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Full text of "Annales du Muse colonial de Marseille"

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MUSÉE COLONIAL 
DE MARSEILLE 


FONDÉES EN 1893 par Epouarp HECKEL 


DIRIGÉES PAR 


M. Hexr: JUMELLE 


Professeur à la Faculté des Sciences, 
Directeur du Musée Colonial de Marseille. 


oo année, 3° série, 5° volume (1917), 
[® Fascicule. 


Catalogue descriptif des Collections Botaniques 
pau Musée Colonial de Marseille : Afrique Occidentale Française 
par M. Her JUMELLE. 


MARSEILLE | PARIS 
MUSÉE COLONIAL LIBRAIRIE CHALLAMEL 
», Rue NOAILLES, D 17, RUE Jacos, 17 
1947 


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Principaux Mémoires parus antérieurement dans les 
ANNALES DU MUSÉE COLONIAL DE MARSEILLE 


D' Hecxer : Les Kolas africains. Année 1893. (Volume presque épuisé.) 
D: Rançox : Dans la Haute-Gambie. Année 1894. {Volume complètement épuisé.) 


R. P. Düss : Flore phanérogamique des Antilles françaises. Année 1896. (Volume. 
complètement épuisé.) 


E. GEorrroyx : Rapport de Mission scientifique à la Martinique et à la Guyane. 
Année 1897, 


D' Hecxez : Les Plantes médicinales et toxiques de la Guyane française. 
Année 1897. 


Dr Hecxec : Graines grasses nouvelles ou peu connues des colonies françaises. 
Année 1897. 


D' Hecker : Graines grasses nouvelles ou peu connues des colonies françaises. 
Année 1898. 


H. Juuerze : Le Cacaoyer. Année 1899. 


D' H. Jacop pe Corpemoy : Gommes, gommes-résines et résines des colonies 
françaises. Année 1899. 


L. Laurenr : Le Tabac. Année 1900. 


D' H. Jacos pe Corpemoy : Les Soies dans l’Extrême-Orient et dans les colonies 
francaises. Année 1901. 


L. Laurexr : L'Or dans les colonies françaises. Année 1901. 


À. Curvazrer : Voyage scientifique au Sénégal, au Soudan et en Casamance. 
Année 1902. 


GAFFAREL : L'Exposition d'Hanoï. Année 1903. 


Dr Hecxez : Graines grasses nouvelles ou peu connues des colonies françaises. 
Année 1903, 


D' H, Jacor de Corpemoy : L'Ile de la Réunion. (Géographie physique ; richesses 
naturelles, cultures et industries.) Année 1904. 


Capitaine Marre : Étude ethnographique sur la race Man du Haut-Tonkin. 
Année 1904. 


E. Lereuvre : Étude chimique sur les huiles de bois d'Indochine. Année 1905. 


H. Jumezce : Sur quelques plantes utiles ou intéressantes du Nord-Ouest de 
Madagascar. Année 1907, 


H. Jumezce et H. Perrier DE LA Bari : Notes sur la Flore du Nord-Ouest de 
Madagascar. Année 1907. 


H, Jumecce et H, Perrier pe LA Baruie : Notes biologiques sur la végétation du 
Nord-Ouest de Madagascar ; les Asclépiadées. Année 1908. 


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DE MARSEILLE 


FONDÉES EN 1S93 par Epouarn Hrckur 


DIRIGÉES PAR 


M. Hexer JUMELLE 


Professeur à la Faculté des Sciences, 
Directeur du Musée Colonial de Marseille. 


Vingt-cinquième année. 3' série. 5 volume (1917. 


1% Fascicule. 


4 Catalogue descriptif des Collections Botaniques 
_ du Musée Colonial de Marseille : Afrique Occidentale Française 
# par M. Hexr JUMELLE. 


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MARSEILLE PARIS 


MUSÉE COLONIAL LIBRAIRIE CHALLAMEL 
D, Rue Noauses, 9 17. «ox Jacon, 17 
19147 


AFRIQUE OCCIDENTALE 
FRANÇAISE 


I. — PLANTES FÉCULENTES 
ET CÉRÉALES 


1. Tubercules d'igname. — /Jioscoréacées. 
2. Tranches d'ignames desséchées. 


Les ignames dont les indigènes consomment en Afrique 
occidentale les tubercules souterrains appartiennent à plu- 
sieurs espèces de Dioscorea, parmi lesquelles les deux plus 
répandues sont le 7). cayennensis, ou D. prehensilis, qui 
forme le fond de presque toutes les plantations, et le 
D. alata. Ces tubercules jouent un rôle important dans 
l’alimentation de plusieurs millions d'hommes ; c'est la 
nourriture presque exclusive de certaines peuplades comme 
les Baoulès, les Achantis, les populations du Nord du 
Dahomey, etc. Dans le Baoulé seulement on connait 
plus de 30 variétés, ou races, de D. cayennensis, que les 
Es Noirs savent parfaitement distinguer et cultivent avec soin. 
La forme sauvage de ce D. cayennensis a de longs tuber- 
cules (parfois 0 m. 70 à 1 mètre) dont le sommet est garni 
de rhizomes ligneux hérissés de grandes épines aiguisées. 
Une variété de D. alata peut produire en six mois 30 kilos 
de tubercules par touffe. 


Annales du Musée colonial de Marseille. 3" série, 2° vol. 1917. ] 


à) H. JUMELLE 


On cultive également, dans la zone des savanes et dans 
celle des forêts, le D. dumetorum, dont les tubercules à 
l'état sauvage sont très toxiques et ne deviennent comes- 
tibles que lorsque les tranches ont macéré pendant toute 
une Journée dans l'eau. 


(A. Chevalier : Sur les Dioscorea (ignames) cultivés en Afrique tropti- 
cale. Bulletin de la Société Nationale d'Acclimatation de France, 1910.) 


3. Racines de Pachyrhizus angulatus (Guinée Française). — 
Léqumineuses. 


Cette Légumineuse à tubercules comestibles a déjà été 
citée dans le Catalogue de la Réunion (n° 26); elle ne 
semble que rarement cultivée en Afrique Occidentale Fran- 
çaise, et ne l’est guère que dans les Stations d'essais. 


(A. Chevalier : Enumération des plantes cultivées par les indigènes en 
Afrique tropicale. Bulletin de la Société d’Acclimatation de France, 
1912.) 


4. Tubercules de Cyperus esculentus (Dahomey). — Cypéra- 
cées. 


Le souchet est une Cypéracée cosmopolite qu'on trouve 
dans presque dans toutes les régions tropicales, et qui croit 
même encore, en zone tempérée, jusque dans l’Europe 
méridionale. Les tuhercules sont oléagineux (28 °/, d'huile 
environ) et sont consommés crus ou grillés, ou servent 
encore à la confection de sortes de gâteaux d'amandes ; ils 
sont employés aussi, en Espagne comme en Egvpte, pour 
la préparation d'une sorte de sirop d'orgeat (chufa en 
Espagne). Les tubercules sont plus ou moins gros selon 

_ les variétés ; une forme à gros tubercules est cultivée en 
grand dans le Sud du Soudan, dans certaines parties de la 
Côte d'Ivoire et dans le Haut-Dahomey. 


(H. Jumelle : Les plantes à lubercules alimentaires, O, Doin, Paris, 
1910. — A. Chevalier : loc. cit.) 


Æ 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 3 
. 5. Tubercules de Coleus rotundifolius. — Zabices. 


L'espèce comprend quatre grandes variétés culturales, 
parmi lesquelles la plus répandue au Soudan français est la 
variété nigra, qui est l’oussounifing des Bambaras. Les 

-  tubercules, qui contiennent, à l'état sec, 86 °/, environ 
d’amidon et au moins 5 °/, de matières azotées, sont com- 
parables, comme saveur, aux pommes de terre. Au Sou- 
dan, on les mange bouillis, ou bien encore on les fait 
cuire, avec du poulet, dans du beurre ordinaire ou de la 
graisse de karité. 


(A, Chevalier et E. Perrot : Les Coleus à tubercules alimentaires. Les 
Végétaux utiles de l'Afrique tropicale française ; volume I, fase. [, 1905, 
Paris.) 


6. Tubercules de Nymphaea Lotus (Haut-Sénégal-Niger). 
Nymphéacées. 


Le Nymphea Lotus, qui était déjà bien connu des anciens 
et est un des lotos d'Egypte (le lotos sacré étant le Nelum- 
bium speciosum), croit en de nombreuses régions de 
l'Afrique tropicale et septentrionale, ainsi d’ailleurs que 
dans l’Inde, la Malaisie et aussi le Sud-Est de l'Europe. Il 
est très connu dans la zone d'inondation du Niger, près de 
Tombouctou ; et les indigènes Sonrhays font, d’après 
M. À. Chevalier, une grande consommation de son tuber- 
cule, qui est tous les jours vendu desséché sur le marché 
de Tombouctou. Voir plus loin, n° 75. 


7. Tiges d'Orobanche (Haut-Sénégal-Niger).—Orobanchacées. 
Cette espèce est peut-être l’'Orobanche lutea, qui serait 
parasite sur un Salvadora. Les habitants de Tombouctou, 
d'après M. A. Chevalier, dédaignent de se nourrir de ces 
tiges, qui sont, au contraire, consommées par les gens de 
Goundam et par les Touaregs du désert. Elles seraient tou- 
tefois toxiques quand elles n’ont pas suffisamment bouilli 
dans l’eau. 


40. Épis de maïs, blancs et rouges (Dahomey). — Graminées. 


À it. JUMELLE 


11. Maïs Cuzco, dent de cheval. — Station agricole de Benty 
(Guinée Française). 


12. Maïs des pays soussous du littoral (Station agricole 
de Benty). 


13. Farine de maïs. 


Le maïs, qui est la céréale la plus cultivée à la surface 
du globe, est originaire d'Amérique ; on en connait auJour- 
d'hui en Afrique, où presque toutes les peuplades noires 
le cultivent, de nombreuses variétés. Au Dahomey surtout, 
dans notre Afrique Occidentale Française, sa culture a pris 
depuis quelques années une assez grande extension en vue 
de l’exportation; et l’une des meilleures variétés locales, 
à ce point de vue, serait le go e koun, qui est à grain blanc 
et aplati, demi dur. On le sème en avril-mai et en sep- 
tembre, et on récolte en août et en janvier. Le moli-koun 
est une variété qui sert plutôt pour la consommation des 
indigènes. En Guinée Française, le maïs est surtout cultivé 
dans le Fouta ;: à la Côte d'Ivoire, il l’est dans la zone 
côtière, en même temps que le riz, et aussi à ‘l'intérieur, 
notamment dans le Baoulé, avec le sorgho. 


14. Grappes et grains de sorgho ; Sorghum vulgare (Sénégal). 
— (Graminées. 


Le sorgho, ou gros mil, est cultivé en grand dans tous 
les pays de savanes de l'Afrique tropicale. En Afrique Oecr- 
dentale Française, les principales régions où cette culture 
prédomine sont le Sénégal, puis la partie du Soudan située 
au nord du 12° degré de latitude. Il y a cependant encore 
de grandes cultures de sorgho dans le Nord de la Côte 
d'Ivoire. La variété exposée sous le n° 9 a été rapportée du 
Soudan par le D' Rançon ; elle est à grappes lâches et à 
grains blancs, un peu piquetés de rouge, avec glumes (ou 
balles) ovales, brun noirâtre, ciliées sur les bords, un peu 
plus courtes ordinairement que ce grain. | 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 5 


(André Rançon: Dans la Haute-Gambie. Annales du Musée Colonial 
de Marseille, 1894. — Dumas : Culture du sorgho dans les vallées du 
Niger et du Haut-Sénégal. Journal d'Agriculture des Pays chauds, 
1905.) 


15. Grappes et grains de sorgho Sénégal). 


Cette autre variété de sorgho provient encore de la mis- 
sion du D' Rançon. Elle est aussi à panicule très lâche et 
à grain blanc, mais avec glumes lancéolées-aiguës, de cou- 
leur puce, non ou faiblement ciliées, de même longueur ou 
un peu plus longues que le grain. | 


16. Grappe de sorgho var. bimbiri-ba (Guinée Française). 


Cette variété, qui provient de Kankan, est à panicule 
lâche et à grain blanc grisätre, un peu anguleux au sommet 
(3 mm. à sur 3 mm.), aussi long ou plus court que les glumes, 
qui sont ovales (3 mm. 5 sur 3 mm.) et brun noirûtre, 
sauf au sommet et sur les bords, où elles sont rougeûtres. 


(IH. Jumelle: Quelques variélés de sorghos de l'Afrique Occidentale 
Française, Expansion coloniale, janvier 1912.) 


17. Grappe de sorgho var. mengui foré (Guinée Française). 


Provient de la station agricole de Benty. La panicule est 
lâche et à grain un peu elliptique, blanc (3 mm. 5 sur 
2 mm. 5),.marqué parfois de quelques points rouges, un 
peu dépassé par les glumes lancéolées-aiguës, un peu plus 
noires que dans le n° 15, auquel cette variété ressemble 
beaucoup. 


18. Grappe desorgho var.sula-oulenko (Guinée Française). 


Provient de Kankan. La panicule est lâche ; le grain est 
ovoïde, blanc, de même longueur ou plus court que les 
glumes. Celles-ci sont lancéolées (6 mm. sur 2 mm.), 
acajou clair, un peu moins colorées et plutôt jaunes vers le 
sommet. 


6 | H. JUMELLE 
19. Grappe de sorgho var. mengui-fi khé (Guinée Française). 


Station agricole de Benty. La panicule est lâche ; le grain 
est blanc plus ou moins rosé, avec parfois un ou deux 
petits points rougeûtres vers le sommet, un peu elliptique, 
légèrement anguleux au sommet, plus court que les glumes, 
qui sont écartées, lancéolées, de couleur puce. 


20. Grappe de sorgho var. kamin-keudé (Guinée Française). 


Provient de Kankan. La panicule du kamin-keudé, ou 
mil pintade, est lâche ; le grain est blanc, un peu ellip- 
tique (3 mm. sur 2), légèrement anguleux au sommet, un 
peu plus court que les glumes, qui sont ovales-aiguës 
(4 mm. sur 2 mm. 5), noires. 


21. Grappe de sorgho var. sanko-ba (Guinée Française). 


Provient de Kankan. La panicule est lâche ; le grain est 
ovoïde, un peu anguleux au sommet (5 mm. sur # mm.), 
blanc sale, un peu plus long que les glumes, qui sont 
ovales-obtuses, bicolores, la première étant le plus sou- 
vent entièrement jaune paille et la seconde ne l’étant que 
dans sa moitié supérieure, et rouge dans sa moitié infé- 
rieure. 


22. Grappe de sorgho var.mengui gbéli (Guinée Française). 


Cet échantillon de mil rouge provient de Kankan. La 
panicule est très lâche; le grain est elliptique (4 mm. sur 
2 mm. 5), rouge, un peu dépassé par les glumes, qui sont 
brun foncé, lancéolées et aiguës (5 mm. sur 2 mm.). 


23. Grappe de sorgho var. figné (Sénégal). 


Provient du cercle de Siné-Saloum. La panicule est très 
lâche ; le grain est blanc rougeâtre (4 mm. sur 2 mm. 5), 
un peu dépassé par les glumes, qui sont noires, lancéolées 
et aiguës (5 mm. sur 2). 


En | 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 
24. Grappe de sorgho var. bodéri (Sénégal). 


Provient de Saldé. La panicule est compacte, comme 
dans les douros ou durrhas de l'Afrique du Nord. Le grain 
est rougeâtre, surtout dans sa moitié supérieure, plutôt 
Jaunâtre dans la partie cachée par les glumes, un peu plus 
long que large (6 mm. sur 5); les glumes, qui sont plus 
courtes, sont de couleur paille, de # mm. de longueur et de 
largeur. Cette variété se sème après le retrait des eaux du 
Sénégal ; on récolte 5 ou 6 mois plus tard. Elle se plaît en 
sol argileux. C’est un mil de qualité ordinaire. 


(Cataloque de l'Exposition des riz, maïs el sorghos de l'Institut colo- 
nial marseillais, août-octobre 1911. — H. Jumelle: Loc, cit.) 


25. Grappe de sorgho var. bassi Sénégal). 


Provient du Sine-Saloum. La panicule est compacte. Le 
grain est jaune sale, avec quelques piquetures rouges, et 
plus large (5 mm.) que long (4 mm.), avec un sommet 
peu convexe et presque droit. Les glumes, qu'il dépasse, 
sont rouge brique foncé, de # mm. sur #4. Cette variété, 
très cultivée, est semée à la fin de juin et récoltée en sep- 
tembre et octobre. 


26. Grappe de sorgho var. gadiaba (Sénégal). 


Provient de Saldé. La grappe est compacte. Le grain est 
à peu près aussi large que long (5 mm.), très arrondi au 
sommet, plus court que les glumes, qui sont brun noi- 
râtre et largement ovales (4 mm. 5 sur # mm.). C'est une 
variété de qualité ordinaire, bonne pour les sols argilo- 
siliceux ; on la sème après le retrait du fleuve et on récolte 
4 ou 5 mois plus tard, 


27. Grappe de sorgho var. pourdi (Sénégal). 


Provient de Saldé, La grappe est compacte. Le grain est 
blanc grisâtre, un peu plus long que large (6 mm. sur # mm.) 


8 H. JUMELLE 


arrondi au sommet, et dépasse les glumes, qui sont brun 
noirâtre et largement ovales (4 mm. 5 sur # mm.). La 
glume carénée, qui est la supérieure, est à sommet plus 
aigu que l'inférieure, qui est convexe et non carénée. Cette 
variété, très recherchée par les oiseaux, est semée en sol 
argilo-siliceux, après le retrait des eaux, et est récoltée 5 
ou 6 mois plus tard, 


28. Grappe de sorgho var. sevil (Sénégal). 


Provient de Saldé. La grappe est compacte. Le grain est 
blanc jaunâtre, un peu plus long que large (5 mm. sur 
kmm.5), comprimé, plus long que les glumes, qui sont rou- 
geûtre clair, presque arrondies (3 mm. à). C’est une variété 
d’une qualité ordinaire, qu’on sème en sol argileux, après 
le retrait des eaux ; on récolte 5 ou 6 mois plus tard. 


29. Grappe de sorgho var. savasouski (Sénégal). 


Provient de Saldé. La panicule est compacte. Le grain 
est jaune rougeûtre, comprimé, à peu près aussi long que 
large (5 mm.), comme dans le gadiaba ; et les glumes sont 
rougeàtre clair, comme dans le seuil, de 3 mm. 5 de hauteur 
et de largeur. Cette variété est de même qualité que la pré- 
cédente et présente à peu près les mêmes conditions de végé- 
tation. 


30 et 31. Petit mil: Pennisetum typhoideum (Sénégal). — 
Graminees. 


32. Fécule de petit mil var. sanio. 


Le Pennisetum typhoideum, ou Penicillaria spicata, est le 
petit mil proprement dit, originaire d'Asie tropicale. Il est 
très cultivé encore, comme le sorgho, par beaucoup de peu- 
plades africaines. Sur la côte du Sénégal, sa culture alterne, 
dans les champs, avec celle de l’arachide. Dans l'intérieur, 
c'est la seule Graminée cultivée immédiatement en deçà du 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE g 


Sahara, dans la zone sahélienne, là où 1l ne tombe que 15 à 
30 em. d’eau par an et où ne se font pas sentir les inondations 
du Sénégal ou du Niger. Certaines variétés à forts rendements 
sont aussi plus ou moins cultivées au Sénégal, dans le 
Niger, dans la Côte d’Ivoireet au Dahomey. La variété santo, 
qui correspond aux n° 30 à 32, atteint jusqu à # m. de hau- 
teur ; son épi a de 10 à 50 em. de longueur. C’est une 
variété rustique et peu exigeante, se développant en 
5 mois 1/2. Ce petit mil estun aliment très recherché des 
indigènes ; son prix est toujours supérieur à celui du gros 
mil. Au Sénégal, dans le cercle de Thiès, le sanio se plait 
dans tous les terrains ; on sème en juillet et on récolte en 
novembre. 


(P. Dumas : L'agriculture dans la vallée du Niger. Agriculture pra- 
tique des pays chauds, 1905.) 
33. Petit mil var. souna (Sénégal). 


Celte seconde variété de Pennisetum typhoideum est 
plus petite que la précédente et de végétation plus rapide, 
car elle mürit en trois mois ; mais elle est plus exigeante et 
son grain se conserve mal. Dans la vallée du Niger, on la 
sème le plus tôt possible, dès que les premières pluies ont 
détrempé le sol. Elle est très répandue dans le cercle de 
Siné-Saloum où elle se plait en sols silico-argileux ; on la 
sème en Juin et juillet et on récolte en octobre. 


34. Petit mil var. tengué (Guinée Française). 

Provient de la Station agricole de Benty. 
35. Epis de fonio ; Digitaria exilis (Sénégal). — (Graminées. 
36. Grains de fonio non décortiqués. 


51. Grains de fonio décortiqués. 


Le Digitaria exilis, qui donne un petit mil, est une Gra- 
minée d'une trentaine de centimètres de hauteur, très cul- 


10 H. JUMELLE 


tivée en Guinée Française, surtout au Fouta-Djalon, et 
dans diversesrégions du Haut-Sénégal-Niger. On la retrouve 
çà et là dans la partie orientale du Sénégal, en Haute-Côte 
d'Ivoire et dans le Haut-Dahomey. Entre le Fouta et le 
douzième degré, MM. Renoux et Dumas estiment l'étendue 
des champs de fonio au tiers des surfaces cultivées. La 
décortication est faite dans des mortiers spéciaux ; le grain 
décortiqué est cuit à la vapeur, ou dans l’eau, ou torréfié. 


(A. Chevalier : loc. cit. — Renoux et Dumas: Culture du fonio dans les 
vallées du Sénégal et du Haut-Niger. Agriculture pratique des pays 
chauds ; second semestre, 1905.) 


38. Grappes de riz ; Oryza sativa (Sénégal). — (Graminées. 


1 


Le riz esttrès cultivé en beaucoup de régions de l'Afrique 
Occidentale Française, principalement en Casamance, en 
Guinée Française, dans la vallée du Moyen-Niger, et, en 
Côte d'Ivoire, dans les vallées du Sassandra et du Cavallv. 
Il présente de nombreuses variétés, barbues ou sans 
barbes, 


(A. Chevalier: loc. cit.) 


39. Grappes de riz var. méréké (Guinée Française). 


La grappe de cette variété non barbue est tombante et 
très étalée, longue de 20 à 25 cm. ; le grain est elliptique, 
avec glumelles d’un jaune clair, à peu près de même couleur 
que les glumes. 


(L. Raybaud: Etude de quelques variétés de riz des colonies françaises, 
L’Expansion coloniale, 1°" août 1912.) 


40. Grappes de riz var. Port-Lokko (Guinée Française). 


Ainsi que son nom l'indique, cette variété de riz serait 
originaire de Sierra-Leone. Sa panicule est étalée, peu four- 
nie, grêle, longue de 12 à 18 cm. Le grain est elliptique, 
ramassé ; glumelles etglumes sont d’un jaune terne, sans 


barbes. 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 11 
41. Grappes de riz var. Sakala (Guinée Française). 


Cette variété (de Sakala ?) a été récoltée à Bissidougou. 
La grappe est à axe rigide, contourné, avec rameaux très 
rapprochés de cet axe, et très sinueux. Le grain est rouge 
brique, elliptique, très aplati ; les glumelles sont le plus 
souvent Jaunâtres, mais aussi brunâtres, et quelquefois 
noires ; les petites glumes, à la base, sont de teinte plus 
claire, 


42. Grappe de riz var. kalimodia (Guinée Française). 


Cette variété, qui provient de la Station agricole de 
Benty, est à grappe tombante plus ou moins étalée et à 
grains rouges, mélangés de grains blancs, les premiers dans 
la proportion de 60 °/,.Les glumelles sont jaunes. 


43. Grappes de riz var. Ali-Toma (Guinée Française). 


Cette variété, qui provient de la Station agricole de 
Benty, est à panicule tombante et peu étalée ; le grain est 
d’un blanc très légèrement rouillé; les glumelles sont jaune 
brunâtre, assez velues, 


44. Grappes de riz var. denkétégny (Guinée Française). 


C'est un riz de colline, à grappe très rigide et à grain 
rouge brique, avec glumelles jaune brunâtre, 


45. Grappes de riz var. salifori (Guinée Française). 


/ 


> 


C'est encore un riz de colline, à grappe rigide et à grain 
rouge brique, mais à glumelles généralement noires, avec 
glumes plus claires. 


46. Grappes de riz var. marara maro (Côte d'Ivoire. 


C’est une variété non barbue. La grappe, longue de 25 à 
28 cm., est étroite, à axe rigide, avec des rameaux plus ou 
moins contournés ; le grain est rouge brun et elliptique ; 


12 H. JUMELLE 


les glumelles, très velues, sont les unes noires et les autres 
Jaunes, celles-ci souvent stériles. 


47. Grappes de riz var. brai (Côte d'Ivoire). 


C'est un riz barbu. La panicule est tombante et étalée ; 
les grains sont d'un blanc jaunâtre ou verdâtre ; les glu- 
melles sont brun chocolat, velues, la supérieure avec une 
arête jaune qui peut atteindre 6 em. de longueur ; les glumes 
sont blanches. 


48. Riz du Cavally (Côte d'Ivoire). 


Riz en paille et riz décortiqué par les indigènes. 


49. Riz vivace de Richard-Toll. 


Ce riz vivace et à rhiZomes, qui est l'Oryza Barthu Chev., 
ou Oryza sylvestris var. Barthü Stapf, croît à l'état sauvage 
en Afrique occidentale, dans la partie Nord dela zone souda- 
naise, dans les dépressions qui sont inondées à la saison des 
pluies. On le trouve dans le Moyenet le Bas-Sénég'al, notam- 
ment dans le Oualo; il est très abondant dans tout le Moyen- 
Niger, de Segou à Tombouctou, et peut-être au delà ; il est 
également répandu dans le.haut de la boucle du Niger, dans 
certaines parties du Mossi, dans la pénéplaine de Gourma. 
Il reste en herbe pendant deux ou trois mois et transforme, 
de juillet à septembre, certains marais en excellents pâtu- 
rages. Lestiges s'élèvent ensuite à 1 m. à 1 m. 50, et par- 
fois à une plus grande hauteur dans les eaux profondes. 
La grappe toutefois dépasse toujours de quelques déci- 
mètres le niveau de l’eau. La glumelle inférieure, de cou- 
leur variable, est terminée par une longue arête de 12 à 
18 cm. C’est un riz à grain très fin, et toujours vendu cher, 
mais qui ne donne que de faibles rendements, et dont la 
récolte est très laborieuse. Dans les régions où la plante 
mürit mal, elle reste intéressante comme fourrage pour le 
bétail. 


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F54 


> 

AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 13 

(A. Chevalier : Le riz sauvage de l'Afrique tropicale. Journal d'Agri- 

culture tropicale, 31 janvier 1911, — G.Henry : Notes sur le riz vivace. 
Agriculture pratique des pays chauds, 1911.) 


II — GRAINES ALIMENTAIRES 


61. Voandzeia subterranea. — Léqumineuses. 
62. Pois-arachides blancs (Dahomey). 


63. Pois-arachides mélangés (Dahomey). 


Le Voandzeia sublerranea, ou pois-arachide, ou haricot 
des Bambaras, a déja été mentionné dans le Catalogue de 
Madagascar (n° 21). Les fruits, qui mürissent en terre, 
comme ceux de l’arachide, et comme ceux aussi du Xerstin- 
giella geocarpa, ou doï, autre Légumineuse africaine, sont 
des gousses globuleuses indéhiscentes, le plus souvent à 
une seule graine. La plante est cultivée chez presque toutes 
les peuplades de l'Afrique tropicale, surtout dans les régions 
de savanes. Les graines sont de diverses couleurs, jaunes, 
tachetées, rouges ou noires, selon les variétés. 


64. Gousses de Canavalia ensiformis (Sénégal). — Zéqu- 
mineuses. 


Le Canavalia ensiformis, ou Canavalia gladiata, est une 
plante grimpante souvent cultivée en Afrique Occidentale 
Française autour des cases des indigènes. Ses graines sont 


blanches ou colorées : elles sont mangeables, mais de diges- 
tion difficile. 


65. Gousse de Canavalia obtusifolia (Sénégal). — Zéqumi- 


neuses. 
/ 


Cet autre Canavalia est, comme le précédent, appelé 
fanto au Sénégal. Les gousses sont moins comprimées que 


44 H. SUMELLE 


dans la première espèce, et les graines, qui sont tigrées sur 
toute la surface, sont de forme un peu différente, plus 
ovoïdes et plus grosses. La plante est cultivée autour des 
cases au Niocolo. Les graines dures et coriaces, de goût 
fade,et qu’il faut faire bouillir pendant des journées entières, 
sont peu appréciées des indigènes, qui ne les consomment 
guère qu'en temps de disette. Elles passent pour donner 
une maladie qui fait tomber les dents. Elles sont parfois 
considérées comme toxiques. 


(A. Rançon : loc. cit.) 


66. Graines de Canavalia (Guinée Française). — ZLégumi- 
neuses. 


Ces graines données par des gousses beaucoup plus 
petites que les précédentes, et qui appartiendraient peut- : 
être cependant au Canavalia ensiformis, sont considérées à 
Conakry comme toxiques. 


67. Gousses de Psophocarpus longepedunculatus. — Zéqu- 
mineuses. | 


Le Psophocarpus longepedunculatus, ou Psophocarpus 
palmettorum, est voisin du Psophocarpus tetragonolobus, 
qui est le pois carré de la Réunion et de Maurice, où on con- 
somme les gousses vertes et les graines fraîches. Les deux . 
espèces sont des plantes grimpantes, à racines tubéreuses 
et à fleurs bleuâtres ou lilas : mais le Psophocarpus longe- 
pedunculatus, qui est plutôt l'espèce du continent africain, 
où elle s’est naturalisée, est à tige plus grosse et à gousses 
plus petites, avec graines moins nombreuses. Ces gousses, 
chez les deux espèces, sont tétragones, avecuneaile à chaque 
angle. 


68. Haricots rouges d'Europe (Dahomey). — ZLéqumineuses. 


Cette variété de Phaseolus vulgaris provient du Dahomey, 
mais y a été importée d'Europe. 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 15 
69. Graines de Mucuna urens (Dahomey). — Zéqumineuses. 


70, Graines de Mucuna urens. 


71. Gousses de Mucuna flagellipes (Soudan). — Léguimi- 
neuses. 


La détermination des gousses de Mucuna flagellipes a 
été faite avec quelques réserves. Cette espèce est africaine. 
Le Mucuna urens, qui est appelé pois à gratter, en raison 
des poils bruns brülants qui, comme dans le M. flagellipes, 
couvrent ses gousses, ou encore œil de bourrique, en raison 
de la forme et de l'aspect de ses grosses graines, est d’ori- 
gine américaine et est donc introduit en Afrique comme en 
beaucoup d'autres pays chauds. A la Martinique, d’après 
le Père Duss, les graines de Mucuna urens seraient man- 
gées rôties, quoiqu’elles soient amères ; elles seraient diuré- 
tiques et excitantes. Peut-être cependant ne doivent-elles 
pas être consommées sans quelques précautions ; ce doit 
être, du reste, un médiocre aliment. 


72. Gousses de Pterocarpus esculentus (Dahomey). — Zéyu- 
mineuses. 


Cette Légumineuse, appelée mengoun en certaines 
régions, est commune en Afrique tropicale le long des cours 
d'eau et est plantée dans quelques villages du Bas-Daho- 
mey. Ses graines sont comestibles, mais passent pour être 
toxiques lorsqu'elles sont crues. 


13. Rameaux et fruits de Blighia sapida (Dahomey). — Sapin- 
dacées. 


Ce grand arbre, qui est le /inzan des Bambaras, est intro- 
duit aujourd'hui en beaucoup de pays tropicaux, mais est 
d’origine africaine ; ilest commun à l'état spontané, d'après 
M. Chevalier, dans les forêts de la Côte d'Ivoire et du 
Congo. Il est très cultivé autour des villages au Dahomey, 
dans le Baoulé et la Haute-Côte d'Ivoire, en Guinée Fran- 


16 H. JUMELLE 


caise. Les fruits sont des capsules ovoïdes, rouges, s'ouvrant, 
par déhiscence loculicide, en trois valves. Les graines, dont 
il n’y a qu'une par loge, sont minces et brillantes, mais 
chacune est partiellement enveloppée par un arille épais, 
blanc jaunâtre, présentant des circonvolutions qui ont valu 
à la plante le nom vulgaire de ris de veau. Cet arille, qui a 
une saveur de noix fraîche, est mangé cuit à l’eau ou frit. 
Cru, il passe pour toxique : il peut être également dange- 
reux lorsqu'il est consommé trop Jeune ou, au contraire, 
trop avancé. 


=, 


74. Noix d'Anacardium occidentale. — 7'érébinthacées. 


Originaire de l’Afrique tropicale et cultivé aujourd'hui 
dans tous les pays chauds, l'acajou à pomme est très fré- 
quemment planté par les indigènes en Afrique occidentale. 
Voir le Catalogue de Madagascar, n° 22. 


15. Graines de nénuphar. — Nymphéacées. 


Ces graines de diahar, qui appartiennent à diverses 
espèces de Nymphaea, notamment le Nymphaea stellata et 
le Nymphaea Lotus, sont mangées en couscous par les 
Noirs. Les graines sont blanches ou rouges selon l'espèce ; 
les rouges seraient les meilleures. Voir n° 6 de ce Catalogue. 


16. Graines de Cola cordifolia (Sénégal). — Sferculiacées. 


7. Arille de la graine de Cola corditolia (Sénégal). 


18. Fruits, fleurs et feuilles de Cola cordifolia (Sénégal). 

Cet arbre à tronc énorme, indigène dans l'Ouest Africain, 
mais parfois aussi planté dans les villages soudanais comme 
arbre d’ombrage propre aux palabres, est le n{aba du Sou- 
dan, le ndimb des Ouolofs, le doula des Mandingues, le 
tabacklé du Cayor. On consomme l’arille jaunâtre et pul- 
peux, de saveur sucrée, qui enveloppe la base des graines. 


(A. Rançon: loc. cit. — A. Chevalier : loc. cit.). 


1 


AFRIQUE OCCIDENTALÉ FRANÇAISE À 


III. — FRUITS ALIMENTAIRES 


91. Fruits de Balanites aegyptiaca (Haut-Sénégal-Niger). — 
Simarubacées. 


Le Balanites aegçyptiaca; ou soump des Ouolofs, que nous 
citerons encore plus loin dans la section des Oléagineux, 
est abondant, à l’état spontané, dans le Nord du Sénégal 
et le Soudan, et il s'étend, à travers tout ce Soudan, jus- 
qu'en Abyssinie ; on le retrouve dans la région des Lacs. 
En Afrique Occidentale Française, du côté de Bobo-Diou- 
lasso et dans le Haut-Dahomey, il est planté. La pulpe de 
ses fruits est comestible ; et ces fruits, nommés garbay hon- 
non, ou « dattes amères », sont vendus sur le marché de 
Tombouctou. À haute dose, ils seraient purgatifs et pour- 
raient occasionner des diarrhées. Les racines, l'écorce et les 
feuilles de la plante seraient purgatives et vermifuges, 
même à doses modérées. Les racines et l’écorce contiendraient 

de la saponine et pourraient, comme telles, être emplovées 
pour le nettoyage et le dégraissage des étoffes. 


(De Wildeman : Le Balaniles aegyptiaca. Notices sur des plantes 
utiles ou intéressantes de la flore du Congo ; Bruxelles, 1903.— A, Che- 
valier : loc. cit.) 


92. Fruits de Diospyros mespiliformis (Haut-Sénégal-Niger). 
— E bénacées. 


C’est l’ébénier du Soudan, spontané en Afrique tropicale 
en dehors de la forêt, et cultivé en quelques villages. Bien 
que la pulpe des fruits soit très mincé, ces fruits se trouvent 
couramment sur le marché de Tombouctou. 


(A. Chevalier: loc. cit.) : 
93. Graines de Citrullus vulgaris. — Cucurbitacées. 


La pastèqué est spontanée dans les terrains sablonneux 


Annales du Musée colonial de Marseille. — 3° série, 5° vol, 1917, 2 


18 H. JUMELLE 


de la zone soudanienne et fréquemment cultivée en Afrique 
tropicale. Les fruits des formes cultivées sont souvent à 
saveur douce; c’est le cas notamment de celles de ces 
formes à fruits moyens qu'on rencontre dans le Moyen-Ni- 
ger, en particulier autour de Tombouctou. Ces fruits müû- 
rissent de septembre à janvier ; les graines sèches tiennent 
aussi une grande place dans l’alimentation indigène de 
février à août. 

D'après les recherches faites à l'Imperial Institute de 
Londres, sur des graines provenant dela Nigérie méridionale, 
où la plante est appelée ikpan, ces graines se composent de 
36 °/, d'enveloppe et 64 °/, d'amande ; et cette amande 
donne 40,6 °/, d'une huile jaune pâle qui laisse déposer des 
flocons blanchâtres et a pour caractères : 


DEDSIS FN dors 0 0,922 
Hüdiced'acidiéss rte 1,4 
Iniré diode. etes virer AU 
Indice de saponification....... 196,5 


Pour la savonnerie, cette huile d'ikpan a été estimée à 
Londres à une valeur un peu moindre que. l'huile de 
coton, mais ce serait peut-être une huile comestible, ce qui 
élèverait son prix. 


(A. Chevalier : loc. cit. — Bulletin of the Imperial Institute, 1908, n° 4.) 


94. Fruits d'Anona muricata. — Anonaccées. 


Le corossolier, originaire des Antilles, où c’est le cachi- 
man épineux, est depuis longtemps cultivé par les indigènes 
dans la région des sources du Niger et dans le Bas-Daho- 
mev. | 


v 


(A. Chevalier : loc. cit.) 


95-96. Fruits de Zizyphus orthacantha ; jujubier. — Rhamna- 
cées. 


Cette espèce de jujubier, voisine du Zizyphus Jujuba, 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 19 


est spontanée au Soudan et y est commune. Elle est quel- 
quefois cultivée plus au Sud. Les fruits sont comestibles : 
fermentés dans l’eau, ils donnent aussi une boisson rafrai- 
chissante. Les feuilles nourrissent le Bombyx Faidherbü. 


(A. Chevalier : loc. cit.) 


97. Fruits de Passiflora foetida (Dahomey). — Passifloracées. 


Toutes les passiflores sont originaires de l'Amérique 
tropicale. Le Passiflora foetida, caractérisé par les trois 
feuilles involucrales très divisées qui accompagnent chaque 
fruit, est aujourd'hui naturalisé dans beaucoup de villages 
africains. Le fruit est comestible. 


(A. Chevalier : loc. cit.) 


98. Graines de Luffa cylindrica. — Cucurbitacées. 


C'est, au Soudan, le niabessé des indigènes, qui toutefois 
ne consomment guère les Jeunes fruits, comme en certaines 
autres contrées, et n'utilisent en général que le réseau 
fibreux des fruits mürs et secs. 


(A. Chevalier : loc. cit.) 


99. Fruits d'Hibiscus esculentus (Sénégal). — Malvacées. 


Le gombo, dont la culture est encore possible dans le 
Midi de la France, est aujourd'hui naturalisé dans tous les 
pays tropicaux; d’après Schweinfurth, il serait spontané 
en Abyssinie. On en connaît de nombreuses variétés en 
Afrique occidentale, On mange les fruits quand ils sont 

Jeunes, comme légumes, avec du riz, du couscous, de la 
viande ou du poisson. C’est le quaniala des Bambaras, le 
gaou des Malinkès, le candié des Peulhs, le diakalame des 
Sarracolés. 


(A. Rançon : loc, cit. — À. Chevalier : loc. cit.) 


20 ii. JUMÉLLÉ 
100. Fragment de régime de Phoenix reclinata. — Palmiers. 


Cedattier, à tronc bas, dont on retrouve une variété à 
Madagascar, est connu dans toute l'Afrique tropicale et 
même en Afrique du Sud. sur les côtes et dans l’intérieur ; 
il croît ordinairement sur les bords des cours d’eau. Le 
fruits sont mangeables. 


01. Fruits de Salvadora persica (Haut-Sénégal-Niger). — 
Salvadoracées. E 


Ce petit arbre, qui pousse à l'état sauvage en diverses 
régions de l'Afrique tropicale, ainsi que dans l'Afrique du 
Nord, en Arabie et dans l'Inde, donne de petits fruits dont 
le goût rappelle celui des raisins de Corinthe, et qui, d’après 
M. Chevalier, sont vendus en grande quantité à Tombouc- 
tou. 

Les graines, dont l'amande est amère, sont oléagineuses 
et fournissent 44,6 °/, d'une huile concrète jaune, à odeur 
désagréable, et qui a pour constantes, comparées à celles du 
Salvadora oleoides de l'Inde : 


S. persica S. oleoides 
Indice de saponification..... 245,2 ......... 242,4 
indice diode. 5227 - re Dr de 7,9 
Indice d'acide es. DDR HOUSE 11,13 
Solidification des acides gras 3004 ......... 40° 
Pointide fushancr Te sErse Re OR RE 41° 


Son haut point de fusion rendrait donc ce beurre intéres- 
sant pour la stéarinerie, et aussi peut-être, après purifica- 
tion, comme graisse alimentaire et « beurre à chocolat », au 
même titre que les beurres ({engkawang) des Shorea de 
Bornéo. 


102. Gousses et graines de Parkia biglobosa ; nété (Séné- 
gal). — Léqumineuses. 


103. Jeunes gousses et inflorescences de Parkia biglobosa. 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE | 21 
104. Gousses de Parkia biglobosa. 
105. Feuilles et fragments de tige de Parkia biglobosa. 


106. Écorces de Parkia biglobosa. 


Le Parkia biglobosa, ou Parkia africana, est un bel 
arbre de 12 à 15 mètres de hauteur, à feuilles deux fois 
composées et à fleurs rouges, disposées en boules. Les 
gousses noires, linéaires et un peu en faucille, de 27 à 40 
cm. de longueur sur 13 mm. de largeur, sont complètement 
remplies, dans les intervalles laissés par les graines, par 
une pulpe d'abord spongieuse et blanche, puis granuleuse 
et jaune clair. Les graines plongées dans cette pulpe sont 
elliptiques, comprimées, à épais tégument brun. Cette 
espèce est largement répartie dans toute la zone tropicale 
africaine ; on la retrouve dans le Haut-Nil et au Congo. En 
Afrique Occidentale Française, elle habite les zones souda- 
nienne et guinéenne. C'est le nété et le néré des Bambaras, 
le oulle des Ouolofs, le houlle et le néri des Soussous, le 
kombé des Bandas, etc. Il joue un rôle important dans l’ali- 
mentation indigène, soit par ses graines, qui, torréfiées et 
fermentées, donnent une sorte de fromage (sumbara) qu'on 
conserve en tablettes et qui sert de condiment, soit surtout 
par la pulpe de ses gousses. Cette pulpe (ou pain d'épice 
d'Afrique) réduite en farine se présente sous l'aspect d'une 
poudre jaune d'or, un peu humide au toucher, s’agglomé- 
rant facilement par pression, d'odeur douce et de saveur 
fortement sucrée et mucilagineuse. Elle contient, d'après 
des analyses de M. Crété, 25 °/, environ de saccharose, 
20 °/, de sucre réducteur, 1 à 1,30 °/, de substances 
grasses, et des matières pectiques correspondant à des pec- 
tanes et à des galactanes. La pulpe de nété, qui n’est donc 
pas amylacée, mais plutôt sucrée et mucilagineuse, à déjà 
été employée avec succès en Europe pour l'alimentation des 
jeunes enfants. Les graines plongées dans cette pulpe se 
composent de 33 °/, environ de tégument et 66 °/, d'amande, 
et celle-ci renferme près de 25 °/, d'une huile jaune paille 


22 H. JUMELLE 


qui a pour indice d'iode 82,8)4, et, pour indice de saponifi- 
cation, 192. Après torréfaction, les graines peuvent servir à 
préparer une infusion rappelant le café. Les enveloppes des 
wousses servent au Fouta-Djalon pour intoxiquer le pois - 
son. 


(Heckel et Schlagdenhauffen : Du café du Soudan, Parkia biglobosa, 
au point de vue botanique et chimique. Journal de Pharmacie et de 
Chimie, 1887, — A. Chevalier : Les Parkia de l'Afrique occidentale. Bul- 
letin du Muséum d'Histoire naturelle, 1910. — L. Crété : Le nété et 
quelques autres Parkia de l'Afrique occidentale, Vigot, Paris, 1910.) 


107-108. Gousses de Dialium nitidum (Sénégal). — Léqumi- 
neuses. 


109. Graines de Dialium nitidum. 


Le Dialium nitidum, ou tamarinier velouté, le solom des 
Ouolofs, le Æocyto des Mandingues, est un arbre de taille 
moyenne, à petits fruits vaguement lenticulaires, noirs et 
veloutés, dont la pulpe acidule est comestible et rafraïchis- 
sante. 


(P. Sébire: Les Plantes utiles du Sénégal. — Baillière, 1899.) 


110. Fruits de Parinarium senegalense. — Aosacées. 


111. Huile et graines de Parinarium senegalense. 


Le Parinarium senegalense, où Parinarium macrophyl- 
lum, est le néou et le pommier du Cayor des colons. Les 
fruits globuleux, jaunâtres, avec noyau épais, bosselé et à 
surface anfractueuse, sont mangés par les indigènes, quoique 
la pulpe soit peu juteuse, farineuse et un peu âpre. C'est le 
ginger-bread-plum des colons anglais de Sierra-Leone. Les 
graines contiennent une huile qui est parfois utilisée au 
Sénégal pour faire des savons. 

Le noyau se compose de 85,86 °/, de coque et 15,14 °/, de 
graine, Par le sulfure de carbone on obtient la substance 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE . 23 


grasse dans la proportion de 9,45 °/, du noyau et 62,40 °,, 
de la graine seule. Cette huile est liquide à la température 
ordinaire, légèrement jaunâtre, et d’une densité de 0,954 à 
15°. Elle rancit facilement, en s’épaississant. Elle est très 
siccative et rappelle, par ses propriétés, l'huile de bancoul. 
Le rendement en acides gras de saponification est de 92 °/,, 
et leur point de solidification est de 20°. Le rendement en 
acides gras de distillation est de 72,50 °/,, et le point de 
solhdification de ces acides est de 32°. Le rendement en 
acides gras solides de saponification est de 10 °/,, et le point 
de solidification de ces acides est de 5197. Le rendement en 
acides gras solides de distillation est de 25 °/,, et leur 
point de solidification est de 50°, Cette huile ne convien- 
drait ni en savonnerie ni en stéarinerie, mais serait utili- 
sable comme l'huile de lin. Le tourteau, de goût agréable, 
mais peu azoté, ne peut être employé que comme engrais. 


E. Heckel: Graines grasses nouvelles ou peu connues des colonies fran- 
çaises. Annales de l’Institut Colonial de Marseille, 1898.) 


112. Fruits et feuilles de Parinarium excelsum. — Æosacées. 


113. Fruits de Parinarium excelsum. 


Les fruits de cette autre espèce, qui est le mampata des 
Ouolofs, sont plus petits que les précédents et à noyau 
moins anfractueux. Ils sont encore consommés par les indi- 
gènes et seraient de saveur plus douce et plus agréable que 
les fruits du néou. C’est le gray ou rough-skinned-plum de 
Sierra-Leone. 


114. Ampelocissus Lecardii. — Ampélidacées. 


Les « vignes » qui poussent à l’état spontané dans le 
Haut-Sénégal sont des espèces d’Ampelocissus et de Cissus. 
Leurs tiges herbacées ou suffrutescentes sont ordinairement 
couchées sur le sol. À la fin de l'hivernage, elles produisent 
des grappes de raisins qui ont parfois la grosseur d'une 
prune et sont rouge noirâtre, avec de volumineux pépins 


24 H. JUMELLE 


recouverts d’une mince pulpe sucrée. Il est peu probable 
que, comme on y avait pensé Jadis, on puisse réussir à hy- 
brider ou greffer ces vignes du Soudan avec les véritables 
vignes. 


(A. Chevalier: loc. cit. Une Mission au Sénégal. Challamel, Paris, 
1900.) 


115. Noyaux de Ximenia sp. — Ülacacées. 


Ce Ximenia, qui ést voisin du Aimenia americana, et 
est le séno des Bambaras et des Malinkès, est un arbuste de 
3 mètres au plus de hauteur, assez commun dans le Foula- 
dougou, le Kita, le Manding, le Bambouck, le Denkilia et 
le Kuokodougou, où 1lcroit sur les sols pauvres et dans les 
interstices des rochers. Les fruits ressemblent à des prunes 
mirabelles, mais parfaitement sphériques. La pulpe est 
peu abondante mais rafraïchissante, aigrelette, légèrement 
aromatique et très agréable. L'amande, contenue dans un 
noyau assez volumineux, a le goût de laurier-cerise et con- 
tient une assez forte proportion d'acide cyanhydrique pour 
que son ingestion soit dangereuse. 


(A. Rançon: loc. cit.) 
116. Fruits de Napoleona imperialis (Sénégal). — Myrtacées. 


La pulpe des fruits de cetté Myrtacée est mangée comme 
rafraîchissante. 


IV. — PLANTES A SUCRE 


121. Tiges de Panicum stagninum: bourgou (Haut-Sénégal- 
Niger). — Graminées. 


Le bourgou, ou roseau à sucre du Soudan, est une Gra- 
minée qui pousse en abondance dans les terrains inondés 
par le Niger; il apparaît en Juin, quand la crue fait débor- 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 25 


der le fleuve. Les tiges grandissent rapidement et atteignent 
en septembre Jusqu'à 3 mètres. À la période des plus 
grandes pluies, en juillet, elles n'émergent parfois que de 
10 centimètres, et jamais de plus de 1 mètre. La plante ne 
se trouve plus qu'en petite quantité au sud du 13° degré de 
latitude Nord, quoiqu'on la rencontre encore dans les lacs 
du Bas-Dahomey par exemple, mais elle est très abondante 
dans la région de Tombouctou et dans tout le Moyen-Niger ; 
son grand centre est le lac Débo, qui est le régulateur de 
l'inondation du fleuve. La surface de production s'étendrait 
sur 250.000 hectares. Si la récolte de riz est mauvaise, les 
indigènes utilisent les graines. Mais, d'autre part, c'est 
surtout comme plante à sucre que le bourgou est connu et 
utilisé autour de Tombouctou. Les tiges qui ont été fauchées 
sont écrasées, puis traitées par l’eau, et on obtient un sirop 
épais qui est le koundou-hari, boisson habituelle des Musul- 
mans de Tombouctou. Ce sirop doit être bien frais, car il 
fermente très vite : il est de couleur caramel foncé, d'abord 
sucré, puis âcre, très désagréable pour ceux qui n'y sont 
pas habitués. Concentré, 1l donne une mélasse qui, décou- 
pée comme du nougat, est le kafou, vendu également sur 
le marché de Tombouctou. D'après les analyses de 
MM. Perrot et Tassilly, le bourgou contient 10 °}, de 
saccharose et 7 °/, de sucres réducteurs évalués en glucose. 
Sans être aussi riche que la canne à sucre, il pourrait donc 
être utilisé sur place pour la fabrication d'alcool. 


(A. Chevalier : Une nouvelle plante à sucre de l'Afrique Occidentale 
Française. Comptes rendus de l'Association française pour l'avancement 
des sciences, Congrès de Paris, 1900. — Perrot et Tassilly : Sur la 
composition chimique et l’utilisation possible du bourgou. Vigot, Paris, 


1910.) 


122-123. Vin de palme. — Pamiers. 


Le palmiste, surtout intéressant pour ses fruits et ses 
graines à substances grasses concrètes, et qui sera, comme 
tel, cité de nouveau dans la section des Oléagineux, est, en 
outre, pour les indigènes de l'Afrique occidentale, un palmier 


26 | H. JUMELLE 


à vin. Des inflorescences mâles sectionnées de ce palmiste 
on retirerait par jour un demi-litre à un litre et demi de 
liquide. 


V2 MOAPRIOUES 


131. Fruits de caféier de Libéria. — /iubhiacées. 
132. Café de Libéria. 


133. Caféine extraite du café de Libéria. 


Originaire de l’Angola, le caféier de Liberia a été intro- 
duit à une époque relativement récente sur la côte de 
Guinée ; en Afrique Occidentale Française, la seule colomie 
qui s’adonne quelque peu à sa culture est la Côte d'Ivoire, 
qui exportait en 1912, d'Assinie et de Bassam, 28.000 kilos 
environ. 


134. Café du Rio-Nunez (Guinée Française). — ARubiacées. 


Le Coffea stenophylla, qui donne le café dit « du Rio- 
Nunez », est spontané dans la Basse-Guinée Française et à 
Sierra-Leone. Il croit entre 400 et 700 mètres d'altitude, à 
100 à 300 kilomètres de la mer, dans une contrée où il 
tombe de 1 m. 50 à 3 mètres d'eau. Plus près de la mer, 
au-dessous de 300 mètres, où les pluies sont plus abon- 
dantes, comme à Boké, sur le Rio-Nunez, il n’est que 
cultivé. Ce n’est que dans le Haut-Rio-Nunez qu'il rede- 
vient spontané. Le café, à petits grains, est d’arome assez 
fin, mais avec un petit goût de vieux qui ne plaît pas 
toujours. 


(A. Chevaliér : Les caféiers sauvages de la Guinée Française. Comptes 
rendus de l’Académie des Sciences, 22 mai 1905.) 


135. Gousses et graines de Cola nitida. — Séerculiacées. 


2 
er 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANCAISE 
136-137. Graines de Cola nitida. 
138. Feuilles de Cola nitida. 
139. Pâte des graines de kola. 
140. Pain avec poudre de kola et beurre de cacao. 
141. Kolanine des graines de Cola nitida. 


142-143. Caféine des graines de kola. 
144. Écorces de Cola nitida. 


Les noix de kola que consomment les indigènes de 
l'Afrique occidentale, et dont l'emploi est aujourd'hui cou- 
rant dans la thérapeutique européenne, sont les graines de 
plusieurs espèces de Cola, dont la meilleure est le Cola 
nitida. Les graines de ce Cola nitida seront toujours dis- 
tinguées de celles des autres espèces par ce caractère qu’elles 
sont à deux cotylédons, tandis qu'il y a plus de deux de ces 
cotylédons dans les autres espèces, et notamment dans le 
Cola acuminata, le Cola verticillata et le Cola Ballayi. 

Le Cola nitida est spontané dans la forêt vierge de Ïla 
Côte d'Ivoire et du Libéria, mais ses diverses races sont 
aujourd'hui cultivées en grand en Afrique occidentale à 
partir de la Guinée Française. Il est bien reconnu en théra- 
peutique que les graines fraiches sont, comme l'ont toujours 
admis les Noirs, bien supérieures aux graines sèches. Ces 
graines fraîches n'agissent pas seulement par la caféine, 
mais encore par des catéchines, la kolatine et la kolatéine, 
qui solubilisent la caféine ; et, au cours de la dessiccation, 
ces catéchines, sous l'influence de diastases, telles que le 
kolooxydase, subissent des transformations, parmi les- 
quelles la plus importante est la mise en liberté de la 
caféine. Les effets de la noix sont ainsi considérablement 
atténués. 


(E. Heckel : Les kolas africains. Annales du Musée Colonial de Mar- 
seille, 1893. — Chevalier et Perrot : Les kolatiers et les noix de kola. 


28 Hi. JUMELLE 


Les Végétaux utiles de l'Afrique tropicale française, 1911. — Goris el 
Arnould : Conservation et stérilisation des noix de kola fraîches. Bulletin 1 
des Sciences pharmacologiques, 1907.) 


1 35. Cacao de la Côte d'Ivoire. — Sferculiacées. 


La culture du cacaoyer s'est considérablement développée 
en ces dernières années à la Côte d'Ivoire. Les exportations 
de cacaos, qui n'étaient que de 7 tonnes en 1910, se sont 
élevées à 300 tonnes en 1916. En décembre 1915 on 
comptait 2.398 plantations indigènes, avec plus de 1.675.000 
arbres, et 13 exploitations européennes. Ces plantations se 
trouvent surtout dans les cercles du Bas-Cavally, d'Assimie, 
de l’Agneby, de l'Indénié et des Lagunes. La qualité de ces 
cacaos de la Côte d'Ivoire a déjà été appréciée sur nos 
marchés. Les cacaos exposés appartiennent à une variété 
amelonado du groupe des forasteros. Is ont été récoltés et 
préparés à la Station de Bingerville. La durée de la fermen- 
tation a été de 6 jours, avec brassage et changement de 
cuve tous les jours à partir du deuxième. Le séchage à l'air 
libre nécessite 10 à 15 jours, suivant la saison. En décembre 


1916, ces cacaos étaient vendus, pris en magasin, À fr. 72 
le kilo. 


(Développement de la culture du cacaoyer au 31 décembre 1391, à la 
Côte d'Ivoire, Bingerville, 1916.) 


VI. — CONDIMENTS ET AROMATES 


151. Poivre de Guinée. — Pipéracces. 


Le poivre de Guinée, ou poivre de Kissi, qui ressemble 
au poivre noir du Piper nigrum de l'Inde, est donné par le 
Piper quincense, plante grimpante spontanée dans les 
forêts et les galeries forestières de l'Afrique tropicale. Il 
n'est cultivé qu’au Kissi, en Guinée Française, où 1l donne 
heu à un petit commerce. 


(A. Chevalier : loc. eit.) 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 29 
152. Poivre d'Éthiopie. — Anonacées. 
153. Racines de ndiar. 


154. Bois de ndiar. 


Le poivre d'Éthiopie, ou encore poivre de Sedhiou, sou- 
vent aussi appelé, comme le précédent, poivre de Guinée, et 
qui est le ndiar des Ouolofs, est un condiment à saveur 
piquante comme le véritable poivre, mais son origine bota- 
nique est toute différente de celle de ce poivre. La plante 
productrice est un arbre; et le produit se présente sous la 
forme de bouquets de baies cylindriques, de la grosseur d'une 
plume d’oie, avec de légers étranglements correspondant aux 
intervalles des graines qu'elles contiennent. L'espèce est 
spontanée en quelques régions forestières de l'Afrique tropi- 
cale, mais cultivée ailleurs, notamment dans la région mari- 
time du Sénégal et dans le Bas-Dahomey. 


(A. Chevalier : loc. cit.) 


155. Fruits d'Aframomum Melegueta (Sénégal). — Zingibe- 
racées. 


Les graines de l’Aframomum Melequeta sont la mani- 
quette, ou méléquette, ou graine de Paradis, ou l'alligator 
peper, le kisadji de Sierra-Leone. Elles sont utilisées, en 
Angleterre notamment, comme condiment, à la façon des 
cardamones de l'Inde; la saveur en est brülante et très 
piquante. La plante paraît spontanée en certaines parties 
des forêts de la Côte d'Ivoire et du Libéria, et est, en tous 
cas, très cultivée sur la côte du golfe de Guinée, en Guinée 
Française, à Sierra-Leone, à la Côte d'Ivoire, au Daho- 
mey, etc. 


156. Fruits d'Aframomum sp. (Guinée Française). — Zingi- 
béracces. 


Cet Aframomum, à plus petits fruits que le précédent, 


30 H, JUMELLE 


est nommé en soussou niohomi conkouri, ou « petit 
gingembre ». La graine est mangée par les Noirs comme 
condiment. C'est peut-être l’Aframomum Melegquetella K. 
Sch. 


157. Rhizome de gingembre. — Zingibéracées. 


Le Zingiber officinale, ou gingembre, niohont en soussou, 
originaire de l'Asie tropicale, est introduit de longue date 
sur cette même côte du golfe de Guinée ; 1l est très cultivé 
notamment au Sierra-Leone. 


158. Vanille sauvage du Cavally(?) (Côte d'Ivoire). — Orchi- 


dacaceées. 


VII — PLANTES MÉDICINALES 
ET TOXIQUES 


171. Racines de Tinospora Bakis (Sénégal). — Ménisperma- 
cées. 


172. Rameaux floraux de Tinospora Bakis. 


173. Principes extraits des racines de Tinospora Bakis. 


Le Tinospora Bakis est une liane commune au Sénégal, 
dans le Oualo, le Cayor et la Casimance, et qu'on retrouve 
encore plus à l’intérieur, dans les environs de Kayes. Les 
racines, qui sont amères, sont vendues sur les marchés de 
Saint-Louis, Dakar, Gorée, Rufisque ; elles sont employées 
en décoction et en macération, et surtout par les Ouolofs et 
les Sérères, comme toniques, diurétiques et fébrifuges. 
Elles contiennent, comme principes actifs, de la colombine, 
qui y est en proportion plus grande que dans la racine de 
colombo (Cocculus palmatus) et deux alcaloïdes, la sango- 
line et la pélosine, cette dernière substance étant celle 


ni Sr Ho 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE | 


qu'on trouve dans les racines de pereira brava (Cocculus 


Chondodendron). 


(Heckel et Schlagdenhauffen : Sur le bakis (Tinospora Bakis) el le 
sangol (Cocculus Leaeba) du Sénégal et du Soudan. Annales du Musée 
Colonial de Marseille, 1895.) 


174. Racines de Cocculus Leaeba (Soudan). — Ménisperma- 
cées. 


175-176. Rameaux de Cocculus Leaeba. 


177. Principes extraits des racines de sangol. 


Cette autre liane, de la même famille que la précédente, 
et qui est le sangol du Sénégal, est d’aire géographique très 
étendue, correspondant à toute la région aride comprise 
depuis l'Inde jusqu'aux îles du Cap Vert, à travers l’Afgha- 
nistan, l'Arabie et l'Égypte. Elle croît spontanément dans 
la zone sahélienne du Soudan et est plantée, autour des 
cases, au Sénégal, au Soudan et au Baguirmi. L'emploi des 
racines est plus limité que celui des racines de l'espèce 
précédente. Ces racines sont grattées, puis mises à macérer 
pendant quelques heures dans l’eau. Elles sont moins 
amères et moins diurétiques que celles de bakis. On les 
utilise contre les fièvres intermittentes invétérées. 


(Heckel et Schlagdenhauffen : loc. cit.) 
178. Bois de faux-sangol (?) (Guinée Française). 


179. Feuilles d'Hibiscus Abelmoschus.. — Malvacées. 


Cette plante annuelle est le gombo musqué, ou ambrette, 
dont les graines sont utilisées pour leur forte odeur 
musquée (voir n° 386 de ce Catalogue), mais les feuilles 
seraient employées par les indigènes d'Afrique occidentale 
comme émollient contre les inflammations des yeux. 


180. Graines de Garcinia Kola. — Clusiacces. 


32 H. JUMELLE 
181. Feuilles de Garcinia Kola. 


182. Racines de Garcinia Kola. 


183. Extrait de bitter-kola. 


Le Garcinia Kola est un arbre de 8 à 15 mètres de hau- 
teur, indigène à Sierra-Leone, au Dahomey et au 
Lagos. Au Bas-Dahomey, ilest fréquemment cultivé autour 
des habitations. Les graines, qui sont le hifter-kola, ou kola 
mâle, sont vendues sur tous les marchés de l'Afrique occi- 
dentale depuis Saint-Louis jusqu’à la Nigérie anglaise ; celles 
qui sont vendues au Sénégal et en Guinée Française pro- 
viennent de Sierra-Leone. L’amande est toujours mangée 
crue et fraiche. Les indigènes savent d’ailleurs fort bien 
qu'elle n'a pas les propriétés de la vraie kola, mais ils 
admettent que son ingestion facilite la dégustation de cette 
kola et la fait trouver plus agréable. Le bitter-kola arrête- 
rait les coliques ; et, après avoir croqué une graine, on 
peut manger une grande quantité de noix de kola sans 
être incommodé. D’après Heckel, il suffirait, d'autre part, 
de mâcher quelques graines pour guérir les rhumes. 


(Heckel et Schlagdenhauffen : Les kolas africains. Annales du Musée 
Colonial de Marseille, 1893. À. Chevalier et E. Perrot : Les kolatiers 
el les noix de kola. Les Végétaux utiles de l'Afrique tropicale française, 
41911:) 


184. Graines de Boscia senegalensis (Sénégal). — Cappa- 
ridaceées. 


Ce petit arbre est le pois du Sénégal, le djandam des 
Sénégalais. Ses fleurs sont à odeur fétide. La vapeur de 
l'eau dans laquelle on fait bouillir les feuilles guérirait les 
maux de tête ; la racine passe pour vermifuge. Les graines 
torrétiées peuvent remplacer le café. 


185. Ecorces de koakandi (Guinée Française). — Aula- 
cées. 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 33 


Ces écorces amères et aromatiques, provenant de Boké, 
appartiennent peut-être à un Zanthorylum. Les écorces de 


beaucoup de Zanthorylum sont toniques et fébrifuges. 


186. 
187. 
188. 


189. 
190. 


Ecorces de Khaya senegalensis. — Méliacées. 
Feuilles de Khaya senegalensis. 
Bois de Khaya senegalensis. 


Fleurs de Khaya senegalensis. 


Graines de Khaya senegalensis. 


Le Khaya senegalensis, ou cailcédrat, où acajou du Séné- 
qal, le diala des Bambaras, est un très bel arbre du Séné- 
gal et du Haut-Sénégal-Niger, très rare en Guinée Fran- 
çaise. Son bois a été longtemps exporté comme une sorte 
d’acajou, quoiqu il soit inférieur au véritable acajou améri- 
cain (donné par le Swietenia Mahagoni). La partie rouge 

de l'écorce du Xhaya senegalensis est fébrifuge et employée 
comme l'écorce de quinquina ; elle - contient 0,8 °/, de 
cailcédrine. Quoique bien inférieure au quinquina, elle peut 
rendre quelques services dans les fièvres légères et comme 
tonique. Les graines sont très amères et ont les mêmes 
propriétés. 


191. Racines de Celastrus senegalensis (Sénégal). — Célas- 
tracées. 


Les racines de cet arbrisseau sont amères et astringentes : 
elles sont indiquées comme purgatif léger et contre les 
diarrhées chroniques. 


192. 


Gousses de Connarus africanus (Guinée Française). — 


Connaracées. 


193. 
194. 


Fleurs et gousses de Connarus africanus. 


Rameaux floraux de Connarus africanus. 


Annales du Musée coionial de Marseille. — 3° série, 5° vol, 1917, 3 


34 H. JUMELLE 
195. Tiges et rameaux de Connarus africanus. 
196. Racines de séribéli. 


197. Poudre des racines de séribéli. 


198. Principes extraits des graines et des racines de séri- 
béli. 
Le Connarus africanus, ou séribéli, est un arbre de # à 
5 mètres de hauteur, de la Sénégambie et de la Guinée 
Française. Les graines, au nombre de 1 à 2 dans de courtes 
gousses dont un bord est droit et l’autre convexe, sont 
munies, à la base, d'un arille charnu et rouge, odorant et 
de saveur astringente. L'amande de la graine contient 40°}, 
au moins d'une HAE grasse, composée de trois quarts 
de stéarine et d'un quart de palmitine:; cette amande ren- 
ferme en outre une matière colorante et du tannin. Les 
parties de la plante employées en médecine indigène sont 
les graines, et aussi, dans le Bramaya, les écorces de la 
racine, qui, comme les amandes, contiennent du tannin. 
Graines et écorces sont d'ailleurs usitées les unes et les 
autres comme vermifuge et taenicide. Les Soussous font 
sécher au soleil les graines pourvues de leur arille et les 
pulvérisent dans un mortier, puis ils font avaler au malade, 
à la dose de 30 à 50 grammes, la poudre arrosée de jus de 
citron, après l'avoir mélangée, sans autre apprêt, au riz 
qui compose le repas. Le malade vaque à ses occupations 
comme en temps normal et évacue assez vite le taenia ou 
les ascarides. L’écorce de la racine est pulvérisée comme 
les graines et administrée comme celles-ci. Des médecins 
français, à Conakry, ont employé le séribéli avec succès ; 
on fait bouillir dans un verre d’eau 25 grammes de poudre 
de graines ou de racines et on laisse ensuite macérer 
ditue heures, après lesquelles on fait absorber à la fois au 
patient Sous et liquide. 
(E. Heckel et Schlagdenhauffen : Etude botanique, chimique et théra- 


peutique sur le Connarus africanus, Annales de la Faculté des Sciences 
de Marseille, tome VI, fasc. 2.) 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 39 


199. Graines d’Abrus precatorius. — Léqumineuses. 


200. Feuilles et racines d’Abrus precatorius. 


201. Cholestérine d'Abrus precatorius. 


Le Jéquirity, à gousse oblongue, contenant des graines 
rondes d’un beau rouge avec une tache noire, est une liane 
bien connue dans tous les pays tropicaux, où elle est sau- 
vage et. cultivée. Ses racines, employées comme succédané 
de la réglisse, lui font donner le nom de liane-réglisse. Ses 
graines, ainsi que les tiges et les feuilles, sont, en divers pays, 
employées en tisane contre les maladies des voies respira- 
toires. Les graines contiennent un principe actif, l’abrine, 
qui, comme la ricine des graines de ricin, appartient au 
groupe des albuminoïdes toxiques ; elles sont, pour cette 
raison, un des poisons d'épreuve de Java. Une macération 
de ces graines dans l’eau aurait quelquefois été employée 
avec succès, en Europe, contre la conjonctivite granuleuse 
chronique. 


202. Graines de Physostigma venenosum (Sénégal). — Zéqu- 
_ mineuses. 


Cette liane de la côte de Calabar, et dont la graine est 
bien connue sous le nom de fève du Calabar, ne parait pas 
exister en Afrique Occidentale Française, mais les graines 
sont apportées au Sénégal Jusque sur le marché de Saint- 
Louis, où, d'après M. Chevalier, elles sont vendues comme 
grigri. Ces graines servaient en Nigérie comme poison 
d’épreuve, dit éséré ; et l’éséré était une macération des 
amandes pilées dans l’eau, ou simplement la fève, crue ou 
cuite. On l’administrait aussi sous la forme de lavement. 
Ses propriétés toxiques sont dues à plusieurs alcaloïdes, 
l'ésérine, l’éséridine, l'éséramine et la calabarine. L'ésérine a, 
d'une façon générale, une action paralysante sur le système 
nerveux moteur. Ses effets sur la pupille, dont elle provoque 
le rétrécissement, sont bien connus; elle a des propriétés 


36 


H. JÜMELLE 


atrésiantes, alors que l'atropine a des propriétés mydria- 


tiques. 


(Perrot et Vogt 


203. Cholestérine des graines de bonduc. 


neuses. 


AOC: CL.) 


Le Caesalpinia Bonducella, ou bonduc, 
zones côtières tropicales des deux mondes, 
aujourd'hui, en Afrique occidentale, autour des villages de 
l'intérieur, spécialement à la Côte d'Ivoire et au Dahomey. 
M. Chevalier dit que la plante a été probablement répandue 
par les indigènes à cause de ses graines en forme de billes, 
qui servent à Jouer. D'après MM. Heckel et Schlagdenhauf- 
fen, la composition des amandes de Caesalpinia Bondu- 
cella (bonduc gris) est sensiblement analogue à celle des 
amandes de Caesalpinia Bonduc (bonduc jaune) et est la 


suivante : 


Huet Nec EE 25,130 
POUdUEINE F7. PERS ERA 1925 
DITS I ee PM EE Re dre 6,830 
DES TT Ne LU 3,791 
Albüminoides. 24 Re:xmr 2 20,490 
Hydrates de carbone. ...... 35,697 
BAUER AS LE 5,800 


— Léqumi- 


originaire des 
est naturalisé 


La bonducine est un principe amer qui agirait contre la 
fièvre intermittente à la façon du sulfate de quinine. Voir le 
Catalogue de la Réunion, n°° 140 et 141. 


(Heckel et Schlagdenhauffen : Recherches sur le Pons el ses graines. 
Les Nouveaux remèdes. Doin, Paris, 1886.) 


204. Graines et gousses de Cassia occidentalis (Sénégal). — 
Léqumineuses. 


205. Poudre de graines torréfiées de bentamaré. 


206. Feuilles et fleurs de Cassia occidentalis. 


shot 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 31 
207. Rameaux et gousses de Cassia occidentalis. 
208- 209. Racines de Cassia occidentalis. 


Le Cassia occidentalis est un arbuste buissonnant, de 
80 cm. à 1 m. 50 de hauteur, à fleurs jaunes, à gousses 
arquées, longues de T à 12 cm. sur 5 à 7 mm. de largeur. 
L'espèce est cosmopolite dans toute la zone tropicale des 
deux mondes ; elle est appelée herbe puante par les colons 
français, fedegosa par les colons portugais, en raison de 
l'odeur de ses feuilles. C’est le bentamaré du Sénégal. Les 
feuilles seraient purgatives, dépuratives et légèrement 
sudorifiques ; les racines, infusées dans l’eau tiède, seraient, 
en certaines régions, employées contre les maladies de la 
peau, l’hydropisie, l’enflure des jambes. Les graines, en 
teinture vineuse, sont usitées comme fébrifuges. La torré- 
faction détruit leur principe purgatif et leur donne un goût 
qui les fait souvent employer en infusion pour remplacer le 
café. D'où les noms de « caffé », café sauvage, café de 
Magdad, qu'on leur a encore donnés ; et elles ont été sou- 
vent importées en Europe et aux États-Unis pour être 
employées comme succédané du café, au même titre que la 
chicorée, à laquelleelles sont d’ailleurs inférieures. Mélangées 
à deux ou trois fois leur poids de café, elles donnent une 
boisson aromatique et fortifiante. Elles contiennent, pour 


100, d’après Koenig : 


s Bau Vic HDsr RACE St A NEA 11,09 

Mahéres-2201688 MA VAN 15,03 

EH DER ABSOSR nee à à 2,59 

Le HOT AZLOÏCBRS 2 LINE" 3,80 
HeciTinbss re ee 35,60 
LE TIR TE OU DORE ),23 
PCHMOBRE RME A 2 21,21 
GaBueeT is; SPORE LE Lys, 4,33 


(Hekel et Schlagdenhauffen : Sur le m'hentamaré ou fedegosa, Cassia 
occidentalis, au point de vue botanique, chimique et thérapeutique. 
Archives de Médecine navale, avril 4887. — De Wildeman: Les Cassia 
du Congo. Notices sur des plantes utiles ou intéressantes de la flore du 
Congo belce, Bruxelles, 1903.) 


38 H. JUMELLE 


210. Gousses de Cassia Sieberiana (Guinée Française). — 
Légqumineuses. 


211. Bois et écorces de Cassia Sieberiana (Sénégal). 

Ce petit arbre du Sénégal et de la Guinée Française, qui est 
le sendieqne des Ouolofs, est très voisin du Cassia fistula, 
ou canéficier, des Antilles. Les gousses sont toutefois ordi- 
nairement plus petites que celles de la véritable casse, et 
les graines sont plus oblongues et moins aplaties. Les 
racines, d'après le P. Sebire, sont employées en Afrique 
Occidentale Française contre les maladies vénériennes. La 
pulpe des gousses est un purgatif doux, comme celle du 
canéficier. 


212. Fruits et graines d'Afzelia africana; lengué (Dahomey). 
— Léqumineuses. 


213. Bois d'Aîzelia africana. 


Les graines noires, avec arille rouge, de ce grand et bel 
arbre, qu'on trouve en Afrique occidentale depuis le Séné- 
gal Jusqu'à l'Angola, sont très toxiques, d’après le P. 
Sébire. Pour tuer le ngal, ver gros et court qui pénètre 
sous la peau, on met du miel sur la plaie, et, dessus, de la 
poudre de ces graines de hol. Le ver, suivant le miel, 
mange cette poudre qui le tue. Guillemin et Perrottet 
disent que les Noirs et les singes sont très friands de l’arille. 
Les indigènes attribuent aux graines la vertu d’écarter les 
mauvais sorts et font porter à leurs enfants ces graines 
enfilées en collier. Les gousses incinérées donnent une 
cendre riche en potasse, employée pour la fabrication d’un 
savon. | 


214. Gousses de Bauhinia reticulata. — Zéqumineuses. 


Le Bauhinia reticulata, qui est un arbre de taille 
moyenne, de 6 à 15 mètres, est surtout très répandu, en 
Afrique occidentale, dans les zones sahélienne et souda- 
nienne, et principalement au voisinage des marigots. Il est 


=. 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANCAISE 39 


connu aussi en Guinée Française et à la Côte d'Ivoire. 
L'écorce est astringente ; et, pilée et macérée dans l’eau 
froide, elle est administrée, en médecine indigène, dans les 
cas de diarrhée et de dysenterie chroniques. 

Les jeunes feuilles, triturées et bouillies, servent en 
Guinée Française de coagulant pour Le latex du Landolphia 
Heudelotii. Le bétail est très friand de ces feuilles, qui, en 
médecine indigène, seraient aussi utilisées comme expec- 
torant. L’écorce du tronc et des grosses branches, divisée 
en lanières, donne des liens solides pour la construction 
des cases. Enfin le bois, qui est à grain fin, serré, de struc- 
ture homogène, de couleur brun cannelle, et qui pèse 
690 kilos au mètre cube, est très résistant et se fend diffi- 
cilement, mais 1l passe pour être facilement attaqué par les 
vers et les termites. Il est néanmoins utilisable pour l’ébé- 
nisterie, la menuiserie, la charpente, le charronnage, les 
constructions de pirogues et pour la fabrication d'ustensiles 
courants, tels que mortiers et pilons. 


(De Wildeman : Notices sur des plantes utiles ou intéressantes de la 
flore du Congo, vol. IT, fase. I, nov. 1906, — Perrot et Gérard : loc. cit.) 


215. Pulpe de tamarinier, en boules (Sénégal). — Zéqumi- 
neuses. 


Le Tamarindus indica, où tfamarinier, le dakhar des 
Ouolofs, est un arbre assez élevé, disséminé aujourd’hui 
dans toute la zone tropicale. Il est indigène en Afrique, et 
notamment dans la Zoné soudanienne, mais 1l est souvent 
aussi planté près des villages ; il remonte jusqu'à Tombouc- 
tou. Les indigènes du Sénégal agglomèrent la pulpe des 
fruits sous forme de boules qui sont vendues sur les mar- 
chés. Cette pulpe est laxative. Comme aliment, les Noirs 
la mélangent au riz. Elle donne aussi une infusion fraiche 
et agréable, usitée dans les fièvres, l'embarras gastrique et 
la dysenterie. L'écorce est astringente. Les feuilles sont 
aussi employées en médécine indigène; en décoction ou 
pulvérisées, elles seraient un caustique analogue à la tein- 


40 H. JUMELLE 


ture d’iode. Les fleurs pilées entrent dans la préparation du 
couscous. Le bois est dur, fibreux et difficilement travaillé, 
mais il n’est pas attaqué par les vers ou les termites ; le 
cœur est noir pourpre. Son poids au mètre cube est de 
627 kilos. Il est bon, comme le précédent, pour l'ébénis- 
terie, la menuiserie, la charpente, le charronnage, les con- 
structions de pirogues et la fabrication des mortiers. 


(De Wildeman : loc. cit. — Perrot et Girard : loc. cit. — D" Lasnet : 
loc. cit.) 


216. Écorces d'Erythrophloeum guineense (Sénégal). — 
Léqumineuses. 


216 bis. Racines de tali. 
217. Rameaux de tali. 


218. Gousses, gomme et graines d'Erythrophloeum qui- 
neense. | 


219. Graines d'Erythrophloeum guineense. 


L'Erythrophloeum quineense est un très grand et bel 
arbre de la Sénégambie, de la Guinée Française, de Sierra- 
Leone et de la Côte d'Ivoire, où il est reconnaissable à la 
couleur sombre de son feuillage et à ses larges gousses 
noires, dont les valves, en saison sèche, restent seulement 
adhérentes près de la base. C’est le féli ou fali des Ouolofs. 
Chez les Diolas, et surtout chez les Balantes, dès qu'un 
individu est soupçonné d’être sorcier, il doit absorber plu- 
sieurs Calebasses (de 25 centilitres) de la décoction d’'écorce 
de tali, dite « eau rouge ». Il commence souvent à vomir 
avant d’avoir tout bu, mais il doit continuer jusqu’à ce 
qu'il ait rendu, sur des feuilles de bananier, tout le riz ou 
toute la kola qu’on lui a fait manger antérieurement. S'il 
ne vomit pas et s’il est purgé, 1l est immédiatement déclaré 
coupable. S'il vomit, il peut se retirer, mais encore il n'est 
déclaré innocent que si, dans les 24 heures qui suivent, il 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 41 


n a pas eu d’autres vomissements. Le maximum de calebasses 
absorbées est de seize ; certains patients meurent parfois 
après la quatrième calebasse. On a évalué à un quart des 
buveurs le nombre des victimes de cette coutume. Le prin- 
cipe actif est un alcaloïde, l'érythrophléine, qui détermine 
l’arrêt du cœur en systole ; il annihilerait les effets de la 
strychine. L’écorce de l’Acacia Sieberiana est considérée 
comme contrepoison du fali, mais n'a sans doute pour 
action, d'après le D" Lasnet, que de provoquer des vomis- 
sements et l'évacuation du poison. 


(Heckel et Schlagdenhauffen : Du téli, poison d'épreuve de Sénégam- 
bie. Les Nouveaux remèdes. Paris, 1885. — Lasnet : loc. cit. — Perrot 
et Vogt: loc. cit.) 


220-221. Fruits comestibles de Detarium senegalense (Séné- 
gal). — Léqumineuses. 


222. Fruits vénéneux de Detarium senegalense. 


223. Rameaux de Detarium senegalense. 


224. Écorces (toxiques) de Detarium senegalense. 


Le Detarium senegalense, où Detarium Heudelotianum 
est le difah, ou detah des Ouolofs, le n'doy des Sérères, le 
detarr des Mandingues, le bodo des Malinkès. Il y aurait 
lieu de distinguer deux variétés : une variété à fruits doux 
et comestibles, et une variété (nyey datah, ou datah des 
éléphants) à fruits amers et toxiques. Les fruits doux, de 
la grosseur d'un abricot, sont mangés par les indigènes, 
après avoir été préalablement bouillis. D'après MM. Perrot 
et Gérard, 1ls sont employés pour soigner les rhumes et les 
maladies de poitrine, et on brûle les noyaux pour chasser 
les moustiques. Les racines, les écorces et le bois, en macé- 
ration, seraient un remède contre l’anémie. M. Chevalier 
dit encore que l'écorce est employée pour faire fermenter 
plus vite et rendre plus amer le vin de palme. On a pré- 
tendu pourtant aussi que cétte écorce (ou celle de l'espèce 


42 H, JUMELLE 


suivante) sert, comme celle de l’Erythrophloeum qui- 
neense, et sous le même nom de féli, pour empoisonner les 


flèches. 


(Heckel et Schlagdenhauffen : Du téli, poison d’épreuve de Sénégam- 
bie. Les Nouveaux remèdes, Paris, 14885. — Id. : Sur deux variétés du 
Detarium senegalense aux points de vue botanique et chimique. Journal 
de Pharmacie et de Chimie, Paris, 14890. — Perrot et Vogt : Recherches 
sur les bois de différentes Léqumineuses africaines. Les Végétaux utiles 
de l’Afrique tropicale française ; Challamel, Paris, 1907.) 


225-226. Fruits de Detarium microcarpum (Sénégal). — 
Léqumineuses. 


227. Feuilles de Detarium microcarpum. 


Cette espèce, parfois réunie à la précédente, s’en dis- 
tingue cependant bien, notamment par son tronc plus 
droit, ses folioles toujours échancrées et ses fruits plus 
petits, de la grosseur d’une prune. La pulpe très douce est 
comestible. L'écorce serait peut-être, comme nous l'avons 
dit plus haut, employée pour empoisonner les flèches. 


(Perrot et Gérard : loc. cit. -- Perrot et Vogt : loc. cit.) 


228. Gousses de Tetrapleura Thonningii (Dahomey). — Zéqu- 
mineuses. 


L’écorce de cet arbre, qu’on retrouve en Casamance, est 
employée en décoction comme vomitif. 


(P. Sébire : Les Plantes utiles du Sénégal.) 

229. Racines de sandandour (Sénégal). — Zéqumineuses. 
230. Bois de sandandour. 

231. Rameaux de sandandour. 

232-233. Feuilles de sandandour. 


234. Fleurs et feuilles de sandandour. 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 43 


235. Gousses de sandandour. 


Le sandandour dés Ouolofs, yllaki des Toucouleurs 
serait, d'après Heckel, l’Acacia Sieberiana. La racine de cet 
arbre est taenifuge; on en prend une décoction chaque 
matin pendant plusieurs jours jusqu'à expulsion du dernier 
anneau du ténia. La même racine est donnée en décoction 
aux enfants qui souffrent d'une incontinence d'urine. 


(P. Sebire : Les Plantes utiles du Sénégal, Baillière, Paris, 1899. 


236. Graines d'Entada scandens. — Zéqumineuses. 


L’écorce de cette liane contient du tannin, et la décoction 
est employée en certains pays comme astringente. 


237. Racines de Combretum micranthum (Sénégal). — 
Combrétacées. 


238. Feuilles de Combretum micranthum. 


239. Extrémités des tiges de Combretum micranthum. 


20. Fruits de Combretum micranthum. 


241. Graines de Combretum micranthum. 


Le Combretum micranthum, où kinkélibah en soussou, 
le séquéou des Ouolofs, le kofina des Bambaras, est un petit 
arbre plus ou moins touffu suivant l’âge, et dont la tige 
peut atteindre un décimètre de diamètre. Il devient alors 
tout blanc et tranche sur les arbres et les arbustes qui 
l’environnent. Les feuilles fraiches ou sèches, et celles-ci 
entières ou pulvérisées, sont employées avec succès contre 
les fièvres bilieuses, simples où hématuriques. On les fait 
bouillir pendant un quart d'heure, à la dose de 16 grammes 
de poudre sèche pour 1 litre ; la tisane doit être amère et 
jaunâtre. On en prend un verre le plus tôt possible, puis, 
après dix minutes de repos, un demi-verre, et, après un 


44 H. JUMELLE 


nouveau repos de même durée, encore un demi-verre. Le 
malade doit d’ailleurs en boire à sa soif pendant toute sa 
maladie, et pendant quatre jours au moins, sans toutefois 
dépasser un litre et demi par Jour. 


(E. Heckel : De l'emploi des feuilles du Combretum Raimbaulti contre 
la fièvre bilieuse hématurique des pays chauds. Répertoire de Pharmacie, 
juin 1891.) 


242. Fruits de Terminalia avicennoides (Sénégal). — Com- 
brétacées. 


Ce petit arbre blanchâtre est le rebreh des Ouolofs. Les 
racines sont employées en infusion pour rendre l’appétit 
aux enfants. Les feuilles sont mises sur les plaies. 


243. Thé de Gambie; Lippia adoensis (Sénégal). — Verbe- 


nacees. 


C’est le m'borbor des Ouolofs, abondant en Casamance 
et dans le Bas-Sénégal. Avec ses feuilles, on prépare une 
infusion théiforme légèrement sudorifique. 


(Dr Lasnet: Plantes médicinales du Sénégal. Une Mission au Sénégal. 
Challamel, 1900.) 


244. Fruits de Solanum Duchartrei (Sénégal). — Solanacées. 


Ce Solanum, qui est le bet-i-djan (ou œil de serpent) 
des Ouolofs, croît sur le plateau de Thiès, à Rufisque, et 
probablement en d’autres points de l’Afrique occiden- 
tale : il fleurit en mars et avril. Les indigènes emploient les 
feuilles pour le traitement empirique d'un grand nombre 
d’affections. : 


(E. Heckel: Une nouvelle espèce de l'Afrique tropicale : Solanum 
Duchartrei., Revue générale de botanique, 1890.) 


245. Feuilles de Strychnos innocua. — Zoganiacées. 


246. Fruits de Strychnos innocua. 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANCAISH 45 


Le Strychnos innocua, ou cantacoula, est un arbuste 
épineux commun au Sénégal et au Soudan, et qui, par son 
port et ses fruits jaune clair, ressemble beaucoup à l’oran- 
ger, quoiqu'il appartienne à une tout autre famille, Les 
fruits, qui sont à coque épaisse et ferme, et sont mûrs en 
janvier et février, contiennent de nombreuses graines, de 
forme discoïde, plongées dans une pulpe abondante et par- 
fumée, de saveur assez agréable. Cette pulpe est rafraichis- 
sante ; elle aurait des vertus astringentes, car les indigènes 
l'utilisent contre certaines diarrhées rebelles. Si elle paraît 
inoffensive, comme celle des fruits de diverses autres 
espèces de Sérychnos, il ne faut pas moins se méfier des 
graines qu'elle contient, et qu'il est prudent de rejeter, cas 
elles peuvent renfermer de la strychine. Avec la coque des 
fruits débarrassés de la pulpe, les indigènes fabriquent des 
tabatières, ou encore des boîtes à hammout. 


(A. Rançon : loc. cit. — Baillon, in Adansonia, XII. — À. Chevalier : 
Géographie botanique et flore économique du Sénégal et du Soudan. Une 
Mission au Sénégal. Challamel, 1900.) 


247. Fruits de Strophantus hispidus (Sénégal). — Apo- 


cynacées. | 
248. Graines de Strophantus hispidus. 


249. Fruits de Strophanthus sp. 


Le Sfrophanthus hispidus est spontané dans l'Ouest- 
Africain, mais est aussi cultivé dans les champs par les 
indigènes, au Soudan, dans le Haut-Dahomey, ete. Les 
graines pulvérisées entrent, au Soudan, dans la composi- 
tion du poison des flèches (kouno en Bambära). Pour pré- 
parer ce poison, d’après Binger, on pile les graines bien 
sèches et on les laisse macérer dans l'urine pendant plu- 
sieurs jours ; le tout est ensuite cuit avec du mil et du 
maïs, jusqu à ce que la préparation ait la consistance d'une 
pâte ressemblant au goudron. On y trempe ensuite les 
pointes des flèches, des lances et même les balles. Quand 


46 Hi. JUMELLE 


la préparation est fraiche, les blessures occasionnées par 
des armes enduites de kouno sont toutes mortelles ; quand 
le kouno est plus ancien, les indigènes combattent les effets 
toxiques en absorbant un antidote dont la composition 
reste inconnue des Européens. Les graines de la plupart 
des espèces de Sérophanthus contiennent des glucosides qui 
agissent sur le cœur à la façon de la digitale. Les trois 
principaux Sfrophanthus du commerce sont africains ; et 
ce sont le Sérophanthus Kombe de l'Afrique orientale, le 
Strophantus hispidus et le Strophanthus gratus (ou 
S. glaber) de l'Afrique occidentale. Le Sérophanthus 
Kombe donne la véritable strophantine, qui est une sub- 
stance amère, cristallisée, se colorant immédiatement en 
vert intense par l'acide sulfurique concentré, facilement 
soluble dans l’eau et fondant à 172°5. Le Strophanthus 
hispidus donne une pseudo-strophantine, qu est un pro- 
duit microcristallin, blanc, neutre, très hygroscopique, 
fondant vers 179, et ne se colorant pas instantanément en 
vert émeraude par l'acide sulfurique. Le Sfrophanthus 
glaber donne l’ouabaïne, déjà retirée d'une autre Apocy- 
nacée du Somaliland, l’'Acokantera Schimperi. Cette 
ouabaïne, bien distincte des deux glucosides précédents — 
qui sont très voisins, si même ils ne sont pas identiques — 
est très facilement obtenue à l'état cristallisé; elle est 
levogyre, ne précipite pas le tannin, est soluble dans l’eau, 
se colore en rouge par l'acide sulfurique concentré, et 
fond vers 185°. Le Sfrophantus glaber étant surtout une 
espèce du Cameroun, tandis qu'on trouve plutôt en Afrique 
Occidentale Française le Sfrophanthus hispidus, la stro- 
phantine  cristallisée des Allemands est, en réalité, 
l’ouabaïne. La strophantine proprement dite, ou strophan- 
tine pure, du commerce, qui se présente sous l'aspect d'une 
poudre jaune pâle, est préparée avec le Sérophanthus 
Kombe, qui est le Strophanthus le plus abondant sur le 
marché anglais. Nous pourrions surtout préparer en France 
la pseudostrophantine, puisque l'espèce la plus commune 
de notre Ouest-Africain est le Sfrophanthus hispidus. Cette 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 17 


espèce semblerait même, d'après M. Chevalier, la seule du 
genre au Dahomey et à la Côte d'Ivoire, quoique le S. gra- 
tus, d'après M. Stapf, apparaisse déja au moins à Sierra- 
Leone. 

Le laboratoire de l'Imperial Institute de Londres, utili- 
sant la réaction de Fraser, a indiqué le procédé suivant pour 
aider à la détermination des graines de Sfrophanthus. Après 
que ces graines ont été laissées pendant un quart d'heure 
environ dans l’eau bouillante, on les décortique, et on plonge 
les amandes dans l'acide sulfurique à 80°/,. Les amandes 
de Sfrophanthus hispidus et de Sfrophanthus Kombe ver- 
dissent ; celles de Sfrophanthus gratus et de Sfrophanthus 

_ MNicholsoni rougissent. Par cette méthode, les graines du 
n° 219 et du n° 220 de nos collections ont verdi: celles du 
n° 221, qui sont d'ailleurs plus aplaties et plus larges, ont 
rougi et appartiennent donc bien à une autre espèce. 

Les graines de Sfrophanthus hispidus contiennent 22°/, 
d'une huile qui est constituée par de l’oléine, de la palmi- 
tine, une petite quantité d'une essence volatile, de la cho- 
lestérine, de l’acide formique et de l'acide acétique. Ses 
caractéristiques sont, d'après Mjoen et d'après Bja- 


Jobrsheski : 


DÉS re sbiinenr. ie Le (SRE D 0,9249 
Mic d'acide"... SL STAR RE 24,55 
Indice de saponification... 187,9.......... 170,3 
Indice de Hehner....... PRES 4 MESRINE 94,1 
Hi Re ELU US, SA ON UE 101,6 
Indice de Reiïichert.,...,... ÉD raser. 0,9 
Indice de Koettstorfer.. .. mi De ANA 104,6 


(A. Chevalier : loc. cit. Une Mission au Sénégal. — Goris et Vischniac: 
Sur la composition chimique des graisses de Strophantus. Bulletin des 
Sciences pharmacologiques, août, septembre 1912. — Perrot et Vogt : 
Poisons de flèche et poisons d'épreuve. Vigot, Paris, 1913.) 


250. Ecorces et racines de Sarcocephalus esculentus 
(Guinée Française). — Rubiacées. 


251-252. Bois de Sarcocephalus esculentus. 


48 H. JUMELLÉ 

253. Tiges de Sarcocephalus esculentus. 

254. Feuilles et fruits de Sarcocephalus esculentus. 

255. Feuilles, fleurs et fruitsde Sarcocephalus esculentus. 
256. Feuilles de Sarcocephalus esculentus. 


251-258. Fruits de Sarcocephalus esculentus. 


Cet arbre du Sénégal et de la Guinée Françaiseest le doun- 
daké en soussou, le batio en mandingue, le bouribolou en 
diola, le diounk en portugais de Casamance, le nandok 
en ouolof. Le tronc atteint 6 à 8 mètres de hauteur, et est 
à branches sarmenteuses; les fleurs sont en gros glomérules 
blancs, sphériques ; les fruits, de la grosseur d’un œuf, ont 
l'aspect de grosses fraises rouges, et sont comestibles. 
L'écorce, dont l’amertume et l'odeur rappellent la racine 
de gentiane, est considérée par les indigènes comme un bon 
remède contre le paludisme, et elle a été, en fait, employée 
dans quelques hôpitaux comme succédané du quinquina, 
dont elle n'a cependant pas la valeur. Elle contient, d'autre 
part, des matières colorantes qui donnent à la soie une 
belle couleur vieil or et à la laine une teinte jaune durable, 
résistant bien à la lumière et aux agents atmosphériques. 


(Heckel et Schlagdenhauffen : Du doundaké el de son écorce, dite quin- 
quina africain ou quina du Rio-Nunez. Archives de médecine navale, 
décembre 1885 et janvier 1886. — Perrot et Vogt : loc. cit.) 


259. Racines de Vernonia nigritiana (Sénégal). — Composces. 


260. Feuilles, fleurs et principe actif de Vernonia nigritiana. 


C'est le balanjor des Ouolofs. Les racines sont douées de 
propriétés vomitiques comme celles de l'ipéca. L'infusion à 
faible dose purifie le sang, est diurétique et guérit certaines 
maladies, d’'yeux. 


AP Sebire:loiscif) 


ra + 
di 
: 


: 1 
AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 49 


261. Tiges, feuilles et fleurs de Vernonia amygdalina 
(Sénégal). — Composées. 


Cet arbuste, spontané en Afrique tropicale, est souvent 
planté en haies et naturalisé autour des villages. C'est le 
longouty et le fondout] du Sénégal. Les feuilles seraient 
employées en cataplasme et en frictions contre la fièvre Jaune. 


VIII. — OLÉAGINEUX 


275. Régime de palmiste (Dahomey). — Palmiers. 
_ 276. Fruits de palmiste. 


271. Beurre de palme. 


278. Amandes de palmiste. 


L’Elaeis quinensis, ou palmiste, a, à l'état spontané, une 
large aire de distribution en Afrique tropicale, mais 1l est 
surtout abondant à l’ouest des Grands Lacs, entre 13° lat. 
Nord et 6° lat. Sud ; et, en dehors de ces dernières limites, 
il est plutôt rare et ne joue qu’un rôle très secondaire dans 
l'alimentation. En Afrique orientaleon ne le trouve pas, dans 
l'hémisphère Nord, au-dessus de 3° de latitude ; et, dans 
l'hémisphère Sud, 1l n’est connu qu'à Pemba et Zanzibar, 
où 1l a sans doute été planté. Nous avons dit, toutefois, dans 
le Catalogue de Madagascar, qu'il y a dans l'Ouest de la 
grande île une variété indigène madagascariensis. Dans 
l'Ouest Africain, le palmiste est cultivé sur une grande 
échelle depuis la Casamance jusqu'à l’Angola ; et cette cul- 
ture a donné naissance à de très nombreuses variétés qui 
sont distinctes entre elles par la dimension du tronc, la 
grosseur et la couleur des fruits, les proportions relatives 
de la pulpe et du noyau, l'épaisseur plus ou moins grande 
de ce noyau, la proportion de substances grasses, ete. 


Annales du Musée colonial de Marseille. — 3° série, 9* vol, 1917. i 


ce “let” 4 ct tt AE. dde 


50 ti. JUMELLE 


Le palmiste fournit à l'industrie métropolitaine deux 
produits : l'huile de palme, ou beurre de palme; et l'huile de 
palmistle ou beurre de palmiste. Le beurre de palmeest extrait 
sur place de la pulpe des fruits, soit par les méthodes indi- 
gènes, soit avec un outillage européen. Lorsque ce beurre 
de palme a été extrait, les noyaux sont brisés, et les graines, 
qui sont les amandes de palme, ou palmistes, sont exportées 
en Europe, où les usines extraient par pression le beurre 
de palmiste. Le beurre de palme est utilisé en savonnerieet 
en stéarinerie. Le beurre de palmiste est employé en savon- 
nerie ; il peut être aussi raffiné pour la préparation d'une 
graisse végétale alimentaire, analogue au beurre de coco. 

Dans certaines variétés, la pulpe fraiche, ou, en tout cas, 
encore humide (13°/, d’eau), contient 69 2}, d'huile, et la 
pulpe sèche 80°/,; dans d’autres, la pulpe fraîche (24°/, d’eau) 
a une teneur de57°/,, et la pulpe sèche une teneur de 75°/, ; 
dans d’autres encore, des pulpes encoreun peu humides (5,3 
à 6,9 °/, d’eau) ont donné de 58,5 à66,5 d'huile. On pourrait 
donc, en somme, admettre pour cette pulpe, qui repré- 
sente 40 à 50°/, du fruit entier, une moyenne générale et 
très approximative de 60 °/, d'huile. À l’Imperial Institute 
de Londres, des fruitsentiers ont fourni de 17 à 31 °/, d'huile, 
alors que, par les méthodes indigènes, ces mêmes fruits 
donnent 11,2 à 13,7 ; la proportion d'amandes y était de 
15 à 21 °/,. Les pulpes absolument fraiches ont certainement 
au moins 35 ‘/, d'humidité. 

Dans ces amandes, la teneur en huile de palmiste repré- 
sente 51 à 57 °/, de la substance complètement desséchée. 
Le poids des graines par rapport aux noyaux est aussi très 
variable ; les noyaux de certäines variétés seront composés 
de 25 °/, d'amande et de 75 °/, de coque, alors qu'on trou- 
vera pour d’autres 31 °/, d'amande et 69 de coque, et pour 
d'autres encore 40 °/, d'amande et 60 de coque. 

Les caractéristiques données pour le beurre de palme 
sont tout aussi variables, car, déterminées en Europe, elles 
dépendent encore de l'état plus ou moins grand d’ancien- 
neté, ainsi que du mode plus ou moins défectueux de pré- 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 51 


paration de l'échantillon. Le beurre de palme nous parvient 
ordinairement en Europe plus ou moins coloré, depuis le 
Jaune orange jusqu’au rouge sombre ou au brun; et le blan- 
chiment ne s'opère pas toujours dans la suite avec la 
même facilité pour toutes les provenances. Le beurre de 
palme est essentiellement constitué par de la palmitine et de 
l’oléine, avecune petite quantité de stéarine (0,53 à 0,72 °/,) 
et de l'acide linoléique ; sa consistance est modifiée par la 
grande quantité d'acides gras libres (20 à 50 °/, et davan- 
tage) qu'il contient toujours. Les divers essais faits sur la 
substance ont donné notamment : 


Poids spécifique............. 0,893 (Allen) ; 0,9200 à 0,9245 (Impe- 
rial Institute). 

Point desolidification....... 31° à 39° (Fendler). 

Pont/de fusion. .:.:.1..... 279 à 4205 (Imperial Institute). 

Indice d'acidité. ....,,.:,... 10,4 (Imperial Institute). 

Indice de saponification..... 200,8 à 205,5 (Fendler); 196,3 à 205,5 
([mper. Inst.). 

ue d'iôde 2.7.2... 53,2 à 57,4 (Fendler) ; 51 (Imp. Inst.). 

Indice de Reichert-Meissl... 0,86 à 1,87 (Fendler). 

Indice de Hehner........... 94,2 à 97 (Tate). 

Solidification des acides gras. 3505 à 4595, et ordinairement 44° à 45° 


(Lewkowitsch) ;43°5 (Imper. Inst.). 


Le beurre de palmiste retiré des graines a pour constantes: 


Poids spécifiqué............ 0,9119. 

Point de solidification,...... 230 à 240. 

Indice de saponification...... 242,4 à 254,8. 

MR UE. 10,3 à 17,5 (Imp. Inst.); 14,9 à 16,8 
(Fendler) ; 15,4 à 18,5 (Bontoux). 

Indice de Reichert-Meissi,.. » à 6,8. 

Indice de Hehner...,........ 94,1. 

Solidification des acides gras. 20° à 2595. 


L'huile de palmiste est jaune, ou Jaune paille, ou blanche: 
elle renferme toujours une assez grande quantité (5 à 15 °/,) 
d'acides gras libres, constitués surtout par de l'acide laurique 
(60 à 65 °/,), avec de moindres quantités d'acides myris- 


tique, oléique, caprique et caprylique. 


(sr 
LM) 


H. JUMELLE 


Les tourteaux de palmiste sont utilisables pour l'alimen- 
tation du bétail et comme engrais. 


(A. Chevalier: Documents sur le palmier à huile. Les Végétaux utiles 
de l'Afrique Occidentale Française. Challamel, Paris, 1910. — Investiga- 
tions in connection with the African oil palm industry, dans le Bulletin 
of the Imperial Institute, 1909, n° #. — Bontoux : Les Matières premières 
utilisées ou utilisables en savonnerie. Les Matières grasses, 1910.) 


279. Graine de Beïlschmiedia sp. — ZLauracées. 

280. Corps gras des graines de Beilschmiedia sp. 

281. Graines de Polygala butyracea. — Polygalacées. 

282. Rameaux et fleurs de Polygala butyracea. 

283. Corps gras de Polygala butyracea extrait par pression. 


284. Corps gras de Polygala butyracea extrait par les dis- 
solvants. 


Le Polygala butyracea, où maloukang, ou ankalaki, et 
qui est très probablement la même espèce que le Polygala 
multifiora de Poiret, est un petit arbrisseau à feuilles lan- 
céolées très étroites, indigène à Sierra-Leone. Il ne semble 
que très rarement cultivé, si même il l'est, en Afrique 
Occidentale Française. 

Les graines, petites et à tégument brillant et brunâtre, 
dur, ne contiennent que 17,55 °/, d'une huile concrète, de 
saveur agréable. Cette sorte de graisse a pour composi- 
tion : 


CHÉDREMSEEEET e DES RER 45) 
Panne. na 57,940 
Myrisine tete. ee 6,165 
Acide palmitique libre...... 4,795 


Elle commence à s’empâter vers 28 à 30°, entre en fusion 
vers 35° mais n'est complètement fondue qu'à 52°. Elle se 
solidifie vers 33°. 


TT 

Cr 
Vel 
+ 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANCAISE 53 


Après quelques essais culturaux en diverses colonies, la 
plante a été délaissée, en raison principalement du faible 
rendement deses graines. 


(E. Heckel : Recherches sur les graines grasses nouvelles ou peu 
connues des colonies françaises. Annales de l’Institut Cotonial de Mar- 
seille, 5° année, 4° volume, 1897.) 


285. Graines de coton.— Malvacées. 


Le cotonnier sera de nouveau cité plus loin, à propos des 
textiles. Les graines des diverses espèces de Gossypium 
cultivés contiennent de 18 à 24°/, et rendent industrielle- 
ment 15 à 20 °/, d’une huile qui, brute, est toujours très 
colorée et acide, mais, après neutralisation et blanchiment, 
devient alimentaire. Elle est utilisée en savonnerie, de même 
que les crasses de coton qui proviennent de sa neutralisation. 
Elle renferme, à l’état de glycérides, 20 à 25 °/, d'acides 
solides, 25 à 30°/, d'acide linoléique, #5 à 50 °/, d'acide 
oléique, plus 0,73 à 1,64°/, d'insaponifiables. 


Ses caractéristiques sont: 


Fomtdée sohdifcation.:..,:,11 10X is 39 à 49 
Indice de saponification.............. 191 à 196,5 
Indice d’iode.......,.... SR CECI ENS 100,9 à 116,9 
Indice de, Hélner 35 ia eos 59,9 
Solidification des acides gras,........ 3506 à 3706 


La « stéarine de coton » qu'on obtient par refroidisse- 
ment de l'huile et filtration est une masse blanc grisàtre 
ayant la consistance du suif et utilisable en stéari- 
nerle. 

On indique pour cette oléarine: 


Solidification,.... NRA 4008 
Mdice”d'iodes ie. 2." 72,6 
Indice de saponification,. 204 
Indice d'acide: .,...,..... 202,9 
Poids moléculaire, ....... 270 


(Bontoux : loc. cit.) 


54 H. JUMELLE 
286. Graines de kapok (Guinée française). — Malvacées. 


Le Ceiba pentandra, ou Eriodendron anfractuosum, a été 
introduit en Afrique, mais la plupart des fromagers qui, 
dans notre Ouest-Africain, sont ordinairement considérés 
comme appartenant à cette espèce seraient, en réalité, 
l’Eriodendron quineense. 

L'huile des graines de kapok (Ceiba pentandra) a déjà 
été mentionnée dans le Catalogue de Madagascar (n° 204) ; 
elle est alimentaire et, comme l'huile de coton, utilisable 
en savonnerie, en mélange avec les huiles concrètes. Le 
rendement industriel des graines {dont la teneur est de 21 
à 24 0/,) est de 17 à 18°/, d'huile. 


Les caractéristiques de cette huile sont : 


Point de solidification,,...,... 2906 

Indice de saponification, ...... 190 à 205 

EdiCE 10 Me ME TR Eee 68,5 à 119, selon les auteurs 
Indice de Hebhuer 6229378 95 

Solidification des acides gras.. 3105 à 329 


Il serait intéressant d'étudier comparativement l'huile 
des graines de l’£riodendron quineense. 


(Bontoux : loc. cit. — A. Chevalier : Bois de la Côte d'Ivoire. Les 
Végétaux utiles de l'Afrique tropicale française, fase. V,1909.) 


287. Graines d'Adansonia digitata.— Malvacées. 
288. Fruit d'Adansonia digitata. 
289. Bois de baobab. 


290-291. Rameaux, écorces et feuilles d'Adansonia digi- 
tata. 


292. Huile et tourteau de baobab. 


L'Adansonia digitata, ou baobab, est spontané dans les 
régions sèches du littoral de l'Afrique tropicale. Il est 
planté et souvent acclimaté autour des villages, dans les 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 9 


régions situées en dehors de la forêt vierge. Les graines 
de cette espèce seraient beaucoup moins riches en huile 
que celles de l'Adansonia Grandidieri de Madagascar, car, 
d’après le Bulletin de l'Imperial Institute de Londres, elles 
ne contiendraient que 11,6 à 12,5 de substance grasse, au 
lieu de 42,6 °/, que contiennent les graines cortiquées de 
l’Adansonia Grandidieri. Cette huile d'Adansonia digitata, 
telle qu'on l'extrait par l'essence de pétrole, est un peu 
visqueuse, claire, jaune pâle, sans saveur ni odeur 
marquées. Les graines, avec leur épais tégument et leur 
faible rendement, ne paraissent pas très propres à une 
exportation en vue de l'extraction de cette huile, 


(A. Chevalier : loc. cit. — Baobab fruits and seeds from the East 
Africa Protectorate, dans le Bulletin of the Imperial Institute, vol. XI, 
n° 4, oct.-déc. 1913.) 


293. Feuilles et fruits de Lophira alata. — Zophiracées. 
294. Fruits de Lophira alata. 


295. Huile semi-concrète et corps gras de mana. 


296-297. Tourteau et poudre de tourteau de mana. 


Le Lophira alata, où méné, ou mana, est un arbre de 8 à 
10 mètres de hauteur, du Sénégal, de la Guinée Française 
et de Sierra-Leone. Tandis que le karité est un arbre de la 
zone soudanienne, et, comme tel, reste partout éloigné de 
la côte, le mana appartient à la zone guinéenne et se rap- 
proche du littoral; en Guinée Française, 1l cesse au delà 
du Fouta, vers le Haut-Tinkisso, où apparaît le karité. Cet 
habitat du mana rend le transport de ses graines plus 
facile que celui des noix de karité. Les fruits, qui mürissent 
vers mai, sont des akènes fusiformes, munis à la base de 
deux ailes inégales qui sont des sépales persistants ; ils con- 
tiennent chacun une seule graine sans albumen qui a la 
même forme. Par le sulfure de carbone, des fruits frais, qui 
se composent de 37 °/, de péricarpe et 63°/, d'amande, 


56 H. JUMELLE 


donnent 15,85 °/, de substances grasses, et la graine seule 
27°/,. Avec des fruits plus vieux, Heckelet Schlagdenhauf- 
fen ont trouvé 27,17°/, d'huile, et pour la graine seule 
41,54. On a trouvé à peu près de même à l'Imperial Insti- 
tute de Londres 40°/, pour les graines. Les constantes de la 
substance grasse sont : 


Poids spécifique à 459°,....,,... 0,859 
— — ADP CAR 0,9016 à 0, 9105 
dice d'acide; Ress 18,54 à 48 
Indice de saponification........ 180,7 à 195,6 
ladree diodes ren” 68 à 72,5 
Iaspommables Rs sn 0,5 à 2,5 
Solidification des acides gras... 459 à 490 
Cette substance — comme celle des graines plus riches 


(55°/,) du kaku de la Gold Coast, qui est le Lophira pro- 
cera — convient comme l'huile de palme pour la savonne- 
rie. Les tourteaux ont une couleur brune, un goût amer et 
une saveur fortement astringente qui les rendent inutili- 
sables pour l'alimentation du bétail ; mais, quoique ils soient 
peu riches en azote (1,87°/,), ils peuvent être employés 
comme engrais, tout en valant moins que ceux de colza, de 
coton et de ricin. 

(Heckel : Graines grasses nouvelles ou peu connues des colonies fran- 
çaises. Annales de l'Institut Colonial, année 1903. — A. Hébert: Sur 
quelques nouvelles graines oléagineuses coloniales. Journal d'Agriculture 
tropicale, déc. 1913. — Some African Oils and oil Seeds. Bulletin of the 
Imperial Institute, 1908, n° 4.) 


298. Graines de Pentadesma butyracea (Guinée française). — 
Clasiacces. 


299. Graines et fruits de tama. 
300. Feuilles de Pentadesma butyracea. 
301. Substance grasse des graines de tama. 


302. Tourteau de tama. 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANCAISE 97 


Le Pentadesma butyracea, ou lamy, ou fama, ou kanya, 
est un grand arbre de la Basse-Guinée Française, où il 
abonde près de tous les cours d'eau, de Sierra-Leone et de 
la Côte d'Ivoire. 

En Guinée Française, les fruits, qui sont de grosses baies 
pyriformes, mürissent d'avril à juin. Les grosses graines 
qu’ils contiennent au nombre de 5 à 10, et qui ont servi 
parfois, en raison de leur forme, à frauder les noix de kola, 

donnent par le sulfure de carbone 46 °/, environ d’une sub- 

stance grasse de consistance butyreuse, Jaunâtre, à saveur 
un peu fade, à odeur rappelant celle des graines. Elle a 
pour constantes, d'après Hébert : 


Mere ta SE dan 0,899 

Point de fusion: >" "2 D né 

Point de solidification,...,.. 20° 

Micetdiedefi..n 2. 16 (3, 1 à 3, 6, d’après d’autres auteurs : 
Indice de saponification,.... 193 (186 à 190, d’après d’autres auteurs) 
Indice de Reïichert........... 0,3 

Indice de Hehner........... 95,2 

Me Hi oNes Tu le L 68,5 (41,8 à 46,5, d'après d’autres 


auteurs), 


Après saponification, elle fournit des acides gras blancs 
qui se composent, pour 100, de 10 d'acides gras non 
saturés et 90 d'acides saturés. Le point de fusion de ces 
acides gras est de 60°. Les acides non saturés correspondent 
à l'acide oléique ; les acides saturés, qui fondent à 67°-68°, 
sont de l’acide stéarique, dont le point de fusion est de 69°2, 
et de l'acide palmitique, fondant à 62°. Le beurre de tama 
se rapprocherait donc, par sa composition, des suifs ordi- 
naires ; ce qui permettrait de l’employer aux mêmes usages 
que la plupart des graisses animales. 


(E. Heckel : Graines grasses nouvelles ou peu connues des colonies 
françaises. Annales de l’Institut Colonial de Marseille, 1903. — Hébert: 
Sur la composition de diverses graines oléagineuses de l'Afrique Occi- 
dentale Française. Bulletin de la Société chimique de Paris, 2 mai 1911. 


303. Fruits d'emblic (Guinée Française). — Æuphorbiacées. 


58 H. JUMELLE 


304. Corps gras de la graine d'emblic. 


L’emblic est le Phyllanthus Emblica, où Emblica offici- 
nalis. Ses fruits sont les myrobolans emblics, et, comme 
les autres myrobolans, tels que les myrobolans chebules 
(du Terminalia Chebula), et les myrobolans bellerics (du 
Terminalia Bellerica), sont riches en tannin ; d'où leurs 
emplois en thérapeutique indigène, en tannerie et en tein- 
turerie. Mais les graines de tous ces myrobolans sont, en 
outre, oléagineuses. 


305. Huile de Jatropha Curcas. — ÆEuphorbiacées. 


Le Jatropha Curcas, ou pulghère, ou pignon d'Inde, 
déjà cité dans le Catalogue de la Réunion (n° 201), est 
originaire de l'Amérique du Sud, mais est introduit aujour- 
d'hui dans tous les pays chauds. Il s'est plus ou moins 
naturalisé en Afrique tropicale, où il sert souvent pour 
faire des clôtures. Les Noirs n'utilisent pas ses graines, 
dont on connaît les effets purgatifs très énergiques et dan- 
gereux. La teneur en huile de ces graines est, de 35 °/,. 
L'huile renferme environ 10 °/, d'acides solides; et les 
acides liquides se composent d’acides oléique et linoléique, 
en parties à peu près égales. Les caractéristiques, d’après 
Lewkowitsch, sont : 


Ponlide soldificahion, 22.27 8° 

Indice de saponification .......... 93,2 
disemminpde ; SA UUr Tama 98,3 
nice deHéhner. ie RE 772 95,1 
Solidification des acides gras...... 2806 


L'huile de pulghère est appréciée en savonnerie; en 
raison de sa faible acidité, elle est utilisable pour le grais- 
sage et pour l'éclairage. Les importations des graines à 
Marseille se sont élevées, en ces dernières années, à un 
millier de tonnes environ. 


306. Fruits de ricin (Dahomey). — Æuphorbiacées. 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 59 


Le ricin, peut-être originaire de l'Afrique orientale, est 
répandu, en tout cas, aujourd’hui à travers toute l'Afrique 
tropicale, comme il l’est en beaucoup d’autres pays chauds. 


307. Fruits de Balanites aegyptiaca. — Simarubacées. 


308. Huile de Balanites aegyptiaca. 


Ce petit arbre épineux a déjà été mentionné dans la 
section des Fruits alimentaires, mais ses graines sont, en 
outre, oléagineuses. Elles contiennent, suivant les échan- 
tillons, 41 à 58,7 °/, d’une huile qui, extraite par les dissol- 
vants, est jaune pâle, transparente, sans saveur ni odeur 
marquées, ne se desséchant pas à Pair. Elle contient, à 
l'état de glycérides, 33 °/, d'acide oléique, 33 d'acide lino- 
léique, 34 °/, d’acides stéarique et palmitique. Elle se rap- 
proche, par ses caractères, de l’huile de coton et a pour 
caractéristiques, d'après diverses analyses : 


RAC EE Va td tue de ŒOAN Mise 0,9187 

lhee/daces hu DE HAL 1,4 

Indice de saponification ..... 0 0 MENT ARTE Le 198,5 
Modes diode. 7%) :L11.he CN RARE TE RE” A RÉ PRRRARE 100 
Indice de Hehner........... DA REFORAT 98,6 

Solidification des acides gras. 3406 ..... 340 


Une autre espèce voisine de Balanites, le Balanites 
Tieghemi, serait moins richement oléagineuse, d’après les 
recherches de Hébert, car les graines ne contiendraient que 
10 °/, de substance grasse, qui est une huile liquide, jaune 
foncé, dont Hébert dit d'ailleurs encore qu'elle se rapproche 
beaucoup de l'huile de coton. Elle est liquide au-dessus de 
—3°, et son indice d'iode est de 121. Ses acides gras fondent 
à 3° et se composent de 63 °/, d’acides gras non saturés et 
37 °/, d'acides saturés. Les acides non saturés sont surtout 
de l'acide oléique ; les acides saturés fondent à 37°-38°. 
Elle peut convenir pour la savonnerie, 


(Some african Oils and oil Seeds. Bulletin of the Imperial Institute, 
1908, n° 4. — Hébert : loc. cit.) 


60 H. JUMELLE 


309. Graines de Carapa procera — Méliacces. 
310. Fruits de Carapa procera. 


311. Huile de touloucouna. 


Le Carapa procera, ou Carapa quineensis, ou Carapa 
touloucouna, est le fouloucouna des Ouolofs. IL croît au 
Sénégal, ainsi que dans le Haut-Sénégal-Niger. Les indi- 
œènes, en certaines régions, se servent de l'huile comme 
de cosmétique ; en d’autres, on la considère comme bonne 
pour guérir les plaies ; elle serait aussi purgative et vermi- 
fuge. La graine se compose de 25 à 29 °/, environ de tégu- 
ment et 75 à 71 °/, d'amande ; et les amandes abandonnent 
aux dissolvants jusqu'à 57 °/, de substance grasse. Par 
pression on obtient 46 °/, environ. La substance est de 


saveur amère, d'une odeur caractéristique, plus ou moins 


colorée, plus ou moins consistante à la température ordi- 
naire. 

Suivant qu'elle a été extraite à froid ou à chaud, on a 
trouvé à l’'Imperial Institute de Londres : 


Presséè à froid. Pressée à chaud. 
DÉNSE 10 NT rie en es DOTE een 0,9327 
MED, 2 pd ES D'OXTN EME RE 0,9174 
Indice de saponification.......... 1014 RES 196,4 
Indice diodes "NM eeEn Cite "2 HD re SUR SUPER 11,2 
Indice de Reichert-Meiss]l........ CE RES SP 
Solidification des acides gras..... DOS [51 CRAN 3601 


Le tourteau, qui est amer, ne peut convenir pour l'ali- 
mentation du bétail : sa teneur de 2,5 à 2,9 en azote ne lui 
donne aussi qu'une faible valeur comme engrais. 


(E. Heckel : Graines grasses nouvelles ou peu connues des colonies fran- 
çaises. Annales du Musée Colonial de Marseille, 1898. — Some african 


Oils and oil Seeds. Bulletin of the Imperial Institute, 1908.) 


312. Graines de Trichilia emetica. — Méliacées. 


Le Trichilia emetica, où mafoureire, est surtout un arbre 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 61 


de l'Afrique orientale; et le principal pays exportateur de 
ses graines est l’'Est-Africain Portugais. L'espèce est cepen- 
dant aussi signalée en Sénégambie et à Sierra-Leone. Les 
graines ablongues, contenues dans des capsules qui s'ouvrent 
en trois valves, sont entourées chacune d’un arille écarlate. 
Amande et arille sont oléagineux ; l’amande contient de 
54 à 68 °/, d'huile, et l’arille 50 °/,. Les deux substances 
grasses sont solides à la température ordinaire et ont pour 
caractères : 


Huile de l’amande. Huile de l’arille. 
Indice de saponification DEURSE TFC AO D ST se 209,7 
Mnice diodes mat aude 14 DONC PE 2 vi 71,6 
iredacidibesrt Din nee ne EPS RDS) PORT ROUE NON 
Solidification des acides gras....... 5 5 CARE PRESS 459% 
Insaponifiables :....:.. 2... IRSC ARR NRES ES 1,3 


Les graines de mafoureire sont donc intéressantes en 
stéarinerie et en savonnerie. 


(Mafoureira nuts fron Portuguese East African. Bulletin of the Impe- 
rial Institute, 1903. — Some african Oùls and oil Seeds, id., 1908). 


313-314. Huile et corps gras d'Anacardium occidentale. — 
Térébinthacces. 


L'acajou à pomme a déjà été mentionné dans la section 
des Graines alimentaires. 


315. Gousses de Moringa pterygosperma. — WMoringacées. 


316. Capsules et graines de ben. 


Le Moringa pterygosperma, qui est d’origine indienne, 
est en Afrique tropicale une espèce introduite, mais s’y est 
d’ailleurs bien naturalisé. L'espèce sauvage est le Moringa 
aptera. Les caractères de l’huile de ben sont donnés dans le 
Catalogue de la Réunion (n° 204). La plante est le nebredaï 
ou nevradaï des Ouolofs. 


317. Fruits de Cardiospermum halicababum. — Sapindacees. 


62 H. JUMELLE 


Les graines de cette plante grimpante donnent une huile 
jaune pâle, de saveur assez prononcée, rappelant celle des 
huiles de Cucurbitacées, et dont l’odeur est celle de l'huile 
de noix. Elle se fige déjà à 14° et se solidifie à 10° ; elle est 
soluble dans l'alcool à 95°. Les feuilles donnent un bon 
fourrage. La racine est employée en médecine indigène 
comme émétique, laxatif, stomachique et rubéfiant. 


(De Wildeman : Notices sur des plantes utiles ou intéressantes de la 
flore du Congo, vol. II, fase. 1.) 


318. Gousses d’arachide (Sénégal). Léqgumineuses. 


319. Huile d’arachide. 


L’arachide, en Afrique Occidentale Française, est surtout 
cultivée au Sénégal, qui exporte annuellement 240.000 tonnes 
de gousses, mais elle l’est aussi un peu dans le Haut-Séné- 
gal-Niger, dont les exportations étaient de 8.677 tonnes en 
1913, et en Guinée Française, qui exportait la même année 
3.946 tonnes. Ces arachides de l'Afrique occidentale nous 
sont importées à Marseille en coques, tandis que celles de 
l’Inde nous parviennent décortiquées. Sur le total de 
graines oléagineuses que reçoit annuellement Marseille, les 
arachides décortiquées ou en coques représentent 65 °}, 
environ, alors que déjà les coprahs, qui se placent au second 
rang par ordre d'importance, ne représentent que 17 °/,, et 
les sésames, au troisième rang, 4 °/,. 

Les arachides en coques de l'Afrique occidentale se com- 
posent de 28 à 32 °/, de coques et 68 à 72 °/, de graines, 
qui renferment 50 °/, environ d'huile. Cette huile d’ara- 
chide est plus ou moins colorée suivant les provenances ; 
elle est composée d'oléine, d’hypogéine et de linoléine, qui 
sont liquides, et d’arachidine, qui est solide. Elle se soli- 
difie à 0° à 2°, et a pour indice de sapomification 185,6 à 
194,8, et pour indice d’iode 92,4 à 100,8. Le point de con- 
gélation des acides gras, c'est-à-dire son titre, est de 28° 1 
à 29°2. C’est une huile alimentaire et à savonnerie ; elle 
entre en grandes quantités, à Marseille, dans la fabrication 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 63 


des savons unicolores à base d'huile concrète. Le tour- 
teau d’arachide est bon pour l'alimentation, 


(Bontoux, loc. cit. — H. Jumelle : L’Industrie marseillaise des corps 
gras. La Nature, 16 sept. 1916.) 


320. Feuilles etfleurs de Pentaclethra macrophylla. — Zéqu- 
mineuses. 


Le Pentaclethra macrophylla, ou owala du Gabon, est 
surtout commun au Gabon et au Congo ; ses graines et son 
huile seront décrites dans le Catalogue de l'Afrique Équato- 
riale Française. Déjà, en Afrique occidentale, on trouve 
l’arbre en Casamance, en Guinée et à la Côte d'Ivoire ; les 
graines sont mangées grillées. 


(E. Heckel : Recherches sur les graines grasses nouvelles ou peu con- 
nues des colonies françaises. Annales du Musée Colonial de Marseille, 
5° année, 4° volume, 1897.) 


321. Graines de sésame blanc. — Pédaliacées. 


322. Huile de sésame. 


Le Sesamum indicum, qu est une plante annuelle, de 
80 centimètres à 1 mètre de hauteur environ, est cultivéen 
Afrique Occidentale Française, en Guinée Française et un peu 
aussi dans le Haut-Sénégal-Niger. C’est le béné des Bam- 
baras. Les nouveaux procédés de raffinage des huiles d'ara- 
chides de Coromandel ont, en ces dernières années, quelque 
peu diminué à Marseille l'importance des huiles de sésame 
comme huiles alimentaires. Ces huiles sont cependant tou- 
jours recherchées en hiver, de préférence aux huiles d’ara- 
chide, dans les pays à longue saison froide, en raison de 
l'infériorité de leur point de congélation (— 4° à —(6°). 

L'huile de sésame renferme 12 à 15 °/, de glycérides 
d'acides concrets ; le reste est formé d'environ 25 °/, de lino- 
léine et 60 °/, d'oléine. Le point de solidification des acides 
gras est de 23° environ. L'indice de sapomificalion de l'huile 


64 H. JUMÉLLE 


est de 188 à 192 ; l'indice d’iode est de 106 à 114,5. L'huile 
de sésame ordinaire est employée à Marseille dans la fabri- 
cation des savons incolores à base d'huile concrète ; l'huile 
sulfurée sert pour la préparation des savons marbrés. 


323. Graines de benefing. — Zabiées. 


L'Hyptis spicigera, où benefing, où « sésame noir », qui 
appartient d'ailleurs à une tout autre famille que Le véritable 
sésame, croit spontanément ou est cultivé en diverses 
régions du Haut-Sénégal-Niger, de la Guinée Française et 
du Haut-Congo. C'est, comme le véritable sésame, une 
plante annuelle, de 80 cm.à 1 mètre de hauteur; ses 
graines, brun tabac, sont plus petites que celles de sésame. 
Elles contiennent 20 à 23 °/, d'huile, quelquefois plus, mais 
rendent industriellement 13 à 14 °/. Cette huile plus ou 
moins colorée, qui a pour indice diode 203 environ, est, par 
conséquent, très siccative. Sa siccativité est supérieure à 
celle de l’huile de lin ; on ne connaït actuellement, comme 
huile plus siccative, que celle du Perilla ocimoides (qui a 
pour indice d'iode 206), de la Chine et du Japon. Elle séche- 

rait, d'après M. Gastine, plus rapidement que l'huile de lin, 
mais les peintures dans la composition desquelles elle entre 
sont moins élastiques et plus friables que celles obtenues 
avec cette huile de lin. On peut lui reprocher également sa 
couleur et son odeur. D'autre part, les graines, petites, à 
tégument résistant et élastique, sont de broyage difficile, et 
leur rendement est bien faible. 

Le tourteau, de couleur rougeûtre, ne paraît pas toxique, 
mais 1l ne contient que 2,8 ‘°/, d'azote; 1l est donc de 
médiocre valeur. 


(Gastine : Les graines de benefing. Expansion coloniale, Marseille, 
mars 1913.) 


324. Graines de karité (Soudan). — Sapotacces. 


325. Amandes dekarité. 


[+ 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 6: 


326. Pain de karité préparé par les indigènes. 
327. Beurre de karité purifié. 


328. Rameaux et feuilles de Karité. 


329. Bois de karité. 


Le Butyrospermum Parku, ou karité, ou, encore, suivant 
les régions, {engha, giddauchi, eko, lulu, est | « arbre à 
beurre du Soudan » ; et c'est, en effet, un des arbres qui 
caractérisent essentiellement la région soudanienne, c'est-à- 
dire la zone qui comprend, en Afrique tropicale française : 1° 
une grande partie du Haut-Sénégal-Niger (dont la partie sep- 
tentrionale appartient, avec la Mauritanie, à la zone sahé- 
lienne) ; 2° la Haute-Guinée, en arrière du Fouta-D jalon; 3° le 
Haut-Dahomey ; 4° en Afrique Equatoriale, le Territoire 
fétichiste du Tchad, entre le 10° degré de latitude et Fort- 
Crampel. La variété du Haut-Sénégal-Niger et du Chari est 
la variété mangifolium ; celle du Dahomey est la variété 
Poissoni. Le beurre que fournissent les graines est le beurre 
de karité, ou beurre de Galam,ou beurre de cé, ou beurre de 
shea. Les indigènes le préparent pour leur propre consom- 
mation en torréfiant puis broyant les graines, qu'ils ont au 
préalable décortiquées, et en traitant cette pâte par l’eau 
chaude; ils écument l'huile, la font de nouveau bouillir pour 
la purifier, et, après solidification, la conservent en pains. 
D'après M. Chevalier, 36 kilos de fruits, traités ainsi sur 
place, ne donnentque 2 kilos de beurre; et 500 grammes de 
graines rendent 61 à 63 grammes, soit un peu plus de 12°/,. 
La proportion est faible, puisque, au laboratoire, l'Usine Roc- 
ca, Tassy et de Roux, à Marseille, a trouvé que les graines 
se composent de 33 °/, de tégument et 67 d’amande, et que 
ces amandes {avec 8,70 à 6,12 d'humidité) donnent #6 à 
50 °/, de substance grasse. A l'usine toutefois le rendement 
a été de 36°/,; et il reste dans les tourteaux 9 à 10 °/, d'huile. 
Un échantillon de beurre de karité étudié par Hébert fon- 


Annales du Musée colonial de Marseille. — 3° série, 9° vol. 1917. 2 


66 Hi. 


JUMELLE 


dait à 32°, se solidifiait à 19° et présentait les constantes 


suivantes : 


Indice de saponification..... 
ladiee d'acmnies CPR mu 


Indice de Hehner.......... 
indice diode: 2e TUE 


ste "ele ste 


Les acides gras non saturés sont de l’acide oléique. Les 
acides gras saturés fondent à 67°-68° et seraient composés 
d'acide arachidique et d'acide stéarique, aVec un peu d'acide 


palmitique. 


La torréfaction, d'après Hébert, ne semble pas influer 
sensiblement sur la quantité ni sur la qualité de la matière 
grasse. Ce chimiste, en comparant des amandes fraîches 
(conservées dans le formol), des amandes séchées au soleil, 
mais non torréfiées, et des amandes torréfiées, à obtenu les 


résultats suivants : 


Amandes 

fraiches 
Poids moyen d'une amande... A1gr. 1 .... 
Rendement en graissé, °/, d'a- 

IHARUOS . : 1.14. .4147. 50e 10 
Humidité des amandes,....,.. 58 
Rendement en graisse °/, d’a- 

mandes supposées séchées.. 23,8 
Pointde fusion du beurre...... 28° 
Densité au point dé fusion. ..... 0,912 
Ifdicé-d'atidné, 32: ou. 9,1 
Indice deReichért, .,.....,... s 3,8 
Indice de Hehner....,,....... 93,9 
Indice de saponification,...,... 193,2 
Face -d'IbdB ENT der c 65 
Fusion des acides gras........ 440 


Amandes 
séchées 


D pr.) 4! 


23 
13,5 


26,6 

270 
0,911 
5,6 


93,9 


.…. 188,6 


62,2 


4 


D90 


NAN LE 


Amandes 
torréfiées 


5 ET:.5 


À l’Imperial Institute de Londres, on a trouvé, comme 
pourcentage d'huile dés amandes: 41, 4; 46,2 ; 48, 54,5. Et 
avec des beurres de diverses provenances, les résultats ont 


été : 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 67 


Lagos Gold Coast Nigérie Soudan 


du Nord 
Hodioe d'abidité,: .,.::.:.....- LL ANCRSAOUE | LE JOPOPRES Re 2e 
dice dé sapomiication....., 179, . ... 181,1 .... 1838 ‘.... 184 
nie diode : 41: 10. TPE VE MALE y AR 
Indice de Hehner............. 96,5 ss:1 946 ”::.7 91.9 
Indice de Reichert-Meiss],..... PR PENTONE PL OAMEN QE 27 
Insaponifiables,,..,........ PER 07 PORTAIT ut ROLE 


Solidification des acidesgras... 52 ... 53° 


Le beurre de karité est apprécié en stéarinerie, mais l’ha- 
bitat de l'arbre, toujours éloigné du littoral, rend les trans- 
ports difficiles et coûteux ; et c’est la grande cause qui 
restreint l’utilisation de la substance grasse. C’est, en tout 
cas, cette substance même qu'il y a lieu d'exporter, plutôt 
que les graines : et il serait à désirer que, comme l'essai en 
a déjà été fait dans le Haut-Sénégal-Niger, le beurre füt 
extrait dans nos colonies par des maisons européennes qui 
achèteraient les graines aux indigènes. Le beurre, dans ces 
conditions, arriverait en France mieux préparé et plus pur 
que le produit indigène. 

(Vuillet : Etude du karité. André, Paris, 1901. — E. Perrot: Le karité 
et l’argan. Les Végétaux utiles dé l'Afrique tropicale française. Chal- 


lamel, Paris, 1907. — A. Hébert : Sur la graisse de karité. Bulletin de la 
Société chimique de France, oct. 1911.) 


330. Graines de Dumoria Heckeli (Côte d'Ivoire). — Sapota- 
cées. 


331. Corps gras et dérivés des graines de Dumoria Heckeli. 


332. Tourteau puivérisé de Dumoria Heckeli. 


Le Dumoria Heckeli, ou Tieghemella Heckeliana, est un 
arbre de 30 à 40 mètres de hauteur, de la Côte d'Ivoire, de 
la Gold Coast et du Libéria, où il vit dans la grande forêt, 
toujours en individus dispersés. C'est le dumori des Agnis, 
le makaru où makori des Apolloniens, le mbhabu des Attiés. 
Il est commun, en Côte d'Ivoire, dans l’Attié, l'Indénié, le 
Sanwi, la région de Dabou, les bassins du Sassandra et du 


68 H. JUMELLE 


Cavally. Les fruits, très gros et presque sphériques, et dont 
le poids varie de 175 grammes à 360 gr., sont des baies à 
chair jaune abricot, de saveur amère, contenant 1 à 3 graines. 
Celles-ci, qui pèsent de 25 à 55 grammes, sont ovoïdes 
allongées, à tégument dur et épais. L’amande fournit un 
beurre qui est estimé et très consommé par les peuplades de 
la forêt de la Côte d'Ivoire. La substance grasse, que les 
indigènes obtiennent en traitant par l’eau chaude la pâte 
de ces amandes préalablement desséchées au soleil, est 
conservée dans des bouteilles. Elle est jaunâtre, à demi 
fluide, moins concrète que le beurre de karité. Les Agnis, 
les Attiès et les Betès en font encore usage pour fabriquer 
leur savon. D’après M. Chevalier, un arbre adulte produit 
environ, par an, 3.000 fruits, représentant 4.000 graines, soit, 
à raison de 8 grammes de graisse par graine, 30 kilos envi- 
ron de cette graisse. Une graine se compose d'environ 65 
parties de tégument et 35 parties d'amande, qui rend 4 °L, 
de beurre. 
Les principaux caractères de ce beurre sont : 


Densié ist nie es ete 0,956 
Poinide Msn. rune 340 
Indice d'acide Eine a 5,6 
Indice de saponification....... 188 
Indice de Reichert....... re 0,8 
indice de Héhner' 7er enr 96,8 
Mdice diodes. RER RC en 56,4 
Fusiondes acides gras......... 60° 


Les acides gras sont composésde 33 °/, d'acides non satu- 
rés et 67 d'acides saturés. Les acides non saturés, liquides, 
sont jaunes et correspondent à l'acide oléique; les acides 
saturés, concrets, fondent à 67°-68° et se composeraient 
d'acides stéarique et palmitique et d'un acide carnaubique 
ou cérotique. 

Le beurre de dumori peut servir pour l'alimentation et 
pour la fabrication des savons et des bougies. 

Le tourteau est relativement peu riche en matières azotées 
(12, 18 °/), mème en hydrates de carbone (18 °/, environ); 


Laticet à à 
de: 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 69 


il pourrait cependant être utilisé pour l’alimentation ou 
comme engrais. 


(A, Chevalier : Les bois de la Côte d'Ivoire. Les Végétaux utiles de 
l'Afrique tropicale française, fasc. V, 1909. — A. Hébert: Sur la compo- 
sition de diverses graines oléagineuses de l'Afrique Occidentale Française. 
Bulletin de la Société chimique de Paris,2 mai 1911.) 


333. Graines de Guizotia abyssinica. — Composées. 


Le Guizolia abyssinica, ou Guizotia oleifera, est le neuk 
d’Abyssinie. 1l est peu cultivé, si même il l’est, en Afrique 
Occidentale Française. Les graines renferment 34 à 45 °/, 
d’une huile à saveur de noix, qui est comestible. C'est 
l'huile de niger. Elle est bonne pour la savonnerie et est 
faiblement siccative. Ses constantes, d’après divers auteurs, 


sont : 
Point de solidification........... — 9° 
Indice de saponification.........  D5 US METRE 189,9 à 192,2 
LE T E TE  D P SE A RE RE RCE 1260241339 
PE A deien ne ROME SLR PS AT PAR RATS 3,1 
Indice:de Reichert-Meissl......1 ©... 0,88 
sponiables. Le ici ni NE st: 1,26 
Mason des acides SPAS... ue MOVE ee A 2802 
Imdee-drodeéde cés: acides. 2% 1 Te ns 113,87 
Une huile raffinée et blanchie a donné : 
Indice: d'acide, 52.72. ALT 0,45 
Indice de saponification..,..... 217,80 
lodibémiode nr une, 11% 
Indice de'Reichert-Meiss!,,,,... ,80 
Fusion ‘des acides gras......... 2708 
Indice d’iode de ces acides, ..... 102,33 


334. Amandes de quélé iri (Côte d'Ivoire). 


335. Corps gras et dérivés de qguélé iri. 


Les grosses amandes de cette plante encoreindéterminée, 
et qui, dans le cercle de Kong, à la Côte d'Ivoire, est connue 
sous les noms de {ama et de quéléiri, donnent une graisse. 


70 H. JUMELLE 
336. Graines d'ouanigny. 


Les graines de cette espèce indéterminée donnent une 
huile. 


331. Cendres de Graminées (Dahomey). 


Les cendres de Graminées servent au Dahomey pour la 
fabrication d’un savon indigène. 


338. Fruits de Sapindus senegalensis — Sapindacées. 


339. Fruits de Sapindus Saponaria. 


L'espèce de Sapindus indigène au Sénégal est le Sapin- 
dus senegalensis ; le Sapindus Saponaria, d'origine améri- 
caine, est introduit. Les fruits de ces Sapindus sont employés 
comme l'écorce de bois de Panama (Quillaia Smegmadermos), 
car ils contiennent de la saponine, ou, plus exactement, 
d'après M. G. Masson, des saponoïdes. Les saponines sont 
blanches, très solubles dans l’eau, insolubles dans l'alcool 
absolu et l’éther acétique ; le tannin est sans action. Les 
saponoïdes sont colorés, et, s'ils ne sont pas combinés avec 
un alcali, sont insolubles dans l’eau, mais solubles dans 
l’alcoolabsolu et l’éther acétique ; ils forment avec le tannin 
des combinaisons insolubles dans l’eau et solubles dans 
l'alcool. Ils sont d’ailleurs émulsifs et aphrogènes, comme 
les saponines. Tandis que le bois de Panama contient une 
saponine (la quillaiasaponine) et un saponoïde (l'acide quil- 
laique), le péricarpe des fruits de Sapindus Mukorossi con- 
tient, en même temps qu'une très petite quantité d'huile, 
deux saponoïdes, l'acide sapindique et l'acide sapindétique. 


(G. Masson : Recherches sur quelques plantes à saponine. Thèse de 
pharmacie de Paris, 1910.) 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 71 


IX. — TEXTILES ET PAILLES 


361. Bourre de fromager (Haut-Sénégal-Niger). — Malva- 
cées. 


362. Bourre de dondol (Sénégal). 


Ainsi qu il a été dit dans la section précédente, on désigne 
sous le nom de fromagers plusieurs espèces d'arbres à bois 
mou dont les fruits donnent une bourre (poils internes de 
ces fruits) qui est le £apok du commerce. Le véritable kapok 
est fourni par le Ceiba pentandra, peut-être originaire de 
l'Amérique, mais, en tout cas, introduit de longue date 
dans l'Inde et en Malaisie, et aussi en Afrique. En Malaisie, 
l’espèce est tellement acclimatée et répandue qu'elle y est 
souvent considérée comme indigène ; en tout cas, le kapok 
du commerce provient principalement des Indes Néerlan- 
daises, En Afrique, cette espèce est souvent confondue avec 
les espèces indigènes, plus ou moins voisines, qui sont 
l'Eriodendron quineense et le Bombax buonopozense, II 
importerait donc de s'assurer, par l'étude d'échantillons 
d'origine précise, des valeurs respectives de toutes ces 
bourres, dont les bonnes sortes pourraient donner lieu à un 
commerce de quelque importance en Afrique Occidentale 
Française. 

On sait déjà qu’est d’assez bonne qualité la bourre du 
Bombax buonopozense, qui serait le dondol des Ouolofs. 


363. Coton non égrené du Soudan. — Walvacées. 
364. Coton égrené du Nunez (Guinée Française). 
365. Coton sauvage brut du Dahomey. 


366, Coton en bobines du Soudan. 


412 H. JUMELLE 


366 bis. Coton filé et en bobines du Dahomey. 


366 ‘er. Cotonnade blanche du Soudan. 


Le cotonnier est depuis longtemps cultivé par les indi- 
gènes en Afrique Occidentale Française ; et ces cotonniers 
cultivés appartiennent à plusieurs espèces du genre Gos- 
sypium. D'après M. Chevalier, l'espèce la plus cultivée en 
Afrique tropicale serait le Gossypium punctatum Sch. et 
Thon. (non Guill. et Perrot.) qui est une espèce souvent 
rattachée au Gossypium barbadense ; sa variété la plus 
répandue serait la variété Nigeria. On cultiverait aussi au 
Baoulé la variété religiosa (de couleur nankin), de la même 
espèce, et à la Côte d'Ivoire, dans le Bas et le Moyen- 
Dahomey, le Gossypium peruvianum Cav., autre espèce 
dont les graines ne portent que des poils longs, mais sont 
adhérentes entre elles. 

Les principaux essais faits en Afrique occidentale par 
l'Association cotonnière, en vue de la culture pour l’expor- 
tation, l'ont été dans le Haut-Sénégal-Niger (qui a exporté 
en 1913 par la voie Kouroussa-Conakry 75 tonnes), dans 
les cercles du Nord et du Nord-Ouest de la Côte d'Ivoire 
(qui a exporté 100 tonnes en 1915) et dans le Moyen- 
Dahomev, notamment dans le cercle de Savalou (les expor- 
tations du Dahomey, en 1913, ayant été de 171.193 kilos 
de coton brut et 37.740 kilos de coton égrené. 


(Yves Henri: La Question cotonnière. Ministère des Colonies, 1906. — 
A. Chevalier : loc. cit., dans le Bulletin dela Société Nationale d’Accli- 
matation de France, 1912.) 


367. Coton brut de la Côte d'Ivoire. — Malvacées. 


368. Coton égrené de la Côte d'Ivoire. 


Ces deux cotons de la Côte d'Ivoire, l’un brut et l’autre 
égrené, proviennent du cercle des Gouros, secteur de 
Zénoula. Leurs graines noires et indépendantes indique- 
raient qu'ils dérivent du Gossypium barbadense. I ny a 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 13 


pas à la Côte d'Ivoire de variétés pures ; toutes sont plus 
ou moins hybridées. On cherche à uniformiser le type cul- 
tivé dans le Baoulé en favorisant la multiplication de cette 
variété indéterminée et à courtes soies (25 à 26 mm.) de 
G. barbadense. Le rendement en coton (linf index) est de 


30 à 31. 


369. Cordes faites avec les filaments fibreux de baobab. — 
Malvacées. 


Les indigènes utilisent fréquemment les filaments fibreux 
du liber du tronc de baobab pour en faire des cordes. Sur 
le baobab, voir n° 292. 

3170. Fruits de Triumfetta rhomboidea. — Tiliacées. 


Cette petite plante herbacée ou semi-ligneuse (kofourni 
des indigènes) est répandue à l'état sauvage dans toute 
l'Afrique tropicale. Son liber donne une filasse ligneuse. 


311. Graines et fruits d'Hippocratea Richardiana. — Célas- 
(racées. 


Les filaments fibreux de cette liane, qui est le /af des 
Ouolofs, servent, au Sénégal, à entourer les calebasses 
avec lesquelles les indigènes puisent l'eau. 


(P. Sebire : loc. cit.) 


312. Feuilles et graines d'Entada aîfricana. — Zéqumineuses. 


Les filaments fibreux de l'écorce de ce petit arbre servent 
quelquefois pour faire des cordes. 


313. Graines de Musa textilis (Dahomey). — Musacées. 


Le Musa textilis, ou abaca des Philippines, n’est qu'acci- 
dentellement introduit en Afrique Occidentale Française. 


314. Fruits d'Hyphaene thebaica. — lPalmiers. 


714 H. JUMELLE 


La variété occidentalis de l'Hyphaene thebaica, ou doum, 
est spontanée dans la zone sahélienne, c'est-à-dire septen- 
trionale, de notre Afrique occidentale ; elle est plantée ou 
naturalisée dans les régions plus méridionales. Ses feuilles, 
comme celles de beaucoup d’autres Palmiers, sont em- 
ployées pour le tressage des nattes, et aussi pour la fabri- 
cation de cordes assez résistantes. L’albumen très dur de 
la graine peut être employé comme le corozo, ou ivoire 
végétal, qui est l’albumen d'un autre palmier, le Phytele- 
phas macrocarpa de l'Amérique tropicale. 


375. Fruits de rônier (Dahomey). — Palmiers. 


Le Borassus Aethiopum, à l’état spontané ou planté, est 
commun en beaucoup de points de l'Afrique occidentale. 
Ses feuilles sont utilisées comme celles de l’espèce précé- 
dente. 


316. Fruits de raphia. — Palmiers. 


Ces fruits assez petits semblent ceux du Raphia gracilis, 
petit Palmier de la Guinée Française ne dépassant pas 3 à 
4 mètres de hauteur. Les feuilles de raphia conviennent aux 
mêmes usages que les précédentes. 


X. — BOIS 


Un Catalogue des Bois de l’Afrique Occidentale Française 
sera publié ultérieurement. 


XI. — PLANTES A PARFUMS 


385. Tubercules de Cyperus sp. (Haut-Sénégal-Niger). — 
Cypéracées. 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 75 


Dans la région de Tombouctou, d'après M. Chevalier, les 
femmes pilent ces tubercules, puis les mélangent avec de 
la gomme et de la bouse de chameau, ou encore avec les 
crottes d’une espèce d'antilope ; et elles confectionnent ainsi 
de petites boules qu'elles enfilent en chapelets et qu'elles 
portent autour des reins. 


386. Fruits d'Hibiscus Abelmoschus. — WMalvacées. 


L’ambrette, ou gombo musqué (voir n° 179), dont les 
graines odorantes sont exportées des Antilles Françaises, est 
originaire d'Amérique. Les indigènes de l'Afrique tropicale 
la cultivent pour faire des colliers avec les graines. C'est 
le soumari des Soussous. 

L'essence de graine d’ambrette est solide. Un échantillon 
analysé en 1912 à l'Usine Roure-Bertrand, à Grasse, a 
donné : 


Poids spécifique à 309. #......:.... 0,8983 
—— — SES MS RS PANTAT EE 0,8883 
Déviation polarimétrique...,..... 5 ra 
mdicé de réfraction à 300:::::) 1:05. 1,4645 
Coefficient de neutralisation........ . 47 
— de saponification,........ 194,7 à 195,3. 
— de saponification..,,..... 
abrés'acotylahioni. Ni ses 213,7 


Cette essence est soluble dans 1 vol, d'alcool à 90°, mais 
il se produit un fort trouble par addition subséquente du 
même alcool. | 

On peut distinguer dans l'essence d’ambrette l'essence 
normale, solide ou cireuse à la température ordinaire, et 
l'essence liquide, obtenue par l'élimination, à l'aide d'un 
traitement spécial, des acides gras, surtout de l'acide 
palmitique, de la précédente. A l'Usine Schimmel, on a 
trouvé pour ces deux essences : 


Essence normale Essence liquide 
DODMIO SES croi 0,9088 à 0,9123 
RC Où MP TARN TI NE 0,891 à 0,892 


76 H. JUMELLE 


Déviation polarimétrique.. + 0014 à + 1019 
Indice de réfraction à 20°.. 4,47421 à 1,47646 
Indice d'acidité 2 ere 75 à 132 0 à 2,4 

Indice d'éther mass rs 66 à 113 167,7 à 180,5 
SoHdiicaHon en RC 38° à 390 


L'essence normale est insoluble dans 10 parties d’alcool 
à 90°; l’essence liquide est soluble dans 3 à 6 parties 
d'alcool à 80°. 


(Bulletin de la Maison Roure-Bertrand, oct. 1912.) 


387. Feuilles, fruits et graines de Copaifera Salikounda 
(Guinée Française). — Léqumineuses. 


388. Feuilles de Copaifera Salikounda. 


389. Écorces de la tige de Copaifera Salikounda. 


390. Fleurs de Copaifera Salikounda. 


Le Copaifera Salikounda'est un arbre de la Guinée 
Française, de 10 à 15 mètres de hauteur. Les graines, 
comme d’ailleurs les gousses, répandent, lorsqu'elles sont 
desséchées, une forte odeur de coumarine. Dans le Rio- 
Pongo, les indigènes les emploient comme graines odo- 
rantes ; les femmes en font des colliers après les avoir 
cassées par petits fragments. Les mêmes graines sont uti- 
lisées contre les étourdissements et les vertiges ; on les 
met dans l’eau froide et on boit cette macération à froid par 
petites verrées. La poudre sert à parfumer le tabac à prises. 
On en fait encore une pommade dont on s’enduit le corps. 
L'amande contient 0,08°/, de coumarine et les téguments 
0,027. La fève de salikounda est ainsi 17 à 18 fois moins 
riche en cette coumarine que la fève Tonka (du Dipteryx 
odorata). 


(Heckel et Schlagdenhauffen: Sur le Copaifera Salikounda de l'Afrique 
tropicale et sur ses graines à coumarine. Annales de la Faculté des 
Sciences de Marseille, 1892.) 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE #2 


XII. — GOMMES ET RÉSINES 


401. Graines d'Acacia Senegal. — Zéqumineuses. 


L’Acacia Senegal, ou Acacia Vereck, est le principal pro- 
ducteur de gomme arabique. Ce petit arbre des terrains 
secs, dunes et rochers, croit dans la zone sahélienne et sur 
les confins du Sahara, depuis la Mauritanie et la Sénégambie 
jusqu’à la Nubie. La gomme arabique que récoltent 
les Maures au nord du fleuve Sénégal se divise en: gommes 
du Bas-Fleuve, qui sont les sortes les plus claires, appor- 
tées à Dagana et à Podor; et gommes du Haut-Fleuve, ou 
de Galam, quisont plus colorées et traitées à Bakel, Nioro, 
Kayes et Médine. 

Le commerce annuel mondial de gomme arabique est de 
24 à 25 millions de kilos, dont la plus grande partie (20 à 
21 millions de kilos) vient d'Egypte. Le Sénégal exporte 
annuellement 2 millions 1/2 de kilos environ et le Haut- 
Sénégal-Niger 500.000 kilos à peu près ; mais toutes ces 
sortes, dont le principal marché français est Bordeaux, 

_sont de plus en plus concurrencées par celles du Kordofan. 

Un échantillon de gomme du Bas-Fleuve analysé à 

Londres, en 1908, présentait comme caractères : 


PO nn. A VER «ee nc 16,10 
CORTE RTC ALI SPEARS A LE 3,9 
Substance sèche soluble dans l’eau......... 82 
OR CO SN ANT PA MANR n7 nr 1,9 
Viscosité d’une solution au dixième,...... 225 


Deux autres échantillons du Sénégal ont donné : 


Petite Blanche Grosse Blonde 
ON PE AT PSE PERS EE REER CORRE ORDRE 16 
a CR PRRS PT € OL PE VOTENT SREAEE NT 8e ROBERT AP 3,1 
Substance sèche soluble dans l’eau...,.. 80,6 ......... 83 
RS CE EE ibn x N° SOON EEE 1,2 


Viscosité de la solution au dixième, .... DR CES SAN 5 28,7 


18 H. JUMELLE 


(H. Jacob de Cordemoy: Les Plantes à gommes et à résines. Doin, 
Paris, 1911. — Perrot et Gérard: Recherches sur les bois de différentes 
espèces de Léqumineuses africaines. Les Végétaux utiles de l'Afrique tro- 
picale Française, 1907.) 


402. Gousses d’Acacia arabica. — Zéqumineuses. 


403. Gomme d’Acäcia arabica. 


L'Acacia arabica, ou entore Acacia Adansontü, est le 
gomrnier rouge, tandis que le précédent est le gommier 
blane. C'est le neb-neb des Ouolofs. L'espèce a, sur tous 
les terrains, secs où humides, une aire de distribution très 
large. Elle s'avance plus loin en Asie que l’Acacia Senégal 
et est le principal gommier de l'Inde ; elle descend aussi 
plus bas que l’autre espèce en Afrique orientale, puisqu'on la 
retrouve jusqu'au Cap. Comme l'Acacia Senegal, elle ést con- 
nue dans l’Angola. La variété du Sénégal est la variété 
tomentosa. La gomme, rougeätre et un peu tannifère, est 
bien inférieure à celle de l'Acacia Senegal. 


(H. Jacob de Cordemoy : loc. cit. — Perrot et Gérard : loc, ei.) 
404. Bois d'Acacia à gomme (?) — Zéqumineuses. 


405. Gomme de Sterculia tomentosa. — Séerculiacées. 
406. Gomme de mbeppe rendue soluble. 


407. Fruits et graines de Sterculia tomentosa. 


Le Sterculia tomentosa, qu'on retrouve en Abyssinie et 
dans l’Angola, est, en Afrique occidentale, le platane du 
Sénégal des colons français. C’est au Sénégal le mheppe des 
Ouolofs et le kongosita des Malinkès. La gomme qu'il four- 
nit est une sorte de gomme adragante, insoluble dans l’eau, 
mais gonflable. Les indigènes du Sénégal et du Soudan 
l'utilisent peu. Les Laobès cependant la mélent au miel 
pour faire un couscous onctueux spécial : les Peuhls la 
font entrer dans la fabrication d'une sorte liniment employé 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 19 


pour panser les bestiaux; les Ouolofs musulmans l'em- 
ploient pour préparer une encre qui est d'usage courant 
dans les écoles de talibé. Elle sert aussi parfois à apprêter 
les tissus pour la confection de pagnes recherchés. 

Gette gomme de m'heppe a pour densité 1,416 ; elle con- 
tient 20 °/, environ d’eau et laisse, après incinération, 
7,249 °/, de cendres. Elle est dé couleur blane nacré et 
d'odeur acétique, et se présente en fragments dont l’aspect 
conchoïde mamelonné rappelle la gomme adragante en 
rubans, et aussi en masses friables informes. Le produit 
n'a reçu jusqu'alors aucun emploi dans l'industrie euto- 
péenne ; ses utilisations possibles semblent limitées. Le 
rendement de l'arbre est faible. 


(H, Heckel : Sur la gomme de m'heppe ou kongosita, Revue des cul- 


türes coloniales ; déc. 1898 et janv. 1899.) 


408. Gomme de fromager. — Malvacées. 


Cette gomme, qui serait produite par le Ceiba pentandra 
ou l’Eriodendron quineense, se présente en grosses boules 
rougeâtres. La gomme de Ceiba pentandra se fonce à l'air ; 
elle est astringente et insoluble. | 


409. Gomme du Saloum. 


Cette gomme indéterminée ressemble beaucoup à la pré- 
cédente. 


410. Gomme de kori. 


411. Gomme de firia. 


Ces deux dernières gomtines sont indéterminées. 


412-413. Rameaux et jeunes pousses dé Daniella thurifera. 
— Léqumineuses. 


414. Fleurs de Daniella thurifera. 


S0 H. JUMELLE 
415. Feuilles de Daniella thurifera. 
416. Résine de santan. 


417. Boules de hammout dans des coques de cantacoula. 


418. Rameaux de l'arbre à hammout. 


Le Daniella thurifera, qui est le santan des Ouolofs et 
le hammout des Toucouleurs, est un grand arbre qui croit 
par individus isolés ou par futaies dans la zone soudanienne, 
et un peu aussi dans la zone guinéenne. On le rencontre 
notamment en Casamance, en Gambie, dans la boucle du 
Niger, dans le Fouta-Djalon, à Sierra-Leone, dans l’hinter- 
land de la Côte d'Ivoire et dans le Haut-Congo. C'est 
l'arbre à encens de Sierra-Leone. Les indigènes brülent la 
résine dans leurs cases pour les parfumer. Sur les marchés 
du Soudan cette résine est vendue dans des coques de cantfa- 
coula (partie externe des fruits de Sfrychnos innocua ou d'une 
espèce du même genre); après avoir été pilée, elle est ramol- 
lie à la chaleur solaire et pétrie en forme de boules dans 
ces coques. 


(Rançon: loc. cit. — Perrot et Gérard : loc. cit.) 


419. Mélange de résines odorantes. 


Ce mélange est vendu à Tombouctou; il est employé par 
les Musulmans pour parfumer leurs demeures. Les frag- 
ments à éclat rougeâtre appartiennent vraisemblablement, 
d'après M. Chevalier, qui a rapporté ce mélange, au Balsa- 
modendron africanum, où Heudelotia africana, où Commi- 
phora africana, qui est un arbre de la zone sahélienne. 


420. Encens du Dahomey. 


Cette résine est indéterminée, 


,21. Résine de latié, 4° qualité. 


‘4% 


4 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 81 
422. Résine de latié, 2° qualité. 
Cette résine a été achetée sur le marché de Kayes. 


423. Fruits de Copaifera Guibourtiana. — Léqumineuses. 
424. Résine copal (Casamance). 


Cette résine est sans doute donnée par le Copaifera Gui- 
bourtiana. 


XIII, — CAOUTCHOUCS ET GUTTOÏDES 


435. Caoutchouc en niggers de Landolphia Heudelotii. — 
Apocynacées. 


136-437. Niggers de toll de la Casamance (Sénégal). 

438. Twists de goïne (Soudan). 

439. Boule de caoutchouc du Soudan. 

440. Boule de caoutchouc de 5 kilos de la Guinée Française. 
441. Fruits de Landolphia Heudelotii. 


442-443. Fruits jeunes et fruits mûrs de toll (Sénégal). 


Le Landolphia Heudelotii, ou toll, ou goïne, est la liane 
qui fournit presque tout le caoutchouc exporté du Sénégal, 
du Haut-Sénégal-Niger et de la Guinée Française ; son aire 
de distribution est comprise approximativement entre le 
15° et le 10° degré de latitude Nord. Le caoutchouc est 
ordinairement préparé sous forme de niggers, de fwists ou 
de plaques. Les niggers sont préparés en agglomérant en 
boules les larmes ou les petits fragments de caoutchouc 
récoltés sur le tronc, et en enveloppant cette agglomération 
de filaments fins. Les fwists sont encore des boules, mais 


Annale du sMusée colonial de Marseille, — 3° série, 5° vol, 1917, (1 


82 H. JUMELLE 


formées par l'enroulement de lanières qu'on a obtenues 
en découpant le caoutchouc qui a été coagulé dans des 
récipients. 


414. Niggers du Dahomey. 


La liane productrice est probablement le Landolphia owa- 
riensis, qui, au-dessus du 10° degré de latitude, remplace le 
Landolphia Heudelotii. 


445-446. Caoutchouc de dop. — Artocarpées. 


Le dop, ou dob, est le Ficus Vogelii, qu’on trouve dans 
l'Ouest-Africain, et surtout vers le littoral, depuis Dakar 
jusqu'à l'embouchure du Congo. Le caoutchouc de dop, 
qu'on reçoit de temps à autre en France, est une sorte très 
inférieure. L'arbre à caoutchouc intéressant en Afrique occi- 
dentale, à partir de Sierra-Leone, est le Funtumia elastica, 
qui sera mentionné dans le Catalogue d'Afrique équato- 
riale. De la Côte d'Ivoire, le caoutchouc de Funtumia elas- 
lica est exporté en masses qui sont des cakes ou des lumps. 


447. Gros tronc de Landolphia senegalensis. — Apacynacées. 
448-449. Rameaux de Landolphia senegalensis. 

150-451. Feuilles de ee senegalensis. 
452-453. Fruits de Landolphia senegalensis. 


454. Fleurs de Landolphia senegalensis.. 


Le Landolphia senegalensis, qui est le mada des Ouolofs, 
le saba des Bambaras et le laré des Peuhls, est une liane 
très commune en Afrique occidentale, mais dont le latex 
est sans valeur. La pulpe des fruits est consommée par les 
indigènes. 


455. Fruits de Carpodinus sp. (Sénégal). — Apocynacées . 


Ces fruits sont peut-être ceux du Carpodinus hirsutus, 


6 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 83 


liane de la Casamance, dont le latex très abondant ne donne 
qu'un produit très inférieur, gluant. 


456. Gutta de karité. — Sapotacées. 


456 bis. Produits divers extraits de la gutta de karité. 


Le latex du Bufyrospermum Parkit, ou karité, déjà cité 
dans la section des Oléagineux (n° 329), donne une sub- 
stance qui a quelques propriétés de la gutta. Cette sub- 
stance, notamment, se ramollit dans l’eau chaude en 
devenant plastique sans viscosité. La possibilité d’une uti- 
lisation réelle est cependant restée jusqu'alors très douteuse. 


157, Latex de Calotropis procera. — Asclépiadacées, 


Le Calotropis procera, ou fafetone des Ouolofs, est un 
petit arbre commun en certaines régions de l'Afrique occi- 
dentale, notamment au Sénégal et dans le Haut-Sénégal- 
Niger, et qu'on retrouve d’ailleurs jusqu’en Arabie et dans 
l'Inde. Son latex est sans valeur. 


458. Coagulat de Funtumia africana. — Apocynacées. 


Tandis que le Funtumia elastica, ou ofuntum, ou ireh, 
donne un bon caoutchouc, le Funtumia africana, qui croit 
à la Côte d'Ivoire comme ce Funtumia elastica, et y est 
même plus répandu, ne fournit qu'un coagulat visqueux 
inutilisable. Pour les indigènes, le Funtumia elastica est 
l’ireh femelle, et le Funtumia africana est l'ireh mâle. 


459. Latex concrété de yembé. 


XIV. — TANNINS ET COLORANTS 


471. Écorces de Cochlospermum tinctorium (Sénégal). — 
Bixacées. 


S4 fl. JUMELLE 


La racine de ce petit arbre, qui est le {ayar des Ouolofs 
et le faux-doundaké, donne une bonne teinture jaune. Les 
écorces sont emménagogues. 


172. Fruits et graines de rocou (Sénégal). — Bixacées. 


Les indigènes de l’Afrique tropicale utilisent peu pour la 
teinture les graines de Bixa Orellana. Voir le Catalogue de 
Madagascar, n° 407. R 


173. Rouge de Pterocarpus sp. (Dahomey). — Léqumineuses. 


Les bois de la racine ou de la tige de divers Pterocarpus 
donnent une matière colorante rouge. La poudre exposée a 
été obtenue par pilonnage de l'écorce ; les femmes, au 
Dahomey, s’en induisent le corps. 


474. Graines de Lonchocarpus sp. — Zéqumineuses. 


475. Indigo de Lonchocarpus cyanescens. 


Le Lonchocarpus cyanescens est un arbre des forêts et 
des galeries forestières de l'Afrique tropicale. C'est le 
robinier à indigo, le karaba des Bambaras. Les jeunes 
feuilles et les pousses, traitées comme celles des indigotiers, 
fournissent une belle teinture bleue que les indigènes 
apportent sur les marchés. Les Noirs préfèrent ce colorant 
à celui des véritables indigotiers. 


(A. Chevalier : Loc. cit.) 


476-477. Feuilles et tiges d'indigotier (Soudan). — Légumi- 


neuses. 
418. Tiges et racines d’indigotier. 
479-480. Fruits et graines d'indigotier. 


481. Boules d'indigo. 


L'Indigofera tinctoria, d'origine asiatique, et un peu 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 89 


aussi l’Indigofera Anil, d'origine américaine, sont cultivés 
ou naturalisés en diverses régions de l'Afrique occidentale, 
notamment dans la région soudanienne. Nous avons dit 
que, au Sénégal, cet indigo est vendu moins cher sur les 
marchés que celui de karaba, ou Lonchocarpus cyanescens. 
Voir le Catalogue de Madagascar, n° 405. 


(A. Chevalier : loc. cit.) 


482. Écorces d'Acacia arabica. — légumineuses. 


Les écorces de cet Acacia, qui est le goniaké des Ouolofs 
et le bani des Bambaras (voir n° 403), contiennent 15 à 
16 °/, de tannin. Mais la partie de la plante la plus 
employée en tannerie est la gousse. 


483. Gousses de Caesalpinia coriaria (Sénégal. — Zéqumi- 


neuses. 


Ces gousses de dividivi proviennent de Rufisque. Le 
Caesalpinia coriaria est une espèce américaine, et les gousses 
employées en Europe pour la tannerie sont exportées de 
Colombie et des Guyanes. 


484. Rameaux et feuilles de Combretum glutinosum. — 


Combrétacées. 


485. Racines de Combretum glutinosum. 


Le Combretum glutinosum est le calama des Bambaras, 
le rehatt des Ouolofs. Les cendres du bois servent à fixer 
les couleurs d’indigo. Les Bambaras et les Malinkès retirent 
des feuilles une couleur qui leur sert à teindre en jaune sale 
et en rouge de rouille leurs boubous et leurs pagnes. Les 
cordonniers indigènes l'utilisent aussi pour tendre les sou- 
liers en jaune. Pour obtenir cette couleur, les indigènes 
font sécher les feuilles encore très vertes, les écrasent, puis 
traitent la poudre grossière par deux fois environ son poids 
d’eau. Ils laissent macérer pendant au moins vingt-quatre 
heures ; l’étoffe à teindre est plongée ensuite dans ce liquide 


86 I. JUMELLE 


pendant environ douze heures, puis séchées. On fixe à l’aide 
dés cendres du végétal lui-même. La teinte dépend de la 
concentration de la macération. On retire aussi la couleur 
des racines et de l'écorce. 


(A. Rançon : loc. cit., p. 409.) 


486. Poudre de henné. — Lythrariacées. 


Le Lawscnia alba, ou henné, est un petit arbre très cul- 
tivé en beaucoup de régions d'Afrique et d'Asie ; et c'est 
avec la poudre de ses feuilles que les indigènes se teignent 
certaines parties du corps. Au Sénégal et au Soudan, où 
cest le foundenn des Ouolofs, les Noirs s’en servent pour 
colorer leurs ongles, et aussi pour teindre la queue et la 
crinière des chevaux des chefs. En France, la poudre de 
henné entre dans la composition de diverses mixtures pour 
la coloration des cheveux. 


(H. Jumelle : Les cultures coloniales, fasc. VIIT. Baillière, Paris, 1916.) 
487. Graines de Strephonema sericea. — Lythrariacées. 


Les graines de ce petit arbre sont très riches en tannin. 


488. Écorces de Morinda citrifolia. — Æubiacées. 


Le Morinda citrifolia est un arbre indigène à la fois en 
Asie et en Afrique tropicales, peut-être même aussi dans les 
iles du Pacifique ; et cette large répartition s'expliquerait 
par la conformation des graines, qui, munies d'une sorte de 
chambre à air, peuvent flotter et être transportées au loin 
par les courants marins. En Afrique tropicale, l'espèce est 
surtout commune dans l'Ouest, depuis la Sénégambie jus- 
qu'à l'Angola. Ce sont les racines qui servent principalement 
pour la teinture ; l'écorce donne une couleur rouge et le bois 
une couleur jaune. On a obtenu un pigment cristallisé, ou 
morindine, qui semble un glucoside et a pu être dédoublé 
en morindon et glucose. 


(De Wildeman : Notice sur des plantes utiles ou intéressantes de la 
Flore du Congo, vol. IT, fasc. I. Spineux, Bruxelles, 1906.) 


AFRIQUE OCGIDENTALE FRANÇAISE 87 


XV. — TABACS 


499. Tabac en feuilles du Dahomey. — Solanacées. 
500. Tabac en feuilles de Bamako (Haut-Sénégal-Niger). 


Deux espèces de Micotiana sont surtout cultivées en 
Afrique Occidentale Française : le Nicotiana Tabacum et le 
Nicotiana rustica. La première est celle qu'on rencontre 
dans presque tous les villages de la zone des forêts; et sa 
culture et sa préparation constituent une véritable industrie 
en beaucoup de régions, notamment au Baoulé, en Côte 
d'Ivoire et dans la région du Djougou au Dahomey. La 
seconde espèce est plus particulièrement celle de la zone 
soudanienne ; elle donne lieu à un grand commerce dans le 
Fouta-Djalon et dans la vallée du Moyen-Niger. 


(A. Chevalier : loc, cit.) 


INDEX DES COLLECTIONS BOTANIQUES 


L'AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 


A 


Abaca, 373. 
Abrus precatorius, 199-201. 
Acacia Adansonti, 402-403. 
—. arabica, 402-403 ; 482. 
— Senegal, 401. 
—  Sieberiana, 229-235. 
—  Vereck, 401. 
Acajou à pomme, 174. 
— du Sénégal, 186-190. 
Adansonia digilala, 287-292 ; 
396. 
Aframomum Melequela, 155. 
.  — sp., 156. 
Afzelia africana, 212-213. 
Alligator pepper, 155. 
Ambrette, 179; 386. 
Ampelocissus Lecarditi, 114. 
Anacardium occidentale, 74; 
313-314. 
Ankalaki, 281-284. 
Anona muricala, 94. 
Arachide, 318-319. 
Arbre à encens, 412-418, 


B 


Bakis, 171-173. 

Balanites aegyptiaca, 91; 307- 
308. 

Balsamodendron 
419. 

Bani, 482, 

Baobab, 287-292 ; 369. 

Batio, 250-258. 

Batanjor, 259-260. 

Bauhinia reticulata, 214. 

Beilschmiedia sp., 279-280, 

Ben, 315-316. 

Bené, 321-322. 

Benefing, 323. 

Bentamaré, 204-209. 

Bet-i-djan, 244. 

Beurre de cé, 324-329. 

Beurre de Galam, 324-329. 


africanu m 


Beurre de shea, 324-329. 
Bitter-kola, 180-183. 
Bixa Orellana, 472. 


Blighia sapida, 73. 


90 


Bodo, 220-224. 

Bombax buonopozense, 362. 
Bonduc. 203. 

Borassus Aelhiopum, 375. 
Boscia senegalensis, 184. 
Bourgou, 121. 
Bouriboulou, 250-258. 


Butyrospermum  Parkii, 324- 
329 ; 456. 

GC 
Cacao, 145. 


Cachiman épineux, 94. 
Caesalpinia Bonduc, 203. 
coriaria, 483. 
Café de Libéria, 131-133. 
Café de Magdad, 204-209, 
Café du Rio-Nunez, 134. 
Café sauvage, 204-209. 
Cailcédrat, 186-190. 
Calama, 484-485. 
Calotropis procera, 457. 
Canavalia, 64-66. 
Canavalia ensiformis, 64. 
gladiata, 64. 
obtusifolia, 65. 


Candié, 99. 

Canéficier, 211. 

Cantacoula, 245-246. 

Carapa quineensis, 309-311. 
procera, 309-311. 
Touloucouna, 309-311. 


Cardiospermum  halicababum, 
2 RU 

Carpodinus sp., 455. 

Casse, 111. 


Cassia occidentalis, 204-209. 
fistula, 211. 
Sieberiana, 210-211. 
Gé, 324-399. 


H. JUMELLE 


Ceiba pentandra, 286. 

Celastrus senegalensis, 191. 

Cissus, 114. 

Citrullus vulgaris, 93. 

Cocculus Leaeba, 174-177. 

Cochlospermum linctorium, 471. 

Coffea stenophylla, 134. 

Cola acuminata, 144. 

Ballayi, 144. 

cordifolia, 76-78. 

nilida, 135-144. 

verlicillala, 144. 

Coleus rotundifolius, 5. 

Combretum glutinosum, 484- 
485. 


Combretum micranthum, 237- 


241. 
Commiphora africana, 419. 
Connarus africanus, 192-198. 
Copaifera Guibourtiana, 423. 
Salikounda, 387-390. 
Copal, 423. 
Corossolier, 94. 
Coton, 285 ; 363-368. 
Cyperus sp. 385. 
esculentus, À. 


— 


ms 


D 


Dakhar, 915: 

Daniella thurifera, 412-418. 

Datah, 220-224. 

Dattes amères, 91. 

Dattier, 100. 

Detah, 220-294 . 

Detarium Heudelotianum, 220- 
224. 


Detarium miérocarpum,  295- 
227: 
Delarium senegalense,  220- 


224. 


 * Detarr, 220-224. 

D Diahar, 75. 

- Diakatame, 99. 

Diala, 186-190. 

Dialium nitidum, 107-109. 

Digitaria exilis, 35-37. 

Diospyros mespiliformis, 92. 

Dioscorea alata, 2. 
—  cayennensis, 2. 
— dumetorum, 2. 
— prehensilis, 2. 

Diounk, 250-258. 

Ditah, 220-224. 

Dividivi, 483. 

Djandam, 184. 

Dob, 445-446. 

Dor, 63. 

Dondol, 365-362. 

Dop, 445-446. 

Doula, 76-78. 

Doum, 374. 

Doundaké, 250-258. 

Doundaké (faux), 471. 

Dumori, 330-332. 

Dumoria Heckeli, 330-332. 


E 


Ebénier, 92. 

Eko, 324-329. 

Elaeis quineensis, 275-278. 

Emblic, 303-304. 

Emblica officinalis, 303-304. 

Encens du Dahomey, 420, 

Enlada africana, 372. 

Entada scandens, 236. 

Eriodendron anfracluosum, 
286 ; 362, 

Eriodendron  quineense, 
368. 


286- 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 91 


Erythrophloeum quineense,215 
219, 
Eséré, 202. 


F 


Fafetone, 457, 

Fanto, 64-65. 
Fedegosa, 204-209. 
Fève du Calabar, 202. 
Ficus Vogelu, 445-446. 
Finzan, 73. 

Fonio, 35-37. 
Fromager, 286 ; 361. 
Foundenn, 497. 


Funtumia africana, 458. 


G 


Gaou, 99. 
Garbay hônnon, 91. 
Garcinia Kola, 180-183, 
Giddauchi, 324-329. 
Gingembre, 157, 
Gingembre (petit), 156. 
Ginger-bread-plum, 111. 
Go e koun, 13. 
Goïne, 435-443. 
Gombo, 99. 
—  musqué, 179 ; 386. 
Gomme du Bas-Fleuve, 401. 
—  defiria, 411. 
— de fromager, 408, 
— de Galam, 401. 
— du Haut-Fleuve, 401. 
— de kori, 410. 
— de mbeppe, 407. 
— du Suloum, 409, 
Gommier blanc, 401, 
— rouge, 403. 


SE H. JUMELLE 
Goniaké, 403: 482, 
_ Gossypium, 285 : 363-368. K 
Graine de Paradis, 155, 
Gray-skinned plum, 113. Kanya, 298. 


Guaniala, 99. 

Guélé-iri, 334-333. 
Guizotia abyssinica, 333. 
—  Oleifera, 333. 

Gutta de karité, 456. 


H 


Hammout, 412-418. 

Haricots, 68. 

Haricot des Bambaras, 61-63. 

Henné, 486. 

Herbe puante, 204-209. 

Heudelotia africana, 419. 

Hibiscus  Abelmoschus. 179 ; 
386. 

Hibiscus esculentus, 99. 

Hippocratea Richardiana, 371. 

Huile de niger, 333. 

Hol, 215. 

Houlle, 102-106. 

Hyphaene thebaica, 374. 

Hyptis spicigera, 393. 


I 
Ignames, 1-2 
Ikpan, 93. 
Indigo, 476-481. 
Ireh, 458. 

J 


Jatropha Curcas, 305. 
Jéquirity, 199-201. 
Jujubier, 95-96. 


Kapok, 361-362, 
Karaba, 475. 

Karité, 324-331 ; 456. 
Katou, 121. 
Khaya senegalensis, 186-190. 
Kinkélibah, 237-241. 
Kisadji, 155. 
Koakandi, 185. 
Kocyto, 107-109. 
Kofina, 237-941. 
Kola, 135-144. 

Kola mâle, 180-183. 
Kombé, 102-106. 
Kongosita, 405-407. 
Koundou-hari, 121. 
Kotourni, 370. 


L 


Lamy, 298-302. 

Landolphia Heudelotii, 435-443. 
— owartensis, 444. ; 

Landolphia senegalensis, 447- 

454. 

Laré, 454. 

Latié, 421-499, 

Lawsonia alba, 486. 

Liane réglisse, 199-201. 

Lippia adoensis, 243. 

Lengué, 212-213. 

Lonchocarpus cyanescens, 475. 

— sp., 474. 


Longouty, 261. 


Lophira alata, 293-297. 
—. ,:procera; 9207: 
Lotos, 6. 


Luffa cylindrica, 98. 
Lulu, 324-329. 


M 


Mada, 454. 
Mafoureire, 312. 
Maïs blanc, 10. 

— Cuzco, 11. 

— rouge, 10. 
Makaru, 330-332. 
Makori, 330-332. 
Maloukang, 281-284. 
Mampata, 112-113. 
Mana, 293-297. 
Maniguette, 152-154. 
Mbabu, 330-332. 
_M'hentamaré, 204-209. 
M'heppe, 405-407. 
M'horbor, 243. 
Méléguette, 152-154. 
Méné, 293-297. 
Mengoun, 72. 

Mil (gros), 14-29. 
Mil (petit), 30-31. 
Mil — var. sanio, 32. 

— —  —  souna, 33. 
— —  — tengué, 34. 
Mil pintade, 20. 

Moli-koun, 13. 

Morinda citrifolia, 488. 

Moringa  plerygosperma, 315- 
316. 

: Mucuna flagellipes, 71. 
—  urens, 69-70. 

Musa textlilis, 373. 

Myrobolans emblics, 303-304. 


N 


Nandok, 250-258. 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 93 


Napoleona imperialis, 116. 
Ndiar, 152-154. 
Ndimb, 76-78. 
N'doy, 220-224. 
Neb-neb, 402-403. 
Nebredaï, 315-316. 
Nenuphar, 75. 
Néou, 111. 
Néré, 102-106. 
Néri, 102-106. 
Nété, 102-106. 
Névradaï, 315-316. 
Niabessé, 98. 
Nicoliana Tabacum, 499-500. 
Niger, 333. 
Niohomi, 157, 

—  conkouri, 156. 
Ntaba, 76-78. 
Nyey datah, 224. 
Nymphaea Lotus, 6, 75. 

— stellata, 75. 


O 


OEil de bourrique, 69-70. 
Orobanche lutea, 7. 
Oryza Barthit, 49. 
Oryza saliva, 38-48. 
Ouanigny, 336. 

Oulle, 102-106. 
Oussounifing, 5. 

Owala, 320. 


ee 


Pachyrhizus angulatus, 3. 
Pain d'épice d'Afrique, 106. 
Palmiste, 273-278. 

Panicum stagninum, 121. 
112-113. 
— macrophyllum, 111. 


Parinarium excelsum, 


94 H, 


Parinarium senegalense, 111. 
Parkia africana, 102-106, 

—  biglobosa, 102-106. 
Passiflora foetida, 97. 
Pastèque, 93. 

Penicillaria spicata, 30-34. 


Pennisetum typhoideum, 30-34, 


Pentaclethra macrophylla, 320. 
Pentadesma butyracea, 298-302. 
Phaseolus vulgaris, 68, 
Phoenix reclinata, 100. 
Phyllanthus Emblica, 303-304. 
Physostigma venenosum, 202. 
Pignon d'Inde, 305. 
Piper quineense, 151. 
Platane du Sénégal, 405-407. 
Pois arachides blancs, 62. 
mélangés, 63. 
Pois à gratter, 69-71. 
Pois carré, 67. 
Pois du Sénégal, 184. 
Poivre d’Éthiopie, 152-154. 
— de Guinée, 151. 
— de Kissi, 151. 
— de Sedhiou, 152-154. 
Polygala butyracea, 281-284. 
= multiflora, 281-284. 
Pommier du Cayor, 111, 
Psophocarpus palmettorum, 67. 
Psophocarpus  letragonolobus, 
67. 
Pterocarpus esculentus, 72. 
— sp., 473. 
Pulghère, 305. 


R 


Raphia, 376. 
Rebreb, 242, 
Rehatt, 484-485, 


JUMELLE 


Ricin, 306. 

Ris de veau, 73. 

Riz, 38-49. 

Riz var. Ali-Toma, 43. 

brai, 47. 

Riz du Cavally, 48. 

Riz var. denkétégny, 44. 

kalimodia, 42, 
marara maro, 46. 
méréké, 39, 
Port-Lokko, 40. 

Riz de Richard-Toll, 49. 
i_ var. Sakala. ‘41, 

salifori, 45, 
Robinier à indigo, 473. 

Rocou, 472, 

Rônier, 375. 

Roseau à sucre, 121. 


Rough-skinned-plum, 113. 


S 


Saba, 454. 

Sali kounda, 387-390. 

Salvadora persica, 101, 

Sandandour, 229-235. 

Sangol, 174-177, 

Sangol (faux), 178. 

Sanio, 32. 

Santan, 412-418. 

Sapindus Saponaria, 339. 
— senegalensis, 338. 

Sarcocephalus esculentus, 250- 
259: 

Séguéou, 237-241. 

Sendiègne, 2{0-211, 

Séno, 115. 

Séribéli, 192-198. 

Sésame, 321-329, 

Solanum Duchartrei, 244. 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 95 


Solom, 107-109. 
Sorgho, 14-29. 
var. -basst, 25. 
— — bimbiri-ba, 16. 
— — bodéri, 24. 
> — figné, 23. 
_ — gadiaba, 26. 


— — kamin-keudé, 20. 
— — mengui-fi khé, 19. 


— — mengui foré, 17. 
— — mengui gbéli, 22. 
— — pourdi, 27. 

—— — sanko-ba, 21. 

— — savasouki, 29. 
— — sevil, 28. 


— — sula oulenko, 18. 


Sorghum vulgare, 14-29. 
Souchet, 4. 

Soumari, 386. 

Soump, 91. 

Souna, 33. 

Sterculia tomentosa, 403-407. 
Strephonema sericea, 487. 


Strophanthus hispidus, 247-248. 


— sp., 249. 
Strophantine, 248. 
Strychnos innocua, 245-246. 


T 


Tabac, 499-500. 
Tabacklé, 76-78. 
Taf, 371. 
Tali, 215-219. 
Tama, 298-302 ; 335. 
T'amarindus indica, 215. 
Tamarinier, 215. 
— velouté, 107-109. 


Tayar, 471. 

Tengba, 324-331. 

Téli, 216-219. 

T'erminalia avicennoides, 242. 

T'etrapleura Thonninqu, 228. 

Thé de Gambie, 243. 

Tieghemella Heckeliana, 330- 
392; 

Tinospora Bakis, 171-173. 

Toll, 435-443. 

Tondout],, 261. 

Touloucouna, 309-311, 

T'richilia emetica, 312. 

T'riumfetla rhomboidea, 370. 


V 
Vanille du Cavally, 158. 
Vernonia amygdalina, 261. 
—  nigriliana, 299-260. 
Vin de palme, 122-123. 
Voandzeia sublerranea, 61-63. 


X 
Ximenia sp., 119. 
"4 


Yembé, 459. 
Yllaki, 229-235. 


Z 


Zingiber officinale, 157. 
Zizyphus orthacantha, 95-96. 


ERRATUM 


Dans le Catalogue de Madagascar, à la page 11, n° 64, au 
lieu de « Rhum de Toaka », lire: Ruaum (Toaxa). 


MACON, PROTAT FRÈRES, IMPRIMEURS 


Principaux Mémoires parus antérieurement dans les 
ANNALES DU MUSÉE COLONIAL DE MARSEILLE 


Dr Hecxez : Sur quelques plantes à graines grasses nouvelles ou peu connues 
des colonies francaises, et en particulier de Madagascar. Année 1908. 


L) AVERIE : Contribution à l'étude anatomique et histologique des plantes textiles 
- exotiques. Année 1909. 


. ve Wrcoemax : Notes sur des plantes largement cultivées par les indigènes en 


2‘rique tropicale. Année 1909. 
Louis PLavcuox et Juizrer : Étude sur quelques fécules coloniales. Année 1909. 
D' Hecxez : Les Plantes utiles de Madagascar. Année 1910. 


H. Jumezze et H. PERRIER DE 14 Baruie : Fragménts biologiques de la flore de 
Madagascar. Année 1910. 


_ Guizzaumin : Catalogue des Plantes phanérogames de la Nouvelle-Calédonie et 


dépéndances. Année 1911. 
DuBanp : Les Sapotacées du groupe des Sidéroxylinées. Année 1912. 


>AuDOx : Sur quelques plantes alimentaires indigènes du Congo français. Année 
1912. 


. be Wizoemax : Les Bananiers: culture. exploitation, commerce ; systématique 


du genre Musa. Année 1912. 


H. Jumezze et H, Perrier DE LA Barnie : Palmiers de Madagascar \nnée 1913. 
q 


P. Caoux : Études biologiques sur les Asclépiadacées de Madagascar. \nnée 
1944. 


H. Jumezxx : Le D' Heckel. Année 1915. 


R. Hamer et H. Perrier pe 14 Barure : Contribution à l'étude des Crassulacées 
malgaches. Année 1915. 


À. Fauver : Le Cocotier de Mer. Lodoicea Sechellarum. Année 1915. 


IH. Jumezce : Les Recherches récentes sur les ressources des Colonies francaises 
et étrangères et des autres Pays chauds. Année 1916. 


Il. Jumerre : Catalogue descriptif des Collections botaniques du Musée Colonial 
de Marseille : Madagascar et Réunion. Année 1916. 


MODE DE PUBLICATION ET CONDITIONS DE VENTE 


Les Annales du Musée Colonial de Marseille, fondées en 1893, 


paraissent annuellement en un volume ou en plusieurs fascicules. 


Tous ces volumes, dont le prix est variable suivant leur importance, 
sont en vente chez M. CHaALLAMEL, libraire, 17, rue Jacob, à Paris, à 


qui toutes les demandes de renseignements, au point de vue commer- 
cial, doivent être adressées. 


Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé à M. Henri 
JUMELLE, professeur à la Faculté des Sciences, directeur du Musée 
Colonial, 5, rue Noailles, à Marseille. 


Les auteurs des mémoires insérés dans les Annales ont droit gra- 
tuitement à vingt-cinq exemplaires en tirage à part. Ils peuvent, à 
leurs frais, demander vingt-cinq exemplaires supplémentaires, avec 
litre spécial sur la couverture. | 


Les mémoires ou ouvrages dont un exemplaire sera envoyé au 
Directeur du Musée Colonial seront signalés chaque année en fin 
de volume dans les Annales. : 

Le 1° fascicule de l’année 1916 (Catalogue descriptif des Collet 
Botaniques du Musée Colonial de Marseille : Madagascar et Réunion) 
et le 3° fascicule de la même année (Recherches récentes sur les res- 


sources des Colonies françaises et étrangères el des autres Pays . 


chauds) sont déjà parus. 
Le 2° fascicule (Les bois utiles de la Guyane française, par M. H. 
Stone) sera publié ultérieurement. 


Xe 


Les Annales publieront aussi prochainement des études de … 


M. Pieraerts, conservateur du Musée du Congo Belge, sur des graines 
oléagineuses. : 


MACON, PROTAT FRÈRES, IMPRIMEURS. 


INSTITUT COLONIAL MARSEILLAIS 


ANNALES 


DU 


MUSÉE COLONIAL 


DE MARSEILLE 


FoNDÉES EN 1893 PAR EDOUARD HECKEL 


DIRIGÉES PAR 
M. HENRI : JUMELLE 


Professeur à la Faculté des Sciences 
Directeur du Musée Colonial de Marseille. 


Vingt-cinquième année, 3° série, 5° volume (1917) 
2e FASCICULE 


1° Notes statistiques sur les Plantations étrangères de Caoutchouc dans le 
Moyen-Orient, par M. HENRI JUMELLE. 


20 Contribution à l'Etude chimique des Noix de Sanga-Sanga, ou Ricinodendron 
africanum, par M. PIERAERTS, Conservateur au Musée du Congo Belge. 


3° Les Variétés du Palmier à Huile, par M. HENRI J UMELLE. 


4° Quelques données sur l’état actuel de la Culture cotonnière, par M. HENR1 


JUMELLE. 
— 
MARSEILLE PARIS 
MUSÉE COLONIAL LIBRAIRIE CHALLAMEL 
5, RuE NoaïLLes, 5 17, RuE Jacos, 17 


1917 


Revue Agricole et Vétérinaire 


DE 


Madagascar et Dépendances 


Directeur : G CHRLE 


Sommaire du Numéro d'Août 1917 


Chronique agricole. 


Etudes et Recherches. — Madagascar. — Le prix des Riz. — Stocks de 


Riz et taxation de cette denrée. — Du crédit à Madagascar. 
Contribution à l’'Inventaire des Ressources de notre Colonie. = Bois de 
caisses. 


PARAIT TOUS LES MOIS 


Abonnement pour la France et les Colonies françaises : 10 francs. 


Imprimerie-Librairie LAVIGNE 
RuE AMIRAL-PrERRE, à TANANARIVE (Madagascar) 


ANNALES 


DU 


MUSÉE COLONIAL DE MARSEILLE 


(ANNÉE 1917) 


ORLÉANS, IMPRIMERIE , H..-TESSIER, 


INSTITUT COLONIAL MARSEILLAIS 


ANNALES 


DU 


MUSÉE COLONIAL 


DE MARSEILLE 


FONDÉES EN 1893 PAR EDOUARD HECKEL 


DIRIGÉES PAR 


Ë M. HENr: JUMELLE 


Professeur à la Faculté des Sciences 
Directeur du Musée Colonial de Marseille. 


Moyen-Orient, par M. HENRI JUMELLE. 


“2 Contribution à l'Etude chimique des Noix de Sanga-Sanga,ou Aicinodendron 
ÿ africanum, par M. PIERAERTS, Conservateur au Musée du Congo Belge. 


_ 30 Les Variétés du Palmier à Huile, par M. HENRI JUMELLE. 


- 4 Quelques données sur l'état actuel de la Culture cotonnière, par M. HENRI 


; 

Vin t-cinquième année, 3° série, 5° volume (1917) = 

+ 2e FASCICULE ei 
x Notes statistiques sur les Plantations étrangères de Caoutchouc dans le 

1 


JUMELLE. 
MARSEILLE PARIS 
MUSÉE COLONIAL LIBRAIRIE CHALLAMEL 
0, RUE NOAILLES, 5 17, Rue Jacos, 17 


1917 


Notes statistiques 
sur les Plantations étrangères de Caoutchouc 


dans le Moyen-Orient 


Il est convenu aujourd’hui d'appeler « Moyen-Orient » 
(le « Middle East » des Anglais) toute la région sud-asiatique 
et malaise qui comprend l’Inde, Ceylan, la Péninsule malaise, 
la Péninsule indochinoise et l’Insulinde. 

L”’ « Extrême-Orient » correspond à la Chine et au Japon. 

Or, c’est précisément dans le Moyen-Orient que s’est déve- 
loppée depuis moins de vingt ans, et avec une prodigieuse 
rapidité, la culture de l’hévéa brésilien (1). 

L'apparition du caoutchouc de plantation sur les marchés 
européens et américains ne date- que du commencement de 
ce siècle ; c’est donc en une quinzaine d’années que les plan- 
tations de caoutchoutiers ont pris une extension telle que 
non seulement, en ce court temps, les récoltes totales annuelles 
ont quadruplé, mais encore sont de plus en plus constituées par 
les sortes cultivées, devant lesquelles les caoutchoucs sauvages 
perdent chaque jour de leur importance. 

On en jugera par le tableau suivant, où la production est 
indiquée en tonnes, 


(1) En dehors du Moyen-Orient, on ne peut citer en Asie, comme plan 
tations de caoutchoutiers, que celles de lîle chinoise de Haïnan, où 
l’hévéa a été introduit en 1910 par deux Sociétés locales, 15.000 arbres 
environ auraient été plantés, et 1.800 kilogrammes environ de caoul 
chouc ont été envoyés à Singapore dans le second semestre de 1915. 

Le produit était bon, mais mal préparé. 


2 LES PLANTATIONS ÉTRANGÈRES DE CAOUTCHOUC 


RATES CAOMLCDANEERANTAREE Autres caoutchoues | CAOU TCHOUCS | TOTAUS 
du Brésil sauvages de plantation 


| 

| 
TOON PE ALEE 26.800 27.000 4 53.804 
1902: 25m 29,000 23.500 $ 8 52.508 | 
190 EURE 30.000 32.000 43 62.043 
1906 48 36.000 29,000 510 65.510 | 
TOUTE Er SERA 38.000 30.000 1.000 69.000 | 
1O0S TES 39.000 24.500 1.800 65.300 
JOUE RE 42,000 24.000 3.600 69.600 
LOTO RESERE 40.800 21.000 8.200 70.000 
1 D RSR Es 37.500 22.500 14.500 |. 74.500 
TITRE EEE A 42.400 27.000 28.600 98.000 
ROBES MUR 39.500 21.400 47.700 108.600 
PO Ron 37.000 18.000 71.500 | 120.500 
NOT IS ANSE 37.500 9.000 113.400 159.900 
LOGE LEE 2 36.500 10.000 155.500 202.000 (1) 


Ainsi, en 1900, la proportion du caoutchouc de plantation 
dans la récolte mondiale était de 0,007 p. 100, et en 1916 elle 
était de 73 p. 100. 

On voit, en même temps, que la production des caoutchoucs 
de cueillette brésiliens se maintient à peu près constante, 
sans tendance sensible à une élévation, et que la production 
des autres caoutchoucs sauvages d'Amérique, d’A&ie, d'Océa- 
nie ou d'Afrique s’est abaissée au tiers environ de ce qu’elle 
était il y a quinze ans. C’est donc bien le -« Para de planta- 
tion » qui devient de plus en plus le maître du marché. 

En Asie et Malaisie, les plantations d’hévéas couvrent 
aujourd'hui approximativement 620.000 hectares ainsirépartis: 


Péninsulemmataisennt si A EE Re 268.000 hectares 
Indes Néérlandaisés "1. LL E 207-0000 
CENT SR ET ir At pe 106.000  — 
Bornéo. Britannique x. 71.144020 12.000  — 
indé et Bifitame eme Le er 16.000 — 
Cochimenimes rss eee er Re 17.000 — 


(1) Est-il besoin de faire remarquer que tous les chiffres que nous 
Hons citer dans ce travail ne peuvent jamais être considérés que comme 
approximatifs ? Il y a toujours quelques écarts entre les nombres que 
donnent les diverses revues scientifiques ou commerciales. Nous avons 
adopté ceux qui, d’après les sources auxquelles nous les avons empruntés 


DANS LE MOYEN-ORIENT 3 


f 


En ces quatre dernières années, 1l a été exporté en tonnes: 


1913 1914 1915 1916 
De la Péninsule malaise. 36.200 49.700 72.800 102.000 
De Ceylan et Inde ..... 11.830 14.800 20.600 23.500 
Des Indes Néerlandaises. » » 20.100 30.000 


De 1908 à 1912, les capitaux chaque année placés dans ces 
plantations, ont été, en livres sterling : 


EE AC Ra LR EP PR SE NNERC EE 2.010.000 
STE DRE En ARR TT CS ER ne er et RE ES PA Er 12.008.000 
GR TN PE er à ne Se ARS SR EE SRE A 38.841.500 
TE 4 POELE ET EU FE 6.619.000 
LA PAPE ÉTIENNE D NE ET RS 2.242.000 


Soit un total de 61.721.000 livres sterling, c’est-à-dire 
4 milliard 543.025 francs. 

En 1916, on évaluait que ce total s'élevait à 100 millions 
de livres, c’est-à-dire 2 milliards et demi. 

Laissant de côté momentanément notre colonie de la 
Cochinchine, sur laquelle nous reviendrons spécialement plus 
tard avec plus de détails, voyons ce que sont actuellement, 
dans les autres contrées du Moyen-Orient, l’état et les con- 
ditions de culture de ces caoutchoutiers. 


PÉNINSULE MALAISE 


La Péninsule malaise comprend : 

19 Les Straits Settlements, ou Etablissement des Détroits, qui, 
le long du détroit de Malacca, forment une colonie relevant 
directement de la Couronne ; 

20 Quatre Etats Fédérés Malais, qui sont des Protectorats 
occupant une grande partie de la péninsule, sur une surface 
de 73.500 kilomètres carrés environ : 

39 Quatre Etats Protégés. 


ou après comparaison entre toutes les statistiques, nous ont semblé se 
rapprocher le plus de la réalité. Aïnsi le total que nous donnons pour 
1916 est un peu supérieur à celui que donnent les revues annuelles des 
courtiers anglais, mais les récoltes indiquées par ces revues pour les 
Indes Néerlandaises nous paraissent beaucoup trop faibles. 


A LES PLANTATIONS ÉTRANGÈRES DE CAOUTCHOUC 


Les Straits Settlements comprennent : 

L'ile de Singapore (525 kmdq.) ; 

L'ile de Penang (272 kmq.) : 

La Province de Wellesley (688 kmq.), qui fait partie de 
l'Etablissement anglais de Penang ; 

Les Dindings, composés de l’île de Pangkor et de la partie 
de la côte voisine ; 

Malacea. 

Les Etats Fédérés Malais, d’un peu moins d’un mil n 
d'habitants (Malais, Chinois, Indiens, Européens et Améri- 
cains), comprennent : 

Dans l'Est : Pahang (36.465 kmq.) : 

Dans l'Ouest : Perak (22.185 kmdq.) ; 

Selangor (8.160 kmdq.) : 

Negri-Sembilan (6.630 kmq.). 

Les Etats Protégés sont : 

Au Sud : Le Sultanat de Johore (23.000 kmq.), de 200.000 ha- 
bitants environ, surtout Chinois. 

Dans l’Est:: Kelantan (12.750 kmdq.), de 300.000 habitants, 
transféré, ainsi que les Etats suivants, du Siam à l’Angleterre 
en 1910 ; | 

Trengganu (15.300 kmq.), de 50.000 habitants ; 

Dans l'Ouest : Kédah (7.650 kmq.), de 200.000 habitants. 

C'est dès 1877 que les premiers hévéas furent apportés de 
Kew aux Jardins botaniques de Singapore et de Pérak ; 
quelques-uns de ces plants commencèrent à rapporter en 1881 
et se propagèrent si bien qu'en 1898 le seul Jardin Botanique 
de Singapore possédait près d’un millier de grands arbres. 
Mais, en dehors de ces essais officiels, c’est en 1897 seulement 
qu'un colon, M. W. Bailey, plantait environ 80 hectares dans 
l'Etat de Selangor, et c’est donc à cette date que commencent 
les vraies entreprises culturales de caoutchouc dans la 
péninsule. Depuis lors, en même temps que la culture se 
développait, les conditions économiques de la péninsule se 
sont progressivement et rapidement améliorées. Les anciennes 
forêts se sont transformées en plantations de caoutchoutiers, 
les voies ferrées de la partie occidentale, où se trouvent presque 


DANS LE MOYEN-ORIENT 5 


toutes ces plantations, se sont étendues (1), et la population, 
grâce à l’arrivée de milliers de coolies, tamils, chinois et 
Javanais, a considérablement augmenté. 

En 1910, la surface couverte par les hévéas était de 158.878 
hectares, dont : 


Dans les Etats Fédérés Malais ........ 98.310 hectares 
— Straits Settlements .. .. :...: DOME 
1 1Etats Protégés.- 271. Ma. 22.600 — 


Les 98.310 hectares des Etats Fédérés étaient composés de : 


Selangor (190 plantations) ........... 45.230 hectares 
Perak plantations): tn". 33.990 — 
Negri Sembilan (78 plantations) ...... 17.940  — 
Pahang (12 plantations).............. 4:560:: - — 


Les 37.968 hectares des Straits Settlements correspondaient 
à 109 plantations, dont : 


RAD EE TC AR NT UIRE Es D valu diere 5.600 hectares 
ACER PA LR AUS RER ER ANSE 22.000 — 
RES URSS SEM RP NAT PER E MAR EE 1.200 — 
ARE IERLONR ANS SAS ler ère 9.168 — 


Enfin, les 22.600 hectares des Etats Protégés se composaient 
de : 


Johore (44 plantations) .............. 17.400 hectares 
Kelantan et Kedah (4% plantations) ... 5.200  — 


(1) La grande voie ferrée dès maintenant en exploitation parcourt du 
Nord au Sud presque toute la partie occidentale de la péninsule, puisque, 
plus ou moins parallèlement à la côte, elle va d’Alor Star à Singapore. 
D’Alor Star une ligne est en projet vers Bangkok. La voie actuelle tra- 
verse donc l'Etat de Kedah, la province de Wellesley, les Etats de Perak, 
de Selangor, de Negri Sembilan, de Johore et l’île de Singapore. De petits 
tronçons aboutissent à Penang, à Port-Weld, à Teluk Anson, à Klang 
et Port Swettenham, à Port-Dickson, à Malacca Town. Vers l’intérieur, 
un embranchement mène de Gemas à Kuala-Lipis, dans l'Etat de 
Pahang. Cette voie sera continuée, à travers Kelantan, jusqu'à River- 
side, où elle rejoindra la petite ligne actuelle de Riverside à Tampat, sur 
la côte Ouest. Un peu avant Tampat, à Pasir Mas, une ligne sera cons- 
truite dans la direction de Bangkok. 


6 LES PLANTATIONS ÉTRANGÈRES DE CAOUTCHOUC 


En 1912, la surface totale s'élevait à 248.640 hectares, et 
les ouvriers employés à l’exploitation étaient au nombre de 
255.912, dont 145.848 Tamils, 63.210 Chinois, 23.580 Javanais, 
19.425 Malais, 5.848 travailleurs d’autres races. 

En 1915, sur une surface approximative de 200.000 hec- 
tares de caoutchoutiers pour les seuls Etats Fédérés, on 
comptait dans l'Etat de Selangor 102.130 hectares, et dans 
l'Etat de Perak (dont les exportations étaient de 16.663 tonnes 
de caoutchouc brut) 66.400 hectares, dont une très faible 
partie seulement avec cultures intercalaires. 

Comme exportation totale de la Péninsule malaise en 
caoutchouc brut pour 1915, nous avons imdiqué plus haut 
72.800 tonnes (d’après la feuille annuelle de MM. Figgis et C9 
de Londres). Le Times de décembre 1916 admet 79.415 tonnes. 

Dans les Etats Fédérés, le caoutchouc représente aujour- 
d’hui (1) plus de 40 p. 100 de toutes les exportations. De 
1890 à 1915. le commerce extérieur de ces Etats s’est élevé 
de 5.714.187 livres sterling à 26.106.773 livres, et cette énorme 
augmentation est bien due essentiellement au caoutchoue, 
car l'importance des deux autres principaux articles d’expor- 
tation, l’étain et le coprah, a peu varié ou tendrait même 
plutôt à diminuer (2). Telle est l'influence qu’a exercée sur la 
prospérité du pays l'introduction de l’hévéa (3). 

Parmi les Compagnies établies dans la Péninsule, et qui 
sont particulièrement nombreuses dans les Etats de Selangor 
et de Perak, quelques-unes portent des noms aujourd’hui 
bien connus, 

La «Pataling Rubber » a été fondée en 1905 dansle Selangor. 


(1) D’après des renseignements récents, la valeur des exportations de 
ces Etats aurait été de 468.300.000 francs pour 1915. Dans les Etats 
Protégés, d’autre part, la valeur des exportations aurait été, toujours 
pour le seul caoutchouc, de 113 millions de francs, dont 90 millions 
pour le Sultanat de Johore et 17 millions pour Kedah. 

(2) Les exportations d’étain représentent cependant toujours une 
valeur d’environ 200 millions de francs. 

(3) Ajoutons encore que le port de Singapore a exporté pendant les 
sept premiers mois de 1914, 1915 et 1916, respectivement 16.821, 22.877 
et 52.414 tonnes. 


DANS LE MOYEN-ORIENT 7 


La « Vallambrosa », dans le même Etat, district de Klang, 
date de 1904. Cette Société eut l’avantage d'acheter des ter- 
rains à un prix très bas, ce qui lui permit de distribuer des 
dividendes particulièrement élevés. 

L’ « Anglo-Malay », constituée en octobre 1905, au capital 
de 150.000 livres sterling, a établi aussi des propriétés dans 
le Selangor. 

La « Highlands and Lowlands Para Rubber », toujours dans 
le même Etat, a été créée en juillet 1906, au capital de 
310.000 livres sterling. 

Dans le Selangor encore se trouvent les plantations de 
« Selangor Rubber », de « The Glenshiel Rubber », ete. En 
1916, la « Glenshiel Rubber » possèdait 907 hectares, dont 
537 plantés et 490 en rapport : la production était estimée à 
163 tonnes. 

Dans l’Etat de Perak, d'importantes Compagnies avaient 
en 1916 la même situation prospère. On estimait pour 1916 
la production à : 

1.065 tonnes pour la « Straits Rubber », 906 tonnes pour 
les « Penang Rubber Estates » (qui ont également des plan- 
tations à Wellesley, dans les Straits), 317 tonnes pour les 
« Rubana Rubber Estates », 407 tonnes pour les « Tali Aver 
Rubber Estates », 158 tonnes pour la « Bagan Serai », 
154 tonnes pour la « Batak Rabit Rubber », 145 tonnes 
pour la « Kurau Rubber », 28 tonnes pour la « Merchiston 
Rubber ». 

Les surfaces totales de ces plantations étaient de : 

4.361 hectares pour la « Straits Rubber », avec 3.190 hec- 
tares en culture : 

1.960 hectares pour la «Rubana Rubber », avec 1.200 hectares 
en culture ; 

1.900 hectares pour la « Tali Ayer Rubber », avec 1.520 hec- 
tares en culture. 

555 hectares pour la « Bagan Serai », avec 468 hectares en 
culture : 

714 hectares pour la « Batak Rabit », avec 500 hectares en 
culture ; 


8 LES PLANTATIONS : ÉTRANGÈRES DE CAOUTCHOUC 


900 hectares pour la «Glenshiel Rubber », avec 537 hectares 
en culture ; 

410 hectares pour la « Kurau Rubber », avec 369 hectares 
en culture ; 

488 hectares pour la « Merchiston », avec 336 hectares en 
culture. 

Dans le Sud du Sultanat de Johore, la « Mount Austin 
Rubber », qui distribuait en 1915 un dividende de 34 p. 100, 
a 4.280 hectares entièrement plantés, et, après avoir exporté, 
en 1915, 460 tonnes, en espérait pour 1916 plus de 600. Le 
maximum prévu pour l'avenir est de 2.215 tonnes. 

On peut citer, comme dividendes pour 100, pour certaines 
de ces Sociétés, de 1909 à 1912 : 


ANNÉE Capital autorisé 1909 | 1910 1911 
de fondatien en francs 


Selangor 1899 ).00( 31981278 
Pataling 1903 . 325 [250 
Bukit Rajah 1903 11.750.000! 150 1150 
Vallambrosa 1904 1. : 175 |130 
Bat Cavess reset 1904 :50.0( 150 1140 
Anglo-Malay .000! 50 | 75 
Linggi 2. .O0C 237,9 
Cire Rubbers 2-2 s 39 |200 
Kuala Selangor 30 
Higlands and Lowlands.| 1906 17.750. 50 
Damansara )6 12. : Re 
Perak Rubber H20° 30 
Seafield Rubber HAL 12E | 40 
Glenshiel Rubber 15 


Ainsi, au total, en ces quatre années, la « Selangor Rubber » 
a donné, comme dividende, 1.187 p. 100 ; la « Pataling », 975; 
la « Linggi », 740 ; et la « Vallambrosa », 655. 

En 1915, les dividendes ont été de : 


Pourila cPataling: 0er ES RATE eee 225705 
= NUCSCANEOT DE RE PNR ERNEST 162 526% 
— CS PLANS BEN ee ne LU EN A ee 14065 
— CNVATIAMDPOSA DER 0e 2 PR are 100 0 


En cette année 1915, rares ont été les Compagnies qui ont 


DANS LE MOYEN-ORIENT Or 


distribué des dividendes de moins de 10 p. 100 ; certaines 
Sociétés ont donné 160 p. 100 et davantage, et 100 p. 100 n’a 
pas été une exception. 

D'ailleurs, la consommation et la production augmentant, 
le coût de production diminue progressivement. Telle plan- 
tation où le prix de revient du kilogramme était encore de 
4 fr. 90 en 1913 l’obtenait, en 1915, à 3 francs. D’après les 
rapports des Compagnies malaises pour cette année 1915, le 
coût moyen du kilogramme f. 0. b. était de 2 fr. 75, se répar- 
tissant approximativement en : 


HécolEeret HAnUtAG ETES LE eme 1 fr. 30 
Charges générales d'administration ........... 0 fr. 60 
DÉTECTE O M EEE EE de nur Cereal r10 Na cie O fr. 40 
EANÉRS ES Un MR ne PS ANT AE de MAS à OFF 45 


Le prix de revient du caoutchouc amazonien étant de 
7 francs environ, tout l’avantage est donc dès maintenant, et 
largement, aux sortes de plantation, pour lesquelles le prix 
de vente de 9 fr. 50 à 10 francs est très rémunérateur, alors 
qu'il l’est peu pour le « Para » de cueillette brésilien. 

Actuellement, dans les Straits, la valeur d’un hévéa, aux 
différents âges, est la suivante en francs (1) : 


Age Incisé Non incisé Arbres par hectare 
3 mois 1 fr. 40 F2 
6 — 1 fr. 70 575 
9 — Fa$r 319 
1 an DiIT:.25 319 
2 ans Sfr:-79 379 
3 — tr 25 EP: 69 375 
4 — 6 fr. 60 TETT< 55 370 
9 — 13 fr. 60 379 
" 5 — 13 fr. 60 312 
6 — 47 fr: 35 279 
7 — ALrÉT.: 29 250 
8 — 24 fr. 85 225 
9 — 30 fr. 10 200 
10: — SRIr 89 200 


(1) Nous convertissons en francs les chiffres indiqués en dollars par 
lIndia Rubber World, et en admettant qu’il s’agit du dollar américain 
(5 francs), et non du dollar de Singapore, qui vaut seulement 3 francs. 


40 - LES PLANTATIONS ÉTRANGÈRES DE CAOUTCHOUC 


Vers la fin de 1908, le capital autorisé était, pour 68 Com- 
pagnies, de 1.300 francs par hectare environ ; en 1910, il était 
de 1.960 francs. Dans les bonnes plantations en plein rapport, 
le rendement est de 450 à 510 kilogrammes par hectare. En 
1915, la propriété « Sealield » récoltait même une moyenne 
de 773 kilogrammes à l’hectare, sur une surface de 50 hectares 
plantés en 1904 et dont les arbres étaient, par conséquent, 
âgés de 10 à 11 ans. Pour l’ensemble de la plantation, le ren- 
dement moyen était de 496 kilogrammes. En 1911, le prix de 
revient de la plantation jusqu’à la première récolte était 
évalué à 1.050 francs l'hectare pour une plantation de 1.500 
hectares. 

Les hévéas ont donc bien réellement trouvé en Péninsule 
malaise une de leurs grandes contrées de prédilection. Le sol 
latéritique n’est certes pas toujours de premier ordre : riche 
en fer, il est pauvre en potasse et en chaux. Mais le grand 
avantage du pays semble (1) son humidité constante à une tem- 
pérature modérément élevée ; les pluies sont peut-être moins 
abondantes qu’en certaines autres parties du globe, mais elles 
sont continues. Et ces conditions ne favorisent pas seulement 
la croissance des arbres, qui peuvent quelquefois atteindre 
plus de 30 mètres à 14 ans, et, en tout cas, au bout de 
trois ans peuvent déjà donner une petite récolte, mais, en 
outre, permettent l'exploitation pendant toute l’année. Une 
période de sécheresse arrêterait l'écoulement du latex ; de 
trop fortes pluies rendraient l’incision difficile, ou même im- 
possible. 

L'habileté des travailleurs tamils, chinois et javanais oc- 
cupés au travail des saignées est un des autres facteurs de 
succes. 

Et c’est grâce à toutes ces influences réunies que la Pénin- 
sule, qui n’exportait pas encore de caoutchouc il y à vingt 
ans, en produisait, en 1916, 102.000 tonnes. 


(1) À noter cependant qu’une petite saison sèche n’est peut-être pas 
aussi défavorable à l’hévéa qu’on a souvent tendance à le croire. 


DANS LE MOYEN-ORIENT { & 
CEYLAN 


Tout comme la Péninsule malaise, les premiers hévéas ap- 
portés à Ceylan le furent par les soms du Jardin de Kew, et 
ils furent plantés en 1876, au Jardin d'Henaratgoda. Vers 
1887, quelque dix ans plus tard, les planteurs de la basse 
région du Sud-Ouest commencèrent à mettre quelques arbres 
autour de leurs champs de thé ou le long des routes, et en 
1890 il y avait 80 à 120 hectares de caoutchoutiers, qui, d’ail- 
leurs, étaient en grande partie des Castilloa et des Manthot. 
Mais, vers 1898, les prix du thé ayant baissé, les propriétaires 
furent amenés à songer à de nouvelles cultures, et ce fut alors 
que leur attention se porta sérieusement sur les hévéas. 
Ceux-ci furent d’abord cultivés en mélange avec les arbres à 
thé, puis les théiers furent supprimés et les caoutchoutiers 
restèrent seuls. L’hévéa a aussi, dans d’autres plantations, 
remplacé le cacaoyer. Enfin, il y a eu des plantations directes 
d'hévéas. 

De 1898 à 1906, 20.000 hectares environ furent plantés, 
puis de 1906 à 1916, 76.000 ; et nous avons admis plus haut, 
. pour 1916, 100.000 hectares environ. 

Les exportations de 1916 ont été de 23.500 tonnes. 

Les plantations, dans le Sud-Ouest de Ceylan comme en 
Péninsule malaise, sont établies sur des sols latéritiques, for- 
més d’une argile sablonneuse rouge et rougeâtre. Les arbres 
peuvent à la rigueur pousser jusqu’à 800 mètres, mais c'est 
entre le niveau de la mer et 300 mètres qu'on obtient Îles 
résultats les meilleurs et les plus sûrs. Il y à d’ailleurs à tenir 
grand compte, en plus de l'altitude, de la plus où moins grande 
exposition au vent. 

Les districts septentrionaux de l'ile, trop secs, ne conviennent 
pas au caoutchoutier, même avec irrigation. 

En 1908, le capital autorisé pour 71 Compagnies de Ceylan 
et de l'Inde était de 2.312 francs par hectare : en 1910, ce 
capital était de 4.355 francs. 


43 LES PLANTATIONS ÉTRANGÈRES DE CAOUTCHOUC 


De 1910 à 1912, quelques-unes des Sociétés de Ceylan ont 
distribué les dividendes suivants, pour 100 : 


ANNÉE : 6 
de fondation 1910 1911 1912 


| Ceylon Tea Plantations 1886: L°" 40 50 
| Eastern Produce and Estates 1888 20 22518022 
. Bandarapola Ceylon 1892 2 30 45 

Yatiyantota Tea 1896 25 20 
| Mahawale Rubber and Tea 1897 JE 25 25 


Pantiya Tea and Rubber .. .... 1900 30 39 
General Ceylon Rubber and Estates 1904 2€ £ RP 
| Ceylon Rubber 190% 22,5 
| Panawatte Tea and Rubber 1905 2e 25 32,9 
Pelmadulla Rubber 1905 22 30 
| Rosehaugh Tea and Rubber 1907 2 36 
| Saint-George Rubber. 1908 22° : 40 
Dickella Rubber 1909 30 


En 1911, d’après M. Wright, les frais d'exploitation d’un 
hectare, jusqu'à la sixième année, variaient de 1.000 à 
1.500 francs. | 

Les travailleurs sont des Cinghalais, qui sont les meilleurs 
ouvriers, et les Tamils venus de la côte de Coromandel. De 
bons saigneurs parviennent à gagner 20 roupies (de 1 fr. 65 
environ) par mois. Les surveillants européens gagnent men- 
suellement de 250 à 300 roupies dans les petites plantations, 
500 roupies, plus 2 p. 100 de commission, dans les plantations 
moyennes, qui sont d'environ 250 hectares, et de 600 à 
1.000 roupies, plus le pourcentage, dans les plus grandes, qui 
sont de 400 à 800 hectares. Les employés venus comme crepers 
gagnent souvent 150 roupies la première année, 200 la seconde 
et 250 la troisième ; il est exceptionnel que leur paie mensuel'e 
s'élève à 400 roupies. 

La crêpe est la forme de caoutchouc la plus souvent pré- 
parée ; on prépare cependant aussi des feuilles fumées et des 
biscuits. 

La Grande-Bretagne et les Etats-Unis sont les plus gros 
acheteurs. En 1914, 62,9 p. 100 de la récolte ont été livrés à 


DANS LE MOYEN-ORIENT 13 


la Grande-Bretagne et 23,19 à l'Amérique du Nord; plus 
récemment, toutefois, les envois vers les Etats-Unis ont aug- 
menté (39,72 p. 100), pendant que diminuaient (55,12) les 
expéditions à destination de l'Angleterre. 


BIRMANIE ET SUD DE L'INDE 


Dès 1900, quelques hévéas étaient plantés dans l’île de 
Mergui (un peu au nord de Tenasserim), en Birmanie (1). Les 
progrès de la culture des caoutchoutiers dans cette partie tout 
à fait méridionale de la possession anglaise de l’est du golfe 
du Bengale ont néanmoins été lents, et la surface plantée 
actuellement ne dépasse guère 12.000 hectares. Mais l’atten- 
tion semble se tourner vers certaines autres parties de la 
Birmanie méridionale où l’hévéa peut réussir ; etonentrevoit 
d'ici à quelques années une sérieuse augmentation dans le 
nombre et la surface des plantations. De 140 tonnes en 1911- 
1912, la production est passée à 580 tonnes en 1915-1916. 

Sur les cultures du Sud de l’Inde, nous ne possédons per- 
sonnellement que d'assez vagues renseignements. Nous rele- 
vons seulement dans l’/Zndia Rubber World d'août 1916 les 
noms de deux Sociétés. 

L'une, la « Pudukab Rubber », devait payer en 1915 un 
dividende de 10 p. 100. La récolte de cette année était de 
95.000 kilogrammes, provenant de 260 hectares, le rendement 
ayant été par arbre de 1 liv. 56, contre 0 liv. 84 en 1914. 


(1) La Birmanie Anglaise a une superficie de 615.000 kilometres 
carrés environ, avec seulement une population de 20 habitants par 
kilomètre (alors que, par exemple, dans l'Inde, dans le Gouvernement 
d’Allahabad, il y en a 167). Le pourcentage des forêts (riches en bois 
de teck) et des terres incultes, pour la surface totale, est de 62,9 p. 100, 
alors qu’elle est de 22,7 pour l’ensemble de l'Inde Britannique. Le grand 
produit de culture pour l'exportation est le riz, dont ilest sorti t million 
220.000 tonnes en 1915-1916. Parmi les produits minéraux, la Birmanie 
a exporté 3.806 tonnes de wolfram en 1916 et 282.250,000 gallons de 
pétrole en 1915. 


14 LES PLANTATIONS ÉTRANGÈRES DE CAOUTCHOUC 


L'autre Compagnie, la « Kilana Rubber », qui doit bientôt 
payer son premier dividende, a obtenu, sur des arbres de 
6 ans et moins, 10.190 kilogrammes. 


