  T.  P'".  Paris,  Letouzey  et  Ané,  1916;  in-S"  de  xxxi- 
629  p. 

Bibliographie  générale  des  travaux  historiques  et  archéologi- 
ques publiés  par  les  sociétés  savantes  de  la  France,  par  R.  de 
Lasteyrie  et  A.  Yidier.  T.  Yl,  3°  livraison  (n"'  1 20.1 28-1  sG. 721). 
Paris,  Leroux,  1916;  gr.  in-4"  à  2  col.,  p.  /ioi-Goo. 

BoissoNNADE  (P,)  et  L.  Gauthier.  Petite  histoire  du  Poitou  à 
l'usage  des  écoles.  Paris,  Delagrave,  1917;  in-i8  de  9G  p.  avec 
grav. 

Cabanes  (D)  et  D'  R.  Molixéry.  Monseigneur  le  duc  du  Maine 
et  M"'"  de  Maintenon  aux  eaux  de  Barèges  (1G75-1G77-1681). 
Paris,  Barèges,  chez  les  auteurs,  191 7;  in-8"  de  55  p. 

Catalogue  général  de  la  librairie  française  d'ÛTTO  Lorexz. 
T.  XXY  (table  des  matières  du  t.  XXIY,  1910-1912),  fasc.  2 
(G-Z),  et  t.  XXYl  (1913-1915),  fasc.  i  (A-Dampierre),  rédigés 
par  D.  JoRDELr,.  Paris,  Jordell,  8,  rue  de  Louvois,  191G;  in-8'  à 
2  col.,  p.  241-595  et  p.  1-22  I. 

Catalogue  général  des  livres  imprimés  de  la  Bibliothèque 
nationale.  Auteurs.  T.  LXY  et  LXYl  (Grot-Giinther).  Paris, 
imp.  nat.,  1916;  2  vol.  in-8"  à  2  col.  de  1218  et  1254  col. 

Chronique  des  règnes  de  Jean  II  et  de  Charles  Y',  p.  p.  R. 
Delachenal.  t.  II  (i364-i38o).  Paris,  Laurens,  191G;  in-8"  de 
392  p.  (Société  de  l'Histoire  de  France). 

Combet  (J.).  Les  arrêtés  de  Robespierre  jeune  dans  les  Alpes- 


34 /i  A^^M.F,s  du  midi. 

Maritimes.  Besançon,  Millot,  1917;  in-S"  de  iG  p.  (F-xtr.  des 
A  finales  nlvo/iition/inires ,  1917). 

Grémieux  (A.).  Marseille  el  la  royauté  pendant  la  minorité 
de  Louis  XIV  (i6/|3-i66o).  Paris,  Hachette,  1917;  2  vol.  in-8"  de 
x\iî-li2l\  p.  et  p.  425-894. 

Grémieux  (A.).  Le  W"  livre  des  statuts  de  Marseille,  publié 
d'après  un  ins.  des  archives  communales.  \i\,  Ghauvet,  1917; 
in-8"  de  LVi-219  p. 

Département  de  la  Haute-Garonne.  Documents  relatifs  à  la 
vente  des  biens  nationaux,  p.  p.  H.  Martin.  District  de  Tou- 
louse. Toulouse,  Privât,  1916;  in-8"  de  lxxxvii-648  p.  {Collec- 
tion de  Documents  inédits  sur  l'histoire  économique  de  la  Révolu- 
tion française). 

Despis  (Th.).  Gontribution  à  l'histoire  de  la  baronnie  de 
Durfort  dans  le  comté  de  Foix,  avec  exposé  d'un  inventaire  du 
xvr  siècle.  Toulouse,  Privât,  1917;  in-S"  de  48  p. 

DucÉRÉ  (E.).  Dictionnaire  historique  de  Bayonnc.  T.  I  et  II. 
Bayonne,  imp.  Foltzer,  191 1  et  1910;  gr.  in-8"  à  2  col.  de  xi-46i 
et  342  p. 

Jeanroy  (A.).  Bibliographie  sommaire  des  chansonniers  pro- 
vençaux (Manuscrits  et  éditions).  Paris,  Ghampion,  1917;  in-iO 
de  viii-89  p.  (Les  classiques  français  du  Moyen  âge,  '2'  sér.  Ma- 
nuels. N"  16). 

Mathieu  (A.).  La  Gonvocation  des  États  généraux  de  1789  en 
Languedoc.  Montpellier,  imp.  Firmin  el  Montane,  1917;  in-8" 
de  lof)  p. 

Sagarra  (Ferran  de).  Sigillografia  catalana.  Inventari,  des- 
cripcio  i  estudi  dels  segells  de  Gatalunya.  Vol.  1.  Barcelona, 
estampa  d'Henrich  i  G',  i9i(i;  in-lol.  de  xxvni-:i7o  p.  et  lxxix 
pl.-5o  p. 

\ie  (la)  de  sainte  Enimie,  poème  provençal  du  xiii'  siècle, 
de  Bertran  de  Marseille,  p.  p.  GI.Brixel.  Paris,  Ghampion,  1917; 
in-i()  de  \v-78  p.  (Les  classi(jues  français  du  Moyen  âge,  n"  17). 

Le  Géranl.  Kd.  FlinA'!'. 


Toulouse.  —  Imp.  et  Lib.  Édolard  Pi\iv.\t. 


LA  TRADITION  CAPITOLINE  A  TOULOUSE 

A  LA  FIN  DU  XIII'  SIÈCLE 


La  question  de  l'existence  d'une  tradition  historique 
expliquant  pourquoi  le  nom  de  Gapitole  a  été  donné  au 
siège  de  la  municipalité  toulousaine  a  été  étudiée  d'un 
point  de  vue  critique.  Les  Bénédictins  auteurs  du  tome  II 
de  Vllistoire  générale  de  Langiiedoc  ont  combattu  (p.  790- 
791  du  tome  III  de  l'édition  Privât)  l'hypothèse  d'une 
corrélation  entre  le  niot  Gapitole  et  le  nom  de  capitouls 
qui  désignait  les  magistrats  de  la  ville  de  Toulouse,  cri- 
tiquant le  rapprochement  indiqué  par  DomMabillon  dans 
son  De  re  dlplomallca  (p.  33o).  Dans  la  seconde  moitié 
du  xix"  siècle,  E.  Roschach  a  exprimé  sur  ce  sujet,  à  diver- 
ses reprises  son  opinion,  qu'a  adoptée  A.  Gastan  dans  son 
ouvrage  relatif  aux  Gapitoles  provinciaux'. 

L'érudit  archiviste  de  la  ville  de  Toulouse,  cherchant 
les  raisons  qui  incitèrent  les  capitouls  du  x\f  siècle  à 
moditier  la  légende  du  sceau  municipal  «  sigillum  capi- 
lali  régie  urbls  et  subarbli  Tolose  »  en  celle-ci  :  u  sigillum 
nobilis  Capitolii  Tholosani  »  et  leurs  successeurs  du  pre- 
mier  Empire  à  dater  du   «  Gapitole  »   les  actes  officiels 

I.  En  18G6,  dans  la  Revue  de  Toulouse,  t.  WUI.  p.  U5-i18,  sous  co 
titre  :  Comment  l'iiotel  de  ville  de  Toulouse  a  prU  le  nom  de  CapUole; 
en  1879,  dans  la  note  47  du  tome  Vil  de  ['Histoire  de  Languedoc  (éd. 
Privât),  p.  2i3;  en  i885,  dans  une  lettre  qu'a  publiée  A.  Castan  aux 
pages  216  et  221  de  son  livre  Les  Capiloles  [jrovinviunx  du  monde  ro- 
main (Besançon.  188G,  in-8"). 

ANNALES    DU    MIDI.   —  XXIX.  23 


346  K-    M\RTr\-niIABOT. 

rédigés  au  lieu  de  leurs  séances,  nen  a  découvert  aucune 
de  «  plus  solide,  qu'une  l'orluite  consonnance  de  syllabes  » 
entre  les  mots  capitalam  (en  langue  romane  :  capliol)  et 
capitolUim\  Il  attribue  à  «  l'érudition  pompeuse  de  la 
Renaissance  toulousaine  »  la  paternité  du  u  calendjour  », 
qu'il  dénonce  en  cette  occurrence ^ 

J'emprunte,  à  son  premier  article  sur  la  question,  ses 
propres  termes  pour  rappeler  son  opinion  constante,  qui 
paraît  avoir  fait  autorité.  La  voici': 

«  En  roman  lesdominl  de  cnpilulodes  actes  latins  s'appe- 
«  laient  los  senhors  de  capital,  ce  que  l'on  traduisit  plus 
«  tard  en  français,  dans  ce  français  mélangé  de  roman, 
«  dont  les  bords  de  la  Garonne  gardent  encore  de  loin- 
ce  taines  réminiscences,  par  cette  étrange  expression  «  nos- 
«  seigneurs  de  Capitoul  ».  Quand  la  faveur  revint  aux 
((  lettres  antiques,  le  corps  municipal,  influencé  par 
«  quelque  savant,  répudia  la  tradition  séculaire  qui  l'assi- 
«  milait  à  une  réunion  de  chanoines...  Le  mot  capital 
«  qui,  dans  le  loman  du  xvi"  siècle,  n'avait  pas  cessé  de 
«  signifier  chapitre...,  subit  une  légère  transformation  et, 
«  sur  cette  base  fragile,  l'érudition  pompeuse  de  la  l\e- 
«  naissance  toulousaine  édifia  le  deuxième  temple  de 
«  Jupiter  Gapitolin...  Mais  ce  qui  est  certain,  ce  qui  est 
«  démontré  par  le  témoignage  constant  et  multiplié  de 
«  tous  les  documents  sérieux,  c'est  qu'aucun  lien,  plus 
«  solide  qu'une  fortuite  consonnance  de  syllabes,  ne  ratta- 
«  che  le  chapitre  communal  au  Capitole  romain...  » 

Il  est,  en  eff'et,  bien  vrai  que  les  capitouls  liraient  leur 

1.  Cf.  le  passage  des  Annales  niss.  do  la  ville  de  i5'4i-i5/»2  cite  par 
M.  H.  Graillot,  Nicolas  Bactielier...,p.  i6,nole5  :  «d'aullanl  que  nos- 
Ire  Capifolle  est  successeur  et  imitateur  du  GapiloUc  roniniain... 
d'aultant  est  il  nécessaire  que  les  seigneurs  Capitols  soynt  imitateurs 
des  sénateurs  dudict  Capilolle  rommaiii.  » 

•j.  A.  Caslan,  op.  cil.,  p.  216. 

3.  Art.  de  la  Revue  de  Toulouse  cité  ci-dessus,  p.  3'i5,  note  i. 


L.\    TRADITION    CVPITOLINE    A    TOULOUSE.  3^7 

appellation  du  mol  latin  capiltdum  et  de  leur  réunion  en 
chapitre  et  ne  pouvaient  revendiquer  aucune  étymologie 
les  rattachant  au  temple  provincial  existant  dans  leur 
ville  au  temps  des  Empereurs  romains  et  portant  le  nom 
de  Gapitolc. 

Et  cependant,  si  Femploi  du  même  terme  pour  dési- 
gner cet  édifice  religieux  et  le  bâtiment  communal  sem- 
ble un  jeu  de  mots  d'érudits,  ainsi  que  le  note  lloschach, 
ridée  du  rapprochement  entre  les  deux  institutions  est 
née  bien  avant  l'époque  de  la  Renaissance.  La  question  est 
plus  complexe  et  il  y  a  à  l'origine  quelque  chose  de  plus 
qu'un  calembour  savant.  Carie  texte,  que  je  me  propose 
de  faire  connaître  ci-après,  prouve  qu'en  plein  Moyen 
âge  des  souvenirs  de  l'époque  romaine  et  du  Gapitole  de 
Toulouse  y  étaient  bien  vivants,  du  moins  dans  le  milieu 
des  juristes,  et  que  dans  leur  esprit  un  lien  était  établi 
entre  le  lieu  où  se  réunissaient  les  conseillers  de  la  ville, 
capitularii  ou  coiisules,  et  le  temple,  sanctuaire  des  trois 
grandes  divinités  romaines,  où  parfois  les  sénats  provin- 
ciaux tenaient  leurs  séances'. 

J'use  à  dessein  du  terme  de  conseillers  pour  désigner 
les  dominl  de  capitalo  ou  consuls,  car  un  document  de 
l'an  1175"^  leur  donne  pour  mission  d'ouïr,  «  conseiller  » 
fidèlement  et  traiter  toutes  les  affaires  intéressant  la  ville 
et  de  les  régler  judiciairement  ;  et  c'estau  mot  «  consuls» 
que  se  rattache  la  tradition  du  Gapitole  romain  à  Tou- 
louse dans  le  texte  qui  atteste,  en  1296,  cette  tradi- 
tion. 

Ge    texte  est  une  glose,  rédigée  pour  éclairer  le  sens 

1.  A.  Gaslaii,  op.  cit.,  p.  91. 

2.  Cite  pai'  Boularic,  OnjanisaLiun  judiciaire  du  Laïujiiedoc  au  Moyen 
tiije.  {Bibliothèque  de  l'Ecole  des  Charles,  4""  série.  1. 1,  i855,  p.  223,  noie: 
«  ...  tempore  illo  erant  coiisliluti  capitularii. ..  ut  res  communes  To- 
lose  urbis...,  diligenlcr  audireiil  ol  fidcliler  consuierenlot  tractarent 
et  judiciario  ordine  diilinirent  », 


3/|8  E.     MxRXrX-CTIABOT. 

des  articles  de  la  Coutume  de  Toulouse  de  l'an  1286'  et 
composée  à  la  louange  de  Jésus-Christ,  de  la  Vierge  Marie 
sa  mère  et  de  toute  la  Cour  céleste,  mais  aussi  pour  la 
plus  grande  gloire  de  l'auguste  ville  de  Toulouse  et  à  la 
recommandation  de  ses  consuls.  Plus  précisément  le  ju- 
riste qui  l'a  écrite  l'a  faite  sur  les  instances  de  plusieurs 
personnes  qui  n'entendaient  pas  suffisamment  le  sens  de 
la  coutume  dans  toutes  ses  parties  et,  en  particulier,  à 
la  demande  de  maître  Pierre  de  S0U0-.  L'auteur  ne  s'est 
pas  nommé  dans  l'explicit  de  son  travail,  qu'il  dit  avoir 
achevé  le  18  juillet  129G. 

Dans  son  préambule,  il  s'était  promis  d'éviter  toute 
subtilité  exagérée  et  toute  prolixité,  mais  désireux  de 
montrer  son  érudition  et  sa  finesse  desprit,  il  n'a  pas 
échappé  à  ces  défauts.  Son  œuvre  couvre  les  marges  des 
feuillets  i  à  28  du  manuscrit  9187  du  fonds  latin  de  la 
Bibliothèque  nationale,  qui  contient  le  texte  de  la  Gou- 
tume^ 


1.  Cette  coutume  a  été  publiée,  mais  sans  les  gloses,  par  Ad.  Tar- 
dif, sous  le  titre  :  Contâmes  de  Toulouse...  (Paris,  A.  Picard,  i884.in-8"). 

2.  Incipit  et  expUcit  de  cette  glose  :  »  In  nomine  Domini  nostri 
Jcsu  Gliristi,  ejus  nomine  invocalo,  quia  sine  ipso  factuifi  est  nicliil. 
et  ad  honorem  bcate  Marie  Virginis,  matris  ejus,  et  tocius  curie  ce- 
lestis  et  ad  laudem  et  comendationem  et  ob  reverenciam  doniino- 
rum  consulum  aime  urbis  Tholose,  facere  propono  et  dicere  ea  que 
sequ|u]ntnr  cl  lioc  nimia  subtilitalc  et  verbositate  reprobata...  — Ex- 
pliciunt  cxpositiones  glosarum  super  consuetudinibus  seu  statutis 
Tholose,  ([ue  facte  (ms.  facta)  fuerunt  ad  instanciam  quorundam  qui 
non  inlcUigcbant  consuetudines  seu  ignorabanl  virtutem  ipsarum  ; 
item  ob  reverenciam  et  precibus  magislri  Pétri  de  Solio  et  ad  comen- 
dationem et  ad  laudem  aime  urbis  Tholose,  prout  diximus  supra 
in  prohcmio,  que  compilale  fuerunt  seu  facte  sub  armo  Domini 
M"  GG°  nonagesimo  sexto,  die  mcrcurii  ante  festum  Marie  Magda 
lenes,  sole  exislenle  in  leone.  » 

3.  Ce  manuscrit  d'une  écriluie  du  \i\"  siècle,  a  appartenu  au 
wir  siècle  à  l'abbaye  de  Moissac  (ex-libris  au  fol.  i  r°)  et  en  i7'j(i 
faisait  partie  de  la  bibliothèque  d'un  sieur  Charles  Picard  (ex-libris 
au  fol.  'j7  r";.  Il  est  orné  de  quelques  peintures  el  porte  au  fol.    i  r" 


LA    TRADITION    CAPITOLINR    A    TOULOUSE.  ,'V|f) 

C'est  au  sujet  des  capitouls  de  l'an  1286,  qui  sont  appe- 
lés dans  la  coutume  :  coiisules  urbls  et  suburbu  Tolose, 
que  l'auteur  de  la  glose  insère  dans  son  commentaire 
une  petite  dissertation  sur  le  Capitole  de  Toulouse. 

Il  commence  par  expliquer  le  sens  du  mot  consul  et 
remarque  que  ce  substantif  a  un  sens  passif  et  un  sens 
actif,  comme  le  verbe  considère,  qui  signifie  donner  un 
conseil  et  aussi  prendre  conseil  de  quelqu'un  et  il  cite  à 
ce  sujet  un  dicton  relatif  à  Caton,  de  qui  l'on  prenait  con- 
seil et  qui  était  le  conseiller  de  son  fds.  Le  consul  est  un 
magistrat  qui  donne  des  conseils  et  administre  d'après 
une  délibération. 

llis  breviter  dictis,  videndum  est  de  nomine  consulis;  nec 
enim  sit  homo  supinus,  immomagisstultus  diceretur,  ut  suum 
nomen  ignoraret... 

Videamus  ergo  quare  dicitur  consul  :  die  quod  consul  idée 
vocatur  quasi  consilium  dans  vel  consul  dicntur  quasi  consilio 
regens,  et  sic  active  et  passive,  juxta  allusioneni  vocabuli,  ut 
nomina  sint  consonantia  rébus  (Instit.  de  dônationibus,  §  et 
aliud  genus'). 

Istud  nomen  consul  fuit  sibi  impositum  ab  initie,  ad  difîe- 
rentiam  sapienlis  Catonis,  qui  dicebatur  in  civitate  Romana  et 
etiam  ubique  consultus,  quia  philosophas  eratet  non  indigebat 
consilio  alioruin  ;  fdius  enim  suus  (sic)  Catonis  dicebatur  con- 
sultor,  unde  versus: 

Consulo  le  posco  sed  consulo  consilium  do 
Et  Cato  consultus  consultor  filius  cjus. 

les  blasons  peints,  assez  grossièrement  exc-cutés.  du  roi  de  France 
du  comte  de  Toulouse  et  de  la  ville  de  Toulouse;  sur  ce  même  feuil- 
let sont  peintes  cinq  fois  les  armoiries  suivantes,  que  je  n'ai  pu  iden- 
tifier :  coupé  éinanché  d'or  et  de  gueules,  et  qui  sont  peut-être  celles 
du  premier  possesseur  du  manuscrit,  pour  qui  cet  exemplaire  avait 
été  copié  et  enluminé,  peut-être  celles  de  maître  Pierre  de  SoUo, 
nommé  dans  Ye.rplicit. 

I.  Institutes,  de  dônationibus,  S  3  :  u  sed  nos  plenissimo  fini  tradere 
sancliones  cupientes  et  consequentia  nomina  rébus  esse  studentes...  » 


35o  E.    MARTIN-CHABOT. 

Notre  glosateur  pose  alors  cette  question  :  «  pourquoi  à 
Toulouse,  les  consuls  sont-ils  appelés  le  chapitre,  le  capi- 
tal? »  et  il  emploie  non  pas  le  terme  latin  capUulum,  mais 
le  terme  roman  capilol,  dont  la  consonnance  facilite  sa 
réponse. 

C'est,  dit-il,  que  cette  appellation  est  et  était  en  usage 
dans  trois  cités,  à  savoir  Rome,  Constantinople  et  Tou- 
louse. Le  rapprochement  étant  établi  entre  le  capilol,  cha- 
pitre des  consuls  et  le  Capitole  (Gapitolium)  romain,  il 
l'explique  et  pour  le  faire  mieux  saisir  il  crée  un  mot 
analogue  à  capitalarii  :  capitolenses  qu'il  identifie  à  Capi- 
tolium  et  dit  :  le  Capitole  ou,  autrement  dit,  les  «  capi- 
tolants  »,  cela  signifie  ceux  qui  ôtent  ou  font  tomber  la 
tête,  car  le  Capitole  était  le  lieu  où  se  rendaient  les  sen- 
tences de  condamnation  à  la  peine  capitale,  et  de  leurs 
jugements  il  n'y  avait  jadis  point  d'appel. 

Sed  quld  erit,  in  civitate  Tholose,  quia  vocantur  nomine  islo 
consules  :  le  Capitol?  Die  quod,  in  civitate  Romana  et  Constan- 
tinopolitana  et  Tholose,  consules  vocantur  seu  vocabantur  isto 
nomine  Capitol,  juxta  allusioneni  vocabuli,  et  est  ratio  in 
promptu  quia  Gapitolium  vel  capitolenses  quasi  capita  aufe- 
rentes,  ut  nomina  sint  consonancia  rébus  (Instit.  de  donationi- 
bus,  §  est  et  aliud  et  fF.  ad  municipalem)  '.  Et  debes  notare 
quod  non  erant  nisi  tria  Capitolia,  vidclicet  in  civitate  Romana 
et  Gonstantinopolitana  et  civitate  Tholose,  proiit  legimus  in 
cronicis^  Et  ab  eorum  sentenciis  olim  non  appellabatur. 

Après  cette  définition,  le  commentateur  de  la  Coutume, 
fier  de  sa  ville,  fait  remarquer  que,  d'après  les  chroni- 
ques, il  n'existait  de  Capitole  que  dans  les  trois  cités 
déjà  nommées  :  Rome,  Constantinople  et  Toulouse. 

1.  Digeste,  livre  L,  titre  i  (ad  municipaloin),  cap.  xxwiii  in  fine  : 
«  nam  solam  nominis  similitudinem  ad  confirmandain  cnjusque  ori- 
gineni  salis  non  esse...  ». 

2.  A/s.  cranonicis,  pour  chronicis. 


LA    TRADITION    GAPITOLINE    A    TOULOUSE.  35 1 

Il  ajoute  tout  ce  qu'il  connaît  de  celui  de  Toulouse,  à 
savoir  qu'il  était  le  lieu  de  réunion  des  consuls  et  était 
situé  sur  remplacement  de  l'église  de  Saint-Pierre  et 
Saint-Géraud  ;  et  que  là  se  trouvaient  les  statues  des 
dieux,  qu'adoraient  les  païens,  qu'il  appelle  Sarrasins, 
comme  le  faisaient  tous  les  gens  de  son  siècle  pour  parler 
des  Romains.  Et  il  renvoie  aux  actes  de  saint  Saturnin, 
011  on  lira,  dit-il,  comment  ce  premier  évêque  chrétien 
de  Toulouse  fut  conduit  au  Capitule  et  y  fut  condamné 
au  supplice. 

Item  Capitolium  dicebatur  ille  locus  ubi  judicabant  homi- 
nes  ad  aufTerendum  caput  et  sic  quandoque  ponebatur  conti- 
nens  pro  contento.  Verumptamen  antiquitus  consules  Tholose 
cougregabant  se  in  loco  ubi  modo  est  ecclesiasancti  Pétri  sancti- 
que  Gerardi  (sic)  et  in  illo  loco  erant  ydole  que  colebantur  per 
Sarracenos  (ms.  Sarecenos)  ;  et  ille  locus  dicebatur  Capitolium, 
quia  ibi  judicabantur  homines  ad  perdendum  capud,  etitainve- 
nitur  in  legenda  sancti  Saturnini,  qui  fuit  primus  episcopus 
Christianorum,  qualiter  fuit  ductus  ad  Capitolium  et  qualiter 
fuit  judicatus  per  Capitolium. 

Cette  glose,  assez  prolixe  en  certaines  parties,  est  trop 
concise  en  d'autres,  car  nous  aurions  aimé  y  trouver  des 
renseignements  sur  les  raisons  qui  font  situer  par  notre 
auteur  l'emplacement  du  Capitole  toulousain.  Subsis- 
tait-il de  son  temps  quelques  substructions  de  l'édifice 
antique,  du  temple  «  des  idoles  qu'adoraient  les  Sarrasins  », 
qui  étaient  Jupiter,  Junon  et  Minerve!' 

L'existence  de  ce  temple  est  attestée  par  le  récit  de  la 
passion  de  saint  Saturnin,  texte  qui  paraît  dater  de  l'an  3oo 
environ  et  ne  serait  donc  postérieur  que  d'une  cinquan- 
taine d'années  au  supplice  de  cet  évêque'. 

I.  Passio  sancll  SaturninL  apud  Ruinart.  Acta  sincera,  p.  i3o  (voir 
infra,  p.  352,  n.  i)  ;  ce  récit  est  suivi  par  Forlunat,  Grégoire  de  Tours 
et  Sidoine  Appollinairc  (cf.  E.   Saglio  dans  Daremberg  et  Saglio, 


352  E.    MARTIN-CHABOT. 

Il  semble  que  ce  soit  le  souvenir  de  sa  condamnation 
au  supplice,  s'unissant  à  la  constatation  de  la  juridiction 
criminelle  des  capitouls  toulousains,  et  peut-être  aussi  à 
une  vague  réminiscence  des  exécutions  qui  se  faisaient 
à  Rome  du  haut  de  la  roche  ïarpéienne,  qui  a  suggéré 
à  notre  glosateur  l'étymologie  qu'il  donne  du  mot 
Capitole. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  y  a  lieu  de  retenir  la  localisation 
que  fait  notre  auteur,  tout  au  moins  pour  la  discuter.  Je 
ne  vois  pas,  en  effet,  de  raisons  de  l'écarter  d'emblée.  Si, 
comme  il  le  dit,  le  Capitole  se  trouvait  à  l'endroit  où  fut 
bâtie  l'église  Saint-Pierre  et  Saint-Géraud,  près  de  la 
Pierre,  aujourd'hui  place  Esquirol,  le  taureau  préparé 
pour  le  sacrifice  aux  dieux  capitolins  et  devenu  l'instru- 
ment du  martyre  de  saint  Saturnin,  aurait  entraîné  son 
cadavre  meurtri  dans  la  direction  du  Nord,  par  l'artère 
centrale  de  la  ville,  que  l'on  s'accorde  à  supposer  sur  le 
tracé  des  rues  des  Changes  et  Saint-Rome. 

D'après  le  récit  de  la  passion  du  saint,  celui-ci  fut  atta- 
ché par  les  pieds  à  l'extrémité  de  la  corde  qui  avait  servi 
à  maintenir  jusqu'alors  le  taureau,  et  cet  animal,  excité 
par  les  coups  d'aiguillon  des  bourreaux,  fut  lancé  du  haut 
du  temple  du  Capitole  vers  la  ville.  Et  sur  les  gradins 
qui  entouraient  cet  édifice,  la  tête  du  martyr  fut  brisée 
et  son  corps  mis  en  pièces'.   Le  temple  était  donc  cons- 

Dict.  des  AnUquilés,  I,  ii,  p.  goô,  et  H.  Leclprcq  dans  Dom  Cabrol. 
Dicl.  d'Archéologie  chrétienne,  II,  2,  c.  30^7).  Sidoine  s'exprime  ainsi 
dans  son  Epislola,  ix,  iG,  citée  par  M.  Toulain  dans  aoti  Étude  sur  les 
Capitolcs  provinciaux  dans  l'Empire  romain  (  \nnuaire  de  l'École  pra- 
tique des  Hautes-Études,  section  des  sciences  religieuses,  Paris,  1899, 
in-8°,  p.  5)  : 

«  De  gradu  summo  Capilolloruin  pra'cipilatuni 

Quem  negatorem  Jovis  et  Minervîi* 

Et  crucis  Chrisli  bona  confilenlom 

Vinxit  ad  tauri  latus  injuguti  plebs  furibunda...  » 

I.  ((  ...  Postrema  cnini  parle  funis  illius,  qu.T  ad  posleriora  lauri 


L\    TRADITION    CAPITOLINE    A    TOULOUSE.  353 

truit  sur  un  soubassement  destiné  à  faire  dominer  l'édi- 
fice pour  le  rendre  visible  de  plus  loin  et  plus  imposant. 
La  tradition  romaine  voulait,  en  effet,  que  le  temple  capi- 
tolin  fut  placé  dans  un  lieu  éminent';  des  degrés  en 
maçonnerie  étaient  destinés  à  suppléer  au  mouvement  de 
terrain  insuffisant,  pour  que  cette  condition  fût  réalisée. 
L'emplacement  du  Capitole  toulousain  ne  saurait  se  déter- 
miner par  une  différence  de  niveau  dans  le  sol  de  la  ville, 
où  les  mouvements  de  terrain  sont  peu  perceptibles. 
L'opinion  de  Gatel,  qui  suppose  cet  édifice  construit  près 
de  l'église  Saint-Quentin  ne  paraît  pas  fondée^  Roschach, 
dans  la  lettre  qu'a  publiée  Gastan,  incline  à  croire  que  le 
Capitole  se  trouvait  là  où  se  dressa  le  Château  Xarbonnais, 
à  cause  des  ruines  romaines  qui  y  furent  découvertes  et 
démolies  au  xvi"  siècle,  sous  la  direction  de  Nicolas 
Bachelier.  Ces  débris  importants  sont  décrits  par  Antoine 
Noguier  dans  son  Histoire  tolosaine,  qui  en  a  publié  le 
dessin  fait  par  Servais  Cornouaille\  D'après  ces  témoi- 
gnages, il  semble  qu'il  s'agisse  plutôt  des  restes  d'une 
porte  monumentale,  bâtie  dans  le  rempart  de  la  ville,  et 
certainement  pas  du  Capitole. 

Dans  l'état  de  la  question,  la  localisation  sur  l'empla- 
cement de  l'église  Saint-Pierre  et  Saint-Géraud,  près  de 
l'artère  principale  de  la  cité,  offre  beaucoup  de  vraisem- 
blance. Des  fouilles  pourraient  peut-être  donner  raison 

ipsius  dcfluebat.  saiictiviri  pcdes  inligant  actumque  slimulis  acrio- 
ribus  taurum  do  superiori  (]apilolii  parle  in  plana  pnrcipitant.  Nec 
mora  :  inter  primos  descensus  ipsius  gradus,  capito  collisa  cercbro- 
que  exciisso  et  onini  membroruni  parte  corpore  laceralo,  dignani 
Dco  animam  Clirislus  excepit...  »  (Uuinarl,  op.  cil.). 

I.  E.  Saglio  dans  Darcmberg  el  Saglio,  Dirl.  ilcs  Antiiia'dcs,  I, 
II,  9o5. 

3.  Guillaume  de  Galcl,  Méiiunres  de  l'ilisl.  de  Languedoc,  Toiose, 
i633,  p.  136-127. 

3.  Publiée  en  i5ô6,  in-A",  p.  3<i.  Le  dessin  esl  reproduit  rlans 
Espérandieu,  Recueil  des  bas-reUeJs  de  la  Gaule  romaine,  I,  p.  '^-'x. 


354  E.    MARTIN-CHABOT. 

au  juriste  toulousain  qui,  en  1296,  dans  la  glose  rapportée 
ci-dessus,  créait  un  lien  historique  entre  le  capitoulat  et 
le  Capitolc  romain  '. 

E.  Martin-Chabot. 


I.  Un  témoignage  de  la  continuité  de  cette  tradition  apparaît  dans 
une  note  copiée,  Je  16  mai  i388,  au  verso  du  feuillet  i!\Ç)  du  manus- 
crit n"  874  de  la  bibliothèque  de  Toulouse  et  publiée  par  A.  Moli- 
nier,  Catalogne  général  des  manuscrits,  t.  VII,  in-i",  p.  5 16.  A  propos 
d'un  monument  sculpté  conservé  dans  l'église  Saint-Sernin  de  cette 
ville,  le  souvenir  du  Capitolc  y  est  évoqué  :  «  ...  civitates  ...  Roma, 
Jherusalem  et  Tholosa,  ...  famose  et  nobiles  ....  in  quarum  singu- 
lis,  ex  quadam  prerogativa,  est  Capitolium,  locus  cominunis,  ubi 
redores  dictarum  civitatum  ad  dccisiones  causarum  conveniunt,  et 
inde  rectorcs  tholosani  capilularii  nominantur  ...  ». 


OPUSCULES  PROVENÇAUX  DU  Xr  SIÈCLE 

SUR   LA   CONFESSION 

(Saile  el  fin.) 


[IX.  —  REGLAS  GENERALS.] 

[l.    DeLS   PECCATZ   MORTALS   HE   DELS  PECCATZ  VEMALS.  | 

Reglas  generals  per  conotsser  quant  hom  pecca  mortalmen 
HO  VEN1ALMEN.  Lu  priiuieyra  régla.  Totas  ves  que  ieu  fau  alCuna 
causa  contra  la  caritat  que  ieu  devi  aver  a  Dieu,  ieu  pequi  mor- 
talmen. He  per  so,  totas  ves  que  ieu  dizi  alcunas  paraulas  que 
so  en  vituperi  de  Dieu,  coma  juran  lo  sens  causa,  lo  despitan, 
lo  malgrazen,  lo  mallauzan,  adoran  autre  que  el,  aben  fola 
crezensa,  mesprezan  los  comandamens  de  Dieu,  no  lo  temen, 
no  lo  confessan,  no  lo  reconoyssen-  coma  Dieu,  en  mesprezan 
los  bénéfices  que  me  ha  facliz,  ieu  pequi  mortalmen. 

La  .ij".  negla.  Totas  ves  que  ieu  porti  tal  amor  a  la  creatura 
que  no  m'en  chaut  de  ofîendre  Dieu,  he  ami  plus  la  creatura  que 
guardar  lo  comandamen  de  Dieu,  ieu  pequi  mortalmen.  He  per 
so,  totas  ves  que  ieu  voli  acf{uirir  richesas  per  tromparia,  ho 
quant  no  las  prepause  a  distribuir  a  loc  he  a  temps  als  paubres, 
ho  a  la  Gleysa,  ho  quant  voli  retener  del  autru,  en  ayssi  fazen, 
ieu  ami  plus  la  creatura  que  Dieu.  He  parelhamen,  quant  voli 
aver  honors  per  una  vana  gloria,  ieu  ami  plus  la  creatura  que 
Dieu.  Semblanmen,  quant  ieu  voli  pehre  las  delectacios  de  mon 
cors,  coma  en  trop  manjan,  ho  en  trop  beven,  ho  en  lo  peccat 
de  la  carn,  ho  en  rompendejuns,  ho  en  portan  abilhamens  contra 
mon  stat,  ieu  ami  plus  la  creatura  que  Dieu,  he  per  so  ieu  pe(|ui 
mortalmen. 


356  CL.    BRUNEL. 

La  .ilj" .  régla.  Totas  ves  que  icu  ami  la  creatura  plus  que  no 
deuria,  he  liy  meti  mon  entendemen  plus  que  ieu  no  deuria, 
mas,  queque  sia,  plus  tost  amaria  layssar  la  creatura  davant 
que  ieu  ofTendes  Dieu,  he  uo  volria  pas  ofTendre  Dieu  per  amor 
de  la  creatura,  ho  totas  ves  que  ieu  saubria  que  desplayria  a 
Dieu,  ieu  layssaria  la  la  creatura,  non  es  que  peccat  venial,  mas 
es  disposiciou  a  peccat  mortal. 

La  .iiij".  régla.  Totas  ves  que  ieu  porti  dampnatge  a  mon 
propda  ho  en  sa  fama  [folio  'i9  v"]  he  renom,  ho  en  bes  tempo- 
rals  ho  spirituals,  ho  en  son  cors,  ieu  pequi  mortalmen,  se  lo 
damnatge  es  notable,  quar  quant  no  séria  que  qualque  ben  petit 
de  causa,  no  séria  que  peccat  venial.  lie  per  so,  quant  ieu  teni 
dels  bes  del  autru  que  hom  ne  puesca  esser  dampnajat,  quar  per 
una  poma  ho  .j.  rasim  no  séria  pas  dampnajat,  ho  quant  ieu 
die  mal  de  mon  propda,  mal  mortal,  quar  si  non  disia  que 
qualque  petit  de  mal,  no  séria  pas  per  aquo  diffamât,  ho  quant 
ieu  lo  bâti  notablamen,  totas  he  tantas  ves,  ieu  pequi  mor- 
talmen. 

La  :v" .  régla.  Totas  ves  que  ieu  prendi  dels  bes  de  mon  propda 
si  petit  que  per  aquo,  quant  el  ho  saubria,  el  no  séria  pas  mal- 
conlen,ho  quant  ieu  dizi  qualque  petit  mal  de  el,  ho  quant  soy 
occasion  que  el  pecca  venialmen,  ieu,  totas  he  tantas  ves,  pequi 
venialmen. 

La  .vj".  régla.  Totas  ves  que  ieu,  quant  fau  qualque  obra,  no 
la  fau  principalmen  per  la  amor  de  Dieu,  ho,  quant  layssi  affar 
qualque  mal,  lo  layssi  a  far  non  pas  principalmen  per  la  amor 
(le  Dieu,  icu  pecqui  mortalmen.  He  per  so,  (juant  ieu  vau  a 
matinas,  ho  dejuni,  si  ieu  ho  fau  principalmen  aili  que  Dieu 
me  donc  de  bes,  ho  per  vana  gloria,  ieu  pequi  mortalmen.  He 
en  ayssi,  (piant  me  layssi  de  palhardeja  principalmen  per  ver- 
gonha  (loi  muiide,  ho  per  palior  de  esser  dampnat,  ho  per  pahor 
que  Dieu  me  donc  (|ualque  desforliiîia  en  aquesl  munde,  icu  no 
fau  rc  (|ii('  \allia,  mas  jx'tjtii  uiorlalmcu.  '     , 

La  .vij".  régla.  Totas  \es  cpic  ieu  fau  contra  ma  consciensa, 
sia  consciensa  vera  ho  falsa,  ieu  pequi  mortalmen  ;  coma  cons- 
ciensa me  dis  (pie  ieu  no  perjure  pas,  he  ieu  perjuri,  ieu  pequi 
mortalmen;  ieu  hiey  consciensa  falsa  que  dire  mcssonja  joyosa 


OPUSCULES    PROVENÇAUX    DU    XV''    SIKCLE.  35y 

que  no  porta  dampnatge  a  persona  es  peccat  rnorlal,  si  ieu  dizi 
messonja  joyosa,  ieu  pequi  mortalmcu,  juscas  que  ieu  auriey 
ostat  aquesla  consciensa,  he  la  devi  layssar  slar  en  (Icniaiulâii 
de  las  causas  laugieyras  se  so  peccat  ho  no. 


[2.     De    la    fi    DE    LAS    OBI\AS.| 

Hegla  per  conoysser  quant,  hoin  fa  aquo  que  liom  fa  pcr  la 
amor  de  Dieu  ho  pcr  la  a/nor  del  mande.  Tolas  ves  que  ieu 
fau  qualque  causa,  ieu  devi  reguardar  se  ieu  la  voliia  far  se 
persona  del  munde  non  sabia  re,  he  se  ieu  volria  [fol.  ~>0\  he 
séria  be  conlen  que  persona  del  munde  non  saubes  re,  adoncas 
aquo  es  signe  ([ue  ieu  la  fau  per  la  amor  de  Dieu  ;  mas,  se  ieu 
no  la  volria  pas  far  se  ieu  sabia  que  persona  del  munde  non 
saubes  re,  aquo  es  signe  que  no  la  fau  pas  per  la  amor  de  Dieu, 
mas  per  vana  gloria  ;  he  per  so  aquels  que  fan  mètre  lors 
ymages  a  las  veyrias  de  la  gleysa  ho  en  qualque  ca pela  que  fan, 
aquo  es  signe  que  ho  fan  per  vana  gloria. 

Aulra  régla  per  conoysser-  quani  honi  fa  be  una  ohra.  To- 
tas  ves  que  ieu  fau  qualque  obra,  coma  un  dejun,  ho  me 
guardi  de  far  qualque  mal,  coma  de  palhardejar,  ho  de  jurar, 
he  en  ayssi  de  las  autras  causas,  ieu  devi  reguardar  si  ieu  ho  fau 
per  vana  gloria,  ho  se  ho  fau  principalmen  per  pahor  de  esser 
dampnat,  ho  affî  que  Dieu  me  doue  de  bes  he  de. las  honors,  ho 
me  guarde  de  desfortuna,  quar  se  ieu  ho  fau  per  aquesta  enten- 
ciou,  la  obra  no  val  re,  he  per  so  ieu  devi  retornar  a  mi  he 
dire  :  «Tôt  quant  ieu  fau  he  fariey,  ieu  no  voli  pas  far  per  vana 
gloria,  mas  ho  volria  far  enquaras  quant  persona  del  mon  non 
saubria  re,  ni  non  ho  voli  pas  far  per  temor  de  esser  dampnat 
principalmen,  mas,  enquaras  quant  non  hy  auria  ponch  de  in- 
fern,  ho  volria  enquaras  far,  ni  lio  voli  pas  far  afîi  (|ue  Dieu  me 
doue  de  bes  principalmen,  mas,  enquaras  quant  ieu  saubria  que 
Dieu  jamay  no  me  daria  de  bes,  ni  no  me  daria  ponch  paradis, 
mas  tôt  mantenen  me  adnichilaria,  em[uaras  ieu  ho  volria  far 
per  so  que  Dieu  est  to  bo.  toi  poyssan,  lie  per  so  que  Dieu  ni'o 
ha  comandat. 


358  cl.  brunel. 

[3,  De  las  occasios.] 

Hegla  pek  conoysser  quant  iiom  i'Ecca  mortalmen  per  so  que 
HOM  >o  FUGis  PAS  LAS  OCCASIOS.  ïotas  vcs  que  ieu  me  meti  eii 
occasion  de  peccat  sens  causa,  ieu  pecqui  mortalmen  ;  coma  ieu 
belcop  de  ves  m'en  soy  anat  entre  las  fennas  per  ralhar  he  qua- 
queta  amb  elas,  ho  ieu,  que  soy  fenna,  m'en  soy  anada  entre 
los  homes,  he  belcop  de  ves  ieu  hiey  peccat,  al  mens  de  volun- 
tat,enquaras  ieu  lu  vau  sens  causa  ralhar,  ieupequi  mortalmen, 
quar  ieu  me  meti  en  perilh  de  peccar.  En  ayssi  ieu  me  meti 
en  perilh  de  peccar  quant  ieu  me  meti  a  danssar,  he  per  so  ieu 
pecqui  mortalmen.  [fol.  ôO  y°] 


[X.  —  CONTRICIOU.] 

Régla  per  conoysser  qiiossi  hom  deii  aver  conlricio  he  quaiila 
deii  esser.  Davant  que  la  contriciou  sia  sulTicienta,  el  cove  que 
ieu  aia  tal  dolor  de  cascun  peccat  qu(^  ieu  volria  perdre  tôt  quant 
ieu  hiey,  he  cors,  he  bes,  he  fama,  he  enfans,  he  que  ieu  non 
agues  cornes  lo  menre  peccat  que  ieu  hiey  comes,  he  cove  que 
ieu  aia  lerm  prepaus  de  no  olTendre  plus  Dieu  d'ayssi  en  avant, 
mas  plus  tost  ieu  volria  morir  davant  que  comeses  lo  menre 
peccat  que  es  al  munde;  quar,  quant  una  persona  no  auria  pas 
ferm  prepaus  de  absterier  d'ayssi  en  avant  de  peccat,  mas  vaxil- 
laria,  peccaria  mortalmen,  he  la  confession  no  valria  re. 

Régla  per  aver  contriciou  he  dolor  dels  peccatz.  Per  aver  con- 
triciou he  dolor  de  mos  peccatz,  ieu  m'en  devi  retornar  a  Dieu, 
he  elevar  lo  entendemen  aul  a  Dieu.he  li  dire:  «  Senhor,  vos  es 
aquel  que  aves  humiliât  aquel  gran  rcy  Nabucodonosor  he  .vij. 
ans  lo  aves  fach  demorar  entre  las  bestias,  vos  es  aquel  que 
aves  humiliai  Alexandre  lo  Gran,  he  hâves  baylat  als  Romas  la 
senhoria  de  lot  lo  munde,  he  lor  aves  ostat  quant  vos  ha  plagul, 
vos  aves  lot  fach  de  nonre,  he  ieu,  paubre  maluros,  ho  malurosa, 
hiey  stat  si  presnui|)lnos  (pje  vos  hiey  ollendul  per  (al  peccat, 
lie  |)('r  lai,  (pie  se  ieu  ne  a\ia  dIIcihIuI  un  porcpjie,  ieu  no  lo 
ausaria  retfuaidar.  » 


OPUSCULES    PROVENÇAUX    DU    W"-"    SIKCLE.  ?u)() 

Régla  qiiossi  se  dcu  hoin  condiire  per  aver  co/ilridioii  lie  (pie 
deii  hoinfar.  Per  a\er  contriciou  hom  dcu  rcguaidar  ([ue  es 
aquel  que  hom  a  olTendut,  quar  hom  ha  offendullo  roy  que  ha 
donatz  los  riahnes  a  totz  los  reys  he  las  senhorias  a  lolz  los 
senhors,  he  \a  lor  osta  quanl  li  play,  so  es  a(|ncl  que  lia  lach 
lo  cel,  la  terra,  he  loi  quanl  es  de  noiiro,  so  es  a(|uel  (|ue  fa 
venir  la  guerra  quanl  li  play,  he  parelhamen  la  pa\  quant  li 
play,  loi  quanl  es,  he  angels,  he  dyables  Irambla  en  sa  pre- 
sencia,  so  es  aquel  que  per  la  salut  del  home  se  es  lanl  humi- 
liai que  se  es  fach  liome,  ha  slat  paubre,  he  subjcl  a  tota  pena, 
près,  liât,  batut,  lie  crucifîcal;  so  es  aquel  que  nos  ha  donat  he 
cors  he  arma  [fol.  51]  he  lolz  los  be[s]  que  avem. 

[Aidra  régla].  Apres,  quant  hom  ha  reguardal  la  excellensa 
he  la  aulesa  de  aquel  que  hom  haoffendut,  hom  deu  reguardar 
sa  miseria  en  disen  :  «  Qui  soy  ieu  que  hiey  olfendut  si  aut 
senhor?  Ieu  no  soy  que  una  miserabla  crealura,  plena  de  malva- 
das  enclinacios  he  de  ignoransa,  el  me  cove  morir,  ieu  seriey  man- 
jatde  verms.heretornariey  en  polvera,  he  ieu,  paubre  maluros, 
ho  malurosa,  soy  slat  si  presumptuos,  ho  soy  slada  si  presump- 
tuosa,  que  hiey  offendut  si  vilanamen  aquel  que  es  lot  bo,  lot 
juste,  totdoshe  bénigne,  quar  quant  ieu  auriaolTendul  un  paubre 
home  en  ayssi  coma  ieu  hiey  olTendul  Dieu,  ieu  no  la  ausaria  pas 
reguardar  ».  Apres,  hom  deu  reguardar  que  so  las  grans  penas 
que  hom  ha  demerit  per  .j.  solel  peccat  mortal,  quar  hom  ha 
demerit  las  penas  terriblas  de  infern,  he  hom  ha  perdut  to  lobe 
que  hom  ha  lach,he  quossi  Dieu, per  .j.  solel  peccat  que  Adam 
comes,  Dieu  ha  fach  si  gran  punicio  que  el  cove  que  lolz  ne  mo- 
ram  he  siam  en  si  grans  penas  he  langiers  de  esser  dampnatz. 
Apres,  la  persona  deu  aver  desplasensa  de  totz  los  peccatz  que 
el  ha  fachz  en  gênerai,  he  de  cascun  eu  spécial  que  li  venra  en 
memoria,  he  ne  deu  aver  si  gran  desplazensa  que  deu  voler  que 
li  costes  lot  quant  el  ha,  he  la  vida  semblanmen,  he  (jue  non 
aguesjamays  peccat,  heprepausar  fermamen  de  morir  plus  losl 
que  de  aquesta  hora  en  avan  pecques.   - 


360  CL.    BRUNEL. 


[\I.  —  EXAMEN  DELS,  PEGCATZ.] 

Régla  per  aver  memoria  de  sos  peccatz  he  de  se  examinar. 
Per  aver  memoria  de  sos  peccatz,  hom  deii  preguar  Dieu  qu'el 
in  done  coïioyssensa,  et  deu  dejunar,  lie  far  de  las  abslinen- 
cîas  belcop,  lie  deu  far  preguav  ({ualquc  devota  gen  affî  que 
Dieu  li  meta  a  memoria  sos  peccatz.  Apres,  deu  far  tota  la  dili- 
gencia  que  poyr(i)a  per  l'in  sovenir  lie  deu  aver  tal  manieyra  : 
Primieyramen,  el  deu  reguardar  los  locx  ontel  ha  demorat,  ni 
quantde  temps  el  ha  demorat  en  casciin  loc,  après, an quinhas 
gens  el  ha  conversât,  he  quinhs  peccatz  el  ha  comes  an  cascun 
personatge  en  discorren  los  .vij.  peccatz  morlals  he  las  filhas 
de  aquels  .vij.  peccatz  mortals,  he  los  .x.  comandamens  de  la 
ley,  he  las  obras  de  misericordia.  Apres,  cove  reguardar  quossi 
hom  ha  peccat  de  coratge,  de  paraula,  he  de  obra.  Apres,  cove 
reguardar  (|uossi  [fol.  51  v"]  hom  a  peccat  contra  Dieu,  ho 
contra  lo  propda,  he  contra  si  meteys.  Apres,  (pial  reguardar 
que  ha  hom  fach  que  hom  no  dévia  pas  far,  ni  que  ha  hom 
layssat  affayre  que  hom  dévia  far.  Apres,  cove  reguardar  que 
ha  hom  facli  contra  la  ley  de  nattira,  ni  contra  la  ley  divina, 
ni  que  ha  hom  hiyssat  affar  que  liom  dévia  far. 

Reg/a  per  ne  examinar  en  gênerai  dels  .vij.  peccatz  capi- 
lals.  llom  deu  reguardar  se  hom  ha  volgut  degun  honor  per 
esser  prezat,  ni  per  sobremontar  los  autres,  ni  per  mesprezar 
los  autres,  lie  si  se  es  donat  vana  gloria  de  re  que  el  aia  agut, 
ni  si  es  stat  yppocrita  ni  desobedien,  ni  se  ha  trobadas  novele- 
talz  per  esser  vist,  ni  se  ha  facliz  mais  jutjamens,  ni  se  ha  re 
fach  per  curiositat,  he  en  ayssi  de  las  autras  manieyras  de  er- 
guelh.  Apres,  deu  reguardar  se  ha  vendut  ni  comprat  causas 
spirituals,  )ii  se  ha  agut  othci  ni  benehci  per  prcguaria  ni  per 
argen,  ni  se  ha  preguat  per  qualque  un  que  non  era  pas  digne, 
ni  se  ha  comes  usura,  ni  se  ha  re  près  per  forsa.  ni  se  ha  re 
raubat,  ni  se  ha  trahit  persona  per  aver  lo  sen,  ni  se  ha  baralal 
persona  en  romprati  ni  en  Ncndoii,  ni  se  ha  re  i)res  de  loc  sanl. 
ni  se  ha  doiiada  alnioMia  als  paubres  (jur  ho  podio  bon  far,  ni 


OPUSCULES    PROVENÇAUX   DU    XV*    SIÈCLE.  3Gl 

se  ha  si  fort  mes  lo  cor  als  bes  que  fos  conten  de  neoffendre 
Dieu.  Apres,  deu  reguardar  si  ha  volgul  se  venjar,  ni  se  ha  ser- 
f[uat  los  médis  per  se  venjar,  ni  se  ha  tuât  ni  fach  tuar,  balut 
ni  fach  batre  qualque  persona,  ho  si,  ho  sas  bestias,  ho  sos  en- 
fans,  se  ha  diffamât  persona,  se  ha  murmurât  contra  Dieu,  ni 
se  lo  ha  malgrazil,  ni  despitat,  ni  blasphémât,  ni  jurât  en  va, 
ni  renégat.  Apres,  se  ha  portada  enveja  a  persona,  si  se  es  rejoyt 
del  mal  del  aulru,  ni  se  ha  stat  triste  dcl  be  del  autru,  ni  se  ha 
mes  débat  entre  alcnns  personatges  que  se  acordavo  be;  après, 
se  ha  trop  manjat,  ni  trop  begut,  Tii  se  s'es  enebriat,  ni  se  ha 
manjat  trop  delicadas  viandas  otra  son  stat,  ni  se  ha  mes  trop 
gran  diligensa  en  las  apparelhar,  ni  se  ha  manjat  trop  arden- 
men,  ni  se  per  trop  maujar  ha  stat  endispausat  abeson[h]ar,  ni 
se  ha  trop  parlât,  ni  folamen,  ni  en  va,  ni  se  ha  fach  vomit,  ni 
se  ha  stat  poilu t  per  trop  manjar.  Apres,  deu  reguardar  se 
[fol.  52]  ha  comes  l'obra  de  la  carn  autramen  que  en  marialge, 
ho  an  verge,  ho  an  maridada,  ho  an  religiosa,  ho  en  loc  sant, 
ho  contra  lo  orde  de  natura.  Apres,  deu  reguardar  se  el  ha  lays- 
sat  a  far  deguna  obra  que  cl  dévia  far,  ho  se  a  fach  las  obras 
per  la  fi  que  el  dévia,  so  es  assaber  principalmen  per  la  amor  de 
Dieu,  he  se  el  ha  agut  desperaciou,  he  se  el,  per  so  que  nopren- 
dia  pas  plaser  en  las  causas  spirituals,  se  es  occupât  en  pensan 
en  causas  illicitas  he  terrenals. 

Régla  per  se  examinar  ciels  .x.  comandamens  de  la  ley.  La 
persona  deu  reguardar  se  ha  ponch  doptat  en  los  articles  de  la 
fe,  ni  se  hi  ha  ponch  errât,  ni  se  ha  donat  fola  crezensa  en  con- 
jurs,  en  charmes,  en  breus,  ont  hi  ha  vocables  que  hom  no  los 
enten  pas,  ni  se  ha  crezut  que  alcunas  horas  so  melhoras  a 
besonhar  que  d'autras,  ni  que  las  erbas  culhidas  en  una  hora 
aguesso  alcuna  vertu  t  que  no  la  an  pas  en  l'autra,  ni  se  ha 
adorât  alcuna  creatura,  ni  se  ha  ponch  fach  encan tacios  per 
Irobar  causas  perdudas,  ni  se  ha  [ajpres  l'art  notaria',  ni  se  ha 
adorât  alcuna  creatura,  ni  romput  sos  volz  sens  causa  legit- 
lima.  Apres,  deu  reguardar  si  se  es  perjurat  en  jutjarnen  al 
encontra  de  qualque  un,  ni  se  ha  jurât  Dieu  en  va  en  coniu 

I.  Corrigez  noloria.  Voh-  traité  suivant,  ch.  I,  règle  xix. 

ANNALES  DU  MIDI.  —  XXIX.  24 


362  CL.     BBUNEL. 

colloqui  en  hi  avisan,  ni  se  ha  révélât  lo  secret  de  qualque  per- 
sona  que  era  en  prejudicii  de  persona,  ni  se  ha  fach  contra  lo 
juramen  qne  el  avia  fach,  ni  se  el  ha  pronies  alcuna  causa  en 
la  honor  de  Dieu  he  no  la  ha  pas  lâcha,  ho  se  promelia  de  far 
aquo  que  no  podia  ponch  far,  ho  se  ha  jurai  de  far  qualque 
causa  que  no  lo  ha  pas  fâcha,  ho  se  ha  endut  a  jurar  qualque 
persona  que  li  era  avist  que  se  sperjurava.  Apres,  deu  reguar- 
dar  se  los  dimenges  he  las  feslas  ha  auzit  messa,  he  lo  sermo, 
quant  podia,  he  se  ha  peccat  mortalmen  a  jorn  de  festa,  ni  se 
ha  venduthocomprat  causa,  si  no  que  fos  pormanjar,  en  aquel 
meteys  jorn,  ho  en  fieyras  permesas  per  los  prelalz,  he  se  quasi 
tôt  lo  jorn  de  festa  ha  vaccat  a  jocx,  ho  a  dansas,  ho  a  ralhar 
de  causas  vanas.  Apres,  deu  reguardar  se  ha  dich  al  payre  he  a 
la  mayre  paraulas  opprobriosas  he  enjuriosas,  he  se  s'es  mocat 
de  els,  he  se  los  ha  maudilz,  ni  batutz,  ni  provocatz  ad  ira,  he 
se  los  ha  batutz,  he  se  lor  ha  [desjobezit,  he  se  los  ha  provesitz 
[fol.  52  V"]  en  lors  necessitatz,  he  se  ha  complit  lor  layssas,  he 
se  lor  ha  stat  irroveren  he  trop  malgracios,  he  se  ha  stat  ne- 
gligen  enver  la  familia  en  lor  far  auzir  messa,  confcssar,  coniu- 
nicar  a  loc  he  temps,  he  se  no  ha  mes  diligensa  que  los  enfans 
fosso  bos,  he  se  ne  los  ha  provesitz  de  vieures  he  de  abilha- 
mens,  he  ad  els,  he  a  sa  molher,  he  se  ha  fach  anar  al  hospilal 
SOS  servilors  quant  ero  malautes  he  lo  avian  be  servit,  he  los 
dimenges  he  las  festas  los  ha  fachs  laborar  he  lor  ha  fach  perdre 
la  messa,  ho  se  los  ha  lardatz  de  paguar,  ho  se  ha  soffrit  a  sa 
molher  de  portar  grans  pompas,  ho  en  raubas,  en  dansas,  lio 
en  autras  causas  provocativas  a  luxuria,  ni  se  la  mayre  ha  lays- 
sat  anar  las  filhas  a  dansas  he  en  autras  folias  ont  el  hy  ha 
perilli  de  peccar.  Apres,  deu  reguardar  si  ha  tuât  degun  ni  de 
coratge,  ni  de  fach,  ni  de  dich,  ni  batut,  ni  fach  batre,  ni  dif- 
famât, ni  mocat,  ni  se  ha  re  raubat,  ni  près  per  violensa  re  del 
aulru,  ni  se  ha  enganat,  ni  trahit,  ni  contumeliat,  ni  re  repro- 
chât a  persona,  ni  se  lia  mes  discordia  cnlrc  alcuns  personatgcs, 
ni  se  ha  portât  fais  tcstimoni,  ni  se  ha  comes  la  obra  de  la  carn 
defora  marialge,  ni  se  ha  volgut  cometre  luxuria,   se  agucs 
agut  opportunilal,  ho  se  no  fos  stat  per  la  temor  del  munde, 
he  se  ha  fachs  deshonestes  atocameus,  ni  se  ha  près  plazer  en 


OPUSCULES    PROVENÇAUX    DU    XV*    SIECLE.  363 

pensar  en  lo  peccat  de  la  carn,  lie  se  per  una  avaricia  agra  vol- 
gut  aver  lo  be  del  autru,  se  agues  pogut,  ni  se  agues  Irobat 
moyans. 

Régla  per  se  examiiiar  de  las  obras  de  misericordia.  Hom  deu 
reguardar  se  ha  donat  almoyna  als  paubres  que  ero  en  extrcnia 
nécessitât,  ni  an  aquels  que  li  semblava  be  que  ne  avian  besonh 
he  non  podian  guasanhar,  ni  se  hom  ne  ha  donat  an  aquels 
que  non  avian  pas  besonh  hc  que  ne  podian  be  guasanhar,  ni 
se  degun  paubrc  es  mort  per  son  deffautque  li  agra  be  pogut  so- 
corre,  he  se  ha  visitât  [los]  paubres  malaules,  ni  selosha  servitz 
ni  lor  ha  administratz  de  sos  bes,  ni  se  ha  corregit  aquels  que 
fan  mal,  ni  se  ha  donat  conselh  an  aquels  que  l'in  demandavo, 
al  mens  en  cases  de  conscieucia,  ni  se  ha  vestitz  los  nutz,  ni 
sebelit  los  mortz,  ni  alotjat  los  [fol.  53]  paubres  peregris.  He 
quant  es  peccat  mortal  ho  venial,  aquo  se  appar  en  las  reglas*. 


[Xll.  —  CIRGUMSTANCIAS  DELS  PEGCATZ.] 

Reglas  per  conoyser  las  circumstanclis  dels  peccatz,  las 
quals  hom  es  tengut  de  confessar  de  >'ecessitat,  he  aquelas  que 

HOM  NON  ES  PAS  TENGUT  DE  CONFESSAR  QUI  NO  VOL.  El  hi  ha  cirCUmS- 

tancias  que  alaugeyrisso  lo  peccat,  coma  un  que  ha  raubal  quant 
eraen  nécessitai  no  ha  pas  comes  si  greu  peccat  coma  aquel  que 
ha  raubat  quant  no  era  en  nécessitât,  lie,  per  so,  no  cove  pas 
confessar  tais  circumstancias  :  el  no  quai  pas  dire  :  «  leu  hiey 
raubat,  quar  ne  avia  besonh  »,  mas  el  cove  dire  :  «  leu  hiey 
raubat  ».  En  ayssi  cometre  luxuria  an  temptaciou,  la  lempta- 
ciou  es  circumstancia  que  alaugeyris  lo  peccat,  el  no  quai  pas 
dire  :  «  leu  hiey  comes  luxuria,  per  so  que  era  fort  temptat  », 
mas  cove  dire  :  «  leu  hiey  comes  luxuria  ».  El  hi  ha  autras  cir- 
cumstancias que  no  vario  pas  la  specia  del  peccat,  mas  be  lo 
aggravo  fort,  he  tais  circumstancias  el  quai  confessar,  coma 
ieu  hiey  raubat  .c.  scutz,  no  sulTis  pas  de  dire  :  «  leu  hiey  rau- 
bat argen  »,  quar,  quant  ieu  no  auria  raubal  que  .j.  liard,  ieu 

I.  Ci-dessus,  cli.  IX.  §  i. 


364  CL.     BRUNEL. 

diria  :  «  leu  hiey  raubat  argen  »,  lie,  pcr  so,  el  covo  dire  la 
quantitat,  el  quai  dire  :  «  leu  hiey  raubat  .x.  doblas,  .xx.  scutz, 
.xij.  floris,  .1.  ducatz,  he  tal  dampnatge  l'in  esvengut  que  agra 
comprat  tal  inarchandisa,  ho  tal  possessiou,  ho  agra  fach  sa 
provesiou  de  blat  al  temps  que  era  a  bon  mercat,  se  hieu  no  li 
agues  raubat  l'argen  ».  Semblanmen,  cove  dire  :  «  leu  hiey 
raubat  .x.  sestiers  de  blat,  ho  .iij.,  ho  .iiij.  »,  henosuiïls  pas  de 
dire  :  «  leu  hiey  raubat  de  blat  »,  he  cove  dire  :  «  Tal  damp- 
natge  l'in  es  vengut  que  el  ha  covengut  que  aia  vendu t  sas 
possessios  per  se  provesir  )).  Apres,  el  hi  ha  de  circumstancias 
que  vario  la  specia  del  peccat,  so  es  assaber  que  ajusto  un  autre 
peccat  al  primier,  coma  de  raubar  en  la  gleysa,  raubar  es 
.j.  peccat,  en  la  gleysa  es  un  autre;  he  per  so  no  sufTis  pas  de 
dire  :  «  leu  hiey  raubat  »,  mas  el  cove  dire  :  «  En  la  gleysa  »,  ho 
«  Hiey  raubat  causa  sancta,  ieu  hiey  cornes  luxuria  amb  una 
fenna  maridada,  ho  amb  una  verge,  ho  amb  una  religiosa,  ho 
amb  unavieusa,  ho  amb  una  sarrazina,  ho  paguana,  ho  juziva, 
ho  hiey  près  [/o/.  55  V]  una  fenna  per  violensa,  ho  hiey  fach 
contra  lo  orde  de  natura  »,  he  no  suffis  pas  de  dire  :  «  leu  hiey 
cornes  luxuria,  ieu  hieybatut  .j.  home  que  era  clerc,  ho  capela, 
ho  avesque,  ho  layc  »,  he  no  suffis  pas  de  dire  :  «  leu  hiey 
batud  .j.  home  »,  en  après  cove  dire  :  «  leu  lo  hiey  batud  jus- 
cas  quasi  a  la  mort»,  ho  «  Li  hiey  rompu  t  un  menbre  »,  quar  aquo 
so  circumstancias  que  aggravo  lo  peccat  notablamen  ;  en  après 
may  :  «  Ieu  hiey  batud  .j.  home  talamen  que  de  dos  meses  no 
se  es  pogut  affanar,  he  que  era  home  que  guasa[nha]va  la  vida 
a  SOS  enfans  he  a  sa  molher  »,  ho  «  Hiey  batut  ho  tuât  .j.  home 
que  era  fort  necessari  a  la  causa  publica  per  donar  consclh  ». 
Apres,  el  quai  dire  :  «  leu  hiey  jurât  Dieu  ho  blasphémât  da- 
vant  lo  munde,  he  no  m'en  ha  calgut  de  donar  mal  exemple  a 
mon  propda  »,  he  no  suffis  pas  de  dire  :  <(  leu  hiey  blasphémât, 
ho  batut  »,  quar  ho  fa  en  public  es  una  circumstancia  ho  un 
peccat  autre.  En  ayssi  cove  dire  :  «  leu  hiey  peccat  per  acpiesta 
entenciou,  affî  que  ieu  fes  peccar  los  autres,  he  que  fosso  mal- 
vatz  coma  ieu  ».  Apres,  el  hi  ha  de  circumstancias  que  no  vario 
pas  la  specia  del  peccat  ni  lo  aggravo  pas  notablamen,  he  tais 
circumstancias,  qui  las  vol  confessar,  las  pot  confessar,  mas  el 


OPUSCULES    PROVENÇAUX    DV    XV    SIECLE.  3f)5 

no  es  pas  de  nécessitât,  coma  de  cometre  luxuria  sens  lempta- 
ciou,  sens  lemptaciou  es  una  circumstancia  qne  no  varia  ponch 
la  specia  ni  no  aggrava  pas  enfenidamen  lo  peccat.  En  ayssi 
ieu  fau  luxuria,  ho  juri,  ho  blasphemi  per  una  acostumansa,  la 
costumansa  no  es  pas  circumstancia  que  varie  la  specia.  En 
ayssi  ieu  era  vertuos,  he  per  mos  peccatz  ieu  hiey  perdut  mas 
vertutz,  coma  per  luxuria  hiey  perdut  castetat,  he  en  ayssi  de 
las  autras  vertutz,  perdre  las  vertutz  non  es  pas  circumstansa 
que  varie  la  specia  de  peccat.  En  ayssi,  ieu  hiey  sfat  cngrat  a 
Dieu  en  peccan.  Totas  aquestas  circumstancias,  qui  las  vol 
confessa r,  el  es  bo  he  convenien,  mas  hom  non  es  pas  tengut. 
El  es  veray  que  el  cove  be  confessar  de  nécessitât  lo  temps  que 
li  sembla  que  non  ha  stat  en  la  gracia  de  Dieu,  coma  deu  dire 
en  ayssi  :  «  Per  .j.  mes  ieu  hiey  demorat,  ho  per  .j.  an,  ho  per 
dos,  que  ieu  era  [fol.  .3^]  luxurios,  ho  usurie,  ho  simoniac,  ho 
avaricios,  ho  layro,  he  conoysia  be  que  fazia  mal,  mas  no  avia 
pas  prepaus  de  me  ostar  del  peccat,  al  mens,  enquara  se  en 
.j.  an  ho  en  .ij.  hiey  stat  en  taladisposiciou,  en  tôt  aquel  temps 
ieu  non  hiey  ponch  agut  la  gracia  de  Dieu  »,  he  per  so  cove 
dire  :  «Ieu  me  acusi  que  de  .j.  an  ieu  non  hiey  agut  la  gracia  de 
Dieu,  ni  no  me  soy  dispausat  de  la  aver,  he  tôt  quant  ieu  hiey 
fach  en  aquel  temps  no  me  ha  re  valgut  a  mon  salut  ».  He  per 
so  alcuns  doctors  breumen  se  despacho  de  aquestas  circums- 
tancias, he  disoque  el  quai  confessar  las  circumstancias  de  loc, 
coma  de  raubar  en  loc  sant,  he  de  la  persona,  coma  de  batre 
un  clerc,  he  del  temps,  coma  de  cometre  peccat  en  jorn  de  festa, 
he  de  la  enductiou,  coma  se  el  ha  enduch  per  son  mal  exemple 
qualque  un  a  peccat,  he  de  la  sequela,  si  al  peccat  que  el  ha 
fach  s'en  es  ensegul  gran  dampnatge  a  qualque  persona,  he  en 
ayssi  las  ves  que  el  ha  fach  lo  peccat,  he,  se  no  l'in  sove,  al 
mens  ho  deu  dire  segon  probabla  stimaciou,  he  deu  dire  lo 
temps  que  el  ha  demorat  al  peccat,  coma  deu  dire  :  «  Ieu  hiey 
.XX.  veguadas  cornes  luxuria  »,  ho,  se  no  l'in  sove,  deu  dire  : 
«  El  me  sembla  que  .xx.  ves  ho  plus  ieu  hiey  cornes  tal  peccat, 
non  obstan  que  non  sia  pas  cert,  he  .j.  an  ho  .ij.  hiey  persé- 
vérât en  tal  peccat  ». 


366  CL.    BRUNEL. 


[XIII.  —  PRATICA  DE  CONFESSAR.] 

