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Full text of "Annales"

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INSTITUT  ARCHÉOLOGIQUE 


DU 


LUXEMBOURG. 


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ANNALES. 


25e  FASCICULE. 


ARLON. 

TYPOGRAPHIE   ET   LITHOGRAPHIE   DE   P. -A.  BRÙCK. 

1879. 


DU 


ASSEMBLEE  GÉNÉRALE 

DU  16  DÉCEMBRE  1878. 


Présidence  de  M.  HOURT. 

Membres  présents  :  MM.  Leclekc,  Maus,  inspecteur  cantonal,  Besseling, 
Goffinet,  Loes,  Bartii,  Julien,  Henckels,  Dasnoy,  Van  de  Wyngaert, 
Houry  et  Tandel. 

MM.  Pety  de  Thozée,  père  et  iils,  Clément  Maus,  Bouvrie,  Jeanty  et 
Burlon  se  sont  fait  excuser. 

L'assemblée  arrête  les  comptes  de  la  Société. 

Elle  nomme  M.  Tandel,  secrétaire,  en  remplacement  de  M.  Dupont,  qui 
a  quitté  la  province  ;  M.  Tandel  remplira  ainsi  les  fonctions  de  secrétaire- 
trésorier. 

Elle  choisit,  comme  membre  effectif,  M.  le  docteur  Lambert,  conseiller 
provincial  à  Bouillon  ;  comme  membres  correspondants,  MM.  Dupont, 
professeur  à  Gand  et  Pety  de  Thozée,  commissaire  d'arrondissement  a 
Charleroi,  qui  ont  quitté  la  province  ;  Van  Werveké,  professeur  à  l'athénée 
de  Luxembourg  ;  comte  0.  de  Gourjaull,  à  Mézières  (Ardennes)  ;  Kelner, 
inspecteur  cantonal  de  l'enseignement  primaire  à  Bellefonlaine  et  M.  L.  Van 
Hollebeke,  sous-chef  de  section  aux  archives  du  royaume. 

Elle  prend  acte  de  l'engagement  de  M.  l'architecte  Van  de  Wyngaert  de 
livrer  pour  le  commencement  d'avril  prochain  le  projet  d'appropriation  d'un 
local  pour  le  Musée  archéologique. 

Elle  émet  le  vœu  de  voir  le  Gouvernement  rapporter  ou  adoucir  certaines 
des  dispositions  de  l'arrêté  organique  des  archives  de  l'État  du  28  février 
1878,  dispositions  qui  rendent  l'étude  des  documents  les  plus  importants 
presqu'impossible. 

Elle  décide  que  les  travaux  des  instituteurs  sur  les  communes  de  la 
province  seront  révisés  et  complétés  et  que,  chaque  année,  la  description 
d'un  arrondissement  pourra  être  publiée. 


_     4     — 

i  travail  de  revision  est  confié  à  MM.  Goffinet,Tandel,  Julien  et  Barth, 
(jiii  acceptent  de  faire  dans  ce  but  la  révision  des  arrondissements  d'Arlon- 
Virlon. 

Une  nouvelle  circulaire  sera  adressée  aux  instituteurs,  aux  bourgmestres 
et  aux  eurés  afin  de  les  prier  de  communiquer  à  l'Institut  les  renseigne- 
ments et  documents  complémentaires  qu'ils  pourraient  posséder  sur  les 
communes  «lu  Luxembourg. 

Elle  prie  tous  ses  membres  de  provoquer  des  abonnements  aux  annales 
de  l'Institut  afin  «l'intéresser  aux  travaux  de  la  Société  un  plus  grand 
nombre  de  personnes  tout  en  augmentant  les  ressources  de  son  budget. 

Elle  prend  en  considération  une  proposition  de  M.  Goffinet  tendante  ace 
que,  dès  que  les  publications  le  permettront,  les  fascicules  à  venir  portent 
le  nom  de  2°  série. 

Le  Président, 
/.»'  Srcréluirr,  HOURT. 

Emile  TANDEL. 


HISTOIRE  DE  LAROCHE 


PAR 


Am.  de  Leuze, 


DOCTEUR  EN  THEOLOGIE,    CURE   DE  SCY   ET  MEMBRE  CORRESPONDANT 
DE  L'INSTITUT   ARCHÉOLOGIQUE    D'ARLON. 


PRÉFACE. 


L'histoire  est  la  science  des  faits  ;  or  les  faits  n'entrent  pas  dans  le 
domaine  de  l'imagination  ;  et  pour  les  connaître,  il  faut  recourir  aux 
écrivains  de  l'époque  où  ils  se  soDt  produits,  consulter  les  auteurs  qui  en 
ont  parlé.  Telle  est  la  marche  que  j'ai  suivie.  Je  m'en  suis  rapporté  aux 
historiens  qui  ont  parlé  de  Laroche  et  de  son  comté  ;  j'ai  réuni  ce  qu'ils 
en  ont  dit  en  un  seul  tout  que  j'offre  a  mes  compatriotes  dans  ce  petit 
aperçu  historique.  Puisse-t-il  leur  être  agréable.  Toutefois,  je  ne  prétends 
pas  avoir  fait  une  œuvre  parfaite  ;  c'est  une  esquisse  et  je  laisse  à  ceux 
qui  en  auront  le  loisir,  le  soin  d'achever  ce  qui  est  commencé. 

Celte  histoire  comprendra  trois  parties.  La  première  est  la  partie  histo- 
rique. Elle  embrasse  l'ensemble  des  faits  qui  se  sont  liasses  sous  nos 
vieilles  roches  l'espace  de  dix-huit  siècles,  et  se  divise  en  quatre  périodes. 
La  première  comprend  les  origines  du  cliâ«eau  et  du  comté,  et  s'étend 
jusqu'à  leur  réunion  au  comté  de  Namur.  La  seconde  comprend  le  temps 
qui  s'est  écoulé  depuis  cette  réunion  jusqu'à  la  paix  de  Dinant.  La  troi- 
sième s'étend  depuis  la  paix  de  Dinant  jusqu'à  Philippe  le  Bon,  et  la  qua- 
trième, de  Philippe  le  Bon  jusqu'à  la  révolution  française. 

A  partir  de  Henri,  dit  l'Aveugle,  dans  la  seconde  période,  le  comté 
devint  plutôt  nominal  que  réel.  N'ayant  plus  eu  de  comtes  particuliers, 
son  histoire  se  confond  nécessairement,  depuis  cette  époque,  avec  l'histoire 
du  comté  de  Namur  d'abord  et  du  comté  de  Luxembourg  ensuite.  Dans 
cet  aperçu  historique,  je  me  restreindrai,  autant  que  possible,  aux  événe- 
ments qui  concernent  Laroche  et  son  comté. 

La  seconde  partie  est  la  partie  politique.  Elle  traite  de  l'administration  du 
comté  et  de  ses  coutumes,  des  privilèges  de  la  bourgeoisie  et  de  ses  obli- 
gations, du  personnel  du  comté  et  de  tout  ce  qui  s'y  rattache. 

La  troisième  partie  est  un  appendice  contenant  les  pièces  justificatives 
qui  ont  servi  de  base  à  mon  histoire. 

Je  commencerai  par  dire  un  mot  de  la  ville  actuelle  et  de  son  château. 


HISTOIRE  DE  LAROCHE. 


CHAPITRE  PRÉLIMINAIRE. 


LAROtHK     ET     SON    CHATEAU. 


Laroche  est  une  petite  ville  bien  connue  des  nombreux  touristes  qui 
visitent  chaque  année  le  Luxembourg  belge.  Située  a  4  lieues  à  l'Est  de 
Marche,  sur  les  bords  de  l'Ourthe,  elle  se  cache  au  fond  d'une  vallée  pitto- 
resque creusée  par  les  eaux  rapides  de  la  rivière.  Sur  les  flancs  escarpés 
des  montagnes  qui  l'entourent,  on  aperçoit  les  roches  anciennes  du  terrain 
ardennais,  au  milieu  desquels  les  eaux  ont  dû  se  frayer  un  passage. 

Les  plateaux  environnants,  a  une  altitude  de  400  à  500  mètres,  sont 
couronnés  de  forêts  épaisses  où  abonde  le  gibier.  Ce  sont  des  restes  de 
l'antique  Silva  arduenna  où  vivaient  au  temps  de  César  les  vaillantes  peu- 
plades (Pœmani,  Eburones,  Condrusi...)  que  le  conquérant  romain  eut 
tant  de  peine  a  soumettre  (1). 

La  ville  actuelle  est  bâtie  le  long  de  la  rivière  dont  les  eaux  limpides, 
riches  en  poissons  les  plus  recherchés,  forment  une  large  ceinture  autour 
de  ses  blanches  habitations.  Les  deux  rives  sont  reliées  par  un  pont  sus- 
pendu, l'un  des  premiers  et  des  plus  élégants  que  l'on  ait  admirés  en 
Belgique.  De  riants  jardins  adossés  à  la  montagne,  y  dessinent  des  étages 
de  verdure  aussi  gracieux  que  variés.  Au  fond  de  la  vallée  du  côté  du 
Nord,  se  trouve  l'église  avec  sa  tour  remarquable  Un  hôtel  de  ville,  con- 
struit dans  la  première  moitié  de  ce  siècle,  les  bâtiments  tout  modernes 
d'une  école  de  garçons  et  d'une  école  de  lilles,  un  hospice  pour  les  vieil- 
lards fondé  il  y  a  peu  d'années,  tels  sont  les  principaux  édifices  publics. 

Au-dessus  de  ces  constructions  d'un  âge  récent,  s'élève  la  sombre  masse 

(1)  Ces.  B.  Gall.  II,  4  ;  V,  3  ;  VI,C.29  et  sqq. 


—    10    — 

d'un  rocher  taillé  à  pic,  au  sommet  duquel  se  dressent  les  ruines  impo- 
santes d'un  ancien  château  féodal.  Son  puissant  donjon,  ses  tours  crénelées, 
ses  murs  «pins,  malgré  les  injures  du  temps  qui  en  arrache  chaque  jour 
quelques  débris,  attestent  encore  aujourd'hui  la  splendeur  de  l'ancien  ma- 
noir des  comtes  de  Laroche. 

ID  chemin  Tort  étroit  partant  du  bas  de  la  ville  conduisait  autrefois  à  la 
première  porte  de  ce  château  percée  entre  deux  énormes  tours  qui  lui  ser- 
vaient de  défense.  En  arrivant,  on  se  trouvait  en  présence  d'une  avant-cour 
spacieuse,  entourée  de  murs.  Un  peu  plus  loin,  sur  la  droite,  une  seconde 
porte  donnait  entrée  dans  une  autre  cour  également  entourée  de  murs  et 
dans  laquelle  se  trouvaient  les  écuries  et  d'autres  dépendances  du  château. 
Ces  écuries  furent  renversées  par  un  furieux  ouragan   qui  se  déchaîna  sur 
Laroche  dans  le  commencement  du  xvu*  siècle.  Elles  étaient  contigues  à  un 
donjon  en  pierres  de  taille  assez  grand  et  couvert  d'ardoises.  De  l'avant- 
cour,  on  montait  au  château  proprement  dit  par  une  galerie  en  bois.  A 
lenirée,  du  côté  gauche,  était  un  jardin,  et,  en  face,  le  caralièr,  sur  lequel 
se  dressait  une  tour  carrée  d'origine  romaine,  dont  il  ne  reste  plus  que  la 
base.  Une  seconde  galerie  donnait  sur  la  droite  accès  au  quartier  du  prévôt. 
Dans  ce  quartier,  se  trouvait  une  vaste  salle  d'environ  quatre-vingt-deux 
pieds  de  longueur  sur  quarante  de  largeur.  Au  bout  de  cette  salle,  du  côté 
droit,  était  une  petite  tour  servant  de   chapelle  ;  du  côté  gauche,  s'ouvrait 
une  autre  salle  de  vingt-cinq  pieds  de  longueur  sur  trente-deux  de  largeur. 
De  celte  seconde  salle,  on  descendait  h  la  cuisine  et  à  d'autres  apparte- 
ments qui  formaient  deux  étages  inférieurs.  Les  Français,  sur  la  fin  du 
xvit°  siècle,  firent  démolir  tous  ces  anciens  appartements  pour  construire 
des  souterrains  remarquables  par  l'épaisseur  de  leurs  voûtes  et  qui  sont 
restés  intacts  jusqu'aujourd'hui.  Au-dessus  de  ces  souterrains,  ils  établirent 
des  casernes,  et  dans  la  cour,  en  face  des  casernes,  ils  firent  creuser  une 
citerne  voûtée  qui  existe  encore  et  dont  la  contenance  est  d'environ  quatre 
cents  tonnes. 

Outre  la  porte  d'entrée  actuelle,  il  y  avait  encore  à  la  tour  dite  aux 
Piliers,  une  porte  qui  établissait  communication  avec  le  chemin  de  Laroche 
.1  Villers.  Cette  porte  a  dû  disparaître  par  suite  des  escarpements  faits  de 
ce  côté  sur  la  fin  du  XVIIe  siècle. 

Ces  renseignements  sur  le  château  sont  extraits  d'un  état  du  comté 
dressé,  le  27  janvier  1629,  par  Pierre  Roberty,  conseiller  et  maître  ordi- 
naire de  la  Chambre  des  Comptes  à  Bruxelles  et  par  Jacques  Wynan,  audi- 


-   if   — 

teur  de  cette  même  Chambre.  Ils  sont  aussi  dus  a  un  manuscrit  de  1732, 
dont  l'auteur  est  inconnu,  mais  qui,  selon  toute  probabilité,  n'est  autre 
que  Servais  Dupont,  curé  de  Laroche  à  celte  époque.  Les  relations  si 
détaillées  que  cet  auteur  nous  a  laissées  sur  la  construction  de  la  tour  et 
les  réparations  de  l'église,  ainsi  que  sur  les  différentes  confréries  établies 
à  Laroche,  le  prouvent  suffisamment.  Au  reste,  l'écriture  du  manuscrit 
rapprochée  d'autres  pièces  autographes  du  même  curé  ne  laisse  aucun 
doute  à  cet  égard. 

J'aurai  plus  d'une  fois  l'occasion  de  recourir  à  ce  précieux  document, 
surtout  en  ce  qui  concerne  le  xviie  et  le  xviir3  siècle. 

Laroche  ne  prit  l'aspect  d'une  ville  que  dans  la  première  moitié  du 
xive  siècle,  lorsque  Jean  l'Aveugle  permit  aux  habitants  de  munir  cette 
localité  de  murailles  et  de  portes. 

Les  nombreux  et  insignes  privilèges  qui  furent  accordés  en  cette  occa- 
sion aux  bourgeois  de  Laroche,  attirèrent  en  cette  ville  beaucoup  de 
familles  étrangères.  D'autre  part,  les  bonnes  conditions  de  défense  que 
présentaient  les  fortifications  de  la  place,  amenèrent  un  grand  nombre  de 
seigneurs  à  y  construire  des  maisons  de  refuge  pour  s'y  retirer  en  temps 
de  guerre. 

La  ville  ainsi  agrandie  était  regardée  dès  le  xive  siècle  comme  l'une  des 
plus  riches  et  des  plus  considérables  du  Luxembourg.  Elle  fut  aussi,  et  de 
temps  immémorial,  la  capitale  d'un  comté  très-important  auquel  elle  don- 
nait son  nom,  et  qui  outre  les  villes  de  Laroche,  de  Bastogne  et  de  Marche, 
comprenait  quatre  pairies,  Houfïalize,  Beauraing,  Han-sur-Lesse,  Humain, 
et  un  grand  nombre  de  seigneuries.  Ce  comté  s'étendait  sur  presque  tout 
le  pays  qui  faisait  autrefois  partie  du  quartier  des  Ardennes  et  contenait 
plus  du  tiers  du  duché  de  Luxembourg  (I  ).  Nous  allons  en  retracer  l'histoire. 


(1)  Mémoire  et  advertissement  en  la  cause  de  detïense  contre  le  seigneur  de  Bièvres, 
demandans  la  conté  de  la  Roiche,  en  Ardenne.  17  avril  1533. 


PREMIÈRE     PARTIE. 

PARTIE   HISTORIQUE. 

PREMIÈRE   PÉRIODE. 

Origine  du  château  et  du  comté  de  Laroche. 
On  ne  peut  émettre  le  moindre  doute  que  les  Romains  n'aient  connu  et 
exploré  les  rivages  de  l'Ourthe.  La  villa  d'Amberloup,  la  villa  Lupi  (Loup- 
ville),  la  villa  ad  pontem  (Wiompont),  le  camp  de  Hazaie  et  non  loin  de 
là  le  champ  de  bataille  de  Prêle,  le  Cheslin  de  Ste-Ode,  petite  forteresse 
qui  domine  le  château  de  Sle-Ode,  sur  la  rive  gauche  de  l'Ourthe  occi- 
dentale, le  Cheslay  de  Bérisménil  et  le  cimetière  de  Maboge  appelé  le 
Sâct'ux,  situé  a  mille  mètres  environ  de  ce  Cheslay  (I),  sont  autant  de 
preuves  de  la  présence  des  Romains  dans  le  pays  que  l'Ourthe  arrose.  J'en 
dirai  autant  des  découvertes  d'urnes  romaines  laites  a  Jupille,  non  loin  du 
presbytère,  lors  des  travaux  exécutés  pour  le  nouvel  embranchement  de  la 
route  de  Laroche  à  Melreux  ;  et  l'histoire  de  St-Thibaud  par  sire  Jamotte, 
curé  de  Marcourt,  nous  rapporte  qu'en  1635,  à  la  suite  d'une  inondation, 
les  eaux  de  l'Ourthe  mirent  à  découvert  un  grand  nombre  de  monuments 
funéraires  dans  un  vallon  près  de  Marcouit  ainsi  que  sur  la  rive  opposée. 
«  Ces  sépultures,  dit  cet  historien,  étaient  évidemment  des  constructions 
romaines  ;  elles  contenaient  un  grand  nombre  d'urnes  ou  de  vaisseaux  de 
terre  cuite,  toutes  remplies  de  cendres  et  d'ossements  de  corps  morts  qui 
avaient  été  brûlés  selon  la  coutume  d'alors,  avec  des  médailles  ou  pièces 
de  cuivre  marquées  à  l'effigie  des  empereurs.  » 

Il  y  a  plus,  tous  nos  archéologues  sont  unanimes  à  reconnaître  aujour- 
d'hui que  les  Romains  construisirent  sur  le  rocher  qui  porte  le  château 
actuel  de  Laroche,  une  tour  semblable  à  celles  qu'ils  construisirent,  sous 
Auguste,  le  long  du  Rhin  et  de  la  Meuse,  dans  le  but  de  défendre  et  de 
protéger  le  territoire  conquis,  tant  contre  l'ennemi  extérieur  que  contre 
les  soulèvements  intérieurs.  Nous  citerons  entr'aulres  Monsieur  Sulbout  qui 
t'exprime  de  la  sorte  dans  son  remarquable  travail  intitulé  :  Notices 
archéologiques  sur  Amberloup  et  quelques  localités  de  la  province  de 
Luxembourg  (2)  :  «  La  tour  des  Romains  dont  il  ne  reste  plus  que  la  base, 

il  )  Annales  de  l'Institut  archéologique  d'Arlon,  v.  p.  239. 
■ .  Annales  de  l'Institut  archéologique  d'Arlon,  v.  p.  277. 


—    13     - 

occupait  le  point  culminant  du  vieux  château  féodal  de  Laroche.  Ce  cas- 
tellum  était  bâti  sur  un  roc  que  l'œuvre  de  la  création  avait  fait  presqu'inac- 
cessible,  et  que  la  main  de  l'homme  avait  réussi  à  isoler  totalement 
au  moyen  d'une  large  et  profonde  entaille  opérée  sur  le  col  étroit  qui 
reliait  ce  roc  à  la  masse  rocheuse  de  la  rive  droite.  La  garnison  de  ce 
fortin  communiquait  avec  la  plaine  par  un  diverticulum  qui,  coupé  vif  dans 
la  falaise,  sur  Tune  et  l'autre  rive,  traversait  la  rivière  a  l'angle  Nord-Ouest 
de  l'ancien  cimetière  de  Laroche  et  allait  se  souder  à  la  voie  de  Tongres 
sur  le  territoire  de  Beausaint.  » 

Des  Romains,  Laroche  passa  aux  Francs,  et,  sous  les  rois  d'Austrie,  fit 
partie  du  pays  d'Àrdennes,  un  des  quatre  pays  ou  quartiers  qui  divisaient 
le  Luxembourg.  À  la  tête  de  chaque  pays,  les  rois  francs  établirent  des 
ducs  ou  des  comtes  pour  administrer  la  justice  et  régler  les  finances. 
Ayant  fait  du  château  de  Laroche  une  maison  de  chasse,  le  comte  qu'ils  y 
établirent,  fut  nommé  le  grand  veneur  parce  qu'il  avait  l'intendance  de 
toute  la  vénerie. 

Un  auteur  moderne  appelle  Laroche  le  paradis  de  ses  vacances,  la  patrie 
du  loisir,  de  la  promenade,  de  la  rêverie,  de  la  pêche  et  de  la  chasse.  Si 
l'auteur  est  moderne,  sa  pensée  ne  l'est  pas,  car  ce  fut  cette  pensée  qui 
guida  les  rois  francs,  et  après  eux  les  comtes  de  Luxembourg,  lorsqu'ils 
choisirent  Laroche  pour  s'y  retirer  des  affaires,  et  y  prendre  les  délasse- 
ments dont  ils  sentaient  le  besoin. 

«  Les  Rochois,  dit  Bertels,  montrent  encore  aujourd'hui  un  siège  taillé 
dans  le  roc,  sur  la  montagne  de  Corumont,  et  l'appellent  par  tradition  le 
siège  de  Pépin,  prétendant  que  ce  roi  s'y  reposait  de  ses  fatigues  de  chasse 
et  y  donnait  ses  audiences.  » 

Nous  ne  savons  rien  des  premiers  comtes  de  Laroche  ;  toutefois  il 
n'existe  aucun  doute,  dit  le  même  historien,  que  cet  illustre  et  ancien 
comté  n'ait  eu  pour  chefs  de  grands  hommes  de  guerre  et  d'état,  qui  se 
sont  montrés  sages  et  habiles  dans  le  gouvernement  du  peuple.  Bertels 
ajoute  qu'au  Ve  siècle,  un  seigneur  de  Laroche  se  défendit  vaillamment 
contre  les  Vandales,  les  Huns,  les  Goths,  et  les  Ostrogoths  ;  et  il  le 
prouve  par  une  découverte  qui  fut  faite  au  château  en  L260  (i).  En  dé- 
blayant les  ruines  d'une  tour  appelée  communément  tour  des  Sarrasins,  et 
qui  n'était  autre  que  la  vieille  tour  romaine,  on  mit  au  jour  h  trois  ou 
quatre  pieds  de  profondeur,  un  très-grand  nombre  de  squelettes  [humains, 

(1)  Bertholdii._Hist.  Lux.  Rupes  Ardenna. 


—    14    — 

dont  plusieurs  étaient  d'une  extraordinaire  grandeur.  Or,  comme  a  cette 
époque,  on  n'avait  connaissance  d'aucun  draine  sanglant  qui  se  fût  passé 
dans  cette  tour  du  château  et  qui  put  justifier  la  présence  de  ces  ossements; 
comme  d'ailleurs  ils  portaient  sur  eux-mêmes  le  cachet  de  la  plus  haute 
antiquité,  les  lîochois  en  conclurent,  dit  notre  historien,  que  ces  sque- 
lettes appartenaient  a  l'époque  de  l'invasion  des  barbares  qui  auraient  fait 
le  siège  du  château  et  s'en  seraient  emparés. 

M;iis  est-il  nécessaire  de  remonter  à  une  époque  si  éloignée  pour  expli- 
quer la  présence  de  ces  squelettes  au  château  ?  Je  le  crois  d'autant  moins 
que  la  dénomination  de  Sarrasins  donnée  à  la  tour  où  ils  ont  été  retrouvés, 
indique  une  époque  postérieure  à  l'invasion  dont  il  s'agit.  Il  est  évident 
qu'il  ne  peut  être  question  d'une  invasion  des  Sarrasins  eux-mêmes,  puis- 
qu'ils ne  se  sont  pas  avancés  au-delà  de  Poitiers  où  ils  furent  arrêtés  par 
Charles-Martel  (732). 

A  partir  de  cette  époque,  l'histoire  ne  mentionne  plus  que  l'invasion  des 
Normands.  On  connaît  les  ravages  que  ces  barbares  exercèrent  en  881  dans 
le  Nord  de  l'Europe  et  spécialement  en  Belgique  sur  les  bords  de  la  Meuse. 
Dix  ans  ne  s'étaient  pas  écoulés,  qu'ils  reparaissaient  de  nouveau  et  se 
précipitaient  comme  un  torrent  vers  la  forêt  des  Ardennes.  Battus  près  de 
Louvain  en  892,  ils  n'en  continuent  pas  moins  leurs  courses  furibondes. 
Ils  vont  jusqu'à  Bonn  où  ils  établissent  leur  camp.  Poursuivis  par  l'armée 
chrétienne,  ils  s'échappent  de  nuit,  se  dirigent  sur  l'abbaye  de  Pruim 
qu'ils  saccagent.  «  Ensuite,  dit  Berlholet  (1),  ils  courent  vers  une  forle- 
resse  nouvellement  construite  dans  les  Ardennes:  C'était  une  retraite  qu'on 
regardait  à  l'abri  de  toute  insulte  et  dont  les  historiens  ne  marquent  pas 
le  nom.  Lue  infinité  de  peuple  s'y  était  réfugiée,  mais  la  forteresse  fut 
e-r  portée  d'emblée,  et  on  y  passa  les  habitants  au  fil  de  l'épée.  j» 

Le  fait  d'armes  dont  parle  Bertels,  ne  se  rapporte-t-il  pas  à  l'invasion 
de  ces  barbares  (désignés  sous  le  nom  de  Sarrasins,  parce  que  ce  nom 
était  resté  la  teneur  des  peuples  d'Europe),  plutôt  qu'à  l'époque  de  l'inva- 
BÎon  des  Huns,  des  Vandales,  des  Goths  et  des  Ostrogolhs?  Je  le  crois  et 
même  il  n'est  pas  impossible  que  la  forteresse  nouvellement  construite  dont 
parle  Berlholet,  ne  soit  le  château  de  Laroche  ;  en  sorte  que  cet  historien 
et  Berlels  n'auraient  en  vue  qu'un  même  fait. 

«  En  absence  de  documents,  dit  Monsieur  Sulbout,  on  établit  la  certitude 
d'un  fait  historique  par  les  traditions  et  par  les  révélations  de  l'archéologie 

(t)  Tome  II,  p.  166.  Ilist.  de  Lux. 


—     15     — 

auxquels  la  signification  des  noms  de  lieux  apporte  souvent  un  excellent 
appoint  (1).  »  Or  ici  tout  concourt  a  démontrer  que  la  forteresse  nouvelle- 
ment construite  de  Bertholet  était  le  château  de  Laroche,  sa  position  sur 
un  rocher  d'un  accès  difficile,  et  qui  le  faisait  regarder  dans  les  temps 
antérieurs  comme  une  retraite  à  l'abri  de  toute  insulte,  le  nom  donné  à  la 
tour  et  les  ossements  qui  y  ont  été  découverts.  Peu  importe  que  la  forte- 
resse soit  dite  nouvellement  construite.  Les  travaux  considérables  qui  y 
furent  exécutés  sous  les  rois  carlovingiens,  lui  donnaient  à  cette  époque 
une  apparence  de  nouveauté,  en  sorte  que  les  historiens  ont  pu  dire  avec 
raison  que  cette  forteresse  était  de  construction  récente. 

Au  rapport  de  certains  historiens,  en  844,  un  comte  de  Laroche,  nommé 
Gui,  eut  une  guerre  à  soutenir  contre  Enguerrand,  comte  de  Vienne.  Ber- 
tholet, qui  nous  donne  ce  renseignement,  ne  nous  fait  connaître  ni  le  motif, 
ni  le  résultat  de  cette  guerre. 

Albéric  (2)  nous  parle  d'un  autre  comte  de  Laroche,  Adélard,  qui  pos- 
sédait en  905,  l'abbaye  de  Slavelot  en  bénéfice  ou  fief.  «  Apud  Slabulans, 
dit  cet  écrivain,  Adelardus,  cornes  de  Rupe  in  Ardenna  prasrat  vice  abbalis.  » 
Cela  prouve,  dit  Ernst  (3),  que  c'est  une  inexactitude  dans  le  Père  Bertholet 
d'avoir  écrit  que  les  comtés  de  Laroche  et  de  Durbuy  ont  été  dès  leur 
origine  un  apanage  des  cadets  de  Namur,  quoiqu'on  ne  puisse  disconvenir 
que  dans  la  suite  ces  comtés  passèrent  dans  celte  maison. 

A  partir  d'Adélard  jusqu'à  Henri  1er  (905-1088),  on  ne  trouve  plus  rien 
de  certain  sur  les  comtes  de  Laroche.  Remarquons  toutefois  que  Sigefroid, 
à  la  mort  de  Ricuin,  son  père,  obtint  entr'autres  héritages  tout  le  territoire 
arrosé  par  l'Eltz,  la  Sure  supérieure,  l'Ourlhe  et  l'Emblève  (4).  Il  est  donc 
plus  que  probable  que  le  comté  de  Laroche  après  Adélard,  est  entré  dans 
le  domaine  des  comtes  de  Luxembourg  et  qu'il  en  faisait  déjà  partie  même 
du  vivant  de  Ricuin. 

Sigefroid  étant  mort  le  15  août  998,  son  fils  Frédéric  continua  seul  la 
postérité  des  comtes  de  Luxembourg.  Il  épousa  une  princesse  nommée 
Ermentrude  de  Gueldre,  dont  il  eut  entr'autres  enfants,  Frédéric  II,  duc 
de  Basse-Lorraine,  avoué  des  monastères  de  Stavelot  et  de  iMalmédy. 
Frédéric  II  avait  épousé  en  premières  noces  Gerberge  de  Boulogne,  fille 


(1)  Annales  de  l'Institut  arch.  d'Arlon  V.  p.  253. 

(2)  Ad  annum  905  p.  1,  p.  244. 

(3)  Hist.  des  comtes  de  Durbuy  et  de  Laroche  aux  xi*  et  xn-  siècles. 

(4)  Bertholet.  Hist.  de  Lux.  III,  p.  6. 


—    16     - 

-lâche,  comte  de  Boulogne  et  de  Mahaut  de  Louvain,  dont  il  eut  une 
611e  unique  Judc  ou  Judith.  Judith  épousa  Henri  I,  comte  de  Limbourg. 
I).'  ce  mariage  naquirent  Henri  II,  comte  de  Limbourg  après  son  père,  et 
une  tille  qui  épousa  Henri,  lils  d'Albert  III,  comte  de  Namur.  C'est  ce  que 
nous  établirons  en  son  lieu.  C'est  doue  un  fait  bien  constaté  que  l'épouse 
de  Henri,  lils  d'Albert  il!  de  Namur,  descendait  en  ligne  directe  et  mater- 
nelle de  Sigefroid,  comte  de  Luxembourg. 

Henri  lut  comte  de  Laroche,  c'est-à-dire  d'une  partie  de  ce  territoire 
arrosé  par  l'Ourthe.  que  Sigefroid  avait  obtenu  à  la  mort  de  son  père.  On 
ne  sait  commenl  il  le  devint.  Nous  ne  pouvons,  ce  semble,  donner  une 
explication  plus  naturelle  de  ce  fait  que  l'alliance  même  de  Henri  avec  un 
des  illustres  rejetons  de  Sigefroid. 

Ainsi,  le  comté  de  Laroche  d'abord  réuni  au  comté  de  Luxembourg, 
entra,  selon  toute  probabi'ité,  par  les  femmes  dans  le  domaine  des  comtes 
de  Limbourg,  et  Henri,  lils  d'Albert  III,  comte  de  Namur,  en  devint  pos- 
Besseur  par  son  alliance  avec  une  fille  de  ces  comtes. 

Henri  Ier,  comte  de  Laroche,  que  nous  ne  devons  pas  confondre  avec  le 
lil>  du  comte  de  Namur,  vivait  sur  la  lin  du  xie  siècle.  Nous  ne  con- 
naissons de  lui  qric  la  guerre  qu'il  eut  à  soutenir  à  cette  jépoque  contre 
ne  de  Liège  et  contre  plusieurs  seigneurs.  Voici  à  quelle  occasion: 
Depuis  la  mort  de  Codelïoid-le-Bossu,  la  Belgique  était  en  proie  à  la 
licence  la  plus  affreuse  ;  !a  force  seule  régnait,  et  les  seigneurs,  grands  et 
petits,  ne  cessaient  de  se  faire  la  guerre;  le  pays  tout  entier  n'était  plus 
qu'un  \aste  champ  de  bataille.  Pour  opposer  une  digue  à  ces  désordres, 
et  comprimer  les  excès  de  toute  espèce,  qui  se  commettaient  dans  les  villes 
rumine  :i  la  campagne,  le  comte  Albert  de ''amur  se  concerta  avec  l'évèque 
de  Liège,  Henri  de  Verdun.  En  1082,  ce  prélat  convoqua  une  assemblée 
des  principaux  seigneurs  de  la  Basse-Lorraine,  sur  les  terres  desquels  s'éten 
dail  sa  juridiction. 

Il  y  lui  arrêté  (pie  du  premier  dimanche  de  l'Avent  jusqu'au  jour  de 
l'Epiphanie,   cl  !,.  Septuagésime  jusqu'à  l'octave  de  la  Pentecôte; 

enfin,  depuis  l'aurore  du  vendredi  jusqu'à  celle  du  lundi  de  chaque 
semaine,  pi  rsonue  ne  pourrait  porter  les  armes  ni  exercer  des  hostilités 
dans  toute  retendue  du  diocèse.  On  convint  en  même  temps  d'ériger  à 
I  une  chambre  de  justice,  présidée  par  l'Évêque,  où  seraient  jugées 

toutes  les  contraventions  aux  règlements  susdits,  ainsi  que  les  crimes  de 
rapt,  de  violence,  de  vol  public,  d'incendie,  de  meurtre,  etc.,  qui  seraient 


_    17    — 

commis  sur  les  terres  des  seigneurs  assemblés.  Cette  chambre  de  justice 
exista  longtemps  à  Liège,  sous  le  nom  de  Tribunal  de  la  Paix  (1). 

[.es  principaux  seigneurs  qui  faisaient  partie  de  cette  assemblée  étaient 
Godefroid,  duc  de  Bouillon,  Gui,  duc  d'Ardennes,  Henri,  duc  de  Limbourg, 
et  les  comtes  de  Luxembourg,  de  Looz,  de  Louvain,  de  Vianden,  de  Salm, 
de  Juliers,  de  Namur,  de  Hainaut,  de  Montaigu,  de  Moha,  de  Clermont, 
ainsi  que  Henri,  comte  de  Laroche.  Ce  dernier  seul  refusa  constamment  de 
soumettre  son  pays  a  la  juridiction  de  ce  tribunal.  En  vain  les  autres  sei- 
gneurs le  conjurèrent-ils  de  faire  comme  eux,  le  menaçant  de  leur  inimitié 
commune  s'il  s'obstinait  ;  notre  comte  ne  se  laissa  point  intimider  et  per- 
sista dans  son  refus.  C'est  pourquoi  tous  se  liguèrent  contre  lui.  Henri 
aussitôt  leva  une  petite  armée  ;  et,  n'écoutant  que  sa  bravoure,  il  marcha 
au-devant  de  ses  ennemis.  Accablé  par  le  nombre,  il  fut  battu  et  forcé  de 
se  retirer  dans  son  château. 

Les  vainqueurs  vinrent  l'y  assiéger.  Sept  mois  se  passèrent  et  rien 
n'indiquait  encore  la  fin  du  siège.  A  l'intérieur  du  châleau  toutefois,  les 
vivres  commençaient  à  manquer,  et  les  assiégés  voyaient  approcher  le 
moment  où  il  leur  faudrait  se  résoudre  à  se  rendre  ou  a  mourir  de  faim. 
Dans  cette  extrémité,  le  comte  eut  recours  a  un  stratagème,  resté  célèbre 
dans  les  traditions  populaires.  Il  laissa  échapper  du  château  un  porc  auquel 
pendant  quelque?  jours,  il  avait  fait  donner  du  blé  à  satiété.  Les  assiégeants 
s'en  emparèrent,  et  le  trouvant  gras,  ils  crurent  que  le  comte  avait  encore 
des  vivres  en  abondance  pour  continuer  à  soutenir  le  siège.  Désespérant 
donc  de  pouvoir  réduire  la  forteresse,  ils  se  virent  forcés  de  conclure  avec 
le  comte  une  convention  qui  fut  le  premier  coup  porté  au  Tribunal  de  la 
Paix.  Suivant  cette  convention,  les  habitants  de  Laroche  et  ceux  des  environs 
à  une  lieue  à  la  roi.  le,  étaient  exempts  de  la  juridiction  de  ce  tribunal. 

Plusieurs  historiens  et  Bertholet  avec  eux,  rapportent  cet  événement  à 
Henri,  fils  du  comte  de  Namur,  Albert  III  ;  d'autres  disent  que  Henri  qui 
vivait  alors,  et  dont  il  est  parlé  dans  une  charte  de  1087,  sortait  des  comtes 
de  Louvain  ;  d'autres  encore,  comme  de  Marne,  le  confondent  avec  Henri, 
comte  de  Durbuy. 

Pour  notre  part,  nous  ne  pouvons  admettre  que  le  héros  de  cet  épisode 

de  notre  histoire  soit  Henri,  fils  d'Albert  III.  Et  d'abord,  nous  savons  que 

c'est  d'après  le  co:  seil  d'Albert  III  que  l'évêque  de  Liège  convoqua  tous 

es  seigneurs  de  sa  juridiction,  pour  aviser  aux  moyens  de  réprimer  les 

(1)  David.  Manuel  d'histoire  de  Belgique  p.  197. 


-    18    ~ 

excès  de  tout  genre  qui  désolaient  le  pays.  Peut-on  dès  lors  regarder  comme 
probable  que  le  (ils  d'Albert  III  ait  été  le  seul  à  ne  pas  accepter  les  déci- 
sions de  cette  assemblée?  Evidemment  non.  D'ailleurs,  l'âge  que  pouvait 
avoir  Henri  il  l'époque  de  la  guerre  en  question,  rend  cette  supposition 
impossible.  En  effet,  Albert  III  avait  épousé  la  veuve  de  Frédéric  de  Luxem- 
bourg, doc  de  Basse-Lorraine,  et  Henri,  notre  comte,  fut  le  troisième  fils 
qu'il  eut  de  ce  mariage.  Or,  Frédéric  mourut  en  1065.  Supposons  que  sa 
veuve  ait  convolé  en  secondes  noces  un  an  après  la  mort  de  Frédéric,  nous 
devrons  placer  la  naissance  de  Henri  vers  l'an  1071. 

Les  historiens  ne  sont  pas  d'accord  sur  l'époque  de  l'érection  du  Tribunal 
de  la  Paix  :  Les  uns  placent  celte  érection  en  1082,  d'autres  en  1088.  Nous 
oe  nous  éloignerons  donc  pas  de  la  vérité,  en  plaçant  le  l'ait  qui  nous 
occupe  entre  1082  et  1088.  A  cette  date,  Henri  pouvait  avoir  de  onze  à 
dix-sept  ans.  Or  est-il  possible  à  un  jeune  homme  de  cet  âge  d'avoir  autant 
de  résolution,  et  d'entreprendre  de  lutter  seul  contre  tant  de  hauts  et  puis- 
sants seigneurs?  Certainement  non,  et,  sans  aucun  doute,  il  s'agit  d'un 
autre  comte  du  même  nom  qui  vivait  à  la  même  époque  et  qui  n'appartenait 
pas  à  la  lignée  des  comtes  de  Namur. 

Ce  comte  serait  il  peut-être  Henri  Ier,  comte  de  Durbuy,  fils  d'Albert  II, 
comte  de  Namur,  qui  vivait  vers  le  milieu  du  xie  siècle?  «  Henri,  dit  l'his- 
torien de  Marne,  qui  adopte  cette  opinion  (1),  n'affecta  apparemment  se 
distinguer  des  autres  seigneurs,  que  parce  qu'il  sut  que  les  autres  sujets 
du  comte  de  Namur,  son  frère,  avaient  été  soustraits  à  la  juridiction  du 
nouveau  tribunal.  Le  zèle  qu'Albert  avait  marqué  dans  tout  le  cours  de 
cette  affaire,  et  les  mesures  qu'on  savait  qu'il  avait  prises,  afin  de  bannir 
de  ses  terres  les  excès  dont  on  se  plaignait,  avant  de  penser  à  les  abolir 
chez  les  voisins,  lui  avaient  attiré  cette  distinction  de  la  part  des  princes 
assemblés  à  Liège.  Le  comte  de  Laroche,  sans  avoir  les  mêmes  titres, 
emporta  par  l'accommodement  qu'on  fut  obligé  de  faire  avec  lui,  une  partie 
de  ce  qu'il  demandait,  et  obtint  du  moins  l'exemption  pour  les  habitants 
de  la  ville  et  de  la  banlieue  de  Laroche.  » 

Les  auteurs  qui,  comme  de  Marne,  rapportent  l'événement  dont  nous 
avons  parlé,  à  Henri,  fils  d'Albert  II,  comte  de  Namur,  disent  que  ce  Henri 
réunit  les  comtés  de  Laroche  et  de  Durbuy  en  sa  personne  par  son  mariage 
avec  une  h  Ile  héritière  de  ces  deux  terres.  Mais  c'est  là  une  supposition 
toute  gratuite  de  leur  part,  et  dont  on  ne  peut  rien  conclure  quant  au  fait 

I   Hibt.  du  comté  de  Namur.  Liv.  1",  p.  129. 


qui  nous  occupe.  D'ailleurs,  si  ce  que  disent  ces  auteurs  était  vrai, 
comment  aurait-il  pu  se  faire  que  le  fils  de  ce  Henri  qui  devint  comte  de 
Durbuy  après  lui,  ne  lui  eût  pas  succédé  aussi  dans  le  comté  de  Laroche? 
D'autre  part,  Baudouin  d'Avesnes,  chroniqueur  du  xiif  siècle,  parlant 
d'Henri,  fils  d'Albert  II,  ne  le  qualifie  que  du  titre  de  comte  de  Durbuy, 
tandis  qu'il  donne  le  titre  de  comte  de  Laroche  à  Henri,  fils  d'Albert  III, 
comte  de  Namur.  «  De  Ermengarde,  dit-il,  natus  est  Albertus,  cornes 
Namurcensis,  qui  genuit  Alberlum  ci  succedentem,  et  Henricum,  comitem 
de  Durbio  ;  Albertus  II  (lisez  III)  genuit  Godefridum  comitem  et  Henricum 
de  Rupe  (I).  » 

Rien  ne  peut  enfin  laisser  supposer  que  les  comtes  de  Louvain  aient 
jamais  possédé  le  comté  de  Laroche,  tandis  que  tout  concourt  à  nous 
démontrer  que  ce  comté  appartenait  dans  le  xie  siècle  aux  comtes  de 
Luxembourg  et  qu'il  doit  être  devenu  un  héritage  des  comtes  de  Limbourg 
par  l'alliance  de  l'un  d'entre  eux  avec  Judith  de  Luxembourg.  Comme  nous 
l'avons  dit,  ce  comte  eut  un  fils,  appelé  Henri,  qui  fut  son  successeur  dans 
le  Limbourg.  C'est  sans  doute  ce  dernier  qui  eut  à  soutenir  le  siège  dont 
nous  avons  parlé.  Rien  ne  s'oppose  à  ce  qu'il  ait  été  comte  de  Laroche  du 
vivant  de  son  père,  et  qu'a  la  mort  de  celui-ci,  il  ait  abandonné  le  comté  à 
sa  sœur,  soit  à  titre  de  dot,  soit  pour  quelqu'autre  raison. 


(1)  Ernst.  Des  comt<  -  de  Durbuy  et  de  Laroche  aux  xi*  et  xn*  siècles.  Suivant  un  travail 
de  M.  Eug.  del  Marmol  (Annales  de  la  Société  archéologique  de  Namur,  1"  livraison),  il  n'y 
eut  que  deux  comtes  de  Namur  qui  portèrent  le  nom  d'Albert.  Celui  qu'on  qualifie  d'Albert  I, 
portait  le  nom  d'Adalbert  et  vivait  à  la  fin  du  x*  siècle.  Albert  I  était  mort  en  lOOi  ;  Albert  II, 
son  successeur,  en  1105  ou  1106. 


DEUXIÈME     PÉRIODE. 

Depuis  la  réunion  du  comté  de  Laroche  au  comté  de  Namur 
jusqu'au  traité  de  Dinant. 

Henri  II. 

10  .  .  ?  —  1138. 

Henri  II,  fils  puîné  d'Albert  III,  comte  de  Namur  et  de  Ide,  veuve  de 
Frcdoric  de  Luxembourg,  duc  de  Basse-Lorraine,  obtint,  comme  nous  l'avons 
vu,  le  comté  de  Laroche  par  son  alliance  avec  la  fille  du  comte  Henri  l  de 
Limbourg.  L'obscurité  qui  règne  sur  l'histoire  du  xie  siècle,  nous  empêche 
•le  préciser  l*époque  où  il  contracta  cette  alliance.  Ce  qui  ne  peut  être 
avant  la  guerre  dont  nous  avons  précédemment  parlé,  puisqu'il  est  démontré 
qu'au  temps  de  cette  guerre,  le  fils  d'Albert  III  ne  pouvait  encore  être 
comte  de  Laroche.  Dès  l'an  1088,  Henri  était  avoué  de  Stavelot,  comme 
le  prouve  une  charte  datée  de  celte  année  où  l'on  trouve  :  «  Faita  est 
aiitom  baec  tradilio  per  manus  Henrici  majoris  advocati  ejusdem  ecclesiae 
iilii  comiiis  Namurcensis  Alberli  (1).  »  Mais  ce  fait  implique-t-il  qu'il  fut 
marié  et  comte  de  Laroche  à  cette  époque?  Je  le  pense  d'autant  moins  que 
la  charte  en  question  ne  lui  donne  que  le  titre  d'avoué  de  Stavelot  ;  quant 
au  titre  de  |comte  de  Laroche,  il  ne  lui  est  pas  attribué,  c'est  qu'il  ne 
l'acquit  que  plus  tard  par  son  mariage  avec  la  fille  du  comte  de  Limbourg. 

On  ne  sait  de  quelle  manière  Henri  devint  avoué  de  Stavelot,  si  ce  n'est 
peut-être  qu'Ide  porta  cette  dignité  dans  la  maison  de  Namur  après  la  mort 
de  son  premier  mari,  Frédéric,  duc  de  Basse-Lorraine,  qui  l'avait  tenue. 
■  Celte  conjecture,  dit  Ernst,  peut  souffrir  quelque  difficulté,  parce  qu'après 
la  mort  de  Frédéric,  Godefroid,  son  successeur  au  duché  de  Basse-Lorraine, 
le  fut  aussi  dans  Favouerie  de  Stavelot  (2).  »  Quoi  qu'il  en  soit,  Henri  se 
retrouve  encore  avec  la  qualité  d'avoué  de  Stavelot  dans  les  chartes  des 
années  H04,  1118,  1124  et  dans  la  liste  des  avoués  de  1128. 

Henri  mourut  avant  le  5  juin  1138.  Il  eut  de  son  mariage  avec  la  fille 
du  comte  de  Limbourg  trois   enfants,  Godefroid  et  Henri,  ses  successeurs 

'des  comtes  de  Durbuy  et  de  Laroche  aux  xi"  et  xn*  siècles. 
M.  Id.  ïd. 


_    21     - 

ei  Mathilde  qui  épousa  en  premières  noces  Thierry  de  Walcourt,  célèbre  et 
belliqueux  chevalier,  de  qui  elle  laissa  Wery  de  Walcourt,  dit  de  Rochefort, 
el  Béatrix,  femme  de  Winand  de  Houflalize.  En  secondes  noces,  elle  épousa 
Nicolas,  seigneur  d'Avesnes,  de  Condé,  de  Leuze,  etc.  Elle  en  eut  Jacques 
et  Fastré,  et  une  Bile  nommée  Ide  qui  épousa  Guillaume,  châtelain  de 
Saint-Omer. 

Butkens  (1)  attribue  deux  autres  fils  à  Henri,  savoir  Barthélémy  et 
Frédéric,  archevêque  de  ïyr  que  le  Père  Bertholet  dit  avoir  été  archidiacre 
de  Liège. 

Henri  III. 

1 138?  —  1153  V 

Godefroid  nommé  «  fils  de  Henri  comte  de  la  Roche,  filius  Henrici 
comités  del  Roche  »  dans  un  acte  de  1125,  cité  par  le  Père  Hugo  (2),  avait 
déjà  succédé  à  son  père  dans  l'avouerie  de  Stavelot  le  5  juin  1138,  comme 
le  prouve  une  charte  de  l'abbé  Wibalde  insérée  dans  la  collection  de 
Martenne  et  Durand  (3),  mais  on  ne  trouve  nulle  part  qu'il  ait  été  comte 
de  Laroche  après  son  père.  Il  est  question  de  Henri,  son  frère,  dans  une 
charte  de  Conon,  abbé  de  Stavelot,  donnée  en  1124,  où  il  apparaît  comme 
témoin  avec  son  père,  Godefroid  d'Assche  et  le  comte  de  Durbuy,  Henri 
encore  enfant;  aussi  dans  une  autre  de  1139  où  il  est  question  de  Henricus 
de  Rupe  (4).  Henri  était-il  déjà  à  cette  dernière  époque  comte  de  Laroche  ? 
«  Nous  l'ignorons,  dit  Ernst  (5)  ;  mais  nous  croyons  le  voir  comme  comte 
régnant  dans  ce  passage  d'une  lettre  du  pape  Célestin  II,  adressée  à  l'évêque 
et  au  clergé  de  Liège  le  23  décembre  1143  :  » 

«  Avertissez,  dit  ce  pape,  Henri  de  la  Roche  qu'il  ait  à  restituer  à  Ere- 
bert,  frère  de  l'abbé  Wibalde,  son  château  entier  qu'il  a  détruit  pendant  la 
Trêve  Dieu.  Que  si  après  quarante  jours  de  monition,  il  néglige  cette 
restitution,  portez  contre  lui  une  sentence  d'excommunication  et  que  ni  lui 
ni  les  autres,  dont  il  est  fait  mention  ci-dessus,  n'en  soient  absous,  que 
lorsqu'ils  auront  satisfait  comme  ils  le  doivent.  » 

Le  premier  janvier   1146,  Henri  se  trouva  à  la  cour  de  l'empereur 

(1)  Trophées  sacrés  et  profanes  du  duché  de  Brabant,  1724,  t.  1,  p.  110.  Table  généalo- 
gique. 

(2)  Annales  ordinis  prajmonstratensis.  T.  1,  p.  77.| 

(3)  Tome  II,  p.  108. 

(4)  Tome  II,  p.  110. 

(5)  Ernst.  Hist.  de  Durbuy  et  de  Laroche  aux  xr  et  xir  siècles. 

3 


—    22    — 

Conrad   III,   comme   en   fait  foi  un  diplôme  impérial,  donné  alors  pour 
l'abbaye  de  Waulsort,  où  entre  les  témoins  se  rencontre  <  Henricus  cornes 

de  Rupe  (1).  » 

L'an  IH8,  à  la  demande  de  Pévêque  de  Liège,  il  s'interposa  avec  son 
cousin,  Henri  de  Limbourg,  pour  obtenir  de  Wibalde,  abbé  de  Stavelot, 
que  la  sépulture  ecclésiastique  fut  accordée  à  Winand  de  Limbourg, 
surnommé  de  la  Tour.  Ce  dernier  était  mort  dans  l'excommunication  que 
l'abbé  de  Stavelot  avait  lancée  contre  lui,  à  cause  des  dommages  qu'il  avait 
causés  à  l'abbaye,  et  partout  dans  le  diocèse  de  Liège,  on  lui  refusait  la 
sépulture. 

Notre  comte  et  Henri  de  Limbourg  s'étant  rendus  à  l'abbaye,  supplièrent 
Wibalde  de  lever  l'excommunication  et  de  permettre  que  la  sépulture  fut 
accordée  au  défunt.  Ils  promirent  de  réparer  tous  les  dommages  que  Winand 
avait  causés  à  l'abbaye  et  jurèrent  de  ne  jamais  en  faire  eux-mêmes,  d'en 
respeeler  les  privilèges  et  de  la  soutenir  en  tout.  Ces  promesses  furent 
acceptées  par  l'abbé,  l'excommunication  fut  levée  et  Winand  reçut  les 
honneurs  de  la  sépulture  ecclésiastique. 

Cet  incident  de  la  vie  de  notre  comte  se  trouve  relaté  dans  Durand  et 
Martenne  (2).  Il  importe  de  remarquer  cette  circonstance  que  Henri,  comte 
de  Larocbe  est  dit  cousin  de  Henri  de  Limbourg. 

Voici  comment  le  document  s'exprime  :  «r  Quorum  aller,  id  est  de  Rupe, 
advocatus  ecclesiae  noslrœ  erat,  et  alterius  Henrici  amitiae  filius.  »  Henri 
de  Laroche  était  donc  fils  de  la  sœur  du  père  de  Henri  de  Limbourg.  C'est 
la  preuve  de  ce  que  nous  avons  dit,  que  Henri  II,  comte  de  Laroche,  avait 
marié  une  fille  du  comte  de  Limbourg  (3). 

La  même  année,  Henri  I,  dit  l'Aveugle,  comte  de  Namur,  se  brouilla 
avec  les  comtes  de  Looz  et  de  Dasbourg,  quoique  ce  dernier  fut  son  utérin. 
On  ne  sait  quelle  fut  la  cause  de  cette  rupture  ni  les  événements  qui  la 
suivirent.  Ce  que  l'on  peut  dire  de  plus  certain,  c'est  que  les  peuples  en 
souffrirent  et  les  vassaux  de  l'abbaye  de  Stavelot  plus  que  les  autres. 
Henri,  comte  de  Laroche  et  Godcfroid  de  Montaigu  prirent  une  pari  active 
à  celte  querelle  et  l'un  conlre  l'autre.  WTibalde,  abbé  de  Stavelot,  fit  tous 
ses  elloits  pour  amener  la  paix.  Il  eut  la  satisfaction  d'y  réussir  en  partie 
en  réconciliant  les  comtes  de  Laroche  et  de  Montaigu.  Quant  aux  comtes 

1 1)  Durand  et  Martenne.  Ampl.  collectio.  1,  p.  799. 

irand  et  Martenne.  Ampl.  collectio.  II,  pp.  110, 125. 
inférer  I  histoire  d  Ernst  citée  plus  haut. 


~    23    — 

de  Namur,  de  Looz  et  de  Dasbourg,  tout  ce  qu'il  put  en  obtenir,  fut  de 
les  faire  consentir  à  uue  trêve  de  quelques  mois,  et  encore  cette  trêve  fut 
aussitôt  rompue  que  signée  par  le  comte  de  Namur.  «  Alors,  dit  Mabillon, 
Févêque  de  Liège  qui  aurait  dû  concilier  les  esprits,  se  mit  lui-même  de  la 
partie  et  se  joignit  a  Godefroid  de  Montaigu  contre  le  comte  de  Namur.  11 
lui  en  coûta  la  ville  de  Ciney  qui  fut  prise  et  brûlée,  de  quoi  Févêque  se 
vengea  en  excommuniant  Henri,  et  en  pillant  de  concert  avec  le  comte  de 
Montaigu,  les  meilleures  et  les  plus  riches  terres  de  Stavelot,  sans  doute 
parce  que  cette  abbaye  avait  pour  avoué  le  comte  de  Laroche  allié  au  comte 
de  Namur  et  parent  de  ce  prince  (I).  * 

Pendant  ce  temps  de  trouble,  Henri  tomba  malade  ;  il  réchappa  cepen- 
dant cette  fois  de  sa  maladie,  puisque  nous  le  voyons  intervenir  en  1152 
dans  la  charte  de  fondation  de  l'abbaye  de  Leffe.  i  Nous  n'en  avons  plus 
retrouvé  aucune  trace  depuis  cette  époque,  dit  l'historien  Ernst.  L'auteur 
de  la  liste  des  avoués  de  Stavelot  place  sa  mort  vers  ce  temps,  circa  annum 

1)50,  dit-il, obiit   nulla   proie  relicta.  Il   mourut  sans  postérité  vers 

1150  (-2).  > 

Henri  IV,  dit  Fàveugle. 

1453?— 1196. 

Henri  III  eut  pour  successeur  son  cousin  Henri,  surnommé  l'Aveugle, 
Ois  de  Godefroid,  comte  de  Namur,  et  d'Ermenson  de  Luxembourg.  Sui- 
vant l'ordre,  le  comté  devait  retourner  à  Wery  de  Walcourt,  fils  de  la 
sœur  de  Henri  III  et  de  Thiéry  de  Walcourt.  mais  Wery  fut  privé  de  son 
droit  on  ne  sait  pour  quelle  raison. 

Henri  FAveugle  avait  épousé  Laurette  d'Alsace,  fille  du  comte  de 
Flandre.  En  1163,  Laurette  mourut  sans  laisser  d'enfants;  c'est  pourquoi, 
au  mois  de  juin  de  la  même  année,  Henri  disposa  en  faveur  de  sa  sœur 
Alix,  de  Baudouin,  son  époux,  comte  de  Hainaut,  et  de  Baudouin,  leur 
fils,  de  tous  les  alleux  et  des  serfs  qu'il  possédait  dans  les  comtés  de 
Namur,  de  Laroche,  de  Durbuy  et  dans  d'autres  lieux,  s'en  réservant  la 
jouissance  sa  vie  durante. 

Baudouin,  l'époux  d'Alix,  étant  mort  en  1172,  son  fils,  qui  désirait 
gagner  les  bonnes  grâces  de  l'empereur  Frédéric -Barbe-Rousse  et  de  ses 

1.  Mabil.  Annales  Bened.  lib.  79.  n*  38. 
(2)  Ernst,  Hist.  des  comtes  de  Durbuy  et  de  Laroche  aux  xr  et  xii*  siècles. 


-    24    - 

deu  Gis,  Henri  et  Frédéric,  envoya  en  1183,  deux  ambassadeurs  vers  ces 
princes  pour  demander  l'investiture  de  tous  les  domaines  dont  Henri  avait 
disposé  en  sa  laveur.  «  Ces  ambassadeurs,  dit  l'historien  Delewarde  (1). 
trouvèrent  i»  la  cour  de  l'empereur,  Jacques  d'Avesnes  qui  faisait  tous  ses 
efforts  pour  rétablir  son  frère,  Wery  de  Walcourt,  dans  le  comté  de  Laroche 
dont  il  était  proscrit,  mais  il  n'y  gagnait  rien.  »  L'empereur  reçut  favo- 
rablement ces  ambassadeurs  et  leur  ordonna  de  faire  venir  leur  maître  à  la 
cour.  Le  comte  partit  le  dimanche  de  la  Loetare  1184,  accompagné  de  plu- 
sieurs chevaliers  de  distinction.  Il  se  rendit  d'abord  à  Namur  chez  son 
oncle,  et  celui-ci  lui  remit  des  lettres  par  lesquelles  il  priait  l'empereur 
d'accorder  à  son  neveu  la  grâce  qu'il  sollicitait.  11  passa  par  Durbuy, 
Laroche,  Luxembourg  et  Trêves.  Lorsqu'il  fut  arrivé  a  la  cour,  l'empereur 
le  reçut  avec  honneur,  et  confirma  la  donation  que  le  comte  de  Namur 
avait  faite  en  sa  faveur.  Cette  donation  fut  de  plus  ratifiée  dans  une  assem- 
blée solennelle  tenue  à  Mayence  le  jour  de  la  Pentecôte  de  la  même  année. 

In  1106,  Henri  l'Aveugle  avait  convolé  en  secondes  noces  avec  Agnès, 
lille  du  comte  de  Gueldre.  Par  suite  de  mésintelligence  avec  son  beau-père, 
il  renvoya  son  épouse  et  en  vécut  séparé  jusqu'en  1182.  En  1186,  Agnès 
lui  donna  une  (ille  qui  fut  appelée  Ermesinde.  La  naissance  de  cette  enfant 
changea  les  dispositions  de  notre  comte  à  l'égard  du  comte  de  Hainaul.  Et 
en  effet  Ermesinde  était  à  peine  âgée  d'un  an  qu'il  la  promettait  en  ma- 
riage à  Henri,  comte  de  Champagne,  petit  fils  de  Louis  VII,  roi  de  France, 
l'assurant  en  même  temps  qu'elle  serait  son  héritière  universelle.  Mais 
Baudouin  de  Hainaul  n'était  pas  d'avis  de  se  laisser  enlever  des  domaines 
qui  lui  avaient  été  cédés  et  confirmés,  et  pour  lesquels  il  s'était  déjà  donné 
beaucoup  de  peines.  Aussi  s'ensuivit-il  entre  l'oncle  et  le  neveu  une  guerre 
qui  dura  plusieurs  années  et  se  termina  à  l'avantage  du  dernier.  Le  comté 
de  Namur  et  ceux  de  Laroche  et  de  Durbuy  furent  déclarés  fiefs  de  l'em- 
pire et  les  trois  réunis  formèrent  une  principauté  nommée  marquisat. 
L'empereur  en  investit  Baudouin  qui,  en  la  présence  des  grands  seigneurs 
de  l'empire,  lui  fit  hommage  et  lui  prêta  serment  de  fidélité  comme  étant 
devenu  son  homme-lige.  Il  fut  stipulé  qu'on  ne  donnerait  le  marquisat  qu'à 
celui  des  héritiers  qui  posséderait  en  même  temps  le  comté  de  Hainaul  (1 1 88). 

Cette  décision  parut  dure  au  comte  Henri  l'Aveugle,  aussi  voulut-il  s'y 
soustraire  en  recommençant  la  guerre,  mais  ce  fut  en  vain  ;  il  dut  céder 
;i  la  force  des  circonstances  et  signer  la  paix  en  1190.  Le  comte  de  Hai- 

(1)  Ilist.  générale  du  Ilumaut.  Tome  III.  p.  9(i. 


-    25    — 

naut  demeura  en  possession  des  forteresses  qu'il  occupait,  et  après  la  mort 
de  son  oncle,  il  devait  lui  succéder  dans  les  comtés  de  Namur,  de  Laroche 
et  de  Durbuv.  Alors  le  comte  de  Champagne,  que  cette  paix  privait  de  ses 
espérances,  renvoya  Ermesinde  à  son  père  en  1191.  Deux  ans  plus  tard,  la 
jeune  princesse  fut  de  nouveau  fiancée  à  Thibaut,  comte  de  Bar.  Celui-ci 
persuada  à  son  beau-père  de  recommencer  de  nouveau  la  guerre  pour 
recouvrer  le  Namurois.  La  guerre  eut  lieu  <M9i),  mais  Henri  échoua  dans 
sa  nouvelle  entreprise,  et  la  possession  du  marquisat  de  Namur  et  du  comté 
de  Laroche  fut  définitivement  assurée  h  Baudouin  à  la  mort  de  Henri.  Bau- 
douin mourut  en  1195.  Un  an  ne  s'était  pas  écoulé  que  Henri,  notre  comte, 
le  suivait  dans  la  tombe  (1196). 

Philippe  I,  dit  le  Noble. 

1196.  —1199. 

Philippe-le-Noble,  deuxième  fils  de  Baudouin,  fut  le  successeur  de  Henri 
l'Aveugle  dans  le  marquisat  de  Namur.  Baudouin,  par  son  testament,  lui 
avait  assigné  ce  marquisat,  mais  à  la  condition  de  le  tenir  en  fief  de  son 
frère  aîné,  qui  lui-même  le  tiendrait  de  l'empereur  comme  fief  de  l'empire. 
Quant  au  Luxembourg,  qui  était  devenu  un  fief  vacant  par  la  mort  de 
Henri,  l'empereur  en  disposa  en  faveur  de  son  frère  Olhon,  comte  de 
Bourgogne.  Mais  Olhon  s'arrangea  avec  Thibaut  de  Bar  et  lui  céda  ses 
droits  pour  une  somme  d'argent.  Thibaut  après  avoir  fait  rentrer  Ermesinde 
dans  la  jouissance  d'une  partie  de  son  patrimoine,  voulut  aussi  reconquérir 
le  marquisat  de  Namur.  C'est  pourquoi  en  1197,  il  alla  assiéger  Philippe 
dans  sa  capitale,  mais  il  échoua  dans  son  entreprise.  Philippe,  qui  pré- 
voyait le  retour  de  semblables  tentatives,  et  qui  n'avait  aucun  secours  à 
espérer  de  son  frère  alors  en  guerre  avec  la  France,  préféra  faire  des  sacri- 
fices plutôt  que  de  s'y  exposer.  En  conséquence,  il  conclut  avec  Thibaut  un 
accord  converti  en  traité  définitif  en  1199.  Ce  traité,  qui  fut  signé  dans  un 
monastère  près  de  Dînant,  sépara  sans  retour  les  comtés  de  Laroche  et  de 
Durbuv  du  marquisat  de  Namur  et  les  unit  au  comté  de  Luxembourg.  Il 
étabit  en  outre  que  le  comte  de  Bar  et  ses  successeurs  tiendraient  en  fiefs 
du  Hainaut  le  comté  de  Laroche  et  toutes  les  terres  qui  lui  étaient  cédées. 

Comme  on  le  voit,  les  rapports  du  comté  de  Laroche  au  comté  de  Hai- 
naut, tels  que  les  avait  établis  Baudouin  par  son  testament,  ne  furent  pas 
changés  par  le  traité  de  Dinant,  et  le  comté  de  Laroche  continua  a  être 


—    26    — 

regarde  comme  un  fief  du  Hainaut.  «  Dans  la  suite,  il  devint  cependant 
un  fiel' du  duché  de  Brabant,  dit  Ernst  qui  cite  à  l'appui  Butkens,  l'auteur 
des  Trophées  iln  duché  de  Brabant.  Butkens  avoue,  il  est  vrai,  qu'il  ignore 
quand  et  comment  cette  mouvance  a  été  établie,  il  observe  néanmoins 
ailleurs  que  Henri-lc-Blond,  comte  de  Luxembourg,  en  rendit  hommage  au 
i\uv  de  Brabant,  et  il  ajoute  que  vraisemblablement  ses  prédécesseurs  en 
avaient  lait  de  même.  Mais,  continue  Ernst,  on  ne  peut  admettre  cette 
conjecture,  attendu  qu'en  1190,  Gilbert,  chancelier  de  Baudouin  V,  comte 
de  Hainaut,  soutint  au  duc  de  Brabant  en  présence  du  roi  des  Romains 
€  que  les  ducs  de  Bouillon,  de  Limbourg,  les  comtes  ou  ducs  de  Brabant, 

<  n'avaient  eu  aucune  juridiction   ou  droit  appartenant  à  leur  duché  de 

<  Lorraine,  ni  dans  le  comté  de  Namur,  ni  dans  celui  de  Laroche,  ni  dans 
«  le  Hainaut  ;  et  que  le  duc  ne  pouvait  prouver  que  ni  ses  prédécesseurs 
«  ni  lui  y  eussent  été  en  possession,  etc.  » 

t  Quoiqu'il  en  soit,  dit  enfin  Ernst,  Jean  III,  duc  de  Brabant,  remit  cet 
hommage  à  Jean  de  Luxembourg,  roi  de  Bohème,  sous  certaines  conditions 
énoncées  dans  la  charte  faite  à  ce  sujet  le  vendredi  après  l'Epiphanie  de 
l'an  1327  (1).  » 

Nous  reviendrons  sur  ce  sujet  dans  la  suite. 


1 1 1  Ernst.  llist.  des  comtes  de  Laroche  et  de  Durbuy  aux  xi«  et  xn*  siècles. 


TROISIÈME   PÉRIODE. 

Depuis  le  traité  de  Dînant  jusqu'à  Philippe  le  Bon  — 
Thibaut  —  Ermesinde  —  Waleram. 

M99.  — 1226. 

Maitre  du  comté  de  Laroche,  Thibaut  se  fit  reconnaître  avoué  de  Stavelot, 
charge  désormais  héréditaire  dans  la  maison  des  comtes  de  Luxembourg, 
comme  le  comté  de  Laroche  dont  elle  était  devenue  une  annexe. 

En  1209,  il  obtint  de  l'abbé  de  ce  monastère  la  promesse  que  le  château 
de  Logne  ne  serait  jamais  aliéné,  mais  conservé  de  telle  sorte  qu'il  ne  put 
lui  nuire  ni  à  ses  successeurs.  «  Il  craignait,  dit  Bertholet,  que  l'évêque  de 
Liège  ne  s'en  emparât,  ce  qui  aurait  pu  l'arrêter  dans  certaines  entre- 
prises. » 

Nous  possédons  de  Thibaut  une  charte,  de  cette  même  année  1209,  qui 
contient  la  confirmation  des  privilèges  accordés  aux  bourgeois  de  Beauraing 
par  leur  seigneur. 

Dans  cette  charte,  Thibaut,  «  comte  de  Bar,  seire  de  la  Roche,  »  déclare 
les  dits  bourgeois  exempts,  en  vertu  de  ces  privilèges,  pour  le  présent  et 
pour  l'avenir,  de  toutes  exactions,  tailles,  prières,  du  droit  de  morte-main... 
11  déclare  encore  que  le  seigneur  s'est  réservé  de  chaque  feu  de  la  ville  de 
Beauraing,  à  l'exception  des  maisons  des  clercs  et  des  chevaliers,  quatre 
chappons  à  Noël  et  quatre  drS  à  Pâques,  ainsi  que  le  droit  de  main-morte 
surles  biens  d'un  étranger  mort  danslavilledeBeauraingsanslaisserde  parents 
ni  au  premier,  ni  au  second,  ni  au  troisième  degré.  Il  s'est  réservé  aussi  le  droit 
d'exiger  des  bourgeois  de  Beauraing  qu'ils  lui  viennent  en  aide  pour  armer 
son  fils  chevalier  et  de  même  pour  marier  sa  fille  ainée,  et  qu'ils  contribuent 
au  paiement  de  sa  rançon  s'il  était  fait  prisonnier.  Thibaut  règle  ensuite 
qu'en  cas  de  difficulté  entre  le  seigneur  et  les  bourgeois,  ou  bien  entre 
bourgeois  et  bourgeois,  cette  difficulté  soit  portée  devant  les  juges  de 
Laroche  et  terminée  par  eux  ;  que  dans  le  cas  de  violence  appelée  burine, 
si  le  fait  était  prouvé  par  deux  ou  trois  témoins,  l'auteur  fut  condamné  à 
sept  sols  d'amende,  et  «  s'il  advenait  que  le  dit  battelier  prisse  armes  queiîes 
qui  fussent  et  recommenchasse  la  burynne  et  la  sédition  et  la  bataiîie,  » 
que  cette  amende  fut  portée  à  soixante  et  dix  tols. 


-SS- 
II établit  aussi  que  les  veuves  devront  jouir  de  leur  douaire  toute  leur 
vie  durante,  de  même  que  les  hommes  jouiront  des  douaires  qui  leur 
viennent  de  leurs  femmes.  De  plus,  lorsque  les  époux  auront  relevé  en 
même  temps  de  quelque  terre,  si  l'un  vient  à  mourir,  l'autre  sera  exempt 
de  faire  nouveau  relief. 

Enfin  il  détermine  les  conditions  requises  pour  que  les  bourgeois  puissent 
recevoir  quelqu'un  à  leur  franchise.  «  Les  dits  bourgeois  de  Beauraing 
pétillent  recepvoir  à  leur  franchise  tous  ceux  quj  leur  loist  recepvoir  par 
droict  et  nuls  autres  aiïorains  se  il  n'est  à  Beauraing  demorant  ou  se  il  nj 
est  vèu  pour  demorer  ils  ne  peullet  à  leur  franchise  recepvoir.  » 

Thibaut  mourut  le  12  février  121 4,  laissant  de  son  mariage  avec  Ermesinde 
une  seule  enfant,  Isabelle,  qui  fut  mariée  a  Waleram.  surnommé  le  Long, 
seigneur  de  Fauquemont  et  de  Montjoie,  fils  de  Waleram  III  de  Limbourg. 
époux  en  secondes  noces  d'Ermesinde. 

Ce  fut  l'année  même  de  la  mort  de  Thibaut  qu'Ermcsinde  convola  en 
secondes  noces  avec  le  duc  de  Limbourg.  Le  contrat  de  mariage  est  daté 
de  mai  1214.  Waleram  y  donne  en  dota  Ermesinde  son  château  d'Arlon 
avec  toutes  ses  dépendances,  et  s'engage  à  ne  jamais  confier  la  garde  de  ce 
château  sinon  à  des  vassaux  des  comtés  de  Luxembourg,  de  Laroche  et  de 
Durbuy.  Il  promet  ensuite  de  ne  bâtir  aucun  château  ni  d'en  laisser  con- 
struire aucun,  à  moins  que  ce  ne  soit  pour  la  défense  des  comtés  susdits. 
Enfin  Waleram  jure  de  maintenir  les  nobles,  les  bourgeois  et  les  autres 
hommes  de  Luxembourg,  de  Laroche  et  de  Durbuy,  dans  les  mêmes  libertés 
et  les  mêmes  honneurs  dont  ils  ont  joui  au  temps  de  Henri,  comte  de  Namur 
et  père  d'Ermesinde. 

En  1217,  des  difficultés  s'élevèrent  entre  Waleram  et  le  comte  de  Namur 
au  sujet  de  la  succession  du  comté  de  Namur.  Celui-ci  avait  été  cédé  à 
Philippe  de  Courtenay  et  Waleram  prétendait  qu'il  devait  revenir  à  son 
épouse  et  à  ses  enfants.  Le  comte  proposa  ses  raisons  à  Philippe  II  qui  les 
rejeta.  Il  s'ensuivit  une  guerre  qui  dura  quatre  ans  et  se  termina  par  la 
paix  do  Dinant  du  13  mars  1222.  Le  comté  de  Namur  fut  démembré  de 
nouveau,  et  la  principale  partie,  située  au  delà  de  la  Meuse,  du  côté  des 
Ardennes,  avec  les  comtés  de  Laroche  et  de  Durbuy,  fut  derechef,  comme 
en  1191),  cédée  et  confirmée  aux  comtes  de  Luxembourg. 

Waleram    mourut  en  juin    1226,   laissant    trois  enfants  d'Ermesinde, 
Catherine  qui  épousa  Mathieu,  duc  de  Lorraine,  Henri  et  Gérard. 


—    29     - 

Ermesinde  et  Henri-le-Blondel. 

L226.  —1271? 

Après  la  mort  de  son  époux,  Ermesinde  continua  h  gouverner  le  Luxem- 
bourg jusqu'à  ce  qu'elle  put  s'associer  son  tils  aine.  Waleram,  de  son  vivant, 
s'était  emparé  des  châteaux  de  Logne  et  de  Comblain  dans  la  crainte  que 
ses  ennemis  ne  les  occupassent  et  ne  fissent  de  là  dos  incursions  sur  ses 
terres.  Après  sa  mort,  des  contestations  s'étant  élevées  à  ce  sujet  entre 
l'abbaye  de  Stavelot  et  Ermesinde,  celle-ci  s'en  rapporta  à  la  décision  du 
conseil  de  l'empereur.  Le  conseil  décida  contre  elle  et  la  condamna  à 
restituer  ces  deux  forteresses  ;  c'est  ce  que  fit  aussitôt  Ermesinde  qui  rétablit 
ainsi  la  bonne  harmonie  entre  elle  et  l'abbaye. 

Entr'autres  monastères  qu'elle  fonda,  nous  citerons  celui  de  Clairefontaine 
auquel  appartint  dans  la  suite  la  cour  de  Hives  dans  le  comté  de  Laroche. 
Elle  approuva  aussi  la  fondation  dite  des  Ecoliers  faite  à  Houiïalize  (1236) 
par  Thierv  de  Houiïalize  et  Henri,  son  fils  ;  celle  d'un  hôpital  à  Bastogne, 
par  Gérard  de  Houiïalize,  et  confirma  les  donations  qui  leur  furent  faites. 
En  1240,  Ermesinde  maria  son  fils  aine  à  Marguerite,  fille  de  Henri  II, 
comte  de  Bar  et  de  Philippine  de  Dreux.  Dans  le  contrat  de  mariage,  passé 
neuf  ans  auparavant,  il  avait  été  convenu  que  Henri,  après  la  mort  d'Erme- 
sinde,  posséderait  les  comtés  de  Luxembourg  et  de  Laroche  avec  le  marquisat 
d'Arlon  et  toutes  leurs  dépendances,  en  telle  manière  que  Gérard  son  frère,  ne 
pourrait  y  rien  prétendre,  excepté  deux  cents  livrées  de  terre  qui  lui  seraient 
assignées  plus  tard. 

Ermesinde  régla  encore  certaines  affaires  de  famille  dans  la  vue  de  pré- 
venir toutes  difficultés  entre  ses  enfants  dans  la  suite  ;  peu  de  temps  après, 
elle  mourut,  en  mai  12V7. 

Dès  lors,  Henri-le- Blondel  réunissant  au  marquisat  d'Arlon  les  comtés 
de  Luxembourg  et  de  Laroche,  céda  le  23  juin  suivant,  à  Gérard,  son 
puîné,  la  seigneurie  de  Durbuy  avec  des  terres  considérables.  Dans  l'acte 
de  cession,  il  lut  stipulé  entre  les  deux  frères  que  l'un  ne  pourrait  receler 
les  sujets  de  l'autre  ;  que  si,  par  hasard,  il  y  avait  dans  la  chàtellenie  de 
Durbuy  des  hommes  dépendants  du  comté  de  Laroche  ou  de  l'abbaye  de 
Stavelot,  ils  appartiendraient  à  Henri,  et  qn'jl  en  serait  de  même  au  regard 
de  Gérard  pour  ceux  de  Durbuy  demeurant  dans  le  comté  de  Laroche,  à 
moins  qu'on  en  fit  échange. 

Henri,  qui  avait  succédé  à  son  père  dans  Favouerie  de  Stavelot,  donna 


—    30     - 

à  cette  abbaye  en  1244,  le  vi-comté  de  Bras.  Cinq  ans  plus  tard,  sous 
prétexte  que  Henri  de  Gneldre  ne  voulait  pas  le  reconnaître  pour  avoué, 
lui  el  son  frère  Gérard  entrèrent  sur  les  terres  de  l'abbaye  et  les  livrèrent 
au  pillage  et  à  l'incendie.  Ils  s'emparèrent  aussi  de  l'abbaye  et  la  dépouil- 
lèrent de  tout,  jusqu'au  sceau  même  de  l'abbé. 

Ce  fut  sans  doute  pour  réparer  cette  faute  qu'Henri  prit  la  croix  et  partit 
pour  la  Syrie  l'an  1270,  après  avoir  chargé  Henri,  son  fils  aîné,  de  l'admi- 
nistration de  ses  états  pendant  son  absence. 

Cette  croisade  ne  fut  pas  de  longue  durée,  car  Henri  était  de  retour  le 
27  juin  1271. 

Henri  VI   (III). 

1271?  — 1288. 

Il  est  question  de  Henri  VI  (III)  pour  la  première  fois  dans  une  charte 
du  28  janvier  1269.  Pour  la  première  fois  aussi  il  prend  le  litre  de  seigneur 
de  Laroche  le  premier  février  1271,  dans  une  charte  par  laquelle  il  déclare 
consentir  à  la  donation  du  droit  de  patronage  de  l'église  Saint-Martin  à 
A  Non,  faite  en  faveur  du  couvent  du  Saint-Esprit  à  Luxembourg.  «  Il  est 
probable,  disent  les  publications  de  la  Société  pour  la  recherche  et  la 
conservation  des  monuments  historiques  dans  le  grand-duché  de  Luxem- 
bourg, que  Henri  II  aura  conféré  à  son  fils  aîné  le  titre  de  sire  de  Laroche 
à  l'époque  de  son  mariage.  »  Et  de  fait,  une  lettre  du  comte  Henri  Vil  (IV) 
adressée,  le  6  mars  1289,  à  Jean  d'Avesnes,  comte  de  Hainaut,  nous  fait 
connaître  que  le  comté  de  Laroche  forma  le  domaine  de  Béatrix,  veuve  de 
Henri  VI  Mil).  Nous  sommes  en  droit  dès  lors  de  placer  le  mariage  de  Henri  VI 
à  une  époque  antérieure  au  mois  de  février  1271,  antérieure  même  au 
départ  de  son  père  pour  les  croisades,  qui,  suivant  les  historiens,  eut  lieu 
au  mois  de  mai  1270,  car  il  n'est  pas  probable  que  Henri  se  soit  marié  en 
l'absence  de  son  père  ;  et  comme  Henri  n'était  pas  encore  marié  et  sire 
de  Laroche  le  28  janvier  1629,  nous  déterminerons  l'époque  de  ce  mariage 
d'une  manière  approximative  en  disant  qu'il  a  dû  se  faire  entre  le  28  jan- 
vier lL2(i9,  alors  qu'il  n'était  pas  encore  sire  de  Laroche  et  le  mois  de  mai 
1270,  époque  du  départ  de  son  père. 

Tandis  que  son  père  était  dans  les  croisades,  Henri,  pour  affermir  sa 
puissance,  fit  des  alliances  avec  les  seigneurs  voisins,  entr'autres  avec 
Ferri,  duc  de  Lorraine  et  avec  Thibaut,  comte  de  Bar.  Cette  dernière  fut 
conclue  le  5  lévrier  1271  et  Henri-le-Blondel  la  ratifia  à  son  retour,  le 
27  juin  suivant. 


—    81     — 

Le  21  avril  de  la  même  année,  Waleram,  frère  de  Henri,  s'était  reconnu 
son  homme-lige,  et  avait  repris  de  lui  Roussy  et  ses  dépendances.  «  Leur 
père,  dit  Berlholet,  avait  ordonné  que  la  comtesse  Marguerite  jouirait  de 
la  terre  de  Roussy  durant  sa  vie,  et  Waleram,  seulement  après  la  mort  de 
sa  mère,  de  même  que  de  Ligny  et  des  autres  biens  de  Flandre,  ajoutant 
que,  si  le  comte  de  Flandre  ne  voulait  pas  recevoir  son  hommage,  ou 
bien  qu'il  entreprit  de  le  troubler,  son  frère  Henri  lui  payerait  annuellement 
huit  cents  livres  de  revenus,  soit  dans  les  comtés  de  Luxembourg  et  de 
Laroche,  soit  ailleurs,  et  cela  en  compensation  de  ce  dont  Waleram  aurait 
été  privé  en  Flandre  (1).  » 

Quatre  ans  plus  lard,  commença  la  guerre  de  la  vache  à  laquelle  notre 
comte  prit  part,  et  dont  les  suites  furent  aussi  désastreuses  que  le  sujet 
était  mince  et  ridicule  (2).  Une  vache  volée  par  un  paysan  namurois  à  un 
habitant  du  Condroz  et  la  conduite  arbitraire  du  bailli  de  ce  dernier  pays, 
qui  (il  pendre  le  voleur,  tel  fut  le  sujet  de  cette  guerre  qui  coûta  la  vie 
à  plus  de  quinze  mille  hommes,  sans  compter  les  villes  et  les  villages  qui 
furent  incendiés,  tant  dans  le  Condroz  que  dans  le  Luxembourg  et  la  pré- 
vôté de  Poilvache.  Cette  guerre  iinit  le  5  avril  1277.  Les  belligérants 
remirent,  à  la  demande  du  roi  de  France,  leurs  différents  à  la  décision 
d'arbitres  choisis  de  part  et  d'autre,  et  les  choses  furent  rétablies  sur  le 
pied  où  elles  étaient  avant  les  hostilités. 