INDES NÉERLANDAISES 


Les Indes Néerlandaises ont exporté, en 1915, 20.100 tonnes 
de caoutchouc ; et l'exportation de 1916 a dû être approxima- 
tivement de 30.000 tonnes (15.121 tonnes pendant les six 
premiers mois). 

Ces chiffres s’élèveront rapidement dans l’avenir, les Indes 
Néerlandaises ayant entrepris beaucoup plus tard que les 
colonies anglaises de l'Asie méridionale les plantations d’hé- 
véas. Pendant longtemps, la colonie hollandaise a persisté 
dans la culture du Ficus elastica, et c’est depuis cinq ou 
six ans seulement, vers 1911 et 1912, que l’ancien caout- 
choutier indigène a été définitivement délaissé pour l’espèce 
amazonienne. 

Au 1er janvier 1913, il y avait à Java 332 plantations qui 
couvraient (en admettant que 1 bouw égale 71 ares), 88.322 hec- 
tares, dont : 22.933 hectares d’hévéas seuls : 52.655 hectares 
d’hévéas mélangés : 5.281 hectares de Ficus seuls ; 1.443 hec- 
tares de Ficus mélangés : 66 hectares de Castilloa seuls ; 
2.174 hectares de Castilloa mélangés ; 1.858 hectares de 
Manihot seuls : 1.908 hectares de Manihot mélangés. 

Dans les autres îles hollandaises, il y avait 91.082 hectares, 
dont : 67.890 hectares d’hévéas seuls ; 21.902 hectares d’hévéas 
mélangés ; 1.166 hectares de Ficus seuls ; 7 hectares de Ficus 
mélangés : 112 hectares de Manihot seuls: 4 hectares de 
Manihot mélangés. 

Donc les Ficus, les Castilloa et les Manihot disparaissent 
rapidement, remplacés par les hévéas. 

Au commencement de 1913, le capital nominal des plan- 
tations des Indes Néerlandaises était de 278.719.900 florins, 
soit 585.379.790 francs, dont environ : 


DANS LE MOYEN-ORIENT 15 


"A: Java : 


Papi ane. 2 186.908.400 fr. 
A HOLAAAAISETE CET. on. 37.281.300 fr. 
He DelES EL ITANEAls ss... . 13.470.000 fr. 
ROMANS: Re... . 2.730.000 fr. 


:A'Sumatra : 


CADAUS ARMES DE... 150.612.840 fr. 
D MANS ELA. Rte ne «à 98.273.700 fr. 
-Délgesietirançais. 1... 17.598.000 fr. 
PLATE AR A D ro eis re à 630.000 fr. 


ERA SUICIDE RS re MTS LS ep ee Fe 882.000 fr. 


À Bornéo : 


Capitaux anglais...... PO M dune de 29.146.320 fr. 
rss DO AUAAIS SRE 2. 4.200.000 fr. 
A Riow : 
Cp anse er TUE ER res ; AT SU ÉT 
ac rDelseS eLIPANGRIS =. |... 2.100.000 fr. 
Re Ro CET PRE DOS 2 2.100.000 fr. 


Les capitaux anglais, qui, pour l’ensemble des plantations 
du Moyen-Orient, représentent les neuf dixièmes environ des 
deux milliards et demi placés dans cette culture, sont donc. 
même pour les Indes Néerlandaises, les plus importants, puis- 
que les capitaux nominaux sont respectivement de : 


ROUTE MITUE EP SNER MP EPE Et PONT 376.046.790 fr. 
— 15 HA 600 2 1 Co CE PMR POS TRES 139.755.000 fr. 
— , belges.et.français. 5... 63.168.000 fr. 
— CANIN: CARS ON OU PF ER 3.360.000 fr. 
— CHENE AE Se EE een ne 882.000 fr. 
— AIÉTICAIME I HR AR TESTER. 5, 2.100.000 fr. 


Avant 1908, le capital autorisé pour les Compagnies des 
Indes Néerlandaises était de 592 francs par hectare ; en 1910, 
il était de 885 francs. 


Java. — Les premiers hévéas envoyés à Java vers 1876 
ne réussirent pas, mais d’autres pieds venus de Perak en 1882 
furent plantés dans de meilleures conditions, et c'est là, en 
partie, l’origine des arbres actuels. Après 1907 seulement, les 
planteurs hollandais semblèrent commencer à comprendre la 


16 LES PLANTATIONS ÉTRANGÈRES DE CAOUTCHOUC 


valeur de l’espèce amazonienne, et encore n'est-ce qu'après 
1910 que les plantations ont été faites de façon courante, en 
même temps que, comme nous l’avons déjà dit, on se dé- 
tournait peu à peu du Ficus elastica. | 

Les plantations d'hévéas s'étendent, dans l’île, de l'Ouest à 
l'Est, mais sont beaucoup plus nombreuses sur la côte Sud que 
dans le Nord, parce que la pluviosité y est plus forte et plus 
régulière. 

Les principaux districts caoutchoutiers sont ceux de Bui- 
tenzorg et de Krawang dans la province de Batavia, Rang- 
kasbidoeng et Menes dans le Bantam, Tjandjoer, jusqu’à 
Bandoeng et Bangar, dans le Préanger, Langen, Tjipari et 
Kiliminger dans le Banjoenas, Djember, Kalisat et Banjoe- 
-wani dans le Besoeki. Le caoutchouc est encore cultivé en 
différents points des provinces de Kediri et de Soeraba]a. 
Entre Batavia et Soerabaja les essais n’ont pas donné les 
résultats espérés. 

Alors qu'il y avait 63.000 hectares plantés en 1910, la sur- 
face s’est élevée à 92.000 en 1912 ; et cet accroissement, qui a 
été la conséquence du boom de 1909-1910, a surtout porté 
sur les districts orientaux des provinces de Besôeki, de Pa- 
soeran et de Keridi. À la fin de 1916, 45 Sociétés étaient ins- 
crites à Londres, avec un capitaltotal de 155 millions de francs; 
la surface plantée étant de 40.000 hectares, la moyenne de 
l’hectare était donc de 5.875 francs. 

Au point de vue de la main-d'œuvre, on pourrait croire que, 
avec la population indigène d'au moins 30 millions d’âmes 
-que compte Java (dont la surface, y compris Madoura, est de 
127.500 kmq. environ), il n’y a aucune difficulté. Tel n'est 
cependant le cas, en raison des grandes superficies couvertes 
par les diverses cultures, puisqu'on estime qu'il y a dans l’île : 


RAZIÉTESS ET 2 Re RS PES EC 4.800.000 hectares 
Camps de SUCRÉ ENS 340.000 — 
Champs ide tabac res EPS RES 480.000  — 
Chanps.de (hé: CT en Det ee: 100.000 —, 
COCD PES EE ARR RS EE à | 80.000 — 
Plantations de café et de cacao .... &%00.000 — 


AMILTES CUATES SE RC ER MT 2 200.000 — 


DANS LE MOYEN-ORIENT 17 


Il faut par conséquent des travailleurs pour plus de 2 mil- 
Hons et demi d'hectares, et le nombre de ces travailleurs doit 
être d'autant plus grand que les machines sont peu employées. 

Il y a, en outre, chaque année, une forte émigration d’ou- 
vriers vers Sumatra et la Péninsule malaise. 

Dans l'Est de Java, les coolies viennent de l'ile Madoura, qui 
est voisine de la province de Soerabaja. 

Il n'y a pas, croyons-nous, de contrat de travail à Java, 
mais les planteurs donnent aux coolies qui restent longtemps 
sur leur domaine une augmentation de salaire et certains 
privilèges. 

Le travail des plantations d’hévéas est, en général, peu 
recherché, car il a lieu dans des contrées basses, peu saines et 
où la vie est chère. La paie des coolies varie dans chaque dis- 
trict, et souvent même de plantation à plantation. 

Pour le travail ordinaire, la paie moyenne était en 1913 
de 40 cents de florin pour les hommes, 30 cents pour les 
femmes et 13 pour les enfants. Les saigneurs sont naturelle- 
ment un peu plus payés ; les hommes touchent 45 cents et les 
femmes, 35. 

En cette année 1913, le coût de production f. 0. b. était de 
3 fr. 20 environ le kilogramme. En 1916, divers rapports an- 
glais indiquaient 2 francs ; il est difficile de prévoir un prix 
plus faible. 

Les plantations ne comprennent guère plus aujourd’hui de 
250 arbres à l’hectare. 

Les propriétés anglaises sont à peu près régies de Ta même 
manière qu'en Péninsule malaise et à Ceylan. Chaque plan- 
tation a son régisseur et tout un personnel, sous le contrôle 
d’un agent inspecteur qui est en rapport immédiat avec les 
directeurs de la métropole. Le traitement du régisseur est de 
500 à 750 livres sterling par an; et, en général, au lieu de 
recevoir un pourcentage sur les bénéfices, ce régisseurtouche 
un cent de florin par livre de caoutchouc récolté et un florin 
par picul de café, ce qui est le « pieul money ». Dans Îles 
bonnes années, les régisseurs doublent plus que leur traitement. 
Les ouvriers javanais sont payés au prix de 8 pence (0 fr. SU) 


18 LES PLANTATIONS ÉTRANGÈRES DE CAOUTCHOUC 


par jour pour les hommes, et 6 pence (0 fr. 60) pour les femmes ; 
ce qui concorde bien avec les tarifs déjà indiqués plus haut 
en cents de florin. 

Batavia et Soerabaja sont les principaux ports javanais 
d'embarquement du caoutchouc. Les ports de l’Est attirent 
de plus en plus les Américains. Alors que, en 1913, il était 
exporté de Java, en caoutchouc de Para, 1.006 tonnes pour 
les Pays-Bas, 1.000 tonnes pour la Grande-Bretagne et 
339 tonnes seulement pour les autres pays, les Etats-Unis, en 
1915, ont acheté à Java 3.600.000 kilogrammes de caoutchouc 
brut, la Grande-Bretagne, 2.182.662 kilogrammes et la Hol- 
lande, 1.307.000 kilogrammes. La commodité et les facilités 
offertes par le canal de Panama, ainsi que les frets à meilleur 
marché et le tonnage plus fréquent font craindre à la Grande- 
Bretagne que l'Amérique du Nord n’enlève ainsi le commerce 
de Londres et de Liverpool. 


Sumatra. — Plus grande que Java, l'ile de Sumatra 
(427.000 kmq.) est beaucoup moins peuplée, puisqu'on n’y 
compte guère que #4 millions d'habitants. 

La culture des caoutchoutiers n’y a pris de véritable impor- 
‘ tance que depuis l’époque du boom, et les efforts des planteurs 
se sont particulièrement portés sur la partie septentrionale 
de la Résidence de la Côte Orientale. A la fin de 1912, il y 
avait dans cette Résidence 160 de ces plantations, qui cou- 
vraient de 90.000 à 100.000 hectares ; et le capital engagé était 
d'environ 250 millions de francs dont, en chiffres ronds : 


ANOICÉERTEN TA Are RENE TE 125 millions 
HO HAde DAC ER MR RQ ELLE MERS NE 89 — 
Belgique.et:France.2 #8 nr RE er 9 — 
Allemagne: er int ie DD 2 © — 
AMÉPIQUE ES M 22 PMR PT EU REP AE UTA RAR SREE 22 — 
Chine et Détroits "25.20% CT PATES 3 — 


Les Compagnies anglaises sont aujourd’hui au nombre de 
40, qui ont 44.000 hectares plantés en hévéas. 
La « Langkat Sumatra Rubber », fondée en 1908, a dis- 


DANS LE MOYEN-ORIENT 19 


tribué des dividendes de 15 p. 100 en 1910, 25 en 1911, 30 en 
1912. 3 

La « Lankat Rubber », fondée en 1910, a donné 10 p. 100 
en 1911 et 22,5 p. 100 en 1912. 

La « Sumatra Caoutchouc Plantagen » a été constituée 
en 1907 au capital de 2.100.000 francs. Formée à La Haye et 
soumise à la loi hollandaise, elle détient trois domaines d’une 
superficie totale de 10.000 hectares. La Société des Plantations 
de Tapanoeli, dont les propriétés, dans le district de ce nom, 
sont de 4.000 hectares, en est une filiale. 

Les concessions sont données par le Sultan, après appro- 
bation du Gouvernement hollandais, et ordinairement pour 
75 ans, avec droit au renouvellement pour 50 ans. Le bail 
annuel est souvent de 2 fr. 80 par hectare ; cependant, les plus 
récentes concessions ont été accordées au prix de 6 fr. 25. 

De très bons sols pour la culture sont ceux sur lesquels 
on a cultivé du tabac ou du riz sec. Quelques planteurs fument 
avec des scories. On plante souvent en mélange avec le Coffea 
robusta, ce qui peut alors retarder un peu l’époque de la pre- 
mière récolte (six ans au lieu de cinq). 

En 1914, Sur des surfaces de 200 à 600 hectares, et à raison 
de 300 arbres par hectare, on obtenait annuellement, dans de 
très bonnes plantations : <. 


DUR Ar DV MOUE 2: AIS, D Ne a ur, 1 livre 
—. OR NE AE ASS TL, 2 — 
ee OR AR EE A LE 3 — 
— FE OL PER DIS NS Tr Re RES TPE 4 — 


Et dans des plantations seulement bonnes : 


COR ADRESSE A 5 ANCIENNE, ci care /2 livre 


Eee QE PE TE PET ROUE PAPAS 1 livre 


| 
| 
ST 
QD 
D SJ 
| 
| 


Sur une plantation d’arbres de 8 ans, on a obtenu jusqu à 
7 livres par an. 

Pour sa main-d'œuvre, Sumatra-Est dépend de la Chine et 
de Java. Les indigènes, qui appartiennent surtout aux tribus 


20 LES PLANTATIONS ÉTRANGÈRES DE CAOUTCHOUC 


montagneuses éparses des Bataks, les survivants d’une des 
premières races du pays, ne sont guère agriculteurs et ne sont 
bons que pour le défrichement de la jungle : ils sont du reste 
peu nombreux. Les planteurs engagent donc des Javanais et 
des Chinois. Il y a peu de Tamils, si nombreux dans les Etats 
Fédérés et les Straits, car, tandis que le Gouvernement 
anglais des Straits s'efforce de recruter pour ses possessions 
des Javanaiset des Bandjais du sud de Bornéo, il interdit 
rigoureusement l’émigration des Tamils vers les Indes Néer- 
landaises. Ceux de ces Tamils qui réussissent à émigrer sont 
recrutés par des moyens qui sont interdits dans les Straits. 

Au 1e juillet 1912, il y avait sur la côte orientale de Sumatra 
186.556 coolies, dont 169.676 étaient liés par des contrats de 
trois ans, et 16.880 sans contrat. 

Des coolies engagés sous contrat, 110.541 étaient Javanais, 
54.783 Chinois, 3.747 Tamils; et 605 appartenaient à d’autres 
nationalités. 

Les Javanais arrivent souvent dans un état physique déplo- 
rable. Le prix de leur recrutement varie selon les circons- 
tances : 1l était en ces derniers temps de 125 florins en moyenne, 
soit 262 francs. Cette somme comprend l’avance faite au 
coole recruté, le prix du passage de Java à Del, les frais de 
contrôle du Gouvernement (examen médical et autres forma- 
lités), le paiement des bureaux de recrutement et de leur per- 
sonnel, etc. 

Les gages des travailleurs, sur la plantation, sont ordinaire- 
ment de 42 cents de florin (0 fr. 85) pour les hommes, et 
32 cents (0 fr. 75) pour les femmes. 

Les frais de production, par kilogramme de caoutchout sec, 
étaient les suivants en 1914 : 


Entretien de la plantation ...............:. O fr. 14 
RÉCOLTÉES RE ARMES Er ES Se 0 ‘Îr 95 
ORAN ES SNS Le DA RE LE us 0:Er°08 
Transport du latex à la manufacture …....... O-fr. 01 
Outillage et personnel à cette manufacture .... 0 fr. 23 
Eirais d'EXDÉMHONS LATE EU RER TES 0 fr::46 


Soit un total de 1 fr. 18. 


DANS LE MOYEN-ORIENT 21 


Pour le calcul des frais d’entretien de la plantation, on admet 
qu'un hectare coûte 69 francs et donne de 350 à 450 kilo- 
grammes. 

Dans les prix de manufacture rentrent : le salaire du contre- 
maitre, les salaires des coolies, le prix des substances chimiques, 
l'entretien du bâtiment et du matériel, l'éclairage et le chauf- 
fage, les faux-frais et les assurances. 

Les frais d'expédition se composent du salaire du personnel, 
du prix du magasin, de l’assurance du bâtiment, du transport 
à la gare, de l’embarquement et de l'assurance maritime. 

Mais, en plus de tous les frais précédents, 1l faut encore faire 
entrer en compte les charges générales (salaire des Européens, 
hôpital, assurances, téléphones, etc.), qui peuvent être de 
0 fr. 65 par kilogramme, puis l’income-tax, la perte (2 p. 100) 
sur la dessiccation, le fret et les frais de vente. 

Il ne faut pas non plus oublier le eoût de la plantation jus- 
qu'au moment de la récolte, soit encore 3.150 francs par hec- 
tare (1) ‘plus le prix du terrain. 

Et, en définitive, à raison de 450 kilogrammes par hectare, 
le prix de revient du kilogramme serait à Sumatra de 2 fr. 30. 

Dans certaines Compagnies, le directeur reçoit 1.260 francs 
par mois, avec augmentation ensuite de 105 francs par mois, 
jusqu’à ce qu'il atteigne, dans la cinquième année, 1.680 francs. 
Il touche, en outre, une indemnité de logement de 65 francs 
par mois et 5 p. 100 sur les bénéfices nets. 

Les exportations totales de Sumatra en caoutchouc de Para 
ont été : 


RM EEN RR UOTE NÉ ET EN Ne. tu 670 tonnes 
LT ER COQ PER SEE AE RE PE ES 1.381 — 
DRE PT Len MRC be et 2,982 — 
1 NCA ATP TERRE M REP OR ARE nur te OPA 4.790 — 
1025: PR RES REP PRE PER VS Le PERTE 9.295 » — 


Elles étaient estimées à 12.000 tonnes pour 1916. 


(1) Ce chiffre (600 florins par acre), donné dans une communication du 
Congrès de Batavia de 1914, paraît élevé, car il semble qu'on admette 
plus souvent, comme frais totaux, jusqu’à la première récolte, en Malaisie, 
une somme deux fois moindre, soit 1.500 francs environ, 


22 LES PLANTATIONS ÉTRANGÈRES DE CAOUTCHOUC 


En 1915, il était envoyé : 


POV AE PAYS DAS ERA A MER re 384 tonnes 
= AHaGrande-Bretapne;: Le ur 759 — 
etes Aires Days SE or SM EEE 1.839 — 


La même année, Sumatra n’exportait que : 


Caoutchouc de Rigus : LA PAM RARES RE 440 tonnes 
AATITES SOTÉES 22 AT RTS ir RS Pere 6 — 


Bornéo Hollandais. — La culture des caoutchoutiers dans 
le Bornéo Hollandais est à peu près entre les mains de quatre 
grandes Sociétés. 

Dans le sud-est de l’île, les « Hayoep Rubber Estates », au 
capital de 4.788.000 francs, ont planté 535 hectares d’hévéas 
et 746 hectares de Ficus elastica, et ont récolté, en 1915, 
157.407 kilogrammes de caoutchouc. Le dividende moyen a 
été de 10 p. 100, et on espérait, pour 1916, une récolte de 
205 tonnes. 

Dans la même région, les «South East Borneo Rubber Plan- 
tations », au capital de 1 million de francs, ont planté 344 hec- 
tares. 

Sur la côte Ouest, la « Kapoewas Rubber C2 », au capital 
de 2 millions de francs, a planté 528 hectares, et les « Sahang 
Rubber Estates », au capital de 1.115.000 francs, possèdent 
470 hectares. 


BoRNÉO BRITANNIQUE 


Le Bornéo Britannique comprend : 10 le Nord-Bornéo 
Britannique (79.400 kilomètres carrés et 160.000 habitants), 
protégé par l'Angleterre ; 20 les deux Sultanats de Brunei 
(7.500 kilomètres carrés et 25.000 habitants) et de Sarawak 
(132.000 kilomètres carrés et 500.000 habitants), placés sous 
le protectorat britannique depuis 1888. 

Déjà, en 1896, dans le Nord-Bornéo Britannique, quelques 
hévéas avaient été plantés dans la plantation de Sekong : et, 


DANS LE MOYEN-ORIENT 23 


en 1898, il y avait 1 acre et demi dans la plantation de Pitas. 

Mais, en 1915, d’après un article d’un supplément du Times 
paru en décembre 1916, et auquel nous empruntons ces ren- 
seignements sur le Bornéo Britannique, 18 Sociétés (British 
Bornéo Para, Langkon, Kimanis, Sablas, New London Borneo, 
Sapong, North-Borneo Trading C°, Marudu Rubber, etc.) 
s’occupaient de cette culture, avec un capital social de 56 mil- 
lions de francs. La surface plantée était de 11.930 hectares, 
si l’on ne tient pas compte des plantations de moins de 40 hec- 
tares qui éléveraient le total à plus de 12.000 hectares. La 
surface en pleine exploitation était de 3.920 hectares ; et 
570.000 arbres étaient, en outre, déjà saignés sur les planta- 
tions dont l’exploitation n’était pas encore complète. Certai- 
nes propriétés, dont les arbres les plus âgés ont 10 ans, ont 
déjà donné une moyenne de 450 kilogrammes par hectare. 

La main-d'œuvre est de recrutement assez facile. A Ja fin 
de 1915, le nombre des travailleurs qui étaient employés dans 
les plantations caoutchoutières était de 9.636, dont 4.065 
Chinois, 3.521 Javanais et 2.050 ouvriers d’autres races, sur- 
tout indigènes. 

Les concessions de terres ont été faites aux Compagnies 
pour 999 ans, sans redevance ni clause restrictive quelconque ; 
et le Gouvernement du Nord-Borneo Britannique s’est engagé 
pour 40 ans à ne pas imposer de droits d'exportation. 

Les exportations de caoutchouc ont été de : 


| ER ON RARE EE SE Dee Fe RSS PAS 613 tonnes 
LOST AU RP DRE MUR Va SR ARDENNE 1.050 — 


Les grandes propriétés ont été établies au voisinage de Id 
voie ferrée qui, sur la côte Ouest, va du port de Jesselton à 
Melalap, dans l’intérieur, et à Weston, dans la baie de Brunei ; 
il y a, d'autre part, un service maritime côtier, puis des ser- 
vices hebdomadaires vers Singapore, et un service bimensuel 
vérs Hong-Kong. Toutes ces conditions favorisent singuliè- 
rement l’extension commerciale du Nord-Bornéo Britannique. 

Dans le Protectorat de Brunei, trois Compagnies s'occupent 
actuellement du caoutchouc : les « Brunei Estates », les Li- 


24 LES PLANTATIONS ÉTRANGÈRES DE CAOUTCHOUC 


verpool (Brunei) Para Estates », et la « Brunei Rubber and 
Land C0 ». 

Sur le territoire de Sarawak, les « Sarawak Rubber Estates » 
ont un capital de 5 millions de franes et ont planté 1.414 hec- 
tares, qui ont donné 190.356 kilogrammes de caoutchouc en 
1915. On espère 257.000 kilogrammes en 1916. II y a encore 
au Sarawak une autre Compagnie, établie à Lawas. 


COMMERCE MONDIAL 


Si forte qu'ait été, en ces dernières années, l’augmentation 
annuelle de la production du caoutchouc de plantation en 
Moyen-Orient, la consommation a facilement absorbé cette 
production. 

L'Amérique du Nord est d’ailleurs la contrée qui utilise 
actuellement la plus forte partie (70 à 80 p. 100) de la récolte 
mondiale : tous les autres pays réunis (Grande-Bretagne, 
France, Russie, Italie, Australie, Japon, Pays scandinaves) 
ne reçoivent que les 20 à 30 p. 100 restants. 

La revue de MM. Figgis et C° de Londres indiqué comme 
consommation pour 1916 : 


ATRÉTIQUe AENOTAE FÉES EE Re 114.000 tonnes 
NOT LELTOR EE os Lie TR En CT 25.000 — 
FR DSSIOMES ATEN ANNE EE Re REA 20.000 — 
RANCE ME AU A NEA 8.500 — 
Jéponset-Xustralier::: 7: FRE 2er 2.000 — 
haie etes eu ur ue RSR Pere 5000722 
Empires/centiraux (M): 2 er RER 1.500 — 


Si donc la Grande-Bretagne est, à l'heure actuelle, par ses 
colonies, le grand producteur de caoutchouc, c’est | Amérique 
du Nord qui est le grand consommateur et tend à accaparer 


(1) Ce caoutchouc est parvenu en partie en Allemagne dans les sacs 
postaux des vapeurs de pays neutres. Près de 3.000 paquets ont été ainsi 
saisis en 1916. Du caoutchouc a été aussi expédié sous la déclaration de 
«volumes de propagande ». Le kilogramme de caoutchouc brut valait, 
paraït-il, récemment en Allemagne, 137 francs. 


DANS LE MOYEN-ORIENT 25: 


la production. Les Etats-Unis, qui recevaient 48.000 tonnes 
de caoutchouc en 1913, en importaient 61.250 en 1914, 96.792 
en 1915 et 66.397 dans le premier semestre de 1916. 

Presque toute l’augmentation de la production mondiale a 
été ainsi achetée en ces dernières années par les Etats-Unis. 

Mais, créée en partie par les circonstances présentes — 
quoique ce serait une erreur de croire que les besoins de la 
guerre expliquent seuls l’accroissement de l’industrie améri- 
caine — cette situation est vraisemblablement momentanée 
et, avec le retour à un commerce mondial plus normal, subira 
nécessairement de profondes modifications. Non seulement les 
Etats centraux, pour l'instant éliminés du marché, mais qui 
déjà avant les hostilités achetaient annuellement (1) plus de 
40.000 tonnes (contre 8.000 en France) apporteront les fortes 
commandes qu’exigera le rétablissement de leurs industries, 
mais il est à prévoir que la Grande-Bretagne, stimulée par la 
concurrence américaine, multipliera ses manufactures ; et il 
n’y a certainement pas lieu, dans ces conditions, de redouter 
de longtemps une surproduction. L'avenir reste donc plein 
d’espérances pour les plantations de caoutchoutiers. 


Henri JUMELLE. 


Professeur à la Faculté des Sciences, 
Directeur du Musée colonial de Marseille. 


(1) D’après le Aolonial Wirthschaftlicher Komitee, il y avait en Alle- 
magne, en 1911, 100 importantes manufactures de caoutchouc ; le nom- 
bre des ouvriers était de 40.000 et la production représentait un minimum 
de 300 millions de marks. L’importation du caoutchouc brut, qui était 
de 13.000 tonnes en 1890, atteignait 33.000 tonnes en 1911. L’exportation 
des objets de caoutchouc manufacturés, qui était de 22.655.000 marks 
en 1890, dépassait 66 millions en 1910. 


Contribution à l’Étude chimique 
des Noix de Sanga-Sanga 


ou « Ricinodendron africanum » 


par M. le Professeur PIERAERTS 


Conservateur au Musée du Congo Belge 


Sous le nom de sanga-sanga, nous avons reçu de Ganda- 
Sundi, localité du district du Bas-Congo située non loin de 
la frontière du Congo français, un lot de petites noix de la 
grosseur moyenne d’une noisette, à coque noire extrêmement 
dure. 

La note explicative qui accompagnait cet envoi, fait en vue 
d’une étude chimique de ces graines, était ainsi rédigée : 

« Le sanga-sanga est un arbre de haute futaie pouvant 
atteindre de 25 à 30 mètres de hauteur et 3 mètres de circon- 
férence. Il est très répandu dans la région ; on en compte 
parfois jusque dix pieds à l'hectare. Quoique d’une croissance 
très rapide et à couronne très étendue, le sanga-sanga n'est 
pas du tout exigeant quant à la qualité du sol ; il croit dans 
n'importe quel terrain, même dans les plus pauvres. Le sanga- 
sanga fructifie très abondamment. Les fruits, qui müûürissent 
dans le courant du mois de mai, sont très coriaces. Pour en 
extraire aisément les noix, on met les fruits en tas et on Îles 
abandonne à la fermentation. Les noix de sanga-sanga se 
conservent durant de longs mois. Leur exportation serait 
très aisée. Jusqu'à présent, les indigènes de la région ont 
laissé ces noix sans emploi. 

« Le bois du sanga-sanga est très poreux et de fort médiocre 


28 CONTRIBUTION À L'ÉTUDE CHIMIQUE 


qualité. On ne lui prévoit aucune utihsation ; 1l ne convient 
même pas en guise de bois de chauffage. » 

C'était là, certes, des renseignements des plus utiles au 
point de vue de l'intérêt industriel et commercial que peut 
présenter le produit que nous avions à expertiser, mais la note 
ne nous fournissait pas la moindre indication concernant 
l’origine botanique des graines. On comprend cependant 
aisément que l’exacte connaissance de « l’état-civil» scien- 
tifique d’un produit naturel quelconque soit seul capable 
d'assurer un sérieux intérêt à l’étude de sa composition chi- 
mique, et cela quel que soit le mobile qui guide pareille étude. 

Que celle-ci n’envisage que le côté purement spéculatii, 
ou qu’elle soit exclusivement orientée vers la recherche d’ap- 
plications utilitaires éventuelles, l'effort qu’elle aura provoqué 
demeurera vain, et les résultats qu'on est en droit d’en es- 
compter resteront 1llusoires, tant que l’on ignorera le nom 
scientifique de l’espèce d’où provient la matière examinée. 
Non seulement pareille ignorance restreint énormément l’in- 
térêt et l’utilité de l’étude chimique d’un produit tiré du règne 
organique, mais elle peut conduire, au surplus, à des inter- 
prétations erronées et provoquer des discussions aussi stériles 
que superflues. Tout nom vernaculaire demeure toujours un 
pis-aller, qui ne mérite quelque crédit que pour autant qu'il 
soit unique, et réservé partout à la désignation d’une seule 
et même espèce (ou variété fixée). Malheureusement, c’est là 
précisément la grande exception. En effet, les espèces dont 
l'aire de dispersion géographique est quelque peu étendue ou 
qui sont plus ou moins ubiquistes dans l’une ou l’autre grande 
zone chimatologique (et il en est généralement ainsi pour les 
plantes de grande utilité), portent plusieurs noms ethno- 
graphiques, qui changent non seulement de pays à pays, mais 
fréquemment aussi d’une peuplade à l’autre. Cette variation 
de nomenclature prête inévitablement à confusion et con- 
tribue, par ailleurs, à rendre très difficile la connaissance de: 
l’origine botanique exacte d’un produit végétal. D'autant plus 
qu'en bien des cas la confusion déterminée par ces change- 
ments onomastiques se trouve encore compliquée du fait 


DES NOIX DE SANGA-SANGA 29 


qu'un nom vernaculaire donné s'applique, suivant les diverses 
contrées où 1l est en usage, à des végétaux spécifiquement 
différents et n'appartenant pas parfois aux mêmes genres, 
voire aux mêmes familles. 

Les considérations précédentes nous ont déterminé à sou- 
mettre les noix de sanga-sanga à l'appréciation d’un botaniste 
colonial de renom. Notre ami, M. D. Bois, assistant au Muséum 
d'Histoire naturelle, qui voulut bien se charger de cet examen 
avec son amabilité coutumière et à qui nous réitérons ici nos 
vifs remerciements, nous déclara que la noix de sanga-sanga 
provient d’une Euphorbiacée, le Ricinodendron africanum 
Mull. Arg., dont elle forme la graine, recouverte de son endo- 
carpe osseux. 

Un examen comparatif ultérieur de la production que nous 
eûmes entre les mains avec des spécimens authentiques de noix 
de Ricinodendron africanum, dus àl’obligeance de M. H. Jumelle, 
directeur du Musée Colonial de Marseille, confirma absolument 
l'opinion du savant professeur de l'Ecole Coloniale. 

Le Ricinodendron semble assez fréquent sur la côte occi- 
dentale d'Afrique. Selon Ed. Heckel (1), cette Euphorbiacée 
est connue au Congo français et au Gabon sous les noms 
d’essang, enguessang ou 1ssanguila, appellations qui accusent 
manifestement la même origine que l'expression « sanga- 
sanga » usitée à Ganda-Sundi. Cette dernière désignation 
présente évidemment des relations dialectales des plus étroites 
avec le terme onomastique «nsa sana » que l’on réserve au 
Ricinodendron africanum en d’autres contrées de l'Afrique 
occidentale équatoriale (2). La noix du sanga-sanga, dont la 
surface externe porte des sillons très tourmentés, comporte : 

19 Une coque (endocarpe), très dure, noire à l'extérieur et 
d’un blanc laiteux à l’intérieur ; 20 une amande (graine pro- 
prement dite), qui remplit complètement la cavité de la coque 
chez les spécimens sains. Le tégument séminal est mince et 
fortement appliqué contre la face interne de lendocarpe. 

(1) Ed. Heckel : Les Graines grasses ou peu connues des Colontes frar- 
çaises. Paris, 1902, p. 40. 

(2) Bulletin of the Imperial Institute, Londres, 1907, p. 369. 


30 CONTRIBUTION A L'ÉTUDE CHIMIQUE 


L'embryon, obovale, est muni de cotylédons cordiformes, à 
nervation palmée, que l’albumen, à aspect et à consistance 
de cire, ne dépasse que de quelques millimètres. 100 noix de 
sanga-sanga triées, c’est-à-dire contenant chacune une amande 
saine, pèsent 172 grammes en moyenne, tandis que 100 noix 
«tout venant » accusent un poids moyen de 170 gr. 5. Les 
noix triées comportent 66,5 p. 100 de coque et 33,5 p. 100: 
d'amande. Les noix «tout venant » er 72 p. 100 de 
coque et 28 p. 100 d'amande. 


Le poids minimum d’une noix est de .....:.. 1 gr. 250 
Le poids maximum — TS DS 2 gr. 400 
La longueur minima  — A ee CE 12 mm. 5 
—— Maxima  — TR ETES 17 mm. 5 
La largeur minima — RS PR EURE - 11 mm. 
— marima — TR dE 15 mm. 5 


L’amande dose notamment : 


Hunndié (à 1009) 7e 7 17/64: 
Manbresechieste. UE ie PAS eve 
Matières minérales totales. . 7,32 % de la matière sèche 


—  — insol. dans l’eau 6,70 0 — = 
Soit donc, pour ces dernières, les 91,53 9% de latotalité des cendres. 


Soumise à l’extraction par l’éther anhydre, l’amande donne 
55,29 p. 100 d'huile (soit 67,13 p. 100 de matière sèche) 
chiffre qui, rapporté à la noix entière, correspond à une teneur 
de 18,52 p. 100 sur noix triées, et de 15,48 sur noix « tout 
venant ». Dans le tourteau restant après l’élimination de 
l'huile, il fut trouvé : 


Humidité (a t008).::2 3 27016 202 

Matière séche sn een 90,84 % 

Matières minérales totales... 15,67 % de la matière sèche 
ArObeLDIAlL ETES SEM ER 10-04-2272 — — 
Acide phosphorique (P205). 5,56 % — —_ 
PEDIOSANES AP Pre 3,14 49% —— — 
Matière amylacée :........ néant 


Alcalinité des matières miné- 
rales solubles dans l’eau, 


ER COR ER TRES 0,95 % des cendres 
Acide phosphorique(P20$).. 34,99 o — 
Manganèse (Mn) (1) .…..... 0,056 % — 


(1) Le manganèse fut déterminé par l’élégant procédé de G. Bertrand, 
qui permet d'obtenir des résultats d’une précision quasi-mathématique. 


DES NOIX DE SANGA-SANGA SH 


La coque (endocarpe) dela noix contient : 


Humidité (à 1000). ........ 5,32 

Matiéere Seche ee 94,68 % 

Matières minérales totales... 9,89 94 de la matière sèche 
Azote OC Le De RES Dm — — 
Pentosanesmrci ee este 14969: ——— —- 
Pxitraitéthéré:s:7:::.112:. Pad — — 


Alcalinité des matières miné- 
rales solubles dans l’eau, 
En COM EM OS 2,92 % des cendres. 
Manganèse sr ne tu ie. 0,080 —- 
L'huile extraite pas l’éther est limpide, d’un jaune pâle et 
d’une saveur douce, à arrière-goût terreux ; elle ne présente 
pas d’odeur spéciale. Ses caractéristiques sont les suivantes : 


1450 

Poids spécifique à ee DS RMS ETS Lo 0,9345 
Température critique de dissolution dans 

Feb labos Pat es re 909,2 
Indice de réfraction à 19,5 ........... 1,5028 
Examen polarimétrique (2) ........... , ap — + 00,04 
PER AE Re 2 NT = 02 0,86 

(Soit en acide oléique — 0,43 %) 

Essai de MAmmenére sl io suce tur, 799 
Bromures insolubles dans l’éther....... Néant 
Acides gras insolubles et insaponifiable . 95,83 % 
CET SENTE NME Ten IR EE Ta EEE QUE EN D LS 
Indice de saponification .............. 19% ,#% 


Réaction de l’élaïdine (masse très vis- 
queuse d’un brun jaunâtre). 
Poiti de fUsi On EUR mener 320,3 (3) à 340,5 (4) 
Point de solidification (Les acides fondus restent en sur- 
fusion à la température du laboratoire (20°) et ne se 
resolidifient qu’au bout de deux heures.) 


Pour le mélange d’acides gras insolubles, il a été trouvé : 


Indice de neutralisation (poids moléculaire 
moyen correspondant — 323,3) ............. 173,5 
Indice de saponification (poids moléculaire 


moyen correspondant = 264,1)............. 214,8 
Indice de saponification après acétylation...... 242,4 
LOU RER A RAR ere ee 27,6 
CPU TR 9 Ts CS AR PEN OR OURS DNS AUTRE 151,44 


(1) Un volume d'huile et deux volumes d’alcool absolu ; opération 
effectuée en tube scellé. 

(2) 6 gr. 349 d’huile furent dissous dans du chloroforme ; la solution 
fut portée au volume total de 25 centimètres cubes, puis examinée dans 
le tube de 220 millimètres, 

(3) Température de fusion commençante. 

(4) Température de fusion complète. 


62 CONTRIBUTION A L'ÉTUDE CHIMIQUE 


Nous avons soumis en outre l'huile de sanga-sanga à deux 
essais spéciaux, savoir : l’essai de siccativité ; l’action de 
l’iode en solution chloroformique. 

Au point de vue de la siccativité, les expériences ont été 
tout d’abord effectuées à la température du laboratoire (15°). 

Des poids sensiblement égaux d'huile de sanga-sanga furent 
étalés en couches minces, et aussi uniformément que possible, 
sur des lames de verre, puis placés sous une cloche dans la- 
quelle l'air circulait librement. Du jour au lendemain, les 
prises d'essais se solidifièrent et donnèrent naissance à des 
pellicules peu élastiques et qui ne poissaient pas. Tant que ces 
pellicules restèrent transparentes, elles n’augmentèrent guère 
de poids, ce qui laisse présumer qu'un travail d’isomérisation 
ou de polymérisation précède l’oxydation. 

Dès que l’opacité eut gagné entièrement les pellicules, 
celles-ci se ridèrent et se gondolèrent en certaines portions de 
leur surface. Arrivées à ce stade, les pellicules produisent, 
au toucher, la même sensation que celle .que détermine la cire. 
Les tableaux suivants relatent les particularités les plus sail- 
lantes observées au cours des expériences. 


PREMIÈRE EXPÉRIENCE 


Temps écoulé Augmentation 
depuis le début Aspect de la pellicuie de 
de l'opération 


poids 
1 jour ransparen bee PM RER ER 0,19 
2e ee ETS LR ME RTE NS 0,19 
LE A D Berri ele ete ee Palin te MS Ce 0: 79 
5 — Très légère opacité sur les bords .. 1527 
= Opaquesur la moitié de son étendue 2,45 
JE Opaque sur toute son étendue, sauf 
en quelques points très res- 
treints, disséminés dans la masse. 5,99 
12 — Opaque en toute sa surface ...... 9,37 
er ÈS 2e HS PRE Et 10,76 
18 — — — RD PAR DR 11,34 
19 — ns = D ES Rte 11,34 
OPRLER se ce M TT S N Te PR 11,34 
26 2 LE Ds EEE qu 11,45 
30 — — — 


PRET ec 11,34 


DES NOIX DE SANGA-SANGA 33 


SECONDE EXPÉRIENCE 


Temps écoulé Augmentation 
depuis le début Aspect de la pellicule de 
de lopération poids 
1 jour ÉTARSDArERTeS PRIMAIRE ie. Néant 
2 — RS CAS le sc She eee — 
3 — RO 2 ee PRE RS — 
5 — ee NE RE Si, _ 
7 — Rares petits points opaques à 
Vexirèeme périphérie... .... 0,73 
g — Opacité légèrement accentuée, 
mais restant limitée à l’extrème 
DÉMDRÉTIEENE ES PRE EEE, Li: 0,89 
12 — Zone opaque sur tout le pourtour. 1,40 
15-— L’opacité atteint la moitié de la 
SUCRE ET LE nr ae see 2,49 
18 — Entièrement opaque, hormis en la 
portion centrale,restée transpa- 
HET RER RS PRET PET TE LS, 
19 — Petit point transparent au centre. 13:29 
22 — . Opaque en toute sa surface ,..... 9,13 
25 — — — TS Le PS AN 5 10,10 
26 — — ——- RS LES. 10,60 
30: = RS NES EE 10,60 


Une expérience, effectuée à 289, donna : 


2 jours Entièrement opaque ............ 2,96 
4 — Contractée en certains endroits, 
ridée et rugueuse au toucher... k,55 


Une expérience, exécutée à 509, nous fit constater : 

2 jours Opaque. 7,19 
& — Devient jaune, se ride et est ru- 
gueuse au toucher. 

Dans une expérience faite à 1000, au bout de deux Jours 
la pellicule était opaque, d’un jaune brunâtre, et son poids 
n'avait augmenté que de 0,57 p. 100. 

Toutes ces expériences démontrent que l'action de l'air 
(et peut-être aussi de la lumière) sur l'huile de Ricinodendron 
africanum constitue un processus chimique complexe dont 
une étude systématique seule pourrait expliquer le mécanisme. 

En ce qui concerne l’action de l’iode, la solution chlorotor- 
mique d'huile qui servit à l'examen polarimétrique fut versée 


34 CONTRIBUTION A L'ÉTUDE CHIMIQUE 


peu à peu, tout en remuant, dans un égal volume d’une solu- 
tion saturée de cet iode dans le chloroforme. 

Le mélange se prit au bout de quelques instants en une 
masse gélatineuse d’une consistance telle que rien ne s’écou- 
lait du récipient quand on le retournait. 

Le caractère spécifique le plus sallant de l'huile de Ricino- 
dendron africanum réside en son indice de réfraction, qui 
dépasse sensiblement celui de n'importe quelle huile végétale 
connue, l'huile d’abrasin exceptée. 

L'huile qui nous occupe présente d’autres points d’analogie 
avec l'huile d’Aleurites cordata, car ces deux corps gras ont à 
peu près les mêmes indices diode et les mêmes poids spécifiques : 
elles se comportent, en outre, d’une façon similaire lorsqu'on 
les expose à l’air ou qu’on les soumet à l’action d’une solution 
saturée d’iode dans le chloroforme. L'huile de sanga-sanga 
se distingue de l’huile d’abrasin par l’odeur ; alors que la pre- 
mière n’a d'autre odeur que celle que présente toute huile 
végétale, la seconde, par contre, possède une odeur pénétrante 
et désagréable. Il y a lieu de faire remarquer cependant que, 
selon Lewkowitsch, l'huile d’abrasin n’exhalerait cette odeur 
forte et caractéristique qu’au cas où l’on a négligé, lors de sa 
préparation, de séparer les graines saines de celles qui ont 
subi des altérations. Nous ignorons jusqu'à quel point cette 
assertion est fondée ; ce qui est certain (nous avons été en 
mesure de constater le fait), c’est que les noix de sanga-sanga 
dont le contenu est avarié ont la paroi interne de leur coque 
recouverte d’une matière brune, à odeur résineuse très intense. 

L'huile de ARicinodendron africanum, à l'instar de l'huile 
d’abrasin, compte-t-elle l'acide oléomargarique parmi ses 
constituants ? : 

Eu égard aux caractères analogiques signalés, auxquelsil con- 
vient d'ajouter l'observation faite naguère par Ed. Heckel (1), 


(1) L'état physique de l’huile de Ricinodendron africanum dépend de 
la nature du dissolvant employé pour son extraction. Alors que l’huile 
obtenue par l’éther est liquide à la température ordinaire, celle laissée 
par le sulfure de carbone est solide. Cette curieuse particularité se cons- 


tate aussi chez l’huile d’abrasin. 


DES NOIX DE SANGA-SANGA 35 


il n’y aurait rien de bien surprenant que cet acide existât 
dans l'huile de sanga-sanga. Toutefois, les essais auxquels 
nous avons procédé ne nous mettent pas en mesure de 
répondre à la question posée. Pour l’élucider d’une manière 
satisfaisante, il s'agirait d'isoler le principe en cause et de 
contrôler ses propriétés. 

Nous nous réservons de procéder à ce travail complémen- 
taier dès que nous disposerons d’un copieux échantillon de 
matière première. Fenons-nous en, pour l'instant, à la stricte 
interprétation des données acquises et demandons-nous quelles 
sont les conclusions qui en découlent. 

Il est évident tout d’abord que l’huile de sanga-sanga appar- 
tient au groupe des huiles dites « siccatives ». Elle semble 
plus siccative que l'huile de lin, en ce sens qu’elle sèche, c’est 
à-dire qu'elle se solidifie beaucoup plus vite. Or la rapidité 
avec laquelle se forme la pellicule solide, au cours du processus 
complexe cause de la siccativité, constitue un facteur d’une 
importance plus considérable, au point de vue de certaines 
applications possibles d’une huile siccative, que l'intensité 
avec laquelle se produit l'absorption de l’oxygène atmo- 
sphérique. 

Est-ce à dire qu’on soit autorisé à déduire de cette consta- 
tation que l'huile de sanga-sanga soit un réel succédané de 
huile de lin ? 

Nullement. De nombreuses expériences comparatives, réa- 
lisées dans des conditions rigoureusement déterminées, et 
exécutées à l’aide de produits soigneüsement préparés et 
d’origine bien authentique, seraient peut-être de nature à 
solutionner convenablement ce problème. A notre avis, 
l’opacité, la consistance et le manque d’élasticité de la pelli- 
cule en laquelle se transforme l’huile de ÆRicinodendron afri- 
canum lorsqu'on l’étale à l’air en couche mince, constituent 
un obstacle insurmontable à son emploi à titre d'huile pour 
pernture où d'huile à vernis. L'huile de sanga-sanga ne nous 
paraît pas apte davantage à remplacer l'huile de lin dans la 
fabrication des encres lithographiques et des linoléums ; mais, 
tout comme l'huile d’abrasin, elle servirait avantageusement 


36 CONTRIBUTION A L'ÉTUDE CHIMIQUE 


d’enduit imperméable, de mastic pour le calfatage des navires 
ou autres objets ayant des joints à rendre étanches, d'huile 
d'éclairage ou de mortier. Rien n'indique qu’elle ne convien- 
drait pas également à la préparation du noir de fumée pour 
l'encre de Chine. 

Si elle ne contient aucune substance toxique (ce qui est fort 
peu probable), l'huile de sanga-sanga constituerait une bonne 
huile alimentaire qui manifeste une grande résistance au 
rancissement. En stéarinerie, elle ne saurait trouver emploi ; 
les fabricants de savons mous pourraient l’utiliser à la condi- 
tion de prendre la précaution de l’associer à des matières 
grasses non siccatives. 

Ilest certain, contrairement à l’opinion émise par Schlagden- 
hauffen (1) que l'huile de Ricinodendron africanum ne renferme 
pas de ricinoléine, du moins en quantité quelque peu notable. 
Son inactivité optique et son extrême insolubilité dans l’alcool 
absolu, pour ne s’en rapporter qu'à ces deux caractères, le 
_prouvent formellement. 

Le tourteau d'amande de sanga-sanga accuse une teneur 
en azote vraiment exceptionnelle (2); sa richesse en acide 
phosphorique est également extrêmement élevée (3). Ce tour- 
teau ferait, indubitablement, merveille comme fumure pour 
pépinières, plantations vivrières et Jardins. Il est regrettable 
que la noix deshuilée n' abandonne qu'une quantité relati- 
vement minime d’un aussi précieux engrais (4). Au cas où il 
n'y aurait pas de principe toxique ou nuisible, ce tourteau 
fournirait une nourriture de tout premier choix pour le bétail 
et pour la volaille. suffirait, pour en faire un aliment complet, 


(1) Ed. Heckel : Loc. cit. 

(2) La teneur exceptionnellevemt élevée du tourteau en azote fait 
présumer qu’il renferme des quantités notables de composés autres que 
des matières protéiques. 

(3) La quantité de matières minérales révélée par l'analyse nous surprit 
tellement que nous crûmes à une erreur de manipulation. Un dosage de 
contrôte effectué sur l’amande non déshuilée nous montra qu'il n’en 
était rien. 

(4) 100 parties en poids de noix triées correspondent en moyenne à 
15 parties de tourteau. 


DES NOIX DE SANGA-SANGA 37 


de le mélanger avec de la farine de manioc, du maïs ou toute 
autre denrée riche en matière amylacée ou en sucre. 
_ Il nous reste un mot à dire de la comestibilité de la noix du 
-Sanga-SAnga, qui est une question encore controversée. 
D’après l’Impérial Institute (1), le tourteau est impropre à 
Palimentation du bétail, probablement à cause de la présence 
d’un alcaloïde. Cette appréciation, que nous transcrivons 
textuellement telle que la cite Lewkowitsch (2), n’est pas 
exprimée bien catégoriquement, nous tenons à en faire la 
remarque. D'autre part, Ed. Heckel (3), dans son mémoire 
sur l'huile d’enguessang, dit que, suivant Joly, les indigènes 
du Gabon-Congo mangent la graine du Ricinodendron africa- 
num, et qu'à l’aide des amandes de cette plante ils confection- 
nent des colliers qu'ils suspendent dans leurs cases et qu'ils 
consomment en guise de friandise. L’assertion de Joly me fut 
confirmée par un missionnaire qui, avant de devenir, durant 
la présente guerre, aumônier dans l’héroïque corps Chaltin 
puis dans un groupe d'artillerie de l’armée belge sur l Yser, 
résida pendant de longues années à Kangu (district du Bas- 
Congo, région du Mayombé, Congo belge). Voulant donner 
plus de poids à son affirmation et dissiper mes doutes, le 
brave aumônier joignit le geste à la parole et croqua, en mia 
présence, une bonne douzaine de noix. Il ne s’en est pas porté 
plus mal. 


(1) Bul. Imp. Inst., 1907, p. 369. 

(2) Lewkowitsch traduit par Bontoux : Technologie et Analyse chi- 
mique des Huiles, Graisses et Cires. Paris, 1910, tome IIT, p. 1909. 

(3) Ed. Heckel : loc. cit. 


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Pad 
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* 


de 


[OA 


Les Variétés du Palmier à Huile 


par M. Henri JUMELLE. 


Nous ne saurions être dès maintenant trop documentés sur 
tout ce qui concerne et peut faciliter l'exploitation et la cul- 
ture du palmiste africain. Les deux produits du fruit de 
V'Elæis guineensis, beurre de palme et beurre de palmiste, sont 
certes connus et largement utilisés de longue date, le premier 
en savonnerie et en stéarinerie, et le second en savonnerie, 
mais il semble que cette utilisation doive s'étendre encore 
dans l'avenir, et que le beurre de palmiste notamment occupe 
à l'avenir, dans les industries française et anglaise, une place 
plus importante que par le passé. Il est vraisemblable, en 
outre, que les deux substances ne tarderont pas à prendre 
rang parmi les graisses végétales de consommation, au même 
titre que le beurre de coprah. 

Pour le beurre ou huile de palme, en particulier, la question 
de l'emploi de cette substance, comme graisse alimentaire, 
était soulevée et sérieusement mise à l'étude, en Allemagne, 
par le « Kolonial-Wirthschaftliche Komitee » de Berlin, à la 
fin de 1913. Ce Comité créait à cette époque une « Olrohstoff- 
Kommission », ou Commission des Oléagineux, et, dès la pre- 
mière réunion de décembre, cette Commission se préoccupait 
des mesures à prendre pour obtenir à bon compte un beurre 
de palme qui pût devenir, dans l'alimentation, le concurrent 
du beurre de coco. 

Trois causes, a priori, ainsi qu'il résultait de la discussion, 
pouvaient empêcher le beurre brut de palme d’être livré à la 
consommation : sa couleur, sa saveur et sa forte acidité. Or, 
tandis qu'il n’est ni bien difficile, ni très coûteux de décolorer 


40. LES VARIÉTÉS 


la substance et d'éliminer sa saveur, la forte acidité du beurre 
tel qu'il est exporté des colonies, après après avoir été préparé 
par les méthodes indigènes, est un inconvénient plus grave, 
car le degré de saponification nécessaire en ce cas pour la 
neutralisation a pour effet concomitant un dédoublement, et, 
par conséquent, une perte d'huile qui élève considérablement 
le prix du produit. 11 faut done — condition absolument indis- 
pensable — que le beurre brut importé et reçu par les usines 
ne dépasse déjà une certaine proportion d'acide, que les tech- 
niciens de la Commission estimaient à 8 p. 100, quoique certains 
fabricants prétendissent pouvoir travailler encore jusqu à 
10 p. 100. 

Mais, en définitive, la Commission admettait que le beurre 
brut type, propre à la préparation de Ia « speisepalmôl », 
devait avoir comme teneur, au maximum, 8 p. 100 d’acidité, 
0,5 p. 100 d’impuretés et 0,5 p. 100 d’eau. 

Et, comme il n’est pas à espérer que les indigènes, par leurs 
procédés primitifs, puissent fournir une huile de palme qui 
satisfasse à ces conditions, il faut bien absolument s’efforcer 
de répandre et de généraliser, dans les colonies de l’Afrique 
occidentale, l’emploi des procédés et de l’outillage européens. 

Et cette nécessité s'impose de plus en plus au fur et à mesure 
que s’accroissent les exportations d'huile de palme et d’a- 
mandes. 

En 1915, la Grande-Bretagne a importé 67.369 tonnes 
d'huile de palme et 233.249 tonnes d'amandes. 

Sur ces 233,249 tonnes d'amandes, 195.389 tonnes sont 
venues des colonies anglaises et 37.860 tonnes des colonies 
étrangères. 

La même année, la Grande-Bretagne a produit 94.082 tonnes 
d'huile de palmiste, dont elle a employé 93.902 tonnes, n’en 
réexportant que 180. Si l’on remarque que, avant la guerre, 
les importations de palmistes pour l'Allemagne étaient de 
261.408 tonnes en 1912 et 235.917 tonnes en 1913, alors que 
les deux colonies allemandes du Cameroun et du Togo n’ex- 
portaient guère que 25.000 tonnes de ces palmistes (11.639 t. 
du Togo en 1912 et 15.742 tonnes du Cameroun, la même année), 


DU PALMIER A HUILE 4% 


on voit comment la Grande-Bretagne a repris dès ajourd’hui 
une industrie qui était passée entre les mains de l’Allemagne. 

Il sera facile, d’ailleurs, au Royaume-Uni de la conserver, 
puisqu'il lui suffira désormais de continuer à importer pour 
son propre compte la production de ses colonies. Les posses- 
sions britanniques de l’Afrique occidentale exportaient, en 
effet, en 1915, 197.719 tonnes de palmistes, contre 164.655 
en 1904, les exportations, pour ces deux années, se répar- 


tissant ainsi : 
1904 1915 


(En tonnes) 


CAMES NE SR P er 179 #95 
SICRTA ECOLE TAROT EUR ere de 25.101 39.264 
COL CGDASTE RE ET SR ET NL à 9::557 4.064 
LES Ne PRES Do RCE SANTE 129.818 153.900 


Les mêmes années, les exportations en huile de palme étaient 


de 76.245 tonnes, dont : 
1904 1915 


(En tonnes) 


SV due PNEU VON AREAS 904 1.978 
CMP ASEE SN RL RSS La 8.666 1.360 
DRE EE RD M RARE HR Se 53.000 72.097 


La Nigérie et, en particulier, la Nigérie méridionale, est 
donc la grande colonie britannique à palmistes ; et la nou- 
velle voie ferrée orientale, en desservant la grande région des 
palmiers à huile, facilitera encore l’extension de ce com- 
merce (1), extension qui retentira sur l’accroissement de 
l’industrie anglaise. 

Ce qu'il nous faut, toutefois, naturellement nous demander 
en France, c’est l'influence que pourrait avoir sur notre propre 
industrie cette monopolisation par l'Angleterre des produits 
de ses colonies. 

Pour répondre à cette question, comparons tout d'abord 


(1) Avant la guerre, l'Allemagne absorbait 44 p. 100 du commerce 
de la Nigérie anglaise, 


42 LES VARIÉTÉS 


nos chiffres d’importations métropolitaines et d’exportations 
coloniales. 
Avant la guerre, nous importions annuellement environ 
18.000 tonnes d'huile de palme et 3.000 tonnes de palmistes. 
Or nos colonies ont exporté, d’une part en 1904, et, d’autre 
part, en ces dernières années, tant en France qu’à l’étranger : 


En huile de palme : 


190% 1913 ÊTES 


(En tonnes) 


Guinée Française........... » » 374 
COLE ANOITER Se ree/ Rue. 9.83 6.01% L.983 
D'AhOMEV A LR EPS 8.368 3.887 9:597 
Afrique Equatoriale......... 152 119 8% 


En palmistes : 


190% 1913 1915 


(En tonnes) 


SOHÉ PAL SE LE IN REA 902 1.901 1../29 
Guinée Française........ 2850 5.472 5.829 
COLE IVOITR EME EEE 3:365 6.949 6.112 
DAROMEMEMET NE er. 29997 26-371 29269927 
Afrique Equatoriale... ... 691 975 1.167 


Toutes ces exportations représentent, par conséquent, 
approximativement 15.000 tonnes d'huile de palme et 
35.000 tonnes de palmistes, c’est-à-dire une quantité d'huile 
de palme à peu près égale à nos besoins et, par contre, une 
quantité de palmistes qui paraît largement supérieure. Et la 
conclusion semblerait que, tout au moins au point de vue de 
notre industrie, nous n'avons nul souci à avoir au sujet de 
la production des amandes, non plus que pour notre appro- 
visionnement en ce qui concerne l'huile de palme. 

Mais, ainsi présenté, le problème est mal posé, parce que 
nous paraissons admettre : 10 que nous n’augmenterons pas 
notre consommation industrielle d'huile de palme ; 20 que 
nous délaisserons comme autrefois les palmistes que l’Alle- 


DU PALMIER A HUILE A 


(ee) 


magne ne dédaignait pas et que l'Angleterre maintenant 
apprécie. 

Or ceci ne peut pas et ne doit pas être ; et voilà pourquoi 
il nous faut prévoir, pour nos industries, une plus forte pro- 
duction à la fois d'huile de palme et même d'amandes. 

Et est-ce à dire alors que des inquiétudes seraient jus- 
tifiées ? Non, certainement, si nous songeons aux faibles quan- 
tités qui, somme toute, nous manquent ou pourront nous 
manquer, car ces quantités, nous les obtiendrons très aisément 
dans nos possessions, à la condition que, ne perdant pas de 
vue nos possibilités coloniales, nous voulions bien faire un 
effort — mais effort indispensable — parallèle à celui de nos 
voisins (1). 

Et cet effort doit tout de suite consister : 

En premier lieu, dans le perfectionnement de l'outillage et 
des procédés d'extraction de l’huile de palme ; 

En second lieu, dans l'aménagement cultural des palmeraies 
et l’accroissement des plantations. 

Or, sur ce dernier point, et si nous voulons nous livrer 
à une culture méthodique, il est une nécessité primordiale : 
bien connaitre les diverses variétés de palmiste, pour ne mul- 
tiplier que celles qui, par leurs conditions de végétation et 
leur rendement, méritent d’être conservées et propagées. 

Et ce que nous voudrions tenter ici, c’est de résumer, dans 
une sorte de classement tout artificiel, les principales obser- 
vations déjà faites, au point de vue morphologique ou chi- 
mique, sur les fruits de queiques-unes de ces « variétés 

En nous hasardant à cet essai, auquel une toute récente 
étude botanique de M. Beccari (2), nous a semblé pouvoir 
servir de base, il est bien entendu que nous ne lui attribuons 
qu'une valeur très provisoire ; mais nous croyons qu'il peut 
être utile, pour les recherches ultérieures, de rapprocher dès 


(1) M. le Gouverneur Angoulvant estimait récemment à 100,000 [onnes 
d'amandes et à 50.000 tonnes d'huile de palme les possibilités de pro 
duction de l'Afrique Equatoriale. 

(2) O. Beccari : Contributo alla conoscenza della Palma a olro. Florence, 
1914. 


44 LES VARIÉTÉS 


maintenant des résultats qui, pour la plupart, ont été jus- 
qu’alors séparément mentionnés par divers auteurs (1). 


Nous avons dit classement et non classification ; et on ne 
pourrait, en effet, raisonnablement, à l'heure actuelle, pré- 
tendre établir une classification rationnelle des variétés de 
palmiste. Celles mêmes de ces variétés déjà connues le sont 
trop incomplètement : nous sommes, en outre, trop peu ren- 
seignés sur le degré de fixité et les causes réelles des caractères 
différenciels qu’elles présentent. Beaucoup de particularités 
peuvent n'être que le résultat plus ou moins durable d’une 
amélioration culturale ou, au contraire, d’une dégénérescence 
pathologique. 

C’est, par exemple, au second de ces deux facteurs que 
M. Beccari tend avec raison à attribuer les variétés ou formes. 
que nous allons désigner sous les noms de pistfera, gracilinux, 
leucocarpa, albescens, spectabilis, idolatrica. 

Les variétés pisifera et gracilinux, dont le noyau, très réduit, 
est localisé dans la partie supérieure du fruit, représentent 
un état caryolytique. 

Les variétés leucocarpa et albescens, à fruits blancs, peuvent 
correspondre à une décoloration qui est également l'indice 
d’un état morbide. 

Les variétés spectabilis et tdolatrica, dont les segments 
foliaires ne se sont pas déchirés, ce qui donne à la feuille un 
aspect vaguement flabelliforme, constituent également des 
anomalies. | 

La rareté de la plupart de ces variétés, dont les caractères 


(1) « Investigations in connection with the African palm oil industry ». 
Bulletin of the Imperial Institute, 1909. — J. Adam : « Le Palmier à 
huile en Afrique Occidentale ». Agriculture Pratique des Pays Chauds, 
1908 et 1909. —— Preuss : « Die wirthschaftliche Bedeutung der Ol- 
palme ». Der Tropenpjilanzer, 1902. — Strunk : « Zur Olpalmenkultur. ». 
Der Tropenpflanzer, 1906, — A. Chevalier : Documents sur le Palmier à 
Huile. Challame], 1910. 


DU PALMIER A HUILE 45 


semblent d’ailleurs devenus héréditaires, est certainement une 
confirmation de cette hypothèse. 

D'autre part, la similitude de caractères que semble relever 
M. Beccari entre des variétés qui ne sont distinctes que par 
la teinte noire ou verdâtre de leurs fruits non mûrs nous em- 
pêche de donner à cette couleur avant maturité l'importance 
que. lui a attribuée M. Chevalier en en faisant la base d’une 
subdivision en deux sous-espèces. 

M. Chevalier, en effet, groupe dans la sous-espèce nigrescens 
les variétés communis, sempernigra, Ceredia, macrophylla, ete., 
dont les jeunes fruits sont noirâtres, et dans la sous-espèce 
oirescens les variétés repanda, intermedia, gracilinux et spec- 
tabilis, dont les jeunes fruits sont verdâtres. 

Or, pour M. Beccari, la variété repanda, sauf par cette 
teinte des fruits, ressemble à la variété dura : l'intermedia se 
rapproche dans les mêmes conditions de la variété tenera : la 
gracilinux correspond de même à la pisifera, et la spectabilis 
ne serait, comme l’idolatrica, qu'un état symphyllique de la 
dura. 

Quant aux variétés macrocarpa et Ceredia (quand cette der- 
nière ne présente pas du moins la caryolyse), les dimensions 
de leurs fruits et l'abondance de la pulpe amènent tout natu- 
rellement à les considérer comme des formes fortement amé- 
liorées par la culture. 

Qu'on ajoute à cela que de nombreux types de transition 
relient toutes ces variétés et on se rendra compte qu'il sera 
peut-être bien difficile d'aboutir jamais à une classification 
systématique, à laquelle, au surplus, on n’est encore qu'im- 
parfaitement arrivé pour les variétés de nos espèces culturales 
françaises. 

Mais ce qui, heureusement, pour le palmiste, importe surtout 
pour le moment est moins l'établissement de cette classifi- 
cation rationnelle qu'un classement provisoire — d'un provi- 
soire plus ou moins durable — qui faciliterait, au point de vue 
pratique, la comparaison des variétés ou formes déjà connues 
et un peu étudiées ; et, à ce point de vue, il nous semble qu'il 
est possible, sans grand inconvénient, de ne pas nous attarder 


46 LES VARIÉTÉS 


outre mesure à rechercher s'il s’agit dans chaque cas particulier 
d’une variété ou d’une forme. 

Nous placerons donc sur le même rang, dans la description 
qui va suivre, et en les désignant uniformément comme variétés, 
toutes les modifications au type spécifique guineensis sur 
lesquelles nous possédons, notamment en ce qui concerne les 
fruits, quelques données morphologiques ou chimiques. 

Sous ces réserves, et si nous faisons abstraction des causes 
naturelles, culturales ou pathologiques qui ont provoqué ces 
modifications, pour n’envisager que les caractères acquis, nous 
pourrons établir le tableau suivant : 


J. — Noyau épais (de 2 à 4 millimètres d'épaisseur). 


A.— Fruits noirâtres avant maturité et rouges après, au Inoins 
dans la partie inférieure. R 


19 Fruits pesant ordinairement moins de 
10 grammes : 
a) Pulpe ordinairement de 2 à 3 mm. 
d'épaisseur. 
a’) Fruits non anguleux, ou seulement 
dans le bas, de 35 à #0 mm......... var. dura 
b’) Fruits très anguleux de 35 à 40 mm. var. angulosa 
b) Pulpe pouvant avoir 4 à 5 mm. d’épais. var. Ceredia 
c) Pulpe ordinairement de 1 mm.5 à 2mm.5 
a) Fruits lonssde 55/4358 mme var. sermudura 
B) Fruits longs.de 23 à 27 mm.:.°2. var. fatua 
20 Fruits ordinairement de plus de 10 gr. : 
a) Noyau obové, de 30 à 31 mm. de lon- 


rueur, d'paroi des à Æ mm TIME" var. macrocarpa. 
b) Noyau sphérique, à paroi de 3 mm. à 
D DAT 0 nc Ne DER EEE DE SEE var, macrophylla 
c) Noyau sphérique ou obové, à paroi de 
Da DANORO I SE NE es are Var. nACrOCarpa 
B. — Fruits verdätres avant maturité, rouges après. 


1° Segments foliaires non soudés. Noyau 
irrégulièrement.globuleux 2:22" 2702: var. repanda 
20 Segments foliaires soudés. Noyau ovale. var. spectabilis 


C. — Fruits noirs avant et après maturité.... Var. sempernigra 


D. — Fruits blanchätres avant maturité ; 
mésocarpe peu fibreux, novau lisse, grand. var. albescens 


DU PALMIER A HUILE 4 


IT. — Noyau miNcE (2 millimètres au plus d'épaisseur). 


A.— Fruits noirâtres avant maturité et rouges après, au moins 
dans la partie inférieure. 


19 Fruits non rostrés au sommet. 
a) Segments foliaires non soudés. 
a’) Fruit de 22 à 28 mm. sur 18 à 22 mm. 
Noyau dans toutelalongueur du fruit. var. tenera 
b’) Fruit de 23 à 28 mm. sur 16 à 19 mm. 
Noyau réduit, dans la moitié supé- 
Bet Œuibuil Ets re à. var. pisifera (1) 
b) Segments foliaires plus ou moins soudés. 
Fruit de 20 à 26 mm. sur 16 à 17 mm.. var. cdolatrica 
20 Fruits rostrés au sommet (2), au moins 
ES OA ol er RE RIM TEE EE ASSET var. rostrata (2) 


B. — Fruits verdätres avant maturité, rouges ensuite. 


1° Noyau dans toute la longueur du fruit.... var. entermedia 
29 Noyau réduit, dans la partie supérieure 
PTE nn Mio te ISIN) ER ,. Var. gracilinurT 


C. — Fruits blanchâtres avant maturité, rouges ensuite. 


Noyau réduit, dans la partie supérieure du 
RE ES D NE EC En à var. leucocarpa 


Nous ne saurions trop répéter que ce tableau peut donner 
prise à la critique. On pourrait nous reprocher, par exemple, 
d’avoir donné à des variétés qui, comme les deux dernières, 
ne sont peut-être que des états pathologiques, la même valeur 
qu'à d’autres variétés certainement plus réelles, comme la 
variété dura etela variété Ceredia. Nous avons aussi éloigné 
des variétés qui, comme les variétés dura et tenera, sont peut- 
être plus voisines que ne le sont entre elles la variété dura et 
la variété macrocarpa ou la variété macrophylla. 

Enfin le défaut général de ce tableau est d’être basé sur des 

(1) 11 y a cependant aussi un état caryolytique de la variété Ceredia 
qui pourrait plus ou moins correspondre à ces caractères. 


(2) Cette variété rostrata est placée ici sous la réserve que la couleur 
première du fruit est ignorée. 


48 LES VARIÉTÉS 


caractères dont la constance n’est peut-être pas suffisamment 
assurée par les trop rares échantillons examinés jusqu'alors 
pour certaines variétés. Nous croyons cependant qu'il peut 
être utilisé pour les recherches ultérieures ; 1l montre aussi 
comment la repanda (à fruits verdâtres), la spectabilis (à 
segments foliaires soudés) et la sempernigra (à fruits toujours 
noirs) peuvent se rattacher à la dura, tandis que l'intermedia 
(à fruits verdâtres), l’idolatrica (à segments foliaires soudés) 
se rapprocheront peut-être plutôt de la tenera. Il montre bien 
aussi immédiatement comment la graculinux se rapprocherait 
de l’intermedia dans la section des fruits à noyau mince, pen- 
dant que la pisifera (qui est un état caryolytique analogue) 
se rapprocherait de la tenera, mais, au reste, tenera et inter- 
media ne se séparant guère que par la couleur première des 
fruits. 

Nous résumerons maintenant, dans l’ordre même du ta- 
bleau, quelques caractères morphologiques et chimiques de 
ces « variétés ». 


Variété DURA 


C'est l'Elæis nigrescens var. communis de M. Chevalier, 
la variété communis forme dura de M. Beccari ; et c’est la 
variété la plus répandue en Afrique occidentale. Elle croît du 
Sénégal à la Guinée française, à l'exclusion de toutes les autres 
variétés, et elle est aussi la forme dominante depuis Sierra- 
Leone jusqu’à la Nigérie du Sud. C’est encore, d’après M. Bec- 
cari, la forme ordinaire du Congo Belge. 

D'après M. Chevalier, c’est le deyaya du Dahomey, et, 
d’après M. Beccari, l’abe-ba de la Gold Coast et peut-être 
l’afia ekpo oyop (dialecte ibibio) de l’Old Calabar, puis aussi, 
en Nigérie, l’udin (dialecte du Bénin) de la Province centrale, 
l’ak porro-jub (dialecte efik) de la Province orientale et l’ope 
pankora (dialecte yoruba) de la Province occidentale. Peut- 
être est-ce le dihoho de l’Angola (var. macrosperma de Wel- 
witsch). 


DU PALMIER A HUILE 49 


Les fruits (PI. I, fig. ; PI. IT, fig. IV'et VIIT; PL III, fig. 1, XIV, 
XVII, XVIII), sont assez gros, ovales, quelquefois ventrus 
au mulieu, rétrécis et anguleux, par suite de compression 
mutuelle, dans le bas. Ils sont longs de 35 à 38 millimètres 
et larges de 22 à 25 millimètres, et sont ou entièrement rouges, 
ou rouges dans la moitié ou le tiers inférieurs, noirs dans le 
reste. Pulpe de 2 à 3 millimètres d'épaisseur. Le noyau 
assez volumineux, obovale, arrondi en haut, occupe presque 
toute la longueur du fruit et a une paroi de 2 à 4 milli- 
mètres. 

Pour des fruits de la variété communis Chev., qui corres- 
pond, croyons-nous, à cette variété, Hébert a trouvé : 


EN TR M NPA RTE CEA ES MAIRE Re 
MONTE AITAMO US MOT Rs à e doiinie n es 65 % 
PTE EN SRE MAT PER CROP EEE 18 % 
Éturle-pourcéentde pulpe 1:51: 1er eue 41 
= — ÉRMREE ST ET ie es 22 
Eosiondedl huilé. de pulpe »: 1:23: 1070 420 
Densité au-pOint de flision 7, 1. 0,882 
LICE SAPOMTEE AIO. 2 222. rudes: 201 
UM LORS. 2 2e SNS ST Ve M d'ée 0,8 
ME, OT RP M Te PAP Po PC TE 43,8 
ON a Li Le ei MP I RE TO PA ETES 98 
FUBONR des ACIdES DTA, Le one nee 469 


D'autre part, c’est à cette même variété de Beccari que 
doit sans doute aussi être rapportée une autre analyse de 
Hébert faite sur le deyaya du Dahomey, et dont les résultats 
sont les suivants : 


ae ed de md un vire 28 
PE ACT ETS OF PCR ORNE 72 
Hule-pour cenbdepuliper..:. 2... 1... 43 
— MO RON SP NA RE nes da tae rue 21 
Fusion de l'hunlé de pulpe. 27, 2... 20 
Densité au point de fusion .................. 0,881 
Indice de saponification...............,,.,4. 201 
ONE ER Me en dede ee cd ns 0,8 
RE I CA A TI meta 40e er à pue e 48 
PE ER RL Ve ea ns De nées 0 à 96,2 


DUB OOS ACRTIOS QTOE en re asso de soie see» 0 189 


50 LES VARIÉTÉS 


Pour l’abe-pa, de la Gold Coast, le Bulletin of the Imperial 
Institute donne comme moyennes (1) : : 


Dimensions du frite se ee 30 X 20 mm. 
POIdS RER RE PP NT CRE 7 gr 
Pulpes rs De EN ir res dt 29 202 
NOIRE RER NE RES ES eee JAZSE 
Humidrité-de‘ pulpe". "2er 16,379 
Huile pour cent de pulpe fraîche ..... 65 

_ —— de pulpe sèche ,...... 73,6 

= — du fruit entier. :..... 19 
Dimensions du noyau: 5.2 Re 27. K A7 mme 
Poids du nova ME RP 4 gr. 4 
Bpaisseur de la:coque : 25.772 3 mm. 75 
Dimensions de l’amande ............. 17,5-:X AOCmINr. 
Poids de l'amandess +140 ten 1 gr. 6 
Amande pour cent de frnit. 27 00x" 22 
Humidité de Pamande::::; 2 20 
Huile pour cent d’amande fraîche ..... 41 

— —  d’amande sèche ...... 151 


Pour des échantillons de la Nigérie, il a été trouvé : 


Ope-pankora Udin 


DD er a me ee RCE 0007 DAT 
NOYAL AE NS NE TR 64 % HT 
Humidité de 1x pulpe :::..:....:.7. 20 6,8% 
Huile pour cent de pulpe himide.... 54 66 

— — de pulpe sèche... …. 72 70,5 
Huile — du fruitiéentien 2: 19 16 
Amande — dénoyan rire. 30 » 
Elumidiéide Famande ss 22e, » 8,3 


En employant à l’Imperial Institute les méthodes indi- 
gènes d'extraction avec les fruits d’abe-pa, de la Gold Coast, 
il a été obtenu 11,2 p. 100 d'huile, sur une teneur que nous 
avons dit être de 19 p. 100. 


(1) Tous les chiffres que nous donnerons pour la Gold Coast, dans ce 
tableau et dans les suivants, d’après le Bulletin of the Imperial Institute, 
se rapportent à des fruits qui ont été conservés dans de la sciure de bois 
humide. 


DU PALMIER A HUILE 51 


Variété ANGULOSA 


Cette variété est l’okoro oyop, l’okporokpo et l’ikrok eyod 
du Vieux-Calabar. 

Les fruits (PI. IT, fig. III; PI. TT, fig. XIII) ont, comme di- 
mensions, 30 à 35 millimètres sur 22 à 24 millimètres et sont très 
irréguliers et anguleux. La pulpe a 2à3 millimètres d'épaisseur. 
Le noyau, très variable, est globuleux ou turbiné, avec une 
paroi de 2 à 3 millimètres. 

Il est assez difficile de dire si c'est à cette variété que se 
rapportent réellement les nombres donnés par l’Imperial 
Institute pour l’ok-po-ruk-pu, ou ak-por-ro-jub, de la Nigérie, 
car, d’après M. Beccari, ces mêmes noms s’appliqueraient 
aussi à la variété dura. 

Ce n’est, par conséquent, qu'avec doute que nous plaçons 
ici des analyses qui se rapportent peut-être à la variété pré- 
cédente. 


MR RS En out ad aetnre den d'os NN 0 y 
le! ETC UT 4 PALAU PASSER DRE AE LT PE ON el ES 
Éerioité den DuipDer: 2 MEN R E  r 29,8 % 
Huile pour cent de pulpe humide ............. 58,2 
— RS A2 AC MDOL SCO LS Er aire PA de 83 
— ac UROVAU ENLIOTS RS a «ie ce 26 
Amande:pour cent'de noyau... 15222. 04400 à 20 
— — De PRULR ÉLUS ruse a de 11 
—— -— DEITOESEC à Re are 10,5 
Emo de FAMANAES NT ER nn nes de sun » « 20,2 


Cette variété angulosa serait assez voisine de la variété 
fatua que nous citerons plus loin, mais serait d’un meilleur 
rendement en huile, car sa pulpe est plus épaisse. 


Variété CEREDIA Chev. 


C'est le ceredi et l’ahié na sran de la Côte d'Ivoire, où, dans 
la région des Lagunes, les indigènes le considèrent, d'après 
M. Chevalier, comme le meilleur de tous les palmistes. 


52 LES VARIÉTÉS 


D’après M. Beccari, c’est l’adi-be de la Gold Coast et l’osok 
eyop du Vieux-Calabar. Ou du moins cet osok eyop serait 
intermédiaire entre la variété tenera et la variété Ceredia, mais 
en avoisinant surtout cette Ceredia. 

Les fruits (P1:1I, fig. VIT et VIIL ; PI I, fig. [et XIV, et 
PL ITI, fig. V, VIet X 1”) sont oblongs, ovales-oblongs-ou ovales- 
elhptiques, de 30 à 50 millimètres de longueur sur 15 à 20 mil- . 
limètres de largeur ; ils sont d’abord noirs, puis rougeâtres 
à la base et d’un pourpre noirâtre dans le haut. La pulpe est 
abondante, mais peu fibreuse, et a jusqu à 4 et 5 millimètres 
d'épaisseur. Le noyau est de dimensions variables. Il peut 
même manquer, ou être tout au moins très réduit (état caryo- 
lytique). En général cependant il est assez gros, avec paroi 
mince, mais dure et bien sclérifiée. Il est souvent obové, la 
partie globuleuse correspondant à peu près au milieu du fruit. 
La graine est sphérique ou un peu ovoïde, de 7 à 12 millimètres 
de diamètre. 

Les individus sans noyau ou à noyau très réduit, qui cons- 
tituent la forme caryolytica Becc. (PI. IT, fig. XIII et 
PI. III, fig. XXI) sont l’abedam-adibe de la Gold Coast, qui 
ne serait toutefois pas à confondre avec l’abedam décrit plus 
loin comme variété fatua. Les fruits ont de 28 à 32 millimètres 
sur 15 à 20 millimètres : et, dans la moitié supérieure du fruit, 
est une graine pisiforme, de 6 à 7 millimètres, avec noyau très 
mince. 

Evans dit que les fruits de l’adi-be, par les méthodes indi- 
gènes, donnent 25 à 28 p. 100 d'huile. 


Variété SEMIDURA Becc. 


M. Beccari considère cette variété comme intermédiaire 
entre la variété dura et la variété semidura. 

C'est l’abe-tuntum de la Gold Coast. 

Les touts (PISTE: Ge X cet PL: TT he PS6 
assez gros, de 35 à 38 millimètres sur 20 à 27 millimètres, 
obovales ou globuleux-obovales, atténués, et plus ou moins 


DU PALMIER A HUILE 53 


obtusément anguleux en bas. La pulpe à { mm. 5 à 2 mm. 5 
d'épaisseur. Le noyau, assez gros, sphérique ou un peu turbiné, 
a une paroi qui varie de 2 à 4 millimètres ; il pèse de 5 à 
8 grammes. La graine est large de 15 à 16 millimètres, ou 
quelquefois seulement de 11 à 12 millimètres. 

Le Bulletin of the Imperial Institute donne pour cette variété 
les nombres suivants : 


Dhoersrone dUÉRUIt-2-225.. 2e 31,25 X 20 mm. 
IT ECS ET LA ERRETE PRET 
HE EN RRS  RR CRE RENE SRE RSS 36% 
NO Re, 64 % 
Humidité de la pulpe............. NES 10 
Huile pour cent de pulpe fraîche..,... 48 ,7 

— pour cent de pulpe sèche....... 70,5 
Dimensions duo var Ter. 24 X 17 mm. 5 
Por TO ARE HS AN TOR Le rel gr. 9 
Epaisseur de ldcoque: 22 2:12, 3 Im. 75 
Dimensions de l’amande ............ 15 X 10 mm. 
Poids der amanae ENCRES EEE TE l'or, 2 
Amande pour cent de fruit.:..:.......:18 
Amande er CIC TOY AL S Le Peu 2 ce 28 
Houutigsé del’amandeé 223. 742. 22-029 
Huile pour cent d’amande fraiche..... 44 
Huile —  d’amande sèche ..... 57 


Par la méthode indigène, on a obtenu, à Londres, 13,7 p. 100 
d'huile, sur une teneur de 17 p. 100 (alors que, pour la variété 
dura, il a été obtenu 11,2 p. 100, sur une teneur de 19 p. 100). 


Variété FATUA Becc. 


M. Beccari pense que cette variété est une forme sylvestre. 

C'est l’abe-dam de la Gold Coast. 

Les fruits (PI. IT, fig. XV et PI. III, fig XXIII) en 
sont plutôt petits (de 23 à 27 millimètres sur 19 à 22), ovales 
ou largement ovales, ventrus vers le milieu ou un peu au- 
dessous, plus ou moins anguleux ou comprimés. 

Le mésocarpe est très mince (1 millimètre à 1 mm. 5). Le 
noyau est sphérique, mais un peu anguleux, non atténué à 
la base, avec une paroi de 2 à 3 millimètres. La graine a 


54 LES VARIÉTÉS 


de 10 à 13 millimètres. On a trouvé à l’Imperial Institute : 


Dimensions du terre 28:75 X-17-nms 
Poids OA RM EEE D:OT. 9 
PUIPE: ECS RE A AR Si Ie 
NOÏX EE PRE Re Pr A Re M 662 
Humidiiédetpuipes es ER 13,9 % 
Huile pour cent de pulpe fraiche ... 68,6 
— — de pulpe sèche.…..... 79 
- Dimensions du noyau ............. 22,5 X 16 mm. 25 
Poids du no YA ER er Re eee 3 gr. 4 
Epaisseur de licoque 5... 3 MIN29 
Dimensions de l’amande ........... 128-710 mn 
Poids delamender terres 0 gr. 8 
\mande pour cent -delfruit::,.:#00%% 15 
— — dénovauts se 23 
Humidité de Pamande:" fer 19:56 206 
Huile pour cent d'amande fraîche .. 43,6 
— — d'amande sèche .... 54 


La méthode indigène d'extraction a donné 11,2 p. 100 
d'huile (comme pour la variété dura) sur une teneur de 23 p. 100 
contre 19 p. 100 dans la variété dura). 


Variété MACROCARPA Chev. 


Cette variété se trouve à San Thomé et au Gabon. 

Les fruits (PI. I, fig. V), noirs avant maturité, sont rouges 
lorsqu'ils sont mûrs ; ils sont ovoïdes et gros et pesent en 
moyenne de 10 à 15 grammes, mais peuvent peser jusqu’à 
25 grammes. Des noyaux étudiés par M. Beccari pesaient 
l’un 12 er. 3 et l’autre 17 gr. 3 : la graine seule pesait 2 gr. 5. 
Ces noyaux sont obovales ou subclavés, de 30 à 35 millimètres 
sur 24 à 30 millimètres, avec une paroi dé 2 à 3 millimètres ; 
la graine est globuleuse, de 15 à 17 millimètres de diamètre. 


Variété MACROPHYLLA Chev. 


Les feuilles de cette variété de la Gold Coast, qui est 
l’'akyenkié des Fantis et a été décrite par M. Chevalier, sont 
dressées et non étalées, très grandes ; elles ont une longueur 
de 5 à 8 mètres, avec 150 à 200 segments. 


DU PALMIER À HUILE 55 


D’après M. Chevalier, les fruits sont ovoides, de 30 milli- 
mètres sur 22 millimètres, d’abord noirâtres, puis d’un noir 
vineux à la base, ensuite rougeâtres, et à mésocarpe mince. 
Le noyau est gros, avec une paroi de 3 millimètres à 3 mm. 5 : 
les graines ont 15 millimètres de diamètre. 

M. Chevalier ajoute que les indigènes consomment ces 
graines, mais n'extraient jamais l'huile de la pulpe, qui est 
mince et peu oléagineuse. 

Tout en admettant, d’après la plupart des caractères, que 
l’abubube de la Gold Coast est aussi cette variété macrophylla, 
M. Beccari modifie sensiblement la description des fruits 
donnée par M. Chevalier. 

Les fruits de l’abubu-be (PI. IT, fig. XVI et PI. IT, fig. XXIV) 
sont régulièrement ovales, surtout larges dans leur partie 
médiane, terminés en pointe conique, de 28 à 32 millimètres 
sur 20 à 24 millimètres ; le mésocarpe est très pulpeux, de 
3 millimètres à 3 mm. 5 d'épaisseur, avec de nombreuses fibres 
adhérentes au noyau. Celui-ci est obové, atténué vers la base, 
avec une paroi assez mince, de 1 millimètre à ! mm. 5. La 
graine est relativement volumineuse, de 13 à 15 millimètres 
de diamètre. 

M. Beccari décrit done une pulpe plus épaisse et un noyau 
plus mince que ne l'indique M. Chevalier. 

L’Imperial Institute indique pour l’abubu-be : 


Pensions A ITU. 08 Lie à 32,5 x 18 mm. 75 
OR OUL DEVRIDES EM en NU ee ne à 5 gr: .9 

LG PEN LR SRE A FER AR AO 50 2 

DNA RL TES ke DE bte 50 % 

Humidité de pulpe... 2, ET A 

Huile pour cent de pulpe fraîche.... 62,1 

Huile — de pulpe sèche .... 79,3 

Dimensions du noyau ............. 25 X 15 mm 75 


RONDE ON 2 de 003 « à « 3 gr. 03 
Epaisseur de la coque …........... 2 
Dimensions de lamande ........... 15 X 11 mm 75 
1 gr, 16 
Amande pour cent de fruit........... Û 
— — de noyau ........ 
Humidité de l’amande............. A.,5 02 
Huile pour cent d'amande fraiche .. 4 
— — d'amande sèche.... 55,6 


56 LES VARIÉTÉS 


La teneur en huile — qui concorde avec l'épaisseur de la 
pulpe — est élevée (31 p. 100 du fruit) et le rendement par la 
méthode indigène serait assez fort (25 p. 100) ; mais, d'après 
une lettre du directeur de l'Agriculture d’Aburi adressée au 
Jardin de Kew, la briéveté des fibres de la pulpe et les dffi- 
cultés qu’on éprouve pour les séparer de l’huile empêchent 
les Noirs d'utiliser cette variété. 


Variété MACROCARPA Becc. 


Cette variété, récoltée par Barter dans son expédttion du 
Niger, se distingue par la grosseur de ses fruits qui, à juger 
du moins d’après les noyaux — qui sont la seule partie vue. 
par M. Beccari — sont de la grosseur d’un abricot. 

Les noyaux sont très irréguliers, plus ou moins arrondis ou 
atténués vers la base, avec une paroi de 5 à 8 millimètres : 
ceux examinés par M. Beccanri pesaient de 23 à 54 grammes et 
avaient depuis 50 millimètres sur 45 millimètres jusqu’à 
53 millimètres sur 33 millimètres. La graine, cependant, pro- 
portionnellement au noyau, est petite : elle peut avoir, par 
exemple, 25 millimètres. 


Variété REPANDA Chev. 


C’est le sede ou kissede du Dahomey et du Togo, d’après 
M. Chevalier. D’après ce botaniste, ce serait aussi l’afia ekpor 
oyop et l’ojima de la Nigérie méridionale, quoique nous ayons 
vu que M. Beccari rapporterait plutôt l’afia ekpo oyop à la 
variété dura. Mais, au reste, pour M. Beccari, la variété repanda 
ne différerait guère de la dura que par la couleur des fruits jeunes. 

La variété repanda se trouve aussi à la Côte d'Ivoire : et ce 
serait peut-être, selon M. Chevalier, le dihusué de l’Angola. 

M. Beccari a étudié deux formes de cette variété. 

Dans celle qui, pour lui, est le type et provient d’'Adjonaja, 
les fruits (PL I, fig. X et PI. IIT, fig. IX) sont ovales, à base 
large, ventrus dans leur tiers inférieur, coniques dans la 
moitié supérieure, d’abord verdâtres, puis presque complè- 


DU PALMIER A HUILE 57 


tement rouges, sauf à la pointe, de 30 à 35 millimètres sur 
23 à 25 millimètres. Le mésocarpe est peu abondant (3 milli- 
mètres sur les côtés), avec des fibres peu nombreuses mais 
fortes. Le noyau, qui occupe presque toute lalongueur du fruit, 
est irrégulièrement globuleux, de 18 à 20 millimètres de dia- 
mètre, avec une forte paroi de 2 mm. 5 à 4 millimètres. 
Danslaseconde forme, quiest de Niaouli, près Allada, les fruits 
(PL. I, fig. IX et PI. IIT, fig. VITI) sont légèrement verdâtres à 
la pointe, ovales-elliptiques, ventrus au milieu, de 23 à 28 milli- 
mètres sur 16 à 19 millimètres ; le mésocarpe a 1 mm. 5 à 2 milli- 
mètres d'épaisseur. Les parois du noyau ont 2 à 3 millimètres. 
Pour des fruits récoltés par M. Chevalier, Hébert a trouvé : 


OT RS Re mal SN Te De à m0 D FLAN AGE Tin 
Nate Man de SEAT ES ES LE . 65,8% 
ET EE RECU LR M PE I OR SEE SA 
Huile pour centde- pulpe.) se 63 

— EAN DIT nee nee del PR 4 Niue se 32 
Fusiotdelhuile’de pulpe. :-7".2::.,...... 430 
Dénsité aupomit défusion 2. Nero. 0,884 
Indice de SAponiiCAfion. : 55120 Les 196 

LT LA 2 NE 6) 1 Ve  C'ÉRRIESE PNSANAEE EU MENr ME) 0,8 

ET RE TD AS nn Mleue ei Re cad 524 

RS EU LE UE SR PE DE SPAS PER E e 95 
PUMOnL des ACiIlep PrAS ir Ne odni snetpas 4490 


Mais cette huile, qui est de couleur blonde, occasionnerait,. 
paraît-il, des maux de tête et des nausées et, jusqu à un cer- 
tain point, serait nocive. 

Nous rapprocherons cette remarque de M. Chevalier de 
celle du Dr Gruner, qui, en décrivant, en 1904, le sedde (à fruits 
verdâtres) de Misahôhe, au Togo, disait que l’huile en était 
réservée par les indigènes pour les usages médicinaux. 

Pour le sedde du Togo, Fendler mentionne : 


RO PIRE RDTÉ er MR LS es eee a vie c o gr. 20 
RE EE 2 diner e ave aise ds seine e 27 
MORE ANA SD A uen sie cie à dote se 75 
Coque pour cent du noyau ................. 5659 
Amande seule pour cent de fruit ............ 18,9 
PROD DURE RSR usage ee e 6,9 
Huile pour cent de pulpe :...:.......,...., 59,2 
PRIRENT Ale dirn en ne à sé diacnie à 0 « 33,9 
PNR MAN AL des ce ous ce 5,9: 
Huile pourcent d’amande.................. 19,2 


Résidu  — LT 15e 14,9 


58 LES VARIÉTÉS 


On remarquera la grande différence qu'il y à, relativement 
à la proportion d'amande, entre le chiffre de M. Hébert 
(31 p. 100) et celui de l’Imperial Institute (18,5 p. 100). La 
couleur verdâtre des fruits non mürs indique cependant bien 
qu'il doit s’agir de la même variété. 

D'après M. Adam, «le kzssede fournit, lorsque ses fruits 
sont traités seuls, une huile de qualité inférieure, à saveur 
âcre et brûlante. Aussi mélange-t-on toujours le kissede et le 
de dans la fabrication de l’huile de palme du commerce ». 


Variété SPECTABILIS Chev. 


C'est le sede-fade, et l’un des « palmiers-fétiches », du 
Dahomey, où M. Chevalier n’en connaît, du reste, qu'un 
exemplaire, dans la cour de la résidence d’Allada. 

Par la soudure des segments foliaires, il est, dans la caté- 
gorie des palmistes à jeunes fruits verdâtres, le correspondant 
du fade, ou variété cdolatrica, dans la catégorie des fruits 
noirâtres. 

Ces fruits (PI. I, fig. XIT et PI. IT, fig. XI) sont ovales ou 
ovales elliptiques, surtout larges vers le milieu, coniques dans 
la moitié supérieure et mamelonnés au sommet, de 30 à 35 mil- 
limètres sur 18 à 20 millimètres. Le mésocarpe n’a que 1 mil- 
limètre d'épaisseur. Le noyau, par contre, est gros, ovale avec 
une paroi de 3 à 4 millimètres. La graine a 11 millimètres de 
diamètre. 

Pour M. Beccari, ce serait, sauf par la coloration des fruits, 
une forme symphyllique de la variété dura. 


Variété SEMPERNIGRA Chev. 

M. Chevalier signale cette variété à la Côte d'Ivoire et dans 
le Bas-Dahomey. 

A la Côte d'Ivoire, dans la région de Dabou, c’est le leguel 
hebebri. 

Les fruits ressemblent beaucoup à ceux de la variété dura, 


DU PALMIER A HUILE 59 


mais restent noirs à la maturité, au moins dans la moitié 
supérieure. 

II y a des formes à coque épaisse (qui sont donc celles se 
rapprochant surtout de la variété dura) et aussi des formes 
à coque mince. 

Hébert a trouvé comme caractères des fruits et de l’huile : 


DDR Cr A AD AE SEE D lan à D Dh ece à 2e 30 % 
NON CE RAM ES Eee Mn ee ri JOSÉ 
ATOS EURE See NID. où 16,4 % 
Huile pour cent dedipulpe 1:25)... :..... 52 
= ee CR MO ÉTUL EE En nn ma de eo nage 16 
Fusondetlhule dé pulpe 2... 40 
Déni pont dé Sion. EU de 0,892 
Mdicedé SADONTHEATION NL ne... 196 
de RICHE AE En DOTE re Te 0,9 
nn CE TOMONNR n Lere roseie Dead pete drame à 92,2 
e Vede HeDDOTS, ER an RAR ee 98 ,1 
PHASE ACIER ETAS AAA LU de initoe à 9 os 


Dans la région de Dabou, les indigènes préfèrent l'huile de 
cette variété à celle de la variété dura. 


Variété ALBESCENS Becc. 


C’est l’abe-fita ou abe-foufou de la Gold Coast, où il serait 
d’alleurs assez rare. Par la couleur de ses fruits, c’est, comme 
la variété leucocarpa, un des palmiers blancs des colons. 

Les fruits (PI. IT, fig. XVIITet PL ITL, fig. XX VI) sont ovales 
ou ovales elliptiques, parfois allongés, la partie 14 plus large 
étant à peu près au milieu, blancs et plus ou moins anguleux 
dans la moitié ou le tiers inférieurs, noirs et régulièrement 
coniques dans la partie supérieure, de 50 à 34 millimètres sur 
20 à 23. La pulpe a 2 à 3 millimètres d'épaisseur et est presque 
dépourvue de filaments fibreux. Le noyau, presque lisse, est 
globuleux-oblong, plus ou moins irrégulier, légèrement rétréci 
en haut, un peu plus en bas, mais non caudé ; la paroi à 2 à 
3 millimètres. La graine a 12 à 13 millimètres de diametre. 

L’Imperial Institute dit que les fruits ont, en moyenne, 


37 mm. 5 sur 31 mm. 25, les noyaux 31 mm. 25 sur 17 mm. 5. 


60 LES VARIÉTÉS 


et l’amande 17 mm. 5 sur 8 mm. 7. L’épaisseur d2 la coque 
est de 4 mm. 25. 

L'huile de la pulpe serait plus blanche que dans les autres 
variétés et bien distincte, en particulier, à cet égard, de l'huile 
de la variété leucocarpa. 


Variété TENERA 


C'est, pour M. Chevalier, une forme de l’Elæis nigrescens 
variété communis, et la variété communis forme tenera de 
M. Beccari. 

Cette variété, qu'on retrouve plus ou moins clairsemée dans 
toutes les régions où croît la variété dura, est l’akoi sran (en 
dialecte ébrié) de la Côte d'Ivoire, l’abobo-be de Ia Gold Coast; 
le debakui, ou de-debakui, et le dechla où deula, du Togo (1), 
le degbakoum du Dahomey, l’a-sog-e-jub de la Province orien- 
tale de la Nigérie. Peut-être est-ce aussi — mais avec doute — 
en Nigérie, l’ivcoronmila du Bénin, l’au-su-ku et l’ope-arunfo. 

Ce serait encore, d’après le Bulletin de Kew, le disombo de 
l’Angola (variété microsperma Welw.) : et M. Beccari y rat- 
tacherait aussi volontiers le /isombe du Cameroun, qui est. 
en eflet, à coque mince. 

Dans la forme normale de cette variété — que M. Beccari 
décrit d’après des échantillons du Dahomey — les fruits 
(PE: TL fe. TTPIIT ie. NS PIE he. T-e6 XVI Aer 
variables, ont de 22 à 28 millimètres sur 18 à 22 millimètres ; ils 
sont plus ou moins largement ovales, ventrus au milieu ou dans 
le tiers inférieur, se rétrécissant du mulieu versle haut en pointe 
conique, rouges lavés de noir vers la pointe. La pulpe a 3 mil- 
limètres d'épaisseur. Le noyau, de 12 à 13 millimètres de dia- 
mètre, est arrondi en haut, atténué vers le bas de ? millimètre 
à { mm. 5; la paroi a de ! millimètre à 1 mm. 5. 

D’autres fois, cependant, ce noyau peut être plus globuleux 
et sa paroi peut ne pas dépasser 0 mm. 5 d'épaisseur. 


(1) Où il représenterait environ le quart des palmiers à huile. 


DU PALMIER A HUILE 61 


Pour le degbakoum du Dahomey, Hébert indique : 


Harle-poneeentdépuibé.2 2.772. he: 47 
— CE PME M Ne Lee ce à Paie 29 
Fusion de Fhnile-de-pulpe ...::...........:. L30 
Densité autpoint'de FUSION 22.0... .... 0,888 
Indice de SaponHieauon 25 ie... 1.1: 196 
OC ICONS RSR Mere ee à ge vu sed à 0,8 
—  d’iode ..... Ov SNS Le Ve. 
ONE EEE me re in, 96,2 
Paso des acides ieras ee D... 480 


Pour l’abobo-be de la Gold Coast, l’Imperial Institute donne : 


Dimensions du-fruffé.s 21177... JOL2ÉS LG nr. 25 
BOIS Ur SU RU Te 3 gr. 45 
AT NS TA ONE TN ENST OS AENMIEL EE 6977 
INR TES ne 2 den Ne ae Dre F4 PAS A 
Hümidrté-de lapulpe: #57... PE y 
Huile pour cent de pulpe fraîche ... 64,1 

— — de pulpe sèche.... 84,4 

= — du fruit entier..... 44 
PAMensTIONS. du nOYAUL:E -.- 0220. 0 12,5 X 10 mm.5 
POS ŒUETO YA 2722 520 2: D or 
Epaisseur-de Ja coque: 2.11. 0.8. 1 mm. 
Dimensions de l’amande .......... 10 X 8 mm. 75 
Pose tamanden ra ras 0 gr. 45 
Amande pour cent de fruit........ 20 

— —  denoyau ...... 39 


Pour le de-debakui du Togo, M. Fendler indique : 


PORTER CU ÉTAT ue en 3 gr. 65 
PAUDepuér Cent défile SJ LtU rs, 26,9 
NAT É TT TRE PA € FETES EE AE A APE tee" 
AE Tee RES RER PA ET EP PIN SD ETEEN FS 48,7 % 
ÉNLEé puiDe En Rd rs ee y 2 
Huile pourcont de pulpe... 05.550 0. 08,9 
CAUSE LIT AN AT AQU D US CNE SEEN RES 6,5 
HAL DU cent d'amande: 2e. ne. 49,1 


Pour le dechla du Togo, qui serait la même variété, M. Strunk 
donne : 


PRE ME ne NL SES AT 4 or. 44 5 gr. 26 
PDP TR EN NE dr d'u S à 2 gr. 79 3 gr. 10 
PE OP ARMES 1 gr. 69 2 gr. 16 
Pulpe pour cent de graine .... 162 143 

FA. (a 7 NS DO APTE 0 gr. 69 0 gr. 87 
CORP LP NES RER AS l gr Lier, 29 


Amande pour cent de coque... 69 67 


62 LES VARIÉTÉS 


Sur le lisombe du Cameroun, nous trouvons dans le Tropen- 
pflanzer d'octobre 1906, comme moyennes de troislots d’échan- 
tillons, dont les fruits étaient de grosseurs diverses : 


POOTEL et. USER 5 gr. 9 7 gr. ALMA 
PulpÉs ere nee a A k gr. 78 7 gr. 10 
Gran EN cree 1 gr. 58 2 gr. 63 2 gr. 90 
Pulpe pour cent de 

STARS. 2e 248 148° 244% 
AMADde ie Re 0 gr. 52 1 gr. 28 1 gr. 25 
Coque sr sms 1 gr. 06 1 gr. 35 1 gr. 65 
Amande pour cent de 

COQUE CE Te 49 95 26 


Dans le Tropenpflanzer de 1902, M. Preuss avait déjà 
donné les nombres suivants pour trois échantillons, dont le 
premier à petit noyau : 


Pulpe pour cent de 


ITU Re Le. ail 71 64,5 
NOyAUEESE  ASeLA 296 ERTA 39,9 % 
Huile pour cent de 

PUIDér se 32,66 kk,44 40,35 
Amande pour cent 

de nova Lee SEE 1257 17 09 
Coque 2e rs F9 A5 LS AE DES 18525 
Huile pour cent d’a- 

? » ) 


Hans enr A) 


? 


Pour le premier de ces trois échantillons, il a été en outre 
trouvé, comme point de fusion de l'huile de pulpe, 270, et de 
l’huile d’amande 2905. Le point de solidification de cette huile 
de palmiste a été de 23°, l'indice d’acidité 26,5. 

M. Beccari a décrit après M. Chevalier un état caryolytique 
de cette variété tenera, qui passe ainsi à la variété prsifera. 

Les fruits de cette forme caryolytique (PI. I, fig. III), 
de 27 à 30 millimètres sur 17 à 21 millimètres, sont ovales, 
ventrus vers le milieu ou un peu au-dessus, rouges en bas et 
graduellement lavés de noir du tiers inférieur vers le haut. 
Le noyau, logé dans la moitié supérieure du fruit, a de 9 à 
16 millimètres de diamètre : il est globuleux en haut et brus- 
quement atténué vers le bas, où les filaments fibreux forment 
un prolongement. 


DU PALMIER A HUILE 63. 


C’est pour ces fruits que Hébert a donné les nombres sui- 
vants : 


ÉR  R  mhe tn tes à 2m nee 80 © 
Nomao nd NE, . ut 20 % 
SATA TN CDS EL ARTS MEN RTE ELA 
Hune pour cent pDulpDen rs Er... 0. 59 
Huile — ER ER. Se diode à 42 
Pusion/dedhule-dé pulpe... .0..:, 459 
D'ENSIÉ M bOME de Son. 5... ... 0,891 
PMP Me SADOTICA HOME LS ee. 187 

PR A LEE lu 10 + Pr SAT ENTER APPRIS F5 

LEE ÉCART 2 EN ENCRES 50,2 

re Ce RENTE PT en... 9273 
Pusonodésr ele RASE TE nu sn de 470 


M. Chevalier fait observer que ces variétés à coque mince 
sont celles sur lesquelles devraient porter principalement les 
sélections culturales. | 

Cependant les variétés à petites graines et presque sans 
coque, malgré leur riche pourcentage en huile de palme, « ont 
l'inconvénient de priver le cultivateur de l’amande, qui est 
aussi un produit de valeur ». 

M. Adam dit que le degbakoum, ainsi que le votchi, qui est 
la variété suivante, « sont réputés comme donnant une huile 
excellente, douce et très agréable au goût. Quand on ne dispose 
que de petites quantités de fruits de ces variétés, on les con- 
somme soit à l’état naturel, soit frits avec un peu de sel. » 

En Nigérie méridionale, l’asogequb est, de tous les palmistes 
de la Province orientale, celui qui donne le meilleur rendement 
en huile. 


Variété PISIFERA Chev. 


C’est le cotchi du Bas-Dahomey, où il est répandu dans 
toutes les palmeraies, mais seulement, d’après M. Chevaler, 
dans la proportion de 1 à 10 p. 1.000. 

Les fruits (PI. I, fig. VI et PI. III, fig. IV) sont oblongs 
ou ovales-elliptiques, presque arrondis aux deux extrémités, 
de 25 à 28 millimètres sur 16 à 18 millimètres : ils sont rouges 


64 LES VARIÉTÉS 


en bas, lavés de noirâtre dans la moitié ou le tiers supérieurs. 
La pulpe est épaisse de 4 à 6 millimètres. Le noyau, très petit, 
se trouve seulement dans la moitié supérieure du fruit ; 1l est 
globuleux, a de 4 à 6 millimètres de diamètre ; la paroi, exces- 
sivement mince, a 0 mm. 5 ; la graine est subsphérique. 

M. Savariau a trouvé, avec des fruits frais : 


PUIPeR RS RER cn I RES CEE VOS 
Noyau eramander tree RE ee rERre RPM Len 
LA 6 PE 6 LUE LE NE A DSC NEO SES ES ER 126090 
Et Hébert indique : 
Fusion:de l'huile de pulpe 55m Tee 110 
Densité ai pointide IUSION %,.2: 2" 0eme 0,889 
Indice de Saponication. "#1 1... eee 210 
ETC AR CICHEPE SE ES Te DR A RP 4 
NS DR LU AND ED a ne ROSE RS 45,6 
Se HO MELISSA LIENS 97,8 
Fusion des acides TASSE Fe En es 4605 


La variété, tout comme l’état caryolytique de la précédente, 
n'est pas intéressante pour les amandes, qui sont trop petites, 
mais l’est pour sa pulpe, qui est épaisse et riche en huile. 


Variété IDOLATRICA Chev. 


L'Elæis Dybowskii Hua. 

C’est l’abe ohene de la Gold Coast, le fade du Dahomey, l’afa- 
de ou klude ou agode, du Togo et, en Nigérie, l’ope-ifa, l’oge- 
dudin ou l’ogiedi. C’est le palmier-fétiche des colons français, 
et le këng-palm (ou palmier royal) des colons anglais. 

Il est caractérisé, comme la variété spectabilis, par l’aspect 
flabelliforme des extrémités des feuilles, dont les segments 
sont soudés et apprimés. 

On le trouve depuis la Gold Coast jusqu’à la Nigérie. 

Les-iruits (PL. 1, fig. XPH PEL Do Viet PE 
fig. VITet XV), sont assez gros, d’abord noirs, puis rouges 
à maturité, sauf au sommet, où ils restent noirs. 


DU PALMIER À HUILE 65 


D’après Fendler, l’étude des fruits d’afa-de donne : 


DR RAA AVE er de Due ee Se MR à 9 gr. 15 
FD TR RTS TE RTS ee ES Ha CEA A 
NRA RS re EN JOURS 
PRRRAEUTES SES DR AR EEE, CE eve TS SGNSE 
DAT EM RL PR A EN RE A ET DATE SR PETES PR PES 61,3 % 
uiiLé de LIDes OL RE, ERA 
Hurle Doi éent'de: pulpe st 0 5e 62,9 

ÉnerdtLé ArHOndess sn UE. us. LEP ROMA 
Ehule pour cenbd' amande reel 2.1 45,5 


Pour le klude, qui, au Togo, est le nom du même palmier à 
Misahôhe, M. Strunk indique : 


PS RAR Re A RE TUE r PSE Vo 2 32 < 3 gr. 92 
Poe ES TT De NASA 2 eu 1 gr. 31 
CET NT RONA RME DOS PAPAS SSP EEE NES DORE 2 gr. 61 
Puipeépour'cont delsraineé "2725 HR 50 

Re MO CS NS LT tte à de SAS ele 1 gr. 16 
Coque. RDS ere sh Mate dd SR PES 1 gr. 45 
Amande pour cent DÉCOQUE LE SEA ETES 80 


M. Chevalier dit que, au Dahomey, l'huile n’est pas con- 


sommée. Les féticheurs l’emploient comme offrande au 
dieu Fa. 


Variété ROSTRATA Becc. 


C’est le mbana eyop où mfana eyop ou ekuebuba où ayaram- 
bana eyop du Vieux-Calabar. 

Les fruits (PI. IT, fig. XITet PI. ITT, fig. XI”) sont ventrus 
vers le milieu ou au-dessous et se rétrécissent brusquement 
dans la partie supérieure en une sorte de gros bec ; 1ls sont 
aussi plus ou moins atténués à la base ; ils ont de 32 à 36 milli 
mètres sur 18 à 21 millimètres. La pulpe à 2 à 3 millimètres. 
Le noyau est irrégulièrement sphérique, un peu rétréci vers 
la base, avec une paroi de 2 millimètres. La graine à 10 à 
12 millimètres de diamètre. 


66 LES VARIÉTÉS 
Variété INTERMEDIA Chev. 


Cette variété, appelée sede par les Dahoméens, comme la 
variété repanda, est propre à la Côte d'Ivoire et au Dahomey, 
où elle est mélangée à cette variété repanda. 

D’après M. Beccari, elle ne diffère guère de la variété tenera 
que par la couleur verte de ses Jeunes fruits. 

Les fruits (PI. I, fig. XI et PI. ITT, fig. X), d’abord verdâtres 
comme dans la variété repanda, deviennent entièrement 
rouges à la maturité et sont plus oblongs que dans la repanda : 
ils ont 35 à 40 millimètres sur 18 à 22 millimètres, ou encore 
28 à 30 millimètres sur 20 à 23 millimètres. La pulpe a 2 à 
3 millimètres d'épaisseur. Le noyau est oblong, avec une 
paroi de 1 mm. 5. 

Pour les fruits de cette variété, M. Chevalier a trouvé 
50 p. 100 de pulpe et 22,7 p. 100 d'amande. La pulpe est donc 
plus abondante que dans la variété repanda, et le rendement 
est supérieur à celui de cette variété. M. Chevalier ne dit pas 
si l'huile est nocive, comme celle de la variété repanda. 


Variété GRACILINUX Chev. 


C’est le sede-votchi du Dahomey et, à la Gold Coast, où 1l 
est rare comme au Dahomey, le shell-less et le soft nut des 
colons anglais. Peut-être est-ce le difumbe de lAngola. 

Comme les variétés repanda et intermedia, la variété gract- 
linux est à fruits verdâtres avant maturité. Elle peut donc 
être un état caryolytique de ces variétés, mais en se rappro- 
chant surtout de l’intermedia, puisqu'elle est à coque mince. 

Les fruits, sauf par la couleur, rappellent beaucoup, d'autre 
part, ceux de la variété pisifera. Ils sont ovales ou oblongs- 
ovales (PI. I, fig XIV ; PL II, fig. V et PI. ITT, üig. XII), de 
26 à 30 millimètres, sur 19 à 22 millimètres ; la pulpe a 4 
à 7 millimètres, d'épaisseur. Le petit noyau est logé dans la 
moitié supérieur du fruit ; il a 7 millimètres environ de diamètre 
et est à paroi très mince et molle. 


DU PALMIER À HUILE 67 


Hébert donne comme caractères des fruits : 


PRES PERRET L PAR Ni NUE IST 
NON AE AMADEUS Re done 22,3 % 
RL SU ON er ln du dits se entame HE 
Huflepour cent depuibe ss... 7.00 de 

—— — (ER AIT EE ee APCE PRET 30 
HMSIO AC HUE dEepUuIDer 2-2 rc AUS 420 
Densilé au point de fusions 525.2... 07 0,889 
Indice dé SADONITIÉAMON 222 52 NUIT 198 

OA ES RTC LES ER en ne Vu 

ete OO PE end ee dreoe des ae de 55,6 

CT OO a NE NN ART Ve NE CO PP PES 97,6 
PaSOon APS APE PAS NS MS cu. 440 


Peut-être est-ce à cette variété qu'il faut rapporter le seed- 
less mentionné par M. Evans à la Gold Coast. Sur 30 fruits 
examinés à l’Imperial Institute, 6 seulement contenaient des 
noyaux, dônt le diamètre était d'environ 6 mm. 25 ; ce qui 
correspond assez bien à la description de M. Beccari. 

Pour ce seed-less, l’Imperial Institute donne : 


PMÉDÉIODS ÉUSITILE: 2, TRE AS 20 X 10 mm. 
PSN EE A Den SE ei 0 gr. 5 à 4 gr. 40 
Humidité de pulpe xp auLrT LUE DE 
Huile pour cent de pulpe fraiche .... 76 

— — de pulpe sèche...... 85 


Les amandes de cette variété sont trop petites pour avoir 
une valeur commerciale, mais la pulpe est richement oléa- 
gineuse. 


Variété LEUCOCARPA Becc. 


M. Chevalier considère cette variété comme une forme de 
son Æ. nigrescens var. communis. M. Beccari cependant la 
rapproche de la variété Ceredia plutôt que de la variété com- 
munis. 

C'est le loufou ou ke leguel de la Côte d'Ivoire, où il est rare 
et apprécié des indigènes. 

Les fruits (PI. I, fig. IV et PI. III, fig. 111) sont allonges, 


nettement oblongs, de 35 à 40 millimètres sur 17 à 20 milli- 


68 LES VARIÉTÉS DU PALMIER A HUILE 


mètres, parfois atténués vers la base à partir de la moitié, 
rouges orangés à maturité, mais en grande partie blancs avant 
d’être mûrs. Le mésocarpe a de 3 à 4 millimètres d'épaisseur, 
mais est surtout abondant au-dessus du noyau. Celui-ci est 
capitellé, placé vers le milieu du fruit, plutôt petit, à paroi de 
{ millimètre d'épaisseur. 

C’est vraisemblablement de cette variété que parle M. Adam 
sous le nom de legble-au-fou, en disant « qu’elle donne une 
huile blonde très recherchée et est, en outre, employée de 
préférence à toute autre pour la fabrication d’une sorte de 
graisse que les indigènes obtiennent en laissant l’huile exposée 
au soleil dans des bassins pendant environ quinze jours ». 


EXPLICATION DES PLANCHES 


PI. I. — Fruits de variétés de Palmiste 
(d’après les photographies de M. BEccari). 


I. — Dura d’Allada-Niaouli (Dahomey). 
II. — Tenera d’Allada-Niaouli. 


III. — Intermédiaire entre Tenera et Pisifera. 
IV. — Leucocarpa de Dabou. 
V. — Macrocarpa (noyau). 


VI. — Puisifera. 
VII et VIII. — Ceredia. 
IX. — Repanda de Niaouli. 
X. — Repanda d’'Adjonaja. 
XI. — Intermedia. 
XII. — Spectabilis. : 
XIII. — JZdolatrica. 
XIV. — Gracilinux. 


palmuiste. 


Fruits de variétés de 


FRE 
(d’après les photographies de M. BECCART) 


70 LES VARIÉTÉS DU PALMIER A HUILE 


PI. II. — Fruits et noyaux de variétés de Palmiste 
(d’après les photographies de M. BECCARI). 


I. — Ceredia du Vieux-Calabar. 
II. — Rostrata du Vieux-Calabar. 


III. — Angulosa du Vieux-Calabar. 
IV. — Dura du Vieux-Calabar. 
V. — Gracilinux du Dahomey. 


VI. — Jdolatrica de la Gold Coast. 
VII. — Tenera de la Cold Coast. 
VIII. — Dura de la Gold Coast (noyau). 
IX. — Dura du Congo belge. 
X. — Semidura de la Gold Coast (noyau). 
XI. — Compressa. 
XII. — Rostrata ? 
XIII. — Ceredia, forme caryolytica, de Ia Gold Coast. 
XIV. — Ceredia de la Gold Coast. 
XV. — Fatua, de la Gold Coast. 
XVI. — Macrophylla. 
XVII. — Virescens ? (Abedam-cross de la Gold Coast). 
XVIII. — Albescens de la Gold Coast. 


PL. Il. — Fruus et noyaux de variétés de palmiste. 


(d’après les photographies de M. Brecanr. 


72: LES VARIÉTÉS DU PALMIER A HUILE 


PI. III. — Noyaux de variétés de Palmiste en section transversale 
(d’après les photographies de M. Beccanri.) 


I. — Dura d’'Allada-Niaouli (Dahomey). 
IT. — T'enera d’Allada-Niaouli. 
ITT. — Leucocarpa de Dabou (Côte-d'Ivoire). 
IV. — Pisifera du Bas-Dahomey. 


V. — Ceredia de Bingerville. (Côte d’Ivoire) 
VI. — Ceredia. 
VII. — Jdolatrica du Dahomey. 


VIII. — Repanda de Niaouli (Dahomey). 
IX. — Repanda d’'Adjonaja (Dahomey). 
X. — Intermedia d'Ouidah (Dahomey). 
XI. — Spectabilis du Dahomey. 
XI”. — Ceredia du Vieux-Calabar. 
XII. — Gracilinux du Dahomey. 
XII’. — Rostrata du Vieux-Calabar. 
XIII. — Angulosa du Vieux-Calabar. 
XIV. — Dura du Vieux-Calabar. 
XV. — Idolatrica de la Gold Coast. 
XVI. — Tenera de la Gold Coast. 
XVII. — Dura de la Gold Coast. 
XVIII. — Dura du Congo belge. 
XIX. — Semidura de la Gold Coast. 
XX. — Compressa. 
XXI. — Rostrata ? de Buitenzorg. 
XXII. — Ceredia, forme caryolytica, de la Gold Coast. 
X XIII. — Fatua, de la Gold Coast. 
XXIV.— Macrophylla, de la Gold Coast. 
XXV. — Abedam-cross de la Gold Coast. 
XXVI. — Albescens, de la Gold Coast. 


PL. 1.1. — Noyaux de variétés de palmiste, en section transversale 
(d’après les photographies de M, Brccanr). 


Quelques données sur l’état actuel 


de la Culture cotonnière 


Ce ne sont pas les événements présents qui ont posé pour 
les Etats d'Europe le problème de la culture cotonnière dans 
les colonies; ils en ont seulement rendu la solution plus 
urgente. «Il est naturel, écrivait en 1911 M. W. Dunstan, que 
toutes les grandes nations européennes soient actuellement 
préoccupées de l’avenir d’une de leurs plus importantes indus- 
tries manufacturières, dans laquelle sont engagés de nombreux 
millions de travailleurs. La possibilité d’un déficit imprévu 
dans les stocks de coton brut ou une hausse artificielle des 
prix sont des événements touchant à des intérêts si nombreux 
et si considérables que cette question mérite de retenir l’at- 
tention des hommes d'Etat du monde entier. » 

Les Etats-Unis, où 12 à 16 millions d'hectares sont con- 
sacrés, dans les Etats du Sud, à la culture du cotonnier, 
fournissent de longue date un peu plus des deux tiers des 
cotons bruts annuellement manufacturés. La production 
indienne égale à peine le quart de la production nord-améri- 
caine et lPEgypte, qui d’ailleurs s’est plutôt réservé Jus- 
qu'alors (1) la spécialité des produits de haute qualité, à des 


(1) 1 faut bien remarquer cependant que la qualité des cotons égyp- 
tiens paraît depuis quelque temps diminuer sensiblement, pendant que 
les cotons américains s’améliorent. Les filateurs du Lancashire sont 
unanimes à dire que les cotons égyptiens n’ont plus la même finesse, la 
même résistance et la même longueur qu'autrefois ; ils donnent plus de 
déchets. La coloration jaunâtre du Mit-Afifi, qui était si appréciée, tend 
à s’atténuer. 

La culture des « longue-soie » est un problème aujourd'hui à l'étude 
dans l’Inde. 


76 QUELQUES DONNÉES 


récoltes qui n’atteignent même pas, en quantité, la moitié de 
celle de l’Inde. Les planteurs européens sont donc inévitable- 
ment sous l’entière dépendance des envois que peuvent ou 
veulent bien faire les Etats-Unis. 

Or, d’une part, les dégâts que cause depuis déjà uncertainnom- 
bre d'années le charançon de la capsule, lAnthonomus grandis, 
puis aussi, semble-t-1l, des méthodes de travail qui ne sont 
peut-être pas aussi perfectionnées qu'on pourrait le supposer 
ou le souhaiter, ainsi que, en tout cas, des difficultés certaines 
de main-d'œuvre et la faveur dont jouissent de plus en plus 
d’autres cultures, sous l'influence de nouvelles conditions 
économiques (progrès des transports,industrie frigorifique, etc.) 
sont autant de causes qui font déjà obstacle à l'accroissement 
de la production nord-américaine. En ces dernières années, 
cette production (14.614.000 balles en 1913-1914, 15.905.840 
en 1914-1915 et 11.068.073 en 1915-1916) (1) ne s’est, au plus, 
que maintenue, quand encore elle n’a pas fléchi. 

D'autre part, les Etats-Unis, en multipliant leurs usines, 
manifestent de plus en plus leur intention de manufacturer 
eux-mêmes le produit qu'ils récoltent. Le nombre de leurs 
broches — nombre qui est de 56 millions environ en Angle- 
terre, dans le Lancashire (2) — serait aujourd’hui d'au moins 


(1) Les balles étant de 227 kilogrammes, la production a donc été de 
3.610.625 tonnes en 1914-1915 et 2.512. 152 tonnes en 1916. Les mêmes 
années, elle a été respectivement de 949.273 tonnes et 668.958 tonnes 
dans l’Inde, et 314.496 tonnes et 218.485 tonnes 4 Egypte. Soit, au 
total, pour ces trois principaux pays cotonniers, 4.874.394 tonnes en 
ns 1915 et, par suite de l’avilissement des prix en cette année. 

3.999.895 tonnes seulement en 1915-1916. 

Les ensemencements de 1916-1917 ayant été nt insuffisants, 
et le temps, d’autre part, ayant été défavorable, on sait que ce fut cette 
raréfaction prévue de la matière première qui détermina à la fin de juin 
1917 une hausse exagérée des prix. Le Middling atteignit 19 d. 1/2 à 
Londres le 29 juin. Les grandes bourses du coton de Liverpool, du 
Havre et de New-York furent aussitôt momentanément fermées. 

Le 17 août, le prix à Londres était de nouveau de 20 pence, et if 
redescendait à 19 d. 1 /2 le 31. Il était de 17 d. le 14 septembre. 

(2) En 1907, le nombre des broches de l'Angleterre était de 50.679.640: 
et celui des Etats-Unis 26.242.000, pendant qu’on en comptait en Alle-- 


SUR L'ÉTAT ACTUEL DE LA CULTURE COTONNIÈRE 77 


33 millions (chiffre donné au 31 juillet 1916) ; et, alors que, 
en 1910-1911, la grande république américaine n’utilisait 
encore que 35,6 p. 100 de sa récolte, elle en a employé depuis 
lors, progressivement, 38,2 en 1912-1913, 37,8 en 1913-1914, 
40,2 en 1914-1915 et 58,3 p. 100 en 1915-1916. 

Enfin il faut bien dire encore que, indépendamment de 
toutes les causes précédentes, les Etats-Unis n’ont jamais 
semblé bien désireux, pour un autre motif, d'augmenter leurs 
récoltes. Profitant de la sorte de monopole qu'ils détiennnent 
sur les qualités courantes, les planteurs américains, représentés 
par leurs Associations, se sont toujours préoccupés de main- 
tenir les cours au mieux de leurs intérêts, sans se soucier outre 
mesure des nécessités mondiales. Et, dans ce but, non seule- 
ment leurs vastes entrepôts leur permettent de limiter la vente 
aussitôt que les prix tendent à baisser, mais, en outre, dès que 
cette baisse se manifeste, les ensemencements de l’année sui- 
vante sont également réduits. C'est ce quieut lieu, parexemple, 
après les années 1904, 1908 et 1912. 

Et c’est pour toutes ces raisons que l'Angleterre — qui dut 
déjà plusieurs fois, dans le passé, avoir recours au short time, 
c’est-à-dire à un chômage partiel — s'inquiète à bon droit de 
l'avenir. Mais combien alors notre inquiétude, en France, 
doit-elle être plus grande encore ? 

A la rigueur, la Grande-Bretagne pourrait peut-être trouver 
dans ses possessions, sinon en qualité, du moins en quantité, 
la matière première nécessaire à l’alimentation de ses fabriques. 
Si le Lancashire consomme annuellement un cinquième envi- 


magne 9.339.448, en France 6.800.000, en Russie, 6.500.000, aux Indes 
5.279.595, en Autriche 3.616.434, en Italie 3.500.000, en Espagne 
1.850.000, en Suisse 1.484.000, au Japon 1.483.497. 

Remarquons que non seulement ce nombre des broches augmente 
progressivement, mais: qu'en outre ces broches tournent aujourd'hui 
plus vite que jadis, et dans la proportion de 66 à 59, si l’on compare les 
années 1910 et 1896. En 1912, le nombre total des broches dans le monde 
était de plus de 135 millions, dont 56.750.000 en Grande-Bretagne. 

Dans l’année qui précéda la guerre, la valeur des exportations de 
tissus de coton du Lancashire fut de 127 millions de livres sterling, soit 
3 milliards 175 millions de francs. Sur ce total l'Inde importa 29,5 p. 100, 


78 QUELQUES DONNÉES 


ron (1) de la récolte cotonnière mondiale (qui est de 20 à 
27 millions de balles), c’est cette quantité à peu près que pro- 
duit l'Empire Britannique ; et le Royaume-Uni, qui n'utilise 
pas la moitié de sa récolte coloniale, achète aux Etats-Unis 
du coton brut (40 à 50 millions de livres sterling par an), 
parce que ce coton est le seul qui convienne à certaines de ses 
usines. 

Teln’est même pas notre cas. Indépendamment de toute con- 
sidération de qualité, toutes nos colonies réunies ne peuvent 
nous donner actuellement même le centième de la quantité 
de coton (plus d’un million de balles), qui nous était déjà 
indispensable avant la guerre. 

En quelle situation nous trouverons-nous donc demain, au 
milieu du bouleversement économique qui sera l’une des 
conséquences de la lutte en cours, si nous ne nous préoccupons 
pas dès maintenant de remédier aux éventualités qu'il est. 
facile de prévoir ? 

Nous ne voulons même pas, d’ailleurs, envisager la question 
au point de vue des énormes besoins immédiats de la période 
d’après-guerre. À ces besoins tout momentanés il ne sera 
possible à aucune nation — en dehors des Etats-Unis, qui ont 
la ressource de se réserver leur production — de faire face 
dans des conditions autres que celles du passé ; aucun peuple 
n'a aujourd hui le temps ni les moyens de modifier sensible- 
ment, dans le délai voulu, ces conditions anciennes. Mais le 
futur essor économique, et essor durable, que chacun se plaît 
actuellement à prédire à son propre pays — en admettant que 
les intentions que nous entendons partout si hautement ex- 
primer soient de notre part mieux que des mots — doit en- 
trainer un tel développement de nos manufactures, comme 
de celles de tous les autres Etats (2), qu’il nous faudra bien, 


(1) Quarante fois à peu près, fait remarquer la presse anglaise, ce qu’a 
réussi à produire annuellement (100.000 balles) la « British Cotton 
Growing Association », créée depuis une quinzaine d’années. 

(2) Parmi les pays où l’industrie cotonnière fera certainement de 
grands progrès dans un avenir prochain, il ne faut pas oublier la Chine, 
qui, déjà avant la guerre, avait commencé à multiplier ses filatures de 


SUR L'ÉTAT ACTUEL DE LA CULTURE COTONNIÈRE 79 


de toute nécessité, trouver sur notre propre domaine les élé- 
ments qui nous permettront de participer à cette renaissance 
industrielle, dans leffroyable, et, nous pourrions dire, l’im- 
pitoyable concurrence qui s'annonce. 

Et nous répétons que, pour l’industrie cotonnière, nous ne 
sommes pas assurés, faute de matière première, de maintenir 
— bien loin donc de l’étendre — notre activité manufacturière 
de jadis. Or, ainsi que le rappelait M. Audiffred à l’une des 
séances de mars 1917 de l’Académie d'Agriculture, les tisseurs 
et fileurs de coton sont, en France. au nombre de 300.000. 
« ce qui représente, en y comprenant les femmesetlesenfants, 
une population de 1.200.000 âmes vivant de l’industrie coton- 
nière. » 

Nous risquons ainsi à la fois de ne plus pouvoir fournir à 
plusieurs certaines de mille d'ouvriers le travail auquel ils 
sont habitués et d’être contraints d'acheter à l’étranger les 
tissus que nous ne serons plus à même de fabriquer. 

À un autre point de vue — qui a également son intérêt — 
M. Audiffred faisait encore remarquer, dans la même séance 
de l’Académie : « Nous manufacturions avant la guerre 
235 millions de kilogrammes de coton, qui nous coûtaient 
400 millions. Aujourd’hui, le prix du kilogramme de coton a 
plus que doublé et nous dépensons plus de 800 millions (2). 
Au lieu de porter cette somme aux Etats-Unis, en Egypte ou 
dans l’Inde, si nous la portions dans nos colonies, nous aug- 
menterions dans une proportion considérable le bien-être di 


coton, surtout après la guerre russo-japonaise. Il y aurait actuellement, 
dans l'Empire chinois, au moins 31 filatures, avec plus d’un million de 
broches et environ 4.500 métiers, alors qu'il n°y avait pas 500.000 broches 
il y a vingt ans. La consommation totale de coton par toutes les filatures 
réunies s’élèverait à au moins 120.000 tonnes. Ce sont donc de nouvelles 
quantités de coton qui se trouveront prises sur les exportations réduites 
des Etats-Unis. 

(2) « 950 millions », à rectifié M. Dybowski. EL, puisque l’occasion s’en 
présente, nous notons ici avec plaisir et confiance le haut intérèt que 
porte à cette si importante question cotonnière l’Académie d'Agriculture 
de France, Puisse la voix si autorisée des personnalités qui la composent 
avoir sur les décisions gouvernementales l'influence désirable ! 


80 QUELQUES DONNÉES 


ces populations qui nous rendent à l'heure actuelle l'immense 
service de combattre dans les rangs des soldats de la métro- 
pole, ou qui travaillent dans nos usines de guerre ; en les enri- 
chissant de 400 millions par an, nous leur donnerions un 
pouvoir d'achat correspondant, en produits des industries 
françaises. » 

C’est donc bien pour de multiples et sérieuses raisons que 
la culture du cotonnier dans nos colonies est pour notre France 
une question d’une importance capitale. 

Voyons maintenant — car c'est un des facteurs de notre 
succès que nous ne perdions Jamais de vue tous les efforts 
entrepris de divers côtés, et que nous nous tenions au courant 
de tous les progrès accomplis chez nous et ailleurs — ce qui 
s’est fait en ces dernières années, soit dans les grands pays 
cotonniers, soit en d’autres contrées où il semble que la culture 
du cotonnier puisse être étendue ou introduite. 


ù ALGÉRIE 


La culture du cotonnier a été pratiquée de tout temps en 
Algérie, dans le Tell et les Oasis, et, en 1866, l'Algérie exportait 
750 tonnes de cotons de toutes qualités. Mais, sous diverses 
influences, cette culture fut ensuite délaissée, et il n’y a guère 
que depuis une douzaine d'années, vers 1904, qu'elle a com- 
mencé à reprendre. 

La récolte commence à la fin de septembre ou au commen- 
cement d'octobre, et il y a quatre oucinqeueillettes successives. 

Comme variétés, M. Trabut (1) recommande les cotons 
égyptiens, qui ont bien «une période de végétation un peu 
longue pour ces contrées ; mais, par une sélection attentive 
des races locales qui ne manquent pas de se manifester, il est 
possible d’atténuer ce défaut ». 


(1) Trabut. —« Instructions pour la Culture du Cotonnier en Algérie ». 
Bulletin des Informations agricoles du Gouvernement général de l Algérie, 
Alger; 4917. 


SUR L'ÉTAT ACTUEL DE LA CULTURE COTONNIÈRE SA 


« Les variétés égyptiennes Abassi, Mit-Afifi, Janovitch, 
Noubart, dit encore M. Trabut, ont donné des résultats satis- 
faisants ; mais 1l convient de séparer de ces races les formes 
qui conviennent le mieux à la région, et obtenir des formes 
locales aussi pures que possible. » 

Le Noubari, par exemple, a donné de bons produits en 
Algérie. Depuis 1910, M. Colin, à l’Union du Sig, en Oranie, 
s’est attaché à le sélectionner et a obtenu le « Coton de 
l’Union du Sig », avec lequel on a obtenu, en 1916, 20 quintaux 
4e coton brut à l’hectare. 8.831 kilogrammes de cette récolte 
ont fourni à l’égrenage 2.600 kilogrammes de coton égrené, 
qui a été vendu à Marseille 500 francs le quintal. C’est donc 
un rendement de 3.000 francs à l’hectare. 

Dans la brochure à laquelle nous empruntons les renseigne- 
ments précédents, M. Trabut recommande la formation de 
groupements coopératifs, qui n'auraient pas seulement pour 
but d’aider les cultivateurs dans les travaux d’égrenage et de 
préparation de leurs cotons, mais qui exerceraient aussi une 
surveillance sur le choix des semences et faciliteraient la vente 
des récoltes dans les meilleures conditions. 

Des coopératives d’égrenage ont d’ailleurs été créées dès 
1908 à Philippeville, à Bône et à Orléansville. A Oran, l’As- 
sociation Cotonnière Coloniale a distribué des graines, installé 
une usine d’égrenage et créé des facilités pour la vente. 

La culture du cotonnier en Algérie, dit M. Trabut, « doit 
être surtout développée dans les terres irrigables et acces- 
soirement dans des sols conservant assez d'humidité sans 
irrigation. L'Oranie, la plaine du Chélf, les plaines et le 
littoral constantinois disposent du elimat, du sol et de l’eau 
pour tirer de la culture du cotonnier de grands profits ». 

« L'irrigation, ajoute le même auteur, est généralement 
considérée comme indispensable ; cependant, il n'est pas 
impossible d'obtenir, dans des sols profonds et frais des 
plaines de l'Est, de bonnes récoltes sans irrigation : mais cett 
culture du cotonnier sans irrigation demande encore des pre- 
cisions et doit faire l’objet de nouvelles recherches et obser- 
vations avant d’être adoptée en grand. » Ajoutons que, en 


82 QUELQUES DONNÉES 


fait, des essais tentés en ce sens par M. F. Godard à l'Ecole 
d'Agriculture de Philippeville ont déjà donné des résultats. 
encourageants. 


MAROC 


Le Maroc paraît bien appelé à devenir en certaines régions, 
telles que Colomb-Béchar, Rabat, Aïn-Zibet, Souk-el-Rabat, 
un pays cotonnier du plus haut intérêt ; et nous aurons cer- 
tainement l’occasion de donner dans la suite des renseigne- 
ments plus détaillés et plus précis. Pour l'instant, nous nous 
contentons de signaler les quelques essais déjà faits. 

Les surfaces ensemencées en cotonniers étaient de 35 hec- 
tares en 1914, 12 hectares en 1915, 45 hectares en 1916. On 
signale les rendements, par hectare, de 1.000 kilogrammes 
(de coton brut évidemment) d’Abassi, et de la même quantité 
pour le Porto-Rico. 

Ce « Porto-Rico » a été apprécié par les experts et coté 
4 francs le kilogramme, pendant que d’autres variétés étaient 
cotées de 1 fr. 20 à 2 francs. 

En 1915, l’hectare a rapporté 2.240 francs pour l Abassi et 
4.000 francs pour le Porto-Rico. 


HAuT-SÉNÉGAL-NIGER 


L'importance de la culture du cotonnier augmente peu à 
peu dans la colonie. Dans les seules régions (1) où l’Association 
Cotonnière exerce son action, les exportations sont passées de 
25 tonnes en 1907-1908 à 400 tonnes de coton brut en 1913- 
1914. La quantité cultivée sur place par les indigènes peut, 
en outre, être évaluée à 1.000 tonnes. 


(1) Annuaire du Gouvernement général de l'Afrique Occidentale Fran- 
çase, 1915-1916, Paris, Librairie Larose, 1916. 


SUR L'ÉTAT ACTUEL DE LA CULTURE COTONNIÈRE 83 


COTE D'IVOIRE 


C’est vers 1908 (2) que, pour répondre à l’appel de l’Asso- 
cation Cotonnière Coloniale, le gouverneur de la colonie a 
commencé à se préoccuper de développer la culture du coton- 
nier à la Côte d'Ivoire, en vue de l’exportation. 

Antérieurement, cette culture n’était faite parles indigènes, 
dans le Nord de la colonie, qu’en vue de l’industrie familiale ; 
et les quelques essais faits en 1902 pour introduire les variétés 
améliorées américaines ou égyptiennes n'avaient donné que 
de très médiocres résultats. 

Mais, vers 1908, aidé par l'Association Cotonnière, le 
Gouvernement local, pour lequel ce précédent échec était du 
moins une indication, porta plutôt son attention surles variétés 
indigènes, et s’attacha alors à cultiver celles de ces variétés 
les « mieux appropriées au sol et susceptibles d’être produites 
le plus facilement et le plus régulièrement en quantité com- 
merciale d’au moins 5.000 à 10.000 kilogrammes de fibres 
nettes ». En même temps, l’Association envoyait de petites 
égreneuses à bras à treize scies, pour la préparation des pre- 
mières récoltes. 

En 1912, au moment où le chemin de fer, après avoir tra- 
versé le sud du Baoulé, était sur le point d'atteindre, à Bouaké, 
la région cotonnière proprement dite, une usine d’égrenage 
et de pressage, destinée à remplacer les appareils à bras, de 
trop faible rendement, fut montée à Bouaké même. Et, depuis 
lors, il a été successivement exporté en coton égrené : 


PR NE AS Te Te rue deja ip 2 18 tonnes 
RE D UT TETE A TTC Lie: nie Qu 0 À 713 
EE Pa RER ANS ee RCE dan € 2 SE SRE ES 95 
AIO ESA MONT CR TE De. 0. L 30 


Les 95 tonnes de 1915 (exactement 94.84 


ont représenté une valeur de 35.419 francs. 


8 kilogrammes) 


(2) Situation de La Culture du Cotonnier et de la Production du Coton 
à la Côte d'Ivoire au 15 octobre 1916. Bingerville, 1917. 


84 QUELQUES DONNÉES 


Pour 1916, la récolte de coton brut a été de 1.217.221 kilo- 
grammes, dont la production s’est ainsi répartie : 


Cercle du Baoulé een OR DER 568.225 kgr. 

— des Tagouanas, district de Darako- 
LONdOMPON A RO EEE ERR 122 :196k6r 

— du Ouorodougou, district de Man- 
KOMOR AN AE LEE ARE 28.699 ker. 

— des Tagouanas, moins le district de 
Darakolondougou ............ 30.000 kgr. 


— du Ouorodougou, district de Seguela 33.000 kgr. 
— du Ouorodougou, district de Man- 


ROGERS EPS D RR En AS AAUIe 20.000 kgr. 
A EME AU LT PRE ME PA ES Ne DNS ANAL 90.000 kgr. 
—- du N’zi, district de Yamoussoukro. 75.000 kegr. 
— dStrict-de Ouellé:4%7::.5% 27.000 kgr. 
Le — — deToumodr:: . 4% 96.000 Kkgr. 
== — = de Bongouanou.... 54.000 kgr. 
=== — — de Boca n’da et de 

D'IMDORTO LE RL URUNE EEE 73.000 ker. 


Tous ces cotons ont été égrenés à : 


Bouaké, pour les trois premières régions ; 

Dabakala, pour la quatrième ; 

Seguela, pour les deux suivantes ; 

Koroko, pour la septième ; 

Yamoussoukro, pour la huitième : 

Dimbokro, pour les districts du eercle du N’zi autres que 
celui de Yamoussoukro. 


Mais, tandis qu'à Bouaké et Dimbokro, en raison de leur 
situation sur la voie ferrée. le travail est effectué dans des 
usines à vapeur, c’est encore le matériel à bras, constitué par 
des égreneuses à seize scies, qui est en usage dans les autres 
stations d’égrenage. 

Les cotonniers actuellement cultivés sont, les uns à graines 
indépendantes, lisses (espèce barbadense) ou vêtues (espèce 
hirsutum probablement), et les autres à graines à rognons 
(espèce peruvianum). 

En 1913, M. Raymond concluait de ses premières expé- 
riences, faites dans la région de Bouaké, que la multiplication 
la plus avantageuse était celle de la variété « à graines lisses 
et indépendantes ». 


SUR L’ÉTAT ACTUEL DE LA CULTURE COTONNIÈRE  S5 


En 1915, où la hauteur totale des pluies fut de 1 m. 062, 
avec une période de sécheresse en juillet, les rendements 
de cette variété furent de 345 kilogrammes à l’hectare, avec, 
à l’égrenage, 32 p. 100 de poils de 25 à 26 millimètres de 
longueur. 

Ce type de coton peut être bisannuel, mais la seconge récolte 
est toujours plus faible que la première ; le rendement en poils 
est aussi moins élevé et ces poils sont plus irréguliers. 

Mais il semble établi que les bons cotons de la Côte d'Ivoire 
ont un écoulement assuré. Ils peuvent obtenir 3 ou 4 francs 
de prime sur le «Middlhing », qui est le type courant du coton 
américain ; ils sont à poils peut-être plus irréguliers, mais 
certainement plus longs que ceux de ce « Middling ». 

En 1916, à Bouaké, ces cotons égrenés et emballés étaient 
vendus, aux diverses adjudications, de 1.610 francs (28 juillet) 
à 1.700 francs (15 octobre) la tonne. 


DAHOMEY 


Nous avons dit l’année dernière (1) que c’est surtout dans le 
Moyen-Dahomey et, en particulier, dans le cercle de Savalou, 
qu'est cultivé le cotonnier. Savalou fournit 70 p. 100 de 
l'exportation générale ; c’est là que se trouvent les usines 
d’égrenage. 

Par suite de l’abaissement des cours et des difficultés d’ex- 
pédition, l’exportation n’a atteint, en 1915, que 68.297 kilo- 
grammes de coton égrené (85.372 francs), contre 154.586 kilo- 
grammes en 1914 (168.233 francs). 


INDOCHINE 


La qualité du coton cambodgien, d’après M. Bremier (2), 


(1) H. Jumelle : « Les Recherches récentes sur les Ressources des 
Colonies françaises et étrangères et des autres Pays chauds » (Annales 
du Musée Colonial, 1916, 3° fascicule, p. 55). 

2) Brenier : « Les Ressources de l’Indochine et leur mise en valeur 


après la Guerre » (Bulletin de la Société d'Encouragement pour l'Industrie 
nationale, Paris, 1916). 


80 QUELQUES DONNÉES 


serait bien supérieure à celle du coton indien. A la suite d'un 
essai industriel, M. Paul Ancel, de la maison Ancel-Leitz, 
écrivait dès 190% que, quoique le coton du Cambodge n° 1 
soit d’une qualité inférieure au « Louisiane » comme résis- 
tance, et surtout comme longueur de poils, il est possible 
d'arriver, un peu au détriment de la production il est vrai, 
à faire le même genre de fils qu'avec ce dernier. Avec des 
machines appropriées, le travail serait certainement meilleur ; 
et ce genre de coton indochinoïs se travaille bien mieux aux 
machines étireuses que le Louisiane, par suite de la finesse des 
poils. 

M. Brenier rappelle que le Japon achète à bas prix tout ce 
que produit le Cambodge, soit de 3.000 à 5.000 tonnes actuel- 
lement ; et, en décembre 1911, le représentant des filateurs du 
Lancashire déclarait que ces filateurs étaient acheteurs de 
500.000 balles de coton du Cambodge, tel que commençait à 
le produire le Sud de l'Inde, si on pouvait le leur fournir. 

La superficie cultivée en cotonniers au Cambodge, qui est 
uniquement, à l’heure actuelle, celle que permettent les inon- 
dations du Mékong, pourrait être étendue par des travaux de 
colmatage qu'il faudrait obtenir de l’autorité locale. 


POSSESSIONS FRANÇAISES D'OCÉANIE 


Nous avons déjà dit dans ces Annales (1) qu'il était exporté 
en 1915 : 


De Nouvelle-Calédonie, 1.331.127 kilogrammes de coton 
non égrené : 

Des Etablissements français d’Océanie, 8.485 kilogrammes 
de coton égrené. 


Une grande partie du coton exporté de Nouvelle-Calédonie 
est récolté aux Nouvelles-Hébrides, qui ont expédié dans 
notre vieille colonie, en coton brut : 


(1) H. Jumelle : « Les Recherches récentes sur les Ressources des 
Colonies françaises et étrangères » (Annales du Musée Colonial, 1916). 


SUR L'ÉTAT ACTUEL DE LA CULTURE COTONNIÈRE 87 


LH ART AUTRUI PETER 197.685 kgr. 
RME SA ORRNREEN RER Are 316.324 kgr. 
DR RE es Nate à 846.097 kgr. 
RÉ RATRT SR S RU EEERES 1.088.703 ker. 
DORE RE CRE MR SE ire. 1.638.801 kgr. 
1 OT en D CE SV S ER ENTRE 1.751.905 ker. 


Il y a donc, de façon continue, léger progrès dans notre 
production cotonnière des Nouvelles-Hébrides. 

Les 1.751.905 kilogrammes de 1916 étaient évalués, au port 
d'embarquement, 875.930 francs. 

Les Etablissements Français d'Océanie, qui expédiaient 
8.485 kilogrammes de coton égrené en 1915, en avaient ex- 
porté 17.320 kilogrammes en 1914. 


ETaTs-UNIs 


Malgré leur forte production cotonnière (11 millions 
191.820 balles) (1), les Etats-Unis sont tributaires de l’étran- 
ger pour les cotons « longue-soie ». Ces cotons à poils d'au 
moins 28 millimètres ne sont, en effet, récoltés, dansle Nord- 
Amérique, qu'en quantité relativement faible, et inférieure 
aux besoins des fabriques de fils, de tricots, de dentelles et 
surtout de bandes pour automobiles et bicyclettes. A elles 
seules, les manufactures américaines de pneumatiques et de 
bandes — qui ont produit en 1917 plus de 56.000 kilogrammes 
de ces articles — ont utilisé plus de 250.000 balles de «Iongue- 
soie ». Or la récolte de 1915 en « Sea-[sland » n'a été que de 
91.844 balles, dont 57.572 de Géorgie, 28.094 de Floride et 
6.178 de la Caroline du Sud ; et, au total, la production des 
«long-staple » aurait été de 825.000 balles (2). Les Etats-Unis 


(1) Nous avons dit plus haut, d’après une autre statistique, 11 mil- 
lions 068.073 balles. 

(2) La quantité de « longue-soie » récoltée en Egypte en 1915 aurait 
été, au plus, d’un million de balles ; et ce serait approximativement, au 
total, 2 millions de balles de ces cotons qui auraient été produits, en 
cette année, dans le monde, 


88 QUELQUES DONNÉES 


ont done dû importer de l’étranger 420.995 balles, dont 
350.796 balles de «longue-soie » d'Egypte ; et ainsi s'explique 
le désir qu’a la République nord-américaine d'étendre, dans 
les régions où le climat et le sol sont favorables, certaines 
variétés égyptiennes, ou des dérivés de ces variétés. 

Au nombre de ces régions serait notamment le « Grand 
Sud-Ouest », c’est-à-dire l’ Arizona, le sud de la Californie et 
le nord du Mexique. De grands travaux d'irrigation ont été 
entrepris dans cette contrée pour la mise en valeur du Désert 
du Colorado, et déjà des résultats satisfaisants ont été obtenus, 
principalement avec le Durango, qui, provenant de l'Etat 
mexicain de ce nom, serait une excellente variété à longue 
soie des hautes terres. 

Le Durango s’est admirablemeat acclimaté dans l’Imperial 
Valley de Californie. Dans cette vallée, où toute la culture 
(correspondant actuellement à 200.000 hectares) est due à 
l'irrigation, les cotonniers couvraient en ces derniers temps 
40.000 hectares, dont 18.000 sur le territoire des Etats-Unis 
et 22.000 au Mexique. Or, la récolte de 1916 a été de 40.000 
balles de «courte-soie » du type Big-boll et 30.000 balles de 
«longue-soie » Durango. On avait obtenu 5.986 balles en 1910, 
9.700 en 1911, 8.215 en 1912, 22.838 en 1913, 49.835 en 1914 
et 28.551 en 1915. 

Ces dernières statistiques comprennent, du moins, les cotons 
récoltés sur le territoire des Etats-Unis et ceux qui, récoltés 
au Mexique, ont été égrenés en Californie américaine (The 
India Rubber World, mars 1917). 

Si l’on songe qu'on évalue à près de 690.000 hectares la 
superficie qui peut être irriguée par le Colorado (280.000 dans 
l’Imperial Valley, 200.000 dans le delta du Colorado et 80.000 
au Mexique dans le Sonora, au-dessous de la vallée de Yuma), 
on voit qu'il y a place encore pour l'accroissement de la cul- 
ture des « longue-soie ». 

Dans l’Arizona, dans la Salt River Valley, il a été également 
obtenu des cotons qui ont la caractéristique des cotons égyp- 
tiens ; et sur sols irrigués, où de la luzerne a été cultivée, Ia 
moyenne de récolte est élevée. En ces dernières années, 


SUR L'ÉTAT ACTUEL DE LA CULTURE COTONNIÈRE 89 


l’Arizona a exporté 2.229 balles en 1912, 7.142 balles en 1914, 
1.981 balles seulement (par suite des bas prix de 1914) en 
1915, 4.000 balles en 1916. 


EGYPTE 


Nous avons déjà vu plus haut, en note, que la récolte du 
coton en Egypte, en 1915-1916 (du 1% septembre 1915 au 
91 août 1916), a été très inférieure à celle de 1914-1915 
(218.485 tonnes, au lieu de 314.496). Il ne semble pas que la 
production doive s'élever beaucoup en 1916-1917, car la sur- 
face ensemencée en 1916 a été inférieure à celle prévue 
(1.655.512 feddans, au lieu de 1.750.000); et, au lieu de 
8 millions de kantars, on prévoit, à raison de 4 kantars par 
feddan, 6.622.048 kantars, soit 295.000 tonnes environ, c'est- 
à-dire quelque peu plus cependant qu’en 1915-1916 (1). 

La moins-value sur les prévisions n’est pas due seulement 
à la moindre surface ensemencée, mais aux dégâts que cause 
le « ver de la graine », ou « ver rose de la capsule », quiest 
le Gelechia gossyprella (2). 

En 1915-1916, la prime du coton égyptien (dont le prix 
moyen a été de 10 d. 42) sur le Middling américain (valant 
7 d. 51) a été de 39 p. 100, alors qu'elle était de 40 p. 100 en 
1914-1915. La moyenne, depuis 1899, avait été de 45 p. 100 
(63 p. 100 en 1906-1907, 67 p. 100 en 1909-1910) (5). 


(1) Pour 1918, le Gouvernement égyptien a décidé de restreindre la 
surface de culture du cotonnier. Cette décision est la conséquence des 
difficultés de transport des céréales de l’Inde et d'Australie. L'Egypte, 
qui risque de ne plus être suffisamment approvisionnée de ce côté, doit 
nécessairement accroître les surfaces de culture de ces céréales : et la 
culture du coton est de celles qui doivent être momentanément sacrifiées,. 

(2) Ce Gelechia gossypiella, où pink boll worm, qui, apporté vrai- 
semblablement de l’Inde, est aujourd’hui un des plus redoutables 
ennemis du cotonnier en Egypte, n°y est apparu qu'en 1911. Pour le 
combattre, on chauffe les graines dans un appareil spécial à 509, et on 
tue ainsi 98 p. 100 des larves qui se trouvent dans ces graines, où elles 
se sont installées pour passer l'hiver. 

(3) Malgré la supériorité du coton égyptien, c’est le coton américain 
à Middling Upland » qui, en raison de la forte production des Etats- 


‘90 QUELQUES DONNÉES 


Au sujet des dates les plus favorables d'ensemencement 
en Egypte, il résulterait des recherches de MM. Balls et Holton 
que, sur le territoire de Gizeh tout au moins, la meilleure 
récolte est celle qui correspond à des semis du 15 mars. Ce 
qui concorde au reste avec les habitudes des cultivateurs 
égyptiens de la contrée, qui ont coutume d’ensemencer entre 
le 10 et le 15 de ce mois. 


SOUDAN ANGLO-EGYPTIEN 


Il était tout naturel que le Gouvernement Britannique 
songeât à mettre à profit, pour la culture du cotonnier, le 
‘Soudan égyptien placé sous son contrôle. Ainsi que l’écrivait, 
en 19171, M. Dunstan à propos de cette contrée, « de nombreux 
districts ont été cultivés en bon coton du type égyptien, et, 
de plus, il est reconnu qu'il existe, surtout dans la province 
de Berber, de très vastes étendues de terrain approprié ». 

«€ Mais, ajoutait M. Dunstan, il faut dans ces contrées, où 1l 
ne pleut jamais, disposer artificiellement d’une quantité 
suffisante d’eau et pouvoir se procurer la main-d'œuvre 
nécessaire. » 

Insuffisance d’eau et manque de main-d'œuvre étaient, en 
effet, déjà deux des difficultés auxquelles pouvait se heurter 
un projet de culture cotonnière au Soudan. Une troisième 
était l’état plus que précaire des communications aux débuts 
de l’occupation anglaise. Enfin de gros crédits étaient indis- 
pensables. 

Dans sa si intéressante notice sur Un voyage d'Etudes au 


Unis, fournit la base des prix sur le marché. Dans les quinze années 
précédant la guerre, les prix de ce « Middling » avaient généralement 
varié, suivant les années, entre 3 et 6 ou 7 pence la livre à Manchester. 
Or, en 1917, les prix, qui n’étaient encore que de 9 pence à Londres au 
1% septembre 1916, se sont élevés, à la fin de juin, à 12 d. 3/4 à New- 
York et 19 d. 1/2 à Londres. En mars 1917, lorsque le « Middling » 
valait à Londres 12 pence 1/2, le coton égyptien était coté jusqu’à 
‘22 pence 85. 


SUR L’ÉTAT ACTUEL DE LA CULTURE COTONNIÈRE O9 


Soudan Anglo-Egyptien en 1913-1914, M. G. Foucart (1) a 
lumineusement exposé comment le Sudan-Government a su 
bravement aborder sans tarder toutes ces difficultés et a 
déjà commencé à les résoudre. 

Le problème des communications est même déjà à peu près 
résolu. Alors qu’en 1897, il n’y avait pas — en dehors de quel- 
ques tronçons de voies militaires — un kilomètre de rail au Sou- 
dan, en 1914 un réseau de 2.393 kilomètres était construit, dont 
toutes les maîtresses lignes étaient déjà régulièrement ex- 
ploitées ; et les ramifications secondaires étaient à l'étude. 
Le début du fonctionnement remonte à l’année 1900: et 
aujourd'hui tout un système mi-fluvial, mi-ferré, achemine 
tous les produits du pays vers la Mer Rouge, c’est-à-dire, 
plus exactement, vers Port-Soudan, cette ville nouvelle surgie 
comme par enchantement à 40 kilomètres au nord de l’ancien 
port de Souakim. Commencé en 1905, Port-Soudan était 
inauguré quatre ans plus tard, en avril 1909, après 23 millions 
de dépenses. 

Le problème de la main-d'œuvre n’est pas le moins grave. 
Le Soudan égyptien renferme à peine deux millions d'habi- 
tants, pour une superficie qui équivaut à six ou sept fois celle 
de la France ; et beaucoup de ces populations, dans le Sud, 
vivent encore à l’état sauvage. D'autre part, la région n'est 
pas de celles qui puissent convenir au travailleur européen : 
elle ne convient pas davantage à l'immigration indienne ou 
chinoise. Et c’est à trois éléments africains qu'il faut surtout 
s'adresser : aux Gallas d’Abyssinie, aux Noirs du sud du Bahr- 
el-Gazal, de lOuganda et du Congo belge, et aux races de 
l'Afrique occidentale. M. Foucart dit qu'à Dueim le nombre 
des immigrés de lOuest-Africain était de 15.000 environ, de 
1912 à 1914. S'il faut, au total, pour les dix prochaines années, 
200.000 à 250.000 travailleurs, on peut raisonnablement ad- 
mettre que ces chiffres seront atteints. 


(1) G. Foucart : Un voyage d'Etudes au Soudan Anglo-égyptien (1913 
1914). Edité par la Chambre de commerce de Marseille en 1916. 


JF QUELQUES DONNÉES 


Quant aux travaux d'irrigation, ils sont aussi dès à présent 
entrés dans le plan d'exécution. Tels sont notamment ceux 
de la section nilotique du Dongola, des régions de Tokar et 
de Kassala, et surtout du Gezireh. Ces derniers, les plus im- 
portants de tous, «consistent essentiellement, dit M. Foucart, 
à élever sur le Nil Bleu, à 8 kilomètres au sud de Sennaar, 
un barrage : la différence de la cote avec le Nil Blanc étant 
de 70 mètres, un canal transversal coupant le Gesireh du 
Nil Bleu au Nil Blanc amènera, par une série de dérivations 
secondaires, l'irrigation nécessaire et transformera toutes ces 
régions en terres susceptibles de produire le coton. Sur le Nil 
Blanc lui-même, le barrage de Gebel Aouli constituera, et pour 
les terrains soudanais et pour l'Egypte elle-même, une im- 
mense réserve d’eau ». M. Foucart cite encore, comme tra- 
vaux secondaires, ceux de la Dinder, affluent du Nil Bleu. 

Et ce ne sont là que les travaux pour lesquels les fonds 
nécessaires sont dès maintenant disponibles. On songe pour 
plus tard à l’aménagement complet de l’Atbara, à la régula- 
risation du lac Tana, au percement du canal rectiligne de Bor, 
dans les régions du Haut-Nil, à la construction de déversoirs 
aux chutes Ripon, à la sortie du lac Victoria, etc. 

Au point de vue financier, il est convenu que l'Egypte 
contribuera, de compte à demi avec le Gouvernement du 
Soudan, à certaines dépenses pour les grandes entreprises 
telles que le barrage du Nil Blanc. Un emprunt de 3 millions 
de livres a été, en outre, garanti par l'Angleterre pour ces 
mêmes entreprises. 

De l’exécution de tout ce grand plan de «remodelage » de 
la vallée du Nil et, en particulier, des travaux de barrage du 
Nil Blanc, du Nil Bleu et du canal de Gesireh dépend 
donc l’avenir de la culture cotonnière dans le pays. Au début 
de 191%, on admettait que les surfaces qui pouvaient être 
plantées en coton avant 1920 étaient de : 


Dans la province de Dongola ........ 40.000 hectares 
Dans la résion"de Tokar”::. 17: 20.000 — 
Dans la région de Kassala .......... 100.000  — 


Danse Cezirehess se PE os ap à 400.000 LE 


SUR L'ÉTAT ACTUEL DE LA CULTURE COTONNIÈRE 923 


LV 


Les événements présents doivent nous amener aujourd'hui 
à modifier les prévisions du commencement de 1914, mais 
au seul point de vue du laps de temps dans lesquelles les 
surfaces indiquées pourront être livrées à la culture: les 
nombres indiqués pour ces surfaces mêmes restent vrais. 
M. Foucart dit que, lors de son passage à Khartoun, on esti- 
mait alors devant lui à 800.000 hectares au moins la superficie 
des terres qui, dans les quatre régions mentionnées, pourraient 
convenir aux cotonniers lorsque seraient complètement achevés 
les travaux en cours. 

Sur ce total, on admettait 400.000 hectares pour le Gezireh 
(dont la superficie est d'environ 1.600.000 hectares), 200.000 
pour les vallées d’Atbara, autour et en aval de Kassala, 
80.000 dans le Dongola, 120.000 pour l’oasis de Tokar et la 
vallée en amont. 

Jusqu’alors, il a été produit (la livre égyptienne valant 
25 fr. 90) : 


En 1911... 270.000 livres égyptiennes, correspondant à 12.500 tonnes 
En 1912..: 155.000 — — — R'DO AE 
En 1915... 236.793 — —. — 


Bat rGrr:269.093%"— DS dE 


Soit donc, pour cette année 1916, 6.970.000 francs environ. 

Ne négligeant aucun moyen d'étendre cette production, 
le Gouvernement du Soudan a fondé sur le Nil Bleu, comme 
station d'essais pour la culture du cotonnier, la station de 
Tayibah. 

Dans cette station, qui occupe une surface d'environ 
1.000 hectares et où les terres ont la composition ordinaire 
de celles du Gesireh, les champs, dit M. Foucart, ont un asso- 
lement triennal : une année de Légumineuses, une année de 


(1) En ces années 1915 et 1916, les exportations totales du Soudan 
égyptien ont été respectivement de 1.557.991 et 2.888.403 livres égyp- 
tiennes. La contrée a notamment exporté, en plus du coton, de la gomme 
(586.102 livres en 1916), du sésame (193.040 livres), du sorgho (350.05% 
livres), des peaux, du bétail, de livoire (70.234 livres), etc. 


94 QUELQUES DONNÉES 


cotonnier et une année de céréales (2). Les semailles ont lieu 
en juillet, après trois labours. La récolte est faite en trois ou 
quatre cueillettes successives de janvier à avril, la première 
étant de beaucoup la meilleure. On irrigue immédiatement 
après le semis et on renouvelle l'irrigation suivant les besoins. 
de la plante, mais en tous les cas après chaque cueillette. 

L'espèce sélectionnée pour les graines est le Mut-Afifr 
égyptien. L'Upland américain, essayé en 1912, a été abandonné. 

: Comme salaires journaliers, M. Foucart indique 3 piastres 
(77 centimes) pour les horames, 1 piastre 1 /2 pour les femmes 
et { piastre (25 centimes environ) pour les enfants. 

Comme rendement, on admettait en 1914, à Tayibah, 
5 kantars 3 à 5 kantars 6 par feddan. Le feddan égalant à peu 
près l’acre anglais, exactement 42 ares, et le kantar étant de 
44 kgr. 500, c’est donc approximativement 560 à 595 kilo- 
grammes de coton égrené à l’hectare. 

C’est à peu près ce qu’on obtenait jadis en Egypte, où la 
production était de 6 kantars par feddan, alors qu’elle ne 
serait plus guère aujourd’hui que de 3 kantars 5, soit 320 kilo- 
grammes, à l’hectare. 

En 1915-1916, l'exportation du Soudan a été de plus de 
24.000 balles, d’une valeur d'environ 300.000 livres sterling. 


AUSTRALIE 


Certaines régions de l’Australie, notamment dans le 
Territoire du Nord et au Queensland, sont favorables à la 
culture du cotonnier ; et, comme pour notre Algérie, 1l fut 


(2) Ce système d’assolement triennal est celui qui a été longtemps 
adopté en Egypte, où on faisait une culture d’été en coton, puis une 
culture d’hiver en fèves, trèfle et autres, et, pendant la troisième année, 
une culture d’hiver avec blé, puis sorgho à la crue, avec une coupe de 
trèfle ensuite. Mais aujourd’hui, beaucoup de propriétaires, désireux 
d’un plus grand rapport, ont pris l’habitude fâcheuse d’un assolement 
biennal, d'autant plus épuisant qu’il n’est pas compensé par un apport 
d'engrais suffisant. Voir à ce sujet un article de M. Dumont sur «L’Agri- 
culture en Egypte », dans la Vie Agricole et Rurale du 25 août 1917. 


SUR L'ÉTAT ACTUEL DE LA CULTURE COTONNIÈRE 95 


une époque où le Queensland exporta d’assez notables quan- 
tités de coton. En 1871, ces exportations furent de 1.133tonnes 
de coton égrené. Puis, pour diverses raisons, parmi lesquelles, 
au premier rang, la cherté de main-d'œuvre, cette industrie 
fut abandonnée, et, en 1897, l’usine d’égrenage d’Ipswich, 
qui avait été ouverte en 1890, fut fermée. 

Plus récemment, pourtant, le gouverneur a de nouveau 
poussé à cette culture, en distribuant des graines et en garan- 
tissant un prix minimum de vente de 6 d. 1/2. 320 hectares 
ont été ainsi ensemencés en 1916 au Queensland. 

Dans le Territoire du Nord, on ne comptait encore que 
6 hectares en 1912-1913 ; mais on espère que la culture S'y 
étendra, ainsi que dans certaines parties de l'Australie Ocei- 
dentale et de la Nouvelle-Galles du Sud. 

Au commencement de 1917, quelques échantillons de ces 
_cotons australiens ont été examinés à l'Imperial Institute 
de Londres. Les uns (du Queensland) provenaient de variétés 
égyptiennes ; les autres (de l'Australie Occidentale et de la 
Nouvelle-Galles du Sud) provenaient de variétés américaines. 
Les cotons égyptiens du Queensland ont semblé plutôt mé- 
diocres, mais les cotons américains ont paru de qualité sut- 
fisante. 


AUTRES POSSESSIONS ANGLAISES 


A la Gold Coast, les résultats obtenus dans le Territoire du 
Nord ont été si peu satisfaisants que l'Association à décide 
d'abandonner sés essais. 

En Nigérie, la production au Lagos a été affectée par la 
baisse de prix due à la guerre. En 1915, la récolte n'a été que 
de 6.161 balles, au lieu de 13.547 en 1914 ; mais, pour 1910, 
on espérait 10.000 balles. Dans le district d’Illushi, des Pro- 
vinces du Sud, il y a eu de si faibles progrès que la Station 
d’Illushi a été fermée. Dans les Provinces du Nord, au con- 
traire, un coton «longue-soie » a été introduit avec succes ; 
pendant le premier semestre de 1916, 10.000 balles ont ete 


96 QUELQUES DONNÉES 


mises en vente, alors qu'il n’y en avait eu que 1.128 pour 
toute l’année 1915. 

Dans l’Ouganda et dans le Nyassaland, dont nous avons 
parlé longuement dans notre précédente Revue (loc, cit., p.108), 
les bas prix dus à la guerre avaient momentanément découragé 
les indigènes, mais la confiance renaît, tout au moins au 
Nvyassaland. Dans l’Ouganda, l’Imperial Institute craint 
quelques années difficiles. 


BRESIL 


L'insuffisance qui est à prévoir après la guerre dans la pro- 
duction cotonnière, pour les raisons plus haut exposées, doit 
encourager le Brésil à étendre une culture qui, jusqu'alors, 
dans l’Amérique du Sud, est restée relativement restreinte. 
On admet ordinairement, dans les statistiques générales, que 
sur une production mondiale de 22 millions environ de balles 
(toutes rapportées à 227 kilogrammes), le Brésil apporte une 
contribution de 300.000.balles. Ce chiffre même est exagéré si 
nous nous reportons à la statistique brésilienne de 1913, qui 
n'indique que 37.424 tonnes, au lieu des 68.100 que devraient 
représenter les 300.000 balles (1). 

En 1914, le Brésil a exporté 30.434 tonnes. 

Quant à l’année 1915, diverses raisons en ont rendu les 
exportations de coton tout à fait anormales. D'abord, la 
grande sécheresse de cette année-là, dans le Nord, a fortement 
diminué la production, puis les entraves apportées à la navi- 
gation ont encore naturellement exercé leur influence, et, 
entin, le produit a été retenu sur place par les industries 
textiles, qui, en raison de la raréfaction et de la hausse énorme 
de Ia matière première, ont même demandé l'établissement 
dun droit prohibitif de sortie. En définitive, le Brésil n’a 


(1) Le chiffre de 300.000 balles ne serait d’ailleurs pas encore exact 
si nous admettions qu'il s’agit de balles brésiliennes de 80 à 82 kilo- 
_grammes. 


SUR L'ÉTAT ACTUEL DE LA CULTURE COTONNIÈRE 97 


livré, en cette année 1915, au commerce extérieur que 5.228 
tonnes de coton (1). 

En valeur, les exportations de coton de ces trois années 
1913, 1914 et 1915, ont été respectivement de 57, 36 et 7 mil- 
lions de francs. 

En 1913, les exportations totales du Brésil (2) étaient 
d'une valeur de 1.621.225.000 francs, sur lesquels le café 
(13.267.000 sacs de 60 kilogrammes) comptait pour un milliard 
19.450.000 francs et le caoutchouc pour 259.375.000 francs. 
Le coton se place au second rang en quantité, et au troisième 
en valeur. 

Que les Etats du Brésil, où le sol est favorable au cotonnier 
et où de grandes surfaces restent disponibles, s’adonnent à 
cette culture, et le Brésil pourrait devenir pour le coton un 
grand pays producteur. 

Au reste, les administrations locales s’en rendent parfai- 
tement compte, puisque, par décret en date du 5 août 1916, 
l'Etat de Bahia offre la disposition gratuite, pendant cinq 
années, de certaines terres domaniales à des planteurs de 
coton, brésiliens ou étrangers, ou aux personnes qui, n'étant 
pas elles-mêmes des agriculteurs, désirent fonder des colonies 
agricoles en vue de la culture du cotonnier. A la fin de ces 
cinq ans, la pleine possession de ces terrains sera acquise aux 
personnes qui ont cultivé ou qui ont fondé la colonie. Dans 
le cas, par contre, où, à l'expiration des cinq années prévues, les 
terres ne seraient pas en état de culture effective, elles feraient 
retour à l'Etat de Bahia. Ce dernier offre également des faci- 
lités pour la distribution de la semence et s'engage à appointer 
un ou plusieurs spécialistes pour instruire Jes producteurs 
sur les méthodes de plantation et le traitement des maladies, 


(1) D’après des renseiznements tout récents, le Brésil produirait 
actuellement 248 millions de francs environ de tissus de coton et en 
importerait d'Europe et des Etats-Unis 12 à 13 millions 

(2) Dans les statistiques d’un précédent fascicule de ces Annales 
(3e série, 4° volume, 32 fascicule, p. 177), nous n’avons pas suffisamment 
précisé que, dans le tableau donné, les exportations citées étaient les 
exportations du Brésil pour le premier semestre de 1915. 


L 


98 ÉTAT ACTUEL DE LA CULTURE COTONNIÈRE 


Pendant que, à Liverpool, le coton américain passait de 
7 d. 08 à 11 d. 17 la livre, celui de Pernambuco passait de - 
7 d. 52 à 11 d. 92. Le produit brésilien est donc apprécié. 


RUSSIE 


La Russie offre, au point de vue cotonnier, cet intérêt que 
ses manufactures — qui, en 1914, comprenaient 9.213.000 bro- 
ches et 224.000 métiers — sont pourla plus grande part, alimen- 
tées par les récoltes du pays. 

En 1906, le coton russe, qui provenait du Caucase et surtout 
du Turkestan, ne donnait que 38 p. 100 de la quantité em- 
ployée par les filatures ; en 1913, il donnait, 54 p. 100, ct, en 
1915, 74 p.100. Surles 26 p. 100 qui manquaïent encore, 8 p. 100 
provenaient des pays asiatiques limitrophes ; et l’étranger ne 
fournissait plus, en définitive, que 18 p. 100. 

En 1913, les usines de tissage ont produit 19.600.000 pouds, 
soit 321.048.000 kilogrammes de tissus. 


Henri JUMELLE. 


rm 
ORLÉANS, IMP. H. TESSIER. 


COLONIES ET MARINE 


Sommaire du Numéro de Novembre 1917 


Emile CHAUTEMPS. — Quelques considérations sur le rôle de la Marine. 


Ce À. D'ARLINCOURT. — La question des Confins algéro-maroçains. 
Gratien CAnDACE. — Notre Marine marchande. 

Paul BLuysen. — Le problème du'Fret colonial. 

E. CH. — La Conférence coloniale et son œuvre. — Le Comité général 


du Pétrole en France. 


Henry BÉRENGER. — L'Ile d’Emeraude. Notre belle Guadeloupe. 
Golonies. — Nouvelles-Hébrides : Le commerce d'exportation en 
1916. — Etablissements français de l'Océanie : Un exercice florissant. 
— Indochine : Une belle année commerciale. — La santé aux Colonies. 
Bibliographie. — A travers Journaux et Revues. 
Le Numéro : 2 fr. 50. —— Abonnements : Un an, 10 francs. 
EN VENTE : 


11, Rue des Petits-Champs, PARIS 


MODE DE PUBLICATION ET CONDITIONS DE VENTE 


Les Annales du Musée Colonial de Marseille, fondées en 1893, pa- 
raissent annuellement en un volume ou en plusieurs fascicules.- 


Tous ces volumes, dont le prix est variable suivant leur importance, 
sont en vente chez M. CHALLAMEL, libraire, 17, rue Jacob, à Paris, à 
qui toutes les demandes de renseignements, au point de vue commer- 
cial, doivent être adressées. 


« . . A PE AS 
Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé à M. HENRI 
JUMELLE, professeur à la Faculté des Sciences, directeur du Musée 
Colonial, 5, rue Noailles, à Marseille. 


Les auteurs des mémoires insérés dans les Annales ont droit gra- 
tuitement à vingt-cinq exemplaires en tirage à part. Ils peuvent, à 
leurs frais, demander vingt-cinq exemplaires supplémentaires, avec 
titre spécial sur la couverture. 


Les mémoires ou ouvrages dont un exemplaire sera envoyé au 
Directeur du Musée Colonial seront signalés chaque année en fin de 
volume dans les Annales. 


Le 1e fascicule de l’année 1916 (Catalogue descriptif des Collections 
Botaniques du Musée Colonial de Marseille : Madagascar et Réunion) 
et le 3€ fascicule de Ia même année (Recherches récentes sur les Res- 
sources des Colonties françaises et étrangères et des autres Pays chauds) 
sont déjà parus, ainsi que le 1 fascicule de l’année 1917 (Catalogue 
descriptif des Collections Botaniques du Musée Colonial de Marseille : 
Afrique Occidentale Française). 


Le 2€ fascicule de 1916 paraîtra le mois prochain et contiendra les 
mémoires suivants : : 

19 Quelques Graines oléagineuses africaines, par M. PIERAERTS, Con- 
servateur au Musée du Congo Belge. 

20 Les Monocotylédones aquatiques de Madagascar, par M. Henri 
JUMELLE. 

30 Les Bois utiles de la Guyane Française, par M. Herbert STONE, 
de Birmingham. 


INSTITUT COLONIAL MARSEILLAIS. 


ANNALES 


DU 


MUSÉE COLONIAL 


DE MARSEILLE 


FONDÉES EN 1893 par Epouarb HECKEL 


DIRIGÉES PAR 


M. Hex JUMELLE 


Professeur à la Faculté des Sciences, 
Directeur du Musée Colonial de Marseille, 


Vingt-cinquième année, 3° série, 5° volume 11917). 
3° Fascicule. 


Les Bois utiles de la Guyane Française (Suite), 


par M. Herbert Sroxe, de Birmingham. 


— 


MARSEILLE PARIS 


MUSÉE COLONIAL LIBRAIRIE CHALLAMEL 


5, Rue NoaiLres, 9 | 17. nue Jacos, 17 


1917 


Principaux Mémoires parus antérieurement dans les 
ANNALES DU MUSÉE COLONIAL DE MARSEILLE 


Dr HeckeL : Les Kolas africains. Année 1893. (Volume presque épuisé.) 
D: Rancox : Dans la Haute-Gambie. Année 1894. (Volume complètement épuisé.) 3 


R. P. Düss : Flore phanérogamique des Antilles françaises. Année 1896. (Volume 
complètement épuisé.) 


E. Grorrroy : Rapport de Mission scientifique à la Martinique et à la Guyane. E 
Année 1897. k + 


Dr Hecxe : Les Plantes médicinales et toxiques de la Guyane française. ee: 
Année 1897. : 


Dr Hecker : Graines grasses nouvelles ou peu connues des colonies françaises. 
Année 1897. | = 


D: Hecker : Graines grasses nouvelles ou peu connues des colonies françaises. 
Année 1898. | 


H. Juueze : Le Cacaoyer. Année 1899. | + 


D: H. Jacos pe Corpemoy : Gommes, gommes-résines et résines des colonies 
françaises. Année 1899, | 


L. Laurenr : Le Tabac. Année 1900. 


Dr H. Jacos ne Corr£moy : Les Soies dans l'Extrême-Orient et dans, les colonies 
françaises. Année 1901. Ë 


L. Lauxenr : L'Or dans les colonies françaises. Année 1901. 


À. Curvauer: Voyage scientifique au Sénégal, au Soudan et en Casamance. 
Année 1902. 


GarFareL : L'Exposition d'Hanoï. Année 1903. 


De Heckez : Graines grasses nouvelles ou peu connues des colonies françaises. … 
Année 1903. x 


D: H. Jacos de Corpemoy : L'Ile de la Réunion. (Géographie physique ; richesses … 
naturelles, cultures et industries.) Année 1904. . 


Capitaine Maire : Étude ethnographique sur la race Man du Haut-Tonkin. 
Année 1904. 


E. Lereuvre : Étude nos sur les huiles de bois à’Indochine. Année 1905. - 


SL, 


H. Juuerre : Sur quelques plantes utiles ou intéressantes du Nord-Ouest de 
Madagascar. Année 1907. 


H. Jumezce et H, Perrier DE LA Bari : Notes sur la Flore du Nord-Ouest de É: 
Madagascar. Année 1907. 


H. Jumerze et H, PERRIER DE LA Baruie : Notes biologiques sur la végétation du : 
Nord-Ouest de Madagascar ; les Asclépiadées. Année 1908. 


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Re ANNALES 
MUSÉE COLONIAL DE MARSEILLE 
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INSTITUT COLONIAL MARSEILLAIS 


ANNALES 


DU 


MUSÉE COLONITAL 


DE MARSEILLE 


FONDÉES EN 1893 par Epouarp HECKEL 


DIRIGÉES PAR 


M. Henri JUMELLE 


Professeur à la Faculté des Sciences, 
Directeur du Musée Colonial de Marseille. 


Vingt-cinquième année, 3° série, 5° volume (1917). 


3° Fascicule. 


Les Bois utiles de la Guyane Française (Suite), 


par M. Herbert Srone, de Birmingham. 


MARSEILLE PARIS 
MUSÉE COLONIAL LIBRAIRIE CHALLAMEL 
», Rue NoaiLces, 9 17, rue Jacos, 17 


1917 


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LES. BOIS UTILES 


DE LA GUYANE FRANÇAISE 


par M. HERBERT STONE 


DE BIRMINGHAM 


(Suile). 


ÉTUDE DESCRIPTIVE 


DES BOIS DE LA GUYANE FRANÇAISE 


SECONDE PARTIE k 


FAMILLE XLV. — MÉLIACÉES 


TRIBU I. — MÉLIÉES 


Melia Azedarach Lin. n° 1171. 

Synonyme : Azedarach deleteria Moench. 

Noms vulgaires : Lilas des Indes, Margousier, Faux-Syco- 
more, Arbre saint, Arbre à chapelets, Cinnamomo, Ortega, 
Aariabapou au Malabar (Descourtilz). Laurier grec (Wiesner). 
Pasilla, Lilaila (Ant. Urban). Lotier blanc (Boquillon). Syco- 
moro batardo, Melia, Amargoseira, Conteira (Portug., Cou- 
tinho). Lilier à feuilles de Frêne, Kirikohomba (Ceylan). 
Lilas du pays (Guad. et Martin.); Kakera-kikera et Mimboo 
(Malaisie) ; Koekara-kaekeri (Sunda, Duss) ; Voandelaka (Mal- 
gache, Dandouau); Cinnamomo (Esp., Wilkomm). Cay Sandau, 
Xuyen luyen, Xun lien (Cochinchine, Loureiro). Tira (Tahiti) ; 
Lilas de Chine (Tahiti, fr.); Sau-dan (Annam, de Cordemoy) 
Xoan-hà, la variété rougeâtre ; Xoan-trang, la variété blan- 
châtre (Bulletin de l’'Indochine). Salugueiro da India, Lyrio 
do India, Jasmin do soldado (Brésil, Peckolt)}. Lien-moc 


4 H. STONE 


(Tonkin) ; Bois de lilas (Musée Colonial de Marseille) ; Bastard 
Cedar, Persian Lilac, Albero di Paternostri (Saint-Domingue), 
Albero della pazienza, Siccomoro, Sicomoro, Zaccheo (Var- 
gioni). Xoan ou Souan, dont deux variétés, Xoan tia, rou- 
geâtre, et Xoan trang, blanc; Maha Neem (Ind.). Zenzalaht 
(Egypte), Pride of India, China-berry, China tree, Bead tree, 
Paternosterbaum (Hough). Fico d’Egitto, Meliac, "Agriaz, 
Arbol de Paraiso, Margosa (terme gén.) Lillock (Ant. Angl.); 
Nim (Inde); Paraiso (Argentine, Rolland); Cyronenne (Fr. 
du midi), Bombalo ià n puto (Afr. Port.). Chaun mou, Hou- 
lieu, Xim lien, Yu-mou {Annam) ; Faux-Camphrier (Cochin.) ; 
Seun dau, Shien lien, Sen-yoo-si (Japon); Lila, Piocha, Pa- 
raiso morado (Mexique); Aleli (Vénézuéla, Grisard). So Do 
(Coch. Ch.), Lilas (Réu., Niederlein). Grand Lilas (Réunion : 
Cordemoy). Glatter Hédtaeh (AI). Malevemboumaram 
(Tamoul ; Gaebelé). — Tjakri-tjikri (Batavia : Greshoff; voir 
aussi 1997 C.). 

Provenance : Inde centrale, région de l'Himalaya, et cultivé 
dans tous les pays chauds. 

Caractères généraux. — Bois d'un poids moyen et d'une 
dureté moyenne, ressemblant à l’acajou ; de couleur rougeâtre- 
clair ou brun foncé, avec des raies plus claires et des stries 
noires, ou même fauves. Surface un peu luisante. Nuance de la 
coupe transversale beaucoup plus foncée que celle des autres 
sections. 

Caractères physiques. — Densité, 0,755 (Argentine, 0,939). 
D'après Mathey, 0,550 à 0,590 pour une provenance euro- 
péenne, et 0,572 à 0, 589 pour une provenance exotique. 
reté, entre lé Tilleul et le Cerisier. 

Gieb à sec, nulle ; humecté, odeur très légère, mais spé- 
ciale. Sans saveur, quoique, d’après le Bulletin de l'Indochine, 
saveur amère. 

Caractères de l'écorce. — D'après Hough, écorce gris rou- 
geâtre, tombant avec l’âge en plaques fibreuses longitudinales. 
D'après Peckolt, écorce brun cannelle, inodore, d'une saveur 
amère et astringente. Verte, lisse, d'après Descourtilz. D'après 
le Catalogue de l'Argentine, épaisse de 3 à 5 mm. environ, 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE D 
avec des rides assez saillantes et de couleur marron noirâtre. 
Lorsque l'écorce est jeune, elle est plutôt lisse, avec des 
rides réticulées ; dans chaque maille se trouve une petite len- 
ticelle. Plus tard, elle se gerce légèrement et tombe en plaques. 
Elle se divise en deux couches : une intérieure, qui est stra- 
tifiée, et jaune ou brune; et une extérieure, brune ou rouge. 
Au-dessous est une couche de liber mince comme du papier. 
Surface de la bûche lisse. 

Structure du bois. — L’aubier, bien distinct du cœur, est 
rougeâtre. D'après Hough, il n’aurait qu'une à deux couches, 
de couleur jaune clair ; blanc, au contraire, d’après le Catal. 
de l'Argentine ; jaune blanchâtre, d'après Wiesner. 

Moelle. — 2 à 3 mm. de diamètre ; arrondie, brune. 

La structure du bois ressemble à celle des Cedrela (voir 
Clef au n° 1198, et fig. 15, pl. vi). 

Section transversale. — Couches très bien délimitées par 
une zone de bois plus dense, qui contraste avec un anneau de 
vaisseaux. Hough cite un échantillon des États-Unis qui pré- 
sente une couche de 5 em. 4 d'épaisseur et qui, en neuf ans, 
a atteint le nombre de 16 couches. Le cas est remarquable au 
point de vue de la croissance anormale, puisque, en un an, 
le diamètre de l'arbre a augmenté de 10 cm. 8 environ et que 
cet arbre a produit plus d’une couche par an sous un climat 
tempéré. La section de Hough nous fournit, en outre, un 
exemple où la structure, peu développée dans les pays chauds, 
prend un caractère bien différent, en apparence, lorsque 
l'arbre est introduit dans un pays plus favorable à sa crois- 
sance. Moeller constate que, dans cette espèce, 1l n'y a pas de 
vaisseaux dans la zone d'automne, tandis que, dans la section 
de Hough, on les voit à l'œil nu à une distance de deux mètres. 
Or il est probable que la tige dont s'est servi Moeller n'avait 
pas encore sa couche d'automne. Notre figure 15 ne montre 
qu'une partie d'une couche. 

Vaisseaux visibles, souvent très apparents, d'un diamètre 
de 0 mm. 18 de diamètre en moyenne, diminuant sensiblement 
vers l'extérieur de la couche, A l'intérieur, se trouve un 
anneau de grands vaisseaux, en dehors desquels les petits 


6 H. STONE 


sont disposés en festons qui deviennent de plus en plus appa- 
rents vers le bord extérieur. Les vaisseaux sont peu nom- 
breux, À à 13 par mm. q.; plus clairs que les fibres ligneuses, 
les vaisseaux de l’anneau contiennent parfois une résine 
rouge. 

Rayons bien visibles, moyens, uniformes et plutôt réguliers, 
écartés les uns des autres d'une distance égale au diamètre 
d'un gros vaisseau, soit 7 par mm. environ. Denses, blan- 
châtres ou rougeûtres. 

Parenchyme a entourant les vaisseaux en les unissant aux 
festons. 

Section radiale. — Nuance un peu plus foncée que celle de 
la section tangentielle. Surface un peu luisante. Couches bien 
délimitées par l'anneau de vaisseaux, qui est bien apparent à 


cause de la grandeur et de la couleur noirâtre de ces vaisseaux. 
Rayons en raies brunâtres, assez apparents. 

Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les couches 
sont encore plus apparentes à cause des longues franges qui 
sont souvent en zigzag. Les rayons, étant d'une couleur rou- 
geàtre, produisent parfois un effet moiré, mais pasdans tous 
les échantillons. 

Emplois. — Ce bois me semble être d’une utilité générale 
pour tous les cas où une longue durée n’est pas nécessaire : il 
se travaille très facilement. 

Il résiste aux insectes à cause de son amertume ; il pourrait 
servir comme bois de chauffage à l'étranger (Bulletin de l'Indo- 
chine). 

D'après Pittier, il n'a pas d'utilité à Costa Rica ; peut servir 
pour instruments, d’après le Catal. de l'Argentine. 

À la Caroline, pour les roues batteuses des manufactures 
d'indigo, à cause de sa faible quantité de tannin d'après 
Grisard. | 

Bois de chauffage aux Antilles. Les marchands chinois le 
font passer pour Bois de camphre après l’avoir imbibé d’essence 
de camphre. 

Bois très bon pour la construction, l’ébénisterie et le char- 
ronnage à la Réunion, d'après Cordemoy. 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 7 


Éch. types: Les sections de Hough, n° 405, partie V, et celle de 
Noerdlinger. Musée de Lyon, série II (Égypte), n° 285 (Nouvelle-Calé- 
donie), n° 450. Musée Colonial de Marseille, n° 65 de la Réunion. 

Références : Icones lignorum, pl. 48, fig. 2. Moeller, pl. 5, fig. 60. 
Pittier, p. 123. Grisard, 1893, 1, p. 124, et tirage à part, p. 299. Boquillon, 
partie IIT, description de l’écorce et du jeune bois, p. 68. Liste Argen- 
tine, p. 21. Bull. de l’Indoch., 1902, p. 830. Peckolt, 1901, p. 319. Aublet, 
p. 393. 


TRIBU II — TRICHILIÉES 


Guarea trichilioides Lin., n° 1178. 
Synonyme : G. Aubletu À. Juss.; Trichilia Guara Aubl. 


Aublet, p. 393 : Bois bale. 

Dumonteil, p. 156 (Est-ce bien cette espèce?) : Bois bâle. Densité, 
0,365 ; force, 95; élasticité, 147; flexibilité, 4-09 ; p. 163. Classe 6, qui 
est de très faible valeur. 

De Lanessan, p. 143 : Bon pour planches. 

Sagot, Catal. XII, p. 203 ; Bois-balle. 

Grisard, 1892, IT, p. 39 : Bois à balles, Pistolet, Bois pistolet, Bois 
rouge de Saint-Domingue (Ant. et Guyane) ; Jito, Gito (Brésil); Guanco 
blanco, Mestigo (Colombie) ; Yamao, Gouare (Cuba) ; Musk-wood (Ja- 
maïque); Camboata, Pao de Sabao (Argentine); Trompillo, Trompito 
(Vénézuéla). Bois ordinairement rouge ou rougeûtre, d'élaslicilé assez 
grande, se travaillant facilement, inattaquable par les insectes; de 
conservation médiocre, Bon pour travaux d'intérieur. Densité, 0,500. 

Grisard cite par ailleurs les noms Trompillo et Trompito comme noms 
vulgaires de Lælia hirtella (voir 503); et Sagot donne le nom Trompito 
au Cecropia (voir 6645). 

Rodriguès, 1893, p. 7#: Carrapeta, Bilreiro, Marinheiro (Brésil). 
Écorce amère et résineuse. 


TRIBU II. — SWIETENIÉES 


Carapa quianensis Aubl., n° 1192 A. 
Synonyme : C. latifolia Willd.; Guarea Caoba C.DC. (qui 
n'est pas dans l’Index). Ce n'est pas le Carapa quineensis 


Sw. 


6 a (Vers PAT 


8 H. STONE 


Peckolt a admis pour cette espèce trois variétés : Andiroba 
branca, de densité, 0,548 ; A. ferrea, 0,719, et A. vermelha, 
0,769. 

Dumonteil et Bell, d'autre part, en citent deux, quoique 
Spence, collecteur de Bell, ne voie pas la différence. 

En ce qui me concerne, Je pencherai pour l’avis de Spence, 
car, si J'ai trouvé quelques petites dissemblances, c'est que 
l’aubier de la deuxième variété était plus nettement délimité 
du cœur que celui de la première. Au contraire, l'échantillon 
n° 4 du Brésil présente des différences plus accentuées; à 
comparer entre la figure 4, pl. V et la fig. 26, pl. VII. Peut-être 
est-ce une question des conditions de croissance. Le bois de 
Martin-Lavigne présente quelques différences avec ceux de 
Bell et le n° 0466 de l’Imp. Institute ; l'écorce décrite par 
Guibourt, p. 538, diffère encore davantage. 

Vulgairement, cependant, 1l faut le remarquer, il ÿ aurait 
bien une distinction qui correspondrait à une variété de mon- 
tagne et à une variété de plaine, car les noms coloniaux indi- 
gènes ne sont pas toujours les mêmes pour les deux. 

Noms vulgaires de la variété de montagne : Carapa (Ga- 
hibis) ; Y-andiroba (Garipons); le Granatum littoreum de 
Rumphius (Aublet). Carapas, Karapa (Galib.), non Carapat 
qui est une racine (Préfontaine). Caraipa (v. 700), Crapo, 
Andiroba carapa (Guy. fr.); Highland Crabwood, Caraba 
(Guy. Angl. d'après Bell). Krapaboom (Debrot). Arbre à l’huile 
de la Guyane Fr. (Martin-Lavigne). Carapa rouge {Catal. des 
Colonies fr.). Yandiroba, Andirova, Nandirova (Brésil, d’après 
Rodriguès). N est pas le Bois de Crabe, ni Crave (voir 6200E), 
ni Crababalli, ni Caribaballi (6609 B), ni Carib-wood, ni le 
Crapaud de Dumonteil, qui le cite à part (voir partie HI): 
n1 le Krapholz de l’Icones lignorum. 

Noms vulgaires de la variété de plaine : White Crabwood 
(Bell). Andiroba branca, Caraipa (Brésil, d’après Miers). 
Lowland Crabwood, White Caraba (Laslett). Carapa blanc 
(Dumonteil). Caoba (Costa-Rica, Pittier). Bois caille (Cat. 
Expos. 1867). 

Provenance : Amérique trop., Antilles, Guyane. 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 9 


Les échantillons de Bell ont été déterminés, d’après les 
feuilles et les fruits, par le D' Freeman. 

Caractères généraux. — Bois d'un poids moyen et d’une 
dureté moyenne, ressemblant à l’acajou à meubles dans les 
qualités supérieures, et à l'acajou à planches (1198 A) dans les 
sortes inférieures. Peckolt indique une couleur brun jaunâtre, 
mais peut-être parle-t-1l de la variété Andiroba amarella, 
Aublet et Miers l’'indiquent blanchâtre, qui concorde peut-être 
avec la variété A. branca de Peckolt. En tout cas, pour notre 
variété n° 2, nous ne pouvons décrire ainsi ni le cœur, m1 
l’aubier. 

Surface brillante, satinée, fonçant très fortement à l'air; 
grain gros. Nuance de la coupe transversale plus foncée que 
celle des autres sections. 

Caractères physiques. — Densité, 0,540 à 0,739; dureté, 
celle du Faux-platane. Odeur faible, parfois nulle; saveur lé- 
sèerement astringente. La solution aqueuse est incolore, et la 
solution alcoolique est d'un brun très clair. 

Il se fend facilement ; les morceaux restent droits et lisses. 


Dumonteil, p. 154: Carapa blanc. Densité, 0,659 ; force, 171; élasti- 
cité, 177; flexibilité, 2,15 ; p. 160. Classe 3 qui est celle du Pin ; p. 162, 
Classe 4, celle des bois à meubles. Son Bois Crapaud a une densité 
de 1,120. 


Caractères de l'écorce. — De couleur brun foncé ou rouge ; 
lisse, comme celle du Faux-platane ; épaisse de 3 à 5 mm. 
environ, dure, tenace, presque ligneuse. L'intérieur de l'écorce 
est aussi brun foncé et la couche de liber sous-jacente est 
rouge. Surface de la büche lisse. 

D'après Guibourt, l'écorce est épaisse, grise et rugueuse, 
rouge foncé à l'intérieur ; cassure assez nette, présentant des 
couches concentriques, alternativement claires et plus foncées : 
de saveur amère. 

D'après Peckolt, couleur brun grisätre, intérieurement 
rouge foncé ; saveur amère. 

D'après Boquillon, la surface de l'écorce est rugueuse, 
cendrée. L'écorce est épaisse de 8 à 10 mm., à épiderme gris 


10 H. STONE 


blanchâtre, sous lequel elle est de couleur rouge, qui devient 
plus claire vers l’intérieur ; cassure grenue, légèrement lamel- 
leuse à l'extérieur ; près du liber se trouve une série de fibres 


aplaties. 
Ecorce épaisse, grisâtre, d'après Aublet. 
Structure du bois. — L'aubier est épais de 2 à 6 cm. environ, 


d’une couleur écrue, bien délimité du cœur dans la variété I 
(rouge) et moins nettement dans la variété IT (blanche). 

Moelle. — Diamètre de 0 mm. à environ, rouge, molle, de 
grosses cellules. 


La structure est celle des Acajous et des Cedrela. Voir la clef, au 
n° 1198, la figure #4, pl. VIT, de l'échantillon 0466, et la figure 26, pl. V, 
de la variété IT (rouge) de l'échantillon 2671 de Bell. 


Section transversale. — Couches parfois bien délimitées. 
Mais est-ce une ligne de parenchyme (visible à la loupe), qui 
forme la limite ? 

Vaisseaux très variables, visibles comme des piqüres, soit à 
l'œil nu, soit au moins à la loupe. Ils ont de 0 mm. 2 à 0 mm. 33 
de diamètre, suivant l’âge ; mais entre les limites de chaque 
couche il y a peu de variations. Fortement isolés, ayant une 
tendance à se placer en lignes obliques, sans anneau de vais- 
seaux. Ils sont simples et quelquefois groupés par 2 ou 3. La 
matière qu'ils renferment est foncée. 

Rayons visibles à la loupe, écartés les uns des autres à une 
distance égale à celle du diamètre d’un gros vaisseau. 

Parenchyme a entourant les vaisseaux et s'étendant parfois 
en petites ailes tangentielles ; et Ph formant les lignes nom- 
breuses qui, en apparence, limitent les couches. 

Section radiale. — Nuance plüus foncée que celle de la sec- 
tion tangentielle, à cause de la couleur foncée des rayons, qui 
sont, dans certains cas, très apparents, et dans d’autres, 
visibles seulement par réflexion. Vaisseaux apparents, souvent 
serrés côte à côte ; leur contenu est noir. Les rayons donnent 
souvent à la coupe un effet moiré. 

Section tangenlielle. — Comme la radiale, mais beaucoup 
moins poreuse, car la coupe ne traverse qu'un vaisseau par 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 11 


groupe. Les limites des couches sont indiquées par des lignes 
et des lacets foncés. Rayons minuscules, donnant aussi à cette 
section, grâce à leur nombre, un effet moiré qui n’est ici visible 
qu’à la loupe, lorsque le bois est humecté. 

Emplois. — Bon pour l’architecture navale, pour la char- 
pente et pour les mâts, à cause de sa résistance ; peut être 
obtenu jusqu’à 20 à 23 m. sur 1 m. à 1 m. 30 d’équarrissage 
(MeTurk). D'après Thomas, bon pour bordages. Construction, 
menuiserie, d'après Silva. 

L'écorce est bonne pour le tannage des peaux, d'après 
Grisard. 

Bon bois très commode à travailler et propre à remplacer 
les acajous de qualité moyenne. 


Éch. types : Variété I (rouge): 15,2671 Bell; 0466 Imper. Inst.; 
2320, Laslett ; la section de Noerdlinger ; 4, Bur. des Rens. Brésil. 
Variété IT (blanche) : 16,2671 Bell, 

Icones : Martin-Lavigne {est-ce cette espèce ?), fig. 23 et 24. 

Stone et Fr., fig. 14; Stone, T. of C., pl. II, fig. 24. Icones lignorum, 
pl. #5, fig. 8. ; 

Références : Spence ms. Bell, pp. 14 et 15; Miers, ms.; Silva, ms. ; 
Grisard, 1892, II, p. 532; Peckolt, 1901,-p. 353; Thomas, p. 157; 
Dumonteil, 1823, loc. cit.; Duchesne, p. 205; Boquillon, partie II, 
p. 71 ; Préfontaine, p. 163 ; Aublet, Suppl., p. 32. 


Koolishiri (Bell), n° 1192 B. 

Espèce indéterminée, mais c'est une Méliacée voisine des 
Carapa. 

Caractères généraux. — Bois dur et lourd, ayant quelques 
points de similitude avec l’acajou ; d’une couleur brun rou- 
geâtre à rose foncé, devenant un peu plus sombre à l'air. 
Nuance de la coupe transversale légèrement plus foncée que 
celle des autres sections. 

Caractères physiques. — Densité, 0,849; dureté, celle du 
Houx ou du Citronnier : 


? 


Caractères de l'écorce. — KEcorce épaisse de 6 à 9 mm., 


sans odeur; saveur astringente. 


lisse ou ridée, très dure et ligneuse, marquée, sur la surface 
intérieure, de sillons fusiformes. La section transversale devient 


LR 


12 H. STONE 


cramoisie lorsqu'elle est humectée: pleine de sclérites blancs. 
Surface de la bûche profondément striée ou sillonnée. 

Moelle., — Diamètre de 3 mm. environ, molle, rouge. 

Structure du bois. — L’aubier a 12 mm. d'épaisseur environ 
et est plus clair que le cœur. 

La structure est celle des Carapa 1192 A (Voir Clef au 
n° 1198), à part les différences suivantes : 

Couches bien délimitées ; la ligne de parenchyme à peine 
visible forme la limite. 

Les rayons sont tellement serrés que les intervalles entre 
eux sont à peine égaux à la largeur de ces rayons (caractère 
assez rare). 

Le parenchyme est comme celui du Carapa, mais ne s'étend 
pas en forme d'ailes. | 

Section radiale. — Vaisseaux vides, rougeûtres. Rayons à 
peine apparents. 

Emplois. — Bon pour meubles. Peut être facilement obtenu 
jusqu à 7 m. sur 15 à 22 cm. d'équarrissage (Bell). Se tra- 
vaille facilement et pourrait peut-être remplacer les sortes 
d’acajous claires et inférieures. 


Éch. type : 54,2710 Bell. 
Référence ‘Stonetet Fr.,:p-5»: 


Killikowa (Bell); Kerekowa (Paul ?), n° 1192 C. 

Espèce indéterminée, mais voisine des Carapa. 

Caractères généraux. — Bois d’un poids moyen et d’une 
dureté moyenne ; d'une couleur brun rougeâtre, fonçant légè- 
rement à l'air. Grain plutôt à rebours, avec des pores plus 
foncés. Surface brillante, chatoyante, soyeuse. Nuance de la 
coupe transversale plus foncée que celle des autres sections. 

Caractères physiques. — Densité, 0,711. Dureté, celle du 
Cerisier. Sans odeur ni saveur. | 

Caractères de l'écorce. — Écorce épaisse de 4 à 5 mm. 
environ, légèrement gercée, fibreuse, d'une couleur rouge 
foncé. Les fibres brillent sur la section transversale. La sur- 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 19 


face de la büche vue à la loupe est finement striée et micacée, 
à cause des perles de gomme. 

Structure du bois. — Dans une büche de 23 cm. de dia- 
mètre, l’aubier n’est pas différent du cœur. 

La structure est celle des Cedrela (voir Clef, n° 1198), à 
part les différences suivantes : 

Section transversale. — Couches bien délimitées ; une 
mince ligne de parenchyme en forme la limite. 

Vaisseaux Juste visibles comme des piqüres. Leur diamètre 
diminue légèrement vers l'extérieur de la couche, quoique, en 
apparence, 1l semble augmenter. 

Rayons visibles à l'œil nu lorsque le bois est humecté. 

Section radiale. —— Vaisseaux petits, mais bien apparents ; 
foncés. Rayons étroits, bruns, très apparents sur le fond 
brillant. 


Section tangentielle. — Les rayons produisent un elfet 
moiré ; hauteur de 2 mm. environ. 
Emplois. — Bon pour meubles ; peut être obtenu facile- 


ment jusqu’à 12 m. sur 20 à 35 cm. d'équarrissage (Bell). 
Commode à travailler, peut remplacer l’érable ; charpente, 
menuiserie à couvert. 


Éch. type : 51,2707 Bell. 
Référence : Stone et Fr., p. 52. 


TRIBU IV. — CÉDRÉLÉES 


Les Acajous et Cèdres, n° 1198. 

Le vrai Acajou à meubles, Swietenia Mahagoni Lin., nest 
pas indigène de la Guyane. Les divers bois qui portent ces 
noms sont de trois catégories : 1° certaines Méliacées, presque 
toujours rougeûtres ; 2° certaines Lauracées, qui ont des cou- 
leurs variées, blanc, brun, noirâtre, et même verdâtre, cette 
dernière couleur étant très répandue parmi les Vecfandra 
(voir n° 6200 et suivants); 3° des bois appartenant à plusieurs 


/ 


familles et qui ont l'apparence de l’acajou ou l'odeur des 


14 H. STONE 


cèdres, tels que l'Acajou Bätard (Curatella, 33), l'Acajou à 
pommes (Anacardium, 1509), le Cèdre bagasse (Protium, 
1156 B), et le Cèdre blanc (Tecoma, 5467). 

Malheureusement nous n'avons guère de renseignements 
précis que sur le Cedrela odorata, ou Acajou femelle. 

L'Acajou veiné de Cayenne, de Varenne-Fenille, est très 
lourd, de densité 1,100. Il appartient probablement à une 
_Légumineuse inconnue. J'ai vu un échantillon au Musée Colo- 
nial de Marseille étiqueté « Acajou » au n° 24 de la Guyane, 
qui pourrait être ce bois. Peut-être aussi est-ce le Wild Acajou 
d'Icones lignorum (voir partie IT). 


Clef pour les espèces qui ressemblent aux Cedrela. 


1 La coupe transversale présente, au bord intérieur 
de chaque couche, un anneau de vaisseaux plus 
ou moins serrés. À comparer avec la fig. 3, pl. V. 

1.1. Les vaisseaux en dehors de l’anneau, unis par le 
parenchyme, sont en festons très apparents. 
Melia Azedarach, 1171, fig. 15, pl. VE. 

1.2. Les vaisseaux sont ailés par le parenchyme, mais ils 
ne sont pas unis. Cedrela odorata, 1198 A ; et 
peut-être C. quianensis, 1198 B. 

2. Pas d'anneau de vaisseaux. 


[I 
> 


Sur la coupe transversale, les rayons sont excessi- 
vement serrés, les intervalles entre eux étant à 
peine égaux à la largeur de ces rayons. Koo- 
lishir1, 41992"P. 

2.2. Rayons écartés les uns des autres d’une distance 

égale à celle du diamètre d’un gros vaisseau. 
2.2.1. Sans saveur. La surface en coupe radiale est cha- 
toyante et soyeuse. Les rayons sont visibles à l'œil 
nu lorsqu'ils sont humectés. AXillikowa, 1192 C. 

.2. Saveur astringente. Surface seulement légèrement 
brillante. Les rayons ne sont visibles qu’à la 
loupe. Carapa quianensis, 1192 A. 


[Ne 
pie) 


Cedrela odorata Lin., n° 1198 A (non Schlecht, Blanco, 
Grisebach, Ruiz., Cham., Pav., Vell.). 


Bois UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 15 


En plus de la confusion que présente la systématique, et 
que nous ont indiquée les réserves faites ci-dessus, il y a 
toute une série de bois de Cedrela qui sont tellement sem- 
blables qu'il est presque impossible de les séparer, même 
lorsqu'ils sont côte à côte. Ceci est surtout vrai des C. fissilis 
et brasiliensis, qui ont une synonymie énormément embrouillée. 

Les échantillons qui vont être décrits sont déterminés avec 
quelque incertitude ; Je crois néanmoins qu'ils appartiennent 
bien à cette espèce. 

Dumonteil cite un Acajou blanc de densité 0,424, et un 
Acajou bâtard de 0,349, dans la même liste. Je pense que le 
dernier est trop léger pour cette espèce et devrait être rap- 
porté au C. quianensis. J'ai eu quelques hésitations à propos 
des noms cités par Duss, mais je les admets, car il parait 
qu'il n’y a qu'une seule espèce de Cedrela aux Antilles fran- 
çaises. 

Noms vulgaires : Acajou femelle ; Acajou à planches, Bois 
d'Acajou à planches, Cèdre acajou (Barbad.); Barbadoes 
bastard Cedar (Angl.): Cedro (Am. mérid. Esp., d’après 
Stevenson). Havannah ou Havana cedar (Royle). Cuba, 
Mexican ou Honduras Cedar ({Laslett). Zuckerkistenholz 
(Wiesner). Jamaica ou West Indian Cedar (Smith). Pfef- 
ferholz (Nemnich). Cedro aromatico, Acajou amer, Cèdre 
(Brésil, da Gama). Cedrel, Cèdre odorant, Bois de Cedra 
(Beauverie). Cedro di Cuba, Cedro di Spagna (Fogli). Gedro 
mogani (Pereira, est-ce cette espèce ?). Cedro dulce (Venez. ; 
Snow). Cedro hembra (Urban). Caju senti (Niederlein). Cail- 
cedra, Calcedra, Calceida (souvent appliqués à Xhaya sene- 
galensis), Cèdre de la Barbade ou de la Martinique 
(Duchesne). Acajou senti, Acajou du pays (Guad.: Duss). 
Cedro macho (Mexique ; Grisard). Calentas, Cedro del pais 
(Philip.; Valdez). Acajou cedrela, Bucabally (Démarary: 
Brousseau). Cèdre acajou, Faux acajou (Martin-Lavigne). 

- Provenance : Am. trop.; Ant. ; Mexique ; Guyanes. 

Caractères généraux. — Bois léger et mou, d'une couleur 
brun rougeâtre, ou rouge brique clair, où brunâtre ; uniforme. 
Surface légèrement brillante ; fonçant légèrement à Flair; 


10 H. STONE 


“ 


grain plutôt gros. Il est bien connu comme bois pour boîte à 
cigares. Nuance de la coupe transversale un peu plus foncée 
que celle des autres sections. 

Caractères physiques. — Densité, 0,439 à 0,631. Le chiffre 
cité par de Lanessan (0,365) me parait trop faible, et même 
celui de Valdez (0,400) ; et le chiffre de Boulger (0,272) l’est 
encore bien plus, puisque c'est à peu près la densité du hège! 
(Est-ce une erreur d'impression ?) Dureté, celle de l’Aune ou 
du Quassia. Odorant à sec, mais légèrement. D'après Duss, 
odeur très agréable, surtout quand 1l est sec. D’après Valdez, 
celle du Genévrier. Le Règne Végétal exprime une opinion 
contraire : Lorsqu'on le frotte, 1l répand une odeur fétide et 
nauséabonde. Peut-être veut-on alors parler de l'écorce ? 

Saveur astringente plutôt qu'amère ; elle se développe len- 
tement au goût. Solution aqueuse rose clair avec un précipité 
abondant. 

Le bois brûle assez bien, sans odeur spéciale, en pétillant 
beaucoup. Il est très cassant et se fend facilement. 

D'après Valdez, 1l se casse avec de courtes fibres. 


Caractère de l'écorce. — D'après Berkhout, fortement 
odorante. 
Structure du bois. — L’aubier est étroit, blanc rougetre, 


d'après Boulger. 

Moelle. — Diamètre de 1 mm. 2, arrondie, rouge. Quelques 
cellules sont parfois remplies d’une matière foncée. 

Section transversale. — Couches très apparentes et bien 
délimitées. 

Vaisseaux bien visibles, à cause de leur grandeur, lorsque 
la surface est polie avec du papier verré, mais ils le sont peu 
lorsque la coupe est rabotée ; diämètre de 0 mm. 2; disposés 
en un anneau concentrique, bien distinct, de grands vaisseaux 
non serrés, les petits, qui sont en dehors de cet anneau, étant 
fortement isolés, mais toujours avec une tendance à se dis- 
poser concentriquement ; peu nombreux, 1 à 6 par mm. q. 
Leur contenu est rarement visible à sec. | 

Les rayons sont visibles à la loupe, fins, uniformes, régu- 
liers, écartés les uns des autres à une distance un eu moindre 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 17 


que celle du diamètre d'un gros vaisseau, soit 4 à 7 par mm. ; 
de couleur rouge brique. 

Parenchyme abondant. Pa entoure les vaisseaux et est 
visible à peine ; à l'extérieur de la couche, il s'étend tan- 
gentiellement en forme d'ailes ou d'ares vagues ; Ph est très 
apparent, en lignes concentriques continues, beaucoup plus 
larges que les rayons et très écartées les unes des autres, 
souvent de ! cm. Peut-être sont-elles les limites des couches. 

Section radiale. — Vaisseaux très apparents, légèrement 
plus foncés que les fibres ligneuses, vides pour la plupart, 
avec des cloisons qui, ordinairement, sont plus courtes que le 
diamètre de ces vaisseaux ; dans ces vaisseaux, çà et là, se 
trouvent des perles de résine. Les rayons, grâce à leur nombre 
et à leur couleur, produisent un effet brillant et moiré, mais 
ne sont visibles que lorsque le bois est humecté. Le paren- 
chyme D est à peine apparent à l'œil nu. La surface de la 
coupe est souvent brillante et nacrée. 

Section tangentielle. — Comme la radiale, mais la surface, 
tout étant brillante, n’est pas nacrée. Les limites des couches 
sont plus apparentes à cause des franges de l'anneau de 
vaisseaux. Rayons minuscules, bruns ou rouges, visibles à la 
loupe. | 

Emplois. — Bon pour boîtes à cigares et articles du même 
genre. Peut être obtenu jusqu'à 6 à 13 m. sur 30 à 60 cm. 
d'équarrissage (Laslett). Cet auteur donne le résultat de ses 
essais au point de vue de la résistance de ce bois. 

D'après le « Guide de Kew », bois très bon pour la char- 
pente d'intérieur, coffres, garde-meubles, tiroirs, car il éloigne 
les insectes: pour les bardeaux, qui résistent de longues 
années. 

Bon pour crayons, dit Duchesne, mais je trouve que le 
grain est bien trop gros pour cet usage. 

D'après Duss, l'extrait du bois est fébrifuge ; le bois donne 
une résine aromatique. 


Éch. types : 2275, Laslett ; 0882, Hughes ; 


: n° 13 de la Guyane, Musée 
Colonial de Marseille. 


Annales du Musée colonial de Marseille. — 3° série, 5° vol. 1917, 2 


18 H. STONE 


Icones : Moeller, VI, fig. 62 (fibres seulement). Martin-Lavigne, 
fig. 26 et 27. Icones lignorum, pl. LXXIIT, fig. 8; Wit Cederhout boom ; 
mais est-ce bien cette espèce? 

Références : Aublet, p. 246 ; Varenne-Fenille, p. 147; Dumonteil, II, 
partie 2, p. 156 ; Duss, p. 129: Boulger, p. 186 ; Le Règne Végétal, 
partie médicale, I, p. 297; Valdez, ms.; Préfontaine, p. 139 ; de Lanessan, 
p. 143; Kew Guide, p. 62; Laslett, p. 269 ; Beauverie, p. 259 ; Duchesne, 
p. 205; Martin-Lavigne, p. 90: Grisard, 1893, I, p. 29 ; Berkhout, p. 25. 


Cedrela guianensis A. Juss, n° 1198 B. 

Je n'ai pas encore trouvé un échantillon bien déterminé de 
cette espèce; tous ceux que j'ai pu examiner ne mont pas 
semblé différents du C. odorata. 

Comme l'odeur du bois de Préfontaine parait plus péné- 
trante que celle de l'espèce précédente, Je cite ici l'espèce de 
Préfontaine. Dumonteil cite deux bois différents qui pourraient 
bien se rapporter au même arbre. La Commission de Brest, 
en donnant la description de l’Acajou ou Cèdre rouge, indique 
qu'il est de la même couleur que celle de l’Acajou femelle, ou 
Cèdre de Demarary. Le Cèdre rouge est peut-être le C. quia- 
nensis ; et le Cèdre de Demarary, le C. odorata. 


Préfontaine, p. 139 : Acajou à planches, Ooubouheri des femmes 
Caraibes, Iacaicachi des hommes; Cèdre, à Saint-Domingue. Odeur 
suave, qui est communiquée au linge, s’il est renfermé dans une armoire 
faite de ce bois. 

Aublet, p. 246 : Acafou, pour maisons, barriques et pirogues. 

Dumonteil, p. 158; Acajou bâtard. Densité, 0,349 ; force, 80 ; élasti- 
cité, 141 ; flexibilité, 4,13, p. 163. Classe 6 de faible valeur. Est-ce bien 
cette espèce ? 

Commission de Brest, p. 166 : Acajou ou Cèdre rouge. Densité, 0,385 
à 0,466; force, 250 à 420; ce qui revient à 0,49, si le Chène égale I, 
p. 174. Moitié moins fort que le Chêne, de deux cinquièmes plus léger, 
beaucoup moins élastique ; ordinairement de la couleur du Cèdre ou de 
l’Acajou femelle ; se travaille très bien et très bon pour la menuiserie. 
Tous les cabrions se sont cassés net sans le moindre avertissement, et 
la section de rupture était comme coupée ; le pied était probablement 
«en retour ». 

Autres essais sur les bois de Dumonteil, p. 190 : Pour des échantillons 
conservés à couvert : force, 320 à 495, 0,49 à 0,55 si le Chêne égale 1; 
élasticité, 1 à 27. Conservés à découvert : force, 320 à 500; élasticité, 
15 à 25 ; p.197. Classe 2b. 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 19 


Sagot, p. 914 : Acajou de la Guyane; léger, rouge, se sciant parfai- 
tement ; l’arbre est monté sur des arcabas. Le même, Catalogue, XII, 
p. 205 : Acajou, bois blanc devenant rouge en se desséchant ; il résiste 
aux termites. Le même encore, p. 924 : Acajou, Cedrela, Bucabally. 


Bassières, p. 102 : Acajou; bon pour meubles et boites à cigares. 
Densité, 0,577. 


Pour d’autres références, voir l'espèce précédente. 


Acajou blanc, n° 1198 C. 


Dumonteil, p. 158 : Densité, 0,424; force, 111 ; élasticité, 134; flexi- 
bilité, 3,91. | 


Du Tertre cite un autre Acajou blanc qui devient très dur 
en se desséchant. 


FAMILLE XLVII. — OLACACÉES 


TRIBU I. — OLACÉES 


Ximenia americana Lin., n° 1208. 


Synonymes : X. mulliflora Jacq.; Heymassoli spinosa 
Aubl. 


Aublet, p. 324 : Heymassoli (Galibis); écorce brune, ridée, gercée ; 
bois blanchätre. 

Grisard, 1893, I, p. 135 : Alvarillo del campo (Amér. Sud), False 
Santal-wood (Angl,), Muhinge (Angola), Caytao (Annam), Ameixa 
(Brésil), et le fruit Alvarillo da terra; Gangi (Congo), Yana (Cuba)s 
Oranger des falaises, Prunier épineux (Guadel.), Albaricoque, Albarillo 
ou Abriboquilla de campo (Argentine), Sea-side Plum (Trinité), 
Umpeque (Zambèze) ; bois jaunâtre, dur, de très faible dimension, serré 
et odorant. L’écorce est bonne pour tannage. 

Niederlein, p. 5 : Oranger montagne. 


TRIBU III — ICACINÉES 


Poraqueiba guianensis Aubl., n° 1240. 
Synonyme : P. surinamensis Miers. 


Aublet, p. 123 : Poraquébé (Galibis) ; écorce cendrée ; bois roussâtre, 
dur, compact, 
Rodriguès, 1893, p. 50 : Umary amarello (Brésil). 


20 H. STONE 


FAMILLE -XINVIIL = UILICACEES 


Ilex Macoucoua Pers., n° 1265. 
Synonyme : Macoucoua quianensis Aubl. 


Aublet, p. 88 : Macoucou (Galibis) ; écorce épaisse, dure, cassante et 
blanchätre extérieurement ; employée par les Galibis pour cuire leurs 


poteries. 
Sagot, XIIT, p. 283 : Un petit arbre. 


FAMILLE TL: CELASTRAGEES 


N° 1309. Goupi, Coupi, Acioa, Saourari, Pekea et Kabu- 
call. 

Tous ces noms se rapportent à trois genres ; Je commence 
par éclaircir la synonymie systématique. 


1° Dans le genre Caryocar, n° 664 : 

C. butyrosum Willd. Syn. : Pekea butirosa Aubl. ; Pekea 
lentinos Aubl. 

C. glabrum Pers. ; Syn. : Saourari glabra Aubl. 

C. villosum Pers. :; Syn. : Saourari villosa Aubl. 

C. tomentosum Willd. ; Syn. : C. tuberculosum Ball. 

De Lanessan cite Caryocar lomentosum comme synonyme 
de C. butyrosum. 
2° Dans le genre Couepia — Acioa, n° 2015. 

C. quianensis Aubl. ; Syn. : Acioa amara Steud. ; À. dulcis 
Steud. ; Acioa quianensis Aublet. 

Aublet décrit Couepia quianensis et Acioa quianensis comme 
deux espèces différentes, et Grisard en donne encore deux 
sous les synonymes de Couepia dulcis et C. quianensis. 

3° Dans le genre Goupia, n° 1309. 

G. glabra Aubl. ; et G. {omentosa Aublet. 

Noms vulgaires : Il y a ici tellement de confusion que j'ai 
jugé à propos de me servir de Pekea et Saourari pour Caryocar, 
de Coupi et de Acioa pour Couepia, et de Goupi pour Goupia. 
Cependant Pekea est un nom commun à plusieurs espèces. 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 21 


Le bois que je vais décrire a une odeur nauséabonde et 
caractéristique, mais, dans les descriptions, on cite avec odeur 
désagréable le Couepia quianensis (Grisard) et le Goupia 
glabra. Tous les deux sont durs et lourds. 

L'échantillon de Bell est un Goupia ou un Caryocar ; 
malheureusement pour sa détermination, 1l avait été envoyé 
avec des feuilles de l’un et des fruits de l’autre ; ce n’est sûre- 


ment pas un Couepia. Ce n'est pas non plus le Caryocar 


butyrosum, qui a été bien déterminé (voir 664), et il ne peut 
pas être Goupia {omentosa, qui n’est qu'un petit arbre, selon 
Aublet.: Berkhout, p. 25, semble toutefois ne pas être du 
même avis sur ce G. {omentosa; ce serait le Goupia glabra 
qui serait un mauvais petit arbre. 