S'ensec  la  pralica  de  confessar  he  qiiossi  se  quai  accasar.  El  se 
quai  en  ayssi  accusar  :  «  leu  hiey  cornes  lo  peccat  de  la  carn 
.X.  ves,  las  .v.  ves  en  jorn  de  festa,  he  amb  ima  fenna  maridada 
las  .vij.  ves,  he  amb  una  religiosa  .iiij.,  he  hiey  enducha  la 
maridada  al  peccat  en  li  prometen  .x.  scutz,  he  .iiij.  ves  hiey 
parlât  amb  ela  per  entenciou  de  la  atrayre  a  peccat.  El  me 
sembla  que  .Ix.  ves  he  plus,  no  soy  pas  ben  cert,  hiey  pensât 
quossi  la  pogues  averhe  convertir  a  mal,  he  .c.  ves  ho  plus,  no 
soy  pas  ben  cert,  hiey  agut  deshonesta  delectacio  en  pensan  de 
cometre  lo  peccat  amb  ela.  Apres,  ieu  me  accusiper  so  que  ieu, 
per  negligencia,  no  sciey  pas  dire  totas  las  ves  que  hiey  peccat 
amb  ela,  ho  hiey  pensât  de  ela  ».  [fol.  d^V]  Quant  lo  con- 
fessor  pot  be  evidenmen  conoysser  se  lo  peccat  es  mortal, 
no  es  pas  nécessitât  de  dire  :  «  Ieu  hiey  peccat  mortalmen 
en  cometen  lo  peccat  de  la  carn,  ho  en  li  parlan  per  la 
atirar  a  mal,  ho  en  ne  aven  cogitacios  palhardas  »,  quar  lo 
cofessor  pot  be  conoysser  que  aquo  so  peccatz  mortals,  ho  no 
saubria  re,  he  nonre  mens  no  séria  pas  digne  ni  sufTicien  de 
auzir  confessios.  «  Item,  me  accusi  may  que  hiey  agut  enveja 
contra  .j.  merchan  per  so  que  el  era  riche  he  que  agra  volgut 
que  el  non  agues  pas  agutz  los  bes  que  el  avia,  he  aquela  enveja 
ha  be  durât  .j.  an,  he  en  aquel  an  ieu  crezi  que  plus  de  .ij.' 
ves  ieu  hiey  volgut  que  el  agues  agut  mal,  ieu  me  accusi  de  la 
negligencia  que  no  sabi  pas  dire  las  ves  determinadamen,  he 
belcop  de  ves  li  hiey  volgut  mal  en  las  festas,  en  ayssi  coma 
los  autres  jorns.  Apres,  el  ha  agut  una  advcrsitat,  he  ieu  m'en 
soy  rejoyt  plus  de  .iiij.'  ves.  leu  me  confessi  de  la  negligencia 
que  no  sabi  pas  dire  quantas  ves.  Apres,  el  ha  agut  una  fortuna, 
he  ieu  ne  soy  stat  triste,  he  ieu  hiey  volgut  que  el  no  agues  pas 
agut  aquela  fortuna  .iij.^  ves  c  plus.  Apres,  ieu  per  una  enveja 
lo  hiey  difamat  en  dizen  que  el  no  era  que  .j.  layro  he  pilhava 
lo  munde,  he  aquo  hiey  dich  .x.  ves  en  public,  he  .iiij.  en 
secret,  he  per  so  l'in  es  vengut  tal  dampnatge  que  très  pageses 
se  volian  mètre  a  besonhar  amb  el,  he,  per  so  que  an  auzit  aquo 


OPUSCULES    PROVENÇAUX    DU    XV    SIÈCLE.  867 

que  ieu  hiey  dich  que  era  layro  he  pilhador,  els  no  an  pas 
volgut  comprar  de  draps  de  el,  he  per  aventura  belcop  d'autres 
que  an  saubut  aysso,  he  de  lot  aquest  dampnatge  ieu  soy  causa. 
Apres,  el  se  era  acompanhat  amb  un  autre  merchan,  la  un 
demoret  a  Lio,  l'autre  a  Paris,  he  se  acordavo  be,  he  fazian 
gran  guasanh  ensemps,  he  ieu,  per  una  enveja,  m'en  soy  vengut 
ad  un  de  aquestz,  he  hiey  dich  que  l'autre,  al  quai  ieu  volia 
mal,  non  era  que  un  flatayre,  he  que  el  ne  avia  ben  trompatz 
d'autres.  Ieu  per  mètre  desacordi  entre  els  dos  [fol.  5.1]  li  hiey 
empausat  lo  mal  que  no  hy  era  pas,  he  hiey  stat  causa  que  se 
so  despartitz,  he  que  lor  ha  stat  un  gran  dampnatge  a  totz  dos. 
Apres,  me  accusi  que  en  lo  dilTaman  quatre  ves  en  public 
he  .iiij.  en  secret,  .viij.  ves  hiey  scandalizat  tant  que  ha  stat 
en  mi  en  donan  malvatz  exemples  an  aquels  que  ho  an 
auzit.  » 

Exemple  quossi  se  quai  confessai'  de  ira  s'ensec.  «  Ieu  me 
accusi  que  ieu  me  soy  volgut  venjar  de  .j.  clerc,  he  aquesta 
voluntat  ieu  hiey  agut  per  lo  spasi  de  .j.  an,  he  aquela  voliciou 
en  aquel  an  hiey  agut  plus  de  .111.'  ves,  he  hiey  serquat  los 
moyans,  he  hiey  pensât  quossi  m'en  poyria  venjar  plus  de 
.iij'.  ves.  Apres,  quant  soy  passât  davant,  .xx\\  ves,  per  una 
ira,  no  lo  hiey  pas  saludat,  he  totas  aquelas  ves  hiey  peccat  que 
hiey  donat  malvat  exemple  ad  el  he  an  aquels  que  ho  an  vist, 
que  podian  be  conoysser  que  ieu  li  voli  mal.  Apres,  hiey  dich 
que  el  non  era  que  .j.  palhard  .x.  ves  en  public  he  .vj.  en 
secret,  he  tantas  ves  hiey  peccat  en  scandalisan  aquels  que  ho 
auzian.  Apres,  en  sa  presencia,  hiey  dich  que  el  non  era  que  .j. 
symoniayc  .viij.  ves,  he  tantas  ves  hiey  scandalisatz  aquels  que 
ho  auzian.  Apres,  lo  hiey  batut  juscas  quasi  a- la  mort,  he  en 
fazen  aquo,  hiey  scandalizat  totz  aquels  que  ho  an  saubut.  » 

Régla  per  conoysser  quant  honi  pecca  en  scandalizan  son 
propda  '.  Totas  ves  que  ieu  fau  qualque  peccat  affî  que  ieu  atire 
([ualque  persona  a  mal  he  a  peccat,  ieu  pequi  mortalmen;  coma 
ieu  juri  affî  que  un  autre  jure  coma  ieu,  ho  ieu  vau  guorman- 
dejaraffî  que  un  autre  hi  ane,  ieu  pequi  mortalmen,  he  enayssi 

1.  Anlonin,  tit.  VII,  cap.  iv. 


368  CL.     BRUNEL. 

el  hy  ha  al  mens  dos  peccatz,  la  un  es  lo  peccat  de  la  gola, 
l'autre  es  lo  nozemen  que  ieu  voli  donar  a  mon  propda.  Apres, 
se  ieu  juri  Dieu  en  va,  non  pas  per  atirar  lo  propda  a  peccat, 
mas  per  plazer  que  ieu  hiey,  he  que  ami  plus  penre  mon  plazer 
que  no  fau  la  caritat  de  mon  propda,  he  adoncas  hi  ha  dos 
peccatz,  la  un  que  ieu  juri  en  va,  l'autre  que  mesprizi  he  no 
m'en  chaut  de  la  caritat  de  mon  propda,  quar  ieu  li  devi  porta r 
tal  amor  que  li  [Jol.  55  y"]  devi  mostrar  bon  exemple,  he  tôt 
aysso  se  apela  scandol  actic  he  donat.  Scandol  pacifie  es  quant 
una  persona  per  lo  fach  ho  lo  dich  de  un  autre  penra  occasiou 
de  peccar;  coma  ieu  vesi  que  .j.  home  de  gleysa  es  avaricios, 
ho  usurie,  he  ieu  diriey  que  ay  tant  be  ho  podi  ieu  esser  coma  el , 
ho  qualque  un  me  corregis,  he  ieu  m'en  torbi  he  m'en  corrossi 
amb  el,  he  pequi  mortalmen.  De  alcunas  ves  cove  layssar  afîar 
aquo  que  es  bo  affi  que  hom  no  scandalize  pas  lo  propda,  ho  al 
mens  ho  cove  differre  de  far;  coma  ieu  parli  amb  una  fenna 
joyna  de  causas  que  se  aperteno  a  son  salut,  se  ieu  vesi  que  lo 
munde  ne  sia  scandalizat,  ieu  ho  devi  layssar  star.  Se  un  fa 
mal,  he  ieu  conoyssi  be  que  se  ieu  lo  corregia  adonc  el  ne  séria 
plus  irat,  he  s'en  torbaria,  ieu  ho  devi  differir  en  autre  temps, 
quant  ieu  veyriey  que  sera  en  bona  disposiciou.  El  es  veray  que 
las  causas  que  so  de  veritat  de  doctrina  he  de  via,  he  may 
aytant  be  las  causas  que  ieu  soy  tengut  de  far  sub  pena  de 
peccat  mortal,  ieu  non  ho  devi  pas  layssar,  enquaras  quant  ieu 
saubria  be  que  un  autre  ne  séria  scandalizat.  Coma  ieu  prediqui 
he  parli  de  symonia,  he  dizi  que  aquels  que  vendo  los  sagra- 
mens,  he  que  no  ausirian  ponch  de  confessios,  ni  no  dirian 
ponch  de  messas,  se  non  era  l'argen,  son  simoniaycx,  quant  ieu 
saubria  be  que  aquels  que  ho  ausirian  ne  serian  lurbatz,  he  ne 
peccarian  mortalmen,  ieu  non  lio  devi  pas  layssar  a  dire.  Sem- 
blanmcn  ieu  hiey  .j.  companho,  he  el  vol  anaral  bordel,  he  ieu 
sabi  be  que  el  s'en  torbaria  se  ieu  no  hi  van  amb  el,  ieu  no  hi 
devi  pas  anar,  he  lo  devi  layssar  esser  scandalizat  tant  que  se 
voira,  he  lo  devi  amonestar  (j[ue  no  hy  ancni  pas.  En  ayssi  ieu 
que  soy  religios,  ho  religiosa,  he  ma  religiou  dis  que  ieu  no 
devi  pas  portar  raubas  de  fin  drap,  lie,  so  ieu  ho  fau,  hom  dira 
que  ieu  soy  tornat  ho  tornada  ypocrila,  he  que  solia  esser  bon 


OPUSCULES    PROVENÇAUX    DU    XV"    SIÈCLE.  36() 

companho  ho  fenna  debe,  ieu  plus  tost  devi  layssar  essor  scan- 
dalisa tz  los  autres  davant  que  ieu  fassa  contra  ma  religion. 
Parelhamen,  ieu  soy  religios,  ho  rcligiosa,  he  voli  far  alcunas 
[fol.  56]  abstinencias,  ho  en  dormi,  ho  en  cochar,  ho  en  Dieu 
preguar,  ho  en  manjar,  que  los  autres  no  la  fan  pas,  per  so  que 
me  es  avist  que  ieu  hiey  fachs  plus  de  peccatz  que  los  autres 
ho  las  autras,  ho  hiey  alcunas  temptacios,  ho  de  la  carn,  ho  de 
autra  causa,  que  los  autres  no  la  an  pas,  ieu  devi  pensar  que 
los  autres  ni  las  autras  no  seran  pas  scandalisatz,  mas  ne  seran 
be  hedificatz.  Aulramen  sant  Benesech,  sant  Frances,  sanl 
Jheronimi  agro  scandalisatz  lors  religiouses  he  religiosas.  Sem- 
blanmen,  se  ieu  no  fau  ponch  tais  singularitatz,  mas  vivi,  dor- 
mi ssi  a  la  manieyra  comuna,  segon  ma  religion,  los  autres  no 
devo  pas  esser  scandalisatz,  (jue  per  aventura  ieu  hiey  plus  ho 
aytant  de  pena  en  tenen  la  manieyra  communa  de  religion 
coma  ha  l'autre  en  fasen  sas  singularitatz,  ho  l'autra.  Belcop 
de  causas  cove  reguardar  en  la  materia  de  scandalizar,  cascun 
ne  fassa  al  mielhs  que  poyra,  queque  sia,  cascun  sia  ben  grave 
he  avisât  en  jutjar  del  fach  del  autru. 

Régla  per  conoysser  quossi  d'alcunas  ves  en  una  obra  ht  ha 
plusors  peccatz,  he  hom  no  se  accusa  que  de  un.  Totas  ves  que 
ieu  raubi  per  entre[te]ner  una  palharda,  el  no  hi  ha  que  una 
obra,  el  hi  ha  dos  peccatz  mortals,  la  un  es  raubar,  l'autre  per 
palhardejar.  Ieu  porti  abilhamens  pomposes  otre  la  decensa  de 
mon  stat,  aiïi  que  ieu  plassa  ad  una  fenna,  ho  ieu,  que  soy 
fenna,  ad  un  home,  enquara  quant  ieu  non  ho  fariey  que  ima 
ves  per  una,  après  aquelahora  ho  layssariey  tôt,  el  hy  ha  (ay)  lo 
peccat  de  erguelh,  après  lo  peccat  de  palhardisa,  après  lo  peccat 
que  hiey  en  atrasen  a  mal  la  fenna  ho  lo  home,  après  lo  scandol, 
quar  be  me  an  vist  portar  abilhamens  pomposes  he  auran 
volgut  far  coma  ieu.  Que  es  d'aquel  que  totjorn  faraaysso? 
Âpres,  ieu  diffami  una  persona  per  una  venjansa,  el  hi  ha  lo 
peccat  de  diffamaciou,  après  hi  ha  la  malvada  fi,  quar  ieu  ho 
hiey  fach  per  una  venjansa.  Ieu  juri  Dieu  en  va,  el  hy  ha  1res 
peccatz,  un  quant  perjuri,  lo  segon  que  fau  irreverencia  a  Dieu, 
lo  ters  que  scandalizi  aquels  que  ho  ausisso  [fol.  56  v"].  Enqua- 
ras  pequi  que  ieu  perjuri  per  far  jjerdre  a  qualque  un  son  be  ho 


SyO  CL.    BRUNEL. 

sa  honor,  he  per  so  hom  deu  be  reguardar  quant  hom  confessa 
quossi  hom  se  accusa. 

S'ensec  la  pratica  per  se  confessar  quant  hom  vol  dire  totas  las 
circamstancias,  sian  de  nécessitai  ho  de  congniitat,  en  lo  peccat 
de  la  gola.  «  leu  me  accusi  que  ieu  hiey  manjat  otra  raso,  he 
plus  que  no  m'en  qualia,  per  glotonia,  he  per  la  bontat  he 
sabor  de  las  viandas,  segon  que  ieu  podi  stimar  .c.  ves  he  plus, 
he  en  aquelas  .c.  ves  hiey  peccat  mortalmen.  Ieu  me  accusi 
aytant  be,  quar  per  una  negligensa  ieu  no  sabi  pas  dire  las  ves 
determinadamen,  he  en  ayssi  hiey  peccat  mortalmen.  Apres,  me 
accusi  que  en  .xl.  de  aquelas  ves  ieu  hiey  stat  tôt  endispausat  a 
laborar,  quar  ieu  no  podia,  ni  Dieu  preguar,  ni  studiar,  ni  far 
autra  causa,  he  aquela  endisposiciou  me  durava  de  alcunas  ves 
très  horas,  d'aulras  ves  doas.  Apres,  me  accusi  quar  après  que 
avia  trop  manjat,  ieu  m'en  anava  am  los  autres,  he  aqui  fazia 
unsjocx  totz  dissolutz,  ieu  fazia  de  deshonestes  atocamens  a 
filhas  he  a  mascles  he  a  mi  meteys,  he  aquo  hiey  fach  .xx.  ves, 
he  en  ayssi  fazen  .xx.  ves  hiey  peccat  mortalmen,  he  autras 
.XX.  ves  en  scandalizan  totz  aquels  que  ho  vezian,  .xx.  personas, 
ho  .XXX.,  que  ero  la.  Apres,  me  acusi  que  soy  stat  engrat  per 
tolz  los  peccalz  sobredicliz  enver  Dieu,  quar  Dieu  me  avia  per- 
donat  belcop  de  pcccatz,  he  enquaras  hi  soy  tornat  tombar. 
Apres,  me  accuzi  que  a  jorn  de  fcsta  hiey  comes  .xx.  de  aquestz 
peccatz.  Apres,  me  acusi  mortalmen  que  quatre  ves  per  trop 
manjar  hiey  agut  vomit,  las  .ij.  en  jorn  de  festa.  Apres,  me 
accusi  que  per  liop  manjar  .x.  ves  ieu  soy  vengut  a  polluciou 
en  dormen,  las  .v.  a  jorn  de  festa.  Apres  me  acusi  que  per  trop 
manjar  hiey  gitat  ventuositatz  he  damon  he  daval.  » 

Pratica  per  sal)er  confessar  los  peccatz  ont  hotn  dopta.  d  Ieu 
en  fasen  .j.  sermo  me  soy  donat  vana  gloria,  ho  ieu  cresi  en  ays- 
si, ieu  non  soy  pas  ben  cert,  mas  plus  me  es  avist  aquo 
[/()/.  .'>7J  (pie  lo  contrari.  Apres,  iou,  on  disputan,  me  es  avist 
(juc  iiicN  agiil  vana  gloria,  mas  no  me  sembla  pas  plus  la  una 
|)ai  lida  quo  l'aulra,  se  iou  hiey  fach,  iou  m'en  accusi.  Apres,  en 
parlan  a  mon  senhor,  ieu  no  sabi  se  hiey  agut  vana  gloria,  el 
me  sembla  plus  tost  que  no  que  si,  se  iou  ne  hiey  agul,  ieu 
m'en  accusi.  Apres,  per  so  que  ieu  canlava  bc,  .iiij.  vos  ne  agui 


OPUSCULES    PROVENÇAUX    DU    XV^    SIÈCLE.  37  1 

vana  gloria,  mas  no  durava  re,  quar  tost  ieu  la  ostava,  ieu  uo 
sabi  se  aquelas  .iiij.  ves  so  statz  peccatz  mortals  ho  venials,  si 
an  stat  mortals,  ieu  m'en  accusi  coma  de  mortals.  Apres,  ieu 
soy  stat  troblat  contra  mon  companho  un  petit,  ieu  no  sabi  se 
ha  stat  mortal  ho  venial,  se  ha  stat  mortal,  ieu  m'en  accusi 
coma  de  mortal  »,  he  en  ayssi  dels  autres. 

S'enseguo  an  grati  tropel  de  peccatz  veninh,  he  per  aqneslz  hom 
poyra  coiioysser  los  autres,  quar  cl' al  amas  ves  hom  no  los  conoys 
ni  los  sab  decernlr  dels  mortals.  Quant  hieu  hiey  tôt  subitamen 
un  petit  de  vana  gloria,  he  tôt  mantenen  que  razo  la  conoys  la 
débuta,  aquo  es  peccat  venial.  Semblanmen,  quant  ieu  voli 
venjansa  contra  qualque  un  subitamen,  davant  que  razo  vengua, 
en  ayssi  quant  hiey  plazer  en  pensan  del  peccat  de  la  carn,  ho 
en  pensan  de  atocamens  deshonestes,  ho  quant  veyriey  qualque 
richessa  he  la  volria  aver  se  podia,  ho  quant  veyriey  qualque 
persona,  he  tôt  subitamen  auriey  enveja  contra  el,  ho  quant  soy 
sol  he  vezi  qualque  delicada  vianda  he  ne  volria  manjar,  ho 
quant  ieu  hiey  asses  begut  he  vezi  qualque  bon  vi,  ieu  subita- 
men ne  volria  heure,  mas  que  tôt  aquo  sia  davant  razo,  no  so 
que  peccatz  venials,  he  so  los  peccats  venials  interiors.  Apres, 
quant  ieu  parli  diffaman  qualque  un,  ho  juran,  ho  blaspheman, 
ho  quinh  mal  que  ieu  digua  de  boca,  en  no  hi  pensan  ponch, 
no  es  que  peccat  venial.  Apres,  quant  ieu  parli  an  mos  servitors 
ho  trop  dossamen  ho  trop  aspramcn,  ho  die  en  hi  avisan  qual- 
que petit  de  mocaria  de  qualque  un,  ho  fau  qualque  un  un 
petit  corrossat,  ho  demori  un  petit  trop  a  corregir,  ho  amo- 
nestar,  ho  a  consolar,  ho  a  far  justicia,  tôt  aysso  son  peccatz 
venials.  Apres,  se  ieu,  per  una  venjansa,  tiri  un  petit  los  pels  a 
qualque  enfan,  ho  lo  buti  un  petit,  es  peccat  venial.  En  ayssi 
quant  mangi  .j.  [fol.  57  v"]  ho  .ij.  morsels  de  jdo,  ho  bevi  .j. 
petit  de  vi  plus  que  nodevi,  ieu  pequi  venialmen.  Apres,  quant 
tardi  .j.  petit  de  donar  la  almoyna,  ho  de  visitar  lo  malaute,  ho 
de  consolar  lo  prisonier,  ho  soy  trop  aspre  als  paubres  que 
demandola  almoyna,  ieu  pequi  venialmen.  Apres,  quant  ieu  en 
dizen  mas  horas  no  soy  pas  attendut  en  aquo  que  dizi,  pequi 
Aenialmen  ;  se  ieu  era  destrach  tôt  spressamen  per  la  plus  gran 
part  he  tôt  spressamen,  aquo  séria  peccat  mortal.  Apres,  quant 


372  CL.    BRUNEL. 

ieu  prendi  .j.  rasim,  ho  una  ho  .ij.  pomas,  ho  qualque  petita 
causa  del  autru,  mas  que  mon  propda  non  sia  notablamen  damp- 
natjat,  no  es  que  peccat  venial.  En  ayssi  quant  ieu  dizi  qualque 
petita  causa  de  mon  propda,  coma  que  el  es  .j.  petit  trop  em- 
pachat  en  parlar,  ho  .j.  petit  trop  cochât,  ho  quinha  causa  que 
sia,  mas  que  mon  propda  non  sia  pas  diffamât  notablamen,  no  es 
que  peccat  venial.  En  ayssi  totas  ves  que  ieu  soy  occasiou  que 
un  autre  pecca  venialmen,  ieu  pequi  venialmen.  Parelhamen, 
totas  ves  que  ieu  dizi  paraulas  ociosas,  ieu  pequi  venialmen, 
He  en  ayssi  totas  ves  que  ieu  meti  .j.  petit  trop  gran  sollicitud 
a  las  causas  temporals,  ho  ad  apparelhar  viandas,  ho  a  me  parar 
he  ornar,  ho  quant  porti  .j.  petit  trop  bona  rauba,  ho  cochi  un 
petit  trop  mol  segon  mon  slat,  ho  dormi  .j.  petit  trop,  ho  risi 
ho  me  jogui  .j.  petit  trop,  ieu  pequi  venialmen,  ho  quant  soy 
trop  lâche  en  disen  mas  horas,  ho  en  fascn  qualque  autra  causa. 
Breumen,  a  gran  pena  poyriam  far  una  obra  que  no  hi  aia 
peccat  venial,  mas  aquels  demoro  am  gracia,  [fol.  58] 


II 

TRAITÉ  DES  DIX  COMMANDEMENTS  DE  DIEU 

S'enseguo  los  .x.  comandamens  de  la  ley,  he  las  manieyras 
que  hom  pecca  en  los  transpassan  '. 


[I] 

Lo  primier  comandamen  es  :  Un  solct  Dieu  tu  creyras,  he 
aquel  tu  amaras  he  honoraras  sus  tola  causa. 

Régla  per  conoysser  quanl  hom  pecca  contra  aquest  comanda- 
men. Totas  ves  que  ieu  soy  doptos  en  la  t'o,  ho  on  qualque  article 
de  la  fe,  ho  en  rpialque  passa tge  de  la  Scriptura,  ho  en  qualque 

t.  M.  ['.  Mcjcra  public  dans  sa  notice  le  début  do  cet  opuscule  jus- 
qu'à la  fin  do  la  règle  11  et  les  règles  v  à  xxu.  Nous  empruntons  à 
ce  travail  plusieurs  notes  que  nous  faisons  suivre  des  initiales  (P.  M.). 


OPUSCULES    PROVENÇAUX    DU    XV'    SIECLE.  3^3 

causa  que  ha  stat  ordenat  pcr  lo  saul  conseil»  de  la  Gleysa  ra- 
sonablamen  he  coma  se  aperle  congreguat,  lie  que  ieu  no  de- 
pendi  plus  en  una  partida  que  en  autra,  ho  que  dépend!  plus 
en  crezen  que  sia  fais  que  veray,  se  ieu  ho  fau  deliberadamen, 
ieu  pequi  morlalmen,  he  soy  herelic.  Se  ieu  ho  fazia  subitamen, 
davant  que  razo  me  remordes,  no  séria  que  venial.  (hianl  ieu 
pensaria  quossi  se  pol  fai'  aysso  que  dis  la  Scriptura,  he  ieu  ho 
enserquaria  per  razos  quossi  se  pot  far,  ho  ademandaria  ai  s 
clercx,  ieu  non  peccaria  pas. 

La  segonda  régla.  Ieu  que  soy  persona  sinipla  he  ignoranta, 
he  lo  avesque ho  lo  curât  predica  alcuna  causa  delà  fe,  enquaras 
quant  aquo  séria  fais,  mas  que  ieu  sapia  que  lo  prélat  es  asses 
sufficien,  he  que  ieu  no  sapia  ponch  que  aquo  sia  fais,  se  ieu 
non  ho  crezi  ponch,  enquaras  quant  séria  fais  he  contra  la  fe, 
ieu  pecqui  mortalmen. 

La  .iij" .  régla.  Quant  ieu,  per  una  negligentia,  quant  soy  déjà 
vengut  als  ans  de  discreciou,  que  conoyssi  be  he  mal,  se  ieu  pcr 
una  negligencia  no  m'en  chaut  de  apenre  la  oraciou  dominical, 
ni  lo  Credo,  ni  m'en  chaut  de  anar  a  las  predicacios  ho  mone- 
cios  que  fa  lo  curât,  ho  un  autre,  que  hiey  be  besonh  de  las 
auzir,  ho  quant  ieu  no  sabi  ponch  las  causas  sobredichas,  ho 
que  ignori  belcop  de  causas  apertenens  a  mon  salut  per  so  que 
hiey  stat  negligen  de  las  apenre,  ieu  pequi  mortalmen. 

La  .iiij".  régla.  ïotas  ves  que  ieu  no  voli  creyre  las  causas  que 
so  en  nostra  [fol.  58  v°]  fe,  se  no  que  ieu  las  entenda,  he  que  no 
voli  pas  captivar  mon  entendemen,  ho  quant  ieu  enserqui 
curiosamen  las  causas  de  la  fe  per  dire  que  ieu  no  creyriey  pas, 
se  no  que  ho  trobe  per  razo  naturala,  ieu  pequi  mortalmen. 

La  .v".  régla'.  Totas  ves  que  ieu  observi  los  jorns  que  hom 
apela  los  jorns  de  Egipte  '  en  disen  que  aquels  jorns  no  so  pas 
ben  fortunatz,  he  que  no  quai  ponch  anar  a  la  fieyra  ni  far  ma- 

I.  Voir  Antonin,  lit.  XII,  cap.  xiv.  De  ubservantia  temporum. 

1.  Sur  les  jours  égyptiaques  et  les  jours  périlleux,  voir  P.  Meyer, 
Nolice  du  manuscrit  A  loU  de  la  Bibliollièqne  de  Roueiu  dans  Bulletin 
de  la  Société  des  anciens  textes  français,  i883,  p.  g^.  On  trouvera  des 
exemples  des  mêmes  croyances  dans  un  ouvrage  du  \\'  siècle  égale- 
ment, Les  évangites  des  quenouilles,  éd.  Jannet  (l^aris,  i855),  p.   157. 


Sy/i  CL.    BBUNEL. 

riatge  en  aquels  joins,  he  en  ayssi  quant  ieu  gardi  he  observi 
alcun  temps  a  besonhar  obras  que  dependo  de  la  voluntat  del 
home  en  dizen,  per  so  que  lo  solhel  es  mantenen  en  tal  signe, 
no  quai  pas  anar  sobre  cami,  que  hom  me  tuaria,  ho  no  quai 
pas  far  camp  de  balalha,  que  hom  la  pcrdria,  ho,  se  alcun  enfan 
nayssia  en  tal  liora,  el  séria  pendut,  ho  layro,  ho  ribaut,  ho 
quant  ieu  dizi  que  las  herbas  que  so  amassadas  en  la  vespra  de 
Sant  Johan  an  plus  gran  vertut  a  razo  de  la  festa  que  se  ero 
amassadas  un  autre  jorn  ',  totas  he  quantas  ves  que  ieu  ho  fau 
deliberadamon,  ieu  pequi  mortalmen.  Se  ieu,  que  soy  persona 
ignoranla,  crozi  aquo  per  una  laugeyretat,  que  vezi  que  bclcop 
d'autres  lio  fan,  he  jamays  persona  no  m'en  repres,  he,  tôt 
mantenen  que  gen  saja  m'en  repren.  ieu  ho  layssi,  no  séria  pas 
peccat  mortal. 

La  .vj".  régla.  Quant  ieu  guardi  lo  temps  per  semenar,  ho 
per  empeutar  los  albres ',  ho  per  tuar  los  porcx,  ho  per  penre 
medecina,  ho  per  se  far  sagnar,  ho  per  pescaria,  ho  per  podar 
las  vinhas,  ho  per  manjar  he  heure,  he  en  ayssi  quant  reguardi 
lo  solhol  quant  os  en  tal  signe,  lio  la  Inna,  per  far  alcunas  obras 
naturalas,  ieu  no  pec^ui  pas,  mas  fau  obra  meritoria,  se  soy  en 
gracia,  he  se  ho  fau  per  bona  fi. 

La  .vij".  régla.  Totas  ves  queieujutgi  :  «Tal  anliy  aura  mor- 
talitat,  ho  tal  yvern  sera  fort  gran,  ho  tal  stieu  sera  fort  caut, 
tal  jorn  ploura,  ho  tal  jorn  fara  solhel  he  bon  temps,  tal  jorn 
fara  gran  ven,  tal  que  ha  tal  complexiou  sera  enclinat  a  luxuria, 
he  tal  a  pielat,  he  tal  ha  ira,  he  que,  se  el  no  resistis  fort  a 
[fol.  .yj]  sa  complexiou,  el  sera  fort  vicios,  ho  tal  que  es  conceu- 
but  en  tal  eniluensa  he  costellaciou  de  planelas  sera  enclinat  a 
tal  peccat,  he  no  sera  ben  verluos,  se  no  que  se  guoverne  be  per 
razo  he  que  batalhe  contra  sas  encliuacios,  el  sera  un  home 
pigre,  que  no  voira  re  far,  he  se  metra  a  raubar,  he  sera  pendut  », 
totas  vos  que  ieu  fau  aquestz  jutjamens,  ieu,  que  soy  astrolog 

1.  Voir  ci-après,  règle  xi. 

2.  La  grefîe  passe  pour  réussir  mieux  ijuand  oUo  osl  opérée  à 
certaines  fêtes  ou  pondant  tcho  phase  de  la  lune,  voir  P.  Sobilloi, /.<' 
rolldore  de  France,  t.  III  (Paris,  ujoG),  p.  '6-'6.  il  en  est  de  même  pour 
la  taille  des  arbres. 


OPUSCULES    PROVEÎSÇAUX    DU    XV^    SIÈCLE.  Syj 

ho  medeci,  no  pe(|ui  pas,  mas  fau  bc,  ho  pocii  aNisar  Ijolcop  de 
gens. 

La  .viij".  régla.  Totas  vos  quo  ion  jnlj^i  dolcrniinnd.imon  los 
actes  he  las  obrasqiic  so  en  la  liboital  del  lionio  en  dison  :«Tal 
home  es  conceubut  en  tal  onflucncia  de  planolas,  lie  por  so  el 
sera  luxurios,  ho  iros,  ho  vicios,  so  es  a  dire  que  corneUa  lo 
peccat  de  luxuda  ho  de  ira  etc.,  ho  ho,  ho  malvat»,  en  ayssl 
quant  ieu  jutgi  :  «  Aquest  home  es  de  lalcomplexiou,  he  per  so 
el  sera  layro,  ho  riche,  ho  paubre,  ho  be  fortunat,  ho  mal  fur- 
tunat»,  ho  quant  ieu  dizi  :  «Qui  on  aquesta  hora  va  parlar  amb 
un  senhor  el  empetrara  aquo  que  li  demandara,  he  onuna  aulra 
hora  non  ho  empelraria  ponch»,  quant  ieu  fau  lais  juljamens, 
ieu  pequi  mortalmon.  Se  ieu  ho  fazia  subilamen,  ho  per  una 
simplessa.  que  jamays  non  ho  agues  auzit  dire  que  fos  mal  fach, 
he  que  fos  appareillât  de  m'en  layssar  quant  me  corregiria,  no 
séria  pas  mortal. 

La  .ix"'.  régla.  Totas  ves  que  ieu  liioy  lais  jutjamens  que  ieu 
die  que  en  una  hora  fa  melhor  parlar  amb  una  persona  que  en 
una  autra,  he  que  plus  tost  empelraria  hom  de  qualque  persona 
aquo  que  demandaria  que  en  una  antra  hora  —  Exemple.  D'al- 
cunas  ves  la  persona  es  corrossada,  melhor  parlar  fa  am  la 
persona  quant  es  joyosa  que  quant  es  corrossada,  lie  plus  tost 
hom  empelraria  aquo  que  hom  demandaria  quant  la  persona  es 
joyosa  que  quant  es  corrossada.  Apres,  vêla  ayssi  un  home  que 
es  fort  malencolic,  ho  colorie,  en  aquest  jorn  renlia  la  planela 
que  augmenta  fort  la  colera,  ho  la  malencolia,  es  fort  [fol.  59  v] 
triste,  he  per  so  un  autre  jorn,  quant  la  planela  no  renhara  plus, 
hi  fara  melhor  anar,  he  plus  tost  hom  empetrara  a(iuo  que 
hom  demandara  —  en  fasen  aquestz  jutjamens,  hom  no  pecca 
pas.  Quant  ieu  diria  que  lo  jorn  que  la  planela  renha  hom  nul- 
lamen  ho  poyria  empetrar,  adoncas  hom  peccaria,  quar  el  pot 
far  contra  sa  complexiou,  mas  quant  ieu  dizi  ({ue  iiiiellis  lioni 
ho  empetrar[i]a  en  un  autre  jorn,  ieu  no  dizi  pas  mal;  he  per  so 
belcop  de  clercx,  que  penso  corregir,  devo  be  guardarquediso, 
ho  devo  be  roguardar  que  no  corregisco  plus  que  no  devo. 

La  .x'.  régla.  Totas  vos  que  ieu  dizi  que  las  herbas  amassa- 
das  en  un  temps  an  plus  de  verlut  naturala  que  en  .j.  autre,  ho 


376  CL.    BRUNEL. 

en  .j.  jorn  plus  que  en  un  autre,  he  aysso  per  la  vertut  de  la 
enfluenssa  del  cel,  ieu  no  pequi  pas,  he  es  possible  que  lo  jorn 
de  Sant  Johaii  aio  plus  de  vertu t  que  un  autre  jorn  per  so  que 
en  tal  jorn  las  planetas  so  en  tal  reguart  he  en  tal  costellaciou 
que  augineiito  la  vertu  t  de  las  erbas,  non  pas  que  aysso  sia  a 
causa  de  la  lesta,  nias  a  causa  de  las  planetas,  he  que  se  Sant 
Johan  no  era  pas  en  lai  jorn,  nias  que  las  planetas  fosso  en  tal 
disposiciou,  enquaras  las  herbas  aurian  tal  vertut. 

La  .xj" .  régla.  Se  ieu  nie  funii  an  las  erbas  de  Sant  Johan  en 
dizen  que  las  herbas  avnassadas  aquel  vespre  an  alcuna  vertut 
de  hostar  la  nialaulia  a  causa  de  la  festa',  lie  que,  se  ero  aiiias- 
sadas  un  autre  jorn,  no  aurian  pas  tal  vertut,  a  causa  de  la 
fesla,  ho  quant  contra  la  tenipesta  ieu  crenii  aquestas,  ho  quant 
ne  meti  a  las  portas  de  las  niaysos,  ho  als  liechs,  ho  sobre  mi, 
ho  als  bres  dels  petitz  enfans,  en  dizen  coma  davant  que  an 
plus  de  vertut  aquel  jorn  que  un  autre  a  causa  de  la  festa,  he 
en  ayssi  quant  ieu  culhissi  de  nozes,  he  dizi  que  seran  si  tost 
maduras  coma  las  autras,  he  que  se  ero  culhidas  l'endemo  no 
serian  pas,  ho  quant  ieu  culhissi  de  una  herba  que  ha  grossas 
luelhas,  lie  dizi  que  no  secara  ponch  [fol.  60]  juscas  a  Nostra 
Dama  de  aost^  lie  que  se  era  culhida  l'endema  no  séria  pas  en 
ayssi,  ieu  pequi  mortalnien,  quant  ho  tau  deliberadamen.  Se 
ieu  soy  simpla  persona,  he  ho  fau  per  una  laugeyretat,  davant 
que  boni  m'en  aia  repres,  ieu  no  pequi  pas  mortalnien. 

La  .xij".  régla.  Quant  lo  vespre  de  Sant  Johan  ieu  aniassi  de 
herbas  en  honor  de  sant  Johan  he  per  me  rejoyr  spiritualmen 
en  meten  a  memoria  la  joya  que  la  verges  Maria  ac  an  sancta 
Hclizabeth  he  an  Zacharias  en  la  Nativitat  de  sant  Johan,  ieu 
no  pequi  pas,  ant  es  ben  fach,  mas  que  no  lii  aia  dissoluciou  ; 
he  en  ayssi,  se  ieu  vezia  que  hy  agues  scandol,  ieu  non  ho  devi 
pas  far,  (juar  per  aventura  las  autras  simplas  gens  volran  far 

1.  Voir  règle  v  et  Évangiles  des  quenouiUex,  V,  vi,  p.  7G.  La  eroyaiico 
aux  vertus  des  iierbcs  cueillies  la  veille  de  la  Sainl-.leati  est  encore 
très  répandue.  En  Héarn  et  en  Languedoc,  il  est  d'usage  d'en  sus- 
pendre dans  les  maisons.  (Voii-  I*.  Sebillot,  t.  III,  p.  loOet^TÔ-j 

•A.  Eu  .Normandie,  les  fleurs  cueillies  la  veille  de  la  Saint-Jean 
passent  pour  ne  pas  se  flétrir.  (Ibid.,  p.  405.) 


OPUSCULES    PROVENÇAUX    DU    XV"    SIECLE.  077 

coma  ieii,  he  ho  faran  per  malvada  entenciou,  he  d'alcunas  ves 
quai  layssar  de  far  be  per  fugir  lo  scandol. 

La  .xiij".  régla.  Tolas  vos  que  ieu  vau  on  aqueslz  devis  ho 
devinas,  boemis',  lio  de  autre  pays,  per  deniandar  de  mas 
fortunas,  ho  per  saber  de  las  causas  perdudas,  ho  quant  ieu 
meteys  reguardi  alcunas  linhas  ho  protractios  en  las  mas  ho 
en  los  autres  menbres,  he  dizi  que  per  aquo  auriey  tal  forlutia, 
ho  quant  ho  crezi  quant  los  autres  hodizo,  ho  (a)  fau  reguardar 
als  autres,  he  en  ayssi  quant,  per  alcunas  malautias  de  mi  ho 
de  mos  enfans,  ieu  vau  ad  alcunas  gens  que  dizo  alcunas  ora- 
cios,  he  fan  de  crozes,  he  meto  de  fiais  dedins  un  drapel,  ho 
quant  ieu  meteys  ho  fau,  ho  quant  hy  doni  fola  crezensa,  et  en 
ayssi  quant,  per  saber.  quinh  mal  hiey,  m'en  vau  ad  alcunas 
gens  que  fan  sautar  una  pessa  d'argen  dedins  una  plena  scu- 
dela  de  aygua,  he  quant  sauta  defora,  ha  lo  mal  de  tal  sanl, 
ho  quant  ieu  meteys  ho  fau,  ho  quant  hy  doni  fola  crezensa, 
totas  he  quantas  ves,  ieu  pequi  mortalmen.  Se  ieu  ho  fazia  per 
una  ignoransa,  he  que  no  saubes  pas  que  fos  mal  fach,  ni  ho 
pogues  saber,  no  peccaria  pas  mortalmen. 

La  .xiiij" .  regla'^.  Totas  ves  que  ieU  m'en  vau  als  charmay- 
res^  he  [crezi]  que  per  alcunas  paraulas  que  dizo  fan  guérir  la 
plagua  tost,  ho  quant  ieu  meteys  [ho]  fau,  ho  doni  fola  cre- 
zensa en  tais  paraulas,  ho  quant  ieu  porti  de  brevetz*  al  col, 
ho  ne  fau,  he  que  crezi  que  aquela;?  scripturas  an  tal  vertut  de 

1.  Sur  les  Bohémiens,  voir  Gh.  Balaillard,  De  l'apparition  et  de  la 
dispersion  des  Bohémiens  en  Europe,  dans  Bibliothèque  de  l'École  des 
Charles,  t.  V  (i843-4),  p.  438  et  620,  Ducange,  au  mot  Sarraceni,  et 
Thiers,  Traité  des  supersUlions,  2-^  édit.,  t.  1  (^Paris,  1O97),  .p.  aôO. 
(P.  M.) 

2.  Voir  Antonin,  t.  XII,  cap.  i,  S  xni,  De  observantia  circa  brevia 
et  adjarationes. 

3.  A  propos  dos  cliarmcs,  voir  Jacobus  Sprengcr  (seconde  moitié 
du  \v"  s.).  Maliens  nialejlcarum.  p.  11%  q.  Il",  c  vr,  éd.  de  N  cuise 
(157O),  p.  323.  On  trouvera  des  exemples  de  ces  formules  dans 
P.  Mcyer,  Recettes  médicales  en  provençal  (Romania,  t.  xwii.  1903, 
p.  293). 

4.  Sur  les  brefs,  voir  Thiers,  t.  1.  p.  421,  el  Ducange,  au  mot  bre- 
via (P.  M.).  Cf.  C.  Chabaneau,  dans  Revue  des  langues  romanes. 
[.  WIII  (i883),  p.  167. 

AXN.\LES  DU  MIDI.  —  XXIX.  3J 


378  <:l.   niuNEL. 

ostar  la  malautia,  quinhas  oracios  que  sian  lie  quinhas  scrip- 
turas  que  sian,  he  en  ayssi  quant  ieu  [fol.  60  if)  trobi  enscrich 
en  qualque  taula  que  tal  oracioii  ha  lai  vertut  que  qui  la  dira 
ho  la  portara  desobre  si  jamay  no  morra  de  mort  subilana', 
ho  jamays  no  veyra  las  penas  de  infern,  he  en  ayssi  quant  ieu 
crezi  que,  se  ieu  dizi  totz  los  jorns  tal  oraciou,  ieu  auriey  tal 
sciencia,  ieu  pequi  mortalmen.  Se  ieu  ho  fazia  per  una  sim- 
plessa  he  ignoransa,  no  peccaria  pas  mortalmen.  Quant  en  los 
charmes  no  ha  que  bonas  paraulas  he  lo  signe  de  la  .f . ,  he  no 
hi  ha  ponch  de  supersticiou,  he  semblannien  en  los  brevetz, 
no  hi  auria  pas  mal,  se  no  per  aventura  que  hom  daria  occa- 
siou  de  aver  fola  crezensa  als  simples. 

La  .xv'\  régla.  Totas  ves  que  ieu  dizi  :  «  Aquest  home  es 
stat  pendu t  per  so  que  Dieu  lo  avia  ayssi  ordenat,  he  no  podia 
ponch  autramen  avenir,  he,  despueys  que  Dieu  ha  ordenat  que 
ieu  devi  esser  dampnat,  el  quai  que  vengua  en  ayssi,  he  no  pot 
pas  autramen  avenir,  he  fassa  ieu  mal  ho  be,  aquo  avenra  ;  en 
ayssi  se  Dieu  ha  ordenat  que  ieu  sia  salvat,  fassa  ieù  mal  ho 
be,  aquo  avenra  »,  totas  ves  que  ievi  hiey  tais  crezensas  folas  he 
entrecujadas  deliberadamen,  ieu  pecqui  mortalmen. 

La  .xvj".  régla.  Totas  ves  que  ieu  crezi  determinadamen  que 
per  guérir  de  qualque  malautia  el  quai  far  una  novena  de  can- 
delas,he  que  no  valria  re  se  no  que  n*i  agues  .ix.%  he  en  ayssi, 
quant  crezi  que  lo  vot  de  Nostra  Dama  de  Quezac%  quai  que 
sia  an  fcrmansa*,  he  que  no  valria  re  autramen,  he  en  ayssi 
quant  ieu  fau  autar  ho  celebri  messa  a  qualque  sant  juscas 
que  sia  canonizat,  he  en  ayssi  quant  ieu  vau  a  conjuradors  que 
dizo  alcunas  oracios  sobre  los  huelhs  en  crezen  que  aquelas  aio 

I.  On  trouvera  des  exemples  de  prières  contre  la  mort  subite 
dans  Romaida,  t.  XIV  (i885),  p.  028,  et  Gli.  Msard,  Histoire  des  livres 
populaires,  2'  édit.,  l.  I  (i864),  p.  187.  (I\  M.) 

3.  Comparer  Amilia,  Le  lableti  <le  la  bido  del  iiarjail  l'reslia  (  1O73), 
éd.  Doublet  et  Pasquier  (l'oix,  1897),  p.  237  :  «  as.  .  .  bruhil  ii;iu  c  aiulc- 
lous?  »;  p.  189  :  «  as  alucat  nau  candelous?  » 

3.  Sur  ce  pèlerinage,  voir  Abbé  Albert  Solanot.  Histoire  de  \olre- 
Daine  de  (Juè:ar  (Monde,  ii)o'S).  Luc  collégiale  avait  été  l'ondée  dans 
le  \illago  on  i3()5  par  le  pape  Urbain  \  .  originaire  dos  environs. 

4.  La  pluasp,  cpil  paraît  incomplète,  est  inintelligible. 


OPUSCULEf?    PROVENÇAUX    DU    XV"    SIKCLE.  879 

verfut  de  guérir,  he  en  ayssi  quant  icu  dizi  que  alcunas  oracios, 
mas  que  sian  scrichas  en  pel  verges',  an  lai  effîcacia,  hc  non 
pas  se  ero  scrichas  en  aulra  pel,  he  en  ayssi  quanl  quanl  iou 
dizi  que  alcunas  cordas  fâchas  de  tanlz  de  fiais  [an  lai  vertul], 
he  se  n'i  avia  plus  ho  mens  no  valria  rc,  ho  (|ue  sia  fâcha  lai 
jorn,  he  en  un  aulre  no  valria  re,  ien  pequi  morlalmcn. 

La  .xvij".  régla.  ïotas  ves  que  ieu  hiey  lai  crezensa  que  qui 
no  manja  [fol.  61]  ponch  las  lestas  de  las  bestias  no  aura  pas 
mal  al  cap*,  he  qui  no  manjara  ponch  los  crancx  no  aura  pas 
mal  als  huelhs,  ho  qui  lo  dijous  après  las  temporas  no  man- 
jara ponch  de  carn  no  aura  jamay  la  bossa,  ho  qui  no  se  banha 
ponch  lo  dimars  no  aura  pas  las  febres,  ho  que  fiala,  ho  femo- 
reja,  ho  se  banha,  ho  osla  los  pels  lo  dissapde  fos  mal  fach, 
ho  se  ieu  crezi  que  abslener  de  carn  lo  jorn  de  Paschas^  ho  de 
Noe[l],  ho  de  Panthacosta,  ha  alcuna  vertu  1,  ho  que  las  crozes 
que  boni  fa  quant  se  dis  la  Passion  an  alcuna  vertul  que  no  la 
aurian  pas  se  ero  fâchas  un  aulre  temps,  ho  que  aquelas  ci'ozes 
que  sp  fâchas  en  lo  jorn  de  sancla  .f .  an  alcuna  vertul  que  no 
la  aurian  pas  se  ero  fâchas  en  aulre  jorn,  he  quant  ieu  porti  de 
fuoc  per  las  possessios  en  dizen  que  aquel  guardara  los  fruchs 
de  la  terra,  sian  blalz  ho  autres  fruchs,  de  perda*,  totas  he 
tantas  ves,  ieu  pequi  mortalmen.Se  ieu,  per  honor  de  la  verges 
Maria, me  voli  abslener  defilar  ho  de  femorejar  lo  dissapde  affî 
que  ieu  puesca  mielhs  vaccar  a  Dieu  he  visitar  los  malaules, 
el  séria  bo. 

La  .xvUj" .  régla.  Totas  ves  que  ieu  senchi  la  femna  que  vol 
enfantar  de  la  sencha  de  son  maiit  en  disen  que  cnfantara  plus 
tost,  ho  quanl  ieu  dizi  que  la  femna  que  morra  en  enfaiilau 
no  veyra  jamays  claramen  Dieu,  ho  quant  ieu  dizi  que  renfan. 


I.  A  propos  des  charmes  sur  parchemin  vierge,  voir  Thlers.  I.  I. 
p.  'jio.  (  P.  M.j 

■2.  Sur  celle  croyance,  voir  Tliiers.  (.  I.  p.  3(ji  1 1\  M.),  EvniujUeA 
des  iitienoiiiHes.  111,  n,  pp.  /|G  ef  107.  el  les  usnjios  recueillis  par 
V.  Sebiliol.i.  III.  p.  i2y. 

3.  \oir  Thiers.  l.  I,  p.  373.  (P.  M.) 

4.  Sur  cette  superstition,  voir  Thiers.  l.  I.  p.  -jijS,  el  Ducange.  au 
mot  brando.  (P.  M.) 


38o  CL.    BRINEL. 

quant  mor  sens  baptisme,  no  ha  ponch  de  arma,  ho  quant  amb 
un  cotel  benezesi  la  fenna  que  vol  enfantar,  ho  uieti  la  scoba 
dedins  son  liech,  ho  quant  dizi  que,  se  una  vielha  me  encontra 
primieyramen  lo  niali,  ieu  no  auiiey  pas  en  aquel  jorn  bona 
fortuna',  ho  se  ieu  me  caussi  primieyramen  lo  pe  senestre",  ho 
se  prendi  la  rauba  ho  autre  abilhamen  per  la  part  senestra, 
he  dizi  que  aquel  jorn  no  auriey  pas  bona  fortuna,  ieu  pequi 
mortalmen,  se  no  que  ieu  ho  fezes  per  una  laugeyretat,  que 
non  saubes  re.  [fol.  67  v"] 

La  .xix".  régla.  Totas  ves  que  ieu  mn  fan  portar  als  dyables 
de  un  loc  en  un  autre,  ho  quant  dicalcunas  paraulas  heconjurs 
per  far  venir  los  dyables,  ho  quant  ieu  aprendi  alcunas  sciensas 
dels  dyables,  ho  quant  ieu  liiey  alcuns  pactes  an  los  dyables 
per  aver  qualque  causa  coma  richesas,  ho  fennas,  ho  aur,  ho 
argen,  ho  quant  ieu  fau  la  ymage  de  qualque  persona,  he  bali 
aquela  ymage,  he  crezi  que  per  aquo  lai  persona  sulfrira  he 
sera  tormentada,  he  en  ayssi  quant  ieu  dizi  alcuns  psalmes  en 
crezen  que  aio  vorlut  de  far  mal  ho  de  far  venir  malautia  en 
alcunas  personas,  he  en  ayssi  quant  ieu  uzi  de  la  art  notoria  ' 
ont  ha  tan  tas  figuras  he  de  oracios  que  hy  ha  de  noms  scurs, 
he  que  manda  guardar  los  ponchz  de  la  luna  he  reguardar  las 
figuras,  totas  he  tantas  ves,  ieu  pequi  mortalmen,  se  no  que  ho 
fezes  per  simplessa. 

La  .xx".  régla.  Totas  ves  que,  ieu  crezi  que,  quant  los  ausels 
canto  sobre  la  mayso  de  qualque  persona  malaula,  que  la  per- 
sona morra  ho  que  hi  aura  qualque  grau  mal*,  ho  quant  ieu 
crezi  que,  se  lo  lop  ho  la  lebre  me  passa  lo  mati  de  davant  ieu, 

I.  Sur  la  fasciiialion  produite  par  la  rencontre  des  vieilles  fem- 
mes, voir  J.  Sprengcr,  p.  I".  q.  Il",  éd.  de  \  enise,  p.  21. 

■2.  Autres  exemples  de  cette  croyance  dans  Las  ordenansas  e  cous- 
lamas  del  libre  blanc,  éd.  J.-H.  A'oulet  (Monipcllier,  1878),  p.  55  (P.  M.), 
et  les  Évangiles  des  quenouilles,  Ifl,  \vi,  p.  Sa. 

3.  Voir  Anlonin,  lit.  XII  (De  in fideliiale),  cap.  i,  Dearte  iioloria,  inqua 
fiunl  quedam  jejunia  et  oraiiones  cum  quibnsdam  observanliis  vanis  ad 
imiuirendum  scientiam,  et  traité  précédenî.  cli.  I  B,  S  2,  et  cli.  \l, 
S  3. 

/».  Les  corbeaux,  les  pies,  les  oiseaux  noclurnes  oui  celle  réputa- 
tion. Voir  P.  Sebillot,  t.  III,  p.  icjô. 


OPUSCULES    PROVENÇAUX    DU    XV"    SIÈCLE.  38 1 

no  auriey  pas  bona  fortiina  ',  ho  (|uant  ieu  crezi  que  hi  ha  alcuns 
conjurs'  que  guardo  que  les  lops  ho  les  cas  no  fan  pas  mal  ho  que 
no  tocopas  las  beslias,  ho  quant  ieu  crezi  que  cl  hi  haconjursque 
an  vertut  de  fararrestar  los  hiyros  que  no  salhiran  pas  de  alcunas 
possessios,  ho  quant  ieu  dizi  que  las  armas  salhisso  de  Purgua- 
tori  las  festas,  ho  quant  ieu  layssi  lo  cer  la  taula  mesa  an  de 
viandas  en  crezen  que  los  vezis  ho  autres,  après  que  hom  s'en 
sera  anat  jazer,  venvan  he  farau  la  bona  chera  he  donaran  las 
bonas  fortuuas,  ho  quant  ieu  die  que  lo  dilus  es  mal  fach  de  se 
levar  mati  per  besonhar  he  que  las  armas  torno  en  pcnas  quant 
lo  primier  comcnsa  de  besonhar',  totas  he  tantas  ves  ([uc  ieu 
hiey  aquestas  folas  crezensas,  ieu  pequi  mortalmen,  se  no  que 
ignoransa  me  excuses.  Be  es  veray  ([ue  bclcop  de  ves,  quant 
[fol.  62]  la  persona  deu  morir  lio  deu  aver  alcun  gran  enconvc- 
nien,  que  el  iii  ha  belcop  de  ves  alcuns  signes,  coma  en  belcop 
de  convens  et  de  abbadias  hom  auzis  alcuns  cops',  he  alcuns 
an  vist  que,  quant  qualque  persona  moria  en  una  mayso,  las 
agassas  lie  los  gorbs  cridavo  fort,  en  tais  signes  no  quai  pas 
creyre  determenadamen,  mas  el  es  bo  de  doptar,  heque  lo  ma- 
laute  se  meta  en  bon  stat. 

La  .xxj" .  régla.  Totas  ves  que  ieu  doni  certa  crezensa  aïs 
soinpnis,  coma  ieu  hiey  sonnjat  que(((ue)  tal  persequciou  venra, 
se  ieu  crezi  determinadamen  que  sera  en  ayssi,  ieu  pequi  mor- 
talmen, se  no  que  me  fos  révélât,  heque  ieu  foscert  de  la  reve- 
laciou  he  entendemen;  en  ayssi  dels  sompnis,  que  so  de  las 
causas  que  dependo  de  la  voluntat  del  home,  ({uar  per  los 
sompnis  hom  poyria  be  conoysser  lie  jutjar  de  alcunas  causas 
naturals.  Belcop  de  autras  causas  hom  poyria  ayssi  dire  he 
mctre,  mas  aquestas  so  las  plus  principals. 

La  .xxij" .  régla.  Totas  ves  (pie  ieu  podi  empachar  los  mais 


I.  Cette  croyance  est  fréquente,  voir  P.Sebillol,  ibid.,  p.  28.  el  sur 
la  rcnconire  du  lièvre,  Évangiles  des  quenouilles,  II,  ui,  p.  33. 
a.   P.  Scbillot,  ibicL,  p.  33,  cite  phisieurs  de  ces  conjurations. 

3.  C'est  sans  doute  à  la  même  superstition  que  fait  allusion  Amiiia. 
ouvr.  cité,  p.  189  :«  .Vurias  refusât  le  dilus  De  donna  de  foc  a  degus  ?  » 

4.  Voir  P.  Meyer,  notice  citée,  p.  96,  sur  cette  tradition  qui  existe 
encore  dans  certaines  familles. 


382  CL.     BRUNEL. 

sobredichs,  ho  en  amonestan,  ho  en  corrigen,  ho  en  denuncian 
an  aquels  que  ho  devo  corrigir,  he  ieu  non  ho  fau  ponch,  ieu 
pequi  mortalmcn,  aven  las  circunstansas  que  deu  aver  la  cor- 
rectiou  fraternal. 

ïotas  causas  sobredichas  so  contra  lu  primier  comandamen 
de  la  ley,  he  se  deu  entendre  en  ayssi  :  Un  solet  Dieu  tu  creyras, 
un  en  essencia  he  très  en  personas,  he  aquel  tu  adoraras  he 
amaras  sobre  tôt,  he,  tôt  quant  tu  faras,  tu  faras  per  amor  de 
aquel,  he  tu  no  auras  pas  fola  crezensa  en  crezen  que  las  crea- 
turas  aio  alcunas  vertutz,  las  quais  no  an  pas,  ni  faras  causa 
que  hi  aia  supersticiou. 

[Il] 

Lo  segon  comandamen  de  la  Icy  es  :  Tu  no  juraras  ni  penras 
lo  nom  de  Dieu  en  va. 

La  prlmieyra  régla.  Totas  ves  que  ieu  blasfenii,  so  es  assabcr 
juri  per  los  [fol.  62  v"]  menbres  de  Jhcsu  Christ,  quinhs  menbres 
que  sian,  sian  mas,hopes,  ho  brasses,  ho  autres  menbres,  he'  en 
ayssi  quant  ieu  juri  per  los  menbres  liontoses  de  Jhesu  Christ, 
heen  ayssi  quant  ieu  juri  per  los  menbres  que  homdeu  aver  en 
gran  rêve rensa," coma  lo  sang  que  ha  stat  scampat  per  nos  per 
las  plagas  per  lo  costat,  ieu  pequi  mortalmen  ;  quant  ieu  no  hi 
pensaria  pas,  mas  juraria  no  hi  pensan,  no  séria  que  venial. 

La  .ij".  régla.  Totas  ves  que  ieu  juri  Dieu  per  messongia  he 
per  falsetat,  he  en  ayssi  quant  ieu  juri  qualque  creatura,  coma 
una  peyra,  lo  fuoc,  l'aygua,  he  en  ayssi  de  las  autras  creaturas, 
en  quant  que  la  perfection  de  Dieu  es  participada  en  tal  crea- 
tura, quar  cascuna  creatura  ha  alcuna  perfection  del  Creator, 
totas  he  tantas  ves  que  ieu  ho  fau,  ieu  pequi  mortalmen.  Se 
ieu  no  hi  pensava,  mas  subitamen  ho  fazia,  no  séria  pas  mortal. 

La  .iij".  régla.  Totas  ves  que  iou  me  obligui  ad  alcuna  pena 
coma  :  «  Jamay  no  veia  ieu  Dieu  se  no  es  en  ayssi  !  »,  lio  «  Lo 
diable  m'enporte,  se  aysso  no  me  costa  tant!  »,  quant  ieu  fau 

I.  I.es  mots  he  en  (lyssi...  de  Jhesu  Chrit^l  onl  (-lé  raturés  avec  l'in- 
tention d'en  rendre  la  lecture  impossible.  Cf.  ci-après,  ch.  V,  règle  ni. 


OPUSCULES    PROVENÇAUX    DU    XV'    SIECLE.  38.1 

tais  juramens  per  falsetat  ho  mcssonja,  ieu  pecpii  niortalincn. 

La  .iiij".  régla.  Totas  ves  que  ieu  juri  de  far  alcuiia causa  (|uc 
es  peccat  mortal,  coma  ieu  juri  c[ue  jamay  no  intrariey  cii  la 
gleysa,  ho  jamays  no  fariey  que  mal,  ieu  pequi  morlalmen  en 
juran,  he  no  devi  pas  lener  lo  juramen.  En  ayssi  quant  ieu  juri 
de  tener  secret  alcuna  causa  que  noes  cndampnatgo  dcpersona, 
he  ieu  la  descobrissi,  ieu  pequi  morlalmen.  Se  la  causa  portava 
dampnatge  notable  a  qualque  persona,  ieu  devi  dire  an  a(|ucla 
persona  a  qui  portaria  dampnatge  que  se  guarde  he  demore  en 
son  avisamen,  he  no  li  devi  pas  manifestar  la  persona  que  li 
vol  far  dampnatge,  enquaras  quant  ieu  no  auria  jurât.  Ieu  devi 
far  en  ayssi  sub  pena  de  peccat  mortal.  [fol.  63] 

La  .v".  régla.  Totas  ves  que  ieu  hiey  jurât  de  guardar  los  sta- 
tutz  de  alcuna  universitat  he  comunitat,  los  quais  so  licilz, 
he  ieu  los  transpassi,  se  no  que  fosso  a[b]roguatz  he  delayssatz 
perla  comunitat,  [ieu  pequi  mortalmen]  ;  coma  ieu  jurique  totas 
las  ves  que  lo  rector  de  la  Universitat  de  Tholosa  me  mandara 
venir  a  la  congregatiou,  ho  me  mandara  que  ieu  no  prengua  pas 
en  mon  collegi  los  scolars  que  s'en  van  de  un  autre collegi '[...] 
ieu  que  hiey  jurât  de  tener  los  statutz,  se  no  fau  aysso,  pecqui 
mortalmen.  En  ayssi,  nos  em  très  companhos  que  anam  d'ayssi 
a  Roma,  he  juram  que  la  un  no  layssara  pas  l'autre,  se  ieu 
layssi  mon  companho,  ieu  pequi  mortalmen,  he  principalmen 
quant  la  ley  de  Dieu  nos  obligua  a  far  tais  causas,  he  en  causas 
lasqualas  layssar  séria  contra  Dieu,  en  ayssi,  quant  las  promes- 
sas  an  las  condicios  que  devo  aver,  he  que  las  condicios  no  se 
mudo  pas,  he  que  me  soy  obligat. 

La  .vj".  régla.  Totas  ves  que  ieu  hiey  promep  de  attendre  he 
de  far  alcuna  causa  que  es  licita,  coma  de  paguar  alcuna  soma 
de  argen,  ho  de  venir  tal  jorn  en  tal  loc,  se  ieu  al  terme  que 
hiey  mes  no  attendi  la  promessa,  ieu  pequi  mortalmen,  se  no 
que  la  partida  me  agues  relaxât  lo  juramen  ;  he  en  ayssi  quant 
la  causa  es  de  emportansa,   quar,   quan  séria  qualque  petita 

I.  Cf.  la  réforination  de  l'Université  de  Toulouse  ordonnée  par  le 
pape  Jean  XXII  en  iSag,  S  vu,  De  non  sublrahendis  scolaribus  el  pena 
siibtrahenliuni,  dans  M.  Fournier,  Les  statuU  et  privilèges  des  Univer- 
sités françaises,  t.  I  (1890),  p.  5o8, 


384  CL.    BRUNEL, 

causa,  no  séria  pas  peccat  mortal,  coma  se  leu  juri  de  far  qual- 
qiie  petita  causa,  coma  de  batre  mon  enfan,  ho  ma  filha,  per 
un  petit  de  corros,  he  ieu  no  lo  bâti  pas,  ieu  no  pequi  pas  mor- 
talmen. 

La  .vif.  régla.  Quant  ieu  juri  per  la  veritat  sens  nécessitât, 
coma  ieu  juri  de  anar  démo  a  la  messa,  ho  de  sopar,  ho  que  ieu 
hiey  dinat,  he  en  ayssi  de  las  autras  causas,  que  no  es  pas  né- 
cessitât de  jurar,  ieu  no  pequi  que  venialmen.  El  es  veray  que 
hom  se  deu  retrayre  de  aquela  costuma  afiî  que  hom  no  se 
sperjure,  he  per  aventura  que  es  peccat  mortal  de  s'i  acostuma, 
per  so  que  hom  se  met  en  perilh  de  perjurar,  healcus  diso  que 
s'i  acostumar  es  peccat  mortal  per  la  razo  sobredicha.  [fol.  63  v"] 

La  .viij".  régla.  Totas  ves  que  ieu  fau  adjuraciou  a  un  que  no 
es  pas  mon  subget  per  manieyra  de  costrencha,coma  se  ieu  die: 
«  En  lo  nom  de  Dieu,  ieu  te  adjuri  que  tu  fassas  lala  causa  », 
ieu  pequi  mortalmen.  Quant  ieu  ho  fau  a  mon  subjet,  no  es  pas 
peccat.  Se  ieu  fau  adjuraciou  a  un  que  no  es  pas  mon  subjet, 
non  pas  en  lo  constrengen,  mas  en  lo  preguan  coma  :  «  Ieu  to 
adjuri  »,  so  es  a  dire  :  «  Ieu  te  pregui  en  lo  nom  de  Dieu  que 
lu  fassas  tal  causa  »,  adoncas  es  be  fach.  Se  ieu  adjuri  lo  dyable 
en  li  demandan  adjutori,  ieu  pequi  mortalmen,  se  no  que  aquo 
fos  per  spiraciou  del  Sant  Sperit.  Se  ieu  los  adjuri  en  los  cons- 
trengen en  lo  nom  de  Dieu  que  no  nos  nozo  pas,  ho  que  no  uzo 
pas  de  las  creaturas  irrasonablas  a  nos  nozer,  ieu  no  pequi  pas, 
mas  es  be  fach.  ïotz  aqucls  mais  sobredichs,  qui  los  fazia  per 
ignoransa  envincibla,  que  no  saubes  pas  que  fos  mal  fach,  he 
la  ignorancia  no  venria  pas  per  défaut  de  la  persona,  no  peca- 
ria  pas. 

He  totas  aquestas  reglas  sobredichas  so  per  declarar  quossi 
hom  pecca  contra  lo  segon  coraandameii,  lie  se  deu  en  ayssi 
entendre  en  retornan  lot  aquo  dessus  dich  :  Tu  iio  juraras 
Dieu  per  messonja,  ni  sas  creaturas,  ni  los  menl)res  de  Jhesu 
Christ,  ni  per  vertat,  ni  per  messonja,  !ii  adjuraras  menre  que 
tu  en  li  comandan,  ni'los  dyables  en  los  [Heguan  lio  en  lor  de- 
mandan adjutori,  se  no  que  te  fos  spiral. 


OPUSCULES    PROVENÇAUX    DU    XV"    SIÈCLE.  385 


[III] 

Lo  ters  comandamen  es  :  ïii  honoraras  las  Testas  he  las 
sanctificaras. 

La  primieyra  régla  es.  Totas  ves  que  no  auzi  poiich  messa 
Los  dimenges  he  las  Testas,  se  no  que  icu  agues  legelima  desen- 
cusa,ieu  pecqui  mortalmen;  he  generalmen,  quant  hi  ha  causa 
legelima,  qui  non  ausis  pas,  noespas  peccat,  mas  cascun  avise 
que  es  causa  legetima,  que  no  sia  pas  causa  laugieyra  !  Se  ieu 
hiey  legetima  desencusa,  que  soy  malaute,  ho  servissi  als  ma- 
lautes,  ho  guardi  la  mayso  de  [fol.  6^t]  un  mas,  ho  soy  pastre, 
he  qualque  quant  lo  bestial  es  defora  la  mayso,  coma  es  de 
aquestz  pastres  que  meno  las  bestias  a  la  montanha  ont  qualque 
totjorn  demore,  en  ayssi  quant  ieu  besonharia  per  qualque 
gran  causa,  coma  de  traclar  la  pax  en  un  rialme,  adoncas  ieu 
no  pequi  pas.  Se  ieu  no  la  auzissi  pas  tota,  mas  que  no  s'en 
falha  pas  notablamen,  coma  se  hom  comensa  de  dire  la  epistola 
quant  ieu  veni,  no  es  pas  peccat  mortal.  Se  ieu  no  auzi  pas  la 
messa  del  jorn,  ho  se  ieu  no  attendi  pas  al  sen  de  la  letra,  mas 
que  ieu  tengua  lo  cor  a  Dieu  en  dizen  mas  lioras,  ho  en  re- 
conoyssen  mos  peccatz,  no  es  pas  peccat,  he  principalmeii 
als  laycz  que  no  sabo  decernir  quinha  messa  es  ni  entendo  lo 
lati. 

La  .Ij" .  régla.  Quant  ieu  fau  obra  servila  lo  jorn  de  festa,  he 
en  aquo  no  hi  lia  ponch  de  nécessitât,  he  que  ieu  m'i  occupi 
longamen,  he  que  no  es  pas  obra  pia,  ieu  pequi  mortalmen.  Se 
era  nécessitât,  coma  .j.  rossi  es  tombât  dedins  .j.  valat  en  jorn 
de  festa,  ho  la  ribieyra  creys  he  ne  menaria  i'ustas,ho  niolis,  ho 
autras  causas,  semblanmen,  ieu  vezi  que  lo  temps  es  mal  dis- 
pausat  he  que  ieu  poyria  perdre  los  blatz  he  los  vis,  adonc,  mas 
que  hom  agues  auzit  messa  he  que  non  ho  fezes  pas  per  avaricia, 
el  poyria  meyssonar  he  vindemiar  las  festas.  En  ayssi  quant  la 
obra  es  pia,  comadecobrir  ho  bastir  qualque  gleysa,  ho  laborar 
lo  camp  de  un  paubre  home,  no  es  pas  peccat,  mas  es  ben  me- 
ritori,  he  de  tirar  sas  fustas  a  sos  molis,  de  levar  sas  bestias 


386  CL.    BRUNEL. 

quant  serian  tombadas  en  valatz,  he  en  tota  autra  causa  que 
hy  aia  nécessitât,  no  es  pas  peccat. 

La  .iij".  régla.  Totas  vesque  ieu  porti  de  merchandisas,  he  se 
ieu  me  sojornava  totas  las  festas  ieu  faria  un  gran  despens, 
adonc,  après  que  ieu  hiey  auzit  ma  messa  he  hiey  fach  a  la 
gleysa  mon  dever,  ieu  podi  carguar  mas  bestias  he  m'en  anar, 
en  no  fazen  pas  si  gran  jornada  coma  un  [fol.  6^1  V]  autre  jorn. 
En  ayssi,  ieu  que  camini  a  pe  ho  a  caval,  après  que  ieu  auriey 
auzit  ma  messa  he  reconogut  Dieu,  ieu  podi  caminar  en  pensan 
per  mon  cami  de  ma  consciensa,  he  caminar  mens,  afïî  que  ieu 
puesca  pensar  en  Dieu,  se  no  que  hi  agues  causa  legittima  que 
me  calgues  despachar  cami.  Apres,  ieu,  que  soy  en  la  mar, 
no  soy  pas  tengut  de  auzir  messa;  se  ieu  era  a  la  riba  he 
ne  podia  anar  auzir,  ieu  hi  deuria  anar,  he  peccaria  se  no  hi 
anava.  • 

La  .idj".  régla.  Totas  ves  que  ieu  compri  ho  vendi  al  jorn  de 
festa  causa  que  no  sia  per  despendre  lo  jorn,  ho  causa  que  hi 
qualha  gran  mercat  he  gran  occupaciou  en  venden  ho  en  com- 
pran,  he  principalmen  quant  no  hy  ha  pas  nécessitât,  ieu  pecqui 
mortalmcn.  Se  ieu  compri  de  po  ho  de  vi  per  lo  jorn,  no  es  pas 
peccat.  Ieu  que  soy  bochie,  he  tôt  lo  jorn  vendi  la  carn,  he  a 
gran  pena  auzissi  messa,  no  crezi  ieu  que  sia  excusât,  quar  no 
es  pas  nécessitât,  quar  cascun  s'en  pot  provesir  lo  jorn  de 
davant,  se  no  que  hi  agues  belcop  de  festas  en  seguen,  he  que 
perdria  la  carn  se  no  la  vendia  al  jorn  de  festa.  Aquel  que  com- 
praria  de  carn  lo  jorn  de  festa  per  tôt  lo  jorn  no  peccaria  pas, 
se  no  per  tant  que  donaria  occasiou  al  bochie  de  s'i  occupar  tôt 
lo  jorn.  La  ostalieyra  que  tôt  lo  jorn  se  occupa  en  venden  los 
vieures  sens  auzir  messa,  ela  pecca  mortalmen,  mas  en  una 
ostalaria  s[i]o  dos  ho  très,  he  que  quant  la  un  servira  a  la 
mayso,  que  l'autre  ane  auzir  messa.  he  après  la  messa  se  podo 
occupar  la  tôt  lo  jorn  en  venden  a  gens  (jue  n'aio  nécessitât, 
coma  a  gens  que  camino,  quar  se  se  occupavo  tôt  lo  jorn  après 
la  messa  a  vendre  a  truans  de  vila  que  ])odo  manjar  he  heure  a 
lor  mayso,  no  serian  j)as  excusatz;  lio  que  la  un  servisca  una 
partida  del  jorn  lie  l'autre  adoncas  pense  en  sa  consciensa,  he  en 
ayssi  no  qualra  ponch  que  tôt  la  jorn  se  occupo  la 


OPUSCULES    PROVENÇAUX    DU    XV    SIÈCLE.  887 

La  .v".  régla.  leii,  que  soy  scolar  a  Paris  ho  a  ïholosa,  podi 
be  scriure  [fol.  65]  ma  leyso  que  ausiriey  aquel  Jorn,  mas  que 
no  me  laysse  pas  per  aquo  de  auzir  mcssa  he  de  pensai-  en  ma 
consciensa,  que  no  scriva  pas  .j.  casernonl  me  qualria  occupar 
lot  lo  jorn  ho  la  plus  gran  partida  del  jorn.  En  ayssi,  ieii,  (juc 
soy  maestre,  podi  be  far  leysso  als  scolars  una  \cs  lo  jorn,  mas 
(pie  no  me  laysse  pas  per  aquo  de  far  mon  dever.  a  Dieu,  ieu  no 
pequi  pas.  Quant  hom  lo  jorji  de  fieyra  no  auzis  ponch 
messa  en  jorn  de  fesla,  mas  tôt  lo  jorn  ven  lie  conipra,  pecca 
mortalmen,  he,  après  que  ha  auzit  messa,  compra  ho  ven  tôt  lo 
jorn  de  la  festa,  non  obstan  que  los  prelatz  ho  permeto,  es  una 
causa  perilhosa  he  doptosa,  he  principalmen  quant  hom  fa  per 
guasanh  temporal,  quar  quant  hom  ho  faria  per  socorre  a  qual- 
que  pays  deaquela  merchandisa,  enquaras  no  séria  pas  si  doptos. 
El  es  veray  que  despueys  que  los  prelatz  ho  susporto,  melhor 
es  de  dire  que  no  es  ponch  peccat,  he  majormen  quant  hom  fa 
sens  avaricia.  D'alcunas  \es  los  prelatz  non  ho  volriaii  pas,  mas 
per  patiensa  ho  supporto,  adonc  séria  doptos,  he  per  aventura 
peccat,  quant  hom  ho  saubria.  Apres,  se  ieu,  que  leni  servitors, 
he  los  fau  besonhar  los  jorn  de  festa  obras  que  no  se  devo  pas 
far  aquel  jorn,  ieu  pequi  mortalmen,  he  els  aytant  be  que  me 
crezo.  Se  ieu,  que  hiey  besonh  de  me  logar  he  no  trobi  persona 
que  me  vuelha  logar,  se  no  que  ieu  besonhc  las  festas  en  venden 
ho  en  compran,  lo  plus  segur  es  que  ieu  me  logue  a  jornal,  ho 
aprenga  un  autre  mestier  que  no  lu  sia  ponch  aquel  perilh,  ho 
que  plus  tost  mendique. 

La  .vj".  régla.  Se  ieu,  après  la  messa,  toi  lo  jorn  no  fau  que 
jogar  an  datz  ho  a  las  cartas,  enquaras  quant  al  joc  no  auria 
'ponch  de  scandol,  ho  tôt  lo  jorn  dansar,  enquaras  quant  hi 
serian  las  .vj.  condicios  requisas  a  las  dansas,  ho  tôt  lo  jorn 
confabular  he  dire  paraulas  ociosas  an  mon  vezi,  he  que  de  tôt 
lo  jorn  no  me  sovenra  de  Dieu  ni  de  ma  consciencia,  [pequi 
mortalmen].  Las  festas  quai  mètre  la  plus  gran  partida  del 
jorn  a  servir  Dieu.  Apres  la  messa  aysso  [fol.  65  v"]  es  una 
causa  fort  perilhosa  he  doptosa,  entenden  que  hom  no  jogue 
pas  per  avaricia,  mas  lo  vi,  per  se  recrear,  quar  lo  dimenge  he 
las  festas  so  instituidas  per  reconoysser  Dieu,  he  per  so  el  es 


388  CL.     BRUNEL. 

fort  perilhos  de  esser  peccat,  al  mens  hom  se  met  en  langier 
he  perilh  de  peccar  sens  causa  razonabla. 

La  .vij".  régla.  Totas  ves  que  ieu  fau  peccat  mortal  lo  dimenge 
ho  jorn  de  festa,  ieu  ne  fau  dos,  coma  ieu  raubi  al  jorn  de  festa, 
el  n'i  ha  dos,  la  un  que  raubi,  l'autre  que  viouli  la  festa. 

La  .viij".  régla.  Totas  ves  que  ieu  soy  al  atge  de  .xxj.  an[s]  he 
no  dejuni  pas  los  dejuns  mandatz  per  la  Gleysa  ho  de  ma 
religion,  ieu  pecqui  mortalmen,  se  no  que  agues  legetima 
desencusa.  Qui  so  aquels  que  an  legetima  desencusa?  Aquo  es 
stat  mes  a  las  autras  reglas  '. 

Totas  aquestas  reglas  soper  declarar  quant  hom  pecca  contra 
lo  ters  comandamen,he  se  deu  en  ayssi  entendre  :  Tu  colras  las 
testas  en  auzen  la  messa  entieyramen,  he  en  no  fazen  deguna 
obra  servila,  se  no  que  hy  agues  gran  nécessitât  ho  la  obra  fos 
pia,  mas  tu  vaccaras  la  plus  gran  part  del  jorn  en  ta  consciensa, 
ho  en  visitan  gleysas,  ho  malautes,  he  dejunaras  los  juns 
comandatz  despueys  que  venras  ad  atge. 