Henri-le-Blondel  mourut  sur  la  fin  de  décembre  1241  ;  notre  comte  qui 
lui  succéda  dans  le  comté  de  Luxembourg  et  le  marquisat  d'Arlon,  ne  lui 
survécut  pas  longtemps,  car  il  fut  tué  à  la  bataille  de  Woeringen,  le  5  juin 
1288.  11  avait  épousé  Béalrix  d'Avesnes,  fille  de  Baudouin  d'Avesnes,  sire 
de  Beaumont  en  Hainaut  et  de  Félicité  de  Coucy.  11  eut  de  ce  mariage 
trois  fils  et  trois  filles,  illustres  par  leurs  qualités  personnelles  et  qui  ont 
immortalisé  leur  nom  (3)  :  Henri  fut  comte  de  Luxembourg  et  de  Laroche, 
Waleram  hérita  des  biens  maternels  du  Hainaut,  Baudouin  fut  archevêque 
de  Trêves.  Les  trois  filles  furent  religieuses. 

Béatrix  &  Henri  VII  (IV). 

1288  — 1310. 

Lorsque  Henri  VII  (IV)  succéda  à  son  père,  il  n'avait  encore  que  le  titre 

(1)  Bertholet.  Hist.  du  Luxembourg  etc.  V.  182. 

(2)  David.  Manuel  hist.  Belg.  p.  149. 

(3)  Bertholet.  Hist.  du  Luxembourg,  etc.  V.  p.  282. 


—     32    — 

de  damoiseau,  el  il  ne  fut  créé  chevalier  que  quelques   années  après.   La 
comtesse  Béatrix,  sa  mère,  gouverna  les  étais  pendant  sa  minorité. 

Quelque  temps  après  la  mort  de  son  père,  Henri  VII  (IV)  écrivit  a  Jean 
d'Avesoes,  comte  de  llainaut,  pour  lui  demander  répit  pour  l'hommage 
qu'il  lui  devait  faire.  <>  Je  vous  prie  et  requier,  lui  disait-il  dans  sa  lettre, 
tant  comme  je  puis  que  vous  me  volliés  pour  excuset  de  cou  que  je  ne  sui 
aleis  à  vous  pour  faire  hommage,  de  ce  que  je  doi  tenir  de  vous,  car  vous 
savés,  sire,  que  je  ne  suis  mie  orc  en  point  de  men  cors  conduire  à  me 
volontei  ;  pour  coi  je  vos  prie,  très  chiers  sires,  que  vous  me  voeilliés 
donner  respit,  par  coi  en  l'occoison  de  cou  je  ne  puisse  kéir  en  nul 
damage  enviers  vous,  car  si  tost,  sire,  comme  je  porai  seurement  aler,  je 
irai  vers  vous  et  ferai  volontiers  cou  ke  je  deverai.  »  En  même  temps 
notre  comte  demandait  au  comte  de  Hainaut  de  recevoir  à  hommage  sa 
mère  pour  son  douaire  de  Laroche  et  de  tout  ce  qui  en  dépendait.  «  Et 
vous  lac  savoir,  sire,  que  je  sai  et  connois  plainement  que  me  très  chière 
dame  et  mère  si  est  doée  de  la  Roche  ou  Ardenne  et  de  toutes  les  appen- 
danches  ;  pour  coi  je  vous  prie,  très  chiers  sire,  que  vous  le  voelliés 
rechevoir  à  homme  sicom  de  doaire  car  c'est  bien  mes  greis  et  me  volon- 
teis.  .  .  .  (I).  » 

Dans  la  suite,  de  grandes  difficultés  s'élevèrent  entre  Henri  VII  et  le 
comte  de  Hainaut  au  sujet  de  certains  biens  situés  en  Flandres  et  dont  le 
partage  n'avait  pas  encore  été  fait.  Après  «  plusieurs  traités  de  pais  ki 
n'estoient  mie  adierchiet,  »  les  deux  comtes  par  le  conseil  de  leurs  amis 
et  ii  l'intervention  du  roi  de  France,  signèrent  l'accord  suivant,  le  8  sep- 
tembre 1304  :  Henri  reconnut  qu'il  devait  faire  hommage  au  comte  de 
Hainaut  [tour  le  comté  de  Laroche  et  la  terre  de  Durbuy,  pour  le  château 
de  IVilvache  et  toutes  ses  dépendances,  et  il  promit  de  le  faire  de  bonne 
foi  et  en  conscience  sans  désobliger  personne,  et  suivant  le  gré  du  comte 
île  Namtir,  son  cousin.  Il  renonça  en  même  temps  aux  prétentions  qu'il 
avait  sur  les  terres  de  Beaumont  et  de  Beau  fort  pour  lui  et  ses  successeurs. 

Jean,  comte  de  Hainaut,  en  retour  de  ce  que  le  comte  de  Luxembourg 
avait  relevé  de  lui  les  fiefs  de  Laroche,  de  Durbuy  et  de  Poilvache,  lui 
assigna  deux  mille  deux  cents  livres  de  terre  au  tournois,  en  la  ville  de 
Rainnes  et  sa  châtellenie,  et  en  d'autres  lieux  qu'il  déterminait.  De  plus, 
il  lui  donna  une  maison  située  à  Valeuciennes,   en  la  rue  de   la   Couture, 

'  ompte rendu  des  séances  il'"  la  Commission  royale  d'histoire  du  recueil  de  ses 
bulletins  e  série,  Tome  XII,  p..  344,  345. 


—     38    — 

lui  restitua  la  seigneurie  de  Doulers  et  ses  dépendances,  à  condition  que 
le  comte  de  Luxembourg  la  tiendrait  de  lui  en  fief.  Il  lui  abandonna  en 
outre  Villance  et  ses  annexes,  en  se  réservant  toutefois  l'hommage,  et 
renonça  enfin  pour  lui  et  ses  successeurs  à  toutes  les  prétentions  ulté- 
rieures que  son  épouse  Philippe  avait  droit  de  former  à  la  charge  de  son 
neveu,  soit  pour  son  douaire,  soit  pour  quelqu'autre  chose  qne  ce  put 
être  (I). 

Le  comte  de  Hainaut  étant  mort  quelques  mois  après  cet  accord,  son 
successeur,  Guillaume,  confirma  ce  qui  avait  été  fait,  et,  au  mois  de  juillet 
1305,  régla  les  différentes  terres  sur  lesquelles  devaient  se  prélever  les 
deux  mille  deux  cents  livres  de  terre  au  tournois  à  payer  a  notre  comte. 
Celui-ci  lui  lit  de  son  côté  hommage  de  son  comté  de  Laroche  comme  il 
l'avait  fait  précédemment  à  l'égard  de  son  père  (2). 

Ces  transactions  et  la  lettre  de  Henri  au  comte  Jean  de  Hainaut  prouvent 
évidemment  que,  jusqu'à  celte  époque,  le  comté  de  Laroche  n'avait  pas 
cessé  d'être  un  fief  du  Hainaut.  11  y  a  donc  lieu  de  douter  de  l'authenticité 
des  documents  apportés  par  Butkens  pour  prouver  que  le  comté  de  La- 
loche  était  devenu,  après  le  traité  de  Dinant,  un  fief  du  Brabanl,  à  moins 
d'admettre  pour  le  comté  de  Laroche  ce  qui  s'est  fait  en  particulier  pour 
la  terre  de  Mirwart.  En  1270,  Henri,  sire  de  Mirwart,  reprenait  en  fief  de 
Henri,  comte  de  Luxembourg,  «  sa  ville  d'Auwaine,  Mazebourc,  etc.,  et 
devenait  son  homme  lige  et  de  ses  hoirs  après  l'évêque  de  Liège,  le  comte 
de  Bar  et  l'abbé  de  Si-Hubert  (3).  Si  donc  il  est  vrai  que  les  comtes  de 
Laroche,  successeurs  de  Thibaut  de  Bar,  sont  devenus  hommes  liges  des 
ducs  de  Brabant,  ce  ne  peut  être  que  secondairement  aux  comtes  de  Hainaut, 
de  la  même  manière  que  Henri,  sire  de  Mirwart  l'est  devenu  des  comtes 
de  Luxembourg,  aptes  l'évêque  de  Liège,  le  comte  de  Bar  et  l'abbé  de 
St-Hubert. 

En  1308,  Henri  VII  (IV)  fut  élu  empereur  en  remplacement  d'Albert 
d'Autriche  qui  avait  été  assassiné  par  son  neveu,  Jean  le  Parricide  ;  mais 
il  ne  fut  couronné  que  dans  la  cinquième  année  de  son  élection,  le  29 
juin  1312,  dans  la  basilique  de  Latran  à  Rome.  Il  mourut  le  24  août  1318, 
à  Buonconvento,  bourgade  dépendant  de  Sienne. 

Henri  VII  (IV),  qui  avait  épousé  en  1292  Marguerite,  fille  de  Jean  Ier, 

(1)  Compte  rendu  de  s  séances  de  la  Commission  royale  d'histoire.  T.  XII,  p.  390  et  sui- 
vantes ;  et  425  et  suivantes.  Voir  St-Genois.  Hainaut,  1304. 

(2)  Compte  rendu  des  séances  de  la  Commission  royale  d'Histoire,  T.  XII,  p.  390  et  sui- 
vantes, et  425  et  suivantes.  Voir  St-Genois.  Hainaut  1304. 

(3)  Voir  les  pièces  justificatives. 


—     34    — 

duc  «le  Brabant,  ne  laissa  qu'un  fils  unique,  Jean,  surnommé  l'Aveugle, 
son  successeur  dans  les  comtés  de  Luxembourg  et  de  Laroche  el  le  mar- 
quisat d'Arlon,  et  quatre  filles,  dont  l'une,  Béatrix,  épousa  le  roi  Charles 
de  Hongrie  et  une  autre  Charles-le-Bel,  roi  de  France. 

Jean    l'Aveugle. 

1310  —  134(3. 

Jean,  surnommé  l'Aveugle,  épousa  en  1309,  Isabelle,  fille  de  Wenceslas, 
roi  de  Bohême.  Par  ce  mariage,  il  obtint  la  couronne  de  Bohême.  Bientôt 
il  y  joignit  le  comté  de  Luxembourg  par  la  cession  que  lui  en  (il  son  père. 
Celui-ci  avait  fondé  en  1309  l'hôpital  de  S'-Jean-Baptiste  à  Luxembourg. 
Jean  approuva  cette  fondation  l'année  suivante,  et  la  dota  des  dimes, 
grosses  et  petites  de  Serainchamps,  de  Lignière,  de  Derfeal,  de  Malempré 
et  de  Rondu  dans  le  comté  de  Laroche.  Il  ne  se  réserva  pour  lui  et  pour 
ses  successeurs  que  le  droit  du  patronage. 

Le  manuscrit  de  1732  nous  rapporte  qu'en  1317,  Jean  vint  à  Laroche 
avec  la  plus  haute  noblesse  de  son  comté  de  Luxembourg.  Sur  l'avis  de 
Jean  de  Grandprez,  son  cousin,  sire  de  Houffalize,  et  de  Jean  d'Ochain, 
sire  de  Jemeppe,  chevaliers  et  pairs  de  Laroche,  de  Gilson,  sire  de  Rode- 
maeren,  et  d'Arnoud,  sire  de  Pilange,  sénéchaux,  et  de  ses  conseillers, 
Jean,  sire  de  Beauraing,  Jean  de  Montplainchamps,  dit  le  Verton,  che- 
valiers, il  fit  rechercher  dans  les  archives  de  la  ville  les  privilèges  qui  lui 
furent  accordés  par  ses  ancêires  et  les  confirma.  La  charte  qu'il  octroya 
dans  celle  occasion,  ne  nous  est  pas  parvenue.  Nos  archives  ne  renferment 
aucune  charte  de  Jean  antérieure  à  celle  du  3  avril  1331.  Cette  dernière 
contient  les  franchises  accordées  à  Laroche  par  ce  comte.  Jean  y  déclare 
qu'à  l'exception  des  rentes,  des  amendes,  des  revenus  et  d'autres  droits 
que  les  échevins  savaient  lui  être  dus,  il  quittait  aux  bourgeois  de  Laroche 
et  à  leurs  descendants,  à  perpétuité,  toutes  amendes,  tailles  ou  exactions 
d'argent  et  emprunts  que  lui  ou  ses  successeurs  pouvaient  ou  devaient 
en  requérir,  soit  pour  création  de  chevalier,  soit  pour  quelqu'aulre  néces- 
sité ou  convenance  que  ce  puisse  être.  Mais  il  veut  et  ordonne  qu'en 
reconnaissance  de  ces  bienfaits,  ces  bourgeois  soient  tenus  de  munir  leur 
ville  de  murailles  et  de  portes  et  de  les  entretenir  à  leurs  frais;  el,  à  cet 
effet,  ils  devront  employer  par  an  cent  livres  de  petits  tournois.  Il  ajoute 
que  le  comte  de  Luxembourg  et  de  Laroche  leur  fournira  les  machines  de 


guerre,  à  condition  que  les  bourgeois  les  entretiendront  en  bon  état  ; 
qu'ils  fourniront  pour  ses  chevauchées  les  chariots  et  les  provisions  de 
bouche  ordinaires,  et  entretiendront  douze  arbalestriers  pour  son  service 
et  à  leurs  frais.  Il  finit  en  promettant  pour  lui  et  pour  ses  successeurs,  de 
ne  jamais  rien  faire  contre  ses  franchises,  mais  de  les  garder  inviolable- 
ment,  et  de  punir  même  ceux  de  ses  sujets  qui  y  donneraient  atteinte. 

Quelques  années  auparavant,  Jean  voulant  aussi  montrer  sa  bienveillance 
à  l'égard  des  seigneurs  de  Beausainl,  près  de  Laroche,  leur  avait  accordé 
la  haute,  la  moyenne  et  la  basse  justice  (1324). 

Le  diplôme  qu'il  leur  conféra  à  cet  effet  et  dont  on  trouvera  la  copie  au 
nombre  des  pièces  justificatives,  fut  confirmé  par  Charles  V,  le.  7  janvier 
1540,  à  la  suite  de  ce  que  le  prévôt  de  Laroche  déniait  aux  seigneurs  de 
Beausaint  le  droit  de  haute  justice  qui  leur  avait  été  concédé. 

Par  un  accord  fait  à  Noyon  le  1er  mai  1334,  notre  comte  reconnut  tenir 
en  hommage  du  comte  de  Hainaut  et  de  ses  successeurs  le  comté  de  La- 
roche, le  château  et  la  terre  de  Durbuy,  avec  leurs  dépendances,  excepté 
la  ville  et  prévôté  de  Marche  en  Famenne  qu'il  tenait  d'autres  (1). 

Ce  fut  cette  même  année,  peu  de  temps  après  la  mort  d'Isabelle,  son 
épouse,  qu'il  contracta  un  second  mariage  avec  Béatrix  de  Bourbon,  fille 
du  duc  de  ce  nom,  comte  de  Clermont  et  de  la  Marche. 

Dans  le  contrat  de  mariage,  il  fut  stipulé  qu'en  cas  d'enfants  mâles,  ces 
enfants  hériteraient  des  comtés  de  Luxembourg  et  de  Laroche,  du  mar- 
quisat d'Arlon,  des  terres  de  Marche,  de  Durbuy  et  de  Poilvache  et  de  tous 
les  acquêts  que  Jean  pourrait  faire  dans  le  royaume  de  France,  sans  rien 
retenir.  Si  au  lieu  d'enfants  mâles,  naissaient  des  filles,  ces  filles  devaient 
avoir  la  jouissance  des  terres  qui  appartenaient  à  leur  père  dans  le  Hainaut  ; 
mais  dans  le  cas  où  res  terres  ne  vaudraient  pas  annuellement  4000  livres, 
le  surplus  devait  leur  être  assigné  ailleurs-  Au  cas  aussi  que  Blanche, 
épouse  de  Charles,  fils  de  Jean,  survécut  a  son  mari,  comme  elle  avait 
déjà  son  douaire  constitué  sur  les  biens  du  Hainaut,  le  comte  Jean  s'obli- 
geait d'assigner  à  ses  filles  un  autre  douaire;  il  déterminait,  à  cet  effet, 
le  comté  de  Laroche,  qu'il  hypothéquait  pour  les  quatre  mille  livres  sus- 
dites jusqu'à  la  mort  de  Blanche. 

Charles,  marquis  de  Moravie,  et  Jean,  son  frère,  approuvèrent  l'un  et 
l'autre  ce  contrat  do  leur  père,  le  premier  en  août  1335,  le  second  trois 
ans  plus  tard,  en  mars  1338. 

(1)  Pièces  justificatives. 


—    36    — 

Le  besoin  d'argent  avait  force  Jean  d'emprunter  aux  bourgeois  de  Laroche 
deux  cents  florins  de  Florence.  Il  leur  donna,  le  14  mars  1335,  une 
reconnaissance  de  cette  somme,  et  leur  permit  en  même  temps,  de  prélever 
chaque  année,  trente  florins  sur  ses  revenus  de  la  ville  ou  de  ses  autres 
biens  dépendants  du  château,  jusqu'à  ce  qu'elle  fût  entièrement  rcm- 
1). mi  stf.  En  retour  du  service  qu'ils  lui  avaient  rendu  en  cette  circonstance, 
Jean  leur  accorda  un  délai  pour  l'achèvement  des  murs  d'enceinte  qui 
devaient  être  construits  celte  année  la  même. 

En  1342,  Jean  se  mit  à  démembrer  son  comté  en  vendant  la  prévôté  de 
Poilvache  à  Marie  d'Artois,  comtesse  de  Namur  ;  et,  l'année  suivante,  il 
vendit  encore  à  l'évêque  de  Liège,  mais  par  engagement,  Mirwarl,  Orchi- 
mont,  Lomprez,  Villance,  Vireul,  Nassogne  et  beaucoup  d'autres  terres 
considérables.  Ce  fut  à  cette  époque  aussi  qu'il  conclut  un  traité  d'alliance 
avec  cet  évoque.  Ce  traité  est  daté  du  1er  juillet  1343  et  contient  en  ce  qui 
concerne  Laroche  les  dispositions  suivantes  : 

«  Preimiers,  que  on  ne  puist  de  cest  jour  en  avant  appelleir  devant  nous 
evesqs  à  la  paiz  h  Liège,  les  borgois  de  la  ville  de  la  Roche,  en  Ardenne, 
demorans  en  la  dlc  ville  résiiienmet,  ni  aussi  cheauz  qui  demourel  résidenmei 
détiens  les  termes  délie  conteit  de  la  Roche,  corne  nous  soiens  souffisamet 
enfourmeis  que  li  borgois  deseurditet  li  manaten  la  dte  conteit  de  la  Roce, 
quant  à  ce  d'ancienneleit,  en  doivent  eslre  franc  ;  se  adjousteit  se  aucuns 
devinent  ou  veulent  devenir  de  cest  jour  en  avant,  de  novel  borgois  de  la 
<l  \ille  de  la  Roche,  ou  mananz  en  la  dite  conteit  de  la  Roche,  qui  avant 
ce  eussent  meffail  es  cas  pour  lez  queiz  on  les  peust  appeleir  à  la  dte  paiz, 
ils  ne  devront  eslre  en  ce  cas  contre  la  dite  paiz  tenseis  ni  deffenduz,  et 
chil  aussi  qui  des  ores  en  avant  seuront  recheuz  à  la  borgesie  de  la  dite 
ville  de  la  Roche,  devront  faire  en  la  dte  ville  de  la  Roche  résidence  l'espace 
de  demi  an  et  un  jour  continuelemet,  chascun  an,  selonc  la  costume  de 
Pafforaine  borgesie  de  Liège,  et,  se  ne  sont,  ils  ne  seuront  par  raison  de 
riens  de  la  dite  borgesie  affranchis  que  on  ne  les  puist  appeleir  à  la  dite 
paix  à  Liège....  » 

ê 

En  résumé,  par  ce  traité,  tous  les  bourgeois  du  comté,  tant  les  forains 
que  les  résidants,  sont  reconnus  de  temps  anciens  exempts  de  la  juridiction 
du  Tribunal  de  la  Paix.  Quant  aux  nouveaux  bourgeois,  si,  avant  leur 
admission  a  la  bourgeoisie,  ils  avaient  «  melîait  es  cas  pour  lez  queiz  on 
les  peust  appeleir  à  la  dite  paiz  »  ils  devaient  rester  après  leur  admission 


-     37    — 

responsables  au  Tribunal  de  la  Paix  de  leurs  méfaits.  Enfin  fut  posée  la 
condition  requise  pour  être  admis  à  la  bourgeoisie  de  la  ville,  l'obligation 
d'une  résidence  continue  dans  la  ville  de  six  mois  et  un  jour  chaque  année. 

Ce  traité  d'alliance  fut  renouvelé  dans  la  suite  par  Wenceslas  Ier  et 
Englebert,  évêque  de  Liège,  qui  convinrent  en  outre  de  se  prêter  mutuel 
secours  pour  le  cas  où  des  villes,  des  chevaliers  ou  d'autres  viendraient  à 
se  révolter  contre  leur  seigneur  et  a  vouloir  lui  faire  la  guerre  (1363). 

Jean  de  Bohême  périt  à  la  bataille  de  Crécy,  le  24  août  1346,  en  secou- 
rant le  roi  de  France,  son  allié,  contre  le  roi  d'Angleterre. 

Wenceslas   Ier. 

1346  — 1383. 

Jean  avait  eu  de  son  mariage  avec  Isabelle  de  Bohême  entr'autres  enfants, 
Charles,  dans  la  suite  empereur  sous  le  nom  de  Charles  II  et  Jean. 
Wenceslas  Ier,  seul  enfant  du  second  lit,  devait  seul  hériter  des  comtés  du 
Luxembourg  et  de  Laroche  et  du  marquisat  d'Arlon  ;  mais  comme  à  la 
mort  de  son  père,  Wenceslas  était  encore  mineur,  Charles,  son  frère,  se 
chargea  de  l'administration  du  comté  de  Luxembourg  et  s'y  conduisit  même 
en  maître  absolu. 

11  commença  par  engager  plusieurs  terres  considérables  du  Luxembourg, 
et  entr'autres  les  comtés  de  Laroche  et  de  Durbuy  à  Régnier  de  Schonowe 
pour  20,000  réaux  d'or.  Ln  1348,  son  grand  oncle,  Baudouin,  archevêque 
de  Trêves,  dégagea  ces  comtés,  et  reprit  lui-même  ensuite  le  comté  de 
Laroche  au  même  titre  que  Régnier  de  Schonowe.  Au  comté  de  Laroche 
furent  ajoutés  plus  tard  le  comté  de  Luxembourg,  l'avouerie  de  Stavelot  et 
de  Malmédy,  les  villes  de  Marche  et  de  Bastogne,  le  marquisat  d'Arlon 
(sauf  le  douaire  de  Béatrix),  et  les  seigneuries  de  Durbuy  et  de  Rulant 
(1349)  (I). 

Wenceslas  épousa  en  1347,  Jeanne  fille  du  duc  de  Brabant  Jean  III. 
Il  avait  douze  ans,  lors  de  son  mariage.  A  cette  époque,  il  ne  jouissait 
pas  encore  des  revenus  de  son  patrimoine.  Lorsque  Charles  les  lui  aban- 
donna, sept  ans  plus  tard,  il  en  donna  avis  aux  habitants  de  la  ville  et  du 
comté  de  Laroche,  leur  ordonnant  d'obéir  désormais  a  Wenceslas  comme 
à  leur  vrai  et  légitime  souverain.  Ceci  se  passait  le  13  février  1354,  et  le 
13  mars  suivant,  Charles  érigeait  en  duché  le  comté  de  Luxembourg,  en 

(1)  Bulletin  de  la  Commission  royale  d'histoire,  III.  1349. 


—    38    — 

considération,  disent  les  historiens,  du  mariage  de  Wenceslas  avec  Jeanne 
de  Brabant. 

Maître  des  comtés  de  Laroche  et  de  Durbuy,  Wenceslas  les  assigna 
comme  douaire  à  son  épouse,  eu  même  temps  que  les  comtés  de  Chiny  et 
de  la  Ferlé  et  d'autres  terres.  En  1357,  il  fut  reconnu  avoué  de  Stavelot  et, 
l'année  suivante,  il  reçut  de  l'abbé  la  promesse  que  le  château  de  Logne 
ne  lui  causerait  jamais  le  moindre  dommage,  ni  le  plus  léger  préjudice. 
L'abbé  lui  fit  cette  promesse  sous  la  garantie  de  son  serment  et  sous  celle 
de  tous  ses  biens  et  de  tous  les  biens  de  l'abbaye  (1).  Peu  de  temps  aupa- 
ravant (1355),  le  duc  de  Brabant,  Jean  III,  était  mort  laissant  sa  fille 
Jeanne  l'unique  héritière  de  ses  états.  Jeanne  et  Wenceslas  en  prirent 
possession  et  furent  inaugurés  à  Louvain  le  3  janvier  1356. 

Les  registres  de  la  haute  cour  de  Laroche  font  mention  d'une  charte 
que  Wenceslas  octroya  le  10  juillet  1360,  a  la  ville  de  Laroche.  Cette  charte 
a  disparu  des  archives  de  la  ville  ;  elle  ne  contenait  au  reste  que  la  confir- 
mation des  privilèges  accordés  aux  bourgeois  par  Jean  l'Aveugle. 

Nous  sommes  arrivés  au  temps  où  la  peste  faisait  de  terribles  ravages 
dans  les  Ardennes.  La  mortalité  fut  si  grande  dans  tout  ce  quartier,  qu'il 
devint  pour  ainsi  dire  désert.  Wenceslas,  pour  le  repeupler,  en  exempta 
les  habitants  du  droit  de  main-morte  tant  a  son  égard  qu'à  celui  de  ses 
sujets  d'Ardennes  ;  et  il  dépêcha  à  ce  sujet  trois  lettres  dont  l'une  à 
Laroche,  la  seconde  à  Marche  et  la  troisième  à  Bastogne  (1362)  (2). 

Comme  après  trente-un  ans  de  mariage,  Wenceslas  se  voyait  sans  enfants 
et  sans  espoir  d'en  avoir,  il  fit,  le  1er  février  1378,  son  testament  par 
lequel  il  laissa  à  son  neveu  Wenceslas,  fils  de  l'empereur,  le  duché  de 
Luxembourg  avec  toutes  ses  seigneuries  et  dépendances. 

Le  7  du  même  mois  les  Trois-États  et  les  villes  du  Luxembourg  furent 
appelés  a  ratifier  celte  disposition  de  notre  comte,  disposition  «  dont  les 
suites  devinrent  déplorables  si  jamais  il  en  fut,  dit  Aug.  Neyen,  l'historien 
de  Bastogne,  puisqu'elles  eurent  entr'autres  pour  effet  immédiat  de  faire 
descendre  le  patrimoine  de  famille  de  nos  dynastes,  le  pays  qui  avait  été 
le  berceau  de  leur  maison,  au  second  rang  d'importance  parmi  les  posses- 
sions de  ces  princes  (3).  » 

Wenceslas  mourut  en  1383.  Jeanne  son  épouse  lui  survécut  vingt- trois 


(1)  Publications  de  la  Société  historique  de  Luxembourg,  XXIV  (II). 

(2)  Publications  de  la  Société  historique  de  Luxembourg,  XXIV  (II)  1362. 

(3)  lli.- Loire  delà  ville  de  bastogne,  p.  83. 


—    39     - 

ans.  Pendant  ce  temps,  elle  eut  la  jouissance  du  comté  de  Laroche  qui, 
comme  nous  l'avons  vu,  lui  avait  été  donné  en  dot  avec  d'autres  terres 
considérables.  Elle  mourut  en  1406,  après  avoir  institué  pour  son  héritière, 
Marguerite,  sa  nièce,  épouse  de  Philippe,  duc  de  Bourgogne. 

Wenceslas   II. 

1383.  —  1419. 

Wenceslas  II,  successeur  de  Wenceslas  Ier,  affectionna  tout  particulière- 
ment la  ville  de  Laroche.  Aussi,  l'année  même  de  la  mort  de  son  oncle, 
il  voulut  honorer  cette  ville  de  sa  présence,  et  il  s'y  rendit  avec  sa  cour 
et  son  conseil  (1).  Le  séjour  qu'il  y  fil,  fut  signalé  par  un  grand  nombre 
de  bienfaits.  Entr'autres,  il  accorda  aux  bourgeois  par  une  charte  que  les 
temps  ne  nous  ont  pas  transmise,  la  confirmation  des  franchises  et  des 
libertés  que  Jean  de  Bohême,  son  grand-père  et  Wenceslas,  son  oncle, 
leur  avaient  octroyées.  Par  une  seconde  charte  datée  de  1407,  Wen- 
ceslas II  dota  la  ville  d'armes,  portant  fond  de  gueules  au  lion  rompant 
d'argent  sans  couronne,  à  la  queue  fourchue  passée  en  sautoir,  lampassé 
et  armé  d'or,  et  un  lambel  de  trois  pièces  d'azur  brochant  sur  le  tout. 

En  1409,  Wenceslas  donna  la  fille  de  son  frère,  Elisabeth  de  Gorlitz, 
dont  il  était  tuteur,  en  mariage  à  Antoine  de  Bourgogne,  duc  de  Brabant. 
En  guise  de  dot,  il  lui  céda  à  titre  d'engagère,  et  après  elle,  à  son  époux, 
le  duché  et  ses  annexes  (ji  l'exception  du  château  de  Laroche),  à  la  con- 
dition de  le  retirer  des  mains  de  Josse  auquel  il  l'avait  précédemment  en- 
gagé. En  1411,  ce  retrait  eut  lieu,  et  Antoine  et  Elisabeth  restèrent  seuls 
seigneurs  engagistes  pour  des  sommes  considérables. 

Antoine  fut  tué  à  la  bataille  d'Azincourt  (1415);  Wenceslas  mourut 
quatre  ans  après,  le  16  août  1419,  laissant  pour  héritier  de  tous  ses  biens 
patrimoniaux  Sigismond,  son  frère  puîné. 

Sigismond. 

1419.  —  1.4.37. 

Lorsque  Sigismond,  successeur  de  Wenceslas,  eut  pris  possession  du 
comté  de  Laroche,  il  laissa  à  Jean  et  Huart  d'Autel  le  titre  de  châtelains, 
qui  leur  avait  été  accordé  précédemment.  Dans  le  diplôme  qu'il  leur  con- 

(1)  Manuscrit  de  1732. 


-     40     - 

fera  à  celte  occasion,  Sigismond  mot  en  relief  les  services  que  leur  père 
a  rendus  a  ses  devanciers  et  qu'eux-mêmes  lui  ont  rendus  jusqu'alors.  11 
«lit  ensuite  qu'en  considération  de  ces  services,  il  leur  confie  son  château 
et  son  comté  de  Laroche  avec  tous  ses  droits  et  revenus  sans  exception 
aucune  ;  il  ajoute  qu'ils  doivent  tenir,  jouir  et  lui  conserver  le  château  de 
la  même  manière  qu'ils  l'ont  détenu  sous  son  frère,  et  qu'ils  le  détiendront 
de  la  sorte  jusqu'à  révocation.  Il  termine  en  ordonnant  à  tous  les  bour- 
geois, aux  quatre  mairies  et  à  tous  ceux  qui  relèvent  du  château,  de  leur 
prêter  foi  et  hommage,  comme  ils  l'ont  prêté  autrefois  à  leur  père.  Cette 
charte  est  datée  de  Bresleau  1420.  Cinq  ans  plus  tard,  eu  égard  surtout 
aux  grandes  dépenses  qu'avait  faites  le  père  de  Jean  et  de  Huart  lorsqu'il 
était  a  son  service,  Sigismond  accorda  aux  deux  frères  18,000  florins  du 
Rhin  sur  son  château  de  Laroche  et  ses  dépendances.  L'acte  de  cession 
stipulait  qu'ils  devaient  jouir  des  fruits  et  des  revenus  du  château  et  de 
ses  dépendances  jusqu'à  ce  que  lui  ou  ses  successeurs  eussent  entièrement 
payé  celte  somme  (1425,  1er  avril).  Le  22  janvier  1426,  Sigismond  lit  con- 
naître cette  disposition  à  ses  sujets  du  comté  et  leur  enjoignit  de  rendre 
aux  deux  frères  les  hommages  habituels,  de  leur  prêter  le  serment  ordi- 
naire de  fidélité,  de  leur  rester  obéissants  et  soumis,  afin  d'éviter  sa  dis- 
grâce. En  1431,  le  7  avril,  il  engagea  son  château  de  Laroche  à  Jean 
d'Autel,  moyennant  la  somme  de  2000  florins  qu'il  reconnaît  en  avoir  reçus 
et  d'autres  sommes  qu'il  savait  lui  êlre  dues.  C'est  le  dernier  acte  de  la 
vie  de  Sigismond  qui  puisse  nous  intéresser.  Il  mourut  le  9  décembre  1437, 
ne  laissant  de  son  mariage  avec  Marie  de  Hongrie,  qu'une  fille  nommée 
Elisabeth. 

Albert  V,  archiduc  d'Autriche  et  Elisabeth. 

1437. —4439. 

Elisabeth,  fille  de  Sigismond  et  son  unique  héritière,  épousa  en  1422, 
Albert  V,  archiduc  d'Autriche,  auquel  elle  avait  été  fiancée  dès  l'âge  de 
huit  ans.  Peu  après  la  mort  de  Sigismond,  le  1er  janvier  1438,  Albert  fut 
couronné  roi  de  Hongrie,  avec  son  épouse,  à  Albe-Royale,  et  roi  de  Bohême 
le  0  mai  suivant.  La  même  année,  il  fut  élu  roi  des  Romains  à  Francfort, 
d'où  il  alla  se  faire  couronner  à  Aix-la-Chapelle  sous  le  nom  d'Albert  II. 
Il  entreprit,  en  1438,  de  faire  le  retrait  du  duché  de  Luxembourg  des 
mains  d'Elisabeth  de  Gorlitz  ;  mais  pour  une  cause  qu'on  ignore,  ce  retrait 


-    41     — 

n'eut  pas  lieu,  quoiqu'il  eût  été  signifié  à  Elisabeth.  Albert  mourut  en  1439, 
le  27  octobre,  laissant  deux  filles.  Anne,  épouse  de  Guillaume,  duc  de  Saxe 
et  Marguerite. 

Elisabeth  et  Ladislas. 

1439.  —1457. 

Après  la  mort  de  son  mari,  Elisabeth  fit  donation,  le  23  décembre  1439, 
à  la  duchesse  Anne,  sa  fille,  et  a  son  mari,  de  ses  droits  sur  le  Luxem- 
bourg et  le  comté  de  Chiny,  à  la  condition  de  rembourser  l'engagère. 
Néanmoins,  comme  elle  était  alors  dans  l'attente  d'un  troisième  enfant, 
elle  se  réserva  dans  le  cas  où  elle  donnerait  naissance  à  un  enfant  mâle, 
le  pouvoir,  pour  elle  et  pour  son  fils,  de  retirer  des  mains  des  donataires 
aussi  bien  que  de  leurs  héritiers  le  même  duché  et  le  comté  de  Chiny. 
Ladislas  vint  au  monde  peu  de  temps  après,  le  22  février  1410.  En  atten- 
dant qu'il  fut  en  majorité,  et  qu'il  put  faire  par  lui-même  le  retrait  susdit, 
Elisabeth  confirma  la  cession  déjà  faite  au  duc  de  Saxe,  et  la  notifia  aux 
États  par  acte  du  10  août  14.40,  L'Empereur,  tuteur  de  Ladislas,  confirma 
aussi  cette  cession  par  ses  lettres  patentes  du  29  mai  1441.  Toutefois, 
Guillaume  ne  devait  entrer  en  jouissance  du  duché  et  de  ses  annexes  qu'a- 
près avoir  remboursé  l'engagère.  Ne  pouvant  y  parvenir,  il  entretint  des 
intelligences  dans  le  duché.  D'un  autre  côté,  les  Luxembourgeois,  qui 
détestaient  Elisabeth  de  Gorlitz,  la  chassèrent  de  leur  ville  (1441).  Alors 
commença  une  guerre  entre  Guillaume  et  Philippe-le-Bon,  dans  les  bras 
duquel  Elisabeth  s'était  jetée,  et  qu'elle  avait  nommé  mambourg  et  admi- 
nistrateur du  duché.  Cette  guerre  fut  en  tout  point  favorable  à  Philippe  ; 
et,  en  1443,  il  ne  restait  plus  que  deux  villes  qui  tinssent  pour  le  duc  de 
Saxe,  Luxembourg  et  Thionville.  Ces  villes  finirent  par  succomber,  ce  qui 
amena  la  paix  (1445).  C'est  sans  doute  pendant  celle  période  de  guerre 
que,  suivant  ce  que  rapporte  le  manuscrit  de  173L2,  Laroche  fut  brûlée 
depuis  la  porle  du  Gravier  jusqu'au  faubourg  Saint-Nicolas,  par  un  déta- 
chement de  cavalerie,  envoyé  par  le  comte  de  Vernembourg,  gouverneur 
de  Luxembourg,  «  qui  voulait,  dit  ce  manuscrit,  punir  les  bourgeois  de 
quelques  fautes  commises.  » 

Entre  temps  Elisabeth  de  Gorlitz  s'était  retirée  à  Trêves  et  ce  fut  dans 
cette  ville  qu'elle  mourut  le  3  août  1451.  A  sa  mort,  la  guerre  recom- 
mença entre  Philippe-le-Bon  et  Ladislas  qui  avait  voulu  se  mettre  en  pos- 


—    42    — 

session  du  duché  de  Luxembourg  et  du  comté  de  Chiny.  Dès  le  mois  de 
février  I  i53,  les  troupes  de  Ladislas  étaient  maîtres  de  Laroche,  de  Houf- 
falize,  de  Salm  et  d'autres  villes  du  pays;  mais  ces  villes  ne  lardèrent  pas 
à  retomber  au  pouvoir  de  Philippe-le-Bon.  Au  mois  d'août  suivant,  une 
trêve  fut  signée  pendant  laquelle  les  parties  convinrent  d'établir  des  con- 
férences à  Mayence.  Ces  conférences  eurent  lieu,  mais  n'amenèrent  aucun 
résultat.  Les  différents  furent  alors  soumis  à  l'arbitrage  du  duc  Louis  de 
Bavière.  Rien  n'avait  encore  été  conclu  que  Ladislas  mourut,  le  23  no- 
vembre 1457,  alors  qu'on  négociait  aussi  son  mariage  à  une  fille  du  roi  de 
France. 

Guillaume  de  Saxe  et  Anne,  son  épouse. 

1457  —  1459. 

Charles  VII,  roi  de  France  et  Louis  XI,  son  fils. 

1459  —  1462. 

La  succession  de  Ladislas  fut  dévolue  à  sa  sœur  Anne  et  à  Guillaume 
de  Saxe,  son  époux.  Jusque  là,  le  roi  de  France  avait  empêché  le  duc  de 
Bourgogne  de  s'emparer  du  Luxembourg  ;  mais  sur  la  représentation  du 
duc,  il  avait  fini  par  ne  plus  en  faire  la  garde.  C'est  sans  doute  ce  qui 
décida  Guillaume  à  vendre  a  Charles  VU  le  duché  avec  ses  annexes  (1). 
L'acte  de  vente  est  du  20  mars  1459  et  le  prix  stipulé,  de  50,000  écus  en 
or.  Le  17  avril  suivant,  Guillaume  notifia  celte  vente  aux  nobles  chevaliers 
du  duché  de  Luxembourg  et  des  comtés  de  Chiny  et  de  Laroche  qui  lui 
étaient  restés  fidèles,  et  leur  prescrivit  de  prêter  foi  et  hommage  a  Charles  VIL 

De  son  côté,  Charles  VII,  après  avoir  ratifié  cette  vente,  voulant  récom- 
penser la  fidélité  des  nobles  qui  avaient  toujours  tenu  le  parti  de  leur 
prince  légitime,  leur  confirma,  par  ses  lettres  du  21  avril  1459,  tous  les 
privilèges  et  les  coutumes  dont  ils  avaient  joui  jusqu'alors.  Dans  ces  lettres, 
et  aussi  dans  une  charte  de  la  même  époque  par  laquelle  il  maintient  les 
droits  et  les  privilèges  de  Thionville,  il  prend  le  titre  de  duc  de  Luxem- 
bourg et  de  comte  de  Chiny  et  de  Laroche.  Ce  prince  mourut  au  mois 
de  juillet  1461  et  eut  pour  successeur  Louis  XI,  son  fils.  De  son  vivant, 
il  avait  payé  sur  son  acquisition  dix  mille  écus,  lors  de  sa  prise  de  pos- 

(1)  Table  chron.  des  chartes  et  diplômes  relatifs  à  l'hist.  de  l'ancien  pays  de  Luxembourg 
1876  i».  'Si- 


-     43    — 

session  du  duché  et  de  ses  annexes.  Les  40,000  restant  devaient  être 
payés  dans  les  deux  ans  à  partir  de  mai.  Au  temps  déterminé,  Guillaume 
s'adressa,  pour  obtenir  celte  somme,  a  Louis  XI  qui  le  renvoya  à  Philippe, 
duc  de  Bourgogne,  auquel  il  avait  cédé  ses  droits  par  acte  du  25  novembre 
1462.  A  celte  époque,  Philippe  tenait  déjà  à  titre  d'engagère  les  comtés 
de  Luxembourg  et  de  Chiny  par  la  cession  qu'E.isabeth  de  Gorlilz  lui  en 
avait  faite  de  son  vivant,  ne  se  réservant  qu'une  pension  annuelle  de  8000 
florins.  Des  négociations  furent  ouvertes  entre  Philippe  et  Guillaume  de 
Saxe;  elles  aboutirent  à  la  cession  du  Luxembourg  et  des  comtés  de  Chiny 
et  de  Laroche  que  fit  Guillaume  en  faveur  du  duc  de  Bourgogne,  le  3 
septemble  1463.  Cette  cession  termine  la  troisième  période  de  notre  histoire. 


QUATRIÈME   PÉRIODE. 

Depuis  Philippe  le  Bon  jusqu'à  la  révolution  française. 
Philippe  le  Ron  et  Antoine  le  bâtard  de  Bourgocne,  son  fils. 

1463  —  1504. 

Maître  du  comté  de  Laroche,  Philippe  créa  pair  de  Laroche  Jean 
l'Orfèvre,  chancelier  de  Rrabant  et  président  du  conseil  à  Luxembourg 
(11  décembre  1463).  A  cet  effet,  il  lui  fit  cession  de  la  terre  et  seigneurie 
de  Han-sur-Lesse,  à  condition  de  la  tenir  de  lui  en  fief.  Deux  ans  plus  tard, 
il  abandonna  le  comté  de  Laroche  à  son  fils  Antoine,  surnommé  le  Bâtard 
de  Bourgogne.  Voici  a  quelle  occasion  au  rapport  d'Olivier  de  la  Marche  (1). 
«  En  ce  temps  »,  dit  cet  auteur,  «  le  duc  Philippe  de  Bourgogne  prit  une 
maladie  dont  il  fut  moult  affaibli  et  aggravé  de  sa  personne  ;  et  depuis  ne 
lit  pas  grand  travail,  ainsi  se  trouva  vieil  et  maladif,  dont  ce  fut  pitié  et 
dommage,  car  il  avait  vécu  courageusement  et  en  prince  vertueux.  Et  le 
bastard  de  Bourgogne,  averti  de  la  maladie  de  son  père,  s'en  vint  a  diligence 
pour  le  servir  et  honorer  comme  il  devait  Le  duc  Philippe  donna  au  dit 
bastard  le  comté  de  Laroche  en  Ardenne  ;  mais  on  y  trouva  des  difficultés, 
par  quoi  il  l'eut  à  moult  grande  peine.  » 

Antoine,  suivant  les  Annales  de  la  société  archéologique  de  Namur  (2), 
était  fils  de  Philippe  et  de  Jeanne  de  Presle  ;  suivant  Baranle(3),  de  Philippe 
et  de  Marie  de  Thieffry.  Il  fut  légitimé  par  la  pape,  par  l'empereur  et  par 
son  père  lui-même,  puis  constitué  héritier  présomptif  des  Pays-Bas  et  de 
la  Bourgogne  pour  le  cas  où  le  comte  de  Charolais  mourrait  sans  postérité  (4). 

Philippe  mourut  le  15  juin  1467.  Charles  le  Téméraire,  qui  lui  succéda, 
confirma,  en  1473,  la  donation  faite  à  Antoine  du  comté  de  Laroche,  et 
ordonna  aux  nobles  et  à  tous  ceux  qui  relevaient  du  comté  de  le  recevoir 
comme  leur  légitime  seigneur  et  de  lui  jurer  foi  et  hommage.  Nulle  part 
cependant,  on  ne  voit  qu'Antoine  ait  jamais  pris   possession  du  comté  ; 

(t)  Cité  par  Wurth-Paquet.  Tables  chron.  des  chartes  et  diplômes  relatifs  à  l'hist.  de 
l'ancien  pavs  de  Luxembourg  1877  p.  27. 

(2)  XI.  56. 

(3)  Hist.  des  ducs  de  Bourgogne. 

(4)  Annales  de  la  soc.  de  Namur,  XI,  56. 


-     45     - 

c'est  pourquoi  après  sa  mort,  lorsque  son  héritier,  Adolphe  de  Bourgogne, 
seigneur  de  Beveren,  voulut  en  prendre  possession,  on  lui  en  contesta  le 
droit.  Le  grand  conseil  de  Malines,  devant  lequel  l'affaire  fut  portée,  décida 
contre  Adolphe  en  faveur  du  souverain,  qui  fut  dès  lors  déclaré  le  seul 
héritier  légitime  du  comté  et  reconnu  comme  tel  (1532). 

Quoi  qu'il  en  soit,  Antoine,  dans  les  différentes  circonstances  où  il  est 
question  de  lui,  est  toujours  qualifié  du  titre  de  comte  de  Laroche  en 
Ardennes  ;  et  un  mémoire  présenté  par  Adolphe  de  Bourgogne  au  grand 
conseil  de  Malines,  nous  apprend  qu'il  fut  reconnu  comme  tel  par  l'empe- 
reur Maximilien,  son  épouse  Marie  de  Bourgogne,  et  Philippe,  leur  fils. 

Antoine,  notre  comte,  assista  au  siège  de  Dinant  et  fut  chargé  d'un  des 
trois  corps  d'investissement  de  la  ville.  C'est  à  lui  que  les  clefs  de  la  ville 
furent  remises,  lors  de  la  reddition  qui  en  fut  faite.  Antoine  les  déposa 
entre  les  mains  du  comte  de  Charolais  et  alla  prendre  ensuite  possession 
du  château  (1466).  Antoine  se  trouva  aussi  à  la  bataille  de  Nancy  où 
Charles  le  Téméraire  trouva  la  mort  ;  il  y  fut  fait  prisonnier  et  fut  livré 
par  René,  duc  de  Lorraine,  au  roi  Louis  XI  (1477)  (1). 

En  1488,  au  mois  de  février,  les  Brugeois  se  révoltèrent,  et  ayant  arrêté 
Maximilien,  ils  l'enfermèrent  dans  la  maison  de  Philippe  de  Clêves  qu'ils 
avaient  convertie  en  une  espèce  de  prison.  De  nombreuses  tentatives  furent 
faites  pour  obtenir  son  élargissement,  mais  sans  aucun  succès.  Au  bout  de 
quatre  mois,  les  États  se  rendirent  à  Gand,  pour  agir  de  plus  près  et  ter- 
miner les  difficultés  Elles  le  furent  par  un  traité  signé  le  16  mai  1488, 
qu'Antoine,  notre  comte,  fut  appelé,  avec  d'autres,  à  ratifier  (2).  Antoine 
mourut  en  1504  en  son  château  de  Tournehem.  Il  avait  épousé  Marie  ou 
Bonne  de  Viefville,  héritière  de  Pierre,  seigneur  de  Tournehem,  dont  il 
laissa  Philippe,  seigneur  de  Beveren  et  Jeanne  qui  épousa  Gaspard  de 
Culembourg  (3).  Il  est  regardé  comme  le  bienfaiteur  des  Cordeliers  à  Mons; 
c'est  lui,  en  effet,  qui  bâtit  le  cloître,  le  réfectoire,  le  chapitre  et  la  biblio- 
thèque de  leur  couvent  en  1490  (4). 


(1)  Barante  XXII,  p.  113. 

(2)  David.  Manuel  d'hist.  de  la  Belgique,  p.  270. 

(3)  Barante.  Hist.  des  ducs  de  Bourgogne. 

(4)  Gilles  Jos.  de  Bossu.  Histoire  de  la  ville  de  Mons.  Delevarde.  Hist.  génér.  du  Ilainaut 
II.  p.  460. 


—    46    — 
Chaules  V.  —  Philippe  d'Autriche. 

1506  —  1598. 

Nous  ignorons  si  Antoine  eut  pour  successeur  immédiat  au  comté  de 
Laroche  un  de  ses  descendants,  ou  bien  si  ce  comté,  après  sa  mort,  rentra 
dans  le  domaine  des  ducs  de  Luxembourg  en  la  personne  de  Philippe  le 
Beau.  On  sait  cependant  qu'Adolphe  de  Bourgogne,  «  son  neveu  en  ligne 
directe  et  héritier  immédiat,  >  ne  fut  pas  admis  à  en  prendre  possession, 
et  que  dès  1507,  Maximilien  au  nom  de  son  pupille,  Charles  V,  agissait  en 
qualité  de  comte  de  Laroche  en  dégageant  le  comté  des  mains  des  héritiers 
de  Jean  et  Huart  d'Autel.  Ce  dégagement  se  fît  par  parties  et  ne  fut  terminé 
qu'en  151 1. 

Charles  V  confirma  les  privilèges  de  la  ville  de  Laroche  par  deux  chartes 
successives,  l'une  datée  de  Bruxelles,  du  3  juin  1519,  et  l'autre  de  Malines 
du  30  juin  1530.  Cette  dernière  charte  nous  apprend  que,  malgré  leurs 
franchises,  les  Bourgeois  avaient  eu  beaucoup  à  souffrir  des  vexations  des 
receveurs,  et  qu'ils  avaient  dû  payer  bien  des  aides  auxquels  ils  n'étaient 
pas  tenus.  Dans  leur  requête  à  l'Empereur,  les  Bourgeois  s'étaient  plaints 
de  ces  vexations.  Ils  le  suppliaient  de  vouloir  les  confirmer  dans  leurs 
privilèges,  vu,  d'un  côté,  les  grands  frais  qu'ils  avaient  dû  supporter  pour 
l'entretien  de  deux  tours,  et  ceux  qui  leur  restaient  encore  à  supporter 
pour  la  réparation  d'une  partie  des  murs  d'enceinte  qui  s'étaient  écroulés, 
et,  de  l'autre,  le  soin  avec  lequel  ils  avaient  toujours  précédemment  entre- 
tenu les  portes,  les  murailles,  les  tours  et  les  autres  édifices  de  la  ville  ; 
vu  aussi  la  fidélité  avec  laquelle  ils  avaient  toujours  rempli  leurs  autres 
obligations.  L'Empereur  rappelant  les  chartes  qui  leur  avaient  été  autrefois 
octroyées,  et  eu  égard  aux  bonnes  raisons  qu'ils  allégaient  dans  leur  sup- 
plique, leur  accorda  la  grâce  qu'ils  désiraient  et  aux  mêmes  conditions  que 
par  le  passé,  et  défendit  à  ses  sujets  de  jamais  les  troubler  dans  l'exercice 
de  leurs  droits  et  de  leurs  privilèges. 

Pendant  la  guerre  que  se  firent  Charles  V  et  François  1er,  les  Français 
s'emparèrent  du  duché  de  Luxembourg  ;  mais  ils  furent  presqu'aussitôt 
forcés  de  l'abandonner,  car  Charles  V  ayant  repris  la  ville  de  Luxembourg, 
le  6  août  I5ii,  la  prise  de  cette  place  amena  immédiatement  la  reddition 
de  toutes  les  autres  places  de  la  province.  Charles,  dans  la  suite,  aban- 
donna ce  duché  a  son  fils  Philippe  qui  fut  inauguré  duc  de  Luxembourg 
en  1549.  Philippe  accorda  aussi  aux  Bourgeois  de  Laroche  la  confirmation 


—    47    — 

de  leurs  privilèges  par  une  charie  datée  de  Bruxelles  le  30  mai  1559.  C'est 
tout  ce  que  nous  savons  de  lui  en  ce  qui  concerne  Laroche.  Le  comté  eut 
sans  doute  à  souffrir,  comme  les  autres  pays,  des  guerres  qu'il  soutint 
contre  la  France  et  la  Hollande;  mais  l'histoire  ne  nous  mentionne  rien 
à  cet  égard.  Nous  connaissons  seulement,  par  un  record  des  échevins  de 
Laroche  du  10  avril  1574,  que  le  seigneur  de  Tancly  (?)  «  passa  et  repassa 
sur  le  conté  avec  sa  troppe  »,  et  qu'alors  les  Bourgeois  avec  leurs  forains 
se  retirèrent  dans  l'intérieur  de  la  ville  pour  la  défendre. 

Albert   et  Isabelle. 

1598  —  1621. 

En  1598,  le  6  mai,  Philippe  II  céda  les  Pays-Bas  en  toute  propriété  et 
en  toute  souveraineté  à  la  sérénissime  infante  Isabelle  Claire-Eugénie,  sa 
tille,  en  faveur  de  son  mariage  avec  Albert,  archiduc  d'Autriche.  Un  des 
premiers  actes  d'Albert  fut  de  confirmer,  le  17  mars  1601,  les  privilèges 
de  la  ville  de  Laroche.  La  charte  qu'il  donna  à  cet  effet,  est  la  répétition 
des  chartes  précédentes,  sauf  cette  particularité  que  ceux-là  seuls  seraient 
tenus  francs  et  exempts  de  contribuer  aux  prières,  tailles,  aides,  subven- 
tions, etc.,  qui  devaient  subvenir  à  l'entretien  de  la  ville. 

Pendant  les  guerres  qu'Albert  eut  à  soutenir  contre  les  Hollandais,  le 
prince  de  Nassau  vint  avec  un  corps  d'armée,  camper  en  face  de  Laroche 
dans  les  Eveux  de  Harcé.  Il  n'attaqua  cependant  pas  la  ville.  L'auteur  du 
manuscrit  de  1732  qui  nous  rapporte  ce  fait,  nous  dit  que  les  Hollandais, 
après  avoir  brûlé  le  château  et  le  village  de  Beausaint,  vinrent  sur  les 
Axheliers  pour  insulter  les  Bochois,  leur  criant  :  Venez,  sortez,  papistes, 
nous  vous  attendons.  En  1604,  la  peste  fit  son  apparition  dans  le  Luxem- 
bourg et  y  exerça  de  grands  ravages  ;  elle  reparut  de  nouveau  en  1626  et 
surtout  en  1636. 

A  cette  époque,  elle  sévit  avec  une  telle  violence  qu'il  périt  dans  la  pro- 
vince, alors  beaucoup  plus  considérable  qu'aujourd'hui,  près  de  onze  cent 
mille  personnes,  et  plusieurs  villages  devinrent  complètement  déserts (1). 

On  ne  connaît  pas  le  nombre  des  personnes  mortes  de  la  peste  à  Laroche 
en  1636;  on  sait  seulement  que  l'auteur  du  manuscrit  de  1732,  que  cet 
endroit  fut  alors  un  des  plus  affligés  de  cette  terrible  maladie,  et  entr'autres 
victimes,  cet  auteur  cite  sire  Jean  Giloteau,  vicaire  de  Laroche. 

Albert,  notre  comte,  mourut  eu  1621. 

(1)  Bertholet.  Histoire  du  Luxembourg,  VIII.  Liv.  II,  p.  57. 


-    48    - 
Philippe  IV. 

1621  — 1665. 

Philippe  IV,  roi  d'Espagne,  succéda  à  Albert,  mais  laissa  le  gouverne- 
ment du  pays  à  Isabelle,  avec  toutes  les  prérogatives  dont  elle  avait  joui 
comme  souveraine.  D'après  les  clauses  de  l'acte  de  donation  faite  par  Phi- 
lippe II,  si  Isabelle  devenait  veuve  sans  enfants,  elle  n'avait  droit  qu'à  un 
douaire,  et  la  souveraineté  de  la  Belgique  devait  retourner  au  roi  d'Espagne. 
Isabelle  mourut  en  1633,  après  avoir  gouverné  les  Pays-Bas  pendant 
douze  ans. 

Les  guerres  avec  la  Hollande  avaient  eu  pour  conséquence  immédiate 
l'épuisement  des  finances,  et  Philippe  ne  pouvait  songer  à  les  rétablir  par 
des  impôts.  Menacé  continuellement  par  ses  ennemis,  il  lui  fallait  un 
moyen  plus  prompt  tant  pour  subvenir  aux  frais  de  la  guerre  qu'aux  autres 
nécessités.  Au  reste,  la  misère  régnait  partout  et  il  eut  été  impossible  de 
réunir  les  sommes  voulues.  C'est  pourquoi,  Philippe  songea  à  aliéner  son 
château  et  son  comté  de  Laroche  par  forme  d'engagère.  Il  entra,  à  ce 
sujet,  en  négociations  avec  son  cousin  le  prince  de  Barbanson  et  d'Arem- 
berg,  comte  d'Aigremont,  chevalier  de  l'ordre  de  la  Toison  d'Or  et  colonel 
d'un  régiment  d'infanterie  allemande. 

Ces  négociations  terminées,  la  vente  se  fit  le  16  décembre  1628  pour  le 
prix  de  164,665  livres,  douze  sols  de  -40  gros  la  livre.  Philippe  se  réserva 
«  la  souveraineté,  son  de  cloche,  aydes,  rémission  des  crimes  et  délits 
surannés,  légitimations,  octroys,  tous  arbres  estans  sur  les  chemins  et  rues 
publiques  et  communes,  confiscations  qui  pourraient  arriver  et  escheoir  à 
cause  de  guerre,  et  tous  autres  droits  semblables  de  ressort  et  régale.  .  .  . 
comme  de  même  toutes  les  mines  et  concessions  qui  pourraient  être  de- 
mandées. .  .  .  sauf  celles  de  fer.  .  .  .  aussi  les  biens  vacquants  et  des 
baslards.  » 

Le  prince  de  Barbanson  fut  mis  en  possession  du  château  et  du  comté 
par  Pierre  Roberti,  conseiller  et  maître  ordinaire  de  la  chambre  des 
comptes  et  Jacques  Wynan,  auditeur  de  cette  même  chambre.  Cette  mise 
«■il  possession  se  fit  le  24  janvier  1629.  Partis  de  Bruxelles  le  21  de  ce 
mois,  Pierre  Roberti  et  Jacques  Wynan  étaient  arrivés  à  Marche  le  22,  et 
de  là  avaient  expédié  un  courrier  à  Laroche  pour  avertir  les  officiers  et  la 
Bourgeoisie  de  la  ville  de  se  tenir  prêts  pour  leur  arrivée.  Le  lendemain, 
ils  faisaient  leur  entrée  à  Laroche  accompagnés  du  prince.  La  Bourgeoisie 


sous  les  armes  les  attendait  à  la  porte  de  la  ville  et  salua  leur  arrivée  par 
une  décharge  de  mousqueterie.  Le  soir  même,  les  deux  délégués  donnèrent 
connaissance  au  prévôt  de  leur  commission  et  lui  firent  connaître  les 
intentions  du  roi.  Le  jour  suivant,  qui  était  un  mercredi,  le  prince  de 
Barbanson  et  les  deux  délégués,  accompagnés  des  officiers  et  de  quelques 
gentilshommes  du  comté,  allèrent  à  l'église  pour  entendre  la  messe.  Ils  se 
rendirent  ensuite  sur  le  marché  où  trois  à  quatre  cents  hommes  les  atten- 
daient sous  les  armes,  et  de  là  au  château.  Mais  auparavant,  les  délégués, 
en  présence  du  prince,  du  prévôt  et  receveur,  du  clerc-juré,  du  majeur  et 
des  échevins  de  la  ville  et  d'un  grand  nombre  de  sujets  du  comté,  lurent 
l'acte  d'engagement  fait  par  le  souverain.  Officiers  et  sujets,  tous  «  unani 
mement  et  sans  contradiction  répondirent  puisque  la  volonté  de  sa  majesté 
était  de  les  engager  quant  à  la  haute,  moyenne  et  basse  justice,  réservé  la 
souveraineté,  qu'ils  obéiraient  avec  toute  soumission  à  ses  commandemants, 
saulf  qu'ils  voulaient  toujours  reconnaître  et  demeurer  sujets  à  icelle  comme  à 
leur  souverain.  »  Les  deux  délégués  donnèrent  alors  au  prince  la  pleine 
et  paisible  possession  du  comté  réservant  la  souveraineté  au  roi,  et  ordon- 
nèrent au  greffier  de  leur  donner  acte  de  cette  mise  en  possession. 

A  l'entrée  du  château  le  prévôt,  comme  châtelain,  en  remit  les  clefs  aux  délé- 
gués. Ceux-ci  les  transmirent  au  prince  sous  condition  qu'il  serait  tenu  «  de 
faire  en  tout  temps  et  toute  et  quantes  fois  qu'il  plairait  à  sa  majesté  ou 
ses  successeurs  ouverture  du  dit  château  et  ville  pour  sa  personne  et  y  loger 
garnison  qu'icelle  trouverait  convenir.  »...  «  De  là  entrèrent  au  dit 
château  où  en  une  des  grandes  sales,  les  dits  commissaires  firent  entendre 
au  seigneur  prince  en  présence  dudit  prévôt,  greffier,  mayeur,  justice  et 
plusieurs  gentilshommes  subjets  et  vassaux  dudit  comté  que  sa  majesté 
entendait  comme  aussi  particulièrement  il  était  conditionné  par  la  patente 
d'engagère  de  maiu'.cnir  le  dit  prévôt  sa  vie  durante  en  la  fonction  de 
tous  les  offices  qu'il  avait  desservi  et  es  droits  et  prééminences,  préroga- 
tives dont  il  avait  joui  jusqu'au  jour  de  la  possession,  à  quoi  le  dit  prince 
assura  les  dits  commissaires  de  se  conformer  et  suivant  ce  a  retenu  le  dit 
officier  au  pied  du  même  serment  qu'il  a  prêté  à  sa  majesté,  et  même 
déclaré  qu'il  tâcherait  de  l'avantager  selon  et  en  conformité  du  service 
qu'il  lui  pourrait  rendre,  comme  aussi  il  a  retenu  au  même  serment  le 
greffier  et  clerc-juré,  mayeur  et  justice  dudit  la  Roche.  » 

Tel  est  l'acte  de  prise  de  possession  du  comté  de  Laroche  faite  par  le 
prince  de  Barbanson  ;  nous  donnerons  plus  tard  la  suite  des  comtes 
engagistes  qui  lui  ont  succédé. 


-     50    - 

On  connaît  le  traité  de  Munster  qui  mit  fin  en  1648  à  la  guerre  que  se 
Faisaient  l'Espagne  et  la  Hollande  et  établit  une  paix  solide  entre  ces  deux 
puissances.  Dès  lors,  l'Espagne,  forte  de  l'appui  de  la  Hollande  et  comp- 
tant sur  l'affaiblissement  de  la  France,  conséquence  des  guerres  civiles  de 
la  Fronde,  crut  pouvoir  entrer  en  campagne  contre  cette  nation  ;  mais  ce 
fut  pour  son  malheur.  Le  7  novembre  1059,  elle  se  vit  obligée  à  signer  la 
paix  des  Pyrénées  qui  cédait  une  partie  de  la  Belgique  à  la  France  et 
arrêtait  le  mariage  de  l'infante  Marie-Thérèse,  fille  de  Philippe  IV,  avec 
Louis  XIV. 

Ce  fut  pendant  cette  guerre,  au  carnaval  1651,  que  les  Français  vinrent 
piller  Cielle,  près  de  Laroche.  Henri  Charles  de  Waha,  alors  prévôt,  ayant 
levé  une  petite  troupe  de  Bourgeois,  se  rendit  au  de  là  du  crucifix  de  Co- 
rumont  dans  le  but  de  leur  barrer  le  passage.  Un  combat  s'engagea  pendant 
lequel  Georges  Nicolas  Nollomont  fut  lue,  et  le  prévôt  lui-même  allait  être 
fait  prisoniier,  mais  «  décochant  son  mousqueton  sur  celui  qui  le  pour- 
suivait prêt  a  le  prendre  par  le  baudrier,  »  il  put  s'échapper  (Manuscrit 
1732). 

Chaules  IL  —  Philippe  V.  —  Charles  VI. 

1665  —  1740. 

Philippe  IV  mourut  le  17  septembre  1665,  laissant  le  trône  à  Charles  II, 
son  fils.  A  peine  eut-il  rendu  le  dernier  soupir,  que  Louis  À'IV,  se  basant 
sur  le  droit  de  dévolution,  réclama  une  partie  des  provinces  Belges  et  de 
la  Franche-Comté.  L'Espagne  se  refusa  d'accéder  à  sa  demande  et  de  là  la 
guerre.  Turenne  enhahit  la  Belgique  et  Condé  occupa  la  Franche-Comté. 
La  Hollande,  craignant  pour  elle-même,  conclut  alors  avec  l'Angleterre  et 
la  Suède  la  triple  alliance  qui  arrêta  Louis  XIV  dans  ses  conquêtes  et  le 
força  à  signer  la  paix  d'Aix-la-Chapelle,  le  2  mai  1668.  Cette  paix  était  une 
mésaventure  pour  la  France  et  la  Hollande  en  avait  été  la  cause  première  ; 
aussi  Louis  XIV  ne  quilta-t-il  pas  Aix-la-Chapelle  sans  avoir  pris  la  réso- 
lution de  se  venger  de  celte  petite  république.  Pour  y  parvenir,  il  commença 
par  rompre  la  triple  alliance  et,  ce  résultat  obtenu,  il  lui  déclara  la  guerre 
(1072).  Ce  fut  une  guerre  de  six  ans  à  laquelle  prirent  part  l'Empire  et 
l'Espagne.  Elle  se  termina  par  la  paix  de  Nimègue  (1678)  qui  força 
l'Espagne  d'abandonner  à  la  France  douze  de  ses  villes.  L'Empire,  de  son 
côté,  dut  lui  céder  Fribourg  enBrisgau  et  une  partie  de  la  Lorraine.  Quant 


—    51     — 

à  la  Hollande,  elle  rentra  en  possession  de  tout  son  territoire.  Cette  paix, 
toutefois,  ne  fut  pas  de  longue  durée.  L'interprétation  forcée  des  stipulations 
du  traité  de  Nimègue  par  Louis  XIV  la  rompit  bientôt,  et,  en  1681,  les 
hostilités  recommencèrent  pour  ne  se  terminer  qu'en  1G97  par  la  paix  de 
Ryswick  qui  rétablit  les  choses  dans  l'état  où  les  avait  mises  la  paix  de 
Nimègue.  Dès  la  reprise  des  hostilités,  les  armées  françaises  entrèrent  dans 
le  Luxembourg,  et  étant  venues  faire  le  siège  de  Laroche,  s'emparèrent  de 
cette  ville  au  mois  d'août  de  cette  année,  comme  en  fait  foi  ce  chrono- 
gramme que  je  trouve  dans  le  manuscrit  de  1732. 
NVnDInls  LaVrentlI  IntraVerVnt  RVpe.M  GaLLI. 

Les  Français  se  maintinrent  à  Laroche  pendant  seize  ans.  Entretemps,  ils 
fortifièrent  considérablement  le  château,  l'entourant  de  fossés  et  le  rendant 
plus  inaccessible  encore  par  les  escarpements  qu'ils  y  firent  faire.  Pendant 
la  guerre  de  la  coalition  (1086-1097),  ils  y  tinrent  une  forte  garnison  qui, 
conduite  par  le  colonel  la  Croix,  faisait  de  fréquentes  incursions  sur  les 
terres  des  alliés,  ennemis  de  la  France.  Les  pays  de  Liège,  de  Limbourg, 
de  Juliers,  de  Hollande  étaient  mis  continuellement  à  la  rançon.  Fatigué 
de  cet  état  de  choses,  le  prince  de  Hesse  quitta  Huy  avec  dix-sept  mille 
hommes  résolu  de  s'emparer  de  Laroche.  Informée  de  ses  desseins,  la 
Cour  de  France  avait  dépêché  une  lettre  au  gouverneur  de  Portailles, 
l'engageant  à  bien  se  défendre  et  lui  promettant  un  prompt  secours.  Le 
prince  de  Hesse  arriva  bientôt  a  Frouville  où  il  fit  une  halte  de  quelques 
heures,  et  se  dirigea  ensuite  sur  Laroche  par  Soy,  Devantave  et  le  grand 
chemin.  Des  hauteurs  où  il  se  trouvait,  il  ne  tarda  pas  à  découvrir  le 
maréchal  d'Harcourt  qui,  avec  quelques  mille  chevaux,  était  accouru  au 
secours  de  Laroche. 

Le  maréchal  était  campé  sur  la  montagne  de  Corumont  sur  la  rive 
gauche  de  l'Ourthe.  et  un  profond  ravin  le  séparait  du  prince  de  Hesse.  De 
sa  position,  il  découvrait  tout  le  plateau  de  Cielle  occupé  par  l'armée 
ennemie,  ce  qui  lui  permettait  de  la  suivre  dans  toutes  ses  manœuvres.  Le 
plateau  de  Corumont,  au  contraire,  ne  s'offrait  qu'en  partie  aux  regards  du 
prince  de  Hesse  et  toute  la  partie  méridionale  de  la  montagne  lui  était 
entièrement  cachée.  Le  maréchal  profila  de  sa  position  avantageuse  pour 
se  débarrasser  de  ses  ennemis  sans  livrer  combat.  Par  une  ruse  de  guerre, 
il  fit  défiler  toute  sa  cavalerie  en  face  du  prince  de  Hesse  ;  au  fur  et  à 
mesure  qu'elle  avançait  et  arrivait  sur  le  versant  méridional,  il  la  faisait 
retourner  à  droite  par  le  chemin  de  Beausaint,  pour  se  montrer  de  nouveau 


—    52    — 

sur  la  partie  du  plateau  visible  à  l'armée  ennemie.  Ce  stratagème  produisit 
son  effei.  Les  Hessois  levèrent  leur  camp  et  partirent  par  le  chemin  qui 
conduisait  de  Soy  à  Bastogne  ;  mais  voyant  les  difficultés  qu'il  y  avait  a 
passer  par  les  défilés  du  bois  de  Laroche,  dans  lequel  on  avait  fait  abattre 
bon  nombre  d'arbres,  ils  se  replièrent  sur  Benace  et  Dochamps  et  reprirent 
le  chemin  d'Allemagne  (1690). 

Deux  aus  plus  tard,  le  général  comte  de  Welem  fut  aussi  envoyé  avec 
12,000  hommes  pour  faire  le  siège  de  Laroche.  Il  passa  par  Houffalize  et 
arriva  a  Orlheuville  où  était  campé  le  maréchal  d'Harcourt,  sur  la  rive 
droite  de  l'Ourthe.  Le  maréchal,  le  voyant  en  train  de  passer  la  rivière, 
vint  a  lui,  après  avoir  posté  un  régiment  de  dragons  au  défilé  du  chemiu 
qui  conduit  de  la  rivière  à  Tillet,  le  battit  et  obligea  son  armée  de  se  retirer 
en  débandade  par  les  bois  et  les  bayes.  On  cite  parmi  les  tués,  du  côté  des 
Français,  un  milord  anglais,  qui  fut  enterré  à  Tenueville. 

Aucun  document  ne  nous  dit  s'il  se  passa  d'autres  événements  dans  le 
comté  jusqu'au  traité  de  Ryswick.  Ensuite  de  ce  traité,  Laroche  fut  remise 
à  un  capitaine  bavarois  au  nom  de  Philippe  V,  duc  d'Anjou,  petit  fils  de 
Louis  XIV  (1). 

Au  temps  de  leur  domination  a  Laroche,  les  Français  y  établirent  un 
gouverneur  dont  les  appointements  étaient  de  3000  livres,  et  un  major  de 
place.  Le  premier  gouverneur  fut  le  chancelier  de  Foudrace,  bourguignon 
qui  mourut  à  Metz.  Le  second,  le  seigneur  de  Cadolle,  commandant  d'un 
bataillon,  mort  a  Laroche  en  1691  ;  le  troisième,  le  seigneur  de  Portailles; 
le  quatrième,  le  seigneur  de  Beauval  qui  mourut  a  Laroche  et  fut  remplacé 
par  le  seigneur  de  Beaulieu,  gouverneur  a  l'époque  de  la  remise  de  Laroche 
à  Philippe  V. 

Sous  Philippe  V,  il  y  eut  un  dernier  gouverneur,  dom  Jeronimo  deTello, 
lieutenant-colonel.  Il  mourut  a  Laroche  et  fut  enterré,  ainsi  que  son  épouse, 
dans  le  chœur  de  l'église.  Dans  la  suite,  Laroche  n'eut  plus  que  des 
commandants  simples  sans  appointements  (2). 

Charles  II  mourut  à  Madrid  le  1er  novembre  1700.  En  mourant,  il  laissa, 
par  testament,  toute  la  monarchie  espagnole  au  duc  d'Anjou.  C'est  ce  qui 
donna  lieu  à  la  guerre  de  la  succession  d'Espagne.  La  maison  d'Autriche- 
Allemande  qui  se  voyait  exclue,  se  ligua  avec  l'Angleterre  contre  Philippe. 
Louis  XIV  prit  le  parti  de  son  petit  fils  et  faillit  perdre  la  France.  Après 

1   Manuscrit  de  1732. 
$  Manuscrit  de  1732. 


—    53    — 

des  revers  sans  nombre,  le  duc  de  Vendôme  gagna  la  bataille  de  Villa- 
Viciosa  qui  amena,  en  1713,  le  traité  d'Utrecht  et  la  reconnaissance  de 
Philippe  V.  Ce  traité  fut  confirmé  à  Rastadt  et  a  Bade;  il  assurait  la  souve- 
raineté de  nos  provinces  au  chef  de  la  maison  d'Autriche,  l'empereur 
Charles  VI,  tandis  que  l'Espagne,  avec  le  nouveau  monde,  demeura  à 
Philippe  V. 

C'est  a  cette  époque  de  la  guerre  de  succession  que  Laroche  fut  détruite 
par  un  violent  incendie  arrivé  le  premier  dimanche  de  carême  l'an  1704. 

Voici  comment  le  manuscrit  de  1732  raconte  le  fait  :  k  II  est  arrivé  à 
Laroche,  le  17  février  1704,  dit-il,  par  un  four  neuf  qu'on  cuisait  un  jour 
de  dimanche,  une  grande  incendie  par  laquelle  toutes  les  maisons  du 
marché,  épaisse  rue,  chantrêne  et  les  écuries  enclavées  ont  été  brûlées, 
environ  cent  bâtiments  en  ont  été  réduits  en  cendres,  comme  la  halle,  qui 
eut  son  toit  brûlé  avec  la  tour,  dans  laquelle  était  placée  l'horloge  et  sa 
cloche,  laquelle  au  temps  qu'elle  commençait  à  fondre  frappa  encore  les 
sept  heures  du  soir,  où  elle  était  mieux  placée  et  mieux  entendue  que  dans 
la  tour  du  château  où  elle  est  à  présent.  » 

Charles  VI  n'avait  qu'une  fille,  Marie-Thérèse,  à  laquelle  il  légua  par 
une  pragmatique  sanction  tous  ses  états.  SI  mourut  le  "20  octobre  1740. 

Marie-Thérèse.  —  Joseph  II.  —  Léopold  II.  —  François  II 

1740.  —  1794. 

A  peine  Charles  VI  fut-il  descendu  dans  la  tombe,  que  la  guerre  de  la 
succession  d'Autriche  commença.  Jusqu'en  1744,  les  Pays-Bas  furent  mé- 
nagés ;  mais  en  1744,  la  Belgique  lut  de  nouveau  envahie  par  les  armées 
françaises.  Deux  ans  a  peine  s'étaient  écoulés,  qu'elles  étaient  maîtres  de 
toute  la  Belgique,  excepté  les  province  de  Limbourg  et  de  Luxembourg 
avec  une  partie  de  la  Gueldre,  qu'elles  ne  pouvaient  attaquer  sans  offenser 
la  Prusse.  La  guerre  fut  continuée  en  1747,  et  au  mois  d'avril  1748,  trois 
cents  Français  se  présentèrent  devant  Laroche.  Les  portes  leur  furent  ou- 
vertes sans  coup  férir,  et  le  mayeur  lui-même  les  introduisit  dans  la  place 
dans  la  crainte  sans  doute  de  voir  la  ville  prise  d'assaut  et  livrée  au  pillage. 
Lorsque  les  Français  furent  arrivés  sur  la  place  de  Marché,  le  mayeur  pré- 
senta a  leur  commandant  les  clefs  de  la  ville.  Celui-ci  les  refusa  et  lui 
répondit  brusquement  «  qu'il  devait  garder  ses  clefs,  que  s'il  en  avait 
besoin,  il  les  aurait  toujours  bien.  »  Les  Français  firent  prisonniers  les 

5 


_    54    - 

quatre  soldats  qui  formaient  le  corps  de  garde  et  qui  n'avaient  pas  eu  le 
temps  de  se  réfugier  au  château,  tant  la  reddition  fut  prompte  ;  ils  enle- 
vèrent aussi  toutes  les  provisions  de  la  garnison,  ensuite  se  retirèrent, 
après  avoir  plusieurs  fois  sommé  de  se  rendre,  mais  inutilement,  le  lieute- 
nant llotero  qui  se  tenait  enfermé  au  château  avec  une  garnison  d'environ 
trente  hommes,  la  noble  conduite  de  ce  lieutenant  et  sa  bravoure  lui  va- 
lurent le  grade  de  capitaine  que  Marie-Thérèse  lui  contera  peu  de  temps 
après.  Ce  fait  doit  s'être  passé  dans  les  commencements  d'avril,  car  le  30 
du  même  mois,  les  préliminaires  de  la  paix  étaient  signés  et  la  paix  était 
faite  le  13  octobre  de  la  même  année. 

Nous  sommes  arrivés  h  l'époque  du  dégagement  du  comté  des  mains 
des  héritiers  Albert  de  Ligne,  duc  d'Aremberg,  prince  de  Barbanson  et  du 
Saint-Empire.  Rappelons-nous  qu'en  1628,  le  comté  fut  engagé  à  ce  prince 
pour  la  somme  de  161,665  florins,  douze  sols.  Le  prince  ne  déboursa 
qu'une  partie  de  cette  somme  80,065  florins  qui  lui  furent  remis  à  diffé- 
rentes époques  et,  en  dernier  lieu,  le  25  avril  1680.  Par  une  anomalie 
qu'on  ne  s'explique  pas,  depuis  ce  temps  les  de  Barbanson  n'en  restèrent 
pas  moins  en  possession  du  comté  et  ils  en  jouirent  jusqu'en  1753,  26  no- 
vembre, époque  où  Marie-Thérèse,  par  une  sentence  du  conseil  de  Malines, 
fut  réintégrée  dans  ses  droits. 

Albert,  premier  comte  engagiste,  mourut  à  Madrid  en  1671;  il  eut  pour 
successeur  Octave  Ignace  de  Ligne,  son  tils,  comme  lui  gouverneur  et 
capitaine  général  de  la  province  de  Namur,  qui  fut  tué  au  combat  de  Ner- 
wind  l'an  1693,  le  29  juillet.  Octave  avait  épousé  en  1672,  le  7  janvier, 
Thérèse  Mauriquez  de  Lara,  dont  il  eut  entr'autres  enfants,  Marie  de  Ligne 
de  Barbanson,  née  l'an  1673,  le  12  novembre,  et  qui  épousa  en  premières 
noces,  l'an  1695,  Isidore  Thomas  de  Cardonne  VII,  marquis  de  Guadalesle, 
vice-roi  de  Galice,  mort  le  4  août  1699;  en  secondes  noces,  Gaspard  de 
Zuniga,  vice-roi  de  Galice;  et  en  troisièmes  noces,  Henri-\uguste  de  Wi- 
gnacourt,  comte  de  Lannoy,  d'Aigremont,  vicomte  de  Dave,  baron  de 
Haneffe  et  de  la  Buissière,  et  qui  fut  le  dernier  comte  en  gagiste  de  Laroche. 
Marie-Thérèse  mourut  le  29  novembre  1780.  Elle  eut  pour  successeur 
son  fils,  Joseph  IL  Comme  rien  de  remarquable  ne  se  passa  à  Laroche 
sous  son  règne,  je  termine  par  le  récit  d'une  fêle  en  son  honneur  célébrée 
a  Laroche  le  19  mars  1789.  Laissons  la  parole  a  un  contemporain  de  la 
fête.  Le  document  que  j'ai  sous  la  main  est  une  espèce  de  proclamation 
ou  plutôt  un  rapport  adressé  à  je  ne  sais  qui,  car  le  document  ne  l'indique 


-    55    — 

pas.  Voici  ce  rapport,  mot  pour  mot  :  «  Messieurs,  dans  un  temps  d'anar- 
chie, dans  un  temps  où  tous  les  esprits  sont  en  fermentation,  il  est  im- 
portant de  faire  connaître  au  public  les  sujets  fidèles  qui  témoignent  un 
vrai  zèle  pour  leur  souverain.  Ce  zèle  s'est  manifesté  le  jour  St-Joseph, 
fête  de  notre  auguste  Empereur,  dans  la  petite  ville  de  la  Roche,  sur  la 
rivière  d'Ourte,  en  Ardennes,  par  une  fête  brillante  qu'a  donnée  M.  le 
prévôt  de  la  Roche.  Tous  les  habitants  de  sa  terre  y  ont  été  convoqués  et 
y  ont  paru  sous  les  armes  par  division,  bannières  déployées;  les  rnayeurs 
respectifs  étaient  à  la  tête  de  leur  division,  l'épée  à  la  main  ;  chaque  divi- 
sion marchait  selon  l'ordre  d'ancienneté  et  de  prérogative  dont  elle  jouit. 
La  fête  fut  ouverte  par  une  grand'messe  qui  fut  célébrée  pontificalement 
par  monsieur  le  curé  d'Ortho.  Après  la  messe,  il  entonna  un  magnifique 
Te  Deum  au  bruit  du  canon  du  château  et  de  plusieurs  salves  de  mous- 
queterie.  L'abbé  Lozet  prononça  un  discours  très-éloquent  analogue  a  la 
circonstance.  Cette  cérémonie  fut  suivie  d'une  procession  solennelle,  après 
quoi  il  y  eut  chez  M.  le  prévôt  un  dîné  de  150  couverts,  où  l'ordre,  la 
magnificence  et  la  joie  ont  régné  ;  on  y  but  à  la  santé  de  l'Empereur  au 
bruit  d'une  triple  décharge  de  l'artillerie  et  de  la  mousqueterie.  » 

«  C'est  avec  regret,  Messieurs,  que  je  dois  vous  dire  que  cette  brillante 
fête  a  été  un  peu  interrompue  dans  la  marche  de  la  procession  par  une 
rixe  entre  le  grand  mayeur  de  Roumont,  Casaquy,  et  le  grand  majeur 
d'Ortho  pour  le  pas.  Casaquy  prétendait  comme  représentant  l'illustre  cour 
de  Wiompont  que  c'était  à  lui  à  marcher  le  premier.  Jacqmain  majeur 
d'Ortho,  soutint  qu'il  était  en  possession  de  marcher  le  premier,  lorsqu'on 
exécutait  un  criminel  en  le  conduisant  au  gibet,  et  que  Casaquy  pouvait  le 
suivre,  qu'il  y  conduirait.  Ils  avaient  tous  deux  l'épée  a  la  main  ;  ils  se 
sont  donnés  des  coups  de  coude.  Dieu  soit  loué,  il  n'y  a  pas  eu  de  sang 
répandu.  » 

Joseph  II  mourut  le  20  février  1790.  Son  frère  Léopold  II  qui  lui  suc- 
céda, ne  régna  que  peu  de  temps  ;  il  fut  enlevé  par  une  mort  prématurée, 
le  Ier  mars  1792,  à  l'âge  de  45  ans,  laissant  ses  états  à  son  fils  François  II. 
François  II  termine  la  dernière  période  de  notre  histoire.  Il  fut  peu  de 
temps  notre  souverain  ;  deux  ans  ne  s'étaient  pas  écoulés  depuis  son  avène- 
ment, que  nous  appartenions  à  la  France. 


