Full text of "Annales"
INSTITUT ARCHÉOLOGIQUE
DU
LUXEMBOURG.
?m<m&'
ANNALES.
25e FASCICULE.
ARLON.
TYPOGRAPHIE ET LITHOGRAPHIE DE P. -A. BRÙCK.
1879.
DU
ASSEMBLEE GÉNÉRALE
DU 16 DÉCEMBRE 1878.
Présidence de M. HOURT.
Membres présents : MM. Leclekc, Maus, inspecteur cantonal, Besseling,
Goffinet, Loes, Bartii, Julien, Henckels, Dasnoy, Van de Wyngaert,
Houry et Tandel.
MM. Pety de Thozée, père et iils, Clément Maus, Bouvrie, Jeanty et
Burlon se sont fait excuser.
L'assemblée arrête les comptes de la Société.
Elle nomme M. Tandel, secrétaire, en remplacement de M. Dupont, qui
a quitté la province ; M. Tandel remplira ainsi les fonctions de secrétaire-
trésorier.
Elle choisit, comme membre effectif, M. le docteur Lambert, conseiller
provincial à Bouillon ; comme membres correspondants, MM. Dupont,
professeur à Gand et Pety de Thozée, commissaire d'arrondissement a
Charleroi, qui ont quitté la province ; Van Werveké, professeur à l'athénée
de Luxembourg ; comte 0. de Gourjaull, à Mézières (Ardennes) ; Kelner,
inspecteur cantonal de l'enseignement primaire à Bellefonlaine et M. L. Van
Hollebeke, sous-chef de section aux archives du royaume.
Elle prend acte de l'engagement de M. l'architecte Van de Wyngaert de
livrer pour le commencement d'avril prochain le projet d'appropriation d'un
local pour le Musée archéologique.
Elle émet le vœu de voir le Gouvernement rapporter ou adoucir certaines
des dispositions de l'arrêté organique des archives de l'État du 28 février
1878, dispositions qui rendent l'étude des documents les plus importants
presqu'impossible.
Elle décide que les travaux des instituteurs sur les communes de la
province seront révisés et complétés et que, chaque année, la description
d'un arrondissement pourra être publiée.
_ 4 —
i travail de revision est confié à MM. Goffinet,Tandel, Julien et Barth,
(jiii acceptent de faire dans ce but la révision des arrondissements d'Arlon-
Virlon.
Une nouvelle circulaire sera adressée aux instituteurs, aux bourgmestres
et aux eurés afin de les prier de communiquer à l'Institut les renseigne-
ments et documents complémentaires qu'ils pourraient posséder sur les
communes «lu Luxembourg.
Elle prie tous ses membres de provoquer des abonnements aux annales
de l'Institut afin «l'intéresser aux travaux de la Société un plus grand
nombre de personnes tout en augmentant les ressources de son budget.
Elle prend en considération une proposition de M. Goffinet tendante ace
que, dès que les publications le permettront, les fascicules à venir portent
le nom de 2° série.
Le Président,
/.»' Srcréluirr, HOURT.
Emile TANDEL.
HISTOIRE DE LAROCHE
PAR
Am. de Leuze,
DOCTEUR EN THEOLOGIE, CURE DE SCY ET MEMBRE CORRESPONDANT
DE L'INSTITUT ARCHÉOLOGIQUE D'ARLON.
PRÉFACE.
L'histoire est la science des faits ; or les faits n'entrent pas dans le
domaine de l'imagination ; et pour les connaître, il faut recourir aux
écrivains de l'époque où ils se soDt produits, consulter les auteurs qui en
ont parlé. Telle est la marche que j'ai suivie. Je m'en suis rapporté aux
historiens qui ont parlé de Laroche et de son comté ; j'ai réuni ce qu'ils
en ont dit en un seul tout que j'offre a mes compatriotes dans ce petit
aperçu historique. Puisse-t-il leur être agréable. Toutefois, je ne prétends
pas avoir fait une œuvre parfaite ; c'est une esquisse et je laisse à ceux
qui en auront le loisir, le soin d'achever ce qui est commencé.
Celte histoire comprendra trois parties. La première est la partie histo-
rique. Elle embrasse l'ensemble des faits qui se sont liasses sous nos
vieilles roches l'espace de dix-huit siècles, et se divise en quatre périodes.
La première comprend les origines du cliâ«eau et du comté, et s'étend
jusqu'à leur réunion au comté de Namur. La seconde comprend le temps
qui s'est écoulé depuis cette réunion jusqu'à la paix de Dinant. La troi-
sième s'étend depuis la paix de Dinant jusqu'à Philippe le Bon, et la qua-
trième, de Philippe le Bon jusqu'à la révolution française.
A partir de Henri, dit l'Aveugle, dans la seconde période, le comté
devint plutôt nominal que réel. N'ayant plus eu de comtes particuliers,
son histoire se confond nécessairement, depuis cette époque, avec l'histoire
du comté de Namur d'abord et du comté de Luxembourg ensuite. Dans
cet aperçu historique, je me restreindrai, autant que possible, aux événe-
ments qui concernent Laroche et son comté.
La seconde partie est la partie politique. Elle traite de l'administration du
comté et de ses coutumes, des privilèges de la bourgeoisie et de ses obli-
gations, du personnel du comté et de tout ce qui s'y rattache.
La troisième partie est un appendice contenant les pièces justificatives
qui ont servi de base à mon histoire.
Je commencerai par dire un mot de la ville actuelle et de son château.
HISTOIRE DE LAROCHE.
CHAPITRE PRÉLIMINAIRE.
LAROtHK ET SON CHATEAU.
Laroche est une petite ville bien connue des nombreux touristes qui
visitent chaque année le Luxembourg belge. Située a 4 lieues à l'Est de
Marche, sur les bords de l'Ourthe, elle se cache au fond d'une vallée pitto-
resque creusée par les eaux rapides de la rivière. Sur les flancs escarpés
des montagnes qui l'entourent, on aperçoit les roches anciennes du terrain
ardennais, au milieu desquels les eaux ont dû se frayer un passage.
Les plateaux environnants, a une altitude de 400 à 500 mètres, sont
couronnés de forêts épaisses où abonde le gibier. Ce sont des restes de
l'antique Silva arduenna où vivaient au temps de César les vaillantes peu-
plades (Pœmani, Eburones, Condrusi...) que le conquérant romain eut
tant de peine a soumettre (1).
La ville actuelle est bâtie le long de la rivière dont les eaux limpides,
riches en poissons les plus recherchés, forment une large ceinture autour
de ses blanches habitations. Les deux rives sont reliées par un pont sus-
pendu, l'un des premiers et des plus élégants que l'on ait admirés en
Belgique. De riants jardins adossés à la montagne, y dessinent des étages
de verdure aussi gracieux que variés. Au fond de la vallée du côté du
Nord, se trouve l'église avec sa tour remarquable Un hôtel de ville, con-
struit dans la première moitié de ce siècle, les bâtiments tout modernes
d'une école de garçons et d'une école de lilles, un hospice pour les vieil-
lards fondé il y a peu d'années, tels sont les principaux édifices publics.
Au-dessus de ces constructions d'un âge récent, s'élève la sombre masse
(1) Ces. B. Gall. II, 4 ; V, 3 ; VI,C.29 et sqq.
— 10 —
d'un rocher taillé à pic, au sommet duquel se dressent les ruines impo-
santes d'un ancien château féodal. Son puissant donjon, ses tours crénelées,
ses murs «pins, malgré les injures du temps qui en arrache chaque jour
quelques débris, attestent encore aujourd'hui la splendeur de l'ancien ma-
noir des comtes de Laroche.
ID chemin Tort étroit partant du bas de la ville conduisait autrefois à la
première porte de ce château percée entre deux énormes tours qui lui ser-
vaient de défense. En arrivant, on se trouvait en présence d'une avant-cour
spacieuse, entourée de murs. Un peu plus loin, sur la droite, une seconde
porte donnait entrée dans une autre cour également entourée de murs et
dans laquelle se trouvaient les écuries et d'autres dépendances du château.
Ces écuries furent renversées par un furieux ouragan qui se déchaîna sur
Laroche dans le commencement du xvu* siècle. Elles étaient contigues à un
donjon en pierres de taille assez grand et couvert d'ardoises. De l'avant-
cour, on montait au château proprement dit par une galerie en bois. A
lenirée, du côté gauche, était un jardin, et, en face, le caralièr, sur lequel
se dressait une tour carrée d'origine romaine, dont il ne reste plus que la
base. Une seconde galerie donnait sur la droite accès au quartier du prévôt.
Dans ce quartier, se trouvait une vaste salle d'environ quatre-vingt-deux
pieds de longueur sur quarante de largeur. Au bout de cette salle, du côté
droit, était une petite tour servant de chapelle ; du côté gauche, s'ouvrait
une autre salle de vingt-cinq pieds de longueur sur trente-deux de largeur.
De celte seconde salle, on descendait h la cuisine et à d'autres apparte-
ments qui formaient deux étages inférieurs. Les Français, sur la fin du
xvit° siècle, firent démolir tous ces anciens appartements pour construire
des souterrains remarquables par l'épaisseur de leurs voûtes et qui sont
restés intacts jusqu'aujourd'hui. Au-dessus de ces souterrains, ils établirent
des casernes, et dans la cour, en face des casernes, ils firent creuser une
citerne voûtée qui existe encore et dont la contenance est d'environ quatre
cents tonnes.
Outre la porte d'entrée actuelle, il y avait encore à la tour dite aux
Piliers, une porte qui établissait communication avec le chemin de Laroche
.1 Villers. Cette porte a dû disparaître par suite des escarpements faits de
ce côté sur la fin du XVIIe siècle.
Ces renseignements sur le château sont extraits d'un état du comté
dressé, le 27 janvier 1629, par Pierre Roberty, conseiller et maître ordi-
naire de la Chambre des Comptes à Bruxelles et par Jacques Wynan, audi-
- if —
teur de cette même Chambre. Ils sont aussi dus a un manuscrit de 1732,
dont l'auteur est inconnu, mais qui, selon toute probabilité, n'est autre
que Servais Dupont, curé de Laroche à celte époque. Les relations si
détaillées que cet auteur nous a laissées sur la construction de la tour et
les réparations de l'église, ainsi que sur les différentes confréries établies
à Laroche, le prouvent suffisamment. Au reste, l'écriture du manuscrit
rapprochée d'autres pièces autographes du même curé ne laisse aucun
doute à cet égard.
J'aurai plus d'une fois l'occasion de recourir à ce précieux document,
surtout en ce qui concerne le xviie et le xviir3 siècle.
Laroche ne prit l'aspect d'une ville que dans la première moitié du
xive siècle, lorsque Jean l'Aveugle permit aux habitants de munir cette
localité de murailles et de portes.
Les nombreux et insignes privilèges qui furent accordés en cette occa-
sion aux bourgeois de Laroche, attirèrent en cette ville beaucoup de
familles étrangères. D'autre part, les bonnes conditions de défense que
présentaient les fortifications de la place, amenèrent un grand nombre de
seigneurs à y construire des maisons de refuge pour s'y retirer en temps
de guerre.
La ville ainsi agrandie était regardée dès le xive siècle comme l'une des
plus riches et des plus considérables du Luxembourg. Elle fut aussi, et de
temps immémorial, la capitale d'un comté très-important auquel elle don-
nait son nom, et qui outre les villes de Laroche, de Bastogne et de Marche,
comprenait quatre pairies, Houfïalize, Beauraing, Han-sur-Lesse, Humain,
et un grand nombre de seigneuries. Ce comté s'étendait sur presque tout
le pays qui faisait autrefois partie du quartier des Ardennes et contenait
plus du tiers du duché de Luxembourg (I ). Nous allons en retracer l'histoire.
(1) Mémoire et advertissement en la cause de detïense contre le seigneur de Bièvres,
demandans la conté de la Roiche, en Ardenne. 17 avril 1533.
PREMIÈRE PARTIE.
PARTIE HISTORIQUE.
PREMIÈRE PÉRIODE.
Origine du château et du comté de Laroche.
On ne peut émettre le moindre doute que les Romains n'aient connu et
exploré les rivages de l'Ourthe. La villa d'Amberloup, la villa Lupi (Loup-
ville), la villa ad pontem (Wiompont), le camp de Hazaie et non loin de
là le champ de bataille de Prêle, le Cheslin de Ste-Ode, petite forteresse
qui domine le château de Sle-Ode, sur la rive gauche de l'Ourthe occi-
dentale, le Cheslay de Bérisménil et le cimetière de Maboge appelé le
Sâct'ux, situé a mille mètres environ de ce Cheslay (I), sont autant de
preuves de la présence des Romains dans le pays que l'Ourthe arrose. J'en
dirai autant des découvertes d'urnes romaines laites a Jupille, non loin du
presbytère, lors des travaux exécutés pour le nouvel embranchement de la
route de Laroche à Melreux ; et l'histoire de St-Thibaud par sire Jamotte,
curé de Marcourt, nous rapporte qu'en 1635, à la suite d'une inondation,
les eaux de l'Ourthe mirent à découvert un grand nombre de monuments
funéraires dans un vallon près de Marcouit ainsi que sur la rive opposée.
« Ces sépultures, dit cet historien, étaient évidemment des constructions
romaines ; elles contenaient un grand nombre d'urnes ou de vaisseaux de
terre cuite, toutes remplies de cendres et d'ossements de corps morts qui
avaient été brûlés selon la coutume d'alors, avec des médailles ou pièces
de cuivre marquées à l'effigie des empereurs. »
Il y a plus, tous nos archéologues sont unanimes à reconnaître aujour-
d'hui que les Romains construisirent sur le rocher qui porte le château
actuel de Laroche, une tour semblable à celles qu'ils construisirent, sous
Auguste, le long du Rhin et de la Meuse, dans le but de défendre et de
protéger le territoire conquis, tant contre l'ennemi extérieur que contre
les soulèvements intérieurs. Nous citerons entr'aulres Monsieur Sulbout qui
t'exprime de la sorte dans son remarquable travail intitulé : Notices
archéologiques sur Amberloup et quelques localités de la province de
Luxembourg (2) : « La tour des Romains dont il ne reste plus que la base,
il ) Annales de l'Institut archéologique d'Arlon, v. p. 239.
■ . Annales de l'Institut archéologique d'Arlon, v. p. 277.
— 13 -
occupait le point culminant du vieux château féodal de Laroche. Ce cas-
tellum était bâti sur un roc que l'œuvre de la création avait fait presqu'inac-
cessible, et que la main de l'homme avait réussi à isoler totalement
au moyen d'une large et profonde entaille opérée sur le col étroit qui
reliait ce roc à la masse rocheuse de la rive droite. La garnison de ce
fortin communiquait avec la plaine par un diverticulum qui, coupé vif dans
la falaise, sur Tune et l'autre rive, traversait la rivière a l'angle Nord-Ouest
de l'ancien cimetière de Laroche et allait se souder à la voie de Tongres
sur le territoire de Beausaint. »
Des Romains, Laroche passa aux Francs, et, sous les rois d'Austrie, fit
partie du pays d'Àrdennes, un des quatre pays ou quartiers qui divisaient
le Luxembourg. À la tête de chaque pays, les rois francs établirent des
ducs ou des comtes pour administrer la justice et régler les finances.
Ayant fait du château de Laroche une maison de chasse, le comte qu'ils y
établirent, fut nommé le grand veneur parce qu'il avait l'intendance de
toute la vénerie.
Un auteur moderne appelle Laroche le paradis de ses vacances, la patrie
du loisir, de la promenade, de la rêverie, de la pêche et de la chasse. Si
l'auteur est moderne, sa pensée ne l'est pas, car ce fut cette pensée qui
guida les rois francs, et après eux les comtes de Luxembourg, lorsqu'ils
choisirent Laroche pour s'y retirer des affaires, et y prendre les délasse-
ments dont ils sentaient le besoin.
« Les Rochois, dit Bertels, montrent encore aujourd'hui un siège taillé
dans le roc, sur la montagne de Corumont, et l'appellent par tradition le
siège de Pépin, prétendant que ce roi s'y reposait de ses fatigues de chasse
et y donnait ses audiences. »
Nous ne savons rien des premiers comtes de Laroche ; toutefois il
n'existe aucun doute, dit le même historien, que cet illustre et ancien
comté n'ait eu pour chefs de grands hommes de guerre et d'état, qui se
sont montrés sages et habiles dans le gouvernement du peuple. Bertels
ajoute qu'au Ve siècle, un seigneur de Laroche se défendit vaillamment
contre les Vandales, les Huns, les Goths, et les Ostrogoths ; et il le
prouve par une découverte qui fut faite au château en L260 (i). En dé-
blayant les ruines d'une tour appelée communément tour des Sarrasins, et
qui n'était autre que la vieille tour romaine, on mit au jour h trois ou
quatre pieds de profondeur, un très-grand nombre de squelettes [humains,
(1) Bertholdii._Hist. Lux. Rupes Ardenna.
— 14 —
dont plusieurs étaient d'une extraordinaire grandeur. Or, comme a cette
époque, on n'avait connaissance d'aucun draine sanglant qui se fût passé
dans cette tour du château et qui put justifier la présence de ces ossements;
comme d'ailleurs ils portaient sur eux-mêmes le cachet de la plus haute
antiquité, les lîochois en conclurent, dit notre historien, que ces sque-
lettes appartenaient a l'époque de l'invasion des barbares qui auraient fait
le siège du château et s'en seraient emparés.
M;iis est-il nécessaire de remonter à une époque si éloignée pour expli-
quer la présence de ces squelettes au château ? Je le crois d'autant moins
que la dénomination de Sarrasins donnée à la tour où ils ont été retrouvés,
indique une époque postérieure à l'invasion dont il s'agit. Il est évident
qu'il ne peut être question d'une invasion des Sarrasins eux-mêmes, puis-
qu'ils ne se sont pas avancés au-delà de Poitiers où ils furent arrêtés par
Charles-Martel (732).
A partir de cette époque, l'histoire ne mentionne plus que l'invasion des
Normands. On connaît les ravages que ces barbares exercèrent en 881 dans
le Nord de l'Europe et spécialement en Belgique sur les bords de la Meuse.
Dix ans ne s'étaient pas écoulés, qu'ils reparaissaient de nouveau et se
précipitaient comme un torrent vers la forêt des Ardennes. Battus près de
Louvain en 892, ils n'en continuent pas moins leurs courses furibondes.
Ils vont jusqu'à Bonn où ils établissent leur camp. Poursuivis par l'armée
chrétienne, ils s'échappent de nuit, se dirigent sur l'abbaye de Pruim
qu'ils saccagent. « Ensuite, dit Berlholet (1), ils courent vers une forle-
resse nouvellement construite dans les Ardennes: C'était une retraite qu'on
regardait à l'abri de toute insulte et dont les historiens ne marquent pas
le nom. Lue infinité de peuple s'y était réfugiée, mais la forteresse fut
e-r portée d'emblée, et on y passa les habitants au fil de l'épée. j»
Le fait d'armes dont parle Bertels, ne se rapporte-t-il pas à l'invasion
de ces barbares (désignés sous le nom de Sarrasins, parce que ce nom
était resté la teneur des peuples d'Europe), plutôt qu'à l'époque de l'inva-
BÎon des Huns, des Vandales, des Goths et des Ostrogolhs? Je le crois et
même il n'est pas impossible que la forteresse nouvellement construite dont
parle Berlholet, ne soit le château de Laroche ; en sorte que cet historien
et Berlels n'auraient en vue qu'un même fait.
« En absence de documents, dit Monsieur Sulbout, on établit la certitude
d'un fait historique par les traditions et par les révélations de l'archéologie
(t) Tome II, p. 166. Ilist. de Lux.
— 15 —
auxquels la signification des noms de lieux apporte souvent un excellent
appoint (1). » Or ici tout concourt a démontrer que la forteresse nouvelle-
ment construite de Bertholet était le château de Laroche, sa position sur
un rocher d'un accès difficile, et qui le faisait regarder dans les temps
antérieurs comme une retraite à l'abri de toute insulte, le nom donné à la
tour et les ossements qui y ont été découverts. Peu importe que la forte-
resse soit dite nouvellement construite. Les travaux considérables qui y
furent exécutés sous les rois carlovingiens, lui donnaient à cette époque
une apparence de nouveauté, en sorte que les historiens ont pu dire avec
raison que cette forteresse était de construction récente.
Au rapport de certains historiens, en 844, un comte de Laroche, nommé
Gui, eut une guerre à soutenir contre Enguerrand, comte de Vienne. Ber-
tholet, qui nous donne ce renseignement, ne nous fait connaître ni le motif,
ni le résultat de cette guerre.
Albéric (2) nous parle d'un autre comte de Laroche, Adélard, qui pos-
sédait en 905, l'abbaye de Slavelot en bénéfice ou fief. « Apud Slabulans,
dit cet écrivain, Adelardus, cornes de Rupe in Ardenna prasrat vice abbalis. »
Cela prouve, dit Ernst (3), que c'est une inexactitude dans le Père Bertholet
d'avoir écrit que les comtés de Laroche et de Durbuy ont été dès leur
origine un apanage des cadets de Namur, quoiqu'on ne puisse disconvenir
que dans la suite ces comtés passèrent dans celte maison.
A partir d'Adélard jusqu'à Henri 1er (905-1088), on ne trouve plus rien
de certain sur les comtes de Laroche. Remarquons toutefois que Sigefroid,
à la mort de Ricuin, son père, obtint entr'autres héritages tout le territoire
arrosé par l'Eltz, la Sure supérieure, l'Ourlhe et l'Emblève (4). Il est donc
plus que probable que le comté de Laroche après Adélard, est entré dans
le domaine des comtes de Luxembourg et qu'il en faisait déjà partie même
du vivant de Ricuin.
Sigefroid étant mort le 15 août 998, son fils Frédéric continua seul la
postérité des comtes de Luxembourg. Il épousa une princesse nommée
Ermentrude de Gueldre, dont il eut entr'autres enfants, Frédéric II, duc
de Basse-Lorraine, avoué des monastères de Stavelot et de iMalmédy.
Frédéric II avait épousé en premières noces Gerberge de Boulogne, fille
(1) Annales de l'Institut arch. d'Arlon V. p. 253.
(2) Ad annum 905 p. 1, p. 244.
(3) Hist. des comtes de Durbuy et de Laroche aux xi* et xn- siècles.
(4) Bertholet. Hist. de Lux. III, p. 6.
— 16 -
-lâche, comte de Boulogne et de Mahaut de Louvain, dont il eut une
611e unique Judc ou Judith. Judith épousa Henri I, comte de Limbourg.
I).' ce mariage naquirent Henri II, comte de Limbourg après son père, et
une tille qui épousa Henri, lils d'Albert III, comte de Namur. C'est ce que
nous établirons en son lieu. C'est doue un fait bien constaté que l'épouse
de Henri, lils d'Albert il! de Namur, descendait en ligne directe et mater-
nelle de Sigefroid, comte de Luxembourg.
Henri lut comte de Laroche, c'est-à-dire d'une partie de ce territoire
arrosé par l'Ourthe. que Sigefroid avait obtenu à la mort de son père. On
ne sait commenl il le devint. Nous ne pouvons, ce semble, donner une
explication plus naturelle de ce fait que l'alliance même de Henri avec un
des illustres rejetons de Sigefroid.
Ainsi, le comté de Laroche d'abord réuni au comté de Luxembourg,
entra, selon toute probabi'ité, par les femmes dans le domaine des comtes
de Limbourg, et Henri, lils d'Albert III, comte de Namur, en devint pos-
Besseur par son alliance avec une fille de ces comtes.
Henri Ier, comte de Laroche, que nous ne devons pas confondre avec le
lil> du comte de Namur, vivait sur la lin du xie siècle. Nous ne con-
naissons de lui qric la guerre qu'il eut à soutenir à cette jépoque contre
ne de Liège et contre plusieurs seigneurs. Voici à quelle occasion:
Depuis la mort de Codelïoid-le-Bossu, la Belgique était en proie à la
licence la plus affreuse ; !a force seule régnait, et les seigneurs, grands et
petits, ne cessaient de se faire la guerre; le pays tout entier n'était plus
qu'un \aste champ de bataille. Pour opposer une digue à ces désordres,
et comprimer les excès de toute espèce, qui se commettaient dans les villes
rumine :i la campagne, le comte Albert de ''amur se concerta avec l'évèque
de Liège, Henri de Verdun. En 1082, ce prélat convoqua une assemblée
des principaux seigneurs de la Basse-Lorraine, sur les terres desquels s'éten
dail sa juridiction.
Il y lui arrêté (pie du premier dimanche de l'Avent jusqu'au jour de
l'Epiphanie, cl !,. Septuagésime jusqu'à l'octave de la Pentecôte;
enfin, depuis l'aurore du vendredi jusqu'à celle du lundi de chaque
semaine, pi rsonue ne pourrait porter les armes ni exercer des hostilités
dans toute retendue du diocèse. On convint en même temps d'ériger à
I une chambre de justice, présidée par l'Évêque, où seraient jugées
toutes les contraventions aux règlements susdits, ainsi que les crimes de
rapt, de violence, de vol public, d'incendie, de meurtre, etc., qui seraient
_ 17 —
commis sur les terres des seigneurs assemblés. Cette chambre de justice
exista longtemps à Liège, sous le nom de Tribunal de la Paix (1).
[.es principaux seigneurs qui faisaient partie de cette assemblée étaient
Godefroid, duc de Bouillon, Gui, duc d'Ardennes, Henri, duc de Limbourg,
et les comtes de Luxembourg, de Looz, de Louvain, de Vianden, de Salm,
de Juliers, de Namur, de Hainaut, de Montaigu, de Moha, de Clermont,
ainsi que Henri, comte de Laroche. Ce dernier seul refusa constamment de
soumettre son pays a la juridiction de ce tribunal. En vain les autres sei-
gneurs le conjurèrent-ils de faire comme eux, le menaçant de leur inimitié
commune s'il s'obstinait ; notre comte ne se laissa point intimider et per-
sista dans son refus. C'est pourquoi tous se liguèrent contre lui. Henri
aussitôt leva une petite armée ; et, n'écoutant que sa bravoure, il marcha
au-devant de ses ennemis. Accablé par le nombre, il fut battu et forcé de
se retirer dans son château.
Les vainqueurs vinrent l'y assiéger. Sept mois se passèrent et rien
n'indiquait encore la fin du siège. A l'intérieur du châleau toutefois, les
vivres commençaient à manquer, et les assiégés voyaient approcher le
moment où il leur faudrait se résoudre à se rendre ou a mourir de faim.
Dans cette extrémité, le comte eut recours a un stratagème, resté célèbre
dans les traditions populaires. Il laissa échapper du château un porc auquel
pendant quelque? jours, il avait fait donner du blé à satiété. Les assiégeants
s'en emparèrent, et le trouvant gras, ils crurent que le comte avait encore
des vivres en abondance pour continuer à soutenir le siège. Désespérant
donc de pouvoir réduire la forteresse, ils se virent forcés de conclure avec
le comte une convention qui fut le premier coup porté au Tribunal de la
Paix. Suivant cette convention, les habitants de Laroche et ceux des environs
à une lieue à la roi. le, étaient exempts de la juridiction de ce tribunal.
Plusieurs historiens et Bertholet avec eux, rapportent cet événement à
Henri, fils du comte de Namur, Albert III ; d'autres disent que Henri qui
vivait alors, et dont il est parlé dans une charte de 1087, sortait des comtes
de Louvain ; d'autres encore, comme de Marne, le confondent avec Henri,
comte de Durbuy.
Pour notre part, nous ne pouvons admettre que le héros de cet épisode
de notre histoire soit Henri, fils d'Albert III. Et d'abord, nous savons que
c'est d'après le co: seil d'Albert III que l'évêque de Liège convoqua tous
es seigneurs de sa juridiction, pour aviser aux moyens de réprimer les
(1) David. Manuel d'histoire de Belgique p. 197.
- 18 ~
excès de tout genre qui désolaient le pays. Peut-on dès lors regarder comme
probable que le (ils d'Albert III ait été le seul à ne pas accepter les déci-
sions de cette assemblée? Evidemment non. D'ailleurs, l'âge que pouvait
avoir Henri il l'époque de la guerre en question, rend cette supposition
impossible. En effet, Albert III avait épousé la veuve de Frédéric de Luxem-
bourg, doc de Basse-Lorraine, et Henri, notre comte, fut le troisième fils
qu'il eut de ce mariage. Or, Frédéric mourut en 1065. Supposons que sa
veuve ait convolé en secondes noces un an après la mort de Frédéric, nous
devrons placer la naissance de Henri vers l'an 1071.
Les historiens ne sont pas d'accord sur l'époque de l'érection du Tribunal
de la Paix : Les uns placent celte érection en 1082, d'autres en 1088. Nous
oe nous éloignerons donc pas de la vérité, en plaçant le l'ait qui nous
occupe entre 1082 et 1088. A cette date, Henri pouvait avoir de onze à
dix-sept ans. Or est-il possible à un jeune homme de cet âge d'avoir autant
de résolution, et d'entreprendre de lutter seul contre tant de hauts et puis-
sants seigneurs? Certainement non, et, sans aucun doute, il s'agit d'un
autre comte du même nom qui vivait à la même époque et qui n'appartenait
pas à la lignée des comtes de Namur.
Ce comte serait il peut-être Henri Ier, comte de Durbuy, fils d'Albert II,
comte de Namur, qui vivait vers le milieu du xie siècle? « Henri, dit l'his-
torien de Marne, qui adopte cette opinion (1), n'affecta apparemment se
distinguer des autres seigneurs, que parce qu'il sut que les autres sujets
du comte de Namur, son frère, avaient été soustraits à la juridiction du
nouveau tribunal. Le zèle qu'Albert avait marqué dans tout le cours de
cette affaire, et les mesures qu'on savait qu'il avait prises, afin de bannir
de ses terres les excès dont on se plaignait, avant de penser à les abolir
chez les voisins, lui avaient attiré cette distinction de la part des princes
assemblés à Liège. Le comte de Laroche, sans avoir les mêmes titres,
emporta par l'accommodement qu'on fut obligé de faire avec lui, une partie
de ce qu'il demandait, et obtint du moins l'exemption pour les habitants
de la ville et de la banlieue de Laroche. »
Les auteurs qui, comme de Marne, rapportent l'événement dont nous
avons parlé, à Henri, fils d'Albert II, comte de Namur, disent que ce Henri
réunit les comtés de Laroche et de Durbuy en sa personne par son mariage
avec une h Ile héritière de ces deux terres. Mais c'est là une supposition
toute gratuite de leur part, et dont on ne peut rien conclure quant au fait
I Hibt. du comté de Namur. Liv. 1", p. 129.
qui nous occupe. D'ailleurs, si ce que disent ces auteurs était vrai,
comment aurait-il pu se faire que le fils de ce Henri qui devint comte de
Durbuy après lui, ne lui eût pas succédé aussi dans le comté de Laroche?
D'autre part, Baudouin d'Avesnes, chroniqueur du xiif siècle, parlant
d'Henri, fils d'Albert II, ne le qualifie que du titre de comte de Durbuy,
tandis qu'il donne le titre de comte de Laroche à Henri, fils d'Albert III,
comte de Namur. « De Ermengarde, dit-il, natus est Albertus, cornes
Namurcensis, qui genuit Alberlum ci succedentem, et Henricum, comitem
de Durbio ; Albertus II (lisez III) genuit Godefridum comitem et Henricum
de Rupe (I). »
Rien ne peut enfin laisser supposer que les comtes de Louvain aient
jamais possédé le comté de Laroche, tandis que tout concourt à nous
démontrer que ce comté appartenait dans le xie siècle aux comtes de
Luxembourg et qu'il doit être devenu un héritage des comtes de Limbourg
par l'alliance de l'un d'entre eux avec Judith de Luxembourg. Comme nous
l'avons dit, ce comte eut un fils, appelé Henri, qui fut son successeur dans
le Limbourg. C'est sans doute ce dernier qui eut à soutenir le siège dont
nous avons parlé. Rien ne s'oppose à ce qu'il ait été comte de Laroche du
vivant de son père, et qu'a la mort de celui-ci, il ait abandonné le comté à
sa sœur, soit à titre de dot, soit pour quelqu'autre raison.
(1) Ernst. Des comt< - de Durbuy et de Laroche aux xi* et xn* siècles. Suivant un travail
de M. Eug. del Marmol (Annales de la Société archéologique de Namur, 1" livraison), il n'y
eut que deux comtes de Namur qui portèrent le nom d'Albert. Celui qu'on qualifie d'Albert I,
portait le nom d'Adalbert et vivait à la fin du x* siècle. Albert I était mort en lOOi ; Albert II,
son successeur, en 1105 ou 1106.
DEUXIÈME PÉRIODE.
Depuis la réunion du comté de Laroche au comté de Namur
jusqu'au traité de Dinant.
Henri II.
10 . . ? — 1138.
Henri II, fils puîné d'Albert III, comte de Namur et de Ide, veuve de
Frcdoric de Luxembourg, duc de Basse-Lorraine, obtint, comme nous l'avons
vu, le comté de Laroche par son alliance avec la fille du comte Henri l de
Limbourg. L'obscurité qui règne sur l'histoire du xie siècle, nous empêche
•le préciser l*époque où il contracta cette alliance. Ce qui ne peut être
avant la guerre dont nous avons précédemment parlé, puisqu'il est démontré
qu'au temps de cette guerre, le fils d'Albert III ne pouvait encore être
comte de Laroche. Dès l'an 1088, Henri était avoué de Stavelot, comme
le prouve une charte datée de celte année où l'on trouve : « Faita est
aiitom baec tradilio per manus Henrici majoris advocati ejusdem ecclesiae
iilii comiiis Namurcensis Alberli (1). » Mais ce fait implique-t-il qu'il fut
marié et comte de Laroche à cette époque? Je le pense d'autant moins que
la charte en question ne lui donne que le titre d'avoué de Stavelot ; quant
au titre de |comte de Laroche, il ne lui est pas attribué, c'est qu'il ne
l'acquit que plus tard par son mariage avec la fille du comte de Limbourg.
On ne sait de quelle manière Henri devint avoué de Stavelot, si ce n'est
peut-être qu'Ide porta cette dignité dans la maison de Namur après la mort
de son premier mari, Frédéric, duc de Basse-Lorraine, qui l'avait tenue.
■ Celte conjecture, dit Ernst, peut souffrir quelque difficulté, parce qu'après
la mort de Frédéric, Godefroid, son successeur au duché de Basse-Lorraine,
le fut aussi dans Favouerie de Stavelot (2). » Quoi qu'il en soit, Henri se
retrouve encore avec la qualité d'avoué de Stavelot dans les chartes des
années H04, 1118, 1124 et dans la liste des avoués de 1128.
Henri mourut avant le 5 juin 1138. Il eut de son mariage avec la fille
du comte de Limbourg trois enfants, Godefroid et Henri, ses successeurs
'des comtes de Durbuy et de Laroche aux xi" et xn* siècles.
M. Id. ïd.
_ 21 -
ei Mathilde qui épousa en premières noces Thierry de Walcourt, célèbre et
belliqueux chevalier, de qui elle laissa Wery de Walcourt, dit de Rochefort,
el Béatrix, femme de Winand de Houflalize. En secondes noces, elle épousa
Nicolas, seigneur d'Avesnes, de Condé, de Leuze, etc. Elle en eut Jacques
et Fastré, et une Bile nommée Ide qui épousa Guillaume, châtelain de
Saint-Omer.
Butkens (1) attribue deux autres fils à Henri, savoir Barthélémy et
Frédéric, archevêque de ïyr que le Père Bertholet dit avoir été archidiacre
de Liège.
Henri III.
1 138? — 1153 V
Godefroid nommé « fils de Henri comte de la Roche, filius Henrici
comités del Roche » dans un acte de 1125, cité par le Père Hugo (2), avait
déjà succédé à son père dans l'avouerie de Stavelot le 5 juin 1138, comme
le prouve une charte de l'abbé Wibalde insérée dans la collection de
Martenne et Durand (3), mais on ne trouve nulle part qu'il ait été comte
de Laroche après son père. Il est question de Henri, son frère, dans une
charte de Conon, abbé de Stavelot, donnée en 1124, où il apparaît comme
témoin avec son père, Godefroid d'Assche et le comte de Durbuy, Henri
encore enfant; aussi dans une autre de 1139 où il est question de Henricus
de Rupe (4). Henri était-il déjà à cette dernière époque comte de Laroche ?
« Nous l'ignorons, dit Ernst (5) ; mais nous croyons le voir comme comte
régnant dans ce passage d'une lettre du pape Célestin II, adressée à l'évêque
et au clergé de Liège le 23 décembre 1143 : »
« Avertissez, dit ce pape, Henri de la Roche qu'il ait à restituer à Ere-
bert, frère de l'abbé Wibalde, son château entier qu'il a détruit pendant la
Trêve Dieu. Que si après quarante jours de monition, il néglige cette
restitution, portez contre lui une sentence d'excommunication et que ni lui
ni les autres, dont il est fait mention ci-dessus, n'en soient absous, que
lorsqu'ils auront satisfait comme ils le doivent. »
Le premier janvier 1146, Henri se trouva à la cour de l'empereur
(1) Trophées sacrés et profanes du duché de Brabant, 1724, t. 1, p. 110. Table généalo-
gique.
(2) Annales ordinis prajmonstratensis. T. 1, p. 77.|
(3) Tome II, p. 108.
(4) Tome II, p. 110.
(5) Ernst. Hist. de Durbuy et de Laroche aux xr et xir siècles.
3
— 22 —
Conrad III, comme en fait foi un diplôme impérial, donné alors pour
l'abbaye de Waulsort, où entre les témoins se rencontre < Henricus cornes
de Rupe (1). »
L'an IH8, à la demande de Pévêque de Liège, il s'interposa avec son
cousin, Henri de Limbourg, pour obtenir de Wibalde, abbé de Stavelot,
que la sépulture ecclésiastique fut accordée à Winand de Limbourg,
surnommé de la Tour. Ce dernier était mort dans l'excommunication que
l'abbé de Stavelot avait lancée contre lui, à cause des dommages qu'il avait
causés à l'abbaye, et partout dans le diocèse de Liège, on lui refusait la
sépulture.
Notre comte et Henri de Limbourg s'étant rendus à l'abbaye, supplièrent
Wibalde de lever l'excommunication et de permettre que la sépulture fut
accordée au défunt. Ils promirent de réparer tous les dommages que Winand
avait causés à l'abbaye et jurèrent de ne jamais en faire eux-mêmes, d'en
respeeler les privilèges et de la soutenir en tout. Ces promesses furent
acceptées par l'abbé, l'excommunication fut levée et Winand reçut les
honneurs de la sépulture ecclésiastique.
Cet incident de la vie de notre comte se trouve relaté dans Durand et
Martenne (2). Il importe de remarquer cette circonstance que Henri, comte
de Larocbe est dit cousin de Henri de Limbourg.
Voici comment le document s'exprime : «r Quorum aller, id est de Rupe,
advocatus ecclesiae noslrœ erat, et alterius Henrici amitiae filius. » Henri
de Laroche était donc fils de la sœur du père de Henri de Limbourg. C'est
la preuve de ce que nous avons dit, que Henri II, comte de Laroche, avait
marié une fille du comte de Limbourg (3).
La même année, Henri I, dit l'Aveugle, comte de Namur, se brouilla
avec les comtes de Looz et de Dasbourg, quoique ce dernier fut son utérin.
On ne sait quelle fut la cause de cette rupture ni les événements qui la
suivirent. Ce que l'on peut dire de plus certain, c'est que les peuples en
souffrirent et les vassaux de l'abbaye de Stavelot plus que les autres.
Henri, comte de Laroche et Godcfroid de Montaigu prirent une pari active
à celte querelle et l'un conlre l'autre. WTibalde, abbé de Stavelot, fit tous
ses elloits pour amener la paix. Il eut la satisfaction d'y réussir en partie
en réconciliant les comtes de Laroche et de Montaigu. Quant aux comtes
1 1) Durand et Martenne. Ampl. collectio. 1, p. 799.
irand et Martenne. Ampl. collectio. II, pp. 110, 125.
inférer I histoire d Ernst citée plus haut.
~ 23 —
de Namur, de Looz et de Dasbourg, tout ce qu'il put en obtenir, fut de
les faire consentir à uue trêve de quelques mois, et encore cette trêve fut
aussitôt rompue que signée par le comte de Namur. « Alors, dit Mabillon,
Févêque de Liège qui aurait dû concilier les esprits, se mit lui-même de la
partie et se joignit a Godefroid de Montaigu contre le comte de Namur. 11
lui en coûta la ville de Ciney qui fut prise et brûlée, de quoi Févêque se
vengea en excommuniant Henri, et en pillant de concert avec le comte de
Montaigu, les meilleures et les plus riches terres de Stavelot, sans doute
parce que cette abbaye avait pour avoué le comte de Laroche allié au comte
de Namur et parent de ce prince (I). *
Pendant ce temps de trouble, Henri tomba malade ; il réchappa cepen-
dant cette fois de sa maladie, puisque nous le voyons intervenir en 1152
dans la charte de fondation de l'abbaye de Leffe. i Nous n'en avons plus
retrouvé aucune trace depuis cette époque, dit l'historien Ernst. L'auteur
de la liste des avoués de Stavelot place sa mort vers ce temps, circa annum
1)50, dit-il, obiit nulla proie relicta. Il mourut sans postérité vers
1150 (-2). >
Henri IV, dit Fàveugle.
1453?— 1196.
Henri III eut pour successeur son cousin Henri, surnommé l'Aveugle,
Ois de Godefroid, comte de Namur, et d'Ermenson de Luxembourg. Sui-
vant l'ordre, le comté devait retourner à Wery de Walcourt, fils de la
sœur de Henri III et de Thiéry de Walcourt. mais Wery fut privé de son
droit on ne sait pour quelle raison.
Henri FAveugle avait épousé Laurette d'Alsace, fille du comte de
Flandre. En 1163, Laurette mourut sans laisser d'enfants; c'est pourquoi,
au mois de juin de la même année, Henri disposa en faveur de sa sœur
Alix, de Baudouin, son époux, comte de Hainaut, et de Baudouin, leur
fils, de tous les alleux et des serfs qu'il possédait dans les comtés de
Namur, de Laroche, de Durbuy et dans d'autres lieux, s'en réservant la
jouissance sa vie durante.
Baudouin, l'époux d'Alix, étant mort en 1172, son fils, qui désirait
gagner les bonnes grâces de l'empereur Frédéric -Barbe-Rousse et de ses
1. Mabil. Annales Bened. lib. 79. n* 38.
(2) Ernst, Hist. des comtes de Durbuy et de Laroche aux xr et xii* siècles.
- 24 -
deu Gis, Henri et Frédéric, envoya en 1183, deux ambassadeurs vers ces
princes pour demander l'investiture de tous les domaines dont Henri avait
disposé en sa laveur. « Ces ambassadeurs, dit l'historien Delewarde (1).
trouvèrent i» la cour de l'empereur, Jacques d'Avesnes qui faisait tous ses
efforts pour rétablir son frère, Wery de Walcourt, dans le comté de Laroche
dont il était proscrit, mais il n'y gagnait rien. » L'empereur reçut favo-
rablement ces ambassadeurs et leur ordonna de faire venir leur maître à la
cour. Le comte partit le dimanche de la Loetare 1184, accompagné de plu-
sieurs chevaliers de distinction. Il se rendit d'abord à Namur chez son
oncle, et celui-ci lui remit des lettres par lesquelles il priait l'empereur
d'accorder à son neveu la grâce qu'il sollicitait. 11 passa par Durbuy,
Laroche, Luxembourg et Trêves. Lorsqu'il fut arrivé a la cour, l'empereur
le reçut avec honneur, et confirma la donation que le comte de Namur
avait faite en sa faveur. Cette donation fut de plus ratifiée dans une assem-
blée solennelle tenue à Mayence le jour de la Pentecôte de la même année.
In 1106, Henri l'Aveugle avait convolé en secondes noces avec Agnès,
lille du comte de Gueldre. Par suite de mésintelligence avec son beau-père,
il renvoya son épouse et en vécut séparé jusqu'en 1182. En 1186, Agnès
lui donna une (ille qui fut appelée Ermesinde. La naissance de cette enfant
changea les dispositions de notre comte à l'égard du comte de Hainaul. Et
en effet Ermesinde était à peine âgée d'un an qu'il la promettait en ma-
riage à Henri, comte de Champagne, petit fils de Louis VII, roi de France,
l'assurant en même temps qu'elle serait son héritière universelle. Mais
Baudouin de Hainaul n'était pas d'avis de se laisser enlever des domaines
qui lui avaient été cédés et confirmés, et pour lesquels il s'était déjà donné
beaucoup de peines. Aussi s'ensuivit-il entre l'oncle et le neveu une guerre
qui dura plusieurs années et se termina à l'avantage du dernier. Le comté
de Namur et ceux de Laroche et de Durbuy furent déclarés fiefs de l'em-
pire et les trois réunis formèrent une principauté nommée marquisat.
L'empereur en investit Baudouin qui, en la présence des grands seigneurs
de l'empire, lui fit hommage et lui prêta serment de fidélité comme étant
devenu son homme-lige. Il fut stipulé qu'on ne donnerait le marquisat qu'à
celui des héritiers qui posséderait en même temps le comté de Hainaul (1 1 88).
Cette décision parut dure au comte Henri l'Aveugle, aussi voulut-il s'y
soustraire en recommençant la guerre, mais ce fut en vain ; il dut céder
;i la force des circonstances et signer la paix en 1190. Le comte de Hai-
(1) Ilist. générale du Ilumaut. Tome III. p. 9(i.
- 25 —
naut demeura en possession des forteresses qu'il occupait, et après la mort
de son oncle, il devait lui succéder dans les comtés de Namur, de Laroche
et de Durbuv. Alors le comte de Champagne, que cette paix privait de ses
espérances, renvoya Ermesinde à son père en 1191. Deux ans plus tard, la
jeune princesse fut de nouveau fiancée à Thibaut, comte de Bar. Celui-ci
persuada à son beau-père de recommencer de nouveau la guerre pour
recouvrer le Namurois. La guerre eut lieu <M9i), mais Henri échoua dans
sa nouvelle entreprise, et la possession du marquisat de Namur et du comté
de Laroche fut définitivement assurée h Baudouin à la mort de Henri. Bau-
douin mourut en 1195. Un an ne s'était pas écoulé que Henri, notre comte,
le suivait dans la tombe (1196).
Philippe I, dit le Noble.
1196. —1199.
Philippe-le-Noble, deuxième fils de Baudouin, fut le successeur de Henri
l'Aveugle dans le marquisat de Namur. Baudouin, par son testament, lui
avait assigné ce marquisat, mais à la condition de le tenir en fief de son
frère aîné, qui lui-même le tiendrait de l'empereur comme fief de l'empire.
Quant au Luxembourg, qui était devenu un fief vacant par la mort de
Henri, l'empereur en disposa en faveur de son frère Olhon, comte de
Bourgogne. Mais Olhon s'arrangea avec Thibaut de Bar et lui céda ses
droits pour une somme d'argent. Thibaut après avoir fait rentrer Ermesinde
dans la jouissance d'une partie de son patrimoine, voulut aussi reconquérir
le marquisat de Namur. C'est pourquoi en 1197, il alla assiéger Philippe
dans sa capitale, mais il échoua dans son entreprise. Philippe, qui pré-
voyait le retour de semblables tentatives, et qui n'avait aucun secours à
espérer de son frère alors en guerre avec la France, préféra faire des sacri-
fices plutôt que de s'y exposer. En conséquence, il conclut avec Thibaut un
accord converti en traité définitif en 1199. Ce traité, qui fut signé dans un
monastère près de Dînant, sépara sans retour les comtés de Laroche et de
Durbuv du marquisat de Namur et les unit au comté de Luxembourg. Il
étabit en outre que le comte de Bar et ses successeurs tiendraient en fiefs
du Hainaut le comté de Laroche et toutes les terres qui lui étaient cédées.
Comme on le voit, les rapports du comté de Laroche au comté de Hai-
naut, tels que les avait établis Baudouin par son testament, ne furent pas
changés par le traité de Dinant, et le comté de Laroche continua a être
— 26 —
regarde comme un fief du Hainaut. « Dans la suite, il devint cependant
un fiel' du duché de Brabant, dit Ernst qui cite à l'appui Butkens, l'auteur
des Trophées iln duché de Brabant. Butkens avoue, il est vrai, qu'il ignore
quand et comment cette mouvance a été établie, il observe néanmoins
ailleurs que Henri-lc-Blond, comte de Luxembourg, en rendit hommage au
i\uv de Brabant, et il ajoute que vraisemblablement ses prédécesseurs en
avaient lait de même. Mais, continue Ernst, on ne peut admettre cette
conjecture, attendu qu'en 1190, Gilbert, chancelier de Baudouin V, comte
de Hainaut, soutint au duc de Brabant en présence du roi des Romains
€ que les ducs de Bouillon, de Limbourg, les comtes ou ducs de Brabant,
< n'avaient eu aucune juridiction ou droit appartenant à leur duché de
< Lorraine, ni dans le comté de Namur, ni dans celui de Laroche, ni dans
« le Hainaut ; et que le duc ne pouvait prouver que ni ses prédécesseurs
« ni lui y eussent été en possession, etc. »
t Quoiqu'il en soit, dit enfin Ernst, Jean III, duc de Brabant, remit cet
hommage à Jean de Luxembourg, roi de Bohème, sous certaines conditions
énoncées dans la charte faite à ce sujet le vendredi après l'Epiphanie de
l'an 1327 (1). »
Nous reviendrons sur ce sujet dans la suite.
1 1 1 Ernst. llist. des comtes de Laroche et de Durbuy aux xi« et xn* siècles.
TROISIÈME PÉRIODE.
Depuis le traité de Dînant jusqu'à Philippe le Bon —
Thibaut — Ermesinde — Waleram.
M99. — 1226.
Maitre du comté de Laroche, Thibaut se fit reconnaître avoué de Stavelot,
charge désormais héréditaire dans la maison des comtes de Luxembourg,
comme le comté de Laroche dont elle était devenue une annexe.
En 1209, il obtint de l'abbé de ce monastère la promesse que le château
de Logne ne serait jamais aliéné, mais conservé de telle sorte qu'il ne put
lui nuire ni à ses successeurs. « Il craignait, dit Bertholet, que l'évêque de
Liège ne s'en emparât, ce qui aurait pu l'arrêter dans certaines entre-
prises. »
Nous possédons de Thibaut une charte, de cette même année 1209, qui
contient la confirmation des privilèges accordés aux bourgeois de Beauraing
par leur seigneur.
Dans cette charte, Thibaut, « comte de Bar, seire de la Roche, » déclare
les dits bourgeois exempts, en vertu de ces privilèges, pour le présent et
pour l'avenir, de toutes exactions, tailles, prières, du droit de morte-main...
11 déclare encore que le seigneur s'est réservé de chaque feu de la ville de
Beauraing, à l'exception des maisons des clercs et des chevaliers, quatre
chappons à Noël et quatre drS à Pâques, ainsi que le droit de main-morte
surles biens d'un étranger mort danslavilledeBeauraingsanslaisserde parents
ni au premier, ni au second, ni au troisième degré. Il s'est réservé aussi le droit
d'exiger des bourgeois de Beauraing qu'ils lui viennent en aide pour armer
son fils chevalier et de même pour marier sa fille ainée, et qu'ils contribuent
au paiement de sa rançon s'il était fait prisonnier. Thibaut règle ensuite
qu'en cas de difficulté entre le seigneur et les bourgeois, ou bien entre
bourgeois et bourgeois, cette difficulté soit portée devant les juges de
Laroche et terminée par eux ; que dans le cas de violence appelée burine,
si le fait était prouvé par deux ou trois témoins, l'auteur fut condamné à
sept sols d'amende, et « s'il advenait que le dit battelier prisse armes queiîes
qui fussent et recommenchasse la burynne et la sédition et la bataiîie, »
que cette amende fut portée à soixante et dix tols.
-SS-
II établit aussi que les veuves devront jouir de leur douaire toute leur
vie durante, de même que les hommes jouiront des douaires qui leur
viennent de leurs femmes. De plus, lorsque les époux auront relevé en
même temps de quelque terre, si l'un vient à mourir, l'autre sera exempt
de faire nouveau relief.
Enfin il détermine les conditions requises pour que les bourgeois puissent
recevoir quelqu'un à leur franchise. « Les dits bourgeois de Beauraing
pétillent recepvoir à leur franchise tous ceux quj leur loist recepvoir par
droict et nuls autres aiïorains se il n'est à Beauraing demorant ou se il nj
est vèu pour demorer ils ne peullet à leur franchise recepvoir. »
Thibaut mourut le 12 février 121 4, laissant de son mariage avec Ermesinde
une seule enfant, Isabelle, qui fut mariée a Waleram. surnommé le Long,
seigneur de Fauquemont et de Montjoie, fils de Waleram III de Limbourg.
époux en secondes noces d'Ermesinde.
Ce fut l'année même de la mort de Thibaut qu'Ermcsinde convola en
secondes noces avec le duc de Limbourg. Le contrat de mariage est daté
de mai 1214. Waleram y donne en dota Ermesinde son château d'Arlon
avec toutes ses dépendances, et s'engage à ne jamais confier la garde de ce
château sinon à des vassaux des comtés de Luxembourg, de Laroche et de
Durbuy. Il promet ensuite de ne bâtir aucun château ni d'en laisser con-
struire aucun, à moins que ce ne soit pour la défense des comtés susdits.
Enfin Waleram jure de maintenir les nobles, les bourgeois et les autres
hommes de Luxembourg, de Laroche et de Durbuy, dans les mêmes libertés
et les mêmes honneurs dont ils ont joui au temps de Henri, comte de Namur
et père d'Ermesinde.
En 1217, des difficultés s'élevèrent entre Waleram et le comte de Namur
au sujet de la succession du comté de Namur. Celui-ci avait été cédé à
Philippe de Courtenay et Waleram prétendait qu'il devait revenir à son
épouse et à ses enfants. Le comte proposa ses raisons à Philippe II qui les
rejeta. Il s'ensuivit une guerre qui dura quatre ans et se termina par la
paix do Dinant du 13 mars 1222. Le comté de Namur fut démembré de
nouveau, et la principale partie, située au delà de la Meuse, du côté des
Ardennes, avec les comtés de Laroche et de Durbuy, fut derechef, comme
en 1191), cédée et confirmée aux comtes de Luxembourg.
Waleram mourut en juin 1226, laissant trois enfants d'Ermesinde,
Catherine qui épousa Mathieu, duc de Lorraine, Henri et Gérard.
— 29 -
Ermesinde et Henri-le-Blondel.
L226. —1271?
Après la mort de son époux, Ermesinde continua h gouverner le Luxem-
bourg jusqu'à ce qu'elle put s'associer son tils aine. Waleram, de son vivant,
s'était emparé des châteaux de Logne et de Comblain dans la crainte que
ses ennemis ne les occupassent et ne fissent de là dos incursions sur ses
terres. Après sa mort, des contestations s'étant élevées à ce sujet entre
l'abbaye de Stavelot et Ermesinde, celle-ci s'en rapporta à la décision du
conseil de l'empereur. Le conseil décida contre elle et la condamna à
restituer ces deux forteresses ; c'est ce que fit aussitôt Ermesinde qui rétablit
ainsi la bonne harmonie entre elle et l'abbaye.
Entr'autres monastères qu'elle fonda, nous citerons celui de Clairefontaine
auquel appartint dans la suite la cour de Hives dans le comté de Laroche.
Elle approuva aussi la fondation dite des Ecoliers faite à Houiïalize (1236)
par Thierv de Houiïalize et Henri, son fils ; celle d'un hôpital à Bastogne,
par Gérard de Houiïalize, et confirma les donations qui leur furent faites.
En 1240, Ermesinde maria son fils aine à Marguerite, fille de Henri II,
comte de Bar et de Philippine de Dreux. Dans le contrat de mariage, passé
neuf ans auparavant, il avait été convenu que Henri, après la mort d'Erme-
sinde, posséderait les comtés de Luxembourg et de Laroche avec le marquisat
d'Arlon et toutes leurs dépendances, en telle manière que Gérard son frère, ne
pourrait y rien prétendre, excepté deux cents livrées de terre qui lui seraient
assignées plus tard.
Ermesinde régla encore certaines affaires de famille dans la vue de pré-
venir toutes difficultés entre ses enfants dans la suite ; peu de temps après,
elle mourut, en mai 12V7.
Dès lors, Henri-le- Blondel réunissant au marquisat d'Arlon les comtés
de Luxembourg et de Laroche, céda le 23 juin suivant, à Gérard, son
puîné, la seigneurie de Durbuy avec des terres considérables. Dans l'acte
de cession, il lut stipulé entre les deux frères que l'un ne pourrait receler
les sujets de l'autre ; que si, par hasard, il y avait dans la chàtellenie de
Durbuy des hommes dépendants du comté de Laroche ou de l'abbaye de
Stavelot, ils appartiendraient à Henri, et qn'jl en serait de même au regard
de Gérard pour ceux de Durbuy demeurant dans le comté de Laroche, à
moins qu'on en fit échange.
Henri, qui avait succédé à son père dans Favouerie de Stavelot, donna
— 30 -
à cette abbaye en 1244, le vi-comté de Bras. Cinq ans plus tard, sous
prétexte que Henri de Gneldre ne voulait pas le reconnaître pour avoué,
lui el son frère Gérard entrèrent sur les terres de l'abbaye et les livrèrent
au pillage et à l'incendie. Ils s'emparèrent aussi de l'abbaye et la dépouil-
lèrent de tout, jusqu'au sceau même de l'abbé.
Ce fut sans doute pour réparer cette faute qu'Henri prit la croix et partit
pour la Syrie l'an 1270, après avoir chargé Henri, son fils aîné, de l'admi-
nistration de ses états pendant son absence.
Cette croisade ne fut pas de longue durée, car Henri était de retour le
27 juin 1271.
Henri VI (III).
1271? — 1288.
Il est question de Henri VI (III) pour la première fois dans une charte
du 28 janvier 1269. Pour la première fois aussi il prend le litre de seigneur
de Laroche le premier février 1271, dans une charte par laquelle il déclare
consentir à la donation du droit de patronage de l'église Saint-Martin à
A Non, faite en faveur du couvent du Saint-Esprit à Luxembourg. « Il est
probable, disent les publications de la Société pour la recherche et la
conservation des monuments historiques dans le grand-duché de Luxem-
bourg, que Henri II aura conféré à son fils aîné le titre de sire de Laroche
à l'époque de son mariage. » Et de fait, une lettre du comte Henri Vil (IV)
adressée, le 6 mars 1289, à Jean d'Avesnes, comte de Hainaut, nous fait
connaître que le comté de Laroche forma le domaine de Béatrix, veuve de
Henri VI Mil). Nous sommes en droit dès lors de placer le mariage de Henri VI
à une époque antérieure au mois de février 1271, antérieure même au
départ de son père pour les croisades, qui, suivant les historiens, eut lieu
au mois de mai 1270, car il n'est pas probable que Henri se soit marié en
l'absence de son père ; et comme Henri n'était pas encore marié et sire
de Laroche le 28 janvier 1629, nous déterminerons l'époque de ce mariage
d'une manière approximative en disant qu'il a dû se faire entre le 28 jan-
vier lL2(i9, alors qu'il n'était pas encore sire de Laroche et le mois de mai
1270, époque du départ de son père.
Tandis que son père était dans les croisades, Henri, pour affermir sa
puissance, fit des alliances avec les seigneurs voisins, entr'autres avec
Ferri, duc de Lorraine et avec Thibaut, comte de Bar. Cette dernière fut
conclue le 5 lévrier 1271 et Henri-le-Blondel la ratifia à son retour, le
27 juin suivant.
— 81 —
Le 21 avril de la même année, Waleram, frère de Henri, s'était reconnu
son homme-lige, et avait repris de lui Roussy et ses dépendances. « Leur
père, dit Berlholet, avait ordonné que la comtesse Marguerite jouirait de
la terre de Roussy durant sa vie, et Waleram, seulement après la mort de
sa mère, de même que de Ligny et des autres biens de Flandre, ajoutant
que, si le comte de Flandre ne voulait pas recevoir son hommage, ou
bien qu'il entreprit de le troubler, son frère Henri lui payerait annuellement
huit cents livres de revenus, soit dans les comtés de Luxembourg et de
Laroche, soit ailleurs, et cela en compensation de ce dont Waleram aurait
été privé en Flandre (1). »
Quatre ans plus lard, commença la guerre de la vache à laquelle notre
comte prit part, et dont les suites furent aussi désastreuses que le sujet
était mince et ridicule (2). Une vache volée par un paysan namurois à un
habitant du Condroz et la conduite arbitraire du bailli de ce dernier pays,
qui (il pendre le voleur, tel fut le sujet de cette guerre qui coûta la vie
à plus de quinze mille hommes, sans compter les villes et les villages qui
furent incendiés, tant dans le Condroz que dans le Luxembourg et la pré-
vôté de Poilvache. Cette guerre iinit le 5 avril 1277. Les belligérants
remirent, à la demande du roi de France, leurs différents à la décision
d'arbitres choisis de part et d'autre, et les choses furent rétablies sur le
pied où elles étaient avant les hostilités.
Henri-le-Blondel mourut sur la fin de décembre 1241 ; notre comte qui
lui succéda dans le comté de Luxembourg et le marquisat d'Arlon, ne lui
survécut pas longtemps, car il fut tué à la bataille de Woeringen, le 5 juin
1288. 11 avait épousé Béalrix d'Avesnes, fille de Baudouin d'Avesnes, sire
de Beaumont en Hainaut et de Félicité de Coucy. 11 eut de ce mariage
trois fils et trois filles, illustres par leurs qualités personnelles et qui ont
immortalisé leur nom (3) : Henri fut comte de Luxembourg et de Laroche,
Waleram hérita des biens maternels du Hainaut, Baudouin fut archevêque
de Trêves. Les trois filles furent religieuses.
Béatrix & Henri VII (IV).
1288 — 1310.
Lorsque Henri VII (IV) succéda à son père, il n'avait encore que le titre
(1) Bertholet. Hist. du Luxembourg etc. V. 182.
(2) David. Manuel hist. Belg. p. 149.
(3) Bertholet. Hist. du Luxembourg, etc. V. p. 282.
— 32 —
de damoiseau, el il ne fut créé chevalier que quelques années après. La
comtesse Béatrix, sa mère, gouverna les étais pendant sa minorité.
Quelque temps après la mort de son père, Henri VII (IV) écrivit a Jean
d'Avesoes, comte de llainaut, pour lui demander répit pour l'hommage
qu'il lui devait faire. <> Je vous prie et requier, lui disait-il dans sa lettre,
tant comme je puis que vous me volliés pour excuset de cou que je ne sui
aleis à vous pour faire hommage, de ce que je doi tenir de vous, car vous
savés, sire, que je ne suis mie orc en point de men cors conduire à me
volontei ; pour coi je vos prie, très chiers sires, que vous me voeilliés
donner respit, par coi en l'occoison de cou je ne puisse kéir en nul
damage enviers vous, car si tost, sire, comme je porai seurement aler, je
irai vers vous et ferai volontiers cou ke je deverai. » En même temps
notre comte demandait au comte de Hainaut de recevoir à hommage sa
mère pour son douaire de Laroche et de tout ce qui en dépendait. « Et
vous lac savoir, sire, que je sai et connois plainement que me très chière
dame et mère si est doée de la Roche ou Ardenne et de toutes les appen-
danches ; pour coi je vous prie, très chiers sire, que vous le voelliés
rechevoir à homme sicom de doaire car c'est bien mes greis et me volon-
teis. . . . (I). »
Dans la suite, de grandes difficultés s'élevèrent entre Henri VII et le
comte de Hainaut au sujet de certains biens situés en Flandres et dont le
partage n'avait pas encore été fait. Après « plusieurs traités de pais ki
n'estoient mie adierchiet, » les deux comtes par le conseil de leurs amis
et ii l'intervention du roi de France, signèrent l'accord suivant, le 8 sep-
tembre 1304 : Henri reconnut qu'il devait faire hommage au comte de
Hainaut [tour le comté de Laroche et la terre de Durbuy, pour le château
de IVilvache et toutes ses dépendances, et il promit de le faire de bonne
foi et en conscience sans désobliger personne, et suivant le gré du comte
île Namtir, son cousin. Il renonça en même temps aux prétentions qu'il
avait sur les terres de Beaumont et de Beau fort pour lui et ses successeurs.
Jean, comte de Hainaut, en retour de ce que le comte de Luxembourg
avait relevé de lui les fiefs de Laroche, de Durbuy et de Poilvache, lui
assigna deux mille deux cents livres de terre au tournois, en la ville de
Rainnes et sa châtellenie, et en d'autres lieux qu'il déterminait. De plus,
il lui donna une maison située à Valeuciennes, en la rue de la Couture,
' ompte rendu des séances il'" la Commission royale d'histoire du recueil de ses
bulletins e série, Tome XII, p.. 344, 345.
— 38 —
lui restitua la seigneurie de Doulers et ses dépendances, à condition que
le comte de Luxembourg la tiendrait de lui en fief. Il lui abandonna en
outre Villance et ses annexes, en se réservant toutefois l'hommage, et
renonça enfin pour lui et ses successeurs à toutes les prétentions ulté-
rieures que son épouse Philippe avait droit de former à la charge de son
neveu, soit pour son douaire, soit pour quelqu'autre chose qne ce put
être (I).
Le comte de Hainaut étant mort quelques mois après cet accord, son
successeur, Guillaume, confirma ce qui avait été fait, et, au mois de juillet
1305, régla les différentes terres sur lesquelles devaient se prélever les
deux mille deux cents livres de terre au tournois à payer a notre comte.
Celui-ci lui lit de son côté hommage de son comté de Laroche comme il
l'avait fait précédemment à l'égard de son père (2).
Ces transactions et la lettre de Henri au comte Jean de Hainaut prouvent
évidemment que, jusqu'à celte époque, le comté de Laroche n'avait pas
cessé d'être un fief du Hainaut. 11 y a donc lieu de douter de l'authenticité
des documents apportés par Butkens pour prouver que le comté de La-
loche était devenu, après le traité de Dinant, un fief du Brabanl, à moins
d'admettre pour le comté de Laroche ce qui s'est fait en particulier pour
la terre de Mirwart. En 1270, Henri, sire de Mirwart, reprenait en fief de
Henri, comte de Luxembourg, « sa ville d'Auwaine, Mazebourc, etc., et
devenait son homme lige et de ses hoirs après l'évêque de Liège, le comte
de Bar et l'abbé de Si-Hubert (3). Si donc il est vrai que les comtes de
Laroche, successeurs de Thibaut de Bar, sont devenus hommes liges des
ducs de Brabant, ce ne peut être que secondairement aux comtes de Hainaut,
de la même manière que Henri, sire de Mirwart l'est devenu des comtes
de Luxembourg, aptes l'évêque de Liège, le comte de Bar et l'abbé de
St-Hubert.
En 1308, Henri VII (IV) fut élu empereur en remplacement d'Albert
d'Autriche qui avait été assassiné par son neveu, Jean le Parricide ; mais
il ne fut couronné que dans la cinquième année de son élection, le 29
juin 1312, dans la basilique de Latran à Rome. Il mourut le 24 août 1318,
à Buonconvento, bourgade dépendant de Sienne.
Henri VII (IV), qui avait épousé en 1292 Marguerite, fille de Jean Ier,
(1) Compte rendu de s séances de la Commission royale d'histoire. T. XII, p. 390 et sui-
vantes ; et 425 et suivantes. Voir St-Genois. Hainaut, 1304.
(2) Compte rendu des séances de la Commission royale d'Histoire, T. XII, p. 390 et sui-
vantes, et 425 et suivantes. Voir St-Genois. Hainaut 1304.
(3) Voir les pièces justificatives.
— 34 —
duc «le Brabant, ne laissa qu'un fils unique, Jean, surnommé l'Aveugle,
son successeur dans les comtés de Luxembourg et de Laroche el le mar-
quisat d'Arlon, et quatre filles, dont l'une, Béatrix, épousa le roi Charles
de Hongrie et une autre Charles-le-Bel, roi de France.
Jean l'Aveugle.
1310 — 134(3.
Jean, surnommé l'Aveugle, épousa en 1309, Isabelle, fille de Wenceslas,
roi de Bohême. Par ce mariage, il obtint la couronne de Bohême. Bientôt
il y joignit le comté de Luxembourg par la cession que lui en (il son père.
Celui-ci avait fondé en 1309 l'hôpital de S'-Jean-Baptiste à Luxembourg.
Jean approuva cette fondation l'année suivante, et la dota des dimes,
grosses et petites de Serainchamps, de Lignière, de Derfeal, de Malempré
et de Rondu dans le comté de Laroche. Il ne se réserva pour lui et pour
ses successeurs que le droit du patronage.
Le manuscrit de 1732 nous rapporte qu'en 1317, Jean vint à Laroche
avec la plus haute noblesse de son comté de Luxembourg. Sur l'avis de
Jean de Grandprez, son cousin, sire de Houffalize, et de Jean d'Ochain,
sire de Jemeppe, chevaliers et pairs de Laroche, de Gilson, sire de Rode-
maeren, et d'Arnoud, sire de Pilange, sénéchaux, et de ses conseillers,
Jean, sire de Beauraing, Jean de Montplainchamps, dit le Verton, che-
valiers, il fit rechercher dans les archives de la ville les privilèges qui lui
furent accordés par ses ancêires et les confirma. La charte qu'il octroya
dans celle occasion, ne nous est pas parvenue. Nos archives ne renferment
aucune charte de Jean antérieure à celle du 3 avril 1331. Cette dernière
contient les franchises accordées à Laroche par ce comte. Jean y déclare
qu'à l'exception des rentes, des amendes, des revenus et d'autres droits
que les échevins savaient lui être dus, il quittait aux bourgeois de Laroche
et à leurs descendants, à perpétuité, toutes amendes, tailles ou exactions
d'argent et emprunts que lui ou ses successeurs pouvaient ou devaient
en requérir, soit pour création de chevalier, soit pour quelqu'aulre néces-
sité ou convenance que ce puisse être. Mais il veut et ordonne qu'en
reconnaissance de ces bienfaits, ces bourgeois soient tenus de munir leur
ville de murailles et de portes et de les entretenir à leurs frais; el, à cet
effet, ils devront employer par an cent livres de petits tournois. Il ajoute
que le comte de Luxembourg et de Laroche leur fournira les machines de
guerre, à condition que les bourgeois les entretiendront en bon état ;
qu'ils fourniront pour ses chevauchées les chariots et les provisions de
bouche ordinaires, et entretiendront douze arbalestriers pour son service
et à leurs frais. Il finit en promettant pour lui et pour ses successeurs, de
ne jamais rien faire contre ses franchises, mais de les garder inviolable-
ment, et de punir même ceux de ses sujets qui y donneraient atteinte.
Quelques années auparavant, Jean voulant aussi montrer sa bienveillance
à l'égard des seigneurs de Beausainl, près de Laroche, leur avait accordé
la haute, la moyenne et la basse justice (1324).
Le diplôme qu'il leur conféra à cet effet et dont on trouvera la copie au
nombre des pièces justificatives, fut confirmé par Charles V, le. 7 janvier
1540, à la suite de ce que le prévôt de Laroche déniait aux seigneurs de
Beausaint le droit de haute justice qui leur avait été concédé.
Par un accord fait à Noyon le 1er mai 1334, notre comte reconnut tenir
en hommage du comte de Hainaut et de ses successeurs le comté de La-
roche, le château et la terre de Durbuy, avec leurs dépendances, excepté
la ville et prévôté de Marche en Famenne qu'il tenait d'autres (1).
Ce fut cette même année, peu de temps après la mort d'Isabelle, son
épouse, qu'il contracta un second mariage avec Béatrix de Bourbon, fille
du duc de ce nom, comte de Clermont et de la Marche.
Dans le contrat de mariage, il fut stipulé qu'en cas d'enfants mâles, ces
enfants hériteraient des comtés de Luxembourg et de Laroche, du mar-
quisat d'Arlon, des terres de Marche, de Durbuy et de Poilvache et de tous
les acquêts que Jean pourrait faire dans le royaume de France, sans rien
retenir. Si au lieu d'enfants mâles, naissaient des filles, ces filles devaient
avoir la jouissance des terres qui appartenaient à leur père dans le Hainaut ;
mais dans le cas où res terres ne vaudraient pas annuellement 4000 livres,
le surplus devait leur être assigné ailleurs- Au cas aussi que Blanche,
épouse de Charles, fils de Jean, survécut a son mari, comme elle avait
déjà son douaire constitué sur les biens du Hainaut, le comte Jean s'obli-
geait d'assigner à ses filles un autre douaire; il déterminait, à cet effet,
le comté de Laroche, qu'il hypothéquait pour les quatre mille livres sus-
dites jusqu'à la mort de Blanche.
Charles, marquis de Moravie, et Jean, son frère, approuvèrent l'un et
l'autre ce contrat do leur père, le premier en août 1335, le second trois
ans plus tard, en mars 1338.
(1) Pièces justificatives.
— 36 —
Le besoin d'argent avait force Jean d'emprunter aux bourgeois de Laroche
deux cents florins de Florence. Il leur donna, le 14 mars 1335, une
reconnaissance de cette somme, et leur permit en même temps, de prélever
chaque année, trente florins sur ses revenus de la ville ou de ses autres
biens dépendants du château, jusqu'à ce qu'elle fût entièrement rcm-
1). mi stf. En retour du service qu'ils lui avaient rendu en cette circonstance,
Jean leur accorda un délai pour l'achèvement des murs d'enceinte qui
devaient être construits celte année la même.
En 1342, Jean se mit à démembrer son comté en vendant la prévôté de
Poilvache à Marie d'Artois, comtesse de Namur ; et, l'année suivante, il
vendit encore à l'évêque de Liège, mais par engagement, Mirwarl, Orchi-
mont, Lomprez, Villance, Vireul, Nassogne et beaucoup d'autres terres
considérables. Ce fut à cette époque aussi qu'il conclut un traité d'alliance
avec cet évoque. Ce traité est daté du 1er juillet 1343 et contient en ce qui
concerne Laroche les dispositions suivantes :
« Preimiers, que on ne puist de cest jour en avant appelleir devant nous
evesqs à la paiz h Liège, les borgois de la ville de la Roche, en Ardenne,
demorans en la dlc ville résiiienmet, ni aussi cheauz qui demourel résidenmei
détiens les termes délie conteit de la Roche, corne nous soiens souffisamet
enfourmeis que li borgois deseurditet li manaten la dte conteit de la Roce,
quant à ce d'ancienneleit, en doivent eslre franc ; se adjousteit se aucuns
devinent ou veulent devenir de cest jour en avant, de novel borgois de la
<l \ille de la Roche, ou mananz en la dite conteit de la Roche, qui avant
ce eussent meffail es cas pour lez queiz on les peust appeleir à la dte paiz,
ils ne devront eslre en ce cas contre la dite paiz tenseis ni deffenduz, et
chil aussi qui des ores en avant seuront recheuz à la borgesie de la dite
ville de la Roche, devront faire en la dte ville de la Roche résidence l'espace
de demi an et un jour continuelemet, chascun an, selonc la costume de
Pafforaine borgesie de Liège, et, se ne sont, ils ne seuront par raison de
riens de la dite borgesie affranchis que on ne les puist appeleir à la dite
paix à Liège.... »
ê
En résumé, par ce traité, tous les bourgeois du comté, tant les forains
que les résidants, sont reconnus de temps anciens exempts de la juridiction
du Tribunal de la Paix. Quant aux nouveaux bourgeois, si, avant leur
admission a la bourgeoisie, ils avaient « melîait es cas pour lez queiz on
les peust appeleir à la dite paiz » ils devaient rester après leur admission
- 37 —
responsables au Tribunal de la Paix de leurs méfaits. Enfin fut posée la
condition requise pour être admis à la bourgeoisie de la ville, l'obligation
d'une résidence continue dans la ville de six mois et un jour chaque année.
Ce traité d'alliance fut renouvelé dans la suite par Wenceslas Ier et
Englebert, évêque de Liège, qui convinrent en outre de se prêter mutuel
secours pour le cas où des villes, des chevaliers ou d'autres viendraient à
se révolter contre leur seigneur et a vouloir lui faire la guerre (1363).
Jean de Bohême périt à la bataille de Crécy, le 24 août 1346, en secou-
rant le roi de France, son allié, contre le roi d'Angleterre.
Wenceslas Ier.
1346 — 1383.
Jean avait eu de son mariage avec Isabelle de Bohême entr'autres enfants,
Charles, dans la suite empereur sous le nom de Charles II et Jean.
Wenceslas Ier, seul enfant du second lit, devait seul hériter des comtés du
Luxembourg et de Laroche et du marquisat d'Arlon ; mais comme à la
mort de son père, Wenceslas était encore mineur, Charles, son frère, se
chargea de l'administration du comté de Luxembourg et s'y conduisit même
en maître absolu.
11 commença par engager plusieurs terres considérables du Luxembourg,
et entr'autres les comtés de Laroche et de Durbuy à Régnier de Schonowe
pour 20,000 réaux d'or. Ln 1348, son grand oncle, Baudouin, archevêque
de Trêves, dégagea ces comtés, et reprit lui-même ensuite le comté de
Laroche au même titre que Régnier de Schonowe. Au comté de Laroche
furent ajoutés plus tard le comté de Luxembourg, l'avouerie de Stavelot et
de Malmédy, les villes de Marche et de Bastogne, le marquisat d'Arlon
(sauf le douaire de Béatrix), et les seigneuries de Durbuy et de Rulant
(1349) (I).
Wenceslas épousa en 1347, Jeanne fille du duc de Brabant Jean III.
Il avait douze ans, lors de son mariage. A cette époque, il ne jouissait
pas encore des revenus de son patrimoine. Lorsque Charles les lui aban-
donna, sept ans plus tard, il en donna avis aux habitants de la ville et du
comté de Laroche, leur ordonnant d'obéir désormais a Wenceslas comme
à leur vrai et légitime souverain. Ceci se passait le 13 février 1354, et le
13 mars suivant, Charles érigeait en duché le comté de Luxembourg, en
(1) Bulletin de la Commission royale d'histoire, III. 1349.
— 38 —
considération, disent les historiens, du mariage de Wenceslas avec Jeanne
de Brabant.
Maître des comtés de Laroche et de Durbuy, Wenceslas les assigna
comme douaire à son épouse, eu même temps que les comtés de Chiny et
de la Ferlé et d'autres terres. En 1357, il fut reconnu avoué de Stavelot et,
l'année suivante, il reçut de l'abbé la promesse que le château de Logne
ne lui causerait jamais le moindre dommage, ni le plus léger préjudice.
L'abbé lui fit cette promesse sous la garantie de son serment et sous celle
de tous ses biens et de tous les biens de l'abbaye (1). Peu de temps aupa-
ravant (1355), le duc de Brabant, Jean III, était mort laissant sa fille
Jeanne l'unique héritière de ses états. Jeanne et Wenceslas en prirent
possession et furent inaugurés à Louvain le 3 janvier 1356.
Les registres de la haute cour de Laroche font mention d'une charte
que Wenceslas octroya le 10 juillet 1360, a la ville de Laroche. Cette charte
a disparu des archives de la ville ; elle ne contenait au reste que la confir-
mation des privilèges accordés aux bourgeois par Jean l'Aveugle.
Nous sommes arrivés au temps où la peste faisait de terribles ravages
dans les Ardennes. La mortalité fut si grande dans tout ce quartier, qu'il
devint pour ainsi dire désert. Wenceslas, pour le repeupler, en exempta
les habitants du droit de main-morte tant a son égard qu'à celui de ses
sujets d'Ardennes ; et il dépêcha à ce sujet trois lettres dont l'une à
Laroche, la seconde à Marche et la troisième à Bastogne (1362) (2).
Comme après trente-un ans de mariage, Wenceslas se voyait sans enfants
et sans espoir d'en avoir, il fit, le 1er février 1378, son testament par
lequel il laissa à son neveu Wenceslas, fils de l'empereur, le duché de
Luxembourg avec toutes ses seigneuries et dépendances.
Le 7 du même mois les Trois-États et les villes du Luxembourg furent
appelés a ratifier celte disposition de notre comte, disposition « dont les
suites devinrent déplorables si jamais il en fut, dit Aug. Neyen, l'historien
de Bastogne, puisqu'elles eurent entr'autres pour effet immédiat de faire
descendre le patrimoine de famille de nos dynastes, le pays qui avait été
le berceau de leur maison, au second rang d'importance parmi les posses-
sions de ces princes (3). »
Wenceslas mourut en 1383. Jeanne son épouse lui survécut vingt- trois
(1) Publications de la Société historique de Luxembourg, XXIV (II).
(2) Publications de la Société historique de Luxembourg, XXIV (II) 1362.
(3) lli.- Loire delà ville de bastogne, p. 83.
— 39 -
ans. Pendant ce temps, elle eut la jouissance du comté de Laroche qui,
comme nous l'avons vu, lui avait été donné en dot avec d'autres terres
considérables. Elle mourut en 1406, après avoir institué pour son héritière,
Marguerite, sa nièce, épouse de Philippe, duc de Bourgogne.
Wenceslas II.
1383. — 1419.
Wenceslas II, successeur de Wenceslas Ier, affectionna tout particulière-
ment la ville de Laroche. Aussi, l'année même de la mort de son oncle,
il voulut honorer cette ville de sa présence, et il s'y rendit avec sa cour
et son conseil (1). Le séjour qu'il y fil, fut signalé par un grand nombre
de bienfaits. Entr'autres, il accorda aux bourgeois par une charte que les
temps ne nous ont pas transmise, la confirmation des franchises et des
libertés que Jean de Bohême, son grand-père et Wenceslas, son oncle,
leur avaient octroyées. Par une seconde charte datée de 1407, Wen-
ceslas II dota la ville d'armes, portant fond de gueules au lion rompant
d'argent sans couronne, à la queue fourchue passée en sautoir, lampassé
et armé d'or, et un lambel de trois pièces d'azur brochant sur le tout.
En 1409, Wenceslas donna la fille de son frère, Elisabeth de Gorlitz,
dont il était tuteur, en mariage à Antoine de Bourgogne, duc de Brabant.
En guise de dot, il lui céda à titre d'engagère, et après elle, à son époux,
le duché et ses annexes (ji l'exception du château de Laroche), à la con-
dition de le retirer des mains de Josse auquel il l'avait précédemment en-
gagé. En 1411, ce retrait eut lieu, et Antoine et Elisabeth restèrent seuls
seigneurs engagistes pour des sommes considérables.
Antoine fut tué à la bataille d'Azincourt (1415); Wenceslas mourut
quatre ans après, le 16 août 1419, laissant pour héritier de tous ses biens
patrimoniaux Sigismond, son frère puîné.
Sigismond.
1419. — 1.4.37.
Lorsque Sigismond, successeur de Wenceslas, eut pris possession du
comté de Laroche, il laissa à Jean et Huart d'Autel le titre de châtelains,
qui leur avait été accordé précédemment. Dans le diplôme qu'il leur con-
(1) Manuscrit de 1732.
- 40 -
fera à celte occasion, Sigismond mot en relief les services que leur père
a rendus a ses devanciers et qu'eux-mêmes lui ont rendus jusqu'alors. 11
«lit ensuite qu'en considération de ces services, il leur confie son château
et son comté de Laroche avec tous ses droits et revenus sans exception
aucune ; il ajoute qu'ils doivent tenir, jouir et lui conserver le château de
la même manière qu'ils l'ont détenu sous son frère, et qu'ils le détiendront
de la sorte jusqu'à révocation. Il termine en ordonnant à tous les bour-
geois, aux quatre mairies et à tous ceux qui relèvent du château, de leur
prêter foi et hommage, comme ils l'ont prêté autrefois à leur père. Cette
charte est datée de Bresleau 1420. Cinq ans plus tard, eu égard surtout
aux grandes dépenses qu'avait faites le père de Jean et de Huart lorsqu'il
était a son service, Sigismond accorda aux deux frères 18,000 florins du
Rhin sur son château de Laroche et ses dépendances. L'acte de cession
stipulait qu'ils devaient jouir des fruits et des revenus du château et de
ses dépendances jusqu'à ce que lui ou ses successeurs eussent entièrement
payé celte somme (1425, 1er avril). Le 22 janvier 1426, Sigismond lit con-
naître cette disposition à ses sujets du comté et leur enjoignit de rendre
aux deux frères les hommages habituels, de leur prêter le serment ordi-
naire de fidélité, de leur rester obéissants et soumis, afin d'éviter sa dis-
grâce. En 1431, le 7 avril, il engagea son château de Laroche à Jean
d'Autel, moyennant la somme de 2000 florins qu'il reconnaît en avoir reçus
et d'autres sommes qu'il savait lui êlre dues. C'est le dernier acte de la
vie de Sigismond qui puisse nous intéresser. Il mourut le 9 décembre 1437,
ne laissant de son mariage avec Marie de Hongrie, qu'une fille nommée
Elisabeth.
Albert V, archiduc d'Autriche et Elisabeth.
1437. —4439.
Elisabeth, fille de Sigismond et son unique héritière, épousa en 1422,
Albert V, archiduc d'Autriche, auquel elle avait été fiancée dès l'âge de
huit ans. Peu après la mort de Sigismond, le 1er janvier 1438, Albert fut
couronné roi de Hongrie, avec son épouse, à Albe-Royale, et roi de Bohême
le 0 mai suivant. La même année, il fut élu roi des Romains à Francfort,
d'où il alla se faire couronner à Aix-la-Chapelle sous le nom d'Albert II.
Il entreprit, en 1438, de faire le retrait du duché de Luxembourg des
mains d'Elisabeth de Gorlitz ; mais pour une cause qu'on ignore, ce retrait
- 41 —
n'eut pas lieu, quoiqu'il eût été signifié à Elisabeth. Albert mourut en 1439,
le 27 octobre, laissant deux filles. Anne, épouse de Guillaume, duc de Saxe
et Marguerite.
Elisabeth et Ladislas.
1439. —1457.
Après la mort de son mari, Elisabeth fit donation, le 23 décembre 1439,
à la duchesse Anne, sa fille, et a son mari, de ses droits sur le Luxem-
bourg et le comté de Chiny, à la condition de rembourser l'engagère.
Néanmoins, comme elle était alors dans l'attente d'un troisième enfant,
elle se réserva dans le cas où elle donnerait naissance à un enfant mâle,
le pouvoir, pour elle et pour son fils, de retirer des mains des donataires
aussi bien que de leurs héritiers le même duché et le comté de Chiny.
Ladislas vint au monde peu de temps après, le 22 février 1410. En atten-
dant qu'il fut en majorité, et qu'il put faire par lui-même le retrait susdit,
Elisabeth confirma la cession déjà faite au duc de Saxe, et la notifia aux
États par acte du 10 août 14.40, L'Empereur, tuteur de Ladislas, confirma
aussi cette cession par ses lettres patentes du 29 mai 1441. Toutefois,
Guillaume ne devait entrer en jouissance du duché et de ses annexes qu'a-
près avoir remboursé l'engagère. Ne pouvant y parvenir, il entretint des
intelligences dans le duché. D'un autre côté, les Luxembourgeois, qui
détestaient Elisabeth de Gorlitz, la chassèrent de leur ville (1441). Alors
commença une guerre entre Guillaume et Philippe-le-Bon, dans les bras
duquel Elisabeth s'était jetée, et qu'elle avait nommé mambourg et admi-
nistrateur du duché. Cette guerre fut en tout point favorable à Philippe ;
et, en 1443, il ne restait plus que deux villes qui tinssent pour le duc de
Saxe, Luxembourg et Thionville. Ces villes finirent par succomber, ce qui
amena la paix (1445). C'est sans doute pendant celle période de guerre
que, suivant ce que rapporte le manuscrit de 173L2, Laroche fut brûlée
depuis la porle du Gravier jusqu'au faubourg Saint-Nicolas, par un déta-
chement de cavalerie, envoyé par le comte de Vernembourg, gouverneur
de Luxembourg, « qui voulait, dit ce manuscrit, punir les bourgeois de
quelques fautes commises. »
Entre temps Elisabeth de Gorlitz s'était retirée à Trêves et ce fut dans
cette ville qu'elle mourut le 3 août 1451. A sa mort, la guerre recom-
mença entre Philippe-le-Bon et Ladislas qui avait voulu se mettre en pos-
— 42 —
session du duché de Luxembourg et du comté de Chiny. Dès le mois de
février I i53, les troupes de Ladislas étaient maîtres de Laroche, de Houf-
falize, de Salm et d'autres villes du pays; mais ces villes ne lardèrent pas
à retomber au pouvoir de Philippe-le-Bon. Au mois d'août suivant, une
trêve fut signée pendant laquelle les parties convinrent d'établir des con-
férences à Mayence. Ces conférences eurent lieu, mais n'amenèrent aucun
résultat. Les différents furent alors soumis à l'arbitrage du duc Louis de
Bavière. Rien n'avait encore été conclu que Ladislas mourut, le 23 no-
vembre 1457, alors qu'on négociait aussi son mariage à une fille du roi de
France.