[IVJ 

Lo  quart  comandamen  es  :  Tu  honoraras  tos  parens,  so  es  ton 
payre  he  ta  mayre. 

La  prUnieyra  régla.  Totas  ves  que  ieu  dizi  obprobris  he  vila- 
nias  a  mon  payre  he  a  ma  mayre,  coma  se  ieu  lo  apeli  «  Vila 
ybre!  »,  ho  u  Vila  pesolhos!  »,  ho  quant  ieu  li  dizi  enjurias, 
coma  se  lo  apcli  «  Layro!  »,  he  generalmen  quinh  obprobri  que 
ieu  li  diga  per  malvat  coratge,  ieu  pcqui  mortalmen.  En  ayssi, 
se  ieu  me  trufïi  de  els  notablamcn,  quar  se  no  di/i  que  un  petit 
deffaut  en  rizen,  per  una  laugcyrctal,  no  pcccaria  pas  mor- 
talmen. JMi  ayssi,  (juant  ieu  no  lor  obezissi  en  causas  licitas  he 
honestas  uni  ieu  no  hiey  ])as  dampnatge  ni  spiritual  ni  tem- 
poral, lii)  ieu  vezi  be  que  en  no  lor  obezen  los  provocariey  ad 
ira,  ieu  [fol.  6'6]  pequi  mortalmen,  lie  pricipalmen  quant  hom 
es  en  lor  subjectiou  ho  demoran  en  lor  mayso.  Se  ieu  lor  parti 

1.  Trailé  des  sept  péchés  capUaax,  ch.  IV,  specia  ii. 


OPUSCULES    PUOVENÇAUX    DU    XV"    SIECLE.  SSçj 

irreverenmen,  he  que  en  pailaii  amlj  els  no  lor  iK)ili  plus  de 
reverensa  que  faria  a  mon  servitor,  he  per  aquo  los  l'au  corros- 
satz,  ieu  pequi  mortalnien.  Se  no  volian  pas  que  icu  intres  en 
religion,  ho  que  me  fezes  capela,  ho  se  volian  que  ieu  perdes 
mon  temps,  he  que  no  ânes  ponch  als  sludis,  ho  que  ieu  vendes 
una  hona  possession  ([ue  hiey  acquirida  que  me  es  be  neces- 
saria,  no  soy  pas  tengul  de  lor  obezir,  mas  me  devi  excusar 
g^-aciosameu.  Se  iey  lor  parli  un  petit  dnramen  d'alcunas  ves, 
ho  se  no  lor  fau  pas  totjorn  reverensa,  mas  que  no  hi  aia  pas 
notable  excès,  no  es  que  peccat  venial,  se  no  que  hom  vigues 
que  s'en  turbesso,  quar  adonc,  per  razo  del  scandol,  qualria 
cesser. 

La  .ij".  régla.  Se  ieu  no  socorri  a  mon  payre  he  a  ma  mayre 
quant  ne  an  nécessitât,  he  quant  ho  podi  far,  debes  temporals, 
he  de  servissi  se  so  malautes  ho  vielhs,  que  no  se  puesco  servir, 
he  se  ieu  no  pagui  las  layssas  que  an  layssadas  en  lors  testa- 
mens.  he  se  ieu  los  hiey  maudichs  mortz  ho  viens,  ho  se  ieu  los 
hiey  balutz  ho  tuatz,  ieu  pequi  morlalmen.  Se  ieu  soy  un  petit 
negligen  a  lor  provesir  ho  a  lor  paguar  lors  layssas,  no  séria 
que  venial. 

La. iij".  régla.  Se  ieu,  que  soy  marit,  dizi  paraulas  enjuriosas 
he  diffamatorias  a  ma  molher  en  la  apelan  «  Puta!  »  ho 
«  Macarela  !  »,  he  en  ayssi  de  las  autras  enjurias,  en  la  provocan 
ad  ira,  ho  quant  ieu  la  bâti  sens  causa,  ho  quant  ieu  la  mes- 
prizi  plus  que  no  devi  en  la  provocan  ad  ira,  ho  quant  ieu  no 
la  provezissi  de  aquo  que  li  es  necessari,  coma  de  vieurcs,  ho  de 
raubas,  ho  de  autras  causas,  se  no  que  no  pogues,  ho  quant  ieu 
li  layssi  portar  abilhamens  trop  dissolutz  he  pomposcs  otra  son 
stat,  los  quais  no  sepoguessoentretenersens  mal  lar,  ho  quant 
la  layssi  anar  a  vanetatz,  coma  a  dansas,  lo  temps  que  deuria 
anar  a  la  gleysa,  ieu  pequi  mortalmen.  Se  no  hy  [fol.  66  t»"] 
avia  pas  gran  excès  en  sos  abilhamens,  no  séria  pas  que  venial. 

La  .iiij".  régla.  Totas  ves  que  ieu  no  provezissi  a  mos  enlans 
he  a  mos  servitors,  que  se  apcio  sers,  de  abilhamens  he  de 
vieures,  he  en  ayssi  quant  no  cnsenhi  a  mos  enfans  aquo  que 
devo  saber  coma  lo  Pater  nosler,  la  Ave  Maria,  lo  Credo,  he 
quant  no  los  instruissi  en  bonas  costumas,  ho  quant  no  los  l'an 


SgO  CL.    BRUNEL. 

instruir,  lie  quant  no  los  corregissi  quant  fan  mal,  ho  quant 
fau  anar  mos  servitors  al  hospital  quant  so  malautes,  he  no  los 
pravezissi  ni  los  fau  servir  quant  me  an  lialmcn  servit  he  lor 
soy  obligat,  ieu  pequi  mortalmen.  Quant  ieu  non  ho  poyria  far 
per  paubrieyra,  ieu  séria  excusât,  se  no  que  la  paubrieyra 
vengues  per  ma  negligensa. 

La  .v".  régla.  Totas  ves  que  ieu,  que  soy  mayre,  he  que  no 
ensenhi  mas  filhas  lo  Pater  noster,  le  Ave  Maria,  lo  Credo  he 
bonas  costumas,  ho  quant  las  layssi  anar  en  companhias  disso- 
ludas  que  so  occasion  de  grans  peccatz,  ho  quant  lor  layssi 
portar  abilhamens  dissolutz  he  provocans  a  luxuria,  ho  quant 
ieu  no  las  castigui  quant  fan  mal,  ho  quant  ieu  lor  mostri 
\anetatz  que  so  occasion  de  grans  peccatz,  ieu  pequi  mortalmen. 

ïotas  aquestas  reglas  sobredichas  so  a  declarar  quant  hom 
pecca  contra  lo  quart  comandamen,  lie  se  deu  entendre  en 
ayssi  :  Tu  honora  ras  ton  payre  he  ta  mayre  eu  lor  soccorren 
en  lor  necessitalz,  en  no  los  maudizen,  ni  truifan,  ni  mesprezan, 
ni  vituperan.  mas  en  lor  obezen  en  causas  licilas  he  honestas, 
he  tu,  payre,  proveziras  a  la  luolliei ,  lie  a  tos  enfaiis,  he  a  tota 
la  faniilia. 

[V] 

Lo  .V.  comandamen  es  :  Tu  no  tuaras  persona, 
La  primieyra  régla.  Se  ieu  tuy  qualque  un  an  voluntat  de  ho 
fardefora  lo  orde  de  justicia,  he  en  ayssi  sens^  voluntat,  quant 
ieu  lo  tuy  en  fazen  causa  illicita,  coma  en  juslas,  ho  en  jocx 
illicitz,  ho  en  fazen  causa  licita,  ((uant  ieu  no  hy  meli  suffi- 
cienla  [fol.  67]  diligentia  de  m'en  guardar,  coma  quant  ieu 
geti  de  peyras  a  las  carrieyras  he  no  cridi  ponch  (|ue  hom  se 
guarde,  he  en  ayssi  quant  en  me  deffenden  i(Mi  tuy  un  home, 
lie  me  podia  be  delfendre  sens  lo  tuar,  he  en  ayssi  quant  ieu  lu\ 
.j.  home  en  me  deffenden,  he  no  me  podia  pas  deffendro  se  no 
que  lo  tues,  quanf  ieu  soy  occasion  del  debal,  coma  quant  lo 
marit  me  trolja  en  mal  en  sa  mollier,  lolas  lie  lanlas  ves.  ieu 
pequi  inorlalnien.  (^)uanl  séria  en  lo  orde  île  juslicia,  coma  lo 
borreu,  ho  en  bala!li;i  licila,  no  es  peccat,  mas  es  beii  iach. 


OPUSCULES    PROVENÇAUX    DU    XV*    SIECLE.  .Sgi 

La  .ij''.  régla.  Se  lo  jutge  coiidampna  a  moil  un  que  es 
innocen  he  que  no  ha  passtat  prohat  sufficienmen,  lio  (|uant  es 
prohat  segon  lo  cors  de  drecli,  mas  los  leslimonis  so  Taises,  he 
lo  jutge  sab  be  que  la  persona  es  innocenta,  heaysso  segon  una 
oppinio,  quar  d'autres  diso  que  lo  julge  deu  jutjar  secundum 
allegata  et  probata,  enquaras  quant  sab  be  que  la  persona  es 
innocenta,  he  en  ayssi  quant  lo  jutge  jutja  per  venjansa  la 
persona,  ho  per  avaricia,  ho  per  enveja,  ho  per  temor,  ho 
per  favor,  ho  per  complayre,  pecca  mortalmen,  he  es  homi- 
cida. 

La  .iij".  régla.  Se'  ieu,  que  soy  grossa  de  enfan,  per  mede- 
cinas,  ho  per  herbas,  procuri  que  lo  enfan  morisca  al  ventre, 
ho  se  ieu  bayli  lo  cosselh,  ho  la  art,  ho  la  niedecina  per  ho  far, 
ho  se  ieu  bat^  .j'.  fenna  grossa  per  lo  ventre,  ho  en  loc  que  lo 
enfan  puesca  penre  mal,  enquaras  quant  per  so  lo  enfan  no 
mora  pas,  ho  se  ieu,  per  ma  negligentia  de  me  guovernar  be, 
que  fau  excès  de  laborar,  ho  de  sautar,  ho  de  portar  gran  cargua 
de  qualque  causa,  lo  tuy  al  ventre,  ho  se,  per  ma  negligencia,  lo 
tuy  en  lo  liech  alpres  de  mi,  ieu  pequi  mortalmen. 

La  .iiij".  régla.  Totas  ves  que  ieu  bâti  notablamen  qualque 
persona  que  no  me  es  ponch  subjecta,  ho  enquaras  quant  me 
séria  subjecta  he  ieu  ho  fau  per  venjansa,  ho  per  enveja,  ho  per 
erguelh,  ho  per  favor,  ho  quant  ieu  meti  en  carCer  enjustamen 
qualque  un,  ho  lo  deteni  an  violensa  sens  causa,  ho  quant  ieu 
fau  [fol.  61  v°]  tuar,  ho  balre,  ho  encarcerar,  ho  violentamen 
detener,  ho  hi  doni  conselh  a  ho  far,  ho  alauzi  he  hi  consen- 
tissi,  ieu  pecqui  mortalrnen. 

La  .t'".  régla.  Totas  ves  que  ieu  trasi  la  persona  violentamen 
de  sa  franquesa,  se  no  que  fos  rumpuda,  pequi  mortalmen  ;  he 
en  ayssi  quant  ieu  bâti,  ho  tuy,  ho  nalîri  qualque  un  en  loc 
sant,  coma  en  la  gleysa,  ho  en  lo  cementeri,  el  hi  ha  doble 
peccat,  un  es  lo  batemen,  he  l'autre  lo  sacrilegi  ;  lie  on  ayssi 
quant  ieu  no  tuy  pas,  mas  rumpi  .j.  tuonbrc  a  (piahiue  persona, 


I.  Los  mots  se  ieu  ...  mederina  per  ho  Jnr  ho  oui  ôté  barrés  pour  en 
empêcher  la  lecture.  Los  lettres  restent  pourtant  discernables  sous  la 
large  couche  d'encre  qui  les  recouviT.  Cf.  ci-dessus,  ch.  11.  lègle  i. 


392  CL.    BRUNEL, 

totas  he  lanlas  ves  que  fau  las  causas  predichas,  pequi  mor- 
talmen. 

La  .vj".  régla.  Totas  ves  que  ieu  voli  luar,  hobalre,  lio  encar- 
cerar,  ho  détenir  vilauamen  [he]  cnjustamen,  ho  quant  ieu 
volria  que  (jualque  un  fos  mort,  ho  quant  ieu  ho  emageni,  he  lio 
cogiti,  he,  en  ho  cogilan,  me  delecli,  ieu  pequi  mortalmen.  Se 
ieu  voli  que  qualque  un  fos  moit  per  so  que  el  tribula  la  Chiis- 
tianitat  he  guarda  de  servir  a  Dieu  los  bos,  amb  aquesta  con- 
diciou,  se  no  se  deu  einendar  he  que  aquo  fos  sa  utilitat  he  la 
nostra  he  lo  plazer  de  Dieu,  ieu  no  peccaria  pas. 


[VI] 

Lo.YIP.'  comandamen  es  :  Tu  no  cometras  ponch  la  obra  de 
la  carn  se  no  en  maria tge. 

La primieyra  régla.  Totas  ves  rpie  ieu  cometi  luxuria  an  fenna 
maridada,  ho  an  verges,  ho  an  monja,  ho  an  ma  molher  contra 
lo  orde  de  natura,  ho  ieu,  que  soy  mascle,  anb  un  mascle,  ho 
fenna  an  fenna,  ho  amb  una  bestia.  ho  quant  en  velhan  procuri 
polhicio,  ho  en  velhan  fau  alcuna  causa  per  la  quala  ieu  me 
polluci  en  dormen,  ho  quant  fau  atocamens  en  mos  menbres, 
ho  quant  reguardi  mos  meid^rcs  ho  los  menbres  de  un  autre, 
sia  home  ho  fenna,  ho  los  menbres  de  una  bestia,  per  palhar- 
disa  he  per  un  plazer  palhard,  ho  quant  ieu  reguardi  .j'.  fenna 
per  palhardisa,  ho  quantparli  paraulas  provocans  a  luxuria,  ho 
(piant  ieu  fau  atocamens  ad  un  aulre,  sia  mascle  ho  feme,  he 
quant  los  me  layssi  far  he  m'en  poyria  guardar,  defora  mariatge, 
lio  quant  scrivi  lelras  contenens  causas  [fol.  68]  de  luxuria,  ho 
quant  doni  alcuns  dos  grans  ho  pelitz  per  entencio  de  palJiar- 
disa,  ho  «piaut  scoti  paraulas  provocans  a  luxuria,  ho  quant 
bayli  rameletz  de  flors\  ho  quant  ieu  fau  lo  messatgcdel  paliiard 
a  sa  palharda,  ho  vendi  una  lilha,  lio  la  prendi  per  forsa,  totas 
he  lantas  ves,  pequi  mortalmen. 

T.  Corrigez  17  d'après  la  concordance  avee  le  texte  de  l'I-lxode. 
3.   f]r.   opuscule  f,  cil.   n.   règle  xiv.    Sur  l'habitude  d'ollVir  des 
branches  llcurios  en  signe  d'amour,  voir  P.  Seljillot.  t.  III.  p.  'lo'j. 


OPUSCULES    PROVENÇAUX    DU    XV'    SIECLE.  Sg.'J 

[IX]' 

Lo  .I\^  comandanion  os  :  Tu  uo  voiras  pas  far  lo  ohra  do  la 
carn  defora  mariatge. 

La  priinieyra  régla.  Totas  vesqueiou  voli  far  las  causas  m ihro- 
dichas  en  la  régla  ho  las  faria  se  avia  opportunilat,  ieu  pecpii 
mortalmen,  enquaras  cpiant  jamay  non  lio  l'aria;  li<' on  avssi 
quant  ieu  cogili  las  causas sobredichas,  ho  en  cogitan  niodoiocli 
de  delectaciou  morosa,  enquaras  quant  no  voiria  complir  la 
obra,  ieu  poqui  niortalmon.  Se  ieu  avia  una  cogitaciou  laugiox  ra, 
no  es  que  venial. 

[Vil] 

Lo  .VI.  "^  coniandamon  es  :  Tu  no  raubaras  pas. 

La  priinieyra  régla.  Totas  vos  que  ieu  presti  argon,  lio  blal. 
ho  autra causa,  enentendon  penroalcuna  causaotra  lo  |)rinci|)al, 
se  no  on  certz  cases,  ho  quant  ieu  presti  argen  sus  un  gualgo, 
he  ieu  me  ajudi  del  gualgo,  coma  de  una  rauba  ho  de  un  lioch, 
he  en  ayssi  quant  hioy  una  pocessiou  en  guatge  he  prondi  lo 
fruch  de  la  pocessiou.  se  no  que  ieu  prongues  la  pocessiou  do 
mon  sogre,  mas  que  hi  tbsso  las  condicios  requisas,  he  de  mos 
bes  sostenria  lie  noyriria  ma  molher,  adoncas  poyria  rolenor  lo 
fruch  he  penre  lo  principal,  [pequi  mortalmen.]  En  ayssi,  s(> 
ieu  meli  mon  argen  amb  un  merchan  per  enlonciou  de  no 
penre  qualque  causa,  sia  an  pacte  ho  sens  pacte  dotoiminal, 
entenden  aver  lo  principal,  se  ieu  me  meti  al  dampnalgo  ho 
a  la  perda  coma  al  guasanh,  no  séria  pas  peccat.  Se  ieu  bayli 
.j.  parelh  de  buous  ad  un  home,  he  totz  los  ans  el  me  bayla 

1.  Los  neuvième  et  dixième  commandements  sont,  comme  d'or- 
dinaire, un  dédoublement  du  dernier  précepte  du  Décalogue  (Vo/i 
eoncupisces  doiniun  proximi  lui,  nec  desidcrnbh  uxorein  ejiis,  non  xi-r- 
viim,  non  ancillam,  non  bovem,  non  asinnm  nec  onvda  quae  ilUusmnl), 
rendu  nécessaire,  pour  maintenir  lo  nombre  dix.  par  la  réunion  on 
un  même  article  des  deux  premiers  conmiandonienls  do  la  liiblo 
(:Vo»  habebis  deos.  aliénas  et  Non  faciès  libi  scul.pl ile). 

2.  Corrigez  17/  d'après  la  concordance  avec  la  lîihie. 

ANNALES    DU    MIDI.    XXX.  '-'-^ 


394  CL.    BRUNEL. 

tant    do   blat,    he   el   me   deu    tornar   mas   bestias  salvas,  es 
usLira;  se  ieu  no  li  devi  pas  tornar  las  bestias  de   tôt   salvas, 
he   aquel   de    qui    so   pren    pies   rasonable,   es   bc   fach  ;    se 
el  ne  prendia  una  gran  soma,   que  vigues  que  ieu    no  m'en 
podi  passai',  ho  se  ieu  no  l'in  donava  se  no  qualque  [fol.  68  v"] 
petita  causa,  que  vesi  que  li  es  forsa  que  las  me  laysse,  no 
séria  pas  usura,  mas  séria  peccat  mortal.  Apres,  se  ieu  vendi 
drap,  ho  blat,  ho  autra  causa,  a  qualque persona,  he,  perla  dila- 
ciou,  ieu  prendi  qualque  causa,  es  usura.  Se  ieu  no  voli  pas  far 
si  bon  mercat  ad  un  que  no  me  pagua  mantenen,  mas  que  no  lii 
agues  pas  trop  gran  excès,  coma  se  me  paguava  mantenen,  no  es 
pas  usura.  Apres,  se  ieu  fau  cambis  de  aur  en  moneda,  ho  de  mo- 
neda  en  aur,  ho  de  moneda  en  moneda,  ho  de  porlar  aur  ho  mo- 
neda, en  prenden  près  rasonable,  coma  es  de  costuma,  es  ben  fach. 
Se  ieu  prendi  trop  he  plus  que  hom  no  ha  acostumat,  ho  se  ieu, 
sub  color  de  cambi,  prestava  aur  ho  argen,  he  entenden  penre 
qualque  causa  otre  lo  principal  salvat,  séria  usura.  Apres,  se 
ieu  soy  tutor  de  alcuns  enfans,  he  bayli  ad  usura  dels  bes  dels 
enfans,  a  la  ulilitat  dels  enfans,  pequi  raortalmen;  he  se  els 
no  volo  restilTuir,  ieu  de  mos  bes  ho  devi  restituir.  Apres,  se 
ieu  conipri   una  possession  amb  un  mercat  en  prometen  de 
lornar  la  possession,  quant  lo  autre  se  voira,  mas  entretan  ieu 
prendriey  lo  fruch  de  la  possession,  no  es  usura,  dam  sil  honn 
Jhles.  Apres,  quant  ieu  presti  argen  ho  autra  causa,  heotralo  prin- 
cipal ieu  ne  entendi  aver  alcun  servizi,  coma  eldemorara  .j.  jorn 
ho  .ij.  an  mi  per  nonre,  ho  me  prestara  sas  bestias  .j.  jorn  ho  .ij., 
home  procurara  qualque  offici,  ho  de  esser  jutge,  ho  bayle,  ho 
entendi   que  dels  fruchs  de  la  terra  me  dara  plus  notablamcn 
([ue  non  agra,  es  usura.  Se  me  donava  .j.  plea  bonet  de  peras, 
que  aytant  be  sens  aquo  las  agra  volgutdonar,  no  es  pas  usura. 
Totas  he  tantas  de  vcs  que  ieu  fau  las  causas  sobrodichas,  ieu 
comeli  usura  he  pequi  mortalmen,  he  soy  tcngut  a  restituciou. 
La  .ij" .  régla.  Totas  ves  que  ieu  fau  alcuns  statuz  que  las 
usuras  sian  paguadas,  sian  en  cieutat,  ho  en  castel,  ho  en  vila, 
ho  ((uc  hom  nn  las  demande  pas  quant  hom  las  aura  paguadas, 
ho  que  aquels  (jue  las  auian  prezas  no  las  relorno  pas,  ho  quant 
alcuns  fan  capilols  lie  ]jacles  aiii  los  juzieus  que  hom  paguara 


OPUSCULES    PHOVEINÇAUX    DU    XV"    SIÈCLE.  .H).") 

las  usuras,  ho,  se  so  paguadas,  no  las  ivtornara  [fol  69]  pas, 
ni  las  dcmandara,  he  on  ayssi  quani  geiis  do  jnslicia  In  snodid. 
totz  aquoslz  pecco  morlalmcrt. 

La  Aij".  régla.  Totas  \os  que  ieu  vendi  un  vi  por  un  iuilic  (pu- 
no  es  pas  si  bo,  coma  \i  (pie  liy  ha  de  l'aygua  per  \i  i)ui,  Im 
una  carn  per  una  aulin.  coma  carn  de  cabra  ho  do  cicslat  por 
carn  de  moto,  ho  .j.  drap  per  un  autre,  i(Mi  poqui  moilalnieu; 
he  en  ayssi  quant  ion  faisi  la  mezura  que  hi  ha  nolai)ia  poida, 
ho  en  lo  pes,  ho  quanI  iou  vendi  causa  malvada  porbona,  coma 
.j.  chival  que  ieu  sabi  be  que  ha  una  malaiitia  inlrinseca  coma 
se  era  sa;  en  ayssi  se  iou  vendi  una  causa,  sia  blat,  ho  vi,  |)lus 
notablamen  que  no  so  ven  en  aquel  temps,  ho  se  ieu  compri 
alcuna  causa,  ho  vezi  bo  que  aquel  que  la  ven  per  ignorausa  so 
engana  el  meteys,  he  bi  ha  gran  porda;  en  ayssi  se  iou  no  ])agui 
los  posatges,  ho  guabclas,  ho  deymes,  ho  cesses,  lio  (|uo  la 
partida  hi  os  notablamon  gravada,  ieu  pequi  mortalmon  bo  soy 
tongut  a  restituciou.  Quant  no  hi  auria  pas  nQtablodampnalgo, 
ho  que  hom  non  ho  faria  pas  a  son  ascien,  no  séria  pas  (pio 
ven  i  al, 

La  .iiij".  régla.  Se  ieu  hiey  falsat  alcuns  strumens,  bo  hiey 
usât  de  strumens  falses,  ho  se  hiey  falsat  las  letras  dol  papa, 
ho  hiey  usât  de  letras  falsas,  ho  se  hiey  obtengut  alcun  benolici 
ho  endulgencias  ho  autre  be  en  no  dizen  pas  alcuna  circums- 
tancia,  laquala,  se  ieu  la  agues  dicha,  ieu  nonagra  pas  empêtrai 
aquel  be,  en  ayssi,  se  ieu  fan  falsas  monedas  ho  fais  aur,  Im 
usi  de  falsa  moneda  ho  fais  aur,  he  ieu  ho  sabi  be,  he  sembla n- 
men,  se  ieu  falsi  las  mesuras  de  la  comunitat,  ho  lo  pes,  ho  se 
ieu  usi  de  falsas  monedas,  ho  falses  pezes,  scienmen,  he  on 
ayssi,  se  ieu  falsi  las  letras  ho  los  sagelsdels  senhors,  ho  de  las 
cortz,  ho  usi  de  falsas  letras,  bo  de  fais  sagels,  he  parelbamen, 
se  ieu  falsifiqui  alcunas  scripluras  [fol.  69  v]  en  dampnatge 
de  alcunas  personas,  ieu  pecpii  morlalmen,  be  soy  tengut  a  res- 
tituciou. 

La  .v".  régla.  Se  ieu,  que  soy  jutgc,  doni  enjusta  sentoncia 
contra  qualque  persona,  ho  se  ieu,  que  soy  advocat,  per  negligon- 
cia,  ho  favor,  ho  argen,  layssi  perdre  lo  drech  de  la  partida,  ho 
quant  advocjui  per  la  partida  que  conoyssi  be  claramen  que  no 


396  CL.    BRUNEL. 

lia  ponch  de  drech,  ho  ieii,  que  soy  piocurayre,  que  fau  las 
scripturas  de  la  partida,  que  sabi  be  que  no  ha  ponch  bon 
drech,  ho  quant  ieu  proseguissi  en  cortz  la  causa  ont  ieu  sabi 
be  que  no  biey  pas  drech,  en  ayssi  ieu  que  accuzi  alcuna  per- 
sona  de  crim  del  quai  ieu  sabi  be  que  la  persona  no  lo  ha  pas 
cornes,  ho  non  soy  pas  cert,  ho  ieu,  que  soy  senhor,  he  fau 
taillas  enjustamen  per  las  quali\s  aggravi  mos  subgetz,  totashc 
tan  tas  de  ves  que  ieu  fau  las  causas  sobredichas,  ieu  pequi 
mortalmen. 

La  :vj".  régla.  Totas  ves  que  ieu  raubi  qualque  causa  que  es 
de  emportansa  a  qualque  persona,  sia  mon  payre,  ho  mon 
frayre,  ho  mon  companho,  ho  stranh,  he  que  non  ho  volriapas 
se  ho  sabia,  ieu  pequi  mortalmen,  he  soy  lengut  de  restituir. 
Se  la  causa  raubada  no  era  pas  de  gran  emportansa,  coma  se 
era  .j.  petit  de  frucha,  no  séria  que  venial.  Apres,  quant  qual- 
([ue  persona  me  ven  qualque  causa  que  el  ha  raubada,  lie  ieu 
sabi  be  que  el  la  ha  raubada,  ieu  pequi  mortalmen,  he  soy  tengut 
de  restituir;  he  en  ayssi,  quant  ieu  la  comprava  no  sabia  pas 
que  fos  raubada,  mas,  après,  ieu  ho  hiey  saubut,  ieu  la  devi 
restituir.  Apres  may,  se  qualque  un  me  presta  qualque  causa, 
lie  la  persona  de  qui  es  la  oblida,  lie  ion  no  la  retorni  ponch, 
pecfpii  mortalmen.  Apres,  quant  ieu  trobi  de  thesaurs,  ieu  ne 
devi  far  segon  la  costuma  del  pays,  se  lo  princep  ha  mesa  ley 
[fol.  70]  que  sian  sens  per  sa  entretenensa  he  affi  que  plus  lau- 
gieyramen  el  comporte  sos  subgetz,  ieu,  se  los  releni,  pecpii 
mortalmen.  Se  qualque  persona  me  ha  baylat  en  guarda 
qualque  causa  que  se  puesca  guastar,  coma  una  rauba,  ho 
.j.  liech,  se  ieu  m'en  ajudi,  ieu  soy  tengut  de  satisfar  de  la  uli- 
litat  que  ne  hiey  preza,  se  no  que  ieu  conogues  be  queaquel  de 
(pii  es  lio  vol  be;  ho  se  boni  me  presta  (pialque  causa  per  alcun 
usatge,  he  ieu  la  appliqui  en  autre  usatge  ont  la  causa  se  guasta 
bolcop  may,  coma  hom  me  presta  .j.  cbival  per  poitar  alcunas 
causas,  he  ieu  lo  cargui  tant  fort  (|ue  (|uasi  lo  lui,  ieu,  quant 
fau  totas  las  causas  dessus  dichas,  pecqui  mortalmen. 

La  .vij".  régla.  Jeu,  que  soy  religios,  he  doni  alcuna  causa,  se 
no  que  aia  licencia  del  prélat  ho  ([ue  conogues  be  que  lo  prélat 
ho  vol  be,  he  ieu,  que  lio  prcndi,    ho  (|uaiil  ieu  preiidi  alcuna 


OPUSCULES    PROVENÇAUX    DU    XV"   SIÈCLE.  :^^)'J 

causa  dels  bes  del  crucifie  sens  "besonh  que  ien  ne  aia,  pcr  so 
que  icu  soy  de  la  parontela,  ho  en  gran  amislansa  de  aquel  que 
los  distribuis,  lio  quant  ieu  los  prendi  per  causa  palharda,  ho 
per  joc,  ieu  pequi  mortalmen,  he  soy  tengut  de  restiluir. 

La  .viij".  régla.  Se  ieu  hiey  fach  he  empausal  coletas  ho 
talhas  sobre  gens  de  gleysa,  sens  licencia  del  papa,  se  no  en 
certz  cases,  ho  se  ieu  hiey  donat  conselh  ad  ho  far,  ho  hicy  ajii- 
dat,  ho  se  ieu  hiey  fach  a  Icu  n  s  statutz  contra,  la  liberlat  de  la 
Gleysa,  ho  ieu  que  los  hiey  scrichs,  ho  adjudalz  a  far,  ho  lii  hicy 
consentit,  ho  se  ieu  hiey  près  las  rendasdequalque  gleysa  vac- 
can  enjustamen,  ho  los  bes,  ho  se  ieu  hiey  près  los  bes  de  al- 
cuna  gleysa,  ho  los  calices,  ho  las  crozes,  ho  los  autres  para- 
mens,  he  en  ayssi,  se  ieu  hiey  près  los  bes  non  sagratz  de  la  Gleysa, 
ho  se  ieu  hiey  rompu t  las  portas  ho  las  muralhas  de  qualqno 
gleysa,  ho  de  qualque  conven  ho  abbadia,  ho  se  ieu  hicy  broliial 
qualque  gleysa,  ho  conveni,  ho  abbadia,  he  en  ayssi  quant  no 
[fol.  70  V"]  pagui  los  leguatz  lie  las  layssas  que  los  inoriz  an 
layssadas  a  las  gleysas  he  a  las  autras  causas  pias,  coma  ad 
hospitals  he  a  paubres,  ho  quant  ieu  diiferi  trop  longuamen  de 
los  paguar,  ho  quant  no  los  pagui  pas  entieyramen,  ho  se  ieu 
prendi  lo  beneflici  per  symonia,  ho  se  ieu,  que  soy  prélat,  per 
una  tromparia  layssi  perdre  los  bes  de  la  Gleysa,  ho  per  ma 
negligencia,  ho  per  ma  culpa,  ho  se  ieu  no  pagui  las  décimas 
ont  es  acostumat  de  las  paguar,  [ieu  pequi  mortalmen]. 

La  .ix".  régla.  Totas  ves  que  ieu  per  una  violensa  prendi  la 
causa  de  un  autre,  coma  las  gendarmas,  ho  los  piratas  de  la 
mar  que  pilho  los  merchans  sus  la  mar,  ho  aquels  que  pilho 
los  romieus  que  van  a  Roma  ho  a  Saut  Jacme,  he  en  ayssi  dels 
autres  peregrinatges,  he  generalmen  de  totz  aquels  que  prendo 
per  violensa  la  causa  que  no  hi  an  re,  pecco  mortalmen. 

Totas  aquestas  reglas  so  per  declarar  lo  .ix°.  comandamen,he 
se  deu  entendre  :  Tu  no  penras  ni  retenras  re  del  aulru. 


398  CL.    BRUNEL. 


Lo  ..\.  comandamen  es  :  Tu  no  voiras  ni  cobesejaraspas  aver 
los  bes  de  ton  propda. 

La  primieyra  régla.  Totas  ves  que  ieu  voli  aver  enjustamen 
en  (inalqne  manieyra  sobredicha,  ho  perusura,  ho  per  rapina, 
bes  temporals,  he  cogiti  qiiossi  los  poyria  aver,  lie,  en  cogitan, 
me  delecti,  ieu  pequi  mortalmen,  enquaras  quant  jamay  non 
.uiria  re  del  autru.  Se  per  una  complasensa  laugieyra  me  delec- 
lava,  no  séria  que  venial. 

[VIII] 

Lo  .^'III.  comandamen  es  :  Tu  no  portaras  pas  fais  testimoni. 

La  primieyra  régla.  Se  ieu  mentissi  en  causa  que  sia  contra 
la  honor  de  Dieu  ho  lo  be  de  mon  propda,  temporal  ho  spiri- 
tual, ont  lo  propda  ha  notable  dampnatge,  ho  quant  no  die  lo 
be  de  mon  propda  en  temps  he  loc,  mas  lo  cobrissi,  ho  c[uant, 
PII  juljanKMi,  quant  soy  requirit  del  jutge  de  dire  la  veritat  he 
juri  de  la  dire  se  no  que  fos  secret,  ho  que  ieu  non  ho  saubes 
se  no  en  confessio,  he  en  ayssi  se  en  la  confessio  scienmen  die 
messonja,  ho  se  [fol.  71]  ieu  soy  qualque  grava  he  famada 
persona,  he  en  diseu  messonja  joyosa  ho  olïiciosa,  s'en  sec 
gran  scandol,  ho  se  ieu  l'au  fais  testimoni  contra  qualque  per- 
sona en  jutjameii  ho  en  autra  part,  ho  quant  ieu  accusi  enjusta- 
men (pialque  persona,  ieu  pequi  mortalmen.  Se  ieu  die  mes- 
sonja j(3yosa,  ho  no  s'ensec  pas  al  mens  gran  scandol,  ho  quant 
icii  die  messonja  que  no  not/,  a  persona  he  porta  profiech  a 
qualque  un,  ieu  no  j^equi  que  vcnialmen. 

La  .ij".  régla.  Quant  ieu  empausi  a  qualque  persona  qualque 
criin  enjustamen  et  falsamen,  ho  quant  ieu  ajusli  qualque 
causa  notabla  al  peccat  que  h(uu  dis  de  un  autre,  ho  se  ieu 
publiqui  lo  peccat  que  era  occult,  o  se  ieu  die  lo  peccat  de  un 
autre  al  prélat  ho  an  aquel  que  ha  auctoritat  de  lo  corregir, 
non  pas  per  caiitat,  \i\;\^  per  nialvolensa  he  venjansa,  après,  se 
iiii  liiey  lacli   de  cartels  cotitenens  la  dillamaciou  de  qualque 


OPUSCULES    PROVENÇAUX    DU    XV"    SIÈCLE.  3f)r) 

pcrsona  he  los  hiey  mezes  en  loc  public  ont  hom  los  podia  ic- 
guardar,  ho  se  ieu  hiey  racontât  lo  peccat  de  un  autre,  sia  se- 
cret ho  public,  per  una  venjansa,  ho  se  ieu  disia  los  defTauls 
venials  per  venjansa  an  prepaus  de  dire  plus,  se  plus  ne  sabia, 
ho  quant  ieu  die  que  las  obras  bonas  que  fa  qualque  porsoiia 
las  Iti  per  mala  entenciou  he  per  yppocrisia,  ho  quant  ieu  au/.i 
las  dilTamacios  que  qualque  un  dis  de  un  autre,  he  lii  prcndi 
plazer,  he  voli  be  que  sia  en  ayssi  coma  ho  au/.i  dire,  lolas  \es 
que  ieu  fan  las  causas  sobredichas,  pequi  mortalmen. 

La  .iij" .  régla.  Se  ieu  die  lo  peccat  venial  de  mon  propda  per 
una  loquacitat,  he  non  pas  per  venjansa  ni  per  mal,  onquaras 
quant  es  secret,  ieu  no  pequi  que  venialmen.  En  ayssi  quant 
ieu  diria  lo  peccat  mortal  als  parens  ho  al  confessor  affî  que  lo 
amonestcsso  que  se  corrigigues,  no  séria  que  be  fach. 

Ile  totas  aquestas  reglas  so  per  declarar  quossi  hom  pecca 
contra  lo  .viij.  comandamen,  he  se  deu  entendre  en  ayssi  :  Tu 
no  portaras  ponch  fais  testimoni,  tu  no  diffamaras  persona,  hc 
diras  lo  be  de  ton  propda  a  temps  he  a  loc,  he  no  lo  cobriras 
pas. 

[XI].  —  REGLA  GENERAL  CONTRA  TOTZ  COMANDAMENS'. 

[La  .j" .  régla.]  Totas  ves  que  ieu  vesi  far  qualque  mal  he  iou 
no  lo  empachi  [fol.  71  i'"]  tant  que  es  en  mi,  ho  en  corrigen, 
ho  en  punien,  ho  en  denuncian  an  aquels  a  cui  se  aperte  de 
punir,  ho  en  amonestan,  ho  en  scumenjan,  ho  en  entredison, 
ho  en  baylan  autras  penas,  ieu  pequi  mortalmen,  quant  lo  mal 
es  mortal. 

La  .ij".  régla.  Totas  ves  que  los  peccatz  se  metto  en  coslu- 
mansa  per  deffaut  de  puniciou,  aquel  a  cui  se  aperle  de  punir 
es  causa  dels  peccalz  que  se  cometo  per  so  que  cl  no  los  punis 
ponch,  he  en  ayssi,  quant  per  mon  malvat  exemple  belcop  de 
gens  pecco,  ieu  soy  occasiou  de  aquels  que  so  coiiiczes  lie  se 
cometo  totz  los  jorns  per  mon  mal  exemple. 

I.  En  marge,  de  la  même  main  que  le  texte,  on  lit  collo  monlion  : 
(janrdas  las  circunslansas  de  correction  fraternal. 


loo 


CL.    BRUNEL. 


TABLE  DES  NOMS  PROPRES 


f.c^  nombres  reiwoieiil  aux  fcuilli'ts  du  manuscrit,  dont  l'indicntlon  est  imprimée 
rnlrr  crocltcls  et  en  italiques.  L'apostrophe  indique  le  verso. 


Alexandre  lo  Gran    5o',   Alccaii- 

dre  le  Grand. 
Viitlionini  (sant)  33,   sainl  Aiilu- 

niii,  archevêque  de  Florence. 
Benesech  (sanl)  56,  salnl  BeiioiL 

al)bé  da  Mont-Cassin. 
Ejriple  (jorns  de)  58',  jours  égyp- 

linques. 
Franccs  (sanl)  56,  sainl  Françob 

d'Asxise. 
llelizabelh  (sancla)  Go,  sainle  Eli- 

aabelh.  mère  de  saint  Jean-Bap- 

llsle. 
Jhei'onimi  (sanl)  ôi3,sainlJérdine. 
Johan   (sanl)  6o,  saint  Jean-Bap- 
tiste. 
Lio  54',  Lyon. 
Maria'6o,  la  vierge  Marie. 
Nabucodonosor  5o',  Nabuchodono- 

sor,  roi  de  Babylone. 


Panlh[e]ologia  33.  ouvrage  de 
Raiider  de  Pise. 

Paris  54'  (merchan),  64'  (scolar). 
Paris. 

Quezac  (Nostre-Dame  de)  6o', 
.\otre-Dame,  église  de  Qaézac 
(canton  de  Sainte-Énimie,  arron- 
dissement de  Florac.  départe- 
ment de  la  Lozère). 

Ronia  35'  (cort),  63,  Rome. 

Romas  5o',  les  anciens  Romains. 

Sanl  .lohan  58',  Sg'.  6o,  la  Saint 
Jean  (2^  juin). 

Tholosa  35'  (corl),  63  (universi- 
tat),  64'  (scolars),  Toulouse. 

Thomas  (sant)  33,  saint  Thomas 
d'Aquin. 

Zacliaiias  6o,  Zacharie,  père  de 
sain t  Jean- Baptiste. 


GLOSSAIRE' 


*  acceplio  de  personas  46',  accep- 

tion de  personnes. 

*  .icosselhicr  46',  conscitter. 

'  acoslumansa  38.  accoutumance. 
'  acle  47',  ttcle. 

*  aclio  55',  aclij'. 

*  adjuraciou  63',  adjuration. 

'  |adnichilar],  annihiler.  —  .'J  con- 
dil.  adnichilaria  5(). 

*  adnlario  46.  adulation. 


[advoquar]./>/^ff/e/".  —  1  prés.  ind. 

advoqui  69'. 
alTanar  (se)  53',  s'occuper. 
agassa  62,  pic. 
*[alaugeyrirj,a//<^^('r. — Prés.  iiul. 

3  alaugeyris  53,  —  6  alaugey- 

risso  53. 
*  ambiciou  35',  ambition. 
anar  4i>  52',  aller.  —  Prés.  ind.  1 

vau  35,  37,  89,  42,  etc.,  —  3  va 


;.  \ou>  avoii>  rcli;\(''  cl  ili>liiiguc  par  un  aNtériqiio  les  mots  qui  ne  figu- 
rent pas  dans  le  Petit  dictionnaire  provençal  français  de  E.  Levy.  Nous 
avons  introduit  quelques  formes  rraprunlécs  à  la  partie  encore  inédite  du 
ms.   i85a. 


OPUSCULES    PROVENÇAUX    DU    XV"    SIECLE. 


4oi 


48',  59,  —  U  anam  63.  —  6  van 
37',  48',  63;  —  /  imp.  ind. 
anava  56';  —  prés.  subj.  1 
anc  36.  ^o,  —  3  ane  64';  — 
J  futur  anariey  38  ;  —  1  condit. 
anaria  38. 

*  anl  60,  aa  contraire. 
anta  ^1',  lionte. 

apenre  39',  apprendre.  —  1  prés. 

ind.  aprcni  37  ;  —  1  inip.  ind. 

aprenia    37;    —    /    prés.  subj. 

aprenga  65. 
aprofechar  37'.   être    utile.    —  G 

imp.     ind.     aprofechavo     '42'. 

avaient  avantage. 

*  ardeiimen  43.  ôi\    ardemment. 

*  arrogansa  36',  arrogance. 

*  ascien  69,  escient. 

*  aspramen  57,  durement. 

*  astrolog  09,  astrologue. 
[alraire],  attirer.  —  /  prés.   ind. 

atrasi  44';  —  gér.  atrasen  56. 
auzir  53',  ausir  ^2.  entendre.  — 
Prés.  ind.  1  auzi  36',  anzissi 
34',  46',  64,  64',  —S  auzis  63, 
65  ;  —  6  ausisso  56  ;  —  (i  imp. 
ind.  aiizian  55  ;  —  /  futur  ausi- 
liey  65;  —  6  condit.  auzirian  55'. 

*  avaricia  45'.  avarice.   '■ 

aver  35.  37,  37',  38,  elc.  avoir.  — 
Prés.  ind.  1  hicy  33,  33'.  34', 
36,  etc.,  —.5  a  33.  34.  4i'-  5i, 
etc..  ha  33,  53,  61,  65,  etc.,  — 
ô  aves  5o'.  baves 5o'.  —  6an34', 
37',  48.  53,  etc.  ;  —  imj).  ind.  1 
avia  38,  39.   42,   5o',  etc.,  —  3 


avia  o4  . 


6   avian    53': 


parf.    1   agui   57,  —  .?  ac  60  ; 

—  prés,  saljj.  1  aia  35,  36', 
4o'.  5o',  etc.  ,  —  3  aia  35, 
4i',  43,  5i',  etc.,  —  6  aio  39, 
59,  60',  61',  etc.;  —  imp.  subj. 
J  agues  5o',  5i,  53,   59,  etc., 

—  3  agues  4i,  44,  Sa',  54',  etc., 

—  6  aguesso  35',  37',  53  ;  — 
Jutur  1  auriey  49';  57,  60,  61, 
etc..  —  2  auras  62,  —  3  aura 


4o,  58',  61,  elc.  —  G  auran 
56,  68'  ;  —  /  condit.  1  agra  89', 
53',  54',  69,  —  .3  agra  53,  68', 

—  6  agro  56;  —  //  condit.  I  au- 
ria5i,53,  62', — .5auria  35',  5o. 
60',  —  ij  aurian  09',  61  :  — 
gér.  aven  54'  ;  —  part.  prés. 
aben  49  ;  —  part,  passé  agut 
5i,  52',  54,  54',  etc. 

azir  44,  haine. 

baratar  5i'.  tromper.  —  l'art, 
passé  ba ratât  5i'. 

barba  de  palha  (faire)  a  Dieu  8 
ipetitas  de  gens  hi  lia  que  se 
euro  de  servir  Dieu  fizelmen, 
mas  la  un  dissimula  de  un 
quanto,  l'autre  de  un  autre,  he 
tolz  fazem  a  Dieu  barba  de  pa- 
lha 1.  .se  moquer  de  Dieu.  Expres- 
sion conservée  de  nos  Jours,  cf. 
Mistral  «  faire  de  Dieu  barbo 
de  paio,  faire  a  Dieu  tjarl)e  de 
foerre,  parler  avec  irrévérence 
des  choses  de  religion  ».  De  même 
en  français,  cj.  les  dictionnaires 
de  Godefroy,  Liltré  et  Hatzfeld, 
au  mot  barbe. 

[benezir],  tjénir.  —  7  prés.  ind. 
benezesi  61. 

*  bénigne  5i,  bienveillant. 

[heure],  boire.  —  i  prés.  ind.  bevi 
42',  43'  ;  —  y  imp.  ind.  bevia 
42',  43';  —  / /«/(jr  beuriey  '|3: 

—  gér.  beven  49';  —  part, 
passé  begul  5i'.  57. 

[caler]. /fi/toir.  —Prés.  ind.  quai 
34,  43',  47,  5i',  64  (corrige: 
quai  que  [...]  quant,  et  plus  loin 
montanha,  ont  quai  que),  etc.. 
chaut  49,  58;  —  imp.  qualia 
56';  — '  prés.  subj.  qualha 
64';  —  imp.  subj.  calgues  64': 

—  futur  qualra  64';  —  condit. 
qualria  37',  65,  66  ;  —  part, 
passé  calgut  53'. 


4o2 


CL.    BRUNEL. 


cami  (anar  logran)  8  (Dama,  vos 
dirias  :  «  'So  quai  esscr  si  scru- 
pules, mas  quai  anai-  lo  gran 
cami.  —  Dama,  el  no  quai  pas 
esscr  trop  scrcpulos  (sic),  mas 
cl  ho  quai  esscr  asscs  »),  au 
sens  figuré,  avoir  des  idées  larges. 

*  carnalmcn  89,  charnelleineni. 
casern  65,  cahier. 

caut  (esscr)  43',  avoir  rhaud. 

*  cecilal  ho  ignoransa  89',  aveu- 

glement. 
cer  Oi',  soir. 

*  charmayrc  (io.  enchanteur. 
*charmor  48.  enchanteur, 
chipelùcfiov  (j.  guirlande  de  fl('ur.'< . 

*  chival  69,  70,  cheval. 

*  claramcn  61,  clairement. 
cochar  56,  coucher.  —  1  prés.  iiul. 

cochi57'. 
cochai  57',  agité. 

*  cogilaciou  68,  pensée. 
[cogitar],  penser.  —  1  prés.  ind. 

cogite  3g  ;  —    /    condit.    cogi- 
taria  39. 
colcra  5q' colère. 

*  coleric  59,  .m jet  a  la  colère. 

*  coleta  70.  impôt. 

*  complasensa  70'.  plaisir. 

*  complcxiou  59,  59'.  compte.!  ion. 
[comprarj.  acheter.  — /  prés.  ind. 

compri  '|5'  ;  —  /  futur  com- 
praricy  4t'»'- 

*  comunamenl  '18,  communén)ciit. 
'"  comunicar  5:^',  cotnmunier. 

*  concupisceucia  ,   concupisceiisa 

89,  44.  concupiscence, 
'  conclure  (se)  5o',  se  conduire. 

*  confabular  65.  bavarder. 

*  congruital  56'.  oppitrlunilé . 
conoysscr   34.    36,   3()',  39,    clc.. 

connaître.  —  Pré^.  ind.  I  co- 
noyssi  34,  34'.  '|3'.  48'.  —  •'>' 
conoys  57  :  —  /  inip.  ind. 
coiioyssia  53';  —  /  //«/j.  sut)]. 
coiiogues7o;  —  I  condit. conoy^- 
scria  34'. 


constrenge  48.  contraindre. 

*  contenciou  35',  dispute. 

*  contennemen  33',  dédain. 

*  contumelia  4i'.  injure. 

*  conlumeliar  Sa',  injurier. 

*  con vieil  4i',  outrage. 
coqui  47,  truand. 

*  coquinar  47,  truander. 

*  correctiou  62.  correction. 
rorregir  46,  57,  corriger.  — Prés. 

ind.  1  corregissi  '16',  —  .3  cor- 
regis  37',  55'  ;  —  G  prés.  subj. 
corregisco  59'  ;  —  3  imp.  subj. 
corrigigues  71  ;  —  gér.  cor- 
rigen  71';  — part,  passé  corre- 
git  37'. 

*  costellaciouSg,  5q',  constellation. 
*costrencha  63',  contrainte. 
cranc  61,  cancre. 

*crestat  69,  bouc  châtré. 

creyre  63,  croire.  —  /  prés.  ind. 
cresi  56',  crezi  48,  58,  58';  — 
2  prés.  subj.  (==  impér.  avec  né- 
gation) crezas  34';  —  futur 
1  creyriey  58',  —  2  creyras  62  ; 
—  gér.  crezen  58,  60',  61';  — 
part,  passé  crezut  52. 

*  crucifie  70,  crucifix. 

*  [crucificar],    crucifier.  —    l'art. 

liasse  crucifical  ôo'. 
|culhir].  cucittir.  —  /  /*/v'.s-.  ind.  cu- 

Ihissi  59'. 
*curiosamen  58'.  curieusement. 
*curiositat  36'.  i-urinsité.        . 

*  flcbat  44',  5r,  dét)at. 

'  decensa  47-  56,  décence. 
'  decernir  57.  64,  discerner. 

*  déjà  58,  déjà. 

(U\]i\i\i\r 'm,  jeûner.  —  I  prés.  ind. 

dcjuni  \'>.'.  !iq',  65'. 
'  (ii'lccliiciou  68,  plaisir. 

*  (Icliberadaïuen   4i'.    \''--  'i'\'-  '»5. 

elc:  délibérément. 

*  délicat  43,  délicat. 
[demerir],  mériter.  —  l'art,  pusse 

demeril  5i . 


OPUSCULES    PROVENÇAUX    DU    XV*"    SIECLE. 


4oî 


*dcrrisiou  42,  dérision. 

dcspachar  cami  6^',  parcourir 
son  chemin.  —  [despachar  (se; 
de  alcuna  re].  s'acquitter  d'une 
chose.  —  6  prés.  ind.  despacho 
54. 

*despitar  5i',  outrager.  —  1  prés, 
ind.  despiechi  4i';  —  part, 
prés,  despilan  4()  ;  —  part, 
passé  despitat  5i'. 

*destrach  07',  distrait. 

•delcnir  67',  détenir. 

'  dctormenadamcn  (12 .  ferme- 
ment, delerminadameii  5V,  56', 
avec  précision. 

*  detiactio    44'-    detractiou     4i'. 

détraction . 
[de\er],  devoir. — Prés.  ind.  /  devi 

34,  34',  35',  36,  etc. ,  —  3  deu  33. 

45',  5o',  5i,  etc.,  —  6  devo  4^'. 

56,  59',  63,  etc.;  —  3  imp.  ind. 

dévia  5i',  Sa  ;  —  condil.  I  deu- 

ria  39',  4o,  49,  —  3  dcuria  66. 
* difîamacion  71,  diffamation. 

*  [difTamar),  diffamer.  —  /  prés. 

ind.  difîami  44'. 

*  difTamatoria  (adj.  J'ém.)  43',  diffa- 

matoire. 
*difTerre   55',  différer.  —  Cprés. 
ind.  difîoro  37. 

*  dilaciou  i^S' ,  retard. 

*  fdiminuirj,  diminuer.   —  l  prés. 

ind.  diminuici  46. 
dire  36,  53,  53',  54',  etc.,  dire.  — 
Prés.  ind.  1  die  33,  33',  34,  4i, 
etc.,  disi  33',  36',  dizi  33',  35. 
36.  37',  etc..  —5  dis  33,  36,  38, 
39',  etc.;  —  6  diso  54,  59' ,  dizo 
36'.  60,  60';  —  /  imp.  ind.  disia 
4i'.  49':  dizia  43;  — prés.  sat>j. 
1  diga  46,  digua  57,  — .3digua 
33,  34,  35,  45',  etc.;  — 3  imp. 
subj.  disses  44';  —  futur  l  di- 
riey  55',  —  2  diras  48,  —  .3 dira 
55',  60';  — cond.  1  diria  39,  4i') 
53.  59,  etc.,  —  3  diria  35,  36, 
36',   37',   etc.,  dizia  36'  (faute 


d'impression  pour  diria)  ;  —  r/er^ 
disen  58',59,6i,dizen  59',  61;  — 
^  part,  passé  dich  52,  54'. 

*  disccrdia  36,  discorde. 

"  [discorre], parcourir.  —  Gér. dis- 
corren  5i. 

*discreciou  48',  discrétion  (dis- 
cernement). 

*disposiciou  59',  disposition. 

*  dispost  43',  dispos. 

*  [distribuir],  d(s/r/^(ier.  — 3 prés. 

ind.  distribuis  70. 
*dissoluciou  60,  désordre. 

*  dissolut  56',  dissolu. 
dobla45'.  53,  douljle  denier.  Cf.  Mis- 
tral doublo  (rouergal). 

[dormir]  .  dormir.  —  /  prés.  ind. 
dormissi  56. 

*ebetud  43',  tiétjétude. 

cl.  els,  ela,  elas,  pro//. /x'/'.s-.  trois, 
pers.  tonique.  Pron.  sujet  fré- 
quemment exprimé. -cl  me  sem- 
bla 54,  els  no  an  54',  els  volo 
68',  ela  se  comensa  39',  etc.;  ré- 
gime vertjal  tonique  et  régime  des 
prépositions,,  à  l'exclusion  de  lui, 
Ici.  lor  :  se  engana  el  meleys 
69,  de  el  42,  contra  el  57,  amb 
els  66,  entre  els  54',  de  ela  54. 

cmpachar  62,  enq)èclier.  —  Part, 
passé  enipacliat  07',  emtinrrassé. 

[empausar.  enpansar],  attrittuer. 
—  l  prés.  ind.  empansi  71.  en- 
pausi  4i'- 

*[empetrarj,  obtenir.  —  3  condil. 
empetraria  59. 

cmpeiitar  58'.  greffer. 

*eniportansa  69'.  importance. 

*oiicarcerar  ^2,  emprisonner. 

'enclinacio  59.  inclination.^ 

*eiiconsideracio  'lo-  inconsidérn- 
tion. 

*  enconvenien  62.  infortune. 
*encostansa  4o',  inconstance. 

*  endifîerennieii    '|3',  44,   indiffé- 

remment. 


M 


OL.    BRUNEL. 


*endignacio  k\,  iinUgnalion. 

*endisposiciou  56',  indisposillon. 

[enduire],  induire.  —  Pari,  passé 
enduch  54,  endiil  53. 

*cndulgencia  69,  indulgence. 

*enefruch  k^' ,  faute  présumée  à 
lorl  pour  usesfruch ,  usufruit. 
CJ.  Mistral  enfreluiris,  usufrui- 
tier. 

*enept  87,  ^3',  inepl. 

*cnferiidamen  53',  infiniment. 

*enflucncia  59,  enfluonssa  59', 
influence. 

*engrat  53'.  56',  ingrat. 

*enjuslamen  70,  injustement. 

* enmundicia  li'A,  grossièreté. 

*  enobediencia  36,  désoliéissance. 
*enproperaciou  '41',  reproche. 

*  enquictud   36',    '|6',  lx~,,   inquié- 

tude. 
* cnremissiblc    ^7',    irrémissit)le. 

*  [enscriiirc],    inscrire.    —    f^art. 

passé  enscrich  60'. 
[ensegrc  (se)],  s'ensuivre.  —  3prés. 
ind.   ensec  87.  38,  71  ^  —  6  en- 
seguo  33,  35,  4i  ;  —  part,  passé 
ensegul54. 

*  cnlerpretalivaincn     38 ,    en    un 

certain  sens. 
onlrecujat  60',  outrecuidant. 

*  [entrcprolar],    interpréter.  —    / 

prés.  ind.  onlrcprcli  3^. 
*entrclenensa  70,  entretien. 
pnutial  88,  inutile. 
*cnverlensa  4i',  inadvertance. 

*  essencia  62,  essence. 

csser  36,  87,  87',  89',  etc.  être.  — 
Prés.  ind.  l  soy  34',  85,  36.  36'. 
etc.,—  2ycs3V,  —  ^es33,34, 
84',  35,  etc.,  est  5o,  —  ^  em  63, 

—  g  so  35',  4o,  4u',  5i,  etc.;  — 
imp.  ind.  1  era  4i.  48,  58,  53', 
etc.,  —  5  cra  37',' 4i',  52,  53, 
etc.,  —  0  ero  48,  02',  56',  58', 
clc;  — prés.  subj.  1  sia  85',  87'. 
60',  —  3  sia  33,  33',  35,  86,  etc., 

—  //  siam  5i,  —  6  sian  38',  60, 


61,  62,  etc.,  s[i]o  64';  —  imp. 
subj.  1  fos  83',  85',  86,  4i',  etc., 
—  3  fossa  33,  —  6  fosso  52',  53', 
59',  68,  etc.,  fosson  44';  — 
futur  1  seriey  36,  56,  —  3  sera 
46',  58',  59,  61',  etc.,  —  G 
seran  56,  59';  — cond.  1  séria 
5o,  3  séria  83,  34,  84',  85, 
etc.;  —  6  serian  55',  59',  64, 
64',  etc.  —  Se  conjugue  avec 
lui-même  :  soy  stat  54',  56',  57, 
etc.,  es  stat  5i',  60',  65',  ou 
avec  l'auxiliaire  aver  :  liiey  stat 
00',  53',  55,  58,  etc.,  ha  slal 
5i',  53',  55,  57,  etc. 

*  [excedir] ,'é.xc^der.  • — 3 prés.  ind. 

excedis  34. 
•expédient  45.  expédient. 

*  fxperimentcsa  38,  expérience. 

*  fabuiar  4o.   4o',    44,    Ijavarder. 
fada  89',  fée. 

*  famat  71,  renommé, 

far  33',  34,  85,  36.  elc,  fay[r] 
36,  faire.  —  Prés.  ind.  1  fau 
33',  34,  84',  85,  etc..  —  5  f a  88, 
39',  5o,  55',  etc.,  —  6'  fan  38, 
48,  5o,  52',  etc.;  — imp.  ind.  1 
fazia  34,  54,  56',  58,  etc..  —  3 
fazia  33,  35',  4i'-  —  6' fazia n 
54';  —  prés.  subj.  1  fassa  36. 
55',  60',  —  2  fassas  63',  —  3 
fassa  33,  45',  56;  —  imp.  subj. 
1  fes  53'.  fozes  45,  61,  61'.  06. 
etc.; — futur  J  fariey  36',  5o, 
56,  6a',  etc.,  —  2  faras  62,  — 
3  fara  34',  38,  56,  58'.  etc.;  — 
6"  faran  60,  (ii',  —  condil.  I  fa- 
ria  33',  84.  34',  85,  etc.;  —  3 
faria  65,  fazia  (sic)  68';  —  gér. 
fason  56,  59,  fazen  64,  66';  — 
part,  passé  facli  5o',  ôi',  52, 
52',  etc. 

fa  y  sa  43,  J'aisan. 

feinoreja  61.  femorejar  61.  net- 
loyer  une  élable. 

fiai  60,  60',  Jit. 


OPUSCULES    PROVENÇAUX    DU    XV    SIECLE. 


4o5 


liala  6i,  filar  Gi,  filer. 
*flatayre  5/1',  trompeur. 

*  folamcn  5 1',  follement. 

*  fortunal  58'.  heureux. 

*  [frappai], y'/'«pper.  —  l prés.  iml. 

frappi  A3';  —  3  condll.  frappa- 
ria  42. 
"  fratornal  6j,  fr.alernel. 

*  [ïu\nar  (se)], s'eufnnwr.  —  I  prés. 

iml.  fuini  5 g'. 

*  furtivamen  46,  furlivemeiit. 
fusta  Ç>!\,  pièce  de  bois. 

•gendarmas  70',  hommes  de 
guerre. 

*  gencralmen  03',  généralemenl. 
gens  savia  4o,  les  personnes  sages. 
gola  42',  gourmandise . 

gorb  Ga,  corbeau. 

*  gorjut  48',  goulu. 
grais  44,  graisse. 

grava  (fém.  sing.)  71,  gravo  56, 
grave. 

*  gravamen  38',  gravemenl. 
grossa   (adj.   fém.  sing.)  67.   en- 
ceinte. 

*  guormandcjar  55,  agir  en  gour- 

mand. 

*  [liabitar  cnseniblcj ,  s'accoupler. 

—  6  prés.  ind.  habito  38'. 

*  horetic  58,  hérétique. 

ieu,  pron.  pers.  prem.  pers.  sujet 
souvent  exprimé  :  ieu  ignori  3()', 

48,  ieu  pogui  57,  ieu  layssaria 

49,  ieu  nielia  44',  etc.;  après 
un  comparatij  :  coma  ieu  53', 
56,  60,  plus  riche  que  ieu  44, 
cj.  rni,  tu. 

*ignoransa  48,  ignorance. 

•illicit  52,  illicite. 

*in  5i,  52',  53,  68,  etc.,  en  (ad- 
verbe). 

*instruir  66',  instruire.  —  /  prés, 
ind.  instruissi  Oi)'. 

*intrinsec  69,  intrinsècfie. 


*ippocras  43,  hypocras. 
*irrasonabIa  (adj.  fém.)  63',  dé- 
raisonnable. 
* irreverencia  56,  irrévérence. 
* irreverenmen,  irrévéremment. 

*jactansa  '6'6',  jactance. 

*  [jaclar  (se)],  se  vanter.  —  3  prés. 

ind.  jacta  33. 
jocx  (uns)  5()',  desjeiKT. 
jusla  66',  joule. 

la  (adverbe)  44'.  64',  là. 

*  lâche  57',  distrait. 
lampresa  43,  lamproie. 
*langier,    4i,    43',    65'.    danger. 

CJ'.  Mistral  langié. 
*hiugeyretat  37,  légèreté. 
legir  37,  lire.  —  /  /très.   ind.  ie- 

gissi  35. 

*  lésion  !i2' ,  blessure . 
*liard  53,  liard. 
*libertat  37',  liljerté. 
*licit  63,  licite. 
*luxuria  38,  luxure. 
*luxurios  59,  luxnrieu.r. 

*  malgracios  Sa',  désagréatilc. 
*malgrat  4i',  dépit. 

*  [maigrazir],  maudire.  —  l  prés. 

ind.  malgrasissi  4i',  malgra- 
zissi  4o'  ;  —  gér.  malgrazen  49  ; 
—  pari,  passé  malgrazit  5i'. 

*  malicia  44',  malice. 

*  [mallauzar],  injurier.  —  /  prés. 

ind.  mallauzi  4o',  4i':  —  part, 
prés,  mallauzan  49- 

maluros  5o',  5i,  malheureux. 

mariatgc  58',  mariage. 

marvasi  43,  malvoisie. 

me,  pron.  pers.  prem.  pers.  ré- 
gime atone  :  me  aperle  3.'V,  34. 
37,  me  desplay  35,  me  bayla- 
ria  35,  me  senti  36,  etc.  (jamais 
mi),  aussi  devant  t'injinilif  :  de 
me  logar  65,  et  le  part.  prés.  : 
me    consenlen   39';   très  rare- 


/jo6 


CL.     BRUNEL. 


meiii  comme  forme  Ionique,  seul 
exemple  :  a  me  43  ;  l'élision  a  tou- 
jours lieu  devant  i  et  en:  ni'i  ar- 
restan  35,  m'en  vau  37,  m'en 
rizi  37.  m'en  retiraiia  37'.  etc. 

*  medecina  67,  médecine. 

*  medi  37',  5i',  moyen. 

*  [niendiquar],  mendier.  — 1  prés. 

subj.  mendique  65. 
[mentir] .  mentir.    —  1  prés.  ind. 
mentissi  70'. 

*  meritori  C>\,  meriloria  58',  méri- 

toire. 
mètre  5o,  mettre.  —  Prés.  ind.  1 
meti34',36',4o,/i3,etc.,— 2me- 
tes  38  ;  —  6  meto /î8,  metto7i'; 

—  7  imp.  ind.  metia  43',  44';  — 
])rés.  subj.  1  metla  48.  —  3 
nletta  5i,  meta  5i,  62; — fu- 
tur i  metriey  38,  39',  —  3  mé- 
tra 59;  —  fjér.  meten  60;  — 
part,  passé  mes  Sa'. 

mi,  pron.  pers.  prem.  pers.  ré- 
(jime  tonique,  complément  d'an 
verbe  :  ieu  regardi  mi  nieteys 
38',  o«  d'une  préposition  :  en  mi 
33,  de  mi  3'i,  a  mi  meteys  39', 
de  mi  43,  etc.,  rf.  me,  oh  du 
compar(dif  :  plus  que  nû  44-  >"/■ 
ieu. 

*  mocaria  42,  moquerie. 

*  monecio  58,  enseignement . 
|morii|,  mourir.   —  3  prés.  ind. 

mor  61  ;  —  3  imp.  ind.  moiia 
62  ;  —  prés.  subj.  3  morisca  07, 

—  '4moram  5i;  —  G  imp.  subj. 
morigucsso47;  — 3J'ulurn\orrn 
Go',  6^1,  Ci'. 

*  moros  3().  68,  (jui  .^'(tit(trde  com- 

ptdisamment. 
uioyaii  '1 1 ,  53',  5V-  moyen. 

*  iie^ligencia  45.  negligensa  56', 

négliijence . 
nonre  5o',  68',  rien. 

*  notablamen    42',    '|6.    49',    53', 

notablement. 


*  noloria  (art)  37,  61',  nrl  magi- 

que, cf.  note  au  fol.  Gl'. 
*nullamen  09',  nullement. 

*obprobri  65',  injure. 

*occult  71,  occulte. 

*[ofrensar],   offenser.   —  3  prés. 

ind.  ofîensa  48'. 
*ofVicios7i,  obligeant. 
[onher],    oindre.   —   l^arl.   passé 

oncli  41- 
otra  5()',  otre  56,  08',  outre. 

*palliardeja  49',  palliardejar  5o, 
56,  paillarder. 

*[palliar].  pallier.  —  /  prés.  ind. 
pallii  46'. 

parlamen  37.  parlement,  cour  de 
justice. 

pax  5o',  '64,  paix. 

pcccar  38,  pécher,  commettre  un 
péclié.  —  Prés.  ind.  1  pecqui 
33',  34,  38,  38',  pequi  33'.  34, 
35,  35';  —  3  pecca  33,  33', 
34-  34';  ^  1  imp.  ind.  pec- 
cava  38;  —  /  imp.  subj.  pecques 
5i  ;  —  1  cond.  peccaria  33',  36, 
37',  38,  etc.,  pecquaria  34'. 

[penchenar  (se)] ,  se  coiffer.  — 
]  prés.  ind.  penclieni  39. 

penre  38,  4o,  4o',  4i,  etc.,  pren- 
dre. —  Prés.  ind.  l  prend!  36', 
4(>,  4<>',  44,  etc.  .  —  '..-'  prendes 
38,  —  .'i  pren  33;  — 3  imp.  ind. 
prendia  68;  —  prés,  sulij.  I 
prengua  '.'ÙV.  ()3.  —  G  prcngo 
33': —  imp.  subj.  1  prengues 
()^,  —  3  prengues  44  ;  —  futur 
I  prendriey  68',  — 2  penras  62'. 
711',  —  3  penra  55',  —  6  pen- 
ran  33';  —  /  condit.  penria45'; 
—  gér.  prenden  68';  —  pari, 
passé  près  5o',  52',  53,  70. 

*  pertinacia  35',  eidétement. 
pesalge  69,  péage. 
pesollios  65'.  pouillcii.r. 
piegs  47',  pis. 


OPUSCULES    PROVENÇAUX    Dl^    XV"    SIECLE. 


407 


*pigricia  \^' ,  paresse. 

Iplaire],  ptaire.  —  .9  prés.  ind. 
play  5o';  —  /  prAs-.  subj.  plassa 
3f),  56;  —  pari,  pa.'^sé  plagui 
50'. 

*playgiar  35',  plaider. 

podar  58',  émonder. 

[poder],  pouvoir.  —  Pré.'<.  ind.  1 
podi  33',  35',  36',  38,  etc.,  —  .V 
pot  34,  34'.  37,  39',  etc.,  —  0 
podo  34,  39',  48,  64',  etc.,  — 
imp.  ind.  l  podia,  35',  42,  57. 
06',  etc.,  —  3  podia  03.  —  ('> 
podian  43'?  52',  55,  podio   5i. 

—  prés.  subj.  1  pucsca,  61,  6V. 

—  5puesca  35',  43,  49',  67,  etc.. 

—  6  puesco  66;  —  imp.  subj.  1 
pogues    42',    43,   54,   60,  etc., 

—  G  pogucsso  66;  —  J'alur  I 
poyriey  38,  47'-  —  3  poyra  56, 
poyr(i)a  5i  ;  —  condit.  J  poyria 
39',  4o,  43',  55,  etc.  .  poyra 
42'  (faute  d'iniprei^sion  pourpoy- 
ria).  —  5 poyria  35',  59',  62,  — 
à  poyriam  57',  —  6'  poyrian  42'  ; 

—  part,  passé  pogut  52',  53'. 

*  pollucio  67',  polluciou  09',  56', 

pollution. 
*[poIluir],  polluer.  —  1  prés.  iitd. 

polluci  67';  —  pari,  passé  pol- 

lut  5i'. 
pompa,  52',  atours. 
'  possible  59',  possible. 

*  predicacio  58,  prédication. 

*  presunipcio  33',  présomption. 
*prcsumptuos  5i,  présomptueu.r. 
principal  (subsl.)  68',  capital. 

*  principalmen  42',  5o,  52,  prin- 

cipalement. 
*prodigaIitat  47',  prodigalité. 
[proseguir], poiirsiu'vre.  ^-  1  prés. 

ind.  proseguissi  69'. 
*protractio  60,  ligne  (dans  la  main). 
provesir  53,  64',  66,  pourvoir.  — 

7  prés.  ind.    provezissi  66;  — 

part,  passé  provesit  Sa. 
*pusillanimitat  45.  pusillanindté. 


qiialor,  voir  caler, 
qualque  64,  voir  caler, 
(piaquetar  âo.  caqueter. 
'  quesiciou  4o,  recherche. 

ralliar  4o,  4<>',  5o.  52.  plaisanter. 

—  Prés.  ind.  2  rallias  38;  —  G 
ralhan  4o. 

*  ramelet,  39,  67',  petit  rameau. 

*  rasonablamen    58,     razonabla- 

men  4'^,  raisonnablement. 

*  rejoyr   ()o,   réjouir.    —    /  prés. 

ind.  rejoyssi  37,  44';  —  3  fui. 
rejoyria  37';  —  part,  passé  rc- 
joyt  5i',  5','. 

*  rejoyssansa  44',  réjouissance. 

*  reniissiou  47'-  rémission. 

*  renom  49',  renom. 
[reprendre],  reprendre,  critiquer. 

—  1  prés.  ind.  reprehendi  33', 
34',  37,  46,  etc.;  —  /  inq).  ind. 
reprehendia  34';  —  /  condit. 
repenria  34'. 

*[resistir],   résister.    —    3  prés, 
ind.  resistis  58'. 

*  reslituir  4i',  restituer. 
relrayre  (se)  63,  retirer, détourner. 

—  j  prés.  ind.  relrasi  4i,  —  3 
rctray  36,  —  6  retraso  4o,  — 
condit.  1  retrayria  34',  —  3  re- 
trayria  35',  36'. 

revit  43,  fête  morluaire,  anniver- 
saire. 

*  rixa  42,  rixe. 

roffia  46',  erdremetleur. 
rossi  64,  cheval  de  charge. 

saber  60,  savoir.  —  Prés.  ind.  I 
sabi  33',  34,  34',  36',  etc.,  sciey 
54,-3  sap  36',  44',  sab  57, 
67,  —  6  sabo  64  ;  —  «'«P-  ind.  l 
sabia  36',  5o,  69',  —  5  sabia 
35,  49';  —  subj.  prés.  1  sapia 
36',  58,  —  3  sapia  4o;  —  imp. 
subj.  1  saubes  60.  61.  —  3  sau- 
bes  5o,  63'  ;  —  condit.  1  sau- 
bria  4o',  43,   49,    -"  3  saubria 


4o8 


CL.    BRUNEL. 


43',  49',  5o,  54';  —  part,  passé 
saubut  54',  55. 

*saci"ilegii  45',  sacrilège. 

*saja  (adj.fém.)  58',  sage. 

salut  (masc.)  4o,  (fétn.)5o',  salu(. 

[scampar] ,  répandre.  —  Part, 
passé  scampat  62'. 

scandol  55',  60,  65,  etc. ,  scandale. 

scoba  61,  Ijalal. 

fscopir],  cracher.  —  7  prés.  ind. 
scopissi  35. 

[scotar],  écouter.  —  1  prés.  ind. 
scoli  68. 

scudela  60,  écnelle. 

[scumenjar] ,  excommunier.  — 
Gér.  scumenjan  71'. 

scur  61',  obscur. 

*scurrilitat  44,  bouffonnerie. 

se,  pron.  pers.  réjléclii  atone  :  se 
jacta  33,  se  apela  33',  se  aviso 
33',  se  vol  35',  etc.  (jamais 
si)  ;  tonique,  complément  d'une 
préposition,  seuls  exemples  :  de 
se  meteys  34',  4o'.  La  voyelle 
est  toujours  élidée  devant  en  et  i  : 
s'i  acoslumes  34,  s'i  arresta  33. 
s'enseguo  33,  etc.  Cf.  si,  nie.  nii. 

sencha  61,  ceinture. 