Comme aucune espèce de Caryocar n'est citée comme 
malodorante, je pense que notre bois est bien Goupia glabra 
et que Grisard a eu tort d'adopter le nom de Caboucalli pour 
Couepia. 

Aublet décrit le bois de Goupia glabra comme peu compact, 
mais je pense qu'il veut parler de l’aubier comme cela lui 
arrive parfois dans son ouvrage. En définitive, Berkhout pour- 
rait avoir raison. 


Goupia glabra Aubl., n° 1509 A. 

Mon échantillon est du même bois que ceux de Janssonius 
(1914, p. 16) et de Martin-Lavigne (p. 91), autant qu'on peut 
en juger d’après leurs descriptions microscopiques ; cependant 
son parenchyme est beaucoup plus développé que l'indiquent 
les figures fournies par ces auteurs. Je me demande si le bois 
de leurs échantillons n’était pas plus jeune que le mien. 

Dumonteil cite deux sortés de Goupia : Coupi noir, de den- 
sité 0,881 ; et Coupi, 0,819. La Commission de Brest en cite 
encore deux qui ont une odeur fétide : Coupi blane, de densité 
0,932 ; et Coupi rouge. Mais, faute de renseignements précis, 
je ne me permets pas de prendre une décision pour indiquer 
si ces bois se rapportent à Goupia ou à Couepia (voir 2015 
E:F.G.). 


Noms vulgaires : Goupi (Galibis, d'après Aublet): Kabu- 


22 H. STONE 


calli (Bell), mais non celui de Brousseau, qui est l’Angélique 
(voir 1927), ni le Kaboekalie de l’Icones Lignorum. Le Goupy 
franc de Michel peut être accepté, mais le Goupi jaune de 
Niederlein est plutôt l’espèce suivante. 

Caractères généraux. — Bois lourd, dur, d’une couleur 
brun rougeûtre ou gris et d'une odeur répugnante de fromage 
en état de décomposition avancée. Surface mate fonçant beau- 
coup à l'air. Grain gros ou moyen suivant la coupe. 

Couleur blanche ; peu compact, d’après Aublet. 

Caractères physiques. — Densité, 0,833 à 0,913 (1,042 
d’après Martin-Lavigne). Dureté, celle du Charme. L’odeur 
s'efface avec le temps, mais la moindre entaille la fait réap- 
paraître. Saveur répugnante, qui n'est pas cependant celle du 
fromage décomposé. 

Solution aqueuse, « opalescente ». La solution alcoolique 
est d'une teinte acajou clair, donnant un précipité qui fait 
mousser l’eau abondamment. Ces deux solutions ont une odeur 
caractéristique (Martin-Lavigne). 

Le bois brûle assez bien, avec beaucoup de flamme et peu 
de fumée : odeur caractéristique, qui n’est pas désagréable. 

D'après Martin-Lavigne : odeur âcre. 

Caractères de l'écorce. — Épaisse de 3 à 4 mm., lisse ou 
légèrement ridée, tombant facilement en miettes. La surface 
de la bûche est lisse. 

Structure du bois. — L'aubier est de couleur grisâtre à 
blanc jaunâtre. 

Seclion transversale. — Couches variables, souvent mal 
délimitées ; les limites sont peut-être les zones de bois les 
plus denses. | 

Vaisseaux visibles comme des piqûres lorsqu'ils sont grands, 
souvent très apparents à cause de leurs bords clairs. Ils 
semblent augmenter en diamètre vers l'extérieur de la couche, 
indépendamment de l'accroissement dû à l’âge de l'arbre ; et 
l'augmentation est de 0 mm. 1 à Ü mm. 2 de diamètre. Distri- 
bution assez régulière, avec tendance à se disposer en lignes 
obliques; peu nombreux, 1 à 10 par mm. q.; pour la plupart 
simples, beaucoup par paires et rarement davantage. 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 23 


Rayons visibles à la loupe, très fins, uniformes, presque 
réguliers, serrés, à intervalles d’une distance bien moindre 
que le diamètre d’un gros vaisseau et s’écartent largement au 
niveau de ces vaisseaux. Ils occupent un tiers de la surface 
environ ; 10 à 15 par mm. 

Parenchyme a entourant les vaisseaux et parfois s'étendant 
en forme d'ailes (souvent difficiles à voir dans les vieux échan- 
tillons), et Ph très variable, souvent très réduit, se montrant 
parfois en petits traits de la même couleur que les rayons 
auxquels ils sont attachés. La couleur est plus foncée que 
celle du parenchyme 2. 

Section radiale. — Couches faiblement marquées. Vaisseaux 
gros ou moyens, renfermant parfois des perles de gomme et 
présentant les bords clairs du Pa. Rayons fins, obscurs, 
translucides. 

Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les rayons 
sont à peine visibles à l'œil nu ; cependant ils occupent une 
grande partie de la surface. 

Emplois. — Bon pour les planchers de fond de bateaux, 
pour traverses de chemin de fer ; peut être obtenu jusqu'à 
20 m. sur 30 à 40 cm. d’équarrissage, d'après MeTurk. 

Les indigènes donnent la préférence aux pirogues faites avec 
ce bois, car elles ne se fendent pas au soleil, d'après Bell. 

Très dur à travailler ; son odeur empêche de l'employer 
même comme pavage. 


Éch. types : 44,2700 Bell ; 0065, Imp. Institute ; 2626, Berkhout; n° 17, 
Coupi et n° 118, Goupi, Guyane, Musée Colonial de Marseille, Jcones 
lignorum : pl. 68, fig. 7, et pl. 72, fig. 7. Cabecalie; Martin-Lavigne, 
fig. 31 et 32. 

Références : Bell, p. 6; Stone et Fr., p. 45; de Lanessan, p. 130; 
McTurk, n° 40, 


Goupia tomentosa Aubl., n° 1309 B. 


Aublet, p. 296: Petit arbre de 20 à 25 pieds; bois blanc, légèrement 
compact. Écorce ridée, noiràtre, tachetée de blanc. 

Niederlein, p. #: Goupi jaune. 

Berkhout, p, 25: Le véritable Koepie ; odeur désagréable. 


24 H. STONE 


FAMILLE LV. — SAPINDACÉES 


TRIBU IIL — SAPINDÉES 


Toulicia quianensis Aubl., n° 1382. 


Aublet, p. 359 : Toulici (Galibis); écorce cendrée ; bois blanc, peu 
compact. 

Sagot, p. 914: Bois flambeau; coupé en petites lanières, il sert de 
torche dans les pêches de nuit. 


Description d'un échantillon, n° 148, Guyane (Mus. Col. 
Mars.). 

Caractères généraux. — Bois très dur et lourd ; grain gros 
et à rebours. Couleur d'un brun foncé rayé de brun clair. 
Surface mate. Structure très visible en section transversale, 
dont la nuance est un peu plus foncée que celle des autres 
sections. 

Caractères physiques. — Densité : 1,017 ; dureté, celle du 
Chêne Yeuse. Sans odeur, saveur astringente. 

Caractères de l'écorce. — De couleur brun foncé ; surface 
unie, mais couverte de tubercules arrondis comme des lenti- 
celles, et qui montrent la couleur rougeätre de la couche 
sous-jacente. Épaisseur de 2 à 3 mm., d’une seule couche 
très dense. Extérieurement les écailles sont délimitées par des 
couches minces d’une couleur plus claire. L’écorce est très 
dure, ligneuse, cassante, inodore et sans saveur. Extérieur de 
la bûche finement strié. 


Structure du bois. — L’aubier est un peu plus clair que le 
cœur et est assez bien délimité. - 
Section transversale. — Couches très bien définies à cause 


du changement d'orientation parmi les vaisseaux ; de contour 
régulier. | 

Vaisseaux très visibles à cause de leur grandeur et de leur 
disposition en lignes obliques, qui penchent à gauche ou à 
droite dans les parties différentes de la même couche et qui 
sont rarement de la même orientation dans les couches voi- 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 25 


sines. Les vaisseaux sont très grands, mais ils varient heau- 
coup, très peu nombreux, fortement isolés, simples ou par 
paires; rarement par groupes de 3 à 4. 

Rayons visibles à la loupe, très fins, presque réguliers en 
largeur, mais à intervalles irréguliers, d’une distance variant 
entre le diamètre et le 1/2 diamètre d'un gros vaisseau; de 
couleur jaune. | 

Parenchyme 2 très apparent et abondant, entourant les vais- 
seaux et s étendant en formant des ailes qui sont parfois d'une 
longueur appréciable. Le Pa unit, çà et là, les vaisseaux 
aux lignes obliques qui sont très bien marquées. 

Section radiale. — Couches à peine marquées. Vaisseaux 
très gros, mais peu apparents, étant pour la plupart voilés par 
le Pa. Rayons à peine visibles, transparents. 

Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les rayons 
ne sont visibles qu'au micro (><10), étant en minces lignes 
jaunes unicellulaires. Hauteur de 0 mm. 3. 


Sapindus arborescens Aubl., n° 1584. 


. Aublet, p. 357: Macaca-apa-ipou, Maca-apa-ipou (Galibis); Savonnier 
à petit fruit ; écorce raboteuse, grisâtre ; bois blanchätre. 


TRIBU VI. — MÉLICOCCÉES 


Melicocca bijuga Lin., n° 1404. 


Grisard, 1893, I, p. 38 : Quenette, Knépier (France) ; Honey-berry of 
Guiana (Angl.); Mamoncillo (Cuba); Knippa, Génip (Curaçao, voir 
3183); Kenep, Quenette (Guadel.); Genip tree (Jamaïque) ; Quenette 
(Mart.) Yba-pomo (Paraguay); Quenepe (France); Guenepe (Angl.) ; 
Maco (Trinité, Esp.) ; Mamou (Venez.). Bois de couleur jaune, parsemé 
de veines très fines, qui tranchent agréablement sur le fond par leur 
nuance légèrement plus foncée ; couches peu distinctes. Le bois est dur, 
pesant, compact ; texture serrée. Densité 0,900 ; bon pour l’'ébénisterie» 
le tour, etc. 

Icones lignorum : PI. LXXX, fig. 6, Kneppie ; couleur de pain bis et 
présentant des lacets en zigzag. 


26 H. STONE 


TRIBU (SOUS-TRIBU) IX. — CUPANÉES 


Matayba guianensis Aubl., n° 1455. 
Synonyme: Aatonia quianensis (non dans l'Index Kew). 


Aublet, p. 331: Touaou, Atauaou (Galibis) ; écorce ridée, sillonnée, 
noiratre. 

Je me demande si ce n'est pas le Taouin de Dumonteil (?) 
voir Pt. IL. 


FAMILLE -LXI.--— ANACARDIACGERS 


TRIBU I. — MANGIFÉRÉES 


Mangifera indica Lin., n° 1508. 

Noms vulgaires : Manguier, Mango, Mangotier, Mangueiro, 
Manga, Mangga, Manya, Itaparika, Itamaraka, Boceta, Cabeça 
da negro, Mango do mar grande, et plusieurs variétés (Brésil, 
d'après Rodriguès). Mangas d’après Dalechamp, ;Vipapa 
(Océanie et Tahiti : Niederlein). Pour les autres noms, très 
nombreux dans le dialecte asiatique, voir Gamble et Grisard. 
Mais Grisard cite « Mango pickle » (Angl.) qui n’est pas un 
bois mais une conserve de Mango ! 

Provenance : Asie trop. (Cultivé dans tous les pays chauds). 

Caractères généraux. — Bois d'un poids moyen et d’une 
dureté moyenne : couleur blanc grisàtre à brun clair. D’après 
de Lanessan, jaunâtre. Le Manguier des forêts, mauve foncé 
au moment de sectionner, prend une teinte d’un beau brun 
noir veiné de blanc ou de jaune en vieillissant. Le Manguier 
cultivé est de couleur grisätre ou blanchâtre, mélangée de 
taches jaunes (Grisard). Fibres fortement entrecroisées. 

Caractères physiques. — Densité, 0,425 ; d’après Dumonteil, 
0,647; Manguier des forêts, 1,079, et M. cultivé, 0,680 d’après 
Grisard. Dureté très variable. Sans saveur ; légère odeur de 
cuir. Force, 120 ; élasticité, 215 ; flexibilité, 4,25. Classe 9, 
d’après Dumonteil. A la rupture par flexion, les couches se 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 27 


séparent nettement les unes des autres. Le Manguier cultivé 
est assez liant (Grisard). 

Caractères de l'écorce. — Description de l'écorce d’un échan- 
tillon n° 2, Majunga, Mad. (M. C. M.) 

Surface extérieure un peu rugueuse, légèrement fendillée, 
d’un brun rougeûtre ; épaisseur de 3 à 5 mm. La section, d’un 
brun foncé, se compose de deux couches ; l’interne, d’une struc- 
ture uniforme, est composée de fibres brunes, mélangées avec 
de grands sclérites ; texture dure, ligneuse ; cassure grenue. 
La couche externe se compose d'écailles qui sont plates, 
longues et presque lisses. Les côtes des écailles très faible- 
ment inclinées laissent à peine apercevoir la couche sous- 
jacente. Sans odeur ni saveur. 

L’échantillon n° 151, Antilles (Mus. Col. Mars.) ,ne se rap- 
porte aucunement avec le précédent. 

D'après Diaz, l'écorce est gercée, scabre et noirâtre. Elle 
ne concorde pas non plus avec les échantillons précédents. 

Structure du bois. — L'aubier est aussi dur que le bois : 
très épais, jaune pâle avec de longues taches grises (Manguier 
des forêts, d’après Grisard). 

Section transversale. — Couches très apparentes, limitées 
par des lignes blanchâtres. Contour régulier. 

Vaisseaux visibles à cause de leur bord blanc et de leur 
aspect de piqûres; grandeur, 0 mm. 25; diminuant vers l’exté- 
rieur de la couche ; peu nombreux, de 1 par 2 mm. q. à 6 
par mm. q.; fortement isolés ; la plupart simples, beaucoup 
par paires et quelques-uns par groupes de trois disposés en 
lignes obliques bien prononcées. 

Rayons à peine visibles, fins, uniformes ; 2 à 3 correspon- 
dant au diamètre d'un gros vaisseau, mais très irréguliers ; 
10 à 16 par mm.; légèrement plus foncés en couleur que le 
parenchyme, mais beaucoup plus clairs que les fibres hgneuses. 
Ils paraissent être remplis de gomme, qui leur donne une 
apparence pointillée. Ils occupent un tiers de la surface du 
bois environ. 

Parenchyme a abondant, entourant les vaisseaux de larges 
bords qui s'étendent parfois en petites ailes unissant rarement 


28 H. STONE 


deux groupes, sauf sur le bord extérieur des couches, où elles 
forment une ligne concentrique continue. 

Section radiale. — Couches indistinctes. Vaisseaux très 
apparents. Rayons très fins, visibles seulement par l'effet moiré 
qu'ils produisent. Pa d'une couleur rose, se gonfle beaucoup 
lorsqu'il est humecté. 

Section tangentielle. — Vaisseaux très apparents, sinueux et 
entrecroisés. Rayons visibles par leur effet moiré; même à la 
loupe, paraissent très petits. Ils sont composés de cellules 
rouges, mêlées à d'autres incolores; hauteur de 1 à 10 cellules 
sur À cellule de largeur. 

Emplois. — D'après Grisard, bon pour construction, outils 
de menuiserie ; se travaille assez difficilement; résiste à la 
pourriture humide pendant de longues années. Manguier 
cultivé : texture assez grossière, de conservation très limitée 
et ne résistant ni à l'humidité, ni aux attaques des termites. 

D'après de Lanessan, bon pour caisses d'emballages, bour- 
rellerie, chauffage, charbon. Il serait d’un bon usage pour les 
pays froids. 

Un bon bois, d'après Rodriguès. 


Éch. type : N° 80 de la Guyane; Musée Colonial de Marseille. 
Références : de Lanessan. p. 142: Grisard, 1893, II, p. 324; Sagot, 
XIII, p. 288. 


Anacardium occidentale Lain., n° 1509. 

Noms vulgaires : Pomme d'acajou (Guy, d’après Sagot). 
Acajou à pommes. Acajou (Piso). Acajou-thea (Plumier). 
Caschou (Mer.). Cassuvium (Rumph.), Kapa-mava (Rheed, 
d'après Aublet\. Aloi, Aloi-ichie (Caraib.), Auloui, Acajou- 
iba, Acaja-iba (Marcgr.), Acajuacaya, Ajacaté, Itimaboera, 
Castanea (Brésil, d'après Préfontaine). Caja, Cajueiro (Brésil), 
le fruit se nomme Matury lorsqu'il est vert (Rodriguès). Aca- 
joubaum (terme gén. Allem.), Cashew-nut tree, Malacca bean 
(Angl.), Acajou (Antilles), Cajueiro do mato (Brésil), Mara- 
non (Cuba, Solomon, Mexique) ; Anacardo occidental {Esp.), 
Caisjoc-appelboom (Indes Néerl.), Kasjoeboom, Akajouboom 
(Holl.), Albero acaja (Italien), Anacardeiro (Portug.), Cashew 


BOISSUTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 29 


tree (Trinité), Merei, Meres, Pauju (Vénéz., d'après Grisard). 
Mahabibo (Madagascar : Mus. Col. Mars.). Acajou à fruit 
(Niederlein). Non le Cachouhout, ni le Kaschoe boom de 
l’Icones lignorum. Pour les noms asiatiques, voir Gamble et 
Grisard. 

Provenance : Inde occidentale ; et cultivé dans les pays 
chauds. 

Caractères généraux. — Bois d'un poids moyen et d'une 
dureté moyenne, d'une couleur brun noisette foncé, ou brun 
rougeâtre uniforme, avec nuances claires et foncées. 

Brun, d’après Préfontaine. Rose, d'après Rodriguès. D'après 
Grisard, blanc rougeñtre, ou plutôt rose moiré, quelquefois 
rouge pâle. 

Caractères physiques. — Densité, 0,500 à 0,570 ; d’après 
de Lanessan, 0,131. Dureté, celle de l'Aune. Saveur astrin- 
gente. Sans odeur. 

Structure du bois. — Section transversale. Couches non 
délimitées. 

Vaisseaux bien visibles, même très apparents à cause de 
leur bord clair ; grands, très variables. Leur diamètre devient 
régulièrement plus petit vers l'extérieur de la couche. For- 
tement isolés, peu nombreux, de { à 6 par mm. q. ; simples, 
par paires, ou quelquefois par groupes de 3. Leur contenu est 
noir. 

Rayons à peine visibles, quoiqu'ils soient larges, car 1ls 
occupent jusqu’au tiers de la surface. Ils sont, à intervalles 
les uns des autres, d’une distance égale au diamètre d’un gros 
vaisseau, et s'écartent un peu au niveau de ces vaisseaux. Ils 
sont peu nombreux ; 4 à à par mm. ; de couleur brune, un peu 
plus foncée que celle du parenchyme. Les cellules sont très 
grosses. 

Parenchyme très abondant. Pa entoure les-vaisseaux en 
taches irrégulières, d’une couleur brun clair, et Ph en lignes 
minces, foncées, concentriques, de la largeur environ des 
rayons, et de 2 à 3 par mm. Ces lignes ne se montrent pas 
sur une surface polie au papier de verre, mais seulement 
lorsque le bois est coupé. 


30 H. STONE 


Section radiale. — Vaisseaux en forme de gros sillons, 
remplis de matière noire, luisants quand ils sont vides. Ils 
sont bordés par le Pa clair très apparent. Rayons petits, pro- 
duisant un effet moiré à cause de leur couleur foncée. 

Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les rayons 
se présentent en minuscules fuseaux brun foncé, qui sont très 
larges en proportion de leur hauteur. 

Emplois. — Bon pour colonnes de véranda, caisses d’embal- 
lage, menuiserie, petite construction ; résistant, quoique léger 
(Grisard). IT fournit beaucoup de potasse (Rodriguès). L'arbre 
est souvent tortueux (Préfontaine). | 


Éch. type : N° 51 de la Guyane, Musée Colonial de Marseille. 
Références : Rodriguès, 1893, p. 98; Préfontaine, p. 139 ; Grisard, 
1893, IT, p. 317; de Lanessan, p. 736; Sagot, XIII, p. 287. 


TRIBU II. — SPONDIÉES 


Spondias lutea Lin., non Royen, n° 1514. 
Synonyme : $. Monbin Jacq. non Lin. 


Préfontaine, p. 193 : Monbin. Oulou pour les hommes et Monben pour 
les femmes caraïbes. 

Aublet, p. 469: Monbin. 

Sagot, p. 918 : Monbin, Spondias Mauria. (Ne se trouve pas dans 
l’Index.) 

Pulle, p. 265 : Mopé (Surinam). 

Diaz, p. 270: Mombim, Ciruela de huesito, Spondias Japurea. (Ne se 
trouve pas dans l’Index.) 

Rodriguès, 4893, p. 403 : Caja pequeno; Acaya miri, Taperyba. Écorce 
aromatique, émétique et astringente. 

Grisebach : Hog Plum (Antilles Apglaises). 

Niederlein, p. 5 : Mombin jaune ; Prune d'Amérique (Guadel.), Jobo 
(Mart.). Non le Ooloo de Bell, n° 1156 B. 

Huber, p. 94 : Tapereba (Amazones). 


Spondiäs dulcis Forst, n° 1154 B. 
Synonyme : Sp. lutea Royen (non Lin.). 


Sagot, XIII, p. 289 : Pomme Cythère. 
Pulle,07, n° 99 : Fransi mopé (Surinam). 


li 106 21 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 31 
Tapiriria guanensis Aubl., n° 1525 A. 


Aublet, p. #70 : Tapiriri (Galibis) ; écorce lisse roussätre ; bois blanc 
peu compact. Ce n’est pas le bois Tapiré de Préfontaine (voir 1525 C) 
ni celui de Sagot, ni celui de l'espèce suivante. 

Huber, p. 190 ; Pao Pombo. 


Tapiriria sp., n° 1525 B. 

Ce bois a été déterminé comme voisin de T. quianensis 
Aubl. par le D' Freeman, d’après les feuilles et les fruits. 

Nom vulgaire : Duka (Bell), Dooka (Cat. Expos. Paris 1867), 
non le Ducalaballi, ni Dukuria. 

Caractères généraux. — Bois mou, léger, d'une couleur 
rouge pâle ou rose brun, qui ressemble à l’acajou de qualité 
inférieure. Surface brillante, souvent mouchetée par la gomme 
que les pores laissent exsuder ; elle fonce légèrement à l'air. 
La nuance de la coupe transversale est plus foncée que celle 


des autres sections ;. celle de Ia coupe radiale est la plus 
brillante. 


Caractères physiques. — Densité, 0,564 à 0,746. Dureté, 
celle du Faux Platane. Sans odeur à sec, et saveur nulle. 
Caractères de l'écorce — KEcorce lisse, avec des lenticelles 


saillantes ovales. Les fibres de l’intérieur sont feuilletées. 
Epaisse de 2 à 4 mm. 


Structure du bois. — L'aubier, qui est de couleur écrue, 
passe graduellement au cœur ; 5 à 6 cm. d'épaisseur. 
Section transversale. — Couches délimitées en apparence, 


mais les limites exactes sont douteuses ; contour régulier. 

Vaisseaux visibles comme des piqüres, mais à peine; grands, 
avec beaucoup de variation; distribués régulièrement ; peu 
nombreux. Ils sont fortements isolés ; simples ou par groupes 
de 2 à 3. 

Rayons à peine visibles, fins, uniformes, irréguliers, à inter- 
valles d’une distance plus ou moins égale au diamètre d'un 
gros vaisseau, et s’écartant légèrement au niveau de ces vais- 
seaux. Ils sont rougeûtres. 

Section radiale. — Vaisseaux fins, bruns, plus foncés que 
les fibres ligneuses. Rayons bien visibles, un peu plus bruns et 
plus rouges que les fibres hgneuses. 


32 H. STONE 


Section tangentielle. — Comme la radiale, à part les mailles 
et son éclat brillant. 

Emplois. — Bon pour meubles et travaux d'intérieur, 
d'après MeTurk, qui indique qu'il y a deux ou trois sertes de 
ce bois. 

Très abondant; peut être obtenu facilement jusqu'à 13 m. 
sur 45 cm. d'équarrissage ; ne résiste pas aux attaques d’in- 
sectes (Bell). 

Après avoir été essayé par des fabricants de boîtes à cigares, 
les uns l’ont trouvé bon pour boîtes de deuxième qualité, 
tandis que les autres l’ont déclaré impropre à cet usage (Imper. 
Instit.). 

Éch. type : 22,2678 Bell. 


Références : MeTurk, p. 5; Bell, p.5 ; Bull. Imper. Institute, XII, 
p:-309; Stone et Fr D. 22. 


Bois Tapiré, n° 1525 C. 


Préfontaine, p. 156: Cœur mêlé de rouge et de jonquille; bon pour 
meubles ; odeur agréable, qu’il communique au linge. 


Loxopterygium Sagoti Hook, n° 1553. 


Sagot, XIIT, p. 288 : Grand arbre; bois d'une couleur noir brunâtre : 


dureté moyenne. 


FAMILLE LXIV: — CONNARACÉES 


TRIBU I. — CONNARÉES 


Connarus guianensis Lamb., n° 1571 A. 

Synonyme : C. africanus Lamk. ; Omphalobium Lambert 
DC. 

Noms populaires : Hiawaoballi (Bell). Zebra-wood, Hiawa- 
ball (Boulger, voir 1156 A et C). Palmalatto (Laslett). (A 
comparer avec 1571 G.) Bois Serpent (terme gén.), Préfontaine 
mâle (Guyane. Niederlein). 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 33 


> 


L'échantillon de Bell a été étudié, d’après les feuilles et les 
fruits, par le Dr Freeman, qui croit pouvoir l'attribuer à 
Connarus quianensis. 

Caractères généraux. — Bois dur et lourd, compact, d'une 
couleur acajou uniforme; grain fin. La surface est luisante, 
froide au toucher ; fonce beaucoup à l'air et, de ce fait, devient 
beaucoup plus belle. Nuance de la coupe transversale un peu 
plus foncée que celle des autres sections. 

Caractères physiques. — Densité, 1 à 1,079. Dureté, celle 
du Cœur vert. Saveur faiblement aromatique. Odeur nulle. 

Caractères de l'écorce. — Écorce épaisse de 5 à 6 mm., 
tombant en plaques plus ou moins rectangulaires et cassantes, 
de couleur foncée, nettement délimitées en section. La surface 
de la büche est ridée et striée. 

Section transversale. — Couches bien délimitées ; les zones 
plus foncées qui ont peu de vaisseaux en forment les limites. 
Contour régulier. 

Vaisseaux visibles (très apparents dans l'aubier), peu 
variables, sauf dans les groupes ; distribués régulièrement ; 
isolés, peu nombreux, simples pour la plupart et quelques- 
uns par groupes de 2 à 3. Plus clairs dans les zones foncées, 
mais souvent peu apparents. 

Rayons visibles à la loupe, fins, uniformes, également 
distants, et à intervalles égaux au diamètre d'un gros vaisseau, 
s'écartant à peine au niveau de ces vaisseaux; un peu plus 
clairs que les lignes fibreuses. 

Parenchyme a entourant les vaisseaux très étroitement. 

Section radiale. — Nuance brillante, plus claire que celle 
de la section tangentielle ; couches non délimitées, Vaisseaux 
fins. Rayons petits et rouges lorsqu'ils sont humectés. 

Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les rayons, 
en lignes minuscules rouges, sont à peine visibles ; hauteur 
de Ü mm. 25 environ. 

Emplois. — Bon pour meubles; peut être obtenu jusqu à 
20 m. sur 40 em. d’équarrissage ; pas abondant (Bell. 

Très beau ; il donne une gomme poisseuse comme celle du 
Hoobooballi {Laslett). 


Annales du Musée colonial de Marseille. — 3° série, 5° vol, 1917. à 


34 H. STONE 


Très dur à travailler; se fend facilement et ne prend pas les 
clous. Il se polit bien et peut remplacer les qualités d'acajou 
à couleur inférieure. 


Éch. type : 33; 2689 Bell, 
Références : Bell, p. 5; Laslett, p. 451. 


Bois Préfontaine, n° 1571 B. 

Sous le nom de Bois Préfontaine, Niederlein cite des 
espèces de Connarus et Lonchocarpus: je crois donc bien 
faire en citant 101 les Préfontaine des autres auteurs, quoique 
leur identité soit douteuse. 


Dumonteil, p. 154 : Densité, 0,827; force, 207 ; élasticité, 149 ; flexi- 
bilité, 2,23 ; p. 160. Classe 2, celle du Chêne. 

Sagot, p. 905 : Préfontaine, probablement une Légumineuse. 

De Lanessan, p. 135 : Préfontaine, une Dalbergiée. 


Le Préfontaine correspondant à l'échantillon n° 45 de la 
Guyane, au Musée Colonial de Marseille, n’a aucun rapport 
avec le Connarus précédent, et en a très peu avec les Légu- 
mineuses. Ses caractères sont les suivants : 

Caractères généraux. — Bois assez lourd, dur, d’une cou- 
leur brun clair uniforme ; grain moyen ; surface mate. Nuance 
de la coupe transversale un peu plus foncée que celle des 


autres sections. 


Caractères physiques. — Densité, 0,700 ; dureté, celle du 
Cerisier. Légère odeur de cuir. Très légère saveur. 
Structure du bois. — Seetion transversale. Couches en 


apparence délimitées ; les zones plus foncées en forment çà . 
et là les limites. 

Vaisseaux bien visibles à cause de la couleur claire de leurs 
bords ; grands ; 0 mm. 2 de diamètre ; fortement isolés, de 1 
par 2 mm. q. Jusqu'à 8 par mm. q. Ils sont pour la plupart 
simples, mais quelquefois ils se trouvent par groupes radiaux, 
accouplés par deux, formés de 6 à 8 vaisseaux {caractère très 
rare). Souvent remplis d'une matière blanche. 

Rayons visibles. On en voit, en apparence, de deux sortes : 
les plus grands sont bruns, espacés irrégulièrement (2 à 3 par 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 35 


mm.); les petits sont excessivement fins, mais ils ont de 
grosses cellules ; nombreux (6 à 8 par mm.). 

Parenchyme a entourant les vaisseaux et s'étendant en 
étroites ailes, qui unissent souvent quelques groupes de vais- 
seaux tangentiellement. De couleur plus claire que celle des 
rayons. 

Section radiale. — Vaisseaux peu nombreux, mais gros, 
renfermant de petits granules d'une matière blanche. 

Section tangentielle. — Comme la radiale, mais le grain est 
moins gros. Les larges rayons sont en fuseaux pointus, com- 
posés de cellules larges et plates, en une seule série. 


Connarus Sp., n° 1571 C. 


Sagot, p. 908 : Aiaoua (non Ajouea d'Aublet), Connarus (voir 6184). Id., 
p- 920 : Aiaoua, Aioua icica, Connarus sp. 
Ridley, p. 31 : Hiawaballi : Bois de Zebra. Connarus quianensis. 


Les noms précédents égalent Hiawa et, avec Icica, res- 
semblent beaucoup à ceux des Protium ; voir 1156. À com- 
parer aussi à Hiawaballi, n° 1571 E. 


FAMILLE LXV. — LÉGUMINEUSES 


SOUS-FAMILLE. — PAPILIONACÉES 


TRIBU VII. — PHASÉOLÉES 


Erythrina corallodendron Lin. (non Herb. Madr., ni 
Lamk., ni Lour.), n° 1793. 
Synonyme : Æ, spinosa Mill. 


Loureiro, II, p. #27 : Arbor sebifera, le Boatsinkring de Rumphius. 
Bois blane, extrêmement léger, d'aucune utilité pour la construction. 

Buchoz : le Gelak littorea de Rumphius ; Mouricou. 

Dumonteil, p. 458 ;: Immortel. Densité, 0,317; force, 32; élasticité, 
145, p. 163. Classe 6, de très faible valeur. 


36 H. STONE 


Grisard, 1894, I, p. 198 : Immortel, Bois Immortel, Flamboyant, 
Arbre à cafres, Bois de corail (Antilles); Mulungu (Brésil); Pinon 
espinosa (Cuba); Arbre immortel (Guy. franç.); Baracara (Guy. angl. ? 
voir 1876); Pito (Salvador); Pericoa, Pericoca (Venez.). Il y a encore 
beaucoup de nams asiatiques. — Bois blanchâtre légèrement grisâtre, 
parsemé parfois de petites veines noires bien distinctes; très gros, très 
léger, et d'un tissu lâche et spongieux. Il ne présente aucun intérêt 
industriel. Sa densité est de 0,270. 


Le Musée Colonial de Marseille possède un bois étiqueté 
« Immortel ». Ce bois est d’une couleur jaune brunâtre, lége- 
rement luisant, avec des pores très gros, mais rares ; les fibres 
sont entrecroisés ; sa densité est de 0,880. Il n’a évidemment 


aucun rapport avec l'Erythrina. 


TRIBU IX. — DALBERGIÉES 


_Dalbergia caudata G. Don., n° 1828 A. 

Bois Saint-Martin : échantillon d’écorce du n° 288 de la 
Guyane, au Musée Colonial de Marseille. L'écorce est unie, 
mais rugueuse ; se compose de l'épiderme et de deux couches. 
La cassure de la couche interne est fibreuse : celle de la couche 
externe est grenue. Épaisseur de À à 2 mm. environ. Sans 


odeur ni saveur. 


Dalbergiée non déterminée, n° 1828 B. 


Sagot, p. 905 : Bois Préfontaine {voir 1571 B). 


Machærium Schomburgkü Bth, n° 1832 A. 


Laslett, p. #51 : Itikibouraballi; de couleur brun foncé ou noirûtre ; 
grain serré. Bois dur et résistant. 

De Lanessan, p. 135 : Bois de lettres marbré ; dur et lourd. 

Grisard, 1894, I, p. 87 : Bois de lettres tigré ou moucheté (Guy. fr.); 
Itaka, Itiki, Itikibourabally (Guy. angl.) ; Tiger-wood (Angl.); de cou- 
leur brun rougeâtre foncé, parsemé de petites mouchetures noires irré- 
gulières, auxquelles il doit son nom de Bois de lettres. Cette essence 
offre la plus grande analogie avec le Piratinera quianensis. Sa densité 


est de 1,320. 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 31 


Je pense que l'échantillon de Grisard est bien le Piratinera 
(Brosimum) (voir 6623), car les Machærium sont bien diffé- 
rents. Je n'ai pas vu d'échantillon encore bien déterminé, mais 
je donne ici la description de l'Itikabounaballi (Bell), Itika- 
boura (Hawtavne), Ititriribouraballi (Dalton) de la Guyane 
anglaise et Tikiboure de Surinam de l'Icones lignorum. 

Caractères généraux. — Bois dur et lourd, d'une couleur 
brun noisette foncé, uniforme; surface de la coupe radiale 
brillante. Il fonce légèrement à l'air. 

Couleur presque noire, d'après MceTurk. 

Caractères physiques. — Densité d'un échantillon composé 
en partie d'aubier, 0,809. Dureté, celle du Campèche. Sans 
odeur ; saveur légèrement résineuse. 

Caractères de l'écorce. — Écorce épaisse de 3 mm. environ, 
de couleur brun clair. Elle tombe en minces plaquettes stra- 
tifées et cassantes, et montre la couche sous-jacente plus 
claire, qui est aussi stratifiée en présentant des lignes noires. 
La surface de la büche est ridée en fines côtes. 

Structure du bois. — L’aubier est de couleur écrue, brus- 
qüement délimité du cœur ; 6 à 9 cm. d'épaisseur environ. La 
structure est comme celle de Swartzia tomentosa (1896 A), à 
part les différences suivantes. 

Section transversale. — Vaisseaux très apparents, augmen- 
tant de diamètre avec l’âge. Je n'ai jamais vu une augmenta- 
tion aussi forte sur aucun autre bois. 

Parenchyme en lignes d'une largeur approximativement 
égale à celle des intervalles des rayons. 

Nuance plus claire que celle de la sec- 


Section radiale. 
tion transversale, mais plus foncée que celle de la section tan- 
gentielle. Vaisseaux en sillons très apparents, bien visibles à 
cause du fond brillant. Parenchyme en lignes brunes, serrées, 
visibles à la loupe, donnant un effet satiné à la coupe. Les 
rayons sont visibles à la loupe. 

Emplois. — Bois très beau, ressemblant au Noyer, mais 
avec plus d'éclat. Il est assez dur à travailler ; se fend facile- 
ment ; d'un polissage médiocre. Peut être obtenu jusqu'à 
99 cm, d'équarrissage (McTurk). 


38 IH. STONE 


Éch. types : 43,2699 Bell. 
Références : Bell, n° 43 ; McTurk, p. 3. Laslett, p. 421. Icones ligno- 
rum (aubier seulement), pl. LXVI, fig. 5. 


Machærium sp., n° 1832 B. 


Niederlein, p. 5 : Palissandre du pays (Guyane). 


Irriariadanni (Bell), n° 1832 C. Irriaradan (Hawtayne). 

Ce bois est peut-être bien un Machærium. Je le place ici 
sous réserves. 

Caractères généraux. — Bois plutôt lourd, dur, d’une cou- 
leur brun clair, striée de lignes rouges très apparentes; grain 
gros, ouvert. La nuance de la coupe transversale est. légère- 
ment plus foncée que celle des autres sections. | 

Caractères physiques. — Densité, 0,771; dureté, celle du 
Hêtre. Odeur et saveur presque nulles. 

Caractères de l'écorce. — Écorce épaisse de 3 mm. environ, 
brune, légèrement gercée; l'épiderme est formé d’une pellicule 
cassante. La couche extérieure est dure, brune, Jigneuse ; 
celle de l'intérieur est grise, d'une structure uniforme. La sur- 
face de la bûche présente à la loupe une apparence moirée 
produite par les rayons, qui sont saillants. Les fibres sont 
sinueuses. 

Structure du bois. — L'aubier est épais de 4 à 5 cm. envi- 
ron, d’une couleur grise très foncée et peu commune (due pro- 
bablement à un Champignon). 

Moelle. — 3 mm. de diamètre environ, brune, ligneuse. 

Section transversale. — Couches bien délimitées ; de fines 
lignes et une interruption dans la succession des bandes du 
parenchyme en forment les limites. 

Vaisseaux grands, visibles comme des piqûres, pouvant être 
comptés à l’œil nu dans les couches les plus externes du bois 
des arbres âgés. Ils deviennent plus grands avec l'âge de 
l'arbre, mais ceux qui sont entre les limites de la couche ne 
varient pas en grandeur, sauf dans les groupes. Ils sont forte- 
ment isolés, distribués régulièrement et contiennent de la 
gomme brillante. 


pet S'OREREMTE 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 54 


Rayons légèrement visibles lorsqu'ils sont humectés, uni- 
formes, réguliers, ressemblant à des fils de soie légèrement 
ondulés ; écartés les uns des autres d'une distance égale à celle 
du diamètre d'un gros vaisseau et s’écartant au niveau de ces 
vaisseaux. Même couleur que celle du parenchyme. 

Parenchyme gros, d’une visibilité frappante, en larges 
bandes claires, concentriques, continues, serrées qui enve- 
loppent les vaisseaux. Ces bandes sont rompues dans les 
couches les plus internes du bois, dont la structure ressemble 
à celle du Pelfogyne (fig. 5, pl. IV). 

Section radiale. — Plus claire que la transversale, mais plus 
foncée que la tangentielle. Les vaisseaux se présentent en 
gros sillons, munis de cloisons visibles à l'œil nu. Rayons 
semi-translucides, peu visibles. Les couches sont à peine 
délimitées. 

Section tangentielle. — Comme la radiale, mais la nuance 
est légèrement plus claire, à cause du parenchyme qui est beau- 
coup plus visible dans cette section. Les rayons, qui ont 
0 mm. 25 de hauteur, sont extrêmement petits. 

Emplois. — Peut être facilement obtenu de 17 m. de lon- 
gueur sur 30 cm. de largeur d’équarrissage ; de longue durée ; 
supérieur au Cœur vert, Il produit une gomme jaune, pois- 


seuse (McTurk). 


Éch. type : 42.2698 Bell. 
Références : McTurk, p. #; Stone et Fr., p. 42. 


Moutouchi, rapporté par les auteurs à P{erocarpus Draco L. 
(non Lamk.), n° 1837. 

On trouve cinq sortes, et même davantage, soit dans les 
Musées, soit citées par les autorités. Ces bois sont très diffé- 
rents entre eux, et il est évident qu’il règne une certaine confu- 
sion plutôt entre les noms qu'entre les bois. 

Dans les cinq variétés décrites plus loin, je ne puis dire à 
laquelle se rapporte le nom systématique de Pterocarpus 
Draco ; je puis seulement affirmer que la variété n° # a un 
peu la structure du genre Pterocarpus. 

Le Moutouchi de Préfontaine est l’Znga alba (voir 2005 B); 


" TP 
>! TES 
av 
C" è 1.0 

& 


40 H. STONE 


et le Moutouchiroa d'Aublet est le Crudia aromaties (voit 
1963 C). 


Selon les renseignements fournis par les auteurs, on peur 
distinguer les variétés suivantes : 


Variété 1. 

Préfontaine, p. 194 (non: celui de la page 198): Moutouchy, Palétuvier, 
Liège du pays. On prend le cœur du bois, qu'on amollit à coups de mar- 
teau, et dont on fait des bouchons. 

Sagot, 1869, p. 903: Moutouchi suberosa Aubl. Bois blanc, sans 
dureté. 

Aublet, p. 748 : Moutouchi des Galibis, Garipons et Créoles. Écorce 
lisse, grisàtre ; bois blanc peu compact. 


Variété 2. 

De Lanessan, p. 135: Bois poreux, léger. Il donne la densité de 0,875, 
d'après Dumonteil, et continue par une description qui est, en réalité, 
celle de Guibourt. 

Guibourt, p. 322: Aubier blanc; cœur irrégulier, et dont la coupe 
transversale montre un dessin grossier de carte géographique; il pré, 
sente toutes les couleurs, depuis le rouge vif jusqu’au violet, et depuis 
le châtain clair jusqu’au châtain noir. 


Variété 3. 

Grisard, 1894, I, p. 167: Sangre de Draco (Amér. espag.), Palétuviere 
Mangle médaille géant (Guadel.), Cartangenero, Huamouchi (Mexique), 
Bois l'étang, Lagunera (Trinité), Bois de corail tendre, Bois chatousieux 
(Antil. Guadel.). Bois rouge clair, fibreux, léger, exhalant une faible 
odeur de campèche, lorsqu'on le râpe ; on le vend pour le Santal roug- 
de l'Inde. Il peut être employé en guise de liège, à cause de sa compres- 
sibilité. 


Si nous nous en rapportions à la citation précédente de 


Grisard, nous nous trouverions en présence d’un bois qui 
aurait la composition de trois bois différents, car son bois 
compressible est vraisemblablement le Pferocarpus Draco de 
Linné, celui vendu pour le Santal rouge est le P. Draco de 
Lamk. et son palétuvier est l’Znga alha-2005 B. 

Variété 4. 

La variété 4 est représentée par les échantillons n° 47 et 
119 du Musée Colon. de Mars. et des n° 97 et 119, série Il 
du Musée de Lyon, et peut-être aussi par le bois de Bassières, 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 41 


qui dit, p. 104 : Veiné de violet pâle, de brun clair et de blanc: 
sa densité est de 0,875 à 1,018 : il se débite bien et se laisse 
facilement travailler. 

Comme j'ai vu, de cette variété, quatre échantillons de pro- 
venances diverses, Je crois qu'elle est le véritable Moutouchi 
du commerce, et peut-être le Pferocarpus Draco de Linné. 

Caractères généraux. — Bois dur et lourd, d’une couleur 
brun noisette clair ou foncé, presque uniforme, mais avec, çà 
et là, quelques lignes pourpres ou noirâtres. Sur la coupe 
transversale, le parenchyme se montre comme un petit dessin 
en dentelle un peu plus clair que le fond. Les différences qui 
existent entre ces échantillons me paraissent dues-à la crois- 
sance ; les n°% 119 (Lyon) et 47 (Marseille) seraient des parties 
de bois d’un âge plus jeune que celles du n° 119 (Marseille). 

Surface mate ou légèrement luisante. La nuance de la coupe 
transversale est un peu plus foncée que celle des autres sec- 
tions. 

Caractères physiques. — Densité, 0,650 à plus de 1. Très 
fable odeur de cuir; sans saveur. 

Structure du bois. — Section transversale. Couches en 
apparence bien délimitées, mais non à la loupe. Il y a des zones 
de densité variable. 

Vaisseaux visibles, quelquefois très fortement apparents ; 
0 mm. 1 à Ü mm. 2 de diamètre; largement isolés, avec ten- 
dance à se placer en lignes obliques ; simples pour la plupart, 
beaucoup de paires subdivisées et, plus rarement, des groupes 
radiaux de°3 à 4. Ils sont peu nombreux, de { par 2 mm.q. 
à 8 par mm. q. 

Rayons visibles à la loupe, très fins, irréguliers, 2 à # dans 
un intervalle égal au diamètre d’un gros vaisseau, où 11 à 16 
par mm. Ils sont à peu près droits; bruns. 

Parenchyme très abondant : a entoure les vaisseaux, est très 
mince et bien visible, brun clair; b est visible dans les détails 
à la loupe, mais dans l’ensemble à l'œil nu. Il se compose de 
très nombreuses lignes plus ou moins continues, espacées à 
intervalles égaux au diamètre radial d'un gros vaisseau, ou 5 
à 6 par mm. ; leur largeur est le double environ de celle des 


12 H. STONE 


rayons. Elles sont plus claires que les rayons, mais plus fon- 
cées que le Pa. 

Section radiale. — Couches à peine délimitées. Vaisseaux 
gros (119, Marseille) ou fins (47, Marseille ; et 119, Lyon). 
Rayons visibles à la loupe, obscurs, translucides, bruns ou 
jaunes. Parenchyme b en très fines lignes parallèles, blan- 
châtres. 

Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les couches 
sont quelquefois bien indiquées avec des franges en zigzag 
(119, Marseille) ou à peine indiquées (97, Lyon). Rayons 
obscurs, visibles à peine à la loupe, rangés pour la plupart en 
étages. 

Variétés insuffisamment décrites. 


Dumonteil, p. 154: Moutouchi; densité de 0,875 ; force, 255 ; élasti- 
cité, 186 ; p. 612. Classe #4, celle des meubles. 

Sagot, 1869, p. 903 : Moutouchy grand bois; propre à l’ébénisterie- 
C’est probablement un Swarlzia. 

Huber, p. 174. Mututy da terra firme : Moutouchi grand bois, proba- 
blement le Pterocarpus Robrii. Vahl: le même, p. 212. Mututy de varzea 
(Para) Pterocarpus Draco L. Pr 

Pulle, p.228 : Bébé hoedoe (Surinam); P{erocarpus Draco Lin. 

. Fuente, p. 205: Bébé (Surinam) ; Pterocarpus suberosus. 


Aramata (Bell), n° 1837 B. 

Armata (Cat. Expos. Paris 1867). Aroumatte (Icon., 
Hgnorum). 

Ce bois a une structure semblable aux Dalbergiées. Je le 
place ici sous réserves. 

Caractères généraux. — Bois plutôt dur et lourd, d'une 
couleur brun verdâtre légèrement rayé. La structure est bien 
visible. Surface mate, sauf en coupe radiale, fonçant beaucoup 
à l'air. La nuance de la coupe transversale est plus foncée que 
celle des autres sections. 

Caractères physiques. — Densité, 0,805 ; dureté, celle du 
Charme. Odeur très faible. La saveur est un peu celle du 
cèdre pour boites à cigares. 

Caractères de l'écorce. — Écorce épaisse de 1 cm. environ, 
d'une couleur brun clair ou jaunâtre, plutôt lisse; fibreuse 
intérieurement et devenant dure vers l’épiderme, au-dessous 


BOIS UTIIES DE LA GUYANE FRANÇAISE 43 


duquel se trouve une couche claire et blanchâtre. La surface 
de la büche est lisse. 


Structure du bois. — L'aubier est couleur de pain bis ; 
bien distinct du cœur; épais de 2 à 3 cm. 
Section transversale. — Couches en apparence bien délimi- 


tées, mais moins nettement à la loupe. Les zones moins 
poreuses seraient peut-être les limites. 

Vaisseaux bien visibles à cause de leur bord clair ; grands ; 
peu variables, sauf dans les groupes, où les vaisseaux du 
milieu sont ordinairement beaucoup plus petits. Ils sont 
simples ou en groupes radiaux de 2 à 6; distribués régulière- 
ment ; peu nombreux, de À à 6 par mm. q. 

Rayons juste visibles, très fins, uniformes, réguliers, écartés 
les uns des autres à une distance à peu près égale à celle du 
diamètre d'un gros vaisseau, 6 à 9 par mm. 

Parenchyme a entourant les vaisseaux et les unissant tan- 
gentiellement en lignes concentriques, continues, claires et 
légèrement ondulées ; un peu plus larges que les rayons. 

Section radiale. — Couches probablement délimitées par de 
vagues veines verticales. Vaisseaux se présentant en fins 
sillons incolores. Rayons minuscules, brillants. Parenchyme 
en lignes claires. 

Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les rayons 
sont beaucoup plus petits ; ils ont jusqu'à 0 mm. 25 de hauteur: 
blancs. 

Emplois. — Peut être facilement obtenu jusqu'à 10 m. sur 
27 à 30 d’équarrissage (Bell). 

Bon pour constructions, bateaux, et quelquefois pour L'ébé- 
nisterie (MceTurk). 

Bois assez dur, pas très beau, difficile à travailler. Il se 
fend facilement et son polissage est médiocre. 

Éch. type : 1,2657 Bell. 


Références : MeTurk, p. 6; Stone et Fr., p. 1; Icones lignorum, 
pl. LXXI, fig. #, en couleur (assez mal réussi). ‘ 


Ineeriballi (Bell), n° 1837 C. 
Ce bois, que je place ici sous réserves, a aussi la structure 
des Dalbergiées, 


44 II. STONE 


Caractères généraux. — Bois plutôt mou, léger, d'une cou- 
leur brun rougeûtre clair, parsemé de raies de la même 
couleur, mais plus foncées, grain gros et à rebours. Surface 
tour à tour brillante et mate, fonçant légèrement à l'air. La 
nuance de la coupe transversale est plus foncée que celle des 
autres sections. 

Caractères physiques. — Densité ? (échantillon vermoulu). 
Odeur légère ; saveur rappelant faiblement celle du Pin. 

Caractères de l'écorce. — Écorce épaisse de # à 8 mm., 
rougeâtre, lisse, fibreuse à l’intérieur, avec une couche gra- 
nuleuse, La surface de la büche est lisse. 

Structure du bois. — L'aubier n'est pas très nettement 
délimité du cœur ; 1l y a transformation graduelle. Son épais- 
seur est de 9 cm. environ, et sa couleur celle du pain bis. 

Section transversale. — Couches en apparence délimitées, 
mais les limites vraies sont douteuses. Les zones de couleur 
foncée n'ont aucun rapport avec la structure. 

Vaisseaux visibles, mais non très apparents, très variables ; 
semblant devenir plus larges vers l'extérieur de la couche. 
Ils sont toujours disposés en lignes obliques, mais qui, dans 
le bois dense, ne se composent pas plus de 10 à 15 vaisseaux 
étroitement serrés, ces vaisseaux étant au contraire largement 
isolés dans le bois de densité moindre. 

Rayons visibles à la loupe, écartés les uns des autres d’une 
distance moindre que celle du diamètre d’un gros vaisseau. 

Emplois. — Abondant, bon pour construction ; d'une durée 
peu commune ; peut êtré obtenu jusqu'à 13 m. sur 35 à 40 
cm. d'équarrissage (Bell). | 

Il se travaille facilement, mais son polissage laisse fortement 
à désirer. | 


Éch. type : 41,2697 Bell. 
Référence : Stone et Fr., p. #1. 


Lonchocarpus sericeus H. B. & K., n° 1843 A. 

Synonymes : L. formosianus DC. ; Robinia violacea Beauv., 
non Jacq. ; Dalberqia quineensis Spreng. 

Cette espèce, je crois, n'est pas de la Guyane, mais je la 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 45 


cite car il y a confusion entre les synonymes de cette espèce 
et d’autres espèces de la Guyane. 


Lonchocarpus rubiginosus Bth, n° 1843 B. 


Niederlein, p. 14: Saint-Martin rouge, Martin, Patacoa (Guyane). Le 
même, p.14. Préfontaine, Préfontaine rouge (Guy.), Caconnier (Guad.). 


Lonchocarpus latifolius H. B. & K., n° 1843 C. 


Grisebach : Bitch-wood (Antilles anglaises). 
Sagot, p. 903. 
Niederlein, p. 14. Savonnette jaune (Mart.). 


Lonchocarpus rufescens Bth, n° 1843 D. 
Synonyme : Robinia Nicou Aubl. 


Aublet, p. 771 : Un arbrisseau, 


Lonchocarpus sp., n° 1843 E. 


Niederlein, p. #4: Saint-Martin soufré ; Savonnette blanche. Le même, 
p. 15, 1902. Panacoco gris (Guad.). 


Derris (Pterocarpus) guianensis Aubl., n° 1846. 

Synonyme: Vatairea quianensis Aubl. 

Noms vulgaires : Dartrier de la Guyane (Aublet). Graine à 
dartre, Ourisoura (Rodway). Coumati (Niederlein). Arisowroo 
(Bell). Arisower (Surinam, Icones lignor.). Faveira de empi- 
gem (Brésil, Amazones, Huber). 

L'échantillon de Bell a été déterminé, d'après les feuilles et 
les fruits, comme le Pferocarpus quianensis, mais une révision 
du genre a transféré cette espèce à celui de Derris (Index 
Kew, Suppl.). 

Caractères généraux. — Bois assez lourd et dur ; d'une cou- 
leur variant entre le jaune, le brun rougeûtre, le brun foncé et 
même le vert. Surface luisante fonçant légèrement à l'air. La 
nuance de la coupe transversale est plus foncée que celle des 
autres sections. La coupe radiale est la plus claire et la plus 
brillante de toutes. Grain gros, ouvert. 

Caractères physiques. — Densité, 0,748 : dureté, celle du 


46 H. STONE 


Teck. Odeur, à sec, nulle; saveur très amère, rappelant celle 
du cèdre pour boîtes à cigares. D’après Gamble, saveur comme 
le « Quina 5e 

Caractères de l'écorce. — Écorce blanchâtre, d’après Aublet. 
Épaisse de 5 mm. environ, lisse, se composant de deux 
couches ; celle de l'intérieur de 3 mm. environ est fibreuse 
comme du liber ; celle de l'extérieur s'’émiette et est remplie 
de sclérites durs et blanchâtres. La surface de la bûche est 
finement striée. 


Structure du bois. — Aubier de couleur écrue, épais de 3 
cm. 5 à 5 em. environ ; nettement délimité du cœur. 
Section transversale. — Couches mal délimitées ; les vraies 


limites sont douteuses. 


Vaisseaux très apparents, en grosses lignes ondulées, - 


obliques, etininterrompues sur une grande distance ; distribués 
régulièrement ; simples ou par groupes de 2 à 6. 

Rayons visibles à la loupe, fins, réguliers, écartés les uns 
des autres d’une distance égale à celle du diamètre d'un gros 
vaisseau et s'écartant à peine au niveau de ces vaisseaux. 

Parenchyme a entourant les vaisseaux et s'étendant en 
lignes concentriques, assez grosses et irrégulières : la ligne 
qui paraît être la limite de la couche serait peut-être le Ph. 

Section radiale. — Vaisseaux gros et luisants. 

Section tangentielle. — Rayons très petits, blanchâtres. 

Emplois. — Peut être obtenu jusqu'à 13 à 17 m. sur 20 
cm. d'équarrissage (Bell). 

D'une longue durée quand il est exposé aux intempéries ; 
il résiste aux vers (McTurk). 

Se fend facilement, cassant, et ne prend pas les clous. 


Éch. type : 3,2659 Bell ; 0370 Impér. Instit. 


Références : McTurk p. 5 ; Aublet, p. 755 ; Sagot, XIII, p. 307 ; Icones 
lign., pl. 63. Stone et Fr., p. 3; Bell, p. #. 


Piscidia Erythrina Lin., n° 848. 
Niederlein, p. 12: Bois puant,. 


Les Andira et les Wacapous, n° 1851. | 
Ces bois se rapportent à Andira excelsa H. B. & K.,à 


BOIS UTILES D£E LA GUYANE FRANCAISE 17 


À. Aubletü Bth et à À. inermis Sw. Toutes ces espèces sont 
bonnes d'après l'Index Kew. qui cite encore le Vouacapoua 
americana d’'Aublet comme synonyme de À. excelsa ; d’après 
Steudel, ce Vouacapoua est synonyme de À, racemosa Lamk., 
qui est l’A. Aubletu:; et enfin, d'après Grisebach, il serait 
synonyme de À. inermis. Pour ajouter à la confusion, Grise- 
bach cite encore À. racemosa, qui est le A. Aubleliü, comme 
synonyme de À. inermis. 

Ï me paraît que, si on peut confondre Vouacapoua avec trois 
espèces différentes, les différences entre elles ne doivent pas 
être très grandes. D'ailleurs les échantillons que j'ai vus sont 
tellement semblables que je puis à peine les distinguer les uns 
des autres, et j'adopte le Vouacapoua d’'Aublet pour ces trois 
espèces. 

D'après Huber, p. 221, ce point a été éclaire par Baillon 
dans l’Adansonia, vol. IX, 1868-1870 ; le nom Vouacapoua 
americana est le bon. L'article de Ballon est reproduit en 
entier dans l’appendice de « Mattas et Madeiras amazonas » 
d’Huber. 

Les échantillons ne présentent aucune différence, sauf le 
développement du parenchyme, qui est un tissu toujours 
capricieux. 

Je fais remarquer également que les bois de Bowdichia vir- 
gilioides et nitida sont aussi difficiles à distinguer des Waca- 
pous. Ils sont confondus certainement dans le commerce, 

Les noms indigènes sont encore plus confus. Grisard cite 
Acapu (Brésil), Wacapou, Bois de Vouacapoua, Épi de blé 
(Guyane) ; Dacamabally (Arrhouages) ; Blackheart, Partrid- 
gewood (Col. Angl.); Angelin grand bois (Martinique et Tri- 
nité) et Pilon (Vénézuéla). Presque tous se rapportent à plu- 
sieurs bois, et, au moins, à sept espèces différentes, Berkhout 
donne, en plus de Dacama et Wacapou, le nom Bruinhart qui 
se confond avec Brauna (Melanorylon Brauna). Ces noms ne 
doivent pas être regardés comme précis, car, chez lous les 
auteurs, ils ne sont jamais groupés de la même manière. Dans 
ce qui va suivre je rapporte pour les Andira la description 
des auteurs aux noms spécifiques qu'ils ont adoptés ; el Lous 


48 H. STONE 


les échantillons de Wacapou vont être décrits sous le nom de 
Vouacapoua americana, n° 1851 D. 


Andira Aubletii Bth, n°1851 A. 


Sagot, p. 224: Bois le meilleur et le plus classique de la Guyane ; 


assez rare. On le reconnaît à son tronc marqué de côtes saillantes et 


d’excavalions. 

Bassières, p. 96: Le meilleur de nos bois durs ; se travaille facile- 
ment, se durcit en vieillissant et se conserve indéfiniment. Ses fibres 
sont RTE bon pour charpentes, bardeaux. 

Grisard, 1893, II, p. 513: Bois d'une belle couleur brun foncé, quel- 
quefois presque noir. Aubier d'une faible épaisseur ; blanchâtre. 

Niederlein, p.2: Wacapou Giuliu (Guyane). 


Andira inermis Kunth., n° 1851 B. 
Noms vulgaires : Yaba (Cuba, Hawtayne). Bastard Cabban 
(Brésil, Miers). Angelin, Angelim, Cabbage-bark tree 


(Antilles), Lombriceiro (Brésil, da Gama). Bilge-water tree, 


Wormbark (Lindley). Wild Olive, Bastard Cabbage (Guy. 
Angl., Schomburgk). Bruinhart (Surinam, Pulle). Angileen 
(Antilles, Grisebach). Moca, Moca blanca (Antilles, Urban). 
Bois Olive (Guadel.), Pilon (Venez., Grisard). Bois palmiste 
(Guibourt). Morcagueira (Brésil, Peckolt). Morcegueira (Bré- 
sil, Huber). | 

lei je dois dire que j'ai reçu moi-même un échantillon sous 
le nom d’Andira inermis, et je l'ai décrit sous ce nom dans 
le Timbers of Commerce, page 93. J'ai cependant quelques 
doutes sur cette identification et j'ai mentionné l'espèce sous 
toutes réserves. 

Guibourt, Il, p. 355 dans le titre de son article sur le Bois 
de Panacoco ajoute le nom de Bois de Perdrix (Partridge- 
wood); ce qui donnerait à penser que les deux bois sont les 
mêmes ; je tiens à signaler cette particularité, car la description 
du Bois de Perdrix qui suit celle du Panacoco se rapporte à 
un bois différent. 


Grisard, 1893, Il, p. 514 : rouge brun, un peu noirâtre, assez dur et 
de bonne qualité; il offre la plus grande analogie avec l'espèce précé- 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 49 


dente, A. Aubletü. Les bois de Saint-François et de Saint-Martin pré- 
sentent les mêmes dispositions fibreuses et ont la même couleur ; den- 
sité de 0,900 à 1,113. 


Andira excelsa H. B. et K., n° 1851 C. 

Noms vulgaires : Vouacapoua (Guy. angl., Miers). Cœur 
dehors (terme gén., Niederlein). Angelin à grappes (Musée 
Colon. de Marseille). 


Vouacapoua americana Aubl., n° 1851 D. 

Parmi les nombreux échantillons que je vais décrire, aucun 
n'est bien déterminé ; la plupart ne sont étiquetés que sous 
les noms indigènes. Le Bureau des Renseignements du 
Brésil à Paris m'a envoyé un échantillon sous le nom de 
V. americana, mais, comme les éditions publiées par ce 
Bureau contiennent certaines erreurs, ma confiance est très 
limitée dans ces déterminations. Je crois cependant que, dans 
ce cas, l'identification est juste. 

Saldanha da Gama cite un Angelim-pedra (Andira specta- 
bilis, qui ne se trouve pas dans l'Index). Ce bois, ayant un 
cœur qui devient noirâtre à l'air, est peut-être bien le V. ame- 
ricana, et aussi l'Épi de blé de Varenne-Fenille, le Palmiste 
de Guibourt, ie Vouacapou holz, ou Wegaba holz de Wiesner, 
et le Bruinhart de Berkhout, mais non le Partridge-wood des 
Anglais, ni l'OEïl de Perdrix de Roubo, ni le Partridge-wood 
de Grisard, que celui-ci cite sous le nom de /Jeisleria cocci- 
nea Jacq. 

Caractères généraux. — Bois dur et lourd, d’une couleur 
brun foncé, strié de lignes brunâtres ou blanchâtres très 
grosses ; 1l ressemble beaucoup au bois des Palmiers. La sur- 
face des fibres est légèrement luisante ; celle du parenchyme 
est mate. La nuance de la section transversale est tantôt 
claire, tantôt foncée, suivant le développement du paren- 
chyme, et, proportionnellement, plus mate ou plus luisante, 

Cœur rouge foncé, qui devient noir en se desséchant 
(Aublet). 

Caractères physiques. — Densité, 0.930 à 1,012. Dureté, 
celle du Buis. Odeur, à sec, très légère ; mais il répand une 


Annales du Musée colonial de Marseille. — 3° série, 9* vol. 1917, ( 


50 , STONE 


odeur de violette lorsqu'on le travaille, Saveur insipide. Solu- 
tion aqueuse incolore à l’eau froide. Il brule assez bien en 
exhalant une faible odeur caractéristique. 

Caractères de l'écorce. — Je n'ai jamais eu l’occasion de 
voir, comme écorce, qu un échantillon du Musée Colonial de 
Marseille, n° 250, Antilles, étiqueté Andira racemosa. Cette 
écorce a l’épiderme Jaune blanchâtre, se détachant en plaques 
minces, qui laissent des empreintes peu profondes, comme . 
celles des Platanes. Couche interne brun grisâtre. La surface 
intérieure présente (particularité spéciale) un effet moiré,  pro- 
duit par les rayons, qui est à peine visible. 

Structure du Fi — Aubier bien délimité du cœur (voir 
pl. IT et IV). Blanc jaunâtre, d’après Aublet. 

Moelle. — Diamètre de 7 mm. environ, brune, ayant 5 lobes. 

Section transversale. — Je trouve que les détails sont bien 
plus visibles sur une section polie au papier de verre que sur 
une coupe faite au rabot. Couches bien délimitées ; les zones 
de bois presque dépourvues de vaisseaux en sont les limites. 
Les couches suivent le contour de la moelle pendant de 
longues années et finissent par produire des côtes et des 
excavations qu'on appelle « arcabas » à la Guyane et « saco- 
pembas » au Brésil (voir 1896). Da Gama dit que l’Angelim- 
pedra a cinq lobes, comme l’un de nos échantillons ; cependant 
la planche n° #4 n'en montre que 3 ou 4 

Vaisseaux très apparents, larges, diminuant beaucoup sur 
le bord externe de la couche, distribués régulièrement en 
lignes obliques très visibles, qui semblent former des festons. 

Note. — Près de la moelle, les vaisseaux sont ailés et isolés ; 
ce nest que lorsque le bois devient plus âgé qu'ils s'unissent 
entre eux, sauf ceux du bord externe de chaque couche, qui 
restent toujours isolés pour la plupart. 

Rayons visibles à la loupe, fins, uniformes, réguliers, moins 
denses que les fibres, écartés les uns des autres d’une distance 
égale environ au diamètre d'un gros vaisseau, et ne s’écartant 
pas au niveau de ces vaisseaux. 

Parenchyme très apparent a, entourant les vaisseaux sous 
forme de larges bords qui s'étendent en ailes et souvent en 


lignes, 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 5l 


Section radiale. — Couches assez bien délimitées, mais 
difficiles à suivre. Les vaisseaux, avec leur parenchyme, se 
présentent en lignes brunes ou blanchâtres, visibles d'une 
manière frappante, sauf dans les variétés où le parenchyme 
est de couleur foncée (voir pl. IT). 

Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les couches 
formées en lignes et en lacets frangés sont un peu plus faciles 
à suivre. 

Emplois. — Bon pour constructions, palissades, cases de 
nègres, meubles, mortiers, pilons. Il se conserve assez bien 
(Aublet). | 

Bon pour architecture navale, charpente, poutres, traverses 
de chemins de fer (Silva). 

Beau bois se travaillant bien malgré sa dureté. 


Éch. types : Musée Colonial de Marseille, n°° 29, 48, 102 et 107 de 
la Guyane. Musée de Lyon, série IT, n° 301, Guyane. Bureau des Ren- 
seignements du Brésil, n° 1. 


No 1851 E. 

Variété ou espèce très voisine de la précédente, différente 
en apparence. Le parenchyme peut être comparé aux extré- 
mités des poils d’une fourrure noire, pointillée de brun. 

Musée Colonial de Marseille, échantillon n° 6 de la Guyane. 


Le Partridge-wood des Anglais, n° 1851 F. 

Noms vulgaires : Pheasant-wood; Brown, Black ou Sweet 
Partridge-wood, Angelin, Rebhuhnerholz. 

C'est probablement le bois de Rousselet et le Acapu-rajada 
du Para de Miers et de Wiesner (cité comme Andira Aubletii 
B. et L.; synonyme : Vouacapoua americana Aubl.), mais 
ce n'est pas le bois de Guibourt, qui a une écorce fibreuse, et 
encore moins un Wacapou. 

Caractères généraux. — Bois lourd et dur, d’une couleur 
brun foncé, qui fait ressortir souvent un joli dessin en den- 
telle sur la coupe tangentielle. Grain gros. La surface est 
luisante et unie, car les pores sont remplis de résine. Il ne 
fonce que légèrement à l'air, au contraire des Wacapous ; 


D2 H. STONE 


mais 1l est possible que ce bois, avant d’arriver à destination, 
ait déjà pris sa teinte foncée. 

Caractères physiques. — Densité, 0 ,900 à 1,230. Extré- 
mement dur. Odeur, à sec, nulle. Saveur légère de noisette ; 
solution aqueuse de couleur brun rougeûtre foncé. Il est très 
difficile à allumer et brüle très mal. 

Caractères de l'écorce. — Écorce très mince, ressemblant à 
une couche de laque brun foncé; de 1 mm. d'épaisseur environ. 
Elle est fortement adhérente et cassante. 

Mince, très dure et coriace, se fendant longitudinalement 
(Miers, pour Acapu-rajada). 

Structure du bois. — L'aubier a une épaisseur de 6 à 
20 mm., brun clair ou brun blanchâtre ; 1l est bien délimité 
du cœur, qui est d’un contour irrégulièrement ondulé {(proba- 
blement un cas des « arcabas »). 

Section transversale. — Couches en apparence très bien 
délimitées, mais, en réalité, douteuses, car les lignes du 
parenchyme ne sont pas concentriques. 

Vaisseaux bien apparents, à cause de leur grandeur et de 
leurs bords clairs. Ils ont 0 mm. 18 de diamètre; peu 
variables ; irrégulièrement distribués, avec tendance à se dis- 
poser en zones. Les plus grands sont simples ; les petits sont 
subdivisés en groupes radiaux ou irréguliers, de 2 à T vais- 
seaux. Îls sont de forme ovale, assez nombreux, de 14 à 
90 par mmq.; ils contiennent de la gomme brune. 

Rayons visibles à la loupe, très fins, uniformes, écartés les 
uns des autres à une distance un peu moindre que le diamètre 
d'un gros vaisseau, et s’écartant au niveau de ces vaisseaux ; 
9 à 12 par mm. Ils sont de couleur blanchâtre ; mais, vus en 
section transparente, ils paraissent plus foncés que les fibres 
ligneuses ; composés de petites cellules. 

Parenchyme très abondant a, entourant incomplètement 
les vaisseaux et s'étendant en fines lignes concentriques blan- 
châtres, qui s'anastomosent, sont de 5 à 8 par mm. et sont 
de largeur variable et souvent interrompues ; contour plutôt 
irrégulier. 

Section radiale. — Vaisseaux bien visibles ; mais, étant 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE D 


remplis ordinairement de gomme noire, ils ne sont pas très 
apparents. Rayons très petits, luisants. Parenchyme à très 
apparent le long des bords des vaisseaux, et b visible à la 
loupe en fines lignes, comme des hâchures. 

Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les rayons 
sont encore moins visibles, et le parenchyme est très variable ; 
parfois il apparaît en franges en zigzag ; d’autres fois il est à 
peine visible. 


No 1851 G. 

Cette variété a la structure des Wacapous ; mais, comme le 
parenchyme et les fibres ligneuses sont à peu près de la même 
couleur brun clair uni, elle perd toute ressemblance avec les 
bois de Palmiers. Les vaisseaux sont gros et se présentent 
comme des sillons qui deviennent noirs sur une surface vernie. 
La nuance de la coupe transversale est beaucoup plus claire 
que celle des autres sections. Sa densité est de 0,600 environ. 
Le parenchyme est abondant et compose la moitié du bois. 


Éch. type : Musée Colonial de Marseille, n° 25, Guyane, 


N° 1851 H. 

Ce bois est semblable au précédent sous tous les rapports, 
sauf le parenchyme, qui est très réduit et qui se montre très 
peu sur la coupe tangentielle, où il est plutôt visible par 
reflet. Lorsque le bois est sec, la nuance de la coupe transver- 
sale est beaucoup plus foncée que celle des autres sections, à 
cause de la prédominance des fibres ligneuses foncées. Le 
parenchyme forme à peine la sixième partie du bois, Densité 


de 0,600 environ. 
Éch. type : Musée Colonial de Marseille, n° 26, Guyane. 


No 1851 I. 
Le Wacapou de Dumonteil (peut-être une des variétés pré- 
cédentes). 


Dumonteil, p. 154 : Densité, 0,900 ; force, 304; élasticité, 182; p. 160. 
Classe 2, celle du Chêne, 


54 H. STONE 


Bois Saint-Martin ou Saint-Martin rouge, no 1851 I. 

Les bois désignés sous ce nom sont tellement nombreux et 
différents que Je suis forcé de conclure que, dans le commerce, 
le nom Saint-Martin est d’une application générale à tout bois 
non connu. Outre les deux échantillons que je vais décrire, 
j'ai vu au Musée Colonial de Marseille trois échantillons de la 
Guyane ; les n° 102 et 107 sont certainement des Wacapous, 
et le n° 108 est de couleur rouge foncé. Au Jardin Botanique 
de Marseille, j ai vu un quatrième échantillon, n° 23, de cou- 
leur rouge vermeil. Le nom Saint-Martin se rapporte à 
l'Ébène verte, au Bois de Campêche, au Bois amer, au Pana- 
coco, à un Lonchocarpus, à un Dalberqia et à deux espèces de 


Copaifera. (Voir Table des Matières.) 


Dumonteil, p. 152, Saint-Martin : Densité, 0,912; force, 229 ; élasti- 
CHE IE 

La Commission de Brest, p. 162 : Saint-Martin rouge. Densité, 0,870 
à 0,922 ; force, 1130 à 1140 ou 1,70 si le Chêne — 1 ; élasticité, 25 à 30; 
p. 163. Il fait entendre des craquements longtemps avant de se rompre. 
Le même, p. 467 : 7/10 plus fort que le Chêne, 1/5 plus pesant, mais 
moins élastique ; rouge pâle agréable ; grain assez fin, mais'les canaux 
sinueux sont aussi gros que dans le Chêne. 41 pourrait être assez avan- 
tageusement employé en varangues, genoux, quilles, ete. Dans l’eau, il 
a paru se conserver aussi bien que dans un magasin; ne convient pas 
aux ouvrages de tour. Le même, p. 197 : Classe 1, celle du Chêne. Le 
même, p. 184 (essais sur des échantillons, sans doute ceux de Dumon- 
teil). Conservé à couvert : force, 800 à 1260 ou 1,58 si le Chène — 1 ; 
élasticité, 10 à 25; à découvert : force, 1010 à 1410 ou 1,49 si le Chêne 
— À ; élasticité, 20 à 25. 


Si c'est le même bois que celui de l'échantillon de Mar- 
seille n° 188, il pourrait servir pour crosses de fusils. 


Saint-Martin blanc. — N° 1851 K. 


Commission de Brest, p. 162 : Deusité, 0,880 à 910; force, 1020 à 
1120 ou 1,58 si le Chêne — 1 ; élasticité, 20 à 25. Le même, p. 163: 
Avant de se rompre, il produit déjà beaucoup d’éclats et de fentes lon- 
gitudinales ; cassures bien fibreuses. Le même, p. 171 : de couleur roux 
pâle. Densité, 0,830 à 0,910 ; moitié plus fort que le Chêne, 1/5 plus lourd, 
mais beaucoup moins élastique ; très rigide ; grain assez fin; pourrait 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 55 


être utilement employé comme bois courbant. Le même, p.197; Classe 
Ic, celle du Chêne. 


Saint-Martin ou Saint-Martin gris, n° 1851 L. 

Description d'après les échantillons : N° 130, série 11, Lyon 
(Saint-Martin), et n° 2, Guyane, Marseille (Saint-Martin gris). 

Caractères généraur. — Bois dur et lourd, rayé de lignes 
étroites brun clair et noires, ressemblant au Wacapou ou au 
bois des Palmiers. La surface est plutôt mate. En coupe trans- 
versale, ce bois présente le parenchyme en taches plus grandes 
qu'elles ne le sont sur les autres bois: et, en conséquence, la 
nuance de la coupe transversale est aussi claire, même plus 
claire que celle des autres sections. 

Structure du bois. — Section transversale. Couches mal 
délimitées. 

Vaisseaux visibles comme des piqüres ; très grands, dia- 
mètre de 0 mm. 25 ; très rares, 1 à 5 par mm. q. Ils sont for- 
tement isolés, simples, quelquefois par paires, vides ou rem- 
plis de résine jaune, 

Rayons visibles à la loupe, fins comme de la soie, uni- 
formes, irréguliers ; 4 à 5 par mm. ; écartés les uns des autres 
à une distance égale environ au diamètre d'un gros vaisseau 
et s'écartant au niveau de ces vaisseaux ; incolores. 

Parenchyme visible d’une manière frappante, a, entourant 
les vaisseaux en grosses taches irrégulières, obliques ou con- 
centriques, souvent anastomosées. Il occupe le tiers oula moitié 
de la surface; brun clair. 

Section radiale. — Vaisseaux très gros, rares et peu appa- 
rents. Rayons bruns, visibles à la loupe. Pa occupe la moitié 
de la surface en grosses lignes claires. 

Section tangentielle. —- Comme la radiale, mais les rayons 
sont beaucoup plus petits et visibles à la loupe dans les lignes 
noirâtres des fibres ligneuses seulement. Ils sont invisibles 
dans le Pa qui est, sur cette section, encore plus gros, plus 


abondant et irrégulier. 


Clef pour tous les n° 1851. 


A. Bois insuflisamment décrits ou de couleur rouge et même 
blanche, 1851 LI &K, 


A A he 
FEVER 


56 H. STONE 


B. Bois de couleur brun foncé ou noirâtres, rayés ou non, 
de couleurs plus claires. 


d- Non rayé. Parenchyme de couleur foncée se 
montrant à peine. Les Wacapous 1851 G & H. 

2. Rayé. Parenchyme de couleur pain bis, très appa- 
rent en lignes claires sur la coupe longitudinale. 

JL En coupe transversale, le parenchyme est unien 
lignes concentriques qui se rétrécissent entre les 
Valsseaux. 

2.1.1.  Parenchyme réduit en fines lignes. Vaisseaux de 
14 à 50 par mmdq., avec tendance à se disposer 
en zones. Partridge 1S51F. 

2.1.2.  Parenchyme abondant, occupant du quart aux 


deux tiers de la coupe. Vaisseaux, jusqu’à 19 par 
mmq. (Voir Clef n° 1876.) 

2:90; Parenchyme entourant les vaisseaux, soit étroite- 
ment, soit en ailes, soit en taches unissant des 
groupes, mais non en lignes concentriques. 

2.2.1. Parenchyme entourant étroitement les vais- 
seaux sans ailes. £ 

2.2.1.1. Parenchyme, en coupe longitudinale, largement 
développé en grosses stries. Bowdichia nitida 
1880 C. 

2.2.1.2. Parenchyme brun se présentant en bords fins le 
long des vaisseaux moyens, ce qui donne à la 
coupe l'aspect d’une fourrure. Wacapou 1851 E. 

2.2.2. Parenchyme, en coupe transversale, entourant les 
vaisseaux, et s'étendant en ailes çà et là, formant 
souvent des lignes obliques, des angles et des arcs. 

2.2.2.1. Vaisseaux, en section transversale, ailés seule- 
ment dans la zone extérieure de la couche ou 
autour de la moelle. Bois très luisant, Vouacapoua 
1851 D. 

2.2.2,2. Vaisseaux ailés et parfois unis de groupe en 
groupe par le parenchyme. Bowdichia virqilioides 
1880 B. 

2.2.2.3. Vaisseaux ailés, mais le parenchyme se présente 
en grosses taches. Saint-Martin 1851 L. 


La 


LUE. A 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE ) 


La figure en couleur, n° 7, pl. XI, dans l'Icones lignorum, 
est beaucoup trop claire et trop unie pour qu'on puisse y recon- 
naître une de mes variétés ; et la figure n° 2,pl. LXXVI, ilme 
semble, est beaucoup trop noire. La planche LXXIIT, fig. 7 
(Bruinhart) indique bien un Wacapou, bien qu'elle soit un 
peu claire en couleur. 


Références pour toutes les espèces précédentes relatives au n° 1851 : 
Silva, ms.; Miers, ms.; Martin-Lavigne, p. 100; Saldanha da Gama, 
1825, p. 25; Aublet, Suppl., p. 9; Wiesner, II, p. 945; Sagot, p. 224; 
Dumonteil, 1823, If, partie 2; Comm. de Brest, 1826, partie 2: Grisard, 
1893, IT, pp. 513 et 514; Roussell, I, p. 310 ; Bouverie, p. 150 ; McTurk, 
n° 35; Bassières, p. 96 ; Roubo, p. 777 ; Stone, T. of C., p.98 ; Berkhout, 
p. 25. 


Geoffraea spinosa Jacq., n° 1852 A. 
Synonyme : Geo/ffroya spinosa Lin. (ne se trouve pas dans 


l’Index). 


Aublet, p. 760; Umari de Marcgraff. (Voir n° 907.) 

Grisard, 1894, IT, p. #14: Chanar (Argentine). Le tronc vert se dé- 
pouille de son écorce au printemps ; plusieurs variétés, celles du Nord 
surtout, sont bonnes pour la charpente, d'après Martin de Moussy ; arcs. 

La variété la plus commune est un bois très dur qui ne peut guère 
servir qu à la construction des ranchos ou chaumières de la campagne, 


Geoffraea violacea Pers., n° 1852 B. 
Synonyme : Acourou violacea Aubl. 


Aublet, p. 753: Ecorce roussâtre, ridée et gercée. Bois blanchütre, 
intérieur rougeätre, dur et compact. 
Niederlein, p. # : Amadou indien, Monsieur le Curé (Guyane). 


Dipterix odorata Willd., n° 1853 A. 

Synonymes: Coumarouna odora Aubl. ; C. odorata Aubl, ; 
Baryosma Tongo Gaertn. ; Heinzia peregrina J.F. Gmel. 
Les genres T'aralea et Bolduccia égalent Diptertir. 

Noms vulgaires : Gayac (Dumonteil) (serait-ce son Goyas 
p. 162 ?). Gayac mâle (Musée C. Marseille). Tonka-bean 
tree, Kumara (Bell). Tonkin-bean (MeTurk). Cumaru, Cum- 
bari, Faver de Tonca, Tonga-bean (Miers). Couamara (Kew. 


58 H. SJONE 


Coumarue (Fr.); Koemarie (Holl.); Koemara (Angl.) ; Sarra- 
pia (se rapporte plutôt aux fèves qu'à l'arbre ; Cayenne) ; Bois 
de Savane, Gavas de Cayenne (Guyane Fr. d'après Martin- 
Lavigne). Cumary, Camiri (Ital. Petrocchi). Quamary (Imp. 
Inst.). Lokus, Locus (Surinam, Berkhout). Comarre, Qua- 
mare, Groot Lokus, Tonka Boon (d'après l’Icones lignorum, 
son Coemarremara ne s'identifie pas avec cette espèce). Cum- 
baru, Cumbury et autres noms similaires s'appliquent aussi 
à Dipteryx oppositifolia ; et à une espèce de Torresia d'après 
Rodriguès. Gayac de Cayenne, Hivourae, Ibirae, Manhra 
(Caribes, d'après Préfontaine. Sont-ils bien de cette espèce ?) 
Le Tonga-bean wood de Lindley, Alyxia buxifolia, doit être 
différent. Le Coumarourana d’Aublet est l'espèce suivante. 

L'échantillon de Bell a été déterminé, d’après les feuilles et 
les fruits, par le Dr. Freeman. Ce bois correspond bien aux 
descriptions de Miers, Guibourt, Martin-Lavigne et des autres 
auteurs cités ci-dessus ; c’est sans doute le bois de Dumonteil. 

Préfontaine dit que le Gayac de Cayenne est employé pour 
les maladies vénériennes ; cette application me fait supposer 
que son bois pourrait bien être le Guaiacum, qui n’est pas 
cependant indigène de la Guyane. 

Caractères généraux. — Bois dur et lourd, d'une coul 
brun rougeâtre, variant par places du ton clair au ton foncé. 
Brun, d'après Aublet. Brun rougeûtre rayé, d'après Miers. La 
surface, un peu luisante, fonce légèrement à l'air ; grain serré 
et fortement à rebours. 

Caractères physiques. — Densité, 1,030 à 1,080; 

D'après Dumonteil : Densité, 1,153 ; force, 385 ; élasticité, 
139. me 

D'après Obreen : Force 1045 si le Chêne — 663. D’après 
Berkhout : force 2825 si le Teck de 1" qualité — 1920 ; élas- 
ticité 4000 si le Teck — 2000. D'après de Lanessan : Densité, 
1153, résistance 385 kilos. 

Dureté, celle du Panacoco. Sans saveur ni odeur. 

Caractères de l'écorce. — Épaisse de 3 mm. environ, pleine 
de sclérites blancs et durs, s’émiettant extérieurement en 
laissant apercevoir des couches de couleurs variées ; du brun 
au jaune pâle. 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE D9 


D'après l'échantillon n° 311, Guyane, du Musée Col. de 
Mars. : Écorce épaisse de 3 à 6 mm. laissant exsuder une 
gomme noire ; épiderme blanchâtre ou gris jJaunâtre. La sur- 
face intérieure est couverte de sillons en fuseaux, dans lesquels 
viennent s'adapter les saillies qui se trouvent sur la surface 
de la bûche. L'écorce entière est composée de ces fuseaux. 
Sans saveur ni odeur. Cette structure est rare et très curieuse : 
ne l'ayant pas remarquée dans l'échantillon de Bell, je doute 
que cette écorce soit de notre espèce. 

Structure du bois. — La structure est comme celle du Pen- 
taclethra n° 1978 À, à part les différences suivantes : Aubier 
nettement délimité du cœur, brun pâle ou brun grisätre ; 
épais dé 3 à 4 cm. environ ; blanc (Aublet). 

Section transversale. — À comparer avec la figure 5, pl. V. 

Couches en apparence délimitées ; les zones qui ont le 
moins de vaisseaux en sont peut-être les limites. 

Vaisseaux très apparents à cause de leur grandeur et de 
leur contenu blanc ; simples pour la plupart, et cependant 
beaucoup aussi de groupes de 2 à 5 (pas de groupes linéaires). 

Rayons à peine visibles à la loupe, écartés les uns des 
autres à une distance moindre que celle du diamètre d'un 
gros vaisseau. 

Parenchyme a formant de larges bords clairs autour des 
vaisseaux, et unissant çà et là deux ou trois groupes. 

Seclion radiale. — Couches à peine délimitées. Les vais- 
seaux sont, pour la plupart, obscurcis par les bords glauques 
et sinueux du parenchyme a; ils renferment souvent de la 
gomme et de la matière blanche. Ravons très petits, obscurs, 
semi-translucides. 

Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les ravons 
se trouvant en étages paraissent sur la surface comme de 
fines hachures. 

Emplois. — Bon pour moyeux, engrenages, brancards, 
plates-formes pour machines ; extrêmement tenace et de longue 
durée. Hauteur moyenne de l’arbre, 30 mètres (Miers). Peut 
être obtenu à 60 em. d'équarrissage (MeTurk). D'après 
Duchesne, le bois peut servir en médecine comme sudorifique, 


+ Pr PE E 
FT TR OMR 
DC à L 
- 


60 H. STONE 


D'après la Comm, de Brest: trop franc pour rouets de pou- 
lies ; se fend lorsqu'on met le dé ; pour cet usage, 1l est classé 
à la moitié de la valeur du Gaïac ordinaire. 


Éch. types: 57, 2712 Bell; n° 311 de la Guyane au Musée Col, Mars. 
(écorce). 

Icones lignorum: pl. 69, fig. 2, et pl. 83, fig. 7; peut-être aussi la 
pl. 61, fig. 7, qui cependant paraît trop noire. Martin-Lavigne : fig. 40 et 
#1. 

Références : Rodriguès, p. 155; Aublet, Suppl., p. 7; McTurk, p. 5 ; 
Miers, ms, ; Duchesne, p. 266 ; Grisard, 1894, 1, p. 76 ; Dumonteil, 1823, 
IT, partie 2; Comm. de Brest, 1826, IT, partie 2 ; Stone et Fr., p. 57. 


Dipteryx oppositifolia Willd., n° 1853 B. 


Synonyme : T'aralea oppositifolia Aubl. 


Aublet, p. 745 : Coumarourana (Garipons) Tarala (Galibis). Ecorce 
externe, membraneuse, blanche, se détachant naturellement et tombant 
en morceaux plus ou moins larges; bois blanc, dur, pesant et compact. 


Inocarpus prouacensis Aubl., n° 1856 A. 

Synonyme : /. quianensis Aubl.; Bocoa prouacensis Aubl. : 
B. quianensis Steud.; Etaballia prouacensis Bth. * 

Le nom vulgaire Boco est attribué au moins à deux bois : 
l’un, de couleur gris brunâtre, a été décrit par de Lanessan ; 
Aublet, Sagot et Guibourt ont décrit le deuxième sous des 
couleurs diverses, qui cependant ne sont pas discordantes. 
Brun, mêlé de vert jaunâtre, d’après Aublet. Je pense qu'il 
peut varier jusqu'au brun noir. Guibourt dit que tous les 
échantillons de Boco qu'il a vus étaient le Panacoco. Je suis 
de son avis, car, après beaucoup de recherches, je n’ai trouvé 
que des différences très minimes dans le bois du cœur des 
deux espèces; il y en a cependant de très grandes entre 
l'écorce et l’aubier des deux bois. Je crois que les échantillons 
que je vais décrire sont le Boco du commerce et le bois de 
Guibourt, mais je n'ose pas affirmer que ce soit l’?nocarpus 
prouacensis. 


Aublet, Suppl., p. 38 : Bocoa prouacensis, Bois Boco (Caux) ; écorce 
lisse, grisàtre ; bois blanc à l'extérieur et brun mêlé de vert-jaunâtre à 
l'intérieur ; dur et très compact ; bon pour poulies. 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 61 


Dumonteil, p, 152: Bocco. Densité, 1,208; force, 402 ; élasticité, 135, 
p- 160. Classe 1 (plus lourd que le Chêne) et Classe 4 (meubles). 

Comm. de Brest ; p. 162 : Cèbre boco. Densité, 1,200 ; force, 880 à 
1220, ou 1,65 sile chène — 1 ; élasticité, 5 à 10. Le même, p. 163 : cassé 
avec un seul éclat comme le Panacoco, ces deux espèces se ressemblent 
sous tous lés rapports. Le même ; p. 183 : rouets de poulies, valeur 
pour cet usage de la moitié du bois de Gaïac. Le même, p. 184 (essais 
sur le bois de Dumonteil). Conservé à couvert : force, 720 à 1,680 ou de 
1,65 à 2,56 si le chène — 1 ; élasticité, 25 à 35; à découvert : force, 
1630 à 1690, ou 2,14 si le chène — 1 ; élasticité 27 à 30 ; commence à cra- 
quer longtemps avant de rompre. Après s'être assez fortement courbé 
sous une charge de 1,510 kilos, il reprend sa forme primitive. Classe 1, 


On voit que ce bois a une force et une élasticité peu ordi- 
paires. Il pourrait servir pour rais de roues d'automobiles. 


Sagot, Richesses de la Guyane, p.236 : Bocoa prouacensis ; d'un brun 
noir très foncé. Le mème, Catal., p. 318 : Aubier jaune, cœur noir bru- 
nâtre. 

Guibourt, IT, p. 354 : « Bois de Boco, Bois de coco, Bois de fer de 
commerce. Bocoa prouacensis. Écorce grisâtre, lisse; aubier blanc ; 
cœur brun, mêlé de vert jaunätre. » Cette description nous parait être 
celle d’Aublet, car plus loin, Guibourt ajoute : cœur gris brunâtre, uni- 
forme ; aubier jaune comme du buis ; contour régulier; section trans- 
versale pointillée de gris sur un fond brun ; rayons visibles à la loupe ; 
lignes de parenchyme en petite quantité, très fines, ondulées, blan- 
châtres. En section longitudinale, les vaisseaux sont remplis d'un suc 
rougeàtlre. 

Grisard, 1893, Il, p. 516: Bocoa prouacensis. Synonyme: Etaballia 
guianensis Bth. Pau ferro vermelho ou roxo (Brésil); Bois de fer de la 
Guyane, Etabally (Guyane) ; de grande dimension. Aubier d'une tres 
forté épaisseur, presque aussi dur et compact que le bois. Cœur brun 
noir, très foncé, d’une teinte presque uniforme, et présentant sur la 
coupe transversale un cercle régulier qui tranche bien sur la nuance 
claire de l’aubier. Lourd, compact, de texture fine, se travaillant bien 
en tous sens, malgré son excessive dureté ; employé pour l'ébénisterie 
de luxe, tour, instruments à vent, etc. ; excellen£ pour étais, solives, ete. 

Bassières, p. 104: Etabally (Demerary). Densité, 1,208. Aubier ce 
couleur jaune comme le buis ; lecœur brun noir très foncé. 

De Lanessan, p. 134 : Bois de coco ou de fer, de couleur gris brunätre 
presque uniforme. Aubier jaune, La couche longitudinale offre un grain 
très fin, gris brunätre et jaunâtre, parsemé de pelites läches linéaires 
brunes, Cœur concentrique régulier, 


02 H. STONE 
Miers, ms. Pao ferro vermelho. Densité, 1,086: de couleur bruné 


veiné de vert grisâtre. 
Michel, ms. : Bois marbré. 


Il ne faut pas confondre ce bois avec l'Etabally, n1 l'Eda- 
balli de la Guyane Anglaise, ni le Bois de coco des Anglais. 
(Voir n°% 561 À ; 662 et 1745.) 


Résumé des différences entre Boco et Panacoco. 


1. En section transversale dans le Boco (1856), les lignes 
du parenchyme, sauf sur la limite de chaque couche, sont 
souvent interrompues et font de petites ondulations un peu 
angulaires. En section longitudinale, les vaisseaux sont très 
obscurs. L'aubier est jaune comme du buis. 

2. En section transversale, dans le Panacoco (1896), les 
lignes du parenchyme sont régulières et continues. En section 
longitudinale, les vaisseaux, quoique très petits, sont bien 
apparents. L’aubier est couleur de pain bis. 

Caractères généraux du Boco. — Ces caractères sont les 
mêmes que ceux déjà cités d'après Grisard, à part les diffé- 
rences suivantes. Surface luisante. La nuance de la coupe 
transversale, noir ou noir brunâtre uniforme, est plus foncée 
que celle des autres sections. 

Caractères physiques. — Densité, 1,208 environ. Dureté, 
celle de l'Ébène noire. Odeur, lorsqu'il est travaillé, légère de 
violette; sans saveur. 

Caractères de l'écorce. — Couleur brun noirâtre, mais, là où 
l'écorce est rompue, la couche sous-jacente est d’un jaune 
brunâtre sale. La surface est plus ou moins lisse mais cou- 
verte de plaques très minces tendant à se détacher. Épaisseur de 
1 mm. environ, partagée en trois couches: l’interne est fibreuse, 
extrêmement mince et très foncée en section ; la médiane est 
jaune clair ; l'externe se compose d’écailles noirâtres. Flexible, 
se détachant facilement ; sans saveur ni odeur. La surface 
interne montre, à la loupe, les impressions des rayons en 
palissade. 

Structure du bois. — L’aubier ressemble au Buis, mais de 
couleur plus foncée, striée de blanc ; il est bien délimité du 


LES 
t 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 63 


cœur quiest, en apparence, régulier et circulaire, mais n’est 


. pas concentrique avec les couches. Voir (1896 G.) 


Section transversale. — Couches, en apparence, bien déli- 
mitées. Les limites peuvent être les lignes du parenchyme, 
qui sont très minces et plus régulières dans leur périphérie 
que les autres lignes intermédiaires. 

Vaisseaux à peine visibles, même dans l’aubier. Ils sont 
ovales, assez grands, de 0 mm. 2 de diamètre; simples pour 
la plupart, beaucoup par paires subdivisées, rarement par 
groupes de 3, #, jusqu à 8, en file radiale. [ls présentent le 
cas exceptionnel, d’être excessivement rares, depuis 1 par 3 
mm. q. jusqu'à # par mmq. Leur contenu est brun ou noir. 

Rayons à peine visibles à la loupe, tres fins, uniformes, 
réguliers dans leur largeur, écartés irrégulièrement les uns 
des autres à une distance égale ou inférieure au diamètre d’un 
gros vaisseau. Ils sont de 10 à 16 par mm., très courbés ou 
ondulés ; de même couleur que celle du parenchyme. 

Parenchyme a, abondant mais visible seulement à la loupe, 
sauf dans le bois clair, en très fines lignes concentriques, 
très irrégulières dans leur contour et souvent interrompues. 
Elles unissent les vaisseaux tangentiellement ; espacées irré- 
gulièrement, de 3 à 6 par mm. 

Section radiale. — Couches assez bien délimitées. Vaisseaux 
très obscurs et à peine visibles ; 1ls sont beaucoup plus petits 
et beaucoup plus difficile à voir que dans le Panacoco. Le 
parenchyme forme des lignes brunes parallèles à peine visibles. 
Rayons très petits, mais visibles à la loupe, bruns. 

Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les couches 
sont souvent mieux délimitées. Le parenchyme forme des 
lignes ou lacets en zigzag, donnant une nuance plus claire 
à la coupe. Rayons très petits, la plupart en étages; ces rayons 
ont une hauteur de ! mm. 25 environ, ou 15 cellules sur une 
de largeur ; ils sont étroits, aigus. Les vaisseaux sont parfois 
remplis de noir. 


Éch. types : Nos 42,127 et 146 de la Guyane (Marseille); n° 119, 
série 2 (Lyon). 


64 H. STONE 


Inocarpus edulis Forst., n°1856 B. 

Synonyme : Æ{aballia macrophylla Bth. 

Dans l'Index Kewensis, la seulé espèce d’/nocarpus citée 
est la présente ; mais sous le nom de Bocoa, synonyme d’/no- 
carpus, il s'en trouve deux : B. edulis et B. prouacensis. 


Lescallier, p. 56 : Mapa ; ne convient pas pour la marine. 

Dumonteil, p. 156 : Mapa (Est-ce bien cette espèce ?). Densité, 0,528 ; 
force, 159 ; élasticité, 157 ; flexibilité, 2,83, p. 160. Classe 3, celle des 
Pins. 

Bischop-Grevelink, p. 231. Ghajam (Java). 

Moll et Janssonius, IV, p. 82, fig. 153. Les détails suivants proviennent 
de leur description. 


Structure du bois. — Couches assez bien délimitées par 
une mince ligne du parenchyme. 

Vaisseaux fortement isolés, distribués irrégulièrement, de 5 
à 8 par mmq. et parfois davantage ; la plupart simples, beau- 
coup par groupes de 2 à 3. 

Rayons de la largeur d’une cellule, rarement de 2, sur une 
hauteur de # à 16 ; parfois deux rayons se fondent l’un dans 
l'autre. ; 

Parenchyme entourant incomplètement les vaisseaux et 
s'étendant en de longues ailes à peu près parallèles. La lon- 
gueur des taches du parenchyme augmente vers le bord externe 
de la couche, tandis que leur largeur diminue. Il y a des taches 
complètement isolés des vaisseaux. Il est encore des lignes 
minces qui peuvent former les limites des couches. Ces lignes 
sont interrompues, à des intervalles d’ailleurs éloignés, et, 
de ce fait, ne sont pas continues ; leur largeur peut être de 2 
à 8 cellules, mais ordinairement de 3 à 4. 


Niederlein : Mapé. 


Il ne faut pas confondre ce bois avec le Mapou (Bombax, 
voir 711 A), qui est beaucoup plus léger, ni avec le Mapa de 
Fresneau. {Voir partie II.) 


TRIBU X. — SOPHORÉES 


Ormosia coccinea Jacq., n° 1876 A. 
Synonyme: ARobinia coccinea Aubl, 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 65 


Noms vulgaires: Barracarra (terme gén. Bell.) Panacoco 
(Sagot). Olho de cabra (Peckolt). Petit Panacoco, Petit Pana- 
coco de Cayenne (Aublet). Préfontaine dit que ce dernier 
nom se rapporte à une liane. 

Ce n'est pas le Barracarra du Brésil {v. 1793), non plus 
que le Bourracurra (v. 6625), le Baracara de Grisard, ni le 
Panacoco « proprement dit » de Guibourt et du commerce 
(v. 1896); mais ce pourrait être celui que Guibourt, IT, p. 31, 
a décrit comme ayant un cœur rougeûtre. Ce nest pas non 
plus le Panacoco de Dumonteil, mais il peut être bien son 
Panacoco à grandes feuilles, dont la densité est de 0,645 (v. 
1896 E). 

L'échantilon de Bell a été déterminé, d’après les feuilles et 
les fruits, par le D' Freeman. | 

Caractères généraux. — Bois d’un poids moyen et d’une 
dureté moyenne ; d'une couleur blanc rougeätre, veinée de 
lignes et de taches d’un blanc de lait. Il ressemble à l'Acajou 
de qualité inférieure. Surface brillante, froide au toucher, fon- 
çant légèrement à l'air. La nuance de la coupe transversale est 
légèrement bigarrée et plus foncée que celle des autres sec- 
tions. 


Caractères physiques. — Densité, 0,712. Dureté, celle de 
l'Erable. Sans odeur ni saveur. 
Caractères de l'écorce. — Ecorce plutôt lisse, sillonnée et 


couverte de tubercules ; 6 mm. d'épaisseur environ. La 
couche extérieure s émiette ; celle de l'intérieur est dure et 
ligneuse. La surface de la bûche est striée. 

Structure du bois. — La structure est comme celle des 
Andira. (Voir Clef n° 1876 E.) Elle n’a rien de commun avec 
Robinia Pseudacacia. 

L’aubier est blanc rougeâtre, bien délimité du cœur ; 3 em. 7ù 
environ d'épaisseur, 

Section transversale. — Couches mal délimitées ; les limites 
pourraient être indiquées par les interruptions de la succession 
des bandes concentriques du parenchyme : contour réguler, 

Vaisseaux visibles à cause de leur grandeur et des larges 
bords clairs du parenchyme ; peu variables ; simples pour La 


Annales du Musée colonial de Marseulle. 3° série, 5° vol. 1917, ) 


66 H. STONE 


plupart, quelques-uns par paires. Ils sont distribués égale- 
ment ; ronds et très rares ; leur contenu est souvent brillant. 

Rayons visibles à la loupe, très fins, uniformes, réguliers, 
écartés les uns des autres d’une distance égale au diamètre 
d’un gros vaisseau ; leur couleur est plus claire que celle des 
fibres ligneuses. 

Parenchyme a entourant les vaisseaux en taches très appa- 
rentes, d'une couleur claire, et en forme de losange lorsqu'ils 
sont isolés, ou en bandes concentriques qui se rétrécissent 
entre ces vaisseaux. Le parenchyme occupe les deux tiers du 
bois environ. 

Section radiale. — Vaisseaux gros, rouges, ouverts, bordés 
par le parenchyme blanchâtre. Rayons à peine visibles, petits, 
semi-translucides. 

Section tangentielle. — Comme la radiale, maisle Pa appa- 
raît en veines plus apparentes et plus blanches, donnant à 
la section un aspect laiteux. Rayons très petits, visibles à la 
loupe. 


Emplois. erses de chemin de fer, pavage ; 
peut être ronde HE jusqu'à 20 m. sur 30 à 40 em. 
d'équarrissage Bell). Bois de valeur, d'après Miers. 

Il est facile à travailler, se fend facilement, se polit bien, 
mais ne se prête pas bien au clouage. 


Éch. type: 9,2665 Bell. 
Références : Bell, p. 3; Wiesner, p. 87; Stone,et Fr., p. 9 


Kamarakata (Bell.), n° 1876 B. 

McTurk a décrit, sous ce nom, un bois de couleur brun 
foncé et d’une saveur amère, mais qui ne peut être cette espèce. 

L'échantillon de Bell n’est pas déterminé, mais, d’après sa 
structure, je puis affirmer que c’est une Légumineuse, voisine 
d'Ormosia. 

Caractères généraur. — Bois d'un poids moyen et d'une 
dureté moyenne, de couleur jaune brunâtre uniforme. Sur la 
coupe transversale, la structure est très apparente. Surface 
légèrement luisante, fonçant un peu à l'air. 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 67 


Caractères physiques. — Densité, 0,767 ; dureté, celle du 
Teck. Sans saveur n1 odeur. 
Caractères de l'écorce. — 4 à 6 mm. d'épaisseur, légèrement 


gercée et ridée, très dure et granuleuse, La surface de la 
bûche est lisse ou striée. 

Structure du bois. — Comme celle de l'Ormosia n° 1876 
A. (Voir Clef, p. 57.) 

L'aubier est de couleur écrue, distinct du cœur, mais sans 
ligne de démarcation nette ; épaisseur de 7 em. environ. 

Section transversale. — Vaisseaux visibles à l'œil nu, 
orands, peu variables, simples pour la plupart, et parfois 
quelques groupes de 2 à 4. | 

Rayons à peine visibles. 

Le parenchyme occupe la moitié de la surface environ. 


Section radiale. — Rayons facilement visibles, quoique peu 
apparents. 
Emplois. — Bon pour moyeux, plates-formes des moulins, 


ayant les qualités du Kumara (1853 A) ; très rare. 
Il se travaille bien : se fend facilement. 


Éch. type : 48,2704 Bell. 
Références : Bell, p. 7; McTurk, p. 5 ; Stone et Fr., 49. 


Dakama (Bell) ; Dacama-Balli (Hawtayne), n° 1876 C. 

Ce n'est pas le Dacama cité parmi les noms des Wacapous 
(v. 1851) ni le Melanozylon Brauna Schott. 

L'échantillon de Bell n’est pas déterminé, mais, d'après sa 
structure, je puis affirmer que c'est une Légumineuse voisine 
d'Ormosia, 

Caractères généraux. — Bois dur et lourd, d'une belle cou- 
leur rouge uniforme, avec des stries foncées. Surface légere- 
ment luisante, fonçant beaucoup à l'air, un peu froide au tou- 
cher. La nuance de la coupe radiale est beaucoup plus claire 
que celle des autres sections. 

Caractères physiques. — Densité, de 1,040 à 1,061 ; dureté, 
celle du Buis. Odeur à sec nulle ; saveur insipide. 

Caractères de l'écorce. — De 4 à 6 mm. environ d'épaisseur ; 


68 H. STONE 


rougeâtre ; présentant des larges lenticelles ovales. Elle tombe 
en plaques plutôt grandes et irrégulières, qui, en section, sont 
exceptionnellement bien délimitées. La couche intérieure est 
dure, fibreuse. L'écorce est fortement adhérente à la büche, 
dont la surface est ridée. | 

Structure du bois. — Comme celle de l’'Ormosia (V. Clef, 
n° 1876 E), à part les différences suivantes. 

L’aubier est de couleur brun clair et se transforme en cœur 
graduellement ; épais de 2 cm. 5 à # cm.5 environ. 

Section transversale. — Les vaisseaux sont moins nombreux. 

Le parenchyme occupe beaucoup moins de surface, de 1/4 
à 3/8 ; la plus grande partie se présente en taches en forme 
de fuseaux ou de losanges entourant les vaisseaux. Lorsqu'il 
arrive à unir les vaisseaux en lignes, ces lignes tendent plutôt 
dans le sens oblique que concentrique. 

Section radiale. — Les vaisseaux sont bordés par le paren- 
chyme de couleur grise, qui est presque imperceptible. 

Emplois. — Un des meilleurs bois de construction, de plus 
longue durée que le Wallaba (v. 1948) ; peut être facilement 
obtenu jusqu'à 8 ou 10 m. sur 30 à 60 cm. d’équarrissage 
-(Bel): 

Très dur à travailler, se fend facilement ; beau bois malgré 
la médiocrité de son polissage. 


Éch. type : 20,2676 Bell. 
Références : Bell, p. 4 ; Stone et Fr.,p. 20. 


Cœur dehors, n° 1876 D. 

Deux bois, parait-1l, sinon trois, portent ce nom, mais, sur 
six auteurs qui les citent, 1l n'y a que Martin-Lavigne qui 
indique une couleur brun marron dans sa description. Il n'est 
pas certain que son bois soit un Diplotropis. Faute de ren- 
seignements précis, Je préfère donner ici la description de 
l'échantillon, n° 105, du Musée Colonial de Marseille, qui con- 
corde assez bien avec Dacama (1876 C). Je donne, n° 1879, 
la citation de Martin-Lavigne et celle des auteurs qui désignent 
« Cœur dehors » sous le nom de Diplotropis quianensis. 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 69 


Niederlein cite « Cœur dehors » comme Andira excelsa, qui 
est le Wacapou (v. 1851). Ce dernier est souvent de couleur 
brun marron mais est loin d'avoir la structure du bois de 
Martin-Lavigne. 

Caractères généraux. — (N° 103 de la Guyane, Marseille.) 

Bois dur et lourd, d'une couleur vermeil clair, vive, striée 
de blanc et ayant parfois des raies plus foncées ; surface mate : 
grain gros, mais, par places, fin en apparence. La nuance de 
la coupe transversale est un peu plus foncée que celle des 
autres sections. 

Caractères physiques. — Densité de 0,990 ; dureté, celle du 
Buis. Odeur, à sec, nulle ; saveur insipide. Il se fend assez bien, 
brûle avec peu de flamme et peu de fumée, en pétillant beau- 
coup et exhalant une faible odeur agréable. 

Structure du bois. — (A comparer avec la fig. 5, pl. V, et 
voir la Clef à n° 1876 E.) 

Section transversale. — Couches en apparence délimitées. 
Les zones où les vaisseaux sont moins nombreux indiquent 
parfois les limites. 

Vaisseaux très apparents à cause des larges bords formés 
par le parenchyme ; de grandeur moyenne, Jusqu'à Ümm. { de 
diamètre ; plus petits dans le bois dense, mais augmentant 
beaucoup avec l’âge de l'arbre. Ils sont fortement isolés, dis- 
tribués également dans chaque couche, mais variant beaucoup 
en nombre d'une couche à l’autre, de 1 par 2 mmq. Jusqu'à 
4 par mmgq.; simples pour la plupart, avec tendance à se 
disposer en lignes obliques. Leur contenu est jaune. 

Rayons visibles à la loupe, très fins, uniformes, plutôt 
réguliers, écartés les uns des autres d'une distance égale au 
diamètre d’un gros vaisseau et ne s'écartant pas au niveau de 
ces vaisseaux. [ls sont rouges et bien apparents sur le bois 
foncé. 

Parenchyme abondant et très apparent. Il se présente en 
taches fortement ailées, qui sont en losange et qui entourent 
les vaisseaux. Il unit parfois deux groupes, même davantage, 
de vaisseaux entre lesquels il se retrécit ; de couleur rouge- 
clair. 


70 H. STONE 


Section radiale. — Vaisseaux rares et peu apparents à 
cause du parenchyme qui les obscurcit. 

Section tangentielle. — Très différente de la radiale. Le 
parenchyme se présente en lignes blanches très apparentes et 
en zigzag, parmi lesquelles on peut voir la gomme renfermée 
dans les vaisseaux comme de petits points Jaunes. 

Rayons juste visibles à la loupe, se montrant en fuseaux 
blancs très petits : hauteur de 1 mm. environ, largeur de 
trois rangées de petites cellules. 


N° 1876 E. Bois rouge ; Anacoucou (Caraïbes) ; Cabuiriba 
(Pison), d'après Préfontaine. 

Préfontaine dit, p.155 : Bois très rouge, devenant plus clair 
et gris avec le temps. Ecorce grise, devenant rouge en séchant, 
aussi bien à l'extérieur qu à l'intérieur. 

Cette citation rappelle le Dacama (1876 C) et le Panacoco, 
nom vulgaire d'Ormosia (1876 A). Préfontaine en cite un autre, 
sous le nom de Balata rouge ou Sapotillier marron, à Sant- 
Domingue, et dit, p. 146, que ce bois perd sa couleur et 
devient grisâtre ; il est un de ceux qui résistent le plus long- 
temps à l'air et dure indéfiniment lorsqu'il est à couvert. 


Diplotropis quianensis Bth., n° 1879. 
Synonyme : T'achigali paniculata Rich. (non Aublet). 


Préfontaine, p. 167: Cœur dehors (v, 1876 D). Il n’a pas un pouce 
d’aubier et c’est pourquoi on l’a surnommé. « Excellent pour bâtir en 
toute terre ». C'est le meilleur de tous les bois pour moyeux, pilotis, 
rouleaux et jantes de moulin, etc. 

Dumonteil, p.152: Cœur dehors. Densité, 0,991 ; force, 283; élasti- 
cité, 108 ; flexibilité, 1,42. Le mème, p. 156 : Classe 2, celle du Chêne. 

Sagot, p. 904, ditqu'ila prouvé que Cœur dehors est bien le Diplotro- 
pis gquianensis, car il en a fait abattre un arbre ; malheureusement il ne 
le décrit pas ; et le nom commun se rapporte à plus d'une espèce. 

- De Lanessan, p. 186: Bon pour moyeux, corps de pompe, traverses 
et flasques d'affûts de canon. 

Grisard, 4894, I], p, #13: Solide et incorruptible ; n’est jamais droit. 
Densité, 1,100. 

Bassières, p. 96 : Se fend facilement; fibres flexueuses et croisées. 

Martin-Lavigne {schéma à la fin du volume) : Levarte Kabes (Surinam); 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 71 


de grande dureté; cœur brun marron ; aubier brun blanchâtre. Densité, 
0,940, 

Couches très bien délimitées en section transversale. 

Vaisseaux isolés ou groupés par 2; diamètre de 180 à 300 microns ; 
3 par mm. 

Rayons ; hauteur de 300 à 600 microns sur 15 à 30 de largeur, ou de 
une à deux rangées de cellules. 

Parenchyme en faibles amas autour des vaisseaux. 


Clef pour Ormosia et les bois du même genré. 


: 9 Couleur rouge ou blanc rougeûtre. 

1. 1. Beau rouge. En coupe transversale, le parenchyme 
occupe de 1/4 à 3/8 de la surface. Dacamea ; 
1876 C. 

1.2. Blanc rougeñtre. Le Pa occupe les deux tiers de 
la surface transversale. Ormosia ; 1876 A. 

1.3.  Vermeil clair. Le Pa unit à la fois 2 à 3 groupes 
de vaisseaux seulement. Les vaisseaux sont 
remplis d'une gomme jaune. Cœur dehors ; 


1876 D. 

2. Couleur jaune brunâtre. Le parenchyme occupe 
la moitié de la surface transversale. Kamaralkala ; 
1876 B. 

5 2 Couleur brun marron. Le parenchyme est en faibles 


amas autour des vaisseaux, d’après Martin- 
Lavigne. Diplotropis quianensis ; 1879. 
k. Couleur brun verdâtre. Aramata ; 1837 B. 


Bowdichia virgilioides H. B. & K., n° 1880 A. 


Synonymes : B. major Mart. d'après l'Index Kew. (Cité par 


Grisard comme une espèce à part) ; Sepipira major Mart. 
Noms vulgaires: Sicupira assu, Sebipira à Sao Paulo 
(Pereira). Alcorneo (Kunth). Sucupira parda (Salaanha). 
Cortex alcorneo (désignant l'écorce) : Alcornoque, Chabarro 
(Planchon). Tataboo (Bell), synonyme de notre échantillon. 
Il paraît qu'il y a beaucoup de variétés, et même différentes 
espèces de Sicupira. Pereira cite un Sucupira-mirim ou S. 


12 H. STONE 


d'agua, d'un grain fin, et Rodriguès donne les nombreux noms 
suivants : Cicopira, Cebipyra, Sucopira, Sicupyra, Sipupira 
Sucupi, Sapupira (Para), Sepipira, Sebi-pira, Sapopira, Sepi- 
pirduna, Sepipera, en ajoutant que, dans le dialecte des indi- 
gènes du Brésil, ce mot est remplacé par n'importe quel 
nom précédent, suivant l’adjectif qui l'accompagne. 

Il cite encore: Sepipira-assu, qui est le Bowdichia virgi- 
lioides, var. glabrata, avec fibres foncées et luisantes ; le S.- 
preta, qui a les fibres presque noires ; le S.-vermelha, ou B. 
virqilioides var. ferruginea ; le S.-roxa, ou B. virgil. var. 
pubescens ; le S.-aquosa, ou B. nitida Mart. (v. 1880 C) du 
Rio negro ; et enfin le S.-amarella, ou Ferreira spectabilis 
Fr. All, que nous pouvons écarter. 

Saldanha da Gama cite S.-aquosa comme nom vulgaire de 
PB. minor (qui n'est pas dans l'Index) et de B. nitida ; bois 
léger. (Peut-être est-ce celui de Rodriguès et le S.-d'agua de 
Pereira ?) 

Jeanneney ms. cite un Socopire qui serait le Peltophorum 
Vogelianum Bth. 

Les noms vulgaires associés avec B. nitida sont ‘ordinaire- 
ment confondus avec les noms cités ci-dessus. 

L'échantillon de Tataboo de Bell a été déterminé, d’après 
les feuilles et les fruits, comme étant probablement le Bowdi- 
chia virgilioides H. B. & K. 

Caractères généraux. — Bois dur et lourd, de couleur brun 
noisette ou brun doré, avec des raies claires et foncées. En 
coupe transversale, la structure est très apparente. Surface 
luisante à cause des fibres ligneuses. Il fonce légèrement à 
l’air. Les nuances des coupes sont à peu près les mêmes, mais 
celle de la coupe tangentielle est beaucoup plus brillante que 
celle la de coupe radiale. 

On le confond toujours avec le B. nitida et avec les Waca- 
pous, dont il est très difficile, sinon impossible, de le distin- 
guer. (Voir Clef, n° 1851.) 

Caractères physiques. — Densité, de 0,948 à 0,991 : dureté, 
celle du Buis. Odeur, à sec, nulle. Saveur légère du Pin. 

Caractères de l'écorce de Tataboo : 10 à 12 mm. d'épaisseur 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 73 


environ, légèrement gercée, tombant par plaques irrégulières : 
elle est très dure et ligneuse, granuleuse lorsqu elle est coupée. 

D'après Pereira, l'écorce de B. virgilioides est mouchetée 
très sillonnée, grosse et irrégulière. D'après Planchon, écorce 
épaisse de 1 cm.; surface extérieure de couleur brun foncé, 
ayant des parties verruqueuses couleur de rouille. Ces parties 
se détachent par plaques, en laissant voir un tissu sous-jacent 
brunâtre ou rougeûtre. La face interne est jaunâtre. La cassure 
est grenue dans les trois-quarts de la partie extérieure ; dans 
l’autre quart, elle est fibreuse et feuilletée et est formée comme 
de longues et étroites plaques de liber appliquées les unes 
contre les autres. D'après da Gama, l'écorce est amère, médi- 
cinale. 

Structure du bois de Tatahoo. — Comme celle des Waca- 
pous. 

L’aubier est de couleur de pain bis ou de couleur grise, très 
bien délimité du cœur; épais de 2 em. à 2 cm. 5 environ. 

Section transversale. — Couches en apparence délimitées, 
mais les vraies limites sont douteuses. 

Vaisseaux très apparents, grands et très variables, ne 
diminuant pas régulièrement ; fortement isolés et distribués 
uniformément; la plupart simples, quelquefois par paires, et 
aussi des groupes de 3 ; souvent remplis de gomme ou d'une 
matière blanche. 

Rayons visibles à la loupe comme des fils de soie blan- 
châtres, très fins, pour ainsi dire réguliers, à intervalles égaux, 

au diamètre d'un gros vaisseau et ne s'écartant pas au niveau 
de ces vaisseaux. 

Parenchy me a très apparent, fortnant de larges bords quel- 
quefois ailés, autour des vaisseaux, et unissant parfois deux 
groupes et même davantage. 

Section radiale. — Vaisseaux très apparents, tantôt gros, 
tantôt fins, mais le parenchyme les entoure tous de ses bor- 
dures blanchâtres. Rayons assez apparents, de même couleur 
que le parenchyme. 

Emplois. — (Bois de Tataboo) : Plates-formes de moulins, 
construction, bateaux ; peu abondant d'après MeTurk. 


PART, H. STONE 


Peut être obtenu jusqu’à 17 à 20 m. sur 30 à 60 cm. d’équar- 


rissage (Bell). 

L'un des bois choisis à Deptford par le Gouvernement Bri- 
tannique comme pouvant être employé pour les constructions 
navales (Hawkes). | 

Difficile à travailler : se fend facilement. 

Emplois. —(B. virgqilioides) : Bon pour brancards, navires, 
ponts et travaux en submersion, reconnu comme ayant une 
grande durée. Les arbres peuvent atteindre une circonférence 
de 5 m. 94 (Saldanha da Gama). 

Bon pour roues de moulins, axes de presse (Guihourt). 


Ech. type : 85,2741 Bell. 

Références : Pereira, p. 72 ; Rodriguès, p. 149; McTurck, p. 3; Bell, 
p. 9 ; Grisard, 1893, II, p. 517; da Gama, 1865, p. 114, et 1867, p. 8; 
Guibourt, III, p. 305 ; Stone et Fr., p. 87, fig. 85. 


Bowdichia nitida Spr., n° 1880 C. 

Je ne sais si ce bois est indigène à la Guyane, mais Je le 
cite à cause de l'espèce précédente. Je dois dire qu'il est 
très difficile de le distinguer de B. virgilioides et des Waca- 
pous. Sa surface est mate sur toutes les coupes ; et, en section 
transversale, le parenchyme qui entoure les vaisseaux n'est 


pas ailé. (Voir Clef, n° 1851.) 
TRIBU XI — SWARTZIÉES 


Panacoco, n° 1896. 

Il y aurait, paraît-il, trois bois de Panacoco au moins, 
sans parler du Petit Panacoco, qui est une liane. Dumonteil 
en cite deux : un Panacoco dont la densité est de 1,181, et le 
Panacoco à grandes feuilles, dont la densité est de 0,643; mais 
leur couleur nous est inconnue. À Marseille, nous avons deux 
échantillons de Panacoco; l’un presque noir et l’autre jaune 
rougeâtre. Dans la Guyane Anglaise se trouvent encore deux 
espèces, mai leurs bois sont tellement semlables qu'il est 
difficile de les distinguer lorsqu'ils ont été débités. Enfin il y 
a encore quelques espèces du genre Swarfzia qui ressemblent 
au Panacoco et qui doivent être prises en considération. 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 75 


Le Boco ressemble aussi exactement au Panacoco noirâtre. 
Suivant les descriptions des auteurs, nous pouvons classer 
ces bois comme suit : 

4: Bois lourds. 

1-1. Bois noirâtres oule devenant en se desséchant. Tel 
est le Swartzia tomentosa DC., échantillon de 
Bell bien déterminé, et qu'il faut accepter comme 
tel, malgré les légères différences qu'on relève 
dans la description d'Aublet au sujet du ÆRobinia 
Panacoco, synonyme de Swartzia lomentosa. 
Tels sont encore: le grand Panacoco de Préfon- 
taine, qui passe pour « l'Ébène noire » ; le Bois 
de fer de Cayenne, de Guibourt et de Varenne- 
Fenille, rouge brun, se fonçant Jusqu'à ce qu'il 
paraisse noir ; le Panacoco de Dumonteil, den- 
sité de 1,208, qui est le même que celui de la 
Commission de Brest; le Robinia Panacoco de 

j Bassières, à cœur noir et de densité de 1,181 à 
1,231; le Bania et le Siribidanni de Bell: les 
échantillons du Musée Colon. de Marseille, n° 8, 
et ceux du Musée de Lyon, série IT, n° 101 et 
112. 

1-2. Bois jaunes ou bruns qui conservent leur couleur : 
Swartzia triphylla Willd. ; synonyme : Possiria 
arborescens. Aublet; jaunâtre, employé pour les 
pointes de flèches ; le Tounatea Panacoco cité par 
Lanessan, rougeûtre, densité de 1,208 ; le Pana- 
coco jaune de Cayenne de Varenne-Fenille, de cou- 
leur brune, avec aubier jaune, de densité de 1,180 
environ : et l'échantillon n° 20 du Musée Col. de 


Marseille. 

1-3. Bois rougeûtre : Le bois de Guibourt, vol. IT, 
p. 394. 

2. Bois d'un poids moyen : Le Panacoco à grandes 
feuilles de Dumonteil, densité de 0,643, n° 1896 
E. 

3. Bois mou, légèrement compact, blanchâtre ; Suwart- 


zia alala Willd, n° 1896 C. 


16 


H. STONE 


Les deuxième et troisième classes ne présentent pas de 
difficultés. Dans la première (section 1-2), je crois que le bois 
de Lanessan et de V.-Fenille sont le Swartzia triphylla. La 
section 1-1 est tellement confuse que je me borne à décrire les 
échantillons en ajoutant la Clef suivante pour essayer de les 
différencier entre eux, et aussi du Partridge-wood des Anglais. 


1: 


1-1. 


Dans la section tangentielle, le parenchyme est 
très apparent et produit un Joli dessin jaune clair 
sur le fond. 
Fond noirâtre ou noir. Ech. n° 8, Musée C. M., 
1896 H. 

Fond brun foncé. Partridge, qui peut aussi être 
placé dans la section suivante. 

Dans la section tangentielle, le parenchyme est 
obscur. 

Dans la section transversale, les lignes du paren- 
chyme sont peu visibles à la loupe et sont de la 
même largeur que celle des rayons. 

Aubier Jaune comme le Buis. Siribidanni, 1896 
G, et peut-être le Boco de Guibourt, 4856. 
Aubier de couleur écrue, Bania, 1896 F. 

Dans la section transversale, les lignes du paren- 
chyme sont plus larges que.les rayons et sou- 
vent égales au semi-diamètre des gros vaisseaux. 
L'aubier n’est pas différencié du cœur, Sikkisikki- 


. danni, 1596 J. 


Aubier nettement délimité du cœur. 

Bois noirâtre. Moins de 14 vaisseaux par mmdq. 
Siwartzia tomentosa, 1896 A. 

Bois brun foncé. De 14 à 50 vaisseaux par mmdq. 


Partridge, 1851 F. 


Swartzia tomentosa DC., n° 1896 A. ; 

Synonyme : Robinia Panacoco Aubl.; R. tomentosa Willd. 
(Tounatea Panacoco H. Bn.?). 

Noms vulgaires : Wamara (Bell). Palo santo (term. gén. 


Portug.). Anacoco (Galibis). Bois de fer (Colons Guyane, 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 17 


d’après Aublet). Gran Panacoco (Préfontaine). Bois de fer de 
Cayenne (Varenne-Fenille). Brown Ebony, Club-wood (Dal- 
ton). Paé de Remo (Para), Ironwood (Guy. Angl.,Hawtayne). 
Pferdefleischolz (terme gén.?), Narangillo (terme gén.) 
Saint-Martin (terme gén. Guy.Fr.,Boulger). Apoetoe(Surinam, 
Berkhout). Hucuya, Anacoco wanebala (Brésil, da Gama). 
Legno ferro della Guiana, Panacoco{(ltal., Fogli). Bois de pa- 
gaie blanc (Guyane fr.), Boucara (Surinam), Baracarra des Gali- 
bis (Demerary). Wanebala, Bois de Perdrix (Grisard). Perdrix, 
Heistère rouge (Lyon). Presque tous ces noms ont une appli- 
cation générale, et surtout 1l ne faudrait pas confondre le 
Barracarra avec l'Ormosia (1876), ou l'Erythrina (1793); le 
Wanabala avec le Wana-balli (6201); le Bois de Perdrix 
avec les Andira (1851 E), ni le Palo santo avec le vrai 
Guaiacum. 

Caractères généraux. — Bois d'une dureté excessve, très 
lourd et de couleur pourpre foncé. 

D'après Aublet: Bois brun rougeâtre devenant noirûtre. 
D’après Fenille : Bois rouge brun devenant noir. D'après la 
Commission de Brest : couleur lie de vin. 

Surface un peu luisante, prenant un polissage naturel au 
fil des outils ; froide au toucher. La nuance de la coupe trans- 
versale est presque noire, et plus foncée que celle des autres 
sections. 

Caractères physiques. — Densité, de 1,160 à 1,181 (Dum.). 
Dureté, celle de l’'Ebène noir. Odeur, à sec, nulle, Saveur 
légèrement astringente. Force, 400 ; élasticité, 115 (Dumon- 
teil). 

Essais de la Commission de Brest sur le même bois de 
Dumonteil. Conservé à couvert : force, de 1,440 à 1,760 ou 
2,06 à 2,42 si le Chêne — 1; élasticité de 15 à 20. Conservé 
à découvert : force de 1,110 à 1,710, ou 1,85 si le Chêne 1 ; 
élasticité de 20 à 25. La même sur un échantillon nouveau : 
force de 1,320 à 1,550, ou 2,06 si le Chêne — 1 : élasticité de 
12 à 15; les cabrions ont donné un léger avertissement en se 
cassant d'un seul éclat. D'après Obreen, force, 1,633 ou 2,5 si 


le Chêne — 1). 


18 H. STONE 


Caractères de l'écorce. — L'écorce des arcabas est cendrée 
et lisse ; l'écorce du tronc, épaisse, brune, gercée et raboteuse, 
laisse exsuder parfois une résine rougeâtre liquide, qui devient 
noirâtre en se desséchant (Aublet). D'après l'échantillon de 
Bell, l'écorce est épaisse de 1 à 2 mm. environ, brune, lisse 
et fibreuse : la couche intérieure ressemble au liber. La sur- 
face de la bûche est lisse. 

Structure du bois. — L'aubier est de couleur écrue, brus- 
quement délimité du cœur, épais de 5 em. 5 à 10 cm. Blanc, 
d’après Aublet. Abondant, jaunâtre, d’après la Comm. de 
Brest. 

Au-dessus des arcabas, le contour du cœur est régulier ; au 
dessous, il est irrégulier et présente une section étoilée qui 
pénètre dans l’aubier. | 

Section transversale. — Cette section est à comparer avec 
celle du Boco (1856 A). 

Couches mal délimitées ; les zones des vaisseaux pourraient, 
à la rigueur, indiquer les limites ; le contour est régulier ou 
lobé. 

Vaisseaux visibles à cause de la couleur claïré de leur 
parenchyme ; grands, jusqu'à 0 mm. 25 de diamètre ; peu 
variables, diminuant lésèrement vers l'extérieur de la couche. 
Ils sont peu nombreux; distribués régulièrement ; fortement 
isolés ; simples pour la plupart, quelques groupes de 2, 4, et 
même jusqu à 7. | 

Rayons visibles à la loupe, très fins, uniformes, réguliers, 
à intervalles un peu moins larges que le diamètre d’un gros 
vaisseau et s'écartant légèrement au niveau de ces vaisseaux. 

Parenchyme a unissant les vaisseaux sans les entourer 
complètement. Il forme des lignes nombreuses, continues, 
concentriques, qui sont environ deux fois moins larges que le 
diamètre d’un gros vaisseau. 

Section radiale. — Vaisseaux très étroits, mais visibles à 
cause de leur contenu luisant, Rayons minuscules, à peine 
visibles. Parenchyme visible à la loupe. 

Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les rayons 
élant en étages, produisent un effet changeant et appa- 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 19 


raissent comme des lignes qui, coupées à angle droit par les 


lignes du parenchyme, font ressortir une série de petits car- 


rés. Guibourt, ayant observé cette particularité, dit que la 
surface présente une véritable marqueterie de petits carrés 
diversement colorés et des lignes blanches très apparentes. 
Je suis bien de son avis, sauf sur la coloration, et je me 
demande si son échantillon n'était pas attaqué par un cham- 
pignon, source féconde de toutes sortes de couleurs et de des- 
sins bizarres. 

Emplois. — D'après Aublet : Bon pour construction, 
réputé incorruptible. Il affirme avoir vu des pièces enfoncées 
en grande partie dans la terre et restées saines après plus de 
60 ans. D’après Miers : Avirons excellents : réputé incor- 
ruptible. Un des plus grands arbres de la Guyane, d'après 
Buffon. 

La Comm. de Brest le classe comme suit: Classe 1 (plus 
lourd que le Chêne). Classe #4, celle des meubles ; et a la moi- 
tié de la valeur du Gaiac pour rouets de poulies. 


Ech. types : 92,2748, Bell. ; 0,297, Imp. Inst. 

Références: Miers, ms.; Grisard, 1894, I, p. 311; Buffon (Suites), 
p. 122; Aublet, p. 768; Guibourt, IT, p. 331; Préfontaine, p. 198; 
Varenne-Fenille, p.145 ; S. da Gama, 1826; Bassières, p. 10%; Dumonteil, 
1823, [1, partie 2, Comm. de Brest, 1826, Il, partie 2; de Lanessan, 
p. 134; Sagot, Catal., XIII, p. 313; Stone et Fr., fig. 92, p.94. Obreen 
cité par Berkhout, p. 35. 


Swartzia triphylla Willd. {non DC.), n° 1896 B. 


Synonymes : Possira (Possiria) arborescens Aubl. 


Aublet, p. 934: Bois dard, Bois à flèches, Ecorce lisse, mince, gri- 
sâtre ; bois jaunâtre, dur, compact, employé par les indigènes pour les 
pointes des flèches. 

Préfontaine, p.198; Panacoco (jaune) ; Gran Panacoco. (Est-ce bien 
cette espèce ?) 

De Lanessan, p. 134: Tounatea panacoco H, B. et K. (non dans l'In- 
dex). Synonyme : Robinia Panacoco (v. 1896, A). Bois de Panacoco, Bois 
de Perdrix, Aubier blanc : bois rougeâtre, dur. Sur la section longi- 
tudinale, on remarque un dessin imitant l'aile de perdrix. (Est-ce 
bien cette espèce ?) 


80 H. STONE 


La description suivante est celle d'un échantillon qui est 
probablement le Swartzia triphylla, et que possède le Musée 
Colonial de Marseille (Guyane, n° 20). 

Caractères généraux. — Bois dur et lourd, brun clair ou 
Jaunâtre, fonçant légèrement à l'air. La surface est un peu 
luisante, et froide au toucher comme du marbre. 

Caractères physiques. — Densité, 1,14. Dureté égale à celle 
d Ebène. Sans odeur ni saveur. 

Structure du bois. — La même que celle de l'espèce précé- 
dente, à part les différences suivantes : 

Parenchyme. Les lignes concentriques sont souvent inter- 
rompues. 

Section radiale. — De couleur très uniforme. Le caractère 
le plus frappant consiste en ce que les rayons sont tellement 
serrés en lignes parallèles, verticalement et horizontalement, 
qu'ils couvrent la surface du bois en voilant presque toutes 
les fibres ligneuses. 


Swartzia alata W., n° 1896 C. 


Synonyme: T'ournatea quianensis Aubl. 


Aublet, p. 550 ; Tounou (Galibis). Ecorce cendrée ; bois blanchâtre, 
peu compact. 
Sagot, Catal., XIII, p. 313. Pas commun. 


Swartzia polyphylla DC., n° 1896 D. 


Sagot, loc. cit. : Bois pagaie (terme gén.). Voir 1896, I. 


Panacoco à grandes feuilles, n° 1896 E. 


Dumonteil. p. 154: densité, 0,643 ; force, 154; élasticité, 139 ; flexibi- 
lité, 2,41, p. 163. Classe 5 (qualité inférieure) (v. 1876 A). 


D'après Sagot, loc. cit., le Swartzia alata a des feuilles plus 
grandes que le S. triphylla. Celles de S. polyphylla sont 
beaucoup plus petites, mais la seule espèce qu'il décrit 
comme ayant des grandes feuilles est le S. Benthamiana 


Miq. 


e 
Yi 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE s1 
Bania (Bell), n° 1896 F. 
Caractères généraux. — Bois dur et lourd, de couleur 


pourpre foncé, très difficile à distinguer du Swartzia tomen- 
tosa (1896 A) ; cependant, en section transversale, les lignes 
du parenchyme sont interrompues, la largeur n’est pas beau- 
coup plus grande que celle des rayons et l’écorce est diffé- 
rente. Les dimensions de l'arbre et des feuilles diffèrent 
aussi. 

Caractères physiques. — Densité, de 1,230 à 1,350 ; dureté, 
celle à peu près du Bois de lettres. 

Caractères de l'écorce. — De couleur brune ; épaisse de 2 
à 3 mm. environ; molle, avec des gerçures peu profondes et 
hégeuses. Elle se compose de deux couches : la couche externe 
est formée de plaques molles et plates, s'émiettant facilement; 
la couche interne est dure, ligneuse et comprend-la moitié de 
l'épaisseur totale. 

Structure du bois. — L'aubier est de couleur écrue, épais 
de 2 cm. 5 à 4 em. 

Emplois. — Utile pour faire des cannes, des règles et de 
petits meubles de luxe ; il n'est pas abondant; peut être 
obtenu jusqu à 10 m. de longueur, mais il a peu d'épaisseur à 
cause de son tronc cannelé (Bell). 

Il est bon pour la tabletterie et la marqueterie, malgré 
son polissage médiocre, mais très difficile à débiter à la scie. 


Ech, type : 6,2662 Bell. 
Références : Bell, p. 3 ; Stone et Fr., p. 6. 


Siribidanni (Bell), n° 1896 G (non le Sebadanni pt II, 
ni le Sibbidanni (4494 D). 

Bois semblable, sous tous les rapports, à l'espèce précé- 
dente et à Srwarlzia lomentosa, sauf l'aubier, qui est Jaune 
comme du Buis, d'une épaisseur de 5 em. 5 à 10 em. Ces 
indices me portent à croire que c'est le Boco (1856). Le paren- 
chyme est visible par reflet en fines stries brunes, sur la 
coupe radiale. 

Ecorce inconnue. 


Annales du Musée colonial de Marseille, — 3° série, 5* vol, 1917, ü 


A 
H SIPSER *® 


82 fl. STONE 


Emplois. — Bon pour meubles ; n’est pas abondant, et on 
ne l’obtient que par petites dimensions (Bell). 

D’après McTurk, 1l est abondant dans quelques localités; 
hauteur moyenne de 16 m.; peut s’obtenir de 1 m. 25 à 2 m. 
d’équarrissage sans aubier. 

D'une qualité inférieure ; se travaille comme l'espèce pré- 
cédente. 


Ech, type: 82,2738. 
Références ; Bell, p.9 ; Hawtayne, p. 386; McTurk, p.5 ; Stone et Fr., 
p.814. 


Swartzia sp., n° 1896 H. 

Le Musée Colonial de Marseille possède un échantillon, n° 8 
de la Guyane, étiqueté Féréol. C’est bien un Swartzia, mal- 
gré quelques différences avec les autres espèces, mais qui 
peuvent provenir, Je crois, des conditions de croissance. En 
coupe tangentielle, le parenchyme, se présentant en lignes et 
lacets bruns sur un fond noir d’ébène, produit un effet d’une 
richesse et d'une beauté peu communes. 


Les Bois Pagaies, n° 1896 I. 


Sagot, p. 905; de divers Swartzia; bois blanc légèrement veiné. 

La couleur blanche paraît indiquer que la citation de Sagot porte- 
rait plutôt sur l’aubier {arcabas) d’une des espèces précédentes. 

Préfontaine, p. 197: Bois pagaye; Yakelele (Caraïbes). 

Dumonteil, p. 154: Bois pagaye; densité, 0,800; force, 239; élasticité» 
248 ; flexibilité, 2,01, p. 160. Classe 3. 


L'auteur cite ce bois à part des Panacoco. Voir aussi Cou- 
rimari, partie IT. 


Sikkisikki-Danni (Bell), n° 1896 J. 

Noms vulgaires : Siki-siki-danna (Hawtayne). Ironwood 
(Laslett). | 

Ce bois n’est pas un Panacoco, mais sa structure-est sem- 
blable. 

Caractères généraux. — Bois très lourd, dur, d’une couleur 


brun terne ou grise, et dont les pores laissent voir beaucoup 


Le, UD a 2 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 83 


de matière blanche. La surface est à peine luisante et fonce 
légèrement à l'air. 

Caractères physiques. — Densité, 1,150; dureté, celle de 
l'Ebène noire. Sans saveur n1 odeur. 

Ecorce inconnue. La surface de la bûche est cannelée ou 
ridée. 

Structure du bois. — L'aubier n’est pas distinct du cœur. 

Section transversale. — Couches en apparence délimitées; 
les zones ayant peu de vaisseaux pourraient être leurs limites. 
Le contour est presque régulier. 

Vaisseaux très apparents à cause de leur couleur blanche, 
grands, peu variables, ovales. Ils sont distribués irrégulière- 
ment par zones ; tous simples et remplis de matière blanche. 

Rayons juste visibles à la loupe, très fins, uniformes, plu- 
tôt irréguliers, à intervalles inférieurs au diamètre d’un gros 
vaisseau, très serrés, nombreux, et s'écartant à peine au 
niveau de ces vaisseaux ; de couleur d'or. 

Parenchyme à entourant les vaisseaux et s'étendant en 
fines lignes nombreuses, concentriques, irrégulières, ondulées 
et d'une couleur semblable à celle des rayons, mais d'une lar- 
geur plus grande. 


Section radiale, — Vaisseaux en fins sillons, couleur de lait. 
Rayons presque imperceptibles. 
Emplois. — De petits arbres, bons pour pilotis, construc- 


tion (Bell). 
Très dur à travailler, se fend facilement. 


, 


Ech. type : 79,2735 Bell. 
Référence : Stone et Fr., p. 80. 


SOUS-FAMILLE. — CÆSALPINIÉES 
TRIBU XIII. — EUCÆSALPINIÉES 
Cæsalpinia echinata Lam., n° 1910 A. 


La présence de cet échantillon dans les collections de la 
Guyane du Musée Colonial de Marseille étant la seule preuve 


84 H. STONE 


que ce bois puisse avoir cette provenance, Je m'abstiens de 
m'en occuper longuement ici et Je me borne à indiquer que 
les moyens de le distinguer du Campêche sont cités au n° 1912. 
Les structures de ces deux bois se ressemblent beaucoup. On 
trouvera les renseignements les plus complets dans les 
ouvrages de Girardin, p. 540 ; Schutzenberger, II, p. 297 ; 
Planchon et Collin, Il, p. 486. 


Caesalpinia (Guilandina) coccinea Aubl., n° 1910 B. 
N'est pas dans l’Zndex Kew. 


Aublet, p. 317: Ecorce gercée, roussàtre. Bois blanc, amer, peu com- 


pact. 


Haematoxylon campechianum Lin., n° 1912. 

Synonyme: 1. Brasiletto Karst, d’après Urban (Flore des 
Antilles). 

Noms vulgaires : Campêche, Laurier de Campêche, Laurier 
aromatique Bois d'Inde (Roubo). Cœur rouge (Dubard). Lignum 
Campechianum (Aublet). Campêche-Carmen (Pennetier). Bois 
de la Jamaïque, Bois de Nicaragua, Bois de sang, Bois san- 
glant ; Triam pangam (Malabar), Pao de Sapan ! (Descourtilz). 
Bois noir, Bois bleu, Ligno tauro (Nemnich). Blockwood 
(Napier). Le Lignum hæmatoxyle des droguistes, Campetch 
(Icones lignorum). Campeggio (Petrocchi). Blauholz, Cam- 
peschenholz, Allerheiligenholz, Blankholz, Blutholz (Tol- 
hausen). Campeachy wood, Mahogany (t. gén. da Gama). 
Campèche rouge (Mackie). Bois de flambeau (Gde Encyclopé- 
die). Lignum insulæ, Bonaire, Nicaragua wood (Urban). Zapote 
(t. gén. à Costa-Rica, d’après Pittier). Bois noir, nom ancien ; 
Bois de Campèche (Girardin). Logwood (Simmonds). Palo 
azul (Roussellet). Assourou (Caraïbe) ; Pao sanguinho (Port.) ; 
Palo de sangre (Esp. Régis). Lignum tinctile Campechense 
(Fluckiger). Le Lignum nephriticum d’Hernandez d’après 
Baillon, non celui cité par Guibourt ou Planchon. 

Les différents noms attribués aux qualités et aux coupes 
diverses sont cités plus loin. (Voir Emplois.) 

Provenance: Amérique tropicale et centrale; Antilles ; et 
cultivé dans la Guyane Française, d'après Sagot. 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 85 


Caractères généraux. — Bois dur, pesant, de couleur rouge 
acajou, fonçant beaucoup à l'air jusqu'au brun foncé et même 
noirâtre. 

D'après Grisard, de couleur d'un beau rouge brunâtre pâle, 
parfois tacheté de noir très régulièrement : il se distingue du 
Bois du Brésil par sa couleur extérieure tirant fortement sur 
le noir. Rouge glacé de jaune, d'après Roubo. Brun rougeûtre, 
ressemblant beaucoup au Partridge wood, d'après Miers. Cra- 
moisi, rayé de noir, d'après Beauverie. Rouge à l'extérieur, 
jaunètre à l’intérieur, d'après Bassières. Jaunâtre, d'après Des- 
courtilz. Rouge brun à l'extérieur, moins foncé à l'intérieur, 
d'après Schutzenberger. 

La surface est mate ou légèrement luisante; grain forte- 
ment à rebours. 

Ce bois ne peut être confondu avec aucune autre espèce, 
sauf le Bois de Brésil (Cæsaipinia 1910) et le bois de Santal 
rouge, mais qu'on peut distinguer ainsi. 


Clef pour faciliter la distinction de ces frois espèces : 


1. La solution avecl'eau potable est incolore, quoique 
fluorescente. Pferocarpus santalinus, où Santal 
rouge. 

2. La solution avec l’eau potable est colorée. 

2, 1. La solution aqueuse donne avec l’alun un précipité 
pourpre (Girardin) et avec la chaux un ppt. 
bleu (Charpentier). Campêche, n° 1912. 

2, 2, La solution aqueuse ne donne pas de précipité 
avec l’alun (Schutz.), mais un ppt. rouge avec 
la chaux (Charpentier). Cæsalpinia, Bois de Bre- 


sul, n° 1910. 


Caractères physiques. — Densité, de 0,807 à 1,073. Dureté, 
celle du Palissandre ou du Bois de lance. Odeur à sec presque 
nulle. 

D'après Roubo, lorsqu'on le travaille, l'odeur est agréable 
mais un peu forte ; d'après Henkel, odeur de violette, surtout 
lorsqu'on le râpe ; d'après G. Planchon, odeur très agréable, 


S6 H. STONE 


rappelant à la fois légèrement l'anis et la violette; d’après 
Guibourt, odeur d'iris très accentuée. 

Saveur douce et âpre à la fois (Planchon) ; légèrement 
amère et parfumée (de Lanessan) ; sucrée, astringente, amère 
(Descourtilz) ; sucrée et parfumée (Guibourt). 

À mon avis, la saveur est caractéristique, mais n1 sucrée n1 
amère. Toutes les solutions ont une odeur d'iris (Guibourt). 
Cette odeur est plus manifeste dans la décoction que dans le 
bois sec (Fluckiger) ; lorsque le bois est mâché, il donne à la 
salive une couleur rouge foncée (Schwartzkopf). Les opinions 
sont partagées au sujet de la couleur de la solution aqueuse. 
L'eau potable, contenant toujours une trace de chaux, donne 
une solution couleur vin de Porto ou rouge pourpre. D’après 
Wiesner, couleur violette, puis rouge carmin; rouge d'après 
Descourtilz ; rouge de sang foncé, l’eau pure, à l'abri de l'air, 
ne se colorant pas (Girardin); le bois ne colore pas l'eau 
(Pennetier). 

Chaude, la solution aqueuse distillée est jaune rougeâtre 
(Gir.). La matière colorante est peu soluble, même à l'eau 
chaude, qui ne prend que 3°/,. Les râpures entaésées sont 
arrosées avec de l’eau de chaux ; et, après fermentation, la 
matière colorante est plus soluble (Fol.). 

La solution aqueuse donne les réactions suivantes : avec la 
potasse, couleur plus foncée ; avec les alcalis : bleue 
(Schwartz.) ; rouge puis violacée (Schutzenberger) ; rouge 
pourpre, puis violette, tout au moins bleue (Gif.) ; brune et 
rouge (Roussell). 

Avec l’alun : teinte violette (Henkel). 

Eau de chaux : précipité bleu : solution jaune puis rouge 
(Schutz.) ; précipité pourpre, solution jaune, puis couleur de 
vin ou violette (Gir.). 

Sous-acétate de plomb : ppt. violet très foncé, fluorescent 
(Gir.). 

Oxydes métalliques : ppt. bleu (Gir. et Schutz.). 

Sels basiques : comme les alcalis. Sels neutres de magnésie, 
chaux et baryte : couleur pourpre ou violette (Gir.). 

Acides: rouge clair (Schw.) ; jaune rouge (Gir. et Schu.). 


© BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 87 


Acides concentrés : rouge. Non concentrés : jaune, mais fina- 
lement décoloration de la solution (Schutz.):; jaune, puis déco- 
loration (Gir.). Acides sulfhydrique, sulfureux et carbonique ; 
réaction jaune (Schutz.). Sels acides : comme les acides (Gir.). 

Hydrate ou protoxyde d’étain : laque violacée ; hydrate stan- 
nique : ppt. rouge (Schutz.). Chlorure d’étain : ppt. violet et 
bleu (Gir.). Perchlorure d’étain : ppt. violet (Schut.). 

Sels de fer : ppt. noir bleuâtre (Gir. et Schutz.). Sels de 
cuivre : ppt. bleu (Schutz.) ; ppt. bleu ou lie de vin foncé 
(Gir.). Sels d'or: ppt. orange (Gir.). Sels de zinc: ppt. 


pourpre foncé (Schutz.) ; pourpre rouge foncé (Gir.). Azotate 


de bismuth : Sol. d’un beau violet (Gir. et Schutz.). Aluminate 


de soude: ppt. abondant violacé ; en excès, insoluble (Gir. 
et Schutz.). Chlorure d’antimoine : ppt. cramoisi (Gir. et 
Schutz.). Sublimé corrosif : ppt. orange (Girardin et Schutz.). 

Gélatine : ppt. rouge (Gir.). 

Avec les acides et les alcalis, le Campêche se comporte de 
la même manière que l’infusion du Bois de Brésil, mais avec 
les substances métalliques les effets sont différents (Dingler). 

Solution avec l'alcool et l’éther : Beau jaune orange ou jaune 
verdâtre (Schutz.) ; rouge (Desc.) ; rouge jaune (Planchon). 

Les ouvrages de Girardin et de Schutzenberger méritent 
d'être consultés sous le rapport de l'application du Campèche 
pour lateinture, car ils sont les plus détaillés. Le dernier de ces 
auteurs a adopté la plupart des renseignements de Girardin : 
il signale cependant des réactions qui ne concordent pas et 
j'ai jugé utile de les citer ensemble pour permettre les com- 
paraisons. 

Le Bois de Campêche brûle bien, sans arome spécial, en 
produisant beaucoup de cendres blanches. Il est très fort et 
résistant ; on a de la peine à écraser entre les dents un petit 
éclat de 2 mmq. D'après Grisard : Bois élastique, cassure 
fibreuse très longue, produisant de gros éclats. 

Caractères de l'écorce. — Écorce très mince, unie, douce, 
de couleur gris argenté ou jaune (Pomet). Brun foncé : elle 
tombe en petites plaques (Gamble) : ridée, brun noirûtre 
(Schutz.) ; très mince et très unie (Diderot) ; noire (Fluckiger). 


88 H. STONE 


Structure du bois. — Elle est très différente du Bois de Bré- 
sil à la loupe, mais non au microscope. 

L'aubier est blanc ou de couleur écrue, étroit, bien délimité 
du cœur. Ce dernier est excessivement irrégulier, ayant sou- 
vent la forme étoilée. Le contour des bûches est d’une irrégu- 
larité fantastique ; elles sont formées d'une petite partie cen- 
trale, avec des côtes d’une profondeur variant de plusieurs 
centimètres et d’une largeur de 3 à 4 em. Cette forme me 
paraît si anormale que, malgré sa fréquence, je l’attribue à la 
larve d'un insecte, car j'ai toujours trouvé une altération au 
fond de chaque canal. Dans ce cas, ces côtes n'auraient done 
rien d'analogue avec les arcabas du Panacoco et des Andira. 

Moelle cylindrique, de 2 mm. de diamètre, aussi dure que 
le bois. 

Section transversale. — La nuance est beaucoup plus foncée 
que celle des autres sections. 

Couches très bien délimitées par une variation de densité 
et une zone ayant peu de vaisseaux. 

Vaisseaux très apparents à cause de leur groupement en 
lignes concentriques ondulées, plus petits sur le bord extrême 
de la couche, ailleurs peu variables. Ils sont fortement isolés, 
mais unis par le parenchyme; simples pour la plupart ; 
quelques paires et rarement des groupes ; peu nombreux, de 
T à 26 par mmdq. Ils ont une tendance à se disposer en un 
cercle concentrique sur le bord intérieur de la couche ; plu- 
sieurs sont remplis d’une matière blanche. 

Rayons visibles à la loupe, très fins, uniformes, de 5 à 9 
par mm., et écartés les uns des autres d'une distance égale 
environ au diamètre d'un gros vaisseau. Ils sont plus clairs 
que les fibres ligneuses, mais moins que le parenchyme. 

Parenchyme a entourant et unissant les vaisseaux en festons 
ou lignes ondulées qui s'anastomosent et se ramifient, mais 
tout en se séparant en fragments irréguliers. D’après Muller, 
le parenchyme contient de gros cristaux. 

Section radiale. — Vaisseaux très apparents, en sillons fon- 
cés et luisants lorsqu'ils sont vides, mais souvent remplis de 
matières blanches ou noirâtres. Rayons bien visibles, en fines 
lignes parallèles luisantes, produisant un effet agréable, 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 89 


Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les rayons 
sont tout petits et ne sont visibles qu'à l’aide d'une forte 
loupe ; de 1 mm. 5 à 2 mm. de hauteur. 

Emplois. — Bois de teinture employé aussi pour la tablet- 
terie. Pour les teintes diverses on peut consulter Girardin et 
Schutzenberger, qui indiquent notamment : le bleu, le violet 
et le noir. Avec le fer : noir et gris. Avec l’alumine: violet 
grisâtre. Avec fer et alumine réunis: noir supérieur. Avec 
l'acide chromique : une belle laque. Avec le fer et la gomme, 
une belle encre noire. 

Au point de vue médicinal, le bois est stomachique et astrin- 
gent, 1l donne un principe antiputride (Sagot). Il produit une 
gomme-résine qui brûle comme le camphre (Duss). 

Il donne une encre rouge, et on l’emploie pour archets de 
violon. Incorruptible dans la terre ; bon pour traverses, poutres 
(Antilles) ; se fend rarement (Duchesne). 

« Quant à l'hæmatoxyline, qui a des propriétés excellentes 
et dont on se passerait difficilement, son prix de revient dans 
le bois de Campèche est si bas, dit Noelting, que nous n'au- 
rons Jamais aucune chance de préparer un produit synthé- 
tique à un prix pareil. Le Campèche gardera son emploi sur- 
tout dans la teinture de soie en noir. » Je pense que la Guyane 
devrait encourager la culture de cette essence si précieuse, 
d'autant plus qu'elle croit rapidement. 

Pennetier cite 13 qualités ou coupes de ce bois, parmi les- 
quelles je relève celles du Hâvre, de Bordeaux, de Marseille, 
de Campêche, de Sisal, de Haïti, de Saint-Domingue, de la 
Martinique, de la Guadeloupe et la coupe anglaise ou de la 
Jamaïque. 

Schützenberger en cite aussi 13 sortes : Campeachy, # qua- 
lités ; Honduras Blauholz, 2 qualités; Jamaica, 3 qualités ; 
Domingo, #. 

Simmonds cite Jamaica, Saint-Domingo, Campeachy direct, 
C. indirect et Tabasco, puis Nicaragua wood, avec les deux 
variétés Rio de la Hacha et Lima. 

Preuss cite pour Honduras Blauholz # sortes qui sont : 
Tinta Maria, Tinta negra, Tinta catzim et Tinta amarella 


catzim. Il dit que la première se distingue facilement par ses 


90 H. STONE 


feuilles, ce qui semblerait indiquer qu'il y a une autre espèce 
d'Hæmatoxylon (en plus de 1. Brasiletto Karst qui ne se dis- 
tingue pas par ses feuilles d'A. Campechvianum). 

Roussel cite cinq coupes, qui sont la coupe anglaise et 
celles de Saint-Domingue, de la Martinique, de Campêche- 
Guadeloupe et d'Espagne. 

Girardin cite six coupes : la coupe anglaise et celles d’Es- 
pagne, de la Jamaïque, de Saint-Domingue d'Haïti, d'Hon- 
duras, de la Martinique et de la Guadeloupe. 

La coupe anglaise est bien taillée (transversalement à la 
scie) ; pas d’ bn d'après Roussel. 

Les sortes de Honduras Blauholz et celle de la Jamaïque 
appartiennent à la coupe anglaise ; grandes dimensions. 

La coupe d'Espagne a un bout carré et l’autre oblique ;: 
grandes dimensions, sans aubier et peu de cavités. Les 
planches du Yucatan, de 20 à 60 kilos, sont de cette coupe. 

La Saint-Domingue et de Haïti, la Martinique et la Cam- 
pêche-Guadeloupe sont en morceaux plus petits, plus gros- 
siers et de qualité inférieure. 


Ech. types: Musée Colon. de Marseille, n° 66, Guyane ; Musée de 
Lyon, série II, n° 74, Antilles. 

Icones: Planchon et Collin, Il, fig. 1046, section transversale, fig. 
1047. Moeller, pl. VI, fig. 73. Icones lignorum, pl. V, fig. 1, en couleur. 

Références : Girardin, p. 532; Gamble, 2° édition, p. 270 ; Schutzen- 
berger, p. 319 ; Fol., p. 305; Guibourt, IT, pp. 317, 331 et 341; Plan- 
chon G., Il, p. 85; Grisard, 1894, I, p. 80 ; Roubo, p. 769; Miers, ms. ; 
Beauverie, p. 371; Bassières,p. 116 ; Descourtilz, p. 174; de Lanessan, 
p. 154 ; Pennetier, pp. 498 et 501; Moeller, p. 410; Dingler, XVII, 
p. 324 ; Diderot, Encycl., Il, p. 308 ; Henkel, partie IV, p. 312 ; Rous- 
sell, pp. 272 et 275 ; Duss, p. 227; Duchesne, p. 280; Noelting,p. 
589 ; Sagot, XXVII, p. 220 ; Id., Catal., XIII, p. 309; Simmonds, 
p. #45 ; Preuss, p. 39; Wiesner, p. 930 ; Leman, p. 19; Scwartzkopi, 
p. 81 ; Fluckiger et Hanbury, p. 384; Pomet, p. 121; Hollaud, Bull., 
Misc.,Inform., Kew.,1916, p. 209; Charpentier, p. 383 ; Baillon, vol. VI, 
p. 243. 


TRIBU XIV. — CASSIÉES 


Martia parvifolia Bth., n° 1925. 
Synonyme: Martiusia parvifolia Bth. 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 91 


Ce bois m'est inconnu. Martin-Lavigne a adopté la descrip- 
tion de Guibourt pour le Bois d'Amarante rouge; cependant 
ce dernier auteur avoue quil n’a aucune donnée sur l’origine 
de ce bois. D'autres espèces pourraient très bien concorder 
avec sa description. Il dit encore que son bois a une odeur et 
une saveur aromatique de Palissandre, tandis que Martin- 
Lavigne dans son schéma dit que son bois est inodore, ce qui 
laisserait supposer que, si le bois de Martin-Lavigne est le 
Martia parvifolia Bth., il ne peut être le bois d'Amarante de 
Guibourt. 

Les détails suivants proviennent de Martin-Lavigne : 

Nom vulgaire : Purpuurhart (Surinam). Bois d'Amarante 
rouge. 

Caractères généraux. — Bois dur et compact, de couleur 
rouge cochenille foncé, devenant plus claire et jaunâtre en 
pleine lumière ; grain plutôt fin, homogène: lourd. 

Caractères physiques. — Densité, 1,053 ; dureté très grande ; 
sans odeur. La solution aqueuse est de couleur jaune citron, 
légèrement trouble mais s'éclaircissant par addition d'alcool. 
Solution alc. jaune bichromate et limpide. 

Il brûle avec peu de flamme en pétillant. 

Caractères de l'écorce. — Écorce compacte très dure, unie, 
formée de deux couches distinctes ; celle de l'extérieur est 
grise et celle de l’intérieur brun très foncé. 

Structure du bois. — L'aubier est très mince, grisätre, dur 
et compact. (D'après Guibourt, de 11 à 14 mm. d'épaisseur.) 

Section transversale. — Les limites des couches sont les 
bandes les plus foncées et à peu près dépourvues de vaisseaux. 

Vaisseaux isolés, visibles comme de petits points blancs : 
de 120 à 150 microns de diamètre; peu abondants, de 2 à 3 
par mmq. 

Rayons séparés par intervalles très variables ; de # à 5 par 
mm. 

Parenchyme très abondant, visible en lignes concentriques 


ondulées, blanchâtres ; largeur de 100 à 160 microns. 


? 
Section radiale, — Cette section est légèrement plus claire 


que la section transversale. Elle est parcourue longitudinale- 


92 H. STONÉ 


ment par des lignes blanches assez régulièrement espacées, 
entrecoupées elles-mêmes par les lignes transversales des 
rayons sur un front rouge de feu, comme un dessin écossais 
rouge brun. | 

Section tangentielle. — Comme la radiale, les rayons sont 
d'une hauteur de 220 à 300 microns, sur une largeur de 20 
dans les fibres ligneuses et de 28 dans le pee Ils sont 
généralement bisbiés, 


Références : Guibourt, vol. II, p. 346 ; Martin-Lavigne, p. 96, fig. 34 
et 35; Sagot, p. 905. 


Angélique, n° 1927. 

L’'Angélique se rapporte au Dicorynia paraensis Bth. — 
Synonyme : D. uapensis Spr.; D. floribunda Spr.; D. spru- 
ceana Bth. 

J'ai trouvé plusieurs bois d’Angélique et je ne sais auquel 
attribuer le nom systématique ; mais, d’après la description de 
la Commission de Brest, je crois que la variété A décrite 
ci-dessous est le véritable Angélique du commerce et proba- 
blement celui de Dumonteil, de Sagot, de Lapparent, de 
Janssonius ; et celui de Martin-Lavigne se rapporte au 
Chêne-vert, n° 1927 C. Le bois de Préfontaine serait plutôt 
un Angelin (Andira) 1851 B, et celui de Grisard un Piptade- 
nia. Le nom Angélique est associé avec Dicorynia quianensis 
et avec Vectandra Wildenowiana Nees. 


Préfontaine, p. 140 : Angélique. Grain grisätre, filandreux, ressem- 
blant au Oouacapou. 

Dumonteil, p.154: Angélique, densité : 0,746 ; force : 215 ; élasticité : 
207 ; p. 160. Classe 3, celle des Pins. 

Commission de Brest ; p. 165: Angélique. Densité, 0,732 à 0,752 ; 
force, 900 à 960, ou 1,36 si le Chène — 1; élasticité, 20 à 25 ; rupture 
annoncée par de nombreux éclats; fibres bien déchirées. La même, 
p. 171: À peu près du mème poids et presque aussi élastique, mais un 
tiers plus fort que le Chêne, avec lequel il a quelques rapports pour le 
grain et la couleur ; ne convient pas pour le tour et l’ébénisterie. 

De Lapparent, p. 579: LnsEnque perdait 5 °/, par la pourriture, tan- 
dis que le Chêne, dans les mêmes conditions, perdait 30 1/2 °/.. Le 
même, p. 580 ; L'Angélique paraît principalement appelé à ni ate les 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 93 


plus grands services aux constructions navales, parce que, indépendam- 
ment de ses qualités d’élasticité, de force et de durée, sa densité ne 
dépasse pas celle du Chène ordinaire. 

Sagot, p. 956: Barklat(en Surinam). Bois rougeätrede dureté moyenne. 
Le même, p. 226: abondant, de grandes dimensions. Le même, 
p. 267: rouge pale, poids moyen, se conserve bien dans l'eau de mer, 
mais fait rouiller les clous. En le travaillant, il faut souvent limer les 
scies. 

Brousseau, p. 129 : Kabakally (en Demerary, 1309 A). 

Grisard, 1894, I, p. 459: Angico (Brésil); rougeñtre pâle veiné de 
jaune et de rouge. 

Bassières, p. 98: rouge pâle ; bois de trois variétés: noir, rouge et 
blanc. 

Michel ms. : Angélique franc. 


Martin-Lavigne : Basra Lokus (Surinam) 2° schéma de la fin 
du volume. L'auteur donne des détails qui ne s'accordent 
avec aucun de nos échantillons. On peut les résumer ainsi : 

Aubier blanc rougeâtre. Cœur rougeûtre clair d'aspect 
homogène ; grain fin, dureté moyenne, porosité faible ; den- 
sité : 0,812. Odeur nulle. 

Caractères de l'écorce. — Epaisseur de 2 mm., adhérence 
faible, d'une nature dure friable, couleur extérieure rougeûtre, 
et, en section, rougeûtre clair. 

Couches non indiquées : 

Structure du bois. — Vaisseaux isolés, 2 par mmgq., de 
forme arrondie régulière. Rayons de 7 à 8 par mm. ; hauteur : 
100 à 1.000 microns. Parenchyme en bandes concentriques 
régulières. 

Janssonius (1914, p. 35, fig. 11 et 12) donne une descrip- 
tion encore plus détaillée, qui ne s'accorde pas avec celle de 
Martin-Lavigne, mais qui correspondrait assez bien avec nos 
échantillons de la variété A. Son échantillon a été déterminé 
d'après des fleurs et des fruits conservés dans l'alcool. 

Résumé de sa description : Aubier d'une largeur atteignant 
parfois 45 cm. de couleur blanc brunâtre. Cœur brun parsemé 
de petites taches d’un brun rougeâtre. Couches non délimi- 
tées ; mais, à l'œil nu, la présence des lignes tangentielles, 
d'un brun foncé, plus ou moins distinctes et plus ou moins 
régulières, paraissent indiquer les limites. Vaisseaux réguliè- 


04 fi. STONE 


rement distribués, de 2 à 4% par mmdq., simples ou pairs. 
Rayons, d’après la fig. 11 : fins, nombreux, à intervalles 
moindres que le diamètre des vaisseaux, et s’écartant à leurs 
niveaux, de 7 à 9 environ par mm. 

Angélique, var. À. 

Caractères généraux. — Bois d'un poids moyen et d'une 
dureté moyenne, grain très grossier et un peu à rebours. Cou- 
leur brun clair, striée d'un brun foncé, ressemblant à celle du 
Chêne, à part ses mailles, qui sont plus petites et plus obscures. 
Surface mate. La nuance de la section transversale est un peu 
plus foncée que celle des autres sections. 


Caractères physiques. — Densité, 0,700 ; Dureté, celle 
du Chêne. Sans saveur niodeur. 
Caractères de l'écorce. — Surface inégale, à cause de l'irré- 


gularité de la chute des écailles, qui sont feuilletées et très 
minces. Couleur brune en nuances diverses. Épaisseur, 1 em. 
environ. Couche intérieure d’un brun clair; texture ligneuse, 
dure; cassure grenue, présentant les ravons corticaux de cou- 
leur brune et visible à l'œil nu. Surface intérieure, lisse et 
micacée, présentant un effet moiré produit par les rayons mats 
parmi les fibres brillants et satinés. | 

Structure du bois. Aubier bien délimité du cœur et 
légèrement plus clair. 

Couches en apparences distinctes, mais non à la loupe, 
sauf dans le cas où les zones denses forment ou paraissent 


former les limites, 

Vaisseaux visibles, très grands, peu de variations, rangés en 
lignes obliques courbes qui laissent entre elles des espaces 
vides ; fortement isolés, très peu nombreux; simples ou par 
deux. 

Rayons visibles à la loupe, très fins, réguliers en largeur, 
à intervalles égaux au diamètre d’un gros vaisseau et ne 
s'écartant pas au niveau des vaisseaux. Couleur brune. 

Parenchyme a visible, entourant les vaisseaux et s’éten- 
dant en lignes minces, unissant les vaisseaux tangentielle- 
ment. Ces lignes souvent s’anastomosent. Couleur brune, 
_ plus claire que celle des rayons. 


BOIS UTILES DÉ LA GUYANE FRANÇAISE 05 


Section radiale. — Couches non délimitées. Vaisseaux brun 
foncé tranchant sur le fond plus clair, luisants, vides. Rayons 
à peine visibles, en lignes minces légèrement plus foncées que 
les fibres ligneuses. Parenchyme visible à la loupe en minces 
lignes parallèles. 

Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les vais- 
seaux occupent plus d'espace et forment des dessins en den- 
telle çà et là. Rayons visibles à la loupe, d'une hauteur de 
O0 mm. 2, en traits unicellulaires pas trop effilés ; couleur 
jaune. 

Emplois. — Ce bois paraît être d'une utilité très grande. 
D'un tiers plus fort que le Chêne, il ne faudrait que les trois 
quarts de la quantité pour rendre les mêmes services. Je sup- 
pose qu'il pourrait être importé à un prix qui permettrait de 
pouvoir faire concurrence au Chêne, d'autant plus qu'après la 
guerre le bois de ce dernier sera assez rare. 


Éch. types: N° 3,23 et 145. Guyane, Musée Col. de Marseille. 


Angélique, variété B. s 

Bois d’un poids moyen et d’une dureté moyenne, de couleur 
rose clair striée de minces lignes blanchâtres peu apparentes. 

Caractères physiques. — Densité, 0,560 environ ; dureté, 
celle de l’Aune. Odeur légère de vinaigre, beaucoup plus forte 
lorsqu'on travaille Le bois. Saveur nulle ou insipide, La solu- 
tion aqueuse est incolore à froid ; à chaud, d’un brun très clair. 
Solution alc. incolore. 


? 


Le bois brûle mal en pétillant beaucoup ; sans odeur spé- 
ciale. 

Structure du bois. — L'’aubier est brun foncé, plus foncé 
même que le cœur ; de 6 mm. environ d'épaisseur. (Je me 
demande si cet échantillon n'était pas « en retour ».) 

Section transversale, — La nuance de cette section est plus 
foncée que celle des autres coupes. 

Couches très apparentes; les zones étroites du bois, sans 
vaisseaux, en forment les limites, 

Vaisseaux visibles à cause de leurs bords blancs : grands, 
distribués régulièrement, sauf sur le bord externe de la couche. 


D * ‘ K Le 


96 H. STONE 


Is sont fortement isolés, simples pour la plupart, quelques- 
uns par paires ; peu nombreux, 20 par mmq. environ. 

Rayons à peine visibles à la loupe, uniformes, fins comme 
de la soie ; très réguliers, écartés les uns des autres d’une 
distance égale au diamètre d’un gros vaisseau ; de même cou- 
leur que le parenchyme. 

Parenchyme a très abondant, entourant les vaisseaux en 
forme de losange et s'étendant comme des ailes, qui unissent 
les vaisseaux tangentiellement dans la zone externe de la 
couche. Couleur presque blanche. 

Section radiale. — Les limites des couches sont difficiles à 
suivre, car elles sont en très fines lignes, plus foncées que le 
fond. Vaisseaux visibles et même très apparents à cause de 
leurs bords blanchâtres, qui les recouvrent pour la plupart ; 
çà et là se trouvent des perles luisantes. Rayons à peine 
visibles comme des ombres, par réflexion. 

Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les limites 
des couches se présentent mieux. Les rayons sont à peine 
visibles à la loupe, en lignes blanches excessivement fines ; 
leur largeur est de [ à 2 rangées de cellules. 


Éch, type: Musée Colon. de Marseille, n° 96, Guyane. 


Chêne vert. — N° 1927 C. Ce bois envoyé de Cayenne à 
l'Exposition de Marseille, en 1906, n’est pas naturellement un 
Quercus, ni le Chène français, ainsi qu'on appelle à la 
Guyane le Terminalia Buceras, 2249 A. Je me demande sl 
ne peut être Dicorynia quianensis. 

Caractères généraux. — Bois plutôt dur et lourd, de couleur 
brune ou d'un brun grisätre uniforme, ou avec des raies plus 
foncées. Il présente fort bien un effet moiré sur la coupe tan- 
gentielle. Surface mate ou légèrement luisante; grain fin et 
serré. La nuance de la coupe transversale est un peu plus 
foncée que celle des autres sections. 

Caractères physiques. — Densité, 0,687; dureté, celle de 
l’Erable. Odeur et saveur légères, même nulles. 

Structure du bois. — Aubier brun ou brun grisàtre; épais 
de 2 à 2cm.5. L'effet moiré s’y présente bien mieux que dans 


Si 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 97 


le cœur. Les rayons prennent une couleur allant du brun au 
gris. 

Section transversale. — Couches en apparence bien déli- 
mitées, mais non à la loupe. 

Vaisseaux visibles à cause de leurs bords clairs ; on peut les 
compter à l'œil nu. Ils sont moyens, de 0 mm. de diamètre, 
uniformes ; simples pour la plupart, beaucoup par paires et 
quelques-uns par groupes de forme curieuse, droits et radiaux, 
de 3 à 8. Les vaisseaux sont distribués régulièrement et for- 
tement isolés, de 1 par 2 mmdq. à # par mmq. Leur contenu 
est souvent noir. 

Rayons visibles à la loupe, très fins, obscurs, uniformes, un 
peu irréguliers. Ils sont de 8 à 10 par mm., à intervalles d'une 
distance égale au diamètre d'un gros vaisseau, et ne s’écartant 
pas au niveau de ces vaisseaux. [ls deviennent légèrement 
ondulés en croisant les lignes du parenchyme. 

Parenchyme très abondant, visible : Pa entoure les vais- 
seaux etest de couleur grise; Ph se présente en lignes concen- 
triques, exceptionnellement nombreuses et gracieusement 
ondulées, et qui unissent les vaisseaux à de longs intervalles 
de 2 mm. environ. Elles sont en apparence continues mais 
sont souvent arrêtées par un vaisseau ; de couleur brune, bien 
distincte de celle du Pa, à cause de la présence de perles de 
résine. Ces perles donnent aux lignes l'aspect de chapelets. 
Les lignes sont environ de #4 par mm. et d’une largeur égale 
au semi-diamètre d'un gros vaisseau. 

Section radiale. — Vaisseaux peu apparents, rares ; contenu 
noirâtre. Rayons à peine visibles, très étroits, bruns. Pb 
visible seulement à la loupe, mais occupant une grande partie 
de la surface en lignes verticales. 

Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les rayons 
sont en très petits fuseaux à peine visibles à la loupe ; hau- 
teur, jusqu’à 8 cellules sur 1 ou, parfois, 2 de largeur. 

J'ai remarqué que, dans l'aubier de notre échantillon, les 
rayons étaient en étages, tandis qu'ils sont en quinconce dans 
le cœur ; preuve de l'inconstance de ce caractère. Il ne servi- 


Annales du Musée colonial de Marseille, — 3* série, 9* vol, 1917, 


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5 


< 


98 fi. STONE 


rait donc à rien pour la classification, contrairement à ce que 
prétendent quelques auteurs. 

Emplois. — Constructions, traverses de chemin de fer; 
pourrait servir aussi pour crosses de fusils. 


Éch. type: Musée Colon. de Marseille, n° 101. Guyane. 


Cassia Apoucouita Aubl., n° 1929 A. 
Aublet, p. 379 ; Apoucouita (Galibis) ; Canéficier apoucouita, 


Cassia fistula Lin., n° 1929 B. 
Barrère, p. 33: Guabipocaiba ; Piso casse (Brésil). 
Aublet, p. 381 : Cultivé à la Guyane. 
Grisebach: Cassia stick tree (Antilles Anglaises). 


Moll. et Janssonius, IV, p. 104, donnent pour le Cassia 
Javanica la figure 156 dont is se servent pour toutes les 
espèces de Cassia. Les renseignements suivants proviennent 
de leur description. 

Cœur de couleur rougeàtre ; aubier } jaune sale et quelquefois 
légèrement rougeâtre. 

Structure du bois. — Section transversale. Couches assez 
bien délimitées par une mince ligne du parenchyme. 

Vaisseaux grands, diminuant régulièrement vers le bord 
externe de la couche, mais parfois aussi les plus grands ‘se 
trouvant dans la zone médiane. Ils sont peu nombreux, de 6 par 
mmq. environ, et plus rares sur les deux bords de la couche 
qu'au milieu; du moins ils ne sont pas plus nombreux qu'ail- 
leurs sur le bord de la couche interne. 

Rayons uniformes. ayant au plus la largeur de deux rangées 
de cellules sur 3 à 12 de hauteur, ordinairement 5. Ils sont 
ondulés et s écartent légèrement au niveau des vaisseaux. 

Parenchyme visible, entourant les vaisseaux en larges 
taches irrégulières, qui s'étendent tangentiellement et unissent 
deux vaisseaux ou deux groupes de vaisseaux, même davan- 
tage. Le parenchyme se présente aussi en lignes d’une largeur 
souvent égale à celle des zones des fibres ligneuses. Ces zones 
sont d'une largeur de # à 5 cellules. Les lignes du parenchyme 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 09 


sont relativement continues ; parfois elles s'interrompent et 
s’'anastomosent çà et là. 


Cassia grandis Lin., n° 1929 C. 
Synonyme : C. Javanica Aubl. (Voir espèce précédente.) 


Aublet, p. 382 : Casse de Para. Cassia javanica Lin. 


Cassia biflora Lain., non Griseb, ni Mill, n° 1929 D. 
Synonymes : C. Marimari Aubl. 


Aublet, p. 382: Marimari (Galibis). 


Cassia bacillaris Lin., non Willd., n° 1929 E. 
Synonyme: Mimosa nodosa Lin. 


Aublet, p.945 : Inga (terme gén. Caraïbes). 


Dialium divaricatum Vahl, n° 1955. 
Synonyme : Arouna quianensis Aubl. 


Aublet, p. 16: Arouna (Galibis). Ecorce lisse, grisätre ; bois blane, 
peu compact. 


TRIBU XVI — AMHERSTIÉES 


Macrolobium Vouapa G. F. Gmel, n° 1946 A. 

Synonymes : M. bifolium Pers.; Vouapa bifolia Aubl. 

Noms vulgaires : Sereebebe (Guyane, d'après Bell). Sara- 
bebe, Eperua sec, Vouapa sec (Guyane); Ouapa (Galibis); 
Bois caca, Palo machete (Grisard, probablement l'espèce pré- 
sente, non 1948 A). Wapa sec (Sagot). Vouapa blanc (Musée 
Col. de Marseille). Ipé verdadeiro (Amazones : Huber). 

L'échantillon de Bell a été déterminé, d'après les feuilles et 
les fruits, par le Dr Freeman. 

Je crois que ce bois est le Wapa de la Commission de 
Brest, employé dans la construction du navire Terpsichore 
(voir 1948 E). Si c'était l'Eperua falcata, on aurait parlé de 
la nature huileuse de ce bois. Je ne sais rien de positif sur les 
bois de Dumonteil: le Wapa à petites feuilles et le W. à 


100 H. STONE 


grandes feuilles. À mon avis, ce sont des Macrolobium ; le 
premier serait l'espèce présente et le second le M. Simira, 
c'est-à-dire l’éspèce suivante, si l'on peut en juger d’après les 
feuilles figurées par Aublet. Voir Eperua falcata, n° 1948 A. 

Caractères généraux. — Bois dur assez lourd, d’une cou- 
leur ressemblant à l'Acajou (roussâtre, d’après Aublet) ; 
gran plutôt gros; surface un peu luisante, fonçant légèrement 
à l’air. La nuance de toutes les coupes est pareille ; la section 
transversale est la plus mate. 

Caractères physiques. — Densité, 0,737. Dureté, celle de 
l’Erable. Odeur à sec nulle, d’après Grisard; odeur désa- 
sréable quand il est frais ou lorsqu'il est travaillé. (Est-ce 
bien cette espèce ?) Sans saveur. 

Dumonteil (Wapa à petites feuilles) : densité, 0,756 ; force, 
175 ; élasticité, 193. 

Caractères de l'écorce. — D'après l'échantillon de Bell, 
écorce épaisse de 4 à 6 mm., lisse, bien adhérente, plutôt 
ligneuse, remplie de sclérites granuleux. La surface de la 
büche est lisse. 

D’après l'échantillon du Musée Col. de Mars, n° 315 
Guyane, écorce extérieurement brunâtre, rouge foncé à l’in- 
rieur, formée de deux couches, dont la plus interne présente 
des ravons corticaux, et l’externe tombe en miettes. Couche 
très mince de Liber. Saveur légèrement amère. 

Structure du bois. — L'’aubier est gris rose sale, ou, 
d'après Aublet, blanchâtre. 5 cm. d'épaisseur environ, très 
bien délimité du cœur. 

Section transversale. — Couches parfois délimitées ; les 
lignes très fines du parenchyme, visibles à la loupe, forment 
les limites ; contour régulier. | 

Vaisseaux grands, visibles à cause de leur contenu blane, 
légèrement variables, mais ne diminuant pas vers l’extérieur 
de la couche. Ils sont distribués également ; fortement iso- 
lés ; simples ou par groupes de 2 à 7 subdivisés ; contenant 
parfois des thylles. 

Rayons visibles à la loupe, écartés les uns des autres d'une 
distance égale au diamètre d’un gros vaisseau et semblant 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 101 


parfois être interrompus par ces vaisseaux. Au microscope, 
les cellules paraissent être remplies d'une gomme rouge. 

Parenchyme visible à la loupe ; a en taches qui entourent 
presque les vaisseaux. 

Section radiale. — Couches délimitées par une fine ligne 
foncée ou blanchâtre. Vaisseaux gros, ouverts, remplis pour 
la plupart de matière blanche ou de thylles. 

Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les rayons 
sont seulement visibles à la loupe, montrant leurs cellules 
rouges. 

Emplois. — Peut être obtenu de 5 à 7 m. sur 40 à 55 em. 
d’équarrissage (Bell), 

Dur à travailler, se fend facilement ; il pourrait remplacer 
les Acajous de qualité inférieure. 


Ech. types : 77, 2733, Bell; Musée Col. de Mars., n° 315 Guyane 
(écorce seulement). 

Références : Icones lignorum, pl. LXV, fig. 6; Aublet, p.25; et pl. 7 
et 8; Grisard, 1894, I, p. 543; Bell, p: 9 ; Stone et Fr., p. 78. 


Macrolobium Simira G. F. Gmel., n° 1946 B. 
Synonyme : Vouapa Simira Aubl. 


Aublet, p. 27 : Simira (Galibis); Bois Violet. Le Bois est dur, compact, 
de couleur bleuâtre; écorce rougeûtre, ridée, gercée et très épaisse. 
Le nom Simira est général pour tous les bois qui donnent une teinture 
rouge ou violette. 

Brousseau : Wapa blanc, ressemblant à un Bois Violet ou Pur- 
puurhart. (Est-ce bien cette espèce ?) 


Macrolobium Utea J. F. Gmel., n° 1946 C. 
Synonyme : Outea quianensis Aubl. 


Aublet, p. 29; Ioutay (Galibis). Ecorce lisse, grisätre ; bois peu com- 
pact ; aubier blanc, cœur rougeûtre. 


Eperua falcata Aubl. non Blanco, n° 1948. 

Synonymes: Æ. rubiginosa Miq. : pra falcata Wild. 
Dimorpha falcata Sm. (d'après Baiïllon). 

Noms vulgaires : Wapa gras ; Wallaba (Bell). Jebaru-rana, 
Vouapa tabaca, Bainha de Espada (Guy. Amaz. Miers), 


102 | H. STONE 


Parive, Eperu, Wapa huileux (Aublet). Wapa patouvé (Gal. 
Brésil). Wouapa, Woapa, Bijlhout, Bÿlhout (Hawtayne). 
Roode Wallaba, Bierie hoedoe (Surinam. Pulle). Itoori Wal- 
laba, Pois sabre (MeTurk). Ballaba (mp. Inst.). Wallaba des 
Arrouhages (Lanessan). Espadeira (Correa). Vouapa, Vouapa 
gras (Sagot). Itoerie Ballaba (Surinam, Icon., lign.). Apazeiro 
(Amazones). Apa (Huber. Para): Etoorie ou Ituri Wallaba 
(Cat. Expos. Paris, 1867). Bijlhout : Bili hoedoe (Surimam : 
Greshoff). 

Il y a beaucoup de confusion dans la nomenclature de ce 
bois, quoiqu'on le distingue facilement. Il y a deux variétés, 
mais MeTurk en fait quatre, dont on peut d'abord éliminer 
Sarabebe (v. 1941 A), et aussi Karabimiti, qui n'est Jamais 
employé, dit-il. Il reste Bimiti Wallaba et Itoori Wallaba. 
MeTurk englobe ces quatre variétés sous le nom d’Æ. falcata, 
ou Æ, Jenmani Olhiv. Mais, dans une autre brochure, 1l dit que 
Itoori Wallaba est l'E. Jenmani (qui ne se trouve pas dans 
l'Index), pendant que Bimiti Wallaba, arbre à fleurs blanches, 
est l'E. Schomburgki Bth. et que Wallaba mou (Soft Wal- 
laba), est l'E. falcata. Brousseau dit que le Vouapa,gras a des 
fleurs rouges comme l'E. falcata, d'après Aublet, et je con- 
clus que ce Vouapa est bien l'Itoori Wallaba, ainsi que 
l'échantillon de Bell. Les mots Wapa, Ouapa et Vouapa, etc., 
signifient un bois quelconque, bon pour la charpente; de ce 
fait, 1l n'est pas étonnant d’en rencontrer partout. Les bota- 
nistes, en se servant de ces noms, augmentent encore la 
confusion. 

Dumonteil cite un Wapa Courbaril (1948 D), probablement 
un AHymenæa, et un Wapa blanc (1948 C), d'une densité de 
0,912. Si l'adjectif « blanc » se rapporte aux fleurs, ce Wapa 
pourrait être le Bimiti Wallaba. Je ne connais pas d'Eperua 
à bois blanc ; tous sont à bois rouge. Dumonteil cite encore 
un Wapa huileux, sans doute le même que celui de Bell. 
Malheureusement les deux échantillons de Bell étaient élique- 
tés Bimiti-Itoori. Comme Harrison et Bancroft indiquent que 
le Bimiti est employé seulement pour bois de chauffage, 1l est 
probable que c'est le Wallaba mou de MeTurk, que nous pou- 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 103 


vons encore éliminer. De ces quatre variétés il ne nous reste 
plus qu Itoori qui corresponde au Wapa gras. 

Nous avons deux variétés d'Itoori, mais d’une différence si 
minime qu'elle peut être due à l'habitat. 

Caractères généraux de la variété A. — Bois lourd, d’une 
couleur rouge foncé, laissant exsuder une gomme rouge et 
adhérente qui altère la surface et retient les poussières. La 
surface est mate lorsqu'elle vient d’être coupée, mais elle 
reprend vite son ancien aspect répugnant; elle fonce légère- 
ment à l'air. La nuance de la coupe transversale est plus fon- 
cée que celle des autres sections. Ce bois ne peut être confondu 
avec aucun autre, sauf avec la variété B. 

Caractères physiques. — Densité, de 0,920 à 1,048. D'après 
Dumonteil, le « Wapa huileux » a pour densité, 0,930 ; force, 
224; élasticité, 144. Dureté, celle du Buis. Odeur et saveur 
de créosote. Solution aqueuse, jaunâtre claire; sol. alc. cra- 
moisie. Il est intéressant de constater que ces réactions sont 
l'opposé de celles du bois de Campêche et du Bois du Brésil. 

Ce bois brûle mal, en pétillant énormément ; se fend faci- 
lement et se retire beaucoup en se desséchant, ce qui est dû 
probablement plutôt à la perte de la gomme qu'à celle de 
l'eau. D’après Dumonteil, ce retrécissement serait de 294 sur 
1224, ou de 24 °/,. 

Caractères de l'écorce. — Épaisse environ de 7 à 12 mm., 
lisse, non gercée, semblant tomber en minces plaques. Elle est 
très amère, de couleur grise ou noire (d’après Aublet, rous- 
sâtre). La surface de la bûche est striée. 

Structure du bois. — Aubier blanc sale, épais de 2 à à em. 
environ ; bien délimité du cœur. 

Section transversale (à comparer avec la fig. 24, pl. VII, — 
Couches délimitées : une fine ligne du parenchyme, avec ou 
sans anneau de petits vaisseaux, peut indiquer les limites ; 
contour régulier. 

Vaisseaux très apparents, grands, jusqu'à 0 mm. 33 de dia- 
mètre, légèrement variables, distribués également, sauf lors- 
qu'ils sont réunis en arcs et en lignes concentriques sur une 
seule rangée, Ils sont simples ou par groupes radiaux ; peu 


104 H. STONE 


nombreux, de À à 9 par mm. ; leurs bords sont de couleur 
rouge-clair, et leur contenu, qui est ambré ou cramoisi, 
s'échappe lorsque le bois est fraichement coupé. 

Rayons bien visibles, moyens, uniformes, équidistants, écar- 
tés les uns des autres d’une distance moindre que le diamètre 
d’un gros vaisseau. [ls sont légèrement ondulés et s’écartent à 
peine au niveau des vaisseaux. [ls sont formés de cellules très 
grosses et sont de 7 à 8 par mm. 

Parenchyme à entourant étroitement les vaisseaux en taches 
isolées, irrégulières, et b en lignes concentriques, de la lar- 
geur environ des rayons. 

Section radiale. — Vaisseaux très apparents ; leurs cloisons 
sont visibles à l'œil nu, et ont 0 mm. 5 de longueur environ. 
Rayons très apparents, pourpres, un peu plus foncés que le 
fond. 

Section transversale. — Comme la radiale, mais d’une 
nuance moins claire, et présentant des raies rouges. Rayons 
bruns, très minces, atteignant la hauteur de 15 mm. et même 
davantage, fait très rare parmi les Légumineuses. 

Emplois. — Bon pour bardeaux ; pouvant durer 40 ans. Il 
résiste aux intempéries en toutes circonstances. Peut être 
obtenu de 9 à 27 m. sur 40 à 70 em. d’ eee sans 
aubier (MeTurk). 

Très abondant à Cayenne, facile à travailler ; palissades, 
merrains ; très bon en sciage (Bassières). 

Il ne faut pas le couper mince pour bardeaux ; très abondant 
(Sagot). 

Bois se fendant facilement, droit et net, à la hache, mais 
ne se prêtant pas au clouage. Il est très difficile à polir, et 
impropre à l'ébénisterie à cause de sa nature poisseuse. 


Éch. types : 91 a, 2755 Bell : 2638, Berkhout ; 0578, Imp. Inst.; Musée 
Col. de Mars. n° 38 Guyane ; " coupe de Noerdlinger. 

Icones; Stone et Fr., fig. 91 a ; Stone, T. of C., pl. VI, fig. 48; Icones 
lgnorum, pl. 62, fig. 2, Bimittie Ballaba et fig. 6 Itoerie Ballaba, mais 
non le Valaba, pl. LX, fig. 4, en couleur. 

Références : MeTurk, p. 180; Martin-Lavigne, schéma I ; Brousseau, 
p. 134; de Lanessan, p. 133 ; Miers, ms. ; Bell, p. 10 ; Bassières, p. 98; 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 105 


Harrison et B. Bull., Imp. Inst., XIII, p. 230; Sagot, 1869, XXVII, 
p. 226; Id., Catal. XIII, p. 314; Aublet, p. 369. 


N° 1948 B. 
Très semblable à la variété À, à part les différences sui- 


vantes : 
Caractères de l'écorce. 


Épaisse seulement de 2 mm. envi- 
ron, lisse, dure et ligneuse, d'une seule couche, en plus de 
l'épiderme. Les rayons corticaux sont visibles sur les coupes. 

Le bois est beaucoup moins huileux et poisseux, et les pous- 
sières ne s y attachent pas au même degré que sur le pré- 
cédent. 

Structure du bois. — En section transversale : vaisseaux à 
peine visibles, plutôt petits, de Ü mm. 23 de diamètre, laissant 
exsuder très peu de gomme ; rayons visibles à la loupe. 

Section radiale. — Surface luisante. Vaisseaux se présen- 
tant en fins sillons, dont les cloisons sont visibles seulement à 
la loupe. 

Section tangentielle. — Les rayons n'excèdent pas | mm. 
de hauteur. Cette différence entre les deux variétés est la seule 
qui ait une valeur importante. 


Ech. type: 91, 2747 Bell. 


Wapa blanc, n° 1948 C. 


Dumonteil, p. 152 : Densité, 0,912 ; force, 195 ; élasticité, 136 ; flexi- 
bilité, 2,10 ; p. 160. Classe 2, celle du Chêne. 


C'est peut-être le Bimiti Wallaba à fleurs blanches de 
McTurk (v. 1948). 


Wapa Courbaril, n° 1948 D. 


Dumonteil, p. 154: Densité, 0,865; force, 228 ; élasticité, 122 ; flexi- 
bilité, 1, 82, p. 160. Classe 2, celle du Chêne. 


Wappa, n° 1948 E, 


Comm. de Brest, p. 179: Deux pièces de ce bois ont été employées 
pour Ja construction de la frégate Terpsichore en 1825, Deux ans 


après elles paraissaient mieux conservées que les pièces de Chène qui 


106 H. STONE 


les entouraient. Il fournit de bonnes pièces de liaison. Il est aussi bon 
que le Balata pour les grandes constructions, et son poids, inférieur à 
ce dernier, rend son emploi plus général. La même, p. 190 : Densité, 
0,891 ; force, de 1150 à 1290, ou 1,82 si le Chêne — 1; élasticité, de 22 
à 27: p. 19% Classe dc, 


Tamarindus indica Lin., n° 1952. 


Sloane, p. 231 : Tamarin. Écorce brune, épaisse, très fendillée; bois 
dur et à gros grain. 

Aublet, p. 24: le bois peut être employé aux mêmes usages que 
l’'Orme. 

De Cordemoy, p. 389 : Tamarinier des bois (Réunion). 

Rodriguès, 1893, p. 150 : Tamarindo, Tamarino (Brésil) ; Tamarind 
(Angl.). 

Bischop, p. #1. Assam Djawa (Néerland). 

Moll et Janssonius, IV, p. 129, donnent une description très détaillée 
avec section transversale, fig. 161. Ils constatent quela section de Noerd- 
linger, 1869, V, n° 33 de T. indica, n’est pas de cette espèce. Leur des- 
cription ne concorde pas non plus avec nos échantillons types que je 
décris plus loin sous leur nom vulgaire de Tamarinier. 

Gaebelé, p. 34. Poulia maram (Tamoul), bois dur, résistant, veiné. 
I1 donne un charbon excellent que l’on utilise dans la préparation de la 
poudre. $” 


N° 1952 A (d’après Moll et Janssonius). 

Structure du bois. — Section transversale. Couches non 
délimitées. Il y a des zones dépourvues de vaisseaux. Ceux- 
ci, dont le diamètre est de 45 à 85 microns, sont peu nombreux, 
de 9 par mmq. environ ; simples pour la plupart, les groupes 
de 2 à 3 étant plus rares ; leur distribution est régulière. 

Rayons de largeur variable, brusquement plus étroits sur la 
limite de la couche et devenant aussitôt plus larges graduelle- 
ment. Leur hauteur est de 2 à 18 cellules sur 1 à 3 de lar- 
geur. D'après la figure, ils sont écartés les uns des autres 
d'une distance égale au diamètre d’un gros vaisseau environ. 

Parenchyme. — A l'œil nu, il paraît formé de zones sem- 
blables aux couches, et écartées de 3 à 8 mm.; mais, à la 
loupe, on voit qu'il entoure les vaisseaux en taches irrégu- 
lières qui ont jusqu'à 200 microns de largeur. Moll et Jans- 
sonius indiquent que le parenchyme est disposé de trois 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 107 


manières différentes : le « paratrachéal », le « métatrachéal ». 
et celui quiest dispersé parmi les fibres ligneuses. Ils ajoutent 
que les deux premiers modes passent graduellement (imper- 
ceptiblement, « unmerklich ») l’un à l’autre. Comme, dans 
leurs descriptions, ils répétent souvent ce fait, je crois que 
ces deux termes représentent plutôt une variation qu’une dif- 
férence réelle. 

Description de l’aubier et de l'écorce d’un échantillon n° 1 
Majunga, Madagascar (Mus. Col. Mars.). 

Aubier blanc, largeur d'au moins 7 em. 5. 

Caractères de l'écorce. — Surface fendillée longitudinale- 
ment en côtes étroites et peu profondes et légèrement réti- 


? 


culées ; de couleur brun argenté. La couche sous-jacente est 
d'un brun de rouille. Surface intérieure argentée, finement 
striée. Texture dure, ligneuse ; cassure grenue. Épaisseur de 
3 à 4 mm. Section de couleur brune composée de # couches, 
dont l’interne est très mince et se sépare en feuilles tenaces. 
La deuxième couche se compose de fibres brunes, mélangées 
de petits sclérites plus clairs séparés en files radiales par les 
rayons corticaux ; vers l'extérieur, les sclérites deviennent 
de plus en. plus grands et composent la troisième couche qui 
est continue, bien visible à l’œ1l nu, de couleur blanche. Ces 
sclérites sont très grands et fortement serrés. La couche 
externe est formée par des écailles qui sont finement strati- 
fiées de noir et de brun. 


N° 1952 B (Tamarinier). 

Description d’après les échantillons n° 89, Guyane, Musée 
Col. de Mars., et n° 228, série II, Lyon, qui ne sont pas autre- 
ment déterminés : 


Caractères généraux. — Bois très lourd et de couleur brun 
pourpre foncé, ou comme l’Acajou lorsqu'il est poli. Il a 


quelques analogies avecle Bois pourpre. Grain très « à rebours ». 

Caractères physiques. — La densité est plus grande que 
l’eau, même si l'aubier fait partie de l'échantillon. Dureté 
plus forte que celle du Buis. Sans odeur ni saveur, Solution 
alc. faiblement rougeûtre. 


108 H. STONE 

Structure du bois. — L'aubier est de couleur écrue, bien 
délimité du cœur. 

Section transversale. — Couches non délimitées, mais le 


changement d'orientation des lignes des vaisseaux doit pro- 
bablement indiquer les limites. 

Vaisseaux très apparents à cause de leur contenu blanc et 
de leurs bords grisätres ; pas très grands, de 0 mm. 065 de dia- 
mètre, presque uniformes; la plupart simples, beaucoup par 
paires et quelques-uns par groupes radiaux de trois. Quand 
ils sont remplis de matière blanche, ils ont l'air de très petits 
œufs dans leur nid ; de 1 à 12 par mmq. Les groupes sont 
disposés en lignes obliques visibles, se dirigeant en général 
alternativement à droite dans une couche et à gauche dans 
l’autre. 

Rayons à peine visibles à la loupe ; très fins, uniformes, pas 
trop réguliers ; de 2 à 3 dans un espace égal au diamètre d'un 
gros vaisseau, ou de 15 à 17 par mm. Ils sont légèrement 
ondulés, s’écartant à peine au niveau des vaisseaux. Beaucoup 
d’entre eux sont interrompus par les vaisseaux. 


Parenchyme à très apparent en larges taches grises, arron- 


dies ou légèrement ailées, entourant les vaisseaux jusqu à 
0 mm. 5 de diamètre. 

Section radiale. — Couches obscures. Vaisseaux visibles, 
mais fins et voilés par le parenchyme, qui cependant est très 
peu apparent. Fibres très entrecroisées. Rayons très petits, 
bruns. 


Tachigalia paniculata Aubl. (non Rich.), n° 1957. 
Synonyme: T. étrigona Aubl. 


Aublet, p. 373 : Tachigali (Galibis); écorce cendrée, ridée ; bois dur, 
blanchâtre. 


Bois pourpre ou Bois violet, n° 1958. 

Sous le nom de bois pourpre et de bois violet, on confond 
souvent des bois très divers: 1° ceux dont le bois est de 
teinte pourpre ; 2° ceux qui sont à odeur de violette ; et 3° 
ceux qui, par eux-mêmes ou par leur écorce, donnent, comme 


_ LB 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 109 


l’'Inga alba n° 2005 B, un colorant pourpre. La détermination 
de l'espèce commerciale la plus connue a toujours été défec- 
tueuse ; en outre les synonymes indigènes, tels que Zapatero, 
Guarubu et Gonçalo Alves, sont d'une application plus ou 
moins générale. 

L’échantillon de Bell, qui est le bois le plus souvent ren- 
contré dans le commerce et dans les collections, a été déter- 
miné, d'après les feuilles et les fruits, par le D" Freeman, 
comme Peltogyne paniculata. Lorsque l'arbre vient d'être 
abattu, le bois a une couleur brun roux d'acajou (grisätre 
dans la coupe transversale), qui devient pourpre à vue d'œil. 
Ce changement s opère beaucoup plus lentement lorsqu'il est 
sec. La couleur pourpre reste longtemps superficielle et est 
vite enlevée si on frotte avec du papier à verre : cependant 
de vieux échantillons sont pourpres même intérieurement. Ce 
phénomène assez curieux dépend, d’après Arnaudon, qui l'a 
bien étudié, de l'oxydation sous l'influence de la lumière: il 
ajoute que, sans l'action de cette dernière, ce phénomène 
n'existe pas. Cependant le bois a une transparence limitée ; 
et il me semble que l'oxydation seule doive suffire. La chaleur, 
qui sans doute stimule cette oxydation, produit ce change- 
ment immédiat. Le polissage à base d'alcool enlève la cou- 
leur, si elle n'est pas trop profonde. Ce changement de cou- 
leur nous fait conclure que nous sommes en présence d'espèces 
différentes à cause des opinions diverses des observateurs. 

Saldanha da Gama cite Peltogyne Guarubu de couleur 
pourpre, sans parler de changement. L'auteur de l’article 
« Bois », dans le Dictionnaire de Roussell {évidemment un 
commerçant et homme expérimenté), parle de trois espèces : 
4° Bois violet, dont le vernis dure peu de temps, mais pour 
lequel il ne mentionne pas que le vernis enlève sa couleur: 2° 
Bois de couleur violacée devenant rouge brunätre ou noir 
lorsqu'il est poli. 3° Bois mou à fibres entrecroisées. C'est la 
deuxième espèce qui s'accorde avec l'échantillon de Bell. 
Brousseau cite un Bois Violet qui flotte sur l'eau. Si, comme 
je crois l'interpréter, ce bois flotte lorsqu'on vient de l'abattre, 
il ne peut être notre espèce, et peut-être est-ce le bois mou 


de Roussell, 


110 H. STONE 


Je crois que le Peltogyne paniculata est le bois de la 
deuxième variété de Roussell et le Bois Violet ou Bois Ama- 
rante de Varenne-Fenille (mais non son Bois Violet marbré), 
le Copaifera bracteata de Grisard, de Barrère, et de presque 
-tous les Musées, et aussi celui de ma citation qui, à cet égard, 
est erronée (T°. of C., p. 84). Le Peltogyne venosa me paraît 
être le Bois de Roubo, ou mon Purpleheart (T. of C., p. 81). 
Comme souvent il est difficile de bien saisir ce qu’un auteur 
veut dire, je donne ici toutes les citations. 


Barrère, p. 105 : Bois Violet, de couleur violet clair, tirant sur la cou- 
leur purpurine, se ternissant facilement si on n’a pas le soin de le cirer 
de temps en temps. Spartium arboreum, trifolium ligno violaceo. 

Préfontaine, p. 156 : L'arbre est monté sur des arcabas. Comme cet 
auteur s’est servi de Barrère, nous devons considérer les deux bois 
comme étant la même espèce. 

Roubo, p. 170: Amarante, Bois de la Chine. Avant d’avoir été tra- 
vaillé, de couleur violet gris, vineux ; bois brillant comme s’il avait été 
argenté. Lorsqu'il est poli, sa couleur change et devient d’un beau vio- 
let, qui, avec le temps, passe au noir. Dans la coupe transversale, il 
présente un grand nombre de petits points blancs. | 

Il est fort probable que Roubo emploie le mot « poli » àu lieu de 
« lisse »; en tous cas, les petits points blancs ndiquent plutôt le Pen- 
taclethra (v. 1978 A). 

Aublet, p. 27: Vouapa Siumira (v. 1946 B). 

Varenne-Fenille, p. 150: Bois d'Amarante de Cayenne; en coupe 
transversale, il présente des piqûres plus ou moins prononcées. Le 
même, p.156: densité, 0,952. Le même auteur cite un Bois violet mar- 
bré de deux teintes: violet foncé et violet clair; mais le dernier devient 
jaune et le premier brun. Les couches sont très confuses et sont de 
plusieurs teintes variables; pores peu apparents ; densité de 1,050, 

Malonet, I, p. 382: Bois Bagot. Ce nom a été donné d'après un explo- 
rateur qui faisait un voyage à la Guyane Française en vue des ressources 
forestières. (Voir 1958 C.) 

Dumonteil, p. 154: Bois Violet. Densité de 0,771; force, 231 ; élasti- 
cité, 182, p. 160. Classe 3, celle des Pins, et Classe 4, celle des Meubles. 
Bois Bagot: densité, 1,032; force, 288 ; élasticité, 234 ; flexibilité, 1, 74. 
Classe 4. Paparout : densité, 0,655; force, 160 ; élasticité, 149 ; flexibi- 
lité, 2, 62. Classe 3. 


Le terme Paparout est probablement une variation du hol- 
landais Purpuurhout, qui signifie « Bois pourpre », ou de 


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BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE iii 


l'anglais Purpleheart; mais le nom provençal du Micocoulier, 
« Paparoutié », peut aussi être employé pour un arbre 
quelconque de la Guyane Française. 


Commission de Brest, p. 162: Bois violet. Résultats d’un essai sur 
l'échantillon de Dumonteil : force, de 863 à 1040, ou 1,64 si le Chêne — 
1 ; élasticité, de 20 à 30 ; s’est rompu d’un seul éelat et avec une partie 
des fibres déchirée. La même, p. 197: Classe 1 c; couleur lie de vin, 
mais un peu plus claire. 
 Guibourt, p. 346 : Bois d’Amarante violet; couleur d’abord grise, puis 
devenant immédiatement violette uniforme. Solution aqueuse incolore, 
même à l’eau chaude ; solution alc. donnant une belle teinture rouge. 
Le même, p. 348 : Autre variété, Bois Bagot (v. 1958 C), rosé avec des 
veines peu foncées; pourvu d'un aubier blanchätre qui est traversé par 
des veines brunes comme celui du Palissandre dont il a légèrement 
l'odeur. Ce bois se rapporte à Peltogyne venosa. Le mème, p. 350: 
Autre variété, Bois Violet ou Kingwood: Odeur de rose ou du Palis- 
sandre lorsqu'il est ràpé. (Voir Bois royal, partie If.) 

Sagot : Cynometra Hostmanniana (v. 1971). 

Saldanha da Gama, 1863, p. 122: Pellogyne Guarubu; Guarubu ou 
Roxinho (Brésil) ; cœur pourpre, Ce bois résiste à une très forte pres- 
sion et ne peut être confondu avec n'importe quel autre. 


Comme le P. Guarabu n'est pas cité dans l'Index Kew, il 
est possible qu'il soit synonyme d'une de nos deux espèces de 
Peltogyne, de préférence le paniculata, qui est renommé pour 
sa résistance à la pression. 

Grisard cite Copaifera bracteata (v. 1967) et aussi deux 
espèces de Peltogyne. 


Bassières: Bois Violet, P. venosa, et Bois Bagot; ce dernier a son 
aubier blanc et le cœur du plus beau pourpre. 


Rodriguès : Myracrodruon. graveolens ; Guarubu-batata, Gonçalo 
Alves. 


À comparer avec Pentaclethra filamentosa (n° 1978 A), 
avec Kooroobovelli (1978 B) et Martia parvifolia (1925). 

Noms vulgaires associés avec le Copaifera bracteata, ainsi 
qu'avec sa var. pubiflora (ou C. pubiflora), et se rapportant 
probablement à Peltogyne : Bois Violet, Amarante, Bois de 
Cœur pourpre, Purplewood (da Gama). Bois Bagot [Dema- 
rary) ; Zudrat (Surinam, Brousseau). Sinirides des Arrouhages 


F8 H. STONE 


et Galibis (de Lanessan). Saka (Bell). Simiri (Baïllon). Zapa- 
ter (Grisard). Zapateri (Catal. Kew). Guarubu, Guarubussu, 
Sapatero (Trinité; Miers). Marawineroo, Marawayana du 
fleuve de ce nom, Purpleheart (Angl.); Purpuurbart (Holl.) ; 
Sacka (Surinam; MeTurk). Violetholz (Imp. Inst.). Zapatero 
morado, Z. negro, Saint-Martin soufré (Niederlein, v. 5467 
B). Bois Violet de la Chine (Régis). Hoepelhout (Surinam; 
Bremer). 

Noms vulgaires associés avec Peltogyne Guarubà Allem : 
Guarubu de deux variétés, le preto et le rajado (Brésil ; Rodri- 
guès). Bois Violet ; Päu ou P4o roxo, Roxinho (Para ; Grisard). 


Résumé des bois Violet, Amarante et Bagot : 


€: Couleur bleue (Aublet) : Vouapa Sinuira 1941 B. 

2 Couleur et odeur du Palissandre : Le Bois Violet de 
Guibourt. 

3- Couleur pourpre marbré devenant avec le temps 


brune et jaune : Le Bois de Varenne-Fenille. 
Couleur de cochenille : Le Bois de Martin-Lavigne 
1925. 


D Couleur pourpre ou brune ; ou brune devenant 


PS 


pourpre. 

).1. La coupe transversale présente une infinité de 
petits points blancs. Solution aqueuse brun 
foncé. Pentaclethra 1978, et peut-être le bois 

« de Roubo etl’Amarante de Cayenne de Varenne- 
Fenille. À comparer la fig. 19, pl. VII. 

D.2. Dans la coupe transversale, les vaisseaux sont 
entourés de taches claires du parenchyme. A 
comparer fig. 5, pl. V. Peltogyne 1958. 

9.2.1. Le parenchyme se présente en grandes taches en 
losange. Voir fig. 5. P. paniculata 1958 A. 

5.2.2, Le parenchyme n’entoure qu'imparfaitement les 
vaisseaux. P. venosa ? 1958 B. 

D.3. La coupe transversale présente le parenchyme en 
lignes ondulées, très serrées. 

5.3.1. Solution aqueuse incolore ; sol. alc. belle teinte 
rouge. Bois d'Amarante violet de Guibourt,. 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 113 


5.3.2. Solution aqueuse incolore ; sol. alc., brune. Bagotte 


(éch. n° 107 Lyon) 1958 C. 
Peltogyne paniculata Bth., n° 1958 A. 


L'échantillon de Bell a été déterminé, d’après les feuilles et 
les fruits, par le D' Freeman. 

Caractères généraux. — Bois dur et lourd: fraîchement 
coupé, de couleur brune passant vite au pourpre. Cette cou- 
leur, d’abord superficielle, peut être enlevée par des vernis à 
base d'alcool; mais, à la longue, elle pénètre dans le bois. 
D'après Wiesner, la couleur passe au vert sale avec l’ammo- 
niaque. 

La surface est plutôt mate. La nuance de la coupe trans- 
versale est beaucoup plus foncée que celle des autres sections. 

Caractères physiques. — Densité de 0,705 à 0,991 : dureté, 
celle du Bois de lance. Sans odeur ni saveur. La solutien 
aqueuse est brune, et, après évaporation, le résidu est 
pourpre. Le bois brûle bien ; 1l passe du brun au pourpre 
sou$ l'influence de la chaleur ; très élastique, solide et résis- 
tant aux chocs. 

Caractères de l'écorce. — Écorce dure, fortement adhérente, 
unie, lisse comme celle du Hêtre, mais plus épaisse, pouvant 
avoir jusqu’à 4 cm. environ. Elle est de couleur rouge brique. 
Au-dessous de l’épiderme se trouve une mince couche blanche. 
La surface de la büche est lisse, mais à la loupe elle a l'ap- 
parence d’être dentelée. 

Structure du bois. — Aubier d'un blane sale, n'étant pas 
toujours bien délimité du cœur. 

Section transversale. — De minces lignes blanchâtres 
peuvent délimiter les couches. 

Vaisseaux visibles, même très apparents à cause des grosses 
taches du parenchyme qui les entourent; Ümm.13 de dia- 
mètre environ ; extrêmement variables suivant l'âge de l'arbre. 
Ils sont distribués régulièrement, de 1 à 12 par mm. (de 
à 6 dans le bois à gros vaisseaux et de 2 à 12 dans le bois à 
petits vaisseaux) ; simples ou par groupes de 2 à 3. Ils sont 
souvent remplis de gomme. 


Annales du Musée colonial de Marseille, — 3° série, 9° vol, 1917, n 


ENS Le Ac: 7 
«7 L 5.4 LA 
4 te 


114 Hi, STONË 


Rayons bien visibles, lorsque le bois est humecté ; très fins, 
uniformes, presque équidistants, écartés les uns des autres 
d’une distance égale ou inférieure au diamètre d’un gros vais- 
seau ; de 5 à 7 par mm. Ils sont beaucoup plus denses que 
les fibres ligneuses ; de couleur blanchâtre ou brunâtre. 

Parenchyme abondant ; a très apparent, en grosses taches 
en fuseau ou en losange, entourant les vaisseaux et les unis- 
sant parfois; b, avec d minces lignes concettEune qui 
pourraient être les limites des couches. 

Section radiale. — Vaisseaux peu apparents, bien qu ils 
soient grands, car ils sont obscureis par les bords grisâtres 
du parenchyme. Rayons très apparents malgré leur petitesse. 

Section tangentielle. — Nuance un peu plus claire que celle 
de laradiale, Les couches sont parfois délimitées par des lacets 
blanchâtres. Rayons visibles à la loupe. Le parenchyme est 
bien plus largement étalé dans cette section. 

Emplois. — Bon pour plates-formes de moulins et de mor- 
tiers, et pour tous les usages exigeant beaucoup de résistance 
à la pression ; construction (Morris). Baguettes de fusils, mar- 
queterie, tour (Berkhout). Pourrissant moins facilement que 
le Kooroobovelli (1978 D ; peut être obtenu de 33 à 40 m. sur 
un 1m. 10 d’équarrissage sans aubier (MeTurk). 

Il se fend et se travaille facilement, quoique dur ; lorsqu'il 
est poli, il n’a rien de remarquable, mais c'est un bon bois 
d’ébénisterie. 


Éch. types : 74, 2730 Bell; 0099 dép. Agric. Guy. Angl. ;et le n° 
128 Guyane du Musée Col. de Marseille, 

Icones : Stone, T. of C., pl. VI, fig. 47. [cones lignorum, pl. 5, fig. 3, 
pl. 35, fig. 4 et 5, et pl. 79, fig. Pen couleur. La pl. 77, fig. 2, pourrait 
représenter lasbre 

Références non encore citées: MeTurk, p. 6; Dumonteil, 1823, IT, 
partie 2 ; Comm. de Brest, 1826, IT, partie 2; Rodriguès, p. 161 ; Arnau- 
don (tirage à part), 1858 ; Grisard, 1894, I, p. 545 ; Stone et Fr., p. 74. 


Peltogyne venosa Vog. (Bth.?), n° 1958 B. 

Noms vulgaires : Purpuurhart (Demerary ; Sagot). Bois 
Violet de la Guyane, Bois Violet, Bois Bagot (Guy. Fr.); Pur- 
pleheart (Guy. Angl.). 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE A5 


Sagot, p. 904 : Ce bois nouvellement travaillé a une teinte violette très 
singulière. L'arbre a des feuilles comme celles du Courbaril. Le même, 
p. 226 : le bois se durcit beaucoup en vieillissant mais se travaille aisé- 
ment lorsqu'il est frais ; densité moyenne. 


Grisard, 1894, I, p. 544 : Aubier blanchätre, quelquefois d'un blanc pur 
et souvent traversé par des veines brunes comme celles du Palissandre. 
Cœur du plus beau pourpre et devenant presque noir avec le temps. Bois 
de dureté moyenne, assez compact, légèrement odorant et ordinaire- 
ment très sain. Il a beaucoup d’analogie avec le Palissandre. Densité, 
0,875 (à comparer avec le Bagot de Guibourt cité p. 92). 


Je n’ai aucune preuve de l'identité que J’admets pour ce 
bois. Comme la structure du Peltogyne est très caractéris- 
tique et que, à la Guyane, d'où viennent deux sortes de bois 
pourpre, se trouvent deux espèces de P. dont l’une est bien 
déterminée sous le nom de P. paniculata, l'autre, à mon avis, 
doit être le P. venosa. Si je ne me trompe, le bois que j'ai 
décrit sous le nom de Demerara Purpleheart, T. of C., p. ST, 
doit être le P. venosa, qui se distingue du paniculata par les 
différences suivantes : 

Dans la section transversale, les vaisseaux sont très appa- 
rents, non à cause de leur grandeur, mais à cause de leur 
quantité. 

Le parenchyme se présente en petites taches, à côté des 
vaisseaux, en les entourant à peine. 

Dans la section radiale, le Pa est à peine visible, et dans la 
section tangentielle, 1l est un peu plus apparent. 


Bois Bagot, n° 1958 C. 

Le seul échantillon que j'aie vu de ce bois est celui de Lyon, 
série II, n° 107, étiqueté Bagotte ; malheureusement ce nest 
qu'un placage ayant 1 mm. d'épaisseur. Malgré cela, Je suis 
arrivé à pouvoir démontrer que ce n'est pas un lellogyne, 
quoique le phénomène du changement de couleur de brun en 
pourpre existe aussi dans ce Bois Bagot. La couleur pourpre 
avait été presque enlevée par le polissage. Ce n'est pas le bois 
Bagot de Guibourt ni le Jacarandatam, (Voir n°* 1958, 1967 
B, 1971.) 


Caractères généraur. — Bois dur et lourd, brun foncé r'avé 


116 jl, STONE 


de noir, devenant pourpre à l'air (cette dernière couleur légè- 
rement prononcée); grain gros, produisant de fines stries 
claires ; et sur la coupe tangentielle, les rayons produisent un 
effet moiré bien visible si l’on fait miroiter le bois à la lumière. 

Caractères physiques. — La solution aqueuse est incolore ; 
sol. alc. brun clair. 

Structure du bois. — Section transversale. Couches dou- 
teuses. (Voir Section tang.) 

Vaisseaux bien visibles à cause de leur grandeur et de leur 
couleur claire (rouge sur noir) ; diamètre de Omm.l à 
Omm. 195 ; distribués irrégulièrement. Ils sont fortement 1s0- 
lés, depuis À par 2 mmq. jusqu'à 10 par mmq. ; simples 
pour la plupart, quelques-uns par paires. Leur contenu est 
noirâtre. 

Rayons visibles à la loupe, très minces, uniformes, un peu 
irréguliers, de 14 à 17 par mm., écartés les uns des autres 
d'une distance égale au diamètre d'un gros vaisseau et d'une 
distance moindre entre ces vaisseaux. Ils sont de couleur rou- 
geûtre foncé, lorsqu'ils sont humectés. 

Parenchyme abondant, à, visible autour des vaisseaux, mais 
les ailes minces et longues qui s'étendent latéralement, en 
s'unissant aux lignes concentriques, sont visibles seulement à la 
loupe. Ces lignes concentriques sont ondulées et écartées d'une 
distance égale au diamètre radial d’un gros vaisseau, lors- 
qu'elles sont étroitement serrées. Parfois, elles sont inter- 
rompues sur une distance radiale de 1 mm. et prennent la 
forme d'ailes unissant un ou deux vaisseaux. Les ailes ne sont 
pas en fuseau comme dans le Peltoqyne paniculata. 

Section radiale. — Vaisseaux très gros, clairs, remplis de 
gomme claire ou foncée. Rayons obscurs, visibles à la loupe : 
de couleur rouge, légèrement plus claire que le fond; environ 
O0 mm. de hauteur. Pa visible se présentant en bordures 
claires le long des vaisseaux. 

Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les couches 
sont peut-être marquées par les zones ou les lignes du Pa 
lorsqu'elles sont étroitement serrées ; et elles paraissent en 
franges claires mais vagues. Les rayons, étant en étages, pro- 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 117 


duisent en effet moiré, qui est visible sur une surface polie 
(vernie), mais à peine sur une surface humectée. 


Courbaril, n° 1959. 

Beaucoup de variétés de bois portent le nom de Courbaril 
et de Jatobä ; plusieurs espèces d'Hymenæa produisent des 
bois qui ne sont pas différenciés dans le commerce. J'ai vu 
de nombreux échantillons où la structure varie beaucoup et 
Je me vois forcé d'éliminer tous ceux qui ne sont pas, en 
quelque sorte, déterminés. Suivent les descriptions de l’échan- 
tüillon de Bell, déterminé d’après les feuilles et les fruits par 
le D' Freeman, comme étant probablement l’//ymenæa Cour- 
baril; la coupe de Noerdlinger et quelques autres concordent 
avec les précédents. 


Hymenaea Courbaril Lin. non. Mart., n° 1959 A. 

Synonymie : À. aminifera Stokes ; I. resinifera Salisb. Les 
noms génériques Courbari et Courbaril sont synonymes 
d'Hymenæa. 

Noms vulgaires : Locustrier, Algarobba, dans la Province 
de Rio Janeiro (Kunth.) qui s'appliquent également aux Proso- 
pis dans la Rép. Arg. (Rodriguès). Simiri (v. 1941 B) et Kwan- 
nari(Galibis et Arr.) représentent deux variétés (Guy. Angl. ; 
Morris). Locust Gum (Boulger). Pois confiture, Gomme ani- 
mée, Courbaril Plum, Locust, Zapateri (Guy. Angl. ; Miers). 
Leathery-leaved Locust tree, West Indian Locust tree, Qua- 
pinol Animebaum, Henschreckenbaum (Wiesner). Bois Surin 
Teck (Surinam; Berkhout). Chimidida, Itaiba (Guy. Fr.; 
Aublet). Goma anime (Descourtilz). Gitahy, Getaigba, detahy, 
Jutahy (Brésil sept.); Jetay, Jatay, Jataiba, Jatobä (Brésil 
mérid.); Yutahy (Para) ; avec les variétés Catinga, peba, et 
assu (Rodriguès) et les variétés aeu, cica, mirim et pororoca 
(Allemao). Lokus (Surinam ; Pulle). Bois de Courbaril, Cour- 
baril montagne (Catal. Expos. Chicago). Copalier d'Amé- 
rique, Caroubier de la Guyane, Cu'om raü (Assam) ; Kraph 
mun tray (Cambodge) ; Guapinol (Guadeloupe); Caouroubali 
(Caraïbes), Coapinole (Mexique), Avati ou Abati timbary 


118 | H. STONE 


(Paraguay), Anime Copinol (Salvador), Corobore, Algarobbo 
(Venez. ; Grisard). Yatayba (Matto Grosso ; Ras nre Sprui- 
khahnboom (Néerl., Bischop). 