—    56    — 
APPENDICE. 

Ed  1794,  la  Belgique  tombait  définitivement  au  pouvoir  des  Français  ; 
et  au  mois  d'octobre  1795,  un  décret  de  la  Convention  la  déclarait  réunie 
à  la  France  et  soumise  à  la  Constitution  dite  de  l'an  III.  Après  avoir 
partagé  pendant  vingt  ans  les  destinées  de  ce  pays,  elle  fut,  par  le  congrès 
de  1814,  appelée  à  former  avec  la  Hollande  le  royaume  des  Pays-Bas  et 
eut  Guillaume  Ier  pour  souverain.  Au  mois  de  septembre  1830,  une  insur- 
rection éclatait  à  Bruxelles,  et  les  Belges,  longtemps  opprimés,  affranchis- 
saient après  trois  journées  d'héroïques  efforts,  leur  pays  de  la  domination 
de  la  maison  d'Orange.  Dès  ce  moment,  la  Belgique  forma  un  royaume 
indépendant. 

Lorsque  les  Alliés  entrèrent  dans  nos  pays  en  1814,  on  sait  qu'ils  étaient 
acclamés  partout  comme  des  libérateurs.  A  Laroche,  en  particulier,  on 
salua  leur  arrivée  par  de  grandes  réjouissances  auxquelles  prirent  part  tous 
les  villages  voisins.  C'est  à  cette  époque  que  s'établit  dans  la  ville  une 
garde,  appelée  la  garde-bourgeoise,  dont  le  but  fut  de  maintenir  le  bon 
ordre  et  de  faire  respecter  les  personnes  et  les  propriétés.  Elle  se  composa 
de  volontaires,  mais  on  n'y  recevait  que  des  hommes  de  bonnes  mœurs  et 
dévoués  au  service  des  hautes  puissances  alliées. 

Elle  eut  pour  premier  commandant  Georges-Louis  Jullien  et  pour  adju- 
dant Bourgaux,  notaire. 

C'est  à  cette  même  époque  aussi  que  Georges-Louis  Jullien  fut  appelé  à 
exercer  les  fonctions  de  mayeur  provisoire.  Un  ordre  parti  de  Marche,  le 
28  janvier  1814,  et  signé  Kalinowski,  commandant  de  la  place,  était  ainsi 
conçu  : 

«  Nous  chef  d'escadron  dans  le  8e  régiment  d'ulhans  au  service  de  Sa 
Majesté  le  Boi  de  Prusse,  commandant  la  place  de  Marche,  et  les  avant- 
postes  des  armées  des  hautes  puissances  alliées.  » 

«  Autorisons  les  habitants  de  la  Roche  et  de  son  district  de  se  choisir 
provisoirement  un  mayeur  qui  fonctionnera  jusqu'à  la  nouvelle  organi- 
sation. » 

«  Et  attendu  que  les  hautes  puissances  alliées  entendent  d'employer  des 
personnes  dont  la  fidélité  et  l'attachement  envers  elles  sont  connus,  nous 
proposons  à  cet  effet,  M.  Jullien,  négociant,  demeurant  au  dit  la  Roche.  » 

Le  jour  choisi  pour  l'élection  fut  le  30  janvier.  Tous  les  Rochois  s'étant 
réunis  sur  le  Marché,  l'adjudant  de  la  garde  bourgeoise  leur  lit  connaître 


—    57    — 

les  ordres  de  Kalinowski  et  ajouta  :  «  Que  tous  ceux  qui  se  déclarent  pour 
la  nomination  du  sieur  Juliien  à  la  place  de  mayeur  de  Laroche  lèvent  le 
chapeau,  et  nous  l'installerons  de  suite  dans  ses  nouvelles  fonctions.  » 
«  Au  même  instant,  dit  le  rapport  fait  à  cette  occasion,  les  signes  d'une 
approbation  générale  se  firent  remarquer  ;  tous  levèrent  le  chapeau  en 
criant  vivat,  et  en  exprimant  de  toute  autre  manière  leur  contentement  et 
leur  allégresse.  » 

Laroche,  après  1830,  fut  choisie  pour  être  le  siège  du  tribunal  de  pre- 
mière instance,  comme  étant  la  ville  la  plus  contrale  de  l'arrondissement; 
mais  l'impossibilité  de  pouvoir  approprier  un  local  convenable,  fut  cause 
que  ce  trihunal  n'y  siégea  qu'une  fois  et  qu'il  fut  transféré  à  Marche. 

En  commençant  cet  aperçu  historique,  nous  avons  parlé  d'un  hospice 
de  vieillards  fondé  récemment  h  Laroche.  Je  ne  puis  terminer  sans  dire  un 
mot  à  la  mémoire  de  M.  Jamotte  qui  en  fut  le  fondateur. 

M.  Jamotte  était  originaire  de  Vecqmont,  près  de  Laroche.  De  bonne 
heure,  il  quitta  son  endroit  natal  pour  se  rendre  à  Bruxelles,  où  il  s'atta- 
cha à  la  personne  d'un  Anglais.  L'ordre  et  l'économie  furent  ses  deux 
qualités  principales  ;  aussi  lorsqu'il  revint  dans  son  pays,  après  plusieurs 
années  de  service,  il  jouissait  de  revenus  plus  que  suffisants  pour  vivre 
dans  la  plus  grande  aisance.  11  s'établit  alors  à  Laroche  et  il  y  passa  le 
reste  de  ses  jours  dans  la  retraite,  uniquement  occupé  à  faire  du  bien  à 
ses  semblables.  Il  mourut  le  31  mars  1840,  après  avoir  destiné  toute  sa 
fortune  a  l'établissement  d'un  hospice  de  vieillards,  h  la  réserve  d'une 
certaine  somme  à  consacrer  à  une  école  de  Frères  des  Écoles  Chrétiennes. 
Cet  hospice  donne  aujourd'hui  asile  à  quatorze  vieillards  et  est  confié  à 
des  Sœurs  de  Champion  qui  le  dirigent  avec  autant  de  dévouement  que 
d'intelligence. 

Quant  à  la  somme  destinée  a  une  école  de  Frères,  elle  resta  de  longues 
années  sans  recevoir  son  application.  Par  suite  de  la  loi  du  19  décembre 
1864,  elle  fut  remise  à  la  commune,  et  aujourd'hui,  les  vœux  de  M.  Jamotte 
sont  accomplis  au-delà  des  espérances.  Honneur  a  qui  de  droit. 


FIN  DE  LA  PREMIÈRE  PARTIE. 


DEUXIÈME    PARTIE. 

PARTIE   POLITIQUE. 

CHAPITRE  Ier. 

§  1.  —  Cours  de  justice. 

Il  y  avait  à  Laroche  deux  Cours  pour  administrer  la  justice,  la  Cour  féodale 
et  la  Haute-Cour. 

La  Cour  féodale  avait  à  sa  tête  un  prévôt,  connaissait  et  décidait  de  toutes 
les  actions  réelles  concernant  les  fiefs,  ainsi  que  des  poursuites  qui  se 
faisaient  pour  cause  de  reliefs,  droits  seigneuriaux  et  autres  de  cettenature(J). 

La  Haute-Cour  se  composait  outre  le  prévôt  ou  président,  lequel  pouvait 
se  faire  remplacer  par  un  lieutenant,  d'un  mayeur,  de  sept  échevins  et 
d'un  greffier  (2).  Celte  Cour  prenait  connaissance  de  toutes  les  causes  civiles 
et  criminelles,  et  ses  sentences  dans  le  principe  et  jusqu'à  la  fin  du  xve  siècle 
ressorlirent  en  révision  h  la  Haute  Cour  de  Namur,  dans  la  suite,  au  Conseil 
provincial  de  Luxembourg  (3). 

La  Cour  féodale  comprenait  quatre  pairies,  plusieurs  seigneuries  hautaines 
et  de  très-foncières,  plusieurs  pleins  fiefs  et  un  grand  nombre  d'arrière- 
fiefs. 

Les  quatre  pairies  étaient  Houfïalize,  Beauraing,  Han-sur-Lesse,  Humain. 

Les  seigneuries  hautaines  étaient  Rollé,  Bricquemont,  Jemeppe,  Vervoz, 
Daverdis,  Chavanne,  Montjardin,  Grune,  Sohier,  Verenne  et  Beausaint. 

Marenne,  Verdenne  et  Champion  étaient  trois  seigneuries  très- foncières 
du  comté  situées  en  Famenne. 

Quant  aux  pleins  fiefs,  outre  les  seigneuries  ci-dessus  rapportées,  un 
registre  des  fiefs  de  Laroche,  commençant  en  1687  et  finissant  en  1733, 
indique  les  suivants  :  Hassonville,  le  fief  Charbon  à  On,  Harsin,  le  fief  de 
l'abbé  de  Hasnon,  la  cour  Henriette  à  Roy,  Gnmbiemonl,  Hodisler,  Rendeux 

(1)  Cfr  les  mémoires  historiques  et  politiques  sur  les  Pays-Bas  autrichiens,  4e  éd°"  11.440. 
Comte  de  Neny  —  Aug  Neyen.  Hist.  de  Bastogne,  p.  34. 

(2)  État  du  comté  de  Laroche  dressé  le  27  janvier  1629  par  Boberty  et  Wynand. 

(3)  Cfr  Annales  archéologiques  de  Namur.  Tome  X,  4e  livraison,  p.  447. 


-    60    — 

(Ste-Marie,  Jupille,  Cielle,  Vecqmont,  Grainchamps,  Journal,  Ste-Ode 
érigé  en  plein  fief  le  20  mai  1G09),  Villers  sur  Onrthe,  Ceureux,  Hennet 
(érigé  en  plein  Befen  1662)  (1),  la  dîme  de  Jupille,  une  censé  a  Marenne. 
une  censé  à  Verenne,  Aywaille,  Remouchamps  la  seigneurie  d'Alhoumont. 
On  comptait  encore  comme  pleins  fiefs,  suivant  une  déclaration  des 
pairies  et  des  pleins  fiefs  du  1er  juillet  1572,  Lonchamps,  Fossers  et  Risa- 
venière,  Uotton,  les  deux  Forires,  la  moitié  de  Havrenne,  Tille,  Illy  auprès 
de  Sedan  (en  relief  depuis  1440). 
Cette  même  déclaration  énumère  les  arrière  fiefs  suivants  : 
Maboge,  la  cour  de  Longvillers,  située  en  la  mairie  d'Ortho,  la  vouerie 
des  Halleux,  la  cour  de  Renacliêne,  le  bois  et  la  cour  de  Cocquey,  le  bois 
le  Clerq,  la  cour  du  Sart,  la  cour  de  Jehennay,  la  cour  de  Monhonval,  le 
fief  et  le  quartier  de  Waillimont,  Hastile,  enclavée  dans  la  haute  cour 
d'Ortho,  Quarfalize,  fief  et  cour  de  semonce  au  ban  d'Ortho,  le  fief  de 
Mori ville,  dit  Japon,  la  cour  de  Floumont,  le  fief  Croqson  de  Bérisménil, 
la  cour  de  Roupage,  la  vouerie  d'Ortho,  la  cour  de  Filly,  la  cour  de 
Villereux  (fief  des  Clara  à  Velreux,  Rég.  des  fief  1687-173^),  la  cour  de 
Reaumont,  le  pont  de  Herlenval,  Mohonval,  le  fief  de  Roupage  à  Wibren, 
le  Gérard  Isles,  la  cour  Jean  Genon  a  lioumont,  le  fief  du  Maître  à  Ortheu- 
ville,  la  maison  Jean  Ponsar  à  Compogne,  la  dîme  de  Grainchamps,  la 
dîme  de  Filly,  Ollomont  et  Nadren,  la  cour  Oulrielte  au  Bérisménil. 

La  déclaration  de  1572  contient  aussi  un  paragraphe  où  se  trouvent 
indiquées  les  cours  et  les  seigneuries  qui  appartenaient  à  des  monastères 
ou  à  des  églises  collégiales  ou  paroissiales,  et  dépendaient  du  comté.  Ces 
cours  et  seigneuries  sont  :  La  cour  et  seigneurie  de  Bertogne,  une  cour  à 
Champion  appartenant  a  Ste-Croix  à  Liège,  Bande,  appartenant  à  Sl-Hubert, 
la  cour  de  S'-Jean  à  Engreux  et  à  Samré,  appartenant  a  Sl-Jean  en  lie  à 
Liège,  les  cours  d'Ortho,  d'Herlenval,  d'Houbiemont,  de  Champion,  des 
Halleux  et  du  Bérisménil,  appartenant  à  l'abbé  de  S'-Hubert,  la  cour  de 
Hives  aux  dames  de  Claircfontaine,  la  cour  de  Finville  aux  dames  de  Nivelle, 
la  cour  de  Malmédy  à  Filly  et  à  >adren,  appartenant  à  l'abbaye  de  Malmédy, 
la  cour  foncière  le  Sarter  à  Reudeux  Sl-Lambert,  appartenant  à  l'abbé  de 
Sl-Remy,  la  cour  du  Doyar  au  curé  d'Ortho,  la  cour  de  Sl-Pierre  a  Rendeux 

(1)  Il  est  question  de  Hennet  pour  la  première  fois  dans  une  charte  du  24  janvier  1265,  que 
l'on  trouvi'  dans  les  publications  il''  la  société  de  Luxembourg,  année  1859,  XV.  Dans  cette 
charte,  Jean,  abbé  de  Mirouautet  tout  le  couvent  font  connaître  qu'ils  ont  échangé  avec 
Henri,  comte  de  Luxembourg,  leur  grange  de  Hennas,  sis  à  Laroche,  en  Ardenne,  avec 
dépendances.  I  inge  fut  approuvée,  le  5  mai  1265,  par  l'abbé  de  Septfontaines. 


-    61     - 

au  curé  de  Rendeux,  les  cours  de  l'hôpital  de  Laroche  l'une  à  Champion, 
l'autre  aux  Halleus,  appartenant  aux  curés  de  Ramonl  et  de  Beausaint. 

Plusieurs  fiefs  étaient  allodiaux  parmi  ceux  que  nous  venons  d'énumérer, 
savoir  :  la  maison  Henri  Lambert  de  Bérisménil,  Compogne,  Longvillers, 
les  biens  et  la  maison  Maboge,  Mohomal,  le  fiel"  de  Mori ville,  dit  Japon,  le 
fief  du  Chemin  à  Nadren,  Msramont,  la  dîme  d'Ollomont,  le  fief  appelé  le 
fief  du  Maître  a  Ortheuville,  Presle,  Rendeux  Sle-Marie,  la  cour  Jean  Genon 
a  Roumont,  Roupage,  le  fief  des  Clara  à  Velreux,  la  maison  de  Jehan 
Marson  de  Wiompont. 

Comme  droits  de  relief,  chaque  pairie  devait  seize  vieux  réaux  d'or,  les 
pleins  fiefs  et  seigneuries  hautaines,  huit,  et  les  arrière-fiels  la  moitié  du 
rapport  d'une  année.  Le  comte  avait  en  outre  droit  au  treizième  denier  des 
ventes  qui  se  faisaient  tant  dans  les  pairies,  les  pleins  fiefs  et  les  arrière- 
fiefs,  que  dans  tout  le  comté. 

De  la  seconde  Cour,  dépendaient  quatre  Cours  subalternes  qui  formaient 
quatre  Bans  ou  Mairies,  savoir,  Orlho,  Engreux,  Wiompont  et  Lignière. 
Ces  Mairies  étaient  administrées  par  un  mayeur  et  des  échevins  qui  avaient 
connaissance,  mais  a  l'intervention  du  prévôt,  de  toutes  les  causes  civiles 
et  réelles,  telles  que  les  ajournements,  les  adhéritances  et  les  transports. 

Chaque  Cour  ou  Mairie  comprenait  sous  sa  jurisdiction  plusieurs  villages. 
Sous  la  Mairie  d'Ortho  étaient  compris  les  villages  d'Ortho,  de  Fiomont, 
Hubertimont,  Herlenval,  Floumont,  Roupage,  Thimont,  Buisson,  la  censé 
du  Vivier,  la  seigneurie  de  Vecqmont  consistant  en  trois  villages  :  Vecqmont, 
Ronchamps  et  Mierchamps,  les  seigneuries  de  Halleux  et  de  Hives,  la  sei- 
gneurie de  Bertogne  qui  consistait  en  deux  villages  Berlogne  et  Bertomont 
et  en  une  partie  du  village  de  Gives. 

Du  ban  d'Engreux  dépendaient  Samré,  Maboge,  Villers,  Filly,  une  partie 
des  villages  de  Wibrin,  d'Aschouve,  de  Vellereux,  de  Compogne  et  les 
hameaux  de  Hennet,  de  Borzée. 

Du  Ban  de  Wiompont  dépendaient  Wiompont,  Ortheuville.  Roumont,  la 
maison  féodale  de  Ste-Ode,  Wignée,  Moiville,  Baconl'ois,  Laneuville, 
Presle,  Champion,  Granchamps,  Cens,  Ramont,  Beaulieu,  Troislontaiues, 
Wembay,  Tenneville,  Journal  et  Bande. 

Enfin  au  Ban  de  Lignière  se  rattachaient  Lignière  et  les  seigneuries 
foncières  de  Hodister,  Gives,  Jupille,  Warisy  et  Cielle. 


—    62    — 

§  2.  —  «  Coustums  des  fiefs  relevants  et  ressortissants  du  Roy  nre  sire, 
accause  de  sa  comté  de  la  Roche  en  Ardennes,  addressante  à  Messeig™  du 
Conseil  de  sa  majesté  à  Luxembourg.  » 

c  Et  premier.  » 

«  Un  héritier  féodal  est  tenu  relever  son  fief  à  poeine  que  le  Prévost 
cômis  de  par  le  Roy  le  pourra  contraindre,  autrement  pourra  saisir  ledit 
fief  et  faire  les  fruits  siens  au  nom  de  sade  majesté  jusqu'au  temps  que  le 
relief  en  sera  fait  et  les  droits  payés  comme  il  appartient.  » 

2. 

t  Mais  celuy  ou  ceux  qui  ont  cens  ou  rentes  sur  aucunnes  des  sgrieS  de 
fief  mouvant  des  dits  Prévost  et  hommes,  soient  héritaliles  ou  gageires, 
ne  sont  tenus  en  f;iire  relief,  s'il  ne  leur  plaît,  pourveu  que  l'héritier  du 
fond,  propriété,  et  corps  d'jcelles  seigries  ou  fief,  ait  relevé  le  dit  fief,  ou 
payé  tous  droits  accoustumés  et  appartenans  sans  en  avoir  recelé  aucuns, 
ne  retenu  au  préjudice  de  sa  majesté,  du  sr,  et  propriétaire,  des  Prévost  et 
hommes,  ny  d'autres  y-ayans  droits.  » 

3. 

t  Mais  ceux  qui  mieu  se  veuillent  asseurer  par  vérification  de  leurs  cens 
et  rentes,  le  plus  souvent  en  font  et  en  ont  fait  relief.  » 

4. 

c  Et  quand  adjournement  se  fait,   pour  relever  biens  féodaux,  est  aux 

despens  de  Padjourné,  s'il  ne  se  vient  présenter  avant  d'être  semond,  et 

s'il  ne  compare,  tous  autres  consécutivement  seront  aux  dépens  d'yceluy 

djourné  jusqu'au  relief,  contentement  des  droits  et  purgement  fait  comme 

il  appartient.  » 

5. 

«  Pour  faire  adjournement  valable,  pour  les  payries  et  pleins  fiefs,  con- 
vient qu'ils  soyent  l'ait  lepr  au  domicile  ou  à  la  personne  de  l'héritier  par 
deux  hommes  et  le  haut  sergent.  » 

6. 

«  Les  seconds  et  autres  par  deux  hommes  et  ledit  sergeant  au  pied  du 
chasteau  et  fossé,  comme  de  toute  ancienneté  a  esté  usé.  » 

7. 

«  Et  semblablement  en  matière  de  déminement  quand  aucuns  demandent 


—  -63    — 

cens  ou  rentes,  sur  aucunnes  desdites  seigneuries  ou  fiefs  soient  héritables 
ou  gageires.  » 

8. 

<  Ftem  quant  aucun  est  trouvé  avoir  relevé,  tient  possède  et  estre  en  la 
jouissance  et  possessiou  d'aucun  fief  et  biens  féodaux,  et  que  quelqu'un  le 
veut  actionner,  est  tenu  relever  jceluy  bien,  et  procéder  par  déuiineraent 
ou  forcoment  par  terme  de  quinzaine  à  autres.  » 

9. 

«  Et  si  sest  pour  matière  de  retraite,  par  signification  semblablement 
passée  par  enseignement  des  Prévost  et  hommes  namptissement  fait  par 
celuy  lequel  veut  relraire  le  vendaige,  assence,  conduction  ou  saisine  par 
interval  de  jour  compétent  selon  les  qualité  de  la  matière  et  résidance  des 
personnes  et  distance  des  lieux,  afin  qu'ils  y  puissent  comparoir  avant  le 
jour  expiré,  qu'est  pour  le  moins  de  pouvoir  comparoir  et  se  présenter  un 
jour  entre  deux  pour  non  être  forclos,  et  que  la  somme  soit  plainne  avant 
le  jour  et  expurgation  d'jceluy,  tant  pour  la  somme  principale  que  des 
issues  et  droits.  » 

«  Item  es  fiefs  communs  nestants  pnyries,  ny  pleins  fiefs,  et  es  francs 
alloux,  dont  et  quand  l'action  surpasse  les  hautains  mayeurs  de  la  comté, 
tous  ajournement,  déminements,  et  forcomands,  souffrent  estre  fait  parle 
haut  sergeant,  et  est  cru  à  son  serment  ayant  esté  au  lieu  en  personne 
d'jceux  fiefs.  > 

II. 

<r  Et  les  saisines  et  conditions  par  deux  hommes,  clercque  et  sergeant.  > 

12. 

«  Mais  es  payries  et  pleins  fiefs,  les  adjonrnements,  déminements  et 
forcomands  avec  les  conductions,  il  y  convient  pour  lemoins,  quand  l'on  en 
peu  plus,  deux  hommes  le  greffier  et  le  sergeant,  toute  fois  si  le  greffier 
ou  le  sergeant  était  homme  suffirait.  » 

13. 

«  Tous  contracts  et  transports  de  seigries  et  biens  féodaux,  pour  eslre 
valables,  doivent  estre  faits  et  passés  par  devant  les  prévost  et  hommes, 
pour  estre  réalizés,  autrement  non,  à  scavoir  sur  lettres  et  scedulles  passées 


—    64     - 

sous  seaulx  ou  pardevant  notaire  clercque  ou  tabellions,  soient  héritableté, 
cens  ou  rentes  et  pour  gageires  semblables.  » 

14. 

«  A  sceavoir  les  payries  par  devant  le  prévost,  deux  payres,  un  ou  deux 
hommes,  le  greflier  ou  sergeant,  et  des  plaius  fiefs  par  devant  le  prevost 
deux  hommes  de  plain  tîef  et  autres  de  fiefs  communs,  soit  un,  deux  plus 
ou  moins,  et  tous  fiefs  communs  et  les  allodiaux  et  francs  alloux,  par 
devant  le  prévost  et  hommes  soient  plains  (iefs  ou  (iefs  communs  ou  allodiaux, 
bien  entendu  que  Ton  accepte  deux  parconniers  à  une  payrie  et  deux  com- 
parconniers  à  un  plain  fief, » 

15. 

«  Et  des  arrière-fiefs  et  courtes  féodales  et  allodialles  relevants  et  repre- 
nant des  dist  prévost  et  hommes  en  arrière-fiefs,  ensemblables  par  devant 
les  dites  courtes  et  seigries,  sires,  semonceurs  et  hommes  sous  lesquels  ils 
meuvent  et  son  jurisdiciables.  » 

16. 

«  f.es  issues  et  treiziesme  deniers  des  vendaiges  de  toutes  les  payries, 
plains  et  communs  fiefs,  relevant  des  prévost  et  hommes  appartenants  à  sa 
majesté,  et  ensemblables  des  allodiaux  et  francqnes-alloux,  quand  les  ven- 
daiges excèdent  vingt  florins  et  quant  aux  gagières,  sont  demeurées  en 
dispute,  et  les  disputes  sur  les  anciens  registres,  et  sur  les  comptes  des 
prévosts  fais  et  vendus  cy-devant.  » 

17. 

«  Et  non  sont  jeeux  transports  vaillables  sans  préalablement  avoir  relevé.» 

18. 

«  Touchant  aux  reliefs  et  assignations  et  partaige  des  droits  des  payries 
et  fiefs  généralement,  il  souffit  es  partaiges  des  frères  et  sœurs,  que 
l'aysoé  fief  relève  seul,  et  les  autres  quites  s'ils  sont  contens  ou  ras- 
signés.  » 

19. 

«  Et  si  les  moindres  naiz  seroient  tenus  et  contraints  quiter  moyennant 
rassenne  et  récompense  selon  l'usange  des  dits  fiefs,  pour  n'en  avoir  jugé 
le  semblable  n'en  disons  rien. 


-    65    — 

20. 

a  \dvenant  qu'il  n'y  ait  hoirs  mâles,  les  Allés  succèdent  au  droit  de 
primogéuiture  comme  les  fils.  « 

21. 

«  Quant  quelqu'un  vient  à  avoir  quelques  biens  féodaux,  ce  allodiaux, 
par  traité  de  mariage,  droit  de  testament  ou  retraits  et  succession,  est  tenu 
en  faire  reprinse  et  relief,  à  poenne  d'y  eslre  contraint  comme  dessus  est 
dit.  » 

22. 

«  Pour  disposer  d'jceux  fiefs  n'avons  veu  obtenir  aggréation  du  prince.» 

23. 

«  Si  le  mary  a  apporté  en  mariage  ou  à  lui  succédé  devant  jceluy  ma- 
riage quelque  fief,  et  le  mary  va  de  vie  à  trespas,  jceîuy  fief  avec  la  hau- 
teur d'jceluy,  si  aucunne  en  y  a,  succède  au  plus  proche  d'yceluy  mary, 
s'il  décède  sans  hoirs.  » 

24. 

«  Et  si  la  femme  est  survivante,  et  ne  lui  est  constitué  douaire  conven- 
tionnel, elle  a  pour  douaire  coustumier  l'usufruit  et  jouissance  d'jceluy  et 
d'jceux  fiefs  et  biens  féodaux  en  relevant  de  main  à  bouche,  soit  qu'il  y 
ait  enfant  ou  non.  » 

25. 

a  Au  semblable  est  du  mary  par  le  trespas  de  la  femme  sans  faire  nou- 
veau relief.  » 

26. 

«  L'homme  et  femme  veufves  se  remariant  en  second  lit,  n'ont  douaire 
coustumier,  s'il  n'y  a  douaire  conventionnel  fait  par  convenance  de  mariage 
ou  testament  faisant  au  contraire  des  présentes  coustumes.  » 

27. 

«  Quand  deux  conjoincts  par  mariage  font  acqnects  de  quelques  fiefs  et 
biens  féodaux  ou  allodiaux,  et  ou  l'un  va  de  vie  à  trespas,  sans  laisser 
hoirs  de  son  corps,  le  survivant  demeurera  usufruitier  sa  vie  durante  en 
relevant  la  femme  veufve  et  non  l'homme  de  main  à  bouche,  et  la  pro- 
priété moitié  par  moitié  succédera  au  plus  prochain  d'jceux  trouvé  en 
degré  de  succession  aux  jours  de  leur  trespas.  » 


—    66    - 

28. 
«  Item  de  toutes  successions  le  plus  prochain  y  succède.  » 

29. 

i  Item  en  matière  féodale,  celny  qui  a  tiltre  et  bonne  foy  aura  jouy  et 
possédé  par  l'espace  de  trente  ans  et  jour,  est  tenu  comme  possesseur  et 
prescrit  à  trente  deux  ans,  exceptez  les  absents,  orphelins,  et  moindre  ans 
quant  ils  font  aparoir  de  meilleur  tiltre  et  droit,  bien  entendu  qu'il  ne  se 
touche  icy  aux  biens  tenus  [iar  les  églises  et  ecclésiastiques  et  desquels  il 
se  délaisse  icy  en  dire.  » 

30. 

«  Et  touchant  les  iiefs  commuus,  se  départent  également  entre  frères, 
sœurs  et  héritiers.  » 

31. 

<  Tout  traité  de  mariage  et  testament  en  matière  de  fiefs  et  allodiaux 
s'approuvent  tant  que  témoins  durent.  > 

32. 

«  Tous  déminemens  se  doivent  commencer  et  faire  pour  cens  et  rentes 
dedans  l'année  qu'ils  sont  esc  hues  autrement  ne  seronts  réputés  que  pour 
debtes,  s'il  n'y  a  jour  ou  traitte  au  contraire  du  d'heu,  et  payement.  » 

33. 

«  Tous  vendages  et  héritages  de  francs-allonx  sur  le  plat  pays  de  la  dite 
comté,  passant  outre  la  somme  de  vingt-cinq  florins,  se  doivent  faire  et 
passer  pardevant  lesdits  prévost  et  hommes,  et  en  dessous  par  devant  les 
hautains  mayeurs  d'jcelle  comté  comme  dit  est  par  la  xve  article  des  pré- 
sentes. » 

34. 

Item  quand  question  est  d'aucuns  biens  féodaux  et  allodiaux  gisants  et 
ressortissants  des  dits  prévosts  et  hommes,  on  procède  comme  dit  est  de 
15   à  autre  dilaiivemet  et  probaiivement  jusqu'à  dire  droit.  » 

35. 

«  Et  aussy  à  tout  chiefs  apportés,  quand  les  procès  ne  sont  pas  instruits 
par  devant  ceux  des  premières  instances  jusqu'à  dire  droit,  soit  que  ce  soit 
loy  de  Luxembourg  ou  de  Liège,  par  actions  réelles  et  personnelles.» 


—    67    - 

36. 
«  Sauf  le  cas  de  crime  et  procédure  criminelles  dont  la  connaissance  en 
appartient  aux  jug<>s  criminels  et  nVn  connoisl  le  prévost  sinon  faire  mettre 
à  exécution  la  sentence  de  justice  de  la  Hoche  aux  despens  de  sa  majesté.  » 

37. 

«  De  tous  enseignements  et  sentences  données  peu  chacun  appeller  sauf 
ce  que  sa  majesté  a  prohibé  et  deffendu  par  ses  lettres  et  placarts  donnés 
à  Bruxelles  le  l!2*  jour  d'avril  l'an  1545.  » 

38. 

«  Et  peuvent  les  appelants  appeler  et  eux  délaisser  dedans  et  avant  dix 
jours  expirés,  dit  jour  de  la  sentence.  » 

39. 

«  Et  les  reliefs  et  exécution  d'jceluy  appel  doivent  estre  fait  dedans 
quarante  jours  d'jcelle  sentence.  » 

40. 

«  A  touttes  appellations  avons  accoustumé  porter  révérence,  sans  pro- 
céder sur  jcelle,  sans  avoir  provision  du  conseil.  » 

41. 

«  Des  vacances  usons  depuis  la  Magdelainne  jusqu'à  la  St-Gilles,  durant 
lesquelles  si  aucuns  requeroient  administration  de  loix  et  justice  doivent 
double  droit.  » 

«  Lesquelles  coustumes  et  uzances  et  sans  préiudice  du  droit  d'aucune 
personne  sont  aujourd'hui  souscrit  êtes  rendues  par  nous  Henry  de  Waha, 
prévost,  Everard  de  Bolland,  vis-comte  de  Dave,  Sgr  de  Soy,  Champion,  ele  , 
Lonys  et  Mérode,  Sgr  de  Biery,  Houffalyse,  et  Henry  de  Barhançon,  Sgr  de 
Villemont,  de  Montjardin,  et  L....  de  Bolland,  Sgr  de  llollé,  de  Humin,  et 
Nicolas  d'Ochain,  Sgr  de  Jemeppe  et  de  Chavaime,  Jean  de  Waha,  Sgr  de 
Granchamp,  Jean  d'Hodister,  Sgr  dudit  lieu  et  Houmart,  Louys  de  Samré, 
Sgr  de  Journal,  Bernard  d'Ave,  Sgr  de  Beausaint,  Henry  Bossignon,  Sgr  de 
Jupille,  messire  Jacques  Noël  pour  le  Sgr  de  Solncr,  y  avant  esté  aussi 
Jean  Collissait  pour  le  Sgr  de  Beauraing,  Baes  d'Aulf'e  pour  le  Sgr  de  Han- 
sur-Lesse.  Fery  de  Cleruo,  Sire  de  Ceureux,  Kverard  de  la  M.irck,  Sgr  de 
Verenne,  Thomas  de  Marenne  et  Englebert  Ferrier,  Ainsi  fait  et  donné  à 
la  Roche  le  quinzième  jour  du  mois  de  juin  l'an  mil  cinq  cent  soixante  et 
dix.  Soub  esloit  escrit  :  par  ordonnance  de  mes  dits  Sgrs  prévost,  payres 


—    68    — 

et  hommes  soubsignés  par  moy  leur  greffier  comis  de  parte  sa  majesté  et 
signé  Emrert  Kerrier  et  fait  pour  copie  authentique  hors  les  originaux  par 
moi  soubsescript  le  ayant  trouvé  concorder  de  mot  à  autre.  Est  signé  Jean 
de  Bande  avec  paraphe.  » 

Ces  coutumes  sont  extraites  d'un  registre  aux  titres  (n°  1)  reposant  dans 
les  archives  du  château  de  Beauraing. 

L'article  "20  consacre,  comme  on  le  voit,  le  droit  de  primogénilure  entre 
les  fils  cl  entre  les  filles  à  défaut  de  fils.  Remarquons  à  ce  sujet,  la  dé- 
claration donnée,  le  1(5  janvier  1606,  par  le  prévôt  et  les  hommes  féodaux 
de  Laroche  aux  barons  de  Brandebourg,  vicomtes  d'Esclaye  :  «  Messieurs 
les  prevost  et  hommes  féodaux  de  la  Boche  en  Ardenne  ayans  visité  leurs 
coustumes  et  plusieurs  résolutions  sur  jcelle  ensuivies,  disent  au  premier 
poinctz  dudit  queritur  que  tous  les  biens  féodaux  se  relevant  par  devant 
eux  ont  toujours  estez  cydevant  partageables  entre  fils  et  filles,  et  nat  le 
fils  aisné  en  autre  préférence  sinon  le  droict  de  prérogatif  lequel  droit  n'at 
jusques  ores  esté  explicqué....  » 

Dans  la  pratique,  le  droit  de  primogéniture  ne  s'exerçait  donc  pas  et 
tous  les  fiefs  sans  exception,  fussent-ils  pairies  ou  pleins  fiefs,  se  parta- 
geaient également  entre  frères  et  sœurs  comme  les  communs  fiefs.  C'est  ce 
qui  ressort  encore  d'autres  déclarations  du  siège  prévôlal.  La  première,  du 
14  juin  1594,  fut  donnée  à  la  demande  de  Guillaume  de  VVarnant.  «  Jtem 
au  VIe  article  si  les  fiefs  tenus  de  la  Roche  en  succession  de  père  et  mère 
se  partent  égallemenl  entre  fils  et  filles.  Sur  quoy  l'on  déclare  ne  l'avoir 
veu  autrement  user  ny  juger  et  sy  débat  sesmouvait  sur  ce  ainsy  le  juge- 
rait on.  » 

La  2e  déclaration  est  du  10  août  1616  ;  elle  est  ainsi  conçue:  «  Mes- 
sieurs les  prévost  et  hommes  féodaux  de  la  Roche  en  Àrdenne,  cy  embas 
dénommés  ayans  veu  le  queritur  à  eux  présenté  de  la  part  de  madame  la 
princesse  de  B;irbanson  et  mademoiselle  Bonne  de  Baibanson  sa  sœur 
maisuée,  héritiers  de  la  seigneurie  de  Montjardin  tenue  en  fief  d'un  comte 
de  la  Roche,  a  elles  succédées  par  le  trespas  de  feu  Monsieur  le  viscomte 
de  Dave,  leur  père,  demandons  les  dites  dame  et  demoiselle  sœurs  sy  la 
dite  seigneurie  de  Moutjardin  se  doibt  parlaiger  également  entre  elles,  ou 
si  l'aisnée  y  at  quelque  droit  d'aisnaige  plus  que  sa  dite  sœur,  mesme  si  la 
dite  aisnée  ne  peull  avoir  la  part  de  la  dite  maisnée  en  luy  donnant  argent 
ou  aultre  récompense  selon  le  dire  de  deux  Seigneurs  leurs  parents. 
Et  sur  le  dit  queritur  advisé  et  feuilleté   les  coustumes  féodales  de  ceste 


cour  rédigés  par  escrit  l'an  1570,  déclarent  que  par  jcelles  ils  ne  trouvent 
qu'il  en  soit  esté  disposé  ny  résould  ny  pareillement  sur  autres  queriturs 
depuis  à  cest  effect  présenté.  Ains  est  la  chose  jusques  à  présent  demeurée 
indéterminée  et  par  la  présente  n'en  disons  encore  rien.  Mais  il  nous  appert 
que  les  baronnies  de  Hofalize  et  Han-sur-Lesse,  se  relevant  de  ceste  dite 
court  en  pairies  sont  possédées  chacune  par  trois  divers  seigneurs  et  dames 
relevans  et  reprenans  chacun  leur  part,  connue  aussy  la  seigneurie  hautaine 
de  Vervoz  se  relevant  en  plain  fief  d'icelle  mesme  court,  est  possédée  et 
partagée  par  trois  seigneurs  reprenans  aussy  chacun  leur  action  sans  que 
sachons  néanmoingssy  c'est  par  accord  amiable  fait  entre  les  dits  seigneurs 
et  dames  parsonniers  ou  aotrement  d'autant  qu'il  n'en  at  esté  disputé  par 
devant  nous  ny  par  devant  nos  prédécesseurs  prévost  et  féodaux  où  toute 
fois  les  procès  et  questions  se  doivent  intenter  en  première  instance.  C'est 
ce  que  nous  pouvons  dire  sur  la  prétension  et  la  demande  que  dessus.  Pré- 
sents à  ce  Georges  de  Waha,  diet  Baillonville,  cap0  et  prévost,  etc.  » 

Une  3e  déclaration  est  datée  du  23  février  1622.  A  cette  époque,  le  cas  sui- 
vant fut  présenté  au  siège  prévôlal  :  «  Il  est  qu'une  mère  veufve  traictant 
le  mariage  de  son  fils  a  déclaré  qu'après  le  trespas  d'elle,  luy  appartiendra 
de  son  lez  et  costé  et  dont  à  présent  et  pour  lors  elle  luy  a  faict  donation 
en  faveur  dudit  mariage  de  quelque  terre  et  seigneurie  située  au  pays  de 
Luxembourg,  dépendant  du  comté  de  la  Roche,  estant  le  dit  fils  quelques 
années  après  décédé  sans  délaisser  eufans  dudit  mariage.  » 

Suyant  quoy  l'on  demande  sy  la  dite  terre  et  seigneurie  par  le  trespas 
dudit  fils  doit  revenir  et  appartenir  à  sa  dite  mère  encore  que  le  dit  fils 
quelque  temps  auparavant  son  trespas  eusisl  faict  appréhension  d'jcelle 
pour  profiter  de  la  dite  donation  ou  bien  sy  la  dite  terre  est  succédée  et 
eschue  à  la  sœur  aisnée  dudit  ûls  entièrement  et  à  l'exclusion  de  sa  sœur 
maisnée  et  de  sa  dite  mère...»  La  réponse  du  siège  féodal  fut  la  suivante  : 
«....  Au  regard  du  prérogat  y  prétendu  pour  la  sœur  aisnée  à  une  terre  et 
seigneurie  relevante  de  sa  dite  majesté,  comte  de  la  Ruche,  advisé  ce 
qu'autrefois  en  at  esté  résould  en  ce  siège,  semble  que  se  prennant  la  suc- 
cession du  fils  mort  en  vraye  propriété  de  la  dile  terre  et  seigneurie,  jcelle 
ne  pourroit  obvenir  ny  escheoir  à  profit  autre  que  des  deux  sœurs  à  cha- 
cune pour  la  moiclié  indilierement,  neantmoins  en  arrivant  débat  en  cest 
siège  seroit  décidé  comme  aussy  du  surplus  ainsi  que  de  raison.  » 


-     70    — 

§  3.  Revenus  du  comté. 

Je  transcris  l'acte  d'engagement  du  16  décembre  1628  quant  à  cette 
partie  qui  regarde  les  revenus  du  comté. 

«  Iceluy  consiste  1°  en  quattre  moulins  dont  celuy  de  la  ville  de  la  Roche 
nous  appartient  entièrement  et  propriétairement,  où  sont  bannaux  les  habi- 
tants et  manans  de  la  dite  ville  et  franchise,  les  hommes  Monsieur  au  ban 
d'Oriho  et  les  villages  de  Harzéeville,  Sammerey  et  autres,  les  trois  restans 
estans  arrentez  perpétuellement,  savoir  celuy  d'Orteuville  pour  quattre  muids 
quattre  stiers  segle,  celuy  de  Hordian  pour  trois  muids  quatre  stiers  et 
celuy  de  Failly  pour  sept  muids  trois  stiers; 

2°  en  bois  et  foresl  qui  sont  en  nombre  de  treize  scavoir  celuy  de  la 
haute  Frayère  contenant  8522  arpents  sans  y  comprendre  1285  arpents  de 
grandes  faignes  ;  celuy  de  Ste-Gertrude  qui  nous  appartient  par  moitié  avec 
les  dames  de  Nivelles,  contenant  1206  arpents;  celuy  de  Champlion  nous 
appartenant  pour  un  tiers  contre  l'abbé  et  couvent  de  St-Hubert,  qui  con- 
tient 888  arpents  ;  le  bois  de  Bande  où  nous  avons  seulement  un  quart 
contre  le  dit  couvent  borné  et  fossoyé  et  exempt  de  tout  usage,  contenant 
le  dit  quart  673  arpents  ;  le  bois  de  Journaux  nous  appartenant  par  moitié 
contre  Jean  de  Hernenvall  contenant  860  arpents  ;  celuy  de  Hay  del  Sale 
qui  contient  108  arpents  ;  le  bois  de  Belhay,  exempt  de  tout  usage,  con- 
tenant 1330  arpents;  celui  de  Wibren  qui  nous  appartient  pour  un  quart 
et  demy  contre  le  susdit  prélat  et  couvent  de  St-Hubert,  contenant  875 
arpents  ;  le  bois  de  Si-Jean  nous  appartient  pour  la  moitié  contre  le  de- 
vant dit  chapitre  de  St-Jean  à  Liège,  qui  contient  pour  notre  moitié,  selon 
la  séparation  en  faite  dix  sept  cent  septante  arpents,  y  compris  442  arpents 
de  faigne  demeurées  indivisées;  le  bois  de  Nollomont,  francq  et  exempt  de 
tout  usage  contenant  232  arpents  ;  celui  de  Fontenaille  en  Broyé  qui  nous 
appartient  aussi  seul  et  exempt  de  tout  usage,  contenant  280  arpents  ;  le 
bois  de  del  Hey  de  Harrey  (Ilarcé?),  bois  tailles  contenant  110  arpents,  et 
celuy  de  Cheneulx  de  Morville  contenant  neuf  arpents,  tous  et  quels  bois 
sont  réglés  et  mis  à  coupes  ordinaires  selon  qu'appert  par  les  règlements 
en  estans 

3°  en  deux  viviers  assez  proche  le  village  d'Ortho  ; 

4°  en  deux  ou  trois  bonniers  de  pretz ; 

5°  en  droit  de  haut  winaige  qui  se  lève  en  la  dite  terre  et  comté  y  com- 
pris celui  de  Belhey  ; 

6°  en  droit  d'abbrocaige  de  vin  et  cervoise  ; 

7o  en  droit  de  francq  bourgeoisie  ; 


-     71     — 

8°  en  tailles,  devant  chaque  taillable  des  mayries  d'Ortho,  d'Engreux  et 
de  Wiompont  quatre  bonniers  et  demy  et  les  veufves  la  moitié  ; 

9V  en  droit  de  remontes  consistant  en  ce  que  chacun  cheval  d'attelée  et 
charue  des  hommes  monsieur  doit  six  deniers  et  deux  bœufs  autant  ; 

10°  en  droit  d'affouage  que  paye  les  hommes  monsieur  au  ban  et  mayrie 
de  Wiompont  debevant  chacun  un  pattarl  et  demy  ; 

11°  en  droit  de  charue  debvant  chaque  ménage  sous  ladite  mayrie  ayant 
pleine  charue  quatre  grosses  vallisans  un  sol  trois  deniers  payant  la  demie 
et  le  quart  à  l'advenant  ; 

12°  en  droits  d'affouage  et  d'estocage  que  plusieurs  de  nre  dit  comté 
payent  pour  levée  de  bois  mort,  scavoir  ceux  d'Amberloux,  d'Ortho,  de 
Wiompont  et  Champion  payant  chaque  ménage  un  sol  six  deniers. 

13°  en  bois  flottant  qu'on  appelle  guien,  en  bois  que  les  hommes  mon- 
sieur du  ban  d'Ortho  nous  doibvent  chacun  an  aux  Rois,  scavoir  ceux  qui 
ont  charue  soit  de  bœufs  ou  chevaux,  une  charrée  de  bois  ; 

14'  en  droit  de  charrues  et  scitures  consistant  en  ce  que  tous  les 
hommes  monsieur  des  bans  et  mayries  d'Ortho,  Engreux  et  Wiompont  nous 
doibvent  demy  muid  de  seigle  et  autant  d'avoine. 

15°  comme  aussy  nous  est  deu  es  villages  de  Rondu,  Sure,  Oste,  Lester- 
neux  certain  droit  de  terrages  et  sartaiges  consistant  en  ce  que  chacun 
sortant  aux  dits  quartiers  doibt  par  an  un  muid  segle  ;  de  même  au  village 
de  Bande  nous  appartient  le  tiers  au  droit  de  terrage  contre  les  devant  dits 
abbé  et  couvent  de  StHubert,  consistant  en  la  dixième  gerbe. 

16°  De  plus  le  dit  revenu  consiste  en  disme  que  doibvent  ceux  de  Neuf- 
ville,  en  pouteries  que  payent  ceux  des  mayries  d'Ortho,  Wiompont,  En- 
greux et  Lignier,  ceux  de  Bretaigne,  Beausaintet  Vecqmont,  debvant  chaque 
manant  laissant  disme  de  soille  et  avoine  une  poiterie  de  deux  stiers,  debvant 
le  même  ceux  du  village  de  Harsé  ;  les  habitants  du  village  de  Thienville 
nous  doibvent  aussi  pour  chaque  ménage  faisant  feu  une  chaulte  de  six 
stiers  seigle  et  avoine,  exceptés  six  ménages  qu'en  sont  exempts  et  les 
veufves  ne  payant  que  la  moitié,  comme  de  même  ceux  de  la  dite  seigneurie 
de  Vecqmont,  qui  ne  nous  doibvent  pour  chaque  ménage  que  demy  stiers; 

17°  En  droit  de  foresterie  consistant  en  ce  que  chacun  ménage  doit  un 
stiers  d'avoine  se  payant  iceluy  par  ceux  des  villages  de  Chemplion,  de 
Halleux  et  Beausaint  ; 

18°  En  droit  de  terrage  et  bois  d'aysance  consistant  en  la  dixième  gerbe 
des  terres  et  bois  d'aysance  qu'on  sarte  et  ensemence,  qui  se  lève  princi- 
palement au  quartier  de  Bande  où  nous  n'avons  que  le  tiers  ; 


_    72    — 

19"  En  traité  de  mines  se  faisant  icelb  présentement  au  regard  du  fer  au 
quartier  de  Chemplion,  consistant  en  l'onzième  charrée  où  nous  prenons  le 
tiers  seulement  contre  les  dits  prélat  et  couvent  de  St-Hubert,  toutes  les 
autres  mines  nous  appartenant  au  dit  comté  comme  souverain  ; 

:!('»"  En  droit  de  paison,  chasse,  peseherie,  confiscations,  amendes,  et 
plusieurs  cens  et  arrentements  ordies  tant  en  cire  que  chappons  sans  les 
gellines  que  les  habitants  d'Ortho  et  d'Engreux  payent  par  ménage  .... 

CHAPITRE  II. 

§  1.  —  Prévôts,  châtelains,  lieutenants-prévôts. 

Le  prévôt  était  le  chef  officier  du  prince,  son  représentant  dans  le  comté. 
11  était  inamovible  et  ses  fonctions,  qui  étaient  à  vie,  sont  déterminées  dans 
le  diplôme  par  lequel  Marie-Thérèse  confère,  le  6  avril  1754,  la  prévôté  à 
Charles,  comte  de  Mozet  de  Grune.  «  Donnant,  »  y  est-il  dit,  «  audit 
comte  de  Grune  plein  pouvoir,  autorité  et  mandement  spécial  d'iceluy  état 
de  prévôt  dorénavant  tenir,  exercer,  desservir,  garder  nos  droits,  hauteurs, 
seigneurie  et  justice,  conjurer  nos  hommes  de  fiefs,  eschevins  et  autres 
juges  qu'il  appartiendra,  de  faire  droit,  loi,  raison  et  justice  à  tous  ceux  et 
celles  qui  le  requerront  et  es  cas  qu'il  appartiendra  et  au  surplus  de  faire 
bien  et  duement  toutes  et  singulières  les  choses  que  bon  et  léal  prévôt  peut 
et  doit  faire.  » 

Au  châtelain  était  confiée  la  garde  du  château.  Presque  toujours  le  prévôt 
était  châtelain  ;  il  cumulait  aussi  d'ordinaire  la  charge  d'intendant  et  de 
receveur  du  comté,  charge  qui  lui  procurait  un  appointement  de  600  florins 
au  cours  de  Namur,  plus  six  muids  d'avoine,  mesure  de  Laroche  pour 
l'entretien  de  son  cheval  (1749,  28  octobre).  A  la  même  époque,  ses 
émoluments,  comme  prévôt,  étaient  de  28  muids  d'avoine  et  de  15  de 
seigle.  11  avait  en  outre  un  grand  jardin,  nommé  le  jardin  du  comte,  sur 
le  chemin  de  Rompre. 

L'auteur  du  Manuscrit  de  1732  nous  dit  que  le  prévôt  et  le  receveur 
habitaient  dans  le  principe  le  château,  qu'ils  y  avaient  chacun  leur  quartier. 
Plus  tard,  le  prévôt  habita  la  ville  et  sa  maison  était  la  maison  de  la  grande 
cour  qui  fut  brûlée  en  1849  avec  le  pâté  de  maisons  y  attenant. 

l.e  lieutenant-prévôt  recevait  sa  délégation  directement  du  prévôt  et  le 
remplaçait  en  cas  d'absence.  Il  avait  les  mêmes  pouvoirs  que  le  prévôt,  et 
jouissait  des  mêmes  droits,  des  mêmes  honneurs,  des  mêmes  prérogatives, 


—    73    - 

des  mêmes  libertés  (Diplôme  de  lieutenant-prévôt  accordé  a  Hubert  Navean, 
le  2  août  1756). 

Prévôts  et  châtelains. 

Le  plus  ancien  prévôt  connu  est  Alars,  dit  Hustins  de  Marche  qui  vivait 
en  1282,  le  23  mai.  Son  successeur  immédiat  lut  Henri  Pérignon  de  Frainois 
qui,  le  12  juin  1290,  «  notifie  que  Ansellons,  le  fils  Ansial  de  Hieves,  qui 
fut,  »  renonce  aux  prétentions  qu'il  élevait  à  charge  de  l'abbaye  de  Claire- 
fontaine  au  sujet  de  l'hommage  de  la  dime  de  Hives.  Henri  Pérignon  était 
aussi  prévôt  de  Bastogne,  et  Bertholet  nous  dit  qu'il  vivait  encore  en  1299. 

Le  jeudi  après  l'Epiphanie  1307,  Gérard  de  Bastogne,  chevalier  et  prévôt 
de  Laroche,  assiste  à  une  donation  faite  par  Gérard,  (ils  Henrion  de  Margerie, 
en  faveur  de  Hennekin,  fils  Mgr  Huon  de  Villeroel,  chevalier,  et  de  sa  sœur 
Clémence,  femme  dudit  Hennekin. 

Gérard  eut  pour  successeurs  Henri  de  Bastogne,  qui  vivait  en  qualité  de 
prévôt  à  la  Laetare  1310,  et  Jacquemar  de  Trinal,  qui  vivait  en  1312. 

En  1332,  le  lundi  après  St-Mathias,  Poncin  de  Margerie  apparaît  comme 
prévôt  ;  également  le  27  novembre  1332  et  le  mardi  de  la  fêle  St-Gervais 
1335  (Cart.  Nothomb.  Ann.  de  l'Inst.  X). 

Berthoul,  prévôt  de  Laroche,  appose  son  sceau  à  une  charte  donnée  à 
Lonpreit,  le  9  avril  1342,  et  dans  laquelle  il  s'agit  de  Jean,  sire  de  Jemeppe, 
chevalier,  qui  reprend  en  fief  et  en  hommage  du  roi  de  Bohême  et  comte 
de  Luxembourg,  la  maison  et  forteresse  de  Noville  et  plusieurs  francs- 
alleux.  Le  20  décembre  de  la  même  année,  Pouchin,  prévôt  de  Laroche, 
et  plusieurs  autres  figurent  comme  témoins  dans  une  charte  de  Jean 
l'Aveugle  concernant  les  biens  de  l'abbaye  de  Claircfontaine  a  Hives  (Cartu- 
laire  de  Claircfontaine). 

Thiry  de  Werkenhuysen  (Walkenhousen,  Welchenhusen),  chevalier, 
lieutenant  et  sénéchal  du  duché  de  Luxembourg,  c'ait  prévôt  de  Laroche  le 
17  novembre  1360.  A  cette  époque,  il  fait  une  enquête  sur  les  droits  que 
Wenceslas  de  Luxembourg  et  de  Brabant  et  le  chapitre  de  Stavelot  préten- 
daient respectivement  à  Ordange  et  à  Piroult.  Dans  un  acte  du  11  juin 
1359,  il  reçoit  simplement  la  qualification  de  prévôt  d'Ardenne  ;  et  le 
20  juin  1370,  il  scelle,  en  sa  qualité  de  prévôt  de  Laroche,  en  Ardcnne, 
un  record  de  justice  des  trois  cours  de  Bemouchamps,  Bachamps  et 
Ayvvaille,  relatif  aux  droits  des  voués. 

A  Thiry  succédèrent  Huart  d'Autel  d'abord  et  puis  ses  deux  fils  Jean  et 


—    74    — 

Huart.  —  Charte  du  29  mars  1420.  —  Dans  cette  charte,  Sigismond 
ordonne  a  ses  sujets  du  comté  de  Laroche  de  prêter  foi  et  hommage  a  Jean 
et  Huart  d'Autel,  comme  ils  l'ont  fait  autrefois  a  l'égard  de  leur  père,  le 
représentant  de  son  frère. 

En  1444,  le  4  février,  et  en  1448,  le  6  février,  on  trouve  comme  prévôt 
de  Laroche  Olivier  Kaye.  Vers  cette  époque  Baltazar  d'Autel  était  receveur 
pour  le  temps  de  Laroche,  1458,  7  février  et  4  avril.  A  Olivier  ont  succédé  : 
(les  dates  indiquées  sont  celles  de  cei  tains  actes  auxquels  ces  prévôts  ont  été 
présents). 

Jehan  de  Lignière,  ailleurs  appelé  Jehan  de  Hodister.  1493, 18  décembre, 
1519,  31  décembre  (cour  de  Marche),  1499,  «  le  neuf  du  mois  de  feualle,  » 
(Juillet)  ; 

Adan  Brisbois,  dit  Mormont,  fut  nommé  receveur  de  Laroche  le  22  octobre 
1512  et  prévôt  en  1524.  Il  vivait  encore  le  24  août  1541. 

Jehan  de  Waha,  dit  Baillonville.  1544,  15  septembre;  1551,  22  août. 

Henri  de  Waha,  dit  Baillonville,  écuyer.  1564,  6  juin;  1569,  27  sep- 
tembre ;  1590,  27  avril. 

Georges  de  Waha,  dit  Baillonville,  chevalier.  1599;  1601,  17  mars; 
1626,  15  avril. 

Henri  de  Waha,  fils  de  Georges,  écuyer,  seigneur  de  Jemeppe.  1626, 6  mai. 

Jehan  Rigaux.  1631,  16  mai  ;  1634,  14  mars. 

Henri-Charles  de  Waha,  écuyer,  seigneur  de  Jemeppe  et  de  Chavanne, 
fut  prévôt  environ  cinquante  ans. 

Louis  Massin  du  Mesnil. 

Charles-François  du  Mesnil,  fils  du  précédent,  écuyer,  seigneur  de  Vol- 
crange,  près  de  Thionville,  prévôt,  capitaine  et  haut  gruier  de  la  ville  et 
comté  de  Laroche.  1692,  2  août;  1708,  14  novembre;  1724,  10  février. 
Il  donna  sa  démission  le  26  février  1735. 

Martin  Rigo  est  dit  capitaine-prévôt  et  gruier  de  la  ville  et  comté  de 
Laroche,  le  6  juillet  1739;  1750,  17  décembre. 

Charles,  comte  de  Mozet  de  Grune,  colonel  de  cavalerie,  chambellan 
de  l'Impératrice,  reine  de  Hongrie  et  de  Bohême,  fut  nommé  prévôt  le 
6  avril  1754.  Ayant  donné  sa  démission,  il  eut  pour  successeur  Jacques- 
François  de  Malempré,  prévôt  jusque  vers  le  22  novembre  1788.  A  cette 
époque,  Joseph-Micolas  Coustume  était  prévôt  par  intérim,  et,  le  19  mai 
1788,  Célestin  Perin,  avocat  au  conseil  souverain  de  Luxembourg,  fut 
appelé  à  succéder  à  Malempré.  Il  fut  le  dernier  prévôt  de  Laroche. 


-    75    — 

Lieutenants-prévôts. 

Renaud  Corbel.  i 541 ,  26  août;  1544,  15  septembre. 

Jehan  de  la  Roche,  écuyer,  seigneur  de  Beausaint.  1564,  26  mai. 

Fery  de  Clerue.  1569,  27  décembre. 

Jehan  de  Waha,  dit  Baillonville,  écuyer.  1573,  12  octobre. 

Louis  de  Conjoux,  seigneur  de  Beausaint.  1586, 18  mars;  1592,  12  avril. 

Henri  de  Nisramont  ;  était  mort  en  1658. 

N.  d'Odeigne,  1659,  12  septembre. 

N.  Nollomont.  1720,  27  novembre. 

Martin  Bodet.  1735,  3  juillet. 

Nicolas  Chapelle.  1736,  10  avril. 

Jean-Henri  de  Villers.  1754,  6  mai. 

Hubert  Naveau.  1756,  12  janvier. 

Charles-Louis  Van  Eisden.  1768,  9  février  ;  1773,  29  avril. 

§  2.  —  Mayeurs,  échevins,  clercs-jurés. 

Le  mayeur  et  les  échevins,  qui  formaient  le  magistrat  de  la  ville  de 
Laroche,  furent  nommés  d'abord  par  les  prévôts;  mais  à  partir  du  commen- 
cement du  seizième  siècle,  leur  nomination  fut  dévolue  aux  gouverneurs  de 
la  province.  C'est  ce  qui  résulte  d'une  déclaration  du  15  février  1552  : 

«  Nous,  Jehan  le  jeusne  de  Baillonville,  mayeur  de  la  ville  et  franchiese 
de  la  Roche,  en  Ardenne,  Baltin  de  Baconfoy  ....  tous  eschevins  de  la 
dite  franchiese,  salut.  Scavoir  faisons  à  un  chascun  et  à  tous  h  cuy  ceste 
présente  parviendra  que  desy  longtemps  que  nous  pouvons  avoir  mémoire 
et  cognoissauce,  mesment  par  apprise  que  fait  advons  à  nos  prédécesseurs 
eschevins,  disons  et  attestons  et  par  ceste  présente  certifions  avoir  veu, 
usés  et  appris  que  un  officier  de  la  dite  Roche  a  crée,  constitué,  establi  ou 
passé  maieur,  eschevins,  clerc-juré  en  la  dite  franchiese  et  ville  de 
la  Roche  et  depuis  que  monsieur  le  marquis  de  Berghes  a  esté  gouverneur 
de  Luxembourg,  il  en  a  eu  la  cognoissance  de  donner  les  dits  offices  et... 
et  les  autres  seigneurs  gouverneurs  jusques  à  présent.  » 

Les  fonctions  du  mayeur  et  des  échevins  étaient,  si  nous  nous  en  rappor- 
tons a  l'acte  d'affranchissement  de  Baslogne  du  22  juin  1332,  dont  presque 
toutes  les  dispositions  essentielles  sont  les  mêmes  que  l'acte  d'affranchisse- 
ment de  Laroche  du  3  avril  1331,  «  de  maintenir  la  dite  franchise  ainsi 


—    76    — 

que  les  bourgeois  et  bourgeoises  dans  leurs  droits  ainsi  que  de  leur  rendre 
justice  (1).  » 

Le  mayeur  était  le  chef-né  des  Bourgeois,  et  nous  verrons  dans  la  suite 
les  droits  que  cette  position  lui  conférait.  Il  en  sera  aussi  question  lorsque 
nous  parlerons  des  Arbaleslriers. 

Le  mayeur,  et  aussi  le  prévôt  et  le  clerc-juré,  outre  les  droits  qui  leur 
étaient  propres  et  les  émoluments  de  leurs  charges,  jouissaient  de  l'exemp- 
tion des  charges  publiques,  comme  de  loger  les  gens  de  guerre,  de  payer 
la  taille  au  souverain,  etc. 

Quant  aux  échevins,  nous  voyons  leurs  privilèges  déterminés  d'une 
manière  plus  particulière  dans  le  diplôme  d'échevinage  de  Charles-Joseph 
Jacquemin  (1"89,  5  janvier).  Outre  qu'ils  étaient  exempts  de  toute  prestation 
personnelle,  le  susdit  diplôme  nous  fait  connaître  qu'ils  avaient  la  jouissance 
«  des  droits  de  lots  et  de  vente  dans  la  ville  et  dans  la  banlieu  de  la  Roche 
et  de  quelques  cours  foncières  ;  aussi  la  rétribution  d'un  cierge  en  cire  rouge 
que  donnait  la  fabrique  de  l'église  paroissiale.  »  Enfin  par  heure  de 
vacation,  «  lorsqu'ils  travaillaient  aux  affaires  de  justice,  »  il  leur  était 
accordé  dix-huit  sols,  et  trois  florins  dix  sols  par  journée  naturelle, 
lorsqu'ils  étaient  envoyés  comme  députés  aux  assemblées  des  États. 

Mayeurs. 

Comme  j'ignore,  pour  plusieurs,  la  date  de  leur  mort  et  le  temps  précis 
pendant  lequel  ils  ont  rempli  leurs  fonctions,  je  ne  donnerai  que  la  date  de 
certains  actes  auxquels  ils  ont  été  présents. 

Le  premjer  mayeur  connu  est  Curars  qui  apparaît  comme  témoin  dans 
la  charte  du  12  juin  1290,  dont  il  a  été  question  en  parlant  des  prévôts. 

«  Bastien  Lawet,  maiour  de  la  Roche,  »  figure  aussi  comme  témoin  dans 
la  charte  de  Jean  l'Aveugle  du  20  décembre  1342(Cartulaire  de  Clairefon- 
taine). 

«  (iucrlac  d'où  Pont,  maire  del  Roche,  appose  son  sceau  à  une  charte  du 
22  février  1400,  par  laquelle  «  Jehan  Beastens,  eschevin  del  Roiche  en 
Ardrnne,  est  comis  et  establis  lieltenant  en  la  curt  de  Hierve,  de  part 
révérende  et  religieuse  dame  Anna  de  Clemency,  abbaisse  de  Clairefontaine.  » 

Jean  de  la  Roche,  seigneur  de  Beausaint,  vivait  le  29  juillet  1429,  était 
mort  en  1431,  le  3  septembre. 

Pierre  de  Massa,  vivait  en  1431,  était  mort  eu  1437. 

(1)  Charte  d'affranchissement  de  Bastogne  du 22  juin  1332.  Aug.  Neyen.  Hist.  de  Bastogne, 
p.  73. 


—    77    — 

Fery  de  Ville,  seigneur  de  Vecqmont,  143T,  19  février  ;  1442,  28  sep- 
tembre ;  1447,  4  décembre. 

Jasper  d'Autel,  1450,  18  mai. 

Jean,  fils  Jasper  d'Autel,  1494-1513. 

Jean  des  Champs,  1513,  2  mars;  1520  ;  1523,  18  octobre. 

Nicolas  Ferrier,  1545. 

Jean  de  Baillonvilie,  1516;  1551,  29  mars;  1552,  29  mai. 

Regnaulx  Corbel  de  Vaulx,  1556,  5  septembre  ;  1557,  30  septembre  ; 
1558,  27  janvier. 

Englebert  de  Wailhey,  1559,  31  mars;  1561,  18  mars. 

Fery  de  Clerue,  fut  reçu  a  serment  le  28  août  1561  ;  vivait  en  1564,  30 
novembre;  1598,  14  mai. 

Jehan  de  Bande,  1599,  1620.  «  A  Fery  de  Clerue  a  succédé  Jean  de 
Bande  qui  a  été  député  des  États  à  Bruxelles,  en  même  temps  avec  dom 
Laurent  de  la  Roche,  abbé  d'Orval,  tous  deux  natifs  de  la  Roche  et  parens.  * 
(Manuscrit  de  1732). 

Jehan  de  Bande,  le  jeune,  1621,  15  avril  ;  1631. 

«  Après  lequel  a  été  mayeur  pendant  plus  de  quarante  ans  monsieur 
Jean  du  Mesnil,  seigneur  du  ïlennet  et  des  Hautes  lies  et  député  des  Etats.  » 

«  Ensuite  monsieur  Renier  du  Mesnil,  son  fils,  seigneur  des  Hautes 
îles,  père  de  monsieur  du  Mesnil,  chanoine  de  St-Paul  à  Liège,  de 
monsieur  du  Mesnil,  colonel  et  de  monsieur  Charles-Louis  du  Mesnil, 
major.  » 

«  Auquel  a  succédé  monsieur  Jacques  Rasselle,  seigneur  de  Rossignol, 
qui  a  été  envoyé  par  son  Altesse  l'Électeur  de  Bavière  a  la  cour  de  France.  » 
(Manuscrit  de  1732). 

Jacques  Rasselle  était  mort  le  17  juillet  1717.  ïl  eut  pour  successeur  son 
Gis,  Jacques,  qu'il  avait  eu  de  son  mariage  avec  Agnès  Orban.  Jacques 
Rasselle,  fils,  vivait  en  1730,  1er  février:  1732. 

Martin  Rigo,  1732,  4  mai  —  1745. 

Georges  Servais  de  Xivry,  fut  nommé  mayeur  par  suite  de  la  démission 
de  Martin  Rigo.  H  se  démit  lui-même  de  ses  fonctions  le  17  décembre  1750. 

Hubert  Naveau  fut  nommé  mayeur  en  1750  et  mourut  le  27  décembre 
1758. 

Jacques-François  Malempré. 

Célestin  Perin  fut  nommé  prévôt,  mayeur  et  receveur  le  22  mai  1759. 

Il  remplit  ces  offices  jusqu'à  l'époque  de  la  révolution  française. 


-    78    — 

Pierre-François  Moxhon  était  agent  municipal  et  ofûcier  de  l'état-civil  le 
9  nivôse  an  VI. 

Louis-Joseph  Aimon,  agent  municipal  le  17  thermidor  an  VI. 

François-Joseph  Colin  était  agent  municipal  le  15  germinal  an  VII  ;  il 
reçoit  le  titre  de  maire  dans  un  acte  de  l'état-civil  du  3  messidor  an  VIII; 
il  exerçait  encore  cette  fonction  le  18  brumaire  an  IX. 

Hubert-Joseph  Naveau  était  maire  le  25  floréal  an  IX  et  le  18  vendémiaire 
an  XI. 

Charles-François-Emmanuel  Legrand  était  maire  le  16  frimaire  an  XI  et 
le  2  pluviôse  an  XII. 

Claude-François  Orban  était  maire  le  9  pluviôse  an  XII  ;  il  conserva  cet 
emploi  jusqu'en  1819,  à  part  une  interruption  de  quelque  temps  pendant 
laquelle  Georges-Louis  Jullien  fut  mayeur  provisoire,  30  janvier  1814. 

Nicolas-Joseph  de  Leuze  fut  nommé  bourgmestre  le  23  février  1819;  il 
alterna  jusqu'en  1823  les  fonctions  de  bourgmestre  président  avec  Claude- 
François  Orban. 

Claude-François  Orban,  1823-1826,  5  novembre. 

Lambert-Joseph-Constantin  de  Leuze,  1827-1836. 

Charles-François-Emmanuel  Legrand  de  Xivry,  1836-1848. 

1848-1850,  vacance. 

François-Joseph  Manigart-Houba,  1850-1855. 

Henri  Orban  de  Xivry,  1855-1860. 

1860-1861,  vacance. 

François-Joseph  Manigart-Houba,  1861-1872. 

Joseph  Liard,  1872-1879. 

François  Meunier,  actuellement  bourgmestre,  fut  nommé  en  janvier  1879. 

Clercs-jurés. 

Nicolas  de  Jodenville,  nommé  le  2  août  1429. 
Olivier  Kaye. 
Jehan  de  Wailhey,  1436. 

Adam  Brisbois  fut  appelé  à  cet  emploi  en  1493.  Vingt  sept  ans  plus  tard 
il  devint  prévôt  de  Laroche. 
Henri,  fils  d'Adam  Brisbois. 
Grégoire,  fils  de  Henri  Brisbois. 
Jehan  de  Baillonville,  nommé  le  20  octobre  1543. 
Jehan  de  Beausaint,  le  jeune,  nommé  le  13  mars  1551. 


-    79     - 

Englebert  de  Ferrier,  nommé  en  1567,  mort  en  1590. 
Ferry  Favaige. 
Jean  Favaige. 
Jean  Marck. 

Georges-Robert  de  Nisramont. 
Lambert  du  Pont. 
Jean  du  Mesnil. 
Claude-Robert  de  Nisramont. 

Jean-Baptiste  Jacqmin  d'Ortho  qui  était  mort  le  23  février  1731. 
Martin  Rigo,  nommé  le  20  février  1732. 
Jacques-Nicolas  Chapelle,  nommé  le  24  juillet  1737. 
Georges-François  Jacqmin,  nommé  le  7  octobre  1748. 
Jean-Baptiste  Toussaint,  nommé  le  22  mai  1759. 
Jean-François  Leclerc,  nommé  le  27  mars  1763. 

Jean-Baptiste  Collart,  nommé  le  17  janvier  1781.  Ce  fut  le  dernier  clerc- 
juré  avant  la  révolution  française. 

CHAPITRE  III. 

§  1.  —  Bourgeoisie. 

Le  droit  de  Bourgeoisie  s'acquérait  de  deux  manières  :  Par  succession 
ou  par  concession. 

Par  succession  :  Non-seulement  les  descendants  mâles  des  francs-Bour- 
geois jouissaient  de  toutes  les  franchises  de  la  Bourgeoisie,  mais  encore, 
suivant  une  coutume  particulière,  les  filles  contractant  mariage  avec  des 
forains  non  francs-Bourgeois,  avec  des  Hommes-Monsieur  ou  de  condition 
serve,  affranchissaient  leurs  maris.  Cette  coutume  fut  abolie  dans  le  com- 
mencement du  xviie  siècle  ;  et,  même  à  partir  de  cette  époque,  personne 
ne  fut  plus  admis  h  la  Bourgeoisie,  s'il  ne  descendait  de  francs  Bourgeois 
en  ligne  directe  masculine.  Cette  restriction  eut  pour  conséquence  de  di- 
minuer considérablement  le  nombre  des  francs-Bourgeois  de  Laroche, 
tellement  qu'en  1661,  plusieurs  villages,  qui  en  comptaient  autrefois  un 
certain  nombre,  n'en  avaient  plus  que  trois  ou  quatre  ou  pas  un  seul. 

Par  concession  :  «  Toutes  les  localités  affranchies  ou  ayant  Bourgeois, 
hommes  privilégiés,  libres,  dit  Auguste  Neyen,  avaient  le  droit  de,  moyen- 
nant certaines  conditions  fixes  imposées  aux  postulants,  conférer  le  droit 


—    80    — 

de  bourgeoisie  ou  d'indigénat  a  des  étrangers  ;  mais  ce  droit  n'était  appli- 
cable qu'à  l'égard  des  étrangers  habitant  déjà  la  franchise,  la  ville  même(l).» 
C'est  ce  qui  ressort,  en  ce  qui  concerne  Laroche,  de  la  déclaration  suivante 
du  mayeur  et  des  échevins  de  Laroche,  datée  du  19  mars  1573.  «  Nous 
maveur  et  eschevins  de  la  ville  et  franchiese  de  la  Roche  en  Ardenne,  cer- 
tifiions a  tous  auxquels  les  présentes  parviendront  que  quant  est  de  rece- 
voir les  sujets  de  la  résidence  de  ceste  corte  de  la  Roche  à  la  franche 
bourgeoisie  de  ceste  ville  que  point  ne  sont  Rourgeois,  certifiions  que  quant 
aulcuns  des  sesdis  subjccts  et  que  point  ne  sont  homes  baptis,  mamortables 
et  de  serves  conditions  assavoir  tenus  a  l'administration  dudernier  supplice, 
iceulx  sortent  de  lieux  et  venans  résider  dedens  ceste  ville  et  franchise, 
Nos  les  recevons  à  la  dite  Bourgeoisie,  voir  et  bien  entendu  que  quant  ils 
partent  de  leurs  lieux  de  leurs  nativités,  ils  laissent  gens  et  personnes  aux- 
dis  lieux  pour  paver  les  feux  et  aydes  accordées  à  sa  Majesté  et  acquicter 
ce  dont  les  dis  lieux  sont  tenus,  et  sest  ce  que  nous  en  donnons  par  pure 
et  léale  certification.  Fait  et  donné  à  la  Roche  soûle  le  seing  de  notre 
grefGer  le  IIIe  jour  du  mois  de  mars  et  XVe  LXXI1I,  stil  de  Liège.  » 

D'autre  part,  l'accord  intervenu,  le  1er  juillet  1343,  entre  Adolphe, 
évêque  de  Liège,  et  Jean  de  Bohême,  règle  la  question  de  la  résidence 
nécessaire  pour  être  admis  à  la  Bourgeoisie  de  la  ville  :  «  Chil  qui  des  ores 
en  avant  seuronl  recheuz  à  la  borgésie  de  la  dite  ville  de  la  Roce,  devront 
faire  en  la  dite  ville  de  la  Roche  résidence  par  l'espeace  de  demi  an  et  un 
jour  continuelemet,  chascun  an.  » 

Trois  conditions  étaient  donc  nécessaires  pour  être  reçu  franc-Bourgeois 
de  la  ville  :  La  première  était  de  ne  pas  appartenir  à  la  classe  d'hommes 
baptis,  de  serve  condition.  La  seconde,  de  laisser  «  gens  et  personnes  aux 
lieux  de  nativité  pour  paver  les  feux  et  aydes  accordées  au  souverain  et 
acquitter  ce  dont  les  dits  lieux  étaient  tenus.  »  La  troisième  de  faire  cha- 
que année  dans  la  ville  une  résidence  continue  de  six  mois  un  jour.  A 
défaut  de  la  première  condition,  le  consentement  du  souverain  était  tou- 
jours nécessaire  pour  être  reçu  à  la  Bourgeoisie.  Lui  seul  aussi  pouvait 
accorder  le  droit  de  Bourgeoisie  foraine  à  ceux  qu'il  jugeait  dignes  de 
cette  faveur,  pourvu  qu'ils  fussent  sujets  du  comté. 

On  distinguait  les  Bourgeois  résidants  et  les  Bourgeois  forains,  c'est-à- 
dire,  «  les  Borgois  demorans  en  la  ville  résidenmet  »  et  ceux  «  qui  de- 
mouret  résidenment  dedens  les  termes  délie  conteit  de  la  Roche  »  (Accord 
du  1"  juillet  1343). 

(1)  Hist.  de  Bastogne,  p.  174. 


-    81    - 

Les  Bourgeois  forains  jouissaient  des  mêmes  prérogatives  que  les  Bour- 
geois résidants.  Un  record  du  18  mars  1561,  donné  par  le  majeur  et  les 
échevins  de  la  ville,  ne  laisse  aucun  doute  h  cet  égard:  «  Parcesle  pnte,  » 
est-il  dit  dans  ce  record,  «  disons  et  recordons  que  ensuyvani  les  Chartres 
et  privilléges  de  temps  immémoriaux  accordées  et  conférées  auxdils  IVancqs- 
Bourgeoix  en  général,  tant  ceulx  résidens  ou  mannans  dedens  la  dite  ville 
et  franchiese  que  généralement  iceulx  de  dehors,  qu'ils  sont  d'une  même 
sorte  et  conditions  joyssans  et  h  eulx  appartenant  l'un  comme  l'aultre  en 
général  de  toutes  franchieses,  libertés  et  privilèges,  uses,  costumes  et 
droits  à  eulx  deus  et  appartenans,  eslans  les  francqs-Bourgeois  en  général 
tant  ceulx  dedans  que  ceux  de  dehors  la  dite  ville  de  la  Roche  aussi  francqs 

et  exempts  de  payer  tonnys » 

En  1603,  le  nombre  des  familles  ayant  le  droit  de  Bourgeoisie  foraine 
était  de  387. 

En  voici  la  répartition  par  mairies  et  par  villages,  d'après  un  ancien 
registre  de  1603,  intitulé  :  «  Registre  et  Rolle  des  francqs-bourgeois  de  la 
ville  et  comté  de  Laroche  en  Ardenne,  avec  la  lauxe  sur  chacun  d'iceux, 
comme  tous  les  ans  se  renouvelle  pour   Fentretenement  des  murailles, 

tours »  Ne  sont  pas  comprises  dans  cette  répartition  les  familles  du 

receveur,  du  châtelain,  du  mayeur,  des  échevins,  du  greffier  et  dusergeant 
de  la  ville  ;  non  plus  les  six  hommes  du  conseil,  les  douze  arbalestriers  et 
leur  varlet,  les  m;iyeurs,  les  échevins  et  les  sergeants  des  quatre  mairies 
hautaines. 

Mairie  d'Ortho.  Ortho.  16 

Herbieval.  7 

Hubermont.  4 

Nisramont.  7 

Warempage.  12 

Herlenval.  6 

Floumont.  2 

Mousny.  4 

Hive.  20 

Mierchamps.  13 

Vecqmont.  5 

Ronchamps.  8 

Lonchampel.  9 

Beausaint.  16 


_-T82     — 


Mairie  de  Wiompont. 


Mairie  d'Engreux. 


Mairie  de  Lignière. 


Wiompont. 

7 

Wigny. 

7 

Roumont. 

14 

Ortheuville. 

14 

Baconfoy. 

7 

Ramont. 

11 

Thenneville. 

13 

Wembay. 

9 

Tresfontaine. 

6 

Neuville. 

8 

Cens. 

6 

Journal. 

7 

Granchamps. 

2 

Chemplon. 

5 

Erneuville. 

2 

Beaulieux. 

2 

Samré. 

15 

Filly. 

5 

Bérisménil. 

31 

Wibrin. 

1 

Engreux. 

3 

Maboge. 

6 

Lignière. 

1 

Cielle. 

18 

Warisy. 

21 

Jupille. 

2 

Hodister. 

20 

Gennes. 

15 

Je  donnerai  dans  les  pièces  justificatives  une  liste  complète  et  officielle 
des  francs- Bourgeois  résidants.  Cette  liste  date  de  1611.  A  cette  époque 
on  en  comptait  cent  et  dix-neuf  ;  en  1 603,  le  nombre  de  ces  résidants  n'était 
que  de  nonante  quatre.  Villers  avait  aussi  deux  francs-Bourgeois  et  Harzé, 
trois. 