[senchar],  ceindre.  —  /  prés.  ind. 
senchi  61. 

*sequela  54,  suite. 

[servir],  servir.  —  Prés.  ind.  î  ser- 
vissi  45',  63',  —  3  servis  47', 
—  /j  servo  44  ;  —  3  prés,  sutij. 
servisca  64'. 

si.  pron.  pers.  réfléchi  toni/jne  ': 
contra  si  meteys  5i';  régime 
verbal  ne  renvoyant  pas  au  sujel  : 
se   lia  batut  qualque  personn 

■   1)0  si  ho  sas  bestias  5i'. 

•siinoniayc   55',   simoniaipw.    Cf. 

sjnioniayc. 
simple  (subst.)   (io.   [ler.-^nnm-  non 

cultivée. 
*  simplessa  5i),  simplicité. 
•singularilal  37',  56,  singularité. 
*sobramen  43',  sobrement. 


specias  43,  épices. 

*  spiraciou  63',  inspiration. 

*  stipendiât  46',  stipendié. 
*snbitamen,  43,  42',  43'.  44',  37, 

subilenient. 

*  subreptisamen  42',    subreptice- 

ment. 
subget  63'.  69'.  70,  inférieur. 

*  suflicienmen    67,  suffisamment. 

*  superbia  'i'6,  superbe  (substantif), 

péché  commun  à  l'orgueil  et  à  la 
vanité. 

*  superflu  47.  superflu. 

*  supersticiou  60',  superstition. 

*  sustentaciou  42',  sustentation. 
*susurracio   42',   4V,   insinuation 

calomnieuse. 
*symonia  45',  simonie. 
symoniayc    55,    sinujniague.    Cf. 

simoniaic. 

*talamen4o,  43',   53',   tellement. 

te,  pron.  pers.  seconde  pers.  ré- 
gime atone  :  que  te  fos  63',  ieu  le 
adjuri  63'.  Cf.  me,  se. 

temperas  61,  les  quatre  temps. 

tener  63',  tenir.  —  /  prés.  ind. 
teni  49';  —  /  prés.  sut)],  ten- 
gua  64; — part,  passé  lengut 
53,  53'. 

*  tentacio  38,  tentation. 

*  torpor  45,  torpeur. 

[traïr],  trahir.  —  /  j)rés.  ind. 
trayci  46. 

"  [tribular],  troubler.  -  .'>'  prés, 
ind.  tribula  67'. 

*trinc7'(queaioliedelici,spolilzlie 
honestes,  que  no  tcnguo  ponch 
gran  trinc  de  servitors),  train. 

Iruan  64'.  truand. 

|lrnirar(se)|.  .s-e //iO(//j(T.  —  I  prés, 
ind.  truili  (iô';  —  gér.  Irnll'an 
66',  en  raillant. 

lu,  pron.  pers.  sec.  pers.  sujet  or- 
dinairement exprimé  :  lu  tassas 
63',  complém.  du  comparatif  : 
mcnre  que  lu  63'.  Cf.  icu. 


OPUSCULES    PllOVENÇAUX    DU    XV    SIECLE. 


'|0<J 


[tuar],  liier.  —  /  prés.  ind.  tuy 
42,  43':  —  3  condit.  tuaria  58'. 

un  (la)  55,  63,  65,  el  ci-(l<'xsiis  à 
l'article  barba,  l'un.  Cf.  A.  Jcan- 
roy.  Mystères  provençaux  du 
XV' siècle,  p.  xxxix,  n"  2  3. 

utial  47',  utile. 

•vagaciodo  entendemon  '|5,  dis- 
traction de  /'esprjV. 

•[variar].  varier.  — .3  prés.  ind. 
varia  53',  varie  53'. 

•[vaxillar],  vaciller.  —  :i  condil. 
vaxillaria  5o'. 

vêla  59,  voilà. 

*venialmen  07',  71,  vénicllcment. 

[venir],  venir.  —  Prés.  ind.  3  ve 
39',  42,  44,  —  G  veno  48';  — 
prés.subj.  ivengua48'.— 5ven- 
gua  57,  60';  —  3  in)p.  subj. 
vengues  66';  — futur  2  venras 
03'.  —  3  venra  46',  3i,  —  6 
venran  6i';  —  3  condit.  venria 
63';  — part,  passé  vengul  53, 
54',  58. 

*ventosital.  44-  ventuosilat  36'. 
Jlatuosité. 

verge,  verges  {subst.  et  adj.).  38'. 
60',  67',  vierge. 

ves  (una)  per  una  50.  une  seule 
fuis. 


veyria  ao,  verrière. 

vezer  36',  38,  39'.  voir.  —  l'rés. 
ind.  1  vesi  55',  vezi  33',  34,  30, 
36',  etc.,  —  3  ve  34';  —  imp. 
ind.  l  vezia  43',  60.  —  G  vezian 
56'  ;  —  1  prés.  subj.  veia  O2'  ;  — 
imp.  subj.  1  vigues  68,  —  3  vi- 
gnes 66;  — futur  I  veyriev  37. 

—  3  veyra  60',  61;  —  part,  jjassé 
vist  36,  5i',  55,  56. 

vieusa  53,  veuve. 

*vilananien  51,67',   vilainement. 

*  vincir  35',  36,  vaincre. 
*vindeniiar  6^,  vendanger. 

*  violentamen  67',  violentement. 
[voler],  vouloir.  —  Prés.  ind.  /  voli 

35,35',  36,  36',  etc.,  — 3  vol  33'. 
46.  53,  53',  etc..  —  G  volo  36; 

—  imp.  ind.  I  volia  33'.  4ir  54'. 
--  3  volia  35',  —  G  volian  54'. 
06;  —  prés.  subj.  1  vnellia  33, 

—  3  vuelha  65;  —  1  imp.  snbj. 
volgues  47  ;  — futur  2  voiras  68. 

—  3  voira  59,  —  G  volran  33'. 
60;  —  condit.  1  volria  35.  33'. 
36',  38,  etc. ,  —  G  volrian  63  ;  — 
part,  passé  volgut  3i',  52'.  3'4', 
55. 

•ypocrisia  35.  hypocrisie. 

*  ypocrita  55',  yppocrila   3i'.  hy- 

pocrite. 

GlOvis    BlUNEL. 


AXNALES   DU   MIDI. 


\\\. 


MÉLANGES  ET  DOCUMENTS 


VENTE      DU     CHATEAU     DE     CASTELVIEL    DE     ROSANÈS,    Ei\    1023, 
PAR  BÉRENGER,    COMTE  DE   BARCELONE 

On  trouve,  dans  plusieurs  recueils,  des  documents  éma- 
nant de  la  chancellerie  des  comtes  de  Barcelone  ;  en  les 
publiant,  les  éditeurs  se  sont  parfois  contentés  de  don- 
ner les  passages  *  relatifs  à  l'objet  de  l'acte  et  ont  omis 
de  reproduire  les  formules  qu'ils  jugeaient  inutiles.  Cette 
suppression  a  eu  pour  résultat  de  faire  perdre  des  élé- 
ments d'information,  notamment  pour  les  recherches  des 
lois,  coutumes  et  usages,  pour  l'étude  de  l'organisation 
administrative  et  judiciaire.  Autant  semblables  lacunes 
sont  admissibles  pour  les  époques  modernes  par  suite  de 
l'abondance  de  textes  et  grâce  aux  recueils  de  documents, 
autant  elles  sont  regrettables  pour  les  périodes  du  haut 
Moyen  âge  dont  les  chartes,  en  nombre  restreint,  sup- 
pléent, dans  les  mentions  protocolaires,  à  l'absence  de 
textes  législatifs. 

En  publiant  in  extenso  la  charte  de  1020,  dont  une 
photographie  accompagne   le  texte-,    nous  donnons  un 

I.  Marca  Hispanka.  Vonlc  d'un  imnicuble  on  1024  :  Appendix 
n"  CXCVII,  col.  loiiG.  Pas  de  confronls,  pas  do  l'ormulos. 

a.  Dimensions  do  la  oliarlo  :  II..  o"'/|':!;  L..  o"''i9,  parchoniin.  au  bas 
duquol  des  plis  et  dos  dôchiruros  ont  porlé  allointo  à  récriluro  : 
lt>  icsio  ost  en  bon  état;  ly  lignes  de  lexte,  5  de  souscriplions. 


MÉLANGES    ET    DOCUMENTS.  f\  \  \ 

exemple  de  ce  que  les  documents  de  ce  genre,  oulic  l'in- 
térêt de  leur  objet  propre,  renferment  d'indica(i<iiis  pour 
l'histoire  du  droit.  Précieuse  à  cause  de  sa  j)i<nL'naiicc, 
elle  offre  un  caractère  d'authenticité  d'autant  plus  indis- 
cutable qu'elle  est  dans  la  famille  du  propriétaire,  M.  le 
duc  de  Lévis-Mirepoix',  depuis  le  commencenieni  du 
XIV*  siècle;  elle  y  est  entrée  à  cette  époque  par  suite 
d'une  alliance  des  maisons  de  Lévis  et  de  Foix.  Jean  de 
Lévis  P',  seigneur  de  Mirepoix,  épousa,  en  1.296,  Cons- 
tance, fille  du  comte  de  Foix  Roger-Bernard  111  et  de 
Marguerite  de  Moncade  ;  celle-ci  avait  apporté  en  héri- 
tage à  son  mari  la  vicomte  de  Béarn  et  plusieurs  fiefs 
en  Catalogne,  tels  que  Vich,  Castelviel  de  Rosanès, 
qu'elle  tenait  de  sa  famille,  une  des  plus  puissantes  et  des 
plus  illustres  de  Catalogne.  Castelviel,  avec  d'autres  do- 
maines situés  de  chaque  côté  des  Pyrénées,  avait  servi 
de  garantie  à  la  dot  de  la  princesse-. 

Après  avoir  résumé  la  teneur  de  l'acte,  nous  croyons 
utile  de  faire  ressortir  l'importance  et  le  caractère  de 
quelques  dispositions  particulières. 

Les  parties  qui  figurent  dans  l'acte  sont  : 

D'un  côté,  le  comte  de  Barcelone,  Bérengeu-Haymond 
(1017-1035),  fils  de  Raymond  Borel,  et  sa  femme  Sancik, 
fille  de  Sanche,  duc  de  Gascogne. 

De  l'autre,  Guillaume,  Gilelnius,  fils  d'Amat. 

A  comparer  ce  nom  avec  ceux  des  aînés  de  la  maison 
de  Moncade  à  cette  époque  %  on  peut  admettre,  non  sans 

1.  JNous  adressons  nos  remerciements  à  M.  le  duc  de  Lévis-Mire 
poix,  qui  a  bien  voulu  nous  autoriser  à  publier  dans  les  Annales  du 
Midi  celte  charte  avec  reproduction  phololypique. 

2.  Inventaire  des  archives  du  château  de  Léran,  t  .III,  Jean  de  Lévis  I", 
p.  68. —  Baudon  de  Mony,  Relations  politiques  des  comtes  de  Foix  avec 
la  Catalogne  Jusciu'au  \i\'  s.  Paris,  Picard,  1892,  l.  I,  cli.  iv. 

3.  Moréry.  Dictionnaire  Historique,  t.  \  ,  p.  262.  Le  nom  d'Aiiial  ne 
se  trouve  joint  à  aucun  des  Guillaume  de  Moncade. 


4l2  ANNALES    DU    MIDI. 

vraisemblance,  que  le  personnage  en  question  appartenait 
à  cette  famille  dont  il  était  peut-être  le  chef;  il  aurait 
acquis  Castelviel  qu'on  trouve ,  presque  à  partir  de  ce 
moment,  énuméré  dans  les  possessions  de  Moncade,  jus- 
qu'à l'époque  où  un  héritage  le  fit  passer  aux  Foix- 
Béarn,  comme  nous  l'avons  dit  plus  haut. 

Notre  charte  serait  donc  la  pièce  originale,  eu  vertu  de 
laquelle  le  château  de  Castelviel  serait  sorti  du  domaine 
des  comtes  de  Barcelone  par  suite  d'aliénation. 

Quand  même  notre  Guillaume  n'aurait  pas  l'origine 
que  nous  lui  supposons,  il  faut  reconnaître  qu'il  aurait 
vendu  ledit  château  qui,  de  transmission  en  transmis- 
sion, serait  enfin  échu  aux  Moncade. 

Le  i8  août  1023,  le  comte  et  sa  femme  vendirent  à 
Guillaume,  fils  d'Amat,  le  château  de  Castelviel,  situé 
à  l'extrémité  du  Comté,  près  de  ïarragone.  Les  limites 
du  domaine,  qui  devait  avoir  une  étendue  considérable  à 
en  juger  par  la  description,  étaient  déterminées  par  les 
accidents  du  sol,  cours  d'eaux  et  collines.  Sa  consistance 
donne  lieu  aune  énumération,  d'autant  plus  longue  que 
les  synonymes  étaient  employées  pour  désigner  une 
même  chose  ;  il  en  fut  de  même  pour  tout  ce  qui  concer- 
nait les  droits  et  revenus  de  divers  genres. 

Le  prix  était  fixé  à  trois  excellents  chevaux,  ires  npli- 
nios  cabaUos,  estimés  60  onces  d'or. 

Les  origines  de  la  propriété  étaient  clairement  expo- 
sées. Le  domaine  appartenait  à  Bérenger;  si  la  comtesse 
Sancie  intervint  dans  le  contrat,  ce  fut  en  raison  des  droits 
qu'elle  avait  à  faire  valoir  sur  les  biens  aliénés,  d'abord 
en  vertu  du  decùmun,  puis  grâce  à  la  libéralité  de  son 
mari.  Par  decimum,  on  devait  entendre  la  donation  que 
l'époux  devait  faire  à  sa  femme  à  l'occasion  du  mariage, 
et  fixée  à  la  dixième  partie  de  son  propre  avoir.  jNous 
n'avons  pas  le  contrat  de  Bérenger  et  de  Sancie,  mais  il 


MELANGES    ET    DOCUMENTS.  ^1  1  3 

reste  celui  de  leur  fils  Raymond,  où  l'on  trouve  hi 
preuve  que  la  quotité  était  bien  le  dixième'.  Telle  est  la 
prescription  de  la  loi  des  Wisigoths*  dont  notre  charte 
montre  une  application'.  Ce  sont  des  pratiques  inspi- 
rées surtout  par  le  droit  germanique. 

Parmi  les  choses  cédées  en  conséquence  de  la  vente, 
les  unes  se  référaient  à  la  propriété,  comme  les  prés,  les 
bois,  les  vignes,  les  terres,  avec  les  revenus  des  immeu- 
bles et  autres  redevances;  les  autres  avaient  trait  à  la 
souveraineté,  dont  elles  étaient  un  démembrement,  tel 
était  le  droit  de  rendre  la  justice  et  de  tenir  des  assem- 
blées délibérantes,  niallos  et  placila  '.  Ces  tei'mes  indi- 
quent une  institution  d'origne  barbare  et  révèlent  les 
débuts  de  la  féodalité  dont  les  conditions  d'existence 
étaient  déterminées.  Néanmoins,  il  convient  d'obser- 
ver qu'il  n'est  fait  aucune  allusion  à  la  foi,  à  l'hom- 
mage, c'est-à-dire  aux  rapports  marquant  la  dépendance 
du  vassal  vis-à-vis  de  son  seigneur.  En  celte  circons- 
tance, la  propriété  territoriale  semble  avoir  encore  été 
régie  à  titre  d'alleu,  susceptible  d'être  aliénée  sans  auto- 

1.  Par  acte  du  \\  novembre  io3g.  le  comte  Raymond  fait  à  sa 
femme  Isabelle  un  don  nuptial  en  ces  termes  :  ...decimnm  pnricin, 
omnium  reriim  meaniin  ei  dono  alque  confirma,  quantum  per  (juali- 
cumqae  voce,  moderno  lempore,  habeo  atque  deinceps  AlUssimus  imper- 
tire  atqae  concedere  dUjnalas  fuerit,  secandam  legalem  aiictorilatem  Lex 
Gotica  confirmât.  P.  de  Bofaruli,  Los  condes  de  Barcelona  vindicados, 
Barcelona,  i836,  t,  II,  p.  8. 

2.  Zeumer,  Fontes  juris  (jermanici  (Pevlz).  Hanovrix,  189  j.  un 
vol.  in  8".  Le.r  Wisigotlioram,  liv  III,  lit.  1.  cliap.  v,  p.  91. 

3.  Il  est  aussi  question  de  cette  quotité  dans  les  règles  d'Ulpien. 
t.  XV,  DE  DEC[Mis.  vir  et  uxor  inter  se,  matrinionii  nomine,  decimum 
capere  possunl.  Voir  aussi  Brissaud.  Manuel  historique  du  droit, 
p.  1641-1644. 

4.  Le  placitum.  pris  dans  um  sens  général,  s'applique  aux  réu- 
nions judiciaires  et  délibérantes,  tandis  que  le  malhis  est  réservé 
aux  séances  de  justice.  Voir  Gloss.  de  Ducange  à  chacun  de  ces 
mots. 


4l/i  ANNALES    DU   MIDI. 

risation,  et  laissant  le  possesseur  libre  de  toute  sujétion. 

Pour  linvestiture  des  vendeurs  à  l'acheteur,  pas  de 
longues  formules,  pas  de  cérémonies  symboliques  en  ma- 
nière de  tradition  ;  l'acte  suffît  pour  assurer  la  validité 
de  l'opération.  Les  vendeurs  se  sont  bornés  à  déclarer 
qu'ils  ont  fait  purement  et  simplement  abandon  à  l'ac- 
quéreur de  leurs  droits  et  qu'ils  lui  en  ont  fait  la  trans- 
mission. Le  prix  étant  payé,  ils  n'avaient  plus  rien  à 
lui  demander  et  s'engageaient,  en  cas  où  eux-mêmes  vien- 
draient ou  tenteraient  à  contester  la  validité  du  contrat,  à 
lui  verser  une  indemnité  fixée  au  triple  de  la  valeur  de 
l'objet.  De  la  part  de  l'acheteur,  aucune  garantie  n'était 
exigée;  ce  n'est  que  plus  tard  que  l'on  trouve  les  formules 
relatives  aux  exceptions,  aux  manœuvres  dolosives  et  à 
d'autres  cas. 

Pour  donner  une  plus  grande  force  aux  stipulations 
du  contrat,  l'autorité  des  lois  était  invoquée.  Afin  que 
la  cause  d'ignorance  ne  pût  être  alléguée,  on  transcrivit 
in  extenso  les  textes  qui  établissaient  la  validité  des 
contrats  de  vente  par  rapport  à  la  qualité  des  parties  et  en 
matière  de  formalités.  La  première  citation  a  trait  aux 
conditions  exigées  des  contractants,  pour  que  l'acte  ne 
fût  pas  nul.  Agés  de  quatorze  ans,  ils  devaient  avoir  la 
faculté  de  disposer  de  leurs  aflaires.  Les  autres  extraits 
rappelaient  dans  quelles  conditions  les  actes  de  vente 
devaient  être  rédigés  pour  être  valables.  La  première  était 
de  fournir  lu  matière  d'un  texte  écrit  {scrij)lara)  ;  la 
seconde  de  porter  avec  évidence  la  date  de  l'année  et  du 
jour  où  ils  avaient  été  retenus.  Si  ces  deux  ])rescriptions 
étaient  renq^lies,  les  vendeurs  n'étaient  plus  admis  à  con- 
tester la  valeur  de  l'aliénation,  en  prétextant  qu'elle  avait 
été  consentie  à  vil  prix. 

La  loi,  dont  quatie  articles  étaient  cités,  n'était  autre 
que  la  Lex  W  isujothoi-iun  reccesvincHana  ou  Liber  jadicio- 


MELANGES    ET    DOCUMENTS.  ''l  I  T) 

ram'  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  la  Lcj:  romand 
Wisigothoram.  La  première,  œuvre  du  roi  Reccessvinde, 
promulguée  en  654,  s'appliquait  aux  représentants  de  la 
race  conquérante,  aux  Gotlis,  tandis  r[ue  la  seconde,  plus 
ancienne  au  moins  d'un  siècle  et  demi,  connue  sous  le 
titre  de  Brevianam  Alarlcl,  en  souvenir  du  roi  qui  en 
était  l'auteur,  était  spéciale  aux  vaincus,  aux  indigènes, 
aux  Hispano-Romains.  Au  vu"  siècle,  le  roi  Recccsvinde, 
en  mettant  en  vigueur  une  compilation  qui  contenait  les 
dispositions  de  la  loi  barbare,  voulut  établir  l'unité  de 
législation  dans  le  royaume  et  en  finir  avec  les  dislinc- 
tinctions  de  race.  Aussi  défendit-il  de  faire  usage  de  la 
Lex  Romancr-  dont  les  vaincus  étaient  redevables  à  son 
prédécesseur  Alaric  II.  En  1028,  la  Catalogne  oii,  après 
l'expulsion  des  Arabes  par  Charlemagne,  l'ancien  régime, 
du  moins,  pour  le  règlement  des  affaires  i)rivées,  avail 
été  restauré,  fut  soumise  à  la  Lex  Wmrjothonim,  à  la  loi 
gothique,  comme  on  la  trouve  désignée  en  1089,  dans  le 
contrat  de  mariage  du  fils  de  notre  comte  Bérengcr'. 
Elle  se  maintint  longtemps  devant  les  envahissements 
de  la  coutume  et  les  applications  du  droit  romain  renais- 
sant', 

La   date,    sommairement    indiquée   sans    mention    de 

I.  Zeumer.  Voir  plus  haut  p.  4i3,  note  2. 

3.  Zeumer,  op.  cil.  L.  Il,  t.  I,  ch.  7,  p.  4'»  «  Nohimas  sive  liomaiiix 
legibiis,  seu  alienh  instUutioiiibus  aniodo  amplius  convexari. 

3.  Voir  plus  haut  la  citation  du  contrat,  p.   4i3,  note  i. 

4.  Mélanges  FUtiiuj.  Montpellier,  1908.  Deux  vol.  in-8''  publiés  à 
l'occasion  du  cinquantième  anniversaire  du  professeur  Filting.  T.  i" 
J.'Flach,  professeur  au  Collège  de  France,  Le  droit  romain  dans  /e.s 
Charles  du  IX'  au  XI'  siècle,  p.  383-422.  T,  II,  Hinojosa,  professeur 
de  droit  à  l'Université  de  Madrid,  Le  droit  romain  en  Catalogne, 
p.  391-408.  T.  Il,  L.  StoufF,  L'interprétation  de  la  loi  romaine  des 
Wisigotlis  dans  les  formates  da  VI'  au  XI'  siècle,  p.  165-189.  Bris- 
saud,  De  l'application  des  lois  luisigothiques  dans  le  Midi  de  la 
France  (Mémoires  de  l'Académie  des  sciences  de  Toulouse.  1902,  p.  32 1 
328). 


/|l6  ANNALES    DU    MIDI. 

lieu,  ne  donne  que  les  calendes  du  mois,  XV kalendas 
scpieinhris,  et  l'année  du  règne  du  roi  de  France  Robert, 
concordant  avec  celle  on  l'acte  a  été  passé,  anno  XXVII 
regni  Robert  régis  (i023).  Il  n'y  a  pas  lieu  d'insister  sur  la 
présence  du  nom  de  ce  prince;  c'était  la  preuve  des  liens 
ou  plutôt  des  souvenirs  qui  rattachaient  la  Catalogne  à 
la  France.  Les  comtes  de  Barcelone  ne  prêtaient  pas  ser- 
ment à  nos  rois  ;  ils  semblaient  en  reconnaître  la  suze- 
raineté, bien  qu'en  fait  ils  affirmassent  leur  autonomie  en 
proclamant  dans  les  formules  protocolaires  qu'ils  devaient 
leur  autorité  à  la  grâce  de  Dieu.  Dans  notre  charte,  le 
fait  mérite  d'autant  plus  d'être  relevé  que  la  mention  est 
insérée  en  pleine  connaissance  du  comte,  qui  apposa  sa 
signature  sur  le  document.  La  tradition  d'indiquer  dans 
les  actes  le  règne  du  roi  de  France  s'est  maintenue  jusqu'à 
la  lin  du  xii'  siècle  en  Catalogne. 

Au  bas  du  corps  de  l'acte  sont  apposées  les  souscriptions 
des  personnes  qui  avaient  un  intérêt  spécial  dans  l'acte, 
comme  auteurs,  témoins  ou  rédacteurs.  Il  y  a  dix-sept  seings 
manuels  {signa)  y  compris  ceux  des  vendeurs;  trois  fonc- 
tionnaires interviennent  :  le  vicecomes  ',  deux  juges, 
dont  l'un  en  qualité  de  témoin,  l'autre  de  rédacteur,  tous 
deux  appartenant  à  l'Église  comme  lévile,  diacres  ou  sim- 
|ilemenl  clercs'-.  Plus  lard,  dans  des  chancelleries  souve- 
raines, un  plus  grand  nombre  de  dignitaires  fut  admis  à 
ligurer  comme  témoins  cl  à  souscrire  les  actes  avec  appo- 
sition de  leur  marque. 

Les  signa  consistent  en  une  croix  dans  chaque  contour 
de  laquelle  est  inscrit  un  point;  le  comte,  comme  il 
convient  à  son  rang,  a  posé,  le  premier,  sa  marque  dis- 


1.  ]a'  viceconu's  devait  (Mic  le  piinripnl  nllu-icM'  du  p.dais.  l'ad- 
iiiinislratcur  général.  Noir  ("lir.y.  Maiiiicl  de  diploinalùjuc.  Paris,  lla- 
chello,  189/i,  in-S",  p.  3^3. 

2.  Voirie  glossaire  de  Diicanjrc,  un  inol  LevUa, 


MKLANGES    ET    nOGL'MIÎNTS.  \  ^ -j 

tinctive,  et  dessiné  une  croix  qui  lesscmljlc  à  celle  (jiicn 
termes  héraldiques  on  appelle  paltée. 

Dans  les  signa  l'S  est  relié  à  la  croix  par  une  \'\<r\\v 
courbe  qui  se  rallaclie  à  la  barre  transversale;  les  entrelacs 
sont  rares,  peu  compliqués  et  ne  font  pas  prévoir  ceux 
des  âges  suivants  si  tourmentés  et  si  variés. 

L'écriture  du  corps  de  la  pièce  est  correcte,  soignée, 
régulière,  uniforme  dans  ses  diirérenlcs  parties,  semblable 
plutôt  à  celle  d'un  manuscrit  qu'à  celle  d'une  charte;  la 
première  ligne  n'est  pas  tracée  en  caractères  spéciaux  et 
n'oflre  pas  de  lettres  ornées,  comme  c'était  l'usage  dans 
les  chancelleries  de  l'époque  carlovingienne.  Quand  on 
arrive  aux  signatures,  autant  de  diftérences  que  de  sous- 
cripteurs; quelques-uns  ont  eu  de  la  peine  à  finir  le  mot 
commencé.  On  ne  trouve  pas  les  noms  superposés  en 
forme  de  colonnes,  on  a  essayé,  avec  plus  ou  moins  de 
succès,  de  les  maintenir  clans  des  lignes  droites  allant  d'un 
côté  du  parchemin  à  l'autre.  Pas  de  sceaux  pendants  ou 
plaqués.  Le  clerc  rédacteur,  investi  en  même  temps  des 
fonctions  de  juge,  s'est  contenté  de  déclarer  qu'il  a\all 
écrit  et  souscrit,  scripsi  et  suhscripsi,  l'acte,  d'y  mettre  son 
seing  consistant  en  une  double  torsade.  Le  document 
était,  du  reste,  suffisamment  authentiqué  par  les  auto- 
graphes des  participants.  Parmi  les  signataires  de  la 
charte,  nous  trouvons  des  noms  qui  figurent  sur  d'autres 
documents  du  même  comte  :  c'étaient  ceux  de  gens  (jui 
étaient  de  la  suite  du  prince,  ses  familiers.  A  la  forme, 
quelques-uns  comme  Gifredas,  Sinoberlas  rappellent  les 
origines  germaniques  ;  d'autres,  comme  M'iro,  Bonijitiiis 
ont  une  apparence  latine.  Cette  divergence  indique  qu'il 
y  avait  encore  dans  les  noms  des  diflérences  qui  rappe- 
laient des  origines,  mais  qui  tendaient  à  s'elTacer  grâce 
aux  progrès  de  la  fusion  entre  les  races. 

Le  style  est  généralement  clair;  pas  de  phrases  Ion- 


/il8  ANNALES    DU    MIDI. 

gues  et  embrouillées,  pas  de  préambules,  pas  de  réflexions, 
de  considérations  étrangères  au  sujet.  Le  rédacteur,  homme 
d'affaires  avant  tout,  n'a  pas  voulu  se  livrer  à  des  di- 
gressions philosophiques  ou  littéraires.  Afin  de  rendre  le 
sens  plus  clair  et  traiter  distinctement  chaque  partie  du 
contrat,  il  a  distribué  la  charte  en  phrases  courtes,  sans 
périodes.  Le  scribe  a  suffisamment  respecté  les  prescrip- 
tions grammaticales  ;  parfois  les  adjectifs  et  les  substan- 
tifs ne  sont  pas  d'accord  pour  le  nombre  et  le  genre;  des 
mots  ont  changé  leur  forme  primitive;  des  termes  ont  été 
introduits  suivant  les  besoins  nouveaux. 

L'orthographe  ne  .s'est  pas  écartée  sensiblement  des 
principes  constitutifs  de  la  langue  :  la  construction  a  été 
disposée  suivant  les  prévisions  de  la  syntaxe. 

Dans  notre  charte,  comme  dans  d'autres  documents 
contemporains  émanant  de  la  chancellerie  comtale  de 
Barcelone,  on  a  eu  recours  à  une  langue,  qui  cherche  à 
rejeter  la  barbarie  des  temps  précédents  pour  revenir  aux 
bonnes  traditions. 

F.   Pasquier. 

In  nomine  Domini.  Ego,  Berengarius,  gratia  Dei  cornes, 
fdiiis  qui  fui  llaymundi  comitis,  et  uxor  mea,  Santia,  comi- 
tissa,  vendltores  suuius  libi,  Gilelmo,  filio  (|ui  fuisli  Amati, 
cniplori.  l^crhanc  sctiptuiam  vendiliouis  '  |  nostiae,  vcndiinus 
libi  castiuni  Moslium,  qui  dicilur  f'.astiuin  Veluluin,  extrema- 
riuin ',  cum  fiuibusel  teriuinis  al(|U('  iidiacentiis  eius,  lurribus 
alque  solariis,  doinibus,  edificliscunclis.cullo  et  ercmo,pugios' 
condi rectos  |  et  erernos,  rocas  condireclas  et  cremas,  terras  et 
vineas,  cullas  et  eremas,  prala  et  pascua,  silvas  elgarricas,  ligna 
et  lapid<'s,  pronuni   el   pl;iiiuni,   décimas  et  primicias,    obla- 

1.  La  barre  Ncilicalc  inaicjuc  la  ï^éparalioii  des  lignes  du  texte; 
n  indique  la  cédille  de  l'e. 

3.  H.rli einarium,  situé  à  l"e\li(''inité;    n'est  pas  dans  Ducange. 
3.  PiKjius  \)om'  podium.  Noir  ee  mot  dans  ledit  Glossaire. 


MELANGES    ET    DOCUME^'TS.  \  \  () 

tiones  alque  servitia,  obseqiiium  ',  placila  et  |  niallos',  dislric- 
tnai,  et  omnes  voces  quas  ibi  aut  nos  liaboiims,  anl  ;ili(|iiis 
princeps'  habuit.  Advenit  mibi,  licron^Mrio,  per  \ocoin  pa- 
rentorum  meorum,  sive  per  alias  ullasquc  voces:  et  inilii 
Santiae,  per  meiim  decimum  sive  |  por  vocem  largilionis  \iii 
mei  prefati,  quam  ibi  habeo,  sive  per  alias  ullasqnc  voces.  VM 
deniqne  hoc  castrum  in  coniitato*  Barchinoneiisi,  iii  eiiis 
marchiis.  Habetque  termiiiuni,  de  parte  orientis,  in  terniino 
castri  Sancti  Mar|tini  et  in  tcrmino  caslri  Olerdulae  el  in  i|)sa 
lafcjuna;  et  vadit  per  ipsum  torrentem  Balliboni  nscpio  in  ler- 
niinum  castri  Sancti  Stepbani;  de  meridic,  in  lerniino  pn-l'ali 
castri  Sancti  Stepbani;  et  inde  vadit  in  sninilalein  pngii  |  de 
Calaph  ;  et  usqne  in  ipsum  locnni  qui  dicitur  Ortus  ;  et  \adit 
per  ipsum  coUum  Lodgarii  et  adberetsc  termino  de  Bagnariis 
per  ipsam  viam  que  vadit  ad  ipsam  Spulzellam  ;  et  vadit  per 
ipsum  campum  usque  in  torrentem  Udal|rici;  et  pervadit  per 
ipsum  terminum  de  Albignana  et  per  ipsum  serram,  qiie  est 
super  Alastrum;  et  sic  inde  per  ipsum  pugium,  qui  est  super 
ipsos  Lanciatos,  etadberet  termino  Nucis  et  vadit  us(|uo  ad  llu- 
men  Gallanum,  |  et  sic  inde  usqne  in  rivum  ïarraconae;  de 
occiduo,  in  rivo  prefato  Tarraconae,  sive  in  rivode  Vallii)us,  a[c] 
revertitur  per  ipsum  castellare  de  Vallibus  per  ipsam  planani 
usque  in  rivum  Gallanum;  de  circio,  similiterin  |  rivoGallano 
et  vadit  per  Villam  Ardidam  et  inde  pvv  terminum  montis 
Macelli  usque  in  [i]psum  terminum  de  Marmellare;  et  sic  inde 
us(iue  in  terminum  Sancti  Martini  prefati,  sicul supra  scriptum 
castrum,  cum  omnibus  |  suis  supra  scriptis  pertinentiis,  conti- 
netur  infra  supra  scriptos  terminos.  et  cpiantum  |>rcfati  tcrmini 
concludunt.  Sic  vendimus  tibi  supra  scripla  oniiiia  ;  ri  nnllani 
vocem  ibidem  ad  opus  nostrum  reservamus,  seil  de  nostru  iure 
in  tuum  ea  omnia  tradimus  dominium  et  ])otestatein,  pro|)ler 
precium  cavallos  très  optimos  (pios,  in  precio  r.x  untiarum  auri 

1.  Obseqaiwn,  service  d"hoiuieur.  Voir  le  iiiènie  Glossaire. 

2.  Placilum  et  malins.-  Voir  plus  haut,  p.  4i3,  note  /|. 

3.  Princeps,  synonyme  de  Z)ommus.  Noir  Giry,  Manuel  cl-  diploinali 
que.  Paris,  Hachette,  189.I,  in-8'\  p.  .^a'i-Saf). 

4.  ComUato  (sic). 


/i20  ANNALES    DU    MIDI. 

recepimus  ;  est  manifestum  '.  Quocl  si  nos  venditores,  aut  aliquis 
homoTitriusque  sexiis,  contra  haiic  |  venditionem  venerimusaut 
veneritad  inrumpendum,  non  hoc  valeamnsaut  valeatvendicare, 
sed  coniponamus  aut  componat  tibi,  anl  heredibus  tuis,  supra 
scripta  omnia  que  tibi  vendimus,  in  Iripplum.  j  Et  omni  tem- 
pore  bec  venditio  firma  permaneat,  ut  tu  et  omnis  posteritas 
tua  faciatis,  et  nunc  et  in  antea,  ex  omnibus  supra  scriptis  rébus, 
quodcumque  volueris  ad  vestrum  plenissimum  proprium.  Sane 
et  ut  bec  [ven-J  |  ditio  omnibus  modis  maius  firmitatem  obti- 
neat,auctoritatenostrorumiudicum  et  nostrarumlegum,muniri 
eam  fecimus,  vel  dumtaxat  auctoritate  legis  que  continetur 
libro  II,  titulo  v,  caput  vim,  et  ila  dicit:  «  ut  postquam  "  si 
qui  ve[I  c[ue]  ]  usque  ad  plénum  \ini  aiinum  aetatis  in  om- 
nibus iudicandi  de  rébus  suis  liberam  habeant  absolutamque 
licentiam  ».  Et  lex  que,  eodem  libro  et  titulo,  caput  i,  posita 
est,  ila  dicit  ;  «  scripture,  que  diem  habuerint  évident  [er]  |  an- 
num  expressum  atque  secundum  legis  ordinem  conscripte 
noscuntur,  seu  conditoris  vel  testium  fuerint  signis  aut  subs- 
criptionibus  roborate,  omui  hal)eanlur  stabiles  firmitate.  »  Et 
lex,  que  continetur  libro  V,  titulo  m,  caput  m,  ita  dicit  :  | 
«  venditio,  pcr  scripturam  facla,  plenam  babeat  firmitatem  »  et 
in  eodem  libro  et  titulo,  alia  lex  ita  dicit  :  «  venditionis  bec 
forma  servctur  ut  seu  res  alique  vel  terras,  sive  mancipia,  vel 
quodlibet  animalium  genus  venditur  |  nemo  propterea  firmi- 
tatem venditionis  inrumpat  co  quod  dicat  rem  suam  vili  pre- 
cio  vendidisse  ».  Acta  est  buius  veuditionis  scriplura  xv  Ka- 
lendas  sebtembris,  anno  XXVII  regni  Koberti  régis.  | 

Y  Berengarius,  comes;   f  [Santjiae,   gralia    Dei  '   comitisse. 


1.  tJ^l  manifesliiin.  (Jaud  si...  Les  deux  mois  est  inanifcslum  finis- 
sent la  ptu-asc  i)oiir  indiquer  que  le  pjnemeni  est  cliosc  faite,  que 
c'est  évident.  Le  point  final  el  la  majuscule  de  (Jiiod  annoneent  le 
commencement  d'une  autre  phrase. 

2.  Ut  posUinani  si.  qui  [vel  (jne]...  sont  une  addition  qui  ne  se 
trouve  pas  dans  le  Icxte  de  la  loi. 

3.  Au  commencement  delacliarle,  Méren^LTer  s'inlitule  C'o/?î<?s(/ra/trt 
Dei;h  la  fin  il  renonce  à  cette  désignation  que  la  comtesse  s'adjuge, 
après  l'avoir  omise  à  l'origine. 


MELANGES    ET    DOCIMENTS.  /|  .i  I 

nos  qui  islam  venditioneiii  fecinms  et  nnnare  rogavirmis,  S  7 
Bcniaidi  Gifredi;  S  f  Rai|mundi  (îifredi. 

S  7  lutias,  sacrista  qui  et  iudcx' 
Sf  Aianrici,  fialris  istorum  ;  Sf  Scniofiedi  de  Sancta  Prijxliia  ; 
S  f  Mironis  gralm  Dei  [..,];  Sf  Raiamballus,  Bonacii  filins; 
S  f  Mironis  Sindaredi  ;  S  f  Sinofredi  Flavii  |  S  7  Odolardus, 
vicescomes ';  S  f  Gitardi  Odolaidi  ;  S  7  (iiiilardus,  Ifxila 
qui  et  iudex  ;  S  7  Bonifillius. 

S  f  Ermengaudus. 

S  f  Poncii  cognomento  Bonifilii,  cleiici  et  iudicis,  (|ni  Imc 
scripsi  et  subscripsi  die  et  anno  (juo  supra. 


II 


LA    LEVEE    DU    CAPAGE    ET    L  EMEUTE    TOULOUSAINE 
DU    9    MAI     1357. 

Les  États  de  Languedoc  d'octobre  i3ô6  avaient  volé  la 
levée  du  capage  jusqu'au  jour  oiî  une  trêve  serait  conclue 
entre  les  rois  de  France  et  d'Angleterre.  Or,  une  trêve  de 
deux  ans  ayant  été  signée  par  les  deux  souverains  à  Bor- 
deaux, le  23  mars  i357,  les  États  au  début  de  mai  133; 
n'en  avaient  pas  moins  décidé  la  continuation  delà  levée 
de  cet  impôts 

C'est  cette  décision  qui,  d'après  dom  Vaissète,  amène  la 
rébellion  du  peuple  de  Toulouse.  Le  livre  du  boursier 
de  Millau*  et  les  lettres  de  rémission  "du  comte  de  l'oi- 


1.  Cette  suscription  est  seule  entre  les  deux  lignes. 

2.  Plus  haut,    p.  4iG,  note   i. 

3.  Hisl.  Lang.,  t.  I\,  p.  672. 

4.  Cité  par  M.  l'abbé  J.  Rouquelle,  U  Rouenjiie  sous  les  Amihiis. 
Millau,  18G9,  in-12,  p.  lo-ii.  Cf.  A.  Molinier,  dans ///s/.  I.amj.,  t.  i\. 
p.  672,  n.  6. 


^2  2  ANNALES    DU    MIDI, 

tiers  (mars  i358)  '  nous  apprennent  que  cette  révolte  eut 
lieu  le  9  mai.  C'est  la  date  même  des  lettres  de  rémis- 
sion en  provençal  du  comte  d'Armagnac  que  nous 
publions  plus  loin,  lettres  qui  sont  en  contradiction  avec 
le  mandement  en  latin  adressé  le  17  juin  par  le  même 
comte,  réfugié  à  Verdun,  au  Sénéchal  de  Beaucaire  pour 
la  poursuite  des  coupables.  Il  faut  donc  en  conclure  que 
ces  lettres  de  rémission  du  9  mai,  délivrées  le  soir  même 
de  la  révolte,  — ce  qui  paraît  singulier  tout  d'abord,  mais 
ce  dont  il  est  difficile  de  flouter  après  l'affirmation  du 
comte  de  Poitiers,  —  ont  été  arrachées  au  comte  d'Arma- 
gnac par  la  violence. 

Les  faits  sont  exposés  à  peu  jjrès  dans  les  mêmes  ter- 
mes par  notre  document  provençal,  [)ar  le  texte  latin  du 
17  juin  1357  et  parles  lettres  du  comte  de  Poitiers  de  mars 
i358.  Le  peuple  en  armes  attaque  le  château  Narbonnais, 
incendie  la  grande  porte  de  la  salle  royale  et  brise  les 
autres,  en  criant  :  «  Mort  aux  traîtres  »  ;  pendant  tout 
un  jour  les  comtes,  barons,  consuls  et  officiers  royaux 
réunis  autour  de  Jean  d'Armagnac  sont  assiégés  par  la 
foule  ;  les  mutins  mettent  le  feu  à  la  salle,  aux  chambres 
et  à  la  tour  qu'ils  couvrent  d'une  grêle  de  carreaux  d'ar- 
balète, de  pierres  et  de  flèches  enflammées  ;  maîtres  de  la 
salle  neuve,  les  assiégeants  lancent  pai-  les  fenêtres  lits, 
coffres,  vaisselle  et  autres  ustensiles.  Le  comte  d'Arma- 
gnac, suivi  de  quelques  personnes,  s'est  réfugié  dans  la 
tour  de  la  salle  neuve  ;  les  rebelles  s'elTorcent  de  l'allein- 
die;  ils  auraient  réussi  si  l'arrivée  d'un  secours  imprévu 
[auxiluim  diolnam)  n'eût  changé  brnsquemcnt  la  face  des 
choses. 


I.  Arch.  coiiun.  Toulouso,  AA  45,  pièce  /Ig.  Je  dois  ririditalioii  de 
ce  document  à  l'exlrôme  obligeance  du  couservaleur  de  cesai'clji\es. 
-M.  F.  (lalabert,  qui  se  propose  de  r(>preMdr('  plus  tard,  lui-niènie, 
l'examen  de  la  question. 


MELANGES    ET    DOCUMENTS.  /JaS 

Plusieurs  personnes  de  l'entourage  du  comte  furent 
tuées  ou  blessées.  Les  mutins  commirent  des  vf)ls  cl  des 
sacrilèges;  ils  détériorèrent  rartillerie  roj^ale  et  hiùlèrcnl 
les  archives. 

Le  texte  latin  donne  ensuite  quelques  détails  (pic  ne 
renferme  pas  le  texte  provençal  :  après  le  siège  du  châ- 
teau royal,  les  rebelles  s'en  prirent  à  des  maisons  parli- 
culières,  mettant  à  sac  les  demeures  d'un  chevalier,  du 
juge  mage  et  du  juge  criminel  de  la  sénéchaussée  de  Tou- 
louse. 

Il  semble,  ainsi  que  le  suppose  Aug.  Molinicr,  (|uc  lo 
révoltés  soient  restés  maîtres  de  la  ville  pendant  plu- 
sieurs semaines.  Le  9  mai,  le  comte  d'Armagnac  fait 
remise  aux  habitants  de  Toulouse  et  à  tous  ceux  de  la 
langue  d'oc,  de  tout  capage,  subside  et  autre  contribu- 
tion de  guerre;  en  même  temps,  il  accorde  sa  grâce  aux 
rebelles  toulousains,  qu'il  aime  mieux,  dit-il,  traiter  avec 
pitié  qu'avec  rigueur,  puisqu'aussi  bien  les  capitouls,  les 
bonnes  gens  de  la  ville  et  les  mutins  eux-mêmes  déj)lo- 
rent  ce  qui  s'est  passé.  Le  comte  ne  veut  pas  publier  les 
noms  des  perturbateurs  ;  il  leur  pardonne  pour  le  dom- 
mage causé  à  l'hôtel  du  roi  et  jure  sur  les  saints  Évangi- 
les de  ne  pas  les  «  pourchasser  »>  ;  il  fera  confirmer  les 
lettres  de  rémission  par  le  roi,  ainsi  que  par  son  lieute- 
nant, et  les  fera  enregistrer  par  la  chambre  des  comptes 
de  Paris. 

Il  mande  enfin  au  Sénéchal  de  Toulouse  et  aux  autres 
officiers  de  s'abstenir  de  toutes  représailles  à  l'égard  des 
habitants  de  la  ville. 

Aussitôt  réfugié  à  Verdun  ',  le  comte,  oubliant  pro- 
messes et  serments,  écrit  le  17  juin  au  Sénéchal  de  Bcau- 
caire*    et  aussi  à  ceux  de  Rodez  et  d'Agen  et  au  juge  de 

I.  On  l'y  trouve  dès  le  7  juin  (Hist.  Lang..  I.  I\.  j).  (i;-^,  11.  (Ji. 
■2.  Hist.  Lang.,  t.  X,  c.  iiag. 


/i2/i  ANNALES    DU    MIDI. 

Verdun',  pour  faire  arrêter  les  fugitifs  toulousains.  Il 
fait,  toutefois,  exception  pour  les  capitouls  et  leurs 
assesseurs,  les  chevaliers,  nobles,  bourgeois,  docteurs, 
licenciés,  bacheliers,  avocats,  changeurs  et  gros  mar 
. chauds \  Plusieurs  mutins  s'étaient  sans  doute  réfugiés 
dans  les  montagnes  cévenoles.  Il  ne  semble  pas  que  la 
répression  ait  été  poussée  très  loin.  «  D'après  les  docu- 
ments vus  par  M.  Rouquette,  les  principaux  coupables 
furent  seuls  punis,  et  encore  le  comte  d'Armagnac  dut-il 
accorder  leur  grâce  à  un  grand  nombre  de  rebelles,  à  la 
requête  des  États  tenus  à  Albi  le  8  juillets  » 

Quant  à  la  cause  de  la  révolte,  savoir  la  prorogation 
de  la  levée  du  capage,  il  paraît  bien  que  la  remise  qui  en 
avait  été  faite  le  9  mai,  ne  fut  pas  infirmée  comme  l'acte 
de  rémission.  C'est  sans  aucun  cloute  en  raison  de  ce 
dégrèvement  que,  le  16  août  iv357,  la  municipalité  de 
Viviers  se  fit  délivrer  une  copie  authentique  des  lettres 
du  9  mai.  La  levée  de  subsides  ne  devait  d'ailleurs  pas 
rester  longtemps  suspendue  :  le  5  janvier  i358,  un  com- 
missaire, député  par  Jean  de  Poitiers  et  par  le  partisan 
Arnaud  de  Cervole,  ordonna  de  recueillir  les  termes  en 
retard  de  la  capitation  dans  la  sénéchaussée  de  Beaucaire*; 
cette  réclamation  donna  lieu  à  des  plaintes  et  le  comte  de 
Poitiers  dut  interrompre  la  perception  du  capage  vers  le 
milieu  de  janvier'.  Le  9,  il  le  rétablit^  Le  (8  février, 
à  Montpellier,  les  députés  des  principales  communautés 
de  la  sénéchaussée  de  Beaucaire  accordèrent  au  comte  pour 
deux  mois  la  levée  d'un  autre  cai)age.  Quati'c  jours  après, 

I.  C'osl  ce  qui  résullc  dos  lollros  ;k1ioss(Vs  à  cos  siMicchaux 
lo  34.  Cf.,  lîolc  ci-dessous. 

a.  Lcltros  du  24  .juin  (Arcli.  coinni.  ioulousc,  A\  15,  piôces  '|3  .'(0.) 
3.  Note  de  M.  Xw^.  MoJinier,  dans  Ilisl.  de  Laïui..  t.  I\.  p.  G7  >.  n.  0. 
/».  Ménaid,  Ilisl.  de  Nimes.  t.  Il,  Preuves,  p.  19(1. 
ô.  llist.  de  Lang.,  I.  \.  Preuves,  c.  ii'ii. 
6.  Ib.,  t.  IX,  p.  679. 


MELANGES    ET    DOCUMENTS.  \j') 

le  22  février,  à  Bézicis,  les  mandataires  de  la  leniponilii.' 
de  l'évêque  de  Viviers  se  présenlèionl  devaiil  le  conil.'  (!.■ 
Poitiers;  ils  préleiulaieiit  avoir  été  alTrancliis  de  Icmli- 
contribution  par  privilège  royal;  ils  consentirent  enfin  à 
payer  la  capitation  ])cndant  trois  mois'.  Le  liî  mai  i.'ljs, 
Jean,  comte  de  Poilieis,  leur  délivra  à  Toulouse  des  let- 
tres de  non  préjudice  :  l'évêque,  le  chapitre  et  les  com- 
munautés de  la  terre  épiscopale  acceptaient  de  parlicipi  r 
à  la  finance  des  deux  mille  combattanls,  mais  à  hi  cDiidi- 
tion  que  cette  libéralité  ne  fût  pas  considérée  ccjmmc 
une  renonciation  au\  privilèges  royaux  qui  les  exemp- 
taient de  toute  taille;  l'évêque  et  le  chapitre  pourraient 
exiger  de  chaque  communauté  sa  quote-part,  sans  enCiciii- 
dre  les  franchises  delà  seigneurie  épiscopale-. 

Ces  tractations  entre  le  pouvoir  royal  et  les  commu- 
nautés se  répéteront  à  chaque  nouvelle  demande  de 
subside,  jusqu'au  jour  où  les  Etats  provinciaux  fourni- 
ront périodiquement  de  bonne  grâce  la  contribution 
imposée  au  pays. 

Voilà,  certes,  un  commentaire  un  peu  long  pour  i)ré- 
senter  un  document  de  quelques  pages  ;  mais  il  nous  a 
paru  indispensable  de  rechercher  dans  quelles  circons- 
tances et  à  quelle  fin  cet  acte  avait  été  dressé  ;  outre  quil 
jette  quelques  lueurs  sur  un  épisode  dramatique  de  l'his- 
toire de  la  capitale  languedocienne  et  sur  la  politi(|ue  fis- 
cale du  comte  d'Armagnac,  il  pourra  grossii-  dune  pièce 
le  dossier,  pas  très  considérable,  des  chartes  rédigées  en 
langue  provençale. 

Jean  Régné. 


1.  A.rcliivos  do  l'Hérault,    registres  de  la  sénéchaussée  de  Mnic 
t.  [,  p.  307-8.  Gf.  Ilist.  de  Laïuj.,  I\,  G79  80. 

2.  Arcliives  municipales  de  Mvicrs,  A  A  G,  pièce  25.  orig. 


ANNALES    DU    MIDI.    W.X, 


420  ANNALES    DU    MIDI. 


i357,  9  mai.  —  Toulouse. 

Lettres  du  comte  iVArmacjnac  portant  remise  de   capage   aux 
haijitants  de  langue  d'oc  et  rémission  de  peine  aux   Toulou- 
sains révoltés. 
(Archives  municipales  de  Viviers,  AA  6,  n"  21,  pièce  pareil.,  vidimus'). 

Johan,  comte  d'Armanhac,  de  Fesensac  etde  Rodes,  vescomte 
de  Lomanha  et  d'Autvilar,  loctenen  de  nostre  senhor  lo  Rey  de 
France  en  tota  la  lenga  d'oc,  a  totz  cels  que  aqueslas  letras 
veyran  salut.  Com  lo  poble  els  habitans  de  Tholosa  et  de  tota 
la  lenga  d'oc  aian  soffert  sa  en  reyrelongement  tantper  lo  faich 
de  las  guerras  que  son  estadas  entre  lodit  Rey  n[ostre  senhor]  et 
ces  enemix  granre'  de  greuges^  oppressions  et  ennumerablcs 
despens,  en  continuan  tôt  jorn  et  demostran  gran  lieutat  et 
fizeltat  aldit  Rey  nostre  senhor  et  a  la  corona  de  Fransa,  saber 
vos  fam  que  nos,  aguda  concideracion  a  las  causas  dessus  di- 
chas,  als  dit/  pobles  et  habitans  de  la  dicta  \ila  et  a  totz  los 
autres  pobles  de  tota  la  lenga  d'oc  et  a  chascun  de  lor  avem 
remes  et  (juittat  et  remetem  et  (|uittam  per  la  ténor  de  las  pre- 
sens  de  grâce  especial  et  de  certa  sciencia  etde  l'auctoritat  reyal 

I.  Sicard  de  Beaulion  (Pnlcliroleonc).  damoiseau,  sergent  d'armes 
du  roi  do  France  et  bailc  de  la  cour  commune  de  la  cité  du  Puy, 
vidime  un  acte  en  parchemin  écrit  des  mains  et  seings  manuels 
deM'^.Ican  Houvieret  Ponce EsmenricdeMontpellier. notaires  royaux, 
el  muni  du  sceau  de  la  cour  ordinaire  de  Monlpellier.  Dans  cet  acte 
est  insérée  une  lettre  notable  {spectnbilis)  du  comte  d'Armagnac,  de 
Fezenzac  et  de  Rodez,  vicomte  de  Lomagne  et  de  llautvillars,  et  lieu- 
tenant (lu  roi  de  France  dans  les  parties  d'oc;  transcription  faite, 
le  5  juin  1357,  sur  l'ordre  d'Hugues  de  A  alboissièrc,  juge  de  la  cour 
ordinaire  de  Montpellier  pour  la  partie  récemment  acquise  par  le 
roi  de  France.  Les  lettres  du  comte  d'Armagnac  étaient  scellées  de 
son  propre  sceau  de  cire  verte,  pendant  sur  cordelette  verte,  et  por- 
taient la  date  :  Toulouse,  mardi  9  mai  1857.  Le  vidimus  est  délivré 
par  le  baile  du  Puy  à  noble  André  de  Malhau  (Maliavi),  de  Vivieis. 
le  iG  août  1357.  Uepli  partiel  du  |)ar(liemin;  sceau  en  lire  brune  de 
la  cour  corunuine  du  Pii\  apix'iidu  sur  simple  queue. 

■j.  Beaucoup. 

3.  Dillicullés. 


MELA\(.ES    ET    DOCUMENTS.  'iJ.-j 

;i  nos  aulreada  tôt  cabalf^^e',  lot  subsidi  et  Iota  aulra  siibNcncio, 
composicio,  on  que  lodil  poble  et  habitans  son  o  poyii.m  essor 
lengutz  au  Hey  nostie  sonhoma  autre  e  nom  do  luy  per  lo  faicli 
de  las  ditas  guerras.  Et  nonremens'  coma  alcuna  parlida  dois 
habitans  et  poble  mentit  de  la  dita  vila  de  Tholosa  por  caler  ot 
per  escalfamen  de  ira  se  sia  ajustât'  en  grant  iioinhio  cm  divi  r 
sas  armaduras,  coma  platas',  bassinolz,  balestas\  gasarnias', 
barras,  paveses',  lansas  cl  autres  arneses"  et  soyenl   vongiil/  a 
maneyra  d'osl  et  aian  mis  foc  a  la  gran  porta  et  dosbol.ulas  ot 
rompudas  las  autras  de  la  sala  nova  real  de  Tiiolosa,  cridaii  «  a 
mort,  a  mort,  moyran  los  Iraidors,  moran  »  et  ganrc  d'autres 
criz,  meten  foc  en  la  sala,  cambras  et  tors,  gitan  carrelsd'arcz, 
peiras  et  autres  arnezes  ol  combatennoset  nostrasgciisetgilalz 
lictz,  cofres,  vaicelas  et  autres  ordilhamens'per  las  feneslrasde 
la  dita  sala  nova  real  et  ganre  d'autres  excesses  comessos,  don 
mortz,  mutilacions  el  plagas  et  violacions  de  salvagardas  rcals 
se  son  enseguidas;  el  por  lor  insull  nos  es  con\ongnl  on  loc  do 
gaudida'"  dins  la  torl  de  la  dita  sala  nova,  dins  laquai  se  sont 
esforsat  de  dampnetgar"  nos  et  nostra  persona  el  daulrcs  tpie 
eran  am  nos  dins  la  dila  lor.  Nos  avens  compaciou  a  la  dicha 
calor  et  ira  et  non  voloii  usar  en  els  de  rigor  mas  de  pietat  el 
de  misericordia,  attendu  l  ishament"  que  las  causas  dessus  ditas 
an  formens  desplagul  al  capilol  de  Tholoza  et  a  las  aulras  bo- 
nas  gens  d'istat  de  ladila  vila  el  a  totz   aquels  que  an  estai  o 
participât  al  dil  ensuit  ajuslainenl",  nietemontdo  focs,  cmidja- 


1.  Capitation. 

2.  De  plus. 

3.  Rassemblé. 

4.  Plastrons  on  plaques  do  for. 

5.  Arbalètes. 
G.  Guisarmes. 

7.  Grands  boucliers. 

8.  Harnachomonls. 

9.  Ustensiles. 

10.  Jouissance,  possession. 

11.  Endoinuiager. 

12.  Également. 

i3.  Rassemblement. 


428  ANNALES    DU    MIDI. 

temens,  murtres,  robaries,  plagas,  mutilacions  et  autres  excès, 
comben  que  lors  noms  no  sien  aissi  declaratz.  Avem  remes, 
quittât  et  perdonat  et  remetem,  quittera  et  perdonam  per  la 
ténor  de  las  presens  de  nostra  dita  gracia  especial,  certana 
scioncia  ot  auctoritat  real,  de  nostre  propri  nlovement  et  de 
nostra  bona  et  libéral  volontat,  totz  los  crims,  maléfices  et  ex- 
cesses dessus  especificatz  et  declaratz  et  autres  conus  que  soien, 
comben  que  non  sien  aissi  especificat[z]  per  lor  tant  conjunta- 
mcnt  quan  singularment  comesses  et  perpetratz  en  atjuesta 
partida,  et  tota  pena  criminal  ou  civil  que  per  aquo  porrien 
aver  comesa  envers  lo  Rey  nostre  senlior  et  tôt  lo  dampnatge 
que  s'en  es  enseguitz  a  l'oslal  del  Rey  ou  au  trament,  et  lor  pro- 
melem  en  nostra  bona  fe  et  juram  als  sains  quatre  deus  evan- 
gelis  de  nostra  ma  personalment  tocatz  que  nostra  présent  gra- 
cia lor  tendrem  et  servarenf  et  farem  tenir  et  gardar  a  tôt  nos- 
tre poder  et  la  lor  farem  confermar  al  Rey  nostre  senhor  et  a 
son  primer  nat  fil  et  loctenen  et  passara  la  cambra  de  ces  comp- 
tes a  Paris.  Et  prometem  nonremens  als  ditz  pobles  et  als  au- 
tres habitans  de  la  vila  de  Tholosa  en  nostra  fe  et  sacrament 
dessus  ditz  per  nos  et  nostres  fils  et  tolz  autres  valcdors'  que 
per  occaiso  de  las  causas  dessus  dicbas  no  lor  farem  ni  per- 
quassarem  ni  farem  far  ni  percassar^  dampnatge  en  lors  perso- 
nas,  en  lors  bes.  Et  mandera  et  comandem  coma  locten  del 
Rey  nostre  senhor  al  seneschal  de  Tholosa  et  al  viguer  e  a  totz 
autres  jutges,  thesaurers  et  officiers  de  Tholoza  et  de  la  senes- 
callia  et  a  cascun  de  lor  o  a  lor  lieuttenen  que  per  las  causas 
dessusditas  ou  alcuna  d'a({uelas  o  de  las  dependcnsas  non  vexo 
ni  molesto  los  ditz  pobles  ni  habitans  en  cors  ni  en  bes  ni  en 
denguna  maneira.  Et  per  so  que  nostra  présent  gracia  sia  ferma, 
establa  et  perdurabla,  nos  y  avem  faitz  mètre  nostre  segel  en- 
pendent.  Dadas  a  Tholoza,  lo  dimars  noven  jor  de  may,  l'an  de 
gracia  mil  et  GGCLYIJ.  Per  domiimm  locumtenentcm  :  Petrus 
Jovini. 

1.  Auxiliaires. 

2.  l^ourcliasser. 


MELANGES    ET    DOCUMENTS.  \2() 

III 

CONTRIBUTIONS  A  l'hISTOIRE   DE   l'aRT   MERIDIONAL 

II.  —  Note  sur  les  peintres  de  Toulouse  entre  l.'jffd  <■/  i:,'ili. 

La  «  vénérable  fraternité,  compaignie  et  allianœ  dos 
painctres,  verriers  et  tailleurs  d'imaiges  de  ïholose  », 
placée  sous  la  protection  «  du  glorieux  Monseigneur  Sainct 
Luc,  qui  est  patron  de  toute  pourtraicture  »,  avait  lail 
réformer  ses  statuts  en  i5i3.  A  cette  époque,  Toulouse 
devient  une  des  grandes  cités  marchandes  de  l'Occident. 
Pour  elle  commence  une  période  de  magnifique  prospé- 
rité. L'art  y  va  prendre  un  nouvel  essor.  De  plus  en  plus 
nombreux,  les  artistes  se  groupent  et  élèvent  en  commun 
la  voix  pour  revendiquer  leurs  droits  méconnus.  Des  looG, 
«  voyant  les  abus  et  tromperies  qui  se  font  au  dict  oITicc 
de  painctrerie  et  veyrcrie  »,  huit  maîtres  rédigent  et  vingt 
maîtres  signent  un  projet  de  règlement,  qu'ils  présentent 
à  l'approbation  des  Capitouls'.  A  l'appui  de  leur  requête, 
ils  précisent  la  nature  de  ces  «  abus  et  tromperies  ». 
Tout  d'abord,  les  règlements  antérieurs,  n'ayant  jamais 
été  confirmés  par  l'administration  municipale,  ne  dispo- 
saient d'aucune  sanction  ;  «  par  ainsi  chacun  faict  à  son 
plaisir  ».  De  plus,  «  il  y  a  long  temps  que  les  dicts  esta- 
tuts  ont  esté  perdus  entre  les  mains  de  feu  maislre  Guil- 
laume Papillon,  à  qui  Dieu  fasse  mercy  et  pardon.  «Pein- 
tre «  de  grand  renom  »,  Guillaume  Papillon  a  a  voit  des 
ouvrages  plus  qu'il  n'en  sçavoit  faire  ;  et  par  ainsi  ne  se 
curoit  des  autres,  mais  tenoit  les  estatuts  en  sa  main..., 

I.  Le  texte  de  ces  statuts  et  la  requête  aux  capitouls  ont  été  publiés 
par  Belliomme  dans  les  Mémoires  de  la  Soc.  archéol.  du  Midi.  V,  i84'», 
p.  168-181  ;  cf.  A.  du  Bourg,  ibid.,  XIV,  1889,  p.  a^o. 


43o  ANNALES    DU    MIDI, 

et  les  a  bien  tenus  par  l'espace  de  vingt  ou  trente  ans,  et 
n'y  avoit  pour  lors  homme  qui  les  put  recouvrer.  Car 
avoit  trop  mauvaises  opinions  envers  les  maistres  qui 
pour  lors  estoient;  et  pour  fuyr  à  plaideyer  contre  lui, 
aucun  ne  s'en  mesla  plus  »'.  De  ce  peintre  réputé,  qui 
manifestait  un  tel  mépris  de  ses  confrères  et  des  statuts, 
il  ne  reste  rien.  Nous  savons  seulement  qu'il  travailla 
pour  l'Hôtel  de  Ville-  en  i/jSy  et  en  1^98.  Son  atelier  ne 
disparut  pas  avec  lui.  Nous  lui  connaissons  un  fils,  Fran- 
çois Papillon,  qui  fut  peintre';  François  figure  parmi  les 
signataires  du  projet  de  nouveaux  statuts.  Sa  fille  Jeanne 
avait  épousé  en  premières  noces  le  peintre  Guillaume  \a- 
lotS  sans  doute  père  de  ce  Bernard  Nalot  qui  passait  pour 
être  le  meilleur  peintre  de  Toulouse  sous  le  règne  de 
François  I'  :  pictura  Nalotus  erat  praestantior\  Devenue 
veuve  antérieurement  au  mois  d'avril  i5o8,  elle  épousa 
en  secondes  noces,  au  mois  de  mai  i5io,  le  maître  pein- 

1.  Belhommc,  loc.cii..p.  i8t. 

2.  Roschach,  Simple  note  sur  quelfjueK  artistes,  dans  Mémoires  Soc. 
archêol.  du  Midi,  XI,  1874-79,  p.  9,  oL  Les  douze  livres  de  l'Histoire  de 
Toulouse,  dans  Toulouse,  Assoc.  fraiu;.  p.  l'avanc.  des  sciences,  1887, 
p.  356.  11  admet,  sans  en  donner  de  preuves,  ridcnlitc  de  Guilhcm 
Minier,  peintre  du  Capitole  en  1^69,  et  de  Guillaninc  Papillon. 

3.  Il  est  peu  vraisemblable  qu'il  s'agisse  d'un  frère:  car  il  n'est 
(pieslion  jusqu'ici  de  François  Papillon  qu'après  la  mori  de  (luillaume. 
Outre  le  ])rojet  de  statuts,  cf.  Arcbives  notariales  de  Toulouse,  de 
l'odio,  notaire,  reg.  I  i5o5-i5u8,  acte  du  7  juillet  i5o(),  <>  tradilio  ad 
cdifjicnndum  »,  témoin  :  Franciscus  Papillon  piclor,  et  rcg.  III,  f"  68. 
août  i5io. 

f\.  Arch.  nol.,  de  Podio.  reg.  II  i5o8,  f°  11  (procuration,  la  avril)  : 
«  Johanna  Papilhona,  hères  magislri  Guillelmi  Papillioni  quondam 
pictoris  Thle,  relicta  magislri  (îuillelmi  Nalot  quondam  pictoris  »  ; 
cf.  f'  34  v°  (procuration.  17  juillel).  De  son  premier  mariage  elle 
avait  luie  fille,  Herllioline  Nalol,  qui  épousa  d'abord  le  marchand 
Anioinc  Hodel,  puis  en  secondes  noces  le  marchand  Durand  ^diiard; 

\rcli.  not..  Scuderi,  reg.  1027,  à  la  date  du  3  février  iSaS  n.  s. 
ô.  Augier  Ferrier,  dans  son  poème  sur  les  hommes  illustres  de 

Toulouse  au   xvi»^^^  siècle,  en   lèlc  de  l'Histoire  lliolosaine  d'Antoine 
Noguier . 


\ 


MELANGES    ET    DOCUMENTS.  \?,  \ 

tre  et  verrier  Antoine  Ferrct',  originaire  d'Auvergne'  cl 
qui  venait  de  se  fixer  à  Toulouse.  L'année  suivante,  An- 
toine Ferret  était  baile  de  l'office  des  peintres'.  Deux  lois 
il  fut  chargé  d'enluminer  les  Annales  cdpilakdres ,  en  x'vm) 
et  en  i53i.  Son  nom  reparaît  souvent  dans  les  documenls 
relatifs  à  l'art  toulousains  entre  1620  et  i55'|. 

Parmi  les  artistes  qui  signèrent  le  projet  de  lôoli,  plu- 
sieurs nous  intéressent  à  divers  titres. 

Mathieu  Cochin,  peintre,  est-il  le  même  que  M  ace  (lo- 
chin,  enlumineur,  qui  signait  en  mars  1/178  une  suppli- 
que adressée  aux  Gapitouls  par  cinq  maîtres  en  lin  I 
d'enluminure,  pour  exposer  la  décadence  de  leur  méliei 
et  faire  reviser  leurs  statuts'.  L'identité  de  ces  deux  Cocliiii 
paraît  assez  vraisemblable.  Les  «  pauvres  enlumineurs  » 
se  plaignaient  d'être  ruinés  par  l'imprimerie;  ils  proles- 
taient contre  l'introduction  à  Toulouse  et  la  lapide  dilTu- 
sion  des  «  livres  dimpressure,  amenez  pour  vendre  d'AUc- 
maygne,  Rome,  Venise,  Paris,  Lyon"  ».  Ils  obtinrent, en 
effet,  des  statuts  nouveaux,  datés  du  12  novembre  i/|8i. 
Nous  connaissons  encore  en  i5i3  rfï/ami/iayre  Jehan  Merle, 

1.  Arch.  noL,  de  Podio,  10g.  III,  f"  33  v"  :  «  matriinoaUiin  Anllionii 
Ferreti  pidoris  et  viclrera  Tlde  c  Joimnnc.  Papilhone  »,  27  mai  i.)iu. 
Témoins  :  Jehan  Grandjoan,  imprimeur;  Guillaume  Boysson, 
libraire;  Etienne  de  Ferrières.  apothicaire;  Jehan  Ferret,  frère  du 
marié,  habilanls  de  Toulouse.  Antoine  Ferret  eut  une  fille,  Jeanne, 
qui  épousa  en  iâ3o  le  marchand  toulousain  llaimond  Auzat,  fds 
de  GuUlaume  Auzat,  de  Garbonne  dans  le  diocèse  de  Ricux  ;  il  lui 
donna  en  dot  4oo  livres;  Arch.  not.,  Scuderi,  reg.  i53o,  f'  i'|N. 
1 1  octobre. 

2.  De  Podio,  loc.  cit.  :  «  oriundum  ville  de  Brcude  (Brioude?)  in 
Alvernia  ». 

3.  Ibid.,  f"  325  :  localio  bnialorum  inagislcrii  picloniin,  9  février 
i5i2  n.  s. 

4.  Références  dans  Graillut,  Nicolas  Bachelier,  191/1,  p.  3(i.  \ntoine 
Ferret  semble  avoir  été  très  lié  avec  Bachelier. 

5.  Le  texte  de  cette  supplique  a  été  publié  par  Boschach,  Lc.< 
douze  livres,  etc.,  p.  352-354. 

6.  On  imprimait  déjà  des  livres  à  Toulouse  en  i\-(). 


/ioî  ANNALES    DU    MIDI. 

qui  travaille  pour  les  Capitouls',  et  en  i5i5  maître  Guil- 
laume Fabre,  UUiminalor  lihrorum,  qui  achète  une  maison 
rue  des  Imaginaires^  Mais,  après  les  premières  années  du 
XVI"  siècle,  on  ne  retrouve  plus  trace  de  leur  corporation. 
Les  derniers  gagnèrent  leur  vie  en  exerçant  la  profession 
de  relieurs';  l'un  d'eux  se  réfugia  dans  le  notariat'  ;  quel- 
ques-uns, qui  ne  se  contentaient  pas  d'être  experts  en 
l'art  «  de  florisseure,  champisseure,  devise  et  vignettes  '  », 
mais  qui  savaient  aussi  figurer  des  «  histoires  »,  durent 
chercher  à  se  faire  inscrire  dans  la  corporation  des  pein- 
tres et  imagiers.  Celle-ci  leur  ouvrait  largement  ses  por- 
tes :  «  item  seront  receus  en  la  dicte  confrairie  et  jouy- 
ront  dos  privilèges  d'icelle,  c'est  à  sçavoir  tapiciers,  en- 
lumineurs..., e^t  toute  manière  de  gens  usans  de  l'art  de 
lK)urtraicture,  en  payant  toutesfois  pour  leur  entrée  dix 
soûls  chacun  »  (art.  7).  Aussi  bien,  les  meilleurs  peintres 
étaient-ils  appelés  à  faire  eux-mêmes  œuvre  d'enlumi- 
neurs sur  le  vélin  des  Annales  capilukdres". 

Jehan  ç\e  Meaux  et  Jehan  Duval,  surnommé  dans  d'au- 
tres textes  «  lo  Picart  »  ",  sont  des  septentrionaux,  comme 
Jehan  d'Etampes  et  Jehan  d'Amboise',  qui  travaillent 
aux  préparatifs  de  lentrée  triomphale  de  François  1" 
en  i533,  —  comme  le  peintre  Jehan  du  Clou,  «  alias  de 

I.   Hoschach,  lue.  cil.,  p.  356. 

a.  Bcnoîlc  Arnaud,  femme  du  pcinlie  Jehan  Duval.  «  commorans 
in  burgo  Carcassonnac  »,  lui  vend  celle  maison  ;  Vrcli.  not.,  de  Podio, 
reg.  IV,  f"  197,  ai  février  i5i5  n.  s. 

3.  Après  la  réforme  des  statuts  en  i48i.  le  chef-d'œuvre  porte  à 
la  fois  siu- l'art  d'enlnminure  et  surj'arl  de  reliure;  cf.  A.  du  Botn-g. 
loc.  cil.,  p.  24 1. 

'i.  Roschach,  Simple  noie,  etc.,  dans  Méin.  Suc.  archcol.  du  Midi,  \1, 
1874-79,  p.  10. 

5.  Statuts  de  1478,  art.  7. 

G.  Voir  la  liste,  d'ailleurs  incomplète,  donnée  par  Uoschach.  Les 
douze  livres,  etc.,  p.  356. 

7.  Arch.  not..  de  Podio.  reg.  1.  à  la  date  du  35  mai. 

8.  (iraillol,  o/>.  cil.,  p.  35. 