Les auteurs ont des opinions diverses sur les caractères 
de ce bois. Préfontaine dit qu'il ressemble au Noyer. D'après 
Sagot : Brun rougeûtre, devenant plus foncé en vieillissant et 
parfois couleur de l’Acajou de qualité inférieure. De Lanessan 
dit qu'il y a deux variétés : la var. rouge à densité de 1,117, 
et la var. jaune de 1,107. D’après Descourtilz : Beau rouge. 
Guibourt : Rouge brun très uniforme. Bell: Rouge tirant sur 
l'orange. Bassières : Brun rougeûtre, mais le cœur a une cou- 
leur plus vive. 

Caractères physiques. — Les chiffres donnés par Dumon- 
teil pour son Courbaril sont: Densité, 0,904; force, 333 ; 
élast. 188. Classes 2 et 4 

Ceux de la Comm. de Brest : Densité, 0,957 ; force, de 1089 
à 1110, ou 1,57 si le chêne — 1 ; élast. 25. Classe 1 c. 

Silva : Densité, 0,861 ; et da Gama : 0,982. 

D’après Descourtilz, écorce d’un roux noirâtre, épaisse, 
raboteuse et ridée. $ 


N° 1959 B. 

Description des échantillons : 81,2737 Bell; 0066 Imp. 
Instit. Guyane angl. ; #1 et 120, série IT, Lyon, Guyane fr. 

Caractères généraux. — Bois dur et lourd, brun rouge rayé 
d’une teinte plus foncée. Surface mate, fonçant à l'air; grain 
plutôt gros et ouvert, mais la surface paraît unie, car les pores 
sont rares. La nuance de la coupe transversale est beaucoup 
plus foncée que celle des autres sections. 

Caractères physiques. — Densité, de 0,900 à 0,921 ; dureté, 
celle du Teck, Odeur à sec nulle ; saveur filet sucrée. 
Solution de couleur brun jaunâtre. Le bois est élastique, se 
fend facilement et brûle bien. | 

Caractères de l’écorce (Echantillon Bell). — Ecorce épaisse 
de 6 mm. environ, brun foncé, légèrement gercée et presque 
aussi dure que Je bois. Elle est formée de trois couches : l'in- 
terne présente les rayons en section ; l'intermédiaire est 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 119 


blanche, mince, et est bien distincte des autres ; et l’externe se 
compose de plaques tombant à la longue. L'écorce peut se 
détacher d’une seule pièce et est employée par les indigènes 
pour faire des canots. La surface de la bûche est tout à fait 
lisse. 

Structure du bois. — L’aubier est épais de T à 10 em. envi- 
ron, jaunâtre ou blanc sale, assez bien délimité du cœur, 

Moelle petite, 1 mm. de diamètre environ, rougeâtre ou 
jaunâtre, lobée ou en forme de quatre ailes ou quatre coius. 

Section transversale. — Couches douteuses, mais {cas excep- 
tionnel) très bien marquées en apparence. (Voir parenchyme.) 

Vaisseaux facilement visibles, quoique petits, de Ü mm. 13 
de diamètre ; peu variables, distribués également. Ils sont peu 
nombreux, de 5 à 13 par mmq.; simples ou subdivisés par 2 
à T vaisseaux en groupes arrondis ou radiaux. Leur contenu 
est souvent rouge ou jaunâtre. 

Rayons à peine visibles, fins, uniformes, équidistants, écar- 
tés les uns des autres d’une distance égale au diamètre d'un 
gros vaisseau environ. En section transparente, ils sont un 
peu plus denses que les fibres. De couleur jaunâtre. 

Parenchyme abondant; a entourant les vaisseaux en s’éten- 
dant tangentiellement en ailes qui s'unissent parfois entre 
elles et forment des anneaux entiers qui sont le plus souvent 
interrompus en fragments. Le parenchyme est de largeur 
irrégulière, tantôt aussi mince que les rayons, et tantôt aussi 
large que les vaisseaux. Les anneaux pourraient être les 
limites des couches. 

Section radiale. — Vaisseaux plutôt gros, de couleur brun 
foncé. Rayons très apparents, surtout dans laubier, lors- 
qu'ils sont humectés. 

Section tangentielle, — Comme la radiale, mais les vaisseaux 
sont plus fins et les rayons donnent, à cause de leur nombre, 
un effet moiré à la coupe, comme celui de l’Acajou. 

Emplois. — Bon pour meubles, plates-formes de moulins, 
chevilles (MeTurk). N'est jamais attaqué par les vers n1 par 
le champignon Merulius lacrymans (Rodway). Bon pour 
comptoirs de magasin ; peut-être obtenu facilement jusqu à 


120 H. STONE 


13 à 17 m. sur 30 à 65 cm. d'équarrissage (Bell). Bon pour 
charpentes, machines ; résistant suffisamment dans tous les 
sens (Bassières), | 


N° 1959 C. 

La coupe transversale de Noerdlinger et l'échantillon de 
Lyon, série II, n° 251. 

Caractères généraux. — Bois d'un poids moyen et d’une 
dureté moyenne et de couleur (pour l’éch. 251) brun grisâtre 
clair ; grain très gros. 

Écorce. Aubier. Moelle ? 

Structure du bois. — Section transversale. 

Couches très bien délimitées par les lignes du parenchyme. 
(Ces lignes sont souvent répétées à de petits intervalles, et 
forment en apparence des limites doubles, mais c’est peut- 
être une particularité de l'échantillon de Lyon.) 

Vaisseaux facilement visibles, grands, jusqu'à 0 mm.2 de 
diamètre. 

Rayons plutôt larges pour un bois de Légumineuse ; écartés 
les uns des autres d'une distance inférieure au diamètre d'un 
gros vaisseau, parfois trois rayons se trouvant dans le même 
intervalle. Ils se courbent en traversant les limites des 
couches ; très effilés aux deux extrémités, où 1ls sont de cou- 
leur grisätre comme les fibres; mais au milieu où 1ls sont 
larges, 1ls ont une couleur rouge, ce qui leur donne un aspect 
bigarré. 

Parenchyme a visible, entourant les vaisseaux et s'étendant 
en ailes qui n'arrivent pas jusqu'aux lignes concentriques, et 
b très apparent simulant les limites des couches. 


Section radiale. — Vaisseaux blanchâtres, très gros. 

Section tangentielle. — Surface plus soyeuse que la radiale. 
Les vaisseaux sont encore plus gros, et les lignes du P2 très 
apparentes et d'un aspect curieux lorsqu'elles sont doubles. 
Les rayons, quoique très petits, sont tellement nombreux qu’ils 
produisent un effet moiré soyeux sur la coupe. 


Note. Plusieurs autres Hymenæa non indigènes de la Guyane 
doivent être pris en considération lorsqu'on ne connaît pas la prove- 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 121 


nance de l'échantillon, tels que: I. mirabilis, cité par da Gama: H. 
stignocarpa Mart. non Ein. et H. stilbocarpa Hayne, cités par Pareira, 
pp. #4 et 55, et Grisard, 1894, I, p. 5#1. 

Références: Wiesner, p. 85 ; McTurk, n° 37; Bassières, p. 98 ; Des- 
courtilz, V, p. 208; Bell, p. 9 ; Miers, ms. ; Rodriguès, p. 158 ; Allemao, 
p. 27; Grisard, 1894, I, p. 541; Bull. Econom,. Cochinchine, 1901. 
p. 712; Dumonteil, 1823, pp. 152 et 160 ; Comm. de Brest, p. 180; Sa- 
got, p. 227; Préfontaine, p. 169; de Lanessan, p. 546; Silva, ms.; da 
Gama, 1865, p. 118; Guibourt, ITT, p. 333; Stone et Fr., p. 82; Stone, T, 
of C., pl. VII, fig. 56. 


Crudia grandiflora Bth., n° 1963 A. 
Synonyme : Eperua (Parivoa) grandiflora Aubl. 


Aublet, p. 757: Parivoa grandiflora, Vouapa (Galibis). Écorce épaisse, 
lisse, blanchâtre ; bois rougeàtre, très solide et compact. Bon pour con- 
struction, pilotis ; de très grande durée. 

De Lanessan, p. 133: Bois dur; employé par les Indiens pour instru- 
ments de musique. 


Crudia Parivoa DC., n° 1963 B. 
Synonyme : Parivoa tomentosa Aubl. 


Aublet, p. 759 : Vouapa; écorce lisse, grisätre; bois rougeûtre. 
Huber, p. 177 : Jutahyrana (Amazones, terme gén.). 


Crudia aromatica Willd, n° 1963 C. 
Synonyme: Touchiroa aromatica Aubl. 


Aublet, p. 385: Moutouchiroa (Galibis); écorce grisâtre; bois blanc, 
peu compact, léger et un peu aromatique. 
Miers, ms. Peut être obtenu jusqu'à 17 m. sur 60 em. de diamètre. 


Crudia Apalatoa Steud., n° 1963 D. 


Synonyme : Apalatoa spicala Aubl. 


Aublet, p. 383: Apalatoa (Galibis) ; écorce lisse, grisätre ; bois blan- 
châtre. 


TRIBU XVII. — CYNOMETRÉES 
Copaifera, n° 1967. 


Les deux espèces suivantes sont presque toujours confon- 
dues avec le Peltogyne (v. 1958 À) et elles sont souvent citées 


… 


129 H. STONE 


sous le nom de Copaifera bracteata var. pubiflora, syno- 
nyme quine se trouve pas dans l'Index. 


Copaifera bracteata Bth., n° 1967 A. 


De Lanessan, p. 132 : Bois violet, Amarante, Simiridis des Galibis et 
des Arr, Ce bois est compact, pesant, d’une texture très fine disposée 
en lignes ondulées; nouvellement coupé, il est d’un gris foncé, qui 
passe rapidement, à l'air, au violet uniforme. Le véritable Bois violet 
est plus rare ; il s’en distingue par ses veines tranchées. 

Niederlein, p.3 : Saint-Martin soufré (Guyane). 


Voir aussi des citations au n° 1958. 


Copaïfera pubiflora Lindl., 1967 B. (Ne se trouve pas dans 
l’Index ; est-ce celui de Bth.) 


De Lanessan, p. 132: Bois Amarante d’une solidité et d’une élasticité 
à toute épreuve ; bon pour plates-formes de pièces d'artillerie, etc. 

Niederlein, p. 3: Saint-Martin, Bagot (Guyane, v. 1958 C), Zapotero 
morado, Z. Negro (Brésil). 


Copaifera guianensis Desf., n° 1967 C. 


Sagot, Catal., p. 319: Fréquent. 


Cynometra Hostmannii Tul., n° 1971. 


Sagot, p. 904: C. Hostmanniana Tul. Bois Bagot (v. 1958 C), Zeedrat 
(Surinam); aubier blanc; cœur beau pourpre. Le feuillage rappelle 
celui de Courbaril. 


Il faut noter que les feuilles du Peltogyne venosa (1958 B) 
ont aussi une grande ressemblance avec celle de cette espèce. 


TRIBU XVII. — DIMORPHANDRÉES 


Dimorphandra Mora Bth. et Hook, n° 1975 A. 

Synonymie : D). excelsa Ball. ; D. quianensis Ball. ; Mora 
excelsa Ball. et Bth. 

Je ne puis affirmer que ce bois soit indigène de la Guyane 
Française. Grisard dit qu'il y est rare, Sagot déclare n'avoir 


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BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 123 


trouvé aucun échantillon dans les herbiers. Dans son Cata- 
logue, p. 321, il se borne à dire que cet arbre se trouve pro- 
bablement dans le haut des rivières. Niederlein, en revanche, 
le cite dans une liste d'échantillons de la Guyane envoyés à 
l'Exposition de Buffalo, en 1911. 

Noms vulgaires: Mora (Bell). Moreira (Amaz.: Miers). 
Moral (Boulger). Mahot rouge (Guyane; Niederlein). Peto 
(Surinam ; Berkhout). Muro (Trinité ; Devenish). Ce n'est pas 
le Mora-balli (4508 E), ni le Morabucquia (1975 B), mais ce 
dernier lui ressemble beaucoup. 

Je ne puis affirmer que le Moera de l'Icones lignorum, 
pl. LXIV, fig. 7, soit cette espèce. Presque tous ces noms 
sont d’une application générale ; le mot Mora veut dire Mürier 
pour la plupart, mais, comme cet arbre n'a rien de commun 
avec Dimorphandra, je pense qu'il se rapporte plutôt à Muira, 
qui veut dire bois dans le dialecte des indigènes du Brésil. 

L’échantillon de Bell a été déterminé d'après les feuilles et 
les fruits par le D' Freeman. 

Caractères généraux. — Bois dur et lourd, de couleur 
brun rougeûtre, strié de lignes blanches et brunes ; grain gros ; 
surface un peu luisante, fonçant légèrement à l'air, La nuance 
de la section transversale est beaucoup plus foncée que celle 
des autres coupes. 

Caractères physiques. — Densité, de 0,911 à 1,096 ; dureté, 
celle du Buis: force, 3970 si le Chêne — 890 (Glavimans, 
cité par Berkhout). Odeur à sec nulle. Saveur extrêmement 
amère, astringente, se développant lentement sur la langue. 
Solution aqueuse de couleur brun foncé. Le bois brûle bien 
en pétillant beaucoup. 

Caractères de l'écorce, — Épaisse de 3 mm. environ, dure, 
brune et tombant en plaques arrondies. La surface de la bâche 


est lisse. 

Structure du bois. — Aubier de jaunâtre à brun elair ; bien 
délimité du cœur ; épais de 5 em. environ. 

Section transversale. — Couches bien délimitées, mais pas 


très apparentes; les fines lignes du parenchyme en sont les 
hmites, 


124 H. STONE 


Vaisseaux très apparents, grands, de Ü mm.25 ; peu 
variables; distribués également sur toute la coupe, de 17 à 40 
par mm. Ils sont simples ou par groupes de 1 à 6, et peuvent 
contenir tour à tour soit de la gomme, soit une matière blanche 
ou des thylles. 

Rayons visibles à la loupe, fins, uniformes, équidistants, 
écartés les uns des autres d'une distance égale au diamètre 
d'un gros vaisseau ; de 5 à 7 par mm. Ils ont à peu près la 
même couleur que celle du Pa. 

Parenchyme très apparent ; a abondant, entourant les vais- 
seaux en larges taches et les unissant en lignes obliques ou 
concentriques ; b représenté par la fine ligne qui limite les 
couches, 

Le parenchyme de la partie de l'aubier la plus proche du 
cœur commence à se colorer avant les autres tissus. 

Section radiale. — Vaisseaux très apparents à cause des 
bordures d’un brun clair du Pa et de leur contenu blanc. 

Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les vaisseaux 
vus à la loupe donnent l'apparence du bois de Palmier. Le Pa 
est très apparent et occupe la moitié de la surface. 

Emplois. — L'un des bois les plus importants de la Guyane 
Anglaise. Schomburgh en fait les plus grands éloges. Miers 
cite deux variétés ; l’une rouge et l’autre blanche. Résistant 
et tenace, plus durable que le Teck ; architecture, navires, 
pilotis, d’après Laslett, qui donne des essais de résistance. Ne 
fait pas d'éclats et résiste au Merulius lacrymans (pourriture 
sèche, Miers). Cependant il ne résiste pas au Teredo d’après 
l'échantillon n° 1 du Mus. de Kew. L'un des meilleurs bois 
pour traverses, pavages, etc. (Rell). Berkhout cite de très 
mauvaises expériences, mais je crois qu'elles ont été faites sur 
des espèces qui sont confondues avec le Mora. Peut être 
obtenu jusqu'à 6 à 12 m. sur 30 à 50 cm. d’équarrissage ; 1l 
peut atteindre une hauteur de 50 m. (McTurk). Lorsqu'il est 
grand, 1l est souvent creux (Morris). 


Éch. types : 65, 2721 Bell ; 2312, 2564 Laslett ; 2632 Berkhout ; la sec- 
tion de Noerdlinger. 
[Icones : Stone, T. of C., pl. VI, fig. 52 et p. 94. 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 125 


Références : Laslett, p. 275 ; le même, p. 450 ; McTurk, n° 60; Bell, 
p. 8; Grisard, 1894, I, p. 463; Niederlein, p. 2; Sagot, Catal., p. 321 ; 
le même (Richesses), p. 924; Berkhout, p. 27; Stone et Fr., p. 66, 


Morabucquia, n° 1975 B. 

Ce bois ressemble beaucoup au Mora. Le D' Freeman a 
constaté la parenté des deux espèces, mais n’est pas arrivé à 
une détermination exacte, malgré les feuilles et les fruits qui 
accompagnaient l'échantillon de Bell. Sa structure a beaucoup 
de rapport avec celle du Pellogyne, mais sa ressemblance 
superficielle avec le Mora est tellement frappante que, lors- 
qu'on se trouve en face de ces deux bois, on peut à peine les 
distinguer l'un de l’autre. 

Caractères généraux. — Bois dur et lourd, d’une couleur 
rougeàtre, parfois rayée. 

Caractères physiques. — Densité, de 0,980 à 1,072 ; dureté, 
celle du Buis. Odeur à sec nulle. Saveur extrêmement forte, 
amère, astringente. 

Caractères de l'écorce. — Écorce épaisse de 2 à 3 mm. envi- 
ron, lisse, dure, ligneuse. En section transversale, eile est tra- 
versée par des corps triangulaires rouges dont les bases sont 
tournées vers l'extérieur et les sommets opposés aux extré- 
mités des rayons du bois. La partie extérieure de l'écorce 
tombe en plaques irrégulières, découvrant des taches rouges 
de la couche sous-jacente. La surface de la büche est fine- 
ment striée. 

Structure du bois. — Aubier brun clair, bien délimité du 
cœur, mais non brusquement ; épais de 2 em. 5 à # cm. envi- 
ron. 

La structure ressemble à celle du n° 1958 A, à part les 
différences suivantes : le parenchyme se présente en lignes 
tangentielles s'anastomosant çà et là. Les vaisseaux sont 
souvent remplis de matière blanche. Sur la coupe radiale, les 
vaisseaux sont à peine visibles, sauf lorsqu'ils sont blancs ; 
les rayons, parfois assez apparents, donnent un effet moucheteé 
à la coupe. 

Emplois. — Les mêmes que ceux du Mora. D'après 


126 ff. STONE 


McTurk, peut être obtenu jusqu à 17 m. sur 55 em. d’équar- 
rissage. D'après Laslett, non durable. 
Beau bois, se fend facilement ; dur à travailler. 


Éch. types : 67, 2728 Bell. 
Références : MeTurk, p. 6; Laslett, p. 19; Stone et Fr., p. 68. 


SOUS-FAMILLE IIL — MIMOSÉES 


TRIBU XIX. — PARKIÉES 


Pentaclethra filamentosa Bth., n° 1978 A. 

Synonyme: P. brevifolia Bth. 

Noms vulgaires : Bois mulâtre, Wild Tamarind à la Trinité, 
Palo mulato au Venez. (Grisard). Trysil, Koorooballi (Bell), 
non Kooroobovelli, qui est l'espèce suivante. Trisle (Rodway). 
Parana-cache au Brésil (Miers). Gavilan à Costa-Rica (Pit- 
tier). Paranachy, Paranakochy au Brésil ORNE Para- 
cachy (Amazones : Huber). 

Je suis porté à croire que le bois Amarante de HÉUbe (v. 
1958) est cette espèce, à cause des pores blancs qu'il présente 
et qui caractérisent l'espèce. 

Caractères généraux. — Bois dur et lourd, rouge foncé. 
D'après Miers, brun rouge pourpre, bigarré de nombreuses 
taches foncées. D'après Bell, brun rouge bigarré. Surface un 
peu luisante, fonçant légèrement à l'air ; grain gros. La 
nuance de la coupe transversale est beaucoup plus foncée que 
celle des autres sections. 

Caractères physiques. — Densité, 0,800 ; dureté, celle de 
l’Acajou. Sans odeur ; saveur astringente. 

Caractères de l'écorce. — Epaisse de 2 cm.5 environ, 
d’après Miers. La surface de la bûche est finement ridée. 

Structure du bois. — Aubier blanc rougeâtre ou couleur de 
pain bis ; bien délimité du cœur. 

Section transversale. — Couches parfois délimitées ; les 
fines lignes du parenchyme pourraient être les limites, 


Fr re 


BOIS UTILES DÉ LA GUYANE FRANCAISE RE >: 


Vaisseaux visibles, même très apparents à cause de leur 
grandeur et de leur contenu blanc ; la plupart simples, beau- 
coup par paires, et quelques-uns en groupes subdivisés 1rré- 
gulièrement de # à 5 vaisseaux ; mais pas de groupes linéaires. 

Rayons très difficiles à voir, même à la loupe, et écartés les 
uns des autres d’une distance moindre que le diamètre d'un 
gros vaisseau. | 

Parenchyme a entourant les vaisseaux ; les lignes limitant 
les couches pourraient être le Pb. 

Section radiale. — Vaisseaux en gros sillons plus foncés 
que le fond, souvent remplis de matière blanche, ou de 
gomme rouge ou foncée. 

Emplois. — Bon pour construction, mâts, chauflage, peut 
être obtenu jusqu’à 13 m. sur 30 cm. d'équarrissage (Bell). 

Beau bois se travaillant bien, quoique dur. 


Ech. type; 55, 2711 Bell. 
Références ; Bell, n° 55; Miers, ms.; Stone et Fr., p. 56. 


Kooroobovelli (Bell), n° 1978 B. 

Non déterminé, mais très voisin du Pentaclethra, quoique 
les feuilles et les fruits ne soient pas les mêmes. Quant au 
bois, la saveur seule peut indiquer une différence d'espèce. 
L'écorce est beaucoup plus mince. 

Noms vulgaires : Purpleheart (Bell). Kooroobovilli (MeTurk). 
Ces deux noms signifient « Cœur pourpre ». 

Caractères généraux. — Bois d'un poids moyen et d'une 
dureté moyenne, de couleur acajou. Malgré la signification 
des noms populaires, je n'ai pas remarqué de teinte pourpre. 
Surface luisante et mate, tour à tour par taches ; grain gros et 
« à rebours ». 

Bois légèrement imprégné de gomme-résine (Bassières). 
Mais est-ce cette espèce ? 

Caractères physiques. — Densité, 0,711 ; dureté, celle de 
l'Erable. Sans odeur ni saveur. Se fend avec facilité, dur à 
travailler et émousse les outils. 

Caractères de l'écorce. — Semblable à celle du Hêtre, épaisse 
de 2 à 3 mm. Elle est formée de l'épiderme et de deux couches 


128 Hi, STONE 


pouvant se séparer aisément. La couche interne est plutôt 
dure, fibreuse ; l'externe, très dure. 

Structure du bois. — Comme celle de l'espèce précédente. 
L’aubier est de couleur de pain bis, épais de 2cm. 5 environ ; 
assez bien délimité du cœur. 


Éch. type : 55, 2729 Bell. 
Références : Bell, p. 9; Bassières, p. 96; Stone et Fr., 74. 


Hoobooballi var. 2 (Bell et MeTurk), n° 1978 C. 

Voir Clef au n° 1984. Non déterminé. 

Caractères généraux. — Bois d’un poids moyen et d'une 
dureté moyenne, de couleur brunâtre ou brun blanchâtre, 
rayée de noirâtre. La coupe transversale est traversée par des 
lignes noirâtres irrégulièrement concentriques et fortement 
ondulées, Surface brillante. La nuance de la coupe transver- 
sale est légèrement plus foncée que celle des autres sections. 

Caractères physiques. — Densité, 0,651; dureté, celle du 
Cerisier. Sans odeur ni saveur. 

Caractères de l'écorce. — Kpaisse de 3 à 7 mm. environ, 
formée de deux couches : l’interne est de couleur ‘brun cho- 
colat, plutôt ligneuse, présentant des fragments de rayons; 
l’externe est mince, rugueuse, et tombe en petites écailles qui 
sont bien délimitées en section. D’après McTurk, elle contient 
une gomme poisseuse, qu'on peut retrouver sèche sous l'écorce 
des vieux échantillons. 

Structure du bois. — La structure ressemble à celle du 
n° 1978 À, à part les différences suivantes : l'aubier est moins 
rougeâtre et légèrement plus clair que le cœur; bien déli- 
mité ; épaisseur de 7 cm. 5 environ. 

Section transversale. — Couches très vagues. Les bandes 
noirâtres ne concordent pas avec la structure. 

Vaisseaux visibles à peine, comme des piqûres. 

Les lignes concentriques du parenchyme n'existent pas. 

Section radiale, — Les vaisseaux laissent exsuder de Ja 
gomme en petites gouttes. Rayons très étroits, et néanmoins 
très apparents. 

Emplois. — Peut être obtenu facilement jusqu'à 10 m. sur 


LS 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 129 


35 cm. d’équarrissage (Bell). Bon pour bordages sous l’eau, 
où il dure beaucoup plus longtemps que n'importe quel 


autre bois (McTurk). 


Éch. type: 35, 2691 bell. 
Références : McTurk, p.5; Stone et Fr., p. 35. 


Hyari Calli (Bell), n° 1978 D. 

Ce bois a la structure du Penfaclethra. Je le place ici sous 
réserves. | 

Caractères généraux. — Bois d'un poids moyen et d'une 
dureté moyenne ; de couleur brun noisette, quelquefois légè- 
rement rayée. Surface brillante, fonçant un peu à l'air. La 
nuance de la coupe transversale est tant soit peu plus foncée 
que celle des autres sections. 

Caractères physiques. — Densité, 0,150 ; dureté, celle du 
Teck. Sans odeur ni saveur. 

Écorce inconnue. La surface de la bûche est lisse. 

Stracture du bois. — La structure ressemble à celle du n° 
1978 À, à part les différences suivantes. (Voir Clef, p. 10 et 
pl. VII, fig. 19.) 

L’aubier est très étroit et très brusquement délimité du 
cœur. 

Section transversale. — Couches bien délimitées par des 
zones de différentes densités ; contour régulier. 

Vaisseaux visibles à cause de leurs bords clairs. 

Rayons à peine visibles. 

Section radiale. — Vaisseaux se présentant en fins sillons. 
Les rayons, quoique étroits, sont bien apparents, car ils 
tranchent bien sur le fond brillant. Couches indiquées par 
des raies en couleur. 

Emplois. — Bon bois pour meubles ; peut être facilement 
obtenu jusqu'à 10 à 13 m. sur 20 à 22 cm. d'équarrissage 
(Bell). 

Joli bois facile à travailler : mais, se fendant facilement, il 
ne convient ni au rabot ni au tour. 


Annales du Musée colonial de Marseille, — 3° série, 5* vol. 1917. 9 


430 H. STONE 


Éch. type : 39, 2695 Bell. 
Référence ; Stone et Fr., p. 39. 


Fukadie, Phokadie (Bell), n° 1978 E. 

Ce bois a la structure de Pentaclethra. 

Caractères généraux. — Bois lourd et dur, de couleur 
brune. D'après Bell, de couleur brune et parfois de teinte verte. 

Grain gros, ouvert. Surface légèrement luisante. 


Caractèrés physiques. — Densité, 0,905 ; dureté, celle du 
Bois de Lance. Sans odeur ni saveur. 
Caractères de l'écorce. — Epaisse de 8 à 10 mm., tombant 


en grandes plaques épaisses, irrégulières ; épiderme dur et 
cassant. L'intérieur est finement stratifié et se sépare facile- 
ment en fibres, comme du chanvre. La surface de la bûche 
est striée. 

Structure du bois. — La structure ressemble à celle du n° 
1978 A ; à part les différences indiquées p. 152. 

Aubier brun, non différencié du cœur. 

Section transversale. — Couches bien délimitées ; les lignes 
visibles du parenchyme en forment les limites ; contour 
ondulé, irrégulier. 

Vaisseaux visibles comme de grandes piqûres ; leur gran- 
aeur ne diminue pas dans l'intérieur de la couche, mais avec 
l’âge de l'arbre ; :ls augmentent de diamètre suivant les 
couches. Ils sont distribués inégalement, et, dans les couches 
bien développées, ils ont une tendance à se disposer en lignes 
obliques ; simples ou en groupes ovales de 2 à 4 vaisseaux. 

Rayons à peine visibles, fins, clairs, uniformes, écartés les 
uns des autres d'une distance moindre que le diamètre d’un 
gros vaisseau et s’écartant au niveau de ces vaisseaux. 

Le parenchyme a se présente en taches à côté des vaisseaux. 


Section radiale. — Vaisseaux-en gros sillons, avec cloisons 
bien visibles. Rayons fins, très peu apparents. 
Section tangentielle. — Comme la radiale, mais le grain 


est beaucoup plus fin, car les groupes de vaisseaux sont cou- 
pés dans le sens du plus petit diamètre. Rayons très petits, 
0 mm. 5 de hauteur. 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 131 


Emplois. — Peut être obtenu facilement jusqu'à 10 m. sur 


30 cm. d'équarrissage (Bell). Se fend facilement et un peu dur 
à travailler ; polissage médiocre. 


Éch. type : 71, 2727 Bell. 
Référence : Stone et Fr., 72. 


Hooroowassa (Bell), n° 1978 F. 

Ce bois a encore la structure du Pentaclethra. Ce n'est pas 
le Huruwassa ou Soapwood, qui est le Sapindus Saponaria 
cité dans le Catalogue de l'Exposition de Paris, 1867, p. 27. 

Caractères généraux. — Bois plutôt léger, mou, de couleur 
rouge clair ; surface brillante fonçant légèrement à l'air ; grain 
très gros. La structure est facilement visible. La nuance de la 
coupe transversale est légèrement plus foncée que celle des 
autres sections. 

Caractères physiques. — Densité, 0,643 ; dureté, celle du 
Cerisier. Sans odeur ni saveur. 

Caractères de l'écorce. — Épaisse de 6 à 10 mm., tombant 
en plaques irrégulières, légères et très molles. L'intérieur est 
stratifié et ressemble au liber. La surface de la bûche est can- 
nelée en sillons peu profonds. 

Structure du bois. — La structure ressemble à celle du n° 
1978 A ; à part les différences suivantes. (Voir Clef, p. 132.) 

L'aubier n’est pas bien différencié du cœur, de 2cm.5 à 
kcem. 5 d'épaisseur ; couleur de pain bis. 

Section transversale. — Vaisseaux visibles et même très 
apparents, comme des piqûres ; parfois les groupes peuvent se 
composer de 15 vaisseaux, les parois qui subdivisent ces 
groupes se dirigeant dans tous les sens ; groupes radiaux rares. 
Les vaisseaux sont vides pour la plupart. 

Les fines lignes concentriques du parenchyme sont rares. 

Section radiale, — Vaisseaux en gros sillons vides, et de 
même couleur que le fond. Rayons à peine visibles lorsqu'ils 
sont humectés, 

Emplois. — Sert aux mêmes usages que le Mora (1975 A): 
peut être obtenu facilement jusqu'à 10 m. sur 30 à 35 cm, 


132 H. STONE 


d'équarrissage. Les bûches de grandes dimensions sont ordi- 
nairement « en retour » (Bell). 


Éch. type : 37, 2693 Bell. 
Référence : Stone et Fr., p. 38. 


Clef pour les bois qui ressemblent au Pentaclethra. 


À comparer avec la pl. VII, fig. 19. 


: à Vaisseaux, çà et là, contenantune matière blanche. 
1.1. Saveur astringente. Pentaclethra filamentosa, 
1978 A. 


1.2. Saveur nulle. Xooroobovelli, 1978 B. 
Vaisseaux sans malière blanche. 

2.1. Vaisseaux visibles à cause des bords clairs du 
parenchyme ; le bois est de couleur brun noi- 
sette rayé. En coupe radiale, les rayons 
tranchent bien sur le fond. Hyariballi, 1978 D. 


Vaisseaux visibles comme des piqûres. 


D IN 
D NN 
[as 


. Bois blanchâtre avec zones noirâtres irrégulières. 
Hoobooballi, 1978 C. 
2.2.2. Bois brun quelquelois teinté de vert. Fukadie, 
1978 E. 
2.2.3. Bois rouge clair, surface brillante. Hooroowassa, 


1918 F. 


TRIBU XX. — PIPTADÉNIÉES 


Entada polystachya DC., n° 1980. 
Synonyme : Mimosa bipennata Aublet (p. 946). 


TRIBU XXI. — ADÉNANTHÉRÉES 


Stryphnodendron guianense Bth., n° 1984. 

Synonyme : Mimosa quianensis Aubl. 

Noms vulgaires : Cassie de la Guyane (Aublet). Boise Zebra 
(Musée de Lyon). Bois Serpent (Musée Colon. de Mars.). 
Hooboobally, Surinam Snakewood (Devenish). Pashaco (Cor- 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 133 


réa). Slang houdou, Sncki housou, Bousi tamarin (Surinam ; 
Bremer). Puta locus (Surinam : Fuente). Ce n’est pas le Hoo- 
booballi de Stone et Fr., p. 35 (v. 1978 C), ni de Stone, T. of 
C., p. 98 (v. 2333 J), où le nom Cassie est cité par erreur. 
Ce nest pas non plus le Bois Case (v. 2008), mais probable- 
ment le bois Casse de Dumonteil. 

Ces trois bois (les deux Hoobooballi et le Cassie), sans 


l'aide de la loupe, sont très difficiles à distinguer les uns des 


autres. J'ai déterminé l'espèce présente d’après le bois, 
l'écorce et les feuilles. Le Moutouchi de Guibourt (1837 var. 
2) pourrait appartenir à cette espèce, si toutefois il n'est pas 
trop léger. Je ne connais aucun autre bois qui corresponde: 
aussi bien avec la comparaison de Guibourt, « un dessin de 
carte géographique en couleur ». Varenne-Fenille cite un Bois 
Grenadille qui paraît être voisin de notre espèce, tandis que 
le Bois Serpent de Niederlein est un Clusia. 


Les trois Hoobooballi peuvent être distingués, comme suit : 
1. En section transversale, le parenchyme se présente 
en lignes concentriques continues. 
1.1. Les lignes sont visibles, même très apparentes. 
Stryphnodendron quianense, 198%. 
1.2. Les lignes sont excessivement fines et visibles 
seulement à la loupe. Lecythis sp., 2333 J. 
2. Pas de lignes concentriques du parenchyme, 00- 


booballi de Bell, 1978 C. 


Provenance : Guyane Française. 


Caractères généraux. — Bois dur et lourd, de couleur blan- 
châtre, jaune ou même brun foncé, largement rayée de bandes 
rougeûtres ou pourpres, d'une manière très curieuse; grain 
très gros. Surface un peu luisante, fonçant légèrement à l'air. 
La nuance de la coupe transversale est beaucoup plus foncée 
que celle des autres sections. Aublet dit que la couleur est 
blanche. Probablement son échantillon était trop petit et les 
bandes de couleur pouvaient très bien être absentes. 

Caractères physiques. — Densité, 0,783, d'après Dumon- 
feil ; dureté, celle du Charme. Sans saveur ni odeur. 


134 H. STONE 


. Essais de Dumonteil, p. 154 : Bois Casse, force, 190; élast., 405 ; 
flexib., 3,38; p. 160. Classe 3, celle des Pins. 


Caractères de l'écorce (d’après l'échantillon n° 124 Guyane, 
M. C. Marseille). — Épiderme grisâtre, tombant en feuilles, 
et découvrant une couche moyenne ligneuse, de couleur brun 
rougeâtre foncé; en section, la couche interne est de couleur 
brun clair ; fibreuse, ligneuse et d’une cassure nette. Elle 
montre les rayons en section. D'après Aublet, écorce lisse, 
grisätre. 


Structure du bois. — L'aubier n’est pas différencié du 
cœur. 
Section transversale. — Couches délimitées ; les zones 


sans vaisseaux, avec ou sans ligne de parenchyme, en sont les 
limites. Les zones noires, qui paraissent comme des raies ver- 
ticales dans la pl. 2, fig. 3, sont très bizarres et irrégulières ; 
elles n’ont aucun rapport avec la structure. 

Vaisseaux très apparents, grands, peu nombreux ; 1ls sont 
simples ou par groupes de 2 à 3; vides. 

Rayons visibles à la loupe, très fins, en lignés droites 
comme tracées à la règle ; très nombreux, 3 dans un espace 
égal au diamètre d’un gros vaisseau environ, mais ne s'écar- 
tant pas au niveau de ces vaisseaux. 

Parenchyme d'un aspect particulier ; a entoure largement 
les vaisseaux en taches irrégulières, qui les unissent par 
groupes et forment des lignes concentriques entières sur le 
bord extérieur de la couche : de couleur brun clair. 

Section radiale. — Couches difficiles à suivre. Vaisseaux 
gros, mais peu apparents. Rayons très obscurs, étroits, trans- 
lucides, visibles çà et là comme des ombres. Le parenchyme 
se présente (caractère important) en nombreuses lignes paral- 
lèles de couleur brun clair, très visibles (comme des stries 
blanches, sur la figure). 

Section tangentielle. — Comme la radiale, mais, en appa- 
rence, beaucoup plus grosse, car il y a plus de parenchyme 
étalé. Les rayons ne sont visibles qu'au microscope. 

Emplois. — Bon pour construction, meubles de fantaisie. 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 135 
Éch. types: N° 9 et 115 Guyane, Musée Col. Mars., n° 127, série 


II, Lyon. Écorce, n° 124, Guyane, Musée Col. Mars. 
Références: Aublet, p. 938; Dumonteil, p. #; Icones lignorum. 


On ne peut reconnaître, ou on ne reconnaît que difficile- 
ment l'une ou l'autre de ces trois espèces sur les figures sans 
aubier de l'Icones lignorum, pl. LXX, fig. 6; pl. LXXI, 
fig. 1. Hoeboeballi, pl. XLIV, fig. 5. 


TRIBU XXII. — EUMIMOSÉES 


Mimosa viva Lin. non Vell., n° 1994 A. 

Aublet, p. 944. 

Mimosa Ceratonia Lin., n° 1994 B. 

Aublet, p. 945. 

Mimosa asperata Lin.; non Blanco, n° 1994 C. 
Aublet, p. 945. 


Mimosa Pacay Aubl., n° 1994 D. 


Aublet, p. 946 : Pacay (terme gén.) Frezier. 


TRIBU XXII — ACACIÉES 


Acacia pennata Willd., n° 1997 A. 
Synonyme: Mimosa pennata Lin. non Poir., ni Roxb. n1 


Russ. 


Acacia Ouyrarema DC., n° 1997 B. 
Synonyme : Mimosa Ouyrarema Aublet, p. 946. 


Acacia Farnesiana Willd., n° 1997 C. 


Sagot, Catal., XIIT, p. 322: Cultivé à la Guyane. 

De Willeman, II, p. 106: Bois d'une couleur rouge ; il pèse environ 
25 kgs. par pied cube, | 

De Lanessan, p. 136: Bon pour roues, essieux, etc, 


136 H. STONE : 


Cordemoy, H., p. 385 : Cassie, Cassie jaune, Epinard (Réunion) pour 
menuiserie, etc. 

Greshoff, p. 147: Au Java, Djepoen (j), Nagasar (non Nagasari qui 
est le Mesua ferrea); Tjakra-tjikri (Batavia), terme commun aussi pour 
Melia Azedarach. Sario sit ? (j), Kembang nagaseri(m), Garoet ? (S). A 
Sumatra côte Ouest, Boenga bandara ; à Banda, Boenga makasa. Au 
Timor, Boenga samarang ; aux Philippines, Aroma (sp.). Welriekende 
Acacia, West-Indische Stuîpboom (Holl.), Acacie (Cassie) odorant 
(Français) Cassie flower (Angl.), Antillen-Cassie, Farnesische Akazie 
(AIL.), Wabi, Hoebada (Indes Occ. Holl.), Dead finish (Australie). 

Bois blanc, lourd, serré, résistant, se prêtant bien au polissage ; 
employé dans l'Inde pour piquets, courbes de navires, etc. Poids — la 
densité, 0,785. 

Bischop, p. 3. Wabbi (Curaçoa). 


On le considère comme un « Bois puant ». 


TRIBU=XXIV. —- INGRES 


Lysiloma latisiliqua Bth., n° 1998. 
Synonyme : Mimosa latisiliqua Aublet, p. 945. 


Pithecolobium Unguis-cati Bth., n° 2001 A. 
Synonyme: Mimosa Unquiscati Lin. (non Blanco, ni Forsk). 
Aublet, p. 944. | 


Pithecolobium trapezifolium Bth., n° 2001 B. 


Synonyme : Mimosa vaga Aubl. non Lin. ; ni Vell. 


Aublet, p. 945 : Guaiba-pocaca biba (Brésil, d’après Marcg.). 
De Lanessan, p. 136 : moins dur que les P. Schomburgkü et parvi- 
folium. 


Pithecolobium parvifolium Bth., n° 2001 C. 


De Lanessan, loc. cit. comme P.{rapezifolium. 


Pithecolobium pedicellare Bth., n° 2001 D. 


De Lanessan: loc. cit. 
Pulle, 1907, p. 90. Plokoni {Surinam : gén. aussi In a l’uga alba). 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 137 
Pithecolobium corymbosum Bth., n° 2001 E. 


De Lanessan, loc. cit. 


Pithecolobium, n° 2001 KF. (Espèces diverses non déter- 
minées.) 


Sagot, p. 229; Bois macaque acacia. 

Bassières, p. 100 : Bois macaque. 

Martin-Lavigne, p. 111, fig. 42 et 43 ; Plokoni, peut-être Pithecolo- 
bium, 


Sa description etses figures concordent bien avec celles de 
Moll et Janssonius, au sujet des diverses espèces de Pitheco- 
lobium. Les détails suivants proviennent de Martin-Lavigne. 
Le nom indigène Plokoni cité par cet auteur se rapporte à 
nos 2001 D et 2005 B. 

Caractères généraux. — Bois de couleur blanc rougeûtre et 

d’une dureté moyenne, fibreux et à grain gros et ouvert. 
_ Caractères physiques. — Densité de 0,783 pour l'aubier et 
de 0,814 pour le cœur. Dureté, celle du Châtaignier. Le bois 
est peu élastique, car il a des fibres courtes ; peu tenace, se 
fendant bien à la hache, peu homogène et assez poreux, mais 
cependant d’une force de résistance moyenne. Sans odeur. 

Décoction aqueuse et macération alcoolique à peine colorées 
en Jaune clair et limpides. 

Le bois brüle avec une fumée assez abondante et donne 
une flamme médiocre. 

Caractères de l'écorce. — L'écorce, peu adhérente au bois, et 
de couleur rougeâtre extérieurement, conserve de nombreuses 
traces de périderme exfolié par plaques plus ou moins larges 
et épaisses. Sa cassure est rougeâtre, un peu plus foncée et 
homowène. Elle est tendre et d'une épaisseur de # à 5 mm. 
Elle est pourvue d'un liège externe, « très » épais, dont 
quelques bandes avec éléments à parois fortement épaissies. 
La plus grande partie de l'écorce est occupée par un hber 
divisé par des rayons. Elle renferme dans sa moitié externe 
des paquets de fibres et de cellules seléreuses, disposés sans 
ordre, et présente dans sa moitié interne une structure strati- 


138 H, STONE 


fiée plus régulière, formée par bandes alternatives de tissu 
parenchymateux et de fibres ; couleur rougeâtre. à l'extérieur 
et à l'intérieur. 


Structure du bois. — L'aubier est de couleur jaune rou- 
geûtre. 

Moelle. — Elle renferme de larges massifs de cellules sclé- 
reuses. 

Section transversale. — Couches très confusément indiquées 


par des zones de tissu plus compact, dont la nuance plus 
foncée diminue graduellement vers le centre jusqu'à la zone 
suivante. 

Vaisseaux généralement isolés et situés surtout dans des 
amas de tissu plus clair, formant de petites trainées ondulées 
et disposées en tous sens. Ils sont quelquefois groupés par 
deux ou plus. Diamètre variable, de 120 à 250 microns. 3 par 
mm. 

Rayons de dimensions et forme très variables, irrégulière- 
ment espacés, au nombre de 5 à 9 par mm. Ils sont unisériés 
et souvent même bi ou tri-sériés. 

Parenchyme. —- En dehors de l’espace occupé par les vais- 
seaux, le Pa forme à peu près la moitié de la masse ligneuse. 
Il est disposé en bandes tangentielles, courtes, anastomosées, 
très irrégulières et toujours plus abondantes autour des vais- 
seaux. 

Section radiale et tangentielle. — Ces sections sont par- 
courues en longueur par de larges sillons irréguliers, surtout 
dans l’aubier, donnant au bois un aspect rugueux. Les couches 
y sont invisibles et les rayons irréguliers, peu apparents, 
même sur la section radiale. Dans les régions du cœur, on 
distingue quelques veines jaunes qui donnent à cette partie 
du bois un léger reflet doré. Hauteur des rayons, de 100 à 
400 microns sur 20 à 40 de largeur. 


Enterolobium Schomburgkii Bth., n° 2002. 
Synonymie: Pithecolobium Schomburgkü Bth. 


Sagot, p. 1 : Bois macaque ; dur ou demi-dur. 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 139 


Inga Bourgoni DC., n° 2005 A. 
Synonyme : Mimosa Bourgoni Aubl, 


Aublet, p. 941 : Palétuvier sauvage ; Bourgoni (terme gén.) ; Inga 
(noiragues) ; écorce grisâtre, épaisse ; bois blanchâtre, peu compact, 

Préfontaine, p. 198, mentionne 3 variétés. (V. l'espèce suivante.) 

Dumonteil, p. 156 : Bourgoni ; densité, 0,758 ; force, 230; élasticité, 
225 ; flexib., 2,09; p. 160. Classe 3. 


Il ne faut pas confondre ce bois avec le « Pois sucre », ni 
avec le « Bois Crapaud » du même auteur, qu'il cite séparé- 
ment et dont les densités sont bien différentes. Voir 2005 K 
et partie IT. 


Sagot, p. 924: Bourgouny, Inga Bourgoni. 

Cat. Expos. Univ., 1867, p. 42. Palétuvier grand bois de montagne. 
Pérépéré (Galibis) Acouribroad de Demérary ; Arrahonée des Galibis : 
Marsiballi des Arrougues. 

Niederlein, p. 7, cite un Bougoué, ou Bois Crapaud. 


Cette espèce n’est pas le Bourgoni des teinturiers. Voir 
2005 B. 

Caractères de l'écorce d'après l'échantillon n° 33 Guyane 
Mus. C. M. Épiderme jaune clair ou brun, lisse avec des im- 
pressions semblables à celles qu'on voit sur l'écorce des Pla- 
tanes. L'écorce est épaisse de 2 à 3 mm. ; sa structure est très 
apparente, surtout en section longitudinale ; elle est ligneuse, 
et se compose, moitié de fibres blanches et moitié de fibres 
brunes ; une seule couche sous l'épiderme. La surface interne 
est couverte de grosses stries. 

Description d'un échantillon de bois, n° 141, Guyane (Mus. 
Col. Mars.). Ce bois concorde avec la description d'Aublet, 
mais 1l est beaucoup trop léger pour être celui de Dumonteil. 

Caractères généraux. — Bois léger et mou, grain grossier 
et un peu à rebours. Couleur grise légèrement olivâtre uni- 
forme. Surface mate et luisante par place. Structure obscure 
en section transversale, dont la nuance est beaucoup plus 
foncée que celle des autres sections. 

Caractères physiques. — Densité, 0,528 ; dureté, celle 
de l’Aune. Sans odeur ; saveur un peu astringente. 


140 H. STONE 


Structure du bois. — Notre échantillon se compose d’une 
bûche de 20 cm. tout en aubier. 

Section transversale. — Couches en apparence délimitées ; 
les vaisseaux disposés én anneaux pourraient indiquer les 
limites. 

Vaisseaux à peine visibles malgré leur grandeur, peu de 
variation, disposés irrégulièrement, fortement isolés, peu 
nombreux, simples ou par groupes radiaux de 2 à 4. 

Rayons visibles à la loupe, très fins, réguliers en largeur, et 
à intervalles égaux d’un diamètre d'un gros vaisseau, ne 
s’écartant pas au niveau de ces vaisseaux. Couleur jaune ou 
orangée. 

Parenchyme a, entourant les vaisseaux, peu abondant. 

Section radiale. — Vaisseaux visibles en fins sillons vides 
et un peu plus foncés que les fibres. Rayons visibles et très 
apparents lorsqu'ils sont humectés, formant des lignes minces 
brunes. Au microscope (>< 10), ils présentent beaucoup de 
cellules noires qui produisent un effet moiré. 

Section langentielle. — Comme la radiale, mais les rayons 
se présentent en petits fuseaux jaunes pas trop effilés, avec 
cellules noires. Hauteur jusqu'à 1 mm. 


Inga alba Willd., n° 2005 B. 


Barrère, p. 74: Palétuvier violet; pour teinture en violet et noir. 

Préfontaine, p. 198: Palétuvier, Parétuvier, Moutouchi (Caraïbes, 
voir 1837), trois variétés : blanche, rouge et violette. L’écorce de la 
variété violette sert pour la teinture en violet et en noir, et pour tan- 
nage, Bois bon pour chauffage. Ce n'est ni le Palétuvier blanc, qui est 
le véritable Cereiba de Marcgraff, ni le Mangles de Piso. 

Sagot, Catal., XIII, p. 329 : le Bougoni employé par les teinturiers 
n'est pas l’Inga Bougoni, mais l'Inga alba Willd. Assez abondant, don- 
nant des couleurs durables. 

Huber, p. 177 : Inga chichi (Amazones). 

Pulle, 1907, p. 90 : Plokoni (Surinam, gén. aussi à 2001 D). 


Inga vera Willd., non H. B. et K., n° 2005 C. 
Synonyme : Mimosa Inga Lin., non Vell. 


Aublet, p. 944: Inga, Pois sucre, 


‘4 
% 
* 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 141 


Bischop, p. 23 : Zoete Tamarind ; Suikerpaulanboom ; Gris Gris. 
Wiesner, II, p. 950: Cocusholz ; Cuba Grenadille. (Voir partie Il.) 


C'est Wiesner qui donne les détails suivants : 

Caractères généraux. — Cœur brun foncé ou brun clair, ou 
plutôt brun rougeâtre (parfois tirant sur le pourpre dans les 
vieilles coupes). 

Caractères physiques. — Densité, 0,970 ; dureté, celle du 
métal, mais se fend facilement. 

Section transversale. — Vaisseaux presque toujours visibles, 
remplis de la matière du cœur de l'arbre (Kernstoff) et, dans 
l’aubier, remplis de matière rouge jaunâtre ; 10 à 12 mm. de 
diamètre. Ils sont distribués également ; simples ou en groupes 
de 2 à 7, souvent 4, radiaux ou arrondis. 

Rayons en étages visibles seulement à la loupe. 

Parenchyme en lignes claires concentriques, de 1 à 3 ran- 
gées de cellules, à peine plus larges que les rayons et plus 
ou moins visibles à l'œil nu. 

Ce n'est pas le Cocus des Anglais que Wiesner décrit 


p. 925. 
Inga angustifolia Willd., n° 2005 D. 
Synonyme : Mimosa sinemarensis Aubl.:; 7]nga Fenillei DC. 


Aublet, p. 946: Pacay (t. gén.). 


Inga fagifolia Willd., non D. Don., n° 2005 E. 
Synonyme : Mimosa fagifolia Lin., non Jacq. 


Aublet, p. 945: Inga (terme gén. Caraïbes), 


Inga n° 2005 F (espèces diverses non déterminées et dou- 
teuses). 


Dumonteil, p. 156: Bois sucre. Densité, 0,565; force, 169; élasticité, 
173 ; flexibilité, 2,48 ; p. 163. Classe 5 dé qualité inférieure. 

Sagot, p. 906 : Pois-sucre, mou ou demi-dur. 

De Lanessan, p. 136: Palétuvier de montagne; Inga Burgoni. Peu de 
lénacité et sans valeur, 

Bremer, p. 204: Switi bonki, Inga ingoides (Surinam), 


115 H. STONE 


FAMILLE: LXVI: =-ROSAGHES 
TRIBU I. — CHRYSOBALANÉES 


Licania heteromorpha Bth., n° 2008 À. 
Synonyme: L. quianensis Klotz. 


Préfontaine, p. 2: Bois à gaulettes. (Est-ce bien cette espèce ?) 
Dumonteil, p. 156: Anaoura (Est-ce bien cette espèce ?) Densité, 
0,938 ; force, 272; élast., 173; p. 160. Classe 2, celle du Chêne. 


Il cite aussi le Bois rouge Tisane comme une espèce diffé- 
rente, mais comme ce nom est d’une application générale, 
tandis que Anaoura est moins connu, je le place ici. Je tiens à 
faire remarquer quil existe encore un arbrisseau portant le 
nom de Anaoura, qui est l’Allamanda cathartica Lin. 


Sagot, p.906 : Le Licania heteromorpha etles autres espèces de Lica- 
nia, ou Bois rouge Tisane, sont de couleur rougeàtre, très compacts, 
durs ou assez durs. AA 

Grisard, 1895, p. 627: L, quianensis Klotz, ; Bois gaulettes; Bois 
rougeatre, lourd, flexible, de conservation médiocre; bon pour menui- 
serie d'intérieur, clayonnages et jantes de roues. 

Pulle, 1907, p. 85, Anaura: Ingie borkie. 

Niederlein, p. 5 : Gaulette rouge. 

Huber, p. 176, Macucu (terme gén., Amazones); p. 204, Anauera 
(Para). Licania macrophylla. 


Martin-Lavigne, p. 115; fig. 44 et 46: « Anaoura ». Les 
détails suivants proviennent de sa description. 

Caractères généraux. — Bois lourd, assez compact, quoique 
fibreux. En section transversale, de couleur marron rougeûtre 
uniforme. 

Caractères physiques. — Densité, 1,116; dureté, celle du 
Frêne ou du Sureau. Solution aqueuse ou alcoolique à peine 
colorée. Le bois brüle avec une flamme médiocre et une fumée 
abondante. Élastique. 

Caractères de l'écorce. — Épaisse de 8 mm. en moyenne, 
assez adhérente, de couleur blanchâtre et rosée extérieure- 


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BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAÏSE 143 


ment. Elle présente une cassure rougeâtre et est assez dure et 
homogène. Liège mince, liber très développé, avec paquets 
scléreux dans la zone extérieure et surtout parenchymateux 
dans la zone interne. 

Structure du bois. — Section transversale. Au sujet des 
couches, on distingue à peine les bandes concentriques du 
tissu compact qui forme le bord externe. 

Vaisseaux pointillés de blanc, peu nombreux, de 2 à 4 par 
mmgq. ; diamètre de 200 à 5300 microns environ. 

Rayons de 15 à 20 par mm. ; à intervalles de 100 à 300 
microns et de 10 à 20 microns de largeur. 

Parenchyme en étroites bandes concentriques, de 50 microns 
environ de largeur. 


Bois rouge Tisane, n° 2008 B. 


Dumonteil, p.154: densité, 0,852 ; force, 237 ; élast., 231 ; flexibilité, 
1,91, p. 160. Classe 2, celle du Chêne, 

Sagot, p. 226: Humirium et diverses Chrysobalanées. Le même : p. 
906, Licania heteromorpha et d'autres Licania. (Voir l'espèce précé- 
dente.) 


Echantillon n° 44, Guyane, Musée Colon. de Mars. : étiqueté 
Rustisane. Espèce non déterminée, mais ce n'est n1 un Humi- 
rium, ni un Licania. 


Bois à gaulettes, n° 2008 C. 

Ce nom est adapté à beaucoup de bois. Voir Ægiphila, 
9100 ; Vismea, 635 ; Hirtella, 201% ; Licania, 2008 A et E; 
Miconia, 2462 : et Henrietella, 2470. 


Préfontaine, p. 150: Coubouliroua (Caraïbes). On peut en faire des 


gaulettes de trois lignes d'épaisseur. Les gaulettes sont vertes, 
Sagot, p. 906: Diverses Chrysobalanées, Ils ont l'écorce couverte de 


petites tubérosités pustuleuses qui les rendent faciles à reconnaître. Le 
même, p. 9210: Bois gaulette Miconia et Henrietta ; très dur. 


Licania incana Aubl. non Bth., n° 2008 D. 
Synonyme : L. membranacea Sagot, 


144 H. STONE 


Aublet, p. 119: Caligni (Galibis). Écorce cendrée, membrane fort 
mince qui tombe par lambeaux et se renouvelle chaque année. Bois dur, 
blanchâtre, exhalant une odeur d'huile rance, lorsqu'on le scie. (Voir 
n° 2008 F à ce sujet.) | 

Grisard, 1896, p. 627 : Bois gris, Case (Trinité) ; Icaquito (Venez.). 
Bois lourd, de couleur rougeâtre veinée de brun foncé; bon pour 
poutres et constructions. 

Rodriguès, 1893, p. 164: Caligni (Guyane). Bon bois quelque peu 
noirâtre. 

Huber, p. 203. Ajuru (Para: terme gén.). 

Pereira, 5° édition, p. 98. Milho cosido : bois jaune ; densité, 0,823 à 
0,971. 

Dumonteil, p.162: Bois goelette ; densité, 1,196; force, 303 ; élasti- 
cité, 120; p. 162. Classe I. (Est-ce bien cette espèce?) Il cite ce bois 
à part de « Anaoura » et « du Bois rouge tisane », n° 2008 A et B. 

De Lanessan, p. 130: Bois gaulette. Bois rougeàtre, très compact, 
dur, assez flexible, pouvant arriver à de grandes dimensions. Bon pour 
clayonnages de palissades, jantes de roues, etc. 


Licania sp., n° 2008 E (Kautaballi de Bell). 

Laslett cite un bois sous ce nom comme irtella americana 
(v. 2014). 

L'espèce présente a été déterminée, d'après les feuilles et 
les fruits, par le D' Freeman, comme étant probablement le 
Licania triandra ou mollis. Je me demande si ce n’est pas 
Caligni 2008 D, à cause de son odeur. 

Caractères généraux. — Bois très lourd, dur et compact, 
de couleur brunâtre légèrement rayée, ressemblant au Kake- 
ralli. Surface fonçant légèrement à l'air. La nuance de la 
coupe transversale est plus foncée que celle des autres sec- 
tions. 

Caractères physiques. — Densité, 1,025 ; dureté, celle du 
Buis. Odeur désagréable lorsque le bois est travaillé. Sans 
saveur. 

Caractères de l'écorce. — Épaisse de 7 à 14 mm. environ, 
presque lisse, tombant en plaques. Couche extérieure très 
dure, ligneuse et cassante, brune ; couche intérieure mince et 
fibreuse. Lenticelles grandes. Surface de la bâche lisse et 
striée. | 

Structure du bois. — L’aubier ést à peine différent du 
cœur ; le bois extérieur est légèrement plus clair. 


Cr ae. 7, 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 145 


Section transversale. — Malgré la détermination du 
D' Freeman, je trouve que ce bois ressemble énormément aux 
Lecythis, avec lesquels il doit être comparé (voir 2333), à 
part les différences suivantes. 

Vaisseaux visibles, même très apparents, très variables, 
sans ordre spécial ; ils sont simples pour la plupart, parfois 
en groupes de 2 à 3, rarement plus. 

Parenchyme comme celui du Lecyfhis, mais sans la régu- 
larité exquise de ce genre. Il est irrégulier en largeur, et son 
contour est grossièrement creusé et ondulé. 

Section radiale. — Vaisseaux très apparents, vides. 

Section tangentielle. — Les rayons ne sont visibles qu'au 
microscope, en cellules exceptionnellement grosses, remplies 
de gomme rouge. 


Éch. type : 49,2705 Bell. 

Références *Bellp. 1;Stoneet Fr; p. 50. 

Icones lignorum : Le Cauta, pl. LXX, fig. 8, ne ressemble que vague- 
ment à cette espèce. 


Moquilea guianensis Aubl., n° 2009. 


Aublet, p. 521: Ecorce roussâtre, épaisse ; bois blanc, peu compact, 


Féroles, n° 2011. 

Ce bois, qui se rapporte au Parinarium (Ferolia) quianen- 
sis, est confondu avec le Bois de lettres (Brosimum (6623), 
avec Amanoa quianensis (6392), et avec le Washiba (2011 F). 

Après un examen très rigoureux, Je crois -que nous nous 
trouvons en face de quatre sortes de bois au moins, tous ayant 
beaucoup d'éclat lorsqu'ils sont polis. Le Washiba a une 
structure ressemblant énormément à celle des Légumineuses, 
et plus particulièrement des Dalbergiées, fait qui n'est pas 
rare parmi les Chrysobalanées ; mais tous les Salinés que J'ai 
vus ont la structure des Brosimum. Je ne connais pas l'Ama- 
noa, mais, étant une Ephorbiacée, il est facile de le distinguer 
des autres, et Aublet dit qu'il a un bois blanc. 

Quant au Satiné rouge du commerce, il a la structure des 
Brosimum et un éclat extraordinaire. (Voir 2011 A. 


Annales du Musée colonial de Marseille, — 3° série, 9* vol. 1917, 10 


146 H. STONE 


Aublet dit qu'il n’a jamais vu ni l'arbre m1 les fleurs, et que 
les Créoles qui recherchent ce bois ne connaissent pas l’arbre 
sur pied. Ils trouvent des morceaux par terre dans les vieilles 
forêts, avec l’aubier entièrement détruit. 

Sagot dit presque la même chose du Bois de lettres et 
Barrère dit que le bois de Féroles a été trouvé pour la pre- 
mière fois dans la propriété du Gouverneur Féroles ; il veut 
sans doute parler des troncs enterrés. 

Ni Aublet, ni Sagot n'avaient les moyens de rapporter un 
bois inconnu à un arbre quelconque, et je crois qu'ils ont tort 
tous les deux. Aublet a adopté le nom « Féroles » de Barrère 
pour le joindre par erreur au genre Ferolia et au « Bois 
Satiné ». Barrère, p. 91, qui a été le premier à décrire le 
Féroles, et qui ne se sert pas du mot Satiné, dit que ce bois 
est parsemé de taches ressemblant à celles d’un marbre qui 
serait veiné de rouge, de blanc et de jaune ; et il cite les noms 
additionnels de « Bois marbré » et « Bois coloré ». Aublet 
dit, au contraire, qu'il est d'un beau rouge panaché de jaune, 
ressemblant au satin. Roubo décrit trois échantillons : 1° bois 
blanc tacheté de rouge ; 2° blanc veiné ou tacheté' de rouge ; 
3° jaune foncé avec des raies étroites de couleur brune tirant 
sur le violet. Dans les descriptions de Barrère et de Roubo, 
le blanc et le jaune prédominent toujours, ce qui s'accorde 
avec le « Satiné rubané », tandis que le rouge est la couleur 
prédominante dans le bois d’Aublet. On peut conclure qu'on 
peut trouver à terre plusieurs bois sans aubier, et, comme les 
feuilles figurées par Aublet pour Ferolia ressemblent exacte- 
ment à celles du Brosimum, la confusion est très facile. Sagot, 
p. 236, dit que, de tous les Satinés, c’est le Satiné rouge qui 
a le plus d'éclat et que ce n’est pas le même arbre que celui 
du Satiné rubané. Il cite les noms de Bois de Féroles, de Sa- 
tiné et de Washiba pour le même bois, mais dans son Cata- 
logue il ne cite ni Féroles, ni le Parinarium quianensis. 
Brousseau dit que le Satiné rouge est de couleur rouge, mais 
que le Satiné rubané est plus pâle, avec des veines ondulées 
et un reflet miroitant. Grisard lui donne une belle couleur 
jaune et rouge et dit quil présente des veines longues et 


ois UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 147 


fines dont la nuance varie du rouge brun à l’écarlate ou au 
gris jJaunâtre ou verdâtre, mais ajoute que le Satiné rouge a 
une teinte uniforme. On peut donc conclure que la première 
partie de sa description se rapporte au Satiné rubané. 

Enfin Je crois que le Féroles est le Satiné rubané, que le 
« bois » d’Aublet est le Satiné rouge, et que tous deux sont 
des Brosimum : le Washiba serait une espèce à part du genre 
Parinarium (Ferolia Aubl.) et est probablement l’ « arbre » 
qu’Aublet a décrit en l’associant avec le Féroles. 


N° 2011 A. (Variété.) 


Aublet, Supp., p. 7: Ferolia quianensis, Bois satiné, Bois de Féroles. 
Ecorce lisse, cendrée, suc laiteux. Aubier large, deux pieds de dia- 
mètre sur un tronc de trois pieds, blanc, dur, compact. Bois interne 


lourd, d'un beau rouge panaché de jaune, beau polissage et ressemble 
au satin. 


Saldanha da Gama, p. 256 : Voir Amanoa 6392. 

Dumonteil (Est-ce bien cette espèce ?), p. 154: Densité, 0,877; force, 
216 ; élast., 123; flexib., 1,90, Le même, p. 162 : Classe 4, celle des 
Meubles. Sa valeur, comme bois pour rouets de poulies, égale la moitié 
de celle du Gaïac, 


Sagot, p. 236: Ce bois a plus d'éclat que tous les autres Satinés et sa 
nuance est peut-être plus vive que n'importe quel autre bois. Sagot 
ajoute, p, 913, que c'est l’Amanoa quianensis. 

Brousseau, IT, p. 138: Bois de lettres rouge, de couleur brun rouge 
clair, avec quelques veines noirâtres faiblement accusées. 

Hohnel, p. #3: Ficatin, Kônigsholz, 

Grisard, p. 313 : Bois de Cayenne. Bois Baroit (Guy. Fr.), Ronron (Sal- 
vador); d'une très belle couleur rouge, d’une teinte uniforme; c'est le 
Satiné qui a la nuance la plus vive et qui possède le plus d'éclat. 

Ech, types: N° 60, Guyane, Musée Col. de Mars. ; n° 123, série II, 
Lyon. 


Satiné gris, n° 2011 B. (Voir 2011 D.) 

D'après l'échantillon n° 31 du Musée Colon. de Mars. : Bois 
d'une couleur brun foncé, tirant un peu sur le rouge. Lors- 
qu'il est humecté ou poli, ses pores ressortent et lui donnent 
une apparence pointillée d'hermine. J'ai constaté le même 
eflet sur la coupe tangentielle des échantillons du n° 2011 A, 
qui étaient d'une qualité inférieure, et je pense que le Satiné 
gris que Je décris pourrait en être une variété, 


148 H. STONE 
Satiné rubané, n° 2011 C. 


Roubo, p. 769: Bois marbré de Cayenne; Bois de lettres satiné. 

Descourtilz, p.456: Bois de Féroles marbré ; Feroliava riegata. Syno- 
nymie: F. gquianensis Aubl. 

Sagot, p. 913: Plus pâle que le Satiné rouge. 

Brousseau, p. 138 : Bois de lettres rubané, de couleur rouge pâle, 
avec des veines ondulées et un éclat miroitant. 

Grisard, p. 313: Veiné de rouge et de jaune ; remarquable surtout par 
ses gracieux dessins ondulés et par son miroitement lorsqu'il est poli. 


Je cite ici ces deux derniers auteurs car leurs citations ne 
concordent pas avec la variété n° 2011 A. 

Les échantillons n° 12, 18, 110 du Musée Col. de Mars. 
sont d’une couleur rouge ou rouge brunâtre, rayée d'étroites 
lignes noires. Il se produit un elfet moiré en coupe tangen- 
tielle, mais l'éclat est loin de ressembler à celui de la var. À, 
et il n'y a pas de dessins ondulés. L'aubier est strié de sillons 
rouges. {Voir plus loin la description complète de la structure.) 


Satiné gris, n° 2011 D. 

D'après l'échantillon n° 122, série IT, Lyon: Bois ressem- 
blant superficiellement au Bois de Rose ou Bois Tulipe (Phy- 
socallyma). De couleur jaune ou blanche, rayée d’étroites 
lignes rouges carmin et de zones excentriques de couleur noi- 
râtre, mais il n'y a pas de miroitement. 


N° 2011 E. (Satinés dont les descriptions sont incomplètes.) 


Dumonteil, p.154: Saliné brun; densité, 0,825; force, 247; élast., 
134; flexib., 1,78; p. 162. Classe #, celle des Meubles. Sa valeur pour 
rouets de poulies est la moitié de celle du Gaïac. a: 

Miers, ms. Pao setim (Brésil). 


Description de la variété C, et celle également de toutes les 
var, du n° 2011, sauf les différences données dans la Clef. 

Caractères généraux. — Surface froide au toucher ; couleur 
fonçant légèrement à l'air. Les fibres sont fortement entre- 
croisées, et la nuance de la coupe transversale est beaucoup 
plus foncée que celle des autres sections. 

Caractères physiques. — Densité, de 0,850 à 0,877 ; dureté, 
celle du Charme. Odeur de cuir très légère ou nulle. Sans 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 149 


saveur. Solution alcoolique brune abondante. Le bois est cas- 
sant, mais se fend peu. 


Structure du bois. — L'aubier est de couleur pain bis et 
nettement délimité du cœur. 
Section transversale. — Couches non apparentes. Ordinai- 


rement les indications pour les limites manquent, quoiqu'il y 
ait parfois des zones plus ou moins foncées. 

Vaisseaux facilement visibles à cause de leurs bords rouges : 
grands ou petits, car ils augmentent de beaucoup en grandeur 
suivant l’âge de la couche. Ils sont peu nombreux, de 1 à 8 
par mm. ; fortement isolés, se présentant souvent en lignes 
qui forment fer à cheval, en laissant des espaces arrondis 
vides (ce qui n’est pas le cas dans le Bois de lettres). Leur 
couleur est rose. [ls contiennent des thylles. 


Rayons facilement visibles à la loupe, fins, uniformes, de 


k à 5 par mm. Ils sont droits et ne s’écartent pas au niveau 


des vaisseaux. Leur couleur, variant du rouge clair au noir, 
est toujours plus foncée que celle du parenchyme, dont la 
teinte se modifie aussi suivant les variétés. 

Parenchyme a visible, abondant, entourant les vaisseaux 
en taches qui s'étendent en minces ailes. Ces dernières 
s'unissent entre elles, formant des lignes plus ou moins con- 
tinues suivant les variétés. (Voir Clef, p. 152.) Sa largeur 
égale environ celle des rayons. 

Section radiale. — Vaisseaux visibles, en lignes foncées. 
Rayons très apparents, en petits flocons foncés, pourpres ou 
noirs. Parenchyme à peine visible, et seulement lorsqu'il est 
humecté ; il se présente en fines lignes noires. 

Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les couches 
sont faciles à suivre çà et là. Les vaisseaux sont très apparents 
à cause du parenchyme. Rayons très petits, comme des len- 
tilles, obtus, non en étages, et donnant à la coupe un effet moiré, 

Emplois : Bon pour meubles de luxe, tabletterie, tour. 


Parinarium sp., n° 2011 F. 

Washiba (Bell). Ce bois bien connu à la Guyane Anglaise 
est souvent rapporté au Parinarium (Ferolia) quianensis 
Aubl], Ce n'est pas le Wachiba de da Gama, ni de Lanessan, 


150 H. STONE 


mais Je crois, à cause de son emploi, que c'est le bois cité 
par Bassières. 

Noms vulgaires : Waciba Bow-wood (Bell), et tous les noms 
déjà cités aux n% 2011 A et E. 

Caractères généraux. — Bois assez lourd et dur, de couleur 
brun rougeûtre. Surface légèrement luisante, prenant un 
beau polissage ; grain ouvert, plutôt fin. Le bois fonce légè- 
rement à l'air. 

Caractères physiques. — Densité, 0,880 ; dureté, celle du 
Charme ou du Carapa. Sans odeur ni saveur. Solutions de 
couleur brun clair. 

Structure du bois. — L'aubier est de couleur brunâtre ou 
blanc jaunâtre. 

Section transversale. — Couches douteuses. Vaisseaux très 
apparents, grands, de 0 mm. 25 de diamètre, peu variables, 
régulièrement distribués et fortement isolés. Ils sont simples 
ou subdivisés en groupes de 2 à 3, même jusqu'à 7 ; peu nom- 
breux, 10 par mmg.; ovales ; beaucoup sont remplis d’une 
gomme rouge. Rayons visibles à la loupe, très fins, uniformes, 
équidistants, souvent interrompus par les vaisseaux, écartés 
les uns des autres d’une distance bien inférieure au diamètre 
d’un gros vaisseau, et parfois se trouvant au nombre de trois 
dans cet intervalle. Ils sont denses, très nombreux, de 11 à 
13 par mm. Leur couleur est la même que celle des fibres 
ligneuses, mais plus claire. | 

Parenchyme abondant, très apparent, et caractéristique ; a 
entourant les vaisseaux en s'étendant en lignes concentriques 
continues, irrégulières. Ces lignes sont toujours fines, et 
même parfois excessivement minces, de 4 à 5 par mm. envi- 
ron ; de couleur brune ; composées de cellules grossières. 

Section radiale. — Vaisseaux très apparents, quoique rares, 
souvent remplis de perles de gomme. Rayons très petits, 
mats, difficilement visibles ; de couleur claire. Pa visible en 
fines lignes blanchäâtres très serrées. 

Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les vais- 
seaux sont plus étroits et les rayons à peine visibles. Les 
lignes du Pa sont plus fines et moins serrées. 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 151 


Emplois. — Bon pour arcs, gaules de pêche ; très résistant 
et élastique ; peut être obtenu en billots carrés de 80 cm. 
d’équarrissage sur 38 m. de longueur (Miers). 

Ces grandes dimensions prouvent qu’il est d’une espèce 
différente du Satiné. 

D’après Bassières, il se travaille bien et est ordinairement 
sain ; il fait peu de déchets ; on peut en fabriquer des meubles 
magnifiques. 


Éch. type: 0360 Imp. Instit. 
Références : McTurk, p. 4; Bassières, p. 103; Miers, ms. ; Stone T. 
of C.,pl. VIE, fe. 57,:p: 101: 


Parinarium campestre Aubl., n° 2011 G. 

Noms vulgaires: Petit Parinari des Garipons (Guy. fr. ; 
Aublet). Parinari (terme gén. ; Brésil ; Miers). Gri-gri (Sagot). 
Boohoorada (Arawak : Guy. angl. ; Bell). Beurata, Buirata 
(Surinam ; Pulle), mais non Burada, ni Buradeah (v° 6201 B). 

L'échantillon de Bell a été déterminé d’après les feuilles et 
les fruits par le Dr Freeman. 

Caractères généraux. — Bois dur et lourd, de couleur jau- 
nâtre uniforme. D'après Bell, couleur d’acajou clair ; d’après 
Aublet, de couleur jaunâtre. Surface un peu luisante fonçant 
légèrement à l'air. 

Caractères physiques. — Densité, 0,863 ; dureté, celle du 
Charme. Sans odeur. Saveur très légère du Cèdre. Se fend faci- 
lement. 


Caractères de l'écorce. — Écorce grise, gercée et ridée 
(Aublet). À 

La surface de la bûche est lisse, légèrement striée. 

Structure du bois. — Comme l'espèce précédente, à part 


les légères différences suivantes. L'échantillon de Bell, pro- 
venant d'un arbre de 29 em. de diamètre, est tout en aubier. 

Seclion transversale, — Vaisseaux facilement visibles, 
comme des piqüres; leur grandeur en diamètre est très 
variable. Ils sont régulièrement distribués, mais leur variation 
en grandeur les rend plus serrés dans quelques zones ; presque 
tous simples, quelques paires seulement ; ils contiennent sou- 
vent une somme claire, 


152 H. STONE 


Éch. type: 11, 2667 Bell. 

Références : Icones lignorum, pl. 65, en couleur; Bell, p. 4; Aublet, 
p. 517; Sagot (Richesses), p. 8, et Catal,, 1883, p. 309 ; Stone et Fr., 
Ds 


Parinarium montanum Aubl., n° 2011 H. 
Synonyme : Parinari montana Aubl. 


Aublet, p. 51#: Ouroucou-merepa galibis) ; Parinari (Garipons). 
Écorce épaisse, grisâtre, ridée, gercée ; bois jaunâtre, très dur, com- 
pact. 

Huber, p. 176. Pajura (Amazones). 


Clef pour les Satinés, Bois de lettres et les espèces confon- 
dues. 

L: Parenchyme entourant les vaisseaux en taches 
en forme de losange. Vaisseaux très réguliè- 
rement distribués dans chaque couche. Bois 
excessivement lourd. Brosimum 6623. 

4 Parenchyme entourant les vaisseaux en petites 
ailes latérales très minces et linéaires, non en 
forme de losange. Vaisseaux irrégulièrement 
distribués en lignes courbes en fer à cheval 
laissant des vides arrondis. Poids pas exces- 
sivement lourd. 

21e Parenchyme formant de courtes ailes qui 
n'unissent pas les groupes de vaisseaux. 
Mailles très petites, à peine visibles. 

2.1.1. La surface du bois poli ou humecté a un éclat 
extraordinaire comme s'il était incandescent 
à l'intérieur. Couleur rouge uniforme ou 
panachée de jaune. (Voir Satiné rouge, n° 
2011 A). 

D, 1-2//5r%clat moyen; couleur brun rougeâtre striée 
de gros pores qui lui enlèvent sa beauté. 

Satiné gris, 2011 B. 


DD Parenchyme des ailes s’allongeant tangen- 


tiellement en unissant des groupes de vais- 


seaux voisins et même formant des lignes 


NE 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 153 


2.2.1. 


2.2.2. 


2.2.3. 


22e : 


No I 
CRC 
wo 
co Ro 


concentriques, Mailles soit apparentes, soit 
obscures. 

Lignes du parenchyme interrompues le plus 
souvent ; rares et parfois absentes. Bois de 
couleur panachée de rouge, jaune et blanc. 
Mailles de 1 mm. de largeur très appa- 
rentes. Satiné rubané, 2011 C. 

Lignes du parenchyme toujours présentes, 
très fines, souvent plusieurs réunies en- 
semble, et parfois manquant dans certaines 
zones. Pa se présentant en franges très 
apparentes, en section tangentielle. Bois 
de couleur jaune rayé de carmin. Mailles 
obscures. Satiné gris, 2011 D. 

Lignes du parenchyme toujours présentes, 
mais irrégulières en largeur, souvent assez 
larges pour contenir un gros vaisseau. 

Bois de couleur brun rougeâtre uniforme. 
Washiba de la Guyane Anglaise, 2011 B. 

Bois de couleur jaune uniforme, 2011 Cet D. 

Bois de couleur passant du blanc rougeûtre 
au brun clair rayé; en coupe radiale, le 
bois est strié par les lignes rouges du 
parenchyme. Vaisseaux groupés radiale- 


ment jusqu'au nombre de 22 par groupe. 
Pakoori, 2011 E. 


Clef pour les bois pouvant être confondus par leur structure 
avec Parinarium. 


L: 
A 
1 85 NE D 


Bois possédant une saveur : 

Saveur du Cèdre. 

Couleur jaune uniforme. Vaisseaux visibles 
comme des piqûres. Parinarium campestre, 
2011 G. 

Couleur brun verdâtre. Vaisseaux visibles à 
cause de leurs bordselairs. Aramata, 1837 B. 

Saveur résineuse, 


154 H. STONE 
1.2.1. Couleur brun noisette foncé. Coupe radiale 
brillante, Itikabouraballi, 1832 A. 
1.2.2. Couleur brun rougeâtre clair rayée. Surface 
brillante et mate tour à tour, à cause du 
grain à rebours. Ineeriballi, 1837 C. 
2! Sans saveur : 


21e Rayons au nombre de plus de 2, parfois 4, 
dans un intervalle égalant le diamètre d’un 
gTOS Vaisseau. 

2.1.1. Lignes du parenchyme très apparentes en 

coupe transversale : | 
2,1.1.1. Couleur brun rougeâtre. Parinarium sp., 
2011 F. 

2.1.1.2. Couleur de brun rougeâtre à brun clair, striée 
de lignes rouges du parenchyme en coupe 
radiale. Pakoori, 2011 I. 

2.2. Rayons au nombre de deux, ou moins, dans un 
intervalle égalant le diamètre d'un gros 
vaisseau. De couleur brun clair striée de 
fines lignes très apparentes. /rriàriadanni, 


1832 C. 


Hirtella americana Lin. non Jacq., n° 2014. 


Aublet, p. 247 : Bois de gaulette, Nom général pour tous les bois qui: 


se fendent très facilement et régulièrement à la hache. Bois cassant, 
blanchätre. 

Sagot, Catal., 1883, p. 303: Hirtella racemosa Lamk.; Syn. : H. ame- 
ricana Aubl. 

Laslett, p. 450 : Æ. americana, Kautaballi (v. 2008 D, et pour les autres 
Bois Gaulettes, v. 2008). 

Huber, p. 203. Ajuru (Para : terme gén.). 


Couepia guianensis Aubl., n° 2015 À. 

Synonyme: Acioa amara Willd. Steud ; À. quianensis Aubl. 

Aublet considère cependant ces deux synonymes comme 
deux espèces différentes. Voir les remarques sur Goupy, n° 
1309. 


Le nom Couepi (Galibis, d’après Préfontaine) veut dire 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 155 


« pesant » et est, par conséquent, d'une application générale. 
On doit bien faire attention pour ne pas confondre l'espèce 
présente avec Goupy, Coupaia et Copaia (voir 5489), Coupoui 
(4569), Coa-opia ou Coopia (635), Cupey, Copey ou Cupay 
(638), Coupi fou (503), Coopa (638 B), et avec les autres 
espèces suivantes de Couepia. Comme je n'ai pas vu d’échan- 
tillon bien déterminé, je ne puis donner que des citations. 
Dalechamp, Il, p. 727, cite un Copey avec des feuilles 
rondes sur lesquelles on peut écrire avec une épingle. 


Aublet, p. 519 : Couepia quianensis, Couepi (Galibis) ; écorce grise, 
lisse; bois rougeâtre, dur et pesant. Le même, p. 699: Acioa gquianensis, 
Acioua (Galibis) ; Coupi (Créoles) ; écorce grise, lisse; bois blanc, très 
dur et pesant. 

Sagot, p. 906: Couepia quianensis, Acioa, Water-ropie, Bois rouge, 
assez dur ; ne résiste pas aux termites. Le même, p. 922: Acioa quia- 
nensis ; Coupi, Camera (Demerary); Kopie des Galibis, Cabucalli des 
Arrouhages, Bois rouge, assez dur; odeur désagréable. Densité, 0,819. 
Il a l'écorce caractéristique des Chrysobalanées. Dans son Catalogue, 
1883, p. 309, Sagot décrit le bois mais ne parle pas de l'odeur. 


Grisard et de Lanessan donnent les mêmes noms vulgaires 
que Sagot, mais Grisard adopte le Couepia dulcis (syn. Acioa 
quianensis Aubl.) et décrit à part le Couepia quianensis. 

D'après l'Index Kewensis il n’y a qu'une seule espèce de 
Couepia à la Guyane. Les noms ressemblant à Cabukalli ne 
doivent pas être appliqués à cette espèce. Je crois que Sagot a 
tort en assimilant Cabucalli avec Coupi et en attribuant à 
Acioa une couleur rouge et une mauvaise odeur. 


Coupaya, n° 2015 B. 


Préfontaine, p. 170 : Un faux Simaruba, 
Dumonteil, p. 158 : densité, 0,374 ; force ; 83, élast., 166 ; flexib., #, 61, 
p. 163. Classe 6, de très faible valeur. 


Couipo, n° 2015 C. 


Préfontaine, p. 170: Ce nom signifie « Cœur de roche », car il se 
trouve dans le cœur du bois de petites pierres, Ce bois a deux variétés : 
une rouge et l’autre blanche, La var. rouge est la plus dure ; elle « cale » 
et tient l'eau. Employé pour pirogues, Il a le grain du Courbaril, 


156 H. STONE 
Coupi, n° 2015 D. 


Dumonteil, p. 158 : Densité, 0,819 ; force, 179; élast., 143, p. 163. 
Classe 2, celle du Chène. ; 


Coupi blanc, n° 2015 E. 


Comm, de Brest, p. 188 (Essais sur un échantillon de Dumonteil): 
densité, 0,932 ; force, de 750 à 850 ; ou 1,20 si le Chène égale 1 ; élast., 
25, Le même, p.197: Il a les mêmes qualités que le Coupi rouge ; 
Classe 1 ; mais son odeur fétide doit en restreindre l'emploi, 


Coupi noir, n° 2015F. 


Dumonteil, p. 154: densité, 0,881 ; force, 216; élast., 123; flexib., 
1,90, classe 2. 

Comm. de Brest : densité, de 0,869 à 0,915; force de 740 à 940, ou 
1,24 si le Chêne égale I ; élast, de 25 à 30. 


Coupi rouge, n° 2015 G. 

Les mêmes qualités que le Coupi blanc; Classe 1, d’après 
la Comm. de Brest, qui ne donne pas d'essais ; mais je suis 
porté à croire que c'est le Coupi de Dumonteil, n° 2015 D. 

Je crois bien que les quatre Coupi cités par la Gomm. de 
Brest et par Dumonteil sont tous le Couepia glabra n° 1309 A, 
mais Je les place ici, faute de renseignements précis. 


Coupy, n° 2015 H. 


Préfontaine, p. 170: Peut être obtenu en dalles jusqu’à 50 pieds de 
longueur. Les indigotiers s'en servent de préférence pour amener leur 
produit à « caler » ou à se précipiter. C’est une de ses propriétés parti- 
culières. 


Copey. n° 2015 I. 
Du Tertre, p. 248 : Raisinier, ou d'après Balechamp : Copey, Guiabaran 


ou Peuplier d'Amérique. L'auteur donne les figures des feuilles et les 
décrit. 


FAMILLE LXXIIL'. — ‘: RHIZOPHORÉES 
TRIBU I. — RHIZOPHORÉES 


Rhizophora Mangle Lin., n° 2232. 


Synonyme: À. americana Nutt.: À. racemosa Meyer. 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 197 


Hopkinson en donne des figures et le décrit p. 451 (fig. 15, 
en section transversale). Il parle bien des petites lignes concen- 
triques du parenchyme, mais sa figure ne les montre pas. Je 
crois que cest un des cas où le parenchyme n'est pas diffé- 
rencié en coupe transparente. 


Les citations suivantes se rapportent probablement à l'espèce 
suivante 


Dumonteil, p.152 : Palétuvier rouge. Densité, 1,017 ; force, 317 ; élast., 
168 ; flexib., 1,48. Le mème, p. 160. Classe 2, celle du Chêne, 

Sagot, 1869, IT, p. 911 : Bois rougeätre ; écoree riche en tannin. Le 
même, Catal., 1883, p. 314: Palétuvier rouge; très abondant. 

Lanessan, p.146: de petites dimensions, dur serré, rougeàtre, inat- 
taquable par l’eau de mer; bon pour palissades, 

Planchon et Collin, If, p. 356: Description de l'écorce avec la figure 
n° 926 en section transversale, 

Grisard, 1896, p. 357 : Manglier, Mangue roxo, Mangue de Praia (Afr. 
Portug.) ; Mangle colorado (Amér, trop.); Mangrove tree (Angl, ); Apa- 
reiba, Guapariba ( v. 5467), Mepareyba (Brésil); Duoc, Kegiungua (An- 
nam, vulg.); Balso, Manggi, Api-opi, Tandjau (Java) ; Upoo-panna 
(Telenga), Manglier rouge (Trinité) ; Red Mangrove (Trinité Angl.). Le 
Kino de la Colombie est le nom de la gomme; l'écorce est connue à 
Marseille sous le nom de Cascaloté et Mangrove bark (Angl.). Bois 
rouge ou brun rougeätre plus ou moins foncé ; très lourd, dur et com- 
pact; grain fin incorruptible dans l’eau et d’une grande résistance à la 
rupture. Bon pour constructions sous-marines, courbes d'embarcation, 
bardeaux, formes de cordonnier ; peut être obtenu de 6 à 7 m. sur 12 à 
18 cm. d’équarrissage. Densité : 1,120 ; rupture, 297. L’écorce sert pour 
le tannage des cuirs et la teinture des étoffes. 

Niederlein, p. 15: Mangottier, Mango (Guadeloupe); Vipapa (Tahiti 
et Océanie). 

Huber, p. 196: Mangue vermelho (Amazones), bois de couleur rouge. 

Guillemot, p.150 : Itanda des Gabonais ; N'’tan des Pahouins (Congo). 

Pereira, 5° édition, p. 96, cite une écorce très riche en tannin qui 
provient du Mangue secco ou Mangue do brejo qui, cependant, a un 
bois jaune ou jaunâtre et ne peut être celte espèce. 

Antran, p.571: Bois rougeûtre, très dur. Densité: 1,020, Inattaquable 
par l’eau de mer. Les indigènes du Gabon débarrasseut la bille du Palé- 
tuvier de son aubier, la laissant séjourner dans la vase pendant une 
quinzaine de jours. Après ce laps de temps, la bille prend une teinte 
noire, ce qui permet aux fraudeurs de la vendre pour de l'ébène. 
L'arbre est très droit et a souvent 40 mètres de hauteur. 


Cette hauteur indique que ce bois est bien différent du Palé- 
{uvier de la Guyane. 


158 H. STONE 


Les descriptions suivantes sont faites d'après les échantil- 
lons n°5 138 et 266 bis Guyane (Mus. Col. Mars.). 

Caractères généraux de n° 266 bis. — Bois dur et lourd, de 
couleur brun chocolat uniforme. La coupe longitudinale pré- 
sente la surface légèrement brillante, micacée. La nuance de 
toutes les coupes est à peu près semblable ; grain très fin. 

Caractères physiques. — La densité est légèrement plus 
forte que celle de l’eau; dureté, celle du Cœur vert ou du 
Quebracho. Sans odeur. La solution aqueuse chaude est inco- 
lore ; solution alcoolique légèrement brunâtre. Le bois brûle 
sans arome spécial en pétillant beaucoup. 

Caractères de l'écorce. — Épaisse de 3 mm. environ ; la 
surface externe est rougeâtre ou brun jaunâtre, gercée, mais 
lisse sur les côtes, qui sont formées par des plaques larges et 
plates, superposées et séparées par une mince coupe blanche 
argentée. 

Structure du bois. — Section transversale. Couches dou- 
teuses ; les zones sans lignes du parenchyme pourraient être 
les limites. 

Vaisseaux visibles à la loupe, moyens, peu nombreux, for- 
tement isolés, simples ou par paires, beaucoup de groupes 
radiaux de 3 et même de 4: vides. | 

Rayons très obscurs, même à la loupe, fins, écartés les uns 
des autres d'une distance égale au diamètre d’un gros vaisseau. 

Parenchyme a à peine visible, entourant incomplètement les 
vaisseaux et b s'étendant en lignes continues, concentriques, 
régulières, d'une largeur égale au diamètre radial d'un gros 
vaisseau et écartées d’une distance de deux à quatre fois plus 
crande ; il est de couleur brun clair sur un fond rouge foncé. 

Section radiale. — Vaisseaux visibles à la loupe. Rayons à 
peine visibles, même sur une surface fendue ; de couleur rou- 
geâtre. Parenchyme obscur. 

Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les lignes 
du Pa sont légèrement visibles par réflexion. Rayons obscurs, 


Palétuvier. Échantillon n° 138. 
Le bois correspond au précédent, sauf les différences 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 159 


suivantes. De couleur brun clair uniforme. Densité, 0,819 ; 
dureté, celle du Charme. Sans saveur ni odeur. 

Structure du bois. —— Section transversale. Vaisseaux bien 
visibles à l'œil nu à cause de leur couleur claire, simples ordi- 
nairement et rarement par groupes. 

Rayons nombreux, au moins 3 dans une distance égale au 
diamètre d’un gros vaisseau. 

Parenchyme b visible à la loupe, en lignes légèrement plus 
larges que les rayons et formant avec eux un filet presque 
régulier. Couleur brune comme celle des rayons. 

Section radiale. — Vaisseaux gros, bien apparents à l'œil 
nu. Rayons transparents à peine visibles à cause de leur cou- 
leur se confondant avec celle des fibres ligneuses. 

Section tlangentielle. — Les hignes du Ph sont visibles 
seulement au microscope. 

Caractères de l'écorce. — Couleur externe d’un gris argenté ; 
surface unie, mais fendillée en petites plaques très minces. 
Ces plaques tombant facilement ; notre échantillon en est 
presque privé. La surface sous-jacente est d’un brun rou- 
geätre. Epaisseur de 8 à 10 mm. La section gris brunâtre, 
d’une structure assez uniforme, est composée de grands sclé- 
rites disposés à peu près en couches qui sont séparées par de 
très minces feuilles d'un rouge foncé. Vers l'extérieur, les selé- 
rites sont plus grands, nombreux et serrés. A l’intérieur ils se 
séparent en longues grosses fibres brunes. Texture très dure, 


higneuse, fibreuse. Sans odeur ni saveur. 


TRIBU II — LÉGNOTIDÉES 


Cassipourea guianensis Aubl., n° 2246. 


Aublet, p. 529 : écorce grisätre; bois blanc, 


+ à 


MACON, PHOTAT FRÈRES, IMPHIMEURS 


Vouacapoua americana Aubl, 


PI, II. 
rlindre de bois fait au tour, et montrant la section tangentielle 


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PL VE 


Principaux Mémoires parus antérieurement dans les 
ANNALES DU MUSÉE COLONIAL DE MARSEILLE 


D' HecxeL : Sur quelques plantes à graines grasses nouvelles ou peu connues 
des colonies françaises, et en particulier de Madagascar. Année 1908. 


CLAvERIE : Contribution à l'étude anatomique et histologique des plantes textiles 
exotiques. Année 1909. 


pe Wiroeman : Notes sur des plantes largement cultivées par les indigènes en 
Afrique tropicale. Année 1909, 


D' Hecxez : Les Plantes utiles de Madagascar. Année 1910, 


_ H. Juuezze et H. PERRIER DE LA BATRIE : Fragments biologiques de la flore de 
Madagascar. Année 1910. 


Guizzaumix : Catalogue des Plantes phanérogames de la Nouvelle-Calédonie et 
dépendances. Année 1941. 


Dusanrp : Les Sapotacées du groupe des Sidéroxylinées. Année 1912. 


Baupox : Sur quelques plantes alimentaires indigènes du Congo français. Année 
1912. 


DE WiLpemaAx : Les Bananiers; culture, exploitation, commerce ; systématique 
du genre Musa. Année 1912. 


H. Juuere et H, Perrier DE LA BaTuiE : Palmiers de Madagascar. Année 1913. 


P. Cnoux : Études biologiques sur les Asclépiadacées de Madagascar. Année 
1914. 


H. Juuezze : Le Dr Heckel. Année 1915. 


R. Hamer et H. PERRIER DE LA Barre : Contribution à l'étude des Crassulacées 
malgaches. Année 1915. 


À. Fauve: Le Cocotier de Mer, Lodoicea Sechellarum. Année 1915. 


H. Jumezze : Les Recherches récentes sur les ressources des Colonies francaises 
et étrangères et des autres Pays chauds. Année 1916, 


H. Juuezze : Catalogue descriptif des Collections botaniques du Musée Colonial 
de Marseille : Madagascar et Réunion. Année 1916, 

H. Jumerre : Catalogue descriptif des collections botaniques du Musée Colonial 
de Marseille : Afrique Occidentale Française, Année 1917.. 


H. Jumezcr : Notes statistiques sur les Plantations étrangères de caoutchouc 
dans le Moyen-Orient. Année 1917. 


H, JuureLze : Les variétés du Palmier à huile. Année 1917, 


H, Juuerre : Quelques données sur l'état actuel de la culture cotonnière. Année 
1917. 


MODE DE PUBLICATION ET CONDITIONS DE VENTE 


Les Annales du Musée Colonial de Marseille, fondées en 1893, 


paraissent annuellement en un volume ou en plusieurs fascicules. 


Tous ces volumes, dont le prix est variable suivant leur importance 
= 9 


- sont en vente chez M. CnarLamez, libraire, 17, rue Jacob, à Paris, à 
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cial, doivent être adressées. 


Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé à M. HExx 
JUMELLE, professeur à la Faculté des Sciences, directeur du Musée 
Colonial, 5, rue Noailles, à Marseille. 


Les auteurs des mémoires insérés dans les Annales ont droit gra- 
tuitement à vingt-cinq exemplaires en tirage à part. Ils peuvent, à - 
leurs frais, demander vingt-cinq exemplaires supplémentaires, avec 
titre spécial sur la couverture. | 


La suite du travail de M. H. Stone sur Les bois utiles de la Guyane 
Française paraîtra dans le second fascicule de 1918. 


MACON, PROTAT FRÈRES, IMPRIMEURS, 


INSTITUT COLONIAL MARSEILLAIS 


ANNALES 


DU 


MUSÉE COLONIAL 


DE MARSEILLE 


FONDÉES EN 1893 PAR EpouArD HECKEL 


DIRIGÉES PAR 
M. HENRI JUMELLE 


Professeur à là Faculté des Sciences 
Directeur du Musée Colonial de Marseille. 


Vingt-sixième année, 3° série, 6° volume (1918) 


17 FASCICULE 


1° Essais de Fabrication de Papier avec la Passerine hirsute et d’autres Thyméléacées, par 
MM. E. DOURON et L. VIDAL, professeurs à l’ Ecole Française de Papeterie. .. 1 


29 Essais de Fabrication de Papier avec le Bois-bouchon de la Guyane Française, par 
11 


DO PA NEA ES Rd de rente os ane team 

3° Nouvelles observations sur les Mascarenhasia de l'Est de Madagascar, par MM. H.JUMELLE 
DE PP DE. NE, ete de de ca de aa eo aire 3e 15 

21 


4° Les Dypsis de Madagascar, par M. H. JUMELLE. ............................ 
5° L’Elevage à Madagascar, par M. GeorGEes CARLE, chef du Service de Colonisation à Ma- 
GR ie als de ne VAN de a iémie dl pales 84 à 80e 39 
6° L’Elevage et le Commerce des Viandes dans nos Colonies et quelques autres Pays, ré 
TE da die md an ne vue dés eu dev du dem 57 
7° Palmistes et Noix de Bancoul de Madagascar, par M. Louis RACINE, chimiste à la Stéari- 
PR NE CO NP NRC EP RP CREER SPORE 112 


MARSEILLE PARIS 
MUSÉE COLONIAL LIBRAIRIE CHALLAMEL 
5, RuE NoaïiLLes, 5 17, RuE Jacos, 17 


1918 


Revue Agricole et Vétérinaire 


DE 


Madagascar et Dépendances 


Directeur : G. CHRLE 


PARAIT TOUS LES MOIS 


Abonnement pour la France et les Colonies françaises : 10 francs 


Imprimerie-Librairie LAVIGNE 
RUE AMIRAL-PIERRE, à TANANARIVE (Madagascar) 


COLONIES ET MARINE 


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DU 


MUSÉE COLONIAL DE MARSEILLE 


(ANNÉE 1918) 


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= 


| INSTETUT COLONIAL MARSEILLATS 


ANNALES 


DU 


MUSÉE COLONIAL 


DE MARSEILLE 


FONDÉES EN 1893 pArR EDpouaArD HECKEL 


- 


DIRIGÉES PAR 
M. Henri JUMELLE 


Professeur à la Faculté des Sciences 
Directeur du Musée Colonial de Marseille. 


Vingt-sixième année, 3° série, 6° volume (1918) 


17 FASCICULE 


1° Essais de Fabrication de Papier avec la Passerine hirsute et d’autres Thyméléacées, par 
MM. E. DOURON et L. VIDAL, professeurs à l’Ecole Française de Papeterie. .. 1 


{ 2° Essais de Fabrication de Papier avec le Bois-bouchon de la Guyane Française, par 


D DOLFRON<et-LENIPD ALES UE ME SR EN NET PE TR 11 
3° Nouvelles observations surles Mascarenhasia de l’Est de Madagascar, par MM. H. JUMELLE 
CPR PER RER DE HAS AT HI, x ET AO CS EE CE A ele à 15 
4° Les Dypsis de Madagascar, par M. H. JUMELLE. ............................ 21 


5° L’Elevage à Madagascar, par M. GEorGEs CARLE, chef du Service de Colonisation à Ma- 
A CR SD RER PAS PT ES Pr a EE D 39 
6° L’Elevage et le Commerce des Viandes dans nos Colonies et quelques autres Pays, pa” 


A, PU A À RARE AS MO EN RENE APE CREER EN "TER Se 57 
7° Palmistes et Noix de Bancoul de Madagascar, par M. Louis RACINE, chimiste à la Stéari- 
DORA r US Marne ne he à d'énnrte ee Des a 112 
Eee SA 
A 
MARSEILLE | PARIS 
MUSÉE COLONIAL LIBRAIRIE CHALLAMEL 
5, RUE NouïiLzes, 5 17, Rue Jacor, 17 


1918 


Essais de Fabrication de Papier 


avec Ja 
Passerine hirsute et d’autres Thyméléacées 


Par MM. E. Douron et L. VipAL 


Professeurs à. l'Ecole Française de Papeterie 


La disette des matières premières propres à la fabrication 
du papier fait en ce moment envisager l’utilisation des Passe- 
rines, arbustes buissonnants de la région méditerranéenne, 
très communs dans certaines régions du Maroc et de l’Algérie. 
L’espèce la plus intéressante tant par son abondance que par 
sa taille est le Passerina hirsuta L. (Thymelæa hirsuta Endl.), 
plante touffue, très rameuse, atteignant 1 m. 50 environ (1). 
Des échantillons ont été envoyés du Maroc à M. le professeur 
H. Jumelle qui, après les avoir déterminés d’une façon précise, 
a bien voulu en confier l’étude technique au Laboratoire des 
essais de l’Ecole française de Papeterie. Le directeur de cette 
Ecole, M. Barbillion, nous ayant chargés de l’exécution de ce 
travail, nous allons le résumer brièvement. 


(1) Cette espèce un peu polymorphe, bien connue en effet dans la 
région méditerranéenne — on la trouve, par exemple, aux environs de 
Marseille, dans le Var, etc. — ne nous semble guère avoir été signalée 
jusqu'ici au Maroc, où on mentionne plus souvent la Passerina 
canescens. Les premiers échantillons nous furent envoyés par M, Perrier 
de la Bâthie, dont l'attention avait été attirée sur cette plante « qui 
couvre en peuplements serrés presque tous les sables que lon voit autour 
de la forêt de Mamora, soit une superficie de plus de 100,000 hectares ». 
D'autre part, le service de l'Agriculture du Maroc, auquel nous devons 
les lots de tiges sur lesquels les essais de l Ecole de Papeterie de Grenoble 
ont été faits, nous indique que « cette plante pousse en abondance dans 
toutes les terres siliceuses de la zone littorale marocaine, et particuliè- 
rement dans la formation des sables miocènes situés au nord et au sud 
de la forêt de Mamora ». (H. 4.). 


Lis 
NEW 
SOTA? 

GAK: 


2 ESSAIS DE FABRICATION DE PAPIER 


Es 


utiliser la Passerine tout 


« 


On peut sans doute songer à 


comme on le ferait d'un Genêt quelconque, puisqu'il est pos- 


sible de faire du papier avec n’importe quelle plante ligneuse. 
Mais ce qui rend ce végétal plus particulièrement intéressant, 
c’est qu’il appartient à la famille des Thyméléacées, c’est-à- 


dire à une famille illustre dans le monde de la papeterie : le” 


papier impérial du Japon, le vrai « Japon », et c’est tout dire, 
est fabriqué avec l’écorce d’une Thyméléacée, l’Edgeworthia. 
L’Edgeworthia papyrifera est un petit arbre d’environ 2 mètres 


que l’on cultive tout exprès pour la papeterie. Son nom Japo- . 


nais, Mitsumata (trois fourchettes), lui vient de ses rameaux 
trifurqués. Son écorce, extérieurement noirâtre, est très épaisse. 


On la détache régulièrement par un écorçage méthodique et 


on la traite par des procédés spéciaux tenus jalousement 
secrets. On sait seulement que la base du traitement est un 
lessivage avec des cendres. Quoiqu'ils altèrent bien davantage 


les fibres, on peut aussi employer les procédés ordinaires de 


lessivage à la soude, et c’est ce que l’on fait dans les papeteries 
modernes, outillées à l’européenne. Avec lEdgeworthia on 
fabrique des papiers variés et très estimés, depuis tes embal- 
lages écrus, curieusement mouchetés de points noirs, si extra- 
ordinairement solides qu'ils sont presque indéchirables, jus- 
qu'aux délicieux papiers pelures ornés de fleurs et d’hiéro- 
glyphes, jusqu'aux somptueux papiers blancs, au magnifique 
éclat nacré caractéristique, réservés aux impressions de luxe. 

D’autres Thyméléacées asiatiques sont employées en pape- 
terie, mais d’une façon plus restreinte. 

Le Wicksiroemia canescens, en japonais le Gampi, fournit 
une sorte de Japon supérieur. Il n’est guère utilisé qu'au 
Japon, bien qu’on le trouve aussi en Chine et dans l'Inde. La 
production est faible, parce que l’arbuste est petit et difti- 
cile à cultiver. Cette matière, de toute beauté, est extrêmement 
chère. On la réserve au Rp et on ne l’exporte pas 
en Europe. 

Nous possédons au Tonkin une espèce voisine, le W Bone 
mia Balansæ Drake (Journal de Botanique, 1889). Il est spon- 
tané dans les bois de la région montagneuse, et il est cultivé 


AVEC LA PASSERINE HIRSUTE 3 


depuis longtemps par les indigènes pour la fabrication du pa- 
pier dit de Caj-djo. C’est un excellent papier, assez fortement 
teinté, mais très résistant. 

Le Lagetta lintearia Lam. (Daphne Lagetta Sw.) est origi- 
_naire du Népaul. On le cultive dans l'Inde, à la Jamaïqueet au 
Brésil. C’est le bois- dentelle, ou plante à papier du Népaul, 
dont l’écorce très fibreuse donne un papier bien connu. 

Le Daphne cannabina Wall., également du Népaul, est sou- 


vent confondu avec le précédent sous le nom de Nepal papier 


plant. 

Enfin le Daphne Pseudo- Mezereum est spontané et cultivé 
dans le Japon méridional. 

Les Thyméléacées del’Extrême-Orient étant donc des plantes 
à papier de premier ordre, il était tout naturel d'examiner sinos 
espèces indigènes ne pourraient pas fournir une matière uti- 
“lisable, fût-elle même un peu coûteuse. 

Nous nous en étions occupés bien avant qu’on vint nous 
proposer la Passerine. I] y a cinq ou six ans, à un moment où la 


- question des celluloses de remplacement, quoi qu’on en parlât 


déjà beaucoup, ne se posait certes pas d’une façon aussi pres- 
sante qu'aujourd'hui, nous avons étudié à ce point de vue nos 
principales espèces françaises : les Daphne Laureola, Mezereum 
et Gnidium. Nous avions reconnu que leur écorce donne un 
produit assez remarquable, encore qu'inférieur à celui des 
espèces asiatiques, mais nous avions reconnu aussi, et même 
bien vite, que le prix de revient en serait tout simplement 
exorbitant. La guérre survenue là-dessus nous empêcha de 
publier ces résultats qui paraissaient de pure curiosité. Nous 
les aurions oubliés nous-mêmes si l’étude de la Passerine ne 
nous les avait pas fait exhumer. 


Essais SUR LA PASSERINE (Passerina hirsuta) 


La Passerine, d’après ce que nous venons de voir, pourrait 
être employée à la façon de l’Edgeworthia et de ses succédanés, 
c’est-à-dire en n’en utilisant que l'écorce. C’est là la première 
pensée, la plus naturelle, mais il faut Pabandonner tout de 


4 ESSAIS DE FABRICATION -DE PAPIER 


suite. En effet les rameaux de Passerine sont menus : ils 
ont au maximum la grosseur du doigt, plus souvent celle d’un: 


crayon. Dès le premier coup d’œil on voit que lécorce, qui ne 


forme qu’une faible partie de l’ensemble, est bien trop mince 


pour être exploitable seule : le rendement serait dérisoire. 

Dans ces conditions nous avons dû traiter la tige tout en- 
tière, écorce et bois. Il est bon d’enleverles feuilles, quitombent 
du reste facilement. De plus il vaut mieux rejeter les extrè- 
mités des pousses, trop molles et trop menues. 


La matière, telle qu’elle nous a été expédiée, c’est-à-dire 


séchée à l'air. renfermait environ 12 p. 100 d’eau. 
? 


Nous avons effectué le dosage de la cellulose pure par la 


méthode de Cross et Bevan, dite par chloruration. 

La tige entière (bois et écorce) renferme 32 p. 100 de son 
poids de cellulose. : 

Le bois en contient 36 p. 100. 

L'écorce en renferme 24 p. 100 seulement. SE 

Ces notions, indispensables pour le calcul du rendement, 
montrent combien il serait faible sion n’utilisait que l’écoree. 
En effet, l'écorce ne représente qu'environ le tiers du poids 
total. ILs’en suit que 100 kilogrammes de tiges, qui donnent 
33 kilogrammes d’écorce, fournissent seulement : 33 x = 
— 7 kgr. 92 de pâte à papier. 

Si on emploie toute la tige on a le rendement acceptable de 
32 kilogrammes de pâte pour 100 kilogrammes de matière. 

Voici le traitement que nous avons appliqué. 


Les tiges ont été débitées au hache-paille, en fragments de 


3 à 4 centimètres, puis ont été soumises à un lessivage alcalin, 
effectué à l’autoclave dans les conditions suivantes, fixées 
après plusieurs tâtonnements :, \ 


Matière prémière : :....::2:.: Re D RCE 2 kgr. 
Soude {en NaOH pur) 20 p.100 ............ 0 kgr. 400 
Concentration de la liqueur :...:......:...+. 5° Baumé 
PES Ion EU en er SR eee re 3 atmosph. 


Durée dela cuisson er SE. SEE 144 heures 


Le lessivage s’avère ainsi comme long et dispendieux. 


L'LESÉRSE 
«© 
D 


LE 


Lai 


Er 


EXPLICATION DE LA PLANCHE I 


Cellulose de Passerine. 
Pâte à papier obtenue par le traitement de la tige du Passerina hirsuta L. 


f. éc. — Fibres corticales ; l’une d’elles est presque toute entière dans le 
champ, il n’en manque guère que le quart. 

f. lig. — Fibres ligneuses. 

sc. — Cellules scléreuses. 

p. — Cellules parenchymateuses corticales. 

v. — Vaisseaux. 


AVEC LA PASSERINE HIRSUTE SN Are RES 


La matière lessivée, puis bien lavée, a été défibrée dans une 
‘pile d'essai. La pâte obtenue, relavée, est d’un brun clair ; 

elle constitue la cellulose écrue. Nous en avons gardé une par- 
tie pour en tirer quelques feuilles par le procédé à la cuve et 
nous avons blanchi le reste. 

Le blanchiment a été effectué au chlorure de chaux dans une 
solution à 109 Baumé. Nous avons enfin tiré quelques feuilles 
de cette pâte définitive, qui est la cellulose blanchie. 

Le papier obtenu, blanchi ou même écru, est d’une très 

médiocre. ténacité ; sa résistance à la déchirure est faible. 
Malgré le pourcentage élevé de chlore employé, le blanchiment 
est resté un peu insuffisant. 
_ Examinée au microscope, la pâte se montre composée, ainsi 
que le montre la planche I, d’un mélange, en proportions 
fort inégales, de deux sortes de fibres : les unes très longues, 
provenant de l’écorce, les autres très courtes, du bois. 

Les fibres corticales (péricycliques et libériennes pour em- 
_ployer un langage plus rigoureusement scientifique) sont à la 
fois très longues et très fines. Elles mesurent de 2 à 4 milli- 
mètres et ont un diamètre de O0 mm. 010 environ. Elles ont 
la même longueur que celles de Edgeworthia, mais avec une 
finesse plus grande. Comme celles de toutes les Thyméléacées, 
elles sont caractérisées par un renflement allongé en am- 
poule, situé à peu près au mieu de la longueur. Outre ce 
gros renflement ampullaire, il y en a souvent d’autres, plus 
petits, qui rendent la fibre comme noueuse. La paroi est 
épaisse et le lumen assez réduit, mais très irrégulièrement 
dilaté dans les nœuds, et surtout dans le renflement ampullaire, 
où il s’élargit beaucoup. Les extrémités sont très variées de 
forme : elles sont souvent dilatées en spatule, ou munies de 
bourgeons latéraux disposés tous du même côté, ou bifurquées, 
ou capricieusement ramifiées. Toutes ces particularités se 
retrouvent dans PEdgeworthia et ont été décrites et figurées 
minutieusement par plusieurs auteurs (1). 

(1) Saito : Anatomische Studien über wichtige Faserpflanzen Japans, 


mit besonderer Berücksichtigung der Bastzellen, Tokio, Jour. Coll. Soc. 
1901. 


6 ESSAIS DE FABRICATION DE PAPIER 


Ces fibres ont un pouvoir feutrant considérable. Leur lon- 
gueur absolue (3 millimètres en moyenne) et relative (le 


10 LR, 
3.000 300 
leur donnent en effet une grande capacité d’enchevêtrement. 

Quoique suffisante, la ténacité est bien moindre que celle 
du Mitsumata ou du Gampi, parce que la fibre est beaucoup 
plus menue. En outre le lessivage assez sévère qu’elle a subi 
n’est pas sans en avoir diminué la résistance d’une façon très 
sensible. $ 

Au total, ces fibres sont tout de même très bonnes, et, s’ily 
en avait beaucoup, nous serions fort satisfaits. Mais que repré- 
sentent-elles par rapport à l’ensemble ? Peu de chose: 15 p. 100, 
20 p. 100 peut-être. Tout le reste est formé nue les fibres 
ligneuses. 

Comme les peuples heureux, celles-ci n’ont pas d’histoire. 
C’est qu’on avait estimé jusqu'ici qu'elles ne pouvaient servir 
à rien ; en quoi du reste on ne se trompait pas. 

Ces fibres ligneuses sont en effet extrêmement courtes, 
au point d’en être curieuses. Elles ont à peine 1 /2 millimètre 
en moyenne. Si on considère que 1 millimètre est un mini- 
mum pour les fibres utilisables en papeterie. on voit que nous 
sommes loin de compte. 

Les fibres ligneuses de la Passerine sont donc très menues ; 
leur diamètre est de 0 mm. 015 en ne Le rapport du dia- 


rapport du diamètre à la longueur est égal à : 


_ 


est très mauvais. En 
500 — 5 De | 


sorte que le pouvoir feutrant est très faible, pratiquement nul. 
La paroi de la fibre est mince, et par conséquent peu tenace. 


mètre à la longueur, qui est de =— 


Mais ceci est accessoire, et la brièveté domine tout : cette pâte 


Jencic : Bastfasern der Thymeleaceen. Œester. bot. Zeitschr., 1902. 

Wiesner : Rohstoffe des Pflanzenreiches ; 2° édition, 1903. Donne.un 
résumé très complet, avec figures, du travail de Jencic, son élève. 

Vogl : Anatomische Studien über Blatt und Achse der einheimischen 
Daphne-Arten, mit besonderer Berücksichtigung der Bastfasern. 1910. 
Traite plutôt de la distribution topographique des fibres que de leur 
structure. - 


AVEC LA PASSERINE HIRSUTE 7 


n’est pas an lacis, ce n’est à proprement parler qu'une pous- 


sière de fibres. 


En plus des fibres, on trouve dans la cellulose de Passerin 
les éléments variés que l’on rencontre dans toutes les pâtes de 
bois.Ce sont des cellules scléreuses, des cellules parenchyma- 


 teuses et des vaisseaux. Il serait oiseux de les décrire. 


En résumé la pâte à papier de tige de Passerine renferme 
quelques bons éléments, malheureusement trop peu nom- 
breux, noyés dans une masse de fibres sans valeur. Sa ténacité 
et son pouvoir feutrant sont, au total, franchement mauvais. 

Aussi bien de l’étude micrographique que de l'examen du, 
papier fabriqué il ressort que la Passerine n’est pas susceptible 
de trouver un emploi pratique en papeterie. 


Essais SUR LES DAPHNE 


Les trois plus grandes espèces de nos pays sont les Daphne 
Laureola, Mezereum et Gnidium. Ce sont les seules à considérer, 
les autres étant beaucoup trop petites pour qu'on puisse envi- 
sager une utilisation quelconque. 

Elles ont à peu près la même structure, et le produit obtenu 
est sensiblement identique pour toutes les trois. 

La plus intéressante est le Daphne Laureola, arbrisseau 


d'environ 1 mètre, à longues tiges peu rameuses, de la gros- 


seur du doigt, ou même du pouce. Son écorce est très épaisse. 
Il est assez commun dans les bois frais et ombragés. En Algé- 
rie on ne le trouve que dans la région montagneuse. 

Le Daphne Mezereum, ou Bois-gentil, est un peu plus petit. 
C’est une plante des montagnes, et qui n’est abondante nulle 
part. 

Le Daphne Gnidium, ou Garou, dont l’écorce est employée 
en médecine comme vésicant, est assez commun dans le Midi 
de la France et bien plus en Algérie. Il atteint 4 m. 50 et même 
2 mètres, mais ses rameaux sont grêles et effilés. En outre il 
est plus fortement lignifié que les précédents, ce qui rend son 
lessivage plus difficile et plus coûteux. 


8 ESSAIS DE FABRICATION DE PAPIER 


En reprenant la question, nous nous sommes occupés seule- 
ment de l’espèce la plus convenable, qui est le D. Laureola. 
Dans cette plante, l'écorce est, soit d’une manière absolue, 
soit proportionnellement au Los bien plus développée que 
dans la Passerine. En poids, elle représente à peu près la 
moitié de l’ensemble. Dans un premier lot d’échantillons, 
récoltés aux environs de Grenoble, nous avons trouvé que 
l'écorce formait les 45 p. 100 du poids total ; dans un autre lot, 
également du Dauphiné, mais provenant d'une autre localité, 

nous avons trouvé 51 p. 100. 
Fraîchement récoltée, la tige contient 32 p. 100 d’eau. 

La teneur en cellulose de la tige entière (non écorcée) est 
en moyenne de 28 p. 100. 

A la rigueur, on pourrait envisager Putiation de la seule 
écorce. Elle est assez épaisse et s’enlève facilement. La cellu- 
lose qu’on peut en retirer (nous avons fait l’expérience sur 
quelques grammes) est très fibreuse. 

Toutefois, le rendement étant faible, pratiquement trop 
faible, il nous a paru nécessaire, bien que ce ne soit pas aussi 
indispensable que pour la Passerine, d’y joindre le bois. 

Nous avons donc traité la tige non écorcée, sectionnée en 

morceaux de 3 à 4 centimètres, et en rejetant seulement les 
extrémités qui sont vertes et encore molles. ni 

Nous avons lessivé à l’autoclave et dans les conditions 


suivantes : 
MALIbre SPORE Er ME eines ar rer 2-kgr. 
Soude, calculée en NaOH, DOD FOSSES 0 kgr. 400 
Concentration de la liqueur CARPE Lee , 0 Baumé 
PrÉSSION MT duree Jar 3 atmosph. — 
Duréedelreuisson sir meer 10 heures 


On voit que le lessivage a été intentionnellement abrégé ; 
c'était afin d’altérer les fibres le moins possible. 

Mais, s’il était suffisant pour les fibres de l’écorce, quisont 
peu lignifiées, il ne l’était pas pour celles du bois, quilesont 
davantage. Et on voit là le gros inconvénient qu'il y a ätraiter 
ensemble deux matières d’une inégale dureté. 


AVEC LA PASSERINE HIRSUTE + 9 


Avec cé lessivage peu poussé, le blanchiment devient très 


_difficile. Effectué dans les mêmes conditions que celui de la 


Passerine, il n’a donné qu'une pâte verdâtre et d’un aspect 
peu satisfaisant. 

Evidemment un lessivage plus énergique aurait facilité 
Paction du chlore et aurait permis d'obtenir un produit 
final au moins égal, sinon supérieur, au papier de Passerine. 

Quoi qu’il en soit, les.papiers de Daphne, écrus ou plus ou 
moins blanchis, sont notablement plus solides que ceux de 


Passerine. La résistance à la déchirure est meilleure; le papier 
est plus nerveux et a du sonnant. L'aspect pourtant n’en est 


pas satisfaisant : 1l est déparé par des taches d’un jaune-ver- 
dâtre et par des incuits. À noter également la présence de 
matières gommeuses, qui le rendent fortement parcheminé. 

L'examen microscopique de la pâte montre, mais avec une 
proportion plus élevée de fibres corticales, la même structure 
que dans la Passerine. 

On peut estimer que les fibres corticales forment ici 25 
à 30 p. 100 du poids de la pâte, et les fibres ligneuses le reste. 
Si les fibres’-corticales ne constituent pas, et il s’en faut de 
beaucoup, la moitié du poids de la pâte, bien que l'écorce re- 
présente la moitié du poids de la tige, c’est parce que le rende- 
ment de l’écorce est moindre que celui du bois. Nous ne l'avons 
pas déterminé exactement pour le Daphne, mais on peut s’en 
faire une idée par les dosages de Passerine que nous avons 
rapportés plus haut. 

Nous ne décrirons pas la cellulose de Daphne puisqu'elle est 
semblable à celle de Passerine. Qu'il nous suffise de dire que 
les fibres du bois y sont tout aussi courtes, tout aussi mau- 
vaises, mais qu’au total la pâte, renfermant davantage de 
fibres longues, est tout de même plus tenace, Il n’est pas éton- 
nant qu’elle donne un papier plus résistant. 

Néanmoins Putilisation du Daphne n'est pas à envisager 
Le rendement est faible, le traitement difficile, le produit 
médiocre, En outre le tonnage nécessaire à alimentation d'une 
usine serait impossible à réaliser, la plante n'étant nulle part 
très abondante. 


= 


10 FABRICATION DE PAPIER AVEC LA PASSERINE HIRSUTE 


En résumé, ni la Passerine niles autres Thyméléacées de nos 


pays ne justifient les espoirs qu'avaient fait naître de falla- 


cieuses analogies. \ 

D'abord ce ne sont que de petits arbrisseaux, et c’est déjà 
un gros inconvénient. 

Ensuite l’écorce, quoique relativement épaisse, est, étant 
donné les faibles dimensions de la tige, d’un rendement trop 
faible pour être employée seule. 

Enfin le bois, qu’il serait indispensable de traiter pour 
augmenter la production, est formé de fibres si courtes qu'il 
ne vaut absolument rien. 

Ces plantes ne sont pas utilisables en papeterie. 

Telle est la conclusion brutale et fort claire de cette étude. 
Nous la publions malgré ses résultats négatifs afin d’éviter 
à d’autres chercheurs, des tentatives aussi vaines que coùû- 
teuses,. 


Essais de Fabrication de Papier 


avec le Bois-bouchon de la Guyane Française 


Par MM. E. Dowuron et L. VipaL 


Professeurs à l’Ecole Française de Papeterie 


Le bois-bouchon de la Guyane (1) est, comme son nom. 
l'indique, remarquable par sa légèreté. Sa densité est de 0,60 
seulement. Il est très peu coloré, blanc même, et à cet égard 
paraît convenir pour la papeterie. Par contre, il est loin d’être 
particulièrement tendre ét ne se laisse couper qu’assez diffi- 
cilement. 

L’échantillon qui nous a été soumis était un gros billot de 
bois séché, contenant seulement 8 p. 100 d'humidité. 

Le dosage de la cellulose a été effectué par la méthode par 
chloruration, et nous a donné une teneur de 31 p. 100. Ce 
chiffre est peu élevé. Il est dû à ce que le bois renferme beau- 
coup de lignine combinée à la cellulose. Nous allons voir 
que c’est uniquement à cette haute teneur en lignine qu'il 
doit sa dureté. 

Comme traitement, on peut employer soit le procédé au 
bisulfite, soit celui à la soude. Nous avons donné la préfé- 


(4) Nous ne pouvons malheureusement donner une détermination 
botanique précise de ce bois-bouchon. M. H. Stone, de Birmingham, 
spécialiste réputé des bois exotiques, qui avait remarqué dans la 
collection du Musée colonial de Marseille les échantillons ici étudiés, 
nous dit que cet arbre est parfois rapporté à une Légumineuse, l Znga alba 
Willd., mais sans doute à tort, car la structure du bois serait plutôt celle 
d’une Euphorbiacée, D’autre part, alors que l’Znga alba a une écorce qui 
donne une teinture violette et noire, l'écorce du bois-bouchon est d’une 
minceur extrême et réduite à quelques assises cellulaires qui ne dépassent 
guère l'épaisseur d’un épiderme (H. J.). 


42 ESSAIS DE FABRICATION DE PAPIER 


rence au second procédé, qui, en général, convient mieux 
aux bois feuillus. ; 

Le bois, préalablement écorcé, puis,réduit en fragments 
de 2 à 3 centimètres, a été lessivé comme suit : 


Matière prentière Sèche... rec Arms 200 gr. 
Soude calculée en NaOH pur, 20 p.100..... 40 gr. 
Concentration dela lessive................ 5° Baumé 
Prés RS LR EN M en ant eu 3 atmosph. 
Duaréé dela tiissones sl ent ee ee 15 heures 


Ce traitement est onéreux, tant par la grande quantité de 
soude nécessaire que par sa longue durée. & 

Après un lavage énergique et un défibrage judicieux, la 
pâte écrue obtenue a été blanchie dans une solution de chlo- 
rure de chaux pesant 109 Baumé. Le blanchiment est mé- 
diocre : malgré l’action prolongée du chlore la pâte conserve 
une couleur jaunâtre. | 

Les pâtes écrue et blanchie ainsi ébfidues ont été tirées par 
le procédé à à la cuve et ont fourni divers échantillons de papier. 

Ces papiers sont loin d’êtresatisfaisants: ils sont peu tenaces, 
et c’est leur plus grand défaut; en outre leur aspect est bien 
médiocre. 

Examinée au microscope (pl. IT), la cellulose de bois-bouchon 
se montre formée de fibres ligneuses ayant de 1 millimètre à 
{ mm. 17/2, en moyenne 1 mm. 20, de longueur. Leur diamètre 
est de 0 m. 025 environ. Assez larges en leur milieu et sur à 
peu près la moitié de leur longueur, elles se rétrécissent forte- 
ment aux deux extrémités, qui forment de longues pointes 


très effilées : souvent elles sont terminées en baïonnette. La 


paroi de la fibre est toujours très mince ; elle est, par places, 
amincie en larges ponctuations transversales. Ainsi que cela 
arrive souvent chez les essences tropicales à croissance rapide 
et continue, il n’y a pour ainsi dire pas de fibres à Parois 
épaisses et à lumen réduit. 

Les éléments non fibreux consistent en vaisseaux et rayons 
médullaires. Les vaisseaux sont peu abondants. Leur taille 
est médiocre ; leur diamètre moyen est de 0 mm. 20 à 0 mm. 25. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE Il 


Cellulose de Bois-bouchon 


f. lig. — Fibres ligneuses. 
m.— Rayons médullaires, 
v. — Vaisseau. 


Les 2" 


f 


nl 


UNE 


t AVEC LE BOIS-BOUCHON DE LA GUYANE 13 


Ce sont des vaisseaux ponctués, ouverts, à trou terminal non 


grillagé, à appendice court ou nul. Les rayons médullaires sont, 
pour la plupart, rectangulaires, quelques-uns carrés. 

Au point de vue de la longueur des fibres, cette cellulose 
est tout à fait comparable à celle des bois feuillus employés 
en papeterie, en particulier à celle du tremble. 

Le rapport de la longueur de la fibre à son diamètre est : 


25 { 


1200 48 


Cette longueur relative, 48 fois le diamètre, et la longueur 
absolue, 1 mm. 20, indiquent un pouvoir feutrant, ou capacité 
d’enchevêtrement, médiocre, passable cependant, à peu près 
égal à celui de la cellulose de tremble. 

La longueur serait donc suffisante, mais la solidité ne l’est 
pas. Le principal défaut réside dans la minceur de la paroi 
de la fibre, qui cause le déplorable manque de ténacité signalé. 
plus haut. 

Le fait le plus saillant, et qui caractérise essentiellement le 
bois-bouchon, est donc d’être formé par des fibres à paroi 
mince. Sa légèreté ne vient même que de là. Sa porosité est 
due à la spacieuse cavité des fibres, et non point aux vaisseaux, 
qui ne sont ni grands, ni nombreux. 

La dureté enfin serait très faible dans le bois naturel, si la 
haute teneur en lignine ne contrebalançait pas le peu d’épais- 
seur de la paroi. Au point de vue biologique, 1l y a là une 
efficace compensation : le végétal économise les matériaux 
en lés employant plus résistants. A notre point de vue très 
spécial, la combinaison est fort mauvaise : nous sommes obligés 
d'éliminer la lignine, qui rend la fibre inutilisable parce que 
rigide. Nous avons d’autant plus de mal à nous en débarrasser 
qu’elle est plus abondante. Quant elle est supprimée, il ne reste 
qu'une ombre de paroi. Et voilà comment le bois-bouchon ne 
donne qu'une cellulose peu tenace, inférieure à celle du 
tremble, 

Résumons-nous. 


14 FABRICATION DE PAPIER AVEC LE BOIS-BOUCHON 


En dépit des apparences, le bois-bouchon ne convient pas 
à la papeterie. | 

C’est, il est vrai, un bois blanc et léger. Mais il renferme 
beaucoup de lignine, il est difficile à traiter, il a un rendement 
faible. Enfin le produit obtenu est, sinon mauvais, du moins 
très médiocre. Tout au plus pourrait-on l’utiliser comme une 
pâte de remplissage sans grande valeur. 

A notre avis ce n’est donc pas à la fabrication du papier 
qu'il faut employer ce bois si particulier. 


Nouvelles Observations 


sur les Mascarenhasia de l'Est de Madagascar 


Par MM. H. JumELce et H. PERRIER DE LA BATHIE 


Dans une précédente note sur les Mascarenhasia du ver- 
sant oriental de Madagascar (1) nous avons signalé sur ce ver- 
sant la présence de cinq espèces du genre. 

Au nord de Vohémar, où la végétation reste sensiblement 
celle du Nord-Ouest et, en particulier, du Sambirano, les trois 
espèces qui croissent en même temps que le Landolphia Per- 
riert sont le Mascarenhasia arborescens, le Mascarenhasia 


* angustifolia et le Mascarenhasia lanceolata. 


Au sud de Vohémar apparaît, au contraire, la végétation 
spéciale du versant Est; et, entre Tamatave et Farafangana 
notamment, nous avons mentionné : 

19 La variété à gros follicules (var. coriacea) du Mascaren- 
hasia arborescens, qui d’ailleurs se présente, comme le type, 
sous les deux grandes formes anceps et longifolia, appelées l’une 
et l’autre, suivant les régions, herotrahazo, où babo, ou hazon- 
drano des vallées ; 

20 Le Mascarenhasia mangorensis, qui est encore un babo, et 
à Analamazaotra l’hazondrano des hauts ; 

39 Une espèce qui est encore nommée herotrahazo et que — 
n’en connaissant pas les fleurs — nous n'avons jusqu'alors 
décrite que sous la vague et provisoire dénomination de 
« Mascarenhasia à grandes feuilles de Mahazoarivo ». 

Au sujet du Mascarenkäsia arborescens nous ne pouvons 


(1) H. Jumelle et H. Perrier de la Bâthie : Les Mascarenhasia de l'Est 
de Madagascar. Agriculture des Pays Chauds, 1913. 


16 NOUVELLES OBSERVATIONS SUR LES MASCARENHASIA 


que continuer à confirmer ce que nous avons déjà dit à maintes 


reprises. [1 nous est toujours impossible d'établir une délimi- 


tation entre l’espèce de l'Ouest et le Mascarenhasia coriacea 
Dub., que nous ne considérons que comme une variété, tout 
au plus, du Mascarenhasia arborescens de l'Est. Nous avons 
déjà représenté diverses formes de follicules de ce Mascarenhasia 
arborescens de l'Est, et on a pu ainsi se rendre compte que ces 
follicules ne sont pas constamment trapus ; nous pourrions 
encore citer aujourd’hui d’autres cas analogues, qui nous 
seraient fournis par divers rameaux fructifères provenant. 
d’un seul et même individu, par exemple pour certains pieds 
récoltés à Analamazaotra. [| ne nous semble pas qu'aucun 
doute puisse subsister. 

Dans les environs de la baie d’ on L à Rantabé, vers 
500 mètres d’altitude, l'arbre qui est appelé là barabanjafotsy 
ou gidroafotsy est à follicules courts (6 à 7 centimètres) mais a 
bien les feuilles de la forme longifolia. Les noms de baraban- 
jafotsy et gidroafotsy sont dus à la teinte blanche de l’écorce 
que présente aussi parfois dans l'Ouest, par EXERPIE dans 
le Sambirano, cette même forme sylvicole. 

Ces Mascarenhasia de Rantabé, qui étaient de grands et 
beaux arbres, se trouvaient en forêt encore vierge ; et comme 
à l’ordinaire, les pieds qui, croissant ainsi sous une ombre 
épaisse, avaient été coupés, n'avaient pas donné de rejets 
et étaient morts. Le latex était blanc et caoutchoutifère 
jusque dans les rameaux du sommet. 


Plus au Nord, entre Antalaha et le Sambava, toutes les 


plaines sablonneuses sont couvertes de la forme recépée anceps, 
et les follicules sont tantôt épais et récurvés, tantôt, et plus 
ouvent, grêles et dressés. Plus au Nord encore, vers le Bemarivo 
du Nord-Est, sur les collines dénudées, c’est cette même forme 
avec des follicules trapus, tandis que, au bord des lacs de la 
base du mont Ambohibé, sur le Bemarivo, on retrouve la 
forme longifolia. 

C'est donc bien toujours, au-dessous de Vohémar et jusque 
dans le Sud, le même Mascarenhasia arborescens, très rustique, 
s’adaptant à tous les climats pourtant si variables sous les- 


+ 


DE L'EST DE MADAGASCAR 17 


quels il pousse, et même — ce qui est rare pour une espèce 
indigène — au régime des feux de brousse. 

Une des plus grande variations que nous ayons constatée, 
et qui pourrait être quelque peu troublante, c’est celle des 
formes des lagunes, dont le latex, dans les jeunes rameaux, au 
lieu d’être blanc, est hyalin et incolore. Maïs à Sambava l’un 
de nous a pu encore constater que ce caractère, s’il est très 


_ fréquent, n’est pas absolument constant. Sur la limite de la 


mangrove, et sur ! mètre carré environ de superficie, étaient 
cinq Mascarenhasia jeunes, mais déjà recépés, et dont les 
pousses ne dépassaient pas { mètre de hauteur ; trois étaient 
à feuilles obtuses et deux à feuilles acuminées. Or les deux pieds 


à feuilles acuminées et un des pieds à feuilles obtuses étaient 


bien à latex hyalin, mais les deux autres individus étaient, dans 
toutes leurs parties, à latex blanc et caoutchoutifère. 

Il n’y a donc pas lieu encore d’attacher uneimportance parti- 
culière à ce caractère, qui serait dû à une influence de milieu 
(influence saline sans doute) s’exerçant plus ou moins réguliè- 
rement. 

Et la faible valeur de toutes ces petites variations d’ordres 
divers se manifeste surtout bien quand on compare ces mi- 


nimes différences à celles, beaucoup plus nettes, que pré- 


sentent entre eux les Mascarenhasia qui sont réellement d’autres 
espèces. F 

Si ces nombreuses formes que nous réunissons sous le nom 
de Mascarenhasia arborescens ne nous offrent, sous leurs mul- 
tiples changements, aucun caractère qui, par sa constance, 
puisse nous permettre de les bien séparer, nous n'avons plus 
la même impression dès que nous considérons un autre Masca- 
renhasia tel, par exemple, quele Mascarenhasia mangorensis. Ni 
les feuilles ni les fleurs ne nous laissent ici longtemps hésiter. On 
est tout de suite bien convaincu qu'il s’agit d’une autre espèce. 

De même, nous pensions tout de suite, dans notre précé- 
dente note, que le « Mascarenhasia à grandes feuilles de Maha- 
zoarivo », dont les fleurs nous étaient cependant inconnues, 
était vraisemblablement, malgré l’atténuation fréquente de 
la base du limbe vers le pétiole, comme dans le Mascarenhasia 


n 
L 2 


18 NOUVELLES OBSERVATIONS SUR LES MASCARENHASIA 


arborescens, une tout autre espèce. Aujourd'hui que les fleurs 
nous en sont connues, notre opinion se trouve justifiée, et 
nous pouvons donner une description complète de cet autre 
herotrahazo. | SES 

C’est, comme nous l’avons déjà indiqué, un grand arbre 
de 15 à 25 mètres de hauteur. Le-tronc, très droit et lisse, est 
à écorce d’un rouge cannelle. La souche ne paraît pas émettre 
de rejets. | | 

Quoique les feuilles, très coriaces, soient souvent un peu 
atténuées vers le pétiole, la forme générale est plus régulière- 
ment ovale ou elliptique que dansle Mascarenhasia arborescens. 
Parfois, d’ailleurs, elles sont plus larges dans la moitié supé- 
rieure. Le pétiole est court et épais (5 à 10 millimètres). Le 
limbe, glabre, peut avoir 17 centimètres de longueur sur 8 de 
largeur, ou 20 à 22 sur 7 à 9. Le sommet en est arrondi et 
échancré ou, au contraire, brusquement acuminé ; mais il peut 
être aussi un peu anguleux, légèrement acuminé ou non. Les 
bords sont un peu repliés sur la face inférieure. Les nervures 
secondaires, au nombre de 8 à 10 de chaque côté, sont très 
espacées et un peu arquées vers le haut; les nervuresttertiaires 
ne sont pas apparentes. 

Les fleurs sont par 3 à 5, en inflorescences terminales ou sur 
de très courts rameaux axillaires. Elles sont pédicellées 
(25 millimètres), grandes (5 à 6 centimètres en bouton). Non 
encore ouvertes, elles sont d’un rouge vif, sauf à la base du 
tube, qui est verdâtre. Epanouies, elles sont d’un blanc légè- 
rement rosé ; la teinte rouge ne persiste que sur les parties 
qui étaient extérieures dans le bouton, ainsi que dans les deux 
tiers supérieur du tube. Les sépales sont rougeâtres. 

Ces sépales sont épais, lancéolés (13 millimètres sur 4), aigus ; 
ils sont glabres sur les deux faces, et leur nervure médiane est 
saillante sur la face inférieure. 

Le tube de la corolle, épais, glabre extérieurement, est 
composé d’une partie inférieure étroite, longue de 12 à 13 milli- 
mètres, et d’une partie supérieure brusquement élargie, longue 
de 30 millimètres environ, assez régulièrement cylindrique et 
ne s’évasant que dans les cinq derniers millimètres. Les lobes, 


= 


% 


DE L'EST DE MADAGASCAR 19 


de 40 millimètres sur 22, sont ovales, aigus, contournés, pubéru- 
lents extérieurement, brièvement pubescents intérieurement. 

Les anthères sont insérées à la base même de la partie élar- 
gie du tube, qui porte intérieurement de nombreux poils bruns. 
_ Le style est un peu plus long seulement que la partie étroite 
basilaire du tube corollaire ; le stigmate est au niveau des 
anthères, qui l’entourent. Le disque est sensiblement de la 


hauteur de l'ovaire. 


Les follicules sont dressés ou étalés : ils sont très longs (20 à 
27 centimètres), grêles (5 millimètres au plus), aigus ou un peu 
obtus. Les graines (10 millimètres sur 2) sont surmontées d’une 
aigrette brune, de 18 à 20 millimètres de longueur. 

Le latex est blanc, même dans les jeunes rameaux; il donne 
partout et Jusque dans les follicules un bon caoutchouc qui, 
d’après les Betsimisaraka, est très abondant. 

Nous avons déjà signalé autrefois cette intéressante espèce 
à Mahazoarivo, dans le bassin du Matitana, vers 175 mètres 
d'altitude, mais on la retrouve bien plus au Nord, dans les bois 
du bassin de l’Anove, où elle est appelée gidroumena et bara- 
banjamena, puis à Marambo (Masoala), sur le versant d’Anta- 
laha, où c’est le barabanjantanety, ou «baranbaja des collines ». 

Nous Ja nommerons Mascarenhasia rubra. 

Elle semble croître, d'ordinaire, jusque vers 200 mètres d’al- 
titude, dans les bois plutôt secs, et elle n’a voisine n1 les bords 
des cours d’eau, ni les terrains marécageux. 

Les feuilles sont d'autant plus épaisses et coriaces que l'arbre 
a poussé dans des endroits plus découverts. Son état naturel 
étant la pleine forêt, il doit, lorsque cette forêt disparait, 
s'adapter aux nouvelles conditions de milieu que l'homme lui 
crée, c'est-à-direle grand soleil, une certaine sécheresse et le vent. 
D'autre part, quand les pieds ont grandi sous la futaie mais ont 
dépassée, les feuilles du faîte deviennent coriaces, tout en étant 
plus petites que celles des individus vivant en endroits dénudés, 

De là, pour ce Mascarenhasia comme pour tant d'autres 
espèces du genre, un grand polymorphisme fohaire. 

Quant au latex, ses variations, dans ces plantes à caoutchouc 
de Madagascar, sont tellement complexes que chaque constata- 


- 
20 NOUVELLES OBSERVATIONS SUR LES MASCARENHASIA 


tion nouvelle obscurcit plutôt le problème qu’elle ne l’éclaire, 
et nous en avons la preuve dans le un fait que nous signa- 
lerons 1c1. 

Nous ne sommes pas absolument sûrs, au reste, que la plante 
sur leu ce fait a été remarqué soit bien un Mascarenhasia, 
car nous n’en connaissons pas les fleurs. 

C’est un arbre de 10 à 15 mètres de hauteur, à écorce bru® 
nâtre. Les feuilles, persistantes et glabres, ont un court pétiole 
de 5 millimètres. Le limbe, de forme générale ovale (4 à 7 centi- 
mètres sur 2 à 3), est atténué vers ce pétiole et généralement 
un peu plus large dans la moitié supérieure que dans la moitié 
inférieure ; 1l s’arrondit assez fortement vers le sommet, qui 
se termine en un long acumen (12 millimètres) un peu obtus. 
La nervation est surtout visible sur la face inférieure. Entre 
quelques nervures plus fortes en sont d’autres plus fines, toutes 
étant reliées par des nervures transversales en réseau assez 
apparentes. 5 

Les fruits sont des follicules extrêmement grêles et à péri- 
carpe très mince, atteignant jusqu’à 40 centimètres delongueur 
sur 2 millimètres seulement de largeur ; ils contiennent une 
rangée de graines de 10 millimètres de longueur sur 1 millimètre 
de largeur avec yne aigrette brune de 15 millimètres environ. 

L'espèce croît à 500 mètres d’altitude dans les bois de la 
baie d’Antongil. C’est là que l’un de nous a pu observer la. 
curieuse particularité de son latex. 

Dans toute la partie aérienne de la plante, le liquide qu’on 
recueille ne laisse par évaporation qu’une matière brune soluble 
dans l’eau, mousseuse comme du savon, et plus ou moins 
analogue à celle qu’on trouve dans le lait des Aafia. Mais, dans 
les racines et dans la partie de la‘souche située au-dessous du 
sol, le latex est blanc comme celui des Mascarenhasia, et il 
donne un bon caoutchouc, qui, au reste, n’est pas exploité. 

Et nous ne connaissons pas jusqu'alors d’autre exemple d’une 
plante dont les parties souterraines contiennent du caoutchouc, 
alors que la partie aérienne en est dépourvue et est cependant 
représentée par un tronc de 10 à 15 mètres de hauteur. 


Les Dypsis de Madagascar 


par M. Henri JUMELLE 


Les Dypsis, qui constituent un genre d’Arécées spécial à 
Madagascar, sont presque toujours de petits Palmiers grêles, 
dont la hauteur ne dépasse guère 1 ou 2 mètres, avec un tronc 
dont le diamètre est de 10 à 25 millimètres au plus. Par excep- 
ton. le Dypsis major, le Dypsis procera et le Dypsis fasciculata 
atteignent entre 3 et 4 mêtres de hauteur, etle Dypsis gracilis 
peut avoir jusqu’à 5 mètres. 

Par l’aspect général comme par les dimensions, les Dypsis 
sont très voisins des VNeophloga, genre également malgache, 
mais l’androcée fournit entre ces deux groupes génériques 
des caractères distinctifs bien marqués. 

y a six étamines dans la fleur mâle des Neophloga ; il n°y 
en a que trois dans la fleur mâle des Dypsis. En outre, chez 
les VNeophloga, le connectif est étroit et de même longueur à peu 
près que les loges polliniques, qui sont elliptiques, allongées, 
rapprochées, presque parallèles ou légèrement divergentes à 
la base, puis l’anthère est dorsifixe, le filet étant inséré plus ou 
moins haut au-dessus de la base du connectif ; dans les Dypsis, 
le connectif est large et court, et les loges, elliptiques ou souvent 
presque globuleuses, y sont accolées latéralement ou bien sont 
nettement pendantes. 

Dans les Veophloga, d'autre part, l’épi est parfois simple ; 
dans les Dypsis nous ne connaissons que deux espèces où l'in- 
florescence ne soit pas ramiliée. 

Enfin, chez certains Dypstis, la bractée axillante commune 
de chaque glomérule floral est à bords frangés, alors qu'elle ne 
l’est jamais chez aucun des Veophloga jusqu'alors décrits. 


22 LES DYPSIS DE MADAGASCAR 


Mais ces deux derniers caractères n’ont donc qu'une valeur 
très relative puisqu'ils ne sont ni constants, n1 absolument ex- 
clusifs. _ 

Pour les Dypsis comme pour les Neophloga, l’une des diffi- 
cultés de leur étude et de leur détermination spécifique réside 
dans leur polymorphisme foliaire. 

Souvent — et peut-être même toujours — les pieds jeunes 
ont des feuilles à limbe formé d’une seule lame obtriangulaire 
plus ou moins échancrée (forme simplicifrons), tandis que, 
dans les pieds plus âgés, les feuilles sont penniséquées:; et l’on 
est alors d’autant plus exposé, en certain cas, à admettre deux 
espèces que les pieds fleurissent déjà lorsque les limbes sont 
encore simples. Evidemment l'examen attentif des inflo- 


rescences peut bien être un premier moyen d'identification des” 
deux formes, mais ces inflorescences, chez des espèces dis- 


tinctes, sont souvent tellement voisines, par l’aspectcomme par 
l’organisation florale, qu’il peut parfois rester quelque doute; 
et ce n’est aussi qu’assez rarement qu’on peut avoir la bonne 
fortune, comme nous l’avons eue pour le Neophloga Catatiana, 
de posséder des échantillons qui présentent, réunies sur le 
même pied, les deux formes de limbe, ou bien encore de pou- 
voir, comme pour le Dypsis forficifolia (pl. IIT), examiner ces 
deux formes sur deux tiges d’une même touffe. Le critérium le 
plus sûr est souvent, dès lors, la structure anatomique de la 
gaine et du limbe ; et c’est, en particulier, l'étude de cette struc- 
ture qui nous a fait ramener au Veophloga concinnanotre ancien 
Neophloga triangularis, de même que cette structure, même 
si nous n'avions pas connu le pied polymorphe auquel nous 
venons de faire allusion, eût suffi pour nous faire rattacher 
au VNeophloga Catatiana notre ancien Neophloga indivisa. 

Dans une note ultérieure nous tenterons d’ailleurs, pour le 
genre Veophloga, une étude analogue à celle que nous allons 


donner pour les Dypsis, mais nous ne nous occuperons auJour- 


d’hui que de ce dernier genre. Huit espèces en étaient jusqu'alors 
connues, mais nos dernières recherches, grâce aux collections 
de M. Perrier de la Bâthie, nous font porter lenombre à dix-neuf. 

Nous avons déjà rappelé plus haut la faible taille de la plu- 


LES DYPSIS DE MADAGASCAR 23 


part de ces Palmiers à trois étamines. Leurs feuilles, lorsqu'elles 
ne sont pas formées d’une seule lame obtriangulaire plus ou 
moins échancrée, sont composées d’un plus ou moins grand 
nombre de segments, lancéolés ou ovales, larges ou étroits, de 
longueur très variable, acuminés, ordinairement plus ou moins 
décurrents sur le rachis, à nervures principales ordinairement 
saillantes sur la face supérieure, isolés ou groupés, et opposés 
ou alternes, les deux segments du sommet étant souvent con- 
crescents par leurs bases, à l’extrémité du rachis, en une sorte 
de flabellum terminal, plus ou moins profondément bifide. Le 
pétiole est de longueur variable; et la gaine tubuleuse, striée, 
est tronquée au sommet, ou présente une ou deux languettes 
oppositipétioles. Les inflorescences sont très rarement des 
épis simples, et presque toujours des grappes une ou deux fois 
ramifiées, et à très nombreux rameaux grêles (plus grêles que 
ceux des Veophloga); l'axe principal est enveloppé de deux 
longues spathes, glabres, glabrescentes ou duveteuses, ouvertes 
seulement au sommet ; cet axe et les épis sont rarement gla- 
brescents, plus fréquemment parsemés ou même abondamment 
revêtus de squamules laciniées roussâtres. Sur les épis, les 
fleurs, qui sont généralement minuscules, sont par glomérules 
de trois, plus ou moins espacés ; et chaque glomérule, situé 
à l’aisselle d’une bractée dont le bord est frangé ou non, est. 
composé d’une fleur médiane femelle et de deux fleurs latérales 
mâles. Dans les fleurs mâles, les sépales sont ordinairement 
suborbiculaires, plus ou moins carénés et éperonnés, imbriqués ; 
les pétales, deux ou trois fois plus longs, sont valvaires, con- 
caves, ovales, striés ; les trois étamines ont les caractères plus 
haut mentionnés, et leurs filets, sont, ou non, soudés à la base 
en une cupule ; il yaouil n’y a pas trois étamines ; l'ovaire est 
rudimentaire, conique. 

Dans la fleur femelle, qui se développe ordinairement après 
les fleurs mâles, les sépales sont arrondis, non ou peu carénés, 
les pétales sont ovales, deux à trois fois plus longs ; il y a six tres 
petits staminodes dentiformes ; l'ovaire est asymétriquement 
globuleux ou globuleux gibbeux, avec trois stigmates subulés, 
excentriques ou latéraux. 


24 LES DYPSIS DE MADAGASCAR 


Les fruits, ordinairement rouges quand ils sont frais et 
mûrs, sont des baies oblongues ou ovoïdes, souvent un peu 
incurvées, surtout lorsqu'elles sont desséchées, à résidus stig- 
matiques tout à fait basilaires. La graine est à albumen homo- 
gène. 

Ainsi défini, le genre Dypsis englobe non seulement l’ancien 
genre Dypsis Noronha, mais encore les deux genres Tricho- 
dypsis Baillon et Adelodypsis Beccari. Mais déjà M. Beccari, 
dans ses Palme del Madagascar de 1912, n’admet plus qu’un seul 
genre Dypstis, avec les trois sous-genres Eudypsis, Trichodypsis, 
et Adelodypsis, qu'il différencie ainsi : : 

Les trois étamines fertiles sont alternipétales, avec filets 
connés à la base, et il n’y a pas destaminodes, dansles £udypsis. 

Les trois étamines fertiles sont oppositipétales, avec filets 
soudés à la base en une cupule, et il y a trois staminodes plus 
ou moins rudimentaires, dans les Trichodypsis. 

Les trois étamines fertiles sont alternipétales, avec filets . 
libres à la base, et il n°y a pas de staminodes, dans les Adelo- 
dypsis. 

Tout en reconnaissant que cettesubdivision peut séqustifier, 
nous n'avons pas cru nécessaire d’en faire état. Il n’y a vrai- 
ment pas de délimitation générale bien nette surtout entre les 
Eudypsis et les Trichodypsis et il faut avouer que, dans des 
Ïleurs aussi minuscules que celles de ces Dypsts, fleurs qu’on ne 
peut, en outre, bien souvent, examiner qu’à l’état jeune sur des 
spécimens desséchés, il devient en certains cas très délicat de 
décider si les étamines sont alternipétales ou oppositipétales, et 
s’il y a ou non des staminodes. On peut donc parfois rester 
fortement embarrassé pour quelques espèces. Voilà pourquoi 
nous ne tiendrons pas compte de ces caractères, non plus que 
de la subdivision qui en résulte, dans le tableau dichotomique 
que nous allons établir. Nous décrirons ensuite rapidement, 
jusqu'à ce que paraisse une étude plus complète, ceux de ces 
Dypsis qui sont nouveaux. : 

Nous avons admis plus haut, pour le genre, un total actuel 
de dix-neuf espèces; et ceci semblerait supposer dix espèces 
nouvelles, puisque M. Beccari, en 1912, dans son travail sur 


LES DYPSIS DE MADAGASCAR 25 


les Palmiers de Madagascar, en mentionne déjà neuf. En réa- 
lité, nos Dypsis nouveaux sont au nombre de onze, car nous 
croyons devoir laisser de côté, tout au moins momentané- 
ment, le Dypsis (Adelodypsis) Boiviniana Baillon. 

Ainsi que l’explique M. Beccari, les exemplaires avec 
lesquels Baïllon créa cette espèce furent récoltés par Boivin 
dans l’île Sainte-Marie, forêt de Ravinetsara, mais sont mélan- 
gés, dans l’herbier du Muséum de Paris, avec des spécimens du 
Chrysalidocarpus oligostachya ; et la description de Baillon 
porte donc sur le mélange de ces deux Palmiers, dont les inflo- 
rescences sont assez semblables. En rapportant l’un des frag- 
ments de ces inflorescences (avec des fleurs à trois étamines) 
au Dypsis Boiviniana, M. Beccari laisse ainsi l’espèce unique- 
ment fondée sur ce petit spécimen ; et ce n’est, d'autre part, 
_ qu'avec quelque « probabilité » qu'il réunit à ce morceau de 
_spadice des fragments de feuilles trouvés dans le même herbier, 
mais avec une étiquette de Boivin (en provenance de la forêt 
de Tafondro, à Sainte-Marie). Certes, la compétence toute spé- 
ciale de M. Beccariet sa profonde connaissancedes Palmiers sont 
une garantie de l’exactitude de son rapprochement, mais la 
plante n’en reste pas moins, au total, si mal connue que sa 
description ne peut trouver place à côté des descriptions bien 
plus complètes quenous pouvons donner pourles autres espèces. 

En plus de nos onze Dypsis nouveaux, nous avons, en effet, 
retrouvé dans l’herbier de M. de la Bâthie six des huit autres 
espèces déjà décrites ; et les renseignements qui accompagnent 
tous ces échantillons nous permettront de donner pour tous ces 
Palmiers, en ce qui concerne notamment leurs dimensions et 
leur port, mieux que les vagues indications dont on doit trop 
souvent se contenter à cet égard, d’après les notes des herbiers. 

Deux seulement de tous ces Dypsis nous restent inconnus. 

L'un est le Dypsis hirtula, qui n’est jusqu'alors représenté 
dans les collections que par deux rameaux de spadice con- 
servés dans l’herbier de Munich et un spécimen plus complet 
apparténant à l’herbier dé Hambourg. Nous n'avons pu 
retrouver dans l’herbier de M. de la Bâthie aucun exemplaire 
qui corresponde à la diagnose donnée par M. Beccari ; nous 


26 £ LES DYPSIS DE MADAGASCAR 


ne pouvons donc, pour cette espèce, que nous reporter à la des- 
cription du botaniste italien. 

Le Dypsis hirtula étant à limbe simple, il ne serait pas impos- 
sible, au surplus, d’après la remarque faite plus haut, que ce 
fût uneforme jeune d’une de nos nouvelles espèces, maïs nous 


n’avons aucun moyen de le reconnaître puisque nous ne pou- 


vons recourir au Critérium anatomique (1). 

Le second Dypsis que nous n’avons pu voir est le Dypsis 
Mocquerysiana, qui n’est représenté que dans l’herbier de 
Candolle. L'espèce est à feuilles simples ou à quatre segments. 

En ce qui concerne les espèces dont, en plus du D. hirtula, 
nous ne connaissons que les feuilles simples, nous croyons pou- 
voir dire, toujours en nous basant sur la morphologie foliaire 
interne, que celles que nous décrivons 1ci, si elles sont des états 
jeunes, ne sont pas, du moins, des états qui correspondent 
à nos autres Dypsis à feuilles penniséquées. 

Et nous classerons, en définitive, dans le tableau suivant, 
toutes les espèces actuelles de ce genre Dypsis. 


Ï. — FEUILLES PENNISÉQUÉES, À SEGMENTS DISPOSÉS ISOLÉMENT 
DE CHAQUE COTÉ DU RACHIS 


A. — Feuilles le plus souvent à quatre segments, en deux paires opposées. 

a) Segments ordinairement de 10 à 20 centi- 
mètres de longueur. Bractée axillante de 
chaque glomérule floral à bord frangé ….. D. Huldebranditu 

b) Segments ordinairement de 35 à 50 centi- 
mètres de longueur. Bractée axillante du 
glomérule à bord entier. 
a’) Bractées florales propres laciniées .... D. Mocquerysiana 
b’) Bractées florales propres non laciniées.. D. manaranensis 


LA 


B. — Feuilles à 6 ou, quelquefois, 8 segments. 

a) Les deux segments inférieurs ou les deux 
paires inférieures sont nettement moins 
larges que les quatre segments supérieurs ; 
segments médians larges d’au moins 3 cen- 
timètres. 


(1) Ce pourrait être également la forme jeune du Dypsis forficifolia, 
car les feuilles photographiées par M. Beccari offrent une grande resems- 
blance avec la forme simplicifrons de ce Dypsis que nous trouvons dans 
l’herbier Perrier de la Bâthie. 


LES DYPSIS DE MADAGASCAR 27 


a’) Pétiole d’au moins 15 centimètres. 
Segments foliaires latéraux d’au moins 
40 centimètres de longueur,........... D. procera 
b’) Pétiole de moins de 10 centimètres. 
a”) Bractée axillante de chaque glomé- 
rule floral frangée ................. D. Lanceana 
b”) Bractée axillante non frangée. 
1° Segments foliaires terminaux unis 
à la base en une lame flabelliforme . D. forficifolia 
29 Segments foliaires terminaux à peu 
près semblables aux latéraux ..... D. littoralis 
b) Les deux segments foliaires inférieurs de 
même largeur à peu près ou à peine moins 
larges que les segments supérieurs. 
a’) Segments médians de 20 millimètres au 
plus de largeur. Bractée axillante du 
glomérule floral non frangée. 
a”) Inflorescence atteignant 35 centi- 
mètres, à nombreux rameaux grêles, 
de 5 à 6 centimètres, glabrescents, 
asique FAN PRE A IR ES IS D. glabrescens 
b”’) Inflorescence de 15 à 17 centimètres, 
avec quelques rameaux espacés, courts 
(2 centimètres), et couverts, ainsi que 
: l'axe, d’un duvet roussâtre ......... D. angusta 
b”) Segments foliaires médians de 25 milli- 
mètres au moins de largeur. Bractée axil- 
lante du glomérule floral frangée ...... D. viridis 


C. — Feuilles à 8 segments et davantage. 
a) Bractée axillante du glomérule floral à 
bord non frangé. 
a’) Segments foliaires très étroits (10 milli- 
mètres), non décurrents à la base ; pé- 
tiole de 9 à 13 centimètres . /.......... D. linearis 
b’) Segmentsfoliairesde10 à18 millimètres, 
décurrents à la base; pétiole presque nul. D. plurisecta 
b) Bractée axillante du glomérule floral à 
bord frangé. 


LT PQ DT PER RER AT ERE RER D. monostachya 
b’) Inflorescence ramifiée .............. D. masoalensis 
[l. — FEUILLES PENNISÉQUÉES, A SEGMENTS DISPOSÉS PAR GROUPES 


DE CHAQUE COTÉ DU RACHIS, 
LES DEUX TERMINAUX NON DÉCURRENTS A LA BASE 


A.—Segments ovales, acuminés, de 30 centa- 
mètres sur 3 à 4 centimètres. Pétiole de 
30 centimètres, convexe sur les deux faces. 
Bractée axillante de chaque glomérule 
floral sans poil terminal................. D. gracilis 


28 LES DYPSIS DE MADAGASCAR 


B.— Segments lancéolés, étroits, de 20 centi- 
mètres sur 10 à 15 millimètres. Bractée 
axillante de chaque glomérule floral ter- 
minée par une squamule en forme de poil 
simple ou-ramifié SSSR EC ES ERRE 


D. fasciculata 


IIT. — FEUILLES A LIMBE SIMPLE 
PLUS OU MOINS PROFONDÉMENT ÉCHANCRÉ 


A.— Un long pétiole (15 centimètres) ...... 


B. — Pas de pétiole ou pétiole court (15 à 

20 millimètres). 

a) Limbe de 28 à 35 centimètres, échancré 
jusque vers le milieu de sa longueur, sur 
14à48 centimétres 21:32:22 

b) Limbe de 12 centimètres environ, 
échancré seulement au sommet, sur 
Là bcentimbtres: :.:...:...1. 71286 


Ce premier tableau peut être complété par le suivant, que. 
nous baserons sur les caractères anatomiques de la gaine 


et du limbe. 


Gaine sans lacunes. Faisceaux libéro-ligneux 
sur un seul rang. Limbe à parenchyme 
palissadique net 25e SET Tr, 

Gaine avec quelques rares rase dissémi- 
nées dans la moitié supérieure du méso- 
phylle. Sclérenchyme extralibérien de la 
méristèle principale en demi-cercle plutôt 
qu’en arc. Limbe sans parenchyme palis- 
sadique. Méristèles des nervures du limbe 
assez régulièrement ovales, arrondies aux 
deux extrémités, et seulement un peu plus 
tongues que larmes rs 

Gaine avec un rang de lacunes assez espacées 
sur toute la face supérieure, au-dessous du 
collenchyme. Sclérenchyme extra-libérien 
de la méristèle principale en demi-cercle. 
Méristèles des nervures du limbe ovales, 
notablement plus longues que larges, ou 
vaguement losangiques, avec plusieurs 
faisceaux. Pas de parenchyme palissadique 

Gaine avec quelques petites lacunes, sur 
deux ou trois rangs, localisées au fond dela 
concavité de cette gaine. Sclérenchyme ex- 
tra-libérien de la méristèle principale en for- 
me d’arc épais et court. Limbe sans paren- 
chyme palissadique. Méristèles des ner- 


D. longipes 


D. Louvelii 


D. hirtula 


D. Hildebrandtu 


D. viridis 


D. linearis 


LES DYPSIS DE MADAGASCAR 


vures vaguement piriformes, avec un ou 
deux faisceaux libéro-ligneux, ces méris- 
tèles se prolongeant en pointe au sommet, et 
brièvement et largement anguleuses dans la 
partie scléreuse extra-libérienne . ...... 


Gaine avec deux ou trois rangées de petites 


lacunes rapprochées au- dessous du collen- 
chyme. Sclérenchyme extra-libérien de la 
méristèle principale en forme de gouttière. 
Pas de parenchyme palissadique dans le 
limbe. Méristèles des nervures du limbe 
— vaguement losangiques, avec un ou deux 
faisceaux. Nervuressaillantes ....... Pre 
Gaine avec trois ou quatre rangées de plus 
grandes lacunes, allongées, rapprochées, au- 
dessous du collenchyme. Sclérenchyme 
extra-libérien de la méristèle principale 
large et bas, à bords à peine relevés. Pas 
de parenchyme palissadique. Méristèles 
des nervures du limbe ovales, légèrement 
plus longues que larges, à faisceau unique 
Lacunes plus ou moins arrondies, très nom- 
breuses au fond de la concavité de la gaine, 
où leur ensemble a, sur la coupe, une 
forme triangulaire ; un ou deux rangs de 
ces lacunes au-dessous du collenchyme, 
sur les parois de la gaine, de part et d’autre 
du fond de cettegaine. Sclérenchymeextra- 
libérien de la méristèle principale en forme 
d’arc épais et court. Pas de parenchyme 
palissadique net dans le limbe. Méristèles 
des nervures très allongées, elliptiques, 
avec nombreux faisceaux, arrondies au 
sommet de la nervure et nettement angu- 
leuses dans la partie scléreuse inférieure 
bird hhérienne:. Mons nuit Le 2 
Gaine avec nombreuses petites lacunes plus 
ou moins arrondies, disséminées dans la 
moitié supérieure du mésophylle, plus 
nombreuses et sur une plus grande profon- 
deur au fond de la concavité de la gouttière. 
Sclérenchyme large et bas, en forme d’arc, 
et renfermant quelques faisceaux libéro- 
ligneux. Limbe sans parenchyme palis- 
sadique. Méristèles des nervures piri- 
formes, avec nombreux faisceaux libéro- 
ligneux, terminées en pointe au sommet 
et anguleuses dans la partiescléreuseextra- 
PROMOD Te ac urns ce Sims is 


D. angusta 


D. monostachyo 


D. plurisecta 


D. manaranensis 


D, Louvelri 


29 


30 LES DYPSIS DE MADAGASCAR 

Gaine avec nombreuses et grandes la- 

cunes allongées, souvent séparées seule- 

ment par une ou deux assises de cellules, 

au-dessous du collenchyme. _Ilots fibreux 

interposés à ces lacunes. Petits îlots fibreux, 

à peu près tous au même niveau, sous 

l’épiderme- inférieur. Sclérenchyme de 

Ja principale méristèle nettement en gout- 

tière. Pas de parenchyme palissadique dans 

le limbe. Méristèles desnervures piriformes, 

avec peu de faisceaux, terminées en pointe 

au sommet et arrondies dans la partie 

scléreuse extra-libérienne. .............. D. Lanceana 
Gaine sensiblement de même structure que 

celle de l’espèce précédente, mais lacunes 

plus grandes encore et moins allongées et 

plus arrondies. Limbe sans parenchyme pa- S 

lissadique net. Méristèles ovales ou vague- 

ment losangiques, avec un petit prolonge- 

ment scléreux au sommet, et anguleuses 

dans la partie scléreuse extra-libérienne. D. forficifolia 
Gaine sensiblement de même structure que 

les deux précédentes, à grandes et nom- 

breuses lacunes ee Limbe à paren- 

chyme palissadique. Méristèles desnervures 

piriformes, avec peu de faisceaux, termi- LS 
nées en pointe au sommet et arrondies : 

dans la partie scléreuse extra-libérienne .. D. littoralis 
Gaine encore sensiblement de même struc- 

ture que les trois précédentes, à lacunes 

presque arrondies ou allongées. Limbe 

sans parenchyme palissadique net. Mé- 

ristèles des nervures piriformes, avec 

peu de faisceaux, présentant un petit pro- 

longement scléreux au sommet aminci, va- 

guement anguleuses dans la partie seléreuse 

éxtra-ibérienne :%5.5 0e due D. glabrescens 
Gaine avec très nombreuses lacunes allon- 

gées dans la moitié au moins de l’épais- 

seur du mésophylle, et presque jusqu’au 

sommet de la méristèle principale. Sclé- 

renchyme extra-libérien de cette méristèle 

très large, contenant des faisceaux libéro- 

ligneux, et formant une gouttière dont les 

bords s’incurvent vers l’intérieur. Ilots 

fibreux dans le collenchyme. Pas de paren- 

chyme palissadique dans le limbe. Méris- 

tèles des nervures ovales, angüleuses au : 

sommet, arrondies à la base... ........... D. procera. 


LES DYPSIS DE MADAGASCAR 31 


On voit qu’au point de vue anatomique les quatre espèces 
Lanceana, forficfolia, lttoralis et glabrescens forment un groupe 
bien net. Nous pourrions même y faire rentrer encore, d'autre 
part, un très petit Palmier de la Haute-Sahanany, à limbe 
simple et brièvement échancré au sommet, que nous laissons 
de côté pour l'instant. L’anatomie foliaire rapprocherait sur- 
tout cette forme du Dypsis forficifolia. 

 Hestà remarquer que, chez les Dypsis Lanceana, forficifolia, 
littoralis et glabrescens; les feuilles ont toutes le caractère com- 
mun d’avoir ordinairement six segments, dont les deux infé- 
rieurs sont nettement plus étroits que les autres. 

Tout différents, par contre, sont les limbes du Dypsis procera, 
espèce qui, par le nombre et la disposition des lacunes de la 
gaine, pourrait cependant se rapprocher de ce groupe. Mais 
certains autres caractères anatomiques, tels que la forme du 
sclérenchyme extra-libérien de la méristèle principale de la 
gaine et les nombreux îlots fibreux du collenchyme, l’en 
séparent aussi très franchement. 

Parmi les autres espèces, le Dypsis Hildebrandtir se place tout 
à fait à part ; le Dypsis masoalensis et le Dypsis monostachya, 
dissemblables morphologiquement, présentent, au contraire, 
une grande similitude anatomique: le Dypsis manaranensis 
et le Dypsis Louvelii, tout en se distinguant aisément, ont quel- 
ques affinités. 

Quant au D. longipes, dont nous n’avons pas étudié la gaine, 
la structure anatomique du limbe avoisinerait un peu celle 
de la gaine de Dypsis linearis. 

Enfin, chez le Dypsis gracilis, dont la gaine est beaucoup 
trop forte pour pouvoir être utilement comparée aux autres, 
le limbe, sans parenchyme palissadique, est bien différent 
de tous les précédents, surtout parles méristèles deses nervures, 
qui sont à conjonetif totalement et fortement sclérihié et sont 
ovales, arrondies en bas, plus étroites au sommet, 


Tous ces principaux caractères distinctifs ainsi établis, nous 
ne redonnerons pas ici la description des espèces déjà connues, 
pour lesquelles nous indiquerons seulement les localités où 

Li 


32 LES DYPSIS DE MADAGASCAR 


elles ont été signalées par les divers collecteurs, mais nous 


donnerons une courte diagnose — latine, puisqu'elle nous est - 


ainsi imposée — de nos espèces nouvelles. 
L'ordre sera celui de notre tableau dichotomique. 


1. — D YPSIS D RTE Beccari. 


Ce Pälmier, d’après M. Ch. d’Alleizette, est appelé isirika : 


dans le Mandraka. 
On le trouve dans la forêt orientale, vers les limites du Centre. 
Sous-bois d’'Ambatolava, vers en mètres d'altitude (P. B., 
11989). 
Bois des collines d’Analamazaotra, vers 800 mètres LE B., 
11957, 11963, 11990). 
Forêt de Mandraka (d’Alleizette, août 1906, 1061). 
L'espèce est à rejets, et, par conséquent, pousse en touffes. 


2. — DYPSIS MOCQUERYSIANA Beccari. 


Forêt de l’intérieur de la baie d’Antongil (Mocquerys, 393, 
herbier de Candolle, d’après M. Beccari). 

Nosy Mangabé, au fond de la baie d’Antongil (/d. 419, 
même herbier, d’après M. Beccari). 


3._— DYPSIS MANARANENSIS nov. sp. 


Gracilis, usque ad 2 m. alta, caudice 7-9 mm. diam. Folia 
simplicia (lamina 35-40 cm. longa, 10-18 cm. apice lata, 
alte furcata usque ad 27-34 cm.) vel 4 segmentis, quorum 
inferiora 45 cm. longa et 3 cm. 5 lata, et superiora angustiora, 
40 cm. longa et 2 cm. lata. Spadix gracilis, 35-45 cm. longus, 
plerumque simpliciter ramosus, raro basi duplo-ramosus : 
ramulis 3 cm. 5-5 em. longis. Florum glomeruli bractea com- 
munis bracteolæque integræ. Floris masculi 3 stamina brevi 
filamento, lato connectivo, brevibus appensis loculis. 


Præcedenti affinis, a qua tamen differt segmentis minus 


decurrentibus præsertimque bracteolis integris, haud barbato- 
ciliatis. 


[M 


PLANCHE III, — Feuille (simple) d’un pied jeune 
et feuille (penniséquée) d’un pied adulte de Dypsis forcififolia. 


LES DYPSIS DE MADAGASCAR 33 


. 


Forêt orientale, près de la Manarana,à 200 mètres d'altitude 
(P. B., oct. 1912, 12064 et 12067). 
Espèce à rejets. 


4; — D YPSIS PROCERA nov. sp. 


Gracilis, 4-5 m. alta, sed caudice 15 mm. diam. haud superan- 
ti. Longissimum (18 cm). petiolum, 7 mim. latum, subtus 
convexum, supra leviter concavum, marginibus acutis ; 
4-8 segmenta, 40 cm. longa (35-45 mm. lata), basi decurrentia, 
terminalia lateralibus plus minus similia. Spadix 80 cm. longus, 
simpliciter vel duplo ramosus,-ramulis 30 em. et plus longis. 
Bractea communis integra. Floris masculi 3 stamina filamen- 
to lato, connectivo brevilatoque,-loculis oblongis pendentibus. 

Forêt orientale, à Fananehana, dans les environs de la baie 
d’Antongil, vers 400 mètres (P. B., oct. 1912, 12089). 


5. — DYPSIS LANCEANA Baill. 


Nosy Mangæbé, dans le fond de la baie d’Antongil (Mocque- 
rys, 1897, 412, 418, 420, dans l’herbier de Candolle, d’après 
M. Beccari). 

Bois des environs de la baie d’Antongil, à 100 mètres d’alti- 
tude (P. B., oct. 1912, 12048). 

Espèce à rejets. « 


"6. — DYPSIS FORFICIFOLIA Martius. 


Sainte-Marie (Boivin, 1847-1852, herbier du Muséum de 
Paris). 

Environs de la baie d’Antongil, à Fananehana, vers 400 mè- 
tres d'altitude (P. B., oct. 1912, 12027 et 12091). 

Peut-être faut-il rattacher à cette espèce, malgré son inflo- 
rescence beaucoup plus réduite, un Palmier de la Haute-Saha- 
* nany dont les feuilles sont formées delimbes simples, de 33 centi- 
mètres de longueur sur 7 centimètres de largeur, échancrés 
sur b centimètres seulement. En tout cas, la structure anato- 


L 
K 


34 LES DYPSIS DE MADAGASCAR 


mique de ces feuilles est celle des feuilles du Dypsis forficifola. 
Croît dans la Haute-Sahanany, Sakaleone, vers 600 mètres 
d'altitude (P. B., nov. 1911, 11962). 


7. — D YPSIS LITTORALIS nov. sp. 


Gracilis, usque ad 4 m. alta, caudice usque ad 2 em. diam. 
Folia breviter petiolata (5 cem.), limbo 40 cm. longo, 6 seg- 
mentis distantibus, basi decurrentibus, 2 inferioribus angustis 
(2 cm.), 2 medianis, 25-30 em. longis, 3-4 em. latis, binis ter- 
. minalibus fere similibus, 18 em. longis, 3 em. 5-4 cm. latis. 


Spadix pendens, amplus, { m. et plus longus, simpliciter vel 


duplo ramosus, ramulis gracillimis, 10-25 cm. longis. Florum 
_glomeruli bractea communis triangularis ; floris masculi ala- 
bastrum globosum. Fructus irregulariter ovatus, 10-11 mm. 
longus, 5-6 mm. latus, stigmatum residuis basilaribus. 

Bois littoraux du Mananara, sur la côte Est (P. B., oct. 1912, 
12056). 


8. — DYPSIS GLABRESCENS Beccari. 


Forêt de Tafondro, à Sainte-Marie (Boivin, déc. 1849, 1705, 
herbier du Muséum de Paris, d’après M. Beccari). 

Bois de Masoala, vers 500 mètres d’altitude (P. B., oct.1912, 
12037). Espèce à rejets. 


D 


9. — DYPSIS ANGUSTA nov. sp. 


Parvula, 1-2 m. alta, caudice 1 em. diam. haud superanti. 


Folia petiolata (3-6 cm.), 6 segmentis 20-25 em. longis, 1-2 em. 
latis, lateralibus acuminatis, terminalibus similibus vel vix 
latioribus, basi breviter (3 cm.) decurrentibus. Spadix brevis, 
simpliciter ramosus, squamulis laciniatis fuscis dense hirtus, 
paucis ramulis distantibus, brevibus (2 cm.), crassis. Florum 
glomeruli bractea communis concava, lateraliter adnata, inte- 
gra. Flos masculus 3 staminibus. | 

Mont Vatovavy, dans la forêt orientale, vers 500 mètres 
(EC Boot 11976). 


A 


LES DYPSIS DE MADAGASCAR sx) 


10. — D YPSIS VIRIDIS nov. sp. 


Gracillima, caudice 5-7 mm. diam... internodüs { em. 5-2 cm. 
diam. Folia viridia diluta, petiolata (5-6 cm.), segmentis fere 
aequalibus, vel interdum 8-10, quorum nonnulla angustiora, 
lateralhibus ovatis, leviter sigmoideis, acuminatis, 2 cm. 5-3cm.5 
latis, longe decurrentibus, terminalibus aliquid latioribus, in 
flabellum 14-15 cm. longum, 8 cm. latum, alte (8 cm.) 
_furcatum, basi con tibus. Spadix folia æquans, pen- 
dens, simpliciter vel o ramosus, squamulis laciniatis 
plus minus rapide caduciS@ndutus. Florum glomeruli bractea 
communs triangularis, laciniato-barbata. Flos masculus 3 sta- 
minibus, lato filamento, connectivo crasso, loculis lateralibus. 

Forêt orientale, à 400 mètres d’altitude, dans les environs 
de la baie d’Antongil (P. B., oct. 1912, 12057). 

Forêt de Fananehana, environs de la baie d’Antongil (P. B., 

12031.) Espèce à rejets. 


11. — D YPSIS LINEARIS nov. sp. 


Gracilis, -usque ad 2 m. alta, caudice usque ad 3 cm. diam. 
Folia longe (9-13 em.) petiolata ; 6-9 segmentis, lateralibus non 
decurrentibus, 15-23 em. longis, 1 em. latis, terminalibus fere 
similibus, basi vix (1 em.) decurrentibus. Spadix simpliciter 
ramosus, 45 em. longus, indumento paleaceo-ramentaceo fusco 
hirtus, ramulis 2-3 em. longis. Bractea communis margine 
haud laciniato-barbato. Flos masculus 3 staminibus, connec- 
tivo crasso loculisque. pendentibus. Floris fœminei ovarium 
initio subglobulosum vel turbinatum, deindeque gibbosum, 
stigmatibus lateralibus. 

Forêt orientale, près de la rivière Anove, à 200 mètres d’al- 
titude (P. B., sept. 1912, 12066). 


12. — D YPSIS PLURISECTA nov. sp. 


Gracilis, caudice 7-8 mm. diam. Folia petiolo subnullo, 
8-10 segmentis plus minus inæqualibus, laterahibus lanceo- 


36. LES DYPSIS DE MADAGASCAR 


| latis angustis. 10-11 cm. longis, 17 mm. latis, longe acumi- 
natis, basi decurrentibus (2-3 cm.), binis terminalibus leviter 
latioribus, 10 cm. longis, 20 mm. latis, basi (3 cm. 5, 4 em.) 


in flabellum alte furcatum confluentibus. Spadix simpliciter 
ramosus, 8-10 ramulis gracilibus, puberulentis, 2-3 em. longs. 
Florum glomeruli bractea communis integra ; floris masculi 
3 stamina brevi filamento, lato connectivo, loculis pendentibus. 

Environ de Maroantsetra (P. B., 11966). “ 


13. — D'YPSIS MONOSTACHYA nov. sp. 


Gracilis, foliis longe (8 cm.) petiolatis, 8-10 segmentis, 
quorum bina terminalia truncata subduplo vel duplo latera- 
hbus latiora, basi decurrentia (3 cm.-3 cm. 5), lateralia angusta 
(12 mm.), acuminata, basi haud vel vix decurrentia. Spadix 
folis brevior (25 cm.), indivisus, squamulis laciniatis consper- 


sus ; los masculus 3 stamimibus, filamentis latis, in cupulam 


brevem basi connatis. 
Bois des environs de Rantabé, dans la baie d’Antongil, vers 
500 mètres d'altitude (P. B., oct. 1912. 12047). Espèce: à rejets. 


14. — D YPSIS MASOALENSIS nov. sp. 


Gracillima, 4 m. 50 alta, caudice 5-6 mm. diam., internodiis 
2 em.-2 cm. 5 longis. Folia breviter (3 cm.) petiolata, 10-12 


segmentis ovatis-sigmoideis, inæqualiter latis, valde decurren-- 


tibus, acuminatis, binis terminalhbus apice truncatis, ibique 
extra denticulatis, in flabellum basi confluentibus. Spadix 
simpliciter vel duplo-ramosus, numerosis squamulis laciniatis 
vestitus, paucis ramulis sparsis, 3-4 cm. longis ; florum glo- 
* meruli bractea triangularis, margine laciniato-barbato. 

Forêt de Masoala, vers 300 HU B.;oct.1912, 12034). 
Espèce à rejets. 


15. — D YPSIS GRACILIS Bory 


Hauteurs de Tanambo, à Sainte-Marie (Boivin, 1851, 
herbier du Muséum de Paris, d'après M. Beccari). 


LES DYPSIS DE MADAGASCAR 37 


Fort-Dauphin (Scott Elliot, 2419, 4190, herbier de Kew. 
d’après M. Beccari). | 
Sur les gneiss des bois du Bas-Biennana, dans le bassin du 


 Matitana, vers 175 mètres (P. B., oct. 1911, 12059). 


Amalamazaotra, vers 800 mètres (P. B.. 12010, 12092). 

Gneiss des bois du Faraony, vers 400 mètres (P. B.. déc. 
1911, 11934). 

Gneïss des forêts du Ramena et bois d’Ambaliha (Sambirano), 


vers 400 mètres (P. B., 11955). Ce Palmier abonde dans les 


forêts du Sambirano entre 300 et 600 mètres, et il est, en cette 
région du Nord-Ouest, plus robuste et plus élevé que dans l'Est. 
Dans le Sambirano, le Dypsis gracilis est le tsingovatrovatra 
des indigènes ; dans l'Est, les Tanala le nomment kova et 
tsobolo. 
C’est une espèce sans rejets. 


16. — DYPSIS FASCICULATA nov. sp. 


Gracilis, 3-4 m. alta, caudice 15-20 mm. diam. internodiis 
15 mm. longis. Folia 80 cm. minimum longa, breviter petio- 
lata, sgementis numerosis, solis, vel 2-4 fasciculatis, lanceolatis, 
angustis (10-15 mm.), acuminatis, basi non decurrentibus, 
etiam binis terminalibus. Spadix 70 em. et plus longus, duplo- 
ramosus, indumento paleaceo-ramentaceo fusco vestitus,ramu- 
hs fliformibus, 20 cm. longis. Flores minimi; maseulus 3 stami- 
nibus filamento crasso, loculis fere globosis, pendentibus. 

Colline des environs d’Antalaha, sur la côte Nord-Est, 
vers 50 mètres d'altitude (P. B., nov.1912, 12042). 

Espèce à rejets. 


17. — D 'YPSIS LONGIPES nov. sp. 


Gracillima, foliis simplicibus, longe cuneatis, 40 em. longis, 
profunde furcato-bifidis, petiolo 15 cm. longo. Spadix imdi- 
visus, squamulis laciniatis nigrescentibus vestitus. Glomeruli 
bractea communis concava, integra. Floris maseuli 3 stamina 
loculis ellipticis, lato brevique connectivo appensis. 


38 LES DYPSIS DE MADAGASCAR 


Forêt orientale des environs de Rantabé, dans la baie d'An- 
tongil, vers 300 mètres (P. B., oct. 1912, 12030). 
Espèce à rejets. 


18. — D YPSIS LOUVELII Jun. et Perr. 


Bois humides d’Analamazoatra, vers 800 mètres d'altitude 
(P. B., février 1912, août 1912 et septembre 1913, 11968, 
11969, 12017). 


L'espèce est sans rejets. 


/ 
19. — DYPSIS HIRTULA Martius. 


Sans indication de localité (herbier de Munich, d’après 
M. Beccari). | 

Nous avons fait remarquer plus haut, en note, que les 
feuilles du pied photographié par M. Beccari ressemblent 
énormément aux feuilles à limbe simple du Dypsis forficifolia. 


On remarquera que, de ces dix-neuf Dypsis, dix-huit appar- : 
tiennent exclusivement au versant oriental de Madagascar ; 
un seul, le Dypsis gracilis, tout en étant encore une espèce de’ 
l'Est, où elle redescend même jusqu'à Fort-Dauphin, se 
retrouve dans le Nord-Ouest, dans l’Ankaïzina et le Sambirano. 


L'Élevage à Madagascar 


Par M. Georges CARLE 


Chef du Service de Colonisation à Madagascar. 


Tous ceux qui se sont attachés au problème de l’alimenta- 
- tion de la nation ont reconnu qu’en ce qui concernela viande, 
le moyen le plus efficace de remédier à la rareté du bétail 
était de recourir, dans la plus large mesure possible, à l’intro- 
duction en France de bétail sur pied ou de viandes abattues. 
L’attention s’est donc portée sur le bétail des pays étrangers 
et plus particulièrement des colonies. Parmi celles-ci, Mada- 
gascar, avec ses 7.000.000 de têtes de bétail, a été reconnue 
une des plus intéressantes, des plus riches, celle qui pourrait 
dès maintenant apporter une aide efficace à la métropole. 

Toutes les études, tous les documents pouvant préciser la 
situation de l’élevage bovin dans notre colonie de l'Océan 
Indien paraissent donc venir à leur heure; c’est le but pra- 
tique que se propose ce travail. 


I. — LES CONDITIONS DE L’ELEVAGE 


La grande île de Madagascar, avec ses immenses steppes, 
sa brousse herbeuse sur collines de terre rouge ou rocailleuses 
qui couvrent les 9/10 de sa superficie, représente un type de 
pays à élevage pastoral extensil. L'élevage en pare ou à 
l’étable est encore l'exception ; il n’est pratiqué que dans les 
plantations pour l'entretien du bétail de travail. 


Régions et pays d'élevage. — Un pays d'élevage est une 
contrée de prairies naturelles ; il ne dépend que d'elles, il est 


A0 : L'ÉLEVAGE | 


d'autant plus rémunérateur, plus prospère que la qualité de 
ses prairies est plus grande. 

Les prairies naturelles de la Grande Ile peuvent se classer 
de différentes façons, suivant les sols qui les portent ou leur 
composition botanique. Mais, quelque classification qu'on 
adopte, le caractère prédominant de la steppe malgache résulte. 
du petit nombre d'espèces qui la composent, espèces pour la 
plupart cosmopolites. Mais cetteuniformité, à quoi est-elle due ? 
Quelle a été la cause originelle et assez persistante pour main- 
tenir, malgré des différences de sol, malgré le temps, ce même 
caractère à cette formation ? Pourquoi nous semble-t-il, au 
contraire; voir partout une rareté progressive de l’herbe, une 
progression encore croissante des terrains nus ? C’est ce que 
nous explique l’origine de la steppe. 

La venue de l’homme dans la Grande Ile a été marquée par 
une déforestation intense et continue ; la forêt disparaissant 
a été remplacée par une prairie qui, en séchant chaque année, 
a provoqué l’extension des incendies ; l’extension des surfaces 
déboisées a été suivie par l'extension de la zone des herbes et, 
par suite, par celle des incendies. C’est le feu qui a pérmis à la 
brousse d'occuper actuellement les 9/10 de l’île ; c’est lui qui 
maintient cette composition spéciale, si pauvre en espèces. 
Seules ont résisté au feu les plantes qui sont aptes à supporter 
sans souffrir la destruction de toutes leurs parties aériennes 
et qui sont capables de se multiplier sans graines ou, du moins, 
de vivre et de se reproduire en ne se resemant qu’à de longs 
intervalles ; les espèces de Ja prairie ont doncété toutes choisies, 
triées par le feu. 

Des observations précises nous permettent d’avancer 
que : 

19 Partout où l'herbe a été péturée ou coupée en fin de 
saison des pluies, notamment le long des chemins suivis par 
les troupeaux en transhumance, l'herbe repousse dès le com- 
mencement de la saison sèche. 

20 Certaines prairies que lesindigènes HAE spécialement, 
et qui, sans être attribuées individuellement, sont la jouis- 
sance collective de villages bien déterminés, ne sont pas brû- 


{ 


, 


A MADAGASCAR 41 


lées ; et un feu mis accidentellement est souvent éteint par 
les abiants des villages eux-mêmes. 

30 Le feu est le seul moyen de régénérer des prairies sans 
maître et sans usage défini. Tout autre moyen d'amélioration 
nécessiterait de la part des villageois pasteurs des travaux 
plus difficiles, spéciaux, exigeant plus de peine. Or, ces tra- 
vaux, à qui profiteront-ils ? Certainement à ceux qui les 
auront effectués. Mais rien ne le dit en l’état actuel de notre 
législation malgache ; et il faut donc commencer, avant tout, 
par approprier, attribuer les pâturages. C’est une opération 
préalable, nécessaire à toute tentative d'amélioration de la 
prairie malgache. 


Régions et pays de culture. — Par opposition avec la forma- 
tion précédente, les régions où se pratique l'élevage intensif 
sont avant tout des régions de culture, c’est-à-dire celles où 


la main-d'œuvre et les frais généraux, pour une surface déter- 


minée, sont élevés. Les animaux y sont rarement élevés, mais 
le plus souvent exploités pour toutes les ressources qu'ils 
peuvent procurer, engraissement, travail, lait. L’herbe ne 
pourrait suffire à elle seule comme alimentation; d’où la néces- 
sité de produire des aliments plus riches, plus concentrés, tels 
que le manioc, le maïs, le pois, arachide, riz, etc. 


Les animaux élevés. — On rencontre dans l'ile tous les ani- 
maux domestiques, mais c’est le bœuf qui restera encore long- 
temps l’animal le plus répandu, le plus intéressant, le plus 
apte à utiliser cette brousse spéciale de la Grande Ile. 

Le bœuf malgache est, en réalité, un zébu ; peut-être pour- 
rait-on en faire une espèce particulière, bien que n'étant pas 
autochtone dans l’île. C’est un animal de formation au-dessous 
de la moyenne. Il est brachycéphale et possède sur le garrot 
une bosse plus ou moins volumineuse ; il a des cornes longues, 
en forme delyre; l’encolure est mince, le fanon très développé; 
le tronc a des proportions raccourcies ; le train antérieur est 
ample, le postérieur un peu défectueux, étroit, mais les 
membres sont fins et lé squelette léger. La robe est fauve plus 


” 


AE L'ÉLE VAGE 


ou moins foncée, souvent ee noire ; la peau est ÉD le 
poil dur. 

Au point de vue obioique. la race malgache, par la 
petitesse de sa taille, s'éloigne beaucoup de nos races d'Europe. 
La taille moyenne est, chez la vache, de 1 m. 20, avec variations 
de 1 m. 111à 1 m. 24 ; ehez le mâle, de 1 m. 24 en moyenne, 
avec variation jusqu’à 1 m. 93 et plus. Des géniteurs de faible 
corpulence ne peuvent donner naturellement que des coupés 
de faible poids. 

Etudions maintenant les qualités du bœuf Male at elles 
résident toutes dans le tronc, et, pour plus de précision, dans 
lavant-train. 

Le train antérieur présente un beau développement; la poi- 
trine est ample et bien descendue entre les membres, les côtes 
sont bien arquées, les épaules très écartées, le périmètre tho- 
racique suffisamment long, le dos bien horizontal. Les membres 


sont parfois courts, ce qui est une qualité absolue, puisque ce. 


sont des régions sans valeur commerciale. 


Quant aux défauts, étudions-les avec soin,. puisqu'il faut 


exactement les connaître si nous voulons les faire disparaître 
dans l’élevage de l’avenir. 

Laissons de côté les défectuosités insignifiantes, telles que 
le trop grand développement des cornes et la trop grande 1m- 
portance du cou ; indiquons les défauts indéniables. 

Les animaux malgaches ont le tronc trop court, la croupe 
trop développée et parfois les membres trop peu longs. 

Un bœuf de boucherie doit avoir le tronc aussi long que 
possible, la croupe très longue et large; les membres doivent 
être réduits au strict minimum. Les chiffres qui vont suivre 
montreront que ces caractères, ne se rencontrant pas sur les 
deux géniteurs, ne sauraient être réalisés sur les coupés. 

La longueur du tronc, mesurée par la distance qui sépare 


la pointe de l’épaule de la pointe de la fesse, mesure 1 m. 25. 
à 1 m. 63 chez le taureau, avec une moyenne de 1 m. 45, et 


chez la vache de 1 m. 23 à 1 m. 48, avec une moyenne de 1 m. 34, 
soit dans les deux sexes 1,12 à 1,13 p. 100 de la taille. 
Mais le défaut capital réside dans le défaut de développe- 


A MADAGASCAR 43 


ment de la croupe. Cette dernière’est trop courte, trop étroite ; 
le sacrum est trop surélevé, ce qui donne une croupe tran- 
chante ; les cuisses sont trop rapprochées et trop peu musclées, 


Aucune race d'Europe n’a la croupe aussi courte que les 
représentants de la race malgache. 


. Taille Longueur 

moyenne de la croupe 

Vache malgache.............. 1 m. 20 0 m. 44% 
2%, Tarentaise -:::........ 1 m. 95 0 m. 53 
nca EU 1 E 11 PE NOR EETEER 1 m. 96 0 m. 67 


Quant à la largeur de la croupe, disons que cette dernière 
atteint en moyenne 86 p. 100 de la longueur chez le mâle et 
91 p. 100 chez la vache. 


Vache malgache PRE = ,0E. 
longueur C 

Vache Tarentaise — — 0,94. 

Vache Durham — — 0,98. 


et pour certaines vaches, de 100 à 110 p. 100. 


En conclusion, les reproducteurs malgaches ne possédant 
ni tronc allongé, ni croupe longue £t large, les bœufs qui en 
résultent ne sauraient être pourvus de ces qualités. Or la 
viande de première qualité est presque entièrement située au 
niveau de la croupe, au dos et aux reins. Les animaux mal- 
gaches en possèdent donc moins que les races d'Europe et 
c’est là leur grande défaut. 


Au point de vue physique, les animaux malgaches pos- 


sèdent des propriétés indéniables et absolument remarquables. 


Leur facilité à l’engraissement est étonnante, ainsi que leur 
résistance aux intempéries et à la sécheresse. C’est un fait 
qu'il est inutile d'exposer, car tout le monde a vu le troupeau 
résister aux tempêtes de la saison des pluies, et on sait que, 
pendant les deux derniers mois de sécheresse, ils se main- 
tiennent en état pourvu qu'ils aient à leur disposition l'eau 
courante en abondance, les chaumes desséchés des hautes 
graminées et quelques très rares pâturages verdoyants. La 
résistance de la race malgache compense largement les défec- 
tuosités morphologiques, défectuosités amendables du reste. 


44 L’ÉLEVAGE 


Pour augmenter la production laitière, des croisements ont 
été tentés avec des animaux d'Europe; ils ont donné un 
bétail sans bosse. Ces animaux se rencontrent aux environs 
de Tananarive et des villes du Centre. 

Les pores sont très nombreux sur les Hauts-Plateaux, prin- 
cipalement dans les régions où le climat et le sol permettent la 
culture de la pomme de terre. 

Le mouton de Madagascar appartient au type «à grosse 
queue » que l’on rencontre en Asie et en Afrique. Ces animaux 
n’ont pas de laine et sont recouverts d’un poil plus ou moins 
long. RS: 

Les croisements continus, effectués à Tuléar, entre des bre- 
bis du pays et des béliers mérinos, ont montré que l’améliora- 
tion er la transformation de la race est rapide et peut s’effec- 
tuer dans de bonnes conditions. 

Les conditions climatériques du Sud de l’île, Pabsence ou la 
douceur de l'hiver, la rareté des pluies sont favorables à l’éle- 
vage du mouton. 

Il existe également un élevage du cheval, principalement 
sur les Hauts-Plateaux. Il est le résultat de l’action du Service 
Vétérinaire. Elle a permis de développer, dansles environs des 
principales villes du Centre, quelques milliers de chevaux qui 
sont employés pour le transport des hommes. Nous ne dirons 
rien de cet élevage, pas plus que de celui de lautruche ; 1l°. 
s’agit d'espèces importées, dont l’acclimatement est encore à 
faire, et dont la réussite est sous la dépendance immédiate 
de l’intensivité des cultures qu’on peut entreprendre. 

C’est l'élevage du bœuf qui est, et restera pendant longtemps 
encore, la base de la richesse de l’île de Madagascar. 


# 


IT. — Mise EN VALEUR DES /PATURAGES ET DES STEPPES 


/ 


PAR LES BŒurs 


Les procédés de l'élevage indigène. — Décrire les procédés, 
les méthodes du pasteur indigène, ses habitudes, ses croyances, 
est chose difficile ; fort peu s’y sont essayés. Il est certain que 


- ! 


s ! A MADAGASCAR 45 


» 


les troupeaux paraissent venir à l'abandon, avec le minimum 

de soins ; cependant certaines croyances, certaines coutumes, 
que l’indigène respecte et suit sans les comprendre peut-être, 
sont favorables au bon entretien du troupeau. D’une façon 
sénérale, la constitution d’un troupeau est pour le Malgache 
un moyen de placer son argent. Le principal du bénéfice, c’est 
à-dire le croît du troupeau, est consommé dansles réjouissances 
et les fêtes de famille. | 

Comment les troupeaux sont-ils appropriés ? Comment s'ef- 
fectue leur gardiennage ? Quel est exactement le croît des 
troupeaux chez les indigènes ? Nous sommes peu renseignés 
sur ces questions D'une façon générale, on s’accorde à recon- 
naître que le rendement d’un troupeau est peu élevé ; cela 
tient principalement aux pertes éprouvées pendant le jeune 
âge des animaux et au manque de précocité. 

Diverses évaluations sont d'accord pour arrêter à 7.000.000 
le nombre de têtes de bœufs, donnant un effect annuel dispo- 
mible de 420.000 têtes, dont 300.000 seraient consommées 
par la population de Pile. 

Le disponible de 120.000 têtes est actuellement utilisé par 
5 usines qui fabriquent des conserves et préparent des viandes 
frigorifiées. 

Ce disponible augmentera avec l'accroissement du troupeau. 
On admet que cet accroissement peut atteindre le 3 p. 100 de 
l'effectif total ; il serait donc possible d'utiliser pour les be- 
soins de la Métropole 200,000 têtes par an. 

Les usines d'utilisation du bétail sont réparties en différents 
points de l’île. Deux sont à Diégo, à l’Extrème-Nord de l'ile, une 
près de Majunga, à l'embouchure du grand fleuve, la Betsiboka, 
une à Tamatave, une près de Tananarive, une à Antsirabé. 

Le nombre des bœufs abattus par les usines, qui était de 
14.800 en 1911, a passé à 109.691 en 1916 et a été de 140,000 
en 1917. 

L'état sanitaire du troupeau est, en général assez bon. On 
n’a pas à lutter contre les grandes épidémies qui ont dévasté 
notamment les troupeaux du Sud Africain. La tuberculose est 
fréquente dans les troupeaux du Sud de l'ile ; elle y sévit à 


ÿ 
46 L'ÉLEVAGE 


l’état endémique. Le charbon bactéridien cause plus de pertes. 
On y remédie par la vaccination anticharboneuse avec le 


sérum Chauveau, qui a donné dans ces dernières années de très 


bons résultats. 

Nous pouvons essayer de définir par quelques chiffres les 
résultats obtenus par l'élevage indigène. Ils constituent une 
sorte de point de comparaison qui nous fera mieux comprendre 
ce que nous devons éviter et le mieux auquel nous pouvons 
arriver par des méthodes. plus raisonnées. Les dénombrements 
que nous rapportons ont été effectués par le vétérinaire 
Rouquette ; ils ont porté sur 41 villages, dont 14 possédaient 
des troupeaux de 50 à 100 bœufs, 14 de 100 à 200, 9 de 100 
à 300, 4 de 300 à 400. 


Vaches el SÉMISSOS 2, been in NOR RE 7.108 

Veaux de moins d’un an............ DO RERO NE 2.814 

Veux delà; 2 ans AVE UE arr a fL OR 0e 1:926 

Patreanc dedans it LE Ter 2 LENCO TRE ARTE 4.097 

ANR ARS se PURE CHACUN NE Te MM lo ALP 703 

Bt es LE hr TERRE SU ED A EC 298 

Le LRU PSN ON C0) LA RES EE ET . 36 

CN M GOSSES DR EUR SRE LE 

COUPÉS LES PEN ETES LE ET CE RE 1.062 

DORA LEE EEE ES 15 :4112 

Pourcentage des taureaux de 2 ans........... 1,227 

Pourcentage des coupés ….:::...4:....: 044 7,00 % 
Pourcentage des taureaux reportés au nombre 

de 2 ans et au-dessus : 

TARTEAUR ED AUS RUN CN DU LUE EU REA CR H55EÆ 0 
ie ATARI AS D LE Ce ee DE CE 10:18 
OCR ARS ROUE TRE TER, SO Jens LS Lee 
SX VD ANS 2 a LE AREA D 2 ee HAS Dan 
PRET LS LE DRE > LES CL PA LEP ÉPENT PRLE Eee DST 


/0 


Ce tableau montre d’abord que la mortalité est, chez les 
jeunes, plus intense qu’on ne le croit habituellement. Sur 
7.108 vaches ou génisses, on a 2.874 jeunes ; or, sur ce nombre 
de vaches, 1.000 génisses environ n’ont pas donné de jeunes. 
I] reste donc 5.000 à 6.000 vaches, donnant 2.874 jeunes. Les 
vaches de plus de 2 ans donnent un pourcentage de naissance 


A MADAGASCAR 47 


égal à 80 p. 100 ;:on a donc à peu près 30 p. 100 de décès chez 
les jeunes, re l’âge d’un an. 

Ces décès sont occasionnés, en saison des rs par des sep- 
ticémies d’origine ombilicale. En saison sèche, les décès 
s’observent sur les jeunes nés de mai à novembre, 

Ces naissances, à pareille époque, sont, en effet, unecalamité 
pour l’élevage malgache. On a alors des veaux squelettes, 
envahis par les parasites et les gales. 

Le même tableau montre également le nombre exagéré de 


 taurillons et taureaux comparé au nombre des vaches : 


30 p. 100 environ. Mais le nombre de taureaux de 5 et 6 ans est 
dérisoire. Si l’on songe que le recensement a été fait avant 
l’époque de la castration, on voit qu'au moment de la saillie, 
c’est-à-dire en décembre-janvier, les taureaux de 5 à 6 ans 
seront castrés ; de même à peu près tous ceux de 4 et de3 ans 
(taureaux de 3 ans, 10 p. 100 ; taureaux de 4 ans, 4 p. 100), 
Ïl ne restera donc que les taureaux de 2 ans et un nombre déri- 
soire de taureaux de 3 et 4 ans. 

Les taureaux qui restent ne sont pas habituellement les plus 
beaux. L'élevage malgache souffre done du manque de tau- 
reaux adultes, du manque de sélection des reproducteurs, 
enfin des désordres énormes que cause la saison sèche sur les 
jeunes. Des concours de taureaux ayant atteint ou dépassé 


. 5 ans seraient plus utiles que les concours d'animaux gras 


qu’on organise partout. Le Malgache se procure de beaux cou- 
pés en coupant de beaux taureaux, ce qui constitue une 
véritable aberration. Au contraire, celui qui a de beaux tau- 
reaux pourra sûrement avoir plus tard de beaux coupés. 
Toutes les exhortations, tous les discours ne changeront en rien 
cet état de choses. Il faut partir, dès le début, avec de bonnes 
bases, qu’admettront toujours difficilement les éleveurs indi- 
gènes. Les indigènes pourront-ils améliorer leurs troupeaux 
dans un délai prochain ? Il ne faut pas y penser, notre action 


sur eux étant lente et ne pouvant être efficace que si nous 
prêchons par l’exemple. S'ils ont l'attrait du bénéfice, qu'ils 
désirent, certes, le plus grand possible, ils n’ont pas à courir le 


risque de perdre leur capital, car le capital engagé par eux est 


48 L'ÉLEVAGE 


très peu élevé. Leurs pertes sont plutôt un manque à gagner. 
Déjà, dans certaines régions, où la culture est plus déve- 


loppée, l'élevage intensif par l’indigène a pris une certaine 


importance, Les animaux, généralement en petit. nombre, 
sont élevés dans des fosses oùils restent jusqu’à ce qu'ils aient 
atteint un embonpoint suffisant pour la vente. Ils sont nourris 
avec les produits ou sous-produits des cultures des indigènes 
(feuilles et tubercules de manioc, de patate, feuillage de hari- 
cots, etc.). 


Les procédés de l'élevage européen. — Notre action sur 
l'élevage indigène ne peut être qu’à échéance lointaine; on 
obtiendra un changement plus sûr et plus rapide avec l’inter- 
vention des Européens. Seuls, ceux-ci peuvent pratiquer le 
nombre d'expériences et d'essais infructueux nécessaires pour 
bien connaître et bien définir les méthodes de l’élevage exten- 
sif, car c’est bien de l’élevage extensif qu'il s’agit ; c’est le seul 
procédé qui permettra d'utiliser les immenses espaces, relati- 
vement pauvres et d'accès difficile, qui couvrent les huit dixie- 
mes de l’île de Madagascar. OL 

Qu’entend-on par élevage extensif ou élevage en liberté : ? 

C’est l'élevage d’un animal qu’on maintient le plus possible 
dans son milieu naturel, dans son habitat ; il se développe 
naturellement aux points où la race considérée est susceptible 
de prospérer le mieux dans les conditions de vie en liberté. Ces 
points sont les régions à RAS naturelles. La difficulté, 
pour nous autres Européens, qui n'avons pas l’esprit d’observa- 
tion aussi développé quel’indigène éleveur, Sakalave ou Tsimi- 
hety, ou du moins qui n’avons pu l'exercer dansletemps comme 
eux, est de choisir convenablement ce milieu, de bien délimiter 
les points qui y répondent. 

Cet élevage en liberté est celui de tous les pays à faible den- 
sité de population, où la valeur du terrain et celle des autres 
produits animaux, lait, travail, sont peu élevées. IT est carac- 
térisé par une main-d'œuvre très réduite. C’est exploitation 
d’une richesse naturelle, la prairie, de valeur variable, par une 
machine susceptible de l’utiliser plus ou moins bien (bœuf, 


, 


A MAGAGASCAR 49 


mouton), au moyen de dépenses (main-d'œuvre, frais généraux) 


extrêmement réduites par rapport au produit brut. Le pro- 
duit net doit donc être très élevé par rapport à lx dépense, 
mais seulement si l’on a puchoisirconvenablement les facteurs 
de l’entreprise, c’est-à-dire la prairie et le bétail. Or le choix 
du bétail est presque toujours l’animal autochtone ; c’est, en 
somme, du choix de la prairie que dépend le résultat de l’af- 
faire. Maïs encore faut-il réduire la dépense de main-d'œuvre; 
c’est une seconde difficulté pour nous Européens, qui avons à 

lutter avec l’indigène. 

En résumé, la question de l'élevage extensif se ramène à : 

19 Choix du pâturage: 

20 Possibilité d'opérer avec une main-d'œuvre réduite (1). 

Cet élevage extensif se trouve donc nettement différencié des 
spéculations intéressant le bétail que peuvent entreprendre les 


agriculteurs. Pour ceux-ci, les races élevées en liberté et four- 


nissant des animaux de boucherie peuvent donner des animaux 
ne leur convenant pas pour le travail, par suite de leur confor- 
mation (cas du zébu). L’agriculteur peut ainsi avoir avantage 
à élever un type d'animal qui ROUES à ses exigences bien qu'il 
doive lui revenir plus cher qu’un animal élevé en liberté. 

Un autre facteur qui intéresse au plus haut point l’agricul- 


(1) Actuellement, nos études sur Palimentation et les rations peuvent 
à peine intéresser une telle spéculation. La création de pâturages arti- 
ficiels ne peut, en effet, que difficilement être une opération économique. 

Sion appelle p — produit brut. | 

re b — bénéfice. pour une surface S 
— f = frais généraux. On ab = p—{(f + m). 
— m = main:d’'œuvre. 

Par la création de ces prairies, on augmente considérablement f et 
m. On doit augmenter p. Or, il faudrait que le nouveau bénéfice b’ soit 
plus grand que b puisque le capital engagé devient plus grand. Dans 
le premier cas, et, dans les conditions actuelles à Madagascar, an peut 
toujours rendre p=7?". 

Il suffit d’avoir S suffisamment grand, tandis que ce n’est pas toujours 
possible d'agrandir $ indéfiniment dans le cas de prairies artificielles. 

De sorte que, même si la création de prairies artificielles était rémuné- 
ratrice et possible, elle ne présenterait aucun avantage dans un début 
d’une affaire d'élevage tant que la densité du bétail n’est pas devenue 
trop forte par rapport à la surface dont dispose l'affaire. 


é 


50 L'ÉLEVAGE 


teur est le fumier. Pendant longtemps, on considérait le bétail. 
dans les exploitations agricoles d'Europe, comme un «mal 
nécessaire » pour la production du fumier ; on ne le considéragt 
pas par lui-même comme une source de bénéfices pour l'exploi- 
tation. Les prix peu élevés des produits (lat, viande) et aussi 
la méconnaissance des méthodes rationnelles d'exploitation 
du bétail faisaient que le compte bétail se traduisait par une 
perte que la valeur du fumier balançait. 

Aujourd’hui il n’en est plus de même, et toute exploitation 
du bétail, choisie et pratiquée rationnellement, en dehors du 
fumier qu’elle procure, est une source de bénéfices. 

A Madagascar, nous avons tout à apprendre et tout à faire 
au point de vue bétail ; il est des exploitations sur lesquelles le 
bétail est considéré comme le « mal nécessaire » pour la pro- 
duction des fumiers qui est le plus souvent très négligée. 
Dans d’autres, le bétail est un auxiliaire précieux quand on 
l'utilise pour la traction; c’est le cas des propriétés à culture 
mécanique, à charrois, etc. (Mangoro, Sambirano). Sur ces pro- 
priétés, le bétail de trait nécessaire représente une telle valeur 
qu'il est susceptible de payer des cultures spéciales faites pour 
son alimentation ; souvent il utilise les déchets de la culture 
ou des industries agricoles qu’elle alimente, susceptibles d’assu- 
rer une partie de l’alimentation du bétail et qui n'auraient 
aucune valeur dans ce cas. Mais ces opérations sont du do- 
maine de la culture intensive, à produit-brut élevé à l’hectare. 

Cette longue digression a pour but de montrer que les deux 
systèmes d'élevage, élevage extensif pastoral et élevage inten- 
sif, et tous leurs stades intermédiaires, ont place à Madagascar. 
L'un et l’autre peuvent être la source de bénéfices ; et le choix 
de l’un ou de l’autre système dépend de certaines conditions, 
dont les principales sont certainement les voies de commu- 
nication, puis la main-d'œuvre. Mais ce ne sont pas deux sys- 
tèmes différents entre lesquels le spéculateur peut choisir; ils 
ne sont que les résultats de conditions de milieu bien déter- 
minées. : 

Le jour où les régions diverses de Madagascar viendront à 
être également avantagées par une répartition sensiblement 


A MADAGASCAR 51 


égale des voies de communication, le facteur dominant, pour la 
localisation de pays d’élevage, serait celui de la possibilité de 
prairies naturelles fertiles résultant du terrain et dela situation 
géographique. 

Une des premières conditions pour permettre l’établissement 
d’une affaire payante est de posséder de vastes superficies : nous 


entendons pour faire de l’élevage et non de l’engraissement. 


Une affaire de 5.000 têtes de bétail nécessite un capital de 
200.000 francs, soit 100.000 francs pour l’achat des vaches et 
100.000 francs pour la constitution du pâturage et les frais 
nécessités par les cinq premières années, Une superficie de 
12.000 hectares de prairies sera indispensable. 

La superficie étant déterminée suivant la valeur du pâturage, 
on peut en déduire le nombre de têtes de vaches qu’on peut 
acquérir. Ce nombre constituera un nombre de têtes inférieur 
à celui que le pâturage peut supporter, puisque celui-ci est 
prévu pour l'entretien des vaches et du produit des vaches. 

Dans les premières années, l’entreprise pourra donc utiliser 
ses herbages pour l’engraissement avec des bêtes plus ou moins 
jeunes, achetées aux propriétaires indigènes. 

Le domaine étant peuplé, les constructions à prévoir seront 
simples ; en dehors du logement du chef du domaine, ce seront 
les habitations pour le personnel indigène, un bain pour la 
destruction des tiques, des abreuvoirs. 

L'étude de la conduite du troupeau pourrait donner lieu à de 
longues dissertations. Nous la résumerons ainsi: parcage inutile; 
isolement des vaches après la parturition ; division en troupeau 
ne comprenant que des bêtes sensiblement du même âge; 


sélection des reproducteurs par la castration des mâles ; main- 


tien, dans les troupeaux de vaches, d’un nombre de taureaux 
déterminé (un taureau pour 50 vaches environ); et, si possible, 
éviter les naissances pendant les mois de fin de saison sèche, 
août-novembre. 

L'amélioration du troupeau peut résulter de la sélection et 
du croisement. 

L’importation d’un sang nouveau doit être-prévue comme 
une opération coûteuse et délicate. Le mieux serait de pré- 


52 L'ÉLEVAGE 


voir la préparation de bêtes de demi-sang dans un domaine 
à part, où les taureaux importés seraient tenus en stabulation 
avec une nourriture appropriée. Les produits demi-sangseraient 
seuls livrés aux troupeaux en liberté. Mais ce sont des questions 
sur lesquelles il sera utile de revenir. 

Une bonne conduite du troupeau et l’infusion d'un sang 
nouveau doivent avoir pour premier résultat d'accroître 
la précocité. Ce caractère ne pourra être maintenu et fixé 
qu'autant que nous arriverons à supprimer la période d'arrêt 
de croissance due à une alimentation insuffisante du 15 juin 
au 45 octobre. Nous y arriverons par l’amélioration des pâtu- 
rages et la constitution de réserves de saison sèche. . 

L'amélioration des pâturages est toute dans un mot, la fau- 
chaison. Fauchaison effectuée, AS qui ? Par la dent des ani- 
maux. 

Actuellement, les pâturages sont brûlés ; et si nous revenons 
sur cette question des feux de brousse, c’est parce qu’elle n’est 
pas encore comprise par tout le monde et que nous-même, à 
force d’en parler, nous arriverôns peut-être à l'exposer pie 
clairement. ; : 

Les feux de brousse sont actuellement nécessaires. Il est 
certain que, pour les 9/10 de nos pâturages, s'ils n'étaient 
brûlés, l'herbe ne repousserait plus ; ou tout au moins la coupe 
par la dent des animaux serait impossible, à cause des chaumes 
trop durs et inalibiles. D'autre part, les feux peuvent dé- 
truire un certain nombre d'insectes et, notamment de tiques 
qui se placent à une certaine époque de l’année (juillet-août) 
sur le sommet des herbes, dans l’attente du mammifère 
(hommes, chiens, bœufs) sur lequel ils pourront s’accrocher. 

Mais tant que les pâturages seront brüûlés, leur composition 
botanique ne pourra s'améliorer. Les Légumineuses, notam- 
ment, qu’on trouve dans la brousse épineuse rabougrie, ne 
peuvent se multiplier, car leur appareil végétatif ne peut, 
comme celui de certaines Graminées, s'adapter au régime des 
feux. Les chiendents eux-mêmes disparaissent devant les feux. 

La fauchaison, en empêchant la formation des chaumes, 
permet donc la repousse des herbes et le pâturage ; elle donne 


les mêmes résuliats que les feux et permet la multiplication et 
dissémination d’autres espèces, l'amélioration de nos pâturages. 
Evidemment on ne peut songer à la fauchaison par des 


. moyens mécaniques sur des immenses pâturages; on la fait 


effectuer par la dent des animaux, en divisant le pâturage en 
parcelles, dans lesquelles on fait passer successivement les 
troupeaux, au fur et à mesure que l’herbe est coupée au ras 
du sol. D’où la nécessité de diviser le pâturage en champs 
limités par des barrières. C’est là tout le système des éleveurs 
de l'Afrique du Sud et de l'Australie. Ce sera celui des éleveurs 
malgaches. | | 

Ce système a pour avantage de permettre la transformation 
en viande de tout le fourrage qui poussé sur nos prairies, au 
lieu de laisser cette matière végétale se perdre en fumée. A la 
pâture méthodique doivent s’ajouter, sur une petite échelle, 
dans les débuts de l’opération, la fauthaison par la main de 
l’homme et la constitution par ensilage d’une réserve de ma- 
tière alimentaire ; l’opération est simple et économique. 

La destruction systématique des tiques par les bains, telle 
que nous l’avôons décrite ailleurs (Bulletin Economique de 
Madagascar, 2e semestre 1912), est une opération qui s'impose, 
On compte en Afrique du Sud, dans les grands troupeaux, 
0 fr. 05 par tête et par bain. 

Toutes les opérations qui font le travail et la vie de l'éle- 


_ veur mériteraient de plus amples développements qui n’entrent 


pas dans le cadre de cette étude, mais nous avons tenu à les 
résumer pour montrer qu'elles constituent un ensemble de tra- 
vaux nécessitant une grande habitude du troupeau, beaucoup 
d'observation et de raisonnement. Peut-on les demander 
d’ores et déjà à l’éleveur indigène ? Certainement non. 


III. — DES ENCOURAGEMENTS À DONNER A L’EÊLEVAGE 


Il faut donc chercher à utiliser le mieux possible cette ri- 
chesse que constitue actuellement le troupeau malgache; il 
faut intensifier la production des indigènes, créer la production 


: 


A MADAGASCAR 53 


54 | L’ÉLE VAGE 


par l’Européen. Nous pouvons par suite classer en trois sortes 
les mesures qu'il conviendrait de prendre pour la meilleure 
utilisation du cheptel malgache. 


lo Utilisation du bétail existant. — Actuellement, le bétail 
est acheté un peu partout sur les Hauts-Plateaux, soit par 
les commissionnaires des usines, soit par des intermédiaires 
qui l’amènent aux usiniers. Qu'importe-t-il dans ces trans- 
actions pour que le but ie nous cherchons actuellement soit 
atteint ? 

D'une part quele producteur indigène reçoive une juste rétri- 
bution de la marchandise qu'il cède ; d’autre part, que le bétail, 
acheté par ou pour l’usine, effectue le trajet du lieu d’achat 
(généralement les Hauts-Plateaux) au lieu d'utilisation (les 
usines de la côte) dans les meilleures conditions possibles, 
c’est-à-dire en évitant les pertes et la diminution de poids pour 
les animaux vivants ; enfin que l’usinier reçoive le plus grand 
nombre de bêtes et le plus régulièrement possible. 

Ces conditions pourraient être réalisées par l’action combinée 
de l'administration et des industriels, et elle pourraient se 
résumer æinsl : 

Achat aux indigènes producteurs (soit parl Administration, - 
soit par des commissionnaires) et concentration des bêtes 
achetées dans des pâturages d'élevage spécialement choisis. 
Dans ces pâturages aménagés à cet effet, les troupeaux atten- 
dront l’époque où les transports peuvent s’effectuer dans des 
conditions convenables. On sait, en effet, que le voyage par 
terre, pour des bêtes en état, ne peut être effectué que du mois 
de mars à juin, parsuite de l’état des rivières en saison des pluies 
et des pâturages en saison sèche. 

Les bêtes seront, pour une part, envoyées directement à 
l’usine ; les autres séjourneront dans des domaines côtiers et 
y attendront l’époque où les usines pourront les sacrifier. Ces 
domaines côtiers seront choisis aussi près que possible des 
usines, mais en tenant compte toutefois qu'il est toujours pos- 
sible, en quelques heures, d’amener un chargement de bœufs, 
d'un point quelconque de la côte à l’un des deux ports (Ma- 


VTT? 


+ 
È 


— 


A MADAGASCAR 55 


junga ou Diego) où se trouvent les plus importants centres 
de consommation. 

Ces domaines seront choisis surtout dans certaines vallées 
de la côte Ouest inondées en saison des pluies, et quisecouvrent 
d’un herbage abondant aussitôt que les eaux se retirent. Ces 
pâturages restent verts pendant toute la saison sèche, surtout 
s’ils sont broutés. | 

L'entretien du troupeau dans ces domaines, le transport des 
animaux par certaines voies, spécialement aménagées en ré- 
‘serves de fourrage principalement, incomberont à l’adminis- 
tration. Celle-ci rendra ainsi un très important service aux 
industriels, puisque ceux-c1 trouveront désormais à leur portée 
le moyen d'alimenter régulièrement leurs usines. 

Ce projet n’est indiqué que dans ses grandes lignes ; il pourra 


_ être modifié par tout ce que pourra suggérer sa mise en pra- 


tique. 


20 Encouragement a l'élevage indigène. — Le meilleur encou- 
ragement, le plus sûr, le plus efficace, sera donné parl’augmen- 
tation du prix d’achat du bétail, par la sécurité dans les trans- 
actions, qui sont naturellement faussées par lestrop nombreux 
intermédiaires qui se sont introduits dans ce commerce, et 
enfin par la suppression des pertes et dépréciation du bétail 
résultant des transports. 

Toutes les mesures qui tendront à donner à l’indigène de 
meilleures habitudes, relativement aux soins à donner au bétail, 
à l'amélioration de la race par la sélection des animaux, la 
castration des jeunes, seront du meilleur effet. 

Ces mesures seront l’œuvre des vétérinaires, chefs de cir- 
conscription, au cours des tournées de démonstration et de 
vulgarisation qu’ils entreprennent dans les régions d'élevage. 


30 Encouragement à l'élevage européen. — La conclusion des 
observations précédentes tend à montrer que les affaires d’éle- 
vage sont, par suite du bas prix du bétail, des affaires peu 
lucratives pour les Européens. Cependant les colons seuls 
pourront assurer aux usiniers une production constante, en 


56 L'’ÉLEVAGE À MADAGASCAR ; 


rh 


quantité et en qualité, dans l’avenir. Il faut donc faciliter 
linstallation et l’organisation des affaires d’élevage en mettant 
à la disposition des Européens les terres nécessaires. 

Les méthodes pratiquées par ces affaires devront s'inspirer 
de ce qui a été fait dans les pays similaires, mais également 
des coutumes du pays, de la mentalité des habitants. A ce’ 
point de vue, la collaboration de l’Administration leur sera 
nécessaire. | 


L'Élevage et le Commerce des Viandes 


dans nos Colonies et quelques autres Pays 


Quelque hésitation que nous éprouvions encore en France 
pour la consommation des viandes frigorifiées, il est indu- 
bitable que, dans les années qui suivront la conclusion de la 
paix, et pendant une période plus ou moins longue, le com- 
merce de ces viandes, que toutes les tentatives d’avant-guerre 
n'avaient pu réussir à nous faire accepter, sera une nécessité. 
La démonstration en a été nettement faite dès juin 1915 dans 
le rapport que M. Maurice Quentin présentait à cette époque 
(Journal Officiel du 5 juin 1915) au Ministre de l'Agriculture, 
au nom de la Commission des Viandes frigorifiées. 