Guillaume de Saxe et Anne, son épouse.
1457 — 1459.
Charles VII, roi de France et Louis XI, son fils.
1459 — 1462.
La succession de Ladislas fut dévolue à sa sœur Anne et à Guillaume
de Saxe, son époux. Jusque là, le roi de France avait empêché le duc de
Bourgogne de s'emparer du Luxembourg ; mais sur la représentation du
duc, il avait fini par ne plus en faire la garde. C'est sans doute ce qui
décida Guillaume à vendre a Charles VU le duché avec ses annexes (1).
L'acte de vente est du 20 mars 1459 et le prix stipulé, de 50,000 écus en
or. Le 17 avril suivant, Guillaume notifia celte vente aux nobles chevaliers
du duché de Luxembourg et des comtés de Chiny et de Laroche qui lui
étaient restés fidèles, et leur prescrivit de prêter foi et hommage a Charles VIL
De son côté, Charles VII, après avoir ratifié cette vente, voulant récom-
penser la fidélité des nobles qui avaient toujours tenu le parti de leur
prince légitime, leur confirma, par ses lettres du 21 avril 1459, tous les
privilèges et les coutumes dont ils avaient joui jusqu'alors. Dans ces lettres,
et aussi dans une charte de la même époque par laquelle il maintient les
droits et les privilèges de Thionville, il prend le titre de duc de Luxem-
bourg et de comte de Chiny et de Laroche. Ce prince mourut au mois
de juillet 1461 et eut pour successeur Louis XI, son fils. De son vivant,
il avait payé sur son acquisition dix mille écus, lors de sa prise de pos-
(1) Table chron. des chartes et diplômes relatifs à l'hist. de l'ancien pays de Luxembourg
1876 i». 'Si-
- 43 —
session du duché et de ses annexes. Les 40,000 restant devaient être
payés dans les deux ans à partir de mai. Au temps déterminé, Guillaume
s'adressa, pour obtenir celte somme, a Louis XI qui le renvoya à Philippe,
duc de Bourgogne, auquel il avait cédé ses droits par acte du 25 novembre
1462. A celte époque, Philippe tenait déjà à titre d'engagère les comtés
de Luxembourg et de Chiny par la cession qu'E.isabeth de Gorlilz lui en
avait faite de son vivant, ne se réservant qu'une pension annuelle de 8000
florins. Des négociations furent ouvertes entre Philippe et Guillaume de
Saxe; elles aboutirent à la cession du Luxembourg et des comtés de Chiny
et de Laroche que fit Guillaume en faveur du duc de Bourgogne, le 3
septemble 1463. Cette cession termine la troisième période de notre histoire.
QUATRIÈME PÉRIODE.
Depuis Philippe le Bon jusqu'à la révolution française.
Philippe le Ron et Antoine le bâtard de Bourgocne, son fils.
1463 — 1504.
Maître du comté de Laroche, Philippe créa pair de Laroche Jean
l'Orfèvre, chancelier de Rrabant et président du conseil à Luxembourg
(11 décembre 1463). A cet effet, il lui fit cession de la terre et seigneurie
de Han-sur-Lesse, à condition de la tenir de lui en fief. Deux ans plus tard,
il abandonna le comté de Laroche à son fils Antoine, surnommé le Bâtard
de Bourgogne. Voici a quelle occasion au rapport d'Olivier de la Marche (1).
« En ce temps », dit cet auteur, « le duc Philippe de Bourgogne prit une
maladie dont il fut moult affaibli et aggravé de sa personne ; et depuis ne
lit pas grand travail, ainsi se trouva vieil et maladif, dont ce fut pitié et
dommage, car il avait vécu courageusement et en prince vertueux. Et le
bastard de Bourgogne, averti de la maladie de son père, s'en vint a diligence
pour le servir et honorer comme il devait Le duc Philippe donna au dit
bastard le comté de Laroche en Ardenne ; mais on y trouva des difficultés,
par quoi il l'eut à moult grande peine. »
Antoine, suivant les Annales de la société archéologique de Namur (2),
était fils de Philippe et de Jeanne de Presle ; suivant Baranle(3), de Philippe
et de Marie de Thieffry. Il fut légitimé par la pape, par l'empereur et par
son père lui-même, puis constitué héritier présomptif des Pays-Bas et de
la Bourgogne pour le cas où le comte de Charolais mourrait sans postérité (4).
Philippe mourut le 15 juin 1467. Charles le Téméraire, qui lui succéda,
confirma, en 1473, la donation faite à Antoine du comté de Laroche, et
ordonna aux nobles et à tous ceux qui relevaient du comté de le recevoir
comme leur légitime seigneur et de lui jurer foi et hommage. Nulle part
cependant, on ne voit qu'Antoine ait jamais pris possession du comté ;
(t) Cité par Wurth-Paquet. Tables chron. des chartes et diplômes relatifs à l'hist. de
l'ancien pavs de Luxembourg 1877 p. 27.
(2) XI. 56.
(3) Hist. des ducs de Bourgogne.
(4) Annales de la soc. de Namur, XI, 56.
- 45 -
c'est pourquoi après sa mort, lorsque son héritier, Adolphe de Bourgogne,
seigneur de Beveren, voulut en prendre possession, on lui en contesta le
droit. Le grand conseil de Malines, devant lequel l'affaire fut portée, décida
contre Adolphe en faveur du souverain, qui fut dès lors déclaré le seul
héritier légitime du comté et reconnu comme tel (1532).
Quoi qu'il en soit, Antoine, dans les différentes circonstances où il est
question de lui, est toujours qualifié du titre de comte de Laroche en
Ardennes ; et un mémoire présenté par Adolphe de Bourgogne au grand
conseil de Malines, nous apprend qu'il fut reconnu comme tel par l'empe-
reur Maximilien, son épouse Marie de Bourgogne, et Philippe, leur fils.
Antoine, notre comte, assista au siège de Dinant et fut chargé d'un des
trois corps d'investissement de la ville. C'est à lui que les clefs de la ville
furent remises, lors de la reddition qui en fut faite. Antoine les déposa
entre les mains du comte de Charolais et alla prendre ensuite possession
du château (1466). Antoine se trouva aussi à la bataille de Nancy où
Charles le Téméraire trouva la mort ; il y fut fait prisonnier et fut livré
par René, duc de Lorraine, au roi Louis XI (1477) (1).
En 1488, au mois de février, les Brugeois se révoltèrent, et ayant arrêté
Maximilien, ils l'enfermèrent dans la maison de Philippe de Clêves qu'ils
avaient convertie en une espèce de prison. De nombreuses tentatives furent
faites pour obtenir son élargissement, mais sans aucun succès. Au bout de
quatre mois, les États se rendirent à Gand, pour agir de plus près et ter-
miner les difficultés Elles le furent par un traité signé le 16 mai 1488,
qu'Antoine, notre comte, fut appelé, avec d'autres, à ratifier (2). Antoine
mourut en 1504 en son château de Tournehem. Il avait épousé Marie ou
Bonne de Viefville, héritière de Pierre, seigneur de Tournehem, dont il
laissa Philippe, seigneur de Beveren et Jeanne qui épousa Gaspard de
Culembourg (3). Il est regardé comme le bienfaiteur des Cordeliers à Mons;
c'est lui, en effet, qui bâtit le cloître, le réfectoire, le chapitre et la biblio-
thèque de leur couvent en 1490 (4).
(1) Barante XXII, p. 113.
(2) David. Manuel d'hist. de la Belgique, p. 270.
(3) Barante. Hist. des ducs de Bourgogne.
(4) Gilles Jos. de Bossu. Histoire de la ville de Mons. Delevarde. Hist. génér. du Ilainaut
II. p. 460.
— 46 —
Chaules V. — Philippe d'Autriche.
1506 — 1598.
Nous ignorons si Antoine eut pour successeur immédiat au comté de
Laroche un de ses descendants, ou bien si ce comté, après sa mort, rentra
dans le domaine des ducs de Luxembourg en la personne de Philippe le
Beau. On sait cependant qu'Adolphe de Bourgogne, « son neveu en ligne
directe et héritier immédiat, > ne fut pas admis à en prendre possession,
et que dès 1507, Maximilien au nom de son pupille, Charles V, agissait en
qualité de comte de Laroche en dégageant le comté des mains des héritiers
de Jean et Huart d'Autel. Ce dégagement se fît par parties et ne fut terminé
qu'en 151 1.
Charles V confirma les privilèges de la ville de Laroche par deux chartes
successives, l'une datée de Bruxelles, du 3 juin 1519, et l'autre de Malines
du 30 juin 1530. Cette dernière charte nous apprend que, malgré leurs
franchises, les Bourgeois avaient eu beaucoup à souffrir des vexations des
receveurs, et qu'ils avaient dû payer bien des aides auxquels ils n'étaient
pas tenus. Dans leur requête à l'Empereur, les Bourgeois s'étaient plaints
de ces vexations. Ils le suppliaient de vouloir les confirmer dans leurs
privilèges, vu, d'un côté, les grands frais qu'ils avaient dû supporter pour
l'entretien de deux tours, et ceux qui leur restaient encore à supporter
pour la réparation d'une partie des murs d'enceinte qui s'étaient écroulés,
et, de l'autre, le soin avec lequel ils avaient toujours précédemment entre-
tenu les portes, les murailles, les tours et les autres édifices de la ville ;
vu aussi la fidélité avec laquelle ils avaient toujours rempli leurs autres
obligations. L'Empereur rappelant les chartes qui leur avaient été autrefois
octroyées, et eu égard aux bonnes raisons qu'ils allégaient dans leur sup-
plique, leur accorda la grâce qu'ils désiraient et aux mêmes conditions que
par le passé, et défendit à ses sujets de jamais les troubler dans l'exercice
de leurs droits et de leurs privilèges.
Pendant la guerre que se firent Charles V et François 1er, les Français
s'emparèrent du duché de Luxembourg ; mais ils furent presqu'aussitôt
forcés de l'abandonner, car Charles V ayant repris la ville de Luxembourg,
le 6 août I5ii, la prise de cette place amena immédiatement la reddition
de toutes les autres places de la province. Charles, dans la suite, aban-
donna ce duché a son fils Philippe qui fut inauguré duc de Luxembourg
en 1549. Philippe accorda aussi aux Bourgeois de Laroche la confirmation
— 47 —
de leurs privilèges par une charie datée de Bruxelles le 30 mai 1559. C'est
tout ce que nous savons de lui en ce qui concerne Laroche. Le comté eut
sans doute à souffrir, comme les autres pays, des guerres qu'il soutint
contre la France et la Hollande; mais l'histoire ne nous mentionne rien
à cet égard. Nous connaissons seulement, par un record des échevins de
Laroche du 10 avril 1574, que le seigneur de Tancly (?) « passa et repassa
sur le conté avec sa troppe », et qu'alors les Bourgeois avec leurs forains
se retirèrent dans l'intérieur de la ville pour la défendre.
Albert et Isabelle.
1598 — 1621.
En 1598, le 6 mai, Philippe II céda les Pays-Bas en toute propriété et
en toute souveraineté à la sérénissime infante Isabelle Claire-Eugénie, sa
tille, en faveur de son mariage avec Albert, archiduc d'Autriche. Un des
premiers actes d'Albert fut de confirmer, le 17 mars 1601, les privilèges
de la ville de Laroche. La charte qu'il donna à cet effet, est la répétition
des chartes précédentes, sauf cette particularité que ceux-là seuls seraient
tenus francs et exempts de contribuer aux prières, tailles, aides, subven-
tions, etc., qui devaient subvenir à l'entretien de la ville.
Pendant les guerres qu'Albert eut à soutenir contre les Hollandais, le
prince de Nassau vint avec un corps d'armée, camper en face de Laroche
dans les Eveux de Harcé. Il n'attaqua cependant pas la ville. L'auteur du
manuscrit de 1732 qui nous rapporte ce fait, nous dit que les Hollandais,
après avoir brûlé le château et le village de Beausaint, vinrent sur les
Axheliers pour insulter les Bochois, leur criant : Venez, sortez, papistes,
nous vous attendons. En 1604, la peste fit son apparition dans le Luxem-
bourg et y exerça de grands ravages ; elle reparut de nouveau en 1626 et
surtout en 1636.
A cette époque, elle sévit avec une telle violence qu'il périt dans la pro-
vince, alors beaucoup plus considérable qu'aujourd'hui, près de onze cent
mille personnes, et plusieurs villages devinrent complètement déserts (1).
On ne connaît pas le nombre des personnes mortes de la peste à Laroche
en 1636; on sait seulement que l'auteur du manuscrit de 1732, que cet
endroit fut alors un des plus affligés de cette terrible maladie, et entr'autres
victimes, cet auteur cite sire Jean Giloteau, vicaire de Laroche.
Albert, notre comte, mourut eu 1621.
(1) Bertholet. Histoire du Luxembourg, VIII. Liv. II, p. 57.
- 48 -
Philippe IV.
1621 — 1665.
Philippe IV, roi d'Espagne, succéda à Albert, mais laissa le gouverne-
ment du pays à Isabelle, avec toutes les prérogatives dont elle avait joui
comme souveraine. D'après les clauses de l'acte de donation faite par Phi-
lippe II, si Isabelle devenait veuve sans enfants, elle n'avait droit qu'à un
douaire, et la souveraineté de la Belgique devait retourner au roi d'Espagne.
Isabelle mourut en 1633, après avoir gouverné les Pays-Bas pendant
douze ans.
Les guerres avec la Hollande avaient eu pour conséquence immédiate
l'épuisement des finances, et Philippe ne pouvait songer à les rétablir par
des impôts. Menacé continuellement par ses ennemis, il lui fallait un
moyen plus prompt tant pour subvenir aux frais de la guerre qu'aux autres
nécessités. Au reste, la misère régnait partout et il eut été impossible de
réunir les sommes voulues. C'est pourquoi, Philippe songea à aliéner son
château et son comté de Laroche par forme d'engagère. Il entra, à ce
sujet, en négociations avec son cousin le prince de Barbanson et d'Arem-
berg, comte d'Aigremont, chevalier de l'ordre de la Toison d'Or et colonel
d'un régiment d'infanterie allemande.
Ces négociations terminées, la vente se fit le 16 décembre 1628 pour le
prix de 164,665 livres, douze sols de -40 gros la livre. Philippe se réserva
« la souveraineté, son de cloche, aydes, rémission des crimes et délits
surannés, légitimations, octroys, tous arbres estans sur les chemins et rues
publiques et communes, confiscations qui pourraient arriver et escheoir à
cause de guerre, et tous autres droits semblables de ressort et régale. . . .
comme de même toutes les mines et concessions qui pourraient être de-
mandées. . . . sauf celles de fer. . . . aussi les biens vacquants et des
baslards. »
Le prince de Barbanson fut mis en possession du château et du comté
par Pierre Roberti, conseiller et maître ordinaire de la chambre des
comptes et Jacques Wynan, auditeur de cette même chambre. Cette mise
«■il possession se fit le 24 janvier 1629. Partis de Bruxelles le 21 de ce
mois, Pierre Roberti et Jacques Wynan étaient arrivés à Marche le 22, et
de là avaient expédié un courrier à Laroche pour avertir les officiers et la
Bourgeoisie de la ville de se tenir prêts pour leur arrivée. Le lendemain,
ils faisaient leur entrée à Laroche accompagnés du prince. La Bourgeoisie
sous les armes les attendait à la porte de la ville et salua leur arrivée par
une décharge de mousqueterie. Le soir même, les deux délégués donnèrent
connaissance au prévôt de leur commission et lui firent connaître les
intentions du roi. Le jour suivant, qui était un mercredi, le prince de
Barbanson et les deux délégués, accompagnés des officiers et de quelques
gentilshommes du comté, allèrent à l'église pour entendre la messe. Ils se
rendirent ensuite sur le marché où trois à quatre cents hommes les atten-
daient sous les armes, et de là au château. Mais auparavant, les délégués,
en présence du prince, du prévôt et receveur, du clerc-juré, du majeur et
des échevins de la ville et d'un grand nombre de sujets du comté, lurent
l'acte d'engagement fait par le souverain. Officiers et sujets, tous « unani
mement et sans contradiction répondirent puisque la volonté de sa majesté
était de les engager quant à la haute, moyenne et basse justice, réservé la
souveraineté, qu'ils obéiraient avec toute soumission à ses commandemants,
saulf qu'ils voulaient toujours reconnaître et demeurer sujets à icelle comme à
leur souverain. » Les deux délégués donnèrent alors au prince la pleine
et paisible possession du comté réservant la souveraineté au roi, et ordon-
nèrent au greffier de leur donner acte de cette mise en possession.
A l'entrée du château le prévôt, comme châtelain, en remit les clefs aux délé-
gués. Ceux-ci les transmirent au prince sous condition qu'il serait tenu « de
faire en tout temps et toute et quantes fois qu'il plairait à sa majesté ou
ses successeurs ouverture du dit château et ville pour sa personne et y loger
garnison qu'icelle trouverait convenir. »... « De là entrèrent au dit
château où en une des grandes sales, les dits commissaires firent entendre
au seigneur prince en présence dudit prévôt, greffier, mayeur, justice et
plusieurs gentilshommes subjets et vassaux dudit comté que sa majesté
entendait comme aussi particulièrement il était conditionné par la patente
d'engagère de maiu'.cnir le dit prévôt sa vie durante en la fonction de
tous les offices qu'il avait desservi et es droits et prééminences, préroga-
tives dont il avait joui jusqu'au jour de la possession, à quoi le dit prince
assura les dits commissaires de se conformer et suivant ce a retenu le dit
officier au pied du même serment qu'il a prêté à sa majesté, et même
déclaré qu'il tâcherait de l'avantager selon et en conformité du service
qu'il lui pourrait rendre, comme aussi il a retenu au même serment le
greffier et clerc-juré, mayeur et justice dudit la Roche. »
Tel est l'acte de prise de possession du comté de Laroche faite par le
prince de Barbanson ; nous donnerons plus tard la suite des comtes
engagistes qui lui ont succédé.
- 50 -
On connaît le traité de Munster qui mit fin en 1648 à la guerre que se
Faisaient l'Espagne et la Hollande et établit une paix solide entre ces deux
puissances. Dès lors, l'Espagne, forte de l'appui de la Hollande et comp-
tant sur l'affaiblissement de la France, conséquence des guerres civiles de
la Fronde, crut pouvoir entrer en campagne contre cette nation ; mais ce
fut pour son malheur. Le 7 novembre 1059, elle se vit obligée à signer la
paix des Pyrénées qui cédait une partie de la Belgique à la France et
arrêtait le mariage de l'infante Marie-Thérèse, fille de Philippe IV, avec
Louis XIV.
Ce fut pendant cette guerre, au carnaval 1651, que les Français vinrent
piller Cielle, près de Laroche. Henri Charles de Waha, alors prévôt, ayant
levé une petite troupe de Bourgeois, se rendit au de là du crucifix de Co-
rumont dans le but de leur barrer le passage. Un combat s'engagea pendant
lequel Georges Nicolas Nollomont fut lue, et le prévôt lui-même allait être
fait prisoniier, mais « décochant son mousqueton sur celui qui le pour-
suivait prêt a le prendre par le baudrier, » il put s'échapper (Manuscrit
1732).
Chaules IL — Philippe V. — Charles VI.
1665 — 1740.
Philippe IV mourut le 17 septembre 1665, laissant le trône à Charles II,
son fils. A peine eut-il rendu le dernier soupir, que Louis À'IV, se basant
sur le droit de dévolution, réclama une partie des provinces Belges et de
la Franche-Comté. L'Espagne se refusa d'accéder à sa demande et de là la
guerre. Turenne enhahit la Belgique et Condé occupa la Franche-Comté.
La Hollande, craignant pour elle-même, conclut alors avec l'Angleterre et
la Suède la triple alliance qui arrêta Louis XIV dans ses conquêtes et le
força à signer la paix d'Aix-la-Chapelle, le 2 mai 1668. Cette paix était une
mésaventure pour la France et la Hollande en avait été la cause première ;
aussi Louis XIV ne quilta-t-il pas Aix-la-Chapelle sans avoir pris la réso-
lution de se venger de celte petite république. Pour y parvenir, il commença
par rompre la triple alliance et, ce résultat obtenu, il lui déclara la guerre
(1072). Ce fut une guerre de six ans à laquelle prirent part l'Empire et
l'Espagne. Elle se termina par la paix de Nimègue (1678) qui força
l'Espagne d'abandonner à la France douze de ses villes. L'Empire, de son
côté, dut lui céder Fribourg enBrisgau et une partie de la Lorraine. Quant
— 51 —
à la Hollande, elle rentra en possession de tout son territoire. Cette paix,
toutefois, ne fut pas de longue durée. L'interprétation forcée des stipulations
du traité de Nimègue par Louis XIV la rompit bientôt, et, en 1681, les
hostilités recommencèrent pour ne se terminer qu'en 1G97 par la paix de
Ryswick qui rétablit les choses dans l'état où les avait mises la paix de
Nimègue. Dès la reprise des hostilités, les armées françaises entrèrent dans
le Luxembourg, et étant venues faire le siège de Laroche, s'emparèrent de
cette ville au mois d'août de cette année, comme en fait foi ce chrono-
gramme que je trouve dans le manuscrit de 1732.
NVnDInls LaVrentlI IntraVerVnt RVpe.M GaLLI.
Les Français se maintinrent à Laroche pendant seize ans. Entretemps, ils
fortifièrent considérablement le château, l'entourant de fossés et le rendant
plus inaccessible encore par les escarpements qu'ils y firent faire. Pendant
la guerre de la coalition (1086-1097), ils y tinrent une forte garnison qui,
conduite par le colonel la Croix, faisait de fréquentes incursions sur les
terres des alliés, ennemis de la France. Les pays de Liège, de Limbourg,
de Juliers, de Hollande étaient mis continuellement à la rançon. Fatigué
de cet état de choses, le prince de Hesse quitta Huy avec dix-sept mille
hommes résolu de s'emparer de Laroche. Informée de ses desseins, la
Cour de France avait dépêché une lettre au gouverneur de Portailles,
l'engageant à bien se défendre et lui promettant un prompt secours. Le
prince de Hesse arriva bientôt a Frouville où il fit une halte de quelques
heures, et se dirigea ensuite sur Laroche par Soy, Devantave et le grand
chemin. Des hauteurs où il se trouvait, il ne tarda pas à découvrir le
maréchal d'Harcourt qui, avec quelques mille chevaux, était accouru au
secours de Laroche.
Le maréchal était campé sur la montagne de Corumont sur la rive
gauche de l'Ourthe. et un profond ravin le séparait du prince de Hesse. De
sa position, il découvrait tout le plateau de Cielle occupé par l'armée
ennemie, ce qui lui permettait de la suivre dans toutes ses manœuvres. Le
plateau de Corumont, au contraire, ne s'offrait qu'en partie aux regards du
prince de Hesse et toute la partie méridionale de la montagne lui était
entièrement cachée. Le maréchal profila de sa position avantageuse pour
se débarrasser de ses ennemis sans livrer combat. Par une ruse de guerre,
il fit défiler toute sa cavalerie en face du prince de Hesse ; au fur et à
mesure qu'elle avançait et arrivait sur le versant méridional, il la faisait
retourner à droite par le chemin de Beausaint, pour se montrer de nouveau
— 52 —
sur la partie du plateau visible à l'armée ennemie. Ce stratagème produisit
son effei. Les Hessois levèrent leur camp et partirent par le chemin qui
conduisait de Soy à Bastogne ; mais voyant les difficultés qu'il y avait a
passer par les défilés du bois de Laroche, dans lequel on avait fait abattre
bon nombre d'arbres, ils se replièrent sur Benace et Dochamps et reprirent
le chemin d'Allemagne (1690).
Deux aus plus tard, le général comte de Welem fut aussi envoyé avec
12,000 hommes pour faire le siège de Laroche. Il passa par Houffalize et
arriva a Orlheuville où était campé le maréchal d'Harcourt, sur la rive
droite de l'Ourthe. Le maréchal, le voyant en train de passer la rivière,
vint a lui, après avoir posté un régiment de dragons au défilé du chemiu
qui conduit de la rivière à Tillet, le battit et obligea son armée de se retirer
en débandade par les bois et les bayes. On cite parmi les tués, du côté des
Français, un milord anglais, qui fut enterré à Tenueville.
Aucun document ne nous dit s'il se passa d'autres événements dans le
comté jusqu'au traité de Ryswick. Ensuite de ce traité, Laroche fut remise
à un capitaine bavarois au nom de Philippe V, duc d'Anjou, petit fils de
Louis XIV (1).
Au temps de leur domination a Laroche, les Français y établirent un
gouverneur dont les appointements étaient de 3000 livres, et un major de
place. Le premier gouverneur fut le chancelier de Foudrace, bourguignon
qui mourut à Metz. Le second, le seigneur de Cadolle, commandant d'un
bataillon, mort a Laroche en 1691 ; le troisième, le seigneur de Portailles;
le quatrième, le seigneur de Beauval qui mourut a Laroche et fut remplacé
par le seigneur de Beaulieu, gouverneur a l'époque de la remise de Laroche
à Philippe V.
Sous Philippe V, il y eut un dernier gouverneur, dom Jeronimo deTello,
lieutenant-colonel. Il mourut a Laroche et fut enterré, ainsi que son épouse,
dans le chœur de l'église. Dans la suite, Laroche n'eut plus que des
commandants simples sans appointements (2).
Charles II mourut à Madrid le 1er novembre 1700. En mourant, il laissa,
par testament, toute la monarchie espagnole au duc d'Anjou. C'est ce qui
donna lieu à la guerre de la succession d'Espagne. La maison d'Autriche-
Allemande qui se voyait exclue, se ligua avec l'Angleterre contre Philippe.
Louis XIV prit le parti de son petit fils et faillit perdre la France. Après
1 Manuscrit de 1732.
$ Manuscrit de 1732.
— 53 —
des revers sans nombre, le duc de Vendôme gagna la bataille de Villa-
Viciosa qui amena, en 1713, le traité d'Utrecht et la reconnaissance de
Philippe V. Ce traité fut confirmé à Rastadt et a Bade; il assurait la souve-
raineté de nos provinces au chef de la maison d'Autriche, l'empereur
Charles VI, tandis que l'Espagne, avec le nouveau monde, demeura à
Philippe V.
C'est a cette époque de la guerre de succession que Laroche fut détruite
par un violent incendie arrivé le premier dimanche de carême l'an 1704.
Voici comment le manuscrit de 1732 raconte le fait : k II est arrivé à
Laroche, le 17 février 1704, dit-il, par un four neuf qu'on cuisait un jour
de dimanche, une grande incendie par laquelle toutes les maisons du
marché, épaisse rue, chantrêne et les écuries enclavées ont été brûlées,
environ cent bâtiments en ont été réduits en cendres, comme la halle, qui
eut son toit brûlé avec la tour, dans laquelle était placée l'horloge et sa
cloche, laquelle au temps qu'elle commençait à fondre frappa encore les
sept heures du soir, où elle était mieux placée et mieux entendue que dans
la tour du château où elle est à présent. »
Charles VI n'avait qu'une fille, Marie-Thérèse, à laquelle il légua par
une pragmatique sanction tous ses états. SI mourut le "20 octobre 1740.
Marie-Thérèse. — Joseph II. — Léopold II. — François II
1740. — 1794.
A peine Charles VI fut-il descendu dans la tombe, que la guerre de la
succession d'Autriche commença. Jusqu'en 1744, les Pays-Bas furent mé-
nagés ; mais en 1744, la Belgique lut de nouveau envahie par les armées
françaises. Deux ans a peine s'étaient écoulés, qu'elles étaient maîtres de
toute la Belgique, excepté les province de Limbourg et de Luxembourg
avec une partie de la Gueldre, qu'elles ne pouvaient attaquer sans offenser
la Prusse. La guerre fut continuée en 1747, et au mois d'avril 1748, trois
cents Français se présentèrent devant Laroche. Les portes leur furent ou-
vertes sans coup férir, et le mayeur lui-même les introduisit dans la place
dans la crainte sans doute de voir la ville prise d'assaut et livrée au pillage.
Lorsque les Français furent arrivés sur la place de Marché, le mayeur pré-
senta a leur commandant les clefs de la ville. Celui-ci les refusa et lui
répondit brusquement « qu'il devait garder ses clefs, que s'il en avait
besoin, il les aurait toujours bien. » Les Français firent prisonniers les
5
_ 54 -
quatre soldats qui formaient le corps de garde et qui n'avaient pas eu le
temps de se réfugier au château, tant la reddition fut prompte ; ils enle-
vèrent aussi toutes les provisions de la garnison, ensuite se retirèrent,
après avoir plusieurs fois sommé de se rendre, mais inutilement, le lieute-
nant llotero qui se tenait enfermé au château avec une garnison d'environ
trente hommes, la noble conduite de ce lieutenant et sa bravoure lui va-
lurent le grade de capitaine que Marie-Thérèse lui contera peu de temps
après. Ce fait doit s'être passé dans les commencements d'avril, car le 30
du même mois, les préliminaires de la paix étaient signés et la paix était
faite le 13 octobre de la même année.
Nous sommes arrivés h l'époque du dégagement du comté des mains
des héritiers Albert de Ligne, duc d'Aremberg, prince de Barbanson et du
Saint-Empire. Rappelons-nous qu'en 1628, le comté fut engagé à ce prince
pour la somme de 161,665 florins, douze sols. Le prince ne déboursa
qu'une partie de cette somme 80,065 florins qui lui furent remis à diffé-
rentes époques et, en dernier lieu, le 25 avril 1680. Par une anomalie
qu'on ne s'explique pas, depuis ce temps les de Barbanson n'en restèrent
pas moins en possession du comté et ils en jouirent jusqu'en 1753, 26 no-
vembre, époque où Marie-Thérèse, par une sentence du conseil de Malines,
fut réintégrée dans ses droits.
Albert, premier comte engagiste, mourut à Madrid en 1671; il eut pour
successeur Octave Ignace de Ligne, son tils, comme lui gouverneur et
capitaine général de la province de Namur, qui fut tué au combat de Ner-
wind l'an 1693, le 29 juillet. Octave avait épousé en 1672, le 7 janvier,
Thérèse Mauriquez de Lara, dont il eut entr'autres enfants, Marie de Ligne
de Barbanson, née l'an 1673, le 12 novembre, et qui épousa en premières
noces, l'an 1695, Isidore Thomas de Cardonne VII, marquis de Guadalesle,
vice-roi de Galice, mort le 4 août 1699; en secondes noces, Gaspard de
Zuniga, vice-roi de Galice; et en troisièmes noces, Henri-\uguste de Wi-
gnacourt, comte de Lannoy, d'Aigremont, vicomte de Dave, baron de
Haneffe et de la Buissière, et qui fut le dernier comte en gagiste de Laroche.
Marie-Thérèse mourut le 29 novembre 1780. Elle eut pour successeur
son fils, Joseph IL Comme rien de remarquable ne se passa à Laroche
sous son règne, je termine par le récit d'une fêle en son honneur célébrée
a Laroche le 19 mars 1789. Laissons la parole a un contemporain de la
fête. Le document que j'ai sous la main est une espèce de proclamation
ou plutôt un rapport adressé à je ne sais qui, car le document ne l'indique
- 55 —
pas. Voici ce rapport, mot pour mot : « Messieurs, dans un temps d'anar-
chie, dans un temps où tous les esprits sont en fermentation, il est im-
portant de faire connaître au public les sujets fidèles qui témoignent un
vrai zèle pour leur souverain. Ce zèle s'est manifesté le jour St-Joseph,
fête de notre auguste Empereur, dans la petite ville de la Roche, sur la
rivière d'Ourte, en Ardennes, par une fête brillante qu'a donnée M. le
prévôt de la Roche. Tous les habitants de sa terre y ont été convoqués et
y ont paru sous les armes par division, bannières déployées; les rnayeurs
respectifs étaient à la tête de leur division, l'épée à la main ; chaque divi-
sion marchait selon l'ordre d'ancienneté et de prérogative dont elle jouit.
La fête fut ouverte par une grand'messe qui fut célébrée pontificalement
par monsieur le curé d'Ortho. Après la messe, il entonna un magnifique
Te Deum au bruit du canon du château et de plusieurs salves de mous-
queterie. L'abbé Lozet prononça un discours très-éloquent analogue a la
circonstance. Cette cérémonie fut suivie d'une procession solennelle, après
quoi il y eut chez M. le prévôt un dîné de 150 couverts, où l'ordre, la
magnificence et la joie ont régné ; on y but à la santé de l'Empereur au
bruit d'une triple décharge de l'artillerie et de la mousqueterie. »
« C'est avec regret, Messieurs, que je dois vous dire que cette brillante
fête a été un peu interrompue dans la marche de la procession par une
rixe entre le grand mayeur de Roumont, Casaquy, et le grand majeur
d'Ortho pour le pas. Casaquy prétendait comme représentant l'illustre cour
de Wiompont que c'était à lui à marcher le premier. Jacqmain majeur
d'Ortho, soutint qu'il était en possession de marcher le premier, lorsqu'on
exécutait un criminel en le conduisant au gibet, et que Casaquy pouvait le
suivre, qu'il y conduirait. Ils avaient tous deux l'épée a la main ; ils se
sont donnés des coups de coude. Dieu soit loué, il n'y a pas eu de sang
répandu. »
Joseph II mourut le 20 février 1790. Son frère Léopold II qui lui suc-
céda, ne régna que peu de temps ; il fut enlevé par une mort prématurée,
le Ier mars 1792, à l'âge de 45 ans, laissant ses états à son fils François II.
François II termine la dernière période de notre histoire. Il fut peu de
temps notre souverain ; deux ans ne s'étaient pas écoulés depuis son avène-
ment, que nous appartenions à la France.
— 56 —
APPENDICE.
Ed 1794, la Belgique tombait définitivement au pouvoir des Français ;
et au mois d'octobre 1795, un décret de la Convention la déclarait réunie
à la France et soumise à la Constitution dite de l'an III. Après avoir
partagé pendant vingt ans les destinées de ce pays, elle fut, par le congrès
de 1814, appelée à former avec la Hollande le royaume des Pays-Bas et
eut Guillaume Ier pour souverain. Au mois de septembre 1830, une insur-
rection éclatait à Bruxelles, et les Belges, longtemps opprimés, affranchis-
saient après trois journées d'héroïques efforts, leur pays de la domination
de la maison d'Orange. Dès ce moment, la Belgique forma un royaume
indépendant.
Lorsque les Alliés entrèrent dans nos pays en 1814, on sait qu'ils étaient
acclamés partout comme des libérateurs. A Laroche, en particulier, on
salua leur arrivée par de grandes réjouissances auxquelles prirent part tous
les villages voisins. C'est à cette époque que s'établit dans la ville une
garde, appelée la garde-bourgeoise, dont le but fut de maintenir le bon
ordre et de faire respecter les personnes et les propriétés. Elle se composa
de volontaires, mais on n'y recevait que des hommes de bonnes mœurs et
dévoués au service des hautes puissances alliées.
Elle eut pour premier commandant Georges-Louis Jullien et pour adju-
dant Bourgaux, notaire.
C'est à cette même époque aussi que Georges-Louis Jullien fut appelé à
exercer les fonctions de mayeur provisoire. Un ordre parti de Marche, le
28 janvier 1814, et signé Kalinowski, commandant de la place, était ainsi
conçu :
« Nous chef d'escadron dans le 8e régiment d'ulhans au service de Sa
Majesté le Boi de Prusse, commandant la place de Marche, et les avant-
postes des armées des hautes puissances alliées. »
« Autorisons les habitants de la Roche et de son district de se choisir
provisoirement un mayeur qui fonctionnera jusqu'à la nouvelle organi-
sation. »
« Et attendu que les hautes puissances alliées entendent d'employer des
personnes dont la fidélité et l'attachement envers elles sont connus, nous
proposons à cet effet, M. Jullien, négociant, demeurant au dit la Roche. »
Le jour choisi pour l'élection fut le 30 janvier. Tous les Rochois s'étant
réunis sur le Marché, l'adjudant de la garde bourgeoise leur lit connaître
— 57 —
les ordres de Kalinowski et ajouta : « Que tous ceux qui se déclarent pour
la nomination du sieur Juliien à la place de mayeur de Laroche lèvent le
chapeau, et nous l'installerons de suite dans ses nouvelles fonctions. »
« Au même instant, dit le rapport fait à cette occasion, les signes d'une
approbation générale se firent remarquer ; tous levèrent le chapeau en
criant vivat, et en exprimant de toute autre manière leur contentement et
leur allégresse. »
Laroche, après 1830, fut choisie pour être le siège du tribunal de pre-
mière instance, comme étant la ville la plus contrale de l'arrondissement;
mais l'impossibilité de pouvoir approprier un local convenable, fut cause
que ce trihunal n'y siégea qu'une fois et qu'il fut transféré à Marche.
En commençant cet aperçu historique, nous avons parlé d'un hospice
de vieillards fondé récemment h Laroche. Je ne puis terminer sans dire un
mot à la mémoire de M. Jamotte qui en fut le fondateur.
M. Jamotte était originaire de Vecqmont, près de Laroche. De bonne
heure, il quitta son endroit natal pour se rendre à Bruxelles, où il s'atta-
cha à la personne d'un Anglais. L'ordre et l'économie furent ses deux
qualités principales ; aussi lorsqu'il revint dans son pays, après plusieurs
années de service, il jouissait de revenus plus que suffisants pour vivre
dans la plus grande aisance. 11 s'établit alors à Laroche et il y passa le
reste de ses jours dans la retraite, uniquement occupé à faire du bien à
ses semblables. Il mourut le 31 mars 1840, après avoir destiné toute sa
fortune a l'établissement d'un hospice de vieillards, h la réserve d'une
certaine somme à consacrer à une école de Frères des Écoles Chrétiennes.
Cet hospice donne aujourd'hui asile à quatorze vieillards et est confié à
des Sœurs de Champion qui le dirigent avec autant de dévouement que
d'intelligence.
Quant à la somme destinée a une école de Frères, elle resta de longues
années sans recevoir son application. Par suite de la loi du 19 décembre
1864, elle fut remise à la commune, et aujourd'hui, les vœux de M. Jamotte
sont accomplis au-delà des espérances. Honneur a qui de droit.
FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE.
DEUXIÈME PARTIE.
PARTIE POLITIQUE.
CHAPITRE Ier.
§ 1. — Cours de justice.
Il y avait à Laroche deux Cours pour administrer la justice, la Cour féodale
et la Haute-Cour.
La Cour féodale avait à sa tête un prévôt, connaissait et décidait de toutes
les actions réelles concernant les fiefs, ainsi que des poursuites qui se
faisaient pour cause de reliefs, droits seigneuriaux et autres de cettenature(J).
La Haute-Cour se composait outre le prévôt ou président, lequel pouvait
se faire remplacer par un lieutenant, d'un mayeur, de sept échevins et
d'un greffier (2). Celte Cour prenait connaissance de toutes les causes civiles
et criminelles, et ses sentences dans le principe et jusqu'à la fin du xve siècle
ressorlirent en révision h la Haute Cour de Namur, dans la suite, au Conseil
provincial de Luxembourg (3).
La Cour féodale comprenait quatre pairies, plusieurs seigneuries hautaines
et de très-foncières, plusieurs pleins fiefs et un grand nombre d'arrière-
fiefs.
Les quatre pairies étaient Houfïalize, Beauraing, Han-sur-Lesse, Humain.
Les seigneuries hautaines étaient Rollé, Bricquemont, Jemeppe, Vervoz,
Daverdis, Chavanne, Montjardin, Grune, Sohier, Verenne et Beausaint.
Marenne, Verdenne et Champion étaient trois seigneuries très- foncières
du comté situées en Famenne.
Quant aux pleins fiefs, outre les seigneuries ci-dessus rapportées, un
registre des fiefs de Laroche, commençant en 1687 et finissant en 1733,
indique les suivants : Hassonville, le fief Charbon à On, Harsin, le fief de
l'abbé de Hasnon, la cour Henriette à Roy, Gnmbiemonl, Hodisler, Rendeux
(1) Cfr les mémoires historiques et politiques sur les Pays-Bas autrichiens, 4e éd°" 11.440.
Comte de Neny — Aug Neyen. Hist. de Bastogne, p. 34.
(2) État du comté de Laroche dressé le 27 janvier 1629 par Boberty et Wynand.
(3) Cfr Annales archéologiques de Namur. Tome X, 4e livraison, p. 447.
- 60 —
(Ste-Marie, Jupille, Cielle, Vecqmont, Grainchamps, Journal, Ste-Ode
érigé en plein fief le 20 mai 1G09), Villers sur Onrthe, Ceureux, Hennet
(érigé en plein Befen 1662) (1), la dîme de Jupille, une censé a Marenne.
une censé à Verenne, Aywaille, Remouchamps la seigneurie d'Alhoumont.
On comptait encore comme pleins fiefs, suivant une déclaration des
pairies et des pleins fiefs du 1er juillet 1572, Lonchamps, Fossers et Risa-
venière, Uotton, les deux Forires, la moitié de Havrenne, Tille, Illy auprès
de Sedan (en relief depuis 1440).
Cette même déclaration énumère les arrière fiefs suivants :
Maboge, la cour de Longvillers, située en la mairie d'Ortho, la vouerie
des Halleux, la cour de Renacliêne, le bois et la cour de Cocquey, le bois
le Clerq, la cour du Sart, la cour de Jehennay, la cour de Monhonval, le
fief et le quartier de Waillimont, Hastile, enclavée dans la haute cour
d'Ortho, Quarfalize, fief et cour de semonce au ban d'Ortho, le fief de
Mori ville, dit Japon, la cour de Floumont, le fief Croqson de Bérisménil,
la cour de Roupage, la vouerie d'Ortho, la cour de Filly, la cour de
Villereux (fief des Clara à Velreux, Rég. des fief 1687-173^), la cour de
Reaumont, le pont de Herlenval, Mohonval, le fief de Roupage à Wibren,
le Gérard Isles, la cour Jean Genon a lioumont, le fief du Maître à Ortheu-
ville, la maison Jean Ponsar à Compogne, la dîme de Grainchamps, la
dîme de Filly, Ollomont et Nadren, la cour Oulrielte au Bérisménil.
La déclaration de 1572 contient aussi un paragraphe où se trouvent
indiquées les cours et les seigneuries qui appartenaient à des monastères
ou à des églises collégiales ou paroissiales, et dépendaient du comté. Ces
cours et seigneuries sont : La cour et seigneurie de Bertogne, une cour à
Champion appartenant a Ste-Croix à Liège, Bande, appartenant à Sl-Hubert,
la cour de S'-Jean à Engreux et à Samré, appartenant a Sl-Jean en lie à
Liège, les cours d'Ortho, d'Herlenval, d'Houbiemont, de Champion, des
Halleux et du Bérisménil, appartenant à l'abbé de S'-Hubert, la cour de
Hives aux dames de Claircfontaine, la cour de Finville aux dames de Nivelle,
la cour de Malmédy à Filly et à >adren, appartenant à l'abbaye de Malmédy,
la cour foncière le Sarter à Reudeux Sl-Lambert, appartenant à l'abbé de
Sl-Remy, la cour du Doyar au curé d'Ortho, la cour de Sl-Pierre a Rendeux
(1) Il est question de Hennet pour la première fois dans une charte du 24 janvier 1265, que
l'on trouvi' dans les publications il'' la société de Luxembourg, année 1859, XV. Dans cette
charte, Jean, abbé de Mirouautet tout le couvent font connaître qu'ils ont échangé avec
Henri, comte de Luxembourg, leur grange de Hennas, sis à Laroche, en Ardenne, avec
dépendances. I inge fut approuvée, le 5 mai 1265, par l'abbé de Septfontaines.
- 61 -
au curé de Rendeux, les cours de l'hôpital de Laroche l'une à Champion,
l'autre aux Halleus, appartenant aux curés de Ramonl et de Beausaint.
Plusieurs fiefs étaient allodiaux parmi ceux que nous venons d'énumérer,
savoir : la maison Henri Lambert de Bérisménil, Compogne, Longvillers,
les biens et la maison Maboge, Mohomal, le fiel" de Mori ville, dit Japon, le
fief du Chemin à Nadren, Msramont, la dîme d'Ollomont, le fief appelé le
fief du Maître a Ortheuville, Presle, Rendeux Sle-Marie, la cour Jean Genon
a Roumont, Roupage, le fief des Clara à Velreux, la maison de Jehan
Marson de Wiompont.
Comme droits de relief, chaque pairie devait seize vieux réaux d'or, les
pleins fiefs et seigneuries hautaines, huit, et les arrière-fiels la moitié du
rapport d'une année. Le comte avait en outre droit au treizième denier des
ventes qui se faisaient tant dans les pairies, les pleins fiefs et les arrière-
fiefs, que dans tout le comté.
De la seconde Cour, dépendaient quatre Cours subalternes qui formaient
quatre Bans ou Mairies, savoir, Orlho, Engreux, Wiompont et Lignière.
Ces Mairies étaient administrées par un mayeur et des échevins qui avaient
connaissance, mais a l'intervention du prévôt, de toutes les causes civiles
et réelles, telles que les ajournements, les adhéritances et les transports.
Chaque Cour ou Mairie comprenait sous sa jurisdiction plusieurs villages.
Sous la Mairie d'Ortho étaient compris les villages d'Ortho, de Fiomont,
Hubertimont, Herlenval, Floumont, Roupage, Thimont, Buisson, la censé
du Vivier, la seigneurie de Vecqmont consistant en trois villages : Vecqmont,
Ronchamps et Mierchamps, les seigneuries de Halleux et de Hives, la sei-
gneurie de Bertogne qui consistait en deux villages Berlogne et Bertomont
et en une partie du village de Gives.
Du ban d'Engreux dépendaient Samré, Maboge, Villers, Filly, une partie
des villages de Wibrin, d'Aschouve, de Vellereux, de Compogne et les
hameaux de Hennet, de Borzée.
Du Ban de Wiompont dépendaient Wiompont, Ortheuville. Roumont, la
maison féodale de Ste-Ode, Wignée, Moiville, Baconl'ois, Laneuville,
Presle, Champion, Granchamps, Cens, Ramont, Beaulieu, Troislontaiues,
Wembay, Tenneville, Journal et Bande.
Enfin au Ban de Lignière se rattachaient Lignière et les seigneuries
foncières de Hodister, Gives, Jupille, Warisy et Cielle.
— 62 —
§ 2. — « Coustums des fiefs relevants et ressortissants du Roy nre sire,
accause de sa comté de la Roche en Ardennes, addressante à Messeig™ du
Conseil de sa majesté à Luxembourg. »
c Et premier. »
« Un héritier féodal est tenu relever son fief à poeine que le Prévost
cômis de par le Roy le pourra contraindre, autrement pourra saisir ledit
fief et faire les fruits siens au nom de sade majesté jusqu'au temps que le
relief en sera fait et les droits payés comme il appartient. »
2.
t Mais celuy ou ceux qui ont cens ou rentes sur aucunnes des sgrieS de
fief mouvant des dits Prévost et hommes, soient héritaliles ou gageires,
ne sont tenus en f;iire relief, s'il ne leur plaît, pourveu que l'héritier du
fond, propriété, et corps d'jcelles seigries ou fief, ait relevé le dit fief, ou
payé tous droits accoustumés et appartenans sans en avoir recelé aucuns,
ne retenu au préjudice de sa majesté, du sr, et propriétaire, des Prévost et
hommes, ny d'autres y-ayans droits. »
3.
t Mais ceux qui mieu se veuillent asseurer par vérification de leurs cens
et rentes, le plus souvent en font et en ont fait relief. »
4.
c Et quand adjournement se fait, pour relever biens féodaux, est aux
despens de Padjourné, s'il ne se vient présenter avant d'être semond, et
s'il ne compare, tous autres consécutivement seront aux dépens d'yceluy
djourné jusqu'au relief, contentement des droits et purgement fait comme
il appartient. »
5.
« Pour faire adjournement valable, pour les payries et pleins fiefs, con-
vient qu'ils soyent l'ait lepr au domicile ou à la personne de l'héritier par
deux hommes et le haut sergent. »
6.
« Les seconds et autres par deux hommes et ledit sergeant au pied du
chasteau et fossé, comme de toute ancienneté a esté usé. »
7.
« Et semblablement en matière de déminement quand aucuns demandent
— -63 —
cens ou rentes, sur aucunnes desdites seigneuries ou fiefs soient héritables
ou gageires. »
8.
< Ftem quant aucun est trouvé avoir relevé, tient possède et estre en la
jouissance et possessiou d'aucun fief et biens féodaux, et que quelqu'un le
veut actionner, est tenu relever jceluy bien, et procéder par déuiineraent
ou forcoment par terme de quinzaine à autres. »
9.
« Et si sest pour matière de retraite, par signification semblablement
passée par enseignement des Prévost et hommes namptissement fait par
celuy lequel veut relraire le vendaige, assence, conduction ou saisine par
interval de jour compétent selon les qualité de la matière et résidance des
personnes et distance des lieux, afin qu'ils y puissent comparoir avant le
jour expiré, qu'est pour le moins de pouvoir comparoir et se présenter un
jour entre deux pour non être forclos, et que la somme soit plainne avant
le jour et expurgation d'jceluy, tant pour la somme principale que des
issues et droits. »
« Item es fiefs communs nestants pnyries, ny pleins fiefs, et es francs
alloux, dont et quand l'action surpasse les hautains mayeurs de la comté,
tous ajournement, déminements, et forcomands, souffrent estre fait parle
haut sergeant, et est cru à son serment ayant esté au lieu en personne
d'jceux fiefs. >
II.
<r Et les saisines et conditions par deux hommes, clercque et sergeant. >
12.
« Mais es payries et pleins fiefs, les adjonrnements, déminements et
forcomands avec les conductions, il y convient pour lemoins, quand l'on en
peu plus, deux hommes le greffier et le sergeant, toute fois si le greffier
ou le sergeant était homme suffirait. »
13.
« Tous contracts et transports de seigries et biens féodaux, pour eslre
valables, doivent estre faits et passés par devant les prévost et hommes,
pour estre réalizés, autrement non, à scavoir sur lettres et scedulles passées
— 64 -
sous seaulx ou pardevant notaire clercque ou tabellions, soient héritableté,
cens ou rentes et pour gageires semblables. »
14.
« A sceavoir les payries par devant le prévost, deux payres, un ou deux
hommes, le greflier ou sergeant, et des plaius fiefs par devant le prevost
deux hommes de plain tîef et autres de fiefs communs, soit un, deux plus
ou moins, et tous fiefs communs et les allodiaux et francs alloux, par
devant le prévost et hommes soient plains (iefs ou (iefs communs ou allodiaux,
bien entendu que Ton accepte deux parconniers à une payrie et deux com-
parconniers à un plain fief, »
15.
« Et des arrière-fiefs et courtes féodales et allodialles relevants et repre-
nant des dist prévost et hommes en arrière-fiefs, ensemblables par devant
les dites courtes et seigries, sires, semonceurs et hommes sous lesquels ils
meuvent et son jurisdiciables. »
16.
« f.es issues et treiziesme deniers des vendaiges de toutes les payries,
plains et communs fiefs, relevant des prévost et hommes appartenants à sa
majesté, et ensemblables des allodiaux et francqnes-alloux, quand les ven-
daiges excèdent vingt florins et quant aux gagières, sont demeurées en
dispute, et les disputes sur les anciens registres, et sur les comptes des
prévosts fais et vendus cy-devant. »
17.
« Et non sont jeeux transports vaillables sans préalablement avoir relevé.»
18.
« Touchant aux reliefs et assignations et partaige des droits des payries
et fiefs généralement, il souffit es partaiges des frères et sœurs, que
l'aysoé fief relève seul, et les autres quites s'ils sont contens ou ras-
signés. »
19.
« Et si les moindres naiz seroient tenus et contraints quiter moyennant
rassenne et récompense selon l'usange des dits fiefs, pour n'en avoir jugé
le semblable n'en disons rien.
- 65 —
20.
a \dvenant qu'il n'y ait hoirs mâles, les Allés succèdent au droit de
primogéuiture comme les fils. «
21.
« Quant quelqu'un vient à avoir quelques biens féodaux, ce allodiaux,
par traité de mariage, droit de testament ou retraits et succession, est tenu
en faire reprinse et relief, à poenne d'y eslre contraint comme dessus est
dit. »
22.
« Pour disposer d'jceux fiefs n'avons veu obtenir aggréation du prince.»
23.
« Si le mary a apporté en mariage ou à lui succédé devant jceluy ma-
riage quelque fief, et le mary va de vie à trespas, jceîuy fief avec la hau-
teur d'jceluy, si aucunne en y a, succède au plus proche d'yceluy mary,
s'il décède sans hoirs. »
24.
« Et si la femme est survivante, et ne lui est constitué douaire conven-
tionnel, elle a pour douaire coustumier l'usufruit et jouissance d'jceluy et
d'jceux fiefs et biens féodaux en relevant de main à bouche, soit qu'il y
ait enfant ou non. »
25.
a Au semblable est du mary par le trespas de la femme sans faire nou-
veau relief. »
26.
« L'homme et femme veufves se remariant en second lit, n'ont douaire
coustumier, s'il n'y a douaire conventionnel fait par convenance de mariage
ou testament faisant au contraire des présentes coustumes. »
27.
« Quand deux conjoincts par mariage font acqnects de quelques fiefs et
biens féodaux ou allodiaux, et ou l'un va de vie à trespas, sans laisser
hoirs de son corps, le survivant demeurera usufruitier sa vie durante en
relevant la femme veufve et non l'homme de main à bouche, et la pro-
priété moitié par moitié succédera au plus prochain d'jceux trouvé en
degré de succession aux jours de leur trespas. »
— 66 -
28.
« Item de toutes successions le plus prochain y succède. »
29.
i Item en matière féodale, celny qui a tiltre et bonne foy aura jouy et
possédé par l'espace de trente ans et jour, est tenu comme possesseur et
prescrit à trente deux ans, exceptez les absents, orphelins, et moindre ans
quant ils font aparoir de meilleur tiltre et droit, bien entendu qu'il ne se
touche icy aux biens tenus [iar les églises et ecclésiastiques et desquels il
se délaisse icy en dire. »
30.
« Et touchant les iiefs commuus, se départent également entre frères,
sœurs et héritiers. »
31.
< Tout traité de mariage et testament en matière de fiefs et allodiaux
s'approuvent tant que témoins durent. >
32.
« Tous déminemens se doivent commencer et faire pour cens et rentes
dedans l'année qu'ils sont esc hues autrement ne seronts réputés que pour
debtes, s'il n'y a jour ou traitte au contraire du d'heu, et payement. »
33.
« Tous vendages et héritages de francs-allonx sur le plat pays de la dite
comté, passant outre la somme de vingt-cinq florins, se doivent faire et
passer pardevant lesdits prévost et hommes, et en dessous par devant les
hautains mayeurs d'jcelle comté comme dit est par la xve article des pré-
sentes. »
34.
Item quand question est d'aucuns biens féodaux et allodiaux gisants et
ressortissants des dits prévosts et hommes, on procède comme dit est de
15 à autre dilaiivemet et probaiivement jusqu'à dire droit. »
35.
« Et aussy à tout chiefs apportés, quand les procès ne sont pas instruits
par devant ceux des premières instances jusqu'à dire droit, soit que ce soit
loy de Luxembourg ou de Liège, par actions réelles et personnelles.»
— 67 -
36.
« Sauf le cas de crime et procédure criminelles dont la connaissance en
appartient aux jug<>s criminels et nVn connoisl le prévost sinon faire mettre
à exécution la sentence de justice de la Hoche aux despens de sa majesté. »
37.
« De tous enseignements et sentences données peu chacun appeller sauf
ce que sa majesté a prohibé et deffendu par ses lettres et placarts donnés
à Bruxelles le l!2* jour d'avril l'an 1545. »
38.
« Et peuvent les appelants appeler et eux délaisser dedans et avant dix
jours expirés, dit jour de la sentence. »
39.
« Et les reliefs et exécution d'jceluy appel doivent estre fait dedans
quarante jours d'jcelle sentence. »
40.
« A touttes appellations avons accoustumé porter révérence, sans pro-
céder sur jcelle, sans avoir provision du conseil. »
41.
« Des vacances usons depuis la Magdelainne jusqu'à la St-Gilles, durant
lesquelles si aucuns requeroient administration de loix et justice doivent
double droit. »
« Lesquelles coustumes et uzances et sans préiudice du droit d'aucune
personne sont aujourd'hui souscrit êtes rendues par nous Henry de Waha,
prévost, Everard de Bolland, vis-comte de Dave, Sgr de Soy, Champion, ele ,
Lonys et Mérode, Sgr de Biery, Houffalyse, et Henry de Barhançon, Sgr de
Villemont, de Montjardin, et L.... de Bolland, Sgr de llollé, de Humin, et
Nicolas d'Ochain, Sgr de Jemeppe et de Chavaime, Jean de Waha, Sgr de
Granchamp, Jean d'Hodister, Sgr dudit lieu et Houmart, Louys de Samré,
Sgr de Journal, Bernard d'Ave, Sgr de Beausaint, Henry Bossignon, Sgr de
Jupille, messire Jacques Noël pour le Sgr de Solncr, y avant esté aussi
Jean Collissait pour le Sgr de Beauraing, Baes d'Aulf'e pour le Sgr de Han-
sur-Lesse. Fery de Cleruo, Sire de Ceureux, Kverard de la M.irck, Sgr de
Verenne, Thomas de Marenne et Englebert Ferrier, Ainsi fait et donné à
la Roche le quinzième jour du mois de juin l'an mil cinq cent soixante et
dix. Soub esloit escrit : par ordonnance de mes dits Sgrs prévost, payres
— 68 —
et hommes soubsignés par moy leur greffier comis de parte sa majesté et
signé Emrert Kerrier et fait pour copie authentique hors les originaux par
moi soubsescript le ayant trouvé concorder de mot à autre. Est signé Jean
de Bande avec paraphe. »
Ces coutumes sont extraites d'un registre aux titres (n° 1) reposant dans
les archives du château de Beauraing.
L'article "20 consacre, comme on le voit, le droit de primogénilure entre
les fils cl entre les filles à défaut de fils. Remarquons à ce sujet, la dé-
claration donnée, le 1(5 janvier 1606, par le prévôt et les hommes féodaux
de Laroche aux barons de Brandebourg, vicomtes d'Esclaye : « Messieurs
les prevost et hommes féodaux de la Boche en Ardenne ayans visité leurs
coustumes et plusieurs résolutions sur jcelle ensuivies, disent au premier
poinctz dudit queritur que tous les biens féodaux se relevant par devant
eux ont toujours estez cydevant partageables entre fils et filles, et nat le
fils aisné en autre préférence sinon le droict de prérogatif lequel droit n'at
jusques ores esté explicqué.... »
Dans la pratique, le droit de primogéniture ne s'exerçait donc pas et
tous les fiefs sans exception, fussent-ils pairies ou pleins fiefs, se parta-
geaient également entre frères et sœurs comme les communs fiefs. C'est ce
qui ressort encore d'autres déclarations du siège prévôlal. La première, du
14 juin 1594, fut donnée à la demande de Guillaume de VVarnant. « Jtem
au VIe article si les fiefs tenus de la Roche en succession de père et mère
se partent égallemenl entre fils et filles. Sur quoy l'on déclare ne l'avoir
veu autrement user ny juger et sy débat sesmouvait sur ce ainsy le juge-
rait on. »
La 2e déclaration est du 10 août 1616 ; elle est ainsi conçue: « Mes-
sieurs les prévost et hommes féodaux de la Roche en Àrdenne, cy embas
dénommés ayans veu le queritur à eux présenté de la part de madame la
princesse de B;irbanson et mademoiselle Bonne de Baibanson sa sœur
maisuée, héritiers de la seigneurie de Montjardin tenue en fief d'un comte
de la Roche, a elles succédées par le trespas de feu Monsieur le viscomte
de Dave, leur père, demandons les dites dame et demoiselle sœurs sy la
dite seigneurie de Moutjardin se doibt parlaiger également entre elles, ou
si l'aisnée y at quelque droit d'aisnaige plus que sa dite sœur, mesme si la
dite aisnée ne peull avoir la part de la dite maisnée en luy donnant argent
ou aultre récompense selon le dire de deux Seigneurs leurs parents.
Et sur le dit queritur advisé et feuilleté les coustumes féodales de ceste
cour rédigés par escrit l'an 1570, déclarent que par jcelles ils ne trouvent
qu'il en soit esté disposé ny résould ny pareillement sur autres queriturs
depuis à cest effect présenté. Ains est la chose jusques à présent demeurée
indéterminée et par la présente n'en disons encore rien. Mais il nous appert
que les baronnies de Hofalize et Han-sur-Lesse, se relevant de ceste dite
court en pairies sont possédées chacune par trois divers seigneurs et dames
relevans et reprenans chacun leur part, connue aussy la seigneurie hautaine
de Vervoz se relevant en plain fief d'icelle mesme court, est possédée et
partagée par trois seigneurs reprenans aussy chacun leur action sans que
sachons néanmoingssy c'est par accord amiable fait entre les dits seigneurs
et dames parsonniers ou aotrement d'autant qu'il n'en at esté disputé par
devant nous ny par devant nos prédécesseurs prévost et féodaux où toute
fois les procès et questions se doivent intenter en première instance. C'est
ce que nous pouvons dire sur la prétension et la demande que dessus. Pré-
sents à ce Georges de Waha, diet Baillonville, cap0 et prévost, etc. »
Une 3e déclaration est datée du 23 février 1622. A cette époque, le cas sui-
vant fut présenté au siège prévôlal : « Il est qu'une mère veufve traictant
le mariage de son fils a déclaré qu'après le trespas d'elle, luy appartiendra
de son lez et costé et dont à présent et pour lors elle luy a faict donation
en faveur dudit mariage de quelque terre et seigneurie située au pays de
Luxembourg, dépendant du comté de la Roche, estant le dit fils quelques
années après décédé sans délaisser eufans dudit mariage. »
Suyant quoy l'on demande sy la dite terre et seigneurie par le trespas
dudit fils doit revenir et appartenir à sa dite mère encore que le dit fils
quelque temps auparavant son trespas eusisl faict appréhension d'jcelle
pour profiter de la dite donation ou bien sy la dite terre est succédée et
eschue à la sœur aisnée dudit ûls entièrement et à l'exclusion de sa sœur
maisnée et de sa dite mère...» La réponse du siège féodal fut la suivante :
«.... Au regard du prérogat y prétendu pour la sœur aisnée à une terre et
seigneurie relevante de sa dite majesté, comte de la Ruche, advisé ce
qu'autrefois en at esté résould en ce siège, semble que se prennant la suc-
cession du fils mort en vraye propriété de la dile terre et seigneurie, jcelle
ne pourroit obvenir ny escheoir à profit autre que des deux sœurs à cha-
cune pour la moiclié indilierement, neantmoins en arrivant débat en cest
siège seroit décidé comme aussy du surplus ainsi que de raison. »
- 70 —
§ 3. Revenus du comté.
Je transcris l'acte d'engagement du 16 décembre 1628 quant à cette
partie qui regarde les revenus du comté.
« Iceluy consiste 1° en quattre moulins dont celuy de la ville de la Roche
nous appartient entièrement et propriétairement, où sont bannaux les habi-
tants et manans de la dite ville et franchise, les hommes Monsieur au ban
d'Oriho et les villages de Harzéeville, Sammerey et autres, les trois restans
estans arrentez perpétuellement, savoir celuy d'Orteuville pour quattre muids
quattre stiers segle, celuy de Hordian pour trois muids quatre stiers et
celuy de Failly pour sept muids trois stiers;
2° en bois et foresl qui sont en nombre de treize scavoir celuy de la
haute Frayère contenant 8522 arpents sans y comprendre 1285 arpents de
grandes faignes ; celuy de Ste-Gertrude qui nous appartient par moitié avec
les dames de Nivelles, contenant 1206 arpents; celuy de Champlion nous
appartenant pour un tiers contre l'abbé et couvent de St-Hubert, qui con-
tient 888 arpents ; le bois de Bande où nous avons seulement un quart
contre le dit couvent borné et fossoyé et exempt de tout usage, contenant
le dit quart 673 arpents ; le bois de Journaux nous appartenant par moitié
contre Jean de Hernenvall contenant 860 arpents ; celuy de Hay del Sale
qui contient 108 arpents ; le bois de Belhay, exempt de tout usage, con-
tenant 1330 arpents; celui de Wibren qui nous appartient pour un quart
et demy contre le susdit prélat et couvent de St-Hubert, contenant 875
arpents ; le bois de Si-Jean nous appartient pour la moitié contre le de-
vant dit chapitre de St-Jean à Liège, qui contient pour notre moitié, selon
la séparation en faite dix sept cent septante arpents, y compris 442 arpents
de faigne demeurées indivisées; le bois de Nollomont, francq et exempt de
tout usage contenant 232 arpents ; celui de Fontenaille en Broyé qui nous
appartient aussi seul et exempt de tout usage, contenant 280 arpents ; le
bois de del Hey de Harrey (Ilarcé?), bois tailles contenant 110 arpents, et
celuy de Cheneulx de Morville contenant neuf arpents, tous et quels bois
sont réglés et mis à coupes ordinaires selon qu'appert par les règlements
en estans
3° en deux viviers assez proche le village d'Ortho ;
4° en deux ou trois bonniers de pretz ;
5° en droit de haut winaige qui se lève en la dite terre et comté y com-
pris celui de Belhey ;
6° en droit d'abbrocaige de vin et cervoise ;
7o en droit de francq bourgeoisie ;
- 71 —
8° en tailles, devant chaque taillable des mayries d'Ortho, d'Engreux et
de Wiompont quatre bonniers et demy et les veufves la moitié ;
9V en droit de remontes consistant en ce que chacun cheval d'attelée et
charue des hommes monsieur doit six deniers et deux bœufs autant ;
10° en droit d'affouage que paye les hommes monsieur au ban et mayrie
de Wiompont debevant chacun un pattarl et demy ;
11° en droit de charue debvant chaque ménage sous ladite mayrie ayant
pleine charue quatre grosses vallisans un sol trois deniers payant la demie
et le quart à l'advenant ;
12° en droits d'affouage et d'estocage que plusieurs de nre dit comté
payent pour levée de bois mort, scavoir ceux d'Amberloux, d'Ortho, de
Wiompont et Champion payant chaque ménage un sol six deniers.
13° en bois flottant qu'on appelle guien, en bois que les hommes mon-
sieur du ban d'Ortho nous doibvent chacun an aux Rois, scavoir ceux qui
ont charue soit de bœufs ou chevaux, une charrée de bois ;
14' en droit de charrues et scitures consistant en ce que tous les
hommes monsieur des bans et mayries d'Ortho, Engreux et Wiompont nous
doibvent demy muid de seigle et autant d'avoine.
15° comme aussy nous est deu es villages de Rondu, Sure, Oste, Lester-
neux certain droit de terrages et sartaiges consistant en ce que chacun
sortant aux dits quartiers doibt par an un muid segle ; de même au village
de Bande nous appartient le tiers au droit de terrage contre les devant dits
abbé et couvent de StHubert, consistant en la dixième gerbe.
16° De plus le dit revenu consiste en disme que doibvent ceux de Neuf-
ville, en pouteries que payent ceux des mayries d'Ortho, Wiompont, En-
greux et Lignier, ceux de Bretaigne, Beausaintet Vecqmont, debvant chaque
manant laissant disme de soille et avoine une poiterie de deux stiers, debvant
le même ceux du village de Harsé ; les habitants du village de Thienville
nous doibvent aussi pour chaque ménage faisant feu une chaulte de six
stiers seigle et avoine, exceptés six ménages qu'en sont exempts et les
veufves ne payant que la moitié, comme de même ceux de la dite seigneurie
de Vecqmont, qui ne nous doibvent pour chaque ménage que demy stiers;
17° En droit de foresterie consistant en ce que chacun ménage doit un
stiers d'avoine se payant iceluy par ceux des villages de Chemplion, de
Halleux et Beausaint ;
18° En droit de terrage et bois d'aysance consistant en la dixième gerbe
des terres et bois d'aysance qu'on sarte et ensemence, qui se lève princi-
palement au quartier de Bande où nous n'avons que le tiers ;
_ 72 —
19" En traité de mines se faisant icelb présentement au regard du fer au
quartier de Chemplion, consistant en l'onzième charrée où nous prenons le
tiers seulement contre les dits prélat et couvent de St-Hubert, toutes les
autres mines nous appartenant au dit comté comme souverain ;
:!('»" En droit de paison, chasse, peseherie, confiscations, amendes, et
plusieurs cens et arrentements ordies tant en cire que chappons sans les
gellines que les habitants d'Ortho et d'Engreux payent par ménage ....
CHAPITRE II.
§ 1. — Prévôts, châtelains, lieutenants-prévôts.
Le prévôt était le chef officier du prince, son représentant dans le comté.
11 était inamovible et ses fonctions, qui étaient à vie, sont déterminées dans
le diplôme par lequel Marie-Thérèse confère, le 6 avril 1754, la prévôté à
Charles, comte de Mozet de Grune. « Donnant, » y est-il dit, « audit
comte de Grune plein pouvoir, autorité et mandement spécial d'iceluy état
de prévôt dorénavant tenir, exercer, desservir, garder nos droits, hauteurs,
seigneurie et justice, conjurer nos hommes de fiefs, eschevins et autres
juges qu'il appartiendra, de faire droit, loi, raison et justice à tous ceux et
celles qui le requerront et es cas qu'il appartiendra et au surplus de faire
bien et duement toutes et singulières les choses que bon et léal prévôt peut
et doit faire. »
Au châtelain était confiée la garde du château. Presque toujours le prévôt
était châtelain ; il cumulait aussi d'ordinaire la charge d'intendant et de
receveur du comté, charge qui lui procurait un appointement de 600 florins
au cours de Namur, plus six muids d'avoine, mesure de Laroche pour
l'entretien de son cheval (1749, 28 octobre). A la même époque, ses
émoluments, comme prévôt, étaient de 28 muids d'avoine et de 15 de
seigle. 11 avait en outre un grand jardin, nommé le jardin du comte, sur
le chemin de Rompre.
L'auteur du Manuscrit de 1732 nous dit que le prévôt et le receveur
habitaient dans le principe le château, qu'ils y avaient chacun leur quartier.
Plus tard, le prévôt habita la ville et sa maison était la maison de la grande
cour qui fut brûlée en 1849 avec le pâté de maisons y attenant.
l.e lieutenant-prévôt recevait sa délégation directement du prévôt et le
remplaçait en cas d'absence. Il avait les mêmes pouvoirs que le prévôt, et
jouissait des mêmes droits, des mêmes honneurs, des mêmes prérogatives,
— 73 -
des mêmes libertés (Diplôme de lieutenant-prévôt accordé a Hubert Navean,
le 2 août 1756).
Prévôts et châtelains.
Le plus ancien prévôt connu est Alars, dit Hustins de Marche qui vivait
en 1282, le 23 mai. Son successeur immédiat lut Henri Pérignon de Frainois
qui, le 12 juin 1290, « notifie que Ansellons, le fils Ansial de Hieves, qui
fut, » renonce aux prétentions qu'il élevait à charge de l'abbaye de Claire-
fontaine au sujet de l'hommage de la dime de Hives. Henri Pérignon était
aussi prévôt de Bastogne, et Bertholet nous dit qu'il vivait encore en 1299.
Le jeudi après l'Epiphanie 1307, Gérard de Bastogne, chevalier et prévôt
de Laroche, assiste à une donation faite par Gérard, (ils Henrion de Margerie,
en faveur de Hennekin, fils Mgr Huon de Villeroel, chevalier, et de sa sœur
Clémence, femme dudit Hennekin.
Gérard eut pour successeurs Henri de Bastogne, qui vivait en qualité de
prévôt à la Laetare 1310, et Jacquemar de Trinal, qui vivait en 1312.
En 1332, le lundi après St-Mathias, Poncin de Margerie apparaît comme
prévôt ; également le 27 novembre 1332 et le mardi de la fêle St-Gervais
1335 (Cart. Nothomb. Ann. de l'Inst. X).
Berthoul, prévôt de Laroche, appose son sceau à une charte donnée à
Lonpreit, le 9 avril 1342, et dans laquelle il s'agit de Jean, sire de Jemeppe,
chevalier, qui reprend en fief et en hommage du roi de Bohême et comte
de Luxembourg, la maison et forteresse de Noville et plusieurs francs-
alleux. Le 20 décembre de la même année, Pouchin, prévôt de Laroche,
et plusieurs autres figurent comme témoins dans une charte de Jean
l'Aveugle concernant les biens de l'abbaye de Claircfontaine a Hives (Cartu-
laire de Claircfontaine).
Thiry de Werkenhuysen (Walkenhousen, Welchenhusen), chevalier,
lieutenant et sénéchal du duché de Luxembourg, c'ait prévôt de Laroche le
17 novembre 1360. A cette époque, il fait une enquête sur les droits que
Wenceslas de Luxembourg et de Brabant et le chapitre de Stavelot préten-
daient respectivement à Ordange et à Piroult. Dans un acte du 11 juin
1359, il reçoit simplement la qualification de prévôt d'Ardenne ; et le
20 juin 1370, il scelle, en sa qualité de prévôt de Laroche, en Ardcnne,
un record de justice des trois cours de Bemouchamps, Bachamps et
Ayvvaille, relatif aux droits des voués.
A Thiry succédèrent Huart d'Autel d'abord et puis ses deux fils Jean et
— 74 —
Huart. — Charte du 29 mars 1420. — Dans cette charte, Sigismond
ordonne a ses sujets du comté de Laroche de prêter foi et hommage a Jean
et Huart d'Autel, comme ils l'ont fait autrefois a l'égard de leur père, le
représentant de son frère.
En 1444, le 4 février, et en 1448, le 6 février, on trouve comme prévôt
de Laroche Olivier Kaye. Vers cette époque Baltazar d'Autel était receveur
pour le temps de Laroche, 1458, 7 février et 4 avril. A Olivier ont succédé :
(les dates indiquées sont celles de cei tains actes auxquels ces prévôts ont été
présents).
Jehan de Lignière, ailleurs appelé Jehan de Hodister. 1493, 18 décembre,
1519, 31 décembre (cour de Marche), 1499, « le neuf du mois de feualle, »
(Juillet) ;
Adan Brisbois, dit Mormont, fut nommé receveur de Laroche le 22 octobre
1512 et prévôt en 1524. Il vivait encore le 24 août 1541.
Jehan de Waha, dit Baillonville. 1544, 15 septembre; 1551, 22 août.
Henri de Waha, dit Baillonville, écuyer. 1564, 6 juin; 1569, 27 sep-
tembre ; 1590, 27 avril.
Georges de Waha, dit Baillonville, chevalier. 1599; 1601, 17 mars;
1626, 15 avril.
Henri de Waha, fils de Georges, écuyer, seigneur de Jemeppe. 1626, 6 mai.
Jehan Rigaux. 1631, 16 mai ; 1634, 14 mars.
Henri-Charles de Waha, écuyer, seigneur de Jemeppe et de Chavanne,
fut prévôt environ cinquante ans.
Louis Massin du Mesnil.
Charles-François du Mesnil, fils du précédent, écuyer, seigneur de Vol-
crange, près de Thionville, prévôt, capitaine et haut gruier de la ville et
comté de Laroche. 1692, 2 août; 1708, 14 novembre; 1724, 10 février.
Il donna sa démission le 26 février 1735.
Martin Rigo est dit capitaine-prévôt et gruier de la ville et comté de
Laroche, le 6 juillet 1739; 1750, 17 décembre.
Charles, comte de Mozet de Grune, colonel de cavalerie, chambellan
de l'Impératrice, reine de Hongrie et de Bohême, fut nommé prévôt le
6 avril 1754. Ayant donné sa démission, il eut pour successeur Jacques-
François de Malempré, prévôt jusque vers le 22 novembre 1788. A cette
époque, Joseph-Micolas Coustume était prévôt par intérim, et, le 19 mai
1788, Célestin Perin, avocat au conseil souverain de Luxembourg, fut
appelé à succéder à Malempré. Il fut le dernier prévôt de Laroche.
- 75 —
Lieutenants-prévôts.
Renaud Corbel. i 541 , 26 août; 1544, 15 septembre.
Jehan de la Roche, écuyer, seigneur de Beausaint. 1564, 26 mai.
Fery de Clerue. 1569, 27 décembre.
Jehan de Waha, dit Baillonville, écuyer. 1573, 12 octobre.
Louis de Conjoux, seigneur de Beausaint. 1586, 18 mars; 1592, 12 avril.
Henri de Nisramont ; était mort en 1658.
N. d'Odeigne, 1659, 12 septembre.
N. Nollomont. 1720, 27 novembre.
Martin Bodet. 1735, 3 juillet.
Nicolas Chapelle. 1736, 10 avril.
Jean-Henri de Villers. 1754, 6 mai.
Hubert Naveau. 1756, 12 janvier.
Charles-Louis Van Eisden. 1768, 9 février ; 1773, 29 avril.
§ 2. — Mayeurs, échevins, clercs-jurés.
Le mayeur et les échevins, qui formaient le magistrat de la ville de
Laroche, furent nommés d'abord par les prévôts; mais à partir du commen-
cement du seizième siècle, leur nomination fut dévolue aux gouverneurs de
la province. C'est ce qui résulte d'une déclaration du 15 février 1552 :
« Nous, Jehan le jeusne de Baillonville, mayeur de la ville et franchiese
de la Roche, en Ardenne, Baltin de Baconfoy .... tous eschevins de la
dite franchiese, salut. Scavoir faisons à un chascun et à tous h cuy ceste
présente parviendra que desy longtemps que nous pouvons avoir mémoire
et cognoissauce, mesment par apprise que fait advons à nos prédécesseurs
eschevins, disons et attestons et par ceste présente certifions avoir veu,
usés et appris que un officier de la dite Roche a crée, constitué, establi ou
passé maieur, eschevins, clerc-juré en la dite franchiese et ville de
la Roche et depuis que monsieur le marquis de Berghes a esté gouverneur
de Luxembourg, il en a eu la cognoissance de donner les dits offices et...
et les autres seigneurs gouverneurs jusques à présent. »
Les fonctions du mayeur et des échevins étaient, si nous nous en rappor-
tons a l'acte d'affranchissement de Baslogne du 22 juin 1332, dont presque
toutes les dispositions essentielles sont les mêmes que l'acte d'affranchisse-
ment de Laroche du 3 avril 1331, « de maintenir la dite franchise ainsi
— 76 —
que les bourgeois et bourgeoises dans leurs droits ainsi que de leur rendre
justice (1). »
Le mayeur était le chef-né des Bourgeois, et nous verrons dans la suite
les droits que cette position lui conférait. Il en sera aussi question lorsque
nous parlerons des Arbaleslriers.
Le mayeur, et aussi le prévôt et le clerc-juré, outre les droits qui leur
étaient propres et les émoluments de leurs charges, jouissaient de l'exemp-
tion des charges publiques, comme de loger les gens de guerre, de payer
la taille au souverain, etc.
Quant aux échevins, nous voyons leurs privilèges déterminés d'une
manière plus particulière dans le diplôme d'échevinage de Charles-Joseph
Jacquemin (1"89, 5 janvier). Outre qu'ils étaient exempts de toute prestation
personnelle, le susdit diplôme nous fait connaître qu'ils avaient la jouissance
« des droits de lots et de vente dans la ville et dans la banlieu de la Roche
et de quelques cours foncières ; aussi la rétribution d'un cierge en cire rouge
que donnait la fabrique de l'église paroissiale. » Enfin par heure de
vacation, « lorsqu'ils travaillaient aux affaires de justice, » il leur était
accordé dix-huit sols, et trois florins dix sols par journée naturelle,
lorsqu'ils étaient envoyés comme députés aux assemblées des États.
Mayeurs.
Comme j'ignore, pour plusieurs, la date de leur mort et le temps précis
pendant lequel ils ont rempli leurs fonctions, je ne donnerai que la date de
certains actes auxquels ils ont été présents.
Le premjer mayeur connu est Curars qui apparaît comme témoin dans
la charte du 12 juin 1290, dont il a été question en parlant des prévôts.
« Bastien Lawet, maiour de la Roche, » figure aussi comme témoin dans
la charte de Jean l'Aveugle du 20 décembre 1342(Cartulaire de Clairefon-
taine).
« (iucrlac d'où Pont, maire del Roche, appose son sceau à une charte du
22 février 1400, par laquelle « Jehan Beastens, eschevin del Roiche en
Ardrnne, est comis et establis lieltenant en la curt de Hierve, de part
révérende et religieuse dame Anna de Clemency, abbaisse de Clairefontaine. »
Jean de la Roche, seigneur de Beausaint, vivait le 29 juillet 1429, était
mort en 1431, le 3 septembre.
Pierre de Massa, vivait en 1431, était mort eu 1437.
(1) Charte d'affranchissement de Bastogne du 22 juin 1332. Aug. Neyen. Hist. de Bastogne,
p. 73.
— 77 —
Fery de Ville, seigneur de Vecqmont, 143T, 19 février ; 1442, 28 sep-
tembre ; 1447, 4 décembre.
Jasper d'Autel, 1450, 18 mai.
Jean, fils Jasper d'Autel, 1494-1513.
Jean des Champs, 1513, 2 mars; 1520 ; 1523, 18 octobre.
Nicolas Ferrier, 1545.
Jean de Baillonvilie, 1516; 1551, 29 mars; 1552, 29 mai.
Regnaulx Corbel de Vaulx, 1556, 5 septembre ; 1557, 30 septembre ;
1558, 27 janvier.
Englebert de Wailhey, 1559, 31 mars; 1561, 18 mars.
Fery de Clerue, fut reçu a serment le 28 août 1561 ; vivait en 1564, 30
novembre; 1598, 14 mai.
Jehan de Bande, 1599, 1620. « A Fery de Clerue a succédé Jean de
Bande qui a été député des États à Bruxelles, en même temps avec dom
Laurent de la Roche, abbé d'Orval, tous deux natifs de la Roche et parens. *
(Manuscrit de 1732).
Jehan de Bande, le jeune, 1621, 15 avril ; 1631.
« Après lequel a été mayeur pendant plus de quarante ans monsieur
Jean du Mesnil, seigneur du ïlennet et des Hautes lies et député des Etats. »
« Ensuite monsieur Renier du Mesnil, son fils, seigneur des Hautes
îles, père de monsieur du Mesnil, chanoine de St-Paul à Liège, de
monsieur du Mesnil, colonel et de monsieur Charles-Louis du Mesnil,
major. »
« Auquel a succédé monsieur Jacques Rasselle, seigneur de Rossignol,
qui a été envoyé par son Altesse l'Électeur de Bavière a la cour de France. »
(Manuscrit de 1732).
Jacques Rasselle était mort le 17 juillet 1717. ïl eut pour successeur son
Gis, Jacques, qu'il avait eu de son mariage avec Agnès Orban. Jacques
Rasselle, fils, vivait en 1730, 1er février: 1732.
Martin Rigo, 1732, 4 mai — 1745.
Georges Servais de Xivry, fut nommé mayeur par suite de la démission
de Martin Rigo. H se démit lui-même de ses fonctions le 17 décembre 1750.
Hubert Naveau fut nommé mayeur en 1750 et mourut le 27 décembre
1758.
Jacques-François Malempré.
Célestin Perin fut nommé prévôt, mayeur et receveur le 22 mai 1759.
Il remplit ces offices jusqu'à l'époque de la révolution française.
- 78 —
Pierre-François Moxhon était agent municipal et ofûcier de l'état-civil le
9 nivôse an VI.
Louis-Joseph Aimon, agent municipal le 17 thermidor an VI.
François-Joseph Colin était agent municipal le 15 germinal an VII ; il
reçoit le titre de maire dans un acte de l'état-civil du 3 messidor an VIII;
il exerçait encore cette fonction le 18 brumaire an IX.
Hubert-Joseph Naveau était maire le 25 floréal an IX et le 18 vendémiaire
an XI.
Charles-François-Emmanuel Legrand était maire le 16 frimaire an XI et
le 2 pluviôse an XII.
Claude-François Orban était maire le 9 pluviôse an XII ; il conserva cet
emploi jusqu'en 1819, à part une interruption de quelque temps pendant
laquelle Georges-Louis Jullien fut mayeur provisoire, 30 janvier 1814.
Nicolas-Joseph de Leuze fut nommé bourgmestre le 23 février 1819; il
alterna jusqu'en 1823 les fonctions de bourgmestre président avec Claude-
François Orban.
Claude-François Orban, 1823-1826, 5 novembre.
Lambert-Joseph-Constantin de Leuze, 1827-1836.
Charles-François-Emmanuel Legrand de Xivry, 1836-1848.
1848-1850, vacance.
François-Joseph Manigart-Houba, 1850-1855.
Henri Orban de Xivry, 1855-1860.
1860-1861, vacance.
François-Joseph Manigart-Houba, 1861-1872.
Joseph Liard, 1872-1879.
François Meunier, actuellement bourgmestre, fut nommé en janvier 1879.
Clercs-jurés.
Nicolas de Jodenville, nommé le 2 août 1429.
Olivier Kaye.
Jehan de Wailhey, 1436.
Adam Brisbois fut appelé à cet emploi en 1493. Vingt sept ans plus tard
il devint prévôt de Laroche.
Henri, fils d'Adam Brisbois.
Grégoire, fils de Henri Brisbois.
Jehan de Baillonville, nommé le 20 octobre 1543.
Jehan de Beausaint, le jeune, nommé le 13 mars 1551.
- 79 -
Englebert de Ferrier, nommé en 1567, mort en 1590.
Ferry Favaige.
Jean Favaige.
Jean Marck.
Georges-Robert de Nisramont.
Lambert du Pont.
Jean du Mesnil.
Claude-Robert de Nisramont.
Jean-Baptiste Jacqmin d'Ortho qui était mort le 23 février 1731.
Martin Rigo, nommé le 20 février 1732.
Jacques-Nicolas Chapelle, nommé le 24 juillet 1737.
Georges-François Jacqmin, nommé le 7 octobre 1748.
Jean-Baptiste Toussaint, nommé le 22 mai 1759.
Jean-François Leclerc, nommé le 27 mars 1763.
Jean-Baptiste Collart, nommé le 17 janvier 1781. Ce fut le dernier clerc-
juré avant la révolution française.
CHAPITRE III.
§ 1. — Bourgeoisie.
Le droit de Bourgeoisie s'acquérait de deux manières : Par succession
ou par concession.
Par succession : Non-seulement les descendants mâles des francs-Bour-
geois jouissaient de toutes les franchises de la Bourgeoisie, mais encore,
suivant une coutume particulière, les filles contractant mariage avec des
forains non francs-Bourgeois, avec des Hommes-Monsieur ou de condition
serve, affranchissaient leurs maris. Cette coutume fut abolie dans le com-
mencement du xviie siècle ; et, même à partir de cette époque, personne
ne fut plus admis h la Bourgeoisie, s'il ne descendait de francs Bourgeois
en ligne directe masculine. Cette restriction eut pour conséquence de di-
minuer considérablement le nombre des francs-Bourgeois de Laroche,
tellement qu'en 1661, plusieurs villages, qui en comptaient autrefois un
certain nombre, n'en avaient plus que trois ou quatre ou pas un seul.