MI?L\Nr.ES    ET    DOCUMENTS.  /|33 

Calais'  »,  mort  en  i536,  —  comme  le  sculpteur  Jehan 
Taillant,  dit  \Ianceau%  —  comme  les  maçons  et  tailleurs 
de  pierre  Guillaume  et  Jehan  Langlois,  dits  les  Picards, 
qui  besognent  en  i5oo  pour  le  marchand  Bernuv ',  Pierre 
de  Saint-Maur*,  Jehan  Barbier,  natif  de  Saint-Aubin-dc- 
Guichard  dans  le  diocèse  d'Évreux",  qui  collabore  à  la 
construction  du  donjon  ou  Tour  des  archives  du  Capi- 
tole,  —  comme  le  menuisier  et  sculpteur  sur  bois  Pluyllc, 
natif  de  Fontenay-aux-Roses,  dans  ITle  de  France,  (jui 
épouse  en  1007  la  fdle  de  Jehan  Barbier".  Nombreux  fu- 


1.  \ich.  not.,  Rcbe,  reg.  i5ai-i529,  f"  96,  i"'  mars  1027  n.  s.;  cl 
f"  i53  v",  II  nov.  1527,  «  Jehan  du  Clou,  dict  de  Calays,  pinclre  »; 
Teslainenls,  f"  88,  3  février  i536  n.  s.  :  «  dans  la  maison  de  Jehan 
du  Clou  assize  en  la  rue  de  Payrollières  »  (il  laisse  un  fils,  Jehan, 
et  une  fille,  Marie,  mineurs,  et  «  a  voulu  et  ordonne  que  après  son 
trépas  ses  enfans  soient  régiz  el  gouvernez  par  Joseph  Cracier. 
pinctrc  et  victricr,  son  serviteur  »  ;  il  déshérite  sa  femme,  Jeliainu' 
des  Pujols,  «  à  cause  que  a  esté  trouvée  en  adultère  »);  f"  99  v°. 
«  clausule  du  testament  de  feu  maistrc  Jehan  du  Clou  quant  vivoit 
pinctre  de  Thle  »,  2^  octobre;  Salamonis,  reg.  i528-i535,  f"  202  v", 
«  debilam  Johaiinis  du  Clou  allas  de  Calais  el  Jacobl  lion  plcloruin 
Thle  »,  19  juin  i53i;  f"  267  v",  «  procuralio  halalorum  plcloruin  ". 
9  avril  i532. 

2.  Références  dans  Graillol,  0/).  cl!.,  index,  s.  v.  T(tilh<m. 

3.  /6td.,  p.  27,  n.  2. 

4.  Arch.  not.,  Scuderi.  reg.  i53(),  à  la  date  du  2ti  octobre;  il  est 
témoin  à  une  vente  de  maison. 

5.  Ibld.,  reg.  1537,  f"  1 3,  «  donation  J'aicle  ixtr  nialslre  Jehan  Barhier. 
lailheur  de  pierre,  à  Thomas  Barbier  son  frère  »,  i4  avril  1.137;  ils 
sont  «  fils  et  héritiers  de  feu  Raulyn  Barbier,  en  son  vivant  habitant 
du  lieu  de  Sainct  Âubyn  de  Guycherl,  diocèse  d'Esvrux  en  Norman- 
die ')  (aujourd'hui  dans  farrondissemont  de  Bernay).  Il  avait  épousé 
en  i5i(3  Guillcmette  Cordon,  de  Rabaslens,  dans  le  diocèse  d'Albi. 
sœur  d'un  maçon  de  Toulouse;  Ibid.,  reg.  lôiC,  f"  28  v"  «  reœijniUo 
dolis  »,  où  il  se  dit  «  oriundum  ville  d'Ubrus  (Evreux)  palriae  Nor- 
mandiae  ». 

6.  Arch.  not.,  Scuderi,  reg.  1037.  pièce  détachée,  datée  du 
16  avril  1537  :  mariage  de  Claude  Pluycte  el  de  Dauphine  Barbier 
(dot  :  200  livres  tournois,  plus  3o  livres  pour  faire  deux  robes): 
cf.  f"  16  V",  «  quldancia  dotis  maglslri  Johannis  Barbier;  reg.  i538. 
«  ratificallo   vendicionis  »,   9  avril  i538  :  Dauphine  Barbier  ratifie  la 


\'6fl  ANNALES    DU    MIDI. 

rcnt,  dans  la  première  moitié  du  xvi"  siècle,  les  artistes 
venus  des  pays  au  nord  de  la  Loire.  Les  plus  anciens  res- 
taient encore  fidèles  aux  traditions  et  aux  formules  de 
l'art  gothique;  ce  sont  deux  lacis  de  nervures  angevines 
que  Jehan  Barbier  a  dessinés,  en  i525,  pour  les  deux 
voûtes  de  la  Tour  du  Consistoire  et  des  Archives  munici- 
pales. Aux  derniers  venus,  dont  la  génération  s'est  con- 
vertie à  lart  nouveau,  certains  monuments  de  la  Renais- 
sance toulousaine  doivent  peut-être  la  sobriété  de  leur 
décoration,  qui  contraste  avec  l'exubérance  toute  méri- 
dionale d'ornementations  voisines. 

Pélegrin  Frison  étail-il  d'origine  frisonne,  comme  l'ad- 
met Roschach',  qui  lisait  à  tort  «  Pierre  Gony,  Frison».^ 
Il  y  eut  à  Toulouse  d'autres  artistes  originaires  des  Pays- 
Bas,  tels  :  Pierre  Gerhaidt  ou  Girard,  «  Olandès=  »,  reçu 
maîlre  peintre  le  \  mars  i53i,  et  peut-ètie  aussi  le  pein- 
tre François  Godoffre  ou  GodofTle',  qui  comptait  déjà 
parmi  les  anciens  maîtres  en  i5i6;  quant  à  Gautier  Lub- 
bert,  surnommé  Salvaige,  qui  était  né  dans  la  région 
d'Utrecht  et  qui  exerçait  à  Toulouse  la  profession  de  lal- 
haiiderius  ymagincrioruin,  talhanderhis  yinagiiiarum,   il  fa- 


vcnlc  l'iiilo  par  son  mari  à  iiiailrc  Nicole  l'iiiulc.  pirlrc.  i.  natif  de 
Fonlanay  en  France,  à  présent  demeurant  à  l^aris  ».  de  ô  arpents  i  :j 
de  terres  «  assizes  au  terroir  de  Fonlanay  et  Marly  la  \  ille  »  ;  Pailliès 
notaire,  reg.  iS'ig,  f"  56  V,  27  avril  :  «  >icliolle  I^luycte.  principal  du 
coiliègc  des  Bons  Enfans  de  Paris,  héritier  de  feu  maistre  (Claude 
l'iuyclc,  quant  vivoit  frère  dudict  Xiclioile  et  menuisier  du  dict 
Ttiolose  »;  reg.  i55o,  f"  5o3  v°. 

I.  Simple  noie,  etc.,  loc.  cit..  p.  m:  Les  douze  lirres.  etc.. 
p.  35(). 

-■?.  Arch.  comm.,  HH  i'ôl  Lirre  dex  inrulrises.  i525-i.')'i '(.  f'  17'!  ;  Hos- 
chacii,  Simple  note,  p.  11. 

3.  Raile  de  l'office  en  ibu--28  et  en  i53r)-.')();  cf.  Arcli.  comm., 
loc.  cit.  f"  72  et  262;  voir  aussi  Arcli.  not..  Saurelli,  reg.  lôaS-iSaG, 
f"  KKj,  (<  Inslrnnienhun  paelorwn  lalmlae  C.ovporis  Christln,  3  juin 
1026,  peintures  de  l'aulel  et  du  retable  de  la  confrérie,  à  l'église 
cathédrale. 


MELANGES    ET    nOCUMENTS.  /|35 

briquait  des  outils  pour  sculpteurs  et  tailleurs  de  |)iiMio'. 
Dès  i5o3,  puis  en  1 507-1608,  iôii-ir)i.>,  lôi^-i.ji/i, 
i^élegrin  Frison  avait  fait  les  portraits  des  Cai)ilouls,  soit 
au  livre  des  Annales,  soit  au  grand  Consistoire-.  Kn  lôiC», 
nous  le  voyons  travaillera  un  retable,  destiné  à  la  cliapellc 
d'un  des  nombreux  collèges  qui  s'élevaient  dans  le  quartier 
de  l'Université.  Il  s'agit  du  collège  de  Saint-Nicolas,  plus 
connu  sous  le  nom  de  collège  de  Mirepoix  en  souvenir  de 
son  fondateur'.  Le  bail  à  besogneporteladate  du  1  1  juin'. 
Trois  collé^iats,  au  nom  du  dit  collège,  y  commandent  à 
l'artiste  un  retable  à  trois  «  tabernacles  »,  c'est-à-diie  un 
triptyque'.  Celui-ci  doit  mesurer  quatorze  pans  (.î  m.  if) 
environ)  de  largeur  sur  douze  pans  (2  m.  70)  de  liautcur 
aux  extrémités"  et  quatorze  au   milieu,  à  cause  du   con- 

1.  Arch.  not..  Salamonis.  rcg.  lô'îi-iôaS,  à  la  date  dti  3  aoi'il  \?)i-, 
"  procnralio  Gnulerii  Lubbeiii  alias  Salvaûje.  IfiUidiiderii  ynuujiiwrio- 
rnin  Thle  habikdoris  »  ;  dans  l'acte,  il  est  nommé  «  Honteiius  ï.ut^lx'rli, 
tallianderius  ymaginarum  Thle  »  ;  il  désigne  comme  son  procureur, 
au  sujet  des  biens  de  sa  mère,  «  Peirum  Jolianui,  mcrcaloreni, 
oriundum  vljlae  de  Vie  et  habitatorem  viilae  d' Amofardis  (Amers- 
foort)  ducatus  Trayalencis  »  (Trajcctensis  =  d'L'tn^cht). 

2.  Roschach,  Les  douze  livres,  notes  manuscrites,  aux  Krcliixes 
communales. 

.3.  (le  collège  avait  été  fondé  j^ar  (Guillaume  du  Puy,  évèquc  de 
Mirepoix  (i4o5-i43i),  pour  8  écoliers  et  a  prèlies.  dans  une  maison 
qu'il  possédait  à  Toulouse. 

'4.  Arch.  not.,  de  Podio,  reg.  \  ,  f"  .Si  v".  Ce  bail  a  été  déjà  signalé 
par  J.  de  Laliondès  dans  \c  Biitlelin  de  la  Soc.  archéol.  du  Midi,  u"  ■>.9.. 
1898,  p.  162. 

5.  «  Anno  domini  etc.,  pcrsonaliter  consliluli  discreti  \iii  ma 
gislri  Johannes  de  Castro,  Franciscus  Baronis  (ou  Harrius)  baccala- 
rii  et  Anthonius  de  Sancto  (?)  collcgiati  collegii  bcali  Mcholay  Tho- 
lose.  alias  de  Mirapeys  qui  gratis  etc.,  omnes  Ires  insimul  nomiue 
dicti  collegii  tradiderunt  magisijio  Peregrino  Frczon  pictori  Thle 
habitatori  ibidem  praesenli  etc..  ad  lacienduin  ununi  relaide  in  ca- 
pella  ejusdem  collegii,  etc.  »  Témoins  :  «  nobilis  Johaïuies  de  Huppe- 
forte  dominus  de  Viviès  (,Iehan  de  Roquefort,  seigneur  de  Mviès). 
Anthonius  de  Ruppeforte  viguerius  Appamiarum.  magistri  Antho- 
nius Seguy  sludens,  Bernardus  de  Maura  fuslcrius.  .lohannes  (Janal 
argenterius  ». 

6.  «  A  duobus  lateribus  ». 


436  ANNALES    DU    MIDI. 

ronnement',  trois  pans  (o  m.  67  environ)  étant  réservés 
au  «  marchepié  »,  c'est-à-dire  à  la  prédelle^  Les  trois 
panneaux  ou  «  parquetz  »  seront  de  chêne  ou  de  noyer, 
au  choix  du  collège  ;  des  pilastres  en  bois  mouluré  sépa- 
reront le  panneau  central  des  deux  autres  %  et  l'encadre- 
ment du  tout  sera  décoré  de  ((  ramages  «  d'or  fin.  L'artiste 
s'engage  à  peindre  «  trois  grands  personnages,  longs  de 
sept  pans  »  (i  m.  07  environ),  par  conséquent  presque 
de  grandeur  naturelle*  :  au  centre,  Notre-Dame  de  Grâce, 
tenant  l'en  faut  Jésus  sur  le  bras;  à  droite,  saint  Nicolas, 
«  avec  trois  petites  filles  et  trois  petils  garçons»;  à  gau- 
che, sainte  Catherine,  comme  patronne  des  études-.   Sur 

1.  «  Item  diçluin  relaule  ih  incdio  crit  altius  secundum  quod 
convcniet  et  pertinebit  diclo  relaulo.  Item  ulterius  fuit  pactum  quod 
le  poinel  in  incdio  dicli  relaale  et  in  summilate  existens  ascendet 
duos  palmos  sujira  totuni  residuuin  cl  crit  altius  de  duobus  pal- 
niis  ». 

■j.  u  De  quibus  quidem  duodecini  paiinis  profunditalis  sivc  longi- 
tudinis  dictus  piclor  ponet  très  palmos  en  marchapié  et  novem  palmos 
ad  faciendum  personatgia  in  dicto  retaulo  existcncia  ». 

S.  <(  In  quo  quidem  retaulo  erunt  1res  parquetz  et  duo  pilaria  in 
medio;  et  a  duobus  laleribus  erunt  los  bortz,  quae  quidem  pilaria 
et  borlz  operabuntur  operis  (sic)  de  menuserie  condecentis...  Et 
circa  turnum  illiiis  dictus  pictor  lenebitur  el  debebit  facere  ramal- 
gia  etc.  » 

4.  «  In  tribus  lahernacles  illiiis.  dictus  piclor  lenebitur  facere  tria 
magna  personatgia,  videlicel  imaginem  beatae  Mariae  graciac,  Icneii- 
tis  ejus  filium  in  brachio,  et  erit  in  medio;  et  a  latere  dextro  ymagi- 
nem  beati  Mcolay  cum  tribus  parvis  puellis  et  tribus  parvis  pueris, 
et  a  Jaterc  sinistro  crit  sancta  Catherina.  Quae  quidem  personatgia 
erunt  longitudinis  septem  palmorum  cl  eruiit  depicta  ex  bono  auro 
et  aliis  bonis  coloribus.  Quae  quidem  ymagiiies  erunt  picture  plane. 
Et  in  tribus  palmis  in  marchapié  lemancntibus.  diclns  pictor  pro- 
misit  depingerc  duodccim  aposlolos  et  ymaginem  dei  in  medio  ». 

5.  Les  trois  garc^-ons  assassinés  et  cachés  dans  le  saloir,  qu'il  ressus- 
cite, et  les  trois  jeunes  filles  ({u'il  arrache  au  déshonneur;  cf.  J.  Laro- 
che, Iconographie  de  S.  Nicolas  daws  la  Revue  de  l'art  chrélien,  1891, 
p.  lo^-i 19. 

6.  Elle  était  instruite  dans  tous  les  arts  libéraux,  el  la  Légende 
Dorée  exalte  à  la  fols  sa  science,  sa  dialectique  et  son  éloquence,  qui 
lui  permirent  de  discuter   victorieusement   avec   les   plus   fameux 


MÉLANGES    ET    DOCUMENTS.  /l.'i" 

la  prédelle,  il  disposera  les  douze  apôtres  enlouruiil  le 
Christ.  «Toutes  ces  images  seront  de  peinture  plane  », 
c'est-à-dire  sans  aucun  de  ces  oriienienls  en  relief, oblciuK 
par  des  stucs  dorés  ou  peints,  dont  la  mode  se  |)erpéluu 
si  long-temps  de  l'autre  côté  des  Pyrénées.  Pour  parfaire 
son  œuvre,  on  octroie  à  Pélegrin  Frison  près  d'un  ;mi. 
jusqu'à  la  prochaine  fête  de  Pentecôte.  Le  prix  en  est  fixé 
à  107  livres  10  sous  tournois'.  Il  est  spécifié  que,  pour  la 
qualité  des  couleurs  et  des  ors,  on  la  veut  aussi  riche, 
«  et  même  plus  »,  qu'au  retable  de  la  chapelle  de  la  Sainte- 
Trinité  dans  l'église  des  Frères-Prêcheurs.  Ce  texte  paraît 
bien  sous-entendre  que  le  retable  des  Jacobins,  inconnu 
par  ailleurs,  était  aussi  l'œuvre  de  Pélegrin  Frison. 

L'article  11  des  statuts  interdit  aux  maîtres  d'avoir  plus 
d'un  apprenti  :  «  item  estatuèrent  et  ordonnèrent  Messei- 
gneurs  de  Capitol  que  a  nul  maistre  du  dict  office  soîct 
permis  ne  licite  tenir  oultre  ung  apprentif  au  dict  othce.  » 

Voici,  sur  le  lieu  d'origine  de  quelques  apprentis  et  sur 
la  durée  de  leur  séjour  dans  l'atelier  du  maître,  certains 
renseignements  fournis  par  des  baux  d'apprentissage. 

Chez  Pélegrin  Frison  :  i4  juillet  i5oâ,  entrée  de  Pierre 
Vallé,  fils  de  feu  maître  Bernard  Vallé,  d'Albi,  pour 
3  ans^ 

Chez  Mathieu  Cochin  :  29  avril  i5i3,  entrée  de  Jelian 
Lasserre,  de  Lisle-en-Jourdain  (Gers),  pour  ô  ans'. 

Chez  le  même  :  2/1  juillet  ibi'j,  entrée  de  Pierre  Albes- 
prin,  tils  de  feu  Antoine  Albesprin,  âgé  de  12  ans,  pour 
5  ans*. 

philosophes  de  son  temps.  L'un  des  collèges  de  Toulouse  portail  sou 
nom. 

1.  Il  devra  loul  fournir,  sauf  les  ferrures  (ferramenta)  destinées 
à  tenir  en  place  le  triptyque. 

2.  Arch.  not.,  de  Podio,  reg.  l,  i5o5-i5o8.  f"  5  :  «  localio  faimtli  >•. 

3.  Ibid.,  de  Podio,  reg.  IV,  f  12  v". 

4.  Ibid.,  de  Podio.  reg.  V,  f"  i83. 


438  ANNALES    DU    MIDI. 

Chez  Jehan  Baudoni  :  28  janvier  1027  (n.  s.),  entrée 
de  Jehan  Delhermet,  originaire  du  lieu  de  Thédirac,  dio- 
cèse et  sénéchaussée  de  Gahors  {Lot,  arrondissement  de 
Gourdon),  pour  5  ans'. 

Chez  Antoine  Ferret  :  iG  février  i532  (n.  s.),  entrée 
d'Antoine  Vergié,  de  Montauban,  pour  6  ans-. 

L'article  8  comporte  l'obligation,  pour  «  tous  les  com- 
paignous  qui  vouldront  lever  boutiques  en  la  dicte  ville 
de  Tholose  et  gardiage  d'icelle  ou  passer  maistres  d'iceulx 
offices  »,  de  faire  quelque  chef-d'œuvre  de  leur  art.  Le 
sujet  du  chef-d'œuvre  et  les  conditions  imposées  pour 
l'obtention  de  la  maîtrise  font  l'objet  d'un  acte  notarié. 
En  voici  deux  exemples. 

Le  4  janvier  i5i7  (n.  s.),  dans  la  boutique  du  notaire 
Hugues  Dupuy^  sont  présents  :  1"  les  bailes  de  l'office 
des  peintres,  François  de  Labadic  et  Michel  Portai  ;  2"  les 
maîtres  peintres  Pelegrin  Frizoïi,  Laurent  Gonand,  Ma- 
tliieu  Gochin,  Jacques  Gochin,  lléliot  Portai,  François 
Godofi're,  Guillaume  Laforgue,  Henri  de  Granas,  Goriiille 
Stiève  ou  Estienne,  Jehan  du  Glou,  constituant  la  ma- 
jeure partie,  et  aussi  la  plus  âgée,  du  dit  office^;  3"  le 
compagnon  Biaise  Olivier,  candidat  à  la  maîtrise;  /|"  maî- 
tres Arnauld  Garnault,  gaînier,  et  Mcolas  Bagoticr,  ar- 
gentier, en  qualité  de  témoins.  Les  bailes  remettent  à 
Biaise  Olivier  «  une  image  d'eslolTure  de  Noslre  Dame  », 

I.  ////(/.,  Simoiiis.  roo;.  i5:^i  i.'^aS.  1"  180  v".  «  ad  iiddicoiidum  artoiii 
do  pinlraria  ol  do  lalha  ».  Co  point ro  Haudoni  osl  aussi  «  magisloi' 
in  ailo  palosliiiiao  ».  cVst-à-dirc  iiiaîlio  d'oscrinio;  lo  7  avril  i'y?S^.  il 
passo  un  ooiilial  a\oc  io  prôvôi  (iiiillaimio  Uaiiiond.  pour  orgaiiisor 
uiio  salio  d'anuos,  «  iovar  scnla  d(>  la  dicio  ail  do  palosiriiia  on  Tlio- 
iose  aprôs  Pasquos  »;  ot  oïdio  ou\  »  osl  pacli-  (|iio  lod.  l'andnni  don 
nionslrar  al  dicl  (luilboni  Uaniond  loul/  los  soorolz  ol  j.;ardas  (pio 
apartoncn  à  ung  maislrc  do  ladiclo  arl  »;  ibid..  f"  ô8. 

■2.  Ibid..  Salanionis,  reg.  i5'i8-i535,  1'"  •<'i7. 

'6.  Ibid.,  do  l'odio,  reg.  V,  f"  110  v". 

4.   "  Tanquani  major  et  senior  pars  locius  ollicil  ». 


MÉLANGES    ET    DOCUMENTS.  /iSg 

c'est-à-dire  une  statue  ou  statuette  de  Madone  (ju  il 
s'agit  d'  «  estoffer  »,  en  la  pol\ chromant  de  couleurs 
appropriées.  L'image,  don  du  maître  Laurent  Conand  à 
la  confrérie  dudit  office,  était  peinte  en  blanc.  Olivier 
doit  la  racler  jusqu'au  bois  en  évitant  toute  détériorai  ion, 
la  soumettre  dans  cet  état  aux  bailes  et  à  six  maîtres,  (pii 
jugeront  de  la  bonne  ou  mauvaise  exécution  de  ce  tra\ail 
préliminaire,  et  enfin  la  peindre  à  sa  guise'.  Pour  accom- 
plir celte  besogne,  on  lui  accorde  jusqu'à  la  fête  de  saint 
Jean-Baptiste;  mais,  durant  cette  période  de  temps,  il  ne 
pourra  pas  accepter  d'autre  tâche.  Si  l'œuvre  est  jugée 
bonne  par  les  bailes,  elle  sera  reçue  comme  chef-d'œuvre 
conformément  aux  statuts;  sinon,  il  paiera  le  prix  de 
l'image  à  la  confrérie,  d'après  l'estimation  des  bailes  et 
de  tout  l'office  des  peintres. 

Le  i3  novembre  i53i,  dans  la  boutique  du  notaire  Sa- 
lamonis,  les  peintres  Jehan  du  Clou,  Jacques  Bon  et  Jac- 
ques Dalencourt,  bailes  de  l'office,  «  ont  baillé  son  eliief 
d'oeuvre  suyvant  les  estatutz  »  à  François  Malcorresa  ou 
Maulcorrese  :  «  C'est  assavoii-  ung  Dieu  le  père  assis  dans 
ung  tronne,  suyvant  le  patron  qui  lui  a  esté  illec  baillé 

I.  «  Tradidcrunt  pro  capnl  operis  Blasio  Olivier,  sodaii  difli  oilicii 
piclorum  ibidem  praesenti.  videlicel  uiiaiu  ymaginein  d'eslojff'nre 
nostrae  Dominae.  quae  yinago  fuit  dala  confralriae  ejusdeiii  oilicii 
per  magistrum  Laurenciiun  Conand.  quae  (piidem  yniago  esl  de 
picla  en  blanc,  cum  pactis  se(|uentibus,  videlicel  quod  ipse  Olivier 
tenebitur  dictam  ymaginem  rasdftr  Jtisques  à  la  fus  le.  et  hoc  fado 
tenebitur  praedictos  ipsos  bajnlos  voccare  cum  sex  magislris  dicti 
ofïicii  ad  fines  vidcndi  si  fueril  bcnc  rasclala,  et  deindo  illam  depin- 
gere  ad  ejus  voluntatem,  hinc  ad  festum  sancti  Joliannis,  Baplislae. 
et  his  faclis  illam  oslendere  ipsis  baiulis  si  sit  bene  operala  vel  ne; 
et  si  repeiietur  maie  operala,  lenebilur  diclus  Olivier  praedictam 
ymaginem  solvere  confralriae  ad  diclamen  bajulorum  et  locius 
oilicii;  el  eliam  non  poleril  acciperc  operam  ab  aliquibus  durante 
diclo  ejus  capite  operis,  videlicel  hinc  ad  feslum  sancli  .lohamiis 
Baplislae,  el  hoc  sub  pena  in  slalulis  conlenla;  el  eliam  dicii  baiiili 
promiserunt  eidem  Olivier  recipere  ejus  capul  opeiis  cum  hoc  (juod 
sil  bene  operalum  juxla  lenorem  slalulorum  oilicii  i)raedicli.  ■> 


44o  AÎVNALES    DU    MIDI. 

dans  ung  feulhet  de  papier'  ».  Il  a  promis  de  leur  pré- 
senter son  travail  «  entre  cy  et  Noël  prochain,  à  peine 
d'être  renvoyé  et  ne  faire  ledit  chef  d'œuvre  de  trois  ans  ». 
Deux  peintres,  Nicolas  Haulin-  et  Ramond  Vierges ^  ont 
servi  de  témoins.  Il  ne  faudrait  pas  croire  que  l'office 
n'appliquait  jamais  les  sanctions  prévues.  En  marge  de 
l'acte  en  question,  barré  de  deux  traits  de  plume  qui  l'an- 
nulent, on  lit  cette  mention  brève,  mais  suggestive  : 
«  l'an  mil  cinq  cens  trente  et  ung  et  le  xxij""'  jour  de  dé- 
cembre, le  présent  instrument,  du  consentement  des  par- 
ties, a  esté  cancellé  pour  ce  que  le  dict  François  Malcor- 
resa  n'a  faict  son  debvoir  ».  Il  ne  fut  reçu  à  la  maîtrise 
que  le  19  décembre  1687. 

Après  que  les  balles  avaient  accepté  le  chef-d'œuvre, 
restait  la  prestation  de  serment.  Elle  se  passait  au  Consis- 
toire de  l'hôtel  de  ville,  sous  la  présidence  de  plusieurs 
Capitouls.  Les  bailes  leur  présentaient  le  candidat»  comme 
idoine  et  suffisant  ».  Celui-ci  promettait  fidélité  au  roi  de 
France  et  aux  magistrats  de  la  ville;  il  jurait  de  bien 
exercer  son  métier  et  d'observer  les  statuts.  Ces  forma- 
lités accomplies,  on  le  déclarait  «  admis  »  ;  et  les  notaires 
municipaux  enregistraient  le  procès-verbal  de  la  séance 
sur  le  livre  capitulaire  des  Maîtrises*. 

Aussi  bien,  les  Capitouls  se  réservaient-ils  le  droit  de 
dispenser  du  chef-d'œuvre  tel  artiste,  mais  en  faisant  ins- 
crire au  procès-verbal  les  raisons  particulières  de  ce  pri- 


I.  AitIi.  not.,  Salamonis,  rog.  iSaS-ifj^G.  f"  aa^  v"  :  «  chej'il'(tuvri' 
(le  Françoys  Maiileorresc,  pinclre  ».  Co  pointio  figure  dans  lo  nom- 
breux personnel  qui  fut  employé  aux  pré|)nralifs  de  l'entrée  de 
François  1''  en  iô33. 

j.  Reçu  maître  en  i53o;  voir  injra. 

3.  Baile  de  roffice  en  i53i-32,  en  i532-33;  cl',  \rcli.  eomm..  IIll  i3. 
IJvre  des  mallrises,  i525-i5/i4,  f"'  168  et  190. 

\.  Voir  l'un  de  ces  procès-verbaux  reproduit  par  Hoscliach .  Les 
douze  livres,  etc.,  p.  358,  n.  2. 


MELANGES    ET    DOCUMENTS.  y^l 

vilège.  C'est  ainsi  que  l'on  admit  à  la  rnailrisc  M.nlin 
Anthony  en  1627  et  Nicolas  Haulin  en  ifj.'k).  Miniin 
Anthony,  originaire  tic  la  cité  de  Vers  u  in  CnUin  »  et  eoni- 
pagnon  de  loffîce  des  peintres  de  Toulouse',  avait  |jciiil 
les  Capitouls  «  avec  les  images  du  crucifix,  de  la  bien- 
heureuse Marie  et  antres  figures  »,  dans  le  Consisloiic 
neuf  de  la  Maison  commune;  ces  peintures  sont  eonsidc- 
rées  par  lesdits  Capitouls  comme  tenant  lien  de  clicl- 
d'œuvre^  Nicolas  Raulin  fut  reçu  après  entérinement  de 
lettres  adressées  en  sa  faveur,  le  25  septembre  ij2(S,  jjur 
«  illustrissime  princesse  Renée  de  France,  duchesse  de 
Chartres,  comtesse  de  Gisors,  dame  de  Montarg-is'  ».  C'est 
en  cette  même  année  1628  que  Renée  de  France,  seconde 
fille  de  Louis  XII  et  d'Anne  de  Rretagne,  épouse  le  duc 
de  Ferrare,  Hercule  II.  On  sait  qu'elle  fut  une  protectrice 
éclairée  des  lettres  et  des  arts.  Ce  document  [)rou\c  une 
fois  de  plus  l'intérêt  f[u'clle  portail  aux  artistes. 

Voici,  d'après  le  Livre  des  Maîtrises*,  les  noms  des  pein- 
tres admis  entre  152.")  et  i5/io. 

i526,  ^  décembre  :  Simon  Leduyt  (a  fait  comme  clief- 
d'œuvre  un  Saint-Sébastien)  ; 

1527,  27  septembre  :  Jacques  Bon,  qui  |)arail  a\(>ii-  lia- 
vaillé  comme  «  com|)agnon  »  dans  l'atcliei'  de  .leiuui 
du  Clou,  dit  Calais; 


1.  Arcli.  comm.,  loc.  cit.,  i°  6g.  L'indication  d'origine  rosl(>  ol)senre 
pour  nous;  car  il  y  a  plusieurs  localités  du  nom  de  \  ers  on  Franco, 
sans  compter  \  airos-sur-Marne,  près  do  Meaux. 

2.  «  Ex  00  quia  dominos  de  Capilolio  supra  scriplos  depinxit  el 
figuravit,  cum  imaginibus  Crucifixi  et  Beatae  Mariae  el  aliarnin 
imaginum  liie  depiclaruin  i-n  consistorio  novo  donuis  eommimis 
Tille,  pro  suo  capite  operis  diclam  picturam  aeceptanliljus  ». 

'6.  Arch.  eoinm.,  loc.  cit.,  f°"i3o  :  ((  praesenlalis  ibidem  eortis  lil 
loris...  audilisque  audiendis  etc..,  dictas  tllteras  interinando  ». 

4.  F°'  45,  64,  69,  100,  i3o,  i5i,  174,  ;5o3,  3o8.  liio.  3'j3.  38o  v.  Le 
livre  antérieur,  HH  11,  portant  sur  ia  reliure  les  dates  1 '|i)'i  i'>:*'^- 
s'arrête  en  réalité  à  l'année  lôio. 

AXNALES  DU  .MIDI.   WX..  ^9 


/l/j2  ANNALES    DU    MIDI. 

1527,  12  décembre  :  Anthony  Martin; 

1629,  16  octobre  :  Guillaume  Gochin,  fils  de  Mathieu 
Cochin  ; 

i53o,  8  août  :  Nicolas  Raulin  ; 

i53i  (n.  s.),  3o  janvier:  Archimbault  Daniat,  qui  de- 
vient baile  dès  l'année  suivante; 

i532  (n.  s.),  k  mars  :  Pierre  Gerhardt,  dit  Girard  de 
Hollande  ; 

1537,  ^  août  :  Joseph  Gressier,  sans  doute  le  même  que 
Joseph  Gracier,  peintre  et  verrier,  serviteur  de  Jehan 
du  Clou  en  1627  et  tuteur  de  ses  enfants; 

1537,  II  octobre  :  Ramond  Moynier; 

1537,  19  décembre  :  François  Maulgoresa  ou  Malcor- 
resa  ;  . 

i538,  3  décembre  :  Servan  Cornouailhe,  qui  peignit  sur 
toile  l'entrée  de  Charles  IX  à  Toulouse  en  i5G5  et  donna 
une  réduction  de  son  tableau  dans  le  livre  manuscrit  des 
Annales. 

i54o,  22  octobre  :  Jehan  Bardes. 

Henri  Graillot. 


COMPTES  RENDUS  CRITIQUES 


A.  Jeanroy.  Bibliographie  sommaire  des  chan- 
sonniers provençaux  (nianuscrils  el  ('-(lilioiis). 
Paris,  H.   Champion,  igiG;  petit  iri-8"  de  viii-90  pa- 

.    ges.  [Les  Classiques  français  du  Moyen  âge,  n"  iG). 

Voici  un  des  premiers  manuels  —  le  premier  peut-être,  si  on 
excepte  le  Recueil  des  textes  bas-latins  et  provençaux  dû  à 
M.  Paul  Meyer  —  que  la-Science  française  ait  bien  voulu  écrire 
pour  les  études  provençales.  Remercions  donc  très  vivement 
M.  A.  Jeanroy,  à  qui  revient  l'honneur  —  et  auquel  il  revenait 
très  légitimement  —  d'avoir  ouvert  cette  voie  :  en  attendant  la 
nouvelle  édition  du  Grumlriss  de  Bartscli  — qui  ne  paraîtra  pas 
en  terre  française  —  le  manuel  que  nous  annonçons  initiera  à 
l'étude  des  troubadours  ceux  qui  demandent  un  bon  guide,  sim- 
ple mais  sûr;  et  il  rendra  d'inappréciables  services  à  ceux  qui 
sont  déjà  plongés  depuis  longtemps  dans  ces  études  si  attrayan- 
tes. 

Comme  le  titre  l'indique  —  et  c'était  peut-être  le  plan  primi- 
tif—  l'ouvrage  est  une  étude  des  chansonniers  provençauN:. 
Mais  il  fallait  restreindre  le  domaine,  qui  est  immense,  et  (pii 
fut  si  bien  débroussaillé,  il  y  a  près  d'un  demi-siècle,  par  G. 
GVœber.  On  ne  trouvera  pas  dans  ce  manueU  une  description 
minutieuse  des  manuscrits  :  mais  on  y  trouvera  une  descrip- 
tion suffisante  et  un  historique  succinct,  mais  lui  aussi  parfai- 
tement suflisant.  De  plus,  quand  le  chansonnier  a  été  publié, 
l'indication  de  cette  édition  a  été  donnée  :  même  pour  les  pro- 
vençalistes  de  profession,  ces  renseignements  seront  Us  bien- 
venus. 


[\^^  ANNALES    DU    MIDI. 

Il  semble  probable  que,  vu  les  circonstances,  M.  A.  Jeanroy, 
n'a  pas  connu  à  temps  la  Bihliografmdels  antlcs  poètes  catalans 
de  Massé  Torrents;  car  il  aurait  pu  citer  et  décrire  succincte- 
ment les  principaux  chansonniers  catalans  qui  contiennent  des 
poésies  provençales,  comme  il  l'a  fait  pour  le  ms.  v.  (p.  3o). 
11  aurait  peut  être  pu  nous  donner  aussi  une  liste  des  princi- 
pales copies  modernes  des  chansonniers  provençaux;  il  y  en  a 
de  Baslero  à  la  Bibliothèque  Universitaire  de  Barcelone;  j'ai 
vu,  il  y  a  quelque  vingt  ans,  dans  la  bibliothèque  de  M.  Clé- 
ment-Simon, au  château  de  Brach  (Corièze),  une  copie,  qui 
avait  servi  à  Raynouard,  me  dit  son  possesseur.  En  cas  d'acci- 
dent aux  manuscrits  originaux  (qu'on  se  souvienne  de  Turin!  ) 
ces  copies  prendraient  une  singulière  valeur.  Pour  le  moment, 
il  est  vrai,  leur  relevé  aurait  plutôt  un  simple  intérêt  de  curio- 
sité. Mais  ce  qu'il  y  aurait  de  mieux  pour  assurer  la  conserva- 
tion de  nos  précieux  chansonniers,  ce  serait  leur  publication 
intégrale  ou  leur  photographie. 

Un  étranger,  C.  A.  F.  Mahn,  se  plaignait  il  y  a  plus  de  cin- 
quante ans,  que  de  tant  de  crédits  dépensés  par  la  France  pour 
encourager  les  publications  historiques  ou  scientifiques  pas  une 
obole  n'eût  été  employée  à  la  publication  de  nos  chansonniers 
provençaux.  Et  la  Muse  de  IHistoire  seule  sait  tout  le  fatras 
qu'on  a  publié  dans  les  Z)oc;/.me/i/A^  inédits  de  l'Histoire  de  France, 
sans  compter  les  Documents  économiques  concernant  la  Révolu- 
tion française!  Ainsi  ni  C  ni  /?,  les  deux  meilleurs  de  nos 
manuscrits,  n'ont  encore  vu  le  jour;  tandis  que  la  plupart  des 
manuscrits  italiens  ont  été  publiés  par  les  soins  d'une  Société 
pour  l'étude  des  langues  modernes,  dont  le  siège  est  sur  les  bords 
de  la  Sprée!  On  nous  annonce,  il  est  vrai,  la  publication  photo- 
graphique prochaine  du  ms.  /?,  mais  que  signifie  «  pro- 
chaine »,  surtout  par  le  temps  qui  court?  Pour  ma  partie 
bats  ma  coulpe  pour  ne  pas  avoir  copié  en  entier,  pendant 
que  je  l'avais  entre  les  mains,  le  chansonnier  T,  dont  je  n'ai 
copié  que  la  partie  concernant  Peire  Cardenal  (et  encore  pas 
toute  entière).  A  propos  de  T  précisément,  M.  Jeanroy  dit  que 
les  .sirventes  de  Peire  Cardenal  y  sont  anonymes;  je  ne  crois 
pas  qu'ils  le  soient  dans  l'état  actuel  du  ms.  ;  dans  des  notes 


COMPTES    RENDUS    CRITIQUES.  'l'i.', 

que  j'cii  prises  jadis  j'ai  relevé  la  mention  suivante  :  «  au 
f"  89,  au  milieu  de  la  page,  en  haut,  un  peu  rognés,  se  lisent 
les  mots  suivants  :  Peire  Cardenal.  L'encre  est  plus  pàlo  (pie 
celle  du  ms.  ;  mais  cela  peut  tenir  à  des  causes  particulières. 
L'écriture,  il  faut  l'ajouter,  est  différente.  »  Je  ne  sais  à  (pidlc 
époque  remonte  l'addition  de  ce  nom  propre:  au  xvi"  siècle? 
Les  éléments  me  manquent  pour  le  déterminer.  Le  ms.  If 
(Vatican)  doit  avoir  des  miniatures  ou  lettres  ornées,  car  j'y 
ai  jadis  noté  la  «  tête  »  de  Na  Loinbarda. 

Parmi  les  fragments  de  chansonniers  je  n'ai  pas  vu  relevé 
celui  que  M.  Pierre  Vidal  a  découvert  à  Perpignan,  et  qui  a  été 
publié  par  Chabaneau,  Rev.  l.  roni.,  XXXV  (1891),  p.  88.  (V 
propos  du  ms.  a  (Sienne)  c'est  XXXVII  et  non  XXVII  qu'il  faut 
lire).  Cf.  encore  le  court  fragment  de  ms.  publié  par  Chaba- 
neau, Rev.  l.  roin.,  XXXIll,  p.  123;  mais  je  crois  que  ce  frag- 
ment-ci ne  rentrait  pas  dans  le  cadre  que  s'était  fixé  M.  Jeanroy. 

A  la  p.  34  commence  la  deuxième  partie  du  maimel,  consa- 
crée aux  éditions  des  troubadours,  et  plus  spécialement  aux 
éditions  critiques.  N"  9,  Suchier  :  trois  feuilles  au  moins  du 
tome  II  des  Denkmaeler ont  été  imprimées; cf.  P.Meyer,  Ronia--^ 
nia,  1914,  p-  622  ;  de  même  il  y  a  une  suite  imprimée  des 
Gedichte,  comme  l'a  fait  jadis  observer  M.  Jeanroy  —  cela  peut 
avoir  quelque  intérêt  pourles  bibliophiles  —  en  imprimant  ses 
liiedUa  (h.  ce  propos  je  me  demande  ce  qu'on  attend  pour  pu- 
blier les  poésies  de  P.  G.  de  Cazals,  qui  nous  sont  promises 
depuis  au  moins  27  ans  (cf.  Appel,  Prov.  Ined.)  et  qui,  se  trou- 
vant, sauf  une  ou  deux,  dans  le  seul  ms.  C,  pourraient  être  si 
facilementpubliées).  N"  i5  :  il  aurait  été  bon  de  signaler  le  con- 
tenu des  diverses  préfaces  de  la  Chrestomalhle  de  Appel  :  cela 
aurait  rendu  service  à  ceux  qui  ne  possèdent  pas  les  quatre 
éditions. 

A  la  p.  44,  commence  l'énumération  des  éditions  séparées 
des  troubadours.  P.  45;  j'aurais  ajouté  un  38  ter  pour  :  Zinga- 
relli,  Re  Manfredi  iiella  memorla  dl  un  trovalore.  (Per  .\ozze 
Bonanno-Pltrè) ;  il  s'agit  du  planh  :  Tolas  honors  ;  il  n'est  pas 
sûr  d'ailleurs,  d'après  M.  Zingarelli,  que  ce  planh  soit  d'Aime- 
ric.  P.  47,  Arnaut  de  Mareuil;  il  aurait  été  bon  de  renvoyer  au 


'l/jÔ  A^'>\VLES    DU    MIDI. 

n"  3i,  Chabaneau,  Poésies  iiiédilcs  des  troubadours  du  Périgord. 
Pour  Aimeric  de  Pegullian,  une  édition  est  annoncée  depuis  au 
moins  quinze  ans,  par  le  D'  Nactebus,  de  Berlin!  N"  78  :  j'ajou- 
terais :  Jeanroy,  Poésies  inédites.  P.  53,  ajouter  :  Castelloza, 
Schultz,  Prov.  Dichterinneii  et  Duc  de  la  Salle  et  Lavaud,  Trouh. 
Cantaliens,  N°  ti8  ;  j'aurais  mis  le  118  bis,  qui  est  une  édition, 
à  la  place  du  118,  qui  est  surtout  une  étude  littéraire  et  histo- 
rique. N"  119;  l'édition  contient  le  texte  de  R  et  aussi,  le  cas 
échéant,  les  variantes  de  C  :  l'édition  Pfaff  est  une  édition 
critique.  P.  69,  Peire  Raimon  de  Tolosa.  Depuis  l'apparition  du 
manuel  de  M.  Jeanroy  j'ai  publié  ;  Quatre  poésies  de  Peire  Rai- 
mon de  Tolosa  (texte  et  traduction),  Toulouse,  191 7  ;  j'ai  publié 
quatre  autres  pièces  dans  le  volume  intitulé  :  A  propos  des 
troubadours  toulousains  ;  l'ensemble  de  l'édition  provisoire  sera 
publié  incessamment.  Le  n"  164  n'est  pas  à  sa  place.  N"  170; 
mon  édition  de  R.  de  Barbezieux  est  depuis  dix-huit  mois  (et. 
j'écris  ceci  en  juillet  1917!)  à  l'imprimerie.  P.  78.  Anonymes. 
Je  crois  que  les  provençalistes  auraient  été  fort  reconnaissants 
à  M.  Jeanroy  de  nous  donner  la  liste  complète  des  anonyma, 
avec  renvoi  aux  publications. 

M.  Jeanroy  n'a  pas  donné  d'indications  bibliographiques  en 
dehors  des  éditions,  ou  du  moins,  il  y  en  a  peu.  La  bibliogra- 
phie de  l'ancien  provençal  en  dehors  des  manuscrits  et  des  édi- 
tions est  encore  à  faire  :  peut-être  tenterai-je  avant  peu  cette 
tâche',  qui  est,  elle  aussi,  urgente;  M.  Jeanroy  a  bien  voulu  si- 
gnaler ma  notice  :  Pour  étudier  les  T roubadours, que  ]  ai  réduite 
volontairement  à  un  petit  nombre  de  renseignements  biblio- 
graphiques et  qui  est  destinée  à  nos  étudiants  et  aux  amateurs 
de  notre  ancienne  littérature  ;  il  nous  manque  encore  deux  ou 
trois  instruments  de  travail  essentiels  :  j'ai  mis,  pour  ma  part, 
sous  presse  une  Grammaire  de  l'ancien  provençal  ;  nous  arrive- 
rons bien  à  avoir  nos  livres  ;  mais  on  se  demandera  peut-être 
si  nous  n'aurions  pas  pu  les  avoir  plus  tôt.  La  faute   de   ce  re- 


1.  Celte  bibliograj)tiic  paraîtra  bicnlôl  dans  les  ËsUidis  Roinànics 
publics  à  Barcelone  par  ÏInsUUil  d'Estudis  Catalans.  Le  mannscrit 
est  à  riniprimoric  depuis  le  début  de  1918. 


COMPTES    RENDUS    CRITIQUES.  '| 'i - 

tard  n'en  est  pas  aux  hommes,  je  dois  le  dire;  on  ne  peut  pas 
demander  à  deux  ou  trois  provençalistes,  comme  ils  furent 
longtemps  en  France,  de  tout  faire  à  la  fois  :  publications  de 
textes  et  manuels.  La  situation  est  meilleure  maintenant;  il  y  a 
plus  de  bonnes  volontés,  plus  de  travailleurs  et  plus  de  goût 
pour  ces  études  ;  demandons  seulement  aux  amateurs  d'étudier 
les  manuels  comme  celui  de  M.  Jeanroy  avec  le  désir  de  don- 
ner à  leurs  études,  comme  ce  manuel  les  y  invite  indirecte- 
ment, une  base  solide  et  scientifique  qui  guidera  leur  imagina- 
tion et  réglera  leur  fantaisie.  J.Anglade. 


J.  Masso  Torrents.  Bibliografia  dels  an  tics  poè- 
tes catalans.  Barcelona,  1914  ;  in-/i'  de  284  pages 
(Extrait  de  VAnaari  de  rinstitut  d'Estadls  Catalans, 
MCMXIII-XIY). 

Sanclus  amor  palviee  dat  anlnmin.  Cette  devise,  qui  inspira 
les  auteurs  des  Moniimenla  Germanise,  à  une  époque  où  le  pan- 
germanisme était  encore  discret,  est  celle  que  notre  collabora- 
teur et  ami  a  dû  avoir  souvent  présente  à  l'esprit,  pendant  qu'il 
amassait  patiemment  et  courageusement  —  au  milieu  des  soucis 
d'une  grande  maison  d'édition  et  de  la  direction  de  l'importante 
bibliothèque  de  l'Institut  d'Estudis  Catalans  —  les  éléments  de 
cet  important  recueil.  Patience  et  longueur  de  temps  lui  ont 
été  en  effet  nécessaires  pour  dépouiller  tous  les  recueils  du 
Moyen  âge  qui  renferment  des  poésies  catalanes  et  pour  rédi- 
ger, par  page,  la  liste  complète  de  ces  poésies, 

M.  Masso  Torrents  a  donc  pris  d'abord  tous  les  chansonniers 
provençaux  qui  contiennent  des  poésies  catalanes  et  a  fait  un 
relevé  complet  de  ces  compositions,  des  origines  au  xvi'  siècle. 
En  ce  qui  concerne  les  troubadours  d'origine  catalane,  nous 
avons  là  l'énuniération  de  toutes  leurs  pièces,  avec  le  folio  du 
manuscrit  :  à  ce  point  de  vue-là  ce  sont  les  manuscrits  C  el  R 
qui  sont  parmi  les  plus  importants. 

Avec  les  chansonniers  catalans,  dont  le  dépouillement  com- 
mence p.  3o  et  se  continue  pendant  deux  cents  pages,  nous 


448  ANNALES    DU    MIDI. 

arrivons  au  cœur  du  volume  et  au  centre  du  travail.  Nous  avons 
ici  une  description  minutieuse  de  ces  précieux  recueils,  dont 
les  meilleurs  entiont  petit  à  petit,  comme  dans  un  panthéon 
naturel,  où  la  poussière  ne  les  couvrira  pas  de  longtemps,  dans 
la  Bibitoleca  de  Calalunya.  Le  premier  chansonnier  décrit 
(dix-huit  pages  in-/!")  est  le  chansonnier  A,  l'ancien  chanson- 
nier de  Saragosse,  si  précieux  pour  l'étude  des  poètes  de  la 
décadence  provençale  et  de  l'école  toulousaine.  Dans  la  série 
des  chansonniers  catalans,  représentés  par  les  diverses  lettres 
de  l'alphabet  latin  (majuscules),  M.  Massô  a  fait  entrer  des 
œuvres  comme  le  Jardin  de  Orats  ou  le  Conort  de  Francesch 
Ferrer,  où  l'on  trouve  des  citations  de  poètes  catalans.  De  plus 
M.  Massô  Torrents  a  pu  décrire  également  des  chansonniers 
qui  appartiennent  à  des  particuliers  et  cette  partie  de  son 
œuvre  n'est  pas  la  moins  intéressante. 

Une  troisième  division  qui  commence  à  la  page  206,  com- 
prend (avec,  comme  signes,  les  lettres  minuscules  de  l'alphabet 
latin)  une  série  d'autres  manuscrits  moins  importants,  conte- 
nant des  poésies  catalanes.  Ces  manuscrits  sont  nombreux  :  la 
letlre  d  n'a  pas  moins  de  aS  exposants. 

La  quatrième  division  est  consacrée  aux  imprimés,  pour  la 
plupart  des  incunables.  Il  y  a  là  des  notes  précieuses  de  biblio- 
graphie catalane. 

Enfin  une  cinquième  et  dernière  division  comprend  (avec, 
comme  sigles,  les  lettres  de  l'alphabet  grec)  les  traités  de  gram- 
maire et  de  poésie  :  parmi  eux  se  trouvent  la  copie  des  Leys 
d'Amors  des  Archives  de  la  Couronne  d'Aragon,  le  précieux 
recueil  des  traités  grammaticaux  entré  récemment  à  la  Biblio- 
Lecd  de  Caiahinyn,  et  contenant  les  Flora  del  Gay  Sabcr,  les 
Razus  de  Irohar,  etc. 

Une  liste  alphabétique  Tort  bien  faite  termine  l'ouvrage,  qui 
comprend  encore  cependant  quelques  pages  d'additions. 

Nous  n'avons  rien  à  ajouter  à  cette  simple  analyse  :  un  pareil 
ouvrage  porte  avec  lui  sa  propre  louange  ;  quelques  menues 
critiques  de  détail  sur  ce  qui  aurait  pu  être  ajouté  ou  peut-être 
omis  manqueraient  d'inlérêt.  Il  suffit  pour  juger  de  sa  valeur 
cl  de  son  importance  de  faire  un  retour  sur  nos  propres  études 


COMPTES    RENDUS    CRITIQUES.  /j/ÎQ 

cl  de  nous  demander  par  qui,  quand  et  comment  sera  élevé  un 
semblable  monument.  On  se  demande  même,  non  sans  quelque 
mélancolie,  s'il  n'aurait  pas  pu  être  édifié  plus  tôt.  11  ne  serait 
pas  encore  trop  tard  pour  le  faire  :  plusieurs  tables  existent  de 
nos  principaux  chansonniers  et  elles  sont  bien  faites  ;  on  pour- 
rait dépouiller  facilement  les  autres  manuscrits  :  un  traAail  de 
cette  nature  qui  pourrait  d'ailleurs  être  rédigé  par  une  équipe 
de  collaborateurs,  au  lieu  d'être  fait  par  une  seule  personne, 
comme  celui-ci,  nous  rendrait  d'inappréciables,  services.  La 
Catalogne  nous  a  donné  le  bon  exemple;  c'est  du  Midi  cette 
fois-ci  que  nous  vient  la  lumière  :  suivons-la. 

J.  Anglade. 


Abbé  G.  Arnaud  d'Agnel.  Politique  des  rois  de 
France  en  Provence.  Louis  XI  et  Char- 
les VIII.  Marseille  (Jouvène)  et  Paris  (Picard),  191 4  ; 
2  vol.  in-S"  de  vin-/i4o  et  196  pages. 

M.  l'abbé  Arnaud  d'Agnel  s'est  attaqué  à  un  sujet  particuliè- 
rement intéressant  :  il  a  voulu  montrer  commenta  été  préparée 
l'union  de  la  Provence  à  la  France,  comment  elle  s'est  effectuée 
et  quels  en  ont  été  les  premiers  résultats.  11  s'«  est  attaché 
à  découvrir  et  à  suivre  l'action  diplomatique  [et  administrative] 
des  rois  Louis  \1  et  Charles  VIII.  »  Il  n'a  pas  ménagé  ses  re- 
cherches :  il  a  dépoviillé  non  seulement  les  archives  départe- 
mentales des  Bouches-du-Rhône,  mais  encore  celles  de  la 
Meurthe-et-Moselle  (pour  l'action  de  René  II,  duc  de  Lorraine); 
il  a  eu  la  bonne  idée  de  jeter  quelques  coups  de  sonde  dans 
certaines  archives  communales,  celles  de  Marseille,  d'Aix  et 
d'Arles,  naturellement,  mais  aussi  celles  de  Toulon,  d'Apt, 
de  Manosque,  de  Forcalquier,  de  Digne.  Il  y  a  trouvé  de  nom- 
breux documents  dont  il  a  reproduit  quelques-uns  des  plus 
importants  dans  son  second  volume  (45  documents).  —  M.  l'abbé 
A.  d'Agnel  a-t-il  tiré  de  cette  documentation  particulièrement 
abondante  tout  le  parti  désirable?  Je  ne  le  crois  pas.  Il  y  a  dans 
son  travail  certaines  parties  qui  méritent,  il  nous  semble,  d'être 


'JOO  ANNALES    DU    AUDI. 

signalées:  celles  notamment  qui  ont  trait  à  Charles  du  Maine, 
Charles  111,  le  dernier  comte  angevin  de  Provence,  à  Palamède 
de  Forbin  et  à  la  politique  toute  personnelle,  parfaitement 
égoïste,  qu'il  appliqua  en  qujilité  de  lieutenant-général  en  Pro- 
vence. Mais  la  composition  est  bien  décousue  :  le  développe- 
ment a  été  découpé  de  telle  sorte  que  les  redites  abondent,  et 
qu'il  est  bien  difficile  d'apprécier  la  suitedela  politique  royale, 
cette  politique  est  parfois  rendue  à  peu  près  inintelligible,  par 
suite  d'une  disposition  des  matières  faite  au  mépris  de  la  plus 
élémentaire  chronologie.  Dans  l'ensemble,  on  a  l'impression 
d'une  étude  qui  a  rarement  été  poussée  à  fond.  11  est  aisé 
d'y  relever  des  bévues  qui  témoignenl  soit  d'une  rédaction 
trop  hâtive,  soit  d'une  certaine  légèreté.  Ainsi  p.  16,  la  victoire 
de  Granson  (2  mars  1476)  a  été  remportée  par  les  Suisses  et 
non  par  le  duc  de  Lorraine;  p.  171,  les  capitaines  dont  il  est 
question,  sont  tout  simplement  les  capitaines  des  quartiers  de 
Marseille  et  il  est  bien  malaisé  d'étayer  sur  ce  fait  les  déductions 
que  l'auteur  développe;  p.  218,  la  porte  Durse  est  la  porte  de 
l'Ourse,  au  N.-E.  de  Marseille,  du  côté  de  la  mer;  p.  284,  il 
faut  lire,  je  suppose,  les  États  du  8  novembre  i48o(etnon  i48i), 
Palamède  de  Forbin  ne  pouvait  les  avoir  préparés  puisqu'à 
cette  date  il  était  en  France,  cf.  p.  266;  p.  298,  et  II,  81,  le 
seigneur  de  Môrges,  c'est  tout  simplement  le  seigneur  de  Mo- 
naco et  non  des  Mourgues  dans  le  Gard  !  11  y  a  bien  des  incerti- 
tudes sur  les  noms  propres  :  le  même  personnage  est  appelé 
dans  la  même  page  Cossa  et  Costa  (p.  5i),  ailleurs  Cosse; 
mêmes  variations  pour  de  Jean  de  Loubièies,  duquel  est  dis- 
tingué bien  à  tort  un  sire  de  Loubiers.  La  lecture  des  textes 
n'est  pas  toujours  sûre:  lire,  par  exemple,  p.  77,  rescinder  et 
non  rescuider  qui  est  inintelligible;  t.  Il,  p.  99,  gvanl  folle  (et 
non /o//e),  etc.  L'index  est  loin  d'être  complet  et  il  est  parfois 
inexact.  Il  est  fàclicux  que  tant  de  petites  imperfections  dépa- 
rent un  travail  d'apparence  scientifique. 

V.-L.   BOURRILLT. 


COMPTES    RENDUS    CRITIQUES.  ^5l 

Alfred  Leroux.  La  colonie  germanique  de  Bor- 
deaux, étude  historique,  juridique,  statistique,  (kono- 
mique  d'après  les  sources  allemandes  et  françaises,  i  vol . 
en  2  tomes.  Bordeaux,  E.  Feret,  1918;  in-8"  de  iv-(i3o  p. 

«  Il  ne  saurait  paraître  prématuré  que  nous  retracions  dès 
maintenant  l'histoire  de  la  colonie  germanique  do  Bordeaux,  y 
compris  les  quarante-trois  dernières  années  de  son  existence, 
si  nous  savons  nous  dégager  des  impressions  du  présent.  »  Ces 
mots,  écrits  par  l'auteur  en  tète  de  sa  préface,  donnent  bien  le  ton, 
hautement  impartial  et  résolument  objectif,  qui  persiste  d'un 
bout  à  l'autre  du  livre. 

Le  tome  l  va  de  1462  à  1870.  La  matière  y  est  répartie  entre 
deux  parties  ou  périodes  (1462-1697  et  1697-1870)  dont  cha- 
cune se  subdivise  en  deux  chapitres,  savoir  chapitre  i  et  cha- 
pitre i  his  d'une  part,  chapitre  11  et  chapitre  11  bis  d'autre  part. 
On  attendrait,  avouons-le,  une  numérotation  de  chapitres  plus 
habituelle  et  continue,  d'autant  plus  qu'en  nous  donnant 
d'avance  la  table  de  son  tome  II  (p.  268),  M.  L.  nous  livre 
une  liste  de  chapitres  normalement  numérotés  de  m  à  xii. 
Cependant  le  procédé  suivi  par  l'auteur  lui  a  paru  nécessaire  : 
«  Comme  le  veut,  dit-il,  la  méthode  génétique,  une  première 
et  une  deuxième  partie,  en  deux  chapitres  bissés,  esquisse- 
rontlepassé delacoloniegermanique depuis  sa fondationen  1462 
jusqu'à  la  guerre  de  1870  »  (p.  11).  Nous  confessons  n'avoir  saisi 
ni  ce  que  l'auteur  entend  au  juste  par  «  méthode  génétique  », 
ni  en  quoi  les  exigences  de  cette  méthode  l'obligeaient  à  créer 
des  chapitres  bis. 

L'observation  importe  peu  d'ailleurs,  car,  quelle  (|ue  soit 
l'économie  apparente  des  chapitres,  la  matière  est  en  ordre:  et 
c'est  l'essentiel.  M.  L.  montre  d'abord  que  «  les  Germaniques  », 
—  et  sous  ce  terme  il  enveloppe  Flamands,  Hollandais,  Teutons 
et  Prussiens,  —  n'apparaissent  à  Bordeaux,  avant  1462,  qu'à 
titre  individuel  et  temporaire.  La  formation  d'une  colonie 
remonte  donc  au  règne  de  Louis  XL  C'est  le  moment  où  le 
commerce  des  vins  de  Bordeaux,  réservé  sous  la  domination 


452  ANNALES    DU    MIDI. 

anglaise,  devient  plus  libre,  encore  que  réglementé.  La  hanse 
de  Bruges  prend  d'abord  le  dessus.  Parmi  les  Allemands 
ou  «  germanophones  »  de  la  fin  du  xv"  siècle,  M.  L.  cite  le 
peintre  Horms  Clôt,  les  imprimeurs  Michel  Svieler  et  Jehan 
Waltear.  Est-il,  toutefois,  juste  de  dire  que  la  civilisation  ger- 
manique du  temps  de  Maximilien  l,  qu'apportent  ces  pionniers, 
soit  ((  la  seule  vraiment  originale  qu'ait  connue  rx\llemagne  »  ? 
C'est  trancher  bien  vite  la  question,  controversée  par  tous  les 
spécialistes,  des  origines  de  l'école  rhénane. 

M.  L.  suit  avec  une  grande  conscience  et  une  louable  sagacité 
toutes  les  mesures  qui  peuvent  permettre  de  reconstituer  le 
rôle  des  nations  septentrionales  dans  le  commerce  bordelais  au 
cours  du  x\ï%  puis  du  xvii"  siècle.  Il  signale  au  passage  l'inno- 
vation des  Hollandais  de  Bordeaux  :  «  Ce  sont  eux  qui,  les  pre- 
miers, ont  pratiqué  «  les  soins  à  donner  »  aux  vins  pour  «  les 
mettre  au  goût  de  la  clientèle  étrangère  »,  autrement  dit,  les 
coupages  avec  tout  ce  que  le  procédé  comporte  de  liberté  et 
finalement  de  sophistication.  Le  Parlement  et  les  autorités 
auront  dès  lors  matière  à  interventions  aussi  nombreuses 
qu'inefficaces. 

M.  L.  poursuit,  autant  que  faire  se  peut,  les  statistiques  no- 
minales des  colons,  les  détails  découverts  par  lui  sur  les 
maisons  de  commerce  qu'ils  fondent  :  toutes  données  de  la  plus 
haute  importance  pour  l'histoire  sociale  et  économique  en 
même  temps  que  pour  l'histoire  locale  pioprement  dite. 

La  même  méthode  est  appliquée  au  wiiT  et  au  xix'  siècle. 
Signalons  les  renseignements  intéressants  qui  nous  sont  appor- 
tés sur  les  Allemands  à  Boideaux  pendant  la  Révolution,  sur 
l'organisation  des  consulats,  sur  le  rôle  des  llanséates  dans  le 
ravitaillement  de  Bordeaux  en  blé  lors  des  disettes,  sur  les 
lettres  de  «  naturalité  »,  sur  la  vie  des  colons,  leurs  sociétés, 
leurs  concerts,  etc.  La  culture  germanique  du  xviir  siècle  pé- 
nètre à  Bordeaux;  mais,  çn  revanche,  au  xix'  siècle,  elle  y  de- 
meure inconnue.  Faute  de  connaître  l'allemand,  les  Français, 
même  instruits,  sont  fermés  à  la  science  d'outre-Rhin,  depuis 
quelle  a  abandonné  \r  lalin  comme  expression  de  sa  pensée. 
Ainsi,  l'histoire  des  idées   trouve  à  son  tour  son  compte  dans 


COMPTES    RENDUS    CRITIQUES.  f\\)3 

l'étude  de  M.  L.  qui  louche  à  tant  de  choses.  L'histoire  de  notre 
politique  extérieure  y  est  également  intéressée.  Lorsque,  le 
7  juin  1868,  au  cours  d'une  fêle  du  cercle  allemand  Germania, 
un  Français  ((  traduit  la  pensée  générale  en  déclarant  que  la 
France  n'a  pour  l'Allemagne  que  des  sympathies  et  que  si  les 
maîtres  de  nos  destinées,  ceux  sur  qui  pèsent  la  responsabilité 
des  luttes  fratricides,  interrogaient  la  conscience  populaire,  ils 
apprendraient  que  les  deux  nations  dont  on  fait  aujourd'hui 
deux  ennemies,  ne  demandent  qu'à  se  tendre  la  main  pardessus 
le  Rhin,  qu'à  fraterniser  cordialement»,  ce  n'est  point  manquer 
à  l'impartialité  ni  contrevenir  à  la  sérénité  historique  que  de 
voir,  dans  ces  sentiments  exprimés  à  pareille  date,  devant 
ceux  qui  devaient  être  les  soldats  de  1870,  la  preuve  péremptoire 
et  de  la  naïveté  française  et  de  la  dissimulation  germanique. 

M.  L.  s'étonne  de  l'optimisme  confiant  que  reflètent  ses  docu- 
ments et  que  dément  la  brutalité  immédiate  des  faits:  «  L'his- 
toire fondée  seulement  sur  les  textes  ne  serait-elle  donc 
qu'illusion  et  duperie!'  »  (p.  239).  Elle  est  au  contraire  subs- 
tance et  vérité,  à  condition  de  ne  pas  oublier  que  si,  suivant  le 
mot  de  Talleyrand,  la  parole  a  été  donnée  à  l'homme  pour  dis- 
simuler sa  pensée,  il  faut  toujours  corriger  par  les  données  de 
la  psychologie  individuelle  et  collective  les  éléments  de  l'infor- 
mation verbale  :  la  colonie  de  Bordeaux  avait  tout  simplement 
rempli  à  souhait  son  mandat,  puisqu'elle  en  était  venue  à  don- 
ner à  ce  point  le  change  aux  Bordelais  de  l'Empire  qu'ils 
croyaient  sans  malice  à  la  duperie  d'un  gouvernement  berli- 
nois francophobe  et  belliqueux,  forçant  la  main  à  une  nation 
douce  et  aimable,  toute  à  la  fraternité  ! 

Le  Lomé  11  est  d'une  lecture  peut-être  plus  attachante  encore, 
car  ici  la  matière  touche  à  l'histoire  d'hier,  à  l'histoire  d'au- 
jourd'hui :  par  cela  même,  il  appartiendra  d'en  connaître  à  la 
critique  de  demain.  L'auteur  retrace  la  vie  des  «  sédentaires  » 
et  des  «  temporaires  »  allemands  à  Bordeaux  durant  ce  qu'il 
appelle  «  l'Entre-deux-guerres  »,  de  1871  à  191/».  H  lend  justice 
à  leur  activité,  au  loyalisme  des  uns,  à  la  discrétion  des  autres, 
tout  en  montrant  quel  danger  recelait  la  religion  pangerma- 
niste.  Le  lecteur  qui  croirait  trouver  dans  ces  pages  si  pleines 


454  ANNALES    DU    MIDI. 

des  révélations  à  sensation  sur  l'espionnage  serait  d'ailleurs 
déçu,  car,  faute  de  documents,  l'historien  de  la  colonie  germa- 
nique de  Bordeaux  a  fort  sagement  réduit  cette  rubrique.  Plus 
tard,  peut-être,  pourra-l-il  la  compléter? 

Au  total,  M.  L.  a  écrit  un  beau  livre  et  un  livre  utile. 

Joseph  Calmette. 


Mémoires  de  Jacques  de  Banne,  chanoine  de 
Viviers,  publiés  d'après  le  manuscrit  de  la  Bibliothèque 
nationale,  avec  une  introduction,  des  notes  et  une 
table,  par  Auguste  Le  Sourd.  Âubenas,  imp.  Habau- 
zit,  1917;  in-8"  de  9/i-xv  pages.  (Extr.  de  la  Revue  du 
Vivarais,  t.  XXIII.) 

La  carrière  ecclésiastique  de  Jacques  de  Banne  s'est  écoulée 
tout  entière  à  l'ombre  de  la  catliédrale  de  Viviers.  Il  était  déjà 
enfant  de  chœur  à  la  cathédrale  en  1699  et  dès  l'année  i6i8nous 
le  trouvons  inscrit  au  rôle  des  chanoines.  C'est  à  la  date  du 
3i  octobre  1647  que  la  plume  lui  tomba  des  mains;  mais  nous 
ignorons  si,  après  avoir  interrompu  son  rôle  de  chroniqueur, 
il  vécut  quelque  temps  encore.  C'est  vraisemblablement  à 
La  Youlte-sur-Rhône,  sa  ville  natale,  qu'il  rendit  le  dernier 
soupir.  Contemporain  des  troubles  qui  manfuèrent  en  Vivarais 
les  vingt  premières  années  du  règne  de  Louis  XIII,  le  chanoine 
de  Banne  est  moins  explicite  sur  les  événements  militaires  de 
ce  pays  que  l'auteur  des  Commentaires  du  soldat  du  Vivarais. 
Aussi  bien  n'écril-il  là-dessus  que  par  ouï-dire  ;  de  la  campagne 
de  Rohan  en  1628,  il  retient  surtout  l'échec  du  capitaine  pro- 
testant devant  La  Youlte  et  devant  Cruas,  défendu  par  les 
moines  de  l'abbaye.  Le  chanoine  de  lianne  est  surtout  le  chro- 
niqueur de  la  cité  épiscopalo,  de  ses  églises,  de  ses  évèques,  de 
son  vénérable  cJiapitre. 

C'est  pour  célébrer  l'antique  gloire  du  siège  do  saint  Vincent, 
en  mêirie  temps  que  pour  défendre  les  intérêts  spirituels  et 
temporels  de  ses  confrères  du  chapitie,  qu'il  a  consacré  ses  loi- 


COMPTES    RENDUS    CRITIQUES.  li^b 

sirs  à  déchiffrer  les  anciennes  inscriptions  et  les  vieilles  charlos  ; 
à  lire  les  pieuses  légendes  des  martyrologes,  à  interroger  les 
vieilles  gens  et  à  transcrire  le  tout,  avec  des  souvenirs  person- 
nels, dans  un  beau  désordre,  sans  souci  du  style  ni  de  In 
chronologie.  Par  beaucoup  de  côtés,  ses  Mémoires  ressemblent 
à  un  livre  de  raison  ;  il  note  avec  soin  les  phénomènes  météoro- 
logiques :  tremblement  de  terre  en  l6ol^,  comète  en  1618, 
invasion  de  chenilles  en  1622,  peste  en  1628  et  1629,  famine  en 
i63o  et  i63i,  sécheresse  en  i63i,  froid  tardif  en  juin  et  Juillet 
1682,  inondation  de  l'Escoutay  en  i633,  pluies  abondantes  el 
invasion  de  rats  en  i636,  ravages  de  la  foudre  en  1637.  11 
n'oublie  pas,  non  plus,  de  reproduire  les  événements  miracu- 
leux, les  recettes  médicales,  les  accidents  et  les  décès.  Le 
manuscrit  publié  par  M.  Le  Sourd  s'arrêteau  mois  de  juin  1687  ; 
mais  deux  autres  manuscrits,  communiqués  et  transcrits  à 
l'évêché  de  Viviers  vers  i843,  nous  montrent  que  le  chanoine 
de  Banne  avait  établi  une  double  rédaction  :  l'une,  sous  le  titre 
de  «  Mémoires  des  antiquités  de  l'église  cathédrale  de  Viviers...» 
se  terminait  au  3i  octobre  1689  ;  l'autre,  intitulé  «Chronologie 
des  évêques  de  Viviers...  »  s'arrêtait  au  3i  octobre  16/17.  ^  ^^ 
suite  de  ce  second  ouvrage,  une  main  étrangère  inséra  quelques 
notes  sans  importance  de  1690  à  1780.  Les  deux  manuscrits 
originaux,  communiqués  à  l'évêché  de  Viviers  et  à  son  histo- 
rien, le  chanoine  Rouchier,  ont  malheureusement  disparu.  11 
n'en  subsiste  que  des  copies,  dont  l'une  se  trouve  aujourd'hui 
conservée  dans  le  fonds  Mazon  des  Archives  départementales 
de  l'Ardèche.  M.  Le  Sourd  incline  à  croire  que  le  manuscrit  de 
la  Bibliothèque  nationale  publié  par  lui  est  autographe.  Il  ne 
pense  pas  que  ce  soit  une  copie  abrégée  des  deux  manuscrits 
signalés  par  le  chanoine  Rouchier,  mais  un  premier  état  des 
ouvrages  de  Jacques  de  Banne. 

L'hypothèse  est  tout  à  fait  vraisemblable.  Notons  ici  que  la 
fameuse  page  où  le  chroniqueur  raconte  le  passage  de  Richelieu 
à  Viviers,  au  mois  d'août  i6l\2,  avant  l'exécution  de  Cinq-Mars 
et  de  Thou,  —  page  reproduite  par  Alfred  de  Vigny  dans  son 
roman  de  Cinq-Mars,  —  se  trouve  à  la  suite  de  la  «  Chro- 
nologie des  évêques  »  (pages  292  à  29/4  de  la  copie  des  Archives 


456  ,  ANNALES    DU    MIDI. 

del'Ardèche).  Scientifiquement  établie,  l'édition  de  M.  Le  Sourd 

répond  à  toutes  les  exigences  de  la  critique  moderne.   Elle  est 

précédée  d'une  introduction  sur  la  famille  et  les  ancêtres  du 

chroniqueur,  sur  les  mss.   de  ses  ouvrages.   Les  personnages 

mentionnés  dans  le  texte  sont  identifiésavec  soin;  pouV  beaucoup 

M.  Le  Sourd  peut  nous  fournir  un  ciirriculum   vitœ  grâce  à  sa 

connaissance  approfondie  des  anciennes  minutes  de  notaires.  ' 

Une    table    analytique,    très   complète,    termine   l'édition    des 

Mémoires  et  en  rond  la  consultation  facile. 

Jean  Régné. 


J.  de  Maupassant.  Un  grand  armateur  de  Bor- 
deaux :  Abraham  Gradis,  1099!'-! 780.  Bordeaux, 
Féret;  gr.  in-8"  de  X-J92  pages  (Extr.  de  la  Revue  hislor. 
(le  Bordeaux,  années  1918  et  1914.) 

Avec  une  compétence  toute  particulière,  M.  de  M.  continue 
les  recherches  ffu'il  a  si  opportunément  entamées  il  y  a  quel- 
ques années',  et  au  boni  descpioUcs  il  apporte  chaque  fois, 
à  l'histoire  du  commerce  extérieur  do  Bordeaux,  dos  clartés 
vraiment  noii voiles,  losultanl  autant  de  l'abondance  des  détails 
(pjo  de  la  manière  dont  ils  sont  présentés. 

Le  présent  travail  comprend  trois  parties  :  la  première  nous 
expose  la  formation  et  le  développement  de  la  maison  «  David 
Gradis  et  fils  »,  de  i685  à  1744.  Cet  ancêtre  appartenait  à  la 
nation  des  Juifs  portugais  qui  jouissaient  à  Bordeaux,  depuis 
longtemps  déjà,  d'une  situation  exceptionnelle,  tant  par  la 
tolérance  dont  ils  étaient  l'objet  que  par  l'honoiabilité  (prils 
s'étaient  acquise.  «  Prati(|uanl  o\lérioiir(>meiit  lo  calhùlicisine, 
—  mariage  à  l'égiiso,  baploinc,  exlioino-iinclion,  —  mais  sans 
rien  renier  de  leui'  foi  réelle  »,  ils  étaient  intiniment  mieux 
traités  que  leurs  contemporains  protoslauls,  pnis(|u'ils  possé- 
daient, outre  certains  droits  civils,  iiiio  synagogue  ol  un  cime- 
tière". 