Cette nécessité résultera : 

19 De la perte du bétail des régions envahies, perte qui, 
pour les seuls bovins, est estimée à 759.000 têtes (1) ; 

20 De la consommation supplémentaire de viande, résul- 
tant des besoins de la guerre, ce dépassement annuel ayant 
été estimé en 1915 par M. Quentin à 170.000 tonnes (550,000 
têtes) pour les bovins et 325.000 tonnes pour l’ensemble des 
viandes ; 

39 Du ralentissement de l'élevage ; 


(1) Ce chiffre est celui donné par M. L. Dumont (La reconstitution 
du cheptel des régions envahies, dans la Vie agricole du 17 février 1917). 
Sur 759.140 têtes, on admet 3.500 taureaux flamands, 4.000 hollandais, 
3.000 montbéliards et 5.600 ardennais, 80.000 vaches flamandes, 
40.000 hollandaises, 50.000 montbéliardes et 270.000 ardennaises, 
40.000 élèves et veaux flamands, 25,000 hollandais, 30.000 montbéliards 
et 160,000 ardennais, 


58 L'ÉLEVAGE ET LE COMMERCE DES VIANDES 


40 Des habitudes nouvelles d'alimentation acquises par 
une partie de la population qui jadis consommait peu de 
viande. 

Avant la guerre, on abattait annuellement en France — en 
plus d’une exportation de 100.000 têtes — 1.900.000 bovins, 
soit 700.000 bœufs d’un poids net moyen de 350 kilogrammes, 
100.000 taureaux d’une moyenne de 400 kilogrammes et 
1.100.000 vaches de 275 kilogrammes. Ce chiffre approximatif 
de 590.000 tonnes sera certainement dépassé à l’avenir, et 
lorsque précisément notre cheptel aura considérablement 
diminué. 

Notre troupeau bovin, qui était de 14.807. 383 animaux 
en 1913, était tombé à 12.723.946 au 1€ juillet 1916 (1). 

Notre troupeau ovin, qui était de 16.131.340 têtes en 1913, 
n’était plus que de 12.079.211 à cette même date de 1916 (2). 

Plus forte encore est la diminution en porcins, dont nous 
possédions 7.035.850 têtes en 1913 et 4.448.366 seulement en 
juillet 1916. 

La diminution ne suivra pas heureusement, dans l’avenir, 
même pendant la durée de la guerre, une marche descendante 


progressive. Après le désarroi des premiers temps, l'élevage 


reprend peu à peu, et déjà, pour l'espèce bovine, le chiffre 


de 12.723.946 de 1916 est supérieur à celui de 12.286.849 de 


juillet 1915. 

Un temps assez long sera cependant nécessaire (3) avant 
que nous remontions aux chiffres de 1913 — d'autant plus 
qu'il nous faudra aider à la reconstitution des troupeaux belges 


(1) Ces chiffres sont donnés par M. Massé, dans « Le Troupeau français 
après deux années de guerre », C. R. des Séances de l’ Académie d'A gri- 
culture de France, 19 juillet 1916. 


(2) Il y a, au reste, longtemps que notre troupeau ovin français n’est 


plus ce qu’il a été autrefois, puisqu'il était de plus de 33 millions de têtes 
en 1852. Le troupeau bovin, au contraire, qui était de 9.160.632 têtes 
en 1830, et de 12.811.589 en 1862, s’est toujours accru, abstraction faite 
de la pénurie de 1870 à 1882. 

(3) M. Hitier, dans les Annales de Géographie du 15 mars 1916, rappelle 
qu’il nous fallut dix ans, après 1870, pour reconstituer notre troupeau 
bovin; et en 1882 l'effectif obtenu (12.997.054 têtes) n’était guère 
supérieur à celui de 1862. 


DANS NOS COLONIES ET QUELQUES AUTRES PAYS 59 


— et nous répétons que, d'autre part, les besoins de l’alimen- 


tation seront plus élevés qu’autrefois. 
C’est dans ces conditions que, bon gré, mal gré, il nous fau- 


dra bien recourir, au moins momentanément, à ces viandes 


réfrigérées ou congelées (1) qui sont, de longue date déjà, 
si largement consommées en Grande-Bretagne. 
Nos voisins et alliés recevaient, par exemple, en 1914: 


BEI COnSole 725 EL LL 200.875 tonnes 
OO POIT ES ELLE TE da à a ie ei See 241.090 — 
Moutons et agneaux congelés .......... 252.500 — 


et, en outre pour : 


RUN LR PRES QUE 18.225.560 Liv. st. 
LS FT ASE M LATE TE 3.063.078 — 
PORC PAIE Et Alan sondes 2.307.108 — 

S OS AR ass... ie 302.477 — 
ÉOrCCRNSPIG. CAL A MT Di En, 93.614 — 
MON PTS 5 nr re u 20 396.240 — 
Lapins gelés dans leurs peaux (2) .... 663.783 — 


Nous n’aurons jamais les mêmes raisons que la Grande- 
Bretagne pour faire, et surtout de façon régulière et perma- 
nente, d'aussi forts emprunts aux cheptels extérieurs ; mais, 
puisque néanmoins nous devrons, au moins pendant quelque 
temps, mettre ces cheptels à contribution, dans la mesure où 


ces apports du dehors ne porteront point préjudice à nos éle- 


veurs et n'auront d'autre effet que d’assurer un approvision- 
nement indispensable et de régulariser les prix du marché, 
voyons quelles sont les ressources que peuvent et pourront 
nous offrir, en premier lieu nos colonies, en second lieu 
quelques pays étrangers. 

Comme pour notre étude précédente sur la culture du 
cotonnier (3), nous n’avons pas d’ailleurs l'intention d’entre- 


(1) M. Quentin admet qu’un minimum annuel de 150.000 tonnes de 


ces viandes sera nécessaire. 


(2) Sur ces 663.783 livres sterling, il est venu 539.064 livres de l’Aus- 
tralie et 124,892 de Nouvelle-Zélande. 
(3) H. Jumelle : « Quelques données sur l’état actuel de la Culture du 


Cotonnier ». Annales du Musée Colonial de Marseille, 1917, 2° fascicule. 


60 L'ÉLEVAGE ET LE COMMERCE DES VIANDES 


prendre une histoire complète de l'élevage et du commerce des 
viandes dans les pays producteurs, mais seulement de réunir 
quelques renseignements sur un certain nombre de ces pays, 
d’après des données récentes (2). Et tout d’abord quelques gé- 
néralités sur la répartition du bétail dans le monde et sur la 
consommation et le commerce des viandes ne seront peut-être 
pas sans intérêt. 


LE TROUPEAU MONDIAL 
x Consommation et Commerce des Viandes 
Dans les années qui ont précédé la guerre, les pays où le 


bétail est soumis au recensement possédaient au total, à peu 
près : 


Bovins.s 7 Nes Denis PE cie T dé SN 435 millions 
OFIRS SE RL RME AUS res EDS 615 — 
PORCINS ER 5 ere de Ne dat 165 = 


Sur les 435 millions de bovins, on comptait, à peu près : 


BA OpE ET EC SN Ne 130 millions 
Dans les possessions britanniques... ....... 124 —— 
AUX HAS UNIS: RES RE 64 — 
En-Anpleterre LEE are mio a 31 — 
AU Br EC L R ve STLU CRT IR — 
Dansles possessions françaises............ 16 — 


Sur les 130 millions d'Europe il y avait : 


En RSC EuTOPe LS 1 LP. Un 37 millions 
En Allemagne .............. BE AE ENS 20 — 
En Aniriche-Hongne see 5 nr 15 — 
Ed FAN EE RER, 117 Ie 15 — 
En Grande-Bretagne ......... Re PSS s a. 
En ronde re RME SEX RSR 6] —— 


(2) Quoique cette étude se rapporte essentiellement au commerce des 
viandes, nous donnerons à l’occasion, à propos du bétail ovin, quelques 
indications sur le commerce des laines. 


DANS NOS COLONIES ET QUELQUES AUTRES PAYS 61 


Sur les 124 millions des possessions britanniques, on admet- 
tait”: 7" 


Dans l’Inde britannique ................ 84 millions 
PH AMOR nn, ET TR 11 —- 
ARC ANAMR EE DT L ANS ur or EU #6 — 
Dans l’Union Sud-Africaine ............. 5 — 
En Nouvelle-Zélande .,.#..........,.... —— 


Sur les 615 millions d’ovins, il y avait : 


RMI OBEN ARE LAS END E ee do de 193 millions 
Dansles possessions britanniques... ....... 189 —- 
PR ATSPRLMTO LR N a re vo psc Ne nsc c 81 — 
Aura En iSE Eee ES... 4 93 — 
D PM OMRAN. er Din ee à ee get 39 — 
Dans les possessions françaises............ 1% — 


Sur les 193 millions d'Europe, les recensements indiquaient : 


En Russié d'Europe: 7.25... 43 millions (1) 
PET ERP RTE AO OT OUR EN D re PE ET TE 27 — 
En Grande-Bretagne ..:......:........., 24 — 
Ewpautuche-Hongrie.i:54 227 Msn 10 —- 
DOI ETS CPR PORN DIT TT 3 — 
DO MOCE AT L Rer U  AA AUTRES Del 16 — 
Er Bspagne 52... 4. .2 4 PORTE 16 — 
LU AA OR NT DRE ARE RE 2 14 — 
En Bulgarie .....- RTE POLE, PERS POELE PE Sd 8 — 
PL ATlemagte: 2 RE UNE EE, Listes 6 —- 


Sur les 189 millions des possessions britanniques, il y avait : 


OO RES ESS RE EE D 85 millions 
Dans l’Union Sud-Africaine ............. 36 — 
En Nouvelle-Zélande ....:.:............. 24 — 
Dans l’Inde Britannique ................ 23 — 
En Afrique Orientale Anglaise ........... 6 —— 
PNR tite Ce TERRA RATE ET SLENPEEN EEE PERL CRETE 2 — 


Sur les 165 millions du troupeau porcin mondial, on relevait : 


UT SOU ER NES EPS EN NREBEET AU 77 millions 
Dans les possessions britanniques... ..,..... ÿ — 
OR RELAIS SR ed. 5 à dome dus 60 — 
RÉ NT à à UE à 20 6 dde À : 18 — 
Dans les possessions françaises............ h — 


(1) Y compris les caprins. 


62 L'ÉLEVAGE ET LE COMMERCE DES VIANDES 


Sur les 77 millions du troupeau d'Europe, il y avait : 


En Allemagne; AT Le ee a. 22 millions 
En-Auiriché-Honegerie "2.2.4 6430 13 — 
En-Russie Bur0pe 2. 42 tliiss rte 12 — 
ER ETANCES EE ss ds Dar rue Pi 7 EE 
En Espagne 52 niet ele ton) ne 3 — 
En MAN 72 arr 1ri stories 3 — 
En Grande-Bretagne. sr 2 — 
En Irlande 22e ir ST re 1 — 


Sur les 5 millions de porcins des possessions britanniques, 
plus de 3 millions et demi appartiennent au Canada ; et sur 


les 4 millions des possessions françaises, plus de 2 millions 


et demi appartiennent à l’Indochine. 
Le pays le plus grand importateur de viandes (1) est le 
Royaume-Uni, qui tire de l'exportation 40 p. 100 deses besoins. 
Au second rang, avant 1914, se plaçait l’Allemagne, où la con- 
sommation totale de viande était à peu près de 3.400.000 tonnes. 

. Le troisième rang est occupé par la Hollande. 
- On estime enfin que la production totale annuelle de viande 


abattue, dans les pays pour lesquels des statistiques sont éta- 


blies, est de 21 à 23 millions de tonnes ; ce qui, pour 500 mil- 
lions d'habitants qui font usage de cette viande, représente 
une moyenne générale annuelle de consommation de 42 à 
AG kilogrammes par habitant. | 

En dehors de l’Europe, cette moyenne est d’ailleurs dépas- 
sée, en Australie (119 kilogrammes), en Nouvelle-Zélande 
(96 kilogrammes) et aux Etats-Unis (70 kilogrammes). En 
Europe, elle l’est aussi en Grande-Bretagne (58 kilogrammes) 
et en Allemagne (49 kilogrammes) ; elle n’est pas atteinteen 


France, puisque la consommation moyenne individuelle était, 


avant la guerre, de 35 kilogrammes. Elle ne l’est pas non plus 
en Suisse (39 kgr. 500), ni en Danemark (38 kilogrammes). 


Parmi les pays exportateurs, ceux qui produisent des quan- 


tités plus ou moins supérieures à leurs besoins sont surtout 
Argentine, l'Australie, le Canada, le Danemark, le Mexique, 


(1) Holmes, dans « United States Department of Agriculture, Office 
of the Secretary » Report 109. Washington 1916 (d’après le Bulletin 
International d'Agriculture de Rome). 


1 2. 
EUAS Ÿ 
IR AN 


# 


DANS NOS COLONIES ET QUELQUES AUTRES PAYS 63 


_ la Nouvelle-Zélande, les Etats-Unis et l’'Uruguay ; et, en 1912. 


sur les exportations des neuf principaux pays exportateurs, 
exportations s’élevant à 1.649.000 tonnes, et représentant 7 à 


8 p. 100 de la production mondiale, 226.500 tonnes étaient de 
la viande de mouton ; le reste était réparti entre les viandes 


de bœuf et de porc, à raison de 32 p. 100 pour les premières 
et 48 p. 100 pour les secondes. 

Les trois cinquièmes du commerce d'exportation de la 
viande de bœuf étaient dus en 1912 à l'Argentine, et le reste 
surtout à l’Australasie et aux Etats-Unis. 

Les trois quarts des exportations de viande de mouton 
provenaient de l’Australasie et le reste de l'Argentine. 

Les trois quarts des exportations de viande de porc prove- 
naient des Etats-Unis, et le reste surtout du Danemark et du 


_ Canada. Pour la Grande-Bretagne seule, nous avons vu plus 


haut quelles ont été en 1914 les quantités totales de bœufs et 
de moutons frigorifiés importés. Ajoutons, pour indiquer les 
origines de ces importations, que : sur 2.923.125 quartiers de 
bœuf 1.236.466 sont venus d'Australie, 321.784 de Nouvelle- 
Zélande, 852.612 d'Argentine, 456.256 de l’Uruguay et du 
Vénézuela, 55.307 des Etats-Unis, 700 de l'Afrique du Sud; 
sur 6.746.801 moutons, 2.088.222 sont venus d'Australie, 
2.616.650 de Nouvelle-Zélande, 1.489.812 d'Argentine, 552.117 
d’Uruguay et de Patagonie, et il y a eu aussi quelques expor- 
tations du Chili; sur 6.042.038 agneaux, il a été reçu 1.634.608 
d'Australie, 3.564.434 de Nouvelle-Zélande, 599.044 d’Argen- 
tine, 243.852 d’'Uruguay et de Patagonie. Le porc congelé est 
principalement provenu des Etats-Unis et un peu de Chine. 


NOS COLONIES (1) 


ALGÉRIE 


Il y avait en Algérie, en 1907, 8.799.000 moutons, 1.078.000 


bœufs, 3.959.000 chèvres, soit au total 13.837.000 bêtes, 


(1) La rédaction de ce travail est antérieure au Congrès d'Agriculture 
Coloniale qui s’est tenu à Paris en mai dernier ; nous renvoyons, pour 


64 L'ÉLEVAGE ET LE COMMERCE DES VIANDES 


auxquelles il fallait ajouter 201.000 dromadaires et 96.000 pores, 

les premiers entièrement entre les mains des indigènes du Sud, 

et les seconds exclusivement élevés par les Européens, la pro- 

duction en étant d’ailleurs inférieure à la consommation (1). 
Le recensement de 1910-1911 indique : 


8.528.610 ovins, dont 2.802.486 dans le département de 


Constantine, 2.413.104 dans celui d'Oran, 1.802.421 dans 
celui d'Alger et 1.510.595 dans les Territoires du Sud. 
1.113.952 bovins, dont 470.649 dans le département de 


Constantine, 329.892 dans celui d'Alger, 293.806 dans celui 


d'Oran et 19.605 dans les Territoires du Sud. 

Enfin, il y avait en 1913 : 

1.107.593 bovins, dont 937.845 aux indigènes et 170.108 
aux Européens ; 

8.810.739 ovins, dont 8.038.725 aux indigènes et 772.014 
aux Européens; 

3.847.801 caprins, dont 3.758.202 aux indigènes ; 

184.818 chameaux, dont 184.578 aux indigènes ; 

112.010 porcins, dont 111.995 aux Européens. 

Rappelons quela population ovineestcomposéedetrois races : 

19 La race des oasis ou des Hauts-Plateaux, ou race arabe, 
qui n’a qu’une faible valeur pour la boucherie et a une valeur 
encore moindre comme laine : 

29 La race barbarine, à grosse queue, avec poches adipeuses, 
qui forme une grande partie du troupeau tunisien et se re- 
trouve en Algérie jusque vers Sétif (les métis barbarins-berbères 
du département de Constantine étant les « demi-queues »); 

30 La race berbère ou algérienne, qui forme le fond des trou- 
peaux d'exportation et qui peuple toute la région depuis Sétif 
jusqu’au Maroc. | | 

L'élevage de ces moutons est sédentaire ou nomade : il 
est sédentaire dans le Teil ; il est nomade sur les Hauts-Pla- 
teaux et à la lisière méridionale du Tell. 


nos colonies, aux mémoires publiés à cette occasion, et que nous n’avons 
pu utiliser. 


(1) Roger Marès : L’Elevage en Algérie; son état actuel et son avenir. 


Congrès de l'Afrique du Nord, Paris, 1909. 


DANS NOS COLONIES ET QUELQUES AUTRES PAYS 65 


La population bovine de l'Afrique du Nord comprend deux 
principales races : la race de Guelma qui peuple une grande 
partie de la Tunisie et tout le massif montagneux de la province 

_ de Constantine et du département d’Alger ; 

La race marocaine, qui peuple la vallée du Chéhff et tout le 
département d'Oran. 

C’est cette dernière race qu'on retrouve dans les vallées 
du Maroc, d’où des exportations ont lieu chaque année vers les 
marchés frontières d'Algérie. 

La race de Guelma est considérée comme une bonne race 
de boucherie. Le poids moyen de ces bœufs, que M. Bonnefoy a 
définis de «véritables miniatures de Durham », est de 250 kilo- 
grammes et celui des vaches 210, le rendement moyen étant 
de 50 p. 100. Très sobre, le bœuf de Guelma est un bœuf de 
montagne et de pays secs, malheureusement sujet à la piro- 
plasmose. Le bœuf marocain est plus rebelle à cette maladie, 
mais est moins apte à l’engraissement. 

La plus grande partie des troupeaux bovin et ovin d'Algérie 
est entre les mains des indigènes, commel’indiquent les chiffres 
donnés plus haut. Seuls les porcins sont entièrement entre les 
mains des Européens, les prescriptions coraniques en inter- 
disant l’élevage aux indigènes. 

En 1913, les exportations algériennes étaient de : 44.711 
bovins, 1.190.348 ovins, 8.246 porcins, 6 t. 800 de viande 
fraîche, 118 tonnes de viande salée, 260 tonnes de graisse et 
9.789 tonnes de laine en masse (y compris les peaux encore 
recouvertes de leur toison). 


TuNISIE 


. Nous venons de dire, à propos de l'Algérie, à quelles prin- 
cipales races appartiennent les troupeaux ovin et bovin de 
Tunisie. Ces troupeaux nécessitent de sérieuses amélioratiôns, 
dont, du reste, on se préoccupe. 

Les bovins, qui, au 30 juillet 1915, étaient au nombre de 
269.152 têtes, sont surtout élevés dans le Nord et le Centre de 


5 


66 L'ÉLEVAGE ET LE COMMERCE DES VIANDES 


la Régence. La race de Guelma, la plus répandue, serait (1). 
une des meilleures variétés de la race brune de l’Atlas, qu'on 
retrouve en certaines régions à l’état de pureté. Une autre . 
sous-race serait celle de Djerba, qu’on trouve dans le Sud. 
Les races de Mateur, du Cap Bon, etc., seraient des métisses, 


provenant du croisement de la race de l'Atlas avec des races 


européennes. Dans le nord de la Tunisie, on rencontre égale- 
ment des croisements de la sous-race de Guelma avec des 
races françaises ou suisses, ainsi que des races italiennes, pures 
ou mélangées. 

Le troupeau bovin tunisien n’augmente que lentement, 
puisqu'il était en 1898 de 210. 161 animaux. 

Le troupeau ovin comprenait 1.119.310 têtes en juillet 1915. 
Nous avons vu encore, au chapitre de l'Algérie, que la race 
dominante est la barbarine, ou race syrienne, à grosse queue, 
dont le centre de dispersion serait le Turkestan, et qui occupe 
toute l'Asie, depuis les mers de Chine jusqu’à la frontière 
russe. C’est une des plus anciennes races connues. | 

La race berbère, ou algérienne, n’a été tout d’abord élevée, 
en Tunisie, que dans l'Ouest ; mais elle se substitue peu à peu 
à la barbarine dans le Nord. 

Dans le Sud de la Régence, on trouve la race du Soudan, à 
viande grossière, et dont la laine est rare et remplacée par du 
jarre. 

Au 31 juillet 1915, il y avait 449.164 caprins (race de Nubie 
sur le littoral, et race naine d'Afrique dans l'Extrême-Sud) 
et 12.255 porcins, de plus en plus nombreux dans le Nord, 
là où l’élément européen_s’est installé (5.211 seulement en 
1398). 

Toujours à la même date, on comptait 123.915 chameaux 
(148.339 en 1898), 38.000 chevaux, 30.250 mulets et 86.240 
ânes. DE 

En 1912, la Tunisie exportait 26.996 bovins, dont 11.383 
bœufs, 2,591 taureaux et 3.583 vaches, et 88.037 ovins. | 


(1) La Tunisie; Agriculture, Industrie, Commerce. Tome I, Berger- 
Levrault, 1900. 


L' 
NAS 
' 


DANS NOS COLONIES ET QUELQUES AUTRES PAYS 67 


Maroc 


. Le recensement provisoire des animaux, effectué au Maroc 
en 1914 (1), indiquait 568:525 bovins et 2.561.989 ovins. Plus 
récemment, M. Chailley (2) admet 430.000 bœufs et 3 millions 
de moutons. Dans la Statistique agricole publiée par l’Institut 
International d'Agriculture de Rome, les nombres donnés pour 
1914-1915 sont de : 697.166 bovins, dont 21.719 pour le Maroc 
oriental ; 3.839.684 ovins, dont 664.483 pour le Maroc orien- 
tal ; et 15.955 porcins dans le Maroc occidental. 

L'élevage est, on le sait, avec la culture des céréales. une des 
grandes ressources d'avenir de notre nouv eau Protectorat de 
l'Afrique du Nord. : | 

D’après M. de Montalembert (3), le Rarb, c’est-à-dire la 
partie la plus ‘septentrionale. se prêterait tout spécialement, 
et surtout dans sa zone littorale, à l'élevage bovin (4), de même 
que c’est une excellente région pour l'élevage du mouton en 
vue de la laine. Il est à remarquer que, plus on descend vers le 
Sud, et plus la qualité de cette laine diminue, à tel point 
qu'entre Larache et Mogador la différence est d’au moins 
20 p. 100. Pour la viande de boucherie, le mouton du Haouz, 
au contraire, serait supérieur à celui du Rarb. 

Dans la Chaouia, le Sahel, qui est peu arrosé, constitue en été 
de mauvais pâturages pour le mouton ; et c’est pourquoi les 
Arabes, en saison sèche, dirigent toujours leurs troupeaux vers 


(1) Rapport Général sur la situation du Protectorat du Maroc au 31 juil- 
Let 1914. Rabat. 

(2) Chaïlley : « L’Agriculture au Maroc ». C. R. des Séances de l'Aca- 
démie d'Agriculture, 12 janvier 1916. — Voir aussi le rapport de mission 
de M. Geoffroy-Saint-Hilaire dans le Bulletin de l'Afrique Française de 
juillet 1912. | 

(3) A. de Montalembert : L’Agriculture et l’'Elevage au Maroc. Rapport 
au Comité du Maroc, 1907. 

(4) M. Chailley, dans l’article plus haut cité, écrit de son côté : « Les 
bœufs sont en partie, dans le Sud, semblables aux petits bœufs d'Algérie, 
mais il y a dans le Centre et le Nord une race très belle, pesant entre 
350 et 500 kilogrammes, avec une production de viande de 46 à 50 p. 100 
du poids vif. On voit déjà de ces bœufs sur le marché de la Villette, où 
ils sont très appréciés. » 


68 L'ÉLEVAGE ET LE COMMERCE DES VIANDES 


le Tirs. L’inconvénient n’est pas le même pour les bœufs, qui 
trouvent en outre dans le Sahel, moins cultivé et moins mor- 
celé que le Tirs (1), de plus grands terrains de parcours. Dans 
l’Aaloua, il ÿ a de beaux pâturages pour le gros bétail et pour 
le mouton; et la laine de cette provenance est très belle (2). 

Au sud de la Chaouia, le pays des Doukkala peut rivaliser. 
pour la culture avec la Chaouia et lui serait même supérieur 
pour l'élevage. Les animaux de toutes races y sont plus grands 
et plus forts. Le mouton, dans le Sahel, n’y souffre pas autant 
de la sécheresse, en été, que dans la région précédente : les 
pâturages y sont bons toute l’année, Mazagan, le débouché, 
naturel de la contrée, est le port le plus important dela côte pour 
l'exportation des bœufs qui sont de belle qualité. La lame 
fournie n’est, par contre, que de la beldia. | 

Dans les Rehamna et les Seraghana, au-delà du Tirs, il y 
a encore de très beaux pâturages, d’où proviennent de très 
bons bœufs. | 

En 1913, il était exporté du Maroc 3.647 tonnes de laine en 
suint, 221 tonnes de laine lavée, 1.554 tonnes de peaux de 
bœufs, 1.792 tonnes de peaux de moutons et 1.660;tonnes de 
peaux de chèvres. Mn 


AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE 


Nous avons déjà précédemment (3) fourni quelques rensei- 
gnements sur l'élevage et le commerce de la viande dans nos 


(1) On trouvera des analyses de terres du Tirs dans Une Croisière 
au Maroc, par M. Edouard Carlo (Chambre de Commerce de Marseille. 
4942). 

(2) Il est au Maroc deux qualités de laines : la beldia et lurdigia. La 
première est donnée par les districts de Médiouna, Zenata, Oulad-Saïd, 
Oulad-Harriz, Medakra et Mzamza. La seconde, plus fine et de qualité 
supérieure à la précédente, provient dela région de Tadla, et surtout de 
l'Urdegha (ou Ourdira) ; sur les hauts plateaux, entre Tadla et les 
Zemmourn. D’autres tribus, comme les Oulad bou Ziri, fournissent une 
laine mélangée. 

(3) H. Jumelle : « Les Recherches récentes sur les Ressources des 
Colonies françaises et étrangères et des autres Pays chauds ». Annales 
du Musée Colonial, 1916, 3° fascicule, pages 31, 38 et 42. 


DANS NOS COLONIES ET QUELQUES AUTRES PAYS 69 


colonies du Sénégal, du Haut-Sénégal et de la Guinée Fran- 
çaise ; et nous avons cité au Sénégal, près de Kaolak, dans 


JleSine-Saloum, usine de Lyndiane dont la réussite semble défi- 


mtivement assurée. D’après M. Chudeau (1), cette usine occupe 
aujourd'hui un millier de Noirs et est en pleine production (2). 

Certains esprits timorés, ajoute M. Chudeau, redoutent 
toutefois que le troupeau des bovidés de l’Afrique Occidentale 
ñe soit rapidement ruiné par cettenouvelle industrie ; maisles 
données statistiques permettent de bannir cette crainte. 

Le premier recensement de 1905 a donné pour l'Afrique 
Occidentale 1.500.000 bovins; en 1912, le nombre montait 
à 9 millions. Et, dans ce dernier accroissement, le Haut-Sénégal- 
Niger figure pour 600.000 et le Sénégal pour 200.000. Mais, 
si l’on remarque que, pour la Mauritanie et le territoire du 
Niger (région de Zinder), les chiffres même approximatifs 


= font complètement défaut, il est permis de tabler sur un total 


d’au moins 6 millions. 

On sait (3) que les bovidés de l’Afrique Occidentale Fran- 
çaise peuvent se ramener à deux grands types : 

Le type zébu, ou bœuf à bosse ; | 

Le type taurin, sans bosse sur le garrot. 

Et chacun de ces deux types — qui sont l’un et l’autre d’ori- 


(1) René Chudeau : «Quelques progrès en Afrique Occidentale en 1915 
et 1916, » Renseignements coloniaux publiés par le Comité de l'Afrique 
Française, n° 10 à 12, oct.-déc. 1916. 

(2) D’après le discours de M. le Lieutenant-Gouverneur du Sénégal 
à la session de novembre 1916, l’usine de Lyndiane exportait, en 1915, 
en France : 837.000 kilogrammes de viande frigorifiée, 215.000 kilogram- 
mes de conserves, 3.700 kilogrammes de gibier, 17.500 kilogrammes de 
boyaux salés, 34.000 kilogrammes de suif, 1.600 kilogrammes de volailles 
mortes, 4.000 kilogrammes de queues de bœuf, 17.000 kilogrammes d'os 
et sabots, 11.000 kilogrammes de cornes et 3.000 kilogrammes d’autres 
produits et dépouilles. 

(3) J. de Cordemoy : « Remarques sur l’origine et la dispersion des 
Races bovines de l’Afrique Occidentale Française » (Agriculture Pra- 
tique des Pays Chauds, janvier 1914). Voir aussi: Pierre, L’Elevage 
en Afrique Occidentale Française, Challamel, Paris, 1906 ; Adam: « l’Ele- 
vage et le Commerce des Bovidés au Sénégal », Agriculture Pratique des 
Pays Chauds, fév. 1914 ; Pierre, Les produits de l’Élevage en Afrique 
Occidentale Française, Challamel, 1918. 


\ 
| 


70 :  L'ÉLEVAGE ET LE COMMERCE DES VIANDES 


gine asiatique, comme l’a bien établi M. J. de Cordemoy — 
a une aire de dispersion assez bien déterminée, car le type 
zébu, peu résistant aux trypanosomases, occupe surtout. 
les régions situées au nord du 13€ parallèle, c’est-à-dire le 
bassin du Niger Moyen et Supérieur et celui du Sénégal, tandis 
que le type taurin, plus réfractaire, a plutôt pour l'habitat, 
au-dessous du 13€ parallèle, la Guinée Française et le Dahomey. 

Vers les limites des deux aires, des croisements se sont pro- 
duits, et il s’est ainsi constitué, dans certaines régions, des 
variétés ou races métisses. ; 

Au Sénégal, conformément à cette répartition générale, les 
bœufs à bosse, ou gobra, qui sont de grande taille et pèsent 
jusqu’à 400 à 600 kilogrammes, sont surtout nombreux dans 
le Ouab, le Djoloff, le Cayor et le Baol ; au contraire, le bœuf 
sans bosse ou r’dama, de plus petite taille, est élevé principale- 
ment dans le Sud. Dans le Sine-Saloum, immédiatement au- 
dessous du 14€ parallèle, les indigènes recherchent particu- 
lHirèement les ouarlé, qui sont le croisement des deux races. 

Ce sont les Peulhs, les Toucouleurs et les Sérères qui pos- 
sèdent les plus beaux troupeaux, et ils en prennent le plus 
grand soin, car ils estiment leur richesse au nombre de têtes 
de bétail (100 francs comme prix moyen d’un bœuf) qu se 
possèdent (1). 

En 1912, on recensait au Sénégal 60.000 taureaux, 198. 000 
bœufs et 395.000 vaches ; et l’accroissement était estimé 
à 132.000, soit environ le Re La consommation locale 
est faible. Les éleveurs, Peulhs, Maures et Touaregs, mangent 
peu de viande, et les agriculteurs sédentaires en sont bien 
friands, mais, obligés de l'acheter, doivent se restreindre. 
En 1912, on admettait que la consommation annuelle des 
1.250.000 habitants du Sénégal était d'environ 20.000 bœufs, 
dont 5.000 pour Dakar, Saint-Louis et Rufisque. 

Dakar expédiait vers Bordeaux et les îles du Cap Vert 
et les Canaries : 248 bœufs en 1910, 11.810 en 1911, 12.580 en 
1912 et 20.545 en 1913. Mais, cette exportation sur pied 


(1) Annuaire du Gouvernement Général de l'Afrique Occidentale Fran- 
çaise, 1915-1916. Em. Larose, Paris, 1916. 


DANS NOS COLONIES ET QUELQUES AUTRES PAYS 71 


n'ayant donné jusqu'alors que des résultats médiocres, l'avenir 
semble bien plutôt favorable aux fabriques de conserves et 
de viandes frigorifiées, comme celle de Lyndiane. 

- Dans le Haut-Sénégal et Niger, que nous avons déjà dit 
(loc. cit.) être le grand réservoir de bétail et de chevaux de 
l'Afrique Occidentale Française, on admettait en 1916 que 
le cheptel se composait de 2 millions environ de bœufs ou 
vaches et 3 millions de moutons et chèvres, représentant un 
capital de plus de 100 millions de francs. 60.000 à 70.000 
bœufs et 100.000 à 120.000 moutons sont livrés annuellement 
à l'exportation, la plus grande partie s’écoulant vers la Gold 
Coast. D'autre part, les peaux et la laine font l’objet d’un 
important commerce. Nous avons déjà vu qu'il était expédié 
en 1913, par Kayes et Kouroussa-Konakry, 660 tonnes de 
peaux et 325 tonnes de laines. Mais la plus grande partie de 
la: laine produite est utilisée dans la colonie. La bergerie de 
Niafunké, que nous avons citée autrefois, s'efforce d'améliorer, 
par la sélection et par croisement avec le mérinos algérien, 
la race de moutons à laine de la région nigérienne. 

Sur le territoire militaire du Niger, l'élevage est pratiqué 
par tous les indigènes, mais surtout par les Peulhs. R 

En Guinée Française, le petit r’dama du Fouta-Djalon, 
dont l’élevage est de longue date pratiqué avec soin par les 
Foulas, s’est répandu dans la colonie tout entière ; et aujour- 
d’hui, en Basse-Guinée, tout comme dans le haut pays, et 
même dans Aa région militaire, on trouve de nombreux et 
riches troupeaux, La race est particulièrement résistante aux 
maladies exotiques. Sa viande, d’après le dernier rapport de 
la colonie, « est bonne, mais manque d'infiltration ». Les 
vaches sont faibles laitières. I] n’y a pas en Guinée de grands 
troupeaux de moutons ou de chèvres. 

En Côte d'Ivoire, l'élevage ne tient qu’une place secondaire. 
La zone sylvestre se prête peu à la production et à l'entretien 
des bœufs et des chevaux ; plus favorable est la zone décou- 
verte du Baoulé et des pays Gouros, où le troupeau commence 
à se reformer. Dans les cercles du Nord, les campagnes de 
Samory et les maladies ont provoqué de grands vides, que 


’ É À 
12 L'ÉLEVAGE ET LE COMMERCE DES VIANDES 


l'application de mesures d'hygiène commence à combler. 
Actuellement, les bœufs exportés proviennent pour la plus 
grande partie du Haut-Sénégal-Niger. ; 

Au Dahomey, les troupeaux, quiappartiennent spécialement 
aux Peulhs, sont nombreux dans le haut pays. Les bœufs sont 


en général de taille moyenne ; beaucoup sont à bosse, et leur 


poids moyen est de 250 kilogrammes. Le Haut-Dahomey possé- 
derait un peu plus de 100.000 bœufs (117.000 en 1913) : il en 
eXporte annuellement 5.000 à 6.000 vers le Togo et la Nigérie (1). 


Les deux épizooties les plus meurtrières pour tout le grou- 


pement de l'Afrique Occidentale Française sont le charbon 
et la péripneumonie. Les services LOUSCCRRURES sont heureu- 


sement armés contre ces deux maladies ; il n°y qu'à souhaiter 


Je renforcement du personnel véébne ré 


AFRIQUE ÉQUATORIALE 


M. le capitaine Lemoigne (2) estimait récemment à 700.000 
têtes le troupeau de bovidés existant actuellement sur le 
territoire du Tchad. Il y aurait 500. 000 adultes, dont 150.000 
mâles et 350.000 femelles. 

Le recensement de 1915, évidemment très ApPrOAMANEE 
n'indique toutefois que 393.210 têtes ainsi réparties : 


NACRE EE EPRSAE SA ERP AR UE Les PA RUE : 105.955 
Batha inférieur. 025 EEE PE Er ENS ANA TU 62.936 
QUAMAL ES ER NL RS ES TPE AE fe 29.582 
Moyen Batha fer DR Cdt EE sc OA 28.455 
PASCALE ee Reeves. h RE 9 Aie 59.720 
BASUTANES EE Ne ne EPL NANTES UE AN 2e 94.475 
EU QLES SPAS PNR RU SOU AE ROUES SPA EE 44 26-687 


(1) M. Canning estime à 5 millions de têtes la réserve bovine dela Nigé- 


rie ; et il fait remarquer qu’on pourrait facilement acheter ces bœufs 


dans la province de Bornou et les amener jusqu’à Kano ; de là ils seraient 


transportés par chemin de fer jusqu’à Lagos, d’où ils seraient embarqués 
pour l’Europe. La qualité de la viande de ces bovins serait souvent com- 
parable à celle des bovins anglais.'Il y a déjà un petit établissement frigo- 
rifique à Lagos. | 
(2) Capitaine Lemoigne : « L’Elevage des Bovidés au Territoire du 
Tchad». Renseignements coloniaux bnes par le Comité de l’Afrique fran- 
çaise ; n° 3, mars 1917. | 


 « “ [a 


LAS ET Le 
HSE st 


DANS NOS COLONIES ET QUELQUES AUTRES PAYS 72 


Tous ces bœufs sont des zébus (variété arabe, variété peulhe, 
variété bororo, variété du Logone) et des bœufs sans bosse 
(variété des Kouris et race ouadaïenne). 

La zone qu'ils occupent s’étend sur toute la largeur du terri- 


toire, mais est étroite en latitude, car elle est comprise entre 


la lisière désertique (variable chaque année suivant l’abon- 
dance des pluies) et la limite septentrionale de la tsé-tsé (elle- 
mème un peu variable suivant les pluies, entre le 11€ et le 
12e degrés). Les éleveurs sont des nomades, des semi-nomades et 
des sédentaires. [I n’y a guère lieu, au surplus, de songer à une 
sérieuse exportation. La plupart des animaux mâles sont 
dressés comme bœufs porteurs ; et, si on défalque le bétail 
exporté dans les colonies voisines ou consommé sur place, la 


quantité disponible reste très faible, 


L’exportation de cette petite quantité ne pourrait être NT 
sur pied ; 1l reste donc le commerce de là viande frigorifiée. 
Mais l'installation d’une usine frigorifique n’est possible qu’au 
terminus du chemin de fer, actuellement Kano. Or, « le 
nombre restreint d'animaux exportables, leur médiocre rende- 
ment en viande, les frais d'installation d’une ferme, ne per-_ 
mettent pas de penser qu’une entreprise d'exportation de 
viande frigorifiée soit susceptible de réussir actuellement. » 

« [ne faut par conséquent point, dit encore M. Lemoigne, trop 
espérer de l'avenir de l'élevage au territoire du Tchad. Certes 
le cheptel bovin constitue une réelle richesse, qui peut être 
accrue par doublement du troupeau et amélioration de la race 
à la suite de sélection, mais richesse forcément limitée par 
les conditions mêmes du pays. » 


MADAGASCAR 


\ 


Ainsi que nous l’indiquions en 1911 au Congrès de l'Afrique 


Orientale (1) «au 17 janvier 1909 la M AMEN bovine recensée 


et soumise à l'impôt était, dans l’ile, de 3.418.774 têtes, dont 


(1) H, Jumelle : « L’Agriculture à Madagascar ». Comptes rendus du 
Congrès de l'Afrique Orientale ; Paris, 9 à 14 octobre 1911. 


74 L'ÉLEVAGE ET LE COMMERCE DES VIANDES 


885.097 sur ‘les Hauts-Plateaux, 1.073.743 dans l'Ouest, 
795.688 dans le Sud, 666.247 dans l’Est ». Et nous ajoutions 
alors (octobre 1911) : « Actuellement on peut évaluer à 
4.200.000 têtes le cheptel de l’île; etil y aurait environ 2.200.000! 
vaches, 1.000.000 ‘de jeunes sujets et autant de bœufs de 
3 à 6 ans, sur lesquels, même en admettant une farge réserve 
de taureaux reproducteurs, on trouverait peut-être 500.000 
à 600.000 bœufs de boucherie. La consommation locale étant 
d'environ 200.000 têtes, il reste annuellément, par suite, un 
disponible de 300.000 à 400. 000 bœufs, soit environ le dixième 
de tout le cheptel. » 

En ces toutes Rue années, le nombre des bovidés n’a 
_ cessé de s’accroître, puisqu'il était estimé en 1915 à 6.606.000 
têtes (1). | 

En cette année 1915, 1l était exporté de la colonie 9.618 
bœufs et 9.174 tonnes de viandes frigonifiées, salées ou conser- 
vées. 

Les bœufs ont surtout été expédiés | Vers Maurice (6. 325) 
et la Réunion (2. 487) Une cinquantaine seulement a été em- 
. barquée pour la France, et autant respectivement pour Zanzi-- 

bar et pour Mombassa. La diminution sur l'exportation de 
1914 (qui était de 11.123 têtes) est due à l’interdiction üu 
commerce avec le Mozambique. 

Pour le fonctionnement des usines frigorifiques et des fa- 
briques de conserves de.viande, le nombre des animaux abattus 
aurait été de 100.000. : 

Il y avait, en 1917, dans l’île, cinq usines de conserves et 
de frigorifiques. k 

Celle de la Compagnie Générale Frigorifique de Boana- 
mary (Majunga) prépare à la fois les viandes frigoriliées et 
les conserves. 

La Société Rochefortaise, de Tone n'a préparé jusqu en 
ces derniers temps que des viandes frigorifiées, mais doit se 
livrer aussi dans l’avenir à la fabrication des conserves. . 


(1) Rapport sur la situation économique de Madagascar en 1915. 
Bulletin de l'Office Colonial, juillet-août 1916. 


DANS NOS COLONIES ET QUELQUES AUTRES PAYS 75 


Sont exclusivement des usines de conserves les usines 
d'Antongombato et de Scama (Diego-Suarez) et celle de la 
Société d'alimentation de l’'Emyrne, de Tananarive. 


F1G. 1. — Deux zébus tués à l’usine de Soanierana, près de Tananarive, 
le 30 novembre 1916. 


L'usine de BoanamarY, créée en 1910 à l'embouchure de 
la Betsiboka, s’est progressivement agrandie, et sa capacité 
de production en avril 1917 était d'environ 15.000 tonnes de 


viandes congelées par an. L'approvisionnement en bétail est 


76 L'ÉLEVAGE ET LE COMMERCE DES VIANDES 


assuré par un service d'achat qui a des délégués dans les prin- 
cipaux centres de production du Centre et du Nord-Ouest de 
la colonie. La Société possède en outre des chalands remorqués 
qui vont chercher le bétail dans tous les ports de la côte Ouest. 
L’insuffisance des quantités disponibles limite pour le moment 
sa capacité de production, qui pourrait être plus grande. 

Les cinq usines de Madagascar ayant, en effet, actuellement 
des marchés avec l’Intendance militaire, et les achats de 
bétail ayant sensiblement augmenté depuis deux ans, il en est 
résulté dans toute l’ile une élévation importante du prix des 
animaux, en même temps qu'une certaine difficulté à réunir 
les quantités nécessaires. Il est vrai que cette situation favorise 
les indigènes, qui trouvent aujourd’hui dans l'élevage un élé- 
ment de richesse inconnu jusqu'alors. 

Le remède à l’état actuel, nous écrit la Société de Boanamary, 
« consisterait à faciliter la création d’entreprise d'élevage 
moderne, tendant non seulement à augmenter la production, 
mais surtout à améliorer la race, car l'expérience a démontré 
que l'amélioration du troupeau ne peut être attendue de 
l'élevage indigène, quelles que soient les mesures prises par 
les Services vétérinaires de la colonie. Il semble donc que lad- 
ministration coloniale devrait encourager par tous les moyens: 
l’installation, à Madagascar, d’éleveurs qui posséderaient les 
moyens d'action et les connaissances nécessaires, pour créer 
dans la Grande Ile des exploitations analogues à celles qui ont 
fait la fortune de l’ Argentine et de l'Australie. » 

Actuellement les principales circonscriptions de l’île sont 
celles de Tamatave, de Vohémar, de Diégo-Suarez, d’Analalava, 
de Majunga et de Mevatanana. 

La circonscription de Tuléar se préoceupe essentiellement 
de l'élevage de l’autruche. 

Dans la circonscription de Tamatave, l'excellente réputation 
de l'élevage du district de Sianaka a été l’une des causes qui, 
avec les demandes de plus en plus grandes de la métropole 
en viande de boucherie, ont le plus contribué à attirer les 
industriels désireux d'entreprendre le commerce des viandes; 
aussi est-ce à Tamatave que s’est installée, à la fin de 1943, 


DANS NOS COLONIES ET QUELQUES AUTRES PAYS 77 


l'usine frigorifique de la Société Rochefortaise. Dans les districts 
côtiers, d’ailleurs, où, dans l’ensemble (Fénérive, Tamatave, 
Andevorante, Anivorano, Vatomandry et Mahanoro), la popu- 
lation bovine est d’environ 175.000 têtes, le commerce des 
bœufs est infime et reste localisé à la consommation de chaque 


F1G. 2. — Bœuf noir tué à l’usine de Soanierana le 30 novembre 1916. 
Poids net : 462 kilogrammes. 


région. Quelques villes elles-mêmes, comme Vatomandry et 
Andevorante, doivent compléter, par des importations de 
Tananarive et de Moramanga, le ravitaillement de leur bou- 
cherie. De même labattoir de Tamatave doit s'adresser 
presque entièrement, pour les besoins de sa consommation, 
à l’Imerina et au district de Sianaka. Dans ce dernier district, 
la population bovine était, en 1915, de 265.240 têtes et n'a 
donc guère varié depuis 1911, où elle était de 220.000 têtes, 
La raison en est que la densité du troupeau a atteint à peu près 


2 


78 L'ÉLEVAGE ET LE COMMERCE DES VIANDES 


son maximum dans les conditions actuelles d'élevage et qu'il 
s'établit, par suite, un roulement entre les naissances et les 
ventes. Seule, une amélioration des pâturages actuels permet- 
tra d'accroître le cheptel, en même temps qu'il conviendrait 
d'améliorer la racè, qui est de taille médiocre et n’a Jamais 
été sélectionnée. A l’abattoir municipal de Tamatave, ravi- 
taillé, ainsi que nous venons de le dire, par Tananarive et le 
district de Sihanaka, il était abattu en 1915 — pour une popu- 
lation de 5.000 âmes — 2.712 bœufs, 187 veaux, 146 moutons, 
932 porcs, correspondant à un total de 553 tonnes. La con- 
sommation aurait donc été, cette année-là, de 110 kilogrammes 
par habitant. En réalité, la population, que la guerre a un peu : 
réduite, ayant peut-être été, cette année, quelque peu infé- 
rieure au chiffre dé 5.000 habitants que nous venons de donner, 
la consommation moyenne serait plutôt — d’après les chiffres 
des années antérieures — de 90 kilogrammes, soit sensiblement 
celle des grandes villes d'Europe. 

Les exportations de bœuf par mer, de la Ne de 
Tamatave, ont essentiellement lieu vers la Réunion. 

Celles de la circonscription de Vohémar sont à destination de 
Maurice et de la Réunion. D’autre part, par voie de terre, les 
usines de conserves de Diégo-Suarez puisent largement dans 
la province. L'élevage de toute cette contrée ne se modifie 
guère ; les indigènes — entre les mains de qui se trouve presque 
entièrement l'élevage à Madagascar (1) — ont intégralement 
conservé jusqu'alors leurs habitudes ancestrales. 

Dans la circonscription de Diégo-Suarez 1l n’y a pas plus 
de progrès. Il faut toujours lutter contre l’inertie héréditaire 
de l’Antakarana, et les quelques Européens qui s'étaient inté- 
ressés à la question l’ont complètement abandonnée commetrop 
aléatoire. Cependant, avec les nouvelles usines de conserves 


(1) « Les quelques milliers de têtes qu'ont dans l’Antsihanaka la Com- 
pagnie Lyonnaise et la Compagnie du Lac Alaotra et les quelques trou- 
peaux qu'ont plusieurs Européens dans le Nord-Ouest ou dans l'Ouest 
sont négligeables, écrit M. G. Grandidier, en regard des troupeaux mal. 
gaches.» G. Grandidier : Z’Elevage à Madagascar (Etude présentée au 
Congrès d'Agriculture Coloniale, 1918). 


DANS NOS COLONIES ET QUELQUES AUTRES PAYS 79 


installées à Diégo-Suarez, l'élevage mériterait bien, dans cette 
région, de fixer l'attention. Actuellement les deux usines d’An- 
tongombato et de la Montagne-d’'Ambre drainent tout le bétail 
disponible. | 

Dans la circonscription d’Analalava, où, tous les ans, de 


F1G. 3. — Bœuf caille tué à l'usine de Soanierana le 30 novembre 1916. 
Poids net : 427 kilogrammes. 


juin à décembre, une forte mortalité, due au charbon, frappe 
les troupeaux de bœufs amenés à Boanamary, on s'occupe 
activement de la vaccination. La région la plus contamimée 
est celle d’Antsohihy ; les 11.000 bœufs du district ont été 
vaccinés. Il reste à pratiquer la même opération, soit 15.000 
doses, sur les troupeaux des vallées de la Droa et de lAntsin- 
Jomoro. 

La septième circonseription comprend les provinces de 
Majunga et de Mevatanana. 


80 L'ÉLEVAGE ET. LE COMMERCE DES VIANDES 


En 1914, la province de Majunga comptait : 


District de Marowoay: 7 eu. 49.986 bœufs 
District de Majunga .............\%.. 65.640 — 
District de Mevatanana ........... are 948:009 — 


Et la province de Mevatanana : 


Districtde'Tsaratfanana se Line tres 230.851 bœufs 
District d’'Ambato ...... ER ER MCE AE 135.906 — 
District-de Mevatanand :.i.2...:... AL 040 EE 
Secteur de Kandreho.:,..:.1:..%1.122 53.588 — 


On ne constate aucun progrès, en poids ni en qualité, dans 
le bétail de la circonscription. Les propriétaires sont surtout 
des Sakalaves dans les districts de Soalala, Besalampy et 
Sitampily ; dans les autres districts, les Sakalaves sont peu à peu 
supplantés par les Hova. Les 68.000 bœufs abattus, en 1945, 
à l’usine de Boanamary, provenaient surtout de la circons- 
cription ; et les districts de Tsaratanana et de Port-Bergère 
sont ceux qui ont le plus fourni. 

Comme porcins, 1l y a environ 5.000 têtes dans la province 
de Majunga et 13.000 dans celle de Mevatanana (1).! 

Au sujet des moutons qui sont, à Madagascar, de l’espèce 
à grosse queue, M. G. Grandidier, dans l’étude plus haut citée 
en note, écrit : 

« Ils sont, dit-on, du type des moutons persans. D’après 
les Vazimba de l'Ouest, ils n’auraient été introduits à Mada- 
gascar qu’au cours du xv® siècle. Ils ont la tête fine, les oreilles 
tombantes, le corps mince, la croupe inclinée, la queue velu- 
mineuse et les membres longs ; leur pelage n’est pas laineux 
comme celui de nos moutons d'Europe, mais formé de poils 
semblables à ceux des chèvres ; et, quoiqu'il y ait quelques 
animaux d’un brun rougeâtre, la majorité a la tête et le cou 


(1) Sur les conditions actuelles de l'élevage à Madagascar et sur-les 
méthodes à préconiser, d’intéressantes données sont fournies sous le 
titre « Considérations sur l’Elevage à Madagascar », dans le numéro 
d’octobre 1917 de la Revue Agricole et Vétérinaire de Madagascar et 
Dépendances. se 


DANS NOS COLONIES ET QUELQUES AUTRES PAYS 81 


noirs et le corps blanc. Leur énorme queue contient une réserve 
de graisse qui leur permet de vivre pendant les mauvais mois 
de l’année ; elle est, comme celle des moutons d'Egypte et du 


pays des Somalis, conique, à forme différente de celle des 


moutons barbarins du Nord de lAfrique, qui est triangulaire 
et longue, et de celle des moutons du Cap, qui est cylindrique, 
et qui ont un plus grand nombre de vertèbres. ” 

« Maigres et chétifs sur le plateau central, ils atteignent 
dans le Sud de l'ile, où les conditions de vie et de climat, qui est 
plus sec, sont meilleures, une taille plus grande et un poids 
plus considérable, souvent le double. Tandis que les moutons 
du Centre pèsent de 25 à 30 kilogrammes, ceux de la région 
méridionale atteignent 40 et plus, 55 et 60, dit-on, dans l’An- 
droy. 

_ «L'élevage du mouton n’est possible, à Madagascar, que 
dans le Sud, où la partie occidentale de l’Anosy et surtout 
l'Androy et le pays Mahafaly sont les plus riches en trou- 
peaux de moutons, dans l'Ouest, où ils vivent bien et où le 
climat leur convient, quoique à partir de l’Onihaly, ou rivière 
de Saint-Augustin, les Sakalava n’en élèvent pas par super- 
stition, et ce n’est que par hasard qu’on en trouve quelques-uns 
çà et là, enfin dans la plus grande partie du Centre, surtout 
dans le Vakinankaratra (notamment dans le cercle d’Arivani- 
mano où, en 1897, on en a compté 23.642), dans le sud du 
Betsileo (vallée du Mananantana}, où il y en avait en 1897 


de 20 à 25.000 et dans le pays Bara où il y en a partout, mais 


en pétit nombre ; au contraire, il ne réussit pas dans les régions 
du Nord et de l'Est, où le climat est chaud et humide et où 
il y a trop de plaines basses et marécageuses et où ils meurent 
de cachexie aqueuse, ni dans une partie du Centre, à cause du 
sol ingrât ; il faut en effet aux moutons des pays secs, à sol 
calcaire. 

« En 1905, on a fait lé recensement des moutons dans toute 
l’île et on en a trouvé 264.083, soit : 71 dans le Nord, 3.283 dans 
l'Est, 30.381 dans l'Ouest, 88.117 dans le Sud et 142.231 dans 
le Centre; depuis lors leur nombre s’est accru et il est mainte- 
nant, en 1917, de 295,000, » 


82 L'ÉLEVAGE ET LE COMMERCE DES VIANDES 


M. G. Grandidier ajoute plus loin : 

« On s’est occupé de créer une race à laine, mais il n’y a pas 
lieu de substituer l’une à l’autre, et il semble préférable de 
les élever concurremment, car si le mouton malgache ne donne 
pas de laine, il peut être livré à la boucherie dès l’âge de 
9 mois, tandis que le mérinos ne peut l’être qu’à 18 mois, 
même 2 ans, et les prix sont les mêmes malgré la différence 
d'âge. » | 


INDOCHINE 


. L’Indochine, dit M. le vétérinaire Sarazin (1), « possède 
tous les éléments nécessaires pour devenir un grand pays 
d'élevage et devrait, en raison même de ce fait, pouvoir un 
jour concurrencer très avantageusement ses rivaux sur le 
marché du bétail d'Extrême-Orient. » 
D’après la statistique de 1916, il y avait alors en Indochine : 


Bovins Buffles Porcs 
Cochinchine...... 135.730 297.525 4144174 
Tonkin six LS 190.946 370.998 1.050.987 
Antam-< 7: 259.801 179.027 328.723 
FA ISN PE 339.091 369.729 282.150 
Cambodge....... 082.449 366.339 > : 086.900 


[I n’y aurait donc, au total, dans un pays de 720.000 kilo- 
mètres carrés, avec une population de 45 millions d'habitants, 
que 1.300.000 têtes de bovins ; et le cheptel bubalin, qui cons- 
titue l'instrument de travail par excellence, n’est guère plus 
riche, puisque le total est de 1.583.712 têtes. 

Depuis 1906, c’est-à-dire en dix ans, augmentation totale 
du cheptel bovin et bubalin de la Cochinchine, du Cambodge 
et du Tonkin aurait été de 69,4 p. 100. 

Toute cette population bovine et bubaline de Indochine 
est très inégalement répartie sur toute l'étendue de notre grande 


(1) Sarazin : « Le Bétail indochinois sur les Marchés de France et 
d’Extrème-Orient ». Bulletin Economique de l’Indochine, septembre- 
octobre 1916, n° 121. 


DANS NOS COLONIES ET QUELQUES AUTRES PAYS 83 


possession. Les pays les plus peuplés sont les moins riches en 
bétail. Les deux deltas, celui du Mékong et celui du Fleuve 
Rouge, qui couvrent une superficie de 60.000 kilomètres carrés 


et comptent 7.500.000 habitants, soit la moitié dela population 


totale de la colonie, ne possèdent guère que 700.000 têtes, 
contre 2.300.000 pour le reste du pays. 

Si nous considérons maintenant successivement ehaque 
région, l’état actuel est le suivant, d’après l’étude de M. Sarazin. 

Au Tonkin, dans le Delta, le cultivateur annamite essaie 
de produire pour satisfaire ses propres besoins et n’y arrive 
qu'à grand’peine. La majeure partie des provinces de cette 
contrée est obligée d'importer des animaux de travail et de 
boucherie. Par contre les moyenne et haute régions devraient. 
dans presque tout leur ensemble, devenir de gros producteurs 
de bétail, pouvant subvenir, non seulement aux demandes 
des pays de grande culture, mais fournir encore un contingent 
pour l'exportation. Cette partie de l'Union possède tous les 
éléments nécessaires au développement de l'élevage et devrait, 
par conséquent, être un centre de vente important. 

Le Laos, d’une superficie de 220.000 kilomètres carrés et 
avec 630.000 habitants, est un abondant réservoir de gros 
bétail ; et ses disponibilités peuvent être plus fortes que celles 
de tous les autres pays de la colonie, car c’est la contrée la 
moins peuplée et la moins cultivée, la riziculture ne couvrant 
que 134.000 hectares. La difficulté des moyens de communi- 
cation est la principale cause qui, à l’heure actuelle, restreint 
une exportation qui se fait déjà vers le Cambodge, l’Annam, 
le Tonkin et le Siam. 

 L’Annam, d’une superficie de 150.000 kilomètres carrés, et 
avec une population de 5 millions d'habitants, est moins riche 
que le Laos en gros bétail; et le troupeau a été malheureuse- 
ment décimé plusieurs fois par les épizooties. Le Nord com- 
merce avec le Tonkin, et le Sud avec la Cochinchine ; le Centre 
est la partie la plus pauvre. 

Le Cambodge, d’une superficie de 175.000 kilomètres carrés, 


et avec une population de 1.600.000 habitants, a toujours été 


le gros exportateur de lPIndochine. Déjà riche par lui-même 


84 L'ÉLEVAGE ET LE COMMERCE DES VIANDES 


en bétail, il voisine avec le Bas-Laos, qui possède des troupeaux 
immenses, hors de proportions avec ses besoins, et dont il 
est le débouché naturel. De plus, il a le gros avantage d’être 


traversé par le Mékong, que Îes navires de tonnage moyen 


peuvent remonter facilement. Et c’est sur presque toute 
l'étendue du territoire que l'élevage est pratiqué. 

Quant à la Cochinchine, elle ne peut évidemment, par la 
nature même de son sol, par le développement de son agricul- 
ture, par la densité de sa population, être un centre de produc- 
tion du bétail ; elle achète donc et continuera à acheter ses 
animaux de boucherie et de travail au Laos, à l'Annam et au 
Cambodge, principalement à ce dernier. 


Mais, en définitive, pour l’ensemble de notre Indochine, on » 


voit que, d’une part, le Nord-Annam et le Nord-Laeos, et, 
d'autre part, le Sud-Annam, le Sud-Laos et le Cambodge 
doivent pouvoir nous fournir les ressources suffisantes pour 
lutter contre la Chine et le Siam sur les marchés d’'Extrême- 
Orient. De nombreuses améliorations administratives (régle- 
mentation du commerce de boucherie, organisation de con- 
cours régionaux, immatriculation de tous les animaux, facili- 
tement des échanges et des transports, etc.) doivent toutefois 
être apportées, en même temps qu'il est urgent d'établir un 
service vétérinaire bien outillé. Les graves épizooties qui ont 
frappé le bétail indochinois ont été la cause de l'interdiction 
dont a été frappée, aux Philippines, l’entrée des animaux de 
travail provenant de notre colonie; et cependant les Philippines, 
qui ont un grand besoin de cès animaux, seraient certaine- 
ment, pour le bétail sur pied, le plus gros client de nos éleveurs 
indochinois. Le Siam, où la possession américaine s’approvi- 
sionne, surtout actuellement, étend de plus en plus sa culture 
du riz ; ses besoins en animaux de travail deviendront done, 
par là même, plus grands, et ses disponibilités se restreindront. 
C’est à notre colonie qu’il appartient tout naturellement de 
reprendre ce commerce, qui s’établirait plus facilement et plus 
rapidement sur une large échelle que le commerce des viandes 
de boucherie vers la France. 

A cet autre point de vue, M. Sarazin passe en revue les di- 


{ 


DANS NOS COLONIES ET QUELQUES AUTRES PAYS 85 


verses difficultés auxquelles se heurterait notre colonie. La 
durée du voyage ne permet pas de penser un seul instant au 


transport des animaux vivants ; la même raison s'oppose à 


l'envoi de viande réfrigérée ; l'installation de frigorifiques pour 
les viandes congelées serait fort coûteux et apparaît, dans les cir- 
constances actuelles, comme quelque peu aléatoire, surtout en 
raison de la grande concurrence sud et nord-américaine. Les 
chances seraient plus grandes pour le commerce des conserves, 
surtout si nos colons s’attachaient à trouver des débouchés non 
seulement en France, mais dans les autres pays importateurs. 


NOUVELLE-CALÉDONIE 


Le gros bétail néo-calédonien, d’après M. Lafforgue (1), 
a pour origine des reproducteurs « Hereford », « Durham », 
«Devon », «Angus », et c’est, le plus souvent, des croisements 
de toutes ces races. 

Nous ne connaissons pas de recensement général de ce bétail. 
D’après seulement les estimations faites en 1909, sur la de- 
mande de M. Lafforgue, par deux éleveurs de la colonie, on 
pourrait admettre un minimum de 50.000 bovins, M. Lafforgue 
considérait en 1904 qu'il y avait donc comme viande livrable 
2.020 tonnes, constituées par 5.000 bœufs de 250 kilogrammes 
(1300 tonnes) et 4.000 vaches de 180 kilogrammes (720 tonnes). 
En réalité, en 1898, l’abatage total avait atteint 2.366 tonnes, 
soit un excès de 346 tonnes. Mais il y avait alors l'usine de 
Ouaco, qui préparait des conserves de viande et abattait pour 
son industrie 1.100 tonnes. Cette usine ayant ferméses portes en 
1900, il ne reste plus que l’abatage pour la-consommation 
immédiate, qui était, vers 1900, de 1.100 à 1.300 tonnes 
(460 à Nouméa, 200 dans l’intérieur, 655 pour les services 
administratifs et l'administration pénitentiaire) (2).11 y a, par 
conséquent, une petite surproduction qui pourrait s’accentuer. 


(1) Lafforgue : « L’Elevage à la Nouvelle-Calédonie ». L'Agriculture 
Pratique des Pays Chauds, 1904. 

(2) La consommation de 460 tonnes pour Nouméa représente la forte 
moyenne de 100 kilogrammes par habitant. 


86 L'ÉLEVAGE ET LE COMMERCE DES VIANDES 


n 


POSSESSIONS BRITANNIQUES 
AUSTRALIE 


Le Commonwealth Australien (y compris la Tasmanie) pos- 
sède environ actuellement 11 millions 1/2 de bovins et il 
se place au premier rang, parmi tous les pays producteurs 
d’ovins, avec 85 millions de têtes. 

D’après les plus récentes statistiques que nous connaissions, 
on peut admettre 39.436.118 ovins pour la Nouvelle-Galles 
du Sud, 20.248.580 au Queensland, 11.892.224 dans l'Etat 
de Victoria, 5.481.487 en Australie du Sud et 4.593.458 en 
Australie Occidentale. II faut ajouter 1.800.000 têtes pour la 
Tasmanie. A toutes époques, c’est la Nouvelle-Galles du Sud 
qui a eu la plus forte population ovine, égalant presque cu 
même parfois dépassant la moitié du troupeau de toute l’île 


australienne. Déjà en 1880, oùcetroupeautotalétait d'environ 


60 millions de têtes, le cheptel de la Nouvelle-Galles était de - 


plus de 35 millions ; en 1911, où le troupeau total était de 
90 millions, le cheptel de la Nouvelle-Galles était de 45 millions. 

Jusque vers 1880, c'était aussi la Nouvelle-Galles du Sud 
qui possédait le plus fort troupeau bovin ; mais, en 1880, le 
Queensland a pris le premier rang, avec 3.162.752 têtes, contre 
2.580.040 en Nouvelle-Galles et 1.285.481 dans l'Etat de Vic“ 
toria. L'Australie du Sud avait alors 307.000 têtes seulement 
et l'Australie Occidentale 63.000. Au Queensland, il y avait, 
au 31 décembre 1915, 4.780.893 bovins (1). 

Cet élevage des bovins dans le Commonwealth est fait 
partie en vue de la boucherie et partie pour la laiterie. Le 
commerce d'exportation du beurre australien a eu pour effet 


d’accroître le nombre des vaches laitières dans les Etats de. 


Victoria et de la Nouvelle-Galles du Sud et dans le Queensland 
méridional. Les meilleurs bœufs pour la boucherie proviennent 


(1) Et 117.787 porcins. En 1880, le nombre de ces porcins pour toute 
Australie était de 771.000 environ. Nous ne connaissons pas le chiffre 
actuel. - 


DANS NOS COLONIES ET QUELQUES AUTRES PAYS 87 


plutôt, par contre, des régions plus tropicales, comme le 
Queensland septentrional, le Territoire du Nord et le nord de 
l'Australie occidentale. : 
_ Pour l'élevage du bœuf comme pour celui du mouton, les 
vastes superficies dont disposent les fermiers australiens, la 
douceur du climat, la rareté des animaux prédateurs sont 
autant de conditions particulièrement favorables. Le plus 
grand danger réside dans les sécheresses extrêmes, qui sont 
assez fréquentes dans l'ile. En 1915, par exemple, c’est une 
de ces longues périodes de sécheresse qui a été la cause des 
énormes pertes qu'ont subies les troupeaux bovin et ovin. 
Dans le seul Queensland occidental, certains centres d’élevage 
ont perdu jusqu’à 75 p. 100 de leurs bœufs et 25 p. 100 de leurs 
moutons. Un grand éleveur a perdu 60.000 bovins. On nesauva 
certains troupeaux du Queensland qu’en les transportant dans 
les pâturages de la Nouvelle-Galles du Sud. 

On compte aujourd’hui en Australie une quarantaine d’éta- 
blissements frigorifiques, dont 12 en Nouvelle-Galles du Sud, 
11 au Queensland, 13 dans l'Etat de Victoria, 1 en Australie 
Occidentale et 2 en Australie du Sud. En Nouvelle-Galles, une 
usine abat jusqu’à 24.000 moutons par jour, d’après M. Quentin. 
Dans certains établissements du Queensland, on peut emma- 
gasiner aisément plus de 32.000 quartiers de bœufs à la fois. 
Dans l'Etat de Victoria, l’usine la plus importante traite par jour 
7.500 agneaux et 4.000 moutons. En Australie du Sud un établis- 
sement peut frigorifier 6.000 carcasses en vingt-quatre heures. 

L'Australie n’importe pas d’ailleurs seulement en Grande- 
Bretagne ; elle expédie aussi quelque peu vers l'Amérique 
du Sud. Ses plus forts envois sont cependant bien pour le 
Royaume-Uni, puisqu'ils étaient, en 1914, de 143.853 tonnes 
de bœuf, mouton et agneau congelés, alors que la quantité 
exportée ailleurs n’était que de 27.437 tonnes, soit 16 p. 100 
environ. Ces 143.853 tonnes se composaient de 77.550 tonnes 
de bœuf et 66.303 tonnes de mouton et agneau; et sur les 
200.875 tonnes de bœuf congelé que nous avons dit plus haut 
avoir été importées en cette année 1914 en Angleterre, 77,550 
venaient d'Australie, Sur les 252.500 tonnes de moutons et 


88 L'ÉLEVAGE ET LE COMMERCE DES VIANDES 


agneaux congelés, 66.303 tonnes étaient de cette même prove- 
nance. | . 

Au Queensland et en Nouvelle-Galles du Sud, il convient 
de signaler encore, paraHèlement à l’industrie de congélation, 
le grand et rapide développement des manufactures de con- 
serves. D’après le rapport de H. A. W. Pearse au congrès de 
Chicago de 1913, l'Australie exportait, en 1912, pour plus de 
1.630.000 livres de conserves de bœuf. 

à On ne peut, d'autre part, parler de l'élevage australien sans 
rappeler que l’Australasie, c’est-à-dire non seulement lAus- 
tralie, mais la Nouvelle-Zélande, dont nous allons nous occuper 
dans le chapitre suivant, représente la plus forte région produc- 
trice lainière du monde. En 1913-14, où la production mondiale 
de la laine a été de 1.272.000 tonnes environ, celle de l’Austra- 
lasie a été de 415.000 tonnes, dont 322.000 pour l'Australie et 
93.000 pour la Nouvelle-Zélande, soit, pour toute l’Australasie, 
90 p. 100 de la production totale. La production des Etats- 
Unis, la même année, a été de 132.000 tonnes à peu près, soit 
10 p. 100, celle de l'Argentine 123.000, soit presque la même 
proportion, celle de l'Afrique du Sud 80.000, soit 653 p. 100, 
et celle de l'Uruguay 71.000, soit 5,6 p. 100. La production 
européenne était, la même année, de 272.000 tonnes, soit 
21.4 p. 100 (1). 


(1) Sur ce total européen de 272.000 tonnes de laine, la Russie d’Eu- 
rope compte pour 69.000 tonnes, le Royaume-Uni pour 55.000 et la 
France pour 34.000. 

Au point de vue de l’utilisation, en cette année 1913-1914, le Royaume- 
Uni absorbaïit 21 p.100 de la production, la France 19 p. 100, les Empires 
Centraux 18 p. 100, les Etats-Unis 17 p. 100. 

Depuis la guerre, naturellement, ces proportions se sont considérable- 
ment modifiées. En 1915, le Royaume-Uni consommait (y compris Pal- 
paga et le mohair) 386.000 tonnes, au lieu de 242.000 environ en 1913. 
En 1916, une forte diminution est survenue, avec 268.000 tonnes, pendant 
que inversement, aux Etats-Unis, la consommation, qui était de 111.000 
tonnes de laine importée avant la guerre, s’élevait à 241.000 tonnes. 

Ajoutons que, pendant les trois premières années de guerre, au Royau- 
me-Uni, l’Office de la Guerre a passé des contrats pour 100 millions 
d’yards de laine et de tissus de laine, 115 millions d’yards de flanelle, 
20.000 de couvertures, 25 millions de paires de caleçons de laine, 60 mil- 
lions de paires de chaussettes et 10 millions de gilets également en laine. 


_ DANS NOS COLONIES ET QUELQUES AUTRES PAYS 89 


NOUVELLE-ZÉLANDE 
La Nouvelle-Zélande (1) est plus encore un pays d'élevage 
qu'un pays de culture. Sur 15 millions environ d’hectares de 


terra qui étaient en exploitation en 1908, il y en avait à peu 


. près 306.000 en Légurmneuses, 5.382.000 en Graminées ense- 
mencées ét 8.893.000 en Graminées spontanées. 

Le troupeau bovin était de 1.816.000 têtes en 1907- 1908 
et de 2 millions environ en 1916. Les trois quarts de ce total 
se trouvent dans lile du Nord, dans les districts (que nous 
citons suivant l’ordre d'importance) d’Auckland, de Welling- 
ton, de Hawke’s Bay, de Taranaki et d’Otago. 

- Le troupeau ovin était, en 1907, de 20.983.772 têtes, et, en 
1916, de 24.607.688. Les principales races sont les « Mérinos, » 
et les « Lincoln ». Tous ces animaux sont répartis dans les 
districts (par ordre d'importance) de Canterbury, Hawke’s Bay, 
Wellington, Otago, Auckland, Marlborough, Nelson, Taranaki 
et Westland. 

Les porcins étaient au nombre de 241.000 en 1907- 1908, 
et surtout élevés dans les districts de Wellington, Canterbury 
et Auckland, un peu également dans celui de Taranaki. 

Le nombre des bœufs abattus pour l’exportation était 
de 106.679 en 1913-1914 (l’année finissant au 31 mai), 182.120 
en 1914-1915, et 211.331 en 1915-1916. 

Celui des moutons abattus, dont la chair a une saveur tout 
particulièrement appréciée à Londres, était de 3.085.351 en 
1914-1915 et 3.147.915 en 1915-1916, et celui des agneaux 
4.356.151 en 1914-1915. 

Il y a déjà plus d’une trentaine d'établissements frigori- 
fiques, et de nouvelles usines sont en construction ou en projet. 
Une des usines actuelles traite quotidiennement 8.000 car 
casses de moutons, et ses entrepôts peuvent en emmagasiner 
180.000. 


(1) Au 31 décembre 1915, la population du Dominion était de 1.165.267 
habitants, y compris 49.844 Maoris. 


90 L'ÉLEVAGE ET LE COMMERCE DES VIANDES ir Æ 


Du 1e avril 1916 au 31 mai 1917, il a été exporté environ de 
la colonie 46.000 tonnes de bœuf, 64.000 tonnes de mouton 
et 38.000 tonnes d'agneau. 

Nous avons donné plus haut, à propos de l'Australie, les 
chiffres relatifs à la production lainière en Nouvelle-Zélande. 

D'autre part, les exportations de beurre, dont les grandes 
régions de fabrication sont Auckland, Otago, Wellington, 
Marlborough et Nelson, ont représenté en 1916 une valeur 
de 2.632.293 livres sterling (au lieu de 1.615.345 en 1907) : et 
les exportations de fromages, dont les principales régions pro- 
ductrices sont Taranaki et Southland, ont correspondu à 
3.914.310 livres sterling en 1916 (au Heu de 662,555 seulement 
en 1907). Au total, l’industrie laitière, en Nouvelle-Zélande, 
y compris la consommation locale, représente en moyenne, 
actuellement, 8.500.000 livres sterling, soit 212.500.000 francs. 


CANADA 


A l’inverse de la Nouvelle-Zélande, le Canada a toujours été 
un pays de culture, beaucoup plus que d’élevage., Au fur et à 
mesure cependant des progrès de la colonisation dans ce Domi- 
nion, dont la superficie d’environ 9 millions de kilomètres car- 
rés, — pour une population d’à peine 8 millions d'habitants — 
est à peu près celle des Etats-Unis ou de l’Europe, les effectifs : 
du bétail, dans l’ensemble, s’accroissent, Cet accroissement. 
du reste, est surtout dû au Canada central (Manitoba, Saskat- 
chewan et Alberta) et au Canada occidental (ou Colombie 
britannique), car il a été faible et la production ne s’est guère 
que maintenue, du moins pour les bovins, dans le Canada 
oriental (partie occidentale de la province de Québec et la 
province d’Ontario), et il y a eu plutôt un léger fléchissement 
dans le Canada maritime (partie orientale de Québec, Nouvelle- 
Ecosse, Nouveau-Brunswick et île du Prince-Edouard). 

L'augmentation de la production animale paraît avoir sur- 
tout pour cause l'importance chaque jour plus grande que prend 
au Canada le mixed jarming, c’est-à-dire l'exploitation combinée 
de la culture des céréales et de l'élevage, contrairement à la 


Æ 
h 


DANS NOS COLONIES ET QUELQUES AUTRES PAYS 91 


culture exclusive des céréales qui a été longtemps le carac- 
tère dominant de l’agriculture du pays. 

Le rancher fait place peu à peu au homesteader; et à l'élevage 
extensif (ranching) des grands troupeaux libres sur de vastes 
espaces se substitue l'élevage intensif des petits troupeaux 
du homestead (1). 

Contrairement à ce qu’il serait permis de supposer, cette 
transformation dans le mode d’exploitation a bien pour consé- 
-quence d’accroître le troupeau, car là où le rancher possédait 
un seul animal pour plusieurs acres, l’homesteader élève 
sur un seul acre plusiers animaux améliorés. 

” En 1911, il y avait au Canada 6.533.436 bovins (au lieu 


. de 5.576.451 en 1901 et 4.120.586 en 1891) et 3.610.428 porcins 


(au lieu de 2.353.828 en 1901 et 1.733.850 en 189H}. Actuelle- 
ment, 1l y a 2.250.000 ovins. 

En 1912, le Canada exportait 61.517 bovins et 430 tonnes 
de viande et importait 2.976 bovins et 896 tonnes de viande. 
L’exportation des bœufs vivants se faisait alors surtout vers 
l’Angleterre. Mais en 1913, lorsque les droits de douane des 
produits de boucherie ont “été supprimés aux Etats-Unis, 
le commerce s’est détourné vers ces Etats, et il a même pris 
tout de suite une importance telle (216.295 bœufs exportés 
cette année-là) que la consommation locale a diminué, en 
même temps que les prix de la viande se sont élevés. En prou- 
vant l'insuffisance de la production bovine au Canada, le fait 
est un stimulant pour l’expansion de l'élevage dans le Dominion. 

Pour les ovins, la production a déjà augmenté depuis la 
guerre, puisque le troupeau n’était que de 2.050.000 en 1914 ; 
et l’on prévoit que cette augmentation continuera, car, après 


(1) Le homestead est une concession de 65 hectares que le Gouvernement 
canadien accorde aux colons d’au moins 18 ans, sous la condition de 
trois années de résidence (avec six mois de résidence effective chaque 
année), de la mise en culture d’un minimum de 12 hectares, de la cons- 


truction d’une maison valant au moins 1.515 francs, et d’un paiement 
de 10 dollars. Le possesseur d’un premier homestead peut, à de nouvelles 
conditions, acquérir le droit de prélation pour un autre homestead, 


Quatre homesteads forment un mille carré (260 hectares), ou section ; 
et 36 sections constituent un township. 


92 L'ÉLEVAGE ET LE COMMERCE DES VIANDES LE 


n'avoir longtemps considéré l'élevage du mouton que comme 
une branche très accessoire de leur agriculture, les fermiers. 
canadiens ont aujourd’ hui-changé d’avis. 

Normalement le Canada a produit jusqu'alors 75 p. 100 
seulement de la viande de mouton nécessaire à sa consomma- 
tion ; le reste venait principalement de l'Australie et la Nou- 
velle-Zélande. On pressent, au contraire, aujourd’hui, le mo- 
ment où la colonie non seulement se suffira à elle-même, mais 
encore pourra pratiquer l'exportation en grand. 

Comme conséquence, alors que la production de la laine 
n’égale, à peu près, à l'heure présente, que la moïtié de la quan- 
tité nécessaire au pays, cette production, dans la suite, devien- 
dra aussi assez grande pour permettre l’exportation tout au 
moins des qualités moyenne et grossière. Les qualités fines 
seules continueront à être importées, les conditions agricoles 
rendant le Canada plus apte à l'élevage d’un type de bouche- 
rie qu'à celui de « Mérinos » ou d’autres races à laine fine. 

Pour l'instant. le fond du bétail ovin canadien est constitué 
par le groupe des « Downs ». On emploie seulement le « Che- 
viot », d’origine écossaise, dans les régions des collines‘rocheuses 
de l’Ontario-Nord et de la province de Québec, là où l'élevage 
est encore extensif. La race « Mérinos », type Rambouillet 
ou type Delaine, ne sert de même qu’à des croisements avec 
les ovins de boucherie des grands troupeaux qui paissent dans 
les dry farming belts (ou zones des terrains arides) du Saskawet- 
chan, de l’Alberta et de la Colombie Britannique, et le but de 
ces croisements est de donner à ces troupeaux plus de rusticité. 

Ainsi qu'il en est résulté pour les bovins, comme nous l'avons 
vu plus haut, à la suite du «tarif Wilson-Underwood », qui 
a établi, en septembre 1913, l’entrée libre de droits des pro- 
duits de boucherie, les exportations de viande de porc, qui 
avaient lieu surtout antérieurement vers le Royaume-Uni, 
se sont également détournées maintenant, au moins en partie, 
vers les Etats-Unis. Au reste, l’accroissement de la consomma- 
tion locale a déjà, depuis 1905, diminué les exportations du 
Canada, autrefois assez fortes, puisque le Dominion fournissait 
à la mère-patrie 20 p. 100 du lard importé. 


_ 


DANS NOS COLONIES ET QUELQUES AUTRES PAYS 93 


En 1900, il était exporté, au total, du Canada, en lard, jam- 

bon et viande de porc, 61.752 tonnes ; en 1913, il n’en était 
plus expédié que 17.785. 
. Mais des provinces qui, comme celles des Prairies, ont pen- 
dant longtemps élevé peu le porc — surtout produit dans 
l'Ontario — s’attachent aujourd’hui davantage à cet élevage ; 
et il ya encore là certainement pour le Canada un commerce 
d'avenir. 

Grâce à l’activité de ses nombreuses Sociétés d'Agriculture (1), 
qui, de longue date, se préoccupent de l’instruction agricole 
et ont institué des concours et des primes, grâce aussi à l’orga- 

nisation de ses Coopératives, comme il en existe déjà depuis 

longtemps dans l’Est, le Dominion canadien peut devenir très 
rapidement un très grand pays d'élevage, et d’élevage rationnel 
et perfectionné. Il convient de rappeler les paroles de Sir Wilfrid 

Laurier : « De même que le x1x® siècle a été,en Amérique, le 

siècle des Etats-Unis, le vingtième sera celui du Canada. » 


(1) En Nouvelle-Ecosse il y avait, en 1912, 164 Sociétés d’Agricul- 
ture, comprenant 8.576 membres, et subventionnées par le Gouverne- 
ment. Au Nouveau-Brunswick, en 1901, 60 sociétés instituaient des 
concours et facilitaient l’introduction de bon matériel ; il y a 3 Ecoles 
d'Agriculture, En 1898, il se fondait dans l’île du Prince-Edouard une 
Association de laitiers ; et en 1902-1903 il se fondait à Charlottetown une 
Ecole de Laiterie. En 1915-1916, plus de 1.000 étudiants étaient inscrits 
dans les trois Ecoles d'Agriculture de la province de Québec ; et il s'était 
organisé dans cette province 162 Coopératives agricoles, 85 Sociétés 
d'Agriculture et 710 Cercles d’Agriculteurs. La province d’Ontario possède 
un plus grand nombre encore d’institutions agricoles ; le Manitoba a des: 
« fermes de démonstration » et des « trains-écoles », l'Alberta a 6 fermes 
analogues et une Ecole d’Agriculture, la Colombie anglaise a institué 
des concours. Dans l’Est, les efforts de beaucoup de sociétés ont depuis 
longtemps porté sur l’industrie laitière. En 1913, il y avait en Nouvelle- 
Ecosse 33 fabriques de beurre et de fromages, qui produisaient près de 
350.000 francs de beurre et 300.000 francs de fromages. Au Nouveau- 
Brunswick, on comptait, en 1901, 68 de ces fabriques, qui produisaient 
pour plus de 1 million de francs de beurre et 950.000 francs de fromage. 
Dans l’île du Prince-Edouard en 1913, le nombre des fromageries était 
d’environ 50. Dans la province de Québec, il y a actuellement 585 beur- 
reries, 883 fromageries et 523 établissements mixtes, qui produisent pour 
plus de 100 millions de franes de beurre et de fromages ; les exportations 
de lait et de crème vers les Etats-Unis étaient récemment de 7 milhons 1 /2 
de francs, alors qu’elles étaient inférieures à 4 million en 1910, 


94 L'ÉLEVAGE ET LE COMMERCE DES VIANDES 


UNION SUD-AFRICAINE ET RHODFSIE 


L'Union Sud-Africaine (Le Cap, Natal, Transvaal et Orange) 
et le Protectorat de la Rhodésie sont encore une vaste région 
où les conditions économiques mondiales actuelles et celles 
qui sont à prévoir pour l’avenir sont un encouragement pour 
l'élevage. L'industrie moutonnière est de longue date une des 
plus importantes sources de revenus de l’Union, qui possédait, 
en 1911, 30.656.659 bovins, dont 21.842.000 pour la laine ; un 
accroissement de la population bovine, qui était de 5.797.000 
en 1911, est aussi possible. La Rhodésie, d’autre part, est, grâce 
à ses pâturages, particulièrement favorable à l'élevage de ces 
bovins. À 

Jusqu’'alors les bœufs du Sud-Africain ont été surtout des 
animaux de trait ; et la race indigène « Afrikander »est, en 
effet, excellente pour la traction. 

Mais l’Afrikander, sans doute à cause de son origine — s’il 
est vrai qu'il provient du croisement des « Devonshire » avec 
des vaches jadis introduites par les Portugais, et de race 
espagnole — se croise très bien avec le bétail européen. On 
peut donc s’en servir pour une amélioration du troupeau sud- 
africain. On a déjà recommandé, en vue de production de la 
viande, son croisement avec les « North Devon ». les « Here- 
ford », les « Sussex », les « Angus » ou les «Shorthorn », et en 
vue de la production du lait, avec les « Simmenthal » et les 
«Ayrshire ». Le croisement avec les « Lincoln » oules «Frisons » 
convient pour les deux sortes de production (1). Les avantages 
de « l’Afrikander » sont sa taille, sa couleur rouge sombre ou 
noire, sa parfaite adaptation au climat. 


(1) D’après les renseignements récents, les « Frisons », qui Ont 
tout d’abord été recherchés dans l'Union, n’ont pas cependant, en défi- 
nitive, donné les résultats espérés ; la race s’est déformée et détériorée. 
Au contraire, les « Ayrshire » se sont bien acclimatés. Les « Jersey » 
sont aussi appréciés. Pour la boucherie, le « North Devon » est délaissé ; 
et on adopte le « Shorthorn » dans les pâturages luxuriants et les « Here- 
ford », « Sussex », et « Aberdeen-Angus » sur les sols plus pauvres et 
dans les contrées plus sèches. $ 


DANS NOS COLONIES ET QUELQUES AUTRES PAYS 95 


Dans les premiers mois de 1916, le bétail bovin de l'Union 
était de 8 millions de têtes ; et en 1915 il fut exporté 32.897 
quartiers de bœuf. La viande fut payée à Londres de 1 fr. 17 
à 1 fr. 73 le kilogramme. Le coût d'exportation, en tenant 
compte de la valeur des sous-produits, serait d'environ 0 fr. 35 
le kilogramme. L'industrie frigorifique, en tout cas, commence 
bien à se développer ; et ce développement a surtout été rapide 
en 1916. Les conditions de la frigorification se sont améliorées 
à Prétoria, Bloemfontein, Maritzhurg et Durban ; et l'Admi- 
nistration des Chemins de fer et des Ports coopère à l’organi- 
sation du service d'exportation. Les municipalités, en même 
temps, perfectionnent leurs abattoirs. 

Pour l’élevage du mouton, M. Ch. Mallinson, expert en 
Jaines et moutons de l’Union, fait remarquer (1) que l'Afrique 
du Sud ne possède pas de régions bien délimitées sur lesquelles 
l'élevage ovin puisse être considéré comme profitable, et en 
dehors desquelles il doive être déconseillé. Presque partout il y 
a des fermes où l’industrie pastorale réussit, et à proximité 
desquelles elle est cependant complètement impossible. Si 
le territoire de l'Union du Sud-Africain possède encore de 
vastes surfaces où l’élevage du mouton, d’après les méthodes 
modernes, n’a pas encore été expérimenté, on peut dire que, 
d'une manière générale, le pays convient à cet élevage et 
que, sur certains points, le « Mérinos » y prospère excel- 
_lemment. Cependant le succès dépend de facteurs multiples, 
tels que les conditions de sol et de climat, les ressources en 
eau, les moyens de transport, etc. 

Les localités les mieux appropriées à l'élevage du mouton 
se trouvent précisément dans les provinces où les troupeaux 
sont encore les moins importants, notamment dans lPouest 
du Transvaal et de l'Orange et dans le Béchuanaland. On 
trouve actuellement de-vastes troupeaux dans les régions 
orientale et centrale du Cap, et dans le « Veld » supérieur du 
Transvaal, Le Natal et le Nord-Ouest du Cap sont aussi d’excel- 


(1) Dans The Agricultural Journal of the Union of South Africa, d’après 
le « Bulletin du Gouvernement Général de. l'Algérie», du 15 février 1914, 


> 


96 L'ÉLEVAGE ET LE COMMERCE DES VIANDES 


lentes contrées moutonnières, mais la seconde de ces deux 
régions surtout est peuplée de moutons « Afrikander » bâtards, 
au lieu de vrais « Mérinos ». 

Dans les essais d'exportation de viande faits à Londres en 1914 
la viande d'agneau a été plus goûtée que celle de mouton. Il 
aurait été établi aussi que, les races anglaises ne réussissant 
pas bien dans l'Afrique du Sud, l’Union ne pourrait produire 
des moutons d’égale qualité à ceux de l’Australasie ; le mérinos 


de l’Afrique du Sud ne trouverait de débouchés que comme 


viande de seconde qualité. 

Il est d’ailleurs à noter que, le nombre des moutons à laine 
étant en décroissance dans les autres pays du monde, l’Afrique 
du Sud n’a peut-être pas intérêt à abandonner son élevage 
de mérinos. Alors que; en 1908, l'Union exportait 104.252.696 
livres de laines et 19.283.396 livres de peaux de moutoni, ses 
expéditions, en 1913, étaient de 176.971.865 livres de laine 
et 32.196.400 livres de peaux. 


MAURICE 


Il y avait, au total, à Maurice, en 1913, 41.301 bévins, 
2.030 ovins et 16.378 porcins. Le nombre total des bœufs 
importés dans l’île et venant de Madagascar, de 1909 à 1913, 


a été (1) de 36.861, soit une moyenne de 7.372 par an. 70 à 80 


sont, en outre, apportés chaque année de Rodrigues, qui, 
d'autre part, envoie annuellement les petites quantités de porcs 


(930 en moyenne) et de moutons (rarement plus de 200) 


que reçoit la colonie. 

On abat annuellement à Maurice environ 12.000 bovins, 
5.000 à 6.000 porcs et 500 moutons. 

La consommation annuelle de viande dans l'ile est de 
4 kgr. 900 par habitant. 

En 1914, M. Robert remarquait que le « taux d’accroisse- 
ment du nombre-des bovidés dans le pays est de près de 


(1) Henri Robert, Live Stock Statistics, 1914. Department of ue 
ture, Mauritius, n° 1, 1915. 


fi 


‘ DANS NOS COLONIES ET QUELQUES AUTRES PAYS 97 


18 p. 100 par an; ce qui signifie que, silecourant d'importation 
de Madagascar et la consommation de viande du pays de- 
meurent dans la normale, èt qu'aucune épizootie n’éclate, 
le chiffre total des bovidés en ce pays atteindra 65.000 en 


1917 ». 


M. Robert disait encore : « Le rapport entre le nombre total 
des vaches et le nombre total des bovidés est une indication 
de Paugmentation qui se produit dans les troupeaux d’un 
pays ; et la proportion présentée par Maurice (39,4 p. 100) 
peut se comparer favorablement à celle de l’Inde (36 p. 100) 
et du Royaume-Uni (37 p. 100) ». 


AUTRES PAYS ÉTRANGERS 
Erars-UNis 


; F F LI 

Avec leur troupeau bovin, qui était de 72.534.000 têtes 
en 1907 et de 61.441.000 en 1916, les Etats-Unis se placent, 
dans cette branche de l’élevage, au second rang de tous les 
pays du monde, derrière l'Inde Anglaise, qui (y compris, ül 
est vrai, les buffles et les zébus) possède un chiffre sensibles 
ment double (137 millions environ). Avec leurs ovins, qui 
étaient de 49.200.000 en 1916, les Etats-Unis occupent le 
troisième rang, après l'Australie (85 millions) et l'Argentine 
(83 millions). | 

Avec les porcins (68 millions en 1916) ils détiennent le 
premier rang, le second revenant au+Brésil, avec 17.529.210 
têtes. | 

Au 4er janvier 1916, la valeur totale de ces trois troupeaux 
de la Confédération Nord-Américaine était de plus de 17 mil- 
liards de francs. 

Comparativement aux années antérieures, le troupeau bovin 


. s’est peu modifié, car les 72 millions de têtes de lPannée 1907 


peuvent être considérés comme un peu exceptionnels, puis- 
qu'on comptait 61.424.599 bêtes à corne en 1902, 61.241.907 
en 1905 et 56.527.000 en 1913. Le troupeau ovin a nettement 


_ 
L 


98 L'ÉLEVAGE ET LE COMMERCE DES VIANDES 


beaucoup plüs diminué, car il était de 62.039.091 en 1902, 
63.964.876 en 1903, 52.500.000 en 1910. 

Au contraire, les porcins, dont le nombre était de 48.698.850 
en 1902, 46.320.511 en 1905, 52.100.000 en 1910, sont en forte 
augmentation. 

Le faible accroissement du gros bétail et la diminution des 
ovins s'expliquent par des causes diverses, telles qu’intem- 
péries, maladies, augmentation de valeur des terrains et des 
produits de laïterie, amélioration de la quantité et du poids 
au détriment du nombre ; mais la situation doit d'autant plus 
attirer l’attention du Gouvernement des Etats-Unis que, 
pendant que le nombre des animaux de boucherie décroissait 
de 51.566.000, en 1907, à 36.030.000, en 1913, la population 
humaine, au contraire, s'élevait de 87.321.000 individus à 
96.496.000 (dont un tiers environ représenté par la population 


agricole). Aussi un membre du Congrès de la Boucherie 


déclarait-il que « sis un remède n’était pas prochainement 
apporté à cette situation, la viande de bœuf se vendrait dans 
dix ans au moins un dollar la livre, et que, dece côté del’Atlan- 
tique, on devrait, à l'instar de ce qui se passe en Europe, 
créer des boucheries hippophagiques. » 

En 1909, la production totale de viande aux Etats-Unis 
était évaluée à 76.700.000 quintaux, et la consomma- 
tion à 70 millions. En 1915, l’excédent total des viandes et de 
leurs produits dans la République nord-américaine était de 
5.900.000 quintaux et les importations en viandes bovine 
et ovine étaient 2, 7 p. 100 de la consommation totale. 

Nous avons vu à propos du Canada que, en 1913, la sup- 
pression des droits d’entrée a favorisé l'importation des ani- 
maux vivants et des viandes du Dominion. 

De tout cela réssort bien, en tout cas, le fait que les Etats- 


Unis peuvent être facilement exportateurs de viande de porc 


(qui fournit plus des 60 p. 100 de la viande du pays), mais ne 
sont pas aussi à même d'exporter les viandes de bœuf et de 


mouton. Et, en effet, leurs exportations de viandes de bœuf 


ne représentaient en 1912 que le septième des exportations 
mondiales, tandis que celles de porc représentaient les trois 


DANS NOS COLONIES ET QUELQUES AUTRES PAYS 99 


quarts. En 1913, d'autre part, les Etats-Unis se plaçaient 
au quatrième rang des pays importateurs de viandes, et ils 
devaient surtout ce rang à leurs importations de viande de bœuf. 
Is reçoivent beaucoup moins de viande de mouton, que leur 
envoient principalement l'Amérique du Sud et l’Australasie. 

Les moyens, d’ailleurs, ne manquent pas à la Confédération 
pour remédier à la situation actuelle ; le raisonnement que 
nous avons fait antérieurement au sujet de la transformation 
progressive du ranching, au Canada, en exploitations fer- 
mières, s'applique tout aussi bien, pour les Etats-Unis, aux 
Etats du Far-West. Les pâturages, ou ranches, exclusivement 
réservés jadis à l'élevage extensif des bovins et des ovins, 
sont progressivement colonisés ; et, si cette transformation a 
eu pour conséquence immédiate la diminution du troupeau, 
il n’en résultera pas moins, vraisemblablement, à la longue, 
avec le système du « mixed farming », une diminution de la 
surface nécessaire par tête de bétail, en même temps qu'une 
augmentation de l'élevage d'hiver à l’étable. Les méthodes 
d'élevage, dans ces conditions, se perfectionnent également. 
Enfin, la construction de puits, de routes et de ponts, doit 
provoquer aussi une augmentatian du nombre des exploitants 
se livrant à l’élevage extensif. Ainsi que le font remarquer 
MM. Barnes Will et Jardine, « dans les 11 Etats d’Arizona, 
Californie, Colorado, Idaho, Montana, Névada, New-Mexico, 
Orégon, Utah, Washington et Wyoming, il y a encore environ 
114 millions d'hectares de terrains nationaux non encore attri- 
bués ou réservés, et dont 100 millions environ sont essentiel-, 
lement des terrains à pâturages. Si l’on adoptait une politique 
opportune pour le développement de la production animale 
dans ces zones, ces terrains pourraient, dans dix ans, arriver 
à tenir 30 p. 100 de bétail de plus qu'actuellement ». 

La production notamment des ovins peut aussi, d’ailleurs, 
être considérablement acérue en beaucoup d’autres régions de 
la République. MM. Marshall et Millin citent tout particu- 
lièrement, tout le long de la chaîne des monts Apalaches, 
les Etats de Pensylvanie, Maryland, Virginie, West Virginia, 
Kentucky, Tennessee et la Caroline du Nord, ainsi que les 


_ 


100 L’'ÉLEVAGE ET LE COMMERCE DES VIANDES 


régions ondulées du nord de Arkansas et du sud du Missouri, 


et encore les parties déboisées des Etats du Golfe du Mexique. 

Toute momentanée peut donc être, dans ces conditions, la 
crise qu'ont subie depuis quelques années, sous plusieurs 
influences, dont en partie celle déjà indiquée plus haut pour les 
pâturages de l'Ouest, Pélevage des moutons et l’industrie de 
la laine, surtout de la laine fine, aux Etats-Unis. Alors que, 
en 1900, le troupeau ovin américain était de 61 millions 1 /2 
de têtes, il était en 1910 de 52 millions 1 /2 ; il diminuait encore 
de 2.238.500 têtes en 1911. et on constatait en 1914 une nou- 
velle diminution de 7 p. 100. Lorsque le revirement que les 
spécialistes compétents laissent pressentir se sera produit en 
faveur de l’industrie moutonnière, il est probable qu'il ne se 
réalisera pas seulement dans le sens de la production lainière, 
comme c'était le cas de jadis, mais aussi en vue dela production 
de viande de boucherie. Déjà des stations comme celle de 
l’Idaho ont entrepris des essais significatifs. 


RÉPUBLIQUE ARGENTINE 


Lorsqu’en 1866 la « Sociedad Rural Argentina », qui est 
à la fois une Société agricole d'encouragement ‘et une sorte. 
de Chambre consultative d'agriculture, fut organisée en Argen- 
tine, le troupeau de ce pays se composait de 12 millions de 
bovins, 60 millions d'animaux à laine et 3 millions de chevaux. 
Il y avait peu de pores et de chèvres et encore moins de mulets. 
Aujourd’hui les statistiques donnent, en chiffres ronds : 


BEA EE RME ER EN Ce AN AR RE SP ER ER LE Reg 30.000.000 
Ovins 2.46 He Vds Eos SAME TETE RAIN TE AE 80.000.000 
CAFE TE CN VMS NRA RE PRE SE 4.500.000 
POTÉMESSD ES RAR ES RU SA EN 3.200.000 
Mules Re DL TS RSR Es à à 900.000 


Tout ce troupeau représente approximativement 5.600.000 
contos. 


Pour le cheptel bovin. le recensement de 1908 accusait déjà ; 


exactement 29.124.336 bovins ; mais de 1908 à 1915 la 
moyenne annuelle d’abatage aurait été de 7.184.704 têtes, et 


ar 


DANS NOS COLONIES ET QUELQUES AUTRES PAYS 101 


le total des animaux est resté sensiblement le même, avec 
30.706.447 têtes en 1913 (1). 

Les premiers bovins de l’Argentine sont descendus de la 
race andalouse importée par les Espagnols au début de leur 
conquête; et cette race créole parut sufisante, non seulement 
pour le travail, mais même pour la consommation, tant que le 
commerce d'exportation fut limité à la vente des peaux, des 
suifs et du tasajo (2). Ce fut seulement à dater du moment où 
commença l'expédition des animaux qu’apparut la nécessité 
d’une amélioration du bétail ; la République importait alors 
de plus en plus des reproducteurs de diverses races britanniques, 
‘hollandaises, suisses et françaises, avec toujours toutefois une 
préférence marquée pour les races britanniques, et en parti- 
eulier pour la « Shorthorn ». Ces « Shorthorn » prédominent 
surtout dans les zones les plus riches etles plus tempérées de 
l'Argentine, alors que les « Hereford » et les « Aberdeen 
Angus »ont été surtout introduits dans les régions plus chaudes 
ou plus froides, où les fromages sont moins abondants et moins 
bons. 

C'est vers 1905 à 1906 que les totaux d'exportation des 
viandes réfrigérées et congelées ont commencé à surpasser les 
exportations des bœufs vivants et du tasa]o. 

En 1902, l'Argentine expédiait, en effet : 


ROIS AUS Se ie dr ave dus à 118.303 tonnes 
ÉLUS en Tes RARE ER EP TN 330.600  — 
Viandes congelées ou réfrigérées....... 207.553  — 


x 


(4) Ce nombre est donné par le Bulletin de l'Institut Tnternational 
d'Agriculture d’août 1917. Le journal Le Brésil du 23 septembre 1917 
admet, par contre, que l’abatage trop élevé de ces dernières années au- 
rait réduit le troupeau bovin à 22 millions de têtes. 

(2) Le tasajo est, en Argentine, la viande salée et conservée dans la 
saumure, tandis que le æarque brésilien est la viande en lanières qui a été 
salée, puis séchée. La préparation du tasajo pour l'exportation à lieu 
dans les saladeros, qui ne correspondent donc peut-être pas aussi exac- 
tement aux zarqueadas du Brésil qu'on ladmet généralement, non,seu- 
lement parce que le mode de préparationde la viande n’est pas tout à 
fait le même, mais aussi parce que, tout au moins pendant longtemps, 
le travail principal des saladeros argentins n’a pas été la préparation de 
la viande, mais plutôt celle des peaux conservées. 


402 L'ÉLEVAGE ET LE COMMERCE DES VIANDES 


Mais, en 1906, les expéditions étaient de : 


Bœufs vivARIS Ass PE RSR UE 71.106 tonnes 
TASAID SE RE RE 106.800 — 
Viandes congelées ou réfrigérées ...... 500.027 — 


PES VIN AS 2 Sa nu Mo 224.911 tonnes 
PASSANT SE ee dore Te 24.000 — 
Viandes congelées ou réfrigérées ..... 1.023.186 — 


I faut ajouter à ce commerce celui des extraits et conserves 
de viande, qui a été de 237.200 tonnes en 1913. 

Les bœufs vivants sont surtout dirigés vers les marchés des 
Républiques sud-américaimes (Uruguay, Chili, Brésil, Bolivie, 
Paraguay), tandis que le tasajo est exporté principalement à 
Cuba et au Brésil et que les viandes congelées ou réfrigérées 
sont embarquées pour le Royaume-Uni (1). 

La Grande-Bretagne ne reçoit guère d’ailleurs que de l'Amé- 
rique du Sud le bœuf réfrigéré (chilled beef), car toutes les 
viandes qui lui sont importées d’Australasie sont congelées 
(frozen meat). 4 

En 1911, la République Argentine exportait, en poids 
312.834 tonnes de bœuf congelé ; et en 1912 ses exportations 
étaient, en morceaux, de 2.086.780 quartiers de bœuf congelé 
et 2.269.474 quartiers de bœuf réfrigéré. 

Pour les bouvillons métis destinés aux frigorifiques, on 
obtiendrait, paraît-il, un poids de 600 à 650 kilogrammes 
à l’âge de 3 ans (alors que des créoles de 4 ans 1 /2 à 5 ans pèsent 
rarement plus de 300 à 350 kilogrammes). 

Tout comme des bovins, les moutons de Are En 
(81.485.149 en 1914) tirent leur origine des races espagnoles qui 
furent introduites à l’origine (2). Abandonnés à eux-mêmes, 


(1) Gaetano Martinoli : « Etat actuel de la production bovine dans 
l'Argentine ». Bulletin mensuel de l’Institut International d'Agriculture, 
Rome, août 1917. 

(2) Gaetano Martinoli : « Etat actuel de la production ovine et porcine 
dans la République Argentine ». Bulletin mensuel de YInstitut Interna- 
tional d'Agriculture, Rome, septembre 1917. 


7 COR F Se Te" 


“ e 
— N, 


DANS NOS COLONIES ET QUELQUES AUTRES PAYS 103 


les « Churra » et les « Merinos » engendrèrent les deux races 


locales « Pampa » et « Criolla ». Les premiers essais de croise- 
ment (avec des« Mérinos de Rambouillet ») furent entrepris lors- 
que le commerce de la laine se développa ; d’autres essaïs furent 
entrepris (avec les « Lincoln ») lorsque l’industrie frigorifique 
s'établit. Actuellement les deux groupes d’ovins anglais qui 


ont pris une grande importance sont les « Romney Marsh » 


et les « Downs ». 
De 1911 à 1915 il a été exporté 480.000 ovins vivants 
(envoyés en grande partie en Belgique, Uruguay et Bolivie) 


_et 12.217.901 ovins congelés (presque tous pour le Royaume- 


Uni). 

En 1912, il sortait de la République 3.266.755 carcasses. 

En 1914, le nombre total des ovins abattus, pour la consom- 
mation locale et l’exportation, a été de 4.519.352 (1). 

D’après M. Maurice Quentin (loc. cit.) dix Compagnies 
frigorifiques se sont successivement montées de 1882 à 1907. 
Trois d’entre elles ont disparu ou ont été absorbées ; une, 
la « Burzaco Packing », s’est spécialisée dans la fabrication 
des conserves, que son outillage spécial lui permet de livrer 
à raison de 75.000 boîtes par jour (viande conservée de porc, 
jambon, corned beef et mouton). Les Argentins rangent les 
autres en deux catégories : 19° les établissements fonctionnant 
avec un capital nord-américain, et qui, après avoir dépendu 
du « Beef Trust » sont restés, lors de sa dissolution, aux mains 
des citoyens ou des firmes du même pays (« Blanca »et «The 
Plata Gold Storage ») ; 20 les établissements anglo-argentins, 
qui sont : « The River Plate», aujourd’hui « British and Argen- 
tine Meat C0 », « The Las Palmas Produce » et «The Smithfield 
and Argentine Meat » et Les établissements argentins « Com- 
pania Sansinena » et « Frigorifico Argentino ». 

A côté des élevages du bœuf et du mouton, celui des porcins, 
en Argentine, est de bien faible importance ; et l'exportation 
des pores congelés a même été à peu près nulle de 1905 à 1914. 
Cependant, depuis que s'est fondé à La Plata l'établissement 


(1) Il était exporté cette année-là 117.270 tonnes de laine. 


104 L'ÉLEVAGE ET LE COMMERCE DES VIANDES 


« Armour », où 2.000 porcs peuvent être préparés par jour, et 


depuis aussi que s’est établie à Rosario la firme «The Argentine 
Bacon Curing C Limited », cette industrie paraît reprendre. 
Des débouchés avantageux semblent probables vers l’Europe 
et les Etats-Unis et il faut remarquer que l’élevage extensif 
du porc avec pâturage et maïs, tel qu'on le pratique en Argen- 
tine, en rend la production facile et peu coûteuse. | 


Tous les élevages, au reste, peuvent encore considérable- 


ment s'étendre dans la République, en raison de vastes surfaces 
d'excellents pâturages qui ne sont pas encore utilisées. 


URUGUAY 


Le troupeau bovin de l’Uruguay est évalué actuellement 
à 9 millions de têtes environ. Le troupeau ovin était en 1908 


de 26 millions, et, en ces derniers temps, de 35 millions; 


et les exportations de laine, en 1915, étaient de 70.000 tonnes 
environ. On ne compte que 200.000 porcins. 

L'amélioration de la race bovine a commencé en 1860 par 
importation de quelques «Durham » ; en 1864 furent importés 


les premiers « Hereford », puis en 1874 les premiers « Devon ». 


Ultérieurement ont été introduits les « Polled Angus » et 
autres races, britanniques, hollandaises et normandes. Les 
bovins atteignent leur développement complet (1) entre 4 ans 
et demi et 5 ans quand il s’agit de métis améliorés, et entre 


7 ans et 7 ans et demi s’il s’agit de créoles. Les « Hereford », 


qui constituent les deux tiers du cheptel, pèsent en moyenne, 
400 kilogrammes à deux ans, 520 à 550 kilogrammes à 4 ans, 
et 560 à 570 kilogrammes à 5 ans. Les « Shorthorn» pèsent 
460 à 480 kilogrammes à 2 ans et 560 à 580 kilogrammes à 
5 ans. 

Deux Compagnies argentines, celle de « La Plata » et 
celle de « La Sansinena », ont des frigorifiques à Montevideo. 
(1) Enrique José Rovira, « Conditions de l'agriculture et de lélevage 


dans lPUruguay. ». Bulletin de l’Institut International d'Agriculture, 
Rome, juin 1917. 


À 
| 


DANS NOS COLONIES ET QUELQUES AUTRES PAYS 1405 


Dans le premier semestre de 1913, ces deux frigorifiques 
ont réfrigéré 7.780 quartiers et congelé 200.842 quartiers et 
245.744 carcasses. Une partie de cette viande a été expédiée 


en France, ou sa qualité a été appréciée et a rendu son écoule- 
ment facile. 


BRÉSIL 


Le commerce d'exportation des viandes congelées est, pour 
le Brésil, un commerce tout récent, puisqu'il ne date que des 
premiers mois de la guerre. 

C’est en novembre 1914 qu’un premier envoi de 1.415 kilo- 
grammes de ces viandes congelées était fait, à titre d'essai, vers 
l'Angleterre par le port de Santos, dans l'Etat de Sao Paulo. : 
Peu après, une Société dite « Société des Installations frigori- 
fiques du Port de Rio de Janeiro » se fondait à Rio, dans l'Etat 
voisin ; et en 1915,1l était expédié, au total, du Sud du Brésil, 
8.913.970 kilogrammes de viandes, dont 7.946.745 kilogrammes 
de Santos et 563.633 kilogrammes de Rio. Les pays impor- 
tateurs furent alors, par ordre d'importance, l'Angleterre 
(4.360.284 kilogrammes), l'Italie (2.055.414 kilogrammes), les 
Etats-Unis (1.996.949 kilogrammes) et la France (101.323 kilo- 
grammes). 

En 1916, les exportations s’élevaient à 33.000 tonnes; et 
elles étaient estimées pour 1917 à 75.000 tonnes, ce qui repré- 
sente environ 300.000 têtes. L'Egypte est venue s'ajouter aux 
précédentes contrées d'importation. Rio, d’ailleurs, contraire- 
ment à ce qui a eu lieu la première année, exporte aujourd’hui 
de plus fortes quantités que Santos, puisque, pendant le premier 
semestre de 1917, ses expéditions ont été de 19.474 tonnes, 
alors que celles de Santos n’ont été que de 16.189. 

En ces tout derniers temps, un troisième Etat, celui du Rio 
Grande do Sul, a suivi l'exemple donné par Sao Paulo et Rio 
de Janeiro. On pouvait un peu le prévoir si lon songe à l’im- 
portance qu'a depuis longtemps l'élevage du bœuf dans cet 
Etat. Le Rio Grande do Sul est comme le prolongement lége- 
rement vallonné des grandes prairies d'élevage du Rio de la 


106 L'ÉLEVAGE ET LE COMMERCE DES VIANDES 


Plata, et les troupeaux y sont en groupements plus denses que 
- dans les autres contrées brésiliennes. Aussi est-ce tout parti- 
culièrement dans cet Etat que se sont établies depuis long- 
temps les xarqueadas où est préparé le xarque, c’est-à-dire la 
viande salée et séchée (1). En 1910, il y avait, dans le Rio 
Grande, 24 de ces xarqueadas, qui occupaient près de 4.000 
ouvriers et abattaient annuellement plus de 600.000 bœufs. 
On conçoit que, dans ces conditions, des capitalistes nord- 
américains, en constatant l’essor que commence à prendre 
le nouveau commerce des viandes congelées dans le Sud du 
Brésil, aient tout naturellement pensé à installer, dans cet 
Etat, des frigorifiques et c’est ainsi que les maisons « Armour 
et C° » de Chicago et du Rio de la Plata, et «Swift et C0 », ont 
décidé de faire construire dans la région de vastes établisse- 
ments (2). La Société « Armour »a déjà fait choix à Campinas 
d’une grande surface de terrain où sera établie une usine modèle 
qui comportera abattoirs, magasins, dépôts frigorifiques, ate- 
liers de mise en boîtes et soudage, et qui sera desservie par une 


(1) Quelques-uns de ces établissements se trouv ent aussi dans l'Etat 
de Matto- Grosso, mais le grand centre de l’industrie est Yraiment le 
Rio Grande. Les viandes salées consommées au Brésil provenaient jadis 
de l’Argentine, de l’Uruguay et du Paraguay, mais cette importation a 
diminué depuis que les xarqueadas se sont multipliées au Rio Grande ; 
et, alors que les exportations du xarque étaient pour l'Etat de 12.540 
contos en 1903, elles étaient de 31.751 contos en 1913. Elles n'étaient 
plus, par contre, que de 29.624 contos en 1916, et cette diminutionest due 
en grande partie précisément à la transformation de certaines xarqueadas 
en frigorifiques. Sur l’organisation et l’industrie de ces xarqueadas du 
Rio Grande, on trouvera d’intéressants renseignements dans un article 
de M. Paul Walle, « A travers le Sud Brésilien », publié dans le Bulletin 
de la Société de Géographie Commerciale de Paris d'avril 1910. A cette 
époque, l'exportation du xarque du Rio Grande vers le nord du Brésil 
s’élevait annuellement à 45.500 tonnes, auxquelles venaient s’ajouter 
34.000 tonnes de l’Argentine et de l’Uruguay, soit une consommation to- 
tale, pour ces Etats du Nord, de presque 80.000 tonnes de carne seca. 
Nous avons indiqué, en note, à propos de l'Argentine, les différences entre 
le xarque et le tasajo, et entre les xarqueadas du Brésil et les saladeros 
de l'Argentine et de l’Uruguay. 

(2 ) Le frigorifique Swift du Rio Grande a été rapidement installé, | 
puisque depuis que nous avons écrit ces lignes, nous apprenons que tout 
récemment (mars 1918) un incendie l’a déjà complètement détruit. 
Les pertes sont évaluées à 1.600 contos. 


DANS NOS COLONIES ET QUELQUES AUTRES PAYS 107 


voie ferrée. Ces projets, il faut l’ajouter, inquiètent d’ailleurs 
quelque peu les riograndenses, au point que la presse de l'Etat 
entreprit, au commencement de 1917, une vive campagne 
-en vue de démontrer le danger qu’il y avait pour les éleveurs 
et les capitalistes du pays à laisser des capitaux étrangers 
s’immiscer dans la nouvelle industrie. Répondant à cet appel, 
les capitalistes de Pelotas, en commun accord avec les éleveurs 
de l'Etat, manifestèrent tout de suite l'intention de fonder 
une grande entreprise dans laquelle n’entreraient que des 
capitaux de l'Etat (1). | 

Cette lutte prouve bien tous les espoirs que fonde le Brésil 
sur l’avenir du commerce des viandes. 

Actuellement, tout ce commerce porte exclusivement sur 
la viande de bœuf, L'usine créée à Porto-Alegre, dans le Rio 
Grande; a cependant le projet de traiter également les viandes 
de mouton et de porc (2), et il est fort possible que‘ pour la viande 


‘de porc surtout l’industrie se développe à brève échéance. 


Le Brésil, en effet, ne semble pas encore bien préparé pour 
l'exportation des viandes de mouton. Son troupeau de 7 mil- 
lions de ces animaux (7.204.920 en 1916) se compose, parait- 
il, de bêtes assez maigres, en même temps que pauvres en laine ; 


mais le nombre de ses porcins (17.329.210 en 1916) le place, 


dans cette branche de l’élevage, au second rang parmi les 
pays producteurs, immédiatement après les Etats-Unis (où 
le nombre des porcins serait, avons-nous dit plus haut, de 
68 millions). 

Quoi qu’il en soit, c’est surtout pour l'instant sur le commerce 
du bœuf que s’est portée l'attention de la grande République 


sud-américaine. 


(1) A la première réunion des souscripteurs on s’aperçut qu’il restait 
environ 2.000 contos à souscrire ; une Compagnie argentine, qui a une 
succursale à Pelotas, voulut apporter le complément, mais M. Alberto 
Roberto Rovas, président de la Banque de Pelotas, déclara que cette 
somme était déjà souscrite en son nom personnel, et que, par conséquent, 
de l'argent étranger étaït inutile. 

(2) Cette usine de Porto-Alegre doit avoir 2,500 ouvriers, et sa capacité 
de production journalière correspondra à 2.000 bœufs, 1.000 pores et 
3.000 moutons. 


108 L'ÉLEVAGE ET LE COMMERCE DES VIANDES ; 


Le nombre des bovins y est actuellement de 30 millions 
environ (28.962.180 en 1916), répartis sur une surface de 
prairies que, dans ce pays de plus de 8.500.000 kilomètres car- 
rés) (1) on évalue approximativement à 200 millions d'hectares. 
Pour la zone méridionale d’élevage, qui comprend le Rio 
Grande do Sul, Santa Catarina et Parana, où les conditions 
sont à peu près celles de l’Argentine, on admettait, en 1916, 
7.808.130 têtes, dont 6.657.940 pour le seul Rio Grande (2). 
Pour la zone centrale, qui correspond aux Etats de Goyas, 
de Matto-Grosso, de Minas-Geraes, de Sao Paulo, de Bahia, 
de Piauhy et de Maranhao (3), le troupeau est de 17 millions 
environ. Le reste du cheptel se répartit entre les Etats du Nord. 

Dans le Rio Grande do Sul, il y a déjà un certain nombre 
d'années que les éleveurs ont commencé à comprendre l'utilité 
de méthodes rationnelles et ont importé,'en vue des croisements, 
des races perfectionnées comme les « Durham », les « Jersey », 
les « Hereford » et les « Simmenthal ». 

Dans l’ensemble, cependant, le troupeau brésilien reste 
encore trop un bétail métissé des diverses races nationales. 
Parmi ces races, la principale est le Caracu (qui $est formé 
dans l'Etat de Goyas, mais proviendrait peut-être de races 
portugaises et françaises jadis introduites) ; et 1l y a eu de 
nombreux croisements entre ces races du pays et le zébu. 
L'introduction de nouvelles races françaises, anglaises, suisses 


æ 


(1) Il est possible que, avec les territoires provenant des contestations 
de frontières réglées en faveur du Brésil, la surface soit de 9 millions 
de kilomètres carrés, c’est-à-dire à peu près celle des Etats-Unis, y 
compris l’Alaska. La population, d’après les divers recensements plus 
ou moins précis effectués depuis 1872, était de 10.112.061 âmes en 1872, 
17.371.069 en 1900 et 24.618.429 en 1912. 

(2) Ces nombres ne concordent pas avec une autre statistique d’après 
laquelle le troupeau du Rio Grande do Sul serait passé de 6.199.140 têtes 
en 1907 à 8.057.062 en 1916. 

(3) Plus exactement, la zone centrale d'élevage, au Brésil, ne compren- 
drait, en plus des trois premiers Etats, que la partie occidentale de 
l'Etat de Sao Paulo et les hauts plateaux de Bahia, de Piauhy et de Ma- 
ranhao, mais nous ne saurions préciser la population bovine de la région 
ainsi délimitée. Pour les seuls Etats de Minas Geraes, Matto-Grosso, 
Goyas et Sao Paulo, on admet 13 millions de bovins environ. 


LODEL, NS ! ‘ 
Mise. à # Ag - 
EL | 


Ve 


DANS NOS COLONIES ET QUELQUES AUTRES PAYS 109 


. où argentines s'impose donc ; et les éleveurs brésiliens s’en 


occupent, croyons-nous, activement, en même temps qu'ils 


- désirent la création de Stations zootechniques. 


Le poids moyen actuel des bœufs traités, et qui sont âgés de 
5 ans environ, est de 280 kilogrammes, le poids minimum 
spécifié aux contrats d'achat étant de 260 kilogrammes 
seulement ; ce poids est nettement inférieur, par conséquent, au 
poids moyen du bœuf argentin (1). 

Dans l'Etat de Sao Paulo, les deux grands établissements 
frigorifiques déjà en fonctionnement sont l'Établissement de 
Barretos, de la «Companhia Frigorifice Pastoril » du conseiller 


| Prado, et le Frigorifique d’Osasco, de la «Continental Products 


C0 », filiale de la « Brazil Raïlway ». 

A Rio de Janeiro, nous avons cité plus hautla «Société des 
Installations frigorifiques de Rio de Janeiro ». Cette Société 
s’est affranchie de tout intermédiaire et reçoit directement 
les animaux des éleveurs ; elle perçoit uniquement des taxes 


- d’entrepôt et de congélation et assumetoutes les responsabilités 


relatives à la conservation du produit. Le bétail est tué aux 
abattoirs de Santa-Cruz (2). La viande est, après lavage, 
transportée aux frigorifiques dans des wagons-glacières. Un 
premier rail aérien la conduit à la chambre de refroidissement 
où elle séjourne pendant 36 heures entre — 20 et + 20: puis 
un second rail, également aérien, la transporte delà dans une 
des trois chambres de congélation (d’une contenance de 
40 tonnes chacune) où la température est de — 119 à — 130. Le 
séjour dans ces chambres est de quatre jours environ, après 


(1) Le poids moyen des animaux abattus jusqu'alors à Santa-Cruz 
est de 230 kilogrammes ; il est de 210 kilogrammes à Sao Paulo et il ne 
doit pas dépasser 150 kilogrammes pour tout l’ensemble du bétail bré- 
silien, y compris les vaches et les animaux de moins de 2 ans. 

(2) On abattait annuellement jusqu'alors, dans les abattoirs de Santa- 
Cruz, une moyenne de 200.000 bœufs, d’un poids de 230 kilogrammes. La 
consommation de viande, par habitant, à Rio-de-Janeiro, qui compte 
4 million d'habitants est, par conséquent, de 46 kilogrammes. À Sao Paulo 
où la population est de 480.000 âmes, le chiffre admis est de 37 kilogram- 
mes ; ce serait le même pour Santos. Pour les Etats de Matto-Grosso, 
Goyas, Parana, Minas Geraes et Sao Paulo, la consommation moyenne 
totale serait de 20 kilogrammes. 


‘ 


110 ‘L'ÉLEVAGE ET LE COMMERCE DES VIANDES 


lesquels a lieu la mise en sacs. L’animalestcoupéenquatre quar- . 
tiers, dont chacun est, après un minutieux examen, placé, 
s’il est bien sain, dans un premier sac en stcckinette blanche, 
qui est lui-même mis dans un autre sac en jute ordinaire. 
Tous les sacs sont finalement transportés dans les chambres 
d'emmagasimage où le durcissement se complète jusqu'au 
moment de l’'embarquement. 4 

Dans les conditions actuelles, tout ce travail s'effectue trop 
lentement (1); aussi des transformations profondes sont-elles 
déjà prévues, aux abattoirs de Santa-Cruz, pour y remédier, 
ainsi que pour améliorer les procédés employés. 

Lorsque tous les établissements construits ou prévus fonc- 
tionneront dans les trois Etats que nous avons cités, l’expor- 
tation des viandes de bœuf réfrigérées du Brésil pourra atteindre 
240.000 tonnes, ce qui correspondra presque à un million de 
têtes. On s’est naturellement demandé si ces grossesexportations 
n'auraient pas pour effet de compromettre l'avenir du cheptel 
brésilien. Il ne semble pas qu’une telle crainte soit fondée. Sur 
les 30 millions de bœufs que nous avons admis plus haut, le 
pourcentage des abatages ne serait que de 3 à 4. C’est une pro- 
portion qui ne peut inquiéter ; et le Brésil, qui n’abat auJour- 
d’hui que 300.000 bœufs, pourra facilement tripler ou quadru- 
. pler ses exportations actuelles. 


JAPON 


Le Japonais, qui consomme peu de viande, s’est encore peu 
adonné à l'élevage. Dans ce pays d’une superficie de 445.000 


(1) D'autant plus lentement que l’abatage et la congélation constituent 

deux services distincts ; et Les abattoirs ne sont pas à même de satisfaire 
aux exigences des exportateurs. La Société des Installations Frigorifiques 
en éprouve un préjudice, puisque ses frais généraux sont sensiblement 
es mêmes que si un nombre plus considérable d’animaux lui était remis. 
L’abattoir de Santa-Cruz devrait fournir dès maintenant à l’usine 
505 têtes de bétail par jour (600 lorsque toutes les chambres fonctionne- 
ront) et son maximum a été de 485, qui encore n’a.été atteint que certains 
jours de la semaine ; le samedi, l’abatage ne dépasse pas 125 têtes. Les 
wagons envoyés par l'usine reviennent ainsi parfois à vide, dans le convoi 
dont ils font partie. 


SÉRIE 
« PE / ps 


DANS NOS COLONIES ET QUELQUES AUTRES PAYS 111 


kilomètres carrés, avec une population de 55 millions d’habi- 


tants, qui s'accroît chaque année de 1 p. 100 à peu près, 
et dont plus de la moitié (25 millions sur 43 millions en 1898) 
est une population agricole, il n’y a guère plus d’un million de 
bovins (1.241.159 en 1900 et 1.009.000 en 1916), 315.000 
porcins et 40.000 caprins environ. Le nombre des ovins est 
minime. Celui des chevaux était de 1.592.871 en 1900 et 
M. Larue (1) n’en admet que 1.204.000 en 1916. | 

D’après les chiffres des statistiques de 1900, 1.000 habitants 
possèdent 65 bêtes, et 100 familles en possèdent 135. 

Les vaches sont surtout utilisées pour le trait, et on ne 


compte que 40.000 laitières fournissant chacune 900 litres 


de lait. Le beurre et le fromage sont importés. 
D’après M. Larue la sélection et le nombre des porcs sont 


en progrès. 


(1) Larue : « L’Agriculture au Japon à la veille de la guerre ». La Vie 
Agricole et Rurale, 18 août 1917. 


Henri JUMELLE 


Palmistes et N oix de Bancoul de Madagascar 


Par M. Louis RACINE 


M. Louis Racine, chimiste à la Stéarinerie Fournier, à Mar- 
seille, a bien voulu analyser, pour le Musée Colonial de Mar- 


seille, des graines de palmiste et des noix de bancoul qui ont 


été récoltées par le Service de Colonisation de Madagascar sur 
des arbres cultivés dans la colonie. On remarquera que ces ana- 
lyses se rapprochent sensiblement de celles qui ont déjà été 
plusieurs fois données pour ces deux sortes de graines. 


19 Palmiste cultivé à Madagascar 


Rendement en huile par le sulfure de carbone ... 49 % 
Poids spécifique de l'huile à 159............... 0,902 
Pointde fusion del'huile #8. ne Rs at 25050 
Pomt'AB SOMMATICATION TES LUS SCO ETEE 22975 
Indice de saponification:, 5.2... ..0% bi 251 
RHOIGE AQU RAA RTE MR ER PUR 18,30 
En ÉRIC het rs CL ne Dress 75 20 
Rendement en acides gras insolubles (plus insa- ; 

DONIMADIET MOREL EE he DA CT PE ANSE 90,8% 
Point defusion des acidesgras 2.2... 280 
Indice de neutralisation des acides gras ........ 257,6 
Poids moléeglaire moyens: 11088 Mine, 247 

20 Bancoulier cultivé à Madagascar 


La noix se compose de 66 % de coque et 34 % d’amande. 


Rendement en huile de amande par le sulfure 


deCarnoness rent PT RER Lo LEA ee 6h52 
Rendement en huile de la noix par le sulfure de 

CALDONE RS PAR RAS US SR PRE RS 2% KA V0E 
Poids spécifique de l'huile à 150.............. 0,920 
Point de tugion te" on .... Liquideà — 10° 
Indice desaponification....7...4.,.1,.,.32.%%. 186 
Indice diodes: Re Der RER 137 
‘Indicerdé Reicherh is Tec es nt FRERE 4,62: 7 
Rendement en huile des insolubles (plus insapo- 

HiMaDIe) AL Ten Pal DR 7 Pat 967 Var 
Point de fusion des acides gras .............. 9050 
Indice de neutralisation ..::,....:::...1%. 198 
Poids moléculaire moyen ................... 283 


ORLÉANS, IMP. H. TESSIER 


4 


+ 


Estimation d'Échantillons de Textiles 


reçus par ie Musée Celonial de Marseille 


FIBRES D'ABACA, DE MADAGASCAR 


L’Abaca est de vente courante. Valeur actuelle : 250 francs environ 
les 100 kilogrammes. Aujourd’hui fob. Londres ; en temps normal, fob. 


Marseille. 


FIBRES DE SISAL, DE MADAGASCAR 


Le Sisal est de vente courante. Valeur actuelle : 225 francs environ 


les 100 kilogrammes. Mêmes conditions que ci-dessus. 


FIBRES D'ALOËS, DE MADAGASCAR 


Cette sorte d’Aloëès est de vente assez courante. Valeur actuelle : 


200 francs environ les 100 kilogrammes. Mêmes conditions. 


FIBRES DE SANSEVIÈRE, DE MADAGASCAR 


La Sansevière est de vente peu courante. Valeur actuelle : 200 francs 


environ les 100 kilogrammes. Mêmes conditions. 


FIBRES D'URENA LOBATA, DE MADAGASCAR 


Ces fibres sont de vente peu courante. Se traitaient autrefois à Cal- 


cutta à 100 francs les 100 kilogrammes, fob. Marseille. 


(Appréciations de la Maison Benet-Dutoul de Marseille ; août 1918) 


MODE DE PUBLICATION ET CONDITIONS DE VENTE 


ne 


Les Annales du Musée Colonial de Marseille, fondées en 1893, pa- 
raissent annuellement en un volume ou en plusieurs fascicules. 


Tous ces volumes, dont le prix est variable suivant leur importance, 
sont en vente chez M. CHALLAMEL, libraire, 17, rue Jacob, à Paris, à 
qui toutes les demandes de renseignements, au point de vue commer- 
cial, doivent être adressées. 


Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé à M. HENRI 
JUMELLE, professeur à la Faculté des Sciences, directeur du Musée 
Colonial, 5, rue Noailles, à Marseille. 


Les auteurs des mémoires insérés dans les Annales ont droit gra- 
tuitement à vingt-cinq exemplaires en tirage à part. Ils peuvent, à 
leurs frais, demander vingt-cinq exemplaires supplémentaires, avec 
titre spécial sur la couverture. 


Le 39 fascicule de 1917 (Les Bois utiles de-la Guyane Française, 
suite, par M. Herbert STONE) paraîtra prochainement. 


Le 2e fascicule de 1918 sera consacré à la suite du même travail. 


Le 1er fascicule de 1919 paraîtra au cours des premiers mois de cette 
année 1919. 


AY 
INSTITUT COLONIAL MARSEILLAIS 


ASNIN SEE 


DU 


MUSÉE COLONIAL 


DE MARSEILLE 


FONDÉES EN 1893 par EpouARD HECKEL 


DIRIGÉES PAR 


M. Hexr: JUMELLE 


Professeur à la Faculté des Sciences, 
Directeur du Musée Colonial de Marseille, 


Vingt-sixième année, 3° série, 6° volume (1918). 
2e Fascicule. 


Les Bois utiles de la Guyane Française (Suite) 


par M. Herbert Sroxe, de Birmingham. 


à G 
MARSEILLE PARIS 
MUSÉE COLONIAL LIBRAIRIE CHALLAMEL 
5, Rue NoaiLes, 9 17, nue Jacos, 17 


1918 


Principaux Mémoires parus antérieurement dans les 
ANNALES DU MUSÉE COLONIAL DE MARSEILLE 


Dr Hecxez : Les Kolas africains. Année 1893. (Volume presque épuisé.) 
D: Raxcox : Dans la Haute-Gambie. Année 1894. (Volume complètement épuisé.) 


R. P. Düss : Flore phanérogamique des Antilles françaises. Année 1896. (Volume 
complètement épuisé.) 


E. Georrroy : Rapport de Mission scientifique à la Martinique et à la Guyane. 
Année 1897. 


D: Hecxec : Les Plantes médicinales et toxiques de la Guyane française. 
Année 1897. 


Dr Hecxez : Graines grasses nouvelles ou peu connues des colonies françaises. 
Année 1897. 


D: HecxeL : Graines grasses nouvelles ou peu connues des colonies françaises. 
Année 1898. 


H. Jumezre : Le Cacaoyer. Année 1899. 


D: H. Jacos ne Corpemoy : Gommes, gommes-résines et résines des colonies 
françaises. Année 1899. 


L. Laurenr : Le Tabac. Année 1900. 


Dr H. Jacos ne Cornemoy : Les Soies dans l'Extrême-Orient et dans les colonies 
françaises. Année 1901. 


"& 
: 


L. Laurenr : L'Or dans les colonies françaises. Année 1901. 


L LU Ld Lé e 
À. Caevazrer : Voyage scientifique au Sénégal, au Soudan et en Casamance. 
Année 1902, 


GaArFAREL : L'Exposition d'Hanoï. Année 1903. 


Dr Hecxez : Graines grasses nouvelles ou peu connues des colonies françaises. 
Année 1903. 


Dr H. Jacos de Corpemoy : L'Ile de la Réunion. (Géographie physique ; richesses 
naturelles, cultures et industries.) Année 1904. 


Capitaine Marne : Étude ethnographique sur la race Man du Haut-Tonkin. 
Année 1904. 


E. Lereuvre : Étude chimique sur les huiles de bois d'Indochine. Année 1905. 


H. Jumerre : Sur quelques plantes utiles ou intéressantes du Nord-Ouest de 
Madagascar. Année 1907. 


H. JumeLce et H. Perrier pe La Baruie : Notes sur la Flore du Nord-Ouest de 
Madagascar. Année 1907. 


H. Juuecze et H. Perrier pe La Baruie : Notes biologiques sur la végétation du 
Nord-Ouest de Madagascar ; les Asclépiadées. Année 1908. 


ACLANNAELES" DRE EC 


MARSEILLE 


MACON, PROTAT FRÈRES, IMPRIMEURS. 


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INSTITUT COLONIAL MARSEILLAIS 


ANNALES 


DU 


MUSÉE COLONIAL 


DE MARSEILLE 


= FONDÉES EN 1893 par EpouarDp HECKEL 


DIRIGÉES PAR 
M. Henri JUMELLE 


Professeur à la Faculté des Sciences, 
Directeur du Musée Colonial de Marseille. 


Vingt-sixième année, 3° série, 6° volume (1918). 


2e Fascicule. 


Les Bois utiles de la Guyane Française (Suite 


par M. Herbert Stone, de Birmingham. 


MARSEILLE PARIS 
MUSÉE COLONIAL LIBRAIRIE CHALLAMEL. 
Ds Rue NoaiLLes, 9 17. rate Jacos. 17 


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DE LA GUYANE FRANCÇAISE 


par M. HERBERT STONE 
DE BIRMINGHAM 


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ÉTUDE DESCRIPTIVE 


DES BOIS DE LA GUYANE FRANÇAISE 


SECONDE PARTIE 


FAMILLE LXXIV. — COMBRÉTACÉES 


SOUS-FAMILLE. — COMBRÉTÉES 


Grignon, n° 2249. 

Je n'ai vu, sous ce nom, aucun échantillon bien déterminé : 
cependant j'en connais deux à Marseille et un autre à Lyon, 
tous les trois de même structure, étiquetés sous le nom de 
Grignon et de provenances diverses. Sans pouvoir l'affirmer, 
il me semble qu'ils sont bien le véritable Grignon et qu'ils 
peuvent se rapporter au Terminalia Buceras. 


Préfontaine p. 176 : Grignon de deux sortes. 
Je crois que sa deuxième sorte est le Grignon fou, 559 A. 


Thomas, p. 157 : Bon pour bordages. 

Dumonteil, p. 154: Grignon; densité, 0,714 ; force, 172; élast., 150 ; 
p. 160. Classe 3, celle des Pins. 

Comm. de Brest, p. 173 : Bois de couleur rousse ; la sciure exhale une 
odeur agréable. La même, p. 165: casse net, sans craquement avertis- 
seur ; l’une des deux moitiés de la section de rupture est comme coupée. 
La même, p. 166 densité, de 0,598 à 0,650 ; force, de 4#S0 à 540, ou 0,75 
si le Chêne égale 1 ; élast., de 25 à 28. La même, p. 190 (Essais sur des 
échantillons de Pumonteil conservés à couvert : force, de 190 à 540, ou 


de 0,62 à 0,75 si le Chêne égale | : élast, de 20 à 30. Conservés 4 décou- 


F\ 


4 H. STONE 


vert : force, de 410 à 660, ou 0,70 si le chène égale 1; élast. de 20 à 37. 
La même, p. 197 : Classe 2a (inférieure au Sapin du Nord). 


On voit que, conservé à découvért, le bois a augmenté en 


force. 


Malonet, IT, p. 169: Le Grignon et les bois gommeux devraient être 
trempés dans l'eau jusqu’à ce qu'ils aient perdu leur gomme. 


Peut-être est-ce la raison pour laquelle le bois s'améliore à 


découvert. 


Terminalia Buceras Wright, n° 2249 A. 
Synonymie : Bucida PBuceras Lan. ; B. angustifolia DC. 


(non Sieber n1 Vell). 


Aublet, p.399: Grignon (Cayenne) ; Chène français (Ant. Angl.); Dra- 
co (Maurice) ; le Terminalia angustifolia de Rumphius. Bon pour char- 
pente, menuiserie, armoires, garde-meubles ; rarement attaqué par les 
vers. C’est l’un des plus grands arbres de la Guyane. 

Sagot, p. 910: Wane (Demerary). Très voisin du Bucida Buceras 
des Antilles ; bois rougeàtre, pàle; dureté à peine moyenne, mais très 
sain et très propre à débiter en planches. Le même, p. 231 :'Wane (Su- 
rinam). Bois rougeàtre très pale, de longue durée à l’abri. Le même, 
Catal. 1883, p. 310: Buchenavia capitata; syn.: Bucida capitata DC. 
Grignon. L’auteur dit qu'il n’a jamais rencontré le Bucida angustifolia 
à la Guyane Française. 

mp. Inst., Journ. IIE. 308. Olivier (Trinité): de longue durée à l’eau 
et on en fait de bons bardeaux. Le bois s'allume difficilement et ne 
donne pas de flamme. 

Grisebach : French Oak, Wild Olive, Olive-bark tree (Ant. Angl.). 

Grisard, 1826, p. 363: Kätschentragende Mangle (Allemand), Black 
Olive, Mangrove-tree (terme gén. Angl.); Bois Gli-gli, Bois gris-gris 
(Guadeloupe) ; Leertouwarsboom (Hall); Mangle bastarda {Port.) ; Olivo 
negro, Aceitunillo (Esp.). Bois d’une texture homogène, à fibres longues 
et droites, de couleur uniforme un peu terne. C'est le bois de sciage 
par excellence, à la Guyane. Densité, 0,825. L’écorce est bonne pour le 
tannage. 

Cat. Expos. Univ. 1867, p.40. Vanou (Galibis) ; Determa (Arrouagues). 
Densité: 0,714. 


Martin-Lavigne, p.136, donne une description et des figures 
concordant avec nos échantillons-types. 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 5 

Stone et Fr., p. 21: Description du Determa-qui concorde 

pour le bois, mais une petite différence existe pour l'écorce 

vis-à-vis de celle des échantillons d'autres provenances 
décrits ci-dessous. 


Echantillons d'écorces sans boïs. 


Musée Colonial de Marseille, n° 287 his, Guyane : Bucida 
Buceras Lin. Épiderme lisse, blanc argenté, qui, en tombant, 
laisse voir une couche d'une couleur de rouille. En dedans de 
l’'épiderme, l'écorce: est formée ‘de deux couches: l'interne, 
grossièrement fibreuse, produit un effet brillant et micacé : 
celle du milieu est grenue. Épaisseur de 2 à 3 mm. environ. 

Musée Col. de Marseille, n° 102, Guyane : Pucida anqgus- 
lifolia Planc. Cet échantillon ressemble au précédent, mais 
l'épiderme est plus mat et les couches moins distinctes. 
L’écorce est épaisse de # mm. environ ; la couche fibreuse 
occupe la plus grande partie de cette épaisseur. 

Échantillon de Bell, 2777: Determa, Écorce épaisse de 10 
à 12 mm. environ, ligneuse, uniforme en structure el remplie 
de sclérites clairs. 

Description des échantillons n° 18 et 39, Guyane, Musée 
Col. de Marseille « Grignon », et le n° 40 « Chêne Kermes », 
et le n° 91, série Il, Lyon, « Cailcedra de la Havane ». 

Caractères généraux. — Bois d'un poids moyen et d'une 
dureté moyenne, de couleur rouge pâle ou brunâtre, fonçant 
très fortement à l'air. Surface très mate : mais, humectée ou 
polie, elle prend un peu d'éclat; grain gros et ouvert. La 
nuance de la coupe transversale est beaucoup plus claire que 
celle des autres sections. 

Caractères physiques. — Densité, de 0,515 à 0,523 : dureté, 
celle de l'Aune. Sans odeur. 

Structure du bois. — Section transversale, Couches très 
apparentes, çà et là, à cause du changement de l'orientation 
des lignes des vaisseaux. 

Vaisseaux très visibles, grands, peu variables : distribués 
presque uniformément en lignes qui forment un angle aigu en 
se rencontrant avec les lignes des couches voisines, celles-ci 


6 H. STONE 


se dirigeant en sens contraire. Ce degré d’obliquité est rare. 
Vaisseaux peu nombreux, de # à 10 par mm. q., en groupes où 
en chapelets, dans lesquels peuvent se trouver jusqu'à 23 
vaisseaux sans interruption. | 
Rayons visibles à la loupe, fins, uniformes, irréguliers, à 


intervalles les uns des autres d’une distance égale au diamètre 


d'un gros vaisseau et ne s’écartant pas au niveau de ces vais- 
seaux; de 5 à 1% par mm. Ils sont plus foncés ou plutôt 
plus jaunes que le parenchyme. 

Parenchyme très apparent, a, entourant les vaisseaux, en 
les unissant aux lignes obliques. De couleur brun grisätre elair 
à brun foncé. 

Seclion radiale, — Couche difficiles à suivre. Vaisseaux gros 
et ouverts, bruns, renfermant quelques perles de gomme. 
Rayons très petits, jaunâtres. Le parenchyme se présente le 
long des vaisseaux en bordures blanchâtres, peu apparentes, 

Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les rayons 
sont visibles seulement à la loupe. Ils sont plutôt longs par 
rapport à leur largeur, qui est de | à 2 rangées de cellules 
sur 2 mm, de hauteur. Ils donnent à la surface un effet moiré, 
quoiqu'ils ne soient pas disposés en étages : 1ls contiennent 
des perles rouges. 


Icones Lignorum : la pl. IX, fig. 6, en couleur, me paraît trop foncée 
pour pouvoir être cette espèce. 


Terminalia Tanibouca Sm., n° 2249 B. 
Synonymes: T7. quianensis Aubl. : Cafappa quianensis 
Gaertn. partim. 


Aublet, p. #48: Tanibouca (Galibis) : écorce cendrée ; bois blan- 


châtre, cassant et peu compact. 

Dumonteil, p. 152: Nangocy ; densité, 0,922; force, 259 ; élast., 162, 
flexib., 4,72, p. 160. Classe 2, celle du Chène, 

Sagot, p. 910: Langoussi ; bois médiocre. 

Lanessan, p. 145: Nagossi, Nagosse; densité, 0,922. 

Grisard, 1896, p. 369 : Bon pour embarcation, courbes ; densité, 0,922. 

Bassières, p. 100: Bon pour coques de pirogues, belles courbes ; den- 
sité, 0,922. 

Huber, p.196: Cuiarana (Brésil! 


—[ 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 


Terminalia Pamea DC., n° 2219 C. 
Synonymes : 7. Pamea Steud.: Pamea quianensis Aubl. 


Aublet, p: 946 : Adamaram, Catappu (Rumphius). Badamier (Réunion); 
écorce grisätre, lisse, gercée ; bois blanc, cassant. 


Terminalia Catappa var. glabra Sagot, n° 2249 D. 
Synonyme : 7, paraensis Mart. 


Sagot, Catal. 1883, p. 313: Amandier. 

Niederlein: T,. Catappa Lin. ; Grignon franc (Guyane et Guad.), 
Amandier créole, Amandier du pays (Martinique), Murobolan (Guad.), 
Singam marom (Indes). ” 


Est-ce la var. glabra de Sagot, car l'espèce est asiatique 
(cultivée ?) 


Laguncularia racemosa Gaertn.. n° 2259 À. 
Synonyme : Conocarpus racemosus Lin. 


Grisard, 1826, p. 362: Mangue branco (Brésil), Canapa uba (Toupi), 
White Button wood, White Mangrove (États-Unis), Mangle blanc 
(Guadel.), White Mangrove (Trinité). Bois brun jaunâtre ou gris, ordi- 
nairement parsemé de veines plus foncées et de très nombreux points 
presque noirs, qui lui donnent un aspect tout particulier et bien carac- 
téristique, Rayons peu distincts, Bois dur, assez lourd, de texture com- 
pacte et fibreuse ; grain fin; bon pour manches d'outils, instruments 
agricoles et chauffage. 

Huber, 1910, p. 93. Tinteira (Brésil : terme gén.). 


Laguncularia sp., n° 2559 B. 
Sagot, p. 92% : Petit Palétuvier. 
FAMILLE LXXV. — MYRTACÉES 
TRIBU HI. — MYRTÉES 


Campomanesia aromatica Griseh., n° 2312. 
Synonymes : Psidium aromaticum Aubl. (non Blanco, ni 
Descourt, ni D. Don.), P. grandiflorum Aubl. (non Ruuz.). 


8 H. STONE 


Aublet, p. 483 : Psidium grand ; Goyavier sauvage. Ecorce roussâtre 
dont: il se détache annuellement des lames ; bois dur, blanc, compact ; 
centre rouge. Le même, p. #85: Psidium aromaticum, écorce roussâtre 
dont il se détache annuellement des lames ; bois jaunâtre, dur, compact 
et aromatique. 


La différence entre un bois rouge, apparemment sans odeur, 
et un autre jaunâtre et aromatique prouve qu Aublet a raison 
de séparer les deux espèces. 


Psidium Guajava Lin., n° 2314 A. 

Synonymes : P. pomiferum Lin.; P. pyriferum Lan. 

Noms vulg.: Goyavier porte-poires (Lyon). Pela (Rheed, ex 
Desc.). Watra gouaba (Surinam ; Bremer). Un échanüllon de 
Lyon datant de 1656, n° 233, série Il: aubier seulement : de 
couleur jaune ou brunâtre uniforme, qui ressemble à celle du 
Bois de Lance. Surface mate, très dense ; grain fin. La nuance. 
de toutes les coupes est à peu près semblable. La coupe trans- 
versale a les poils soyeux et est difficile à lisser. 

Caractères physiques. — Densité, 0,600 ; dureté, celle du 
Bouleau, On a de la peine à y pratiquer une impression avec 
l’ongle. Bois très absorbant. 

Caractères de l'écorce. — Écorce composée d’une mince 
peau rouge brunâtre, de Ümm.5 environ, lisse, fortement 
adhérente, En section transversale, elle est stratifiée, avec 5 
à 6 minces couches de fibres brunes alternant avec des selé- 
rites clairs. Ces couches ne sont pas tout à fait concen- 
triques ; leurs extrémités se rapprochent de la périphérie en 
séparant des plaques, qui se détachent les unes après les 
autres. Ces plaques ont la même apparence que celles du 
Platane, mais sont inliniment plus minces: elles laissent à la 
surface du tronc les mêmes impressions, mais à peine visibles. 

D'après Descourtilz, l'écorce est unie, lisse, vert rougeâtre 
et odorante ; très mince et adhérente lorsque l'arbre est sur 
pied, mais se détachant facilement quand cet arbre est abattu. 

Structure du bois. — Section transversale. Couches bien 
délimitées par une ligne brune et un changement de densité. 

Vaisseaux visibles à la loupe, moyens, de 0 mm. 65 de dia- 


Re. 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 9 


mètre, peu variables ; simples et par groupes de 2, presque 
aussi nombreux que les groupes de 3, et quelques rares groupes 
de 4, tous subdivisés, Les vaisseaux sont fortement isolés, 
peu nombreux, de 30 à 40 par mm. q.; ils contiennent des 
thylles, qui proéminent lorsqu'elles sont humectées. Les vais- 
seaux tendent à se disposer en lignes obliques. 

Rayons visibles à la loupe, excessivement fins, d'une lar- 
geur irrégulière, qui laisse supposer quil yen a de deux sortes. 
Ils sont très nombreux, de 15 à 18 par mm.; légèrement 
sinueux, en lignes presque droites, ne s’écartant pas au niveau 
des vaisseaux ; de couleur rougeûtre. 

Le parenchyme à entoure étroitement les vaisseaux. 

Section radiale. Compacte et très unie. Ravons et vaisseaux 
sont presque imperceptibles. 


N° 2314 B. 

Un échantillon non déterminé du Musée Colonial de Mar- 
seille, n° 90 ‘Guyane, étiqueté Goyavier (une petite tige), 
ressemble à l'échantillon précédent, à part les différences sui- 
vantes. | 

Les vaisseaux sont plus grands, de Ümm. 1, et moins nom- 
breux, de { à 6 par mm. Ravons blancs, visibles malgré leur 
finesse, de 3 à 6 par mm. 


Références : Descourtilz, IF, p. 22. 


Goyaviers (non déterminés), n° 2314 C. 


Sagot, p. 724: Divers Psidium, Eugenia et Myrcia. 

Dumonteil, p. 152 : Goyavier blanc, densité, 0,957 ; force, 347 ; élasti- 
cité, 219 ; p. 162. Sa valeur égale la moitié de celle du Gaiac pour faire 
des rouets de poulies. 

Le même, loc. cit. : Goyavier, densité, 1.165; force, 3N7 ; élast., 152, 
Classe 4, celle des Meubles, 

Icones lignorum, pl. LXVIL, fig. 8: Guvave, en couleur fauve pale, 
presque uniforme. 


Myrcia Coumeta DC., n° 2322 À. 
Synonymes: Æugenia Coumete Aubl. : Æ. Coumeta DC. 


10 H. STONE 


Aublet, p. 497: Coumété (Galibis) ; écorce roussâtre ; bois dur blan- 
châtre. 


Description d’un échantillon étiqueté : Coumate n° 440, 
Guvane M. C. M. 

Caractères yénéraux. — Bois plutôt dur et lourd; grain 

s sx L . A es 

œros et un peu à rebours. Couleur blanche grisâtre, striée de 
brunâtre. Surface mate. Structure obscure en section trans- 
versale, dont la nuance est légèrement plus foncée que celle 
des autres sections. 


Caractères physiques. — Densité, 0,580: dureté, celle du 
Tilleul. Sans odeur ni saveur. 
Caractères de l'écorce. — Surface lisse, d'une couleur jau- 


nâtre foncé. Où l’épiderme est tombé, la couche sous-jacente 
est de couleur brune. Texture dure et ligneuse, cassure gre- 
nue. Fortement adhérente. Surface intérieure d'un gris bru- 
nâtre finement strié. En section, l'écorce est d'un brun foncé, 
à fibres très denses parsemées de groupes de vaisseaux sécré- 
toires qui forment de petits traits disposés concentriquement. 


Structure du bois. — L'aubier n’est pas différencié du 
CŒUT: ' | 
Section transversale. — Couches en apparence bien délimi- 


tées. À la loupe, les lignes du parenchyme pourraient indi- 
quer les limites. 

Vaisseaux juste visibles à cause de leur couleur claire, 
grands, peu de variation, disposés irrégulièrement, peu nom- 
breux, fortement isolés, simples ou en groupes radiaux de 2 
à », et même au delà. Ces groupes sont très caractéristiques, 
le premier et le dernier vaisseau étant très grands, tandis que 
les intermédiaires sont petits et fortement aplatis. 

Ravons visibles à peine à la loupe, excessivement fins, étant 
unicellulaires, très nombreux; souvent 3 dans une distance 
égale au diamètre d'un gros vaisseau ; de couleur blanchâtre. 

Parenchyme 4 entourant les vaisseaux : de couleur blan- 
châtre. 

Parenchvme en lignes concentriques très minces, quatre 
fois plus larges environ que les ravons, nombreuses, 3 à 5 par 
mm., plutôt irrégulhièrement espacées. 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 11 


Il arrive souvent qu'un groupe radial de vaisseaux s'étend 
juste entre deux lignes du P b. 
Sectionradiale, — Vaisseaux bien distincts, da couleur brune. 
Rayons transparents, minces, visibles à peine à la loupe. 
- Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les ravons 
sont difficiles à voir même au microscope (X 10) et les lignes 
du Ph forment un dessin de couleur brune en forme de 


dentelle. 
Emploi. — Bois facile à travailler et assez solide pour les 


usages temporaires. 
Myrcia Mini Sw., n° 2322 B. 
Synonvme : Æugenia Mini Aubl. (non Mart. nm Willd.). 


Aublet, p. 493: Mini (Galibis); écorce cendrée, bois très dur, com- 


pact el jaunâtre. 
Myrcia sp., n° 2322 C. 
Sagot, p. 724: Goyavier, Bois goyave. 


Eugenia fragrans Willd., n° 2527 A. 
Synonyme: Æ. montana Aubl. 

Aublet, p. 495 : écorce cendrée, bois dur, compact, blanc. 
Eugenia Catinga Baill., n° 2327 B. 

Synonyme : Calingqa moschala Aubl. 


Aublet, p. 511: [va-catinga (Garipons). 


Eugenia sp., n° 2327 C. 


Sagot, p. 724: Govyavier, Bois govave. 


TRIBC IV. — LECYTHIDÉES 


Gustavia fastuosa Willd. {non Spr. ni Mart. ni Berg.), n° 
2330 A. 

Synonyme : Pirigara hexapetala Aubl. (Ne se trouve pas 
dans l’Index 


12 H. STONE 


Aublet, p. 490 : P. hexapetala, Pirigaramépé (Galibis); écorce rabo- 
teuse, roussâtre en dehors et foncée en dedans ; bois dur, jaunätre, 
d'une odeur cadavéreuse lorsqu'il est scié ou râpé. 


Sagot, XV, p. 198: Gusfavia sp. (Pirigara, Aublet). Bois puant ou 


pian (v. 6609 A.) 


Li] 


Gustavia tetrapetala Lin. (non dans l'Index), n° 2330 B. 
Le G. tetrapetala de Raensch égale le Grias Aubletiana ; et 
celui de Stokes égale Gustavia auqusta Lin. (non Ruiz). 


Lanessan, p. 146: Bois puant ou piant. 
Pulle : Gustavia augusta, Stinkhout, Watra mama bobbie, Aripawana. 
Rodriguès : G. augusta, Pa Geniparana,. 


Gustavia pterocarpa Poit., n° 23530 C. 


Sagot, p. 909 : Bois assez résistant. 


Couroupita quianensis Aubl. (non Hook), n° 2331. 
Synonyme : Lecythis bracteata Willd. 


Barrère, p. 92 : Kouroupitoutoumou, Boulet de canon, le Pekea fructu 
maximo globoso de Marcgraff. À 

Aublet, p. 708: Couroupitoutoumou, non le Pekea de Marcgraff; 
écorce épaisse gercée, raboteuse ; bois blanc, rougeàtre à l'intérieur, 
rarement employé, n'ayant pas une grande solidité. 

Lanessan, p. 147: Boulet de canon, Abricot de singe, Calebasse colin. 


Lecythis, n° 2333. 

Une grande confusion règne parmi les synonymes et aussi 
parmi les bois de ce genre. D'une part, quoiqu'on ait le maté- 
riel d’herbier voulu, la détermination est difficile : d'autre 
part, les bois sont tellement semblables quil est presque 
impossible, pour la plupart, de les distinguer. Le ZLecythis 
corrugala a été déterminé, d’après les feuilles et les fruits, 
par le D' Freeman ; Je men sers comme type pour la descrip- 
tion des Lecythis que je donne plus loin ; pour les autres 
espèces, Je donne seulement les différences. 

Je dois avouer ici que j'ai moi-même aidé à la confusion en 
donnant la description, sous le nom de Z. (Ollaria, d'un bois 
semblable, mais qui n’était pas de cette espèce. 


28 
5 SAT 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE +9 


À cause de toutes ces similitudes, les différences données 
dans la Clef sont souvent de peu de valeur. 

Noms vulgaires des Lecythis. 

Ceux du Z. corrugata : Kakeralli (Guyane Angl. ; Bell.). 
Mahot, Kakerally (Surinam ; Sagot). 

Ceux du Z. (Ollaria: Manbarklak (Berkhout). Cockeralli 
(Dalton). White Kakeralli (Hawtayne). Monkey-pot, Sapucaia- 
nut (Guy. Angl. ; MceTurk). Sapucaia-pilao (Prov. Rio Jan. : 
Miers). Barklak (Surinam), Olla de Mono (Boulger). Sapucaia 
grande (Corréa). Jacapucaya (Brésil; Peckolt). Quatélé (de 
Lanessan). Canari-macaque (Créole ; Sagot). Sapucaia-mirim, 
Lecythis minor de Jacq., Sapucaia castanha (da Gama). 
Cacaralli (Cat. Expos. Paris 1867). 

Ceux de Z. grandifiora: Cuyas de macaco (Amaz.; 
Wallace). Canari-macaca, Paé macaco (Brésil ; Miers), Sapu- 
cala, Monkey-pot (Obreen). Quatélé à grandes fleurs, Canari- 
makaque (Galibis\, Marmite de singe (Guyane; Aublet). 
Wadaduri (Guy. Angl.; MceTurk). | 

Celui de ZL. longipes : Manbarklat (Pulle). 


Lecythis (Chytroma) corrugata Poir, n° 2333 A. 

Synonyme : ÆÉschweilera corrugata Miers. 

Caractères généraux. — Bois dur et lourd, de couleur 
rougeätre ou brun grisâtre. ; grain fin, uni et dense. Surface 
un peu luisante, fonçant légèrement à l'air, froide au toucher. 
D'après da Gama, de couleur jaunâtre, devenant blanchâtre 
avec le temps. 

Caractères physiques. — Densité, de 0, 852 à 0,992 : dureté, 
celle du Bois de Lance. D’après Da Gama, il devient plus 
dur avec le temps. Odeur un peu spéciale lorsqu'il est tra- 
vaillé. Sans saveur. Solution aqueuse, brune, Le bois brûle 
bien, sans arome spécial ; il est extrêmement résistant et diffi- 
cile à rompre ; la fracture est fibreuse comme celle d'une canne 
ou d'un bâton vert. Il se fend droit et facilement à la hâche. 

Caractères de l'écorce. — De couleur gris clair, d'après 
Berkhout. Le liber est long et filandreux comme celui du 
Tilleul. La surface de la bûche est cannelée çà et la. 


14 II. STONE 


Structure du bois. — L aubier est brun clair, bien délimité 


du cœur, mais pas brusquement ; de 3 em. 5 à # em. environ. 


d'épaisseur. D’après Da Gama, un pouce d'épaisseur. 

Structure du hais. — Section transversale. Couches dou- 
teuses ; les zones plus denses, où les lignes du parenchyme 
sont plus serrées, pourraient en être les limites. 

Vaisseaux très apparents, grands, de 0 mm.25 de diamètre, en 
groupes irrégtilièrement subdivisés de 2 à 22 (plus de 10 pour 
la plupart), qui ont l'aspect curieux de bulles de savon. Les 
groupes sont parfois, en apparence, unis radialement. Les 
vaisseaux sont de couleur claire, et de forme ovale lorsqu'ils 
sont simples : leur contenu est rouge. 

Ravons visibles à la loupe, fins, de 0 min. 06 environ de 
largeur, uniformes. plutôt irréguliers, à intervalles moindres 


que le diamètre d'un gros vaisseau, et s'écartant au niveau 


de ces vaisseaux. Les rayons sont courbés très irrégulièrement, 
plus clurs et plus denses que les fibres hgneuses. 

Parenchyme très abondant ; «a entoure les vaisseaux, et b se 
présente (caractère important) en fines lignes innombrables, 
concentriques, continues, ondulées, un peu plusilarges que 
les rayons, mais de même couleur, formant avec ceux-ci un 
filet assez régulier ; ces hignes sont de 7 à 11 par mm. Leur 
contour est régulièrement créné; grosses cellules. 

Taches médullaires çà et là, causées parles larves d'insectes, 
remplies de cal ; ces taches sont linéaires et de la couleur des 
rayons. | 

Section radiale. — Vaisseaux gros, mais peu apparents. 
Rayons très petits, cristallins. Le parenchyme se présente en 
fines lignes nombreuses, striées, obscures, mais bien carac- 
téristiques. | 

Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les rayons 
ne sont visibles qu'a la loupe. Ils montrent parfois, sur du 
bois foncé humecté, des perles minuscules de résine rouge. 

Emplois.— Bon pour constructions, embarcadères, écluses ; 
réputé comme. résislant aux tarels et aux analfes; plus 
durable que le Cœur Vert (MeTurk). 

Berkhout indique que. d'après les recherches faites en 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 15 

Hollande, ce bois ne résisterait pas aux tarets, mais 1l ne 
considère pas ces expériences comme définitives. Je suppose 
qu'il y a eu confusion entre les espèces. 

Assez abondant ; peut être obtenu de 11 à 13 m. sur 30 cm. 
d'équarissage (Bell). 

Dur à travailler, ne prend pas les clous ; c'est un des plus 
forts bois que je connaisse. Il devrait être employé pour rais 
de roues d'automobiles. 


Ech. types : 45, 2701 Bell; 0180 Imp. Instit.; 2633 Berkhout. 

Icones. Stone, T.of C., pl. IX, fig. 73, servant pour toutes les espèces 
de Lecythis, excepté pour celles qui ont de longs groupes de vaisseaux. 
Icones lignorum, pl. LXV, fig. 3 en couleur. 

Références, Berkhout, p. 28 ; Bell, p.10; Hawlavne, pp. 385, 386, 387; 


Stone et Fr., p.91; Sagot, p. 909; Id., Catal., XX, p. 203; Da Gama, 1865, 
p. 70; Id., 1867, p. 175; McFurk, p. 22, Calal. Exposition de Paris 1867, 
p. 15. 


Lecythis Ollaria Lin., n° 2333 B. (non da Gama, ni Spr. ni 
Vell. 

Synonymes: L. minor Aubl.: d'après Rodriguës, L. Pisonis 
Cabm. 

Je n'ai pas beaucoup de conliance dans la détermination 
des nombreux échantillons que jai déja vus. Je donne la 
description suivante d'après l'échantillon n° #1, Sapucaia, du 
Bureau de Renseignements du Brésil à Paris et d'après le 
n° 341, série 11, Lyon. 

Caractères généraux. — Bois dur, très lourd, de couleur 
brun noisette uniforme ; grain très fin : surface froide au tou- 
cher. Les coupes longitudinales sont mates, mais la coupe 
lransversale est légèrement luisante. 

Caractères physiques. — Densité, 1,100 : dureté, celle du 
Cœur Vert, Odeur de cuir lorsqu'il est humecté., et nulle à sec. 
Sans saveur, Solutions incolores. D'après Berkhout: force, 
1.700, ou 7,61 si le Pin égale F. 

Caractères de l'écorce, — D'après da Gama, p. 170: Pro- 
fondément crevassée avec des côtes droites ou plus ou moins 
sinueuses : très mince. Elle est délimitée par une couche 


16 H. STONE 


légèrement’ bleuätre, appartenant au lhber. Cette couche 
fournit une matière colorante pour le coton. 

Structure du bois. — Comme celle de l'espèce précédente, 
mais elle présente une particularité que je n'avais Jamais 
encore observée dans mes études sur les autres bois. Les 
vaisseaux sont toujours par groupes de 2 à 3: ces groupes 
sont subdivisés, linéaires, droits comme des traits clairs 
pareils aux autres espèces, mais ils sont tellement serrés, 
dans la zone intérieure de la couche, qu'ils forment un « anneau 
de groupes en palissade ». 

Aubier blanc brunâtre, bien délimité du cœur, mais non 
brusquement. D'après da Gama, le centre de l'arbre pourrit 
ordinairement et devient creux, en donnant asile à une espèce 
d'abeille très petite. 

Emplois. — Employé pour constructions, charpente, 
menuiserie, traverses de chemin de fer, au Brésil (Silva). 
Pour quilles (da Gama). | 

Il pourrait servir pour les mêmes usages que ceux du 
Kakeralli. I est parfois atteint de gommose. L'écorce fournit 


le Winna fibre (Cat. Expos. Paris 1867). : hi 


Lecythis grandiflora Aubl., n° 2353 C. 
Aublet,p:142: 


Cette espèce pourrait bien être le Black Kakeralh de 
Hawtayne, p. 285, et le Maho noir de Dumonteil (v. 2533 L). 


Lecythis sp., n° 2333 D (voisin de ZL. lacunosa Miers, 
d'après le D' Freeman. Je crois que ce bois est celui que j'ai 
cité T. of C., p. 136, sous le nom de ZL. grandiflora. 

Caractères généraux. — Bois dur et lourd, de couleur 
rouge orangé clair; grain gros, mais uni et dense; surface 
moins froide au toucher que celle du n° 2333 A : elle est un 
peu luisante, fonçant légèrement à l'air, et prend comme un 
polissage naturel au fil des outils. Les copeaux sont poisseux 
et conservent la forme qu'on leur donne en les comprimant à 
la main. Ce bois serait peut-être le Maho rouge de Dumonteil, 
n22999 VI, | 


> 700 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 17 


Caractères physiques.— Densité, de 0,852 à 1,184: dureté, 
celle du Bois de Lance. Odeur, à sec, nulle ; saveur légère, 
même nulle. Solutions incolores. Le bois brüle bien, avec un 
arome. de colophane ; il est très résistant, mais se fend faci- 
lement à la hache. 

Caractères de l'écorce. — Epaisse de 3 à 15 mm., tres 
rugueuse, profondément gercée longitudinalement, tombant 
en plaques stratifiées et très résistantes, qu'on peut séparer 
facilement. Dans les coupes, deux couches sont bien délimitées 
à la loupe ; la couche interne est molle et ressemble au liber. 
La surface de la bûche est finement striée. 

Structure du bois. — Comme celle du n° 2333 A, à part 
les différences suivantes, qui n’ont pas cependant grande 
valeur spécifique. 

L'aubier n'est épais que de 6 mm. environ, plus clair et 
plus blanchätre que le cœur. 

Section transversale. — Les rayons sont plus nombreux, 
de 13 à 20 par mm. Les lignes du Ph sont un peu plus larges 
que les rayons. 

Section radiale. — Vaisseaux difficilement visibles, légè- 
rement plus clairs que le fond, blanchâtres et remplis de 
thylles. 

Section tangentielle.— Les couches se présentent en lacets 
obscurs. angulaires, blanchâtres, donnant à la coupe une 
nuance laiteuse. 

Emplois. — Bon pour tour, meubles et merrains (MeTurk). 
Peut être obtenu jusqu'a 70 em. d'équarrissage (Bell). De 
très grande résistance transversale. 


Ech. types: 90, 2746 Bell ; 0186 Imp. Instil. 


Lecythis longipes Poit. (Miers) n° 2333 E. 

Synonyme : Æschweilera longipes Miers. 

Les détails suivants sont tirés de la description de Marlin- 
Lavigne, p. 130, fig. 55 et 56. 

Caractères généraur. — Bois dur et lourd, légèrement 
roux, non différencié et à grains plutôt gros et fibreux. La 
coupe transversale est roussâtre. 


18 H. STONE 


Caractères physiques. — Densité, 0,947; dureté, celle du 
Châtaignier: se laisse raver facilement par l'ongle. Solution 
aqueuse, couleur acajou clair: solution alcoolique jaune 
citron, qui se trouble légèrement par addition d'eau et mousse 
abondamment. Il brüle avec une légère fumée, en donnant 
une flamme clair. 

Caractères de l'écorce. — Epaisse de 3 mm. environ, adhé- 
rente, fibreuse, assez compacte, lisse, d’une couleur blan- 
châtre extérieurement ; cassure de couleur jaune brun: stra- 
tification régulière, partagée par des rayons. Dans les régions 
externes, 1l se forme des péridermes qui exfolient la partie 
externe du liber ; liège peu épais. 

Structure du bois. — Section transversale. Couches déli- 
mitées par d’étroites bandes concentriques de tissu légèrement 
plus clair (très peu marquées, voir le schéma). 

Vaisseaux en gros points blancs isolés ou en séries radiales 
de 2 à 3; de 120 à 250 microns de diamètre, le plus souvent 
isolés, quelquefois par groupes de 2, rarement de 3. Ils sont 
de 3 à 6 par mmq. | 

Ravons de grandes dimensions, d’une rangée de cellules, 
le plus souvent unisériés, rarement bisériés (v. schéma). Ils 
sont de 10 à 14% par mmq., el écartés de 100 à 150 microns 
environ. 

Parenchyme en très fines lignes concentriques, parallèles, 
de 20 à 30 microns de largeur. Ces lignes forment avec les 
rayons de petits rectangles. 

Section radiale. —— Cette section est sillonnée de grosses 
lignes brunes, résineuses. Ravons peu marqués, ne modifiant 
pas l'aspect de la coupe: de 200 à 1.200 microns de hauteur, 


sur 15 à 30 de largeur. 


Lecythis parviflora Aubl. et Sagot, n° 2333 F. 
D’après l'Index Kew., les deux seraient de bonnes espèces, 


car 1ls sont imprimés en caractères romains. 


Aublet, p. 717: Quatélé à petites fleur jaune. Petite marmite de 


singe. 
Sagol, p. 909 : Mahot lerme gén.) ; Kokeralli (Surinam. 


Re 
É 
? + 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 19 
Lecythis Idatimon Aubl., n° 2533 G. 


Aublet, p. 721 : Idatimon (Galihis). Quatélé idatimon, 


Lecythis Zabucayo Aubl. (non Hook), n° 2333 H. 


Aublet, p. 718 : Quatélé zabucaie, Canari macaque, Marmite de singe, 
Zabucayo et Jaeapucayo (Piso,. Ecorce gercée, raboteuse ; bois blanc, 
rougeàtre au centre. L'écorce sert à faire des bretelles et à lier des 
fardeaux. 


Lecythis sp., n° 23533 I. Houbooballi (Imp. Institut). 

Dans mon T. of C., p. 98, J'avais confondu ce bois avec 
l'Hoobooball de Bell et le Cassie d’Aublet : mais aujourd'hui 
j'airéussi à distinguer nettement les trois variétés (v. t. 1984). 

Caractères généraux. — Bois dur et lourd, de couleur 
brun blanchâtre, en coupe transversale, présentant des lignes 
brunâtres et noirâtres ondulées. Surface luisanté, fonçant 
légèrement à l'air ; grain moyen et ouvert. 

Caractères physiques. — Densité, 0,891; dureté, celle du 
Bois de Lance. Odeur nulle ; saveur astringente. Solutions de 
‘couleur brun rouge clair. Le bois brüle bien, en laissant, à 
l’état de cendres, une sorte de squelette du parenchyme. 

La surface de la bûche est striée. 

Structure du bois. — Comme celle du n° 2333 A, à part 
les différence suivantes : 

L'aubier est épais de 2 à 5 em. environ, blanc, bien déli- 
mité du cœur. 

Section (transversale. — Couches non délimitées, Les zones 
noirâtres ne suivent pas les couches. 

Vaisseaux par groupes, pouvant se composer de 33 vaisseaux. 
Ces groupes sont disposés radialement, parfois en double 
rangée. Les vaisseaux sont peu nombreux; ils peuvent 
atteindre le nombre de 38 par mm q., mais il y a des espaces 
vides de plus de 1 mm. q. 

Le parenchyme se présente en cellules (rès grosses, de 
couleur brunâtre, pareille à celle des rayons. 

Section radiale. — Ce bois se distingue de ceux de tous les 


20 H. STONE 


Lecythis par ses raies noirâtres. Parenchyme visible en fines 


ol 


lignes blanches. 
Section tangentielle. — Bien différente de la radiale à cause 


des raies noirâtres qui perdent leur caractère. 
Emplois. — Bon pour l’ébénisterie ; bois de bonne qualité, 


prenant un très beau polissage. 


Ech. type : 0.408. Imp. Institute. 
Références. Stone, T. of. C.,p.88,pl. VIT; fig. 55. lignorum, 
pl. LXIV, fig. 7. Houbou. Pourrait être cette espèce, mais n'est sûrement 


pas le n° 1984. 


Maho noir, n° 2333 K. 


Dumonteil, p. 152. Densité, 0,926; force, 27à; élast., 178, p. 160. 
Classe 1 (v. 2333 C). 


Maho rouge, n° 2333 L. 


Dumonteil, loc. cit. Densité, 1,126; force, 262 ; élast., 169. Classe 2 (v. 
2333 D). 


Les deux bois précédents peuvent bien être des espèces de 
Lecythis, mais leur force ne me paraît pas assez élevée ; elle 
devrait, à mon avis, dépasser celle du Balata, qui, dans la° 
liste de Dumonteil, est de 352. 


Marciballi (Bell), n° 2333 M. 

Ce n'est pas le Marsiballi se rapportant à l'Ébène Verte de 
Da Gama. L'échantillon de Bell n’est pas déterminé, mais sa 
structure se rapproche de celle des Lecythis. 

Caractères généraux. — Bois dur et lourd, de couleur 
brun noisette uniforme, Surface presque mate, fonçant 
légèrement à l'air. La nuance de la coupe transversale est 
plus foncée que celle des autres sections. 


Caractères physiques. — Densité, 0,985 ; dureté, celle du 
Buis. Sans odeur ni saveur. 
Caractères de l'écorce. — Comme celle du Faux-Platane : 


formée de deux couches, l'interne, qui est brune avec des 
fibres très rudes, et l’externe, qui est dure et ligneuse, et la 
plus épaisse des deux. La surface de la bûche est striée. 


LAS … vi À 


" 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 21 


Structure du bois. — Comme celle du n° 2333 A, à part 
les différences suivantes. 

L'aubier n'est pas différent du cœur. 

Section transversale. — Vaisseaux ordinairement visibles à 
cause de leur couleur claire ; ils sont presque tous simples. 

Les rayons sont à peine visibles à l'œil nu. 

Section radiale. — Rayons petits, mais bien visibles, plus 
clairs que le fond. 

Emplois. — De longue durée; n'est pas attaqué par les 
insectes. Peut être obtenu facilement jusqu'a 13 m. sur 22 à 
30 cm. d'équarrissage (Bell). Si sa résistance aux intempéries 
est hors de doute, il serait bon pour pavage et pour traverses 
de chemin de fer. 


A 


Ech. type : 64, 2720 Bell. 
Références : Stone et Fr., p. 64; Bell p.8. 


Clef pour les espèces de Lecythis et autres bois semblables. 


A,  Parenchyme b en lignes concentriques irrégulières, 
tant en largeur que suivant le contour, qui est 
grossièrement crénelé et ondulé. ÆXautaballi 
2008 E. 

B.  Parenchyme h en lignes concentriques parfaitement 
régulières, tant en largeur que suivant le contour, 
qui est ondulé ou irrégulier. 

1. Couleur du bois blanchâtre, traversée de raies noi- 
ratres à ondulations bizarres. Hoobooballi 2333 7. 
2. Couleur uniforme. Les vaisseaux peuvent être soit 
simples, soit par groupes, subdivisés et radiaux, 

en palissade, soit isolés. 


2.1. Vaisseaux presque toussimples. Warciballi 2333 M. 
2.2. Vaisseaux se présentant, sur la coupe transversale, 
en anneau de groupes radiaux très serrés, dispo- 
sés en palissade. Lecylhis sp., 2333 B. 
2.3. Vaisseaux en groupes radiaux isolés. 
2.3.1. Rarement plus de 3 vaisseaux par groupes. 


2.3.1.1. Les groupes sont disposés en lignes obliques. 


22 | H. STONE 


Surface du bois brillante ef satinée. Chætocarpus 
6938. 
.2. Les groupes ne sont pas en lignes obliques. Sur- 
face peu luisante. Lecythis longipes 2333 E. 
2.3.2, Souvent 10 vaisseaux par groupes, et parfois 


jusqu à 28. 


1 
Lo 
) 


2.3.2.1. Vaisseaux très apparents en coupe radiale. L. cor- 
rugala 2333 À. 
2.3.2.2. Vaisseaux peu apparents en coupe radiale. L. sp. 


2339 D. 


Couratari n° 2335, 

Je crois que nous sommes ici en présence de trois bois, 
sinon quatre : 

1° Barrère cite une liane sous ce nom. Préfontaine cite un 
bois propre à faire des cercles de barriques, et qui me paraît 
être le même que celui de Barrère. Sagot cite encore l’Ingi- 
pipa ; et comme ce nom, dans le dialecte des Galibis, signifie 
« barrique », 1l est à supposer que c'est le même que les 
précédents. JL 

2° Il ya le Couratari à bois rouge d’Aublet, qui est proba- 
blement le Maho Couratari de Dumonteil et de la Comm. de 
Brest. 

3° Le Couratari de Dumonteil. 

Dumonteil considère son Couratari comme une espèce à 
part. Ses bois de Maho rouge et Maho noir sont probablement 
des espèces de Lecythis (v. 2333 k. et L.). 


Sagot confond Courimari avec Couratari (v. partie I). 


Couratari guianensis Aubl., n° 2335 A. 
Synonyme : Lecythis Couratari Spr. 


Barrère, p. 15: Kouratarv, Malpighia asperrima ; feuilles très rudes 
servant pour polissage. Il produit un bon lannage. , 

Préfontaine, p. 171: Couratari, une très grosse liane ; Balalaboué, 
Caouroubara (Caraïbes) ; bon pour cercles de barrique. Le bois se fend 
par quartiers. (Est-ce bien cette espèce ?) 

Aublet, p. 724: Couralari, Balata blanc, Maou (nègres); écorce exté- 
rieure gercée, l'interne se composant de plusieurs plaques très minces 


LEA 


/ BOIS UTILES DE LA GUYANE. FRANCAISE 24 


qui se détachent. En se desséchant elles deviennent de couleur can- 
nelle ; bois blanchâtre, rouge vers le centre. 

Sagot, 1869, p. 909 : C. quianensis, Ingipipa (Surinam) ; bois médiocre, 
blanc et à peine demi-dur, tout au moins dans les arbres jeunes. 

Dumonteil, p. 152: Couratari : densité, 1,054 ; force, 318; élast., 210. 
Maho Couratari : densité, 1,091 ; force, 249 ; élast., 118. Classe [, plus 
lourd que le Chêne. 

Commission de Brest, p. 188: Maho Couratari ; essais sur les échan- 
tillons de Dumonteil, Conservés à couvert : force de 730 à 800, ou 1,1# à 
1,18 si le Chène égale 1 ; élast., de 40 à 42. Conservés à découvert : force 
de 830 à 880, ou 1,10 si le Chêne égale 1; élast., de 43 à 47. Bois supé- 
rieur enapparence à ceux de la classe.2, mais jugé moins favorablement, 
à cause du peu de consistance de sa résine, qui l’abandonne facilement 
en laissant les fibres sans appui et sans adhérence, ce qui doit provo- 
quer une prompte détérioration. Un dixième plus fort que le Chêne, 
presque un cinquième plus lourd: moins élastique; de couleur rousse 
plus rouge que l'Angélique; grain fin; le bois paraît avoir du nerf, 
Toutes les crevasses sont remplies de gomme noirâtre, avec laquelle on 
peut écrire en rouge comme avec la sanguine. Le même, p. 163: cette 
gomme peut remplacer le crayon rouge. 


Je ne suis pas de l’avis de la Comm. de Brest au sujet de 
la détérioration provoquée par le manque de résine, car on 
sait depuis longtemps que beaucoup de bois sont plus résis- 
tants à la pourriture lorsqu'ils sont débarrassés de cette subs- 
tance (v, Genipa 3185 À et Grignon 2249). Ensuite les chiffres 
donnés par la Commission même démontrent que la force et 
l'élasticité du bois ont augmenté lorsqu'il était conservé à 
découvert ; et, dans ce cas, la gomme disparaît par suite des 
intempéries. 


Lanessan, p. 1#7: Couratari, Mahot Couratari; de grandes dimen- 
sions ; bois blanc, demi-dur, de qualité médiocre, mais devenant assez 
dur en vieillissant ; densité, 1,054. 


On voit que l’auteur a mélangé les deux espèces que Dumon- 
teil a traitées séparément. 


Jeanneney, ms.: Clous de Jésus-Christ (Guyane). 

Martin-Lavigne, p. 125: Figures, et une description dans laquelle je 
puise les indications suivantes, Je ne connais pas de bois, mais la struc- 
ture indiquée est celle du genre Lecythis, L'échantillon consistait seu- 
lement en aubier, 


© 
= 


H. STONE 


Caractères généraux. — Bois assez lourd, compact et homo- 
sène, de couleur blanche légèrement jJaunâtre. 

Caractères physiques. — Densité, 0,886 ; dureté, celle du 
Hêtre ; le bois se laisse facilement rayer par l’ongle. Odeur 
nulle. Solutions aqueuse et alcoolique peu colorées, avec légère 
odeur de tan. Il brûle avec peu de fumée, donnant une 
flamme vive et répandant une odeur désagréable. 

Caractères de l'écorce. — Adhérente au bois, d'une épais- 
seur très minime, gercée extérieusement et stratifiée intérieu- 
rement. À l'extérieur, la couleur est rougeâtre; en section,’ 
brun rougeûtre : le liège externe est peu développé. 

Structure du bois. — Section transversale. Couches à peine 
délimitées, ou l'étant en apparence seulement, à cause du 
grand nombre de vaisseaux, qui forment des lignes plus claires, 
espacées environ de 3 mm. 

Vaisseaux visibles comme de petits points blancs ; le plus 
souvent isolés, quelquefois par groupes de 2, rarement davan- 
tage ; peu nombreux de 2 à # par mm. q. : diamètre de 100 à 
180 microns. | 

Rayons visibles, de 5 à 6 par mm., à intervalles de 100. à 
150 microns. | 

Parenchyvme visible, en assises concentriques unisériées, qui 
alternent avec des bandes de tissus fibreux de 150 microns de 
largeur environ, ce qui lui donne un aspect particulier, en 
forme de petits rectangles limités par les rayons. 

_ Section radiale. — Cette section est sillonnée par les vais- 
seaux ; plus brillante que la section tangentielle: on y dis- 
tingue assez nettement des lignes longitudinales, tantôt claires, 
tantôt foncées, qui alternent entre elles et qui représentent les 
couches, La section est parsemée de fines mouchetures blanches, 
dues au tissu parenchymateux. 

Section tangentielle. — Hauteur des ravons de 150 à 500 
microns sur 2 rangées de cellules de largeur, rarement de 3. 


Grias sp., n° 2337. 

Warananaballi (Bell), non Waranana (v. 6201 K). Le genre 
de cet échantillon a été déterminé par le D" Freeman, qui a 
constaté que ce n'était pas le Grias Aubletiana. 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 25 


Caractères généraux. — Bois plutôt lourd et SS de cou- 
leur rougeâtre ou brun sale uniforme. Surface brillante. 

Caractères physiques. — Densité, 0,703 : dureté, celle de 
l'Erable. Odeur nulle. Légère saveur du Cèdre (pour boîtes à 
cigares). 

Caractères de l'écorce. — Épaisse environ de 2 à 3 mm., 


ressemblant à une peau lisse, fibreuse à l’intérieur : de couleur 
rouge vif. La surface de la büche est finement striée. 


Structure du bois. — L'aubier passe graduellement à l'état 
de cœur, mais 1l est un peu plus clair et plus rouge que ce 
dernier. 

Section transversale. — Couches non délimitées. 


Vaisseaux à peine visibles comme des piqüres, quelque peu 
variables ; la plupart simples, beaucoup par paires, et plus rare- 
ment par groupes de 3 à 4. Les parois sont orientées 1rrégu- 
lièrement. Les groupes sont régulièrement distribués, mais ont 
une forte tendance à se disposer en lignes obliques. 

Rayons visibles à la loupe, uniformes, ondulés, nombreux 
et très serrés, irréguliers, à intervalles beaucoup plus grands 
que le diamètre d'un gros vaisseau, et s’écartant fortement 
au niveau de ces vaisseaux. 

Parenchyme en cellules dispersées sans ordre. 

Section radiale. — Les vaisseaux occupent environ le quart 
de la surface. Rayons peu apparents, rougeûtres. 

Section fangentielle. — Comme la radiale, mais plus bril- 
lante. Les rayons sont visibles à la loupe et paraissent au 
microscope remplis de gomme rouge vif. Hauteur de 1 à 
2 mm. 

Emplois. — Bon bois, facile à travailler: doit être très 
utile dans la colonie. 


Ech, type : 94, 2750. Bell. 
Référence : Stone et Fr., p. 96. 


26 H. STONE 


FAMILLE LXXVI. -- MÉLASTOMACÉES 


TRIBU X. — MICONIÉES 


Miconia (lothergillia) mirabilis Aubl., n° 2462. 
Le genre Miconia égale le Fothergillia et le Tamonea d'Au- 
blet. 


Aublet, p. ##1 : Écorce grise; bois blane cassant. 

.. Je me demande si ce n'est pas le Bois gaulette Miconia de 
Sagot. 

Clidemia dependens D. Don, n° 2470. 


Synonyme: Melastoma spicata Aubl. 
Aublet, p. #23 : Arbrisseau. 


Bellucia Aubletii Naud. (non Seem), n° 2472. 
Synonyme: Blakea quinquenervis Aubl. 


Aublet, p. 525: Mèle, Corme, Écorce lisse, bois récent, blanc, et 
devenant roussàätre en se desséchant ; dur. 

Sagot, p. 910 : Bois Mêle. 

Catalogue Exposition de Paris, 1867, p. 24: Mess-apple bark (écorce). 


Loreya arborescens DC., n° 2473. 
Synonyme : WMelastoma arhorescens Aubl. 


Aublet, p. 420 : Mêle (fruit  ; écorce des arcabas cendrée, lisse ; écorce 
du tronc cendrée légèrement roussâtre, inégale, gercée. Bois blanchâtre, 
compact et devenant roussàtre avec le temps. 


Henriettella flavescens Triana, n° 2475. 
Synonyme: Melastoma flavescens Aubl. 


Aublet, p. 423: Bois blanc, très dur. 


Je me demande si ce n'est pas le Bois gaulette Henrietta 


de Sagot, p. 910. 


LS 
on 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 


TRIBU XII. — MÉMÉCYLÉES 

Mouriria guianensis Poir. (non Miq. ni Sagot), n° 2484 A. 

Aublet, p. 453 : Mouriricheira (Galibis) ; écorce grisätre ; bois blan- 
châtre, dur et compact. 

Huber, p. 197. Murta : Urury (Amazone). Goyabarana (Para). 

Mouriria Sideroxylon Sagot, n° 2484 B. 

Sagot, Catal., XV, p. 335: Petit arbre assez abondant, bois très dur. 

Mouriria sp., n° 2484 C. 

Sagot, p. 909: Diverses espèces; bois brun ou rouge excessivement 
dur et très sain; sans aubier, On prétend dans la colonie qu'il ne se 


conserve pas aussi longtemps que sa dureté et son poids pourraient le 
faire supposer. Le même, p. 929: Mouriria, Bois de fer. 


FAMILLE LXXIX. — SAMYDACÉES 


TRIBU I. — CASÉARIÉES 


Casearia dentata Moc., n° 2543. 
Synonyme : Piparea dentala Aubl. 


Aublet, Suppl., p. 37 : écorce roussätre, ridée, chagrinée, âpre au 
toucher; bois dur, compact, blanchâtre. 
LA 


TRIBU IL — BANARÉES 


Banara guianensis Aubl., n° 2548. 


Aublet, p. 548: Ecorce grisätre; bois blanchâtre, peu compact. 
Huber, p. 210: Lacre branco (terme gén., Para). 


TRIBU IV. — HOMALIÉES 


Homalium Napimoga Spr.. n° 2559, 


Synonyme: VNapimoqa quianensis Aubl. 


28 H: STONE 


Aublet, p. 592 : Napimogal (Galibis) ; écorce roussâtre, ridée, gercée, 
bois blanchâtre, peu compact. 


FAMILLE LXXXIL = PASSIFLORACÉES 
TRIBU V. — PAPAYACÉES 


Carica spinosa Aubl., n° 2605. 
Aublet, p. 908 : Papayer sauvage (nègres); écorce rougeâtre, mince, 


lisse, couverte d’épines; bois blanc spongieux, rempli d’un suc blan- 
châtre et âcre qui cause sur la peau une inflammation érysipélateuse. 


FAMILLE: LXXXIX. "ARALIACEES 
SÉRIE III — PANACÉES 


Didymopanax Morototoni Aubl., n° 2941. 


Synonyme: Panar Morototoni Decne. 


Barrère, p. 61: Arbre de Saint-Jean, May; bois blanc ; Jacaranda 
polyphylla brasiliensibus de Marcg. ; bois léger; pour chèvres, grues, 
échelles. . 

Sagot, p. 924: Bois de Saint-Jean. 

Niederlein cite p. + un Saint-Jean, Coccoloba sp. (v. 6091 D). 

Huber, p. 198: Morototo (Amazone), bois blanc, très léger. Il est 
vendu parfois comme le Simaruba. 


FAMILLE XCIIL — RUBIACÉÉS 
TRIBU XS-= GARDENIÉES 


Genipa americana Lin., n° 3183 A. 
Noms vulgaires: Genipat (Dalechamp): Genipa (Guyane 


Lis au ge 
4x 

27 

' 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 29 


Française ; Préfontaine). Lana (Aiïken), Bois de fer (Fenille). 
Nandipé, Nandipé guazu (Brésil ; Endlicher). Genipapeiro 
(Br. ; Silva). Genipo (Guyane : Bassières). Nandipa, Genipa- 
paba (Br. ; Rodriguës). Genipapo-da-matta ou roxo (Bahia) : 
Hagna, Jagna (Argentine) : Janipha, Junipa, Genipayer (An- 
ülles ; Urban). Xagna (Caraïbes, Antilles ; Descourtilz). Tapoe- 
riba (Surinam ; Pulle,. Le Janipaba de Pison (Barrère). 

Ce n’est pas le Lanabally (v. partie Il), ni le Paé Genipa- 
rana (v. 2330 B;. 

L’échantillon n'est pas déterminé, mais je le crois bien de 
cette espèce. 

Caractères généraux. — Bois plutôt dur, lourd, de couleur 
rougeâtre ou blanc grisätre. Blanc, d’après Rodriguès : gris 
perle, d’après Fenille; jaune clair, d'après Pereira ; gris jau- 
nâtre et ayant quelques rapports avec le Hêtre, d'après la 
Comm. de Brest. Le Catalogue des Bois de la République 
Argentine le décrit comme violet foncé. Toutes ces couleurs 
ne concordent guère. Surface mate; grain fin et droit. La 
nuance de la coupe transversale est légèrement plus foncée 
que celle des autres sections. 

Caractères physiques. — Densité, de 0,670 à 0,850 (Pe- 
reira) ; dureté, celle du Teck. Sans odeur ni saveur. Solutions 
incolores. 

Commissions de Brest. Essais sur des échantillons con- 
servés de la même manière que ceux de Dumonteil, quoique 
je ne trouve pas le (renipa dans sa liste. Conservé à couvert : 
force, de 610 à 860, ou de 1,12 à 1,13 si le Chène évale 1 : 
élasticité, de 25 à 40. Conservé à découvert : force, de 780 à 
860, ou 1,06 s1 le Chène égale 1 ; élast., de 35 à 50. Un autre 
échantillon : force, de 720 à 810,ou 1,11 s1 le Chêne égale 1 : 
élast., de 20 à 30, Extrêmement élastique: la déchirure des 
fibres est assez longue. Les cabrions se cassent après un long 
avertissement. Sa flexibilité est très élevée. 

.Je tiens à faire remarquer encore 1e1 que les pièces con- 
servées à découvert donnent le meilleur résultat. 

Caractères de l'écorce. — De couleur gris foncé; de #4 à 
6 mm. d'épaisseur, d'après le Catalogue de la Rép. Argen- 


30 H. STONE 


üne. Semblable à celle du Hêtre, d'après la Comm. de Brest. 
Grise, massive et épaisse d’un pouce, d’après Du Tertre, 
Aubier blanc, d’après le Catal. de la Rép. Argentine. Une 
petite couche, d'après Pereira. 

Structure du bois. — Section transversale. Couches non 
délimitées. Elles le sont en apparence à l'œil nu ; mais, à la 
loupe, les limites deviennent vagues : contour bien arrondi, 

Vaisseaux à peine visibles lorsqu'ils sont humectés; peu 
variables, moyens ; distribués régulièrement et fortement 1so- 
lés : blancs. 

Rayons à peine visibles, mais très apparents à la loupe : 
fins, uniformes, presque équidistants, à intervalles d'une dis- 
tance égale au diamètre d’un gros vaisseau environ ; moins 
denses que les fibres ligneuses. Ils sont blancs et très effilés 
aux extrémités. 

Parenchyme à visible à la loupe, entourant étroitement les 
vaisseaux. PA difficile à voir, même à la loupe, se présentant 
en lignes extrèmement fines ; on dirait plutôt des traits tangen- 
üels, de rayon en rayon. 

Section radiale. — Couches non délinitées, -rmais indi- 
quées parfois par des lignes vagues. Vaisseaux très fins. 
Ravons très petits, luisants, visibles sur une surface coupée, 
qui n'a pas été rendue lisse par le papier de verre, 

Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les couches 
sont assez apparentes en lignes et lacets. Rayons visibles au 
microscope seulement. 

Emplois. — Bon pour construction, menuiserie, traverses 
de chemin de fer (Brésil, Silva). Instruments agricoles et in- 
dustriels ; d'une grande flexibilité et élasticité (Pereira). 
Crosses de fusils, formes de cordonnier, cylindres de moulins 
à sucre (Rod.). Filières de cafés : mais les fourmis le détruisent 
en peu de temps (Préfontaine). Brancards (Fenille). Il se tra- 
vaille bien au rabot, au ciseau et au tour, se sculpte aussi bien 
que le Tilleul, quoique plus dur (Commission de Brest). 


Ech. type: N°18, Bureau de Renseignements du Brésil: n° 315, série 
IT, Lvon; no 3026, Aiken. ; 
Références : Rodriguès, 1895, p. 29; le mème, 1881, p. 158 ; Pareira, 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 31 
p. 112; Silva, ms. ; République Argentine, p. 20; Descourtilz, Il, p. SA ; 
Endliger, cité par Engler, p.42; Fenille, p. 289; Comm. de Brest, 1826, 
Il, partie 2, p. 168; Préfontaine, p. 175; Dalechamp, p. 724. 
Icones lignorum : Fig. 1; pl. XXX, « Genipa ». La fig. 5, pl. LXI, 
porte la description suivante : « Lanahout ; les nègres se teignent avec 
le fruit de cet arbre. » 


Ce fait est bien réel au sujet du Genipa, mais la figure 5 
concorde mieux avec notre Lanaballi, (Voir partie III, n° 35.) 


TRIBU XXI. — PSYCHOTRIÉES 


Psychotria parviflora Willd. (non Span), n° 3285. 

Synonyme : Simira lincloria Aubl. 

Aublet, p. 171: Simira {Galibis); écorce épaisse roussätre. L'écorce 
trempée dans l’eau lui communique bientôt une couleur d'un beau rouge. 
Bois blanchatre. 


FAMILLE CX. — SAPOTACÉES 


TRIBU II — CHRYSOPHYLLÉES 


Chrysophyllum Macoucou Aubl., n° 4489. 


Aublet p. 233: Cainitier Macoucou; écorce lisse, grisätre ; bois 
blanc, dur et cassant. 

Dubard, 1912, p. 39: Sarcaulus macrophyllus Rad]. : syn. Chrysophyl- 
lum brasilience. À. DC. 


TRIBU IV. — POUTÉRIÉES 


Luculla mammosa Gaertn., n° 4494 A. 

Synonymes: Sapola mammosa Gaertn.; Achras mammosa 
Gaertn., non Descourt.; À. Lucuma Blanc. 

Noms vulgaires: Barataballi (Bell), Salie (Berkhout). 
Mammee sapote, Marmalade Plum (Catal. Kew.). Marmelade 
naturelle, Leucome (Debrot). Mamev colorado, Sapote 


32 H. STONE 


(Hawtayne). Sapotille mammee (Guibourt). Beko, Kurok, 
Konkia, Fiu Zepote (vernaculaire Nahuatl, en Costa-Rica : 
Pittier). Uique (vern. Typu), Sapote-assu, Palata (Brésil ; 


Peckolt). 
L'échantillon de Bell a été déterminé, d'après les feuilles et 
les fruits, par le D' Freeman. Ca 
Garactères généraux. — Bois lourd et dur, d'une couleur 


rougeâtre uniforme, Surface à peine luisante, fonçant légère- 
rement à l'air. La nuance de la coupe transversale est plus 
foncée que celle des autres sections ; grain fin. Lorsqu'elles 
sont polies ou trempées, les mailles sont très apparentes. 

Caractères physiques. — Densité, 0,904: dureté, celle du 
3ois de Lance. Odeur à sec et saveur nulles. 

Caractères de l'écorce. — Epaisse de 3 mm. environ, dure, 
higneuse ; l'intérieur est brun et plein de selérites blanchâtres. 
La surface de la bûche est finement striée. 

Structure du bois. 

L'échantllon pris d'un arbre de 20 em. de diamètre était 
tout en aubier. 

Section transversale. — Couches en apparence délimitées, 
mais à limites en réalité douteuses; contour régulier. 

Vaisseaux visibles, petits, quelque peu variables, mais non 
régulièrement : distribués également et fortement isolés. Ils 
semblent être attachés aux raVONS. 

Rayons visibles, fins, uniformes, réguliers, équidistants, à 
intervalles d'une distance plus grande que le diamètre d'un 
gros vaisseau et s écartant au niveau de ces vaisseaux. 

Parenchyme a entourant les vaisseaux. 

Section radiale. — Vaisseaux fins, souvent remplis de 
perles de gomme rouge. Rayons petits, mais très apparents 
lorsqu'ils sont humectés. 

Emplois. — Bon pour planches, portes, meubles, cloisons ; 
s obtenant facilement jusqu’à 30 m. sur 55 em. d'équarrissage 
(MeTurk,. I est facile à travailler, de bonne qualité et assez 
joli ; se fend facilement. 


Éch. types : 8.2664 Bell ; 2634 Berkhout: Icones lignorum, pi. 69, 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 39 
fig. 8 en couleur, et pl. 62, fig. 5. Marmelade hout ou Coemare. (Est-ce 


bien cette espèce ?) 
Références : McTurk, p. #; Stone et Fr. p.8. 


Lucuma rivicoa Gaertn., n° 4494 B. 

Noms vulgaires: Jaune d'œuf (terme gén.) (Musée Colonial 
de Marseille.) Prunier jaune d'œuf (Préfontaine). Balata 
jaune d’œuf, Pomme de Pin:(Niederlein). Cutitiriba (Huber). 

Caractères généraux.— Bois dur et lourd, de couleur jaune 
brunâtre striée de blanc. Surface plutôt mate: grain fin. La 
nuance de la coupe transversale est plus foncée que celle des 
autres seclions. 

Caractères physiques. — Densité, 0,843 (d'apres Dumon- 
teil, 0,946). Dureté, celle du Palissandre ou du Campêche. 
Odeur faible, comme celle du blé. Le bois est cassant et se 
fend assez facilement. D'après Dumonteil, force 267 ; élasti- 
cité, 173. D'après Huber, p. 199, le bois est très léger et plus 
poreux que celui des Mimusops. 

Structure du bois. — Comme celle des Mimusops (v. Clef 
et n° 4508), à part les différences suivantes. 

L'échantillon, pris sur un arbre de 15 cm. de diamètre, 
était tout en aubier. 

Section transversale. — Couches en apparence délimitées : 
mais à la loupe les limites ne sont pas évidentes. 

Vaisseaux en lignes radiales irrégulières, légèrement den- 
dritiques, visibles à cause de leur couleur. Ils forment des 
groupes radiaux de 2 à 13 vaisseaux; peu nombreux, de 1 à 
5 par mm q. ; blanchatres. 

Rayons jaunes, irréguliers. 

Parenchyme jaune. 

Section radiale. — Rayons à peine visibles à la loupe, 
même lorsqu'ils sont humectés : blanchâtres, translucides. 
Parenchyme en très grande quantité, donnant à la surface 
une nuance claire, 

Section langentielle. — Rayons blanc jaunâtre. 

Emplois. — Bon pour charpente, traverses de chemin de 
fer (Lanessan). Peu employé (Sagot). Les chiffres de Dumon- 
teil indiquent un bois de bonne qualité. 


34 | H. STONE 
Éch. types : n° 134, Guyane, Musée Colonial de Marseille. 
Références: Dumonteil, p. 152 et 160; Sagot, p. 911 ; de Lanessan, 


p. 151-4917, 


Lucuma psammophila A. DC., n° 4494 C. 

Synonymes : Pouferia quianensis Aubl. (partim) non Gri- 
seb. Dubard, 1912, p.38, considère ce synonyme comme iden- 
tique avec Labatia macrocarpa Mart. : voir 4496. 


Aublet, p.87: Pourouma Pouleri ‘Galibis): écorce gercée et ridée, 
roussàtre ; bois blanchätre, dur, compact. 

Lanessan: Bon pour traverses de chemin de fer. 

Dubard, p.32: Pouteriapsammophila Radl., syn. Lucuma psammophila 


A. DC., Bapebassu (Brésil). 


Sibbidanni (Bell), n° 4494 D. 

Ce n'est pas le Sibbi-sibbi ou Hatti, l'Hevea sp. de Rodwaw, 
ni Sebadanni (partie II, 47), ni Siribidanni (1896 G). 

Caractères généraux. — Bois très dur et lourd, de couleur 
jaune brunâtre uniforme, ressemblant au Buis. Surface un 
peu luisante, fonçant légèrement à l'air. La nuance de la coupe 
transversale est aussi claire, sinon plus, que celle des autres 
sections. [l a quelques rapports avec Lucuma mammosa. 


Caractères physiques. — Densité, 0,983 ;: dureté, celle du 
Buis. Odeur et saveur nulles. 
Caractères de l'écorce. — Epaisse de 10 mm. environ, de 


couleur brun clair, rugueuse, légèrement gercée. Elle est 
formée de deux couches: l'interne s'émielte et occupe les 
deux tiers de l'épaisseur totale ; l’externe est assez dure. La 
surface de la büche est lisse ou striée. 

Structure du bois. — Comme celle du n° 4494 À, à part 
les différences suivantes. 

L'aubier est à peine distinct du cœur. 

Les vaisseaux contiennent parfois des perles de gomme 
rouge qui scintillent. | 

Emplois. — Bon pour constructions ; les arbres sont 
petits ; peut être obtenu jusquà 22 cm. d'équarrissage 
(Bell). 


Dur à traviuller, cassant et se fend facilement. 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 39) 


Ech. type : 78,2664 Bell. 
Référence : Stone et Fr., p. 79. 


Labatia macrocarpa Mart. (non Panch), n° 4496. 

Les deux espèces sont imprimées en caractères romains 
dans l’'Index Kewensis. Dubard cite la première avec Pouteria 
quianensis Aubl. comme synonyme. Voir 4494 C. 


Sagot, p. 917 : Balata indien. 
Dubard, 1912, p. 38: Balata singe rouge. Wapi(Guvane). (Voir 4508 J.) 


TBIBU V. — SIDEROXYLÉES 


Sapotillier, n° 4501 À. 
Je donne les citations suivantes qui semblent se rapporter 
au genre Achras (Sapota). 


Barrère, p. 101 : Maritambour, Sapota multiflora. 

Préfontaine, p. 208 : Sapotiller, mais non le Maritambour de Barrere, 
qui est « une espèce de fleur de la Passion ». 

Dumonteil, p. 152: Sapotiller ; densité, 0,968 ; force, 151 ; élast., 261: 
flexibilité, 4,84 ; p. 160. Classe #4, celle des Meubles. 


La très grande flexibilité et la faible force de ce bois me 
portent à croire qu'il n'est pas voisin des Wimusops.. 

D'après l'échantillon indéterminé, n° 62, Guyane, du 
Musée Colonial de Marseille: De couleur brun noisette fonce, 
uniforme. [1 ressemble-beaucoup à l'Acouma des [les (v. 4507). 
La nuance de la coupe transversale est beaucoup plus foncée 
que celle des autres sections. 

Caractères physiques. — Densité, 0,680 environ (l'échan- 
tillon est en grande partie de l'aubier). Odeur légère, même 
nulle : saveur légèrement astringente. 

Structure du bois. — Comme celle des Wimusops, à part 
les différences suivantes : 

L'aubier est bien délimité du cœur (fait qui arrive rarement 
parmi les Sapotacées) ; sa couleur est un peu plus claire que 
celle du cœur, tout en étant foncée. 

Section transversale. — Vaisseaux visibles, mais peu 
apparents : plus petits que ceux d'Acouma. 


36 H. STONE 


Parenchyme b: Ses lignes ne sont pas en petits traits, 
mais presque continues, avec interruptions çà et là; de 4 à 7 


par mm. 
Section radiale. — Rayons très obscurs. 
Section tangentielle. — De couleur laiteuse. Vaisseaux 


assez apparents. 
Il se distingue d'Acouma par le parenchyme D et d'Assa- 
pookoo (4508 F) par la nuance de la coupe transversale. 


Sideroxylon inerme, n° 4505. 


Guibourt, IT, p. 589: Bois de fer de Cayenne; d'une couleur rou- 
D , J 2 
geàtre moins prononcée que celle du Bois de chair (4508 A) ;: très dur 
el très lourd ; se gerce facilement en séchant. 


Ce n’est pas le Bois de fer de Cayenne de Varenne-Fenille 


(v. 111) 


, Qui à une couleur trop foncée. 


TRIBU VI — BUMÉLIÉES 


Acouma, n°4507. , 
Ce bois est rapporté ordinairement à Dipholis salicifolia 
A. DC., non Miq. 


Synonyme : Bumelia salicifolia Sw. (non Bert.) 


Du Tertre en cite trois sortes : 1° Bois jaune, dur et plus lourd que 
l’eau. 2° Acoma bastard, inférieur au précédent pour constructions. 
3° Bois rouge comme le Bois du Brésil. 

Grisebach: Pigeon-wood, Galimeta wood (Ant. Anglaise). 

Dubard 1912, p. 79: Wild canada, Bustic (Bahamas) Jocuma, Jocuma 
blanca, Almendre silvestre, Cuya (Cuba), White Bully tree, Red bully 
tree (Jamaïque). Acomat bâtard (Haïti), Almendron, Tabloncillo (Porto 
Rico), Mastick tree (Sainte-Croix), Acomat ou A. bàtard (Guadeloupe). 


Il existe trois autres Acouma: le Siderorylon Acouma 
DC. des Antilles ; l'Aomalium racemosum Jacq., et l'Acajou 
de l'Afrique bien connu ; mais ni les uns ni les autres ne 
sont de l'espèce présente. 

Je donne la description suivante d’après l'échantillon n° 83, 
Guyane, du Musée Colonial de Marseille, qui a la structure 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE a 


des Spotacées et est voisine des Mimusops, mais n’est pas 
déterminé. 

Caractères généraux. — Bois dur et lourd, de couleur brun 
clair ou khaki, avec de rares raies de couleur plus foncée. La 
nuance de la coupe transversale est beaucoup plus claire que 
celle des autres sections. 

Caractères physiques. — Densité, 0,980 environ ; dureté, 
celle du Buis. Odeur à sec nulle: saveur très amère. 

Structure du bois. — Aubier brun, légèrement plus clair 
que le cœur, dont il n’est pas très bien délimité. La structure 
est celle des Mimusops (v. 4508). 

Section transversale. — Couches en apparence bien déli- 
mitées par des zones de bois plus ou moins denses. 

Vaisseaux très apparents, à cause de leurs bords blanes et 
de leur groupement en lignes radiales, visibles à l'œil nu. 
Ils sont de grandeur moyenne, très uniformes, de O0 mm. 12 
de diamètre, rarement simples, beaucoup par groupes de 248, 
et même davantage. Ces groupes sont unis en échelons 
entre eux et forment de longues files. Les vaisseaux sont peu 
nombreux, de 1 à 20 par mm q.; la plupart ronds, et rare- 
ment aplatis. 

Rayons à peine visibles à la loupe, très fins, uniformes, 
droits, à intervalles d’une distance égale au diamètre d'un 
gros vaisseau et ne s'écartant pas au niveau de ces vaisseaux. 
Les rayons sont presque réguliers ; de T à 9 par mm.; de 
couleur jaune clair, mais plus foncés que le parenchyme D. 

Parenchyme a entourant les vaisseaux et les unissant aux 
files radiales ; plus clair que le Ph. Ce dernier est le plus 
important comme caractère, mais il est à peine visible à la 
loupe. Au microscope, il parait excessivement abondant en 
traits tangentiels qui unissent les rayons et qui forment de 
courtes lignes concentriques ondulées. Ces lignes sont aussi 
larges que les rayons mais plus serrées ; de 10 à 12 par mm. 
Il occupe un cinquième du bois environ. 

Section radiale. — Couches délimitées par les lignes plus 
denses et plus foncées, Vaisseaux à peine visibles, à cause des 


bords du Pa qu les voilent : ils sont rarement ouverts, 


+ "4 _ + D LA 
F, (Co es Qt 
NFRR ENT 
x ap” 

ï 


38 H, STONE F 


Rayons translucides, très obscurs. Ph visible au microscope, 
en fines lignes blanches. 


Mimusops globosa Gaertn. (non Griseb.), n° 4508 A. 

Synonymes : M. Balata Crueg. (non Gaertn. nile M. Balata 
de Blume). Achras Balata Aubl. D'après Dubard, 1916, p. 
‘19, cette espèce est maintenant Manilkara Balata . 

Noms vulgaires : Bolllitree, Bulètre, Melkout, Balata et 
Bois rouge, probablement aussi Pferdefleisch holz (terme gén. 
Débrot). Balata saignant Balata des Galbis (Charpentier). 
Beef-wood (terme gén., Wiesner). Manil-kara, Bois de nate 
(Aublet). Belletree (Surinam), Pardenvleesh (Dalton), Bully 
tree (terme gén., Ant. ; Grisebach). L’Abeille (Beauverie). 
Bois de chair (terme gén., Grande encyclopédie). Bois de natte 
(Duchesne). Buruea (Demerary : Sagot). Balata franc (Musée 
Col. de Marseille). Sapotillier marron (Saint-Domingue ; 
Préfontaine). Mimusops (fr. Inde), Pala maroni {Tamoul-Gae- 
belé). (Voir aussi l espèce suivante.) 

Je crois que l'échantillon-type de Bell, qui a été, déterminé 
d'après les feuilles et les fruits par le D' Freeman, est le bois 
de Peckolt, de Dumonteil, de la Comm. de Brest, de Bassières, 
probablement celui de Préfontaine et l’'Acoma rouge, qui 
ressemblent au Bois du Brésil de Du Tertre. Le bois de 
Sagot, au contraire, est plutôt le Mimusops Kauli. D'après 
Hubert, p. 199, le véritable Balata (le Bullet-wood des 
Anglais) est Mimusops hidentata DC. 

Caractères généraux. — Bois dur et lourd, d'une couleur 
rouge uniforme ou couleur chair. Surface légèrement luisante, 
fonçant un peu à l'air; grain moyen. La nuance de la coupe 
transversale est beaucoup plus foncée que celle des autres 
sections. 

Caractères physiques. — Densité, de 0,869 à 1,109 ; dureté, 
celle du Buis ou du Wallaba, Odeur à sec nulle ; légère, mais 
spéciale, lorsque le bois est travaillé ou humecté. Saveur nulle. 
Solutions d'un cramoisi foncé. Le bois brûle bien sans arome 
spécial et se fend facilement, 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 39 


D'après Dumonteil, force, 353 : élast, 188. D'après la Comm. 
de Brest, force de 1100 à 1510, ou 1,94 si le Chêne égale 1 ; 
élast., 25; Classe 1 c. D’après Berkhout, force, 3150 si le Teck 
de première qualité égale 1920 : élast., 3328 si le Teck égale 
2000. 

Caractères de l'écorce. — Epaisse de 3 à 4 mm: d'épaisseur, 
de couleur rougeñtre, ligneuse, se détachant en plaques 
longues et étroites ; liber fibreux. La surface de la bûche est 
striée. | 

D'après Berkhout, l'écorce est formée de trois couches : 
l'externe est liégeuse, lactescente, d'une épaisseur de 3 mm .: 
l'intermédiaire est libérienne, d'une épaisseur de 8 mm. et 
de couleur rouge carmin, qui devient rouge pâle à l’air; l'interne 
est de couleur blanche, et épaisse de 2 mm. 


Structure du bois. — [L'aubier est brun, nettement délimi- 
mité du cœur; épais de # à 6 cm. 
Section transversale. — A comparer avec la fig. 2, pl. B. 


Couches non définies ; les lignes du parenchyme pourraient 
en être les limites. 

Vaisseaux très apparents, à cause de leur nombre et de leur 
contenu blanc. Ils sont peu variables, petits, de O0 mm.i, 
irrégulièrement distribués, et ils forment de longues lignes 
dendritiques. Les groupes individuels sont compacts, radiaux, 
et se composent de 2 à 17 vaisseaux. Ces derniers sont assez 
nombreux, de 20 à 25 par mm. 

Rayons visibles à la loupe, fins, uniformes, équidistants, à 
intervalles d’une distance égale environ au diamètre d'un 
gros vaisseau. [ls sont beaucoup plus denses que les fibres 
ligneuses, presque droits, mais légèrement ondulés : de 10 à 
15 par mm. 

Le parenchyme à entoure les vaisseaux. Le Ph se présente en 
de nombreuses lignes brunes, concentriques, ondulées, irré- 
gulières et interrompues, souvent brisées, en formant alors 
des arcs ou des angles. Ces lignes sont de # à 5 par mm., et 
aussi larges que les ravons:; leur couleur est plus foncée que 
celle du Pa. 

Section radiale, — Vaisseaux en apparence sinueux, Ravons 


40 H. STONE 


très petits, luisants, ayant à peu près la même couleur que 
les fibres lhigneuses. | 

Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les rayons 
ne sont visibles au microscope que lorsqu'ils sont humectés ;: 
ils se présentent en lignes brunes, d'une seule rangée de 
cellules. 

Emplois.— Bon pour constructions, moulins à vent, poutres, 
de très longue durée, résistant bien aux intempéries mais pas 
aux tarets (McTurk). Bon pour pilotis; rare à la Guyane 
Anglaise (Bell). Archets de violons (Beauverie). Balata franc, 
très employé à Cayenne, plus lourd et plus compact que le 
Wacapou ; assez ‘abondant à la Guyane Française (Bassières). 
L'un des bois qui dure le plus à l'air et « est sans fin » lorsqu'il 
est à couvert; avec le temps, il perd sa couleur et devient 
grisätre (Préfontaine). L'une des espèces convenant le mieux 
aux grandes constructions navales ; son poids, d'un tiers plus 
grand que celui du Chêne, en restreint l'emploi aux parties 
basses des bâtiments (Comm. de Brest). 


Ech. types : 12, 2668 Bell ; 2311 Laslett ; 0151 Imp. Institut, 2624 
Berkhout (Est-ce cette espèce?) ; N°5 7 et 71, Guyane, du Musée Colonial 
de Marseille (écorce et bois). 

Icones : Stone, T. of C., pl. X, fig. 83. Icones lignorum, pl. 8, 67 et 
77. C’est probablement cette espèce, mais non la fig. 8, pl. 74. 

Références : McTurk, p. #; Bell, p. #; Beauverie, p. 332; Catal. des 
Colonies Françaises, p. 26 et 148 ; Stone et Fr., p. 12. 


Mimusops Kauki Lin. (non Boj. ni Willd.) n° 4508 B. 

Synonymes : M. Balata Gaertn. (non Crueg.); M. Balata 
Blume ; Sapota Muelleri Lindl. ; Manilkara Kauki Dubard, qui 
ne cite pas les mêmes synonymes que l’Index Kewensis. 

Noms vulgaires: Balata rouge, Balata (Galibis); Boromé 
(Arr. ;: de Lanessan), Muira piranga; Moira-piranga (terme 
général, Brésil) ; Rotesholz (Allemand; Peckolt). Probablement 
beaucoup de noms vulgaires de lespèce précédente pourraient 
s'appliquer ici. Peckolt cite Mimusops Balata Gaertn., de 
couleur rouge violet ; densité, de 1,062 à 1,109. Cette cita- 
tion, me semble-t-il, conviendrait au Mimusops Balata de 
Crueg. 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 41 


Le Balata franc de Bassières me paraît trop lourd ; je l'ai 
cité dans l'espèce précédente. Le Balata de Préfontaine, qui 
est rougeûtre, pourrait bien être l'espèce présente. À comparer 
avec les n° 4508 C. E. F. et 4604 A et D. 

Caractères généraux. — Bois d'un poids moyen et d'une 
dureté moyenne, de couleur chocolat délavé, présentant, en 
coupe tangentielle, des lacets, ou des lignes plus claires, en 
zigzag. Le parenchyme longeant les vaisseaux très fins produit 
l'effet d’un grain plutôt filandreux. La nuance de la coupe 
transversale est légèrement plus foncée que celle des autres 
sections. 

Caractères physiques. — Densité, 0,450 (cette évaluation 
est trop faible, et l'échantillon n'était probablement composé 
que d’aubier). D'après de Lanessan : densité, 1,100 : dureté, 
celle du Chêne. Odeur nulle ou légère de tan. 

Structure du bois. — La moelle a 2 mm. de diamètre envi- 
ron, est à peu près ronde, et se compose de grosses cellules 
de trois couleurs différentes : brun clair, rouge et noire. 

Section transversale. — Couches tantôt obscures, tantôt 
très apparentes. Si elles sont délimitées, la limite serait une 
mince ligne claire; si elles ne le sont pas, la limite serait 
indiquée par une variation dans le nombre des vaisseaux. 

Vaisseaux très apparents, à cause de leur parenchyme clair: 
plutôt petits, de 0 mm. 1 de diamètre, distribués 1rrégulière- 
ment dans des zones où 1ls sont plus ou moins serrés et dis- 
posés en lignes radiales irrégulières. [ls sont peu nombreux, 
de 3 à 8 par mm q., simples ou par groupes de 2 à 3. Ces 
groupes sont unis aux lignes radiales par le parenchyme. 

Rayons visibles à la loupe, mais plus nettement sur la 
limite de la couche, très fins, uniformes, à intervalles d'une 
distance égale environ au diamètre d'un gros vaisseau et ne 
s écartant pas au niveau de ces vaisseaux ; 1ls sont de 10 à 12 
par mm., et forment un filet régulier avec les lignes du paren- 
chyme ; couleur blanchâtre. 

Parenchyme très abondant : 4 entourant et unissant par- 
fois radialement les groupes de vaisseaux ; 2 visible à la loupe, 


se présentant en de très nombreuses lignes concentriques 


42 H. STONE 


continues qui sont écartées les unes des autres d'une distance 


égale au diamètre le plus grand d'un gros vaisseau, et de la 
même largeur environ. Ces lignes sont toujours un peu plus 
larges à l'entrecroisement des rayons : de 5 à 7 par mm. Elles 
sont formées de grosses cellules et sont à contour irrégulier. 
Leur couleur est légèrement plus claire que le fond, mais 
beaucoup plus foncées que le parenchyme a. 

Section tangentielle. — Les limites des couches sont très 
apparentes, en lacets presque blanc. Vaisseaux visibles, même 
très apparents à cause de leur parenchyme à, de couleur 
blanche à sec, et rouge lorsqu'ils sont humectés. Ils sont, 
pour la plupart, remplis de gomme de la même couleur que le 
fond. Le parenchyme h se présente en taches indéfinies, qui, 
par leur abondance, donnent à la coupe une nuance plus 
claire. Les rayons ne sont visibles qu'au microscope; leur 
hauteur peut atteindre jusqu'à 8 cellules sur 1 de largeur. 
Leur contenu est rouge. 

Emplois. — Bon pour construction, mais très inférieur à 
l'espèce précédente. 


Ech. type : N° 56 Guyane, Musée Colonial de Marseille. 


Mamooriballi (Bell), n° 4508 C. 

Caractères généraux. — Bois plutôt lourd et dur, de couleur 
rouge brunâtre terne ; grain fin, compact. Surface mate fon- 
cant légèrement à l'air. La nuance de la coupe transversale 
est plus foncée que celle des autres sections. 

Caractères physiques. — Densité, 0,623 ; dureté, celle du 
3ouleau. Odeur nulle. Saveur insipide et désagréable: 

Caractères de l'écorce. — Épaisse de 3 à 6 mm.; se déta- 
chant en plaques très minces comme du papier. La couche 
interne est brune et ligneuse ; l'externe est composée de fibres 
molles ressemblant aux soies de porc. La surface de la bûche 
_est striée. 

Structure du bois. — Comme celle des Mimusops, à part 
les différences suivantes. 

L'’aubier n’est pas bien distinct du cœur. 