Par concession : « Toutes les localités affranchies ou ayant Bourgeois,
hommes privilégiés, libres, dit Auguste Neyen, avaient le droit de, moyen-
nant certaines conditions fixes imposées aux postulants, conférer le droit
— 80 —
de bourgeoisie ou d'indigénat a des étrangers ; mais ce droit n'était appli-
cable qu'à l'égard des étrangers habitant déjà la franchise, la ville même(l).»
C'est ce qui ressort, en ce qui concerne Laroche, de la déclaration suivante
du mayeur et des échevins de Laroche, datée du 19 mars 1573. « Nous
maveur et eschevins de la ville et franchiese de la Roche en Ardenne, cer-
tifiions a tous auxquels les présentes parviendront que quant est de rece-
voir les sujets de la résidence de ceste corte de la Roche à la franche
bourgeoisie de ceste ville que point ne sont Rourgeois, certifiions que quant
aulcuns des sesdis subjccts et que point ne sont homes baptis, mamortables
et de serves conditions assavoir tenus a l'administration dudernier supplice,
iceulx sortent de lieux et venans résider dedens ceste ville et franchise,
Nos les recevons à la dite Bourgeoisie, voir et bien entendu que quant ils
partent de leurs lieux de leurs nativités, ils laissent gens et personnes aux-
dis lieux pour paver les feux et aydes accordées à sa Majesté et acquicter
ce dont les dis lieux sont tenus, et sest ce que nous en donnons par pure
et léale certification. Fait et donné à la Roche soûle le seing de notre
grefGer le IIIe jour du mois de mars et XVe LXXI1I, stil de Liège. »
D'autre part, l'accord intervenu, le 1er juillet 1343, entre Adolphe,
évêque de Liège, et Jean de Bohême, règle la question de la résidence
nécessaire pour être admis à la Bourgeoisie de la ville : « Chil qui des ores
en avant seuronl recheuz à la borgésie de la dite ville de la Roce, devront
faire en la dite ville de la Roche résidence par l'espeace de demi an et un
jour continuelemet, chascun an. »
Trois conditions étaient donc nécessaires pour être reçu franc-Bourgeois
de la ville : La première était de ne pas appartenir à la classe d'hommes
baptis, de serve condition. La seconde, de laisser « gens et personnes aux
lieux de nativité pour paver les feux et aydes accordées au souverain et
acquitter ce dont les dits lieux étaient tenus. » La troisième de faire cha-
que année dans la ville une résidence continue de six mois un jour. A
défaut de la première condition, le consentement du souverain était tou-
jours nécessaire pour être reçu à la Bourgeoisie. Lui seul aussi pouvait
accorder le droit de Bourgeoisie foraine à ceux qu'il jugeait dignes de
cette faveur, pourvu qu'ils fussent sujets du comté.
On distinguait les Bourgeois résidants et les Bourgeois forains, c'est-à-
dire, « les Borgois demorans en la ville résidenmet » et ceux « qui de-
mouret résidenment dedens les termes délie conteit de la Roche » (Accord
du 1" juillet 1343).
(1) Hist. de Bastogne, p. 174.
- 81 -
Les Bourgeois forains jouissaient des mêmes prérogatives que les Bour-
geois résidants. Un record du 18 mars 1561, donné par le majeur et les
échevins de la ville, ne laisse aucun doute h cet égard: « Parcesle pnte, »
est-il dit dans ce record, « disons et recordons que ensuyvani les Chartres
et privilléges de temps immémoriaux accordées et conférées auxdils IVancqs-
Bourgeoix en général, tant ceulx résidens ou mannans dedens la dite ville
et franchiese que généralement iceulx de dehors, qu'ils sont d'une même
sorte et conditions joyssans et h eulx appartenant l'un comme l'aultre en
général de toutes franchieses, libertés et privilèges, uses, costumes et
droits à eulx deus et appartenans, eslans les francqs-Bourgeois en général
tant ceulx dedans que ceux de dehors la dite ville de la Roche aussi francqs
et exempts de payer tonnys »
En 1603, le nombre des familles ayant le droit de Bourgeoisie foraine
était de 387.
En voici la répartition par mairies et par villages, d'après un ancien
registre de 1603, intitulé : « Registre et Rolle des francqs-bourgeois de la
ville et comté de Laroche en Ardenne, avec la lauxe sur chacun d'iceux,
comme tous les ans se renouvelle pour Fentretenement des murailles,
tours » Ne sont pas comprises dans cette répartition les familles du
receveur, du châtelain, du mayeur, des échevins, du greffier et dusergeant
de la ville ; non plus les six hommes du conseil, les douze arbalestriers et
leur varlet, les m;iyeurs, les échevins et les sergeants des quatre mairies
hautaines.
Mairie d'Ortho. Ortho. 16
Herbieval. 7
Hubermont. 4
Nisramont. 7
Warempage. 12
Herlenval. 6
Floumont. 2
Mousny. 4
Hive. 20
Mierchamps. 13
Vecqmont. 5
Ronchamps. 8
Lonchampel. 9
Beausaint. 16
_-T82 —
Mairie de Wiompont.
Mairie d'Engreux.
Mairie de Lignière.
Wiompont.
7
Wigny.
7
Roumont.
14
Ortheuville.
14
Baconfoy.
7
Ramont.
11
Thenneville.
13
Wembay.
9
Tresfontaine.
6
Neuville.
8
Cens.
6
Journal.
7
Granchamps.
2
Chemplon.
5
Erneuville.
2
Beaulieux.
2
Samré.
15
Filly.
5
Bérisménil.
31
Wibrin.
1
Engreux.
3
Maboge.
6
Lignière.
1
Cielle.
18
Warisy.
21
Jupille.
2
Hodister.
20
Gennes.
15
Je donnerai dans les pièces justificatives une liste complète et officielle
des francs- Bourgeois résidants. Cette liste date de 1611. A cette époque
on en comptait cent et dix-neuf ; en 1 603, le nombre de ces résidants n'était
que de nonante quatre. Villers avait aussi deux francs-Bourgeois et Harzé,
trois.
Au nombre des Bourgeois forains, nous devons aussi compter les Bour-
geois de Houflalize, de Beauraing et d'autres encore. Ces Bourgeois étaient
tenus « loultes et quante fois que il est de besoing et que nécessité le
requiert davoir les Bourgeois de dehors et afforains, a la semonce du mayeur
— 83 —
de franchiese [le mayeur de Laroche], comparoir dedens la dite ville et
franchiese. » Il étaient tenus aussi « quand chieffs est eslevés par devant
eulx de venir et comparoir par devant nous [mayeur et eschevins de la
ville et franchiese de la Roche, en Ardenne] comme à leurs chiefs et
maîtres et y ont esté de toute ancienneté mesme pour cas d'injures, foulles,
forces et oultrages commises et faicles a la maison d'un Bourgeois d'Houf-
falize (Record du 16 mars 1568). Le record du 18marsl5Gi déjà cité,
nous apprend en outre que « les Bourgeois de Baslogne étaient tenus aussi
francs es la ville et comté de la Roche comme les mêmes francs-Bourgeois
de la dite ville et comté , et aussi semhlablement sont les dits de la
Roche au lieu et prévosté de Bastogne. »
Les habitants de Lignière, de Halleux, de Champion, de Grainchamps
étaient aussi Bourgeois forains ; mais à la différence des précédents, ils
n'étaient pas francs-Bourgeois et étaient obligés à certains services. « Ne
sont francqs-Bourgeois ny hommes monsieur pour leur chervaige, sont
afforains-Bourgeois de ceste ville. » Record du 6 février 1576. Quant aux
services que ces Bourgeois devaient rendre, ils sont indiqués dans un re-
cord du 10 avril 1574. « Les mannans de Lignier que ne sont nobles ny
hommes féodaulx sont tenus de livrer les chariots quant la dite bourgeoisie
avecque l'enseigne va au champs ; les mannans des Hallois et Champlion
doiventmenerlesboisgroset menus pour les hourdements (?) etbolowerlzs(?)
de la ville.... et coulx de la courte de Grainchamps avec leurs consors les
baulchons (?) du pont. »
Par contre, ces Bourgeois forains avaient le droit que sortant « d'icelles
courtes et seigneuries et allant résider hors soit dedens la ville ou sur le
comté, ils sont roceu à la franche-Bourgeoisie. » Record du 3 mars 1573
et du 6 février 1576.
Outre la distinction des Bourgeois résidants et des Bourgeois forains,
on trouve encore celle des Bourgeois francs et des non-francs. Ce que nous
avons dit des Bourgeois de Lignière, de Halleux, de Champion et de
Grainchamps explique cette distinction. A partir du J7e siècle, furent con-
sidérés comme francs-Bourgeois « ceux qui étaient descendus des anciens
francs-Bourgeois par ligne masculine ou bien avaient été receus et admis
au rang des francs-Bourgeois conformément au placart du 8e d'aoust 1612,
et l'ordonnance des sérénissimes archiducs Albert et Isabelle du 2« juin
1616. » Les non francs étaient « ceulx qui n'étaient pas tels. » (Mémoire
de 1673 des Bourgeois non francs de la ville et du comté contre les francs-
Bourgeois. Art. 23e).
— 84 —
Les Bourgeois relevaient directement du mayeur et des échevins de
Laroche. « Nous Fery de Clerue, escuyer, mayeur de la ville et franchiese
de la Roche en Ardenne, Linard de Villers, ctc eschevins, disons
et recordons que, de toute ancienneté, nous sommes chiefs et maistres de
tous les lîourgeois tant dedans ceste ville et franchiese que sur le plat
pays et comté d'icelle mannans et alïorains. » (Record du 16 mars 1568).
En conséquence, 1° ils étaient tenus les fortiins comme ceux de la ville
« quand chieffs est eslevés par devant eulx de venir et comparoir par de-
vant nous comme à leurs chiefs et maîtres. » (Records du 16 mars 1568 et
du 15 juillet 1551).
2° Toutes et quantes fois qu'il est de besoing et que nécessite le requiert
d'avoir les Bourgeois de dehors et afTorains, sont tenus à la semonce du
mayeur de franchiese comparoir dedans la dite ville et franchiese. » (Re-
cords, id.)
3° « Quand les dits Bourgeois de la dite ville et comté vont ensemble
ou à part pour aulcun commandement, il n'est de rien à ung prévost de
la Roche de s'en entresmesler ne avoir quelques commandements sur les
dits Bourgeois et en est de tout affaire à ung mayeur de la ville et fran-
chiese de la Roche. » (Records, id. et du 10 avril 1574.)
4° «... . Tous ceux qui seraient privés du droit des dits franeqs-
Bourgeois y soient pleinement par nous justice susdite, restitués et réfor-
més à toutes, telles franchieses et libertés que nous savons et wardons, et
dont ce cas debvons jugier et non aullres suivant les dis privilèges. » (Re-
cord du 6 février 1561).
Privilèges de la Bourgeoisie.
Nous connaissons l'acte d'affranchissement de Laroche par Jean, roi de
Bohême. « Les habitants de Laroche y sont déclarés quittes de toutes
tailles, dons gratuits, exactions et contributions ou emprunts que le sou-
verain de même que ses successeurs pourraient exiger d'eux à l'occasion
de leur mariage ou lorsqu'ils seraient créés chevaliers ; ou bien pour payer
leur rançon en cas qu'ils seraient faits prisonniers ou pour tout autre mo-
tif quelqu'il puisse être ; le tout néanmoins sauf l'obligation d'acquitter les
rentes, amendes, revenus et droits ordinaires dûs au souverain d'après les
dispositions connues et que les échevins étaient chargés d'appliquer (1). »
(1) Bertholet P. I. XXII, Pierret Y. 86, cités par Aug. Neyen. Hist. de Bastogne, p. 74.
— 85 —
Deux exceptions à ces franchises : Elles sont posées par les articles 32
et 35 d'une ordonnance du souverain, en date du 28 août 1624. Je trans-
cris ces articles tels qu'ils se trouvent rapportés dans un mémoire des
Bourgeois non francs contre les francs- Bourgeois (1673).
1 « Se trouve entre aultres disposé et ordonné en l'art. 32 que
généralement tous et quelconques privilèges, de quelque condition ou na-
ture qu'ils soient nulz exceptez, faisant meslier, commerce, traficque, ou
le denier valoir, soient en gros, ou en détail contribueront à l'advenant de
ce esdites aydes. »
2. « Et par l'art. 35, que pour prévenir à toute confusion à la surcharge
du bon peuple de sadite Majesté, icelle ordonne que sy les maisons et
biens des personnes quy seront taxées par le dernier dénombrement,
viennent es mains de personnes exemptes à quelque titre que ce soit, ils
demeureront contribuables, tant pour la propriété que le labeur, jusque à
ce qu'il y sera pourveu par aultre dénombrement suivant. »
Les francs-Bourgeois, résidants et forains, étaient en outre « francqs et
exempts de payer .... haullz conduyts, tonlieux, tonny et passaiges de
leurs biens, densrées et marchandieses passant et traictant partout le duchés
de Luxembourg es villes ou francqs villaiges de la dicte duchés comme
audict Luxembourg, Arlon, Thionville, Danvilles, conté de Chiny, Eter-
nacht, Bedbruct, Bastogne, Marche, Neufchastel et autres n'est qu'ils les
mènent et fassent mesner par voyltures. ...» (Record du 18 mars 1561).
Ils jouissaient des mêmes privilèges dans la principauté de Liège. (Record
des échevins de Liège du 21 novembre 1545).
Ils avaient encore le droit de chasser « sans en faire le denier valoir, »
avec des chiens et des lévriers, mais non avec des filets, des lacs, à toute
espèce de gibiers, excepté aux cerfs et aux faucons. Ce droit s'étendait sur
tout le comté. Ils pouvaient aussi sans payer aucun droit, pécher toutes
sortes de poissons, « à pied de jour et de nuict par toute la dite conté
avec salmes et fer, sauf la nessel et batteau. » (Records du 6 février 1561
et du 16 mars 1568).
La maison du Bourgeois était un asile inviolable. « Nul ne peult aller
quérir l'homicide dedans la maison dudit Bourgeois si ce n'est par la
licence dedans l'espace de 40 jours. » Record du 15 juillet 1551.
S'il arrivait qu'un Bourgeois ou un étranger provoquât par colère un
autre Bonrgeois hors de sa maison, soit un jour de franche foire soit un
7
- 86 -
autre jour, et qu'il y eut plainte de la part de ce dernier, le provocateur
était condamné à une amende de dix francs deux tiers « avec la borce(?). »
Si ce Bourgeois ou cet étranger, un jour de franche foire ou un autre
jour, frappait cet autre Bourgeois dans sa maison avec une arme émoulue,
a coup de pierre, « de traict de feu ou d'arbalastre, » ou s'il cherchait à
pénétrer de vive force dans sa maison, il était passible d'une amende de
soixante florins ou condamné à perdre le poing, dès que ce Bourgeois
portait plainte.
Si ce Bourgeois ou cet étranger, entrant dans la maison de cet autre
Bourgeois pour lui chercher querelle, il arrivait qu'il le frappât ou quel-
qu'un de sa famille, il était condamné à soixante florins d'amende ou à
perdre le poing, à moins « d'obtenir le grès du seigneur. » Et encore dans
ce cas, il était tenu de « prier Dieu et sa Mère, mercis ensemble le Bour-
geois intéressé et toute la Bourgeoisie entièrement et ne poldra tels délin-
quant hanter ny fréquenter jusques ad ce qu'il ait satisfait à ce que dessus.»
Enfin toute querelle en la maison d'un Bourgeois ou daus la franchise
était punie d'une amende de sept sols, « sy est cop de poingne, hors de
francq foire » ; en cas qu'il y eut plaie de messure (?), l'amende était de dix
francs deux tiers avec la borce (?). Au jour de franche foire et pour coups
de pied, l'amende se montait à soixante sols et s'il y avait plaie de mes-
sure (?), à vingt francs et un tiers. (Record du 15 juillet 1561).
Obligations des Bourgeois.
Jean, roi de Bohême, dans la charte du 3 avril 1331, se réserve les
rentes, les amendes, les revenus et les droits ordinaires dus au souverain ;
il oblige ensuite les Bourgeois ; en retour des privilèges, qu'il leur accorde,
de munir leur ville de murailles et de portes et les entretenir à leurs frais,
de même que les machines de guerre qu'il devait leur fournir ; il les oblige
en outre d'avoir douze Arbalestriers pour son service : « et doient avoir
douze arbalestriers pour nos servir en nos besoignes et qui doient joyr des
privilèges que saiclet leur sont de nous et de notre dite ville, si longuement
qui semblerat entre boin et pourfilable à nous et a nostre dite villie. »
En conséquence, et chaque année, il se faisait sur les Bourgeois en
général une levée de deniers qu'on appelait fermeté, destinée à l'entretien
des murailles, des tours, des portes et à l'acquittement des autres obliga-
tions, et une aulre levée fixe de quatre palards sur chaque Bourgeois en
particulier, qui se payait chaque année au roi en reconnaissance des dits
privilèges. Les veuves ne donnaient que la moitié de cette somme.
- 87 —
Les Bourgeois étaient aussi tenus d'être armés suffisamment chacun
selon son état, tant pour le service du seigneur et a ses frais, que pour la
défense de la ville. En cas d'invasion ou de guerre dans l'intérieur du
pays, tous, sans exception, devaient prendre les armes, et marcher a l'en-
nemi sous la conduite du mayeur ou de son lieutenant, laissant toutefois
dans la ville un nombre suffisant de Bourgeois pour sa défense. Ils étaient
accompagnés dans leur expédition du prévôt ou de son lieutenant, suivis
des Allodiaux, des hommes Monsieur ou de serve condition et aussi de tous
a leurs circonvoisins et marchissans. » Dans ce cas, ni les Bourgeois ni
autres ne recevaient de solde. (Record du 10 avril 1574).
Les Bourgeois étaient tenus à la défense de la ville, mais non du château,
et s'il arrivait que la ville fût prise, ils devaient alors se retirer au château
et aider à en soutenir le siège.
Dans l'acte d'affranchissement de Laroche, il y a un article qui regarde
spécialement les Bourgeois forains, c'est qu'ils devaient fournir pour les
chevauchées du comte « charrois, bues, inotons, pors, ainsi que autrel'oi
at estoit useit. »
§ 2. Arbalestiers.
Nous avons vu qu'une des conditions posées par Jean, roi de Bohême,
aux privilèges qu'il accorda aux Bourgeois de Laroche, fut d'entretenir
douze Arbalestriers pour son service.
Les Arbalestriers étaient exempts des droits de Bourgeoisie et en outre
des corvées et des assises qui se faisaient pour l'entretien et la réparation
des portes, des tours et des murailles de la ville, mais non des assises qui
se levaient pour l'église, la fontaine, la défense des privilèges et le vinage.
Ils jouissaient de ces privilèges tant que durait leur service pour la ville ou
pour le souverain.
« Quant s'est pour aulcuns services de sa Majesté ou de ses officiers à
la prinse d'aulcune place ou quelque malfaicteurs, les Albalestriers y assistent
seuls avecque les mayeurs et font un chacun le querict sur le plat pays en
temps de nécessités. » (Becord du 10 avril 1594). Ils gardaient les prisonniers
qu'ils avaient ainsi arrêtés sur l'ordonnance du prévôt ou du mayeur. Hors
de la ville, le prévôt devait leur faire donner assistance par les mayeurs
des hautes cours et leurs sujets. Les Arbalestriers dans ce cas, avaient
droit à une rétribution de six patards par jour de sortie, à charge des
prisonniers.
— 88 —
Ils étaient ensuite obligés d'assister en armes à la procession du Saint-
Sacrement, et, les jours de franche foire, ils devaient maintenir le bon ordre
dans la ville et dans la franchise.
Ils avaient à leur tête un maître et un valet pour les servir. Lorsque le
maître venait à mourir, les Arbalestriers se réunissaient et lui choisissaient un
successeur qui prêtait serment devant le mayeur. A la mort d'un des leurs,
ils présentaient au mayeur deux candidats pour remplacer le défunt ; et le
mayeur choisissait des deux celui qui lui paraissait le mieux convenir et en
recevait le serment accoutumé.
En cas de querelles ou de contestations entre les Arbalestriers, ou si
l'un ou l'autre d'entre eux contrevenait aux ordres du maître, les Arbales-
triers déterminaient eux-mêmes l'amende à laquelle les coupables devaient
être condamnés ; lorsque, faute d'entente, il fallait recourir à la justice,
l'amende appartenait au prince ; autrement, elle revenait au mayeur.
§ 3. Allodiaux, Hommes-Monsieur e.l de serve condition.
Outre les Bourgeois, nous voyons dans le comté certains hommes « franeqs
et exempts de taille et aydes accordées et à accorder dans le pays de
Luxembourg (1), » mais obligés « de tenir chevaulx et armes en bon
esquipache » pour et à toute réquisition se rendre à la guerre avec le prince
ou ses lieutenants et le prévôt, « de passer monstre par devant le dict
prévost à tout le moins une fois l'an », et aussi « d'estre prests à la semonce
et a la signification du prévost au siège tant pour jugier les débats et procès
y survenans pour cause des fiefs, que estre présents aux reliefs qu'ils y font. »
Ces hommes étaient appelés Allodiaux, à raison des alleux qu'ils possé-
daient dans le comté.
Les alleux ou francs-alleux étaient toutes les terres libres, c'est-à-dire
affranchies du tribut, d'impôt ou de toute espèce de redevance. « Tenir en
aleu, » dit la somme rurale, « si est tenir terre de Dieu tant seulement,
et ne doivent cens, rente ne relief, ne autre redevance à vie ne à mort. »
Les propriétaires ne devaient donc rien a personne, ni tribut ni hommage ;
ils étaient tous autant de petits souverains possédant au même litre que
leur roi, et aussi nobles, quoique moins puissants que lui. Quant à ceux qui
ne possédaient que de petits alleux sans importance, ils formaient moins
une aristocratie qu'une classe moyenne dite des hommes libres. Ces petits
alleux, dans la suite des temps, furent pour la plupart convertis en béné-
(1) 5 avril 1562. Laroche. Cour féodale. N° Oi des pièces justificatives.
- 89 -
fices, terres que les rois donnaient aux hommes puissants de la nation et
à leurs compagnons de guerre, qu'ils fussent Francs ou Gaulois, pour se
les attacher de plus en plus.
Le bénéficier, à la différence du possesseur d'alleux, qui ne devait rien
à personne, était tenu d'être fidèle au donateur ; il était obligé au service
militaire à la réquisition de ce dernier, et en même temps à certains ser-
vices civils ou domestiques.
Or un alleu était converti en bénéfice, lorsque le propriétaire de cet alleu
rendait hommage de sa terre à un riche et puissant bénéficier et se plaçait
ainsi sous sa protection, sous son patronage. Cet acte, par lequel une terre
franche devenait terre vassale pour la sûreté de son possesseur, s'appelait
recommandation ; c'était un usage antique et originairement pratiqué dans
les forêts de la Germanie (1).
Les alleux du comté de Laroche, qui étaient au nombre de seize, subirent
successivement cette transformation, et c'est pourquoi ceux qui les possé-
daient, <( les Allodiaux, » comme je les trouve appelés dans divers docu-
ments, étaient soumis aux obligations des bénéficiers et astreints au service
militaire. Ils formaient la classe des hommes libres du comté et se distin-
guaient des francs-Bourgeois en ce qu'ils relevaient directement du prévôt,
tandis que ceux-ci relevaient directement du mayeur et des échevins. En
outre, en temps de nécessité, ils étaient tenus de se retirer au château et
d'en faire la garde, tandis que les francs-Bourgeois étaient tenus seulement
à la défense et à la garde de la ville. Les allodiaux enfin étaient obligés
de tenir cheval et armement convenable pour le service du prince. Quant
aux francs-Bourgeois, la charte de leur affranchissement leur imposait
simplement l'obligation d'être armés chacun selon son état (2).
Au nombre des Allodiaux, nous trouvons en 1562, Jehan et Grégoire de
Nisramont, Jehan Huart de Moirville et Laurent de Moirville, Jehan le
jeune Maître d'Orthenville, la veuve Jehan Guillaume et Servais de Romont.
Jehan Ponsar de Compogne, Louis de Noiseu, Henri Clara de Velreux,
Henri Gérard de Rupaige, Mathieu Bastines, Jehan le Chevron demeurant
à Mohonvaux, Henri Lambert de Bérisménil, Jehan de Chemin, la veuve
Jehan Thiry de Rupaige ; en 1567, le 2 juin, Pierre Jehan Lambert, mayeur
d'Ortho ; en 1591, Jehan Marson de Wiompont ; en 1623, Jehan de Samré
de Rendeux Ste-Marie et Adam de Presles.
(1) Amédée Gabourd. Hist. de France I, p. 131. Chàteaubriant. Études ou discours histo-
riques III, p. 434.
(2) Pièces justificatives, n° 64.
- 90 —
Quant aux Hommes-Monsieur, une déclaration du capitaine-prévôt, Henri
de Waha, datée de septembre 1626, les détermine de la sorte : « Et convient
sçavoir que certains hommes dudict comté en nombre de trente huict ou
environ sont tenuz et obligez faire guetz et garde audict chasteau en toutes
occurences indiférement par la semonce que leur en faict un prévost et
chasteiain dudict lieu, et à tel eflect sont appelez hommes-monsieur, .... »
Ces hommes étaient éparpillés dans les différentes mairies du comté. On
en comptait six dans la mairie de Wiomponl, cinq à Filly, dix à Engreux,
cinq à Velreux, deux à Achouve, deux a VVibren et plusieurs encore dans
les divers villages formant la mairie d'Engreux. « Desquels aulcuns payent
quatre stiers soille et aultant d'avaine, en cas qu'ils avent plaine cherue ;
sy-non ou n'ayant que demy ou quart de cherue, sont obligés à l'advenant
avec une pouille et cincquez patars et demy ; d'autres doibvent seullement
les dictes pouille et argent. » (Déclaration ci-dessus).
Les Hommes-Monsieur de la mairie d'Ortho étaient au nombre de trente
deux : Un à Ortho même, deux au Buisson, quatre à Thimont, dix à Huber
mont, deux à Nisramont, trois à Floumont, cinq à Hives, cinq à Mousny.
« Ils sont subjectz, dit encore la déclaration du prévôt Henri de Waha, à
assister aux exécutions criminelles du dernier supplice au lieu du patibu-
laire d'ung comte de la Roche, sy comme de dresser l'eschelle, eslever la
roue et autres semblables fonctions, auquel effect ils ont à eulx des héritages
particulièrement subjectz à telle servitude, et sont obligez chascun de ceulx
ayans plaine charue a payer et livrer es grainiers du roy demy muid seigle
et demy muid d'avaine, et ceulx qui n'ont que demy charue ou quarte, à
l'advenant. »
« Chascun desquels faisant feu en sa maison, est redebvable chascun an
d'une pouille et de cincques patars demy, bien entendu qu'un vesve soit
l'homme ou la femme n'en doibt que la moictyé, hors de quoy ceulx de
la justice prennent leurs droicts accoustumez. »
« Encore doibvent-ils chascun une charrée de bois par an pour leur
chauffage estans à la garde du chasteau. »
Il n'était pas permis aux Hommes-Monsieur et de serve condition de
pêcher ni de chasser, si ce n'est aux sangliers, aux loups et aux renards,
et à condition de donner du sanglier mâle le droit accoutumé, savoir la
hure et les quatre pattes. A cet égard, les forestiers du roi, et même tout
franc-Bourgeois, pouvaient les mettre en contravention et leur confisquer
leurs instruments de pêche ou de chasse (Record du 6 février 1561).
— 91 —
§ 4. — Métiers.
Je transcris ici le seul document que j'ai pu me procurer sur les métiers
de Laroche. Il porte en titre : « Liste des maîtres de mesliers, manufactures
et fabriques, le nombre actuel des maîtres, le nombre des garçons, celuy
des apprenlifs et des manouvriers qui sont en cette ville comme s'ensuit. »
Ce document est daté du 5 mai 1738.
Tanneurs.
Le sieur du Wez ayant un garçon tanneur qui accommode ses cuires et
lui serve de manouvrier.
Le sieur Petithan at nouvellement établit une tannerie dont il se serve
de temps en temps d'un manouvrier.
Le sieur Jean Gillet, maître tanneur avec un valet et un apprenti!'.
Jasper la Grandeur sans valet ny apprentif.
Cordonniers.
Simon Fourny, maître cordonnier, avec son fils.
Nicolas Valtin avec son tils.
Joseph Devillers.
Hubert Tinturier.
Charles Philippart.
Nicolas Nollomont avec son fils.
Paul Lambeau et un apprentif.
Charles-Louis Jasper avec deux apprentifs.
Nicolas Fisson, le jeune.
Henri Nollomont.
Charpentiers.
Martin Lahaye avec son fils apprentif.
Charrons.
Etienne Lahire.
Martin Meunier dit Bodson avec son fils apprentif.
— 92 —
Tailleurs.
Liévin Vaneuken avec son neuveux apprentif.
François Derieux avec deux apprentifs.
Charles Houba le jeune.
Jean Piéfort.
Menuisiers.
Jacques Féodal.
Martin Ducontier avec un ouvrier.
Antoine Milicor.
Tisserands.
Ernest Massouka.
Charles Waha.
Jean Noeson, faiseur d'étoffes, Louis Bidart, id., Jean-Pierre Quirin,
Michel Bidart.
François Guillaume, id.
Henri Malemprée, tisserand.
Pierre Populaire avec deux apprentifs.
Jacques Corbusier.
Jean Maka.
Joseph Gosée.
Henri Sibret.
Pierre Lahire.
Nicolas Massouka et Roch Louis.
Bouchers.
François Robert.
Jean Pasquay Robert.
François Machuraux.
Nicolas Jasper.
Eustache Machuraux.
Maréchaux.
Charles Verlaine avec son gendre.
Henri Lecoq avec un ouvrier.
— 93 —
Cloutiers.
Jean Naime et de temps en temps un ouvrier.
Boulangers.
Servais Orban.
Simon Foumy.
Gérard Lamere.
Noël Heoon.
Lambert Califice.
Charles-Louis Jasper.
Le sieur Lalandre.
Brasseurs.
Pierre Gillet.
La dame Rasselle.
La veuve Fabry.
Gérard Lamere.
Tonneliers.
Joseph Faignan avec son fils apprentif.
Henri Tilly avec un apprentif.
CHAPITRE IV.
Règlements du Magistrat.
1. Règlement du 3 juillet H06 concernant le vol des fruits, la divagation
des porcs, le prix du pain et de la viande.
Le Magistrat de cette ville estant informé que plusieurs habitans et
bourgeois souffrent impunément que leurs enfants et domestiques entren1
aux jardins des particuliers pour y ceuillir et abattre les fruits d'arbres, les
asportant et mangeant sans aucune maturité au sceu et veu mesme de leurs
parents, au préjudice des deffenses sy souvent réitérées ; pour à quoy
remédier et ensuite prévenir les maladies qui en peuvent provenir, l'on fait
à scavoir à tous et un chacun qu'Usaient à sérieusement deffendre à leurs
— 94 —
enfants et domestiques, et de prendre garde, de plus entrer, ny eux mesme,
es jardins tant fruitiers que potagers non à eux appartenants, à quel prétext
que ce soit, sans la licence du propriétaire, ny qu'ils souffrent ny permettent
qu'ils y prennent, ceuillent, ny abattent aucuns fruits à peine d'en estre
responsables et de trois florins d'or d'amende pour chacune fois qu'ils y
seront trouvés outre la restitution des fruits enlevés de laquelle amende le
dénonciateur en aura le tiers, les deux autres tiers à qui il appartiendrai.
De plus comme plusieurs s'abusent de laisser courre leurs porcqs par les
rues sans les renfermer, en sorte qu'ils vont es grains et jardins des parti-
culiers, y cousent notable intérest et domage au préjudice des deffensescy
devant faites, et de l'ordonnance de nos seigneurs du Conseil du 10 May
1691) pour ce émanée, l'on fait aussyà scavoir qu'un chacun ayt à chasser
ses porc saux champs devant le garde d'iceulx ou les tienne renfermé en
son estable à peine de l'amende d'un florin d'or statuée par la dite ordon-
nance pour chacun porcq quy sera trouvé ainsy courre les rues et non
renfermé. Ayant aussi le dit Magistrat considéré le prix présentement des
grains et besles de graisse a trouvé convenable de régler par forme de
police le prix des pains et viande comme s'ensuit :
Le pain de seigle de sept 1. un demi escalin, celuy de seigle tamisé 5 I.
pour un demi escalin. Le pain blan de farinne de froment une 1. pour un
sol. La viande de bœuf la 1. deux sols ; celle de vache la I. un sol et demy;
celle de moullon la 1. trois sols un liar ; celle de brebis, la 1. deux sols
trois Mars ; celle de chèvre la 1. six Mars, le tout monoye courante, suivant
quoy les boulangers et bouchers se conformeront jusques à autre règlement
à paine d'amende arbitraire contre ceux qui excéderont le prix cy dessus et
pour que personne ne l'ignore affiche en serat faite au lieu ordinaire. Fait
à La Roche le 30 juillet 1706. Par ordce P. Roberti.
2. Règlement concernant les jours de marchés, du 9 décembre 1724.
Premièrement que tous et un chacun bourgeois et habitans se régleront
à l'advenir comme souvent at été réglé cy devant et qui par cette se renou-
velle pour que chacun ne puisse prétexer cause d'ignorance.
Scavoir que les jours de marché personne ne se présume, tant habitant
du faubourg que de la ville, d'achepter grains, bœure, fromage, œufs,
volaille, ny autres choses quelques conques de denrées, pommes, fruits et
— 95 —
légumes telles espèces quelles soient et on puisse les nommer soit en leurs
maisons ou dehors avant qu'elles soient estaplées sur le marché à peine
d'une amende de trois flor.,Pun pour le dénonciateur appuyé d'un tesmoin,
les deux autres comme du passé.
Que les revendeurs ne pourront rien achepter en cette qualité aucune
des dites espèces ou densrées avant les dix heures écoulées soub les mesmes
peines, non plus que les bourgeois tels afforins soub les mesmes peines
mais seulement ceux qui ont ce droit pour leur consomption seulement et
non pas pour autruy non plus que les bourgeois de la ville.
Et à l'égard des bouchers, se conformeront soub la mesme peine de ne
vendre leurs viandes que sur le pied la livre de bœuf et junis grasses sept
liars ; celle de vache grasse six Mars ; le veau gras six liars ; le moindre
cinq liars ; le porc gras pour potage deux sols et demy ; la chèvre grasse
un sol ; le moutton gras deux sols ; la brebis grasse six liars.
Les boulangers ne vendront leurs pains qu'à proportion du prix du grain
qui pourat hausser ou diminuer soit blan, pain tamisé ou comme la farinne
se prend au moulin.
Et pour que personne ne l'ignore, ce présent règlement serat lu et publié
cejourd'huy au son du tauxin comme pareillement serat fait le jour de
marché prochain 15 de ce mois. Ainsi réglé jusque à autre changement sy
ainsy est trouvé raisonnable jour et an que dessus. C. R. de Nisramont.
Les pescheurs de cette ville et autres qui ont du poisson ou auront seront
pareillement obligés lestapler avant de les vendre aux étrangers ce qui se
ferat pareillement pour toutes sortes de gibiers ou volaille sans qu'il soit
permis de. les achepter de qui que ce soit clandestinement ny sur le plat
pais comme avant achepteurs soub les amendes statuées par les placartssur
ce émanés.
3. Règlement concernant les fours, cheminées, etc. du 31 août 1135.
Messieurs les Mayeur et Échevins de la ville et franchise de la Roche
pour prévenir et obvier aux malheurs que la fatale expérience a déjà fait
ressentir en cette ville en 1704, considérées aussi les grosses incendies
arrivées depuis peu dans plusieurs endroits, fait attention sur les plaintes
et rapports du risque des fours mal situés et défectueux, de mesme que
du danger des cheminées qui ont estes recognnes par la visite en présence
- 98 —
et par des maistres massons et charpentiers le 29 de ce mois, ensembles
des fourages que plusieurs particuliers ont mis dans leurs chambres- et gre-
niers près et allentour de leurs cheminées, ont réglés ce que s'ensuit.
Premièrement, deiïendent à toutes personnes, hommes, femmes, enfants,
petits et grands de quelle condition ils soyent, valets, servantes, domesti-
ques, d'aller au soir ny de la nuit dans les estableries et ez lieux ou il y a
des fourages avec chandelles allumées, ny aucune autre lumière, sinon
dans des lanternes bien conditionnées bien fermées de corne ou de vitre
et fer blanc, et non autres, à peine de trois florins d'or applicable a l'ar-
bitrage de la cour pour la première fois ; du double pour la seconde et de
correction arbitraire pour la troisième fois.
Dans quelles amendes le rapporteur qui sera creû sur son serment aurai
parte.
Que père et mère, maistre et maîtresse seront responsables de leurs en-
fants, valets, servantes et domestiques, comme les cabaretiers de ceux
qu'ils logeront et feront coucher sur leurs greniers à foing, s'ils y vont avec
leurs pipes allumées.
Deffendent encore aussy comme à l'article précédent d'aller de nuit par-
my les rues avec tisons ardents, allumettes et autres clartés qu'avec des
lantermes comme dessus est dit, aux mesmes peines.
Et pour oster tous les autres risques des dangers et défectuosités qui se
sont veus et trouvés par la visitte, Jean Bastogne, leur sergeant, aurat à
abbatre les fours qui luy sont désignés après qu'il en aurat fait commande-
ment aux propriétaires, comme à ceux qui sont sur son mémoire, de faire
endeans quinze jours ce qu'il leur ordonnerat, aux uns de rehausser leurs
cheminées, aux autres d'oster leurs fourages de leurs chambres et greniers,
comme à ceux à qui appartiennent des brasseries de ny mettre foing ny
paille en aucun temps, et deflence à d'autres de faire du feu tant qu'ils
n'auront fait travailler et mis hors du péril, de tout quoy il ferat rapport
et melterat dans sa relation par noms et surnoms ceux auxquels il aurat
fait les commandements, deflences et ordonnances pour y estre pourveu à
leurs fraix tant de cour que des ouvriers en cas qu'ils n'ayent satisfaits
dont visitte serat faite après les termes susdits, et pour que personne ne
puisse prétexter cause d'ignorance la présente serat lue et publiée au son
de tambour aux lieux accoutumés et affichée au lieu ordinaire ;
Comme il se pourrait que la cour n'aurait pas tout à fait découvert dans
la visitte les dangereuses défectuosités, ceux qui les cognoislront pourront
— 97 -
en advenir tel membre de la cour qu'il jugerat h propos pour y ester de
suitte pourveu. Fait à la Roche, le 31 août 1735.
Par ordonnance. H. de Tillieux en deffaut de Greffier.
4. Ordonnance louchant les fruits et les légumes des jardins et des vergers
du i3 août il '37.
Les Mayeur et Eschevins de la haute cour de la ville de la Roche, étant
persuadés de l'indolence des pères et mères envers leurs enfants qui les
tolèrent non seulement de manger des fruits non parvenus à leurs matu-
rités, mais aussi d'entrer impunément dans les jardins et vergers pour y
prendre les fruits et légumes, ce qui tôt ou tard pouroit ( : outre le vol : )
attirer quelque fâcheuse maladie en cette ville ( : Dieu préserve : ) dont on
at cy devant essuyé les tristes effets, ainsy pour prévenir pareil accident et
mesu, ils ordonnent très-sérieusement à tous et un chacun de quelle qua-
lité qu'il soit et défendent d'entrer dans les dits jardins et vergers, pour y
prendre des fruits, légumes ny toutes autres choses, à peine que les con-
trevenants seront sommairement et sans ligure de procès condamnés à une
amende de trois florins d'or pour la première fois, du double pour la se-
conde, et de chatoy corporel pour la troisième fois, et cas arrivant que
quel qu'un s'émauciperoit de commettre ces sortes de mesus nuitamment,
il encourera double amende. Et quant à ceux qui seront trouvés insolvables
de payer les amendes cy-dessus mentionnées, ils seront exposés au carcan
pendant l'espace de deux heures un jour de marché avec les fruits qu'ils
auront pris pendu à leur col. — Bien entendu que père et mère seront
responsables du fait de leurs enfants, maîtres et maîtresses pour leurs do-
mestiques ; et pour la plus grande observation des présentes, les rapports
des propriétaires seront crus sur leurs serments, par ce que souvent en
pareil cas on ne peut avoir des témoins ; et afin que personne n'en ignore,
la présente sera publiée et affichée au lieu accoutumé. Fait à la Roche
le 13e août i737
Par ordonnance. Chapelle, Greffier.
Je soussigné sergeant ay cejourd'huy 15 août 1737, publié et affiché la
présente à la Roche ut supra. J. Bastogne.
Le soussigné sergeant ay cejourd'huy premier août 17G2 republié et ra-
fiché la présente à la Roche ut supra. J. Dehive.
- 98 -
La cour aîant eu raport des mesus qui se commettent au mépris de la
présente ordonnance, ordonne qu'elle soit cejourd'hui reépubliée et en
outre la dite cour ayant connoissance que plusieurs particuliers s'émanci-
pent de jouer des jeux de hasard : en conformité des ordonnances, défend
très sérieusement pareils jeux prévenant que s'il y a des conlrevenans qu'ils
seront punis suivant les dites ordonnances. Fait à la Roche le 16 août
1768. (Signés) G.-J. de Xivry Vaneisden, Toussaint, Orban.
Le soussigné sergeant a ces authorisé d'avoir pluhlié et affiché la pré-
sente ces 17 jullet 1768 Jaspare Dochain.
5. Règlement de police pour les hussards et les Bourgeois de la ville
9$ i"/imimW 17 A A
23 janvier 1744.
Nous les Mayeurs et Eschevins de la ville de Laroche nous ayans assem-
blés plusieurs fois et conféré avec monsr le Major de la compagnie des
hussarts cantonnée en cette ville et plusieurs autres ofiiciers, et notamment
avec monsieur le Capitaine lieutenant au sujet de régler l'observation de
la police entre lesdits hussarts et les Bourgeois de cette ville autant que
faire se peut et doit pour la tranquilité, et pour obvier à tous inconvé-
niens, à quel effect les quartiers qui tomboient en plaintes tant à l'égard
des logements des hommes que chevaux, ont étés visités à l'intervention
même de nions1" Malemprée député de la parte des Etats à cet effect, et ledit
monsr le Capitaine-lieutenant, et notes tenues des défectuosités.
Il nous aurait aussi été requis par lesdits officiers d'ordonner aux bour-
geois d'observer les articles suivants, avec promesse qu'ils en feraient faire
de même par leurs hussars pour observer une harmonie mutuelle et si
désirée.
A quel effect nous ordonnons à tous et un chacun Bourgeois et autres
de cette ville leurs enfants ou domestics de se garder d'injurier lesdits
hussars et de se servir des termes non convenables à peine d'amende qui
sera la même decrettée à la plainte du sieur officier de cette cour, sans
aucune formalité de procédure, et cas arrivant qu'un ou plusieurs hussars
aurait aussi l'insolence d'injurier ou maltraiter un bourgeois enfans ou
domestic ou commettre autres excès, l'offensé viendra incessamment porter
sa plainte au dit officier de celte cour, qui se rendra auprès de leur offi-
cier commandant pour y être remédié d'abord comme il at été convenu,
pour de suitte en cas de non satisfaction être pourvu ou il appartiendra.
— 99 —
Il est aussi ordonné que les hôtes de chaque hussar veillent autant qu'ils
pourront pour connoître si leurs hussars ne se mettent en devoir de dé-
serter, ce qu'ils pourront connoître par la prise de leurs armes, eflects et
harnichements de leurs chevaux, nous ayans lesdits ofliciers donnés les
asseurances, que ledits bourgeois deveront en avertir le s1 officier de cette
cour pour y être remédiés sans que le rapporteur devra craindre d'être
connu et sera récompensé à cet eflects.
Il at été aussi convenu que ledits hussars seront retirés a sept heures du
soir dans leurs quartiers, et que s'ils s'attroupaient soit pour jouer ou
autrement après la dite heure, l'hôte chez qui ils l'auront faits, en avertira
aussi l'officier pour y être aussi remédiés.
Il est aussi ordonné qu'à la suitte pour subvenir aux charges de ceux
qui logent chez eux lesdits hussars, ils leur sera donné par ceux qui four-
nissent un sol et demy par semaine, déclarant qu'en cas de désobéissance,
il sera pourvu à leur charge par logement.
Et afin que personne ne puisse prétexter cause d'ignorance de la teneur
des présentes, elles seront publiées et affichées comme de coutume ; en
foy de quoy nous avons ordonné à notre greffier de signer par ordonnance.
Fait à la Roche le 23e de l'an 4744.
Par ordonnance. Jn Chapelle, Greffier.
Publiés et affiché le 25e de l'an \ 744 par le soussigné sergeant. J. Bastogne.
6. Règlement louchant tes bois. 27 novembre 1745.
Les Mayeur et Eschevins de la ville et franchisse de la Roche à l'inter-
vention du sieur Gillet Lamere et Martien de la Hayée, tous bourgeois de
cette dite ville et constitués des communs bourgeois vinagèrement assem-
blés lesquels commis ont soubsigné.
Ayant jugé avec messieurs du Magistrat d'estre nessesaire pour le bien
publique et la conservation du bois de la communauté de faire le règlement
suivant, savoir :
Premièrement que chaque bourgeois deverat ce contenter d'une charlez
de bois par semaine et cela aprendre dans le canton designé desoubles
Laides basses, dans landroit appelé le trous de la fanche pirre, comme il
est marqué et limitez par la marque ; et ceux avec leurs peltit cbaret de-
veront se borner à trois fois par semaine et ceux à dos une fois par jour.
— 400 -
Que l'on sera obligez de réserver les hêt et hestray y marqué, et tous
les chenues non marqués et les ceux qui sont marqués l'on pourra les
abatre ce qui est pour les chainnes tant seulement.
Que chaque particulier qui voudra y aller au bois par charetle sera obligé
de taire le bois luv mesme ou le faire deflaire par mains d'euvre et non
par les chartiés qui autrefois en ont fait négosse, à peine que ceux qui
seront trouvés, seront calangés.
Q'un chaquns qui y voudra aller couper une chartée de bois il ne lui
serat permis de couper ça et là. mais de couper dans l'endroit où il aura
commencé à Tentour de luv en rabinant tous ce qui nest reserves, et qui
seront coupé à un pied près de terre, les gros et les moindre à un demy
pied, et il ne serat permis à qui que ce soit de couper auxcuns bois crois-
sant hors du susdit quantont comme pour trainner desoub leur charette ou
autrement sinon les houppis bois secque ou parterre.
L'on ne pourra se servir du bois qu'a l'usage commun et point autre
ment comme pour brasser ou cuire pour vendre.
Aquoy l'on devera se conformer sans pouvoir aller à rencontre en ob-
servant les articles cy dessus dans tous leurs points à peine que tous ceux
qui seront trouvé à aller à l'encontre, ils seront punis et calangés tant
pour la réparation du lieu que pour les amendes encourues, comme il
plairat à la cour d'arbitrer, et affins que personne ne puis en ignorer,
nous ordonnons que le présent règlement fut publié et copié, affiché pour
la connoissance d'uns chaquns. Fait à Laroche, ce 27 novembre 1745.
G. S. de Xivery en deffaut de Greffier. P. Gillet. Gérard la Mère. M. Delhaye.
L'an 1745, le 28 novembre je soubsigné sergeant ay en plain vinage
assemblé, publié la présente et copie affichée à la Bretecque. J. Bastogne.
Pour copie et publication 12 sols.
7. Règlement concernant les cheminées, les cabarets, la propreté des mes,
la clôture des jardins, les marchés, 13 décembre 1755.
Messieurs
Messieurs les Echevins de la ville et franchise de la Roche. Remontre
très-humblement le soussigné majeur de celte ville qu'en cette qualité,
, il lui incombe de faire suivre et exécuter tous mandemens et ordonnances
concernants le service et la police et comme il n'en a trouvé aucun dans
la liasse, cause qu'il se relire vers l'authorité de la cour.
- 101 -
La suppliant très humblement de vouloir procéder aux rafrechissemenls
des ordonnances tendantes à administrer la police contre tous excès tant
au bois communal qu'en cette ville et franchise quoy faisant etc.
H. Naveaux.
Vu cette requette, les Echevins de la ville et franchise de la Roche ont
réglé les points et articles qui suivent, scavoir :
1° Un chacun aura à netoyer ou faire neloyer les cheminées de façon
qu'il ne coure aucun risque et d'en éloigner toute matière combustible.
2° Que personne ne pourra se trouver sans lanterne, bien conditionné
après les neuf heures, ny aller dans les écuries aussi avec chandelle sans
lanterne ny porter du feu d'une maison à l'autre sinon dans un vase bien
bouché.
3° Défendent a toute personne de tirer des instruments parmy
les rues et dans les cabarets sans la permission du majeur après neuf
heures.
4° Item défendent à tous cabaretiers et revendeurs de loger étranger sans
les dénoncer et produire certificat et de subministrer a qui que ce soit
aucune espèce de boison après les neuf heures du soir ny pendant les
offices divins les jours de fête et de dimanche a peine d'amende à encourir
tant par les revendeurs que buveurs.
5° Si auront les jeunes gens et autres à s'abstenir de tous jeux de ha-
zard.
6° Ordonnons à toutes personnes, Bourgeois et habitans d'ôter et enlever
les boues et autres immondices sans pouvoir les laisser amoncelées dans
les rues et particulièrement devant la maison de ville et ce endeans tiers
jours défendant a tous propriétaires de ramasser celles qui pouroient se
trouver devant les maisons ou sur les biens d'autruy et aura le sergent à
netoyer deux fois par semaine les boues qui pourroienl se trouver devant
ladite maison de ville et faire fidèle rapport de ceux qui contreviendront
tant au présent qu'aux autres articles.
7° Ordonnent a un chacun d'entretenir les clôtures des jardins et enclos
en tel état que le bétail n'y puisse entrer et défendent à toute personne
de faire troupeau à part et de retenir les bêtes qui auront profilé de la
grasse pâture ny de laisser courir les cochons avant et après la corne com-
mune.
8° Que nul ne pourra vendre aucune denrée soit grain, bœur et tout
8
— 402 —
autre vilaille sans préalablement avoir été élaplé et sans qu'aucun étranger
et revendeur puisse acheter la moindre chose avant les dix heures.
Ordonnant à tous qui il appartient de se régler et conformer selon ce à
peine d'amende arbitraire selon les circonstances des cas ; et sera la pré-
sente publiée et affichée pour la connoissance d'un chacun es lieux accou-
tumés. Fait à la Roche, le \S décembre 1755.
J. F. Rose, J. Philippin, M. Rigo, G. S. de Xivry, G. F. Jacqmin,
J. B. Toussaint.
Je soussigné sergent de la ville et franchise de la Roche, relatle d'avoir
le 14 décembre 1755, publié et affiché la copie de la présente ordonnance
au lieu accoutumé, et avoir derechef affiché le 15 et le 19 dito.
A la Roche ut supra. M. Poncelet.
Publié et raffiché la présente au lieu accoutumé le 3e de Tan 1757, par
le soussigné sergent.
M. Poncelet.
CHAPITRE V.
Paroisse et église de Laroche.
La paroisse de Laroche comprend actuellement, outre la ville et le fau-
bourg St-Nicolas, Beausainl-lez-Laroche, Harzé, Borzée, Villez et une
maison sur Ceureux. En 1786, le nombre des maisons qui en dépendaient,
était de 174, dont 101 dans la ville proprement dite, 32 dans le petit fau-
bourg de Clerue, au de la des remparts, 33 dans le faubourg St-Nicolas et
8 à Borzée. Beausaint-lez-Laroche, qui comptait six maisons, et la maison
de Harzé faisaient alors partie de la paroisse de Vecqmonl ; quant à Villez
avec six maisons, il appartenait à la paroisse de Samré. Lorsqu'il fut ques-
tion, en 1786, d'une nouvelle distribution des paroisses, on proposa d'an-
nexer Borzée, éloigné d'une lieue de Laroche, à la paroisse de Samré dont
il n'est distant que d'une demi-lieue, et de remettre Villez à Laroche dont
il est plus rapproché. On proposa également l'annexion des six maisons de
Beausaint-lez-Laroche et de celle de Harzé aussi à la paroisse de la ville.
« Nonobstant ce changement, dit la requête adressée au souverain à ce
sujet, la paroisse de Laroche restera la même que ci-devant, par rapport
qu'un curé de Laroche a toujours pris soin du hameau de Villez pour un
curé de Samré et celui-ci du hameau de Borzée au lieu d'un curé de La-
roche. La maison de Harzé et les six maisons du grand faubourg ont lou-
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jours été sous la direction d'un curé de la Roche par convenance avec un
curé de Vecqmont ; de sorte qu'un curé de la Roche n'aura que les mêmes
devoirs et les mêmes soins à prendre qu'il prenait ci-devant. » Ces propo-
sitions furent acceptées en ce qui touchait l'annexion de Villez, de Beau-
saint-lez-Laroche, de Harzé à la paroisse de Laroche ; quant à Borzée, il
fut décidé que ce village continuerait à faire partie de cette paroisse comme
auparavant.
Dans le principe,, l'église de Laroche fut un vicariat dépendant d'Orlho
et faisant partie du doyenné de Bastogne. La tradition porte, dit un Mémoire
du xvne siècle, écrit par un curé d'Ortho, que les habitants de la Roche
avaient coutume de se rendre a l'église paroissiale aux principales solemnités.
De bonne heure, ils furent affranchis de cette sujétion, et même dispensés
de contribuer aux réparations des édifices du culte ainsi qu'aux autres
charges paroissiales. « Seulement, dit encore le Mémoire cité plus haut, le
curé d'Ortho demeura primitive curé et patron de celle de la Roche, avec
reconnaissance d'un patagon annuel et de la conférer lorsqu'elle vague,
comme aussi l'autel de nostre Dame situé en l'église de la Roche »
Le curé d'Ortho conférait encore l'autel Sl-Eloy, qui fut démoli en 1637,
et dont les charges furent transportées a l'autel Notre Dame. Il avait en
outre le droit de patronage de l'autel saint Jean-Baptiste, auquel fut uni
dans la suite le bénéfice de l'autel Sl-Michel, qui fut aussi démoli dans le
xvne siècle.
Le curé d'Orlho percevait toutes les dîmes, grosses et menues, de Laroche;
mais il donnait sur ces dîmes, au vicaire de Laroche seize muids, dont un
tiers en seigle et le reste en avoine. A partir du xvir8 siècle, et « pour
éviter toutes disputes en provenantes journelement, dit le curé, auteur du
Mémoire ci-dessus, l'Ordinaire, par mon adveu et cession, a attribué et
confirmé audit vicaire toutes icelles dismes grosses et menues, mesmes
celles que le curé d'Ortho avoit sur le fief de Cyelle et Orliette, parmy et
avec toutes leurs charges personnelles et réelles et de surplus obligation de
payer par an à la S'-André, apôtre, par le dit vicaire au dit primitive un
patagon. »
Le vicariat de Laroche fut érigé en cure à l'époque où se fit cette cession,
et ce fut sire Louis Godart, bachelier en théologie, qui fut le premier curé
de Laroche. Sur la fin du xvme siècle, et sans doute en 1780, alors qu'il
fut question d'une nouvelle distribution des paroisses, la cure de Laroche
fut séparée du doyenné de Bastogne, et devint elle-même chef-lieu d'un
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doyenné qui prit son nom et dans la juridiction duquel furent comprises
les vingt-une paroisses qui composent actuellement le canton.
Ce fut sire Monrique son premier doyen. Il fut nommé en 1780 a la cure
de Laroche et il mourut en 1809.
Il nous reste a parler de l'église de Laroche, des confréries qui y furent
érigées et de l'ancien hôpital du faubourg Sl-NicoIas. Quant à ces articles,
je transcris en entier le Manuscrit de 1732.
« 11 y a très-longtemps, dit ce Manuscrit, qu'il n'y avoit qu'une chapelle
bien petite a la Roche ; elle ne s'élendoit que depuis les degrés du chœur
jusqu'à une douzaine de pieds près de la présente tour. La porte était dans
le flanc du côté du ruisseau, la voûte y est encore rebouchée de masson-
nerie et elle se voit encore à présent. I.lle étoit pavée de petits careaux de
tuile, jaunes et verts et il y avoit sur les murailles des histoires peintes de
l'ancien et du nouveau Testament. Celte chapelle avoit été brûlée dans le
quatorzième siècle apparemment quand la Roche fut brûlée par ordre du
comte Vernembourg comme cy devant. II n'y avoit dans la chapelle que
cinq petites vitres ; on l'avoit agrandie d'environ vingt pieds sur le devant,
et placé en haut un clocher en forme de quille soutenu par huit gros piliers
de bois mal polis, sur lesquels on avoit fait un plancher pour y aller les
hommes pendant l'office. Cette édifice avoit autant l'apparence d'une grange
que d'une église. L'année que la grosse cloche et la petite ont été fondues
est marquée sur icelles. La moyenne Ta été l'an 1451 ; il est écrit à l'entour:
Gloria in excelsis Ueo et in terra pax hominibus bonœ voluntalis.
« L'an 1544, on l'a encore ragrandie du beau chœur d'à présent où on a
remis le grand autel qui étoit au milieu entre celui de S'-Jean et de Ste-Anne,
et en sa place on y remit celui de S'-Michel. Il y avoit à ce chœur sept
grandes et belles vitres, qui ont subsisté près de 180 ans. Celle de derrière
l'autel avoit été donnée par Mr Maximus à Pontigonio, chanoine de
Ste-Croix à Liège, curé de la Roche sans résidence. Son portrait étoit en
bas d'un côté et de l'autre celui de sire Laurent Ferrier, son vicaire commis
résident. Le Concile de Trente qui commençoit alors, a réformé cette pra-
tique blâmable. L'histoire peinte de Jésus crucifié, de la Stc-Vierge et de
S'-Jean au deux côtés au dessous de la croix, occupoit toute la vitre.
« Dans la suivante, du côté de l'évangile, étoit bien représentée la naissance
du Sauveur, et les bergers qui venoient l'adorer avec leurs présents. Elle
avoit été donnée par Mr Jean de Waha, dit Raillonville, prévôt de la Roche,
qui y étoit en portrait bien naturel avec mrs ses fils d'un côté, et de l'autre
— 105 —
dame Catherine Carpentier, son épouse et les demoiselles ses filles. Les
armes des Waha et de Carpentier y étoient couronnées et placées au milieu
de la dite vitre. A l'opposite du côté de l'épître étoit l'arbre de Jessé sortant
d'Abraham et portant sur ses branches les rois de Juda qui étoient issus de
lui, et au haut de cet arbre, étoit la Ste-Vierge portant son fils Jésus. Le
portrait d'Adam Brisbois jadis Châtelain et prévôt de la Roche et de ses
fils d'un côté y étoit, et de l'autre le portrait de Catherine de Mesnil, son
épouse avec ses filles et leurs armes au milieu. Hors de la bouche d'Adam
Brisbois sortait ce beau passage de l'Écriture :
« Dilexisti juslitiam et odisti iniquitatem.
« Dans la troisième du côté de l'évangile étoit représenté le jugement
général et en bas de deux côtés étoient les portraits de messieurs les Mayeurs
et Échevins de la Boche avec leurs noms et armoiries. Mr Nicolas Feriere
étoit pour lors mayeur ; sa croix est enchâssée dans la muraille du portaille
du cimetière ; entre les armes étoient celles de la maison de Hamal.
« Dans la troisième du côté de l'épître étoit peinte la Ste-Vierge, Sl-Michel,
S'-Nicolas et en bas les portraits et les noms des maîtres des métiers de
Notre Dame, de Sl-Michel. Un se nommait Jean Burée qui était habillé
comme les jésuites commençants alors et sont encore à présent, à la cou-
leur près.
<i La dernière du côté de l'évangile représentoit la résurrection du Sauveur ;
sur le milieu, les images de SS. Crépin et Crépinien, et aux deux côtés de
S. Catherine et de S. Barbe. Cette vitre avoil été donnée par les maîtres
du métier des dits S. Crespin etc. A l'opposite, c'étoit l'adoration des trois
Bois et en bas les portraits et armes des Mrs d'Autel.
« L'an 1638, il y avoit en bas du chœur une treille haute qui le separoit
de la nefve ; au dessus étoit sur un soumier le grand crucifix et les figures
de la S. Vierge et de S. Jean qui sont a présent sur Maka ; et aux deux
côtés les apôtres en petite figure. Il y avoit pours lors quatre autels hors
du chœur ; celui de S. Jean par dessous le banc de Messrs de Groulart et
Xiviry ; celui de la S. Vierge et S. Anne par dessous le banc des Messrs
de Waha, à présent de Mesnil ; celui de S. Eloj étoit plus bas, et au
milieu entre celui de S. Jean et de S. Anne, l'aute! de S. Michel étoit placé
qui avec les deux autres susdits et les treilles cachoient presque tout le
chœur. La même année, on obtint des supérieurs la permission de démolir
l'autel de S. Michel et de réunir l'office à l'autel de S. Jean, et de démolir
celui de S. Eloy et en remettre le bénéfice a l'autel de S. Anne.
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« Du temps de Mr de Vignée Curé, on a ôté le grand Crucifix, la Ste-Vierge,
Si -Jean et les Apôtres d'où ils étaient placés, et on a remis les trois pre-
miers au-dessus du portail de l'église sous un toiteau couvert d'ardoises,
d'où on les a portés sur Maka pour faire place à la tour, laquelle a été
commencée l'an 1608; et, pour avoir le terrain qu'elle occupe, on a dû
démolir le devant de l'église et prendre environ dix pieds de la nefve et le
reste sur la rue, et y creuser les fondements avec grandissime peine à
cause de l'eau qui y venait abondamment et qu'on évacuait par un canal
dans la rue conduit jusqu'à presque la porte du Gravier.
« On y mit la première pierre le 6 avril 1698 comme la chronique le dit :
« HVIVs tVrrls Lapis fVnDaMentaLIs fVït posliVs scXta aprlLïs.
« Après une messe solennelle du St-Esprit, on bénit cette pierre avec bien
de cérémonies saintes en présence de toute la paroisse, d'un capitaine Ba-
varois commandant, auquel les Français avoient remis la place, ensuite du
traité de Ryswick, et de toute la justice.
« On a mis trois ans à faire la maçonnerie à cause de la courtresse d'ar-
gent ; il y a pour deux cents écus de pierres de tailles sur le lieu à Hamp-
teau avec celles des fenêtres et des chapelles sans la voiture : on a eu les
pierres de parmenls dans la carrière de Bausaint à la fontaine Givroule : on
donnoit pour la voiture d'une charée jusques devant l'hôpital un esquelin,
où il falloit encore les aller chercher.
« On n'auroil pu subvenir aux fraix qu'il auroit fallu faire pour arracher
dans les montagnes la très-grande quantité des pierres d'ardoises, qu'on a
employées h l'intérieur et le dedans de cette tour, si on n'avoit pas eu
l'occasion d'en acheter des entrepreneurs qui faisoient alors escarper le
château du côté de Gohette et de Clérue, et creuser les fossez du côté de
l'église, d'entre la Demi-lune et la ville ; celui d'entre le Cavalier et la
montagne de S.-Margueritte.
« Pour ménager le peu d'argent qu'on avoit, on fil venir les pierres de
tailles jusqu'au gravier sur des bateaux et les éclats de ces pierres pour en
faire de la chaux ; on avoit fait un grand four derrière l'église devant la
tannerie pour la cuire, laquelle étoit très-bonne.
« La ciselure des armoiries, qui sont au-dessus du portail, a beaucoup
coûté ; Mssrs de Herlenval, Doyen et Curé d'Ortho, Roberti de Nisramont
et Jacques Rasselle, Echevins, ont donné généreusement pour cela.
g On a eu en longueur d'avantage des Métiers de la ville, comme on le
déclare dans cette cronique mise au-dessus du portaille : Les Métiers ont
- 107 —
êtez genereVX à assister aUX fraïX De Cette toUr. On y a gravé ces deux
croniques latines au-dessous des armes de la Roche :
Hostes aDVersVs IesV fortlsIMa tVrrls VrbI RVpensT sis pla Vfrgo saLVs.
— Inslgnls RVpïs NICoLae patronVs es Vrbls nos petlMVs serVos DIVe
tVere tVos.
« La charpente du clocher et le dessin de celui en petites pièces de bois
ont été faits l'an 1701 par un frère Récolet. très-habile charpentier, nommé
F. -Jaque Gilson, natif de Romrée entre Sambre-et-Meuse, assisté de quatre
autres charpentiers ; ayant commencé le douze mars et seulement fini a la
Toussaint, ce frère a pour ce faire, resté neuf mois chez le Curé. La boule
blanche sous la croix est couverte de plomb, et passe en grosseur un tonneau
en sel.
« Le même a encore venu mettre le vieux clocher en bas, qui avoit été
atteint de la foudre, et les huit laids pilliers de bois qui le supportoient,
en aiant tiré les cloches et placées où elles sont à présent et fait les jambes
d'air du toit sur le rehaussement de six pieds de murailles de la nefve, dans
lesquels on a placé les grandes vitres qui y sont. Ensuite on a mis bas une
arcade de pierres de tailles qui étoit au devant du chœur et percé les deux
côtés de la vieille muraille de la nefve pour faire sur le cimetier les deux
autels de S.-Eloy et de S. -Jean.
« Ces deux autels ont étez fait et colorez aux frais des bénéficiers. Le banc
de Communion n'étoit du passé qu'à trois pieds du paspieds du grand autel,
on l'a remit où il est, pour avoir plus de place pour les officians les jours
solennels. L'an 1 69 E on a commencé à faire l'office solennel comme on le
fait à présent, selon les rubriques de Dumoulin.
a Le chœur et l'église n'étoient pavées que de laides ardoises, on les a
repavés des carreaux de pierres de tailles.
« On a eu les reliques des SS. Denis et Tiburce par l'entremise de F. -Jaque
Fauvage, jésuite, environ l'an 1675.
-.( On a bien eu de la peine de trouver argent pour fournir aux fraix de la
menuiserie du maître-autel et de son magnifique tabernacle au haut duquel
est :
JesV Vero ChrlslIanorVM CIbo DeVoVent.
« Environ 15 ans après Dieu a inspiré les généreux Seigrs Charles-Théo-
dore Comte de Waha, Chambelan de S. A. R. le Duc de Lorraine, colonel
de son Régiment au service de S. M. I. et C. natif de la Roche et Simon
Du Mesnil, colonel de cavalerie au service de Sadc Majesté et Gouverneur
— 108 —
de Grand Waradin en Hongrie, aussi natif de la Roche, de faire dorer du
plus fin or, marbrer et colorer ce bel autel et tabernacle magnilique, et
autres pièces qui l'environnent a leurs fraix l'an 1729 et 4732, et en recon-
naissance on y a placé leurs armes et titres d'honneurs.
a Le Sr Rendeux, natif de la Roche, très-fameux et renomé peintre et
sculpteur, a fait la dorure de l'autel. Le même a donné cette belle figure
de la S. -Vierge comme le dit la cronique qui est au-dessous d'icelle :
(( R. RenDeVX, eaM sCVLpsIt plnXIt et LargltVs est.
« Après avoir ci-devant fait a bon prix le très-beau tabernacle, en considé-
ration de son lieu natal.
« L'en 1705, S. E. le Prince de Barbançon a honoré notre Eglise de ses
armes, et a généreusement fourni aux frais de la vitre qui est au haut de
la nefve ; et à l'opposite sont mises celles de S. E. le Comte d'Autel,
Gouverneur de Luxembourg et Chevalier de la Toison d'Or, en considération
de ce que plusieurs de ses ancêtres ont étez en charge à la Roche.
« Sur les deux autres vitres plus bas ont étez posées les armes des Sgrs de
la Neuforge envoyé de S. M. C. à la diette de Ralisbonne, et De Mesnil
Sgr de Hollfels.
« Les Beneuciers de la Roche ont donnez les vitres de sChapellesavec le
sr Magonelte dit Ronson curé de Sl-Severin en Condros.
« L'an 1715, on a ôté les anciennes vitres toutes délabrées et irréparables,
et on a fait faire celles qui y sont à présent avec les armes et noms des
Srs Curés et Prêtres natifs de la Roche, qui ont donnez quelque chose pour
ces vitres et la peinture des armes.
« De l'autre côté on a mit les armes des Mssrs du Magistrat, duquel le
sr Jacques Rasselle éloit Mayeur, et le sr Claude Roberti dit Nisramont étoit
Echevin et Grefier, lesquels ont donnez quelque chose pour les vitres el
leurs armoiries. Sur la dernière vitre du côté de l'Evangile dans le chœur
sont encore les armes Mr Smeck, Rnd curé de Noville qui a payé la vitre
et les armes, et de Mr Hubert Nangnan, dit de S. -Martin, Colonel et com-
mandant des Mineurs de S. M. I. et C, natif de la Roche, son cousin, qui
a donné largement pour la vitre et les armes.
« L'an 1587, on a érigé dans l'Eglise de la Roche la Confrérie du Très-S.-
Sacrement, à la requête des Mrs Englebert Ferrier, Jean de Bande, Mayeur,
et autres zélés Bourgeois, et obtenus des indulgences.
« L'an 1630, on obtint du Général des Dominicains, l'institution de la
confrérie du S.-Rosaire dans la même Eglise, à la requêie du Sr Jean
- 109 -
Gilothaux, Curé, et de Mr Henri de Waha, Prévôt de M' Jean de Bande
Mayeur et M1 Jean Fauvage, Echevin et Grefier de la Roche, par l'entremise
de Mr Henri Wicourt, ardennois, Ecrivain et résident depuis 30 ans à la
cour de Clément VIII, Pape.
« L'an 1707, les PP. Récolets présentèrent requête à Mrs les Curé, Prévôt,
Mayeur et Echevins de la Roche pour avoir la permission de rebâtir la
Chapelle des pauvres de l'hôpital dud1 la Roche, avec quelques Bonis des
Revenus d'icelui et les aumônes des bonnes gens, pour y pouvoir dire la
messe.
c L'apostile fut qu'ils le pouvoient faire a condition qu'ils n'y diroienl la
messe fêtes et dimanches pour ne point détourner les paroissiens de la
messe et instruction paroissiales, qu'ils n'y chanleroient la messe et n'y
feroient aucuns oftices solennels sans la permission du curé de la Roche, et
qu'ils fourniroienl aux ornemens de la chapelle ; qu'on permettoit qu'ils
jouiroient du jardin des Pauvres en raccommodant et entretenant eux-
mêmes, à condition qu'ils fourniroient des légumes et herbes hors de ce jardin
aux pauvres résidents à l'hôpital. Celte apostile a été signée par Mrs les
Curé, Prévôt, Mayeur et tous les Echevins de la Roche, et ratifiée par
l'agrèement et signature de Mr de Tello, Gouverneur de la Roche.
« La copie de cette requête et apostille a été tirée sur du parchemin, et
authentiquée par le sr J.-G. Nollomoni nottr, et mise entre les mains du
curé pour être gardée après avoir été réalisée et mise dans les registres de
la justice.
« Nonobstant cela, environ l'an 1724, le Récolet stationaire de la Roche,
nommé P. - Charles Lidrick y contrevint formellement, quittant son
confessionnal et les pénitens les jours des solennités des Pasques, Ascen-
sion, Pentecôte et S.-Sacrement alloil sonner et dire sa messe immédiate-
ment avant la grande messe de la paroisse, malgré les admonitions et
oppositions du curé, qui fut obligé de s'en plaindre à Liège h Mgr le Grand
Vicaire, lequel cita ce Père devant lui, et le trouvant très-entêté, l'interdit
de l'administration des sacremens et de la parole de Dieu dans tout le
diocèse, ce qui mortifia beaucoup les HR. PP. Provincial, et le Lecteur
Jubilaire de Presseux, qui furent obligez de venir faire leurs excuses à
Mgr le Grand Vicaire qui avait l'esprit fort irrité. Depuis lors il a régné
une grande harmonie entre le curé et les PP. Stalionnaires, qu'il convient
d'être unis pour mener conjoinctement les âmes à Dieu. »
— 110 —
Vicaires et curés de Laroche.
Les plus anciens vicaires connus sont sire François, Jean Lambottin et
Englebert de Waillet. Maximinus a Pontigonio, chanoine de Sle-Croix à
Liège, leur successeur, se fit représenter h Laroche par sire Laurent Ferrier,
notaire apostolique, frère d'Englebert Ferrier et fils de Nicolas Ferrier,
mayeur de Laroche. Laurent, dans la suite, succéda à Pontigonio et fut
vicaire de Laroche jusque vers 1580. Vinrent successivement après lui :
Nicolas Ferrier, notaire apostolique et neveu du précédent, 1580-1608.
Jean Golothau, neveu de Nicolas, 1608-1636. 11 mourut de la pesle.
Jean Pétri, 1636-1639.
Louis Godart, bachelier en théologie, 1639-1655. Ce fut le premier
curé de Laroche.
Jean de Vignée, 1655-1690.
Servais du Pont. 1690-1739.
Troispont, 1739-1768.
Lozet, 1768-1780.
Monrique, 1780-1805. 1er curé primaire.
Dehives, 1805-1821.
L.-J.-A. Philippin, 1821-1840.
L. Lambert, 1840-1862.
MM. Richard Hockay, 1862-1870.
Eugène-Joseph Viance, 1870-1879.
A.-J. Geubel, 1879.
FIN DE LA DEUXIÈME PARTIE.
TROISIÈME PARTIE.
Pièces justificatives.
1. 1163, mois de juin. Henri, comte de Namur et de Luxembourg,
transporte à sa sœur Alix tous les alleux et les serfs qu'il possédait dans
les comtés de Namur, de la Roche, de Luxembourg, de Durbuy et dans
d'autres lieux.
Chroniques belges inédites. Luxembourg. Namur. Hainaut.Tomel,p.l27.
2. — 1209. Affranchissement de Beauraing.
« Charte donnée aux mannans de Beauraing par Thiebault, comte de
Bar, sire de la Roche en date de l'an mil IIe et IX. »
ïn nomine sancte et individue Trinitatis. Pour ce q il advient souvent q
ly traictemens humains qnj sont dignes de remebranche quj sont oubliez
et ensepvelis par anchienetez de tamps et fragillitez humayne il predet aux
saiges coscaulx que lez choses quj sont dignes de remebranche que on lez
mecl en recordance durable et tenable descripture. Et pour ce jou Thie-
bault, contte de Bare, seire de la Roche, à tous biens créans en Jyesuscrist
et quj sont presens et quj sont advenire fais acognoistre que ly mon de
beauraing syrre me ligge hoe atquictez aux bourgois de beauraing demorat
au tamps dore et autamps quj est advenire de mon plaisir et de mon ab-
sent, touttes exactions et tailles et louttes prierres acouslumées, mortes-
mains et calleinges de nopees entre personnes de perllees (et plaix que on
appelle generaulx et envasemet et usurpation generalleml et permanablemt
par la codition que sens1 cy après) c'est asscavoir que sy ly ung faisoit
violence à laultre q on appelle burinne et elle fusse prouvée par h ou par
m tesmoins, cil quj la violence averoit faict doibt payer sept solz de la
monoye du lieu pour le loy et pour le ban et s'il advenoit q led battelier
prisse armes quelles quj fussent et recomechasse la burynne et la seditoin
et la bataille cyl quj chou auroit recomechiez payeroit 1 et s. Après il
est establj q tout ainsiz q lez femes mariées goyet et usent de leurs douaires
toute leur vie en telle manierre ly homes mariés doyet goyr dez douayres
— H2 —
q viegnet de par leurs femes (toutes leur vie encoires estil octroyez que sy
ly maris et la feme ont prins vesture comunemet ensamble de quelqz choze
que ce soit) se ly ung en meurt ly aultre quj demorat evie doibt demorer
en telle possession et en telle verture sans reqrre nouvelle vesturre toulte
sa vie. Et aps est-il establj qu chun feu de la ville de beauraing payerat au
noel quallre chappz et h pasquos iiij drs au sr et toudis doibvel lez maisons
dez clers lez franchises accoustumées detenire, mais seens esdtes maisons
des clerqz demoroyet gens layc quj vigvasset de leur pain il doyet lez cens
dessusdit, et tout ainsy est-il dez maisons de chevalliers encoire est-il
adioustez à ces choses q nuls quj est de la maison du sr du chasteau ne
doibt estre receupt à telle franchise sans secogez et se il advenoit q ung
home estranger morast en la ville de beauraing quj neut nulz proismes,
ne en premier ne en second ne en therch degrez ly mortemain dicelluy
doibt venir e au sr du chasteau entierremet et sil advenoit que le sr du
chasteau fut faict chevallier ou fit son fils chevallier ou mariât son fils ou
sa fille ou ils fusse prins en proppre psone par guerre, les bourgeois de
beauraing dessusdit par le comung coseil de la ville de beauraing luy
doyent aydier doner du leur tant q il leur tourne à honeur et ly bourgois
de la Roche au bourgois de beauraing doibvent doner coseil tiesmoignaige
de leur droict, et s'il advenoit q qrelle et plaincte fut entre le sr du chattel
et sez bourgois ou enttre le bourgois et lauttre dez plaix et dez justices
ondoibt recoire a la justice et à la loy de la Roche et seloncq eaux doibt
estre ceste querelle la tournée et terminée. Aprez lesdits bourgois de
beauraing peullent recepvoir à leur franchize tous ceulx quy leur loist
recepvoir par droict et nulz auttres afforains se il nest a beauraing de-
morat ou se il nj est venu pour demorer il ne peullet a leur franchisse
recepvoir. Et pourtant que ly sirres de beauraing est mes hoes lyges est
la franchisse dessusdite faicte et octroyée par mon grez ly sirres du
chastel dessusdit at jurez de garder ladite franchise sans la briser et
jou pour ce q elle soit mieulx wardée et plus fermemet faicte à la prierre
ledit sr de beauraing lav cofermée et se il advenoit q se ly sirres du chastel
volsist contre son serment aller et brisier ladle franchise quj cy est escripte
jo suys cotent de le constraindre et de la warder. A ce faire furent appiellés
par sens homes honestres Thieris Demphalaze Nicolas de spontain et plus"
aultres. Ce fut faict en lan del Incarnation nre sr Jhecrist mil deux cent et
noefz.
Cette charte est d'un registre aux titres (n° 1) reposant dans les archives
du château de Beauraing.
— 113 —
3. — Lettres par lesquelles Philippe, Marquis de Namur, remet a ses
neveux Jeanne, comtesse de Flandre et de Hainaut, et Fernand son mari,
la convention qu'il avait faite avec Bauduin, comte de Flandre, son frère,
concernant l'échange à faire des terres de Laroche et de Durbuy ; a con-
dition qu'ils aideront Yolente, sa sœur, comtesse d'Auxerre, avant que les
lettres de convention soient rendues. Ils seront obligés de conserver le
domaine de Marie, Marquise de Namur, sa femme, et de protéger son cher
et féal Bauduin de Lobiis. Ils doivent faire tout cela par le conseil de Ni-
colas de Condé, et de Wauthier de Fontaines. 1212 a Blaton. Original en
parchemin, scellé du sceau du dit Philippe, en cire blanche brunie, bien
conservée, pendant a double queue de parchemin.
St-Genois. Flandre. Inventaire chronologique des titres de la Flandre à
la chambre des comptes à Lille.
4. 1265, 24 janvier. Samedi après la St-Vincent au mois de janvier.
Jean, abbé de Mirouart et tout le couvent font connaître qu'ils ont échangé
avec Henri, comte de Luxembourg, leur grange de Hemnas, sis à Laroche
en Ardenne, avec dépendances. Cet échange fut approuvé, le 5 mai 1265,
par B. ... , abt:é de Septfontaines. « In Burgundia, prœmonstratensis
ordinis Lingonensis diœcesis : quod nos venditionem de domo de Hanas
cum suis perlinenliis, juxta castrum quod vocatur Roches, Leodiensis diœ-
cesis, à viris religiosis, abbate et conventu ecclesi;e Mirevallis, quaa noslra
est filia specialis, nobili viro Henrico, comili de Lucemborc et Margaretha,
ejus uxori factam, laudamus et approbamus. »
Publications de la Société pour la recherche et la conservation des mo-
numents historiques dans le Grand-duché de Luxembourg. T. XV, année
1859.
5. 1268, mars (v. st. ?) Renais, sire de Hans-sur-Lesche, fait savoir
qu'il a accompagné (s'est associé avec) Henri, comte de Luxembourg, à
Hans-sur-Lesche, et en tous ses fiefs qu'il tient de lui, comme portent les
lettres sur ce faites. Il est entré dans cet arrangement pour la croissance
de Han et pour sun bien. Le comte Henri lui a donné en échange quinze
livrées de terre à blés en son passage à Vernuel, lesquels il tiendra du dit
comte comme seigneur de Laroche. Publications de Luxembourg.
T. XV, année 1859.
6. 1269, 28 janvier. Datum à D. 1268 secunda feria ante feslum Puriû-
cationis B. V. (vieux style). Henri, comte de Luxembourg et Henri, son
fils aîné, Gérard de Luxembourg, comte de Durbuy, Guillaume, comte de
- 114 -
Julicrs, et d'autres seigneurs, se rendent caution de Waleram, duc de
Limbourg, délivré de captivité sous condition. Il avait été fait prisonnier a
Cologne dans la nuit du 15 octobre 1268 Ernst. Hist. de Limbourg. IV,
316. Publications. ... de Luxembourg. T. XV, année 1859.
T. 1270. Lettres par lesquelles Henri, fils aine de Henri, comte de Luxem-
bourg, déclare au nom de son père, que messin1 Henri, sire de Mirewart,
est devenu son homme lige, et de ses hoirs, comtes de Luxembourg, après
l'Evêque de Liège, le comte de Bir et l'abbé de St-Hubert, et a repris en
fief lige du dit Henri de Luxembourg, sa ville d'Anwaine, Mazebrouc et
tout ce qu'on y tient de lui.
Henri de Luxembourg lui donne, au nom de son père, tous les hommes
qui lui appartiennent es bans de Houmont, de Cevigney, en la mairie de
Morheits, dans les cours de Morecy, de Wesqueville, et dans les villes de
Frenz et d'Arville, qu'il tiendra de lui. Ils s'obligent réciproquement à ne
retenir aucuns hommes des terres qui leur appartiennent.
Ce fief et seigneurie de Mirewal relève du comté de Laroche et le comte
de Luxembourg ne pourra poursuivre aucun homme Sinlual, dans celle
terre, ni dans l'avouerie qui est de la terre de St-Hubert s'il n'est habitant
de ses terres, il en sera de même du seigneur de Mirewart, 1270, le mer-
credi après la Trinité (en Français).
Copie donnée par le prieur de Cons, et Renart curé de Cons, premier
Carlulaire du Hainaut, pièce 138.
St-Genois. Inventaire chronologique de la Flandre à la Chambre des
comptes à Cille.
8. 1270, 1er février 127!. Veille de la Purification. Henri, sgr de La-
roche, fils légitime de Henri, comte de Luxembourg et marquis d'Arlon,
déclare consentir a la donation du droit de patronage de l'église St-Martin
à Arlon et des appartenances et chapelle au couvent du St-Esprit à Luxem-
bourg. Relation du monastère du St-Esprit, fol. 105. Publications ... de
Luxembourg. Tome XV, année 1859.
9. 1275 (12 mars 1275 v. st. ou 3 mars 1276 n. st.). Mardi après la
dimanche reminiscere. Renaus, sire de Hans-sur-Lesse, fait connaître qu'il a
reporté en la main de Henri, comte de Lucelb., sgr de Poillevache, tout
le fief de Spontin, des ban et dépendances, qu'il tenait de lui en fief et
en hommage ; il agrée que Simon, sires de Rialrains (Beauraing) et Ni-
choles de Saules, chevaliers et autres, qui tenaient de lui leurs fiefs, les
reprennent de Henri, comte de Luxembourg. Balduins d'Avennes, sires
- 115 —
de Biamont, Gerars de Lucelb., sires de Durbuy, Henri deufalize, Sohier
de Bourxeit, Arno-uls de Rodemoure, Pierars de Jones et Jehan de Re-
cogne furent présents à ce record. Henri, sires de deufîalize a apposé son
sceau.
Publications de Luxembourg. T. XV, 1859.
10. 1275. Commencement de la guerre de la vache qui dura jusqu'en
septembre 1277. Le comte de Luxembourg, allié de Beaufort et ennemi
des Liégeois, saccagea le Condroz et assiégea Ciney. Les Liégeois de leur
côté brûlèrent plus de trente villages dans le Luxembourg et ravagèrent la
prévôté de Poilvache.
Publications de Luxembourg. T. XV, 1859.
11. 1277, en avril. Compromis par lequel Gui, comte de Flandre, et
marquis de Namur, Henri, comte de Luxembourg, tant en son nom qu'au
nom de Henri, son fils, comte de Laroche, Gérard de Luxembourg, sei-
gneur de Durbuy et Jean, évêque de Liège, nomment des arbitres pour
terminer les différents qui existaient entre les trois premiers d'une part, et
l'évêque de Liège de l'autre part.
Chroniques belles inédiles. Luxembourg, Namur, Hainaut. Tome 1, p. 14.
12. 1282,23 mai. « Alars, dis Hustins de Marche, prévos de la Roche, »
notifie la vente laite à l'abbaye deClairefontaine par « Ansillons, fils Anseas
de Hierves (Hives) qui fut,» de l'obligation où elle était de lui faire hom-
mage pour la menue dîme de Hives. Cartulaire de Clairefontaine, page 75.
Analyse due à l'obligeance du R. P. Cofhnet d'Arlon.
13. 1288, 6 mars, 1289, n. st. Lettres par lesquelles Henri, comte de
Luxemboug, sollicite de Jean d'Avesnes, comte de Hainaut, répit pour
l'hommage qu'il doit lui faire, et le prie de recevoir à hommage sa mère
pour son douaire de Laroche en Ardenne.
Compte rendu de? séances de la Commission royale d'histoire ou recueil
de ses bulletins. — Troisième série. — Tome XII. Edition 1871, pp. 344
et 345.
14. 1290, 12 juin. « Henri Perignon de Frainois, prévos de la Roche
et de Bastogne, » « notifie que « Ansellons, li fis Ansial de Hieves, qui fut, »
renonce aux prétentions qu'il élevait à charge de l'abbaye de Clairefontaine
au sujet de l'hommage de la dîme de Hives. — Dans cette charte figurent
comme témoins : « li home madame contesse de la Roche, c'est assavoir :
messire Baduins Pennios de Vellerou, borgois de la Roche, messire Lu-
dekins de Greis, nom monsignor le comte de Luccembourg ; Limbolle de
- 418 —
Vileir ; Gossuins de Jupilhe, Jehan, le Wisiers madame la contesse ; Cu-
rars, maire de la Roche ; Lambers li Polens de Vellerou ; Watelès d'Aste-
noii ; Henris de Verleit ; Jehan, ses fils ; Henris et Lambins de Hierves ;
Hues de Preille, etc. »
Cartulaire de Clairefontaine, p. 98, R. P. Goffinet.
15. 1301, Vigile de Pâques. Béatrix, veuve de Henri III, comtesse de
Laroche, constituée arbitre par Gérard de Grandpret, sire de Houfalize,
statue par acte daté de la vigile de Pâques 1304.
Publications .... de Luxembourg. T. XVI, année 1860.
10. 1304, 3 septembre. Accord entre le comte de Hainaut et le comte
de Luxembourg au sujet des terres dont celui-ci fit hommage au premier,
de la Roche et de Durbuy, etc., et des prétentions du comte de Hainaut
du chef de sa femme.
Compte rendu des séances de la Commission royale d'histoire etc. T. XII
pages 391 et suivantes.