I.   Noir  Annales.  191  a.  p.  Irm. 

:>■   M.  lo  professeur  (Jirot  a  mis  ce  cuiieux  fuit  on  pleine  lumièio 


COMPTES    RENDUS    CUITIQl  ES.  \')- 

La  maison  de  cominorcc  des  Gradis  date  de  17:^8.  C'est  dire 
qu'elle  prend  naissance  au  niomenl  où  le  commerce  bordelais 
entre  à  pleines  voiles  dans  une  voie  de  splendeur  qui  aujour- 
d'hui encore  fait  l'étonnement  de  l'historien.  Les  (Jradis  y  con- 
tribuèrent largement.  ])resque  autant,  ce  semble,  mais  dans 
une  autre  direction,  que  les  Hauséates  allemands  cpii,  vers  le 
même  temps,  commençaient  d'affluer  dans  notre  ville. 

C'est  cette  collaboration  que  démontre  la  deuxième  partie  de 
l'ouvrage  où  M.  de  M.  étudie  l'activité  d'z\braham  Cradis,  suc- 
cesseur de  David.  Il  nous  le  montre  prenant  part,  dès  17V1,  à 
la  lutte  contre  l'Angleterre,  armant  contre  elle  autant  de  na\i- 
res  qu'il  le  peut,  fondant  la  «  Société  du  Canada  »  (i7^S-r)(ij 
de  concert  avec  François  Bigot,  intendant  de  la  Nouvelle-France 
et  Jacques-Michel  Bréard,  contrôleur  de  la  marine  à  Québec; 
entamant  enfin  des  relations  suivies  avec  le  célèbre  «  Jésuite 
d'affaires  »  Antoine  Lavalette,  alors  aux  Antilles. 

Refaisant  et  développant  une  précédente  étude,  M.  de  M. 
consacre  le  chapitre  11  de  cette  deuxième  partie  à  l'exposé  des 
entreprises  d'Abraham  Gradis  durant  la  guerre  de  Sepl-Ans. 
11  y  a  là  des  faits  du  jdus  grand  intérêt,  soit  qu'on  les  consi- 
dère en  eux-mêmes,  soit  que  l'on  envisage  les  circonstances  de 
temps  et  de  lieu.  Les  hommes  d'action  qui  travaillent  aujour- 
d'hui au  relèvement  de  notre  marine  marchande  pourraient 
s'inspirer,  en  plus  d'un  cas,  des  précédents  que  leur  rap|)ellc 
le  livre  dont  nous  rendons  compte. 

Le  chapitre  m,  qui  traite  des  grandes  fournitures  faites  par 
Gradis  aux  colonies,  de  1768  à  1780,  à  la  demande  du  gouver- 
nement français,  est  de  beaucoup  le  plus  neuf.  Sur  Choiseul  et 
le  service  de  Gorée,  sur  l'expédition  de  Kourou,  sur  l'associa- 


dans  ses  fiecherches  sur  les  Juifs  espa(jiiols  tl  portiKiais  à  Bordeaux 
(1909).  —  Reprenant  une  assertion  de  l'historien  Malvezin,  M.  de 
Maupassant  croit  pouvoir  afFirmer  que  Simon  Mitlanges,  le  grand 
imprimeur  bordelais  du  wr"  siècle,  était  d'origine  Israélite.  De  preuve 
il  n'en  donne  point.  Ce  que  l'on  sait  indubital^lenient.  c'est  (jue 
Simon  Mitlanges  est  né  dans  la  Marclic  timousino.  à  Vfillemijlanges, 
commune  de  Saint-(jOussaud  (Creuse),  en  un  temps  où  les  .luil's 
n'y  avaient  point  encore  pris  pied. 

ANNALES   DU   MIDI.   WX.  3o 


^58  ANNALES    DU    MIDI. 

lion  Gradis-Escourre,  sur  les  envois  d'espèces  d'or  aux  Iles, 
sur  la  maison  Gradis  et  Beaumarchais,  sur  le  ravitaillement  de 
la  llotle  de  Brest,  on  trouve  une  foule  de  renseignements  ins- 
tructifs, puisés  aux  bonnes  sources  et  presque  tous  inédits. 

La  troisième  partie  (p.  1.42-162)  analyse  les  lettres  patentes 
de  1779  4"^  accordaient  à  Abraham  Gradis  le  droit  de  propriété 
aux  colonies,  raconte  sa  mort,  étudie  son  caractère.  Huit  pièces 
inédites  complètent  le  volume,  entre  autres  les  statuts  de  la 
Société  du  Canada,  rédigés  à  Bordeaux  le  10  juillet  17/18. 

Le  livre  de  M.  de  M.  arrive  à  son  heure  puisque,  aujourd'hui 
plus  (|ue  jamais,  la  France  a  besoin,  pour  refaire  sa  fortune 
ébranlée,  d'hommes  de  probité,  d'intelligence,  de  labeur  et 
d'initiative,  tels  que  fut  Abraham  Gradis.  En  pareille  matière 
les  exemples  du  passé  ne  sauraient  être  dédaignés,  et  M.  Camille 
Jullian  a  raison  lorsque,  dans  une  préface  aussi  fine  qu'oppor- 
tune, il  tend  à  orienter  les  recherches  d'histoire  locale  vers  des 
buts  plus  réalistes  que  ceux  où  se  complait  trop  souvent  l'éru- 
dition. Oui,  pourvu  que  l'échelle  des  valeurs  subsiste  aux  yeux 
de  tous,  et  que  l'histoire  des  idées,  des  mœurs,  des  croyances, 
des  institutions  publiques,  de  l'art  et  du  droit,  conserve  tou- 
jours la  primauté  qui  lui  appartient  sur  l'histoire  des  faits  éco- 
nomiques. 

Alfred  Lerolx. 


Martin  (Henri).  Histoire  économique  de  la 
Révolution  française.  Les  biens  nationaux 
dans  le  district  de  Toulouse.  (Confiscations.  — 
Ventes.  —  Papier-monnaie).  Toulouse,  Privât;  Paris, 
Leroux,  1917,  in-8°  (35-lxxxvii-6;^8  p.) 

L'Iiisloire  locale  vient  de  s'enrichir  d'un  précieux  et  très 
impoi'lant  ouvrage  consacré  à  Toulouse  et  à  la  région  loulou- 
saine.  Grâce  à  une  persévérance  inlassable  et  à  de  minutieuses 
recherches,  l'auteur,  M.  Henri  Martin,  archiviste  départemental 
adjoint  de  la  Haute-Garonne,  heureusement  servi  par  ses  fonc- 
tions et  une  parfaite  connaissance  des  fonds  à  explorer  et  des 


COMPTES    RENDUS    CRITIQUES.  ^laf) 

documents  à  mettre  en  œuvre,  a  pu  mener  à  bonne  lin  une 
étude  complète,  fort  originale  et  en  certains  points  très  neuve  de 
la  question  des  biens  nationaux.  Cette  étude  est  accompagnée 
d'une  documentation  abondante,  sûre  et  méthodique.  Deux 
maîtres  en  la  matière,  ]MM.  Camille  Bloch'  et  Marioii",  onl  déjà 
apprécié  comme  il  convient  cet  excellent  travail  «composé avec 
conscience  et  avec  compétence  »,  ainsi  «  qu'avec  un  soin  et  un 
savoir  dignes  d'éloges». 

M.  Martin  s'est  surtout  préoccupé  de  donner  dans  sa  publi- 
cation «  une  série  d'éléments  divers  pour  servir  à  l'histoire 
économique  de  la  Révolution  ».  Son  livre  fait  d'ailleurs  partie 
de  la  Collection  de  documenta  inédits  relatifs  à  cette  histoire 
(collection  dans  laquelle  il  a  paru  sous  un  litre  un  peu  différent  ' 
et  avec  l'avant-propos  en  moins).  Mais  il  contient,  en  |)his  des 
renseignements  demandés  par  le  programme  otFiciel,  une  inté- 
ressante reconstitution  de  la  propriété  ecclésiastique  et  dos 
grands  domaines  morcelés  et  vendus  en  vertu  des  lois  de  la  pé- 
riode révolutionnaire;  on  y  suit,  en  outre,  par  une  innovation 
hardie  qui  mérite  d'être  signalée,  les  transmissions  successives 
de  ces  domaines  ou  de  leurs  parcelles  jusque  dans  les  mains 
des  propriétaires  actuels.  Topographiquement,  on  se  retrouve,' 
en  feuilletant  ce  volume  si  plein  de  vie  malgré  la  sécheresse 
apparente  des  statistiques  et  des  nomenclatures,  dans  la  vieille 
cité  d'avant  1789,  parsemée  d'églises,  de  chapelles,  de  grands 
monastères  avec  leurs  cloîtres  et  de  couvents  de  moindre 
importance  (M.  M.  en  énumère  40  avec  leurs  biens  et  revenus 
sans  compter  les  confréries),  de  collèges  et  d'hôpitaux.  Rue  par 
rue,  on  relève  les  immeubles  séquestrés  comme  biens  de  pre- 
mière ou  de  deuxième  origine.  Il  en  est  de  même  pour  les  loca- 
lités du  gardiage  et  les  communes  rurales  du  district  où  l'on 
voit  en  quelque  sorte  revivre  les  domaines  de  mainmorte  et 
ceux  des  émigrés  ou  condamnés,  parfois  le  château  avec  ses 
vastes  dépendances,  souvent  la  maison  plus  modeste,  la  simple 

1.  La  Révolution  française,  imUcl-aoûl  1917. 

2.  Revue  critique  d'histoire  el  de  littérature,  6  octobre  1917.  n°/jo. 

i.  Département  de  la  Haute-Garonne.  —  Documents  relatifs  à  ta  vente 
des  l)iens  nationaux,  —  District  de  Toulouse. 


/jÔO  ANNALES    DU    MIDI. 

métairie  ou  la  pièce  de  terre.  Tout  cela  est  fort  intéressant  pour 
l'histoire  locale,  même  en  dehors  de  toute  préoccupation  éco- 
nomique ;  les  auteurs  de  monographies  communales  ou  de 
notices  du  même  genre  trouveront  désormais  tout  profit  à 
consulter  le  livre  que  nous  sommes  heureux  d'analyser  ici. 

c(  Comme  préliminaire  de  cet  ouvrage,  exclusivement  consa- 
cré à  la  région  toulousaine  »,  il  a  paru  nécessaire  à  l'auteur  — 
et  on  ne  peut  ((ue  l'en  féliciter  —  de  retracer^dans  un  avant- 
propos  l'historique  général  de  la  question  des  biens  nationaux, 
des  assignats  et  du  papier-monnaie.  Puis,  dans  une  introduc- 
tion de  près  de  cent  pages,  M;  Martin  a  condensé,  en  un  exposé 
néanmoins  très  précis  et  très  clair,  tout  ce  qui  a  trait  à  la  même 
question  envisagée  au  point  de  vue  local,  en  suivant  la  division 
même  de  la  publication  en  quatre  parties  :  Inventaires,  biens 
nationaux  par  communes,  ventes,  tableaux  synoptiques  résu- 
mant tous  les  résultats. 

Les  patrimoines  des  collectivités,  ecclésiastiques  ou  laï- 
ques, et  des  individus  sont  classés  dans  la  commune  où 
ceux-ci  avaient  leur  principal  établissement;  «ainsi,  c'est  le 
domicile  et  non  la  situation  des  biens  qui  a  déterminé  le  classe- 
ment ».  Le  district  de  Toulouse  avait  à  ce  point  de  vue  de 
l'importance,  car  son  chef-lieu  était  à  la  fois  le  centre  et  le  siège 
légal  de  tous  les  établissements,  de  tous  les  corps  et  de  toutes  les 
institutions.  Dans  les  patrimoines  se  trouvaient  souvent  des 
iicheaux,  parts  ou  fractions  de  propriété  des  moulins  du  Château 
et  du  Bazacle  ;  ces  parts  avaient  un  caiactère  immobilier  et 
nominatif.  Les  biens  ruraux  des  émigrés  étaient  parfois 
très  importants;  «  les  grandes  familles  n'avaient  générale- 
ment à  Toulouse  qu'un  hôtel,  leur  domicile  et  leur  résidence 
habituelle  ».  Tandis  que  cette  première  partie  de  la  publication 
est  consacrée  à  la  reconstitution  des  patrimoines  grâce  aux 
inventaires,  la  deuxième  donne  la  répartition  par  communes, 
et  pour  Toulouse  par  rues,  de  tous  les  biens  nationalisés.  Enfin, 
la  troisième  partie;  contient  tout  ce  qui  est  relatif  aux  ^ventes  ; 
c'est,  au  point  de  vue  économique,  la  plus  iniporlanlc,  car  elle 
résume  à  peu  près  à  elh^  seuh^  toute  la  question  des  biens  natio- 
naux et  embrasse  une  période  de   trente-neuf  années  durant 


COMPTES    RENDUS    CRITIQUES.  ](]  i 

laquelle  s'échelonnent  les  ventes,  de  1791  à  i83o.  «  Contraire- 
ment aux  tableaux  des  patrimoines,  qui  comprennent  tous  les 
biens  et  valeurs,  quels  que  soient  leurs  lieux  de  situation, 
groupés  sous  le  nom  du  possesseur,  ce  chapitre  des  ventes  ne 
contient  que  les  domaines  situés  dans  le  district,  mais  il  les 
contient  tous  sans  exception,  môme  ceux  qui  appartfiiaioiit  à 
des  personnes  domiciliées  hors  du  département  ».  La  qualité 
des  acquéreurs,  le  prix  d'adjudication  des  terres,  le  désir  de 
poursuivre  le  morcellement  des  domaines,  la  dépréciation  des 
assignats,  la  spéculation  même  et  la  question  des  paiements, 
la  vente  du  mobilier,  enfin  les  biens  réservés  sont  l'objet  de 
judicieuses  remarques.  Contrairement  à  l'opinion  de  Loutcliisky, 
il  apparaît  nettement  «  que  les  habitants  de  Toulouse  formèrent 
la  majorité  des  acquéreurs  :  les  biens  qui  leur  furent  adjugés 
surpassent  de  beaucoup,  en  nombre  et  en  valeur,  le  lot  échu 
aux  acquéreurs  ruraux  ». 

Une  série  de  sept  tableaux  synoptiques  forme  comme  la  syn- 
thèse de  la  publication.  Ces  tableaux  contiennent  :  1"  l'état  de 
division  de  la  propriété  rurale  au  milieu  du  xviii"  siècle  ; 
2"  la  récapitulation  des  patrimoines  séquestrés;  3°  le  résultat 
des  ventes  ;  4"  la  répartition  des  ventes  par  régimes  législatifs  ; 
5"  les  ventes  par  catégories  sociales  d'acquéreurs  ;  G"  l'état  des 
biens  restant  à  aliéner  en  1808  ;  7"  l'état  des  indemnités  aux 
émigrés  et  autres  personnes.  L'auteur  pense  m  que  les  résul- 
tats ainsi  groupés  et  condensés  pourront  épargner  des  recher- 
ches et  des  calculs  à  ceux  qui  n'auraient  en  vue  qu'un  travail 
général».  L'ouvrage  tout  entier  est  assurément  une  mine  où 
pourront  puiser,  même  pour  la  période  prérévolutionnaire,  les 
futurs  historiens  de  Toulouse  et  du  pays  toulousain  ;  remer- 
cions M.  Martin  de  nous  l'avoir  donné  si  complet  et  si  précis. 

Louis  ViÉ. 


462  ANNALES    DU    MIDI. 

Jules  RoNJAT,  docteur  es  lettres.  Essai  de  Syntaxe 
des  parlers  provençaux  modernes.  Mâcon, 
imp.  Protat,  1918;  in-8"  de  3oG  pages  (Thèse  de  Paris), 

Nous  aurions  dû  rendre  compte  beaucoupplus  tôt  de  ce  livre 
original  et  intéressant:  c'est  le  premier  essai  sur  la  syntaxe  de 
nos  parlers  méridionaux;  c'est  une  vue  d'ensemble  sur  la  syn- 
taxe de  ces  parlers  que  l'anarchie  linguistique  a  si  fortement 
différenciés  les  uns  des  autres  à  tous  les  points  de  vue  :  phoné- 
tique, morphologie,  syntaxe,  etc.  Il  faut  donc  louer  M.  J.  Ron- 
jat  d'avoir  essayé  de  voir  si  dans  ce  désordre  chaotique  il  y  avait 
quelque  chose  qui  pût  constituer  sinon  des  règles  syntaxiques, 
du  moins,  des  habitudes  ou  même  de  simples  tendances  com- 
munes à  la  plupart  de  ces  parlers.  L'auteur  a  déployé  dans 
cette  recherche  beaucoup  d'érudition  patiente  et  d'ingéniosité. 
Je  ne  sais  pas  —  ou  plutôt  je  ne  crois  pas  —  qu'il  ait  réussi  à  nous 
convaincre  complètement  que  nos  parlers  avaient  une  syntaxe 
à  eux,  bien  originale  et  bien  distincte  de  la  syntaxe  des  autres 
langues  romanes;  mais  il  a  condensé  en  quelques  centaines  de 
pages  des  trésors  d'observations  importantes.  C'est  un  résumé 
très  serré  d'une  longue  enquête  linguistique  menée  par  l'auteur 
avec  une  vigueur  et  une  conscience  de  premier  ordre.  Une 
étude  de  ce  genre  nous  manquait,  peut-être  parce  qu'elle 
demandait  d'autres  qualités  que  l'exposé  des  transformations 
phonétiques  ou  morphologiques  d'un  simple  parler  :  l'auteur 
a  été  à  la  hauteur  de  l'entreprise  et  nous  ne  lui  mesurerons  pas 
nos  éloges.  Il  m'a  semblé,  en  le  lisant,  que  la  syntaxe  de  nos 
parlers  ressemble  étrangement  à  la  syntaxe  du  français  du 
Moyen  âge;  il  y  a  une  liberté  très  grande  dans  nos  dialectes 
modernes  parce  que  ni  Malherbe  ni  ^"augelas  n'ont  eu  d'action 
sur  nos  auteurs  (sur  ceux  du  moins  qui  ont  quelque  originalité); 
et  certaines  tournures  archaïques,  qui  ont  disparu  depuis  long- 
temps du  français  littéraire,  sont  parfaitement  restées  vivantes. 

Je  ne  sais  pas  si,  à  un  autre  point  de  vue,  il  n'aurait  pas 
mieux  valu  restreindre  l'étude  à  la  «  Provence  proprement  dite  », 
pour  employer  un  terme  bien  lourd  qui  revient  souvent  sous  la 


COMPTES    RENDUS    CRITIQUES.  \(\?^ 

plume  de  l'auteur;  il  y  a  déjà  chez  les  écrivains  de  celle  région 
une  vraie  tradition  littéraire  qui  date  de  plus  d'un  dcmi-sièclc; 
et  peut-être  faudrait-il  faire  unedistinction  onlro  celle  Iradilion 
et  les  formules  ordinaires  de  la  syntaxe  vraiment  popidairc, 
telle  que  nous  la  font  connaître  les  enquêtes  linguislicpics 
plutôt  que  la  lecture  et  le  dépouillement  des  textes  de  tout 
ordre  et  de  toute  provenance.  Quoique  les  grands  écrivains 
méridionaux  —  et  je  pense  surtout  à  Mistral  —  aient  écrit  dans 
la  langue  —  et  dans  la  syntaxe  —  du  peuple,  peut-être  s'en 
sont-ils  éloignés  quelquefois  sans  le  vouloir.  Et  ainsi  il  y  aurait 
peut-être  deux  sujets  à  traiter  au  lieu  d'un  :  la  syntaxe  des 
écrivains  méridionaux  modernes  et  la  syntaxe  des  par/ers  méri- 
dionaux; mais,  au  fait,  ces  deux  sujets  sont  bien  traités  dans 
le  livre  de  M.  J.  Ronjat;  seulement  il  me  paraît  que  quehiue- 
fois  la  distinction  entre  les  deux  syntaxes  aurait  pu  être  plus 
nettement  établie. 

Dans  le  détail  les  remarques  originales,  les  cxplicalions 
ingénieuses  et  personnelles  abondent.  Nous  nous  permettrons 
de  soumettre  à  l'auteur  quelques  observations,  qui  ne  sont  pas 
toutes  des  critiques,  et  nous  ajouterons  à  ce  compte  rendu  quel- 
ques renseignements  pris  dans  notre  parler  de  Lézignan  (Aude). 
Nous  souhaiterions  d'ailleurs  que  ce  livre  fût  pris  comme  guide 
dans  les  enquêtes  sur  la  syntaxe  qui  pourraient  terrter  quelqu'un 
de  nos  compatriotes. 

§  i/j,  in  fine.  Léz.  enclins  (inde  inliis)  est  devenu  adj.  (au 
lieu  de  prioiin  de  l'ancienne  langue)  et  il  a  un  féminin  :  u/io 
cafetier 0  endinso. 

§  i5.  Léz.  Ço  de  niilhou,  ço  de  pas  f&rl,  ço  de  pus  bel,  etc.; 
mais  ço  meii,  ço  tea,  ço  sea,  etc. 

P.  35.  Es  loiilo  bacjnado;  soun  tuutis  bagnals;  loiili  dons, 
toutis  1res,  toulos  quatre. 

P.  36.  Planis  d'ornes  (Escales,  Aude)  m'est  inconnu  ,:  est-ce 
un  exemple  de  Mir?  Léz.  pla  d'ornes,  et  pas  d'accord  pour  les 
adverbes  de  quantité  :  trop  de  rnzins,n'i  a  trop  ;  pauc  de  razins . 
Cependant  il  me  semble  qu'on  dit  plutôt  :  ni  a  tantis  que  ni  a 
tant. 

§  22  :  emploi  de  l'article.  Les  riverains  de  la  Garonne  disent, 


46^  ANNALES    DU    MIDI. 

suivant  l'ancien  usage  :  a  Garoimo  (du  moins  en  amont  de 
Toulouse,  à  Muret,  par  exemple).  Ce  paragraphe  22  est  d'ail- 
leurs trop  bref  :  l'enquête  pourrait  être  poussée  bien  plus  loin. 

§  87.  Amé  marque  un  rapport  bien  plus  étroit  que  e/ (parenté, 
dépendance)  ;  paiiigiière/i  ame  ma  fenno,  am'el 

Je  ne  vois  pas  relevé,  entre  amé  et  contro,  entre  :  entr'el  et 
ieii  fagaèren  dets  constats  (entre  lui  et  moi  nous  fîmes  dix 
comportes  de  raisins).  La  tournure  existe  en  ancien  français. 

P.  62.  Léz.  Le  moiinde  dlzoïin,  crezoun;  i  avio  un  fum  de pople 
/jne  venion  dal  fjarri  (il  y  avait  une  foule  (littéralement  une 
fumée)  de  peuple  qui  venait).  L'a.  fr.  connaît  aussi  cette  tour- 
nure. 

§  57.  Léz.  L'as  vist  a  Falcou  :  as-tu  vu  Falcou?  L'as  entendnt 
a  Falcou  serait  plus  rare  :  la  construction  est  plus  rare  encore 
avec  d'autres  verbes,  ou  même  inusitée;  cependant  on  peut 
dire  :  l'as  aimât  a  naquel inoucent?  En  sommeil  y  a  hésitation. 

P.  100.  Léz.  siuplèt,  forme  française  ;  cf.  R  L  R,  XLIll  (1900), 
p.  61. 

P.  109.  Léz.  gallon  (pour  garo  ton)  et  garais  lou,  quand  on 
ne  tutoie  pas  la  personne.  Gallaqul  et  garais  l'aqul  (garallaqui) 
=  le  voilà. 

§  78,  p.  109.  Léz.  garqnl  que,  voilà  que. 

§  107,  2"  a.  Léz.  pas  d'accord;  ibid.  2°  h  hésitation. 

§  1 10.  11  faudrait  distinguer  l'emploi  de  après  avec  les  verbes 
désignant  les  repas  de  l'emploi  de  après  avec  d'autres  verbes. 
Léz.  après  déjnna,  dinna,  gonsta,  sonpa,  mais  après  la  plèjo  et 
non  après  plôure,  etc;  après  heure,  après  manja  sont  inconnus 
(on  dit  après  aljé  hegut,  manjat,  etc). 

vj  (II-  Léz.  en  ajent,  en  essen,  en  J'agnen.  Taleu  estre  sont, 
Inteu  parti  existent  dans  notre  parler. 

P.  181  «  Je  n'ai  pas  rencontré  »;  même  tournure  à  Léz.  pour 
•  rendre  dont  après  mon,  notre,  votre;  les  constructions  avec  e/i 
tiuan{\).  182)  nous  sont  inconnues. 

§  126.  Léz.  connaît  es  estai  vengut  =  il  est  venu  déjà  (]uel- 
(|ucfois  ;  m'es  estai  arribat,  ilm'cslquelquefoisarrivé,  il  m'esldéjà 
arrivé;  la  nuance  exprimée  parce  temps  surcomposé  est  celle 
de  quelquefois,  déjà  ;  cf.  encore  nïavetz  agut  dit. 


COMPTES    RENDUS    CRITIQUES.  ^^5 

§  i45.  Réponses  :  j'ai  traité  le  sujet  à  fond  pour  Lez.  liev. 
laiig.  rom.,  XLIII  (1900),  p.  58  sq. 

§  149.  Léz.  dizoïin,  crezoun  (rare);  Imnl  on  ven  hiel,  knnl  on 
csjoave.  Autre  tournure  :  le  monade  dizonn,  crezoun,  fan,  etc. 

§  i53.  Indéfini  :  Léz.  kiskesechogue  {qui  es  que  ce  siogue),  qui 
que  ce  soit;  kiskeclioguèsse,  qui  que  ce  lui.  Coussikcsiogue,  de 
quelque  manière  que  ce  soit.  J.  Anglade. 


Chanoine    Sabvuthès.    Bibliographie    de    TAude. 

Naibonne,  F.  Gaillard,  1914;  in-8"  do  (iio  pages. 
(Extr,  du  Bullelln  de  la  Commission  Archéologique  de 
Narbonne) . 

Nous  avons  rendu  compte  jadis'  du  Dictionnaire  lojjogra- 
phique  de  l'Aude  de  M.  le  chanoine  Sabarthès.  Presque  en  même 
temps  que  cet  excellent  travail  a  paru  le  gros  volume  que  nous 
annonçons  aujourd'hui.  Ce  sont  là  des  témoignages  d'une  belle 
activité  et  qui  confondraient  le  Boileau  du  Lutrin.  La  Biblio- 
graphie de  l'Aude  est  faite  avec  le  même  soin  et  la  même  cons- 
cience scientifique  qui  caractérisent  les  travaux  de  M.  le  chanoine 
Sabarthès.  11  la  dédie  avec  raison  «  à  tous  ceux  qui  aiment  leur 
petite  patrie,  à  tous  ceux  qui  s'intéressent  à  l'histoire  et  aux 
diverses  sciences  ».  Puissent-ils  devenir  plus  nombreux  dans 
l'Aude  ceux  qui  s'intéressent  à  leur  petite  patrie  dont  l'histoire 
est  si  intéressante  et  si  glorieuse  et  dont  la  terre  est  pleine  de 
souvenirs;  trop  de  nos  compatriotes  se  sont  laissés  gagner,  au 
milieu  de  l'opulence,  par  une  déplorable  incuriosité  intellec- 
tuelle; qu'ils  se  réveillent. 

Le  plan  adopté  par  M.  l'abbé  Sabarthès  est  le  plan  ordinaire 
des  bibliographies  non  critiques  :  chaque  article  est  précédé 
d'un  numéro  qui  facilite  les  renvois  :  il  y  a  4768  nuanéros.  Les 
tables  sont  particulièrement  soignées;  il  y  en  a  trois,  en  dehors 
de  la  table  des  matières  ':  une  table  des  noms  d'auteurs,  une 
table  des  anonymes  et  une   table  alphabétique  des  noms  de 

I.  Annales  du  Midi,  igi/J,  p-  ^142. 


466  ANNALES    DU    MIDI. 

lieux.  L'auteur  a  pu  connaître  quelques  bibliothèques  parti- 
culières importantes  et  signaler  les  manuscrits,  incunables  ou 
livres  rares  qui  s'y  trouvent  et  qui  concernent  l'Aude.  Il  y  a  eu 
en  effet  quelques  bons  amis  des  livres  à  Carcassonne  et  à  Nar- 
bonne,  comme  l'indiquent  les  Catalogues  de  librairies  privées 
cités  dans  la  première  partie  du  travail  de  M.  Sabarthès  :  la  race 
n'en  est  pas  tout  à  fait  perdue,  surtout  à  Narbonne. 

Voici  quelques  observations  que  la  lecture  du  livre  m'a  sug- 
gérées :  n"  2729.  Ce  volume  (Toulouse,  J.  Colomiès,  i553)  est 
intéressant  par  les  pages  indiquant  comment  il  faut  dire 
«  pregarias  e  mandamens  en  lengage  vulgar  de  Tolosa.  »  C'est 
sans  doute  le  même  texte  qui  se  trouve  dans  l'ouvrage  intitulé 
Modus  concionandi  ad  popiilum,  Lyon,  i538;  cf.  Desbarreaux- 
Bernard,  Èlabl.  de  Vlinpr.  en  Languedoc,  p.  4i4-424- 

Les  numéros  3828-3978  contiennent  les  ouvrages  écrits  en 
languedocien  (pourquoi  dire  en  langue  provençale  pour  des 
dialectes  aussi  caractérisés  que  le  languedocien?)  11  y  a  là  des 
notes  intéressantes  sur  les  plaquettes,  chansons,  etc.,  écrites 
en  languedocien.  Je  n'ai  pas  trouvé  cité  :  A.  Kempe,  Die  Orls- 
namen  des  Philomena  (qui  ferait  le  n"  2023  bis):  Halle,  1901 
(thèse  de  Halle).  P.  45 1,  il  faudrait  ajouter  (pour  être  complet 
seulement,  car  l'article  n'a  pas  grande  importance)  :  J.  Anglade, 
Les  Troubadours  de  l'Aude  (Revue  Méridionale  1907  ou  1908). 

La  division  administrative  en  départements  rend  difficile  la 
tâche  du  bibliographe  :  s'il  veut  être  complet,  ses  recherches 
débordent  son  domaine,  les  limites  les  plus  artificielles  peut- 
être  qu'une  division  administrative  ait  jamais  connues.  Mais  ce 
qui  pourrait  être  un  défaut  avec  un  érudit  moins  sûr  que  M.  le 
chanoine  Sabarthès  devient  une  qualité,  car  il  sait  s'arrêter  à 
temps;  de  plus  le  département  actuel  de  l'Aude  a  été  tellement 
mêle  à  l'histoire  du  Midi,  surtout  à  l'époque  gallo-romaine,  wisi- 
gothique  ou  à  l'époque  dite  albigeoise,  que  cette  bibliographie 
de  l'Aude  est  devenue,  par  endroits,  une  bibliographie  du  Bas- 
Languedoc.  Et  en  altendani  la  lUbliographie  générale  de  Lan- 
guedoc qui  devrait  tenter  quehjue  Société  savante,  on  en  trouvera 
ici  bien  des  éléments  importants. 

Le  volume  a  été  publié  grâce  au  concours  de  la  Commission 


COMPTES    RENDUS    CRITIQUES.  fiCfj 

Archéologique  de  Narbonne,  qui  développe  depuis  longtemps 
dans  la  région  narbonnaise  une  si  féconde  activité  scientifique 
(il  ne  dépend  pas  d'elle,  je  le  sais,  que  le  Jacnie  Olivier,  une  de 
ses  grandes  publications,  ne  soit  terminé);  il  fait  honneur  à 
l'auteur  qui  l'a  conçu  et  exécuté,  à  la  Société  qui  en  a  facilité 
l'impression  et  à  la  vieille  imprimerie  narbonnaise  qui  conserve 
depuis  plus  d'un  siècle  les  traditions  de  bon  goût  et  de  correc- 
tion de  nos  anciens  imprimeurs  méridionaux;  dans  un  livre 
d'une  impression  si  dilTicile,  avec  des  titres  en  langues  si 
diverses,  je  ne  crois  pas  avoir  rencontré  de  coquilles!  Les  bons 
auteurs  méritent  cette  aubaine. 

J.  Anglade. 


REVUE  DES  PÉRIODIQUES 


PÉRIODIQUES  FRANÇAIS  MÉRIDIONAUX 


Ardèche. 

Revue  du  Vivarais,  t.  XXIII,  19 15- 191 6. 

P.  8-4 1,  57-82.  125-33.  Gh.  AuREXCiiE.  Mémoires  d'Isaac  Meissonier, 
ci-devant  ministre  à  Saint-Sauveur-en-Vivarais  (1630-1709),  suivis 
d'extraits  do  son  Livre  de  Raison  (i66i:-74).  [Fin  de  cette  intéres- 
sante publication  sur  la  vie  privée  d'un  ancien  pasteur  à  la  veille 
et  au  lendemain  de  la  révocation  de  Pédit  de  Nantes.]  —  P.  42-6. 
J.  Régné.  Histoire  locale  de  la  guerre.  [Exhortation  à  tenir  note 
des  répercussions  villageoises  de  la  guerre  actuelle.  Reproduction 
du  plan  universitaire  et  du  plan  ecclésiastique.]  —  P.  47-8.  Les 
tambours  du  régiment  de  Vivarais.  [Lettre  du  3  septembre  1763, 
par  laquelle  le  major  de  ce  régiment  demande  au  syndic  du  \  iva- 
rais  les  armes  de  ce  pays  pour  les  faire  peindre  sur  les  caisses 
des  tambours.]  —  P.  83-91.  108-29,  172-'!.  \.  Renoit  d'Entrevaln. 

•  Excursion  à  Pourchères.  [Notes  liisloriques  sur  la  paroisse,  les 
curés,  le  prophétisme  cévenoL  la  mairie,  les  écoles,  les  produc- 
tions, les  légendes.]  —  P.  92.  Note  sur  la  seigneurie  de  (irospienes. 
[Elle  fit  partie,  depuis  i54(i,  de  la  baronnie  de  Joyeuse.]  —  P.  93-6, 
i3'i-43.  170-83,  23o-4o,  270-2.  370-8.  '|2i-3i.  473-80.  A.  Roche i  Cor- 
respondance administrative  du  citoyen  Robert,  commissaire  du 
gouvernement  dans  l'Ardèche  (8  messidor  an  \  ll-i  2  prairial  an  VIII). 
[Suite  et  à  suivre.)  —  P.  105-7.  J-  'iKt:-^K-  VP  Louis  Buflin.  [Colla- 
borateur de  la  Revue  du  Vivarais,  tué  le  i3  juillet  igiS.]  —  P.  157-8. 
E.  N.  VI.  Michel  de  Chazotte.  [Généalogiste  et  collectionneur,  mort 
le  aa  mars  1916.]  —  P.  i59-(34.  Le  général  de  Chalendar.  Le  nota- 
riat en  Vivarais.  (Actes  passés  en  1482  et  i564  dans  la  cuisine, 
dans  la  boutique  du  barbier,  sous  l'orme,  en  bateau;  maximes, 


PÉRIODIQUES    FRANÇAIS    MERIDIONAUX.  /1O9 

recettes,  événements  liistoriques  insérés  par  les  nolaires  dans 
leurs  registres;  accession  du  notariat  à  la  noblesse.)  —  P.  i()r)-7i. 
A.  Le  Sourd.  Henri  IV  a-t-il  été  un  roi  populaire?  (L'impression 
dominante  caiisée  en  \  ivarais  par  la  mort  du  pacificateur  est  la 
crainte  de  la  reprise  des  guerres  religieuses;  le  chanoine  de  Banne 
traite  Ravaillac  de  «  monstre  infernal  ».]  —  P.  aii-21.  A.  Benoit 
d'Entrevaux.  Le  château  de  Sibleyras  et  ses  possesseurs.  [Le  corps 
de  logis  ne  date  que  de  la  fin  du  xviu°  siècle;  la  ferme,  la  tour 
carrée  et  la  tour  cylindrique  paraissent  remonter  au  xv' siècle; 
filiation  des  châtelains  depuis  i35i  jusqu'en  1785.]  —  P.  222-G. 
\.  L.  S.  L'an  de  malheur  i586.  Guerre,  famine,  mortalité.  [Enquête 
ouverte  à  Largcntière  le  24  mai  i586  devant  le  lieutenant  du  bailli 
deVivarais.j  —  P.  327-9.  E-  N-  Petites  Commissions  (1724).  [Objets 
apportés  de  Paris  par  Mathieu  Chomel  à  Serrières  et  à  Peyraud.J 

—  P.  266-7.  ^^  ^'  JuLUEN.  M.  Marc  Ollier  de  Marichard.  [Collabo- 
rateur de  la  Revue,  mort  au  champ  d'honneur  le  i\  avril  1916.  | 

—  P.  268-9.  ^-  ^-  ^^-  Léon  Rostaing.  [L'historien  de  la  famille  de 
Monlgolfier  est  décédé  le  i3  avril  1916.]  —  P.  278-6.  E.  N.  Don  de 
créances  confisquées  sur  les  habitants  de  Privas  en  1627.  [Il  s'agit 
de  sommes  saisies  en  représailles  de  la  rébellion  privadoise.]  — 
P.  277-82.  A.  L.  S.  Communiqués  de  jadis.  [Lettres  circulaires 
adressées  de  [702  à  1746  aux  consuls  de  Tournon  pour  leur  appren- 
dre les  victoires  et  leur  prescrire  d'allumer  des  feux  de  joie.)  — 
P.  283-6.  A.  L.  S.  Le  bon  vin  de  l'Ohvel.  [Lettres  de  i655  et  i656 
adressées  au  prieur  des  Carmes  de  Tournon.)  —  P.  287-8.  La  société 
historique  et  archéologique  des  Vans.  [Elle  fut  fondée  en  1876, 
mais  ne  vécut  guère  plus  de  cinq  à  six  ans.)  —  P.  3o3-i9,  346-55, 
410-20,  461-72.  R.  Labrély.  L'imprimerie  au  Bourg-Saint- Andéol. 
au  xvni'  siècle.  [A  suivre.  L'introduction  de  l'imprimerie  au  Bourg 
ne  date  que  de  1735;  elle  fut  provoquée  par  un  vœu  des  États  du 
Vivarais;  à  côté  du  premier  atelier  Chappuls  et  Guillet,  Gulremand 
en  installa  un  autre  vers  1756;  cette  concurrence  engendra  des 
querelles  et  des  procès.  Le  3o  octobre  1776,  un  arrêt  du  Conseil 
d'État  supprima  l'imprimerie  de  Guiremand;  lorsqu'éclata  la  Ré- 
volution, les  imprimeurs  du  Bourg  s'établirent  à  Privas.  Liste  des 
ouvrages  imprimés  au  Bourg  et  pièces  justificatives.]  —  P.  3io-3i, 
356  74,396-409,  444-60,  518-26,553-64.  A.  LeSolrd.  Mémoires  de  Jac- 
ques de  Banne,  chanoine  de  Mviers.  [^oir  ci-dessus,  p.  454.  compte 
rendu  du  tirage  à  part.)  —  P.  501-17.  J.  Belleudy.  Xotes  biogra- 
phiques sur  le  général  Reymond.  [Né  à  Saint-Alban-sous-Sampzon 


fl'jO  ANNALES    DU    MIDI. 

le  8  octobre  1860,  tombé  glorieusement  à  la  tête  de  ses  troupes  le 
27  décembre  1914.  Portrait.]  —  V.  SSg-Sa.  A.  Le  Sourd.  Baïx  de 
1619  à  162a.  Petite  chronique  du  temps  des  guerres  civiles.  [Exposé 
précis  et  intéressant  de  l'tiistoire  d'une  petite  place,  qui  dut  aux 
circonstances  et  à  sa  position  sur  les  bords  du  Rhône  de  jouer  un 
rôle  important  au  commencement  du  règne  de  Louis  MIL  Ren- 
seignements curieux  sur  l'aspect  de  la  petite  ville,  l'organisation 
consulaire,  les  principales  familles.  A  suivre.]  —  P.  565-6.  E.  N. 
M.  n.  de  Soubeyran  de  Saint-Prix.  [Collaborateur  de  la  Revue. 
décédé  le  2  octobre  1916.]  J.  R. 

Corse. 

Bulletin  de  la  Société  des  Sciences  historicjues  et  naturelles. 

de  la  Corse,  XXXP  année,  1911  '  :  i"  Documents. 

P.  1-168.  Abbé  L.  Letteron.  La  Corse  et  la  Révolution  :  extraits  de 
l'ancien  Moniteur.  [Précieuse  réimpression,  qui  s'étend  du  12  octo- 
bre 1789  au  9  novembre  1796.  On  y  verra  la  place  que  tint  la  Corse 
dans  les  débats  des  diverses  Assemblées  révolutionnaires  :  les  pro- 
messes de  ((  régénération  »  formulées  par  la  Constituante-,  l'inac- 
tion forcée  de  la  Législative,  l'énergie  des  représentants  de  la 
Convention  —  Saliceti,  Lacombe-Saint  Michel,  Delcher  —  envoyés 
en  mission  dans  l'île,  les  projets  de  Bonaparte  général  en  chef  de 
l'armée  d'Italie.]  —  P.  173-276.  Id.  Lettres  de  Napoléon  concernant 
la  Corse  :  extraits  de  la  Correspondance.  [106  lettres,  échelonnées 
du  ai  mai  179G  au  21  mai  i8i5,  permettent  d'alïirmer  la  conti- 
nuité des  préoccupations  corses  chez  .Napoléon  général,  piemier 
consul,  empereur  :  il  envisage  toutes  les  questions  —  politiques, 
militaires,  administratives,  économiques  —  qui  intéressent  son 
île  natale:    il  s'occupe  d'une  manière  spéciale,   surtout   à  partir 

1.  La  Société  des  Sciences  liisloriqiics  el  nalureiips  de  la  Corse,  fondée 
en  1881  par  M.  l'abbé  Lellcron.  coiilinue  à  {iroiiper  Ions  les  cliercticurs,  in- 
sulaires ou  continentaux,  qui  s'intéressent  aux  choses  de  Corse.  InsufTisaui- 
ment  subventionnée,  elle  avait  dû  en  i(|o8  interrompre  la  publication  de 
son  Bulletin  cl  elle  fut  sur  le  point  de  disparaître.  Mais  elle  put  se  réorora- 
niser  en  1911  et  reprendre,  en  des  fascicules  trimestriels,  la  série  de  ses  tra- 
vaux, où  la  reproduction  des  documents  orij^inauv  alterne  avec  les  études 
—  historiques,  littéraires  ou  scientifiques  —  de  ses  différents  collaborateurs. 

2.  Les  trois  volumes  de  Pièces  cl  Documents  sur  la  Itévolution  en  Corse, 
publiés  par  M.  Letteron  en  i8(.)o,  i8i|i  et  1892  d'après  les  Arcliives  Nationales 
et  les  Archives  du  Ministère  de  la  Cuerre,  étaient  uniquement  relatifs  aux 
années  1790-91. 


PÉRIODIQUES    FRANÇAIS    MÉRIDIONAUX.  /I7I 

de  18 II,  de  la  réorganisation  financière  de  l'île  et  de  l'exploitation 
de  ses  forêts.]  —  P.  1-67  (pagination  spéciale;.  Dom  Pu.  Makini. 
Gênes  et  la  Corse  après  le  traité  de  Caleau  (^ainbrésis.  (Quelques 
documents  se  rapportant  à  la  guerre  de  Sainpiero,  extraits, du 
riche  dépôt  des  Archives  de  Gênes.  A  suivre.] 

2°  Travaux. 

P.  5-G4.  A.  Ambrosi.  Un  épisode  de  la  guerre  entre  Gênes  et  Aragon 
au  w'  siècle  :  Vincentello  d'istria.  [Intéressant  épisode  de  l'his- 
toire insulaire  de  i4o2  à  i434  qui  se  rattache  intimement  à  l'his- 
toire générale  de  la  Méditerranée  occidentale.  D'après  la  chronique 
de  Giovanni  délia  Grossa.]  —  P.  67-80.  F.  Gruciom.  La  (Jirnéide. 
[Brève  étude,  analytique  et  critique,  d'une  épopée  factice  et  insi- 
gnifiante de  Lucien  Bonaparte,  prince  de  Canino.J  —  P.  1 23-33. 
.1.  Santom.  Dell'  Adeinaro  ovvero  ({clla  Corsica  liberala,  poème  épi- 
que de  Giambattista  Merea.  [Étude,  analogue  à  la  précédente,  d'un 
poème  italien  peu  connu  du  xviii"  siècle.) 

3"  Ouvrages  indépendants. 

Abbé  L.  Letteron.  Notice  historique  sur  l'île  de  Corse,  depuis  les  ori- 
gines jusqu'à  l'établissement  de  l'Empire  romain,  gS  p.  [Résumé 
des  travaux  antérieurs  et  état  de  nos  connaissances  sur  les  anciens 
noms  de  la  Corse,  sur  les  monuments  mégalithiques  et  les  objets 
préhistoriques  et  sur  les  pi-emiers  temps  de  la  Corse  historique.] 

G.  GouRTiLHER.  La  Corse  et  l'opinion  publique  au  XVIII^  siècle,  55  p. 
[Agréable  analyse  de  quelques  auteurs  qui  ont  parlé  de  Corse.  Au 
temps  de  la  première  campagne  française,  les  descriptions  sont 
généralement  superficielles  (le  R.  P.  de  Singlande,  l'apothicaire 
.laussin,  l'administrateur  Goury  de  Champgrand.  l'anonyme  de 
1743).  Puis  vient  J.-.I.  Rousseau,  qui  faillit  aller  en  Corse  et  lui 
donner  une  législation.  Après  lui,  et  d'après  lui,  apparaissent  les 
premières  études  morales  et  économiques  :  Bellin  en  17G4,  Vol- 
taii-e,  Boswell,  «  le  premier  globc-trotter  que  la  Grande  Bretagne 
ait  envoyé  à  la  Corse  »  et  «  le  premier  poète  que  ses  paysages 
aient  troublé  »,  l'abbé  de  Germanes,  Ferrand-Dupuy,  Pommereul, 
l'abbé  Gaudin...  Quelques  erreurs  de  détail.] 

XXXIP  année,  1912  :  i"  Documents. 

P.  1-145.  Abbé  L.  Letteron.  Deux  députations  des  États  de  Corse  à 
la  Cour  de  France,  1775  et  1780.  [Dans  les  vingt  années  qui  suivi- 


472  ANNALES    DU    MIDI. 

rent  la  conquêto.  les  États  de  Corse  furent  réunis  huit  fois.  A.ux 
procès-verbaux  de  ces  assemblées,  précédemment  publiés  par 
M.  Letteron,  nous  pouvons  joindre  les  rapports  présentés  à  Ver- 
sailles après  chaque  session  par  les  députés  des  Etats.  Les  textes 
relatifs  à  l'Assemblée  de  1773  sont  particulièrement  suggestifs  : 
on  y  trouvera,  en  63  paragraphes,  un  véritable  cahier  de  doléances 
où  tout  ce  qui  intéresse  la  Corse  est  passé  en  revue. J  —  P.  69-120 
(pagination  spéciale).  Dovi  Ph.  M.\rim.  Gènes  et  la  Corse  après  le 
traité  de  Cateau-Cambrésis.  [Suite  des  documents  publiés  dans 
le  volume  de  191 1.  De  curieux  renseignements  sur  les  Génois  à 
Constanlinople  en  i563.  A  suivre.] 

2"  Travaux. 

V.  i5i  210.  Eug.  Seuveille.  Le  siège  de  Calvi  en  1794.  [Comment 
Calvi  se  prépare  à  la  résistance  contre  Paoli  et  les  Anglais  sous 
l'énergique  impulsion  de  Lacombe-Saint-Michel  et  de  Saliceti.  Les 
Anglais,  qui  ont  débarqué  au  milieu  de  juin,  réussissent  après  un 
mois  à  s'emparer  du  fort  de  Mozzello.  Et  après  4o  jours  de  siège, 
la  ville  doit  capituler.  En  appendice,  quelques  documents  sur  la 
femme  Brulon,  qui  servit  à  Calvi  comme  soldat,  entra  aux  Inva- 
lides en  1799  et  reçut  en  i85i  la  croix  de  la  Légion  d'honneur.] 
—  P.  211-45.  A.  Ambrosi.  La  Banque  de  Saint-Georges  et  la  Corse 
aux  xiv*^  et  \v'  siècles.  (Explique,  d'après  l'ouvrage  italien  de 
MM.  Marengo,  Manfroni  et  Pessagno.  comment  la  maison  de 
Saint-Georges  administra  et  exploita  la  Corse  de  i4t3  à  i562.]  — 
P.  261-85.  P.  LucciARDi.  Les  prêtres  romains  déportés  en  Corse. 
[Au  nombre  de  iai,  à  la  suite  de  l'emprisonnement  de  Pie  VIL 
Parmi  eux,  l'archevêque  Thomas  Arezzo.  qui  s'évade  en  i8i3  de 
la  citadelle  de  Gorte,  ci  dont  la  fuite  à  travers  les  montagnes  de 
l'intérieur  présente  les  plus  pittoresques  péripéties.]  —  P.  293-319. 
Abbé  MuKACCioLE.  Monographie  géographique  et  historique  de 
Vivario.  [Quelques  notes  sur  une  petite  localité  qui  a  joué  un  lôie 
important  dans  l'histoire  corse.]  —  P.  323-8.  An.  Romagnoli. 
Uelation  sur  une  découverte  proto-historique  dans  le  cap  Corse. 
[Divers  objets  d(>  la  fin  de  rage  du  fer  découverts  en  décenilHc  1900 
près  d'un  hameau  de  la  commune  de  (^agnaiio,  sur  le  versant  N.  K. 
des  monte  dellc  Spclniirhe.]  —  P.  337-71.  Louis  \  u.lat.  La  politique 
française  et  la  (^lorse  au  win''  siècle.  [D'après  l'excellente  préface 
mise  par  M.  Ed.  Driault  en  tète  du  Recueil  des  liixlniclions  données 
aux  minislrei  de  France  à  Gênes.  S'attache  à  montrer  que  l'offre  de 


PÉRIODIQUES    FRANÇAIS    MÉRIDIONAUX.  '17.'^ 

la  Corse  à  la  France  ne  lui  point  de  la  pari  des  Génois  ini  at  If 
spontané,  mais  le  résultat  d'une  campagne  diplomatique  Immmcm- 
sement  poursuivie,  véritable  «  chef-d'œuvre  »  où  s'allirnieiil.  de 
Fleury  à  Chauvelin  et  à  Ghoiseul.  la  plus  remarquable  continuilé 
de  vues  et  le  sens  le  pins  réaliste  des  intérêts  nationaux.) 

3°  Ouvrage  indépendant. 

.T.  Mansion.  Bibliograpliii'  xcientifique  de  la  Corse  (des  orifiinesà  I9l(h. 
I.  Sciences  géographi([ues  (i"  fascicule),  if\\  p.  [Très  vitile  entre- 
prise, malheureusement  mal  conçue,  sans  méthode  cl  s;uis  criti- 
que. Quelques  renseignements  sur  la  Corse  noyés  dans  un  inex- 
tricable fouillis.  X  suivre,  mais  le  plan  et  la  méthode  en  devraient 
être  profondément  i*emaniés.] 

XXXIIP  année,  191 3  :  i"  Documents. 

P.  27-1^3.  A.bbé  L.  Letteiîon.  Ponte-Movo.  [Rapport  sur  les  «  opéra- 
tions militaii'es  de  la  réduction  de  la  Corse  »  par  le  comte  de  Gui- 
bert,  le  célèbre  ami  de  VI'^'  de  Lespinasse,  major  général  de  l'an'iiée 
du  comte  de  Vaux.  S'étend  du  i"  au  20  mai  1769  et  complète 
ainsi  sur  les  points  les  plus  importants  (Ponte-Noyo  est  du 
8  mai)  la  relation  plus  étendue,  de  juin  17G8  au  2O  août  1709. 
de  M' de  Lenchères,  éditée  par  l'abbé  Letteron  dès  1889.]  —  P.  65  112. 
DoM  Ph.  Marini.  La  (Consulte  de  Caccia  et  l'élection  de  Pascal  Paoli. 
[Trois  mois  avant  l'élection  de  Paoli,  une  Consulte,  tenue  à  Caccia 
les  ai  et  22  avril  1755  et  complétant  une  organisation  ébauchée 
à  Orezza  en  1751,  allirmait  contre  Gênes  le  principe  de  la  souve- 
raineté nationale.  Les  «  établissements,  règlements  et  décrets  » 
reproduits  Ici  organisent  de  la  façon  la  plus  minutieuse  le  gou- 
vernement nouveau  :  finances,  armée,  police,  justice  prompte  et 
sévère.] 

2"  Travaux. 
P.  A5-6o.  Abbé  L.  Letteron.  Causerie  sur  l'étang  de  Biguglia.  [Excel- 
lente dissertation  sur  l'ancien  Chiurlino,  dont  le  nom  —  d'origine 
inconnue  —  se  rencontre  pour  la  première  fois  dans  une  charte 
du  xui""  siècle.  —  sur  les  configurations  successives  de  l'étang 
d'après  les  écrivains  et  annalistes  (Ceccaldi,  Banchero),  —  sur  les 
îles,  dont  quelques-unes  ilschia  Vecchia  notamment)  ont  disparu 
après  avoir  été  le  théâtre  d'événements  historiques  importants.)  — 
P.  61-107.  Abbé  L.  Letteron.   Pascal  Paoli  avant  son  élévation  au 

ANNALES    DU    MIDI.   X.XX.  3l 


/jy/i  ANNALES    DU    MIDI. 

géncralal,  1749-1755.  [De  curieux  renseignements  sur  le  projet  de 
donner  la  Corse  à  l'Ordre  de  Malle  et  sur  l'entrée  en  scène  de 
Pascal  Paoli.]  —  P.  109-61.  E.  et  J.  Fiuncescuini.  Un  préfet  de  la 
Corse  sous  la  Restauration  :  M.  de  Saint-Genest,  i8i5-i8i8.  [Après 
s'être  occupé  de  la  question  électorale,  Louis  Courbon  de  Saint- 
Genosl  se  donne  énergiquement  à  l'œuvre  de  réorganisation  mo- 
rale et  de  relèvement  économique.  Mais  il  ne  s'entend  pas  avec 
le  gouverneur  militaire,  M.  de  Willot,  et  découragé  il  demande 
son  rappel  en  1818.] 

3"  Ouvrages  indépendants. 

A.bbé  L.  Letteron.  Correspondance  des  agents  de  France  à  Gênes  avec 
le  Minir.lère,  287  p.  [D'après  les  Archives  du  Ministère  des  Affaires 
étrangères.  Un  premier  volume,  paru  en  1901,  se  rapportait  aux 
années  1780  à  1741.  Celui-ci  reproduit  la  coi-respondance  échan- 
gée, de  1742  à  1748,  entre  les  agents  Coutlet,  Jonville,  Guymont 
et  les  ministres  Fleury,  Amelot,  d'Argenson,  de  Puysieulx.] 

Abbé  L.  LETTEnos .  Journal  d'Antonio  Baitafoco,  72  p.  [S'étend  de  1744 
au  début  de  175O.  Aucune  considération  de  politique  générale  : 
c'est  Je  récit  —  exact,  minutieux,  vm  peu  terre  à  terre  —  d'un 
patriote  corse. J 

XXXIY"  année,  iQi/i'  :  i"  Documents. 

P.  1 21-195  (pagination  spéciale),  Dom  Pu.  Marim.  Gènes  et  la  Corse 
après  le  traité  de  Cateau-Cambrésis.  [Deuxième  série  des  docu- 
ments publiés  précédemment.  Il  s'agit  du  procès  des  agents  de 
Sampiero  —  Paris  et  Piovanelli  —  instruit  à  Ajaccio  en  l^jOG. 
L'interrogatoire  des  témoins  éclaire  la  politique  de  Sampiero  dans 
sa  lutte  suprême  contre  la  République  de  Gênes.] 

2°  Travaux. 

P.  3i-63.  E.  et  J.  FRANCEScniiNi,  L'élection  du  général  Sébastiani 
en  1819.  [On  connaît  la  situation  anormale  de  la  Corse  au  début 
de  la  monarchie  censitaire  :  le  nombre  des  électeurs  (3o)  s'y  trouva 
inférieur  au  chiffre  des  éligibles  (fixé  légalement  au  minimum 
de  5o).  La  composition  de  la  liste  électorale  présentait  dès  lors 
des  ditïicultés   spéciales,   que   MM.    Franceschiiii   analysent   avec 

1.  I,a  guerre  a  eiiipccliô  la  publication  régulière  des   fascicules  de  1914, 
dont  le  (iiiatrièiue  a  paru  seulement  eu  nji". 


PÉRIODIQUES    FRANÇAIS    MERIDIONAUX.  \-j7} 

beaucoup  de  clarté.  Ils  étudient  ensuite  la  présidence  du  Conseil 
électoral,  les  péripéties  de  l'élection  et  les  opérations  de  l;i  valid;!- 
tion.]  —  P.  67-97.  S.  (le  Gauafka.  Promenade  à  travers  Haslla  au 
xvm'  siècle.  [Superficiel  et  sans  intérêt.)  —  P.  99-203.  \bl)é  L. 
Lettehon.  Les  Sociétés  savantes  à  Bastia.  [Importante  élude  ([ui 
reprend,  à  l'aide  de  nombreux  documents  nouveaux,  un  article 
donné  par  M.  le  baron  Galeazzini  dans  le  Bulletin  de  1881.  — 
L'ancienne  Académie  des  Vagabonds,  reconstituée  en  17 '19  par  le 
marquis  de  Cursay,  avait  été  entre  ses  mains  un  véritable  iiislru- 
ment  de  la  propagande  française,  tandis  que  l'Académie  des  Betli- 
cosi  servait  la  cause  de  Gênes.  Elles  n'eurent  qu'une  existence 
éphémère,  et  il  faut  attendre  l'an  XI  pour  voir  se  reconstituer, 
avec  le  préfet  du  Golo,  Pietri,  une  «  Société  d'instruction  »  qui 
tint  quelques  séances  intéressantes,  tomba  dans  l'oubli,  reprit 
une  vitalité  nouvelle  de  1818  à  1822  avec  le  comte  de  Nij^nolle  et 
le  chevalier  Eymard.  puis  disparut  définitivement. |  —  P.  307-'io. 
DoM  Ph.  Marini.  La  mort  de  Sampiero,  17  janvier  15O7.  [Eclaircit 
certains  points,  restés  obscurs,  d'un  petit  problème  historique, 
grâce  aux  renseignements  fournis  par  deux  des  assassins,  Ilaphael 
(xiustiniani  et  Jean  Sorba.]  —  P.  2/ii-56.  E.  et  J.  Fraiscescuim.  Le 
comte  de  \  ignolle,  préfet  de  la  Corse  :  i4  mars  i8i8-i5  décem- 
bre 1819.  [Sa  nomination,  son  arrivée  en  Corse,  son  premier 
contact  avec  ses  administrés  jusqu'au  17  août  1818.  A  suivre.] 

3"  Ouvrage  indépeiubuit. 
A.  Ambrosi,  CataloijLie  des  pubUcalioiis  de  la  Société  des  Sciences  hislu- 
riciues   et    nalureUes   de,    la  Corse,  5q  p.   [De  1881   à  njw^  inclus. 
Catalogue   en  partie  triple  :    chronologique,    métbodique  et   par 
noms  d'auteurs.  Devra  être  rectifié  et  complété.] 

L.    \  . 

Isère 

I.  Annales  de  l'Universifé  de  Grenoble,  t. XXVI,  191^^1. 

P.  Ô9-i3o.  D.  Falciieu.  La  Révolution  à  Loriol  (1788-1790).  [Popula- 
tion et  étal  économique  de  Loriol  à  la  veille  de  la  Révolution.  Con- 
tre coup  à  Loriol  de  la  Journée  des  Tuiles.  Étals  provinciaux  de  Ro- 
mans. Rôle  joué,  en  1789,  par  Faujas  de  Saint-Fond  à  Loriol  et  dans 
la  région.  Organisation  d'un  comité  permanent;  union  avec  les  com- 
munautés voisines  ;  fédérations  martiales  d'Etoiles,  de  La  \oulte, 


/j76  ANNALES    DU    MIDI. 

do  Montélimar ,  do  Valence,  auxquelles  los  patriotes  de  Loriol 
prennent  une  part  active.  Disparition  de  l'esprit  particulariste.]  — 
V.  i3i-A.  M.  Blanchard.  Note  sur  Claude  Périor.  [Etîorts  faits 
en  1778  par  Périer,  propriétaire  du  château  de  \  izillo  ot  l'un  des 
plus  riches  industriels  du  pays,  povir  être  anobli.]  —  P.  iSo-q.  Id. 
A  projjos  de  danses  (1820).  [Deux  ans  avant  la  pétition  de  P.-L. 
Courrier  à  la  Chambre  des  Députés  «  pour  les  villageois  que  l'on 
empêche  de  danser  »,  le  curé  de  S'-Joan  de  Bournay  était  entré  en 
conflit  avec  la  municipalité  en  voulant  faire  interdire  les  danses.]  — 
P.  343-58.  Id.  Contribution  à  l'étude  de  la  formation  du  départe- 
ment de  l'Isère.  [Malgré  les  résistances  de  Mounier  et  de  la  Com- 
mission intermédiaire,  Pidée  d'une  division  du  Dauphiné  en  plu- 
sieurs départements  rencontra  un  accueil  favorable,  soit  dans  la 
vallée  de  la  Durance,  soit  dans  celle  du  Rhône,  qui  ne  voulaient 
plus  avoir  Grenoble  comme  capitale.  C'est  ainsi  que  se  formèrent  la 
Drôme  et  les  Hautes-Alpes.  Cependant  les  villes  de  Vienne,  Bour- 
goin,  La  Tour  furent,  malgré  elles,  rattachées  au  département  de 
l'Isère.  Luttes  entre  l'Isère  et  les  Hautes-Alpes,  au  sujet  du  Champ- 
saur  et  du  canton  de  La  Grave  ;  entre  l'Isère  et'le  Rhône-et-Loire, 
au  sujet  de  la  Guillotière  ;  rivalité  de  Grenoble  et  de  Moirans  au 
sujet  du  siège  du  chef-lieu  de  l'Isère.]  —  P.  359-94.  A.  Allix.  La 
foire  de  Goncolin.  [Étude  économique,  mais  contenant  plusieurs 
renscignemonls  historiques.]  —  P.  487-90.  M.  BLANCHAnD.  Corres- 
pondance d'ecclésiastiques  ot  do  la  Préfecture  de  l'Isère  (1857). 
[Protestations  des  curés  de  Cordéac  et  de  Goncolin  contre  les 
cabarets,  les  fêtes  rurales,  etc.]  —  P.  5o3-58.  E.  Rkynieii.  La  région 
privadoise.  [Quelques  renseignements  sur  l'histoire  économique 
do  Privas  et  de  la  région.]  . 

T.  XXVII,  1915.  Néant.  —  ï.  XXVIII,  1916. 

P.  85-272.  M'""  FoLLiASSON.  Mouvement  de  la  population  en  Mau- 
rienne  au  xix*  siècle.  [La  population  do  la  Maurienne  au  com- 
mencement du  XIX*  siècle;  sa  situation  économique.  Accrois- 
sement régulier  de  la  population  jusque  vers  i85o  ;  fléchissement 
depuis  cette  date,  dû  à  l'émigration  vers  les  villes,  à  la 
transformation  des  conditions  économiques  depuis  la  construc- 
tion du  chemin  de  for,  à  la  baisse  de  la  natalité.  Ce  fléchissement 
est  smtout  sensible  dans  los  connnuiios  agricoles  ;  au  contraire, 
los  contres  induslriels  do  la  viitlôc  ont  vu  tour  population  augmon- 
lor  notabloniont.J    -   P.  353-'i'i7.  H-   Bla.nciiaiu).  Annecy.  Esquisse 


PERIODIQUES    FRANÇAIS    MERIDIONAUX.  '|"J- 

de  géographie  urbaine.  [Étude  du  développement  historique  de  la 
ville.  Tour  à  lour  on  voit  apparaître,  au  bord  du  lac,  à  l'époque 
néolithique,  une  cité  lacustre;  puis,  dans  la  plaine  des  Fins,  une 
ville  gallo-romaine,  Boiilae.  A  l'époque  franque.  Annecy-lc-Vicux 
nait  sur  le  flanc  d'un  coteau;  au  Moyen  âge,  un  château  s'installe 
sur  les  dernières  pentes  du  Semnoz  ;  enfin,  sur  les  deux  bords  du 
Thiou,  s'établit  la  ville  nouvelle.  Son  développement,  à  la  fin  du 
Moyen  âge,  a  sa  cause  beaucoup  inoins  dans  l'industrie  locale, 
restée  très  rudinientaire  jusqu'au  xix°  siècle,  que  dans  le  rôle  poli 
tique  et  religieux  d'Annecy,  capitale  des  Savoic-N'emours  (lôi'j- 
ifi65),  siège  d'un  évêché  illustré  par  S'  François  de  Sales,  cl  rési- 
dence de  nombreux  ordres  religieux  chassés  de  Genève  par  la 
Réforme.  Avec  la  Révolution,  disparaissent  ces  anciennes  causes 
de  prospérité  de  la  ville  ;  mais  celle-ci  a  pris,  au  xix*  siècle,  un 
grand  essor  commercial  et  industriel.] 

T.  XXIX,  1917. 

P.  261-76.  M.  Blanchard.  Correspondance  du  Prieiu-  du  Cenis  avec 
l'évêque  de  Mauricnnc  (1847-1849).  [Le  prieur,  l'abbé  Albrieux, 
qui  venait  souvent  à  Turin,  juge  sévèrement  la  politique  du  gou- 
vernement sarde,  critique  ses  tendances  belliqueuses,  s'occupe 
d'élections  en  Maurienne.]  R.   C. 

IL  Bulletin  de  l'Académie  delphinale ,    5"  série,  t.  VII, 
1913. 

P.  7-38.  P.  Saint-Olive.  Les  mésaventures  de  trois  beaux-frères. 
Chronique  dauphinoise  du  temps  d'Henri  II.  [Jacques  et  Fran- 
çois de  Beauvoir,  seigneurs  de  Faverges,  tentèrent,  en  i546,  d'as- 
sassiner leur  beau-frère,  Claude  du  Monet,  seigneur  de  Fossan,  à 
Saint-Jean  d'Avellane,  et  incendièrent  sa  maison  forte.  Traduits 
pour  ce  crime  devant  le  Parlement  de  Grenoble,  ils  l'expièrent 
par  une  longue  détention  à  la  prison  de  Porte-Traine  et  par  une 
condamnation  aux  galères.  L'un  d'eux  s'échappa;  l'autre,  moins 
heureux,  tenta  de  s'évader,  fut  repris,  condamné  de  nouveau  et 
finalement  gracié  en  i556.  Tableau  de  l'état  très  troublé  du  Dau- 
phiné  à  la  veille  des  guerres  de  religion.]  — '■  P.  61-79.  A.  MouNiiiu. 
Jean  de  Montluc,  évèque  de  Valence.  Un  évêque  diplomate  au 
xvi"  siècle.  [Étude  sur  quelques  épisodes  de  la  vie  de  ce  prélal. 
beaucoup  plus  occupé  de  missions  diplomatiques  au  service  du 


/'lyo  ANNALES    DU    MIDI. 

roi,  qnc  de  l'administration  de  son  diocèse  (i553- 1579).]  — 
P.  99-292.  A.  Helly.  Guicliard  Déageanl,  conseiller  d'État,  inten- 
dant des  finances,  premier  président  de  la  Chambre  des  comptes 
deDauphiné  (i574-i645).  [Né  à  S'-Marcellinen  i574,Déageantdébula 
à  Paris,  sous  les  auspices  de  son  compatriote  SofTrey  de  Calignon, 
chancelier  d'Henri  IV  pour  le  royaume  de  Navarre.  Il  fut  succes- 
sivement secrétaire  d'Henri  IV,  de  Marie  de  Médicis  et  de  Louis  XIII. 
11  prit  une  part  ti'ès  active  au  coup  d'État  du  24  avril  1617,  et  fut 
promu,  à  la  suite  de  1'  «  exécution  »  de  Concini,  conseiller  d'État 
et  intendant  des  finances.  Pendant  dix-neuf  mois,  il  fut,  sous  le 
gouvernement  de  Luynes,  le  chef  réel  du  ministère,  et  il  contri- 
bua à  la  reprise  des  traditions  de  la  politique  extérieure  d'Henri  IV. 
Mais  il  se  fit,  par  sa  dureté  et  sa  rudesse,  de  nombreux  ennemis, 
et,  en  1619,  il  dut  quitter  la  Cour  et  fut  envoyé  en  mission  en 
Dauphiné,  auprès  de  Lesdiguières.  Il  servit  d'intermédiaire  entre 
la  Cour  et  le  maréchal  ;  il  le  dissuada  de  rompre  avec  Luynes. 
malgré  tous  les  griefs  qu'il  pouvait  avoir  contre  celui-ci  ;  il 
contribua  même  à  la  conversion  de  Lesdiguières  au  catholicisme 
(1621).  En  162(3,  compromis  dans  les  agissements  du  maréchal 
d'Ornano,  il  fut  interné  à  la  Bastille.  Ce  fut  la  fin  de  son  rôle 
politique.  En  i63o,  il  revint  en  Dauphiné,  et,  pendant  dix  ans, 
présida  cITcctivement  la  Chambre  des  comptes  de  Grenoble.]  — 
P.  32,3-58.  G.  N  ELLEiN.  Le  poète  Vincent  Voiron,  curé  de  Domarin. 
[Voiron,  modeste  curé  de  campagne  des  environs  de  Bourgoin 
au  xvcn'  siècle,  a  écrit  vers  1780  un  poème  épique.  Phanor,  où 
il  célèbre  les  mariages  d'amour,  les  unions  contractées  selon  les 
lois  de  la  nature.  Sans  doute  avait-il  été  conquis  par  les  idées  de 
,[.-J.  Rousseau,  qui  avait  séjourné  à  Bourgoin  et  à  Maubec  (1768- 
1770).  Pendant  la  Révolution,  Voiron,  dont  les  convictions  reli- 
gieuses ne  paraissent  pas  avoir  été  bien  profondes,  rentra  dans  la 
vie  civile,  et  envoya  même  à  la  Société  populaire  de  Voiron  son 
diplôme  de  docteur  en  théologie,  en  la  priant  de  brûler  ce  mor- 
ceau de  parchemin,  avec  toutes  les  théologies  du  monde,  sur 
l'autel  de  la  Raison.]  —  P.  373  92.  L.  Roveh.  Le  Probus  et  les 
enquêtes  sur  le  domaine  du  Dauphin  au  xui"  siècle.  [Les  enquêtes 
générales  faites  de  laSo  à  1267  sur  le  domaine  delphinal  en 
Viennois,  en  Graisivaudan  et  en  Briançonnais,  et  contenues  en 
partie  dans  le  registre  Prolnm  de  la  Ghambi'e  des  comptes  du 
Dauphiné,  constituent  un  dociunenl  de  premier  ordre  sur  l'his- 
toire et  l'état  économique  du  Dauphiné  au  xiu'=  siècle.  On  y  trouve 


PERIODIQUES    FRANÇAIS    MERIDIONAUX.  /lyr) 

de  nombreux  renseignements,  non  seulement  sur  les  familles 
féodales  relevant  des  Dauphins,  mais  surtout  sur  le  régime  de  la 
terre,  la  condition  des  personnes,  les  droits  d'usage,  les  produc- 
tions de  chaque  communauté  d'habitants.]  —  P.  SgS-Zloo.  Abbé 
Gkaeff.  Clément  Met  la  province  de  \iennc.  [Suite  et  fin.  Cata- 
logue des  actes  des  lo'  et  11-=  années  de  Clément  VI,dua3  mai  iSôi 
au  6  décembre  iSôa,  date  de  la  mort  de  ce  Pape.  Tables  alphabéti- 
ques de  tous  les  bénéfices  de  la  province  de  Vienne  et  des  princi- 
paux personnages  qui  sont  mentionnés  dans  les  1629  numéros  de 
ce  répertoire.] 

5'  série,  t.  VIII,  191/i. 

P.  i-xix,  1-37 1.  Abbé  A.  DussERT.  Les  États  du  Dauphiné  aux  \i\" 
et  xv°  siècles.  [Histoire  de  ces  États,  depuis  leurs  origines  jusqu'à 
la  prise  de  possession  du  Dauphiné  par  Charles  VII  (i457),  qui 
marque  la  fin  de  l'indépendance  dauphinoise.  Organisation,  fonc- 
tionnement et  attributions  de  ces  assemblées.  Piècesjustificatives. 
A  raison  de  son  importance,  l'ouvrage  de  M.  Dussert  fera  l'objet 
d'un  compte  rendu  spécial.) 

5-  série,  t.  IX,  1914-1917. 

P.  55-io8.  J.  DuQUESNE.  François  Bauduin  et  la  Réforme.  [Le  célè- 
bre jurisconsulte  Bauduin,  qui  eut  au  cours  de  sa  carrière  de 
professeur  quelques  relations  avec  le  Dauphiné  et  avec  les  Uni- 
versités de  Grenoble  et  tle  Valence,  a  été  souvent  accusé  de  versa- 
tilité religieuse,  à  raison  de  la  collaboration  qu'il  prêta,  lors  du 
colloque  de  Poissy,  à  la  politique  de  conciliation  d'Antoine  do 
Bourbon.  Calvin  et  ses  disciples  le  présentèrent  comme  vm  triple 
ou  quadruple  apostat.  En  réalité,  après  avoir  incliné  vers  le  calvi- 
nisme, il  s'est  écarté  peu  à  peu  de  Calvin,  s'est  fait  l'apôtre  de  la 
conciliation  et  de  la  tolérance,  et  est  revenu  définitivement  en  lôOS 
au  catholicisme.]  —  P.  187-262.  J.  de  Beylié.  Barnave  avocat. 
[Détails  sur  la  jeunesse  de  Barnave,  sur  la  façon  dont  il  subit  ses 
examens  de  droit  devant  l'Université  d'Orange,  sur  le  discours  de 
clôture  qu'il  prononça  à  la  fin  de  l'année  judiciaire,  en  1788,  et 
qui  avait  pour  sujet  :  la  Division  des  pouvoirs;  sur  ses  plaidoyers 
et  ses    mémoires  dans  plusieurs  afîaircs  importantes.   Projet   de 

•  délibération  du  Barreavi  de  Grenoble,  rédigé  parMounieren  1788, 
au  moment  de  l'enregistrement  des  édits  qui  restreignaient  les 
droits  des   Parlements,   et  flétrissant  ceux  qui  accepteraient  de 


^j8o  ANNALES    DU    MIDI. 

siéger  dans  les  nouveaux  tribunaux]  —  P.  263-89.  P.  de  Qlinso- 
>«AS.  A  propos  d'vme  médaille  :  la  réunion  à  Grenoble  de  onze 
princes  de  la  Maison  de  Bourbon  en  1829.  [Le  3i  octobre  1829, 
François  1",  roi  des  Deux-Siciles,  sa  femme  et  leur  flls,  qui  allaient 
conduire  en  Espagne  leur  fille  Marie-Christine,  fiancée  au  roi 
Ferdinand  MI,  rencontrèrent  à  Grenoble  Marie -Caroline,  la 
duchesse  de  Berry,  l'infant  et  l'infante  d'Espagne,  le  duc  d'Or- 
léans, sa  femme  et  deux  de  leurs  enfants.  Des  fêtes  furent  données 
en  leur  honneur,  et  l'on  frappa  une  médaille  reproduisant  les 
onze  effigies.]  —  P.  349-70.  A.  Masimbert.  Notes  sur  une  ancienne 
société  littéraire  de  Grenoble,  la  société  anacréontique(i8oi-i8o7  ?). 
[Reproduction  d'un  diplôme  de  membre  de  cette  société,  qui  com- 
prenait les  hommes  les  plus  considérables  de  Grenoble,  et  qui 
avait  donné  à  ses  publications  le  titre  bizarre  d'Accès  de  fièvre.] 