Au  nombre  des  Bourgeois  forains,  nous  devons  aussi  compter  les  Bour- 
geois de  Houflalize,  de  Beauraing  et  d'autres  encore.  Ces  Bourgeois  étaient 
tenus  «  loultes  et  quante  fois  que  il  est  de  besoing  et  que  nécessité  le 
requiert  davoir  les  Bourgeois  de  dehors  et  afforains,  a  la  semonce  du  mayeur 


—    83    — 

de  franchiese  [le  mayeur  de  Laroche],  comparoir  dedens  la  dite  ville  et 
franchiese.  »  Il  étaient  tenus  aussi  «  quand  chieffs  est  eslevés  par  devant 
eulx  de  venir  et  comparoir  par  devant  nous  [mayeur  et  eschevins  de  la 
ville  et  franchiese  de  la  Roche,  en  Ardenne]  comme  à  leurs  chiefs  et 
maîtres  et  y  ont  esté  de  toute  ancienneté  mesme  pour  cas  d'injures,  foulles, 
forces  et  oultrages  commises  et  faicles  a  la  maison  d'un  Bourgeois  d'Houf- 

falize (Record  du  16  mars  1568).  Le  record  du  18marsl5Gi  déjà  cité, 

nous  apprend  en  outre  que  «  les  Bourgeois  de  Baslogne  étaient  tenus  aussi 
francs  es  la  ville  et  comté  de  la  Roche  comme  les  mêmes  francs-Bourgeois 

de  la  dite  ville  et  comté ,  et  aussi  semhlablement  sont  les  dits  de  la 

Roche au  lieu  et  prévosté  de  Bastogne.  » 

Les  habitants  de  Lignière,  de  Halleux,  de  Champion,  de  Grainchamps 
étaient  aussi  Bourgeois  forains  ;  mais  à  la  différence  des  précédents,  ils 
n'étaient  pas  francs-Bourgeois  et  étaient  obligés  à  certains  services.  «  Ne 
sont  francqs-Bourgeois  ny  hommes  monsieur  pour  leur  chervaige,  sont 
afforains-Bourgeois  de  ceste  ville.  »  Record  du  6  février  1576.  Quant  aux 
services  que  ces  Bourgeois  devaient  rendre,  ils  sont  indiqués  dans  un  re- 
cord du  10  avril  1574.  «  Les  mannans  de  Lignier  que  ne  sont  nobles  ny 
hommes  féodaulx  sont  tenus  de  livrer  les  chariots  quant  la  dite  bourgeoisie 
avecque  l'enseigne  va  au  champs  ;  les  mannans  des  Hallois  et  Champlion 
doiventmenerlesboisgroset  menus  pour  les  hourdements  (?)  etbolowerlzs(?) 
de  la  ville....  et  coulx  de  la  courte  de  Grainchamps  avec  leurs  consors  les 
baulchons  (?)  du  pont.  » 

Par  contre,  ces  Bourgeois  forains  avaient  le  droit  que  sortant  «  d'icelles 
courtes  et  seigneuries  et  allant  résider  hors  soit  dedens  la  ville  ou  sur  le 
comté,  ils  sont  roceu  à  la  franche-Bourgeoisie.  »  Record  du  3  mars  1573 
et  du  6  février  1576. 

Outre  la  distinction  des  Bourgeois  résidants  et  des  Bourgeois  forains, 
on  trouve  encore  celle  des  Bourgeois  francs  et  des  non-francs.  Ce  que  nous 
avons  dit  des  Bourgeois  de  Lignière,  de  Halleux,  de  Champion  et  de 
Grainchamps  explique  cette  distinction.  A  partir  du  J7e  siècle,  furent  con- 
sidérés comme  francs-Bourgeois  «  ceux  qui  étaient  descendus  des  anciens 
francs-Bourgeois  par  ligne  masculine  ou  bien  avaient  été  receus  et  admis 
au  rang  des  francs-Bourgeois  conformément  au  placart  du  8e  d'aoust  1612, 
et  l'ordonnance  des  sérénissimes  archiducs  Albert  et  Isabelle  du  2«  juin 
1616.  »  Les  non  francs  étaient  «  ceulx  qui  n'étaient  pas  tels.  »  (Mémoire 
de  1673  des  Bourgeois  non  francs  de  la  ville  et  du  comté  contre  les  francs- 
Bourgeois.  Art.  23e). 


—    84    — 

Les  Bourgeois  relevaient  directement  du  mayeur  et  des  échevins  de 
Laroche.  «  Nous  Fery  de  Clerue,  escuyer,  mayeur  de  la  ville  et  franchiese 

de  la  Roche  en  Ardenne,  Linard  de  Villers,  ctc eschevins,  disons 

et  recordons  que,  de  toute  ancienneté,  nous  sommes  chiefs  et  maistres  de 
tous  les  lîourgeois  tant  dedans  ceste  ville  et  franchiese  que  sur  le  plat 
pays  et  comté  d'icelle  mannans  et  alïorains.  »  (Record  du  16  mars  1568). 

En  conséquence,  1°  ils  étaient  tenus  les  fortiins  comme  ceux  de  la  ville 
«  quand  chieffs  est  eslevés  par  devant  eulx  de  venir  et  comparoir  par  de- 
vant nous  comme  à  leurs  chiefs  et  maîtres.  »  (Records  du  16  mars  1568  et 
du  15  juillet  1551). 

2°  Toutes  et  quantes  fois  qu'il  est  de  besoing  et  que  nécessite  le  requiert 
d'avoir  les  Bourgeois  de  dehors  et  afTorains,  sont  tenus  à  la  semonce  du 
mayeur  de  franchiese  comparoir  dedans  la  dite  ville  et  franchiese.  »  (Re- 
cords, id.) 

3°  «  Quand  les  dits  Bourgeois  de  la  dite  ville  et  comté  vont  ensemble 
ou  à  part  pour  aulcun  commandement,  il  n'est  de  rien  à  ung  prévost  de 
la  Roche  de  s'en  entresmesler  ne  avoir  quelques  commandements  sur  les 
dits  Bourgeois  et  en  est  de  tout  affaire  à  ung  mayeur  de  la  ville  et  fran- 
chiese de  la  Roche.  »  (Records,  id.  et  du  10  avril  1574.) 

4°  «...  .  Tous  ceux  qui  seraient  privés  du  droit  des  dits  franeqs- 
Bourgeois  y  soient  pleinement  par  nous  justice  susdite,  restitués  et  réfor- 
més à  toutes,  telles  franchieses  et  libertés  que  nous  savons  et  wardons,  et 
dont  ce  cas  debvons  jugier  et  non  aullres  suivant  les  dis  privilèges.  »  (Re- 
cord du  6  février  1561). 

Privilèges  de  la  Bourgeoisie. 

Nous  connaissons  l'acte  d'affranchissement  de  Laroche  par  Jean,  roi  de 
Bohême.  «  Les  habitants  de  Laroche  y  sont  déclarés  quittes  de  toutes 
tailles,  dons  gratuits,  exactions  et  contributions  ou  emprunts  que  le  sou- 
verain de  même  que  ses  successeurs  pourraient  exiger  d'eux  à  l'occasion 
de  leur  mariage  ou  lorsqu'ils  seraient  créés  chevaliers  ;  ou  bien  pour  payer 
leur  rançon  en  cas  qu'ils  seraient  faits  prisonniers  ou  pour  tout  autre  mo- 
tif quelqu'il  puisse  être  ;  le  tout  néanmoins  sauf  l'obligation  d'acquitter  les 
rentes,  amendes,  revenus  et  droits  ordinaires  dûs  au  souverain  d'après  les 
dispositions  connues  et  que  les  échevins  étaient  chargés  d'appliquer  (1).  » 

(1)  Bertholet  P.  I.  XXII,  Pierret  Y.  86,  cités  par  Aug.  Neyen.  Hist.  de  Bastogne,  p.  74. 


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Deux  exceptions  à  ces  franchises  :  Elles  sont  posées  par  les  articles  32 
et  35  d'une  ordonnance  du  souverain,  en  date  du  28  août  1624.  Je  trans- 
cris ces  articles  tels  qu'ils  se  trouvent  rapportés  dans  un  mémoire  des 
Bourgeois  non  francs  contre  les  francs- Bourgeois  (1673). 

1 «  Se  trouve  entre  aultres  disposé  et  ordonné  en  l'art.  32  que 

généralement  tous  et  quelconques  privilèges,  de  quelque  condition  ou  na- 
ture qu'ils  soient  nulz  exceptez,  faisant  meslier,  commerce,  traficque,  ou 
le  denier  valoir,  soient  en  gros,  ou  en  détail  contribueront  à  l'advenant  de 
ce  esdites  aydes.  » 

2.  «  Et  par  l'art.  35,  que  pour  prévenir  à  toute  confusion  à  la  surcharge 
du  bon  peuple  de  sadite  Majesté,  icelle  ordonne  que  sy  les  maisons  et 
biens  des  personnes  quy  seront  taxées  par  le  dernier  dénombrement, 
viennent  es  mains  de  personnes  exemptes  à  quelque  titre  que  ce  soit,  ils 
demeureront  contribuables,  tant  pour  la  propriété  que  le  labeur,  jusque  à 
ce  qu'il  y  sera  pourveu  par  aultre  dénombrement  suivant.  » 

Les  francs-Bourgeois,  résidants  et  forains,  étaient  en  outre  «  francqs  et 
exempts  de  payer  ....  haullz  conduyts,  tonlieux,  tonny  et  passaiges  de 
leurs  biens,  densrées  et  marchandieses  passant  et  traictant  partout  le  duchés 
de  Luxembourg  es  villes  ou  francqs  villaiges  de  la  dicte  duchés  comme 
audict  Luxembourg,  Arlon,  Thionville,  Danvilles,  conté  de  Chiny,  Eter- 
nacht,  Bedbruct,  Bastogne,  Marche,  Neufchastel  et  autres  n'est  qu'ils  les 
mènent  et  fassent  mesner  par  voyltures.  ...»  (Record  du  18  mars  1561). 
Ils  jouissaient  des  mêmes  privilèges  dans  la  principauté  de  Liège.  (Record 
des  échevins  de  Liège  du  21  novembre  1545). 

Ils  avaient  encore  le  droit  de  chasser  «  sans  en  faire  le  denier  valoir,  » 
avec  des  chiens  et  des  lévriers,  mais  non  avec  des  filets,  des  lacs,  à  toute 
espèce  de  gibiers,  excepté  aux  cerfs  et  aux  faucons.  Ce  droit  s'étendait  sur 
tout  le  comté.  Ils  pouvaient  aussi  sans  payer  aucun  droit,  pécher  toutes 
sortes  de  poissons,  «  à  pied  de  jour  et  de  nuict  par  toute  la  dite  conté 
avec  salmes  et  fer,  sauf  la  nessel  et  batteau.  »  (Records  du  6  février  1561 
et  du  16  mars  1568). 

La  maison  du  Bourgeois  était  un  asile  inviolable.  «  Nul  ne  peult  aller 
quérir  l'homicide  dedans  la  maison  dudit  Bourgeois  si  ce  n'est  par  la 
licence  dedans  l'espace  de  40  jours.  »  Record  du  15  juillet  1551. 

S'il  arrivait  qu'un  Bourgeois  ou  un  étranger  provoquât  par  colère  un 
autre  Bonrgeois  hors  de  sa  maison,  soit  un  jour  de  franche  foire  soit  un 

7 


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autre  jour,  et  qu'il  y  eut  plainte  de  la  part  de  ce  dernier,  le  provocateur 
était  condamné  à  une  amende  de  dix  francs  deux  tiers  «  avec  la  borce(?).  » 

Si  ce  Bourgeois  ou  cet  étranger,  un  jour  de  franche  foire  ou  un  autre 
jour,  frappait  cet  autre  Bourgeois  dans  sa  maison  avec  une  arme  émoulue, 
a  coup  de  pierre,  «  de  traict  de  feu  ou  d'arbalastre,  »  ou  s'il  cherchait  à 
pénétrer  de  vive  force  dans  sa  maison,  il  était  passible  d'une  amende  de 
soixante  florins  ou  condamné  à  perdre  le  poing,  dès  que  ce  Bourgeois 
portait  plainte. 

Si  ce  Bourgeois  ou  cet  étranger,  entrant  dans  la  maison  de  cet  autre 
Bourgeois  pour  lui  chercher  querelle,  il  arrivait  qu'il  le  frappât  ou  quel- 
qu'un de  sa  famille,  il  était  condamné  à  soixante  florins  d'amende  ou  à 
perdre  le  poing,  à  moins  «  d'obtenir  le  grès  du  seigneur.  »  Et  encore  dans 
ce  cas,  il  était  tenu  de  «  prier  Dieu  et  sa  Mère,  mercis  ensemble  le  Bour- 
geois intéressé  et  toute  la  Bourgeoisie  entièrement  et  ne  poldra  tels  délin- 
quant hanter  ny  fréquenter  jusques  ad  ce  qu'il  ait  satisfait  à  ce  que  dessus.» 

Enfin  toute  querelle  en  la  maison  d'un  Bourgeois  ou  daus  la  franchise 
était  punie  d'une  amende  de  sept  sols,  «  sy  est  cop  de  poingne,  hors  de 
francq  foire  »  ;  en  cas  qu'il  y  eut  plaie  de  messure  (?),  l'amende  était  de  dix 
francs  deux  tiers  avec  la  borce  (?).  Au  jour  de  franche  foire  et  pour  coups 
de  pied,  l'amende  se  montait  à  soixante  sols  et  s'il  y  avait  plaie  de  mes- 
sure (?),  à  vingt  francs  et  un  tiers.  (Record  du  15  juillet  1561). 

Obligations  des  Bourgeois. 

Jean,  roi  de  Bohême,  dans  la  charte  du  3  avril  1331,  se  réserve  les 
rentes,  les  amendes,  les  revenus  et  les  droits  ordinaires  dus  au  souverain  ; 
il  oblige  ensuite  les  Bourgeois  ;  en  retour  des  privilèges,  qu'il  leur  accorde, 
de  munir  leur  ville  de  murailles  et  de  portes  et  les  entretenir  à  leurs  frais, 
de  même  que  les  machines  de  guerre  qu'il  devait  leur  fournir  ;  il  les  oblige 
en  outre  d'avoir  douze  Arbalestriers  pour  son  service  :  «  et  doient  avoir 
douze  arbalestriers  pour  nos  servir  en  nos  besoignes  et  qui  doient  joyr  des 
privilèges  que  saiclet  leur  sont  de  nous  et  de  notre  dite  ville,  si  longuement 
qui  semblerat  entre  boin  et  pourfilable  à  nous  et  a  nostre  dite  villie.  » 

En  conséquence,  et  chaque  année,  il  se  faisait  sur  les  Bourgeois  en 
général  une  levée  de  deniers  qu'on  appelait  fermeté,  destinée  à  l'entretien 
des  murailles,  des  tours,  des  portes  et  à  l'acquittement  des  autres  obliga- 
tions, et  une  aulre  levée  fixe  de  quatre  palards  sur  chaque  Bourgeois  en 
particulier,  qui  se  payait  chaque  année  au  roi  en  reconnaissance  des  dits 
privilèges.  Les  veuves  ne  donnaient  que  la  moitié  de  cette  somme. 


-     87    — 

Les  Bourgeois  étaient  aussi  tenus  d'être  armés  suffisamment  chacun 
selon  son  état,  tant  pour  le  service  du  seigneur  et  a  ses  frais,  que  pour  la 
défense  de  la  ville.  En  cas  d'invasion  ou  de  guerre  dans  l'intérieur  du 
pays,  tous,  sans  exception,  devaient  prendre  les  armes,  et  marcher  a  l'en- 
nemi sous  la  conduite  du  mayeur  ou  de  son  lieutenant,  laissant  toutefois 
dans  la  ville  un  nombre  suffisant  de  Bourgeois  pour  sa  défense.  Ils  étaient 
accompagnés  dans  leur  expédition  du  prévôt  ou  de  son  lieutenant,  suivis 
des  Allodiaux,  des  hommes  Monsieur  ou  de  serve  condition  et  aussi  de  tous 
a  leurs  circonvoisins  et  marchissans.  »  Dans  ce  cas,  ni  les  Bourgeois  ni 
autres  ne  recevaient  de  solde.  (Record  du  10  avril  1574). 

Les  Bourgeois  étaient  tenus  à  la  défense  de  la  ville,  mais  non  du  château, 
et  s'il  arrivait  que  la  ville  fût  prise,  ils  devaient  alors  se  retirer  au  château 
et  aider  à  en  soutenir  le  siège. 

Dans  l'acte  d'affranchissement  de  Laroche,  il  y  a  un  article  qui  regarde 
spécialement  les  Bourgeois  forains,  c'est  qu'ils  devaient  fournir  pour  les 
chevauchées  du  comte  «  charrois,  bues,  inotons,  pors,  ainsi  que  autrel'oi 
at  estoit  useit.  » 

§  2.  Arbalestiers. 

Nous  avons  vu  qu'une  des  conditions  posées  par  Jean,  roi  de  Bohême, 
aux  privilèges  qu'il  accorda  aux  Bourgeois  de  Laroche,  fut  d'entretenir 
douze  Arbalestriers  pour  son  service. 

Les  Arbalestriers  étaient  exempts  des  droits  de  Bourgeoisie  et  en  outre 
des  corvées  et  des  assises  qui  se  faisaient  pour  l'entretien  et  la  réparation 
des  portes,  des  tours  et  des  murailles  de  la  ville,  mais  non  des  assises  qui 
se  levaient  pour  l'église,  la  fontaine,  la  défense  des  privilèges  et  le  vinage. 
Ils  jouissaient  de  ces  privilèges  tant  que  durait  leur  service  pour  la  ville  ou 
pour  le  souverain. 

«  Quant  s'est  pour  aulcuns  services  de  sa  Majesté  ou  de  ses  officiers  à 
la  prinse  d'aulcune  place  ou  quelque  malfaicteurs,  les  Albalestriers  y  assistent 
seuls  avecque  les  mayeurs  et  font  un  chacun  le  querict  sur  le  plat  pays  en 
temps  de  nécessités.  »  (Becord  du  10  avril  1594).  Ils  gardaient  les  prisonniers 
qu'ils  avaient  ainsi  arrêtés  sur  l'ordonnance  du  prévôt  ou  du  mayeur.  Hors 
de  la  ville,  le  prévôt  devait  leur  faire  donner  assistance  par  les  mayeurs 
des  hautes  cours  et  leurs  sujets.  Les  Arbalestriers  dans  ce  cas,  avaient 
droit  à  une  rétribution  de  six  patards  par  jour  de  sortie,  à  charge  des 
prisonniers. 


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Ils  étaient  ensuite  obligés  d'assister  en  armes  à  la  procession  du  Saint- 
Sacrement,  et,  les  jours  de  franche  foire,  ils  devaient  maintenir  le  bon  ordre 
dans  la  ville  et  dans  la  franchise. 

Ils  avaient  à  leur  tête  un  maître  et  un  valet  pour  les  servir.  Lorsque  le 
maître  venait  à  mourir,  les  Arbalestriers  se  réunissaient  et  lui  choisissaient  un 
successeur  qui  prêtait  serment  devant  le  mayeur.  A  la  mort  d'un  des  leurs, 
ils  présentaient  au  mayeur  deux  candidats  pour  remplacer  le  défunt  ;  et  le 
mayeur  choisissait  des  deux  celui  qui  lui  paraissait  le  mieux  convenir  et  en 
recevait  le  serment  accoutumé. 

En  cas  de  querelles  ou  de  contestations  entre  les  Arbalestriers,  ou  si 
l'un  ou  l'autre  d'entre  eux  contrevenait  aux  ordres  du  maître,  les  Arbales- 
triers déterminaient  eux-mêmes  l'amende  à  laquelle  les  coupables  devaient 
être  condamnés  ;  lorsque,  faute  d'entente,  il  fallait  recourir  à  la  justice, 
l'amende  appartenait  au  prince  ;  autrement,  elle  revenait  au  mayeur. 

§  3.  Allodiaux,  Hommes-Monsieur  e.l  de  serve  condition. 

Outre  les  Bourgeois,  nous  voyons  dans  le  comté  certains  hommes  «  franeqs 
et  exempts  de  taille  et  aydes  accordées  et  à  accorder  dans  le  pays  de 
Luxembourg  (1),  »  mais  obligés  «  de  tenir  chevaulx  et  armes  en  bon 
esquipache  »  pour  et  à  toute  réquisition  se  rendre  à  la  guerre  avec  le  prince 
ou  ses  lieutenants  et  le  prévôt,  «  de  passer  monstre  par  devant  le  dict 
prévost  à  tout  le  moins  une  fois  l'an  »,  et  aussi  «  d'estre  prests  à  la  semonce 
et  a  la  signification  du  prévost  au  siège  tant  pour  jugier  les  débats  et  procès 
y  survenans  pour  cause  des  fiefs,  que  estre  présents  aux  reliefs  qu'ils  y  font.  » 
Ces  hommes  étaient  appelés  Allodiaux,  à  raison  des  alleux  qu'ils  possé- 
daient dans  le  comté. 

Les  alleux  ou  francs-alleux  étaient  toutes  les  terres  libres,  c'est-à-dire 
affranchies  du  tribut,  d'impôt  ou  de  toute  espèce  de  redevance.  «  Tenir  en 
aleu,  »  dit  la  somme  rurale,  «  si  est  tenir  terre  de  Dieu  tant  seulement, 
et  ne  doivent  cens,  rente  ne  relief,  ne  autre  redevance  à  vie  ne  à  mort.  » 

Les  propriétaires  ne  devaient  donc  rien  a  personne,  ni  tribut  ni  hommage  ; 
ils  étaient  tous  autant  de  petits  souverains  possédant  au  même  litre  que 
leur  roi,  et  aussi  nobles,  quoique  moins  puissants  que  lui.  Quant  à  ceux  qui 
ne  possédaient  que  de  petits  alleux  sans  importance,  ils  formaient  moins 
une  aristocratie  qu'une  classe  moyenne  dite  des  hommes  libres.  Ces  petits 
alleux,  dans  la  suite  des  temps,  furent  pour  la  plupart  convertis  en  béné- 

(1)  5  avril  1562.  Laroche.  Cour  féodale.  N°  Oi  des  pièces  justificatives. 


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fices,  terres  que  les  rois  donnaient  aux  hommes  puissants  de  la  nation  et 
à  leurs  compagnons  de  guerre,  qu'ils  fussent  Francs  ou  Gaulois,  pour  se 
les  attacher  de  plus  en  plus. 

Le  bénéficier,  à  la  différence  du  possesseur  d'alleux,  qui  ne  devait  rien 
à  personne,  était  tenu  d'être  fidèle  au  donateur  ;  il  était  obligé  au  service 
militaire  à  la  réquisition  de  ce  dernier,  et  en  même  temps  à  certains  ser- 
vices civils  ou  domestiques. 

Or  un  alleu  était  converti  en  bénéfice,  lorsque  le  propriétaire  de  cet  alleu 
rendait  hommage  de  sa  terre  à  un  riche  et  puissant  bénéficier  et  se  plaçait 
ainsi  sous  sa  protection,  sous  son  patronage.  Cet  acte,  par  lequel  une  terre 
franche  devenait  terre  vassale  pour  la  sûreté  de  son  possesseur,  s'appelait 
recommandation  ;  c'était  un  usage  antique  et  originairement  pratiqué  dans 
les  forêts  de  la  Germanie  (1). 

Les  alleux  du  comté  de  Laroche,  qui  étaient  au  nombre  de  seize,  subirent 
successivement  cette  transformation,  et  c'est  pourquoi  ceux  qui  les  possé- 
daient, <(  les  Allodiaux,  »  comme  je  les  trouve  appelés  dans  divers  docu- 
ments, étaient  soumis  aux  obligations  des  bénéficiers  et  astreints  au  service 
militaire.  Ils  formaient  la  classe  des  hommes  libres  du  comté  et  se  distin- 
guaient des  francs-Bourgeois  en  ce  qu'ils  relevaient  directement  du  prévôt, 
tandis  que  ceux-ci  relevaient  directement  du  mayeur  et  des  échevins.  En 
outre,  en  temps  de  nécessité,  ils  étaient  tenus  de  se  retirer  au  château  et 
d'en  faire  la  garde,  tandis  que  les  francs-Bourgeois  étaient  tenus  seulement 
à  la  défense  et  à  la  garde  de  la  ville.  Les  allodiaux  enfin  étaient  obligés 
de  tenir  cheval  et  armement  convenable  pour  le  service  du  prince.  Quant 
aux  francs-Bourgeois,  la  charte  de  leur  affranchissement  leur  imposait 
simplement  l'obligation  d'être  armés  chacun  selon  son  état  (2). 

Au  nombre  des  Allodiaux,  nous  trouvons  en  1562,  Jehan  et  Grégoire  de 
Nisramont,  Jehan  Huart  de  Moirville  et  Laurent  de  Moirville,  Jehan  le 
jeune  Maître  d'Orthenville,  la  veuve  Jehan  Guillaume  et  Servais  de  Romont. 
Jehan  Ponsar  de  Compogne,  Louis  de  Noiseu,  Henri  Clara  de  Velreux, 
Henri  Gérard  de  Rupaige,  Mathieu  Bastines,  Jehan  le  Chevron  demeurant 
à  Mohonvaux,  Henri  Lambert  de  Bérisménil,  Jehan  de  Chemin,  la  veuve 
Jehan  Thiry  de  Rupaige  ;  en  1567,  le  2  juin,  Pierre  Jehan  Lambert,  mayeur 
d'Ortho  ;  en  1591,  Jehan  Marson  de  Wiompont  ;  en  1623,  Jehan  de  Samré 
de  Rendeux  Ste-Marie  et  Adam  de  Presles. 

(1)  Amédée  Gabourd.  Hist.  de  France  I,  p.  131.  Chàteaubriant.  Études  ou  discours  histo- 
riques III,  p.  434. 

(2)  Pièces  justificatives,  n°  64. 


-    90    — 

Quant  aux  Hommes-Monsieur,  une  déclaration  du  capitaine-prévôt,  Henri 
de  Waha,  datée  de  septembre  1626,  les  détermine  de  la  sorte  :  «  Et  convient 
sçavoir  que  certains  hommes  dudict  comté  en  nombre  de  trente  huict  ou 
environ  sont  tenuz  et  obligez  faire  guetz  et  garde  audict  chasteau  en  toutes 
occurences  indiférement  par  la  semonce  que  leur  en  faict  un  prévost  et 
chasteiain  dudict  lieu,  et  à  tel  eflect  sont  appelez  hommes-monsieur,  ....  » 
Ces  hommes  étaient  éparpillés  dans  les  différentes  mairies  du  comté.  On 
en  comptait  six  dans  la  mairie  de  Wiomponl,  cinq  à  Filly,  dix  à  Engreux, 
cinq  à  Velreux,  deux  à  Achouve,  deux  a  VVibren  et  plusieurs  encore  dans 
les  divers  villages  formant  la  mairie  d'Engreux.  «  Desquels  aulcuns  payent 
quatre  stiers  soille  et  aultant  d'avaine,  en  cas  qu'ils  avent  plaine  cherue  ; 
sy-non  ou  n'ayant  que  demy  ou  quart  de  cherue,  sont  obligés  à  l'advenant 
avec  une  pouille  et  cincquez  patars  et  demy  ;  d'autres  doibvent  seullement 
les  dictes  pouille  et  argent.  »  (Déclaration  ci-dessus). 

Les  Hommes-Monsieur  de  la  mairie  d'Ortho  étaient  au  nombre  de  trente 
deux  :  Un  à  Ortho  même,  deux  au  Buisson,  quatre  à  Thimont,  dix  à  Huber 
mont,  deux  à  Nisramont,  trois  à  Floumont,  cinq  à  Hives,  cinq  à  Mousny. 
«  Ils  sont  subjectz,  dit  encore  la  déclaration  du  prévôt  Henri  de  Waha,  à 
assister  aux  exécutions  criminelles  du  dernier  supplice  au  lieu  du  patibu- 
laire d'ung  comte  de  la  Roche,  sy  comme  de  dresser  l'eschelle,  eslever  la 
roue  et  autres  semblables  fonctions,  auquel  effect  ils  ont  à  eulx  des  héritages 
particulièrement  subjectz  à  telle  servitude,  et  sont  obligez  chascun  de  ceulx 
ayans  plaine  charue  a  payer  et  livrer  es  grainiers  du  roy  demy  muid  seigle 
et  demy  muid  d'avaine, et  ceulx  qui  n'ont  que  demy  charue  ou  quarte,  à 
l'advenant.  » 

«  Chascun  desquels  faisant  feu  en  sa  maison,  est  redebvable  chascun  an 
d'une  pouille  et  de  cincques  patars  demy,  bien  entendu  qu'un  vesve  soit 
l'homme  ou  la  femme  n'en  doibt  que  la  moictyé,  hors  de  quoy  ceulx  de 
la  justice  prennent  leurs  droicts  accoustumez.  » 

«  Encore  doibvent-ils  chascun  une  charrée  de  bois  par  an  pour  leur 
chauffage  estans  à  la  garde  du  chasteau.  » 

Il  n'était  pas  permis  aux  Hommes-Monsieur  et  de  serve  condition  de 
pêcher  ni  de  chasser,  si  ce  n'est  aux  sangliers,  aux  loups  et  aux  renards, 
et  à  condition  de  donner  du  sanglier  mâle  le  droit  accoutumé,  savoir  la 
hure  et  les  quatre  pattes.  A  cet  égard,  les  forestiers  du  roi,  et  même  tout 
franc-Bourgeois,  pouvaient  les  mettre  en  contravention  et  leur  confisquer 
leurs  instruments  de  pêche  ou  de  chasse  (Record  du  6  février  1561). 


—    91    — 

§  4.  —  Métiers. 

Je  transcris  ici  le  seul  document  que  j'ai  pu  me  procurer  sur  les  métiers 
de  Laroche.  Il  porte  en  titre  :  «  Liste  des  maîtres  de  mesliers,  manufactures 
et  fabriques,  le  nombre  actuel  des  maîtres,  le  nombre  des  garçons,  celuy 
des  apprenlifs  et  des  manouvriers  qui  sont  en  cette  ville  comme  s'ensuit.  » 
Ce  document  est  daté  du  5  mai  1738. 

Tanneurs. 

Le  sieur  du  Wez  ayant  un  garçon  tanneur  qui  accommode  ses  cuires  et 
lui  serve  de  manouvrier. 

Le  sieur  Petithan  at  nouvellement  établit  une  tannerie  dont  il  se  serve 
de  temps  en  temps  d'un  manouvrier. 

Le  sieur  Jean  Gillet,  maître  tanneur  avec  un  valet  et  un  apprenti!'. 

Jasper  la  Grandeur  sans  valet  ny  apprentif. 

Cordonniers. 

Simon  Fourny,  maître  cordonnier,  avec  son  fils. 

Nicolas  Valtin  avec  son  tils. 

Joseph  Devillers. 

Hubert  Tinturier. 

Charles  Philippart. 

Nicolas  Nollomont  avec  son  fils. 

Paul  Lambeau  et  un  apprentif. 

Charles-Louis  Jasper  avec  deux  apprentifs. 

Nicolas  Fisson,  le  jeune. 

Henri  Nollomont. 

Charpentiers. 

Martin  Lahaye  avec  son  fils  apprentif. 

Charrons. 

Etienne  Lahire. 

Martin  Meunier  dit  Bodson  avec  son  fils  apprentif. 


—    92    — 

Tailleurs. 

Liévin  Vaneuken  avec  son  neuveux  apprentif. 
François  Derieux  avec  deux  apprentifs. 
Charles  Houba  le  jeune. 
Jean  Piéfort. 

Menuisiers. 

Jacques  Féodal. 

Martin  Ducontier  avec  un  ouvrier. 

Antoine  Milicor. 

Tisserands. 

Ernest  Massouka. 
Charles  Waha. 

Jean  Noeson,  faiseur  d'étoffes,  Louis  Bidart,  id.,   Jean-Pierre  Quirin, 
Michel  Bidart. 

François  Guillaume,  id. 

Henri  Malemprée,  tisserand. 

Pierre  Populaire  avec  deux  apprentifs. 

Jacques  Corbusier. 

Jean  Maka. 

Joseph  Gosée. 

Henri  Sibret. 

Pierre  Lahire. 

Nicolas  Massouka  et  Roch  Louis. 


Bouchers. 


François  Robert. 
Jean  Pasquay  Robert. 
François  Machuraux. 
Nicolas  Jasper. 
Eustache  Machuraux. 


Maréchaux. 


Charles  Verlaine  avec  son  gendre. 
Henri  Lecoq  avec  un  ouvrier. 


—    93    — 
Cloutiers. 

Jean  Naime  et  de  temps  en  temps  un  ouvrier. 

Boulangers. 

Servais  Orban. 
Simon  Foumy. 
Gérard  Lamere. 
Noël  Heoon. 
Lambert  Califice. 
Charles-Louis  Jasper. 
Le  sieur  Lalandre. 


Brasseurs. 


Pierre  Gillet. 
La  dame  Rasselle. 
La  veuve  Fabry. 
Gérard  Lamere. 


Tonneliers. 


Joseph  Faignan  avec  son  fils  apprentif. 
Henri  Tilly  avec  un  apprentif. 

CHAPITRE  IV. 

Règlements  du  Magistrat. 

1.  Règlement  du  3  juillet  H06  concernant  le  vol  des  fruits,  la  divagation 
des  porcs,  le  prix  du  pain  et  de  la  viande. 

Le  Magistrat  de  cette  ville  estant  informé  que  plusieurs  habitans  et 
bourgeois  souffrent  impunément  que  leurs  enfants  et  domestiques  entren1 
aux  jardins  des  particuliers  pour  y  ceuillir  et  abattre  les  fruits  d'arbres,  les 
asportant  et  mangeant  sans  aucune  maturité  au  sceu  et  veu  mesme  de  leurs 
parents,  au  préjudice  des  deffenses  sy  souvent  réitérées  ;  pour  à  quoy 
remédier  et  ensuite  prévenir  les  maladies  qui  en  peuvent  provenir,  l'on  fait 
à  scavoir  à  tous  et  un  chacun  qu'Usaient  à  sérieusement  deffendre  à  leurs 


—    94    — 

enfants  et  domestiques,  et  de  prendre  garde,  de  plus  entrer,  ny  eux  mesme, 
es  jardins  tant  fruitiers  que  potagers  non  à  eux  appartenants,  à  quel  prétext 
que  ce  soit,  sans  la  licence  du  propriétaire,  ny  qu'ils  souffrent  ny  permettent 
qu'ils  y  prennent,  ceuillent,  ny  abattent  aucuns  fruits  à  peine  d'en  estre 
responsables  et  de  trois  florins  d'or  d'amende  pour  chacune  fois  qu'ils  y 
seront  trouvés  outre  la  restitution  des  fruits  enlevés  de  laquelle  amende  le 
dénonciateur  en  aura  le  tiers,  les  deux  autres  tiers  à  qui  il  appartiendrai. 
De  plus  comme  plusieurs  s'abusent  de  laisser  courre  leurs  porcqs  par  les 
rues  sans  les  renfermer,  en  sorte  qu'ils  vont  es  grains  et  jardins  des  parti- 
culiers, y  cousent  notable  intérest  et  domage  au  préjudice  des  deffensescy 
devant  faites,  et  de  l'ordonnance  de  nos  seigneurs  du  Conseil  du  10  May 
1691)  pour  ce  émanée,  l'on  fait  aussyà  scavoir  qu'un  chacun  ayt  à  chasser 
ses  porc  saux  champs  devant  le  garde  d'iceulx  ou  les  tienne  renfermé  en 
son  estable  à  peine  de  l'amende  d'un  florin  d'or  statuée  par  la  dite  ordon- 
nance pour  chacun  porcq  quy  sera  trouvé  ainsy  courre  les  rues  et  non 
renfermé.  Ayant  aussi  le  dit  Magistrat  considéré  le  prix  présentement  des 
grains  et  besles  de  graisse  a  trouvé  convenable  de  régler  par  forme  de 
police  le  prix  des  pains  et  viande  comme  s'ensuit  : 

Le  pain  de  seigle  de  sept  1.  un  demi  escalin,  celuy  de  seigle  tamisé  5  I. 
pour  un  demi  escalin.  Le  pain  blan  de  farinne  de  froment  une  1.  pour  un 
sol.  La  viande  de  bœuf  la  1.  deux  sols  ;  celle  de  vache  la  I.  un  sol  et  demy; 
celle  de  moullon  la  1.  trois  sols  un  liar  ;  celle  de  brebis,  la  1.  deux  sols 
trois  Mars  ;  celle  de  chèvre  la  1.  six  Mars,  le  tout  monoye  courante,  suivant 
quoy  les  boulangers  et  bouchers  se  conformeront  jusques  à  autre  règlement 
à  paine  d'amende  arbitraire  contre  ceux  qui  excéderont  le  prix  cy  dessus  et 
pour  que  personne  ne  l'ignore  affiche  en  serat  faite  au  lieu  ordinaire.  Fait 
à  La  Roche  le  30  juillet  1706.  Par  ordce  P.  Roberti. 


2.  Règlement  concernant  les  jours  de  marchés,  du  9  décembre  1724. 

Premièrement  que  tous  et  un  chacun  bourgeois  et  habitans  se  régleront 
à  l'advenir  comme  souvent  at  été  réglé  cy  devant  et  qui  par  cette  se  renou- 
velle pour  que  chacun  ne  puisse  prétexer  cause  d'ignorance. 

Scavoir  que  les  jours  de  marché  personne  ne  se  présume,  tant  habitant 
du  faubourg  que  de  la  ville,  d'achepter  grains,  bœure,  fromage,  œufs, 
volaille,  ny  autres  choses  quelques  conques  de  denrées,  pommes,  fruits  et 


—    95    — 

légumes  telles  espèces  quelles  soient  et  on  puisse  les  nommer  soit  en  leurs 
maisons  ou  dehors  avant  qu'elles  soient  estaplées  sur  le  marché  à  peine 
d'une  amende  de  trois  flor.,Pun  pour  le  dénonciateur  appuyé  d'un  tesmoin, 
les  deux  autres  comme  du  passé. 

Que  les  revendeurs  ne  pourront  rien  achepter  en  cette  qualité  aucune 
des  dites  espèces  ou  densrées  avant  les  dix  heures  écoulées  soub  les  mesmes 
peines,  non  plus  que  les  bourgeois  tels  afforins  soub  les  mesmes  peines 
mais  seulement  ceux  qui  ont  ce  droit  pour  leur  consomption  seulement  et 
non  pas  pour  autruy  non  plus  que  les  bourgeois  de  la  ville. 

Et  à  l'égard  des  bouchers,  se  conformeront  soub  la  mesme  peine  de  ne 
vendre  leurs  viandes  que  sur  le  pied  la  livre  de  bœuf  et  junis  grasses  sept 
liars  ;  celle  de  vache  grasse  six  Mars  ;  le  veau  gras  six  liars  ;  le  moindre 
cinq  liars  ;  le  porc  gras  pour  potage  deux  sols  et  demy  ;  la  chèvre  grasse 
un  sol  ;  le  moutton  gras  deux  sols  ;  la  brebis  grasse  six  liars. 

Les  boulangers  ne  vendront  leurs  pains  qu'à  proportion  du  prix  du  grain 
qui  pourat  hausser  ou  diminuer  soit  blan,  pain  tamisé  ou  comme  la  farinne 
se  prend  au  moulin. 

Et  pour  que  personne  ne  l'ignore,  ce  présent  règlement  serat  lu  et  publié 
cejourd'huy  au  son  du  tauxin  comme  pareillement  serat  fait  le  jour  de 
marché  prochain  15  de  ce  mois.  Ainsi  réglé  jusque  à  autre  changement  sy 
ainsy  est  trouvé  raisonnable  jour  et  an  que  dessus.  C.  R.  de  Nisramont. 

Les  pescheurs  de  cette  ville  et  autres  qui  ont  du  poisson  ou  auront  seront 
pareillement  obligés  lestapler  avant  de  les  vendre  aux  étrangers  ce  qui  se 
ferat  pareillement  pour  toutes  sortes  de  gibiers  ou  volaille  sans  qu'il  soit 
permis  de.  les  achepter  de  qui  que  ce  soit  clandestinement  ny  sur  le  plat 
pais  comme  avant  achepteurs  soub  les  amendes  statuées  par  les  placartssur 
ce  émanés. 


3.  Règlement  concernant  les  fours,  cheminées,  etc.  du  31  août  1135. 

Messieurs  les  Mayeur  et  Échevins  de  la  ville  et  franchise  de  la  Roche 
pour  prévenir  et  obvier  aux  malheurs  que  la  fatale  expérience  a  déjà  fait 
ressentir  en  cette  ville  en  1704,  considérées  aussi  les  grosses  incendies 
arrivées  depuis  peu  dans  plusieurs  endroits,  fait  attention  sur  les  plaintes 
et  rapports  du  risque  des  fours  mal  situés  et  défectueux,  de  mesme  que 
du  danger  des  cheminées  qui  ont  estes  recognnes  par  la  visite  en  présence 


-    98    — 

et  par  des  maistres  massons  et  charpentiers  le  29  de  ce  mois,  ensembles 
des  fourages  que  plusieurs  particuliers  ont  mis  dans  leurs  chambres- et  gre- 
niers près  et  allentour  de  leurs  cheminées,  ont  réglés  ce  que  s'ensuit. 

Premièrement,  deiïendent  à  toutes  personnes,  hommes,  femmes,  enfants, 
petits  et  grands  de  quelle  condition  ils  soyent,  valets,  servantes,  domesti- 
ques, d'aller  au  soir  ny  de  la  nuit  dans  les  estableries  et  ez  lieux  ou  il  y  a 
des  fourages  avec  chandelles  allumées,  ny  aucune  autre  lumière,  sinon 
dans  des  lanternes  bien  conditionnées  bien  fermées  de  corne  ou  de  vitre 
et  fer  blanc,  et  non  autres,  à  peine  de  trois  florins  d'or  applicable  a  l'ar- 
bitrage de  la  cour  pour  la  première  fois  ;  du  double  pour  la  seconde  et  de 
correction  arbitraire  pour  la  troisième  fois. 

Dans  quelles  amendes  le  rapporteur  qui  sera  creû  sur  son  serment  aurai 
parte. 

Que  père  et  mère,  maistre  et  maîtresse  seront  responsables  de  leurs  en- 
fants, valets,  servantes  et  domestiques,  comme  les  cabaretiers  de  ceux 
qu'ils  logeront  et  feront  coucher  sur  leurs  greniers  à  foing,  s'ils  y  vont  avec 
leurs  pipes  allumées. 

Deffendent  encore  aussy  comme  à  l'article  précédent  d'aller  de  nuit  par- 
my  les  rues  avec  tisons  ardents,  allumettes  et  autres  clartés  qu'avec  des 
lantermes  comme  dessus  est  dit,  aux  mesmes  peines. 

Et  pour  oster  tous  les  autres  risques  des  dangers  et  défectuosités  qui  se 
sont  veus  et  trouvés  par  la  visitte,  Jean  Bastogne,  leur  sergeant,  aurat  à 
abbatre  les  fours  qui  luy  sont  désignés  après  qu'il  en  aurat  fait  commande- 
ment aux  propriétaires,  comme  à  ceux  qui  sont  sur  son  mémoire,  de  faire 
endeans  quinze  jours  ce  qu'il  leur  ordonnerat,  aux  uns  de  rehausser  leurs 
cheminées,  aux  autres  d'oster  leurs  fourages  de  leurs  chambres  et  greniers, 
comme  à  ceux  à  qui  appartiennent  des  brasseries  de  ny  mettre  foing  ny 
paille  en  aucun  temps,  et  deflence  à  d'autres  de  faire  du  feu  tant  qu'ils 
n'auront  fait  travailler  et  mis  hors  du  péril,  de  tout  quoy  il  ferat  rapport 
et  melterat  dans  sa  relation  par  noms  et  surnoms  ceux  auxquels  il  aurat 
fait  les  commandements,  deflences  et  ordonnances  pour  y  estre  pourveu  à 
leurs  fraix  tant  de  cour  que  des  ouvriers  en  cas  qu'ils  n'ayent  satisfaits 
dont  visitte  serat  faite  après  les  termes  susdits,  et  pour  que  personne  ne 
puisse  prétexter  cause  d'ignorance  la  présente  serat  lue  et  publiée  au  son 
de  tambour  aux  lieux  accoutumés  et  affichée  au  lieu  ordinaire  ; 

Comme  il  se  pourrait  que  la  cour  n'aurait  pas  tout  à  fait  découvert  dans 
la  visitte  les  dangereuses  défectuosités,  ceux  qui  les  cognoislront  pourront 


—    97     - 

en  advenir  tel  membre  de  la  cour  qu'il  jugerat  h  propos  pour  y  ester  de 
suitte  pourveu.  Fait  à  la  Roche,  le  31  août  1735. 

Par  ordonnance.  H.  de  Tillieux  en  deffaut  de  Greffier. 


4.  Ordonnance  louchant  les  fruits  et  les  légumes  des  jardins  et  des  vergers 

du  i3  août  il '37. 

Les  Mayeur  et  Eschevins  de  la  haute  cour  de  la  ville  de  la  Roche,  étant 
persuadés  de  l'indolence  des  pères  et  mères  envers  leurs  enfants  qui  les 
tolèrent  non  seulement  de  manger  des  fruits  non  parvenus  à  leurs  matu- 
rités, mais  aussi  d'entrer  impunément  dans  les  jardins  et  vergers  pour  y 
prendre  les  fruits  et  légumes,  ce  qui  tôt  ou  tard  pouroit  (  :  outre  le  vol  :  ) 
attirer  quelque  fâcheuse  maladie  en  cette  ville  (  :  Dieu  préserve  :  )  dont  on 
at  cy  devant  essuyé  les  tristes  effets,  ainsy  pour  prévenir  pareil  accident  et 
mesu,  ils  ordonnent  très-sérieusement  à  tous  et  un  chacun  de  quelle  qua- 
lité qu'il  soit  et  défendent  d'entrer  dans  les  dits  jardins  et  vergers,  pour  y 
prendre  des  fruits,  légumes  ny  toutes  autres  choses,  à  peine  que  les  con- 
trevenants seront  sommairement  et  sans  ligure  de  procès  condamnés  à  une 
amende  de  trois  florins  d'or  pour  la  première  fois,  du  double  pour  la  se- 
conde, et  de  chatoy  corporel  pour  la  troisième  fois,  et  cas  arrivant  que 
quel  qu'un  s'émauciperoit  de  commettre  ces  sortes  de  mesus  nuitamment, 
il  encourera  double  amende.  Et  quant  à  ceux  qui  seront  trouvés  insolvables 
de  payer  les  amendes  cy-dessus  mentionnées,  ils  seront  exposés  au  carcan 
pendant  l'espace  de  deux  heures  un  jour  de  marché  avec  les  fruits  qu'ils 
auront  pris  pendu  à  leur  col.  —  Bien  entendu  que  père  et  mère  seront 
responsables  du  fait  de  leurs  enfants,  maîtres  et  maîtresses  pour  leurs  do- 
mestiques ;  et  pour  la  plus  grande  observation  des  présentes,  les  rapports 
des  propriétaires  seront  crus  sur  leurs  serments,  par  ce  que  souvent  en 
pareil  cas  on  ne  peut  avoir  des  témoins  ;  et  afin  que  personne  n'en  ignore, 
la  présente  sera  publiée  et  affichée  au  lieu  accoutumé.  Fait  à  la  Roche 
le  13e  août  i737 

Par  ordonnance.  Chapelle,  Greffier. 
Je  soussigné  sergeant  ay  cejourd'huy  15  août  1737,  publié  et  affiché  la 
présente  à  la  Roche  ut  supra.  J.  Bastogne. 

Le  soussigné  sergeant  ay  cejourd'huy  premier  août  17G2  republié  et  ra- 
fiché  la  présente  à  la  Roche  ut  supra.  J.  Dehive. 


-    98    - 

La  cour  aîant  eu  raport  des  mesus  qui  se  commettent  au  mépris  de  la 
présente  ordonnance,  ordonne  qu'elle  soit  cejourd'hui  reépubliée  et  en 
outre  la  dite  cour  ayant  connoissance  que  plusieurs  particuliers  s'émanci- 
pent de  jouer  des  jeux  de  hasard  :  en  conformité  des  ordonnances,  défend 
très  sérieusement  pareils  jeux  prévenant  que  s'il  y  a  des  conlrevenans  qu'ils 
seront  punis  suivant  les  dites  ordonnances.  Fait  à  la  Roche  le  16  août 
1768.  (Signés)  G.-J.  de  Xivry    Vaneisden,  Toussaint,  Orban. 

Le  soussigné  sergeant  a  ces  authorisé  d'avoir  pluhlié  et  affiché  la  pré- 
sente ces  17  jullet  1768    Jaspare  Dochain. 


5.  Règlement  de  police  pour  les  hussards  et  les  Bourgeois  de  la  ville 

9$  i"/imimW    17  A  A 


23  janvier  1744. 


Nous  les  Mayeurs  et  Eschevins  de  la  ville  de  Laroche  nous  ayans  assem- 
blés plusieurs  fois  et  conféré  avec  monsr  le  Major  de  la  compagnie  des 
hussarts  cantonnée  en  cette  ville  et  plusieurs  autres  ofiiciers,  et  notamment 
avec  monsieur  le  Capitaine  lieutenant  au  sujet  de  régler  l'observation  de 
la  police  entre  lesdits  hussarts  et  les  Bourgeois  de  cette  ville  autant  que 
faire  se  peut  et  doit  pour  la  tranquilité,  et  pour  obvier  à  tous  inconvé- 
niens,  à  quel  effect  les  quartiers  qui  tomboient  en  plaintes  tant  à  l'égard 
des  logements  des  hommes  que  chevaux,  ont  étés  visités  à  l'intervention 
même  de  nions1"  Malemprée  député  de  la  parte  des  Etats  à  cet  effect,  et  ledit 
monsr  le  Capitaine-lieutenant,  et  notes  tenues  des  défectuosités. 

Il  nous  aurait  aussi  été  requis  par  lesdits  officiers  d'ordonner  aux  bour- 
geois d'observer  les  articles  suivants,  avec  promesse  qu'ils  en  feraient  faire 
de  même  par  leurs  hussars  pour  observer  une  harmonie  mutuelle  et  si 
désirée. 

A  quel  effect  nous  ordonnons  à  tous  et  un  chacun  Bourgeois  et  autres 
de  cette  ville  leurs  enfants  ou  domestics  de  se  garder  d'injurier  lesdits 
hussars  et  de  se  servir  des  termes  non  convenables  à  peine  d'amende  qui 
sera  la  même  decrettée  à  la  plainte  du  sieur  officier  de  cette  cour,  sans 
aucune  formalité  de  procédure,  et  cas  arrivant  qu'un  ou  plusieurs  hussars 
aurait  aussi  l'insolence  d'injurier  ou  maltraiter  un  bourgeois  enfans  ou 
domestic  ou  commettre  autres  excès,  l'offensé  viendra  incessamment  porter 
sa  plainte  au  dit  officier  de  celte  cour,  qui  se  rendra  auprès  de  leur  offi- 
cier commandant  pour  y  être  remédié  d'abord  comme  il  at  été  convenu, 
pour  de  suitte  en  cas  de  non  satisfaction  être  pourvu  ou  il  appartiendra. 


—    99    — 

Il  est  aussi  ordonné  que  les  hôtes  de  chaque  hussar  veillent  autant  qu'ils 
pourront  pour  connoître  si  leurs  hussars  ne  se  mettent  en  devoir  de  dé- 
serter, ce  qu'ils  pourront  connoître  par  la  prise  de  leurs  armes,  eflects  et 
harnichements  de  leurs  chevaux,  nous  ayans  lesdits  ofliciers  donnés  les 
asseurances,  que  ledits  bourgeois  deveront  en  avertir  le  s1  officier  de  cette 
cour  pour  y  être  remédiés  sans  que  le  rapporteur  devra  craindre  d'être 
connu  et  sera  récompensé  à  cet  eflects. 

Il  at  été  aussi  convenu  que  ledits  hussars  seront  retirés  a  sept  heures  du 
soir  dans  leurs  quartiers,  et  que  s'ils  s'attroupaient  soit  pour  jouer  ou 
autrement  après  la  dite  heure,  l'hôte  chez  qui  ils  l'auront  faits,  en  avertira 
aussi  l'officier  pour  y  être  aussi  remédiés. 

Il  est  aussi  ordonné  qu'à  la  suitte  pour  subvenir  aux  charges  de  ceux 
qui  logent  chez  eux  lesdits  hussars,  ils  leur  sera  donné  par  ceux  qui  four- 
nissent un  sol  et  demy  par  semaine,  déclarant  qu'en  cas  de  désobéissance, 
il  sera  pourvu  à  leur  charge  par  logement. 

Et  afin  que  personne  ne  puisse  prétexter  cause  d'ignorance  de  la  teneur 
des  présentes,  elles  seront  publiées  et  affichées  comme  de  coutume  ;  en 
foy  de  quoy  nous  avons  ordonné  à  notre  greffier  de  signer  par  ordonnance. 
Fait  à  la  Roche  le  23e  de  l'an  4744. 

Par  ordonnance.  Jn  Chapelle,  Greffier. 

Publiés  et  affiché  le  25e  de  l'an  \  744  par  le  soussigné  sergeant.  J.  Bastogne. 


6.  Règlement  louchant  tes  bois.  27  novembre  1745. 

Les  Mayeur  et  Eschevins  de  la  ville  et  franchisse  de  la  Roche  à  l'inter- 
vention du  sieur  Gillet  Lamere  et  Martien  de  la  Hayée,  tous  bourgeois  de 
cette  dite  ville  et  constitués  des  communs  bourgeois  vinagèrement  assem- 
blés lesquels  commis  ont  soubsigné. 

Ayant  jugé  avec  messieurs  du  Magistrat  d'estre  nessesaire  pour  le  bien 
publique  et  la  conservation  du  bois  de  la  communauté  de  faire  le  règlement 
suivant,  savoir  : 

Premièrement  que  chaque  bourgeois  deverat  ce  contenter  d'une  charlez 
de  bois  par  semaine  et  cela  aprendre  dans  le  canton  designé  desoubles 
Laides  basses,  dans  landroit  appelé  le  trous  de  la  fanche  pirre,  comme  il 
est  marqué  et  limitez  par  la  marque  ;  et  ceux  avec  leurs  peltit  cbaret  de- 
veront se  borner  à  trois  fois  par  semaine  et  ceux  à  dos  une  fois  par  jour. 


—    400    - 

Que  l'on  sera  obligez  de  réserver  les  hêt  et  hestray  y  marqué,  et  tous 
les  chenues  non  marqués  et  les  ceux  qui  sont  marqués  l'on  pourra  les 
abatre  ce  qui  est  pour  les  chainnes  tant  seulement. 

Que  chaque  particulier  qui  voudra  y  aller  au  bois  par  charetle  sera  obligé 
de  taire  le  bois  luv  mesme  ou  le  faire  deflaire  par  mains  d'euvre  et  non 
par  les  chartiés  qui  autrefois  en  ont  fait  négosse,  à  peine  que  ceux  qui 
seront  trouvés,  seront  calangés. 

Q'un  chaquns  qui  y  voudra  aller  couper  une  chartée  de  bois  il  ne  lui 
serat  permis  de  couper  ça  et  là.  mais  de  couper  dans  l'endroit  où  il  aura 
commencé  à  Tentour  de  luv  en  rabinant  tous  ce  qui  nest  reserves,  et  qui 
seront  coupé  à  un  pied  près  de  terre,  les  gros  et  les  moindre  à  un  demy 
pied,  et  il  ne  serat  permis  à  qui  que  ce  soit  de  couper  auxcuns  bois  crois- 
sant hors  du  susdit  quantont  comme  pour  trainner  desoub  leur  charette  ou 
autrement  sinon  les  houppis  bois  secque  ou  parterre. 

L'on  ne  pourra  se  servir  du  bois  qu'a  l'usage  commun  et  point  autre 
ment  comme  pour  brasser  ou  cuire  pour  vendre. 

Aquoy  l'on  devera  se  conformer  sans  pouvoir  aller  à  rencontre  en  ob- 
servant les  articles  cy  dessus  dans  tous  leurs  points  à  peine  que  tous  ceux 
qui  seront  trouvé  à  aller  à  l'encontre,  ils  seront  punis  et  calangés  tant 
pour  la  réparation  du  lieu  que  pour  les  amendes  encourues,  comme  il 
plairat  à  la  cour  d'arbitrer,  et  affins  que  personne  ne  puis  en  ignorer, 
nous  ordonnons  que  le  présent  règlement  fut  publié  et  copié,  affiché  pour 
la  connoissance  d'uns  chaquns.  Fait  à  Laroche,  ce  27  novembre  1745. 
G.  S.  de  Xivery  en  deffaut  de  Greffier.  P.  Gillet.  Gérard  la  Mère.  M.  Delhaye. 

L'an  1745,  le  28  novembre  je  soubsigné  sergeant  ay  en  plain  vinage 
assemblé,  publié  la  présente  et  copie  affichée  à  la  Bretecque.  J.  Bastogne. 
Pour  copie  et  publication  12  sols. 


7.  Règlement  concernant   les  cheminées,  les  cabarets,  la  propreté  des  mes, 
la  clôture  des  jardins,  les  marchés,  13  décembre  1755. 

Messieurs 

Messieurs  les  Echevins  de  la  ville  et  franchise  de  la  Roche.  Remontre 

très-humblement  le  soussigné  majeur  de  celte  ville  qu'en  cette  qualité, 

,  il  lui  incombe  de  faire  suivre  et  exécuter  tous  mandemens  et  ordonnances 

concernants  le  service  et  la  police  et  comme  il  n'en  a  trouvé  aucun  dans 

la  liasse,  cause  qu'il  se  relire  vers  l'authorité  de  la  cour. 


-     101     - 

La  suppliant  très  humblement  de  vouloir  procéder  aux  rafrechissemenls 
des  ordonnances  tendantes  à  administrer  la  police  contre  tous  excès  tant 
au  bois  communal  qu'en  cette  ville  et  franchise  quoy  faisant  etc. 

H.  Naveaux. 

Vu  cette  requette,  les  Echevins  de  la  ville  et  franchise  de  la  Roche  ont 
réglé  les  points  et  articles  qui  suivent,  scavoir  : 

1°  Un  chacun  aura  à  netoyer  ou  faire  neloyer  les  cheminées  de  façon 
qu'il  ne  coure  aucun  risque  et  d'en  éloigner  toute  matière  combustible. 

2°  Que  personne  ne  pourra  se  trouver  sans  lanterne,  bien  conditionné 
après  les  neuf  heures,  ny  aller  dans  les  écuries  aussi  avec  chandelle  sans 
lanterne  ny  porter  du  feu  d'une  maison  à  l'autre  sinon  dans  un  vase  bien 
bouché. 

3°  Défendent  a  toute  personne  de  tirer des  instruments  parmy 

les  rues  et  dans  les  cabarets  sans  la  permission  du  majeur  après  neuf 
heures. 

4°  Item  défendent  à  tous  cabaretiers  et  revendeurs  de  loger  étranger  sans 
les  dénoncer  et  produire  certificat  et  de  subministrer  a  qui  que  ce  soit 
aucune  espèce  de  boison  après  les  neuf  heures  du  soir  ny  pendant  les 
offices  divins  les  jours  de  fête  et  de  dimanche  a  peine  d'amende  à  encourir 
tant  par  les  revendeurs  que  buveurs. 

5°  Si  auront  les  jeunes  gens  et  autres  à  s'abstenir  de  tous  jeux  de  ha- 
zard. 

6°  Ordonnons  à  toutes  personnes,  Bourgeois  et  habitans  d'ôter  et  enlever 
les  boues  et  autres  immondices  sans  pouvoir  les  laisser  amoncelées  dans 
les  rues  et  particulièrement  devant  la  maison  de  ville  et  ce  endeans  tiers 
jours  défendant  a  tous  propriétaires  de  ramasser  celles  qui  pouroient  se 
trouver  devant  les  maisons  ou  sur  les  biens  d'autruy  et  aura  le  sergent  à 
netoyer  deux  fois  par  semaine  les  boues  qui  pourroienl  se  trouver  devant 
ladite  maison  de  ville  et  faire  fidèle  rapport  de  ceux  qui  contreviendront 
tant  au  présent  qu'aux  autres  articles. 

7°  Ordonnent  a  un  chacun  d'entretenir  les  clôtures  des  jardins  et  enclos 
en  tel  état  que  le  bétail  n'y  puisse  entrer  et  défendent  à  toute  personne 
de  faire  troupeau  à  part  et  de  retenir  les  bêtes  qui  auront  profilé  de  la 
grasse  pâture  ny  de  laisser  courir  les  cochons  avant  et  après  la  corne  com- 
mune. 

8°  Que  nul  ne  pourra  vendre  aucune  denrée  soit  grain,   bœur  et  tout 

8 


—    402    — 

autre  vilaille  sans  préalablement  avoir  été  élaplé  et  sans  qu'aucun  étranger 
et  revendeur  puisse  acheter  la  moindre  chose  avant  les  dix  heures. 

Ordonnant  à  tous  qui  il  appartient  de  se  régler  et  conformer  selon  ce  à 
peine  d'amende  arbitraire  selon  les  circonstances  des  cas  ;  et  sera  la  pré- 
sente publiée  et  affichée  pour  la  connoissance  d'un  chacun  es  lieux  accou- 
tumés. Fait  à  la  Roche,  le  \S  décembre  1755. 

J.  F.  Rose,  J.  Philippin,  M.  Rigo,  G.  S.  de  Xivry,  G.  F.  Jacqmin, 
J.  B.  Toussaint. 

Je  soussigné  sergent  de  la  ville  et  franchise  de  la  Roche,  relatle  d'avoir 
le  14  décembre  1755,  publié  et  affiché  la  copie  de  la  présente  ordonnance 
au  lieu  accoutumé,  et  avoir  derechef  affiché  le  15  et  le  19  dito. 

A  la  Roche  ut  supra.  M.  Poncelet. 

Publié  et  raffiché  la  présente  au  lieu  accoutumé  le  3e  de  Tan  1757,  par 
le  soussigné  sergent. 

M.  Poncelet. 

CHAPITRE  V. 

Paroisse  et  église  de  Laroche. 

La  paroisse  de  Laroche  comprend  actuellement,  outre  la  ville  et  le  fau- 
bourg St-Nicolas,  Beausainl-lez-Laroche,  Harzé,  Borzée,  Villez  et  une 
maison  sur  Ceureux.  En  1786,  le  nombre  des  maisons  qui  en  dépendaient, 
était  de  174,  dont  101  dans  la  ville  proprement  dite,  32  dans  le  petit  fau- 
bourg de  Clerue,  au  de  la  des  remparts,  33  dans  le  faubourg  St-Nicolas  et 
8  à  Borzée.  Beausaint-lez-Laroche,  qui  comptait  six  maisons,  et  la  maison 
de  Harzé  faisaient  alors  partie  de  la  paroisse  de  Vecqmonl  ;  quant  à  Villez 
avec  six  maisons,  il  appartenait  à  la  paroisse  de  Samré.  Lorsqu'il  fut  ques- 
tion, en  1786,  d'une  nouvelle  distribution  des  paroisses,  on  proposa  d'an- 
nexer Borzée,  éloigné  d'une  lieue  de  Laroche,  à  la  paroisse  de  Samré  dont 
il  n'est  distant  que  d'une  demi-lieue,  et  de  remettre  Villez  à  Laroche  dont 
il  est  plus  rapproché.  On  proposa  également  l'annexion  des  six  maisons  de 
Beausaint-lez-Laroche  et  de  celle  de  Harzé  aussi  à  la  paroisse  de  la  ville. 

«  Nonobstant  ce  changement,  dit  la  requête  adressée  au  souverain  à  ce 
sujet,  la  paroisse  de  Laroche  restera  la  même  que  ci-devant,  par  rapport 
qu'un  curé  de  Laroche  a  toujours  pris  soin  du  hameau  de  Villez  pour  un 
curé  de  Samré  et  celui-ci  du  hameau  de  Borzée  au  lieu  d'un  curé  de  La- 
roche. La  maison  de  Harzé  et  les  six  maisons  du  grand  faubourg  ont  lou- 


—    103    — 

jours  été  sous  la  direction  d'un  curé  de  la  Roche  par  convenance  avec  un 
curé  de  Vecqmont  ;  de  sorte  qu'un  curé  de  la  Roche  n'aura  que  les  mêmes 
devoirs  et  les  mêmes  soins  à  prendre  qu'il  prenait  ci-devant.  »  Ces  propo- 
sitions furent  acceptées  en  ce  qui  touchait  l'annexion  de  Villez,  de  Beau- 
saint-lez-Laroche,  de  Harzé  à  la  paroisse  de  Laroche  ;  quant  à  Borzée,  il 
fut  décidé  que  ce  village  continuerait  à  faire  partie  de  cette  paroisse  comme 
auparavant. 

Dans  le  principe,,  l'église  de  Laroche  fut  un  vicariat  dépendant  d'Orlho 
et  faisant  partie  du  doyenné  de  Bastogne.  La  tradition  porte,  dit  un  Mémoire 
du  xvne  siècle,  écrit  par  un  curé  d'Ortho,  que  les  habitants  de  la  Roche 
avaient  coutume  de  se  rendre  a  l'église  paroissiale  aux  principales  solemnités. 
De  bonne  heure,  ils  furent  affranchis  de  cette  sujétion,  et  même  dispensés 
de  contribuer  aux  réparations  des  édifices  du  culte  ainsi  qu'aux  autres 
charges  paroissiales.  «  Seulement,  dit  encore  le  Mémoire  cité  plus  haut,  le 
curé  d'Ortho  demeura  primitive  curé  et  patron  de  celle  de  la  Roche,  avec 
reconnaissance  d'un  patagon  annuel  et  de  la  conférer  lorsqu'elle  vague, 
comme  aussi  l'autel  de  nostre  Dame  situé  en  l'église  de  la  Roche  » 

Le  curé  d'Ortho  conférait  encore  l'autel  Sl-Eloy,  qui  fut  démoli  en  1637, 
et  dont  les  charges  furent  transportées  a  l'autel  Notre  Dame.  Il  avait  en 
outre  le  droit  de  patronage  de  l'autel  saint  Jean-Baptiste,  auquel  fut  uni 
dans  la  suite  le  bénéfice  de  l'autel  Sl-Michel,  qui  fut  aussi  démoli  dans  le 
xvne  siècle. 

Le  curé  d'Orlho  percevait  toutes  les  dîmes,  grosses  et  menues,  de  Laroche; 
mais  il  donnait  sur  ces  dîmes,  au  vicaire  de  Laroche  seize  muids,  dont  un 
tiers  en  seigle  et  le  reste  en  avoine.  A  partir  du  xvir8  siècle,  et  «  pour 
éviter  toutes  disputes  en  provenantes  journelement,  dit  le  curé,  auteur  du 
Mémoire  ci-dessus,  l'Ordinaire,  par  mon  adveu  et  cession,  a  attribué  et 
confirmé  audit  vicaire  toutes  icelles  dismes  grosses  et  menues,  mesmes 
celles  que  le  curé  d'Ortho  avoit  sur  le  fief  de  Cyelle  et  Orliette,  parmy  et 
avec  toutes  leurs  charges  personnelles  et  réelles  et  de  surplus  obligation  de 
payer  par  an  à  la  S'-André,  apôtre,  par  le  dit  vicaire  au  dit  primitive  un 
patagon.  » 

Le  vicariat  de  Laroche  fut  érigé  en  cure  à  l'époque  où  se  fit  cette  cession, 
et  ce  fut  sire  Louis  Godart,  bachelier  en  théologie,  qui  fut  le  premier  curé 
de  Laroche.  Sur  la  fin  du  xvme  siècle,  et  sans  doute  en  1780,  alors  qu'il 
fut  question  d'une  nouvelle  distribution  des  paroisses,  la  cure  de  Laroche 
fut  séparée  du  doyenné  de  Bastogne,  et  devint  elle-même  chef-lieu  d'un 


-     104    — 

doyenné  qui  prit  son  nom  et  dans  la  juridiction  duquel  furent  comprises 
les  vingt-une  paroisses  qui  composent  actuellement  le  canton. 

Ce  fut  sire  Monrique  son  premier  doyen.  Il  fut  nommé  en  1780  a  la  cure 
de  Laroche  et  il  mourut  en  1809. 

Il  nous  reste  a  parler  de  l'église  de  Laroche,  des  confréries  qui  y  furent 
érigées  et  de  l'ancien  hôpital  du  faubourg  Sl-NicoIas.  Quant  à  ces  articles, 
je  transcris  en  entier  le  Manuscrit  de  1732. 

«  11  y  a  très-longtemps,  dit  ce  Manuscrit,  qu'il  n'y  avoit  qu'une  chapelle 
bien  petite  a  la  Roche  ;  elle  ne  s'élendoit  que  depuis  les  degrés  du  chœur 
jusqu'à  une  douzaine  de  pieds  près  de  la  présente  tour.  La  porte  était  dans 
le  flanc  du  côté  du  ruisseau,  la  voûte  y  est  encore  rebouchée  de  masson- 
nerie  et  elle  se  voit  encore  à  présent.  I.lle  étoit  pavée  de  petits  careaux  de 
tuile,  jaunes  et  verts  et  il  y  avoit  sur  les  murailles  des  histoires  peintes  de 
l'ancien  et  du  nouveau  Testament.  Celte  chapelle  avoit  été  brûlée  dans  le 
quatorzième  siècle  apparemment  quand  la  Roche  fut  brûlée  par  ordre  du 
comte  Vernembourg  comme  cy  devant.  II  n'y  avoit  dans  la  chapelle  que 
cinq  petites  vitres  ;  on  l'avoit  agrandie  d'environ  vingt  pieds  sur  le  devant, 
et  placé  en  haut  un  clocher  en  forme  de  quille  soutenu  par  huit  gros  piliers 
de  bois  mal  polis,  sur  lesquels  on  avoit  fait  un  plancher  pour  y  aller  les 
hommes  pendant  l'office.  Cette  édifice  avoit  autant  l'apparence  d'une  grange 
que  d'une  église.  L'année  que  la  grosse  cloche  et  la  petite  ont  été  fondues 
est  marquée  sur  icelles.  La  moyenne  Ta  été  l'an  1451  ;  il  est  écrit  à  l'entour: 
Gloria  in  excelsis  Ueo  et  in  terra  pax  hominibus  bonœ  voluntalis. 

«  L'an  1544,  on  l'a  encore  ragrandie  du  beau  chœur  d'à  présent  où  on  a 
remis  le  grand  autel  qui  étoit  au  milieu  entre  celui  de  S'-Jean  et  de  Ste-Anne, 
et  en  sa  place  on  y  remit  celui  de  S'-Michel.  Il  y  avoit  à  ce  chœur  sept 
grandes  et  belles  vitres,  qui  ont  subsisté  près  de  180  ans.  Celle  de  derrière 
l'autel  avoit  été  donnée  par  Mr  Maximus  à  Pontigonio,  chanoine  de 
Ste-Croix  à  Liège,  curé  de  la  Roche  sans  résidence.  Son  portrait  étoit  en 
bas  d'un  côté  et  de  l'autre  celui  de  sire  Laurent  Ferrier,  son  vicaire  commis 
résident.  Le  Concile  de  Trente  qui  commençoit  alors,  a  réformé  cette  pra- 
tique blâmable.  L'histoire  peinte  de  Jésus  crucifié,  de  la  Stc-Vierge  et  de 
S'-Jean  au  deux  côtés  au  dessous  de  la  croix,  occupoit  toute  la  vitre. 

«  Dans  la  suivante,  du  côté  de  l'évangile,  étoit  bien  représentée  la  naissance 
du  Sauveur,  et  les  bergers  qui  venoient  l'adorer  avec  leurs  présents.  Elle 
avoit  été  donnée  par  Mr  Jean  de  Waha,  dit  Raillonville,  prévôt  de  la  Roche, 
qui  y  étoit  en  portrait  bien  naturel  avec  mrs  ses  fils  d'un  côté,  et  de  l'autre 


—    105    — 

dame  Catherine  Carpentier,  son  épouse  et  les  demoiselles  ses  filles.  Les 
armes  des  Waha  et  de  Carpentier  y  étoient  couronnées  et  placées  au  milieu 
de  la  dite  vitre.  A  l'opposite  du  côté  de  l'épître  étoit  l'arbre  de  Jessé  sortant 
d'Abraham  et  portant  sur  ses  branches  les  rois  de  Juda  qui  étoient  issus  de 
lui,  et  au  haut  de  cet  arbre,  étoit  la  Ste-Vierge  portant  son  fils  Jésus.  Le 
portrait  d'Adam  Brisbois  jadis  Châtelain  et  prévôt  de  la  Roche  et  de  ses 
fils  d'un  côté  y  étoit,  et  de  l'autre  le  portrait  de  Catherine  de  Mesnil,  son 
épouse  avec  ses  filles  et  leurs  armes  au  milieu.  Hors  de  la  bouche  d'Adam 
Brisbois  sortait  ce  beau  passage  de  l'Écriture  : 

«  Dilexisti  juslitiam  et  odisti  iniquitatem. 

«  Dans  la  troisième  du  côté  de  l'évangile  étoit  représenté  le  jugement 
général  et  en  bas  de  deux  côtés  étoient  les  portraits  de  messieurs  les  Mayeurs 
et  Échevins  de  la  Boche  avec  leurs  noms  et  armoiries.  Mr  Nicolas  Feriere 
étoit  pour  lors  mayeur  ;  sa  croix  est  enchâssée  dans  la  muraille  du  portaille 
du  cimetière  ;  entre  les  armes  étoient  celles  de  la  maison  de  Hamal. 

«  Dans  la  troisième  du  côté  de  l'épître  étoit  peinte  la  Ste-Vierge,  Sl-Michel, 
S'-Nicolas  et  en  bas  les  portraits  et  les  noms  des  maîtres  des  métiers  de 
Notre  Dame,  de  Sl-Michel.  Un  se  nommait  Jean  Burée  qui  était  habillé 
comme  les  jésuites  commençants  alors  et  sont  encore  à  présent,  à  la  cou- 
leur près. 

<i  La  dernière  du  côté  de  l'évangile  représentoit  la  résurrection  du  Sauveur  ; 
sur  le  milieu,  les  images  de  SS.  Crépin  et  Crépinien,  et  aux  deux  côtés  de 
S.  Catherine  et  de  S.  Barbe.  Cette  vitre  avoil  été  donnée  par  les  maîtres 
du  métier  des  dits  S.  Crespin  etc.  A  l'opposite,  c'étoit  l'adoration  des  trois 
Bois  et  en  bas  les  portraits  et  armes  des  Mrs  d'Autel. 

«  L'an  1638,  il  y  avoit  en  bas  du  chœur  une  treille  haute  qui  le  separoit 
de  la  nefve  ;  au  dessus  étoit  sur  un  soumier  le  grand  crucifix  et  les  figures 
de  la  S.  Vierge  et  de  S.  Jean  qui  sont  a  présent  sur  Maka  ;  et  aux  deux 
côtés  les  apôtres  en  petite  figure.  Il  y  avoit  pours  lors  quatre  autels  hors 
du  chœur  ;  celui  de  S.  Jean  par  dessous  le  banc  de  Messrs  de  Groulart  et 
Xiviry  ;  celui  de  la  S.  Vierge  et  S.  Anne  par  dessous  le  banc  des  Messrs 
de  Waha,  à  présent  de  Mesnil  ;  celui  de  S.  Eloj  étoit  plus  bas,  et  au 
milieu  entre  celui  de  S.  Jean  et  de  S.  Anne,  l'aute!  de  S.  Michel  étoit  placé 
qui  avec  les  deux  autres  susdits  et  les  treilles  cachoient  presque  tout  le 
chœur.  La  même  année,  on  obtint  des  supérieurs  la  permission  de  démolir 
l'autel  de  S.  Michel  et  de  réunir  l'office  à  l'autel  de  S.  Jean,  et  de  démolir 
celui  de  S.  Eloy  et  en  remettre  le  bénéfice  a  l'autel  de  S.  Anne. 


-     406     - 

«  Du  temps  de  Mr  de  Vignée  Curé,  on  a  ôté  le  grand  Crucifix,  la  Ste-Vierge, 
Si -Jean  et  les  Apôtres  d'où  ils  étaient  placés,  et  on  a  remis  les  trois  pre- 
miers au-dessus  du  portail  de  l'église  sous  un  toiteau  couvert  d'ardoises, 
d'où  on  les  a  portés  sur  Maka  pour  faire  place  à  la  tour,  laquelle  a  été 
commencée  l'an  1608;  et,  pour  avoir  le  terrain  qu'elle  occupe,  on  a  dû 
démolir  le  devant  de  l'église  et  prendre  environ  dix  pieds  de  la  nefve  et  le 
reste  sur  la  rue,  et  y  creuser  les  fondements  avec  grandissime  peine  à 
cause  de  l'eau  qui  y  venait  abondamment  et  qu'on  évacuait  par  un  canal 
dans  la  rue  conduit  jusqu'à  presque  la  porte  du  Gravier. 

«  On  y  mit  la  première  pierre  le  6  avril  1698  comme  la  chronique  le  dit  : 
«  HVIVs  tVrrls  Lapis  fVnDaMentaLIs  fVït  posliVs  scXta  aprlLïs. 

«  Après  une  messe  solennelle  du  St-Esprit,  on  bénit  cette  pierre  avec  bien 
de  cérémonies  saintes  en  présence  de  toute  la  paroisse,  d'un  capitaine  Ba- 
varois commandant,  auquel  les  Français  avoient  remis  la  place,  ensuite  du 
traité  de  Ryswick,  et  de  toute  la  justice. 

«  On  a  mis  trois  ans  à  faire  la  maçonnerie  à  cause  de  la  courtresse  d'ar- 
gent ;  il  y  a  pour  deux  cents  écus  de  pierres  de  tailles  sur  le  lieu  à  Hamp- 
teau  avec  celles  des  fenêtres  et  des  chapelles  sans  la  voiture  :  on  a  eu  les 
pierres  de  parmenls  dans  la  carrière  de  Bausaint  à  la  fontaine  Givroule  :  on 
donnoit  pour  la  voiture  d'une  charée  jusques  devant  l'hôpital  un  esquelin, 
où  il  falloit  encore  les  aller  chercher. 

«  On  n'auroil  pu  subvenir  aux  fraix  qu'il  auroit  fallu  faire  pour  arracher 
dans  les  montagnes  la  très-grande  quantité  des  pierres  d'ardoises,  qu'on  a 
employées  h  l'intérieur  et  le  dedans  de  cette  tour,  si  on  n'avoit  pas  eu 
l'occasion  d'en  acheter  des  entrepreneurs  qui  faisoient  alors  escarper  le 
château  du  côté  de  Gohette  et  de  Clérue,  et  creuser  les  fossez  du  côté  de 
l'église,  d'entre  la  Demi-lune  et  la  ville  ;  celui  d'entre  le  Cavalier  et  la 
montagne  de  S.-Margueritte. 

«  Pour  ménager  le  peu  d'argent  qu'on  avoit,  on  fil  venir  les  pierres  de 
tailles  jusqu'au  gravier  sur  des  bateaux  et  les  éclats  de  ces  pierres  pour  en 
faire  de  la  chaux  ;  on  avoit  fait  un  grand  four  derrière  l'église  devant  la 
tannerie  pour  la  cuire,  laquelle  étoit  très-bonne. 

«  La  ciselure  des  armoiries,  qui  sont  au-dessus  du  portail,  a  beaucoup 
coûté  ;  Mssrs  de  Herlenval,  Doyen  et  Curé  d'Ortho,  Roberti  de  Nisramont 
et  Jacques  Rasselle,  Echevins,  ont  donné  généreusement  pour  cela. 

g  On  a  eu  en  longueur  d'avantage  des  Métiers  de  la  ville,  comme  on  le 
déclare  dans  cette  cronique  mise  au-dessus  du  portaille  :  Les  Métiers  ont 


-     107    — 

êtez  genereVX  à  assister  aUX  fraïX  De  Cette  toUr.  On  y  a  gravé  ces  deux 

croniques  latines  au-dessous  des  armes  de  la  Roche  : 

Hostes  aDVersVs  IesV  fortlsIMa  tVrrls  VrbI  RVpensT  sis  pla  Vfrgo  saLVs. 

—  Inslgnls  RVpïs  NICoLae  patronVs  es  Vrbls  nos  petlMVs  serVos  DIVe 

tVere  tVos. 

«  La  charpente  du  clocher  et  le  dessin  de  celui  en  petites  pièces  de  bois 
ont  été  faits  l'an  1701  par  un  frère  Récolet.  très-habile  charpentier,  nommé 
F. -Jaque  Gilson,  natif  de  Romrée  entre  Sambre-et-Meuse,  assisté  de  quatre 
autres  charpentiers  ;  ayant  commencé  le  douze  mars  et  seulement  fini  a  la 
Toussaint,  ce  frère  a  pour  ce  faire,  resté  neuf  mois  chez  le  Curé.  La  boule 
blanche  sous  la  croix  est  couverte  de  plomb,  et  passe  en  grosseur  un  tonneau 
en  sel. 

«  Le  même  a  encore  venu  mettre  le  vieux  clocher  en  bas,  qui  avoit  été 
atteint  de  la  foudre,  et  les  huit  laids  pilliers  de  bois  qui  le  supportoient, 
en  aiant  tiré  les  cloches  et  placées  où  elles  sont  à  présent  et  fait  les  jambes 
d'air  du  toit  sur  le  rehaussement  de  six  pieds  de  murailles  de  la  nefve,  dans 
lesquels  on  a  placé  les  grandes  vitres  qui  y  sont.  Ensuite  on  a  mis  bas  une 
arcade  de  pierres  de  tailles  qui  étoit  au  devant  du  chœur  et  percé  les  deux 
côtés  de  la  vieille  muraille  de  la  nefve  pour  faire  sur  le  cimetier  les  deux 
autels  de  S.-Eloy  et  de  S. -Jean. 

«  Ces  deux  autels  ont  étez  fait  et  colorez  aux  frais  des  bénéficiers.  Le  banc 
de  Communion  n'étoit  du  passé  qu'à  trois  pieds  du  paspieds  du  grand  autel, 
on  l'a  remit  où  il  est,  pour  avoir  plus  de  place  pour  les  officians  les  jours 
solennels.  L'an  1 69 E  on  a  commencé  à  faire  l'office  solennel  comme  on  le 
fait  à  présent,  selon  les  rubriques  de  Dumoulin. 

a  Le  chœur  et  l'église  n'étoient  pavées  que  de  laides  ardoises,  on  les  a 
repavés  des  carreaux  de  pierres  de  tailles. 

«  On  a  eu  les  reliques  des  SS.  Denis  et  Tiburce  par  l'entremise  de  F. -Jaque 
Fauvage,  jésuite,  environ  l'an  1675. 

-.(  On  a  bien  eu  de  la  peine  de  trouver  argent  pour  fournir  aux  fraix  de  la 
menuiserie  du  maître-autel  et  de  son  magnifique  tabernacle  au  haut  duquel 
est  : 

JesV  Vero  ChrlslIanorVM  CIbo  DeVoVent. 

«  Environ  15  ans  après  Dieu  a  inspiré  les  généreux  Seigrs  Charles-Théo- 
dore Comte  de  Waha,  Chambelan  de  S.  A.  R.  le  Duc  de  Lorraine,  colonel 
de  son  Régiment  au  service  de  S.  M.  I.  et  C.  natif  de  la  Roche  et  Simon 
Du  Mesnil,  colonel  de  cavalerie  au  service  de  Sadc  Majesté  et  Gouverneur 


—    108    — 

de  Grand  Waradin  en  Hongrie,  aussi  natif  de  la  Roche,  de  faire  dorer  du 
plus  fin  or,  marbrer  et  colorer  ce  bel  autel  et  tabernacle  magnilique,  et 
autres  pièces  qui  l'environnent  a  leurs  fraix  l'an  1729  et  4732,  et  en  recon- 
naissance on  y  a  placé  leurs  armes  et  titres  d'honneurs. 

a  Le  Sr  Rendeux,  natif  de  la  Roche,  très-fameux  et  renomé  peintre  et 
sculpteur,  a  fait  la  dorure  de  l'autel.  Le  même  a  donné  cette  belle  figure 
de  la  S. -Vierge  comme  le  dit  la  cronique  qui  est  au-dessous  d'icelle  : 
((  R.  RenDeVX,  eaM  sCVLpsIt  plnXIt  et  LargltVs  est. 
«  Après  avoir  ci-devant  fait  a  bon  prix  le  très-beau  tabernacle,  en  considé- 
ration de  son  lieu  natal. 