Section transversale. — Vaisseaux très apparents, ressor- 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 43 


tant très nettement sur le fond. Contenu brillant et non rouge. 
Emplois. — Bon pour constructions :-lés [Indiens en font 
des pointes de flèches. L'arbre n'a pas un grand diamètre 
mais peut arriver à une hauteur de 17 m. (Bell). D'après 
McTurk, la hauteur moyenne serait de 25 m.: peut être 
obtenu à 40 cm. d'équarrissage. 
Assez dur à travailler ; se fend facilement. 


Éch. type : 61,2717 Bell. 
Références: Bell, p. 8; McTurk, p. 3; Stone et Fr., p. 62. 


Hymarikushi (Bell), n° 4508 D. 

Caractères généraux. — Bois dur et lourd, compact, de 
couleur brun noisette ou rougeâtre. En coupe transversale, 
la structure est parfaitement visible. Surface légèrement lui- 
sante, froide au toucher, fonçant beaucoup à l'air. La nuance 
de la coupe transversale est semblable à celle des autres sec- 
tions. 

Caractères physiques. — Densité, 1,260 : dureté, celle du 
Cœur vert. Odeur et saveur légères ou nulles. 

Caractères de l'écorce. — Épaisse de 6 mm. environ, presque 
lisse, se détachant en mmnces plaques plates ; de couleur rouge. 
Un peu de liber fibreux. 

Structure du bois. — Comme celle des Mimusops, à part les 
différences suivantes. 

Aubier. L'échantillon (t'ge de 15 em. de diamètre) était 
tout en aubier d'une couleur foncée. 

Couches bien délimitées si les lignes du parenchyme forment 
les himites : contour régulier. 

Vaisseaux ressortant bien sur le fond, car ils sont beaucoup 
plus clairs : les lignes dendritiques sont bien apparentes, mais 
moins que celles des Mimusops. 

Les rayons sont à intervalles d’une distance égale au dia- 
mètre d'un gros vaisseau, mais ne s'écartent pas au niveau de 
ces vaisseaux, étant plutôt droits. 

Section radiale. — Les vaisseaux contiennent très peu de 
gomme rouge et sont quelquefois vides, Le parenchyme 2 se 
présente en lignes régulières comme de fines hachures. 


44 k H. STONE 


Emplois. — Peut difficilement s'obtenir jusqu'à 15 m. sur 
9 cm. d'équarrissage (Bell). 

Il pourrait servir aux mêmes usages que le Balata auquel il 
ressemble. 


Éch. type : 40,2696 Bell. 
Référence : Stone et Fr., p. 40. 


Mora-Balli (Bell), n° 4508 E. 

Il ne faut pas le confondre avec le Mora (v. 1975 A). 

Caractères généraux. — Bois dur et lourd, de couleur brun 
rougeàtre uniforme. Surface légèrement micacée, fonçant un 
peu à l'air. La nuance de la coupe transversale est un peu plus 
foncée que celle des autres sections. 

Caractères physiques. — Densité, 1,097 : dureté, celle du 
Cœur vert. Odeur et saveur nulles. 

Caractères de l'écorce. — Épaisse de 6 mm. environ, 
presque lisse, dure et ligneuse à l'extérieur, fibreuse à l’inté- 
rieur. La surface de la bûche est lisse. 

Structure du bois. — Comme celle des Mimusops, à part les 
différences suivantes. lt 

L'aubier n'est pas différent du cœur, mais sa couleur est 
un peu moins rouge. É 


Vaisseaux facilement visibles, disposés en lignes dendri- 


tiques, qui sont très apparentes dans le bois foncé ; 


elles le 
sont moins lorsque le bois est humecté et occupent moins 
d'espace sur la coupe que dans les Mimusops. 

Emplois. — Peut s’obtenir facilement et mérite d'être em- 
ployé autant que le Mora. Les Indiens en font des pointes de 
flèches (Bell). 

Il pourrait servir pour le pavage et les traverses de chemins : 
de fer, si du moins il résiste aux intempéries. 


Éch. type : 66,6722 Bell. 
Références : Bell, p. 8; Stone et Fr., p. 67. 


Assapookoo (Bell), n° 4508 F. 
Assapaka (Hawtayne). Ce n'est pas le Sapahaka d’Aublet,. 
Caractères généraux. — Bois dur et lourd, de couleur brun 


L'INCE AER, 
à 
; 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 45 


jaunâtre : grain fin, compact ; surface un peu luisante, fonçant 
légèrement à l'air. La nuance de toutes les coupes est à peu 
près semblable. 

Caractères physiques. — Densité, 1,010 ; dureté, celle du 
Buis. Odeur légère lorsqu'il est travaillé; saveur nulle. 

Caractères de l'écorce. — Épaisse de 2à 3 mm., se déta- 
chant en minces plaques. La surface de la bâche est striée. 

Structure du bois.— Comme celle des Mimusops, à part les 
différences suivantes : | 

L’aubier n’est pas différent du cœur, du moins dans l'échan- 
tillon, qui n'avait que 22 cm. 5 de diamètre. 

Section transversale. — Couches mal délimitées, contour 
régulier. 

Vaisseaux à peine visibles, petits, tant soit peu variables : 
distribués également en groupes radiaux de 2 à # vaisseaux, 
qui sont ronds, non subdivisés. 

Rayons à peine visibles, très fins, uniformes, réguliers, 
faibles, ondulés, à intervalles d'une distance égale au diamètre 
d'un gros vaisseau environ et s’écartant légèrement au niveau 
de ces vaisseaux ; couleur claire. 

Parenchyme 4 entourant les vaisseaux et les unissant aux 
files radiales, qui n'ont pas la longueur de celles des Mimusops, 
car le parenchyme n'est pas assez développé. 

Section radiale, — Vaisseaux se présentant en fins sillons 
contenant des perles brillantes de gomme. Rayons blan- 
châtres, translucides, visibles, très brillants, ce qui donne à 
la coupe un éclat beaucoup plus vif que celui des autres sec- 
tions. 

Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les rayons 
ne sont visibles qu'à la loupe; ils sont très petits, blancs, 
d'une hauteur de Ü mm. 25 environ. 

Emplois. — Bon pour construction ; peut s'obtenir facile- 
ment jusqu'à 10 m. sur 40 à #5 cm. d'équarrissage (Bell. 
Réputé très vénéneux (Barham). 

Bois de bonne qualité, se travaille bien et se fend facile- 
ment. 

Éch. type : 5,2661 Bell. 

Références : Bell, p. 3; Barham, p. 150 ; Stone et Fr,,p. 5. 


46 H. STONE 
Fogle-Kop (Bell), n° 4508 G. | 
Caractères généraux. — Bois dur et lourd, de couleur brun 


clur, fonçant légèrement à l'air. Surface un peu luisante. La 
nuance de la coupe transversale est un peu plus claire que 
celle des autres sections. 

Caractères physiques. — Densité, 0,790 : dureté, celle du 
Hêtre. Sans odeur ni saveur. 

Caractères de l'écorce. — Épaisse de # mm. environ, lisse 
comme celle du Hêtre, intérieur fibreux, rouge et rempli de 
sclérites clairs; la couche externe est cassante. Surface de la 
büche lisse ou striée. 

Structure du bois (à comparer avec la fig. 10, pl B). — 
La structure n'est visible que lorsque le bois est humecté. 

L'aubier n'est pas différent du cœur. 

Section transversale. — Couches non délimitées, avec des 
zones de nuance variable et de contour régulier qui pourraient 
indiquer les limites. 

Vaisseaux à peine visibles, même à la loupe; petits, peu 
nombreux, fortement isolés et tant soit peu variables ; leur 
contenu est noir. 4 

Rayons à peine visibles, serrés et nombreux ; fins, uniformes, 
équidistants, légèrement ondulés, à intervalles d'une distance 
égale au diamètre d'un gros vaisseau environ et ne s'écartant 
pas au niveau de ces vaisseaux. 

Parenchyme D se présentant en lignes concentriques conti- 
nues qui forment un filet avec les rayons. 

Section radiale. — Vaisseaux en fins sillons peu apparents, 
Rayons obscurs, étroits. 

Emplois. — Bon pour avirons ; peut s'obtenir facilement 
jusqu'à 12 m. sur 40 à 55 cm. d’équarnissage (Bell). 

Commode à travailler, quoique un peu dur ; se fend facile- 
ment. 


Éch. type : 28,2684 Bell. 
Références : Bell, p. 5 ; MeTurk, p. 5 ; Stone et Fr., p. 28. 


Morakokuru ou Mamushi (Bell), n° 4508 H. 
Caractères généraux. — Bois dur et lourd, de couleur brun 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 47 


foncé. Surface légèrement micacée, fonçant légèrement à l'air. 
La nuance de la coupe transversale est légèrement plus foncée 
que celle des autres sections. 

Caractères physiques. — Densité, 0,950 ; dureté, celle du 
Cœur vert ; sans odeur ni saveur. 

Caractères de l'écorce. — KEpaisse de 6 mm. environ, 
presque lisse, dure et ligneuse à l'extérieur, fibreuse à l’inté- 
rieur. La surface de la büche est lisse. 

Structure du bois. — Comme celle de Mimusops, à part 
les différences suivantes : 

L'aubier est à peine différent du cœur, mais peut-être un 
peu moins rougeûtre. 

Seclion transversale. — Vaisseaux facilement visibles ; les 
groupements dendritiques n'occupent pas aussi largement la 
section; 1ls sont très apparents dans le bois foncé, mais le 
sont beaucoup moins lorsque le bois est humecté. 

Emplois. — Les Indiens en font des pointes de flèches, 
peut facilement s'obtenir et mérite d'être employé comme le 
Mora (Bell). 

Il pourrait servir pour pavage et traverses de chemin de 
fer s'il résiste aux intempéries. 


Éch. type : 66,2722 Bell. 


Référence : Stone et Fr., p. 68. 


Dukuria (Bell), n°4508 [. 

Caractères généraux. — Bois mou et léger, ressemblant au 
Sapin ; de couleur Jaune blanchâtre. Surface légèrement lui- 
sante. La nuance de la coupe transversale est un peu plus fon- 
cée que celle des autres sections. 

Caractères physiques. — Densité, 0,531: dureté, celle de 
l’Aune. Sans odeur ni saveur. 

Caractères de l'écorce. — Epaisse de 7 mm. environ, 
rugueuse ou légèrement gercée et tuberculeuse ; dure, ligneuse, 
En section transversale, l'écorce est de couleur brun elair : 
lorsque les plaques irrégulières se sont détachées, la couche 
sous-jacente est de couleur rouge. La surface de la büche est 
hsse ou striée, 


4S H. STONE 


Stracture du bois. — Comme celle des Sapotacées. 
= L'aubier n'est pas différent du cœur, du moins dans l'échan- 
tillon, qui avait 54 em. de diàmètre. 

Section transversale. — Couches mal délimitées ; les zonés 
de bois plus ou moins denses,à contour régulier, pourraient en 
ètre les limites. 

Vaisseaux à peine visibles, peu variables, distribués égale- 
ment, simples ou par groupes de 2 à 7. Ils sont fortement 1s0- 
lés, mais avec une tendance à se disposer en lignes obliques. 

Rayons juste visibles, à intervalles d’une distance égale au 
diamètre d’un gros vaisseau et s'écartant à peine au niveau 
de ces vaisseaux. 

Parenchyme D visible au microscope en petits traits situés 
entre les ravons. Ces traits sont disposés concentriquement, 
mais non en lignes continues. 

Section radiale. — Légèrement plus claire que la transver- 
sale. Vaisseaux en fins sillons incolores. Rayons translucides 
presque incolores. Couches non délimitées. 

Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les rayons, 
étant en fuseaux minuscules composés de grosses cellules, ne 
sont visibles qu'à la loupe ; hauteur de Î mm. environ. 

Emplois. — Bon pour charpente d'intérieur ; grands arbres ; 
le bois peut être obtenu jusqu'à #0 cm. d’équarrissage (Bell). 


Éch. type : 24,2680 Bell. 
Références : Stone et FEr., p. 24. 


Balata singe rouge, n° 4508 J. 


Dumonteil, p. 160, Densité, 1,038 : force, 317; élasticité, 168 ; flexi 
bilité, 1,48. Classe 2, celle du Chêne. 


Je me demande si ce n'est pas Labatia macrocarpa Mart., 


non Panch., voir 4496. 


Balata à grosse écorce, n° 4508 K. 


Préfontaine, p. 45. 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 19 


FAMILLE CXI: — ÉBENACÉES 


Les Ébènes, n° 4524. 

Au sujet des Ebènes de la Guyane, je n'ai trouvé aucune 
description, sauf celles de Dumonteil, de la Comm. de Brest 
et une citation de Niederlein. Les évaluations de leurs densités 
données par les auteurs précédents me portent à croire que ces 
bois pourraient bien être des Diospyros, mais je suppose qu'ils 
proviennent d'ailleurs, et passent par Cayenne. 


Diospyros Paralea Steud., n° 4524 A. 
Synonyme : Paralea quianensis Aubl. 


Aublet, p. 576 : Parala (Galibis) ; bois blanc dur. 


Diospyros cayennensis A. DC., n° 4524 B. 

Sagot, p. 918 : Bois inconnu. 

Ébène, n° 4524 C. 

Dumonteil, p. 152. Densité, 1,211 ; force, 481 ; élast., 160, p. 160. 
Classe 1. 

Ébène noire, n° 4524 D. 

Comm. de Brest, p. 190. Densité, 1,226 ; force, de 1120 à 1560, ou 2,12 
si le Chêne égale 1 ; élast., de 15 à 25. Il reprend sa première forme 
après avoir été soumis à une charge de 1420 kilos, La mème, p. 183 : sa 
valeur, pour faire des rouets de poulies, est la moilié de celle du Gaïac. 

Ébène rouge, n° 4524 E. 


Comm. de Brest, p. 190. Densité, 1,003 ; force, de 800 à 1100 ou 1,49 
si le Chène égale 1 ; élast., de 15 à 22; p. 197. Classe 1. 


FAMILLE CXII. — STYRACÉES 


Symplocos Ciponima L'Hérit., n° 4527. 
Synonymes : Ciponima quianensis Aubl.; C. scabridula 
Miers, 


Aublet, p. 567 : Ecorce grise ; bois blanc assez compact. 


50 H. STONE 


FAMILLE CXIIL — OLÉACÉES 


TRIBU IV. — OLÉINÉES 
Linociera tetrandra R. Br., n° 4547. 
Synonyme : Mayepea quianensis Aubl. 


Aublet, p. 77: Mayépé ; écorce et bois blanchôtres. 


FAMILLE CXV. — APOCYNACÉES 


TRIBU I. — CARISSÉES 


Couma guianensis Aubl., n° 4566. 


Aublet, Suppl., p. 39: Couma (Galibis),. Poirier (Français). Écorce 
grise, épaisse, rendant par incision un suc faiteux abondant qui se fige 
et durcit en peu de temps. | 

Sagot, p. 916: Bois blanc, mou. 

Huber, p. 215 : Sorva (Para). 


Ambelania acida Aubl., n° 4568. 


Aublet, p. 266 : Ambelani, Paraveris (Galibis); Quienbiendent 
{Créoles) ; bois blanchätre et peu compact. 


Coupoui aquatica Aubl., n° 4569. 
D'après Durand, c’est le Cupirana de Miers. 


Aublet, p. 17 : Coupoui-rana {Galibis) ; écorce verdâtre, bois mou et 
blanc, 


TRIBU II. — PLUMÉRIÉES 


Plumeria articulata Wahl., n° 4604 A. 
Les bois cités ci-dessous pourraient bien être cette espèce, 
mais ne sont pas déterminés (voir aussi 4508 D). 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE )1 

Préfontaine, p.145 : Balata blanc ; le même aubier et de la même cou- 

leur que l’Acouma des Iles. Il éclate et se fend au soleil ; il attire les 

poux de bois. Sa couleur est rougeätre, mais disparaît avec Le temps ; 
et le bois devient tout blanc, 

Lanessan : Plumeria articulata, Balala blanc. Densité, 0,972 ; bon pour 


, charpente. 


L'échantillon, n° 113, Guyane, du Musée Colonial de Mar- 
seille, étiqueté Plumeria articulata, est malheureusement trop 
petit pour en tirer des renseignements exacts, car il n’a que 
k:cm. de diamètre. L’écorce est presque lisse, épaisse de 2 
mm. ; la couche extérieure est brune et la couche intérieure 
est rouge, ligneuse, montrant les rayons qui convergent en 
forme de pinceaux. Le bois (sans doute tout en aubier) est 
d'une couleur brune. 

Parenchyme a très développé, entourant les vaisseaux en 
bords larges ; Ph abondant, visible à la loupe en lignes con- 
centriques, sinueuses, à intervalles d’une distance égale au 
diamètre d'un gros vaisseau. Rayons visibles à la loupe, mais 
seulement entre les lignes du parenchyme, où le bois est plus 
dense. Vaisseaux fortement isolés ; peu nombreux. 


Plumeria obtusa Lin. {non Lour.), n° #604 B. 

Aublet, p. 259: Frangipanier à feuilles étroites. 
Tabernaemontana sp., n° 4612. 

Sagot, p. 320 : Bois de lait, Hyahya, Yaruri, Paddle-wood, 
Dumonteil, p. 156: Bois de lait. Densité, 0,552; force, 131; élast., 


190 ; p. 160. Classe 3, celle des Pins. (Est-ce bien cette espèce?) 
Greshoff, 1901, p. #4. Tabernæmontana utilis W. et A. laya: arbre à 
lait, Hya-hya (Br. Guiane), 


FAMILLE CXXI. — BORRAGINAGÉES 


TRIBU I. -- CORDIÉES 


Cordia nodosa Lamk., n° 4992 À, 
Synonyme : C. Collococa Aubl, {non Lin. ni Sw.\. 


5» H. STONE 
Aublet, p. 120 : Sebestier, Achira-mourou (Galibis) ; écorce roussâtre, 
ridée et gercée ; bois blanchâtre, peu compact. 
Cordia tetrandra Aubl., n° 4992 B. 


Aublet, p. 222: Sebestier à parasol, Bois Marguerite, Arbre a para-, 


sol (Créoles) ; écorce grisàtre, ridée et gercée; bois blanchäfre, cassant 


et peu compact. 


Cordia umbraculifera DC., n° 4992 C. 


Sagot, p. 93#: Bois parasol. 
Jeanneney, ms.: Para-para (Brésil, voir 5 et 89 A). 


Cordia tetraphylla Aubl., n° 4992 D. 
e 
Aublet, p. 225: Sebestier verticillé, Bois Marguerite ; écorce gercée 


et ridée ; bois blanchätre, compact. 


FAMILLE CXXIX. — BIGNONIACÉES 
TRIBU TE = BIGNONIÉES 


Bignonia Kerere Aubl., n° 5446 À. 


Barrère, p. 24: Kéréré, Liane franche. 
Aublet, p.644 : Arbrisseau de ÿ pouces de diamètre ; Kéréré (Galibis). 
Bon pour faire des paniers. 


Bignonia incarnata Aubl., n° 5446 B. 


Aublet, p. 645 : Arbrisseau de 5 pouces de diamètre ; Kéréré, Téréré 
Galibis) ; écorce grisätre ; bois blanchâtre. Bon pour paniers et grands 


chapeaux (sarments). 


Bignonia alba Aubl., n° 5446 C. 
D'après l'Index Kewensis, c'est le Spafhodea bracteosa 
DC. et le Macfadyena bracteosa Bth. 


Aubletl, p. 653 : Arbrisseau de 7 à 8 pouces ; écorce grisätre, gercée. 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 4 5) 


TRIBU II — TÉCOMÉES 


Tabebuia sp., n° 5467 A. 

Noms vulgaires : Hackia (Bell), et plusieurs autres noms se 
rapportant à Hackia, tels que : Lignum-vitae (Boulger), Iron- 
tree, [ron-wood, Eisenholz, West-Indisches Eisenholz (Wies- 
ner). Ijzerhout (Surinam ; Berkhout) ; mais tous ont une appli- 
cation générale à n'importe quel bois de fer. 

_ L'espèce présente n’est pas le Harkia, que j'ai décrit dans 
le T. of C.,p. 142, ni le Hacki de Miers, ni le bois de Martin- 
Lavigne. 

L'échantillon de Bell a été déterminé, comme genre, 
d'après les feuilles et les fruits, par le D' Freeman. 

Caractères généraux. — Bois excessivement dur et lourd, 
de couleur brun foncé uniforme ; grain fin et compact. Sur- 
face luisante, froide au toucher, fonçant légèrement à l'air. 
La nuance de la coupe transversale est beaucoup plus foncée 
que celle des autres sections. 

. Caractères physiques. — Densité, 1,300 : dureté, celle du 
Gaïac, mais pas aussi siliceuse. Sans odeur n1 saveur. 

Caractères de l'écorce. — Épaisse de 3 à 9 mm. : elle res- 
semble à celle du Pin sylvestre et se détache en plaques de 
la même manière. En section, ces plaques sont délimitées 
par une ligne blanche très mince. Il y a un peu de liber, qui 
ressemble à une peau. La surface de la bûche est striée. 

Structure du bois. — L'aubier est brun clair ou blanc 
brunâtre, nettement délimité du cœur, mais d'un contour 1rré- 
gulier et excentrique, d'une épaisseur de 2 em. à environ. 

Section (ransversale. — Couches non délimitées, mais les 
zones du bois plus claires ou plus foncées pourraient en être 
les limites ; de contour régulier. 

Vaisseaux bien visibles à cause de leur couleur claire, peu 
variables, distribués également, assez serrés. Ils sont simples 
pour Ja plupart, sinon tous. 

Rayons visibles à la loupe, très fins, uniformes, équidis- 


tants, à intervalles d’une distance égale au diamètre d un gros 


54 H. STONE 


vaisseau et s'écartant légèrement au niveau de ces vaisseaux. 

Le parenchyme se présente en cellules isolées. 

Section radiale. — Vaisseaux en fins sillons bruns. Rayons 
bruns, aussi larges et aussi visibles que les vaisseaux. 

Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les rayons 
ne sont visibles qu'au microscope, et d'une hauteur de 
0 mm. 2 environ ; ils sont disposés en étages. 

Emplois. — Bon pour arbres de moulins, engrenage ; presque 
trop lourd et trop dur pour un autre usage (McTurk). De 
hauteur moyenne ; s obtient difficilement jusqu'a 13 m. sur 
30 cm. d'équarrissage sans aubier (Bell). : 


Éch. type: 31,2687. 

Références ; Bell, p.5 ; Miers, ms. ; McTurk, p. 5°; Stone et Fr., p.37; 
Icones lignorum, pl. LXVI, fig. 6, et pl. LXXII, fig, 6. Ou, du moins, 
quoique de couleur un peu claire, ces figures pourraient bien être cette 


espèce. 


Tabebuia sp., n° 5467 B. 

Noms vulgaires : Warikuri (Bell). Waracouri, White Cedar 
(Guy. Angl., McTurk).Ilne peut pas être le Tecoma leucoxylon, 
qui passe sous le dernier de ces noms, car l'écorce ne $’accorde 
pas avec celle de notre échantillon n° 120. (Voir 5474 A.) 

Le genre de l'échantillon a été déterminé d’après les feuilles 
et les fruits par le D' Freeman. 

Caractères généraux. — Bois plutôt mou et léger, de cou- 
leur rouge clair uniforme. D'après MeTurk, brun foncé; mais 
il en indique deux sortes, l’une plus foncée que l’autre. La 
surface est jolie et extrêmement brillante. 

Caractères physiques. — Densité, 0,543 ;: dureté, celle du 
Bouleau. Sans odeur ni saveur. 

Caractères de l'écorce. — Epaisse de 5 mm. environ, brune, 
molle, liègeuse, se détachant en minces plaques, qui 
s'émiettent. La couche interne est composée d'une vingtaine 
de feuilles minces comme du papier, raides et facilement 
séparables. La surface de la bûche est lisse. 

Structure du bois. — Elle n’a aucune ressemblance avec 
celle de l’espèce précédente. 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE #5 


L'aubier n’est pas différent du cœur, du moins dans l’échan- 
tillon, qui se composait d'un tronc de 55 cm. de diamètre. 

Section fransversale. —— Couches bien délimitées ; les fines 
lignes du parenchyme, presque aussi minces que les rayons. 
forment les limites visibles seulement à la loupe. Contour 
régulier. 

Vaisseaux visibles, uniformes, sauf dans les groupes ; la 
plupart simples, quelques-uns par paires : distribués régu- 
hèrement. 

Rayons visibles à la loupe, très fins, uniformes, irréguliers, 
à intervalles d’une distance égale au moins au diamètre d'un 
gros vaisseau, et s'écartant légèrement au niveau de ces 
Vaisseaux . 

Le parenchyme a entoure les vaisseaux en taches qui forment 
des losanges s'étendant tangentiellement en fines lignes 
concentriques et nombreuses, mais très interrompues. 

Section radiale. — Vaisseaux en fines stries rougeûtres. 
Rayons minuscules, mais très visibles, ressortant bien sur le 
fond brillant. 

Section langentielle. — Comme la radiale, mais les rayons 
ne sont visibles qu’à la loupe ; hauteur de 1 mm. environ. 

Emplois. — Probablement le meilleur bois de la colonie 
pour fondations ; de très longue durée surtout sous terre, caril 
se fendille au soleil (Guyane Angl., McTurk). Peut être 
obtenu facilement jusqu'à 13 m. sur 30 cm. d'équarrissage 
(Bell). Commode à travailler ; se fend facilement, mais prend 
bien les clous. 


Éch. type : 95,2751 Bell. 
Références : MeTurk, p. 6; Stone et Fr., p. 97. 


Tabebuia fluviatilis DC., n° 5467 C. 
Synonyme: Bignonia fluviatilis Aubl. 


Aublet, p. 653 : écorce lisse, cendrée; bois blanc, cassant. 


Ebène verte, n° 5474. 
Je n'ai aucune preuve de l'identité systématique de ce bois, 


De 


6 , H. STONE 


mais il a des caractères qui ne me laissent aucun doute sur 
nos échantillons types, qui sont bien l'Ébène verte : cepen- 
dant Sagot, le seul botaniste qui connut ces bois sur place, ne 
donne pas de nom systématique. Les autres auteurs aitent 
Tecoma leucorylon Mart., synonyme Tabebuia leucoxylon 
Mart., Bignonia leucorylon Lin. ou Vell. Duchesne dit que le 
T. leucorylon, qui est le Cèdre blanc des Antilles, est jaune : 
et Grisebach cite le nom anglais White-wood Cedar (Cèdre à 
bois blanc). Baïllon l'appelle Gavac bâtard ou Guayacan 
(Panama). Guibourt, qui, en fait de bois, s'y connaissait, mais 
qui n'avait malheureusement pas les moyens de les détermi- 
ner, en décrit cinq sortes : l’'Ébène verte brune, exhalant une 
odeur de Bardane lorsqu'on la râpe : l'Ébène verte grise de 
Cayenne, de couleur fauve grisätre, avec des stries Jaunâtres 
présentant une apparence de corne (la première Ébène verte de 
Guisan) ; deux sortes d'Ébènes vertes brunes, donnant avec 
l'alcool deux solutions différentes, l'une rouge et l'autre 
jaune verdâtre; enfin l'Ébène verte soufrée, qui, lorsqu'on 
l'équarrit, donne une poussière jaune serin comme le ferait un 
bois vermoulu. 

Lanessan en fait trois variétés : l’une à couleur jaune ver- 
dâtre, peu dense: et deux autres dont les descriptions 
paraissent avoir été empruntées à Guibourt. Il cite les noms 
de Marsiballi et Bois Saint-Martin des Dalbergiées. La Comm. 
de Brest dit que le bois d'Ébène verte produit une poussière 
verdâtre très fine lorsqu'il se rompt. Arnaudon (14 juin 1858) 
cite un Taigu, ou Tayegu, du Paraguay, dont les pores con- 
tiennent une poussière verte, mais ce n'est pas une de nos 
espèces, car je connais ce bois. Sagot et Martin-Lavigne 
disent que notre Ébène parait être parsemée d'une poudre 
Jaune. 

Je conclus que l'Ébène verte soufrée de Guibourt, celle de 
la Comm. de Brest, de Sagot, de Brousseau, de Varenne- 
Fenille, de Dumonteil, de Bassières, de Janssonius, de Renault 
et celle de Martin-Lavigne (description macroscopique seu- 
lement) sont notre bois, mais non celui de Baillon, qui serait 
le Taigu d'Arnoudan, ni celui de Rousselet, de Renault, de 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE D 1 


Grisebach, de Duchesne, de Lanessan, ni les autres variétés 
de Guibourt, ni la première Ebène verte de Guisan, ni celle 
de Martin-Lavigne, d’après sa description microscopique. 
Belt, p. 338, mentionne, depuis 1564, une Ébène verte à la 
Guyane. Je fais remarquer que Durand conserve le nom 
générique de Tabebuia, au lieu de Tecoma, tandis que l'Index 
Kew. adopte ce dernier. : 


Tecoma leucoxylon, n° 5474 A. 

Je crois utile de donner ici une courte description d'un 
échantillon du Musée Colonial de Marseille qui, en raison de 
son écorce, curieusement réticulée, me parait le Cèdre blanc de 
Duchesne et de Grisebach. Le bois donne une solution aqueuse 
opaque et opalescente, d'après cet échantillon qui est tout 
en aubier. Il correspond assez bien, quant à la structure, pour 
être placé dans le même genre que les échantillons étiquetés : 
Tecoma pentaphylla DC., Bois Poirier, n° 12, Guadeloupe 
(M. C. M.) (voir n° 5474 A.) et Tecoma ochracea Cham. 
n° 423, Brésil (Lyon). 

Caractères de l'écorce.— Couleur blanche, farine ou crème, 
rugueuse mais non gercée, couverte de côtes peu saillantes, 
ondulées, formant entre elles une série prolongée qui imite 
une ligne de 8. Épaisse de 2 à 3 mm. environ; formée de 
deux couches: celle de l'intérieur qui présente en section trans- 
versale des rayons blancs, convergeant en pinceaux sur le 
fond brun; et celle de l'extérieur, molle comme du liège, sur 
laquelle les plaques qui doivent se détacher sont bien déli- 
mitées. 

Structure du bois. Section transversale. — Couches très 
apparentes. 

Vaisseaux grands, de 0 mm.15 de diamètre, voilés par le 
parenchyme ; ils sont rares, de 4 à # mm q., et fortement isolés, 
ils contiennent des thylles quideviennent plus visibles lorsqu'ils 
sont humectés. 

Rayons en partie voilés par le parenchyme, écartés les uns 
des autres à une distance égale environ au diamètre d'un gros 
vaisseau. 


58 H. STONE 


Parenchyme abondant et très apparent, occupant du tiers 
à la moitié de la coupe en bandes concentriques, continues et 
dentées. 


Tecoma pentaphylla DC., n° 5474 A. 

Description d'un échantillon n° 12, Guadeloupe (M. C. M.), 
Bois Poirier. 

Bois léger et mou, d'un gros grain et beaucoup à rebours : 
couleur écrue ou brunâtre clair. Surface mate. La section 
transversale est légèrement plus foncée que celle des autres 
sections. 


Caractères physiques. — Densité : 0,396; sans couleur ni 
odeur. 

Structure du bois. — L'aubier n'est pas différencié du 
cœur. 


Couches en apparence délimitées. 

Vaisseaux très obscurs malgré leur grandeur, très difficiles 
à voir même à la loupe: une surface polie au papier verré 
montre la structure mieux qu'en section. Les vaisseaux sont 
disposés en lignes obliques ou en festons : il sont peurnombreux 
et fortement isolés, ordinairement simples, rarement par 
paires. 

Rayons visibles à la loupe, mais seulement à travers les 
zones dures qui séparent les lignes du parenchyme. Ils sont 
espacés presque régulièrement à des distances égales au dia- 
mètre d'un gros vaisseau, mais ne s'écartent pas au niveau 
de ces vaisseaux. Couleur brunâtre. 

Parenchyme a entourant et unissant les vaisseaux en fes- 
tons souvent interrompus. Ces festons sont plus continus, 
moins ondulés vers le bord extérieur de la couche où ils 
paraissent former la limite de cette couche. Dans la partie 
interne de la couche ils sont en fragments et forment des 
petits arcs et des angles. 

Section radiale. — Structure très obscure, sauf pour les 
vaisseaux, qui sont très gros et vides pour la plupart. Rayons 
transparents. 

Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les rayons 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 99 


sont petits d'une hauteur de Ü mm. 2 environ, rangés en 
palissade. Les couches paraissent çà et là en lignes obscures. 
Citations sur l'Ebène verte : 


Préfontaine : Ebène verte, Guirapariba ; ne se conserve pas sous 
-terre. Ebène jaune, variété de l'Ébène verte. 

Aublet, p. 659 : Bignonia leucoxæylon, Quirapaiba, Urupariba (Brésil), 
Pa6 d’arco (Portug., Mareg.) ; Bois d'Ébène verte (Cayenne). 

Varenne-Fenille, p. 1#1 : Ebène verte; poids égale la densité de 1,170; 
plutôt brune que verte, surtout lorsqu'elle subit des intempéries ; elle 
devient de couleur vert canard lorsqu'elle est travaillée. 

Dumonteil, p. 152: Ebène verte. Densité, 0,904; force, 333 ; élast.» 
188. Classe 2, celle du Chène. 

Commission de Brest, p. 162. Densité, 1,042; force, de 1660 à 1800, 
ou 2,52 si le Chêne égale 1 ; élasticité, de 15 à 25. La même, p. 166 : sa 
rupture est, longtemps à l'avance, annoncée par «'e petits éclats; les 
fibres sont plutôt déchirées que rompues ; il projette une poussière 
verdâtre très fine. La même, p.179: sa valeur, comme bois pour rouets 
de poulies, égale la moitié de celle du Gaïac. La même, p. 184: Essais 
sur les échantillons de Dumonteil, conservés à couvert: force, de 
1480 à 1700, ou de 2,42 à 2,52 si le Chêne égale 1 ; élast., 25. Conservés à 
découvert : force, de 1.096 à 1.600 ou 1,72 si le Chène égale 1 ; élast. de 
15 à 25. Sa rupture est annoncée longtemps à l'avance et se produit avec 
_un déchirement prolongé. Un cabrion ayant fléchi de O0 mm.25 sous un 
poids de 1.600 kilos s’est parfaitement redressé, aussitôt débarrassé de 
sa charge. La même, p.197. Classe 1 d. 

Sagot, XXVII, p. 225 : Sur une section fraîchement coupée et polie, 
on aperçoit à la loupe une multitude de petits corpuscules gommo- 
résineux qui tapissent les parois des vaisseaux. Le bois parait parsemé 
d'une poudre jaune. 

Guibourt, II, p. 542: Le bois désigné par Marcgraff, sous le nom de 
Guirapariba, est l'Ébène verte brune, mais non l'Ebène soufrée. (Voir 
aussi 5474 C et D.) 

Jansonius, 1914, p. #1, fig. 13 et 14, donne une description très détail- 
lée qui pourrait s'appliquer à notre bois. Cette description, d'apres lui, 
serait celle de Tecoma leucoxylon Mart., var. pentaphylla. Sa déter- 
mination n'est basée que d’après les feuilles et il me semble que l'iden- 
tité de l'Ebène verte n’est pas encore bien résolue. L'auteur dit que 
l’aubier est blanc jaunâtre et d’une largeur de # cm. environ, que le 
cœur est brun rougeàtre et qu'il y aunezoneintermédiaire vert jaunâtre, 
C’est dans cette zone que se trouve la matière jaunâtre en plus grande 
quantité ; avec la potasse, cette matière jaunâtre devient rouge et le 
bois rougeàtre. Il faut noter que le nom systématique cité par l'auteur 


produitune confusion par rapport au Tahebuia pentaphylla Hems|., nom 


60 H. STONE 


généralement associé avec le Buis des Antilles. (Voir Stone Timbers of 
Commerce, p. 169, pl. XII, fig. 105.) 
Schwartz, If, p. 711: Laurus leucorylon. Whitewood (Jamaïque), 
Loblolly Sweetwood : cortice læviuseulo. Ë 
De Rochefort, p.75.« L’Ébène verte des Antilles fournit une teinture 


d'un beau vert naissant. Aubel de deux pouces, blanc : cœur vert si 


obscur qu'il approche du noir, mais quand on le: polit on découvre 
certaines veines jaunes qui le font paroistre marbré. L'arbre est fort 
touffu à cause que sa racine pousse une grande quantité de rejetons. Les 
feuilles sont polies et d’un beau vert.» 


Il est à noter que les striées vertes, sur notre bois, sont 


moins apparentes sur une surface polie et quil ne présente 
rien qui corresponde au mot marbré. 


Renault, p. 166: Tecoma leucoxylon. Solution jaune se produisant 
très rapidement, changée en rouge vif par l'alcool etramenée à sa pre- 
mière couleur par les acides. 

Arnaudon, 14 juin 1858: Taigu ou Tayegu (Paraguay). Paraît être 
l'Ébène verte de Guisan ;la couleur de l'extérieur est brune, se rappro- 
chant de celle du Noyer. Si on enlève une couche de quelques centi- 
mètres,on aperçoit des points brillants incolores ou légèrement jaunâtres; 
la superficie change de couleur au bout de quelques jours,tet de gris- 
brun passe à un jaune vert assez vif. Ce bois a une odeur nauséabonde 
prononcée. | 

Roussellet: Une Zygophyllée de couleur verdâtre, mélangée de larges 
veines blanches qui brunissent en vieillissant. 

Bassières, p. 197 : Tecoma leucoxæylon. L'Ebène verte soufrée est un 
Zygophyllum; densité, 1,211. 

Niederlein,p. 3: Ezxcoecaria glandulosa Sw. Ebène verte, Bois vert 
Guadeloupe); Haïte vert, Colas, Casse haches, Ebène verte brune. Le 


” 


même,p.5: Tecoma leucoxylon, Caramacate (Guyane). 


À part les noms vulgaires déjà cités, les noms suivants se 
rapportent à Tecoma leucoxylon: 

Roble? Roble prieto (Amérique trop.); Zapote {t. gén., 
Ant., Urban). Bois d’Ebène (Guadel., Duss.). Bignone à 
ébène, Ebène jaune, Ebène verte de Cayenne, Gupariba. Bois 
d'Evilasse (Guibourt). Arrhonée, Arahoni (Galibis). Marsiballi 
(Arr.) Bois de Saint-Martin (de Lanessan). Courali (Surinam 
Pulle). Groenhart, Groenhart Stugo (Martin-Lavigne). 
Groenhart des Savannes (Surinam, Fuente). 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANCAISE 61 


Le nom de Marsiballi se rapporte à un autre bois non 
déterminé (voir 2333 M); ceux de Roble et Zapote sont très 
communs ; d’après Hedinger, le dernier est appliqué à un 
cértain Buis des Antilles, employé en France pour la fabrica- 
tion des peignes. Le nom de Bois Saint-Martin se trouve par- 
tout, et le Groenhart le plus connu est le Nectandra Rodiaeï 
(v. 6201 A). Grisard cite un Guripariba, ou ÆRhizophora sp. 
(v. 2232). 


Ébène verte soufrée (Guibourt), n° 5474 B. 

Caractères généraux, — Bois lourd, très dur, de couleur 
brun foncé, striée ; ses pores très étroits, mais très apparents, 
sont remplis de grains couleur de soufre. La surface est unie, 
légèrement luisante, fonçant beaucoup à l'air; elle perd sa 
couleur soufrée avec le temps et devient brun chocolat. La 
couche transversale, lisse, est plus foncée que les autres 
sections; mais, lorsqu'on la scie, sa couleur est nettement 
verte. Lorsqu'on le râpe avec du papier de verre, 1l donne 
une poudre verdâtre. 

Caractères physiques. — Densité, 1,160; dureté, celle de 
l'Ébène noire. Sans saveur ni odeur. Solution aqueuse froide, 
presque incolore ; chaude, de couleur brun clair et alcoolique, 
un peu plus foncée. Le bois devient rouge après une applica- 
tion de savon. Il brûle plutôt mal, sans arome spécial, et la 
chaleur fait ressortir un suc de ses pores. 

Structure du bois. — Section transversale, Couches déli- 
mitées ; les limites sont des zones presque sans vaisseaux et 
indiquées ordinairement par le changement de l'orientation 
des lignes des vaisseaux. 

Vaisseaux visibles à cause de leur nombre et de leur cou- 
leur claire ; isolés, mais disposés en lignes obliques bien 
caractérisées qui forment parfois des angles, ls sont distribués 
également dans la zone intérieure de la couche, mais dimi- 
nuent quelquefois en nombre et deviennent (rès rares dans la 
zone extérieure, Leur contenu est jaune ou blane. 

Rayons à peine visibles à la loupe, exceptionnellement 
fins, uniformes, équidistants, à intervalles d'une distance un 


62 IH. STONE 


peu plus grande que le diamètre d'un gros vaisseau. Ils 
ressemblent à de la soie jaune ou blanche. 

Parenchyme 4 entourant les vaisseaux et s'étendant rare- 
ment en ailes qui unissent les vaisseaux en lignes obliques. 

Section radiale. — Les limites des couches sont seulement 
visibles à la loupe. Les vaisseaux sont obscurs, mais très 
apparents lorsqu'ils sont remplis de matière jaune. Rayons 
serrés, très obscurs, mais visibles à la loupe: ils sont plus 
clairs que le fond et plus foncés que les vaisseaux. 

Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les vai- 
seaux sont légèrement inclinés et les rayons en étages sont à 
peine visibles à la loupe. 

Emplois. — Bon pour manches de canifs, de couteaux, de 
sabres ; il donne une teinture d'un beau vert tendre (Brous- 
seau). Planches de grandes dimensions; l'un des premiers 
bois de notre colonie (Sagot). Il serait susceptible de servir 
pour rais d'automobiles à cause de sa force et de sa grande 
élasticité. 


Éch. types : Nos 24, 93 et 95 Guyane, du Musée Colonial de Marseille ; 
n° 490, série IT, Lyon. 


Ébène verte grise de Cayenne, n° 5474 C. 


Guibourt, Il, p. 541: Ebène verte, Ebène noire, la première Ébène 
verte de Guisan ; de couleur fauve grisàtre avec des stries jaunâtres, et 
présentant une sorte de demi-transparence ou d'aspect corné. Il devient 
couleur châtaigne, fonçant beaucoup à l'air. Il est insipide et bien moins 
riche en matière colorante que l'Ébène verte soufrée ; la solution est la 
même, jaune tournant au rouge avec les alcalis. 


Ébène verte brune, n° 5474 D. 


Guibourt, Il, p. 542: Le Guaripariba de Marcgraff; il répand une 
odeur peu agréable de Bardane lorsqu'on le ràpe ; solution verte, qui ne 
devient pas rouge avec les alcalis. 


Je crois que le Taigu d'Arnaudon pourrait être cette espèce, 
à cause de son odeur nauséabonde. Le Musée de Lyon possède 
un échantillon de aigu, n° 292, série IT, qui est inodore, même 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 63 


lorsqu'il est râpé ou humecté, mais qui a peut-être, en vieil- 


lissant, perdu son odeur. Il ressemble à l’'Ébène verte soufrée, 
mais sa structure est différente: la couleur verte des fines stries 
s est intensifiée avecle temps. Le bois laisse une poudre brune 
sur le papier de verre. Il est bien possible que ce soit une 
Zygophyllée. Densité, 0,958. 


Deuxième Ébène verte brune de Guibourt n° 5474 E. 


Guibourt, IT, p. 542 : Ecorce d'apparence fibreuse, mais assez dure 
et cassante., Aubier très mince, blanchâtre et fort dur. Cœur d’une 
texture très fine, d’abord de couleur vert olive très foncée et veinée, 
puis brunissant considérablement et finissant par devenir presque noir. 
I contient énormément de principe colorant jaune verdâtre, soluble 
dans l’eau ; la solution devient brune avec les alcalis. 


Il est possible que ce soit l’Excœcaria qglandulosa où Brya 
Ebeneus cité par Holtzapfel 

Le bois de ce dernier auteur est le Cocus des Anglais, dont 
la solution aqueuse n'est pas colorée et dont la solution alcoo- 
lique est brune. 


Ébène jaune, n° 5474 F. 


Barrère, p. 22: Legno cilrino, variété de Guirapariba de Marcgraff ou 
l'Ebène verte. 


TRIBU II — JACARANDÉES 


Jacaranda Copaia D. Don., n° 5489 A. 
Synonyme : Bignonia Copaia Aubl. 


Aublet, p. 651: Onguent pian ; Copaïa (Galibis); écorce épaisse, 
cendrée ; bois blane et peu compact. 

Sagot, p. 916: Le Coupaïa des chantiers (Guyane) (v. 6151 A). 

Greshoff, 1901, p. 31 : Jassie Nœdol (Surinam). 

Niederlein, p. 12; Bois à pian. 

Hubert, p. 198: Caroba do Matlo ; Parapara (terme gén. Brésil, Voir 
4992 C). 

Harrisson et Bancroft, p. 231: Phootee, Jacaranda Copaia, pour boites 
d'allumettes. 


2H 
SE 


64 H. STONE 


Phootee, Bell, p. 8. 

Caractères généraux. — Bois mou et léger, de couleur 
blanc sale et à gros grains. 

Caractèrés physiques. — Densité, 0,427 : dureté, celle du 
Saule. Sans odeur nisaveur. 

Caractères de l'écorce. — Epaisse de 3 à 5 mm. environ, 
presque lisse, de couleur jaune ou brun clair; les fibres de 
l'intérieur ressemblent aux poils d’une brosse. 

Structure du bois. — L'aubier n'est pas différent du cœur. 

Section transversale. -— Couches non délimitées. 

Vaisseaux visibles comme des piqüres, très variables, 
simples ou par groupes de 2 à 4, subdivisés irrégulièrement ; 
ils sont peu nombreux, distribués régulièrement et fortement 
isolés. 

Rayons à peine visibles, uniformes en apparence, irréguliers, 
à intervalles d'une distance légèrement inférieure au diamètre 
d’un gros vaisseau et s'écartant à peine au niveau de ces vais- 
seaux. 

Parenchyme à, facilement visible lorsqu'il est humecté; 1l 
entoure les vaisseaux en s'étendant en minces ailes lalérales ; 
blanc. Le 

Section radiale. — Surface brillante. Vaisseaux vides, très 
sros, plus foncés que le fond. Rayons visibles par réflexion. 

Section tangentielle. — Comme la radiale, mais les rayons, 
visibles seulement à la loupe, rendent, par leur ensemble, la 
surface mate : ils ont environ Î mm. de hauteur. 


Éch. type : 72,2728 Bell. 
Références : Stone et Fr., p. 73. 


Jacaranda brasiliana Pers., n° 5489 B. 


Niederlein, p. 3 : Palissandre violet (Guyane). 


Crescentia Cujete Lin. (non Billb. ni Vell.), n° 5495. 


Du- Tertre, p. 251 : Couy, un calabash. 

Préfontaine, p. 159: Calebassier. Toutes les espèces ou variétés de 
cet arbre sont égales entre elles, quant au tronc et aux feuilles. Le plus 
haut Calebassier ne dépasse pas 16 pieds. 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 69 


a) Cujete (Marcgr.). Matallou par les hommes caraïbes et Huira par 
les femmes ; Tiboucoulou (Caraïbe) ; Petite Calebasse d'arbre. 

b) Mouloutoucou (hommes), Commori (femmes), Gogligo (nègres). 

c) Tonton (hommes), Ehueyu (femmes). 

d) Imalagali (hommes), Chichira (femmes). 

e) Tamoucoulou. 

Aublet, p. 664, mentionne quatre variétés qui ne se distinguent que 
par la forme de leurs fruits. Couis signifie calabash. 

Dumonteil, p. 156: Calebassier. Densité, 0,633 ; force, 117; élast., 
545 ; flexibilité, 9,46 ; p. 163. Classe 6 de très faible valeur. (Est-ce 
cette espèce ?) 

Guibourt, Il, p. 539: Couis, Calebasse. 


Je me demande si ce Couis n'est pas le Cowassa (v. 638 B), 
car ce dernier égale le Mammee, qui à son lour se rapporte à 


Calebas. 


FAMILLE CXXXII. — MYOPORACÉES 


Bontia daphnoides Lin. (non Salisb.), n° 5650. 


Aublet, p. 673: Olivier sauvage, 


FAMILLE CXXXIV.— VERBÉNACÉES 
PRIBUSV : = VIPICÉES 


Aegiphila arborescens Vahl., n° 5700. 
Synonyme: Manabea arborescens Aubl. 


Aublet, p. 64 : Manabo en arbre. Bois de Golette ; écorce grisàtre, 
gercée; bois blanchâtre se fendant facilement ; convient pour claies qui 
forment les cloisons. 


Vitex sp., n° 5708. 


De Lanessan, p.151: Bois la morue, à cause de son odeur. 

Sagot, p. 917, cite Vitexæ mulliflora (Est-ce celle de Miq. qui égale 
Vilexæ divaricala Sw.) qui parait être la seule espèce ayant les dimen- 
sions d'un arbre de la Guyane. 


66 H. STONE 


TRIBU VIII — AVICENNIÉES. 


Avicennia nitida Jacq., n° 5724. 


Barrère, p. 35: Palétuvier blanc, le Cereiba de Marcgraff.(Est-ce cette 
espèce ?) 

Dumonteil, p. 154: Palétuvier blanc. Densité, 0,768 ; force, 146; 
élast., 181 ; flexib., 2,257 Le même, p. 462 : Classe 5 MES ceeette 
espèce ?) 

Sagot, p. 917: A. nilida ; cœur très dur, fibres remarquablement 
entrecroisées. 

Pulle, p, #04: Pariva (Surinam. 

Huber, p. 201: Ciriuba (Brésil). 

Préfontaine : Palétuvier blanc (v. 1837, var. 1). 

Pulle, 1907, p.99 ; Parwa (Surinam). 


FAMILLE CXLIII. — POLYGONACÉES 


TRIBU V. — COCCOLOBÉES 


Coccoloba uvifera Lin.. n° 6091 A. 
Synonyme: Polygonum uviferum Lin. 


Aublet, p. 354: Bois baguette (Cayenne), Raisinier du bord de la mer 
Saint-Domingue). 

Diaz : Uvas de costa. 

Pulle, p. 161 : Druif, Zee-druif (Surinam. 

Grisard, 189,1, p. 621: Raisinier à grappes, Raisinier à fruits, Peu- 
plier d'Amérique, Ubero de playa (Cuba); Papaturro (Salvador) ; bois 
rougeàtre veiné, dur, plein; bon pour charpente, menuiserie, construc- 
tions et meubles, Solution (bois et écorce) de couleur rouge brun 
opaque. Ecorce à cassure noire et luisante ; saveur astringente ; employé 
pour tannage et teinture noire. Il donne le kino d'Amérique. 


C'est le Sea-side grape des Anglais. 

L'échantillon n° 122, Guyane, du Musée Colonial de Mar- 
seille, petite tige de 2 cm. 5 de diamètre, a l’écorce rouge, 
unie, mais légèrement rugueuse, d'une épaisseur de 1 mm. 
environ, remplie de sclérites blancs et un peu stratifiée à 


BOIS UTILES DE LA GUYANE FRANÇAISE 61 


l'intérieur; fortement adhérente, dure, ligneuse et d'une 
cassure grenue. Le parenchyme se présente en lignes concen- 
triques, de couleur rouge clair, très larges, souvent interrom- 
pues, et qui s'anastomosent et entourent les vaisseaux. Ce 
bois n’a rien de commun avec la section de Noerdlinger qui a 
peu de parenchyme et qui est caractérisée par ses rayons très 
forts et courbes, tandis que ceux de notre échantillon sont 
très fins. 


Coccoloba grandiflora Jacq., n° 6091 B. 
Synonyme : C. pubescens Lan. 


Grisard, 18914, I, p. 620 : Bois lourd, presque aussi dur que le Bois de 
fer, de couleur rouge foncé; incorruptible et très flexible, Difficile à 
travailler ; bon pour l’ébénisterie, et pour les pieux, qui durcissent 
beaucoup en terre. Densité, 0,890 ; rupture, 778 ; élast., 2,105. 

Niederlein, p. 3: Bois rouge montagne (Guadeloupe) ; Raisinier à 
grandes feuilles (Martinique). 

Bremer, p. 204: Bradi lifi (Surinam) 


Coccoloba latifolia Lamk. ou Poepp., n° 609 C. 
Si c'est celui de Lamk., c'est une bonne espèce ; si c'est 
celui de Poepp., il est synonyme de C. polystachya Wedd. 


Sagot, p.919: Bois baguette, sans usage connu, 
Huber, p. 173: Canassu ; dur, incorruptible. 


Coccoloba excoriata Lin., n°6091 C. 


Aublet, p. 354 : Bois baguette. 


Coccoleba sp., n° 6091 D. 


Niederlein, p. 3: Saint-Jean (Guyane) (v. 2934). 
TRIBU VI. — TRIPLARIDÉES 


Triplaris surinamensis Cham., n° 6097. 
Synonyme, 7. americana Aubl.: (non H. B. et K., ni Lin. 


ni Pav., ni Rob,, ni Vahl). 


6S fl. STONE 


 Aublet, p. 910: Sapahaka-apolli (Galibis); écorce lisse, roussâtre, 
marquée, par intervalles, d'un cercle annulaire; bois creux formant un 
tuyau ligneux, blanchâtre. 


Je me demande si ce n'est pas l'Ambaiba, Bois à canon, de 
Barrère, p. 10: Arbre creux à l'intérieur. 


Huber, p. 173: Tachy preto (Amazones|. 
Bremer, p. 203 : Mierenhout, Mirahoudou (Surinam). 


(À suivre.) 


MACON, PROTAT FRÈRES, IMPRIMEURS. 


Principaux Mémoires parus antérieurement dans les 
ANNALES DU MUSÉE COLONIAL DE MARSEILLE 


De Hrckez : Sur quelques plantes à graines grasses nouvelles ou peu connues. 
des colonies françaises, et en particulier de Madagascar. Année 1908. 
Cravenie : Contribution à l'étude anatomique et histologique des plantes textiles 
exotiques. Année 1909. 
pe Wrzoewax : Notes sur des plantes largement cultivées par les indigènes en 
Afrique tropicale. Année 1909. 
D' HeckeL : Les Plantes utiles de Madagascar. Année 1910. 
H. Juuezze et H. Perrier DE LA Baruie : Fragments biologiques de la flore de 
Madagascar. Année 1910. 
Guizzaumix : Catalogue des Plantes phanérogames de la Nouvelle-Calédonie et 
dépendances. Année 1911. 
Dugarp : Les Sapotacées du groupe des Sidéroxylinées. Année 1912. 
Baupox : Sur quelques plantes alimentaires indigènes du Congo français. Année 
à 
DE WWizpemax : Les Bananiers; culture, exploitation, commerce ; systématique 
du genre Musa. Année 1912. 
H. Juuecce et-H. Perrier DE LA Barre : Palmiers de Madagascar. Année 1913. 
P. Cnoux : Études biologiques sur les Asclépiadacées de Madagascar. Année 
1914. 
H. Juwezze : Le Dr Heckel, Année 1915. 
R. Hamer et H. Perrier DE LA Baruie : Contribution à l'étude des Crassulacées 
malgaches. Année 1915. 
A. Fauvez: Le Cocotier de Mer. Lodoicea Sechellarum. Année 1915. 
H. Juuezze : Les Recherches récentes sur les ressources des Colonies francaises 
et étrangères et des autres Pays chauds. Année 1916. 
H. Juuezce : Catalogue descriptif des Collections botaniques du Musée Colonial 
de Marseille : Madagascar et Réunion. Année 1916. 
H. Juuezce : Catalogue descriptif des collections botaniques du Musée Colonial 
de Marseille : Afrique Occidentale Française. Année 1917. 
H. Jumezre : Notes statistiques sur les Plantations étrangères de caoutchouc 
dans le Moyen-Orient. Année 1917. 
H. Juueccer : Les variétés du Palmier à huile. Année 1917 
H. Juuezre : Quelques données sur l’état actuel de la culture cotonnière. Année 
NAT. 
FH. Juuezre : Les Dypsis de Madagascar. Année 1918, 
‘H. JuMELLE : L'Élevage et le Commerce des viandes dans nos colonies et 
quelques autres pays. Année 1918. 
J. Cane : L'Élevage à Madagascar. Année 1918. 
Bourox et Vipaz : Essais de fabrication de papier avec le Passerine hirsute et 
d'autres Thymiliacées. Année 1918. 
Bouron et Vinaz : Essais de fabrication de papier avec le Bois-bouchon de la 
Guyane Française. Année 1918. 


H, Juuezce et H, Perrier pe LA Baruie : Nouvelles observations sur les Masca- 
renhasia de l'Est de Madagascar. Année 1918. 


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Les Annales du Musée Colonial de Marseille, fondées en 1893, 


paraissent annuellement en un volume ou en plusieurs fascicules. 


Tous ces volumes, dont le prix est variable suivant leur importance, 
sont en vente chez M. CHarLamEL, libraire, 17, rue Jacob, à Paris, à 


qui toutes les demandes de renseignements, au point de vue commer- 
cial, doivent être adressées. 


Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé à M. Henri 
JUMELLE, professeur à la Faculté des Sciences, directeur du Musée 
Colonial, 5, rue Noailles, à Marseille. 


Les auteurs des mémoires insérés dans les Annales ont droit gra- 
tuitement à vingt-cinq exemplaires en tirage à part. Ils peuvent, à 
leurs frais, demander vingt-cinq exemplaires SHPRENERÇ RS avec 
titre spécial sur la couverture. 


La suite du travail de M. H. Stone sur Les bois utiles de la Guyane 
Française paraîtra dans le second fascicule de 1919. 


ERRATUM 


Sur la couverture d’un précédent fascicule : 


Lire : « Vingl-quatrième année, 3° série, 4° volume (1916), 2° fascicule », 
au lieu de : « Vingl-cinquième année, etc. » 


MACON, PROTAT FRÈRES, IMPRIMEURS. 


INSTITUT COLONIAL MARSEILLAIS 


ANNALES 


MUSÉE COLONIAL 


FONDÉES EN 1898 PAR EDOUARD HECKEL 


DIRIGÉES PAR 


M. Her JUMELLE 


Professeur à la Faculté des Sciences 


Directeur du Musée Colonial de Marseille 


Vingt-Septième Année, 3m Série, 7% Volume (1919) 
| 17 FASCICULE 


1 Etude systématiqué, morphologique et anatomique des Chlænacées, 
par M. Félix GérarD. 

2° Notes et expériences sur la coagulation du latex d'hévéa, par 
M. Georges VEerNETr, chimiste à l'Institut Pasteur de Nha- Trang 
(Annam). 

3° La farine des graines et la fécule des isreilos de l’Icacina 
senegalensis, par M. R. CERIGHELLI. 

4° Les Aracées de Madagascar, par M. Henri JuMELzE. 


MARSEILLE PARIS 
MUSÉE COLONIAL LIBRAIRIE CHALLAMEL 
‘5, Rue Noires, 5 17, Rue Jacos, 17 


1919 


SOMMAIRES 


des plus récents Volumes des Annales du Musée Colonial de Marseille . 


1914 
D: Mavexc : Les Badamiers. 


R. Hamer et PERRIER DE LA BATHIE : Nouvelle contribution à l'étude 
des Crassulacées -malgaches. 


Pierre Caoux : Etudes biologiques sur les Asclépiadacées de Madagascar. 


1915 
H. Jumezze : Le D' Heckel. 


Marcel Augarp : Les Sapotacées du groupe des Sidéroxylinées Mimu- 
sopées. S 


R. Hamer et PERRIER DE LA BATHIE : Contribution à l'étude des Cras- 
sulacées malgaches. $ 


R. Hamer : Sur quelques Kalanchoe de la flore malgache. 


A. Fauvez : Le Cocotier de Mer, ‘‘ Lodoicea Sechellarum ” 


4916 


1% Fascicule. — H. Jumezre : Catalogue descriptif des Collections 
Botaniques du Musée Colonial de Marserliés Mada- 
gascar et Réunion. 


2me Fascicule. — PiERAERTS : Re RTE oléagineuses africaines. 


H. JumeLze :-Les Monocotylédones sets de Mada- 
gascar. 


Herbert SToxE : Les Bois utiles de la Guyane française. 


ge Fascicule. — H. Jumezre: Les Recherches récentes sur les ressources 
des Colonies françaises et étrangères et des autres 
Pays chauds. 


ANNALES 
MUSÉE COLONIAL DÆ MARSEILLE 
(Année 1919) 


INSTITUT COLONIAL MARSEILLAIS 


ANNALES 


MUSÉE COLONIAL 


DE MARSEILLE 


FONDÉES EN 189S PAR EDOUARD HECKEL 


DIRIGÉES PAR 


M. Henri JUMELLE 


Professeur à la Faculté des Sciences 


Directeur du Musée Colonial de Marseille 


Vingt-Septième Année, 3% Série, 7° Volume (1919) 
1 FASCICULE 


1° Etude systématique, morphologique et anatomique des Chiænacées, 
par M. Félix GÉRARD». 


2° Notes et expériences sur la coagulation du latex d’hévéa, par 
M. Georges VERNET, chimiste à l'Institut Pasteur de Nha-Trang 
(Annami). 


3° La farine des graines et la fécule des tubercules de l’Icacina 
senegalensis, par M. R. CERIGHELLI. 


4° Les Aracées de Madagascar, par M. Henri JUMELLE. 


MARSEILLE PARIS 
MUSÉE COLONIAL LIBRAIRIE CHALLAMEL 


5, RuE NoaïiLzes, 5 17, RuE JacoB, 17 


1919 


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ÉTUDE 


SYSTÉMATIQUE, MORPHOLOGIQUE ET ANATOMIQUE 


DES 


CHLÆNACÉES 


Par F. GÉRARD 


INTRODUCTION 


La famille, essentiellement malgache, des Chlænacées 
est depuis fort longtemps connue, mais elle n'avait été 
étudiée jusque vers 1871 que par Dupetit Thouars', qui 
créa le genre Sarcolæna en 1806. Ce même botaniste 
reconnaissait d’ailleurs peu après les trois autres genres 
Leptolæna, Schizolæna et Rhodolæna. De Candolle* en 
donna des diagnoses très succinctes, el ces quatre genres 
furent, pendant très longtemps, les seuls connus. C'est 
seulement en 1871, en effet, que Baïillon*, écrivant la 
monographie de cette famille, établit, à son tour, le 
senre Scleroolena. Il n'y avait guère alors que 5 genres 
et 10 espèces dans la famille. 

Plus tard, en 1882, Baïllon indiquait trois nouvelles 
espèces du genre Sarcolæna, tandis que Baker ‘, étudiant 
presque en même temps les échantillons rapportés de 
Madagascar par le Révérend P. Baron, créait, de son 
côté, le genre Xerochlamys et y faisait précisément entrer 
les espèces nouvelles de Baïllon. Celui-ci nv consentait 
d'ailleurs pas et ajoutait,en 1884, à la liste des Chlæna- 
cées, le genre nouveau Eremolæna ! 


1. Hist. des vég. rec. dans les îles austr. d'Afr. XI, 41. 

2, Prodomus 1, 521, 522, Chlænacées. 

3. Adansontia X, 234. Stirpes exoticæ nov ; sur le fruit d'une nouvelle Chl- 
nacée. 

4, Journal of Linnean Society (Botany) XXV, 254, The Flora of Madagascar, 
Journal of Botany XX. 455. 

5. Bulletin de la Société Linnéenne de Paris, 1884, H3: Les Xylochlæna et la 
valeur de la famille des Chlænacées, 


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BOT 


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4 F. GÉRARD 


Depuis cette époque lointaine, et à part le genre Sarco- 
læna, qui s'enrichit en 1895, grâce à Baker ', du Sarcolæna 
codonochlamuys, aucune plante nouvelle n’a été décrite 
dans la famille. Et ceci, évidemment, faute de maté- 
riaux nouveaux. 

Les échantillons existant dans les herbiers ayant tous 
été recueillis très anciennement et pour la plupart som- 
mairement décrits, il devait être intéressant de reprendre 
leur étude, dans le but d'avoir des connaissances plus 
complètes sur une famille très autochtone. D'autant plus 
que les auteurs ont interprété très différemment les vues 
de Baillon et de Baker. Palacky”, pas plus que Van 
Tieghem *, n’ont, en effet, adopté définitivement le genre 
Xerochlamys. Ce dernier botaniste ne fait même pas 
mention, en 1891, des genres Scleroolena et Eremolænu 
de Baiïillon. L'Index Keiwensis maintient également les 
espèces discutées dans le genre Sarcolæna, mais en accep- 
tant toutefois comme Xerochlamys le X. pilosa et le 
X. pubescens de Baker. Schumann’, par contre, diffé- 
rencie bien les deux genres, se ralliant ainsi complète- 
ment à la proposition du botaniste anglais. 

Nous avons pu, dès la fin de 1913, entreprendre à la 
Faculté des Sciences de Marseille l'étude des Chlænacées 
recueillies à Madagascar en ces 20 dernières années par 
M. Perrier de la Bâthie. Les nombreux échantillons que 
nous avons examinés étant très complets, et accompa- 
onés d'indications précieuses, il nous est possible de pré- 
ciser, pour la plupart des représentants de la famille, des 
caractères qui n'avaient, jusqu'alors, été donnés qu'im- 
parfaitement ou incomplètement. Nous avons notamment 


1. Kew Bulletin 1893, II. Decades Kewenses ; Sare. codonochlamys. 
2. Catalogus Plantarum madagascariensium 1, 21, 22. Chlænacées. 

3. Traité de Botanique IX, 1607. Sarcolénées. 

4. Engler et Prantl, Natürlichen Pflanzenfamilien IX, 6. Chlænacées. 


INTRODUCTION J 


pu indiquer les conditions de végétation, le port des 
différentes espèces, leur plus ou moins grande fréquence. 
Pour les rares espèces qui n'étaient pas représentées dans 
l'herbier Perrier, nous avons complété notre travail par 
l'examen des échantillons du Muséum, soit que nous 
l’ayons fait sur place, soit que des spécimens nous aient 
été communiqués. Il en a été de même pour certains 
tvpes qui n'existent que dans l'herbier de Kew. 

Jusqu'alors la famille comptait 7 genres et 27 espèces, 
du moins d'après certains auteurs, comme nous lavons 
indiqué plus haut. Si aucun des échantillons de l'herbier 
Perrier n’a paru justifier la création d’un genre nouveau, 
du moins nous avons pu décrire de nombreuses espèces 
nouvelles, ces espèces étant d’ailleurs toujours envisa- 
gées au sens de Linné et rattachées, dans notre étude, à 
des genres établis, dont nous avons seulement défini et 
complété exactement les caractères. 

Nous avons été amené tout d'abord à adopter une 
dénomination fixe, et que nous proposons d'accepter 
définitivement aussi bien pour chaque espèce et chaque 
senre que pour la famille elle-même. EE il nous a semblé 
que l'appellation de Chlænacées, indiquée par Baillon 
et d'autres, après Dupetit Thouars et De Candolle, devait 
être conservée. Nous avons donc écarté le terme 
Sarcolénées de Van Tieghem. Il semble d'ailleurs qu'il 
n'y aurait eu quelque raison d'adopter ce nom que 
dans le cas où tous les représentants de Ta famille 


enre Sarcolænu. 


auraient pu être rangés dans le seul g 
I convient, logiquement, d'appeler dorénavant les divers 
“enres: Sarcochlæna, Leplochlæna, ete., et non Sarcolæna 
et Leplolæna, ete., comme le faisaient cependant Baïllon 
et d'autres auteurs après lui. Il ne parait même pas possi- 
ble de dire ou d'écrire indifféremment lun ou lautre, 


6 “F. GÉRARD 


comme Schumann !: ceci, afin d'éviter des confusions. 
On verra, en effet, l'erreur possible à propos de l’ancien 
Scleroolena de Baillon. 


L’exposé de nos résultats sera subdivisé en cinq 
chapitres. 

Un. premier indique les caractères généraux de la 
famille. 

Dans le second chapitre, nous étudions successivement, 
et en sept paragraphes distincts, chaque genre. Les 
diverses espèces connues avant notre travail et celles 
que nous avons déterminées y sont passées en revue. 
Et cette étude porte sur leur morphologie externe : elle 
indique, avec chaque description et diagnose, les raisons 
qui nous ont décidé à adopter ou modifier, suivant les 
cas, les indications jusqu'alors données par les auteurs 
sur chaque plante. Dans une première partie de ce 
chapitre nous traitons des Chlænacées à 3 sépales ; les 
deux genres à » sépales sont étudiés dans une deuxième 
partie. 

Le résultat des recherches anatomiques que nous 
avons faites, complétant les données connues sur la 
morphologie interne, fait l'objet d’un troisième chapitre. 

Venant à l'appui des constatations exposées dans le 
second chapitre, les différences dans la structure interne 
nous permettent ensuite de proposer, dans la première 
partie du chapitre IV, une classification. Nous la donnons 
sous Ja forme d’un tableau qui pourra ultérieurement 
faciliter la détermination des Chlænacées malgaches. 

Un deuxième paragraphe traite des affinités de Ja 
famille et de sa place dans la classification générale. 


1. In Engler et Prantl, loc. cit. III, 6. p. 168. 


INTRODUCTION 1 


Un cinquième chapitre comprend des indications phy- 
togéographiques et expose diverses considérations sur 
l'adaptation à la nature du sol et suivant la latitude. 
Quelques indications sur l'utilisation de ces plantes par 
les indigènes et sur leur noms vernaculaires complètent 
ce chapitre. 


Enfin, un résumé général termine notre mémoire. 


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7 a or Ed FT sels 


CHAPTFRE" PREMIER 


Caractères généraux des Ghlænacées 


Baillon', Van Tieghem * et Schumann * ont successive- 
ment indiqué des caractères communs à toute la famille. 
Mais si ces caractères ne sont pas toujours contradictoires, 
ils sont souvent incomplets. Ceci s'explique d’ailleurs. 
Van Tieghem n'avait pas reconnu les deux derniers genres 
de Baiïllon, qui n'accordait pas lui-même aux Xerochlamys 
l'importance d'un genre nouveau que Baker réclamait pour 
eux. Schumann, n'ayant pu, faute de matériaux, étudier 
lui-même ces Xerochlamys, les admet, mais avec certaines 
réserves, et adopte, par ailleurs, les vues de Baïillon sur l'en- 
semble de la famille. 

[l ne nous a done pas paru inutile de donner ceux des 
‘aractères que nous croyons assez généraux pour être admis 
définitivement. Ils résultent de l'étude très complète que 
nous avons faite et qui sera développée dans les chapitres 
suivants. 


Habitat. — Toutes les Chlænacées actuellement connues 
sont originaires de Madagascar et n'ont jamais été rencon- 
trées ailleurs. 

Port. — Arbustes, ou arbres parfois mème très grands 
(Éremochlæna), rarement des buissons ou des lianes. Ces 
arbres sont toujours assez rameux, souvent poïlus et, alors 
surtout sur les jeunes pousses. 

Feuilles. — Les feuilles sont entières, alternes et simples, 
généralement coriaces, le plus souvent poilues, surtout en 

1. Hist. des plantes (L. IV, XXIX) 218 à 225. Monographie des Chlænacces. 


2. Traité de Botanique loc. cit. 
3. Engler et Prantl. loc. eit. : 


10 F. GÉRARD 


dessous, et aussi, fréquemment, sur les deux faces. La nervure 
principale est très marquée, elle déprime le limbe en dessus 
et est assez fortement proéminente à la face inférieure. Il 
y a, en général, des stipules latérales très caduques. Les 
dimensions du limbe sont très variables d’un genre à l'autre 
et même d'une espèce à l’autre. 


Inflorescence. — Le plus souvent, les fleurs sont termi- 
nales et groupées au moins par deux. Nous n'avons, en effet, 
jamais vu de fleurs isolées, comme l'indique Schumann. On 
rencontre surtout des cymes bipares ou corymbiformes, 
parfois des grappes simples ou des panicules. Le réceptacle 
floral est convexe. 


Involucre. — Les fleurs, tantôt grandes et fort belles, de 
couleur vive (rose ou rouge), très ornementales, tantôt, au 
contraire, très réduites et blanches, sont toujours protégées 
par un organe caractéristique de la famille : linvolucre. 
Baillon l'a justement décrit ‘ une sorte de sac, enveloppant 
les parties florales, qui persiste et s'épaissit autour du fruit”. 
Il a la forme d'une coupe, plus ou moins évasée, dontd'ouver- 
ture est découpée et dentée. Mais on ne peut pas toujours 
dire avec Baillon que le sac est plus ou moins charnu. Ce 
caractère ne parait pas, en effet, marqué dans les diverses 
espèces du genre Sarcochlæna, de mème qu'il n'est pas possi- 
ble de donner comme caractère général le nombre de 5 ou 6 
dents à l’involucre, puisqu'on en compte, comme nous le 
verrons, jusqu à 20, dans certains Xerochlamys. Celinvolucre 
est de couleur verte plus ou moins foncée ; il est toujours 
poilu en dedans, très souvent en dehors. Il protège, le plus 
souvent, une seule fleur, quelquefois deux (Rhodochlæna et 
Schizochlæna. 


Calice. — Il est presque toujours réduit, formé de trois 
sépales, sauf dans deux genres (Xylochlæna et Eremochlæna), 
qui en ont cinq. Et encore certains auteurs n'ont-ils consi- 
déré les deux sépales supplémentaires que comme des brac- 
tées. Van Tieghem, notamment, dit que 3 pièces sépaloïdes 
seulement se développent normalement, les 2 autres avor- 


ÉTUDE SUR LES CHLÆNACÉES 11 


tant. Baillon, lui-même, était assez indécis sur la valeur 
morphologique à attribuer aux pièces surnuméraires des 
deux genres qu'il créa en 1884. Pour l'un d'eux, il était 
hésitant au point d'envisager comme possible la suppression 
de la famille. Nous en reparlerons à propos du genre 
Xylochlæna. Pour nous, il faut maintenant admettre 5 genres 
à 3 sépales et 2 genres à 5 sépales. Nous donnerons plus loin 
les raisons de notre interprétation. 

Les sépales .sont toujours verts el souvent poilus, généra- 
lement imbriqués et recouvrants de droite à gauche. 


Corolle. -— La corolle compte toujours 5 pièces ; et, ici, 
tous les auteurs sont d'accord. Les pétales sont beaucoup 
plus grands, en général 3 fois, que les pièces du calice. Ils 
sont égaux. À l'état frais, blancs ou vivement colorés (roses 
ou rouges), toujours blancs à sec. Dans le bouton, ils sont 
tordus ; à la floraison, ils s'étalent largement et sont très 


fragiles. 
Disque. — Entre la corolle et l'androcée existe un organe 


aussi caractéristique de la famille que linvolucre et peut- 
être encore plus constant que lui. C'est, dit Baïillon, ‘‘ une 
sorte de tube court à peu près membraneux, à bord supé- 
rieur coupé droit, dentelé ou crénelé, et que l'on a coutume 
d'appeler disque ” 

Van Tieghem donne aussi comme caractère primordial 
‘ ce disque tubuleux entourant landrocée”, Schumann lin- 
dique également, ajoutant qu'il est haut, en forme de gobelet, 
coupé ou denté et quelquelois avec 9 dents. 

De l'examen de nos nombreux échantillons nous pouvons 
conclure que ce disque existe toujours, en effet, Il a bien Îa 
forme d'un anneau, mais en général assez bas : il n'est vrai- 
ment haut que dans les genres Sarcochlæna et Xerochlamys : 
il n'est guère découpé que chez le Sarcochlæna mulliflora. 

Van Tieghem prétend que ce disque serait produit aux 
dépens du pédicelle, ce qui est bien possible, Il est aussi 
vraisemblable qu'il puisse servir à la séparation du muci- 
lage, comme la indiqué Schumann. Mais il n'est pas du 


12 .. -F. GÉRARD 


tout constant, comme l'ont écrit ces auteurs, qu'il enveloppe 
les filets staminaux dans la moitié de leur longueur. C'est 
là encore une erreur de Van Tieghem : car, même dans le 
Sarcochlæna multiflora, où il est, comme nous l'avons dit, 
relativement très haut (3 ”/"), il n'atteint que le tiers de la 
longueur des filets staminaux, qui mesurent près de 1 ‘/". 
Nous avons vérifié la même proportion, Comme on le verra 
plus loin, pour des espèces nouvelles des genres Sarcochlæna 
et Xerochlamys dont le disque est encore plus haut (4 et 
9 "/%), sans cependant jamais atteindre la moitié de la hau- 
teur des élamines. 

Ce disque est presque toujours glabre, il donne insertion, 
par sa face interne, aux étamines dont nous allons donner 
maintenant les caractères. 


Androcée. — On compte quelquefois 10 étamines (Leplo- 
chlæna), qui sont rangées en deux verticilles, lun opposé 
aux sépales, l’autre aux pétales. Mais le plus souvent, elles 
sont en nombre indéfini, et alors sans disposition régulière. 
Les filets, généralement grêles et longs, sont souvent inégaux, 
loujours libres. Ils sont terminés par des anthères subglo- 
buleuses, biloculaires, dorsifixes et s'ouvrant par deux fentes 
longitudinales, fréquemment confluentes par leur sommet. 
Le connectif plat est souvent noirâtre. Quelquelois la 
déhiscence parait extrorse, mais les filets sont tordus et les 
anthères, alors, seulement déjetées en dehors. 


Pistil. — Le pistil est libre et supère, à ovaire triloculaire. 
Les trois loges alternent avec les sépales. Il est poilu, ainsi 
que le style, dans sa partie inférieure. Celui-ci, épais et 
creux, se dilate à son extrémité en une tête stigmatifère plus 
ou moins nettement trilobée. Il v a, dans chaque loge ova- 
rienne, deux ou un plus grand nombre d'ovules, suivant les 
senres. Ces ovules sont insérés, soit au fond de lPovaire, soit 
dans les angles des loges. Ils sont, la plupart du temps, 
descendants : leur micropyle est dirigé en haut et en dehors. 


Fruit. — Le fruit, généralement sec et indéhiscent, est 
tantôt une capsule loculicide triloculaire, tantôt une noix. 


ÉTUDE SUR LES CHLÆNACÉES 15 


Mais ce dernier cas est plus rare et on voit alors une seule 
graine se développer. Quand il s'agit d'une capsale, elle 
s'ouvre par trois fentes longitudinales plus ou moins com- 
plètes et régulières. L'involucre accru accompagne toujours 
ce fruit, qu'entourent parfois le calice et l’androcée desséchés. 

Les graines ont un embryon droit, des cotylédons arqués 
et foliacés, et un albumen charnu, résistant ou coriace. De 
forme ovale cordée, ces semences sont plus ou moins apla- 
ties, et cela surtout quand elles sont nombreuses. Une 
pression réciproque les rend ainsi : en général, plates ou 
concaves du côté du hile, qui occupe à peu près le milieu de 
la hauteur de cette face concave. 

Tels sont les caractères généraux de Ja famille, 


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CHAPITRE DEUXIÈME 


Ce chapitre comprendra deux parties. Dans la première 
nous étudierons les Chlænacées à 3 sépales, qui compren- 
nent les.genres Sarcochlæna, Xerochlamys, Leplochlæna. 
Rhodochlæna et Srhizochlæna ; les deux genres à » sépales. 
Eremochlæna et Xylochlæna, feront l’objet de la deuxième 
partie. 


L — Genre Sarcochlæna 


Ce genre est l’ancien Tantalus Noronh, l'ancien Ærio- 
carpus J. I fut créé, en 1806, par Dupetit Thouars pour 
trois espèces : Sarcochlæna eriophora, grandiflora et multi- 
flora. Baillon y ajouta en 1882 : S. Bojeriana, diospyroidea, 
et Grandidieri. Nous ralliant à l'opinion de Baker, nous ne 
maintiendrons pas ici ces espèces dans le genre. EL nous 
exposerons, lors de leur étude, pourquoi nous les rattachons 
au genre Xerochlamys. Nous ajouterons aux espèces anciennes 
de Thouars le S. cordonochlamys de Baker (1893) et le 
S. oblongifolia, qui est une de nos espèces nouvelles. 

Mais indiquons tout d'abord les caractères génériques 
des Sarcochlæn«. 

Ce sont des arbres de 10 mètres, environ, très rameux, 
d'après M. Perrier de la Bâthie. Cette indication étant très 
soigneusement donnée, il faut rectifier lerreur commise par 
Schumann, lorsqu'il attribue aux représentants de ce genre 
l'importance de simples buissons. 

Les feuilles sont grandes, entières, persistantes, allernes, 
ovales-allongées, coriaces, toujours glabres en dessus, partois 
légèrement velues en dessous (sauf dans le S. eriophora qui 
a ses feuilles velues de toutes parts). La nervure principale, 


en général bien marquée, déprime fortement la Lace 


"40 F. GÉRARD 


supérieure. De chaque côté, on voit nettement deux ou 
trois sillons longitudinaux très caractéristiques, qui se 
réunissent à la base et au sommet de la feuille. 
L'inflorescence, qui varie avec les espèces, est cependant 
le plus souvent une cyme terminale. On rencontre quelque- 
fois des fleurs isolées, mais alors elles sont encore à 
l'extrémité des rameaux, et rarement axillaires. 
L'involucre, organe très particulier, et, comme on l'a vu, 
caractéristique de la famille, a la forme d'une coupe. Il est 
sénéralement fermé avant la floraison, et le reste presque 
toujours complètement, ne continuant à se développer que 
très faiblement. Il a une consistance charnue et il porte, 
dans sa partie supérieure, au-dessus d'un bourrelet, ou 
renflement circulaire nettement marqué (du moins dans 
certaines espèces), trois ou cinq dents inégales. Il n'y en 
a jamais d'avantage, et ce nombre fixe de dents à l'involucre 
parait constituer un caractère très spécial du genre Sarco- 
chlæna. Ces dents sont d'ailleurs formées chacune d'un 
nombre parfois considérable de bractées spatulées très 
condensées, que l’on peut dissocier, quoique avec difficulté, 
pour l'étude. Baïillon', signale des soies pressées garnissant 
toute la surface intérieure de la coupe involucrale dans 
toutes les espèces. Ceci a bien été vérifié par les auteurs 
et nous l'avons vu nous-même. Mais lorsque Baillon ajoute 
qu'il a vu ces soies sur la surface extérieure d'une seule 
espèce (S. eriophora), il fait erreur. Nous avons, en effet, 
constaté chez tous les représentants du genre Sarcochlæna 
des poils non-seulement en dedans de la coupe, mais aussi 
en dehors. Et il semble donc qu'on doive dire que tout 
l’involucre est en général fortement poilu. ; 
Une étroite ouverture, dans le haut de la coupe, laisse 
dépasser les pétales, tandis que les pièces du calice sont 
toutes petites et au nombre de trois. Ces sépales sont tournés 
à droite et recouvrants. Les 9 pièces de la corolle alternent 
avec eux, elles sont beaucoup plus grandes, atteignant des 


1. Adansonia, loc. cit. 


ÉTUDE SUR LES CHLÆNACÉES 17 


dimensions triples en moyenne. Ces pétales sont blancs 
dans le genre Sarcochlæna et tournés à gauche. 

Entre la corolle et l'androcée, on trouve cet organe très 
particulier qu'est le disque. Il est ici, en général, haut, en 
forme de gobelet, finement denté dans une ou deux espèces ; 
et ces dents sont alors inégales. 

Les élamines sont toujours en grand nombre, en général 
30 à 50, à filets longs et inégaux. Elles s'insèrent sur 
l'ovaire, triloculaire et poilu. Le style est long, terminé par 
un stigmate trilobé, à lobes plus ou moins découpés. Les 
ovules sont pendants, et par deux dans chaque loge. Le 
fruit est une capsule tricoque ; il renferme dans chaque 
loge 1 ou 2 graines allongées, qui sortent, à maturité, de la 
capsule par des fentes longitudinales imparfaites. 

Avant notre étude, il y avait dans le genre quatre 
Sarcochlæna : S. eriophora, multiflora, grandiflora, codono- 
chlamys. Nous les décrirons ci-après avec une espèce 
nouvelle, le S. oblongifolia. 


1. — Sarcochlæna eriophora Thou. 


De Candolle' a donné de cette espèce, établie par 
Dupetit Thouars, une très courte diagnose qui indique 
seulement que linflorescence est une panicule, que les 
feuilles sont obtuses, repliées, et Finvolucre très pileux. 

Avant pu examiner, au Muséum, léchantillon-tvpe (Fhou, 
n° 3.40) et le rapprocher des nôtres, nous allons analvser 
aussi complètement que possible cette plante, qui est 
d'ailleurs dessinée dans FAtlas de Grandidier *, 

L'échantillon du Muséum ne porte pas d'indication 
d'habitat, ni de date de récolte. Baron avait recueilli cette 
espèce à Fort Dauphin; c'est également au Sud-Est, dans 
les dunes du Bas Faraonv, que M. Perrier de la Bâthie 
l'a retrouvée en octobre 1911. Le spécimen n° 3013 de son 
herbier provient d'un arbre de 8 à 10 mètres. Les rameaux 


1. Prodromus 1. 521 loc. cit. 
2. Grandidier. Hist. nat. de Madagascar. Atlas, pl. 98. 


LE 


18 F. GÉRARD 


ont leur écorce gris cendrée et ponctuée de nombreux points 
noirs. Les branches adultes sont glabres, mais les jeunes 
pousses sont pubescentes. Les feuilles entières, persistantes, 
alternes, ovales-allongées sont grandes. Elles mesurent, en 
effet, 6. /" 1/2 à 7° °/% 1/2 de longueur, et 22/21/2120 
de largeur ; le pétiole est court (7 à 9 ”/"). La face supérieure 
porte de très nombreux poils couchés, soyeux et longs. On 
en trouve également à la face inférieure, mais ils sont moins 
nombreux et plus courts. La nervure principale est très 
visible ; les nervures secondaires sont cachées par le feutrage 
des poils. Les sillons longitudinaux n'existent pas. Les bords 
du limbe sont légèrement enroulés en dessous. I faut noter 
que les jeunes feuilles sont beaucoup plus poilues. 

Les fleurs, nombreuses el pressées, sont groupées en 
panicules axillaires ou terminales. On ne peut pas dire que 
ces panicules sont toujours pauciflores, comme l'a indiqué 
Dupetit Thouars'. Le dessin de Grandidier ne montre, il 
est vrai, que 3 à 9 fleurs, mais celles-ci sont par 6 et 8 
dans l'échantillon-tvpe du Muséum. Notre échantillon en 
porte plus de 4 par panicule. Le pédicelle florals'est très 
court (1 "/" 1/2) et très poilu. 

L'involucre, charnu, mesure 7 à 8 ”/", dans sa plus 
grande largeur et 1 ‘/” de hauteur. Il porte trois dents 
triangulaires légèrement velues. Mais sur presque toute la 
surface externe de la coupe involucrale, on trouve des poils 
dressés et très longs, surtout nombreux dans les deux tiers 
inférieurs. La face interne est également tapissée de poils, 
mais ceux-ci sont plus grêles et moins nombreux. 

Le calice compte trois sépales enfouis dans la coupe, donc 
réduits. [ls sont deltoïdes, aussi larges que hauts (4 "/" 1/2). 
La lame, qui est glabre, montre de fines nervures longitu- 
dinales et parallèles. 

Les » pièces de la corolle sont grandes, blanches, obovales, 
avec un onglet bien marqué, de 4"/*. La lame a une 


1. Hist. vég. rec. Afr. Austr. loc. cit. 


ÉTUDE SUR LES CHLÆNACÉES 19 


longueur de 16 "/", sa largeur au tiers supérieur atteint 
2 TT QE PAS VIRE A Es 

Le disque forme un anneau régulier de 3 "/* de hauteur. 
Il y a à l'androcée 40 étamines à filets longs (17 à 18 ”/") et 
égaux, et à anthères petites. La longueur totale du pistil est 
de 2 ‘/" 3; l'ovaire très poilu, piriforme, a » "/* de diamètre 
à la base et 7 "/" de haut. | 

Le style est terminé par un stigmate trilobé; ces trois 
lobes sont plus ou moins nettement marqués el étalés 
suivant les plantes. Notre échantillon présente cette parti- 
cularité, mais beaucoup moins nettement accusée que dans 
l'échantillon du Muséum et que sur la planche de FAtlas 
de Grandidier. 

Le fruit n'est pas connu jusqu'alors. 


2. — Sarcochlæna multiflora Thou. 


Dupetit Thouars a créé cette espèce à peu près en même 
temps que la précédente pour une plante que Bojer trouva 
à Foulepointe. L'échantillon recueilli par M. Perrier de la 
Bâthie vient des dunes de Fénérive, dans cette même région 
orientale d'où Bernier Favait rapporté vers 1834, tandis que 
Bernard en avait lui-même récolté, en 1903-06, de beaux 
spécimens en fleurs qui sont dans lherbier du Muséum. 

Malgré cette abondance de représentants, aucune descrip- 
lion complète de cette plante n'a jamais été publiée. 
De Candolle ‘a seulement donné en trois lignes quelques 
indications. Baïillon * a reproduit les fleurs. Schumann * dit 
simplement que les feuilles sont velues sur les nervures 
seulement, et que les fleurs sont moins grandes, mais plus 
nombreuses que dans S. grandiflora. 

De l'examen des spécimens (n° 3001) de Fherbier Perrier, 
récoltés en septembre 1912, également dans FEst de File, et 
de leur comparaison avec ceux du Muséum, nous pouvons 
lirer les caractères ci-après. 


1. Prodomus loc. cit. 

2, Hist. des plantes loc. cit. IV, 224. 
» 

) 


3. Engler et Prantl. loc. cit. 
[al 


20 F. GÉRARD 


C’est un arbre de 10 à 12 mètres, à bois très dur; les 
rameaux sont glabres et brunâtres, sauf les très jeunes, qui, 
à leur extrémité surtout, sont couverts de nombreux poils 
couchés et mous. 


Les feuilles sont entières, persistantes, alternes, coriaces 
et cassantes, ovales-allongées, à sommet aigu et base arrondie. 
Le pétiole mesure à peine 1 "/" à 1 m/m 1/2 de longueur ; le 
limbe a 14 à 18 ‘/" de long et 5 à 7 ‘/" de large. Ces feuilles 
sont donc grandes, du moins dans notre échantillon, car, 
dans ceux du Muséum, la largeur (4 à 5 ‘/") et surtout la 
longueur (7 ‘/" à 12.°/" 1/2) sont moindres. La nervure 
médiane est bien marquée ; les sillons longitudinaux sont 
très nets aussi. 

Les nervures secondaires, assez curieuses, sont au nombre 
d'une vingtaine de chaque côté de la nervure principale ; 
fortement arquées, elles se réunissent toutes à une certaine 
distance des bords du limbe en une ligne assez régulière- 
ment parallèle à ces bords. Un fin duvet de poils recouvre 
la face inférieure de ces feuilles, tandis que la face supérieure 
est glabre. Mais il faut préciser qu'en dessous les poils ne 
sont pas seulement localisés à la nervure principale et aux 
nervures secondaires, comme l'a écrit à tort Schumann. 
L'inflorescence est une panicule corymbiforme terminale de 
fleurs nombreuses et très condensées. Le pédoncule commun 
mesure 1 ‘/" 1/2 de long ; il est donc long, alors que chaque 
pédicelle floral n'a guère plus de 2 ”/". Tous deux sont, 
comme d'ailleurs les jeunes pousses, très tomenteux. L'invo- 
lucre, assez piriforme et épais, de couleur rouille vu à see, 
porte 3 dents. Il est poilu en dedans comme en dehors, et 
sa surface externe est très ridée. Il mesure 6 ”/" de diamètre 
et 8 "/" de hauteur. Le calice, avec ses lrois sépales imbri- 
qués, ne dépasse pas l'involuere. Ces trois pièces sont mem- 
braneuses ; la lame est beaucoup plus étroite (3 à 4 "/") que 
longue (8 "/"),. 

La corolle a 5 pétales blancs, enroulés dans le bouton. 
Étalés à la floraison, ils sont obovales, atténués à la base 


ÉTUDE SUR LES CHLÆNACÉES 21 


avec de fines nervures. Leur longueur (15 "/") est beaucoup 
plus grande que leur largeur (9 "/"). 

Le disque forme un anneau externe à l’androcée, de 5 "/" 
de diamètre et 3 "/" de hauteur. Il est finement denté, dans 
cette espèce. [Il donne insertion à un nombre variable d'éta- 
mines (24, 30 ou 36), qui sont aussi très légèrement fixées 
sur l'ovaire. Les filets, grêles et assez longs (14 "/"), sont 
terminés par des anthères globuleuses (2 "/" de diamètre), 
introrses, quoique renversées en dehors. 

L'ovaire, qui est triloculaire, est entouré de poils soveux ; 
son diamètre (3 ”/") est moindre que sa hauteur (5 "/"). Il 
est surmonté d'un style, glabre dans sa moitié supérieure, qui 
est long (15 à 16 "/") et est terminé par un stigmate renflé. 
Ce style est creux et formé de 3 bandelettes longitudinales 
soudées, correspondant aux trois cloisons ovariennes. 

Le fruit.n'a pas été vu. 


Sarcochlæna multiflora var. latifolia 


M. Hochreutiner ! a publié, en 1908, Ja diagnose latine de 
celte variété. Cette plante, qui aurait été recueillie en 1905 
par Guillot dans le district de Vatomandry ne nous est pas 
connue. Elle pousserait en terrain sablonneux. Nous devons 
indiquer que le caractère donné par l'auteur, pour justifier 
sa détermination, n'est pas très particulier. Presque toutes 
les feuilles des Sarcochlæna que nous avons étudiées portent 
très nettement ces sillons qui parcourent la feuille jusqu'en 


6 


haut, avec tendance à former ‘un apiculum très obtus”. 
Quant à la grandeur des feuilles, elle ne peut être considérée 
comme un criterium pour la création d'espèces ou de varié- 
tés, et nous nous demandons, dans ces conditions, si la 


création de cette variété est bien légitimée. 


3. — Sarcochlæna grandiflora lhou. 
Cet arbre, qui fut rangé dans les Chl&nacées, en 1806, par 


1. Sertum madagascariense, 1908, p. 79. 


29 F. GÉRARD 


Dupetit Thouars, est encore assez répandu à Madagascar. 
D'après Baron, on le trouve, en effet, aussi bien dans les 
parties boisées de Ja côte Est que dans le Nord-Est ou le 
Nord-Ouest de l'ile. Il Heurit de juin à novembre. Nous n’en 
avons pas vu de spécimen dans l’herbier Perrier, mais nous 
avons pu examiner les échantillons du Muséum. Un seul 
porte encore des fleurs et provient de l'herbier Drake, les 
autres ayant été fortement mis à contribution pour l'étude 
et pour les dessins de l'Atlas de Grandidier. 

La description de De Candolle se résume encore en deux 
lignes du Prodrome ". Baker a simplement signalé, plus tard, 
les plis nombreux, étroits et bien évidents de linvolucre, 
tandis que Schumann *, plus récemment, ne parle que des 
feuilles velues, rousses à la face inférieure. Les feuilles en sont 
entières, alternes, ovales, à base atténuée et à sommet assez 
aigu. Tous les auteurs ont indiqué que ces feuilles sont 
lomenteuses. Or tous les échantillons que nous avons pu 
voir au Muséum ont des feuilles complètement glabres en 
dessus et d'un brun foncé. La face inférieure porte bien 
parfois, surtout sur la nervure principale, quelques poils, 
mais nous ne pensons pas qu'on puisse attribuer leur chute 
totale à la dessication, si toutefois ces feuilles ont jamais 
porté des poils Le limbe mesure 3 à 5 {/" de large et 10 à 
11 °/" de long; la nervure principale et les sillons latéraux 
sont bien marqués. Le pétiole a une longueur de 7 à 8 "/". 

Les fleurs sont en panicules terminales de 3 à 9 fleurs, 
comme l'indiquait De Candolle, et non isolées, comme le 
représente à tort le dessin de l'Atlas de M. Grandidier*. Le 
pédoncule commun, très poilu, est assez long (1 ‘/" 1/2 à 
2 °/") ; les pédicelles floraux sont courts (2 à 3 ”/"J; maïs 
également velus. L’involucre est bas, et dilaté dans son tiers 
supérieur en une sorte de capuchon convexe, débordant sur 
la partie inférieure plus étroite. Il porte des poils mous, 


1. Prodromus, T. I. p. 521 ; ‘* Chlænaceæ ”’. 
2.:Engler, loc. cit.; IH Abt. 6; p.169: 
3. Atlas des plantes de Madagascar, pi. 97. 


ÉTUDE SUR LES CHLÆNACÉES 23 


couchés et courts, sur toute sa surface extérieure. Les plis 
verticaux et étroits que Baker dit très évidents sont en 
dessous de la coupe involucrale, sur le réceptacle floral. 
Car la partie convexe de l'organe charnu est constituée par 
l'assemblage curieux de bractées deltoïdes, extrêmement 
nombreuses. Celles-ci, très condensées, sont, en effet, imbri- 
quées à la facon des tuiles d'un toit. 

La face interne de la coupe porte des poils aussi, mais ils 
sont soyveux et longs, plus nombreux qu'en dehors. Fermé 
avant la floraison, cet involucre a un diamètre de 1 /m 2 et 
une hauteur de 5 m/m, [| porte 3 dents. À sa partie supé- 
rieure et au centre émergent très peu les 3 pièces du calice, 
qui restent d'ailleurs enroulées complètement dans le bouton. 
À Ja floraison, la coupe est juste assez ouverte pour laisser 
un passage étroit aux 9 pièces de la corolle, beaucoup plus 
grandes: que les sépales, et ‘d'un beau blanc. Les sépales, 
verts, petits, sont triangulaires (5 m/m Jarge, 6 m/m haut) ; les 
pétales sont spatulés, et leur longueur atteint jusqu'à 
2 c/m 7, leur largeur, au tiers supérieur, 1 €/m 7. 

Le disque est réduit à un anneau uni et assez bas (2°/m 1/2), 

L'androcée est constitué par 90 étamines à filets grèles et 
longs (2 c/m 4) ; les anthères sont petites (1 m/m de diamètre). 

La longueur totale du pistil est de 2 t/m 4, L'ovaire, très 
réduit, porte un stvle de 2/1, surmonté d'un stigmate plus 
large (4 m/m) que haut (3 mn) capité et entier. Le fruit n'a 
jamais été vu. 


+. — Sarcochlæna codonochlamys Bak. 


Cette espèce fut décrite par Baker, en 1893, pour une 


plante que Baron avait récoltée dans le Nord. & Les fleurs, 
écrivait alors le botaniste anglais, sont aussi grandes que 
celles du $S. grandiflora, mais linvolucre est en forme de 
clochette, au lieu d'être enroulé, et il ne présente pas les 
nombreux plis étroits et verticaux qui sont si évidents 


1. — Keiw Bulletin, 1893, p. Il, CCXCII Decades Kewensis - Decus IV. 


24 F. GÉRARD 


dans ce dernier. » Une courte description précédait cette 
remarque. | 

M, Perrier de la Bâthie a recueilli trois plantes que nous 
avons identifiées avec cette même espèce. Comme elles ont 
été récoltées à des époques différentes, donc à des degrés 
variés de développement, nous avons pu en faire une étude 
très complète. 

L'échantillon n° 3053 provient d'un arbre de 8 à 10 mètres, 
déjà rencontré, en septembre 1908, par M. Perrier sur les 
sables crétacés des environs d'Ambalobé (Grande Terre). 
Les rameaux, Comme toutes Îles parties de la plante, d'aii- 
leurs, sauf cependant la face supérieure des feuilles, sont 
très velus. Les fleurs sont complètement épanouies à cette 
époque de l'année. 

Le deuxième spécimen (n° 3022) fut trouvé, en mars 1909, 
sur la côte Nord-Ouest, et probablement dans la même 
région où Baron l'avait lui-même signalé pour la première 
fois, seize ans auparavant. Et le collecteur note à nouveau 
l'aspect curieux de cet arbre, velu de toutes parts, sauf 
toujours en dessus des feuilles. Les collines sèches des 
environs d'Andranosama, dans la province d'Analaïava, 
en sont couvertes. En mars, la plante est en boulons. 

Enfin, en juin 1909, la même espèce est retrouvée à 
moins de 900 mètres d'altitude, sur des grès liasiques dans 
les vallées du Sambirano et du Zangoa, c'est-à-dire toujours 
dans la partie septentrionale de l’île. Cet échantillon (n° 5026) 
provient d'un arbre de 19 à 15 mètres, qui, associé à une 
autre espèce, ou seul, forme là de très vastes massifs. Le 
botaniste est encore frappé par la quantité énorme de poils 
qui couvrent surtout les jeunes rameaux. Sur le vieux bois, 
plus ou mois glabre, l'écorce est grisàtre, crevassée, et le 
bois blanc jaunâtre est très dur. 

Les feuilles du S. codonochlamys sont entières, alternes, 
persistantes et coriaces. Elles sont oblongues ou ovales- 
allongées. Baker indique qu'elles sont courtement pétiolées ; 
cependant nous avons rencontré fréquemment des pétioles 
de 1 ‘/" de long. L'échantillon-type de Baron ne porte 


ÉTUDE SUR LES CHLÆNACÉES 25 


pas de date de récolte ; aussi avons-nous tout lieu de 
supposer que Baker ne s'est pas trouvé en présence de la 
plante arrivée à son complet développement. Les dimen- 
sions qu'il indique pour le limbe (6 ‘/" 1/2 long, 3 ‘/" 1/2 
large) sont, en effet, inférieures à celles de nos échantillons, 
dans lesquels la longueur atteint 10 à 13 ‘/" et la largeur, 
3 à 4 °j". 

Un de nos spécimens, le n° 3033, présente d'ailleurs un 
curieux caractère de dimorphisme foliaire qui n'a pas, semble- 
t-il, été signalé jusqu'alors, dans la famille des Chlnacées. 
Les feuilles, oblongues ou légèrement lancéolées, à base 
atténuée et sommet plus ou moins acuminé sont bien en 
majorité. Mais il existe aussi d'autres feuilles, moins nom- 
breuses, elliptiques, à base arrondie, et dont le sommet est 
souvent légèrement mucroné. Les dimensions du limbe sont 
alors réduites à 8 ‘" de long et 3 ‘/" de largeur. 

Comme nous l'avons dit, les feuilles portent, en dessous, 
des poils nombreux, mous et couchés. La nervure principale 
et les deux sillons de chaque côté sont bien marqués. Les 
bords du limbe sont légèrement enroulés en dessous. 

Les fleurs sont groupées, comme l'avait bien dit Baker, en 
cvmes corvmbiformes. Ces inflorescences sont terminales, ce 
que n'indique pas l'auteur, et condensées.. Dans léchan- 
tillon 3022, en boutons, il v a des panicules axillaires de 2 à 
3 fleurs. Le bouton est curieux par la présence de deux 
longues bractées vertes, imbriquées et très velues (2 °/" de 
longueur, 4 "/" de diamètre) qui protègent plusieurs fleurs. 
Ces bractées, que lon ne retrouve pas sur la plante en 
fleurs, sont très caduques. Le pédoncule floral est très velu ; 
il atteint 7 à 8 "/" de longueur. 

La coupe involucrale à un diamètre de 8 "/" 1/2, une 
hauteur généralement égale, mais qui peut cependant altein- 
dre parfois 1 ‘/"05. Cet involucre est comme hérissé de 
poils dressés, courts, raides et serrés. La grande épaisseur 
de l'organe est à noter dans cette espèce (2%). La lorme 
générale rappelle bien celle d'un grelot, justifiant partaite- 
ment le nom donné, La face interne de la coupe porte égale- 


26 F. GÉRARD 


ment des poils, mais ils sont plus longs et plus soveux 
qu'en dehors. Les cinq dents de cet involucre sont deltoïdes; 
elles mesurent 3 " "et sont dirigées obliquement en dedans: 
Elles contribuent ainsi à tenir en partie l'organe fermé ; de 
fait, l'orifice supérieur a un diamètre réduit à 3 ”/* 1/2 à 
peine. Le calice est constitué par trois sépales ovales, très 
petits, presque aussi longs que larges (5 "/" x 4 m/m), 

La corolle a cinq pétales, d'un blanc très pur, dont le 
bord droit est recouvrant. [ls sont spatulés, avec un onglet 
de 3 "/" très net ; la lame, qui porte de fines nervures; 
mesure 2 ‘/" de longueur et 1 ‘/" 3 à 1 ‘/" 4 de largeur au 
tiers supérieur. 

Le disque, en forme de coupe basse (1 ”/") très évasée, a 
9 "/" de diamètre. Il v a cinquante élamines à filets inégaux, 
Les moins suivant les échantillons ; nous avons noté a lon- 
oueurs variant de 1/"8à2°"5., Les anthères, à connectif 
étroit, sont globuleuses ; leur longueur (1 ”/*) ne dépasse 
ouère leur diamètre (0 ”/" 8). La déhiscence est introrse, 
mais les filets sont tordus et les anthères déjetées en dehors, 
aractère très particulier, on Fa vu, aux Chlænatées. Le 
pislil a une longueur totale de 2‘/" 1/2; l'ovaire est petit, 
piriforme, de hauteur double (3 "/”), de son diaméè- 
tre (1 "/" 1/2). Cet ovaire est surmonté d'un long style 
creux, portant trois sillons longitudinaux, qui correspondent 
aux trois lobes du stigmate étoilé. Le diamètre de ce stig- 
mate (3 "/" 1/2) dépasse beaucoup sa hauteur (1 ”/" 1/2). 

Nos échantillons ne portaient pas de fruits ; ceux-ci n'ont 
Jamais été vus auparavant. 


». — Sarcochlæna oblongifolia nov. sp. 
Arbor, foliis oblongis, 1 €/n 1/2 —2 cjw 1/2 latis, 4 tu — 7 t/ longis, 
Flores bini terminales, involucro subtus piloso, 5 — dentato ; sepalis 3, 


ovalibus, 4 m/m atis, 6 M/m Jongis ; staminibus 50 æqualibus : stigmato 
trilobato . 

Nous avons appelé ainsi une plante que M. Perrier de la 
Bâthie a trouvée vers 1.400 mètres d'altitude, dans le Centre 


PAGE 27 


PI. EL — SARCOCHLÆNA OBLONGIFOLIA nov. sp. 


ÉTUDE SUR LES CHLÆNACÉES 27 


de l’île. L'échantillon porte le n° 3006 dans lherbier !, Il pro- 
vient d'un arbre de 8 à 12 mètres qui croit sur les quartzites, 
dans les bois à tapia de la province d’Ambositra, entre Amba- 
tomintra et [tremo. Par son port, d'ailleurs, cette espèce 
ressemble bien, d'après M. Perrier, à un tapia. Son écorce 
pubescente, de couleur grise-argentée, porte de nombreux 
plis et des stries longitudinales ; elle est très rugueuse. 


La plante nous avait d'abord paru se rapprocher un peu, 
par ses fleurs, du S. grandiflora, mais elle en diffère nettement, 
non seulement dans ses parties florales, mais aussi par ses 
feuilles. Celles-ci sont entières, alternes, persistantes, ovales- 
allongées et lancéolées, à sommet aigu. La face supérieure 
est brillante, glabre, vert foncé, tandis que la face infé- 
rieure est blanchâtre, grisàtre ; on voit en dessous, en effet, 
par places, des poils blancs très courts. [est probable qu'ils 
sont normalement bien plus nombreux qu'il est possible de 
le constater sur un échantillon desséché. 


Avec ses bords légèrement enroulés en dessous, le limbe 
mesure encore 4 à 7 ‘/" de long et 1‘/" 1/2 à 2‘</" 1/2 de 


ni Im 


largeur. À Ja base du pétiole, long de 4 à » . sont deux 


stipules étroites, longues de 4 à 5 "/", très caduques. La 
nervure principale déprime surtout la moitié supérieure de 
la feuille, en dessus ; les sillons latéraux existent toujours, et 
nous altachons une certaine importance à ce caractère, qui, 
joint à d'autres, nous a fait classer sans hésitalion cette 


plante nouvelle dans le genre Sarcochlæna. 


Fous ces détails et ceux qui seront indiqués plus loin sont 
bien visibles sur la planche FE 


Les fleurs sont groupées par deux ou trois, landis que 
celles du S. grandiflora sont en eymes corvmbiformes. Le 
pédoncule commun atteint 1°" à 11/2 de long, alors 
que chaque pédicelle floral ne dépasse pas O0 Fa 0 TS. 


È Un autre échantillon, rapporté plus récemment par M. Perrier de 
la Bâthie, d'Antsirabé, et portant le n° 5339, décembre 1913, a été identifié pa 


nous avec celle espèce nouvelle, 


28 F. GÉRARD 


L'involucre est très développé ; il a, dans presque toute sa 
hauteur, un diamètre uniforme de 1 ‘/* 1/2; il porte cinq 
dents triangulaires et son épaisseur a 2 à 3 "/", On voit 
nettement à la loupe, malgré un duvet assez marqué de 
poils courts, sa surface ridée. I diffère donc beaucoup, par 
tous ces points, de l'involucre du S. grandiflora. La face 
interne de la coupe involucrale porte des poils nombreux, 
serrés, plus longs que ceux du dehors. 


Le calice est formé de trois sépales ovales, de 6 m/m de 
long et 4 m/m de large, donc assez réduits, et de couleur 
verte. 

La corolle à cinq pétales, tordus dans le bouton, beaucoup 
plus grands que les pièces du calice. Leur lame, d'un beau 
blanc, mesure 2 €/" 3 de longueur, et 1 t/1 3 de largeur au 
tiers supérieur, mais elle se rétrécit très brusquement en un 
onglet de 7 à 8 m/m de Tong, qui tranche nettement par sa 
couleur jaunâtre. 


Le disque, intermédiaire à la corolle et l'androcée, forme 
un anneau finement denté, de 4 m/m de hauteur,*Cest dire 
qu'il est haut, puisque seul le disque de S. grandiflora l'est 
presque autant (3 m/m),. 

L'androcée compte cinquante étamines aussi longues que les 
pétales, égales, et insérées sur l'ovaire, Les filets mesurent, 
suivant le degré de développement des fleurs, 1 t/m 8 à 2 c/m 
de longueur ; les anthères petites, subglobuleuses et intror- 
ses, sont cependant tournées en dehors par suite de la torsion 
des filets. 

Le pistil est long (2 t/"n 6), L'ovaire, piriforme, triloculaire, 
est entouré d'une véritable collerette de poils, longs de 4 m/m, 
Le style libre qui le surmonte est terminé par un stigmate 
composé, trilobé. Ce sligmate ressemble beaucoup à celui du 
S. eriophora, mais notre espèce. diffère nettement de ce der- 
nier par ses autres caractères foliaires et floraux. Nous 
n'avons pas vu le fruit. 


ÉTUDE SUR LES CHLÆNACÉES 29 


Il. — Genre Xerochlamys 


Baker, créant ce genre en 1882 pour le Xerochlamys pilosa, 
y faisait entrer peu après, comme nous l'avons dit, trois 
Sarcochlæna de Baillon. Il y ajoutait encore, mais beaucoup 
plus tard, le X. pubescens. 

Pour des raisons d'ordre morphologique que nous allons 
exposer, nous nous sommes rallié, à propos de ce genre, 
à l'opinion du botaniste anglais. D'autres raisons d'ordre 
anatomique, que nous indiquerons dans un chapitre spécial, 
nous ont confirmé pleinement dans cette décision. 

Comme on la vu dans le paragraphe précédent, Îles 
Sarcochlæna sont des arbres de 8 à 15 mètres. Au contraire, 
les Xerochlamys connus avant notre étude sont, on le verra 
plus loin, des arbustes ne dépassant pas 1 ou 2 mètres. Il y 
a d’ailleurs les mêmes différences marquées dans les feuilles, 
les fleurs et l'involucre. Si les feuilles des Sarcochlæna sont, 
en effet, glabres en dessus, ovales-aigues, allongées ou oblon- 
gues, avec leur nervure principale bien marquée et des 
sillons longitudinaux caractéristiques, celles des Xerochlamuys 
sont très velues, petites, obovales et sans sillons latéraux. 
Les fleurs des Sarcochlæna sont grandes, celles des Xero- 
chlamys sont petites. L'involucre des premiers est volumineux 
et charnu, celui des seconds est réduit et très sec. 

Il y a encore d'autres raisons qui justifient bien la sépa- 
ralion des deux genres. 

C'est ainsi que Baker! dit fort justement que Dupetit 
Thouars avait réuni à tort les Xerochlamys aux Leptochlæna, 
puisqu'ils en diffèrent par linvolucre sec, les étamines en 
nombre indéfini (nous verrons que les Leptochlæna n'ont que 
10 étamines), l'ovaire avec de nombreux ovules par loge 
(les Leplochlæna n’en ont que 2 dans chaque loge). À cela 
nous pouvons ajouter que le fruit diffère aussi, notablement, 
dans les deux genres. 


1. Journal of Botany XV, 4. 


0 F. GÉRARD 

D'après Schumann’, Baillon a cru trouver une ressem- 
blance entre les Xerochlamys et les Sarcochlæna, qu'il a 
réunis en un seul genre à cause de linvolucre plus ou moins 
charnu et de la quantité variable de graines. Mais, ajoute 
le botaniste allemand, la différence réside plutôt dans 
la consistance que dans la constitution morphologique de 
l'involucre, si bien que, d'après lui, le type Xerochlamys ne 
peut être rattaché au Sarcochlæna en se basant sur cette 
considération. 

Nous crovons, pour notre part, que Schumann a raison 
et que l'on ne peut admettre non plus, comme le proposait 
Baillon, que le Sarcochlæna eriophora fasse la transition 
entre les deux genres. 

L'étude des nombreux Xerochlamys de lherbier Perrier 
de la Bâthie nous a bien convaincu de la nécessité de faire 
de ces plantes un genre à part. En dehors des différences 
signalées plus haut, il n'est pas douteux que linvolucre, 
dans les Xerochlamys, n'est pas constitué, comme celui des 
Sarcochlæna, par une infinité de bractées soudées plus ou 
moins intimement entre elles. Les dents de cet involucre, 
toujours nombreuses dans les Xerochlamys (jusqu'à 20), 
ne sont jamais plus de 5 dans les Sarcochlæna. I v a 
enfin de nombreuses graines dans chaque loge chez les 
Xerochlamuys ; dans les Sarcochlæna, on en compte jamais 
que 2: 

Alors qu'on ne connaissait guère autrefois que » espèces 
du genre Xerochlamys, tel que le concevait Baker, nous 
avoñs eu Ja bonne fortune de rattacher à ce genre 
6 échantillons de plantes nouvelles, non encore décrites : 
Nous les étudierons en détail après les espèces connues, 
mais il est curieux d'indiquer, dès maintenant, que nos 
6 espèces nouvelles paraissent, par leur port, leurs feuilles, 
leurs fleurs et leur involucre, faire la transition entre Îles 
Sarcochlæna et les Xerochlamys connus auparavant. 

Ce sont, en effet, des arbres dont la taille movenne ne 


1Æagler; loc cit.;p. 114 


ÉTUDE SUR LES CHLÆNACÉES o1 
dépasse pas 9 à 6 mètres ; leurs feuilles, leurs fleurs, 
l'involucre ont des dimensions intermédiaires de celles, si 
différentes, indiquées ci-dessus, pour les plantes connues 
jusqu'alors dans les deux genres. 

Nous donnons ci-après les caractères génériques communs 
à ces Xerochlamys ; nous les étudierons ensuite par espèces. 

Arbres peu élevés et arbustes plutôt que des buissons, 
comme le laisse entendre, à tort, Baker. Ces arbustes sont 
‘ameux et poilus. Leurs feuilles sont denses, plus petites 
que celles des Sarcochlæna, alternes, entières, persistantes, 
oblongues atténuées, stipulées, toujours tomenteuses. Les 
nervures sont généralement peu visibles, sauf la nervure 
principale qui est toujours saillante en dessous ; mais il n'y 
a plus de sillons longitudinaux. 

Les fleurs sont isolées ou par deux, terminales, quelquefois 
axillaires dans les espèces que nous décrirons pour la 
première fois. 

L'involucre est petit et sec. Il reste toujours fermé, même 
pendant la floraison. On compte au moins 9 petites dents 
deltoïdes, généralement égales, mais elles sont souvent 
plus nombreuses, et il peut v en avoir jusqu'à 20. 

Le calice a toujours 3 sépales petits, la corolle 5 pétales, 
en général 2 fois plus longs. Le disque est en forme de 
sobelet, sa hauteur est variable avec les espèces. 

L'androcée diffère nettement de celui des Sarcochlæna en 
ce que les étamines, en nombre indéfini, sont fixées à Ja 
base de l'ovaire et non plus sur cet ovaire. Celui-ci est encore 
triloculaire, mais il v a de nombreux ovules dans chaque 
loge. Le style, long, porte un stigmate capité ou à trois lobes 
creux. Le fruil est généralement une capsule tricoque, du 
volume d'un pois, ou souvent plus grosse. Ce fruit est 
fréquemment accompagné des sépales desséchés, ainsi que 
du style et des filets staminaux, toujours de linvolucre 
légèrement accru. 

Le genre Xerochlamys comptait, avant notre élude, 
» espèces : Xerochlamys pilosa, Bojeriana, Grandidieri, 
diospyroidea, pubescens. Nous v avons ajouté 6 espèces 


32 F. GÉRARD 


nouvelles que nous décrirons à la suite : X. arenaria 
elliptica, villosa, rupestris, acuminata, tampoketsensis. 


1. — Xerochlamys pilosa Bak. 


C'est pour cette espèce que Baker! créa le genre. Quoique 
la description qu'il donne soit assez précise, nous pouvons 
cependant la compléter sur plusieurs points. L'herbier 
Perrier nous a fourni, en effet, un échantillon (n° 3005) que 
nous avons identifié avec les deux échantillons de Baron 
qui sont au Muséum. 

Baker indique que la plante vient des collines froides et 
pierreuses situées à l’ouest du Betsiléo. Notre spécimen a 
été recueilli en juillet 1912 sur les latérites et les gneiss, 
aux environs de la Miarinariva, au Nord-Est de l'ile. Enfin, 
Baron avait rapporté Ja même plante des bois à tapia de 
l'Itasy. D'après notre collecteur, c'est un arbuste assez 
rameux. Les tiges âgées sont gris-cendré et portent de 
nombreuses stries longitudinales ; elles sont glabres. Au 
contraire, les jeunes branches sont couvertes ;de poils 
nombreux. | 

Les feuilles sont entières, alternes, persistantes, nom- 
breuses et serrées, petites, oblongues ; certaines sont même 
légèrement obcordées, de couleur verte, foncées en dessous 
et encore plus sombres en dessus. Elles portent de nombreux 
poils soveux sur les deux faces, ainsi que sur le pétiole, qui 
est court (1 "/m à 1 m/m 1/2). Le limbe mesure 10 à 14m/m 
de longueur et 8 à 10 »/"n de largeur. Les nervures secon- 
daires sont bien cachées par le revêtement pileux. IT y a deux 
petites stipules caduques. 

Baker dit que les fleurs sont solitaires, terminales, sessiles ; 
or, notre échantillon a ses fleurs groupées par 2 ou 5 à 
l'extrémité des rameaux. L'involucre est très poilu, assez 
membraneux ; les poils soyeux sont courts. Le diamètre 
égale la hauteur, qui ne dépasse pas 9 m/m, On compte 10 à 


1. Journal of Boôtany 1882, 4. 


ÉTUDE SUR LES CHLÆNACÉES 39 


15 dents petites, courtes, qui occupent à peine le tiers supé- 
rieur de la coupe. Le calice a 3 sépales, obovales, longs de 
8 m/m, larges de 6 m/m, très tomenteux; leur bord droit est 
recouvrant. 

La corolle est constituée par 5 pétales, également obovales, 
mais spatulés, roses-rouges à l'état frais, mais blancs sur 
la plante sèche. La lame, qui est entière et a son bord gauche 
recouvrant, mesure 10 m/m >< 8 m/m, Le disque est très bas ; 
il n'atteint pas 1 m/n, I] donne insertion par sa partie interne 
à 20 étamines inégales, fixées aussi par leur base au fond de 
l'ovaire. Les filets, aplatis, sont grêles et mesurent 8 à 10 m/m 
de longueur. Les anthères sont petites, subglobuleuses, 
dorsifixes et très sessiles. 

Le pistil a une longueur qui atteint jusqu'à 2°/m; l'ovaire, 
globuleux, très poilu, porte un style de 1 /m2, terminé par 
un stigmate capité. Il y a de nombreux ovules dans les 
3 loges ovariennes. 

Le fruit, que nous n'avons pas vu, a, d’après les indi- 
cations de Baker, le volume d'un pois ; il est entouré de 
l'involucre et des sépales desséchés. 

Nous renvoyons pour la diagnose latine à Baker et pour la 
morphologie à la planche de Hooker ". 

Baillon avait maintenu cette plante dans le genre Sarco- 
chlæna probablement parce qu'il croyait qu'il n'y avait que 
2 ovules collatéraux et descendants dans chaque loge ?. I la 
disait alors extrêmement voisine de Sarcochlæna Bojeriana, 
dont Baker fit d'ailleurs également un Xerochlamys. Mais 
l'opinion de Baillon ne paraît pas très fixée puisqu'il 
ajoute en note : ‘* Les espèces recueillies par Grandidier ont 
4 ovules descendants dans chaque loge ; c’est là un caractère 
variable comme dans la plupart des autres genres de la 
famille ” 

Ce caractère, cependant, joint à d'autres, a paru suflisant 
à Baker pour justifier la création d'un genre à part. EL cest 


1. Hooker's Icones plantarum, T. X, PI, 1413, p. I *‘* Xerochlamys pilosa ” 


2. Bull. de La Soc. Lin. de Paris, T. 1. 1886, p. 072 *‘ Nouvelles observations 
sur les Chlænacées ” 


34 F. GÉRARD 


aussi notre avis, d'autant qu'il n'est pas prouvé, par ailleurs, 
que le nombre des dents de l'involucre varie beaucoup d'un 
échantillon à l'autre, comme Baillon en attribue l'affirmation 
à Baker. Ce nombre de dents nous a paru, au contraire, 
assez fixe et constitue pour nous un caractère différentiel 
qui a sa valeur. 


2. — Xerochlamys Bojeriana Bak. 


Nous désignons ainsi, comme l'a fait’ Baker, l’ancien 
Sarcochlæna Bojeriana de Baiïllon. 

Nous avons identifié la plante qui porte le n° 3017 dans 
l'herbier Perrier avec l'échantillon-type de Bojer et deux 
autres spécimens de Baron qui sont au Muséum. Baillon ! 
ne dit pas où fut recueillie cette espèce. Notre spécimen 
provient des environs d'Antsirabé, au centre de Madagascar, 
où il a été trouvé par M. Perrier, en août 1912, sur des 
gneiss rocailleux, dénudés, à 500 mètres d'altitude. Plus tard, 
en décembre 1913, il a été récolté encore par le même bota- 
niste dans des bois à tapia, à 1600 mètres d'altitude, égale- 
ment dans le Centre (n° 5338 de l’herbier). C’est un arbuste 
de 1 à 2 mètres, parfois même un arbre de 5 à 8 mètres, et le 
port varie suivant que l'espèce croit plus ou moins à l'abri 
des feux. M. Perrier de la Bâthie indique, en effet, que les 
souches à rejets de la plante persistent un temps assez long 
dans les prairies incendiées. L'écorce porte des stries longitu- 
dinales, les jeunes rameaux sont pubescents. Les feuilles sont 
entières, persistantes, alternes, oblongues, nombreuses et 
serrées. Le limbe mesure 7 à 8 m/m de longueur et3 à 4 m/m 
de largeur seulement ; elles sont coriaces, vert sombre sur 
les deux faces et fortement tomenteuses en dessous principa- 
lement. La nervure principale seule est nettement visible, 
bien que les poils soient moins nombreux en dessus. Le 
pétiole est court et très velu ; il y a 2 petites cicatrices indi- 
quant l'existence de stipules caduques. 

Les fleurs, blanches, sont en cymes biflores, terminales. Le 


1, Adansonia X. 197 ; loc. cit. 


“pti 


ÉTUDE SUR LES CHLÆNACÉES 39 


pédoncule commun a 1 c/m 1/2 à 2 ‘/" de long (Baillon dit 
1 c/m) ; chaque pédicelle est extrêmement court (2 m/m 1/2), 
que | 


L'involucre, obconique, a un diamètre de 6 m/m, plus grand 
que sa hauteur (5 m/n) ; il est surtout poilu sur les dents 
basses et deltoïdes, qui sont au nombre de 12 à 15. Ces dents 


ont 1 m/m à 1 m/m 1/2 de hauteur et de largeur à la base ; elles 
sont en général un peu plus larges que hautes. 


Les poils de la face externe de la coupe sont grisâtres ;: 
ceux de la face interne sont moins serrés et plus soyeux. 
Nous avons déjà signalé que Baïillon indiquait, par erreur, 
l'existence de poils en dedans de l'involucre seulement. 

Le calice est formé de 3 sépales libres, obovales, imbriqués ; 
la lame est profondément émarginée au sommet et porte de 
nombreux poils fins, surtout dans son tiers supérieur. La 
longueur est de 7 m/m, la largeur dans le plus grand diamètre 
atteint 4 mm, 


Il y a à la corolle 5 pétales spatulés, tous caduques, un peu 
plus grands que les pièces du calice (12 m/m >< 5 m/m), 
L'onglet est assez marqué, et les nervures longitudinales sont 
bien visibles. 

Le disque annulaire mesure 2 m/m de hauteur. Il y a à 
l’'androcée 20 étamines, que Baiïllon dit inégales, mais que 
nous avons toujours trouvées égales dans nos échantillons, 
même en analysant plusieurs fleurs ; cette longueur est de 
7 m/m 1/2; les filets sont grêles et les anthères petites. 

L'ovaire est subglobuleux, surmonté d'un style de 7 m/m 
de long, à peine plus haut d’ailleurs que l'ovaire lui-même, 
qui a 6 m/m 1/2 et un diamètre de 5 m/m à Ja base. 

Notre échantillon portait des fruits. Ce sont des capsules 
obconiques, enfouies dans de nombreux poils qui tapissent 
la face interne de l'involucre, accompagné des sépales déssé- 
chés et des filets staminaux. 

Une seule graine paraît se développer dans chaque loge ; 
elle est assez volumineuse, aplatie ; sa hauteur mesure 9 mm, 
son diamètre 4 m/m, 


30 F. GÉRARD 


3. — Xerochlamys Grandidieri Bak. 


C'est encore un des Sarcochlæna de Baïllon, rattachés par 
Baker aux Xerochlamys. Baillon ', qui en donne une descrip- 
tion sommaire, indique que la plante fut rapportée par 
Grandidier (n° 63) du Centre, d'Ambotomenaloha. Baillon 
la signale au Sud-Ouest, tandis que M. Perrier l’a récoltée, 
en août 1912, à l'Est d'abord, plus tard au Centre. L'échan- 
tillon n° 3003, que nous avons identifié avec ceux du 
Muséum, provient d'un arbuste de 1 à 2 mètres qui pousse 
dans les plaines arides et sablonneuses du Mangoro, à 800 
mètres d'altitude. Les branches inférieures sont très étalées 
sur le sol, et cela, dit M. Perrier, même sur les très vieux 
pieds. On trouve, sur les rameaux très nombreux et grêles, 
des Gascardia à laque. Les rameaux sont glabres. 

Les feuilles entières, alternes, persistantes, elliptiques, 
légèrement émarginées, sont courtement pétiolées (2 m/m) et 
petites. Le limbe, qui est plus foncé en dessous, mesure 
1 c/m 1/2 à 2 c/m 1/2 de long et 8 à 12 m/m de largeur. La 
nervure principale est très marquée, mais les nervures secon- 
daires sont dissimulées sous un fin duvet de poils courts 
brillants et soyeux. Ces poils, qui sont surtout nombreux en 
dessous, paraissent manquer sur les feuilles les plus grandes. 

Les fleurs sont par 2, quelquefois par 3, à l’extrémité des 
rameaux. 

L'involucre a un nombre variable de dents inégales (5, 7 
ou 10), de couleur brun foncé. Elles sont très réduites ; leur 
hauteur ne dépasse pas 1 à 2 m/m et elles portent (comme 
d'ailleurs toute la coupe en dehors) de nombreux poils. Ces 
poils sont assez curieux et n'ont jamais été décrits ; ils 
présentent des analogies avec les poils des Malpighiacées ; 
nous en reparlerons au chapitre Il. La partie non découpée 
de la coupe involucrale a un diamètre de 5 M/m, une hauteur 
de 6 m/m, La face interne porte aussi des poils soyeux et 
longs. 


1. Bull, Soc. Ein.-Paris.-loc:cit: ? L-p: 265. 


A, 
Re + 


ÉTUDE SUR LES CHLÆNACÉES S Ÿ 


Le calice a 3 sépales très velus, enroulés dans le bouton, 
et qui dépassent légèrement l'involucre. La lame mesure 
7 m/m de longueur et une largeur de 4 m/m, Le bord droit. est 
recouvrant. 


La corolle a 5 pétales glabres, d’un très beau blanc, beau- 
coup plus grands que les sépales, puisque leur longueur 
atteint 1 c/m; la plus grande largeur de la lame est de 9 m/m, 
Il y a un léger onglet. Les pièces de la corolle sont 
recouvrantes, mais tournées en sens inverse des pièces du 
calice, c'est-à-dire à gauche. C'est donc par erreur, sans 
doute, que le dessinateur de Grandidier ! les a dessinées à 
droite (aussi bien dans le calice que dans la corolle). 


Le disque annulaire, glabre, membraneux, est peu 
marqué. 


L'androcée ne comprend, dans nos échantillons, que 15 
élamines égales, de 8 "/" de long, tandis que Baillon a 
indiqué le nombre de 30 étamines. Nous-même avons 
constaté, en analysant une fleur prélevée sur l’un des 
spécimens du Muséum, 34 étamines. Il y a alors 2 verti- 
cilles ; les filets sont d'inégale longueur ; et, particularité 
à noter, les étamines les plus courtes sont introrses, les 
plus longues sont extrorses. La forme de ces anthères cour- 
bées rappelle celles des Malvacées. Dans tous les cas, ces 
élamines s’'insèrent à la fois à la base de lovaire et au 
bord interne du disque. 

Le pistil est long : l'ovaire poilu montre 5 à 6 loges Il y 
a là un fait curieux, et nous l'avons interprété comme suit. 
Nous pensons qu'il y a 6 loges, car 9 sont bien nettement 
visibles et une cloison avorterait en partie ; de sorte que les 
3 loges initiales seraient dédoublées. Cependant le style, 
qui mesure 8 à 9 "/" de long, porte 3 sillons longiludinaux. 
Le stigmate, pelté, convexe, est capilé globuleux, très 
épais. 


Le fruit na pas été vu. 


1. Atlas des plantes de Madagascar, pl. 99. 


38 F. GÉRARD 


4. — Xerochlamys diospyroidea Bak. 


La plante qui portait pour Baïllon ‘ le nom générique de 
Sarcochlæna diospyroidea fut trouvée, en 1876, par Grandidier * 
(n° 62). Ce n'est queen 1882 que Baker en fit aussi un 
Xerochlamys. Et cette modification est pleinement justifiée, 
comme on en trouve une raison dans la réserve de Baillon 
lui-même, qui indiquait, en la décrivant, la présence de 
4 ovules dans chaque loge ovarienne. Il y a d’ailleurs 
d'autres caractères qui la rattachent, sans aucun doute, au 
genre Xerochlamys. 


Cette espèce pousse au Centre de File, dans la région 
d'Ambatomenaloha. Baron l'a retrouvée plus tard au 
Sud-Ouest. C’est un arbre très rameux, mais à vieux 
rameaux glabres, tandis que les feuilles des jeunes rameaux 
assez denses sont tomenteuses. Celles-ci sont elliptiques 
et coriaces, à pétiole très court ; les fleurs sont solitaires et 
terminales, très rarement axillaires. 

L'involucre sec. très poilu, en dehors comme en’, dedans, 
porté 7 à 10 dents triangulaires. 


Le calice a 3 sépales enroulés et recouvrants, dans le 
bouton, de gauche à droite. Ils sont velus et plus longs que 
linvolucre. Les 5 pièces de la corolle, encore plus grandes, 
sont tournées de droite à gauche, c’est-à-dire en sens 
inverse des sépales. Le disque est haut ; il donne insertion, 
par sa face interne, à 39 étamines inégales, mais toutes 
relativement courtes et serrées. Les plus petites sont externes, 
les plus grandes internes. Elles entourent complètement un 
ovaire triloculaire, poilu surtout à sa base, surmonté d'un 
style assez long et terminé par une tête stigmatifère dilatée, 
trilobée. 


Le fruit na pas été vu. 


1: Bull. Soc. Lin. Parts loc. cit. T. I. 1886, n° 71, p. 565, ““Chlænacæ®: 
2. Atlas de Grandidier (Plantes de Madagascar) pl. 100. 
3. Compendium des plantes malgaches. Revue de Madagascar 1901, II 859. 


ÉTUDE SUR LES CHLÆNACÉES 39 


5. — Xerochlamys pubescens Bak. 


Décrite par Baker, rapportée par le Rév. Père Baron du 
Nord-Ouest de Madagascar, cette plante pousse aussi dans 
le Centre de l’île, sur le mont Lohavohitra dans l'Imerina. 
Elle est différente du X. pilosa, qui croît d'ailleurs dans une 
région différente de l'ile, au Nord-Est. 

Nous n'avons pas eu de spécimens de cette espèce dans 
l'herbier Perrier, mais nous avons pu examiner un échan- 
tüillon de l’'herbier de Kew (n° 5112) qui nous a été commu- 
niqué. C'est un arbuste plus élevé que le X. pilosa. Les 
feuilles en sont beaucoup plus grandes ; elles mesurent 
jusqu’à 2 °/" 1/2 de long, sont vertes et glabres en dessus, 
fortement pubescentes en dessous ; les nervures sont cachées 
par les poils. Les fleurs, comme dans X. pilosa, sont par 
2 ou 3, à l'extrémité des rameaux, et quelquefois axil- 
laires. L'involucre, très tomenteux, est un peu plus large 
et haut que celui de l'espèce précipitée ; mais il ne compte 
que 8 dents, alors qu'on en trouve 10 dans l’autre. Le 
calice a 3 sépales obtus, qui sont plus petits que les 9 
pièces rouges de la corolle. Celles-ci ont une largeur de 6 à 
8 "/" 1/2 et une longueur de 1 c/m à 1 t/m 1/2. L'androcée 
compte encore 20 étamines inégales, de 9 à 13 m/m de lon- 
gueur ; les anthères sont petites. Le pistil est formé d'un 
ovaire triloculaire très tomenteux, surmonté d'un style éga- 
lement tomenteux, surtout dans son tiers inférieur ; le 
stigmate est capité entier. 

Le fruit n'est pas connu. 


6. — Xerochlamys arenaria nov. sp. 
Arbuscula, foliis coriaceis, glabris, super nitidis, ovatis, ad apicem 
acutis, basi obtusis; 1 t/m 1/2 - 2 cm 1/2 latis ; 4 - 6 €/m longis. Cymæ 
racemosæ terminales. Involucrum 8 - dentatum ; sepalis 3, obovatis, 
villosis, 5 m/m Jatis, 9 m/m, Jongis ; petalis 5, glabris, 8 m/m 1/2 latis 
ad apicem, { ©/"n 9 longis; disco membranaceo ; staminibus 30, inæqua- 


libus ; Stigmato stellato, trilobato. Fructus turbinatus. 


1. Journ. of London Linnean Society XXV, 296. *‘ Further Contributions to 
the flora of Madagascar ”, 


40 F. GÉRARD 


Cette plante, la première de nos espèces nouvelles du 
genre Xerochlamys, est du Nord-Ouest de Madagascar, où 
elle pousse abondamment en terrain sablonneux. Elle a été 
récoltée par M. Perrier en deux endroits différents ; d'abord, 
en juin 1900, sur les pentes très sèches et dénudées des 
bords du Besolota, affluent du Menavava, et cet échantillon 
(n° 1062) portait des fruits. 

Puis, notre collecteur l’a retrouvée un peu plus haut, en 
mars 1901, sur les collines sèches et sablonneuses des 
environs de Madirovalo. Ces spécimens (N° 1062, 2 et 3) 
sont en fleurs. 

Comme la majorité des Chlænacées nouvelles que nous 
décrirons à la suite, c'est un petit arbre tortueux de 
3 à 4 mètres. Les vieux rameaux, assez grêles, sont glabres 
et vert foncé, tirant sur le brun. Les jeunes rameaux sont 
pubescents. 

Les feuilles, clairsemées, ne tombent qu'au fur et à mesure 
que les feuilles nouvelles apparaissent. Elles sont entières, 
alternes, coriaces et glabres ; leur face supérieure est bril- 
lante. Le limbe, ovale, à sommet anguleux et à base ärrondie, 
mesure 4 à 6c/m de longueur et 1°/" 1/2 à 2c/m 1/2 de 
largeur. Le pétiole a près de 1t/" de long. La nervure 
principale déprime fortement la feuille en dessus ; il n'y a 
pas de sillons latéraux, mais les nervures secondaires sont 
bien visibles, alternes, et dessinent par leurs dichotomies 
un fin réseau; les bords du limbe sont très chiffonnés ; 
souvent même les feuilles sont repliées en deux sur la 
nervure médiane, comme le montre la planche II. 

L'inflorescence est une grappe de cymes biflores ou 
uniflores, terminale. Quand il y a deux fleurs, le pédoncule 
commun mesure À t/m à 1 c/m 1/2, tandis que le pédicelle 
floral est réduit à 3 m/", Tous deux sont glabres. L’involucre 
-a la forme d’une clochette : il est littéralement couvert de 
poils mous et courts. Sa hauteur totale est de 9 ”/" et son 
diamètre à la partie supérieure a 6 "/". Il est couronné par 
S dents triangulaires égales, dont la hauteur (1 "/" 1/2) est 
légèrement plus grande que la largeur à la base (1 "/"). 


PAGE 40 


PI. II. — XEROCHLAMYS ARENARIA nov. sp. 


ÉTUDE SUR LES CHLÆNACÉES 41 


Le calice est formé de 3 pièces libres, velues, obovales. 
Les poils couchés et mous sont surtout nombreux dans le 
tiers supérieur de la lame, qui mesure 9 "/" de long et 5 "/" 
de large. Ces sépales, qui sont vert jaunâtres, à sommet 
légèrement émarginé, ne dépassent pas les boräs de 
l'involucre. 

La corolle compte 5 pétales membraneux, imbriqués, 
glabres. [ls sont d’un beau blanc, très caduques, et beaucoup 
plus grands que les sépales. La lame, spatulée, a 1 ‘/" 9 de 
long, et sa plus grande largeur atteint 8 ”/" 1/2, mais elle se 
rétrécit vers son milieu à 4 "/", On voit nettement 12 à 
15 nervures longitudinales et jaunes. Le disque ne manque 
pas ; il est même très marqué puisque sa hauteur est de 5 ”/”; 
son diamètre, un peu moindre, n'a pas plus de 4"/". Il a la 
forme d'un gobelet membraneux, peu épais, de couleur 
blanc jaunâtre. 

L'androcée est constitué par 30 étamines d'inégale lon- 
gueur, mais qui sont très longues et peu différentes, puisque 
les plus courtes ont au moins 1 ‘/" ; les plus grandes ne 
dépassent pas 1 ‘/" 3. Le filet est grêle, l'anthère jaune, à 
connectif étroit. Les anthères sont plus longues (1 */* 1/2) 
que larges (0 m/m 8). 

Le pistil est long de 1 ‘/" 1/2. Il comprend un ovaire 


piriforme, couvert de poils mous et couchés ; sa hauteur 
(4 /") est presque double de son diamètre (2% 1/2 à la 
base). Le style, poilu à sa base, est creux ; il surmonte 
l'ovaire de 1 ‘/" et se termine par un stigmate à trois lobes 
creux, étoilé. 

Le fruit, turbiné, est constitué par linvolucre accru. La 
surface externe de la coupe involucrale est devenue glabre ; 
son diamètre (1 ‘/" à 1 °/" 1/2) n'est guère inférieur à sa 
hauteur. La partie supérieure de la couronne portant des 
dents est légèrement recourbée en dedans, limitant l'ouver- 
ture de la cavité infundibuliforme à un diamètre de 9 "7, 
Cette ouverture étroite donne passage à l'extrémité supérieure 
très poilue de l'ovaire et à une courte portion du style. 
L'épaisseur de la coupe involucrale à augmenté ; la face 


42 F. GÉRARD 


interne est aussi très poilue. Le calice desséché persiste, 
ainsi que des filets staminaux complètement desséchés. On 
trouve, dans chaque loge de cette sorte de noix, plusieurs 
graines noires et petites (3 "/" x 2 m/m), 

La planche IT montre un de ces fruits, ainsi que la plante 
en fleurs. Nous avons nommé cette espèce nouvelle arenaria, 
à cause de la nature du sol sablonneux sur lequel elle paraît 
pousser de préférence. 


— Xerochlamys elliptica nov. sp. 


Arbor, foliis nitidis, viridibus, ellipticis, ad apicem emarginatis, 
9° — 15 m/m Jatis, 2 1/2 — 4 t/m 1/2 longis. Flores bini axillares. 
Involucrum 18 — 20 dentatum ; sepalis 3, obovatis, 5 m/m Jatis, 
9 m/m Jongis ; disco depresso ; staminibus 24, inæqualibus ; stigmato 
capitato. Fructus monospermus. 

C'est un arbre de 2 à 8 mètres qui croît dans les bois à 
tapia du centre de Madagascar. Il a été rencontré en juin 1912, 
vers 1400 mètres d'altitude, sur les quartzites du mont 
Ibity (n° 3009). 

L'écorce est vert grisàtre, avec des stries blanches longi- 
tudinales nombreuses. Les vieux rameaux sont glabres. Les 
jeunes, surtout à leur extrémité, sont légèrement tomenteux. 
Les entrenœuds sont très lâches, distants en moyenne de 
3 cJm, 

Les feuilles sont entières, alternes, persistantes, vert fon- 
cées, brillantes, glabres en dessus, légèrement plus pâles et 
tomenteuses en dessous. Elliptiques à la base, qui est parfois 
atténuée el arrondie, leur sommet est presque toujours émar- 
giné. Le limbe mesure 2 €/" 1/2 à 4 t/m de long et 0 °/"9 à 
1 c/n 1/2 de large. Le pétiole.est court (3 à 5 "/"). Les bords 
du limbe, quelquefois enroulés légèrement en dessous, sont 
toujours froissés. Les nervures sont bien marquées, comme 
le montre la planche IT. A laisselle des feuilles, on voit 
nettement des bourgeons très tomenteux. 


Les fleurs, blanches à l'état frais, jaunes à sec, sont: 


rarement solitaires ; plus souvent par deux à l'aisselle des 
feuilles. Elles sont très courtement pédicellées (1 à 2 "/"). 


PAGE 42 


PI. III. — XEROCHLAMYS ELLIPTICA . nov. sp. 


ÉTUDE SUR LES CHLÆNACÉES 43 


L'involucre est en forme de coupe très haute ; il est couvert 
de poils soyeux et longs. Le diamètre, à la partie supérieure 
la plus évasée, ne mesure jamais que 4 ”/" 1/2, tandis que 
la hauteur est presque double (8 "/"). Cette coupe porte 
18 à 20 dents aiguës, inégales de 1 à 2 "/" de longueur. Il y 
a de nombreux poils aussi en dedans. 

Le calice a trois sépales, libres, verdâtres, légèrement 
tomenteux, obovales, à sommet découpé en deux lèvres iné- 
gales. La lame, à nervation, très fine, a une hauteur (9 m/m) 
presque double de sa largeur (5 m/m), 

La corolle est formée de cinq pétales blancs, grands, obo- 
vales, spatulés, à sommet émarginé: La longueur (2 ‘/"1) est 
double de la largeur au tiers supérieur (1 t/m), Ces pétales 
alternent avec les pièces du calice et sont membraneux et 
très fragiles. 

Le disque intermédiaire à la corolle et à l'androcée est 
noirâtre et plus bas que dans l'espèce précédente. La hauteur 
(3 m/m) est égale au diamètre de l'anneau membraneux. 

L'androcée a vingt-quatre étamines libres, inégales, 
insérées à la base de l'ovaire et à la face interne du disque. 
Les plus petites ont 8 m/m à T c/m de long, les plus grandes 
1 em 2 à {e/m 4, Les filets sont toujours grêles, et les anthères 
subglobuleuses, plus volumineuses que dans le X,. arenaria 
décrit précédemment ; le connectif est plus large aussi que 
dans cette espèce ; la déhiscence est introrse. 

Le pistil comprend un ovaire de 4 "/" de hauteur, étroit 
2 m/m 1/2 de diamètre) ; il porte de nombreux poils. Il est 
surmonté par un style également poilu, assez grêle, portant 
trois sillons longitudinaux très marqués ; il est long de 1 ‘/". 
Un stigmate capité le termine. Le fruit est une noix, comme 
dans l’espèce précédente, contenue dans linvolucre légère- 
ment accru. Il est enfoui dans un feutrage de nombreux 
poils mous jaunâtres, et au milieu des pièces desséchées du 
calice qui persistent ainsi que de nombreux filets staminaux. 

Une seule graine peu large paraît se développer ; celle-ci 
est plus longue (4 "/") que large (3 "/"). 

La planche IT montre un de ces fruits, à l'aisselle de deux 


44 F. GÉRARD 


feuilles, dont l’une va tomber ; l’autre, jeune, la remplacera. 
Le rameau principal montre d’ailleurs des feuilles jeunes et 
vieilles. 


8. — Xerochlamys villosa nov. sp. 


Arbor, tortuosa, cortice cinereo, foliis ovatis, elongatis, villosis, 
sicco flavis, L 1/2 — 2 c.latis, 3 — 5 c. longis. Flores 2 terminales, 
Involucrum villosum, 4 — 5 dentatum, multi-bracteolatum ; sepalis 3, 
obovatis, villosis, 8 m/m latis 1 c, 3 longis ; disco depresso multi- 
dentato ; staminibus 24, inæqualibus ; stigmato globuloso, capitato. 
Fructus turbinatus, polyspermus. 


Tandis que les deux espèces précédentes sont, l’une du 
Nord-Ouest, l’autre du Centre, celle-ci paraît spéciale au 
Sud-Ouest de Madagascar. On la rencontre, en effet, sur les 
massifs grèseux du mont Vohibasia et dans le bassin du 
Mangoky. M. Perrier l'a recueillie à 900 mètres d'altitude, 
en août 1910 (n° 3011). Cet arbre de 5 à 8 mètres a un tronc 
très tortueux. Il est assez localisé, puisqu'on ne le retrouve 
plus sur le massif voisin, également grèseux cependant, de 
l'Isobo où lon rencontre pourtant d'autres Chlæñacées à 
feuilles également velues, quoique différentes. Le vieux bois 
est glabre, tandis que les jeunes rameaux sont toujours 
villeux. L'écorce de ce vieux bois est grise, avec des ponctua- 
tions blanches. D'ailleurs toute la plante prend, à sec, une 
coloration jaunâtre, surtout marquée sur la face inférieure 
des jeunes feuilles et sur l'involucre, qui deviennent ainsi 
jaunes d'or. Cet aspect de la plante est très particulier et 
nous ne J'avons constaté chez aucune autre des nombreuses 
Chlænacées que nous avons pu examiner dans divers 
herbiers. | 

Les /euilles sont entières, alternes, persistantes el peu 
nombreuses. Comme sur les jeunes rameaux, des poils 
longs, mous, blanchâtres, les recouvrent. Le limbe est ovale- 
allongé, à base et sommet arrondis ou même obtus. La 
longueur atteint 3 "à 5% da larseur dd SE 2er 


Le pétiole, qui est souvent tordu sur lui-même, mesure 


2 + 


9 à 7 "/" de long. La nervure est proéminente en des- 


PAGE 44 


PI. IV. — XEROCHLAMYS VILLOSA nov. sp. 


On x. 


‘ÉTUDE SUR LES CHLÆNACÉES 45 


sus comme en dessous, alors que, dans la plupart des 
Xerochlamys, elle déprime la face supérieure. Les nervures 
secondaires sont bien visibles. Les bords de ces feuilles 
sont généralement chiffonnés. 

Les fleurs sont terminales et ordinairement par deux ; rare- 
ment on en trouve trois et à l'aisselle des feuilles. Elles sont 
très courtement pédicellées ; les plus longs pédicelles, tou- 
jours velus, n'ont jamais plus de 5 "/", 

L'involucre, très poilu, comme le montre la planche IV, est 
encore en forme de clochette allongée ; sa hauteur (9 "/") est 
beaucoup plus grande que son diamètre, qui ne mesure 
que 9 */* dans la partie la plus évasée. Cette coupe pro- 
fonde porte une couronne de dents dont le nombre varie. 
Le plus souvent, on en compte quatre ou cinq, qui sont 
nettement visibles à l'œil nu. Mais chaque dent est elle- 
même constituée par trois ou quatre bractées, qui peuvent être 
dissociées, pour l'étude, par ramollissement préalable de 
l'organe : on arrive à compter ainsi douze à quinze petites 
dents inégales. L'involucre est aussi très poilu en dedans. 
Le calice a trois sépales libres, obovales, à sommet étalé et 
émarginé, Ils sont villeux comme les feuilles, La lame 
mesure 8 "/" de long et 4 à 5 ”/" de largeur. Les sépales 
sont cachés dans linvolucre. 

La corolle est formée de cinq pièces blanches, plus grandes 
que celles du calice et alternantes avec elles. La lame, très 
mince, est oblongue, spatulée, à sommet émarginé : sa lon- 
gueur est de 1 à 3 ©/"; la largeur au tiers supérieur atteint 
8 "/" ; l'onglet est étroit et long de 5 ”/"!, 

Le disque, annulaire, est bas (2 "/*), mais très finement 
denté, Par sa face interne, il donne insertion à l'androcée, qui 
comprend vingt-quatre étamines inégales, également soudées 
par leur base à l'ovaire. Il parait v avoir deux verticilles de 
douze étamines ; du moins la moitié de celles-ci ont une 
longueur uniforme de 11 ”/", les douze autres ne mesurant 
que 7 ‘/" de long, mais ceci n'est pas fixe et varie d'une fleur 
à l'autre. 

Le pistil, qui à 11 "/" de long, ne dépasse pas l'androcée ; 


46 F. GÉRARD 


l'ovaire est bas. Le style, court, est surmonté d'un stigmate 
globuleux capité. 

Le fruit est globuleux, il a la forme d'une petite noix, 
entourée de l'involucre accru. Son diamètre (6 à 7 ”/") égale 
maintenant la hauteur. Cette modification est bien visible sur 
la planche IV qui montre, avec la plante en fleurs, un fruit 
isolé. À l'intérieur de la coupe involucrale, on voit de nom- 
breux et longs poils unicellulaires et soyeux, comme d'ail- 
leurs en dehors, mais ils sont plus longs à la face externe. 
Le calice desséché et les étamines, parfois même une portion 
du style, accompagnent ce fruit. Il y a de nombreuses grai- 
nes dans chaque loge. | 


9. — Xerochlamys rupestris nov. sp. 
Arbuscula, foliis ovatis, ad apigem acuminatis, 2 — 3 Cym Jatis, 
4 — 5c/m Jongis. Flores bini terminales vel axillares. Involutrum 5 — den- 
tatum ; sepalis 3, obovatis, ad basim attenuatis, 9 — [0 m/m Jongis, ad 


apicem 4 m/m Jatis ; petalis 5, 9 — 10 m/m Jatis, 2 — 3 €/m longis ; 
staminibus 48, inæqualibus ; stigmato trilobato. Fructus villosus. 


Il faut remonter vers le Centre et même jusqu'au Nord- 
Ouest pour trouver, avec le X. arenaria, cette quatrième 
espèce nouvelle, qui est abondante dans les rocailles grani- 
tiques du mont Ambohilinga ou Ambobhitrosy, dans la 
Milauja. L'échantillon (n° 3027) que nous avons examiné a 
été cueilli en fleurs, en mai 1904. 

C'est un arbuste dont l'écorce gris verdâtre est profondé- 
ment déprimée par place. Les rameaux en sont grêles et 
glabres. 

Les feuilles sont toujours entières, alternes, persistantes, 
ovales-allongées, à base arrondie et sommet acuminé, rare- 
ment émarginé. La face supérieure est glabre, mais il y a en 
dessous des poils mous, couchés, que l’on retrouve aussi sur 
le pétiole. Celui-ci mesure 6 "/" à 1 ‘/%, La nervure princi- 
pale est également poilue, les nervures secondaires sont bien 
visibles. Le limbe a une longueur de 4 à 5 ‘/" 1/2, une 
largeur de 2 à 3 °/". 


PAGE 46 


nov. Sp. 


STRIS 


PI 


T 


HLAMYS RL 


ROC 


« 


« 
… 


PI V. — XI 


ÉTUDE SUR LES CHLÆNACÉES 47 


Les fleurs sont par deux et terminales, ou à l’aisselle des 
rameaux ; les pédicelles sont très velus et très courts 
(2 à 3 m/m), | 

L'involucre, en forme de clochette, à la floraison du moins 
(car sa forme se modifie plus tard), a une hauteur (1 ‘/") 
bien plus grande que son diamètre (6 "/m), On compte 
o dents triangulaires, inégales, constituées par un grand 
nombre de pièces qu'il est facile de dissocier comme dans 
le X. villosa. L'épaisseur de cette coupe involucrale est 
faible, puisqu'elle mesure à peine 1 mm, 

Le calice a 3 pièces obovales, velues, légèrement soudées 
entre elles à la base. Ces sépales dépassent à peine linvo- 
lucre ; la hauteur de la lame est, en effet, de 9 à 10 m/m; Ja 
largeur, qui est au sommet de 4 m/n est très réduite à la base 
(1 m/m) atténuée. 

La corolle compte 9 pétales, libres, blancs. Du moins la 
partie de la lame pétaloïde, qui dépasse linvolucre, est 
d'un beau blanc, tandis que la partie spatulée, qui est 
enfouie dans la coupe, est jaune. Ces pétales ont une lon- 
gueur de 2 t/m 3; ils sont très étalés dans le tiers supérieur, 
qui mesure 9 à 10 m/m, tandis que la partie inférieure, de 
couleur jaune, forme un onglet de 2 m/m 1/2 de largeur et 
1 m/m de hauteur. 

Le disque annulaire est finement découpé à sa partie 
supérieure. [est plus haut (3 "/") que large. Son diamètre 
atteint à peine 2 "/" 1/2. 

L'androcée, avec ses 48 étamines d'inégale longueur, est 
fixé au fond de l'ovaire. Les plus grandes ont 1 ‘/" 6, les plus 
petites 1 "2; etil y a une différence très marquée dans la 
coloration des filets et des anthères suivant la longueur. 
Alors que les anthères des étamines les plus longues sont 
blanches, les anthères les plus courtes sont jaunes. Nous 
n'avons pas constaté cette particularité dans d'autres Chlæ- 
nacées, au cours des nombreuses analyses de fleurs que nous 
avons dû faire pour nos déterminations. 

Le pistil est long de 1 ‘/" 1/2. L'ovaire est étroit et haut, 
très velu. Le diamètre à la base mesure 1 ‘/" 1/2, la 


48 F. GÉRARD 


hauteur 4 "/", Le stigmate est globuleux et trilobé ; son 
diamètre atteint 2 m/m &. 

Le fruit, comme dans le X. villosa, est encore enfoui dans 
l'involucre accru. La planche V le montre bien, comme pour 
les espèces précédentes. Cet involucre s'est surtout élargi ; 
son diamètre égale maintenant sa hauteur, alors que celle-ci 
était bien plus grande (dans la floraison) que la largeur. 
Cette sorte de noix a done 8 m/m de diamètre. Il y a de 
nombreuses petites graines dans chaque loge de l'ovaire. 
Celui-ci est surmonté d'une portion du style desséché et 
accompagné des étamines, parfois du calice enfoui dans 
un feutrage de longs poils. 


10. — Xerochlamys acuminata nov. sp. 


Arbuscula, foliis ovalibus, ad basim obtusis, ad apicem acutis 2-4 c/m 
latis, 4, 6, 8 C/m Jlongis. Cymæ corvymbosæ, terminales. Involucrum 
deminutum, 8 - 10 dentatum ; sepalis 3, obovatis, 2 1/2 - 1 1/2 m/m Jatis, 
G m/n longis ; petalis 5, alternis, 3 "/ulatis, 9 m/mlongis ; staminibus 30-40 ; 
ovario dispermo vel polyspermo. 


1 


Très répandue dans tout le Boina, cette espèce constitue, 
d'après M. Perrier, le type ‘‘ collina ”. Et, de fait, on la 
retrouve aussi bien au Centre, à l'Est ou à l'Ouest que vers 
le Nord de l'ile, et toujours dans les parties boisées et peu 


6 


LS 


élevées. Nous en avons eu plusieurs échantillons. 

Le n° 3030 a été récolté à Ampasimentera, en décem- 
bre 1906, tandis que le n° 3029 vient des collines gneissiques 
et des bois secs des environs de Monpikony, en terrain 
d'alluvions, également au Nord-Ouest. La plante cueillie 
là, en janvier 1907, était encore en fleurs. 

Un 3° spécimen a été rapporté par notre collecteur des bois 
secs de Marovato, au mois d'août de la même année. Et à 
cette autre époque, la plante était cependant encore en 
fleurs, dans cette région Nord-Est. 

C'est un arbuste, dont les rameaux âgés sont glabres. 
L'écorce est gris-verdâtre, parfois même brune, avec de 
nombreux sillons longitudinaux. Seule, l'extrémité des tout 
jeunes rameaux est tomenteuse. 


PAGE 48 


PI. VI. — XEROCHLAMYS ACUMINATA nov. sp. 


| De MEL 


D 


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& 


NCA PT AE 


ÉTUDE SUR LES CHLÆNACÉES 49 


Les feuilles, entières, persistantes, alternes, sont ovales. 
La base est arrondie, le sommet très acuminé et quelquelois 
même très aigu. Elles sont glabres sur les deux faces. La 
face supérieure, vert foncé, avec des tâches jaunâtres, est 
plus sombre que la face inférieure. Les dimensions du 
limbe varient, pour la longueur, de 4 à 8 ‘/", et, pour la 
largeur, de 2 à 4°/". Le pétiole est long (7 à 14 "/"). Ces 
feuilles sèches sont très froissées, et la nervure principale, 
à peine pubescente, les divise inégalement en deux parties 
asymétriques. Les nervures secondaires sont bien visibles; 
arquées, et réunies entre elles à une petite distance des bords. 

L’inflorescence est une cyme corymbiforme terminale de 
4 à » fleurs. Le pédicelle floral est extrêmement court (à peine 
ja mm) 

L'involucre, en forme de coupe ou de gobelet réduit, est 
très velu en dehors. En dedans, il est tapissé aussi de poils 
aussi nombreux mais plus longs. Son diamètre et sa hauteur 
sont variables dans nos échantillons. Dans le n° 3028 (cueilli 
en.août) ils sont égaux (7 "/"), tandis que pour un autre 
spécimen (n° 3029), récolté en janvier, la hauteur (9 ”/") 
dépasse de beaucoup le diamètre (5 ”/* 1/2). dé | 

Par contre, dans tous nos types, il y a 8 ou 10 dents 
deltoiïides, mesurant 0 "/" 8 de hauteur et 1 ”/" de largeur 
à la base. L'épaisseur de la coupe est également uniforme 
(Or Cr 

Le calice a 3 pièces obovales, à sommet élargi. Leur 
longueur atteint 6 "/". La largeur va en s'atténuant du 
sommet (3 ”/" 1/2) à la base (2 m/m 1/2). Ces sépales sont 
velus, surtout au sommet ; ils ont leur bord gauche recou- 
vrant et sont enfouis dans la coupe involucrale. 

La corolle compte 5 pétales, alternes avec les sépales, 
recouvrants en sens inverse. La lame, qui est jaune dans la 
moitié inférieure, est blanche en dessus; elle porte de fines 
nervures longitudinales qui s'étalent en éventail dans la 
partie supérieure de ces pétales, qui mesurent 9 "/" de long, 
et seulement 3 "/" à la base. 

Le disque est annulaire, haut de 2 ‘/" 1/2 et large de 3"/". 


le | 


TO 
M". 


50 F. GÉRARD 


L'androcée est variable. Il compte tantôt 30, tantôt 40 étami- 
nes de très inégale longueur (7, 8 et jusqu'à 14 "/" de long). 
Les anthères, très sessiles, sont introrses, mais fortement 
déjetées en dehors ; elles ont une longueur de 1 "/" 1/2 et 
un diamètre de 1 "/", avec un connectif très étroit. 

Le pistil, long de 12 à 14 "/", porte un stigmate très cadu- 
que. Le style, qui mesure 6 ”/”, surmonte un ovaire étroit 
(2 "/® 1/2) et haut (4 à 5 ”"/”). Il y a souvent plusieurs 
ovules dans chaque loge ovarienne, mais parfois seule- 
ment 2. 


Nous n'avons pas vu le fruit. 


11. — Xerochlamys tampoketsensis nov. sp. 


Arbor, tortuosa, foliis ellipticis, minutis, ad apicem obtusis, ad basim 
attenuatis, 1-2 €/m Jatis, 3-3 (/m 8 longis. Flores terminales, involu- 
cro D - dentato ; sepalis 3, oblongis, 5 M/m Jatis, 8 m/m Jongis ; 
petalis 5, obovatis, 9 m/m Jatis, 2 C/m Iongis ; disco membranaceo laci- 
niato ; staminibus 30 ; stigmato trilobato. Frutus turbinatus, monos- 
permus. 


Comme le X. rupestris, dont elle se rapprocheï‘d’ailleurs 
un peu par certains points, cette espèce, la sixième et la 
dernière que nous décrirons dans ce genre, est du Centre. 
Elle pousse sur les rochers des cimes gneissiques. M. Perrier 
l'a récoltée en juillet 1905 sur le mont Tampoketsa, entre 
le Bemarivo et l'Anjobona. 

Quelques mois plus tard, en 1908, la même plante a été 
retrouvée dans le massif du Tampoketsa, donc encore au 
Centre, sur les rocailles du Haut Mohajamba. Mais, d'après 
M. Perrier, l'espèce est très limitée à ce massif, puisqu'on 
ne la retrouve pas sur les cimes balsatiques voisines. 

C'est pour cette raison que nous lui avons donné son nom. 

C'est un arbre de 3 à 4 mètres, très tortueux. Les rameaux 
sont glabres ; on voit sur l'écorce grisâtre de nombreuses 
stries longitudinales et transversales. 

Tandis que les feuilles du X. rupestris, dont nous avons 
rapproché plus haut cette plante, sont ovales-allongées et 
assez grandes, les feuilles du X. {ampoketsensis sont plus 


w 


PAGE 50 


PI. VII — XEROCHLAMYS TAMPOKETSENSIS nov. sp. 


2h TX 


114 
Es 


ÉTUDE SUR LES CHLÆNACÉES 51 


petites, à peu près elliptiques et arrondies à la base. Le 
sommet est également arrondi, très obtus, comme on peut 
Ï 
le voir sur la planche VE. Il v a des stipules très caduques : 
Ï 2 Il 
la lame est entière et glabre, plus foncée en dessus. Le pétiole, 
g | 
légèrement pubescent, est beaucoup plus court (2 */" 1/2) 
que celui de l'espèce comparée, dans laquelle il mesure 
jusqu'à 1 ‘/" de long. Le limbe mesure 1 à 2 °/" de largeur 
et 3 à 3 ‘/"8 de long. 

Les fleurs sont par 2, petites et terminales ; elles sont peu 

Ï 
nombreuses sur la plante. 

L'involucre rappelle aussi un peu celui du X. rupestris. 
Il porte également 9 dents de dimensions à peu près sembla- 
bles. Mais les autres parties florales sont très différentes. 

Le calice a 3 sépales, petits, velus, libres et oblongs. La 

g 
longueur (8 "/") est beaucoup plus grande, en effet, que la 
largeur da m à 

La corolle a des pièces également petites ; et par là elle 

diffère de celle du X. rupestris. Ces pétales, obovales, n'ont 


Le » / 
2 e m 


pas plus de de long ; et la largeur de la lame, qui est 
de 9 "/" au tiers supérieur, va en s'atténuant jusqu à 4 "/" à 
la base. Il n'y à plus, ici, la différence de coloration entre la 
partie étalée de la lame et l'onglet. 

Le disque est plus large que dans l'espèce comparée : il 
mesure, dans celle que nous décrivons ici, 3 m/m 1/2; par 
contre, il est un peu plus bas, car sa hauteur ne mesure 
que 2 "/" 7, Il est également découpé. 

L'androcée a ses 30 étamines insérées en dedans de ce 
disque. Elles sont d'inégales longueurs : il paraît y en avoir 
3 groupes, dont les filets ont respectivement 7, 13 et 16 7" 
de long et sont surmontés par des anthères petites et toutes 
égales (1 m/m), 

Le pistil est long (1 ‘/" 8). L'ovaire, velu, plus large que 
celui de X. Fa (puisqu'il a 4/7") est aussi un peu plus 
haut (4"/" 1/2). Le style est poilu ; il est terminé par un 
en ile à trois lobes creux. 

Le fruil est encore entouré de F involue re accru. Le diamè- 
tre (6 ”/" 1/2) de ce fruit est beaucoup plus grand que la 


52 F. GÉRARD 


hauteur (4"/"). Le calice et les filets staminaux persistent 
toujours et sont, comme l'ovaire proprement dit, entourés 
d'un fin duvet de poil soyeux. 

Dans cette sorte de noix obconique, il y a, par avorte- 
ment, une seule graine par loge; elle est plus longue (3 m/m) 
que large (2 m/m), légèrement aplatie sur une face. 

Tels sont les caractères de cette dernière espèce, qui est 
nouvelle dans le genre Xerochlamys et qui diffère bien de 
celle que nous avons baptisée rupestris et des autres décrites 
précédemment, comme on pourra le constater, en rappro- 
chant des premières la planche VIE. Nous l'avons appelée 
du nom du mont Tampoketsa, sur lequel elle paraît prédo- 
miner. 


ÉTUDE SUR LES CHLÆNACÉES 53 


IT — Genre Leptochlæna 


Dupetit lhouars' a créé ce genre en 1807, et Baillon, 
qui l’a bien étudié en 1872, le prend comme type de la 
famille * et en donne les caractères. Il les accompagne de 
dessins de la fleur et du fruit. 

Schumann *, à son tour, a repris cette étude, à laquelle 
il n'a rien apporté d'ailleurs de nouveau, donnant, lui 
aussi, des schémas des parties florales. 

Nous résumerons brièvement ci-après ces caractères 
génériques, en les précisant et les complétant sur plusieurs 
points. 

Ce sont, en général, des arbustes, parfois mème de 
simples buissons. Les feuilles sont rarement grandes, mais, 
au contraire, le plus souvent petites, et, dans la plupart 
des espèces, coriaces et glabres, toujours entières et alternes. 

L'inflorescence est une grappe ramifiée de cymes ou une 
panicule toujours terminale. Les fleurs sont peu nombreu- 
ses, exception faite du L. multiflora, qui groupe de très 
nombreuses fleurs, comme son nom l'indique. 

L'involucre est typique ; d’après Baïllon et Schumann, il 
porterait seulement 5 à 6 dents; on verra par la suite que 
le nombre en est souvent plus élevé. 

Le calice a 3 sépales tournés à droite, tordus dans la 
préfloraison, imbriqués dans le bouton. 

La corolle est formée de 5 pièces recouvrantes, tournées 
à gauche, et alternant avec les sépales. Ces pétales sont 
également tordus dans le bouton, mais à la floraison, ils 
s'étalent en lames plus grandes que les sépales. 

Le disque, que Baillon indique comme étant ‘‘un tube 
court, à peu près membraneux, à bord supérieur coupé'droit, 
dentelé ou crénelé”, nous a bien paru tel, le plus souvent, 
et bas. La hauteur ne dépasse, en effet, jamais 2 à 3 mym, 


1. Hist. vég. Afr. austr. loc. cit. XI, 41. 
2. Hist. des plantes loc. cit. IV, XXIX 220/221. 
3. Engler et Prantl. Pflanzenfamilien, WA, 6 p. 169, 


54 F. GÉRARD 


Or Schumann écrit par erreur qu'il est haut, en forme 
de gobelet. 

L'androcée est très caractéristique. Il comprend toujours 
10 étamines, rangées en deux verticilles : les petites, exter- 
nes, sont opposées aux pétales ; les grandes, intérieures, 
sont opposées aux sépales. Comme dans les autres Chlæna- 
cées, les filets sont toujours libres, les anthères biloculaires, 
introrses, et déhiscentes par deux fentes longitudinales. Mais, 
comme Baillon le fait justement remarquer, souvent les deux 
fentes sont réunies en une seule au sommet. 

Le pistil est libre, supère. L'ovaire, triloculaire, ‘a ses trois 
loges alternantes avec les sépales. Le style large est terminé 
par une tête stigmatifère, irrégulièrement trilobée. 

Il y a, dans chaque loge ovarienne, deux ovules qui sont 
insérés dans l'angle interne de la loge. Ces ovules sont 
descendants, à micropyle tourné en haut et en dehors. 

Le fruit, sec, indéhiscent, est encore un akène. Il est 
entouré des vestiges du périanthe et de l’androcée, eux-mêmes 
enveloppés par linvolucre épaissi. Il n'y a jamais qu'une 
seule graine par avortement. Les téguments recouvrent un 
albumen épais, plus ou moins charnu, et dans l'axe duquel 
on trouve un embryon à radicule supère. 

Nous n'avons trouvé, dans lherbier Perrier, aucun Lepto- 
chlæna nouveau, mais nous avons étudié des échantillons 
du Muséum et de Kew, avec lesquels nous avons identifié 
dans notre collection des spécimens d'espèces connues. Nous 
en donnerons, ci-après, les caractères aussi complets que 
possible. 

Il y avait, dans le genre, 6 espèces connues : deux 
à feuilles un peu plus grandes que les quatre autres, qui 
ont des feuilles très réduites. Nous avons ramené à une 
seule deux de ces dernières espèces. 


1. — Leptochlæna multiflora Thou. 


Comme nous l'avons dit ci-dessus, c'est l'espèce type du 
genre Leptochlæna. 


ÉTUDE SUR LES CHLÆNACÉES D) 


Dupetit Thouars donne ce nom à une plante récoltée 
dans l'Est. Baron, qui l'a retrouvée plus tard au Nord- 
Ouest, la signale !, d’ailleurs, sur les côtes du Nord-Est, de 
l'Est, même dans le Sud-Ouest. L'espèce est donc très 
répandue et principalement dans les parties boisées. 


Les échantillons que M. Perrier a récoltés, en juin 1909, 
dans la vallée du Sambirano, sur la côte Ouest, portent les 
numéros 93021 et 3023. Ils poussent sur les grès liasiques, 
dans les bois secs. Ce sont des arbustes de 6 à 12 mètres, 
dont les rameaux étalés sont blanc-grisätres, glabres. Mais 
les jeunes rameaux sont jaune-verdâtres, couverts de poils 
mous et courts, surtout abondants aux extrémités. Plus 
récemment, M. Perrier a aussi retrouvé cette espèce à l'Est 
de l'île, dans les futaies d'Analamazaotra, à 800 mètres 
d'altitude (n° 5336 de l’herbier). Dans cette région, l'arbre 
atteint 15 mètres de hauteur. Enfin, en août 1913, le 
même botaniste a récolté de nouveau la plante dans la 
vallée du Sambirano (n° 5340 de l'herbier). 

Les feuilles sont alternes, entières et nombreuses, glabres 
et coriaces. Il y a deux stipules latérales caduques, à l’aisselle 
du pétiole très court (2"/") et légèrement pubescent. Le 
limbe, ovale-lancéolé, à sommet très aigu et à base arrondie, 
est très brillant en dessus, vert glauque. 

Tandis que les dimensions, dans Féchantillon type du 
Muséum, sont de 9 à 6 ‘/" pour la longueur, 2 à 3 ‘/" pour 
la largeur, notre échantillon a des feuilles longues seulement 
Der tra 2 Set larees de LP AA 7, 

Ceci ne fait que confirmer à nouveau ce que nous avons 
dit précédemment de la variation du caractère foliaire des 
espèces, quant aux dimensions. La preuve est faite de la 
nécessité de trouver dans les autres parties de la plante des 
différences marquées pour en déduire des espèces ou des 
variétés autres. 


Les fleurs, petites et nombreuses, sont en panicules 


1. Compendium des plantes malgaches, loc. eit. p. 860, 


56 F. GÉRARD 


serrées terminales. L'involucre de l'échantillon type, au 
Muséum, a bien 6 dents, et la coupe est plus haute (5 "/") 
que large (3 "/" 1/2), comme le dit Baiïllon. Mais dans 
nos échantillons, nous avons compté 8 dents deltoïdes, 
très petites (1/2 ‘/" de haut et de large) ; et la hauteur de 
l'involucre est PAGE PRE de 4 "/" 1/2, avec un diamètre 
aussi réduit à 3 "/". Cependant nous sommes persuadés que 
cest bien aussi le L. multiflora que nous avons identifié. 
Ces différences sont négligeables, puisque les autres caractè- 
res concordent. 

Le calice compte 3 sépales libres, oblongs, de 4 "/" 1/2 
de longueur et 3 "/" de largeur. La lame est légèrement 
émarginée au sommet, velue surtout vers le bord supérieur. 
Ces sépales, qui, à la floraison, dépassent à peine linvolu- 
cre, sont tournés de droite à gauche, recouvrants. Dans le 
bouton, ils sont enroulés. 

La corolle a 5 pièces libres, spatulées, beaucoup plus 
grandes que celles du calice, puisque leurs dimensions 
atteignent 9.*/ de long et.2:"/" de:larseur! Le pétales 
portent un onglet très net. ; 

Le disque est annulaire, avec un diamètre très réduit 
(1 "/°3), pour sa hauteur (2 m/m), 

L'androcée comprend 10 étamines, insérées à la face interne 
de ce disque, et réparties en deux verticilles ; les petites, 
externes, oppositipétales, ont 6 m/m de long ; les grandes, 
oppositisépales et intérieures, mesurent jusqu'à 7 m/m 1/2 de 
longueur. Les filets sont grêles, les anthères petites. 

Le pistil a une longueur totale de 9 m/m, il est donc plutôt 
court ; l'ovaire triloculaire est très petit, à peu près de 
même hauteur (2 mu) que son diamètre (1 w/m 1/2). Il ya 
deux ovules par loge. Le style qui le surmonte a 6 m/m de 
long ; il est terminé par un stigmate capité à 3 lobes creux. 

Le fruit, en forme de noix, est plus long (8 m/") que 
large (6 */"). Il est toujours accompagné de l'involucre, qui 
l'entoure avec le calice et les filets staminaux desséchés. 

Il n'y a qu'une seule graine dans chaque loge ovarienne. 

Baillon et Schumann ont donné des dessins des diverses 


“ 


ÉTUDE SUR LES CHLÆNACÉES 57 


parties florales de cette espèce, comme nous l'avons indiqué 
au début de l'étude du genre. 

M. Perrier a indiqué pour cet arbuste que, dans les bois 
secs, gneissiques, vers 300 mètres d'altitude, du Haut- 
Mananjaba, l'écorce se désagrège sur les pieds morts en 


donnant une sorte de ‘* fibre ” très légère, subéreuse. 


2. — Leptochlæna Bernieri Bail. 


Cette plante, rapportée par Bernier de la région de 
Vohémar, sur la côte Nord-Est, a été décrite par Baillon !. 

Nous n'en avons pas trouvé de spécimen dans lherbier 
Perrier, mais nous avons pu examiner les échantillons 
types du Muséum etil nous a paru nécessaire d'indiquer 
que les plantes étudiées ne concordent pas en tous points 
avec la description donnée par l'auteur. 

C’est un arbre glabre, à feuilles ovales aiguës, générale- 
ment plus grandes que Baiïllon ne l'indique. Les fleurs sont 
bien en grappes terminales, courtement pédonculées. 

D'après Baillon, l'involucre n'aurait que 5 dents ; nous en 
avons compté toujours 8 sur les échantillons rapportés par 
Bernier (n° 369). L'Atlas de Grandidier* en représente 
beaucoup plus de 5 ; pour nous, il paraît y en avoir le plus 
souvent 10. 

Le disque, intermédiaire à l'androcée, existe bien et donne 
insertion, par sa base et à la face interne, à 10 étamines 
nettement définies. 

Le pistil est toujours constitué par un ovaire triloculaire, 
que surmonte un style grêle, terminé Îui-même par un 
stigmate capité. Cet ovaire est très poilu en dehors, comme 
la face interne de l'involucre. 

[l y a deux graines dans chaque loge ovarienne. 

Le /ruil est tronconique et coriace. I s'ouvre à maturité 
par 3 fentes longitudinales, correspondant aux eloisons 
ovariennes. Dans chaque loge, il y a deux ovules collaté- 


1. Bull. Soc. Lin., Paris 1886 loc. cit. 864. 
2. Atlas des plantes de Madagascar, pl. 98. 


58 F. GÉRARD 


raux, descendants, à funicule plus court que la partie 
micropylaire externe et supérieure. [l y a, dans ce fait, une 
analogie marquée entre les Leptochlæna et certaines Diptéro- 
carpacées. 

La graine contient un albumen charnu ou corne. Dans 
l'axe, on trouve un embryon aplati, à radicule plus longue 
que les cotylédons et à direction supère, et un peu courbé. 

Nous donnerons plus loin quelques dessins des poils de 
cette espèce, qui sont caractéristiques de la famille. 

Schumann ! désigne cette plante sous le nom de L. Bernie- 
riana, mais nous avons conservé l'appellation scientifique 
Bernieri de Baillon. 


L2 


3. — Leptochlæna cuspidata Bak. 


Le Rév. P. Baron rapporta, en juin 1889, cette plante de 
Madagascar, où elle pousse dans la région nord-occidentale. 
Baker * en fit une espèce nouvelle. Cette plante n'est repré- 
sentée ni dans notre herbier, ni dans celui du Muséum ; 
l'échantillon qui nous a été communiqué de Kew ne porte 
plus que de rares feuilles, mais aucune fleur ni aueun fruit. 

Nous nous sommes cru autorisé, malgré ce défaut de 
documentation personnelle, à donner ici, d'après Baker, 
une courte description de la plante, afin que notre étude de 
la famille soit complète. 

C'est un buisson très rameux, complètement glabre. Les 
feuilles sont rigides, courtement pétiolées. Le limbe ovale 
est arrondi à la base, mais très accuminé au sommet, 
lancéolé. La longueur est de 2 à 3 ‘/" 7; la largeur, au tiers 
inférieur, éstide: {7/22a4 92172: 

L'inflorescence est corymbiforme terminale. Les fleurs sont 
très courtement pédicellées. 

L'involucre est brun, glabre et chiffonné. Il porte 10 à 12 
dents petites, deltoïdes. Le diamètre de l'involucre mesure 
3 "/"environ. 


1. Engler, loc. cit. III, 6, 194. 


2. Jour. of London Lin. Soc. XXV. 1888, 29617. ‘* Further Contributions to 
the flora of Madagascar ” 


ÉTUDE SUR LES CHLÆNACÉES D9 


Baker ne donne aucune indication sur le calice et la 
corolle. D’après l’auteur, l'espèce ne diffère du L. multiflora 
que par ses fleurs plus longues, moins serrées, ainsi que par 
le plus grand nombre de dents de l’involucre. 


+. — Leptochlæna parviflora Scott. Ell. 


Différenciée du L. pauciflora et du L. turbinata par Scott 
Elliot en raison de ses feuilles plus larges et de son involucre 
plus tomenteux, cette espèce ne ressemble pas, non plus, au 
L. Bernieri. D'après le même auteur, elle s'en distingue 
nettement par son involucre turbiné, enroulé à la base. 

Nous n'avons identifié dans l'herbier Perrier aucune 
plante qui appartienne à cette espèce. Mais nous avons 
étudié les échantillons du Muséum et le spécimen type de 
l'herbier Scott, à Kew, n° 2554. Scott avait recueilli la 
plante à Fort-Dauphin. 

C'est un arbuste ou un petit arbre, à écorce rougeàtre, que 
Baron a signalé aussi au Sud-Est de l'ile ‘ . 

Les jeunes pousses portent des stries longitudinales et 
quelques poils blancs. Les /euilles sont blanches, persis- 
tantes, ovales, glabres. La base est le plus souvent arrondie, 
le sommet un peu atténué. 

Le limbe n'a que 2 ou 3 ‘/" de long et une largeur de 
1 à 1‘/" 1/2. Le-pétiole est court (2 "/"). 

L'involucre, à maturité, est plus haut (7 "/") que large, 
puisque son diamètre ne dépasse pas 9 "/%. De forme 
ovoïde, cet organe porte tantôt 6, tantôt 10 dents, le plus 
souvent un nombre intermédiaire. 

Le calice a 3 sépales ovales, très courts (3 "/") ; ils 
portent, sur la lame, des poils courts, unicellulaires. 

La corolle est formée de 3 pétales oblongs, très étroits. 
La largeur de la lame ne dépasse pas, en effet, 2 "/", tandis 
que la longueur est de 9 à 10 "7", 

L'androcée compte un nombre toujours fixe d’étamines (10). 


1. Journ. of. L. Lin. Soc. XXIX 1893, 6, ** New and little-kuawn Madagascar 
Plants ” (Chlænacées). 


60 F. GÉRARD 


Elles sont inégales et paraissent groupées en deux verti- 
cilles. Le disque, bas, leur donne insertion par sa base, à la 
face interne. 

Le pistil est assez long ; l'ovaire, très poilu, est moins haut 
ou ne dépasse pas la coupe involucrale. Le stigmate dilaté 
est convexe. Le fruit n'est pas connu. 


5. — Leptochlæna pauciflora Bak. 


C'est en 1862 que Meller, le premier, récolta cette espèce 
dans les régions de Tamatave et de Tananarive. Baker ne 
la décrivit que beaucoup plus tard’. Baron * la retrouva 
encore dans les forêts de l’Imerina, au Centre de l'ile. Elle 
est très différente du L. multiflora, parce qu'elle a compara- 
tivement peu de fleurs et que ses feuilles sont obtuses. Nous 
avons eu plusieurs échantillons de cette espèce. M. Perrier 
l'a, en effet, déjà retrouvée en septembre 1911, vers 2000 
mètres d'altitude, sur des collines sèches et gneissiques du 
Centre ; et l'échantillon 3004, portant des fruits, provient 
des brousses éricoïdes du massif d'Andringitra. Puis, en 
janvier 1912, M. Perrier retrouvait la plante en fleurs dans 
des bois à tapia, aux environs d’'Ambatofanandarana, dans 
la province d'Ambositra, vers 1400 mètres d'altitude ; ce 
spécimen porte le n° 3007. 

Du Centre encore proviennent les échantillons 9337, 
recueillis, en novembre 1913, à Antrazobé, toujours à 1900 
mètres d'altitude ; puis, en février 1914, notre collecteur 
rencontrait sur les rocailles plus élevées du mont Ibity 
(2 à 3009 mètres), au Sud d’'Antsirabé, la même plante 
(n° 5341). Elle fut recueillie, enfin, plus récemment, en 
juillet 1914, sur les dunes littorales des environs de Tama- 
tave, où l'avait, pour la première fois, récoltée Meller, il y a 
plus de 50 ans. Ce dernier échantillon porte le n° 5342 de 
l'herbier Perrier. 

L'abondance des échantillons de cette plante, à divers 


1. Journ.:.of Lond, :Lin.: Soc:, loc. cit.:XX,:96. 
2. Journ. of Lond. Lin. Soc., loc. cit, XXV, 254. 


ÉTUDE SUR LES CHLÆNACÉES 61 


degrés de développement, nous permet d'en donner une 
description complète. 

C'est un arbre très rameux et feuillu, de 4 à 12 mètres. 
L'écorce en est plus ou moins rugueuse, suivant qu'on 
considère les vieux rameaux ou les jeunes pousses. Celles-ci 
portent des poils courts assez nombreux, tandis que ceux-là 
sont glabres. 


Les feuilles sont, en général, petites, mais extrêmement 
nombreuses et serrées : elles sont obtuses ou ovales-arron- 
dies aux deux extrémités, surtout à la base. Quelques-unes 
sont obcordées. 

Elles sont coriaces, généralement glabres. On ne voit de 
poils, en effet, qu'en dessous des feuilles jeunes, et encore 
presque exclusivement sur les nervures. Le limbe est entier, 
vert-brunâtre, plus foncé en dessous. La longueur varie de 
10 à 12 "/”, sa largeur de 6 à 10 "/". Le pétiole est court 
Qi m/maàa1"/"1/2). Les bords sont légèrement enroulés en 
dessous, et la nervure principale, très marquée, est proémi- 
nente des deux côtés. 

Les fleurs sont blanches, petites et peu nombreuses, soli- 
aires ou par deux à l'extrémité des rameaux, rarement 
axillaires. Les pédicelles (2 "/" de long) sont très poilus. 

L'involucre est en forme de coupe, plus haute (5 à 6 "") 
que large (4 */" 1/2). Il est très tomenteux, en dehors comme 
en dedans, où les poils sont encore plus nombreux. Il v a 
6 ou 8 petites dents triangulaires de 1 "/" environ de côté. 

Le calice compte 3 sépales poilus, et cela surtout dans la 
partie supérieure de la lame, qui a 3 m/m de largeur. La 
longueur est de 4 à 5 "/", Les pièces du calice sont jaunà- 
tres ; on y voit, en dedans, des tâches noirâtres puncti- 
formes. 

La corolle a 5 pétales spatulés, longs de 2 ‘/", avec un 
onglet de 1 m/m 1/2 de long et 2 m/m de large. 

L'androcée est typique, avec 10 étamines à filets très 
grèles en deux verticilles. Ces étamines, qui ont respecti- 
vement 7 "/" et » m/m de longueur, sont insérées sur 


62 F. GÉRARD 


le bord interne du disque et ont des anthères toutes petites 
et introrses. 

Le disque est très poilu ; il a 3 m/m de hauteur et ses poils 
sont très soyeux, de longueur inégale. 

Le pistil mesure 9 à 10 "/" de longueur totale ; l'ovaire 
est bas et est surmonté par un style grêle portant 3 sillons 
longitudinaux. Un stigmate trilobé le termine. 

Le fruit est un akène dont le diamètre mesure 4 "/" 1/2. 
Il est littéralement enfoui dans l'involucre, qui est tapissé de 
poils à sa face interne. I est d’ailleurs fortement accru, 
puisque sa hauteur est maintenant de 7 m/m, sa largeur de 
Gare 

Cette enveloppe involucrale est très riche en tannin et 
très acerbe. 

Baron ‘a signalé, à propos de cet arbre, un phénomène 
curieux : sur le tronc et toutes les branches, il y a, à une 
certaine époque de l’année, un écoulement d'eau continu 
qui est suffisant pour tenir le sol entièrement humide. Ceci 
est causé par un grand nombre d'hémiptères groupés dans 
un liquide gluant. : 

On peut en fournir une explication analogue à celle du 
phénomène du ‘ tami caspis ”, ou ‘‘ arbre à pluie”, des 
Andes Péruviennes orientales. 


6. — Leptochlæna rubella Scott Ell. 


Cet arbre vient, comme le L. parviflora, de la région de 
Fort Dauphin, au Sud-Est. Nous n'en avons pas trouvé de 
spécimen dans lherbier Perrier, mais nous avons pu avoir 
communication d'un échantillon de Kew. C'est Scott Elliot 
qui l'a décrit. Les rameaux sont très serrés, tomenteux. 
L’écorce, celle du moins des jeunes rameaux, porte des poils 


2 


rouges très nombreux. 
Les feuilles sont entières, alternes, ovales, atténuées à la 
base, parfois obtuses. Elles sont glabres. Le pétiole, court, 


1. Jour. of Lond. Lin: Soc. loc, cit. XXV, 254. 
2. Journ. of Lond. Lin. Soc. loc. cit. XXIX, 7, 1893. 


ÉTUDE SUR LES CHLÆNACÉES Ge 


est de couleur rouge fer. Leur limbe mesure 1 €/m 1/2 à 2c/m 
de longueur et une largeur de 1 €/m à 1 t/m 1/2. Elles sont 
donc plus petites que celles du L. parviflora. 

Les fleurs, nombreuses, sont en corymbes terminaux. Il v 
a de petites bractées, ovales et caduques, sur les pédicelles . 

L'involucre est moins volumineux que celui du L. parvi- 
flora ; ilest enroulé à la base et porte 8 dents, et il est aussi 
beaucoup moins haut (4 m/m) et moins large (2 m/m), 

Le calice a 3 sépales assez semblables à ceux de l'espèce 
ci-dessus, mais beaucoup plus poilus. 

Pour les autres caractères, il n'y a pas de différences 
marquées. 

D'après MM. Palacky ‘ et Schumann ?, Scott Elliot aurait 
décrit une autre espèce, le L. ferruginea, qui s'ajouterait aux 
espèces à petites feuilles déjà décrites. Nous avons bien vu, 
dans lherbier du Muséum, un spécimen qui porte ce nom, 
mais Ja plante paraît absolument semblable au L. rubella 
qui, elle-même, se rapproche déjà beaucoup du L. parviflora. 
Sans donc être tenté déjà de faire du L. rubella une variété 
du, L. parviflora, il n'est pas douteux qu'il ne faut pas 
maintenir le L. ferruginea, du moins pour la plante que nous 
avons vue étiquetée de ce nom. Il y a lieu de faire des 
réserves, naturellement, pour le cas où il s'agirait d'une 
plante autre, et que nous ne connaissons pas. Nous devons 
dire, toutefois, que les échantillons de Kew portent bien les 
deux appellations rubella et ferruginea pour les mêmes 
plantes, ce qui nous a confirmé dans notre interprétation ; 
on se trouve donc en présence de la même plante, sans doute 
décrite deux fois sous des noms spécifiques très voisins, 
quoique différents. 


7. — Leptochlæna turbinata bBak. 


Baron * a signalé cette plante dans le massif de lImerina, 
donc au Centre de l'île, et dans toute la région du Nord-Est, 


. Catalogus plantarum madagascarienstum, p. 39. 


- 
2 


. Engler et Prantl. Pflanzenfamilien p. 174. 


Compendium des Plantes malgaches, loc. eit. p. S60, 


64 F. GÉRARD 


vers la côte. Baker * la dit très voisine des L. pauciflora et : 
pilosa ; elle fleurit en janvier eten juillet. Nous avons identifié 
avec un spécimen provenant de Kew la plante que M. Per- 
rier a récoltée, en octobre 1911 (n° 4488), sur la cime du 
mont Vatovavy, à 960 mètres d'altitude, sur des gneiss; près 
de Mananjarv, dans l'Est de l'ile. C'est un buisson très 
rameux, avec des branches grêles, mais nombreuses et 
serrées, glabres de toutes parts, à écorce grisâtre, striée 
longitudinalement. 

Les feuilles, alternes, sont obtuses, quelquefois émarginées 
au sommet et deltoïdes à la base. Le pétiole est court. Le 
limbe est rigide, coriace, vert foncé et glabre sur les deux 
faces. Les nervures secondaires sont bien marquées, anasto- 
mosées entre elles, arquées, et se réunissant un peu en 
retrait des bords. La longueur du limbe est de 1 ‘/" 2 envi- 
ron, sa largeur de 0 ‘/" 8 à 1 ‘/". 

Les fleurs sont terminales, courtement pédonculées ; les 
pédicelles floraux sont poilus. 

L'involucre est une coupe glabre, enroulée, de couleur 
brune. Il porte de petites dents nombreuses et peu visi- 
bles. La hauteur de la coupe est de 6 ”/", donc un peu plus 
grande que le diamètre (3 m/m), 

Dans ses autres parties florales, la plante se rapproche 
beaucoup, comme l'indique Baker, du 2. pauciflora, mais 
elle en diffère par son fruit. 

Le fruit est constitué par l'involucre non accru entourant 
l'ovaire, dans lequel persiste une seule graine, brun noirâtre, 
légèrement aplatie sur les faces latérales et mesurant 
1 ou 2 m/n de diamètre et 3 »/m de longueur. 


2. Journal of Lond. Lin. Soc. loc. cit. XX. 97, 


ÉTUDE SUR LES CHLÆNACÉES 65 


IV. — Genre Schizochlæna 


Ce genre fut, comme le précédent, très anciennement 
établi par Dupetit Thouars ', qui en signala, dès 1807, trois 
espèces. Baker * y ajouta, après Baiïllon*, une espèce nou- 
velle. Et nous indiquerons, nous-même, dans ce paragraphe, 
une plante nouvelle. 

Les descriptions des représentants déjà connus de ce 
genre sont très brèves, incomplètes et souvent contradic- 
toires. Baïllon ‘, qui n’a d'ailleurs écrit que quelques lignes, 
indique que la fleur et le fruit sont très voisins de ceux des 
Sarcochlæna. Nous verrons qu'il y a cependant des diffé- 
rences très marquées. 

Nous indiquerons d’abord, comme toujours, les caractères 
génériques. Ce sont des arbrisseaux, quelquefois des arbus- 
tes, rarement des lianes ou de grands arbres, tandis que les 
Sarcochlæna sont tous des arbres assez hauts. Les feuilles, 
entières et alternes, sont coriaces, glabres et stipulées, en 
général assez grandes, comme celles des Sarcochlæna. Elles 
en diffèrent nettement par leur nervation ; il n'y a plus de 
sillons longitudinaux parrallèles de chaque côté de la ner- 
vure principale. 

Les fleurs sont par deux dans le même involucre, et c'est 
là un caractère principal du genre. Or on a vu que les 
Sarcochlæna ont un involucre toujours uniflore. Ces fleurs 
sont petites, blanches ou roses. L'involucre n'est bien visible 
qu'à la floraison. Il est formé d'un nombre très variable de 
bractées (2 à ©). Il n'est jamais fermé, et sa construction n'a 
rien de semblable à celle de l'involucre des Sarcochlæna ou 
des autres genres. Il s'accroît énormément après la floraison, 
et ses bords sont alors extrêmement découpés 

Le calice a 3 sépales ; la corolle a 5 pétales tournés en sens 


1. Hist. vég. rec. il. Afr. austr. loc. cit. XII, 43. 

2. Journ. of Lond. Lin. Soc. loc. cit. XX, 97, 

3. Journ. Soc. Lin. Paris loc. cit. 1889, 71, p. 569. 
4. Hist. des plantes loc. cit. IV, 226. 


66 F. GÉRARD 


inverse des pièces du calice, qui sont recouvrantes à droite. 

Le disque est bas et annulaire. L'androcée compte des 
étamines très nombreuses et inégales, sans disposition 
régulière. 

Le pistil, court, avec un ovaire toujours triloculaire, a de 
nombreux ovules pendants dans chaque loge. 

Le fruit est bien, comme dans les Sarcochlæna, une capsule 
loculicide s'ouvrant par 3 fentes longitudinales ; mais, 
comme nous lPavons dit plus haut, l’involucre, s'accroissant 
fortement après la floraison, prend un aspect tout à fait 
caractéristique que nous décrirons plus loin. 

Nous allons maintenant décrire les quatre espèces con- 
nues : Sch. cauliflora, elongata, rosea, exinvolucrata, et notre 
espèce nouvelle Sch. viscosa. 


1. — Schizochlæna cauliflora Thou. 


Décrite par Dupetit Thouars ', à la même époque que les 
diverses espèces du genre Leptochlæna, cette plante a été 
signalée, beaucoup plus tard, par le Rév. P. Baron? au 
Nord de l’île. L'origine exacte en était jusqu'alors inconnue. 

De Candolle * en a donné une description extrêmement 
courte, dans laquelle il indique seulement des panicules 
terminales sur le vieux bois, ce qui paraît inexact. En effet, 
nous avons pu constater sur les échantillons de lherbier du 
Muséum, qui ont d’ailleurs servi aux dessins de l'Atlas de 
Grandidier (pl. 101), que ces panicules sont axillaires. 

Bien que nous n'ayons pas trouvé d'indication précise sur 
le port de cette espèce, il est probable qu'il s’agit d'un arbre 
assez élevé. 

Les feuilles sont entières, alternes, obovales, très arrondies 
à la base, acuminées au sommet. Le limbe, glabre, mesure 
6 à 8 ‘/" de longueur et une largeur de 3 à 4 c/m, 

L'involucre, à complet développement, est constitué par un 


1. Hist. vég. Afr. austr. loc. cit. XII, 43. 
2. Compendium pl. maig. loc. cit. p, 860. 
3. Prodromus loc. cit. 1, 522 *‘ Chlænacæ ”’. 


ÉTUDE SUR LES CHLÆNACÉES 67 


nombre variable de bractées très découpées. Ces bractées 
sont plus hautes (4 /") que larges (2 à 3 «/m), 

L'inflorescence est donc une panicule axillaire ; il y a deux 
fleurs dans le même involucre qui ne se découpe, comme 
nous l'avons indiqué ci-dessus, qu'après la floraison. Il 
s'accroit alors considérablement, en se lacérant. Les deux 
fleurs collatérales sont, en général, égales, 

Le calice a 3 sépales tordus dans le bouton. Il faut noter 
un curieux caractère: dans les deux fleurs d'une mênte paire, 
les pièces du calice sont tournées à droite dans l’une, à 
gauche dans l'autre. 

La corolle a 5 pétales plus grands, tordus en sens inverse 
des sépales. 

L'androcée compte un nombre indéfini d'étamines à filets 
courts. Celles-ci sont extrorses et paraissent envelopper 
complètement l'ovaire triloculaire, allongé et surmonté d'un 
style tordu sur lui-même. Le stigmate est trilobé. 

L'espèce est représentée dans l'Atlas de Grandidier !. 


2. —- Schizochlæna elongata Thou. 


Cette espèce, également créée par Dupetit Thouars, est 
assez répandue. Richard l'avait rapportée de Sainte-Marie, 
en 1837 ; Baron l'a signalée plus tard, à Nossi-Bé, au Nord- 
Ouest ; et M. Perrier l'a récoltée sur la côte sud-orientale, 
dans les dunes littorales de la baie du Faraonv. 

Nous avons rapproché cet échantillon (n° 3014), recueilli 
en octobre 1911, de ceux du Muséum. Ils sont très compara- 
bles. D'après M. Perrier, c'est un arbuste de 4 à 6 mètres, à 
rameaux très divisés, glabres. L'écorce est plissée et porte 
de nombreuses dépressions. 

Les feuilles sont entières, alternes, obovales, à base lége- 
rement arrondie, à sommet profondément émarginé. Le 
limbe, glabre et coriace, est beaucoup plus foncé en dessus. 
Sa longueur est de 3 à 5 ‘/" 1/2, sa largeur de 1 ‘7m 1/2 à 
2 c/m 1/2, Les bords sont légèrement enroulés en dessous. 


1. Atlas des plantes de Madagascar, loc. eit. pl. 101. 


68 F. GÉRARD 


La nervure principale est bien visible; elle est fortement 
saillante en dessous et prolonge le pétiole noirâtre, qui a 
une longueur de 4 à 6 m/m, Les nervures secondaires sont 
noyées dans le parenchyme foliaire. 


Ces feuilles sont groupées, surtout à l'extrémité des jeunes 
rameaux, en petits bouquets ; cette disposition, qui est très 
marquée dans nos échantillons, est moins visible sur ceux 
de l'herbier du Muséum. 


L'inflorescence est un corymbe composé, terminal. Les 
fleurs sont petites el courtement pédicellées (4 à 5 "/"). Le 
pédoncule commun est beaucoup plus long (8 à 10 ”/"), 
et légèrement tomenteux, comme les pédicelles. 


L'involucre est biflore et formé de nombreuses bractées, 
soudées entre elles pour constituer cinq dents qui sont très 
découpées sur leur bord supérieur. Le diamètre de linvolu- 
cre, à complet développement, atteint jusqu'à 4 ‘/", 

Le calice a 3 sépales verts, avec des ponctuations blanches 
ou grises, ovales arrondis, très étroits puisque leur largeur 
n'est guère que de 3 "/m, leur longueur étant de 5 "/", 
Leur disposition dans les deux fleurs d’un même involucre 
est curieuse, car, s'ils sont recouvrants de gauche à droite 
dans l’une, ils le sont inversement dans l’autre. 


La corolle a 5 pétales blancs, plus grands que Îles 
pièces du calice. La longueur de la lame est de 6 "/", la 
largeur de 4 à 5 "7". 

e) / 


Le disque est à peine marqué et très bas. 


L'androcée comprend 24 étamines à filets blancs, très 
courts ; la longueur ne dépasse pas, en effet, 4 à 5 "/", Les 
anthères, introrses, sont très petites. 

Le pistil est constitué par un ovaire très poilu, aplati, 
surmonté d'un style de 5 "/" de longueur et terminé par un 
stigmate trilobé. 

Il y a de nombreux ovules dans chaque loge ovarienne. 


Le fruit n'a pas été vu. 


ÉTUDE SUR LES CHLÆNACÉES 69 


3. — Schizochlæna rosea Thou. 


C'est la troisième espèce décrite, dans le genre, par 
Dupetit Thouars ‘, qui l'aurait rapportée, lui-même, de 
Madagascar. Il n'en indique pas l'origine exacte. Baron, 
dans son Compendium, ne donne non plus aucune indication 
d'habitat. Aucun échantillon de cette espèce ne se trouvait 
dans lherbier Perrier. Nous avons pu seulement examiner 
l'échantillon type du Muséum, qui est très ligneux, ne porte 
plus que de rares feuilles et n'a conservé aucune fleur. 

Les feuilles sont obovales ou oblongues, à sommet arrondi 
ou parfois émarginé, à base, au contraire, angulaire ou 
atténuée. Elles sont de couleur vert-foncé, glabres et coriaces, 
plus foncées en dessus qu'en dessous, où elles sont d’ailleurs 
fréquemment rouges ou roses, vues à sec. 

La nervure principale est bien marquée ; les nervures 
secondaires, obliques, se réunissent par deux en une seule 
ligne, à une petite distance des bords. Le pétiole est long 
(1 </ à 1 c/0 1/2) ; il porte de nombreuses stries annulaires. 

Baillon * a donné des dessins des parties florales, et on 
peut en tirer les caractères ci-après, à défaut de fleurs pour 
l'étude. 

Les inflorescences sont des panicules terminales. 

L'involucre, biflore, est très ample et irrégulièrement 
lacinié après la floraison. Avant cette époque il est formé de 
petites bractées imbriquées, comme le montrent bien les 
dessins de Baillon. 

Le calice a 3 sépales obovales, plus larges à la base(4"/"1/2) 
que longs (4 m/m), [ls sont enroulés dans le bouton, recou- 
vrants de gauche à droite dans une fleur, de droite à gauche 
dans l’autre, pour le même involucre. 

La corolle compte 9 pétales plus longs (9 "/n) que larges, 
et de couleur rose pâle. 

Le disque est court, annulaire, très bas. 

L'androcée groupe un nombre indéfini d'étamines, inégales 


1. Hist. vég. Afr. austr., loc. cit. XIE. t. 2. 
2. Hist. des plantes, loc. cit. IV, fig. 238, 239. 


70 F. GÉRARD 


mais très courtes ; leur longueur totale varie en effet de 
3 à 4 m/m 1/2. 

Le pistil est long de 4 m/m 1/2 ; il dépasse donc peu les 
plus grandes étamines. L'ovaire, piriforme, très poilu, est 
plus haut (1 m/m 8) que large (1 m/m 2). 

Le /ruil est une capsule tricoque, complètement envelop- 
pée dans l'involucre excessivement accru et découpé sur ses 
bords. Il est accompagné des vestiges du calice desséché, 
d'une portion du style et de filets staminaux plus ou moins 
nombreux, également desséchés. 

Cette capsule loculicide s'ouvre par trois fentes latérales 
et supérieures ; il y a de nombreuses graines. 


4. — Schizochlæna exinvolucrata Bak. 


Baker ‘a donné ce nom à une Chlænacée rapportée de 
Madagascar par Gerrard, en 1865. Baron indique beaucoup 
plus récemment qu'elle pousse au Sud-Est, à Fort Dauphin. 

C'est un buisson ou un arbuste à rameaux très grêles, 
complètement glabre. Les feuilles sont entières, oblongues, 
très arrondies à la base, et brusquement rétrécies en une 
pointe obtuse. Elles sont vertes, de même teinte en dessus 
et en dessous. Les nervures secondaires sont finement anas- 
tomosées et arquées, un peu en dedans des bords. 

Le limbe mesure 2 t/m 1/2 à 5 ‘/" de longueur ; il est 
longuement pétiolé (1 c/m 2), 

Les fleurs sont peu nombreuses, solitaires, axillaires. Le 
pédicelle floral est court (1 m/" de long). 

L'involucre, qui aurait complètement disparu pour Baker, 
existe cependant ; mais il est extrêmement réduit, et, 
d'ailleurs encore biflore ; seulement il n'est visible qu'après 
la floraison, et alors il est même assez découpé. Mais Baillon 
ne l'avait pas vu sur une fleur jeune. Le calice est aussi très 
peu marqué. Les 3 sépales minuscules sont tordus dans le 
bouton ; la lame est verte, légèrement ponctuée de jaune, 
très velue. 


1. Journ. of Lond. Lin. Soc., loc. cit. XX, 97. 


ÉTUDE SUR LES CHLÆNACÉES 7 


La corolle est un peu plus développée, mais les pétales 
sont cependant encore réduits. Ils sont très imbriqués dans 
la préfloraison. Lorsqu'ils sont arrivés à leur complet 
développement, la lame étalée est un peu plus longue (6 m/m) 
que large (4 m/m), Ces pièces sont recouvrantes, en sens 
inverse des sépales. 

Le disque, à peine visible, est seulement représenté par un 
anneau très grêle. 

L'androcée compte un nombre considérable d'étamines, 
100 et même plus, réunies sans ordre, en véritables paquets. 
Le filet est toujours mince et court. Les anthères petites sont 
introrses et aplaties. 

Le pistil est constitué par un ovaire globuleux, très poilu. 
Le style grêle qui le surmonte est un peu plus long. 
Le stigmate est trilobé et petit. Il y a dans chaque loge 
ovarienne un grand nombre d'ovules horizontaux. 

Le fruit n'est pas connu. 


5. — Schizochlæna laurina Baill. 


Baillon', en faisant connaître cette espèce pour une 
plante de Chapelier, indique qu'elle pousse sur la côte 
orientale. Baron * a précisé plus tard qu'on la rencontrait 
vers le Nord-Est. 

Tandis que Baillon écrit que c'est une liane, Baron dit 
qu'il s'agit d'un arbuste. Et c’est cette dernière indication qui 
paraît exacte. Nous avons examiné le spécimen type du 
Muséum. 

Les feuilles sont entières, coriaces, glabres, ovales, acumi- 
nées au sommet, à base atténuée. La nervure médiane, 
comme dans presque toutes les Chlænacées, est fortement 
proéminente en dessous. Le limbe mesure 6 à 8 ‘/" de long 
et une largeur de 2 ‘/"1/2 à 3 ‘/" au tiers inférieur. 

Les fleurs sont en panicules terminales ou axillaires, 


1. Bull. Soc. Lin. Paris 1886, p. 571. Nouvelles observations sur les Chlæ- 
nacées. 


2. Compendium des plantes malgaches, loc. cit. p. 860. 


72 F. GÉRARD 


petites et nombreuses, avec des pédicelles grèles et très 
ramifiés. Il y a deux fleurs dans le même involucre, constitué 
par de petites bractées suborbiculaires. Les pédicelles 
floraux portent également des bractées opposées, persistantes 
et égales entre elles, tandis que les’ bractées involucrales 
sont inégales et laciniées dès le bouton. 

Le calice a 3 sépales petits, obovales, légèrement velus et 
tordus dans le bouton, recouvrants de gauche à droite. 

La corolle compte 9 pétales plus grands que les sépales, 
spatulés et recouvrants de droite à gauche, c'est-à- -dire en 
sens inverse des pièces du calice. 

Le disque est très peu marqué. Baïillon dit même qu'il 
n'existe pas ; il est cependant présent. L’androcée est cons- 
titué par un faisceau de très nombreuses étamines, inégales, 
ies plus petites externes, les plus grandes internes. Elles 
entourent complètement l'ovaire, poilu, triloculaire, avec 
de nombreuses graines dans chaque loge ; le style grêle qui 
est long, à tête stigmatifère capitée, dépasse à peine les 
étamines les plus longues. 

Le fruit n'a pas été vu. 

Cette espèce est représentée dans l'Atlas de CRE 


6. — Schizochiæna viscosa nov. sp. 


Arbor tortuosa, ramulis vestutioribus glabris, cortice cinereo, juniori- 
bus setosis ; foliis coriaceis, pubescentibus, ovatis, longis. Cymæ densæ, 
terminales aut axillares. 

Involucrum biflorum, viscosum, valde laciniatum ; sepalis 3, pubes- 
centibus, 11 m/m latis, 14 m/m longis ; petalis 5 ; disco depresso, nigri- 
canti ; staminibus 40-50, brevibus. Fructus capsularis, trilocularis, 
polyspermus. 

Nous avons établi cette espèce pour un arbre de 4 à 10 
mètres qui nous a paru nouveau dans le genre Schizochlæna. 

M. Perrier l'a rencontré, en octobre 1909, dans des bois 


très secs du Nord-Ouest de l'île. Il pousse dans la vallée du 
Sambirano, mais particulièrement sur les grès liasiques et le 


1. Atlas des plantes de Madagascar, pl. 102. 


"IH9OZIH9S — ‘HIA [Id 


‘ds ‘aou YSONSIA VNE 


ÉTUDE SUR LES CHLÆNACÉES 73 


permien de l'Itasy, de la Mahavavy et du Monanjaba ; 
l'échantillon porte dans l'herbier le n° 3029. 

Cet arbre très rameux et tortueux a son écorce crevassée 
et blanc grisâtre. De nombreux poils, raides et courts, de 
couleur jaunâtre, recouvrent les jeunes rameaux. Le vieux 
bois est glabre. 

Les feuilles sont entières, alternes, persistantes, grandes, 
insérées à des entrenœuds assez régulièrement distants 
de 1 ‘/%. Très coriace et pubescent, le limbe est ovale- 
allongé. La base est arrondie et le sommet anguleux, parfois 
très aigu. Le limbe, de couleur verte foncée, est plus brun 
en dessus. Les nervures portent des poils couchés et mous, 
mais peu nombreux. La longueur de ces feuilles est de 
7 à 12 °/", leur largeur varie de 3 à 5 t/m, Les bords sont 
légèrement enroulés en dessous. Le pétiole atteint 8 à 10 m/m, 

Les fleurs sont tantôt terminales, tantôt axillaires, mais 
toujours sur le vieux bois, et en cymes condensées, du 
moins le plus souvent, car on rencontre quelquefois aussi 
des fleurs par deux dans le même involucre. Les pédicelles 
floraux portent dans leur tiers supérieur deux petites 
bractées. 

L'involucre est petit, en forme de coupe. Sphérique pendant 
la floraison, il a 4 m/m de diamètre et est formé de deux 
bractées bien définies. Ces bractées portent déjà dans le 
bouton de nombreuses dents sur leurs bords, ainsi que cela 
est visible sur la planche VIT, qui représente un rameau et 
l'involucre de cette espèce. Après la floraison, et même à la 
maturité de la capsule, cet involucre s'accroit considérable- 
ment. 

Sa couleur change aussi. D'abord brun verdâtre, il devient 
jaune orangé. Ses dimensions sont énormes, puisqu'il 
atteint un diamètre de 7, 8 et même parfois 10 ‘/*, Les deux 
bractées, assez minces, sont alors très profondément laci- 
niées, et on voit sur la lame étalée, par transparence, de 
fines nervures avec de nombreuses dichotomies. Cette 
capsule est d'une extrême viscocité ; la pulpe qui limprègne 
est de couleur jaunâtre et de consistance résineuse (elle 


74 F. GÉRARD 


tâche fortement les feuilles de lherbier). Cette pulpe agglu- 
tine Îles graines. 


Le calice compte 3 sépales pubescents, obovales et verts. 
La longueur de la lame est de 14 m/m; sa largeur au tiers 
supérieurest de 117)": 

La corolle a 5 pétales plus grands. 

Le disque est extrêmement bas, puisqu'il ne mesure que 
1/2 m/m de hauteur ; il a une couleur noirâtre. 

L'androcée compte 40 à 50 étamines inégales, mais très 
courtes. Les plus grandes ont 5 m/m, les plus courtes 3 m/m 
de longueur ; il y a de nombreux poils, longs et couchés, sur 
les filets. Les étamines sont insérées à la base de l'ovaire ; 
leurs anthères sont blanches et adnées. 


Le pistil a une longueur totale de 8 "/". L'ovaire, trilocu- 
laire et pubescent, est plus haut (2 "/") que large (1"/" 1/2). 

Le fruit est une capsule tricoque, enveloppée de l'invo- 
lucre, qui est, comme nous l'avons dit plus haut, très lacinié. 
Il y a toujours deux fruits dans une même capsule involu- 
crale. Les graines, fort nombreuses, s'en échappent par des 
fentes latérales. Elles sont donc agglutinées. Enserrées et 
protégées par les deux bractées qui se replient lune sur 
l’autre, elles sont entraiînées sur le sol. 

L'enveloppe curieuse ainsi formée préserve ces semences 
de la sécheresse et leur permet de germer. Elle remplit, en 
somme, vis-à-vis d'elle, l'office de la pulpe de certains fruits. 

Il y a là un intéressant caractère qui fait penser à cer- 
taines Rosacées, comme nous le reverrons au chapitre des 
affinités de la famille. 

L'espèce que nous avons déérite se rapproche du Sch. 
laurina par ses anthères adnées, mais les fleurs de celle-ci 
sont différentes ; les feuilles sont très acuminées au sommet. 
I ny a pas de bractées sur les pédicelles floraux. 

Elle se rapprocherait bien un peu aussi du Sch. rosea, 
mais, si les feuilles de celui-ci sont obovales, à sommet 
arrondi et à base angulaire, on à vu que, dans notre espèce 
nouvelle, c'est le contraire que l’on constate. Les feuilles ne 


PAGE 74 


PI. IX. -- Fruit, involucre visqueux et graines de Schizochlæna viscosa. 


ÉTUDE SUR LES CHLÆNACÉES 19 


sont pas roses en dessous ; elles sont plus courtement pétio- 
lées et il n’y a pas de stries annulaires sur le pétiole. 

Nous avons nommé notre plante Sch. viscosa en raison de 
ce caractère de l'involucre qui agglutine Îles graines dans 
une matière résineuse, fait jamais signalé dans les autres 
plantes connues du genre Schizochlæna. La planche IX 
reproduit, en grandeur naturelle, l'involucre visqueux de 
cette espèce, avec des graines agglutinées. 


76 F. GÉRARD 


V. — (renre Rhodochlæna 


Autrefois le Pandora de Noronh, ce genre est devenu, 
pour Dupetit Thouars', en 1806, le genre Rhodochlæna. 
C'est le deuxième du groupe des Chlænacées à 3 sépales et 
à involucre biflore. 

Les plantes qui sont classées jusqu'alors dans ce genre 
sont des lianes ou des buissons, parlois des arbustes, et même 
aussi de très grands arbres. 

Les feuilles sont entières, alternes, persistantes, souvent 
stipulées, avec un mucron très fréquemment assez marqué. 
Elles sont, de plus, longuement pétiolées, coriaces, et leur 
nervation est peu visible. 

L'inflorescence, qui est terminale, présente deux fleurs 
dans le même involucre. 

L'involucre,que Schumann *, après Baïllon, dit inexistant, 
est cependant présent, mais il est réduit à deux petites brac- 
tées squamiformes que Baillon a homologuées avec les pièces 
du calice. Elles ont le même aspect que les sépales; en effet, 
mais nous considérons qu'elles en sont indépendantes. Ces 
bractées ne s'accroissent pas après la floraison. 

Le calice compte encore, d'après notre étude, 3 sépales et 
non 9, comme l'indiquent, à tort, Baïllon et Schumann, dans 
les conditions que nous avons indiquées ci-dessus. Baker 
admet qu'il y a 3 sépales et 2 bractées. 

La corolle a 5 pétales, blancs, toujours libres, parfois 
très brillants. 

Le disque, que Baïllon dit n'avoir pas vu dans le Ah. 
altivola, existe cependant dans les représentants de ce genre. 
Mais il est encore plus réduit que dans les genres Lepto- 
chlæna et Schizochlæna étudiés précédemment. 

L'androcée est formé de 12 étamines ou un plus grand 
nombre. Celles-ci sont insérées, sans aucune disposition 


1. Hist vég. rec. 1:-Afr:.austr- l6e: cit. 
2. Engler et Pranlt. loc. cit. VI, 173, 174, 


ÉTUDE SUR LES CHLÆNACÉES #1 


régulière, à la face interne du disque, très bas, réduit à un 
anneau. Les anthères, quadrangulaires, sont incombantes et 
souvent versatiles. 

Le pistil comprend un ovaire toujours triloculaire. Schu- 
mann a indiqué, à tort, qu'il n'y a parfois que deux loges. Il 
y a, dans chacune de ces trois loges ovariennes, 4 ovules 
disposés sur 2 rangs, pendants et descendants. 

Le /fruil est une capsule, accompagnée de l'involucre 
coriace, dont les deux bractées persistent, ainsi que les pièces 
du calice. La déhiscence du fruit se fait par 3 fentes, qui 
sont verticales sur toute la hauteur du fruit, mais paraissent 
s'ouvrir seulement à la face supérieure de la capsule. 

Baillon ' compare ce fruit à celui des Ternstræmiacées, 
mais il ne faut pas oublier qu'il avait longtemps rangé, par 
erreur, dans cette famille, qui est voisine, mais cependant 
très différente, comme on le verra au chapitre spécial des 
affinités, des Chlænacées. 

Au genre Rhodochlæna, qui comptait 4 espèces, Rh. alti- 
vola, Bakeriana, acutifolia, Humblotii, nous avons ajouté 
une espèce nouvelle le Rh. parviflora. 


1. — Rhodochlæna altivola Thou. 


Longtemps considérée comme une Ternstræmiacée, à 
cause, dit Baiïllon, de l'absence à peu près complète du 
disque entourant l'androcée, cette plante n'est pas moins 
une Chlænacée. 

Dupetit Thouars * créa l'espèce pour un arbre qui croît au 
Nord de Madagascar. Les feuilles sont grandes, ovales- 
allongées, entières, alternes, persistantes. Le limbe est 


2 


glabre et coriace ; les nervures sont bien marquées, dépri- 
mant la face supérieure, nettement proéminentes en dessous. 
La nervure principale, surtout, est bien dessinée. 

Les fleurs, presque toujours géminées, sont axillaires, 
longuement pédonculées. Au sommet de ce pédoncule com- 


1. Hist, des plantes, loc cit. IV, 226. 


2. Prodromus, loc cit. 1, 522. 


78 F. GÉRARD 


mun existent toujours des traces de l’involucre, formé de 
très petites bractées sessiles. C'est, d'ailleurs, ce caractère, 
intermédiaire aux Chlænacées et aux Ternstræmiacées, qui 
avait fait longtemps classer par les auteurs cette espèce 
dans cette dernière famille. 

Le calice est formé de 3 sépales glabres, enroulés dans 
le bouton, recouvrants de gauche à droite. Ils s'ouvrent, 
à la floraison, en une coupe haute, obconique, que dépassent 
beaucoup les 5 pièces étalées de la corolle. Les 5 pétales, 
d'un beau blanc, sont spatulés et constituent une fleur très 
ornementale. 

L'androcée, qui est insérée sur le disque, réduit à un très 
court bourrelet membraneux, compte un grand nombre 
d'étamines inégales. Les étamines externes et inférieures 
sont complètement introrses. Les anthères des étamines 
supérieures sont, en partie ou en totalité, réfléchies de façon 
à tourner toute ou une portion de leur face en dehors. 
Nous avons déjà constaté et signalé ce fait chez les Sarco- 
chlæna et Schizochlæna. À cause aussi des filets soudés à la 
base en ce disque réduit que nous signalons, Baillon avait 
sans doute considéré lui-même, cette espèce comme une 
Ternstræmiacée. 

Le pistil comprend un ovaire triloculaire, surmonté d'un 
style très long à tête stigmatifère capitée, peu renflée. Dans 
chaque loge ovarienne, on compte deux séries parallèles de 
6 ovules. 

Le fruit est une capsule globuleuse, triloculaire, induviée, 
que le calice desséché et accru (notamment plus long) accom- 
pagne. Cette capsule est libre, et, à son sommet, on voit 
nettement 3 sillons de déhiscence convergents. Dans chaque 
loge du fruit il y a 4 graines, tellement serrées les unes 
contre les autres qu'elles forment une masse conique. 
Cependant, sur cette sorte de tétrade, deux sillons cruciaux 
indiquent bien la séparation des 4 semences. 

Cette espèce est figurée dans l'Atlas de Grandidier ". 


1. Atlas des plantes de Madagascar, pl. 87. 


ÉTUDÉ SUR LES CHLÆNACÉES 79 


2. — Rhodochlæna acutifolia Bak. 


Cette espèce est un arbre élevé qui pousse au centre de 
Madagascar, et qui est complètement glabre. Baker! l'a 
décrit brièvement. Nous n'en avons trouvé aucun échantillon 
dans l'herbier Perrier et cette plante n'est pas représentée 
non plus au Muséum ; mais nous avons étudié un spécimen 
tvpe de l'herbier de Kew (2427 de Baron). 

Les branches sont grèles. L'écorce est grise, jaunâtre et 
ridée par places. Les feuilles, courtement pétiolées, ont 5 à 
7 c/m 1/2 de long pour une largeur de 2 t/m 1/2 à 3</" 7, 
Elles sont, d'après Baker, entières, épaisses, coriaces, rigi- 
des et brillantes, avec des nervures droites saillantes. Il v 
a, à la base de chaque feuille, des stipules caduques qui 
apparaissent avant les fleurs ; le limbe est très acuminé au 
sommet, atténué à la base. 

Ces fleurs sont par deux à l'extrémité des rameaux courts : 
le pédicelle qui est épais, a 1 ‘/" 2 de long. 

L'involucre n'est pas mentionné par Baker, qui indique 
seulement des bractées caduques, épanouies avant les fleurs. 
Et il faut en conclure que ces pièces brunes, ovales, dures, 
de 2 "/" 1/2 de long, sont bien les bractées involucrales, 
comme nous l'avons d'ailleurs vérifié. 