R.  G. 


NÉCROLOGIE 


Nous  apprenons  larrlivemcnt  la  morl  de  M.  Jean-F'.nsèbe  Bom 
BAL  «  chaptal  du  félibrige  limousin,  majorai  du  Iclibrige  >>, 
qui  s'est  éteint  à  Argentat  (Corrèze)  au  commencement  de  no- 
vembre 1915,  à  l'âge  de  ([uatre-vingt-huit  ans.  L'œuvre  de  ce 
très  digne  instituteur,  qui  fut  en  même  temps  un  fervent  de  la 
((  petite  patrie  »,  est  des  plus  variées,  à  la  fois  littéraire  et  his- 
torique. Nous  ne  pouvons  retenir  ici,  dans  la  longue  série  de 
ses  études  d'histoire  locale,  que  les  suivantes  :  la  Chdtellenie  de 
Merle(iS-;-),  Histoire  delà  ville  d' Argentat  et  desonhoapiceix^'ioj), 
La  haute  Dordogne  et  ses  gabarriers  (igoo-oS)  dont  les  Annales 
ont  jadis  rendu  compte.  Le  Lenioazi  d'Argentat  ((  revtie  franco- 
limousine  mensuelle  »,  a  consacré  à  la  mémoire  de  Bombai  un 
numéro  spécial  (nov.  191 7,  78  p.  gr.  in-8°),  dans  lequel  on  re- 
marquera sûrement  la  notice  émue  qu'a  signée  M.  J.  Nouaillac. 

A.  L. 


Le  24  juin  1916,  après  une  courte  maladie,  mourait  à  Nar- 
bonne  M.  Paul  Thiers.  Il  fut  un  des  meilleurs  archéologues  de 
notre  Midi,  je  veux  dire  l'un  des  plus  savants  et  des  plus  vail- 
lants. Comme  épigraphiste,  il  continuait  dignement  cette  tra- 
dition provinciale,  faite  d'ingéniosité  à  la  fois  experte  et  pru- 
dente, dont  Allmer  avait  été  le  plus  célèbre  représentant.  C'est 
avec  passion  qu'il  s'intéressait  à  tout  ce  qui  regarde  l'histoire 
de  la  domination  romaine  en  Narbonnaise;  et  il  n'a  cessé  d'ap- 
porter de  précieuses  contributions  à  cette  histoire.  Conscient  et 
fier  du  rôle  qu'avait  joué  Narbonne  au  temps  des  Romains,  il 
consacra  presque  toute  son  activité  scientifique  au  glorieux 
passé  de  cette  ville.  Elle  lui  était  chère  entre  toutes.  Paul  Thiers 


482  ANNALES    DU    MIDI. 

y  était  né  le  12  juin  i845.  Après  avoir  enseigné  les  mathémati- 
ques, dont  l'étude  certainement  développa  dans  son  esprit  le 
sens  de  la  méthode  et  de  la  précision,  il  s'adonna  tout  entier  à 
sa  vocation  d'archéologue.  Aussi  bien,  une  incurable  infirmité, 
qui,  à  l'âge  des  grands  espoirs  et  des  vastes  pensées,  lui  avait 
fermé  les  portes  de  l'Ecole  Polytechnique,  l'éloignait  du  monde, 
réagissait  sur  son  tempérameift  et  déterminait  en  lui  l'impé- 
rieux besoin  de  s'isoler  dans  l'étude.  Mais  jamais  elle  ne  dimi- 
nua l'ardeur  de  son  zèle  ni  l'assiduité  de  son  labeur.  Dès 
l'année  i883,il  était  membre  résidant  de  laCommissionarchéo- 
logiqueel  littéraire  de  l'arrondissement  de  Narbonne.  Sa  colla- 
boration y  resta,  pendant  de  longues  années,  effective  et  fruc- 
tueuse. Dans  le  Bulletin  de  cette  Commission,  de  nombreux 
articles  de  Paul  Thiers  témoignent  de  l'importance  de  son 
œuvre.  Tantôt  il  y  commente  des  inscriptions  et  en  révèle  l'in- 
térêt historique,  tantôt  il  élucide  et  cherche  à  résoudre  une 
question  de  topographie  narbonnaise,  tantôt  il  nous  fait  par- 
courir avec  lui  les  voies  romaines  de  la  région,  la  voie  Domi- 
tienne,  la  voie  d'Aquitaine.  Plus  tard,  c'est  le  difficile  problème 
des  Ibères  qui  le  préoccupe:  il  en  recherche  les  traces  dans  le 
Bas-Languedoc  et  dans  le  Koussillon  (tome  X,  1908-1909).  On 
sait  quelles  remarquables  découvertes,  à  Castel-Roussilloii,  à 
Montlaurès,  à  Ensérune,  ont  agrandi  et  renouvelé  nos  connais- 
sances sur  l'histoire  de  toute  cette  région  méditerranéenne. 
Paul  Thiers  y  eut  sa  part,  el  non  des  moindres.  Ce  fut  lui  qui 
dirigea  les  fouilles  entreprises  à Castel-Roussillon,  sur  l'empla- 
cement de  l'antique  Ruscino.  Depuis  longtemps  cette  localité 
l'attirait;  il  y  avait  trouvé,  dans  des  silos  anciens,  des  frag- 
ments de  vases  peints  et  de  vases  étrusques  en  terre  noire,  des 
mormaics  grecques  el  des  monnaies  ibériques  ;  il  avait  acquis 
et  faisait  partager  au  propriétaire  du  terrain,  M.  Henri  Aragon, 
(jui  devint  bienlôl  son  collaborateur  et  son  ami,  la  profonde 
conviction  que  IcsGrecs  possédaientsur  ce  point  un  gros  comp- 
toir. Correspondant  depuis  1900,  du  Comité  des  travaux  IristD- 
riques  et  scientifiques  au  Ministère  de  l'Instruction  publitpie, 
il  obtint  une  ])remière  subvention  du  Comité  en  1909;  et  dans 
le  Bullelln  archéologique  du  Comité,  de  1910  à  1914,  il  a  publié 


^EGnOLOGIE.  \H?, 

les  résultats  de  ses  explorations,  dont  on  a  déjà  rendu  compte 
dans  les  Annales  du  Midi.  Entre  temps,  et  sur  la  proposition 
même  du  Comité,  il  était  nommé  en  191 2  chevalier  de  la  Légion 
d'honneur.  Une  autre  œuvre  lui  mérite  notre  reconnaissance. 
Non  content  d'étudier  les  monuments  épigraphiquesou  figuré» 
de  Narbonne  et  de  la  région,  do  faire  connaître  les  documents 
inédits  (cf.  le  Bulletin  archcologùjue  du  Coniilé  entre  1899  el 
1909),  de  mettre  en  lumière  ceux  qu'il  jugeait  dignes  d'être 
mieux  connus,  il  voulait  les  sauver  tous,  les  mettre  pour  tou- 
jours à  l'abri,  organiser  définitivement  le  Musée  des  antiquités 
narbonnaises.  Ce  ne  fut  pas  faute  de  dévouement  ni  faute  de 
ténacité,  si,  dans  la  vieille  église  de  Lamourguier,  il  ne  réussit 
qu'à  constituer  un  musée  provisoire.  Jadis,  le  véritable  musée 
de  Narbonne,  c'étaient  ses  remparts.  Pour  un  aussi  riche  tré- 
sor, dont  on  peut  juger  à  la 'fois  par  le  nombre  d'inscriptions 
publiées  au  Corpus  et  par  la  série  des  sculptures  que  reproduit 
le  Recueil  d'Espérandieu,  le  local  était  insuffisant.  L'inslalia 
tion  restait  précaire.  Paul  Thiers  n'avait  même  pas  confiance 
dans  la  solidité  de  l'édifice  :  et  ses  craintes  étaient  fondées.  En 
1906,  l'église  s'elTondra  en  partie,  ensevelissant  dans  ses  ruines 
le  trésor  lapidaire  de  la  cité.  D'autres  hommes  viendront,  qui 
reprendront  l'œuvre  de  conservation  nécessaire.  Il  faut  espérer 
que  toutes  ces  vieilles  pierres,  qui  depuis  la  chute  de  l'Empire 
romain  ont  échappé  à  tant  de  désastres,  tetrouveront  place 
dans  un  musée  vraiment  digne  d'une  ancienne  capitale  des 
Gaules.  Mais  on  y  devra  conserver  pieusement  le  souxenir  de 
Paul  Thiers.  Henri  Graillot. 


Le  i3  octobre  1916  mourait  à  Grenoble  M.  Auguste  Prl- 
DHOMME,  archiviste  départemental  de  l'Isère^  qui  a  été,  pendant 
de  longues  années,  un  fidèle  collaborateur  des  Annales  du  Midi. 

Né  à  Bourgoin  (Isère),  le  6  mars  i85o,  M.  Prudhomme  fit  ses 
éludes  h  la  Faculté  de  Droit  de  Paris,  puis  entra  à  l'Ecole  des 
Chartes,  d'où  il  sortit  en  1877,  obtenant  le  n"  2,  avec  une  thèse 
sur  le  Conseil  delphinal.  Attache  d'abord  aux  Archives  munici- 
pales de  Marseille,  il  fut  nommé,  le  16  février  1878,  archiviste 


/[S^  ANNALES    DU    MIDI. 

du  département  de  l'Isère,  et  il  est  demeuré  à  ce  poste  pendant 
près  de  trente-neuf  f^nnées,  se  consacrant  entièrement,  d'une 
part,  à  l'organisation  et  au  classement  des  archives  qui  lui 
étaient  confiées,  et  d'autre  part  à  des  travaux  d'histoire  dauphi- 
noise. 

Lorsque  M.  A.  Prudhomme  arriva  à  Grenoble,  les  Archives 
de  l'Isère  étaient  dispersées  dans  plusieurs  locaux  différents, 
fort  encombrés  et  d'un  accès  compliqué.  Beaucoup  de  fonds, 
qui  auraient  du  régulièrement  y  figurer,  se  trouvaient  encore 
épars  :  au  Palais-de-Justice  ou  à  l'éveché  de  Grenoble,  à  Vienne, 
à  Saint-Marcellin,  à  Saint-Antoine,  à  Crémieu  ou  même  chez 
des  particuliers.  Grâce  à  une  inlassable  patience,  M.  A.  Pru- 
dhomme est  parvenu  à  rassembler  ces  archives  et  à  obtenir  la 
réintégration  des  pièces  dispersées.  Toute  une  réinstallation 
matérielle,  devenue  indispensable,  a  été  peu  à  peu  effectuée.  A 
plusieurs  reprises,  les  locaux  des  Archives  de  l'Isère  ont  été 
agrandis.  On  peut  suivre  pas  à  pas,  dans  les  rapports  annuels 
de  l'archiviste,  les  étapes  de  cette  œuvre  considérable,  à  peine 
achevée  aujourd'hui.  Ajoutons  qu'au  fur  et  à  mesure  des  réin- 
tégrations, M.  Prudhomme  procédait  au  classement  de  ces  fonds 
nouveaux.  Il  a  été  véritablement  le  créateur  de  l'organisation 
actuelle  des  Archives  de  l'Isère. 

Son  prédécesseur,  Pilot  de  Thorey,  avait  commencé  la  pu- 
blication d'un  inventaire  sommaire  :  en  186^1  avait  paru  un 
premier  volume,  comprenant  la  série  A  (très  courte)  et  2.3io 
articles  de  la  série  B  (Parlement  de  Grenoble).  A  la  mort  de 
Pilot,  le  tome  II  était  déjà  en  partie  imprimé  (n  "  2.3i  i-S.a/jo); 
il  contenait  la  fin  des  articles  relatifs  au  Parlement,  et  com- 
mençait le  dépouillement  des  archives  si  importantes  de  la 
Chambre  des  Comptes.  Dès  188Z1,  M.  Prudhomme  reprenait  la 
publication  et  achevait  ce  second  volume.  Mais,  tandis  (]ue  les 
analyses  de  Pilot  étaient  extrêmement  sommaires,  consacrant 
quelques  lignes  seulement  à  de  volumineux  registres,  M.  Pru- 
dhomme s'attachait  à  donner  des  inventaires  complets,  indi- 
quant succinctement  toutes  les  pièces;  parfois  même  il  repro- 
duisait, en  tout  ou  en  partie,  le  textedesactesles  plus  importants. 
Le  tome  III  parut  en   1899,  analysant  complètement,  avec  de 


NECROLOGIE.  ^85 

copieux  extraits,  5oo  nouveaux  arliclcs  du  loufls  de  la  Cliain- 
bie  des  Comptes  (B  3. 8(82-3.893),  et  juvcédé  d'un  iinporlanl 
travail  sur  l'histoire  et  les  vicissitudes  des  Arcliives  de  l'Isère 
depuis  1790.  Un  quatrième  volume  enfin  était  presque  terminé 
à  la  mort  de  M.  Prudhomme.  De  plus,  deux  volumes  d'in- 
ventaire de  la  série  L  (Période  révolutionnaire)  ont  paru  en 
1900  et  1908,  donnant,  analysées  en  détail  et  souvent  repro- 
duites in-extenso,  les  délibérations  du  Conseil  général  et  du 
Directoire  du  département  de  l'Isère.  Le  tome  II  est  précédé 
d'une  intéressante  étude  sur  Le  Fédéralisme  dans  l'Jsère  el 
François  de  Nantes. 

En  même  temps,  M.  Prudhomme  s'est  occupé  du  classement 
et  de  l'inventaire  des  Archives  municipales  de  Grenoble.  11  a 
publié  successivement,  en  188G,  l'inventaire  des  séries  A  A 
(actes  constitutifs  et  politiques  de  la  commune)  et  BB  (admi- 
nistration communale,  délibérations  du  Conseil  de  ville)  ;  en 
1892,  celui  de  la  série  LL  (documents  de  la  période  révolution- 
naire, qui  constituent  à  Grenoble  un  fonds  spécial);  en  1897, 
celui  de  la  série  CC  (impôts  et  comptabilité);  en  1906,  celui  des 
séries  DD  (biens  communaux,  travaux  publics),  EE  (affaires 
militaires)  et  FF  (juridictions  et  police  locales).  Les  archives 
de  la  ville  de  Grenoble  ont  été  ainsi  en  grande  partie  invenlo- 
riées,  el  l'inventaire  des  séries  GG,  HH  et  11  est  en  cours  d'im- 
pression. 

Ajoutons  que  M.  Prudhomme  a  encore  publié,  en  1892,  l'in- 
ventaire des  archives  historiques  de  l'hôpital  de  Grenoble,  et 
qu'il  a  collaboré,  avec  MM.  P.  Fournier  et  E.  Maignien,  à  la 
confection  du  catalogue  des  manuscrits  de  la  Bibliothèque 
municipale  de  Grenoble  (Catalogue  gén.  des  Mss.  des  Bibl.  puhl. , 
t.  YII,  1889)'. 

Mais  l'activité  de  M.  Prudhomme  ne  s'est  pas  bornée  à  ces 
travaux  d'archiviste.  A  quelques  pas  des  Archives  de  l'Isère  se 


I.  Ces  travaux  d'ai-cliiviste  avaient  attiré  sur  M.  I^rudhomnic  l'at- 
tention et  les  sufTrages  de  ses  collègues.  Il  fut.  le  premier.  Président 
de  r Association  des  Archivistes  français,  el  fut  élu  nionibre  ilc  la 
Commission  supérieure  des  Archives. 


486  ANNALES    DU    MIDI. 

trouve  le  modeste  local  qui  constitue  le  siège  de  l'Académie 
delphinale.  Peu  après  son  arriNée  à  Grenoble,  le  nouvel  archi- 
viste avait  été  accueilli  par  cette  Société,  et  nonrmé,  en  i883, 
son  secrétaire  perpétuel.  Il  s'est  acquitté  de  ces  fonctions  avec 
une  conscience  parfaite,  apportante  l'Académie  delphinale  son 
concours  le  plus  dévoué;  et  surtout  il  a  publié,  dans  le  Bulletin 
de  cette  Académie,  un  grand  nombre  de  monographies  sur  des 
questions  d'histoire  dauphinoise  :  d'abord,  en  1882,  une  solide 
étude  sur  les  Juifs  en  Dauphiné  aux  XIV'  et  XV"  siècles;  puis 
une  riche  série  d'articles  :  Le  Trésor  de  Saint-Pierre  de  Vienne 
(1884);  Mémoire  historique  sur  la  partie  du  comté  de  Valentinois 
située  sur  la  rive  droite  du  Rhône  (i885);  Un  épisode  inconnu  de 
la  vie  privée  du  Baron  des  Adrets  (1886)  ;  plusieurs  Études  histori- 
ques sur  l'assistance  publique  à  Grenoble  avant  la  Révolution 
(1892,  1895,  1897),  sur  L'enseignement  secondaire  à  Grenoble 
avant  la  création  du  Collège  des  Dominicains,  i3/»o-i6o6  (1909). 
Un  travail  sur  L'origine  et  le  sens  des  mots  Dauphin  et  Dauphiné, 
et  leurs  rapports  avec  l'emblème  du  dauphin  en  Dauphiné,  en 
Auvergne  et  en  Forez,  paru  en  1898  dans  la  Bibliothèque  de 
l'École  des  Chartes,  prit  place  également,  en  1900,  avec  quel- 
ques légères  retouches,  dans  le  Bulletin  de  l'Académie  delphi- 
nale :  l'auteur  y  montre  que  le  mot  Dauphin,  d'abord  simple 
prénom,  puis  nom  patronymique,  n'est  devenu  un  litre  de 
dignité  qu'à  la  fin  du  xiii"  siècle,  et  que  l'emblème  du  dauphin, 
apparu  en  Auvergne  à  la  fin  du  xii"  siècle,  ne  se  rencontre  pas 
avant  le  xiii*  siècle  dans  le  comté  d'Albon.  Il  faut  ajouter  à  cette 
liste  de  très  nombreuses  notes,  communications  de  tout  genre, 
publications  de  documents  inédits  se  rapportant  à  toutes  les 
périodes  de  l'histoire  dauphinoise. 

M.  Prudhomme  a  encore  collaboré  à  d'autres  revues,  don- 
nant, en  1880,  à  la  Revue  du  Dauphiné  et  du  Vii^arais,  une 
Notice  historique  sur  la  ville  de  Bourgoin  (sa  ville  natale);  pu- 
bliant, en  1884,  dans  la  Revue  des  l'Jludes  juives,  des  Xutes  et  docu- 
ments sur  les  Juifs  en  Dauphiné;  en  1886,  dans  la  Xouvelle  Revue 
historique  de  droit  français  et  étranger,  La  charte  comuiunale 
de  Veynes  (Hautes-Alpes);  en  1898,  dans  le  Bulletin  historique 
et  philologique  du   Comité  des  travaux  historiques,  une  étude 


XÉCROLOGFR.  ^87 

sur  Le  commencement  de  l'année  et  iiwlicilon  en  Dnuphiné.  il  a 
écrit  de  nombreux  articles  de  biographie  et  de  bibliographie 
dauphinoises  dans  des  revues  locales  {Petite  Revue  dauphinoise , 
Revue  dauphinoise,  Le  Dauphiné).  A  la  Grande  Encyclopédie,  il  a 
donné  les  articles  Dauphiné,  Grenoble,  et  un  certain  nombre  de 
notices  biographiques.  Mentionnons  encore  son  Histoire  de 
Pierre  Terrait,  seigneur  de  Bayart,  écrite  au  début  de  sa  cai- 
rière,  en  1880,  et  dédiée  à  la  jeunesse. 

Mais  ce  qui  restera  surtout  de  l'œuvre  de  M.  A.  Prudhomme, 
à  côté  de  ses  travaux  d'archiviste,  c'est  son  Histoire  de  Grenoble, 
publiée  en  1888,  et  qui  a  été  récompensée  l'année  suivante  par 
l'Académie  des  Inscriptions.  L'auteur  y  a  condensé  les  résultats 
de  ses  patientes  recherches  dansles  archives  du  département  et 
de  la  ville.  Une  probité  poussée  à  l'extrême,  une  défiance  ex- 
cessive à  l'égard  des  généralisations  l'ont  conduit  à  juxtaposer, 
sur  un  plan  rigoureusement  chronologique,  les  matéi-iaux 
fournis  par  les  sources,  et  l'ouvrage  donne  souvent  l'impression 
d'une  simple  succession  d'analyses.  Le  livre  vaut,  en  somme, 
par  la  sûreté  de  sa  documentation,  toute  de  première  main;  et 
il  suffît,  pour  en  apprécier  le  mérite  et  la  nouveauté,  de  le 
comparer  aux  diverses  histoires  de  Grenoble  écrites  antérieu- 
rement. 

Mais  nous  n'avons  parlé  ici  que  de  l'archiviste  et  de  l'histo- 
rien, dont  l'œuvre  restera.  Ceux  qui  ont  pu  connaître  person- 
nellement Auguste  Prudhomme  n'oublieront  pas  le  charme  de 
ses  entretiens,  où  se  révélaient,  non  seulement  son  abondante 
érudition,  mais  toute  la  finesse  d'un  esprit  critique,  qui  n'était 
pas  toujours  exempt  de  malice.  Très  accueillant  pour  les 
travailleurs,  il  savait  guider  et  renseigner  ceux  qui  venaient 
le  consulter.  Profondément  attaché  à  la  terre  dauphinoise,  il  a 
voulu  faire  profiter  de  son  expérience  les  jeunes  générations  de 
chercheurs;  et,  dans  les  dernières  années  de  sa  vie,  alorS  ([u'un 
mal  implacable  l'immobilisait  déjà,  il  a  dédié  aux  élèves-maî- 
tres de  l'École  normale  d'Instituteurs  de  Grenoble  une  série  de 
leçons  (qui  peut-être  seront  publiées  quelque  jour)  où  il  leur 
indiquait  la  -façon  de  travailler  à  l'histoire  du  Dauphiné,  les 
guidait  dans  le  choix  des  sujets  à  traiter,  orientait  les  débutants 


488  ANNALES    DU    MIDI. 

à  travers  les  archives  et  les  bibliothèques  dauphinoises.  Dans 
ces  quelques  pages,  qui  sont  comme  le  testament  intellectuel 
de  M.  Prudhomme,  on  retrouve  les  qualités  de  précision,  de 
clarté,  de  probité  scientifique,  qui  ibnt  la  valeur  de  son  œuvre. 

R.  Caillemer. 

* 
*  * 

Paul  Meyer,  «  doyen  et  maître  des  provençalistes  »,  comme 
on  l'a  appelé,  est  mort  le  7  septembre  1917.  Sa  disparition  est 
la  perte  la  plus  grande  subie  par  la  philologie  provençale 
depuis  la  mort  de  Raynouard.  11  a  définitivement  orienté  la 
voie  que  son  illustre  devancier  avait  ouverte.  Par  l'exemple  de 
ses  travaux,  la  rigueur  de  ses  critiques,  l'ascendant  de  son 
enseignement,  il  a  créé  et  imposé  pour  les  études  d'ancien 
provençal  la  discipline  rigoureuse  sans  laquelle  il  n'est  point 
de  progrès.  Aujourd'hui,  la  cause  est  gagnée,  et  le  mérite  de 
l'avoir  fait  triompher  risque  de  ne  pas  nous  apparaître  dans 
toute  sa  valeur.  11  faut  se  reporter  à  la  période  de  combat  de  la 
seconde  moitié  du  siècle  dernier  ponr  apprécier  l'action  de 
Paul  Meyer.  Parmi  l'élite  de  savants  i^ii  rénovèrent  alors  en 
France  l'Iiistoire  et  la  philologie,  à  Gaston  Paris  et  à  lui  échut 
la  réforme  de  la  philologie  romane.  Ils  se  partagèrent  la  tâche. 
«  Dans  le  compafjnonnage  qui  s'était  formé  entre  nous  », 
dit  celui  des  deux  qui  vient  de  partir,  «  il  s'était  établi  une 
sorte  de  division  du  travail.  Chacun  de  nous  avait  son  do- 
maine propre,  ses  ckdms,  comme  disent  les  Américains,  qu'il 
exploitait  sans  trop  s'aventurer  sur  le  domaine  de  son  compa- 
gnon. »  Meyer  eut  dans  son  lot  la  langue  et  la  littérature  pro- 
vençales. Puissamment  doué  pour  ce  nMe  de  champion  et  de 
chef,  il  a  rempli  sa  mission  et  il  a  pu  en  voir  mûrir  les  fruits. 

Paul  Meyer  était  né  à  Paris  le  17  janvier  i84o.  Aucun  lien  ne 
rattachait  au  Midi  de  la  France,  auquel  il  devait  consacrer  la 
part  de  ses  travaux  la  plus  grande  et  la  plus  aimée.  C'est  l'éclat 
de  la  littérature  méridionale  au  moyen  âge,  qui,  pour  lui 
comme  })our  Diez,  paraît  avoir  détciniiné  sa  vocation.  Il  entra 
à  l'École  des  chartes  en  sortaiil  du  Lycée  Louis-le-Crand  et 
suivit  les  cours  de  Guessard,  (|ui  lui  aj)pril  à  liie  les  anciens 


NECROLOGIE.  /|,S() 

textes  romans  de  notre  pays.  Le  jeune  homme  fut  proie mdé- 
ment  ému  par  la  révélation  de  la  poésie  pio\eii(;alo.  Dans  ses 
premières  œuvres,  où  il  craignit  moins  que  plus  lard  de 
dévoiler  ses  sentiments,  il  laisse  paraître  son  enthousiasme, 
tel  dans  la  dédicace  de  l'édition  du  roman  île  Flamenca 
en  i865,  écrite  dans  la  langue  des  troubadours,  dont  il  usera 
aussi  dans  un  autre  moment  d'expansion,  pour  féliciter  Gas- 
ton Paris  à  l'occasion  de  son  mariage  en  i885. 

Sa  science  et  son  caractère  s'alFirmèrenl  de  bonne  heure. 
Il  n'est  pas  sorti  de  l'Kcole  des  chartes  et  déjà  il  collabore 
à  l'édition  du  Breviarl  d'ainor  donnée  par  G.  Azaïs,  et  publie, 
à  vingt  ans,  ses  premiers  articles  :  Ancienneii poésies  religieuses 
en  langue  d'Oc  et  Elwles  sur  la  chanson  de  Girart  de  Roussillon. 
A  vingt-cinq  ans,  il  se  range  parmi  les  fondateurs  de  la  Revue 
critique,  «  dont  les  collaborateurs,  forts  d'une  science  qu'ils  ne 
pouvaient  pas  posséder  depuis  bien  longtemps,  avaient  le 
ferme  propos  de  signaler  les  bons  livres,  et  plus  encore  de  stig- 
matiser les  mauvais  »,  dira-t-il  un  jour.  Au  sortir  de  l'École 
des  chartes,  on  lui  confia  le  classement  des  archives  de 
Tarascon.  Les  difficultés  qu'il  rencontra  dans  sa  première 
fonction  furent  l'occasion  de  révéler  l'intrépide  fermeté  dans 
la  poursuite  du  vrai  et  du  bien  qui  caractérise  sa  vie.  De  cette 
mission  en  Provence  datent  les  étroites  relations  de  mutuelle 
estime  qui  l'unirent  à  Frédéric  Mistral.  On  sait  qu'il  lui  dédia 
sa  traduction  française  de  Girart  de  Roussillon  publiée  en  i88/|. 

Revenu  à  Paris,  Paul  Meyer  ne  fit  que  jjasser  à  la  Bibliothè- 
que impériale,  puis  aux  Archivesde  l'Empire.  Dès  i864,  ilavait 
fait  avec  maîtrise  un  cours  libre  de  littérature  provençale  à 
l'École  des  chartes.  Cinq  ans  plus  tard,  il  prenait  place  parmi 
les  professeurs  de  la  même  École;  Guessard,  le  choisissant 
comme  suppléant,  lui  confiait  sa  chaire,  qu'il  ne  devait  plus 
reprendre.  P.  Meyer  en  devint  titulaire  en  1882,  en  même 
temps  qu'il  succédait  à  J.  Quicherat  dans  la  direction  de 
l'École,  et  il  la  tint  jusqu'en  juillet  igiô.  Ses  forces  cédèrent  alors 
au  labeur  immense  qu'il  leur  avait  imposé. 

La  maison  d'où  il  était  sorti  fut  l'objet  de  sa  prédilection. 
11  aimait  par-dessus  tout  cette  école  qu'il  pouvait  régir  d'une 

ANNALES  DU    MIDI.   XXX.  3:2 


llÇfO  ANNALES    DU    MIDI. 

main  assurée  el  l'audîtoire  déjeunes  gens  pour  qui  il  savait  ne 
pas  laisser  vains  ses  efforts.  Elle  n'est  pas  seule  à  être  fière 
de  son  enseignement.  Le  Collège  de  France  choisit  Paul 
Meyer,  en  1876,  pour  remplacer  Edgar  Quinet  dans  la  chaire 
de  langue  et  littérature  de  l'Europe  méridionale.  11  l'occupa 
jusqu'en  1894,  et  fit  au  provençal  une  part  presque  exclusive. 
En  dehors  de  cours  d'ensemble  sur  la  grammaire  et  la  littéra- 
ture, il  choisit  comme  sujets  la  Chanson  de  la  croisade  contre 
les  Albigeois,  la  poésie  narrative,  les  plus  anciens  monuments 
littéraires,  les  origines  de  la  poésie  lyrique,  la  poésie  au  xii"  siè- 
cle, l'histoire  de  la  nouvelle,  la  versification,  Folquet  de  Mar- 
seille, la  satire,  Pierre  Cardinal,  le  roman  de  Jaufré,  Girart  de 
Roussillon,  Flamenca.  Son  cours,  longuement  étudié,  avait  une 
valeur  originale  de  premier  ordre.  Plusieurs  de  ses  travaux  en 
sont  sortis,  tels  ses  articles  sur  L'influence  des  troubadours  sur 
la  poésie  des  peuples  romans,  Les  troisièmes  personnes  du  pluriel, 
Ld^  rapports  de  la  poésie  des  trouvères  avec  celle  des  troubadours. 
Paul  Meyer  s'était  préparé  par  les  vues  générales  de  son  ensei- 
gnement à  écrire  cette  histoire  de  la  littérature  provençale  qu'il 
nous  avait  promise  et  ne  réussit  pas  à  publier.  Un  fragment  de 
l'œuvre  a  seul  été  imprimé,  c'est  le  mémoire  devenu  classique 
sur  La  langue  romane  du  Midi  de  la  France  et  ses  différents  noms 
qu'il  envoya  pour  inaugurer  la  présente  Revue,  témoignage  de 
sa  précieuse  approbation  de  l'entreprise  et  de  sa  haute  estime 
pour  celui  de  ses  élèves  qui  la  créait. 

L'Académie  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres  accueillit  Paul 
Meyer  dès  i883.  Il  était  désigne  pour  siéger  dans  la  commis- 
sion d'histoire  littéraire  de  la  France  où  il  entra  en  1892.  Mal- 
lieureusement,  l'âge  d'or  de  la  littérature  provençale  était  déjà 
traité,  il  n'eut  qu'à  étudier  Guillaume  Anelier,  Matfré  Ermcn- 
gau,  les  derniers  troubadours  el  diverses  légendes  pieuses. 

On  ne  saurait  ici  passer  en  revue  ses  éditions  de  textes  :  la 
Chanson  de  la  croisade  contre  les  Albigeois,  Daurel  et  Belon, 
Guillaume  de  la  Barre,  Blandin  de  Cornouailles,  etc.,  ses  noti- 
ces de  manuscrits,  genre  où  il  excellait,  ses  mémoires  divers 
intéressant  le  Midi  de  la  France  répandus  en  si  grand  nombre, 
surtout  dans  la  liomania,  fondée  en  itS-a  avec  Gaston  Paris,  et 


NECROLOGIE.  '|(jl 

les  publications  de  la  Société  des  anciens  textes  franrais,  créée 
aussi  avec  le  même  savaul  trois  ans  après.  D'une  puissance  de 
travail  peu  commune,  Paul  Meyer  multiplia  ses  travaux  sur  le 
provençal,  les  seuls  que  nous  ayons  à  retenir  ici,  comme  sur  le 
français,  sans  qu'y  parût  jamais  la  marque  d'aucune  liàtc  II 
faut  s'arrêter  pourtant  sur  sa  publication  des  Doca///cAi/.s-  li/u/uis- 
tiqiies  du  Midi  de  la  France.  Comme  l'exploration  dos  biblit)- 
thèques  anglaises,  elle  a  retenu  sa  constante  attention.  Encore  à 
l'École  des  chartes,  il  recueillait  déjà  les  documents  d  archives  en 
provençal.  Il  commença  ses  recherches  en  province  pendant  son 
séjour  dans  le  Midi  en  1862,  et  tira  de  ses  premières  enquêtes 
l'étude  restée  manuscrite  sur  les  dialectes  de  la  langue  d'oc  au 
moyen  âge,  que  l'Institut  couronna  en  1874.  Depuis,  il  a 
bien  des  fois  parcouru  le  Sud  de  la  France  pour  réaliser  son 
vaste  projet.  Les  recherches  longues  et  ingrates  dans  les  ar- 
chives les  plus  reculées  ne  le  rebutaient  pas.  11  y  faisait  parfois 
des  trouvailles  précieuses,  comme  le  livre-journal  de  maître 
Ugo  Teralh,  notaire  et  drapier  à  Forcalquier,  rencontré  dans 
la  reliure  d'un  registre  de  cette  ville.  Dans  son  zèle  pour  le 
bien  public,  il  ne  se  contentait  pas  d'utiliser  les  moindres  dépôts 
d'archives  communales, 'il  se  préoccupait  de  leur  conservation. 
11  attirait  au  besoin  sur  eux  la  vigilance  des  autorités  et  parfois 
n'hésitait  pas  à  dénoncer  publiquement  l'incurie  des  adminis- 
trations. Ses  investigations  sulïisamment  avancées,  au  moins 
dans  le  Sud-Est,  il  songea  à  aboutir,  et  publia  en  1898  son  dos- 
sier du  département  des  Basses-Alpes  comme  échantillon  du 
corpus  auquel  il  travaillait.  Pour  que  rien  n'y  manquât,  il 
voulait  profiter  des  observations  suscitées  par  cet  essai.  Ce 
grand  savant,  dont  les  critiques  furent  redoutées,  était  en 
effet  aussi  sévère  pour  lui-même  que  pour  les  autres.  Em- 
pressé à  corriger  ses  erreurs  (il  disait  que  nous  devrions 
publier  notre  erratum  tous  les  dix  ans),  il  demandait  qu'on 
l'aidât  à  les  prévenir  ou  à  les  reconnaître.  Le  premier  tome 
de  la  collection  parut  en  1909,  trop  tard  pour  que  son  auteur 
pût  espérer  achever  la  série  entreprise.  11  ne  lui  fut  même  pas 
permis,  hélas  !  de  publier  les  deux  ou  trois  volumes  qu'il  se 
serait  estimé  heureux  de  nous  donner.  Au  moins,  comme  il  le 


492  ANNALES    DU    MIDI. 

jugeait  essentiel,  l'édifice  est-il  bien  conçu  et  commencé.  Puis 
sent  les  ouvriers  ne  pas  manquer  pour  le  finir  ! 

11  n'est  peut-être  point  de  question  de  philologie  provençale 
à  laquelle  Paul  Meyer  n'ait  touché  et  qui  n'ait  reçu  de  lui  une 
particulière  clarté.  Grâce  à  une  connaissance  des  sources  des 
plus  vastes  qui  se  soient  rencontrées,  il  apportait  sur  le  sujet 
traité  nombre  de  faits  nouveaux  qu'il  savait  exposer  avec  une 
rare  distinction  de  forme.  11  se  contentait  de  marquer  en 
quelques  phrases  nettes  et  profondes  les  résultats  généraux 
acquis,  et  laissait  volontiers  aux  autres  le  soin  de  les  développer 
et  de  les  répandre.  C'est  ainsi  qu'il  fut  le  premier  à  poser,  et  à 
trancher,  dans  quelques  lignes  d'un  compte  rendu,  la  question 
de  l'existence  des  dialectes  destinée  à  un  tel  retentissement. 
Son  œuvre,  riche  et  solide,  est  de  celles  qui  vieilliront  le  moins. 
Dans  ses  écrits,  où  se  reflète  une  intelligence  supérieure  habi- 
tuée à  dominer  tout  ce  qu'elle  considère,  rayonne  ce  don  de 
force  qui  lui  a  valu  un  incomparable  prestige. 

Clovis  Brunel. 


M.  l'abbé  Louis  Lettero^,  chanoine  honoraire  de  la  cathé- 
drale d'Ajaccio,  agrégé  de  l'Université,  chevalier  de  la  Légion 
d'honneur,  vient  de  mourir  à  Bastia  (avril  1918).  Originaire  du 
Morvan,  il  était  arrivé  dans  l'île  en  1878  comme  professeur 
au  Lycée  de  Bastia  et  il  s'était  aussitôt  consacré  à  l'étude  de 
riiistoire  corse  :  il  y  apporta  une  ardeur  infatigable  et  le  talent 
le  plus  sûr.  Dès  1881,  il  fondait  la  Société  des  Sciences  histo- 
riques et  naturelles  de  la  Corse  et  commençait  de  publier  une 
foule  de  textes  inédits  ou  difficilement  accessibles  :  Vliistoire 
de  Filippini,  la  Chronique  de  Pietro  Cir/ieo,  les  Osservazioni 
d'Ambrogio  Rossi,  etc.  Il  fouilla  les  bibliothèques  italiennes 
aussi  bien  que  les  Archives  nationales,  les  Archives  de  la 
Guerre  et  du  Ministère  des  Affaires  étrangères.  Il  discuta  les 
questions  si  controversées  relatives  à  l'ancienne  organisation 
religieuse  de  l'île.  11  se  risqua  même  à  quelques  études  synthé- 
tiques, éléments  d'un  plus  vaste  ouvrage  que  sa  modestie 
l'empêcha  toujours   d'écrire.   Du  moins,   il  démêla    l'histoire 


NÉCROLOGIE.  ^,ç)3 

corse  des  légendes  dont  elle  était  longtemps  demeurée  enve- 
loppée, et  tous  les  historiens  de  l'île,  à  quelque  période  qu'ils 
se  soient  attachés,  ont  rencontré  son  nom  et  ses  travaux. 

Quand  il  quitta  sa  chaire  du  Lycée  de  Bastia,  il  ne  put  se 
résoudre  à  abandonner  ce  pays  qui  l'avait  adopté  et  pour 
lequel  il  entendait  travailler  encore.  Il  fut  nommé  conserva- 
teur de  la  Bibliothèque  municipale  de  Bastia  et  se  préoccupa 
de  fonder  un  Musée  corse  dont  il  fut  le  premier  directeur. 
Jusqu'à  son  dernier  jour  il  demeura  fidèle  à  la  Corse,  guidant 
les  chercheurs  qui  recouraient  à  sa  science  et  à  son  affahililé, 
réunissant  les  matériaux  de  nouvelles  études.  Un  simple  coup 
d'oeil  jeté  sur  notre  dépouillement  du  Bulletin  des  Sciences  his- 
toriques de  la  Corse^  témoigne  de  son  érudition,  qui  s'étendait 
à  tous  les  domaines,  et  de  son  labeur,  qui  ne  s'arrêta  qu'avec  la 
mort.  Son  pays  adoptif  lui  doit  beaucoup  et  c'est  en  suivant 
son  exemple  et  en  profitant  de  ses  leçons  que  la  science  de 
l'histoire  corse  pourra  achever  de  se  constituer. 

Louis    ViLLAT. 

1.  Voir  plus  haut,  p.  470. 


CHRONIQUE 


Par  décret  du  29  septembre  191 7,  notre  collaborateur  M.  Fran- 
çois Dumas,  doyen  de  la  Faculté  des  lettres  de  Toulouse,  a  été 
nommé  Recteur  de  l'Académie  de  Besançon.  Par  arrêté  minis- 
tériel du  17  décembre  1917,  M.  Henri  Guy,  professeur  de  litté- 
rature française,  a  été  nommé  doyen  de  la  Faculté  des  lettres. 
M.  Guy  a  succédé  en  même  temps  à  M.  Dumas  dans  les  fonc- 
tions de  directeur  de  l'Institut  d'études  méridionales. 


Chronique  du  Velay. 

«  Le  réveil  intellectuel  »  qui  me  réjouissait  au  début  de  ma 
double  chronique  de  191 1  et  de  1912  '  n'a  pas  été  éphémère. 
Dès  le  mois  d'octobre  suivant,  je  devais  apprécier  dans  un  long 
compte  rendu  critique,  l'histoire  si  bien  documentée  que  M.  A. 
Jacofin  a  consacrée  à  «  l'Abbaye  de  la  Chaize-Dicu.  »  Ce  compte 
rendu  allège  bien  ma  lâche  aujourd'hui  et  je  me  contente  de 
rappeler  que  le  livre  de  l'ancien  président  de  la  Société  scienti- 
fique du  Puy  est  le  couronnement  d'une  œuvre  remarquable 
(ju'ont  marquée  dans  les  grandes  lignes  le  Dictionnaire  topo- 
graphicjue  de  la  Haule-Loire,  l'Inventaire  (Série  G)  des  Arc/iive.s 
départementales  du  Puy,  la  Chronologie  des  anciens  Ijaillis  du 
Puy,  et  surtout  les  Preuves  de  la  Maison  de  Polignac.  A  ces 
œuvres  de  longue  haleine,  il  faut  ajouter,  à  l'actif  de  M.  A.  Ja- 
colin,  les  notes  bibliographiques  qu'il  lisait  au  début  de  chaque 
séance  mensuelle  de  la  Société  scientifique  de  la  Haute-Loire, 


1.  V.  Annales  da  Midi,  oclobrc   1911,  p.  55o-57,  et  janvier   191a, 
p.  133-39. 


CHRONIQUE.  'ig?) 

notes  qui,  à  cause  de  leur  clarté  et  de  leur  exactitude,  l'orme- 
ront  un.  guide  des  plus  sûrs  pour  les  chercheurs  de  l'avenir. 
Depuis,  M.  A.  Jacotin,  frappé  par  des  deuils  cruels  et  une  alTcc- 
tion  des  yeux  due  à  ses  travaux  persévérants,  semble  prendre 
un  repos  bien  gagné.  Je  n'en  crois  rien,  et  peut-être  devrons- 
nous  prochainement  à  notre  président  d'honneur  une  réédition 
du  fameux  dictionnaire  de  Ducangc. 

Au  moment  même  où  paraissait  l'Histoire  de  l'Abbaye  de  la 
Chaize-Dieu,  un  jeune  érudit  de  premier  ordre,  M.  Boudon- 
Lashermes,  déjà  connu  des  lecteurs  des  Annales  par  sa  thèse 
sur  la  Sénéchaussée  présidiale  du  Pay\  faisait  revivre  les  fastes 
les  plus  minutieux  de  l'histoire  de  sa  ville  natale.  Chacun  sait 
que  la  cité  d'Anis,  dans  ses  vieux  quartiers,  et  surtout  dans  le 
groupe  de  monuments  et  de  vieux  hôtels  qui,  sous  le  nom  de 
Cloître,  entoure  sa  cathédrale  au  pied  même  du  Rocher  Cor- 
neille, est  restée  un  véritable  musée  archéologique  où  l'on  vit 
au  sein  des  siècles  passés  depuis  l'époque  gallo-romaine  juscj^uà 
la  Révolution.  Là,  le  logis  le  plus  modeste  et  parfois  le  plus 
décrépit,  contient  des  armoiries  illustres  ou  vénérables,  évoque 
le  souvenir  de  grands  événements,  ou  abrita  pendant  des  siècles 
quelque  famille  notable  par  sa  noblesse,  son  rôle  historique  ou 
ses  vertus.  Or,  justement  M.  Boudon-Lashermes  appartient  à 
une  des  plus  honorables  et  des  plus  anciennes  familles  de  la 
cité,  et  des  liens  de  parenté  l'unissent  à  celles  qui  se  sont  vouées 
au  culte  de  la  science  et  des  arts. 

Il  était  donc  naturellement  porté  à  tirer  de  l'oubli  un  passé 
qui  était  celui  des  siens  et  à  renouer  le  fil  de  généalogies  où  il 
retrouvait  les  traces  de  ses  ancêtres.  Le  premier  volume  du 
Vieux  Puy,  qui  porte  en  sous-titre  «  Vieux  logis  et  vieilles  fa- 
milles, »  '  tente  cette  résurrection  pieuse.  L'auteur,  respectant 
la  vieille  répartition  de  la  ville  en  Cloître  et  en  Isles,  décrit 
avec  amour  les  «  logis  »  qui  ont  disparu,  reconstruit  ceux 
qui  ont  laissé  quelques  vestiges,  un  pan  de  mur,  une  porte,  une 

1.  Annales  da  Midi,  t.  XXI,  p.  232-36. 

2.  Société  de  l'Imprimerie  ïhéolier,  Saint-Élienne,  in-V  do  iao  pa 
ges,  191 1. 


^()()  AIVNALES    DU    MIDI. 

cheminée,  un  escalier,  et  pénètre  avec  émotion  dans  tous  ceux 
que  le  temps  a  épargnés.  II  y  est  suivi  par  un  collaborateur 
dévoué,  M.  Gaston  de  Jourda  de  Vaux,  l'historien  des  Châteaux 
du  Velay,  lauréat  de  la  Société  française  d'archéologie,  dont  le 
crayon  fait  revivre,  bien  mieux  que  la  photographie,  les  coins 
mystérieux,  les  armoiries  augustes,  les  meubles,  les  grilles 
ouvragées,  les  sculptures,  les  enseignes  et  parfois  la  merveil- 
leuse perspective  des  rues  moyennageuses  qui  montent  à  l'assaut 
du  Mont-Anis  ou  s'ouvrent  sur  quelque  haute  place  ou  quelque 
jardin  intérieur  d'où  la  vue  s'étend  jusqu'aux  monts  chevelus 
du  Velay,  aux  crêtes  violettes  et  massives  du  Mégal,  aux  som- 
mets fauves  ou  diamantés  de  neige  des  Cévennes  et  du  Mezenc. 
L'annaliste  a  si  bien  senti  ce  que  son  livre  devait  au  dessina- 
teur qu'il  a  donné  à  son  ami  la  première  place.  Le  livre  est  dû 
à  «  Gaston  de  Jourda  de  Vaux  et  à  Albert  Boudon-Lasher- 
mes  ». 

Un  tel  ouvrage  ne  saurait  s'analyser.  11  faut  même,  pour  le 
comprendre  et  en  sentir  le  pouvoir  d'évocation,  le  lire  en  re- 
faisant le  pèlerinage  des  auteurs  dans  les  vieilles  rues,  les 
chandons,  les  «  escaliers  boiteux  »,  du  Cloître,  en  passant  sous 
les  voûtes  croulantes  des  anciens  hôtels,  ou  en  s'égarant  dans 
le  labyrinthe  des  ruelles  du  Pouzarot  ou  la  solitude  sacrée  des 
églises,  des  sanctuaires  et  des  vieux  couvents. 

Voici,  pour  donner  une  idée  des  trésors  oubliés  que  les  au- 
teurs nous  forcent  à  admirer,  l'itinéraire  d'une  promenade 
archéologique  dans  le  Cloître  : 

«  Le  Cloître.  —  i.  Prévôté  et  prieuré  de  Saint-Jean.  — 
2.  Hôtel  de  Chalancon.  —  3.  Doyenné.  —  Hôtel  d'Allègre  et 
maison  de  Mauzac.  —  4.  Maison  de  Saint-Mayol.  —  5.  Maison 
do  (Jirardin.  —  6.  Maison  de  Luzy-Pélissac.  —  7.  Hôtel  de 
Nontadour,  famille  Pipet.  —  8.  Hôtel  de  Sainl-Ahond.  — 
().  Hôtel  de  la  Chassaigne  de  Sereys,  —  10.  Maison  de  Poinsac. 
—  II.  Hôtel  de  Turenne.  —  12.  Maison  de  Cornilhe.  —  i3.  Mai- 
son Mondot.  —  i/|.  Hôtel  de  Frétât.  —  i5.  Maison  de  Cho- 
mclix.  —  16.  Maison  d'Orvy.  —  17.  Maison  Roche  de  Mercœur, 
famille  Roche  de  Mercœur.  —  18.  Hôtel  des  Dauphins  du 
Viennois,  —  19.  Hôtel  de  Saint-Vidal.  —  20.  Maison  de  Cla- 


.     CHROMQUE.  '19- 

vières.  —  21.  Maison  de  Jagonas.  —  22.   Maison  al)balial(' dn 
Sainl-Vosy. 

Pour  édifier  les  généalogies  des  familles  qui  ont  ilhislré  res 
vénérables  demeures,  M.  Boudon  a  consulté  toutes  les  archives 
publiques  ou  privées  de  la  ville.  11  a  surtout  déchiffré  les  nom- 
breux compois  qu'ont  laissés  les  xv%  xvi"  etxvii"  siècles  à  partir 
de  i4o8.  Il  est  allé  parfois  très  loin,  à  Tournon,  à  Lyon,  à 
Paris,  à  Toulouse,  en  Provence  et  même  en  Orient,  pour  re- 
trouver des  traces  d'une  filiation  dispersée  ou  renouer  les  cliai- 
nons  de  quelque  biographie  d'homme  célèbre.  C'est  ainsi  (|uc 
le  Vieux  Puy  donne  une  personnalité  très  nette  au  cardinal 
Pierre  Bertrand,  qui,  simple  doyen  d'Anis  en  i3o8,  devint  suc- 
cessivement évêque  de  Nevers,  d'Autun,  d'Arras,  puis  un  des 
oracles  de  l'Université  de  Paris  et  s'éteignit  à  Avignon  dans 
tout  l'éclat  de  la  pourpre  romaine.  Or,  l'histoire  de  ce  prince 
de  l'Église  est  encore  inédite  dans  un  vieux  manuscrit  de  la 
bibliothèque  de  Xournon  dû  au  père  Grasset. 

Le  Vieux  Pay  fournit  des  renseignements  inédits  aux  pro- 
vençalistes  eux-mêmes.  M.  C.  Appel,  en  éditant  les  poèmes  de 
Garin-le-Brun  dans  la  Revue  des  laiifjues  romanes,  en  1890, 
n'avait  pas  pu  déterminer  le  rang  social  du  troubadour  et 
même  dire  exactement  dans  quelle  localité  du  Velay  il  était  né. 
M.  Boudon-Lashermes,  trouvant  une  famille  Brun,  Bruni,  Le 
Brun,  dans  son  chemin,  la  suit  depuis  1 192  jusqu'en  1686.  Le 
fils  du  troubadour  est  notaire,  et  son  petit-fils  est  si  bien  en- 
touré de  la  considération  de  ses  concitoyens  qu'il  devient  consul 
du  Puy  en  12 19,  c'est-à-dire  au  moment  même  où  la  ville  ob- 
tient de  Philippe-Auguste  ses  premières  franchises  commu- 
nales (mars  1218).  Et  ces  Le  Brun  étaient,  à  trois  lieues  du  Puy, 
seigneurs  de  Lanthenas,  des  Chazottes  et  de  Borne. 

Le  grand  mérite  du  livre  de  M.  Boudon  est  sa  probité  scien- 
tifique. L'auteur  ne  se  permet  aucune  hypothèse,  même  vrai- 
semblable. Quand  les  documents  laissent  une  généalogie  in- 
complète, il  ne  cherche  pas  à  combler  les  lacunes  et  l'arbre 
reste  brisé.  Cette  méthode,  à  laquelle  pe^  de  chercheurs  ont  le 
courage  de  s'astreindre,  peut  provoquer  des  regrets  et  décevoir 
bien  des  espérances  :  elle  est  la  seule  qui  attire  à  un  auteur 


498  ANNALES    DU    MIDI. 

une  confiance  entfère  et  qui   lui  permette  d'être  clair  et  de 
procéder  toujours  par  affirmations  indiscutables. 

Le  second  volume  du  Vieux  Pay,  «  La  Vie  d'autrefois  »  (191 2), 
a  été  édité  avec  le  même  sofn  que  le  premier,  et  avec  la  même 
richesse  de  documentation  et  d'illustration  artistique.  11  décrit 
«  la  vie  militaire  »  et  surtout  «  la  vie  religieuse»,  si  impor- 
tante ici  au  Moyen  âge  et  pendant  la  période  tourmentée  des 
guerres  de  religion.  Un  tableau  de  «  la  vie  consulaire  »  et  de 
«  la  vie  corporative  »  suit  ces  premiers  aperçus  historiques,  et 
l'auteur  a  même  tenté  une  esquisse  de  «  la  vie  littéraire  et  ar- 
tistique ».  Mais  ici,  je  me  sers  des  mots  à  dessein,  il  n'a 
tracé  qu'une  esquisse.  La  page  maîtresse  du  tableau  était  l'his- 
toire de  l'école  de  l'université  Saint-Mayol,  qui  remonte,  au 
moins,  au  vu'  siècle  et  qui  peut  être  suivie  pas  à  pas  dans  les 
bulles  du  pape  Clément  IV  (1267-1268),  puis  dans  celles  d'Eu- 
gène lY  au  \i\"  siècle,  et  dans  les  règlements  nombreux  dus 
au  chapitre  et  aux  doyens  d'Anis.  Tous  ces  documents,  qui 
indiquent  l'organisation  de  l'Université,  citent  souvent  les  maî- 
tres qui  l'ont  illustrée,  le  nombre,  le  recrutement  et  la  condi- 
tion de  ses  élèves,  la  nature  et  la .  durée  des  études,  ont  été 
conservés  dans  un  copieux  recueil  du  xviir  siècle  resté  manus- 
crit. Or,  M.  Boudon  ne  paraît  pas  avoir  consulté  cet  ouvrage, 
qui  est  pourtant  aux  archives  départementales.  M.  Boudon  n'a 
pas  pu  aussi  faire  revivre  sérieusement  la  cour  poétique  du 
Puy  dont  le  Moine  de  Montaudon  fut  senher  en  119/».  Cette 
cour  arma  chevaliers  les  fils  de  Bertrand  de  Born;  avant  1202, 
elle  eut  à  examiner,  entre  autres  productions,  une  chanson  de 
Guiraud  de  Calanson  sur  «  le  troisième  Amour  »;  elle  entendit 
enfin  un  chant  de  Richard  de  Barbézieu\  que  Bertrand  d'Ala- 
manon  répéta  ensuite  à  Guida  de  Kodez  vers  1282;  la  part  que 
le  Velay  prit  à  la  Renaissance  avec  Guillaume  Tardif,  et  au 
mouvement  de  la  Pléiade,  est  également  presque  oubliée.  11  en 
est  de  même  de  la  persistance  de  la  poésie  en  langue  d'oc  lo- 
cale, qui,  sous  Louis  XIII,  produisit  les  Noëls  gouailleurs  et 
pittoresques  d'un  humble  curé  de  Cussac  et  s'allia,  au  xviir  siè- 
cle, à  des  productions  dramatiques  dignes  d'attention  sur  des 
sujets  locaux. 


CimOMQUE.  /,fjQ 

Mais  ces  derniers  oublis  avaient  une  excuse  :  M.  Boudon  ne 
connaissait  pas  la  langue  d'oc.  C'est  même  à  cause  de  cela  qu'il 
n'avait  puisé  que  très  discrètement,  pour  son  premier  volume, 
dans  le  compois  de  i4o8,  écrit  dans  cette  langue.  Il  se  propo- 
sait justement  d'apprendre  ce  vieux  parler  de  ses  aïeux  et  de 
lui  consacrer  un  troisième  volume  qui  aurait  eu  pour  sous- 
titre  :  «  La  langue  d'autrefois  ».  Le  courageux  écrivain  n'a  pas 
failli  à  cette  tâche,  mais  nous  dirons  bientôt  dans  quelle  voie 
inattendue  ses  nouvelles  études  l'ont  conduit. 

Mais  M.  Boudon  n'est  pas  seulement  un  érudit  conquis  par 
le  culte  du  passé  lointain.  C'est  un  royaliste  et  un  catholique 
convaincu  et  ardent.  Aussi,  la  résistance  que  la  Révolution 
française  rencontra  dans  le  Velay,  dès  les  premiers  jours  de 
l'émigration,  devait-elle  provoquer  ses  recherches  passionnées. 
Des  mémoires  et  des  journaux  de  plusieurs  royalistes  du  Velay, 
auteurs  ou  témoins  des  événements  de  la  Révolution,  ont  été 
conservés  nombreux  par  bien  des  ecclésiastiques,  des  familles 
honorables  ou  par  les  archives  départementales  ou  munici- 
pales. M.  Boudon  est  parvenu  à  les  lire  presque  tous.  Et  c'est 
de  ces  documents  qu'il  a  tiré  Les  Chouans  en  Velay'.  Le  livre, 
paru  par  chapitres  dans  les  journaux  de  la  région,  est  une 
œuvre  de  propagande;  il  est  écrit  avec  l'impétuosité  mordante 
qui  caractérise  les  polémistes  de  «  L'Action  française  »  ;  Léon 
Daudet  et  Charles  Maurras  ne  le  désavoueraient  pas.  Il  a  néan- 
moins le  mérite  essentiel  de  n'être  pas  un  livre  de  haine  et  de 
respecter  scrupuleusement  la  vérité  dans  le  récit  des  faits.  Et 
c'est  par  là  qu'il  fournit  un  apport  précieux  à  la  bibliothèque 
déjà  abondante  que  les  écrivains  du  Velay  ont  érigée  à  la  Ré- 
volution dans  nos  montagnes.  Il  complète  et  corrige  parfois 
très  heureusement  les  ouvrages  de  M.  Gonnet  et  de  Godard 
dont  j'avais  dit  un  mot  dans  la  chronique  de  191 1.  J'écrivais 
alors  :  «  On  s'explique  que,  sous  l'influence  du  séduisant  et 
vertueux  prélat  de  Galard,  les  prèlres  insermentés  aient  été 
nombreux  en  Velay,  et  même  aient  fait  cause  commune  avec 
les  émigrés,  les  révoltés  de  Jalès  et  de  la  Lozère,  ainsi  qu'avec 

I.  Yssingeaux,  Cl.  Ranchon,  éditeur;  in-12  de  4*38  pages,  191 1. 


5oO  ANNALES    DU    MIDI. 

les  déserteurs  de  1793...  M.  Gonnet  l'a  compris,  mais,  sur  les 
causes  du  mouvement,  il  est  resté  légèrement  au-dessous  de  sa 
tâche.  Sympathique  au  clergé  assermenté,  il  n'a  pas  assez  re- 
cherché les  causes  obscures  et  profondes  de  la  résistance.  » 
J'ajoutais  :  «  M.  Godard  n'a  pas  assez  fait  ressortir  qu'à  partir 
de  1793,  Conseil  général  et  Directoire  (départemental)  n'ont 
plus  guère  existé  que  de  nom  et  n'ont  été  que  des  instruments 
sans  force  et  sans  autorité  propre  dans  les  mains  des  représen- 
tants envoyés  en  mission  ou  des  agents  nationaux.  »  Le  livre 
de  M.  Boudon,  rédigé  au  même  moment,  me  donne  raison 
d'une  manière  lumineuse  et  fait  disparaître  les  lacunes  que  je 
signalais.  Il  fournit,  en  outre,  une  foule  de  renseignements  pré- 
cis et  inédits  sur  des  événements  de  détail,  sur  les  Morangiès 
de  Saugues  et  de  Saint-Privat,  les  de  Ribains,  de  Pradelles,  etc. 
L'histoire  fantastique  du  «  Roi  de  Bauzon  »,  c'est-à-dire  du 
révolté  Claudo  Duny,  qui,  «  ne  sachant  ni  lire  ni  écrire,  n'en 
régna  pas  moins  pendant  plusieurs  années  »  sur  la  région  boisée 
de  Mazan,  avec  une  bande  que  les  soldats  de  la  République  ne 
purent  jamais  atteindre,  est  un  chapitre  absolument  inédit  de 
nos  annales  révolutionnaires.  L'auteur  lui-même  avoue  qu'en 
lisant  le  manuscrit  qui  lui  a  révélé  cette  histoire,  il  a  cru 
«  vivre  un  conte  de  fée  ».  11  ne  manque  à  l'ouvrage  de  M.  Bou- 
don que  la  mention  de  quelques  dates  qui  auraient  bien  situé 
les  faits  et  surtout  relié  entre  eux  des  chapitres  un  peu  dispa- 
rates. Le  plan  est  excellent  et  clair;  il  était  imposé  par  la  géo- 
graphie même,  qui  avait  réparti  la  résistance  sur  diverses  ré- 
gions du  département;  mais,  à  cause  do  cela  même,  il  fallait 
établir  soigneusement  les  synchronismes  qui  auraient  rattaché 
chaque  fait  à  Tcnsemble.  11  aurait  même  fallu  relier  soigneuse- 
ment les  événements  du  A  elay  à  l'histoire  centrale  de  la  Révo- 
lution. Cette  histoire,  surtout  à  partir  de  1794  et  sous  le  Direc- 
toire, est  faite  de  soubresauts  et  de  coups  d'État  en  relation 
étroite  de  cause  à  effet  avec  les  victoires  militaires  de  l'inté- 
rieur ou  des  frontières.  Or,  ces  coups  d'État  et  ces  victoires  ont 
eu  leur  répercussion  jusque  dans  l'administration  du  départe- 
ment et  dans  le  mouvement  des  chouans  du  Velay. 


CHRONIQUE.  5oi 


Cependant,  la  Société  sciontiliquc  et  agricole  de  la  Haule- 
Loiie  continuait  ses  travaux.  L'analyse  de  son  Bullelinlrimeslriet 
et  de  ses  Mémoires  paraîtra  bientôt  ici  dans  la  «  Revue  des 
Périodiques  ».  Mais  les  publications  savantes  de  Paris  nous  ont 
déjà  devancé  dans  ce  travail  de  dépouillement.  C'est  dire  que 
les  études  de  la  Société  ont  eu  un  retentissement  flatteur  ;  elles 
sont  aussi  recherchées  à  Poitiers  où  veut  bien  les  faire  connaî- 
tre M.  Brunel,  archiviste  de  la  Vienne. 

Dirai-je  qu'en  dehors  de  communications  courantes  dcdélail, 
elles  m'ont  permis  de  continuer,  comme  les  Annales,  la  double 
publication  que  je  poursuis  depuis  dix  ans  sur  les  troubadours 
du  Velay  ?  En  1912,  les  Annales  ont  accueilli  une  étude  assez 
longue  sur  Guida  de  Rodez.  La  critique  n'a  pas  cru  à  la  solidité 
de  toutes  mes  interprétations.  J'en  suis  d'autant  plus  libre  pour 
la  remercier  sincèrement  des  remarques  fondées  qu'elle  a  pu 
formuler.  Mon  étude,  en  définitive,  a  fait  connaître  exactement 
la  vie  d'une  haute  dame  qui,  mariée  en  Velay,  a,  pendant 
trente  ans,  été  l'inspiratrice  des  troubadours  les  plus  connus, 
et  notamment  de  Sordel  et  de  Bertrand  d'Alamanon.  MM.  C.  de 
Lollis  et  Salverda  de  Grave,  qui  ont  édité  les  vieilles  œuvres  de 
ces  deux  poètes,  ont  vu  ainsi  leurs  livres  s'éclairer  d'un  jour 
plus  complet  pour  leurs  lecteurs,  et  j'ai  répondu  àquel(|ues-uns 
des  points  d'interrogation  que  la  vie,  jusque-là  obscure,  de 
Guida  de  Rodez  les  avait  contraints  de  poser  assez  souvent. 

Au  Puy,  j'ai  pu,  en  quelques  pages,  indiquer  la  valeur  de  la 
thèse  in  laurea  in  lettere  que  M.  Georges  Dalmazzone,  de  Turin, 
a  consacrée  à  Cardinal  en  1910,  et  signaler  la  contribution  si 
précieuse  et  si  claire  que  M.  J.  Anglade,  dans  ses  «  Troubadours  » 
avait  apportée  à  l'interprétation  de  l'œuvre  du  même  poète. 

Dans  In  planh  de  Bertrand  Carbonel  de  Marseille  sur  la  mort 
de  Cardinal,  j'ai  essayé  de  comprendre  le  chant  bien  oublié  : 

S'ieu  anc  nulh  temps  chantioi  alegramon, 
et  j'ai  pu  prouver  que  Bertrand  Carbonel,  le  fidèle  disciple  de 


D02  ANNALES    DTJ    MIDI.     , 

Cardinal,  a  écrit  de  12^5  à  1268,  tandis  que  les  provençalistes  les 
plus  autorisés  le  faisaient  vivre  et  écrire  plus  tard,  jusqu'en  i3io. 

Mais  mon  étude  la  plus  substantielle  est  celle  que  j'ai  consa- 
crée à  Gui  Folqiieis  et  à  son  poème  des  Set  gaugz  de  Noslra 
Doua.  Gui  P'olqueis  fut  un  très  haut  personnage  «  le  plus  grand 
avocat  de  la  terre  ».  Né  à  Saint-Gilles,  vers  la  fin  du  xii"  siècle, 
il  fixa,  en  1 229-1 235,  les  destinées  politiques  de  la  ville  de 
Viviers,  qu'il  proclama  «  terre  d'empire  »  contre  les  appétits 
du  roi  de  France  et  de  Pèlerin  Latinier,  Sénéchal  de  Beau- 
caire.  Homme  de  confiance  d'Alphonse  de  Poitiers,  il  régla,  de 
1200  à  i25/i,  toutes  les  contestations  que  provoqua,  en  Venaissin 
et  à  Toulouse,  la  liquidation  laborieuse  de  la  succession  de 
Raimon  Vil.  Devenu  conseiller  de  Louis  IX,  il  fut  le  représentant 
du  roi  dans  toutes  les  affaires  concernant  Narbonne,  Béziers, 
Montpellier,  Nimes,  Anduze  et  la  Provence.  Son  entrée  dans  les 
ordres,  au  moment  où  il  atteignait  l'âge  mûr,  lui  valut  en  1257 
le  siège  épiscopal  du  Puy  où  il  resta  trois  ans.  Appelé  à  l'arche- 
vêché de  Narbonne,  il  rédigea  les  règlements  de  l'inquisition, 
fut  promu  cardinal  en  1261,  envoyé  comme  légat  en  France  et 
en  Angleterre,  et,  en  1266,  élevé  au  souverain  pontificat.  11 
mourut  en  1 268,  à  Viterbe,  après  avoir  instauré  Charles  d'Anjou 
sur  le  trône  de  Naples. 

Voilà  le  grand  personnage  dont  j'ai  pu  déterminer  la  longue 
et  magnifique  carrière,  surtout  avant  son  accession  à  l'épisco- 
pat.  Et  ce  personnage  fut  un  poète  qui  ne  craignit  pas  de  ten- 
sonner  vivement  avec  Peire  Bremon  Ricas  Novas  avant  de 
s'anéantir  humblement  dans  le  culte  de  la  Vierge,  el  produire 
un  chant  pieux  d'adoration  et  de  renoncement  qui  inspirera 
Pétrarque. 

Tout  cela  était  si  peu  connu  que  Sucliier  avait  enfermé  dans 
une  simple  page  toute  la  biographie  du  pape  Clément  IV,  quand 
il  avait  publié  le  chant  sacré  pour  la  récitation  duquel  ce  pape 
avait  accordé  «  cent  jours  d'indulgences  !  »  Le  chanoine  Nicolas, 
de  Nimes,  avait  môme  été  scandalisé  de  voir  qu'on  osait  trans- 
former un  Souverain  Pontife  et  un  Saint  eîi  troubadour.  Il  avait 
vivement  dénoncé  ce  qu'il  croyait  être,  non  seulement  une 
erreur,  mais  une  espèce  de  sacrilège. 


OHUONTOI^K.  7u>'^ 

Or,  c'est  ce  lioubadouf  (juc  j'ai  làclié  dr  lairc  connaîtif  en 
expliquant  tous  ses  chants  par  sa  piestigicuso  carrière.  Mais, 
comme  Gui  Folqueis  avait  été  évoque  du  Vu\  pendant  trois  ans, 
j'ai  aussi  analysé  ou  publié  iii-e.vfenso,  les  actes  de  son  épiscopat 
en  Velay.  J'ai  enfin  analysé  ou  publié  également  iii-exlenso,  les 
douze  bulles  par  lesquelles  l'ancien  évêque  d'Anis,  devenu  pape, 
réorganisa  notre  église  et  donna  des  règlements  minutieux  à 
l'université  Saint-Mayol.  Le  testament  du  pape  n'oubliait  pas  le 
Velay  et  y  fondait  un  somptueux  anniversaire  qui  fut  célébré 
pieusement  pendant  un  siècle.  J'ai  publié  une  vieille  analyse 
inédite  de  ce  testament. 

Je  ne  dirai  que  quelques  mots  d'une  étude  sur  le  Troubadour 
Perdigon.  Elle  a  paru  dans  la  Revue  du  Vivarais  et  la  division 
de  la  France  en  départements  en  fait  la  propriété  morale  de  nos 
voisins  de  Largentière,  quoique  aux  xii' et  xiir  siècles,  Lespéron 
patrie  de  Perdigon,  appartînt  à  l'évêché  de  Mende  et  fût  un  fief 
des  seigneurs  de  Luc  et  de  Pradelles,  vassaux  des  Handon  et  des 
Polignac.  M.  J.  II.  Ghaytor,  l'éditeur  des  poèmes  de  Perdigon 
dans  les  Annales  (1907-1908),  avait  exprimé  le  désir  de  voir 
quelqu'un  déterminer  la  carrière  du  troubadour  et  retracer  les 
relations  qu'il  eut  avec  le  Dauphin  d'Auvergne,  les  seigneurs 
du  Baus,  les  vainqueurs  des  Albigeois  et  le  roi  d'Aragon.  C'est 
à  cette  tâche  que  j'ai  consacré  une  brochure  d'une  centaine  de 
pages.  J'ai  pu  surtout  montrer,  ce  qui  était  ignoré,  que  Perdigon 
célébra  un  moment  dans  ses  chants  x\lix  de  Montmorency,  la 
«  comtesse  »  femme  de  Simon  de  Montfort.  J'ai  pu  en  outre  faire 
connaître  cinq  mélodies  du  troubadour,  complétant  ainsi  un 
travail  que  M.  Restori  avait  commencé  en  1890.  Ces  mélodies 
ont  même  été  traduites  en  notation  moderne  par  M"'  ^'adot, 
professeur  au  Puy,  que  je  remercie  encore  une  fois  respectueu- 
sement de  sa  collaboration. 


Mais  les  études  sur  la  vieille  langue  du  Velay  eurent,  en  1913, 
une  destinée  inattendue.  M.  Boudon-Lasliermes  avait  déjà  re- 
produit en  épigraphe,  en  tête  de  son  lieux  Pur,  une  stance  vi- 


5o4  ANNALES    DU    MIDI. 

brante  de  Calendaa.  Il  me  proposa  un  jour  de  dépouiller  avec 
lui  le  vieux  coinpes  de  iZjoS,  que  possède  la  Mairie  du  Puy  et 
que  M.  P.  Meyer  a  fait  admirablement  restaurer  comme  un  des 
trésors  les  plus  précieux  laissés  ici  par  la  langue  d'oc.  Le  dé- 
pouillement achevé,  M.  Boudon,  qui  s'était  familiarisé  rapide- 
ment avec  le  parler  de  ses  pères,  écrivit  à  Mistral  et  lui  de- 
manda la  création  dune  maintenance  félibréenne  dans  nos 
montagnes.  La  démarche  donna  naissance  à  l'école  Peire  Cardi- 
nal, qui  fut,  en  effet,  érigée  en  maintenance,  à  Avignon,  par  le 
Consistoire  du  félibrige  en  juin  191^.  La  nouvelle  maintenance 
fut  ofRciellement  organisée  dans  une  laulejado  solennelle  à 
Boussoulet,  sous  les  auspices  de  l'ombre  du  troubadour  Pons 
de  Chapteuil,  par  le  majorai  Alcide  Blavet,  d'Alais,  le 22  juillet 
suivant. 

Cet  événement  doit  être  mentionné  ici.  La  maintenance  du 
Velay  n'est  pas  simplement  une  nouvelle  circonscription  terri- 
toriale du  félibrige.  Elle  se  propose  formellement  —  c'est  un 
article  de  ses  statuts  particuliers  —  d'étudier  à  fond  nos  an- 
ciens troubadours  et  de  reconstruire  par  tous  les  textes  qu'elle 
trouvera,  l'histoire  littéraire  de  la  langue  d'oc  dans  notre  petite 
province.  C'est  pour  obéir  à  cette  prescription  que  j'ai  fait  pa- 
raître récemment  dans  les  Annales  «  trois  documents  inédits 
des  archives  de  l'Hôpital  du  Puy,  écrits  en  langue  d'oc.  » 

Les  vieilles  traditions  purement  orales  sont  aussi  recueillies 
soigneusement  avec  leur  parfum  des  temps  disparus,  et,  quand 
cela  est  possible,  dans  la  langue  archaïque  qui  les  a  exprimées 
pour  la  première  fois.  M.  Henri  Gilbert  s'est  distingué  dans  ce 
genre  en  publiant  quelques-unes  des  traditions  de  la  région  de 
Langeac  et  de  Brioude,  sous  le  nom  de  Counles  de  la  Ijuviiro'. 
La  Crounico  de  San-Maiou,  c'est-à-dire  l'organe  mensuel  de 
l'école  Peire  Cardinal,  a  rassemblé,  de  son  coté,  des  traditions 
restées  vivantes  au  Puy,  à  \  illenenvo-d' Allier  el  à  Sainl-Didici- 
la-Séauve. 