«  L'en  1705,  S.  E.  le  Prince  de  Barbançon  a  honoré  notre  Eglise  de  ses 
armes,  et  a  généreusement  fourni  aux  frais  de  la  vitre  qui  est  au  haut  de 
la  nefve  ;  et  à  l'opposite  sont  mises  celles  de  S.  E.  le  Comte  d'Autel, 
Gouverneur  de  Luxembourg  et  Chevalier  de  la  Toison  d'Or,  en  considération 
de  ce  que  plusieurs  de  ses  ancêtres  ont  étez  en  charge  à  la  Roche. 

«  Sur  les  deux  autres  vitres  plus  bas  ont  étez  posées  les  armes  des  Sgrs  de 
la  Neuforge  envoyé  de  S.  M.  C.  à  la  diette  de  Ralisbonne,  et  De  Mesnil 
Sgr  de  Hollfels. 

«  Les  Beneuciers  de  la  Roche  ont  donnez  les  vitres  de  sChapellesavec  le 
sr  Magonelte  dit  Ronson  curé  de  Sl-Severin  en  Condros. 

«  L'an  1715,  on  a  ôté  les  anciennes  vitres  toutes  délabrées  et  irréparables, 
et  on  a  fait  faire  celles  qui  y  sont  à  présent  avec  les  armes  et  noms  des 
Srs  Curés  et  Prêtres  natifs  de  la  Roche,  qui  ont  donnez  quelque  chose  pour 
ces  vitres  et  la  peinture  des  armes. 

«  De  l'autre  côté  on  a  mit  les  armes  des  Mssrs  du  Magistrat,  duquel  le 
sr  Jacques  Rasselle  éloit  Mayeur,  et  le  sr  Claude  Roberti  dit  Nisramont  étoit 
Echevin  et  Grefier,  lesquels  ont  donnez  quelque  chose  pour  les  vitres  el 
leurs  armoiries.  Sur  la  dernière  vitre  du  côté  de  l'Evangile  dans  le  chœur 
sont  encore  les  armes  Mr  Smeck,  Rnd  curé  de  Noville  qui  a  payé  la  vitre 
et  les  armes,  et  de  Mr  Hubert  Nangnan,  dit  de  S. -Martin,  Colonel  et  com- 
mandant des  Mineurs  de  S.  M.  I.  et  C,  natif  de  la  Roche,  son  cousin,  qui 
a  donné  largement  pour  la  vitre  et  les  armes. 

«  L'an  1587,  on  a  érigé  dans  l'Eglise  de  la  Roche  la  Confrérie  du  Très-S.- 
Sacrement,  à  la  requête  des  Mrs  Englebert  Ferrier,  Jean  de  Bande,  Mayeur, 
et  autres  zélés  Bourgeois,  et  obtenus  des  indulgences. 

«  L'an  1630,  on  obtint  du  Général  des  Dominicains,  l'institution  de  la 
confrérie  du  S.-Rosaire  dans  la  même  Eglise,  à   la   requêie  du   Sr  Jean 


-     109    - 

Gilothaux,  Curé,  et  de  Mr  Henri  de  Waha,  Prévôt  de  M'  Jean  de  Bande 
Mayeur  et  M1  Jean  Fauvage,  Echevin  et  Grefier  de  la  Roche,  par  l'entremise 
de  Mr  Henri  Wicourt,  ardennois,  Ecrivain  et  résident  depuis  30  ans  à  la 
cour  de  Clément  VIII,  Pape. 

«  L'an  1707,  les  PP.  Récolets  présentèrent  requête  à  Mrs  les  Curé,  Prévôt, 
Mayeur  et  Echevins  de  la  Roche  pour  avoir  la  permission  de  rebâtir  la 
Chapelle  des  pauvres  de  l'hôpital  dud1  la  Roche,  avec  quelques  Bonis  des 
Revenus  d'icelui  et  les  aumônes  des  bonnes  gens,  pour  y  pouvoir  dire  la 
messe. 

c  L'apostile  fut  qu'ils  le  pouvoient  faire  a  condition  qu'ils  n'y  diroienl  la 
messe  fêtes  et  dimanches  pour  ne  point  détourner  les  paroissiens  de  la 
messe  et  instruction  paroissiales,  qu'ils  n'y  chanleroient  la  messe  et  n'y 
feroient  aucuns  oftices  solennels  sans  la  permission  du  curé  de  la  Roche,  et 
qu'ils  fourniroienl  aux  ornemens  de  la  chapelle  ;  qu'on  permettoit  qu'ils 
jouiroient  du  jardin  des  Pauvres  en  raccommodant  et  entretenant  eux- 
mêmes,  à  condition  qu'ils  fourniroient  des  légumes  et  herbes  hors  de  ce  jardin 
aux  pauvres  résidents  à  l'hôpital.  Celte  apostile  a  été  signée  par  Mrs  les 
Curé,  Prévôt,  Mayeur  et  tous  les  Echevins  de  la  Roche,  et  ratifiée  par 
l'agrèement  et  signature  de  Mr  de  Tello,  Gouverneur  de  la  Roche. 

«  La  copie  de  cette  requête  et  apostille  a  été  tirée  sur  du  parchemin,  et 
authentiquée  par  le  sr  J.-G.  Nollomoni  nottr,  et  mise  entre  les  mains  du 
curé  pour  être  gardée  après  avoir  été  réalisée  et  mise  dans  les  registres  de 
la  justice. 

«  Nonobstant  cela,  environ  l'an  1724,  le  Récolet  stationaire  de  la  Roche, 
nommé  P.  -  Charles  Lidrick  y  contrevint  formellement,  quittant  son 
confessionnal  et  les  pénitens  les  jours  des  solennités  des  Pasques,  Ascen- 
sion, Pentecôte  et  S.-Sacrement  alloil  sonner  et  dire  sa  messe  immédiate- 
ment avant  la  grande  messe  de  la  paroisse,  malgré  les  admonitions  et 
oppositions  du  curé,  qui  fut  obligé  de  s'en  plaindre  à  Liège  h  Mgr  le  Grand 
Vicaire,  lequel  cita  ce  Père  devant  lui,  et  le  trouvant  très-entêté,  l'interdit 
de  l'administration  des  sacremens  et  de  la  parole  de  Dieu  dans  tout  le 
diocèse,  ce  qui  mortifia  beaucoup  les  HR.  PP.  Provincial,  et  le  Lecteur 
Jubilaire  de  Presseux,  qui  furent  obligez  de  venir  faire  leurs  excuses  à 
Mgr  le  Grand  Vicaire  qui  avait  l'esprit  fort  irrité.  Depuis  lors  il  a  régné 
une  grande  harmonie  entre  le  curé  et  les  PP.  Stalionnaires,  qu'il  convient 
d'être  unis  pour  mener  conjoinctement  les  âmes  à  Dieu.  » 


—    110    — 

Vicaires  et  curés  de  Laroche. 

Les  plus  anciens  vicaires  connus  sont  sire  François,  Jean  Lambottin  et 
Englebert  de  Waillet.  Maximinus  a  Pontigonio,  chanoine  de  Sle-Croix  à 
Liège,  leur  successeur,  se  fit  représenter  h  Laroche  par  sire  Laurent  Ferrier, 
notaire  apostolique,  frère  d'Englebert  Ferrier  et  fils  de  Nicolas  Ferrier, 
mayeur  de  Laroche.  Laurent,  dans  la  suite,  succéda  à  Pontigonio  et  fut 
vicaire  de  Laroche  jusque  vers  1580.  Vinrent  successivement  après  lui  : 

Nicolas  Ferrier,  notaire  apostolique  et  neveu  du  précédent,  1580-1608. 

Jean  Golothau,  neveu  de  Nicolas,  1608-1636.  11  mourut  de  la  pesle. 

Jean  Pétri,  1636-1639. 

Louis  Godart,  bachelier  en  théologie,  1639-1655.  Ce  fut  le  premier 
curé  de  Laroche. 

Jean  de  Vignée,  1655-1690. 

Servais  du  Pont.  1690-1739. 

Troispont,  1739-1768. 

Lozet,  1768-1780. 

Monrique,  1780-1805.  1er  curé  primaire. 

Dehives,  1805-1821. 

L.-J.-A.  Philippin,  1821-1840. 

L.  Lambert,  1840-1862. 

MM.  Richard  Hockay,  1862-1870. 

Eugène-Joseph  Viance,  1870-1879. 
A.-J.  Geubel,  1879. 


FIN  DE  LA  DEUXIÈME  PARTIE. 


TROISIÈME     PARTIE. 

Pièces  justificatives. 

1.  1163,  mois  de  juin.  Henri,  comte  de  Namur  et  de  Luxembourg, 
transporte  à  sa  sœur  Alix  tous  les  alleux  et  les  serfs  qu'il  possédait  dans 
les  comtés  de  Namur,  de  la  Roche,  de  Luxembourg,  de  Durbuy  et  dans 
d'autres  lieux. 

Chroniques  belges  inédites.  Luxembourg.  Namur.  Hainaut.Tomel,p.l27. 

2.  —  1209.  Affranchissement  de  Beauraing. 

«  Charte  donnée  aux  mannans  de  Beauraing  par  Thiebault,  comte  de 
Bar,  sire  de  la  Roche  en  date  de  l'an  mil  IIe  et  IX.  » 

ïn  nomine  sancte  et  individue  Trinitatis.  Pour  ce  q  il  advient  souvent  q 
ly  traictemens  humains  qnj  sont  dignes  de  remebranche  quj  sont  oubliez 
et  ensepvelis  par  anchienetez  de  tamps  et  fragillitez  humayne  il  predet  aux 
saiges  coscaulx  que  lez  choses  quj  sont  dignes  de  remebranche  que  on  lez 
mecl  en  recordance  durable  et  tenable  descripture.  Et  pour  ce  jou  Thie- 
bault, contte  de  Bare,  seire  de  la  Roche,  à  tous  biens  créans  en  Jyesuscrist 
et  quj  sont  presens  et  quj  sont  advenire  fais  acognoistre  que  ly  mon  de 
beauraing  syrre  me  ligge  hoe  atquictez  aux  bourgois  de  beauraing  demorat 
au  tamps  dore  et  autamps  quj  est  advenire  de  mon  plaisir  et  de  mon  ab- 
sent, touttes  exactions  et  tailles  et  louttes  prierres  acouslumées,  mortes- 
mains  et  calleinges  de  nopees  entre  personnes  de  perllees  (et  plaix  que  on 
appelle  generaulx  et  envasemet  et  usurpation  generalleml  et  permanablemt 
par  la  codition  que  sens1  cy  après)  c'est  asscavoir  que  sy  ly  ung  faisoit 
violence  à  laultre  q  on  appelle  burinne  et  elle  fusse  prouvée  par  h  ou  par 
m  tesmoins,  cil  quj  la  violence  averoit  faict  doibt  payer  sept  solz  de  la 
monoye  du  lieu  pour  le  loy  et  pour  le  ban  et  s'il  advenoit  q  led  battelier 
prisse  armes  quelles  quj  fussent  et  recomechasse  la  burynne  et  la  seditoin 
et  la  bataille  cyl  quj  chou  auroit  recomechiez  payeroit  1  et  s.  Après  il 
est  establj  q  tout  ainsiz  q  lez  femes  mariées  goyet  et  usent  de  leurs  douaires 
toute  leur  vie  en  telle  manierre  ly  homes  mariés  doyet  goyr  dez  douayres 


—    H2    — 

q  viegnet  de  par  leurs  femes  (toutes  leur  vie  encoires  estil  octroyez  que  sy 
ly  maris  et  la  feme  ont  prins  vesture  comunemet  ensamble  de  quelqz  choze 
que  ce  soit)  se  ly  ung  en  meurt  ly  aultre  quj  demorat  evie  doibt  demorer 
en  telle  possession  et  en  telle  verture  sans  reqrre  nouvelle  vesturre  toulte 
sa  vie.  Et  aps  est-il  establj  qu  chun  feu  de  la  ville  de  beauraing  payerat  au 
noel  quallre  chappz  et  h  pasquos  iiij  drs  au  sr  et  toudis  doibvel  lez  maisons 
dez  clers  lez  franchises  accoustumées  detenire,  mais  seens  esdtes  maisons 
des  clerqz  demoroyet  gens  layc  quj  vigvasset  de  leur  pain  il  doyet  lez  cens 
dessusdit,   et  tout  ainsy  est-il   dez   maisons  de  chevalliers  encoire  est-il 
adioustez  à  ces  choses  q  nuls  quj  est  de  la  maison  du  sr  du  chasteau  ne 
doibt  estre  receupt  à  telle  franchise  sans  secogez  et  se  il  advenoit  q  ung 
home  estranger  morast  en  la  ville  de  beauraing  quj  neut  nulz   proismes, 
ne  en  premier  ne  en  second  ne  en   therch  degrez  ly  mortemain   dicelluy 
doibt  venir e  au  sr  du  chasteau  entierremet  et  sil  advenoit  que  le  sr  du 
chasteau  fut  faict  chevallier  ou  fit  son  fils  chevallier  ou  mariât  son  fils  ou 
sa  fille  ou  ils  fusse  prins  en  proppre  psone  par  guerre,  les  bourgeois  de 
beauraing  dessusdit  par  le  comung  coseil   de  la  ville  de  beauraing  luy 
doyent  aydier  doner  du  leur  tant  q  il  leur  tourne  à  honeur  et  ly  bourgois 
de  la  Roche  au  bourgois  de  beauraing  doibvent  doner  coseil  tiesmoignaige 
de  leur  droict,  et  s'il  advenoit  q  qrelle  et  plaincte  fut  entre  le  sr  du  chattel 
et  sez  bourgois  ou  enttre  le  bourgois  et  lauttre  dez   plaix   et  dez  justices 
ondoibt  recoire  a  la  justice  et  à  la  loy  de  la  Roche  et  seloncq  eaux  doibt 
estre  ceste  querelle  la  tournée   et  terminée.   Aprez   lesdits   bourgois  de 
beauraing  peullent  recepvoir  à  leur  franchize   tous  ceulx  quy  leur  loist 
recepvoir  par  droict  et  nulz   auttres  afforains  se  il  nest  a  beauraing  de- 
morat  ou  se  il  nj  est  venu  pour  demorer  il  ne   peullet  a  leur  franchisse 
recepvoir.  Et  pourtant  que  ly  sirres  de  beauraing  est  mes  hoes  lyges  est 
la  franchisse  dessusdite  faicte  et  octroyée    par   mon   grez  ly  sirres  du 
chastel    dessusdit  at  jurez  de  garder  ladite   franchise  sans  la  briser  et 
jou  pour  ce  q  elle  soit  mieulx  wardée  et  plus  fermemet  faicte  à  la  prierre 
ledit  sr  de  beauraing  lav  cofermée  et  se  il  advenoit  q  se  ly  sirres  du  chastel 
volsist  contre  son  serment  aller  et  brisier  ladle  franchise  quj  cy  est  escripte 
jo  suys  cotent  de  le  constraindre  et  de  la  warder.  A  ce  faire  furent  appiellés 
par  sens  homes  honestres  Thieris  Demphalaze  Nicolas  de  spontain  et  plus" 
aultres.  Ce  fut  faict  en  lan  del  Incarnation  nre  sr  Jhecrist  mil  deux  cent  et 
noefz. 

Cette  charte  est  d'un  registre  aux  titres  (n°  1)  reposant  dans  les  archives 
du  château  de  Beauraing. 


—     113    — 

3.  —  Lettres  par  lesquelles  Philippe,  Marquis  de  Namur,  remet  a  ses 
neveux  Jeanne,  comtesse  de  Flandre  et  de  Hainaut,  et  Fernand  son  mari, 
la  convention  qu'il  avait  faite  avec  Bauduin,  comte  de  Flandre,  son  frère, 
concernant  l'échange  à  faire  des  terres  de  Laroche  et  de  Durbuy  ;  a  con- 
dition qu'ils  aideront  Yolente,  sa  sœur,  comtesse  d'Auxerre,  avant  que  les 
lettres  de  convention  soient  rendues.  Ils  seront  obligés  de  conserver  le 
domaine  de  Marie,  Marquise  de  Namur,  sa  femme,  et  de  protéger  son  cher 
et  féal  Bauduin  de  Lobiis.  Ils  doivent  faire  tout  cela  par  le  conseil  de  Ni- 
colas de  Condé,  et  de  Wauthier  de  Fontaines.  1212  a  Blaton.  Original  en 
parchemin,  scellé  du  sceau  du  dit  Philippe,  en  cire  blanche  brunie,  bien 
conservée,  pendant  a  double  queue  de  parchemin. 

St-Genois.  Flandre.  Inventaire  chronologique  des  titres  de  la  Flandre  à 
la  chambre  des  comptes  à  Lille. 

4.  1265,  24  janvier.  Samedi  après  la  St-Vincent  au  mois  de  janvier. 
Jean,  abbé  de  Mirouart  et  tout  le  couvent  font  connaître  qu'ils  ont  échangé 
avec  Henri,  comte  de  Luxembourg,  leur  grange  de  Hemnas,  sis  à  Laroche 
en  Ardenne,  avec  dépendances.  Cet  échange  fut  approuvé,  le  5  mai  1265, 
par  B.  ...  ,  abt:é  de  Septfontaines.  «  In  Burgundia,  prœmonstratensis 
ordinis  Lingonensis  diœcesis  :  quod  nos  venditionem  de  domo  de  Hanas 
cum  suis  perlinenliis,  juxta  castrum  quod  vocatur  Roches,  Leodiensis  diœ- 
cesis, à  viris  religiosis,  abbate  et  conventu  ecclesi;e  Mirevallis,  quaa  noslra 
est  filia  specialis,  nobili  viro  Henrico,  comili  de  Lucemborc  et  Margaretha, 
ejus  uxori  factam,  laudamus  et  approbamus.  » 

Publications  de  la  Société  pour  la  recherche  et  la  conservation  des  mo- 
numents historiques  dans  le  Grand-duché  de  Luxembourg.  T.  XV,  année 
1859. 

5.  1268,  mars  (v.  st.  ?)  Renais,  sire  de  Hans-sur-Lesche,  fait  savoir 
qu'il  a  accompagné  (s'est  associé  avec)  Henri,  comte  de  Luxembourg,  à 
Hans-sur-Lesche,  et  en  tous  ses  fiefs  qu'il  tient  de  lui,  comme  portent  les 
lettres  sur  ce  faites.  Il  est  entré  dans  cet  arrangement  pour  la  croissance 
de  Han  et  pour  sun  bien.  Le  comte  Henri  lui  a  donné  en  échange  quinze 
livrées  de  terre  à  blés  en  son  passage  à  Vernuel,  lesquels  il  tiendra  du  dit 

comte  comme  seigneur  de  Laroche.  Publications de  Luxembourg. 

T.  XV,  année  1859. 

6.  1269,  28  janvier.  Datum  à  D.  1268  secunda  feria  ante  feslum  Puriû- 
cationis  B.  V.  (vieux  style).  Henri,  comte  de  Luxembourg  et  Henri,  son 
fils  aîné,  Gérard  de  Luxembourg,  comte  de  Durbuy,  Guillaume,   comte  de 


-     114     - 

Julicrs,  et  d'autres  seigneurs,  se  rendent  caution  de  Waleram,  duc  de 
Limbourg,  délivré  de  captivité  sous  condition.  Il  avait  été  fait  prisonnier  a 
Cologne  dans  la  nuit  du  15  octobre  1268  Ernst.  Hist.  de  Limbourg.  IV, 
316.  Publications.  ...  de  Luxembourg.  T.  XV,  année  1859. 

T.  1270.  Lettres  par  lesquelles  Henri,  fils  aine  de  Henri,  comte  de  Luxem- 
bourg, déclare  au  nom  de  son  père,  que  messin1  Henri,  sire  de  Mirewart, 
est  devenu  son  homme  lige,  et  de  ses  hoirs,  comtes  de  Luxembourg,  après 
l'Evêque  de  Liège,  le  comte  de  Bir  et  l'abbé  de  St-Hubert,  et  a  repris  en 
fief  lige  du  dit  Henri  de  Luxembourg,  sa  ville  d'Anwaine,  Mazebrouc  et 
tout  ce  qu'on  y  tient  de  lui. 

Henri  de  Luxembourg  lui  donne,  au  nom  de  son  père,  tous  les  hommes 
qui  lui  appartiennent  es  bans  de  Houmont,  de  Cevigney,  en  la  mairie  de 
Morheits,  dans  les  cours  de  Morecy,  de  Wesqueville,  et  dans  les  villes  de 
Frenz  et  d'Arville,  qu'il  tiendra  de  lui.  Ils  s'obligent  réciproquement  à  ne 
retenir  aucuns  hommes  des  terres  qui  leur  appartiennent. 

Ce  fief  et  seigneurie  de  Mirewal  relève  du  comté  de  Laroche  et  le  comte 
de  Luxembourg  ne  pourra  poursuivre  aucun  homme  Sinlual,  dans  celle 
terre,  ni  dans  l'avouerie  qui  est  de  la  terre  de  St-Hubert  s'il  n'est  habitant 
de  ses  terres,  il  en  sera  de  même  du  seigneur  de  Mirewart,  1270,  le  mer- 
credi après  la  Trinité  (en  Français). 

Copie  donnée  par  le  prieur  de  Cons,  et  Renart  curé  de  Cons,  premier 
Carlulaire  du  Hainaut,  pièce  138. 

St-Genois.  Inventaire  chronologique  de  la  Flandre  à  la  Chambre  des 
comptes  à  Cille. 

8.  1270,  1er  février  127!.  Veille  de  la  Purification.  Henri,  sgr  de  La- 
roche, fils  légitime  de  Henri,  comte  de  Luxembourg  et  marquis  d'Arlon, 
déclare  consentir  a  la  donation  du  droit  de  patronage  de  l'église  St-Martin 
à  Arlon  et  des  appartenances  et  chapelle  au  couvent  du  St-Esprit  à  Luxem- 
bourg. Relation  du  monastère  du  St-Esprit,  fol.  105.  Publications  ...  de 
Luxembourg.  Tome  XV,  année  1859. 

9.  1275  (12  mars  1275  v.  st.  ou  3  mars  1276  n.  st.).  Mardi  après  la 
dimanche  reminiscere.  Renaus,  sire  de  Hans-sur-Lesse,  fait  connaître  qu'il  a 
reporté  en  la  main  de  Henri,  comte  de  Lucelb.,  sgr  de  Poillevache,  tout 
le  fief  de  Spontin,  des  ban  et  dépendances,  qu'il  tenait  de  lui  en  fief  et 
en  hommage  ;  il  agrée  que  Simon,  sires  de  Rialrains  (Beauraing)  et  Ni- 
choles  de  Saules,  chevaliers  et  autres,  qui  tenaient  de  lui  leurs  fiefs,  les 
reprennent  de    Henri,   comte  de  Luxembourg.  Balduins  d'Avennes,  sires 


-     115    — 

de  Biamont,  Gerars  de  Lucelb.,  sires  de  Durbuy,  Henri  deufalize,  Sohier 
de  Bourxeit,  Arno-uls  de  Rodemoure,  Pierars  de  Jones  et  Jehan  de  Re- 
cogne furent  présents  à  ce  record.  Henri,  sires  de  deufîalize  a  apposé  son 
sceau. 
Publications de  Luxembourg.  T.  XV,  1859. 

10.  1275.  Commencement  de  la  guerre  de  la  vache  qui  dura  jusqu'en 
septembre  1277.  Le  comte  de  Luxembourg,  allié  de  Beaufort  et  ennemi 
des  Liégeois,  saccagea  le  Condroz  et  assiégea  Ciney.  Les  Liégeois  de  leur 
côté  brûlèrent  plus  de  trente  villages  dans  le  Luxembourg  et  ravagèrent  la 
prévôté  de  Poilvache. 

Publications de  Luxembourg.  T.  XV,  1859. 

11.  1277,  en  avril.  Compromis  par  lequel  Gui,  comte  de  Flandre,  et 
marquis  de  Namur,  Henri,  comte  de  Luxembourg,  tant  en  son  nom  qu'au 
nom  de  Henri,  son  fils,  comte  de  Laroche,  Gérard  de  Luxembourg,  sei- 
gneur de  Durbuy  et  Jean,  évêque  de  Liège,  nomment  des  arbitres  pour 
terminer  les  différents  qui  existaient  entre  les  trois  premiers  d'une  part,  et 
l'évêque  de  Liège  de  l'autre  part. 

Chroniques  belles  inédiles.  Luxembourg,  Namur,  Hainaut.  Tome  1,  p.  14. 

12.  1282,23  mai.  «  Alars,  dis  Hustins  de  Marche,  prévos  de  la  Roche,  » 
notifie  la  vente  laite  à  l'abbaye  deClairefontaine  par  «  Ansillons,  fils  Anseas 
de  Hierves  (Hives)  qui  fut,»  de  l'obligation  où  elle  était  de  lui  faire  hom- 
mage pour  la  menue  dîme  de  Hives.  Cartulaire  de  Clairefontaine,  page  75. 
Analyse  due  à  l'obligeance  du  R.  P.  Cofhnet  d'Arlon. 

13.  1288,  6  mars,  1289,  n.  st.  Lettres  par  lesquelles  Henri,  comte  de 
Luxemboug,  sollicite  de  Jean  d'Avesnes,  comte  de  Hainaut,  répit  pour 
l'hommage  qu'il  doit  lui  faire,  et  le  prie  de  recevoir  à  hommage  sa  mère 
pour  son  douaire  de  Laroche  en  Ardenne. 

Compte  rendu  de?  séances  de  la  Commission  royale  d'histoire  ou  recueil 
de  ses  bulletins.  —  Troisième  série.  —  Tome  XII.  Edition  1871,  pp.  344 
et  345. 

14.  1290,  12  juin.  «  Henri  Perignon  de  Frainois,  prévos  de  la  Roche 
et  de  Bastogne,  »  «  notifie  que  «  Ansellons,  li  fis  Ansial  de  Hieves,  qui  fut,  » 
renonce  aux  prétentions  qu'il  élevait  à  charge  de  l'abbaye  de  Clairefontaine 
au  sujet  de  l'hommage  de  la  dîme  de  Hives.  —  Dans  cette  charte  figurent 
comme  témoins  :  «  li  home  madame  contesse  de  la  Roche,  c'est  assavoir  : 
messire  Baduins  Pennios  de  Vellerou,  borgois  de  la  Roche,  messire  Lu- 
dekins  de  Greis,  nom  monsignor  le  comte  de  Luccembourg  ;  Limbolle  de 


-     418    — 

Vileir  ;  Gossuins  de  Jupilhe,  Jehan,  le  Wisiers  madame  la  contesse  ;  Cu- 
rars,  maire  de  la  Roche  ;  Lambers  li  Polens  de  Vellerou  ;  Watelès  d'Aste- 
noii  ;  Henris  de  Verleit  ;  Jehan,  ses  fils  ;  Henris  et  Lambins  de  Hierves  ; 
Hues  de  Preille,  etc.  » 

Cartulaire  de  Clairefontaine,  p.  98,  R.  P.  Goffinet. 

15.  1301,  Vigile  de  Pâques.  Béatrix,  veuve  de  Henri  III,  comtesse  de 
Laroche,  constituée  arbitre  par  Gérard  de  Grandpret,  sire  de  Houfalize, 
statue  par  acte  daté  de  la  vigile  de  Pâques  1304. 

Publications  ....  de  Luxembourg.  T.  XVI,  année  1860. 

10.  1304,  3  septembre.  Accord  entre  le  comte  de  Hainaut  et  le  comte 
de  Luxembourg  au  sujet  des  terres  dont  celui-ci  fit  hommage  au  premier, 
de  la  Roche  et  de  Durbuy,  etc.,  et  des  prétentions  du  comte  de  Hainaut 
du  chef  de  sa  femme. 

Compte  rendu  des  séances  de  la  Commission  royale  d'histoire  etc.  T.  XII 
pages  391  et  suivantes. 

17.  1305,  28  juillet.  Traité  conclu  entre  le  comte  de  Hainaut  et  le  comte 
de  Luxembourg,  au  sujet  des  assennes  faites  a  ce  dernier  et  des  hommages 
qu'il  devait  pour  Laroche,  Durbuy,  etc. 

Compte  rendu  des  séances  de  la  Com.  roy.  d'hist.  T.  XII,  pages  425 
et  suiv. 

18.  1324,  le  0e  jour  de  feneaul.  Beausaint  érigé  en  seigneurie  hautaine. 
Jehans,  par  la  grâce  de  Dieu  rois  de  Behaingne  et  de  Pollanie  et  conte 

de  Lucenbour,  faissons  scavoir  à  tous,  que  corne  nre  chier  et  bien  aimeis 
fealle  Rennair  Hadreis,  escuire,  sire  de  Beausen  et  de  tous  appendices  et 
destiennoit  de  nous  en  fiefs,  selon  la  loy  de  la  vcstieit  de  Liège,  laquelle 
terre  desseure  nomée  nos  consenton  ledit  Rennair  et  ses  hoirs,  saingneur 
de  Beausen  et  aient  en  la  dite  terre  saingneurie  haut  et  bais  et  partant  que 
ce  soit  ferme  chose  et  estable  si  avons  nos  faict  appendre  à  ceste  pnte 
lettre  nos  propre  seaul.  Ce  fut  fait  et  donnée  l'an  milhe  trois  cens  et  vingt 
quatre  le  cix  jour  du  mois  de  feneaul.  Extrait  de  l'original  par  moi  Engle- 
bert  Ferrier  par  ordonnance  et  consentement  du  prévôt  et  hommes. 
Laroche.  Cour  féodale.  1563-1590. 

19.  —  Affranchissement  de  la  ville  de  la  Boche. 

Nous  Jehans,  par  la  grâce  de  Dieu,  Roys  de  Behangne  et  de  Polaine  et 
Cuens  de  Lussembourc,  faissons  savoir  a  tous  que  nous  par  bone  délibé- 


—    117     — 

ration  de  nre  Conseil,  et  pour  acroistre  lonour  et  la  noblece  de  nie  dite 
conteit,  et  spéciament  de  nostre  vilhe  de  la  Roiche  en  Ardenne,  avons 
doneit,  otroiet  et  confermeit,  donons,  otroions  et  confermons  pour  nous  et 
pour  nos  hoirs  contes  de  Lussembourc  et  de  la  Roiche,  aux  boirjois  de 
nre  dite  vilhe  de  la  Roiche,  tant  de  fuer  cme  dedens,  ceis  franchisses  en 
tous  cas,  que  ils  ont  useit  et  maniet  anchiennemt  sens  mal  engien.  Et 
avec  ce  p  la  dite  ville  faire  mouteplier,  leur  avons  pour  nos  et  p  nos  hoirs 
eaus  et  leurs  hoirs,  quit,  clameit  et  quiteit,  quit,  clamons  et  quittons  ppe- 
tuement,  toutes  demandes,  prières,  tailhes,  exactios  d'argent  ne  d'autre 
chosses,  ne  empruns,  que  nous  ne  nos  hoirs,  contes  de  Lussembourc  et 
de  la  Roiche,  leur  pewiens  ne  deviens  dcmandeir  ne  requerre  pour  cause 
de  raairiaige,  de  chevalerie,  ou  de  prisson,  ou  d'autre  cas  où  nos  dis  boir- 
jois fuissent  tenus  à  Nous  ou  a  nos  hoirs,  en  ognoison  des  causes  devan- 
dites,  saul  nos  rentes,  nos  amendes,  nos  revenues  et  droitures  teiles  que 
li  esschevins  dou  dit  lieu  nos  wardent.  Et  parmi  ce,  doient  nos  dis  boirjois 
de  la  Roiche,  fremeir  de  mur  boin  et  suffisant  et  de  portes  nre  dite  ville 
de  la  Roiche  à  leur  cost  et  despens,  et  les  doient  détenir  à  tous  jours  mais 
à  leur  despens,  et  dès  maintenant  y  doient  mètre  et  meteront  chasscun  an 
cent  livres  de  petis  tourinoirs  ou  monoie  à  vailhant,  juskes  adont  que  li 
ovraiges  seroit  pfais,  et  leur  devons  à  ceste  foi  livreir  arbarastres  et  greaus 
et  dedont  en  avat  y  les  doient  détenir  à  leurs  despens  et  doient  li  di  nos 
boirgois  estre  armeis  sulïisament  chasscuns  selon  son  estaut  p  nos  svir,  et 
aussi  doient  à  leurs  boirgois  afforains  prendre  charoit,  bues,  moton»,  pors, 
ensi  que  autre  foi  at  esteit  useit  pour  nos  chevachies,  et  doient  avoir  douze 
arbarestrers  pour  nos  svir  en  nos  besoingnes,  et  qui  doient  joyr  des 
pveleges  que  saielet  leur  sont  de  nous  et  de  nre  dite  ville,  si  longment 
qui  semblerat  estre  boin  et  pourfitable  à  Nous  et  à  nostre  dite  vilhe. 
Lesquelles  frchisses  devandites  Nous  p  Nos  et  p  nos  hoirs,  avons  pmis 
e£  pmetons  loialement  en  bonne  foit  à  tenir  fermement,  paisinblemnt, 
frchemet  à  tous  jours  sens  aleir  encontre  à  temps  présent  ou  avenir.  Et 
mandons  et  comandons  a  tous  nos  sugis  que  en  la  manière  devantdite  le 
tengnent  sans  aleir  encontre.  En  lesmoignage  de  laquelle  chosse,  nous 
avons  fait  saieler  ces  présentes  lettres  overtes  de  nre  gnt  saiel.  Qui  furent 
faites  et  données  à  Bastongne  l'an  de  grâce  nre  singr  mil  trois  cent  trente 
une  le  tier  jour  d'avril. 
Le  sceau  de  cette  charte,  dont  l'original  se  trouve  dans  les  archives  de 

9 


—    H8    — 

la  ville  <Je  Laroche,  a  disparu.  Il  ne  reste  plus  que  la  petite  bande  de  par- 
chemin a  laquelle  il  était  appendu. 

20.  —  Reconnaissance  en  français  et  sur  parchemin,  Scellée  du  sceau  en 
cire  blanche  à  moitié  rompu  de  Jean,  Roi  de  Bohème  et  de  Pologne,  comte 
de  Luxembourg,  par  lui  donnée,  de  tenir  en  foi  et  hommage  du  comte  de 
Hainaut,  de  ses  successeurs,  comtes  de  Hainaut,  le  comté  de  la  Roche,  les 
château  et  terre  de  Durbuy,  avec  leurs  appartenances,  excepté  la  ville  et 
Prévôté  de  Marche  en  Faumene,  laquelle  il  ne  tenait  d'autre  que  du  comte 
de  Hainaut. 

A  Noyon,  le  1er  mai  1334.  St-Genois.  Inventaire  des  titres  de  la  Tréso- 
rerie des  chartes  a  Mons. 

21.  —  Reconnaissance  de  Jean,  Roi  de  Rohêmc,  donnée  aux  Rourgeois  de 

la  Roche.       f  \ 

Nous  Jehans,  par  la  grâce  de  Diey,  Rois  de  Beeme,  de  Poil  et  Cuens  de 
Luccelborch,  faisons  savoir  à  tous  que  nos  devos  et  somes  tenus  à  nos 
bourgoys  de  nre  ville  de  la  Roiche  deux  cens  petis  florins  de  Florence 
qu'il  nos  ont  psteis  et  délivreis  en  rachetant  nostre  tore  de  Vilance,  lequelz 
lours  avons  en  covet  à  reprendre  cascun  an  trente  florins  tant  qu'il  aient 
releveis  les  dis  IIe  florins  aplusapparilhies  rentes  et  revenuwes  de  nre  ville 
de  la  Roiche,  qlles  q  soiet,  ou  de  nos  autres  bins  apptenanlà  nre  chasteal. 
Et  mandons  et  commandons  à  tous  nos  oflicyers  et  subgis  q  quionqs  isoit, 
pr  le  tens  q  de  ce  lours  laissies  joyr  sans  faire  nul  empechemt  et  pmi  celi 
grâce  q  faite  nos  ont,  lors  déportons  de  faire  fermeteit  en  lour  ville  cest 
esteil  vénal  pchain  q  covet  nos  avoienl.  Doneit  à  Marche  desos  nor  saieal, 
l'an  délie  nat  nre  Sigr  ml  ecc  et  trente  cinck  mardi  le  qtorzeme  jour  de 
march. 

L'original  de  cette  charte  se  trouve  dans  les  archives  de  la  ville  de  La- 
roche ;  le  sceau  en  est  détaché  et  à  moitié  rompu. 

22.  1342,  9  avril.  Lonpreit.  Jean,  sire  de  Jemeppe,  chevalier,  reprend 
en  fief  et  en  hommage  du  roi  de  Bohême  et  comte  de  Luxembourg,  la 
maison  et  forteresse  de  Noville  et  plusieurs  francs-alleux  ;  biens  qui  lui 
sont  échus  par  le  décès  de  Thomas  de  Noville,  chevalier,  père  de  Cathe- 
rine, sa  femme.  Ce  fief  de  Noville  relevait  du  château  de  Laroche  et  pouvait 
valoir  annuellement  10  livres  petits  tournois.  Berlhoul,  prévôt  de  la  Roche, 
appose  son  sceau  à  cette  charte. 

Cartul.  1546,  fol.  152  v°  archiv.  du  gouvernement  à  Luxembourg. 


—    H9    — 

23.  1342,  20  décembre.  «  Pouchin,  prévost  de  la  Roche  ;  Henri  de  Ne- 
cheveur  ;  Henri  le  damiseal  de  Croule,  Jehan  le  wouwei  de  Seybrex  : 
Lambrek  de  Wambay  ;  Colin  de  Fiezène  ;  Lamboreal  de  Cens,  Bastien 
Lawet,  maiour  de  la  Roche  ;  Henri  Cokeal,  eschevin  de  la  Roche  et  plu- 
sieurs autres,  »  figurent  comme  témoins  dans  une  charte  de  Jean  l'Aveugle 
concernant  les  biens  de  Clairefontaine  à  Hives. 

Cartulaire  de  Clairefontaine  p.  170.  Note  due  a  l'obligeance  du  R.  P.  Gof- 
finet. 

24.  1343,  1er  juillet.  Liège.  —  Accord  entre  Adolphe,  évêque  de  Liège,  et 
Jean,  roi  de  Bohême,  au  sujet  de  la  juridiction  du  Tribunal  de  la  Paix 
dans  le  comté  de  Laroche. 

Nous  Adolf,  par  la  grâce  de  Dieu,  Evesques  de  Liège,  faisons  savoir  à 

tous  que  nous  eut  sur  ce  maour  Conseil  et  plaine  délibération,  del  consent 

ausi  de  nre  vénérable  chapitle  de  Liège  et  p  la  conseil  et  pryère  des  nobles 

homes,  des  chrs,  des  Escuiers,  de  cheaz  de  nre  citeit,  et  des  autres  bones 

villes  de  nre  eveschiet  de  Liège,  de  tous  debas  et  questions  qui  ont  esteit 

ou  seront  ou  poiroient  estre,  entre  excellent  et  poissant  prince,  nre  très 

cher  cousin  et  féal  nions1  Johan,  p  la  grâce  de  Dieu,  Roys  de  Bœme,  comte 

de  Lucemborg  et  de  la  Roche  et  Marchis  d'Erlon,  et  ses  subgiez  de  l'une 

part,  et  Nous  Evesques  et  nos  subgiez  de  l'autre  sur  les  poins  et  articles 

chi  desouz  escrits  somez  accordeis  et  accordons  ensemble  pour  maintenir 

paiz  et  amour  entre  Nous  et  nos  subgiez  d'un  costeit  et  de  l'autre,  en  la 

manière  que  chi  après  s'ensuit.  Preimiers,  que  on  ne  puist  de  cest  jour  en 

avant  appelleir  devant  nous  Evesqs  à   la  paiz  a  Liège,  les  borgois  de  la 

ville  de  la  Roche,    en  Ardenne,  demorans  en  la  dte  ville  résidenmet,  ni 

aussi  cheauz  qui  demouret  résidenment  dedens  les  termes  délies  conteit  de 

la  Roche,  corne  nous  soiens  sufiîsanmet  enfourmeis  que  li  borgois  deseurdit 

et  li  manat  en  la  dte  conteit  de  la  Roce  quant  à  ce,  d'ancienneteit,  en 

doivent  estre  franc  ;  ce  adjousteit  se  aucuns  devinent  ou  veulent  devenir  de 

cest  jour  en  avant,  de  novel  borgois  de  la  dte  ville  de  la  Roche,  ou  mananz 

en  la  dite  conteit  de  la  Roche,  qui  avant  ce  eussent  méfiait  es  cas  pour 

lez  queez  on  les  peust  appeleir  à  la  dte  paiz,  il  ne  devront  estre  en  ce  cas 

contre  la  dite  paiz  tenseis  ne  defîenduz,  et  chil  aussi  qui  des  ores  en  avant 

seuront  recheuz  à  la  borgesie  de  la  dte  ville  de  la  Roce,  devront  faire  en 

la  dte  ville  de  la  Roche  résidence  p  lespase  de  demi  an  et  un  jour  conti- 

nuelemet,  chascun  an,  selonc  la  costume  de  l'afforaine  borgesie  de  Liège, 


—     120    — 

et,  se  ce  ne  sont,  ils  ne  seuront  par  raison  de  riens  de  la  dte  borgoisie 
affranchis  que  on  ne  les  puist  appeleir  à  la  dtc  paiz  à  Liège,  llemdes  voge- 
mens  q  on  a  acous'umeit  de  faire  devant  les  eschevins  de  Liège  sur  les 
homes  de  la  terre  le  conte  de  Luccemb,  sonies  à  ce  accordeit  et  accordons 
que  nous  evesqs  de  Liège  ferons  briefmet,  senz  delay  une  teile  ordinance 
et  accemprance  p  le  conseil  de  nos  eschevins  de  Liège,  par  lesqlles  chil 
de  la  terre  le  conte  de  Lucccmborg  ne  seuront  plus  presseis  ne  greveiz 
contre  la  loy  ancienne.  Item  des  borgesies  et  des  salvems  que  chil  Rienes 
avoient  acquis  à  cheaz  de  Rivongne  et  dez  fores  de  cheli  meisme  lieu,  es 
queils  cheaz  de  Ryvongne  demanloient  droitures,  somes  accordeiz  et  accor- 
dons que  chez  borgoisiez,  salvems  et  droitures  soient  nulles,  et  q  chil  de 
Rienes  ne  soient  des  ores  en  avant  par  la  raison  des  dtes  borgoisiez  et 
salvemenz  de  cheauz  de  Rivongne  deffendus  ne  gardeis.  Item  nous  consen- 
tons que  la  maison,  ou  fortereche  que  messr  Thieris  de  Argenteal,  chrs 
jadis,  avoit  comenchiet  à  édiffyer  à  Entynnes,  la  qlle  estoit  deffendue  à 
à  faire  soit  réabandonée,  et  que  li  hoir  du  dit  monsr  Thierry,  ou  autres 
s'il  leur  plaist  le  puissent  faire  corne  nous  aiens  troveit,  que  drois  ne  fuist 
ne  ne  soit  de  forcomandeir.  —  Item  des  cnlredis,  des  excoications  des 
officialz  forainz  et  des  peurureurs  forains  et  deventrenz  des  queiz  li  dis 
Roys  et  si  subgiet  de  la  dte  conteit  soi  plandoint,  sûmes  à  ce  accordeiz  et 
accordons  que  li  novel  statut  par  nous,  evesqs,  sur  ce  et  pour  ce  fait  et 
ordineit  dez  queiz  li  dis  Roys  at  la  copie  desouz  nre  saiel,  soient  de  cest 
jour  en  avant  gardeiz  et  tenus  antièremt  et  que  chil  qui  les  effraindront  et 
feront  en  contre  en  queil  cas  que  che  soit,  soient  corrigiez  et  punis  selon 
leur  meffaiz.  Pour  laquelle  chose  mètre  deuemt  à  exécution,  Nous,  Evesques, 
députons  et  comédons  des  maintenant  vénérables  et  discreis  homes  maistres 
Elbert  de  Retnicourt  de  nre  grande  église,  Wille  deure.  Johan  de  Corwareme 
de  nre  église  saint  Johan  en  Liège,  chanones  et  Andrier  de  Ferrier,  advo- 
cant  en  nre  Cour  de  Liège  aus  quels  nous  donons  plain  povoir  et  mandemet 
especial  de  détraire  et  adjousteir  auz  dis  status  ou  eauz  modereir,  selonc 
ce  q  bon  leur  semblera  et  raison  serat,  afin  que  chil  de  la  dte  conteit  ne 
soient  contre  droit  formineiz  et  aussi  de  troveir  voiez  et  faire  ordinace  par 
les  qlles  chil  qui  effraindront  les  ds  status  ou  modérations  ou  feront  encontre, 
soient  de  leur  niellais  si  corrigiez  et  punis,  que  le  dit  statut  soient  tenuz 
et  gardeis  entiremet,  salveit  à  nous  evesqs  et  h  nre  officiai  de  Liège  les 
amendes  qui  pour  ce  seront  enjointes  et  aussi  la  plaine  exécution  d'icell,  et 
avons  encovent  q  ce  que  li  dis  quatre  deputeit  en  ces  choses  en  ordoneront 


—    121     - 

et  feront  nos  tenrons  et  ferons  tenir  pour  ferme  et  estable  et  les  feront 
maintenir  senz  aucun  deporteir.  Et  pour  tant  que  toutes  ces  choses  soient 
bin  tenuez  et  accomplies  nous  evesqs  nre  seal  et  nos  li  Caplez  de  Liège  le 
saeil  de  nre  églie  et  nos  li  maistrcs  li  jureiz,  li  consealz  et  toute  la 
comuniteit  et  Universiteiz  délie  citeit  de  Liège,  le  seal  de  l'Universiteit 
avons  fait  appendre  à  ces  pntes  lies  en  tesmognage  de  veriteit.  Ce  fut  fait 
et  doneit  à  Liège  l'an  délie  natwiteitnre  sgr  ml  quarante  trois  le  premier 
jour  de  juillet. 

L'orignal  de  celte  charte  se  trouve  dans  les  archives  de  la  ville  de 
Laroche.  Le  sceau  seul  de  l'évêque  existe  encore,  mais  est  détaché  de  la 
charte. 

25.  1345  feria  sexla  post  festum  nativitalis.  Jean,  roi  de  Bohême,  comte 
de  Luxembourg,  consent  à  ce  que  Pontzetus  de  Merzeri,  chevalier,  reçoive 
en  fief  de  l'archevêque  de  Trêves  sa  maison  fortifiée  (domum  suam  ad  instar 
fortalicii  aedificatam)  dans  la  ville  de  Merzerey,  dans  le  comté  de  Laroche 
(Rupensi)  et  déclare  n'avoir  aucun  droit  sur  ce  château. 

Bulletins  de  la  Commission  royale  III. 

26.  1346,  «  le  jours  de  feste  de  Jacques,  XXJIII  jours  au  mois  de  juliet.  » 
Jean,  roi  de  Bohême,  comte  de  Luxembourg,  déclare  avoir  donné  en  gage 
à  Arnould  d'Arlon,  h  qui  il  doit  plusieurs  sommes  d'argent,  tous  les  revenus 
de  six  divers  biens  dans  le  comté  de  la  Roche,  jusqu'au  parfait  rembourse- 
ment de  toutes  ces  sommes. 

Bulletins  de  la  Commission  royale  III. 

27.  1348.  17  avril.  Apparaît  Régnier  de  Schonowe,  à  qui  le  roi  Charles 
avait  engagé  les  comtés  de  Vels  (Laroche)  et  Derby  (Durbuy)  pour  20,000 
réaux  d'or.  L'Archevêque  de  Trêves  dégage  ces  comtés  le  17  avril  1348. 
Le  9  juin  suivant,  le  roi  engage  à  l'archevêque  le  comté  de  la  Roche  qu'il 
a  racheté  de  Raynard  de  Schonouwe. 

Bulletins  de  la  Commission  royale  III. 

28.  1349,  mi  idus  februarii.  Charles,  roi  des  Romains,  de  Bohême, 
comte  de  Luxembourg,  reconnaît  devoir  à  Baudouin,  archevêque  de  Trêves  : 
1°  15.000  marcs  prêtés  à  Cologne  et  à  Mayence  ;  2°  neuf  mille  marcs 
d'argent  donnés  pour  le  rachat  du  comté  de  !a  Roche,  de  l'avouerie  de 
Stavelot  et  de  Malmédy,  des  villes  de  Merci  et  de  Bastogne,  et  des  sei- 
gneuries de  Durbuy  et  de  Rulant  ;  3°  six  mille  marcs  qu'il  lui  a  prêtés  lors 
de  sa  nomination  à  l'empire  ;  4°  vingt  mille  marcs  prêtés  dans  le  besoin. 
Pour  ces  sommes,  il  lui  vend  ses  comtés  de  Luxembourg  et  de  Laroche, 


-     122    — 

l'avouerie  de  Stavelot  et  de  Malmédy.  les  villes  de  Marche  et  Bastogne,  le 
marquisat  d'Arlon  (mais  laissant  en  entier  les  droits  du  douaire  de  Béatrix, 
veuve  de  son  père  Jean,  sur  ce  marquisat*,  les  seigneuries  de  Durbuy  et 
de  Bulant,  avec  les  villes,  châteaux,  juridictions,  habitants,  etc.,  le  prieuré 
de  Luxembourg  et  d'Arlon,  tous  ses  châteaux,  villes,  biens,  etc.,  sur  les 
bords  du  Rhin  jusqu'à  Boppard  ;  a  condition  qu'il  pourra  en  disposer  libre- 
ment, les  vendre,  aliéner,  engager,  etc  ;  jusqu'à  ce  qu'il  ait  remboursé  les 
50  mille  marcs  prédits. 

Datum  Colonise,  anno  etc. 

Bulletins  de  la  Commission  royale  III. 

29  —  Lettres  de  V Empereur  Charles  IV  aux  habitants  de  la  Roche. 

Carolus  Dei  gratià  Romanorum  semper  Augustus  et  Bohemiae  Rex  uni- 
versis  et  singulis  Abbatibus,  Prœpositis,  Caeterisque  Ecclesiarum  et 
Monasteriorum  Rectoribus  nec  non  Baronibus,  JNobilibus,  Militibus,  Clien- 
tibus,  Burgraviis,  Oflicialibus,  Civitatum  quoque  opidorum  et  Villarum 
Universitatibus,  aliisque  omnibus  cujuscumique  dignitalis  status  aut  condi- 
tionis  hominibus,  in  Comitatu  et  Dominio  Rupense  residentibus,  ad  quos 
présentes  pervenerint  fidelibus  nostris  gratam  regiam  et  omne  bonum. 

Cum  nos  illustri  Wenzeslao  l.uxemburgensi  Comiti  fratri  nostro  charissimo, 
ex  sinceritate  et  fraternae  charitalis  affectu,  quo  ipsum  ut  fratrem  nostrum 
suis  exigentibus  virtutibus  digne  prosequimur,  dictum  comitalum  Luxem- 
burgensem  (prout  vestram  fklelitatem  credimus  non  lalere)  duximus  red- 
dendum  fidelilati  vestrae  seriosè  et  omnino  volenles  mandamus  quatemus 
eidem  fratri  nostro,  in  omnibus  et  singulis,  tanquam  vero  et  legitimo  Domino 
vestro  sicuti  personse  nostrse  proprias  obedire,  intendere  et  parère  prompta 
benevolentia  fidelitatis  debealis,  aliud  non  fieri  prout  nostram  gratiam 
conservare  diligitis  et  favorem.  Datum  in  Treviriis  iij  die  mensis  Februarii, 
Regnorum  nostrorum  anno  octavo.  —  Tiré  des  Archives  de  Luxembourg 

(Bertholet). 

30.  1354,  2'i  octobre.  Château  de  Quesnoy.  —  Marguerite,  comtesse  de 

Hainaut,  etc.,  fait  savoir  que  Wenceslas  de  Bohême,  duc  de  Luxembourg, 
s'est  dévesti  entre  ses  mains  des  fruits  et  revenus  du  comté  de  la  Roche 
et  de  la  terre  de  Durbuy,  et  qu'elle  en  a  investi  Waleran  de  Limbourg, 
sgr  de  Ligny. 

Publications  de  Luxembourg.  XXIV  (II). 

31.  1354,  11  novembre,  le  jour  de  St-Martin   d'hiver.   —   Lettres  de 


-     423    — 

Wenceslas  de  Bohême,  duc  de  Luxembourg,  par  lesquelles  il  donne  à  Jeanne 
de  Brabant,  son  épouse,  pour  son  douaire,  le  comté  de  Laroche  el  la  terre 
de  Durrebuis,  tenus  du  comté  du  Hainaut.  Ont  souscrit  :  Henri,  comte  de 
Saumes  (Salm),  Thieri,  sgr  de  Hufalize,  etc. 

Publications  de  Luxembourg,  XXIV  (II). 

32. 1360,  IGjuillet.Ivoix.  Confirmation  des  privilèges  de  la  ville  de  Laroche 
par  Wesceslas  1er. 

Record  du  mayeur  et  deséchevinsde  la  ville  de  Laroche  du  10  avril  1574. 

33.  1362,  18  janvier.  Ivoix.  Le  duc  Wenceslas  1er  remet  le  droit  de 
morte-main  aux  habitants  de  la  prévôté  d'Ardenne. 

Neyen.  Histoire  de  la  ville  de  Baslogne,  p.  282. 

34.  1368,  quarta  die  mensis  februarii,  regno  nostro  anno  XXVII,  imperii 
vero  XÏII.  Datum  Frankerfurth.  Charles,  empereur  des  Romains,  confirme 
le  douaire  assigné  par  Wenceslas,  duc  de  Luxembourg,  de  Brabant  et  de 
Limbourg,  à  sa  femme  et  consistant  dans  les  comtés  de  la  Roche  et  de 
Chiny,  de  la  Ferlé  etc. 

Publications  de  Luxembourg,  XXIV  (H). 

35.  1378,  8  février.  Lulzenbourg.  —  Les  villes  de  Luxembourg,  Arlon, 
Echternach,  Thionville,  Marche,  Oie  (Yvoix?),  Baslogne,  la  Roche,  Virton 
el  Marville,  reconnaissent  la  disposition  du  duc  Wesceslas  (du  30  janvier 
1378)  d'après  laquelle  s'il  venait  a  mourir  sans  héritier  direct,  elles  passe- 
raient avec  le  duché  de  Luxembourg  h  la  couronne  de  Bohême. 

Publications  de  Luxembourg,  XXIV  (IT). 

36.  —  Promesse  en  latin  et  en  parchemin,  dont  le  sceau  est  perdu,  faite 
par  Wenceslaus,  Roi  des  Romains  et  de  Bohême,  par  laquelle  il  s'engage 
que,  lorsque  le  comté  de  la  Roche  et  la  seigneurie  de  Durbuy,  qui  sont 
des  biens  appartenant  aux  ducs  de  Luxembourg,  lui  seront  échus  par  la 
mort  de  Jeanne,  duchesse  de  Brabant,  sa  cousine,  qui  en  jouissait  pour 
son  douaire,  il  fera  au  comte  de  Hainaut  ce  que  ses  prédécesseurs,  ducs 
de  Luxembourg,  ont  fait  à  l'égard  des  autres  comtes  de  Hainaut.  —  A.  Yvoy, 
le  23  septembre  1384.  F.  90. 

St-Genois.  Inventaire  des  titres  de  la  Trésorerie  des  chartes  de  Hainaut 
à  Mons. 

37.  1407,  15  février.  Datum  Karlstein.  Wenceslas  II  accorde  des  armes 
à  la  ville  de  Laroche. 

Wenceslaus,  Dei  gratiâ  Romanorum  rex,  semper  Augustus  et  Bohemiae 
rex,  notum  facimus  tenore  prœsenlium  universis,  quod  propter  fidelia  etutilia 


—    124    — 

servitia  nobis  per  Mayerium,  Consules  et  communitatem  oppidi  nostri 
Weltz,  fidèles  nostros  dilectos  hucusque  fideliter  impensa  et  in  poslerum 
eoquidem   fidelius  impendenda  ipsis  non   per  errorem  aut  improvide,  sed 

animo  deliberalo  sano  et  fidelium  nostrorum  accedente  consilia  et  de 

cerlâ  nostrâ  scientiâ  tanquam  dux  Luczemburgensis  et  verus  ac  naturalis 
dominus  prœdicti  oppidi  indulsimus  et  virtute  praesentium  gratiosius  indul- 
gemus,  ut  ipsi  novum  sigillum  pro  usibus  oppidi  ipsorum  videlicet; 

Leonem  album  cum  cauda  duplicata  in  campo  rubeo,  quo  videlicet  in 
vexilla  coronae  nostraa  regni  Boemiae  utiraur  ;  cum  linea  lazurii  congrue  ad 
collum  leonis  in  clipeo  transversaliter  transeuntem  et  de  câdem  lineâ  parvas 
seu  brèves  très  lineas  usque  ad  pectus  leonis  descendentesfacere,  schulpere 
et  efligiare  valeant  atque  possint  quo  in  singulis  suis  necessitatibus  uli  vel 
poteri  debeant,  quemadmodum  alise  pradicti  Luczemburgensis  ducatus 
civitates  suis  sigillis  utuntur  et  quomodo  libet  potiuntur  piaesenlium  sub 
regia  nostrœ  majestatis  sigilla  lestimonia  litterarum. 

Datum  Karlstein,  anna  Domini  millesimo  quadringenitesimo  septimo,  die 
quinta  décima  februarii,  regnorum  nostrorum  anno  Bœmiœ  quadragesimo 
quarto  Romanorum  vero  tricesimo  primo. 

Ad  raandatum  domini  régis.  H.  Patriarcha  Cancell. 

Extrait  du  mémorial  administratif. 

38.  1420,  29  mars.  Breslau.  —  Sigismond  donne  aux  frères  d'Autel  la 
garde  et  le  commandement  de  Laroche  en  Ardenne. 

Texte  en  allemand.  Extrait  de  la  table  chron.  des  chartes  et  diplômes 
relatif  à  Phisl.  de  l'ancien  pays  de  Luxembourg  par  M.  Fr.  X.  Wurth- 
Paquet,  Président  de  la  Cour  supérieure  de  justice  a  Luxembourg,  1871 ,  p.  7. 

39.  1426,  1er  avril.  Tocas.  —  Sigismond,  roi  des  Romains,  reconnaît 
devoir  a  Jean  et  à  Huart  d'Autel,  une  somme  de  18  mille  florins  du  Rhin, 
à  laquelle  sont  évalués  les  dommages  et  impenses  de  feu  leur  père  ;  il  leur 
assigne  les  revenus  de  Laroche,  en  Ardenne,  jusqu'au  remboursement  de 
la  dite  somme. 

40.  1427,  1S  mars.  —  Copie  de  record  fait  par  les  hommes  de  Chastel  à  cause 

de  appeal  del  paix. 

Nous  les  peires  et  hommes  de  la  Roche  en  Ardenne  faisons  savoir  que 

par  la  vertu  des  lettres  que  nous  avons  vehues saiélée  des  saeals 

de  Révérend  peire  en  Dieu  Adolphe  par  la  grâce  de  Dieu   évesque   de 
Liège ensquele  est  contenu  que  ceaus  de  la  conteit  de  la  Roche 


—    425    — 

ne  doient  estre  appeleis  à  la  paix  a  Liège  Anchois  en  doient  estre  frans  co 
ce  plus  aplain  est  conlenut  en  dites  lettres  si  est  que  par  l'apprise  que 
fait  avons  à  nos  prédécesseurs  nous  tenons  ceaus  de  Marche  en  Famenne 
estre  de  la  conteit  de  la  Roche  et  partant  tenons  que  ils  ne  doient  estre 
point  appeleis  a  la  dieu  paix.  En  tesmoignage  desquels  chouses  nous  Renard 
d'Argenteal  segneur  de  Houfîalize,  Rohert  seignr  de  Spontin  et  de  Han  sur 
Leiche  peirs,  Willeme  de  Bolan  seigr  de  Roley  et  de  Vaulx,  Johan  de 
Coraine  sire  de  Wynangne,  Joh.  Bonsar  sir  de  Jupille,  Ernoud  de  Warden, 
Joh.  de  Wavreilhe,  Joh.  de  Clerue,  Staskin  de  Soy  avons  taut  pour  nous 
co  pour  nos  autres  comperres  et  homes  dédit  chastel  de  la  Roche  en  signe 
de  veriteit  a  ces  pntes  lettres  ont  es  applakeit  et  fait  applakir  nos  propres 
saiels  fait  et  don  lan  mil  Mil  et  XXVII  au  mois  de  Marche  le  XVIIIe  jour- 
—  Registres  de  la  Cour  féodale  du  Comté  de  Laroche,  1427. 

4!.  1431  (7  avril).  Geben  zu  Nurenberg  am  samslag  nach  sant  Ambrosien 
tag,  unser  riche  des  Hungerischen,  etc.,  in  dem  45  des  Rômischen  in  dem 
21.  und  des  Behemischen  im  eilften  jahre.  —  Sigismond,  roi  des  Romains, 
etc.,  déclare  que  pour  récompenser  les  services  lui  rendus  par  la  noble 
famille  d'Autel  et  particulièrement  par  Jean  d'Autel,  et  en  vue  de  l'indem- 
niser des  dépenses  qu'il  a  faites,  il  lui  engage  le  château  de  la  Roche,  en 
Ardenne,  pour  une  nouvelle  somme  de  deux  mille  florins  à  ajouter  aux 
autres. 

Archives,  ville  de  Bastogne.  Vidimus  du  9  juillet  1446.  R.  W.  P. 

Extrait  de  la  table  chron.  de  M.  Wùrth-Paquet,  p.  61,  1871. 

4°2.  (1459,  n.  st.)  1458,  20  mars.  Slilo  Gallico  acta  in  claustro  magno 
Sli-Martini  Turonen.  —  Guillaume,  duc  de  Saxe,  et  Anne,  sa  femme,  ven- 
dent et  transportent  à  Charles,  roi  de  France,  le  duché  de  Luxembourg  et 
les  comtés  de  Chiny  et  de  Laroche  pour  la  somme  de  50  mille  écus  en  or. 
Extrait  de  la  table  chron.  de  M.  Wùrth-Paquet,  1876,  p.  40. 

Voir  les  actes  du  2  janvier  1459,  20  mars  1458  (1459,  n.  st.),  23  juin 
1459,  etc. 

43.  1459  (17  avril).  Datum  Eckersperg.  —  Guillaume,  duc  de  Saxe  et 
de  Luxembourg,  landgrave  de  Thuringe,  marquis  de  Misnie,  comte  de  Chiny 
et  de  Laroche  en  Ardenne,  et  Anne,  fille  d'Albert,  roi  des  Romains,  de 
Hongrie  et  de  Bohême,  et  d'Elizabeth,  celle-ci  fille  aînée  de  Sigismond, 
empereur  des  Romains,  roi  de  Hongrie  et  de  Rohême,  duc  de  Luxembourg, 
comte  de  Chiny  et  de  Laroche,  en  Ardenne,  la  dite  Anne,  femme  du  prédit 
Guillaume,  duc  de  Saxe,  héritiers  de  feu  Ladislas,  roi  de  Hongrie  et  de 


—    126    — 

Bohême,  font  savoir  aux  nobles  chevaliers  du  duché  de  Luxembourg  et  des 
comtés  de  Chiny  et  de  Laroche,  en  Ardenne,  qui  leur  sont  restés  fidèles, 
que  pour  des  causes  raisonnables,  ils  ont  transféré  leurs  droits  sur  les  dits 
pays  à  Charles,  roi  de  France,  et  que  les  dits  nobles  doivent  à  celui-ci 
prêter  foi  et  hommage. 
Table  chron.  de  M.  Wùrth  Paquet,  1876,  p.  47. 

44.  1459,  21  avril.  Datum  in  rupibus  Scissilionis.  Regni  nostri  XXXVI. 
—  Charles,  roi  des  Français,  duc  de  Luxembourg  et  comte  de  Chiny  et  de 
la  Roche,  en  Ardenne,  déclare  que  Guillaume,  duc  de  Saxe,  et  Anna,  sa 
femme,  lui  ont  transporté  le  duché  de  Luxembourg  et  les  comtés  de  Chiny 
et  de  la  Roche;  et  vu  la  fidélité  de  ses  féaux  Gerardus  de  Rodetuacher, 
Philippe  de  Sirch,  prévôt  à  Trêves,  et  autres  nobles  qui  ont  tenu  le  parti 
de  leur  prince  légitime,  il  leur  confirme  les  privilèges  et  coutumes  dont 
ils  ont  joui  jusqu'à  présent. 

Table  chron.  de  M.  Wùrth-Paquet,  1876,  p.  49.  Voir  l'acte  du  21  avril 
1459. 

45.  1462,  1er  août.  In  Castro  nostro  Eckersperge.  —  Guillaume,  duc  de 
Saxe,  et  Anne,  sa  femme,  déclarent  qu'en  1458  ils  avaient  cédé  leurs 
droits  sur  le  duché  de  Luxembourg  et  les  comtés  de  Chiny  et  de  la  Roche, 
à  Charles,  roi  de  France,  pour  une  somme  de  50  mille  écus  en  or,  sur 
laquelle  somme  ce  roi  leur  a  fait  payer  10,000  écus;  que  Charles,  roi  de 
France,  étant  venu  à  décéder  au  mois  de  juillet  1461,  ils  se  sont  adressés 
à  son  successeur  le  roi  Louis,  qui  les  a  renvoyés  pour  le  payement  de  la 
dite  somme  a  Philippe,  duc  de  Bourgogne,  tenant  les  dits  pays  par  engagère 
auquel  il  avait  cédé  ses  droits.  Guillaume,  duc  de  Saxe,  et  Anne,  sa  femme, 
consentent  à  ce  que  celte  session  ait  son  plein  et  entier  effet.  En  consé- 
quence, ils  désignent  Pierre  Knovre  et  Rudolphe  Schenken,  leurs  manda- 
taires auprès  du  duc  Philippe  de  Bourgogne,  pour  traiter  avec  lui. 

Table  chron.  de  M.  Wùrth-Paquet,  1876,  p.  101.  Voir  les  actes  de  1462, 
15  août,  Ie1'  et  3  septembre,  4  et  18  octobre  relatifs  au  même  sujet. 

46.  1462,  25  novembre.  Amboise.  —  Louis  XI,  roi  de  France,  fait 
cession  à  Philippe,  duc  de  Bourgogne,  de  tous  ses  droits  sur  le  duché  de 
Luxembourg  et  les  comtés  de  Chiny  et  de  la  Roche  en  Ardenne,  acquis 
par  feu  son  père  le  roi  de  France  des  duc  et  duchesse  de  Saxe  et  consorts, 
pour  la  somme  de  50,000  écus.  Louis  XI  fait  cette  cession  gratuitement  et 
ce  à  raison  de  sa  proche  parenté  avec  le  duc  Philippe  et  le  singulier  amour 
que  celui-ci  a  toujours  eu  pour  lui. 

Table  chron.  de  M.  Wûrth-Paquet,  1876,  p.  126. 


-     127     - 

47.  1463,  17  septembre.  Au  chastel  de  Hesdin.  Lettres  patentes  de 
Philippe,  duc  de  Bourgogne,  qui  ajoutent  le  duché  de  Luxembourg  et  les 
comtés  de  Chiny  et  de  la  Roche  au  ressort  de  la  chambre  des  comptes  de 
Brabant,  et  règlent  la  composition  de  cette  chambre,  etc. 

Table  chron.  de  M.  Wûrth-Paquet,  p.  12. 

48.  1463,  11  décembre.  Bruges.  —  Philippe,  duc  de  Bourgogne,  etc., 
donne  la  terre  et  seigneurie  de  Han-sur-Lcch,  qui  est  un  des  quatre  anciens 
fiefs  de  Pairie  du  comté  de  la  Roche,  à  Jean  l'Orfèvre,  chancelier  de  Bra- 
bant et  président  du  conseil  à  Luxembourg,  pour  le  tenir  de  lui  en  fief. 

Table  chronol.  ci-dessus,  p.  13. 

49.  1465, 18  avril.  Bruxelles.  —  Philippe,  duc  de  Bourgogne,  etc,  donne 
à  Antoine,  bâtard  de  Bourgogne,  comte  de  la  Roche  en  Ardenne,  sa  maison, 
située  à  Bruxelles,  près  de  son  hôtel,  qui  avait  jadis  appartenu  à  Jean 
Coustain  et  qui  lui  était  échue  par  droit  de  confiscation,  en  échange  d'une 
autre  maison  que  le  dit  Antoine  possédait  dans  la  même  ville. 

Table  chron.  ci-dessus,  p.  27. 

50.  1467,  8  août.  Bruxelles.  —  Charles,  duc  de  Bourgogne,  etc.  mande 
à  un  procureur-général  de  Brabant,  Malempas,  de  délivrer  à  un  amé  et  féal 
chevalier,  conseiller  et  chambellan,  messire  Philippe  Pot,  seigneur  de  la 
Roche,  la  maison  du  comte  de  Nevers  a  Bruxelles. 

Compte-rendu  des  séances  de  la  Commission  royale  d'hist.  de  Belgique, 
Série  IV,  T.  III,  p.  51. 

51.  1473,  9  février.  Liège.  —  Jean  de  Trina,  chevalier,  seigneur  de 
Grune  et  de  Masbourg,  mayeur  de  Marche  en  Famcnne,  déclare  s'être 
transporté  a  Halleux  et  d'y  avoir  ordonné  aux  prévôt  et  hommes  de  la  Roche 
en  Ardenne,  d'aller  a  chef  de  sens  à  Luxembourg,  on  vertu  des  lettres 
obtenues  par  l'abbaye  de  St-Hubert  de  Guillaume  de  Grenert. 

Cartulaire  de  l'abbaye  de  St-Hubert,  fol.  82  V°  arch.  Bruxelles.  Analyse 
due  à  l'obligeance  de  M.  Wùrth-Paquet,  ainsi  que  les  cinq  suivantes. 

52.  1477,  mars.  —  Antoine,  grand  bâtard  de  Bourgogne,  seigneur  delà 
Roche  en  Ardenne,  fait  prisonnier  le  5  janvier  1477,  à  la  bataille  près  de 
Nancy,  est  livré  par  René,  duc  de  Lorraine,  au  roi  Louis  XT. 

Barante.  Hist.  des  ducs  de  Bourgogne,  Tome  XXII,  p.  113.  Brux.  1825. 

53.  1483  (23  juillet).  —  Mercrdi  après  Sainte-Madelaine.  —  Thierri 
d'Autel,  seigneur  de  Hollenfeltz,  déclare  vouloir  maintenir  ceux  du  comté 
de  la  Roche  en  Ardenne,  dans  leurs  libertés  et  privilèges. 

Arch.  de  la  ville  de  Luxembourg.  Original  en  allemand. 


—    128    — 

54.  1484,  28  janvier.  Donné  a  Melun.  —  Charles,  roi  de  France,  déclare 
que  Jacques  de  Savoie,  seigneur  de  Romont  et  Marie  de  Luxembourg,  sa 
femme,  et  la  sœur  de  celle-ci  sont  compris  dans  le  traité  conclu  à  Arras. 
Ont  signé,  Mr  le  duc  de  Lorraine,  les  comtes  de  Clermont,  de  Vendôme  et 
de  la  Roche  en  Ardenne. 

Lunig.  Codex  Germaniœ  diplomaticus.  Vol.  IL  Col.  1715. 

55.  1487,  21  décembre.  —  Jean,  archevêque  de  Trêves,  répond  à  un 
officier  de  Salm  au  sujet  des  actes  de  violence  dont  il  se  plaint  et  qui  ont 
été  exercés  par  ceux  de  Houflalize,  de  Laroche,  Marche  et  Bastogne.  Il  en 
entrediendra  sérieusement  le  marquis  Christophe  de  Bade,  gouverneur  de 
Luxembourg  qui  viendra  passer  chez  lui  les  fêtes  de  Noël. 

56.  1-488,  12  mai.  Gand.  —  Confédération  entre  les  députés  des  Etats 
des  provinces  de  Brabant,  Flandre,  Hainaul,  Zélande  et  Namur.  Antoine, 
bâtard  de  Bourgogne,  comte  de  la  Roche  en  Ardenne,  a  été  invité  avec 
d'autres  à  ratifier  le  traité. 

Th.  Juste.  Hist.  des  Etats  gén.  des  Pays-Bas.  T.  Il,  p.  170-175. 

57.  1519,  3  juin.  Bruxelles.  —  Confirmation  des  privilèges  de  la  Roche 
par  Charles- Quint. 

Charles,  par  la  grâce  de  Dieu,  Roy  de  Castille,  de  Léon,  de  Grenade, 
d'Arragon,  de  Navarre,  des  deux  Siciles,  de  Walence,  de  Majorque,  de 
Sardene,  de  Corsire,  Archiduc  daustrice  duc  de  Bourgoingne,  de 
Lothier,  de  Brabant,  de  Styer,  de  Karinte,  de  Karmole,  de  Lembourg, 
de  Luxembourg  et  de  Gheldres,  conte  de  Flandre,  de  Habsbourg,  de 
Tyrol,  d'Artois,  de  Bourgne  palatin  et  de  Haynu,  Lantgrave  Delsate, 
Prince  de  Zuave,  Marquis  de  Bourgau  et  du  Saint-Empire,  de  Hollande,  de 
Zéelande,  de  Ferette,  de  Fribourg,  de  Namur  et  de  Zutphen,  conte  seigneur 
de  Frise,  des  Marches,  de  Sclavonie,  de  Portenau,  de  Salins  et  de  Malines. 
A  tous  ceulx  qui  ces  pntes  lettres  verront,  Salut.  De  la  part  de  noz  bien 
amez  les  Prévost,  Mayeur,  Eschevins,  Bourgois,  manans  et  habitans  de  notre 
ville  de  la  Roiche  en  Ardenne  deppenden  de  nre  pays  et  duchié  de  Luxem- 
bourg, Nous  a  pntement  esté  exposé  et  remonstré,  Corne  par  ci-devant, il  ail 
pieu  à  feuz  noz  prédécesseurs,  Ducz  et  ducesses  de  Luxembourg,  Contes  et 
contesses  de  Chiny,  que  Dieu  absoille,  octroyer  et  accorder  à  lad  ville  plu- 
sieurs beaux  prévilèges,  libertés  et  franchises  ;  et  entr'autres  feu  Jehan  Roy 
de  Polaine,  lors  conte  de  Luxembourg,  en  l'an  mil  trois  cens  trente  ung, 
octroya  et  accorda  à  lad  ville,  que  les  bourgois  et  habitans  d'icelle,  joyroient 


—    129    — 

et  useroient  de  la  franchise  et  exemption  de  toutes  tailles,  exactions,  aydes 
et  autres  impositions  quels  conques.  Lequel  previlège  a  depuis  esté  coulermé 
tant  par  feuz  Jehan,  Roy  de  Polaine,  conte  de  Luxembourg,  que  Wences- 
laus,  Roy  des  Romains  et  Duc  de  Luxembourg,  que  Dieu  absoille,  corne 
par  les  Ires  patentes  de  nosd  prédécesseurs  sur  ce  expédiées  appert  plus  a 
plain.  Et  jasoit  ce  que  lesd  exposans  et  leurs  prédécesseurs  aient  toujours 
depuis  plainement  et  paisiblement  joy  et  usé  desd  privilèges,  franchises  et 
libertés,  néanmoins  pour  ce  que  depuis  nre  émancipation  et  réception  à  la 
Sgrie  de  nre  d  pays  et  Duchié  de  Luxembourg,  lesd  previlèges  n'ont  par 
Nous  esté  conferméz,  ratifiiez  ne  apppouvéz,  ils  doubtent  que  l'on  ne  leur 
veuille  cy  après  donner  empeschem  en  la  joyssance  d'iceulx  qui  leu  tourne- 
roit  à  grand  regret,  domaige  et  intérest,  En  nous  requérant  que  attendu 
ce  que  dit  est,  mesmement  ensuyant  la  promesse  à  eulx  fcte  par  nre  très 
chier  et  ame  cousin,  messr  Frederick,  Duc  en  Ravière,  Conte  Palatin  du  Rin, 
par  nous  comis  à  la  réception  d'icelluy  nre  pays  et  Duchié  de  Luxembourg, 
nre  bon  plaisir  soit  leur  confermer,  ratiflier  et  approuver  leurs  sd  previlèges, 
selon  la  forme  et  teneur  des  lettres  de  nosd  feuz  prédécesseurs,  sans  aucun 
changement,  et  sur  ce  leur  faire  expédier  noz  lettres  paten  à  ce  ptinen. 

Savoir  faisons  que  Nous,  ces  choses  considérées,  désirans  le  bien  el 
entretenement  de  nred  ville  de  la  Roche  et  inclinans  favorable- 
ment à  la  supplication  et  requeste  des  d  exposans,  avons  par  bon 
advis  et  meure  délibération  de  conseil,  confermé,  raliffié  et  approuvé, 
confirmons,  ratifiions  et  approuvons  par  ces  pntes  tous  et  quelz  conques 
les  previlèges  à  eulx  donnez,  octroyez  et  accordez  par  nos  dis  feuz  prédé- 
cesseurs, Ducz  et  ducesses  de  Luxembourg,  Comtes  et  comtesses  de  Chiny, 
que  Dieu  absoille.  leur  consentant  et  accordant  qu'ilz  puissent^  pourront 
joyr  et  user  d'iceulx  previlèges  selon  la  forme  et  teneur  des  1res  qu'ilz  en 
ont  obtenues  d'iceulx  nos  prédécesseurs,  prouveu  toutes  voyes  qu'ilz  en 
aient  bien  deuement  et  paisiblement  joy  et  usé  jusques  a  prit.  Si  donnons 
en  mandement  à  noz  amez  etféaulx  les  Gouverneur  ou  son  heuten  et  Gens 
de  notre  Conseil  aud  Luxembourg,  et  à  tous  noz  autres  justiciers,  officiers 
et  subgetz  cui  ce  puet  et  pourra  toucher  et  regarder,  leurs  lieuxten  et  à 
chun  d'eulx  en  droit  soy  et  si  corne  a  lui  appartiendra  que  de  noz  pnte 
grâce,  confermation,  ratification,  approbation,  octroy  et  accord  et  de  tout 
le  contenu  en  cesd  pntes  selon  et  par  la  manière  que  dit  est,  ils  facent 
souffrent  et  laissent  lesds  exposans  et  leurs  successeurs  plainement  et 
paisiblement  joyr  et  user,  sans  leur  faire  mectre,  ou  donner  ne  souffrir, 


—     130     - 

estre  fait  ou  donné  aucun  d'estourbier  ou  empeschement  au  contraire,  Car 
ainsi  nous  plaist-il. 

En  tesmoing  de  ce,  nous  avons  fait  mectre  notre  seel  à  ces  pntes.  Donné 
en  nrë  Ville  de  Bruxelles,  le  ni  jour  de  Juing,  l'an  de  grâce  mil  cinq  cens 
et  dix  neuf,  et  de  notre  règne  le  quatrième. 

L'original  de  cette  charte  se  trouve  dans  les  archives  de  la  ville  de 
Laroche.  Le  sceau  est  à  moitié  rompu. 

58.  1526,  4  juin.  —  Record  du  Mayeur  et  des  Echevins  de  la  Roche 
concernant  les  franchises  de  la  dite  ville. 

Le  vingt  quatrième  jour  de  Juing,  l'an  quinze  cens  et  vingt  six,  par 
devant  nous  Mayeur  et  eschevins  de  la  Roche  en  Ardenne,  situé  au  duché 
de  Luxembourg,  comparurent  en  propre  psone  les  mrebourgois  et  plusieurs 
aultres  bourgois  pour  et  au  nom  de  tous  lesd  bourgois  de  lad  Hoche,  nous 
remonstrant  nonobstant  que  leurs  prédécesseurs,  selon  le  contenu  de  leurs 
Chartres  et  previlèges,  fuissent  estre  tenu  de  cloure  et  fermer  de  muraille 
et  thour  suffissnt  lad  ville  de  la  Roche,  pmy  certaine  somme  de  deniers  par 
chun  an  mis  aud  ouvraige  tant  que  lad  ville,  thour  et  ouvraige  fuisse  pfaicle 
et  ferme,  et  qui  plus  est,  doient  lesd  bourgois  entretenir  lad  ville  de  mu 
raille  à  leur  despen  selon  le  contenu  desd  chai  1res,  ce  que  lesd  bourgois 
ont  fait  et  font  journelement  à  leur  propre  despen  ;  Lesq,  pmy  tel  édifice 
tel  édifice  et  entretenement  lesd  bourgois  de  lad  ville  et  de  dehors,  seroient 
à  toujours  maix  tenu  quicte  et  exempts  de  tout  taille,  couvées,  prières, 
exactions,  emprumpt  d'argent,  mariage,  chevalerie,  prison  et  de  tous  aultres 
droix  en  quoy  lesd  bourgois  fussent  tenus.  Or  est-il  que  du  pnt  l'on  les 
veult  faire  payer  une  ayde  de  seze  patt  par  feus  accordée  à  l'Empereur  nre 
Sgr  par  les  Etats  dud  Luxembourg,  à  quoy  semble  lesd  bourgois  qu'ils 
soient  grandemet  travaillie  et  que  cest  totalement  contre  leur  franchiese. 
Nous  requérant  que  leur  voulsissimes  déclarer  ce  que  en  astions  salvans  et 
wardans,  nous  les  ung  aulx  aultres  conseilliés,  ayant  visité  lesd  Chartres 
lesquelles  sont  raliffiés  et  confermés  par  l'Empereur  nre  Sgr,  nous  raportons 
que  selon  le  contenu  d'icelles  lesd  bourgos  doient  estre  francs  de  tous 
poings  contenu  esd  Chartres,  pmi  tel  redevabilité  contenu  aux  originals  en 
icelles,  icy  dessus  déclaré,  si  ce  n'est  leur  volunlé  de  donner  aucune  grâce 
à  l'Empereur,  ce  que  lesd  bourgois  puellent  cordialement  et  de  bon  cœur 
par  cy  dnl  avoir  fait  ainsi  que  par  copie  d'icelles  collationnées  par  Me  Charle 
Verderne  puelt  appoir  icy  ce  que  ne  leur  doit  tourner  à  préjudice  contre 


—    131     — 

leur  previlège.  Tesmoing  de  vérité  nous  avons  icy  appendu  le  seel  de  la 
Roche  duquel  nous  usons  en  tel  et  semblable  cas,  les  an  et  jours  dessus 
escript. 

L'original  sur  parchemin  se  trouve  dans  les  archives  de  la  ville  de  La- 
roche. Le  sceau  a  disparu. 

59.  1530,  30  juin.  Malines.  —  Nouvelle  confirmation  des  privilèges 
de  la  ville  de  la  Roclie  par  Charles  Quint. 