Le calice a 3 sépales imbriqués, très obtus, de 1°" 1/2 de 
long et 1 ‘/" 2 de large. 

La corolle comprend 5 pétales blancs, libres, brillants, de 
4°/" de long et 2t/° 1/2 de largeur. Baker ne parle pas du 
disque. 

L'androcée comprend des étamines nombreuses, à anthères 
petites, subglobuleuses. Les filets sont longs (2 ©" 1/2). 

D'après Baron *, cet arbre fleurit dans les forêts du Centre 
de l'ile, en mai et juin. 


de Journ. Lond. Lin. Soc., loc. cit. 1884, XXI, + p7 


1. Compendium des plantes malgaches, loc. cit. p. 860. 


80 F. GÉRARD 


3. — Rhodochilæna Bakeriana Baill. 


Cette plante a d'abord été signalée par Baker ‘ lui-même 
au Sud de File ; mais il l'avait confondue avec le Rh. altivola 
de Thouars que nous avons décrit en premier lieu. 
Baillon * à montré qu'il ne pouvait s'agir de cette même 
espèce, par suite des différences assez marquées entre les 
deux. En effet, comme il l'indique avec raison, cette plante 
est tout d'abord plus méridionale que le Rh. altivola ; elle 
a des feuilles elliptiques et des fleurs axillaires géminées, 
plus petites et moins longuement pédicellées que celles du 
premier Rhodochlæna de Thouars. 

Cet arbre pousse dans les forêts de l'Imerina, au Centre ; 
il fleurit, d'après Baron *, en décembre et janvier. Son bois, 
très dur, sert à la construction des maisons. Les fleurs 
seraient comestibles. M. Perrier l’a retrouvé à l'Est de l'ile, 
dans la forêt d’'Analamazaotra. L'échantillon n° 5339, en 
fleur, qu'il en a rapporté, en décembre également, a été 
récolté vers 800 mètres d'altitude ; les indigènes appellent 
cette espèce fotoana. É 

C'est un arbre de 20 à 25 mètres, complètement glabre. 
Les feuilles sont entières, alternes, coriaces, oblongues, 
obtuses, courtement pétiolées. Elles portent, à la base des 
pétioles, de petites stipules caduques. Le limbe a des nervures 
droites, perpendiculaires à la nervure principale très marquée, 
déprimant la face supérieure, faisant fortement saillie en 
dessous. Les nervures secondaires sont anastomosées à leurs 
exbrémités par deux, en arcs distincts, à une petite distance 
des bords. Ces feuilles, complètement glabres, comme 
d'ailleurs tous les organes, mesurent 2 ‘/" 2 à 4 c/m 2 de 
largeur et 4 à 7 t/m de longueur. Le pétiole a une longueur 
De: 704 Dee 

Les fleurs sont solitaires, plus rarement par 2, et axillaires. 


1. Journ. Lond. Lin. Soc., loc. cit. XX, 95. 
2. Bull. Soc. Lin. Paris, loc. cit. 1886, p. 570. 


3. Compendium des plantes malgaches, loc. cit. p. 860. 


ÉTUDE SUR LES CHLÆNACÉES | 81 


Elles sont longuement pédonculées (2 à 4t/m), et les pédi- 
celles portent à leur base deux très petites bractées sessiles, 


L'involucre est extrêmement réduit. 


Le calice a 5 sépales inégaux : les deux externes, plus 
petits, sont ovales, obtus, et mesurent à peine 4 à 5 m/m de 
largeur à la base et 7 à 8 "/" de longueur. Les 3 plus 
grands, internes, ont plus de 1°/" de diamètre, et leur hauteur 
dépasse 1t/m 1/2 ; ces pièces sont coriaces, et imbriquées 
dans le bouton. 

La corolle est constituée par 3 pétales, d’une très belle 
couleur mauve, vus à l’état frais. Leur lame est obovale, 
très brillante sur la plante. L'indication de leur couleur est 
bien nettement donnée par M. Perrier. Baker avait aupa- 
ravant mentionné que ces pétales étaient rouges ; Baillon 
avait indiqué qu'ils étaient violets. Nous admettons définiti- 
vement qu'ils sont mauves. 

Le disque est bas, annulaire, mais nettement denté. Il 
donne insertion à 20 étamines, de longueur égale, qui 
constituent l'androcée. Les anthères sont petites, orbiculaires, 
dorsifixes. 

Le pistil est formé d'un ovaire triloculaire renflé, surmonté 
d'un style à stigmate trilobé. Il y a 2 ovules dans chaque 
loge; le style dépasse à peine les étamines. Le fruit n'a pas 
été vu. 

L'Index Kewensis admet encore cette espèce comme 
équivalente du Rh. altivola de Baker, mais on peut voir, 
par les descriptions données pour cette dernière espèce, 
combien elles diffèrent entre elles. 

L'Atlas de Grandidier reproduit d'ailleurs fidèlement cette 
plante, dédiée à Baker par Baïllon ‘, qui a donc eu parfaite- 
ment raison d'en faire une espèce nouvelle. 


1. Atlas des plantes de Madagascar, pl. 103. 


82 F. GÉRARD 


4, — Rhodochlæna Humbhlotii Baill. 


C'est en 1885 qu'Humblot récolta cette plante à Antsianaka, 
au Nord de Madagascar. Baiïllon la décrivit et la nomma !. 
Baron * la signala plus tard également dans la région 
septentrionale de l'île, mais vers la côte orientale. 

Cet arbre de 20 à 30 mètres ressemble assez par son port 
aux Rhodochlæna voisins (altivola, Bakeriana). Mais il en 
diffère par ses feuilles, qui sont plus petites. Le pétiole, court, 
est tomenteux, tandis que le limbe est glabre et mesure 
1 </" 1/2 à 2 c/n de largeur, et 2 c/m 1/2 à 5 °/" de longueur. 
Ces feuilles ovales-aiguës sont accompagnées, à leur base, 
de petites stipules latérales, toujours persistantes. 

Les fleurs sont géminées, courtement pédicellées, termi- 
nales. Elles sont plus petites que celles des Rh. altivola et 
Bakeriana. 

L'involucre est réduit à des bractées petites. Le calice a 
D sépales à sommet aigu, dont 2 beaucoup plus petits et 
externes ; les 3 internes, plus grands, sont enroulés dans le 
bouton et recouvrants de gauche à droite. La corolle est 
constituée par 9 pièces spatulées, de couleur rose-pourpre. 
Le disque est un anneau bas, épais, sur lequel s’insèrent, par 
leur base, les étamines à anthères introrses réfléchies qui 
forment, au nombre de 20, l'androcée. L'ovaire triloculaire 
a 7 à 8 m/m de diamètre et 1 ‘/" de hauteur ; il est poilu 
légèrement. Un style grèle très long, qui peut atteindre 
jusqu'à 4 ou 9 t/n, le surmonte. Le stigmate est fimbrié. 
Tel est le pistil de cette espèce, pour laquelle Baïllon paraît 
avoir fait erreur quand il indique un stigmate capité trilobé, 
ces 3 lobes stigmatiques devant limiter une cavité infundi- 
buliforme. Nous n'avons pas vu ainsi ce stigmate, qui est 
toujours fimbrié, comme le représente bien le dessin de 
Grandidier*. Le fruit n'est pas connu. 


1. Bull. Soc. Lin. Paris, loc. cit. 1886, p. 564 à 570. 
2. Compendium des plantes malgaches, loc. cit. p. 860. 


a 


3. Atlas des plantes de Madagascar, pl. 104. 


ÉTUDE SUR LES CHLÆNACÉES 83 


o. — Rhodochlæna parviflora nov. sp. 


Sarmentosa, foliis ellipticis, coriaceis, glabris, 1 ©/m 1/2 - 2 c/u 1/2 
latis, 3 C/m 1/2 - 6 c/m longis, stipulatis. Paniculæ terminales vel axil- 
lares, bractéis coriacéis. Involucrum minutissimum ; sepalis 3, pilosis, 
obovatis, 3 M/m latis, 2 m/m longis ; petalis 5, roseis, 3 M/m latis, 5 m/m 
longis ; staminibus 30, brevibus ; stigmato fimbriato. 

M. Perrier a récolté, en mars 1909, dans les bois secs et 
gréseux de Maromandia, dans le Nord-Ouest, cette espèce, 
qu'il avait antérieurement rencontrée en 1908, dans la 
presqu'île d'Ambato et dans la vallée du Sambirano. 
L'échantillon porte le n° 3024. 

C'est un arbuste qui ne ressemble à aucun des Rhodochlæna 
précédemment décrits. L'écorce du vieux bois est glabre, 
très déprimée et soulevée en de nombreux endroits. Les 
jeunes rameaux, au contraire, sont très velus, surtout aux 
extrémités. Les poils qui les recouvrent sont mous, nom- 
breux et couchés. 

Les feuilles entières, alternes persistantes, sont ovales, 
elliptiques, à sommet aigu et à base assez arrondie. Le 
limbe est vert foncé, en dessus comme en dessous ; il est 
glabre et mesure 3 t/m 1/2 à 6 t/m de longueur et une largeur 
de 1 ‘/" 1/2 à 2 c/m 1/2. La nervure principale porte quelques 
poils, ainsi que le pétiole, qui est court (4 à 5 mm), 

Il y a 2 stipules axillaires caduques. Les bords des feuilles 
sont très peu enroulés en dessous. 

L'inflorescence est une panicule terminale de 3 à 5 fleurs 
extrêmement petites, rarement axillaire, comme le montre 
la planche X. Les rameaux florifères sont très velus, et lon 
rencontre sur le pédicelle, à égale distance de linvolucre et 
du nœud, 2 bractées très réduites, lancéolées, glabres et 
coriaces. 

L'involucre, qui est extrêmement réduit, a la forme d’une 
coupe à peine dessinée, constituée par 2 bractées. Cette 
minuscule coupe involucrale ne mesure pas plus de 3 "/" de 
hauteur pour un diamètre de 2 m/", Elle protège deux fleurs 
très petites. M. Perrier indique que ces fleurs ont, sur la 
plante, une odeur très agréable. 


84 F. GÉRARD 


Le calice a 3 sépales verts, obovales, à bords incurvés en 
dessous. Ils sont littéralement hérissés de poils courts et 
grisätres. La lame, qui mesure 2 n/"n de hauteur et une plus 
grande largeur à la base (3 "/"), est recouvrante de gauche à 
droite. 

La corolle comprend 5 pétales roses à l’état frais, blancs 
à sec. Ils sont obovales et émarginés au sommet. La lon- 
gueur de 5 ”/" dépasse la largeur (3 m/m) ; il y a un léger 
onglet. 

Le disque existe, maïs est à peine marqué. 

L'androcée est constitué par 20 étamines, à filets courts, 
(4 m/" 1/2 à 5 m/m) insérées au fond de l'ovaire: Les 
anthères, assez longues (1 "/"), sont blanches. 

Le pistil est court. L'ovaire, plus large (2 m/m) que haut 
(1 m/m 1/2), porte 3 sillons longitudinaux correspondant aux 
loges ovariennes. Il y a 4 ovules dans chaque loge. Le style 
est court (2 n/" 1/2) et terminé par un stigmate fimbrié. 

Nous n'avons pas vu le fruit. 

Lorsqu'il a récolté cette plante, M. Perrier s'est demandé 
s'il n'avait pas à faire à une Bixacée, et il supposäit que les 
bractées involucrales si réduites pouvaient être assimilables 
aux glandes de certains Homalium. D'autre part, les stipules 
et les bractées foliaires la rapprochaient des Rosacées, mais 
l'arbuste avait le port et l'habitat des Chlænacées. Notre 
étude a tranché ces hypothèses. 

La planche X ci-contre reproduit un rameau de cette 
espèce nouvelle. 


Les cinq genres qui viennent d’être étudiés sont des 
Chlænacées à 3 sépales. Nous allons maintenant, comme 
nous l’avions annoncé, décrire dans la deuxième partie 
du Chapitre Il, les Chlænacées à 5 sépales. 


si 
KES 


PAGE 84 


é 


PI. X. — RHODOCHLÆNA PARVIFLORA nov. sp. 


ÉTUDE SUR LES CHLÆNACÉES 89 


VI — Genre Xylochlæna 


C'est le premier des deux genres de Chlænacées à 5 sépales. 
Baillon ‘ le créa, en 1886, pour un arbuste très ornemental 
de 2 à 5 mètres, le X. Richardi. Il l'appela d'abord Scleroo- 
lena, puis changea ce nom pour celui de Xyloolæna, afin 
qu'on ne püt faire confusion avec le genre de Cypéracées, 
Sclerolena. Maïs, comme l'écrit fort à propos Schumann *, il 
faut bien remarquer que Sclerolæna est une Chénopodiacée 
et que le vocable sclero, aussi bien que l'appellation xylo, 
sont aussi mal adaptés l’un que l’autre. 

Aussi appellerons-nous ce genre Xylochlæna, conformé- 
ment à ce que nous avons annoncé dans l'Introduction. Les 
deux représentants de ce genre ont d'ailleurs un involucre 
qui devient, après la fructification, extrêmement dur et 
ligneux, ce qui justifie bien ce nom générique. 

La seule espèce connue avant notre étude était un arbuste 
de 2 à 5 mètres, mais nous décrirons une espèce nouvelle, 
qui est un bel arbre de 10 mètres. 

Les feuilles sont grandes, alternes, persistantes, ovales- 
oblongues. 

Les fleurs sont grandes aussi, en corymbes terminaux ou 
axillaires, ou groupées par deux dzns le même involucre. 

L'involucre, en forme de coupe étalée et formé de 2 bractées, 
grossit beaucoup à la fructification et protège tantôt une, 
tantôt deux fleurs. 

Le calice a 5 sépales ; les deux externes sont petits, charnus ; 
les 3 internes sont grands, recouvrants, tournés à gauche. 

La corolle comprend 5 pétales, alternants avec les pièces 
du calice, inégaux. Ces pétales sont légèrement unis à la 


1. Bull. Soc. Lin. Paris n° 52, 1884, p. 411. ‘* Les Xylolæna et la valeur de 
la famille des Chlénacées ”. 
2. Engler, loc. cit. p. 172, note. 


36 F. GÉRARD 


base, disposés en préfloraison quinconciale, le bord gauche 
recouvrant. 


Le disque est composé de 5 écailles alterni-sépales, termi- 
nées par de longues soies ; sur son bord interne s’insère 
un nombre indéfini d'étamines qui constituent l’androcée. Ces 
étamines sont souvent condensées en 9 grands faisceaux. 
Les anthères sont introrses, mais réfléchies. 


Le pistil est formé d'un ovaire triloculaire, surmonté d'un 
style creux, dont la paroi interne porte 3 bandelettes longi- 
tudinales. Ces bandelettes pariétales correspondent aux 
cloisons interloculaires. Le stigmate est représenté par une 
tête peu dilatée, partagée en 6 lobes. 

L'ovaire est toujours triloculaire, mais, dans ce genre, 
les ovules sont insérés au fond de l'ovaire et ils sont en 
nombre ©, superposés. Le micropyle est tourné en bas et 
en dehors. 

Le fruit est tricoque (il ressemble à un fruit d'Euphor- 
biacée, mais qui serait indéhiscent, car il n'éclate pas). Il 
est complétement enfermé dans une enveloppe formant sac, 
qui est l’involucre accru et très durci, lignifié. Ce fruit est 
surmonté d'une portion de style. 

Dans chaque loge, on trouve en général 15 à 16 graines. 

En général, l'involucre, qui constitue donc à se développer 
après la floraison pour contribuer à former ce sac, renferme 
deux fruits. 


1. — Xylochlæna Richardi Bak. 
Baillon', en décrivant cette espèce, envisageait la sup- 


pression de la famille des Chlænacées comme possible, 
‘l'étude de cette plante, disait-il, devant forcément l’amener ”. 


Cette plante, rapportée par Richard de Nossi-Bé, fut 


1. Bull. Soc, Lin. Paris, loc. cit. p. 411. 


ÉTUDE SUR LES CHLÆNACÉES 87 


appelée Scleroolena”', puis Xyloolena, comme nous l'avons 
dit. M. Perrier l'a retrouvée d'abord sur les schistes liasi- 
ques de la presqu'île d'Ambato, puis, en mars 1909, sur les 
collines gréseuses des environs de Maromandia, au Nord- 
Ouest. Le premier échantillon (n° 3020) ne portait que 
des fruits, le deuxième (n° 3025) est en fleurs. D'autres 
échantillons plus récents viennent de la vallée du Sambirano. 

C’est un arbuste de 2 à 5 mètres, à rameaux étalés, épars. 
L’écorce est rugueuse. Sur les jeunes rameaux, qui sont 
nettement marqués de stries annulaires, il y a des poils 
dressés, courts et assez nombreux. 

Les feuilles sont grandes, entières, alternes, persistantes, 
ovales-oblongues, presque elliptiques et glabres. La base est 
atténuée et le sommet acuminé, rarement émarginé. Le 
limbe mesure 3 ‘/" 1/2 à 7 ‘/" 1/2 de largeur et 7 à 14 °/" de 
longueur. Le pétiole a 7 à 12"/". La face supérieure de ces 
feuilles, vert-brillante, est plus Fe que la face inférieure. 


_ 


La nervure principale est bien marquée; les nervures secon- 
daires dessinent un fin réseau, très net. Elles sont arquées 
à une petite distance des bords et vont toutes se réunir au 
sommet. 

Les inflorescences sont des corymbes terminaux ou axillai- 
res. Les dernières dichotomies portent souvent deux fleurs 
d'âäges différents. Les pédicelles sont très tomenteux ; on se 
trouve alors en présence d'une cyme unipare, biflore, et les 
fleurs géminées sont accouplées très curieusement. 

L'involucre est très caractéristique ; il présente d'ailleurs 
successivement des aspects différents dans le bouton, à la 
oraison et à la fructification. 

D'abord, dans le bouton, il est peu développé naturelle- 
ment, mais déjà con$tilué par deux bractées, dont une, plus 
grande, est parfois bilobée, tandis que Fautre rs rester 
entière ou est légèrement émarginée au sommet. À ce stade, 
les bractées mesurent 8 m/m de hauteur et 1 ‘/" le largeur à 
la base, dans la plus grande des deux pièces. Réunies, elles 


1. Adansonia, loc. cit. 1873, X, 235. 


S8 F. GÉRARD 


forment donc une cupule de 1‘/"de diamètre et de hauteur. 
À la partie moyenne, il y a une sorte de bourrelet, générale- 
ment couvert de poils qui sont groupés en petites touffes 
serrées, tronconiques. Puis, au dessus, l’involucre se rétrécit, 
comme le décrit minutieusement Baïllon, ‘‘ en une collerette 
frangée formée de petites baguettes rigides dressées en nombre 
indéfini, chargées de nombreux poils qui en font autant 
de faisceaux d'abord dressés ”. Tout ceci dans le bouton. 

Mais, dès que la floraison est terminée, toute la collerette 
se rabat intérieurement sur l'orifice de l'involucre qui se 
trouve obstrué. ‘On ny voit plus alors, ajoute Baillon, 
qu'une ouverture centrale répondant au sommet du gynécée. 
Tout le reste de la fleur, calice, corolle, androcée, est alors 
comme séparé et chassé par cette collerette et se détache en 
une seule masse du réceptacle floral”. 

Nous verrons un peu plus loin la forme définitive de cet 
involucre à la fructification. 

Le calice est constitué par 9 pétales complètement enroulés 
dans le bouton. Ils sont inégaux ; les deux externes obovales 
(plus petits) ont 18 "/" de hauteur et 14 m/m de largeur à la 
base ; la lame est charnue et couverte de poils courts et 
soyeux. Les 3 internes, plus grands, ont leur bord gauche 
recouvrant et mesurent 2 °/" 3 de longueur, 3 ‘/" à la base : 
ils sont moins charnus que les deux extérieurs. 

La corolle a 5 pétales alternants avec les pièces du calice, 
de couleur blanc-rosée ; ils sont très chiffonnés et recouvrants 
en sens inverse des sépales. La lame est ovale et mesure 3 ‘/" 
de longueur et 2 t/" de largeur moyenne. 

Le disque nest plus, ici, à bords crénelés ou en forme 
d'anneau ou de gobelet uni comme dans la plupart des autres 
Chlænacées, mais il est constitué par 5 grandes écailles 
alternisépales. Son diamètre est de 5 à 7 M/m, sa hauteur de 
4 »/®, Il porte des soies longues de 8 à 10 "/". 

L'androcée est formé de nombreuses étamines disposées en 
o grands faisceaux, insérés à la face interne de ce disque, au 
fond de l'ovaire. Ces étamines, à anthères introrses, réflé- 
chies, sont longues (2°/" 2). 


ÉTUDE SUR LES CHLÆNACÉES | 89 

Le pistil a une longueur totale de 2°/" 7. Il est constitué 
par un ovaire triloculaire que surmonte un :style creux, à 
trois cloisons longitudinales incomplètes, correspondant à 
celles de l'ovaire. Dans chaque loge ovarienne, il y a 15 à 20 
ovules anatropes, descendants. Le style est long, le stigmate 
peu dilaté. 

Le fruit est très bien décrit par Baïllon et représenté dans 
l'Atlas de Grandidier '. Nous citons, ci-après, les caractères 
qui en sont donnés : ‘* C'est un sac de la grosseur d'un petit 
œuf de poule, à paroi épaisse et comme ligneuse, avec une 
ouverture supérieure d'environ 1 ‘/* de diamètre. Cet objet 
ressemble tout d’abord à un péricarpe, du sommet duquel se 
serait détaché un petit opercule rappelant le fruit de certains 
Lecythis. Quelquefois la forme est sphérique ou même 
plus large que haute, mais toujours avec ouverture circulaire 
supérieure. Pas de graine ; la plus grande partie de la cavité 
est vide, mais, quand on fend le sac suivant sa longueur, on 
aperçoit un fruit sessile, globuleux, de la taille d'un gros pois 
couvert d'un duvet velouté, brunâtre, parcouru en dehors 
par 3 sillons longitudinaux peu profonds qui séparent, les 
uns des autres, 3 lobes peu proéminents et surmontés d'un 
reste de style persistant. Dans une coupe transversale, on 
voit trois loges qui renferment chacune un certain nombre 
de graines, insérées dans leur angle interne (8 le plus 
souvent dans chaque loge). 

Ce sac n'est autre chose que linvolucre, accru, durci, 
lignifié. Les graines sont incomplètement anatropes et con- 
caves convexes. Le micropyle répond à une sorte de bec court 
que porte le bord de la semence au sommet, tandis que le 
hile est à peu près au centre de leur face concave. 

L'embrvon est à radicule arquée ; 2 cotylédons, ovales, 
membraneux, s'appliquent dans la concavité lun de lautre. 


L'albumen, périphérique, charnu, est assez abondant. 


1. Atlas de Grandidier : Plantes de Madagascar, pl. 106 et 107. 


90 F. GÉRARD 


2. — Xylochlæna Perrieri nov. sp. 


Arbor ramulis junioribus pilosis, foliis multis, subtus luteis, supra 
viridibus, venis alternis, obliquis, lHimbo margine subtus implicato. 
Involucrum biflorum, multis bracteis carnosis imbricatis ; sepalis 5, 
quorum 2 minores, petalis 5, purpureis, 2 €/m 1/2 latis, 3 C/m longis ; 
disco integro, longe setoso; staminibus multis. Fructus turbinatus, 
ruber, pilosus, 2 ©/m 1/2 diam., 2 €/m 1/2 - 2 c/m 8 altus. 

Nous avons créé cette espèce nouvelle pour une plante, 
encore plus ornementale que la précédente, que M. Perrier 
a récoltée en novembre 1909, au Nord-Est, donc à l'opposé de 
l'habitat signalé jusqu'alors pour le X. Richardi. 

L'échantillon (n° 3018) de lherbier Perrier provient d'un 

arbre de #4 à 10 mètres, plus grand donc que le précédent, qui 
pousse dans les bois secs et granitiques du bassin de la Loky. 
L'écorce est rugeuse, grisàâtre, crevassée en long sur les 
‘ameaux âgés. Les jeunes rameaux sont verts, plus bruns 
et très poilus. Ces poils sont aigus, dressés, très longs, 
puisqu'il arrive que, pour des rameaux très grêles de 3 n/" de 
diamètre, les poils qui les recouvrent atteignent 2 "/" de 
long. * 
Les feuilles, nombreuses, grandes et très décoratives, sont 
entières, alternes, persistantes, ovales-arrondies. Le limbe 
est verlen dessus, jaunâtre en dessous ; ses bords entiers 
sont régulièrement enroulés, formant une étroite bordure. 
Ainsi réduites, ces feuilles mesurent encore 5 à 6 t/" de 
long et 3 c/m 1/2 à 4 c/m 1/2 de largeur. Le pétiole est 
fortement poilu et court (7 à 8 m/m). Les mêmes poils 
blancs dressés se retrouvent sur les feuilles et sont surtout 
nombreux en dessous. La nervure principale et les nervures 
secondaires sont dressées, très saillantes en dessous, et 
dépriment fortement le limbe en dessus. Les nervures secon- 
daires sont curieusement disposées, obliques et alternes, 
parfois opposées, souvent divisées ; elles dessinent un 
réseau Caractéristique sur les deux faces, mais plus particu- 
lièrement visible en dessus. 

La planche XI montre bien ces détails, ainsi que les carac- 
tères floraux que nous donnons maintenant ci-contre. 


PAGE 90 


PI, XI. — XYLOCHLÆNA PERRIERI nov. sp. 


ÉTUDE SUR LES CHLÆNACÉES 91 


Les fleurs sont terminales, et par deux dans le même 
involucre, qui ressemble beaucoup à celui du X. Richardi, 
décrit en détail au paragraphe précédent. Nous donnerons 
cependant les caractères spéciaux à cet organe dans notre 
espèce nouvelle, ils varient ici encore avec son développe- 
ment. 

Dans le bouton, cet involucre est comparable au précé- 
dent ; il est petit, et seulement plus ou moins ovale, au 


lieu d’être cylindrique. 


Mais, à la floraison, il s'est déjà accru considérablement, 
et la coupe mesure alors 1 "8 dans le plus grand diamètre, 
1 «/m 4 dans la largeur. La partie inférieure est noirâtre et 
réduite, et n'est pas beaucoup plus large que le diamètre du 
pédoncule floral. Mais une collerette annulaire, jaune-verdà- 
tre, de 1 "/" 1/2 à 2 "/" d'épaisseur, occupe la partie 
moyenne ; cette collerette est constituée par un assemblage 
curieux de très nombreuses petites bractées, charnues et 
velues. Ces bractées mesurent en moyenne, 2 "/" de hauteur 
et une largeur de 1 m/m à la base. Elles sont imbriquées sur 
5 rangées, et de bas en haut, à la facon des tuiles d'un toit. 

À l'intérieur de la coupe involucrale ainsi constituée sont 
les deux fleurs, souvent inégales, mais l'une et l'autre très 
brillantes et décoratives. 

Le calice a 5 sépales imbriqués et enroulés dans le bouton. 
Ils sont libres, très inégaux, obovales ; les 3 plus grands 
mesurent, quand la fleur est épanouie, 3 ‘/" de hauteur et 
2 /% 1/2 de largeur ; les 2 petits extérieurs n’atteignent pas 
plus de 7 à 8 m/m de hauteur et 4 m/m de largeur. 

Si les sépales intérieurs paraissent doubler de grandeur 
du bouton à la floraison, il n'en est pas de même des deux 
petits sépales extérieurs, qui n'ont pas augmenté sensible- 
ment de dimensions à ces deux stades différents. 

La corolle comprend 5 pétales de couleur pourpre, égale- 
ment enroulés et tordus dans le bouton, très chiffonnés et 
agrandis à la floraison. Leur longueur est alors double 
(5 ‘/*) de leur largeur (2 ‘/" 1/2). La lame est très fine, 


délicate, veloutée, 


92 F. GÉRARD 


Le disque est un anneau régulier, non découpé ; il ne porte 
pas les longs faisceaux de poils signalés dans le Xyl. Richardi. 

L'androcée comprend de très nombreuses étamines, inéga- 
les, groupées en faisceaux de 15 à 20, mesurant 2 à 3 m/m de 
longueur. 

Le pistil dépasse largement, par sa tête stigmatifère, les 
plus grandes étamines ; l'ovaire est réduit, et, dans chaque 
loge ovarienne il y a de nombreux ovules anatropes, descen- 
dants. 

Le fruit diffère nettement de celui du X. Richardi. Au lieu 
d'être ovoïde, glabre, brun-noirâtre, il est constitué par un 
sac ligneux turbiné, de la même teinte pourpre vif que les 
pétales. Mais cette coloration est masquée par un très fin 
duvet de poils soyeux très serrés et dressés. (Voir la plan- 
che XIT ci-contre, qui représente les 2 fruits si différents des 
2 Aylochlæna). 

Il n'y a plus d'involucre enveloppant ; le fruit est nu. Il a 
la forme d'un cône irrégulier, renversé, dont le sommet 
serait porté par le pédoncule. La longueur de ce fruit est 
de 2 t/m 1/2 à 2c/m 8 ; le diamètre de la partie supérieure 
tronquée atteint 2 ‘/" à 2(/m 1/2. Les bords en sont légère- 
ment relevés, dessinant une coupe très étalée, au centre de 
laquelle le sommet de l'ovaire fait saillie. 

Cet arbre diffère notablement de l'espèce précédente ; 
nous l'avons nommé Perrieri, en l'honneur du botaniste 
qui en a le premier récolté des échantillons à Madagascar. 


PAGE 92 


PRENET: 


Fruits de 


XYLOCHLÆNA RICHARDI et XYLOCHLÆNA PERRIERI 


(a gauche) à droite 


ÉTUDE SUR LES CHLÆNACÉES 93 


VII. — Genre Eremochlæna 


Ce genre à 9 sépales, le deuxième après le genre Xylo- 
chlæna, a été créé par Baillon ! pour une plante recueillie 
par Humblot, en mai 1882, sur la côte Nord-Est de 
Madagascar. Il ne comprenait jusqu'alors qu'une seule 
espèce, nous en avons décrit une nouvelle. 

Tandis que l'espèce connue est un grand arbre de 30 à 
40 mètres, le nôtre n’atteint que 3 à 4 mètres de hauteur. 

Les feuilles sont toujours entières, coriaces, obovales ou 
ovales-orbiculaires. 

Les fleurs sont en corymbes ou en grappes de cymes, 
terminales ou axillaires. 

L'involucre n'est presque plus visible, Baïllon n'en parle 
pas, tandis que Schumann * dit très nettement qu'il n'y en 
a pas, mais à tort selon nous. 

Le calice a 5 pièces inégales. Les deux extérieures, extré- 
mement réduites, ne sont peut-être que des bractées. 
Cependant il n'y a pas de doute qu'elles aient la même 
constitution et le même aspect que les 3 grandes lames 
sépaloïdes. Ces deux petits sépales recouvrent par leurs 
bords les grands ; ceux-ci sont eux-mêmes tournés à gauche. 

La corolle comprend 5 pétales tournés en sens inverse, 
mais plus grands que les pièces du calice. 

Le disque a la forme d'un anneau charnu, entortillé, 
extrêmement réduit. 

L’androcée est constitué par un nombre indélfini d'éta- 
mines qui s'insèrent sur le bord supéro-interne de ce 
disque. Ces étamines sont toujours à filets grêles, à anthères 
introrses, réfléchies,. 

Le pislil est encore à ovaire triloculaire ; cet organe est 
couvert de poils serrés. Dans chaque loge ovarienne il y a 
plusieurs ovules (comme dans d'autres genres), mais ils 


1. Bull. Soc. Lin., Paris loc. cit. 1884, p. 413. 


2. Engler, loc, cit. VI. 172. 


94 F. GÉRARD 


sont ici à placentation basilaire, avec le micropyle dirigé en 
bas et en dehors. C'est là un caractère très net du genre 
Éremochlæna, Presque toutes les Chlænacées ont, en effet, 
leurs ovules attachés plus ou moins haut sur leur placenta, 
qui est placé dans l'angle interne de chaque loge, et le 
micropyle tourné en haut et en dehors. 

Le fruit, que Baillon n'avait pas décrit pour l'espèce 
connue, est dans notre plante nouvelle, une capsule-tricoque 
enveloppée par le calice desséché, persistant, accompagné 
des filets staminaux et d'une portion du style également 
desséchés. 

Une seule graine par loge se développe ; elle est ovoïde, 
légèrement aplatie. 


|? 


1. — Eremochlæna Humblotiana Baill. 


Baïillon ‘ a comme nous l'avons dit, décrit cette espèce. 
M. Danguy * en a donné récemment la diagnose latine. 

Signalé par Baron au Nord-Est de l'île, cet arbre de 35 à 
40 mètres a des rameaux noueux. Le vieux bois est glabre, 
rugueux, couvert de nombreuses lenticelles : lés jeunes 
rameaux sont poilus. 

Les feuilles, peu nombreuses, sont oblongues ou obovales, 
les vieilles sont glabres, avec des stipules caduques ; les 
jeunes, au contraire, sont très velues. Le limbe mesure 9 à 
12 °/" de long et 5 à 7 ‘/" de largeur. 

L'inflorescence est un corymbe terminal ou axillaire. Les 
fleurs sont sessiles et géminées. Le réceptacle floral est 
convexe ; le pédoncule commun porte deux fleurs d'âges 
différents. 

Le calice a 5 sépales, velus et charnus. La lame est ovale, 
orbiculaire, et a son bord droit recouvrant. Ces sépales sont 
inégaux et tordus dans le bouton. Les deux petits sont 
externes, tandis que les 3 plus grands sont internes ; leur 
longueur mesure 2 ‘/" 2, la largeur 1 /" S. 


1. Bull. Soc. Lin. Paris, loc. cit. 1884, 413 ; 1886, 366. 


2. Bull. du Muséum d'Hist. nat. de Paris 1915, VI, p. 201. ‘‘ Observations 
sur le genre Eremolæna, j 


ÉTUDE SUR LES CHLÆNACÉES 95 


La corolle comprend 5 pétales blancs, glabres, obovales, 
cunéiformes, et à sommet souvent obtus. Ils sont, comme 
toujours, beaucoup plus grands que les sépales : (2 ‘/" à 
2 ‘/" 1/2 de long et 1°/" 1/2 à 2 ‘/m de largeur, à la base). 

Le disque est charnu et en forme de coupe glabre. Il est 
cilié sur le bord supérieur. Cette coupe, à sa partie interne, 
porte les étamines très nombreuses. 

L'androcée qui les comprend est diplostémone. La longueur 
des filets staminaux varie de 7 à 12 "/", ils sont grêles et 
très glabres ; leurs anthères sont biloculaires, introrses, 
orbiculaires. Le diamètre et la longueur ne dépassent pas 
| ni La 

L'ovaire est globuleux. Il y a, dans chacune des trois loges, 
2 ovules anatropes, à raphé descendant et externe. Le style, 
qui a 11 m/" de longueur, est glabre, ainsi que le stigmate, 
qui est trilobé. Le fruit n'est pas connu. 


2. — Eremochlæna rotundifolia nov. sp. 


En décrivant le premier cette espèce, nous l'avions rangée 
dans le genre Rhodochlæna ", mais M. Paul Danguv *, exami- 
nant les échantillons de lherbier du Muséum et les rappro- 
chant de celui que nous lui avions envoyé, a pensé que la 
plante appartenait plutôt au genre Eremolæna. Nous nous 
rallions à sa manière de voir en adoptant toutelois de préfé- 
rence le terme Éremochlæna, pour les raisons exposées dans 
notre Introduction. 

C'est un arbre de 4 à 5 mètres, que M. Perrier a rencontré 
en octobre 1911, dans les bois, sur les dunes littorales du 
Bas Faraony, vers le Sud-Est. L'échantillon porte le n° 3015 
dans lherbier Perrier, D’après les indications de M. Danguy, 
F. Geay l'avait rencontré auparavant, en 1909, également 
sur la zone côtière, dans la province de Mananjary. Les 
rameaux sont ponctués de nombreux points blancs-grisâtres ; 
les jeunes sont velus. 


1 Co li. Ac. Sc. 1914, 1.58, P: 1704, ch Trois nouvelles espèces des Chlænacées"”,. 
2. Bull. du Muséum d'Histoire Naturelle de Paris, loc. cit. 1915, n° 6, 201. 


96 F. GÉRARD 


Les feuilles sont entières, glabres, alternes et coriaces. Le 
limbe est ovale, très arrondi à la base, émarginé au sommet. 
Dans notre échantillon, le limbe mesure 2 ‘/m 1/2 à 4 </" de 
long et 3 ‘/" à 3 (/" 8 de largeur, c’est-à-dire qu'il est plus 
grand que dans la plante de F. Geay, décrite par M. Danguy. 
Le pédicelle floral n'a, par contre, que 2 à 3 "/" de long au 
lieu de 4 à 6 ”/" pour cette dernière. 

L'inflorescence est une grappe de cymes composée, axillaire 
ou terminale, à pédicelles courts (2 à 3 m/m); le pédoncule 
commun atteint jusqu'à 3 à o ‘/* de long. Nous n'avons pas 
vu de fleurs solitaires dans nos échantillons, et le pédicelle 
floral est plus court que dans la plante de Geay. 

Le calice à 5 sépales charnus, de couleur vert-foncé, avec 
un grand nombre de ponctuations gris-noirâtres. Les 2 sépales 
extérieurs sont petits (2-"/" et 1 "/" 1/2), tandis que les 
3 internes sont plus grands (12 "et 5 "/"), La lame de ces 
trois pièces internes est d'ailleurs inégale d'une à l'autre. 
Leur bord gauche est recouvrant. 

La corolle a 5 pétales glabres, blancs, ovales-obtus, à fins 
nervus. La lame mesure 12 à 14 m/" de long et 105à 11 "/" 
de large. 

Le disque est annulaire et charnu, à bords entiers. Son 
diamètre (4 m/*) est beaucoup plus haut que sa hauteur 
(2 %/%) ; il est brun noirâtre. Il donne insertion, par sa face 
interne, à 60 étamines d'inégale longueur ; les plus grandes 
étamines mesurent 6 ”/", les plus petites 4 "/". 

Le pistil a une longueur totale de 9 m/m, L'ovaire, beaucoup 
plus large (4 "/") que haut (2 "/"), porte 3 sillons latéraux 
qui se prolongent sur le style creux. Le stigmate est légè- 
rement globuleux et trilobé. 

Le fruit est une capsule tricoque accompagnée du calice et 
des filets staminaux desséchés. Il est surmonté du style ou 
d'une portion de ce style et est entouré de l'involucre, réduit 
à deux bractées très petites. Il y a une graine dans chaque 
loge seulement, par avortement. Elle est légèrement aplatie 
et mesure 5 "/" de diamètre et 6 "/" de hauteur. 

La planche XIIT ci-contre reproduit cette espèce nouvelle. 


Ph AMIE: 


EREMOCHLENA 


PAGE 96 


ROTUNXDIFOLIA 


NOY. 


Sp: 


CHAPITRE TROISIÈME 


Ce Chapitre traitera de l'anatomie des Chlænacées. 


Les observations qui ont été antérieurement publiées 
sur la morphologie interne des Chlænacées sont peu 
nombreuses et incomplètes ; et, si l’on met à part l'étude 
de Solereder ‘ , les autres sont sans importance. Nous les 
avons reprises et complétées sur les points que nous 
allons indiquer. Ceci surtout dans le but d'apporter, 
à l’étude de morphologie externe qui a fait l'objet du 
Chapitre If, une confirmation nécessaire à l'établissement 
d’une classification rationnelle. 

Nous donnerors tout d’abord les caractères généraux 
communs à la famille, puis nous exposerons, dans une 
deuxième partie, les données de morphologie interne 
pour chaque genre séparément. 


[. — Caractères anatomiques généraux 
Tige. — Une section transversale de la tige montre une 


écorce faite d'assises de cellules concentriques. Dans l'écorce 
primaire, on trouve des cellules à mucilage, assez nom- 
breuses dans certains genres ; comme nous Île verrons, 
elles sont plus rares dans d’autres et disparaissent, en tous 
cas, dans les plantes âgées. 

On rencontre quelquefois des cellules pierreuses ; c'est le 
cas du Sarcochlæna multiflora. 

L'écorce secondaire présente des bandes de fibres parfois 
unies entre elles par des rayons de parenchyme selérilié. 


1. Systemakèsche anat. der Dikotyledonen, 4, 15, 146 (trad, angl.) Chlænacées. 


98 F. GÉRARD 


À noter que Schumann a écrit à tort qu'il n'y a pas de 
sclérites dans les tiges des Chlænacées. 

Cependant V. Tieghem est d'accord avec Solereder ‘ sur 
l'existence de cellules à gomme, que l’on rencontre fréquem- 
ment en effet. 

Il y a toujours des cristaux d’oxalate de chaux, ainsi que 
nous l'avons constaté. 

Le péricycle contient souvent, ainsi que l'écorce secondaire, 
des groupes isolés de fibres. D'après Van Tieghem, le liber 
secondaire est fortement stratifié et nous avons vérifié le fait 
dans plusieurs espèces. 

Le bois montre des vaisseaux peu nombreux et isolés, 
à lumière plutôt étroite. Les parois sont toujours épaisses ; 
et les cavités bordantes sont caractéristiques. Le dévelop- 
pement du parenchyme ne se fait d’ailleurs absolument 
que par places. 

Les parois des cellules de ce parenchyme ligneux sont 
aussi assez épaisses. 


La moelle ne comprend que 1 à 2 rangées de rayons 


médullaires, avec de grandes cavités elliptiques “qui les 
séparent des vaisseaux. Il y a quelquefois des cellules 
scléreuses, plus ou moins abondantes. On trouve toujours 
des cellules mucilagineuses à tanin. | 


Pédiceiles fructifères. — La culicule est très épaisse. 


Les cellules épidermiques se prolongent par des poils plus 


ou moins longs, dont la membrane est toujours très cutinisée. 

L’écorce est épaisse ; on voit, par endroits, des cristaux 
ou des mâcles d'oxalate de chaux. Une sécrétion mucilagi- 
neuse assez abondante, et confinée dans les espaces 
intercellulaires, est très caractéristique de l'écorce des 
Chlænacées . 

Le péricycle est hétérogène, et contient des massifs fibreux 
séparés par des ilôts de parenchyme. Il y a aussi parfois 
des faisceaux qui se transforment en un anneau continu. 


1. Systematische anat. der Dikotyledonen, loc. cit. p. 145 et 146. 


— 
« OX 
> 


ÉTUDE SUR LES CHLÆNACÉES 99 


La zone périmédullaire reste toujours cellulosique, mais il 
arrive que la moelle sclérifie quelques-uns de ses éléments ; 
ceci constitue alors un caractère particulier à certains 
genres, comme nous l'indiquerons plus loin. 


Feuilles. — Les feuilles des Chlænacées ont un épiderme 
formé de cellules à contour polygonal. Ces cellules sont en 
général toutes de mêmes dimensions, sauf quelques excep- 
tions où les cellules de la face supérieure, et celles-là 
seulement, sont plus petites. 

Dans certains genres à feuilles coriaces, l'épiderme plus 
épais est constitué par un nombre plus grand d'assises. On 
constate alors que les cellules des rangées les plus externes, 
en dessus comme en dessous, sont plus petites que celles 
des rangées intérieures. 

On note encore parfois 1 ou 2 assises d'hypoderme. Les 
stomates sont situés uniquement à la face supérieure. 

Les méristèles des nervures présentent toujours un scléren- 
chyme très net et sont toujours très allongées perpendicu- 
lairement au plan du limbe. 

Dans le mésophylle on rencontre parfois des cellules à 
mucilage. 

D'une facon générale, les cristaux d'oxalate de chaux ne 
manquent jamais dans les feuilles. 

Aucun élément particulier qui ne soit pas constant dans 
les pélioles n'est à noter. Il v a seulement, dans le parenchvme 
externe, des cellules à gomme. 


Poils. — Les poils, qui recouvrent abondamment, dans 
plusieurs genres, presque toutes les parties de la plante, 
présentent une structure assez variable. 

a) Quand il s'agit d'un duvet, les poils sont généralement 
glanduleux. Hs sont simples, unicellulaires, à membrane 
épaisse et à lumière très étroite. Pointus à leur extrémité, 
ils sont le plus souvent peu allongés. 

b) Ou bien le revêtement est différent, et ce sont encore des 
poils unicellulaires. Mais la membrane est alors mince, la 


100 F. GÉRARD 


lumière encore réduite. Ce sont des poils fins, grêles dont 
les pointes sont très inégales, de même que leur longueur. 
Souvent ces poils sont curieusement tordus à leur extrémité. 


c) Ou bien encore, c'est un feutrage particulier de poils 
peltés, qui ont leur membrane recouverte par un grand 
nombre de rayons, avec un pied unicellulaire ou pluricellu- 
laire, souvent allongé. 

d) Parfois aussi on a des poils glandulaires, pluricellulaires, 
avec des formes bizarres, ou dressés en massues ou cylin- 
driques ; quelquefois encore ils sont à tête ellipsoïde, 

e) Enfin certains poils, notamment chez les Xerochlamys, 
ont les formes que nous indiquerons en étudiant l'anatomie. 


ÉTUDE SUR LES CHLÆNACÉES 101 


Il. — Caractères anatomiques différentiels 
particuliers à chaque genre 


1. — Sarcochlæna 


La coupe de la tige, dans ce genre, présente les caractères 
généraux déjà cités ; les seules particularités à noter sont 
la présence de cellules à mucilage dans l'écorce primaire et la 
moelle, ainsi que des sclérites dans la moelle. Ceci différencie 
nettement les Sarcochlæna des Leptochlæna, les éléments 
ci-dessus indiqués manquant totalement dans ces derniers. 

Nous verrons mieux, au paragraphe suivant qui traitera 
du genre Xerochlamys, les différences marquées entre les 
deux genres, dans la structure de la tige. 


moelle . Cell mucilage 
ScH. 1. — Coupe d'une tige de Sarcochlæna 

Disons ici que les groupes de fibres dans le péricyele sont 
très nombreux et forment un anneau presque continu ; ces 
groupes, séparés par des cellules mucilagineuses, grandes 
mais très rares, sont beaucoup plus abondants que dans les 
Xerochlamys. Le liber a une ou deux, presque jamais trois, 
assises de fibres. La moelle a de grandes cellules à parois 

minces, contenant un abondant mucilage, 
Nous donnons dans le schéma 1 les proportions relatives 
des diverses régions anatomiques de la coupe de la tige 


des Sarcochlæna. 


102 F. GÉRARD 


Les pédicelles fructifères présentent les mêmes dispositions 
hétérogènes dans le péricycle, ainsi que dans la moelle, 
qui na que de rares éléments collenchymateux mais de 
nombreuses cellules à mucilage. 

Quant aux feuilles, elles sont du type général, mais il 
convient de noter que l'hypoderme est limité à la face supé- 
rieure. Il y a de nombreuses cellules mucilagineuses. Les 
cellules de l'épiderme sont très petites en dessus, plus grandes 
à la face inférieure ; ceci est surtout très net dans le S. mul- 
liflora. Les stomates sont localisés, en dessus également, 
dans les petites dépressions de la surface. 

Les mèristèles des nervures sont comprimées latéralement. 

Les poils sont différents, suivant qu'on examine ceux qui 
recouvrent les tiges ou ceux qui sont sur les feuilles et 
certaines parties florales. Sur les tiges, ce sont généralement 
des poils unicellulaires, assez longs, avec des pointes très 
inégales, et parfois très curieusement tordus. Sur les feuilles, 
les poils sont peltés, et constitués par une membrane mince, 
avec un plus ou moins grand nombre de rayons. Ces poils 
sont unicellulaires, parfois pluricellulaires. Ç 

En dessous des feuilles, c'est-à-dire à où ils sont le plus 
nombreux, ces poils sont encore différents et ressemblent 
beaucoup à ceux de certaines Malvacées. C'est le cas du 
S. grandiflora, tandis que, dans certaines autres espèces, le 
S. eriophora notamment, ces poils forment un fin chevelu. 


2. — Xerochlamys 


Nous avons plus particulièrement étudié l'anatomie de ce 
genre, qui a été contesté par Baïllon, comme nous l'avons indi- 
qué au Chapitre Premier. Et, ainsi que nous l’avions annoncé 
tout d'abord, c'est aussi parce que l'organographie interne 
a paru confirmer les différences morphologiques que nous 
avions constatées, que ce genre figure ici. Nous avons écrit, 
en effet, dès 1913, que ce genre Xerochlamys devait être 
nettement distinct du genre Sarcochlæna. Ceci est conforme 
à l'opinion de Baker ; mais, tandis que ce botaniste n'avait 
créé ce genre que sur des considérations d'ordre morpho- 


ÉTUDE SUR LES CHLÆNACÉES 103 


logique, nous avons trouvé à cette distinction des raisons 
d'ordre anatomique. 

Aucun auteur na donné jusqu'alors d'indication sur 
l'anatomie des Xerochlamys. Grèce aux nombreux échan- 
tillons que nous possédons, nous avons pu faire un grand 
nombre de coupes ; et leur examen (celui de la tige notam- 
ment) nous a amené à des conclusions intéressantes. 


ibera 3 
a5sises de fibres 
bois 
moelle 
collenchymateuse 
Scx. 2. — Coupe d'une tige de Xerochlamys 


La cuticule est, dans la tige, presque aussi épaisse que chez 
les Sarcochlæna. Les cellules épidermiques sont également 
prolongées par des poils à membrane très cutinisée ; mais il 
y a déjà une différence nette dans l'écorce, qui est beaucoup 
moins épaisse (schéma 2). Les cellules à mucilage existent 
encore, mais en nombre plus réduit, et elles sont de dimen- 
sions moindres. On rencontre des mâcles d'oxalate de chaux, 
qui ne se trouvent pas ou sont peu nombreuses dans les 
Sarcochlæna. La même réduction est marquée dans les fibres 
du péricycle, qui sont groupées en ilôts beaucoup moins 
importants et moins nombreux, de telle sorte que l'anneau 
presque continu de fibres péricycliques des Sarcochlæna 
n'existe plus ici. 


104 F. GÉRARD 


Par contre, les couches de fibres libériennes sont 
augmentées, et il y a presque toujours 3 à 4 assises. Le bois 
ne présente rien de particulier, si ce n'est que les vaisseaux 
sont à lumière plus étroite et à parois un peu plus minces 
que dans les Sarcochlæna. Quani à la moelle, presque tous 
ses éléments sont collenchymateux; les parois des cellules 
sont épaissies ; et les cellules à mucilage, plus rares, sont 
toujours très petites. 

Dans les feuilles, on retrouve presque les mêmes disposi- 
tions que dans les Sarcochlæna. 

De même il n'y a pas de différences dans les pédicelles 
fructifères. Quant aux poils, ceux des tiges et des feuilles ont 
aussi les plus grandes analogies avec ceux que l’on rencontre 
chez les Sarcochlænra. Mais il y a une particularité très nette 
dans les poils de linvolucre, caractère qui n’a jamais été 
signalé dans la famille des Chlænacées pour les espèces 
connues. Ce sont, en effet, des poils sétiformes, unicellu- 
laires, siliceux. Leur cavité contient une sécrétion rougetre. 
Ces poils ont quelquelois un pied latéral, comme les 
poils des Malpighiacées ou des Sapotacées. Or, cette forme 
de poils est assez rare dans le règne végétal. On retrouve 
d'ailleurs les mêmes poils sur les sépales et il était particu- 
lièrement intéressant de les signaler ici. 


9. — Leptochlæna 


La tige, ici encore, est typique. On trouve des cellules à 
mucilage dans l'écorce primaire, ainsi que dans la moelle, 
alors qu'on ne les retrouve pas dans les tiges âgées. Il y 
a toujours de nombreuses mâcles d'oxalate de chaux. 

Les feuilles, et ceci est particulièrement visible dans le 
L. multiflora, ont leurs stomates uniformément distribués 
sur la face supérieure ; ce qui est une différence nette aussi 
entre les genres Sarcochlæna et Schizochlæna. 

Les faisceaux des nervures sont toujours accompagnés 
de sclérenchyme. | 

Dans le pétiole, comme dans le limbe, on trouve des 
cellules à mucilage. 


ÉTUDE SUR LES CHLÆNACÉES 105 


Quant aux poils, ils sont longs, unicellulaires, avec une 
membrane épaisse et une lumière très réduite. 
Quelquefois, mais rarement, on rencontre des poils peltés 
sur les sépales. 
4. — Schizochlæna 


À part des faisceaux isolés de fibres péricycliques, la tige 
n'offre encore rien de particulier dans ce genre. Il n'y a plus 
toutelois de cellules mucilagineuses. 

Les feuilles ont leurs stomates limités en dessus. Dans Île 
Sch. rosea, cette limitation très curieuse siège aux seules 
dépressions de la face supérieure. Quant à la face inférieure, 
elle présente de nombreux poils glanduleux, parfois des 
poils peltés. 

Dans ces feuilles est un hypoderme assez épais. Les 
méristèles des nervures sont allongées perpendiculairement 
au plan du limbe. La nervure est, d'ailleurs continuée par 
des bandes de sclérenchyme du côté de la face supérieure. 
Dans le parenchyme on rencontre parfois des cellules à 
mucilage. 

Les pédicelles fructifères ont un périderme d'origine sous- 
épidermique. Le cylindre central est très étiré. Le bois 
secondaire et les faisceaux fibreux du péricyele constituent 
l'appareil de soutien. 


>. — Rhodochlæna 


On retrouve, dans la tige, du péricyele selérifié par places. 
Il y a aussi des fibres dans l'écorce secondaire. On voit 
encore de l'oxalate de chaux, mais il nv a plus de cellules 
à mucilage. 

Les feuilles ont, sur les deux faces, des cellules épidermi- 
ques à contour polygonal, de très petites dimensions. I v a 
là une différence très nette avec le genre Sarcochlæna, 
dans lequel cette réduction du volume des cellules n'est 
réalisée que sur une face. 

Les stomates sont uniformément distribués sur toute la 
face supérieure, au lieu d'être localisés aux dépressions, 


106 F. GÉRARD 


comme on l'a vu dans d'autres genres. Les méristèles des 
nervures sont encore allongées verticalement mais prolon- 
sées en dessus aussi bien qu'en dessous par des bandes de 
sclérenchyme lignifié. 

Les poils sont glanduleux, unicellulaires et ordinairement 
simples. Ils sont légèrement comprimés à la base et pointus 
à l'extrémité. 

6. — Xylochlæna 


Comme dans la majorité des Chlænacées, le péricycle, 
dans la tige, contient encore des fibres, mais par faisceaux 
isolés ; ce caractère estaussi bien visible dans le Xyl. Richardi 
que dans notre plante nouvelle Xyl. Perrieri. 

Dans les pédicelles fructiféres, il y a aussi ces très nom- 
breux poils que nous avons signalés lors de l'étude morpho- 
logique. [ls ont une cuticule très épaisse. On voit nettement 
encore, sur une coupe, l'étirement du cylindre central. Un 
péricycle à faisceaux fibreux non continus caractérise enfin 
ce genre. 

Les feuilles ne présentent aucune particularité. 


= 


/. — Eremochlæna 


La coupe de la tige des espèces du genre ÆEremochlæna se 
rapproche beaucoup de celle du genre Xylochlæna. Le péri- 
cycle ne sclérifie encore que des groupes isolés de fibres. 

Dans les pédicelles fructifères, le cylindre central est 
moins étiré ; les poils sont moins nombreux, plus courts et 
à cuticule plus mince. Quant aux feuilles, elles ont la 
structure de la majorité des feuilles des Chlænacées. 


CHAPITRE QUATRIÈME 


La classification des Chlænacées, telle que nous la pro- 
posons, après notre étude d'ensemble, fera l’objet du 
premier paragraphe de ce Chapitre. 

Nous avons établi un tableau synoptique qui comprend 
tous les genres antérieurement connus. Leur nombre est 
d’ailleurs conforme à la classification de Schumann ': 
mais nous n'avons pas conservé l’ordre de succession de 
ces genres tel que l’indiquait cet auteur. Dans notre 
tableau, le genre Sarcochlæna est le premier, alors qu'il 
est le dernier dans la classification de Schumann. 

Tout en les condensant, nous indiquons, pour chaque 
senre, les caractères principaux et différentiels qui ont 
été développés au deuxième Chapitre. 

Après celte classification, nous tenterons un exposé 
des affinités et de la place de la famille dans la classifica- 
lion générale ; ceci fera l’objet d'un deuxième paragraphe 
dans ce même Chapitre IV. 


1. Engler et Prant}, Pflanzenfamilien, HE, 6 p. 170, 


DU®]20]d9rr oaiuor) — ‘@ ‘0801 onbeyo op outoqut oj8ue] suep SDI9SUI SO[NAO 7 — 
‘soejod xne $sopsoddo sajrjod S[ “SO[[OIHOA % ‘So[ESout (I 


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SOQXIJ CO SOUIUBYT — ‘1omuo onbsi — ‘sjuop (Z v e ‘N[9A 
S91} ‘929$ ‘jnod ‘o10f}run DMION[OAUT — ‘S9SN9}]UDLUO] SIno(no]} 
‘soynod jommd ‘sosuop SO[[iNoy — ‘supiod jo xnotumi S9]SNqIY 
DU&JUYPIOJIDS DIU) — ‘I ‘SJUBPU99S9P ‘9650[ 184 sopnao 7 — ‘OHIUAO | 
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‘NUABUO ‘HAIOFIUN HIN[OAUT — ‘sonbieu sa Xneurpny#uo] 
SUOIIIS % 39 ofpediourid oinatou ‘sopueis SO[[IN9, — ‘Saiqiy 


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DU@JYDOUWIT AUDE) — ‘/ 

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DU&J]YPOPOYA DAIUDI) —- °C 
DU&JUPOZLIYIS AUDI) — ‘F 


‘SIOU9P U9 Jo Se4 Uo 2#41p opAdoromu 
& J9 OAIB[ISEG UOrnuJUaoutd & KN9IQUOU SH[NA() — ‘9U19/X9 
-OI9dns pioq UOS ANS JUBIJSULS CO SOUPE — ‘JINPYI S94] 


NUABUD 91 NUUC onbsi(] -— [NU AINIOAUT — *S9IIB[N9IIO 
SH[UAO NO S9[UAOGO ‘S22BIIO) ‘Sopuvis SO[[IN9 — ‘SaIqIY 


‘080[ onbeyo op puoy ne spigsur sopnao 
XUDIQUON -— * CO SOUILIE]J) P XNBO9SIUF C -— ‘SOI0OS SONBUO] 2p 
J9A ‘So[udostuiayfe Safpleoo € & onbsi({ —‘uosieioy e| soude 
JUUSSIOIDOES ‘99[UJ9 odn09 9p oWIOJ U9 910fI{ 219NJOAUT 


== ‘S2NSU0[{O-SA[EAO ‘Sopuris SO[[9 ;] — "SIqIE no S2]SNqiY 


seredos G — ‘| 


‘280[ onbeyo suep sjuepuod sopnao 4 
— "00 & GI SoUNUEYY — ‘[nu onbsi{ — ‘uosiwiop el] 
soide sed juesstoioovs ou ‘sopropedos sogjoviq % fofqisiA 
nod 910[jI{ o19N[OAUT — ‘soguoronu juoanos ‘sap[onod quauu 


-2NSUOL SOI[IN9; — ‘S2IqIR SPULIS S91] NO SaJsnqie ‘SUOSSIN 
HE I l L 


‘250[ anbeyo suep sjuepuod sapnao 
XUDIUON — ‘CO SOUCIS — ‘Seq onbsi(f — ‘sadn029p quo 
-ppuoyoid sioje spioq ‘ dnoonvoq yoiooes [1 opponber soade 
‘UOSIBIOI U[ L JUSUWIOIN9S O[4ISIA ‘9IOJJIQ OIDNJOAUT — 


‘Soiqu$ sap[ndns ‘Saour10 ‘Sapurif SO[[INo,;y — *XNEOSSLIQIY 


110 F. GÉRARD 


II. — Affinités et Place de la famille 
dans la classification générale 


Dans son Histoire des plantes, Baillon place les Chlæna- 
cées à côté des Malvacées, Tiliacées et Diptérocarpacées, 
avant les Ternstræmiacées. 

Ceci paraît parfaitement justifié pour les raisons que 
nous allons développer ci-après, et que Baillon lui-même 
avait, au moins en partie, indiquées; nous pouvons cependant 
compléter sur de nombreux points les caractères spéciaux 
qui règlent la place de la famille dans la nomenclature. 


1.— Caractères d’affinités avec les familles voisines 


De Candolle, puis Baiïillon avaient bien marqué Îles 
analogies des Chlænacées avec les Malvacées d'une part, 
et celles, également très nettes par certains caractères, de 
ces mêmes Chlænacées avec les Tiliacées, les Ternstræ- 
miacées ! et les Diptérocarpacées, d'autre part. | 

À part les Tiliacées, qui ont une préfloraison valvaire, 
les ressemblances étaient surtout marquées dans le calice 
imbriqué et l'androcée diplostémone, et aussi dans tous Îles 
organes que nous allons passer en revue successivement. 


a) Galice. — Non seulement l'imbrication des sépales 
rapproche les Chlænacées des Diptérocarpacées, des Malva- 
cées et des Ternstræmiacées, mais le calice s'accroît quel- 
quefois après la floraison dans certaines Diptérocarpacées 
dont le fruit est dépourvu d'ailes. Tel est le cas du Pachy- 
nocarpus. Par contre, dans les Ternstræmiacées, ce calice 
s'accroît très rarement : on ne rencontre probablement 
qu'une, peut-être deux espèces de cette famille à Madagascar. 
Et encore, pour l'une d'elles, ne peut-il s'agir, d’ailleurs, 


1. Bull. Soc. Lin. Paris, n° 70, 1886, p. 455. ‘‘ Types nouveaux de la flore 
malgache ” 


ÉTUDE SUR LES CHLÆNACÉES 111 


que du Rhodochlæna altivola, rangé, sous un autre nom, 
jusqu'en 1885, dans les Ternstræmiacées. 


b) Androcée. — Cette confusion était due précisément 
à ce que les Tiliacées ont leurs étamines soudées à la base 
en une sorte de tube annulaire, Mais il y a bien une diffé- 
rence marquée, puisque le disque des Chlænacées est 
absolument indépendant de l'androcée, comme on l'a vu au 
cours de notre étude. | 

Par contre, il y a une certaine ressemblance entre le 
genre Leptochlæna et certaines Diptérocarpacées, dont les 
élamines définies sont également insérées à la base du 
disque et en 2 verticilles alternants de 5 étamines : l'un 
dans lequel celles-ci sont oppositipétales, l'autre dans 
lequel elles sont oppositisépales. 

De même encore les anthères des Chlænacées, plus 
particulièrement dans les genres Sarcochlæna et Xerochlamys, 
rappellent par leur forme celles de certaines Malvacées. 
Les Hermanniées, notamment, constituent une tribu de cette 
dernière famille, à anthères biloculaires, déhiscentes de 
haut en bas par deux fentes longitudinales, de longueur 
variable. Certaines Hermanniées sont de Madagascar, et les 
Chlænacées, elles aussi, ont bien deux fentes de déhiscence 
longitudinales, qui se réunissent toutefois souvent en une 
seule fente vers le sommet de l'anthère. 


c) Fruit. — Le fruit tricoque, mais non déhiscent, des 
Aylochlæna rappellerait un peu le fruit de certaines 
Euphorbiacées. 


d) Viscosité de l’involucre. — Comme nous l'avons 
indiqué à propos d'une nouvelle espèce (Schizochlæna 
viscosa), la curieuse particularité de l'enveloppe involuerale, 
considérablement accrue, qui préserve les graines contre la 
sécheresse, fait penser à certaines Rosacées. EE la matière 
agglutinante qui permet aux semences de germer remplirait, 
à notre «vis, vis-à-vis d'elles, un oflice analogue à celui de 


la pulpe des certaines de ces Rosacées. 


112 F. GÉRARD 


g) Anatomie de la tige. — La structure interne de 
la tige des Chlænacées, par la moelle et l'écorce, rappelle 
aussi deux des familles déjà citées plus haut. L'écorce, notam- 
ment présente des analogies avec celle des Diptérocarpacées, 
tandis que la moelle, par ses cellules à gomme ou à 
mucilage, ressemble beaucoup à celle de certaines Malvacées. 


2. — Caractères propres à la famille 


Nous avons vu ci-dessus les affinités ; indiquons main- 
tenant les points par lesquels les Chlænacées diffèrent 
notablement des familles dont nous les avons rapprochées. 

L'involucre, par sa présence et sa nature particulière, le 
disque très nettement indépendant, les stipules, les particu- 
larités des graines constituent des caractères propres aux 
Chlænacées, et qui ne se répétent point chez d’autres familles 
voisines. La constance des traces du calice et du pistil ainsi 
que de l’androcée, qui accompagnent toujours le fruit ainsi 
que l'enveloppe involucrale, sont très caractéristiques aussi. 


Mais pour différencier les Chlænacées des Malvacées, 
Tiliacées, Diptérocarpacées, il n'est pas possible de faire 
appel à leur calice trimère, comme lindiqua jadis Baillon, 
puisque, plus tard, on ajouta deux genres à 5 sépales, à ceux 
connus primitivement. 


D'autre part, si les anthères des Malvacées sont bien 
biloculaires, comme dans notre famille malgache, les filets, 
dans les Chlænacées, sont très libres (comme on l'a vu à 
l'étude de chaque genre au Chapitre Deuxième), alors que, 
dans les Malvacées, les filets sont souvent unis en tube. 
Il en est de même chez certaines Ternstræmiacées. 


Si, au point de vue anatomique, nous avons pu signaler 
quelques affinités, il y a aussi des différences marquées. 
C’est ainsi qu'il y a bien dans la tige des Chlænacées une 
double rangée de rayons médullaires comme dans les 
Ternstræmiacées, mais dans celles-ci il n’y a pas un aussi 
petit nombre de vaisseaux, ni üne réduction aussi marquée 
du parenchyme. 


CHAPITRE CINQUIÈME 


Les indications précises de M. Perrier nous ont permis 
d'établir assez exactement la répartition géographique 
des Chlænacées ; nous allons l'indiquer dans ce Chapitre, 
qui comprendra aussi quelques indications sur l'adapta- 
tion à la nature du sol, l’utilisation et les noms vernacu- 
laires des Chlænacées. 


[. — Répartition géographique 


Les Chlænacées, plantes très autochtones, sont toutes 
originaires de Madagascar. Leur répartition dans File n'a 
jamais élé donnée, faute, sans aucun doute, d’avoir trouvé 
dans les herbiers des indications suffisantes sur l'habitat de 
chaque représentant de la famille. 

C'est ainsi que Baron ‘ a simplement écrit que la majorité 
de ces plantes pousse dans l'Est du pays, ce qui est exact, 
du moins en partie. Cependant les très nombreuses espèces 
signalées par M. Perrier dans d'autres régions de notre 
colonie doivent nous rendre très réservés sur létablisse- 
ment définitif de la carte des Chlænacées. Il ne saurait 
même être question de la tracer, car rien ne nous assure 
que le Sud-Ouest (avec seulement 2 espèces actuellement) 
ne nous offrira pas un jour des types nouveaux ou des 
représentants des genres connus. Ces réserves failes, nous 
pouvons cependant donner un certain nombre d'indications 
sénérales . 

Le genre Sarcochlæna est répandu aussi bien dans la 
partie la plus septentrionale de File qu'au Nord-Ouest ou 


1. Journal L. L. S. XXV, p. 254. ‘‘ The Flora of Madagasear ” 


114 F. GÉRARD 


au Nord-Est. Il descend même assez bas sur la côte orientale 
el fut rencontré vers le Sud par Baron et d’ailleurs aussi, 
plus récemment, par M. Perrier lui-même. 

Le genre Xerochlamys a des représentants nombreux, 
surtout au Centre et vers l'Est. Il y a cependant une espèce 
qui est du Sud-Est et deux qui ont été récoltées dans le 
Sud-Ouest. 

Quant au genre Schizochlæna, quatre de ses spécimens 
sont septentrionaux, deux autres poussent au Sud-Est. 

Le genre Rhodochlæna est plutôt du Centre et du Nord, 
tandis que le genre Æremochlæna est oriental et que les 
2 types de Xylochlæna sont, l'un du Nord-Ouest, l’autre du 


Nord-Est. 


ÉTUDE SUR LES CHLÆNACÉES 


B19 


RÉPARTITION pes CHLÆNACÉES a MADAGASCAR 


Nord-Ouest Nord 
Sarc.  grandiflora Sarc. codonochlamys 
—  codonochlamys | Schiz. cauliflora 
Xer. acuminala Rhod. altivola 
Lept. cuspidata Rhod. Humblotiana 
Schiz. viscosa Xyl.  Richardi 
Rhod. parviflora Lept. multiflora 
Xyl. Richardi 
Centre 
Ouest Sarc.. oblongifolia 
Xer. pilosa Xer.  Bojeriana 
Xer. acuminala —  diospyroidea 
Lept.  multiflora —  pubescens 
Lepl.  pauciflora —  elliptica 
—  acuminala 
Sud-Ouest Lept. pauciflora 
Xer.  Grandidieri —  lurbinala 
Xer.  diospyroidea | Rhod. acutifolia 
Rhod. Bakeriana 
sud 
| Rhod. Bakeriana 
N.-B. — Les espèces en italique sont celles qui 


sont signalées dans plusieurs régions. 


Les Chlænacces fleurissent générale- 


ment de Mai à Décembre, mais il y a des 


espèces qui fleurissent plus tard (Janvier), 


notamment dans la région orientale de 


LE 
l'île. 


Nord-Est 


Sarc.  grandiflora 
Xer.  pilosa 
arenaria 


rupestris 


tampoketsensis 


Lept. Bernieri 
-— turbinata 
Schiz. elongata 
— laurina 
Rhod. Humblotiana 
Erem. Humblotiana 
Xyky . Pétrier: 
Est 
Sarc.  mulliflora 
-— grandiflora 
er Grandidieri 
— acuminala 
Lept.  multiflora 
—  pauciflora 
— turbinala 
Rhod. Bakeriana 
Sud-Est 
Sarc.  eriophora 
Xer.  villosa 
Lept.  parviflora 
— rubella 
Schiz. elongata 


_ exinvolucrata 


EÉrem. rotundifolia 


116 F. GÉRARD 


IT — Adaptation à la nature du sol 
et à la latitude 


Comme l'indique le tableau ci-contre, les Chlænacées sont 
presque aussi nombreuses dans le Nord et le Centre, c'est- 
à-dire dans la zone des hauts plateaux secs et frais, que 
sur la côte Est, basse humide et tropicale. 


Mais il convient de signaler, d'après les notes de M. Per- 
rier, que les massifs gréseux sont particulièrement riches en 
Chlænacées. 

Les bois secs, à grès liasiques, au-dessous de 500 mètres 
dans les vallées, sont fréquemment peuplés de Sarcochlæna, 
de Xerochlamys et de Leptochlæna. Vers la côte, ces mêmes 
bois secs abritent encore des Rhodochlæna, tandis que 
certains Xerochlamys secs, comme Xer. arenaria et Grandi- 
dieri, poussent de préférence sur des coîlines sablonneuses. 

Les monts quartzeux et gréseux (1400 mètres et auédessus) 
sont surtout couverts de certains Xerochlamys (elliptica, 
villosa), tandis que d'autres ({ampoketsensis, Bojeriana, 
pilosa) préfèrent les cimes gneissiques ou les rochers grani- 
tiques de la côte orientale ; c'est aussi le cas de X. rupestris. 

Dans les dunes orientales, on rencontre des Sarcochlæna, 
Schizochlæna et Eremochlæna. 

Les forêts du Centre sont riches aussi en Chlænacées ; on 
y rencontre surtout des Rhodochlæna. Vers le Sud-Est, en 
terrains bas et marécageux, on récolte des Leptochlæna. 

En somme, l'aire de dispersion de la famille malgache est 
très étendue. I ya des adaptations multiples, sans qu'on 
puisse véritablement en noter de particulière à telle région 
et à telle espèce. La nature du sol paraît donc n'influer que 
très peu sur les conditions biologiques des Chlænacées . 


ÉTUDE SUR LES CHLÆNACÉES 117 


[IT — Utilisation des GChlænacées 


Les plantes de cette famille paraissent surtout ornemen- 
tales. On ne sait que fort peu de chose de leur utilisation. 

Cependant Baillon', après Dupetit Thouars, a indiqué 
que l'involucre du Sarcochlæna grandiflora a le goût des 
nèfles et qu'il serait mangé par les naturels du pays. 


D'après Bernier, le Sarcochlæna multiflora est un arbuste 
aromatique dont on mâche les feuilles comme remède des 
odontalgies. 


Baron”, indiquant l'époque de floraison de certaines 
espèces, donne aussi quelques renseignements. D'après le 
botaniste anglais, en effet, le Leptochlæna pauciflora est un 
arbre à bois dur qu'on utilise pour la construction des mai- 
sons. À une certaine époque de l’année, il tombe, parait-il, 
de cet arbre, de l'eau à jet continu. Et cette chute est pro- 
voquée par des insectes hémiptères qu'on rencontre en 
grand nombre sur ces rameaux. 

Le Rhodochlæna Bakeriana est un assez grand arbre dont 
le bois est aussi emplové pour la construction; en outre, 
ses fruits seraient comestibles. 

Le Xerochlamys pilosa serait utilisé dans la fabrication du 
rhum dans l'ile. Il passerait pour provoquer des vomisse- 
ments de sang quand on lemploierait sans précautions, 
d'après Baron. 

Le Xerochlamys Grandidieri porte en abondance des 
Gascardia à laque, d'après M. Perrier. 


1. Hlist. des plantes, IV, p. 224. 


2. Compendium des plantes malgaches, loc. cit. p. S60. 


118 F. GÉRARD 


IV. — Sur les noms vernaculaires 
des Chiænacées 


On ne connait pas tous les noms donnés par les indigè- 
nes aux plantes de la famille. Ces appellations sont, 
d'ailleurs, extrêmement variables, et nous en donnerons 
ci-après un Certain nombre, à titre purement documentaire. 

Le Sarcochlæna grandiflora est indifféremment appelé par 
les malgaches : Todinga ou Voasotalafa. 

Le Sarcochlæn«æ multiflora est appelé aussi par les 
Betsimisaraka  Todinga, ou encore Vandrozana ou Voa- 
masa, mais le nom le plus répandu parait être Helana, 
déjà indiqué par Bojer, et que M. Perrier signale aussi 
récemment. 

Les Xerochlamys pilosa et pubescens seraient tous deux 
appelés par les Hovas, dans l'Imerina, Hatsikana ou 
Antsikana. 

Le Fotona (Bets.) correspondrait aussi bien au Leptochlæna 
turbinata qu'aux Rhodockhlæna altivola et Bakeriana. 

Les Sakalaves appellent Vahintambody le  Xylochlæna 
Richardi ; et le KRhodochlæna acutifolia est pour eux le 
Menahihilahy. 

Enfin on attribue au Leptochlæna pauciflora les deux 
noms de Anzananzanafotsy et Anzananzana. Ceux-ci sont 
d'ailleurs donnés aussi par les indigènes au Leptochlæna 
multiflora, ainsi que l'a indiqué récemment M. Perrier pour 
un échantillon de cette plante recueilli dans les futaies des 
collines des environs d’'Analamazaotra. 


CHAPITRE SIXIÈME 


Résumé général et Conclusions 


En résumé, nous avons voulu tenter, ici, grâce aux 
matériaux nouveaux et assez complets que nous possé- 
dions, une révision de la famille, encore mal connue, 
des Chlænacées. 

Et cette famille, dans laquelle vingt-sept espèces étaient 
signalées avant notre étude, en compte maintenant trente- 
huit. | 

Nous avons, en effet, décrit onze Chlænacées nouvelles. 

Nous avons adopté définitivement sept genres. Et, à 
l'exception du genre Leplochlæna, pour lequel aucune 
espèce n'est venue s'ajouter à celles déjà publiées, nous 
avons pu augmenter le nombre des représentants pour 
chacun des six autres genres. 

Notre contribution a ajouté notamment une espèce 
[S. oblongifolia) au genre Sarcochlæna, qui en comprend 
désormais six, tandis que le genre Xerochlamys réunit 
aujourd'hui deux plantes, dont six décrites par nous et 
qui ont été nommées Xer. arenaria, ellipticu, villosa, 
rupestris, acuminala et tampokelsensis. D'autre part, le 
genre Rodochlæna, qui avait autrefois quatre espèces, en 
aura cinq, avec le Rh. parviflora décrit par nous. 

Un arbre à involucre visqueux, très curieux, que nous 


avons appelé pour cette raison, Sch. viscosa, est venu 


120 F. GÉRARD 


porter à six le nombre des espèces du genre Schizochlæna, 
cependant que les deux genres Xylochlæna et EÉremo- 
chlæna, qui n'étaient représentés, jusqu'alors, que par 
une seule espèce, en ont maintenant chacun une de plus. 


Ce sont le Xyl. Perrieri et l'E. rotundifolia. 


Les sept genres que nous avons adoptés n'étaient 
d'ailleurs pas jusqu'ici bien nettement différenciés, et 
nous avons établi les caractères génériques sur lesquels 
il nous paraissait possible de baser une classification 
générale de la famille. Nous l'avons donnée sous forme 
d'un tableau synoptique. 

Nous avons nettement séparé le genre Xerochlamys de 
Baker du genre Sarcochlæna de Baïllon ; et les recherches 
anatomiques que nous avons faites nous ont confirmé 
pleinement dans les conclusions de notre étude morpho- 
logique. Ce qui est bien indiqué aux Chapitres IL'et II de 
notre travail. 

Dans le genre Leplochlæna, nous avons ramené à la 
seule espèce (L. rubella] qu'elles représentent, à notre 
avis, les deux plantes dénommées par erreur L. ferruginea 
et L. rubella. 


Pour la piupart des espèces antérieurement connues, 
l'habitat était toujours simplement indiqué, parfois sans 
grande précision. Nous avons pu indiquer la provenance, 
pour presque toutes, de facon plus exacte. Nous spéci- 
fions toujours, pour nos espèces nouvelles, les conditions 
de végétation, la nature du terrain, la plus ou moins 


grande fréquence, le lieu très précis de récolte. 


RÉSUMÉ GÉNÉRAL 121 


Un essai de répartition géographique de la famille à 
Madagascar a pu être établi, en même temps que nous 
avons donné des indications aussi complètes que possible 
sur les noms vernaculaires et les usages connus de ses 


représentants. 


Les affinités des Chlænacées avec les familles voisines, 
et la place de ces plantes, essentiellement malgaches, dans 
la classification générale, ont été étudiées dans un para- 
graphe spécial. 

Enfin, un Index des Chlænacées est publié à la fin de 


ce travail. 


Entreprise à la Faculté des Sciences de Marseille, 11 v 
a six ans, dans le Laboratoire de Botanique de M. le Pro- 
fesseur Jumelle, cette étude à pu être terminée, malgré 
l'interruption longue et forcée de la guerre, grace aux 
conseils et aux précieuses indications de notre distingué 
et très bienveillant maitre. 

Nous sommes heureux de pouvoir le remercier 1ci 
très vivement de l'accueil qu'il avait bien voulu nous 
réserver aux premiers Jours de nos études botaniques et 


qu'il nous a toujours accordé dans la suite. 


Nos remerciements vont aussi à M. Perrier de la Bâthie, 
dont le riche herbier nous a été si précieux. Seules, ses 


annotations si précises nous ont autorisé à reclifier les 


122 F. GÉRARD 


« 


erreurs anciennes, à donner des renseignements certains 


sur chaque plante, à mener à bonne fin notre travail. 


Nous adressons ici, encore, nos remerciements respec- 
tueux à M. le Professeur Gaston Bonnier, membre de 
l'Institut, qui a bien voulu présenter à l’Académie des 
Sciences les tout premiers résultats de nos recherches et 


accepter la présidence de cette thèse. 


M. le Professeur Lecomte nous a obligeamment auto- 
risé à consulter les collections du Muséum d'Histoire 
Naturelle, que M. Danguy a mises très aimablement à 


notre disposition. Nous les remercions également. 


Enfin, nous voulons témoigner plus particulièrement 
notre reconnaissance affectueuse à notre beau-père et 


imprimeur qui a édité gracieusement cet ouvrage. 


INDEX DES CHLÆNACÉES MALGACHES 


I. — Sarcochlæna 


1. — S. eriophora Thou. (Sarcolæna eriofora Thou., 
Ériocarpa eriofora J.). Fort-Dauphin (Baron), Com- 
merson (herb. Juss), 1857. — Dunes littorales du Bas 


Faraony (Nord-Est), H. Perrier, 3013. 


2. — S. mulliflora Thou. (Sarcolæna multiflora Thou.). 
Todinga, Vandrozana, Voamasa ; Helana des Betsi- 
misaraka). — Côte orientale (Richard, 14; Bernard). 
—  Foulepointe (Bojer, Dup.-Thouars, Chapelier, 
Goudot, Martin, Lautz, Humblot, 163, 165, 169, 365 : 
Perrotet, 1620). — Sainte-Marie, Bernier, 191. — 
Fénérive, H. Perrier, 3001. — Fort-Dauphin, Cloi- 


sel, 143 ; Baron, 6380. 


3. — S. grandiflora Thou. (Sarcochlæna  grandiflora 
Thou.). (Tantalus Norhon). (Voasotalafa, Todinga). 
— Nord-Est et Nord-Ouest, Baron, 4650.— Forbes, 1823. 


4 — S. codonochlamys Bak. (Sarcolæna codonochlamys 
Bak.). — Nord, Baron, 6366. — Sables crétacés des 


environs d'Ambatobé (Grande Terre), H. Perrier, 3033. 
— Collines sèches et gneissiques des environs d'Andra- 
nosamonta, province d'Ananalava (Sambirano), Nord- 
Ouest, H. Perrier, 3022. — Grès liasiques des bois secs 
dans la vallée du Sambirano et du Zangoa, à moins 
de 900 mètres d'altitude ; H. Perrier, 3026. 


9, — S. oblongifolia F. Gérard. — Rocailles, bois à tapia, 
entre Ambatomintra et Itremo province d'Ambositra 
(Centre), H. Perrier, 3006. — Quartzites, près d'Antsi- 
rabé (Centre), H. Perrier, 5339. 


F. GÉRARD 


IT. — Xerochlamys 


— Xer. pilosa Bak.(Sarcolæna pilosa Baill.).(Hatsikana, 


Antsikana des Hovas). — Collines froides et pierreuses 
du Betsiléo (Ouest), Baron. — Latérites et gneiss des 
environs de Miarinarivo (Centre), H. Perrier, 3005. — 
Bois à tapia de Ftasv, Baron, 947. — Imerina, Baron. 


— Xer. Bojeriana Bak. (Sarcolæna Bojeriana Baill.). 


— Bojer, Le Myre de Vilers, Baron, 134, 5119. — 
Rocailles dénudées et gneissiques des environs d'Antsi- 
rabé, vers 1500 mètres d'altitude (Centre), H. Perrier, 
3017. — Bois à tapia, latérites, gneiss du Centre, 


H Perrier, 5338: 


3. — Xer.Grandidieri Bak.(Sarcolæna Grandidiert Baïll.). 


— Ambatomenaloha (Centre), Grandidier, 63. — Plaiï- 
nes arides et  sablonneuses du Mangoro (Est), 
H. Perrier, 3003 (vers 800 mètres d'altitude). 


4 — Xer. diospyroidea Bak. (Sarcolæna diospyroidea 


PM 


Baïll.). —  Ambalomenaloha (Centre), (Grandidier, 
62. — Sud-Ouest, Baron. 


- Xer. pubescens Bak. (Hatsikana des Hova). — Mont 


Lahavohitra, Imerina (Centre), Baron, 5112. — Nord- 
Ouest, Baron, 5112 (herb. de Kew.). 


6. — Xer. arenarià F. Gérard. —  Collines Séèches “et 


=] 


sablonneuses des environs de Madirovalo, Boina, 
(Ouest), H. Perrier, 1062, 1. — Pentes très sèches et 
dénudées des bords du Besofota, affluent du Menavava, 


(Boina), H. Perrier, 1062, 4. 


— Xer. elliptica F. Gérard. — Bois à tapia, quartzites 


du mont Ibity, vers 1400 mètres d'altitude (Centre), 
H. Perrier, 3009. 


— Xer. villosa F. Gérard. — Vers 300 mètres, mont 


INDEX DES CHLÆNACÉES MALGACHES 125 


Vohibasia, bassin du Mangoky (Ouest). On ne retrouve 
pas cette plante sur le massif voisin, également gréseux, 
de l'Isobo, cependant riche en Chlænacées. H. Perrier, 


3011. 


9, — Xer. rupestris F. Gérard. — Rocailles granitiques 
du mont Ambohilinga ou Ambohitrosy, Milanja, 
(Centre), H. Perrier, 3027. 


10. — Xer acuminala F. Gérard. — Parties boisées et peu 
élevées des collines arénacées des environs d’'Ampasi- 
mantera (Ouest), H. Perrier, 3030. — Bois secs de 
Marovato et gneiss des alluvions des environs de 
Monpikony (Boina, Ouest), H. Perrier, 3028, 3029. 


11. — Xer. tampokelsensis F. Gérard. — Très limité aux 
rocailles dénudées des cimes gneissiques du mont 
Tampoketsa(Boina, Centre). Cette espèce ne se rencontre 
plus sur les cimes basaltiques voisines. H. Perrier, 3032. 


IT. — Leptochlæna 


1. — Z. mulliflora Thou. (Leplolæna mulliflora Thou.). 
(Anzananzana des Betsiléo). — Foulepointe (Est), 
D. Thouars. — Boivin, 1846.— Vavatobé, Hildebrandt, 
3306. Sainte-Marie, Richard, 40, 674. — Nossi-Bé, 
Humblot, 349. — Antankar, parties boisées des côtes 
Est, Nord-Est, Sud-Ouest, Nord-Ouest, Baron, 6283. 
Forbes. — Bois secs, grès liasiques, des environs 
d'Ambanja (Nord), H. Perrier, 3021. — Collines sèches, 
grès, des environs de Maromandia (Nord-Ouest), 
H. Perrier, 3023. — Futaies des collines d'Analama- 
zaotra à 800 mètres d'altitude (Est), H. Perrier, 9536. 


— Bois secs et gneissiques, à 300 mètres, du Haut 


Mananjeba (Nord), H. Perrier, 9340. 


2, — L,. Bernieri, Baïillon (Leplolæna Bernieri Baill.). — 
Vohémar (côte Nord-Est), Bernier, 369. — Boivin, 2937. 


— Baron, 6182. 


126 


F. GÉRARD 


3. — L. cuspidata Bak. (Leptolæna cuspidala Bak.). — 


(Nord-Ouest), Baron, 5839. 


4, — L. parviflora Scott EI. (Leptolæna parviflora Scott 


EIL.). -— Fort-Dauphin (Sud), Baron, Scott Elliot, 
DA OT IS EDEN 


5. — L. pauciflora Bak. (Leplolæna pauciflora Bak.). 


(Anzananzana, Anzananzanajoltsy des Betsiléo). — 


Famatave (Est), Meller, — Dunes littorales, H. Perrier, 
5342. — Forêts de PImerina, Baron, 1390. — Collines 


sèches gneissiques et rocailles éricoïdes du massif 
d'Andringitra (Centre), au-dessous de 2000 mètres, 
H. Perrier, 3004. — Forêts des environs d'Ambato- 
fanandrarana et brousses, vers 1400 mètres (province 
d'Ambositra), H. Perrier, 3007. -— Dunes ïittorales du 
Bas Matitana, H. Perrier, 3012. — Rocailles et quart- 
zites du mont JIbity, sud d'Antsirabé (Centre), 


H. Perrier, 5341: 


6. — L. rubella Scott El. (Leptolæna rubella Scott EME 


-] 


Bois de Fort-Dauphin (Sud), Scott. EIL., 2369, 2554. 


. — L. turbinata Bak. (Leptolæna turbinala  Bak.). 


(Fotona des Betsimisaraka). — Imerina (Centre), 
Baron, 1860. — (Nord-Est), côte orientale, Baron, 2624. 
— Cimes gneissiques du mont Vatovavy, à 960 mètres, 
près de Mananjary (Est), H. Perrier, 4487. 


IV. — Schizochlæna 


1. — Sch. cauliflora Thou. (Schizolæna cauliflora Thou.). 


— (Nord), D. Thouars, Baron. 


2. — Sch. elongata Thou. (Schizolæna elongata Thou.). 


— Sainte-Marie, Richard, 24. - Nossi-Bé; Richard, 
609. — (Côte Nord-Est et Est), D. Thouars, Boivin. — 
Dunes  littorales, embouchure du Faraony (Est), 


Hi Pecner avi L: 


_— 


INDEX DES CHLÆNACÉES MALGACHES 127 


52 Sch. rosea Thou. (Schizolæna rosea Thou.). — 
D. Thouars, Poivre (herb. Jussieu) ; Humblot, 354. 


4. Sch. exinvolucrata Bak. (Schizolæna exinvolucrala 
Bak.). — (Sud), Gerrard, 20. — Forêt des environs de 


Fort-Dauphin, Scott Elliot, 2841, Baron. 


5. — Sch. laurina Baill. (Schizolæna laurina Baïll. — 
Côte orientale, Chapelier. — (Nord-Est), Baron. 
6. — Sch. viscosa F. Gérard. — Bois très secs, grès liasi- 


ques et triasiques de la vallée du Sambirano, Mahavavv, 
Mananjeba (Nord), H. Perrier, 3019. 


V. — Rhodochlæna 


1. — Rh. allivola Thou. (Pandora Norhon). (Rhodolæna 
allivola Thou.). (Fotona des Hovas). — D. Thouars. — 
Menahar, Humblot, 215. Forêt de Didy, Catat, 1726. 


Ÿ 


2, — Rh. aculifolia Bak. (Rhodolæna acultifolia Bak.). 
(Menahilahy des Hovas, Menahihilahy des Antsianaka). 
— (Centre), Baron, 2427. 


Co 


. — Rh. Bakeriana Baill. (Rhodolæna Bakeriana Baill.). 
(Fotona des Hova). — Imerina, forêts, Hildebrandt, 
2823. — Baron, 1980, 2173, 3649. — Forêts d'Anala- 
mazaotra, à 800 mètres d'altitude, H. Perrier, 9339. 


4, — Rh. Humblotit Baïll. (Rhodolæna Humblotit Baill.). 
— Antsianaka (Nord), Humblot, 428, 474. — (Nord-Est), 
Baron. 


5. — Rh. parviflora F. Gérard. — Bois secs et gréseux, 
collines des environs de Maromandia, dans la vallée du 
Sambirano (Nord), H. Perrier, 3024. 


1Ÿ 


F. GÉRARD 


VI. — Xylochlæna 


. — Xyl. Richardi Baill. (Scleroolæna Richardi Baill.). 


{Xylolæna Richardi Baill.). (Vahintambody des 
Sakalaves). — Nossi-Bé (Nord), Richard, Humblot, 
199. — Schistes liasiques de la presqu'ile d'Ambato, 
H. Perrier, 3020. — Collines gréseuses des environs de 
Maromandia (Nord), H. Perrier, 3025. 


Xyl. Pierrert, F. Gérard. — Bois secs granitiques, 
du bassin de la Loky, vallée du Sambirano (Nord), 


H. Perrier, 3018. 


VII. — Eremochlæna 


. — E. Humblotiana Baïll. (ÉEremolæna Humblotii Ball). 


— Manahar, Humblot, 245. — Côte Nord-Est, Baron. 


. — ÆE. rotundifolia F. Gérard (Rhodochlæna rotundifolia, 


F. Gérard ; Eremolæna rotundifolia, P. Danguy. — 
Mananjary, côte orientale, F. Geay, 7533, 8118; 8114. 
Bois, dunes littorales à l'embouchure du Faraonv 


(Est), H. Perrier, 3015. 


INDEX BIBLIOGRAPHIQUE 


Baillon (H.). Sarcolæna Bojeriana. Adansonia, t. X, p. 177. 
Sur le fruit d’une nouvelle Chlænacée, 1d. 234 à 237. 
Res Xylochlæna et la valeur de la famille des Chlæ- 

nacées, Bulletin de la Société Linnéenne de Paris t. I, 
1884, n° 52, p. 410 à 414. 

Types nouveaux de la flore malg., /d. 1886, n°70, p. 555. 

Liste des plantes de Madagascar (suite), Id. 1886, 
n° 71, p. 964 à 566. 

Nouvelles observations sur les Chlænacées, 1/4. 1886, 
LA Dr OUtT 572); 

Chlænacées, Dictionnaire de Botanique, vol. IX. 

Monographie des Chlænacées, Histoire des Plantes, 
1V:220'"# 220. 

Baker. Contributions to the Flora of Madagascar. The Jour- 
nal of the Linnean Society, London, t. NX, p. % 
à 97. Botany. 

Further Contributions to the Flora of Central Ma- 
dagascar,» 1. XX pro EUR AIS DAME NAN 
p. 296 et 297. 

The Floraof Madagascar, 1d., t. XXV, p. 251, 254, 281. 

Xerochlamys pilosa, Journal of Botany, 1882, p. 45. 

Decades Kewenses CCXCIL, 4, Keiw Bul. 1893, p. 11. 


Baron (Rév. P.). Compendium des plantes malgaches. Revue 
de Madagascar, 1901, I ; p. 899, 860. 


Danguy (P.). Observations sur le genre Eremolæna. Bul. du 
Muséum d'Hist. Naturelle de Paris, n° 6, p. 201à 203. 

De Candolle. Chlænaceæ, Prodromus. t. 1, p. 521, 522. 
Dupetit Thouars. Chlænaceæ, Histoire des végétaux recueillis 
dans les îles australes d'Afrique, t. IX, p. 37; t NX, 
p. 40, 46; t. XIE, p. 41; t. XIE, p. 43 ; t. XIE, p. 47, 48. 
(Grenera nova Madagascariensia, Chlænaceae. Mélanges 

de Botanique et de Voyages, 1811, t. EH, p. 16 et 17. 


Endlicher. Genera Plantarum 1014, 1015, 1016. 


Engler et Prantl. Voir Schumann K. 


130 F. GÉRARD 


Gérard Félix. Trois nouvelles espèces de Chlænacées. C. R. 
AG SE. LL 106, D: 1/07 0 JURA PA | 
Contribution à l'étude des genres Sarcochlæna et Xe- 
rochlamys, Chlænacées de Madagascar. C. R. de l'Asso- 
ciation française pour l'avancement des Sciences, 
Congrès du Havre, 28 juillet 191%, 58, 31, 68, 691. 


» 
Grandidier Alfred. Histoire naturelle des plantes. Atlas, 
pl. 87, 88, 97, 98, 99, 102,. 405, 104,105; 40674108 
vol. 23. (Histoire naturelle et politique de Madagascar). 


Hochreutiner (B. P.G.). Sertum madagascariense. Etude sys- 
tématique de deux collections de plantes récoltées à 
Madagascar. Annuaire du Conservaloire et du Jar- 
din Botanique de Genève, 1908, p. 73. 


Hooker W. Zcones Plantarum, HE sér, v. 5, pl. Il, 1413, 2733. 


Heckel (Dr. E.). Les plantes utiles de Madagascar. Annales 
du Musée Colonial de Marseille, 18° année, 1910. 


Hitzemann. Berträge zur vergleichende anatomie der Terns- 
træmiacées, Dilléniacées, Diptérocarpées, und Chlæna- 
cées, Dissertation Kiel, 1886, p. 92 à 94. 


Index Kewensis Plantarum Phanerogamarum. | 
Lindley (J.). The vegelable Kingdom, 1853, p: 486, He /98 


Palacky (Dr. d.). Cataloqus Plantarum Madagascartiensium, 
(Fasc. I, Prague 1907, p. 21 et 22.) 


Schumann (K.). Chlænaceæ, Engler et Prantl., Die natür- 
lichen Pflanzenfamilien ; HI teil, Abt 6; Leipzig, 1895 ; 
_p. 168 à 175. 


Scott Elliot. New and little known Madagascar Plants 
(Chlænaceæ). The Journal of the Linnean Society, 
London 1890, t. XXIX, p. 6et 7. Bolany. 


Solederer (Hans). Chlænaceæ. Systematische Anatomie der 
Dikotyledonen (Traduction anglaise, Oxford, 1908 ; vol. 
Ï, p. 145 et 146 ; vol. IL p. 842). 


Van Tieghem. Sarcolénées. Traité de Botanique, Paris, 2° 
édition, 1891 ; t. IE, p. 1607. 


ERRATA 


Aux renvois 2 de la page 3 et 1 de la page 19, 

au lieu de : Prodomus, lire : Prodromus. 

Page 45, avant dernier alinéa, avant dernière ligne, 

smheude que 2°/" de long, Lire: que 7 "de long 
Page 47, dernière ligne, 

au lieu de : mesure 1 ‘/" 1/2, lire : mesure 1 "/m 17/2. 

Page 66, quatrième alinéa, 
au lieu de : Nous allons maintenant décrire les quatre espèces, 
lire : » » » cinq » 
et ajouter : (après exinvolucrata) laurina. 
Au renvoi de la page 79, 

au lieu de: 1, lire : 2. Compendium des plantes malgaches. 
Page 86, sixième alinéa, 

au lieu de : En général l’involucre qui constitue donc, 

Hire. » ) » continue  » 
Page 111, après d) Viscosité de l'involucre, lire : 

e) Ovules. — Le genre Leptochlæna a deux ovules 
collatéraux et descendants par loge ovarienne, leur funicule 
est plus court que la partie micropylaire externe et supé- 
rieure. C'est là un caractère que l’on rencontre chez les 
Diptérocarpacées. 

f) Poils. — On rencontre fréquemment dans les Xero- 
chlamys des poils avec une sorte de pied latéral. Cette 
forme curieuse de poils rapproche les Chlænacées des 
Malpighiacées et des Sapotacées. 

Page 119, quatrième alinéa, quatrième ligne, 
au lieu de : aujourd'hui deux plantes, 
lire : ) onze » 
Page 128, deuxième alinéa, 
au lieu de : Xyl. Pierreri, lire : Xyl. Perriert. 


TABLE DES PLANCHES 


PLANCHE I. Sarcochlæna ‘oblongifolia nov. sp..........:.2. 27 
— II. Xerochlarys arénari® DO. Sp. 7 40002 40 
— III.  _— elliptiea; nov. Sp}. 326. 03e 42 
= 1 I, — villosa nov. sp..... LLAERE ATE : NEA 
—  V. _ TUDESLTIS DON. (SLI S LME ITEM 46 
— VI. — acuntinAIA MOV Sp s AL LE .15 48 
== NET — tampoketsensis nov. Sp..::.000808 90 
— : ANT." Schuizochlæna viscose nov-isp.: MM ORSReS 72 
ARR © Fruit, involucre visqueux et graines de Sch. viscosa 74 
—  X. Rhodochlæna parviflora nov. sp.. . . ........). 84 
1, ! XIE  Aylorhiena Perrier MON. Sp: 20 0 RS AT | 
0 XII. Fruits des Xyl Richard et Perrier: s 2800 92 
— XIH. ÆEremochlæna rotundifolia nov. sp... IN 96 


TABLE DES SCHÉMAS 


SCHÉMA 1. — Coupe d’une tige de Sarcochlæna................. 101 


—. 2. — Coupe d'une tige de Xerochlamys ::..:......... RS 


INTRODUCTION... . 


TABLE DES MATIERES 


CHAPITRE PREMIER 


d'ufnlere s as d'a t a ais etaie asian) Sierre Sa D 


Caractères généraux, morphologie externe de la famille 


CHAPITRE II 


PREMIÈRE PARTIE 


Chlænacées à 3 sépales 
I. — Genre Sarcochlæna.. IS ge RUE Doré 
PhSaraenlemienophor. Ehou..s 26%. 2 ce 
A — multiiiors Thon" sÉ 
3. — ER TUAN 106 V  r 1 ENME REA RES COUR SP Pr 
4, — COMDUGCREMVS DA ST SN RD LE 
9. — oblongifolia nov. sp..... AU ete lu: 
PP — Genre Kerochlamys.:..200208 fus RE FRA PARENT. 
RPC RyS Dose Da ES EN CRE tan got 
2 — Does Dal sea A Parties 
3. — Crandiiers Dai en ee 
4, — diospyiraiden. Bak. tn suse salé dans. 2e 
9. — PHbÉSEENS ak 20e ANS nr ee td à 
6. + AVÉDATIE BOT SDL DRE PEN PMRIENESTES CUT 
4 — SIDE ON SDL. AUS RSS MUR 
8. Ces viols nov. sh. our UD Mo K sa H4 
9: — RONA ONE AD LT EU SE ant NET 
10. — RIDE MONS DNA UE 'eisr de atouts di 
9 ES — (NO ROMETAENSIS RON AD ae lieues cu dde ss 
rene Leone. ere nee we pone Dante à 
L.-Lemochlænx'multifiora.Thon..... 5. 4,44. vussu. 
2 — ET OT ER OR PR AE PTE US À 
3 _ CR PAR an des or lin 4ExL. 
4 — DREVRIOrS OODIt BST. RANCE 
D, — BRON Dali ni Le. Cu mo et, 
6. —— Paie DEL RS ue una dis 
Li — DDR RL le vous ei 


134 F. GÉRARD 


EVE Genre Semirzoonteus. 20 CNE pra EN Se Vu SR STE 
lrSchzochlæns eaulhflora Fhou-2 5 ES NOR 
2 — clongita Fhoë sou ne ES Re. 
3 — rOSCA! HOW 5 5 TER MEME MERE MANS 
1. — exinavolayratas Pak. 0.0 Me RER ; 
5 —— "mena Balls 55e SLR TS ARRETE 
6. — NISCOSANOVÉSpe En ue MA NC IE PANIER 

V. — Genre Rhodochlæna........... D ee Eee CS AN ERA 
l.Rhodochlæna :altivola Thon: 2e ER Te EME 
2e — acutfo ha BAR TEL LERPANON OI ANIME 
De — Bakeriana PAM: REA EL CARE RES 
4. — Humblotn Bale Le RE. ue ee NON 
Ô. — PAPVHIOQTAL ON. Sn: 24: LU ESC R 


DEUXIÈME PARTIE 


Chlænacées à 5 sépales 


NT. Genre Aylochlæns. 25.728020 PANNE ERA ; 
1: Xvlochiena Bichardi Balls 20 2722; ste D SRE 
Re — Perriert:n0y. Spas OCR 
NH: —"-Genre Eremothlensis 2e SP SPORE 
1 Eremochlæna  Humblotina: Ball, ue CURE #. 
2 | — rotundifohamov. spi: 1. 00. NOM ASEESRS 


CHAPITRE II 


Recherches anatomiques sur les Chlænacées 


J. — Caractères anatomiques généraux. . ......... a 
Laser PIRE AU LL OGM LEute NE Qi 2 LR NUE 
2-.-PEdicelles fructrières. 7. Lure va rit 
De venise EUR et AP ANNEE NL 
LP OMS ER eue pe NME U MEET 

IT. — Caractères anatomiques différentiels particuliers à chaque 

HONPB RSS ER Pier Pret Se EP OTLO PREEEEES 
L'rkSarcothienaes.; LACS oO DT lSE TESTÉES 
2,:Xefochlamys- .:.:: ee RL SITES A 
2 .Leptochlæna::7:; 2220 PRE 6 SRE SSP 
£L: Sehizôchlæna: 225% De Pt RE SIP QE LR 
5. Rhodochlæna........ se Rs OU Aug ete 
Ds mlothlena se tee EF HR nt 
1H1Éremochlent.. me HP te MEME LE 


TABLE DES MATIÈRES 


CHAPITRE IV 


J. — Classification des Chlænacées (Tableau synoptique)... 


IT  — Aifinités et place de la famille dans la classification générale 


CHAPITRE V 


J. — Répartition géographique des Chlænacées.... ..... US 

Tableau des espèces par régions .... . ..... LR FREE EE 
IT. — Adaptation à la nature du sol et à la latitude. ..... Re 
IT, — Utilisation des Chlænacées .......... PR te ss 
IV. — Sur les noms vernaculaires des Chlænacées........ ...... 


CHAPITRE VI 
RESUME GENPRALLET, CONCLUSIONS. Neon La On Lee QE à 


INDEX DES CHLÆNACÉES MALGACHES. .::....:..... AR NE Ee 
INDEX BIBLIOGRAPHIQUE.......... DE PRE era EE a À ne 


PHHATA.. 2: 0. RE ET RP A UE En De me DATE L dire ne 


ABLE DES SCHÉMAS 5200000 res D NS EE A PRET EEE 


TABLE DES MATIÈRES............ RAT AR TAU RE RL MD PRE LOVE 


155 


108 
110 


113 
115 
116 
117 
118 


149 


123 
129 
131 
132 
132 
133 


JS, + 


154 Vitre GR & A Soit t: FO 


EU EE % RE RÉ ARE ca FPE LE Fe ei Ah Re 
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spi ris 


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Lie: éSteus 


NOTES ET EXPÉRIENCES 
SUR LA COAGULATION DU LATEX D'HÉVÉA 


Par M. GEORGES VERNET 


INGÉNIEUR AGRICOLE E. N. A. 


CHIMISTE À L'INSTITUT PASTEUR DE NHA-TRANG 


Nous diviserons en trois parties cette étude de la 
coagulation du latex d’Hevea brasiliensis : car nous ten- 
terons tout d’abord un exposé critique de la théorie 
générale de la coagulation, nous examinerons ensuite 
comment se réalise la coagulation par dessiccation et 
centrifugation, et enfin nous envisagerons le cas de la 
coagulation spontanée, en passant en revue quelques- 
uns des procédés qui sont susceptibles de la régulariser, 


[. — Théorie générale de la Coagulation 


EXPOSÉ CRITIQUE 


Plusieurs hypothèses ont été proposées pour expliquer le 
mécanisme général de la coagulation du latex d'hévéa : 


1°. — La coagulation résulterait d'une insolubilisation des 
albuminoïdes. — C'est la théorie la plus ancienne en date, et 
cest encore la seule qui s'applique à tous les faits connus 
jusqu'ici. 

a). — Les réactions de coagulation du latex et celles de 
beaucoup d'albuminoïdes sont parfaitement concordantes. 


10 


138 G. VERNET 

C'est ainsi que nous connaissons les coagulations par Les 
acides, certains alcalins, les sels, la chaleur, les alcools, le 
Jormol, suivant la dose et la température. Le sulfure et le 
tétrachlorure de carbone, l'éther, la benzine, le chloroforme, 
qui sont cependant des solvants du caoutchouc, l'acétone, 
le tanin, la fumée, les huiles essentielles, le chloral, etc., ete., 
sont encore des coagulants. 

Comme chez les albuminoïdes, ces différentes substances 
agissent de facon différente suivant la dilution de la substance 
étudiée, suivant la dose employée, le temps de contact et 
suivant la température. Les albuminoïdes peuvent même, 
dans certaines conditions, se redissoudre en partie ou en 
totalité dans leurs précipitants. 

Ainsi nous connaissons déjà le fait suivant, établi dans les 
plantations anglaises : du latex d'hévéa, dilué et additionné 
de fortes doses d'acide acétique également dilué, ne coagule 
pas, même au bout de plusieurs jours. 

Si nous examinons une goutte de ce liquide au microscope, 
nous constatons que les globules de caoutchoue n'ont en 
rien perdu de leur forme, et cela même après ébullition. Ils 
nont donc pas été impressionnés par le réactif, Mais il 
suffit de neutraliser une partie de l'acidité du mélange pour 
en provoquer la coagulation immédiate. 

En répétant l'opération sur les albumines du latex, isolées 
par dessiccation pelliculaire rapide et redissolution dans l'eau 
distillée, nous obtenons les mêmes résultats. Nous pouvons 
même voir le coagulum qui a été obtenu à l'aide d'une faible 
addition d'acide acétique se redissoudre dans un excès. 

b]J. — Les réactions de coloration du latex sont celles de 
certaines classes d'albuminoïdes, et cela que l'on opère sur le 
latex même ou sur ces albumines isolées. 

Le réactif de Millon provoque d'abord la coagulation du 
latex ; à l'ébullition, il communique une teinte rose pres- 
que entièrement localisée dans le caillot. C'est à peine si le 
sérum limpide est très légèrement teinté. En effet, comme 
pour les substances albuminoïdes, les coagulants acides en 
redissolvent une partie. 


COAGULATION DU LATEX D'HÉVÉA 1539 


L'acide azotique agit dans les mêmes conditions : après 
ébullition, la presque totalité de la coloration jaune est loca- 
lisée dans le coagulum. 

Ces réactions colorées, répétées sur les albumines redis- 
soutes comme il a été indiqué précédemment, donnent une 
coloration beaucoup plus intense au coagulum. Cela s’ex- 
plique facilement du fait que, dans un cas, les substances 
albuminoïdes sont pures, tandis que, dans l'autre, elles sont 
mélangées à une forte proportion de globules de caoutchouc ; 
d'où intensité variable des teintes. 

c}. — Comme en ce qui concerne la coagulation de la 
caséine du lait, la totalité des albuminoïdes du latex n'est 
pas précipitée à la fois par une seule méthode de coagulation ; 
cest ainsi que la neutralisation, le chauffage, l'addition 
d'acides plus forts, de certains sels ou de coagulants spéciaux 
au sérum du latex, amènent toujours une nouvelle coagula- 
lion, quelle que soit la méthode primitive employée. Si du 
latex d'hévéa a été préalablement ajouté à ce sérum, même 
en petite quantité, la nouvelle coagulation enserre les globu- 
les de caoutchouc dans ses mailles. 

d).— Suivant les auteurs, le latex d'hévéa contient 1,90 
à 2,80 °/, d'albuminoïdes. Si nous calculons qu'il a fallu, en 
moyenne, à litres de latex pour en obtenir 1 de caoutchouc, 
cela nous donne un total de 5,70 à 8,10 d'albuminoïdes, 
alors que la gomme industrielle lavée n'en renferme que 1,79 
à 4,10 °/%. Une certaine proportion est done restée dans le 
sérum, comme vient de nous le montrer l'expérience directe. 

e]. — Nous savons que, variant avec le mode de coagula- 
tion employé, la précipitation des diverses substances albu- 
minoïdes peut être plus ou moins complète, soit par suite 
de combinaison directe, d'hydrolysation, d'absorption du 
réactif, soit en raison de la nature spéciale du milieu. I peut 
même vavoir redissolution partielle ou complète. 

Le poids de gomme que lon peut obtenir d'un même latex 
est donc variable, et c'est ce que nous montre l'expérience. Les 
différences de rendement, à la coagulation, dépassent 10 v,,, 
alors que, dans chaque cas, le sérum de latex parfaitement 


140 G. VERNET 


limpide ne décèle plus de globules de caoutchouc à l'exa- 
men microscopique. 

En employant à la fois deux agents de précipitation, le 
rendement en poids est plus fort qu'avec un seul. Quant à la 
valeur industrielle de la gomme, c'est une tout autre ques- 
tion. 

f). — Si nous ajoutons à ces faits que toujours les gom- 
mes industrielles parfaitement lavées contiennent une pro- 
portion notable d'albuminoïdes (constituant insoluble), qui 
varie de 1,795 à 4,10°/, nous voyons que vraiment la coa- 
gulation du latex est bien parallèle à celle des albuminoïdes. 


2°. — Il y aurait électrolyse, le latex étant considéré comme 
une émulsion négative de globules de caoutchouc ‘. — Sous 
une différence de potentiel de 110 volts, les globules de 
caoutchouc sont, en effet, déplacés vers l’anode du champ 
électrique. En fait, les réactions de coagulation des acides, 
des sels et de leurs mélanges sont bien en faveur de cette 
hypothèse, mais qui toutefois se trouve, d’un autre côté, 
en contradiction avec le fait de la coagulation par lés alcalins, 
ou par les sels en milieu alcalin. Cette théorie n’explique 
pas davantage la coagulation par la chaleur, par l'alcool, par 
les huiles essentielles, etc. 

On éprouve certes des difficultés pour bien réussir la coa- 
gulation du latex dialvsé, mais les études de MM. Aronstein, 
Rosenberg, Harnack, ete., ont démontré que la dialyse avait 
aussi une influence marquée sur l'albumine d'œuf, dont elle 
diminuait l'aptitude à la coagulation. 

De plus, si l'électrolyse, sous une différence de potentiel de 
110 volts, provoque un déplacement des globules de caout- 
chouc vers l’anode du champ électrique, le liquide s'épaissis- 
sant à son voisinage, il ne faut pas oublier que l’action de 
l'électrolyse s'exerce en même temps sur les sels contenus 
dans le latex et sur les albuminoïdes eux-mêmes. 

Ainsi ces réactions peuvent encore être rapprochées de 


1. Victor Hexerx : Le latex. 


COAGULATION DU LATEX D HÉVÉA 141 


celles des albuminoïdes, de sorte que l'on doit penser qu'il 
s'agit bien ici de réactions colloïdales, mais pour lesquelles 
le colloïde est simplement constitué par les albuminoïdes du 
latex. ; 


93° -- Îl y aurait entrainement des globules de caoutchouc 
sous l'influence d'une précipitation minérale provoquée.— Cette 
hypothèse, qui est celle de M. le D' Heiïm, ne s'applique pas 
à tous les faits d'expérience. 

Ainsi, en additionnant le latex d'un lait de chaux, et, pour 
éviter la formation de bicarbonates solubles, en ny faisant 
barboter que pendant quelques instants un courant de gaz 
carbonique débarrassé de toute trace d'acide chlorhydrique, 
on n'obtient nullement la coagulation du latex. 

Cette hypothèse n'expliquerait du reste pas l'action de la 
chaleur, des sels, des huiles essentielles, etc., etc 

Il semblerait aussi que, les précipités minéraux étant plus 
denses que le sérum du latex, l'entrainement devrait avoir 
lieu de haut en bas, alors que le coagulum surnage. 

On nous objectera que les albumines coagulées sont aussi 
plus denses que le sérum environnant et que, cependant, la 
gomme coagulée surnage également. Mais il est facile de se 
rendre compte expérimentalement que la prise du latex, par 
l'intermédiaire des albuminoïdes, n'est nullement due à un 
phénomène d'entrainement, mais à une action d'englobe- 
ment des globules de caoutchouc. 

Ainsi la coagulation du latex pur ou dilué donne bien un 
caillot qui surnage régulièrement, parce que la proportion 
de caoutchouc est de beaucoup la plus forte; par contre, la 
coagulation des albumines du latex, séparées par dessiccation 
pelliculaire et redissolution, provoque la formation d'un 
précipité plus dense et qui coule au fond des vases à coagu- 
lation. Il en est de même pour du sérum de latex que l'on 
soumet à une nouvelle coagulation. 

Comme phénomène intermédiaire, du sérum additionné 
de très faibles quantités de latex et soumis à une nouvelle 
coagulation, suivant les procédés indiqués plus haut, donne 


142 G. VERNET 


un coagulum, tombant au fond du récipient, alors que si, 
au contraire, la quantité du latex ajoutée est assez forte, le 
coagulum surnage. 

Ainsi, suivant la densité du milieu liquide et suivant les 
différents rapports possibles de la teneur du coagulum en 
albuminoïdes et en caoutchouc, le caillot est plus léger ou 
plus dense que le sérum environnant: il surnage ou il coule. 


4, — [l y aurail intervention de diastases, où enzymes 
coagulants, où pegnymases, qui préexisleraient dans le latex 
d'hévéa. — Notons tout d'abord, au point de vue étymologi- 
que, que, le terme diaslase impliquant un dédoublement 
et celui d'enzyme l’action d'un levain où d'un ferment, il 
serait préférable, suivant la terminologie actuelle, d'adopter 
le terme de pegnymase (du verbe grec qui signifie coaguler), 
pour caractériser les phénomènes dont nous nous occupons. 

Malheureusement la démonstration directe de leur exis- 
tence n'a pas encore été produite ; cela exigerait, en effet, 
ou bien une séparation préalable, difficile à réaliser, ou 
bien la réussite de certaines réactions chimiques dans le 
latex frais, réactions qui n'ont pas encore été obtenues. 

Cette idée a cependant ses partisans, qui basent leur 
opinion sur les réactions suivantes de la coagulation du 
sang ; les sels de chaux (chlorure de calcium), coagulent le 
latex, alors que les précipitants des sels de chaux (oxalate 
de potasse et fluorure de sodium) empêchent ou retardent 
la prise du latex. 

Or, le chlorure de calcium est un précipitant énergique de 
nombre de matières albuminoïdes ; il a été employé direc- 
tement comme coagulant du latex, de même qu'il a été 
utilisé dans la fabrication des fromages. 

Alors que le formol est considéré comme entravant 
l'action diastasique, le chlorure de calcium coagule parfaite- 
ment et rapidement le latex formolisé ; bien plus, il coagule 
encore, même après addition d'une forte proportion d'ammo- 
niaque et de formol. 

Du reste, si ce sel de chaux agissait uniquement comme 


COAGULATION DU LATEX D HÉVÉA 143 


accélérateur de laction des pégnymases, des traces suffi- 
raient, alors que les chiffres invoqués en faveur de cette 
hypothèse montrent exactement le contraire. 

De plus, la formation constatée de grumeaux est l'indice 
que nous n'avons pas affaire à une pégnymase, puisque, 
dans la coagulation du sang comme dans celle du lait pré- 
suré, la prise a lieu en masse. 

L'oxalate de potasse et le fluorure de sodium sont bien 
des précipitants des sels de chaux, mais, s'ils agissent 
comme tels, pourquoi d’autres précipitants de sels de chaux, 
sulfate de soude ou de manganèse (tous les sulfates solubles) 
sont-ils donnés en même temps comme sans action sur la 
coagulation naturelle ? 

En réalité, l'oxalate de potasse et surtout le fluorure de 
sodium sont des antiseptiques, et ils agissent comme tels à 
la température ordinaire. 

Mais, suivant le temps de contact, ainsi que selon la dose 
emplovée et la température, ces sels deviennent à leur tour 
des coagulants directs du latex d'hévéa. A chaud, ils coagu- 
lent, même en milieu fortement ammoniacal. 

Bien plus, l'addition de fluorure de sodium ou d'oxalate 
de potasse à du latex formolisé ne l'empêche pas de se coa- 
suler sous l'influence des doses habituelles d'acide acétique. 

L'action de Ja chaleur et celle de différents antiseptiques, 
formol, huiles essentielles, etc., ont été également invo- 
quées en faveur de l'hypothèse diastasique. 

Or, la chaleur n'entrave nullement la coagulation du 
latex normal; au contraire, elle laccélère. Avec du latex 
frais, la coagulation commence vers 90 degrés, pour être 
complétée à 120 degrés. 

En ce qui concerne le formol, du latex auquel on ajoute, 
par exemple, une goutte de ce formol par centimètre cube ne 
coagule pas, même après plusieurs jours de contact à la 
température ordinaire. Le formol est cependant considéré 
comme entravant, d'une facon générale, l'action diastasique, 
alors qu'il suffit pourtant d'additionner à n'importe quel 
moment ce latex formolisé avec des doses ordinaires d'acide 


144 G. VERNET 


acétique pour en provoquer la coagulation, comme sl 
s'agissait du latex ordinaire. | 

Quant aux huiles essentielles, elles agissent directement 
sur la prise du latex comme sur celle de beaucoup de 
matières albuminoïdes ; il est donc normal que leur pré- 
sence provoque la coagulation du caoutchouc. 

D'autre part, suivant leur nature, nous savons que 
l'action des diastases est parfois favorisée par un milieu 
alcalin, quoique les acides à faible dose soient, en général, 
plus favorables. 

Constatant que la prise du latex avait eu lieu en milieu 
alcalin, l'ammoniaque ayant été employé à doxe non toxique, 
javais moi-même pensé autrefois que les pégnymases 
n'étaient pas étrangères à cette coagulation ; quoique des 
fermentations se soient établies dans la masse, la coagula- 
tion s'était, en effet, réalisée en milieu encore ammoniaeal. 
Mais depuis la connaissance des réactions de coagulation 
soit alcalines, soit même par les sels en milieu alcalin, 
cette hypothèse doit être complètement rejetée. 

Une étude plus complète de la question m'a permis de 
constater que, toutes les fois que la dose d’ammoniaque 
employée comme anticoagulant, 5 à 10 %, était suffisante 
pour entraver toute fermentation, la conservation à l'état 
liquide était parfaite. 

Notons ici que, sous l'influence prolongée de l'ammonia- 
que, l'aptitude du latex à la coagulation décroit progressive- 
ment. Ainsi, aussitôt après l'addition de 5 % d'’ammoniaque, 
le latex n'a nullement perdu la propriété de se coaguler 
par l'acide acétique ou sous l'influence de la température. 
Puis, au bout de quelques jours, la coagulations pie 
après un mois elle est mauvaise. 

Nous savons l’action profonde que les alcalis exercent sur 
les albuminoïdes en général ; en ce qui concerne les albumi- 
noïdes du latex, la question méritera une étude plus com- 
plète. 

Quoi qu'il en soit, cela nous montre que les études qui 
ont pu être faites sur des latex conservés à l’ammoniaque ne 


COAGULATION DU LATEX D'HÉVÉA 145 


correspondent plus à celles qui sont conduites en partant 
du latex frais ; d'où la difficulté des études de coagulation, 
faites à trop grande distance des plantations. 

g I 


2. — Substitution colloïdale. — Nous nous sommes 
demandé s'il ne serait pas possible d'obtenir la prise du 
latex en substituant aux albuminoïdes primitifs d'autres 
colloïdes, dont les conditions de coagulation, bien connues, 
pourraient être réalisées à volonté. 

L’albumine d'œuf ne donne rien de précis parce que ses 
réactions de coagulation sont trop voisines de celles des 
albuminoïdes du latex. 

La gélose ne peut pas être utilisée, non plus, car la gelée 
formée ne se retracte pas, et de ce fait, la soudure des 
différents globules de caoutchouc ne peut avoir lieu. 


Il n'en est pas de même de la caséine. On sait, en effet, 
que, sous l'influence de différents coagulants, la prise du 
lait a lieu en masse et que le caillot se resserre progressive- 
ment, exactement comme dans la coagulation du latex 
d'hévéa et dans celle du sang. 

Le lait pur de vache contenant 3 à 4 % de caséine et 
le latex d'hévéa 2 à 3 % de matières albuminoïdes, j'ai 
additionné du latex d'hévéa des deux tiers de son volume 
de lait, puis essayé l'influence de la présure. Elle s'est mani- 
festée régulièrement et n’a permis de retirer un coagulum 
qui, passé aux cylindres laveurs, a donné du bon caout- 
chouc. 

Trois témoins, l’un de latex pur, le deuxième contenant 
du latex présuré, et le troisième contenant du latex simple- 
ment additionné de lait dans les mêmes proportions que 
précédemment, étaient tous trois parfaitement liquides à la 
fin de l'expérience. 

Ce fait réalise bien ainsi la synthèse mécanique de la 
coagulation colloïdale du latex d'hévéa. 

Il nous montre aussi que, si les albuminoïdes ayant le 
pouvoir de se rétracter sont utilisés dans la proportion où 


146 G: VERNET 


ils existent dans le latex, ils sont parfaitement suffisants 
pour provoquer la prise du caoutchouc. | 

Le coagulum, d'abord mou, ne peut être manié facile- 
ment, mais, avec le temps, il se resserre'et se rétracte peu. à 
peu en prenant de la consistance. Dès qu'il a subi une 
simple pression, ou mieux l'action des laminoirs, il devient 
résistant, et sa ténacité augmente jusqu'à complète dessic- 
‘ation. 

Le retrait provoqué après la coagulation par les albumi- 
noïdes du latex amène donc le rapprochement progressif, 
puis la soudure des globules qui étaient primitivement 
animés de mouvements browniens au milieu du latex. 
Quant aux albuminoïdes, ils sont coagulés, c'est-à-dire qu'ils 
ont perdu la propriété de se redissoudre dans l'eau sans 
autre intervention. [ls restent incorporés à la masse. 


6°. — Aclion des substances contenues dans les écorces. — 
En milieu légèrement acide, les réactions au gaïac et à l'eau 
oxvgénée démontrent que les écorces d'hévéa contiennent 
des peroxydases dans toutes leurs parties, mais surtout dans 
la zone libérienne, c'est-à-dire au voisinage même des latici- 
féres. Ces réactions ne se produisent plus, en effet, après 
ébullition. | 

Ces peroxydases ont certainement, au point de vue biolo- 
sique, une très grande importance, mais qui nous échappe 
encore, Pour l'instant, nous ne pouvons que constater leur 
présence. 

Lorsqu'on ajoute à du latex frais d'hévéa le produit filtré, 
et obtenu par trituration dans l'eau, des écorces d'hévéa, on 
constate un épaississement de ce latex, c'est-à-dire un 
commencement de coagulation. Après ébullition du liquide, 
la réaction est la même. Les peroxydases ne sont donc 
pour rien dans cette réaction. 

Mais ces écorces contiennent des substances taniques 
dont les réactions sont très nettes aux sels ferreux et ferri- 
ques. 

De faibles proportions de décoction d'écorce amènent 


COAGULATION DU LATEX D HÉVÉA 147 


simplement la coalescence du latex ; plus forte, la décoction 
provoque la prise un peu plus complète ; après concentra- 
tion, la coagulation est entière et rapide. 

Un examen parallèle, conduit avec du tanin du com- 
merce, amène aux mêmes résultats, suivant l'état de concen- 
tration auquel les liqueurs sont emplovées. 

Les écorces d'hévéa contiennent donc une substance tani- 
que, capable de coaguler le latex d'hévéa lorsqu'elles sont 
concentrées, où tout au moins diminuant sa fluidité. 

Lorsqu'on sectionne Îles cellules des écorces pour la 
saignée, une certaine proportion de tanin se mélange forcé- 
ment aux parties du liquide qui vont directement à leur 
contact. Ce phénomène s'oppose à lexsudation continue du 
latex, et cela d'autant plus que le latex est moins dilué, 
c'est-à-dire plus riche. 

On constate parfois que le latex est extrêmement crémeux, 
même dès sa sortie de l'arbre. Lorsque ce fait se produit, 
son exsudation n'est jamais très abondante. 

Nous connaissons l'action des tanins sur les albumi- 
noïdes ; il est intéressant de remarquer maintenant que tous 
les faits présentés jusqu'à aujourd'hui en faveur de telle ou 
telle hypothèse relative aux causes de la coagulation sont 
toutes inséparables des réactions des albuminoïdes. 


148 | G. VERNET 


IT — Coagulation par dessiccation 
et centrifugation 


Du latex étendu en couche mince sur une glace et soumis 
à la ventilation se dessèche rapidement. Les globules de 
‘aoutchouc se rapprochent, en effet, et se soudent les uns 
aux autres, suivant un processus semblable à celui de la 
formation du beurre par dessiccation de la crème de lait. 
On obtient ainsi une pellicule de gomme dont le poids est 
plus élevé que celui trouvé après dessiccation d’un témoin 
acétique. On trouve, par exemple, 40,12 au lieu de 38,37 % 
de latex. Ce poids représente, en effet, l'extrait du latex séché 
à Pair. 

Mais, dans ces conditions, les albuminoïdes n'ont nulle- 
ment perdu la propriété de se redissoudre dans l'eau, de 
sorte que, après lavage à la calandre et dessiccation, le poids 
de gomme industrielle lavée est inférieur à celui obtenu par 
la coagulation acétique. On a, par exemple, 36,81'au lieu de 
38,97 °/, de latex. 

Soumises à l'analyse, les gommes révèlent toujours une 
certaine proportion d'azote, car il est difficile d'arriver à un 
lavage tout à fait intime des particules de caoutchouc. 

Mais, lorsque le calandrage a été suffisant, le caoutchouc 
étant en crêpe mince, la proportion d'azote est toujours 
inférieure, dans la gomme pelliculaire lavée, à celle obtenue 
avec un témoin acétique qui a subi un laminage identique. 
On trouve, par exemple, 0,06 au lieu de 0,18 % de latex. 

La mise en pellicule doit être faite aussitôt après la 
saignée, car, en cas de retard, les fermentations ont le temps 
de s'établir, l'acidité se développe et les albuminoïdes se 
coagulent partiellement. Les lavages à la calandre doivent 
également être faits aussitôt après la dessiecation, pour éviter 
toute transformation ultérieure des albuminoïdes. 

Cette méthode permet done d'obtenir une gomme presque 
exempte d'albuminoïdes. 


COAGULATION DU LATEX D'HÉVÉA 149 


Elle permet aussi, en lavant aussitôt la pellicule avec un 
peu d’eau distillée, de redissoudre rapidement une certaine 
proportion de ces albuminoïdes et de les obtenir en solution, 
en dehors du voisinage des globules de caoutchouc qui sont 
si gêénants pour leur étude, alors que les substances n'ont 
pas encore subi la moindre transformation chimique. 

Cette nouvelle méthode d'isolement est trop récente pour 
qu'il m'ait été encore possible d’en tirer tout le parti qu'elle 
comporte. Je me suis cependant déjà rendu compte que les 
réactions de coagulation, de redissolution et de coloration 
des albuminoïdes ainsi isolés sont les mêmes que celles du 
latex. 

La centrifugation du latex pur n'amène que très difficile- 
ment la séparation des globules de caoutchouc. Soumis à la 
centrifugeuse Jouan à très grande vitesse, pendant une 
demi-heure à 6000 tours, on n'arrive qu'à la formation 
d'une mince couche de gonime, qu'il est difficile de séparer 
complètement des parties sous-jacentes. 

On a bien proposé des appareils centrifuges pour la pré- 
paration de la gomme, mais, Comme on est obligé, avant de 
les utiliser, d'additionner le latex d'acide acétique, ils ne 
servent uniquement qu'à la bonne séparation de caillot et 
non à celle, plus intime, des globules. 

Ainsi, aussi bien par dessiccation que par centrifugation 
pure, nous n'avons nullement affaire à une action de coagu- 
lation, mais à un phénomène d'abord de concentration du 
latex, puis d'agglomération progressive des globules de 
caoutchouc. 


150 G. VERNET 


ITT. — De la Coagulation spontanée 
et des procédés susceptibles de la régulariser 


Historique.— Lorsque du latex est abandonné à lui-même, 
il s'épaissit d'abord, puis se coagule à la facon du lait. 

C'est là un fait connu depuis l'origine des saignées d'hévéa. 
Les seringueros de l'Amazonie n'étaient pas, en effet, sans 
avoir remarqué qu'ils devaient traiter le latex le jour même 
de la récolte, sous peine de le voir coagulé le lendemain 
dans les récipients. Mais, lorsque cette prise du latex se fait 
sans soins spéciaux, la coagulation est incomplète, d'où 
perte de caoutchouc. 

Au début des saignées d'hévéa, à Cevlan et dans la Pénin- 
sule Malaise, ce fut une des premières méthodes de prépa- 
ralion emplovée, et les ouvrages écrits au début ne sont pas 
sans en faire mention. Cependant, d'abord pour les raisons 
que nous avons exposées plus haut, et, ensuite, à Cause des 
odeurs nauséabondes que dégagent les cuvettes à coagula- 
lion, ainsi que la gomme, pendant les premiers jours de la 
mise au séchoir, cette méthode fut complètement rejetée. 

C'est ainsi que MM. Ridlev et Bamber ont pu noter 
l'acidification du latex abandonné à Tui-même et sa prise 
en masse. 

En 1911 (Bullelin Économique de l'Indochine, n° 92), nous 
avons indiqué quelques-unes des principales bases de ce 
mode de préparation de la gomme d'hévéa, mais cette 
question n'était pas alors encore au point. 

Dès 1915, la Maison Michelin nous faisait part de la 
grande valeur des gommes obtenues par la coagulation 
naturelle. 

Nous répondant au sujet de nos essais du 20 au 28 mars 
1915, MM. Michelin nous écrivaient le 20 septembre 1915 : 
€ Le résultat le meilleur est celui obtenu avec la coagula- 
tion spontanée, et ceci confirme notre opinion que, pour les 


COAGULATION DU LATEX D HÉVÉA 151 


produits de plantation, ce mode de coagulation emplové 
ne pourrait être le meilleur. » 

Perfectionnant peu à peu cette méthode de préparation, 
nous l'avons instituée à Suôi-Giac, en 1914. 

Dès le début, nous avons reconnu la nécessité d'ajouter 
du sucre au latex, lorsque le témoin de la veille montrait 
une coagulation défectueuse. Les additions de sucre ne 
nuisent, du reste, en aucune manière à la qualité de la 
gomme, d'après la Maison Michelin et Cie. 

Au lieu d'ajouter du sucre, on arrivait au même résultat 
en interrompant pendant un ou deux jours les saignées, de 
facon à laisser le latex trop dilué s'enrichir en ses principes 
constituants à l'intérieur même des écorces de l'arbre. Nous 
activions également la fermentation en ensemençant les 
latex du jour avec le sérum provenant des meilleures cuvettes 
de la veille. Les bases principales de la coagulation naturelle 
étaient dès lors établies ; depuis lors, la question n'a cessé 
de faire des progrès. 

Les études de MM. Grantham et Eaton sont venues 
d'abord confirmer ce que nous avions fait, puis détermi- 
ner que loutes sortes de matières sucrées pouvaient être 
ulilisées en lieu et place du saccharose. Elles ont, en outre, 
apporté une Îumière toute nouvelle sur limportance des 
matières albuminoïdes, qui, jusque là, étaient considérées 
comme une impureté de la gomme. La transformation de 
ces albuminoïdes en acides aminés, sous Finfluence des 
ferments, améliore la ténacité du caoutchouc manufacturé, 
de même que ces nouvelles substances agissent à la fois 
comme accélérateurs de la vulcanisation. 

A la suite de ces études, la question des accélérateurs 
organiques de vulcanisation est passée au rang des premières 
questions qui intéressent l'industrie du caoutchouc. 

Les travaux que M. Bamber a conduits à la même époque 
sur les gommes de Ceylan, en collaboration avec la ** Cevlon 
Rubber Research C° ”, de Londres, ont confirmé, une fois 
de plus, la valeur ‘des gommes préparées par coagulation 
nalurelle. 


L 


152 G. VERNET 


LE 


Enfin, les études que j'ai entreprises ensuite avec le 
Docteur Deénier sont venues à lappui des résultats déjà 
acquis. L'isolement microbien, qui a été conduit par 
M. Denier d'après une marche générale que nous avons 
instituée ensemble, a donné vingt-sept microorganismes 
différents, doués des propriétés suivantes : 
1 transforme le sucre d'hévéa en acides, de même que le 
lactose et le saccharose ; 

3 attaquent le lactose et acidifient les bouillons, atta- 
quent le saccharose et acidifient les bouillons ; 

12 digèrent l’albumine d'œuf ; 

11 liquéfient la gélatine. 

Le total de ces nombres est supérieur à vingt-sept, parce 
que ces différents microorganismes peuvent présenter à la 
fois plusieurs des propriétés étudiées. 

Cette liste n'est, du reste, certainement pas complète, car 
nombre d'autres microorganismes intéressants pourraient 
être isolés dans d’autres régions, notamment au Brésil, dans 
le Haut-Amazone, là où sont préparées les meilleures gom- 
mes.” Nous aurons à revenir sur Ce point. 

Nous avons utilisé quelque temps avec de bons résultats 
les cultures pures du ferment ‘* Denier, n° 1”, mais sans 
arriver à nous mettre à l'abri des autres microorganismes. 
Il était, en effet, impossible de stériliser le latex avant 
l'ensemencement, puisque la chauffe en amène la coagula- 
tion. 

Nous préférons, aujourd'hui, agir simplement sur les 
conditions de milieu, de façon à favoriser le développement 
des espèces utiles, qui se trouvent, du reste, en abondance 
dans le latex et dans les bacs de coagulation, Nous aurons à 
étudier ces questions en détail. ù 

A la suite d'une visite à Suôi-Giao, M. Rosé a pu établir 
sur une grande plantation de Cochinchine, à Suzannab, le 
mode de préparation que nous avions institué sur le domaine 
de l'Institut Pasteur. 

M. Rosé a de même procédé à un nouvel isolement micro- 
bien, et constaté encore que plusieurs microorganismes 


COAGULATION DU LATEX D HÉVÉA 153 


agissent sur les sucres en acidifiant le milieu : « Ajouter du 
sucre, nous écrit-il, c'est indirectement ajouter de l'acide. » 

Il a de plus déterminé que, dans une bonne coagulation 
naturelle, l'acidité du sérum était approximativement la 
même que celle obtenue artificiellement par l'addition 
d'acide acétique. 

Enfin, depuis cette année, plusieurs plantations de Cochin- 
chine et du Sud-Annam ont déjà adopté ce mode de prépa- 
ration, qui donne des gommes de meilleure qualité et avec 
une plus grande économie qu'autrefois. 


Théorie de la coagulation spontanée. — Deux opinions ont 
été émises à ce sujet : celle d'une influence microbienne et 
celle d'une action diastasique (pegnymase). 

Ayant déjà discuté de cette dernière question au point de 
vue général, nous n'y reviendrons que pour ce qui concerne 
la coagulation naturelle. 

Il est toujours difficile, lorsqu'il s'agit d’un produit aussi 
complexe que le latex d'hévéa, qui, dans les conditions 
ordinaires des récoltes, est toujours peuplé de nombreux 
microorganismes, de différencier une action diastasique 
vraie et directe d'une influence microbienne. 

Quoiqu'aucune preuve n'ait encore été donnée en faveur 
de l'existence supposée des pegnymases préexistant dans le 
latex d'hévéa, il est utile de montrer que leur action n'est 
nullement nécessaire pour expliquer le phénomène de la 
coagulation naturelle : {out se passe en somme comme si elles 
n'existaient pas. 

Par contre, l'acidité provenant de l'action des microorga- 
nismes sur les sucres est, nous allons le voir, la condition 
nécessaire el suffisante du phénomène. 

Il reste cependant bien entendu, depuis la découverte de 
la buchnerase, qu'il est parfaitement possible et même pro- 
bable que ces microorganismes agissent sur les sucres par 
l'intermédiaire des diastases ou acidases qu'ils sécrétent ou 
qu'ils renferment. 


154 G: VERNET 


Action du froid. — Dans un flacon bien bouché, nageant 
au milieu de la saumure de la machine à glace de Nhatrang, 
c'est-à-dire à une température qui n'était jamais supérieure 
à 4 degrés centigrades, nous avons conservé du latex parfai- 
tement liquide et sans fermentation pendant plus d'un mois, 
avant d'ouvrir le flacon, alors que le témoin était coagulé le 
lendemain du jour de la mise en expérience. 

Fel quel, ce phénomène peut être invoqué aussi bien en 
faveur des pegnymases qu'en celles des: microorganismes. 
Mais nous avons pu constater que, dès que le flacon est 
débouché, le latex coagule parfaitement sous l'influence de 
l'acide acétique et à laide du sel marin contenu dans la 
saumure même de la glacière. 

Cette action du froid est utile à connaître en elle-même, 
car elle permet le transport du latex pur à l'état liquide. 
C'est ainsi que M. Rosé utilise, pour ses expériences, du 
latex provenant d'une plantation éloignée de 70 kilomètres 
de son laboratoire. 


Prélèvement du latex à l'abri des microorganismes. — Cette 
idée est due à M. Krempf. Décapant grossièrement, avec un 
couteau sans cesse flambé, les écorces d'un hévéa en 
saignée, puis, enfoncant dans ces écorces décapées une petite 
feuille de fer-blanc, pliée de facon à maintenir le latex au 
niveau de la blessure, M. Krempf a pratiqué l’incision avec 
un instrument stérilisé. Cette opération a lieu après léger 
flambage et refroidissement des écorces et de lajutage 
métallique. 

Le prélèvement du latex a lieu dans les pipettes de verre 
stérilisées dont on se sert couramment pour le prélèvement 
du sang dans les laboratoires de bactériologie. Elles sont 
effilées d’un côté, légèrement étranglées et munies d'un coton 
de l’autre. 

Lors des premières expériences, les pipettes, garnies de 
latex, n'avaient été soudées que du côté effilé ; mais il en est 
résulté à la longue une évaporation amenant la dessiccation 
de la partie supérieure du latex et concentration de l’ensem- 
ble, d'où trouble dans l’expérimentation. 


COAGULATION DU LATEX D'HÉVÉA 155 


Nous avons repris cet essai en fermant à la lampe les 
pipettes des deux côtés après remplissage. Pendant plusieurs 
jours, des pipettes ouvertes successivement, jusqu'à épuise- 
ment du lot, nous ont donné du latex liquide. 

M. H. Schein a recommencé lui-même cette expérimen- 
tation ; et sa dernière pipette, ouverte au bout d'un mois, 
contenait encore du latex à l'état liquide. 

On ne réussit pas toutes les fois à opérer un prélèvement 
irréprochable, et M. H. Schein a pu constater que, lorsqu'il 
y avait coagulation, toujours le latex était pollué. 


Antisepliques. — Cette question a déjà été traitée, au point 
de vue général, à propos des phénomènes invoqués en faveur 
des diastases ; il est inutile d'y revenir. 


Stérilisation. — Lorsqu'on fait chauffer du latex au bain- 
marie à 100 degrés centigrades, il ne se coagule qu'en partie 
seulement. À cette température, les pegnymases présumées 
n'existent plus ; si cependant on additionne les portions 
non coagulées des quantités ordinaires d'acide acétique, on 
obtient la coagulation. 

À autoclave à 120 degrés, le latex d'hévéa se coagule, mais, 
si on le dilue préalablement de plusieurs fois son volume 
d'eau, la coagulation n'est que partielle. Toutes les pegny- 
mases sont évidemment détruites à cette température, et le 
liquide n'a cependant pas perdu la propriété de se coaguler 
par l'acide acétique. 

Un ensemencement des liquides amène au même résultat. 
Il convient cependant de noter que le coagulum est alors 
grumeleux ou floconneux, probablement à la suite des 
transformations que subissent les albuminoïdes à ces tem- 
pératures. 


Aclion des acides élaborés pendant la coagulation naturelle. 
— Après coagulation à l'autoclave, le sérum de latex n'a 
nullement la propriété de coaguler de nouvelles portions de 
latex d'hévéa. 


156 G. VERNET 


De même, le produit de sa distillation en présence d'acide 
sulfurique ne possède pas davantage cette propriété. 

Par contre, du sérum prélevé dans une cuve de bonne 
coagulation naturelle, bouilli et filtré pour le débarrasser de 
toutes les pygmases présumées, coagule de nouvelles por- 
tions de latex. Il est, en effet, nettement acide. 

Il en est de même du produit de sa distillation en présence 
d'acide sulfurique. 

Après neutralisation exacte de leur acidité, ces liqueurs 
perdent leur propriété coagulante. 

Ces réactions ont lieu lorsqu'on opère sur les portions de 
latex qui ont échappé à la coagulation par la chaleur, lors de 
la stérilisation à 100 ou 120 degrés. 

Ainsi les acides volatils élaborés pendant la coagulation. 
spontanée sont bien capables de coaguler le latex d’hévéa. 
Les acides lactique et butyrique, moins volatils, et produits 
en même temps, agissent dans le même sens. 


Transformation des sucres en acides. — L'analyse compara- 
tive d'un même latex, avant et après la coagulation naturelle, 
montre que les sucres ont presque entièrement disparu, pour 
faire place à l'acidité. 

Si, au contraire, la coagulation est opérée par l'acide 
acétique en présence d’un antiseptique, le formol, par 
exemple, l'examen du sérum, fait au bout de deux jours, 
montre que, dans ce cas, les sucres n'ont pas été transformés. 

Il en est de même après deux jours de contact, si la 
coagulation est opérée avec le sulfate de cuivre. 

De même encore, après coagulation à l’autoclave à 120 
degrés (le vase à expérience étant maintenu deux jours à 
l'abri de toute contamination), le sérum contient encore 
tout son sucre non transformé en acide. 

Comme, de plus, nous avons vu que de nombreux micro- 
organismes, normalement contenus dans le latex, sont 
capables de transformer les différentes espèces de sucres en 
acides, la théorie microbienne de la coagulation naturelle 
ou spontanée se trouve maintenant établie. 


COAGULATION DU LATEX D HÉVÉA 157 


Mais, pour le mieux établir encore, examinons maintenant 
quelques-unes des conditions dans lesquelles on peut provo- 
quer la coagulation. 


Quantité d'acide nécessaire. — Dans la Péninsule Malaise 
et à Ceylan, les Anglais admettent depuis longtemps que la 
quantité d'acide à ajouter, pour obtenir une bonne coagula- 
tion acétique, est proportionnelle, non pas au volume du 
latex à traiter, mais au poids de la gomme que l'on doit en 
retirer. 

Nous avons fait à ce sujet l'expérience suivante, qui 
confirme cette opinion : 

Des doses de 10 cc. du même latex sont placées dans une 
série de verres à pied, l’un laissé pur, comme témoin, et les 
autres étendus de 1, 2, 3, 10 et 20 fois leur volume d’eau 
distillée. Puis chaque verre reçoit, pendant qu'on l’agite de 
façon à opérer le mélange intime, 1 ‘/" c. de liqueur acétique 
normale (60 gr. d'acide par litre). La coagulation se produit 
alors en même temps dans tous les verres ; les caillots 
d'autant plus lâches qu'ils sont plus dilués, se resserrent 
progressivement, laissant un serum sous-jacent parfaitement 
limpide. 

Mais si, par contre, nous ajoutons une même quantité de 
notre solution normale acétique dans 50, 100 ou 200 ‘/n €. 
du même latex pur, on n'obtient nullement la coagulation. 

Pour du latex contenant 400 gr. de caoutchouc par litre, 
il suffit d'ajouter une quantité de solution acétique normale 
égale à 10 % du volume du latex, pour obtenir régulière- 
ment une très bonne coagulation. 

Avec ces données, il est possible, à l'aide d'un dosage ther- 
modensimétrique préalable, de calculer la quantité d'acide 
à ajouter. 

Mais, dans la pratique, de facon à avoir toujours des 
feuilles de la même épaisseur ou un caïllot de résistance 
homogène, il est préférable de ramener chaque fois le titre 
ou la densité du latex à traiter à un taux déterminé. 

On y arrive par le calcul, et grâce à des additions d'eau 


158 G. VERNET 


claire ; et cela permet alors de pouvoir toujours ajouter la 
même quantité d'acide, par litre de liquide à traiter, cette 
dose étant déterminée une fois pour toutes. 


En ce qui concerne la coagulation naturelle (les chiffres 
étant calculés en acide acétique) l'analyse acidimétrique des 
sérums, exécutée à l’aide d’une solution de soude normale et 
de phénolphtaleine comme indicateur, nous montre que 
pour une acidité de : 


6à 9 gr. par litre de sérun:, la coagulation est bonne, 


LANGE — — — médiocre, 
au-dessous de 4 gr. par litre, — mauvaise, 


Lorsque dans un ballon hermétiquement fermé, pour éviter 
toute perte d'acide par évaporation, on fait chauffer du sérum 
de coagulation naturelle (il ne faut pas aller jusqu'à l'ébulli- 
tion pour ne pas faire sauter le ballon), après refroidisse- 
ment et filtration, on constate que, parallèlement à la 
précipitation de nouvelles matières albuminoïdes, le titre 
acidimétrique du sérum a diminué, et cela d'autant plus 
que la coagulation spontanée a été plus mauvaise. 

De même, plus ce sérum est acide, moins il est nécessaire 
de le chauffer pour assurer une nouvelle coagulation. 

Cette remarque est utile au point de vue de la récupéra- 
tion du caoutchouc dans les petits laits, lorsque la coagu- 
lation naturelle est incomplète. 


… Quantité de sucre nécessaire. — Lorsque les saignées 
débutent sur les hévéas, la richesse du latex en sucre peut 
dépasser 30 gr. par litre, et la coagulation naturelle est 
parfaite. 

Puis, peu à peu, au fur et à mesure des saignées consécu- 
tives, ce titre baisse et devient bientôt insuffisant pour 
assurer l'élaboration des acides nécessaires. La coagulation 
devient alors médiocre, puis mauvaise. L'interruption des 
saignées pendant une journée, de temps à autre, dès quon 
s'aperçoit que la coagulation devient défectueuse, permet au 
latex de s'enrichir en ses principes constituants, et les 


COAGULATION DU LATEX D HÉVÉA 159 


phénomènes de la coagulation spontanée reprennent alors 
leur cours normal. 

On peut encore obvier à cet inconvénient en ajoutant 
artificiellement du sucre ou toute autre substance susceptible 
d'être transformée en acide par fermentation. 

On n'a donc ici pour but que de combler le déficit en 
sucre provoqué par l'intensité des saignées. 

Il serait ainsi de toute première importance de pouvoir 
exécuter chaque fois un dosage préalable et rapide des 
sucres qui se trouvent dans le latex amené à l'usine. 

Comme ce latex doit être traité immédiatement, ces métho- 
des d'analyse devraient être extrêmement rapides. Malheu- 
reusement les procédés chimiques de dosage des sucres sont 
trop longs, surtout en ce qui concerne le latex. Il est, en 
effet, nécessaire de coaguler d'abord, puis de débarrasser le 
sérum des matières albuminoïdes qui, sans cela, gèneraient 
les réactions. | 

La polarimétrie ne peut être employée parce que les 
albuminoïdes du latex dévient eux-mêmes le plan de 
polarisation. 

Dans la pratique, on est alors conduit, lorsque l'on ne veut 
pas faire de dépenses inutiles, à conserver toujours un 
témoin qui contienne une proportion de sucre un peu plus 
faible que celle utilisée le jour même, pour l'ensemble de la 
production. L'examen comparatif des différents échantillons 
donne, le lendemain, des indications très suffisantes pour 
savoir si l'on doit augmenter, diminuer ou laisser telle 
quelle la dose de sucre à ajouter à la nouvelle récolte. Un 
peu de pratique suffit 

On peut encore, et plus exactement, baser son apprécia- 
lion sur une série de témoins contenant des doses variables 
de matière sucrée. 


Temps nécessaire à la coagulation. Avec les latex riches 
en sucre, la prise est rapide, etelle est complète le lendemain 
matin, de sorte que le même matériel de coagulation peut 
être immédiatement utilisé pour la récolte suivante. 


160 G. VERNET 


Le titre acidimétrique du sérum correspond alors, comme 
nous l'avons vu, à une richesse en acide acétique de 6 à 
9 gr. par litre, mais il dépasse souvent 10, surtout en été. 


Si on attend un jour de plus, il n'est pas rare de voir ce 
titre dépasser 12 gr. par litre. On peut laisser le coagulum 
dans les cuvettes pendant plus longtemps encore, mais le 
titre acidimétrique n’augmente pas, car il n'y a pour ainsi 
dire plus de sucre à transformer. 

Si nous prenons du sérum de coagulation naturelle et 
que nous le placions soit en vase clos, soit en vase ouvert, 
l'acidité monte, dans les deux cas, jusqu'au second jour 
d'influence bactérienne. Puis, dans la suite, pour le sérum 
conservé en vase clos, l’acidité reste stationnaire, même 
après plusieurs jours. 

En vase ouvert, le liquide se couvre d'un voile microbien 
que nous avons trouvé constitué ici par de grandes cellules 
ellipsoïdales qui semblent travailler à la facon du Mycoderma 
vini. Les dosages successifs démontrent que l'acidité baisse 
progressivement dans ce milieu. Le liquide se charge d’une 
flore bactérienne extrêmement polymorphe, et la masse 
dégage, au bout de plusieurs jours, des odeurs de putré- 
faction. 

Si l'on prolonge l'expérience une quinzaine, le liquide 
devient alcalin. 

Il est ainsi inutile, au point de vue rendement, de pro- 
longer la coagulation pendant plus de deux jours. 


Avec les latex dans lesquels la quantité de sucre est insuf- 
fisante pour provoquer l'acidité indispensable dans la jour- 
née, et sans addition de sucre, deux jours de coagulation sont 
nécessaires dans les conditions ordinaires de température. 
Les additions de sucre hâtent les diverses fermentations et, 
partant, la prise du latex. 


Lorsque le titre en sucre est encore plus faible, il y a 
mauvaise coagulation, même au bout de deux jours. Un 
temps plus long n’amène pas à un meilleur résultat si on n'a 
eu soin, préalablement, d'ajouter du sucre. 


COAGULATION DU LATEX D HÉVÉA 161 


Coagulation en anaérobiose. — Lorsque le latex coagule 
dans des cuvettes laissées à l'air libre, l'intérieur de la masse, 
qui renferme de nombreux microbes acidifiants, fermente, et 
la coagulation se produit en profondeur. 

Bientôt la surface de la gomme se couvre d'une crème 
jaunâtre, alcaline, qui, examinée au microscope, montre de 
srands bacilles de mobilité moyenne, le plus souvent accolés 
bout à bout par séries de 2 à 4. 

Cette crème ne contient pas de caoutchouc; elle donne 
la réaction du tryptophane, et, après acidification, traitement 
au gaïac et à l’eau oxygénée, celle des peroxydases. Cette 
dernière réaction ne se produit plus après ébullition. 

Presque toujours, au niveau de cette couche alcaline, la 
coagulation est incomplète en 24 heures, souvent même 
après 48 heures et plus. Cela se produit surtout avec les 
latex peu sucrés. 

Pendant ce temps, l'acidité de la masse monte par capilla- 
rité au niveau de cette couche, qui se dessèche peu à peu. 
La gomme prend alors une teinte brune ou diversement 
colorée. 

Il est facile d'obtenir artificiellement cette coloration 
brune ; il suffit, pour cela, d'imbiber la surface de la gomme 
soit avec du sérum acide provenant du fond de la cuvette, 
soit avec un peu d'acide acétique. On voit alors les portions 
touchées par ces solutions seules réagir. On n'obtient plus 
ces colorations si on a préalablement fait bouillir la gomme 
après laminage. 

Les travaux de Spence montrent que le noircissement 
du caoutchouc est dù à une peroxydase. Nous croyons 
‘pouvoir ajouter à cette conclusion que ces peroxydases sont 
sécrétées par les microorganismes aérobies de surface. 

Comme nous venons de le voir, ces microorganismes 
alcalinisants gênent la coagulation naturelle. En mettant le 
latex à l'abri de l'air, on doit donc obtenir un bon résultat, 
et c’est ce que démontre l'expérience. 

Pour cela, une simple planche, qui, agissant comme 
flotteur, est posée à la surface du liquide qu'elle doit recou- 


162 G. VERNET 


vrir le plus complètement possible, suffit. Mais il sera pré- 
férable, lorsque l'industrie se sera intéressée à cette question, 
d'avoir des flotteurs métalliques émaillés, très légers, de 
facon à faciliter le nettoyage des ustensiles et diminuer 
autant que possible l'intervalle qui existe obligatoirement 
entre la cuve et le flotteur. 


Influence de la température. — Nous avons vu que le froid 
empêche la coagulation du latex d'hévéa et qu'à 120 degrés, 
au contraire, Ja prise est complète. Il était intéressant 
d'étudier les phénomènes intermédiaires, mais, n'étant pas 
outillés pour travailler régulièrement à une température 
au-dessous de l'ambiance, nous avons dû attendre les mois 
de janvier et février pour entreprendre l'étude suivante. 

La période fraiche a du reste été particulièrement favo- 
rable cette année, car nous sommes restés plus d’un mois 
avec le ciel couvert. La température du laboratoire oscillait 
seulement de 18 à 22 degrés entre le jour et la nuit. 

À ces températures, la coagulation du latex non addi- 
tionné de sucre est franchement défectueuse en 24 heures, 
même en anaérobiose. 

Dans le même laps de temps, les additions de sucre ne 
donnent qu'un début de coagulation ; par contre, au bout de 
48 heures, la prise du latex est complète. 

IH y a donc là un retard dans la marche du phénomène. 
Est-il dû uniquement à la température ? C'est ce que nous 
a permis de constater l'étude comparative. 

Nous avons utilisé pour cela une étuve à température 
fixe, mais réglable à volonté entre 20 et 60 degrés, et nous 
avons comparé les résultats avec ceux des témoins laissés 
au laboratoire à la température ambiante. 

Des poids égaux d'un même latex étaient pesés dans les 
divers récipients qui devaient servir à la coagulation. Au 
bout de 24 heures, la gomme était lavée à la calandre, 
toujours d'une façon identique, puis pesée après dessiccation 
à l'air et passage de six heures à l'étuve à 100 degrés. 

Parallèlement, des tubes à essai de même diamèlre rece- 


COAGULATION DU LATEX D HÉVÉA 16: 


vaient chacun 10 ‘/" c. de latex, et une graduation extérieure, 
au millimètre, était établie de facon que le 0 fût, sur le tube, 
au même niveau que le point d'affleurement du latex. 


Lorsque le latex est abandonné à lui-même, il s’épaissit, 
et les bulles gazeuses, dégagées pendant: la fermentation, 
restent incorporées à la masse. Le latex continue à prendre 
de plus en plus de consistance, et les bulles, restées immo- 
bilisées à l’intérieur, font gonfler le caillot dans le tube à 
essai. Plus la fermentation est active, plus rapide est ce 
sonflement. Plus la liqueur est sucrée, plus Le caillot s'élève 
dans les tubes. 

Nous avons donc là un moyen pratique pour mesurer 
l'intensité de la fermentation, et l'observation montre que 
cette intensité est en rapport avec la bonne marche rapide 
de la coagulation. 

De 0 à 4 degrés, nous avons vu que le latex d'hévéa frais 

ne se coagule pas. 
. De 18 à 22 degrés, la coagulation du latex pur est extré- 
mement défectueuse. Dans les tubes à essai, le coagulum 
monte très lentement et n'arrive à son maximum qu'en deux 
Jours. 

Le sucrage améliore les choses, mais sans que la coagula- 
tion soit terminée dans les 24 heures. 

En somme, au-dessous de 30 degrés, la coagulation est 
d'autant plus mauvaise que la température est plus basse. 

De 30 à 45 degrés, la coagulation est parfaite, et, le plus 
souvent, même sans addition de sucre. Il n'y aura donc 
que lorsque le latex sera par trop épuisé en sucre qu'il sera 
utile d'en ajouter. 

Dans les tubes à essai, la montée du caillot atteint son 
maximum en moins de dix heures. Elle est plus rapide dès 
qu’on ajoute du sucre, mais il est inutile d'aller au delà des 
nécessités de la pratique. 

À 50 degrés, la coalescence du latex se produit rapidement, 
mais la coagulation est mauvaise, Dans les tubes à essai, la 
montée ne se produit pas. Si, cependant, on laisse tomber 


164 G. VERNET 


la température, cette montée est, au contraire, rapide et 
s'arrête dès qu'on revient à 90 degrés. 

Le rendement en gomme est alors mauvais, même si l’on 
prend des soins spéciaux pour pétrir le coagulum avant 
son passage aux. laminoirs. Il est donc évident qu'à ces 
températures les fermentations sont arrêtées et qu'un autre 
phénomène commence, celui de la coagulation par la chaleur. 

Les écarts de rendements en gomme industrielle lavée 
oscillent tantôt d'un côté, tantôt de l’autre, pour les tempé- 
ratures comprises entre 30 à 45 degrés. Mais les résultats 
sont toujours très supérieurs à ceux obtenus aux tempéra- 
tures plus basses que 30 degrés ou dépassant 50 degrés. 

Les écarts ont oscillé, pendant nos expériences, de 6,6 % 
à 22 % en faveur des températures comprises de 30 à 45 
degrés. 

Ces résultats sont, on le voit, importants au point de vue 
pratique, Car, aux températures basses comme aux tempé- 
ratures hautes, la coagulation est incomplète, et un grand 
nombre de globules de caoutchouc, non retenus par Îles 
albuminoïdes, sont entrainés dans les eaux du lavage. 

L'examen de l'acidité des sérums donne des résultats par- 
faitement concordants ; c'est la confirmation de ce que nous 
avons exposé précédemment. 

Il est intéressant de rapprocher de cela les résultats obte- 
nus par nos voisins dans la pratique de la coagulation 
naturelle ; on admet, à Ceylan, qu'au bord de la mer et en 
plaine la coagulation naturelle donne de bons résultats, 
tandis qu'il n'en est plus de même dans les montagnes. 

Il est donc utile de favoriser le développement des micro- 
organismes acidifiants en travaillant à une température à 
peu près fixe, comprise entre 30 à 45 degrés. Ce résultat 
peut être obtenu en ne recevant le latex dans les bacs à 
coagulation qu'après son passage à travers un échangeur de 
température el en chauffant en même temps la salle de: 
coagulation. 

Ce n'est pas là, on le voit, un résultat bien difficile à 
obtenir dans les colonies, où la température moyenne oscille, 


COAGULATION DU LATEX D'HÉVÉA 165 


de l'hiver à l'été, entre 20 et 30 degrés approximativement. 
L’élévation à obtenir ne serait donc pas supérieure à 10 
degrés centigrades. 

Un échangeur de température, facilement démontable 
pour le nettoyage, et un calorifère quelconque suffisent. 

Les choses peuvent même être organisées de façon à ce 
que l'échangeur de température soit chauffé par le calorifère 
lui-même. 


En résumé. — Une bonne coagulation naturelle peut être 
obtenue : 

1° En ajoutant les quantités de sucre qui manquent au 
latex lorsque cela est nécessaire, soit de 1 à 10 gr. par litre 
en moyenne ; 

20 En effectuant la coagulation en milieu sans air, à l'aide 
d'un flotteur ou de toute autre méthode ; 

3° En faisant travailler les microorgagismes à une tempé- 
rature comprise entre 90 et 45 degrés centigrades, c’est-à- 
dire en réchauffant d’abord le latex à l’aide d'un échangeur 
de température, puis la salle elle-même ; 

4 Si cela ne suffisait pas, on additionnerait le latex d’un 
peu de sérum provenant des coagulations de la veille ou 
mieux de levures sélectionnées ; 

5° Notons que, même dilué de plusieurs fois son volume 
d'eau, le latex d'hévéa se coagule parfaitement dans ces 
conditions. Il est cependant utile alors d'élever un peu la 
quañtité de sucre à ajouter. 


En ce qui concerne l'action des microorganismes sur les 
albuminoïdes coagulés, les isolements du D Denier ont 
montré que 12 espèces digéraient l'albumine d'œuf et 
11 liquéfiaient la gélatine. Les mêmes microorganismes 
peuvent à la lois agir en générateurs d'acides coagulants et 


en transformateurs de colloïdes. 


166 G. VERNET 


Nos procédés d'isolement des matières albuminoïdes du 
latex sont trop récents pour qu'il nous ait encore été 
possible d'étudier l'action des microorganismes sur leur 
structure chimique. 

Par ailleurs, MM. Grantham et Eaton ont montré que, 
sous l'influence des microorganismes, les albuminoïdes du 
latex sont transformés en acides aminés qui agissent comme 
accélérateurs de la vulcanisation, en même temps que sur 
les caractéristiques physiques de la gomme vulcanisée. 

Il v a donc lieu de se demander si, à l'aide d'une méthode 
de coagulation par la chaleur, plus complète que celle que 
nous avons utilisée, et grâce à un ensemencement successif 
du coagulum stérile, on ne pourrait obtenir régulièrement à 
la fois le maximum de rendement à la coagulation et la 
meilleure qualité de gomme. 


Pour la coagulation, la méthode qui nous a donné le meil- 
leur rendement est l'autoclave à 120 degrés, en milieu très 
légerement acétique. 

Nous avons dit que l'autoclave seule ne donne de bons 
résultats qu'avec le latex pur, et que, toutes les fois que ce 
latex est dilué, ce qui est fréquent pendant la saison plu- 
vieuse, les résultats sont mauvais. Cependant, dès que ce 
latex est très légèrement acétisé, même étendu de plusieurs 
fois son volume d'eau, il se coagule merveilleusement à 
l'autoclave. 

Ce coagulum, une fois obtenu parfaitement stérile, sera 
facile à ensemencer. 


À cet effet, on peut, soit isoler les espèces microbiennes 
qui existent sur place et les étudier à ce point de vue, soit 
s'en procurer d’autres dans les pays où la gomme est la plus 
réputée, dans le Haut-Amazone par exemple. 


Quoi que l'on ait pu penser au début à ce sujet, il est 
maintenant reconnu que la gomme du Brésil n’est nullement 
stérile. La température à laquelle les seringueros soumettent 
l'après-midi le latex à l’état de coalescence (donc légèrement 
acide) est en effet de trop courte durée et n'est pas assez 


COAGULATION DU LATEX D'HÉVÉA 167 


élevée pour amener la stérilisation d'un milieu aussi puis- 
samment pollué. 

Notons le parallèlisme qui existe entre ces modes de 
préparation, et demandons-nous si ce n'est pas là que réside 
le secret cherché depuis si longtemps au sujet de la valeur 
spéciale de cette gomme. 

C'est ce que l'expérience déterminera bientôt, nous 
l'espérons. 


Suoi-Giao, le 7 juin 1916. 


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LA FARINE DES GRAINES 
ET LA FÉCULE DES TUBERCULES 


DE L'ICACINA SENEGALENSIS 


Par: M::R:/CERIGHELTI 


L'Icacina senegalensis A. Juss est une plante à tuber- 
cule qui, connue d'abord en Sénégambie, à été plus 
récemment signalée par M. A. Chevalier! dans Ja région 
du Chari, où elle serait abondante. D’après M. Chevalier, 
ce serait une mauvaise herbe des cultures, sans grande 
utilité ; seuls, les enfants mangeraient les fruits. D'après 
les renseignements qui nous ont été fournis, cette année, 
par M. Baudon, administrateur des Colonies, 11 semble 
pourtant que cette asserlion soil, au moins en partie, 
inexacte. Si la plante est, en effet, fort nuisible aux cul- 
tures, elle est, d’autre part, très souvent utilisée par les 
indigènes, dans leur alimentation En cas de disette, 
lorsque les provisions de sorgho viennent à manquer, 
les Noirs consomment, soit surtout la farine provenant 
des graines, soit plus rarement la fécule des tubercules. 

Cette farine et cette fécule étant fort peu connues, il 
nous a paru intéressant d'en entreprendre Pétude chimi- 
que et d'en faire l'examen microscopique. Nous dirons 
toutefois, auparavant, quelques mots de la plante elle- 
même, et nous indiquerons, d'après M. Baudon, Îles 
procédés employés par les indigènes pour la préparation 
des deux produits qu'elle leur fournit 


1. À. Chevalier : L'Afrique centrale francaise (Mission Chari-Lac-Tchad). 
1908, p. 54. 


170 R. CERIGHELLI 


Etude botanique. — Pour la plupart des auteurs ', le genre 
Icacina appartient à Ta famille des Olacacées, tribu des 
Icacinées. Cependant, M. Engler en fait le type d’une feuille 
spéciale : les /cacinacées. Quoiqu'il en soit, ce genre com- 
prend cinq espèces : l’Z. grandifolia, VI. macrocarpa, VE. 
Mannii, VI. trichantha et VI. senegalensis. La première de ces 
espèces, seule, est de Madagascar ; les autres sont de 
l'Afrique tropicale. L’/cacina senegalensis est caractérisé par 
des fleurs pédicellées en cymes corvmbiformes, rassemblées 
en une panicule terminale, et par des pétales poilus en 
dedans. | 

C'est, nous dit M. Baudon, une plante qui pousse en 
touffes, et dont les rameaux, qui deviennent rapidement 
ligneux, atteignent 1 m. de hauteur au plus. Ces rameaux 
partent d'un tubercule souterrain qui est souvent très gros 
et peut dépasser 30" de diamètre. Ce tubercule, de forme 
un peu variable, est généralement pivotant ; il ressemble à 
un gros navet ou à une betterave. Il s'enfonce d'au moins 
25 à 30 ‘/" au-dessous du sol. Il est gris extérieurement ; 
et la pellicule dont il est recouvert adhère à la masse charnue 
intérieure, qui est blanche, parsemée seulement de taches 
jaunes qui correspondent aux faisceaux libéroligneux. 

Les rameaux aériens sont clairs, glabres, généralement 
arrondis, mais quelquefois aussi anguleux au-dessous de 
l'insertion des feuilles. 

De formes variées, ovales ou elliptiques, ces feuilles sont 
aigues au sommet el en coin à la base. À l'état jeune, elles 
sont vert clair, mais elles deviennent ensuite plus foncées. 
Elles sont alors coriaces, d'un vert brillant en dessus, d'un 
vert glauque et mates en dessous. 

Les fleurs peuvent être axillaires ou terminales. Dans le 
premier cas, elles sont longuement pédonculées ; dans le 
second, elles sont plus ou moins serrées les unes contre les 
autres et réunies en cymes corymbiformes. Le calice est à 


\ 


cinq divisions, à lobes aigus et vert clair, plus courts que 


1. Oliver : Flora op tropical Africa 1868, vol. I, p. 345. 


ICACINA SENEGALENSIS. 171 


les pétales. La corolle se compose de cinq pétales blancs, 
étroits, soyeux en dehors, fortement poilus en dedans et à 
la base. Il y a cinq étamines, alternes avec les pétales, et à 
anthères versatiles. L'ovaire, couvert de poils roux, est 
surmonté d'un style très court. 

Le fruit, à la surface duquel apparaissent plus ou moins 
nettement un ou plusieurs sillons, est sensiblement ovoïde ; 
il atteint 2,5 à 3 ‘/" de longueur sur 2 à 2,5 ‘/" de largeur. Il 
devient rouge à maturité et est couvert de poils très courts. 
Sous une pulpe blanche, de 2 "/" d'épaisseur, se trouve la 
graine, qui est aussi blanche, sphérique ou ovoïde, et pré- 
sente deux cotylédons recouvrant un embryon plissé et 
foliacé. 

Très abondant, comme nous l'avons dit, en Sénégambie 
et dans la région du Chari, l’Icacina senegalensis se retrouve 
dans toute la zone qui s'étend au-dessus de Bangui jusqu'au 
9% parallèle et qui constitue la brousse soudanienne. Avec 
l’Imperata cylindrica', cette Graminée largement répandue 
et fort nuisible aussi aux cultures, l'/cacina peut être envi- 
sagé comme une des plantes les plus caractéristiques de 
cette région. 

Les indigènes lui donnent différents noms. Les Bandas 
l'appellent basouna, et les Mandjas pané. Mais les Bandas, 
et principalement les Bandas Moronbas, sont à peu près les 
seuls à faire usage de la plante. 


Préparation de la farine et de la fécule. — L'Icacina senega- 
lensis fleurit en février ou mars, vers la fin de la saison 
sèche ; et les fruits entrent en maturité vers mai ou juin, à la 
saison des pluies ; mais souvent ces fruits tombent préma- 
lurément, et la fructification est relativement faible. C'est 
pourquoi les indigènes font la récolte au milieu de la saison 
sèche ; c'est d'ailleurs à cette époque que les provisions de 
sorgho sont près d'être épuisées. 

Après avoir laissé sécher les fruits au soleil, les Noirs les 


1. A. Chevalier : loc. cit. 


172 R. CERIGHELLI 


font macérer dans l'eau pendant quelques jours ; puis, après 
égouttage, il les pilent dans des mortiers en bois. La farine 
ainsi obtenue, plus grossière que la farine de sorgho, est, 
après dessiccation, employée ensuite à la préparation d'une 
pâte, que le Noir prépare en versant avec précaution la farine 
dans l’eau bouillante. Plus lourde et plus indigeste que la 
pâte qui provient de la farine de sorgho, cette pâte d’Icacina 
est peu appréciée des indigènes, qui n'y sont pas habitués. 

La fécule de tubercules est beaucoup plus difficile à pré- 
parer que la farine de graines ; aussi son usage est-il moins 
répandu. Pour l'obtenir, on coupe les tubercules en quar- 
tiers, et ces fragments sont mis en macération dans l'eau 
courante. Le principe amer se trouve ainsi éliminé, en 
même temps que les tissus se désagrègent. Lorsque le séjour 
dans l’eau a été suffisant, cette sorte de bouillie est étalée au 
soleil sur des nattes. Elle se dessèche et on la pilonne alors 
au mortier. La farine qui en résulte est passée dans des 
paniers qui, faisant office de tamis, retiennent les fibres, les 
déchets d'écorce et les autres impuretés, et ne laissent passer 
qu'une poudre très blanche et granuleuse ; c'est Ià la fécule 
comestible, avec laquelle on obtient une pâte, qui est, au 
reste, préparée de la même facon que la pâte provenant de 
la farine des graines ; elle a cependant un meilleur aspect 
et elle est aussi plus agréable au goût. 


l'arine des graines. — La farine ‘ des graines d’/cacina est 
de couleur blanc sale. Elle se compose surtout d'amidon, 
plus ou moins mélangé à des fragments qui proviennent soit 
de la pulpe, soit de la partie extérieure et ferme du péri- 
carpe. Les débris de la pulpe sont blancs et bien distincts. 
Les fragments de la partie plus externe sont moins visibles ; 
ils peuvent cependant être facilement mis en évidence si on 
délaie la farine dans l'eau, car ils montent alors à la surface 


1. Nous avons étudié la farine et la fécule d’Jcacina telles qu'elles ont été 
préparées par les indigènes. C’est M. Baudon qui a eu l'obligeance de les 
mettre à notre disposition. Nous lui en sommes fort reconnaissant et nous le 
prions d'accepter nos sincères remerciements. 


ICACINA SENEGALENSIS 173 


et sont reconnaissables à leur aspect brunâtre. La farine, 
qui ‘‘ crisse ” un peu au toucher, possède une odeur forte 
qu'il est assez difficile de définir ; elle est sans saveur. Au 
contact de l'eau, elle se gonfle, et la solution obtenue réduit 
la liqueur de Fehling. Elle présente, d’ailleurs, la composi- 
tion suivante ! pour 100 : 


Hamidité:s tir 20 Sarre ue 12,65 
Matières azotées. .z sun VERS 7,80 
) SFASSESC TL. Al HN. ue 0,08 

) amylacées, sucre ...._.. 12:30 
Celalose: ua, sol PAT 3,90 
Landes. croi au rs aout 0,48 
Indéterminés et pertes. ... ... 2,13 
100,00 


L'iode en solution, d'une part, et la potasse, d'autre part, 
donnent avec la farine des résultats qu'il est bon de noter. 
Pour connaître l'action de la solution d'iode, nous avons 
prélevé une certaine quantité d'amidon * au moyen d'une 
petite cuiller à grain et nous l'avons agitée avec 10 ‘/" cubes 
d'eau dans un tube à essai. Nous avons laissé reposer, el 
nous avons ensuite ajouté une goutte d'une solution d'eau 
iodo-iodurée, préparée selon les procédés ordinaires ; nous 
avons alors constaté une teinte rose pâle. Deux gouttes 
donnaient une coloration violette. 2 

Pour connaître l'action des vapeurs d'iode, nous avons 
mis dans deux verres de montre une égale quantité d'ami- 
don. Le premier était placé sous une cloche, avec un réci- 
pient à acide sulfurique ; le second également sous une 
cloche, mais à côté d'un cristallisoir rempli d'eau. Tous 
deux étaient maintenus pendant 24 heures à la température 
de 30 degrés. Au bout de ce temps, lamidon sec et l'amidon 


1. L'analyse chimique à été faite suivant la méthode employée par M. Balland, 
dans Les Recherches sur les blés, les farines et le foin ; H.-C. Perruzela, éd. 1894, 
Paris. 

2. Nous avons utilisé pour ces essais les indications qui ont été données par 
MM. L. Planchon et A. Juillet dans leur Etude de quelques fécules coloniales 
(Annales du Musée Colonial, Marseille, 2° série, 7° vol., pp. 411-556, 1909). 


174 R, CERIGHELLI 


humide étaient abandonnés pendant une demi-heure sous 
une grande cloche saturée de vapeurs d'iode à la température 
de 30 degrés. Dans ces conditions, l’amidon sec restait sans 
changement, tandis que l’amidon humide prenait une teinte 
violet rouge. 

Nous avons employé les mêmes notations que MM. Plan- 
chon et Juillet pour distinguer les différentes solutions de 
potasse dont nous nous sommes servis, et nous renvoyons 
au travaii cité, pour de plus amples renseignements. Les 
solutions de 1 à 10 de Beillier accentuent le hile, qui devient 
très visible sur tous les échantillons, et permettent de dis- 
tinguer la complexité de certains grains. Avec la solution E 
de Planchon et Juillet (7 gr. de potasse et 15 centimètres 
cubes de glycérine à 30 degrés, pour 100 centimètres cubes 
d'eau), les stries s'accentuent, les grains se gonflent avec 
rapidité, se déforment et se gélifient bientôt complètement. 

Au microscope, l'amidon apparaît constitué par des grains 
assez réguliers, qui peuvent tous se ramener à deux types 
principaux. Le premier, qui correspond au plus grand 
nombre de grains et aux plus gros, est piriforme, plus long 
que large, avec une légère dépression (fig. 1) ; ce grain est 
aussi parfois réniforme, assez semblable au grain d'amidon 
des Légumineuses. Dans le deuxième type, on peut grouper 
tous les grains de dimensions plus réduites, qui sont ovales, 
ou plus ou moins sphériques. Entre ces deux types, il y a 
d’ailleurs une série de formes intermédiaires, parmi 
lesquelles des grains elliptiques, qui présentent une dépres- 
sion centrale et transverse. 

La dimension de ces graines varie de 7 microns à 22 
microns 9, mais le plus grand nombre atteint seulement 
12 microns ». 

La plupart des grains sont simples ; quelques-uns pour- 
tant sont demi-composés : ce sont ceux qui contiennent deux 
grains élémentaires, réunis par deux zones concentriques. 
Ils ont une forme ovale ou elliptique, tandis que les premiers 
sont généralement piriformes. 

La transparence est assez marquée. 


ICACINA SENEGALENSIS 175 


Le hile, bien visible sur la plupart des grains, rappelle le 
hile des grains de Légumineuses. Tantôt il s'étend sur 
presque toute la longueur du grain, sous forme d'une ligne 
tortueuse, avec des arborescences ; tantôt il est plus court 
et se réduit même alors parfois à une sorte d’accent circon- 


flexe ; tantôt encore il est étoilé, surtout dans les grains 
elliptiques. 


ne N D 
) Ë PA N 
m7 Ô eu / 
re FE gi 
Va, € 18 
\, 2 


Fra. 1. 


— Grains d'amidon de la graine d'Icacina senegalensis 

Les stries ne sont pas très nettement visibles, mais le sont 
suffisamment lorsqu'on monte les grains dans la glycérine. 
Elles sont concentriques et entourent le hile, comme à 
l’ordinaire. 


À la lumière polarisée, lamidon montre la croix noire 


176 R. CERIGHELLI 


caractéristique. Dans les grains piriformes, cette croix 
affecte la forme d'un X aux branches très rapprochées, 


comme dans les grains de Légumineuses. Parfois, dans les 


grains très allongés, les deux branches ne se joignent pas et 
laissent entre elles un certain intervalle brillant. 


Fécule des tubercules. — La fécule des tubercules d’/cacina 
se présente sous la forme de grumeaux très blancs, de pul- 
vérisation difficile. Réduite en poudre, elle est sans odeur 
et rude au toucher. Au contact de l'eau, elle reste sans 
changement, mais la solution obtenue réduit légèrement la 
liqueur de Fehling. Elle est presque entièrement constituée 
par de l'amidon, comme le montre l'analyse chimique sui- 


vante : | 
Houiditess mir ere a mes 12,90 
Matières amylacées, sucre...... 84,96 
Matières grasses, cellulose. ..... traces 
Dendres ru Ne 2e MNONS ENS 0,26 
Indéterminés et pertes... ....... 1,88 
100,00 


Pour connaître l'action des deux réactifs employés, on 
opère de la même facon qu'avec la farine. 

Une goutte de solution iodo-iodurée donne une colo- 
ration bleu céleste ; deux gouttes donnent une coloration 
bleu foncé ; trois gouttes, une coloration bleu noir. 

Les vapeurs d'iode communiquent à la fécule sèche une 
teinte jaune pâle et à la fécule humide une teinte d'un bleu 
foncé. 

Avec la potasse, la solution n° 4 de Beillier laisse la 
teinte sans modification. Sous l'influence de la solution E 
de Planchon et Juillet, la plupart des grains augmentent de 
volume, mais moins rapidement que ceux de la farine. 
Certains grains semblent rester un moment sans change- 
ment. Ils continuent de donner à la lumière polarisée une 
croix noire très nettement marquée, tandis, que chez les 
autres, la région sombre du hile s'étend jusqu'à ce que les 
graines deviennent absolument invisibles. Le gonflement 


Fa 


ICACINA SENEGALENSIS 377 


terminé, la gélification commence au bout de cinq minutes 


Jour certains grains, au bout de quinze minutes pour 
O 
d’autres. 


Au microscope, les grains d’amidon se présentent comme 


F1G. 2. — Grains d'amidon des tubercules d'/cacina senegalensis 


assez irréguliers, plus irréguliers que ceux de la farine 
(fig. 2). Is manquent d'unité dans leur configuration. Les 
petits ont une forme sphérique, tandis que les autres, plus 


176 R. CERIGHELLI 


sros, sont elliptiques. Quelques-uns sont plus ou moins 
piriformes et rappellent les grains d'amidon de la farine, 
mais ils sont toujours plus renflés que ceux-ci. Enfin un 
grand nombre de grains sont tout à faits irréguliers et de 
forme plus ou moins apiculée. 

Les dimensions sont, comme toujours, très variables. 
Elles sont comprises entre 12 et 50 microns, mais le plus 
grand nombre de grains ont seulement de 22 microns 9 à 
25 microns dans le sens de la longueur. 

Il y a des grains simples et des grains demi-composés. 
Ces derniers sont nombreux, plus nombreux que dans la 
farine. Ce sont, en général, les grains les plus irréguliers. 
Ils se composent de deux et trois grains élémentaires et pré- 
sentent souvent des dépressions au centre. 

La transparence des grains est très nette. 

Le hile est assez visible, moins nettement cependant que 
celui de lamidon de la farine. Il est souvent sphérique et 
parfois assez gros. Il peut s'étendre et prendre l'aspect d’une 
tache irrégulière, ou encore se réduire en accent çirconflexe 
ou en étoile. Il se trouve au centre du grain, dans la partie 
renflée, ou quelquefois dans la partie étroite. 

Les stries sont visibles dans les préparations ordinaires à 
l'eau. Elles sont concentriques et entourent normalement le 
hile. 

À Ja lumière polarisée, ces grains montrent la croix noire 
caractéristique. Leur complexité peut être mise en évidence 
de cette manière. C'est ainsi que lon s'aperçoit que les 
grains sphériques sont presque les seuls qui soient simples. 


Telle est la composition des deux produits d'une plante 
qui est parfois indiquée comme sans intérêt, et dont 
cependant, en réalité, deux parties, la graine et le tuber- 
cule, sont à l’occasion utilisées. 

Laboratoire de Botanique 
de la Faculté des Sciences de Marseille. 


1er Décembre 1918. 


LES ARACÉES DE MADAGASCAR 


Par M. Henrr JUMELLE 


Les Aracées ne sont que médiocrement représentées 
à Madagascar. Quatre genres seulement, avec chacun une 
seule espèce, sont actuellement signalés ; et les deux 
autres genres qui seront encore étudiés dans cette note, 
et dont un constitue un genre nouveau, n'élèvent pas à 
plus de six, au total, le nombre des plantes de cette 
famille jusqu'alors connues dans la Grande Ile. 

. 

Les quatre genres déjà signalés sont les genres Pistia, 
Hydrosme, Typhonodorum et Pothos. Le genre déjà 
connu ailleurs, mais dont nous constatons pour la pre- 
mière fois la présence à Madagascar, est le genre indien 
Remusalia : le genre nouveau que nous croyons pouvoir 


créer est le genre Carlephylon. 


De ces six genres, cinq appartiennent à la tribu des 
Arées (à fleurs ordinairement unisexuées el nues) ; el un 
seul, le genre Poihos, fait partie de la tribu des Acorces 
(à fleurs hermaphrodites el périanthées) ; il n'y a pas 
dans Ja colonie, du moins à notre connaissance, de 


Callées (à fleurs hermaphrodites et nues). 


Les six genres peuvent être ainsi distingués : 


180 H. JUMELLE 
I. —— Fleurs unisexuées. 
À — Fleurs femelles non périanthées. 


a) Une seule fleur femelle sur le 
spadice ; plante aquatique...  Pistia 


b) Fleurs femelles plus ou moins 
nombreuses sur le même 
spadice. 


1. Feuilles divisées ; spadice se 

terminant par un appendice 

éubulée au rue" retro Hydrosme 
2. Feuilles cordées ou un peu 

sagitées ; spadice sans 

appendice nu. 


1’. Plante sans bulbilles.....  Typhonodorum 
du lentes bulbes: tr Remusatia 
B — Fleurs femelles périanthées.. Carlephyton 
LL Fleurs, hermaphrodites: .....:..: Pothos 
Pistia. — Le genre. Pistia ne comprend, .on#lesart 


qu'une seule espèce un peu polymorphe, le Pistia Stratiotes 
Linné, plante flottante, à racines immergées et à feuilles 
émergentes, des aisselles desquelles naissent de courts 
stolons qui se terminent par des louffes semblables à la 
touffe mère, avec des feuilles épaisses, à sommet subtronqué, 
émarginé, très caractéristique. 

Largement distribuée dans les régions chaudes des deux 
mondes, cette espèce, à Madagascar, est surtout connue à 
Nossi-Bé et dans le Nord-Ouest. Boivin l’a rencontrée cepen- 
dant encore à Sainte-Marie de Madagascar. M. Perrier de la 
Bâthie l’a récoltée dans les marais des environs de Meva- 
tanana (n° 1053 de son herbier), sur la Betsiboka (n° 1810) 
et dans les eaux dormantes, surtout près des sources, de 
tout l’'Ambongo et de tout le Boina (n° 72181. 


LES ARACÉES DE MADAGASCAR 181 


Hydrosme. — L'espèce malgache est l’Hydrosme Hilde- 
brandtii Engler, qui est, avec le Tacca umbrarum Jum. et 
Perr., l'un des kabija-dolo, ou kobitsodolo, des indigènes. 


Sa souche tubéreuse donne d'abord l'inflorescence, puis, 
en même temps que les fruits, une feuille unique, engaînante 
et pétiolée, à limbe mince, tripartite, de 60 ‘/" à parfois 
120 de longueur. Chacun des trois principaux segments de 
ce limbe est deux fois dichotome ; les ramifications suivantes 
sont irrégulièrement incisées-pennées, les plus longs seg- 
ments étant vers le tiers supérieur. 

On remarquera la grande ressemblance que présente 
cette Aroidée, lorsqu'elle est à l'état folié, avec un Tacca, et 
particulièrement avec notre Tacca umbrarum ! ; et on 
s'explique que les Sakalaves donnent le même nom à ces 
deux plantes. 

À l'intérieur d'une spathe de 25 à 30 ‘/" de longueur est 
un spadice d'un violet pàle uniforme, long de 20 ‘/* environ. 
À maturité, les fruits, dans la région inférieure, forment un 
épi dense, court, garni de petites baies ovoïdes ou turbi- 
nées, d’un rouge corail, à une seule graine. 

M. Perrier de la Bâthie a récolté cette plante dans les bois 
sablonneux du Manongarivo, dans F'Ambongo (n° 7158), dans 
les bois également sablonneux, un peu humides, de lAnki- 
rihitra, près du mont Tsitondraina, dans le Boina (n° 7157), 
dans les bois rocailleux calcaires du Mahevarano, près de 
Majunga (n° 7219). 


Typhonodorum. — L'espèce malgache de Typhonodo- 
rum a été séparée par M. Engler — mais d'ailleurs non sans 
quelque réserve — du Typhonodorum Lindleyanum, sous le 


1. C'est par suite de cette extraordinaire ressemblance d'aspect des deux 
plantes, qui en outre portent le même nom indigène, que, dans un travail 
antérieur, une coïncidence d'envoi de l'échantillon d'une espèce et de la photo- 
graphie de l'autre a amené une confusion qui nous a fait donner sous le nom 
de Tacca umbrarum la photographie que nous replacons ei aujourd'hui sous 
son véritable nom, celui d'Hydrosme Hildebrandtir. 


182 H. JUMELLE 


nom de Typhonodorum madagascariense. Cette distinction, 
qui a été admise par Claverie ', ne nous semble décidément 
pas justifiée, car les caractères différentiels établis par 
M. Engler, la forme des lobes foliaires et le nombre des 
ovules dans l'ovaire, dépendent essentiellement, d'après 
M. Perrier de la Bâthie, de la vigueur de l'individu. Nous 
nous rallierons donc à l'opinion de Brown, émise dans le 
Flora of tropical Africa, et nous ne conserverons que l'espèce 
de Schott. 


Le Typhonodorum Lindleyanum est à Madagascar le viha, 
ou mangiba, ou mangoka, des indigènes, qui utilisent la 
filasse qu'ils extraient de ses feuilles, et, d'autre part retirent 
de sa souche une fécule qu'ils consomment. À Maurice, où 
l'espèce se retrouve, M. Boname * a recherché dans quelle 
mesure ses feuilles pourraient convenir Comme engrais. 

De 1"50 à 2"50 de hauteur, la plante, qui croit dans les 
marais et sur les bords des cours d'eau boueux, porte, sur 
une souche souterraine courte, de grandes feuilles radicales, 
engainantes et longuement pétiolées, à limbe cordé ou plus 
ou moins sagitté, en même temps que des spadices jaunes, 
dressés, enveloppés dans des spathes d'un blanc verdâtre. 
Le spadice est sans appendice nu, car, au-dessus de la partie 
fertile mâle, garnie de syvnandres, il est couvert jusqu'au 
sommet, et sur 20 ‘/" à peu près de longueur, d'abord de 
synandrodes complètement ou partiellement stériles et 
auxquels sont mélangés des staminodes isolés ou groupés, 
puis de synandrodes tout à fait stériles, et sans mélange de 
staminodes. 


À la maturité, la portion inférieure du spadice, correspon- 
dant aux fleurs femelles, devient fortement ovoïde (pl. IT), 


1. P. Claverie : Etude morphologique et histologique du Typhonodorum 
madagascariense, in Revue générale de Botanique, 1906, p. 97. — Id. : Contri- 
bution à l'étude añatomique et histologique des plantes textiles exotiques, in 
Annales du Musée Colonial de Marseiile, 1909. 

2. Boname, dans le Rapport annuel de la Station agronomique de Maurice, 
1901.— H. Jumelle : Les Ressources agricoles et forestières des Colontes francaises, 
1907, p. 215, 


LES ARACÉES DE MADAGASCAR 183 


épaisse de 10 ‘/" environ, sur 15 ‘/* de longueur, et porte 
alors de EE fruits ovoïdes ou obovoïdes, serrés, 
comprimés, longs de 35 "/", larges de 20 "/", et épais de 
13 à 14 "/%, à style terminal, avec pulpe très mince, enve- 
loppant ordinairement une graine, rarement deux. 

La graine, de la grosseur d'une petite fève des marais, 
de 20 "/" sur 15 "/", est comprimée, à base large et échan- 
crée, avec une sorte de talon latéral, le hile étant au fond de 
l'échancrure ; elle est arrondie au sommet et avec un bord 
droit et l'autre courbe. Le funicule est très épais, presque 
aussi large (1 /") que long, sillonné longitudinalement. 


Hildebrandt, en 1879, a récolté la plante à Nossi-Bé, à 
l'ombre des forêts. M. Perrier de la Bâthie la signale dans 
toutes les mares permanentes de PAmbongo et du Boïina, où 
elle fleurit d'octobre à janvier (n°* 7155 et 7156). Dans les 
tourbières du Manongarivo, elle constitue environ 5 °/, de la 
végétalion, et on reconnait facilement les filaments libéro- 
ligneux de ses gaines foliaires au milieu de la tourbe. 


Remusatia. — Le genre Remusatia n'a été jusqu'alors 
signalé qu'en Asie Méridionale et à Java, où il est représenté 
par deux espèces. L'une, d'ailleurs, peu répandue et impar- 
laitement décrite, le Remusatia Hookeriana, semble localisée 
dans l'Himalaya tempéré ; et c'est surtout le Remusatia 
vivipara qui, de répartition beaucoup plus large, est connu, 
non seulement dans l'Himalaya, mais à Cevlan, en Birmanie, 
en Cochinchine et à Java. Or ce serait, crovons-nous, ce 
même Remusatia vivipara que nous retrouvons à Madagascar. 

Le tubercule de la plante malgache, vaguement arrondi, 
et aplati seulement au sommet, pourvu, sur sa face infé- 
rieure, de courtes racines, a, lorsqu'il est frais, de 3 à 5 ‘/" 
de diamètre ; sec, il a de 2° 5 à 3 %, Ilen nait d'abord 
une inflorescence avec un large spathe, puis une ou deux 
feuilles, et enfin de longs rameaux qui portent des groupes 
de bulbilles. 


D'après M. Perrier de la Bâthie, un même tubercule peut 


184 H. JUMELLE 


donner deux ou trois tiges feuillées, dont la base oblique, en 
se tuberculisant, est le point de départ d'une nouvelle plante. 

Chaque tige porte, dans sa région inférieure, des débris noirâ- 
tres d'anciennes gaines, plus une écaille engainante, jaunâtre, 
scarieuse, à sommet arrondi, mais assez longuement (3 ”/") 
mucroné, suivie d'une autre gaine vert-blanchâtre, largement 
embrassante, puis longuement rétrécie vers le haut et égale- 
ment terminée par un mucron qui a » à 6 "/”. Au-dessus 
s'insère la feuille, dont le pétiole cylindrique a 20 à 40 ‘/" de 
longueur ; le limbe est pelté, triangulaire-cordé, les lobes 
basilaires étant très arrondis et le sommet aigu. Sur un 
limbe de 27 ‘/" de longueur sur 18 ‘/" de largeur, Île pétiole 
s'insère à 3 ‘/" du fond du sinus, qui est arrondi. De ce 
péliole partent trois nervures principales, dont les deux 
latérales se ramifient dans les lobes, pendant que la médiane, 
remontant jusqu'au sommet du limbe, donne quatre paires 
de nervures secondaires, subopposées dans chaque paire, la 
paire inférieure partant à peu près du sommet du pétiole, 
au voisinage de deux nervures principales latérales. Les 
extrémités de toutes ces nervures sont réunies sûr le bord 
même du limbe par une nervure qui forme un ourlet mar- 
ginal bien net. À frais, les nervures se détachent en vert 
clair sur le vert sombre du limbe ; elles sont finement mar- 
quées, en long, de cinq raies sur la nervure médiane et trois 
raies sur les nervures latérales. 


Les feuilles peuvent être deux fois plus petites ou plus 
grandes que celles que nous venons de décrire. 


Les rameaux bulbifères, au nombre de 3 à 18 par plante, 
ont de 15 à 20 ©" de longueur ; ils sont garnis, vers la base, 
de racines adventives qui descendent le long de leur axe ; les 
racines naissent aux aisselles des écailles inférieures ; aux 
aisselles des autres écailles se développent des groupes de 
4 à 7 bulbilles qui les traversent. Les écailles sont au 
nombre de 12 à 16, et sont membraneuses, brunâtres, très 
embrassantes, étroitement appliquées contre l'axe ; elles ont 
7 "7% de longueur environ, sont arrondies au sommet et 


LES ARACÉES DE MADAGASCAR 185 


assez fortement veinées : un de leurs bords s’insère souvent 
plus haut que l’autre sur la tige. Chaque bulbille, qui, à 
maturité et fraîche, peut avoir 7 "/® sur 2 "/* 1/2, a l'aspect 
écailleux et échiné décrit déjà pour les bulbilles des plantes 
de l'Inde ; elle est formée de 15 à 20 petites écailles vertes, 
finement et longuement acuminées, et c'est le recourbement 
extérieur de cet acumen qui donne précisément l'aspect 
échiné ; l'extrémité de lacumen est, en outre, incurvé en 
crochet. 

Ces bulbilles se forment en mars-avril, après la saison 
pluvieuse ; elles se détachent à la première pluie, et, une fois 
sur le sol, s'enracinent en formant aussitôt un petit tubercule. 

C'est là, avec la tubérisation des bases des tiges feuillées, 
le mode le plus ordinaire de multiplication de la plante, qui 
ne fleurit que très rarement, et dont la fructification semble 
plus rare encore. M. Perrier de la Bâthie, qui a examiné un 
grand nombre de pieds, n’a trouvé, la plupart du temps, que 
des inflorescences dessechées et avortées. Sur une cinquan- 
taine de pieds, dans le Tampoketsa, M. Perrier n'a pu récol- 
ter que 2 inflorescences bien développées. 

Ces inflorescences se montrent en octobre, au moment des 
premières pluies, et la plante porte sa feuille ou ses feuilles 
de novembre à janvier. 

Le spadice surmonte un pédoncule de 10 ‘/* environ et 
est enveloppé par un spathe dont la gaine, de 4°/" 5 environ 
de longueur, est repliée sur le spadice, autour duquel elle 
forme une enveloppe complète, ovoïde, de 1 ‘/” environ de 
largeur ; le limbe qui continue cette gaine est une lame 
ovale acuminée, de 6 ‘/" environ de longueur sur 3 °/" 9 
de largeur, caduque par suite de la désarticulalion qui se 
produit, à la maturité, dans la région étranglée où elle 
s'insère sur la gaine. 

Le spadice a de 4 ‘/" 5 à 5 ‘/" de longueur et est dépourvu 
d'appendice. Sa région inférieure est couverte, sur 1 ‘9 à 
peu près, de nombreux ovaires ovoides, un peu comprimés, 
à stigmate discoïde, contenant de nombreux ovules ; cette 


13 


186 H. JUMELLE 


partie a une épaisseur de 7 "/" environ. Au-dessous, sur 
une Jongueur de 2 ‘/" à peu près, est une région plus grêle, 
garnie par des synandrodes comprimés, tronqués au sommet, 
de plus en plus réduits et de moins en moins saillants de la 
base au sommet de cette partie stérile, qui se termine à peu 
près au niveau de l’étranglement de la spathe. C’est donc au 
niveau de cet étranglement, et le dépassant plus ou moins, 
que se trouve la partie fertile mâle du spadice, dont les 


svnandres forment une masse terminale, ovoïde et courte. 


Sur linflorescence la plus complète que nous ayons pu 
examiner, cette portion fertile mâle a été brisée au sommet, 
ce qui nous empêche de bien préciser sa longueur ; il nous 
semble toutefois, d'après la forme de la partie qui reste, que 
cette région a sensiblement la longueur indiquée pour le 
KRemusatia vivipara. 


Et qu'on compare la description précédente avec toutes 
celles qui ont été données pour ce Remusatia vivipara, on 
constatera qu'il est difficile de relever, à quelque point de 
vue que ce soit, une différence sensible entre notre. plante et 
celle de l'Inde. | 


Dans l'échantillon du Muséum de Paris que nous avons 
pu voir, et qui provient de Cochinchine, l'inflorescence 
malheureusement fait défaut, mais la feuille (sauf par ses 
dimensions), les rameaux à bulbilles et les bulbilles sont 
identiques à nos spécimens malgaches. 


Les descripteurs de l'espèce indienne disent bien qu'elle 
est à une seule feuille, alors que M. Perrier de la Bâthie 
nous mentionne qu'il peut y en avoir deux dans la plante 
malgache, mais nous ne croyons pas qu'il y ait lieu de 
s'arrêter longtemps sur cette petite différence, qui peut tenir 
à une insuflisance d'observations et de renseignements sur 
le type asiatique. 


Ne voyant pas ainsi les raisons qui justifieraient la créa- 
tion d'une espèce nouvelle, nous admettons qu'on retrouve 
à Madagascar le Remusatia vivipara de l'Inde. 


L'espèce, dans notre colonie, est assez largement répartie, 


LES ARACÉES DE MADAGASCAR 187 


puisqu'elle croît aussi bien sur le calcaire des ravins boisés 
du Tampoketsa, dans l'Ambongo (Herbier P.B., oct. 1904, 
976) que sur les gneiss de Firingalava et les basaltes de 
l'Analamabhitso (Herbier P. B. 7154), dans le Haut-Bemarivo, 
cest-à-dire du cap Saint-André jusqu'à Mandritsara ; et on 
la trouve depuis la côte jusqu'à 1200 mètres d'altitude. 


Carlephyton ‘. — L'espèce qui nous fait créer ce genre 
nouveau *, dédié à M. Carle — le distingué chef du Service 
de Colonisation, qui, depuis de longues années, s'est attaché 
sans relâche, et avec une véritable passion, à assurer l'essor 
agricole de notre colonie — est une plante trouvée en octo- 
bre 1908 par M. Perrier de la Bâthie (n° 7219 de son Herbier) 
sur les rocailles gneissiques des bords de l'Andranomalaza, 
aux environs de Bezefo, dans la province d’Analalava. 


Le genre se place au voisinage des Stylochiton, dont il se 
rapproche notamment par le périanthe cupuliforme des 
fleurs femelles (pl. HT), tandis qu'il s'en distingue cependant 
bien par d’autres caractères, tels que l'absence de périanthe 
à la base des étamines, sa spathe ouverte, et par l'indépen- 
dance plus grande de ses fruits, qui ne sont pas connés. 

Le tubercule de l'espèce Carlephyton madagascariense est 
discoïdal et peut avoir 20 ‘/" de largeur sur 5 à 10 ‘/" de 
hauteur. Il donne, après la floraison, plusieurs tiges, qui 
portent chacune deux feuilles longuement péitolées (60 ‘/" 


1. Caractères du genre. — Flores unisexuales, maseuli nudi, fœminei perigo- 
niati, Staminum filamenta brevissima aut nulla. Floris fœminei perigonium 
urceolatum, margine crasso ; stylus longulus, stigma discoideum. Baccæ ovoideæ, 
monospermæ, liberæ ;  semen albuminatum. Spatha aperta, spadicis basi 
breviler connata ; peduneuli basi, pluræ bracteæ. Tuber discoideum, plures 
spadices atque, serius, folia emittens. 

Caractères de l'espèce. — Tuber discoideum, cirea 20 ‘/" diametiens, 3-10 cm 
crassum. Petiolus usque ad 60 ‘," longus, crassus ; lamina ovato-cordata, 30 «7m 
lata, 23 ‘/" longa. Pedunculus 15-20 t/" longus ; spatha spadicem #æquans ; 
spadix usque ad apicem florifer, sed staminodiis destitutus ; inflorescentiæ 
fœmineæ masculæque approximatæ, sterilibus floribus deficientibus ; inflores- 
centia fœminea quam mascula brevior. 

2. Le nom de Carlea eùt été plus simple, mais Pierre a déjà nommé Karlea 
une Rhamnacée du Congo. 


188 H. JUMELLE 


environ). Le limbe est d'un vert uni, ovale-cordé, de 30 °/" 
de largeur environ sur 23 ‘/" de longueur, brièvement et 
obtusément acuminé, à lobes basilaires larges, obtus ou 
arrondis, se recouvrant légèrement en avant du sinus. Il ya 
plusieurs inflorescences par pied ; le spadice, qui surmonte 
un pédoncule de 15 à 20 ‘/", a de 6 à 10 ‘/" de longueur au 
plus et est enveloppé par une spathe verte, ouverte, concres- 
cente à la base avec la partie femelle du spadice contre 
laquelle elle est appliquée. Ce spadice est à axe grêle dans 
la partie femelle (2 à 3 ‘/" de longueur) et plus épais dans 
la partie mâle (3 et 7 ‘/" de longueur), où il est cylindrique, 
avec extrémité atténuée, mais un peu obtuse. I] n'y a aucune 
interruption entre les portions femelle et mâle ; et les fleurs 
mâles, espacées, nues, constiluées par des étamines à filets 
très courts ou nuls, garnissent le spadice jusqu'au sommet. 
I n'y a ni appendice terminal nu ni staminodse. Le fruit est 
ovoide et contient une seule graine albuminée. 


Pothos. — Le Pothos Chapelieri, décrit par Scott en 1855, 
est une plante qui grimpe très haut sur les troncs d'arbre. 
Les pétioles sont largement ailés et forment un triangle dont 
la base correspond à l'insertion du limbe, où ils présentent 
deux lobes bien nets. Le limbe est vert-grisâtre, lancéolé, 
aigu, avec une large nervure médiane, un peu saillante sur 
la face inférieure. La forme et les dimensions de ces feuilles 
sont d’ailleurs assez variables. Les inflorescences sont 
axillaires, isolées, plus courtes que les feuilles (3 à 5 ‘/”). Le 
spadice est globuleux, de 5 à 8 "/" de diamètre à sec. Il ya, 
par fleur, 6 pièces périanthiques, à sommet très légèrement 
arrondi, et 6 étamines sessiles. Les fruits sont rouges, 
obovoïdes, à sommet arrondi. 


L'espèce a été vue à Madagascar par de nombreux collec- 
teurs. Elle a déjà été récoltée jadis, sans indication de loca- 
lité, par Dupetit Thouars ; on la retrouve également dans les 
collections de Richard, de Bernier, de de Lastelle, de Goudot, 
de Hildebrandt. Lantz l’a recueillie, en septembre 1881, dans 


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PI, IT. — Feuille, spadice et fleurs femelles de Carlephyton madagascariense. 


LES ARACÉES DE MADAGASCAR 189 


la forêt dé Lalohy, sur la côte Sud-Est. Richard l’a rapportée 
à la fois de Sainte-Marie et de Nossi-Bé. 

M. Perrier de la Bâthie nous la signale dans le Nord- 
Ouest, dans les bois très humides de tous les terrains. Il l’a 
récoltée notamment dans les bois du Boina (n° 2289), dans 
les bois humides de l’Ankaïisina (n° 7216), ainsi que sur la 
rive gauche de l'Ikopa, entre Mévatanana et Andriba, où elle 
fleurit en octobre et novembre (n° 1001). Sur le versant Est 
de l'île, M. Perrier de la Bâthie l'a rapportée des bois 
d'Analamazaotra, vers 800 mètres d'altitude (n° 7217). 


En plus de ces six Aracées spontanées, rappelons 
qu'on à introduit à Madagascar, comme dans la plupart 
des pays chauds, le Colocasia antiquorum, cultivé pour 
ses tubercules, et qui est le sonjo et l’anantsaonjo des 
indigènes. 


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MARSEILLE, J. VIN, IMPRIMEUR 


À TN | : re GAS 
"AT NEC SIENS Pare PNEUS à 


Nr 
1917 


4er Fascicule. — Ai Fe JUMELLE : Catalogue descriptif des Collections 


Botaniques du Musée Colonial de Marseille : Afrique 
D = Occidentale Française. 
; ame Fascicule. —_ H. Jumezze : Notes statistiques sur les Plantations 


étrangères de Caoutchouc dans le Moyen-Orient. 


à Prerazrts : Contribution à l'étude chimique des Noix 
FE - | .. de Sanga-Sanga. 


À H. Jumeze : Les Variétés du Palmier à huile. 


H. Jumerre: Quelques données sur l’état actuel de la 
culture cotonnière. 


| 3me Fascicule. — Herbert STONE. : Les Bois utiles de la nu Fran- 
çaise (suite). 


1918 


1°" Fascicule. — Dourox et Vipar : Essais de fabrication de papier. 
avec la Passerine hirsute et d'autres Thyméléacées. 


Dourox et Vipaz: Essais de fabrication de papier 
avec le bois-bouchon de la Guyane Française. 


H. JumEeLce et PERRIER DE LA BAtuie : Nouvelles 
observations sur les Mascarenhasia de l'Est de 
Madagascar. | 


H. Jumeze : Les Dypsis de Madagascar. 


FS 
ui 


1. CARLE : L’Elevaÿe à Madagascar. 


É 


JumeLce : L'Elevage et le Commerce des Viandes 
dans nos Colonies et quelques autres Pays. 


Louis RacixE : Palmistes et Noix de Bancoul de 
Madagascar. 


MODE DE PUBLICATION ET CONDITIONS DE VENTE 


* D mt 


Les Annales du Musée Colonial de Marseille, fondées en 18 3, 
paraissent annuellement en un volume ot en plusieurs fascicules. | 


. À 


Tous ces volumes, dont le prix est variable suivant leur importance, | 
sont en vente chez M. CHALLAMEL, libraire, 17, rue Jacob, à Paris, à qu Te 
“toutes les demandes de renseignements, au point de vue commercial, 
doivent être adressées. 1.50 


Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé à M. Henri J UMELLE, 
professeur à la Faculté des Sciences, directeur du Musée Golonial, 
5, rue Noailles, à Marseille. 


RS 

ie ve 
Les auteurs des mémoires insérés dans les Annales ant droit gratuite 
ment à vingt-cinq exemplaires en tirage à part. Ils peuvent, à leurs frais, 
demander vingt-cinq exemplaires supplémentaires, avec titre species sur 


“Ja couverture. 


_ Les mémoires ou ouvrages dont un “exemplaire ‘sera envoyé at u. 
Directeur du Musée Colonial seront ‘signalés chaque année en fin de” 
volume dans les Annales. : ne 


Dans les fascicules suivants paraitront : la suite du mémoire ‘a 
M. H. SroxeE sur les Bois de la Guyane ; le Calalogue descriplif des Colle ù 
lions Botaniques du Musée Colonial de Marseille (Afrique Equatoriale 
Française) ; et une étude de M. CnerMezoN sur les Cypéracées . 


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Madagascar. : : 


| MARSEILLE, J, VIN, 4MPRIMEUR 


ANNALES 


DU 


MUSÉE COLONIAL 


DE-MARSEILÉE 


FONDÉES EN 1893 par EpouaArD HECKEL 


DIRIGÉES PAR 
M. Henri JUMELLE 


Professeur à la Faculté des Sciences, 
Directeur du Musée Colonial de Marseille, 


Vingt-septième année, 3° série, 7° volume (1919). 


2e Fascicule. 


1° Quelques Palmiers congolais, 
par M. E. de Wizpeman, directeur du Jardin Botanique de l'Etat, à Bruxelles. 


29 Révision des Cypéracées de Madagascar, 
par M. H. Cnermezow, chef des Travaux pratiques de Botanique 
à la Faculté des Sciences de Strasbourg. 
3° Étude bactériologique de là coagulation naturelle du latex d'hévéa, 


par MM. Dexter et VERNET. 
Travail des Instituts Pasteur de Saigon et Suoi Gioi (Annam). 


4° Analyse de Pois du Cap provenant de Madagascar, 
par M. G. CLor, préparateur de Chimie à la Facullé des Sciences de Marseille 


5° Note sur la composition chimique de deux graines de Palmiers 
de Madagascar, par M. G. Cror. 


RSS -SS- 


MARSEILLE PARIS 
MUSÉE COLONIAL LIBRAIRIE CHALLAMEL 
5, Rue Noauzes, 5 17, Rue Jacos, 17 


1919 


SOMMAIRES 


des plus récents Volumes des Annales du Musée Colonial de Marseille 


1915 


H. Jumezce : Le Dr Heckel. 

Marcel Ausarp : Les Sapotacées du groupe des Sidéroxylinées Mimu- 
sopées. 

R. Hauer et PERRIER DE LA BatTuie : Contribution à l'étude des Cras- 
sulacées malgaches. 

R. Hawer: Sur quelques Kalanchoe de la flore malgache. 

A. Fauvez : Le Cocotier de Mer, ‘‘ Lodoicea Sechellarum ”. 


1916 


1% Fascicule. — H. Juuerze : Catalogue descriptif des Collections 
Botaniques du Musée Colonial de Marseille : Mada- 
gascar et Réunion. : 

2me Fascicule. — Pierarrrs : Quelques Graines oléagineuses afri- 
caines. 

H. Jcuezre : Les Monocotylédones aquatiques de 
Madagascar. 

Herbert Sroxe: Les Bois utiles de la Guyane fran- 
çaise. 

3e Fascicule. — H. Juuerre: Les Recherches récentes sur les res- 
sources des Colonies françaises et étrangères et 
des autres Pays chauds. 


1917 


1° Fascicule. — H. Juuerre: Catalogue descriptif des Collections 
Botaniques du Musée Colonial de Marseille : 
Afrique Occidentale Française. 

2 Fascicule, — H. Juuecre: Notes statistiques sur les Plantations 
étrangères de Caoutchouc dans le Moyen-Orient. 


ANNALES 


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ANNALES 


DU 


MUSÉE COLONIAL 


DE MARSEILLE 


FONDÉES EN 1893 Par EpouaArp HECKEL 


DIRIGÉES PAR 
M. Hexr: JUMELLE 


Professeur à la Faculté des Sciences, 
Directeur du Musée Colonial de Marseille. 


Vingt-septième année, 3° série, 7° volume (1919). 


2e Fascicule. 


1° Quelques Palmiers congolais, 
par M. E. de Wicpemaw, directeur du Jardin Botanique de l'Etat, à Bruxelles. 


20 Révision des Cypéracées de Madagascar, 
par M. H. Caermezow, chef des Travaux pratiques de Botanique 
à la Faculté des Sciences de Strasbourg. 
3° Étude bactériologique de la coagulation naturelle du latex d'hévéa, 


par MM. Dexter et VERNET. 
Travail des Instituts Pasteur de Saigon et Suoi Gioi (Annam). 


4° Analyse de Pois du Cap provenant de Madagascar, 
par M. G. Cor, préparateur de Chimie à la Faculté des Sciences de Marseille 


5° Note sur la composition chimique de deux graines de Palmiers 
de Madagascar, par M. G, Cror, 


RSS -SS- 


MARSEILLE PARIS 
MUSÉE COLONIAL LIBRAIRIE CHALLAMEL 
5, Rug NoaiLLes, 9 17, RUE Jacog, 17 


1919 


SUR 
QUELQUES PALMIERS CONGOLAIS 


PAR 
CIFR À p% 
M. É. de Wildeman EW Yon: 


Directeur du Jardin Botanique de l'État, à Bruxelles. 


14, À 


À 


L'étude des Palmiers africains est loin d'être achevée. 

L'examen des documents, de provenance congolaise, réunis 
dans ces dernières années à Bruxelles, nous a amené à décrire 
un certain nombre d'espèces nouvelles dans cette famille et à 
faire, au sujet de types connus, des remarques qui pérmettent 
de compléter, dans une certaine mesure, des diagnoses 
anciennes. 

Les Palmiers sont plus nombreux dans le centre de l'Afrique 
quon ne le croyait généralement,. et leur distribution est 
encore mal connue ; aussi serait-il grandement à désirer que 

_ quelques enquêtes soient dirigées vers l'étude de ces plantes 
qui ont autant d'intérêt au point de vue économique qu'au 
point de vue scientifique. 

La rédaction des notes de systématique de ce travail a été 
faite durant la guerre, alors que nous ne pouvions entrer en 
contact d’une manière régulière avec les publications faites à 
l'étranger. Depuis l'armistice, nous avons pu consulter 
quelques publications se rapportant à des palmiers africains : 
nous en tiendrons compte, en particulier, à propos des Raphia 
congolais. 


PHOENIX L. 


Phoenix reclinata Jacq.; Durand, Syll., p. 583. 
& En groupes, rive droite de l'Uele, atteignant 5 à 6 m. de 
© hauteur, territoire du chef Guago, novembre 1905 (F, Seret, 


—+ Annales du Musée colonial de Marseille: — 3° série, 7° vol, 1919. l 


JUL 1 


2 &. DE WILDEMAN 


n° 316. — Nom indigène : Malende, Asande) ;: Gumbari, 1906 
(F. Seret, n° 473) ; environs de Luluabang, 1913 (Sparano, 
n° 49); entre Kimpuki et Dilolo, 1908 (A. Sapin) ; .Moanda, 
avril 1913 (H. Vanderyst, n° 59.— Commun au bord de la mer; 
fruits comestibles ; nom indigène : Dizongiwa) ; Maiela, 1913 
(R. Verschueren, n° 719 ; sol sablonneux, sec ou humide du 


bord des criques ; nom indigène : Bisonguwa). 


RAPHIA Pal. Beauv. 


Le genre Aaphia paraît être fort bien représenté dans la 
flore congolaise ; malheureusement, si les agents de l'État, 
agronomes et forestiers, ont fréquemment indiqué sa présence 
dans diverses zones congolaises, en lui appliquant même des 
dénominations spéciales, 1ls ont bien rarement fourni des 
documents capables de permettre une définition rigoureuse. 

On connaît les usages nombreux des diverses parties des 
Raphia. Nous avons, dans nos « Notes sur des plantes utiles 
ou intéressantes du Congo », attiré l'attention sur plusieurs 
d’entre eux ; et dans un chapitre de la « Mission‘permanente 
de la Cie du Kasai » !, nous avons fait ressortir la valeur des 
fibres enlevées aux épidermes des folioles, et qui servent à 
confectionner des tissus vraiment remarquables. M. le D' Bec- 
cari à, d’ailleurs, dans l’ « Agricoltura coloniale » de Florence, 
fait un résumé très précis de l’état des connaissances relatives 
sur l’utilisation des Raphia. 

M. Pieraerts, du Musée du Congo, à Tervueren, a, dans la 
« Revue Congolaise » de 1912, publié quelques notes sur des 
fruits de Raphia, qu'il rapporte, d'après l'expéditeur M. Bon- 
nard., au À. Laurenti et au À. vinifera. 

Comme nous n'avons pas eu les échantillons entre les 
mains, nous n'oserions certifier l'exactitude de ces détermi- 
nations, d'autant plus que, nous le verrons, plus loin, 1l règne 


4. Loc. cit., p. 228; quelques erreurs de plume sont restées dans ce 
travail, dont les épreuves n’ont pu être corrigées avec suffisamment de 
soin, le volume devant paraître pour l’ouverture de l'Exposition Colo- 
niale de 1910. 


SUR QUELQUES PALMIERS CONGOLAIS 3 


des doutes sur les assertions de M. Bonnard quant à la valeur 
des diverses espèces de Raphia. 

Il reste, dans la connaissance des représentants de ce genre, 
de très nombreuses lacunes à remplir. 

Nous relèverons ici certaines données d'ordres divers : elles 
feront voir des opinions qui demandent vérification. 

Dans des notes d'un de nos élèves et ami, A. Sapin, décédé 
en 1914, se trouvent, au sujet de la dispersion, au Congo, 
des Raphia, quelques renseignements qu'il n'est pas sans 
intérêt, croyons-nous, de reproduire 1c1. 

Ce serait après avoir dépassé l'embouchure de la 
Lubefu qu'apparaitraient, sur la rive droite, vis-à-vis d'Idana 
(Cie du Kasai), des forêts de Raphia plus ou moins com- 
pactes. 

Ces massifs de Raphia seraient souvent cachés au voyageur 
qui circule sur l’eau par des rideaux d'autres arbres ; et ils 
sont toujours localisés dans les terrains bas, inondés même 
aux eaux moyennes de la rivière, et toujours encore très 
humides aux eaux basses. 

A une distance de 25 à 100 mètres du bord de la rivière, la 
forêt de Sese est compacte ; les plants s’y rencontrent, au 
maximum, à une distance de 3 mètres, et souvent à 30 ou 50 
centimètres l’un de l’autre, 

N'ayant pas examiné d'échantillons provenant de ces loca- 
lités, nous ne pouvons certifier qu'il s’agit bien du véritable 
R. Sese, qui, d'après les notes, se reconnaîtrait de loin par ses 
feuilles de couleur vert-grisätre, par une couronne grêle et 
une tige (?) mince. Dans la région du Sarkuru, les forêts ne 
renfermeraient pas de 50 à 150 ARaphia par hectare, 
mais bien de 2.000 à 3.000 (?) : et, dans ces forêts compactes, 
le Raphia se développerait bien mieux que l'Elaeis. 

Chez ce Raphia (Sese ?), fleurs femelles et fleurs mâles se 
développeraient sur des pieds différents. Cela est une asser- 
tion sujette à caution. Les plantes mâles seraient moins nom- 
breuses que les plantes femelles. À la maturité des fruits, ceux- 
ci tomberaient d'eux-mêmes, et les plantes dépériraient après 
fructification. 


4 É. DE WILDEMAN 


Entre l'embouchure de la Lubefu et Beni-Bendi, 1l existe- 
rait également quelques grandes forêts à Sese, de même qu’en 
aval de Basongo ; mais ces dernières seraient moins impor- 
tantes. On prétend que, dans le Congo, de nombreuses îles 
sont en partie couvertes de Sese, depuis Lukolela jusqu’à 
Stanleyville. Les forêts à Sese sont surtout importantes 
entre Nouvelle-Anvers et Bumba ; elles seraient particulière- 
ment remarquables aux environs de l'embouchure de la Mon- 
gala. 

Un autre centre très important existerait sur la Mongala. 
Un agent aurait exploré, en 1893, cette rivière depuis ses 
sources jusqu à Mobeka. Dans toute la partie en amont de 
Monveda, sur environ 160 kilomètres, on trouve, presque 
sans interruption, le long des rives, le Sese, qui occupe toute 
la partie marécageuse de la région. 

Dans la Fini, la Lukenie et la région du lac Léopold IT, les 
Raphia Sese (?) seraient également très nombreux, de même 
que le long de la Giri et dans le très grand marécage qui se 
trouve entre Musa et Nouvelle-Anvers. 

Des documents photographiques laissés par'Sapin nous 
montrent la richesse indiscutable de ces régions, où, d'après 
ce voyageur, et comme nous l'avons fait observer ailleurs, les 
Raphia sortraient les premiers des eaux pour constituer petit 
à petit une terre ferme permettant le développement de 
l'Elaeis. 

Dans la Bari-Lua, A. Sapin prétend avoir vu une forêt d'au 
moins 6.000 hectares dans laquelle 1l a estimé les Raphia qui 
avaient un tronc développé au nombre d'au moins 1.800. 

Il serait fort intéressant de posséder des matériaux d'étude 
de ces diverses provenances, afin de pouvoir déterminer la 
nature des espèces qui constituent ces forêts naturelles. 

D'après divers renseignements de source congolaise, dont 
l'auteur nous est inconnu, un pied de Raphia (espèce indé- 
terminée) porte de 1 à 5 régimes, en moyenne 3 ; dans la 
région située en aval de Lubefu, cet auteur put peser des 
régimes (A. Sese ?) dont les poids étaient : 


Tes sr PES 16 kilos 
PRE IN OR LL T1 — 
A DEEE AU AEUES DS ERNEI PER EEE 80 — 


Soit, au total, pour un pied, 227 kilos, fournissant 168 kilos 
de fruits séparés. 

Pour un Raphia du type & Raphia bambou », serapportant 
peut-être au Z. Laurenfi, À. Sapin nous fournit ces données : 
630 beaux fruits pèsent 59 kilos 200, soit environ 96 grammes 
par fruit. 