17. 1305, 28 juillet. Traité conclu entre le comte de Hainaut et le comte
de Luxembourg, au sujet des assennes faites a ce dernier et des hommages
qu'il devait pour Laroche, Durbuy, etc.
Compte rendu des séances de la Com. roy. d'hist. T. XII, pages 425
et suiv.
18. 1324, le 0e jour de feneaul. Beausaint érigé en seigneurie hautaine.
Jehans, par la grâce de Dieu rois de Behaingne et de Pollanie et conte
de Lucenbour, faissons scavoir à tous, que corne nre chier et bien aimeis
fealle Rennair Hadreis, escuire, sire de Beausen et de tous appendices et
destiennoit de nous en fiefs, selon la loy de la vcstieit de Liège, laquelle
terre desseure nomée nos consenton ledit Rennair et ses hoirs, saingneur
de Beausen et aient en la dite terre saingneurie haut et bais et partant que
ce soit ferme chose et estable si avons nos faict appendre à ceste pnte
lettre nos propre seaul. Ce fut fait et donnée l'an milhe trois cens et vingt
quatre le cix jour du mois de feneaul. Extrait de l'original par moi Engle-
bert Ferrier par ordonnance et consentement du prévôt et hommes.
Laroche. Cour féodale. 1563-1590.
19. — Affranchissement de la ville de la Boche.
Nous Jehans, par la grâce de Dieu, Roys de Behangne et de Polaine et
Cuens de Lussembourc, faissons savoir a tous que nous par bone délibé-
— 117 —
ration de nre Conseil, et pour acroistre lonour et la noblece de nie dite
conteit, et spéciament de nostre vilhe de la Roiche en Ardenne, avons
doneit, otroiet et confermeit, donons, otroions et confermons pour nous et
pour nos hoirs contes de Lussembourc et de la Roiche, aux boirjois de
nre dite vilhe de la Roiche, tant de fuer cme dedens, ceis franchisses en
tous cas, que ils ont useit et maniet anchiennemt sens mal engien. Et
avec ce p la dite ville faire mouteplier, leur avons pour nos et p nos hoirs
eaus et leurs hoirs, quit, clameit et quiteit, quit, clamons et quittons ppe-
tuement, toutes demandes, prières, tailhes, exactios d'argent ne d'autre
chosses, ne empruns, que nous ne nos hoirs, contes de Lussembourc et
de la Roiche, leur pewiens ne deviens dcmandeir ne requerre pour cause
de raairiaige, de chevalerie, ou de prisson, ou d'autre cas où nos dis boir-
jois fuissent tenus à Nous ou a nos hoirs, en ognoison des causes devan-
dites, saul nos rentes, nos amendes, nos revenues et droitures teiles que
li esschevins dou dit lieu nos wardent. Et parmi ce, doient nos dis boirjois
de la Roiche, fremeir de mur boin et suffisant et de portes nre dite ville
de la Roiche à leur cost et despens, et les doient détenir à tous jours mais
à leur despens, et dès maintenant y doient mètre et meteront chasscun an
cent livres de petis tourinoirs ou monoie à vailhant, juskes adont que li
ovraiges seroit pfais, et leur devons à ceste foi livreir arbarastres et greaus
et dedont en avat y les doient détenir à leurs despens et doient li di nos
boirgois estre armeis sulïisament chasscuns selon son estaut p nos svir, et
aussi doient à leurs boirgois afforains prendre charoit, bues, moton», pors,
ensi que autre foi at esteit useit pour nos chevachies, et doient avoir douze
arbarestrers pour nos svir en nos besoingnes, et qui doient joyr des
pveleges que saielet leur sont de nous et de nre dite ville, si longment
qui semblerat estre boin et pourfitable à Nous et à nostre dite vilhe.
Lesquelles frchisses devandites Nous p Nos et p nos hoirs, avons pmis
e£ pmetons loialement en bonne foit à tenir fermement, paisinblemnt,
frchemet à tous jours sens aleir encontre à temps présent ou avenir. Et
mandons et comandons a tous nos sugis que en la manière devantdite le
tengnent sans aleir encontre. En lesmoignage de laquelle chosse, nous
avons fait saieler ces présentes lettres overtes de nre gnt saiel. Qui furent
faites et données à Bastongne l'an de grâce nre singr mil trois cent trente
une le tier jour d'avril.
Le sceau de cette charte, dont l'original se trouve dans les archives de
9
— H8 —
la ville <Je Laroche, a disparu. Il ne reste plus que la petite bande de par-
chemin a laquelle il était appendu.
20. — Reconnaissance en français et sur parchemin, Scellée du sceau en
cire blanche à moitié rompu de Jean, Roi de Bohème et de Pologne, comte
de Luxembourg, par lui donnée, de tenir en foi et hommage du comte de
Hainaut, de ses successeurs, comtes de Hainaut, le comté de la Roche, les
château et terre de Durbuy, avec leurs appartenances, excepté la ville et
Prévôté de Marche en Faumene, laquelle il ne tenait d'autre que du comte
de Hainaut.
A Noyon, le 1er mai 1334. St-Genois. Inventaire des titres de la Tréso-
rerie des chartes a Mons.
21. — Reconnaissance de Jean, Roi de Rohêmc, donnée aux Rourgeois de
la Roche. f \
Nous Jehans, par la grâce de Diey, Rois de Beeme, de Poil et Cuens de
Luccelborch, faisons savoir à tous que nos devos et somes tenus à nos
bourgoys de nre ville de la Roiche deux cens petis florins de Florence
qu'il nos ont psteis et délivreis en rachetant nostre tore de Vilance, lequelz
lours avons en covet à reprendre cascun an trente florins tant qu'il aient
releveis les dis IIe florins aplusapparilhies rentes et revenuwes de nre ville
de la Roiche, qlles q soiet, ou de nos autres bins apptenanlà nre chasteal.
Et mandons et commandons à tous nos oflicyers et subgis q quionqs isoit,
pr le tens q de ce lours laissies joyr sans faire nul empechemt et pmi celi
grâce q faite nos ont, lors déportons de faire fermeteit en lour ville cest
esteil vénal pchain q covet nos avoienl. Doneit à Marche desos nor saieal,
l'an délie nat nre Sigr ml ecc et trente cinck mardi le qtorzeme jour de
march.
L'original de cette charte se trouve dans les archives de la ville de La-
roche ; le sceau en est détaché et à moitié rompu.
22. 1342, 9 avril. Lonpreit. Jean, sire de Jemeppe, chevalier, reprend
en fief et en hommage du roi de Bohême et comte de Luxembourg, la
maison et forteresse de Noville et plusieurs francs-alleux ; biens qui lui
sont échus par le décès de Thomas de Noville, chevalier, père de Cathe-
rine, sa femme. Ce fief de Noville relevait du château de Laroche et pouvait
valoir annuellement 10 livres petits tournois. Berlhoul, prévôt de la Roche,
appose son sceau à cette charte.
Cartul. 1546, fol. 152 v° archiv. du gouvernement à Luxembourg.
— H9 —
23. 1342, 20 décembre. « Pouchin, prévost de la Roche ; Henri de Ne-
cheveur ; Henri le damiseal de Croule, Jehan le wouwei de Seybrex :
Lambrek de Wambay ; Colin de Fiezène ; Lamboreal de Cens, Bastien
Lawet, maiour de la Roche ; Henri Cokeal, eschevin de la Roche et plu-
sieurs autres, » figurent comme témoins dans une charte de Jean l'Aveugle
concernant les biens de Clairefontaine à Hives.
Cartulaire de Clairefontaine p. 170. Note due a l'obligeance du R. P. Gof-
finet.
24. 1343, 1er juillet. Liège. — Accord entre Adolphe, évêque de Liège, et
Jean, roi de Bohême, au sujet de la juridiction du Tribunal de la Paix
dans le comté de Laroche.
Nous Adolf, par la grâce de Dieu, Evesques de Liège, faisons savoir à
tous que nous eut sur ce maour Conseil et plaine délibération, del consent
ausi de nre vénérable chapitle de Liège et p la conseil et pryère des nobles
homes, des chrs, des Escuiers, de cheaz de nre citeit, et des autres bones
villes de nre eveschiet de Liège, de tous debas et questions qui ont esteit
ou seront ou poiroient estre, entre excellent et poissant prince, nre très
cher cousin et féal nions1 Johan, p la grâce de Dieu, Roys de Bœme, comte
de Lucemborg et de la Roche et Marchis d'Erlon, et ses subgiez de l'une
part, et Nous Evesques et nos subgiez de l'autre sur les poins et articles
chi desouz escrits somez accordeis et accordons ensemble pour maintenir
paiz et amour entre Nous et nos subgiez d'un costeit et de l'autre, en la
manière que chi après s'ensuit. Preimiers, que on ne puist de cest jour en
avant appelleir devant nous Evesqs à la paiz a Liège, les borgois de la
ville de la Roche, en Ardenne, demorans en la dte ville résidenmet, ni
aussi cheauz qui demouret résidenment dedens les termes délies conteit de
la Roche, corne nous soiens sufiîsanmet enfourmeis que li borgois deseurdit
et li manat en la dte conteit de la Roce quant à ce, d'ancienneteit, en
doivent estre franc ; ce adjousteit se aucuns devinent ou veulent devenir de
cest jour en avant, de novel borgois de la dte ville de la Roche, ou mananz
en la dite conteit de la Roche, qui avant ce eussent méfiait es cas pour
lez queez on les peust appeleir à la dte paiz, il ne devront estre en ce cas
contre la dite paiz tenseis ne defîenduz, et chil aussi qui des ores en avant
seuront recheuz à la borgesie de la dte ville de la Roce, devront faire en
la dte ville de la Roche résidence p lespase de demi an et un jour conti-
nuelemet, chascun an, selonc la costume de l'afforaine borgesie de Liège,
— 120 —
et, se ce ne sont, ils ne seuront par raison de riens de la dte borgoisie
affranchis que on ne les puist appeleir à la dtc paiz à Liège, llemdes voge-
mens q on a acous'umeit de faire devant les eschevins de Liège sur les
homes de la terre le conte de Luccemb, sonies à ce accordeit et accordons
que nous evesqs de Liège ferons briefmet, senz delay une teile ordinance
et accemprance p le conseil de nos eschevins de Liège, par lesqlles chil
de la terre le conte de Lucccmborg ne seuront plus presseis ne greveiz
contre la loy ancienne. Item des borgesies et des salvems que chil Rienes
avoient acquis à cheaz de Rivongne et dez fores de cheli meisme lieu, es
queils cheaz de Ryvongne demanloient droitures, somes accordeiz et accor-
dons que chez borgoisiez, salvems et droitures soient nulles, et q chil de
Rienes ne soient des ores en avant par la raison des dtes borgoisiez et
salvemenz de cheauz de Rivongne deffendus ne gardeis. Item nous consen-
tons que la maison, ou fortereche que messr Thieris de Argenteal, chrs
jadis, avoit comenchiet à édiffyer à Entynnes, la qlle estoit deffendue à
à faire soit réabandonée, et que li hoir du dit monsr Thierry, ou autres
s'il leur plaist le puissent faire corne nous aiens troveit, que drois ne fuist
ne ne soit de forcomandeir. — Item des cnlredis, des excoications des
officialz forainz et des peurureurs forains et deventrenz des queiz li dis
Roys et si subgiet de la dte conteit soi plandoint, sûmes à ce accordeiz et
accordons que li novel statut par nous, evesqs, sur ce et pour ce fait et
ordineit dez queiz li dis Roys at la copie desouz nre saiel, soient de cest
jour en avant gardeiz et tenus antièremt et que chil qui les effraindront et
feront en contre en queil cas que che soit, soient corrigiez et punis selon
leur meffaiz. Pour laquelle chose mètre deuemt à exécution, Nous, Evesques,
députons et comédons des maintenant vénérables et discreis homes maistres
Elbert de Retnicourt de nre grande église, Wille deure. Johan de Corwareme
de nre église saint Johan en Liège, chanones et Andrier de Ferrier, advo-
cant en nre Cour de Liège aus quels nous donons plain povoir et mandemet
especial de détraire et adjousteir auz dis status ou eauz modereir, selonc
ce q bon leur semblera et raison serat, afin que chil de la dte conteit ne
soient contre droit formineiz et aussi de troveir voiez et faire ordinace par
les qlles chil qui effraindront les ds status ou modérations ou feront encontre,
soient de leur niellais si corrigiez et punis, que le dit statut soient tenuz
et gardeis entiremet, salveit à nous evesqs et h nre officiai de Liège les
amendes qui pour ce seront enjointes et aussi la plaine exécution d'icell, et
avons encovent q ce que li dis quatre deputeit en ces choses en ordoneront
— 121 -
et feront nos tenrons et ferons tenir pour ferme et estable et les feront
maintenir senz aucun deporteir. Et pour tant que toutes ces choses soient
bin tenuez et accomplies nous evesqs nre seal et nos li Caplez de Liège le
saeil de nre églie et nos li maistrcs li jureiz, li consealz et toute la
comuniteit et Universiteiz délie citeit de Liège, le seal de l'Universiteit
avons fait appendre à ces pntes lies en tesmognage de veriteit. Ce fut fait
et doneit à Liège l'an délie natwiteitnre sgr ml quarante trois le premier
jour de juillet.
L'orignal de celte charte se trouve dans les archives de la ville de
Laroche. Le sceau seul de l'évêque existe encore, mais est détaché de la
charte.
25. 1345 feria sexla post festum nativitalis. Jean, roi de Bohême, comte
de Luxembourg, consent à ce que Pontzetus de Merzeri, chevalier, reçoive
en fief de l'archevêque de Trêves sa maison fortifiée (domum suam ad instar
fortalicii aedificatam) dans la ville de Merzerey, dans le comté de Laroche
(Rupensi) et déclare n'avoir aucun droit sur ce château.
Bulletins de la Commission royale III.
26. 1346, « le jours de feste de Jacques, XXJIII jours au mois de juliet. »
Jean, roi de Bohême, comte de Luxembourg, déclare avoir donné en gage
à Arnould d'Arlon, h qui il doit plusieurs sommes d'argent, tous les revenus
de six divers biens dans le comté de la Roche, jusqu'au parfait rembourse-
ment de toutes ces sommes.
Bulletins de la Commission royale III.
27. 1348. 17 avril. Apparaît Régnier de Schonowe, à qui le roi Charles
avait engagé les comtés de Vels (Laroche) et Derby (Durbuy) pour 20,000
réaux d'or. L'Archevêque de Trêves dégage ces comtés le 17 avril 1348.
Le 9 juin suivant, le roi engage à l'archevêque le comté de la Roche qu'il
a racheté de Raynard de Schonouwe.
Bulletins de la Commission royale III.
28. 1349, mi idus februarii. Charles, roi des Romains, de Bohême,
comte de Luxembourg, reconnaît devoir à Baudouin, archevêque de Trêves :
1° 15.000 marcs prêtés à Cologne et à Mayence ; 2° neuf mille marcs
d'argent donnés pour le rachat du comté de !a Roche, de l'avouerie de
Stavelot et de Malmédy, des villes de Merci et de Bastogne, et des sei-
gneuries de Durbuy et de Rulant ; 3° six mille marcs qu'il lui a prêtés lors
de sa nomination à l'empire ; 4° vingt mille marcs prêtés dans le besoin.
Pour ces sommes, il lui vend ses comtés de Luxembourg et de Laroche,
- 122 —
l'avouerie de Stavelot et de Malmédy. les villes de Marche et Bastogne, le
marquisat d'Arlon (mais laissant en entier les droits du douaire de Béatrix,
veuve de son père Jean, sur ce marquisat*, les seigneuries de Durbuy et
de Bulant, avec les villes, châteaux, juridictions, habitants, etc., le prieuré
de Luxembourg et d'Arlon, tous ses châteaux, villes, biens, etc., sur les
bords du Rhin jusqu'à Boppard ; a condition qu'il pourra en disposer libre-
ment, les vendre, aliéner, engager, etc ; jusqu'à ce qu'il ait remboursé les
50 mille marcs prédits.
Datum Colonise, anno etc.
Bulletins de la Commission royale III.
29 — Lettres de V Empereur Charles IV aux habitants de la Roche.
Carolus Dei gratià Romanorum semper Augustus et Bohemiae Rex uni-
versis et singulis Abbatibus, Prœpositis, Caeterisque Ecclesiarum et
Monasteriorum Rectoribus nec non Baronibus, JNobilibus, Militibus, Clien-
tibus, Burgraviis, Oflicialibus, Civitatum quoque opidorum et Villarum
Universitatibus, aliisque omnibus cujuscumique dignitalis status aut condi-
tionis hominibus, in Comitatu et Dominio Rupense residentibus, ad quos
présentes pervenerint fidelibus nostris gratam regiam et omne bonum.
Cum nos illustri Wenzeslao l.uxemburgensi Comiti fratri nostro charissimo,
ex sinceritate et fraternae charitalis affectu, quo ipsum ut fratrem nostrum
suis exigentibus virtutibus digne prosequimur, dictum comitalum Luxem-
burgensem (prout vestram fklelitatem credimus non lalere) duximus red-
dendum fidelilati vestrae seriosè et omnino volenles mandamus quatemus
eidem fratri nostro, in omnibus et singulis, tanquam vero et legitimo Domino
vestro sicuti personse nostrse proprias obedire, intendere et parère prompta
benevolentia fidelitatis debealis, aliud non fieri prout nostram gratiam
conservare diligitis et favorem. Datum in Treviriis iij die mensis Februarii,
Regnorum nostrorum anno octavo. — Tiré des Archives de Luxembourg
(Bertholet).
30. 1354, 2'i octobre. Château de Quesnoy. — Marguerite, comtesse de
Hainaut, etc., fait savoir que Wenceslas de Bohême, duc de Luxembourg,
s'est dévesti entre ses mains des fruits et revenus du comté de la Roche
et de la terre de Durbuy, et qu'elle en a investi Waleran de Limbourg,
sgr de Ligny.
Publications de Luxembourg. XXIV (II).
31. 1354, 11 novembre, le jour de St-Martin d'hiver. — Lettres de
- 423 —
Wenceslas de Bohême, duc de Luxembourg, par lesquelles il donne à Jeanne
de Brabant, son épouse, pour son douaire, le comté de Laroche el la terre
de Durrebuis, tenus du comté du Hainaut. Ont souscrit : Henri, comte de
Saumes (Salm), Thieri, sgr de Hufalize, etc.
Publications de Luxembourg, XXIV (II).
32. 1360, IGjuillet.Ivoix. Confirmation des privilèges de la ville de Laroche
par Wesceslas 1er.
Record du mayeur et deséchevinsde la ville de Laroche du 10 avril 1574.
33. 1362, 18 janvier. Ivoix. Le duc Wenceslas 1er remet le droit de
morte-main aux habitants de la prévôté d'Ardenne.
Neyen. Histoire de la ville de Baslogne, p. 282.
34. 1368, quarta die mensis februarii, regno nostro anno XXVII, imperii
vero XÏII. Datum Frankerfurth. Charles, empereur des Romains, confirme
le douaire assigné par Wenceslas, duc de Luxembourg, de Brabant et de
Limbourg, à sa femme et consistant dans les comtés de la Roche et de
Chiny, de la Ferlé etc.
Publications de Luxembourg, XXIV (H).
35. 1378, 8 février. Lulzenbourg. — Les villes de Luxembourg, Arlon,
Echternach, Thionville, Marche, Oie (Yvoix?), Baslogne, la Roche, Virton
el Marville, reconnaissent la disposition du duc Wesceslas (du 30 janvier
1378) d'après laquelle s'il venait a mourir sans héritier direct, elles passe-
raient avec le duché de Luxembourg h la couronne de Bohême.
Publications de Luxembourg, XXIV (IT).
36. — Promesse en latin et en parchemin, dont le sceau est perdu, faite
par Wenceslaus, Roi des Romains et de Bohême, par laquelle il s'engage
que, lorsque le comté de la Roche et la seigneurie de Durbuy, qui sont
des biens appartenant aux ducs de Luxembourg, lui seront échus par la
mort de Jeanne, duchesse de Brabant, sa cousine, qui en jouissait pour
son douaire, il fera au comte de Hainaut ce que ses prédécesseurs, ducs
de Luxembourg, ont fait à l'égard des autres comtes de Hainaut. — A. Yvoy,
le 23 septembre 1384. F. 90.
St-Genois. Inventaire des titres de la Trésorerie des chartes de Hainaut
à Mons.
37. 1407, 15 février. Datum Karlstein. Wenceslas II accorde des armes
à la ville de Laroche.
Wenceslaus, Dei gratiâ Romanorum rex, semper Augustus et Bohemiae
rex, notum facimus tenore prœsenlium universis, quod propter fidelia etutilia
— 124 —
servitia nobis per Mayerium, Consules et communitatem oppidi nostri
Weltz, fidèles nostros dilectos hucusque fideliter impensa et in poslerum
eoquidem fidelius impendenda ipsis non per errorem aut improvide, sed
animo deliberalo sano et fidelium nostrorum accedente consilia et de
cerlâ nostrâ scientiâ tanquam dux Luczemburgensis et verus ac naturalis
dominus prœdicti oppidi indulsimus et virtute praesentium gratiosius indul-
gemus, ut ipsi novum sigillum pro usibus oppidi ipsorum videlicet;
Leonem album cum cauda duplicata in campo rubeo, quo videlicet in
vexilla coronae nostraa regni Boemiae utiraur ; cum linea lazurii congrue ad
collum leonis in clipeo transversaliter transeuntem et de câdem lineâ parvas
seu brèves très lineas usque ad pectus leonis descendentesfacere, schulpere
et efligiare valeant atque possint quo in singulis suis necessitatibus uli vel
poteri debeant, quemadmodum alise pradicti Luczemburgensis ducatus
civitates suis sigillis utuntur et quomodo libet potiuntur piaesenlium sub
regia nostrœ majestatis sigilla lestimonia litterarum.
Datum Karlstein, anna Domini millesimo quadringenitesimo septimo, die
quinta décima februarii, regnorum nostrorum anno Bœmiœ quadragesimo
quarto Romanorum vero tricesimo primo.
Ad raandatum domini régis. H. Patriarcha Cancell.
Extrait du mémorial administratif.
38. 1420, 29 mars. Breslau. — Sigismond donne aux frères d'Autel la
garde et le commandement de Laroche en Ardenne.
Texte en allemand. Extrait de la table chron. des chartes et diplômes
relatif à Phisl. de l'ancien pays de Luxembourg par M. Fr. X. Wurth-
Paquet, Président de la Cour supérieure de justice a Luxembourg, 1871 , p. 7.
39. 1426, 1er avril. Tocas. — Sigismond, roi des Romains, reconnaît
devoir a Jean et à Huart d'Autel, une somme de 18 mille florins du Rhin,
à laquelle sont évalués les dommages et impenses de feu leur père ; il leur
assigne les revenus de Laroche, en Ardenne, jusqu'au remboursement de
la dite somme.
40. 1427, 1S mars. — Copie de record fait par les hommes de Chastel à cause
de appeal del paix.
Nous les peires et hommes de la Roche en Ardenne faisons savoir que
par la vertu des lettres que nous avons vehues saiélée des saeals
de Révérend peire en Dieu Adolphe par la grâce de Dieu évesque de
Liège ensquele est contenu que ceaus de la conteit de la Roche
— 425 —
ne doient estre appeleis à la paix a Liège Anchois en doient estre frans co
ce plus aplain est conlenut en dites lettres si est que par l'apprise que
fait avons à nos prédécesseurs nous tenons ceaus de Marche en Famenne
estre de la conteit de la Roche et partant tenons que ils ne doient estre
point appeleis a la dieu paix. En tesmoignage desquels chouses nous Renard
d'Argenteal segneur de Houfîalize, Rohert seignr de Spontin et de Han sur
Leiche peirs, Willeme de Bolan seigr de Roley et de Vaulx, Johan de
Coraine sire de Wynangne, Joh. Bonsar sir de Jupille, Ernoud de Warden,
Joh. de Wavreilhe, Joh. de Clerue, Staskin de Soy avons taut pour nous
co pour nos autres comperres et homes dédit chastel de la Roche en signe
de veriteit a ces pntes lettres ont es applakeit et fait applakir nos propres
saiels fait et don lan mil Mil et XXVII au mois de Marche le XVIIIe jour-
— Registres de la Cour féodale du Comté de Laroche, 1427.
4!. 1431 (7 avril). Geben zu Nurenberg am samslag nach sant Ambrosien
tag, unser riche des Hungerischen, etc., in dem 45 des Rômischen in dem
21. und des Behemischen im eilften jahre. — Sigismond, roi des Romains,
etc., déclare que pour récompenser les services lui rendus par la noble
famille d'Autel et particulièrement par Jean d'Autel, et en vue de l'indem-
niser des dépenses qu'il a faites, il lui engage le château de la Roche, en
Ardenne, pour une nouvelle somme de deux mille florins à ajouter aux
autres.
Archives, ville de Bastogne. Vidimus du 9 juillet 1446. R. W. P.
Extrait de la table chron. de M. Wùrth-Paquet, p. 61, 1871.
4°2. (1459, n. st.) 1458, 20 mars. Slilo Gallico acta in claustro magno
Sli-Martini Turonen. — Guillaume, duc de Saxe, et Anne, sa femme, ven-
dent et transportent à Charles, roi de France, le duché de Luxembourg et
les comtés de Chiny et de Laroche pour la somme de 50 mille écus en or.
Extrait de la table chron. de M. Wùrth-Paquet, 1876, p. 40.
Voir les actes du 2 janvier 1459, 20 mars 1458 (1459, n. st.), 23 juin
1459, etc.
43. 1459 (17 avril). Datum Eckersperg. — Guillaume, duc de Saxe et
de Luxembourg, landgrave de Thuringe, marquis de Misnie, comte de Chiny
et de Laroche en Ardenne, et Anne, fille d'Albert, roi des Romains, de
Hongrie et de Bohême, et d'Elizabeth, celle-ci fille aînée de Sigismond,
empereur des Romains, roi de Hongrie et de Rohême, duc de Luxembourg,
comte de Chiny et de Laroche, en Ardenne, la dite Anne, femme du prédit
Guillaume, duc de Saxe, héritiers de feu Ladislas, roi de Hongrie et de
— 126 —
Bohême, font savoir aux nobles chevaliers du duché de Luxembourg et des
comtés de Chiny et de Laroche, en Ardenne, qui leur sont restés fidèles,
que pour des causes raisonnables, ils ont transféré leurs droits sur les dits
pays à Charles, roi de France, et que les dits nobles doivent à celui-ci
prêter foi et hommage.
Table chron. de M. Wùrth Paquet, 1876, p. 47.
44. 1459, 21 avril. Datum in rupibus Scissilionis. Regni nostri XXXVI.
— Charles, roi des Français, duc de Luxembourg et comte de Chiny et de
la Roche, en Ardenne, déclare que Guillaume, duc de Saxe, et Anna, sa
femme, lui ont transporté le duché de Luxembourg et les comtés de Chiny
et de la Roche; et vu la fidélité de ses féaux Gerardus de Rodetuacher,
Philippe de Sirch, prévôt à Trêves, et autres nobles qui ont tenu le parti
de leur prince légitime, il leur confirme les privilèges et coutumes dont
ils ont joui jusqu'à présent.
Table chron. de M. Wùrth-Paquet, 1876, p. 49. Voir l'acte du 21 avril
1459.
45. 1462, 1er août. In Castro nostro Eckersperge. — Guillaume, duc de
Saxe, et Anne, sa femme, déclarent qu'en 1458 ils avaient cédé leurs
droits sur le duché de Luxembourg et les comtés de Chiny et de la Roche,
à Charles, roi de France, pour une somme de 50 mille écus en or, sur
laquelle somme ce roi leur a fait payer 10,000 écus; que Charles, roi de
France, étant venu à décéder au mois de juillet 1461, ils se sont adressés
à son successeur le roi Louis, qui les a renvoyés pour le payement de la
dite somme a Philippe, duc de Bourgogne, tenant les dits pays par engagère
auquel il avait cédé ses droits. Guillaume, duc de Saxe, et Anne, sa femme,
consentent à ce que celte session ait son plein et entier effet. En consé-
quence, ils désignent Pierre Knovre et Rudolphe Schenken, leurs manda-
taires auprès du duc Philippe de Bourgogne, pour traiter avec lui.
Table chron. de M. Wùrth-Paquet, 1876, p. 101. Voir les actes de 1462,
15 août, Ie1' et 3 septembre, 4 et 18 octobre relatifs au même sujet.
46. 1462, 25 novembre. Amboise. — Louis XI, roi de France, fait
cession à Philippe, duc de Bourgogne, de tous ses droits sur le duché de
Luxembourg et les comtés de Chiny et de la Roche en Ardenne, acquis
par feu son père le roi de France des duc et duchesse de Saxe et consorts,
pour la somme de 50,000 écus. Louis XI fait cette cession gratuitement et
ce à raison de sa proche parenté avec le duc Philippe et le singulier amour
que celui-ci a toujours eu pour lui.
Table chron. de M. Wûrth-Paquet, 1876, p. 126.
- 127 -
47. 1463, 17 septembre. Au chastel de Hesdin. Lettres patentes de
Philippe, duc de Bourgogne, qui ajoutent le duché de Luxembourg et les
comtés de Chiny et de la Roche au ressort de la chambre des comptes de
Brabant, et règlent la composition de cette chambre, etc.
Table chron. de M. Wûrth-Paquet, p. 12.
48. 1463, 11 décembre. Bruges. — Philippe, duc de Bourgogne, etc.,
donne la terre et seigneurie de Han-sur-Lcch, qui est un des quatre anciens
fiefs de Pairie du comté de la Roche, à Jean l'Orfèvre, chancelier de Bra-
bant et président du conseil à Luxembourg, pour le tenir de lui en fief.
Table chronol. ci-dessus, p. 13.
49. 1465, 18 avril. Bruxelles. — Philippe, duc de Bourgogne, etc, donne
à Antoine, bâtard de Bourgogne, comte de la Roche en Ardenne, sa maison,
située à Bruxelles, près de son hôtel, qui avait jadis appartenu à Jean
Coustain et qui lui était échue par droit de confiscation, en échange d'une
autre maison que le dit Antoine possédait dans la même ville.
Table chron. ci-dessus, p. 27.
50. 1467, 8 août. Bruxelles. — Charles, duc de Bourgogne, etc. mande
à un procureur-général de Brabant, Malempas, de délivrer à un amé et féal
chevalier, conseiller et chambellan, messire Philippe Pot, seigneur de la
Roche, la maison du comte de Nevers a Bruxelles.
Compte-rendu des séances de la Commission royale d'hist. de Belgique,
Série IV, T. III, p. 51.
51. 1473, 9 février. Liège. — Jean de Trina, chevalier, seigneur de
Grune et de Masbourg, mayeur de Marche en Famcnne, déclare s'être
transporté a Halleux et d'y avoir ordonné aux prévôt et hommes de la Roche
en Ardenne, d'aller a chef de sens à Luxembourg, on vertu des lettres
obtenues par l'abbaye de St-Hubert de Guillaume de Grenert.
Cartulaire de l'abbaye de St-Hubert, fol. 82 V° arch. Bruxelles. Analyse
due à l'obligeance de M. Wùrth-Paquet, ainsi que les cinq suivantes.
52. 1477, mars. — Antoine, grand bâtard de Bourgogne, seigneur delà
Roche en Ardenne, fait prisonnier le 5 janvier 1477, à la bataille près de
Nancy, est livré par René, duc de Lorraine, au roi Louis XT.
Barante. Hist. des ducs de Bourgogne, Tome XXII, p. 113. Brux. 1825.
53. 1483 (23 juillet). — Mercrdi après Sainte-Madelaine. — Thierri
d'Autel, seigneur de Hollenfeltz, déclare vouloir maintenir ceux du comté
de la Roche en Ardenne, dans leurs libertés et privilèges.
Arch. de la ville de Luxembourg. Original en allemand.
— 128 —
54. 1484, 28 janvier. Donné a Melun. — Charles, roi de France, déclare
que Jacques de Savoie, seigneur de Romont et Marie de Luxembourg, sa
femme, et la sœur de celle-ci sont compris dans le traité conclu à Arras.
Ont signé, Mr le duc de Lorraine, les comtes de Clermont, de Vendôme et
de la Roche en Ardenne.
Lunig. Codex Germaniœ diplomaticus. Vol. IL Col. 1715.
55. 1487, 21 décembre. — Jean, archevêque de Trêves, répond à un
officier de Salm au sujet des actes de violence dont il se plaint et qui ont
été exercés par ceux de Houflalize, de Laroche, Marche et Bastogne. Il en
entrediendra sérieusement le marquis Christophe de Bade, gouverneur de
Luxembourg qui viendra passer chez lui les fêtes de Noël.
56. 1-488, 12 mai. Gand. — Confédération entre les députés des Etats
des provinces de Brabant, Flandre, Hainaul, Zélande et Namur. Antoine,
bâtard de Bourgogne, comte de la Roche en Ardenne, a été invité avec
d'autres à ratifier le traité.
Th. Juste. Hist. des Etats gén. des Pays-Bas. T. Il, p. 170-175.
57. 1519, 3 juin. Bruxelles. — Confirmation des privilèges de la Roche
par Charles- Quint.
Charles, par la grâce de Dieu, Roy de Castille, de Léon, de Grenade,
d'Arragon, de Navarre, des deux Siciles, de Walence, de Majorque, de
Sardene, de Corsire, Archiduc daustrice duc de Bourgoingne, de
Lothier, de Brabant, de Styer, de Karinte, de Karmole, de Lembourg,
de Luxembourg et de Gheldres, conte de Flandre, de Habsbourg, de
Tyrol, d'Artois, de Bourgne palatin et de Haynu, Lantgrave Delsate,
Prince de Zuave, Marquis de Bourgau et du Saint-Empire, de Hollande, de
Zéelande, de Ferette, de Fribourg, de Namur et de Zutphen, conte seigneur
de Frise, des Marches, de Sclavonie, de Portenau, de Salins et de Malines.
A tous ceulx qui ces pntes lettres verront, Salut. De la part de noz bien
amez les Prévost, Mayeur, Eschevins, Bourgois, manans et habitans de notre
ville de la Roiche en Ardenne deppenden de nre pays et duchié de Luxem-
bourg, Nous a pntement esté exposé et remonstré, Corne par ci-devant, il ail
pieu à feuz noz prédécesseurs, Ducz et ducesses de Luxembourg, Contes et
contesses de Chiny, que Dieu absoille, octroyer et accorder à lad ville plu-
sieurs beaux prévilèges, libertés et franchises ; et entr'autres feu Jehan Roy
de Polaine, lors conte de Luxembourg, en l'an mil trois cens trente ung,
octroya et accorda à lad ville, que les bourgois et habitans d'icelle, joyroient
— 129 —
et useroient de la franchise et exemption de toutes tailles, exactions, aydes
et autres impositions quels conques. Lequel previlège a depuis esté coulermé
tant par feuz Jehan, Roy de Polaine, conte de Luxembourg, que Wences-
laus, Roy des Romains et Duc de Luxembourg, que Dieu absoille, corne
par les Ires patentes de nosd prédécesseurs sur ce expédiées appert plus a
plain. Et jasoit ce que lesd exposans et leurs prédécesseurs aient toujours
depuis plainement et paisiblement joy et usé desd privilèges, franchises et
libertés, néanmoins pour ce que depuis nre émancipation et réception à la
Sgrie de nre d pays et Duchié de Luxembourg, lesd previlèges n'ont par
Nous esté conferméz, ratifiiez ne apppouvéz, ils doubtent que l'on ne leur
veuille cy après donner empeschem en la joyssance d'iceulx qui leu tourne-
roit à grand regret, domaige et intérest, En nous requérant que attendu
ce que dit est, mesmement ensuyant la promesse à eulx fcte par nre très
chier et ame cousin, messr Frederick, Duc en Ravière, Conte Palatin du Rin,
par nous comis à la réception d'icelluy nre pays et Duchié de Luxembourg,
nre bon plaisir soit leur confermer, ratiflier et approuver leurs sd previlèges,
selon la forme et teneur des lettres de nosd feuz prédécesseurs, sans aucun
changement, et sur ce leur faire expédier noz lettres paten à ce ptinen.
Savoir faisons que Nous, ces choses considérées, désirans le bien el
entretenement de nred ville de la Roche et inclinans favorable-
ment à la supplication et requeste des d exposans, avons par bon
advis et meure délibération de conseil, confermé, raliffié et approuvé,
confirmons, ratifiions et approuvons par ces pntes tous et quelz conques
les previlèges à eulx donnez, octroyez et accordez par nos dis feuz prédé-
cesseurs, Ducz et ducesses de Luxembourg, Comtes et comtesses de Chiny,
que Dieu absoille. leur consentant et accordant qu'ilz puissent^ pourront
joyr et user d'iceulx previlèges selon la forme et teneur des 1res qu'ilz en
ont obtenues d'iceulx nos prédécesseurs, prouveu toutes voyes qu'ilz en
aient bien deuement et paisiblement joy et usé jusques a prit. Si donnons
en mandement à noz amez etféaulx les Gouverneur ou son heuten et Gens
de notre Conseil aud Luxembourg, et à tous noz autres justiciers, officiers
et subgetz cui ce puet et pourra toucher et regarder, leurs lieuxten et à
chun d'eulx en droit soy et si corne a lui appartiendra que de noz pnte
grâce, confermation, ratification, approbation, octroy et accord et de tout
le contenu en cesd pntes selon et par la manière que dit est, ils facent
souffrent et laissent lesds exposans et leurs successeurs plainement et
paisiblement joyr et user, sans leur faire mectre, ou donner ne souffrir,
— 130 -
estre fait ou donné aucun d'estourbier ou empeschement au contraire, Car
ainsi nous plaist-il.
En tesmoing de ce, nous avons fait mectre notre seel à ces pntes. Donné
en nrë Ville de Bruxelles, le ni jour de Juing, l'an de grâce mil cinq cens
et dix neuf, et de notre règne le quatrième.
L'original de cette charte se trouve dans les archives de la ville de
Laroche. Le sceau est à moitié rompu.
58. 1526, 4 juin. — Record du Mayeur et des Echevins de la Roche
concernant les franchises de la dite ville.
Le vingt quatrième jour de Juing, l'an quinze cens et vingt six, par
devant nous Mayeur et eschevins de la Roche en Ardenne, situé au duché
de Luxembourg, comparurent en propre psone les mrebourgois et plusieurs
aultres bourgois pour et au nom de tous lesd bourgois de lad Hoche, nous
remonstrant nonobstant que leurs prédécesseurs, selon le contenu de leurs
Chartres et previlèges, fuissent estre tenu de cloure et fermer de muraille
et thour suffissnt lad ville de la Roche, pmy certaine somme de deniers par
chun an mis aud ouvraige tant que lad ville, thour et ouvraige fuisse pfaicle
et ferme, et qui plus est, doient lesd bourgois entretenir lad ville de mu
raille à leur despen selon le contenu desd chai 1res, ce que lesd bourgois
ont fait et font journelement à leur propre despen ; Lesq, pmy tel édifice
tel édifice et entretenement lesd bourgois de lad ville et de dehors, seroient
à toujours maix tenu quicte et exempts de tout taille, couvées, prières,
exactions, emprumpt d'argent, mariage, chevalerie, prison et de tous aultres
droix en quoy lesd bourgois fussent tenus. Or est-il que du pnt l'on les
veult faire payer une ayde de seze patt par feus accordée à l'Empereur nre
Sgr par les Etats dud Luxembourg, à quoy semble lesd bourgois qu'ils
soient grandemet travaillie et que cest totalement contre leur franchiese.
Nous requérant que leur voulsissimes déclarer ce que en astions salvans et
wardans, nous les ung aulx aultres conseilliés, ayant visité lesd Chartres
lesquelles sont raliffiés et confermés par l'Empereur nre Sgr, nous raportons
que selon le contenu d'icelles lesd bourgos doient estre francs de tous
poings contenu esd Chartres, pmi tel redevabilité contenu aux originals en
icelles, icy dessus déclaré, si ce n'est leur volunlé de donner aucune grâce
à l'Empereur, ce que lesd bourgois puellent cordialement et de bon cœur
par cy dnl avoir fait ainsi que par copie d'icelles collationnées par Me Charle
Verderne puelt appoir icy ce que ne leur doit tourner à préjudice contre
— 131 —
leur previlège. Tesmoing de vérité nous avons icy appendu le seel de la
Roche duquel nous usons en tel et semblable cas, les an et jours dessus
escript.
L'original sur parchemin se trouve dans les archives de la ville de La-
roche. Le sceau a disparu.
59. 1530, 30 juin. Malines. — Nouvelle confirmation des privilèges
de la ville de la Roclie par Charles Quint.
Charles, par la divine Clémence, Empereur des Romains, toujours
Auguste, Roy de Germanie, de Castille, de Léon, d'Arragon, de Navarre,
de Naples, de Sicile, de Majorque, de Sardaigne, des Yles Yndes et Terre
Ferme, de la Mer Occiane, Archiduc d'Autrice, Duc de Bourgoingne, de
Lothr, de Brabant, de Lembourg, de Luxembourg, etc., Conte de Flandre,
d'Artois, de Bourgoingne palatin et de Haynau, de Hollande, de Zéelande,
de Ferette, de Fribourg, de Namur, ect. Prince de Suave, Marquis de
Burgau et du Saint-Empire, Seigneur de Frize, de Salins, de Malines, des
cité, villes, et pays d'Utrecht et d'Overyssel, et Dominateur en Asie et en
Afrique, etc. A tous ceulx qui ces pnts 1res verront, Salut.
De la part de noz bien amez les bourgois manans et habitans dedens et
dehors de nre ville et conté de la Boche, en Ardenne, nous a esté exposé
comment feu Jehan, Roy de Bohême et de Polaine, en son vivant conte de
Luxembourg et de la Roche en Ardenne, pour accroistre la dite ville en
honneur et noblesse, et la multiplier de bourgois et manans, a décoré icelle
ville de plusieurs beaulx previlèges, et entre autres par ses Ires patentes,
en date du me jour d'Avril l'an mil mc xxxi, octroyé auxdits supplians et
leurs prédécesseurs, pour luy, ses hoirs et successeurs contes du dit Luxem-
bourg et de la Roche, exemption etquictauceà perpétuité de toutes prières,
tailles, aydes, exactions d'argent, d'emprunts et d'autres choses quelz
conques que luy, ses hoirs et successeurs leur pourroient jamais requérir
ou demander pour cause de mariaige. de chevalerie, de prison, ou d'autres
cas dont les dits suppls seroient tenuz faire subside aud feu Sr Roy et ses
ds hoirs et successeurs contes dud Luxembourg et de la Roiche, saulf les
rentes et amendes qne les Eschevins dud lieu gardent. A charge que
moyennant lad exemption les ds supls seroient tenuz d'entretenir
perpétuellement et à toujours nre dite ville de la Roche de portes,
tours, munailles et autres ediffices quelz conques à_ leurs frais et
despens, et aussi à charge de plusieurs autres services, corne d'estre armez
- 132 -
souffissammeiit chun selon les estât, et prendre à leurs bourgois afforains,
chariots, bœufs, moutons et porcs, ainsi que d'ancienneté a esté usé, et
aussi de livrer douze arbaleslriers pour servir le dit Sr Roy, et ses dis
successeurs Ducs de Luxembours en leurs guerres et armées, comme ces
choses sont plus au long contenues esdites 1res paientes lesquelles ont
depuis par nous esté confermées, et dont la teneur de mot à autre s'ensuyl :
« Nous Jetians par la grâce de Dieu lîoys de Behangne et de Polaine. . . .
Ici est inscrite la charte de 1331.
Et jasoit que les ds supps deussent en rayson et équité paisiblement
joyr et user de la dite exemption et franchise d'aydes selon et ensuivant le
contenu desdeds Ires de privilège; toutes voyes pour ce que depuis la con-
cession d'icelles, ils peuent aucunes fois et mesmemeut depuis xx ou xxx
ans en ca et plus, avoir par simplesse. ignorance, et contre leur gré
et consentement, et aussi par force d'armes et exécutions réelles
et violentes, avoir payé leur portion en aucunes aydes qui nous ont
esté accordées par les Estats de nre pays de Luxembourg. Ce
que en raison et équité ne leur devroit prejudicier ne tourner en
conséquence, nre receveur général de Luxembourg, ou autres noszcomis
et députez a collecter et recevoir l'ayde derrt a nous accordé, sans avoir
regart ausds previlèges, menassent journellement lesds suppls de les con-
traindre par réelle exécution à payer leur portion au dit ayde. Au moyen
de quoy les dictz suppls pour la grant charge qu'ils ont pntement a sup-
porter tant à cause de la couverture d'ardoises de deux tours de nreil ville
que puis uagaires ils ont refaîtes tout de nouvel, et de certain pan de mur
d'environ trente ou quarante thoyses, puis nagaires illec tombé et lequel
leur fauldra faire couvrir et refaire tout de nouvel en ceste saison d'esté à
leur grosse despens, seroient contraincts de laisser et habandonner nre
dicte Ville, par ce que obslant leur povreté, impossible leur seroit porter
et furnir toutes les cherges dessusdictes, se n'est que de nre Grâce leur
soit sur ce pourvcu, en nous suppliant très humblement que en ayant
regart à ce que dit est mesmement à leur povreté, et qu'ils ont toujours
jusqu'à put bien et deuement entretenu nred dicte Ville de portes, tours,
murailles et autres édiffices quelconques, à leurs gros frais et despens, et
fait et accomply les autres cherges et services dessusdicts quant requis en
ont esté, notre bon plaisir soit les faire souffrir et laisser joyr et user de leur
susdicts previlèges selon le contenu d'iceulx, sans les faire ne souffrir con-
traindre à payer aucun ayde, et avec ce les relever de ce que par simplesse,
- 133 —
ignorance et contre leur gré et consentement et aussi par force d'armes et
d'exécution violente corne dessus, ils ont aucune fois payé leur portion et
aydes à nous accordez en nre dit pays de Luxembourg, et surtout leur
expédier et de livrer noz 1res patentes en tels cas ptinentes.
Savoir faisons que Nous ces choses considérées, et sur icelles en l'advis
premièrement de nos améz et feaulx les gens de noz comptes à Bruxelles,
et en après des chief et trésorier général comis sur le fait de nos domaines
et finances, et inclinant favorablement a la suplicacion et requeste des dicts
suppls avons à meure déliberacion de conseil déclaré et déclarons de grâce
espéal par ces pntes que nre vouloir, plaisir et intencion est qui iceulx
supls et leurs successeurs manans et bourgois de dedens dehors nred ville
et conté de la Roche non estans de serve condicion, joysent et usent en-
tièrement des previlèges et exemptions et franchises à eulx accordez par
nosdictz feuz prédécesseurs ducs et duchesses de Luxembourg et par Nous
conferméz, aux charges condicions et selon la forme et teneur des 1res de
previlège cy dessus insérées, et que ensuyant ce, ils seroient tenuz quictes
et deschargéz de nous payer aucuns aydes sans doresnavant povoir estre à
ce contrains sous umbre que aucunes fois par simplesse, ignorance et
contre leur gré et voulenté, et par force d'armes ou autre exécucion réelle
et violente, ils ayeut contribué esdicts aydes. Ce que ne leur voulons au
dict cas aucunement préjudicier ne estre tiré à conséquence au préjudice
de leurs dicts previlèges, franchises et exemptions. Ainsi les en avons re-
levez et relevons de grâce espéal par ees dictes présentes, le tout toutes
voyes tant et jusques à ce que cy après par nous ou noz successeurs ducs
et ducesses de Luxembourg et les dits suppls ou leurs successeurs préa-
lablem appelez et oyz autrem en sera ordonné.
Si donnons en mandement à noz améz et féaulx les chief président et
gens de noz privé et grand consaulx, gouverneur et gens de notre conseil
à Luxembourg auxd et de noz finances et de noz comptes a Bruxelles, rece-
veur général de Luxembourg, et aux comis ou a comettre à collecter et
recevoir les aydes à nous accordez et à accorder en nre dt pays de Luxem-
bourg, et a tous noz aultres justiciers et officiers cui ce peut et pourra
toucher et regarder, leurs lieutenants et chun d'eulx en droit soy et sy
corne à luy appartiendra que de nre pnte grâce, déclaration et accord et de
tout le contenu en ces ds pntes et es 1res cy dessus incorporées selon et
par la manière que dit est, ils facent, seufrent et laissent les dis suppls et
40
— 134 —
leurs successeurs bourgois et marions dedens et dehors nre dite ville et
conté de la Roche non estans de serve condicion, corne dit est, plainement,
paisiblement et entièrement joyr et user sans leur faire mettre ou donner
ne souffrir eslre fait, mis ou donné, oires ne au temps à venir aucun
arrêt, destourbier ou cmpeschemenl au contraire, car ainsi nous plaist-il,
nonobstant quelconques ordonnances restrinctions mandemens ou défences
à ce contraires. En tesmoing de ce Nous avons fait mettre nre seel à ces
pnles. Donné en nre Ville de Malines le dernier jour de juin l'an de grâce
mil cinq cent et trente. Et de nos règnes assavoir de celuy des Romains
et le xic et Casiille est le xnir.
Cette charte se trouve dans les archives de la ville de Laroche ; le sceau
est à moitié rompu.
60. J 545, 21 novembre. — Record des Eschevins de Liège contenant la décla-
ration que les Bourgeois de la Boche sont exempts du droit de tonlieu dans
le pays de Liège.
Copie faicte par nous, les Eschevins de Liège, extraicte hors de nre
régre auctenticque. L'an quinse cens et quarante chineque, le vingt unyeme
jour de novembre sur ce que Wilheame Gobar sy que fermier et accenseur
de partie de toillieu nomeit comunement délie mazenge en ceste cité de
Liège eust prétendu d'avoir et lever aux bourgeois de la ville et conté de
la Roiche en Ardenne, toillieu et haulconduyt des densrées, passaige et
marchandieses qu'ils conduisoient parmi la de Cité, et que pour par eulx
monslrer exemption et liberteit de non payer eusse le vingte qualtreme
jour d'octobre dernier, accordeit à Englebert de Wailhet, eschevin et Johan
Germain mre bourgoy de la de ville délie Roiche, partie faisans pour lesd
surseans, terme, d'apporter dedens ung mois lors prochain et monstrer
titles de previlèges et exemptions pourquoy seroient affranchis de payer led
toillieu, en ayant corne disoient donneit plege bourgoy respondant pour
eulx Suyant quoy pour leurd plege indempniseir et furnir ad ce que dit
est, lesd Englebert et Johan produyrent ce jourd'hui en nos mains certaine
lettre d'attestation procédante des Eschevins de la de Ville, par laquelle
certîiioient que en vertu des 1res accordées par feu Adolff jad Evesque de
Liège, son chappitre et bonnes villes de la du evesquée que nous ont esté
monstrées daultées de l'an mil trois cens quarante troix le premier jour de
juillet, que ceulx de la conté de la Roche ne dévoient eslre appeleis à la
paix de Liège, mesme que suyant certain record rendu par les pères de la
- 135 —
de Roiche le owyteme jour de marce an mil quatre cens et diex sept, et
l'apprieze qu'ils avoient fait à leurs prédécesseurs eschevins et de plussrs
gens de bien de sy loing temps quil nestoit mémoire de contraire tous
bourgois de la d« Conté, terre et Sgrie de la Roiche estoient quictes et
exempts de payer par tout le pays de Liège aucuns deniers de leurs den-
rées et marchandiezes à eulx parlenantes, fuisse toillieu, haulconduyt ou
semblables, et que parellement tenoient les borgois de la cileit et pays de
Liège, francks et exemps en la dite contée de la Roiche, corne eulx miesme,
savoir faisons que après par nous avoir les dites certifications, Ires de
previlège et autres propos tenus et remonstreis par lesd délie Roiche
d'avoir de si loingtemps qu'il nestoit mémoire de contraire, passeit, con-
duvt et meneit leurs densrées et marchandiezes par et hors la Cité librement
et paisiblement sans aucuns empeschemens ou exaction du dit toillieu,
contre quoy n'at led Gobar riens apposeit ny contendu efficacement à con-
traire Parquoy oyu et entendu tout ce qu'il at plaisu aux dles parties dire
et proposer de bouche, Nous sur tout ce meurement conseillés, avons dit
et enseigniet aile somonsse de Majeur considéré les acts, explois et re-
monstrances susdes, miesmement l'accord et consentement du dl Gobar, les
ds de la Roiche ne deveront ou seront tenus de payer quelcque toillieu ou
haulconduyt, se doncques le dl Gobbar ne volloit monstrer tilles parqueis
les ds délie Roche seroient servies et subjects à la redevabilité et payement
dud toillieu, et pour certaines causes nous ad ce moventes compensons les
despens de la présente querelle et porsuyte. Donné par copie subz les
seels Bartelemy de Rien dit de Gand et Omfry de Lemborgh pour le temps
nos mres coveschevins de Liège desquels usons ensembles en tels et sem-
blables cas, les ans, mois, et jours susds. — Soirion.
Cette charte se trouve dans les archives de la ville de Laroche. Les
sceaux ont disparu.
61. — 1559. 29 mai. Bruxelles. — Confirmation des privilèges de la Roche
par Philippe IL
Philippe par la grâce de Dieu Roy de Castille, de Léon, d'Arragon, de
Navarre, de Naples, de Sicile, de Maillorque, deSardaine, des Ysles Indes
et terre ferme, de la mer Occeane, Archiduc d'Austrice, Duc de Bour-
goingne, de Lothr, de Brabant, de Lembourg, de Luxembourg, de Geldre
et de Milau, conte de Habsbourg, de Flandres, d'Artois de Bourgoingne
palatin et de Haynau, de Hollande de Zélande, de Namur et de Zutphen,
— 136 —
Prince de Suave, Marquis du S1 Empire, Sgr de Frise, de Salins, de Malines,
des cité, villes et pays d'Ulrecht, d'Overyssel et de Grœnnigen et Domina-
teur en Aisie et en Aifïricque, à tous ceulx qui ces pntes verront, Salut.
De la part de nos bien amés les francqs bourgeois de la fermeté dedens et
dehers nre ville et conté de la Roche, en Ardenne, Nous a esté remonstre,
Comme par Chartres de temps immémorial à eulx accordées par nos pré-
décesseurs en la de conté de la Roche, et depuis conlirmées en l'an XVe
trente, ils sont esté, et sont demeurés affranchis de avec autres bourgeois
résidens en icelle conté, gens taillablcs contribuer es prières, tailles, aydes,
subventions, exactions d'argent, d'emprunt et quelsconcques charges ais-
sieltes ou dons previlégiés, qui se pourroient accorder et otlroyer par les
trois Estats de nre Ducé de Luxembourg, moyennant et parmy qu'ils doibvent
tenir et entretenir la dite ville de la Roche de murailles, tours, portes et
couvertures à leurs propres cousis, frais et despens, et avec ce aussi livrer
et entretenir au service et pour la delîence d'icelle ville douze arbeleslriers,
tellement que quant parcydevant pour certaines aydes à nous accordées par
les dis trois Estats, ou à nos prédécesseurs, l'on les auroit voulu faire con-
tribuer, ils en seroient a chne fois demeurés deschargés meismement des
aydes accordées l'an XVe quarante ung et depuis, et combien que ce con-
sidéré il ne fust a personne loisible de au contraire de leurs des franchises
les submectre auxdes charges, ce néanmoins depuis quelque temps ença le
comis de nre Receveur général dud pays de Luxembourg se seroil avancé
et s'avance journellement de vouloir contraindre lesremonstrans ou aucuns
d'eulx à contribuer aux aydes accordées par les ds trois Estais pour les
ouvraiges et fortifications dud pays de Luxembourg en l'an XVe cinquante
ung sousumbre de ce que les commissaires alors assavoir le Receveur et
le Lieutenant prevost de Rastoingne, ayans prins les denombremens de
feuz et feunaiges du dt pays de Luxembourg au quartier d'Ardenne au dit
an cinquante ung, sans avoir regart ausdis previlèges, et sans aussi rece-
voir dénombrement des dis francqs bourgois par ceulx de la justice de lad
Roche ausquels la cognoissance appertient le donner estans circunvenus et
abusés sur le dénombrement prins en l'an quarante ung aussi dernier passé,
auroient ensuy le dl dénombrement etsuyvant iceluy rédigé les ds remons-
trans avec autres de serve condition et gens taillablcs illecq, lesquels re-
montrans aud an quarante ung auroient par ceulx des finan de feu de très
haulte mémoire l'Empereur Monseig1' et père cui Dieu absoille, esté séparés
et mis hors d'avec autres susds de serve condition, comme se peult plus à
— 137 —
plain veoir par les despesches en estans, parquoy lesdis Remonstrans con-
sidéré que les dis previlèges leur auroyent par cognoissance de cause et
par l'advis de ceulx de nos comptes esté accordés, et que toujours ils ayent
bien et deuement fait et encoires font les charges contenues aus ds previ-
lèges, tellement qu'ils leur a convenu redresser certain pand de murailles
à la ville et furny les autres charges, comme appert par lattestation scellée
et signée de la susde justice aussi en estant et meismes que ceulx de nre
grand conseil à Malines par devant lesquels ils ont esté en droit les ont
renvoyé vers ceulx de nos finances, Nous ont très humblement suplyé et
requis qu'il nous pleust ordonner que nre Receveur général de Luxem-
bourg selon et en suyvant lesds previlèges ait à cesser de toutes exécutions
contre eulx, et qu'il les sépare d'avec autres de serve condition susdit, et
sur ce leur faire despescher nos Ires patentes en tel cas pertinentes.
Savoir faisons que Nous les choses dessus ds considérées et sur icelles
en l'advis premiers de nre Receveur gnal de Luxembourg Herman Rreisgm,
en après de nos amés et feaulx les Président et Gens de nos Comptes à
Rruxelles, et conséquemment des chiefs trésorier gnal et commis de nos
domaine et finan, inclinans favorablement a la requeste des dis suplians
avons déclairé et déclairons par ces présentes que tous les bourgeois que
la loy et justice de la dite ville et conté de la Roche en Ardenne déclairera
par noms et surnoms estre tenus à la contribution de Pentretenement de
la d" ville et non autres seront tenus francqs et exemps de contribuer avec
autres bourgeois et gens taillables et de serve condition, résidens et ma-
nans de la d<= conté aux prières, tailles, aydes, subventions, exactions d'ar-
gent et quelsconcques charges, assiettes, corwées et dons previlégiés qui
sont esté et se pourroyent accorder et ottroyer par les trois Eslats de nre
d' pays et Ducé de Luxembourg pourveu que moyennans lad exemption
lesds suppls seront tenus tenir et entretenir la d ville de tours, portes,
murailles, couvertures et de tous autres edifOces quelsconcques à leurs
propres frais et despens, et pour le service et deffence d'icelle ville aussi
entretenir douze arbelestriers.
Si donnons en mandement a nos amés et feaulx les Présidens^et Gens de
nos privé et grand Consaulx, Gouverneur Président et Gens de nre Conseil
à Luxembourg aussy de nos finances et de nos comptes à Bruxelles, nre
dl Receveur de Luxembourg, et à tous autres nos justiciers, officiers et
subgets cui ce regardera, que de nre pnte grâce, déclaration, consentement
et accord selon et en la manière que dit est, ils lacent, souffrent et lais-
— 138 -
sent les ds supls" plainement et paisiblement joyr et user sans leur faire
mettre ou donner ne souffrir estre fait mis ou donné aucun trouble ou em-
peschement au contraire, car ainsi nous plaist-il. Ln lesmoing de ce nous
avons fait mettre notre seel à ces pntes Donné en notre ville de Bruxelles
le pénultière jour de May, l'an de grâce mil cinq cens cinquante neuf: de
nos règnes assr des Espaignes, Sicile, etc. le quatriesme et de Naples le
sixiesme.
Cette charte se trouve dans les archives de Laroche. — Le sceau a
disparu.
62. — 1561. 18 mars. — Record pour les francs Bourgeois.
Nous Englebert de Wailhey mayer de la ville et franchise de la Roche
en Ardenne, Linart de Villez Michiel de Hotlon, Jacquement de Filly,
Englebert Ferrier, Collart des Champs, Henri de Vevier et Jehan des champs
eschevins, Jehan le Mede sergeant sur la rete à nous faict par Jacques
Larmoyer notre bourgois de la dle ville et conté au nom de tous les francs
bourgeois tant dedans q dehors la dte ville advons dict et recordé et par
ceste pnte disons et recordons que en suyvant les Chartres et privillèges de
temps immémoriaux accordées et conférées aux dits franeqs bourgeois en
général tant ceulx résidens ou manans dedens la dte ville et franchise que
généralement iceulx de dehors que ils sont d'une mesmes sortes et condi-
tions joyssans et à eulx appartenant l'ung comme l'aultre en général de
touttes franchieses libertés et privillèges uses, costumes et drois à eulx
deus et appartenant estans les francs borgeois en général tant ceulx dedens
que ceulx de dehors la dite ville de la Roche aussi franeqs et exempts de
payer tonnys hault conduyts et passaiges et autres droits en tout et partout
les ung comme les autres : recordons en ouire les dicls franeqs bourgeois
de temps immémorial eslre et avoir esté et debvoir estre franeqs et exempts
de payer aulcuns droits susdicts ne de haulz conduyts, toulieux, tonny et
passaiges de leurs biens densrées et marchandieses passant et traictant par-
tout le duchés de Luxembourg es villes ou franeqs villages de la dicte duchés
comme au dict Luxembourg, Arlon, Thionville, Dauville, conté de Chiny,
Elernacht, Bedbruct, Bastogne, Marche, Neufchastel et autres n'est qu'ils
les mènent et fassent mesner par voyllures comme aussi et des mêmes
nous tenons les susdictes en la dicte ville et comté de la Roche, et aussy
lavoir veu joyr et usé par costume et statu inviolablement observés entre
les dicls lieux et villes, et ceste dicte ville et comté de la Roche. Recor-
- -139 —
dons en oultre que nous tenons les bourgeois de Baslogne aussy francqs
en la dicte ville et conté de la Roche, comme les mêmes francqs bourgeois
Je la dicte ville et conté et non tenus payer aulcuns droicts susdicts ne
aultres non plus ne moins que se ils fuissent résidens et manans dedens la
dicte ville et franchise de la Roche et aussy sernblablement sont les dicts
de la Roche tant ceulx résidens et manans dedens la dicte ville que sont
de dehors au lieu et prévosté de Bastogne. Et c'est ce que nous en rendons
par bon, juste et beal record ainsy se rapportant de nous les ung aus
aultres. Et en tesmoing de ce advons a ceste pnte apposé nre seal de justice
dont usons en tel et semblable cas. Fait et donné à la Roche le XVIIIe de
mars XVe LXI.
Extrait des registres de la cour féodale de Laroche.
63. 1561, 15 juillet. — Record rendu à la requête des Mayeurs et Echevins
de Bastogne.
Nous Englebert de Wailhey maieur de la ville et franchiese de la Roche
en Ardenne, Lynare de Villez, Michiel de Hotton, Jacquement de Filly,
Englebert Ferrier, Cola des Champs, Henri du Vivier et Jehan des Champs
tous éschevins de la de franchiese et Jehan le Mede sergeant. A tous ceux
qui ces putes verront et oiront, Salut.
Scavoir faisons que par devant nous sy comme par devant mayeur et
justice susdte sont coparus psonellement les mayeur, éschevins et gens de
loix de la la ville de Bastogne lesquelles nous ont requis scavoir par bon
record ce que ung chacun bourgeois ou eslrangier forfaict en appelant le
bourgeois hors de sa maison, par courrouse et rigueur, tant soit en jour de
franche foire ou autrement, ensemble de ferir, frapper et toucher par
fureur et rigueur h la maison d'ung bourgeois, aussy de courir sus et
frapper ou cercher le bourgeois en sa maison avec espée nue ou autres :
Et aussy quant le bourgeois l'un avec l'autre ou estrangier ont querelle et
débat en la maison d'un bourgeois en la franchiese jour de franche foire
ou autrement quelle forfaiclure et selon quels cas ils doibt amendé.
Et de tout ce qui concerne tout droit et protection d'iceluy anchienne-
ment observé à la conservation des amendes, forfaictures, franchieses et
libertés tel qu'il appartient, sur tout ce mon dit maieur nous at semoné.
Et après avoir esté à conseil ies ung az autres et dernièrement viseiteis nos
papiers et registres auctenliques se disons et recordons tant par prinses de
nos feu prédécesseurs éschevins que mesme sawons et vvardons que la
— 140 -
maison du bourgeois a telle franchiese que nul ne peult aller quérir l'homi-
cide dedans la maison du dit bourgeois si ce n'est par la licence dedans
l'espace de xl jours. Et s'il advenait qu'ung bourgeois ou estrangier appelast
et huchast par fureur et courrose le borgeois hors de sa maison, fuist à
jour de francq foire ou autrement si avant que le borgeois se plaindist,
Iceluy tels est à l'amende de dix francs et deux tiers avec la boce, ou pour
le moins obtenir le grez du Sgr. Et Iceluy ou ceulx borgeois ou estranger
qui averoit frappé et férir d'espées nues, d'espieux, de javelines, de halle-
bart ou d'autres bastons de fer ou d'acier, ou de massues, ou coups de
pieres feris et rués mesment de traict de feu ou d'arbalastres à la maison
des dits bourgeois jour de francq foire ou autrement, ou voloir efforcer la
maison du dit borgeois fuist huys ou fernestres de pieds ou de poigne est
condempnable à l'amende de 60 florins ou à perdre le poigne sy plainct y
est, n'est comme dessus qu'il obtienne le grés du Sgr. Et mesme Iceluy ou
ceulx borgeois ou estranger qui averoit au jour de francq foire ou autrement
entrer par fureur ou corroce en la maison du dit borgeois et le chercher
pour le battre ou foller et si avant qu'il le battre on folle le dit borgeois
ou gens de sa famille et qui plainct y est, tels sont condempnable de LX
florins carolus ou a perdre le pouigne n'est qu'il obliengne le grés du Sgr,
que mesme en obtenant le dict grés sera tenu prier Dieu et sa mère, mercis
ensemble le bourgeois intéressé et toute la bourgeoisie entièrement et ne
poldra tel délinquant hanter ny fréquenter en la dicte franchise jusques ad
ce qu'il aict satisfait à ce que dessus. Item en outre disons que quand le
borgeois ou estrangier se baltèrent en la maison des borgeois ou en la
franchiese sy est cop de poingne hors de francq foire il doibt sept sols
d'amendes et s'il y a plaie de messure est à l'amende de dix frans et deux
tiers avec la borce et quant c'est par jour de francq foiere par coup de pied
LXsols et pour plaie de messure le double des dits dix francs et deux tiers.
Ce que dessus savons et wardons et le rendons par bon, juste et leal record
et enseignement de justice fait et donné à la Roche le xvnle de juillet anno
xvc LXI.
Extrait des registres de la cour féodale de Laroche.
64. 1562, 5 avril. — Les Allodiaux du comté de Laroche sont maintenus
dans leurs franchises par Philippe d'Autriche.
Phe par la grâce de Dieu Roy de Castille, de Léon, d'Arragon, de Na-
varre, de Naples, de Secile, de Maillorcque, de Sardaine, des Yles Indes
et terre ferme, de la mer Occeane, Archiduc d'Austrice, duc de Bourgoigne,
— u\ —
de Lothier, de Brabant, de Lembourg, de Luxembourg, de Geldres et de
Milan, conte de Habsbourg, de Flandres, d'Artois, de Bourgoigne, palatin
et de Hayenau. de Hollande, de Zélande, de Namur et de Zuthen, prince
de Zuave, marquis du St- Empire, Seigneur de Fiïze, de Salins, de Malines,
des cité, villes et pays d'Utrecht, d'Oneryssel et de Groinze, et dominateur
en Asie et en Aflrique. A tous ceulx qui ces pntes verront, salut. Receu
avons l'humble supplication de Jehan et Grégoire de Nisramont, Jehan
Huart de Moriville, Laurens de Moriville, Jehan le jeusne Me d'Orthowille,
la veuve Jehan Guillaume et Servais de Romont, Jehan Ponsar de Com-
pagne à présent Loys de Noisseu, Henri Clara de Velreux, Henri Gérard de
Rupaige, Jehan de Chemin, la veuve Jehan Thiry de Roupaige, Mathieu
Bastines, Jehan le Chevron demt à Mohonvaulx, à présent son beau fils et
Henry Lambert de Beremany, tous demourans et résidens en nre conté de
la Roche, en Ardenne, contenant, coume leurs feux prédécesseurs et eulx
de temps immémorial auroient esté franeqs et exempts de contribuer avec
aultres gens taillables et de serve condition illec, aux tailles, aydes, coru-
wées et impositions, que par cydevant sont et pouroiet avoir esté accordées
par les trois estats de nre pays et ducé de Luxembourg, moyenant que au
regard et pour respect des fiels et biens allodiaulx par eulx et chun d'eulx
respectivement tenus et relevés de nous a cause de nredite conté de la
Roche, ils soyent tenus estre prests, a la semonce et signification de nre
prévost au siège tant pour jugier les débats et procès y survenans, pour
cause desdits fiefs que estre pni aux reliefs qu'ils y font, aussy tenus tenir
et avoir armes et chevaulx et estre prests armés et esquippéz touttes et
quanteffoiz que par notre dit prévost de la Roche en seroiet somez et requis,
tant en guerre que aultrement pour nre service, corne es guerres dernières
et jusques ores ils ont toujours bien et deuement fait, et font encoires h
pnt, et combien que por les raisons que dessus il nestoit permis ny loisible
a personne qui fut dénombrer lesdils supplians avec aultres gens taillables
et de serve condition susdit. Toullefoiz les commissaires cydevant comis et
ordonnez aud denobremt sans avoir regard a ce que dessus, et ayans prins
les dénobremes des feuz et fuaiges de nred pays de Luxembourg au quartier
d'Ardenne pour l'ayde accordée a feu de trèshaul mémoire lempereur
Charles le Quint monseigneur et père cuy Dieu absoille l'an XVe cinquate
ung dernier passé les averoient denobréz et rédigez avec aultres de serve
condition et gens taillables de nre dit conté de la Roche, pour à quoy re-
médier averoient lesdits supplians audit an cinquante ung pnté requesle à nre
- 142 -
amé et féal conseiller de nre conseil aud Luxembourg, Nicolas le Gouver-
neur, Sgr de Tassigny lorscomis à la superintendence dudit dénombrement,
pour par son advis, adresse, et assislence redresser les difficnliez esdit dé-
nombrement, pour laquelle requeste ensemble par l'advys de nre receveur
de Bastoingne et de nre prevost de la Roche Jehan de Baillonville et aussy
en vertu de l'ordonnance dud Sgr de Tassigny auroiet iceulx supplians estes
déclarés francq et exempts des tailles et aydes accordées et a accorder en
nre dit pays de Luxembourg, moyennant les services susdits, par laquelle
déclaration ils avoyent pensez estre maintenuz en ladte franchise et exemp-
tion meismes attendu qu'il apperra par les comptes desdites aydes cydevant
rendu en la chambre de nos coptes en Brabant que lesdits fiefs et biens
allodiaulx y ayent jamais contribuez. Mais ce nonobstant et sans avoir re-
gard à ce que dit est, nre receveur de Bastoigne comis de nre receveur
généralz dud Luxembourg les a puisnaguaires fait somer pour leur quote et
portion disant en estre chargez par le restât du compte de lade ayde ac-
cordée audit an cincquante ung, et que lesds de nos comptes les ont tenus
et mis en surcean pour ung terme de six mois seullement. Par quoy iceulx
supplians, craindans exécution réelle et que par cyaprès on les voldroit
assubjecter ausd tailles et aydes, nous ont très-humblement supplyé et re-
quis que en regard à ce que dessus, il nous pleust les tenir quictes et
deschargéz de leurds quottes et portions esds aydes et les maintenir en leur
liberté, franchise et exemption corne ils ont esté jusques ores, et sur ce
leur faire expédier nos Ires patentes en tel cas pertinentes. Scavoir faisons
que nous lesd choses dessusds considérées, et sur icelles en l'advis, pre-
miers de nos comptes en Brabant, et en après de nos améz et féaulx les
chief trésorier général et comis de nos domaines et finances, ausds supplians
inclinans favorablement à leurdc supplication et requeste, avons octroyé
consenti et accordé, oclroyons, consentons et accordons de grâce espealz
par ces pntes qu'ils seront et demeureront francq et exemplz de toutes
tailles aydes et autres contributions accordées et à accorder en nre dit pays
et duché de Luxbg et conté de Uiiny, sans quilz puissent ou pouvront par
nre dit receveur général de Luxebg pnt ou aultre advenir estre aulcunement
molester pour le payement de leur quote et portion esd aydes accordées
et a accorder. Auquel nred receveur général de Luxembourg pnt ou aultre
advenir mandons et ordonnons par cesds pntes les tenir et maintenir en
leurdefranchise et exemption, pourveu touttefois et à charge que les dits
supplians seront tenuz eulx acquitter et ce dont ils sont obligez en service,
- 143 —
et tenir chevaulx et armes en bon esquippage pour eulx trouver en nre
service, touttes et quanttefoiz quils en seront requiz et mandez par nred
prévost de la lîoche, aussi de passer monstre pardevanl lesds prévost a tout
le moins une foiz l'an ; et d'avantaige seront tenuz apporter endeans trois
mois prochainement venans es mains dicelluy prévost et des hommes de
fiefz de nre dit conté de la Roche par bonne et ample déclaration le dé-
nombrement de leurs fiiefs, affin que led prévost les face de noveau inscripre
au registre des fiefs illecque, pour s'en povoir ayder en temps de besoing,
la et ainsy qu'il appartiendra, et en oultre faire enregistrer ces mêmes
pntes en la chambre de nosd comptes en Brabant pour y avoir recours
quant besoing serat ;
Si donnons en mandement à nos améz et féaulx les chief présidens et
gens de nos privé et grant consaulx gouverneur président et gens de nredit
conseil à Luxembourg, ausd noz finances et de nosd comptes en Brabant,
nredit receveur gênerai de Luxembourg et à tous autres nos justiciers, offi-
ciers et snbject cuy ce regardera, que de nre pnie grâce, octroy, franchise
et exemption aux conditions selon et en la forme et manière que dit est,
ils facent, seulfrenl et laissent lesdils supplians plainement et paisiblement
joyr et user sans leur faire mectre ou donner ne souffrir estre frait, mis ou
donné aucun trouble ou empeschement au contraire. Car ainsy nous p!ais-
t— il. En tesmoignage de ce nous avons fait mectre nre spel à ces pûtes.
Donné en nre ville de Bruxelles le Vme jour d'avril l'an de grâce mil cincq
cens soixante deux avant pasques, de nos règnes assavoir des Espaingnes,
Secille le huyctiesme et de Naples le dixiesme, et au dessoubz de lad Ire
est escriptz : par le Roy. Les seigneurs de Berlaymont et de Hachicourt,
chiefs messrs Gaspar chiefs sgr de Grobedoncq trésorier général, et Josse
de Damhondere chevr comis des finances et aultres pnts, soubssignoz Do-
verloepe. Et au ploict estoil escrit les chiefs trésorier généralz et comis des
finances du roi nre sire consentent en tant que en eulx est. Le contenu ou
blancq de cestes estre furny et accomply tout ainsy par la mesme forme et
manière que sa maté le veult et mande estre faict par icellesescripctzsoubz
les seing manuelez desdils chiefs trésorier général et comis, le XVIIIe jour
de juing XVe LXIII. J. de Montmorecy et J, Damhondere.
Extrait d'un registre de la cour féodale de Laroche commençant en 156;*.
- 144 -
65. 1568, 16 mars. — Record rendu à la requête des Mayeur et Echevins
de Houffalize concernant les franchises de la Bourgeoisie.
Nous Ferry de Clerue, escuyer Mayeur de la Ville et franchiese de la
Roche en Ardenne, Englebert de Wailhey, Linart de Villez, Jacquement de
Fillv, Englebert Ferrier, Collard des Champs, Henri d'Odrimont et Jehan
des Champs tous eschevins de la d ville et franchiese. A tous ceulx qui ces
pntes verront et oiront Salut. Scavoir faisons que par devant nous se sont
personnellement comparu Jehan Gilles de Someren et Gérard Heuchin de
Someren, bgois de Houffalize lesquels à leurs frais cost et despens nous ont
requis et demandés avoir par recors si de toute ancienneté nous ne sommes
chiefs et maîires de tous les bg is de la dite ville et conté de la Roche tant
dedans que dehors afforains et manans sur le dit Conté : Et si du temps
et de toute ancienneté nous ne sommes aussi chiefs et mres de sens de
ceulx de la justice d'Houffalize à raison du ressort et reprinse de la
Seigneurie et baronerie du dit Houffaliz Et aussi que leur
eusssions à déclarer et donner par record quels franchises, droits et aucto-
rittez ont les dits Bourgeois de la Roche générallement es leurs maisons et
aussi de la chasse et pescherie par toute la dite Conté, et d'auttant que en
sommes souvenans et gardans. En quoi Semons par notre Mayeur et dili-
gemment conseillé les uns aux aultres et reveus nos anciens régtres
Disons et recordons que de toute ancienneté nous sommes chiefs et maîtres
de tous les bourgeois tant dedans celte ville et franchiese que sur le plat
pays et conté d'icelle manans et afforains de sorte que quant les dits Bour-
geois de la dite Ville et conté vont ensemble ou apart pour aulcun
commandement il n'est de rien à un prévost de la Roche de seu entremesler
ne avoir quelques commandements sur les dits Bourgeois et en est de tout
affaire à ung mayeur de la Ville et franchiese de la Roche ainsi que desja
il apparait et a esté recognu es nos reglres auctentiques du xix jour du mois
de febvrier lan mixx et xv dernier si que aussi toultes et quantes fois que
il est de besoing et que nécessité le requin davoir les bourgeois de dehors
et afforains sont tenus à la semonce du mayeur de franchiese Comparoir
dedens la dite Ville et franchiese. Item disons et recordons (Voir
ce qui a élè dit dans le Record du 15 Juillet 1561 concernant V homicide et
les injures faites aux Bourgeois). Disons en oultre et recordons les dits
bourgeois et leurs prédécesseurs de tout temps avoir joys et usé du droict
et auctorité de chasser tant es bois que en la ryvière, sans en faire le
— 145 —
denier valloir, assavoir à toutes salvagynes exceptés le cerf et le faulcon
en payant le droict accoutumés et sans tendre pans ne lillèls mais chassant
à force de chiens et lievriers sans forfaire, et en la ryvière à pieds nus par
tous les moyens à eulx possibles selon la vieille coustume et ancienneté.
Et touchant chiefs et maîtres de cens de ceulx de la justice de la dite
franchiese d'Houlïalize disons et recordons que de toute ancienneté, ils sont
tenus quant chieiïs est eslevés par devant eulx de venir et comparoir par
devant nous comme à leurs chiefs et maîtres et y ont esté de toute ancien-
neté, masme pour cas d'injures foulles, force et oullrages commises et faictes
à la maison d'un b9eois d'Houffalize et treuves de mousches
Et tout ce que dessus vvardons celé rendons par bon, just et
léal record ainsi fait et donné le xvie jour du mois de mars l'an de nre
salut xvc lxvm, styl de Liège.
66. 1573, 3 mars. — Touchant la réception des afforains de la bourgeoisie
de la Roche.
Nous Mayeur et eschevins de la Ville de la Roche en Ardenne, certifiions
à tous auxquels les présentes parviendront que quant est de recevoir les
subjects de la résidence de ceste conlé de la Roche à la franche bourgeoisie
de ceste Ville que point ne sont bourgeois certifions que quant aulcuns de
ses dits subjects et que point ne sont homes baptis mamorlables et de serves
conditions assavoir tenus à l'administration du dernier supplice Iceulx
sortent de leurs lieux et venant résider dedens ceste ville et franchiese. Nos
les recevons à la dite bourgeoisie, voir et bien entendu, que, quand ils
partent de leurs lieux de leurs nativités, ils laissent gens et personnes ausdis
lieux pour payer les feu et aydes accordées à sa Maté et acquicter ce dont
les dis lieux sont ten'is. Et sest ce que nous en donnons par pur et leal
cerliffication. Fait et donné à la Roche soûl le seing de notre Greffier le
ine jour du mois de mars xvc Lxxm stil de Liège.
Extrait des registres de la cour féodale de Laroche.
67. 1601, 17 mars. Bruxelles. — Confirmation des prinilèges de la Roche
par Albert et Isabelle.
Albert et Isabel Clara Eugenia, Infante d'Espaigne, par la grâce de Dieu
Archiducs d'Austrice, Ducs de Bourgoingne, de Lothier, de Brabant, de
Lembourg, de Luxembourg et de Gueldres, contes de Habsburch, de Flandre,
— 146 —
d'Artois, de Bourgoingne, de Tirol Palatins et de Haynnau, de Hollande, de
Zélande, de Namur, de Zutphen, Marquis du S'-Empire de Rome, Seigneur
et Dame de Frize, de Salins et de Mali nés, des Cité, Villes et pays d'Ulrecht,
d'Overissel et de Grœninghe. A tous ceulx qui ces pnles verront, Salut.
De la part de nos bien amés les fracqs bourgeois, manans et inhabitans
tant de la ville de la Roche en Ardenue que ceulx résidens hors icelle en
la conté de la de Roche nous a esté remonstré, que par prévilègos a eulx
donnés par 1res patentes le troisième jourd'Apvril l'an mil trois cens trente
ung par feu le Roy Jehan de Bohême et comte de Luxembourg et de la
de Roche, depuis et consécutivement confirmés tant par feuz de très haultes
mémoires l'Empereur Charles Quint nie père Grand, que le Roy nre très
honnoré Seigneur et père, que Dieu ayent en sa saincte gloire, dont nous
est apparu par copies anctenlicques des ds 1res patentes sur ce despèchées
à nous exhibées, l'une donnée en nos villes de Malines le dernier jour de
juing l'an XVe trente, et l'aultre de Bruxelles le pénultième de may
XVe cinquante neuf leur a esté octroyé exemption franchise et liberté à
jamais de avec aultres nos subjects de la dite conté, gens taillables et
condition serve, contribuer aux prières, tailles, aydes, exactions et subven-
tions d'argent, charges, assiettes, corvvées, dons previligiés et toutes aultres
choses quelconques que le dit feu Roy et confe et ses successeurs pourroient
exiger et demander, et que s'accorderoient et concéderoient par les Etats
dudit pays de Luxembourg, à charge de par lesdits Remonstrans maintenir
et entretenir la dite ville de la Roche de murailles tours et pores avecq
les couvertures d'icelles, et tous aultres édiffices nécessaires pour ia deffence
d'icelle ville avec aussi douze hommes appelés arbalestriers pour servir à
ce que de besoing et aultres charges, apparant de tout plus amplement par
lesd previlèges et confirmations, auxquelles charges les dis Remonstrans
ont toujours furni, et bien et deuement entretenu la dite ville de la Roche
à leurs frais coustz et despens, qu'ils ont exposé ainsi que ceulx de la justice
de la dite Roche à qui la cognoissance en appartient, leur ont ordonné et
commandé, et doublant iceulx Remonstrans d'estre cy après troublés en leursdis
previlèges, n'est qu'ils soient par nous pareillement confirmés, ils ont partant
prins leur recours vers Nous eu suppliant très humblement qu'il Nous pleust
eu confirmation d'iceulx, leurs faire despescher sur ce nos 1res patentes
en tel cas pertinentes.
Scavoir faisons que nous les choses dessus dictes considérées et veu la
déclaration faicte par lesd supplians qu'ils sont en paisible joyssance et
— 147 —
possession des susd previlèges et exemptions eu sur ce l'advis de nos
amés et feaulx les Présidons et Gens de nre Conseil provincial à Luxembourg,
inclinans favorablement à la supplicatien et requeste d'iceux supplians,
avons déclairé et confirmé, déclairons et confirmons par ces pntes que tous
les bourgeois que ceulx de la loy, et justice de la dite ville et conté de la
Roche en Ardenne, déclaireront par noms et surnoms, à celluy ou ceulx
qui seront comis au nouveau dénombrement des feuz estre tenus à la con-
tribution de l'entretenement de la dite ville et non aultres, seront tenus
francqs et exempts de contribuer avecq autres bourgeois et gens taillables
et de serve condition résidens et manans de la dite conté aux prières tailles
aydes, subventions, exactions d'argent et quelconques charges, assiettes,
corwées et dons previleiiiés qui sont esté et se pourroient accorder. octroyer
par les Trois Estats de nre dit pays et Duché de Luxembourg, pourveu que
moyennant la dite exemption lesd supplians seront tems tenir et entretenir la
dite ville de tours, portes, murailles, couvertures et de tous aultres ediflices
quelconques à leurs propres frais et despens et pour le service et deffence
d'icelle ville aussi entretenir douze arbalestriers.
Si donnons en mandement à nos amés et féaulx les Présidens et Gens de
nos privé et grand Consaulx, Gouverneur, Président et Gens de nre Conseil
au dit Luxembourg, nre Recepveur illecq et à tous autres nos justiciers,
officiers et subjects qui ce regardera que de nre présente grâce déclaration,
confirmation, consentement et accord, selon et en la manière que dict est,
ils facent seuffrent et laissent lesd supplians plainement et paisiblement
joyr et user sans leur faire, mectre ou donner, ne souffrir estre faict, mis
ou donné aulcun trouble ou empeschement au contraire, car ainsi nous
plaist-il. En tesmoing de ce nous avons fait mectre nre secla ces dites pntes.
Donné en nre Ville de Bruxelles le dix septiesme jour du moi de mars,
l'an de grâce mil six cens et ung. — Cette charte est déposée dans les
archives de la ville de Laroche, mais le sceau en a disparu.
68. 16H. — Extrait du Registre au dénombrement des feux de Van
mil six cent et onze.
La Conlé de la Roche en Ardenne.
En ce Comté les habitants tant de la Ville que du pays se disent et
tiennent francqs bourgeois, exempts du payement des aydes; conforme aux
privilèges dont la copie est insérée cy après : et dont ils ont obtenus con-
— 148 —
firmation de leurs Altesses Ssmes : et parce qu'au dénombrement dernier
avons remarqué que les commissairs précédents se sont informez s'ils ne
commettoient aucuns abus en droit ; à laréception des dits francqs hommes
bourgeois. Nous avons bien voulu faire le semblable et acet effect avons
requis les maycur et justice de ce qu'ils en pouvoient scavoir. Lesquels
nous ont déclaré n'y avoir aucuns taillables ou de serve condition admis
en la dite bourgeoisie et quant a la dite réception qu'ils en usoient selon
leur usances et coustumes : qu'ils disoient eslre que non seulement les
masles descendus des francqs bourgeois jouissoient de la dite exemption ;
mais aussy que les tilles venants a estre alliées a qnelques taillables ou
afforaius aflïanchissoient leurs marits et sont tenus pour franqs Bourgeois.
Dequoy toutefois ils ne nous ont rien monstre par Escrit ; et leur dit
privilège n'en contient rien de semblable.
La ville de la Roche eu Ardenne.
Sont comparus Jean de Bande mayeur, Lambert Robert Thomas duSart,
Ferry Favaige, Nicolas de Roy, Jean Ballan, Ollivier de Yillers eschevins,
lesquels nous ont affirmé par leur serment que la déclaration qu'ils nous
ont exhibé des franqs bourgeois de la dte Ville contenoit vérité : dont
avons tenus le dénombrement ensuivant.
Les officiers de la Roche, ensembles les douze arbaleslriers.
Georges de Waha, dit Baillonville, escuyer, capitaine, prévost, chastelain
et receveur.
Jean de Bande mayeur,
Lambert Robert,
Thomas du Sart,
Ferry Fauvage clerc juré,
Nicolas de Roy,
Jean Ballan,
Ollivier de Yillers,
Jehan de Herlenvall,
Jean Michel haut sergeant,
Jehan de Nollomont sergeant,
Gilles de Xivery annoblis par patentes du Duc de Lorraine pendant
qu'Estale lieu de la naissance d'Icelluy estoit encore terre commune; et
reconnu pour tel par les deputtez des deux princes à faire les partages
des dites terres communes.