Charles,  par  la  divine  Clémence,  Empereur  des  Romains,  toujours 
Auguste,  Roy  de  Germanie,  de  Castille,  de  Léon,  d'Arragon,  de  Navarre, 
de  Naples,  de  Sicile,  de  Majorque,  de  Sardaigne,  des  Yles  Yndes  et  Terre 
Ferme,  de  la  Mer  Occiane,  Archiduc  d'Autrice,  Duc  de  Bourgoingne,  de 
Lothr,  de  Brabant,  de  Lembourg,  de  Luxembourg,  etc.,  Conte  de  Flandre, 
d'Artois,  de  Bourgoingne  palatin  et  de  Haynau,  de  Hollande,  de  Zéelande, 
de  Ferette,  de  Fribourg,  de  Namur,  ect.  Prince  de  Suave,  Marquis  de 
Burgau  et  du  Saint-Empire,  Seigneur  de  Frize,  de  Salins,  de  Malines,  des 
cité,  villes,  et  pays  d'Utrecht  et  d'Overyssel,  et  Dominateur  en  Asie  et  en 
Afrique,  etc.  A  tous  ceulx  qui  ces  pnts  1res  verront,  Salut. 

De  la  part  de  noz  bien  amez  les  bourgois  manans  et  habitans  dedens  et 
dehors  de  nre  ville  et  conté  de  la  Boche,  en  Ardenne,  nous  a  esté  exposé 
comment  feu  Jehan,  Roy  de  Bohême  et  de  Polaine,  en  son  vivant  conte  de 
Luxembourg  et  de  la  Roche  en  Ardenne,  pour  accroistre  la  dite  ville  en 
honneur  et  noblesse,  et  la  multiplier  de  bourgois  et  manans,  a  décoré  icelle 
ville  de  plusieurs  beaulx  previlèges,  et  entre  autres  par  ses  Ires  patentes, 
en  date  du  me  jour  d'Avril  l'an  mil  mc  xxxi,  octroyé  auxdits  supplians  et 
leurs  prédécesseurs,  pour  luy,  ses  hoirs  et  successeurs  contes  du  dit  Luxem- 
bourg et  de  la  Roche,  exemption  etquictauceà  perpétuité  de  toutes  prières, 
tailles,  aydes,  exactions  d'argent,  d'emprunts  et  d'autres  choses  quelz 
conques  que  luy,  ses  hoirs  et  successeurs  leur  pourroient  jamais  requérir 
ou  demander  pour  cause  de  mariaige.  de  chevalerie,  de  prison,  ou  d'autres 
cas  dont  les  dits  suppls  seroient  tenuz  faire  subside  aud  feu  Sr  Roy  et  ses 
ds  hoirs  et  successeurs  contes  dud  Luxembourg  et  de  la  Roiche,  saulf  les 
rentes  et  amendes  qne  les  Eschevins  dud  lieu  gardent.  A  charge  que 
moyennant  lad  exemption  les  ds  supls  seroient  tenuz  d'entretenir 
perpétuellement  et  à  toujours  nre  dite  ville  de  la  Roche  de  portes, 
tours,  munailles  et  autres  ediffices  quelz  conques  à_ leurs  frais  et 
despens,  et  aussi  à  charge  de  plusieurs  autres  services,  corne  d'estre  armez 


-     132     - 

souffissammeiit  chun  selon  les  estât,  et  prendre  à  leurs  bourgois  afforains, 
chariots,  bœufs,  moutons  et  porcs,  ainsi  que  d'ancienneté  a  esté  usé,  et 
aussi  de  livrer  douze  arbaleslriers  pour  servir  le  dit  Sr  Roy,  et  ses  dis 
successeurs  Ducs  de  Luxembours  en  leurs  guerres  et  armées,  comme  ces 
choses  sont  plus  au  long  contenues  esdites  1res  paientes  lesquelles  ont 
depuis  par  nous  esté  confermées,  et  dont  la  teneur  de  mot  à  autre  s'ensuyl  : 
«  Nous  Jetians  par  la  grâce  de  Dieu  lîoys  de  Behangne  et  de  Polaine.  .  .  . 
Ici  est  inscrite  la  charte  de  1331. 

Et  jasoit  que  les  ds  supps  deussent  en  rayson  et  équité  paisiblement 
joyr  et  user  de  la  dite  exemption  et  franchise  d'aydes  selon  et  ensuivant  le 
contenu  desdeds  Ires  de  privilège;  toutes  voyes  pour  ce  que  depuis  la  con- 
cession d'icelles,  ils  peuent  aucunes  fois  et  mesmemeut  depuis  xx  ou  xxx 
ans  en  ca  et  plus,  avoir  par  simplesse.  ignorance,  et  contre  leur  gré 
et  consentement,  et  aussi  par  force  d'armes  et  exécutions  réelles 
et  violentes,  avoir  payé  leur  portion  en  aucunes  aydes  qui  nous  ont 
esté  accordées  par  les  Estats  de  nre  pays  de  Luxembourg.  Ce 
que  en  raison  et  équité  ne  leur  devroit  prejudicier  ne  tourner  en 
conséquence,  nre  receveur  général  de  Luxembourg,  ou  autres  noszcomis 
et  députez  a  collecter  et  recevoir  l'ayde  derrt  a  nous  accordé,  sans  avoir 
regart  ausds  previlèges,  menassent  journellement  lesds  suppls  de  les  con- 
traindre par  réelle  exécution  à  payer  leur  portion  au  dit  ayde.  Au  moyen 
de  quoy  les  dictz  suppls  pour  la  grant  charge  qu'ils  ont  pntement  a  sup- 
porter tant  à  cause  de  la  couverture  d'ardoises  de  deux  tours  de  nreil  ville 
que  puis  uagaires  ils  ont  refaîtes  tout  de  nouvel,  et  de  certain  pan  de  mur 
d'environ  trente  ou  quarante  thoyses,  puis  nagaires  illec  tombé  et  lequel 
leur  fauldra  faire  couvrir  et  refaire  tout  de  nouvel  en  ceste  saison  d'esté  à 
leur  grosse  despens,  seroient  contraincts  de  laisser  et  habandonner  nre 
dicte  Ville,  par  ce  que  obslant  leur  povreté,  impossible  leur  seroit  porter 
et  furnir  toutes  les  cherges  dessusdictes,  se  n'est  que  de  nre  Grâce  leur 
soit  sur  ce  pourvcu,  en  nous  suppliant  très  humblement  que  en  ayant 
regart  à  ce  que  dit  est  mesmement  à  leur  povreté,  et  qu'ils  ont  toujours 
jusqu'à  put  bien  et  deuement  entretenu  nred  dicte  Ville  de  portes,  tours, 
murailles  et  autres  édiffices  quelconques,  à  leurs  gros  frais  et  despens,  et 
fait  et  accomply  les  autres  cherges  et  services  dessusdicts  quant  requis  en 
ont  esté,  notre  bon  plaisir  soit  les  faire  souffrir  et  laisser  joyr  et  user  de  leur 
susdicts  previlèges  selon  le  contenu  d'iceulx,  sans  les  faire  ne  souffrir  con- 
traindre à  payer  aucun  ayde,  et  avec  ce  les  relever  de  ce  que  par  simplesse, 


-     133    — 

ignorance  et  contre  leur  gré  et  consentement  et  aussi  par  force  d'armes  et 
d'exécution  violente  corne  dessus,  ils  ont  aucune  fois  payé  leur  portion  et 
aydes  à  nous  accordez  en  nre  dit  pays  de  Luxembourg,  et  surtout  leur 
expédier  et  de  livrer  noz  1res  patentes  en  tels  cas  ptinentes. 

Savoir  faisons  que  Nous  ces  choses  considérées,  et  sur  icelles  en  l'advis 
premièrement  de  nos  améz  et  feaulx  les  gens  de  noz  comptes  à  Bruxelles, 
et  en  après  des  chief  et  trésorier  général  comis  sur  le  fait  de  nos  domaines 
et  finances,  et  inclinant  favorablement  a  la  suplicacion  et  requeste  des  dicts 
suppls  avons  à  meure  déliberacion  de  conseil  déclaré  et  déclarons  de  grâce 
espéal  par  ces  pntes  que  nre  vouloir,   plaisir  et  intencion  est  qui  iceulx 
supls  et  leurs  successeurs  manans  et  bourgois  de  dedens  dehors  nred  ville 
et  conté  de  la  Roche  non  estans  de  serve  condicion,  joysent  et  usent  en- 
tièrement des  previlèges  et  exemptions  et  franchises  à  eulx  accordez  par 
nosdictz  feuz  prédécesseurs  ducs  et  duchesses  de  Luxembourg  et  par  Nous 
conferméz,  aux  charges  condicions  et  selon  la  forme  et  teneur  des  1res  de 
previlège  cy  dessus  insérées,  et  que  ensuyant  ce,  ils  seroient  tenuz  quictes 
et  deschargéz  de  nous  payer  aucuns  aydes  sans  doresnavant  povoir  estre  à 
ce  contrains  sous  umbre  que  aucunes   fois  par  simplesse,  ignorance  et 
contre  leur  gré  et  voulenté,  et  par  force  d'armes  ou  autre  exécucion  réelle 
et  violente,  ils  ayeut  contribué  esdicts  aydes.  Ce  que  ne  leur  voulons  au 
dict  cas  aucunement  préjudicier  ne  estre  tiré  à  conséquence  au  préjudice 
de  leurs  dicts  previlèges,  franchises  et  exemptions.  Ainsi  les  en  avons  re- 
levez et  relevons  de  grâce  espéal  par  ees  dictes  présentes,  le  tout  toutes 
voyes  tant  et  jusques  à  ce  que  cy  après  par  nous  ou  noz  successeurs  ducs 
et  ducesses  de  Luxembourg  et  les  dits  suppls  ou  leurs  successeurs  préa- 
lablem  appelez  et  oyz  autrem  en  sera  ordonné. 

Si  donnons  en  mandement  à  noz  améz  et  féaulx  les  chief  président  et 
gens  de  noz  privé  et  grand  consaulx,  gouverneur  et  gens  de  notre  conseil 
à  Luxembourg  auxd  et  de  noz  finances  et  de  noz  comptes  a  Bruxelles,  rece- 
veur général  de  Luxembourg,  et  aux  comis  ou  a  comettre  à  collecter  et 
recevoir  les  aydes  à  nous  accordez  et  à  accorder  en  nre  dt  pays  de  Luxem- 
bourg, et  a  tous  noz  aultres  justiciers  et  officiers  cui  ce  peut  et  pourra 
toucher  et  regarder,  leurs  lieutenants  et  chun  d'eulx  en  droit  soy  et  sy 
corne  à  luy  appartiendra  que  de  nre  pnte  grâce,  déclaration  et  accord  et  de 
tout  le  contenu  en  ces  ds  pntes  et  es  1res  cy  dessus  incorporées  selon  et 
par  la  manière  que  dit  est,  ils  facent,  seufrent  et  laissent  les  dis  suppls  et 

40 


—     134    — 

leurs  successeurs  bourgois  et  marions  dedens  et  dehors  nre  dite  ville  et 
conté  de  la  Roche  non  estans  de  serve  condicion,  corne  dit  est,  plainement, 
paisiblement  et  entièrement  joyr  et  user  sans  leur  faire  mettre  ou  donner 
ne  souffrir  eslre  fait,  mis  ou  donné,  oires  ne  au  temps  à  venir  aucun 
arrêt,  destourbier  ou  cmpeschemenl  au  contraire,  car  ainsi  nous  plaist-il, 
nonobstant  quelconques  ordonnances  restrinctions  mandemens  ou  défences 
à  ce  contraires.  En  tesmoing  de  ce  Nous  avons  fait  mettre  nre  seel  à  ces 
pnles.  Donné  en  nre  Ville  de  Malines  le  dernier  jour  de  juin  l'an  de  grâce 
mil  cinq  cent  et  trente.  Et  de  nos  règnes  assavoir  de  celuy  des  Romains 
et  le  xic  et  Casiille  est  le  xnir. 

Cette  charte  se  trouve  dans  les  archives  de  la  ville  de  Laroche  ;  le  sceau 
est  à  moitié  rompu. 

60.  J 545,  21  novembre.  —  Record  des  Eschevins  de  Liège  contenant  la  décla- 
ration que  les  Bourgeois  de  la  Boche  sont  exempts  du  droit  de  tonlieu  dans 
le  pays  de  Liège. 

Copie  faicte  par  nous,  les  Eschevins  de  Liège,  extraicte  hors  de  nre 
régre  auctenticque.  L'an  quinse  cens  et  quarante  chineque,  le  vingt  unyeme 
jour  de  novembre  sur  ce  que  Wilheame  Gobar  sy  que  fermier  et  accenseur 
de  partie  de  toillieu  nomeit  comunement  délie  mazenge  en  ceste  cité  de 
Liège  eust  prétendu  d'avoir  et  lever  aux  bourgeois  de  la  ville  et  conté  de 
la  Roiche  en  Ardenne,  toillieu  et  haulconduyt  des  densrées,  passaige  et 
marchandieses  qu'ils  conduisoient  parmi  la  de  Cité,  et  que  pour  par  eulx 
monslrer  exemption  et  liberteit  de  non  payer  eusse  le  vingte  qualtreme 
jour  d'octobre  dernier,  accordeit  à  Englebert  de  Wailhet,  eschevin  et  Johan 
Germain  mre  bourgoy  de  la  de  ville  délie  Roiche,  partie  faisans  pour  lesd 
surseans,  terme,  d'apporter  dedens  ung  mois  lors  prochain  et  monstrer 
titles  de  previlèges  et  exemptions  pourquoy  seroient  affranchis  de  payer  led 
toillieu,  en  ayant  corne  disoient  donneit  plege  bourgoy  respondant  pour 
eulx  Suyant  quoy  pour  leurd  plege  indempniseir  et  furnir  ad  ce  que  dit 
est,  lesd  Englebert  et  Johan  produyrent  ce  jourd'hui  en  nos  mains  certaine 
lettre  d'attestation  procédante  des  Eschevins  de  la  de  Ville,  par  laquelle 
certîiioient  que  en  vertu  des  1res  accordées  par  feu  Adolff  jad  Evesque  de 
Liège,  son  chappitre  et  bonnes  villes  de  la  du  evesquée  que  nous  ont  esté 
monstrées  daultées  de  l'an  mil  trois  cens  quarante  troix  le  premier  jour  de 
juillet,  que  ceulx  de  la  conté  de  la  Roche  ne  dévoient  eslre  appeleis  à  la 
paix  de  Liège,  mesme  que  suyant  certain  record  rendu  par  les  pères  de  la 


-     135    — 

de  Roiche  le  owyteme  jour  de  marce  an  mil  quatre  cens  et  diex  sept,  et 
l'apprieze  qu'ils  avoient  fait  à  leurs  prédécesseurs  eschevins  et  de  plussrs 
gens  de  bien  de  sy  loing  temps  quil  nestoit  mémoire  de  contraire  tous 
bourgois  de  la  d«  Conté,  terre  et  Sgrie  de  la  Roiche  estoient  quictes  et 
exempts  de  payer  par  tout  le  pays  de  Liège  aucuns  deniers  de  leurs  den- 
rées et  marchandiezes  à  eulx  parlenantes,  fuisse  toillieu,  haulconduyt  ou 
semblables,  et  que  parellement  tenoient  les  borgois  de  la  cileit  et  pays  de 
Liège,  francks  et  exemps  en  la  dite  contée  de  la  Roiche,  corne  eulx  miesme, 
savoir  faisons  que  après  par  nous  avoir  les  dites  certifications,  Ires  de 
previlège  et  autres  propos  tenus  et  remonstreis  par  lesd  délie  Roiche 
d'avoir  de  si  loingtemps  qu'il  nestoit  mémoire  de  contraire,  passeit,  con- 
duvt  et  meneit  leurs  densrées  et  marchandiezes  par  et  hors  la  Cité  librement 
et  paisiblement  sans  aucuns  empeschemens  ou  exaction  du  dit  toillieu, 
contre  quoy  n'at  led  Gobar  riens  apposeit  ny  contendu  efficacement  à  con- 
traire Parquoy  oyu  et  entendu  tout  ce  qu'il  at  plaisu  aux  dles  parties  dire 
et  proposer  de  bouche,  Nous  sur  tout  ce  meurement  conseillés,  avons  dit 
et  enseigniet  aile  somonsse  de  Majeur  considéré  les  acts,  explois  et  re- 
monstrances  susdes,  miesmement  l'accord  et  consentement  du  dl  Gobar,  les 
ds  de  la  Roiche  ne  deveront  ou  seront  tenus  de  payer  quelcque  toillieu  ou 
haulconduyt,  se  doncques  le  dl  Gobbar  ne  volloit  monstrer  tilles  parqueis 
les  ds  délie  Roche  seroient  servies  et  subjects  à  la  redevabilité  et  payement 
dud  toillieu,  et  pour  certaines  causes  nous  ad  ce  moventes  compensons  les 
despens  de  la  présente  querelle  et  porsuyte.  Donné  par  copie  subz  les 
seels  Bartelemy  de  Rien  dit  de  Gand  et  Omfry  de  Lemborgh  pour  le  temps 
nos  mres  coveschevins  de  Liège  desquels  usons  ensembles  en  tels  et  sem- 
blables cas,  les  ans,  mois,  et  jours  susds.  —  Soirion. 

Cette  charte  se  trouve  dans  les  archives  de  la  ville  de  Laroche.  Les 
sceaux  ont  disparu. 

61.  —  1559.  29  mai.  Bruxelles.  —  Confirmation  des  privilèges  de  la  Roche 

par  Philippe  IL 

Philippe  par  la  grâce  de  Dieu  Roy  de  Castille,  de  Léon,  d'Arragon,  de 
Navarre,  de  Naples,  de  Sicile,  de  Maillorque,  deSardaine,  des  Ysles  Indes 
et  terre  ferme,  de  la  mer  Occeane,  Archiduc  d'Austrice,  Duc  de  Bour- 
goingne,  de  Lothr,  de  Brabant,  de  Lembourg,  de  Luxembourg,  de  Geldre 
et  de  Milau,  conte  de  Habsbourg,  de  Flandres,  d'Artois  de  Bourgoingne 
palatin  et  de  Haynau,  de  Hollande  de  Zélande,  de  Namur  et  de  Zutphen, 


—     136     — 

Prince  de  Suave,  Marquis  du  S1  Empire,  Sgr  de  Frise,  de  Salins,  de  Malines, 
des  cité,  villes  et  pays  d'Ulrecht,  d'Overyssel  et  de  Grœnnigen  et  Domina- 
teur en  Aisie  et  en  Aifïricque,  à  tous  ceulx  qui  ces  pntes  verront,  Salut. 
De  la  part  de  nos  bien  amés  les  francqs  bourgeois  de  la  fermeté  dedens  et 
dehers  nre  ville  et  conté  de  la  Roche,  en  Ardenne,  Nous  a  esté  remonstre, 
Comme  par  Chartres  de  temps  immémorial  à  eulx  accordées  par  nos  pré- 
décesseurs en  la  de  conté  de  la  Roche,  et  depuis  conlirmées  en  l'an  XVe 
trente,  ils  sont  esté,  et  sont  demeurés  affranchis  de  avec  autres  bourgeois 
résidens  en  icelle  conté,  gens  taillablcs  contribuer  es  prières,  tailles,  aydes, 
subventions,  exactions  d'argent,  d'emprunt  et  quelsconcques  charges  ais- 
sieltes  ou  dons  previlégiés,  qui  se  pourroient  accorder  et  otlroyer  par  les 
trois  Estats  de  nre  Ducé  de  Luxembourg,  moyennant  et  parmy  qu'ils  doibvent 
tenir  et  entretenir  la  dite  ville  de  la  Roche  de  murailles,  tours,  portes  et 
couvertures  à  leurs  propres  cousis,  frais  et  despens,  et  avec  ce  aussi  livrer 
et  entretenir  au  service  et  pour  la  delîence  d'icelle  ville  douze  arbeleslriers, 
tellement  que  quant  parcydevant  pour  certaines  aydes  à  nous  accordées  par 
les  dis  trois  Estats,  ou  à  nos  prédécesseurs,  l'on  les  auroit  voulu  faire  con- 
tribuer, ils  en  seroient  a  chne  fois  demeurés  deschargés  meismement  des 
aydes  accordées  l'an  XVe  quarante  ung  et  depuis,  et  combien  que  ce  con- 
sidéré il  ne  fust  a  personne  loisible  de  au  contraire  de  leurs  des  franchises 
les  submectre  auxdes  charges,  ce  néanmoins  depuis  quelque  temps  ença  le 
comis  de  nre  Receveur  général  dud  pays  de  Luxembourg  se  seroil  avancé 
et  s'avance  journellement  de  vouloir  contraindre  lesremonstrans  ou  aucuns 
d'eulx  à  contribuer  aux  aydes  accordées  par  les  ds  trois  Estais  pour  les 
ouvraiges  et  fortifications  dud  pays  de  Luxembourg  en  l'an  XVe  cinquante 
ung  sousumbre  de  ce  que  les  commissaires  alors  assavoir  le  Receveur  et 
le  Lieutenant  prevost  de  Rastoingne,  ayans  prins  les  denombremens  de 
feuz  et  feunaiges  du  dt  pays  de  Luxembourg  au  quartier  d'Ardenne  au  dit 
an  cinquante  ung,  sans  avoir  regart  ausdis  previlèges,  et  sans  aussi  rece- 
voir dénombrement  des  dis  francqs  bourgois  par  ceulx  de  la  justice  de  lad 
Roche  ausquels  la  cognoissance  appertient  le  donner  estans  circunvenus  et 
abusés  sur  le  dénombrement  prins  en  l'an  quarante  ung  aussi  dernier  passé, 
auroient  ensuy  le  dl  dénombrement  etsuyvant  iceluy  rédigé  les  ds  remons- 
trans  avec  autres  de  serve  condition  et  gens  taillablcs  illecq,  lesquels  re- 
montrans  aud  an  quarante  ung  auroient  par  ceulx  des  finan  de  feu  de  très 
haulte  mémoire  l'Empereur  Monseig1'  et  père  cui  Dieu  absoille,  esté  séparés 
et  mis  hors  d'avec  autres  susds  de  serve  condition,  comme  se  peult  plus  à 


—    137    — 

plain  veoir  par  les  despesches  en  estans,  parquoy  lesdis  Remonstrans  con- 
sidéré que  les  dis  previlèges  leur  auroyent  par  cognoissance  de  cause  et 
par  l'advis  de  ceulx  de  nos  comptes  esté  accordés,  et  que  toujours  ils  ayent 
bien  et  deuement  fait  et  encoires  font  les  charges  contenues  aus  ds  previ- 
lèges, tellement  qu'ils  leur  a  convenu  redresser  certain  pand  de  murailles 
à  la  ville  et  furny  les  autres  charges,  comme  appert  par  lattestation  scellée 
et  signée  de  la  susde  justice  aussi  en  estant  et  meismes  que  ceulx  de  nre 
grand  conseil  à  Malines  par  devant  lesquels  ils  ont  esté  en  droit  les  ont 
renvoyé  vers  ceulx  de  nos  finances,  Nous  ont  très  humblement  suplyé  et 
requis  qu'il  nous  pleust  ordonner  que  nre  Receveur  général  de  Luxem- 
bourg selon  et  en  suyvant  lesds  previlèges  ait  à  cesser  de  toutes  exécutions 
contre  eulx,  et  qu'il  les  sépare  d'avec  autres  de  serve  condition  susdit,  et 
sur  ce  leur  faire  despescher  nos  Ires  patentes  en  tel  cas  pertinentes. 

Savoir  faisons  que  Nous  les  choses  dessus  ds  considérées  et  sur  icelles 
en  l'advis  premiers  de  nre  Receveur  gnal  de  Luxembourg  Herman  Rreisgm, 
en  après  de  nos  amés  et  feaulx  les  Président  et  Gens  de  nos  Comptes  à 
Rruxelles,  et  conséquemment  des  chiefs  trésorier  gnal  et  commis  de  nos 
domaine  et  finan,  inclinans  favorablement  a  la  requeste  des  dis  suplians 
avons  déclairé  et  déclairons  par  ces  présentes  que  tous  les  bourgeois  que 
la  loy  et  justice  de  la  dite  ville  et  conté  de  la  Roche  en  Ardenne  déclairera 
par  noms  et  surnoms  estre  tenus  à  la  contribution  de  Pentretenement  de 
la  d"  ville  et  non  autres  seront  tenus  francqs  et  exemps  de  contribuer  avec 
autres  bourgeois  et  gens  taillables  et  de  serve  condition,  résidens  et  ma- 
nans  de  la  d<=  conté  aux  prières,  tailles,  aydes,  subventions,  exactions  d'ar- 
gent et  quelsconcques  charges,  assiettes,  corwées  et  dons  previlégiés  qui 
sont  esté  et  se  pourroyent  accorder  et  ottroyer  par  les  trois  Eslats  de  nre 
d'  pays  et  Ducé  de  Luxembourg  pourveu  que  moyennans  lad  exemption 
lesds  suppls  seront  tenus  tenir  et  entretenir  la  d  ville  de  tours,  portes, 
murailles,  couvertures  et  de  tous  autres  edifOces  quelsconcques  à  leurs 
propres  frais  et  despens,  et  pour  le  service  et  deffence  d'icelle  ville  aussi 
entretenir  douze  arbelestriers. 

Si  donnons  en  mandement  a  nos  amés  et  feaulx  les  Présidens^et  Gens  de 
nos  privé  et  grand  Consaulx,  Gouverneur  Président  et  Gens  de  nre  Conseil 
à  Luxembourg  aussy  de  nos  finances  et  de  nos  comptes  à  Bruxelles,  nre 
dl  Receveur  de  Luxembourg,  et  à  tous  autres  nos  justiciers,  officiers  et 
subgets  cui  ce  regardera,  que  de  nre  pnte  grâce,  déclaration,  consentement 
et  accord  selon  et  en  la  manière  que  dit  est,  ils  lacent,  souffrent  et  lais- 


—     138     - 

sent  les  ds  supls"  plainement  et  paisiblement  joyr  et  user  sans  leur  faire 
mettre  ou  donner  ne  souffrir  estre  fait  mis  ou  donné  aucun  trouble  ou  em- 
peschement  au  contraire,  car  ainsi  nous  plaist-il.  Ln  lesmoing  de  ce  nous 
avons  fait  mettre  notre  seel  à  ces  pntes  Donné  en  notre  ville  de  Bruxelles 
le  pénultière  jour  de  May,  l'an  de  grâce  mil  cinq  cens  cinquante  neuf:  de 
nos  règnes  assr  des  Espaignes,  Sicile,  etc.  le  quatriesme  et  de  Naples  le 
sixiesme. 

Cette  charte  se  trouve  dans  les  archives  de  Laroche.  —  Le  sceau  a 
disparu. 

62.  —  1561.  18  mars.  —  Record  pour  les  francs  Bourgeois. 

Nous  Englebert  de  Wailhey  mayer  de  la  ville  et  franchise  de  la  Roche 
en  Ardenne,  Linart  de  Villez  Michiel  de  Hotlon,   Jacquement  de   Filly, 
Englebert  Ferrier,  Collart  des  Champs,  Henri  de  Vevier  et  Jehan  des  champs 
eschevins,  Jehan  le  Mede  sergeant  sur  la  rete  à   nous  faict  par  Jacques 
Larmoyer  notre  bourgois  de  la  dle  ville  et  conté  au  nom  de  tous  les  francs 
bourgeois  tant  dedans  q  dehors  la  dte  ville  advons  dict  et  recordé  et  par 
ceste  pnte  disons  et  recordons  que  en  suyvant  les  Chartres  et  privillèges  de 
temps  immémoriaux  accordées  et  conférées  aux  dits  franeqs  bourgeois  en 
général  tant  ceulx  résidens  ou  manans  dedens  la  dte  ville  et  franchise  que 
généralement  iceulx  de  dehors  que  ils  sont  d'une  mesmes  sortes  et  condi- 
tions joyssans  et  à  eulx  appartenant  l'ung  comme  l'aultre  en  général  de 
touttes  franchieses  libertés  et  privillèges  uses,  costumes  et  drois  à  eulx 
deus  et  appartenant  estans  les  francs  borgeois  en  général  tant  ceulx  dedens 
que  ceulx  de  dehors  la  dite  ville  de  la  Roche  aussi  franeqs  et  exempts  de 
payer  tonnys  hault  conduyts  et  passaiges  et  autres  droits  en  tout  et  partout 
les  ung  comme  les  autres  :  recordons  en  ouire  les  dicls  franeqs  bourgeois 
de  temps  immémorial  eslre  et  avoir  esté  et  debvoir  estre  franeqs  et  exempts 
de  payer  aulcuns  droits  susdicts  ne  de  haulz  conduyts,  toulieux,  tonny  et 
passaiges  de  leurs  biens  densrées  et  marchandieses  passant  et  traictant  par- 
tout le  duchés  de  Luxembourg  es  villes  ou  franeqs  villages  de  la  dicte  duchés 
comme  au  dict  Luxembourg,  Arlon,  Thionville,  Dauville,  conté  de  Chiny, 
Elernacht,  Bedbruct,  Bastogne,  Marche,  Neufchastel  et  autres  n'est  qu'ils 
les  mènent  et  fassent  mesner  par  voyllures  comme  aussi  et  des  mêmes 
nous  tenons  les  susdictes  en  la  dicte  ville  et  comté  de  la  Roche,  et  aussy 
lavoir  veu  joyr  et  usé  par  costume  et  statu  inviolablement  observés  entre 
les  dicls  lieux  et  villes,  et  ceste  dicte  ville  et  comté  de  la  Roche.  Recor- 


-    -139    — 

dons  en  oultre  que  nous  tenons  les  bourgeois  de  Baslogne  aussy  francqs 
en  la  dicte  ville  et  conté  de  la  Roche,  comme  les  mêmes  francqs  bourgeois 
Je  la  dicte  ville  et  conté  et  non  tenus  payer  aulcuns  droicts  susdicts  ne 
aultres  non  plus  ne  moins  que  se  ils  fuissent  résidens  et  manans  dedens  la 
dicte  ville  et  franchise  de  la  Roche  et  aussy  sernblablement  sont  les  dicts 
de  la  Roche  tant  ceulx  résidens  et  manans  dedens  la  dicte  ville  que  sont 
de  dehors  au  lieu  et  prévosté  de  Bastogne.  Et  c'est  ce  que  nous  en  rendons 
par  bon,  juste  et  beal  record  ainsy  se  rapportant  de  nous  les  ung  aus 
aultres.  Et  en  tesmoing  de  ce  advons  a  ceste  pnte  apposé  nre  seal  de  justice 
dont  usons  en  tel  et  semblable  cas.  Fait  et  donné  à  la  Roche  le  XVIIIe  de 
mars  XVe  LXI. 
Extrait  des  registres  de  la  cour  féodale  de  Laroche. 

63.  1561,  15  juillet.  —  Record  rendu  à  la  requête  des  Mayeurs  et  Echevins 

de  Bastogne. 

Nous  Englebert  de  Wailhey  maieur  de  la  ville  et  franchiese  de  la  Roche 
en  Ardenne,  Lynare  de  Villez,  Michiel  de  Hotton,  Jacquement  de  Filly, 
Englebert  Ferrier,  Cola  des  Champs,  Henri  du  Vivier  et  Jehan  des  Champs 
tous  éschevins  de  la  de  franchiese  et  Jehan  le  Mede  sergeant.  A  tous  ceux 
qui  ces  putes  verront  et  oiront,  Salut. 

Scavoir  faisons  que  par  devant  nous  sy  comme  par  devant  mayeur  et 
justice  susdte  sont  coparus  psonellement  les  mayeur,  éschevins  et  gens  de 
loix  de  la  la  ville  de  Bastogne  lesquelles  nous  ont  requis  scavoir  par  bon 
record  ce  que  ung  chacun  bourgeois  ou  eslrangier  forfaict  en  appelant  le 
bourgeois  hors  de  sa  maison,  par  courrouse  et  rigueur,  tant  soit  en  jour  de 
franche  foire  ou  autrement,  ensemble  de  ferir,  frapper  et  toucher  par 
fureur  et  rigueur  h  la  maison  d'ung  bourgeois,  aussy  de  courir  sus  et 
frapper  ou  cercher  le  bourgeois  en  sa  maison  avec  espée  nue  ou  autres  : 
Et  aussy  quant  le  bourgeois  l'un  avec  l'autre  ou  estrangier  ont  querelle  et 
débat  en  la  maison  d'un  bourgeois  en  la  franchiese  jour  de  franche  foire 
ou  autrement  quelle  forfaiclure  et  selon  quels  cas  ils  doibt  amendé. 

Et  de  tout  ce  qui  concerne  tout  droit  et  protection  d'iceluy  anchienne- 
ment  observé  à  la  conservation  des  amendes,  forfaictures,  franchieses  et 
libertés  tel  qu'il  appartient,  sur  tout  ce  mon  dit  maieur  nous  at  semoné. 
Et  après  avoir  esté  à  conseil  ies  ung  az  autres  et  dernièrement  viseiteis  nos 
papiers  et  registres  auctenliques  se  disons  et  recordons  tant  par  prinses  de 
nos  feu  prédécesseurs  éschevins  que  mesme  sawons  et  vvardons  que  la 


—    140    - 

maison  du  bourgeois  a  telle  franchiese  que  nul  ne  peult  aller  quérir  l'homi- 
cide dedans  la  maison  du  dit  bourgeois  si  ce  n'est  par  la  licence  dedans 
l'espace  de  xl  jours.  Et  s'il  advenait  qu'ung  bourgeois  ou  estrangier  appelast 
et  huchast  par  fureur  et  courrose  le  borgeois  hors  de  sa  maison,  fuist  à 
jour  de  francq  foire  ou  autrement  si  avant  que  le  borgeois  se  plaindist, 
Iceluy  tels  est  à  l'amende  de  dix  francs  et  deux  tiers  avec  la  boce,  ou  pour 
le  moins  obtenir  le  grez  du  Sgr.  Et  Iceluy  ou  ceulx  borgeois  ou  estranger 
qui  averoit  frappé  et  férir  d'espées  nues,  d'espieux,  de  javelines,  de  halle- 
bart  ou  d'autres  bastons  de  fer  ou  d'acier,  ou  de  massues,  ou  coups  de 
pieres  feris  et  rués  mesment  de  traict  de  feu  ou  d'arbalastres  à  la  maison 
des  dits  bourgeois  jour  de  francq  foire  ou  autrement,  ou  voloir  efforcer  la 
maison  du  dit  borgeois  fuist  huys  ou  fernestres  de  pieds  ou  de  poigne  est 
condempnable  à  l'amende  de  60  florins  ou  à  perdre  le  poigne  sy  plainct  y 
est,  n'est  comme  dessus  qu'il  obtienne  le  grés  du  Sgr.  Et  mesme  Iceluy  ou 
ceulx  borgeois  ou  estranger  qui  averoit  au  jour  de  francq  foire  ou  autrement 
entrer  par  fureur  ou  corroce  en  la  maison  du  dit  borgeois  et  le  chercher 
pour  le  battre  ou  foller  et  si  avant  qu'il  le  battre  on  folle  le  dit  borgeois 
ou  gens  de  sa  famille  et  qui  plainct  y  est,  tels  sont  condempnable  de  LX 
florins  carolus  ou  a  perdre  le  pouigne  n'est  qu'il  obliengne  le  grés  du  Sgr, 
que  mesme  en  obtenant  le  dict  grés  sera  tenu  prier  Dieu  et  sa  mère,  mercis 
ensemble  le  bourgeois  intéressé  et  toute  la  bourgeoisie  entièrement  et  ne 
poldra  tel  délinquant  hanter  ny  fréquenter  en  la  dicte  franchise  jusques  ad 
ce  qu'il  aict  satisfait  à  ce  que  dessus.  Item  en  outre  disons  que  quand  le 
borgeois  ou  estrangier  se  baltèrent  en  la  maison  des  borgeois  ou  en  la 
franchiese  sy  est  cop  de  poingne  hors  de  francq  foire  il  doibt  sept  sols 
d'amendes  et  s'il  y  a  plaie  de  messure  est  à  l'amende  de  dix  frans  et  deux 
tiers  avec  la  borce  et  quant  c'est  par  jour  de  francq  foiere  par  coup  de  pied 
LXsols  et  pour  plaie  de  messure  le  double  des  dits  dix  francs  et  deux  tiers. 
Ce  que  dessus  savons  et  wardons  et  le  rendons  par  bon,  juste  et  leal  record 
et  enseignement  de  justice  fait  et  donné  à  la  Roche  le  xvnle  de  juillet  anno 
xvc  LXI. 

Extrait  des  registres  de  la  cour  féodale  de  Laroche. 

64.  1562,  5  avril.  —  Les  Allodiaux  du  comté  de  Laroche  sont  maintenus 
dans  leurs  franchises  par  Philippe  d'Autriche. 

Phe  par  la  grâce  de  Dieu  Roy  de  Castille,  de  Léon,  d'Arragon,  de  Na- 
varre, de  Naples,  de  Secile,  de  Maillorcque,  de  Sardaine,  des  Yles  Indes 
et  terre  ferme,  de  la  mer  Occeane,  Archiduc  d'Austrice,  duc  de  Bourgoigne, 


—   u\    — 

de  Lothier,  de  Brabant,  de  Lembourg,  de  Luxembourg,  de  Geldres  et  de 
Milan,  conte  de  Habsbourg,  de  Flandres,  d'Artois,  de  Bourgoigne,  palatin 
et  de  Hayenau.  de  Hollande,  de  Zélande,  de  Namur  et  de  Zuthen,  prince 
de  Zuave,  marquis  du  St- Empire,  Seigneur  de  Fiïze,  de  Salins,  de  Malines, 
des  cité,  villes  et  pays  d'Utrecht,  d'Oneryssel  et  de  Groinze,  et  dominateur 
en  Asie  et  en  Aflrique.  A  tous  ceulx  qui  ces  pntes  verront,  salut.  Receu 
avons  l'humble  supplication  de  Jehan  et  Grégoire  de  Nisramont,  Jehan 
Huart  de  Moriville,  Laurens  de  Moriville,  Jehan  le  jeusne  Me  d'Orthowille, 
la  veuve  Jehan  Guillaume  et  Servais  de  Romont,  Jehan  Ponsar  de  Com- 
pagne à  présent  Loys  de  Noisseu,  Henri  Clara  de  Velreux,  Henri  Gérard  de 
Rupaige,  Jehan  de  Chemin,  la  veuve  Jehan  Thiry  de  Roupaige,  Mathieu 
Bastines,  Jehan  le  Chevron  demt  à  Mohonvaulx,  à  présent  son  beau  fils  et 
Henry  Lambert  de  Beremany,  tous  demourans  et  résidens  en  nre  conté  de 
la  Roche,  en  Ardenne,  contenant,  coume  leurs  feux  prédécesseurs  et  eulx 
de  temps  immémorial  auroient  esté  franeqs  et  exempts  de  contribuer  avec 
aultres  gens  taillables  et  de  serve  condition  illec,  aux  tailles,  aydes,  coru- 
wées  et  impositions,  que  par  cydevant  sont  et  pouroiet  avoir  esté  accordées 
par  les  trois  estats  de  nre  pays  et  ducé  de  Luxembourg,  moyenant  que  au 
regard  et  pour  respect  des  fiels  et  biens  allodiaulx  par  eulx  et  chun  d'eulx 
respectivement  tenus  et  relevés  de  nous  a  cause  de  nredite  conté  de  la 
Roche,  ils  soyent  tenus  estre  prests,  a  la  semonce  et  signification  de  nre 
prévost  au  siège  tant  pour  jugier  les  débats  et  procès  y  survenans,  pour 
cause  desdits  fiefs  que  estre  pni  aux  reliefs  qu'ils  y  font,  aussy  tenus  tenir 
et  avoir  armes  et  chevaulx  et  estre  prests  armés  et  esquippéz  touttes  et 
quanteffoiz  que  par  notre  dit  prévost  de  la  Roche  en  seroiet  somez  et  requis, 
tant  en  guerre  que  aultrement  pour  nre  service,  corne  es  guerres  dernières 
et  jusques  ores  ils  ont  toujours  bien  et  deuement  fait,  et  font  encoires  h 
pnt,  et  combien  que  por  les  raisons  que  dessus  il  nestoit  permis  ny  loisible 
a  personne  qui  fut  dénombrer  lesdils  supplians  avec  aultres  gens  taillables 
et  de  serve  condition  susdit.  Toullefoiz  les  commissaires  cydevant  comis  et 
ordonnez  aud  denobremt  sans  avoir  regard  a  ce  que  dessus,  et  ayans  prins 
les  dénobremes  des  feuz  et  fuaiges  de  nred  pays  de  Luxembourg  au  quartier 
d'Ardenne  pour  l'ayde  accordée  a  feu  de  trèshaul  mémoire  lempereur 
Charles  le  Quint  monseigneur  et  père  cuy  Dieu  absoille  l'an  XVe  cinquate 
ung  dernier  passé  les  averoient  denobréz  et  rédigez  avec  aultres  de  serve 
condition  et  gens  taillables  de  nre  dit  conté  de  la  Roche,  pour  à  quoy  re- 
médier averoient  lesdits  supplians  audit  an  cinquante  ung  pnté  requesle  à  nre 


-    142    - 

amé  et  féal  conseiller  de  nre  conseil  aud  Luxembourg,  Nicolas  le  Gouver- 
neur, Sgr  de  Tassigny  lorscomis  à  la  superintendence  dudit  dénombrement, 
pour  par  son  advis,  adresse,  et  assislence  redresser  les  difficnliez  esdit  dé- 
nombrement, pour  laquelle  requeste  ensemble  par  l'advys  de  nre  receveur 
de  Bastoingne  et  de  nre  prevost  de  la  Roche  Jehan  de  Baillonville  et  aussy 
en  vertu  de  l'ordonnance  dud  Sgr  de  Tassigny  auroiet  iceulx  supplians  estes 
déclarés  francq  et  exempts  des  tailles  et  aydes  accordées  et  a  accorder  en 
nre  dit  pays  de  Luxembourg,  moyennant  les  services  susdits,  par  laquelle 
déclaration  ils  avoyent  pensez  estre  maintenuz  en  ladte  franchise  et  exemp- 
tion meismes  attendu  qu'il  apperra  par  les  comptes  desdites  aydes  cydevant 
rendu  en  la  chambre  de  nos  coptes  en  Brabant  que  lesdits  fiefs  et  biens 
allodiaulx  y  ayent  jamais  contribuez.  Mais  ce  nonobstant  et  sans  avoir  re- 
gard à  ce  que  dit  est,  nre  receveur  de  Bastoigne  comis  de  nre  receveur 
généralz  dud  Luxembourg  les  a  puisnaguaires  fait  somer  pour  leur  quote  et 
portion  disant  en  estre  chargez  par  le  restât  du  compte  de  lade  ayde  ac- 
cordée audit  an  cincquante  ung,  et  que  lesds  de  nos  comptes  les  ont  tenus 
et  mis  en  surcean  pour  ung  terme  de  six  mois  seullement.  Par  quoy  iceulx 
supplians,  craindans  exécution  réelle  et  que  par  cyaprès  on  les  voldroit 
assubjecter  ausd  tailles  et  aydes,  nous  ont  très-humblement  supplyé  et  re- 
quis que  en  regard  à   ce  que  dessus,  il   nous  pleust  les  tenir  quictes  et 
deschargéz  de  leurds  quottes  et  portions  esds  aydes  et  les  maintenir  en  leur 
liberté,  franchise  et  exemption  corne  ils  ont  esté  jusques  ores,  et  sur  ce 
leur  faire  expédier  nos  Ires  patentes  en  tel  cas  pertinentes.  Scavoir  faisons 
que  nous  lesd  choses  dessusds  considérées,  et  sur  icelles  en  l'advis,  pre- 
miers de  nos  comptes  en  Brabant,  et  en  après  de  nos  améz  et  féaulx  les 
chief  trésorier  général  et  comis  de  nos  domaines  et  finances,  ausds  supplians 
inclinans  favorablement  à   leurdc  supplication  et   requeste,   avons  octroyé 
consenti  et  accordé,  oclroyons,  consentons  et  accordons  de  grâce  espealz 
par  ces  pntes  qu'ils  seront  et  demeureront  francq   et  exemplz  de  toutes 
tailles  aydes  et  autres  contributions  accordées  et  à  accorder  en  nre  dit  pays 
et  duché  de  Luxbg  et  conté  de  Uiiny,  sans  quilz  puissent  ou  pouvront  par 
nre  dit  receveur  général  de  Luxebg  pnt  ou  aultre  advenir  estre  aulcunement 
molester  pour  le  payement  de  leur  quote  et  portion  esd  aydes  accordées 
et  a  accorder.  Auquel  nred  receveur  général  de  Luxembourg  pnt  ou  aultre 
advenir  mandons  et  ordonnons  par  cesds  pntes  les  tenir  et  maintenir  en 
leurdefranchise  et  exemption,  pourveu  touttefois  et  à  charge  que  les  dits 
supplians  seront  tenuz  eulx  acquitter  et  ce  dont  ils  sont  obligez  en  service, 


-     143    — 

et  tenir  chevaulx  et  armes  en  bon  esquippage  pour  eulx  trouver  en  nre 
service,  touttes  et  quanttefoiz  quils  en  seront  requiz  et  mandez  par  nred 
prévost  de  la  lîoche,  aussi  de  passer  monstre  pardevanl  lesds  prévost  a  tout 
le  moins  une  foiz  l'an  ;  et  d'avantaige  seront  tenuz  apporter  endeans  trois 
mois  prochainement  venans  es  mains  dicelluy  prévost  et  des  hommes  de 
fiefz  de  nre  dit  conté  de  la  Roche  par  bonne  et  ample  déclaration  le  dé- 
nombrement de  leurs  fiiefs,  affin  que  led  prévost  les  face  de  noveau  inscripre 
au  registre  des  fiefs  illecque,  pour  s'en  povoir  ayder  en  temps  de  besoing, 
la  et  ainsy  qu'il  appartiendra,  et  en  oultre  faire  enregistrer  ces  mêmes 
pntes  en  la  chambre  de  nosd  comptes  en  Brabant  pour  y  avoir  recours 
quant  besoing  serat  ; 

Si  donnons  en  mandement  à  nos  améz  et  féaulx  les  chief  présidens  et 
gens  de  nos  privé  et  grant  consaulx  gouverneur  président  et  gens  de  nredit 
conseil  à  Luxembourg,  ausd  noz  finances  et  de  nosd  comptes  en  Brabant, 
nredit  receveur  gênerai  de  Luxembourg  et  à  tous  autres  nos  justiciers,  offi- 
ciers et  snbject  cuy  ce  regardera,  que  de  nre  pnie  grâce,  octroy,  franchise 
et  exemption  aux  conditions  selon  et  en  la  forme  et  manière  que  dit  est, 
ils  facent,  seulfrenl  et  laissent  lesdils  supplians  plainement  et  paisiblement 
joyr  et  user  sans  leur  faire  mectre  ou  donner  ne  souffrir  estre  frait,  mis  ou 
donné  aucun  trouble  ou  empeschement  au  contraire.  Car  ainsy  nous  p!ais- 
t— il.  En  tesmoignage  de  ce  nous  avons  fait  mectre  nre  spel  à  ces  pûtes. 
Donné  en  nre  ville  de  Bruxelles  le  Vme  jour  d'avril  l'an  de  grâce  mil  cincq 
cens  soixante  deux  avant  pasques,  de  nos  règnes  assavoir  des  Espaingnes, 
Secille  le  huyctiesme  et  de  Naples  le  dixiesme,  et  au  dessoubz  de  lad  Ire 
est  escriptz  :  par  le  Roy.  Les  seigneurs  de  Berlaymont  et  de  Hachicourt, 
chiefs  messrs  Gaspar  chiefs  sgr  de  Grobedoncq  trésorier  général,  et  Josse 
de  Damhondere  chevr  comis  des  finances  et  aultres  pnts,  soubssignoz  Do- 
verloepe.  Et  au  ploict  estoil  escrit  les  chiefs  trésorier  généralz  et  comis  des 
finances  du  roi  nre  sire  consentent  en  tant  que  en  eulx  est.  Le  contenu  ou 
blancq  de  cestes  estre  furny  et  accomply  tout  ainsy  par  la  mesme  forme  et 
manière  que  sa  maté  le  veult  et  mande  estre  faict  par  icellesescripctzsoubz 
les  seing  manuelez  desdils  chiefs  trésorier  général  et  comis,  le  XVIIIe  jour 
de  juing  XVe  LXIII.  J.  de  Montmorecy  et  J,  Damhondere. 

Extrait  d'un  registre  de  la  cour  féodale  de  Laroche  commençant  en  156;*. 


-    144    - 

65.  1568,  16  mars.  —  Record  rendu  à  la  requête  des  Mayeur  et  Echevins 
de  Houffalize  concernant  les  franchises  de  la  Bourgeoisie. 

Nous  Ferry  de  Clerue,  escuyer  Mayeur  de  la  Ville  et  franchiese  de  la 
Roche  en  Ardenne,  Englebert  de  Wailhey,  Linart  de  Villez,  Jacquement  de 
Fillv,  Englebert  Ferrier,  Collard  des  Champs,  Henri  d'Odrimont  et  Jehan 
des  Champs  tous  eschevins  de  la  d  ville  et  franchiese.  A  tous  ceulx  qui  ces 
pntes  verront  et  oiront  Salut.  Scavoir  faisons  que  par  devant  nous  se  sont 
personnellement  comparu  Jehan  Gilles  de  Someren  et  Gérard  Heuchin  de 
Someren,  bgois  de  Houffalize  lesquels  à  leurs  frais  cost  et  despens  nous  ont 
requis  et  demandés  avoir  par  recors  si  de  toute  ancienneté  nous  ne  sommes 
chiefs  et  maîires  de  tous  les  bg  is  de  la  dite  ville  et  conté  de  la  Roche  tant 
dedans  que  dehors  afforains  et  manans  sur  le  dit  Conté  :  Et  si  du  temps 
et  de  toute  ancienneté  nous  ne  sommes  aussi  chiefs  et  mres  de  sens  de 
ceulx  de  la  justice  d'Houffalize  à  raison  du   ressort  et  reprinse  de  la 

Seigneurie  et  baronerie  du  dit  Houffaliz Et  aussi  que  leur 

eusssions  à  déclarer  et  donner  par  record  quels  franchises,  droits  et  aucto- 
rittez  ont  les  dits  Bourgeois  de  la  Roche  générallement  es  leurs  maisons  et 
aussi  de  la  chasse  et  pescherie  par  toute  la  dite  Conté,  et  d'auttant  que  en 
sommes  souvenans  et  gardans.  En  quoi  Semons  par  notre  Mayeur  et  dili- 
gemment conseillé  les  uns  aux  aultres  et  reveus  nos  anciens  régtres 

Disons  et  recordons  que  de  toute  ancienneté  nous  sommes  chiefs  et  maîtres 
de  tous  les  bourgeois  tant  dedans  celte  ville  et  franchiese  que  sur  le  plat 
pays  et  conté  d'icelle  manans  et  afforains  de  sorte  que  quant  les  dits  Bour- 
geois de  la  dite  Ville  et  conté  vont  ensemble  ou  apart  pour  aulcun 
commandement  il  n'est  de  rien  à  un  prévost  de  la  Roche  de  seu  entremesler 
ne  avoir  quelques  commandements  sur  les  dits  Bourgeois  et  en  est  de  tout 
affaire  à  ung  mayeur  de  la  Ville  et  franchiese  de  la  Roche  ainsi  que  desja 
il  apparait  et  a  esté  recognu  es  nos  reglres  auctentiques  du  xix  jour  du  mois 
de  febvrier  lan  mixx  et  xv  dernier  si  que  aussi  toultes  et  quantes  fois  que 
il  est  de  besoing  et  que  nécessité  le  requin  davoir  les  bourgeois  de  dehors 
et  afforains  sont  tenus  à  la  semonce  du  mayeur  de  franchiese  Comparoir 

dedens  la  dite  Ville  et  franchiese.  Item  disons  et  recordons (Voir 

ce  qui  a  élè  dit  dans  le  Record  du  15  Juillet  1561  concernant  V homicide  et 
les  injures  faites  aux  Bourgeois).  Disons  en  oultre  et  recordons  les  dits 
bourgeois  et  leurs  prédécesseurs  de  tout  temps  avoir  joys  et  usé  du  droict 
et  auctorité  de  chasser  tant  es  bois  que  en   la  ryvière,  sans  en  faire  le 


—    145    — 

denier  valloir,  assavoir  à  toutes  salvagynes  exceptés  le  cerf  et  le  faulcon 
en  payant  le  droict  accoutumés  et  sans  tendre  pans  ne  lillèls  mais  chassant 
à  force  de  chiens  et  lievriers  sans  forfaire,  et  en  la  ryvière  à  pieds  nus  par 
tous  les  moyens  à  eulx  possibles  selon  la  vieille  coustume  et  ancienneté. 
Et  touchant  chiefs  et  maîtres  de  cens  de  ceulx  de  la  justice  de  la  dite 
franchiese  d'Houlïalize  disons  et  recordons  que  de  toute  ancienneté,  ils  sont 
tenus  quant  chieiïs  est  eslevés  par  devant  eulx  de  venir  et  comparoir  par 
devant  nous  comme  à  leurs  chiefs  et  maîtres  et  y  ont  esté  de  toute  ancien- 
neté, masme  pour  cas  d'injures  foulles,  force  et  oullrages  commises  et  faictes 

à  la  maison  d'un  b9eois  d'Houffalize  et  treuves  de  mousches 

Et  tout  ce  que  dessus vvardons  celé  rendons  par  bon,  just  et 

léal  record  ainsi  fait  et  donné  le  xvie  jour  du  mois  de  mars  l'an  de  nre 
salut  xvc  lxvm,  styl  de  Liège. 

66.  1573,  3  mars.  —  Touchant  la  réception  des  afforains  de  la  bourgeoisie 

de  la  Roche. 

Nous  Mayeur  et  eschevins  de  la  Ville  de  la  Roche  en  Ardenne,  certifiions 
à  tous  auxquels  les  présentes  parviendront  que  quant  est  de  recevoir  les 
subjects  de  la  résidence  de  ceste  conlé  de  la  Roche  à  la  franche  bourgeoisie 
de  ceste  Ville  que  point  ne  sont  bourgeois  certifions  que  quant  aulcuns  de 
ses  dits  subjects  et  que  point  ne  sont  homes  baptis  mamorlables  et  de  serves 
conditions  assavoir  tenus  à  l'administration  du  dernier  supplice  Iceulx 
sortent  de  leurs  lieux  et  venant  résider  dedens  ceste  ville  et  franchiese.  Nos 
les  recevons  à  la  dite  bourgeoisie,  voir  et  bien  entendu,  que,  quand  ils 
partent  de  leurs  lieux  de  leurs  nativités,  ils  laissent  gens  et  personnes  ausdis 
lieux  pour  payer  les  feu  et  aydes  accordées  à  sa  Maté  et  acquicter  ce  dont 
les  dis  lieux  sont  ten'is.  Et  sest  ce  que  nous  en  donnons  par  pur  et  leal 
cerliffication.  Fait  et  donné  à  la  Roche  soûl  le  seing  de  notre  Greffier  le 
ine  jour  du  mois  de  mars  xvc  Lxxm  stil  de  Liège. 

Extrait  des  registres  de  la  cour  féodale  de  Laroche. 

67.  1601,  17  mars.  Bruxelles.  —  Confirmation  des  prinilèges  de  la  Roche 

par  Albert  et  Isabelle. 

Albert  et  Isabel  Clara  Eugenia,  Infante  d'Espaigne,  par  la  grâce  de  Dieu 
Archiducs  d'Austrice,  Ducs  de  Bourgoingne,  de  Lothier,  de  Brabant,  de 
Lembourg,  de  Luxembourg  et  de  Gueldres,  contes  de  Habsburch,  de  Flandre, 


—    146    — 

d'Artois,  de  Bourgoingne,  de  Tirol  Palatins  et  de  Haynnau,  de  Hollande,  de 
Zélande,  de  Namur,  de  Zutphen,  Marquis  du  S'-Empire  de  Rome,  Seigneur 
et  Dame  de  Frize,  de  Salins  et  de  Mali  nés,  des  Cité,  Villes  et  pays  d'Ulrecht, 
d'Overissel  et  de  Grœninghe.  A  tous  ceulx  qui  ces  pnles  verront,  Salut. 
De  la  part  de  nos  bien  amés  les  fracqs  bourgeois,  manans  et  inhabitans 
tant  de  la  ville  de  la  Roche  en  Ardenue  que  ceulx  résidens  hors  icelle  en 
la  conté  de  la  de  Roche  nous  a  esté  remonstré,  que  par  prévilègos  a  eulx 
donnés  par  1res  patentes  le  troisième  jourd'Apvril  l'an  mil  trois  cens  trente 
ung  par  feu  le  Roy  Jehan  de  Bohême  et  comte  de  Luxembourg  et  de  la 
de  Roche,  depuis  et  consécutivement  confirmés  tant  par  feuz  de  très  haultes 
mémoires  l'Empereur  Charles  Quint  nie  père  Grand,  que  le  Roy  nre  très 
honnoré  Seigneur  et  père,  que  Dieu  ayent  en  sa  saincte  gloire,  dont  nous 
est  apparu  par  copies  anctenlicques  des  ds  1res  patentes  sur  ce  despèchées 
à  nous  exhibées,  l'une  donnée  en  nos  villes  de  Malines  le  dernier  jour  de 
juing  l'an  XVe  trente,  et  l'aultre  de  Bruxelles  le  pénultième  de  may 
XVe  cinquante  neuf  leur  a  esté  octroyé  exemption  franchise  et  liberté  à 
jamais  de  avec  aultres  nos  subjects  de  la  dite  conté,  gens  taillables  et 
condition  serve,  contribuer  aux  prières,  tailles,  aydes,  exactions  et  subven- 
tions d'argent,  charges,  assiettes,  corvvées,  dons  previligiés  et  toutes  aultres 
choses  quelconques  que  le  dit  feu  Roy  et  confe  et  ses  successeurs  pourroient 
exiger  et  demander,  et  que  s'accorderoient  et  concéderoient  par  les  Etats 
dudit  pays  de  Luxembourg,  à  charge  de  par  lesdits  Remonstrans  maintenir 
et  entretenir  la  dite  ville  de  la  Roche  de  murailles  tours  et  pores  avecq 
les  couvertures  d'icelles,  et  tous  aultres  édiffices  nécessaires  pour  ia  deffence 
d'icelle  ville  avec  aussi  douze  hommes  appelés  arbalestriers  pour  servir  à 
ce  que  de  besoing  et  aultres  charges,  apparant  de  tout  plus  amplement  par 
lesd  previlèges  et  confirmations,  auxquelles  charges  les  dis  Remonstrans 
ont  toujours  furni,  et  bien  et  deuement  entretenu  la  dite  ville  de  la  Roche 
à  leurs  frais  coustz  et  despens,  qu'ils  ont  exposé  ainsi  que  ceulx  de  la  justice 
de  la  dite  Roche  à  qui  la  cognoissance  en  appartient,  leur  ont  ordonné  et 
commandé, et  doublant  iceulx  Remonstrans  d'estre  cy  après  troublés  en  leursdis 
previlèges,  n'est  qu'ils  soient  par  nous  pareillement  confirmés,  ils  ont  partant 
prins  leur  recours  vers  Nous  eu  suppliant  très  humblement  qu'il  Nous  pleust 
eu  confirmation  d'iceulx,  leurs  faire  despescher  sur  ce  nos  1res  patentes 
en  tel  cas  pertinentes. 

Scavoir  faisons  que  nous  les  choses  dessus  dictes  considérées  et  veu  la 
déclaration  faicte  par  lesd  supplians  qu'ils  sont  en  paisible  joyssance  et 


—     147     — 

possession  des  susd  previlèges  et  exemptions  eu  sur  ce  l'advis  de  nos 
amés  et  feaulx  les  Présidons  et  Gens  de  nre  Conseil  provincial  à  Luxembourg, 
inclinans  favorablement  à  la  supplicatien  et  requeste  d'iceux  supplians, 
avons  déclairé  et  confirmé,  déclairons  et  confirmons  par  ces  pntes  que  tous 
les  bourgeois  que  ceulx  de  la  loy,  et  justice  de  la  dite  ville  et  conté  de  la 
Roche  en  Ardenne,  déclaireront  par  noms  et  surnoms,  à  celluy  ou  ceulx 
qui  seront  comis  au  nouveau  dénombrement  des  feuz  estre  tenus  à  la  con- 
tribution de  l'entretenement  de  la  dite  ville  et  non  aultres,  seront  tenus 
francqs  et  exempts  de  contribuer  avecq  autres  bourgeois  et  gens  taillables 
et  de  serve  condition  résidens  et  manans  de  la  dite  conté  aux  prières  tailles 
aydes,  subventions,  exactions  d'argent  et  quelconques  charges,  assiettes, 
corwées  et  dons  previleiiiés  qui  sont  esté  et  se  pourroient  accorder.  octroyer 
par  les  Trois  Estats  de  nre  dit  pays  et  Duché  de  Luxembourg,  pourveu  que 
moyennant  la  dite  exemption  lesd  supplians  seront  tems  tenir  et  entretenir  la 
dite  ville  de  tours,  portes,  murailles,  couvertures  et  de  tous  aultres  ediflices 
quelconques  à  leurs  propres  frais  et  despens  et  pour  le  service  et  deffence 
d'icelle  ville  aussi  entretenir  douze  arbalestriers. 

Si  donnons  en  mandement  à  nos  amés  et  féaulx  les  Présidens  et  Gens  de 
nos  privé  et  grand  Consaulx,  Gouverneur,  Président  et  Gens  de  nre  Conseil 
au  dit  Luxembourg,  nre  Recepveur  illecq  et  à  tous  autres  nos  justiciers, 
officiers  et  subjects  qui  ce  regardera  que  de  nre  présente  grâce  déclaration, 
confirmation,  consentement  et  accord,  selon  et  en  la  manière  que  dict  est, 
ils  facent  seuffrent  et  laissent  lesd  supplians  plainement  et  paisiblement 
joyr  et  user  sans  leur  faire,  mectre  ou  donner,  ne  souffrir  estre  faict,  mis 
ou  donné  aulcun  trouble  ou  empeschement  au  contraire,  car  ainsi  nous 
plaist-il.  En  tesmoing  de  ce  nous  avons  fait  mectre  nre  secla  ces  dites  pntes. 

Donné  en  nre  Ville  de  Bruxelles  le  dix  septiesme  jour  du  moi  de  mars, 
l'an  de  grâce  mil  six  cens  et  ung.  —  Cette  charte  est  déposée  dans  les 
archives  de  la  ville  de  Laroche,  mais  le  sceau  en  a  disparu. 

68.  16H.  —  Extrait  du  Registre  au  dénombrement  des  feux  de  Van 
mil  six  cent  et  onze. 

La  Conlé  de  la  Roche  en  Ardenne. 

En  ce  Comté  les  habitants  tant  de  la  Ville  que  du  pays  se  disent  et 
tiennent  francqs  bourgeois,  exempts  du  payement  des  aydes;  conforme  aux 
privilèges  dont  la  copie  est  insérée  cy  après  :  et  dont  ils  ont  obtenus  con- 


—    148    — 

firmation  de  leurs  Altesses  Ssmes  :  et  parce  qu'au  dénombrement  dernier 
avons  remarqué  que  les  commissairs  précédents  se  sont  informez  s'ils  ne 
commettoient  aucuns  abus  en  droit  ;  à  laréception  des  dits  francqs  hommes 
bourgeois.  Nous  avons  bien  voulu  faire  le  semblable  et  acet  effect  avons 
requis  les  maycur  et  justice  de  ce  qu'ils  en  pouvoient  scavoir.  Lesquels 
nous  ont  déclaré  n'y  avoir  aucuns  taillables  ou  de  serve  condition  admis 
en  la  dite  bourgeoisie  et  quant  a  la  dite  réception  qu'ils  en  usoient  selon 
leur  usances  et  coustumes  :  qu'ils  disoient  eslre  que  non  seulement  les 
masles  descendus  des  francqs  bourgeois  jouissoient  de  la  dite  exemption  ; 
mais  aussy  que  les  tilles  venants  a  estre  alliées  a  qnelques  taillables  ou 
afforaius  aflïanchissoient  leurs  marits  et  sont  tenus  pour  franqs  Bourgeois. 
Dequoy  toutefois  ils  ne  nous  ont  rien  monstre  par  Escrit  ;  et  leur  dit 
privilège  n'en  contient  rien  de  semblable. 

La  ville  de  la  Roche  eu  Ardenne. 

Sont  comparus  Jean  de  Bande  mayeur,  Lambert  Robert  Thomas  duSart, 
Ferry  Favaige,  Nicolas  de  Roy,  Jean  Ballan,  Ollivier  de  Yillers  eschevins, 
lesquels  nous  ont  affirmé  par  leur  serment  que  la  déclaration  qu'ils  nous 
ont  exhibé  des  franqs  bourgeois  de  la  dte  Ville  contenoit  vérité  :  dont 
avons  tenus  le  dénombrement  ensuivant. 

Les  officiers  de  la  Roche,  ensembles  les  douze  arbaleslriers. 

Georges  de  Waha,  dit  Baillonville,  escuyer,  capitaine,  prévost,  chastelain 
et  receveur. 

Jean  de  Bande  mayeur, 

Lambert  Robert, 

Thomas  du  Sart, 

Ferry  Fauvage  clerc  juré, 

Nicolas  de  Roy, 

Jean  Ballan, 

Ollivier  de  Yillers, 

Jehan  de  Herlenvall, 

Jean  Michel  haut  sergeant, 

Jehan  de  Nollomont  sergeant, 

Gilles  de  Xivery  annoblis  par  patentes  du  Duc  de  Lorraine  pendant 
qu'Estale  lieu  de  la  naissance  d'Icelluy  estoit  encore  terre  commune;  et 
reconnu  pour  tel  par  les  deputtez  des  deux  princes  à  faire  les  partages 
des  dites  terres  communes. 


-     149     - 

Arbalestriers. 

Jean  Massuka  maître  des  Arbalestriers.  Jean  Denys,  Hubert  Piron,  Jean 
le  Teinturier,  Gilles  Renard,  Jehan  Collienne,  Lambert  de  Merchamps, 
Henry  de  Villers,  Everard  de  Magoster,  Henry  Jacques  de  Syné,  Jehan 
Toussaint,  Jehan  Collen  le  Jeusne,  Nicolas  de  Nollomont  leur  serviteur. 


Bourgeois. 


Henry  Bassine, 
Jehan  Flamige, 
Pierre  Nangnan, 
Jean  Renard  Godart, 
Jean  Gohelt, 
Jean  de  Grand'han, 
Gilles  d'Izier, 
Englebert  Flamige, 
Annes  Jacob, 
Maroy  la  Tinturière, 
Jean  le  Beaujeu, 
Robert  Michel, 
Anne  Germain, 
Jehenne  Thisse, 
Bernard  de  Grand'han, 
Jehan  de  Bastoigne, 
Claude  de  Bourgoigne, 
Jehanne  Bonjean, 
Michel  l'Italien, 
Englebert  Lisbette, 
Jehan  Remacleot, 
Lorent  David, 
Fery  de  Strument, 
Remacle  de  Halloy, 
Jacques  de  Ligne, 
Henry  de  Labye, 
Melchior  d'Izier, 
Guillaume  de  Chiny, 
Anne  Marquet, 


Jehan  Bertemet, 

Claude  de  Beaulieux, 

Henry  de  Mierchamps, 

Urbain  Le  blanc, 

Georges  Merlein, 

Adam  Bodet, 

Hubert  Massucka, 

Jean  Biette, 

Thiry  de  Bastoigne, 

Jean  Fridrick, 

Jean  Boccart, 

Jehan  Gillet  de  Baconfoy, 

Jacquemin  de  Filly, 

Renard  du  Mesnil, 

La  Vefve  Gérard  de  Marche, 

Melchior  de  Marche, 

Jehan  Colla  le  vieux, 

Englebert  de  Hallois, 

Jehan  Colla  le  jeune, 

Jehan  de  Hotton, 

Anthoine  de  Nollomont, 

Henry  d'Amonine, 

Jehan  Boully, 

Englebert  de  Mierchamp, 

Linard  de  Spa, 

Lambert  Collignon, 

Jehan  Collignon, 

Jehan  Grigoure, 

Jehan  Quinet, 

11 


—    150 


Jehan  Flamige  le  jeune. 
La  Vefve  Henry  Winand, 
Jehan  Anthoine, 
Andrien  Winant, 
Jehan  Idoulle, 
Denys  de  Dienet, 
Henry  de  Herbrenvall, 
Perpelte  de  Vignée, 
Isabeau  Louyse, 
Thomas  François, 
Nicolas  Masucka, 
Jehan  Renard, 
Jehan  d'Odeigne, 
Jehan  le  Tinturier, 
Lambert  Georis, 
Jehan  Monoval, 
Jehan  Heurdon, 
Jehan  Clœss, 
Charles  Chariot, 
Guillaume  Lambert, 
Hubert  Bodet, 
Maroye  Collette, 
Catherine  Flamige, 
Jehan  Charles, 
Jacquet  de  Ville, 
Remacle  Rigot, 
Jean  David, 
Jacquemin  Henriondt, 
Jean  Martin, 
Jehan  François, 
Laurent  Gilotteau, 
Englebert  Jean-Michel. 


Jehan  Lahiere, 

Jehan  Croiselet, 

Marguerite  Pirard, 

Jean  de  Vesqueville, 

Jehan  le  Roy, 

Tossaint  de  Malemprey, 

Jehan  Cosdt, 

La  Vefve  Renard  Godart, 

Estienne  de  Bra, 

Jehan  Gillet, 

Jacob  Martin, 

Jehan  Guillaume, 

Henry  de  Syvet, 

Jehan  de  Nadren, 

Gilles  Verlaine, 

La  Vefve  Andrion, 

Barlhemin  de  Lozienge, 

Remacle  Thiry, 

La  Vefve  Michel  Gérard  Collignon, 

Jehan  Maka, 

Henry  Collen, 

Jehan  Winand, 

Henry  Buisson, 

Henry  le  Tescheur, 

Jehan  de  Han, 

Villers  lez  la  Roche, 

Ollivier  de  Villers  eschevins  de  la 

Roche  et  homme  de  fief. 
Louys  Jacquet  |       francs 

Thiry  de  Moirmont     j     bourgeois 
Jehan  de  Hosseuse,  franc  homme. 


69.  1628,  16  décembre.  Bruxelles.  — Lettres  patentes  aVengaigière  des  Ville, 
terre,  château  et  Comté  de  la  Roche  pour  le  prince  de  Barbanson,  sans 
rachapt,  pour  les  dix  premières  années,  pour  la  somme  de  cent  soixante 
quatre  mil  six  cent  soixante  cinq  livres  douze  sols  de  XL:  gros  la  livre. 

Philippe,  par  la  grâce  de  Dieu,  Roy  de  Castille,  de  Léon,  d'Arragon,  etc. 


—     151     — 

A  tous  ceux  qui  ces  présentes  lettres  verront,  Salut.  Comme  pour  remédier 
à  plusieurs  grandes  et  inexcusables  nécessités  et  charges  survenantes  jour- 
nellement et  qui  pouroient  survenir  cy  après  en  nos  pays  de  par  deçà,  tant 
à  cause  de  la  guerre  recommencée  depuis  la  trefve  contre  nos  provinces 
rebelles  d'Hollande  et  Zélande  et  leurs  adhérants,  qu'autrement,  auxquelles 
on  ne  pouroil  precaver  avec  la  célérité  requise  par  le  moyen  de  nos  aydes 
licentes,  contributions  et  autres  revenus  de  nos  Domaines  de  par  deçà  qui 
sont  affectés  au  fournissement  des  grandes  charges    ordinaires  tant  du 
payement  des  gens  de  guerre  que  plusieurs  autres  semblables  nécessitez 
plus  amplement  mentionnées  en  l'Estat  que  les  Chefs  Trésorier  gnal  et 
commis  des  Domaines  et  finances  nous   ont  envoyé,  Nous  avons  trouvé 
convenir   par  l'advis  de  nre  très-cher  et  très-amée  bonne  tante  Madame 
Isabelle-Clara-Eugenia,  par  la  grâce  de  Dieu,  enfante  d'Espagne,  etc.,  et  les 
dits  de  nos  finances  de  vendre  a  titre  de  gagière  et  à  rachapt  perpétuel  à 
nre  moindre  lésion  et  plus  grand  proftit  aucunes  parties  du  Domaine  de 
nos  pays  de  par  deçà.  Si  comme  Seigneuries  ayant  haute,  moyenne  et 
basse  juridiction  villages,  terres,  prêts,  cens  et  sembtes  bien  a  Nous  appar- 
lenans  jusques  h  telle  somme  que  sera  trouvé  nécessaire  ayant  a  cet  effet 
authorisé  et  donné  plein  pouvoir  à  nre  dite  dame  et  tante  et  aux  dits  de 
nos  Finances  par  nos  lettres  patentes  données  en  nre  ville  de  Madrid,  le 
trentième  jour  du  mois  de  May  16°25,  de  procéder  a  l'engagere  des  dites 
parties  selon  l'urgence  de  la  nécessité  qu'ils  rencontreront  et  d'autant  que 
celles  qui  jusques  ores  ont  êtez  faites  et  passées  esdits  finances,  et  depuis 
sur  le  lieu  et  provinces,  où  on  a  jugé  convenir  d'engager  par  Commissaires 
ne  sont  trouvées  à  beaucoup  près  bastantes  pour  subvenir  aux  grandes 
charges  a  quoy  nosds  finances  sont  obligées  et  aux  autres  nécessités  jour- 
nalières qui  se  présentent,  avons  trouvé  conseillé  par  la  délibération  de  nre 
dite  Dame  et  tante  et  par  avis  de  nosds  finances  de  traiter  et  convenir  avec 
nre  cousin  le  prince  de  Barbanson  et  d'Aremberge,  Comte  d'Aigremont, 
Gentilhomme  de  nre  Chambre,  chevalier  de  nre  Ordre  de  la  Toison  d'or  et 
Coronel  d'un  régiment  d'infanterie  allemande  au  regard  de  la  terre,  Ville, 
château,  Comté  et  franchise  de  la  Roche,  ses  appartenances  et  dépendances 
tant  en  jurisdiction  que  revenus  soub  les  conditions  suivantes  : 

Premièrement  que  le  dit  prince  sera  tenu  et  obligé  relever  la  dite  terre 
en  plain  fief  de  nous,  de  nos  héritiers  et  successeurs  comme  Duc  de 
Luxembourg  et  ce  es  mains  de  nrê  Gouverneur  de  la  dite  province  présent 
et  a  venir  selon  la  coutume  et  usance  d'icelle  tant  pour  la  fois,  que  le  dit 


—    152     - 

prince  prendra  possession  de  la  dite  terre,  que  toutes  les  fois,  que  par 
changement  de  main  ou  autrement  relief  y  cscherra  avec  exhibition  de 
dénombrement  pertinent  du  dl  fief  et  parties  en  dépendantes,  le  tout  bien 
et  deuement  déclaré,  spécifié  et  vérifié; 

2.  Les  fiefs  servans  ou  arriers  fiefs  du  dit  la  Roche  seront  relevez  comme 
at  été  fait  et  usé  de  tout  tems,  et  en  cas  jceux  se  relèvent  immédiatement 
dudit  la  Roche,  le  prince  serat  obligé  d'envoyer  en  nre  Chambre  des 
Comptes  à  Bruxelles  de  trois  ans  à  autres  Estât  et  régie  pertinent  des 
reliefs  qui  auront  êlez  faits  pour  estre gardés  à  nre  asseurance  afin  que  les 
dits  fiefs  ne  viennent  à  se  soustraire  de  leur  tenure  et  mouvance  ; 

3.  Et  en  cas  de  nécessité,  ou  de  guerre  il  sera  tenu  de  nous  faire  ouver- 
ture et  à  nos  successeurs  du  château  et  ville  de  la  Roche  pour  y  loger  telle 
garnison  que  pour  la  conservation  de  nre  dl  pays  trouverons  convenir  ; 

4.  La  dite  terre  comme  autres  hautes  justices  demeurerat  obligée  aux 
charges  qui  nous  sont  deues,  si  comme  aydes  subsides  extraordinaires  et 
autres  presens  et  avenir  mises  et  a  mettre  en  nredit  pays  de  Luxembourg 
sans  que  le  dit  prince  pourra  prétendre  de  s'en  exempter  en  aucune  façon 
ou  ses  sujets  ; 

5.  Lors  de  son  immission  en  la  possession  de  la  dite  terre  sera  par  le 
Commissaire  qui  à  cet  effet  sera  commis  procédé  à  Testât  et  estimation  des 
censés,  bastiments,  moulins,  fours  et  autres  usines  dépendants  de  la  dite 
terre  coe  aussy  au  mesurage  des  terres,  viviers,  prairies  et  telles  parties  du 
Domaine  qu'on  trouvera  nous  avoir  appartenus,  demême  sera  dressé  un 
cartulaire  des  cens  et  reconnaissances  qui  nous  sont  deues  en  la  dite  terre 
afin  qu'au  désengagement  rien  ne  soit  perdu,  aliéné  ou  obscurcy,  a  quel 
effet  le  dit  prince  serait  obligé  de  donner  ses  lettres  renversales  contenans 
promesse  de  relivrer  le  tout  lors  du  dit  dégagement  comme  luy  aurat  été 
livré,  et  en  cas  de  détérioration  ou  empirement  en  payer  la  moins  vaillue; 

6.  Touchant  les  bois  de  la  dite  terre,  il  serat  obligé  de  se  conformer 
ponctuellement  aux  Règlements  dressez  sur  la  meilleure  conduite  et  mes- 
nagerie  d'iceux  émanez  l'an  xvj.  xxm  sans  les  excéder  en  façon  quelconque, 
observant  les  couppes  et  tailles  y  ordonnées,  sans  y  apporter  aucun  chan- 
gement ou  innovation  a  peine  que  les  excès,  changements  ou  détériorations 
qu'on  y  trouvera  avoir  êtez  faites  seront  recouvrées  à  sa  charge  ou  bien 
déduites  lors  du  désengagement  des  derniers  capitaux  de  la  dite  gagère, 
toutesfois  si  tant  est  qu'on  trouve  par  arpentaige  duement  faite  en  présence 
de  quelques  commissaires  commis  par  ceux  de  nosdils  finances  ou  chambre 


—    153    - 

des  Comptes  y  avoir  plus  d'arpents  qui  ne  se  trouvent  présentement  par  les 
Règlements  particuliers  des  dits  bois,  le  dit  prince  pourra  à  l'advenant  de 
ce  aggrandir  et  augmenter  les  dites  couppcs  et  tailles  à  proportion  de  la 
quantité  et  augmentation  qu'on  y  trouvera  el  la  croissance  et  eage  attribuez 
au  bois,  ou  la  dite  augmentation  escherra  ; 

7.  Il  ne  pourra  aussy  dégrader  les  dits  bois,  les  convertir  ny  changer  en 
autre  nature  qu'il  les  aura  trouvé,  comme  de  même  admettre,  ny  accorder 
affouage  en  usage  en  iceulx  a  autres  qu'aux  usagers,  qui  de  toute  ancien- 
neté y  ont  eu  droit  et  sont  comprins  auxdits  règlements  et  point  autrement  ; 

8.  Et  ne  pourra  abbatre  aucun  arbre,  chesne,  portant  fruit  et  de  bonne 
apparence  au  dehors  desdits  Règlements,  sinon  lorsqu'il  aura  besoin  de 
quelque  bois  de  bastiment  pour  refectionner  le  château  et  demeure  dudit 
la  Roche  et  les  usines  susdites  et  ce  toutes  fois  en  cas  que  les  arbres  allans 
à  décadence  ne  soyent  trouvées  propres  et  duisans  à  cet  effet  à  prendre  les 
uns  et  les  autres  par  désignation  à  faire  par  ceux  qui  à  ce  seront  commis, 
soit  par  ceux  de  nos  finances  ou  chambre  des  comptes  ; 

9.  11  ne  pourrai  aussy  faire  aucuns  édifices  sans  permission  notre,  ou  de 
nos  consaux,  ne  soit  a  ses  dépens,  sans  en  pouvoir  prétendre  rembourse- 
ment, néantmoins  comme  le  dit  château  de  la  Roche  est  assez  ruiné  et  en 
mauvais  estât,  luy  avons  accordé,  comme  nous  luy  accordons  par  cette 
permission  de  pouvoir  employer  pour  la  réfection  et  meilleure  commodité 
d'iceluy  la  somme  de  six  mil  florins  une  fois  que  Nous  serons  tenus  de  luy 
furnir  et  rendre  lors  du  desengagement  par  dessus  les  autres  deniers  de 
celie  engagère,  acharge  bien  expresse  qu'avant  le  dit  remboursement  il 
ferat  apparoir  par  deus  enseignements  de  l'effectif  employé  d'icelle  somme  ; 

10.  De  même  ne  pourrat  accorder  aucuns  arrentemenls,  soit  de  com- 
munes cours  d'eau  coings  de  rues  de  chemins  ou  de  semblables  autres,  ne 
soit  avec  permission  comme  dessus,  à  peine  de  nullité  de  semblables  ar- 
rentements  que  nous  déclarons  doiz  le  jour  de  l'engagère  en  avant  de  nulle 
valeur  et  mal  accordez,  et  en  cas  d'aucun  accord  iceluy  devra  demeurer  à 
la  charge  du  dit  prince  qui  nous  en  devra  indemner  ; 

1 1 .  Touchant  la  chasse,  pescherie  et  volerie  le  dit  prince  serat  obligé 
d'observer  les  dits  placcarts  qui  sur  ce  sont  êtez  dressez,  publiez  et  émanez 
au  dit  pays  de  Luxembourg,  sans  pouvoir  faire  sortes  par  ou  il  pourrait 
fouler,  ou  apporter  desgast  aux  susdits  bois,  ains  en  fera  comme  nos  offi- 
ciers en  ont  usé  avant  cette  gagere  ; 

12.  Àussy  ne  pourra  admettre  plus  de  maîtres  de  forges  ou  autres  mi- 


-     154    — 

neurs  qu'il  ny  a  présentement  en  la  dite  terre,  par  ou  lesditsbois  pourroient 
estre  grevez,  foulez  et  ruinez  ce  qu'arrivant,  tous  les  dommages,  foules  et 
interests  et  desordres  qu'on  trouvera  y  avoir  êtez  commis,  seront  recouvrées 
à  charge  du  dit  prince  et  déduites  au  jour  du  désengagement  du  capital  de 
cette  dite  engagère  ; 

13.  Les  fermes  courantes  demeureront  en  leur  force  et  vigueur,  ne  soit 
que  le  dit  prince  puisse  accorder  autrement  avec  les  fermiers  ; 

14.  Le  dit  prince  recepvra  à  son  proffit  tous  les  termes  et  eschéances 
de  cens  et  rentes  qu'expireront  doiz  le  douzième  de  janvier  mil  six  cent 
vingt  neuf  en  avant,  comme  aussy  les  fermes  en  argent  et  grains,  dont  le 
pied  sera  couppé  mais  les  parties  vendues,  comme  aussy  celles  dont  le  pied 
sera  couppé  jusques  au  dit  jour  nous  appartiendront  et  nous  demeureront 
entièrement,  nonobstant  que  les  eschéances  en  arrivent  lost  ou  tard,  parmi 
pareil  bénéfice  pour  le  dit  prince  lors  du  désengagement  ; 

15.  Et  en  outre  le  dit  prince  sera  tenu  d'observer  en  tout  et  partout  les 
règlements  tant  général  que  particulier  dressez  sur  la  meilleure  ménagère 
et  conduite  des  bois  de  nre  province  de  Luxembourg,  iceux  respectivement 
des  années  1617,  pour  le  générai  et  pour  les  particuliers  de  l'année  1623; 

16.  Le  dit  prince  ne  pourra  faire  cession  ou  rétrocession  de  la  dite  sei- 
gneurie à  forains  et  Gens  de  mainmorte  à  peine  de  nullité  ; 

17.  Henri  de  Waha  prévost  châlain  et  receveur  de  la  terre  demeurrera 
pourveu  respectivement  des  dits  Etats  pour  après  l'immission  en  la  posses- 
sion de  la  dite  terre  les  desservir  au  nom  et  de  la  part  du  prince  et  leur 
prester  nouveau  serment  ; 

18.  Finalement  nous  demeurerons  avec  la  faculté  de  rachapt  perpétuel  ; 
pour  faire  iceluy  toutes  et  quantes  fois  que  nous  ou  nos  successeurs  le 
trouveront  convenir,  sauf  que  le  dit  désengagement  ne  se  pourra  faire 
qu'après  dix  années  après  la  possession  prinse  de  la  dite  terre  pour  lors 
ou  bien  après  sans  limitation  ultérieur  tems  mémorial  ou  immémorial  ou 
sans  prescription  de  termes  que  les  Loix  pourroient  accorder,  faire  iceluy, 
moyennant  et  le  signifiant  un  demy  an  auparavant,  lequel  rachapt  se  devra 
faire  en  monnoye  qui  aura  lors  cours  par  deçà,  selon  nos  placcarts,  ou  de 
nos  successeurs,  auquel  effet  le  dit  prince  de  Barbanson  sera  tenu  de 
donner,  comme  dit  et  cy  devant,  ses  lettres  renversales. 