La  création  de  la  maintenance  est  due,  d'ailleurs,  à  un  écrin 
de  chants  où  M.  Boudon-Lashermes  a  célébré  en   vers  proven- 

I.  l'aris.  (iibert,  1913;  in-i:^  de  5C  pages. 


CHRONIQUE.  ûoâ 

çaux  admirablement  inspirés,  les  Glôri  Oahlidado' ûc  s;i  \illc 
natale.  Voici  quelques  vers  de  l'invocation  du  poêle.  Il-,  pei- 
gnent l'âme  même  du  livre  : 

Pople  de  moun  pais,  popic  d'antico  raço, 
Ardent  e  gcnerous,  que  faguèros  ta  traço 

Au  grand  soulèu 

Perquè  dounc,  ûublidant  toun  amo  e  loun  islôri. 

Laisses-tu  s'escafa  11  raioun  de  la  glôri 

Que  ta  lengo  gagné  dôu  tems  di  Cou rt-d' Amour.' 

Que  revisque  ufanouso,  esquisto  e  trelusento.,. 
Que  revisque  !...  coume  an  reviscu  dins  l'istôri 
Vosti  troubaire,  oundra  di  lousiè  de  la  glôri. 
E  que  reste  coume  éli  inmourtalo  à  jamai. 

Et  le  poète  évoque,  en  effet,  toutes  les  «  Gloires  oubliées  ». 
11  remonte  à  la  fondation  de  la  cathédrale  d'Anis;  il  voit  venir 
au  sanctuaire  l'apôtre  saint  Georges  et  sainte  Marthe,  puis  les 
rois  maures  et  francs.  Mira,  Charlemagne,  Louis-le-Pieux, 
Charles-le-Chauve,  Eudes,  les  papes  Urbain  II,  Innocent  II, 
Alexandre  111.  11  n'oublie  ni  les  jubilés,  ni  la  première  croisade 
et  la  chanson  d'Antioche,  Louis  VIII  et  Philippe-Auguste  fer- 
ment la  marche  des  processions  triomphales  du  haut  Moyen 
âge.  Mais  tous  les  troubadours  sont  glorifiésà  leur  tour,  depuis 
Garin-le-Brun  et  le  Moine  de  Montaudon,  jusqu'au  pape  Clé- 
ment IV  et  à  Cardinal.  11  ne  manque  au  cortège  que  le  problé 
matique  Aenac.  Les  rois  reprennent  la  marche  avec  saint  Louis, 
Philippe-le-Hardi,  Philippe-le  Bel,  Charles-le-Bien-Aimé,  Vo 
lande  d'Aragon,  Louis  de  Sicile,  le  roi  de  Bourges,  le  bon  roi 
René,  Louis  XI,  Charles  Vlll,  François  1"',  la  reine  Marguerite. 

O  Vêlai,  quau  revôu  a  passa  sus  ti  lavo  ! 

Les  poèmes,  accompagnés  d'une  traduction  française  précise, 
avaient  ému  et  enchanté  Mistral.  Le  père  de  Calendau  et  cVEs- 
terello  félicita  et  remercia  l'auteur  dans  une  lettre  pleine  d'en- 

I.  Amant-Badiou,  éditeur,  Lou  Puei-Santo. Mario,  grand  in-8' de 
2O0  pages,  1914. 

ANNALES    DU    MIDI.    \\X.  ^^ 


5o6  ANNALES    DU    MIDI. 

thoiisiasme  attendri.  Comme  cette  lettre  est  du  7  mars  igili  et 
que  le  grand  poète  devait  mourir  deux  semaines  plus  tard,  elle 
est  le  vrai  testament  littéraire  du  Maître.  Le  Velay  en  est  tout 
fier  dans  le  deuil  qui  a  frappé  le  pays  d'oc,  et  il  a  voué  un  culte 
profond  à  celui  qui,  dans  lis  Oullvado,  avait,  d'ailleurs,  célébré 
magnifiquement  Notre-Dame-de-France  du  Puy'. 


I.  Gomme  le  recueil  des  Glôri  Oublidado,  tiré  à  un  nombre  restreint 
d'exemplaires,  n'est  pas  dans  le  commerce,  je  crois  devoir  donner 
aux  Annales  la  primeur  de  la  belle  lettre  de  Mistral: 

<(  Es  toujour  pèr  miracle  que  se  fan  li  resurreicioun.  Aquelo  de 
noslo  lengo,  en  plen  siècle  dès-e-nouven,  contûnio,  au  siècle  vinten, 
d'esmcraviha  lou  mounde. 

«  Veici  que  lou  ^  elai,  qu'aviè,  au  lèms  passa,  fourni  au  Gai-Sabé 
tant  de  cantaii'e  mèstre,  mai  que.  pèr  lis  estras  e  tressimàci  de  l'is- 
tôri,  avié,  à  la  longo  dôu  tèms,  ôublida  lou  trelus  de  si  trbubaire 
ilustre.  veici  que  lou  Vêlai,  pèr  lou  miracle  de  l'Estello,  de  nosto 
santo  Estello,  lusour  dôu  Felibrige,  se  reviho  de  soun  som,  se  re- 
mèmbro  sa  lengo  (qu'acô  's  la  Icngo  d'O)  e  nous  crido  pèr  la  voues 
de  si  felibre  manteneire  : 

«  Emai  ièu  siéu  dôu  Miejour  !  Emai  iéu  vous  coumprene,  0  fraire 
('  de  Prouvènço  !  Emai  iéu  vole  pas  renega  ma  vièio  glôri  e  ôublida 
«  la  court  dôu  Puei,  l'esplendour  de  noste  Puei,  de  noste  Puei 
«  Santo  Mario,  ounte  se  guierdouuavo  li  canta  prouvençau  emé  la 
«  requisto  joio  de  l'Esparviè  dôu  Vêlai.  » 

<(  E,  au  pèd  de  la  Roco  Gourounello  dôu  Puei  e  i  pèd  de  Santo  Ma- 
rio, que  i'es  vuei  entrounado  souto  lou  noble  titre  de  Nosto-Damo 
de  Franco,  veici  qu'a  sourgenta  l'Escolo  felibrenco  de  Pèire  Gardi- 
nau! 

«  E  lou  cabiscôu  de  l'Escolo,  lou  baile  vclaien  mèste  Boudoun-Las- 
llermes,  vuei  nous  rcgalo  d'un  rccuei  de  poucsio  cpico,  —  li  Glôri 
ûablidado,  —  que  talamen  es  linde,  eu  nous  scmblo  espeli  en  ribo 
de  Vau-Gluso. 

«  Dins  aquelo  sinfôni  d'auturous  cantadis,  counsacra  1  grand-fa 
em'i  grandi  figuro  de  l'istôri  vclaienco  nous  fai  gaudc  saluda  li  sant 
que  nous  civilisèron,  li  prince  emé  li  rèi  qu'an  fa  noste  parage,  e 
pièi  (loustèms  fugon  lausa  !)  li  cclèbri  Iroubaire  qu'an  fa  valé  la 
lengo. 

('  E  longo-mai  ansin  !  e  zôu,  à  labono  ourol  se  voulèn  pas  que  lou 
Miejour,  desijersouna,  desparaula,  devèngue,  ai-las  !  un  cors  sènso 
amol  ((  F.  MisTR.\L. 

«  Maiano,  7  do  mars  191/1.  » 


CHRONIQUE, 


La  guerre  a  malheiironsemciit  intenompu  les  travaux  do  Ions 
les  corps  savants  du  Puy.  Nos  jeunes  écrivains,  Bondon-Laslier- 
mes,  Rouchon,  Andrieux,  sont  sur  le  front.  D'aulro  part,  des 
deuils  cruels  ont  frappé  la  Société  scientifique  et  agricole.  i:ilr 
a  perdu  notammenl,  en  février  tgiô,  M.  Lasconibc.  Ijiljlintlié- 
caire  de  la  ville,  bien  connu  par  ses  travaux  conscioncioux 
d'érudition  et  surtout  par  son  «  Répertoire  général  dos  lioiii- 
mages  à  l'évêché  du  Puv  ».  L'impression  des  inventaires  des 
archives  départementales  a  été  suspendue  aussi,  et  M.  Roué 
Jouane,  qui  avait  enfin  classé  avec  un  soin  méticuleux  et  intel- 
ligent les  archives  si  riches  de  l'Hôtel- Dieu,  a  été  mobilisé. 

Néanmoins,  en  1916,  M.  Louis  de  Recourt,  trésorier-payeur 
général  honoraire  et  maire  de  Ceyssac,  a  publié  une  monogra- 
phie précieuse  de  sa  commune,  ancienne baronnie'.  Le  volume, 
édité  par  une  maison  dont  on  connaît  les  travaux  inestimable^^ 
pour  la  Société  des  anciens  textes,  est  un  in-8''  de  180  pages, 
illustré  de  nombreuses  cartes  et  planches  hors  texte.  11  inté- 
resse les  érudits  dans  les  trois  premiers  «  livres  )>  de  l'ouvrage 
qui  décrivent  les  «  antiquités  »  de  Ceyssac  et  contiennent  les 
annales  de  son  histoire.  Sur  les  antiquités  celtiques  ou  gallo- 
romaines,  l'auteur  n'a  guère  reproduit  que  des  descriptions 
déjà  connues,  et,  sur  les  commencements  de  l'histoire,  il  a  re- 
cueilli avec  trop  de  complaisance  et  peu  d'esprit  critique,  (]r 
pures  légendes,  qui  se  rattachent,  comme  celle  de  la  «  Dame 
paralytique  »,  à  la  fondation  mystérieuse  de  l'église  de  Notre- 
Dame-d'Anis  au  m"  siècle.  (?)  M.  de  Récourt  veut  même  qu(>  [ilus 
tard,  en  1265,  Agnès  de  Ceyssac  «  se  soit  associée  au  mouve- 
ment littéraire  et  poétique,  si  intéressant  à  cette  époque  »,  et 
qu'elle  ait  été  un  des  juges  de  la  cour  d'amour  du  Puy.  C'est 
encore  une  simple  légende,  inventée  par  l'historien  Mandet, 
qui  fait  assister  à  la  réunion  à  la  fois  Garin-le-Rrun  et  Cardinal, 
c'est-à-dire  deux  poètes  qui  sont  morts  à  un  siècle  de  distance. 

I.  Louis  de  Bécourt.  llixtoire  de  Ceyssac,  Le  l»uy-on-Velay.  l'eyiii 
1er,  iiouchon  et  Ganion,  lyiO. 


5o8  ANNALES    DU    MIDI. 

Mais,  quand  M.  de  Bécourt,  s'inspirant  heureusement  de  Cha- 
bron  et  de  M.  Jacotin,  mentionne  ensuite  les  personnages  qui 
ont  illustré  le  château  de  Ceyssac  au  Moyen  âge,  les  seigneurs 
qui  l'ont  occupé  successivement,  les  sièges  qu'il  a  soutenus,  il 
est  d'une  exactitude  rigoureuse  et  d'une  clarté  parfaite.  Ses 
recherches  patientes  lui  ont  même  permis  de  se  reconnaître 
nettement  dans  les  annales  encore  si  obscures  ici  des  xiv'  et 
XV'  siècles.  Un  chapitre  excellent,  très  mesuré,  est  consacré  aux 
guerres  de  religion;  puis,  après  avoir  donné  une  personnalité 
colorée  à  quelques  seigneurs  ou  dames  du  xvii"  et  du  xvtii"  siè- 
cles, l'auteur  salue  avec  émotion  l'aube  des  temps  nouveaux 
où  la  population  toute  rurale  de  Ceyssac  a  vécu  «  en  sécurité  à 
l'ombre  nourricière  de  la  charrue,  ne  songeant  plus  aux  cala- 
mités du  passé  ». 

En  résumé,  la  belle  collection  des  monographies  que  Tru- 
chard-Dumolin  avait  consacrées  aux  baronniesdu  Yelay,  collec- 
tion qui  était  interrompue  depuis  plus  de  trente  ans,  vient 
d'être  reprise  avec  éclat,  grâce  à  un  livre  qui  est,  en  tout  point, 
digne  de  ses  aînés.  Nous  souhaitons  que  le  bel  exemple  d'atta- 
cliement  donné  au  pays  natal  par  M.  de  Bécourt  soit  suivi  par 
les  érudits,  si  nombreux  en  Velay.  La  plus  grande  des  baron- 
nies  de  la  province,  celle  de  Montlaur,  dont  quelques  terres  du 
Ceyssac  moderne  faisaient  partie,  n'a  pas  encore  d'historien,  et 
nous  ne  devrions  pas  nous  laisser  devancer  par  nos  excellents 
voisins  du  Vivarais,  que  le  sujet  intéresse  aussi  tout  particuliè- 
rement et  qu'il  est  en  train  de  séduire,  si  j'en  crois  un  appel 

vibrant  du  regretté  marquis  de  Vogiié. 

C.  Fadre. 


LIVRES  ANNONCÉS  SOMMAIREJIE.M' 


Alos  (Ramon  d').  Deirnntica  versione  calalana  del  Dccamcmn  : 
brani  scelli.  Roma,  191Ô;  in-8"  do  16  pages.  (Tesli  nonianzi. 
publiés  par  E.  Monaci,  n"  34).  —  Cette  version  catalane  fut 
exécutée  en  1429  au  village  de  San-Cugat-del-Vallés.  Le  ma- 
nuscrit unique  qui  la  contient  appartient  à  un  bibliophile 
catalan  Isidre  Bonsoms;  la  traduction  entière  a  été  [jubliéc. 
récemment  dans  la  Blblioteca  hispaiiica  de  New-York  par 
M.  Massô  Torrents.  M.  R.  d'Alos  en  publie  plusieurs  passages 
choisis  :  la  nouvelle  neuf  de  la  cinquième  journée,  la  nouvelle 
quatre  de  la  sixième  journée  et  la  nouvelle  sept  de  la  dixième. 
Un  petit  glossaire  catalan-italien  termine  cet  élégant  fascicule 
de  la  bibliothèque  des  Testi  RoinanzL  J.  A. 

BÉMONT  (Ch.).  Un  Rôle  (jascon  de  lettres  closes  expédiées  par  ta 
chancellerie  du  prince  Edouard,  fils  aîné  du  roi  d'Anrjlelerre 
Henrilll{i2bl\-i255).  Paris,  Imprimerie  nationale,  1916;  in-8"de 
52  pages  (Extr.  du  Bulletin  philologique  et  historique,  igiô).  — 
L'éditeur  des  Rôles  gascons  nous  donne  ici  le  texte  d'une  «  mem- 
brane» nouvellement  retrouvée  au  Public  Record  Office  et  désor- 
maisclassée  sous  la  cote  5  Vascon  Roll  classe,  a"  39  Henry  NI.  Les 
146  documents  qui  remplissent  cette  membrane  appartiennent  à 
la  89'  année  du  règne  et  montrent  le  futur  Edouard  1"",  alors  âge 
de  quatorze  ans,  agissantdans  cette  Gascogne  dont  il  a  été  déclaré 
«  prince  et  seigneur  ».  Une  introduction  placée  par  M.  B.  en 
tète  de  sa  publication  fait  ressortir  l'intérêt  très  ^  if  des  textes 
mis  au  jour  et  l'on  ne  peut  que  s'associer  à  ce  vœu  qui  la  ter- 
mine :  «  11  serait  à  désirer  que  tous  les  rôles  rédigés  dans  la 
chancellerie  du  prince  Edouard  fussent  publiés,  ils  formeraient 


OIO  ANNALES    DU    MIDI. 

une  précieuse  introduction  à  l'histoire  de  sa  vie  et  de  son  règne.» 
Et  ce  vœu  conduit  à  cet  autre  :  qu'il  faille  entendre  ces  paroles 
comme  une  promesse  de  M.  B.  de  nous  donner  lui-même  cette 
histoire  d'Edouard  1"',  que  nul  assurément  ne  pourrait  mieux 
mener  à  bien.  J.  Calmette. 

Bertran  de  Marseille.  La  Vie  de  sainte  Enimie,  poème 
provençal  du  xiii'  siècle  p.  p.  G.  Brunel.  Paris,  H.  Champion, 
1916,  pet.  in-8"  de  xvi-78  pages  (Classiques  français  du  Moyen 
àf/e,  t.  XVll).  —  Dame  Sainte  Enimie  peut  se  flatter  d'une  belle 
popularité  parmi  les  provençalistes.  Raynouard  avait  publié 
la  moitié  du  poème  que  lui  consacra  au  début  du  xiir  siècle 
Bertran  de  Marseille;  plus  tard  en  i856  et  1857  K.  Bartsch  et 
G.  Sachs  publièrent  séparémeni  le  texte  complet.  EnfinM.Brunel 
nous  donne  une  nouvelle  édition  de  ce  poème  qui,  assez  insi- 
gnifiant en  lui-même,  a  cependant  par  endroits,  comme  l'a 
relevé  le  nouvel  éditeur,  une  allure  populaire  qui  lui  donne 
quelque  intérêt.  M.  Brunel  a  collationné  le  manuscrit  unique 
(Arsenal)  et  sa  collation  lui  a  permis  de  nous  donner  un  texte 
plus  correct  que  celui  des  précédents  éditeurs.  Il  a  relevé  avec 
grand  soin,  dans  l'introduction,  toutes  les  formes  grammaticales 
intéressantes,  comme  les  imparfaits  en  ieu  et  autres  parti- 
cularités de  la  langue  du  poème.  Le  glossaire  est  peut-être  la 
seule  partie  de  l'édition  qui  porte  à  la  critique  :  il  n'y  a  pas  de 
formes  importantes  oubliées,  autant  que  j'ai  pu  m'en  assurer, 
mais  de  nombreuses  formes  faciles  auraient  pu  être  laissées  de 
coté  sans  inconvénients.  Ce  volume  fait  partie  des  Classiques 
français  du  Moyen  âge  :  dans  cette  élégante  collection  ont  paru, 
comme  textes  provençaux,  Guillaume  de  Poitiers,  Jaufre  Rudel, 
Peire  Vidal;  mais  nous  ne  voyons  ])lus  d'éditions  de  trouba- 
dours annoncées;  qui  nous  donnera  les  classiques  provençaux: 
Bernard  de  Ventadour,  Bertran  de  Born,  Giraud  de  Borneil, 
ArnautdeiMareuil,  Vimeric  dePégulhan,  Peirol,Gaucelm  Faidit, 
Peire  Gardenal,  «  tous  ceux  à  (j.ui  la  langue  servit  de  lance  et 
d'épée?  »  Des  textes!  des  textes!  Il  me  semble  qu'avec  un  peu 
d'esprit  d'organisation  il  ne  serait  pas  difiîcile  —  du  moins  pas 
impossible —  d'avoir  des  éditions  provisoires  d'une  douzaine  de 


LIVRES    ANNONCÉS    SOMMAIREMENT.  5ii 

grands  troubadours,  ([ui  feraient  sortir  celte  liltératiuo du  pctil 
cercle  d'initiés  où  elleest  actuellement  «  recluse  »;  elle  n'a  pas 
à  craindre  le  grand  jour;  elle  a  même  tout  à  y  gagner. 

J.  Anglade. 

Brunel  (Glovis).  DocumciiLs  U/ujaisUques  du  Gévnud'in. 
Paris,  1916;  in-S"  de  103  pages.  (Extr.  de  la  Bihtiolfùujue  de 
VÈcole  des  Chartes,  1916,  t.  LXXVII).  —M.  Brunel  nous  d.jMnc 
ici  seize  documents  en  langue  vulgaire,  provenant  pour  la  plu- 
part de  Monde,  et  s'échelonnant  de  1109  ^  lôSa.  Malheureuse- 
ment il  n'y  a  pas  de  textes  entre  1319  et  i35i.  Les  textes  du 
XII*  siècle  sont  fort  intéressants  au  point  de  vue  linguistique  : 
M.  Brunel  a  relevé  les  traits  principaux  que  présentent  les  uns 
et  les  autres  et  donné  ainsi  une  brève  histoire  du  dialecte  de 
Mende  du  Moyen  âge  au  milieu  du  xvi'  siècle.  On  aurait  sou- 
haité que  l'influence  du  français  fût  étudiée  à  la  fin  de  l'étude 
grammaticale.  Un  glossaire  des  termes  rares,  ou  non  relevés 
jusqu'ici  termine  cette  bonne  publication.  J.  Anglade. 

Charles-Roux  (J.)  —  l.  Un  félibre  irlandais  :  William  liona- 
parte  Wyse.  Sa  correspondance  avec  Mistral.  Paris,  Lemerre, 
1917;  in-4°  de  356  pages,  avec  207  illustrations  dont  3o  hors 
texte  et  ^2  autographes.  —  II.  Des  Troubadours  à  Mistral  (Pro- 
jet d'Iconographie  provençale).  Avignon,  Fr.  Seguin,  1917;  in-S" 
de  90  pages,  18  illustrations.  (Mémoires  de  l'Académie  de  Vau- 
cluse;  publication  hors  série.)  —  Ceux  qui  voudront  connaître 
l'histoire  d'un  étranger,  qui,  né  Irlandais,  et  de  «  sang  impé- 
rial »,  comme  la  Comtesse!  s'éprit  tellement  de  la  Provence 
qu'il  devint  un  de  ses  fils  adoptifs  les  meilleurs  n'auront  qu'à 
lire  l'ouvrage  agréablement  écrit  que  M.  Jules  Charles- Houx 
vient  de  consacrer  à  William-Bonaparte  Wyse.  L'histoire  de  ce 
félibre  irlandais  n'est  pas  banale,  en  effet;  ce  fils  de  la  verte 
Erin  a  écrit  en  langue  provençale  moderne  des  poésies  char- 
mantes, et  il  a  exercé  sur  le  félibrige,  ou  plutôt  pour  le  féli- 
brige,  une  action  féconde.  Il  a  contribué  à  faire  aimer  la  poésie 
néo-provençale  dans  des  milieux  et  des  pays  où  elle  aurait 
peut-être  pénétré  plus  difficilement;  il  fut  un  des  amis  de  la 


5l2  ANNALES    DU    MIDI. 

première  heure  des  sept  de  Fontségugne  et  il  leur  resta  fidèle. 
Il  fut  paye  de  retour  ;  l'afTection  que  Mistral  avait  pour  lui  était 
l'rateruelle,  et  cette  amitié  qu'aucun  nuage  ne  traversa  resta  un 
titre  d'honneur  pour  le  poète  irlandais  comme  pour  le  chantre 
de  Maillanc.  C'est  donc  avec  raison  que  M.  Jules  Charles-Roux 
a  voulu  consacrer  à  la  mémoire  de  William-Bonaparte  Wyse 
un  de  ces  beaux  livres,  riches  d'images,  riches  surtout  de  sou- 
venirs; car  réminent  président  de  la  Compagnie  Générale 
Transatlantique  a  connu  dans  sa  longue  vie  bien  des  choses  du 
monde  félibréeii...  ou  des  autres,  et  il  a  beaucoup  retenu.  On 
trouvera  donc  dans  ce  très  artistique  volume,  à  côté  des  souve- 
nirs les  plus  intimes  sur  Bonaparte  Wyse,  des  souvenirs  pré- 
cieux sur  les  origines  du  félibrige,  sur  les  anciens,  et  aussi  sur 
'es  jeunes,  sur  les  tout  jeunes,  sur  ceux  qui  boivent  à  la  Coiipo 
Sa/do  le  vin  pur  des  poètes  inspirés.  On  y  lira  aussi  des  lettres 
charmantes  de  Bonaparte  Wyse,  de  Mistral,  de  Balaguer,  d'Al- 
phonse Daudet  i^en  provençal);  et  on  verra  les  portraits  de 
ïavan  et  de  Giéra,  de  Marsal  et  d'Arnavielle,  et  de  tous  ceux 
qui  ont  cultivé,  comme  disait  Pétrarque  en  parlant  des  grands 
Prlmadlé,  qui  furent  les  troubadours,  il  d'ir  polUo  e  bello.  Le 
livre  est  vivant  par  l'allure  du  récit  et  la  précision  des  souve- 
nirs; il  l'est  encore  davantage  par  une  abondante  illustration 
(]ui  met  les  c  images  «  au  service  de  l'histoire  et  de  la  poésie. 
C'est  une  page  de  plus  ajoutée  à  toutes  celles  que  M.  J.  Charles- 
|{oux  a  consacrées  à  la  Provence;  et  ce  ne  sera  pas  la  moins 
importante  pour  l'histoire  de  la  Renaissance  méridionale. 

Sous  le  second  titre,  M.  J.  Charles-Rojix  publie  le  texte  d'une 
conférence  qu'il  a  faite  le  7  décembre  19 16,  en  Avignon,  à 
l'Académie  de  Vaucluse.  Le  titre  ne  dit  pas  tout  ce  qu'il  y  a  de 
vivant  et  d'intéressant  dans  cette  élégante  brochure.  Elle  est 
ornée  d'illustrations  abondantes,  parmi  lesquelles  deux  minia- 
tures en  couleurs  de  chansonniers  provençaux,  représentant 
l'une  Arnaut  Daniel,  l'autre  le  Moine  de  Foissan.  11  y  a  des  fac- 
similés  de  manuscrits  de  Lamartine  et  surtout  de  Mistral; 
parmi  ces  derniers,  la  première  page  du  manuscrit  de  Mireille, 
émouvante  évocation  qui  nous  fait  voir  la  première  ébauche 
du  j)oème,  avec  les  ratures  et  les  corrections  du  Maître.  Cette 


LIVRES    \NN0NCI5S    SOMM  VIURMENT.  7}  \  ?, 

page  nous  laisse  deviner  l'intérêt  que  présentera  l'œuvre  à 
laquelle  M.  Charles-Roux  consacre  les  trop  rares  loisirs  que  lui 
laissent  ses  hautes  fonctions  ;  cette  œuvre  sera  l'histoire  illus- 
trée de  toute  la  littérature  méridionale,  des  origines  à  nos 
jours;  le  signataire  de  ces  lignes  commentera  les  œuvres  des 
troubadours,  tandis  que  M.  P.  Fontan  écrira  l'histoire  de  la  lit- 
térature du  XV'  siècle  à  nos  jours,  que  M.  Jules  Véran  publiera 
le  fac-similé  du  manuscrit  du  premier  chant  de  Mireille  et  que 
M.  J.  Bourrilly  fera  l'iconographie  mistralicnnc.  C'est  une 
œuvre  immense  dont  M.  J.  Charles-Rouv  veut  assurer  la  réali- 
sation malgré  la  guerre,  à  moins  que  ce  ne  soit  à  cause  d'elle. 
Car  faire  connaître  l'histoire  des  provinces  les  plus  nobles  de 
la  «  douce  France  »  est  un  acte  de  foi  patriotique.  Remercions, 
en  terminant,  M.  Charles-Roux  de  la  sympathie  avec  laquelle 
il  parle  des  «  professeurs  de  l'Université  de  Toulouse,  qui  ont 
crée  un  Institut  d'Études  Méridionales,  organe  groupant  des  en- 
seignements dispersés  pouvant  fort  bien  attirer  à  Tliniversité 
de  Toulouse  des  étudiants  étrangers,  surtout  des  Catalans  ». 

J.  Anolade. 

C RÉMIEUX  (A).  Le  Vl"  livre  des  Slatuls  de  Marseille,  ituhHc 
d'après  un  manuscrit  des  archives  communales  de  Marseille,  avec 
une  introduction  et  un  commentaire.  Aix,  Chauvel,  11)17;  in-8" 
de  Lvr-2  19  pages.  —  Sans  être  inconnu,  le  VI'  livre  des  Statuts 
de  Marseille  était  à  peu  près  inédit,  car  ni  François  d'Aix 
au  xvi"  siècle,  ni  Méry  et  Guindon  au  xix',  n'en  avaient  publié 
exactement  ni  intégralement  tous  les  articles.  C'est  donc  une 
excellente  idée  qu'a  eue  M.  Crémieux  de  consacrer  une  de  ses 
thèses  de  doctorat  à  l'édition  de  ce  VF  livre.  Le  texte  le  plus 
complet  est  celui  qui  est  fourni  par  le  manuscrit  des  archives 
municipales  Aa  i  (d'après  l'inventaire  du  regretté  Mabilly).  C'est 
d'après  ce  manuscrit  qu'il  a  reproduit  les  statuts  (()o  environ) 
dont  il  a  nettement  distingué  pour  les  écarter  les  documents 
(lettres  de  divers  souverains  ou  souveraines  notamment)  qui 
n'ont  pas  de  rapport  avec  les  règlements  municipaux.  Quel- 
ques-uns seulement  de  ces  statuts  ne  sont  pas  datés,  mais  il 
semble  bien  qu'ils  aient  été  transcrits  d'après  l'ordre  chronolo- 


0  14  ANNALES    DU    MIDI. 

gique  :  ils  ont  été  élaborés  entre  1268  et  i48o,  c'est-à-dire  qu'ils 
correspondent  à  la  période  de  la  domination  angevine  en  Pro- 
vence. Les  cinq  premiers  livres  ou  Anciens  Statuts  représentent 
la  législation  antérieure  à  l'établissement  du  duc  d'Anjou, 
c'est-à-dire  qu'ils  datent,  sous  la  forme  où  ils  nous  ont  été  con- 
servés, de  la  première  moitié  du  xiii*  siècle.  Étant  donnée  la 
manière  dont  le  Vl"  livre  s'est  constitué,  on  ne  saurait  y  cher- 
cher une  répartition  logique  des  matières;  un  règlement  re- 
latif à  la  boucherie  y  est  suivi  d'une  défense  d'entasser  du  fu- 
mier dans  les  vignes,  après  quoi  l'on  trouve  des  prescriptions 
concernant  des  mesures  de  capacité.  Dans  une  brève  mais  subs- 
tantielle introduction,  M.  Crémieux  a  décrit  le  manuscrit  qu'il 
a  utilisé  et  fait  la  critique  des  éditeurs  qui  l'avaient  précédé;  il 
a  indiqué  le  principe  qui  l'a  dirigé  dans  le  choix  de  ses  textes 
et  montré  comment  étaient  élaborés  les  statuts;  enfin,  il  a  fait 
ressortir  l'importance  de  ces  statuts  pour  l'histoire  politique, 
mais  surtout  économique  et  sociale  de  Marseille  depuis  le  mi- 
lieu du  xiii'  siècle  jusqu'à  la  fin  du  xv'.  Le  commentaire  dont 
il  a  accompagné  chaque  statut  est  en  général  satisfaisant  :  réfé- 
rences aux  anciens  statuts,  éclaircissements  relatifs  à  la  topo- 
graphie de  la  ville  à  cette  époque,  détails  techniques,  M.  Cré- 
mieux s'est  efforcé  de  les  multiplier  dans  ses  notes.  11  aurait 
cependant  pu  être  encore  plus  complet,  et  il  y  a  un  certain 
nombre  de  termes  dont  on  serait  heureux  de  trouver  la  défini- 
tion au  bas  des  pages  :  ainsi,  p.  \).J'arfarl;  p.  56,  rwa  destricla  (le 
procédé  indiqué  pour  faire  la  trempe  [la  piquette]  est  encore  cou- 
rant dans  les  campagnes);  p.  58,  batUoires  diciorant  cotonorain; 
p.  65,  bonsonos  hrocornm,  toallonarn  (la  note  annoncée  n'existe 
pas);  p.  81,  syndones ;  p.  83,  cetidaio:  p.  93.  podando,  etc.  (les  di- 
verses opérations  agricoles,  intelligibles  i^our  un  provençal,  mais 
qu'un  allogène  reconnaîtrii,  je  crains,  (lilhcilenient);  p.  1:^0,  co- 
/)or//'e  me  paraît  être  un  Aerbe  et  non  un  substantif  (cf.  à  la 
page  sm\an[e  coperiendo  (le  cera  nova)  ;  p.  i5o,  Terrassaiis  me 
paraît  être  une  corruption  de  Tremescn  ou  Tlemcen,  c'est-à-dire 
de  l'État  qui  englobait  à  cette  époque  une  bonne  partie  du  Ma- 
roc et  dont  les  cuirs  étaient  aussi  renommés  que  ceux  d'Es- 
pagne,   les  pays  barbarfsciuos    étant    l'Algérie    et    la    Tunisie, 


LIVRES     WNONCES    SOMMAIREMENT.  5  I .") 

approximativement  situés  en  face  de  la  Sardaigne.  Kn  somme, 
la  publication  de  M.  Crémieux,  conscioncieusemenl  prépan'-e, 
sera  précieuse  pour  la  connaissance  de  la  Marseille  médiévale; 
il  est  seulement  fâcheux  que  les  fautes  d'impression  soient  si 
nombreuses  (V errata  final  est  loin  de  les  signaler  (ou les)  et 
parfois  inspirent  une  certaine  méfiance  au  sujet  de  la  Iccluro 
des  textes.  V.-L.  Boi  i\him.\. 

Vie  (L.).  —  l.  Le  Coinminges  J'ureslier  el  la  maîtrise  parlicalière 
des  eaux  et  forêts  de  l'I  s  le- Jourdain.  —  11.  Louis  de  Froideur, 
commissaire  député  pour  la  réformalion,  puis  (jrand  niaitrc  des 
eaux  et  forêts.  Saint-Gaudens,  Abadie,  icjiS  et  191/i,  a  broch. 
in-8"  de  19  et  5  pages.  (Exlr.  de  la  Revue  de  Comminr/es,  i<)i3.) 
—  Ces  deux  brochures  auxquelles  il  faut  ajouter  une  note  inti- 
tulée :  Dernières  années  et  mort  de  Louis  de  Froidour'  éclaircis- 
sent  quelques  points  relatifs  à  la  vie  et  aux  ouvrages  d'un  per- 
sonnage mal  connu  et  qui  a  joué  cependant  un  très  grand  rôle 
dans  l'histoire  forestière  du  Midi.  Louis  de  Froidour  fut  chargé 
d'abord  en  1666  de  la  réformation  de  la  grande  maîtrise  de 
Toulouse  en  qualité  de  commissaire  député,  puis  en  1678 
nommé  grand  maître,  enquêteur  et  général  réformateur.  En 
cette  qualité,  il  a  réorganisé  les  circonscriptions  forestières,  les 
institutions  administratives  et  judiciaires  (maîtrises,  grueries) 
des  forêts  de  la  région  pyrénéenne  et  du  bassin  de  la  Garonne. 
Son  œuvre  très  importante  mériterait  une  étude  approfondie 
que  semblent  annoncer  les  travaux  signalés  ici;  on  y  trouve 
des  indications  précises  sur  l'étendue  de  certaines  forêts  au- 
jourd'hui fort  diminuées,  notamment  la  forêt  de  Bouconne. 
M.  Vie  établit  que  Louis  de  Froidour,  originaire  de  La  Fèro  et 
devenu  toulousain  par  suite  des  circonstances  de  sa  carrière,  a 
séjourné  dix-neuf  ans  à  Toulouse  où  il  avait  achoté  un  im- 
meuble, est  mort  dans  cette  ville  le  11  octobre  i685  et  a  été 

inhumé  dans  la  cathédrale  Saint-Étienne. 

Fr.  Galabi:rt. 

I.  Bulletin  de  la  Soc.  arch.  du  Midi  de  la  France,  u"  A3,  p.  a3o-4. 


PUBLICATIONS   NOUVELLES 


Dossier  (le)  Naples  des  Archives  Nicolay.  Documents  pour 
servir  à  l'histoire  de  l'occupation  française  du  royaume  de  Na- 
ples sous  Louis  XII,  p.  p.  II.  C01RTEA.LLT.  Paris,  1916;  in-8"  de 
i35  p.  (Extr.  de  Y Animaire-BiiUelin  de  la  Société  de  l'Histoire 
de  France,  19 15). 

Franz  (H.).  Palaprat.  Son  temps,  ses  œuvres.  Paris,  Jouve, 
1916;  in-8°  de  iv-209  p. 

Gramer  (Abbé  M.).  Deux  mystiques  au  xvir  siècle,  Jacquette 
de  Bachelier,  de  Béziers  (1059-1 635),  Marie  Germaine,  de  Cler- 
mont-l'Hérault  (1 574-1688).  Montpellier,  imp.  de  la  manufac- 
ture de  la  Charité,  1916;  in-8"  de  82  p.  (Extr.  de  la  Semaine 
religieuse  de  Mon Ipellier,  1916). 

Jarry  (Abbé  A.).  Le  siège  pontifical  de  Périgucuv  et  Sarlat. 
Nos  évêques.  Périgiieux,  imp.  Ribes,  1916;  in-8"  de  viii-191  p. 

JovY  (E.).  Un  fils  de  M""  de  Sablé.  M.  de  Laval,  évoque  de 
La  Rochelle,  et  Phelippcs  de  la  Brosse.  Paris,  Société  française 
d'irnp.  el  de  librairie,  1916;  in-8"  de  187  p. 

Monuments  et  Mémoires  publiés  par  l'Académie  des  Inscrip- 
tions et  belles-lettres,  sous  la  direction  de  R.  de  Lasteyrie  et 
M.  CoLLiooN.  T.  XXII,  lasc.  1.  Paris,  Leroux,  1916;  gr.  in-'j" 
de  xvir-189  p.  a\ec  fîg.  {Fondalion  Eag.  Piol). 

RoroLETTE  (J.).  La  réforme  à  Maguelone  au  \iir  siècle. 
Montpellier,  ^'alat,  1915;  in-8"  de  ii5  p. 

Le  Gérant  :  Kd.  Piuvat. 


TABLE  DES  MATIÈRES 


ARTICLES  DE  FOND 

J'ages 

Anglade  (J.).  Poésies  religieuses  inédites  du  xiv  siècle  en 

dialecte  toulousain  tirées  des  Leys  d'Aniors i 

Thomas  (Ant.).  Jean  Barton,  premier  président  de  la  Cour 

souveraine  de  Bordeaux  (i/jr)i-r/|52) /iy 

Calmette  (J.).    Le  siège  de  Toulouse  par  les  Normands 

en  864  et  les  circonstances  qui  s'y  rattachent i53 

Brcnel  (CL).  Opuscules  provençaux  du  xv"  siècle  sur  la 

confession •  7"^  9I  ^'^^ 

Thomas  (Ant.).  Bernard  de  Panassac  et  Guillaume  «  de 

Villaribus  » aaâ 

Martix-Chabot  (E.).   La  tradition  capitoline  à  Toulouse  à 

la  fin  du  xiii^  siècle 3-'|ô 


MÉLANGES  ET  DOCUMENTS 

Les  fiefs  du  roi  et  les  alleux  en  Guienne  (Brutails) 55 

Une    sculpture    commémorative    sur    la    cathédrale    de 

Bayonne  (xiv"  siècle)  (Leroux) 80 

Le  nom  de  fleuve  «  Aude  »  (Thomas) 282 

Contributions  à  l'histoire  de  l'art  méridional  :  1.  Six  docu- 
ments relatifs  à  la  cathédrale  Saint-Étienne  de  Tou- 
louse. IL  Note  sur  les  peintres  de  Toulouse  entre  i5oo 
et  i54o  (Graillot) 248  et  429 

Vers   languedociens   d'un   élève  du   Collège   de  Castres 

(xvn°  siècle)  (Anglade) 257 

Vente  du  château  de  Castelviel  de  Rosanès,  en  1028  ,  par 

Bérenger,  comte  de  Barcelone  (Pasquier) 4 10 

La  levée  du  capage  et  l'émeute  toulousaine  du  9  mai  l'ôo'j 

(Régné) ^^' 


5l8  ANNALES    DU    MIDI. 


COMPTES  RENDUS  CRITIQUES 

Arnaud  dWgnel  (G.).  Politique  des  rois  de  B'rance  en  Pro- 
vence. Louis  \I  et  Charles  Ylll  (Bourrilly) /1A9 

Bémont.  Recognicionesfeodorumin  Aquitania(cf.  Mélanges 

et  Documents  :  Les  fiefs  du  roi  et  les  alleux  en  Guienne).       55 

Bligny-Bonduband.  Inventaire  des  archives  départemen- 
tales du  Gard,  t.  VI  (Pasquier) 279 

Jaurgain  (J.  de).  L'évêché  de  Rayonne  et  les  légendes  de 

saint  Léon  (Degert) 278 

Jeanroy  (A.).  Bibliographie  des  chansonniers  provençaux 

(Anglade) 443 

Joies  (Les)  du  Gai  Savoir,  p.  p.  A.  Jeanrov  (Anglade).  ...      2G1 

Leroux  (A.).   La  colonie  germanique  de  Bordeaux  (Cal- 

mette) _ 45 1 

Martin  (H.).  Les  biens  nationaux  dans  le  district  de  Tou- 
louse (Vie) 458 

Massô  Torrents  (J.).  Bibliografia  dels  antics  poètes  cata- 
lans (Anglade) 447 

Maupassant  (J.   de).   Un  grand  armateur  de  Bordeaux  : 

Abraham  Gradis,  1699?- 1780  (Leroux) 450 

Mémoires  de  J.  de  Banne,  chanoine  de  Viviers,  p.  p.  A.  Le 

Sourd  (  Régné) 454 

Pus  (A.).  Les  lettres  de  cachet  à  Toulouse  au  xviii''  siècle 

(Adher) 288 

Ronjat   (J.).    Essai   de   Syntaxe  des   parlers  provençaux 

modernes  (Anglade) 462 

Sabarthès  (Chanoine).  Bibliographie  de  l'Aude  (Anglade).     465 

Teruacher  (A.-L.;.  Les  aires  morphologiques  dans  les 
parlers  populaires  du  nord-ouest  de  l'Angoumois 
(1800-1900)  (Anglade) i)9 

Valois  (N.).  Jacques  Duèse,  pape  sous  le  nom  de  Jean  WII 

(Coulon) 90 

REVUE  DES  PÉRIODIQUES 

périodiques  français  méridionaux 

Ardèche.  Revue  du  Vivarais 408 

Ariège.  Bulletin  de  la  Société  ariégeoise 285 


TABLE    DES    M.VTIKRES.  j  Mj 

Corse.  Bulletin  de  la  Société  des  sciences  historiques.  .  .  .  ',70 

Gard.  Bulletin  du  Comité  de  l'Art  chrétien a8G 

—  Mémoires  de  l'Académie  de  Nimes u86 

Garonne  (Haute-).  Recueil  de  législation  de  Toulouse.  ...  a88 

—               Revue  de  Comminges u8() 

Hérault.   Bulletin  de  l'Acadéinio  dos  sciences  de  Mont- 
pellier   28() 

Isère.   Annales  de  l'Université  de  Grenoble 475 

—  Bulletin  de  l'Académie  delphinale ^77 

Lozère.  Bulletin  de  la  Société  d'agriculture io4 

Pyrénées-Orientales.  Ruscino 107 

—  Société  agricole,  scientifique  et  litté- 

raire   108 

Var.  Bulletin  de  l'Académie 108 

—   Bulletin  de  la  Société  d'études  de  Draguignan 109 

Vieiuie  (Haute-).  Bulletin  de  la  Société  archéologique  du 

Limousin .  ."T 290 

PÉRIODIQUES    FRANÇAIS    NON    MERIDIONAL X 

Bulletin   archéologique    du    Comité   des    travaux  histo- 
riques      1 1 2  et  29 1 

—        historique  et  philologique  du  Comité  des  Ira- 
vaux  historiques 290 

Congrès  archéologique  de  France 297 

Gazette  des  Beaux-Arts 298 

Revue  archéologique 1 14 

Romania 3oo 

Société  nationale  des  Antiquaires  de  France  (Bulletin).  .  .  3oi 

—  —       —    (Mémoires). .  3o3 


P.  3o3. 


CORRESPONDANCE 


NÉCROLOGIE 


M.  Boudet,  p.  iiO:  L.  Constans,  p.  3o5;  J.  Bolet  y  Sisô, 
p.  3o6;  G.  Platon,  p.  3io;  E.  Labadie,  p.  3ii  ;  G.  Mathieu, 
p.  3i2;  J.-E.  Bombai,  p.  481;  P.  Thiers,  p.  /|8i  ;  A.  Pru- 
dhomme,  p.  483;  P.  Meyer,  p.  488;  L.  Letteron,  p.  49^- 


520  ANNALES    DU    MIDI. 


CHRONIQUE 

Prix  de  IWcadémie  des  inscriptions  et  belles-lettres,  de  l'Acadé- 
mie des  sciences  morales  et  politiques,  de  l'Académie  fran- 
çaise, p.  3i3;  citation  de  M.  Privât  à  l'ordre  du  jour  de  la 
division,  p.  122;  fondation  de  l'Académie  de  la  Langue 
catalane,  p.  122;  projet  de  publication  des  Leys  d'Amors  par 
M.  J.  Anglade,  p.  128;  thèses  de  l'École  des  Charles,  p.  3r3  ; 
Quatre  poésies  de  Peire  Raimoii  de  Tolosa,  par  M.  J.  An- 
glade, p.  123;  Règles  ortogrdfiqnes  de  l'Académie  de  la 
Langue  catalane,  p.  3iZi  ;  Grammaire  catalane,  par  M.  Fou- 
ché,  p.  3i5;  Grammaire  provençale,  par  M.  J.  Anglade, 
p.  3i5;  le  provençal  à  Ai\-Marseille,  p.  126;  nomination 
de  M.  Dumas  comme  recteur  à  Besançon,  et  de  M.  Guy 
comme  doyen  de  la  Faculté  des  lettres  et  directeur  de 
l'Institut  d'études  méridionales,  p.  494;  mouvement  féli- 
bréen,  p.  i23,  3i6;  section  Lettres-Philologie  de  l'iTislitut 
d'études  méridionales  (1910-1916),  p.  i25. 

Chroniques  de  l'Hérault,  p.  129;  du  Velay,  p.  494- 

Chronique  uiiivorsitaire,  p.  3,17. 


LIVRES  ANNONCÉS  SOMMAIREMENT 

Ageorges  (J.).  Le  docteur  Bordes-Pagès 822 

Alos  (Ramon  d).   Dell'antica  versiono  calalana  dcl  Doca- 

meron • >>09 

Archives  municipales  de  Bordeaux.  Inventaire  des  regis- 
tres de  la  Jurade  (1520-1783),  p.  p.  A.  Leroux 323 

Auguste  (A.).  Le  séminaire  de  Caraman  à  Toulouse 324 

BÉMONT  (Ch.).  Un  rôle  gascon  de  lettres  closes  du  prince 

Edouard,  fils  d'Henri  111  (i254-i255) 009 

Bertra?!  de  Marseille.   La   vie  de  sainte  Enimie,  p.  p. 

Cl.  Brunel 5 10 

Brunel  (CL).  Documents  linguistiques  du  Gévaudan 01 1 

Brutails  (A.).  La  question  de  saint  Fort 320 

Calmette  (J.).  Le  problème  des  origines  do  Perpignan  .  .  .  320 
Catalogue  des  manuscrits  de  la  bibliothèque  de  l'Univer- 
sité de  Toulouse i^^ 


TABLE    DES    MATIERES.  Ti  >  I 

Charles-Roux  (J.).  Un  félibre  irlandais  :  Willi.un  I5<.ii,i 

parte  Wyse.  Sa  correspondance  avec  MisUal :)m 

—  Des  Troubadours  à  Mistral ."ji  i 

Chaull\c  (A.).  Rctlcxions  d'un  Hordel;iis  sni  l;i  i|iii'>li<>ii 

de  saint  Fort 3.^- 

Consells  practichs  per  escriure  en  catala i.'i.S 

Crémieux  (A.).  Le  Vl"  li\re  des  Statuts  de  Marseille Ji.i 

Delage  (Fr.).  Le  souterrain  de  Morloral .'V.S 

DupRAT  (E.).  Notes  de  topograpi^ie  avignonaise.  IV.  Ma- 

chovilla  (Gaumont) i,'^() 

DiiRR  (E.).  Karl  der  Riihne  und  dcr  Ursprung  des  llabs- 

burgisch-Spanischeu  Imperiums l^-ji) 

-^-  Ludwig  XI,  die  aragonesicb-castilianisclie  llciuit  und 

Karl  der  Kidine '6-2[\ 

Fage  (R.)-    Histoire  d'une  famille  bourgeoise  depuis  le 

xvi'  siècle '6'io 

Grand  (R.)-  Le  contrat  de  complant  depuis  les  origines 

jusqu'à  nos  jours 33o 

Lahroue  (H.).  La  Société  populaire  de  Bergerac  pendant 

la  Révolution i.'^9 

Lacrocq  (L.).  Les  travaux  du  sculpteur  toulousain  Arthur 

Legoust  à  Limoges 1  ^1 1 

Laviolzèle   (E.).    Toulouse   au    xviir   siècle,   d'après   les 

«  Heures  perdues  »  de  Pierre  Bartbès l'ii 

Leroux  (A.).  Les  ports  de  Bordeaux  et  de   Hambouig. 

Étude  comparée 33;< 

Lettres  de  la  comtesse  d'Albany  au  cbevalier  de  Sobirals, 

p.  p.  le  marquis  de  Ripert-Moxclar 33l' 

MoRÈRE  (Ph.)-  L'Ariège  avant  le  régime  démocratique.  — 
I.  Le  paysan.  —  11.  L'ouvrier.  Les  mineurs  de  Rancié. 
—  111.  Les  forgeurs i^-'i 

MoRÈRE  (Pb.)  et  PÉLissiER  (E.).  L'Ariège  historique.  Lec- 
tures et  notices '  ^^' 

Œuvres  de  François  de  Cortèle,  p.  p.  Ch.  Ratier. 33/i 

Pasquier  (F.).  Fêtes  publiques  h  Toulouse  sous  le  Direc- 
toire      ^^^^ 

Petit  (A.).  Le  domaine  du  prieuré  de  Venues 33<S 

Pratx  (M.).  Généraux  provisoires  de  l'armée  des  Pyrénées- 
Orientales  . '  -'^ 

—  Le  général  Dagobert '  '''- 

Prixet  (M.).  Sceaux  attribués  à  des  seigneurs  de  Duras  m 

Guyenne '  ''° 

ANNALES  DU   MIDI.   XXX.  ^^ 


322  ANNALES    DU    MIDI. 

RÉGNÉ  (J.).  Relation  de  la  révolte  des  Masques  armés  dans 

le  Bas-Vivarais  (1782-83) 339 

—  La  grande  peur  en  Vivarais  (fin  juillet  1789) 339 

—  Les  synthèses  d'histoire  provinciale  à  la  veille  de  la 

guerre 339 

Thomas  (Ant.).  Cartulaire  de  Bertaud  de  Ry,  gentilhomme 

normand,  capitaine  de  Felletin  sous  Charles  Vil.  ...     3i^i 

—  Les  premières  franchises  de  Bourganeuf 34 t 

YiÉ  (L.).  Le  Comminges  forestier  et  la  maîtrise  particulière 

des  eaux  et  forêts  de  l'Isle-Jourdain 5i6 

—  Louis  de  Froidour,  grand  maître  des  eaux  et  forêts. .  .     5iG 


PUBLICATIONS  NOUVELLES 
Pages  i5i,  343,  5x6. 

PLANCHE  HORS  TEXTE 
Charte  de  Bérenger,  comte  de  Barcelone  (i023) 4'o-4i  1 


TABLE    DÉCENNALE 


(1909-1918) 


1.  —  ARTICLES  DE  FOND 


1°  Sciences  historiques. 


Adher  (J.).  Le  diocèse  de  Rieux 
au  xviii*  siècle.  Les  deltes  des 
communautés.  T.  \XI,  a.  1909, 
p.  29.  Le  soi,  l'industrie,  les 
ressources  et  les  charges  indi- 
viduelles. Id.,  p.  433.  L'accrois- 
sement des  charges  et  les  essais 
de  réforme.  T.  XXIV,  a.  191 2, 
p.  i85  et  355. 

—  Les  tribulations  d'un  évêque 
sous  le  ministère  de  Mazarin 
(i656-i657).  T.  XXVIL  a.  1915, 
p.  52  et  192. 

ÂLDOUARD  (J.).  Ln  krach  finan- 
cier au  win'  siècle.  La  faillite 
de  Pierre  Creissel,  seigneur  de 
La  Motte-Lussan  ,  trésorier  gé- 
néral des  États  de  Provence 
(1702).  T.  XXII,  a.  1910,  p.  437; 
t.  XXIII,  a.  191 1,  p.  82. 

BoissoNNADE  (P.).  L'état,  l'orga- 
nisation et  la  crise  de  l'indus- 
trie languedocienne  pendant 
les  soixante  premières  années 
du  xvu"  siècle.  T.  XXI,  a.  1909, 
p.  169. 

BouRRiLLv  (V.-L.).  La  contre- 
bande des  toiles  peintes  en 
Provence  au  xviu'  siècle. 
T.  XXVI,  a.  1914,  p.  02. 


Galmette  (J.).  Le  siège  de  Tou- 
louse par  les  Normands  en  864 
el  les  circonstances  qui  s'y  rat- 
rachenl.  T.  \X1X,  a.  1917, 
p.  i53. 

DoNAT  (J.).  L'instruction  publi- 
que à  Saint-Ânlonin  aux  xvi" 
et  xvn' siècles.  T.  XXIV, a.  1912, 
p.  5. 

DuPRAT  (EUg.).  Un  faux  évoque 
d'Avignon  (Pierre,  i225). 
T.  XXVI,  a.  1914,  p.  161. 

Faure  (Cl.).  Les  confréries  de  la 
ville  de  Vienne  au  milieu  du 
xv!"^  siècle.  T.  XXll,  a.  1910, 
p.  i4i. 

Gachon  (P.).  Les  biens  des  Églises 
protestantes  en  i685  et  les 
«  œuvres  pies  ».  T.  XXV,  a.  1918, 
p.  298. 

Galabert  (Fr.).  Sur  la  date  de 
quelques  actes  relatifs  à  l'ab- 
baye de  Moissac  et  nolainmenl 
à  ses  possessions  dans  r.\u- 
vergne.  T.  \\^  .  a.  1913,  p.  409. 

Latolche(R.).  L'hùpilai  de  Monl- 
pezat  de  Quercy  pendant  le 
xvH'  et  le  xvm"  siècle.  T.  X\\  . 
a.  1913,  p.  38, 

Leroux  (A.).  «  Monvaerni  »  est-il 


52  1 


ANNALES    DIT    MIDI. 


un  nom  de  peintre  cmaillcur  i* 
T.  XXVf,  a.  1914,  p.  475. 

7—  Les  portails  commémoralifs 
de  Bordeaux.  Essai  d'interpré- 
tation par  l'histoire  locale. 
T.  XXVllI.  a.  1916,  p.  3o6  et 
'ii 3  (planches). 

Mautin-Ghabot  (E.).  La  tradition 
capitoline  à  Toulouse  à  la  fin 
du  \nV  siècle.  T.  XXX,  a.  1918, 
p.  345. 

MoRizE  (J.).  Aigues-Mortes  au 
xm*  siècle.  T.  XXYI,  a.  1914, 
p.  3i3. 

Mlllot  (H.)  et  Poux  (J.).  Nou- 
velles recherches  sur  l'itiné- 
raire du  prince  >'oir  à  travers 
les  pays  de  l'Aude  (29  octobre 
i()  novembre  i355).  T.  XM, 
a.  1909,  p.  297. 

PoLX  (J.).  Un  procès  du  chapitre 
de  Carcassonne  au  xv'  siècle. 
T.  XXIIl,  a.  191 1,  p.  180. 


—  Voy.  MuLLOT  (H.). 

Thomas  (Ant.).  Un  émigré  nor- 
mand au  temps  de  Jeanne 
d'Arc.  Maître  Robert  Masselin. 
T.  X\IV,  a.  1912,  p.  48i. 

—  Nouveaux  documents  sur  les 
États  provinciaux  de  la  Haute- 
Marche  (i4 18-1446).  T.  XXV, 
a.  igiS.  p.  429. 

—  Lettres  closes  de  Charles  M  et 
de  Charles  VII  adressées  à  l'Uni- 
versité de  Toulouse.  T.  XX  VII, 
a.  1910,  p.  176. 

—  Jean  Barton,  premier  prési- 
dent de  la  Cour  souveraine  de 
Bordeaux  (t45i-i453).  T.  XXIX, 
a.  1917,  p.  49- 

TouRNiER  (H.).  Interdiction,  en 
1728,  de  la  tonne,  machine 
usitée  dans  les  diocèses  de  Cas- 
tres et  de  Lavaur  pour  apprê- 
ter les  étofles.  T.  XXlll,  a.  191 1, 
p.  309. 


2"  Sciences  philologiques. 


Anglade  (J.).  Poésies  religieuses 
inédites  du  xiv°  siècle  en  dia- 
lecte toulousain  tirées  des  Ley .s 
d'Amors.  T.  XXIX,  a.  1917. 
p.  I. 

BÉDiEU  (J.).  La  c.liruni({ue  de  Tur- 
pin  et  le  pèlerinage  de  Gom- 
postelle.  T.  XXIII,  a.  191 1, p.  425. 

Hi:rtOiM  (G.)  et  Jeankoy  (A,).  Un 
duel  poéticpie  au  xiii"  siècle. 
Los  sirvonlés  échangés  entre 
Sordel  et  Peire  Breinon  Uicas 
Novas.     T.     XWIll,    a.     191G. 

p.   2t)9. 

BianoM  (G.).  \  oy.  Jea^rot  (A.  ). 

BuuNEL  (G.).  Almois  de  Château- 
neuf  et  ^seult  de  Chapien. 
r.  WVIll,  a.  1910.  p.  /,62. 

—  Opuscules  provençaux  du 
w"  siècle    sur    la  confession. 


T.  XXIX,  a.  1917,  p.  175: 
t.  \XX,  a.  1918,'  p.  355. 

Ciiavtok  (H.-J.).  Poésies  du  trou- 
badour Perdigon.  T.  XXI, 
a.  1909,  p.  103  et  3i2. 

Fabue  (C).  Etudes  sur  Peire  Car- 
dinal. Estève  de  Belmont. 
T.  XXI,  a.  1909,  p.  5. 

—  Notes  sur  les  troubadours 
(luillcni  et  Gauceran  de  Saint 
Didier.  T.  XXIII,  a.  191 1 ,  p.  i6r. 

—  Guida  de  Rodez,  baronne  do 
Posquièrcs,  de  Casiries  ot  de 
Montlaur,  inspiratrice  do  la 
poésie  provençale  (i3i2-i2()Gj. 
T.  XXIV,  a.  1912,  p.  i53  ot  33i. 

Gazai  (J.).  Sur  l'origine  des  tra- 
ditions hagiographiques  des 
Saintes  -  Maries  -  de  -  la  -  Mer. 
T.  XXII,  a.  1910,  p.   393. 


TABLE  DECENNALE. 


5  Tri 


—  Le  roman  de  Saini-Trophime 
cl  l'abbaye  de  Montmajour. 
T.  \XV,  a.  igiS,  p.  5. 

Jeanuoy  (A.)-  Les  «  Coblas  »  de 
Berlran  Carbonel  publiées  d'a- 
près tous  les  manuscrits  con- 
nus. T.  XXV,  a.  1913,  p.   137. 

—  Les  troubadours  en  Espagne. 
T.  WVII,  a.  1915,  p.  i4i. 

JiiAMiOY  (A.)  et  Bertoni  (G.).  Le 
«  Thezaur  »  de  Peirc  de  Cor- 
bian.  T.  WIII ,  a.  191 1,  p.  289 
et  45i. 

Jeamîoy  (A.)..Voy.  Beutom  (G.i. 

Langfors  (A.).  Le  troubadour 
GuilhemdeCabestanh.T.WVl, 
a.  1914.  p-  5,  189,  349. 

Lavaud(R.).  Les  poésies  d'Arnaut 
Daniel,  texte  d'après  Canello, 
et  traduction.  T.  XXII,  a.  1910, 
p.  17,  i(32,  3oo  et  !i!i(i. 

—  Éclaircissements  sur  la  vie 
et  l'œuvre  d'Arnaul  Daniel. 
T.  XXIir,  a.  1911,  p.  5. 

Massô  Torre.nts  (J.).  Poésies  en 
partie   inédites    de    Johan    de 


Gastellnou  et  de  Raiinon  de 
Cornet,  d'après  le  manuscrit 
de  Barcoloiio.T.  \\\  I.  a.  191 '1. 
p.  '449:  I.  WMI.  il.  Kjif).  p.  .".. 

Stronski  (SI.;.  Notes  de  lilléra- 
ture  provençale.  I.  Le  nom  de 
(iaucclm  Faidil  dans  un  acle 
de  1193.  11.  Les  fils  de  l-olqucl 
de  Marseille  (12 10).  111.  Le  lieu 
d'origine  d'Uc  de  Sainl-CMrc. 
I\.  Austorgius  de  .Vuriliaco 
crucc  signatus  (laSa).  V.  Les 
pseudonymes  réciproques . 
T.  X\\,  a.  1913,  p.  273. 

Terracher  (A.).  Xoles  sur  «  l'Ar- 
clianl  »  dans  les  chansons  do 
geste  sur  Guillaume  au  Court- 
Nez.  T.  Wll,  a.  1910,  p.  5. 

Thomas  (.\nt.).   Bernard  de   Pa 
nassac,  un  des  fondateurs  des 
Jeux  floraux.  T.  \N\  M.  a.  i()iô, 
p.  37. 

—  Bernard  de  Panassac  et  Guil- 
laume «  de  \  illaribus  »  d'après 
des  documents  nouveaux. 
T.  X\IX,  a.  1917,  p.  220. 


MÉLANGES  ET  DOCUMENTS 


"  Sciences  iiistoriqles. 


AnnER  (.1.).  La  «  préparation  » 
des  séances  des  Étals  de  Lan- 
guedoc, d'après  des  documents 
inédits.  T.  XXV.  a.  1913,  p.  4^3. 

\lbe  (Ed.).  Les  suites  du  traité 
de  Paris  de  1 269  pour  le  Quercy. 
T.  X\III,  a.  191 1,  p-  '172; 
t.  X\IV,  a.  1912,  p.  54,  218  et 
396. 

Rablt  (E.-Ch.).  Bérenger,  comte 
de  Substantion  (ou  de  Mau- 
guio)  en  898.  T.  \\\l.a.  191'!, 

p.    22(). 

Bémont  (Ch.).  De  quelques  docu- 


ments mal  datés  dans  les 
chartcsd'Agen.  T. \\\  I.  a.  191  '). 
p.  358. 

Blay  oe  Gaïx  (Baron  nv.i.  Lellrr 
•de  Catherine  de  Médicis .  de 
Toulouse,  2^  octobre  1,178. 
T.  Wll.  a.  1910.  p.  fi'j. 

Brltails  (J.-A.).  Les  fiefs  du  roi 
et  les  alleux  en  Guienne. 
T.  NXIX.  a.  1917,  P-  j"). 

Cau.let  (L.).  Note  sur  Lyon  cl  les 
États  de  Languedoc  réunis  à 
Montpellier  au  mois  de  mars 
1487.  T.  XXIL  a.  1910.  p.  347. 


526 


ANNALES    DU    MIDI. 


—  Note  sur  une  lettre  écrite  au 
nom  de  Charles  [XI],  roi  de 
France  (Parlement  d'Aix,  28  no- 
vembre 1590).  T.  XXII,  a.  1910, 
p.  362. 

—  L'assiette  de  l'aide  votée  par 
les  États  de  Chinon  (1428)  dans 
le  diocèse  de  Toulouse.  T.  XXIII, 
a.  1911,  p.  343. 

—  Note  sur  la  levée  de  l'aide  de 
Chinon  dans  le  diocèse  de  Tou- 
louse. T.  XXIV,  a.  191 2,  p.  79. 

Calmette  (J.).  Un  concours  pro- 
fessoral à  la  Faculté  de  méde- 
cine de  Montpellier  au  \vr  siè- 
cle (fin).  T.  XXI,  a.  1909.  p.  fie. 

—  Contribution  à  l'histoire  du 
commerce  franco-catalan  sous 
Charles  VII.  T.  XXA^I,  a.  1915, 
p.  7/». 

DoGNON  (P.).  Pièces  rclalives  aux 
Etats  de  Languedoc  (première 
moitié  du  xv"  siècle;.  T.  XXVI, 
a.  1914,  p.  362  et  494. 

Don'at(J.).  Prières  et  cérémonies 
contre  la  peste  au  W  siècle. 
T.  XXIII,  a.  191 1,  p.  3/io. 

DuTiL  (L.).  Notes  sur  les  diocèses 
languedociens  de  Rieux  et  de 
(iomminges.  T.  X\II.  a.  1910, 
p.  68. 

GALABEHT(Fr.;.Lestylodii  i"  avril 
à  Toulouse.  T.  XXIII,  a.  igti, 
p.  45. 

Gerig  (.1.).  Notes  sur  Haulin  Sé- 
guier,  humaniste  narbonnais 
du  xvi'  siècle,  et  sur  Antoine 
.\rlier,deNimes.T.  XXI,a.  19(79. 
p.  483. 

(luAU-i-OT  (H.).  Coiilribtilioiis  à 
l'histoire  de  l'art  méridional. 
I.  Six  documents  relatifs  à  la 
cathédrale  Saint -Etienne  de 
'Joulouse.  T.  \\1\ ,  a.  1917, 
p.  2'i3.  II.  Noie  sur  les  peintres 
de  'J'oulouse  entre  lôooet  i5'io. 
T.  XXX,  a.  1918,  p.  429. 


Grand  (R.).  Encore  un  document 

sur    Bertrand    de   Griffeuille. 

T.  XXI,  a.  1909,  p.  198. 
Lamouzèle  (E.).  Une  bulle  inédite 

du     pape     Nicolas     V    (i447). 

T.  XXII,  a.  1910,  p.  48i. 
Latolche  (R.).  Le  style  en  usage 

dans  la  région  montalbanaise 

pendant  le  xiv"  et  le  xv''  siècle. 

T.  XXIV,  a.  1912,  p.  23i. 

—  Un  registre  de  P.  Alègre ,  no- 
taire à  Castelsarrasin  (i3o3- 
i3o6).  T.  XXVI,  a.  1914,  p.  76. 

Leroux  (A.).  Information  secrète 
contre  un  curé  du  Bas-Limou- 
sin accusé  de  maléfices  (i475). 
T.  XXI,  a.  1909,  p.  2i5. 

—  Sortilèges  et  charlataneries  en 
Limousin  aux  xvii'  et  xvin*  siè- 
cles. T.  XXV,  a.  1913,  p.  71. 

—  Une  expérience  de  physique 
h  Bordeaux  en  1629.  T.  XXVI, 
a.  1914,  p-  509, 

—  Une  sculpture  commémora- 
tive  sur  la  cathédrale  de 
Bayonne,  seconde  moitié  du 
XIV'  siècle  (?).  T.  XXIX,  a.  1917, 
p.  86. 

LuTHARD  (M  ).  Journal  des  actes 
de  .lean  Planta  vit  de  la  Pause, 
évoque  de  Lodève  (i636-i63o). 
T.  XXV,  a.  1913,  p.  189  et  323. 

Molinier  (Ch.).  Un  texte  de  Mu- 
ratori  concernant  les  sectes  ca- 
thares ;  sa  provenance  réelle  et 
sa  valeur.  T.  XXII,  a.  1910, 
p.  180. 

Pasqu[er  (F.).  \  ente  du  cliàleau 
deCaslolvieldeKosanès  en  i(i23 
par  Bérenger.  comte  de  Barce- 
lone. T.  XXX,  a.  1918,  p.  4io 
(planche;. 

Pémssieu  (L. -(..).  Carpeniras  au 
temps    de    Louis    \l\.     Petite 
chronique  inédite  de  Carpen 
Iras (1682- 1697).  T.  XXI, a.  1909, 
p.  495. 


TABLE    DECEiNNALE. 


i)2' 


Régné  (J.).  La  levée  du  capage  et 
rémcutc  toulousaine  du  9  mai 
1357.  T.  X\\,  a.  1918,  p.  A21. 

Samaran  (Ch.).  Les  étudiants  de 
l'Université  de  Caliors  à  la  fin 
du  XV'  siècle,  d'après  un  docu- 
ment inédit.  T.  Wll.  a.  1910, 
p.  349. 

Stkin  (H.).  L'architecte  Jean 
de  Beaujeu.  T.  \\T,  a.  1909, 
p.  àl^■ 

Thomas  (Ant.).  La  première  réu- 
nion des  États  de  Languedoc 
sous  Louis  XL  T.  X\T,  a.  1909, 
p."  212. 

—  Le  vrai  nom  du  frère  mineui- 


<<    Pelrus   Johannis    Olivi    ». 
T.  \\V,  a.  1918,  p.  08. 

—  Dans  les  Jardins  d'/Vipaillar- 
gues  en  1397.  Derni(M-  éi  lio  de 
la  Touchinerio  du  lias  Langue 
doc.  T.   \\\  1,  a.  191 '1,  j).  ÏSj. 

—  Ln  ex  Uhris  périgourdin- 
marchois.  T.  \\\I,  a.  191'!. 
p.  372. 

—  Le  maréchal  d'Audrehem  et 
les  communes  de  Languedoc. 
T.  XWIIL  a.  191G.  p.  ',72. 

—  Voy.  WiESE  (L.). 

WiESE  (L.)  et  Thomas  (A ni.;. 
Louis  XT  et  les  fortifications  de 
Tulle.  T.  \\1I,  a.  1910,  p.  3.',(). 


2°  Sciences  philologiques. 


Anglade  (J.).  Le  chansonnier  pro- 
vençal de  Robert  d'Anjou. 
T.  XXIII,  a.  191 1,  p.  201. 

—  Note  sur  les  derniers  trouba- 
dours à  la  cour  de  Rodez. 
T.  XXIII,  a.  191 1,  p.  338. 

—  Extraits  de  la  vie  de  Jules- 
Raimond  de  Soliers,  par  J.  de 
Haitze.  T.  XXIV,  a.  191a  , 
p.  535. 

—  A  propos  d'un  nom  de  lieu 
dans  Peire  Vidal.  T.  XXVI, 
a.  1914,  p.  229. 

—  Note  sur  le  traitement  du 
suffixe  -anum  dans  certains 
noms  de  lieu  du  département 
de  l'Aude.  T.  XXVI,  a.  191/i, 
p.  280. 

—  Vers  languedociens  d'un  élève 
du  collège  de  Castres  (xvn'  siè- 
cle). T.  XXIX,  a.  1917,  p.  257. 

Bertoni  (G.).  Sur  une  pièce  fran- 
çaise copiée  dans  un  manus- 
crit provençal.  T.  XXI,  a.  1909, 
p.  59. 

—  Bertrand  de  Born  ou  Rigaut 


deBarbezieux?T.XXIIl,a.i9ii' 
p.  20^. 

—  Conections  au  texte  du  «  Dé 
bat  du  corps  et  de  l'âme  ». 
T.  XXIV,  a.  1912,  p.  2o!\. 

—  Enchantarel.  T.  XXIV, a.  1912. 
p.  217. 

—  «  Arondeta,  de  ton  chantar 
m'azir  ».  T.  XXV,  a.  1913,  p.  58. 

—  Sur  quelques  formes  de  la 
«  Vie  de  sainte  Enimie  ». 
T.  XXV,  a.  1913,  p.  6/4. 

—  Sur  la  prononciation  de  11 
(latin  ïi)  en  ancien  provençal. 
T.  XXV,  a.  1918,  p.  472. 

—  Peire  Bremon  lo  tort.  T.  \XV, 
a.  1918,  p.  476. 

—  Raidelren,  raidelron.  T.  XXVI, 
a.  1914,  P-  857. 

Calmette  (J.).   Note  sur  le  mot 

carlipel.  T.  XXII,  a.  1910,  p.  485. 
Clavelier  (G.).  Œuvres  inédites 

de    François     Maynard     (fin). 

T.  XXI,  a.  1909,  p.  77  et  388. 
Dauzat  (A.).  Notes  sur  la  syntaxe 

du  patois  de  Mnzelles  et  des 


J2l 


ANNALES    DU    MIDI. 


patois  de  la  Basse-Auvergne. 
T.  \XI\.  a.  191 2,  p.  38a  et 
55i. 
Fabre  (G.).  Le  sirvenlés  d'Aus- 
torc  de  Segret.  T.  WII,  a.  1910, 
p.  4C7;  t.  WIII,  a.  191 1,  p.  56. 

—  Trois  documents  inédits  des 
archives  du  Puy-en-Velay  écrits 
en  langue  d'oc.  T.  XXMTL 
a.  1916,  p.  354- 

Festa  (G.-B.).  Le  manuscrit  pro- 
vençal de  la  bibliothèciue  Bar- 
berini.  T.  \\T,  a.  1909,  p.  201 
et  35o. 

Jeanroy  (A.).  Sur  le  sirventés 
historique  d'Austorc  de  Segret. 
T.  XXIII,  à.  1911,  p.  198. 

—  Un  «  planh  »  de  Serveri  de 
Girone(i276).T.XXlV,  a.  1912, 

P-  49- 

—  A    propos    des    «    Trovatori 

d'Italia   »   de   M.    G.    Berloni. 
T.  XXVII,  a.  1915,  p.  20^. 

—  Voy.  Spitzer  (L.). 

Laurent  (J.).  A  propos  de  «  l'im- 
pératrice »  de  Montpellier. 
T.  XXIIL  a.  191 1.  p.  333. 

Lerolx  (A.).  CapioioQ[  VHausano, 
pastorale    limousine    du   xvii'' 


siècle,  d'après  le  manuscrit  1 53 1 
de  la  bibliothèque  municipale 
de  Bordeaux.  T.  XXIII,  a.  191 1, 
p.  208. 

Salverda  de  Grave  (J.-J.).  A  pi'o- 
pos  de  Bertran  d'Alamanon. 
T.  XXIV.  a.  1912,  p.  56i. 

Spitzer  (L.)et  Jeanroy  (A.).  Cor- 
rections aux  vingt-cinq  coblas 
éditées  par  M,  A.  ïvolsen. 
T.  XXIV.  a.  1914,  P-  490. 

Stronski  (St.).  A  propos  d'une 
princesse  byzantine  du  xn'  siè- 
cle. T.  XXIII,  a.   1911,  p.  491. 

—  Sur  la  date  de  la  mort  de 
Blacatz.  T.  XXIV.  a.  1912, 
p.  569. 

Teulié  (H.).  Peire  Cardinal  expli- 
qué par  M.  J.  Jaurès.  T.  XXIII, 
a.  1911,  p.  494. 

Thomas  (Ant.).  Noletedau.  T.  XXV. 
a.  1913,  p.  70. 

—  Le  nom  de  fleuve  «  Aude  ». 
T.  X\IX,  a.  1917,  p.  232. 

\mAL  (A.).   Glanures  lexicogra- 

•    phiques  d'après  le  registre  des 

lausimes     du     monastère    de 

Saint-Pierre     de     la    Salvetal. 

T.  \XI1,  a.  1910,  p.  56. 


Les  fascicules  de  juillet  et  octobre  ignS  Ibruierout  un 
volume  indépendant  contenant  une  table  générale  des 
trente  premières  années  de  la  llevuo. 


TouLoiSE.  —  Inip.  el  Lib.  Éuolasd  Pbivat.  —  i4C8 
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t. 29-30 


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