- 149 -
Arbalestriers.
Jean Massuka maître des Arbalestriers. Jean Denys, Hubert Piron, Jean
le Teinturier, Gilles Renard, Jehan Collienne, Lambert de Merchamps,
Henry de Villers, Everard de Magoster, Henry Jacques de Syné, Jehan
Toussaint, Jehan Collen le Jeusne, Nicolas de Nollomont leur serviteur.
Bourgeois.
Henry Bassine,
Jehan Flamige,
Pierre Nangnan,
Jean Renard Godart,
Jean Gohelt,
Jean de Grand'han,
Gilles d'Izier,
Englebert Flamige,
Annes Jacob,
Maroy la Tinturière,
Jean le Beaujeu,
Robert Michel,
Anne Germain,
Jehenne Thisse,
Bernard de Grand'han,
Jehan de Bastoigne,
Claude de Bourgoigne,
Jehanne Bonjean,
Michel l'Italien,
Englebert Lisbette,
Jehan Remacleot,
Lorent David,
Fery de Strument,
Remacle de Halloy,
Jacques de Ligne,
Henry de Labye,
Melchior d'Izier,
Guillaume de Chiny,
Anne Marquet,
Jehan Bertemet,
Claude de Beaulieux,
Henry de Mierchamps,
Urbain Le blanc,
Georges Merlein,
Adam Bodet,
Hubert Massucka,
Jean Biette,
Thiry de Bastoigne,
Jean Fridrick,
Jean Boccart,
Jehan Gillet de Baconfoy,
Jacquemin de Filly,
Renard du Mesnil,
La Vefve Gérard de Marche,
Melchior de Marche,
Jehan Colla le vieux,
Englebert de Hallois,
Jehan Colla le jeune,
Jehan de Hotton,
Anthoine de Nollomont,
Henry d'Amonine,
Jehan Boully,
Englebert de Mierchamp,
Linard de Spa,
Lambert Collignon,
Jehan Collignon,
Jehan Grigoure,
Jehan Quinet,
11
— 150
Jehan Flamige le jeune.
La Vefve Henry Winand,
Jehan Anthoine,
Andrien Winant,
Jehan Idoulle,
Denys de Dienet,
Henry de Herbrenvall,
Perpelte de Vignée,
Isabeau Louyse,
Thomas François,
Nicolas Masucka,
Jehan Renard,
Jehan d'Odeigne,
Jehan le Tinturier,
Lambert Georis,
Jehan Monoval,
Jehan Heurdon,
Jehan Clœss,
Charles Chariot,
Guillaume Lambert,
Hubert Bodet,
Maroye Collette,
Catherine Flamige,
Jehan Charles,
Jacquet de Ville,
Remacle Rigot,
Jean David,
Jacquemin Henriondt,
Jean Martin,
Jehan François,
Laurent Gilotteau,
Englebert Jean-Michel.
Jehan Lahiere,
Jehan Croiselet,
Marguerite Pirard,
Jean de Vesqueville,
Jehan le Roy,
Tossaint de Malemprey,
Jehan Cosdt,
La Vefve Renard Godart,
Estienne de Bra,
Jehan Gillet,
Jacob Martin,
Jehan Guillaume,
Henry de Syvet,
Jehan de Nadren,
Gilles Verlaine,
La Vefve Andrion,
Barlhemin de Lozienge,
Remacle Thiry,
La Vefve Michel Gérard Collignon,
Jehan Maka,
Henry Collen,
Jehan Winand,
Henry Buisson,
Henry le Tescheur,
Jehan de Han,
Villers lez la Roche,
Ollivier de Villers eschevins de la
Roche et homme de fief.
Louys Jacquet | francs
Thiry de Moirmont j bourgeois
Jehan de Hosseuse, franc homme.
69. 1628, 16 décembre. Bruxelles. — Lettres patentes aVengaigière des Ville,
terre, château et Comté de la Roche pour le prince de Barbanson, sans
rachapt, pour les dix premières années, pour la somme de cent soixante
quatre mil six cent soixante cinq livres douze sols de XL: gros la livre.
Philippe, par la grâce de Dieu, Roy de Castille, de Léon, d'Arragon, etc.
— 151 —
A tous ceux qui ces présentes lettres verront, Salut. Comme pour remédier
à plusieurs grandes et inexcusables nécessités et charges survenantes jour-
nellement et qui pouroient survenir cy après en nos pays de par deçà, tant
à cause de la guerre recommencée depuis la trefve contre nos provinces
rebelles d'Hollande et Zélande et leurs adhérants, qu'autrement, auxquelles
on ne pouroil precaver avec la célérité requise par le moyen de nos aydes
licentes, contributions et autres revenus de nos Domaines de par deçà qui
sont affectés au fournissement des grandes charges ordinaires tant du
payement des gens de guerre que plusieurs autres semblables nécessitez
plus amplement mentionnées en l'Estat que les Chefs Trésorier gnal et
commis des Domaines et finances nous ont envoyé, Nous avons trouvé
convenir par l'advis de nre très-cher et très-amée bonne tante Madame
Isabelle-Clara-Eugenia, par la grâce de Dieu, enfante d'Espagne, etc., et les
dits de nos finances de vendre a titre de gagière et à rachapt perpétuel à
nre moindre lésion et plus grand proftit aucunes parties du Domaine de
nos pays de par deçà. Si comme Seigneuries ayant haute, moyenne et
basse juridiction villages, terres, prêts, cens et sembtes bien a Nous appar-
lenans jusques h telle somme que sera trouvé nécessaire ayant a cet effet
authorisé et donné plein pouvoir à nre dite dame et tante et aux dits de
nos Finances par nos lettres patentes données en nre ville de Madrid, le
trentième jour du mois de May 16°25, de procéder a l'engagere des dites
parties selon l'urgence de la nécessité qu'ils rencontreront et d'autant que
celles qui jusques ores ont êtez faites et passées esdits finances, et depuis
sur le lieu et provinces, où on a jugé convenir d'engager par Commissaires
ne sont trouvées à beaucoup près bastantes pour subvenir aux grandes
charges a quoy nosds finances sont obligées et aux autres nécessités jour-
nalières qui se présentent, avons trouvé conseillé par la délibération de nre
dite Dame et tante et par avis de nosds finances de traiter et convenir avec
nre cousin le prince de Barbanson et d'Aremberge, Comte d'Aigremont,
Gentilhomme de nre Chambre, chevalier de nre Ordre de la Toison d'or et
Coronel d'un régiment d'infanterie allemande au regard de la terre, Ville,
château, Comté et franchise de la Roche, ses appartenances et dépendances
tant en jurisdiction que revenus soub les conditions suivantes :
Premièrement que le dit prince sera tenu et obligé relever la dite terre
en plain fief de nous, de nos héritiers et successeurs comme Duc de
Luxembourg et ce es mains de nrê Gouverneur de la dite province présent
et a venir selon la coutume et usance d'icelle tant pour la fois, que le dit
— 152 -
prince prendra possession de la dite terre, que toutes les fois, que par
changement de main ou autrement relief y cscherra avec exhibition de
dénombrement pertinent du dl fief et parties en dépendantes, le tout bien
et deuement déclaré, spécifié et vérifié;
2. Les fiefs servans ou arriers fiefs du dit la Roche seront relevez comme
at été fait et usé de tout tems, et en cas jceux se relèvent immédiatement
dudit la Roche, le prince serat obligé d'envoyer en nre Chambre des
Comptes à Bruxelles de trois ans à autres Estât et régie pertinent des
reliefs qui auront êlez faits pour estre gardés à nre asseurance afin que les
dits fiefs ne viennent à se soustraire de leur tenure et mouvance ;
3. Et en cas de nécessité, ou de guerre il sera tenu de nous faire ouver-
ture et à nos successeurs du château et ville de la Roche pour y loger telle
garnison que pour la conservation de nre dl pays trouverons convenir ;
4. La dite terre comme autres hautes justices demeurerat obligée aux
charges qui nous sont deues, si comme aydes subsides extraordinaires et
autres presens et avenir mises et a mettre en nredit pays de Luxembourg
sans que le dit prince pourra prétendre de s'en exempter en aucune façon
ou ses sujets ;
5. Lors de son immission en la possession de la dite terre sera par le
Commissaire qui à cet effet sera commis procédé à Testât et estimation des
censés, bastiments, moulins, fours et autres usines dépendants de la dite
terre coe aussy au mesurage des terres, viviers, prairies et telles parties du
Domaine qu'on trouvera nous avoir appartenus, demême sera dressé un
cartulaire des cens et reconnaissances qui nous sont deues en la dite terre
afin qu'au désengagement rien ne soit perdu, aliéné ou obscurcy, a quel
effet le dit prince serait obligé de donner ses lettres renversales contenans
promesse de relivrer le tout lors du dit dégagement comme luy aurat été
livré, et en cas de détérioration ou empirement en payer la moins vaillue;
6. Touchant les bois de la dite terre, il serat obligé de se conformer
ponctuellement aux Règlements dressez sur la meilleure conduite et mes-
nagerie d'iceux émanez l'an xvj. xxm sans les excéder en façon quelconque,
observant les couppes et tailles y ordonnées, sans y apporter aucun chan-
gement ou innovation a peine que les excès, changements ou détériorations
qu'on y trouvera avoir êtez faites seront recouvrées à sa charge ou bien
déduites lors du désengagement des derniers capitaux de la dite gagère,
toutesfois si tant est qu'on trouve par arpentaige duement faite en présence
de quelques commissaires commis par ceux de nosdils finances ou chambre
— 153 -
des Comptes y avoir plus d'arpents qui ne se trouvent présentement par les
Règlements particuliers des dits bois, le dit prince pourra à l'advenant de
ce aggrandir et augmenter les dites couppcs et tailles à proportion de la
quantité et augmentation qu'on y trouvera el la croissance et eage attribuez
au bois, ou la dite augmentation escherra ;
7. Il ne pourra aussy dégrader les dits bois, les convertir ny changer en
autre nature qu'il les aura trouvé, comme de même admettre, ny accorder
affouage en usage en iceulx a autres qu'aux usagers, qui de toute ancien-
neté y ont eu droit et sont comprins auxdits règlements et point autrement ;
8. Et ne pourra abbatre aucun arbre, chesne, portant fruit et de bonne
apparence au dehors desdits Règlements, sinon lorsqu'il aura besoin de
quelque bois de bastiment pour refectionner le château et demeure dudit
la Roche et les usines susdites et ce toutes fois en cas que les arbres allans
à décadence ne soyent trouvées propres et duisans à cet effet à prendre les
uns et les autres par désignation à faire par ceux qui à ce seront commis,
soit par ceux de nos finances ou chambre des comptes ;
9. 11 ne pourrai aussy faire aucuns édifices sans permission notre, ou de
nos consaux, ne soit a ses dépens, sans en pouvoir prétendre rembourse-
ment, néantmoins comme le dit château de la Roche est assez ruiné et en
mauvais estât, luy avons accordé, comme nous luy accordons par cette
permission de pouvoir employer pour la réfection et meilleure commodité
d'iceluy la somme de six mil florins une fois que Nous serons tenus de luy
furnir et rendre lors du desengagement par dessus les autres deniers de
celie engagère, acharge bien expresse qu'avant le dit remboursement il
ferat apparoir par deus enseignements de l'effectif employé d'icelle somme ;
10. De même ne pourrat accorder aucuns arrentemenls, soit de com-
munes cours d'eau coings de rues de chemins ou de semblables autres, ne
soit avec permission comme dessus, à peine de nullité de semblables ar-
rentements que nous déclarons doiz le jour de l'engagère en avant de nulle
valeur et mal accordez, et en cas d'aucun accord iceluy devra demeurer à
la charge du dit prince qui nous en devra indemner ;
1 1 . Touchant la chasse, pescherie et volerie le dit prince serat obligé
d'observer les dits placcarts qui sur ce sont êtez dressez, publiez et émanez
au dit pays de Luxembourg, sans pouvoir faire sortes par ou il pourrait
fouler, ou apporter desgast aux susdits bois, ains en fera comme nos offi-
ciers en ont usé avant cette gagere ;
12. Àussy ne pourra admettre plus de maîtres de forges ou autres mi-
- 154 —
neurs qu'il ny a présentement en la dite terre, par ou lesditsbois pourroient
estre grevez, foulez et ruinez ce qu'arrivant, tous les dommages, foules et
interests et desordres qu'on trouvera y avoir êtez commis, seront recouvrées
à charge du dit prince et déduites au jour du désengagement du capital de
cette dite engagère ;
13. Les fermes courantes demeureront en leur force et vigueur, ne soit
que le dit prince puisse accorder autrement avec les fermiers ;
14. Le dit prince recepvra à son proffit tous les termes et eschéances
de cens et rentes qu'expireront doiz le douzième de janvier mil six cent
vingt neuf en avant, comme aussy les fermes en argent et grains, dont le
pied sera couppé mais les parties vendues, comme aussy celles dont le pied
sera couppé jusques au dit jour nous appartiendront et nous demeureront
entièrement, nonobstant que les eschéances en arrivent lost ou tard, parmi
pareil bénéfice pour le dit prince lors du désengagement ;
15. Et en outre le dit prince sera tenu d'observer en tout et partout les
règlements tant général que particulier dressez sur la meilleure ménagère
et conduite des bois de nre province de Luxembourg, iceux respectivement
des années 1617, pour le générai et pour les particuliers de l'année 1623;
16. Le dit prince ne pourra faire cession ou rétrocession de la dite sei-
gneurie à forains et Gens de mainmorte à peine de nullité ;
17. Henri de Waha prévost châlain et receveur de la terre demeurrera
pourveu respectivement des dits Etats pour après l'immission en la posses-
sion de la dite terre les desservir au nom et de la part du prince et leur
prester nouveau serment ;
18. Finalement nous demeurerons avec la faculté de rachapt perpétuel ;
pour faire iceluy toutes et quantes fois que nous ou nos successeurs le
trouveront convenir, sauf que le dit désengagement ne se pourra faire
qu'après dix années après la possession prinse de la dite terre pour lors
ou bien après sans limitation ultérieur tems mémorial ou immémorial ou
sans prescription de termes que les Loix pourroient accorder, faire iceluy,
moyennant et le signifiant un demy an auparavant, lequel rachapt se devra
faire en monnoye qui aura lors cours par deçà, selon nos placcarts, ou de
nos successeurs, auquel effet le dit prince de Barbanson sera tenu de
donner, comme dit et cy devant, ses lettres renversales.
Lesquelles conditions ayant élez veues et examinées par ceux de nos
finances et depuis communiquées au dit prince de Barbanson et par luy
receues et acceptées at êtez passé et procédé à l'accord et traité de la dite
— 155 —
terre, scavoir que le dit prince tiendra icelle si long et si large qu'icelle
s'extend en toute jurisdiction haute, moyenne et basse, chasse, pescheiie
et tous revenus en dependans, consistant quant à la jurisdiction en une cour
féodale très ancienne composée de quallre pairies, plusieurs seigneuries
hautaines en plein fief, et en autres de moindre qualité, qui doibvent tous
droit de relief et les devoirs de fidélité et hommage, auquel effet sont
obligez de nous payer, scavoir chaque pairie seize vieux Réaux d'or, les
dits pleins fiefs et seigneuries hautaines huit, el les menus et arriers fiefs
la moitié du rapport d'une année, et ce lorsqu'ils viennent à estre relevez.
Debvant par dessus ce les propriétaires d'iceux le treizième denier des
ventes qui se font tant des dites pairies, plains-fiefs menus et arriers fiefs
que généralement de tous et quelconques les biens qui se vendent en nre
dit comté, lesquels propriétaires et féodaux sont obligez d'entendre aussy
aux affaires occurens en nredit comté toutes les fois qu'ils sont a ce se-
moncez par notre chief officier prevost du dit Comté.
1. Les quattre pairies sont la terre et Baronnie de Houffalize, celle de
Beauraing, la terre et seigneurie de Humin, et celle de Han surLesse ; les
seigneuries hautaines qui suivent immédiatement les pairies sont Rollé,
Bricquemont, Jenneppe, Vernoy, d'Averdan, Chavanne, Montjardin, Grune,
Sohier, et Verenne encore dépendent de nre d' Comté autres Sries qui ne
sont hautaines ains très foncières seulement assises en Famenne scavoir
Marenne, Werdenne et Champlion debvans néantmoins mêmes droits de
relief et de vente que les hautaines, outre ce nous y avons autres seigneu-
ries et plains fiefs, qui sont enclavez et du ressort de nredt Comté, scavoir
Baussaint, Grandochamp, Hodister, Journal, Juppille, Cereux, Villers,
Cieles et Rendeux nre Dame sans y comprendre un bon nombre d'autres
fiefs plus amplement renseignés et contenus aux Regres des fiefs de nre
dit conté et dont certaine déclaration se trouve insérée au compte des dits
fiefs de l'année 1530, reposant en nre Chambre des comptes à Bruxelles ;
par dessus la dite cour féodale, il y a encore la haute Cour de la Roche,
tenant siège en la Ville de la Roche, qui prend connoissance et juge déter-
minativement de tous cas criminels et civils, de laquelle sont dependans
autres quattre cours subalternes rédigées et reparties en quart, bans et
mayeries, scavoir la mayerie d'Ortho, celle d'Engreux, Wionpont et Lignier.
2. Lesquelles mayeries sont régies et gouvernées par Mayeur et Esehevins
qui prennent connoissance de tous cas civils et réels, comme adjournement,
adhéritances et transports, et ce a l'intervention de nred1 prévôt chef oftî-
- 156 —
cier ; chaque cour et mayerie tenant sous son comprins plusieurs villages
dont aucuns nous appartiennent en toute jurisdiction, autres seulement
quant à la hauteur.
3. Sous le ban et mayerie d'Ortho sont comprins les villages d'Orlho,
de Fromont, Hubertimont, Warempage, Hernenval, Floumont qui nous
appartiennent en toute jurisdiction, comprennant aussy les villages de Rou-
page, Thimont et Buisson, la Cens du Vivier, les Seigneuries de Vecque-
mont, consistantes en trois villages Vecquemont, Ronchamps et Merchamps,
Celles de Hallois et de Hive appartenais à des particuliers quant à la
jurisdiction foncière, mais au regard de la hautaine et moyenne icelles
nous y compétent.
4. De plus il y at aux confins du dit Ban d'Ortho au delà de la rivière, la
seigneurie hautaine de Berthogne appartenant aux Doyens et chanoines de
l'église collégiale de Ste-Croix à Liège, qui y ont toute jurisdiction, sauf
l'exécution, qui se fait par notre dit officier prévôt dud1 comté consistant
la dite seigneurie en deux villages, scavoir Berthoigne et Berthomont et
partie de Give.
5. Le ban et mayerie de Wionpont comprennant sous leur ressort les
villages de Wionpont, Ortheville, Roumont, la maison féodale de Ste-Oude,
Wigne, Morville, Baconfois, la Neuveville, Prelle, Champlion, Grandchamp,
Cens, Ramont, Bauleux, Troisfontaines, Wembey, Tenville, Journal et
Bande, la où nous avons toute jurisdiction hautaine, moyenne et basse,
sauf en celles de Grandchamp, Cens, Tenville, Ramont, Chemplion, Jour-
nal et Bande où ia jurisdiction foncière appartient à des particuliers.
6. Dans le comprins du Ban et Mayerie d'Engreux, se trouvent les vil-
lages d'Engreux, Sammerey, Berimenil, Mabouge, Willers, Filly, Engreux,
partie du village de Wibren, d'Aschouve, partie de Velreux, de Compoigne,
et les hameaux de Hinnet et Boirzé, lesquels nous sont tous appartenans
en toute jurisdiction, sauf quen celui de Sammerey les Doyen et chanoines
de l'église collégiale de St-Jean a Liège y prétendent une Cour foncière et
qu'au village de Compoigne la jurisdiction nous appartient seulement que
sur certains ménages, les restants estants à autres sieurs particuliers.
7. Et au ban et Mayerie de Lignier qui nous appartient en toute juris-
diction se trouvent le village de Lignier et quelques Sries foncières la où
la haute justice nous appartient, scavoir Hodisler, Give, Jupille, Warisy et
Cieles ; es dites quattre mayeries sont résidents certains subjets appelés
hommes Monsieur qui sont obligés, à la semonce de nre officier de la
— 157 —
Roche, h conduire les criminels au supplice et à autres servitudes sem-
blables, comme de mesmes tous les autres habitans et manans du dit Comté
sont subjets et obligez à l'entretien des ponts et portes dud' château et
ville, guet et garde, corrouées et autres pareils devoirs et obligations, et
ce chaque Ban et village ayant quelque obligation particulière.
Et finalement nous avons en nre dit Comté plusieurs autres droits Sei-
gneuriaux coe d'abrocaige de vin et cervoise, haut vynage, tailles, droit de
bourgeoisie, de charrue de remont, tour, mariage, poieteries foresteries,
traicte des mines, droits d'affouage, terrage et sartage, paison et confiis-
cation, amendes et autres de jurisdiction hautaine dont nous et nos prédé-
cesseurs avons jouy de toute ancienneté et de par Nous nos officiers audit
Comté qui en ont fait renseing par leurs comptes et déclarations reposans
en nre chambre des comptes à Bruxelles.
8. Et au regard du revenu, iceluy consiste en quattre moulins dont celuy
de la ville de la Roche nous appartient entièrement et propriélairement,
ou sont bannaux les habitans et manans de la dite ville et franchise, les
hommes-monsieur, au ban d'Ortho et les village de Harzéeville, Sammerey
et autres, les trois reslans estant arrentez perpituellement, scavoir celuy
d'Orteuville pour quattre muids quattre stiers segle, celuy de Hordian pour
trois muids quatre stiers et celuy de Failly pour sept muids trois stiers ; en
bois et forest qui sont en nombre de treize scavoir celuy de la haute
frayère contenant huit mil cinq cents et vingt deux arpents sans y comprendre
douze cents quattre vingt cinq arpents de grandes faignes ; celuy de
Ste-Gertrude qui nous appartient par moitié avec les Dames de Nivelles,
contenant douze cents six arpents : celuy de Champlion nous appartenant
pour un tiers contre l'abbé et couvent de Sl-Hubert, qui contient huit cent
quattre vingt huit arpents ; le bois de Bande, où nous avons seulement un
quart contre le dit couvent borné et fossoyé et exempt de tout usage, con-
tenant le dit quart six cent septante et trois arpents ; le bois de Journaux
nous appartenant par moitié contre Jean de Hernenvall contenant huit cent
soixante arpents celuy de l'Haydel Sale qui contient cent et huit arpents,
le bois de Belhay exempt de tout usage, contenant treize cent trente arpens,
celuy de Wibren qui nous appartient pour un quart et démv contre le susdit
prélat et couvent de Sl-Hubert, contenant huit cent septante cinq arpents,
le bois de S'-Jehan nous appartient pour la moitié contre le devant dit cha-
pitre de S'-Jean à Liège, qui contient, pour nre moitié, selon la séparation
enfaite, dix sept cent septante arpents, y compris quattre cent quarante deux
- 158 —
arpents de faignes demeurées indivisées,le Bois de Nolloraont francq et exempte
de tout usage contenant deux cent trente deux arpents, celuy de Fontainelle
en Broyé qui nous appartient awssy seul et exempt de tout usage contenant
deux cent quattre vingt arpents ; le bois del Hey de Harrey, bois tailles
contenant cent et dix arpents, et celuy de Cheneulx de Morville contenant
neuf arpents, tous lesquels bois sont réglés et mis à couppes ordinaires
selon qu'appert par les Règlements en estans, que le dit prince de Barbanson
sera obligé de punctuellement suivre, selon qu'est porté plus amplement
par les conditions cydiles ; en deux viviers assez proche le village d'Orlho ;
en deux ou trois bonniers de pretz que nous avons laissé pour émolument
jusques à rappel à nre officier, sauf celuy qui ont tenus cyd1 les
hommes Monsieur au bas d'Ortho qui est présentement admodié en droit
de haut Winaige, qui se lève en la dite terre et comté y compris celui de
Belhey, en droit d'abbrocaige de vin et cervoise en droits de franq bour-
geoisie entailles devant chaque taillables des mayeries d'Ortho, d'Engreux
et de Wionpont quattre bonniers et demy et les veufves la moitié en droit
de remontes consistant en ce que chacun cheval d'attelée et charue des
hommes monsieur doit six deniers et deux bœufs autant, en droits affouage,
que payent les hommes monsieur, au Ban et mayerie de Wionpont debvant
chacun un pattart et demy en droit de charue, debvant chaque ménage sous
la dite mayerie ayant pleine charue quattre grosses vallissans un sol trois
deniers payant la demie et le quart à l'advenant ; en droits d'affouage et
estocage que plusieurs de nre dl comté payent pour levée du bois mort,
scavoir ceux d'Amberloux, d'Orlho, de Wionpont cl Chemplion payant
chaque ménage un sol six deniers, en bois flottant qu'on appelle Guien en
bois que les -hommes monsieur du ban d'Ortho nous doibvent chacun an
au Rois, scavoir ceux qui ont charue, soit de bœufs ou chevaux, une charrée
de bois ; en droit des charues et scitures consistant en ce que tous les
hommes monsieur des Bans et mayeries d'Orlho Engreux et Wionpont nous
doivent demy muid de seigle et autant d'avoine, comme aussy nous est deu
es villages de Rondu, Sure, Oste et Lesterneux certain droit de terrages
et sartaiges consistant en ce que chacun sortant aux dits quartiers doibt
par an un muid seigle, de même aux villages de Bande nous appartient le
tiers au droit de terrage contre les devantdits abbé et couvent de S1 Hubert,
consistant en la dixième gerbe, de plus le dit revenu consiste en disme
que doibvent ceux de Neufville en ponteries que payent ceux des mayries
d'Ortho, Wionpont, Engreux et Lignier ; Ceux de Bretaigne, Beaussaint
— 159 —
et Vecquemont debvant chaque manant laissant disme de soille et avoine,
une poieterie de deux stiers, debvant le même ceux du village de Harsi.
Les habitants du village de Thienville nous doibvent aussi pour
chaque ménage faisant feu une chaulte de six stiers seigle et avoine,
exceptés six ménages qu'en sont exempts et les veufves ne payant que
la moitié, comme de même ceux de la dite seigneurie de Vecque-
mont, qui ne nous doibvent pour chaque ménage que demy stier,
en droit de foresterie consistant en ce que chacun ménage doit un stier
d'avoine se payant iceluy par ceux des villages de Chemplion, d'Aïeux et
Beaussaint, en droit de terrage et bois d'aysance consistant en la dixième
gerbe des terres et bois d'aysance qu'on saite et ensemence, qui se lève
principalement au quartier de Bande où nous n'avons que le tiers, en traité
des mines se faisant icelle présentement au regard du fer au quartier de
Champlion consistant en l'onzième charré ou nous prenons le tiers seulement
contre les dits prélat et couvent de Sl-Hubert, toutes les autres mines nous
appartenant au dit comté comme souverain, en droit de paison, chasse,
pescherie, confiscations, amendes et plusieurs cens et arrenlements ordrcs
tant en cire que chappons sans les gellines que les habitans d'Ortho et
Engreux payent par ménage, dont sera dressé, comme plus emplement est
porté par les conditions Cyd1, cartulaire pertinent apparant de la dite
jurisdiclion et revenu par les comptes verbaulx Règlements et Estats en
eslan reponsans en nre dite chambre des comptes en cette ville, où en
cas de difficulté sera prins recours.
Lesquels château, ville, terre, comté, jurisdiclion et revenu avec les
appartenances cy devant spécifiées, avons vendu, cédé et transporté à titre
de gagière à notre dit Cousin le prince de Barbanson, acquérant au nom
de Dame Marie de Barbanson, sa compaigne, par remploy des deniers
procédez de la vente de ses bois de haute fustaye de la forest de Dave
ensuite desclauses de leur conlracl de mariage par elles ses hoirs et suc-
cesseurs en jouir, comme de leur propre bien durant la dite gagière, parmy
la somme de cent soixante quattre mille six cent soixante cinq livres douze
sols de quarante gros monnoye de Flandre la livre qu'il sera payé et furny
comptant es mains de messire Ambroise Van Oncle chlr, Cons1 et Receveur
gnâl de nosdits finances par nous à ce commis lequel sera tenu en bailler
sa Ire de recepte rendre compte et reliqua à nre proftil avec les autres
deniers de sa dite recepte.
Et comme nre dit cousin nous a requis pour asseurance de cet achapt à
— 160 —
titre de gagère au nom de la dite Dame Marie de Barbanson sa compaigne,
ses hoirs et héritiers que nre plaisir fust de leurs accorder nos lettres
patentes d'engagère à ce nécessaire. Scavoir faisons que Nous, ces choses
considérées, et ayant le dit accord et engagement pour aggréable, et sur le
tout en premièrement l'avis et délibération que dessus, avons de notre
certaine science et propre mouvement pour Nous, nos hoirs et successeurs
Duc et Duchesse du dit Luxembourg vendu, cédé et transporté, vendons,
cédons et transportons à nre dl Cousin le prince de Barbanson, acquérant,
comme dit est, la dite terre, château et Comté de la Boche à titre d'enga-
gement, pour par iceluy la dite dame sa Compagne, leurs hoirs, succes-
seurs et ayant cause, tenir icelle en toute justice, haute, moyenne et basse,
avec ses appendances et dépendances, comme nous et nos prédécesseurs
l'avons de toute ancienneté tenu jouy et usé jusquesà présent, aux charges
et conditions cyds reprises, pour en la même forme et manière en jouir et
user, et tout ainsy que Nous et nos prédécesseurs avons fait, ou de par
Nous, audit lieu, nos officiers avant cette engagère aux mêmes, tels et
semblables droits, honneurs, libertés, prééminences et franchises, qu'ont
fait et font les autres hauts justiciers de nred1 pays de Luxembourg réservé
seulement et non compris en la présente vendition et transport à titre de
gagère nre Souveraineté, son de cloche, aydes, rémission de crimes et
délits surannés, légitimations, octroys, tous arbres estant sur les chemins
et rues publiques et communes, confiscations que nous pourroienl arriver
et escheoir a cause de guerre, et tous autres droits semblables de ressort
et Régale, qu'avons réservé et reservons à Nous et nos successeurs par ces
présentes, comme de même toutes les mines et concessions qui pourroienl
estre demandées cy après pour traicté d'icelles, sauf celle de fer, qui
demeurera à nredit cousin, aussy les bien vacquans et des Bastards, nonob-
stant que en nred1 pays de Luxembourg le droit d'iceux n'appartient aux
hauts justiciers, laquelle vendition, cession et transport de la dite terre et
Comté de la Boche a titre d'engagère ainsy faite, avons icelle avec ses
appendances et dépendances esclissée et séparée, esclissons et séparons
par ces prîtes des hautes membres et parties de nred1 Domaine de Luxem-
bourg pour en laisser jouir doresnavant le dit prince de Barbanson acquérant
au nom de la dite Dame sa Compaigne, leurs hoirs et ayans cause, comme
de leurs propres biens, sauff qu'ils seront tenus de tenir, ladte moyenne et
basse seigneurie en plein fief, et à relever, comme dit est, de Nous et de nos
successeurs, et ce es mains de notre dit Gouverneur de nre pays de Luxem-
— 161 -
bourg tant pour cette que les autres fois, que la dite terre changera de
mains, et que le relief y escherra en la même forme et manière qu'est usé
au regard des autres fiefs d'iceluy nre pays et Duché de Luxembourg en
laissant, comme dit est, au dit prince de Barbanson acquérant comme
dessus et leurs hoirs et successeurs la pleine et entière puissance de la
dite haute moyenne et basse jurisdiction de la dite terre et Comté de la
Roche sous les conditions susdites en et par la manière que dit est, et ce
tant et si longuement que nous ou nos dits successeurs n'auront acquitté
et déchargé icelle ensemble et à une fois vers luy, sa dite compagne, leurs
hoirs ou ayans cause en leurs payant et rendant la susdite somme de cent
soixante quattre mil six cent soixante cinq florins et douze sols, ensemble
les six mille florins qu'avons accordé au dit prince de Barbanson pour mé-
lioralion du bastiment de nre dl château de la Roche, à charge de faire
apparoir par deus enseignements de l'employ effectif d'iceux pour les
deniers du dit remboursement estre rendus et remployez au proffit de la
dite Dame sa compaigne, ou de ses hoirs, comme procédez de son lez et
coslé, comme dit est, et employez au dit achapt h titre d'engagère, lequel
remboursement ne se pourra faire toutesfois qu'après l'expiration de dix
ans doiz la possession en prince, comme dessus, pour le dit rachapt ainsy
fait, et la dite terre et comté avec ses appartenances et dépendances ainsy
déchargée et acquittée, estre annexée, remise et réunie à notre dit Domaine
de Luxembourg, et retourner en la même nature et estât qu'elle esloit
devant le jour de la date de cettes, sans que pendant ledit tems nos Gou-
verneurs de nre dl pays de Luxembourg ou autres officiers leurs Lieute-
nants présens et avenir quels qu'ils soyent, ayent, ou puissent prétendre
civilement ou criminellement avoir en ladite haute, moyenne et basse sei-
gneurie de la dite terre et Comté de la Roche, appendences et dépendences
aucune judicature 01: entremise en manière que ce soit, sauf celles qu'ils
ont eu en toutes autres hautes justices, particulières, ains en laisseront la
connoissance, judicature, administration à nred1 Cousin, la dite Dame sa
compagne, leurs hoirs et héritiers lesquels auront et leur donnons et
octroyons par ces présentes pouvoir et authorité d'y exercer et faire admi-
nistrer la justice, sauf qu'icelle sera tenue d'aller à loy et appel à nre dit
conseil de Luxembourg, comme de toute ancienneté et en faisant par Nous,
nos hoirs et successeurs le rachapt cy dessus mentionné, lequel pourrons
faire toutes et quantes fois que bons nous semblera après le terme de six
ans devant dit, nonobstant aucun laps de tems soit immémorial ou autre
— 162 —
promettons de bonne foy faire celuy en bonne monnoye qu'aura cours en
nos pays de par deçà au temps du dit rachapt bien entendu toutefois que
Nous ou nos successeurs voulans faire iceluy serons tenus de le signifier
une demi année auparavant au dit prince et à la dite Dame, sa compaigne,
ou leurs ayans cause deuement en luy laissant tous et quelconques les
fruits et émoluments ensemble toutes amendes qui jusques au dit jour
escherront et auront êtez calengées ou poursuivies, saut' les eschéances des
fermes et ventes des autres parties du Domaine tant en argent qu'en grains
dont le pied ne sera couppé au tems dudil rachapt suivant le cours de la
saison d'alors qui demeureront à Nous, nos hoirs et successeurs nonobstant
quelles arrivent tost ou tard pour le dit rachapt ainsy fait reprendre, comme
dit est, et reunir à nre Domaine ladite terre et Comté de la Roche tout,
ainsy et en la manière qu'elle estoit auparavant la date de ces dites pré-
sentes, et afin que celle vente et contracl à titre de gagère soit de plus de
force et de meilleure valeur et puisse sortir son plein effet, Nous avons
promis en parole de Roy et par ces dites présentes promettons pour Nous,
nos hoirs et successeurs inviolablement le garder et entretenir et par tous
nos officiers dessus nommez et tous autres qu'il appartiendra faire garder,
entretenir et observer selon la forme et teneur que n'irons directement ou
indirectement, ou souffrirons par qui que ce soit aller au contraire sous
quelque couleur ou occasion, ains maintiendrons et garantirons le dit con-
tract, et ce qu'en dépend, eu la manière que dit est, et tiendrons le dit
prince et sa compaigne quittes, franques et déchargez de toutes cavillations
et charges envers et contre tous, renonceants même quant à ce à toutes
prééminences, privilèges et exceptions de droit et de fait, que ne voulons
de par Nous ou autrement de quelque estât qu'il soil pouvoir estre objéciés,
ny avoir quelque effet au contraire au préjudice des choses dessus dites et
aiin d'éviter à l'avenir tout sujet et occasion de difficulté et dispute, le dit
prince sera tenu de bailler, comme dit est, pour une asseurance, aux dits
de nos comptes ses lettres renversales contenantes promesse de rendre ou
faire rendre la dite terre et Comté de la Roche lorsque Nous ou nos suc-
cesseurs en voudrons faire rachapt entier sans aliénation d'aucune partie,
et au même pied qu'icelle luy sera livrée, avec ses appartenances et dépen-
dences, rien excepté, à quel effet ordonnons aux dits de nos comptes de
faire dresser au lieu un estât distinctement particularisé de valeur et im-
portance de chaque partie et membre de la dite terre et comté de la Roche,
et de ce qui en dépend avec estimation des usines et mesuraige de la gran-
— 163 —
deur et consistence des terres, viviers et autres parties cy devant spécifiées
pour au tems de l'immission du dit prince en la possession de la dite terre,
le dit estât par luy ou ses constitués estre receu et au pied d'iceluy couché
déclaration contenante aussy promesse de garder et accomplir ponctuelle-
ment en tous leurs points les conditions et charges reprinses cy devant, et
de maintenir et relivrer le tout au pied du dit estât au tems du désengage-
ment, auquel effect double authentique luy sera livrée du dit Estât pour
s'en servir là et ainsy que bon luy semblera. Si donnrons en mandement à
nos amez et féaux les Gouverneur, Président et Gens de nréd1 Conseil de
Luxembourg, procureur gênerai, et justicier des Nobles dudit Luxembourg,
auxdits de nos finances, de nre chambre des comptes en cette ville, nos
prevost et Receveur du dit comté de la Roche, leurs Lieutenants et chacun
d'eux en son droit et comme a luy appartiendra, et a tous autres nos offi-
ciers et subjets présens et à venir qui ce regardera fassent soutirent et
laissent le dit prince et sa compagne, leurs hoirs et successeurs ou ayans
cause pleinement et paisiblement jouir et user de la dite haute moyenne et
basse seigneurie de la dite terre et Comté de la Roche en la manière avant
dite, en procédant par les dits de nos Finances et de nos comptes en cette
ville à la vérification et intérinement de ces dites présentes selon leur
forme et teneur et parmy rapportant par nos dits prévost et Pièce veur de
la Roche vidimus ou copie authentique de ces dites présentes en nre dite
chambre des comptes pour une et la première fois tant seulement, voulons
iceux nosdils prevost et Receveur estre tenus quites, paisibles et déchargés
de rendre leur compte de la dite terre et Comté de la Roche, jurisdiction
et revenu d'icelle faisant seulement mention du rachapt perpétuel de la dite
terre en leurs derniers comptes à rendre de la dite gagère auxquels de nos
comptes mandons par ces dites présentes d'ainsy le faire sans aucune con-
tradiction, difficulté, nonobstant les ordonnances cy devant faites sur la
conduite de nos Domaines et finances, et mêmes celles de l'an 1531, 40 et
45 par lesquelles auroit été et est expressément deffendu et prohibé de
vendre engager ou aliéner nos dits Domaines ou partie d'iceux, ce que
déclarons ne debvoir avoir lieu, ny pouvoir préjudicier au dit prince de
Barbanson et à la dite Dame sa compaigne, leurs hoirs et successeurs, ou
ayans cause, ny aux dits de nos finances et de nos comptes, ny à aucuns
autres nos officiers, ains les avons relevé et relevons et si les avons dé-
chargé et deschargeons par ces dites présentes des serments par eux res-
pectivement prestes sur l'entretenement et observance des dites ordon-
- 164 —
nances, demeurant néantmoins icelles en tous autres points et articles
restans en leur' pleine force et vigueur, nonobstant quelconques autres
ordonnances, restrictions, mandements, ou deffences au contraire : En
lesmoing de ce Nous avons fait mettre nre seel à ces dites présentes.
Donné en notre ville de Bruxelles le 16e de Décembre l'an de grâce mil
six cent vingt huit et de nos Règnes le huitième. Paraphé ma : V s'ensui-
voil ainsj par le Roy, madame l'Infante, les Comtes des Couppigny et de
Warfuzé cheff, messir francois Kinshot chlr Trésorier gnal Messe Jean
Baptiste Maes et Jean Van Wouevère chlrs commis des Finances et autres
présens signé Werreycken. S'ensuivoit ainsy les chiefs trésorier gnal et
commis des Domaines et Finances du Roy consentent et accordent, en
tant qu'en eux est, que le contenu en ces lettres patentes soit fourny et
accomply tout ainsy et en la même forme et manière que sa majesté le
veut et mande estre fait par les dites lettres patentes. Fait à Bruxelles au
bureau des dites finances sous les seings manuels des dits chiefs Trésorier
gnal et Commis le vije de février xvjc vingt nœuf C : L : Dongnyes, R :
Comte de Warfuzé, f : V : Kinschot, J: B: Maes et J : Kesseler, et estoient
ces lettres scellées avec le grand scel de sa majesté en cire rouge pendant
en double queue de parchemin s'ensuivoit ainsy aujourd'huy xe de février
xvjc xxix ont ces présentes lettres d'engagère estes veues et leues au grand
Bureau de la Chambre des comptes de sa majesté en Brabant, et suivant
le contenu d'icelles enregistrées et inlérinées au Registre nouveau fait a
cet effet, pour les Seigneuries et autres parties engagées des Domaines de
Brabant pays d'Outremeuse, du Duché de Luxembourg et Comté de Chiny
commenceant en l'an xvjc xxvj marqué des lettres M. M. folio cxix vso et
sequentibus signé P : Backer, plus bas estoit accordé aux lettres patentes
originelles d'engagière estoit signé P : Backer.
Il est ainsy trouvé au Registre mentionné dans l'intérinement cy dessus
reposant en la Chambre des Comptes de Sa Majesté impériale et catholique
en Brabant, temoing le soussigné auditeur et Greffier ordinaire de la dite
Chambre estoit signé f : Vanderborcht avec paraphe.
70. 4664, 5 mars. — Apjjointement concernant la séparation deBeausaint
et de la Roche.
Comme procès estait intenté au conseil de Luxembourg entre les Prévost,
Magistral, Bourgumre et conseil de la ville de la Roche impts de mande-
ment à informer contre Dame Margueritte d'Orgo, Dame de Beausaint et
— 165 —
les pères Carmes de la ville de Marche adjournés et défendeurs touchant
les droicts, authorité qu'ont ehu de tout temps immémorial et jusqz au
pnl les ds Prévost, Maieur et justice susdle à l'hospital de la Roche situé
au faulbourg de ceste ville, et dépendance d'iceluy hospital, pour lequel
procès assopir et extindre les dits impls et Dame sont tombés d'accord
entre eulx au moyens que lesds impls ont recognus, coe par ceste ils
recognoissent le fond dudit hospital et dépendance estre gisant sur la
seigneurie du dit Beausainct pour par la dite Dame et ses successeurs jouir
de toutes amendes, forfactions. coe aussy de recepvoir par sa justice tout
acts et œuvres de loix qui viendront à opérer, ensemble des droicts, cens
rentes sriaux luy dheus et à y escheoir, aussy es jardins de quehapré scitués
entre le chemin royal et le ruisseau de Bronce jusqz au pont des Cades,
les séparations de laquelle seigneurie se font par le dl ruisseau de Bronce
descendant derrière réglisse dudit hospital jusqz à la ruelle d'entre la dle
églisse et la maison de feu Urban le Blanc, se radressant à un canal vul-
gairement nommé Corotle qui retourne par devant la maison de Gérard de
Marche et se va rendre à l'eau d'Ourte, parmy quoy la dite Dame tant en
son nom que de ses successeurs futurs, même de l'adveu de noble et
généreux seigneur Pierre Louis de Coppin, son fils aisné, et de son Conseil
tous pnts ont déclaré et déclarent se contenter de la recognaissance susdte
sans y prétendre ny clamer aullres droit que les susspécifiés et ce en qualité
de hault justicier, moyen et bas laissant le dit hospital, églisse, bastiments,
pourprix et dépendances pour hospital de la ville de la Roche coe il a esté
de tout temps, recognaissant l'administration d'iceluy hospital, de ses cens,
rentes, revenus et dépendances compecter et appartenir aux Prévost et
Magistral susdit privativement et à l'exclusion de tous aullres avec pouvoir
de bastir, méliorer, changer et réedifier selon qu'ils trouveront convenir,
aussy y créer Manbourg, hospitalier, y loger, establir, déloger hnallement
en disposer à l'exclusion de la dite Dame, ses successeurs et de tousaultres
sans préjudice de la juridiction et droict de haultaineté, moyenne et basse
sus reprinse et sy nat peu la dite Dame ny le seigneur de Beausainct son
feu maris en disposer, non plus avant ce pnt appoinctement, qu'il ne ferat
cy après, ayant la dite Dame et le dit seigneur son fils, et leur Conseil
consenty pour leurs esgard a l'establissement des P. P. Récolels qu'ont
faict les Impls en un quartier du dit hospital, mais advenant qu'ils obtien-
droyent permission du Roy d'y bastir cloître ou maison conventuelle et que
1<2
- 166 -
sa Majesté demandant de ce l'adois des ïmpls, iceulx en debveront donner
communicquation au Seigneur de Beausainct pour y apporter pareillement
son consentement, le mesme ferat le dl seigneur de Beausainct aux dits
Prévost et Magistrat du dit la Roche, arrivant que ledit advis s'adresse à
ly, demeurant au moyen de ce tous despens compensé. Et partyes ont
ordonné à leurs Greffiers de l'enregistrer, scavoir que le Greffier de la
Roche l'escrivent de sa main au regre du fief du dit Beausaiuct et récipro-
quement celluy de Beausaint au regre de la Roche, et le munir chacun de
sa signature esdils deux registres. Ainsy fait et arresté et mis en guard de
loix le cincquiesme Mars mil six cent soixante quattre. — Signé — G. Robert.
Extrait de la cour de Beausaint-Vecmont. — Oeuvres de loi.
LES
COMTES DE CHINY.
(suite.)
AîlNULPIIE IV, DOUZIÈME COMTE DE ClIINY.
1299 — 1310.
Jean I, comte de Looz et frère aîné du feu comte de Chiny, avait été
marié deux fois. De sa première femme, sœur du comte de Juliers, naquit
un seul enfant, nommé Arnulphe, dont nous allons parler. Isabelle de
Condé, sa seconde femme, lui donna deux autres fils : Jean, surnommé
d'Agimont, et Jacquemin, qui fut chanoine de Saint-Lambert et prévôt de
Saint-Denis, a Liège.
Depuis plus de vingt ans l'aîné de ces trois princes avait succédé à son
père au comté de Looz, lorsque la mort de son oncle Louis V le mit en
possession du comté de Chiny. 11 est dans l'histoire de Looz le cinquième
comte du nom d'Arnulphe et, dans celle de Chiny, le quatrième.
Dès l'année 1281, Arnulphe avait acheté h ses deux frères consanguins
tous les biens qu'ils pouvaient avoir sur le comté de Looz et même tous
leurs droits éventuels, présents ou futurs, dans le comté de Chiny. C'est
alors qu'il leur avait cédé préventivement certains domaines qui étaient du
ressort de ce dernier comté, a savoir : une partie des terres d'Agimont et
de Givet, plus des rentes à toucher dans le Hainaut (1). Rien ne s'opposa
donc à l'installation d'Arnulphe IV dans son nouveau comté de Chiny.
(1) Daris, Hist. de Looz, p. 491 ; Butkens, Troph. t. 1, p. 114; Schoonbroodt, chartes de
St-Lamb. n° 350.
Jean d'Agimont, l'aîné des deux frères consanguins d'Arnulphe IV, mourut, en 1310, au
service de l'empereur Henri de Luxembourg, son cousin. On trouve, dans le Miroir des
nobles de la Hesbaye, de nombreux renseignements sur lui et sur sa postérité, surtout
dans les notes de Jalheau, pages 192 et 261 ; également dans les manuscrits de Lefort,
série I, t. XIII, p. 292, aux Archives de l'État à Liège.
Quant à Jacquemin de Looz, il vivait encore en 1238. L'épitaphe citée par Mantellius,
Hlstor. lossens. p. 205, pour prouver qu'il mourut en 1330, est ou fausse ou mal déchiffrée.
En effet ce seigneur obtenait du prince -évèque, le 3 décembre 1337, l'autorisation d'aliéner
par testament ses biens féodaux, et, le 19 février suivant, il choisissait les pauvres pour
ses légataires. Il exceptait toutefois: ses biens féodaux de Thuillies et d'Ossogne, qu'il léguait
à la collégiale dont il était prévôt ; une rente de deux muids d'épeautre, destinée a la ci >n-
frérie du Vieux-Chapitre ; ses biens de Neui'chàteau, au comté de Chiny, et ceux de Balâtre
et de Laneffe, qu'il laissait à ses trois neveux Louis, Jacques et Arnold, lils de Jean d'Agi-
mont et tous trois chevaliers. V. Notice des Cartul. de la collégiale Saint-Denis, par
S. Bormans, page 90.
13
— 170 —
Récapitulons brièvement la vie déjà longue de ce prince. L'année
qui précéda son avènement au comté de Looz, il avait soutenu
généreusement la cause de son aïeul maternel le comte de Juliers contre
la ville d'Aix-la-Chapelle et contre l'archevêque de Cologne. Après la mort
tragique de ce vieux comte et de son fils aîné, il avait, de concert avec les
comtes de Gueldre et de Luxembourg, continué sans trêve ni merci la lutte
engagée avec les ennemis de la maison Juliers. Mais, à l'apparition dans
le pays d'Outre-Meuse, de Jean I, duc de Brabant, c'est-à-dire au mois
d'avril 1280, les combats cessèrent tout à coup, et la paix fut définitive-
ment conclue, le '10 septembre suivant.
Dans l'intervalle marqué par ces deux dates, Arnulphe IV avait épousé
Marguerite, fille de Philippe, comte de Vianden, et de Marguerite, dame
de Perwez, Grimberg et Ninove. 11 lui donnait pour son douaire quatre
cents livres, hypothéquées sur les châteaux de Duras et de Sprimont, ainsi
que sur d'autres propriétés. Ces conventions furent actées à Bruxelles, le
21 juin 1280; elles reçurent l'approbation du duc de Brabant, de qui mou-
vaient les deux châteaux hypothéqués. On remarquait, parmi les nombreux
témoins de ce contrat, Godefroid de Brabant, comte d'Arschot, Henri de
Louvain, sire d'Herslal et Wautier Bertout, sire de Malines (1).
Notons ici qu'avant de songer à Marguerite de Vianden, Arnulphe avait
recherché en mariage une autre princesse, nommée également Marguerite,
fille de Henri II, comte de Luxembourg. Il existe au Public Record Office
de Londres une lettre non datée, écrite par le comte de Luxembourg
Henri II, au roi d'Angleterre Edouard I. Entre autres choses le comte prie
le roi de s'entremettre auprès du souverain pontife, afin d'obtenir une dis-
pense de mariage entre le comte de Looz et sa fille, lesquels, affirme-t-il,
sont parents aux troisième et quatrième degrés (2).
On peut lire cette lettre dans les Publications historiques de Luxem-
bourg (3). Je n'y reviendrai que pour répéter que son auteur est néces-
(1) St-Genois, Monum. anc. t. II, p. 228; Bertholet, t. V, p. 208.
(2) Cum vir nobilis cornes de Lous, qui matrimoniali copula nubere nititur meœ filice, si
per dispensationem domini summi pontifiais (suppl. liceat),cum in tertio et quarto sint
gradu, etc. Indiquons ces degrés :
Thibaut I, comte de Bar, dont
I. Henri II, comte de Bar.
II. Marguerite, comtesse de Luxembourg.
III. Marguerite, fiancée.
(3) Tome XXX; page 277.
I. Mechtilde, comtesse de Chiny.
II. Jeanne, comtesse de Chiny.
III. Jean, comte de Looz.
IV. Arnulphe, fiancé.
— \1\ —
sairement le comte Henri II. La Chronique de Clairefontaine contient à ce
sujet une phrase bien remarquable. Marguerite de Luxembourg, fille du
comte Henri II, avait, nous dit-elle, le plus vif désir d'entrer en religion ;
mais des raisons d'État ayant fait échouer son projet, elle fut accordée en
mariage au comte de Chiny ; ce qui du reste ne l'empêcha pas de vivre
comme une religieuse et de rester vierge (1). Comme celte princesse de
Luxembourg vivait encore longtemps après le mariage du comte Arnulphe
avec Marguerite de Vianden, il faut conclure que les premières conventions
ne furent que de simples fiançailles. Pourquoi ont-elles été rompues? On
l'ignore. Peut-être parce que Marguerite de Luxembourg ne s'y était pas
prêtée de bonne grâce, peut-être aussi parce que la dispense demandée au
pape ne fut pas accordée.
Quelque temps après son mariage, le comte Arnulphe faisait avec le duc
de Brabant l'exacte délimitation de leurs communes frontières, du côté de
Landen et de Montenacken (2). A la fameuse bataille livrée à Wœringen,
le 5 juin 1288, il commandait l'aile droite des alliés de ce même duc et,
au rapport de tous les chroniqueurs, il eut une grande part à la victoire.
Il eut aussi le bonheur de sauver la vie à deux de ses parents qui combat,
taient dans les rangs ennemis : à Regnaud, comte deGueldre, et à Waleran,
sire de Fauquemont.
Six ans plus tard ces deux parents étaient devenus, l'un son ennemi,
l'autre son allié. Le comte Arnulphe et Waleran de Fauquemont assiégeaient en
effet Regnaud de Gueldre dans le château de Rorne, près de Sittart. En vain
Adolphe, roi de Germanie, leur intima- 1 il l'ordre de lever le siège et de
déférer à son tribunal suprême leurs griefs contre Regnaud de Gueldre ;
en vain les menaça-t-il de faire marcher contre eux les troupes de l'arche-
vêque de Cologne, du duc de Brabant, des comtes de Hainaut, de Clèves
et de Hollande (3). Les deux assaillants savaient sans doute à quoi s'en
tenir au sujet des dispositions à leur égard des princes dont le maladroit
monarque voulait leur faire peur ; car ils ne tinrent aucun compte ni de
ses ordres ni de ses menaces, et ils continuèrent le siège. Trois mois après,
l'empereur prenait la résolution d'aller lui-même au secours du château de
Borne (4). On ignore ce qui advint ensuite. Vingt-cinq ans plus tard le
(1) Cartul. imprimé de Clairefontaine, page 273. Ce texte a été on ne peut plus maladroite-
ment tronqué par D. Henriquez, Lilia Cistercii, tom. II, p. 165.
(2) Cartul. de Saint-Lambert, n° 384.
(3) Voir la lettre de cet empereur dans le cod. diplom. de Ernst, Hist. du Uinbourg,
tome VI, page 421. Elle est datée du 29 avril 1294.
(4) Wolters, cod. dipl. loss. p. 174.
— 172 -
château de Borne était, comme au commencement du siècle précédent, un
fief relevant du comte de Looz (1).
Le 2 novembre 4295, le comte Arnulphe accompagné de chevaliers
parmi lesquels se trouvaient le même Waleran de Fauquemont, comparais-
sait à Liège devant une réunion formée du chapitre de la cathédrale, des
nobles et des députés des principales villes delà principauté. Voici les faits
qui avaient motivé cette imposante réunion.
A la mort du prince-évêque Jean de Flandre (1292), Arnulphe s'était
proclamé mambour et, sans attendre sa nomination du chapitre, avait pris
en main le gouvernement de la principauté. Il prétendait que celte mam-
bournie était un fief héréditaire de sa famille. Le chapitre protesta, ce qui
n'empêcha pas Arnulphe de relever sa mambournie du nouveau roi de Ger-
manie. Cependant les chanoines s'étaient divisés et avaient nommé deux
candidats a l'évêché. La vacance du saint siège relarda jusqu'en 1295 la
solution de cette nouvelle difficulté. Mais alors l'évêché de Liège ayant été
conféré à Hugues de Chàlons, le comte de Looz consentit à ce que la
question de la mambournie fut soumise à l'examen d'hommes compétents.
Ceux-ci donnèrent gain de cause au chapitre.
Les choses en étaient là, lorsque fut convoquée l'assemblée solennelle
qui devait ratifier et proclamer ce jugement. La conduite du comte de
Looz dut y mettre tout le monde singulièrement à l'aise ; car il vint lui-
même déclarer franchement qu'il s'était trompé en croyant avoir droit à la
mambournie ; il y renonçait donc et promettait de ne jamais se prévaloir
de l'investiture à lui donnée par le roi de Germanie (2). Il changea néan-
moins d'avis dix-sept ans plus tard, après cette journée connue sous le
nom de Maie Saint-Martin, laquelle fut si fatale à la noblesse liégeoise.
Arnulphe aidé du duc de Brabant et du comte de Gneldre, venait de
réconcilier le comte de Juliers, son beau-frère, avec Wichold, archevêque
de Cologne ; il s'efforçait d'obtenir un arrangement semblable entre l'évê-
que de Liège et le chapitre de sa cathédrale, lorsqu'il fui appelé à recueillir
la succession de son oncle Louis V, comte de Chiny. C'était aux approches
de l'hiver.
Il ne reste aucun détail ni sur la mort de Louis V, ni sur les honneurs
funèbres qui lui furent rendus, ni sur la prise de possession de son suc-
cesseur. Une charte de Boémond, archevêque de Trêves, le qualifie, à la
(1) Daris. Ilist. de Looz, tom. I, page 497.
(2) Daris, ibidem, p. 499.
— 173 —
date du 3 décembre 1299, de Arnulphus chiniaccnsis, de sire d'Ivoix et de
comte, mais sans dire comte de Chiny. Cette dernière qualification ne
prouve pas qu'il ait été dès lors inauguré comte de Chiny, mais il l'était
certainement bien peu de temps après.
La charte de l'archevêque nous apprend que l'un des premiers actes
d'Arnulphe IV, dans le comté de Chiny, fut l'accomplissement d'un devoir,
bien souvent négligé à cette époque. Arnulphe était l'avoué des prébendes
du chapitre d'Ivoix. Il devait en cette qualité veiller à la bonne administra-
tion des fondations du chapitre et à l'exacte observance des lois qu'elles
imposaient aux bénétîciers. Or, parmi ces lois, celle de la résidence don-
nait lieu à des interprétations arbitraires. Arnulphe et les titulaires eux-
mêmes s'en plaignirent a l'archevêque Boémout qui, entre autres prescrip-
tions, ordonna : 1° que tout chanoine devait, la première année, résider
effectivement à lvoix pendant trente semaines, consécutives ou non ; les
années suivantes, la résidence obligée n'était que de vingt semaines. Un
seul jour de moins suffisait pour faire perdre au titulaire tous les revenus
d'une année ; 2° que, pendant ce temps de résidence, tout chanoine est
tenu d'assister journellement à l'un des trois offices, c'est-à-dire aux matines,
ou à la messe ou aux vêpres. Cette ordonnance fut scellée des sceaux
de l'archevêque, du comte et du chapitre.
Le 3 décembre 1299.
Boemundus, Dei gratia Trevirorum archiepiscopus, dilectis in christo filiis
capitulo et singulis candnicis ecclesise Beatœ Marise ivodiensis, nostrse trevi-
rensis diœcesis, prœsentibus et futuris, salutem in Domino sempiternam.
Ad nostram de novo pervenit notitiam quod canonici ecclesiae ivodiensis
sancta institutione sua sacramentum prestant in ecclesia ipsa residentiam se
facturos, prout in statutis ejusdem ecclesiœ, per venerabilem prœdecessorem
nostrum Th. trevirensem archiepiscopum confirmatis, hsec talia dicuntur
plenius contineri ; quœ residentia per nos vel prsedecessores nostros, Treviro-
rum episcopos, seu quemvis alium, nondum extitit hactenus declarata.
Unde, cum ex officii nostri debito ecclesiis et personis quarum curam
gerimus de opportuno providere remedio teneamur, ne vos, canonici pra3dicti,
prsetextu residentia} memorata3 anceps perjurium incurratis, statuta pncdicta,
quantum ad residentiam vestram et quœdam alia quse correctione indigebant,
pro utilitate pauperis ecclesise ivodiensis et pace conscientiarum vestrarum,
ad vestram et nobilis viiï Arnoldi chiniacensis, domini de Ivodio, patroni
prsebendarum vestrarum, supplicationem, in modum qui sequitur, corrigimus
ac etiam declaramus :
— 174 —
In primis statuentes declarando et déclarantes statuendo quod canonicus
ivodiensis, facta institutione sua, teneatur pro prima residentia per triginta,
pro aliis vero, facta prima, per viginti septimanas anni cujuslibet continuas
vel interpollatas, residere in ecclesia ivodiensi, secundum modum inferius
annotatum. Quam residentiam si facere neglexerit seu non curaverit, in toto
vel in parte, etiamsi per solam diem ipsum deficere contigerit, nihil de fru-
ctibus prœbendse suas anni illius percipiet. Et si quis perse vol aliumreceperit
illos, cotidianis distributionibus et anniversariis dumtaxat exceptis, infra
mensem, computandum a die qua eertum erit dictum canonicum suam non
posse complere residentiam, personœ per vos ad hoc deputandse restituere
tenebitur, inter praesentes canonicos, qui suam, ut prœmissum est, compleve-
rint in ecclesia ivodiensi personalem residentiam, œqualiter dividendos.
Quos si infra mensem prœdictum restituere cum effectu distulerit, nihil de
fructibus prœbendas sueb, nec de denariis horarum et anniversariis, quamdiu
eos retinuerit, percipiet; nec habebit intérim vocem in capitulo, nec etiam
ad tractatus capituli ullatenus admittetur. Canonicus autem suam volens in
ecclesia ivodiensi facere residentiam, ad ipsam faciendam, in ecclesia
ivodiensi, coram praesentibus canonicis, infra festum beati Remigii in capite
octobris, anno quolibet, per se vel per procuratorem idoneum, offerat se
facturum. Quam residentiam faciet canonicus qui, per tempus prœfixum, una
de tribus horis diei, scilicet matutinis, missse vel vesperis, in ivodiensi ecclesia
personaliter comparebit, nisi Ivodii minutus fuerit vel infirnius.
Statuta vestra praedicta in aliis suis clausulis ac correctionem, neenon
ordinationem et declarationes praesentes ac consuetudines antiquas ecclesiao
vestrae licitas, in omnibus approbantes, ipsa authoritate metropolitana confir-
mamus ; quae singulis vobis, et vestrum cuilibet, in virtule obedientise invio-
labiliter praecipimus observari.
In cujus rei testimonium sigillum nostrum, una cum comitis praedicti et
ecclesiae vestrae sigillis, praîsentibus est appensum.
Et nos, cornes et capitulum, pnedicta sigilla nostra, in signum consensus
nostri, una cum sigillo reverendi patris praedicti, praesentibus duximus appo-
nenda.
Actum et datum anno Domini M. CG. nonagesimo nono, feria quinta post
festum beati Andraeae, apostoli (I).
Les solennités funèbres aussi bien que les mariages et les inaugurations
ont toujours été dans les pays de Luxembourg et de Chiny, des occasions
de dépenses exorbitantes, parfois ruineuses. Personne donc ne sera surpris
(1) D'après une copie du P. A. Wiltheim,Bibl. Bourg. N°0759, sans autre indication que
ces mots : A D. Bergerotio, advocato.
- *75 —
de voir Arnulphe faire un emprunt de trois mille sept cent quatre-vingts
livres, monnaie en usage dans les foires de Champagne.
A cette époque les usuriers, auxquels on donnait le nom de lombards,
faisaient dans nos contrées un commerce très lucratif. La plupart des
princes furent bientôt leurs débiteurs, et presque tous, hors d'état de
rembourser les sommes empruntées, laissaient les intérêts grossir le capital,
jusqu'à ce que les cautions leur fissent défaut. Alors force leur était de
placer des terres en fief, de faire à des monastères des donations rétribuées,
d'inféoder et même de vendre en tout ou en partie leurs propres étals. Les
comtes de Chiny n'échappèrent pas à cette dure nécessité.
La charte suivante indique les conditions de l'emprunt, mais fort confu-
sément. Tout ce qu'on peut, ce semble, y comprendre, c'est que la somme
doit être remboursée, soit par des annuités, soit en un seul payement, avant
la septième année révolue. La teneur de cette pièce rend très vraisemblable
la présence du futur empereur, Henri VII, aux obsèques de Louis V et à
l'inauguration de son successeur.
Le 18 février 1300.
Nous Arnous, cuens de Los et de Chiney, faisons savoir à tous que nous
avons mis en pleige et en rendeur noble homme, nostre chier signour Henry,
conte de Lucembourg et marchis d'Erlons, envers George de Sybonne, lom-
bard, citai n et marchant d'Ast, de trente sept cens livres et quatre vingtz
livres de fors, que je ai promises et promect à payer et à rendre loyalement,
en bonne foit, de ceste Nativiteit nostre Signour, qui or vient prochainement,
jusques à sept années continuieles ensuyvans l'une après l'autre, sans moyen,
audit George, ou à son comandement, en bonne monnoye, loiaus et coursable
en foire de Ghampaigne, ensy comme il est deviseit es lettres qui de ce sont
faites, qui parlent et font mention de ceste dette. Et se il avenoit chose que
nous défaillissions de payement, et nostre chiers sires Henris, cuens et marchis
desordis, avoit couz, fraiz et dommaige par nostre deffaute, pour la raison de
la pleigerie et renderie desordite, nos li defferiens et renderiens tous ses cous,
ses frais et ses damaiges, et levreriens des cous, des damaiges et des frais par
sola parola, sans faire sairement et sans aultre preve avant traire. En tesmoin-
gnage des queis choses, nous avons mis nostre sael à ces présentes lettres,
qui furent faites l'an de grâce mill deus cens quattre vings dix et nouef, ou
mois de febvrier, le quart jour après la feste sainct Valentin.
Wolters, God. dipl. loss., p. 18G, et Archiv. de Luxemb., cartul. de 1546, f° 249.
- 176 -
Selon l'usage de cette époque Arnulphe IV ne pouvait tarder de garantir
à l'abbaye d'Orval tous ses biens et ses privilèges. Il le fit dans une charte
remarquable, datée du mois de mars suivant. Ce document ne ressemble
en rien à ces espèces de formulaires approbalifs, que les princes, lors de
leur inauguration, avaient l'habitude d'accorder aux maisons religieuses.
'.( Ayant bien constaté, dit-il, par des documents scellés des sceaux de nos
ancêtres, comtes et comtesses de Chiny, par d'autres titres encore, par des
témoignages irrécusables et par les moyens les plus propres à faire appa-
raître la vérité, que tous les biens, droits et usages quelconques, dont
l'abbaye d'Orval est présentement en possession, ont été acquis de la
manière la plus loyale et la plus légitime, nous, de l'avis de notre Conseil,
approuvons et confirmons tous ceux de ces biens qui sont situés au comté
de Chiny et dans tous nos domaines et fiefs ou arrière-fiefs, quelles qu'en
soient l'origine, la provenance et la nature ou leur mode d'acquisition.
Cette approbation concerne tout spécialement les biens qui proviennent de
notre cher oncle Louis, notre prédécesseur immédiat. » Arnulphe entre
ensuite dans certains détails, afin de prévenir, s'il était possible, toutes les
difficultés. Que si, au temps de ses ancêtres ou de son temps, des réclama-
tions avaient été faites ou des procédures entamées par des intendants ou
des agents du comté, il ne veut point s'en prévaloir au détriment des reli-
gieux ; car il entend qu'ils jouissent en paix et en toute liberté de leurs
bois, de leurs eaux, de leurs terres et autres propriétés quelconques. Ils
ne pourront être condamnés à aucune amende, mais simplement à la répara-
tion des dégâts qu'auraient faits leurs animaux. Les habitants de leur ferme
d'Ordonneil-Champ (Dampicourt1, conserveront la faculté de recueillir, pour
leur chauffage, le bois mort a Maidjibois. En un mot, ajoute-t-il, « nous
reconnaissons, octroyons, confirmons et tenons pour bons et valables tous
actes, donations, octrois, autorisations, confirmations et écrits, accordés a
l'abbaye et a ses dépendances par nos ancêtres et par Louis, notre cher
oncle. » La comtesse Marguerite déclare ensuite qu'elle ratifie ce qui est
énoncé ci-dessus, et qu'elle le fait librement, en pleine connaissance du
droit qu'elle possède d'annuler, par un refus de consentement, toutes ces
promesses et ces concessions. Elle appose ensuite son sceau avec celui de
son mari et ceux de leurs vassaux : Gautier de Wiltz, Jean, châtelain de
Montigny, Alexandre de Virton, bailli du comte, et Lambert d'Ivoix, che-
valier (1).
(1) Cartul. d'Orval, page 603 (mars 1300 n. st.) et Cartul. ms. 1. 1, page 7.
- 177 —
Avant la fin du même mois de mars, le comte Arnulphe et les deux fils
de Willemet de Delus (1), nommés Jean et Guillaume, avaient accordé
l'affranchissement de Beaumont à tous les bourgeois présents et futurs du
village d'Ethe et de son territoire. Ils y mettaient les restrictions suivantes :
les droits de l'Eglise et des francs hommes devaient rester inviolables ; le
comte se réservait, pour faire une métairie, quarante journaux de terre
dans la banlieue d'Ethe et quatre-vingts dans celle de Hamawez ; les deux
frères, pour faire une métairie semblable, se réservaient soixante journaux
dans la banlieue d'Ethe, plus « le siège d'une maison en la Courtière
dessous Ethe. »
Comme les autres villages affranchis du comté de Chiny, celui d'Ethe
devait « prendre loy et conseil, » à iMontmédy. Chaque bourgeois était tenu
de payer annuellement aux seigneurs du lieu deux gelines, pour l'usage des
bois et pour la faculté de faire paître leurs troupeaux dans ces mêmes bois,
faculté dont ils jouiront à la manière des autres villages affranchis de la
prévôté de Virton.
Les seigneurs se réservaient enfin le droit de réclamer au besoin des
(( ostes et chevauchées, » c'est-à-dire des expéditions guerrières à pied ou
a cheval.
Le comte de Chiny leur cède pour leur usage le bois dit de Spurton
Il est entendu que, si les seigneurs faisaient une neuve ville (village
affranchi) à Hamawez ou dans sa banlieue, les habitants de cette neuve
ville auraient le droit d'usage dans les bois d'Ethe et réciproquement, ceux
d'Ethe dans les bois de Hamawez.
Que si les bourgeois d'Ethe allaient s'établir à Mussy-la- Ville, à Bleid, à
Gommery ou à Latour, leurs propriétés situées à Ethe seraient réparties
aux autres habitants par le maire et les échevins ; car, pour jouir de ladite
franchise et avoir le droit de posséder, il faut nécessairement être bourgeois
et en remplir les obligations.
Le terrage se payera comme dans les autres neuves villes.
Si des bourgeois veulent aller hors de leur territoire « a cry ou à hahay, »
pour réclamer ce qu'on leur aurait pris, les seigneurs ne pourront les en
empêcher.
(1) Le résumé de Metz dit par erreur de Desus. Y. les deux confirmations dont nous par-
lerons tantôt. Serait-ce peut-être de Luz? Nous ne le pensons pas. Il n'est aucunemenl
question d'eux dans les nombreuses chartes concernant la localité ou les divers person-
nages de Luz. Voir le Cartulaire d'Orval. Pour expliquer ce silence, il est nécessaire 'le Les
.supposer complètement étrangers à ce village. Mais en sail queWillemel de Delus vivai*
en l'année 1245 : Cartulaire d'Orval, page 28(5.
- 178 —
Les mesures pour le vin, l'huile (1) et les autres liquides, l'aune, les
poids, les balances, seront comme à Beaumont. Les mesures pour le sel,
le grain et les semences seront les mêmes qu'à Virton.
Quant à ce qui concerne la mouture, le four et le droit de faire des
règlements, c'est la répétition des phrases employées dans la charte d'affran-
chissement de Virton (2).
Les seigneurs déclarent en terminant qu'ils ont juré cet affranchissement
sur les saints évangiles. Comme les deux frères Jean et Guillaume n'avaient
pas de sceaux, ils affirment qu'ils ont prié dom Jean, abbé de Châtillon,
d'apposer le sien avec celui du comte de Chiny (3).
Cette charte fui confirmée le 18 décembre 1489 par René, duc de Lor-
raine et, le 10 avril 1601, par les archiducs Albert et Isabelle (4).
Jean, châtelain de Montigny et maréchal de l'évêché de Liège, était le
vassal du comte Arnulphe IV et désirait le devenir du comte de Luxem-
bourg ; car ce dernier lui offrait, pour l'attirer à lui, la somme de trois
cents livres de petits tournois, somme hypothéquée sur trente livrées de
terres jusque là restées allodiales. Mais le châtelain de Montigny avait besoin
d'une caution qui garantît, auprès du comte de Luxembourg, ses engage-
ments de nouveau vassal ; il pria donc son premier suzerain, le comte
Arnulphe, de vouloir être sa caution. Un service de ce genre ne pouvait se
refuser, sans désobliger le comte de Luxembourg; car on sait qu'il en avait
rendu plusieurs semblables à Arnulphe et il devait bientôt recommencer.
C'est ainsi que la reconnaissance elle-même ajoutait à l'enchevêtrement déjà
si compliqué qui existait alors dans les relations sociales, surtout parmi les
princes (5).
Une pièce conservée dans les archives d'Orval sauve de l'oubli les deux
petites particularités que voici : l'une, c'est qu'à cette époque Arnulphe IV
avait constitué dans le comté de Chiny une cour de justice laïque, présidée
par le doyen rural de Juvigny, comme lui nommé Arnulphe, par Raulin,
(1) Cette phrase est la même que dans la charte d'affranchissement de Virton. Voir
ci-dessus. Or, il y a là non pas miel, comme porte le résumé de Metz, mais uiel, huile.
(2) V. le résumé de cette charte, art. 18, 19 et 20.
(3) La date est du mardi avant Paq. fleuries, c.-à-d. du 28 mars 1300. On voyait sur le
premier sceau « un homme à cheval, armé de toutes pièces, l'espée haute, l'escu et le
caparaçon aux armes de Loz et de Chiny, mi-parties. » Le second sceau n'y était plus.
Compte rend, des Scéanc. etc., sér. III, t. 10, p. 123.
(i) Ibidem, page 118. Ces deux pièces citent, d'après l'original, les noms des trois auteurs
de la charte : le comte Arnoul, et les enfants de Wilmet.
(5) Acte du dim. après la fête de S. -Laurent, 14 août 1300. Publicat. hist. Lux., liv. XVII,
p. 95.
— H9 —
prévôt de Montmédy, et par Guillaume de Chiny, prévôt de Virton (I).
L'autre c'est que la comtesse avait son chapelain particulier, nommé Gode-
froid.
Nous retrouvons Arnulphe IV, dès le 9 septembre 1302, s'endettant de
plus en plus, cette fois chez le lombard George Sybonne et Jean son fils.
Il fournit de nouveau pour caution le comte de Luxembourg. L'emprunt
est de trois mille huit cent soixante-trois livres, somme considérable pour
ce temps-là. Il promet de la rembourser en treize annuités : les douze pre-
mières de trois cents livres, et la dernière de deux cent soixante-trois.
Comme on le voit, il n'est pas question des intérêts ; ce qui indique qu'ils
ont été soigneusement escomptés d'avance. En supposant que Sybonne ait
compté à Arnulphe deux mille livres, contre une reconnaissance de trois
mille huit cent soixante trois, le brave usurier n'a perçu qu'un intérêt d'en-
viron quinze pour cent avec amortissement du capital en treize ans (2).
Au mois de mai suivant, Arnulphe fait un nouvel emprunt de quatorze
cent livres de bons petits tournois, remboursable à la prochaine fête de
saint Remy, 1er octobre. Le prêteur est le seigneur Philippe Longronnaix,
citain et échevin de Metz. La caution est encore Henri IV, comte de
Luxembourg (3).
La même année, le jour n'est pas indiqué, il emprunte de nouveau au
même personnage dont le nom cependant est un peu modifié, Philippe le
Gronaix au lieu de Longronnaix, une somme de onze cent cinquante-sept
(1) « Nous Arnous, doiens de la chrestientei de Givegnei, et je Raulins, prévos de Mon-
maidei, et je Willaumes, prévos de Verton, corne justice laie estaublis par nostre chier
signor, noble homme Arnout, conte de Los et de Chiney, etc. »
Résumons cette longue pièce. Robin de Villers, écuyer, fds de feu messire Jean de
Villers, chevalier, croyait que son père avait eu des droits sur un bois situé sous Willière
et nommé l'Aulnois. L'abbaye d'Orval soutenait que ce bois lui appartenait sans réserve.
Le 6 mai 1302, l'abbaye produisait devant la cour établie par le comte les témoins suivants:
Foinet de Villers, ancien prévôt d'Ivoix ; Guillaume de Chiny, prévôt de Virton et Wilheirs
(Willière, Villers?), il était donc juge et témoin; Herbin, dit Nivelle; Jean le Grand ; Husson
Hurel ; Poncelet Malebouche ; Warnier Husson le Grand ; Ernaut, Fds de Jean de Margny ;
Jean de la Court, écuyer ; Willequin Jakemin, maire d'Herbeuval ; Wautelet le Corvisier et
Foukelet, son gendre ; Husson le Maire. Robin déclara qu'il s'en tiendrait à leur témoignage
et qu'il ne voulait en produire aucun autre. Alors ces témoins, ayant prêté serment sur îles
saintes reliques, dirent que jamais, à leur connaissance, messire Jean de Villers, ni ses
hoirs, n'avaient eu aucun droit sur cette propriété. Témoins à l'acte: « Monsignor Godefroid,
chapelain la contesse ; monsignor Ferri, curei de Linay ; monsignour Henry de Thonelle,
chevalier; Girard de Tausigney ; Dudet de Linay; Lardenoix de Sapongne; Parrart de
Eulhey ; et Parrotin de Margney, et moût d'autre bonnes gens » Cartul. d'Orval, page 607.
(2) Cette charte se trouve dans le Cod. diplom. de Wolters, page 191. Elle est résumée
par M. Wûrth-Paquet, page 104. Publications etc., ibidem.
(3) Archiv. de Luxembourg, cart. de 1546, f° 242. Wùrth-Paquet, ibidem p. 109 ; Wolters,
ibidem, page 192, où le préteur est nommé Lmgromiaire.
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livres dix sous de bons nançois, remboursable aux fêtes prochaines de
Pâques. C'est toujours sous la caution du comte de Luxembourg (1).
Evidemment ce n'est qu'une partie des dettes contractées par Arnulphe IV,
il est impossible en effet que toutes les reconnaissances données par lui à
des usuriers ou à d'autres aient échappé a la destruction du temps pour
arriver à notre connaissance. On conçoit du reste facilement que ce prince
ail toujours eu besoin de sommes considérables, puisqu'il prenait constam-
ment une part active à presque tous les événements qui agitaient alors nos
provinces et l'empire. Mais quelque louables que soient ses intentions,
celui qui s'engage dans la voie des emprunts usuraires, s'y laisse presque
toujours entraîner d'une manière déplorable. Arnulphe creusait donc à son
insu le gouffre où devait bientôt s'engloutir la fortune et les deux cou-
ronnes comtales de la maison de Looz.
Du reste la pénurie d'argent n'empêchait pas le comte de Chiny de faire
des actes de générosité princière. En 1302 selon dom Calmet, en 1303,
dit Bertholet, il donna le château de Villemont à Gilles de Vans, cheva-
lier (2). La même année, il affectait une rente annuelle de quinze muids
de seigle, mesure de Neufchâteau a l'entretien à perpétuité d'un cierge devant
l'autel de Saint-Hubert (3). Mais l'acte le plus important d'Arnulphe IV en
cette année 1303, est sans contredit l'affranchissement exceptionnel qu'il
accorda à la ville de Chiny. Signalons avant d'y arriver un échange qu'il
fit, au mois d'avril, de tous ses biens de Limes, contre ceux que l'abbaye
d'Orval possédait à Fratin (4).
La ville et le château de Chiny avaient sans doute été affranchis dès le
commencement du treizième siècle, peut-être même avant la fin du douzième.
La résidence du prince ne pouvait être moins favorisée qu'une simple
bourgade comme Avioth, laquelle fut soumise à la loi de Beaumont dès
l'année 1223. Mais nous n'en sommes pas réduits à de simples conjec-
tures. On sait en effet que Suxy fut rendu participant des privilèges de
Chiny, vers la fin du règne de Louis V. Ces privilèges existaient donc
avant le comte Arnulphe IV, et, si l'on a dans la suite perdu de vue et la
nature de ces privilèges et la date de leur obtention, c'est qu'ils ont été
(1) Wùrth-Paquet d'après le Gartul. de 15i6 f° 243. Wolters cod. diplom. loss. page 201,
indique pour cet acte le millésime 1312 ; au lieu de bons nançois il a lu bons nantois ; enfin
il nomme le prêteur Philippe le Groumaire. Quant à la valeur de la monnaye, elle est spé-
cifiée : quinze nançois doivent valoir douze sous de bons petits tournois.
(2) llist. du duch. Lux., t. III, p. XI, au comm. du volume.
(3) Invent, des Archiv. d'Arlon, II., 183.
(i) Cautul. d'Orv. à cette date, page 015.
— 181 —
comme absorbés par les franchises extraordinaires dont nous avons à
parler.
Le 26 mai 1303 (1), le comte Arnulphe IV et sa femme Marguerite de
Vianden accordaient à leur ville et château de Chiny des privilèges vraiment
extraordinaires ; on pourrait même les qualifier d'inouis. Aussi les bour-
geois de cette ville formèrent-ils dès lors comme une caste à part, telle-
ment au-dessus des autres bourgeois du comté qu'on leur donna, long-
temps encore après l'abolition de leurs privilèges, le surnom de seigneurs.
On va se convaincre que leurs prérogatives étaient réellement seigneuriales.
Dans cette charte il est a peine parlé de la loi de Beaumont. On dirait
que le comte et la comtesse ne songent qu'à éliminer toutes les clauses oné-
reuses de cet ancien régime.
En effet, ils déclarent d'abord que les bourgeois seront exempts de tous
les impôts, quels qu'ils soient; suit une longue énumération. Quant aux
corvées, ils en seront aussi exempts, à part le surguet ou la garde de nuit,
qu'ils devront faire, selon la manière qui leur paraîtra la meilleure, dans
la ville et au château de Chiny.
Les bourgeois auront pleine liberté en fait de chasse. Aucune des forêts
ni des terres du prince n'est réservée. Aucun piège, aucune manière de
chasser ne sont prohibés, aucun genre d'animaux sauvages n'est excepté.
La seule sujétion désormais obligatoire, c'est qu'il faut apporter, en un
lieu destiné à cetlo fin, l'épaule droite et ce qui s'y rattache au-dessus des
côtes, de tout gros gibier âgé de plus d'un an. A celte unique condition,
disent le comte et la comtesse, les bourgeois posséderont complète franchise
dans nos bois, nos terres et sur les cours d'eaux. Telle est notre expresse
volonté.
Nous leur donnons le bois du Hap (ou Hay), lequel touche d'un côté à
la rivière et de l'autre au chemin du Prince. Ils en disposeront h leur
gré, indépendamment du prévôt ou d'autres officiers que/conques.
Pour le vin, ils employeront la mesure de Beaumont. Les anciennes
mesures seront conservées pour le grain.
(1) Voir cette charte dans le Cartulaire d'Orval, page 616. J'y ai prouvé dans une note
qu'il ne peut être question d'une autre date. De 1230 à 1325 le lundi de laPentecôte ne ci lïn-
cida que deux fois avec le 26 mai, à savoir en 1303 et en 1314 < >r à cette dernière date Ar-
nulphe n'était plus comte de Chiny. C'est donc à tort que Bertholet (t. V. Preuves, p. 84) e1
après lui Wolters (Cod. diplom. los. p. 189) indiquent le lendemain de la Pentecôte 1301,
au mois de mai, puisque ce lendemain tombait le 7 juin. Dom Calmet se trompe de même
en indiquant l'année 1305, ainsi que le copiste d'Orval en écrivant MCCCVII au lieu
de MCCCIII.
— 182 —
Ils ne payeront aucun droit aux marchés et aux foires soit de Chiny soit
de tout autre lieu du comté de Luxembourg (1).
Nous ordonnons à tous nos officiers de tenir a Chiny les séances judi-
ciaires dites « journées et oultrées du prince. » Tous les maires de la pré-
vôté de Chiny seront tenus d'aller au chef-lieu en consultation et en appel.
Les bourgeois et leur corps de justice pourront, s'ils en sont requis,
arrêter toutes personnes, marchands ou autres.
En terminant le comte et la comtesse de Chiny s'adressent à tous les
princes contemporains et à ceux qui vivront dans la suite : « Nous
vous prions, leur disent-ils, de maintenir nosdits bourgeois dans les fran-
chises et les privilèges qu'il nous a plu de leur accorder gratuitement et
de notre grâce spéciale. »
En présence de cette dernière ligne, il n'est pas permis de soupçonner
le comte et la comtesse d'avoir vendu ces exorbitants privilèges aux bour-
geois de Chiny. Nous ne pouvons leur supposer que deux mobiles, lesquels
ont sans doute agi simultanément : leur bienveillance toute spéciale, pour
ceux de leurs sujets qui vivaient plus près d'eux et qui leur témoignaient da-
vantage leur affection, ensuite leur désir d'attirer une population plus nom-
breuse dans la première ville du comté. Mais pourquoi, se demande-t-on,
des perspectives aussi attrayantes n'ont-elles pas fait venir une foule d'étran-
gers et donné à Chiny les proportions d'une grande ville ? C'est surtout
parce que l'emplacement était peu favorable aux relations commerciales. Il
suffit de jeter un coup d'œil sur la carte de ces contrées pour se convaincre
que, même avec un bon système de voies de communication, il devait être
difficile, peut-être impossible de réaliser le vœu du comte et de la comtesse
de Chiny.
Quatre mois après, Arnulphe IV et l'abbé de Mouzon affranchissaient le
village de Tétagne. Ils déclarent, au début de leur charte, qu'il existait
entre eux quelques difficultés au sujet de ce village et que, pour les faire
disparaître, ils ont, avec le consentement de l'évêque de Reims, accordé les
franchises et réglé les points qui suivent.
Les droits et les revenus seront de moitié entre le comte et l'abbaye à
quelques exceptions près. Le comte se réserve sa maison, la rivière et sa
(1) C'est pour la seconde fois que revient la mention du comté de Luxembourg. Ce dernier
mot a probablement été mis à la placé du "mot Chiny, dans les copies postérieures à la
réunion des comtés de Chiny et de Luxembourg. Il peut se faire toutefois que le comte
avait déjà fait un de ces traités de mutuelle concession, qui devinrent si fréquents dans la
suite.
- 183 —
pêcherie. II permet du reste que la loi de Beaumont s'étende même sur
ces exceptions ; mais les personnes nobles ne seront pas sujettes à cette loi.
De leur côté les religieux se réservent la dime grosse et menue.
Quant aux expéditions nommées osles et chevauchées, les habitants de
Tétagne s'y soumettent volontairement. Le comte et les religieux y auront
un droit égal. Le premier qui les réclamera, aura la préférence. Mais ces
expéditions ne pourront être dirigées par l'archevêque contre le comte, ni
par celui-ci contre l'archevêque. Pour ce qui est des marches à faire pendant
ces expéditions, lorsqu'elles auront lieu au profit de l'archevêque, on se con-
formera aux usages du château de Mouzon, et aux usages du château d'Ivoix
lorsqu'elles se feront pour le comte de Chiny.
L'évêque de Reims recevra chaque année, sous forme de sauvemenl, de
tout bourgeois résidant à Tétagne, un selier d'avoine, mesure de Beaumont,
une geline et un petit tournois. A cette condition il renonce à tous les
biens, personnes ou choses, qu'il possède ou qu'il pourrait posséder soit à
Tétagne, soit au ban, hormis toutefois les fiefs et les hommages que le
comte de Chiny tient de lui en ce village, et la garde de ce même village que
l'abbaye tient également de lui.
Les gens de l'archevêque, du comte de Chiny et du couvent, ni ceux de
leurs fiefs, ne pourront être détenus à Tétagne et au ban, sans un accord
préalable.
Ivoix et Mouzon jouiront comme auparavant du droit de pâturage sur le
ban de Tétagne.