Lesquelles  conditions  ayant  élez  veues  et  examinées  par  ceux  de  nos 
finances  et  depuis  communiquées  au  dit  prince  de  Barbanson  et  par  luy 
receues  et  acceptées  at  êtez  passé  et  procédé  à  l'accord  et  traité  de  la  dite 


—    155    — 

terre,  scavoir  que  le  dit  prince  tiendra  icelle  si  long  et  si  large  qu'icelle 
s'extend  en  toute  jurisdiction  haute,  moyenne  et  basse,  chasse,  pescheiie 
et  tous  revenus  en  dependans,  consistant  quant  à  la  jurisdiction  en  une  cour 
féodale  très  ancienne  composée  de  quallre  pairies,  plusieurs  seigneuries 
hautaines  en  plein  fief,  et  en  autres  de  moindre  qualité,  qui  doibvent  tous 
droit  de  relief  et  les  devoirs  de  fidélité  et  hommage,  auquel  effet  sont 
obligez  de  nous  payer,  scavoir  chaque  pairie  seize  vieux  Réaux  d'or,  les 
dits  pleins  fiefs  et  seigneuries  hautaines  huit,  el  les  menus  et  arriers  fiefs 
la  moitié  du  rapport  d'une  année,  et  ce  lorsqu'ils  viennent  à  estre  relevez. 
Debvant  par  dessus  ce  les  propriétaires  d'iceux  le  treizième  denier  des 
ventes  qui  se  font  tant  des  dites  pairies,  plains-fiefs  menus  et  arriers  fiefs 
que  généralement  de  tous  et  quelconques  les  biens  qui  se  vendent  en  nre 
dit  comté,  lesquels  propriétaires  et  féodaux  sont  obligez  d'entendre  aussy 
aux  affaires  occurens  en  nredit  comté  toutes  les  fois  qu'ils  sont  a  ce  se- 
moncez  par  notre  chief  officier  prevost  du  dit  Comté. 

1.  Les  quattre  pairies  sont  la  terre  et  Baronnie  de  Houffalize,  celle  de 
Beauraing,  la  terre  et  seigneurie  de  Humin,  et  celle  de  Han  surLesse  ;  les 
seigneuries  hautaines  qui  suivent  immédiatement  les  pairies  sont  Rollé, 
Bricquemont,  Jenneppe,  Vernoy,  d'Averdan,  Chavanne,  Montjardin,  Grune, 
Sohier,  et  Verenne  encore  dépendent  de  nre  d'  Comté  autres  Sries  qui  ne 
sont  hautaines  ains  très  foncières  seulement  assises  en  Famenne  scavoir 
Marenne,  Werdenne  et  Champlion  debvans  néantmoins  mêmes  droits  de 
relief  et  de  vente  que  les  hautaines,  outre  ce  nous  y  avons  autres  seigneu- 
ries et  plains  fiefs,  qui  sont  enclavez  et  du  ressort  de  nredt  Comté,  scavoir 
Baussaint,  Grandochamp,  Hodister,  Journal,  Juppille,  Cereux,  Villers, 
Cieles  et  Rendeux  nre  Dame  sans  y  comprendre  un  bon  nombre  d'autres 
fiefs  plus  amplement  renseignés  et  contenus  aux  Regres  des  fiefs  de  nre 
dit  conté  et  dont  certaine  déclaration  se  trouve  insérée  au  compte  des  dits 
fiefs  de  l'année  1530,  reposant  en  nre  Chambre  des  comptes  à  Bruxelles  ; 
par  dessus  la  dite  cour  féodale,  il  y  a  encore  la  haute  Cour  de  la  Roche, 
tenant  siège  en  la  Ville  de  la  Roche,  qui  prend  connoissance  et  juge  déter- 
minativement  de  tous  cas  criminels  et  civils,  de  laquelle  sont  dependans 
autres  quattre  cours  subalternes  rédigées  et  reparties  en  quart,  bans  et 
mayeries,  scavoir  la  mayerie  d'Ortho,  celle  d'Engreux,  Wionpont  et  Lignier. 

2.  Lesquelles  mayeries  sont  régies  et  gouvernées  par  Mayeur  et  Esehevins 
qui  prennent  connoissance  de  tous  cas  civils  et  réels,  comme  adjournement, 
adhéritances  et  transports,  et  ce  a  l'intervention  de  nred1  prévôt  chef  oftî- 


-    156    — 

cier  ;  chaque  cour  et  mayerie  tenant  sous  son  comprins  plusieurs  villages 
dont  aucuns  nous  appartiennent  en  toute  jurisdiction,  autres  seulement 
quant  à  la  hauteur. 

3.  Sous  le  ban  et  mayerie  d'Ortho  sont  comprins  les  villages  d'Orlho, 
de  Fromont,  Hubertimont,  Warempage,  Hernenval,  Floumont  qui  nous 
appartiennent  en  toute  jurisdiction,  comprennant  aussy  les  villages  de  Rou- 
page,  Thimont  et  Buisson,  la  Cens  du  Vivier,  les  Seigneuries  de  Vecque- 
mont,  consistantes  en  trois  villages  Vecquemont,  Ronchamps  et  Merchamps, 
Celles  de  Hallois  et  de  Hive  appartenais  à  des  particuliers  quant  à  la 
jurisdiction  foncière,  mais  au  regard  de  la  hautaine  et  moyenne  icelles 
nous  y  compétent. 

4.  De  plus  il  y  at  aux  confins  du  dit  Ban  d'Ortho  au  delà  de  la  rivière,  la 
seigneurie  hautaine  de  Berthogne  appartenant  aux  Doyens  et  chanoines  de 
l'église  collégiale  de  Ste-Croix  à  Liège,  qui  y  ont  toute  jurisdiction,  sauf 
l'exécution,  qui  se  fait  par  notre  dit  officier  prévôt  dud1  comté  consistant 
la  dite  seigneurie  en  deux  villages,  scavoir  Berthoigne  et  Berthomont  et 
partie  de  Give. 

5.  Le  ban  et  mayerie  de  Wionpont  comprennant  sous  leur  ressort  les 
villages  de  Wionpont,  Ortheville,  Roumont,  la  maison  féodale  de  Ste-Oude, 
Wigne,  Morville,  Baconfois,  la  Neuveville,  Prelle,  Champlion,  Grandchamp, 
Cens,  Ramont,  Bauleux,  Troisfontaines,  Wembey,  Tenville,  Journal  et 
Bande,  la  où  nous  avons  toute  jurisdiction  hautaine,  moyenne  et  basse, 
sauf  en  celles  de  Grandchamp,  Cens,  Tenville,  Ramont,  Chemplion,  Jour- 
nal et  Bande  où  ia  jurisdiction  foncière  appartient  à  des  particuliers. 

6.  Dans  le  comprins  du  Ban  et  Mayerie  d'Engreux,  se  trouvent  les  vil- 
lages d'Engreux,  Sammerey,  Berimenil,  Mabouge,  Willers,  Filly,  Engreux, 
partie  du  village  de  Wibren,  d'Aschouve,  partie  de  Velreux,  de  Compoigne, 
et  les  hameaux  de  Hinnet  et  Boirzé,  lesquels  nous  sont  tous  appartenans 
en  toute  jurisdiction,  sauf  quen  celui  de  Sammerey  les  Doyen  et  chanoines 
de  l'église  collégiale  de  St-Jean  a  Liège  y  prétendent  une  Cour  foncière  et 
qu'au  village  de  Compoigne  la  jurisdiction  nous  appartient  seulement  que 
sur  certains  ménages,  les  restants  estants  à  autres  sieurs  particuliers. 

7.  Et  au  ban  et  Mayerie  de  Lignier  qui  nous  appartient  en  toute  juris- 
diction se  trouvent  le  village  de  Lignier  et  quelques  Sries  foncières  la  où 
la  haute  justice  nous  appartient,  scavoir  Hodisler,  Give,  Jupille,  Warisy  et 
Cieles  ;  es  dites  quattre  mayeries  sont  résidents  certains  subjets  appelés 
hommes  Monsieur  qui  sont  obligés,  à  la  semonce  de  nre  officier  de  la 


—     157    — 

Roche,  h  conduire  les  criminels  au  supplice  et  à  autres  servitudes  sem- 
blables, comme  de  mesmes  tous  les  autres  habitans  et  manans  du  dit  Comté 
sont  subjets  et  obligez  à  l'entretien  des  ponts  et  portes  dud'  château  et 
ville,  guet  et  garde,  corrouées  et  autres  pareils  devoirs  et  obligations,  et 
ce  chaque  Ban  et  village  ayant  quelque  obligation  particulière. 

Et  finalement  nous  avons  en  nre  dit  Comté  plusieurs  autres  droits  Sei- 
gneuriaux coe  d'abrocaige  de  vin  et  cervoise,  haut  vynage,  tailles,  droit  de 
bourgeoisie,  de  charrue  de  remont,  tour,  mariage,  poieteries  foresteries, 
traicte  des  mines,  droits  d'affouage,  terrage  et  sartage,  paison  et  confiis- 
cation,  amendes  et  autres  de  jurisdiction  hautaine  dont  nous  et  nos  prédé- 
cesseurs avons  jouy  de  toute  ancienneté  et  de  par  Nous  nos  officiers  audit 
Comté  qui  en  ont  fait  renseing  par  leurs  comptes  et  déclarations  reposans 
en  nre  chambre  des  comptes  à  Bruxelles. 

8.  Et  au  regard  du  revenu,  iceluy  consiste  en  quattre  moulins  dont  celuy 
de  la  ville  de  la  Roche  nous  appartient  entièrement  et  propriélairement, 
ou  sont  bannaux  les  habitans  et  manans  de  la  dite  ville  et  franchise,  les 
hommes-monsieur,  au  ban  d'Ortho  et  les  village  de  Harzéeville,  Sammerey 
et  autres,  les  trois  reslans  estant  arrentez  perpituellement,  scavoir  celuy 
d'Orteuville  pour  quattre  muids  quattre  stiers  segle,  celuy  de  Hordian  pour 
trois  muids  quatre  stiers  et  celuy  de  Failly  pour  sept  muids  trois  stiers  ;  en 
bois   et  forest   qui  sont  en  nombre  de  treize  scavoir  celuy  de   la   haute 
frayère  contenant  huit  mil  cinq  cents  et  vingt  deux  arpents  sans  y  comprendre 
douze    cents   quattre   vingt   cinq    arpents  de   grandes   faignes  ;   celuy   de 
Ste-Gertrude  qui   nous  appartient  par  moitié  avec  les  Dames  de  Nivelles, 
contenant  douze  cents  six  arpents  :  celuy  de  Champlion  nous  appartenant 
pour  un  tiers  contre  l'abbé  et  couvent  de  Sl-Hubert,  qui  contient  huit  cent 
quattre  vingt  huit  arpents  ;  le  bois  de  Bande,  où  nous  avons  seulement  un 
quart  contre  le  dit  couvent  borné  et  fossoyé  et  exempt  de  tout  usage,  con- 
tenant le  dit  quart  six  cent  septante  et  trois  arpents  ;  le  bois  de  Journaux 
nous  appartenant  par  moitié  contre  Jean  de  Hernenvall  contenant  huit  cent 
soixante  arpents  celuy  de  l'Haydel  Sale  qui  contient  cent  et  huit  arpents, 
le  bois  de  Belhay  exempt  de  tout  usage,  contenant  treize  cent  trente  arpens, 
celuy  de  Wibren  qui  nous  appartient  pour  un  quart  et  démv  contre  le  susdit 
prélat  et  couvent  de  Sl-Hubert,  contenant  huit  cent  septante  cinq  arpents, 
le  bois  de  S'-Jehan  nous  appartient  pour  la  moitié  contre  le  devant  dit  cha- 
pitre de  S'-Jean  à  Liège,  qui  contient,  pour  nre  moitié,  selon  la  séparation 
enfaite,  dix  sept  cent  septante  arpents,  y  compris  quattre  cent  quarante  deux 


-     158    — 

arpents  de  faignes  demeurées  indivisées,le  Bois  de  Nolloraont  francq  et  exempte 
de  tout  usage  contenant  deux  cent  trente  deux  arpents,  celuy  de  Fontainelle 
en  Broyé  qui  nous  appartient  awssy  seul  et  exempt  de  tout  usage  contenant 
deux  cent  quattre  vingt  arpents  ;  le  bois  del  Hey  de  Harrey,  bois  tailles 
contenant  cent  et  dix  arpents,  et  celuy  de  Cheneulx  de  Morville  contenant 
neuf  arpents,  tous  lesquels  bois  sont  réglés  et  mis  à  couppes  ordinaires 
selon  qu'appert  par  les  Règlements  en  estans,  que  le  dit  prince  de  Barbanson 
sera  obligé  de  punctuellement  suivre,  selon  qu'est  porté  plus  amplement 
par  les  conditions  cydiles  ;  en  deux  viviers  assez  proche  le  village  d'Orlho  ; 
en  deux  ou  trois  bonniers  de  pretz  que  nous  avons  laissé  pour  émolument 
jusques    à    rappel    à    nre    officier,    sauf  celuy    qui    ont    tenus  cyd1  les 
hommes  Monsieur  au  bas  d'Ortho  qui  est  présentement  admodié  en  droit 
de  haut  Winaige,  qui  se  lève  en  la  dite  terre  et  comté  y  compris  celui  de 
Belhey,  en  droit  d'abbrocaige  de  vin  et  cervoise  en  droits  de  franq  bour- 
geoisie entailles  devant  chaque  taillables  des  mayeries  d'Ortho,  d'Engreux 
et  de  Wionpont  quattre  bonniers  et  demy  et  les  veufves  la  moitié  en  droit 
de  remontes  consistant  en  ce  que  chacun  cheval  d'attelée  et  charue  des 
hommes  monsieur  doit  six  deniers  et  deux  bœufs  autant,  en  droits  affouage, 
que  payent  les  hommes  monsieur,  au  Ban  et  mayerie  de  Wionpont  debvant 
chacun  un  pattart  et  demy  en  droit  de  charue,  debvant  chaque  ménage  sous 
la  dite  mayerie  ayant  pleine  charue  quattre  grosses  vallissans  un  sol  trois 
deniers  payant  la  demie  et  le  quart  à  l'advenant  ;  en  droits  d'affouage  et 
estocage  que  plusieurs  de  nre  dl  comté  payent  pour  levée  du  bois  mort, 
scavoir  ceux  d'Amberloux,   d'Orlho,   de  Wionpont  cl  Chemplion  payant 
chaque  ménage  un  sol  six  deniers,  en  bois  flottant  qu'on  appelle  Guien  en 
bois  que  les -hommes  monsieur  du  ban  d'Ortho  nous  doibvent  chacun  an 
au  Rois,  scavoir  ceux  qui  ont  charue,  soit  de  bœufs  ou  chevaux,  une  charrée 
de  bois  ;  en  droit  des  charues  et  scitures  consistant  en  ce  que  tous  les 
hommes  monsieur  des  Bans  et  mayeries  d'Orlho  Engreux  et  Wionpont  nous 
doivent  demy  muid  de  seigle  et  autant  d'avoine,  comme  aussy  nous  est  deu 
es  villages  de  Rondu,  Sure,  Oste   et  Lesterneux  certain  droit  de  terrages 
et  sartaiges  consistant  en  ce  que  chacun  sortant  aux  dits  quartiers  doibt 
par  an  un  muid  seigle,  de  même  aux  villages  de  Bande  nous  appartient  le 
tiers  au  droit  de  terrage  contre  les  devantdits  abbé  et  couvent  de  S1  Hubert, 
consistant  en  la  dixième  gerbe,  de  plus  le  dit  revenu  consiste  en  disme 
que  doibvent  ceux  de  Neufville  en  ponteries  que  payent  ceux  des  mayries 
d'Ortho,  Wionpont,  Engreux  et  Lignier  ;  Ceux  de  Bretaigne,  Beaussaint 


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et  Vecquemont  debvant  chaque  manant  laissant  disme  de  soille  et  avoine, 
une  poieterie  de  deux  stiers,  debvant  le  même  ceux  du  village  de  Harsi. 
Les  habitants  du  village  de  Thienville  nous  doibvent  aussi  pour 
chaque  ménage  faisant  feu  une  chaulte  de  six  stiers  seigle  et  avoine, 
exceptés  six  ménages  qu'en  sont  exempts  et  les  veufves  ne  payant  que 
la  moitié,  comme  de  même  ceux  de  la  dite  seigneurie  de  Vecque- 
mont, qui  ne  nous  doibvent  pour  chaque  ménage  que  demy  stier, 
en  droit  de  foresterie  consistant  en  ce  que  chacun  ménage  doit  un  stier 
d'avoine  se  payant  iceluy  par  ceux  des  villages  de  Chemplion,  d'Aïeux  et 
Beaussaint,  en  droit  de  terrage  et  bois  d'aysance  consistant  en  la  dixième 
gerbe  des  terres  et  bois  d'aysance  qu'on  saite  et  ensemence,  qui  se  lève 
principalement  au  quartier  de  Bande  où  nous  n'avons  que  le  tiers,  en  traité 
des  mines  se  faisant  icelle  présentement  au  regard  du  fer  au  quartier  de 
Champlion  consistant  en  l'onzième  charré  ou  nous  prenons  le  tiers  seulement 
contre  les  dits  prélat  et  couvent  de  Sl-Hubert,  toutes  les  autres  mines  nous 
appartenant  au  dit  comté  comme  souverain,  en  droit  de  paison,  chasse, 
pescherie,  confiscations,  amendes  et  plusieurs  cens  et  arrenlements  ordrcs 
tant  en  cire  que  chappons  sans  les  gellines  que  les  habitans  d'Ortho  et 
Engreux  payent  par  ménage,  dont  sera  dressé,  comme  plus  emplement  est 
porté  par  les  conditions  Cyd1,  cartulaire  pertinent  apparant  de  la  dite 
jurisdiclion  et  revenu  par  les  comptes  verbaulx  Règlements  et  Estats  en 
eslan  reponsans  en  nre  dite  chambre  des  comptes  en  cette  ville,  où  en 
cas  de  difficulté  sera  prins  recours. 

Lesquels  château,  ville,  terre,  comté,  jurisdiclion  et  revenu  avec  les 
appartenances  cy  devant  spécifiées,  avons  vendu,  cédé  et  transporté  à  titre 
de  gagière  à  notre  dit  Cousin  le  prince  de  Barbanson,  acquérant  au  nom 
de  Dame  Marie  de  Barbanson,  sa  compaigne,  par  remploy  des  deniers 
procédez  de  la  vente  de  ses  bois  de  haute  fustaye  de  la  forest  de  Dave 
ensuite  desclauses  de  leur  conlracl  de  mariage  par  elles  ses  hoirs  et  suc- 
cesseurs en  jouir,  comme  de  leur  propre  bien  durant  la  dite  gagière,  parmy 
la  somme  de  cent  soixante  quattre  mille  six  cent  soixante  cinq  livres  douze 
sols  de  quarante  gros  monnoye  de  Flandre  la  livre  qu'il  sera  payé  et  furny 
comptant  es  mains  de  messire  Ambroise  Van  Oncle  chlr,  Cons1  et  Receveur 
gnâl  de  nosdits  finances  par  nous  à  ce  commis  lequel  sera  tenu  en  bailler 
sa  Ire  de  recepte  rendre  compte  et  reliqua  à  nre  proftil  avec  les  autres 
deniers  de  sa  dite  recepte. 

Et  comme  nre  dit  cousin  nous  a  requis  pour  asseurance  de  cet  achapt  à 


—    160    — 

titre  de  gagère  au  nom  de  la  dite  Dame  Marie  de  Barbanson  sa  compaigne, 
ses  hoirs  et  héritiers  que  nre  plaisir  fust  de   leurs  accorder  nos  lettres 
patentes  d'engagère  à  ce  nécessaire.  Scavoir  faisons  que  Nous,  ces  choses 
considérées,  et  ayant  le  dit  accord  et  engagement  pour  aggréable,  et  sur  le 
tout  en  premièrement   l'avis   et   délibération   que  dessus,  avons   de  notre 
certaine  science  et  propre  mouvement  pour  Nous,  nos  hoirs  et  successeurs 
Duc  et  Duchesse  du  dit  Luxembourg  vendu,  cédé  et  transporté,  vendons, 
cédons  et  transportons  à  nre  dl  Cousin  le  prince  de  Barbanson,  acquérant, 
comme  dit  est,  la  dite  terre,  château  et  Comté  de  la  Boche  à  titre  d'enga- 
gement, pour  par  iceluy  la  dite  dame  sa  Compagne,  leurs  hoirs,  succes- 
seurs et  ayant  cause,  tenir  icelle  en  toute  justice,  haute,  moyenne  et  basse, 
avec  ses  appendances  et  dépendances,  comme  nous  et  nos  prédécesseurs 
l'avons  de  toute  ancienneté  tenu  jouy  et  usé  jusquesà  présent,  aux  charges 
et  conditions  cyds  reprises,  pour  en  la  même  forme  et  manière  en  jouir  et 
user,  et  tout  ainsy  que  Nous  et  nos  prédécesseurs  avons  fait,  ou  de  par 
Nous,  audit  lieu,  nos  officiers  avant  cette  engagère  aux  mêmes,  tels  et 
semblables  droits,  honneurs,  libertés,  prééminences  et  franchises,  qu'ont 
fait  et  font  les  autres  hauts  justiciers  de  nred1  pays  de  Luxembourg  réservé 
seulement  et  non  compris  en  la  présente  vendition  et  transport  à  titre  de 
gagère  nre  Souveraineté,  son  de  cloche,  aydes,  rémission  de   crimes  et 
délits  surannés,  légitimations,  octroys,  tous  arbres  estant  sur  les  chemins 
et  rues  publiques  et  communes,  confiscations  que  nous  pourroienl  arriver 
et  escheoir  a  cause  de  guerre,  et  tous  autres  droits  semblables  de  ressort 
et  Régale,  qu'avons  réservé  et  reservons  à  Nous  et  nos  successeurs  par  ces 
présentes,  comme  de  même  toutes  les  mines  et  concessions  qui  pourroienl 
estre  demandées  cy  après  pour  traicté   d'icelles,   sauf  celle   de  fer,   qui 
demeurera  à  nredit  cousin,  aussy  les  bien  vacquans  et  des  Bastards,  nonob- 
stant que  en  nred1  pays  de  Luxembourg   le  droit  d'iceux  n'appartient  aux 
hauts  justiciers,  laquelle  vendition,  cession  et  transport  de  la  dite  terre  et 
Comté  de  la  Boche  a  titre  d'engagère  ainsy   faite,  avons  icelle  avec  ses 
appendances  et  dépendances  esclissée  et  séparée,  esclissons  et  séparons 
par  ces  prîtes  des  hautes  membres  et  parties  de  nred1  Domaine  de  Luxem- 
bourg pour  en  laisser  jouir  doresnavant  le  dit  prince  de  Barbanson  acquérant 
au  nom  de  la  dite  Dame  sa  Compaigne,  leurs  hoirs  et  ayans  cause,  comme 
de  leurs  propres  biens,  sauff  qu'ils  seront  tenus  de  tenir,  ladte  moyenne  et 
basse  seigneurie  en  plein  fief,  et  à  relever,  comme  dit  est,  de  Nous  et  de  nos 
successeurs,  et  ce  es  mains  de  notre  dit  Gouverneur  de  nre  pays  de  Luxem- 


—    161     - 

bourg  tant  pour  cette  que  les  autres  fois,  que  la  dite  terre  changera  de 
mains,  et  que  le  relief  y  escherra  en  la  même  forme  et  manière  qu'est  usé 
au  regard  des  autres  fiefs  d'iceluy  nre  pays  et  Duché  de  Luxembourg  en 
laissant,   comme   dit  est,   au  dit   prince   de   Barbanson  acquérant  comme 
dessus  et  leurs  hoirs  et  successeurs  la  pleine  et  entière  puissance  de  la 
dite  haute  moyenne  et  basse  jurisdiction  de  la  dite  terre  et  Comté  de  la 
Roche  sous  les  conditions  susdites  en  et  par  la  manière  que  dit  est,  et  ce 
tant  et  si  longuement  que  nous  ou  nos  dits  successeurs  n'auront  acquitté 
et  déchargé  icelle  ensemble  et  à  une  fois  vers  luy,  sa  dite  compagne,  leurs 
hoirs  ou  ayans  cause  en  leurs  payant  et  rendant  la  susdite  somme  de  cent 
soixante  quattre  mil  six  cent  soixante  cinq  florins  et  douze  sols,  ensemble 
les  six  mille  florins  qu'avons  accordé  au  dit  prince  de  Barbanson  pour  mé- 
lioralion  du  bastiment  de  nre  dl  château  de   la  Roche,  à  charge  de  faire 
apparoir  par  deus  enseignements  de   l'employ  effectif  d'iceux   pour    les 
deniers  du  dit  remboursement  estre  rendus  et  remployez  au  proffit  de  la 
dite  Dame  sa  compaigne,  ou  de  ses  hoirs,  comme  procédez  de  son  lez  et 
coslé,  comme  dit  est,  et  employez  au  dit  achapt  h  titre  d'engagère,  lequel 
remboursement  ne  se  pourra  faire  toutesfois  qu'après  l'expiration  de  dix 
ans  doiz  la  possession  en  prince,  comme  dessus,  pour  le  dit  rachapt  ainsy 
fait,  et  la  dite  terre  et  comté  avec  ses  appartenances  et  dépendances  ainsy 
déchargée  et  acquittée,  estre  annexée,  remise  et  réunie  à  notre  dit  Domaine 
de  Luxembourg,  et  retourner  en   la  même   nature   et  estât  qu'elle  esloit 
devant  le  jour  de  la  date  de  cettes,  sans  que  pendant  ledit  tems  nos  Gou- 
verneurs de  nre  dl  pays  de  Luxembourg  ou  autres  officiers  leurs  Lieute- 
nants présens  et  avenir  quels  qu'ils  soyent,  ayent,  ou  puissent  prétendre 
civilement  ou  criminellement  avoir  en  ladite  haute,  moyenne  et  basse  sei- 
gneurie de  la  dite  terre  et  Comté  de  la  Roche,  appendences  et  dépendences 
aucune  judicature  01:  entremise  en  manière  que  ce  soit,  sauf  celles  qu'ils 
ont  eu  en  toutes  autres  hautes  justices,  particulières,  ains  en  laisseront  la 
connoissance,  judicature,  administration  à  nred1  Cousin,  la  dite  Dame  sa 
compagne,   leurs  hoirs  et  héritiers  lesquels  auront  et   leur  donnons  et 
octroyons  par  ces  présentes  pouvoir  et  authorité  d'y  exercer  et  faire  admi- 
nistrer la  justice,  sauf  qu'icelle  sera  tenue  d'aller  à  loy  et  appel  à  nre  dit 
conseil  de  Luxembourg,  comme  de  toute  ancienneté  et  en  faisant  par  Nous, 
nos  hoirs  et  successeurs  le  rachapt  cy  dessus  mentionné,  lequel  pourrons 
faire  toutes  et  quantes  fois  que  bons  nous  semblera  après  le  terme  de  six 
ans  devant  dit,  nonobstant  aucun  laps  de  tems  soit  immémorial  ou  autre 


—    162    — 

promettons  de  bonne  foy  faire  celuy  en  bonne  monnoye  qu'aura  cours  en 
nos  pays  de  par  deçà  au  temps  du  dit  rachapt  bien  entendu  toutefois  que 
Nous  ou  nos  successeurs  voulans  faire  iceluy  serons  tenus  de  le  signifier 
une  demi  année  auparavant  au  dit  prince  et  à  la  dite  Dame,  sa  compaigne, 
ou  leurs  ayans  cause  deuement  en  luy  laissant  tous  et  quelconques  les 
fruits  et  émoluments  ensemble  toutes  amendes  qui  jusques  au  dit  jour 
escherront  et  auront  êtez  calengées  ou  poursuivies,  saut'  les  eschéances  des 
fermes  et  ventes  des  autres  parties  du  Domaine  tant  en  argent  qu'en  grains 
dont  le  pied  ne  sera  couppé  au  tems  dudil  rachapt  suivant  le  cours  de  la 
saison  d'alors  qui  demeureront  à  Nous,  nos  hoirs  et  successeurs  nonobstant 
quelles  arrivent  tost  ou  tard  pour  le  dit  rachapt  ainsy  fait  reprendre,  comme 
dit  est,  et  reunir  à  nre  Domaine  ladite  terre  et  Comté  de  la  Roche  tout, 
ainsy  et  en  la  manière  qu'elle  estoit  auparavant  la  date  de  ces  dites  pré- 
sentes, et  afin  que  celle  vente  et  contracl  à  titre  de  gagère  soit  de  plus  de 
force  et  de  meilleure  valeur  et  puisse  sortir  son  plein  effet,  Nous  avons 
promis  en  parole  de  Roy  et  par  ces  dites  présentes  promettons  pour  Nous, 
nos  hoirs  et  successeurs  inviolablement  le  garder  et  entretenir  et  par  tous 
nos  officiers  dessus  nommez  et  tous  autres  qu'il  appartiendra  faire  garder, 
entretenir  et  observer  selon  la  forme  et  teneur  que  n'irons  directement  ou 
indirectement,  ou  souffrirons  par  qui  que  ce  soit  aller  au  contraire  sous 
quelque  couleur  ou  occasion,  ains  maintiendrons  et  garantirons  le  dit  con- 
tract,  et  ce  qu'en  dépend,  eu  la  manière  que  dit  est,  et  tiendrons  le  dit 
prince  et  sa  compaigne  quittes,  franques  et  déchargez  de  toutes  cavillations 
et  charges  envers  et  contre  tous,  renonceants  même  quant  à  ce  à  toutes 
prééminences,  privilèges  et  exceptions  de  droit  et  de  fait,  que  ne  voulons 
de  par  Nous  ou  autrement  de  quelque  estât  qu'il  soil  pouvoir  estre  objéciés, 
ny  avoir  quelque  effet  au  contraire  au  préjudice  des  choses  dessus  dites  et 
aiin  d'éviter  à  l'avenir  tout  sujet  et  occasion  de  difficulté  et  dispute,  le  dit 
prince  sera  tenu  de  bailler,  comme  dit  est,  pour  une  asseurance,  aux  dits 
de  nos  comptes  ses  lettres  renversales  contenantes  promesse  de  rendre  ou 
faire  rendre  la  dite  terre  et  Comté  de  la  Roche  lorsque  Nous  ou  nos  suc- 
cesseurs en  voudrons  faire  rachapt  entier  sans  aliénation  d'aucune  partie, 
et  au  même  pied  qu'icelle  luy  sera  livrée,  avec  ses  appartenances  et  dépen- 
dences,  rien  excepté,  à  quel  effet  ordonnons  aux  dits  de  nos  comptes  de 
faire  dresser  au  lieu  un  estât  distinctement  particularisé  de  valeur  et  im- 
portance de  chaque  partie  et  membre  de  la  dite  terre  et  comté  de  la  Roche, 
et  de  ce  qui  en  dépend  avec  estimation  des  usines  et  mesuraige  de  la  gran- 


—    163    — 

deur  et  consistence  des  terres,  viviers  et  autres  parties  cy  devant  spécifiées 
pour  au  tems  de  l'immission  du  dit  prince  en  la  possession  de  la  dite  terre, 
le  dit  estât  par  luy  ou  ses  constitués  estre  receu  et  au  pied  d'iceluy  couché 
déclaration  contenante  aussy  promesse  de  garder  et  accomplir  ponctuelle- 
ment en  tous  leurs  points  les  conditions  et  charges  reprinses  cy  devant,  et 
de  maintenir  et  relivrer  le  tout  au  pied  du  dit  estât  au  tems  du  désengage- 
ment, auquel  effect  double  authentique  luy  sera  livrée  du  dit  Estât  pour 
s'en  servir  là  et  ainsy  que  bon  luy  semblera.  Si  donnrons  en  mandement  à 
nos  amez  et  féaux  les  Gouverneur,  Président  et  Gens  de  nréd1  Conseil  de 
Luxembourg,  procureur  gênerai,  et  justicier  des  Nobles  dudit  Luxembourg, 
auxdits  de  nos  finances,  de  nre  chambre  des  comptes  en  cette  ville,  nos 
prevost  et  Receveur  du  dit  comté  de  la  Roche,  leurs  Lieutenants  et  chacun 
d'eux  en  son  droit  et  comme  a  luy  appartiendra,  et  a  tous  autres  nos  offi- 
ciers et  subjets  présens  et  à  venir  qui  ce  regardera  fassent  soutirent  et 
laissent  le  dit  prince  et  sa  compagne,  leurs  hoirs  et  successeurs  ou  ayans 
cause  pleinement  et  paisiblement  jouir  et  user  de  la  dite  haute  moyenne  et 
basse  seigneurie  de  la  dite  terre  et  Comté  de  la  Roche  en  la  manière  avant 
dite,  en  procédant  par  les  dits  de  nos  Finances  et  de  nos  comptes  en  cette 
ville  à  la  vérification  et  intérinement  de  ces  dites  présentes  selon  leur 
forme  et  teneur  et  parmy  rapportant  par  nos  dits  prévost  et  Pièce veur  de 
la  Roche  vidimus  ou  copie  authentique  de  ces  dites  présentes  en  nre  dite 
chambre  des  comptes  pour  une  et  la  première  fois  tant  seulement,  voulons 
iceux  nosdils  prevost  et  Receveur  estre  tenus  quites,  paisibles  et  déchargés 
de  rendre  leur  compte  de  la  dite  terre  et  Comté  de  la  Roche,  jurisdiction 
et  revenu  d'icelle  faisant  seulement  mention  du  rachapt  perpétuel  de  la  dite 
terre  en  leurs  derniers  comptes  à  rendre  de  la  dite  gagère  auxquels  de  nos 
comptes  mandons  par  ces  dites  présentes  d'ainsy  le  faire  sans  aucune  con- 
tradiction, difficulté,  nonobstant  les  ordonnances  cy  devant  faites  sur  la 
conduite  de  nos  Domaines  et  finances,  et  mêmes  celles  de  l'an  1531,  40  et 
45  par  lesquelles  auroit  été  et  est  expressément  deffendu  et  prohibé  de 
vendre  engager  ou  aliéner  nos  dits  Domaines  ou  partie  d'iceux,  ce  que 
déclarons  ne  debvoir  avoir  lieu,  ny  pouvoir  préjudicier  au  dit  prince  de 
Barbanson  et  à  la  dite  Dame  sa  compaigne,  leurs  hoirs  et  successeurs,  ou 
ayans  cause,  ny  aux  dits  de  nos  finances  et  de  nos  comptes,  ny  à  aucuns 
autres  nos  officiers,  ains  les  avons  relevé  et  relevons  et  si  les  avons  dé- 
chargé et  deschargeons  par  ces  dites  présentes  des  serments  par  eux  res- 
pectivement prestes  sur  l'entretenement  et  observance  des  dites  ordon- 


-     164    — 

nances,  demeurant  néantmoins  icelles  en  tous  autres  points  et  articles 
restans  en  leur'  pleine  force  et  vigueur,  nonobstant  quelconques  autres 
ordonnances,  restrictions,  mandements,  ou  deffences  au  contraire  :  En 
lesmoing  de  ce  Nous  avons  fait  mettre  nre  seel  à  ces  dites  présentes. 

Donné  en  notre  ville  de  Bruxelles  le  16e  de  Décembre  l'an  de  grâce  mil 
six  cent  vingt  huit  et  de  nos  Règnes  le  huitième.  Paraphé  ma  :  V  s'ensui- 
voil  ainsj  par  le  Roy,  madame  l'Infante,  les  Comtes  des  Couppigny  et  de 
Warfuzé  cheff,  messir  francois  Kinshot  chlr  Trésorier  gnal  Messe  Jean 
Baptiste  Maes  et  Jean  Van  Wouevère  chlrs  commis  des  Finances  et  autres 
présens  signé  Werreycken.  S'ensuivoit  ainsy  les  chiefs  trésorier  gnal  et 
commis  des  Domaines  et  Finances  du  Roy  consentent  et  accordent,  en 
tant  qu'en  eux  est,  que  le  contenu  en  ces  lettres  patentes  soit  fourny  et 
accomply  tout  ainsy  et  en  la  même  forme  et  manière  que  sa  majesté  le 
veut  et  mande  estre  fait  par  les  dites  lettres  patentes.  Fait  à  Bruxelles  au 
bureau  des  dites  finances  sous  les  seings  manuels  des  dits  chiefs  Trésorier 
gnal  et  Commis  le  vije  de  février  xvjc  vingt  nœuf  C  :  L  :  Dongnyes,  R  : 
Comte  de  Warfuzé,  f  :  V  :  Kinschot,  J:  B:  Maes  et  J  :  Kesseler,  et  estoient 
ces  lettres  scellées  avec  le  grand  scel  de  sa  majesté  en  cire  rouge  pendant 
en  double  queue  de  parchemin  s'ensuivoit  ainsy  aujourd'huy  xe  de  février 
xvjc  xxix  ont  ces  présentes  lettres  d'engagère  estes  veues  et  leues  au  grand 
Bureau  de  la  Chambre  des  comptes  de  sa  majesté  en  Brabant,  et  suivant 
le  contenu  d'icelles  enregistrées  et  inlérinées  au  Registre  nouveau  fait  a 
cet  effet,  pour  les  Seigneuries  et  autres  parties  engagées  des  Domaines  de 
Brabant  pays  d'Outremeuse,  du  Duché  de  Luxembourg  et  Comté  de  Chiny 
commenceant  en  l'an  xvjc  xxvj  marqué  des  lettres  M.  M.  folio  cxix  vso  et 
sequentibus  signé  P  :  Backer,  plus  bas  estoit  accordé  aux  lettres  patentes 
originelles  d'engagière  estoit  signé  P  :  Backer. 

Il  est  ainsy  trouvé  au  Registre  mentionné  dans  l'intérinement  cy  dessus 
reposant  en  la  Chambre  des  Comptes  de  Sa  Majesté  impériale  et  catholique 
en  Brabant,  temoing  le  soussigné  auditeur  et  Greffier  ordinaire  de  la  dite 
Chambre  estoit  signé  f  :  Vanderborcht  avec  paraphe. 

70.  4664,  5  mars.  —  Apjjointement  concernant  la  séparation  deBeausaint 

et  de  la  Roche. 

Comme  procès  estait  intenté  au  conseil  de  Luxembourg  entre  les  Prévost, 
Magistral,  Bourgumre  et  conseil  de  la  ville  de  la  Roche  impts  de  mande- 
ment à  informer  contre  Dame  Margueritte  d'Orgo,  Dame  de  Beausaint  et 


—     165     — 

les  pères  Carmes  de  la  ville  de  Marche  adjournés  et  défendeurs  touchant 
les  droicts,  authorité  qu'ont  ehu  de  tout  temps  immémorial  et  jusqz  au 
pnl  les  ds  Prévost,  Maieur  et  justice  susdle  à  l'hospital  de  la  Roche  situé 
au  faulbourg  de  ceste  ville,  et  dépendance  d'iceluy  hospital,  pour  lequel 
procès  assopir  et  extindre  les  dits  impls  et  Dame  sont  tombés  d'accord 
entre  eulx  au  moyens  que  lesds  impls  ont  recognus,  coe  par  ceste  ils 
recognoissent  le  fond  dudit  hospital  et  dépendance  estre  gisant  sur  la 
seigneurie  du  dit  Beausainct  pour  par  la  dite  Dame  et  ses  successeurs  jouir 
de  toutes  amendes,  forfactions.  coe  aussy  de  recepvoir  par  sa  justice  tout 
acts  et  œuvres  de  loix  qui  viendront  à  opérer,  ensemble  des  droicts,  cens 
rentes  sriaux  luy  dheus  et  à  y  escheoir,  aussy  es  jardins  de  quehapré  scitués 
entre  le  chemin  royal  et  le  ruisseau  de  Bronce  jusqz  au  pont  des  Cades, 
les  séparations  de  laquelle  seigneurie  se  font  par  le  dl  ruisseau  de  Bronce 
descendant  derrière  réglisse  dudit  hospital  jusqz  à  la  ruelle  d'entre  la  dle 
églisse  et  la  maison  de  feu  Urban  le  Blanc,  se  radressant  à  un  canal  vul- 
gairement nommé  Corotle  qui  retourne  par  devant  la  maison  de  Gérard  de 
Marche  et  se  va  rendre  à  l'eau  d'Ourte,  parmy  quoy  la  dite  Dame  tant  en 
son  nom  que  de  ses  successeurs  futurs,  même  de  l'adveu  de  noble  et 
généreux  seigneur  Pierre  Louis  de  Coppin,  son  fils  aisné,  et  de  son  Conseil 
tous  pnts  ont  déclaré  et  déclarent  se  contenter  de  la  recognaissance  susdte 
sans  y  prétendre  ny  clamer  aullres  droit  que  les  susspécifiés  et  ce  en  qualité 
de  hault  justicier,  moyen  et  bas  laissant  le  dit  hospital,  églisse,  bastiments, 
pourprix  et  dépendances  pour  hospital  de  la  ville  de  la  Roche  coe  il  a  esté 
de  tout  temps,  recognaissant  l'administration  d'iceluy  hospital,  de  ses  cens, 
rentes,  revenus  et  dépendances  compecter  et  appartenir  aux  Prévost  et 
Magistral  susdit  privativement  et  à  l'exclusion  de  tous  aullres  avec  pouvoir 
de  bastir,  méliorer,  changer  et  réedifier  selon  qu'ils  trouveront  convenir, 
aussy  y  créer  Manbourg,  hospitalier,  y  loger,  establir,  déloger  hnallement 
en  disposer  à  l'exclusion  de  la  dite  Dame,  ses  successeurs  et  de  tousaultres 
sans  préjudice  de  la  juridiction  et  droict  de  haultaineté,  moyenne  et  basse 
sus  reprinse  et  sy  nat  peu  la  dite  Dame  ny  le  seigneur  de  Beausainct  son 
feu  maris  en  disposer,  non  plus  avant  ce  pnt  appoinctement,  qu'il  ne  ferat 
cy  après,  ayant  la  dite  Dame  et  le  dit  seigneur  son  fils,  et  leur  Conseil 
consenty  pour  leurs  esgard  a  l'establissement  des  P.  P.  Récolels  qu'ont 
faict  les  Impls  en  un  quartier  du  dit  hospital,  mais  advenant  qu'ils  obtien- 
droyent  permission  du  Roy  d'y  bastir  cloître  ou  maison  conventuelle  et  que 

1<2 


-     166     - 

sa  Majesté  demandant  de  ce  l'adois  des  ïmpls,  iceulx  en  debveront  donner 
communicquation  au  Seigneur  de  Beausainct  pour  y  apporter  pareillement 
son  consentement,  le  mesme  ferat  le  dl  seigneur  de  Beausainct  aux  dits 
Prévost  et  Magistrat  du  dit  la  Roche,  arrivant  que  ledit  advis  s'adresse  à 
ly,  demeurant  au  moyen  de  ce  tous  despens  compensé.  Et  partyes  ont 
ordonné  à  leurs  Greffiers  de  l'enregistrer,  scavoir  que  le  Greffier  de  la 
Roche  l'escrivent  de  sa  main  au  regre  du  fief  du  dit  Beausaiuct  et  récipro- 
quement celluy  de  Beausaint  au  regre  de  la  Roche,  et  le  munir  chacun  de 
sa  signature  esdils  deux  registres.  Ainsy  fait  et  arresté  et  mis  en  guard  de 
loix  le  cincquiesme  Mars  mil  six  cent  soixante  quattre.  —  Signé  — G.  Robert. 
Extrait  de  la  cour  de  Beausaint-Vecmont.  —  Oeuvres  de  loi. 


LES 

COMTES  DE  CHINY. 

(suite.) 

AîlNULPIIE  IV,   DOUZIÈME  COMTE  DE  ClIINY. 

1299  —  1310. 

Jean  I,  comte  de  Looz  et  frère  aîné  du  feu  comte  de  Chiny,  avait  été 
marié  deux  fois.  De  sa  première  femme,  sœur  du  comte  de  Juliers,  naquit 
un  seul  enfant,  nommé  Arnulphe,  dont  nous  allons  parler.  Isabelle  de 
Condé,  sa  seconde  femme,  lui  donna  deux  autres  fils  :  Jean,  surnommé 
d'Agimont,  et  Jacquemin,  qui  fut  chanoine  de  Saint-Lambert  et  prévôt  de 
Saint-Denis,  a  Liège. 

Depuis  plus  de  vingt  ans  l'aîné  de  ces  trois  princes  avait  succédé  à  son 
père  au  comté  de  Looz,  lorsque  la  mort  de  son  oncle  Louis  V  le  mit  en 
possession  du  comté  de  Chiny.  11  est  dans  l'histoire  de  Looz  le  cinquième 
comte  du  nom  d'Arnulphe  et,  dans  celle  de  Chiny,  le  quatrième. 

Dès  l'année  1281,  Arnulphe  avait  acheté  h  ses  deux  frères  consanguins 
tous  les  biens  qu'ils  pouvaient  avoir  sur  le  comté  de  Looz  et  même  tous 
leurs  droits  éventuels,  présents  ou  futurs,  dans  le  comté  de  Chiny.  C'est 
alors  qu'il  leur  avait  cédé  préventivement  certains  domaines  qui  étaient  du 
ressort  de  ce  dernier  comté,  a  savoir  :  une  partie  des  terres  d'Agimont  et 
de  Givet,  plus  des  rentes  à  toucher  dans  le  Hainaut  (1).  Rien  ne  s'opposa 
donc  à  l'installation  d'Arnulphe  IV  dans  son  nouveau  comté  de  Chiny. 

(1)  Daris,  Hist.  de  Looz,  p.  491  ;  Butkens,  Troph.  t.  1,  p.  114;  Schoonbroodt,  chartes  de 
St-Lamb.  n°  350. 

Jean  d'Agimont,  l'aîné  des  deux  frères  consanguins  d'Arnulphe  IV,  mourut,  en  1310,  au 
service  de  l'empereur  Henri  de  Luxembourg,  son  cousin.  On  trouve,  dans  le  Miroir  des 
nobles  de  la  Hesbaye,  de  nombreux  renseignements  sur  lui  et  sur  sa  postérité,  surtout 
dans  les  notes  de  Jalheau,  pages  192  et  261  ;  également  dans  les  manuscrits  de  Lefort, 
série  I,  t.  XIII,  p.  292,  aux  Archives  de  l'État  à  Liège. 

Quant  à  Jacquemin  de  Looz,  il  vivait  encore  en  1238.  L'épitaphe  citée  par  Mantellius, 
Hlstor.  lossens.  p.  205,  pour  prouver  qu'il  mourut  en  1330,  est  ou  fausse  ou  mal  déchiffrée. 
En  effet  ce  seigneur  obtenait  du  prince -évèque,  le  3  décembre  1337,  l'autorisation  d'aliéner 
par  testament  ses  biens  féodaux,  et,  le  19  février  suivant,  il  choisissait  les  pauvres  pour 
ses  légataires.  Il  exceptait  toutefois:  ses  biens  féodaux  de  Thuillies  et  d'Ossogne,  qu'il  léguait 
à  la  collégiale  dont  il  était  prévôt  ;  une  rente  de  deux  muids  d'épeautre,  destinée  a  la  ci  >n- 
frérie  du  Vieux-Chapitre  ;  ses  biens  de  Neui'chàteau,  au  comté  de  Chiny,  et  ceux  de  Balâtre 
et  de  Laneffe,  qu'il  laissait  à  ses  trois  neveux  Louis,  Jacques  et  Arnold,  lils  de  Jean  d'Agi- 
mont et  tous  trois  chevaliers.  V.  Notice  des  Cartul.  de  la  collégiale  Saint-Denis,  par 
S.  Bormans,  page  90. 

13 


—    170    — 

Récapitulons  brièvement  la  vie  déjà  longue  de  ce  prince.  L'année 
qui  précéda  son  avènement  au  comté  de  Looz,  il  avait  soutenu 
généreusement  la  cause  de  son  aïeul  maternel  le  comte  de  Juliers  contre 
la  ville  d'Aix-la-Chapelle  et  contre  l'archevêque  de  Cologne.  Après  la  mort 
tragique  de  ce  vieux  comte  et  de  son  fils  aîné,  il  avait,  de  concert  avec  les 
comtes  de  Gueldre  et  de  Luxembourg,  continué  sans  trêve  ni  merci  la  lutte 
engagée  avec  les  ennemis  de  la  maison  Juliers.  Mais,  à  l'apparition  dans 
le  pays  d'Outre-Meuse,  de  Jean  I,  duc  de  Brabant,  c'est-à-dire  au  mois 
d'avril  1280,  les  combats  cessèrent  tout  à  coup,  et  la  paix  fut  définitive- 
ment conclue,  le  '10  septembre  suivant. 

Dans  l'intervalle  marqué  par  ces  deux  dates,  Arnulphe  IV  avait  épousé 
Marguerite,  fille  de  Philippe,  comte  de  Vianden,  et  de  Marguerite,  dame 
de  Perwez,  Grimberg  et  Ninove.  11  lui  donnait  pour  son  douaire  quatre 
cents  livres,  hypothéquées  sur  les  châteaux  de  Duras  et  de  Sprimont,  ainsi 
que  sur  d'autres  propriétés.  Ces  conventions  furent  actées  à  Bruxelles,  le 
21  juin  1280;  elles  reçurent  l'approbation  du  duc  de  Brabant,  de  qui  mou- 
vaient les  deux  châteaux  hypothéqués.  On  remarquait,  parmi  les  nombreux 
témoins  de  ce  contrat,  Godefroid  de  Brabant,  comte  d'Arschot,  Henri  de 
Louvain,  sire  d'Herslal  et  Wautier  Bertout,  sire  de  Malines  (1). 

Notons  ici  qu'avant  de  songer  à  Marguerite  de  Vianden,  Arnulphe  avait 
recherché  en  mariage  une  autre  princesse,  nommée  également  Marguerite, 
fille  de  Henri  II,  comte  de  Luxembourg.  Il  existe  au  Public  Record  Office 
de  Londres  une  lettre  non  datée,  écrite  par  le  comte  de  Luxembourg 
Henri  II,  au  roi  d'Angleterre  Edouard  I.  Entre  autres  choses  le  comte  prie 
le  roi  de  s'entremettre  auprès  du  souverain  pontife,  afin  d'obtenir  une  dis- 
pense de  mariage  entre  le  comte  de  Looz  et  sa  fille,  lesquels,  affirme-t-il, 
sont  parents  aux  troisième  et  quatrième  degrés  (2). 

On  peut  lire  cette  lettre  dans  les  Publications  historiques  de  Luxem- 
bourg (3).  Je   n'y  reviendrai  que  pour  répéter  que  son  auteur  est  néces- 

(1)  St-Genois,  Monum.  anc.  t.  II,  p.  228;  Bertholet,  t.  V,  p.  208. 

(2)  Cum  vir  nobilis  cornes  de  Lous,  qui  matrimoniali  copula  nubere  nititur  meœ  filice,  si 
per  dispensationem  domini  summi  pontifiais  (suppl.  liceat),cum  in  tertio  et  quarto  sint 
gradu,  etc.  Indiquons  ces  degrés  : 

Thibaut  I,  comte  de  Bar,  dont 


I.  Henri  II,  comte  de  Bar. 

II.  Marguerite,  comtesse  de  Luxembourg. 

III.  Marguerite,  fiancée. 

(3)  Tome  XXX;  page  277. 


I.  Mechtilde,  comtesse  de  Chiny. 

II.  Jeanne,  comtesse  de  Chiny. 

III.  Jean,  comte  de  Looz. 

IV.  Arnulphe,  fiancé. 


—  \1\   — 

sairement  le  comte  Henri  II.  La  Chronique  de  Clairefontaine  contient  à  ce 
sujet  une  phrase  bien  remarquable.  Marguerite  de  Luxembourg,  fille  du 
comte  Henri  II,  avait,  nous  dit-elle,  le  plus  vif  désir  d'entrer  en  religion  ; 
mais  des  raisons  d'État  ayant  fait  échouer  son  projet,  elle  fut  accordée  en 
mariage  au  comte  de  Chiny  ;  ce  qui  du  reste  ne  l'empêcha  pas  de  vivre 
comme  une  religieuse  et  de  rester  vierge  (1).  Comme  celte  princesse  de 
Luxembourg  vivait  encore  longtemps  après  le  mariage  du  comte  Arnulphe 
avec  Marguerite  de  Vianden,  il  faut  conclure  que  les  premières  conventions 
ne  furent  que  de  simples  fiançailles.  Pourquoi  ont-elles  été  rompues?  On 
l'ignore.  Peut-être  parce  que  Marguerite  de  Luxembourg  ne  s'y  était  pas 
prêtée  de  bonne  grâce,  peut-être  aussi  parce  que  la  dispense  demandée  au 
pape  ne  fut  pas  accordée. 

Quelque  temps  après  son  mariage,  le  comte  Arnulphe  faisait  avec  le  duc 
de  Brabant  l'exacte  délimitation  de  leurs  communes  frontières,  du  côté  de 
Landen  et  de  Montenacken  (2).  A  la  fameuse  bataille  livrée  à  Wœringen, 
le  5  juin  1288,  il  commandait  l'aile  droite  des  alliés  de  ce  même  duc  et, 
au  rapport  de  tous  les  chroniqueurs,  il  eut  une  grande  part  à  la  victoire. 
Il  eut  aussi  le  bonheur  de  sauver  la  vie  à  deux  de  ses  parents  qui  combat, 
taient  dans  les  rangs  ennemis  :  à  Regnaud,  comte  deGueldre,  et  à  Waleran, 
sire  de  Fauquemont. 

Six  ans  plus  tard  ces  deux  parents  étaient  devenus,  l'un  son  ennemi, 
l'autre  son  allié.  Le  comte  Arnulphe  et  Waleran  de  Fauquemont  assiégeaient  en 
effet  Regnaud  de  Gueldre  dans  le  château  de  Rorne,  près  de  Sittart.  En  vain 
Adolphe,  roi  de  Germanie,  leur  intima- 1  il  l'ordre  de  lever  le  siège  et  de 
déférer  à  son  tribunal  suprême  leurs  griefs  contre  Regnaud  de  Gueldre  ; 
en  vain  les  menaça-t-il  de  faire  marcher  contre  eux  les  troupes  de  l'arche- 
vêque de  Cologne,  du  duc  de  Brabant,  des  comtes  de  Hainaut,  de  Clèves 
et  de  Hollande  (3).  Les  deux  assaillants  savaient  sans  doute  à  quoi  s'en 
tenir  au  sujet  des  dispositions  à  leur  égard  des  princes  dont  le  maladroit 
monarque  voulait  leur  faire  peur  ;  car  ils  ne  tinrent  aucun  compte  ni  de 
ses  ordres  ni  de  ses  menaces,  et  ils  continuèrent  le  siège.  Trois  mois  après, 
l'empereur  prenait  la  résolution  d'aller  lui-même  au  secours  du  château  de 
Borne  (4).  On  ignore  ce   qui  advint  ensuite.  Vingt-cinq  ans  plus  tard  le 

(1)  Cartul.  imprimé  de  Clairefontaine,  page  273.  Ce  texte  a  été  on  ne  peut  plus  maladroite- 
ment tronqué  par  D.  Henriquez,  Lilia  Cistercii,  tom.  II,  p.  165. 

(2)  Cartul.  de  Saint-Lambert,  n°  384. 

(3)  Voir  la  lettre  de  cet  empereur  dans  le  cod.  diplom.  de  Ernst,  Hist.  du  Uinbourg, 
tome  VI,  page  421.  Elle  est  datée  du  29  avril  1294. 

(4)  Wolters,  cod.  dipl.  loss.  p.  174. 


—    172    - 

château  de  Borne  était,  comme  au  commencement  du  siècle  précédent,  un 
fief  relevant  du  comte  de  Looz  (1). 

Le  2  novembre  4295,  le  comte  Arnulphe  accompagné  de  chevaliers 
parmi  lesquels  se  trouvaient  le  même  Waleran  de  Fauquemont,  comparais- 
sait à  Liège  devant  une  réunion  formée  du  chapitre  de  la  cathédrale,  des 
nobles  et  des  députés  des  principales  villes  delà  principauté.  Voici  les  faits 
qui  avaient  motivé  cette  imposante  réunion. 

A  la  mort  du  prince-évêque  Jean  de  Flandre  (1292),  Arnulphe  s'était 
proclamé  mambour  et,  sans  attendre  sa  nomination  du  chapitre,  avait  pris 
en  main  le  gouvernement  de  la  principauté.  Il  prétendait  que  celte  mam- 
bournie  était  un  fief  héréditaire  de  sa  famille.  Le  chapitre  protesta,  ce  qui 
n'empêcha  pas  Arnulphe  de  relever  sa  mambournie  du  nouveau  roi  de  Ger- 
manie. Cependant  les  chanoines  s'étaient  divisés  et  avaient  nommé  deux 
candidats  a  l'évêché.  La  vacance  du  saint  siège  relarda  jusqu'en  1295  la 
solution  de  cette  nouvelle  difficulté.  Mais  alors  l'évêché  de  Liège  ayant  été 
conféré  à  Hugues  de  Chàlons,  le  comte  de  Looz  consentit  à  ce  que  la 
question  de  la  mambournie  fut  soumise  à  l'examen  d'hommes  compétents. 
Ceux-ci  donnèrent  gain  de  cause  au  chapitre. 

Les  choses  en  étaient  là,  lorsque  fut  convoquée  l'assemblée  solennelle 
qui  devait  ratifier  et  proclamer  ce  jugement.  La  conduite  du  comte  de 
Looz  dut  y  mettre  tout  le  monde  singulièrement  à  l'aise  ;  car  il  vint  lui- 
même  déclarer  franchement  qu'il  s'était  trompé  en  croyant  avoir  droit  à  la 
mambournie  ;  il  y  renonçait  donc  et  promettait  de  ne  jamais  se  prévaloir 
de  l'investiture  à  lui  donnée  par  le  roi  de  Germanie  (2).  Il  changea  néan- 
moins d'avis  dix-sept  ans  plus  tard,  après  cette  journée  connue  sous  le 
nom  de  Maie  Saint-Martin,  laquelle  fut  si  fatale  à  la  noblesse  liégeoise. 

Arnulphe  aidé  du  duc  de  Brabant  et  du  comte  de  Gneldre,  venait  de 
réconcilier  le  comte  de  Juliers,  son  beau-frère,  avec  Wichold,  archevêque 
de  Cologne  ;  il  s'efforçait  d'obtenir  un  arrangement  semblable  entre  l'évê- 
que  de  Liège  et  le  chapitre  de  sa  cathédrale,  lorsqu'il  fui  appelé  à  recueillir 
la  succession  de  son  oncle  Louis  V,  comte  de  Chiny.  C'était  aux  approches 
de  l'hiver. 

Il  ne  reste  aucun  détail  ni  sur  la  mort  de  Louis  V,  ni  sur  les  honneurs 
funèbres  qui  lui  furent  rendus,  ni  sur  la  prise  de  possession  de  son  suc- 
cesseur. Une  charte  de  Boémond,  archevêque  de  Trêves,   le  qualifie,  à  la 

(1)  Daris.  Ilist.  de  Looz,  tom.  I,  page  497. 

(2)  Daris,  ibidem,  p.  499. 


—    173    — 

date  du  3  décembre  1299,  de  Arnulphus  chiniaccnsis,  de  sire  d'Ivoix  et  de 
comte,  mais  sans  dire  comte  de  Chiny.  Cette  dernière  qualification  ne 
prouve  pas  qu'il  ait  été  dès  lors  inauguré  comte  de  Chiny,  mais  il  l'était 
certainement  bien  peu  de  temps  après. 

La  charte  de  l'archevêque  nous  apprend  que  l'un  des  premiers  actes 
d'Arnulphe  IV,  dans  le  comté  de  Chiny,  fut  l'accomplissement  d'un  devoir, 
bien  souvent  négligé  à  cette  époque.  Arnulphe  était  l'avoué  des  prébendes 
du  chapitre  d'Ivoix.  Il  devait  en  cette  qualité  veiller  à  la  bonne  administra- 
tion des  fondations  du  chapitre  et  à  l'exacte  observance  des  lois  qu'elles 
imposaient  aux  bénétîciers.  Or,  parmi  ces  lois,  celle  de  la  résidence  don- 
nait lieu  à  des  interprétations  arbitraires.  Arnulphe  et  les  titulaires  eux- 
mêmes  s'en  plaignirent  a  l'archevêque  Boémout  qui,  entre  autres  prescrip- 
tions, ordonna  :  1°  que  tout  chanoine  devait,  la  première  année,  résider 
effectivement  à  lvoix  pendant  trente  semaines,  consécutives  ou  non  ;  les 
années  suivantes,  la  résidence  obligée  n'était  que  de  vingt  semaines.  Un 
seul  jour  de  moins  suffisait  pour  faire  perdre  au  titulaire  tous  les  revenus 
d'une  année  ;  2°  que,  pendant  ce  temps  de  résidence,  tout  chanoine  est 
tenu  d'assister  journellement  à  l'un  des  trois  offices,  c'est-à-dire  aux  matines, 
ou  à  la  messe  ou  aux  vêpres.  Cette  ordonnance  fut  scellée  des  sceaux 
de  l'archevêque,  du  comte  et  du  chapitre. 

Le  3  décembre  1299. 

Boemundus,  Dei  gratia  Trevirorum  archiepiscopus,  dilectis  in  christo  filiis 
capitulo  et  singulis  candnicis  ecclesise  Beatœ  Marise  ivodiensis,  nostrse  trevi- 
rensis  diœcesis,  prœsentibus  et  futuris,  salutem  in  Domino  sempiternam. 

Ad  nostram  de  novo  pervenit  notitiam  quod  canonici  ecclesiae  ivodiensis 
sancta  institutione  sua  sacramentum  prestant  in  ecclesia  ipsa  residentiam  se 
facturos,  prout  in  statutis  ejusdem  ecclesiœ,  per  venerabilem  prœdecessorem 
nostrum  Th.  trevirensem  archiepiscopum  confirmatis,  hsec  talia  dicuntur 
plenius  contineri  ;  quœ  residentia  per  nos  vel  prsedecessores  nostros,  Treviro- 
rum  episcopos,  seu  quemvis  alium,  nondum  extitit  hactenus  declarata. 

Unde,  cum  ex  officii  nostri  debito  ecclesiis  et  personis  quarum  curam 
gerimus  de  opportuno  providere  remedio  teneamur,  ne  vos,  canonici  pra3dicti, 
prsetextu  residentia}  memorata3  anceps  perjurium  incurratis,  statuta  pncdicta, 
quantum  ad  residentiam  vestram  et  quœdam  alia  quse  correctione  indigebant, 
pro  utilitate  pauperis  ecclesise  ivodiensis  et  pace  conscientiarum  vestrarum, 
ad  vestram  et  nobilis  viiï  Arnoldi  chiniacensis,  domini  de  Ivodio,  patroni 
prsebendarum  vestrarum,  supplicationem,  in  modum  qui  sequitur,  corrigimus 
ac  etiam  declaramus  : 


—    174     — 

In  primis  statuentes  declarando  et  déclarantes  statuendo  quod  canonicus 
ivodiensis,  facta  institutione  sua,  teneatur  pro  prima  residentia  per  triginta, 
pro  aliis  vero,  facta  prima,  per  viginti  septimanas  anni  cujuslibet  continuas 
vel  interpollatas,  residere  in  ecclesia  ivodiensi,  secundum  modum  inferius 
annotatum.  Quam  residentiam  si  facere  neglexerit  seu  non  curaverit,  in  toto 
vel  in  parte,  etiamsi  per  solam  diem  ipsum  deficere  contigerit,  nihil  de  fru- 
ctibus  prœbendse  suas  anni  illius  percipiet.  Et  si  quis  perse  vol  aliumreceperit 
illos,  cotidianis  distributionibus  et  anniversariis  dumtaxat  exceptis,  infra 
mensem,  computandum  a  die  qua  eertum  erit  dictum  canonicum  suam  non 
posse  complere  residentiam,  personœ  per  vos  ad  hoc  deputandse  restituere 
tenebitur,  inter  praesentes  canonicos,  qui  suam,  ut  prœmissum  est,  compleve- 
rint  in  ecclesia  ivodiensi  personalem  residentiam,  œqualiter  dividendos. 

Quos  si  infra  mensem  prœdictum  restituere  cum  effectu  distulerit,  nihil  de 
fructibus  prœbendas  sueb,  nec  de  denariis  horarum  et  anniversariis,  quamdiu 
eos  retinuerit,  percipiet;  nec  habebit  intérim  vocem  in  capitulo,  nec  etiam 
ad  tractatus  capituli  ullatenus  admittetur.  Canonicus  autem  suam  volens  in 
ecclesia  ivodiensi  facere  residentiam,  ad  ipsam  faciendam,  in  ecclesia 
ivodiensi,  coram  praesentibus  canonicis,  infra  festum  beati  Remigii  in  capite 
octobris,  anno  quolibet,  per  se  vel  per  procuratorem  idoneum,  offerat  se 
facturum.  Quam  residentiam  faciet  canonicus  qui,  per  tempus  prœfixum,  una 
de  tribus  horis  diei,  scilicet  matutinis,  missse  vel  vesperis,  in  ivodiensi  ecclesia 
personaliter  comparebit,  nisi  Ivodii  minutus  fuerit  vel  infirnius. 

Statuta  vestra  praedicta  in  aliis  suis  clausulis  ac  correctionem,  neenon 
ordinationem  et  declarationes  praesentes  ac  consuetudines  antiquas  ecclesiao 
vestrae  licitas,  in  omnibus  approbantes,  ipsa  authoritate  metropolitana  confir- 
mamus  ;  quae  singulis  vobis,  et  vestrum  cuilibet,  in  virtule  obedientise  invio- 
labiliter  praecipimus  observari. 

In  cujus  rei  testimonium  sigillum  nostrum,  una  cum  comitis  praedicti  et 
ecclesiae  vestrae  sigillis,  praîsentibus  est  appensum. 

Et  nos,  cornes  et  capitulum,  pnedicta  sigilla  nostra,  in  signum  consensus 
nostri,  una  cum  sigillo  reverendi  patris  praedicti,  praesentibus  duximus  appo- 
nenda. 

Actum  et  datum  anno  Domini  M.  CG.  nonagesimo  nono,  feria  quinta  post 
festum  beati  Andraeae,  apostoli  (I). 

Les  solennités  funèbres  aussi  bien  que  les  mariages  et  les  inaugurations 
ont  toujours  été  dans  les  pays  de  Luxembourg  et  de  Chiny,  des  occasions 
de  dépenses  exorbitantes,  parfois  ruineuses.  Personne  donc  ne  sera  surpris 

(1)  D'après  une  copie  du  P.  A.  Wiltheim,Bibl.  Bourg.  N°0759,  sans  autre  indication  que 
ces  mots  :  A  D.  Bergerotio,  advocato. 


-    *75    — 

de  voir  Arnulphe  faire  un  emprunt  de  trois  mille  sept  cent  quatre-vingts 
livres,  monnaie  en  usage  dans  les  foires  de  Champagne. 

A  cette  époque  les  usuriers,  auxquels  on  donnait  le  nom  de  lombards, 
faisaient  dans  nos  contrées  un  commerce  très  lucratif.  La  plupart  des 
princes  furent  bientôt  leurs  débiteurs,  et  presque  tous,  hors  d'état  de 
rembourser  les  sommes  empruntées,  laissaient  les  intérêts  grossir  le  capital, 
jusqu'à  ce  que  les  cautions  leur  fissent  défaut.  Alors  force  leur  était  de 
placer  des  terres  en  fief,  de  faire  à  des  monastères  des  donations  rétribuées, 
d'inféoder  et  même  de  vendre  en  tout  ou  en  partie  leurs  propres  étals.  Les 
comtes  de  Chiny  n'échappèrent  pas  à  cette  dure  nécessité. 

La  charte  suivante  indique  les  conditions  de  l'emprunt,  mais  fort  confu- 
sément. Tout  ce  qu'on  peut,  ce  semble,  y  comprendre,  c'est  que  la  somme 
doit  être  remboursée,  soit  par  des  annuités,  soit  en  un  seul  payement,  avant 
la  septième  année  révolue.  La  teneur  de  cette  pièce  rend  très  vraisemblable 
la  présence  du  futur  empereur,  Henri  VII,  aux  obsèques  de  Louis  V  et  à 
l'inauguration  de  son  successeur. 

Le  18  février  1300. 

Nous  Arnous,  cuens  de  Los  et  de  Chiney,  faisons  savoir  à  tous  que  nous 
avons  mis  en  pleige  et  en  rendeur  noble  homme,  nostre  chier  signour  Henry, 
conte  de  Lucembourg  et  marchis  d'Erlons,  envers  George  de  Sybonne,  lom- 
bard, citai  n  et  marchant  d'Ast,  de  trente  sept  cens  livres  et  quatre  vingtz 
livres  de  fors,  que  je  ai  promises  et  promect  à  payer  et  à  rendre  loyalement, 
en  bonne  foit,  de  ceste  Nativiteit  nostre  Signour,  qui  or  vient  prochainement, 
jusques  à  sept  années  continuieles  ensuyvans  l'une  après  l'autre,  sans  moyen, 
audit  George,  ou  à  son  comandement,  en  bonne  monnoye,  loiaus  et  coursable 
en  foire  de  Ghampaigne,  ensy  comme  il  est  deviseit  es  lettres  qui  de  ce  sont 
faites,  qui  parlent  et  font  mention  de  ceste  dette.  Et  se  il  avenoit  chose  que 
nous  défaillissions  de  payement,  et  nostre  chiers  sires  Henris,  cuens  et  marchis 
desordis,  avoit  couz,  fraiz  et  dommaige  par  nostre  deffaute,  pour  la  raison  de 
la  pleigerie  et  renderie  desordite,  nos  li  defferiens  et  renderiens  tous  ses  cous, 
ses  frais  et  ses  damaiges,  et  levreriens  des  cous,  des  damaiges  et  des  frais  par 
sola  parola,  sans  faire  sairement  et  sans  aultre  preve  avant  traire.  En  tesmoin- 
gnage  des  queis  choses,  nous  avons  mis  nostre  sael  à  ces  présentes  lettres, 
qui  furent  faites  l'an  de  grâce  mill  deus  cens  quattre  vings  dix  et  nouef,  ou 
mois  de  febvrier,  le  quart  jour  après  la  feste  sainct  Valentin. 

Wolters,  God.  dipl.  loss.,  p.  18G,  et  Archiv.  de  Luxemb.,  cartul.  de  1546,  f°  249. 


-     176    - 

Selon  l'usage  de  cette  époque  Arnulphe  IV  ne  pouvait  tarder  de  garantir 
à  l'abbaye  d'Orval  tous  ses  biens  et  ses  privilèges.  Il  le  fit  dans  une  charte 
remarquable,  datée  du  mois  de  mars  suivant.  Ce  document  ne  ressemble 
en  rien  à  ces  espèces  de  formulaires  approbalifs,  que  les  princes,  lors  de 
leur  inauguration,  avaient  l'habitude  d'accorder  aux  maisons  religieuses. 
'.(  Ayant  bien  constaté,  dit-il,  par  des  documents  scellés  des  sceaux  de  nos 
ancêtres,  comtes  et  comtesses  de  Chiny,  par  d'autres  titres  encore,  par  des 
témoignages  irrécusables  et  par  les  moyens  les  plus  propres  à  faire  appa- 
raître la  vérité,  que  tous  les  biens,  droits  et  usages  quelconques,  dont 
l'abbaye  d'Orval  est  présentement  en  possession,  ont  été  acquis  de  la 
manière  la  plus  loyale  et  la  plus  légitime,  nous,  de  l'avis  de  notre  Conseil, 
approuvons  et  confirmons  tous  ceux  de  ces  biens  qui  sont  situés  au  comté 
de  Chiny  et  dans  tous  nos  domaines  et  fiefs  ou  arrière-fiefs,  quelles  qu'en 
soient  l'origine,  la  provenance  et  la  nature  ou  leur  mode  d'acquisition. 
Cette  approbation  concerne  tout  spécialement  les  biens  qui  proviennent  de 
notre  cher  oncle  Louis,  notre  prédécesseur  immédiat.  »  Arnulphe  entre 
ensuite  dans  certains  détails,  afin  de  prévenir,  s'il  était  possible,  toutes  les 
difficultés.  Que  si,  au  temps  de  ses  ancêtres  ou  de  son  temps,  des  réclama- 
tions avaient  été  faites  ou  des  procédures  entamées  par  des  intendants  ou 
des  agents  du  comté,  il  ne  veut  point  s'en  prévaloir  au  détriment  des  reli- 
gieux ;  car  il  entend  qu'ils  jouissent  en  paix  et  en  toute  liberté  de  leurs 
bois,  de  leurs  eaux,  de  leurs  terres  et  autres  propriétés  quelconques.  Ils 
ne  pourront  être  condamnés  à  aucune  amende,  mais  simplement  à  la  répara- 
tion des  dégâts  qu'auraient  faits  leurs  animaux.  Les  habitants  de  leur  ferme 
d'Ordonneil-Champ  (Dampicourt1,  conserveront  la  faculté  de  recueillir,  pour 
leur  chauffage,  le  bois  mort  a  Maidjibois.  En  un  mot,  ajoute-t-il,  «  nous 
reconnaissons,  octroyons,  confirmons  et  tenons  pour  bons  et  valables  tous 
actes,  donations,  octrois,  autorisations,  confirmations  et  écrits,  accordés  a 
l'abbaye  et  a  ses  dépendances  par  nos  ancêtres  et  par  Louis,  notre  cher 
oncle.  »  La  comtesse  Marguerite  déclare  ensuite  qu'elle  ratifie  ce  qui  est 
énoncé  ci-dessus,  et  qu'elle  le  fait  librement,  en  pleine  connaissance  du 
droit  qu'elle  possède  d'annuler,  par  un  refus  de  consentement,  toutes  ces 
promesses  et  ces  concessions.  Elle  appose  ensuite  son  sceau  avec  celui  de 
son  mari  et  ceux  de  leurs  vassaux  :  Gautier  de  Wiltz,  Jean,  châtelain  de 
Montigny,  Alexandre  de  Virton,  bailli  du  comte,  et  Lambert  d'Ivoix,  che- 
valier (1). 

(1)  Cartul.  d'Orval,  page  603  (mars  1300  n.  st.)  et  Cartul.  ms.  1. 1,  page  7. 


-     177     — 

Avant  la  fin  du  même  mois  de  mars,  le  comte  Arnulphe  et  les  deux  fils 
de  Willemet  de  Delus  (1),  nommés  Jean  et  Guillaume,  avaient  accordé 
l'affranchissement  de  Beaumont  à  tous  les  bourgeois  présents  et  futurs  du 
village  d'Ethe  et  de  son  territoire.  Ils  y  mettaient  les  restrictions  suivantes  : 
les  droits  de  l'Eglise  et  des  francs  hommes  devaient  rester  inviolables  ;  le 
comte  se  réservait,  pour  faire  une  métairie,  quarante  journaux  de  terre 
dans  la  banlieue  d'Ethe  et  quatre-vingts  dans  celle  de  Hamawez  ;  les  deux 
frères,  pour  faire  une  métairie  semblable,  se  réservaient  soixante  journaux 
dans  la  banlieue  d'Ethe,  plus  «  le  siège  d'une  maison  en  la  Courtière 
dessous  Ethe.  » 

Comme  les  autres  villages  affranchis  du  comté  de  Chiny,  celui  d'Ethe 
devait  «  prendre  loy  et  conseil,  »  à  iMontmédy.  Chaque  bourgeois  était  tenu 
de  payer  annuellement  aux  seigneurs  du  lieu  deux  gelines,  pour  l'usage  des 
bois  et  pour  la  faculté  de  faire  paître  leurs  troupeaux  dans  ces  mêmes  bois, 
faculté  dont  ils  jouiront  à  la  manière  des  autres  villages  affranchis  de  la 
prévôté  de  Virton. 

Les  seigneurs  se  réservaient  enfin  le  droit  de  réclamer  au  besoin  des 
((  ostes  et  chevauchées,  »  c'est-à-dire  des  expéditions  guerrières  à  pied  ou 
a  cheval. 

Le  comte  de  Chiny  leur  cède  pour  leur  usage  le  bois  dit  de  Spurton 

Il  est  entendu  que,  si  les  seigneurs  faisaient  une  neuve  ville  (village 
affranchi)  à  Hamawez  ou  dans  sa  banlieue,  les  habitants  de  cette  neuve 
ville  auraient  le  droit  d'usage  dans  les  bois  d'Ethe  et  réciproquement,  ceux 
d'Ethe  dans  les  bois  de  Hamawez. 

Que  si  les  bourgeois  d'Ethe  allaient  s'établir  à  Mussy-la- Ville,  à  Bleid,  à 
Gommery  ou  à  Latour,  leurs  propriétés  situées  à  Ethe  seraient  réparties 
aux  autres  habitants  par  le  maire  et  les  échevins  ;  car,  pour  jouir  de  ladite 
franchise  et  avoir  le  droit  de  posséder,  il  faut  nécessairement  être  bourgeois 
et  en  remplir  les  obligations. 

Le  terrage  se  payera  comme  dans  les  autres  neuves  villes. 

Si  des  bourgeois  veulent  aller  hors  de  leur  territoire  «  a  cry  ou  à  hahay,  » 
pour  réclamer  ce  qu'on  leur  aurait  pris,  les  seigneurs  ne  pourront  les  en 
empêcher. 

(1)  Le  résumé  de  Metz  dit  par  erreur  de  Desus.  Y.  les  deux  confirmations  dont  nous  par- 
lerons tantôt.  Serait-ce  peut-être  de  Luz?  Nous  ne  le  pensons  pas.  Il  n'est  aucunemenl 
question  d'eux  dans  les  nombreuses  chartes  concernant  la  localité  ou  les  divers  person- 
nages de  Luz.  Voir  le  Cartulaire  d'Orval.  Pour  expliquer  ce  silence,  il  est  nécessaire  'le  Les 
.supposer  complètement  étrangers  à  ce  village.  Mais  en  sail  queWillemel  de  Delus  vivai* 
en  l'année  1245  :  Cartulaire  d'Orval,  page  28(5. 


-    178    — 

Les  mesures  pour  le  vin,  l'huile  (1)  et  les  autres  liquides,  l'aune,  les 
poids,  les  balances,  seront  comme  à  Beaumont.  Les  mesures  pour  le  sel, 
le  grain  et  les  semences  seront  les  mêmes  qu'à  Virton. 

Quant  à  ce  qui  concerne  la  mouture,  le  four  et  le  droit  de  faire  des 
règlements,  c'est  la  répétition  des  phrases  employées  dans  la  charte  d'affran- 
chissement de  Virton  (2). 

Les  seigneurs  déclarent  en  terminant  qu'ils  ont  juré  cet  affranchissement 
sur  les  saints  évangiles.  Comme  les  deux  frères  Jean  et  Guillaume  n'avaient 
pas  de  sceaux,  ils  affirment  qu'ils  ont  prié  dom  Jean,  abbé  de  Châtillon, 
d'apposer  le  sien  avec  celui  du  comte  de  Chiny  (3). 

Cette  charte  fui  confirmée  le  18  décembre  1489  par  René,  duc  de  Lor- 
raine et,  le  10  avril  1601,  par  les  archiducs  Albert  et  Isabelle  (4). 

Jean,  châtelain  de  Montigny  et  maréchal  de  l'évêché  de  Liège,  était  le 
vassal  du  comte  Arnulphe  IV  et  désirait  le  devenir  du  comte  de  Luxem- 
bourg ;  car  ce  dernier  lui  offrait,  pour  l'attirer  à  lui,  la  somme  de  trois 
cents  livres  de  petits  tournois,  somme  hypothéquée  sur  trente  livrées  de 
terres  jusque  là  restées  allodiales.  Mais  le  châtelain  de  Montigny  avait  besoin 
d'une  caution  qui  garantît,  auprès  du  comte  de  Luxembourg,  ses  engage- 
ments de  nouveau  vassal  ;  il  pria  donc  son  premier  suzerain,  le  comte 
Arnulphe,  de  vouloir  être  sa  caution.  Un  service  de  ce  genre  ne  pouvait  se 
refuser,  sans  désobliger  le  comte  de  Luxembourg;  car  on  sait  qu'il  en  avait 
rendu  plusieurs  semblables  à  Arnulphe  et  il  devait  bientôt  recommencer. 
C'est  ainsi  que  la  reconnaissance  elle-même  ajoutait  à  l'enchevêtrement  déjà 
si  compliqué  qui  existait  alors  dans  les  relations  sociales,  surtout  parmi  les 
princes  (5). 

Une  pièce  conservée  dans  les  archives  d'Orval  sauve  de  l'oubli  les  deux 
petites  particularités  que  voici  :  l'une,  c'est  qu'à  cette  époque  Arnulphe  IV 
avait  constitué  dans  le  comté  de  Chiny  une  cour  de  justice  laïque,  présidée 
par  le  doyen  rural  de  Juvigny,  comme  lui  nommé  Arnulphe,  par  Raulin, 

(1)  Cette  phrase  est  la  même  que  dans  la  charte  d'affranchissement  de  Virton.  Voir 
ci-dessus.  Or,  il  y  a  là  non  pas  miel,  comme  porte  le  résumé  de  Metz,  mais  uiel,  huile. 

(2)  V.  le  résumé  de  cette  charte,  art.  18,  19  et  20. 

(3)  La  date  est  du  mardi  avant  Paq.  fleuries,  c.-à-d.  du  28  mars  1300.  On  voyait  sur  le 
premier  sceau  «  un  homme  à  cheval,  armé  de  toutes  pièces,  l'espée  haute,  l'escu  et  le 
caparaçon  aux  armes  de  Loz  et  de  Chiny,  mi-parties.  »  Le  second  sceau  n'y  était  plus. 
Compte  rend,  des  Scéanc.  etc.,  sér.  III,  t.  10,  p.  123. 