En 1912, À. Sapin a fait des essais sur le rendement de 
fruits d'un Raphia qu'il a désigné sous le nom de Bambou, et 
pour lequel nous n'avons pas eu, malheureusement, entre les 
mains, de documents d’études : 


. Régimes à gros fruits : 


86 kilos de fruits attachés sur le régime ont produit 59 kilos 
de fruits, ou 630 fruits, soit donc, pour le régime, 68 °/, de 
fruits, et 94 grammes en moyenne par fruit. 


Constitution des fruits de 4 grosseurs différentes : 


Ecailles , ... 26 gr. 14 gr. 15 or. L4 gr. 
Pulpe. ee 17 ») 14 ») 13 )) 12 )) 
Noyau. EN he 59 ») 91 » D. )) 28 )) 


93 » 99 » 30 » DD » 


Des Raphia analogues, provenant de la région de la Bari, 
ont donné, à Sapin, en poids : 


1e régime 1 kilos 66 kilos 

PARA DM — 33 — 

GT 46 — 61 — 
156 — 160 — 


Le rendement en huile paraît peu considérable : pour un 
Raphia, peut-être différent du À. Sese, A. Sapin cite 2 k. 500 


6 É. DE WILDEMAN 


s 


d'huile pour 397 kilos de fruits. Il est naturellement question 
d'extraction par l'indigène, à l’aide d'une méthode toute pri- 
mitive, laissant beaucoup d'huile dans le tourteau. Il faut 
noter que, dans l'expérience de Sapin, les régimes avaient été 
coupés avant maturité complète, et placés, pour maturation, 
dans une fosse. 

Des expériences de M. Bonnard à Eala concluent à un rende- 
ment d'environ un litre d'huile pour 120 à 150 kilos de fruits. 

Les indigènes opèrent, en général, comme suit, pour l’ex- 
traction de l'huile : Les fruits sont considérés comme mürs 
au moment où les écailles se séparent d’elles-mêmes. On 
enlève alors la pulpe, qu'on met à fermenter sous légère pres- 
sion pendant quelques jours ; puis la masse est mise 
au soleil et grossièrement pulvérisée. La poudre est mélangée 
à une petite quantité d'eau, et placée sur le feu dans un 
récipient indigène. Quand la masse est très chaude, on la 
presse dans un panier à mailles serrées, comme cela se pratique 
pour la pulpe du palmier à huile. 

Dans d'autres cas, l’indigène, au lieu de faire subir à la 
pulpe ce passage à la chaleur presque sèche, la fait bouillir 
dans de l’eau et écume l'huile surnageante. Cette-méthode 
semble fournir une huile plus pure, et parfois moins colorée. : 

Quant à la teneur en huile du noyau, elle ne semble pas 
avoir été examinée au Congo. Ce noyau est, on le sait, relati- 
vement très dur. 

Les indigènes tirent également des fibres des feuilles de 
divers Raphia ; les fibres extraites des jeunes feuilles, servent, 
dans certains cas, à la confection de tissus relativement fins, 
travaillés sur métier. Ce serait avec ces fibres que seraient 
fabriqués les tissus indigènes si remarquables de certaines 
régions du Kasai. 

Tous les palmiers africains, même les Ælaeis, au sujet des- 
quels les renseignements deviennent plus nombreux, sont 
très mal connus ; rarement les botanistes descripteurs ont eu 
entre les mains des matériaux d'étude complets. Ils ont été 
forcés de décrire les espèces sur le vu de fragments de feuilles 
et de fleurs, ou de fleurs et fruits, et parfois même de fruits 
séparés. 


ñ 
SUR QUELQUES PALMIERS CONGOLAIS 7 


Rien d'étonnant donc qu'il y ait, dans les descriptions, 
tant de lacunes et qu'il soit si difficile d'établir une concor- 
dance entre les matériaux venant du Congo. 

Les feuilles des palmiers, en particulier celles des plants 
plus ou moins grimpants, sont très variables, et elles nous 
semblent présenter des caractères différents, non seulement 
suivant leur âge, mais suivant celui du sujet et encore suivant 
leur position, sur le pied, à une plus ou moins grande distance 
du bourgeon florifère. 

Il y a peut-être, dans le mode d'insertion des feuilles, dans 
la nature et la forme des fibrilles basilaires du rachis, dans la 
forme de ce dernier, d'aspect différent à la base, vers le milieu 
ou au sommet, dans la gaine stipulaire présente ou absente, 
garnie ou non de replis transversaux, des caractères de grande 
valeur spécifique, et qui devraient être étudiés d'une manière 
détaillée. Mais on ne peut actuellement insister, car nous 
manquons de pièces de comparaison. 

Certains indigènes prétendent rapporter divers palmiers 
d'aspect différent, et en particulier des Æaphia, si répandus 
dans les marécages du Congo, à un type unique. Les varia- 
tions, qu'ils remarquent très bien, et qu'ils ont désignées 
même parfois sous des noms appropriés, sont dues d'après 
eux, simplement, à l’âge de la plante ; celle-ci produirait, 
suivant son état et son développement, des fruits de grandeur 
et d'aspect divers. 

Sur la demande que nous avons faite, par l'intermédiaire 
du Ministère des Colonies de Belgique, de renseignements à 
ce sujet, un rapport a été envoyé à Bruxelles, et nous avons 
pu y relever les données suivantes, qui paraissent toutes dues 
aux recherches du chef de culture Bonnaert. 

« Le Bolilo et le Sese ne sont qu'une seule et même plante, 
qui porterait un troisième nom, Bejenjenge. Nous étant rendus 
dans la forêt, nous avons pu constater que le fait est réel. Les 
jeunes plantes dont les feuilles ne sont pas encore bien garnies, 
et dont les noirs emploient le pétiole pour faire des « wake », 
portent le nom de Bejenjenge. Quand la plante est plus âgée 
et les feuilles plus fournies, elle porte le nom de Sese. C'est 


8 É. DE WILDEMAN 4 


-en ce moment qu'on emploie les feuilles pour couvrir les maï- 
sons. Quand le aphia forme un tronc et prépare une fructi- 
fication, 1l porte le nom de Bolilo. Il faudrait donc conclure 
que le À. Gentiliana et le À. Sese sont une seule et même 
espèce. » 

L'auteur de ces notes ajoute, au sujet de cette plante, les 
caractères suivants : « La plante peut former un tronc de 5 à 
T1 m., et donne un régime unique terminal. Les fruits 
mürissent, tombent, et l’arbre meurt. L'espèce se reproduit sur 
place. Elle se trouve en plein marais, dans lequel les hommes 
allant à la cueillette du Sese, ont de l’eau jusqu'au cou en 
saison des pluies. Le peuplement est très dense sur une grande 
étendue, aux environs d’'Eala et de Bamamia. » 

Diverses de ces assertions ne sont probablement pas totale- 
ment exactes, mais elles doivent être prises en considération 
par les observateurs consciencieux qui auront à les vérifier. 

Il est donc nécessaire, pour la connaissance des ÆRaphia 
africains, que les collecteurs recueillent des échantillons très 
complets, prennent, au sujet de leurs récoltes, des notes 
plus détaillées et des photographies documentairés. Eux seuls 
peuvent trancher définitivement la question de la variabilité 
des fruits suivant l’âge de la plante ; eux seuls peuvent nous 
dire s1 le caractère tiré du nombre de rangées d’écailles de 
beaucoup de fruits de palmiers a de la valeur, car, seuls, ils 
ont la possibilité d'examiner sur place, dans des conditions 
variées, un assez grand nombre de pieds pour établir des sta- 
tistiques indiscutables. 

En septembre 1914, dans le « Bulletin agricole du Congo 
Belge » (vol. V,n°3, p.545), fut publiée une note de M. Rey- 
gaert sur les Raphia de la région d'Isambi ; nous tenons à 
rappeler que, dans cette notice, l'auteur rapporte le fait, 
signalé plus haut, de la mort du pied après fructfication. 
Malgré cette seconde assertion, nous demandons encore con- 
firmation de cette affirmation douteuse. 

L'auteur de cette notice donne en annexe une carte de la 
distribution du Raphia, dénommé Pekwa chez les Barumbu 
comme chez les Mongo, mais ce serait non seulement dans 


FL 
É 
# 
< 


SUR QUELQUES PALMIERS CONGOLAIS "9 


cette partie-là du Congo que ce palmier existerait, mais encore 
dans la région de la Mongala et de ses affluents. 

Des échantillons de is plante étudiée par M. Reygaert 
paraissent avoir été envoyés en Europe ; peut-être pourrons- 
nous les étudier un jour et arriver à les rapporter à l’une ou 
l’autre des espèces signalées ci-après. 

En mai-juin 19145, M. Tharin, de la Station agricole de 
Lula, publia dans le même Bulletin (vol. VI, n° 1-2, p. 141) 
une étude sur les peuplements de ÆRaphia de la région de 
Yanonghe. Il donne sur la distribution des Raphia une petite 
carte qui nous montre ces palmiers très répandus le long des 
affluents du Congo et du Lomami, au nord et au sud du 
Congo. 

M. Tharin y signale He présence des À. Laurenti, R. Gen- 
tili et À. vinifera. N'ayant pu examiner des bone de 
ces plantes, dont la dernière serait surtout abondante, nous 
n'oserions tenir compte ci-dessous de ces stations, dans 
la distribution géographique des Æaphia, distribution qui 
est à peine ébauchée pour le Congo et même pour l'Afrique 
tropicale. 

Nous ne pouvons insister sur les données relatives à la 
valeur économique de ces plantes ; cela nous mènerait trop 
loin. Notre but a été d'attirer l'attention sur les palmiers con- 
golais, et, par la même occasion, sur ceux de l'Afrique tropi- 
cale, en décrivant certaines formes nouvelles, Peut-être ces 
notes inciteront-elles les collecteurs à nous documenter, d'une 
manière plus précise, sur des plantes dont la valeur écono- 
mique est certes méconnue. 


Nous relevons ici quelques indications bibliographiques dont nous 
n'avons fait qu'un usage partiel, et qui pourraient être utiles pour le 
lecteur : 

Reygaert, Note sur un palmier Raphia croissant dans la région 
d'Isambi, Bull. Agric. du Congo Belge, vol. V (191%), p. 545 et suiv. 

Tharin, Note sur les peuplements de Raphia dans la région de, 
Yanonghé (Province Orientale). Bull, Agric. du Congo Belge, VI (1915), 
p. 1#i et suiv, 

Beccari, Le palme del genere Raphia. Agricoltura Coloniale; Firenze, 
IV (1910), p. 137 et suiv. 


410 É. DE WILDEMAN 


Beccari, Sf{udio monografico del genere Raphia. Webbia, III (1910), 
p. 37 et suiv. 0 

L. Pynaert, Les Palmiers utiles. Bull. Agric. du Congo Belge, 2 
(1911), p. 635 et suiv. 

R. Sadebeck, Der Raphiabast. Jarhb. Hamb. Wiss. Anstalten, XVIII 
(1900). 

Leplae, L’Agriculture au Congo Belge. Bull. Agric. Congo Belge, 
IV (1913), p. 165-167. 

Pieraerts, Contribution à l'étude de deux espèces de Raphia du Congo 
Belge, in Revue Congolaise, 3 (1912), p. 265-277. 

Il faut aussi renvoyer le lecteur à plusieurs notices parues antérieure- 
ment dans les « Annales du Musée Colonial de Marseille ». 


RapHiA GENTILIANA De Wild., Mission Laurent (1905), p. $e 
tab. 13-14; Durand, Syll., p. 584: Beccari, Raphia, 1 
Webbia, III (1910), p. 102, fig. 3 ; : De Wild. no pl. 3 
ou intér. Congo, 2 (1905), pl. 12 et 15. 

Nous avons reçu un échantillon de cette espèce dont la 
provenance ne nous est pas connue, mais qui nous permet 
d'ajouter à la description quelques caractères tirés des feuilles. 
La mensuration complète ne peut toutefois être donnée, car la 
feuille est fragmentaire. 

« Feuilles à rachis atteignant à la base 7 cm. * diam. et 
> cm. 20 d'épaisseur, ue profondément, à canal de près 
de 2 cm. de profondeur et de 3 em. de largeur, mesurant, 
dans la partie où s'insèrent les folioles, encore plus de 2 cm. 
de largeur ; folioles rapprochées vers la base, mesurant plus 
de ! m. 15 de longueur et au moins 4 cm. de largeur ; nervure 
médiane épaisse, fortement proéminente sur la face inférieure, 
formant une crête de plus de 1 mm. d'épaisseur et de 


1 mm. 50 de hauteur ; folioles à bords lisses ou éparsement 


9 
épineux, munies aussi de poils épineux épais sur la nervure 4 
médiane, à la face inférieure ; rachis arrondi vers le sommet, 

dans sa partie inférieure, à crête médiane dans sa partie supé- 4 


rieure, entre les folioles, qui sont distantes de 2 à 3 cm. » | 


Raphia Laurenti De Wild., Mission Laurent (1905), p. 28, 
tab. 6-10 ; De Wild., in Bull. Soc. Roy. Bot. Belgique, LI 4 
ss pl. 21 ; De Wild., Plantes util. ou int. Congo, 2 (1906), 
pl. 5-8: Reilae Hort. loeréiranc XXXVIL(1911), p. 188 c. | 


SUR QUELQUES PALMIERS CONGOLAIS 41 


fig. ; Durand, Syll., p. 584 ; Beccari, Raphia, in Webbia, II] 
(1910), p. 68; Beccari, in Agricolt. Colon., Firenze, IV (1910), 
p- 145, fig. 1 ! ; Thonner, Bluthenpft. Afr., pl. 10-11. 

_ Vallée de la Lubudi, janvier 1910 (A. Sapin. — Grand 
palmier des eaux. Nom indig. : Dikadi| Lulua|. 

Observations. — Le « Raphia-bambou » des Notes de 
A. Sapin est probablement le À. Laurenti; ce serait donc 
peut-être cette espèce qui constituerait en partie le fond de la 
végétation des forêts de la région très marécageuse de la Bari. 

Ce dernier Raphia de marais serait le Mokadi (Kasai) et le 
Mabonga (Landana), et ne serait pas à confondre avec le 
Mabondo (Kasai) et le Tombe (Landana) parfois cultivé dans 
les villages. 

Le Mokadi donne de l'huile, des fibres et du piassava. 

À propos de la distribution de ce Mokadi, que nous rappor- 
tons avec doute au À. Laurenti, À. Sapin a noté : « Énormes 
Raphia, palmiers-bambous très rapprochés, vraie forêt de 
30 kilom. environ de longueur, sur 6 kilom. de largeur, tra- 
versée par la Bari. Ce Raphia-bambou est un palmier d’eau. » 


Rapmia Marouge De Wild., in Bull. Jardin Bot. Bruxelles, 
V,2(1916)p. 144. 

Spadice entier... Inflorescences partielles allongées, plus 
ou moins arquées, de 29 à 40 em. de longueur, à gaines infé- 
rieures privées d'épillet, longuement aiguës de chaque côté du 
rachis. Bractées à l’aisselle desquelles se développe un épillet, 
aiguës d'un côté seulement ; épillets disposés sur deux rangs 
de chaque côté du rachis, les inférieurs atteignant 12 mm. de 
longueur, les supérieurs plus courts ; bractées basilaires privées 
de fleurs, longuement aiguës de chaque côté du rachis. Fleurs 
formant un rang de chaque côté du rachis, les basilaires 
femelles, au nombre de 21, moins nombreuses dans les épillets 
terminaux ; fleurs supérieures mâles également au nombre de 
20 environ. Fleurs femelles dépassant relativement peu la 
spathelle, entourées à la base par deux bractées dont la pos- 


4. Cf. Bull, agricole du Congo belge, IT (19141), p. 546 c. fig., et IV 
(4913), p, 165 ce. fig. 


12 É. DE WILDEMAN 


térieure bicarénée est environ aussi longue que le calice, et 
beaucoup plus longue que l’antérieure non carénée ; calice très 
courtement trilobulé, d'environ 6 mm. de longueur, à lobes 
courtement cunéiformes, se fendant unilatéralement par suite 


du développement de l'ovaire : corolle dépassant le calice de 
{ mm. 5 à 2 mm., à lobes aigus ; ovaire glabre, à stigmate 
dépassant généralement les lobes de la corolle. Fleurs mâles 
de 10-11 mm. de longueur, à calice d'environ # mm. à 
4 mm. 50 de longueur, trilobulé, à lobes triangulaires 
subaigus, pétales d'environ 10 mm. de longueur et 2 mm. de 


largeur, aigus ; 


; étamines au nombre de 6, à filets épaissis, de 


environ 3 mm. de long, soudés entre eux à la base sur envi- 
ron la moitié de leur longueur. Fruits elliptiques, obovoïdes, 
cunéiformes à la base, apiculés au sommet, à apicule cunéi- 
forme aigu, atteignant 5 mm. de longueur et environ 3 mm. de 
largeur à la base ; fruits atteignant (apicule compris) 5 em. de 
longueur et 16 mm. de largeur, à 12 rangs d’écailles, à sillon 
médian peu marqué, mesurant 6-7 mm. de largeur et environ 
10-11 mm. de longueur. 

Région de Kisantu (J. Gillet, — Nom indigène : Matombe). 

Observations. — Cette espèce, dont nous ne possédons ni 
les feuilles, ni une inflorescence complète, et dont les fruits ne 
sont peut-être pas arrivés à leur complète maturité, se carac- 
térise néanmoins bien par les dimensions relativement réduites 
de ces derniers, et surtout par la proportion entre la largeur 
et la longueur du fruit. Pour les espèces de ce genre dont les 
fruits mesurent environ à em. de longueur, nous notons, d’après 
les études de M. Beccari : | 


R. Ruffia Mart. : #,5-6,5 cm. 

R. Laurenti : De Wild. 5,5 cm. 

R. taedigera Mart.: 5-5,5 cm. 

R. gracilis Becc. : 5,5-6 cm. 

R. Gentiliana De Wild. : 5-6,5 em. 
R. Gillet (De Wild.) Becc. : 4-4,5 cm. 


> 
Parmi ces espèces, deux seulement, les À. Laurenti et 
R. Ruffia, présentent 12 rangs de bractées sur le fruit, et 


SUR QUELQUES PALMIERS CONGOLAIS 13 


aucune ne possède un diamètre inférieur à 2 centimètres. Le 
R. Ruffia possède un fruit d'une forme toute différente, 
comme d’ailleurs le À. Laurenti; et chez ces deux espèces 
les mensurations du fruit sont : 


R. Ruffia Mart.: 4,5 à 6,5 X 3,5-4,5 cm. 
R. Laurenti De Wild. : 5,5 < 9,3 cm. : 


c'est-à-dire que dans aucune d'elles le fruit n'est deux fois 
aussi long que large ; chez le À. Mafombe, le rapport est de 
5 x 1,6. Pour le À. Ruffia, l'apicule qui termine le fruit 
nettement ovoide est beaucoup moins prononcé ; à cet égard 1l 
y aurait plus d'analogie entre le }. Laurenti et notre 
R. Matombe, mais le développement des fleurs mâles est beau- 
coup plus considérable chez le À. Laurenti que chez le 
R. Matombe. 


Rapnia Morrenant De Wild., in Bull, Jard. Bot. Bruxelles, 
V, 2 (1916), p. 145. | 

Feuilles pennées, à folioles supérieures opposées, distantes 
de 2 à 2,5 cm., de 20 à 40 cm. de longueur et de 16-25 mm. 
de largeur, à nervure médiane proéminente sur la face infé- 
rieure, cunéiformes-aiguës au sommet, à épines éparses sur 
les bords et sur la nervure médiane à la face inférieure, de 
2 mm. » environ de longueur. Spadice entier... Inflorescences 
partielles de 25 cm. environ de longueur, rigides, à gaine 
inférieure atteignant 9 cm. de longueur, privée d'épillet, 
carénée des deux côtés, à carène terminée en une corne de 
15 mm. environ de longueur, apprimée contre le rachis ; brac- 
tées, à l’aisselle desquelles se développe un épillet, aiguës 
courtement d'un côté seulement ; épillets disposés sur deux 
rangs de chaque côté du rachis, aplatis, de 2 à 5 cm. 5 de 
longueur, les supérieurs les plus courts : rachis nu vers le 
sommet, sur parfois 7 em. de longueur ; fleurs formant 
un rang de chaque côté du rachis des épillets ; bractées 
supérieures de ce rachis, fréquemment aplati, stériles ; 
fleurs mâles à calice de 3 mm. environ de longueur, courte- 
ment trilobé, à lobes dépassant très légèrement la bractée 


= 


A4 Ë. DE WiLbEMAN 


d'environ Î mm. : corolle de 6-7 mm. de longueur, plus ou 
moins falciforme, à lobes d’un peu plus de 1 mm. de lon- 
gueur, épaissis et aigus au sommet ; étamines au nombre de 6-7, 
à filets libres sur environ 1 mm., à anthères de 2-2,5 mm., 
sagittées, apiculées. 

Dundusana, octobre 1913 (Mortehan, n° 613. — Plante des 
marais à fruits comestibles. — Nom indigène : Mafieke). 

Observations. — Bien que cette plante soit indiquée comme 
possédant des fruits comestibles, le collecteur ne nous en a 
pas envoyé ; il est possible que les inflorescences partielles 
qui nous ont été transmises soient uniquement mâles. Cette 
espèce est indiscutablement voisine de la plante que nous 
avons dédiée à Émile Laurent sous le nom de À. Laurenti, 
mais chez cette dernière espèce les étamines sont au nombre 
de 12. 

Parmi les espèces du genre aphia dont les fleurs mâles 
possèdent environ 6 étamines, nous devons citer les espèces 
suivantes pour lesquelles nous donnons en même temps la 
longueur des fleurs : 


R. Ruffia Mart. (6-8 étamines) 9 mm 
R. Kirkuüu Engl. ( » » ) 12» 
R. Gentiliana De Wild. ( » » ) 8-9 » 
R. Gilletiü De Wild. ( » ) ) 11-12 » 
R. regalis Becc. Émreres ) 5 
R. textilis Welw. (6-9 » 

R. monbuttorum Drude (6-7 » ) 12-14 » 


Notre plante possède donc des fleurs beaucoup plus petites . 
que toutes celles qui ont été signalées jusqu’à ce jour parmi 
les Raphia à 6 étamines. 


RaPHia SANKURUENSIS De Wild., in Bull. Jard. Bot. Bruxelles, 
V,2 (1916), p. 145. Ë 
Spadice entier atteignant 50 cm. de longueur et 14-15 cm. 
de diamètre, pendant, dense, muni à sa base de spathes cou- 
pées obliquement, subaiguës unilatéralement, atteignant 9 cm. 
de longueur. Inflorescences partielles de 15-17 cm. de lon- 


SUR OUELOUES PALMIERS CONGOLAÏS 45 


gueur, rigides, à gaine inférieure de 4-5 cm. de longueur, privée 
d'épillets et fortement carénée, terminée de chaque côté en 
une corne plus ou moins divergente, aiguë, d'environ 2 cm. 
de longueur ; bractées, à l’aisselle desquelles se développe un 
épillet, aiguës unilatéralement ; épillets disposés sur deux rangs 
de chaque côté du rachis, quiest aplati, de2 à T cm. de longueur, 
les supérieurs les plus courts ; rachis parfois nu vers le som- 
met, sur 2-3 em. ; fleurs formant deux rangs plus ou moins 
nets de chaque côté du rachis des épillets, bractées supérieures 
de ce rachis, fréquemment aplati, stériles. Fleurs mâles à calice 
d'environ 2 mm. de longueur, dépassant un peu la spathelle, 
à corolle droite ou peu arquée, de 6-7 mm. de longueur, à 
pétales épaissis vers le sommet, aigus, d'environ Î mm. de 
largeur ; étamines au nombre de 6-7, à filets libres sur environ 
1 mm., à anthères apiculées, de 2-4 mm. 

Sankuru, 1903-1904 (É. et M. Laurent). 

Observations. — Comme le À. Mortehani, cette espèce a 
des affinités avec le groupe des Raphia à 6 étamines. Ses 
fleurs sont environ de la même longueur que celles du Æ. Mor- 
tehani, mais les inflorescences partielles, n'ont pas du tout le 
même aspect. Une différence très nette réside dans la gaine 
basilaire des inflorescences partielles, dont les cornes termi- 
nales, très allongées, sont divergentes et non apprimées contre 
le rachis, qui possède, entre les premiers épulets latéraux et 
la gaine basilaire, plusieurs épillets stériles. Nous n'avons 
point vu de fleurs femelles ni de fruits de cette plante, 
remarquable par la petitesse de ses fleurs mâles. Nous pour- 
rions donc ranger, par ordre de grandeur des fleurs mâles, 
les Raphia à 6 étamines comme suit : 


R. Mortehani De Wild. (6-7 étamines) 6-7 mm. 
R. sankuruensis  » ( 
R. Gentiliana » ( 
FR. Rufjia Mart. ( 
R. regalis Becc. ( 

( 

( 


» )) )) 


» | 

» ») ) S-9  » 
6-8 » ) 9 » 
» » ) À CARE" 
, ) 11442 » 
» ) 122 » 


R. Gilletii De Wild. 
R. Kirkii Engl. 


16 É. DE WILDEMAN 


R. monbuttorum Drude (6-7 étamines) 12-14 mm. 
R. tertilis Welw. (6-9 » ) 


RapxiA SESE De Wild., Mission Laurent (1905), p. 28, 
tab. 11-12: Durand, Syll., p. 584: Beccari, Raphia, in 
Webbia, IT (1910), p. 120 ; De Wild., Plantes utiles ou intér. 
fl. Congo, 2 (1906), pl. 9-11. 

Entre Ubangui et Congo, 1912 (A. Sapin); environs de 
Kimuenza (J. Gillet, n° 1615) ; Bas-Congo (J. Gillet, marais. — 
Nom indigène : Saku) ; environs de Bokala, 1909 (Assez 
répandu dans la forêt marécageuse. — Nom indigène: Masiane). 

Observations. — Le Saku est un palmier dont les fruits 
rappellent ceux des À. Hookeri et longirostris, tels qu'ils sont 
figurés par M. D' Beccari (Le Palme del qgenere Raphia, 
Firenze, 1910, tab. IV, 1 et VI, 1); c’est, nous semble-t-il, la 
forme normale des fruits du À. Sese. | 

Certaines formes de l'Entre Ubangui-Congo, recueillies 
par À. Sapin, possèdent des fruits plus arrondis à la base ; 
ce qui devrait faire modifier légèrement la diagnose de notre 
espèce. Il est malheureusement très difficile, en voyant les 
fruiis seuls, de définir les espèces, d'autant plus que, comme 
nous l’avons rappelé, d'après les dires de l’indigène, la forme 
des fruits varierait suivant l’âge des pieds qui les porte. Cette 
assertion, tout en paraissant étrange, mérite d’être examinée; 
les conditions de vie pourraient influencer, dans une certaine 
mesure, la forme et les dimensions des fruits. 

Nous avons pu relever les caractères suivants sur une feuille 
relativement jeune dont nous ne possédons pas la base ; ils 
doivent être ajoutés à la description donnée précédemment : 

« Feuilles à rachis arrondi à sa partie inférieure, présentant 
une crête longitudinale supérieurement ; folioles opposées ou 
subopposées, distantes, vers la partie supérieure, de 2 cm. 5 à 
4 cm. ; plus rapprochées au sommet ; folioles lancéolées, très 
aiguës, atteignant 61 cm. de longueur sur 3 cm. de largeur, 
paraissant blanchätres en dessous, courtement aiguillonnées 
sur les bords et sur la nervure médiane à la face supérieure, 
folioles supérieures atteignant environ 22 cm. de longueur 


et 12 mm. de largeur. 


’ : 


SUR QUELQUES PALMIERS CONGOLAIS 17 


. Rapxia rextiuis Welw., Apont. (1858), p. 584; Beccari, 
Raphia, in Webbia, III (1910), p. 13, et in Agricoltura 
Colon., IV (1910), pl. 3, fig. 1-3. 

Lutshima, 1906 (A. Sapin. — Il exsude du tronc une grande 
“quantité de gomme soluble, après l'extraction du vin de 


palme.) 
CALAMUS L. 


Cazamus Laurent De Wild., Études Fl. Bas et Moyen- 
Congo, 1 (1904), p. 97, tab. 27-28; Durand, Syll., p. 584. 

Pangu, février 1910 (A. Sapin. — Feuilles à rachis d'environ 
{ m. 15, folioles atteignant 50 cm. de long et 2 cm. 5 de 
large. — Nom indigène, Milangala); Limbutu, 1906 (M. Lau- 
rent, n° 981 bis.) 


ONCOCALAMUS Mann et Wendi. 


Oncocaramus Dsonu De Wild., in Bull. Jard. Bot. Brurelles, 
V, 2(1916), p. 146. 

Plante grimpante atteignant 25 mètres de longueur ; feuilles 
pennées, à rachis éparsement épineux sur la côte médiane, à 
la face inférieure ; folioles de la partie supérieure atteignant 
environ 24 mm. de largeur, éparsement épineuses sur les bords ; 
nervure médiane très en relief sur la face inférieure ; nervures 
latérales principales au nombre de 10 environ, de chaque côté 
de la médiane, peu élevées. Rameaux de l'inflorescence pen- 
dants, de 28 cm. de longueur; fleurs fasciculées, entourées 
d'une bractée formant cupule et se fendant unilatéralement, 
au nombre de 9-11 ; 4 + 4 mâles et 3 femelles ; ou 343 mâles 
et 3 femelles, disposées dans des bractées cupulaires. Fleurs 
males :.:.:7. Fleurs femelles courtement pédicellées, dis- 
posées contre le rachis, à calice de # à 5 mm. environ de lon- 
gueur, profondément fendu en 3 lobes subaigus de 3 mm. 5 
de largeur; pétales carénés, d'environ # à # mm. 5 de lon- 
gueur et 2 mm. à de largeur, cunéiformes au sommet, Fruits 
orangés subglobuleux, arrondis au sommet ou très brièvement 
apiculés, de 13 à 15 mm. de longueur, à environ 18 rangs 


Annales du Musée colonial de Marseille, — 3° série, 7° vol, 1919, 2 


A8 | É. DE WILDEMAN 


d'écailles atteignant 4 mm. de diamètre, canaliculées dans 
leur partie médiane ; graine subglobuleuse, légèrement com- 
primée, à épiderme lisse. | 

Au sud de la Maringa, 28 octobre 1913 (Nannan, n° 65. 


En forêt dans les endroits marécageux, très fréquent. — Nom 
indigène : Djodu. Sert à faire des liens pour toiture). 
Observations. — Bien que la plante décrite ci-dessus soit 


indiquée comme fréquente, nous possédons seulement un frag- 
ment de feuille et un fragment d’inflorescence, mais les carac- 
‘tères de cette dernière sont suffisamment nets pour différen- 
cier notre plante de l'O. Mannü Wendl. (Cf. Wright, in Flora 
of Trop. Africa, VIII, p. 110). | 

En effet, la description de la Flore d'Afrique mentionne, à 
propos des fleurs, dont le nombre varierait de 11 à 3 : « The 
central one female, and ebracteolate, the lateral male in equal 
number on each side of the female, bracteolate. » Or, dans 
notre plante, tous les fascicules du rameau portent 3 fleurs 
femelles disposées en une ligne postérieurement contre le 
rachis ; les fleurs mâles disposées devant les femelles en deux 
groupes de # ou de 3; toutes les fleurs s'insèrént dans une 
sorte de cupule plus ou moins lobée, l'ensemble de ces cupules 
entouré par la bractée plus ou moins infundibuliforme, fendue 
irrégulièrement, généralement vers le devant. 

Nous n'avons pu étudier le détail des fleurs mâles, qui 
toutes étaient abimées ou tombées, ni les fleurs femelles 
Jeunes. 


EREMOSPATHA Mann et Wendl. 


EremospaTHA HauLLeviLLeasa De Wild., Études Fl. Bas et 
Moyen-Congo, 1 (190%), p. 96, tab. 33-34; Durand, Syll., 
p. 282. 

Katako-Kombe, 1910 (3. Claessens, n°381.— Nom indigène: 
Codi[Batelela}); Madibi, 1907 (A. Sapin.— Petit Coddy) ; Bas- 
Congo, env. de Kisantu, 1909 (Allard, n° 213. —Nom indigène: 
Lulamba) ; Eala, 1905 (M. Laurent.— Nom indigène : Kekele), 
et 1907 (L. Pynaert, n° 1676) ; Kikwit, janvier 1914 (H. 


SUR QUELQUES PALMIERS CONGOLAÏS 19 


Vanderyst, n° 2781}; Thibangu, 1910 (A. Sapin. — Noms indi- 
gènes : Xabululu | Lulua| et Bon Coddy). 

Observations. — Les matériaux relativement nombreux, etde 
plus en plus complets, qui nous sont passés entre les mains 
nous ont permis de mieux fixer les caractères de cette espèce ; 
nous pouvons en donner la description suivante, qui présente 
cependant encore bien des lacunes : 

« Plante grimpante à tiges feuillées, de 8-15 mm. environ 
d'épaisseur. Feuilles de 60 em. environ de longueur, à gaine 
tubuleuse, prolongée en un ochréa de 2-4 em. de longueur, 
obliquement tronqué au sommet, glabre, et présentant vers le 
sommet un ou deux replis transversaux ; rachis atteignant 
5 mm. de diam. à la base, épineux, à épines recourbées, ter- 
miné au sommet en une cirrhe munie de crochets opposés ou 
alternes, réfléchis, grèles, de 7 à 20 mm. de longueur, triquètres, 
plus ou moins caniculés intérieurement, aigus ; rachis de la 
partie folufère et de la partie à crochets garni d'épines latérales 
recourbées, très élargies à la base, atteignant, vers la base du 
rachis, 4 à 5 mm. de longueur. Folioles de 9 à 37 em. de 
longueur et de 8 mm. à 10 cm. de largeur, obovales- 
elliptiques, au nombre de 3 à 9 chaque côté de la nervure 
médiane, les inférieures souvent linéaires, lancéolées-aigues, 
rétrécies à La base ou soudées sur une assez grande largeur 
avec le rachis formant un ou deux lobes ; folioles légèrement 
ondulées sur les bords supérieurs, munis, sur tout le pour- 
tour, d'épines dressées ou réfléchies, noirâtres, atteignant 
5 mm. de longueur. Inflorescences de 17-30 cm, environ de 
longueur, rameuses, glabres, à 15-22 rameaux, de 4-13 em. 
de longueur, les inférieurs généralement opposés, naissant 
au-dessus d'une bractée cupulaire, qui forme une sorte d'ochréa 
autour des rachis, Fleurs solitaires ou géminées, à l'aisselle 
d’une .bractée plus ou moins réfléchie ; calice cupuliforme de 
2-2 mm. 5 de long, très obseurément lobulé, glabre extérieure- 
ment : corolle obovoïde, rétrécie à la base, de 8 mm. environ 
de longuéur et de près de # mm. de largeur ; étamines sou- 
dées sur la plus grande partie de leur longueur avec la corolle, 
au ombre de 6, 3 alternatipétales, à anthères sortant par la 


EPSON LU TROT us A TE 
… - x LT 7 #4 


_ 


20 É. DE WILDEMAN 


fente laissée entre les pétales. Fruit ovoïde, subcylindrique, 
mucroné au sommet, de 2 em. environ de longueur, sur 
15-18 mm. environ de largeur, à une ou deux graines, muni 
de 15-18 rangées d’écailles rhomboïdales, de # mm. de long 
sur 5 mm. de large ; graines de 17-20 mm. environ de longueur 
sur 11-13 mm. environ de large, légèrement ondulées sur les 


bords. » F 


EremosparuA CaërAë (De Wild. et Th. Dur.) De Wild., Études 
Fl. Bas et Moyen-Congo, 1 (1904), n. 96, tab. 32; Durand, 
Syll., p. 585. 

Thibangu, 1910 (A. Sapin. re Coddy) ; Eala, juillet et 
novembre 1905 (M. Laurent, s. n., n.912 et 1118. — Nomind. : 
Kekele) ; Demba, 1910 (A. Sapin. — Bon Coddy) ; Haut-Chi- 
loango, 1902 (Mission Cabra-Michel) ; Eala, 1907 (L. Pynaert, 
p. 1673). 

Observations. — Les documents nouveaux parvenus à 
Bruxelles permettent de compléter, dans une certaine mesure, 
la première diagnose de cette espèce ; et nous pouvons la 
décrire dès lors comme suit : 4, 

Plante grimpante ; feuilles allongées, à rachis glabre ou 
paléacé, à paillettes brunâtres et caduques, terminées par une 
cirrhe allongée, à crochets recourbés, ceux-c1 opposés, réflé- 
chis, de 2 à 4 cm. de longueur, aigus, arrondis sur le dos, 
canahculés sur la face intérieure, triquètres : gaine terminée 
par un ochréa qui peut dépasser de 5 cm. la base du rachis. 
Rachis de la feuille armé d’épines recourbées, noirâtres, de 
3-4 mm. environ de longueur. Folioles au nombre de 8 à 9 de 
chaque côté du rachis, de 7 à 16 em. de longueur et de 
4 à 9 cm. de largeur, obovales-trapéziformes, les inférieures 
les plus petites, rétrécies à la base, coriaces, striées longitu- 
dinalement, à nervures de même valeur peu proéminentes sur 
les deux faces, irrégulièrement crénelées sur les bords supé- 
rieurs, munies parfois d'épines courtes sur le bord supérieur 
et d’épines plus fortes, recourbées de # min. environ de lon- 
gueur sur les bords latéraux, vers la base des folioles, surtout 
dans les folioles basilaires. Inflorescence de 30 à 40 em. de 


SUR QUELQUES PALMIERS CONGOLAIS 21 


long, à rachis atteignant 2 cm. de largeur, aplati, velu-bru- 
nâtre, à poils courts, crépus, à rameaux opposés ou alternes, 
naissant un peu au-dessus des bractées, qui sont opposées ou 
alternes, plus ou moins engainantes, souvent réunies par leur 
bord ; rameaux au nombre de 16 à 24, velus comme le rachis, 
atteignant 20 cm. de longueur et 5 mm. de largeur à la base, 
à fleurs solitaires ou par paires, à l’aisselle d’une bractée plus 
ou moins cupuliforme et légèrement réfléchie. Fleurs à calice 
brunâtre, plus ou moins profondément lobé, cupuliforme, à 
lobes arrondis, velus extérieurement ; corolle de 6 mm. environ 
de longueur, obovoïde, courtement tomenteuse grisâtre ; 
pétales se séparant les uns des autres entre le milieu et le 
sommet de la corolle, restant soudés au sommet ; étamines au 
nombre de 6, soudées entre elles et avec la corolle à la base, 
3 alternatipétales, saillantes par les fentes de la corolle ; ovaire 
squameux, à style environ aussi long que l'ovaire, atteignant 
le sommet des étamines triquètres. Fruit rouge bacciforme, à 
une graine, à écailles minces, fragiles, à endocarpe membra- 
neux, à environ 25-27 rangées d’écailles, rhomboïdales de 
3mm.5 à 9 mm. de longueur ; fruit légèrement apiculé au 
sommet, de 2cm.3 à 3 cm. de longueur et de 16 à 19 mm. 
de largeur, à graine de 20 mm. de long sur 16-17 mm. de 
large et de 8 mm. d'épaisseur, entière ou subentière sur les 


bords. 


ErEMospatTHA LaurenrI De Wild., in Bull. Jard. Bot. 
Brurelles, V, 2 (1916), p. 147. 

Plante grimpante. Feuilles pennées, les grandes feuilles 
ayant au moins { m.50 de longueur, munies, à la base, d’une 
gaine coupée plus ou moins obliquement vers le sommet, à 
bords entiers, à ligule dépassant la base du rachis de 2'em. 
dans l'unique grande feuille que nous possédons, à rachis attei- 
gnant, à la base, environ 2 cm. 5 de diamètre, canaliculé dans 
sa partie inférieure sur la face supérieure, plus où moins 
caréné subaigu vers le sommet, caréné subaigu vers la base 
sur la face inférieure, arrondi vers le sommet ; cirrhes....... 
Rachis muni latéralement, et plus ou moins densément, 


2 É. DE WILDEMAN 


d'épines plus ou moins recourbées, étalées-dressées, atteignant 
5 mm. de longueur. Folioles basilaires des feuilles très rap- 
prochées, plus ou moins réduites, linéaires-lancéolées, n'attei- 
gnant parfois que 8 cm. de longueur et 3mm. de largeur, 
épines denses de 5 mm. de longueur non comprises. Folioles 
de la partie médiane lancéolées atteignant #7 cm. de longueur 
et 42 mm. de largeur, plus ou moins densément ciliées-épi- 
neuses sur les bords, à épines étalées-dressées, rarement 
recourbées, atteignant 4-5 mm. de longueur, à nervures 
rapprochées, à plus de 12 de chaque côté de la nervure médiane, 
celle-ci un peu plus fortement proéminente que les autres. 
Inflorescences à rachis allongé, de plus de 40 cm. de longueur, 
à environ 36 ramufications courtement et éparsement velues, 
de 9 à 23 cm. de longueur et environ de 2 mm. de largeur à 
la base. Fleurs disposées par paires opposées ou alternes, dis- 


« 


tantes, à la base, de 6 mm., et, vers le sommet, de 2 mm., à 


) 
bractées basilaires très réduites ; calice campanulé, cupulé, 
tronqué à la base, de 3 mm. environ de long, trilobé, à lobes 
arrondis ; corolle de 7-8 mm. de longueur, obovoïde, à 3 
étamines au nombre de 6, 


environ aussi longues que la corolle, à filaments élargis, 


lobes d’environ 3 mm. 5 de long ; 


9 


soudés sur environ la moitié de leur longueur. : 

Entre Bolobo et Yumbi, 14 avril 1905 (M. Laurent, n° 645). 

Observations. — Cette espèce est indiscutablement affine de 
celle qui a été trouvée par Sapin. Il est malheureusement 
difficile de comparer totalement les deux plantes, car il nous 
manque des éléments comparables ;: nous n’avons pas les fleurs 
de l’£, Sapini, ni les fruits de l'E. Laurenti. Les différences 
résident dans les dimensions des folioles, qui atteignent, 
comme nous l'avons dit, chez l’Æ. Laurenti, 42 mm. de lar- 
geur, alors que, chez l'E. Sapini, elles n atteindraient que 
25 mm. de diamètre, et cela dans des feuilles assez com- 
parables au point de vue de leur développement. La ligule 
atteint, dans les feuilles développées, 4 cm. chez l'E. Sapin, 
2 em. chez l'E. Laurenti. Quant aux dimensions des rameaux 
de l'inflorescence, l’Æ. Laurenti serait intermédiaire entre 
l'E. macrozarpa et VE. Sapini, comme le fait ressortir le 
tableau ci-dessous : 


SUR QUELQUES PALMIERS CONGOLAIS 23 


Écailles du fruit sur 148 rangs ; folioles 
CR C5 CRI SRE POMPES E. cuspidata 
Écailles du fruit sur 19-24 rangs ! : folioles 
aiguës. 
Rameaux de l'inflorescence de 10- 
12 em. de longueur et 2 mm. d'épais- 
seur, à la base ; écailles sur 24 rangs; 
folioles de 20-24 mm. de diamètre .. Æ. macrocarpa 
Rameaux de l'inflorescence de 9- 
23 em. de longueur et 2 mm. d’épais- 
seur à la base ; folioles atteignant 
AD en. de Iergbur 0 cu. E. Laurenti 
Rameaux de l'inflorescence de 8 à 
24 cm. environ de longueur, et 4- 
5mm. d'épaisseur à la base ; écailles 


sur 49-21 rangs ....:....... 


E. Sapini 


Eremosparma Sarini De Wild., in Bull. Jard. Bot. Brucelles, 
Ni (1916) bp: 147.7 

Plante grimpante. Feuilles pennées, de développement très 
différent suivant le niveau auquel elles naissent, munies, à la 
hase, d'une gaine obliquement coupée vers le sommet, à bords 
entiers, présentant souvent, vers le milieu de la ligule, { ou 2 


“ 


replis transversaux, ligule dépassant la base du rachis de 2 à 
4 cm. ; rachis atteignant à la base 15 à 60 mm., aplati-arrondi 
sur la face inférieure, caréné, mais à sommet aplati sur la face 
supérieure, terminé au sommet en cirrhe pouvant mesurer 
plus de 1 m. de long, portant de nombreuses épines subulées 
droites, ou généralement recourbées, alternes ou opposées, 
nettement triquêtres, et atteignant jusqu’à # cm. de longueur, 
muni vers la base, et latéralement, entre l'insertion des folioles 
ou des épines recourbées, d'épines courtes plus ou moins en 
crochet, recourbées vers la base du rachis ou vers le haut, 
noirâtres vers le sommet, atteignant jusqu'à 3 mm. 5 de lon- 
gueur, moins armé où inerme dans sa partie supérieure ; rachis 


4. Les frutis sont inconnus chez l'E, Laurenti. 


\ 


24 É. DE WILDEMAN 


des feuilles supérieures, parfois privé de folioles ; folioles 
basilaires des feuilles -densément foliolées, plus ou moins 
réduites, lancéolées, n’atteignant parfois que 7-8 cm. de lon- 
gueur, et 15 mm. de largeur, densément épineuses sur les 
bords, à épines aiguës, étalées-dressées, atteignant 5 mm. de 
longueur ; folioles de la partie médiane de la feuille linéaires, 
atteignant plus de #4 cm. de longueur et jusqu’à 25 mm. 
environ de largeur, aiguës au sommet, plus ou moins densé- 
ment cilées-épineuses, à épines étalées, dressées ou recour- 
bées, atteignant environ 3 mm.5 de longueur, à nervures à 
peu près également proéminentes sur les deux faces, au 
nombre d'une vingtaine environ, la médiane à peine mieux 
marquée que les autres. Inflorescences à rachis glabre, dépas- 
sant de 50-60 em. la base de la feuille à l’aisselle de laquelle 
elles naissent, à 26-29 ramifications glabres, de 8 à 24 cm. 
de longueur et de #-5 mm. de, diam. à la base. Fleurs dis- 
posées par paires, opposées ou alternes, distantes vers la 
base, parfois de 15 mm., au sommet de 2 mm., munies 
d'une bractée réduite, formant un bourrelet; calice cam- 
panulé-cupulé. Corolle mesurant, sous le fruit, environ 8 mm. 
de longueur, tronquée à la base, à lobes triangulaires subaï-. 
ous, marcescents, atteignant 6 mm. de diamètre ; fruits elhip; 
soïdes ou légèrement obovoïdes entourés à la base par la 
corolle persistante, courtement et largement, mais brusque- 
ment, apiculés au sommet, atteignant environ 3 em. de long 
et 15 mm. de large, à 19-21 rangées d’écailles d'environ 
4 mm. de diamètre, très légèrement canaliculées longitudi- 
nalement, à 1 graine ovoide-comprimée, de 2 em. environ de 
longueur, 9 mm. de largeur et 6-7 mm. d'épaisseur, d’un brun 
luisant. 

Thibangu, janvier 1910 (A. Sapin. — Noms indigènes 
Lukodyet Thibondo!|Baluba].— Fournit une mauvaise matière 
première pour le tissage des paniers à caoutchouc ; ce cody ne 
résiste pas à la pluie). | 

Observations. — Cette espèce se range dans le voisinage de 
l'E. macrocarpa Wendl., de Sierra-Leone et du Niger (cf. 
Wright, in F1. of Trop. Afr., p. 112 et 113) ; elle se différen- 


SUR QUELQUES PALMIERS CONGOLAIS 25 


cie par ses fruits à rangées d’écailles moins nombreuses (24 
rangées dans les macrocarpa Wendl., 19 à 21 dans l'espèce 
nouvelle) et aussi par le plus grand développement atteint par 
les rameaux des inflorescences chez cette dernière : 


"2 


Rameaux de 10 à 12 cm. 5 de long (4-5 
inch.) et de 2 mm. (1 lin.) d'épaisseur à la 


MR A Ras PR er.  E. :MmatcrOcRRpA 
Rameaux de 8 à 24 cm. de longueur et de 
4-5 mm. d'épaisseur à la base ............ E. Sapini 


Pour le nombre de rangées d’écailles du fruit, l'E. Sapini 
serait une espèce intermédiaire entre l'E. cuspidata Wendl. 
(18 rangées) et l'E. macrocarpa (24 rangées). 


Si nous essayons de faire la synthèse des données réunies, 
à propos des divers Eremospatha décrits antérieurement, 
déjà relevés dans la Flora of Trop. Africa (VIIT, p. 111 et 
suiv.) et signalés ci-dessus, nous pourrons dresser le tableau 
analytique ci-dessous : 


I. — Folioles elliptiques ou obovales, parfois soudées. 
À. Rachis des feuilles non épineux.. Æ. Hookeri 
B. Rachis des feuilles épineux. 
1. Crochet de 2-4 cm. de long : 
rachis de l'inflorescence velu. Æ. Cabrae 
2. Crochets de 7-20 mm. de long ; 
rachis de l’inflorescence glabre Æ. Haullevilleana 
II. — Folioles lancéolées non soudées. 
A. Écailles du fruit sur 18 rangs : 
folioles acuminées ............... E. cuspidata 
B. Écailles du fruit sur 19-24 rangs |: 
folioles aiguës. 
1. Rameaux de l'inflorescence de 
10-12 cm. de long et 2 mm. 
d'épaisseur à la base ; écailles 


1. Les fruits sont inconnus chez l'E. Laurenti. 


26 É.. DE WILDEMAN 


sur 24 rangs : folioles de 20 à 
24 mm. dé diamètre ::: 1,7. E. macrocarpa 
. Rameaux de l'inflorescence 
éparsement et courtement 
velus, de 9 à 23 cm. de long- 
et 2 mm. d'épaisseur à la 
base ;  folioles atteignant 
42 mur. de largeur. :f5400 2 06 Lauren 
3. Rameaux de l'inflorescence 
glabres, de 8-24 cm. de long 
et 4-5 mm. d'épaisseur à la 


[AS 


base ; écailles sur 19-21 
TARDE EAN NN Peru Este à E. Sapini 


ANCISTROPHYLLUM Mann et Wendl. 


ANCISTROPHYLLUM Laurent: De Wild.,in Bull. Jard. Bot. 
Bruxelles, V, 2 (1916), p. 149. 

Plante grimpante, à tige atteignant 35 mm. de diamètre, 
à feuilles pennées, engainantes à la base, à gaine ‘tübuleuse 
assez densément armée, à épines recourbées, épaisses à la 
base ou aplaties, brunâtres, aiguës et noirâtres au sommet, 
atteignant 10 mm. de longueur, gaine terminée au-dessus de 
la naissance de la feuille, par une ligule épineuse atteignant 
plus de 8 cm. de long, à épines atteignant 15 mm. de long, 
recourbées comme celles de la gaine ; rachis privé de feuilles 
sur parfois plus de 50 cm. de longueur, plus ou moins 
fortement canaliculé supérieurement et vers la base, plus ou 
moins caréné vers le sommet, convexe sur le dos, armé, 
sur les bords et sur le dos, d’épines étalées, recourbées ou 
dressées, pouvant atteindre À cm. de long, terminé par une 
cirrhe atteignant jusqu'à 1 m. 50 de longueur, triangulaire, à 
angles aigus, portant plus de 10 paires de grandes épines 
subulées, triquêtres, recourbées, alternes ou opposées, de 5 em. 
de long, distantes, vers la base du flagellum, parfois de 25 em., 
plus rapprochées vers le sommet, où elles sont beaucoup plus 
courtes ; folioles au nombre de 23 paires environ, opposées ou 


SUR QUELQUES PALMIERS CONGOLAIS 27 


subopposées, elliptiques-lancéolées ou lancéolées, de 7 à 
40 cm. de longueur et 1 à 4 cm. 2 de large, aiguës au som- 
met, courtement et éparsement épineuses sur le bord, à 
épines d'environ 2 mm. de long, munies généralement, de 
chaque côté de la nervure médiane légèrement en creux sur la 
face supérieure, d'une nervure longitudinale en relief sur la 
face supérieure. Inflorescence terminale ramifiée densément, 
atteignant plus de 80 cm. de long, à gaine armée, aiguë, à 
taches brunâtres extérieurement à l’état sec, lisse et ‘égale- 
ment brunâtre à l'intérieur ; rameaux de l'inflorescence recour- 
bés, pendants, disposés unilatéralement, atteignant 19 cm. de 
long ; bractée de la base munie de chaque côté d'un prolonge- 
ment aigu, à fleurs insérées par groupes de 3-4, rarement 2, 
au sommet des ramifications, alternativement à gauche et à 
droite du rachis, dans une cupule tachetée de brun à l'état sec 


et d'environ 4-5 mm. de lonc chaque fleur insérée à son tour 


O ? 
dans une bractée plus ou moins lobée. Fleurs toutes herma- 
phrodites ; calice stipité de 6-7 mm. de long, stipe grêle com- 
pris, courtement trilobé au sommet, à lobes triangulaires- 
ovales, apiculés, corolle de 8-9 mm. de long, à lobes ellip- 
tiques-lancéolés, aigus ou subaigus, coriaces, atteignant 
2 mm. » de large; étamines au nombre de 6, soudées seule- 
ment à la base de la corolle, à filets élargis d'environ 4-5 mm., 
à anthères d'environ 2 mm. de long; ovaire écailleux, mesu- 
rant avec le style columnaire environ 6 mm. de longueur. 

Environs d'Eala, 1905 (M. Laurent). 

Observations. — Nous n'avons pu étudier de fruits de cette 
plante, que nous rapportons provisoirement au genre Ancis- 
trophyllum, et qui a certaines analogies avec les Oncocalamus. 
En elfet, chez les Oncocalamus, les fleurs sont au nombre de 
11 à 3 dans les glomérules, mais les fleurs mâles et femelles 
sont séparées, tandis que, chez les Ancistrophyllum vrais, les 
fleurs sont au nombre de 9, chacune d'elles hermaphrodite. 
(CE, Wright, Flora of Trop. Afr., VI, p. 110-113). 

La plante qui nous occupe avait été confondue par le col- 
lecteur avec l'A. secundiflorum Wendl., dont elle diffère très 
nettement par le nombre de fleurs contenues dans chaque 


28 É. DE WILDEMAN 


glomérule, ainsi que par le développement du pétiole et la lar- 
geur des folioles. Peut-être si nous avions pu étudier des 
fruits, aurions-nous été amené à séparer génériquement cette 
espèce. | 


ANCISTROPHYLLUM SECUNDIFLORUM (Pal. Beauv.) Mann et 
Wendi., in de Kerchove, Les Palmiers (1878), p. 230. 

Calamus secundiflorum Pal. Beauv. Flore d'Oware,l (1804), 
p. 15, tab. 9-10 ; Durand, Syll., p. 584. 

Eala 1903 (Ém. et M. Laurent) ; Nouvelle — Anvers, 1908, 
(de Giorgi. — Nom indig. : Xekele. — Fabrication de paniers, 
emballages, cure-dents) ; Eala, 1905 (M. Laurent, n° 913. 


T s : . \ 
— Nom indig. : Benganga,. 


RÉVISION 


CYPÉRACÉES DE MADAGASCAR 


M. H. Chermezon 


PREMIÈRE PARTIE 


Les Cypéracées de Madagascar n'ont encore donné lieu à 
aucun travail d'ensemble ; les plantes recueillies par les explo- 
rateurs des xvirf-xix° siècles ont été en grande partie déter- 
minées et décrites, soit par les botanistes anciens comme Poi- 
ret, Kunth, Steudel, soit plus récemment par Boeckeler, 
Clarke, Ridley, Baker et autres; mais ces divers auteurs ont 
consigné les résultats de leurs travaux dans des ouvrages 
généraux ou dans des notes partielles, en se bornant du reste 
le plus souvent à donner les diagnoses des espèces nouvelles. 
La liste des espèces malgaches n'a encore été dressée que 
dans les catalogues de Baron let de Palacky ?. 

Les matériaux les plus anciens que nous possédions sur 
Madagascar sont principalement ceux de Bojer, Commerson 
et Dupetit-Thouars ; ils ont surtout un intérêt historique et 
ne nous renseignent nullement sur la répartition des espèces 
à l'intérieur de l’île, car les indications de localités et de sta- 
tions font généralement défaut ; les exemplaires sont de plus 


{. Baron (R.), Compendium des plantes malgaches, in Revue de Mada- 
gascar, VIT (1906), p. 826-834. — L'auteur mentionne généralement la 
région où se trouve chaque .plante, mais rarement la localité précise. 
Plusieurs déterminations inexactes ont été rectifiées ullérieurement par 
Clarke. 

2. Palacky (J.), Calaloqus plantarum madagascariensium, Prague, I 
(1906, p. 30-45).— C'est une compilation des documents épars dans la lit- 
téralture botanique ; les localités ne sont que très rarement indiquées 
et beaucoup de noms font double emploi. 


30 H. CHERMEZON 


trop souvent insuffisants. Il en est tout autrement des récoltes 
plus récentes de Pervillé, Boivin, Hildebrandt, Baron 
et quelques autres, qui ont servi de base à nos connais- 
sances sur la flore cypérologique de Madagascar et permis 
d'évaluer approximativement à 200 le nombre des espèces 
signalées, à tort ou à raison, dans l'île, à la fin du xix° siècle. 

Les explorations toutes récentes de MM. Perrier de la 
Bâthie, d'Alleizette, Viguier et Humbert viennent nous fournir 
des matériaux d'étude de premier ordre, par leur abondance et 
leur bon état de conservation ; elles ont de plus porté en 
grande partie sur des districts encore inconnus au point de 
vue botanique. Je signalerai tout particulièrement la collec- 
tion considérable (environ 450 numéros) réunie par M. Per- 
rier de la Bâthie au cours de séjours prolongés dans les régions 
les plus diverses de l’île, collection constituée par des exem- 
plaires récoltés en parfait état, accompagnés de tous les ren- 
seignements désirables, et sans laquelle un travail d'ensemble 
sur la flore de Madagascar perdrait une très grande partie de 
son intérêt. 

J'avais tout d'abord entrepris simplement la détermination 
des Cypéracées recueillies par MM. Viguier et Humbert, puis 
peuaprès celle des collections rassemblées par MM. Perrier dela 
Bâthie et d’Alleizette, mais j'ai pu constater qu'un tel travail ne 
pouvait être mené à bien sans une révision des matériaux 
antérieurs, trop souvent mal nommés; c'est ce qui ma 
amené à faire l’élude complète des Cypéracées malgaches du 
Muséum d'Histoire naturelle de Paris. J'ai donc eu entre les 
mains un très grand nombre d'exemplaires, tant ahciens que 
modernes, et J'ai pu étudier ainsi presque toutes les espèces 
signalées à Madagascar, à l'exception de quelques-unes qui se 
trouvent dans les herbiers étrangers et qui ne me sont connues 
que par la diagnose. Au cours de cette étude, J'ai pu consta- 
ter l'existence de beaucoup d’espèces nouvelles, dont j'ai 
donné la description dans plusieurs notes antérieures; en 
outre, j'ai eu l’occasion de rectifier un certain nombre d’assi- 
milations erronées ou de confusions qui s'étaient établies au 
sujet de plusieurs espèces mal connues. 


RÉVISION DES CYPÉRACÉES DE MADAGASCAH 31 


C'est le résultat de ce travail de révision qui est donné ici. 
Les différents genres sont successivement passés en revue, 
les espèces étant énumérées dans l’ordre qui m'a paru le plus 
rationnel, et qui diffère parfois notablement de celui adopté 
par Clarke !. La synonymie a été réduite autant que possible, 
sauf dans quelques cas particuliers ; une synonymie complète 
ne me semble à sa place que dans une monographie, et encore 
y a-t-il beaucoup de noms qui mériteraient de tomber défini- 
tivement dans l'oubli ; 1l m'a donc paru inutile de développer 
ici cette partie, pour laquelle on pourra se reporter aux tra- 
vaux de Clarke ?-?. Par contre, j'ai indiqué pour chaque espèce, 
quand cela a été nécessaire, les différences avec les espèces 
les plus voisines, au besoin sous forme de tableaux compara- 
tifs ; j'ai également essayé de justifier ma manière de voir: 
toutes Îes fois que je me suis trouvé en désaccord avec mes 
devanciers sur les questions de réunion ou de séparation d'es- 
pèces. Du reste, dans l'étude d’une flore encore aussi impar- 
faitement connue que celle de Madagascar, 1l est à peu près 
impossible d'apprécier exactement, surtout à distance, la 
subordination des types végétaux: on est alors amené à 
admettre provisoirement un nombre d'espèces probablement 
trop considérable et, en dessous d'elles, simplement des 
variétés peu nombreuses ; c'est là un simple artifice de classi- 
fication. Plus tard seulement, avec des matériaux plus nom- 
breux et sur place, il sera possible, sinon de mener à bien, du 
moins d'ébaucher le travail de hiérarchisation de ces diverses 
formes. 

Les localités ont été signalées, pour les exemplaires que j'ai 
vus #, avec tous les renseignements donnés par les collecteurs, 


1. Clarke (C. B.), New genera and species of Cyperaceae, in Xew Bul- 
letin, Add. ser. VIIL (1908), 196 p. 

2. Clarke (C. B.), Cyperaceae, in Durand et Schinz, Conspectus Florae 
Africae, Bruxelles, V (1895), p. 526-692, 

3. Clarke (C. B.), Cyperaceae, in Thiseltonu-Dyer, Flora of Tropical 
Africa, Londres, VIT (1901-1902), p. 266-524. 

4. Je n'ai pas pu tenir compte, dans cetle partie géographique, des 
exemplaires que je n'ai pas eus à ma disposition; j'ai seulement indiqué 
à part les numéros cités par Clarke, in Durand et Schinz, Consp. FL. 
Afr., V (1895). 


32 H. CHERMEZON 


et groupées suivant les cinq grandes régions admises par 
M. Perrier de la Bâthie! ; j'ai renoncé à mentionner les pro- 
vinces administratives, dont l'indication aurait eu l’avantage 
de situer topographiquement les localités avec plus de préei- 
sion, mais dont les limites artificielles sont sujettes à trop de 
changements. Les divisions de M. Perrier de la Bâthie sont 
basées sur des différences de climat et de flore très nettes, et 
correspondent à des régions naturelles bien définies ; le grou- 
pement des localités, d'après ces régions, donnera donc im- 
médiatement des documents du plus haut intérêt sur la répar- 
tition des Cypéracées dans l'ile, même si des découvertes 
ultérieures viennent modifier dans le détail nos connaissances 
à ce sujet. J'ai rappelé à part les indications données par 
Baron (loc. cit.), mais seulement quand elles complètent 
les renseignements précédents, et sous la responsabilité de 
leur auteur. À titre documentaire, J'ai donné pour chaque 
espèce le résumé de son aire géographique en dehors de 
Madagascar. = 

J'adresse ici tous mes remerciements aux botanistes dont 
le concours m a permis d'entreprendre ce travail : à M. Lecomte, 
qui m a ouvert largement les collections du Muséum de Paris 3 
à M. Jumelle qui a bien voulu me charger de l'étude des 
Cypéracées pour l'Histoire naturelle de Madagascar et donner 
l'hospitalité de ses Annales du Musée Colonial de Marseille au 
présent mémoire ; à M. Danguy à qui j'ai eu recours constam- 
ment pour tous les cas embarrassants ; à MM. Perrier de la 
Bâthie, d'Alleizette, Viguier et Humbert, qui ont mis à ma 
disposition leurs herbiers personnels ; enfin à la Direction de 
l'Herbier de Kew qui m'a communiqué à plusieurs reprises des 
exemplaires ou des dessins des espèces qui me manquaient. 


[. — Kyllingia Rottb. Desc. et Ic. (1773), 12. 


Le genre Xyllingia est un genre très homogène, formé d'’es- 
pèces qui ont souvent le même port et quil est parfois difficile 


1. Je rappelle que ces régions sont les suivantes: Est, Sambirano, 
Centre, Ouest et Sud-Ouest. 


RÉVISION DES CYPÉRACÉES DE MADAGASCAR 4 


de séparer les unes des autres, surtout quand les exemplaires 
sont dépourvus deleurs parties souterraines. Les fleurs fertiles 
sont toujours en petit nombre dans chaque épillet ; aucune 
des espèces malgaches n'en a plus de trois (et par conséquent 
trois akènes) ; quelques espèces africaines en ont jusqu'à cinq. 
Clarke range les espèces qui possèdent plusieurs akènes par 
épillet dans une section Pseudopycreus, représentée à Mada- 
gascar par le seul À. exiqua Boeck.; or toutes les affinités 
de cette espèce sont avec le groupe de X. cylindrica Nees. 
D'autre part, plusieurs des espèces classées dans la section 
Eukyllingia ont plus ou moins fréquemment deux akènes par 
épillet !. Dans ces conditions, Je ne puis conserver la section 
Pseudopycreus, au moins pour Madagascar ; le genre sera 
donc partagé ici en deux sections seulement, suivant la pré- 
sence ou l'absence d'une aile à la carène des glumes. Dans la 
section Eukyllingqia, de beaucoup la plus importante, j ai pré- 
féré grouper les espèces, d’abord d’après les anthères, puis 
d'après les caractères tirés des bractées et de la nervation des 
glumes, plutôt que d'adopter les coupures de Clarke, basées 


sur la nature du rhizome, et qui séparent trop des espèces 
très voisines. 


a. — Section T'hryocephalum. 


1. — KyzunGra cortAcEA H. Cherm. in Bull. Mus. Paris, 
XXV (1919), 208. 
Kyllingia alba GC. B. Clarke in Durand et Schinz, 
Consp. FI. Afr., V (1895), 526, pro parte (non Nees in 
Linnaea, X (1835-1836), 140). 


La plante de Boivin, rapportée par Clarke (loc. cit.) à K. alba 
Nees de l'Afrique australe et tropicale, se rapproche en effet 
de cette espèce par son port robuste, ses grosses têtes et ses 
anthères mutiques. Klle en est cependant distincte par une 
série de caractères qu'indique le tableau ci-dessous : 


1. C’est le cas notamment pour X, polyphylla Kunth, K, aurata Nees, 
K. erecta Schumach., K, intricata H, Cherm. 
Annales du Musée colonial de Marseille, — 3° série, 7* vol. 1919, 3 


34 tt. CHERMEZON 


K. alba. 

Rhizome très épais (6-8 mm. 
diam.), court (2 cm.), droit, cy- 
lindrique. 

Tige ce 10-30 cm. de longueur. 

Feuilles étroites (2-3 mm.), d'or- 
dinaire plus courtes que la tige. 

Bractées 2 à 3, courtes, l’infé- 
rieure atteignant 5 cm. 

Tête grosse (9-12 mm. diam.), 
blanchâtre. 

Epillets larges, 5 mm. de lon- 
gueur. 

Glumes minces-membraneuses, 
linéolées, larges, nettement mu- 
cronées, à aile carénale mince, 
plus ou moins fortement scabre. 

Entrenœud séparant les deux 
glumes fertiles court (moins du 
quart de la 2° glume fertile). 


Akène marron, égalant au moins 
la 1/2 glume. 


K. coriacea. 

Rhizome moins épais (4-6 mm. 
diam.), long (au moins 4 em.), un 
peu tortueux, renflé par places. 

Tige de 25-45 cm. de longueur. 

Feuilles assez larges (4-5 mm.), 
égalant d'ordinaire la tige. 

Bractées 4 à 6, longues, l’infé- 
rieure atteignant 15-20 cm. 

Tête un plus grosse (12-14 mm. 
diam.), jaune päle roussâtre. 

Epillets étroits, 6 mm. de lon- 
gueur. 

Glumes fermes-coriaces, non ou 
à peine linéolées, étroites, atté- 
nuées en un mucron court, à aile 
carénale épaisse, lisse ou presque. 

Entrenœud séparant les deux 
glumes fertiles assez long (un peu 
plus du quart de la 2° glume fer- 
tile). 

Akène noir, n’atteignant qu'à 
peine la 1/2 glume. 


Ilexiste un À, cartilaginea K. Schum. in Engler, Pft. Ost- 
Afr., G. (1895), 123, provenant de Zanzibar (Holst, 2082), qui 
semble très voisin de X. coriacea, mais dont je n'ai pas vu 
d’exemplaire. Malgré la concordance de certains caractères, 
je ne puis identifier les deux plantes, la diagnose de Schumann 
étant trop incomplète. Il n'est, en effet, nullement question, 
dans cette diagnose, de plusieurs des caractères les plus frap- 
pants de notre À. coriacea (nombre des bractées, espacement 
des glumes, etc.), et on peut supposer, en conséquence, que, 
sur ces points, À. cartilaginea ne diffère pas de À. alba ; de 
plus, l'espèce de Schumann n’a que deux étamines, alors que 
la nôtre en possède trois. 


Région de l'Ouest. — Port Leven!: bords de la mer, sous 
les arbres, mars-avril 1849 (Boivin, 2328). 
Endémique. 


1. Cette localité, ainsi que toute la partie Nord de la côte orientale, 
appartient à la région de l'Ouest de Perrier de la Bâthie. 


RÉVISION DES CYPÉRACÉES DE MADAGASCAR 35 
2. — KyLLiINGIA monocePHALA Rottb. Desc. et Ic. (1773), 13, 
t. IV, £.4. 


Cette espèce semble fort peu répandue à Madagascar, si 
même les exemplaires de Dupetit-Thouars sont bien de pro- 


venance malgache ; 
tice et serait à rechercher. 


elle est peut-être ici simplement adven- 


Sans indication de localité (Dupetit-Thouars). 
Réunion, Maurice, Comores, Seychelles; Asie tropicale ; 
Océanie ; Afrique tropicale et Amérique (introduit). 


3. — Kvyrunera Praicuzmis C. B. Clarke, 
Schinz, Consp. F1. Afr., 


in Durand et 


V (1895), 531, nomen nudum ;: 


H. Cherm. in Bull. Mus. Paris, XXV (1919), 209. 


Très voisin de À. monocephala Rottb., dont il diffère par 


les caractères suivants : 


K. monocephala. 
Rhizome grêle (1-2 mm.! diam.), 
portant des tiges espacées. 


Tige grèle, trigone. 


Tête petite, de 5-9 mm. de dia- 
mètre. 

Epillets petits (2 1/2 mm. de 
longueur). 

Glumes assez longuement mu- 
cronées, 

Trois étamines le plus souvent, 


Clarke (loc. 


K. monocephala var. 


K. planiculmis. 

Rhizome plus épais (2-3 mm. 
diam.), portant des tiges assez 
rapprochées. 

Tige robuste, triquètre-compri- 
mée. 

Tête assez grosse, de 8 à 12 
mm. de diamètre. 

Epillets plus grands (3 
de longueur). 


-4 mm. 
Glumes brièvement mucronées. 


Deux étamines, 


cit.) donne à cette espèce comme synonyme 
latifolia Boeck. in 
(1867-1868), 429, sans doute par erreur, 


Linnaea, 


XXXV 


car Boeckeler, dans 


sa très courte description, dit notamment « carina vix alata », 


ce qui n'est nullement le cas ici, l'aile 


aussi marquée que dans À. 


carénale étant au moins 


monocephala : 


Région de l'Est. — Sainte Marie : mai 1847(Boivin, 1679). 


Région du Sambirano., — Nosy Bé 


: marais, Juillet 1841 


x Lun 
* PARENT 


36 H. CHERMEZON 


(Pervillé, 474), bords des eaux, Juin 1847, septembre 
1848 et mars 1851 (Boivin, 2008). 

Sans indication de localité (Bernier). 

Maurice, Comores. 


b. — Section Eukyllingia. 


k. — Kyrunera ExIGUA Boeck. in Abh. Nat. Ver. Bremen, 
VII (1880), 36. | 


Le nombre des akènes est ici, le plus souvent, de trois par 
épillet, parfois de deux seulement ; le port, l’absence derhizome, 
les anthères courtes et mutiques rapprochent cette espèce de 
K. cylindrica Nees et X. pumila Michx., dont elle se dis- 
tingue cependant par le nombre des fleurs, l’espacement des 
glumes et la présence de 3 étamines. Comme l’a fait remar- 
quer Clarke, le description de Boeckeler est faite sur des 
exemplaires particulièrement petits, et la plante varie en réa- 
lité de # à 25 cm. de hauteur; les épis latéraux sont, suivant 
les cas, bien individualisés ou non. Indiqué par Baron dans 
l’'Antsihanaka. 


Région du Centre. — Tananarive : avril 1889 (Catat, 
89), janvier 1916 (Waterlot) ; Imerina {sans localité 
précise) : endroits humides, décembre 1880 (Hilde- 
brandt, 3784) ; Lac Anosy : bord de l’eau, janvier 
1917 (Decary). 

Région de l'Ouest. — Lit de la Bemarivo : roches 
humides, août 1906 (Perrier de la Bâthie, 2406). 

Sans indication de localité (Dupetit-Thouars ; Baron, 
4257, 4481). 


Réunion, Maurice. 
9. — KyYLLINGIA cYLINDRICA Nees in Wight, Contrib. (1834), 91. 


Assez variable de taille et de port, mais facile à reconnaître 
à son épi médian presque toujours longuement cylindrique, 
et à ses glumes à faces fortement nervées, à carène lisse ou 
presque ; le rhizome est très court ou nul. Les exemplaires 


RÉVISION DES CYPÉRACÉES DE MADAGASCAR 31 


de Boivin rentrent dans le type, et non dans la var. major 
C. B. Clarke. Non vu Baron, 591, classé ici par Clarke. 
Région de l'Est. — Sainte Marie : rizières d’'Ambodifo- 
totra, novembre 1851 (Boivin, 1680); Tamatave : 
pelouses du jardin de l’Ivoloina et ailleurs, septembre 
1912 (Viguier et Humbert, 171, 320). 
Région du Centre. — Nanisana: talus entre les rizières 
et lieux très humides, mai et juillet 1905 (d'Alleizette, 
86, 235) ; Tananarive : prairies, janvier 1913 (Perrier 
de la Bâthie, 2673), janvier 1916 (Waterlot). 
Région de l'Ouest. — Manongarivo (Ambongo) : bois 
sablonneux, janvier 1904 (Perrier de la Bâthie, 2431). 
Sans indication de localité (Bernier, 10 ; Baron, 650, 
4597). 


Afrique et Asie tropicales et subtropicales ; Océanie. 


6. — KyrrinGra PuurLA Michx. F1. Bor.-Amer., I (1803), 28. 


Plante annuelle, se distinguant de X. cylindrica Nees par 
son épi médian ovoïde ou brièvement cylindrique, ses glumes 
à carène scabre, à faces latérales munies de nervures peu 
saillantes. ses anthères très courtes, son akène plus étroit. 
Nouveau pour Madagascar. 


Région de l'Ouest. — Mevatanana, Tsarasaotra : août 1897 
et août 1900 (Perrier de la Bâthie, 292). 


Afrique tropicale ; Amérique tropicale et subtropicale. 


7, — KyYLrinGiA PoLYPayLLa Kunth, Enum., Il (1837), 134. 


Espèce bien caractérisée par son port robuste et ses brac- 
tées nombreuses, répandue dans les régions basses de la côte. 


Indiqué dans le Nord par Baron (Mont Ambobhitra). 


Région de l'Est. — Sainte Marie : lieux humides, mars- 
mai 1847 (Boivin, 1678) ; Tamatave : commun dans 
toute la plaine, septembre 1912 (Viguier et Humbert, 
222) ; Forêt d'Analamazaotra: décembre 1905 (d'AI- 
leizette, 654) ; Zone côtière de la province de Manan- 


38 H. CHERMEZON 


jary (sans localité précise): mars-avril 1909 (Geay, 
1095, 7679) ; Isahanivona : mai 1889 (Catat, 1279). 
Région du Sambirano. — Nosy Bé : marais, terrains 
humides, janvier 1841 (Pervillé, 445, 452), bords des 
eaux, juin 1847 et mars 1851 (Boivin, 2007) ; Nosy 


Faly : marais près de la mer, mars 1841 (Pervillé, mêlé 


à 127). 

Sans indication de localité (Dupetit-Thouars ; Baron, 
1628, 6330). 2 

Réunion, Maurice, Comores, Seychelles, Afrique tropi- 
cale. | 


8. — KyziGia ELATIOR Kunth, Enum., II (1837), 135. 


Je n'ai vu aucun exemplaire malgache de cette espèce, qui 
est indiquée à Ankafana (Deans Cowan) par Ridley (in Journ. 
Linn. Soc., XX (1883), 334). Se distingue de X. polyphylla 
Kunth par son épi médian cylindrique et ses glumes à carène 
lisse. Existe en Afrique australe et tropicale. 


9, — KYLriNGrA BREVIFOLIA Rottb. Desc. et Ic. (4773), 13, 
A URSS DRE 


Cette espèce, qui a le rhizome grêle et flexueux de X. in- 
tricata H. Cherm., s'en distingue aisément par ses glumes 


verdàtres, à nervures saillantes, à carène nettement scabre et 


à mucron assez long. La plante de Pervillé est semblable à 
celle d'Asie et d'Insulinde, avec cependant l'akène un peu 
plus gros. Le type est caractérisé par la présence de 3 éta- 
mines ; Je n en ai vu aucun exemplaire provenant de l'Afrique 
continentale ; les exemplaires qui lui sont rapportés dans 
l'Herbier de Muséum appartiennent soit à la variété, soit 
même à des espèces différentes. 


Région du Sambirano. — Nosy Faly : marais près de la 
mer, mars 1841 (Pervillé, 727). 
Régions tropicales (rare en Afrique ?). 
Var. Crucirorms H. Cherm. 
Kyllingia cruciformis Schult. Mant., II (1824), 137. 


RÉVISION DES CYPÉRACÉES DE MADAGASCAR 39 


Diffère du type par la présence d’une seule étamine, les 
autres caractères étant à peu près identiques. C'est à cette 
variété qu'appartiennent tous les exemplaires que j'ai pu voir 
en provenance des iles africaines de l'Océan Indien (Boivin, 
1017 ; Lahaie, 46 ; Balfour, 1181 ; Pervillé, 95 ; Riebeck, 465). 

Sans indication .de localité (Bojer ; Bernier, 5). 
Réunion, Maurice, Rodriguez, Seychelles, Socotra, et, 
çà et là, régions tropicales (Afrique, Inde, Amérique). 


10. -— KyciinGra PLURIFOLIATA H. Cherm. in Bull. Mus. 
Paris, XXV (1919), 209. 

Kyllingia melanosperma C. B. Clarke in Durand et 
Schinz, Consp. FI. Afr., V (1895), 529, pro parte (non 
Neesin Wight, Contrib. (1834), 91). ÆXyllingia melanos- 
perma var. plurifoliata Kuek. in Fedde, ÆRep., XII 
(1943), 92. 


Se sépare nettement de X. melanosperma Nees par son 
akène subcordiforme, élargi et brusquement tronqué au som- 
met (et non oblong ou étroitement obovoïde), ses étamines au 
nombre de 2 seulement et ses bractées beaucoup plus longues : 
le port est du reste assez différent. La description de Kue- 
kenthal, « folia 2-3 evoluta ; spiculae oblongo-lanceolatae 
4 mm. longae, plerumque umiflorae », est trop courte et trop 
superficielle pour suffire à caractériser l'espèce, dont les affi- 
nités sont avec le groupe X. melanosperma Nees, K. imeri- 
nensis H. Cherm., À. Perrieri H. Cherm. 

Région du Centre, — Betsiléo (sans localité précise) : 
marais, février 1881 (Hildebrandt, 4019). 


Endémique. 


11. — KyzziNGra mMERINENSIS H. Cherm. in Bull. Mus, Paris, 


XXV (1919), 210. 


Diffère de X. melanosperma Nees par son port un peu 
moins robuste, ses épillets sensiblement plus petits (3 1/2- 
4 mm. de longueur), et ses glumes dorées-ferrugineuses, 
longuement mucronées. Bien distinct, malgré la couleur iden- 
tique des glumes, de À, aurata Nees d'Afrique australe, 


40 H. CHERMEZON 


par ses têtes denses, ses épillets plus grands, ses glumes 
scabres sur la carène et son port plus robuste. Parmi les 
espèces malgaches, on pourrait à première vue confondre X. 
imerinensis avec À. erecta Schumach. (en l'absence du rhizome 
caractéristique de cette dernière espèce), mais À. erecta se 
distinguera toujours par ses têtes dressées, ses glumes moins 
étroites, brièvement mucronées, à nervures peu saillantes et à 
‘carène presque lisse. 


Région du Centre. — Manankazo, au Nord-Est d'Anka- 
zobé : marais, 1500 m., novembre 1913 (Perrier 
de la Bâthie, 2714); Pic de Vohimafaza: lieux frais 
près du sommet et au milieu de la pente, 1600 m., 
novembre 1912 (Viguier et Humbert, 1370); Ankaratra : 
bords d'un torrent, 2000 m., février 1920 (Perrier de 
la Bâthie, 13001). 

Endémique. 


12. — Kyzzinera PERRIERT H. Cherm. in Bull. Mus. Paris, 
XXV (1919), 211. 


Voisin de X. imerinensis H. Cherm., dont il diffère par ses 
deux étamines, ses glumes non dorées, à carène presque lisse 
et à mucron très court. Se distingue d'autre part de À. mela- 
nosperma Nees par les caractères ci-dessus (étamines, carène 
et mucron), ainsi que par la taille plus petite des épillets 


(3 mm.). 


Région du Centre. — Massif du Manongarivo : coulée de 
basalte humide, 1400 m., mai 1909 (Perrier de la 
Bâthie, 2641). 

Sans indication de localité (X., in Herb. Mus. Par.). 

Endémique. 


13. — KyLLiNGta ERECTA Schumach. Beskr. Guin. PI. (1827), 62. 


Clarke rattache à cette espèce, comme synonyme, X. aurata 


Nees d'Afrique australe, qui est différent, malgré certaines . 


affinités ; À. erecta se distingue en effet de X. aurata par'ses 
glumes à nervures peu saillantes, brièvement mucronées, ses 


Va "AR 


RÉVISION DES CYPÉRACÉES DE MADAGASCAR A1 


têtes denses, dressées, ses tiges nombreuses, contiguës et son 
port généralement plus robuste. Les exemplaires d'Afrique 
australe que j'ai pu voir appartenaient tous à À. aurata, et ceux 
d'Afrique tropicale rentraient dans À. erecta; mais il y aurait 
à refaire une révision complète de toutes ces plantes pour arri- 
ver à délimiter les territoires respectifs des deux espèces. Non 
vu Baron, 429, 540, classés ici par Clarke. Indiqué par Baron 
dans l’Antsihanaka. 


Région du Centre. — Tananarive : prairies, janvier 1913 
(Perrier de la Bâthie, 2675), janvier 1916 (Waterlot) ; 
Observatoire, près Tananarive : brousse sèche, janvier 
1917 (Decary). 

Région de l'Ouest. — Baie de Bombetoka : marais, 
décembre 1907 (Perrier de la Bâthie, 2476) ; Haut Bema- 
rivo (Boina): marais, février 1907 (Perrier de la Bâthie, 
2450) ; Manongarivo (Ambongo) : sables humides, prai- 
ries sablonneuses, janvier 1904 (Perrier de la Bâthie, 

2429, 2430): entre Mevatanana et Andriba : mars 1920 
(Perrier de la Bâthie, 13044). 

Sans indication de localité (Bojer ; Baron, 4701 ; Le Myre 
de Vilers). 

Maurice, Afrique tropicale (et Afrique australe ?). 


4%. — KyzuinGra INTRICATA H. Cherm. in Bull. Mus. Paris, 
XXV (1919), 211. 

Kyllingia erecta Schumach. var. intricata G. B. Clarke 

in Durand et Schinz, Consp. F1. Afr., V (1895), 529, 


nomen nudum. 


Diffère de Æ. erecta Schumach., dont il a les glumes à mucron 
court et à nervures peu saillantes, par son rhizome grêle, 
flexueux, rampant (rappelant celui de X. brevifolia Rottb.), 
portant des tiges distantes, non bulbeuses, courtes, grèles- 
subfiliformes, ses têtes obliques, làches, ses glumes à carène 
entièrement lisse et ses anthères à peine apiculées. Se dis- 
tingue d’autre part de Æ. aurata Nees par son rhizome, sa 
gracilité, ses glumes à nervures peu saillantes et à mucron 
court. 


T2 "POUCES ES 
M. 
se Le: 


49 H. CHERMEZON 


Région de l'Est. — Forêt d'Analamazaotra : pelouses 
sèches découvertes, 900 m., octobre-novembre 1912 
(Viguier et Humbert, 908, 1126). 

Région du Centre. — Nanisana : rizières, juillet 1905 
(d'Alleizette, 233) ; Tananarive : prairies, janvier 1913 
(Perrier de la Bâthie, 2685), avril 1897 (Prudhomme, 
88), janvier 1916 (Waterlot); Mantasoa (Imerina) : 
1889 (Le Myre de Vilers) ; Andrangoloaka (Imerina) : 
marais, novembre 1880 (Hildebrandt, 3740) ; Imerina 
(sans localité précise) : lieux humides, décembre 1880 
(Hildebrandt, 3788) : entre Ambatolampy et Tsinjoa- 
rivo : fonds marécageux, 1600 m., novembre 1912 
(Viguier et Humbert, 1740); Tsimbazaza : lieux 
humides, janvier 1917 (Decary). 

Sans indication de localité (Goudot ; Campenon). 

Endémique. 


Espèces exclues. 


Kyllingia alba Nees in Linnaea, X (1835-1836), LEO SEE 
plante indiquée sous ce nom (Boivin, 2328) est X. coriacea H. 
Cherm. (voir ci-dessus). ; 

Kyllingia aurata Nees ibid., 139. — Il n'existe à Mada- 
gascar que À. erecta Schumach., espèce différente comme 1l 
a été dit plus haut. | 

Kyllingia crassipes Boeck.in Flora (1859), 444, — Indiqué 
par erreur à Madagascar par Palacky. 

Kyllingia cylindrica Nees var. major C.B. Clarke in This.- 
Dyer, Fl. Trop. Afr., VII (1901), 283. — N'’existe pas 
à Madagascar ; Clarke avait d'abord indiqué cette variété, 
sans la décrire, à Sainte Marie (Boivin, 1680 p. p.) ; ultérieu- 
rement, en en donnant la diagnose, le même auteur l’a res- 
treinte à une plante du Kilimandjaro, à épillets de 4-5 mm. 
de longueur, bien plus grands par conséquent que ceux de la 
plante malgache, qui mesurent 2-2 1/2 mm. seulement, aussi 
bien dans les exemplaires de Boivin que dans les autres. 


LES GET Ts RS 


38 


RÉVISION DES CYPÉRACÉES DE MADAGASCAR 43 


Kyllingia madagascariensis Gandoger in Bull. Soc. bot. Fr., 
LXVI (1919), 298. — La diagnose est trop succincte; il 
s’agit simplement d'une forme grêle de À. cylindrica Nees. 

Kyllingia melanosperma Nees in Linnaea, IX (1854), 286. 
— La plante indiquée sous ce nom (Hildebrandt, 4919) est X. 
plurifoliata H. Cherm. (voir ci-dessus). 

fyllinqia triceps Rottb. Desc. et Ic.(1T73), 14, t. IV, f. 6. 


— ]ndiqué par Baron dans l’Imerina, sans doute par confusion. 
que p ; 


per Mariscopsis H. Cherm. in Bull. Mus. Paris, XXV 
(1919), 60. 


Ce genre a le style bifide et l’akène biconvexe, comprimé 
latéralement, des Xyllinqia ; ilen diffère par son inflorescence 


à épis disposés en anthèle, alors que, dans les AXyllingia, 


l'inflorescence forme toujours une tête dense, constituée par un 
seul épi ou un petit nombre d’épis sessiles. Comme dans les 
Kyllinqia, Mariscus, etc., la rhachéole est caduque d'une seule 
pièce, et on peut considérer Mariscopsis comme un Mariscus 
qui aurait le style bifide et l’akène biconvexe; les rapports 
qui l’unissent à Mariscus sont donc exactement les mêmes que 
ceux qui, dans le groupe à rhachéole persistante, existent entre 


Pycreus et Cyperus. 
e: 


Mariscopsis SUAVEOLENS H. Cherm. in Bull. Mus. Paris, 
XXV (1919), 64. 


Cyperus suaveolens Boiv. mss.in Herb. Mus. Par. 


C'est jusqu'ici la seule espèce du genre. La plante est 
annuelle, assez grêle, et rappelle un peu par son port Pycreus 
squarrosulus H. Cherm., mas s'en distingue aisément (outre 
le caractère générique de désarticulation de l'épillet) par ses 
longues bractées, ses épillets plus nombreux, ses glumes plus 
ou moins Jaunes, à faces trinerves, à mucron bien plus court 
et son akène plus gros. Serait à retrouver. 


Sans indication de localité (Bernier, 2° envoi, 33, prairies 
humides du Nord de Madagascar, sans date). 
Zanzibar (Boivin). 


= 
= 


H. CHERMEZON 


IIT. — Torulinium Desv. in Hamilt. Prod. 
Ind. Occid. (1825), 15. 


Le genre Torulinium est très voisin de Mariscus ; la rha- 
chéole se désarticule, en effet, tout d'abord d’une seule pièce 
entre les deux glumes stériles de la base de l’épillet et la 
première glume fertile, absolument comme dans un Mariscus ; 
mais, alors que, dans ce dernier genre, la rhachéole est tou- 
jours grêle et ne subit pas d'autre désarticulation, dans Toru- 
linium la rhachéole, de très bonne heure (bien avant la matu- 
rité des akènes), s’épaissit fortement et se brise facilement à 
maturité au niveau de chaque nœud ; l'épillet peut alors se 
trouver fragmenté en autant de parties qu'il contient de fleurs 
fertiles : chaque fragment comprend un entrenœud de la rha- 
chéole dont les ailes entraînent l’akène inséré à sa base ; le 
plus souvent il comprend également la glume insérée à son 
sommet, mais cette glume se sépare parfois assez aisément. 
La distinction d'avec les Mariscus n'est difficile que dans les 
exemplaires trop Jeunes ; certaines espèces de Mariscus, 
comme Mariscus longibracteatus H. Cherm., ont du reste une 
grande ressemblance avec Torulinium ferax, au point de vue 


du port, ainsi que de l'aspect de l'inflorescence et des épil- 
lets. 


4. —TorurainiuM FERAx Hamilt. Prod. Ind. Occid. (1825), 15. 
Cyperus ferax L. C. Rich. in Act. Soc. hist. nat. Paris, 
I (1792), 106. 
Mariscus ferax C. B. Clarke in Hook. f. F1. Brit. 
Ind., VI (1893), 624. 
Torulinium confertum C. B. Clarke in This.-Dyer, F1. 
Trop. Afr., VIII (1902), 403 (non Hamilt. loc. cit., 15). 


Le nom de T. ferax est celui qui convient à la plante tro- 
picale cosmopolite et notamment à celle de Madagascar ; c'est 
une plante des plus variables comme taille, port, longueur et 

largeur des feuilles, dimensions de l'inflorescence et des épil- 
_ lets, nombre des fleurs, etc... : le véritable 7. confertum 
Hamilt. n’en est peut-être qu'une simple variété américaine, 


RÉVISION DES CYPÉRACÉES DE MADAGASCAR 45 


à épillets rapprochés en épis denses. Indiqué par Baron dans 
l’Imerina. 
Sans indication de localité (Perrottet). 
Régions tropicales, mais répandu surtout en Amérique. 


6 
IV. — Courtoisia Nees in Linnaea, IX (1834), 286. 


Le genre Courtoisia diffère de Mariscus par ses glumes plus 
ou moins coriaces, à carène fortement ailée ; les faces des 
glumes sont dépourvues de nervures, alors qu'elles sont presque 
toujours nervées dans les Mariscus ; les Courtoisia sont, en 
outre, des plantes annuelles. Les différences entre les deux 
genres ne sont donc pas très considérables ; 1l y a cependant 
intérêt à les maintenir séparés pour ne pas rompre l'homo- 
généité des Mariscus. 


1, — Courroisia CYPEROIDES Nees in Linnaea, IX (1834), 286. 
Mariscus cyperoides Dietr. Syn. PL, II (1840), 348. 


La plante malgache est de taille assez variable ; le plus 
souvent elle n’a guère que 5-12 cm. ; cependant, dans les sta- 
tions favorables, elle peut atteindre et dépasser 20-25 cm. 
Les épillets ont 1-2 fleurs fertiles; suivant les cas, il y a pré- 
dominance des épillets umiflores ou biflores. Non vu Scott 


Elliot, 2168, cité par Clarke. 


Région du Centre. — Nanisana : rizières, mai 1905 (d'AI- 
leizette, 122) ; Imerina (sans localité précise) : marais, 
décembre 1880 (Hildebrandt, 3795). 

Région de l'Ouest. — Baie de Bombetoka : marais, mars 
1908 (Perrier de la Bâthie, 2591) ; Mevatanana : sables 

de l’Ikopa, octobre 1900 (Perrier de la Bâthie, 926). 

Sans indication de localité (Géneaud, 35). 

Afrique et Asie tropicales. 


V. — Mariscus Gaertn. Fruct., I (1788), 11. 


La définition du genre Mariscus a beaucoup varié: on y a 
souvent rangé seulement les Cyperus à épillets 1-2 flores ; 


46 H. CHERMEZON 


actuellement, suivant l’exemple de Clarke, 1l convient de 
séparer les Mariscus des Cyperus par leurs épillets caducs 
d'une seule pièce, la rhachéole se désarticulant entre les deux 
glumes inférieures vides et la première glume fertile, alors 
que dans les Cyperu$ la rhachéole est persistante et les 
glumes se désarticulent individuellement. Les Mariscus de 
Madagascar se groupent nalurellement en quatre sections. 
La section PBulbocaulis se classe nettement à part par ses 
tiges longuement épaissies-bulbeuses, grâce à la persistance 
de nombreuses gaines foliaires scarieuses ; ces plantes croissent 
le plus souvent en touffes plus ou moins compactes, mais 
sont dépourvues de rhizome, bien que vivaces ; toutes les 
espèces malgaches ont des épillets pluriflores. Les sections 
Umbellati et Multiflori, très voisines l'une de l'autre, se 
distinguent par le nombre des fleurs fertiles, qui est réduit à 
1-2 par épillet dans la première. Enfin la section Rufi (sec- 
tions Turgidulae et Thunberqiae de Clarke) comprend des 
plantes robustes, à feuilles rigides ou coriaces, d’un vert 
glauque, à épillets pluriflores, lancéolés, un peu turgides, réu- 


£ 


nis en épis plus ou moins denses. 


a. — Section Bulbocaulis. 


1. — Mariscus Kraussir Hochst. in Flora (1845), 756. 
Cyperus dubius Rottler in Neue Schr. Ges. Nat. Fr. 
Berlin, IV (1803), 193 (non Rottb. Desc. et Ie. (1773), 
DO TANT 9) 
 Cyperus mollis Poir. in Lamk. ÆEncyc., VII (1806), 
247. 
Cyperus kyllingioides Vahl, Enum., II (1806), 312; 
Kunth, Enum., I1 (1837), 94. 
Kyllingia Mariae Steud. Syn. PI. Glum., 11(1855), 69. 
Mariscus Dregeanus GC. B. Clarke in Hook. f. FI. Brit. 
Ind., VI (1893), 620 (non Kunth, Enum., II (1837), 120). 


Cette espèce a reçu un grand nombre de noms, ce qui a 


donné lieu à une synonymie assez confuse. Rangée pendant : 


rie Er 


} 


RÉVISION DES CYPÉRACÉES DE MADAGASCAR 47 


longtemps dans le genre Cyperus, elle était alors connue sous 
le nom de C. dubius Rottb.; la diagnose de Rotthoell est 
assez vague, comme toutes les diagnoses anciennes de Cypé- 
racées, et ne mentionne pas les tiges bulbiformes caractéris- 
tiques de la section Bulbocaulis ; la figure qui l'accompagne, 
assez médiocre, correspond mal à notre espèce, et, de plus, 
l'auteur signale et figure un style bifide, surmontant d’ailleurs 
un akène trigone ; la plante de Rottboell reste donc très dou- 
teuse et Clarke l’a même considérée comme un Xyllingia. Les 
auteurs postérieurs à Rottboell ont souvent adopté C. dubius, 
mais en confondant fréquemment sous ce nom plusieurs 
espèces différentes. Clarke (loc. cit. et publications ultérieures) 
rattache la plante au genre Mariscus, avec raison, mais sous 
le nom de M. Dregeanus Kunth t ; or la description de Kunth, 
faite sur un exemplaire récolté par Drège en Afrique aus- 
trale, s'applique très nettement à une plante de la section 
Umbellati et nullement au Cyperus dubius des auteurs: 
inflorescence formée de 5 épis fasciculés ovales-oblongs, 
épillets oblongs, étalés, à 3 fleurs, dont 2 fertiles, glumes 
ovales-elliptiques, jaunes à carène verte, akène ellipsoïde 
égalant les deux tiers de la glume, ete...: Kunth 
rapproche du reste son espèce de M. paniceus Vahl et de 
M. macrocarpus Kunth, tandis que notre plante est décrite 
ailleurs (loc. cit., 94), et assez exactement, sous le nom de 
Cyperus kyllingioides Vahl. La confusion provient d'une 
erreur d'étiquette ; Hochstetter (loc. ci.) avait déjà fait remar- 
quer en elfet que les exemplaires de Drège distribués sous le 
nom de M. Dregeanus Kunth ne correspondaient nullement 
à la diagnose et étaient justement la plante alors connue sous 
le nom de Cyperus dubius. J'adopterai done ici le nom pro- 
posé par Hochstetter, c'est-à-dire M. ÆXraussü, qu est 
accompagné d'une diagnose très exacte. La plante décrite 
par Steudel (loc. cit.) sous le nom de AXyllingia Mariae rentre 
certainement ici. Les exemplaires malgaches de M. Kraussu 


1. Boeckeler (in Linnaea, XXXVI (1869-1870), 336) indiquait déjà 
Mariscus Dregeanus Kunth comme synonyme de Cyperus dubius. 


48 H. CHERMEZON 


sont assez variables comme taille générale, dimensions des 
épillets, nombre des fleurs, etc... ; ces différences sont de 
pèu d'importance, et seule mérite d être distinguée la variété 
dont il sera question plus loin. Non vu Car 199, classé 
ici par Clarke. 
Région de l'Est. — Sainte Marie : mars 1847 (Boivin, 
1676); Tamatave : lieux cultivés, pelouses, eux sablon- 
neux, septembre 1912 (Viguier et Humbert, 247, 247 
bis) ; zone côtière de la province de Mananjary (sans 
localité précise) : mars-avril 1909 (Geay, 7094, 7153, 
1312, 7313, 7439, 7621, 7763) ; Fort Dauphin : dunes, 
mai 1900 (Decorse). 


Région du Sambirano. — Nosy Bé : lieux humides, février- 
mars 1851 (Boivin). 
Région de lOuest. — Port Leven : parties basses et 


humides de la côte, mars-avril 1849 (Boivin, 2325) ; 
Mahavana : sables boisés, janvier 1908 (Perrier de la 
Bâthie, 2486); Majunga: dunes, à l'ombre des arbustes, 
février 1915, février 1920 (Perrier de la Bâthie, 2726, 
13041). . 

Sans indication de localité (Dupetit-Thouars ; Commerson ; 
Baron, 1510, 5893). 


Afrique tropicale et australe ; Asie tropicale ; Bornéo. 


Var. CAPITATUS H. Cherm. 
Cyperus capitatus Poir. in Lamk. Encyc., VII (1806), 246. 
Diffère du type par sa gracihté, ses tiges filiformes, ses 
feuilles sétacées, très longues, sa tête petite, à épillets peu 
nombreux, courts (3-4 mm.), pauciflores |4-6 - flores), ses 
glumes plus petites (2-2 1/2 mm.), son akène plus petit (3/4 
mm.), suborbiculaire. 
Région du Centre. — Massif du Manongarivo : rocailles, 
800 m., (Perrier de la Bâthie, 2627). 
Sans RAT de localité Dosebe x 
Variété endémique. 


2. — Maniscus pETERSsUS C. B. Clarke in Durand et Schinz, 


RÉVISION DES CYPÉRACÉES DE MADAGASCAR 49 


Consp. FL Afr., V (1895), 586, nomen nudum; 
H. Cherm. in Bull. Mus. Paris, XXV (1919), 500. 


Très voisin de M. Kraussi Hochst., dont il a l'aspect 
général ; en diffère surtout par son akène oblong dépassant les 
trois quarts de la longueur de la glume et son inflorescence 
plus petite, en tête formée de plusieurs petits épis (axe: 
3-4 mm.) égaux, sessiles; les bractées sont plus courtes; les 
feuilles, un peu plus épaisses, sont moins molles ; la tige est 
peu élevée (6-12 cm., rarement jusqu à 20 cm.); les épillets, 
subaigus, sont de petite taille (3-5 mm.), ainsi que les glumes 
(2-2 1/2 mm.). Dans M. Kraussu, d'ordinaire plus robuste, 
la tête est formée d’un épi unique (rarement accompagné à 
la base de très petits épis rudimentaires), assez long (axe : 
6-7 mm.), les glumes ont 3-3 1/2 mm. de longueur, et l’akène, 
brièvement ellipsoïide ou même subglobuleux, atteint le tiers 
ou la moitié de la glume seulement. M. detersus est donc bien 
distinct de M. Kraussu type, et s’il rappelle la var. capitatus 
par ses dimensions réduites, 11 s'en séparera toujours par son 
akène et son inflorescence. 


Région du Centre. — Betsiléo (sans localité précise) : 
marais, février 1881 (Hildebrandt, 4018). 
Endémique. 


3. 


Mariscus PErRRIERt H. Cherm. in Bull. Mus. Paris, 
XXV (1919), 301. 


Les rayons de l’anthèle atteignent souvent dans cette espèce 
2 cm. 1/2 de longueur, mais sont parfois sensiblement plus 
courts, bien que toujours distincts ; les glumes ont presque 
constamment une coloration rougeñtre sur la plus grande 
partie de leur étendue ; dans quelques épillets cependant elles 
sont de couleur paille, avec seulement quelques places rou- 
geâtres. L'espèce la plus voisine est M. leptophyllus C. B. 
Clarke, d'Arabie, Egypte et Afrique orientale, avec laquelle 
les principales différences sont mises en évidence dans le 
tableau suivant : 


Annales du Musée colonial de Marseille. -- 3° série, 7* vol, 1919, { 


-5Ô | il. CHERMEZON 


M. Perrieri. 
- Bulbes assez courts et assez 
brusquement claviformes. 
Feuilles férmes, non sétacées. 


Axe de l'épi très court (2-4 mm.) 
portant des épillets peu nom- 
breux, très rapprochés, digités. 

Epillets petits et étroits (6-9 
min.sur 2-3 mm.). 

Glumes largement ovales, cour- 
tes (2-2 1/2 mm.), non mucronées. 


Anthères brièvement oblongues, 
subaiguës, 
_Akène ellipsoïde ou obovoïde, 
dépassant la 1/2 elume. 


M. leptophyllus. 

Bulbes très longuement etinsen- 
siblement claviformes. 

Feuilles molles, très fines, séta- 
cées. 

Axe de l'épi long (20 mm.), por- 
tant des épillets nombreux, dis- 
tants, la plupart étalés horizonta- 
lement. 

Epillets plus grands et plus 
larges (8-12 mm. sur 3-3 1/3 mm.). 

Glumes ovales-oblongues, plus 


longues (3-3 1/2 mm.), nettement 


mucronées. 

Anthères longuement linéaires, 
nettement aiguës. 

Akène oblong, n et pas 
la 1/2 glume. 


Région du Centre. — Zazafotsy : rocailles dénudées des 
gneiss, 800 m., mars 1912 (Perrier de la Bâthie, 
2584). 

Sans indication de localité (Bojer). 

Endémique. 

4. — Maniscus GontosozBus H. Cherm. in Bull. Mus. Par., 


XXV (1919), 301. 


Très voisin de M. Perrieri H. Cherm., dont il diffère sur- 
tout par ses bulbes nettement anguleux (les gaines étant 
carénées) et par son inflorescence contractée en tête unique, 
dense, à nombreux épillets rayonnants:; de plus, les épillets 
sont moins étroits, les glumes sont un peu plus longues, un 
peu fermes, non linéolées, de couleur paille, avec une bordure 
rouge. Je ne puis actuellement trancher la question de la 
valeur exacte de M, goniobolbus, qui devra peut-être ulté- 
rieurement être rattaché à M. Perrieri, à titre de variété ou 


de sous-espèce. 


Région du Centre. — Antsirabé : prairies sur basalte, 
1600 m., décembre 1913 (Perrier de la Bâthie, 2650). 
Endémique. 


Ro El Ë 
7 site ur, ? LEE SOLS er) PR. 


RÉVISION DES CYPÉRACÉES DE MADAGASCAR 51 


5. — Mariscus Aster C. B. Clarke in Durand et Schinz, 
Consp. FL. Afr., V (1895), 84, nomen nudum ; 
H. Cherm. in Bull. ns Sun XXV (1919), 302. 


L'espèce la plus voisine paraît être M. Schimperi Steud., 
d'Abyssinie, qui a la même anthèle contractée presque en 
tête, des glumes étroites et un akène oblong:; M. Aster s’en: 
distingue par ses bulbes plus petits, moins nettement indi- 
vidualisés par rapport au reste de la tige, ses feuilles fermes, 
ses épis plus petits (8-10 mm. sur 5-6, et non 12-14 sur 8-9), 
ses épillets dressés et non étalés, plus étroits, et ses glumes 
sensiblement plus petites. Clarke (in Xe Bull., Add. ser. VII 
(1908), 101) place M. Aster entre M. firmipes C. B. Clarke et 
M. remotus C. B. Clarke, c'est-à-dire dans le groupe à épis 
condensés en tête ovoïde, par opposition aux espèces à épis 
manifestement digités, dont fait partie M. Schimperi!; en 
réalité, iln’y a pas opposition complète entre ces deux groupes 
d'espèces, car on observe dans la section Bulbocaulis tous les 
degrés de contraction de l’anthèle par raccourcissement des 
rayons ; ces rayons sont très courts dans M. Aster, mais les 
épis, grâce à leur forme subcylindrique, restent bien distincts, 
alors que dans M. detersus, par exemple, l'aspect de l'inflo- 
rescence est nettement capité. 

Région du Centre. — Betafo : rocailles basaltiques à l'abri 
des feux, 1.300 m., décembre 1913 (Perrier de la 
Bâthie, 2666). 

Sans indication de localité (X. in Herb. Kew). 

Endémique. 


b. — Section Umbellati, 


6, — Manseus Huusertri H, Cherm. in Bull. Mus. Paris, 
XXV (1919), 303. 


Voisin, par son anthèle contraetée en tête rougeûtre, de 
M. Kerstenii C. B. Clarke, d'Afrique orientale, mais s'en 


1. Cf. à ce sujet Clarke in This.-Dyer, FT. Trop, Afr., VIE (4904), 
3717. 


A H. CHERMEZON 


distingue par ses liges creuses presque arrondies (à peine 
trigones supérieurement), ses feuilles pliées, ses gaines non 
indurées, ses bractées non réfléchies, ses glumes dressées 
moins colorées. Les exemplaires du Mont Ibity, plus vigou- 
reux que ceux d'Ambatolaona, ont une inflorescence plus 
fournie, des épillets plus longs (souvent biflores) et des glumes 
un peu plus grandes. 


Région du Centre. — Ambatolaona : marais à 3 km. au 
Sud, 1.400 m., décembre 1912 (Viguier et Humbert, 
1983) ; cime du Mont Ibity : sables humides des quart- 
zites, 2.300 m., février 1914 (Perrier de la Bâthue, 
2136). 


/ 


Endémique. 


7. — Maniscus 8anius Kunth, Enum., Il (1837), 123. 

Cette espèce a été souvent confondue, notamment par 
Clarke (in Durand et Schinz, Consp. FI. Afr., V (1895), 591), 
avec Mariscus paniceus Vahl; plus tard, du reste, Clarke 
(in Kew. Bull., Add. ser. VIII (1908), 102) est revenu sur cette 
assimilation et a admis M. badius comme espèce. C'est, en 
elfet, une espèce bien caractérisée, très différente de M. pani- 
ceus par ses tiges plus robustes, ses feuilles coriaces, ses épis 


obovoïdes longuement pédicellés, ses épillets arqués-réfléchis: 


et ses glumes mucronées. Ses affinités sont avec M. umbel- 
latus Vahl (épis courts et très denses, épillets petits et réflé- 
chis, glumes mucronées), dont il se distingue aisément par les 
caractères suivants : 


M. badius. 
Feuilles épaisses, coriaces. 
Epis obovoïdes, assez gros (7-9 
mm, de largeur). 


Epillets arqués. 

Glumes d’un brun ferrugineux, 
un peu coriaces, assez grandes 
(3 mm. de longueur). 


Anthères longues, mucronées, 


M. umbellatus. 

Feuilles minces, non coriaces. 

Epis obovoïdes ou brièvement 
cylindriques, petits (4-6 mm. de 
largeur). 

Epillets droits. 

Glumes verdätres ou roussàtres, 
minces, plus petites (2-2 1/2 mm. 
de longueur). 

Anthères courtes, non mucro- 
nées, 


RÉVISION DES CYPÉRACÉES DE MADAGASCAR D3 
Région de l'Est. — Embouchure du Tapolo : sables, dunes 


dénudées, octobre 1911 (Perrier de la Bâthie, 2029) : 
Fénérive: sables marins, septembre 1912 (Perrier de la 
Bâthie, 2550); Sainte-Marie : collines sablonneuses 
et déboisées de Sasifout, novembre 1850 /(Boivin) ; 
Tamatave: lieux sablonneux, septembre 1912 (Viguier 
et Humbert, 227); zone côtière de la province de 
Mananjary (sans localité précise) : mars-avril 1909 
(Geay, 7031, 7308, 7310). 

Sans indication de localité (Dupetit-Thouars ; Commer- 
son). 

Endémique. ù 


8. — Maniscus UMBELLATUS Vahl, Enum., II (1806), 376. 
Kyllinqia umbellata Rottb. Desc. et Ic. (1773), 15, 
EAN 2: 
Cyperus umbellatus C. B. Clarke in Journ. Linn. 
Soc., XX (1883), 296. 


Certains individus, surtout à l'état jeune (quand les épillets 
ne sont pas encore réfléchis), rappellent un peu M. Sieberia- 
nus Nees ; ils s'en distinguent toujours par leurs épis brie- 
vement cylindriques ou obovoïdes, très denses, et surtout par 
leurs épillets plus petits et leurs glumes mucronées. Les deux 
espèces sont, d'ailleurs, voisines et ont été souvent confon- 
dues ou considérées comme variétés l’une de l’autre. Les 
variations de M. umbellatus portent surtout sur les dimen- 
sions de la plante et de quelques-unes de ses parties, ainsi 
que sur la forme de l’akène. Le type le plus répandu à Mada- 
gascar a les bractées de l’inflorescence très longues, ainsi que 
la plupart des rayons de l’anthèle : les épis sont obovoïdes ou 
très brièvement cylindriques, à épillets très serrés et presque 
tous nettement réfléchis à maturité. Certains exemplaires ont 
un akène particulièrement étroit, ainsi que les glumes (Pervillé, 
265 ; Boivin, 1677) ; d'autres présentent un raccourcissement 
notable des rayons de l’anthèle (Perrier de la Bâthie, 2505); par- 
fois enfin on rencontre des individus de petite taille, à bractées 
relativement courtes, à épillets peu nombreux et à peine réflé- 


5% H. CHERMEZON 


chis, les autres caractères étant ceux du type habituel (Perrier 
de la Bâthie, 2394). Ces diverses variations demanderaient à 
être étudiées sur place; pour le moment 1l suffira de les 
signaler ici, Le nombre des fleurs fertiles par épillet est le 
plus souvent réduit à 1; quand il en a 2, la longueur de 
l'épillet se trouve augmentée d’un millimètre environ, les 
deux glumes fertiles étant un peu distantes. Non vu Gerrard, 
90, classé ici par Clarke. 

Région de l'Est. — Sainte-Marie : lieux humides, mai 
1847, décembre 1849 (Boivin, 1677, 1677 b) ; Haut 
Bemarivo: versant Nord-Est, bois, 500 m., novembre 
1912 (Perrier de la Bâthie, 2505). 

Région du Sambirano. — Nosy Bé: sans date (Boivin; 
Richard, 401), bord des eaux, lieux frais et ombragés, 
juin 1847 et mars 1851 (Boivin, 2006), forêts, avril 
1879 (Hildebrandt, 2922), bords des ruisseaux à Passan- 
dava, août 1840 (Pervillé, 265). | 

Région de l'Ouest. Ampasimentera (Boïna) : bois, 
décembre 1906 (Perrier de la Bâthie, 2394), . 

Sans indication de localité (Bernier, 2° envoi, 42 b). 

Afrique tropicale et australe ; Indochine ; Martinique. 


9. — Mariscus SiesErIANUS Nees in Linnaea, IX (1834), 286. 
Cyperus Sieberianus K. Schum. in Engler, PI. Ost.- 
Afr., G (1895), 122. 


Cette espèce est susceptible de légères variations ; c’est 
ainsi que certains exemplaires (Perrier de la Bâthie, 2612) 
ont une inflorescence un peu contractée, les rayons de 
l’anthèle étant tous courts. Comme dans l'espèce précédente, 
il peut y avoir, par épillet, une ou deux fleurs fertiles, le 
premier cas étant le plus fréquent; la longueur de l’épillet 
varle en conséquence. 


Région de l'Est. — Tamatave : novembre 1906 (d’Allei- 
zette, 1379). 
Région du Centre, — Tananarive : prairies, janvier 1913, 


janvier 1920 (Perrier de la Bâthie, 2674, 13049); An- 


RÉVISION DES CYPÉRACÉES DE MADAGASCAR 0 


kaizina : prairies, 1.000 m., septembre 1908 (Perrier 
de la Bâthie, 2612); Marorangotra : avril 1905 (Acadé- 
mie malgache). 

Région de l'Ouest. — Mevatanana : prairies, janvier 1897 
(Perrier de la Bâthie, 453). 

Sans indication de localité (Le Myre de Vilers). 

Régions tropicales et subtropicales de l'Ancien Monde. 


Var. NOSsIBEENSIS H. Cherm. 
Mariscus nossibeensis Steud. Syn. PI. Glum., II (1855), 63. 
Cyperus nossibeensis K. Schum. in Engler, Pf. Ost- 
Afr., G (1895), 122. 


La diagnose de Steudel (loc. cit.), assez peu précise, a été 
établie sur la plante récoltée par Boivin à Nosy Bé; 1l m'est 
impossible de voir là autre chose qu'une variété robuste de 
M. Sieberianus Nees, caractérisée par un port plus vigou- 
reux, des épis plus grands (2 1/2-3 1/2 cm. de longueur au 
lieu de 1 1/2-21/2), un peu plus fournis et parfois 
composés, des épillets moins étroits, un akène plus large 
(obovoïde et non oblong), relativement plus court (1/2-2/3 de 
la longueur de la glume au lieu de 2/3-3/4) ; comme dans 
le type, il peut y avoir, par épillet, une ou deux fleurs fertiles, 
mais le plus souvent deux. Dans les exemplaires de Boivin, 
certains épis sont composés, c'est-à-dire qu'il existe, au 


sommet du rayon et à côté de l'épi principal, 1-2 épis laté- 


raux plus petits accompagnés de courtes bractéoles ; cet état 
correspond à M. Sieberianus var. subcomposita C. B. Clarke, 
que Clarke lui-même (in This.-Dyer, FT Trop. Afr., VII 
(1902), 389) considère comme différant très faiblement de 
M. nossibeensis Steud. ; l y a du reste sur le même pied 
des épis simples du type habituel ; la var. suhcomposita rentre 
donc dans la var. nossibeensis, dont elle n'est qu'une 
modification sans importance. 


Région du Sambirano. — Nosy Bé: lieux herbeux du pla- 
teau d'Hellville et Ampombilava, janvier 1850 et 
décembre 1851 (Boivin), marais, janvier-février 1841 
(Pervillé, 441, 460, 501). 


56 IH. CHERMEZON 


Région de l'Ouest. — Tsarasaotra : janvier 1898 (Perrier 
de la Bâthie, 453). 

Sans indication de localité (Bernier, 2° envoi, 42). 

Afrique tropicale et austräle. 


10. 


Mariscus ViGuiert H. Cherm. in Bull. Mus. Paris, 
XXV (1919), 303. | 


Voisin de M. Sieherianus Nees, dontil diffère par ses glumes 
rougeûtres, plus grandes (3 1/2-4 mm. de longueur au lieu 
de 2 1/2-3 1/2), ses anthères allongées, un peu mucronées, ses 
épillets plus grands (4-6 mm. de longueur au lieu de 3-4 1/2), 
et ses feuilles plus épaisses, presque coriaces. Les épis sont 
plus brièvement pédicellés (et par conséquent l'inflorescence 
est un peu contractée) et les épillets sont dressés, mais cela 
tient peut-être à l’état trop jeune des échantillons, qui ne 
présentent pas encore d’akène mûr. Les anthères mucronées et 
les feuilles coriaces rappellent un peu M. badius Kunth, de la 
côte orientale, mais, outre la différence d'habitat, M. Viguieri 
s’en écarte nettement par ses épis cylindriques moins denses, 
ses épillets plus longs, non arqués-réfléchis, et ses glumes 
rougeàtres non mucronées. 


Région du Centre. — Monts Vavavato: lieux marécageux à 
l'Est de la crête, 1.900 m., novembre 1912 (Viguier 
et Humbert, 1618) ; Angavokely : buissons éricoïdes, 
1.800 m., décembre 1919 (Perrier de la Bâthie, 12943). 

Endémique. 


ec. — Section Multiflori. 


11. — Mariscus FALzLAx H. Cherm. in Bull. Mus. Paris, 
XXV (1919), 105. 


Voisin de M. luteus C. B. Clarke, dont il diffère par son 
port moins robuste, son anthèle simple, petite (4-6 em. de 
diamètre au lieu de 8-20), à rayons peu nombreux (5-8), 
toujours assez courts, à bractées courtes (l'inférieure attei- 
gnant à peine 12 cm. au lieu de 25-30), ses épis plus petits, 
à épillets moins nombreux, plus courts, brièvement linéaires, 


RÉVISION DES CYPÉRACÉES DE MADAGASCAR à: 


Jougeûtres (et non Jaunes ou roussâtres). Par ses épillets 
relativement pauciflores (3-6 fleurs fertiles), M. fallar, bien 
qu appartenant à la section Multiflori, forme une sorte de 
transition avec la section Umbellati; il rappelle notamment 
un peu W. Sieherianus Nees par son port et par certains détails 
floraux. 


Région du Centre. — Tananarive : avril 1889 (Catat, 65), 
terrains humides, février 1897 (Prudhomme, 23), prai- 
ries, et aussi rudéral, janvier 1913 (Perrier de la Bâthie, 
2684 b); Antsirabé : prairies 1.500 m., janvier 1920 
(Perrier de la Bâthie, 12985). 

Sans indication de localité (Le Myre de Vilers). 

Endémique. 

12. — Mariscus Lureus C. B. Clarke in Durand et Schinz, 

Consp. FT. Afr., V (1895), 589. 

Cyperus luteus Boeck. in Linnaea, XXXVIII (1874), 

371. i | 

Espèce remarquable par son inflorescence plus ou moins 
composée, ample, à grandes bractées, et ses épillets jaunes 
ou roussâtres, longuement linéaires, étalés, ou quelques-uns 
seulement un peu réfléchis. Exceptionnellement (Perrier de la 
Bâthie, 2631), l'inflorescence peut être un peu contractée par 
raccourcissement des rayons. Non vu Baron, 6344, cité par 


Clarke. Indiqué par Baron dans le Nord (Mont Ambobhitra). 


Région du Sambirano. — Nosvy Bé : marais, janvier 1841 
5 } »J 
(Pervillé, 451, 516), rizière du Jardin Colonial et talus 
boisés au-dessous du plateau d'Hellville, février 1849, 
P ; 
_ Janvier 1850 et mars 1851 (Boivin, 2005 bis): Nosy 
Cumba : bords d'une mare, mars 1841 (Pervillé, 746). 


Région du Centre. — Isoraka : marécages, janvier 1917 
(Decary). 
Région de l'Ouest. — Bezofo : bords des torrents, sur les 


gneiss, octobre 1908 (Perrier de la Bâthie, 2618) ; 
massif du Manongarivo : bois sur grès liasiques au- 
dessous de l'altitude de 500 m., mai 1909 (Perrier de 
la Bâthie, 2631). 

Endémique. 


58 H. CHERMEZON 


13. — Mariscus SPLENDENS H. Cherm. in Bull. Mus. Paris. 
XXV (1919), 405. 


La disposition et la taille des épillets donnent à cette 
espèce un aspect tout particulier ; elle est voisine de M. luteus 
C. B. Clarke par son anthèle composée, grande, à rayons 
nombreux, et ses épillets jaunes, longuement linéaires, mais 


elle en diffère par les caractères suivants : 


M. splendens. 

Feuilles nombreuses, légère- 
ment épaissies, à diaphragmes 
très visibles sur le sec. 

Bractée inférieure de l’inflores- 
cence 40-45 cm, de longueur. 

Epillets 15-25 mm, de lon- 
gueur, 7-9-flores, presque tous 
fortement réfléchis. 

Glumes de 5-6 mm. de longueur. 

Akène de 3 1/2 mm. de longueur. 


M. luteus. 

Feuilles moins nombreuses, 
minces, à diaphragmes non ou à 
peine visibles sur le sec. 

Bractée inférieure de l’inflores- 
cence 25-30 cm. de longueur. 

Epillets 10-12 mm, de longueur, 
4-6-flores, étalés à angle droit, 
ou quelques-uns un peu réftéchis. 

Glumes de 4 mm. de longueur. 

- Akène de 21/2 mm. de longueur. 


Région de l'Est. — Entre Antalaha et Sambava : bois, 
dunes littorales, novembre 1912 (Perrier de ‘a Bâthie, 
2585). 

Endémique. 


MA dne MANONGARIVENSIS H. Cherm. in Bull. Mus. 
Paris, XXV (1919), 406. 


Par ses épillets comprimés, blanchâtres, pluriflores, cette 
espèce rappelle M. hemisphaericus C. B. Clarke; elle s’en 
distingue par ses feuilles étroites (3-4 mm. au lieu de 6-8), 
plus molles, à diaphragmes non visibles sur le sec, ses glumes 
un peu plus courtes, ainsi que les anthères, et son akène non 
très obtus au sommet ; l’anthèle est moins régulière et du 
reste assez variable, tantôt à rayons très inégaux, tantôt à 
rayons tous courts, ce qui la fait paraître un peu contractée. 
Diffère d'autre part de M. luteus C. B. Clarke par ses feuilles 
plus molles, ses épis plus denses, ses épillets plus compri- 
més, sa rhachéole à ailes courtes, ses glumes blanchâtres, 
nettement mucronées, à nervures un peu plus saillantes. 


14. 


nd #5: € 


< 


RÉVISION DES CYPÉRACÉES DE MADAGASCAR D9 + 
Région de l'Ouest. — Massif du Manongarivo : endroits 
humides, avril 1909 (Perrier de la Bâthie, 2626). 
Endémique. 


45. — Maniscus HemispnaErICUS C. B. Clarke in Durand et 
Schinz, Consp. F1. Afr., V (1895), 589. 
Cyperus hemisphaericus Boeck. in Flora (1859), 439, 


L'unique exemplaire malgache, assez incomplet et un peu 
P 8 ) 
jeune, a des épillets allongés (18-20 mm.), à fleurs nom- 
breuses (12-15). et des glumes non mucronées, non cilées à 
; S ; 
la marge, Nouveau pour Madagascar, mais serait à retrouver. 
Sans indication de localité (Bojer). 
Afrique orientale. 


16. — Mariscus TomaropaYLLUS C. B. Clarke in Durand et 
Schinz, Consp. FI. Afr., V (1895), 594, nomen nudum, 
et in This.-Dyer, F1. Trop. Afr., VIII (1902), 392. 
Cyperus tomaiophyllus K. Schum. in Engler, Pf1. 
Ost.-Afr., C (1895), 122. 


Cette espèce, par ses épillets à 3 fleurs fertiles seulement, 
- ainsi que par son anthèle simple, forme une transition entre 
les sections Umbellati et Multiflori, ses affinités semblant 
toutefois plutôt avec la seconde. Les descriptions de 
Schumann et de Clarke (loc. cit.), qui s'appliquent à la plante 
d'Afrique orientale, sont peu précises sur bien des points; 
d’après ces deux auteurs, M. {omaiophyllus ne diffère guère de 
M. hemisphaericus C. B. Clarke que par ses épillets triflores 
et ses feuilles coupantes. La plante malgache n'est représentée 
que par des exemplaires jeunes et en assez mauvais état ; les 
feuilles. manquent et sont remplacées par de simples gaines 
dans la partie existante de la tige ; les bractées de l'inflores- 
cence (au nombre de 6-8) sont en parties brisées ; l'inflores- 
cence elle-même est assez contractée et formée d'épis dressés, 
de 2-3 cm. de longueur, à épillets également dressés. C'est, 
en résumé, une plante mal connue, qui serait à retrouver en 
meilleur état. 


60 H. CHERMEZON 


Sans indication de localité (Baron, 3279). 
Afrique orientale. 


17. — Mariscus LONGIBRACTEATUS H. Cherm. in Bull. Mus. 
Paris, XXV (1919), 407. 


Ainsi que la suivante, cette espèce se classe un peu à part 
par ses glumes petites, à faces sans nervures, ses anthères 
petites, courtes, et ses feuilles à trois nervures principales 
bien apparentes. Plusieurs de ces caractères se rencontrent 
dans Torulinium ferax Hamilt., qui a à peu près le même 
port; outre les caractères génériques, M. longibracteatus se 
distingue de ce dernier par ses épillets un peu comprimés, ses 
glumes plus étroites, plus longues (3 1/2 mm.), non mucro- 
nées, à faces sans nervures, à carène brunâtre, et par son akène 
trigone, légèrement comprimé latéralement, alors que celui 
de Torulinium ferax, également trigone, est légèrement 
comprimé d'avant en arrière. Rappelle beaucoup par son 


port Cyperus distans L. f. 


Région de l'Est. — Forêt d’Analamazaotra : bords des 
ruisseaux, décembre (Pérrier de la Bâthie, 6330). 
Région du Centre. — Nanisana : rizières, mai 1905 (d’Al- 
leizette, 99 b). 
Endémique. 
18. — MarisCUS RUBROTINCTUS H. Cherm. in Bull. Mus. 


Paris, XXV (1919), 407. 


Se distingue de M. longibracteatus H. Cherm., dont il est 
voisin, par les caractères qui sont mis en évidence dans le 
tableau suivant : 


M. rubrotinctus. 


Feuilles assez larges (4-6 mm.), 
brièvement acuminées. 

Bractées assez courtes (l’infé- 
rieure atteignant 10-15 em.). 

Glumes lavées de rouge, non 
linéolées, à carène verte n’attei- 
gnant pas le sommet scarieux. 

Anthères presque 
(2Ésur me 


ellipsoïdes 


M. longibracteatus. 


Feuilles étroites (2-3  mm.), 
longuement acuminées. 

Bractées très longues (l'infé- 
rieure atteignant 25-50 cm.). 

Glumes de couleur paille, linéo- 
lées, à carène brunûtre, atteignant 
le sommet non scarieux. 

Anthères brièvement oblongues 
(3-4 sur 1). 


RÉVISION DES CYPÉRACÉES DE MADAGASCAR 61 


L'inflorescence de M. rubrotinctus est d'ordinaire plus dense 
et les épillets plus nettement comprimés. La coloration 
rouge des glumes, très visible dans les exemplaires adultes, 
peut être à peine marquée dans les épillets trop Jeunes. 


Région du Centre. — Nanisana : rizières, mai 1905 (d’AI- 
leizette, 99) ; la Mandraka: bords des eaux, octobre 
1905 (d’Alleizette, 324) : Tananarive : janvier 1916 
(Waterlot), rocailles, décembre 1919 (Perrier de la 
Bâthie, 13037). | 


Région de l'Ouest. — Mevatanana : marais, août 1900 
(Perrier de la Bâthie, 929); Miandrivazo (Huré). 
Endémique. 


d. — Section Au/fi. 


19. — ManisCuS ALBESCENS Gaudich. in Freycinet, Voy. 
(1826), 415. 
Cyperus pennatus Lamk. ZUl., 1 (1791), 144. 


Cette espèce est caractérisée, par rapport aux deux sui- 
vantes, par ses feuilles assez larges (5-8 mm.), beaucoup 
moins rigides, souvent planes, son anthèle à rayons secon- 
daires courts (atteignant rarement 10 mm.), ses épis moins 
denses, subeylindriques, ses glumes largement ovales ainsi 
que les ailes de la rhachéole, et son akène largement ellipsoïde ; 
les glumes sont le plus souvent minces, fortement linéolées. 
Certains exemplaires (notamment Perrier de la Bâthie, 2459, et 
Baron, 5896) ont une inflorescence un peu contractée, des 
glumes plus colorées, non ou à peine linéolées, de consistance 
plus ferme, de taille un peu plus grande, à base légèrement 
épaissie; ce sont là des caractères! qu'on rencontre dans 
beaucoup de Cypéracées, accompagnés de la stérihté des 
épillets ; ici cependant les akènes sont parfaitement développés, 


et les modifications sont, du reste, moins intenses que dans 


les cas où 1l y a stérilité. Ce sont peut-être ces caractères 


1. Il serait intéressant de voir si ces modifications qui se rencontrent 
dans Mariscus Kraussii Hochst., dans divers Cyperus, etc., ne sont pas 
d'origine cécidienne. . 


D) H. CHERMEZON 


un peu spéciaux qui ont amené Clarke à rapporter la plante 
ci-dessus de Baron à M. rufus H. B. K. ; ce dernier a des épis 
beaucoup plus denses, des épillets sensiblement plus petits, 
ainsi qué les glumes, et un port assez différent ; c'est, de 
plus, une espèce américaine signalée également entre Afrique 
occidentale, mais manquant sur tout le pourtour de l'Océan 
Indien. Au contraire M. albescens est abondant en Asie tro- 
picale et en Océanie, et se rencontre également à Madagascar, 
aux Seychelles et sur la côte orientale d'Afrique. Les varia- 
tions de la plante malgache et notamment les glumes hyper- 
trophiées se retrouvent à peu près identiques dans certains 
exemplaires d'Asie et d'Océanie. Indiqué par Baron dans le 
Nord et dans l’Androna. 


Région du Sambirano. — Nosy Bé: marais, janvier 1841 
(Pervillé, 432), bords de la rivière des Tourtours, à 
Djabal et Ampombilava, juin 1847, septembre 1848 et 
mars 1851 (Boivin, 2003). 

Région de l'Ouest. — Côte et intérieur de la Boïna : assez 
rare, endroits sablonneux et découverts, inondés pen- 
dant la saison des pluies, sans date (Perrier de la 
Bâthie, 2442): bords du lac de Kimadio, octobre 1905 
(Perrier de la Bâthie, 2459). 

Sans indication de localité (Baron, 5896). 

Afrique orientale anglaise, Seychelles ; Asie tropicale : 
Océanie. 


20. — Mariscus varicus C. B. Clarke in Durand et Schinz, 
Consp. F1. Afr., V (1895), 595, nomen nudum ; H. 
Cherm. in Bull. Mus. Paris, XXV (1919), 408. 


Intermédiaire, parmi les espèces malgaches, entre M. albes- 
cens Gaudich. et M. arcuatoreflexzus H. Cherm., mais plus voi- 
sin du second, dont 1l diffère par son anthèle à rayons secon- 
daires droits-divariqués, à la fin en partie réfléchis (et non 
arqués-réfléchis), ses épis un peu moins denses, ses épillets 
plus longs (5-7 mm. au lieu de 3 1/2-5), un peu moins pau- 
ciflores (4-6 akènes au lieu de 3-4); de plus, les épis prinei- 


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63 
paux sont un peu plus gros, à épillets plus dressés, de couleur 
généralement moins franchement rouge, et les glumes sont 
légèrement étalées à maturité. Les exemplaires de Viguier et 


Humbert sont un peu trop jeunes, et leur inflorescence n’a 
pas encore son aspect normal; J'ai cru pouvoir les rapporter 


RÉVISION DES CYPÉRACÉES DE MADAGASCAR 


à cette espèce à cause de leurs autres caractères. 


Région du Centre. — Manankazo, au Nord-Est d'Anka- 


zobé : marais, 1.500 m., novembre 1913 (Perrier de la 


Bâthie, 2700); 


Tsinjoarivo 


: bords de l'Onive, en 


dessous du palais, 1.575 m., novembre 1912 (Viguier et 


- Humbert, 1867). 


Sans indication de localité (Baron, 3647, 3730). 


Endémique. 


21. — Marisccs ARCUATOREFLEXUS H. Cherm. in Bull. Mus. 


Paris, XXV (1919), 409. 


Mariscus Owaniü C. B. Clarke in Durand et Schinz, 
Consp. F1. Afr., V (1895), 590, pro parte (non C. B. 
Clarke in This.-Dvyer, F1. Cap., VII (1898), 194; 
non Cyperus Owanit Boeck. in Flora (1878), 29). 


La plante de Baron a été rapportée par Clarke (loc. cit.) à 
M. Owani C. B. Clarke de l'Afrique du Sud; les deux 


espèces sont cependant nettement différentes : 


M. arcuatoreflexus. 
Feuilles étroites (3-4 
pliées-enroulées,. 


mm.), 


Rayons primaires de l’anthèle 
dressés, ainsi que les bractées. 

Rayons secondaires longs (15-25 
mm.), arqués-réfléchis. 

Epis très denses, courts (8-10 
mm.). 

Epillets petits"(3 1/2-5 mm.), à 
3-4 akènes. 

Glumes petites (3 mm, de lon- 
gueur), dressées. 


Akène 1/2-2/3 de la longueur de 
la glume. 


M. Owanii. 

Feuilles assez larges (5-9 mm .), 
presque planes ou un peu enrou- 
lées. 

Rayons primaires de l'anthèle 
très élalés, ainsi que les bractées,. 

Rayons secondaires courts (10-15 
mm.), droits. 

Epis moins denses, longs (15-25 
mm.). 

Epillets assez grands (6-8 mm.), 
à 4-6 akènes. 

Glumes assez grandes (4-5 mm, 
de longueur), un peu étalées à 
maturité. 

Akène un peu plus court que la 
glume. 


64 H. CHERMEZON 


L'espèce malgache rappelle un peu M. rufus H. B.K., 
notamment par ses épis subglobuleux très denses et ses 
épillets courts et pauciflores; elle s'en distingue par ses feuilles 
sensiblement plus étroites, pliées-enroulées, ses épis non 
rapprochés, ses rayons secondaires allongés et arqués, sa 


rhachéole étroitement ailée, ses glumes moins larges, et enfin 


son akène étroitement ellipsoïde. 


Région de l'Est. — Tamatave: marais, novembre 1906 
(d'Alleizette, 1380) ; Forêt d’Analamazaotra : fonds 
humides vers 900 m., octobre 1912 (Viguier et Humbert, 
949). | 

Sans indication de localité (Baron, 5641). 

Endémique. 


Espèces exclues. 


Mariscus Bojeri GC. B. Clarke in Durand et Schinz, Consp. 
FI. Afr., V (1895), 584, nomen nudum. — Je nat pas vu 
cette plante, récoltée par Hilsenberg et Bojer, et que Clarke 
classe à côté de M. luteus C. B. Clarke; c’est peut-être 
une des espèces que j'ai décrites comme nouvelles. 


Mariscus Dregeanus Kunth, Enum., II (1837), 120. — La 


plante indiquée sous ce nom à Madagascar est M. Kraussu 
Hochst. (voir ci-dessus); il en est sans doute de même pour 
la plupart des. exemplaires tropicaux d'Afrique et d'Asie 
nommés M. Dregeanus à la suite de Clarke, et qui rentrent 
dans l’ancien Cyperus dubius Rottl. Le véritable M. Dregeanus 
Kunth est une plante sud-africaine, de la section Umbellati, 
qui m'est inconnue. 

Mariscus Hilsenberqi C. B. Clarke in Durand et Schinz, 
Consp. F1. Afr., V (1895), 589, nomen nudum. — Je n’ai 


pas vu cette espèce, classée par Clarke près de M. pseudo- 


brunneus C. B. Clarke (nomen nudum) des Comores. 

Mariscus Ohvanii GC. B. Clarke, ibid., 590. — La plante 
indiquée sous ce nom (Baron, 5641) est M. arcuatoreflexus 
H. Cherm. (voir ci-dessus). 


Mariscus rufus H. B. K. Nov. gen. et sp., I (1815), 216, 


PTE Pr A 


RÉVISION DES CYPÉRACÉES DE MADAGASCAB 65 


t. LXVIIL. — La plante indiquée sous ce nom (Baron, 5896) 
est une légère variation de M. albescens Gaudich. (voir c1- 
dessus). 

-Mariscus Sieberianus Nees var. evolutior C. B. Clarke in 
Hook. f., F1. Brit. Ind., VI (1893), 622. — Cette variété est 
indiquée par Clarke à Madagascar (Pervillé, 501 p.p.) ; tous 
les individus de ce numéro, qui existent dans l’Herbier du 
Muséum de Paris, possèdent seulement 2 akènes par épillet 
et rentrent dans la var. nossiheensis H. Cherm. 


VI. — Pycreus P. B. F1. Owar, II (1807), 48. 


Les Pycreus, très voisins à tous égards des Cyperus, s'en 
distinguent seulement par leur style bifide et leur akène 
biconvexe, comprimé latéralement, dans un {plan passant par 
l'axe de la rhachéole et la carène de la glume. Beaucoup 
d'auteurs les réunissent encore aux Cyperus, et c'est surtout 
pour des raisons de commodité qu'il vaut mieux les en sépa- 
rer, à l'exemple de Clarke et de quelques autres ; le genre 
Cyperus, encore très vaste, se trouve ainsi allégé d'autant. 

Aux deux sections de Clarke, Puncticulati (akène régu- 
lièrement ponctué) et Zonati (akène zoné-muriqué transver- 
salement), j'ajouterai une section Tuberculati (akène forte- 
ment tuberculeux), comprenant seulement jusqu'ici P. divul- 
sus C. B. Clarke. Dans la section Puncticulati, la plus 
importante de toutes, je n'ai pas cru devoir suivre toujours les 
divisions adoptées par Clarke (in This.-Dyer, F1. Trop. Afr., 
VIII (1901), 288-290) ; le caractère de la tige plus ou moins 
haut feuillée, par exemple, ne peut pas intervenir en première 
ligne et les espèces de ce groupe ne doivent pas être éloignées, 
dans une classification, de celles du groupe de P. atrobrunneus 


. C. B. Clarke. 


a. — Section T'uberculati. 


1. — Pycreus mivuzsus C. B. Clarke in Durand et Schinz, 
Consp. FI. Afr., V (1895), 536. 
Cyperus divulsus Ridl. in Journ.of Bot., XXIT(188#), 
45; 


Annales du Musée colonial de Marseille. 3* série, 7° vol. 1919, 2 


66 il. CHERMEZON 


Cette espèce mérite de former une section spéciale par son 
akène fortement tuberculeux, très différent des akènes finement 
ponctués ou zonés-muriqués qu'on rencontre dans les deux 
autres sections. Ridley (loc. cit.) l'avait rapprochée de P. inter- 
_medius C. B. Clarke, qui a parfois une certaine tendance à 
l'élongation de l'inflorescence, mais c’est là une analogie toute 
superlicielle ; de plus, ce dernier rentre nettement dans la 
section Zonati. Clarke (in Xew Bull., Add. ser. VIII (1908), 
94) classe P. divulsus dans la section Puncticulati, parmi les 
espèces à tige vêtue, aussitôt après P. atropurpureus C. B. 
Clarke, dont il s'éloigne cependant complètement par son 
akène, son inflorescence et ses deux étamines à anthères 
courtes, En réalité ?. divulsus est une espèce très isolée, facile 
à distinguer des autres espèces malgaches, même en l’absence 
d'akènes mürs. L'inflorescence. est, en effet, remarquablement 
simplifiée ; au lieu d’une anthèle normale, formée d’épis por- 
tant chacun un certain nombre d’épillets, nous trouvons 101, 
vers la partie supérieure de la tige, 3-4 épillets sessiles (munis 
chacun d’une longue bractée foliacée), insérés isolément et 
séparés les uns des autres par des entrenœuds de 540 mm. ; il 
y a donc, d'une part, réduction des épis à un seul épillet, et, 
d'autre part, suppression de ce qui correspond habituellement 
aux rayons de l’anthèle, puis enfin forte élongation de l’axe 
entre les insertions de ces épis unispiculés sessiles. 

Région du Centre. — Betsiléo (sans localité précise) : 
marais, février 1881 (Hildebrandt, 4020): Antsirabé : 
marais, dans les endroits plutôt frais que marécageux, 
1.500 m., mars 1914 (Perrier de la Bâthie, 2730) ; 
Tananarive: prairies, jardins près des habitations, 
février 1913 (Perrier de la Bâthie, 2677 b), Janvier 
1916 (Waterlot). 

Endémique. 


b. — Section Puncticulati. 


2. — PycrEUS ALBOMARGINATUS Nees in Mart., FI. Bras., II, 
1 (1842), 9. : | 


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RÉVISION DES CYPÉRACÉES DE MADAGASCAR 67 


Cyperus albomarginatus Steud. Syn. PI. Glum., II 
(1855), 10. 


Cette espèce et la suivante sont caractérisées par leurs 
glumes obtuses, très largement scarieuses au sommet ; ce 
sont des plantes robustes, bien qu'annuelles, à anthèle grande, 
très fournie et souvent composée. Non vu la plante récoltée 
par Hilsenberg et Bojer, classée ici par Clarke. 


Région de l'Ouest. — Haut Bemarivo (Boïna): marais, 
février 1907 (Perrier de la Bâthie, 2452); Mahivarano 
près Majunga: prairies humides et marais, Janvier 
1908 (Perrier de la Bâthie, 2496, 2497). 

Régions tropicales et subtropicales. 


3. — Pycreus TREMULUS C. B. Clarke in. Durand et Schinz, 
Consp. FI. Afr., V (1895), 542. 


Clarke (in This.-Dyer, FE Trop. Afr., VIE (1901), 290, 
306) sépare cette espèce de P. albomarginatus Nees, principale- 
ment par la largeur moins grande des épillets ; d’autres carac- 
tères, notamment ceux des étamines et de l’akène peuvent 
cependant être utilement pris en considération : 


P. albomarginatus. P. tremulus. 
Anthèle d'ordinaire peu étalée, Anthèle très étalée et généra- 
lement plus fournie. 
Epillets jaunâtres, larges (3-4 Epillets d'ordinaire d’un brun 
mm.). plus ou moins rougeàtre, plus 
étroits (2-2 1/2 mm.). 
Trois étamines. Deux étamines, 
Akène mûr obovoïde, noir, gros Akène mûr oblong, brun, plus 
(2 mm. sur { 1/4-1 1/2). petit (4 1/2 mm. sur 3/#). 


Semble plus répandu à Madagascar que P. albomarginatus. 
Non vu Scott Elliot, 2189, cité par Clarke. 


Région du Centre. — Tananarive : avril 1889 (Catat, 75): 
Anjanahary : rizières, avril 18ST (Prudhomme, 102). 
Région de l'Ouest. — Mevatanana : sables du lit de 


l'Ikopa, août 1899 (Perrier de la Bâthie, 930); Belambo 


EE 
4 


68 | H. CHERMEZON 


près Mevatanana: prairies, ruisseaux, mai 1900 (Perrier 


de la Bâthie, 1056). 
Sans indication de localité (Dupetit-Thouars ; Baron, 4258). 
Afrique tropicale. 


4. — Pycreus PERvILLEI C. B. Clarke in Durand et Schinz, 


Consp. FI. Afr., V (1895), 540. 

Cyperus Pervillei Boeck. in ZLinnaea, XXXVII 
(1874), 359. 

Juncellus Pervillei G. B. Clarke in Xew Bull., Add. 
ser. VIII (1908), 3. 


Espèce bien caractérisée par ses feuilles rigides, épaisses, 
demi-cylindriques, son inflorescence contractée en tête très 
dense (généralement unique), à nombreux épillets rayonnants, 
et ses glumes à faces fortement plurinerves. Clarke, après 
avoir d’abord classé Cyperus Pervillei dans le genre Pycreus, 
l’a ensuite transporté dans le genre Juncellus, à tort à mon 
avis ; l’akène Jeune est en effet nettement comprimé latéra- 
lement ; à maturité 1l a une section presque circulaire, mais 
toujours avec une légère compression latérale et une légère 
saillie en avant comme en arrière, dans le plan de la 


rhachéole. | 
Région du Centre. — Nanisana: lieux tourbeux, mai 
1905 (d’Alleizette, 120). 
Région de l'Ouest. — Ambongo (sans localité précise) : 


février 1841 (Pervillé, 645) ; Manongarivo (Ambongo): 
sables blancs très secs et découverts, décembre 1903 
(Perrier de la Bâthie, 2446) ; Majunga : endroits décou- 
verts des dunes, février 1915, février 1920 (Perrier 


de la Bâthie, 2725, 13027.). 


Endémique. 


D. — PycrEUS RHIZOMATOSUS C. B. Clarke in Xew Bull., Add. 
ser. VIII (1908), 2. 


Cette espèce ne m est connue que par la diagnose de Clarke, 


qui la signale à Madagascar sans indication de localité n1 de 


RÉVISION DES CYPÉRACÉES DE MADAGASCAR 69 


collecteur, avec la seule mention Herbier Delessert ; par ses 
glumes fortement plurinerves, elle se place entre P. Pervillei 
C.B.Clarke et P. Commersoniü H. Cherm. ; elle diffère du 
second par son rhizome épais, ses feuilles et surtout ses 
épillets plus larges. Endémique. 


6. — Pycreus Coumersonn H. Cherm. 
Cyperus Commersonii C. B. Clarke in Xew Bull. 
Add. ser. VIII (1908), 6. 


Rentre dans le genre Pycreus par son style bifide {contrai- 
rement à la diagnose de Clarke) et son akène biconvexe bien 
que peu comprimé ; Clarke avait du reste soupçonné la vérité 
dans la note manuscrite accompagnant l'exemplaire type qui 
m'a été aimablement communiqué par la Direction de l'Her- 
bier de Montpellier. Voisin par ses glumes et son akène de 
P. Pervillei C.B.Clarke, dont il diffère par les caractères 
suivants : tiges non en touffes denses, gaines inférieures non 
laciniées, feuilles moins épaisses, canaliculées, anthèle à 2-3 
épis portant chacun 6-15 épillets seulement, épillets plus 
étroits (1 1/2-2 mm. et non 2 1/2-3), glumes plus rapprochées, 
d’un brun rouge foncé à carène verte (et non roussâtres), 
akène un peu plus petit. 


Région de l'Est. — Zone côtière de la province de Manan- 
Jjary, mars-avril 1909 (Geay, 7328, 7666, 7763 b) ; 
zone côtière de la province de Vatomandry, 1909 
(Geay, 8952). 

Sans indication de localité {Commerson in Herb. Mus. 
Par. et in Herb. Montpellier). 

Endémique . 


1 


7. — Pycreus cagsrirosus C. B. Clarke in Durand et Schinz, 
Consp. FI. Afr., V (1895), 535. 
Cyperus caespitosus Poir, in Lamk., Æncyc., VII 


(1806), 250. 


L'inflorescence se présente ici à première vue sous l'aspect 
d'un fascicule d'épillets, entouré de 2-3 bractées : en réalité, 


70 H. CHERMEZON 


c'est une anthèle à 1-2 {rarement 3) épis sessiles ou presque 
(par raccourcissement des rayons), chaque épi portant 4-10 
épillets insérés très près les uns des autres. La plante forme 
des touffes très feuillées, à court rhizome, comme dans les 
espèces voisines, dont elle diffère par sa gracilité et son inflo- 
rescence ; l'akène est un peu plus large que dans P. ferrugi- 
neus C. B. Clarke, etsurtout que dans P. polystachyus P. B. ; 
les étamines sont au nombre de 3, comme dans P. ferrugineus. 
Clarke (in Journ. Linn. Soc., XX (1883), 281) indique à Mada- 
gascar, d’après les récoltes de Blackburn, un Cyperus Boivini 
(Boeck. ?) C.B. Clarke qui rentre peut-être ici, mais que je 
n'ai pas vu. Il y aurait intérêt à retrouver P. caespitosus, qui 
n'a pas été revu à Madagascar par les collecteurs modernes. 


Région du Sambirano. — Nosy Bé (Boivin). 
Sans indication de localité (Dupetit-Thouars). 
Réunion. 


8. — PycreUS FERRUGINEUS C. B. Clarke in Hook. f., FI. Brit. 
Ind., VI(1893), 593. | 
Cyperus ferrugineus Poir. in Lamk., Encyc., VII 
(1806), 261. 
Cyperus polystachyus R. Br. var. ferrugineus C. B. 
Clarke in Journ. Linn. Soc., XX (1883), 280. 


Voisin de P. polystachyus P. B., et souvent confondu avec 
lui. Clarke (in This.-Dyer, F1. Trop. Afr., VIII (1901), 289, 
299) sépare P. ferrugineus par ses épillets ferrugineux et 
plus larges (4 mm. au lieu de 2); ces dimensions sont un peu 
fortes ; les épillets, dans l’exemplaire type de Poiret, n’ont 
que 1 1/2-2 1/2 mm. de largeur ; dans P. polystachyus ils 
n en ont généralement que 3/4-1 1/2. Les différences entre les 
deux espèces (sous leurs formes typiques) peuvent se résumer 
de la façon suivante : 


P. ferrugineus. P. polystachyus. 
Epillets non agglomérés, plus Epillets densément agglomérés!, 
ou moins étalés, larges (1 1/2-21/2 dressés, étroits (3/4-1 1/2 mm.), 


1. La var. laxiflorus Benth. a des épillets espacés, mais les autres 
caractères du type ; elle n’existe pas à Madagascar. 


RÉVISION DES CYPÉRACÉES DE MADAGASCAR 71 


mm.), presque toujours foncés toujours clairs (paille ou parfois 


(brun rouge ferrugineux). lavés de rougeûtre pâle). 

Trois étamines. Deux étamines. 

Akène un peu élargi, nettement Akène étroitement oblong, fai- 
asymétrique. blementasymétrique. 


Exceptionnellement, les épillets peuvent être pâles, par 
exemple dans les plantes récoltées par Boivin à Sainte-Marie. 


Région de l'Est. — Sainte Marie : bords de la mer à 
Tsarahai, avril 1851 (Boivin) ; zone côtière de la pro- 
vince de Mananjary, mars-avril 1909 (Geay, 7150 b). 

Région du Centre.—Tananarive, janvier 1916 (Waterlot). 

Sans indication de localité {(Dupetit-Thouars ; Commerson). 

Afrique tropicale et australe; Asie tropicale; Amérique. 


Var. Baron: H. Cherm. 
Cyperus polystachyus R. Br. var. Baroni GC. B. Clarke 
in Journ. Linn. Soc., XX (1883), 280. 


Plus grêle que le type, à inflorescence moins fournie, épis 
plus lâches, épillets très espacés, plus étroits (1-1 1/2 mm. 
seulement), et glumes un peu distantes. Semble propre à la 
région centrale et constitue sans doute une simple forme 
locale, due à des conditions d'existence différentes. 


Région du Centre. — Mantasoa (Imerina) : 1889 (Le 
Myre de Vilers); Ambohimanga (Imerina): sous bois, 
septembre 1905 (d'Alleizette, 279) ; Manjakandriana : 
bois, janvier 1920 (Perrier de la Bâthie: 12971) ; 
Ambatolaona : bois humides, janvier 1917 (Decary); 
Antsirabé : prairies, 1.500 m., décembre 1913, Janvier 
1920 (Perrier de la Bâthie, 2672 b, 12983). 

Sans indication de localité (Baron, 489). 

Variété endémique (?) !. 


9. — Pycreus pozysracayus P. B. F{, Owar., I (1807), 48, 
G'EXXXVE"I, 2: …. 
Cyperus polystachyus R. Br. Prod, (1810), 214. 


1. 11 y aurait, en effet, peut-être lieu de faire rentrer ici certaines 
formes grèles de l'Afrique occidentale, considérées généralement 
comme P, polyslachyus P. B. var, laxiflorus Benth. 


72 H. CHERMEZON 


Comme P. ferrugineus C. B. Clarke, c’est une plante 
vivace, munie d'un court rhizome., L'inflorescence est parfois 
presque contractée en tête, par raccourcissement des rayons 
primaires. Non vu Baron, 6396, 6538, cités par Clarke. 


Région de l'Est. — Sainte-Marie (Boivin, 1667) ; Tama- 
tave : sables, pelouses, lieux herbeux, dans le jardin 
de l'Ivoloina et ailleurs, septembre 1912 (Viguier et 
Humbert, 175 bis, 225, 240); Ampasipotsy : novembre 
1915 (Ungamach, 27); zone côtière de la province de 


Mananjary, mars-avril 1909 (Geay, 7032, 7106, 7146, 


1150, 7663, 7667, 7675). 


Région du Sambirano. — Nosy Bé: terrains humides, 


marais, août 1840, janvier 1841, 1853 (Pervillé, 276, 


477, 484), lieux frais et ombragés, bords des eaux, 
mars 1851 (Boivin). 

Région de l'Ouest. — Antsirane : septembre 1912 
(Viguier et Humbert, 139) ; Miandrivazo (Huré); Baie 
de Bombetoka: marais salants, mars 1908 (Perrier de 
la Bâthie, 249%); Haut Bemarivo (Boïna}: marais, 
novembre 1906 (Perrier de la Bâthie, 2390); Meva- 
tanana, Ambodiroka : alluvions, octobre 1896-1898 
(Perrier de la Bâthie, 49), 

Sans indication de localité (Dupetit-Thouars ; Commerson; 


Baron, 4690, 5762). 


Régions tropicales et subtropicales, bassin méditerranéen. 


10. — Pycreus squarrosuLus H. Cherm. in Bull. Mus. Paris, 


XXV (1919), 137. 


Voisin de P. nitens Nees, dont il diffère par ses épillets 
relativement pauciflores, à rhachéole très flexueuse, ses 
glumes sensiblement plus grandes, non hyalines, longuement 
et fortement mucronées, et ses étamines au nombre de deux. 
Se distingue de P. pumilus Nees (Cyperus hyalinus Vahl) par 
ses glumes non hyalines, à faces sans nervures, et son akène 
plus petit, subcordiforme. 


SEEN ZA TA 


RÉVISION DES CYPÉRACÉES DE MADAGASCAR 713 


Région de l'Ouest. — Ambongo (sans localité précise) : 
marais, février 1841 (Pervillé, 612). 
Endémique. 
11: — Pycreus nitens Nees in /Vov. Act. Nat. Cur., XIX. 


Suppl. 1 (1843), 53. 

Cyperus pumilus L. Amœn. Acad., IV (1759), 302 
(non Nees in Wight, Contrib. (1834), T4, qui est 
P. pumilus Nees). 

Cyperus nitens Vahl, Enum., II (1806), 331. 


Les exemplaires malgaches ont tous une seule étamine et 
sont à peu près identiques ; seuls, ceux de la région centrale 
(Perrier de la Bâthie, 2568) sont plus petits et ont l’akène un 
peu plus allongé. Nouveau pour Madagascar. 


Région de l'Est. — Linavato !: prairies humides, avril 
(Bernier, avec 16). 
Région du Centre. — Manondono près Antsirabé: 


rocailles, gneiss, 1.500 m., avril 1912 (Perrier de la 
Bâthie, 2568). 

Région de l'Ouest. — Port Leven : lieux humides 
herbeux, mars-avril 1849 (Boivin, 2312) ; Mahivarano 
près Majunga : marais, mars 1908 (Perrier de la Bâthie, 
2592) ; Manongarivo (Ambongo) : lieux humides, 
décembre 1903 (Perrier de la Bâthie, 2457): Mevata- 
nana : sables de l'Ikopa, octobre 1898 (Perrier de la 
Bâthie, #9 b). 

Afrique et Asie tropicales et subtropicales ; Malaisie, 
Australie septentrionale. 


12. — Pycreus GLososus Reichb., F1. Germ. exc. (1830-1832), 
Add. 140. 
Cyperus globosus AL, Auct. FI. Pedem. (1789), 49. 


Diffère de P. propinquus Nees, dont il a souventle port, par 
ses épillets plus grêles et plus étroits, ses glumes plus petites, 
de couleur jaunâtre pâle, ou un peu lavées de brunâtre (et 
non d’un jaune luisant), ses anthères très petites, ellipsoïdes 


1. C'est la localité dont le nom est déformé, sur les étiquettes, en 
Ling-Valon. 


pe 
14 H. CHERMEZON 


(2 sur À environ). L'inflorescence est parfois contractée, mais 

non en tête aussi dense que dans P. propinquus. La plante est 

tantôt vivace à rhizome court, tantôt dépourvue de rhizome, 

et sans doute alors annuelle. Nouveau pour Madagascar, où 1l 
est peut-être simplement introduit. | 

Région de l'Est. — Sainte-Marie : commun lieux humides, 
fossés de desséchement, mars 1847 (Boivin, 1665). 


Région du Centre. — Tananarive : novembre 1916 
(Decary). 
Région de l'Ouest. — Antsirane: fossés humides, 


septembre 1912 (Viguier et Humbert, 135). 
Réunion, Maurice, Seychelles ; Europe méridionale ; Asie; 
Australie. 
13. — Pycreus ProPinquus Nees in Mart. FI. Bras., IL, 1 
(1842), 7. 
Cyperus lanceolatus Poir. in Lamk. Encyc., VI 
(1806), 245 (non C. B. Clarke in Journ. Linn. Soc., 
XX (1883), 279, qui est P. intermedius C. B. Clarke). 


Poiret donne à son Cyperus lanceolatus des feuilles triangu- 
laires ; en réalité, même sur l’exemplaire type, elles sont sim- 
plement étroites, pliées et plus ou moins enroulées. Clarke 
(in This.-Dyer, F1. Trop. Afr., VIII (1901), 300) dit que P. 
propinquus ne se distingue guère que par l'akène non zonédes 
exemplaires monocéphales de P. flavescens Reichb. ; il en 
diffère cependant aussi par d’autres caractères, notamment 
par l'existence d'un court rhizome et la présence ; de deux 
étamines à anthères brièvement linéaires. Boeckeler (in Abh. 
Nat. Ver. Bremen, VII (1882), 36) mentionne Cyperus lan- 
ceolatus Poir. près de Tananarivé, d’après les récoltes de 
Rutenberg, mais ajoute : « forma normalis inflorescentia rite 
evoluta; umbella explicata simplici 4-radiata ; non at in 
Poiretii planta capitalo-contracta » ; n'ayant pas vu la plante, 
je ne puis savoir si la détermination est exacte, mais il est à 
remarquer que tous les P. propinquus que j ai vus ont une 
tête dense comme celui de Poiret et qu'il existe une espèce, 
P. Alleizettei H. Cherm. (section Zonati), provenant de Tana- 


narive, dont le port rappelle assez un P. propinquus dont 


F- [ue 
Lda x; NO. 
CT OR RL ET 


RÉVISION DES CYPÉRACÉES DE MADAGASCAR 15 


l’inflorescence ne serait pas contractée ; 1l serait intéressant de 
voir si la plante de Rutenberg possède un akène zoné ou non, 
ce caractère ayant pu échapper à Boeckeler. Indiqué par Baron 
dans l’Imerina. 


Région de l'Est. — Sainte-Marie : marais d’'Antharène et 
d’Ambodifototra, mars 1847 et novembre 1851 (Boivin, 
1666); Beparasy : avril 1905 (Académie malgache). 

Région de l'Ouest. Mevatanana: marais, août 1900 
(Perrier de la Bâthie, 951). 

Sans indication de localité (Dupetit-Thouars). 

Afrique tropicale, Mascareignes; Amérique. 


14. — Pycreus MonocepxaLus C. B. Clarke in Durandet Schinz, 
Consp. FI. Afr., V (1895), 538. 

Cyperus lanceolatus $. Poir. in Lamk. Æncyc., VII 
(1806), 245. 

Cyperus monocephalus Baker in Journ. Linn. Soc., XXII 
(1887), 531. 

Cyperus flavescens L. var. abyssinicus C. B. Clarke in 
Journ. Linn. Soc., XX (1883), 279 (non C. abyssinicus 
Hochst. ex A. Rich. Tent. F1, Abyss., II (1851), 474, 
qui est P. flavescens Reichb.). 


Très voisin de P. propinquus Nees, dont il diffère par sa 
tige moins élancée, ses feuilles plus larges, planes, et surtout 
ses glumes blanches, mates, brièvement mais nettement 
mucronées (et non jaunes, luisantes, non mucronées); de 
plus, P. monocephalus a d'ordinaire les glumes un peu plus 
petites et les bractées de l'inflorescence plus courtes, plus 
larges et plus dressées. 


Région du Centre. — Vallée du Mangoro près d’Ankarefo : 
coteaux arides, 800-900 m., novembre 1912 (Viguier et 
Humbert, 1160 is). 

Sans indication de localité (Dupetit-Thouars: Baron, 
636, 3640). 

Endémique. 

15, — Pycreus pexsirocius Nees in Linnaea, IX (1834), 283. 

Cyperus densifolius Steud., Syn. PL. Glum., IH (1855), 6. 


er 13 


76 H. CHERMEZON 


Gyperus turfosus (Salzmann, Krauss, nomen nudum) 
Daveau in Bull. Soc. bot. Fr., XLI (1894), 283. 

Pycreus Mundtiü C. B. Clarke in This.-Dyer, FT. Trop. 
Afr., VIII (1901), 294, pro parte (non Nees in Linnaea, 
IX (1834), 283; X (1835-1836), 131). 

Cyperus Mundtii Boeck. in Linnaea, XXXV (1867-1868), 
448, pro parte ; Boiss., F1. Or., V (1884); 366 (non 
Kunth, Enum., Il (1837), 17). 


Comme l'a montré Daveau (loc. cit.), on a presque cons- 
tamment confondu avec le véritable P. Mundtu Nees une 
plante beaucoup plus répandue, qui est l’espèce décrite en 
1855 par Steudel sous le nom de Cyperus densifolius, et 
nommée dès 1834 par Nees, mais sans description, sur des 
exemplaires récoltés par Forbes à la baie Delagoa ; c'est une 
plante plus ou moins aquatique, souvent en grande partie 
submergée et très remarquable par ses tiges robustes et allon- 
‘ gées, très haut vêtues par les gaines foliaires, ses feuilles très 
nombreuses, larges, courtes, son inflorescence grande et four- 
nie, parfois composée, à épillets nombreux, de couleur géné- 
ralement claire. Je n'ai pas vu l’exemplaire type de P. Mund- 
tit Nees (récolté par Mundt dans l'Afrique du Sud), mais la 
diagnose de Nees ne permet pas de lui rapporter notre plante, 
car elle est très nette sur certains points: «... umbella tri- 
quadriradiata ; …..spiculis 3-5 in apicibus radiorum ; ...culmi 
caespilosi vix semipedales... » ; nous verrons plus loin quil 
existe à Madagascar une autre plante s’y rapportant parfaite- 
ment. Tous les exemplaires classés comme ?. Mundtu dans 
l’Herbier du Muséum, et provenant de diverses parties du 
continent africain, correspondent à la plante de Forbes, ainsi 
qu à la description de Steudel, et rentrent donc dans P. den- 
sifolius ; il en est de même de la plante de l'Espagne méri- 
dionale. Les plantes d'Afrique tropicale rattachées par Clarke | 
(loc. cit.) à P. Mundtii, et qui me sont inconnues pour la plu= 
part, seraient à revoir, mais il est probable, d’après la des- 
cription donnée, que tout ou presque tout rentre également 
dans P. densifolius. 


RÉVISION DES CYPÉRACÉES DE MADAGASCAR y ér: 


Région de l'Est. — Rivière Mananara : septembre 1881 


(Lantz). 


Région du Centre. — Zazafotsy au Sud d Ambalavao 
(Betsiléo Sud) : tourbières (Perrier de la Bâthie, 7103). 


Région de l'Ouest. — Manongarivo (Ambongo) 


marais 


tourbeux, plante aquatique surtout nageante, juillet 
1903 (Perrier de la Bâthie, 249); Mevatanana: juin 
1897 (Perrier de la Bâthie, 249); Lampaolo : août 1891 


(Douliot). 


Sans indication de localité (Baron, 5527). 
Espagne méridionale ; Afrique septentrionale, tropicale 


et australe. 


16. — Pycreus Munoru Nees in Linnaea, IX (1834), 253, 
nomen nudum : X (1835-1836), 131. 
Cyperus Mundtii Kunth, Enum., I (1837), 17. 
Cyperus brunneoater Boeck. in ÆEngl. Bol. Jahrb., V 


(1884), 498. 


Le véritable P. Mundtii se distingue de P. densifolius 


Nees par les caractères suivants : 


P. densifolius. 

Tige robuste (atteignant 50 cm.), 
épaisse, vêtue par les gaines jusque 
vers la moitié ou les deux tiers de 
sa hauteur. 

Feuilles très nombreuses, larges 
(4-7 mm.). 

Anthèle (parfois composée) four- 
nie et grande, à 7-10 rayons attei- 
gnant jusqu'à 5 cm. 

Epillets nombreux (5-12 par épi), 
serrés, peu luisants, généralement 
d'un brun-pàle (rarement un peu 
plus foncés). 


P. Mundtu. 

Tige moins robuste (10-20 cm.), 
plus grêle, vèlue jusqu'au tiers, ra- 
rement jusqu'à la moitié de sa hau- 
teur. 

Feuilles moins nombreuses, plus 
étroites (2-4 mm.), 

Anthèle simple, appauvrie et un 
peu contractée, à 3-6 rayons atlei- 
gnant à peine 2 cm. 

Epillets peu nombreux (3-6 par 
épi), moins serrés, luisants, d'un 
brun-rouge plus ou moins foncé. 


Les deux plantes, bien que distinctes, sont done très voi- 
sines, et il y aura peut-être lieu ultérieurement d'en rapporter 
une à l'autre, comme sous-espèce ou simple variété. Dans ce 


18 il. CHERMEZON 


cas, il faudrait subordonner P. Mundiü à P. densifolus, le 
plus répandu de beaucoup, et qui, en outre, représenterait le 
type aquatique pleinement développé, tandis que P. Mundtii 
serait peut-être à considérer comme une forme de marais, plus 
réduite et appauvrie. Je rattache, d'autre part, à P. Mundtü 


la plante de Hildebrandt, sur laquelle Boeckeler a fondé son 


Cyperus brunneoater ; ce dernier, assimilé par Clarke à P. 
umbrosus Nees, n’est en effet ni le véritable P. umbrosus 
d'Afrique, ni la plante malgache P. antsirabensis H. Cherm., 
confondue Jusqu'ici avec lui; ses feuilles sont plus nombreuses 
que dans ces deux espèces, courtes, minces (et de structure un 
peu différente), revêtant le tiers inférieur de la tige, et ses 
glumes luisantes ont une marge non ou à peine scarieuse. 
Non vu Baron, 9, classé ici par Clarke !. 


Région de l'Est. — Forêt d’Analamazaotra : très abon- 
dant dans certaines clairières marécageuses, 900 m., 
octobre 1912 (Viguier et Humbert, 909); Ampasipotsy 
et vallée de la Sahamarirana: marais, 900 m., octobre 
1912 (Viguier et Humbert, 1018); Rivière Tatrary (Haut 
Matitanana : tlourbières, 600-800 m. (Pertier de la 
Bâthie, 7030); Tamatave : zone côtière, 1909 (Geay, 
8984). 

Région du Centre. — Andrangoloaka (Imerina): marais, 
novembre 1880 (Hildebrandt, 3743 à) ; Antsirabé : 
marais, 1600 m., décembre 1913, janvier 1914 (Perrier 
de la Bâthie, 2649 b, 7042); Vohibato : octobre 1918 
(Decary). 

Afrique du Sud (et Afrique tropicale ?). 


17. — Pycreus ATROPURPUREUS C. B. Clarke in Durand et 
Schinz, Consp. Fl. Afr., V (1895), 535. 
Cyperus atropurpureus Boeck. in Engl. Bot. Jahrb., 
V (1884), 497. 


4. Il faudrait voir l'exemplaire pour savoir si c'est P. Mundti ou P. 
densifolius ; de même pour les indications géographiques données par 
Baron (Imerina, Betsiléo, Antsihanaka). 


À 


LA RC NT de hr. + Les 


LA 


RÉVISION DES CYPÉRACÉES DE MADAGASCAÎ 79 


Diffère de P. Mundtui Nees par sa taille réduite, ses tiges 
fiiformes, ses feuilles très étroites, son inflorescence contrac- 
tée en tète dense, petite, et ses épillets très luisants, d'un 
pourpre noir. Non vu Baron, #74, 483, Parker, 9, classés 1c1 
par Clarke. | 

Région du Centre. — Lac Andraikibo et dépressions 
autour d’Antsirabé : novembre 1912 (Viguier et Hum- 
bert, 1339); Monts Vavavato: lieux marécageux à 
l'Est de la crête, 1.900 m., novembre 1912 (Viguier et 
Humbert, 1619 bis); Andrangoloaka (Imerina) 
marais, novémbre 1880 (Hildebrandt, 3743). 

Sans indication de localité (Bojer ; Huré). 

Endémique. 


18. — Pycreus ANTSIRABENSIS H. Cherm. in Bull. Mus. Paris, 
XXV (1919), 138. 

Pycreus umbrosus C. B. Clarke in Durand et Schinz, 
Consp. FE. Afr., V (1895), 543, pro parte (non Nees in 
Linnaea, X (1835-1836), 130). 

Cyperus lanceus GC. B. Clarke in Journ. Linn. Soc., 
XX (1883), 281 (non Thunb., Prod. (1774), 18; FL. cap., 
ed. Schult. (1823), 101). 


{ 

Clarke (loc. cit.) a identifié la plante malgache à P. umbro- 
sus Nees, de l'Afrique du Sud, espèce très voisine, mais 
cependant distincte, comme on peut s'en rendre compte par 
le tableau suivant : 


P. antsirabensis. P.umbrosus. 


-Épillets peu serrés, oblongs-li- 
néaires à bords presque parallèles, 
peu ou pas élargis à la base, sou- 
vent un peu turgides, étroits (2- 
3 1/2 mm.). 

Glumes d’un brun pourpre foncé 
souvent même pourpre noir, 


Épillets serrés, lancéolés, nette- 
ment élargis à la base, fortement 
sensiblement 
larges (4-6 mm.). 


comprimés, plus 


Glumes brun marron. 


De plus, P. an/sirabensis a d'ordinaire une inflorescence 
moins fournie, les épis comme les épillets étant moins nom- 


80 IH. CHERMEZON 


breux; quant au P. umbhrosus d'Afrique tropicale, qui m'est 
inconnu, c'est peut-être simplement une forme très robuste 
de celui d'Afrique australe. On pourrait parfois confondre P. 
antsirabensis avec certains individus de P. Munditu ; on le 
distinguera cependant de ce dernier par ses feuilles peu nom- 
breuses, longues, un peu épaisses, fermes ou même presque 
rigides, toutes ou presque toutes rapprochées à la base des 
tiges, par ses glumes non luisantes, à marge finement, mais 
nettement scarieuse, peu ou pas involutée, et par ses épillets 
plus grands et de forme plus allongée. Non vu Hildebrandt, 
3743 b let Parker, 12, nommés P. umbrosus par Clarke, et 
qui rentrent sans doute 1ci. 

- Région du Centre. — Manankazo, au Nord-Est d'Anka- 
zobé : marais, 1.500 m., novembre 1913 (Perrier de la 
Bâthie, 2712); Tananarive: janvier 1916 (Waterlot) ; 
Nanisana : lieux secs sablonneux, septembre 1905 
(d'Alleizette, 263) ; Mantasoa (Imerina) : marais, Jan- 
vier 1889 (Le Myre de Vilers); Antsirabé: marais, 
1.600 m., décembre 1913 (Perrier de la Bâthie, 2649). 

Sans indication de localité (Baron, 7, 832). * 
Endémique. 


19: — Pycreus ATROBRUNNEUS C. B. Clarke in Durand et Schinz, 
Consp. FL. Afr., V (1895), 535. 
Cyperus atrobrunneus Baker in Journ. Linn. Soc., XX 
(1883), 281. | 
Diffère de P. antsirabensis H. Cherm. par ses épillets plus 
rapprochés, moins multiflores, ses glumes plus petites, 
brunes, et son akène plus gros; de plus la bractée inférieure 
atteint 20 cm., dépassant ainsi longuement l'inflorescence, 
alors que dans P. antfsirabensis elle n'a guère que 5 cm. de 
longueur. | 


Sans indication de localité (Baron, 2049). 
Endémique. | 


4. Constitue le Cyperus lanceus var. divaricatus Kuek. in Fedde, Rep., 
XIX (1913), 92, qui, d’après la description, ne semble pas différer de 2. 


antsirabensis. 


" 


RÉVISION DES CYPÉRACÉES DE MADAGASCAR 81 


20. — Prycreus soriirozius H. Cherm. in Bull. Mus. Paris, 
XXV (1919), 139. 
Cyperus solidifolius Boeck. in Engl. Bot. Jahrb., V 
(1884), 499. 
Cypérus longivaginans Kuek. in Fedde, Aep., XII 
(1913), 92. 


Forme avec les deux espèces suivantes, également endé- 
miques de la région centrale, un groupe très remarquable par 
ses feuilles rigides, épaisses, trigones ou subcylindriques, 
groupe avant peut-être quelques affinités avec P. Cooperi C. 
B. Clarke, d'Afrique australe; P. solidifolius se sépare des 
deux autres par son inflorescence pyramidale, non contractée, 
le plus souvent composée, ses épillets nombreux, étroits, 
étalés ou un peu réfléchis, et ses glumes coriaces. Était jus- 
qu'ici classé dans le genre Cyperus sur la foi de la diagnose 
de Boeckeler qui dit: « ...s{ylo ...apice trifido... » ; en réalité, 
les exemplaires types (Hildebrandt, 3736) sont très jeunes, à 
tel point que Boeckeler ne parle pas de l’akène ; ceux qui 
existent dans l’Herbier du Muséum montrent cependant (et 
encore seulement dans les fleurs les plus âgées) un ovaire très 
petit, déjà un peu comprimé latéralement, surmonté d'un 
style court, à peine bifide au sommet ; les exemplaires de 
Viguier et Humbert sont à peu près au même stade, mais ceux 
de Perrier de la Bâthie, plus avancés et à inflorescence bien 
étalée, permettent de voir les Jeunes akènes, atteignant les 
2/5 de la glume, nettement comprimés latéralement et à style 
légèrement exsert, longuement bifide; les cellules superti- 
cielles de l’akène sont à peu près carrées ; 1l en résulte que 
la plante appartient à la section Puncticulafi du genre 
Pycreus. 


Région du Centre. — Manankazo, au Nord-Est d'Anka- 
zobé : tourbières, en grosses toufles, 1.500 m., 
novembre 1913 (Perrier de la Bâthie, 2701) ; Andran- 
goloaka (Imerina) : marais, novembre 1880 (Hilde- 
brandt, 3136); Monts Vavavato: lieux marécageux à 


Annales du Musée colonial de Marseille, — 3° série, 7° vol, 1919. 6 


82 ff. CHERMEZON 


l'Est de la crête, 1.900 m., novembre 1912 (Viguier et 
Humbert, 1540). 
Endémique. 


21. — Pycreus vavAvaTENsIS H. Cherm. in Bull. Mus. Paris, 
XXV (1919), 138. 


Diffère de P. solidifolius H. Cherm. par ses glumes minces, 
membraneuses, plus grandes (de longueur presque double), et 


son inflorescence contractée, à épillets peu nombreux, plus 


larges et un peu plus foncés. Les exemplaires, un peu trop 
jeunes, sont privés de la partie inférieure de la plante, mais 
il est vraisemblable qu’il y a ici un rhizome comme dans les 
espèces voisines. 


Région du Centre. — Entre Antanifotsy et les Monts 
Vavavato : novembre 1912 (Viguier et Humbert, 1571 
bis). 


Endémique. 


22. — Pycreus simuLans H. Cherm. in Bull. Mus. Paris, 
XXV (1919), #39. 


Voisin de P. vavavalensis H. Cherm., mais très distinct par 
son inflorescence plus fournie, à bractées plus longues, ses 
épillets beaucoup plus gros et de couleur moins force (bruns 
ou ferrugineux), ses glumes à carène 5-7-nerve et son style à 
branches longuement exsertes. Cette espèce a été récoltée, 
dans ses deux localités, en mélange avec Cyperus nudicaulis 
Poir., et confondue tout d'abord sous un même numéro que 
ce dernier par Perrier de la Bâthie, comme par Viguier et 
Humbert. Le port, l'aspect et la taille de l’inflorescence, la 
grosseur des épillets sont en effet suffisamment semblables 
pour que les deux espèces, croissant ainsi côte à côte, soient 
facilement récoltées l'une pour Pautre. En dehors des carac- 


tères génériques (style et akène), on pourra les distinguer sur 
le terrain de la façon suivante : P. simulans a des feuilles à. 


limbe développé, la bractée inférieure dépassant beaucoup 
l'inflorescence, une tête formée de 2-3 épis sessiles ou presque 


RÉVISION DES CYPÉRACÉES DE MADAGASCAR 83 


(mais nets), des épillets brun ferrugineux, à fleurs moins nom- 


-breuses et moins densément imbriquées ; Cyperus nudicaulis 


n'a que des gaines sans limbe, une bractée unique plus courte 
que l’inflorescence, une tête formée d'ordinaire d’un seul épi 
sessile, des épillets rayonnants, d'un brun rouge, à carènes 
jaunâtres, à fleurs très nombreuses et très densément 

imbriquées. 
Région du Centre, — Manankazo au Nord-Est d'Anka- 
zobé : marais, tourbières, 1,500 m., novembre 1913 


(Perrier de la Bâthie, 2713 b, 7022 bis): 


: entre Amba- 


tolampy et Tsinjoarivo: marais, 1.600 m., novembre 
1912 (Viguier et Humbert, 1771 bis). 
Endémique. 


c. — Section Zonafi. 


23. — Pycreus ALLEIZETTEI H. Cherm. in Pull. Mus. Paris, 
XXV (1919), 140. 


Rappelle un peu, à première vue, certains P. flavescens 
Reichb. de grande taille, mais en diffère par la présence d’un 
rhizome, le port robuste, les épis et épillets plus gros, etc... 
Sa place, dans la classification, semble être au voisinage de 
P. macranthus C. B. Clarke, d'Afrique australe, dont 1l se 
distingue par ses feuilles plus étroites, molles, minces, ses 
épillets jaunâtres ou brunâtres, ses glumes plus petites, à 
carène 3-nerve et ses anthères brièvement linéaires. Voir plus 
haut ce qui a été dit au sujet de P. propinquus Nees. 


Région du Centre. — Tananarive : terres sablonneuses 

au bord de l'Ikopa, juillet 1906 {d’Alleizette, 1123) : 
Antsirabé : lieux humides, champs, 1.500 m., janvier 
1920 (Perrier de la Bâthie, 1298#). 

Endémique. 


24. — Pycreus iNrermenius C. B. Clarke in This.-Dyer, F1. 
Trop. Afr., VII (1901), 290. 
Cyperus inlermedius Steud. in Flora (1842), 581. 


S4 H. CHERMEZON 


_Pycreus lanceolatus C. B. Clarke in Durand et Schinz, 
Consp. FI. Afr., V (1895), 538. 
Cyperus lanceolatus C.B. Clarke in Journ. Linn. Soc., 
XX (1883), 279 {non Poir. in Lamk. Encyc., VII (1806), 
245, qui est P. propinquus Nees). 


Se distingue de P. flavescens Reichb. par ses épillets brun- 
rougeâtre, lancéolés, à bords non parallèles. L'exemplaire de 
Perrier de la Bâthie a les akènes {pas tout à fait mürs) un peu 
plus petits, et les glumes un peu plus fermes que le type 
d'Abyssinie (Schimper, 1267). 

Région de l'Ouest. — Mevatanana: sables de l'Ikopa, avril 
1900 (Perrier de la Bâthie, 2454). 

Sans indication de localité (Blackburn in Herb. Re 

Abyssinie, Angola. 


25. — Pycreus FLAVESCENS Reichb., F1. Germ. exc. (1830- 
1832), 72. 
Cyperus flavescens L. Sp. pl., ed. 2 (1753), 68. 
Cyperus abyssinicus Hochst. ex A. Rich Tent. FI. 
Abyss., IT (1851), 474 (non Cyperus flavescens L. var. 
abyssinicus C. B. Clarke in Journ. Linn. Soc., XX (1883), 
279, qui est P. monocephalus C. B. Clarke). 


Les épillets, dans la plante de Perrier de la Bâthie, sont 
d’un jaune brunâtre assez foncé, comme cela se produit sou- 
vent dans cette espèce. Indiqué par Baron dans l’Imerina ; 
signalé par Clarke sans mention de localité, n1 de collecteur. 


Région du Centre. 
tourbe, emplacements où on a pilé la tourbe, 1.500 m., 
avril 1912 (Perrier de la Bâthie, 2567). 

Régions tempérées, subtropicales et tropicales. 


Espèces exclues. 


Pycreus pumilus Nees in Linnaea, IX (1834), 283 (Cyperus 
hyalinus Vahl, Enum., IT (1806), 329). — Indiqué à Mada- 
gascar par Clarke (in This.-Dyer, F1. Trop. Afr., VIIL (1901), 


. * ; $ et : 
Antsirabé: décombres près de la 


TR 


RÉVISION DES CYPÉRACÉES DE MADAGASCAR 89 


296); je n'ai vu aucun exemplaire de cette provenance et 


il y a peut-être là une confusion avec P. nitens Nees (Cyperus 


pumilus L.). 

Pycreus umbrosus Nees in Linnaea, X (1835-1836), 130 
(Cyperus lanceus Thunb., Prod. (1774), 18). — La plante 
indiquée sous ce nom à Madagascar est principalement P. 
antsirabensis H. Cherm., au moins pour les exemplaires 
que j'ai vus (voir ci-dessus). 


VII. — Juncellus C. B. Clarke in Hook., f. FT. Brit. 
Ind., VI (1893), 594. 


Le genre Juncellus a été séparé par Clarke (loc. cit.) du 
genre Cyperus à cause de son style bifide et de son akène 
comprimé d'avant en arrière ; cet aplatissement de l’akène 
est plus ou moins prononcé suivant les espèces ; le plus sou- 
vent l’angle antérieur, correspondant à l’akène régulièrement 
trigone des Cyperus, est encore visible, bien que peu marqué. 
Les deux genres sont du reste très voisins l’un de l’autre. 


A. — Juncezcus cAEviGATUS C. B. Clarke in Hook. f., F1. Brit. 


Ind., VI (1893), 596. 
Cyperus laevigatus L., Mant. (1771), 179. 


Très variable comme taille, rigidité de la-tige, nombre et 
couleur des épillets. Certaines de ces variations sont sous la 
dépendance des conditions d'existence ; c'est ainsi que Perrier 
de la Bâthie fait observer que les grands individus poussant 
dans l’eau sont dressés, tandis que, sur les terrains plus secs, 
les plantes sont naines et plus ou moins étalées. Les exem- 
plaires des régions basses ont d'ordinaire des épillets pâles : 
ceux de la région centrale ont souvent les glumes plus ou 
moins marquées de brun. Non vu Baron, 2001, cité par Clarke. 
Indiqué par Baron dans l'Ouest de l’Imerina (Valahafotsy). 


Région du Sambirano. — Andranomidivo près Migiko : 
sources thermales, boues chargées d'acide carbonique 


86. H. CHERMEZON 


et de différents carbonates salins, mars 1909 (Perrier 
de la Bâthie, 2622). 

Région du Centre. — Antsirabé : dépression tourbeuse, FER 
1.400 m., novembre 1912 (Viguier et Humbert, 1305), 
sources thermales, travertins humides, 1.450 m. et 
1.600 m., août 1912 et mai 1913 (Perrier de la Bâthie, 
2564, 2690). 

Région du Sud-Ouest. — Bords du lac Manampetsa : 
dans l’eau, juin 1910 (Perrier de la Bâthie, 8071). 

Sans indication de localité (Dupetit-Thouars; Baron, 5236). 

Régions tropicales et subtropicales ; çà et là régions 
tempérées (Bassin méditerranéen, Asie, etc...) 


2, — JuncezLus PyGMAEUS C. B. Clarke in Hook. f., F1. Brit. 
Ind., VI (1893), 596. 
Cyperus pygmaeus Rottb., Desc. et Ic. (1713), 20, 
t. XIV, f. 4-5. 


Les exemplaires malgaches ont d'ordinaire une seule éta- 
mine ; quelques fleurs cependant en présentent deux, Nouveau 
pour Madagascar. 


Région de l'Ouest. — Ambohimitromby : bords d'un 
étang, novembre 1896 (Perrier de la Bâthie, 156); 
Majunga : terrains sablonneux humides, novembre 
1906 (d'Alleizette, 1415); Ambato (Boïna) : bords d'un 
lac, sur l’argile desséchée, septembre 1913 (Perrier de 
la Bâthie, 2653). 

Bassin méditerranéen ; Sénégal, Bassin du Nil, Maurice ; 
Asie ; Malaisie, Australie, 


3, — JUNCELLUS ALOPECUROIDES C. B. Clarke in Hook. f., F1. 
Brit. Ind., VI (1893), 595. 
Cyperus alopecuroides Rottb., Desc. et Ic, (1773), 38, 
NE Te: 


Souvent confondu avec Cyperus dives Del., dont il a le port, 
mais en diffère (outre les caractères génériques de style et 


; re de l'Ouest. — Marovoay : mai 1880 (Hildebrandt, 
_ 3126), marais, février 1909 (Perrier de la Bâthie, 2629); 
_Miandrivazo (Huré). 
“Sans indication de localité (Dupetit-Thouars). 
_ Régions tropicales et subtropicales de l'ancien monde; 


Guadeloupe. 


ÉTUDE BACTÉRIOLOGIQUE 


DE LA 
COAGULATION NATURELLE DU LATEX D'HÉVÉA 
PAR 


MM. Denier et Vernet. 


A la sortie de l'arbre, le latex d'hévéa (Hevea brasiliensis) 
présente la blancheur du lait et il apparait alors au micro- 
scope comme conslitué par un grand nombre de petits glo- 
bules qui dans le liquide sont animés de mouvements brow- 
niens. Abandonné dans une cuve, ce latex prend, en général, 
en surface une teinte jaune : quelquefois même 1l devient 
vert. 

Par l'examen microscopique, on constate tout d’abord que, 
au fur et à mesure que le caoutchouc se forme, les particules 
en suspension dans le liquide deviennent de plus en plus 
rares, Elles ne constituent même, à la dernière période de a 
coagulation, que des îlots rappelant une suspension micro- 
bienne qui aurait été traitée par son sérum spécifique. 

Les bactéries, d'autre part, qui, au début, étaient une 
rareté, se sont rapidement développées ; et, dans les examens 
en série, on note la présence d’une flore extrêmement poly- 
morphe où de nombreuses espèces se trouvent représentées. 
Ce développement microbien a attiré l'attention de tous ceux 
qui s'occupent de la question du caoutchouc. C'est précisé- 
ment pour cette raison que M. Yersin a manifesté le désir 
de voir nos laboratoires étudier tout particulièrement cette 
flore microbienne. Nous allons donc au cours de ce travail 
procéder à l'étude détaillée de la flore du latex. Nous verrons 
ensuite quel est le rôle des bactéries dans la coagulation 
naturelle. 

Il nous paraît tout d'abord indispensable de donner une 


$ 


90 DENIER ET VERNET 


description détaillée des conditions dans lesquelles nos expé- 
riences ont été faites. Le latex qui a été utilisé dans nos expé- 
riences provenait de la plantation Bellan, à Giadinh, près de 
Saigon, et nous a été gracieusement donné par M. Chesnay, 
le directeur de cette plantation. Nos prises d'échantillons 
ont été faites aux heures habituelles, c’est-à-dire vers 7 heures 
du matin. 

Le latex était recueilli dans de bonnes conditions de pro- 
preté, sans toutefois réaliser évidemment la stérilité absolue. 
C'est ainsi que le matériel destiné à la récolte (godets et 
gouttières) était stérilisé. Le couteau du saigneur était arrosé 
d'alcool et flambé au moment des scarifications. Pour éviter, 
d'ailleurs, une trop grande contamination, nous n’opérions 
que sur la scarification inférieure. 

L’amorçage du latex était fait au moyen d’eau physiologique 
stérilisée, manipulée avec une pipette stérile. Cette opération 
avait lieu avant la mise en place de la gouttière et du godet, 
de façon à nous permettre de ne recueillir que du latex pur. 
Enfin, et toujours pour diminuer les chances de contamina- 
tion, les godets étaient abrités des poussières de: l’atmo- 
sphère par le papier dans lequel ils étaient au préalable stéri- 
hsés. 

L'expérience a porté sur cinq arbres fournissant chacun, en 
moyenne, de 15 à 20 centimètres cubes de latex. Ce dernier 
est recueilli dans un flacon stérile, transporté au laboratoire, 
et finalement versé dans une boîte de Pétri pour la coagula- 
tion. Cette coagulation s'opère en 48 heures. 

Il a été fait six expériences ; et chacune a duré environ 
quinze jours. Pour l'étude de la flore microbienne, nous pro- 
cédions à des prélèvements deux fois par jour, ce qui repré- 
sentait, avec l’examen du début, cinq analyses par échan- 
üllon de latex. En dehors des examens directs ou colorés il a 
été fait des ensemencements sur les milieux ordinaires : 
bouillon à l'air ou sans air, gélose en longs culots pour la 
recherche des anaérobies, ou coulée en boîte de Pétri. L’anaé- 
robiose dans les bouillons est obtenue avec une couche 
d'huile stérilisée de 2 e. m. Enfin, outre les milieux ordi- 


1 


» 
e 


ÉTUDE BACTÉRIOLOGIQUE 91 


paires, 1l a été utilisé des milieux acides ou à base de sérum 
de latex !. | 


FLORE MICROBIENNE DU LATEX 


À. — MILIEUX ORDINAIRES,. 
1° Expérience. 2° Expérience. 

a. — Bacille à bouts arrondis, a. — Bacille à bouts arrondis, 
mobile, Gram —. Culture mobile, Gram —, Culture 
blanche grasse. blanche grasse. 

b. —  Bacille de dimensions  b.— Bacille de dimension variable 
variables. Gram —, Culture Gram +. Culture arbores- 
arborescente jaune. cente jaune. 

c. — Bacilie fin. Gram —. c., — Bacille fin. Gram —. 

d. — Bacille incurvé légèrement.  d. — Bacille filamenteux sporulé, 
Gram —, Culture transpa- Gram +. Culture grasse. 
rente. e. — Bacille anaérobie. Gram +. 


e. — Bacille sporulé, prend mal le 
Gram. Culture sèche. 


f. — Bacille sporulé, Gram +. Cul- 

ture grasse. 
3° Expérience. 4° Expérience. 

a. — Bacille à bouts arrondis, a. — Bacille à bouts arrondis, 
mobile. Gram —. Culture mobile. (Gram —, Culture 
blanche grasse. blanche grasse. 

b. — Pyocyanique. b.— Bacille court. Culture orange. 

c. — Slaphylocoque. c. — Bacille de dimension variable, 

d. — Coccus à colonies très fines, Gram +. Colonies arbores- 
se développant surtout à l’a- centes. 
bri de l'air. d. — Bacille court Gram +. 

e. — Gros coccus. e. — Bacille. Gram +. Culture 

f. — Bacille court trapu sporulé. grêle. 

Gram +. f. —  Bacille ovoiïde sporulé. 

g. — Bacille à bouts carrés spo- Gram +. 
rulé Gram —., g. —  Bacille court, trapu. 

h. — Coccus fin. Gram +. Gram +. 


h. — Bacille fin Gram +. 

1. Le sérum de latex se prépare en faisant coaguler à l’autoclave à 
1209 du latex d'hévéa. Après refroidissement, on peut en exprimer le 
sérum qui, stémlisé, contient les sucres du latex et peut être avantageu- 
sement utilisé dans l'étude des microorganismes acidifiants. 


92 


d° Expérience. 


a. — Bacille à bouts arrondis, 
mobile. Gram —. Culture 
blanche grasse. 

b. — Gros coccobacille. Gram. 

c. — Pyocyanique. 


d. — Bacille long et fin. Gram —. 


e. 


b. 


a 
. 


Culture jaune clair. 
— Bacille fin. Gram—. Culture. 
très grêle. 


. — Bacille court et fin. Gram +. 


Culture jaune clair. 

— Bacille court assez gros. 
Gram +. Culture franchement 
jaune. 

— Coccus très fin. Gram +. 
Culture extrêmement grêle, se 
développant surtout à l'abri 
de l'air. 

—  Bacille court et trapu. 
Gram +. Colonies jaunes 
claires arborescentes. 


. —Gros tétragène. Gram +. Cul- 


ture jaune vert. 

— Bacille court et trapu. 
Gram +. Culture très trans- 
parente. 
— Bacille de taille moyenne 
sporulé. Gram +. 


B. — MILIEUX ACIDES. 


— Bacille à bouts arrondis, 
mobile. (Gram —. Culture 
blanche, grasse et épaisse. 

. — Coccus en chaînette., Gram—. 
. —Bacille court trapu. Gram +. 
Culture blanche à développe- 
ment lent. 

— Bacille court et trapu 
Gram +. Culture blanche 
émettant des prolongements. 
— Bacille à bouts arrondis. 
Gram +, 


DENIER ET VERNET 


6° Expérience. 


a. — Bacille à bouts arrondis, 
mobile. (Gram. — Culture 
blanche grasse. 

b. — Bacille de dimensions va- 


riables. Gram +. Colonies 
arborescentes jaunes. 

c. — Pyocyanique. 

. — Bacille sporulé. Gram +. 
Culture blanche vernissée. 

. — Gros coccobacille. Gram —. 

f. — Bacille à forme filamenteuse. 
Gram —. 

g. — Gros élément bacillaire plus 
ou moins long. Gram +. Cul- 
ture donne un chevelu court 
et fin. 

h. — Coccobacille fin. Gram —. 
Culture légèrement jaune 
vert. 

. — Bacille sporulé. Gram —. 

j. — Bacille. Gram +. 


© 


(qe) 


bi « 


C. — MILIEUX A BASE DE SÉRUM 
DE LATEX. 

a, — Bacille à bouts arrondis, 

mobile. (Gram —. Culture 


blanche grasse. 

b. — Coccus. Gram +. 

c. — Bacille long et fin. Gram —. 

d. — Bacille. Gram +. Donnant de 
grosses vésicules qui se 
dessèchent. 

e. — Bacille Gram+. Culture émet- 
tant des prolongements qui 
pénètrent dans la gélose. 


me ÉTUDE BACTÉRIOLOGIQUE 93’ 


; f. — Bacille, Gram +. Culture à 
bords découpés. 

g. — Bacille prenant plus ou moins 
bien le Gram. Culture émet- 
tant des arborescences. 

h. — Bacille prenant plus ou 
moins bien le Gram. Culture 
à bords découpés, présentant 
des reflets verdâtres et émet- 
tant des arborescences. 


Nous indiquerons maintenant les propriétés de ces bacté- 
ries isolées du latex. Les signes + et — du tableau ci-dessous 
indiquent que la réaction est positive ou négative. 


= E = | 
2 2 = = 2N= = UT. S 
= :.S 5. © —| 8 © = 2 £ © 
5 DE ce POS Ab miss 7 1e 5 
dalseslssales Pas 
_ Morphologie 2 62|80=|240=| 33 | Eu |<S 
> ERe|am loges ns & | a El S © 
: ss E|RSFISSE SPRICE 
Z BE rte SF<a 0e 
< < <« — 
N° 1 ]Bacille à bouts arrondis| + + | + + =: E 
mobile. Gram —, Culture 
blanche grasse, 
N° 2 |Pycoyanique. — — — = . + 
N° 3/|Bacille mobile. Gram +.| — ee 23 _ ae F£s 
Culture jaune arbores- 
L cente. 
N° #]Bacille sporulé immobile.| — — e — _ + 
; Gram +, Culture grasse. 
N° 5|Bacille fin. Immobile. LE — — — — — 
Gram —, Culture sans 
caractères spéciaux. 
N° G{Bacil. incurvé légèrement.| — — — — — — 
Gram —., Culture trans- 
parente. 
N° 7}Bacille sporulé conservant| — ee & L + 
mal le Gram., Culture 
sèche, 
N° S|Coccusimmobile, Gram+,.| — + + T 


Culture blanche porcelai- 


née , 


EE ————————————— 


94 DENIER 


Morphologie 


N° d'ordre 


N° 9 |Coccus.Gram + Immobile, 
associé souvent en diplo- 
coque, comme le pneumo- 
coque. Culture extrème- 
ment fine sur gélose incli- 
née, sans caractères spé- 
claux; pousse surtout à 
l'abri de l’air. 

N° 10 |Coccus immobile. Gram +. 
Culture jaune clair. 

N° 11 |Bacille immobile. Gram —. 
Sporule. Culture mince 
aplatie, sans caractères 
spéciaux. 

N° 12 |Bacille très mobile. Gram 
+. Cultüre orange, 

N° 13 |Bacille court immobile. 
Gram —-. Culture blanche 
porcelainée, plus épaisse 
sur les bords, 

N° 14/|Voir n°9. 

N° 15 [Bacille immobile Sporule 
Gram —. Culture sèche 
légèrement plissée. 

N° 16|Éléments ovalaires de 
grande dimension. Gram 
—. Culture sans carac- 
tères spéciaux. 

N° 17 |Bacille mobile. Culture 

blanc sale. 

N° 19 |Bacille immobile. Culture 

sans caractères spéciaux. 

N° 20 |Bacille immobile. Gram +. 

Culture jaune, 

N° 21 |Tétragène immobile. 
Gram +. Culture jaune. 


Dambosite 
(Acidification du 


ET VERNET 


(Acidification du 
milieu) 
Saccharose 
(Acidification du 


+ 


+ 


+ + 


milieu) 


Lait 
(Coagulation) 


Albumine 


(Digestion) 


Gélatine 


ÉTUDE BACTÉRIOLOGIQUE 95 
| RON Cr 
È 26-25-1885) S12885/es 
© : 2 3.212932 |<<2| 7,5 ge La re 
- Morphologie = S2=|SSE= = S=| #47 = S | à £ 
© Se RISSESSEl ge e)Se 
Z = 8 |l&s S|<AISE 
Ô [3] © e _ 
Se æ LE # 
N° 23 |Bacilleextrémementcourt.| — — — _ — =: 
Gram +. Culture sur gé- ; 
lose assez semblable à 
celle du 13. 
N° 2% Gros éléments mobiles.| — —- +- _ = + 
Gram +. Culture blanc 
sale plus épaisse sur les 
bords, avec tendance à 
envahir. toute la gélose, 
N° 25 | Éléments coccobacillaires| — — _ — JE 2e 
très fins. Gram — Sur gé- 
lose inclinée, culture à 
développement moyen, 
sans caractères spéciaux. 
Le milieu paraît devenir 
fluorescent. 
N° 26 |Bacille mobile. Gram +.| Tr E x E 4 
Culture très transparente. 
N° 27 |Bacille immobile, Gram +.| __ sic + + 2 
Sur gélose à base de sé- 
rum de latex donne des 
sortes de larmes qui se 
dessèchent,. 
10 bis |Bacille anaérobie à déve-| — — + ss de EC 


loppement très lent. 
Gram —. 


En définitive, les microbes isolés dans nos expériences sont 
au nombre de vingt-sept aérobies ou facultativement aérobies, 
et d’un anaérobie. Le n° 23 n'est qu’une répétition du n° 13, 
tant par ses caractères morphologiques que par ses propriétés 
sur les sucres, le lait, l'albumine et la gélatine. Les numéros 
18 et 22, très fragiles, n ont pu être conservés. Ces bactéries 
appartiennent bien à de nombreuses espèces. On y note en 


effet des Coccus se présentant en amas, en chainettes, ou 


96 DENIER ET VERNET 


œroupés par quatre. Les Coccobacilles y sont représèntés par 


deux espèces. Les Bacilles sont extrêmement nombreux ; 
nous en comptons vingt espèces. Les uns n'offrent aucune 
particularité bien caractéristique, d'autres sont chromogènes, 
et certains possèdent une spore médiane ou terminale. Le 
seul anaérobie strict est le 10 bis. 
Ces microbes ont été en général trouvés irrégulièrement 
dans nos diverses expériences. Exception doit être faite cepen- 
dant pour le n° 1, qui a été isolé dans toutes, quel que fût le 
milieu utilisé. Il représente à lui seul la constante bactériolo- 
gique de cette flore. Ses propriétés biologiques sont très 
étendues. Il ‘attaque la dambosite qui est le sucre contenu 
dans le latex d'hévéa ; c'est même le seule microbe isolé qui 
présente cette propriété. Il fait fermenter le lactose et le 
saccharose, coagule le lait, liquéfie la gélatine, mais reste 
sans action sur l’albumine d'œuf coagulé. Les microbes 8, 9 
et 24 attaquent le lactose. Le saccharose est transformé par les 
bactéries 8, 9, 10, 12, 14, 15, 19, 20, 24, 27 ainsi que par le 


bacille anaérobie 10 bis. Les microbes coagulant le lait, en 


dehors du bacille n° 1, sont extrêmement rares, et il n’y a que 
le n° 8 qui présente cette propriété. Le pouvoir protéolytique 
de ces diverses bactéries a été recherché tant avec l’albumine 
d'œuf coagulé qu'avec la gélatine. Le blanc d'œuf est plus ou 
moins complètement digéré par les bactéries 2, 4, 7, 11, 12, 
15, 17,20, 21, 25, 26, 27 et 10 bis. Cette propriété est particu- 
lièrement marquée pour les microbes 2, 17, 21 et 25. Enfin 
les microbes 1, 2, 4, 7, 8, 11,15, 17, 24, 25, 26 liquéfient la 
gélatine. | 

Il résulte de cette première série d'expériences que la flore 
microbienne, surtout aérobie, est extrêmement polymorphe. 
Il y a lieu de noter toutefois que le microbe n° 1 se retrouve 
d’une façon régulière dans tous nos examens et que lui seul 
agit sur les sucres du latex d'Hevea brasiliensis, qu'il trans- 
forme en acides. 


Travail des Instituts Pasteur de Saïgon et Suoi (Gioi 


(Annam ) : 


TE 


" 
41 
42 

24 

# 

= 

= 

774 

de 

4 


rs 
: 


ANALYSE 


DE 


« POIS DU CAP » DE MADAGASCAR 


PAR 
M. G. Clot. 


La teneur des pois du Cap (Phaseolus lunatus) de diverses 
provenances en glucoside cyanogénétique a été maintes fois 
déterminée. Mais on sait que, sous l'influence du terrain, du 
climat, et à la suite de dégénérescence, il n’est pas impossible 
que cette teneur varie; etil n est donc pas inutile de reprendre 
de temps à autre l'analyse de ces graines. C'est d'ailleurs 
dans ce but qu'a été soumis à notre examen un échantillon de 
haricots provenant de la province de Tuléar (Madagascar). 

Le lot que nous avons étudié était composé de graines uni- 
formément blanches, ayant pour dimensions moyennes 26 mm. 
>X< 16 mm. >< 7 mm.5. Le poids de 100 graines était de 147 
grammes . 

Nous avons tout d'abord effectué l’analyse de ces graines 
suivant les indications de Balland !, et nous avons obtenu des 
chiffres qui s'écartent sensiblement de ceux donnés par cet 
auteur, surtout quant à la teneur en matières azotées, 


Échantillon de D'après Balland, 
Madagascar, 

A EG AR 12,13 11,30 
Matières azotées (facteur 6,25). 8,25 18,43 
NOT ASRES,: 4 de dut 0,73 1,25 

—  amylacées, par reste. 70,76 D9,32 
ss. Ta EP 0 D 5,60 
NL TORRES AT QC 3,80 3,50 

| Total.... 100,00 100,00 


1. Balland: Les Aliments. Analyse des céréales. 
Annales du Musée colonial de Marseille, — 3° série, 7* vol, 4919. 7 


98 G. CLOT 


On ne trouve pas de matières sucrées. Quant aux matières 
amylacées, hydrolysées à 100° par une liqueur demi-normale 
d'acide chlorhydrique, elles ne donnent au bout d'une heure 
que 27,5°/, de glucose, ce qui ne correspond pas même à la 
transformation de la moitié de l’amidon. 

Dosage et localisation de l'acide cyanhydrique. — La macé- 
ration aqueuse de poudre de haricots abandonnée à l’étuve à 
36° a donné lieu à une formation d'acide cyanhydrique qui 
colorait nettement en rouge le papier picro-sodé. Il était done 
nécessaire de doser la quantité de glucoside cyanogénétique 


contenu dans notre échantillon, ou, plus exactement, la quan- 


tité d'acide prussique pouvant se former. 


Le dosage a été fait par le procédé de.M. Guignard! dont 


nous rappelons rapidement le principe. 

On hydrolyse pendant 24 heures, à 20°, 50 grammes de 
poudre de haricots avec 56 cc. d’eau dans un ballon de 3 
litres. Puis, le ballon étant relié à un réfrigérant descendant, 
on y introduit une couche d'huile de vaseline, qui a pour but 
de réduire la formation de mousse, ainsi qu'une solution de 
10 gr. d'acide tartrique dans 1.000 ce. d'eau. On distille 
ensuite rapidement 200 ec. de liquide, que l’on reçoit dans 
un peu d'ammoniaque. 

Une seconde distillation est effectuée après introduction de 
50 ce. d'acide chlorhydrique dans le ballon, qui reçoit cette 
fois 300 cc. de distillat. 

Les liqueurs rassemblées sont filtrées sur filtre humide, 
pour recueillir une petite quantité d'huile de vaseline entrai- 
née par la vapeur d'eau, et l’on dose l’acide cyanhydrique 
contenu au moyen d'une liqueur de nitrate d'argent au 200° 
normale. On fait parallèlement un dosage à blanc afin de déter- 
miner le volume de réactif nécessaire pour produire un louche 
sensible. On trouve ainsi 6 mgr.# d'acide cyanhydrique pour 
100 gr. de graines. 


Cette teneur correspond bien à celle donnée par les divers 


auteurs quise sont déjà occupés des Pois du Cap de Madagas-. 


Care 


1. L. Guignard : Le haricot à acide cyanhydrique. Paris, 1906. 


, 


POIS DU CAP DE MADAGASCAR 99 


Il restait à déterminer si le principe cyanogénétique était 
présent dans les diverses parties de la graine et quelle était 
sa résistance à l'hydrolyse, avec émission d'acide toxique. 

S1 l’on plonge quelques graines dans de l’eau maintenue en 
vive ébullition, on constate qu'au bout d’un temps très court 
il est facile de séparer à la main le tégument de l'embryon, 
sans qu'il y ait formation d'acide cyanhydrique décelable. Les 
enveloppes isolées soumises à une hydrolyse prolongée ne 
donnent pas non plus de formation d'acide ; elles sont donc 
exemptes de glucoside. 

Enfin une certaine quantité de haricots soumis à la cuisson 
aqueuse, suivant les procédés habituels, donne, après qu'on a 
jeté l’eau de cuisson, un produit alimentaire exempt de pha- 
séolunatine. 

Il ressort ainsi de ces analyses que la teneur en principe 
toxique de ces haricots de Madagascar que nous avons exa- 
minés est tellement faible qu'il n'y a aucune crainte à avoir 
pour leurs emplois, soit qu'on les donne à l'état cru au bétail, 


soit qu'ils entrent, après cuisson, dans l’alimentation humaine. 


Au point de vue toxicité, la décortication est d’ailleurs sans 
importance, puisque les petites quantités de glucoside sont 
localisées dans l'embryon et non dans le tégument. 


NOTE SUR LA COMPOSITION CHIMIQUE 


DE 


DEUX GRAINES DE PALMIERS 
DE MADAGASCAR 


PAR 
M. G. Clot. 


Les deux palmiers dont nous avons analysé les graines ap- 
partiennent à l’ouest de Madagascar. ; 


L'un, le sa/ranamira, est l'Hyphaene Shatan, qui se trouve : 
dans tout le bassin sédimentaire, ne disparaissant que vers 


l'Extrême-Sud. L'autre, le dimaka, est le Borassus madagas- 
cariensis, commun surtout dans les plaines alluvionnaires et 
fertiles des bords des rivières. " 


L'échantillon de dimaka que nous avons étudié se présen- : 


tait sous forme de fragments de graines à cassure blanche et 
à arêtes vives. La dureté de l’albumen rappelle celle du 
cOr0Z0. 


Les graines de safranamira, de dimensions plus petites que 


celles de dimaka, joignent à la dureté de l'ivoire végétal une 


élasticité très grande, qui leur permet de subir l’action d'un 


choc violent sans se briser. 
Il était intéressant, dans l'analyse de ces graines à albumen 


CE 
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corné, de déterminer la teneur en matières grasses, et, d'autre 


part, d'étudier les produits d’hydrolyse des « celluloses ». 


Au sujet de ces « celluloses », rappelons que MM. Bour- D. 


quelot et Herissey ont démontré que les hydrates de carbone 


de réserve des graines à albumen corné n'ont généralement. 


pas la constitution de la cellulose, mais sont plutôt des pro- 
duits de condensation, avec perte d’eau, du mannose ou du 
galactose. 54 


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DEUX GRAINES DE PALMIERS DE MADAGASCAR 101 


Toutefois, alors que, pour certaines graines à albumen 


__  corné, il est possible d'extraire la « cellulose » et de la puri- 
F _ fier avant hydrolyse, ou bien encore d'hydrolyser quantitati- 
5% vement la « cellulose » brute obtenue à partir de la graine, il 
_ n’en a pas été de même dans le cas actuel, où l'insolubilité 
_ des hydrates de carbone dans les réactifs empêéchait leur puri- 
| fication, en même temps que leur très grande résistance à 
$ l’action des acides ne permettait pas une solubilisation com- 
é plète. Nous avons donc été amené à opérer par un moyen 
._ détourné. 

4 Dans une première série d'expériences, nous avons soumis 
__ les celluloses brutes à l'hydrolyse dans des conditions diverses, 
à en cherchant à déterminer le mode opératoire le meilleur pour 
 : obtenir une transformation assez grande, sans toutefois ris- 
À _quer de détruire les produits résultant de l'opération. 

É Dans une deuxième série nous avons soumis un poids déter- 
4 miné de cellulose à l’hydrolyse, en recueillant et analysant 
«à la liqueur des sucres. On recommence le traitement sur le 
Lex résidu de la première opération, et, si l’on trouve dans la 
Fe. liqueur les mêmes corps dans le même rapport, on peut en 
_ conclure que la cellulose étudiée est homogène. Le rapport des 


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: 5 sus donne du mannose et du glucose dans Le rapport de 1 molé- 
_ !: cule de mannose pour 0,25 molécule de glucose, et celle d'Hy- 
“# phaene les mêmes corps dans un rapport différent de Î molécule 
de mannose pour 0,39 molécule de glucose. 


M 


produits contenus dans les solutions représente bien alors 
_ celui des constituants. 
C’est ainsi que l’on constate que la « cellulose » de Boras- 


Voici maintenant l'exposé et les résultats de nos expé- 
riences,. | 

Préparation des échantillons. — Seule, l'action de la râpe, 
qui transforme les albumens en longues frisures translucides et 
élastiques, de 4 à 2 mm. d'épaisseur, permet d'obtenir un 
échantillon propre à l'analyse. 

Analyse. — Le dosage des matières grasses s'effectue par 
traitement à l'éther d'une forte prise d'essai, ceci aussi 
bien pour obtenir une précision suffisante que pour se procu- 


102 D ÉCACLOE 


rer assez d'huile à analyser. Le résidu de l'extraction séché 
dans l’étuve à vide représente la prise primitive, moins l’hu- 


midité et l'huile. On obtient ainsi l'humidité par différence 
sans avoir à chauffer longuement la graine, ce qui, dans cer- 


ration, l'éther abandonne l'huile. i 
Sur le résidu dégraissé sec, on détermine par calcination les 
cendres solubles et insolubles dans l’eau. | 
Les matières azotées sont déterminées par dosage de l'azote 
(méthode Kjeldhal) contenu dans l'échantillon primitif et ms 
tiplhiant par 6,25. 
Nous nous sommes assuré d'autre part qu'un dosage d'azote 
effectué sur la portion dégraissée sèche donnait les mêmes 


résultats, c’est-à-dire que l'huile ne contenait pas de matières 


azotées et n’était pas souillée par des albuminoïdes. 
L'échantillon ne contenant pas de principes solubles à l'eau, 
la différence à 100 est considérée comme « cellulose ». 


Nous avons ainsi obtenu pour nos deux graines, pour 100 : 


Borassus. Hyphaene. 
= == 
SLT TEL: VON MER SRE 10,25 12,10 
Matières grasses. ........... 0,51 8,08 
= AN AZOICRS A0 4,84 PL 
Cendres solubles........... 1,20 1,01 
EF ameolubles.e HAT 0,54 1,38 e 
LUCE LTMOSeS TD MERE RES 82,66 ABS 
Total... 100,00 100:00 2 


Huile. —Onremarquera immédiatement la grande différence 


que présentent les deux graines au point de vue de leur. 


teneur en huile. La faible quantité de matières grasses 
(0,51 °/,) abandonnée par l'extrait éthéré du Borassus se pré= 


sente sous forme d'une pellicule élastique colorée en rouge 
et d'aspect homogène. 


L’extrait d'Hyphaene, au contraire, laisse une huile plus 
abondante (8,08 °/,, jaune pâle, qui est tout d'abord liquide, 
mais, après quelque temps à 20°, ne tarde pas à se solidifier 


CAS 5 
RER, à 


tains cas, peut modifier la composition du produit. Par évapo- 


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Ne 


DEUX GRAINES DE PALMIERS DE MADAGASGAR 103 


en partie pour donner un mélange de consistance butyreuse 
dont l'odeur rappelle celle de l'huile de palme. 

Cette huile a pour indice d'iode 21,9, et pour indice de sapo- 
nification 245,3. Ces valeurs se rapprochent assez, pour l'in- 
dice d'iode, des huiles de palmiste (13 à 14 et davantage) et 


de coco (8 à 9). 


Pour l'indice de saponification, la concordance est encore 


. plus grande : palmiste, 242 à 250 ; et coco, 246 à 260. 


Celluloses. — Nous avons cherché à déterminer quels sont 
les sucres que ces produits donnent par hydrolyse. Nos expé- 
riences ont porté sur la poudre de graines dégraissée à l’éther 
et séchée. 

Dans toutes les opérations, un poids déterminé de poudre 
est traité à l’autoclave pendant un temps connu, avec un 


volume de solution d’acide sulfurique dilué. Après refroidisse- 


ment, le mélange traité est filtré pour séparer la cellulose qui 
n'a pas réagi, puis on neutralise l'acide sulfurique par du car- 
bonate de calcium à l’ébullition, on décolore au noir animal et 


on filtre la liqueur. On lave à l’eau chaude le précipité de 


sulfate de chaux avec l’excès de calcaire et le noir; et on 
ajoute l’eau de lavage à la liqueur filtrée. Les filtrats rassem- 
blés sont concentrés au bain-marie, puis traités par l'alcool, 


qui précipite une petite quantité de sulfate de chaux ; on 


filtre, on évapore l'alcool et on porte à un volume déterminé. 

Il ne reste plus qu'à analyser cette liqueur. 

Dans une première série d'expériences, dont nous ne rete- 
nons que les conclusions, nous avons hydrolysé la « cellu- 
lose » de Borassus par l'acide sulfurique dilué, en faisant 
varier la concentration et le volume de l'acide, la durée et la 
température de chauffage. Les conditions les meilleures sont 
celles pour lesquelles la solution présente le moins de colo- 
ration et de carbonisation : acide normal ou double normal, 
chauffage pendant une à deux heures à 110 ou 120, 

Pour des concentralions plus grandes ou une température 
plus élevée, on trouve dans la solution des sucres une assez 
grande quantité de matières organiques ne litrant pas comme 
glucose, 


104 G::GLOT 


Pour l'analyse des solutions de sucre, après avoir constaté 
la présence du mannose (d'après la mannosehydrazone), celle 
du glucose par transformation en acide saccharique, et l’absence 
de levulose ou de galactose, nous avons essayé d'une sépara- 
tion par la méthode de Tanret. 

Celle-ci, dans les conditions présentes, ne donne pas de 
résultats certains : il est difficile de séparer les hydrazones 
solubles de la masse de mannosehydrazone précipitée ; et la 
solution de glucose que l'on obtient donne fortement la réac- 
tion de Seliwanoff, caractéristique de la présence du levulose. 
Il y a donc eu, ainsi que l'avait déjà remarqué Tanret, isomé- 
risation d'une certaine quantité de sucre sous l’action de la 
phenylhydrazine. 

La liqueur filtrée de mannosehydrazone donne par chauffage 
prolongé un précipité de phenylglucosazone caractérisé par 
sa forme cristalline et son point de fusion au bloc (224° au 
lieu de 230°). 

Le précipité de mannosehydrazone recristallisé dans l’eau 

bouillante donne comme point de fusion 1989-1990. 
_ D'autre part, les solutions sucrées ont une coloration telle 
que, vu leur faible concentration, la détermination du pouvoir 
rotatoire ne donne pas de résultats acceptables. 

Nous avons seulement dosé les sucres totaux par la méthode 
G. Bertrand, et le mannose par précipitation du mannose 
hydrazone en liqueur acétique, le précipité étant recueilli sur 
creuset de Gooch, 

La glucose est déterminée par différence. 

Nous avons ainsi trouvé : 


Pour la « cellulose » de graine de Borassus : 


Poids de l'prisrr Ses r 30 gr. Résidu. Résidu. 
SUCLES Lola ES Ur . 13,550 3,140 2,309 
Manaose ere ne 2e.-10940 2,539 1,832 
Glucose. rie me reste 2,640 D,601 0,523 
Rapport VU fs 1,20 3,50. 


glucose pi 


DEUX GRAINES DE PALMIERS DE MADAGASCAR 105 


Pour la « cellulose » de graine d’'Ayphaene : 


Rens /de prise 22. eu. 10 or. Résidu. 
RE OR Dee an à à avec 3,499 2,450 
TR A Lan lu 2,470 1,762 
LLNT EE TR EPA DER Te 0,965 0,688 
mannose 
Here | 56 2,5 
Rapport Rd SE. ASS 2 ,96 


Quant à la teneur en matières azotées des graines de ces 
deux espèces, elle estnécessairement faible, comme lemontrent, 
en effet, les analyses reproduites plus haut, étant donné 
l'énorme proportion des hydrates de carbone. Et elle est sen- 
siblement la même dans les albumens de Borassus et d'Hiy- 
phaene, qui, en définitive, diffèrent surtout par la plus grande 
richesse de la graine d'Hyphaene Shatan en substance grasse, 
et, en ce qui concerne la « cellulose », par une plus forte pré- 
dominance des produits de condensation du mannose sur ceux 
du glucose dans la graine de Borassus madagascariensis. 


MACON, PROTAT FRÈRES, IMPRIMEURS, 


ne SR LUS TA 


M ASS 
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Pieraerrs : Contribution à l'étude chimique des Noix 
de Sanga-Sanga. 


H. Juuecze: Les Variétés du Palmier à huile. 


H. Juuecce : Quelques données sur l’état actuel de 
la culture cotonnière. 


3€ Fascicule. — Herbert Sroxe : Les Bois utiles de la Guyane Fran- 
çaise (suite). 


1918 


1 Fascicule. — Douron et Vipac : Essais de fabrication de papier 
avec la Passerine hirsute et d'autres Thyméléa- 
cées. 


Dourox et Vipar: Essais de fabrication de papier 
avec le Bois-bouchon de la Guyane Française. 
H. Juuezce et PERRIER DE LA BaTnie : Nouvelles 


observations sur les Mascarenhasia de l'Est de 
Madagascar. 


H. Juueire : Les Dypsis de Madagascar. 
G. Carre : L'Élevage à Madagascar. 


H. Juueze : L'Élevage et le Commerce des Viandes 
dans nos Colonies et quelques autres Pays. 

Louis Racine: Palmistes et Noix de Bancoul de 
Madagascar. 


2me Fascicule. — Herbert Sroxe : Les Bois utiles de la Guyane fran- 
çaise (suite). 


1919 


1 Fascicule. — Félix Gérarp : Étude systématique, morphologique 
et anatomique des Chlaenacées. 


G. Verxer: Notes et Expériences sur la coagula- 
tion du latex d'hévéa. 


R. CeniGuezu : La farine des graines et la fécule 
des tubercules de l'Icacina senegalensis. 


H. Juuezre : Les Aracées de Madagascar. 


MODE DE PUBLICATION ET CONDITIONS DE VENTE 


Les Annales du Musée Colonial de Marseille, fondées en 1893, 
paraissent annuellement en un volume ou en plusieurs fascicules. 


Tous ces volumes, dont le prix est variable suivant leur importance, 
sont en vente chez M. CHarLameL, libraire, 17, rue Jacob, à Paris, à 


qui toutes les demandes de renseignements, au point de vue commer- 
cial, doivent être adressées. 


Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé à M. Henri 
JUMELLE, professeur à la Faculté des Sciences, directeur du Musée 
Colonial, 5, rue Noailles, à Marseille. 


Les auteurs des mémoires insérés dans les Annales ont droit gra- 
tuitement à vingt-cinq exemplaires en tirage à part. Ils peuvent, à 
leurs frais, demander vingt-cinq exemplaires supplémentaires, avec 
titre spécial sur la couverture. - 


Les prochains fascicules contiendront la fin du mémoire de M. H. 
Stone sur Les Bois utiles de la Guyane Française et un mémoire de 
M. H. Perrier de la Bâthie sur La Végétation malgache. 


MACON, PROTAT FRÈRES, IMPRIMEURS. 


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