Les habitants seront exempts des droits de tonlieu et de ceux de passage
à Mouzon et à Ivoix. Ils ne seront plus tenus à l'entretien des remparts, ni
des fossés ni de la ville d'Ivoix.
19 août 1363.
A tous ceulx qui ces présentes lettres verront et orront, nous Arnoulph,
cuens de Los et de Chiney ; et nous frère Wiris, par la patience de Dieu abbé
de Mouzon, et tout le convent de ce mesme lieu, salut et cognaissance de
vériteit. Nous faisons sçavoir à tous que, pour bien de paix et par le conseil
de bonnes gens, et par le consentement de révérend père Robert, par la grâce
de Dieu arcevesque de Reins, sommes accordez et accompaignez de nostre
ville de Tetaigne et du ban, et l'avons franchy et franchissons, sans mectre et
sans oster, à la loy de Beaulmont, sous les retenues que nous retenons quy
sont escriptes et dénommées en ce présent. Et nous, cuens et religieux des-
— 184 —
susdis, sommes accordez que nous sommes moictié par moictié en ladite ville
de Tetaigne et ou ban de ce mesme lieu, en hommes, en ban, en justice et en
toutes aultres choses qu'y sont et qui escheoir y peulvent ; sans noz fiefz que
nous cuens dessusdit y avons retenu et retenons, et nostre moison, nostre
rivière et nostre pescherie. Et se aulcun cas advenoit en ladite moison et en
ladite rivière, il serat démené par la loy de Beaulmont, sy ce n'estoit doncques
de nobles hommes qui ne doibvent mye estre démenez à ladite loy de Beaul-
mont. Et doibvent ceulx de ladite ville de Tetaigne user et avoir leur aysance
en ladite rivière, ainsy comme ilz usoient et faisoient ja en arrière.
Et nous religieulx dessusdits y avons retenu et retenons nos dixmes grosses
et menues que nous avons en ladite ville de Tetaigne et ou ban de ce mesme
lieu.
Et est assçavoir que par le gré et octroyé des hommes, ilz payeront ost et
chevaulchie à nous conte, et à nous religieulx dessusdits. Et cil qui devant
les semonrat sans fraude et sans lourdie (1), devant les auerat. Ne ne puellent
ne ne doibvent lesdits hommes aller pour nous, conte dessusdit, encontre l'arce-
vesque de Rains, ne pour ledit arcevesque encontre nous, conte dessusdit. Et
doibvent aller lesdits hommes pour ledit arcevèque sy avant comme les gens
du chastel de Mouzon iront ; et pour nous, conte dessusdit, comme les gens
de notre chastel d'Yvoix iront.
Et est accordé entre nous, conte et religieulx dessusdits, que nostre chère
père Robert, par la grâce de Dieu arcevesque de Rains et ses successeurs
aient, chascun an, en ladite ville de Tetaigne, le jour de feste de sainct Remy
en chief d'octobre, en non de sauvement, c'est assçavoir de ung chascun
bourgeois, demourant ou lieu, ung septier d'avoine, à la mesure de Beaulmont,
une geline et ung petit tournois. Et doibt estre levé le sauvement dessusdit
par ledit arcevesque ou ses gens. Et ledit arcevesque dessus nommé nous a
quicté et quicte, pour luy et pour ses successeurs, ses hommes et tout ce
entièrement que il a et peult avoir et doibt en ladite ville de Tetaigne et ou
ban ; le sauvement dessusdit retenu à luy, et les fiefz et hommaiges que nous
cuens dessusdit tenons de luy en la ville dessusdite, et la garde que nous
religieulx tenons en ladite ville de luy.
Et nous, cuens et religieulx dessusdits, nous sommes accordez que on ne
peult retenir en la ville dessusdite nulz des gens ledit arcevesque, ne de ses
fiefz ; ne de noz gens conte dessusdit, ne de noz fiefz, si ce n'est donc de nostre
commun accord et assentement.
Et est accordé encores entre nous, conte et religieulx dessusdits, que la
ville d'ivoix et la ville de Mouzon demoureront en patturaige en la ville des-
susdite de Tetaigne et ou ban, ainsy comme elles souloient.
(1) Ailleurs baidie.
- 185 —
Et ne payeront lesdits hommes de Tetaigne point de tonneu, ne de passaiges
à Mouzon, ne à Yvoix ; ne de frommett (1), ne de service aux fossez ne à la
ville d'Yvoix que ils doibvent ça en arrière.
Toutes les choses dessus escriptes avons nous Arnoulph, cuens dessusdit,
pour nous et pour noz hoirs, et nous abbée et convent dessusdit, pour nous
et pour noz successeurs, promises et promeclonsà tenir fermement, et l'avons
jurez et jurons de noz mains corporellement touchées sur l'autel, saulf le
droict de saincte église.
Et en tesmoingnaige de la quele chose, nous cuens, abbés et convent des-
susdits, avons mys noz seaulx à ces présentes lettres, qui furent fuites en l'an
de grâce Nostre Seigneur mil trois cens et trois, le lundy après l'Assomption
Nostre-Dame, ou mois d'aougst.
Collation faite par moy François Cornazier, clerc juré pour le roy nostre sire
de la ville, prévosté d'Yvoix et conte de Ghiny, d'une copie desdites lettres
estant en parchemin saine et entière, signé Suublet, qui déclare et certifie
avoir vu l'original sain et entier, scellé des trois seaulx de cire verte, pendent
à double queue d'aetere. Ladite copie duv2Ge jour d'octobre l'an mil cinq cent
trente-six ; et celle présente de jourd'huy, 1 novembre 1543, et signé F. Cor-
nazier (2).
Le village de Vaux est simé entre Carignan et Mouzon, un peu plus près
de cette dernière ville que de l'autre. Il ne faut pas le confondre avec
Vaux-les-Moines, comme je l'ai fait ci-dessus très maladroitement (3).
Vaux-les-Moines est a presque égale dislance dWviolh et de Lafené, sur la
ligne droite qui joindrait ces deux localités 11 avait été affranchi dès le mois
de décembre 1264(4), par le comte deChiny Louis V et par un religieux de
l'abbaye de Saint Ouen. Vaux-devant-Monzon ne l'avait élé que trente ans
plus lard, par le même comte et par l'abbé de Mouzon. La charte que nous
allons reproduire n'est que la confirmation de cet affranchissement. Le
comte Arnulphe y déclare qu'il a fait serment, la main nue posée sur
l'autel, d'en observer loyalement toutes les dispositions, pourvu qu'elles
ne soient pas contraires aux lois de la sainte Église. Le même jour, il
accordait une charie identique au village d'Euilly, voisin de Vaux. Citons
Tune. On aura l'autre en y remplaçant Vaux par Eulley.
(1) Ailleurs smeteit, sans doute fallait-il fmeteit, fermeteit.
(2) Archiv. génér. Luxemb. Copie certifiée Huart, greffier du roi Philippe 11, du 15 sep-
tembre 156i. Ibidem copie simple.
(3) Vie du comte Louis V, à l'année 1294.
(4) Ibidem, à cette année 1264.
14
- 186 —
Affranchissement de Vaux et d'Euilly.
Le 7 octobre 1303.
Nous Arnoulz, cuens de Los et de Ghiney, faizons sçavoir à tous que, —
cum noble hom nostre chiers oncles Loys, jadis cuens de Ghiney, et religieus
home freire Bertrans, par la palience de Dieu abbés dou moustier Nostre
Dame de Mouson, et tous les convens de ce meismas lieu fussent, pour bien
de pais, par le conseil de bones gens, et par le consentement révérend peire
Pierre, par la grâce de Dieu jadis archeveske de Rains, acordeit et accompa-
gniet de la ville et dou ban de Vaus, qui siet entre Yvoix e! Mouson, et eussent
ladite ville et ban franchit, sans mestre et sans osteir, à la luy de Biamont,
sous les retenues que nostres chiers oncles Loys, cuens, et religieus home,
abbés et convens desordit, retinrent à yaus? ensy cum il est deviseit et con-
tenut eus lettres qui de ce sunt fuictes, quisunt saeleies des seaus nostre chier
oncle Loys, conte, et abbé et convent desordis ; ens queiles lettres ces pré-
sentes leitres sunt parmey annexeies, — nous ladite franchize de la ville et
dou ban de Vaus (avons gréiée), gréions, et octroyons et louons ; approveie,
et approvons ; confermeie et confermons ; et l'avons por nous et pour noz
hoirs promis et promettons à tenir bien et loialement, en bonne toit, pour
tousjours mais, sans aleir encontre ; et l'avons jureit et jurons de nostre main
corporeillement sur l'auteil, nuement, tout ensy cum il est escript et deviseit
ens lettres desordites; saulf le droict de saincte église.
En tesmognaige des queis chozes, nous Arnoulz, cuens desordit, avons mis
nostre propre sail à ces présentes lettres, qui furent faictes en l'an de grâce
Nostre-Seignour mil trois cens et trois, le septime jour dou mois d'octembre(l).
Sur la fin de l'hiver suivant, Arnulphe se trouvait, ce semble, dans le
comté de Looz, puisqu'au mois de mars 1303, sans doute style ancien, il
ordonne un abornement des pâturages communs à Lens-sur-Geer (2). Mais
il revint bientôt au comté de Chiny, où on le trouve, le 18 mai 1304,
affranchissant à la loi de Beaurnont la neuve ville de Lacuisine. Nous allons
reproduire sa charte d'après l'original. En voici les principaux articles.
1. Pour les informations judiciaires et les appels, on se rendra à Mont-
médy, comme au chef-lieu (3).
2. Les droits de la sainte Église devront être sauvegardés.
(1) Archiv. génér. de Luxembourg. Copie collationnée, ms. du P. Alexandre Wiltheim, Bibl.
de Bourgogne, n° 6733.
N. B. La copie du P. de Wiltheim semble être prise sur l'original, puisqu'il indique la
place du sceau fascé de 10 ou 11 pièces. Mais au lieu de Vaux, il y a Sulleys, et au dos de
la charte Sully. M. Wiirth-Paquet a lu Eulleys. Ce qui prouve que deux villages ont été
affranchis le même jour à la loi de beaumont.
(2) .Notice des cartulaires de la collégiale de Saint-Denis, par Stanislas Bormans.
(3; Aon pas à Chiny. Voir ci-dessus charte d'affranchissement de Chiny.
- 187 —
3. Pour aucune cause, quelle qu'elle soit, les bourgeois ne seroDt ni soumis
a un régime militaire (1).
4. En fait des droits d'aisances, des bois, des eaux, des pâturages, des
terres communes, des droits de winages et d'autres quelconques, les bour-
geois auront les mêmes avantages que ceux du château de Chiny, à part
le droit de créer des parcs ou de faire des haies pour la chasse.
5. Pour ces concessions chaque bourgeois payera annuellement deux
gelines, l'une à la Saint-Jean, l'autre à Noël.
6. Dans tous les cas où l'avis des justiciers du village se trouvera d'ac-
cord avec celui des hommes quarante, on sera dispensé de recourir au
chef-lieu judiciaire, et personne ne pourra s'en plaindre.
7. Quant aux terres réparties aux bourgeois, ils seront libres de les con-
vertir en prairies ; mais alors ils payeront le cens ordinaire des prés.
8. Nul bourgeois, possédant des terres audit village ou dans sa banlieue,
ne peut, sans les perdre, aller demeurer à Florenville ou h Martué. En
cas de départ, ces biens resteront a la disposition du maïeur et des échevins,
pour être donnés à d'autres.
9. Pour les blés et toutes les graines, on se servira de la mesure d'Ivoix;
pour tout le reste, des mesures de Beaumont.
10. Les bourgeois seront adstreints aux expéditions à pied et a cheval,
comme ceux des autres localités du comté de Chiny.
Cette charte fut scellée par le comte et par la comtesse.
Le 18 mai 1304.
Nous Arnouls, cuens de Los et de Chiney, et Marguarite sa femme, con-
tesse de ces meismes lieud, faisons savoir à tous ciaus qui sunt et qui avenir
sunt, qui ces présentes lettres verrunt et orrunt, que nous jurons et, avons
jureit et franchit la nueve ville, que on dist la Cuisine, à la loi de Biamont, à
penre les drois, et à redrecier à Monmaidey, cum au chief lieu ; sans mettre
et sans osteir, sauf le droit de sainte églize ; et saut ce que nous retenons que
on ne puet appelleir les bourjois de ladite nueve ville ne mettre, pour nulles
voies, en loi de bataille ; et sauf ce que nous donnons à bourjois de ladite
nueve ville ens aizances, en bos, en yaues, en pasturaiges, en comuns, en
winaiges, et en toutes autres aizances, cum ont cil de nostre chastel de Chiney,
sans le berseir et sans le chacier à haie. Pour les queiles aizances chascun
des bourjois demourans en ladite nueve ville nous doit, chascun an à tous-
jours, deus gelines, à paier ades l'une à la nativiteit saint Jehan Baptiste, et
(1) Ou serait-ce ici une défense de déférer aux bourgeois le duel judiciaire, loi de bataille:'
L'article X ne ferait alors aucune difficulté.
— 188 —
l'autre au Noël après ensuivant. Et sauf ce que nous donnons à la justice de
ladite nueve ville que des cas dont il serunt d'un acort par le consel des qua-
rante homes, que il en puent jugier, sans aleir au chief lieu ; et si ne les en
puet on repenre. Et sauf ce que nous donnons as bourjois de ladite nueve
ville que des terres que on auerat livreies, se aucuns y at qui vaillent miex à
preit que à champ, que on en puet faire preit par nostre los et par nostre
greit, parmi teil cens paiaot cum li autre preit paierunt. Et sauf ce que nous
retenons que nus bourjois de ladite nueve ville et ou ban, ne puet aleir de-
moureir à Florenville ne à Martinweis, que il n'en perde riiéntaige. Et de-
mourat li héritaiges en mains de maieur et d'eschievins pour faire ville Et
sauf ce que nous retenons en ladite nueve ville les mesures de bleis et de
tous grains à la mesure d'Yvois, et toutes autres mesures à la mesure de
Biamont. Et sauf ce que nous retenons en ladite ville les os, les chevauchies,
ensi cum nous les avons aillours en nostre conteitde Chiney. En tesmoignaige
des queis chozes nous Arnoulz, cuens, etMarguarite confesse desomommeit,
avons mis nos propres seaus à ces présentes lettres, qui furent faites en l'an
de grâce Nostre Signour mil trois cens et quatre, landemain de la Penthe-
couste, ou mois de May (1).
Pendant l'hiver suivant Arnulphe IV intervint pour calmer d'abord, en-
suite pour comprimer une espèce de révolution qui avait éclaté dans la
ville de Saint-Trond. Ce n'est pas ici le lien d'expliquer les causes de ces
tumultes populaires, elles sont longuement développées dans la chronique
de la célèbre abbaye de Saint-Trond. Qu'il suffise de dire que les échevins
de la ville et l'abbé lui-même avaient dû prendre la fuite. Voici le singu-
lier procédé qu'employèrent, pour rétablir l'ordre, Thibaut de Bar, évêque
de Liège et Arnulphe IV. Ces deux princes, neveux l'un du feu comte de
Chiny Louis V, l'autre de la comtesse Jeanne de Biamont, sa femme, arri-
vèrent, le (5 mars 1305, à Brnslhem, en vue de la ville révoltée. Ils étaient
accompagnés des échevins de celle ville, et de ceux d'Aix-la-Chapelle qui
avaient élé mandés expressément Des troupes suivaient en grand nombre.
L'évèque, l'abbé et le comte rappelèrent d'abord aux échevins l'objet de
leurs plaintes : le premier avait été lésé dans ses droits de souverain, le
second dans ses droits de seigneur foncier et le troisième dans ses droits
d'avoué de l'abbaye. Après quoi les échevins lirenl transporter des sièges
en plein air sur la roule séparatrice des domaines de l'abbaye et de l'évéché.
Ils les y rangèrent de manière à ce que ceux d'Aix et ceux de Saint-Trond
(1) Restent deux doubles queues en parchemin sur lesquelles il y a des traces de sceaux.
Copié littéralement sur l'original, déposé aux archives du Gouvernement à Arlon.
- 189 -
fussent chacun flans le ressort de leur juridiction. Ils nttendirent quelques
instants avant de prononcer la sentence, parce qu'il manquait une forma-
lité nécessaire : la cloche banale n'avait pas encore été sonnée. Mais on
avait eu soin d'acheter, au prix de cent libres, le dévouement d'un individu
qui se glissa furtivement dans la ville. Tout a coup la cloche s'ébranle et
pendant qu'elle sonne à toute volée, les échevins, par l'organe des deux
maïeurs, déclarent que les cinq principaux meneurs sont coupables de lèse-
majesté et les condamnent au bannissement, à la dégradation et à la con-
fiscation de leurs biens. Cependant les bourgeois, avertis par le son de la
cloche banale, s'étaient précipités sur leurs armes et, à la nouvelle que des
troupes étrangères se trouvaient dans la campagne, ils avaient couru se
ranger en ordre de bataille dans les jardins du faubourg ; mais bientôt ils
aperçurent un envoyé du comte Arnulphe, qui leur signifia de rebrousser
chemin. Six semaines après tout était rentré dans l'ordre. Les chefs de la
révolte, abandonnés par le peuple, avaient dû prendre la route de l'exil et
les bourgeois étaient rentrés en grâce moyennant une amende pécuniaire
et une réparation humiliante (I).
Ver le même temps (2), Arnulphe IV apposait son sceau à une charte
de son frère consanguin, Jean, sire d'Agimont. Celui-ci déclarait daqs cette
charte qu'il engageait au comte de Luxembourg, pour les reprendre de lui
« en fief et en hommage lige, sa ville de Harigni, la forêt et dépen-
dances, ses francs alleus (3). »
Nous ne pouvons indiquer que très sommairement ce que fit le comte
Arnulphe IV, à l'époque où nous sommes arrivés ; car c'est surtout en sa
qualité de comte de Looz qu'il prend part aux faits dont voici l'énumé-
ration.
(1) Gesta abbat. trudera., Contin. II [, pars II. Ada, cap. 5.
(2> La date de cette charte répond, selon toute apparence, au 10 avril 1305. Elle est en
effet datée de « la vigile de Paske florie 1304, » c'est-à-dire de la veille des Rameaux. Il ne
peut s'agir ici de l'année 1304 de l'Incarnation, car la veille des Rameaux ne se rencontre
ni au commencement ni à la fin de cette année de l'Incarnation. Pâques tombait, selon
notre manière de compter, en 1304, le 29 mars et, en 1303, le 18 avril ; la veille des Rameaux
répondait donc au 21 mars 1303, année de l'Incarnation, et la suivante, au 10 avril 1305.
D'autre part rien n'autorise à croire qu'il soit ici question de l'année de la Nativité, com-
mençant à Noël, ni de l'année actuelle, commençant au mois de janvier. Il faut donc
chercher une autre solution. Or, dans le style de Liège, l'année ne commençait que la
veille de Pâques, c'est-à-dire, en 1305, que le 17 avril. Les jours qui précédait le 17 avril, en
particulier la veille des Rameaux, 10 avril, appartenaient donc encore à l'année 1304. Voilà
pourquoi nous pensons qu'il faut entendre la présente date dans le style de Liège, lequel
était généralement suivi au comté de Looz.
(3) Wùrth, Public, hist. Lux. t. XVII, p. 113.
- -190 -
Le 1er mai 1306, il combat la bourgeoisie de Bruxelles dans les plaines
de Vilvorde el contribue, avec son beau-frère le comte de Juliers, au réta-
blissement dans leurs anciennes charges des sept familles patriciennes,
momen'anémcnt dépossédées (1).
En 1307, l'évêque de Liège Thibaut de Bar, forcé de fuire devant
l'émeute, avec les échevins et les principales familles de Liège, réclame
l'assistance du comte Arnulphe, et cette fois la paix se rétablit sans effusion
de sang. La même année, a l'intervention du même comte, l'évêque de
Liège fit aussi la paix avec son fier vassal Gilles Berthout de Malines (2).
On ne parlait alors que de mouvements populaires. La Suisse venait de
commencer sa mémorable révolution et le roi de Germanie Albert d'Au-
triche avait été assassiné par son neveu Jean de Souabe, dont il retenait les
biens. Dans nos grandes villes, l'élément populaire n'aspirait qu'au moment
de s'insurger, pour obtenir de nouvelles franchises, à la faveur des troubles
de l'empire. La plupart de nos princes ne demandaient pas mieux que d'ac-
corder des libertés modérées, mais ils savaient que la licence ne pou-
vait que sombrer dans l'anarchie. Ils comprirent donc qu'il était néces-
saire d'agir promptemenl, avec énergie et de concert. Albert Ier d'Autriche
avait été frappé, le 1 mai 1308. Dès le 1 1 de ce même mois, se trouvaient
réunis à Nivelles le duc de Brabant, les comtes de Hainaut, de Luxem-
bourg, de Namur, de Juliers, et celui de Looz et de Chiny. Les six princes,
tous parents, tirent d'abord un traité d'alliance, aux termes duquel ils
s'obligeaient à se prêter un mutuel secours contre tous, excepté contre le
futur empereur et contre le roi de France (3). Le lendemain, le comte de
Hainaut s'étant retiré fut remplacé par Guy de Flandre, frère du comte de
Namur. Ils statuèrent alors que, si l'un d'eux est élu roi d'Allemagne,
celui-ci devra recevoir le comte de Hainaut à foi et hommage, comme
étaient reçus ses prédécesseurs. 11 est entendu que le comte ne pourra re-
fuser cet hommage, sous aucun prétexte (4).
Peu après ces arrangements, les mêmes princes eurent h conjurer une
guerre imminente entre l'évêque de Liège et son vassal le comte de Hai-
naut. Henri, sire de Mirwart, était mort en 1282, laissant une veuve, un
fils et quatre filles. Béatrix, sa veuve, avait vendu son douaire, partie au
chapitre de Liège, partie au comte de Hainaut, ne se réservant que la terre
(1) Daris, Hist. de Looz, t. I, p. 505 ; Mirsei op. dipl. t. II, p. 779.
(2) Recueil des édits, de Louvrex, t. I, p. 1(30.
(3) St-Genois, Monum. anc. p. 198; Wûrth, Publ. hist. Lux., t. XVII, p. 131.
(\) St-Gen. ibidem, t. II, p. 32 : Wùrth, ibidem.
— 191 -
de Bertrix (1). Thierry, le nouveau sire deMirwart, n'avait pas eu d'enfants
de sa femme Henriette de Hans, lorsqu'il mourut en 1288, sans doute à la
bataille de Wœringen. Par cette mort les grands domaines dépendants du
château de Mirwart étaient tombés en quenouille. Isabelle, l'aînée des filles,
mariée à Jean, sire de Cons, avait vendu sa part au comte de Hainaul (2).
Dans cette part se trouvait le château de Mirwart.
Marguerite, la seconde tille, avait aussi vendu au comte de Chiny Louis V,
tout ce qu'elle avait reçu, à Chevigny, de son frère Thierry de Mirwart,
lors de son mariage avec Thierry d'Amélie (3), c'est-à-dire toute la terre
de Saint-Pierre, avec la banlieue, la justice et les autres droits (4). Le
comte Louis V s'était contenté d'acquérir ce domaine, trop limitrophe de
son comté, pour le laisser tomber en mains étrangères. C'eût été peine
perdue du reste que de lutter d'une part avec l'église de Liège, laquelle,
possédant déjà le haut domaine de Mirwart, à cause du château de Bouillon,
était prête à faire tous les sacrifices pour en avoir également le domaine
utile ; d'autre part avec le comte de Hainaut, qui voulait à tout prix celte
place forte.
Une sourde irritation régnait à ce sujet depuis longtemps entre la maison
de Hainaut et la principauté de Liège. Elle s'accentua lorsque, sur le point
d'en venir aux mains avec l'empereur (li'02), le comte de Hainaut réclama
l'assistance que lui devait son suzerain l'évêque de Liège. Celui-ci, sommé
presqu'en même temps de prendre parti pour l'empereur, alla mettre le
siège devant Mirwart, l'emporta le 5 janvier 1o03 et le démolit de fond en
comble. Plus tard des conférences s'ouvrirent à Bouillon, et presque en
même temps les princes, qui s'étaient récemment confédérés à Nivelles,
offrirent leur médiation. Elle fut acceptée. Ils allèrent donc se réunir à
Lobbes et, après avoir examiné mûrement celle question irritante, ils pro-
noncèrent que le comte de Hainaut devait posséder le château de Mirwart,
en qualité de fief relevant de l'église de Liège (14 juillet 1308).
(1) La vente au chapitre se fit le 23 août 1292. Ms. de Van den Berg, Bibl. de l'Université
de Liège, p. 181. Le prix est une rente annuelle de 100 livres tournois. L'autre vente est de
l'année suivante, le prix, 300 livres « bons noirs tournois petits » de rente annuelle.
(2) Le prix est une rente annuelle de 3800 livres, plus une garantie de 200 livrées de terre,
et 500 livres une fois payées. L'acte est du 24 décembre 1293.
(3) On lit en d'autres endroits Thierry d'Amette. M. Wïirth pense qu'il s'agit d'Aumetz.
Amélie est un ancien village du canton de Spincourt. Thierry était mort avant 1297, et
Marguerite s'était remariée à Guarnay, sire de Sorcy. Elle épousa en troisièmes noces Jac-
ques de Fagneules. Les deux autres filles de Henri de Mirwart furent mariées, l'une, Marie.
à Godefroid de Beaufort, sire de Perwelz ; l'autre, à Robin ou Robert de Villers.
(4) En effet lors de la vente de cette terre, en 1330, par le comte Louis VI, il est dit qu'elle
provenait de Thierry d'Amélie et de sa femme Marguerite, qui l'avait reçue de son frère le
sire de Mirwart.
— i92 -
Ce jugement ne servit qu'à rendre plus parfaite la confusion. Un mois ne
s'était pas écoulé que les six princes furent informés qu'un nouveau conflit
avait surgi pendant les conférences de Bouillon. La comtesse -mère de
Hainaul avait envoyé des ouvriers pour relever le château de Mirwart et
l'évèque de Liège avait lui-même envoyé des gens non-seulement pour
chasser les travailleurs, mais aussi pour aller saisir à Bouillon les deux
chargés d'affaires de cette comtesse, Jean de Montigny et le bailli de
Hainaui. A cette nouvelle, les princes se réunirent de nouveau (29 août 1 J08).
Leur attitude énergique eut bientôt fait relâcher les deux captifs. Mais déjà
le comte Guillaume de Hainaut avait usé de représailles en arrêtant des
habitants de la principauté de Liège, qui se trouvaient dans ses états de
Hollande.
Au milieu de ces graves et incessantes complications, rien n'était plus
compromettant que la position du comte Arnulphe IV. L'évèque de Liège,
son suzerain pour le comté de Looz, s'irritait de le voir parmi ses juges.
11 s'en plaignit à son neveu le comte de Bar, autre suzerain d'Arnulphe
pour le comté de Chiny, et le gagna si bien à sa cause qu'une double attaque
fut résolue contre ce dernier comté. L'évèque de Liège commença les hos-
tilités par le siège du château d'Agimont, fief, comme on sait, du comté de
Chiny et propriété du frère consanguin d'Arnulphe IV. C'était vraisemblable-
ment fort peu de temps après le jugement rendu à Lobbes par les princes con-
fédérés. A celte nouvelle Arnulphe rassemble ses francs-hommes du comté
de Chiny, afin de voler au secours de « sondit chasteau paternel; » mais,
pendant ces préparatifs, il apprend qu'Edouard I, comte de Bar, vient de
faire irruption à l'autre extrémité de ce même comté et qu'il a déjà mis le
siège devant Chauvancy. Tout ce que l'on sait du résultat de cette double
attaque, c'est que la principale tour du château d'Agimont fut incendiée, de
même que la ville de Givel, située dans les domaines de ce château (1).
Ces voies de fait eurent au moins l'avantage de hâter la conclusion de la
paix. Les princes confédérés s'étant de nouveau réunis à Nivelles réitérèrent
le jugement qu'ils avaient prononcé à Lobbes et en exigèrent l'exécution
immédiate. En vain le chapitre de Liège essaya t-il de prolonger la résis-
tance, en portant cette cause aux pieds de Henri de Luxembourg, l'un des
princes confédérés, tout récemment élu empereur. Le nouveau monarque
était alors à Cologne. Déjà l'évèque de Liège reprenait les choses à leur
origine, c'est-à-dire à dix-sept ans en arrière ; mais la comtesse de Hainaut
(1) Hocsem, dans Chapeaville, t. II. p. 350 ; ms. de Suxy.
— 493 —
accourut elle-même pour déjouer tous ses efforts et pour conjurer
l'empereur, son neveu, de mettre un terme enfin à ces trop longs démêlés.
C'était du reste la volonté expresse de l'empereur. Il chargea donc le duc
de Brabanl de ressaisir la comtesse et le comte, son (ils, de la terre de
Mirwarl. Celte besogne rencontra encore bien des difficultés, mais elle était
définitivement accomplie en l'année 1312 (I).
La réconciliation du comte Arnulphe IV avec l'évêque de Liège se fil en
l'année 1309, à l'intervention du nouvel empereur. C'est ce que nous apprend
le manuscrit de Suxy : « Le mesme an (1308), au 2ôe de décembre (lisez
« 15 et 27 novembre), fut esleu roy des Romains Henry, comte de Luxem-
« bourg, homme prudent, juste, dévot, débonnaire et vaillant aux armes,
« et couronné à Aix, en janvier de l'an 130J. Ce qu'apporta une paix entre
Arnould et Tévesque de Liège. » Mais la réconciliation avec le chapitre de
Saint-Lambert fut moins prompte et plus difficile.
Bientôt on vit partir pour l'Italie, à la suite du nouveau monarque, ce
même prince-évêque de Liège, avec Jean d'Agimont, dont il avait l'année
précédente emporté le château et incendié les terres. Ni l'un ni l'autre, ni
l'empereur lui-même ni l'impératrice, ne devaient revenir de celle funeste
expédition.
Avant son départ l'évêque Thibaut avait constilué mambour de la princi-
pauté, pendant son absence, le seigneur de Peis, nommé Alard. Les dispo-
sitions malveillantes de son chapitre à l'égard du comte Arnulphe IV
l'avaient sans doute empêché de confier cette charge au comte lui-même,
assurément plus capable de la remplir que le seigneur de Peis.
Il fallait signaler ces derniers faits, à cause de leur connexité avec les
précédents ; mais déjà Arnulphe n'était plus comte de Chicy. Peu de
temps après le départ de l'empereur pour l'Italie, il s'était démis de son
second comté en faveur de son fils aîné Louis VI. Nous verrons bientôt
que ce jeune prince avait déjà succédé à son père, au mois de juin 1310.
Qu'il nous suffise donc d'esquisser ici, plus sommairement encore, le reste
de la vie du comte Arnulphe.
Après la mort de l'évêque Thibaut de Bar (13 mai 1312), le chapitre de
Liège voulut faire choix d'un nouveau mambour ; mais Arnulphe leur ht
savoir qu'il réclamait cette charge, parce qu'elle élail un fief héréditaire
dans sa famille. On ignore sur quels motifs il fondait des prétentions aux-
(1) Ibidem, page 351 ; de St-Genois, Mon., pages 269 etc., 199, 825 etc.
- 194 —
quelles il avait positivement renoncé. Le chapitre chercha un appui dans
l'élément populaire, et nomma rnambour le prévôt Arnulphe de LJlanken-
heim. Ces procédés irritèrent les nobles de la principauté et les rappro-
chèrent du comte de Looz. Celait l'époque de ces luttes chevaleresques et
barbares connues sous le nom de guerres des Awans et des Waroux. Le
nouveau rnambour veut user d'un droit que les deux partis reconnaissaient
au prince-évêque, celui de décréter une trêve de quarante jours. Les Waroux,
amis du comte, n'acceptent pas la trêve. Le rnambour s'irrite, détruit le
château de Holloine et fait décapiter trois violateurs de la trêve. Telle est
la cause des massacres commis pendant cette nuit affreuse, à laquelle est
restée le nom de Maie Saint-Martin. Ce n'est pas ici le lieu de raconter ces
faits. Demandons-nous seulement quelle fut la part du comte Arnulphe
dans ces événements néfastes. A-t-il connu le complot des nobles? On ne
peut guère en douter. Il était encore a Liège, la veille de la lutte, a l'en-
trée de la nuit, et le lendemain il était en route pour y revenir, lorsqu'il apprit
la défaite des nobles. Mais fut-il l'âme, comme plusieurs le lui reprochent,
ou du moins l'approuva-t-il et sut-il qu'on devait l'exécuter cette nuit
même? La seule raison qui porterait à le croire, c'est que le triomphe des
nobles devait vraisemblablement tourner à son profit, c'est-à-dire a lui pro-
curer la mambournie de la principauté. Or, pour arriver à ce but, il n'avait
nul besoin de ce coup d'état. La preuve en est que, malgré l'extermination
de la noblesse, il se lit décerner celte mambournie, nomma des baillis et
des maïeurs dans le Condroz, perçut les revenus de l'évêché et démolit la
forteresse de Waleffe, afin de rendre a la liberté ceux que le chapitre y
avait reclus. Il est vrai que celte conduite le fil excommunier par le chapitre
(8 et 19 octobre 1312). La paix se fil l'année suivante (1).
Le 8 juin 1313, Arnulphe IV pérorait en vain, dans la plaine de Wa-
remme, au milieu d'une foule de gentilshommes, prêts à se ruer les uns
sur les autres. Prières, menaces, tout fut inutile. Les Awans et les Waroux,
renforcés par la plupart des nobles de Hesbaye et du comté de Looz, et
par beaucoup d'autres, accourus du Brabant et du Namurois, se battirent
avec plus d'acharnement que jamais, jusqu'à ce que la victoire se fut dé-
cidément rangée du côté des Waroux (2).
Il fut plus heureux peu de temps après. Pendant l'absence de son mari
Jean de Dampicrre, alors en Italie, la comtesse de Namur, Marie d'Artois,
(1) Chartes de St-Lambeat, nos 498, 499 ; Daris, ibid., p. 510.
(2) Gesta abb. trudon., ibidem, cap. 8.
— 195 —
avait voulu lever des impôts et n'avait réussi qu'a exciter une émeute. Les
bourgeois l'assiégeaient, elle et ses enfants, dans son château de Namur,
lorsqu'arriva le comte Jean. Dépourvu de troupes, il fit appel au comte
Arnulphe, qui bientôt lui amena une armée et tous les engins nécessaires
à un siège. Les révoltés se calmèrent instantanément et se rendirent à
discrétion (I). C'est à cette occasion peut-être que fut conclu le mariage
du jeune comte de Chiny, Louis VI.
Au mois de février 1314, Arnulphe faillit s'engager dans la guerre fratricide
desAwans et des Waroux. Adolphe de la Marck, le nouvel évêque de Liège,
avait excepté d'une amnistie générale quelques seigneurs du parti des Wa-
roux. C'en fut assez pour décider le comte à prendre les armes. Déjà seize
cents de ses chevaliers étaient venus renforcer l'armée des Waroux, et l'on
allait atlaquer les Awans, soutenus eux-mêmes par un corps de troupes
fournies par l'évêque, lorsque, grâce à la médiation du chapitre, il fut
tout à coup résolu qu'on réglerait ce différend par voie d'arbitrage. Celte
méthode prévalut dès lors pour maintenir la paix entre le comte et l'évêque.
Ils s'engagèrent même plus tard (3 juin 1318) à soumettre tous leurs diffé-
rends à un tribunal de paix, lequel fut, cinq ans après, conûrmé et
mieux organisé (2).
Quant a sa politique dans les affaires générales de l'empire, Arnulphe IV,
après la mort de Henri Vil (1313), avait pris le parti de Louis, duc de
Bavière, contre son compétiteur Frédéric d'Autriche. C'est lui qui, avec
les comtes de Gueldre et de Juliers, s'était assuré de la ville d'Aix-la-Cha-
pelle, jusqu'au couronnement du nouvel élu.
Enfin le 30 décembre 1323, Arnulphe IV résigna également son comté
de Looz, entre les mains de son suzerain le prince-évêque de Liège, en
faveur de son lils Louis, comte de Chiny, à charge de payer ses dettes et
de lui payer à lui-même une rente viagère de quatre mille livres. Il mourut
le 22 août 1328 et fut inhumé dans l'abbaye d'Averboden. Sa femme,
Marguerite de Vianden, était morte depuis le 8 mars 1316.
Les enfants du comte Arnulphe sont :
1. Louis, qui lui succéda.
2. Arnulphe, cité dans une charte de 1304 en faveur des Augustins de
Hasselt, et en 1327 (v. st.), dans le contrat de mariage de sa sœur Mar-
guerite.
(1) St. Génois, Mon., page 97.
(2) Mon. anc, t. I, p. 217 ; t. II. p. 32.
- 196 -
•
3. Jean, cité par Mantollius et probablement mort jeune.
4. Guillaume, sire de Neufchàteau après sou frère Armilphe. II n'eut
qu'une lille, uonuuée Marie qui épousa, en I33N, Êrrurd de. la Marck et
eut pour dot la seigneurie de Peer. A la mort de sou père, celle de Neuf-
chàieau passa par héritage dans l.i maison des la Marck.
5. Manie fut donnée en mariage à Gilles (h Be Ihout de Malines, lequel
mourut le 21 octobre 1310. lille épousa en secondes noces Gérard, sire
de Diest et châtelain d'Anvers. Elle n'eut point d'enfants. Vers 132;> elle
mourut et fut enterrée chez les frères Mineurs de Diest. Son mari, remarié
bientôt après à Isabelle de Flandre, lille de Guillaume-sans-Terre, fonda la
chartreuse de Zeelhem et mourut sans enfants en 1337 (l).
6. Matiiilde était déjà mariée en 1300 à God>froid //, sire de Heinsberg
après son père Thierry II, vers 1302 et, environ cinq ans plus tard, sire
de lilanckenberg, après Waleran, son frère aîné. Dans la suite Godefroid
acquit encore la seigneurie de VVassemberg. Malhilde est souvent nommée
dame de Vogelsang. parce que ce château faisait partie de sa dot. Leurs
enfants sont : Thierry, qui fut sire de Heinsberg et de Blanckenberg,
ensuite comte de Looz et de Chiny ; Jean, sire de Dalembrouck, Sittart et
Wassemberg ; Godefroid, chanoine de Liège et prévôt de Maastricht, puis
comte de Chiny; Marguerite, abbesse de Thoren. Bulkcns ajoute Ide,
femme d'Adolphe d'Agimont, seigneur de Neuchâtel, et Mantellius, Henri
de Lewenberg. Arnold, sire de Stein, doit être aussi de ce nombre (2).
7. Jeanne épousa en premières noces Arnold de Wesemaele, à qui elle
donna une lille nommée Mallril.de, qui fut mariée, en 1325. à Albert de
Voerne, dont une (ille, nommée comme son aïeule, qui épousa Jean, sire
de Fauquemont. Jeanne convola en secondes noces avec Guillaume d'Oreye,
Oreille ou Urle, noble et puissant seigneur, dont elle eut deux enfants :
l'un, Arnold de llummen épousa Isabelle de Flandre, lille naturelle de
Louis de Maie; l'autre. Marie, fut la femme de Jean, sire de Hamalle, et
la mère de Guillaume de Hamalle, qui éleva des prétentions sur le comté
de Looz. Le comte Louis VI aimait beaucoup sa sœur Jeanne et ses en-
fants. C'est pour ce motif, selon Mantellius, qu'il leur donna la belle sei-
gneurie de Rummen.
(1) Mantellius, hist. loss., p. 219; Van den Branden de Reeth, Recherch. sur la famille des
Berthout, page 153.
(2) Une charte citée plus loin, du mardi de la Pentecôte 1331, prouve qu'il était neveu du
comte Louis VI ; de plus il commandait la ville de Sittart, en 133i. Il en sera parlé à cette
date.
- 197 -
8. Marguerite, la plus jeune des enfants d'Arnulphe, épousait, le !5
janvier 1328, Guillaume de Duras, dit de Neufchâteau, et lui apportait pour
dot le châtrau de Duras. Voici la substance de leur contrat de mariage,
publié par Mantellius (I) :
Arnulphe, ancien comte, et louis, son (ils, comte moderne de Looz et
de Chiny, déclarent qu'après mûre délibération et avec le consentement de
l'évêijue de Liège et des deux princes Arnulphe de Looz et Guillaume de
Neufchâteau en Àrdenne, chevalier, son frère, ils accordent en mariage
Marguerite, leur lille et sœur bien-aimée à leur cher et féal Guillaume de
Duras, dit de Neufchâteau, écuyer. Ils donnent pour dot à Marguerite le
château de Duras avec ses dépendances et toutes ses prérogatives, tant de
haute et de basse justice que de souveraineté indépendante et mixte. Fait
la sixième ferie après l'octave de l'Epiphanie 1327 (15 ou 18 janvier 1328
n. si.) (2).
M. Daris regarde comme très probable que Kenier de Noefcastel,
escuyer, était également fils du comte Arnulphe. Il cite une charte inédile
qui le dit frère de Guillaume. Renier vivait en 1313 et tenait du chapitre
de Saint-Lambert les fiefs de Scelin et de Bors (3).
Arnulphe eut encore deux enfants naturels Arnulphe et Martin de Looz :
qui furent tous deux chevaliers (4).
On peut voir dans l'Histoire de Looz de M. Daris une liste consciencieuse
des bienfaits accordés par Arnulphe à des établissements religienx. Nous
n'en parlerons pas ici, parce que la plupart de ces actes de bienfaisance
sont étrangers an comté de Chiny. Notons que l'état de ses finances ne lui
permettait pas toujours d'accorder gratuitement ces diverses faveurs. C'est
ainsi par exemple qu'en renonçant à ses droits d'avoué du monastère de
Saint-Jacques de Liège, il a soin 1° d'excepter un rente de trois marcs,
six deniers, une pelisse de peau d'agneau et des bottes, 2° d'exiger en
retour la constitution d'une rente de dix muids d'épeaulre pour fondation
de son anniversaire (5).
(1) Hist. loss., p. 253.
(2) Le jour de cette octave était le mercredi. 13 janvier. Qu'entendit-on par la 6e ferie : le
vendredi 15 ou le lundi suivant, 18 janvier ? En ce dernier cas, on pouvait dire plus sim
plement in die Cathedrae S. Pétri Rom.
(3) Ibidem, page 525.
(i) Ibidem; Mantellius, p. 248.
(5) Ibidem; Bertholet, !Iist. t. V, p. 341.
— 199 -
XIII.
Louis VI, treizième comte de Chiny.
1310 — 1336.
On verra bientôt que, dès le mois de juin 1310, Louis VI prit le titre de
comte de Chiny, ce qui n'empêcha pas son père de conserver ce môme titre
jusqu'à Tannée î 3 1 3. Ne nous étonnons pas de ne pouvoir préciser davantage
le commencement du règne de nos princes. Eux-mêmes peut-être eussent
été fort embarrassés pour le faire, s'étant peu souciés d'accepter d'un seul
coup toutes les charges du pouvoir.
Louis VI avait alors environ trente ans. Trois détails insignifiants, voilà
tout ce qui nous reste de la première moitié de sa vie ; la seconde est
mieux connue.
En I30i, le comte Arnulphe IV et Marguerite de Vianden, sa femme,
firent une donaiion de quelques muids de seigle au monastère hassellois
des Ermites de Saint-Augustin. Louis et Arnulphe, son frère, y donnèrent
leur approbation (I). Le H mai 130G. Louis intervint, mais sans son
frère, dans une autre charte du comte Arnulphe IV. Celui-ci avait perçu
par erreur certaines rentes qui ne lui étaient pas dues. Sur les réclamations
du doyen et du chapitre de Saint-Barthélémy de Liège, il fit faire une
enquête qui lui démontra que ces revenus appartenaient au chapitre. Il le
notifia, de concert avec la comtesse sa femme et son fils aîné, enjoignant
à ses officiers de justice d'agir en conséquence (2). Deux ans plus tard,
également au mois de mai, Louis VI se porta caution pour le duc de Bra-
bant vis-à-vis du comte de Luxembourg Henri IV, élu peu après roi des
Romains. Le duc brabançon redevait à sa sœur, comtesse de Luxembourg,
une somme de vingt mille livres tournois, sur les trente-trois mille qui
formaient la dot de celte princesse. Il semble que des difficultés s'étaient
élevées au sujet du payement de cette somme. Pour les aplanir, on fit
l'accord suivant : le duc serait libre de conserver ces vingt mille livres
aussi longtemps qu'il le jugerait à propos, mais à la charge de paver
annuellement à sa sœur deux mille livres, sans extinction du capital. Cotait
de la part du duc emprunter à dix pour cent. Selon l'usage, ce prince fournit
(1) Notit. eccles. belg., page 670, ou Mir. op. dipl. tom. I, pag. 778.
(2) Robyns, Diplom. Inss. pag. 15 : Arnoldus cornes lossensis, et Margareta, ejus uxor, et
Ludovicus eorura prinioyenitus filius, etc. Et nos Ludovicus nostrum praïbuimus et praebe-
mus assensum.
— 200 —
aussitôt après ses pleiges ou ses cautions. llTy en avait onze, entre autres:
la duchesse, sa femme ; les comtes de Flandre, de Hainaut, de Namur, de
Juliers, et « Louis, (ils aiué du comte de Loz. » Que si le duc était infidèle
à sa promesse, ces personnages devaient se rendre à Namur, ou s'y faire
remplacer chacun par deux chevaliers, pour y vivre aux dépens du duc
jusqu'à satisfaction complète (I).
A part ces trois petits renseignements, l'histoire du |comte Louis VI ne
commence qu'au moment où il entre en possession du comté de Chiny.
Comme il a été dit, les détails manquent sur l'inauguration du nouveau comte.
On sait seulement que, jusqu'à son mariage, il n'eut pas sa résidence habituelle
au comté de Chiny, mais qu'il y fut remplacé par un gouverneur.
La première charte qui donne à Louis VI le titre de comte de Chiny est
datée du mois de juin 1310. C'est une simple constatation d'un accord
intervenu entre l'abbaye d'Orval et les habitants du village de Luz, au sujet
de réparations de l'église paroissiale de cette localité (2).
Bientôt après le nouveau comte de Chiny se vit aux prises avec un roi
violent, rapace et détesté de ses propres sujets. Philippe le Bel qui, malgré
toutes les protestations du pape Boniface VIII, avait donné retraite aux
Colonna, ne concevait pas qu'un prince de l'empire osât lui rendre la
pareille en accordant l'hospitalité à des Français poursuivis par lui. Les
deux principaux personnages dont il s'agit se nommaient Benaud et Raoulin
de Briaigne. Ils étaient neveux de N. de Nantholio à qui, dans le cours
des événements qui vont être racontés, le monarque ht interdire l'entrée de
la ville de Reims (3). Il y avait apparemment des liens de famille entre eux
et le comte de Chiny ; car on se rappelle que, un siècle auparavant, Sophie,
comtesse de Chiny, avait épousé en troisièmes noces un seigneur du même
nom, à savoir Galcher de Nanteuil, sire d'Ivoix.
Les deux frères, lîenaud et Baoulin, étaient les chefs d'une faction qui
avait déclaré la guerre à la ville de Reims. Le roi de France les poursuivait
d'une haine implacable. Qu'on en juge : le 3 juin 1311, il donne des
ordres aux habitants de Reims afin d'organiser leur action contre les deux
frères et leurs complices (4) ; le 22 du même mois il lait raser les maisons
qui leur ont donné asrle (5) ; le même jour il ordonne aux justiciers
(1) Saint-Genois, Monum. anc. page 211 ; Wûrth-Paquet, Analyse etc., tom. XVII, page 130.
(2) Cartulaire d'Orval, page 632. Les trois points en litige étaient les aornements de l'église,
le charroy pour marrien, et les pierres et escailles.
(3) Archives administratives de Reims, tome II, page 139.
(4) Ibidem, page 118.
(5) Ibidtm, page 119.
- 201 -
d'autoriser les habitants a s'emparer d'eux morts ou vifs (1); le lendemain,
aux assises tenues à Laon, les deux frères sont condamnés à la peine de
bannissement (2) ; un mois après (23 juillet), leurs têtes sont mises à prix :
le roi promet mille livres tournois pour chacune des têtes des deux frères,
deux cents livres pour chacune des têtes de leurs adhérents condamnés
comme eux au bannissement, cent livres pour celles de leurs gens à cheval
et trente livres pour celles de leurs gens à pied (3) ; le même jour il est
prescrit de saisir ceux qui leur donnent asile, de détruire leurs maisons et
de les amener sous bonne escorte au châtelet de Paris ; cinq jours après
renouvellement de cette ordonnance et promesse de récompenses (4) ; le
même jour, ordre au comte de Grandpré de saisir les bannis partout, hormis
les églises (5) ; le lendemain, levée d'impôts sur les gens de l'archevêque,
malgré l'opposition de celui-ci. C'était, disait le roi, pour subvenir aux
frais de la guerre contre les de Briaigne (6). Enfin, après d'autres ordres
non moins sévères, apparut la lettre suivante, adressée au comte de Chiny.
« Lettre de Philippe le Bel, adressée au comte de Chini (7), au sujet de la prise
de Jean Coquelet, bourgeois de Reims, par les seigneurs de Brienne. »
Le 15 août 1311.
PhilippusDeigratiaFrancorumrex, Philippe, par la grâce de Dieu roi
amico nostro charissimo comiti de des Français, à notre très cher ami
Chimiaco (sic) salutem et dilectionem. le comte de Chiny, salut et dilection.
JohannesdictusGoquelet,civisremen- Jean surnommé Coquelet, bourgeois
sis, nobis fecit conquerendo mon- de Reims, est venu se plaindre de ce
strari quod Raoulinus etRenaudusde que deux hommes d'armes, Raoulin
Briagnia, armigeri, fratres, ipsum et Renaud de Briaigne, frères,
Johannem nuper in regno nostro s'étaient saisis de lui sur le territoire
rapuerunt, et de regno nostro in de France et l'avaient emmené, par
Imperium, in Gommitatum vestrum, violence et à l'aide de gens armés,
cum gentibus armorum, per violen- dans les terres de l'empire, en votre
(1) Ibidem, page 119.
(2) Ibidem, page 120.
(3) Ibidem, page 121 .
(4) Ibidem, 122.
(5) Ibidem, 123.
(6) Ibidem, 124.
(7) Tantôt le roi de France rappellera au gouverneur du comté de Chiny que sa charge lui
a été confiée par le père du comte actuel. C'est donc bien à Louis VI qu'il écrit cette lettre
et non au comte Arnulphe IV.
15
— 202 —
tiam transtulerunt, et in quodam
Castro vestro, quod dicitur Mont-
medy, in catenis et compedibus,
per septem septimanas et amplius,
tenuerunt ipsum Johannem carceri
mancipatum ; et antequam exire
posset, oportuit ipsum per vim car-
ceris redimere se mille quingentis
libris parisiensibus ; (que redemptio
una cum hoc trecentas libras pari-
sienses sibi constiterat et amplius, ut
dicebat ?) ; que summa (XVe lb par.)
soluta fuit dictis armigeris, a regno
nostro, suis exigentibus meritis, ban-
nitis, vobis presentibus, in Castro
predicto. Et a tempore dicti raptus,
dicti banniti in comitiva vestra et
Castro vestro predicto, ad beneficium
vestrum remanserunt hactenus, et
adhuc manent, vobis scientibus et
receptantibus eosdem. Et sic dictus
Johannes in summa predicta et in
trecentis libris premissis damnificatus
extitit,procurandoliberationemipsuis.
Quarevos requirimus rogantes attente
quatenus,ut predictus Johannes dictam
pecuniam rehabeat et dedamnificatus
existât, velitis efficienter interponere
partes vestras, et dictos bannitos, visis
litteris dicti bannimenti, capi faciatis,
et ad sumptus exhibitoris presentis
ballivo nostro viromandensi, per quem
banniti dicuntur, sub fida et secura
custodia remitti, pro demeritis secun-
dum justitiam puniendos ; sic super
hoc vos habentes ; quod nobis, (qui ?)
in casu consimili remissionem vobis
consimilem faceremus, debeat esse
gratum. Actum apud S. Audœnum,
décima quinta die augusti, anno
DominiM" CCC°XJA
Archiv. administrât, de la ville de Reims, t.
château dit de Montmédy ; que là,
enchaîné et les entraves aux pieds, le
dit Jean avait été détenu pendant sept
semaines et au delà ; que, pour obte-
nir sa mise en liberté, il avait été
forcé de se racheter aux prix de quinze
cents livres parisis, non compris trois
cents livres d'autres dépenses ; que
cette somme de quinze cents livres a
été payée en votre présence et dans
votre château, à ces deux hommes
justement bannis de notre royaume ;
que, depuis cet enlèvement, ils sont
restés avec les gens de votre suite,
et à votre service dans votre château,
où ils ont été bien accueillis pas vous ;
qu'ils y sont encore présentement, à
votre su et avec votre autorisation.
C'est ainsi que le plaignant a subi,
pour sa délivrance, un dommage de
dix-huit cents livres. Nous vous requé-
rons en conséquence, avec instante
prière, de vouloir vous employer effi-
cacement à faire réparer ce dommage
par la restitution de la dite somme ;
en outre, sur le vu des lettres de leur
bannissement, de les faire arrêter et
envoyer sous bonne escorte, aux frais
de celui qui vous remettra ces lettres,
à notre bailli du Vermandois, lequel
a prononcé l'arrêt de leur bannis-
sement, afin de leur infliger le juste
châtiment qu'ils ont mérité. Veuillez
croire que, dans un cas semblable,
nous nous empresserions de vous
renvoyer de pareils hommes.
Fait à Saint-Ouen, le 15 août
1311 (1).
II, p. 127.
— 203 —
La réponse que le comte de Chiny fit au roi de France nous est
connue par une nouvelle lettre que ce monarque adressa, sept mois
plus tard, au sire de Hans, gouverneur du comté de Chiny. Bien que la
lettre royale soit assez embrouillée, on y voit clairement que la réponse du
duc avait été catégorique et digne. Louis Vî y disait au roi que ni les deux
personnages réclamés par lui ni leur suite ne se trouvaient parmi ses gens
ou sur ses terres, et que jamais ils n'y avaient été. Puis il ajoutait avec
une noble fermeté et sans forfanterie que, dans son pays, la loi de l'hospi-
talité était telle qu'un prince ne pourrait, sans lâcheté, expulser des
gentilshommes qui n'ont commis aucun méfait sur ses terres, mais sont ve-
nus s'y réfugier. Ce mâle langage convainquit le roi de l'impossibilité
d'aniver à son but par des négociations directes avec le comte de Chiny.
Il changea donc ses plans et essaya de suborner le chevalier Henri, seigneur
de Hans, vassal du comte et son lieutenant au pays de Chiny. Après lui
avoir résumé la réponse de Louis VI, le roi rappelle au chevalier les faits
dont il poursuit le redressement, puis il essaye de lui persuader que son
maître n'a pas dit la vérité et qu'il se trompe sur les principes de l'honneur.
Nous savons a suffisance, lui écrit-il, que les assertions du comte ne sont
pas conformes a la vérité; et, quant à ses principes en fait d'honneur, nous
croyons, nous, que pour tout seigneur terrien, le plus grand des honneurs
est de faire justice et de punir les malfaiteurs, quels qu'ils soient, gentils-
hommes ou autres. Pour conclusion le roi requiert le gouverneur avec
toute l'instance possible et le somme, tant au nom de l'amitié que par des
menaces de guerre, de lui livrer les deux frères Renaud et Raoulin de
Briaigne. Citons cette pièce.
Mandement du roi au garde de la conté de Chiny, pour l'extradition des frères
Brienne qui retiennent prisonniers des bourgeois de Reims dans le château
de Montmédy.
15 mars 1312.
Philippe par etc., à nostre amé et féal Henri, seigneur de Hans, chevalier,
garde de la conté de Chigni, salut et boine amour. (Nous) aviens esciipt au
conte de Chigni que il — Renaudin et Raoulin de Briaigne, frères, et leur autres
compaignons, bannis de nostre royaume pour homicides que il firent à Rains,
et qui demeurent et sont récepté en sa terre ; et les prisons (prisonniers) de
Rains que il prennent, tiennent et gardent, (comme) nous entendons, en ses
— 204 —
tbrteresches et en ses chastiaux, et espécialement Jehan Coquelet deRains(l),
que il tenoient en son chastel de Monmaidin, — nous vausist renvoier pour
droit, au lieu où il avoit meffait, penre et faire, en la manière que nous vou-
sissiens bien que (nos justiciers feissent pour li en autel (un tel) cas. Et il
nous a rescript (que?) ne sont, ne ont esté, en sa compaignie, ne en sa terre;
de quoi nous nous sommes informé dou contraire souffisamment, et encore
avec ce que lidiz Jehans Goquelès ne pot onques estre délivrés dou chastel de
Monmaidin, où ledit frères le faisoient tenir, jusques à tant qu'il se fu raiens
envers eus de XVe livres de parisis. Et encore nous a-il escriptquetropgrans
hontes li sambleroit, selonc la coustume de son pays, de renvoyer gentils-
hommes que riens ne li ont meffait, en autrui seignourage, et sont venu par
devers eus. Et nous considérons et savons que nul plus grans honnour ne
puet estre à nul seignour terrien que de faire justice, et que li malfateur,
quel que il soient, gentilhomme ou autre, (soient punis ?). Et se il eussent
meffait à li ou en sa terre, il ne les nous deust pas pour ce renvoier, mais
punir pour leur meffais. Mais pour ce que il avoient meffait en nostre royaume,
nous samble-il que il les nous deust avoir renvoyés pour faire droit là où il
meffirent. Et comme il n'est mi esté fait, et nous entendons que, pour la terre
garder et maintenir à droit, li pères audit conte vous a establi garde et souve-
rain en icelle conté par dessus tout le conté et autres, nous vous requérons,
si accertes comme nos poons, et mandons par la foy et par l'amour que vous
avez à nous, que vous le dict malfaiteurs faites penre, où que il pourront estre
trouvé en vostre terre et en celi que vous gardés, hors de liu saint, et les
renvoies à nostre baillif de Vermandois, pour penre et faire droit ou lieu où
il ont meffait ; ne ne souffrez mie que li malfaiteur de nostre royaume soient
récepté en vostre terre, ne que, parmi la réceptation de vostre terre, ne de
celi que vous gardés, domaiges puist estre fais à nostre royaume, ne à nos
subgiez d'iceli ; car nos ne porriens souffrir que nous n'en quérissiens adresse-
ment tel comme il affiert.Donné à Lyons,le mercredy devant Pasque florie (2).
On ignore la suite de ces négociations. On ignore même ce qu'il peut y
avoir de réel dans les affirmations contradictoires du roi de France et du
comte de Chiny, et ce serait sans doute pousser les choses à l'excès que
de voir uniquement dans les deux lettres royales une des manœuvres
inspirées par l'avarice du prince ou de ses ministres. Il est plus naturel de
supposer que les affirmations du comte ou du roi ont été basées sur des
(1) En l'an 1312, les habitans de Reims furent de rechef travaillés de guerre que leur
faisoient Regnauldin et Raulin de Briaigne, près de Reims, avec leurs complices .... les
quels ayans comys deux homicides en la dite ville se retirèrent hors du royaume. Bïbl. de
Reims, Rogier, t. II, fol. 38 v\
(2) Archiv. administratives de la ville de Reims, t. II, p. 139.
— 205 —
rapports erronés. Que si l'on veutadmettre la présence des bannisfrançaisdans
le comté de Chiny, on doit conclure qu'ils n'y ont pas été arrêtés selon les
désirs du roi ; car trois mois plus tard, ce prince faisait raser la maison
de leur mère Poncia de Briaigne, parce qu'elle leur avait donné asile (1),
et quatre ans après, un autre roi de France, Louis X, priait l'évoque de
Metz de se bien garder de les mettre en liberté, avant qu'un arrangement
à leur sujet n'eût été conclu (2).
Vers cette époque le comte Louis VI épousa Marguerite, dame de
Montaigle, fille du vaillant duc de Lorraine Thibaut II et d'Isabelle de
Rumigny. Pour faire voir combien ce mariage était honorable, contentons-
nous de rappeler que la duchesse de Lorraine était fille du comte de
Champagne, roi de Navarre et que le frère de Marguerite Ferry IV, qui
succéda à son père en 1312, avait épousé Isabelle d'Autriche, fille de
l'empereur Albert. A l'époque où nous sommes parvenus, le comté de
Chiny n'avait plus qu'un demi-siècle à vivre d'une vie indépendante. Son
annexion au comté de Luxembourg devait à la vérité lui laisser son nom
et ses libertés, voire même sa physionomie de pays à part ; mais elle ne
pouvait manquer de lui ravir un bien essentiellement nécessaire à la jouis-
sance de tout autre bien, à savoir sa personnalité. Au moins pouvons-nous
constater que jusque-là la couronne comtale de Chiny n'avait rien perdu
de son premier lustre, puisqu'elle figurait encore avec honneur à côté du
premier diadème de l'univers.
Il ne nous reste, concernant le mariage de Louis VI avec Marguerite de
Lorraine, que des résumés de chartes originales ; mais ces simples résumés
sont du plus haut intérêt, comme on va s'en convaincre. Le premier nous
fait connaître une charte publiée par le comte Louis VI, le 30 août 1313.
Le doyen du chapitre d'Ivoix fit une copie de cette charte, le 7 avril 1336,
et la revêtit de son sceau et de celui de son chapitre ; c'est cette copie
qui existait encore à Metz vers la fin du dix-septième siècle et dont nous
allons reproduire l'analyse.
Le comte y rappelait qu'au moment de son mariage, il avait promis
d'hypothéquer en faveur de noble dame Marguerite de Montaigle, sa femme,
la somme de quatre mille livres de petits tournois. Cette hypothèque devait
frapper le comté de Chiny, y compris les châteaux et châtellenies de Chiny
et d'Ivoix ; mais non les forts et les donjons de cette dernière ville. La pro-
(1) Archives de Reims, p. 142.
(2) Ibidem, page 161.
— 206 -
messe du comte avait été garantie par trois des témoins du contrat de mariage,
c'est-à-dire par Gaucher, comte de Porcien et connétable de France,
par Louis de Looz, sire de Chauvancy et de Sorcy et par Jacques de
Tongres, sire de Leutes. Le temps, dit-il, est venu d'accomplir ces promesses
et de dégager la responsabilité de ses pleiges. C'est pourquoi, après mûre
délibération, il déclare qu'il charge de cette hypothèque les châteaux et
châtellenies de Chiny et d'Ivoix, y compris toutes leurs dépendances. Le
comte condamne ensuite à une amende de vingt mille livres celui qui, étant ou
n'étant pas son héritier, mettrait des empêchements à la jouissance de ce
douaire. Les deux tiers de l'amende appartiendront à ladite dame, l'autre
tiers aux seigneurs suzerains de ces terres, afin qu'ils interviennent et exigent
l'exécution des présentes lettres. Suit l'approbation du comte de Bar, suze-
rain en partie desdites terres.
Tel est, croyons-nous, le sens du résumé suivant.
Le 30 août 1313.
« Copie, en parchemin , donnée sous le scel du doyen et chapitre de Notre-Dame
d'Ivoy, le dimanche de Quasimodo, 7 avril 1336, des lettres de Louis de
Loz, comte de Chiny, contenant que :
« Gomme au traité de son mariage avec noble dame Marguerite de Lorraine,
dame de Montaigle, il ait promis luy asseoir, d'un commun consentement de
ses amis, la somme de IIIIm livres de petits tournois, à prendre en son comté
de Chiny, suivant la coutume du pays et du comté, au dire de deux pru-
d'hommes, éleus de part et d'autre, et particulièrement es villes d'Ivoy et de
Chiny, châsteaux et châstellenies en dépendantes, les forteresses et donjon
d'Ivoy sans prix, suivant les lettres qui en ont esté faites, scellées de son
sceau et de ceux de monsr Gaucher de Chastillon, comte de Porcien, connes-
table de France ; monsr Louis de Loz, seigneur de Chauvency et de Sorcy, et
monsr Jacques de Tongres, seigneur de Leutes ;
* En accomplissant les quelles, et en deschargeant les pleiges qu'il en a
donnés, par grande délibération de conseil de ses hommes, amis et pru-
d'hommes, il assiet les dites IIIIm livres à la dite dame, sa compagne, à prendre,
après son décès, es châsteaux et châstellenies d'Ivoy et de Chiny, apparte-
nances et dépendances, sans charge de debte ; excepté le chasteau et chas-
tellenie de Montmédy, et autres forteresses dudit comté de Chiny, qui n'entre-
ront en ladite assiette : Voulant qu'au cas qu'il y ait empeschement eu la
jouissance dudit douaire par aucuns de ses hoirs ou autres, ils fussent con-
damnez en la somme de vingt mille livres, dont les deux parts appartiendront
- 207 —
à ladite dame, son épouse, et l'autre tiers aux seigneurs de qui meuvent les
terres, pour contraindre ceux qui y formeroient empeschement, la dite assise
demeurant en sa force et vertu : Priant et requérant son très-cher et amé
seigneur Edouard, comte de Bar, duquel il tient la plus grande partie desdites
terres, qu'il veuille consentir, et confirmer la dite assiette et y veuille mettre
son sceau. Fait l'an 1313, le jeudy après la Décollation de saint Jean-Baptiste,
en aoust.
« Ensuite du quel acte est la confirmation du comte de Bar, comme seigneur
souverain desdites terres en partie ; desdits jour et an.
Ladite copie scellée en cire verte, une vierge assise sur un banc, tenant de la
droite un rameau de lys à trois branches,et de Vautre, son fils sur ses genoux. (1] »
Cette pièce n'indique pas l'époque du mariage de Louis VI. On peut
néanmoins croire qu'il eut lieu peu de temps avant la confection
de cette charte, c'est-à-dire dans les premiers mois de l'année 1313. A
coup sûr il ne peut remonter beaucoup plus haut puisque, comme on le
verra bientôt, le premier mari de Marguerite de Montaigle vivait encore à
la fin du mois de septembre 1311. Or, en supposant même qu'il mourut le
mois suivant, il serait nécessaire de tenir compte au moins de quelques
mois de deuil.
Dans l'acte qui précède, Marguerite de Lorraine est dite dame de
Montaigle, d'où lui vient ce nom ?
Rappelons d'abord que Montaigle était un château formidable, situé sur
la rive gauche et à une lieue et demie environ de la Meuse, dans la
direction de Florennes. Il n'en reste plus qu'une tour en ruine et quelques
épaisses murailles, percées de meurtrières. Le voyageur qui croit avoir
épuisé son admiration devant Crèvecœur, Poilevache, Agimont et autres
grandioses débris du moyen-âge, ne manque jamais d'en retrouver une
source abondante a la cime de ce mont solitaire, véritable nid d'aigle, qui
semble encore faire la loi aux rochers et aux gorges boisées du voisinage.
Le château de Montaigle prenait aussi le nom de Faing, qui était celui
du ruisseau voisin et même de la belle vallée qu'il arrose (2).
Cl) Compte-rendu de la com. ray. d'Hist. tom. X, page 119, de la troisième série.
(2) Non loin du château de Montaigle ou de Faing se trouvait Jamagne, autrefois Jamoigne
(reliefs des ducs de Lorraine en 4373, 1397, etc. Mon. de St-Genois, page 995). Dans le
comté de Chiny, sur la rive gauche de la Semois, il y avait également Jamoigne, non loin
du château de Faing. Ce serait une étude utile et bien intéressante que de rechercher les
rapports qui existaient originairement entre ces localités. Voir l'IIist. de la Baron, de
Jamoigne, par le docteur Neyen, dans les Publicat. de la Soc. luxembourg. livrais. X, page
77, et surtout les Archives de Faing ou de Montaigle au dépôt de l'État à Namur.
— 208 —
Il serait difficile de dire à quel titre Marguerite de Lorraine possédait la
seigneurie de Montaigle ou de Faing, mais c'est nécessairement à l'un des
suivants, peut-être à deux ou h trois réunis.
Celte contrée de l'Entre-Sambre-et-Meuse avait appartenu, du moins en
partie, aux sires de Rumigny et de Florennes, ancêtres maternels de la
comtesse Marguerite. Plusieurs reliefs qui existent encore aux Archives de
l'Etat à Namur, prouvent que les ducs de Lorraine l'ont également possédée.
Il peut donc n'y avoir la qu'une simple transmission de biens héréditaires :
Montaigle serait la dot totale ou partielle donnée à Marguerite par le duc
de Lorraine. D'autre part les comtes de Chiny ont eu peut-être dans ces
parages des droits antérieurs à ceux des ancêtres de la comtesse : dans une
charte de l'année 1068, le comte Arnulphe II donne au prieuré de Saint-
Sulpice à Pries « la moitié des revenus des églises de Stavels, Auré et
Villers. » Si ces trois localités sont (il y a un peu de probabilité) Stave, Ont
et Villers, villages peu éloignés de Montaigle, cette seigneurie peut avoir
été, non la dot, mais le douaire de la comtesse, voire même en partie dot
et en partie douaire (1). Ce qui corrobore singulièrement l'idée de
douaire constitué par le comte de Chiny, c'est la pièce suivante, datée du
29 juin 1327 :
« Louis, comte de Los et de Chiny, déclare au comte de Namur qu'il a assigné
à sa femme toutes les terres de Montaigle, de Fleurus, et tout ce qu'il avait à
Hastiers et Orets, pour en jouir par elle, tant à cause de son douaire que pour
ses joyaux et autrement. Il prie le comte de Namur de vouloir donner ses
lettres ouvertes à ladite dame, afin que ces biens ne soient ni vendus ni
séparés, sans son consentement. Le jour de S. Pierre et S. Paul 1327 (2). »
Enfin Guy de Namur, frère puîné du comte Jean et fils du comte de
Flandre Guy de Dampierre, intervint également, du moins pour quelque
chose, dans la donation faite à Marguerite de Lorraine de la seigneurie de
Montaigle ; car, outre que ce domaine était un fief relevant des comtes de
Namur, il est bien certain que ce seigneur fut le premier mari de la prin-
cesse lorraine.
Comme ce fait n'a, ce semble, été signalé par aucun historien, il importe
d'en fournir la preuve. Mais rappelons d'abord ce qu'a été Guy de Namur.
(1) Voir ci-dessus, à l'année 10G8, la première note de la charte concernant la fondation
de Pries. Je n'y ai pas dit qu'entre Étalle et Villers-sur-Semois se trouve le village de
Ste-Marie que l'on disait autrefois en Orcet.
(2) Monuments Anciens de St-Genois, première partie, page 996, d'après l'original en
français sur parchemin. Sceau en cire de Louis, comte de Los et de Chiny.
- 209 —
Le vieux comte de Flandre, Guy de Dampierre, avait eu neuf enfants de
Mathilde de Béthune. Devenu veuf, il épousa Isabelle de Luxembourg, tille
du comte Henri le Blond, et par ce second mariage acquit le comté de Namur.
Cette princesse lui donna huit enfants, dont trois fils. Jean, l'ainé, fut
comte de Namur ; Guy, le second, né vers 1266, devint seigneur d'un «jet
de mer » situé entre Nieuport et la villelte dite la Neuve-llede, deBailleul,
Peteghem et, en 1"297, comte de Zélande^l). C'est à lui surtout qu'est due
la fameuse victoire que les Flamands remportèrent à Courtray en 1302 ;
car il fut de fait leur général en chef, sans cesser un instant d'être leur
premier soldat. Il combattit avec le même courage en Hollande, en Italie,
et sous les murs de Brescia. Vaillant soldat, véritable homme de bien, cœur
généreux, tel était Guy de Namur (2).
On ignore a quelle époque il épousa Marguerite de Lorraine. Moreri,
dans son Grand Dictionnaire, affirme que ce seigneur avait pour femme
Alix de Bar (3). Ce qui ne peut être vrai que dans le cas où Guy aurait été
marié deux fois, chose peu probable.
D'après Galliot, dans son Histoire de Namur, ce n'est pas Guy, mais son
frère consanguin « Guillaume, seigneur de Dendermonde et de Kichebourg,
( qui fut marié à Aline, fille du comte de Bar, par laquelle il devint comte
« de Cliiny (4). » Notons d'abord l'impossibilité absolue de cette dernière
affirmation. Guillaume de Termonde n'a pas été comte de Chiny ; de plus
il n'a épousé aucune princesse de Bar et, quand même il l'eût fait, il
n'en serait résulté pour lui aucun droit au comté de Chiny (5) ; enfin il n'a
pas été seigneur de Richebourg. Malgré ces graves méprises, l'historien
namurois n'était pas loin de la vérité lorsqu'il écrivait ces lignes. Seulement,
il a confondu Guillaume, fils puîné du premier lit, avec Guy, fils puîné du
second lit ; il aura confondu en outre Thibaut II, duc de Lorraine, père de
Marguerite, avec Thibaut 11, comte de Bar.
La pièce suivante ne laisse aucun doute sur le mariage de Guy avec
Marguerite de Lorraine. C'est une analyse faite sur la charte originale et
publiée dans les Monuments anciens du comte de St-Genois.
(1) Mon. anc. de St-Genois, première partie, pages 678, 940, 922 ; 2de part., pag. 1, etc.
Marchant, Flandr. descript. page 244 ; Oudegherst, chroniq. et annal. f° 208. Guy conserva
ce titre jusqu'en 1310. Le comte de Hainaut n'avait cessé de lui contester et le titre de comte
et la possession du comté.
(2) Miles probatissimus et generosus. Monach. Gandav. 388.
(3) Article Flandre, édition de 1759, tome V, page 180, 2de col.
(4) Tome I, page 350.
(5) Dav. Lindan. de Tenerœm. pagin. 26.
— 210 —
t Accord, en français et en parchemin, scellé des sceaux de Marguerite de
Lorraine, comtesse de Los et de Chiny, et de Guillaume, comte de Namur,
fait entre eux, au sujet du douaire que cette dame avait sur la terre de Mon-
taigle, au pays de Namur, par la mort de Guy de Flandre, son mari. Le mardi,
i6 mars 1344, de Liège. AA. 3 (I). »
On trouvera une preuve surabondante de ce mariage dans une charte
publiée en 1334 par Raoul, duc de Lorraine, et neveu de la comtesse Mar-
guerite. Il y est dit formellement que cette princesse a été mariée « à monsr
Guy de Flandre. » Cette charte sera citée plus loin.
Ainsi Guy de Flandre est intervenu dans la formation du douaire de
Marguerite de Lorraine à Montaigle, et il a été le mari de cette princesse.
Or, il ne peut être question de deux Guy de Flandre, c'est bien ici le frère
puîné de Jean, comte de Namur, et l'oncle du comte Guillaume, son fils ;
en voici la preuve :
Le 25 septembre 1349, le comte Guillaume et Robert de Namur, son
frère, faisaient un accord relatif aux biens « que ledit Robert demandait en
« la succession de ses père et mère, de son oncle Guy de Namur, et de sa
« tante la comtesse de Chiny (2). »
Quoi qu'en disent Marchant et d'autres auteurs (3), Guy de Namur n'est
pas mort au siège de Rrescia ; car, le 29 septembre 1311, il fondait une
chapelle au château de Peteghem. Dans la charte de fondation, il rappel/e
que le pape Clément V lui a permis, par une bulle datée de Carpentras, le
6 juillet 1309, l'érection d'une chapelle dans chacun de ses trois domaines
de Peteghem, de Montaigle et de Bailleul (4*.
Le 3 juin 1314, Jean, comte de Namur, était avec son frère Henri, comte
de Lodi, au château de Winendale. C'est là qu'ils firent un accord au sujet
du partage de leurs biens. On lit entre autres choses, dans l'exposé de cet
accord, que Jean assigne a son frère Henri, deux mille cinq cents livres et
qu'il promet en outre cr qu'après la mort de la comtesse de Chiny, il lui
c donnera une rente de cinq cents livres, à prendre sur les revenus qui
« avaient appartenu à feu Guy de Flandre, leur frère, laquelle rente le
(1) Première partie, page 923.
(2" Ibidem. Ils conviennent que Robert aura les terres de Beaufort et de Balàtre, à charge
de les tenir en foi et hommage des comtes de Namur. Ces terres, mais non le château de
Beaufort, pourront être engagées à des particuliers, jamais à des princes.
(3) Flandr. descript. p. 244 etc.
(4) Mon. anc. page 959.
— 211 —
« comte de Namur pourra racheter cinq ans après la mort de cette prin-
« cesse, pour la somme de cinq mille livres (1). »
Il était nécessaire de traiter un peu longuement ce fait du premier
mariage de Marguerite de Lorraine, parce qu'il doit naturellement servir a
faire apprécier les relations du comte de Chiny et même de son père le
comte de Looz, avec les comtes de Namur, de Flandre et de Hainaut, voire
même avec l'empereur Henri VII ; car la princesse lorraine était devenue la
cousine germaine de ce dernier par Guy, son premier mari. Elle était par
le même motif la tante, a la mode de Bretagne, de Jean, roi de Bohême (2).
Le 22 mai 1313, <s Louis, comte de Chiny, fils aîné du comte de Los, »
se trouvait h Bruxelles avec Jean de Flandre, comte de Namur, Gérard,
comte de Juliers, et Guillaume, comte de Hainaut. C'était le mardi avant
l'Ascension. Là « ledit comte de Chiny, comme mainbour de sa femme,
promet de tenir en fief du comte de Namur et de ses successeurs, le château
de Montaigle, et de le garder pour le service de ce comte, auquel il doit
céder tous les droits honorifiques de ce château (3). i>
Cette charte fixe l'époque avant laquelle, et peut-être à laquelle, il faut
placer le mariage de Louis VI et son avènement au comté de Chiny.
Le 29 novembre de cette même année, Louis VI était en pourparlers
avec le comte de Luxembourg, Jean, roi de Bohême. Lui-même nous
apprend, par la charte qu'il fit dans* cette circonstance, que des dissenti-
ments existaient de vieille date, entre les comtes de Luxembourg et ceux
de Chiny, au sujet d'un certain nombre de familles, fixées sur les territoires
de Neufchâteau, de Mellier et d'Orgeo. Les comtes de Chiny prétendaient
que ces familles, étant leurs vassales, ne devaient aucun service aux comtes
de Luxembourg ; mais ceux-ci répondaient que leurs exigences étaient
fondées sur une coutume immémoriale. Quelques années auparavant, l'em-
pereur Henri VII, père du roi Jean, et le comte Arnulphe IV, père du
comte Louis, avaient agité cette question ; mais, ne pouvant se mettre
(1) Ibidem, page 944.
(2) Comme l'empereur, elle descendait aussi de la comtesse Ermesmde ; mais cette seconde
parenté était plus éloignée.
(3) Mon. anc. de St-Gen. lre partie, page 996. Cette charte portait les sceaux de ces quatre
comtes. Il n'est pas étonnant de n'y pas voir celui du duc de Brabant, Jean III, qui n'avait
que quatorze ans. Il ne l'est pas non plus de voir les nouveaux époux à la cour de Brabant :
par son premier mariage, Marguerite de Lorraine était grand'tante du jeune duc. Mais que
d'autres liens de parenté et d'affinité entre ces familles! Bien que par sa tante l'impératrice
Marguerite, Jean III s'apparentait en quelque sorte à toutes les familles unies à celle de
l'empereur.
— 212 —
d'accord, ils étaient convenus de placer provisoirement ces familles en
séquestre. Pour l'aire cesser cet état provisoire, Louis VI déclare que, sur
l'avis de ses amis et de ses gens, il a fait la convention suivante :
Très haut et noble prince, Jean, par la grâce de Dieu, roi de Bohême et
de Pologne, vicaire général de l'empire en deçà les monts et comte de
Luxembourg, lui cède à lui et à ses hoirs, seigneurs de Neufchâteau et de
Mellier, toutes les familles constituées en séquestre. Sont exceptées toute-
fois certaines familles dont les fiefs relèvent des comtes de Luxembourg,
comme le constate la coutume du pays.
De son côté, Louis cède au comte de Luxembourg, son cher sire, les
villages de Thibessart, de Rancimont et d'Àlonsart(l), avec bans et finages,
droits et appartenances quelconques, comme l'ont défini son frère, Arnould
de Looz, alors seigneur de Neufchâteau et de Mellier, avec plusieurs autres
personnages du comté de Chiny et, d'autre part, Jean de Montplainchamps (2),
chevalier ; également avec plusieurs autres personnages du comté de
Luxembourg.
Il est entendu que le breuil (3) situé sous Thibessart restera au comte
de Chiny ; que ceux de ses autres sujets qui venaient jusqu'ici faire moudre
leur grain à Thibessart, cesseront désormais ; enfin que les habitants des
trois villages cédés qui ont des biens dans le comté de Chiny devront y payer
les droits et les impôts ordinaires, comme le feront ceux de ce comté qui
auraient des possessions dans ces trois villages.
Louis VI déclare ensuite qu'il lui sera désormais interdit, a lui et a ses
hoirs, d'arrêter pour dettes ou d'emprisonner les sujets du comte de
Luxembourg, si ce n'est avec son consentement préalable. Les comtes de
Luxembourg agiront de même par rapport aux habitants du comté de Chiny
et auront besoin, pour leur faire violence, du consentement du comte de
Chiny ou de ses hoirs, seigneurs de Neufchâteau et de Mellier. Cette règle
du reste ne porte pas atteinte à l'ancien droit d'entrecours, qui existe entre
les terres du comté de Laroche et du ban de Mellier, d'une part, et celles
des bans d'Anlier et de Neufchâteau, d'autre part.
Il est convenu enfin que les habitants de Thibessart, de Rancimont et
(1) Alansart selon M. Wurth-Paquet : Publicat. de Luxemb. Livrais. XVII, page 31. Peut-
être Vlessart (Anlier), autrefois Valansart.
(2) Surnommé Vaillou, ibidem, Livrais. XVIII, page 42.
(3) Le breuil était une prairie assez vaste, ordinairement entourée d'une haie et plantée
d'arbres.
— 213 —
d'Alonsart n'auront aucune espèce de droits dans les forêts de Mellier, de
Suxy et de Chiny.
Voici le texte de ce document.
Accord entre les comtes de Luxembourg et de Chiny, au sujet des terres de
Neufchâteau, de Mellier et d'Orgeo.
Le 29 novembre 1313.
Nous Louys de Loz, contes de Chiney, faisons cogoissant et savoir à tous
ceuls qui ces présentes lettres verront et oiront que, — comme bestens et
discors ait esté longuement entre nobles bommes les contes de Luccembourg,
d'une part, et les contes de Chiney d'aultre, sour ce que li contes de Chiney
disoient que li contes de Luccembourg avoient trait en lour services, sens
cause raisonnable, plusieurs hommes et femmes des terres de Neuffschastel,
de Maliers et d'Orjou ; et que li contes de Luccembourg afïermoient qu'il
estoient lours en bonne et en juste cause, et que en si longue saisine en estoient
qu'il n'estoit sa mémoire d'home par quoy il avoient aquis la propriéteit, (li
quelz hommes et femmes furent mis en estât par le gré de très-excellent prince
Henris, par la grûje de Dieu roy des Romains, empereur de Rome, cuiDieus
absolleit, et noble homme, nostre très-chier signeur et peir, Arnould, conte
de Loz, ou temps que li uns estoit cuens de Luccembourg, et li atres, cyres
de Chiney), — nos, [par le conseil de nos amis et de nos gens, et maiement
por ce que très-hanlt et nobles princes Jehans, par la grâce de Dieu roys de
Bohaigne, de Polaiue, et vicaires général de l'empire d'Alemaigne par deçà
les monts, et cuens de Luccembourg, nos chiers sires, à nous et à noz hoirs,
signeurs dou Neuffschastel et de Maliers, (1) tous les hommes et les femmes
qui furent mis au dict estât, si comme il est contenu ens lettres sour ce faictes,
que nous avons de luy ; saulf ce qu'il ne nous at mie donneit, ne quitet les
fies que aucuns desdits hommes et femmes tiennent dou conte de Lucembourg,
les quelz fyes on doit mostrer à uz et à costumes dou pays,] avons donnei et
susportey perpétuellement et héritablement à contes de Lucembourg quanecque
(quant et que) nous avions et poions avoir ens villes de Thietbert-Sart, de
Ranciemont et de Alonsart, ens biens et ens fmaiges desdits lieus, et en touttes
lour appartenances ; tout ensi comme il ont esteit confermeit et abonneit par
nobles hommes, nostre très-chier frère Arnould de Loz, qui fut adonc signeur
dou Neuffchastel et de Maliers et par plusiours de nos atres hommes, et par
monseigneur [Jehan de Montplainchamp, chevalier, et par plusiours atres
hommes de la contei de Luccembourg, en maisons, granges, places, meix et
(1) Il manque ici quelques mots, par exemple nous a donné.
— 214 —
masures, en hommes, en femmes, chens, prés, bois eaues, fours et molins,
en dismes, terraiges, rentes, et en touttes aultres droictures, débites et sei-
gneuries, quelles qu'elles soient ; saulf ce que nous avons retenut et retenons
nostre bruel qui gist desous Thiebert-Sart, et que li manans de nos villes qui,
aveukes les trois villes dessus dites, soloient aler more par ban à molin de
Thiebert-Sart, n'iront plus. Et est à entendre se aucunes des dittes villes avoient
héritaiges en nos bans et ens fmaiges de noz villes, qu'il les doient poursuivre
et tenir, paiant telle rente et débite comme li héritaiges doient ; et en semblant
manière doient faire cils de nos villes ens bans et ens fermaiges de Thiebert-
Sart, Ranciemont et Alonsart deseur ditte. Et est encor à sçavoir que doré-
navant nous, ne nostre hoirs, ne porons, ne ne deverons retenir en comman-
dise, ne en warde, nuls des hommes le conte de Luccembourg, se ce n'estoit
par la volunteit des dis contes ; ne il, ensi des autres, se ce n'estoit par la
volunteit de nous ou de nos hoirs, seigneurs de Neuffchastel et de Maliers ;
sauf ades que li vies entrecourt d'entre les terres de la conteit de la Roche et
dou ban de Malier, d'une part, et dou ban d'Anlier et dou Neuffchastel, de
atre part, doit estre tenuz et wardeiz. Et est encore à sçavoir que cils des
villes de Thibert-Sart, de Ranciemont et de Alonsart desour nommée, ne
puevent, ne ne doient demander, ne avoir nulles droictures, ne nulles aysances
ens forets de Maliers, de Suxey et de Chiney.
Et pour ce que ce soit ferme chouse et estable à tousjours, avons-nous mis
et pendut nostre saiel à ces présentes lettres, en tcsmoignage de vériteyt. Ce
fut faict et donnet l'an de grâce nostre signeur mil trois cens ettrèze, la vigille
de la feste saint Adrieu, appostre (1).
Il est à présumer qu'à l'avènement du comte Louis VI, la situation du
comté de Chiny n'était guère plus brillante que celle de l'abbaye d'Orval.
Or cette abbaye succombait alors sous le poids de la misère, et peu s'en
fallut qu'elle ne cessât d'exister. Déjà l'abbé de Cîteaux avait chargé Arnulphe,
abbé de Trois-Fontaines, d'aller vendre ses immeubles pour mettre ordre
à ses affaires et, s'il le jugeait nécessaire, d'en répartir les religieux dans
d'autres maisons de l'ordre. Heureusement l'abbaye de Clairefontaine, près
d'Arlon, put acheter à celle d'Orval (26 juillet 1314) les dîmes de Vieux-
Virton, de Bleid et de Gommery, d'Ethe et de Latour, de Rulles et de
Marbehan, plus une rente de quatre muids vertenois de seigle sur la dîme
de Meix-devant-Virton. Le prix de l'ensemble était de 580 petits tournois (2).
Celte première somme fut aussitôt portée aux usuriers auxquels l'abbaye
(1) Wolters, Codex diplom. loss., pag. 203.
(2) Cartulaires de Clairfontaine et d'Orval.
— 215 —
avait dû recourir. D'autres biens furent également vendus ; mais ce n'est
pas ici le lieu d'en parler, puisqu'ils n'étaient pas situés dans le comté de
Chiny. Quant à ceux qui viennent d'être énumérés, c'étaient des biens
féodaux relevant, du moins en grande partie, des comtes de Chiny. Or, à
cette époque, les transactions semblables ne pouvaient pas encore se passer
du consentement des seigneurs suzerains (1). Le comte Louis VI fut donc
prié de permettre aux religieux de vendre ces dîmes, et aux religieuses de
les posséder en toute franchise. La charte du comte montre qu'il acquiesça
sans peine à cette double demande (2).
L'évêque de Liège Adolphe de la Marck avait rétabli la paix dans la
principauté, mais sans en extirper les germes de discorde. Ces germes
s'étaient bientôt développés et, dès l'année 1314, tout le pays liégeois se
voyait de nouveau plongé dans l'anarchie. A son insu l'évêque donna lui-
même le signal de la révolte en nommant au maréchalat de l'évêché Henri
d'Hermale, chef du parti des Waroux, c'est-à-dire en lui confiant le suprême
commandement des troupes du pays. Il avait ensuite pris les armes contre
les rebelles et livré l'un des chefs des Awans à une cour militaire; ce qui
était une violation flagrante de la coutume. L'exaspération fut dès lors à
son comble chez les Awans, et bientôt après elle avait gagné les cours de
justice, les magistrats et le peuple lui-même, toujours prêt à se battre pour
le maintien des anciens usages. La révolution était donc un fait accompli,
mais il lui manquait un chef. C'est alors que les confédérés oflrirent au
comte de Chiny la charge de mambour du pays de Liège (3). On ignore
quelle fut la réponse et la conduite de Louis VI.
Cependant deux effroyables calamités vinrent presque en même temps
ralentir la course vagabonde de la révolution en épuisant ses forces. Depuis
le mois de mai 1315, une pluie souvent torrentielle ne cessait de tomber.
Grains, fruits, recoins diverses, tout pourrissait avant d'atteindre la maturité.
Bientôt survint une peste horrible qui emporta le tiers de la population.
Au mois de juin 4316, les deux partis voulaient ia paix. L'évêque, qui s'était
retiré d'abord au château de Huy et puis au duché de Brabant, promulguait
à Fexhe, le 18 du même mois, un traité de paix dont voici les premières
lignes :
(1) Ce n'est que plus tard qu'on put se passer de ce consentement, d'après une coutume
contraire, formulée art. 1 du titre VI, Coutumes génér.
(2) On peut la lire daiio le cartulaire d'Orval, page 648 et dans celui de Clairefontaine.
page 142.
(3) Chapeaville, Historia, etc., tom. II, pag. 372.
— 216 —
c A tous ceux qui verront, etc. Nous, Adulphe, par la grâce de Dieu évesque
de Liège ; ly prevost, ly doyen, ly archid'acque et tout le chapitle del grand
engliese de Liège ; Arnul, comte de Looz ; Louis, comte de Chiny ; Johan de
Bailhuel, sire de Morealmeit ; Johan, sire d'Agymont, etc. (4). »
Le prieur de Suxy s'est étrangement trompé dans le récit qu'il fait des
événements dont nous venons de parler ; mais, ici comme ailleurs, à côté
de méprises grossières, il rapporte l'exacte vérité. « L'evesque de Liège,
« dit-il, après une guerre cruelle et de longue durée, fut constrainct de
« s'accorder, et la paix fut conclue le vendredy avant la St-Jean-Baptiste
« 1316. Et, comme on dit vulgairement que il n'y a pas sy grande guerre
« qu'il ny soit plus grande paix, parmi le traicté de paix se fit le mariage
« entre Thiry, seigneur de Heinsberg, nepveu de la comtesse Margarite, et
« la sœur de l'evesque Adolphe. Dont depuis Arnould assista ledit évesque
« es guerres qu'il eut contre le conte de Namur et puis contre le duc de
« Brabant. »
L'auteur parle encore ici de cette prétendue Marguerite, comtesse de Chiny
après Louis V, son père, et Jeanne de Blamont, sa mère, et de son prétendu
premier mari Arnould d'Agimont ; or, ni elle ni lui n'ont jamais existé, si
ce n'est comme créations imaginaires qu'on dirait faites pour dérouter les
historiens. Le passage précité est néanmoins exact à beaucoup d'égards,
voire même a l'endroit de cette comtesse Marguerite, pourvu qu'on l'entende
de Marguerite de Montaigle, laquelle était, par son mari, la tante du futur
comte de Chiny, Thierry de Heinsberg.
Le lendemain de la paix de Fexhe et au mois de novembre suivant, on
fit divers décrets pour définir ou compléter les articles du traité. L'un de
ces décrets garantissait au comte de Looz l'avouerie de la principauté de
Liège ; un autre concernait les vassaux du comte de Chiny et tous ses
partisans, lesquels, y était-il dit, ne pouvaient être inquiétés au sujet des
frais de la guerre (2). Ces stipulations semblent démontrer que, dans ces
luttes sanglantes de la principauté de Liège, Louis VI agissait moins comme
comte de Chiny que comme héritier du comté de Looz. Quant à la querelle
qui s'engagea peu après entre le même évoque de Liège et le roi Jean
l'Aveugle, comte de Luxembourg, ce qui causa la destruction de Marche et
de Bastogne, la prudence lui conseilla sans doute de garder une stricte
neutralité ; aussi n'y voit-on nulle part aucune trace de son intervention.
(1) Recueil des Ordonnances de Louvrex, tome II, page 10. Seulement en deux endroits
de cette pièce, au lieu de Huy et de Thuin, il faut lire Chiny.
Cl) Schoonbroodt, Cartul. de l'église de St-Lambert, n. 1290 : Daris, Histoire, etc., page
518 ; Hocsem. dans Chapeaville, tom. II, p. 373, etc.
- 217 -
Il en fut tout autrement par rapport a la lutte qui s'engagea vers le
même temps entre le prince-évêque et le comte de Namur. Sur la fin de
l'année 1319, les habitants de Bouvignes, aidés de quelques Namurois,
vinrent sous les murs de Dinant pour provoquer au combat les habitants
de cette ville. Ceux-ci répondirent au défi et se précipitèrent sur eux. Mais
les agresseurs eurent bientôt lâché pied et repris la route de Bouvignes.
Leur fuite simulée excita les fougueux bourgeois et les attira dans une
embuscade. Il y eut des morts et des blessés. En outre trente Dinantais
furent faits prisonniers. Le lendemain pas un des trente ne restait en vie.
A cette nouvelle les Dinantais indignés accusèrent les Namurois de les
avoir assassinés après le combat. Leurs clameurs soulevèrent le peuple
liégeois, de sorte que l'évêque se vit forcé de prendre les armes pour
venger un crime encore douteux. Une partie du comté de Namur fut mise
à sac, puis survint une trêve dont les Dinantais profitèrent pour élever la
fameuse tour de Montorgueil, à proximité des murs de Bouvignes. Sans
égard à la trêve, les Bouvignois attaquèrent cette tour et la démolirent. Bientôt
l'évêque de Liège, usant de représailles, vint assiéger Bouvignes. De son
côté le comte de Namur alla dévaster la Hesbaye et, bien que repoussé
par Jacques de Leutes, il fit lever le siège de Bouvignes (août 1321).
La présence de Jacques de Leutes dans ces démêlés prouverait déjà
suffisamment que la maison de Looz avait épousé les intérêts de l'évêché
de Liège, conformément à la convention du 3 juin 1318. Mais une pièce
conservée dans les archives de Lille ne laisse aucun doute sur la profonde
mésintelligence qui existait alors entre le comte de Chiny et les deux frères
Jean et Bobert, l'un comte de Flandre, l'autre de Namur. Cette pièce est
une commission donnée par le premier à son frère de Namur, au sujet des
biens que le comte de Chiny possédait en Flandre, et qui avaient été con-
fisqués à cause de ses méfaits (1). Nous connaissons déjà l'un de ces
méfaits, à savoir l'assistance prêtée au prince-évêque. Le second est, selon
toute apparence, le rétablissement de bons rapports entre le comte de
Chiny et celui de Hainaut.
(!) Voici l'analyse de cette pièce importante. « Commission délivrée par Robert III, comte
de Flandre, à Jean, comte de Namur, son frère, pour recevoir en son nom les revenus des
biens que le comte de Chiny possédait en Flandre, et qui avaient été confisqués sur celui-ci
à cause de ses méfaits. »
Inventaire somm. des archiv. de Lille, tome II, page 98, cartidaire de Namur, 1209 —
1321, p. 100. Cette pièce n'est pas datée, mais elle se trouve la dernière ; ce qui semble
en indiquer suffisamment l'année.
16
- 218 -
Ce comte, nommé Guillaume I et surnommé le Bon, descendait, au qua-
trième degré, comme Louis VI, de Jacques d'Avesnes, le héros de Saint-
Jean d'Acre. Or l'amitié des d'Avesnes entraînait encore à celte époque
l'inimitié des Darnpierre.
On se rappelle que Louis V, grand-oncle de Louis VI, avait acheté quel-
ques parties du beau domaine de Mirwart. Il avait également acquis, on
n'en connaît pas l'époque, d'autres terres et des rentes provenant de la
même seigneurie ; mais les complications qui survinrent entre le Hainaut
et la principauté de Liège ne lui permirent pas de songer longtemps à
s'agrandir de ce côté. Plus tard son arrière-neveu Louis VI vendit au
comte de Hainaut ceux de ces biens qui se trouvaient situés dans le voi-
sinage même du château de Mirwart. Cette vente, dont on ignore le prix,
eut lieu le 2 mai 1322. L'acte en fut scellé par le comte de Juliers,
grand-oncle de Louis VI ; par Guillaume son frère, seigneur de Neufchâ-
teau; par Ernoul, seigneur de Stenes ; par Jacques, seigneur de Leutes, et
Jean Doutre, chevaliers (1).
Revenons un peu en arrière pour rappeler quelques autres faits indé-
pendants des luttes qui ensanglantèrent les rives de la Meuse depuis Dinant
jusque Liège.
En 1320 le comte de Chiny apposait son sceau au contrat de mariage
entre Jean, tils de Gilles de Vance, chevalier et seigneur de Villemont, et
Alix, fille de Jean dit Bel Petit d'Ivoix. Le château de Villemont formait la
dot ou une partie de la dot de l'époux. A côté du sceau du comte, on
voyait ceux de Louis, seigneur de Chauvancy ; de Ferry et de Jacquemin
de Looz ; de Jean de Clémency ; de Pierrard de Ville ; de Protin, dit Épar-
(1) « Lettres, en français et en parchemin, scellées des sceaux en cire brune de Louis de
Loos, comte de Chiny ; Gérard, comte de Juliers ; Willaume de Loos, seigneur de Neuf-
chastel, frère du comte de Chiny ; Ernoud, seigneur de Stenes ; Jacquemon, seigneur de
Leute, et Jean Doutre, chevaliers, par lesquelles le comte de Chiny déclare, en présence
des seigneurs ci-dessus nommés, avoir vendu à Guillaume, comte de Hainaut, toutes les
rentes, terres et revenus qui lui appartenaient à Mirouart, le tout pour une somme dont il
était payé et qui n'est pas spécifiée dans ces lettres. Le 2 mai 1322. »
Mon. anc. de St-Gen. lre partie, page 276.
On lit à ce sujet dans un inventaire d'une partie des archives de Mirwart, dressé au
17e siècle : « Par tiltre de l'an 1322, le conte de Chiny, Loys de Loos, transporte à Guil-
laume, comte de Hainnau, tous les terres, rentes, droictures que avoir pouvoit en la terre
de Mirwart, en bois, eaue, pasturaige, foings, rentes, justices, et seigneuries quel-
concques. »
Quel est cet Ernoul, seigneur de Stenes, ailleurs Steyne ? Dans la charte, citée plus loin,
du mois de mai 1331, Louis VI le nomme son neveu. Cette charte prouve qu'il est un
personnage distinct d'Arnold, fils de Guillaume d'Oreye. Il est cité de nouveau dans une
charte datée de Bruxelles le 27 novembre 1333. Mon. anc. de St-Gen. i1' partie page 003.
— 219 —
gnemaille ; de Bertrand de Tassigny ; de Guillaume de Biourge et de Jean
de Tinligny (1). Peu après le nouveau marié était mort et le même comte
de Chiny avait, avec le roi Jean l'Aveugle, comte de Luxembourg,
fait « aucunes prises » sur sa jeune veuve ; on ignore à quel sujet. Mais il
est certain que le roi Jean restitua ce qu'il avait pris et qu'il assigna, en
1323, aux héritiers de cette dame soixante-dix livrées de terre dans le
comté de Luxembourg (2). De son côté, mais seulement en 1328, Louis VI
répara le tort qu'il avait causé à dame Alix en lui enlevant sa dot. La
restitution consiste en une rente annuelle de cent livres tournois. Onze ans
après la mort du comte, sa veuve Marguerite de Lorraine confirma cette
rente (1347) (3).
Le fait suivant prouve que, pour affranchir une localité, le seigneur du
lieu n'avait besoin que du consentement de son suzerain immédiat. Raoul,
seigneur d'Olisy et de Lamouilly, accorda a cette dernière localité les
privilèges dont Gérard, son père, avait gratifié la première. On sait que
Gérard était oncle de Louis VI et sire de Chauvancy. La charte d'affran-
chissement nous apprend que Raoul pria, non le comte de Chiny, suzerain
médiat, mais « son cher frère Louis de Chauvancy, chevalier, de mettre
son sceau avec le sien à ces lettres faites à Lamouilly, le jeudi après la
Toussaint (1323). » Raoul a soin de se réserver certaines redevances et de
déclarer qu'il ne veut en rien amoindrir les droits de l'Église et de ses
francs-hommes (4).
Le comte de Looz, à force d'emprunter, s'était mis dans l'impossibilité
de satisfaire ses créanciers, du moins en puisant dans sa propre bourse.
Il prit donc le parti de recourir h celle de ses vassaux nobles, en leur
avouant sa détresse. Ceux-ci résolurent de lui venir en aide de la manière
suivante : chaque chevalier lui fit cadeau de dix sous de vieux gros tour-
nois, et chaque écuyer de la moitié de cette somme.
Le 12 mars 1321 (5), Arnulphe, comte de Looz; Louis de Looz, comte
de Chiny, et Guillaume, son frère, sire de Neufchâteau en Ardenne (6),
(1) Bertholet, tome VI, page 283. Cet auteur a lu Gilles de Wecz, au lieu de Gilles de
Wenf. En outre il donne à Louis VI le titre de comte de Los ; c'est trop tôt de trois ans.
(2) Recueil Gérard, n. 22i, fol. 74 V° ; Wiirth-Paquet, Publicat. hist., livr. XIX, page 3.
(3) Bertholet, Hist., tome VI, page 272; Recueil Gérard, n. 224, fol. 74.
(4) Compte rendu de la Comm. d'Hist., IIIe sér., t. X. page 138.
(5) « L'an de grâce mille trois cent et vingt, le jour de feste saint Grégoire. »
(6) « Arnoult, cuens de Los ; Louis de Loz, cuens de Chiny, et Guillaume .sos
dans Neufchastel en Ardenne. » Les deux mots ses frères doivent se traduire évidemment
par son frère ; Mantellius s'y est trompé et, pour lui, Arnulphe, Louis et Guillaume sont
trois frères. Hist. de Looz, page 245.
— 220 —
remettaient aux nobles vassaux du comté de Looz une charte curieuse.
Elle n'est autre chose qu'une lettre de non préjudice de la plus grande
ingénuité. Les trois frères reconnaissent le pitoyable état de leurs finances,
et remercient « très-grandement » les donateurs de leur aimable largesse.
Car, ajoutent -ils, nous n'y avons aucun droit, si ce n'est de leur bonne
volonté. Aussi nous leur donnons notre parole, en notre nom et au nom
de nos successeurs, que jamais nous ne réclamerons d'eux aucune somme
quelconque, soit comme cadeau, soit comme taxe. Que s'il était un jour
démontré que nous avons droit à exiger d'eux quelque redevance, nous y
renonçons à jamais.
Quatre-vingt-dix ans plus tard, Jean de Bavière, évêque élu de Liège et
par suite comte de Looz, se trouvera lui aussi dans une grande disette
d'argent et confirmera les privilèges de la noblesse lossaine, mais seulement
après en avoir reçu un subside (1).
Il y avait à Bouillon un échevin nommé Henri Henreckel. Sa maison
touchait au pont de celte ville. Elle devait être spacieuse ; car, le 3 dé-
cembre 1323, on y voyait réunis autour du prince-évêque de Liège, le
vieux comte de Looz, avec son fils le comte de Chiny ; Henri, abbé de
Saint-Hubert en Ardenne (2) ; Engelbert Francoy, chanoine de Liège et
abbé séculier d'Amay : Jacques, sire d'Orchimont ; Jacques d'Agimont ;
Thierry de Haneffe et Goswin de Berg, tous quatre chevaliers ; Régnier de
Fallise, chanoine-écolâtre de Saint-Jean, à Liège ; Louis d'Agimont ; Guil-
laume, châtelain de Waremme et maréchal du diocèse de Liège ; Judoc
de Waha ; Arnold, dit Carpeal de Halle...?; Robert, dit Pinekin ; Arnold
de Seraing, panetier du prince-évêque. et Goswin du Rieux de Jehoncourt,
camérier du même prélat, tous hommes prudents et feudataires de l'évêché.
Autour d'eux on voyait encore un grand nombre de témoins, convoqués
expressément pour cette circonstance.
En présence de cette solennelle assemblée, le comte de Looz déclara que
sa volonté était de rentrer désormais dans la vie privée, aussitôt après avoir
résigné son comté de Looz en faveur de son fils le comte de Chiny. C'est
pourquoi il prie le prince-évêque, son seigneur suzerain, de vouloir reprendre
ce comté et d'en investir le comte Louis. Aussitôt après, l'évêque conféra
(1) Robyns, Diplom. Loss. pag. 35.
(2) Cet abbé ne se trouve pas dans la liste donnée par M. de Robaulx. paye 112 du Can-
tatorium. Il faut probablement le placer entre l'abbé Thibaut, mort en 1302 et l'abbé Jean.
L'élection de ce dernier serait donc postérieure à l'année 1323.
- 221 —
ce fief à Louis VI et reçut son hommage. Arnulphe ne se réserva qu'une
pension viagère de quatre mille livres.
Jean, dit de Spire, clerc de Tournay, notaire apostolique et impérial, fit
un acte authentique, où tous ces faits sont fidèlement détaillés. On peut le
lire tout au long dans le recueil des chartes de Looz de Robyns (1). Dans
cet acte, l'évêque de Liège donne aux deux comtes les qualités de fidèles
et de cousins (2). Il y avait en effet une petite parenté, puisque Isabelle
de Fauquemont, aïeule paternelle du prince-évêque, était la cousine germaine
du vieux comte Arnulphe IV. Tous deux descendaient d'Arnulphe III et de
Jeanne de Chiny, le premier par Jean comte de Looz ; la seconde par
Jeanne, femme de Thierry de Fauquemont.
Quelque temps avant cette assemblée de Bouillon, le comte Arnulphe
avait chargé son fils le comte Louis de payer ses dettes et de faire tout ce
qui est requis pour le repos (de l'âme) de l'évêque de Châlons, et aussi de
son père, de son oncle et de sa femme (3).
Six semaines après l'abdication de son père le comte de Looz, Louis VI
accordait au village d'Aufflance le droit d'usage dans les bois situés der-
rière Martué, ainsi que dans ceux de Sainte-Cécile et de Merlanvaux. Il
leur fit également part des droits que possédaient sur les cours d'eau les
bourgeois de la prévôté d'Ivoix. Chaque bourgeois ayant charrue ou demi-
charrue devait lui payer un franchar d'avoine et une geline ; les autres
bourgeois, une geline seulement.
Le 25 janvier 1323 (v. st.)
Nous Loys, cuens de Los et de Chiney, faisons savoir à tous celz quy ces
présentes lettres verront et orront, que nous avons donneit et octroyeit, don-
nons et octroyons à toujours mais perpétuellement, pour nous et pour noz
hoirs, et borjois de la ville d'Aufflance, pour ealz et pour leurs hoirs, quy
sont de nos fies et en nostre sauve warde, teiles aisance en nos bois et en
nos rivières queiles nos borjois de nostre terre de la prévosteit d'Ivoix les ont
et doient avoir, c'est assavoir : ou bois derièr Martuel, ou bois de Ste-Cézile ;
ou bâtis {bois?) de Merlonval, et en autres lieus partout ou cil de ladite pré-
vosteit ont aisance et doient avoir ; et ans aisances des rivières, telles aisances
partout comme noz bourjois de la dite prévosté les y ont et doient avoir. Par
(1) Diplom. lossens., pagin. 18.
(2) Inter nobiles viros, nostros fidèles et consanguineos, dilectos dominos Arnoldum,
comitem lossensem, et Ludovicum, ejus iilium, comitem de Chysneio.
(3) Hinnisdael, livre IV, n° 132 ; Daris, ibidem, paye 522.
— 222 —
ensy que chascun borjois et habitans en ladite ville d'Aufflance aians charrue
ou demy charrue nous payera, chascun an, à jour de feste St Remy, ou chief
d'octobre, un franchar d'avoine, à franchar d'Ivoix, et une geline. Et chascun
borjois quy n'auroit charrue ou demy charrue nous payera, à jour desseur
nommeit, une geline tant seulleraent. La queile rente d'avoine et de geline li
maire et li jureis de la ville d'Aufflance recevront pour nous et en nom de
nous et déliveront à nostre commandement... Et seront creuz nosdits maires
et jureis de ce que ilz receveront parleur seul sairement. Touttes ces conve-
nances sy dessus dites avons nous promis et prometons de tenir et à warder
en bonne foit, bien et loyallement ausdits borjois d'Aufflance à toujours mais,
sans aller à rencontre par nous ne par aultre.
En tesmoinaige des queiles chozes, (pour) queiles soient fermes et miex
tenues, nous Loys, cuens dessus nommeit, avons donneit ausdits borjois
d'Aufflance, ces lettres présentes saiellées de nostre grant saiel, et avons dé-
prié noz chiers fiables... Jehan de Verton, nostre chevalier, et Jacomin de
Lus, nostre baillit, qu'ils messent leurs saielz à ces lettres avec le nostre, en
tesmoingnaige de vériteit.
Et nous Jehan de Verton, chevalier, et Jacom de Lus, baillit, devant nom-
meis, à la prière et à la requeste de nostre chier et ameit seignour, avons mis
nos saielz à ces présentes lettres avec le sien. Ce fut faict en l'an de grâce
nostre Seigneur mil trois cent et vint trois, le jour de la conversion St Pol (l;.
Malgré les graves préoccupations que lui créaient les troubles sans cesse
renaissants du pays de Liège, Louis VI ne se permit jamais de négliger l'ad-
ministration du comté de Chiny. Vers cette époque il fît des échanges assez
nombreux avec l'abbaye d'Orval. Ces échanges sont rapportés, dans divers
écrits, aux années 1323, 1324, 1325 et même 1328 (2). Peut-être
ne sont-ils autres que ceux qu'on trouvera réunis dans la charte dont nous
allons parler.
Le comte et la comtesse y établissent d'abord que l'abbaye d'Orval possède
diverses rentes de grain sur des terres, des terrages et des moulins qui
appartiennent au comte. Ces rentes sont :
Sur les terrages du comte, à Puilly, 5 muids mewiois de seigle et 1
(1) Scellé de trois grandz seelz à double queue de parchemin. D'après une copie authen-
tique de l'original. Archiv. du gouv. Arlon. Deux exempl. feuilles vol.
(2) Compte rendu de la Com. d'IIist., sér. I, t. IV, p. 38; p. 36; Recueil Gérard, n. 224»
loi. 75. Mais c'est par erreur que l'on y donne la date 1328. Comment Jacques de Loz l'au-
rait-il scellée en cette année, lui qui mourut avant le 8 septembre 1327 ? Cartnlaire d'Orval,
page 005. La charte dont on parle est du 5 mai 1325. On peut la lire dans le même cartu-
laire, page 051. Il suffira d'en donner ici le résumé.
— 223 —
rauid mesmois d'avoine, mesure d'Ivoix ; sur les terrages a Mogres, 12
franchars de seigle, même mesure ; sur ceux de Gérouville, 12 franchars
de seigle, mesure de Montmédy ; sur ceux de Grand Verneuil, dans la part
du comte, 12 frar.chards de seigle ; sur ceux de Meix, 6 franchars de seigle
et 6 d'avoine ; sur ceux de Saint Mard, 2 franchars de seigle ; sur le moulin
de Thonne-la-Long, 36 franchars de seigle ; au ban de Jamoigne, 48 fran-
chars de seigle et 26 petits muids d'avoine.
Après celte énumération, le comte et la comtesse se reconnaissent débi-
teurs de toutes ces rantes envers l'abbaye d'Orval. Ils reconnaissent encore
que, comme les receveurs et les sergents refusent parfois de payer ces
rentes, il convenait que les religieux vinssent faire leurs réclamations. C'est
pourquoi, ajoutent-ils, après mûre délibération, sur l'avis de notre féable
conseil que nous aimons à suivre en ceci comme en choses plus impor-
tantes, du consentement et a l'invitation des religieux, et de notre au-
torité souveraine, nous leur donnons en échange des susdites rentes :
Le tiers de la grosse dime et le terrage de Prouvy, en toute franchise ;
le terrage de Valansart ; le tiers de la grosse dîme de Romponcel et du
Faing; quatre petits muids de seigle sur notre part du terrage de Gérou-
ville, terrage dont l'abbaye avait déjà la moitié.
Suit l'amortissement de ces biens et les formules ordinaires de la mise
en possession.
A côté des sceaux du comte et de la comtesse, on voyait ceux de mes-
sire Jean de Virton, chevalier ; de messire Jacques de Luz, chevalier et
bailli du comté de Chiny, et de Thirion de Montmédy, chanoine et tréso-
rier de l'église d'Ivoix (1).
Le Ier août 1326, Louis VI prononçait en qualité d'arbitre dans un différend
qui s'était élevé entre l'abbaye d'Orval et les paroissiens de Jamoigne. Ils'agis-
(1) Cartulaire d'Orval, page 651. Au 17e siècle des contestations s'élevèrent entre l'abbaye
d'Orval et Philippe-François du Faing, baron de Jamoigne, comte de Hasselt, etc., an sujet
des dîmes et du terrage des villages de Jamoigne, des Bulles, etc. On nomma cinq arbitres.
Le 4 juin 1642, ils se réunirent à Tintigny. C'étaient: Bauduin de Yillers, curé de Sainte-
Marie, doyen rural de la chrétienté de Longuion ; Claude de Gorcy, seigneur dudit lieu et
chanoine de Longuion ; messire Louis de la Fontaine, seigneur de Sorbey et rlarnoncourtj
capitaine et prévôt de Marville ; Jean d'Orsinfaing, seigneur dudit lieu et lieutenant-prévôt
d'Etalle. et Adrien de la Fontaine de Heimemont. Après avoir réglé différents points liti-
gieux, ils ajoutent : « Sur la difficulté qui touche les terrages de Prouvy et Valansart, avons
dit et disons que le dit B. abbé (c'était (loin Henri Meugen)et couvent d'Orval continueront
la jouissance d'iceluy, en suite de l'eschange qu'ils eu ont fait avec Louis, comte de Chiny,
en l'an 1325, le 5e jour du mois de may, excepte les terres qui ont esté et sont particulière-
ment affectées au terrages de Bomponcel et du Faing. » Cartul. manuscrit d'Orval, archiv.
Arlon, tome II, page 213.
- 224 —
sait de la reconstruction et de l'entretien de la tour de l'église. Le comte
fit examiner la question par des personnes instruites et honnêtes, et il dé-
cida que, pour cette fois, la moitié des réparations a faire à la tour de
l'église serait à la charge des paroissiens, et l'autre moitié a la charge de
l'abbaye ; que le transport des matériaux devra aussi se faire par les parois-
siens et tout le reste par l'abbaye ; que dans la suite l'abbaye seule aurait
h pourvoir aux réparations et a l'entretien de la tour, hormis le transport
des matériaux qui reste a la charge des habitants ; hormis également le cas
de destruction ou d'endommagement par des gens de guerre. Alors ce sera,
non à l'abbaye, mais aux bourgeois d'exiger réparation des auteurs de ces
dommages. L'abbé d'Orval et les paroissiens de Jamoigne acceptent ces
conditions et le comte, en sa qualité de suzerain, promet de les faire ob-
server. 11 prononce ensuite que c'est a l'abbaye qu'incombe l'entretien du
presbytère ; mais si elle se soustrait à cette obligation, c'est par devant les
supérieurs ecclésiastiques qu'il faudra porter les réclamations.
On connaîtrait mal le comte Louis VI, si on ne le suivait pas au-delà
des frontières du comté de Chiny. Ce comté lui-même ne serait guère
mieux connu, puisqu'il n'apparaîtrait que dans l'isolement, sans relation
avec les contrées voisines. Reprenons donc, a partir de son inauguration
comme comte de Looz, les principaux événements auxquels il lui fut im-
possible de rester étranger.
Depuis l'année 1324, la discorde régnait de nouveau partout au pays de
Liège, surtout entre l'évêque Adolphe de la Marck et le peuple. Se jugeant
trop faible pour rétablir l'ordre, le prélat s'était encore une fois retiré au
château de Huy, d'où il n'avait pas tardé à lancer l'excommunicalion contre
les perturbateurs. Le pape Jean XXII, dans l'espoir de faire renaître des
idées d'ordre et de paix, avait chargé l'abbé de Saint-Nicaise de Ileims
d'aller le représenter à Liège. Grâce a ses instances et à l'appui que lui
prêta le comte Louis VI, il obtint des concessions mutuelles ; mais il lui
fut impossible de réconcilier le peuple et l'évêque. Après bien des efforts
inutiles, il reprit le chemin de Reims.
Le samedi, \ mars 1326 (1), le comte Louis VI était à Huy, occupé à
resserrer le traité d'alliance qu'il avait contracté précédemment avec le
(1) Il s'agit ici, non du style de Liège, mais du style romain. Car cette charte qui existe
encore aux archives de Liège fut faite, « el Castel de Hui, » en l'année « mil trois cens vint
et six, le noevime indiction, le premier jour del mois de marche, à savoir le samedi après
le dimence k'on cante Oculi. » Or toutes ces conditions ne sont réalisées qu'en 13!26, style
nouveau. On trouvera tout-à-1'heure une charte du 1 mars 1326, style ancien.
— 225 —
prince-évêque, Adolphe de Lamarck. « Pour plus grand amour, » dit le
prélat, et « pour plus grand confort avoir li uns de l'autre, » nous <r serons
« tenus et nous obligons envers ledit conte de lui aidier partout, contre
« tous hommes, h savoir à wardeir lui, ses biens, et ses droitures et son
« honneur, par nous et par nos gens, à armes et seins armes, a piet et à
* cheval, si comme hoins sires doit faire a son homme de fief. »
À son tour le comte Louis définit ses obligations :
« Et nous Loys, coens devant dit, avons enconvent à noslredit signor
« mons. l'évesque de Liège, et nous obligeons envers lui de lui aidier et
«. consorteir, par nous et par nos gens, et à armes et seins armes, à piet
« et à cheval, por wardeir et defTendre ses biens, ses droitures, sa terre
« et son honneur, dedens sa dite terre, en tous cas, contre tous hommes,
« sauf che : s'il avenoit que nosdis sires mess, li évesques euist à faire
« contre aucune des villes dont nos sommes avoez, en l'éveschiet de Liège,
a pour sauver ou maintenir ses droitures, ses signories ou ses usages, »
en ce cas le comte ne devrait aider l'évêque qu'après avoir essayé pendant
quinze jours de ramener ces villes à leur devoir.
Les témoins de cette charte sont :
Courars de la Marche, prévôt de Tongres ; Engelber s François, abbé
d'Amay ; Renier des Falises, chanoine et écolâtre de l'église Saint-Jean à
Liège ; Wamier, seigneur de Daules ; Jean, seignenr deFçtus (Fooz), che-
valier ; Ernous Carpeaus de Halli ; Pierrelos de Horion ; Willamés de Los,
seigneur de Noef Caslcl, en Ardenne ; Theris de Heinsberg ; Ernous, sei-
gneur de Steyne ; Jean seigneur de Pietersem (1).
Trois mois après, Louis VI était a Wihogne s'efforcant lui-même de ré-
concilier les partis, mais n'obtenant d'eux que des rapprochements momen-
tanés qui, en facilitant les récriminations, ne faisaient souvent qu'aigrir les
esprits. Il voulut au moins maintenir intacte la convention de Fexhe et
déclara que, si cette convention venait à être violée par n'importe quel
parti, et si réparation n'était pas faite dans la quinzaine, il prendrait fait et
cause pour le parti contraire.
Une fois lancé dans la voie des émeutes ou de la révolte, le peuple
traite en ennemis tous ceux qui ne flattent pas ses désordres. Aux exhor-
tations et aux conseils de Louis VI, les Liégeois répondirent par la conlis-
(1) Chartes de Saint-Lambert, n° 575. Le grand sceau du comte Louis est presque intact.
La plupart des autres sceaux le sont également.
— 226 —
cation des émoluments qui lui étaient dûs dans la cité et la franchise de
Liège, à raison de son avouerie.
Le 1er mars 1327, Louis VI cédait à Wernerde Alst, écolâtre de l'église
de Looz, contre une rente annuelle, une pièce de terre inculte, voisine de
son mont castrai de Looz (1). On a conclu de ces mots que déjà alors le
château de Looz avait cessé d'exister. Cette preuve est loin d'être suffisante.
Cinq jours après, le comte rappelait dans une assemblée capitulaire,
tenue à Liège, qu'il s'était engagé a prendre parti contre les violateurs de
la paix de Fexhe, et qu'il croyait indispensable de redresser les injustices
commises dans les derniers troubles (2). Celte double déclaration montre
que son but était toujours de se poser en médiateur.
Pendant qu'il continuait a remplir cette ingrate mais charitable mission,
il reçut la nouvelle de la mort d'un fidèle vassal, messire Jacques de Luz,
chevalier et bailli du comté de Chiny. On lui transmit en même temps les
dispositions testamentaires du défunt, avec prière de vouloir les confirmer.
Le comte y lut que peu de jours auparavant, le 18 août 1327, le bailli
étant encore « en sa plaine santé de cors, » faisait néanmoins son testa-
ment, en présence de Jean, abbé d'Orval, de Jean de Verton, chevalier,
son cousin et de Jean, curé d'Avioth et doyen de la chrétienté de Juvigny.
Après avoir choisi l'abbaye d'Orval pour lieu de sa sépulture et fondé une
chapelle dans l'église de ce monastère ; il priait « homme noble et puis-
« sant, son très chier et ameit seigneur, Loy comte de Los et de Chiny
« qu'il leur veille (aux religieux d'Orval) amortir et faire joir de celui
« héretage, se nuls les en voloit tort faire. » Venaient ensuite une foule de
donations presque toutes pieuses, au milieu desquelles on trouve celle-ci.
« Item de la debte que messires de Los et de Chiny me doit, c'il li plait,
t sens conleir, je l'en quitte trois cens livres tournois et, dou remanant,
« je domp à mons. Jake de Verton, chlrs, mon cousin, dolz cens livres,
« et li remananl après soit partis à mes hoirs et as hoirs ma dame Aelis,
« et c'il plait à mons. avoir le compe, je veil qu'il l'ait (3). » Que de
simplicité dans cette antique façon d'agir, mais aussi que de noblesse, de
respect et de généreux dévouement !
(1) Inter mansionem scholastici... et montem nostrum castrensem in Los. Robyns, Diplom.
loss., p. 33. Le titre donné à cette pièce : Litlern qua constat castrum lossense jam dirutum
anno i326, est au moins hasardé et incomplet.
(2) Cart. de St-Lamb., nn 576. Émanant du chapitre et non d'un notaire impérial, cette
charte est nécessairement datée dans le style de Liège.
(3) Cartulaire d'Orval, page 360.
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Le 8 septembre qui suivit la mort de messire Jacques de Lus, le comte
Louis VI déclarait, de concert avec la comtesse Marguerite, sa femme, que
tous les biens dont avait disposé le défunt mouvaient de lui, comme sei-
gneur suzerain, qu'ils ne pouvaient en conséquence être aumônes sans son
agrément ; mais que « pour le remède de l'aime doudit monsigneur Jake,
« et en recompensation des boins et loiaulz services qu'il nous avoit fait à
« sa vie ; pour le remède de nos aimes et de nos ancessours, aussi pour la
« faveur et la grani dévocion que nos ancessours, contes et contesses de
« Chiny, ont euit à ladite églize d'Orvaulz, et que nous yavonsausi, lesdit
« don et amoine que lidis messires Jakes et madame Aelis, sa femme, ont
« fait des chozes deseurdites à ladite églize d'Orvaulz, pour nous et pour
« nos hoirs, avons greit et gréons, amortit et amortissons, etc (1). »
Cette charte de Louis VI, n'étant destinée qu'à confirmer et à amortir les
donations faites par le bailli défunt à l'abbaye d'Orval, ne nous apprend
pas si ce comte a bien accueilli le legs que lui offrait si délicatement son
fidèle vassal.
Le 10 décembre de la même année, Louis était à Bruxelles avec le
prince-évêque de Liège. Ils y prirent des engagements réciproques, relatifs
a leurs revenus que les perturbuteurs avaient confisqués. A l'avenir ils
travailleront de concert à rentrer en possession de ces revenus et à les
transmettre à leurs successeurs, el ils s'abstiendront de faire l'un sans
l'autre des arrangements sur cette matière avec les Liégeois ou leurs adhé-
rents. Que si l'évêque de Liège venait à publier des statuts ou des ordon-
nances à ce sujet, il veut que le comte de Looz et ses successeurs « en
« aient telle part de droiture, comme ils auraient, si les ... échevins en
« jugeaient (2). »
Au printemps de l'année 1328, les troupes des villes confédérées de
Liège, de Tongres et de Saint-Trond, formant un effectif de trois mille
hommes, s'approchèrent de Huy, pour commencer les hostilités. Après
quelques escarmouches, elles attaquèrent cette ville, mais l'évêque, sou-
tenu par les bourgeois, fit une si vigoureuse résistance qu'il les mit en
fuite après les avoir décimés. Pour venger leur défaite, les confédérés se
mirent à brûler et h ravager la Hesbaye et le comté de Looz. L'évêque et
le comte Louis VI n'avaient pas assez de troupes pour tenir la campagne ;
ils firent appel au comte de Gueldre. Grâce à ce secours, les confédérés
(1) Cartulaire d'Orval, page 665.
(2) Charte inédite. Daris, Hist. de Looz, tome I, page 527.
- 228 —
furent vaincus et forcés d'accepter la paix de Wihogne qu'ils avaient re-
poussée en 1326 (1).
L'évêque de Liège manquait d'argent. 11 avait emprunté douze mille livres
à ce même comte de Gueldre, huit mille a son chapitre et quatre mille à
Jean roi de Bohême et de Pologne, comte de Luxembourg. Il pria le comte
Louis VI de rembourser en son nom cette dernière somme au roi Jean,
et, pour garantie, il lui remit, le 4 juillet 1328. une promesse écrite de
lui céder le château de Bouillon, s'il ne la lui avait pas remboursée à lui-
même pour le 12 juin 1329, et en outre mille livres a titre de dédomma-
gement (2). Puisqu'on ne voit nulle part que le comte Louis VI ait été
possesseur du château de Bouillon, il faut conclure que la condition a été
remplie avant le terme fixé.
Le 22 août 1328, le vieux comte Arnulphe IV rendait le dernier soupir,
et le comte Louis, après lui avoir fait prodiguer les honneurs suprêmes,
accompagnait sa dépouille mortelle h l'abbaye d'Averbode, qu'il avait choisie
pour lieu de sépulture.
Louis VI assistait à Bruxelles, le 28 octobre suivant, au contrat d'un
mariage que la mort devait rompre avant même qu'il fût accompli. Le duc
de Brabant et le comte de Hainaut étaient convenus de marier ensemble
tous leurs enfants. Déjà, en 13^2, il avait été décidé que Guillaume, fils
aîné du comte, épouserait Jeanne, fille aînée du duc. Cette fois c'était l'in-
verse : Jean, Ois aîné du duc, devait épouser Isabelle, fille du comte. Pour
saisir quelque chose des mille ramifications de parenté qui existaient dans
les familles princières de cette époque, recherchons les rapports les plus
immédiats qu'avaient entre eux quelques-uns des trente a quarante témoins
de ce contrat. Après les noms des pères et mères des deux fiancés, vien-
nent les suivants : « Renaud, comte de Gueldre ; Jean, comte de Namur,
Willaume, comte de Juliers; Louis comte de Looz ; Godefroid, seigneur
de Heinsberg ; Florent Berthout, seigneur de Malines ; Gérard, seigneur de
Diest, châtelain d'Anvers, etc. (3). » Or, le comte de Gueldre était parent
de la fiancée, puisqu'il descendait comme elle de la célèbre comtesse de
Flandre, Marguerite de Constantinople ; il était gendre de Florent Berthout.
Le comte de Namur descendait également de la comtesse Marguerite. Celui
de Juliers était le beau-frère de la fiancée et l'oncle à la mode de Bretagne
"""(1) Hocsem, dans chap. tom. II, pag. 395, etc.; Gest. abb. Trud. cont. II, p. II, de gest.
Adae, cap. 13; Dans, Hist. de Looz, p. 528.
(2) Chartes de Saint-Lambert, n° 581.
(3 Monum. de St-Gen. lre part, page 219.
- 229 -
du comte de Looz et de Chiny. Enfin celui-ci était le beau-frère des sires
de Heinsberg et de Diest, également de Gilles Berthout qui, en mourant,
avait laissé à son oncle Florent tous ses droits sur la ville de Malines.
Entre Jean l'Aveugle et le comte de Bar régnaient de profonds dessenli-
ments ; mais le roi quittait la Belgique au commencement du mois de
juillet 1328. Il rentrait à Prague le 17 du même mois, six jours après, il
s'élançait sur l'Autriche et la Hongrie, y conquérait, en moins de quatre
mois, une quarantaine de villes et de places fortes, puis concluait la paix,
revenait victorieux dans sa capitale de Bohême et reparaissait l'année suivante
dans son pays de prédilection, le duché de Luxembourg.
Les hostilités avec le comte de Bar commencèrent aussitôt et les deux
armées se poussèrent dans la plaine devant Florenville. Les Annales de
Mouzon nous apprennent que la bataille fut très meurtrière. Plusieurs nobles
personnages, ajoutent-elles, y perdirent la vie ou la liberté, entré autres
messires Alexandre de Bazeilles et Ourillies de Landres, tous deux cheva-
liers, messires Habran de Breux et Bichier d'Aufflance. Les deux premiers
furent tués, les deux autres faits prisonniers. Ils étaient tous du parti du
comte de Bar (1). Dès le 13 août de cette même année, on posait à Mar-
ville les bases d'une sincère réconciliation.
Comme on le voit, le comte de Chiny s'était trouvé dans une des situa-
tions les plus compromettantes, car il était vassal des deux rivaux. On
ignore complètement la conduite qu'il tint au milieu de ces difficultés.
Des trois faits connus qui appartiennent à l'année 1330 et qui concernent
le comte de Looz et de Chiny, le plus important est la belle donation qu'il
fil à la ville de Hasselt. Par une charte datée du 23 août, il déclare que,
en vue du bien public de la ville et des habitants de Hasselt, et en mé-
moire des services que lui avaient rendus le maire, les échevins, les jurés
et toute la communauté de cette ville, il leur donne a toujours tous les
fossés, grands et petits, qui lui servent d'enceinte et de défense, ainsi que
les constructions, et les terres plantées ou semées qui font partie des for-
tifications, de sorte qu'à l'avenir ils pourront en disposer selon leur bon
plaisir. Il leur donne encore tous les droits d'aisances du territoire de
Hasselt et même de certaines parties des territoires voisins. Ensuite il
approuve et confirme toutes les franchises et tous les privilèges qui leur
ont été accordés par ses ancêtres ; également toutes les coutumes et tous
les statuts, tels qu'ils existaient alors. Enfin il promet, sous la foi du ser-
ti) Publ. hist. Luxemb. tome XIX, p. 73 ; Pertz, Mon. Germ. tom. V, p. 105.
— 230 —
ment, en son nom et au nom de ses successeurs, de maintenir et de faire
maintenir ces concessions.
Il prie ensuite son cher neveu et futur successeur Godefroid de Heins-
berg et de Blanckenberg, chevalier, fils aine de Thierry, sire de Heinsberg
et de Blanckenberg, d'apposer son sceau a côté du sien (1).
Cette même année Louis confirma les privilèges de l'abbaye d'Averbode.
Le prélat de cette abbaye élait chancelier perpétuel, garde-scel, camérier
et conseiller des comtes de Looz (2).
Le 12 octobre, Louis VI se trouvait a Malines, avec le comte de Hainaut
Guillaume le Bon. La mort assez récente de Sophie Berlhout, femme du
comte de Gueldre ; la mort prochaine et prévue du vieux Florent Berlhout;
les dispositions peu rassurantes de son gendre quant a l'avouerie de Ma-
lines, et surtout les fiançailles de Guillaume, futur comte de Juliers et
petit-fils, par sa mère Jeanne, du comte de Hainaut, avec Marguerite, l'ainée
des quatre filles que la comtesse défunte laissait à son mari (3) ; telles sont les
raisons qui peuvent expliquer la présence à Malines des comtes de Hainaut
et de Chiny. Ils profitèrent de leur rencontre pour faire un contrat relatif
à Mirwart. Louis VI vendit a Guillaume le Bon « toute la terre et héritage
qu'il avait au ban et au territoire de St-Pierre à Chevigny, en ban, justice el
autres droits, ainsi qu'il les avait, et que Thierri de Mirewal les avait autre-
fois donnés à sa sœur, lors de son mariage avec Thierri Damelle {ailleurs
Dametté), de qui ce comte de Loos avait eu cette terre. » Le prix n'est
pas indiqué. La charte du comte Louis était scellée de son grand sceau en
cire verte ; elle était accompagnée d'une pièce moindre, scellée seulement
du petit, sceau de ce comte. Elle contenait la promesse « de rendre au
comte de Hainaut tous les privilèges, chartes et lettres, touchant la terre
et les revenus du ban de St-Pierre à Chevigny. » Ces deux actes sont datés
de « Malines, le vendredi après la St-Denis 1330 (4). »
Les esprits s'étaient calmés peu à peu dans le pays de Liège. Depuis un
an les bourgeois de Saint-Trond avaient fait leur soumission au prince-
(1) Cette charte est en latin. On la trouve entière dans Mantellius, Hist. Los. page 254.
(2) Notice sur l'abbaye d'Averbode, page 118, et Codex diplom. loss. page 227, par
Wolters.
(3) Marguerite fut en effet fiancée à Guillaume VI, comte de Juliers, avant la vente au
comte de Flandre de l'avouerie de Malines (1333). Le mariage n'eut pas lieu et Marguerite
mourut célibataire en 1346. C'est Marie, la plus jeune de ses trois sœurs qui devint la femme
du comte Guillaume VI. On verra plus loin que Mathilde, seconde fille du comte Renaud et
de Sophie Berthout épousa le quinzième comte de Chiny. Jeanne, la troisième se fit reli-
gieuse. Recherches, etc. par V. d. Branden de Reeth, page 174.
(4) Mon. anc. de St-Gen. 1™ partie page 340.
— 231 —
évêque dans les conditions les plus humiliantes. Deux cents des plus no-
tables, y compris les chefs, étaient sortis de la ville, nu-tête, nu-pieds,
chacun tenant un glaive la pointe tournée vers sa poitrine, et, suivis de
tous les habitants, étaient venus à l'évêque qui se tenait avec l'abbé de
Saint-Trond dans une plaine peu éloignée. Là ils s'étaient tous prosternés
et avaient demandé grâce (1).
On ne voit pas que le comte Louis VI ait été présent à ces formalités
singulières, tant goûtées autrefois. Sa qualité d'avoué de Saint-Trond ne
lui permettait pas d'aller repaître ses yeux d'un spectacle aussi honteux
pour ceux dont il était le défenseur né ; mais, d'autre part, les procédés
dont il avait lui-même a se plaindre le forçaient d'abandonner les habitants
de cette ville au malheureux sort qu'ils avaient mérité. L'année suivante,
lorsque l'effervescence des passions fut un peu calmée, il conclut lui-même
un trailé de paix et d'alliance avec les habitants de Saint-Trond.
Le comte Louis VI avait, nous l'avons dit, une prédilection particulière
pour sa sœur Jeanne et les deux enfants qu'elle eut de son second mariage,
Arnoul et Marie. Aussi voulut-il leur donner un témoignage magnifique de
ses sentiments. Il existe deux résumés de la charte qu'il fit a celte occa-
sion, l'un dans l'ouvrage de Mantellius (2), l'autre dans les manuscrits de
Lefort. Cette dernière pièce, étant plus authentique et peu ou point connue,
mérite d'avoir ici la préférence.
« L'an 1331, le mardi après la Pentecoste, Louis comte de Looz et de
Chiny, donne par donation entre vifs, à toujours, à sa chère etbien-aimée
sœur légitime, Jcnne de Looz, dame de Quaebecke, et a son fils légitime,
son cher et bien-aimé neveu, Arnoud, le village de Rummen, avec tout ce
qui en dépend, sçavoir : aussy loing et large que la justice de Rummen
s'étend, avec haute, moyenne et basse justice; en chapons, moulins, cens,
preits, terres, bois, rivières, étangs, hauteurs, et toutes autres choses,
ainsy qu'il les at eu possédé, et comme son seigneur père les at aussy eu
possédé ; excepté seulement que ledit comte de Looz se réserve le droit
féodal, le son de la cloche de Rummen et les prières du cloistre d'Orient.
Fait à Carence, en présence de nos hommes et gentils-hommes : noslre
bien-aimé neveu Arnould, seigneur de Sleyne ; monsieur Gosivin van Elde-
ren, chevalier ; L ou > s de Looz, noslre fils naturel; Ghis van Curingen,
qu'on appelle Schooulcete ; et seigneur Renier van den Schuren ; et mon-
i) Gest. abb. Trud. Cont. III, part. II, de gest. Adae., cap 14.
^ (2) Hist. Loss. page 252.
— 232 —
sieur Martin van Loen, qui est dit frère dudit comte Louis, et chevalier.
11 est aussi parlé de Louis, seigneur de Dipenbeeck, etc., lesquels ont tous
scellé ladite donation (I). »
Citons deux autres petits détails de cette époque. Louis VI percevait, par
l'entremise du receveur de Namur, une rente qui « lui appartenait sur les
revenus de Fleurus. » Il en donna quittance le jeudi, 5 mars 1031, style
ancien (2). Le vendredi de la semaine suivante, il se trouvait au couvent
de Hocht, non loin d'Aix-la-Chapelle, en compagnie de l'évêque de Liège
et d'autres membres de sa famille. Cette assemblée avait pour but de ter-
miner amiablement une contestation qui s'était élevée entre les deux fils
aînés du sire de Heinsberg, mort récemment. Thierry, le plus âgé de ces deux
frères, sera un jour l'héritier des comtés de Looz et de Chiny. La mort de
son père Godefroid II, venait de le faire seigneur de Heinsberg et de
Blanckenberg, mais non sans des réclamations de la part de Jean, son
frère. Le bon accord fut rétabli par voie d'arbitrage (3).
Le roi de France, Philippe de Valois, avait exprimé à Jean III, duc de
Brabant, le désir de voir une alliance entre sa fille Marie et l'héritier pré-
somptif du duché. Mais le prince brabançon préférait, on le sait, chercher
pour ses enfants des alliances dans la maison de Hainaut. Quelque ménagé
que soit un refus, il irrite nécessairement un roi plus ambitieux que ca-
pable. Bientôt après, le roi maria son fils aîné avec Bonne, fille de Jean
l'Aveugle. Il voyait, dit-on, dans ce monarque, peu favorable au duc, un
instrument dont il se servirait prochainement pour assouvir ses rancunes.
Une autre cause de mécontentement du roi de France était l'hospitalité
généreuse que le duc donnait à Robert d'Artois, leur commun parent. Dans
sa haine maladroite, le roi avait essuyé un second refus, en demandant que
ce prince lui fut livré. C'est alors que Philippe de Valois devint l'âme d'une
ligue formidable contre le duc Jean. Son influence sur le roi Jean l'Aveugle,
l'influence de celui-ci sur les autres princes, expliquent les moyens qui
furent mis en œuvre. On réveilla les torts des ancêtres du duc et on les
adjoignit aux sujets de mécontentement qu'il avait lui-même donnés aux
princes; bref, le 11 mai 1332, le comte Louis VI se liguait contre « haut,
bon et noble Jean, duc de Brabant, » avec le roi de Bohême, l'archevêque
de Cologne, l'évêque de Liège, les comtes de Gueldre et de Juliers, le
(1) Archiv. de l'État de Liège, IIIe partie, feuille volante. L'extrait, dit-il, est d'une copie
authentique en flamand.
(2) Première partie, page 970 des Monum. Ane. de St-Genois.
(3) Wolters, Codex diplomat. lossensis, page 229.
— 233 —
connétable de France, le comte de Namur et Guy son frère, et avec le sire
de Beaumont. Ce qu'il y a de remarquable, c'est que ce traité d'alliance a
été fait dans les états du duc, à Perwez en Brabant. La raison en est que
depuis cinq jours déjà, tous ces princes étaient sortis de Liège, pour aller,
selon la triste coutume de ces temps, faire des dégâts sur les terres du
duché (I).
Pendant que les princes délibéraient, leurs troupes, après avoir incendié
Hannut, brûlèrent les faubourgs de Jodoigne et firent d'autres ravages. Le
13 mai, une trêve fut conclue par l'entremise du comte de Hainaut.
Ce comte adhérait à la ligue ; mais par un reste de ménagement envers
le duc Jean 111, il s'était abstenu d'en sceller l'acte. Le duc de Bar, qui
faisait également partie de l'expédition, avait agi de même.
Durant tout cet orage déchaîné sur sa tête, Jean III avait fait preuve de
fermeté et de prudence. La trêve ouvrit carrière à son habileté diplomatique.
11 lui fallait a tout prix détruire la ligue formée contre lui. Que faire?
Après tout, son fils aîné, pour lequel il avait refusé la main de Marie de
France, n'était que fiancé a une princesse de Hainaut. C'était le cas, ou
jamais, de rompre de simples fiançailles. Son parti pris, il fit des ouvertures
en ce sens au roi Philippe. Celui-ci, chez qui l'ambition dominait tout,
même la fierté, envoya deux évêques pour « présenter au duc toute sorte
d'asseurance » et l'inviter à une entrevue.
Le roi était alors a Compiègne ainsi que tous les princes confédérés du
11 mai précédent. Le 20 juin 1332, Jean III vit le monarque en tête à tête
et lui façonna l'esprit à sa guise, au point de le détacher de tous les princes
réunis à sa cour. Pour sauver les apparences, il fut convenu que le roi se
donnerait comme arbitre entre les princes et le duc de Brabant. Ces
arrangements faits, Jean III rédigea un acte où il déclare qu'il « remet à
« l'arbitrage du roi de France le jugement des différends qu'il avait avec
« l'archevêque de Cologne, l'évêque de Liège, les comtes de Luxembourg,
« Gueldre, Juliers, Los-Chiny et Namur, avec le seigneur de Beaumont et
« Guy de Namur (2). »
(1) Hocsem, dans Chapeaville, tome II, page 408; Wolters, ibidem, page 231 ; Monum. de
St-Genois, I part., p. 202.
(2) Monum. anciens, ibidem, page 989.
Hocsem, ibidem; Art de vérifier les dates, tome VI, page 48; Mantellius, Histor. loss.,
p. 258 ; Dynter, traduct. de Vauquelin, liv. V, page 790 ; Trophées du Brabant, tome [,p. &03.
Dynter dit que le roi, informé des injustes machinations des princes, les repoussa etc. Voir
Liv. V., p. 561. C'est trop d'enthousiasme pour le duc. Le roi trahit ses alliés ; mais rien
n'oblige de croire qu'il fut impoli.
17
— 234 —
Que se passa-t-il le lendemain et les deux jours suivants? On l'ignore.
Il est à croire que le roi cacha sa volte-face sous des grands airs de satis-
faction et qu'il essaya de présenter le duc à ceux qu'il avait ligués contre
lui, cinq semaines auparavant. Ces princes en furent indignés. Le 24
juin, ils se réunirent à Compiègne et firent un acte solennel, résumé de la
manière suivante dans les Monuments de St-Genois.
« Jean, roi de Bohême et de Pologne, et comte de Luxembourg; Walerand,
archevêque de Cologne ; Adolphe, évêque de Liège ; Renaud, comte de
Gueldre ; Willaume, comte de Juliers, et Louis, comte de Los et de Chiny ;
Raoul, comte d'Eu et de Guines, connétable de France ; Jean de Hainaut, sire
de Beaumont ; Jean, comte de Namur, et Guy de Namur, frères, promettent .
de vivre ensemble en bonne amitié, de faire terminer à l'amiable les diffé-
rents qu'ils pourraient avoir, et de ne point appeler le duc de Brabant à leur
secours. A Compiègne, le jour St-Jean-Baptiste 1332 (1). »
Un point qui est omis dans ce résumé, c'est que les amiables compositeurs
devront se réunir à Binche, dans le cas où les discordes « seraient en romain
pays, » et, dans le cas où elles seraient « en thiois pays, » dans « la ville de
Hays (2). »
Les princes confédérés laissèrent le roi et le duc consolider leur récente
amitié par les fiançailles de la princesse Marie avec l'héritier présomptif du
Brabant, et, après avoir accepté, non sans mauvaise grâce, Philippe de
Valois en qualité d'amiable compositeur, ils reprirent le chemin de leurs
états. Le roi les avait ajournés pour le mois de mai de l'année suivante
dans la ville de Cambrai.
De retour chez eux, ces princes ne tardèrent pas a donner libre cours à
leur mécontentement. La cession de Malines au comte de Flandre était un
des plus mauvais tours qu'il fût possible de jouer au duc de Brabant.
C'était lui créer un adversaire de plus dans la personne du puissant comte
Louis de Nevers, et fournir à celui-ci un point d'appui, ou même une
espèce de camp retranché, au sein même des états de J'ennemi commun.
Cette ville dépendait de l'évêque de Liège et du comte de Gueldre. Ils la
vendirent au comte de Flandre. Aussitôt le duc de Brabant de réclamer et
contre l'évêque qui, prétendait-il, n'avait pu aliéner une partie de sa prin-
(1) St-Gen. ibidem page 979. En français et en parchemin, scellé des sceaux de ces
princes.
(•2) Wolters, cod. diplom. loss., page 23i.
— 235 —
cipauté sans le consentement de l'avoué du pays de Liège, et contre le
comte de Gueldre, qui avait agi sans l'aveu de son suzerain, puisque
l'avouerie de Malines était un fief de Brabant.
Le 8 janvier 1334, une nouvelle ligue se constitua dans la ville de Va-
lenciennes contre le puissant duc. Elle se composait du même roi, Jean
l'Aveugle, de l'archevêque de Cologne, de l'évêque de Liège, des comtes
de Flandre, de Hainaut, de Gueldre, de Juliers, de Zélande, de Looz et
Chiny, d'Eu et Guines, de Namur, de Soissons et de Guy de Namur. Ces
treize princes promettaient de se détendre et de s'assister mutuellement
contre le duc de Brabant (1).
Heureusement pour le duc Jean III que le comte de Bar n'entra pas
dans cette conjuration.
Dynter rapporte que les duchés de Brabant et de Limbourg furent, pen-
dant neuf à dix mois, cernés de toutes paris et soumis a une espèce de
blocus. Cet état de chose commença, dit-il, le II novembre 1332 et dura
jusqu'au 1er septembre suivant. Ici Dynler est en retard d'une année en-
tière. Cette erreur et plusieurs autres proviennent de ce qu'il place la
prise de Rolduc au 31 mars 1333, et non, comme il convient, au 11 mars
de l'année suivante.
La guerre n'a donc recommencé sérieusement que vers la fin de l'au-
tomne 1333, et n'a déchaîné toutes ses furies qu'après la nouvelle ligue
formée à Valenciennes, alors que les hérauts réunis de tous les princes
confédérés eurent fait au duc de Brabant les sommations d'usage.]
Le métier des armes avait, pour les Brabançons, beaucoup perdu de son
prestige, depuis que l'opulence et la richesse devenaient décidément le
partage de la bourgeoisie (2).
Aussi le duc se vit-il obligé d'appeler à sou secours son parent, le comte
de Bar. A cette époque il n'y avait aucune honte, même pour un prince,
de se mettre momentanément au service d'un autre prince, sans embrasser
pour cela son parti, si ce n'est pour un temps très limité. Ces espèces
d'engagements ne se contractaient généralement que pour trois semaines,
terme ordinaire de ce qu'on appelait alors une chevauchée.
Edouard J, comte de Bar, était donc arrivé dans le duché de Brabant
avec un corps de troupes formé de « trois cens bachines et gens très-bien
(1) A Valenciennes, la nuit des Rois, 1383. Mon. anc. de St-C.en. l« part, page 204.
(2) Hocsem, dans Chapeav., tome II, page 415: Ditalis numqueburgensibus, et depauper-
tatis militibus et scutiferis, et numéro diminutis, contra consuetudincm pristinain dux sup-
plementum de stipendiariis faciebat.
- 236 -
estofîés (4). » On remarquait entre autres les comtes de Salm et de Vianden,
avec les sires de Grimberg et de Manderscheidt (2).
C'était au commencement du mois de mars 1334. Depuis près de deux
mois, le comte de Looz et de Chiny était occupé, avec plusieurs autres
princes, à faire le siège de Rolduc, place forte du duché de Limbourg. Ce
siège touchait a sa lin. Déjà même il était convenu que, si la ville n'était
pas secourue, elle ouvrirait, peu de jours après, ses portes aux vainqueurs.
Les princes étaient tellement sûrs du succès que la plupart d'entre eux
s'étaient quelque peu éloignés, laissant au roi de Bohème le soin d'achever
l'entreprise. Quant au comte Louis VI, il était allé, avec l'évoque de Liège,
au monastère d'Hoçht, lieu choisi pour l'examen de quelques différends
qui existaient entre le nouveau sire de Heinsberg, futur comte de Looz et
de Chiny, et son frère puîné, Jean de Heinsberg.
Cependant le comte de Bar, avec ses trois cents preux et un corps de
Brabançons, venait de livrer bataille «. a une très-grosse compagnie (de
Flamands qui) estoienl entrés en Brabant et faisoient ung très-grant bruit,
semblant que tout fuist à eulx. )> Sa victoire était complète ; car <r incon-
tinent, les Flamens furent déconfis et s'enfuirent qui mieux mieux, et en y
eut grant fuison d'ochis et de prins. Et fu la déconfiture en un lieu que
on dit Ten Hellekenne. Et de ces Flamens envoyèrent-ils à Bruxelle plus
de trois cens prisonniers dont les Brabanchons furent moult resjouis, et
emprisèrent très-grandement le comte de Bar et tous ceux qui avoient esté
aveuc li à la bataille (3). »
On commençait à parler de cet événement dans le Limbourg, lorsqu'une
nouvelle tout autrement grave tomba comme la foudre dans le camp des
confédérés. Le duc, y disait-on, arrivait à marches forcées, en compagnie
du comte de Bar.
L'auteur de l'Histoire du Limbourg affirme, sans en donner la preuve,
que le duc de Brabant «r se mit en marche avec le comte de Bar (4). »
Mais, s'il en est ainsi, comment expliquer l'inaction absolue de ce vaillant
guerrier ; car il n'est fait de lui aucune mention dans les événements qui
vont suivre. D'autre part, pouvait-il, sans violer tous ses devoirs de suze-
(1) Wauquelin, page 795. Dynter cap. 12G : «Cum trecentis galeatorum lunicis sive loricis
squammatis armatorum. » page 504.
(2) Ibidem.
(3) Hocsem ne parle que de cent et deux prisonniers de melioribils, dit'il ; ce qui en sup-
pose d'autres de moindre qualité. Ibidem page 415.
(4) Ernst, tome V, page 45.
— 237 -
rain, aller combattre Louis VI, comte de Chiny ? Pouvait-il assister impas-
sible ou prendre part a la dévastation du comté de Looz? Certes il n'en
fallait pas tant pour rendre toute liberté à son vassal et pour lui faire
transporter son hommage au roi de Bohême ou h tout autre prince. Ajou-
tons que d'autres engagements liaient le comte de Bar à ce même roi de
Bohême ; mais ce n'est pas ici le lieu d'en parler.
A la rigueur le comte de Bar a pu, sans forfaire, guerroyer contre le
comte de Flandre, parce qu'il ignorait, du moins officiellement, la ligue de
Valenciennes ; mais la devait s'arrêter sa coopération. 11 est donc à sup-
poser que le comte reprit le chemin de ses états, au moment où le duc
pénétrait dans le Limbourg.
Le 8 mars, Jean III avait passé la Meuse à Macstricht et était venu cam-
per sur les hauteurs de Galoppe (1).
Lorsque le roi de Bohême reçut la nouvelle que le duc devait arriver la
nuit suivante devant la ville de Rolduc, il en « fu moult esbahis, et dist
que il ne polroit chou croire. » Lorsqu'il en eut la certitude, il se plaignit
que « son cousin, le conte de Flandres l'avoit faussement et honteusement
déchu, » en lui promettant, à lui et à ses confédérés, de serrer le duc de
Brabant de si près qu'il ne pourrait passer la Meuse. Cette première émo-
tion passée, « le roi de Bohesme manda a l'arcevcsquc de Coulongne, à
l'évesque de Liège, au conte de Los, et à plûisieurs aullres grands barons,
que, bien en haste, à tous leurs gens d'armes, le plus tôt que ils polroient
et le plus estolTément de combatans, venissent pour prendre ung grant
poisson, .. ou vif ou mort; de laquelle chose il ne faisoit nulle doubte (2).»
La ville de Sittart faisait alors partie du duché de Limbourg. C'était une
conquête glorieuse de Jean III sur le brave Renaud, sire de Fauquemont et
de Montjoie. Le duc avait confié le commandement de celte place à Arnold,
sire de Steyn, neveu du comte Louis VI. Sans songer au danger qu'il y avait
de laisser cette place sans garnison, il envoya au commandant l'ordre de
le rejoindre. Celui-ci obéit à l'instant. C'était une double imprudence.
Dès que les habitants de Sittart s'aperçurent que leur ville était dégarnie,
ils résolurent de rappeler leurs anciens souverains et fermèrent leurs
portes (3).
A la vue des retranchements qui protégeaient les troupes assiégeantes,
(1) Hocsem, ibidem.
(2) Wauquelin, page 797.
(3) Hocsem, page 797 ; Wauquelin, page 800 ; Dynter, ib., p. oC7.
- 238 -
le duc comprit que, dépourvu comme il l'était de machines de guerre, il
perdrait son temps à les attaquer. Il lui fallait donc les attirer en rase
campagne ; aussi n'épargna-t-il aucune sorte de provocations. Le lende-
main, il vint présenter la bataille, sommant <r le roy et les aultres seigneurs
que ils restituassent sa ville de Rode, ou (qu') ils venissent sur les champs
combattre contre lui» » Ses ennemis étaient bien décidés à le satisfaire ;
mais ils voulurent d'abord le railler et l'invitèrent à dégager auparavant la
ville de Rolduc, comme il l'avait si bien promis.
Tout à coup les choses changèrent de face. Le duc apprit à la fois que
le comte Louis VI acceptait son défi, et que sa retraite en Brabant était
devenue impossible; car le même comte avait rompu les ponts. Le duc en fut
« moult esmerveillié, » d'autant plus « que ledit conte de Los lui avoit
piécha fait offrir et concéder son service, et otlriié le passage parmi sa
conté libéralement et franchement (1). >
La manière dont parlent Dynter et son traducteur tendrait a faire croire
que Louis VI avait récemment permis au duc de traverser le comté de
Looz. C'est trop de naïveté. Évidemment Jean III n'avait pas informé son
ennemi qu'il se proposait de venir le combattre à Rolduc et ne lui avait-il
pas demandé l'autorisation de passer et de repasser sur ses terres. Que
Louis VI ou ses prédécesseurs aient, en temps de paix, permis aux ducs
de Brabant de traverser amicalement leur comté de Looz pour se rendre
dans le Limbourg, c'est possible et même très probable ; mais si Jean III
s'est « émerveillé, » en apprenant quel parti venait de prendre Louis VI,
ce fut uniquement pour cacher son dépit et donner un prétexte a ses
projets de vengeance.
Ce duc venait de subir un échec humiliant. Après avoir promis de déli-
vrer Rolduc, il avait en effet paru sous ses murs au moment suprême, mais
pour s'y voir dans la cruelle alternative ou de fuir ou d'assister l'arme au
poing à sa capitulation. D'autre part quelques heures avaient suffi pour
intervertir les rôles. Tantôt il était le provocateur ; provoqué maintenant et
sachant que ses ennemis se rapprochaient, il ne se sentait pas plus disposé
(1) Mane facto, in summo diliculo, prrelibatus dux, clangenti tuba exercitu suo coadunato
et deinde in campis ante Rode, vexillis suis explicatis, suisque gentibus ad debellandum
adversarios, in ordine debito positis, fuerunt sibi praesentatae certiB litterae diffidatoriae ex
parte comitis lossensis, fuitque tune sibi etiam reportatum qualiter idem cornes in terra sua
pontes et passagia dirui et evelli fecerat, ne dux per dictum suum comitatum redire valeret.
Unde dux multum adiuirabatur, pi'yesertim cum idem cornes sibi transitum per suam ter-
rain liberalitcr annuens et concedens, suum servitium fecerat oflerri. Dynt. lib. V, cap. 131,
pag. 008.
- 239 -
qu'eux h combattre contre des forces supérieures. Il allait donc reprendre
pour son propre compte tous les sarcasmes qu'il avait envoyés aux troupes
confédérées.
Au même moment le duc fut informé que l'évêque de Liège songeait à
lui fermer le passage de Maestricht. Cette nouvelle hâta son départ ; il dé-
campait le lendemain « pour s'en r'aler en sa terre de Brabant. » Heureu-
sement il trouva libre le pont de Maestricht, de sorte qu'il « estoit ja re-
passés quant l'évesque vint. Et quant li duc fu oullre Tret (Maestricht), il
entra en la conté de Los, que il commencha comme toute à fourdryer, à
ardoir, à pillier et à rober ; ne il ne laissa à paines villages nuls où il ne
boutast les feux. Et ils prinrent les Brabanchons grant foison de prisonniers
et de bagages, que ils reportèrent et remmenèrent aveuc eulx en leur pays
de Brabant; et en furent tous riches (1). »
Où était le comte de Looz et de Chiny pendant que le duc assouvissait
ainsi sa vengeance? Tout indique qu'il était à proximité de Rolduc, lors-
qu'il informa Jean III de sa prochaine arrivée. On conçoit en eiïet qu'à
une saison froide et pluvieuse, les alliés ne laissaient dans les retranche-
ments que le nombre de troupes absolument nécessaire pour les défendre.
Le reste de l'armée devait être cantonné dans les villages voisins. C'est la
sans doule que le comte Louis aura reçu le message du roi de Bohême, et
c'est de la qu'il aura pris ses mesures pour empêcher son ennemi de re-
passer dans ses états lossains. Mais est-ce la trop grande précipitation de
ce comte, ou la lenteur de l'évêque de Liège, chargé de la garde du pont
de Maestricht, qui a fait manquer le « grant poisson, » changé le lende-
main en un monstre dévastateur? Pour répondre à de pareilles questions,
il faudrait être beaucoup plus rapproché ou mieux informé de ces événe-
ments lointains.
De retour à Nivelles le duc se plaignit beaucoup et menaça de s'en aller
« de rechief sur ses ennemis ; mais après un conseil de guerre, tenu a
Bruxelles, il reconnut prudemment la nécessité d'un armistice et permit
(1) Wauquelin, page 800. Dynter s'exprime ainsi: Mane autem facto et exercitu clangenti
tuba coadunato, dux cum suis se transtulit versus Trajectum, causa ulterius progrediendi
versus terram suam Brabantiam... Episcopus vero Leodiensis fuit cum magna potentia in
motu, qui si tempestive supervenisset, forsitam ingressum ducis in Trajectum impendiisset.
In crastinum dux ex Trajecto proficiscens, per terrain Lossenscm, Beringhen et ommes
alias villas rurales, omniaquealiaquse reperit extra castra et oppidamuratainter Trajectum
et Brabantiam depopulando devastavit, incendio, gladio atque praeda sive rapina, unde
quamplures ex spoliis acquisitis et hominum captionibus fuerunt ditati. Lib. V. cap. 13,
parj. 570.
— 240 -
au roi de Navarre et aux deux comtes d'Estampes et d'Alancon, d'aller le
demander aux princes confédérés. Ceux-ci l'accordèrent sans peine. Mais
ils se montrèrent plus difficiles, lorsqu'on leur proposa de nouveau la média-
tion du roi de France. Il finirent cependant par y consentir, à condition
que, jusqu'à la sentence définitive de ce monarque, les choses resteraient
dans le statu quo, c'est-à-dire que le Drabant et le Limbourg continueraient
à être cernés de toutes parts.
Ces négociations préliminaires avaient duré jusqu'au 21 mars, et avaient
abouti à une trêve de quarante jours pendant laquelle Philippe de Valois
devait accorder les partis. Dès le lendemain les princes confédérés faisaient
route, qui pour leurs états, qui pour la France, où presque tous devaient
se rejoindre. Le 23, le roi de Bohème était à Huy, avec ses cousins les
comtes de Chiny et de Soissons. Avant de les quitter momentanément, il
leur remit certaines lettres d'indemnité dont on possède deux résumés :
l'un, daté du 23 mars, dans l'Inventaire des chartes de Saint-Lambert ;
l'autre, daté du 26 mars, dans les Monuments anciens de St-Genois (1).
Voici à quelle occasion. Le roi Jean avait acquis de l'évêque de Liège,
Adolphe de la Marck, les villages de Villance, de Graides et de Maissin,
avec leurs bans et toutes leurs dépendances. Dans l'impossibilité de payer
immédiatement, il avait, selon l'usage, fourni au prélat ses pleiges ou cautions,
lesquels étaient ses deux compagnons de voyage. Il lui restait une dernière
formalité à remplir ; c'était de promettre à ceux-ci sous serment et sous la
garantie de tous ses biens, de les dégager des obligations qu'ils avaient
contractées envers l'évêque de Liège. Tel est l'objet de ces lettres.
De Huy, le roi se rendit dans son duché de Luxembourg. Il se trouvait
dans la ville même de Luxembourg le 40 avril suivant, c'est ce que prouve
un acte de ce jour (2). Comme l'évêque de Liège prenait les devants et
devait bientôt rencontrer le comte de Hainaut, le roi avait chargé ce prélat
de lui acheter, si c'était possible, la seigneurie de Minvart. En effet, dès
le 1 avril, l'évêque et le comte passaient dans l'abbaye d'Orcamp, au
diocèse de Noyon, le contrat préliminaire qui transportait cette seigneurie
au comte de Luxembourg (3).
Le 29 de ce même mois, l'abbaye d'Orcamp voyait dans ses murs,
outre l'évêque et le comte de Hainaut, le roi de Bohême, avec les comtes
(1) Schoonbroodt, 000 ; St-Gen. lre partie, page 277.
(2) Chlumecky, cod. dipl. Morav. V. Wurth-Paq. Livrais. XX, p. G.
(3) Wùrth-Paquet, ibidem ; Bertholet, tome VI, page 99.
» 241 —
de Gueldre et de Chiny, et beaucoup d'autres seigneurs. C'est alors que fut
fait le contrat définitif de la vente de Mirwart. La charte émane de l'évêque
de Liège, suzerain de celte terre. Le prix est de « trente mille petitz florins
de Florence, de pois et de loy, lesquels lidit conte de Havnault recognut
et confessât que le dit roy de Boème luy avoit bien pleynement soulz et
payet. » Les témoins sont : « Haus hommes et nobles Renaut, comte de
Gueldre; Loys, comte de Looz et de Chiny, notre cousin et féalz ; Waultier
de Warfeseis, sr de Moniale ; Rase, dit Masereit ; Arnold de Ardanges ;
Rasse de Pinthaye, chevaliers ; Nyvarc de Loncin, escuyer, notre varlct, et
plusieurs autres, nos hommes de fiez, h ce et pour ce requis et appeliez (1). »
Enfin la paix fut conclue, le 26 août, dans la ville d'Amiens (2). Parmi
les innombrables stipulations qui se firent à la suite et en conformité du
traité de paix, on voit le duc s'engager à payer une somme de six mille
florins à son cousin le comte de Looz (3). Hocsem, auteur contemporain,
rapporte que le duc a payé : 160,000 réaux au roi de Bohême, 35,000 a
l'archevêque de Cologne, 130,000 à l'évêque de Liège, 13,000 au comte de
Juliers et 18,000 au comte de Looz (4) ; faible dédommagement sans doute
pour toutes les pertes qu'il avait éprouvées pendant la guerre.
Un des premiers actes du comte Louis VI, en rentrant dans le comté de
Looz, fut de donner son assentiment à la construction d'une chapelle dédiée
à la sainte Vierge dans la ville de Hasselt, entre l'église paroissiale et celle
des Auguslins, presque à égale distance de ces deux églises. Il n'en vit pas
l'achèvement.
Il employa l'hiver suivant à faire, avec Raoul, duc de Lorraine, une con-
vention fort détaillée, relative a la dot de la comtesse Marguerite, tante du
duc. Lors du mariage de cette princesse avec Guy de Flandre, le duc
Thibaut II, son père, lui avait donné pour dot les « terres, châteaux, villes
et appartenances de Charmes, Mircourt et Darney, » plus une rente annuelle
de deux mille livres tournois, à percevoir « sur les salines de Rosières. »
Marguerite possédait les actes authentiques de celle donation ; mais, depuis
plus de vingt-quatre ans elle n'avait rien louché de ce chef. Elle réclamait
donc à son neveu les arrérages de ces vingt-quatre années. De son côté le
(1) Recueil des Édits, par Louvrex, tome IV, page '212.
(2) Dynter, ibid., pages 573-591 ; Louvrex, Édits, tome I, p. 175.
(3) Monum. anciens, t. I, page 27S.
(4) Dans Chapeaville, tome II, page 417. Ces 18000 réaux font environ 157000 francs, somme
alors considérable.
— 242 -
duc réclamait a sa tante et a son oncle, le comte Louis VI, « les fruits et
levées qu'ils avaient faits de la terre de Fleurine (Florennes) et de ses
appartenances. »
Pour régler ces points, il fut convenu que le duc de Lorraine garanti-
rait au comte et a la comtesse une rente annuelle de quinze cents livres
petits tournois, le gros valant douze deniers, « sur toutes les villes (terres?)
et chastellenies, villes et forteresses de Charmes, de Dompairc. » Cette
rente était personnelle à la duchesse et viagère. Quant aux châteaux de
Florennes et de Peys, le comte et la comtesse continueront d'en percevoir
les revenus, jusqu'à la mort du dernier survivant. Après quoi ces biens
reviendront a la maison de Lorraine. Ils pourront seulement en distraire à
leur gré deux cents livrées de terre. A ces conditions, le comte et la com-
tesse cédèrent immédiatement au duc le château et la ville de Sarguemines,
y compris les dépendances. Ces derniers biens leur appartenaient « pour
cause de don de mariage. »
Il existait d'autres difficultés encore, notamment au sujet de la succession
du Thibaut II et de la duchesse, sa femme. Pour les aplanir, on convint
de nommer deux arbitres. Le duc porta son choix sur messire Gérard de
Haraucourt, sire de Louppy, chevalier; le comte et la comtesse, sur messire
Willaume de Biourges, également chevalier. Que si ces deux personnages
ne parvenaient pas à s'entendre, les autres clauses du traité n'en seraient
pas moins obligatoires.
Enfin Louis VI et Marguerite sa femme, s'engageaient à remettre immédiate-
ment au duc tous les titres concernant « Charmes, Mircourt et Darney, »
ainsi que ceux qui leur conféraient la rente de deux mille livres sur les
salines de Rosières. Pour ce qui était des titres relatifs aux terres de
Florennes et de Peys, ils promettaient de les lui rendre ultérieurement. En
retour le duc promettait d'employer tout son pouvoir à maintenir sa tante
en possession de tous les biens susmentionnés, dans le cas où elle survivrait
à son mari. Ce accord portait la date du « jeudi après l'Apparition
(Epiphanie) de Nostre Seigneur,» l'an 1334, c'est-à-dire le 12 janvier 1335(1).
Presque en même temps, Louis VI prenait part à la conclusion d'un
traité célèbre dans les annales de Liège. Bornons-nous à en dire quelques
mois. Depuis trente-huit ans déjà les principales familles de cette princi-
(1) Compte rendu de la Com. d'Hist, série III, tome X, page 107. A la rigueur ce pourrait
être le 13 janvier 1334. Eu cette année l'Epiphanie tombait le jeudi. Le jeudi suivant coïnci-
dait donc avec l'octave. Il eût été plus naturel de dire, le jeudi, octave de l'Apparition.
— 243 —
pauté se livraient à ces luttes fratricides, dites guerres des Avvans et des Wa-
roux. Trente-deux mille guerriers y avaient laissé la vie. Celte fureur de destruc-
tion, due non à la haine, mais à une sotte appréciation de l'honneur, venait
enfin de se ralentir, un peu faute d'aliment, comme l'incendie. Une trêve
de trois ans avait été conclue, le 25 septembre 1334. Les deux partis
avaient même fait choix chacun de six personnages, chargés de rédiger un
traité de paix.
Pour venir en aide à ces bonnes dispositions, l'évêque et son clergé, le
comte Louis VI et les magistrats tant de Liège que des autres villes de la
principauté, déclarèrent, le 8 mars 1335, que « pour terminer les horribles
et sanglantes guerres, » qui duraient depuis si longtemps, ils tiendraient
t pour bien fait, résolu et ordonné, » tout ce que les douze élus feront,
résoudront et ordonneront. Deux mois après (16 mai 1335), fut promulgué
ce beau traité de paix qu'on peut lire dans les écrivains liégeois (1).
Au mois de juin de cette même année, on aperçoit Louis VI empruntant
à son cousin le comte de Hainaut la somme de cent cinquante vieux gros
tournois, remboursable dans trois semaines (2).
Tout en travaillant à ramener la paix dans le pays de Liège, Louis VI
s'occupait alors de l'établissement des Frères Mineurs dans la ville d'Ivoix.
Bien qu'on ne sache pas à quelle époque furent entamées les négociations
relatives à cette établissement, il est nécessaire d'admettre que ce lut vers
la fin de la vie du comte Louis VI. En effet Benoît XII n'était pape que
depuis le 20 décembre 1334. Or c'est à lui que le comte et la comtesse écri-
virent pour le prier de consentir a cette nouvelle fondation. La bulle
pontificale nous apprend en outre que le comte et la comtesse de Chiny
avaient eux-mêmes permis aux religieux Mineurs de la province de Lorraine
d'acquérir ou de recevoir, dans la ville d'Ivoix, un lieu propre à la con-
struction d'une église et d'un couvent. Le pape remet la décision de cette
affaire à l'archevêque de Trêves, Bauduin de Luxembourg, en lui recom-
mandant d'examiner s'il est utile de créer un pareil établissement, ensuite
si la ville d'Ivoix peut convenablement entretenir douze religieux francis-
cains.
(1) Voir notamment Jacques d'Hemricourt, édition de Jalhcau, pages 264, 3U(.KJ-2I.
(2) Mon. Ane. de St-Gen., I part., p. 406.
— 244 —
Le 2i novembre 1335.
Benedictus episcopus, servus servorum Dei, venerabili fratri archiopiscopo
trevirensh salutem et apostolicam benedictionem.
Sacrœ Religionis dilectorurn filiorum, fratrum ordinis Minorum, promeretur
honcstas ut petitiones ipsorum, illas praesertim qute ampliationera Deo gratam
et dictis fratribus ac aliis Christi lidelibus salutarem ordinis praedicti respi-
ciunt, quantum cum Deo possumus, ad exauditionis votivae gratiam favora-
biliter admittamus.
Cum itaque, sicut ex tenore petitionis pro parte dilectorurn filiorum fratrum
ejusdem ordinis de custodia Lotharingiae nobis oblatse collegimus, dilectus
filius nobilis vir Ludovicus, cornes, et dilecta in christo filia nobilis mulier
Margarita de Lotharingia, comitissa de Loz et de Chineyo, conjux ejus (1),
eisdem fratribus acquirendi seu obtinendi in villa sua de Yvodio, tuas diœce-
sis, locum ubi dicti fratres ecclesiam et domos pro babitatione ipsorum
necesssarias, construere valeant et habere, concesserunt libère, quantum sua
interest, per eorum patentes litteras, plenam et liberam potestatem, pro
parte fratrum praidictorum fuit nobis humiliter supplicatum, ut eis recipiendi
locum hujusmodi in dicta villa licentiam concedere dignaremur.
Nos itaque, qui statum prosperum et ampliationem hujusmodi dicti ordinis
plenis desideriis affectamus, prsefatorum comitis et comitissse, qui super hoc
nobis per suas patentes litteras humiliter supplicarunt, et eorumdem fratrum
supplicationibus humiliter (favorabiliter?) inclinati, fraternitatis tuœ, de qua
plenam in Domino fiduciam gerimus, per apostolica scripta mandamus et
committimus quatenus, si est ita, et in dicta villa expédiât fieri, ac ibidem
duodecim fratres dicti ordinis secundum eorum regulam honeste et congrue
vivere ac perpetuo sustentari possint, eisdem fratribus auctoritate nostra
concédas hujusmodi licentiam postulatam, jure parochialis ecclesiaB et cujus-
libet alterius in omnibus semper salvo.
Datum Avenione VIII kalendas decembris, pontificatus nostri anno primo (2).
La vie du comte Louis VI s'epuisail de plus en plus rapidement. En
lui devait s'éteindre la branche masculine de la seconde dynastie des comtes
de Chiny, car il était le dernier descendant mâle du comte Arnulphe III et
de la comtesse Jeanne. Mantellius affirme qu'il lit un testament, mais il
n'en donne pas la preuve. Selon cet auteur, il choisit pour héritier Thierry,
sire de Heinsberg (3). Ce prince était le fils aîné de Mathilde, seconde
(1/ L'auteur dit dans une note marginale Legi débet filia. C'est une erreur.
(2) Mir. et Fopp., diplomat., tom. IV, pagin. 593.
(3) Ilist. lossensis, pag. 201.
- 245 —
sœur du comte Louis ; mais on sait que la première n'avait pas eu d'enfant.
C'était donc Thierry qui devait hériter ab intestat des deux comtés de son
oncle, puisque la branche collatérale masculine, dite d'Agimont, y avait
autrefois formellement renoncé. Il était dès lors peu nécessaire que Louis fit
un testament, du moins pour cet objet. Ajoutons qu'il n'avait pas le droit
d'intervertir l'ordre naturel de la succession à ces comtés. Peut-être cepen-
dant a-t-il voulu, par le moyen d'un testament, empêcher l'église de Liège
de réclamer le comté de Looz, en qualité de fief masculin, excluant les
branches féminines.
Peu avant sa mort Louis VI rendit perpétuelle une donation faite, par
son beau-frère Gérard de Diest, a la chartreuse de Zeelhcm. 11 s'agissait
d'une rente annuelle de quarante muids de seigle et de trente livres noirs
petits tournois. Celte rente provenant du douaire de Marie de Looz, pre-
mière femme de Gérard et sœur du comte, ne pouvait être donnée défini-
tivement par Gérard. A sa mort, elle redevenait de droit la propriété des
comtes de Looz (I).
On connaît, h trois jours près, la date de la mort du comte Louis VI.
Selon Mantellius, il expira, après avoir reçu pieusement les secours de
l'Église, le 20 janvier 1330, un peu avant la nuit (2). L'Art île vérifier les
dates lui prolonge la vie jusqu'au lendemain (3) et, en un autre endroit, jus-
qu'au surlendemain (-4). Le manuscrit de Suxy, tout en confondant ce
comte avec son grand-oncle Louis V, le fait néanmoins mourir « la nuict
SS. Sébastiain et Fabiain, » c'est-à-dire la nuit du 19 au 20 janvier. Enfin
Butkens dit également qu'il « trespassa le 19 janvier de l'an 1336. »
Quant à la menteuse épitaphe, dont il nous faudra bientôt parler, elle parle
du 19 janvier 1330.
Le même manuscrit de Suxy nous apprend que Louis VI rendit le dernier
soupir au château de Stokhem, aujourd'hui province de Limbourg. 11 ajoute
que « ses exèques furent célébrées a Maseick et (que) en Liège fut consulté
de sa succession. « Malgré la confusion que fait le chroniqueur, de Louis V
et de Louis VI, il est évident qu'il parle ici du dernier de ces deux comtes;
car la succession du premier ne pouvait être l'objet d'aucune délibération,
tandis que celle de Louis VI devait presque nécessairement, vu les préten-
(1) Mantellius, ibidem, page 249.
(2) Ibidem, page 262.
(3) Tome XIV, page 2G5.
(4) Ibidem, page 274.
— 246 —
lions déjà avouées du chapitre de Liège, donner lieu aux discussions les
plus embrouillées sur le loi salique.
La phrase qui suit immédiatement dans le manuscrit de Suxy traite du
lieu de sépulture du comte Louis. Il y est dit que le cœur de ce comte fut
inhumé devant l'autel de saint Thibaut à Suxy.
Nous avons cité celte phrase dans la vie de Louis V, supposant qu'elle
s'appliquait à ce comte. C'est Louis Y en effet, et non son arrière-neveu, qui
fut le fondateur du prieuré de Suxy et le grand bienfaiteur des habitants
de ce lieu. Mais la vraisemblance n'est pas toujours vraie. Il peut donc se
faire que le passage précité concerne le comte Louis VI et Marguerite de
Lorraine, sa femme.
Louis VI, dit le P. Berlholet, était « un prince d'un naturel doux, modéré
<r dans les affaires civiles, brave et intrépide dans la guerre, libéral envers
« les siens, fidèle à garder ses promesses, ferme à maintenir la justice et
« vigilant a la faire observer. Il s'acquit par tant de belles qualités l'amour
« et l'estime de tous les gens de bien (I). »
Tempérons cet éloge en rappelant que ce prince, mort sans enfants
légitimes, en laissait trois illégitimes, savoir : un fils nommé Louis, qu'il cite
lui-même dans sa charte du 21 mars 1331, et deux filles, Elisabeth et Marie.
Cette dernière épousa le seigneur de Peer.
A l'exception des prévôtés de Montmédy et deNeufchàteau, tout le comté
de Chiny devait appartenir, en qualité de douaire, à la comlesse Marguerite.
C'est ce que l'on verra dans la charte citée plus loin. Aussi, h partir de la
mort de son mari jusqu'à la sienne, arrivée Ireize ans plus tard, Marguerite
de Lorraine fut-elle considérée comme la vraie souveraine de la majeure
partie du comté de Chiny. Telle est la cause des erreurs dans lesquelles
sont tombés la plupart des historiens. Pour eux celte princesse devait être
l'héritière directe des comtes de Chiny. Son neveu Thierry d'Heinsberg
dut, pendant ces treize années, se contenter de la propriété foncière, sauf
dans les deux prévôtés susdites, où il percevait les droits de souveraineté.
Après la mort de son mari, la comtesse vécut selon toute apparence,
dans le recueillement et la retraite. On verra dans la vie de Thierry qu'elle
possédait, outre sa part légale de la succession du comte défunt, une rente
annuelle et viagère de quatre mille livres. Le 3 février 1333, Thierry
reconnut que cette rente était hypothéquée sur les prévôtés de Chiny,
d'Jvoix, de Virton et d'Étalle, y compris les droits seig^nriaux de justice
(1) Tome VI, page2i8.
- 247 -
et d'hommage (1). Nous avons un acte, daté de cette époque et prou-
vant qu'elle jouit dès lors de ces droits de justice et d'hommage. C'est la
notification d'une vente, faite par Isabelle de Sainte-iMarie et par ses en-
tants, Richier et Jean, au curé d'Étalle, nommé Jean, et à Henri, son frère,
de divers biens féodaux, situés a Sainte-Marie et à Rossignol.
Le 21 avril J336.
Nous Marguerite de Lotier, contesse de Chinj et dame de Florine, faisons
savoir à tous que, en nostre présence, pour ce spéciallement que s'ensuicte,
establis en leurs propres personnes : damoiselle Izabel, fille messire Richier
de Saincte-Marie, chevalier, qui fat ; Richier et Jehans, enfiàns à ladite da-
moiselle Isabel, ont recongnus, de leur bonne et plaine volunté, que il ont
vendu à Jehan, le cureit d'Estalle. et à Hanry, son frère : le quart du prey que
on dit ou Chazelier ; le quart du jardin de Ste-Marie ; le quart du prey des
Courtis, séant devant ladite maison de Ste-Marie, qui fut à monseigneur Ri-
chier, père à ladite damoiselle Isabel ; et six solz de parisis que li dessus dit
vendeurs avoient, chascun an, de rente, à four de Lorcignoy, défies, avec les
dessusdis Jehan, curey d'Estalle et Hanry, son frère, à tenir et avoir par eulz
et par leur hoir à tous jour mais, perpétuellement, en heritaiges.
Et est fait li dis vendaiges parmi la somme de vingt seix libvres de bons
parisis tournois, que li dessusdis damoiselle Izabelz, Richier et Jehan, ven-
deurs, ont eut et receut des dessusdis Jehan, cureit, et Hanry, son hère, en
bons deniers compteis et nombres, mis et convertis en leur proffit, ansy qu'il
s'en sont tenus par avant bien solz et payés entièrement ; et ont entconvenus
par devant nous que jamais encontre cestui vendaige n'iront, ne venront eu
priveit ne en apeit, en manière nulle, ne soutireront que aultrcy viengnes, et
par leurs foy corporellement donneis en nostre mains. Et ont renunciet li
dessus dis vendeurs, que à cest vendaige.... à toutes exception de droit escript,
et généralement à tout ce que à venir contre les convenances et vendaiges
dessusdis leur pourront ayder et valloir, et as dis Jehan et Henry en ce
pcevoir (?) et nuyre.
En tesmoingnaige des quelle chozes, nous Marguerite, contesse dessus
nommée, à la prière et requeste des dessusdis damoiselle Isabel, Richier et
Jehan, vendeurs, avons faict mectre nostre seel à ces présentes lettres, comme
dame souveraine de cuy toutes les choses dessusdit meuvent à fies pour ce
que avons touché et peut touchier et apartenir pour raison de nostre douaire,
sauf le droit d'aultruy. Et en avons repris les dessus (dits) Jehan et Hanry,
frères, à hommes de fies, avec aultre fies qu'il tiennent ja de nous.
Ce fut fait en l'an de grâce Nostre Seigneur mil trois cent trente seix, le
vingt uniesme jour dou mois d'avril (2).
(1) Nous reviendrons sur cette charte dans la vie suivante.
(2) D'après une copie authentique des archives de l'État à Arlon.
— 248 —
A la suite de cet acte, plus de treize années s'écoulent, sans laisser
aucune trace de la comtesse. Enfin elle est mentionnée comme vivant encore
dans une charte que l'empereur Charles IV adresse de Spire aux habitants
d'Ivoix et de Virton. Ce document porte la date du 12 septembre 1349.
Marguerite de Lorraine ne mourut donc pas le 21 janvier 1336, comme le
le dit l'Art de vérifier les dates (1). Inutile d'ajouter qu'elle ne se remaria
pas avec Guy de Flandre qui était mort depuis bien longtemps et qui avait
été son premier mari. Mais M. Darris est sans doute dans la vérité lorsqu'il
place au 25 du mois de septembre 1349 la mort de la comtesse Marguerite.
Seulement il n'en indique pas la preuve (2).
Celte princesse fut enterrée dans l'abbaye d'Orval, vraisemblablement a
côté du maître-autel. C'est la du moins qu'on lui érigea plus tard une tombe
dont l'épitaphe est grossièrement mensongère. Comme elle a induit en
erreur la plupart des historiens, il faut la faire connaître.
Hic jacet
Pra3stantissima et illustris domina, domina
Margareta,
Suo tempore comitissa de Loss et de' Chiny,
Ludovici, quondam comitis de Chiny, ejus nominis quinti,
Et Joanna3 de Blamont comitissa3,
Unica filia (3) ;
Quae fuit postea serenissimi et illustrissimi principis
Joannis, ducis Lotharingise, uxor et conjux (4),
Qui Parisiis veneno vitam finivit, a suis prœparato,
Cum Neapolim versus iter meditaretur,
Ipsa die Cosmi et Damiani, anno
MCCCLXXXII (5).
Quse quidem Margareta decessit absque liberis,
Ipsa die divi Remigii, anno
MCCCLXXII (6;.
Et hic sepulta quiescit
Et quia sola vera hceres remanserat (7),
(1) Tome XIV, page 203.
(2) Histoire de Looz, tome I, page 53G.
(3) Elle n'était pas fille unique de Louis V et de Jeanne de Blamont, maisleur petite-niêcâ
par alliance.
(4) Elle ne devint pas plus tard la femme de Jean, duc de Lorraine, clic était sa grand' tante.
(5) Au lieu de 1382, lisez 1390.
(0) C'est environ vingt-deux ans plus tôt qu'elle décéda.
(7) Jamais elle ne fut héritière unique, ni même héritière, à un titre quelconque, des comtés
de Chiny et de Looz.
— 249 —
Duo supradicti comitatus fidelitatis causa divisi
Alter ab altero fuere (1);
Prirnum de Loss scilicet usurpavit Adolphus a Marka,
Leodiensis tune temporis antistes,
Post mortem Ludovici comitis, prœdicta3 Margaretœ patris (2),
Qui obiit pridie divi Sebastiani, anno
MGGCXXX (3).
Utpote quem ejus avus Arnulphus,
Posteritatis spe destitutus vel diffisus,
Hugoni antea antistiti
Sponte, in ara, divo Lamberto obtulerat.
Alter vero a morte praedictae Margaretae (4)
Recedit in potestatem
Wenceslai luxemburgensis, Brabantia3 et limburgensis
Ducis.
Deus Optimus Maximus sit illi clemens et propitius
Amen.
Ce qui est dit, vers la fin de cette épitaphe, touchant les prétentions de
l'église de Liège sur le comte de Looz, aurait aussi besoin de rectification ;
mais restons dans notre sujet et arrêtons-nous plutôt un instant à ces
mots : posteritatis spe destitutus vel diffisus. L'auteur de l'épitaphe les
applique mal à propos au comte Arnulphe III qui n'eut pas lieu de craindre
un manque de postérité. Mais il n'est pas impossible que cette phrase ait
été inspirée par une tradition populaire d'une extrême ténacité. Mantellius
la rapporte dans son histoire de Looz et elle existe encore dans le comté
de Chiny. La voici. On s'y raconte toujours que la maison de Chiny fut
éteinte par suite d'un crime de castration, commis par un oncle dénaturé
sur la personne de l'héritier du comté, son neveu. Inutile de demander
des noms et des dates : le peuple n'a de mémoire que pour les faits sin-
guliers ou à sensation. Exaspéré de l'injure faite a son fils, le comte jura de
punir de mort le coupable et courut mettre le siège devant son manoir,
situé, disent quelques-uns, sous Florenville, vers Martué. Quand la brèche
ri) Bertholet, tome VI, page30G, s'ingénie à expliquer ces deux mots: fidelitatis causa. Il
prouve seulement qu'il ne les a pas compris. Ce qu'on veut dire, c'est que les deux comtés
furent disjoints conformément au droit féodal.
(2) Lisez non pas son père, mais son mari ; car il s'agit ici de Louis VI, non plus de Louis V.
(3) Ce n'est ni 1330, ni 1339, comme le dit Mantellius, page 203 ; mais 1336.
(4) La mort de Marguerite n'a été pour rien dans l'acquisition du comté de Chiny par le
duc de Luxembourg. On le verra bientôt.
18
- 250 —
fut praticable, le comte de Chiny fit lancer dans la place une lettre adressée
à sa sœur, femme du coupable. C'était un sauf-conduit pour elle, pour
ses enfants et pour ce qu'elle pourrait elle-même emporter. Une heure
après, on vit s'abaisser le pont-levis et apparaître la noble dame entourée
de ses jeunes enfants et portant sur ses épaules ce qu'elle avait de plus
cher, son mari. On trouve ailleurs des légendes assez semblables à celle-ci.
La seconde dynastie de Chiny n'avait compté que quatre règnes et
s'était éteinte au bout de cent et quelques années, tandis que la pre-
mière avait duré près de trois siècles, sous huit princes descendants les
uns des autres en ligne directe. De même qu'une branche féminine dite
de Looz succéda à la première, de même a la seconde succède la branche
féminine de Heinsberg. Elle va nous faire assister au démembrement du
comté de Chiny, puis elle en transmettr i les derniers restes à une troisième
branche également féminine, qui consommera l'œuvre commencée de déca-
dence et de ruine.
<s--e>«rf3-<£jfc9'T*0-os-'
14 juin 1018 et jours suivants.
PRISESDE POSSESSION
DU
DUCHÉ DE BOUILLON,
AU NOM DE
S. A. Mongr GODEFROY MAURICE
DE LA TOUR D'AUVERGNE DUC DE ROUILLON.
PROCÈS VERBAL
de la prise de possession des villes, Place, Duché et Princi-
pauté souveraine de Bùillon.
Et l'acte de la Réception du serment de fidélité prêté à Très
hault et Très Puissant Prince Mongr. Godefroy Maurice de
la Tour D'Auvergne, Par la grâce de Dieu souverain Duc de
Bûillon, Duc D'Albret Et de Chateauthierry, comte D'Au-
vergne et c. Pair et Grand chambellan de franco, Par les
habitants du d. Duché, avec l'Etablissement et Confirmation
des justices souveraines et subalternes des d. Duché et sou-
veraineté ; Ensemble les Lettres patentes de son Altesse, por-
tant commission à M. Desfourneaux, Mareschal de camp, de
Recevoir le d. Serinent et d'Etablir et confirmer les des Jus-
tices.
Nous Antoine de Greffin, chevalier Seigneur des fourneaux, de St-Mar-
çeau, Don, et amblemont, Mareschal des camps et armées du Roy très
chrétien, Et anciens Brigadier de la cavallerie de sa Majesté, ayant reçu
commission de S. A. Monseigneur Godefroy Maurice de la Tour d'Au-
vergne, par la Graçe de Dieu Souverain Duc de Bùillon, Duc D'Albret Et
de Chateauthierry, comte d'Auvergne et D'Evreux, vicomte de Turenne,
et c. Pair et Grand chambellan de france, en date du neufvième jour de
may de la présente année 1078. ; signé Godefroy Maurice de la Tour D'Au-
vergne Duc de Bùillon, et sur le repli, par son altesse, Pouget, et Scellé
du Grand Sceau en cire Rouge, par laqu'elle il nous est mandé de prendre
possession du d. Duché de Bùillon ; de faire prêter aux habitants et officiers
de justice Et Police du D. Duché et Principauté souveraine, le serment
de fidélité Et Sujeltion qu'ils doivent a sa De Altesse, comme a leur vray
et légitime Prince et seigneur Souverain, au lieu et place de l'Evesque et
chapitre de Liège, qui avoient cy devant usurpé le d. Duché, sur les pré-
décesseurs du d. Seigneur Duc, et y faire doresnavant Exercer la justice,
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tant en première instance, que souverainement, au nom et en l'autorité de
sa de Altesse, suivant qu'il est plus au long porté par la d. commission,
de laqu'elle la teneur s'Ensuit ;
Godefroy Maurice de la Tour D'auvergnc, par la Grâce de Dieu souve-
rain Duc de Bùillon, Duc D'Albrct, et de Chaleaulhierry, comte D'Au-
vergne, D'Evreux, du bas Armagnac Et de Negrcplissc, Vicomte de Tu-
renne, Pair et Grand Chambellan de franco, Gouverneur et Lieutenant
General pour le Roy de la province du hault et bas Auvergne ; a louspre-
sens et avenir, Salut, sçavoir faisons que la propriété et souveraineté de la
place et Duché de Bùillon, ayant appartenu a nos prédécesseurs souverains
Ducs de Bùillon par droit Légitime et en ayant jouy pendant plusieurs
Siècles ; ncantmoins la jouissance en ayant été interrompue Et usurpée
sur Eux par les Roys d'Espagne cl W.s, Evesqucs Princes de Liège, nous
n'avons pu trouver d'occasion plus favorable pour en Reprendre la posses-
sion, que celle qui depuis nagueres a fait cesser la d. usurpation ; A Ces
Causes, nous a plein confians de la probité, Expérience au fait des armes,
capacité, zèle pour la religion. Catholique, Apostolique et Romaine, et
affection a notre service, de la personne de Antoine de Grefiln, Chevalier
seigneur des fourneaux, St-Marçeau, Don, Et Amblemont, iMareschal des
camps, ancien Brigadier de cavallerie, avons le d. Sr des fourneaux commis
et par ces présentes signées de notre main, commettons pour et en notre nom
se transporter en la ville et Duché de Bùillon, Justice, terres et Seigneu-
ries en dépendantes, et de tout prendre pour nous, et en nôtre nom, et de
nos suçesseurs Ducs de Bùillon, la Réelle et actuelle possession de la pro-
priété et souveraineté des dcs place et Duché de Bùillon et pays en dépen-
dants ; Et pour cet Effet faire tous actes de propriété et seigneurie a ce
nécessaires ; faire rendre la justice en nôtre nom souverain dans la de place
et Duché de Bùillon ; destituer si besoin est les officiers apresent Exerçans
la justice au d. lieu et en instituer d'autres, sinon Recevoir a nouveau Ser-
ment pour nous, et en notre nom les anciens officiers du d. Duché, même
les Pairs tenant nôtre souverain conseil au d. Duché en revision, faire
prêter le serment aux Mayeurs et Echevins de la d. ville, et en cas de
Refus en nommer d'autres en leur lieu et place ; se transporter en l'Eglise
paroissiale de la d. ville et y Exercer en notre nom tous les Droits hono-
rifiques a nous dus; comme aussy aller au château de la d. place et Duché
de Bùillon, pour en prendre pareillement possession pour nous et en nôtre
nom ; faire faire l'inventaire du Trésor ou sont les anciens titres, papiers,
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et Documcns des d. place et Duché, et du tout en faire faire un bon et
loyal inventaire, suivant les anciens si aucuns se trouvent sur les Lieux,
et les mettre en bonne et seure Garde, entre les mains de telle personne
fidclle qu'il trouvera bon être, qui se chargera de les Représenter toutes
fois et quantes qu'il en sera par nous Requis ; donner en nôtre nom touttes
provisions d'officiers, tant de justice, que de police, môme Etablir Un
Chancellier et Garde Scel de nos armes, pour touttes les Expéditions qui
seront nécessaires ; faire placer nos armes dans tous les Lieux publics des
d. place et Duché de Bùillon, soit au Château, en l'Eglise, et au lieu ou
s'Exerce la justice ; faire rendre foy et hommage h tous les vassaux et
tenanciers du d. Duché, tenir les assises môme convoquer les États des
des Souveraineté et Duché de Bûillon en la manière accoutumée, faire les
baux h ferme des fruicts et des Revenus des dcs Souveraineté, place, et
Duché de Bùillon et Domaines en dépendants, à telle personne, pour tel
prix, et tel temps qu'il adviscra, Et Genérallemcnt faire tous actes qui
appartiennent a un Prince souverain, voulant qu'il en soit en touttes choses
obey ; Enjoignons a tous nos officiers de tenir la main a l'Execution de
ces dcs présentes, et faire cesser touttes Résistances, oppositions et Empô-
chemens generallement quelconques, pour lesquelles ne sera nullement
différé; de ce faire vous donnons pouvoir; car telle est notre intention.
En témoignage de quoy nous avons signé ces présentes, Scelles fait sceller
du Sceau de nos Armes, et fait Contresigner par L'un nôtre secrélaire
ordinaire. Donné a Paris le neufvieme jour de may mil six cent soixante
Dix huit ; Signé Godefroy Maurice de la Tour D'Auvergne Duc de Bùillon,
Et sur le reply, par son Altesse Pouget, scellé dun Grand Sceau de Cire
Rouge ;
Nous pour Satisfaire au Commandement de Son Altesse porté par la
de Commission, serions ce jourdhuy 14-m0 Juin 1678, partis de Sedan, ac-
compagnés de M. des Madrics, Conseiller du Roy en ses conseils, Grand
Bailly de insisheim, Conseiller Chevalier d'Alsace au Parlement de Metz,
intendant de la justice, Police, finance, et troupes, de la frontière de
Champagne, et acheminés au d. Lieu de Bùillon avant été rencontrés en
Chemin d'Une Escorte de Dragons et d'infanterie, que M. de franlicu, Gou-
verneur du d. Bùillon, auroit Envoyé au devant de nous, et de luv môme
aussy qui nous auroit fait la Graçe d'y venir, Et Etant arrivés au d. Château
de Bùillon, le d. S'- de franlieu nous y aurait reçus et logés ; Et le 15me du
d. mois, nous étant transportés avec mond. Sr intendant, et mond. Sr de
- 258 —
franlieu, au logis du Sr de Sandron, juge et Procureur General de celte
Souveraineté, ou s'Exerce la justice présentement, le lieu d'audience ayant
elé brûlé, ou nous aurions trouvé la noblesse, les officiers de justice, les
maires, et Grande Quantité de peuples assemblés, mond. Sr intendant leur
auroit déclaré de la part du Roy que l'intention de S. M. est qu'ils prêtent
serment à Son Altesse, Comme à leur Prince Souverain et légitime Sei-
gneur ; nous après la lecture de nôtre Commission dont la copie est cy
dessus, avons pris le serment des soussignés et sous marques ; sçavoir ; les
Srs Denis de Gerlays, seigneur de Reméhan, Prévôt de la cour Souveraine;
Didier de Sandron, seigneur de fromont, Juge ; Jean le fevre, seigneur de
Rochault, Juge Ecclésiastique ; Léonard de Sandron Greffier ; Gérard lias-
trait, franc-Sergent ; Godefroy Thierry substitut sergent ; tous faisans le
corps de la cour Souveraine, à la reserve du Sr Remy de Tavicrs, seigneur
de Corbion, Juge ancien, lequel s'Etant trouvé malade n'a pu être présent;
et pareillement du Sr Jean de Rograve, seigneur de Sosure et Pair de ce
Duché ; du Sr Jean de la Biche, seigneur en partie de Suny ; Albert de
Gerlays, seigneur en partie de Corbion ; de Nicolas Tibau, Rourgmaistre à
Bùillon ; Evrard Colet ; Jean Reaudesson, Lambert frérard ; Servas de
Malat ; Gérard le Page; Et Daquet-Doffet, tous Dourgmaistres et jurés de
cette Ville Maire de Paliseu ; Nicolas Colloz, Mayeur de Jehon-
ville ; Poncelet Rulh, Mayeur du fays les Veneurs ; Nicolas Rousseau, Mayeur
de sansanrû; tous quatre faisant le corps des quatre mairies du d. Duché ;
Gérard le Queux, Mayeur de Corbion ; Guerlache Pierrard, Mayeur de Suny;
Jean Willéme, Mayeur D'Aile ; Gérard Islasse, Mayeur de lavis ; Remacle
Brasseur, Mayeur de Rochau ; Gérard Massin, Mayeur de Pouphan ; Jean
Chedron, Mayeur de Grofays ; Colas Poncelet, Mayeur de Gimbe ; Grégoire
Colart pour le Mayeur des Albits ; Jean henry Javaux, Mayeur de Sausure ;
Jean Colson, Mayeur d'Usymont; Nicolas Wilmet, Mayeur de Reautassart ;
Istasse henry, Echevin en la place du Maire de Noirfonlaine malade ; Gérard
Mahy, Mayeur d'Anloy ; Nicolas Jean Jot, Mayeur D'Asnoy ;
En présence desquels, et de Grand nombre de peuple qui Etoit là as-
semblé, ayant fait faire lecture de nôtre susdc Commission par le Sr Sandron,
Procureur et Receveur General de ce Duché, ils auroient tous Enscmble-
ment, et Chacun d'Eux en particulier, fait le serment de fidélité et Sujet-
tion, à Son Altesse, qu'ils sont tenus et obligés de luy faire en la forme et
manière qui s'Ensuit.
Nous reconnoissons franchement, de bonne foy, Et sans aucune con-
— 259 —
trainte, son Altesse, Monseigneur Godefroy Maurice delaTourD'auvergne,
par la Grâce de Dieu Duc de Biiillon, pour nôtre vray, légitime, et seul
souverain Seigneur, promettons et jurons, tant en General, que chacun de
nous en particulier, sur nôtre foy et salut devant le Dieu le créateur, d'un
cœur pur et sincère, et sans Exception, ou Réservation quelconque, d'être
à toujours bons fidels et Loyaux Sujets, et serviteurs, de Sad. altesse, et
de ses successeurs Ducs de Bùillon de la servir de nôtre vie, et de toutte
nôtre puissance Envers et contre tous, sans nul Excepter n'y reserver, de
procurer le bien et avantage de son service et Eviter son domage de tout
noire pouvoir, de recevoir, Garder et Exécuter avec tout respect et obéis-
sance tous les ordres, Edits, ordonnances et commandemens qui viendront
de sade. altesse ou de sa part, d'en avoir jamais en chose quelconque au
préjudice du service de sade Altesse, aucune intelligence, ni correspondance
avec quelque personne et de quelque qualité et condition qu'elle soit, et
sous quelque prétexte que se puisse être, même de prétention a la de sou-
veraineté, même d'avertir son Altesse, ou celuy qui sera commis de sa part,
si nous aprenons qu'il se passe quelque chose a son préjudice, etGeneral-
lemcnt de nous comporter comme bons et Loyaux Sujets doivent faire
Envers leur Prince et Légitime seigneur, comme nous reconnoissons apresent
sad. altesse, à peine d'être déclarés, perjures, et Rebelles et ont tous les
susnommés Signé les présentes, En présence de mond. sieur L'intendant ;
Monsieur de franlicu, Gouverneur; de Monsieur de Terme, lieutenant de
Roy au Gouvernement de Sedan ; et de M. de Gaigne, commissaire ordinaire
de la frontière de Champagne, conseiller du Roy ; et de M. de la Routinière,
Major ;
Signés de Gervais, Prévost ; de Sandron ; Jean le fevre ; Léonard
de Sandron, Greffier; Gérard haslrays, sergent ; de Gerlays ;
Godefroy Thierry ; J. de la Riche ; N. Thibault ; Le Raron
de Rongrave ; Et Grand nombre d'autres.
Nous soussignés, Certifiions avoir été presens a la prestation de Serment
fait par les susnommés le 15 juin 1678.
Signés. Remadry ; de franlieu ; de Terme ; Gaigne ; de la Routi-
nière ; Et des fourneaux de Greffin ;
Et le d. jour de relevée, les susnommés, faisant le corps de la cour
souveraine, ont prêté pardevant nous en la susd. Qualité, le serment qu'ils
doivent pour l'administration de la justice, en la manière qui s'ensuit,
— 260 —
moyennant lequel nous les avons confirmes et confirmons par ces présentes
en l'Exercice de leur des charges, tant qu'il plaira a son Altesse et même
jcur en baillerons de provisions ;
Nous soussignés, déclarons et jurons d'être bons et loyaux sujets, en
toultes obéissances et service à son Altesse Mongr Godefroy Maurice de la
Tour D'Auvergne, par la graçe de Dieu souverain Duc de Bùillon . . , de
.... demeurer en la foy Catholique, et entant que touche nôtre office,
de Garder les Droits de sad. Altesse nôtre Maître, d'administrer la justice
a un chacun, d'aider à nôtre possible les veuves, orphelins, et lieux pieux
en leurs bons Droits, et de ne les abandonner pour la vie ni pour la mort,
faveur, haine, ou parentagc quelconque promettant d'observer le suscrit
sur nôtre part de paradis ;
Signés. De Gerlays. Prévôt ;
De Sandron, juge, procureur et receveur General ;
J. Le fcvre, juge ; !.. de Sandron, Greffier ; et Gérard
hastrays, sergent ;
Et à l'instant est comparu Jean de Rograve, seigneur de Sosure, en qualité
de L'un des 4 pairs de ce Duché Coseigneur de Sosure, les trois autres
Etant absens; sçavoir : M. l'Abbé de St-Hubert: M. le Comte D'Eguemont,
pour la Baronnie D'hierges ; Et M. le Duc D'Aremberg, Coseigneur de
Mirvart, lequel apreté le serment en la forme qui s'ensuit ; Je Jure Dieu,
mon createure, sur le péril de mon ame que je seray bon et loyal Vassal
à son altesse serenissime Mongr Godefroy Maurice de la Tour D'Auvergne,
par la Graçe de Dieu Duc de Biïillon ; et qu'à jçeluy j'obeiray et serviray,
de touttes mes forces et pouvoir, et que je l'avertiray, ou ses officiers, de
touttes Entreprises contre luy que je pouray découvrir, lequel je deffenderay
et aideray à deffendre, comme aussy le privilège du pays et louables cou-
tumes, et de Garder le secret de justice, lorsque j'y seray appelle, ainsy
m'aide Dieu et tous ses saints.
Signé le Baron de Rongrave.
Et a l'instant sont encore comparu le révérend Père Emilian de Belleville,
Prieur Administrateur de l'Eglise St-Pierre, et représentant le curé. . . .
primitif de la Paroisse ; lequel après qu'il a eu chanté ce matin la Ste-messe
Et le te Deum, et fait apposer les Armes de Sad. Altesse au dessus de la porte
de l'Eglise Paroissiale, a prêté le serment en qualité de curé primitif, et
comme tenant le fief de Noirçimont, pour lequel il viendra rendre les foys
— 26! —
et homages et présenter un homme vivant, mourant, et confisquant, et ce
au premier jour ; ce que pareillement a fait le révérend Père Jean Brouillard
Prieur du couvent des pères Augustins de ce Lieu, pour les fiefs nôtre
Dame et Waret ; pour lesquels il viendra aussy au premier jour rendre les
foys et homages, et nommer un homme vivant, mourant et confisquant ;
Signés Dom Emilian de Belleville ;
F. Jean Brouillard, Prieur ;
El De fourneaux De Greffin ;
Et advenant le 17 jour du d. mois et an, nous nous sommes transportés
en la maison susdc ou se rend présentement la justice et considérant qu'il
est besoin d'Etablir un Garde des sceaux, pour faire sceller touttes sortes
d'Expéditions sous le cachet des Armes de S. A. nous avons jugé ne pou-
voir faire un meilleur choix que de la personne du Sr de Sandron, Procureur
General de son Altesse en ce Duché ; A ces causes, en vertu de nôtre
commission, nous l'avons Etabli et Etablissons par ces présentes Garde des
sceaux de son Altesse, lesquels nous Lu y mettrons en main pour en sceller
touttes sortes d'Exepeditions ; lequel dit sr Sandron à accepté lade charge,
aux mêmes conditions du serment qu'il a prêté cy dessus ;
Signés De fourneaux de Greffin Et D. de Sandron ;
Et le d. jour est comparu pardevant nous le révérend Père Dom Emilian,
Prieur de Sl-Pierre, se disant Curé Primitif de la paroisse de ce lieu, de
la part de M. l'abbé de S'-Hubert, assisté de Jean Pierlot son Procureur;
lequel nous a dit qu'il est besoin de réparer la maison Pastoralle de ce
lieu, et à cet Effet a fait appeller pardevant nous les jurés de cette ville,
pour voir être dit qu'ils pourvoiront aux charrois des matereaux nécessaires
pour faire la réparation de lad. maison ; Et les d. jurés ayant aussy com-
paru pour la communeauté, assistés de Jacques Colloz, sindic, ont soutenu
qu'ils ne sont pas tenus de faire les d. voilures et ne reconnoissent pas même
le révérend Père Emilian pour leur Curé ; nous avons renvoyé la connois-
sançe du d. différend à la cour souveraine de sad. Altesse, ou la cause est
desja pendante au principal, et ordonné que la sentence desja rendue pro-
visionellement sur le fait des d. charrois sera Exécutée, sans préjudice du
Droit des parties au principal, et ont les parties signé.
Signés Dom Emilian Belleville ;
J. Colloz
De fourneaux de Greffin ;
— 262 —
Et le 20 du d. mois et an, sont comparus les Gens du fief de ce Duché,
ayant été appelles de nôtre part par le Procureur General de son Altesse ;
sçavoir ; Girard le fevre, pour la moitié de la seigneurie de Rocheliault, et
du fief Bailly henry Monssur, pour le fief de Blanche oreille ; Albert de
Gerlays, pour le quart de la seigneurie de Corhion ; Jean le jeune, Bourgeois
de Bùillon, pour le Prieur de S^Pierre, qui la présenté pour homme vivant,
mourant et confisquant a cause du fief et basse cour de l'aide S'-Pierrc ;
Jos Maximilian Doden hoven, pour le fief de handuhan ; Nicolas Thibault,
Bourgeois de Bùillon, homme vivant, mourant, et confisquant, pour les
religieuses de ce Lieu, à cause du fief du commun Préz ; mailre Thierry,
Chapelain du Suny, pour fief de L'amende ; Nicolas Thibault, homme vivant,
mourant, et confisquant, pour la communeauté de Bùillon, à causse du fief
de Omontfecher ; Pierre Tuilly, homme vivant, mourant, et confisquant,
pour les Pères Augustins, à cause des fiefs nôtre Dame et Waret ; Gérard
le Page, pour le fief des Eaux de l'Eau caillou ; Jean Pierret, pour les fiefs
du Cul de Malet, et de la Tour servais; Adam, pour le fief du huitième
de la Dïxme D'Anloy, pour lequel Remy Colloz, au nom de maître Jean
Conard, Chanoine de Nassogne, a aussy relevé ; Pierre Tiga, pour le fief
de la closure ; hernou, pour le fief Evrard le Maire ; Jean Nimmery, pour
le fief de la faloise ; Antoine Jacques, pour le fief tient le poix dit, Gan-
guray ; Poncelet le Ruth, pour le fief de la hausse colterie et ecluy de la
Gernclle ; Lesquels ont rendu les foy et bornage en la manière accoutumée,
pardevant nous et pardevant la cour souveraine de son Altesse en ce Duché,
et leur a été enjoint d'apporter les dénombrements de leur fiefs dans six
semaines, et ont prêté le serment en la forme qui s'ensuit, étant a Genoulx
Et après s'Etre desçeints de leurs Epées et ôté leurs Eperons ;
Je jure Dieu mon créateur, sur le péril de mon ame, que je scray bon
et Loyal vassal à S. a. Sercnissime Mongr Godefroy Maurice de la Tour
D'Auvergne Duc de Bùillon, el qu'à Jceiuy j'obeiray et serviray de toultes
mes forces, et que je l'avertiray, ou ses officiers, ou Representans, de
touttes entreprises contre luy, que je pouray découvrir, el que je deffen-
deray et aideray a deffendre les privilèges du pays et louable Coutume,
aussy de Garder le secret de justice lorsque j'y seray Appelle ; ainsy m'aide
Dieu et tous les Saints de paradis ;
Signé De fourneaux de Greflin ;
De Gerlays, Prévôt ;
D. de Sandron, juge;
Et L. de Sandron, Greffier ;
— 263 —
Le 22me juin aud. an, a l'entrée de l'audience ordinaire de la Cour sou-
veraine, nous avons mis entre les mains du d. sr de Sandron, nommé cy
dessus procureur General de son altesse et Garde des Sceaux, un Grand
et un petit Sceau des armes de Sad. Altesse, pour en sceller touttes les
Expéditions qui seront faites, tant par la de Cour souveraine, que pour
tous autres actes ; Et mandons aux quatre Maires de ce Duché, comme
aussy à tous autres officiers dépendants de son Altesse, de n'avoir plus à
l'avenir d'autres sceaux que ceux de Sad. Altesse, Et a l'instant nous avons
retiré les sceaux de M. l'Evesque et Prince de Liège desquels on se ser-
voit cy devant, et a Le d. sr de Sandron signé avec nous;
Signés De fourneaux de Greffin ;
D. De Sandron ;
Le d. jour sont comparus maitre Jean le fevre, curé de Rochehault :
Pierre jean Jot, curé de jedine ; George de Voeux, curé de Jehonville ;
Léonard Barilly, curé de Sugnj ; Jean Massin, curé de Sansanru ; Guil-
laume Gérard, curé de fays les veneurs; Evrard nicolas, curé de Grofays;
Pierre adam, curé D'Offagne ; Lesquels ont prêté le Serment en la forme
qui S'Ensuit ; et par après maitre jean de la hayrie, curé de Paliseu, et
aparu, a fait le même serment ;
Nous reconnaissons franchement, de bonne foy, et sans aucune con-
trainte, Son Altesse Mong Godefroy Maurice de la Tour D'Auvergne Duc
de Bùillon, pour nôtre vray légitime et seul souverain seigneur, promettons
et jurons, tant en General, que chacun de nous en particulier, devant Dieu
d'être a toujours bons, fidels et Loyaux sujets et Serviteurs de sad. altesse
et de ses successeurs Ducs de Bùillon, de la servir de nôtre vie, et de
toutte nôtre puissance envers et contre tous, de procurer le bien et avan-
tage de son Service, Et Eviter son domage de tout nôtre pouvoir, de n'a-
voir jamais en chose quelconque au préjudice du service de Sad. Altesse
aucnne intelligence, ni correspondance avec quelque personne et de quel-
que qualité et condition qu'elle soit, et sous quelque prétexte que ce
puisse Etre, et Generallement de nous comporter comme bons et loyaux
sujets doivent faire envers leur Prince et légitime Seigneur, comme nous
reconnoissons a présent sade altesse, a peine d'être déclarés perjures et
Rebelles, et ont tous les susnommés signé ces présentes.
Signés J. le fevre ; P. Jean Jot ; George des Voeux ; L. Barilly ;
Jean massin; Guillaume Gérard; Evraid Nicolas; P. adam;
Jean de la hayrie ;
— 264 -
Et à l'instant est comparu maître Léonard de Vaux, Soy disant curé de
la paroisse de Sansanru, lequel ii requis d'être reçu a pareil serment de.cy
dessus, ce qui a été Empêché par maitre Jean massin, cy dessus nommé
comme ayant charge et pouvoir de M. L'ahbé de St hubert, Surquoy nous
avons oclroyé acteaud. maitre Léonard de Vaux de sa comparution, et aud.
maitre Jean Massin de son opposition, et ont tous deux signé ;
Signés Jean Massin ; Et L. Devaux ;
Ensuite de quoy, sont comparus les Gentils hommes et Gens tenans fiefs
cy dessous nommés, lesquels ont prêté le serment de vassalité, en la forme
que les autres feudataires l'ont prêté cy dessus; Sçavoir; le S1' Guillaume
Louis de la Mockh, pour la seigneurie de Boutassart et la moitié de celle
de Grofays, de Chateaumont, Oclin, et d'Aupieres ; le Sr Jean de la Biche,
pour la moitié de la Seigneurie de Suny ; le Sr Jean le fevre, pour le quart
de la seigneurie de Rochehault et le fief Travaux ; le Sr Denis de Gerlays,
pour le fief de la cour Perinet ; Nicolas Briçe, pour le fief D'Ary ; le Sr de
Sandron, pour la seigneurie de framont ; auxquels nous avons enjoint d'ap-
porter leur dénombrement dans six semaines ; et ont les officiers de la
Cour souveraine de Son Altesse signé les présentes avec nous ; et ensuite
avons fais afficher Jes armes de Son Altesse qui restoient a attacher, tant
aux portes de cette ville, qu'aux autres Lieux, ou nous avons jugea propos
pour le bien du service de Son Altesse ; fait a Buillon le d. jour 22me Juin
1678.
Signé De fourneaux de Greffin ;
De Gerlays, Prevot ; D. de Sandron, juge ;
J. Le fevre, juge ;
Le Soussigné déclaré que la présente a été enregistrée dans le Registre
de la Cour souveraine, le jour, mois et an que dessus
Signé L. De Sandron, Giefficr ;
Le 24me juin 1678, jour de S' Jean Baptiste auquel se payent les cens
ordinaires et accoutumés, nous nous sommes Exprés transportés au lieu
ou ils se Reçoivent ; et la en nôtre présence ils ont été payés au Receveur
General de S. A., qui Ensuite et selon la coutume nous h donné à diner
et aux officiers de la Cour souveraine de S. A. ; Se publient au plus
offrant, et qui à cause du bruit qui court de la paix, il à Eté jugé plus
Expédient de les Remettre après la publication de la de paix, nous avons
- 265 —
différé jusqu'à ce temps la de les faire publier, pour le plus Grand profit
de S. A.
Le 27me nous avons fait attacher les armoiries de S. A. Sur la porte
principal du château, du consentement de M. de franlieu, Gouverneur pour
le Roy ; et ce jour la étant venue une Commission de M. l.'Evesque de
Liège, adressante à M. L'Abbé de S1 hubert, et de luy, à cause de son in-
disposition, au Prieur qui dessert la Cour de ce Lieu, pour connoître du
différent qui est présentement parmy les Relligicuses de Sle Sepulchre de
ce lieu, pour lequel Elles se sont desja pourvues pardevers S. A. Mongr le
Duc de Bùillon ; et de plus ayant considéré que dans la de Commission,
M. L'Evesque de Liège prend Qualité de Duc de Bùillon, et appelle cette
ville sa ville de Bùillon, étant vray pourtant que la de Commission étoit
datlée avant que S. A. eut pris possession de ce Duché ; nous avons fait
remettre cette affaire, jusqu'à ce que nous ayons vu la réponse de S. A. à
la de Requête ; outre qu'il est de Droit qu'un commis ne peut commettre ;
Les jours suivans, jusqu'au premier Juillet, d'autres Requêtes de divers
particuliers, nous ayant Eté présentées, nous les avons Renvoyées, les une
a S. A., et les autres à sa Cour souveraine; sçavoir ; Celles qui sont de
faits contentieux, nous les avons renvoyées à la de Cour ;
Le 4me Juillet au d. an, nous avons ordonné de la part de S. A., à tous
maires, Echevins, et autres officiers de justice et Police du Duché de
Bùillon, de venir prendre de nous, en vertu de nôtre pouvoir, Commission
de leurs charges, et aporter attestations de la Cour souveraine le Procu-
reur General de S. A. y étant appelle, de leur probité, capacité, bonne
famé et Renommée, en peine d'être privés de leurs dites charges, et ce
dans quinze jours après la publication de cette ordonnance ; après quoy et
aportant par Eux leurs attestations, nous leur donnerons leurs provisions ;
mais pour celles des Gens de la Cour souveraine, ils nous ont prié de les
faire venir de S. A. ;
Ce jourdhuy 13me Juillet, est comparu le Révérend Père Dom Emilian
Belleville, Prieur du Prieuré de S1 Pierre à Bùillon, comme fondé de
procuration spéciale de M. l'Abbé de S1 Hubert, en dalle du quatrième de
ce mois, Requérant, en vertu de lad. procuration, d'être Reçcu a rendre
les fois et bornage, dont le d. Sr abbé est tenu comme relevant en titre de
Pairie, a cause de la Ville, terre, seigneurie, et franchise du d. S' hubert
en ardennes, avec six feautés en dependans, ce qu'il à fait, et a prêté le
même Serment que les autres feudataires de cy dessus; s'ensuit la copie de
la Commission ;
- 266 -
Cyprian, par la permission divine, humble Abbé Seigneur de S1 Hubert ;
à tous ceux qu'il appartiendra, Salut, comme on nous auroit fait entendre
qu'à la suite de nos prédécesseurs, nous serions tenus et obligés de relever
de Son Altesse Serenissime en qualité de Duc de Bùillon, à la manière et
ainsy qu'ils ont fait, nous avons Commis, et par ces présentes commettons
nôtre cher et bien aimé Dom Emilian, Prieur administrateur de nôtre
Prieuré de Bùillon, pour en nôtre nom se présenter et faire les devoirs
Requis; donné à S1 Hubert le 4me Juillet 1678., Signé Cyprian, Abbé de
S1 Hubert ;
Et à l'instant nous avons déclaré au dit Révérend Père Dom Emilian,
que son Altesse n'Empêche point que M. l'abbé de Sl-Hubert, ne mette en
exécution de la commission qu'il à Eue de son Altesse de Liège, en qualité
d'Evesque pour faire la visite et prendre connoissançe des affaires des
religieuses de Sl-Sepulchre de ce lieu.
Et a l'instant encore est comparu Lambert Macherot, lequel, en vertu de
la commission que nous luy avons donnée, à prêté le serment auquel il est
tenu en qualité de Mayeur de Palisieux, ayant fait le d. serment en la même
manière que tous les autres Mayeurs ont fait, et à signé ./.
Signé L. Macherot.
Et à l'instant à été arrêté qu'il sera procédé dimanche prochain à la
publication des fermes ; ce qui à été fait le d. jour en nôtre présence.
Signé De fourneaux de Greffin.
La présente à été enregistrée par moy le soussigné Greffier de la Cour
souveraine de Bouillon ;
Signé, L. de Sandron, Greffier sus dit ;
«rvo^a^y^f)^^-»
VISITE
DE
CHARLES GODEFROY
A BOUILLON M 1757.
Relation de ce qui s'est passé à l'arrivée de son altesse séré-
nissime Monseigneur le duc de Bouillon dans sa souve-
rainetée de Bouillon et pendant les premiers Jours de son
séjour en la ville de Bouillon.
Son altesse serenissime, ayant fait donner avis de son départ de Paris,
M. Bodson procureur gênerai de la cour souveraine de Bouillon et com-
mandant des ville et duchez se rendit àRethel mazarin pour avoir l'honneur
de complimenter S. A. Sme Et recevoir ses ordres, Elle arriva En Lad. ville
le trente un juillet, Et en partit le premier aoust pour venir coucher au
village de Balan, ou Elle prit son logement dans la maison de campagne de
M. Husson subdelegué de L'Intendance de Metz.
Le lendemain deux août Elle partit à midy dans ses Equipages avec toute
sa suitte pour se rendre en cette ville, Elle fut reçue sur les limites qui font
la séparation des terres de France et de celles du duchez de Bouillon, par
M. de Larzac gouverneur de ce duchez qui l'avoit devancé, Et par le pré-
sidant Et deux conseillers de la cour sne. Les gardes du corps de S. A. Sme
Etoient en bataille sur la droite L'Epée à la main, Et les gardes à cheval
ordres du duchez étoient de l'autre coté le mousqueton haut.
Plusieurs officiers de la milice Bourgeoise en habits uniformes s'étoient
aussy avancés de leurs Postes pour se trouvera l'arrivée de S. A. Sme ainsy
qu'une quantité de peuples qui fit Eclatter sa joye par des cris répétés de
vive son altesse, vive notre Prince.
- 268 -
Elle continua sa marche dans l'ordre qui suit, quatre des gardes ordi-
naires du duchez à cheval, les chevaux de main, le sous Ecuyer monté sur
un cheval richement Equippé, un carosse de suille à six chevaux, deux
pages à cheval, deux coureurs, quatre gardes de corps, un Brigadier à leur
tête, un carrosse à huit chevaux dans lequel Etoit son Altesse Sme, douze valets
de pieds à L'Entour, les deux premiers officiers des gardes du corps aux
portières, le surplus des gardes du corps suivoit le carosse.
Cinq autres carosse de suitte à six chevaux chacuns Et cinq chaises de
Postes, des détachements de la milice Bourgeoise tant de la ville que du
duchez formoient une double haye depuis le haut de la montagne dans
l'Etendue d'un quart de Lieue jusquaux portes de la ville.
Son Altesse Screnissime, Etante arrivée il fut fait trois salves de toute
l'artillerie du château et toutes les cloches de la ville sonnèrent.
Elle trouva en dehors de la Barrière M. Dupé commandant du château
pour sa Majeslée très chrétienne, accompagné des officiers de son État-
Major, qui luy présenta les clefs de la ville, son A. Sme Les remit entre les
mains du premier Exempt de ses gardes du corps, elles demeureront en la
possession de son Altesse Sme pendant tout le tems de son séjour et le
commandant du château prendra l'ordre d'Elle.
Les officiers de l'hôtel de ville étants aussy en dehors de la porte luy présen-
tèrent en fléchissant les genoux, le dais porté par les trois Bourguemestres
et le sindicq de lad. ville.
Son Altesse Sme nayant point voulu se mettre sous le dais il fut porté
devant Elle, et Elle continua sa marche à Pied jusqu'à l'église paroissiale
de St-Pierre entre une double haye formée tant par un détachement de
deux cens hommes du Régiment de Bouillon qui avoient eu ordre de se
rendre la veille de Mezieres En cette ville, que par différents détachements
des compagnies de la milice Bourgeoise du duchez tous presentans les
armes.
M. Le Baron de Valdence colonel en second du dit Régiment et com-
mandant le détachement, et les autres officiers saluèrent Son A. S™e de
L'Esponton, L'Enseigne du drapeau et les tambourgs battirent aux champs.
Son Altesse Sme fut reçue à la porte de l'Eglise par M. Labbé de S1 hubert
premier pair du Duchez revêtu de ses habits pontificaux, à la tête du clergé
en aubes et en chappes.
Après qu'elle eut été haranguée par M. Labbé de S1 hubert Elle fut
conduitte processionnellement au cœur, ou s'étant placée sur un prié dieu
- 269 —
garnis d'un coussin et d'un tapis de velours brodé en or, environnée de
ses gardes et de toute sa cour, M. Labbé de S' hubert entonna le tedeum
au son des instruments de musique et au bruit d'une triple décharge des
boittes de la ville, Le Tedeum étant finy on chanta lantienne dom me sa Ivum
fac Duccm et on recita loraison ordinaire.
Son Altesse Sme fut ensuitte reconduite processionnellement à la porte
de l'Eglise, ou M. Labbé de S1 hubert luy présenta L'Eaùe benitte, Elle se
rendit à son palais dans le même ordre qui avait été observé pendant sa
marche. Les cloches de la ville ne cessèrent de sonner que quand elle fut
entrée, Elle fit jetler à différentes reprises Beaucoup d'argent à une foulle
immenses de peubles qui étoit accourue de toute part, pour jouir de la
présence de leur souverain.
Elle trouva à la porte de son palais une garde de cinquante hommes du
Régiment de Bouillon avec un drapeau, commandée par un capitaine et
deux lieutenants.
Son Altesse Sme ayant pris un moment de repos, Elle reçut la visilte du
commandant du château, de son Etat major, des officiers de la garnison du
château, et de ceux du détachement du régiment de Bouillon.
La courSne de Bouillon en corps, précédée des huissiers la masse haute,
les gardes du corps étant en haye sans armes, fut ensuitte introduilte dans
la salle du dais sous lequel S. A. Sme reçut les hommages respectueux de
celle compagnie, M. Thibault président portant la parolle.
Les officiers de lhotel de ville furent aussy admis à son audcc et luy
présentèrent le vin d'honneur, consistant en cent bouteilles de vin du Cap,
dans deux caisses peintes en blancs ornées des armes de la ville, d'em-
blèmes, de devises, et portées sur un brancart aussy peint en blanc, garni
de rubans blancs et noirs.
Elle admit à son audce les députés du clergé et les relligieux du couvent
des auguslins de celte ville, Elle fut haranguée par lun et lautre, le prieur
des augustins portant la parolle pour ses relligieux, et M. le curé de celte
ville pour le clergé, en luy offrant le don gratuit de son corps, les chano-
nesses régulières de lordre du S1 Sepulchre luy firent présenter par leur
directeur une corbeille très élégante remplie de fleurs et de confitures
sèches et liquides, avec douze bourses travaillées en or et en argent.
Les Députés du Duchez luy présentèrent un colïret dancien Laq garnis
dor, contenant dix mille livres En or, pour le don de première et joyeuse
Entrée de S. A. Sme.
20
— 270 —
A L'entrée de la nuit les détachements des compagnies de la milice
Bourgeoise du duchez En armes au nombre de mil hommes s'élant portes
sur une montagne au dessus de la ville en face du palais Rangés sur une
même ligne firent une triple salve de mousqueterie En feù roulant, chacune
desquelles fut annoncée par une salve des boittes de la ville, ce qui lit un
très bel Effet, Le bruit de la mousqueterie Et des boites se répétant dans
les montagnes dont la ville Est Environnée, Et servit de signal pour allumer
au son des instruments de musique de toute Espèce un très beau feù sur
le bord de la rivière vis a vis du palais, deux fontaines de vin placées a
quelques dislances du feù dans un enfoncement orné de feuillago, coulèrent
pendant une partye de la nuit, toutes les maisons de la ville ainsy que les
deux façades du palais furent Illuminées, ce qui h Eté repelé pendant plu-
sieurs jours.
A Dix heures, S. A. Sme se plaça à une table de cinquante couverts Et
y admit les personnes les plus distinguées de la ville et de la garnison.
Le Lendemain trois aoust M. Dupé commandant au château pour sa
majestée très chrétienne prêta solennellement dans la grande salle d'au-
dience du palais à Son Altesse Sme Et en présence de toute la Cour, Le
serment conformément aux ordres de S. Majesté de garder fidellement pour
sa d. Altesse et ses successeurs le château et forteresse de Bouillon. La
formule du serment ayant Eté Lue par le chancelier de Son Altesse, celte
cérémonie achevée S. A. fit présent d'une tabacquiere d'or à M. Dupé.
Le même jour le matin M. Daubigny ministre de sa majestée très chré-
tienne, près de S. A. Sme. Em. M. le Cardinal de Bavière, Evêque El prince
de Liège Etant arrivé en cette ville ou il s'étoit rendu par ordre Exprès du
Roy pour venir marquer à S. A. Sme la bienveillance et la proteclion dont
sa majestée L'honore, Son Altesse prévenue de la mission de ce minisire
près d'elle, L'Envoya complimenter par un de ses gentils hommes chez
M. Bodson ou il éloit descendu, celle visitte fut suivie d'une deputation de
l'Etat major et du corps de ville, qui luy présenta le vin d'honneur, à midy
S. A. Sme envoya M. Bodson prendre M. Daubigny dans un carosse de
parade atlelé de six chevaux, précédé et accompagné de toute sa livrée, ce
ministre trouva à quelque dislance du palais, la garde de la milice Bour-
geoise en uniforme qui bordait la Rue, et dans la première cour un déta-
chement du Régiment de Bouillon en parade, ces troupes avaient leurs
officiers a leurs têtes leurs drapeaux déployés, les tambourgs battants aux
champs, il fut reçu au haut /le l'Escalier par M. de S1 Germain chevalier
— 271 -
de S1 Louis, Ecuyer de S. A. Sme les gardes du corps étaient sous les
armes et rangés en haye dans leur salle, S. A. S"1C élait dans la grande
salle daudiance accompagnée des officiers de la cour souveraine, et de
M. Labbé de S1 hubert, de la noblesse de son duebez, de la plus grande
partye de celle des environs, de L'Elat major et de plusieurs officiers de
son régiment, M. Daubigny ayant été introduit dans la salle par M. Bodson,
il rendit à S. A. Sme les assurances dont il etoit chargé de la part du Roy,
après que son altesse y eut répondu Elle présenta à M. Daubigny les
personnes les plus distinguées de la cour et le retint à dîner, Elle le fit
placer à sa droite, et M. Labbé de Si- hubert à sa gauche, Elle porta la
sanlée du Roy debout, Ion y but au bruit des tanfarres de l'artillerie et de
la mousqueterie du château et de la ville.
M. Daubigny porta ensuille la santée de S. A. Smc Ion y repondit de
même il y avoit deux tables de trente couverts chacune, servies l'une et
l'autre avec autant de magnificence que de délicatesse, les principales
Dames de la ville y avoient été invitées, après le diner on joua à différentes
tables.
A l'Entrée de la nuit il y eut un bal que S. A. Smc ouvrit par une contre-
danse, on dansa jusqu'à onze heures, La compagnie se mit ensuite à Table,
et après le souper on reprit le bal pendant lequel il fut fourny des rafraî-
chissements de toutes espèces, et on le continua jusqu'au jour.
Le cinq les administrateurs de l'hôpital de la miséricorde de la ville de
Sedan fondée par les ancêtres de S. A. S"1C vinrent la complimenter encore,
M. Pillaz lieutenant gênerai du Baillagc de lad. ville portant la parolle, ils
furent retenus a diner. Après le diner M. Daubigny prit congé de S. A. Smc
qui luy fit présent d'un diament de prix.
Le même jour S. A. Smc voulut bien honorer de sa présence une fête que
M. Bodson luy avoit fait préparer, Elle se rendit chez luy avec M. Daubigny
accompagné de toute sa cour à huit heures et demyes du soir, Elle trouva
la façade de la maison sur la Rue illuminée, Etant montée sur une salle
haute Elle se mil sur un balcon qui avoit clé préparé avec des tapis
de perse et couvert d'un baldaquin, dez qu'elle parut deux Bandes d'In-
struments qui etoient placées au dessous du balcon sans être apperçùcs se
firent entendre et S. A. S"u> fut saluée d'une triple salves de 2i Boëles
placées de l'autre coté de la rivière en face de la maison, auxquelles succéda
immédiatement un feu d'artillice construit sur la rivière vis-a-vis du balcon
sur une Estrade qui figuroit un Bosquet, S. A. S'"c y mit Elle même le feu
— 272 —
par le moyen d'une fusée courante, L'Execution de ce feû ne laissa rien à
désirer, S. A. Snle eut la bontée d'en paroitre extrêmement contente, il y
eut ensuite un souper à deux Tables de dix huit couverts chacune, La
santée de S. A. Sme fut portée debout par toutes les personnes de la com-
pagnie au bruit des fanfarres et d'une salve de boittes, Elle ne se retira
qua trois heures du matin.
Le six S. A. Sme entourée de ses gardes du corps sortit de son Palais
pour aller visitter le Château, Elle trouva sur L'Esplanade en deçà de la
barrière, la garnison en bataille présentant les armes, les officiers la saluèrent
de L'Esponton et les Tambourgs battirent aux champs.
M. Dupé commandant étant à la tête de la garnison avec son Etat major
savança vers S. A. Snie Et luy remit les clefs du château, toute l'artillerie
fit une triple décharge, S. A. S,ne à son entrée dans le Château, trouva la
gardeen haye devant le premier corps de garde présentant les armes, L'ofiicier
de garde la salua de L'Esponton, Et le tambourg battit aux champs, après
avoir visittés les ouvrages les plus remarquables des fortifications, Elle
revint diner chez Elle on luy rendit à sa sortye du château les mêmes hon-
neurs militaires qu'a son entrée.
Pendant le diner cinquante jeunes filles de la ville habillées en blanc,
avec des cocardes de Rubans noirs et blancs, armées chacune d'un Pistolet
vinrent se ranger en bataille en face du palais, et Saluèrent S. A. Sme de
leur mousqueterie.
Pendant le séjour de son A. S1110 a Bouillon l'Intérieur de son palais à
été gardé par ses gardes du corps, la porte de la seconde cour par un
détachement des gardes ordres du duchez, le grand Escalier de la première
cour par le détachement de cinquante hommes du régiment de Bouillon,
et le corps de garde qui est en face du palais par un détachement de vingt
cinq hommes tiré des compagnies de la milice Bourgeoise habillés en
uniforme leurs officiers a leurs têtes.
Son A. Sme depuis son arrivée à toujours tenu une table de soixante
couverts.
Le sept S. A. Sme précédée des olficiers de sa maison environnée de ses
gardes du corps et accompagnée de toute sa cour, fut entendre la messe
dans L'Eglise des Channoinesses du S'-Sepulchre, S. A. Sme se plaça sur
un prié dieu couvert d'un tapis de Velours environnée de ses gardes, pen-
dant la messe qui fut servie par les pages de S. A. Sme on chanta le Tedeum
en musique avec lantienne domine Salvum fac Ducem, et on recita loraison
— 273 -
ordinaire, la messe elant finie, le célébrant vint faire baiser le corporal a
S. A. Sme.
Le dix, Jour de Sl-Laurent, S. A. Sme s'en fut dans le même cortège
entendre la messe cbez les pères Augustins, le prieur du couvent a la tête
de ses relligieux vint recevoir Son A. Sme processionnellement à la porte
de L'Eglise et après luy avoir présenté L'Eaue benitte et L'Encens, il la
conduisit au prie dieu qu'il luy avoit fait préparer, ensuitte il Entonna le
Tedeum. La messe fut célébrée avec les mêmes cérémonies qu'aux relli-
gieuses, et S. A. reconduite après la messe processionnellenl, Jusqu'à la
porte de L'Eglise ou le prieur luy présenta L'Eaue Bénite.
DE
L'IMPORTANCE DES DIVERSES LOCALITÉS
DU
PAYS DE LUXEMBOURG
EN 1701.
J'ai publié dans le dernier fascicule de nos Annales le travail de Leistcn-
schneider sur le cadastre du pays de Luxembourg en 1793 et 1794.
Ce travail fixe d'une manière authentique la situation des diverses parties
du pays de Luxembourg avant l'annexion française.
Il donne la liste alphabétique des villes, villages, hameaux, châteaux et
fermes de cette région, le nombre des laboureurs et des maisons qui se
trouvent dans chaque endroit, ainsi que les noms des offices et seigneuries
dont ils ressortissent, avec désignation des quartiers de leur situation.
Comme complément de ce travail, je vais reproduire un document qui
repose en original dans les archives du Grand-Duché de Luxembourg.
C'est une répartition, à titre d'ayde, d'une somme de 123864 florins
entre les différentes localités du pays luxembourgeois, répartition qui per-
met d'établir l'importance relative de ces dernières au point de vue de la
prospérité et de la richesse publique.
Ce document, qui est daté du 23 décembre 1701, est très-intéressant;
le pays de Luxembourg est dit renfermer 15 villes , savoir : 1) Luxembourg,
2) Grevenmachery 3) Echternach, 4) Arlon, 5) St-Vith, G) Dickirch,
7) Vianden, 8) Neuerbourg, 9) Bidbourg, 10) Baslogne, 11) Marche,
12) Durbuy, 13) La Roche, 14) Virton, 15) Chiny.
Ensuite deux bourgs: Esch-s-1'Alz. et Willz.
5 franchises: 1) Remich, 2) Waxweiler, 3) Doudeldorf, 4) llouiïalize,
5) Neufchâteau.
2 cours : celles de Remich et de Thommen.
21
- 278 -
2 mairies : celles de Bastogne el de Marche.
La juslicerie de Grcvenmacher. v
La marckvogley de Diekirch.
Les terres de St-Vith et de Neufcliâleau.
Puis 5 comtés à savoir ceux de 1) Roussy, 2) Wiltz, 3) Yianden, 4) llo-
chefort, 5) Montaigue.
Une baronnie: celle de Jamoigne.
On cite aussi le ban de Musson.
Les prévôtés sont au nombre de 13. 1) Luxembourg, 2) Echternach,
3) Arlon, 4) Bidbourg, 5) Bastogne, 6) Marche, 7) Durbuy, 8) Laroche,
9) Virton, 10) St-Mard, 11) Chiny, 12) Etalle, 13) Orchimont.
Le nombre des forges est de 19. 1) Dommeldange, 2) Ansembourg,
3) Bérich, 4) la Sauvage, 5) Berschiué, G) Dieupart, 7) St-Oude, 8) Es-
pioux, 9) 10) la Trapperie et Boulogne, 11) Chamisot à Mely, 11) Chas-
telet, 12) La Soye, 13) la l'orge de la marquise de Ragy, 14) Busno,
15) Grandvoir, 16) Biourge, 17) du las, 18) Rumelange, 19) Mchr et
Bettenfeld.
Les seigneuries énumérées sont au nombre de 133 non compris les vil-
lages dépendant ci-devant de la terre d'Agimont et deux censés, celles de
Hassonville et de Verley.
« Les députés des trois Estats du pays duché de Luxembourg et comté de
Chiny, procédant ensuite de la commission qu'ils ont des dits Estats, conformé-
ment à leur accord et résolution du 2 novembre dernier et de l'acte d'accepta-
tion du 22e du dit mois, ils ont reparti sur la province la somme de 123,814 fi. à
compte de l'ayde accordée parie dit départ pour l'année prochaine, payable
en monnaye rehaussée au prix exprimé par le placcart du roy du 6 octobre
dernier et interprétation postérieure de S. M. du 7 novembre aussi dernier es
mains du sieur Théodore Neunheuser conseiller et receveur général des aydes
de la dite province endéans un mois après la réception des ordres de son
Excellence Monsieur le comte d'Autel, gouverneur et capitaine général d'icelle
province, faisant à remarquer que les lieux qui ne sont compris en la pré-
sente, quoyque tauxés conjointement, se trouvent dans une liste à part pour
partie de l'excressence, octroyée par le môme accord et acte d'acceptation,
jusqu'à la somme de 10845 fi. pour être levée en déans pareil terme et pa-
reilles monnayes après les ordres de sa dite excellence par le sieur Henri
François Neunheuser receveur de la dite excressence et de suite être em-
ployée aux nécessités des dits Estats sur les ordres de leurs députés ordi-
naires et les Ecclésiastiques payeront en même temps au dit Sieur conseiller
— 279
et receveur général de l'ayde la somme de 6000 florins à compte de la somme
dont Testât ecclésiastique s'est volontairement chargé par le dit départ.
1 . La ville de Luxembourg est taxée à la somme . . 3375 fl.
2. Le prevosté de Luxembourg est modérée à la somme
de 7235 fl. en considération que la mairie deLintgen
ne paiera pour cette fois que la moitié de la portée
ordinaire, à cause du camp qu'elle a souffert, et le
nommé Jean Roden habitant de Strasscn lequel a eu
sa maison brûlée cette année, sera encore exempt
pour cette fois et que les villages de Clemency, Bergem
et autres qui ont perdu leurs bêtes par maladie seront
modérément tauxés par les officiers de la dite pre-
vosté 723511.
3. Peter Bevingen, seigneur gager de Steinbrùck est taxé
à la somme de ....
4. Le bourg d'Eseh est tauxée à .
5. La seigneurie de Putlange à
6. La seigneurie de Frisange à . . .
7. La seigneurie de Trintingen à
8. La seigneurie de Heisdorff à .
9. La seigneurie de Munster à
10. La seigneurie de Mont St-Jean à
1 1 . La seigneurie de Soleuvre à
12. La seigneurie de Bertrange à .
13. La seigneurie à'Ansembourg à
14. La seigneurie de Schœnfels à .
15. La seigneurie de Mersch est modérée à la somme de
1293f 15s- en considération que les villages de Fen-
tingen et àHAlzingen seront diminués d'un quart de
leur portée ordre pour cette fois à cause des campe-
ments qu'il y a eus 1293 15
1G. La seigneurie de Post et Schadeck . . . 101 5
47. La seigneurie de Pittange à . . . . .945
18. La seigneurie de Fischbach à 202 10
19. La seigneurie de Linster à ..... 500 5
non compris Johannes Mayer de Gonderingen qui a
eu sa maison brûlée.
20. La seigneurie de Heffingen à . . . . . 151 17 1/2
21. La seigneurie de Larochette est modérée à la somme
de!001f5s. en considération que les villages de Schiren
711
. 2s.6d.
337
10
585
135
168
15
915
1012
10
075
2193
15
303
15
168
15
101
5
- 280 -
haute et basse, seront diminués du quart de leur
portée ordinaire pour cette fois ....
22. La seigneurie de Heringen à
23. La seigneurie de Beaufort à .... .
24. La seigneurie de Berbourg est modérée à la somme de
considéré que le village de Wasserbillig sera diminué
du quart de sa portée ordinaire.
25. La seigneurie de Herbem et Montpach à
26. La seigneurie de Hesperange à .
27. La seigneurie de Rodemachern à
28. La seigneurie de Russi à .
29. Le comté de Russi à.
30. La seigneurie de Preisch à
31. La ville de Grevenmacher à
32. La justicerie de Grevenmache)
33. La seigneurie d'Igel est modérée à 483 f. 15 en con-
sidération que Lauers Peter et Peter Theis du village
de Givenig qui ont leurs maisons brûlées seront
exempts de leur contingent
34. La seigneurie de Vinkrange à
35. La seigneurie de Wiltingen et Cantzem à
36. La seigneurie d'Useldange à
37. La seigneurie d'Everlange à
38. La seigneurie de Hollenfeltz à
39. La seigneurie de Kœrich à.
40. La seigneurie de Meysenïbourg
41 . La ville à'Echternach à .
42. La prevosté à'Echternach à
43. La seigneurie de Rosport à
44. La franchise de Remich à .
45. La cour de Remich est modérée à la somme de
en considération que le village de Vintringen sera
diminué de la moitié de la tauxe ordinaire, le village
de Swipsingen pour le quart, et autres qui ont aussi
souffert par la gresle en leurs vignobles et grains,
seront aussi modérément tauxés à proportion, à l'es-
timation des officiers et gens sermentés pour cette
fois.
46. La seigneurie de Mandern à 135
47. Id. de Stadtbredimus à . . . .135
1001 5
168 15
1046 5
1417 10
219 17 1/2
450
1350
337 10
1035
90
371 5
2025
483 15
337 10
337 10
1350
405
472 10
607 10
675
540
1620
607
438 15
2002 10
— 281 —
978
15
33
15
472
10
337
10
675
1012
10
508
5
3858
15
48. Id. de Waldbredimus à . . . . H8 2 6 d.
49. La ville à'Arlon à 9H 5
50. La prevosté ^ Avion à 72 î6 5
51 La seigneurie de Thyaumont est modérée à la somme
de 978 f. 15 s. considéré que le nommé Henry le
Meyer et Jean Tafler de Habrisard lesquels ont eu
leurs maisons brûlées ne contribueront que pour la
moitié de leur taxe ordinaire pour cette fois
52. La seigneurie de Chastelet à
53. Id. de Bologne à .
54. Id. de Vance à
55. Id. de Girsch à
56. Id. de Septfontaines à
57. La ville de St-Vith est à .
58. La terre de St-Vith a été modérée à la somme de
en considération que le village d'Hammd qui a souf-
fert le camp ne portera que la moitié de sa quote
ordinaire pour cette fois, et les autres villages aux
environs qui ontj souffert par les cantonnements se-
ront tauxés modérément à proportion par les officiers
et gens sermentés 3858 15
59. La cour de Thommen a été pareillement modérée à la
somme de 1080 fi. en considération que les villages
de Thommen et Grevelingen qui ont souffert le camp
seront exempts pour cette fois. Le village de Espeler
sera modéré pour un tiers de sa portée, à cause des
dommages soufferts par l'orage en ses grains et autres
villages qui ont souffert par le campement et passage
des troupes, seront modérément tauxés par les_ offi-
ciers et gens sermentés 1080
60. La seigneurie de Reuland a été pareillement mo-
dérée à 973 2 6
en considération que les villages de Holler, Binsfeld,
Breideweiler et Liller seront diminuésjd'un quart de
leur portée ordinaire.
61. La seigneurie d'Ouren pareillement modérée à . . 315
en considération que les villages qui ont souffert sur la
route par les campements seront modérément tauxés
par les officiers et gens sermentés, savoir que Huper-
dangeetHennescheid ne payeront que la moitié de leur
- 282 -
62.
63.
61.
65.
66.
67.
68.
69.
70.
71.
72.
73.
74.
75.
76.
77.
78.
79.
80.
81,
82.
83,
portée ordinaire et Calborn et Leller seront considérés
pour un quart.
La seigneurie de Clervaux" pareillement modérée en
considération du campement à Fischbag et Urspelt
lesquels ne payeront que la moitié de leur portée or-
dinaire, et des logements et cantonnements aux vil-
lages de Hosingen, Muntzhausen, Marnach, Grindt-
hausen, Reuller, Dorscheid, et Neudthausen lesquels
seront considérés pour un quart de leur portée et
payera la dite terre de Clervaux la somme de .
Le bourg de Wiltz avec les censés et moulins y an-
nexés, est tauxé séparément par résolution de l'état
à la somme de
Le comté de Wiltz, non compris le bourg à
La seigneurie de Bous à .
La ville de Diekirch à .....
La marvogtey de Diekirch est modérée à la somme de
en considération que les villages d'Ettelbrùck et
d'Erpddange ne paieront que la moitié de leur portée
ordinaire et les villages d'Engeldorf, Berich, Grin-
dingen et Warken seront aussi modérément tauxés
La seigneurie d'Erpeldange est tauxée à .
Id. de Bourscheid est modérée à
en considération des villages de Hoscheid et de
Warken qui ne paieront que la moitié de leur portée
ordinaire pour cette fois.
La seigneurie de Moesdorf est tauxée à
La seigneurie de Stoltzembcurg à
Id. de Scliùtbourg à
La ville de Yianden à
Le comté de Vianden h .
La seigneurie de Brandebourg à
La ville de Neurbourg à .
La franchise de Waxweiler
La franchise de Doudeletordorf (sic) à
La ville de Bidbourg à
La prévosté de Bidbourg à
La seigneurie de Bidbourg à
La seigneurie de Bùckendorf à
Id, de Lisen et Wolfeld à
1507 10
337 10
1181 5
202 10
270
1676 5
. 1670
5
33
15
. 826
e
17
e
8'6
17
. 270
50
12 (
16
17
. 675
. 3375
. 405
. 405
. 135
. 337
10
405
. 1012
10
. 1350
. 101
5
. 219
7 1/2
— 283 —
85.
86.
87.
88.
89.
90.
91.
92.
93.
94.
95.
96.
97.
98.
99.
100.
101.
102.
103.
104.
105.
106.
407.
108.
1C9.
110.
III,
112.
113.
114.
115.
116.
117.
118.
119.
120.
Id. d'Oberweiler à *
Id. deKailh.
Id. de Falquenstein à
Id. de Trimporten à
Id . de Brouch à
Id. de Sinsfeld à .
Id. de Malberg à .
Id. de Scharfbillig à
Id. de Densbom et Dhommen à
Id. de Mohr- et Bettenfeldt à
La ville de Bastogne à
La prevosté de Bastogne à
La mairie de Bastogne à . . .
La seigneurie de Varden à
Id. de Tillet et Amberlox à
Id. de Magery à
Id. deHoffelt à
Id. d'Asnois et Strinchamps à
Id. d'IIascheville à.
Id. de La Valle à .
Id. deBolléh.
Id. à'Arloncourt à .
Le comté de Roche fort à .
La ville de Marche à.
La mairie de Marche à
La prevosté de Marche à .
La seigneurie de A/j/e à .
Le censier d' Hassonville à.
La seigneurie de /toy à .
Id. de Hargimont à
Id. d'Harzin à
Id. de Bande à
Id. de Va/ia et Charneux à
La seigneurie de Humain à
La seigneurie de Sennen à
Le comté de Montagu est modéré à la somme de f . 630
en considération que la mairie de Hotton qui a souffert
le camp paiera en cette somme seulement la moitié
de leur portée ordinaire pour cette fois . • .
La ville de Durbuy est tauxée à • • • •
84
7 1/2
168
15
84
7 1/2
50
12
742
10
270
337
10
506
5
337
10
405
675
5400
371
5
348
15
135
262
10
371
5
371
5
168
15
168
15
320
12 1/2
101
5
270
742
10
573
15
337
10
151
17
11
5
95
12 6 d
42
3 9 d
33
15
151
17 6 d
151
19 6 d
67
10
16
17 6 d
630
202 10
— 584
123.
Id.
124.
Id.
125.
Id.
126.
Id.
127.
Id.
128.
Id.
121. La prévosté de Durbuy a été modérée à la somme de
4466f 5 en considération que les habitans du village
de Barvaux lesquels ont eu leurs maisons brûlées au
nombre de 18 seront encore exempts pour cette fois à
122. La seigneurie de My à
de Ville à
de Vervos à . . .
de Ramélot à .
àïOchain à
de Soy à .
de Aywaille est modérée à
à raison du campement au dit Aywaille .
129. La seigneurie de Montjardin à .
130. Id. de Harzé est modérée à .
en considération du camp d' Aywaille
131. La franchise de Houffalize à
132. La seigneurie de Rachamps à .
133. Id. de Tavigny à .
134. Id. de Mabompré à.
135. La ville de la Roche à
136. La prévosté de la Roche .
137. La ville de Verton .
138. La prévosté de Verto7i
139. La seigneurie de Harnoncour .
140. Id. de Villers la loup à
141. ' ld. de La tour à
142. Id. de Montquintin à
143. La censé de Verly à.
144. La prévosté de St-Mard non compris le ban de Musson
ensuite de la résolution de l'Estat et des dénombre-
ments des feux et considéré que les habitants du village
de Villone qui ont eu leurs chevaux exécutés pour
représailles ne paieront encore pour cette fois que la
moitié de leur portée ord.
445. Le ban de Musson tauxée séparément par résolution de
l'Estat, conformément aux dénombrements des feux
consistant ez villages de Musson, Jodancour, Villan-
cour, d' Uzemon, et Baransy paiera ....
146. La seigneurie de Basaille a été modérée en consu.é-
ration de ceux qui ont eu leurs chevaux exécutés
4466
5
67
10
42
3
67
10
101
5
371
5
337
10
483
15
80
12
360
303
15
202
10
472
10
101
5
405
2700
540
1350
168
15
135
438
15
270
11
5
1485
742 10
— 285 —
pour représailles qui ne porteront que la moitié de
leur tauxe ordinaire pour cette fois, à
147. La seigneurie de Ruette est tauxée à .
148. Id. de Sinu St-Remy à .
149. La ville de Chiny à .
150. La prévosté de Chiny à .
151. La baronie deJamoigne à.
152. La seigneurie de Ste-Marie à .
153. Id. de Villers-devant-Orval à
154. Id. de Porcher esse à
155. Id. de Limes h
156. Id. de Villemont à .
157. La prévosté d'Estaille à .
158. La seigneurie de Nantîrûont à
159. La franchise de Neufchâteau à .
160. La terre de Neufchâteau à.
161. La seigneurie du Chaîne .
162. Id. de Vitry à
163. Id. de Herbemont à
164. Id. d'Ochamps à
165. La prévosté d'Orchimont à
bien entendu que les villages du petit fays et mon
ceau seront modérés pour le quart de leur portée or-
dinaire à cause de la grêle.
166. La seigneurie de Rienne à
167. Id. de Villerey à .
168. Id. de Railliamont à
169. Id. deRohanh
170. Id. de Cons la Grandville à
171. Id. de Membre h .
172. La seigneurie de Louettz St-Deny a été modérée en
considération que la gresle a ruiné leurs grains, à
173. La seigneurie de Louette St-Pierre pour pareille con
sidération à
174. La seigneurie de Bièvre pour pareille considération
175. Id. de Bellefontaine pour pareille consi
dération à ...... .
176. La seigneurie de Neumesnil à . . .
177. Id. de Naomé à
178. Id. de Mirwarà à. •
78
15
20-2
10
168
15
303
15
1518
15
500
5
168
15
168
15
l s:,
12
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10
978
15
1012
K»
.)
8
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5
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7
337
10
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15
303
15
1485
101
5
84
7
438
15
270
270
118
2
191
446 5
191 5
67 10
151 17
6
75 18
9
2700
22
— 286 —
179. Id. de Focan à
180. Id. de Sohier à
181. Id. du ban cCEsclassin à
182. Id. d'Esclave à
183. Id. de Beaurain à .
184. Id. de Han sur L'Esse à
185. Id. de Daver disse à
Forges
1. La forge de Dummeldange à
2. Id. d'Ansembourg à
3. Id. de Berich à
4. Id. de La Sauvage a.
5. Id. de Bershiué h
6. Id. de Dieupart à
7. La forge de Ste-Oude ù
8. La forge d'Espioux à M . de Chastelet à
9. La forge de la Trapperie et Boulogne à
10. La forge de Chamisot à Mely à .
H. La forge de Chastelet à . . .
12. La forge de la Soy à.
13. Les forges de Madame la marquise de Ragy
14. La forge de Bus no h M. de Sl-Oude à
15. La forge de Grandvoir à .
16. La forge de Biourge à
17. La forge du Fas à . . . .
18. La forge de Rumelange à .
19. L'admodiateur de Mehr et Bettenfeld pour sa part à la
forge 38
Les villages cy devant de la terre d'Agimont, pour que le provenu soit
employé au payement des frais restant pour la conférence de Lille assignés
sur les dits villages et seigneuries.
1. La seigneurie de Vienne et Dionlemont tauxée à.
2. La seigneurie de Ferrange à
50
12
101
5
185
12
6
101
5
371
5
236
5
101
5
75
18
9
135
118
26
75
18
9
84
7
6
33
15
135
101
5
194
1
3
84
7
6
135
135
540
84
7
0
59
1
3
38
38
38
3.
Id.
de Boursinne la vieille à
4.
Id.
de Boursinne la neuve à
5.
Id.
de Mesnil Sl-Blaise à
6.
Id.
de Finnevaux à
7.
Id.
de Feschau à .
8.
Id.
de Vouche à
9.
Id.
de Saunenneh .
180
45
90
112
180
112
180
90
67
10
10
10
- 287 —
Fait à Luxembourg, le 23 décembre 1701 (signé) Nicetius abbé de St-Maxi-
min. — F. Benoist abbé d'Echternach. — Le comte de Lannoy — d'Ouren
de Zievel — Neunheuser — D. Notomb. - P. Coutelier.
Que de grands changements se sont produits dans cet antique pays de
Luxembourg !
En 1G59, le traité de Thionville commence l'œuvre de morcellement.
Thionville, qui donna son nom à ce traité, est arraché au Luxembourg et
devient cité française pour être, en 1871, transformé en ville allemande !
Puis vient la grande révolution qui inaugure la théorie de la guerre pour
une idée que César devait formuler à son tour.
L'idée de Napoléon III ne coûta à l'Italie que Nice et la Savoie ; l'idée
de 1795 nous valut une absorption complète. Nous restâmes annexés jus-
qu'en 1815, époque à laquelle la Prusse, dont l'appétit s'ouvrait seulement,
après s'être taillé quelques bonnes lanières dans notre pauvre cuir, con-
sentit à l'érection du Luxembourg en Grand Duché au profit de Guillaume
de Hollande, lequel dut pourtant abandonner a son tour quatre petites
principautés patrimoniales qu'il possédait en Allemagne.
N'est-ce pas h croire que l'histoire se fait autant par d'honnêtes trafi-
quants que par les amateurs du bien d'autrui.
Nous voilà donc gouvernés par les Hollandais comme province du
royaume du Pays-Bas : cela dura jusqu'en 1830, année où les Belges se
substituèrent a leurs anciens concitoyens du Nord, sauf pour la forteresse
de Luxembourg et son rayon, gardés d'un œil jaloux par les armées de la
confédération germanique.
Arrive le traité de 1839 et le drapeau rouge, jaune et noir est contraint
de se retirer devant la décision de l'Europe qui coupe le Luxembourg en
deux tronçons, dont l'un va à la Belgique et l'autre reste au roi de Hol-
lande à titre de Grand-Duché personnel.
Jusques à quand donc ... ? mais trêve de réllexions archéologiques.
Et quels changements aussi dans l'importance proportionnelle des parties
constitutives du pays ?
La, des bourgs assez considérables ont cessé de croître ; leur population
s'est arrêtée et a diminué petit à petit ; ici, des forges bruyantes qui ré-
pandaient autour d'elles la vie, l'activité, l'aisance, ces forges se sont
éteintes ; leurs bocards sont muets; le lierre et les mousses masquent
seuls leurs larges crevasses et, dans les halles de coulée, aux loils effon-
drés, le silence froid et glacial remplace les chaudes et fauves lumières de
la fonte en fusion.
— 288 -
Les chemins qui amenaient a l'usine les grandes bannes h charbon de
bois et les lourds chariots de minerai d'alluvion, ces chemins disparaissent
lentement sous l'envahissement de l'herbe et des plantains tenaces.
En revanche, des hameaux presqu'ignorés se sont rapidement développés
et les cheminées des Hauts fourneaux monstres élèvent sur d'autres points
de la contrée leurs panaches blancs.
La vie qui s'est retirée d'ailleurs s'est transportée là, près de ces usines
colossales qui engloutissent chaque jour des trains entiers de minerai et
de coke transportés sur ces voies ferrées qui ont livré à la solitude les
belles et larges routes royales sillonnées jadis par les lourdes diligences
et par les pesantes voitures de roulage.
Puis viendra quelque nouvelle découverte qui modifiera encore une fois
les conditions de l'industrie et détournera le courant de vie active.
Et de nouveaux bourgs s'endormiront peu à peu en se rapetissant comme
des vieillards desséchés et oubliés ; et d'autres hameaux grandiront et se-
ront fiers de leur force et de leur jeunesse qu'ils croiront ne jamais devoir
finir.
Et des Hauts-Fourneaux monstres se verront enveloppés d'ombre et de
silence, tout comme les petits fourneaux do nos pères ; et leurs gueulards
ne recevront plus leur pâture quotidienne a côté de leurs cheminées élan-
cées que ne couronnera plus l'orgueilleux panache.
Éternel mouvement d'élévation et d'abaissement, de jeunesse et de décré-
pitude, de vie et de mort ; renouvellement incessart de toutes choses;
évolution jamais interrompue qui compense la mélancolique ruine d'hier
par le triomphant monument d'aujourd'hui.
Arlon, mai 4879.
Emile TANDEL.
VARIA.
LE POÊLE DE LA JUSTICE DE PAIX D'ÉTALLE.
J'avais remarqué dans le local de la justice de paix d'Étalle un poêle
d'un dessin fort curieux et ancien. J'ai demandé à ce sujet des renseigne-
ments a M. le Commissaire-voyer du canton d'Étalle, qui a eu l'extrême
obligeance de m'en fournir ainsi que le dessin qui est reproduit à la fin
du fascicule.
Ce vieux fourneau a été fondu en 1749 à l'abbaye d'Orval et acheté il va
une trentaine d'années par M. J.-N. François, de Lenclos, pour la com-
mune d'Étalle, à la vente de Mrs Fineuse, de Chêne, commune deJuseret.
J'ai cru qu'il n'était pas sans intérêt de conserver ce spécimen d'une fabri-
cation qui a pour ainsi dire disparu de notre province et qui avait adopté
des formes qui n'étaient certes pas sans valeur.
Arlon,
février, 1879.
Emile TANDEL.
SUBSTRUCTION ROMAINE A ARLON,
au lieu dit Sandkaul.
Dans le courant du mois de mai 1879, des ouvriers, en creusant les
fondations d'une maison en construction vis-à-vis la station du chemin de
fer a Arlon, dans un terrain vendu par M. Hollenfeltz, Bourgmestre de la
ville, à M. Apelman, cafetier, ont mis à nu les restes d'une maçonnerie de
deux mètres environ de longueur sur une épaisseur de 0m,80.
Cette maçonnerie est composée de briques carrées, plates, parfaitement
conservées et reliées a l'aide du ciment bien connu des Romains.
Elle s'étend sous un terrain couvert d'arbres assez vieux.
Il n'a pas été possible de déterminer à quel usage elle a servi.
Des spécimens de ces briques ont été déposés dans les collections de
l'Institut.
Ém. T.
TABLE DES MATIÈRES.
Assemblée générale du 16 décembre 1878 2
Am. de Leuze. Histoire de Laroche 5
H. Goffinet. Les comtes de Chiny (suite, v. T. VIII, p. 255,
T. IX, p. 31 et 299 et T. X. p. 209) 100
Deux documents se rapportant à l'histoire du duché de Bouillon. 253
Emile Tandel. Le l'importance des diverses localités du pays de
Luxembourg en 1701 277
Id. Varia 293
e-^T^cèKîKjyfcsythsy-D^
: 10
.
DH
801
L9I5
1. 11
Institut archéologique du
Luxembourg, Arlon, Bel '
Annales
PLEASE DO NOT REMOVE
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