(i)  Ibidem,  page  118.  Ces  deux  pièces  citent,  d'après  l'original,  les  noms  des  trois  auteurs 
de  la  charte  :  le  comte  Arnoul,  et  les  enfants  de  Wilmet. 

(5)  Acte  du  dim.  après  la  fête  de  S. -Laurent,  14  août  1300.  Publicat.  hist.  Lux.,  liv.  XVII, 
p.  95. 


—    H9    — 

prévôt  de  Montmédy,  et  par  Guillaume  de  Chiny,  prévôt  de  Virton  (I). 
L'autre  c'est  que  la  comtesse  avait  son  chapelain  particulier,  nommé  Gode- 
froid. 

Nous  retrouvons  Arnulphe  IV,  dès  le  9  septembre  1302,  s'endettant  de 
plus  en  plus,  cette  fois  chez  le  lombard  George  Sybonne  et  Jean  son  fils. 
Il  fournit  de  nouveau  pour  caution  le  comte  de  Luxembourg.  L'emprunt 
est  de  trois  mille  huit  cent  soixante-trois  livres,  somme  considérable  pour 
ce  temps-là.  Il  promet  de  la  rembourser  en  treize  annuités  :  les  douze  pre- 
mières de  trois  cents  livres,  et  la  dernière  de  deux  cent  soixante-trois. 
Comme  on  le  voit,  il  n'est  pas  question  des  intérêts  ;  ce  qui  indique  qu'ils 
ont  été  soigneusement  escomptés  d'avance.  En  supposant  que  Sybonne  ait 
compté  à  Arnulphe  deux  mille  livres,  contre  une  reconnaissance  de  trois 
mille  huit  cent  soixante  trois,  le  brave  usurier  n'a  perçu  qu'un  intérêt  d'en- 
viron quinze  pour  cent  avec  amortissement  du  capital  en  treize  ans  (2). 

Au  mois  de  mai  suivant,  Arnulphe  fait  un  nouvel  emprunt  de  quatorze 
cent  livres  de  bons  petits  tournois,  remboursable  à  la  prochaine  fête  de 
saint  Remy,  1er  octobre.  Le  prêteur  est  le  seigneur  Philippe  Longronnaix, 
citain  et  échevin  de  Metz.  La  caution  est  encore  Henri  IV,  comte  de 
Luxembourg  (3). 

La  même  année,  le  jour  n'est  pas  indiqué,  il  emprunte  de  nouveau  au 
même  personnage  dont  le  nom  cependant  est  un  peu  modifié,  Philippe  le 
Gronaix  au  lieu  de  Longronnaix,  une  somme  de  onze  cent  cinquante-sept 

(1)  «  Nous  Arnous,  doiens  de  la  chrestientei  de  Givegnei,  et  je  Raulins,  prévos  de  Mon- 
maidei,  et  je  Willaumes,  prévos  de  Verton,  corne  justice  laie  estaublis  par  nostre  chier 
signor,  noble  homme  Arnout,  conte  de  Los  et  de  Chiney,  etc.  » 

Résumons  cette  longue  pièce.  Robin  de  Villers,  écuyer,  fds  de  feu  messire  Jean  de 
Villers,  chevalier,  croyait  que  son  père  avait  eu  des  droits  sur  un  bois  situé  sous  Willière 
et  nommé  l'Aulnois.  L'abbaye  d'Orval  soutenait  que  ce  bois  lui  appartenait  sans  réserve. 
Le  6  mai  1302,  l'abbaye  produisait  devant  la  cour  établie  par  le  comte  les  témoins  suivants: 
Foinet  de  Villers,  ancien  prévôt  d'Ivoix  ;  Guillaume  de  Chiny,  prévôt  de  Virton  et  Wilheirs 
(Willière,  Villers?),  il  était  donc  juge  et  témoin;  Herbin,  dit  Nivelle;  Jean  le  Grand  ;  Husson 
Hurel  ;  Poncelet  Malebouche  ;  Warnier  Husson  le  Grand  ;  Ernaut,  Fds  de  Jean  de  Margny  ; 
Jean  de  la  Court,  écuyer  ;  Willequin  Jakemin,  maire  d'Herbeuval  ;  Wautelet  le  Corvisier  et 
Foukelet,  son  gendre  ;  Husson  le  Maire.  Robin  déclara  qu'il  s'en  tiendrait  à  leur  témoignage 
et  qu'il  ne  voulait  en  produire  aucun  autre.  Alors  ces  témoins,  ayant  prêté  serment  sur  îles 
saintes  reliques,  dirent  que  jamais,  à  leur  connaissance,  messire  Jean  de  Villers,  ni  ses 
hoirs,  n'avaient  eu  aucun  droit  sur  cette  propriété.  Témoins  à  l'acte:  «  Monsignor  Godefroid, 
chapelain  la  contesse  ;  monsignor  Ferri,  curei  de  Linay  ;  monsignour  Henry  de  Thonelle, 
chevalier;  Girard  de  Tausigney  ;  Dudet  de  Linay;  Lardenoix  de  Sapongne;  Parrart  de 
Eulhey  ;  et  Parrotin  de  Margney,  et  moût  d'autre  bonnes  gens   »  Cartul.  d'Orval,  page  607. 

(2)  Cette  charte  se  trouve  dans  le  Cod.  diplom.  de  Wolters,  page  191.  Elle  est  résumée 
par  M.  Wûrth-Paquet,  page  104.  Publications  etc.,  ibidem. 

(3)  Archiv.  de  Luxembourg,  cart.  de  1546,  f°  242.  Wùrth-Paquet,  ibidem  p.  109  ;  Wolters, 
ibidem,  page  192,  où  le  préteur  est  nommé  Lmgromiaire. 


—     180    — 

livres  dix   sous   de  bons  nançois,   remboursable  aux  fêtes  prochaines  de 
Pâques.  C'est  toujours  sous  la  caution  du  comte  de  Luxembourg  (1). 

Evidemment  ce  n'est  qu'une  partie  des  dettes  contractées  par  Arnulphe  IV, 
il  est  impossible  en  effet  que  toutes  les  reconnaissances  données  par  lui  à 
des  usuriers  ou  à  d'autres  aient  échappé  a  la  destruction  du  temps  pour 
arriver  à  notre  connaissance.  On  conçoit  du  reste  facilement  que  ce  prince 
ail  toujours  eu  besoin  de  sommes  considérables,  puisqu'il  prenait  constam- 
ment une  part  active  à  presque  tous  les  événements  qui  agitaient  alors  nos 
provinces  et  l'empire.  Mais  quelque  louables  que  soient  ses  intentions, 
celui  qui  s'engage  dans  la  voie  des  emprunts  usuraires,  s'y  laisse  presque 
toujours  entraîner  d'une  manière  déplorable.  Arnulphe  creusait  donc  à  son 
insu  le  gouffre  où  devait  bientôt  s'engloutir  la  fortune  et  les  deux  cou- 
ronnes comtales  de  la  maison  de  Looz. 

Du  reste  la  pénurie  d'argent  n'empêchait  pas  le  comte  de  Chiny  de  faire 
des  actes  de  générosité  princière.  En  1302  selon  dom  Calmet,  en  1303, 
dit  Bertholet,  il  donna  le  château  de  Villemont  à  Gilles  de  Vans,  cheva- 
lier (2).  La  même  année,  il  affectait  une  rente  annuelle  de  quinze  muids 
de  seigle,  mesure  de  Neufchâteau  a  l'entretien  à  perpétuité  d'un  cierge  devant 
l'autel  de  Saint-Hubert  (3).  Mais  l'acte  le  plus  important  d'Arnulphe  IV  en 
cette  année  1303,  est  sans  contredit  l'affranchissement  exceptionnel  qu'il 
accorda  à  la  ville  de  Chiny.  Signalons  avant  d'y  arriver  un  échange  qu'il 
fit,  au  mois  d'avril,  de  tous  ses  biens  de  Limes,  contre  ceux  que  l'abbaye 
d'Orval  possédait  à  Fratin  (4). 

La  ville  et  le  château  de  Chiny  avaient  sans  doute  été  affranchis  dès  le 
commencement  du  treizième  siècle,  peut-être  même  avant  la  fin  du  douzième. 
La  résidence  du  prince  ne  pouvait  être  moins  favorisée  qu'une  simple 
bourgade  comme  Avioth,  laquelle  fut  soumise  à  la  loi  de  Beaumont  dès 
l'année  1223.  Mais  nous  n'en  sommes  pas  réduits  à  de  simples  conjec- 
tures. On  sait  en  effet  que  Suxy  fut  rendu  participant  des  privilèges  de 
Chiny,  vers  la  fin  du  règne  de  Louis  V.  Ces  privilèges  existaient  donc 
avant  le  comte  Arnulphe  IV,  et,  si  l'on  a  dans  la  suite  perdu  de  vue  et  la 
nature  de  ces  privilèges  et  la  date  de  leur  obtention,  c'est  qu'ils  ont  été 

(1)  Wùrth-Paquet  d'après  le  Gartul.  de  15i6  f°  243.  Wolters  cod.  diplom.  loss.  page  201, 
indique  pour  cet  acte  le  millésime  1312  ;  au  lieu  de  bons  nançois  il  a  lu  bons  nantois  ;  enfin 
il  nomme  le  prêteur  Philippe  le  Groumaire.  Quant  à  la  valeur  de  la  monnaye,  elle  est  spé- 
cifiée :  quinze  nançois  doivent  valoir  douze  sous  de  bons  petits  tournois. 

(2)  llist.  du  duch.  Lux.,  t.  III,  p.  XI,  au  comm.  du  volume. 

(3)  Invent,  des  Archiv.  d'Arlon,  II.,  183. 
(i)  Cautul.  d'Orv.  à  cette  date,  page  015. 


—    181     — 

comme  absorbés  par  les  franchises  extraordinaires   dont    nous  avons  à 
parler. 

Le  26  mai  1303  (1),  le  comte  Arnulphe  IV  et  sa  femme  Marguerite  de 
Vianden  accordaient  à  leur  ville  et  château  de  Chiny  des  privilèges  vraiment 
extraordinaires  ;  on  pourrait  même  les  qualifier  d'inouis.  Aussi  les  bour- 
geois de  cette  ville  formèrent-ils  dès  lors  comme  une  caste  à  part,  telle- 
ment au-dessus  des  autres  bourgeois  du  comté  qu'on  leur  donna,  long- 
temps encore  après  l'abolition  de  leurs  privilèges,  le  surnom  de  seigneurs. 
On  va  se  convaincre  que  leurs  prérogatives  étaient  réellement  seigneuriales. 

Dans  cette  charte  il  est  a  peine  parlé  de  la  loi  de  Beaumont.  On  dirait 
que  le  comte  et  la  comtesse  ne  songent  qu'à  éliminer  toutes  les  clauses  oné- 
reuses de  cet  ancien  régime. 

En  effet,  ils  déclarent  d'abord  que  les  bourgeois  seront  exempts  de  tous 
les  impôts,  quels  qu'ils  soient;  suit  une  longue  énumération.  Quant  aux 
corvées,  ils  en  seront  aussi  exempts,  à  part  le  surguet  ou  la  garde  de  nuit, 
qu'ils  devront  faire,  selon  la  manière  qui  leur  paraîtra  la  meilleure,  dans 
la  ville  et  au  château  de  Chiny. 

Les  bourgeois  auront  pleine  liberté  en  fait  de  chasse.  Aucune  des  forêts 
ni  des  terres  du  prince  n'est  réservée.  Aucun  piège,  aucune  manière  de 
chasser  ne  sont  prohibés,  aucun  genre  d'animaux  sauvages  n'est  excepté. 
La  seule  sujétion  désormais  obligatoire,  c'est  qu'il  faut  apporter,  en  un 
lieu  destiné  à  cetlo  fin,  l'épaule  droite  et  ce  qui  s'y  rattache  au-dessus  des 
côtes,  de  tout  gros  gibier  âgé  de  plus  d'un  an.  A  celte  unique  condition, 
disent  le  comte  et  la  comtesse,  les  bourgeois  posséderont  complète  franchise 
dans  nos  bois,  nos  terres  et  sur  les  cours  d'eaux.  Telle  est  notre  expresse 
volonté. 

Nous  leur  donnons  le  bois  du  Hap  (ou  Hay),  lequel  touche  d'un  côté  à 
la  rivière  et  de  l'autre  au  chemin  du  Prince.  Ils  en  disposeront  h  leur 
gré,  indépendamment  du  prévôt  ou  d'autres  officiers  que/conques. 

Pour  le  vin,  ils  employeront  la  mesure  de  Beaumont.  Les  anciennes 
mesures  seront  conservées  pour  le  grain. 

(1)  Voir  cette  charte  dans  le  Cartulaire  d'Orval,  page  616.  J'y  ai  prouvé  dans  une  note 
qu'il  ne  peut  être  question  d'une  autre  date.  De  1230  à  1325  le  lundi  de  laPentecôte  ne  ci  lïn- 
cida  que  deux  fois  avec  le  26  mai,  à  savoir  en  1303  et  en  1314  <  >r  à  cette  dernière  date  Ar- 
nulphe n'était  plus  comte  de  Chiny.  C'est  donc  à  tort  que  Bertholet  (t.  V.  Preuves,  p.  84)  e1 
après  lui  Wolters  (Cod.  diplom.  los.  p.  189)  indiquent  le  lendemain  de  la  Pentecôte  1301, 
au  mois  de  mai,  puisque  ce  lendemain  tombait  le  7  juin.  Dom  Calmet  se  trompe  de  même 
en  indiquant  l'année  1305,  ainsi  que  le  copiste  d'Orval  en  écrivant  MCCCVII  au  lieu 
de  MCCCIII. 


—     182    — 

Ils  ne  payeront  aucun  droit  aux  marchés  et  aux  foires  soit  de  Chiny  soit 
de  tout  autre  lieu  du  comté  de  Luxembourg  (1). 

Nous  ordonnons  à  tous  nos  officiers  de  tenir  a  Chiny  les  séances  judi- 
ciaires dites  «  journées  et  oultrées  du  prince.  »  Tous  les  maires  de  la  pré- 
vôté de  Chiny  seront  tenus  d'aller  au  chef-lieu  en  consultation  et  en  appel. 

Les  bourgeois  et  leur  corps  de  justice  pourront,  s'ils  en  sont  requis, 
arrêter  toutes  personnes,  marchands  ou  autres. 

En  terminant  le  comte  et  la  comtesse  de  Chiny  s'adressent  à  tous  les 
princes  contemporains  et  à  ceux  qui  vivront  dans  la  suite  :  «  Nous 
vous  prions,  leur  disent-ils,  de  maintenir  nosdits  bourgeois  dans  les  fran- 
chises et  les  privilèges  qu'il  nous  a  plu  de  leur  accorder  gratuitement  et 
de  notre  grâce  spéciale.  » 

En  présence  de  cette  dernière  ligne,  il  n'est  pas  permis  de  soupçonner 
le  comte  et  la  comtesse  d'avoir  vendu  ces  exorbitants  privilèges  aux  bour- 
geois de  Chiny.  Nous  ne  pouvons  leur  supposer  que  deux  mobiles,  lesquels 
ont  sans  doute  agi  simultanément  :  leur  bienveillance  toute  spéciale,  pour 
ceux  de  leurs  sujets  qui  vivaient  plus  près  d'eux  et  qui  leur  témoignaient  da- 
vantage leur  affection,  ensuite  leur  désir  d'attirer  une  population  plus  nom- 
breuse dans  la  première  ville  du  comté.  Mais  pourquoi,  se  demande-t-on, 
des  perspectives  aussi  attrayantes  n'ont-elles  pas  fait  venir  une  foule  d'étran- 
gers et  donné  à  Chiny  les  proportions  d'une  grande  ville  ?  C'est  surtout 
parce  que  l'emplacement  était  peu  favorable  aux  relations  commerciales.  Il 
suffit  de  jeter  un  coup  d'œil  sur  la  carte  de  ces  contrées  pour  se  convaincre 
que,  même  avec  un  bon  système  de  voies  de  communication,  il  devait  être 
difficile,  peut-être  impossible  de  réaliser  le  vœu  du  comte  et  de  la  comtesse 
de  Chiny. 

Quatre  mois  après,  Arnulphe  IV  et  l'abbé  de  Mouzon  affranchissaient  le 
village  de  Tétagne.  Ils  déclarent,  au  début  de  leur  charte,  qu'il  existait 
entre  eux  quelques  difficultés  au  sujet  de  ce  village  et  que,  pour  les  faire 
disparaître,  ils  ont,  avec  le  consentement  de  l'évêque  de  Reims,  accordé  les 
franchises  et  réglé  les  points  qui  suivent. 

Les  droits  et  les  revenus  seront  de  moitié  entre  le  comte  et  l'abbaye  à 
quelques  exceptions  près.  Le  comte  se  réserve  sa  maison,  la  rivière  et  sa 

(1)  C'est  pour  la  seconde  fois  que  revient  la  mention  du  comté  de  Luxembourg.  Ce  dernier 
mot  a  probablement  été  mis  à  la  placé  du  "mot  Chiny,  dans  les  copies  postérieures  à  la 
réunion  des  comtés  de  Chiny  et  de  Luxembourg.  Il  peut  se  faire  toutefois  que  le  comte 
avait  déjà  fait  un  de  ces  traités  de  mutuelle  concession,  qui  devinrent  si  fréquents  dans  la 
suite. 


-     183    — 

pêcherie.  II  permet  du  reste  que  la  loi  de  Beaumont  s'étende  même  sur 
ces  exceptions  ;  mais  les  personnes  nobles  ne  seront  pas  sujettes  à  cette  loi. 
De  leur  côté  les  religieux  se  réservent  la  dime  grosse  et  menue. 

Quant  aux  expéditions  nommées  osles  et  chevauchées,  les  habitants  de 
Tétagne  s'y  soumettent  volontairement.  Le  comte  et  les  religieux  y  auront 
un  droit  égal.  Le  premier  qui  les  réclamera,  aura  la  préférence.  Mais  ces 
expéditions  ne  pourront  être  dirigées  par  l'archevêque  contre  le  comte,  ni 
par  celui-ci  contre  l'archevêque.  Pour  ce  qui  est  des  marches  à  faire  pendant 
ces  expéditions,  lorsqu'elles  auront  lieu  au  profit  de  l'archevêque,  on  se  con- 
formera aux  usages  du  château  de  Mouzon,  et  aux  usages  du  château  d'Ivoix 
lorsqu'elles  se  feront  pour  le  comte  de  Chiny. 

L'évêque  de  Reims  recevra  chaque  année,  sous  forme  de  sauvemenl,  de 
tout  bourgeois  résidant  à  Tétagne,  un  selier  d'avoine,  mesure  de  Beaumont, 
une  geline  et  un  petit  tournois.  A  cette  condition  il  renonce  à  tous  les 
biens,  personnes  ou  choses,  qu'il  possède  ou  qu'il  pourrait  posséder  soit  à 
Tétagne,  soit  au  ban,  hormis  toutefois  les  fiefs  et  les  hommages  que  le 
comte  de  Chiny  tient  de  lui  en  ce  village,  et  la  garde  de  ce  même  village  que 
l'abbaye  tient  également  de  lui. 

Les  gens  de  l'archevêque,  du  comte  de  Chiny  et  du  couvent,  ni  ceux  de 
leurs  fiefs,  ne  pourront  être  détenus  à  Tétagne  et  au  ban,  sans  un  accord 
préalable. 

Ivoix  et  Mouzon  jouiront  comme  auparavant  du  droit  de  pâturage  sur  le 
ban  de  Tétagne. 

Les  habitants  seront  exempts  des  droits  de  tonlieu  et  de  ceux  de  passage 
à  Mouzon  et  à  Ivoix.  Ils  ne  seront  plus  tenus  à  l'entretien  des  remparts,  ni 
des  fossés  ni  de  la  ville  d'Ivoix. 

19  août  1363. 

A  tous  ceulx  qui  ces  présentes  lettres  verront  et  orront,  nous  Arnoulph, 
cuens  de  Los  et  de  Chiney  ;  et  nous  frère  Wiris,  par  la  patience  de  Dieu  abbé 
de  Mouzon,  et  tout  le  convent  de  ce  mesme  lieu,  salut  et  cognaissance  de 
vériteit.  Nous  faisons  sçavoir  à  tous  que,  pour  bien  de  paix  et  par  le  conseil 
de  bonnes  gens,  et  par  le  consentement  de  révérend  père  Robert,  par  la  grâce 
de  Dieu  arcevesque  de  Reins,  sommes  accordez  et  accompaignez  de  nostre 
ville  de  Tetaigne  et  du  ban,  et  l'avons  franchy  et  franchissons,  sans  mectre  et 
sans  oster,  à  la  loy  de  Beaulmont,  sous  les  retenues  que  nous  retenons  quy 
sont  escriptes  et  dénommées  en  ce  présent.  Et  nous,  cuens  et  religieux  des- 


—     184    — 

susdis,  sommes  accordez  que  nous  sommes  moictié  par  moictié  en  ladite  ville 
de  Tetaigne  et  ou  ban  de  ce  mesme  lieu,  en  hommes,  en  ban,  en  justice  et  en 
toutes  aultres  choses  qu'y  sont  et  qui  escheoir  y  peulvent  ;  sans  noz  fiefz  que 
nous  cuens  dessusdit  y  avons  retenu  et  retenons,  et  nostre  moison,  nostre 
rivière  et  nostre  pescherie.  Et  se  aulcun  cas  advenoit  en  ladite  moison  et  en 
ladite  rivière,  il  serat  démené  par  la  loy  de  Beaulmont,  sy  ce  n'estoit  doncques 
de  nobles  hommes  qui  ne  doibvent  mye  estre  démenez  à  ladite  loy  de  Beaul- 
mont. Et  doibvent  ceulx  de  ladite  ville  de  Tetaigne  user  et  avoir  leur  aysance 
en  ladite  rivière,  ainsy  comme  ilz  usoient  et  faisoient  ja  en  arrière. 

Et  nous  religieulx  dessusdits  y  avons  retenu  et  retenons  nos  dixmes  grosses 
et  menues  que  nous  avons  en  ladite  ville  de  Tetaigne  et  ou  ban  de  ce  mesme 
lieu. 

Et  est  assçavoir  que  par  le  gré  et  octroyé  des  hommes,  ilz  payeront  ost  et 
chevaulchie  à  nous  conte,  et  à  nous  religieulx  dessusdits.  Et  cil  qui  devant 
les  semonrat  sans  fraude  et  sans  lourdie  (1),  devant  les  auerat.  Ne  ne  puellent 
ne  ne  doibvent  lesdits  hommes  aller  pour  nous,  conte  dessusdit,  encontre  l'arce- 
vesque  de  Rains,  ne  pour  ledit  arcevesque  encontre  nous,  conte  dessusdit.  Et 
doibvent  aller  lesdits  hommes  pour  ledit  arcevèque  sy  avant  comme  les  gens 
du  chastel  de  Mouzon  iront  ;  et  pour  nous,  conte  dessusdit,  comme  les  gens 
de  notre  chastel  d'Yvoix  iront. 

Et  est  accordé  entre  nous,  conte  et  religieulx  dessusdits,  que  nostre  chère 
père  Robert,  par  la  grâce  de  Dieu  arcevesque  de  Rains  et  ses  successeurs 
aient,  chascun  an,  en  ladite  ville  de  Tetaigne,  le  jour  de  feste  de  sainct  Remy 
en  chief  d'octobre,  en  non  de  sauvement,  c'est  assçavoir  de  ung  chascun 
bourgeois,  demourant  ou  lieu,  ung  septier  d'avoine,  à  la  mesure  de  Beaulmont, 
une  geline  et  ung  petit  tournois.  Et  doibt  estre  levé  le  sauvement  dessusdit 
par  ledit  arcevesque  ou  ses  gens.  Et  ledit  arcevesque  dessus  nommé  nous  a 
quicté  et  quicte,  pour  luy  et  pour  ses  successeurs,  ses  hommes  et  tout  ce 
entièrement  que  il  a  et  peult  avoir  et  doibt  en  ladite  ville  de  Tetaigne  et  ou 
ban  ;  le  sauvement  dessusdit  retenu  à  luy,  et  les  fiefz  et  hommaiges  que  nous 
cuens  dessusdit  tenons  de  luy  en  la  ville  dessusdite,  et  la  garde  que  nous 
religieulx  tenons  en  ladite  ville  de  luy. 

Et  nous,  cuens  et  religieulx  dessusdits,  nous  sommes  accordez  que  on  ne 
peult  retenir  en  la  ville  dessusdite  nulz  des  gens  ledit  arcevesque,  ne  de  ses 
fiefz  ;  ne  de  noz  gens  conte  dessusdit,  ne  de  noz  fiefz,  si  ce  n'est  donc  de  nostre 
commun  accord  et  assentement. 

Et  est  accordé  encores  entre  nous,  conte  et  religieulx  dessusdits,  que  la 
ville  d'ivoix  et  la  ville  de  Mouzon  demoureront  en  patturaige  en  la  ville  des- 
susdite de  Tetaigne  et  ou  ban,  ainsy  comme  elles  souloient. 

(1)  Ailleurs  baidie. 


-     185    — 

Et  ne  payeront  lesdits  hommes  de  Tetaigne  point  de  tonneu,  ne  de  passaiges 
à  Mouzon,  ne  à  Yvoix  ;  ne  de  frommett  (1),  ne  de  service  aux  fossez  ne  à  la 
ville  d'Yvoix  que  ils  doibvent  ça  en  arrière. 

Toutes  les  choses  dessus  escriptes  avons  nous  Arnoulph,  cuens  dessusdit, 
pour  nous  et  pour  noz  hoirs,  et  nous  abbée  et  convent  dessusdit,  pour  nous 
et  pour  noz  successeurs,  promises  et  promeclonsà  tenir  fermement,  et  l'avons 
jurez  et  jurons  de  noz  mains  corporellement  touchées  sur  l'autel,  saulf  le 
droict  de  saincte  église. 

Et  en  tesmoingnaige  de  la  quele  chose,  nous  cuens,  abbés  et  convent  des- 
susdits, avons  mys  noz  seaulx  à  ces  présentes  lettres,  qui  furent  fuites  en  l'an 
de  grâce  Nostre  Seigneur  mil  trois  cens  et  trois,  le  lundy  après  l'Assomption 
Nostre-Dame,  ou  mois  d'aougst. 

Collation  faite  par  moy  François  Cornazier,  clerc  juré  pour  le  roy  nostre  sire 
de  la  ville,  prévosté  d'Yvoix  et  conte  de  Ghiny,  d'une  copie  desdites  lettres 
estant  en  parchemin  saine  et  entière,  signé  Suublet,  qui  déclare  et  certifie 
avoir  vu  l'original  sain  et  entier,  scellé  des  trois  seaulx  de  cire  verte,  pendent 
à  double  queue  d'aetere.  Ladite  copie  duv2Ge  jour  d'octobre  l'an  mil  cinq  cent 
trente-six  ;  et  celle  présente  de  jourd'huy,  1  novembre  1543,  et  signé  F.  Cor- 
nazier (2). 

Le  village  de  Vaux  est  simé  entre  Carignan  et  Mouzon,  un  peu  plus  près 
de  cette  dernière  ville  que  de  l'autre.  Il  ne  faut  pas  le  confondre  avec 
Vaux-les-Moines,  comme  je  l'ai  fait  ci-dessus  très  maladroitement  (3). 
Vaux-les-Moines  est  a  presque  égale  dislance  dWviolh  et  de  Lafené,  sur  la 
ligne  droite  qui  joindrait  ces  deux  localités  11  avait  été  affranchi  dès  le  mois 
de  décembre  1264(4),  par  le  comte  deChiny  Louis  V  et  par  un  religieux  de 
l'abbaye  de  Saint  Ouen.  Vaux-devant-Monzon  ne  l'avait  élé  que  trente  ans 
plus  lard,  par  le  même  comte  et  par  l'abbé  de  Mouzon.  La  charte  que  nous 
allons  reproduire  n'est  que  la  confirmation  de  cet  affranchissement.  Le 
comte  Arnulphe  y  déclare  qu'il  a  fait  serment,  la  main  nue  posée  sur 
l'autel,  d'en  observer  loyalement  toutes  les  dispositions,  pourvu  qu'elles 
ne  soient  pas  contraires  aux  lois  de  la  sainte  Église.  Le  même  jour,  il 
accordait  une  charie  identique  au  village  d'Euilly,  voisin  de  Vaux.  Citons 
Tune.  On  aura  l'autre  en  y  remplaçant  Vaux  par  Eulley. 

(1)  Ailleurs  smeteit,  sans  doute  fallait-il  fmeteit,  fermeteit. 

(2)  Archiv.  génér.  Luxemb.  Copie  certifiée  Huart,  greffier  du  roi  Philippe  11,  du  15  sep- 
tembre 156i.  Ibidem  copie  simple. 

(3)  Vie  du  comte  Louis  V,  à  l'année  1294. 

(4)  Ibidem,  à  cette  année  1264. 

14 


-    186    — 

Affranchissement  de  Vaux  et  d'Euilly. 
Le  7  octobre  1303. 

Nous  Arnoulz,  cuens  de  Los  et  de  Ghiney,  faizons  sçavoir  à  tous  que,  — 
cum  noble  hom  nostre  chiers  oncles  Loys,  jadis  cuens  de  Ghiney,  et  religieus 
home  freire  Bertrans,  par  la  palience  de  Dieu  abbés  dou  moustier  Nostre 
Dame  de  Mouson,  et  tous  les  convens  de  ce  meismas  lieu  fussent,  pour  bien 
de  pais,  par  le  conseil  de  bones  gens,  et  par  le  consentement  révérend  peire 
Pierre,  par  la  grâce  de  Dieu  jadis  archeveske  de  Rains,  acordeit  et  accompa- 
gniet  de  la  ville  et  dou  ban  de  Vaus,  qui  siet  entre  Yvoix  e!  Mouson,  et  eussent 
ladite  ville  et  ban  franchit,  sans  mestre  et  sans  osteir,  à  la  luy  de  Biamont, 
sous  les  retenues  que  nostres  chiers  oncles  Loys,  cuens,  et  religieus  home, 
abbés  et  convens  desordit,  retinrent  à  yaus?  ensy  cum  il  est  deviseit  et  con- 
tenut  eus  lettres  qui  de  ce  sunt  fuictes,  quisunt  saeleies  des  seaus  nostre  chier 
oncle  Loys,  conte,  et  abbé  et  convent  desordis  ;  ens  queiles  lettres  ces  pré- 
sentes leitres  sunt  parmey  annexeies,  —  nous  ladite  franchize  de  la  ville  et 
dou  ban  de  Vaus  (avons  gréiée),  gréions,  et  octroyons  et  louons  ;  approveie, 
et  approvons  ;  confermeie  et  confermons  ;  et  l'avons  por  nous  et  pour  noz 
hoirs  promis  et  promettons  à  tenir  bien  et  loialement,  en  bonne  toit,  pour 
tousjours  mais,  sans  aleir  encontre  ;  et  l'avons  jureit  et  jurons  de  nostre  main 
corporeillement  sur  l'auteil,  nuement,  tout  ensy  cum  il  est  escript  et  deviseit 
ens  lettres  desordites;  saulf  le  droict  de  saincte  église. 

En  tesmognaige  des  queis  chozes,  nous  Arnoulz,  cuens  desordit,  avons  mis 
nostre  propre  sail  à  ces  présentes  lettres,  qui  furent  faictes  en  l'an  de  grâce 
Nostre-Seignour  mil  trois  cens  et  trois,  le  septime  jour  dou  mois  d'octembre(l). 

Sur  la  fin  de  l'hiver  suivant,  Arnulphe  se  trouvait,  ce  semble,  dans  le 
comté  de  Looz,  puisqu'au  mois  de  mars  1303,  sans  doute  style  ancien,  il 
ordonne  un  abornement  des  pâturages  communs  à  Lens-sur-Geer  (2).  Mais 
il  revint  bientôt  au  comté  de  Chiny,  où  on  le  trouve,  le  18  mai  1304, 
affranchissant  à  la  loi  de  Beaurnont  la  neuve  ville  de  Lacuisine.  Nous  allons 
reproduire  sa  charte  d'après  l'original.  En  voici  les  principaux  articles. 

1.  Pour  les  informations  judiciaires  et  les  appels,  on  se  rendra  à  Mont- 
médy,  comme  au  chef-lieu  (3). 

2.  Les  droits  de  la  sainte  Église  devront  être  sauvegardés. 

(1)  Archiv.  génér.  de  Luxembourg.  Copie  collationnée,  ms.  du  P.  Alexandre  Wiltheim,  Bibl. 
de  Bourgogne,  n°  6733. 

N.  B.  La  copie  du  P.  de  Wiltheim  semble  être  prise  sur  l'original,  puisqu'il  indique  la 
place  du  sceau  fascé  de  10  ou  11  pièces.  Mais  au  lieu  de  Vaux,  il  y  a  Sulleys,  et  au  dos  de 
la  charte  Sully.  M.  Wiirth-Paquet  a  lu  Eulleys.  Ce  qui  prouve  que  deux  villages  ont  été 
affranchis  le  même  jour  à  la  loi  de  beaumont. 

(2)  .Notice  des  cartulaires  de  la  collégiale  de  Saint-Denis,  par  Stanislas  Bormans. 
(3;  Aon  pas  à  Chiny.  Voir  ci-dessus  charte  d'affranchissement  de  Chiny. 


-     187    — 

3.  Pour  aucune  cause,  quelle  qu'elle  soit,  les  bourgeois  ne  seroDt  ni  soumis 
a  un  régime  militaire  (1). 

4.  En  fait  des  droits  d'aisances,  des  bois,  des  eaux,  des  pâturages,  des 
terres  communes,  des  droits  de  winages  et  d'autres  quelconques,  les  bour- 
geois auront  les  mêmes  avantages  que  ceux  du  château  de  Chiny,  à  part 
le  droit  de  créer  des  parcs  ou  de  faire  des  haies  pour  la  chasse. 

5.  Pour  ces  concessions  chaque  bourgeois  payera  annuellement  deux 
gelines,  l'une  à  la  Saint-Jean,  l'autre  à  Noël. 

6.  Dans  tous  les  cas  où  l'avis  des  justiciers  du  village  se  trouvera  d'ac- 
cord avec  celui  des  hommes  quarante,  on  sera  dispensé  de  recourir  au 
chef-lieu  judiciaire,  et  personne  ne  pourra  s'en  plaindre. 

7.  Quant  aux  terres  réparties  aux  bourgeois,  ils  seront  libres  de  les  con- 
vertir en  prairies  ;  mais  alors  ils  payeront  le  cens  ordinaire  des  prés. 

8.  Nul  bourgeois,  possédant  des  terres  audit  village  ou  dans  sa  banlieue, 
ne  peut,  sans  les  perdre,  aller  demeurer  à  Florenville  ou  h  Martué.  En 
cas  de  départ,  ces  biens  resteront  a  la  disposition  du  maïeur  et  des  échevins, 
pour  être  donnés  à  d'autres. 

9.  Pour  les  blés  et  toutes  les  graines,  on  se  servira  de  la  mesure  d'Ivoix; 
pour  tout  le  reste,  des  mesures  de  Beaumont. 

10.  Les  bourgeois  seront  adstreints  aux  expéditions  à  pied  et  a  cheval, 
comme  ceux  des  autres  localités  du  comté  de  Chiny. 

Cette  charte  fut  scellée  par  le  comte  et  par  la  comtesse. 

Le  18  mai  1304. 

Nous  Arnouls,  cuens  de  Los  et  de  Chiney,  et  Marguarite  sa  femme,  con- 
tesse  de  ces  meismes  lieud,  faisons  savoir  à  tous  ciaus  qui  sunt  et  qui  avenir 
sunt,  qui  ces  présentes  lettres  verrunt  et  orrunt,  que  nous  jurons  et,  avons 
jureit  et  franchit  la  nueve  ville,  que  on  dist  la  Cuisine,  à  la  loi  de  Biamont,  à 
penre  les  drois,  et  à  redrecier  à  Monmaidey,  cum  au  chief  lieu  ;  sans  mettre 
et  sans  osteir,  sauf  le  droit  de  sainte  églize  ;  et  saut  ce  que  nous  retenons  que 
on  ne  puet  appelleir  les  bourjois  de  ladite  nueve  ville  ne  mettre,  pour  nulles 
voies,  en  loi  de  bataille  ;  et  sauf  ce  que  nous  donnons  à  bourjois  de  ladite 
nueve  ville  ens  aizances,  en  bos,  en  yaues,  en  pasturaiges,  en  comuns,  en 
winaiges,  et  en  toutes  autres  aizances,  cum  ont  cil  de  nostre  chastel  de  Chiney, 
sans  le  berseir  et  sans  le  chacier  à  haie.  Pour  les  queiles  aizances  chascun 
des  bourjois  demourans  en  ladite  nueve  ville  nous  doit,  chascun  an  à  tous- 
jours,  deus  gelines,  à  paier  ades  l'une  à  la  nativiteit  saint  Jehan  Baptiste,  et 

(1)  Ou  serait-ce  ici  une  défense  de  déférer  aux  bourgeois  le  duel  judiciaire,  loi  de  bataille:' 
L'article  X  ne  ferait  alors  aucune  difficulté. 


—    188    — 

l'autre  au  Noël  après  ensuivant.  Et  sauf  ce  que  nous  donnons  à  la  justice  de 
ladite  nueve  ville  que  des  cas  dont  il  serunt  d'un  acort  par  le  consel  des  qua- 
rante homes,  que  il  en  puent  jugier,  sans  aleir  au  chief  lieu  ;  et  si  ne  les  en 
puet  on  repenre.  Et  sauf  ce  que  nous  donnons  as  bourjois  de  ladite  nueve 
ville  que  des  terres  que  on  auerat  livreies,  se  aucuns  y  at  qui  vaillent  miex  à 
preit  que  à  champ,  que  on  en  puet  faire  preit  par  nostre  los  et  par  nostre 
greit,  parmi  teil  cens  paiaot  cum  li  autre  preit  paierunt.  Et  sauf  ce  que  nous 
retenons  que  nus  bourjois  de  ladite  nueve  ville  et  ou  ban,  ne  puet  aleir  de- 
moureir  à  Florenville  ne  à  Martinweis,  que  il  n'en  perde  riiéntaige.  Et  de- 
mourat  li  héritaiges  en  mains  de  maieur  et  d'eschievins  pour  faire  ville  Et 
sauf  ce  que  nous  retenons  en  ladite  nueve  ville  les  mesures  de  bleis  et  de 
tous  grains  à  la  mesure  d'Yvois,  et  toutes  autres  mesures  à  la  mesure  de 
Biamont.  Et  sauf  ce  que  nous  retenons  en  ladite  ville  les  os,  les  chevauchies, 
ensi  cum  nous  les  avons  aillours  en  nostre  conteitde  Chiney.  En  tesmoignaige 
des  queis  chozes  nous  Arnoulz,  cuens,  etMarguarite  confesse  desomommeit, 
avons  mis  nos  propres  seaus  à  ces  présentes  lettres,  qui  furent  faites  en  l'an 
de  grâce  Nostre  Signour  mil  trois  cens  et  quatre,  landemain  de  la  Penthe- 
couste,  ou  mois  de  May  (1). 

Pendant  l'hiver  suivant  Arnulphe  IV  intervint  pour  calmer  d'abord,  en- 
suite pour  comprimer  une  espèce  de  révolution  qui  avait  éclaté  dans  la 
ville  de  Saint-Trond.  Ce  n'est  pas  ici  le  lien  d'expliquer  les  causes  de  ces 
tumultes  populaires,  elles  sont  longuement  développées  dans  la  chronique 
de  la  célèbre  abbaye  de  Saint-Trond.  Qu'il  suffise  de  dire  que  les  échevins 
de  la  ville  et  l'abbé  lui-même  avaient  dû  prendre  la  fuite.  Voici  le  singu- 
lier procédé  qu'employèrent,  pour  rétablir  l'ordre,  Thibaut  de  Bar,  évêque 
de  Liège  et  Arnulphe  IV.  Ces  deux  princes,  neveux  l'un  du  feu  comte  de 
Chiny  Louis  V,  l'autre  de  la  comtesse  Jeanne  de  Biamont,  sa  femme,  arri- 
vèrent, le  (5  mars  1305,  à  Brnslhem,  en  vue  de  la  ville  révoltée.  Ils  étaient 
accompagnés  des  échevins  de  celle  ville,  et  de  ceux  d'Aix-la-Chapelle  qui 
avaient  élé  mandés  expressément  Des  troupes  suivaient  en  grand  nombre. 
L'évèque,  l'abbé  et  le  comte  rappelèrent  d'abord  aux  échevins  l'objet  de 
leurs  plaintes  :  le  premier  avait  été  lésé  dans  ses  droits  de  souverain,  le 
second  dans  ses  droits  de  seigneur  foncier  et  le  troisième  dans  ses  droits 
d'avoué  de  l'abbaye.  Après  quoi  les  échevins  lirenl  transporter  des  sièges 
en  plein  air  sur  la  roule  séparatrice  des  domaines  de  l'abbaye  et  de  l'évéché. 
Ils  les  y  rangèrent  de  manière  à  ce  que  ceux  d'Aix  et  ceux  de  Saint-Trond 

(1)  Restent  deux  doubles  queues  en  parchemin  sur  lesquelles  il  y  a  des  traces  de  sceaux. 
Copié  littéralement  sur  l'original,  déposé  aux  archives  du  Gouvernement  à  Arlon. 


-    189    - 

fussent  chacun  flans  le  ressort  de  leur  juridiction.  Ils  nttendirent  quelques 
instants  avant  de  prononcer  la  sentence,  parce  qu'il  manquait  une  forma- 
lité nécessaire  :  la  cloche  banale  n'avait  pas  encore  été  sonnée.  Mais  on 
avait  eu  soin  d'acheter,  au  prix  de  cent  libres,  le  dévouement  d'un  individu 
qui  se  glissa  furtivement  dans  la  ville.  Tout  a  coup  la  cloche  s'ébranle  et 
pendant  qu'elle  sonne  à  toute  volée,  les  échevins,  par  l'organe  des  deux 
maïeurs,  déclarent  que  les  cinq  principaux  meneurs  sont  coupables  de  lèse- 
majesté  et  les  condamnent  au  bannissement,  à  la  dégradation  et  à  la  con- 
fiscation de  leurs  biens.  Cependant  les  bourgeois,  avertis  par  le  son  de  la 
cloche  banale,  s'étaient  précipités  sur  leurs  armes  et,  à  la  nouvelle  que  des 
troupes  étrangères  se  trouvaient  dans  la  campagne,  ils  avaient  couru  se 
ranger  en  ordre  de  bataille  dans  les  jardins  du  faubourg  ;  mais  bientôt  ils 
aperçurent  un  envoyé  du  comte  Arnulphe,  qui  leur  signifia  de  rebrousser 
chemin.  Six  semaines  après  tout  était  rentré  dans  l'ordre.  Les  chefs  de  la 
révolte,  abandonnés  par  le  peuple,  avaient  dû  prendre  la  route  de  l'exil  et 
les  bourgeois  étaient  rentrés  en  grâce  moyennant  une  amende  pécuniaire 
et  une  réparation  humiliante  (I). 

Ver  le  même  temps  (2),  Arnulphe  IV  apposait  son  sceau  à  une  charte 
de  son  frère  consanguin,  Jean,  sire  d'Agimont.  Celui-ci  déclarait  daqs  cette 
charte  qu'il  engageait  au  comte  de  Luxembourg,  pour  les  reprendre  de  lui 
«  en  fief  et  en  hommage  lige,  sa  ville  de  Harigni,  la  forêt  et  dépen- 
dances, ses  francs  alleus  (3).  » 

Nous  ne  pouvons  indiquer  que  très  sommairement  ce  que  fit  le  comte 
Arnulphe  IV,  à  l'époque  où  nous  sommes  arrivés  ;  car  c'est  surtout  en  sa 
qualité  de  comte  de  Looz  qu'il  prend  part  aux  faits  dont  voici  l'énumé- 
ration. 

(1)  Gesta  abbat.  trudera.,  Contin.  II [,  pars  II.  Ada,  cap.  5. 

(2>  La  date  de  cette  charte  répond,  selon  toute  apparence,  au  10  avril  1305.  Elle  est  en 
effet  datée  de  «  la  vigile  de  Paske  florie  1304,  »  c'est-à-dire  de  la  veille  des  Rameaux.  Il  ne 
peut  s'agir  ici  de  l'année  1304  de  l'Incarnation,  car  la  veille  des  Rameaux  ne  se  rencontre 
ni  au  commencement  ni  à  la  fin  de  cette  année  de  l'Incarnation.  Pâques  tombait,  selon 
notre  manière  de  compter,  en  1304,  le  29  mars  et,  en  1303,  le  18  avril  ;  la  veille  des  Rameaux 
répondait  donc  au  21  mars  1303,  année  de  l'Incarnation,  et  la  suivante,  au  10  avril  1305. 
D'autre  part  rien  n'autorise  à  croire  qu'il  soit  ici  question  de  l'année  de  la  Nativité,  com- 
mençant à  Noël,  ni  de  l'année  actuelle,  commençant  au  mois  de  janvier.  Il  faut  donc 
chercher  une  autre  solution.  Or,  dans  le  style  de  Liège,  l'année  ne  commençait  que  la 
veille  de  Pâques,  c'est-à-dire,  en  1305,  que  le  17  avril.  Les  jours  qui  précédait  le  17  avril,  en 
particulier  la  veille  des  Rameaux,  10  avril,  appartenaient  donc  encore  à  l'année  1304.  Voilà 
pourquoi  nous  pensons  qu'il  faut  entendre  la  présente  date  dans  le  style  de  Liège,  lequel 
était  généralement  suivi  au  comté  de  Looz. 
(3)  Wùrth,  Public,  hist.  Lux.  t.  XVII,  p.  113. 


-    -190    - 

Le  1er  mai  1306,  il  combat  la  bourgeoisie  de  Bruxelles  dans  les  plaines 
de  Vilvorde  el  contribue,  avec  son  beau-frère  le  comte  de  Juliers,  au  réta- 
blissement dans  leurs  anciennes  charges  des  sept  familles  patriciennes, 
momen'anémcnt  dépossédées  (1). 

En  1307,  l'évêque  de  Liège  Thibaut  de  Bar,  forcé  de  fuire  devant 
l'émeute,  avec  les  échevins  et  les  principales  familles  de  Liège,  réclame 
l'assistance  du  comte  Arnulphe,  et  cette  fois  la  paix  se  rétablit  sans  effusion 
de  sang.  La  même  année,  a  l'intervention  du  même  comte,  l'évêque  de 
Liège  fit  aussi  la  paix  avec  son  fier  vassal  Gilles  Berthout  de  Malines  (2). 

On  ne  parlait  alors  que  de  mouvements  populaires.  La  Suisse  venait  de 
commencer  sa  mémorable  révolution  et  le  roi  de  Germanie  Albert  d'Au- 
triche avait  été  assassiné  par  son  neveu  Jean  de  Souabe,  dont  il  retenait  les 
biens.  Dans  nos  grandes  villes,  l'élément  populaire  n'aspirait  qu'au  moment 
de  s'insurger,  pour  obtenir  de  nouvelles  franchises,  à  la  faveur  des  troubles 
de  l'empire.  La  plupart  de  nos  princes  ne  demandaient  pas  mieux  que  d'ac- 
corder des  libertés  modérées,  mais  ils  savaient  que  la  licence  ne  pou- 
vait que  sombrer  dans  l'anarchie.  Ils  comprirent  donc  qu'il  était  néces- 
saire d'agir  promptemenl,  avec  énergie  et  de  concert.  Albert  Ier  d'Autriche 
avait  été  frappé,  le  1  mai  1308.  Dès  le  1 1  de  ce  même  mois,  se  trouvaient 
réunis  à  Nivelles  le  duc  de  Brabant,  les  comtes  de  Hainaut,  de  Luxem- 
bourg, de  Namur,  de  Juliers,  et  celui  de  Looz  et  de  Chiny.  Les  six  princes, 
tous  parents,  tirent  d'abord  un  traité  d'alliance,  aux  termes  duquel  ils 
s'obligeaient  à  se  prêter  un  mutuel  secours  contre  tous,  excepté  contre  le 
futur  empereur  et  contre  le  roi  de  France  (3).  Le  lendemain,  le  comte  de 
Hainaut  s'étant  retiré  fut  remplacé  par  Guy  de  Flandre,  frère  du  comte  de 
Namur.  Ils  statuèrent  alors  que,  si  l'un  d'eux  est  élu  roi  d'Allemagne, 
celui-ci  devra  recevoir  le  comte  de  Hainaut  à  foi  et  hommage,  comme 
étaient  reçus  ses  prédécesseurs.  11  est  entendu  que  le  comte  ne  pourra  re- 
fuser cet  hommage,  sous  aucun  prétexte  (4). 

Peu  après  ces  arrangements,  les  mêmes  princes  eurent  h  conjurer  une 
guerre  imminente  entre  l'évêque  de  Liège  et  son  vassal  le  comte  de  Hai- 
naut. Henri,  sire  de  Mirwart,  était  mort  en  1282,  laissant  une  veuve,  un 
fils  et  quatre  filles.  Béatrix,  sa  veuve,  avait  vendu  son  douaire,  partie  au 
chapitre  de  Liège,  partie  au  comte  de  Hainaut,  ne  se  réservant  que  la  terre 

(1)  Daris,  Hist.  de  Looz,  t.  I,  p.  505  ;  Mirsei  op.  dipl.  t.  II,  p.  779. 

(2)  Recueil  des  édits,  de  Louvrex,  t.  I,  p.  1(30. 

(3)  St-Genois,  Monum.  anc.  p.  198;  Wûrth,  Publ.  hist.  Lux.,  t.  XVII,  p.  131. 
(\)  St-Gen.  ibidem,  t.  II,  p.  32  :  Wùrth,  ibidem. 


—    191     - 

de  Bertrix  (1).  Thierry,  le  nouveau  sire  deMirwart,  n'avait  pas  eu  d'enfants 
de  sa  femme  Henriette  de  Hans,  lorsqu'il  mourut  en  1288,  sans  doute  à  la 
bataille  de  Wœringen.  Par  cette  mort  les  grands  domaines  dépendants  du 
château  de  Mirwart  étaient  tombés  en  quenouille.  Isabelle,  l'aînée  des  filles, 
mariée  à  Jean,  sire  de  Cons,  avait  vendu  sa  part  au  comte  de  Hainaul  (2). 
Dans  cette  part  se  trouvait  le  château  de  Mirwart. 

Marguerite,  la  seconde  tille,  avait  aussi  vendu  au  comte  de  Chiny  Louis  V, 
tout  ce  qu'elle  avait  reçu,  à  Chevigny,  de  son  frère  Thierry  de  Mirwart, 
lors  de  son  mariage  avec  Thierry  d'Amélie  (3),  c'est-à-dire  toute  la  terre 
de  Saint-Pierre,  avec  la  banlieue,  la  justice  et  les  autres  droits  (4).  Le 
comte  Louis  V  s'était  contenté  d'acquérir  ce  domaine,  trop  limitrophe  de 
son  comté,  pour  le  laisser  tomber  en  mains  étrangères.  C'eût  été  peine 
perdue  du  reste  que  de  lutter  d'une  part  avec  l'église  de  Liège,  laquelle, 
possédant  déjà  le  haut  domaine  de  Mirwart,  à  cause  du  château  de  Bouillon, 
était  prête  à  faire  tous  les  sacrifices  pour  en  avoir  également  le  domaine 
utile  ;  d'autre  part  avec  le  comte  de  Hainaut,  qui  voulait  à  tout  prix  celte 
place  forte. 

Une  sourde  irritation  régnait  à  ce  sujet  depuis  longtemps  entre  la  maison 
de  Hainaut  et  la  principauté  de  Liège.  Elle  s'accentua  lorsque,  sur  le  point 
d'en  venir  aux  mains  avec  l'empereur  (li'02),  le  comte  de  Hainaut  réclama 
l'assistance  que  lui  devait  son  suzerain  l'évêque  de  Liège.  Celui-ci,  sommé 
presqu'en  même  temps  de  prendre  parti  pour  l'empereur,  alla  mettre  le 
siège  devant  Mirwart,  l'emporta  le  5  janvier  1o03  et  le  démolit  de  fond  en 
comble.  Plus  tard  des  conférences  s'ouvrirent  à  Bouillon,  et  presque  en 
même  temps  les  princes,  qui  s'étaient  récemment  confédérés  à  Nivelles, 
offrirent  leur  médiation.  Elle  fut  acceptée.  Ils  allèrent  donc  se  réunir  à 
Lobbes  et,  après  avoir  examiné  mûrement  celle  question  irritante,  ils  pro- 
noncèrent que  le  comte  de  Hainaut  devait  posséder  le  château  de  Mirwart, 
en  qualité  de  fief  relevant  de  l'église  de  Liège  (14  juillet  1308). 

(1)  La  vente  au  chapitre  se  fit  le  23  août  1292.  Ms.  de  Van  den  Berg,  Bibl.  de  l'Université 
de  Liège,  p.  181.  Le  prix  est  une  rente  annuelle  de  100  livres  tournois.  L'autre  vente  est  de 
l'année  suivante,  le  prix,  300  livres  «  bons  noirs  tournois  petits  »  de  rente  annuelle. 

(2)  Le  prix  est  une  rente  annuelle  de  3800  livres,  plus  une  garantie  de  200  livrées  de  terre, 
et  500  livres  une  fois  payées.  L'acte  est  du  24  décembre  1293. 

(3)  On  lit  en  d'autres  endroits  Thierry  d'Amette.  M.  Wïirth  pense  qu'il  s'agit  d'Aumetz. 
Amélie  est  un  ancien  village  du  canton  de  Spincourt.  Thierry  était  mort  avant  1297,  et 
Marguerite  s'était  remariée  à  Guarnay,  sire  de  Sorcy.  Elle  épousa  en  troisièmes  noces  Jac- 
ques de  Fagneules.  Les  deux  autres  filles  de  Henri  de  Mirwart  furent  mariées,  l'une,  Marie. 
à  Godefroid  de  Beaufort,  sire  de  Perwelz  ;  l'autre,  à  Robin  ou  Robert  de  Villers. 

(4)  En  effet  lors  de  la  vente  de  cette  terre,  en  1330,  par  le  comte  Louis  VI,  il  est  dit  qu'elle 
provenait  de  Thierry  d'Amélie  et  de  sa  femme  Marguerite,  qui  l'avait  reçue  de  son  frère  le 
sire  de  Mirwart. 


—    i92    - 

Ce  jugement  ne  servit  qu'à  rendre  plus  parfaite  la  confusion.  Un  mois  ne 
s'était  pas  écoulé  que  les  six  princes  furent  informés  qu'un  nouveau  conflit 
avait  surgi  pendant  les  conférences  de  Bouillon.  La  comtesse -mère  de 
Hainaul  avait  envoyé  des  ouvriers  pour  relever  le  château  de  Mirwart  et 
l'évèque  de  Liège  avait  lui-même  envoyé  des  gens  non-seulement  pour 
chasser  les  travailleurs,  mais  aussi  pour  aller  saisir  à  Bouillon  les  deux 
chargés  d'affaires  de  cette  comtesse,  Jean  de  Montigny  et  le  bailli  de 
Hainaui.  A  cette  nouvelle,  les  princes  se  réunirent  de  nouveau  (29  août  1 J08). 
Leur  attitude  énergique  eut  bientôt  fait  relâcher  les  deux  captifs.  Mais  déjà 
le  comte  Guillaume  de  Hainaut  avait  usé  de  représailles  en  arrêtant  des 
habitants  de  la  principauté  de  Liège,  qui  se  trouvaient  dans  ses  états  de 
Hollande. 

Au  milieu  de  ces  graves  et  incessantes  complications,  rien  n'était  plus 
compromettant  que  la  position  du  comte  Arnulphe  IV.  L'évèque  de  Liège, 
son  suzerain  pour  le  comté  de  Looz,  s'irritait  de  le  voir  parmi  ses  juges. 
11  s'en  plaignit  à  son  neveu  le  comte  de  Bar,  autre  suzerain  d'Arnulphe 
pour  le  comté  de  Chiny,  et  le  gagna  si  bien  à  sa  cause  qu'une  double  attaque 
fut  résolue  contre  ce  dernier  comté.  L'évèque  de  Liège  commença  les  hos- 
tilités par  le  siège  du  château  d'Agimont,  fief,  comme  on  sait,  du  comté  de 
Chiny  et  propriété  du  frère  consanguin  d'Arnulphe  IV.  C'était  vraisemblable- 
ment fort  peu  de  temps  après  le  jugement  rendu  à  Lobbes  par  les  princes  con- 
fédérés. A  celte  nouvelle  Arnulphe  rassemble  ses  francs-hommes  du  comté 
de  Chiny,  afin  de  voler  au  secours  de  «  sondit  chasteau  paternel;  »  mais, 
pendant  ces  préparatifs,  il  apprend  qu'Edouard  I,  comte  de  Bar,  vient  de 
faire  irruption  à  l'autre  extrémité  de  ce  même  comté  et  qu'il  a  déjà  mis  le 
siège  devant  Chauvancy.  Tout  ce  que  l'on  sait  du  résultat  de  cette  double 
attaque,  c'est  que  la  principale  tour  du  château  d'Agimont  fut  incendiée,  de 
même  que  la  ville  de  Givel,  située  dans  les  domaines  de  ce  château  (1). 

Ces  voies  de  fait  eurent  au  moins  l'avantage  de  hâter  la  conclusion  de  la 
paix.  Les  princes  confédérés  s'étant  de  nouveau  réunis  à  Nivelles  réitérèrent 
le  jugement  qu'ils  avaient  prononcé  à  Lobbes  et  en  exigèrent  l'exécution 
immédiate.  En  vain  le  chapitre  de  Liège  essaya  t-il  de  prolonger  la  résis- 
tance, en  portant  cette  cause  aux  pieds  de  Henri  de  Luxembourg,  l'un  des 
princes  confédérés,  tout  récemment  élu  empereur.  Le  nouveau  monarque 
était  alors  à  Cologne.  Déjà  l'évèque  de  Liège  reprenait  les  choses  à  leur 
origine,  c'est-à-dire  à  dix-sept  ans  en  arrière  ;  mais  la  comtesse  de  Hainaut 

(1)  Hocsem,  dans  Chapeaville,  t.  II.  p.  350  ;  ms.  de  Suxy. 


—    493    — 

accourut  elle-même  pour  déjouer  tous  ses  efforts  et  pour  conjurer 
l'empereur,  son  neveu,  de  mettre  un  terme  enfin  à  ces  trop  longs  démêlés. 
C'était  du  reste  la  volonté  expresse  de  l'empereur.  Il  chargea  donc  le  duc 
de  Brabanl  de  ressaisir  la  comtesse  et  le  comte,  son  (ils,  de  la  terre  de 
Mirwarl.  Celte  besogne  rencontra  encore  bien  des  difficultés,  mais  elle  était 
définitivement  accomplie  en  l'année  1312  (I). 

La  réconciliation  du  comte  Arnulphe  IV  avec  l'évêque  de  Liège  se  fil  en 
l'année  1309,  à  l'intervention  du  nouvel  empereur.  C'est  ce  que  nous  apprend 
le  manuscrit  de  Suxy  :  «  Le  mesme  an  (1308),  au  2ôe  de  décembre  (lisez 
«  15  et  27  novembre),  fut  esleu  roy  des  Romains  Henry,  comte  de  Luxem- 
«  bourg,  homme  prudent,  juste,  dévot,  débonnaire  et  vaillant  aux  armes, 
«  et  couronné  à  Aix,  en  janvier  de  l'an  130J.  Ce  qu'apporta  une  paix  entre 
Arnould  et  Tévesque  de  Liège.  »  Mais  la  réconciliation  avec  le  chapitre  de 
Saint-Lambert  fut  moins  prompte  et  plus  difficile. 

Bientôt  on  vit  partir  pour  l'Italie,  à  la  suite  du  nouveau  monarque,  ce 
même  prince-évêque  de  Liège,  avec  Jean  d'Agimont,  dont  il  avait  l'année 
précédente  emporté  le  château  et  incendié  les  terres.  Ni  l'un  ni  l'autre,  ni 
l'empereur  lui-même  ni  l'impératrice,  ne  devaient  revenir  de  celle  funeste 
expédition. 

Avant  son  départ  l'évêque  Thibaut  avait  constilué  mambour  de  la  princi- 
pauté, pendant  son  absence,  le  seigneur  de  Peis,  nommé  Alard.  Les  dispo- 
sitions malveillantes  de  son  chapitre  à  l'égard  du  comte  Arnulphe  IV 
l'avaient  sans  doute  empêché  de  confier  cette  charge  au  comte  lui-même, 
assurément  plus  capable  de  la  remplir  que  le  seigneur  de  Peis. 

Il  fallait  signaler  ces  derniers  faits,  à  cause  de  leur  connexité  avec  les 
précédents  ;  mais  déjà  Arnulphe  n'était  plus  comte  de  Chicy.  Peu  de 
temps  après  le  départ  de  l'empereur  pour  l'Italie,  il  s'était  démis  de  son 
second  comté  en  faveur  de  son  fils  aîné  Louis  VI.  Nous  verrons  bientôt 
que  ce  jeune  prince  avait  déjà  succédé  à  son  père,  au  mois  de  juin  1310. 
Qu'il  nous  suffise  donc  d'esquisser  ici,  plus  sommairement  encore,  le  reste 
de  la  vie  du  comte  Arnulphe. 

Après  la  mort  de  l'évêque  Thibaut  de  Bar  (13  mai  1312),  le  chapitre  de 
Liège  voulut  faire  choix  d'un  nouveau  mambour  ;  mais  Arnulphe  leur  ht 
savoir  qu'il  réclamait  cette  charge,  parce  qu'elle  élail  un  fief  héréditaire 
dans  sa  famille.  On  ignore  sur  quels  motifs  il  fondait  des  prétentions  aux- 

(1)  Ibidem,  page  351  ;  de  St-Genois,  Mon.,  pages  269  etc.,  199,  825  etc. 


-    194    — 

quelles  il  avait  positivement  renoncé.  Le  chapitre  chercha  un  appui  dans 
l'élément  populaire,  et  nomma  rnambour  le  prévôt  Arnulphe  de  LJlanken- 
heim.  Ces  procédés  irritèrent  les  nobles  de  la  principauté  et  les  rappro- 
chèrent du  comte  de  Looz.  Celait  l'époque  de  ces  luttes  chevaleresques  et 
barbares  connues  sous  le  nom  de  guerres  des  Awans  et  des  Waroux.  Le 
nouveau  rnambour  veut  user  d'un  droit  que  les  deux  partis  reconnaissaient 
au  prince-évêque,  celui  de  décréter  une  trêve  de  quarante  jours.  Les  Waroux, 
amis  du  comte,  n'acceptent  pas  la  trêve.  Le  rnambour  s'irrite,  détruit  le 
château  de  Holloine  et  fait  décapiter  trois  violateurs  de  la  trêve.  Telle  est 
la  cause  des  massacres  commis  pendant  cette  nuit  affreuse,  à  laquelle  est 
restée  le  nom  de  Maie  Saint-Martin.  Ce  n'est  pas  ici  le  lieu  de  raconter  ces 
faits.  Demandons-nous  seulement  quelle  fut  la  part  du  comte  Arnulphe 
dans  ces  événements  néfastes.  A-t-il  connu  le  complot  des  nobles?  On  ne 
peut  guère  en  douter.  Il  était  encore  a  Liège,  la  veille  de  la  lutte,  a  l'en- 
trée de  la  nuit,  et  le  lendemain  il  était  en  route  pour  y  revenir,  lorsqu'il  apprit 
la  défaite  des  nobles.  Mais  fut-il  l'âme,  comme  plusieurs  le  lui  reprochent, 
ou  du  moins  l'approuva-t-il  et  sut-il  qu'on  devait  l'exécuter  cette  nuit 
même?  La  seule  raison  qui  porterait  à  le  croire,  c'est  que  le  triomphe  des 
nobles  devait  vraisemblablement  tourner  à  son  profit,  c'est-à-dire  a  lui  pro- 
curer la  mambournie  de  la  principauté.  Or,  pour  arriver  à  ce  but,  il  n'avait 
nul  besoin  de  ce  coup  d'état.  La  preuve  en  est  que,  malgré  l'extermination 
de  la  noblesse,  il  se  lit  décerner  celte  mambournie,  nomma  des  baillis  et 
des  maïeurs  dans  le  Condroz,  perçut  les  revenus  de  l'évêché  et  démolit  la 
forteresse  de  Waleffe,  afin  de  rendre  a  la  liberté  ceux  que  le  chapitre  y 
avait  reclus.  Il  est  vrai  que  celte  conduite  le  fil  excommunier  par  le  chapitre 
(8  et  19  octobre  1312).  La  paix  se  fil  l'année  suivante  (1). 

Le  8  juin  1313,  Arnulphe  IV  pérorait  en  vain,  dans  la  plaine  de  Wa- 
remme,  au  milieu  d'une  foule  de  gentilshommes,  prêts  à  se  ruer  les  uns 
sur  les  autres.  Prières,  menaces,  tout  fut  inutile.  Les  Awans  et  les  Waroux, 
renforcés  par  la  plupart  des  nobles  de  Hesbaye  et  du  comté  de  Looz,  et 
par  beaucoup  d'autres,  accourus  du  Brabant  et  du  Namurois,  se  battirent 
avec  plus  d'acharnement  que  jamais,  jusqu'à  ce  que  la  victoire  se  fut  dé- 
cidément rangée  du  côté  des  Waroux  (2). 

Il  fut  plus  heureux  peu  de  temps  après.  Pendant  l'absence  de  son  mari 
Jean  de  Dampicrre,  alors  en  Italie,  la  comtesse  de  Namur,  Marie  d'Artois, 

(1)  Chartes  de  St-Lambeat,  nos  498,  499  ;  Daris,  ibid.,  p.  510. 

(2)  Gesta  abb.  trudon.,  ibidem,  cap.  8. 


—    195    — 

avait  voulu  lever  des  impôts  et  n'avait  réussi  qu'a  exciter  une  émeute.  Les 
bourgeois  l'assiégeaient,  elle  et  ses  enfants,  dans  son  château  de  Namur, 
lorsqu'arriva  le  comte  Jean.  Dépourvu  de  troupes,  il  fit  appel  au  comte 
Arnulphe,  qui  bientôt  lui  amena  une  armée  et  tous  les  engins  nécessaires 
à  un  siège.  Les  révoltés  se  calmèrent  instantanément  et  se  rendirent  à 
discrétion  (I).  C'est  à  cette  occasion  peut-être  que  fut  conclu  le  mariage 
du  jeune  comte  de  Chiny,  Louis  VI. 

Au  mois  de  février  1314,  Arnulphe  faillit  s'engager  dans  la  guerre  fratricide 
desAwans  et  des  Waroux.  Adolphe  de  la  Marck,  le  nouvel  évêque  de  Liège, 
avait  excepté  d'une  amnistie  générale  quelques  seigneurs  du  parti  des  Wa- 
roux. C'en  fut  assez  pour  décider  le  comte  à  prendre  les  armes.  Déjà  seize 
cents  de  ses  chevaliers  étaient  venus  renforcer  l'armée  des  Waroux,  et  l'on 
allait  atlaquer  les  Awans,  soutenus  eux-mêmes  par  un  corps  de  troupes 
fournies  par  l'évêque,  lorsque,  grâce  à  la  médiation  du  chapitre,  il  fut 
tout  à  coup  résolu  qu'on  réglerait  ce  différend  par  voie  d'arbitrage.  Celte 
méthode  prévalut  dès  lors  pour  maintenir  la  paix  entre  le  comte  et  l'évêque. 
Ils  s'engagèrent  même  plus  tard  (3  juin  1318)  à  soumettre  tous  leurs  diffé- 
rends à  un  tribunal  de  paix,  lequel  fut,  cinq  ans  après,  conûrmé  et 
mieux  organisé  (2). 

Quant  a  sa  politique  dans  les  affaires  générales  de  l'empire,  Arnulphe  IV, 
après  la  mort  de  Henri  Vil  (1313),  avait  pris  le  parti  de  Louis,  duc  de 
Bavière,  contre  son  compétiteur  Frédéric  d'Autriche.  C'est  lui  qui,  avec 
les  comtes  de  Gueldre  et  de  Juliers,  s'était  assuré  de  la  ville  d'Aix-la-Cha- 
pelle, jusqu'au  couronnement  du  nouvel  élu. 

Enfin  le  30  décembre  1323,  Arnulphe  IV  résigna  également  son  comté 
de  Looz,  entre  les  mains  de  son  suzerain  le  prince-évêque  de  Liège,  en 
faveur  de  son  lils  Louis,  comte  de  Chiny,  à  charge  de  payer  ses  dettes  et 
de  lui  payer  à  lui-même  une  rente  viagère  de  quatre  mille  livres.  Il  mourut 
le  22  août  1328  et  fut  inhumé  dans  l'abbaye  d'Averboden.  Sa  femme, 
Marguerite  de  Vianden,  était  morte  depuis  le  8  mars  1316. 

Les  enfants  du  comte  Arnulphe  sont  : 

1.  Louis,  qui  lui  succéda. 

2.  Arnulphe,  cité  dans  une  charte  de  1304  en  faveur  des  Augustins  de 
Hasselt,  et  en  1327  (v.  st.),  dans  le  contrat  de  mariage  de  sa  sœur  Mar- 
guerite. 

(1)  St.  Génois,  Mon.,  page  97. 

(2)  Mon.  anc,  t.  I,  p.  217  ;  t.  II.  p.  32. 


-    196    - 

• 

3.  Jean,  cité  par  Mantollius  et  probablement  mort  jeune. 

4.  Guillaume,  sire  de  Neufchàteau  après  sou  frère  Armilphe.  II  n'eut 
qu'une  lille,  uonuuée  Marie  qui  épousa,  en  I33N,  Êrrurd  de.  la  Marck  et 
eut  pour  dot  la  seigneurie  de  Peer.  A  la  mort  de  sou  père,  celle  de  Neuf- 
chàieau  passa  par  héritage  dans  l.i  maison  des  la  Marck. 

5.  Manie  fut  donnée  en  mariage  à  Gilles  (h  Be  Ihout  de  Malines,  lequel 
mourut  le  21  octobre  1310.  lille  épousa  en  secondes  noces  Gérard,  sire 
de  Diest  et  châtelain  d'Anvers.  Elle  n'eut  point  d'enfants.  Vers  132;>  elle 
mourut  et  fut  enterrée  chez  les  frères  Mineurs  de  Diest.  Son  mari,  remarié 
bientôt  après  à  Isabelle  de  Flandre,  lille  de  Guillaume-sans-Terre,  fonda  la 
chartreuse  de  Zeelhem  et  mourut  sans  enfants  en  1337  (l). 

6.  Matiiilde  était  déjà  mariée  en  1300  à  God>froid  //,  sire  de  Heinsberg 
après  son  père  Thierry  II,  vers  1302  et,  environ  cinq  ans  plus  tard,  sire 
de  lilanckenberg,  après  Waleran,  son  frère  aîné.  Dans  la  suite  Godefroid 
acquit  encore  la  seigneurie  de  VVassemberg.  Malhilde  est  souvent  nommée 
dame  de  Vogelsang.  parce  que  ce  château  faisait  partie  de  sa  dot.  Leurs 
enfants  sont  :  Thierry,  qui  fut  sire  de  Heinsberg  et  de  Blanckenberg, 
ensuite  comte  de  Looz  et  de  Chiny  ;  Jean,  sire  de  Dalembrouck,  Sittart  et 
Wassemberg  ;  Godefroid,  chanoine  de  Liège  et  prévôt  de  Maastricht,  puis 
comte  de  Chiny;  Marguerite,  abbesse  de  Thoren.  Bulkcns  ajoute  Ide, 
femme  d'Adolphe  d'Agimont,  seigneur  de  Neuchâtel,  et  Mantellius,  Henri 
de  Lewenberg.  Arnold,  sire  de  Stein,  doit  être  aussi  de  ce  nombre  (2). 

7.  Jeanne  épousa  en  premières  noces  Arnold  de  Wesemaele,  à  qui  elle 
donna  une  lille  nommée  Mallril.de,  qui  fut  mariée,  en  1325.  à  Albert  de 
Voerne,  dont  une  (ille,  nommée  comme  son  aïeule,  qui  épousa  Jean,  sire 
de  Fauquemont.  Jeanne  convola  en  secondes  noces  avec  Guillaume  d'Oreye, 
Oreille  ou  Urle,  noble  et  puissant  seigneur,  dont  elle  eut  deux  enfants  : 
l'un,  Arnold  de  llummen  épousa  Isabelle  de  Flandre,  lille  naturelle  de 
Louis  de  Maie;  l'autre.  Marie,  fut  la  femme  de  Jean,  sire  de  Hamalle,  et 
la  mère  de  Guillaume  de  Hamalle,  qui  éleva  des  prétentions  sur  le  comté 
de  Looz.  Le  comte  Louis  VI  aimait  beaucoup  sa  sœur  Jeanne  et  ses  en- 
fants. C'est  pour  ce  motif,  selon  Mantellius,  qu'il  leur  donna  la  belle  sei- 
gneurie de  Rummen. 

(1)  Mantellius,  hist.  loss.,  p.  219;  Van  den  Branden  de  Reeth,  Recherch.  sur  la  famille  des 
Berthout,  page  153. 

(2)  Une  charte  citée  plus  loin,  du  mardi  de  la  Pentecôte  1331,  prouve  qu'il  était  neveu  du 
comte  Louis  VI  ;  de  plus  il  commandait  la  ville  de  Sittart,  en  133i.  Il  en  sera  parlé  à  cette 
date. 


-    197    - 

8.  Marguerite,  la  plus  jeune  des  enfants  d'Arnulphe,  épousait,  le  !5 
janvier  1328,  Guillaume  de  Duras,  dit  de  Neufchâteau,  et  lui  apportait  pour 
dot  le  châtrau  de  Duras.  Voici  la  substance  de  leur  contrat  de  mariage, 
publié  par  Mantellius  (I)  : 

Arnulphe,  ancien  comte,  et  louis,  son  (ils,  comte  moderne  de  Looz  et 
de  Chiny,  déclarent  qu'après  mûre  délibération  et  avec  le  consentement  de 
l'évêijue  de  Liège  et  des  deux  princes  Arnulphe  de  Looz  et  Guillaume  de 
Neufchâteau  en  Àrdenne,  chevalier,  son  frère,  ils  accordent  en  mariage 
Marguerite,  leur  lille  et  sœur  bien-aimée  à  leur  cher  et  féal  Guillaume  de 
Duras,  dit  de  Neufchâteau,  écuyer.  Ils  donnent  pour  dot  à  Marguerite  le 
château  de  Duras  avec  ses  dépendances  et  toutes  ses  prérogatives,  tant  de 
haute  et  de  basse  justice  que  de  souveraineté  indépendante  et  mixte.  Fait 
la  sixième  ferie  après  l'octave  de  l'Epiphanie  1327  (15  ou  18  janvier  1328 
n.  si.)  (2). 

M.  Daris  regarde  comme  très  probable  que  Kenier  de  Noefcastel, 
escuyer,  était  également  fils  du  comte  Arnulphe.  Il  cite  une  charte  inédile 
qui  le  dit  frère  de  Guillaume.  Renier  vivait  en  1313  et  tenait  du  chapitre 
de  Saint-Lambert  les  fiefs  de  Scelin   et   de  Bors  (3). 

Arnulphe  eut  encore  deux  enfants  naturels  Arnulphe  et  Martin  de  Looz  : 
qui  furent  tous  deux  chevaliers  (4). 

On  peut  voir  dans  l'Histoire  de  Looz  de  M.  Daris  une  liste  consciencieuse 
des  bienfaits  accordés  par  Arnulphe  à  des  établissements  religienx.  Nous 
n'en  parlerons  pas  ici,  parce  que  la  plupart  de  ces  actes  de  bienfaisance 
sont  étrangers  an  comté  de  Chiny.  Notons  que  l'état  de  ses  finances  ne  lui 
permettait  pas  toujours  d'accorder  gratuitement  ces  diverses  faveurs.  C'est 
ainsi  par  exemple  qu'en  renonçant  à  ses  droits  d'avoué  du  monastère  de 
Saint-Jacques  de  Liège,  il  a  soin  1°  d'excepter  un  rente  de  trois  marcs, 
six  deniers,  une  pelisse  de  peau  d'agneau  et  des  bottes,  2°  d'exiger  en 
retour  la  constitution  d'une  rente  de  dix  muids  d'épeaulre  pour  fondation 
de  son  anniversaire  (5). 

(1)  Hist.  loss.,  p.  253. 

(2)  Le  jour  de  cette  octave  était  le  mercredi.  13  janvier.  Qu'entendit-on  par  la  6e  ferie  :  le 
vendredi  15  ou  le  lundi  suivant,  18  janvier  ?  En  ce  dernier  cas,  on  pouvait  dire  plus  sim 
plement  in  die  Cathedrae  S.  Pétri  Rom. 

(3)  Ibidem,  page  525. 

(i)  Ibidem;  Mantellius,  p.  248. 

(5)  Ibidem;  Bertholet,  !Iist.  t.  V,  p.  341. 


—    199    - 
XIII. 

Louis  VI,  treizième  comte  de  Chiny. 

1310  — 1336. 

On  verra  bientôt  que,  dès  le  mois  de  juin  1310,  Louis  VI  prit  le  titre  de 
comte  de  Chiny,  ce  qui  n'empêcha  pas  son  père  de  conserver  ce  môme  titre 
jusqu'à  Tannée  î  3 1 3.  Ne  nous  étonnons  pas  de  ne  pouvoir  préciser  davantage 
le  commencement  du  règne  de  nos  princes.  Eux-mêmes  peut-être  eussent 
été  fort  embarrassés  pour  le  faire,  s'étant  peu  souciés  d'accepter  d'un  seul 
coup  toutes  les  charges  du  pouvoir. 

Louis  VI  avait  alors  environ  trente  ans.  Trois  détails  insignifiants,  voilà 
tout  ce  qui  nous  reste  de  la  première  moitié  de  sa  vie  ;  la  seconde  est 
mieux  connue. 

En  I30i,  le  comte  Arnulphe  IV  et  Marguerite  de  Vianden,  sa  femme, 
firent  une  donaiion  de  quelques  muids  de  seigle  au  monastère  hassellois 
des  Ermites  de  Saint-Augustin.  Louis  et  Arnulphe,  son  frère,  y  donnèrent 
leur  approbation  (I).  Le  H  mai  130G.  Louis  intervint,  mais  sans  son 
frère,  dans  une  autre  charte  du  comte  Arnulphe  IV.  Celui-ci  avait  perçu 
par  erreur  certaines  rentes  qui  ne  lui  étaient  pas  dues.  Sur  les  réclamations 
du  doyen  et  du  chapitre  de  Saint-Barthélémy  de  Liège,  il  fit  faire  une 
enquête  qui  lui  démontra  que  ces  revenus  appartenaient  au  chapitre.  Il  le 
notifia,  de  concert  avec  la  comtesse  sa  femme  et  son  fils  aîné,  enjoignant 
à  ses  officiers  de  justice  d'agir  en  conséquence  (2).  Deux  ans  plus  tard, 
également  au  mois  de  mai,  Louis  VI  se  porta  caution  pour  le  duc  de  Bra- 
bant  vis-à-vis  du  comte  de  Luxembourg  Henri  IV,  élu  peu  après  roi  des 
Romains.  Le  duc  brabançon  redevait  à  sa  sœur,  comtesse  de  Luxembourg, 
une  somme  de  vingt  mille  livres  tournois,  sur  les  trente-trois  mille  qui 
formaient  la  dot  de  celte  princesse.  Il  semble  que  des  difficultés  s'étaient 
élevées  au  sujet  du  payement  de  cette  somme.  Pour  les  aplanir,  on  fit 
l'accord  suivant  :  le  duc  serait  libre  de  conserver  ces  vingt  mille  livres 
aussi  longtemps  qu'il  le  jugerait  à  propos,  mais  à  la  charge  de  paver 
annuellement  à  sa  sœur  deux  mille  livres,  sans  extinction  du  capital.  Cotait 
de  la  part  du  duc  emprunter  à  dix  pour  cent.  Selon  l'usage,  ce  prince  fournit 

(1)  Notit.  eccles.  belg.,  page  670,  ou  Mir.  op.  dipl.  tom.  I,  pag.  778. 

(2)  Robyns,  Diplom.  Inss.  pag.  15  :  Arnoldus  cornes  lossensis,  et  Margareta,  ejus  uxor,  et 
Ludovicus  eorura  prinioyenitus  filius,  etc.  Et  nos  Ludovicus  nostrum  praïbuimus  et  praebe- 
mus  assensum. 


—    200    — 

aussitôt  après  ses  pleiges  ou  ses  cautions.  llTy  en  avait  onze,  entre  autres: 
la  duchesse,  sa  femme  ;  les  comtes  de  Flandre,  de  Hainaut,  de  Namur,  de 
Juliers,  et  «  Louis,  (ils  aiué  du  comte  de  Loz.  »  Que  si  le  duc  était  infidèle 
à  sa  promesse,  ces  personnages  devaient  se  rendre  à  Namur,  ou  s'y  faire 
remplacer  chacun  par  deux  chevaliers,  pour  y  vivre  aux  dépens  du  duc 
jusqu'à  satisfaction  complète  (I). 

A  part  ces  trois  petits  renseignements,  l'histoire  du  |comte  Louis  VI  ne 
commence  qu'au  moment  où  il  entre  en  possession  du  comté  de  Chiny. 
Comme  il  a  été  dit,  les  détails  manquent  sur  l'inauguration  du  nouveau  comte. 
On  sait  seulement  que,  jusqu'à  son  mariage,  il  n'eut  pas  sa  résidence  habituelle 
au  comté  de  Chiny,  mais  qu'il  y  fut  remplacé  par  un  gouverneur. 

La  première  charte  qui  donne  à  Louis  VI  le  titre  de  comte  de  Chiny  est 
datée  du  mois  de  juin  1310.  C'est  une  simple  constatation  d'un  accord 
intervenu  entre  l'abbaye  d'Orval  et  les  habitants  du  village  de  Luz,  au  sujet 
de  réparations  de  l'église  paroissiale  de  cette  localité  (2). 

Bientôt  après  le  nouveau  comte  de  Chiny  se  vit  aux  prises  avec  un  roi 
violent,  rapace  et  détesté  de  ses  propres  sujets.  Philippe  le  Bel  qui,  malgré 
toutes  les  protestations  du  pape  Boniface  VIII,  avait  donné  retraite  aux 
Colonna,  ne  concevait  pas  qu'un  prince  de  l'empire  osât  lui  rendre  la 
pareille  en  accordant  l'hospitalité  à  des  Français  poursuivis  par  lui.  Les 
deux  principaux  personnages  dont  il  s'agit  se  nommaient  Benaud  et  Raoulin 
de  Briaigne.  Ils  étaient  neveux  de  N.  de  Nantholio  à  qui,  dans  le  cours 
des  événements  qui  vont  être  racontés,  le  monarque  ht  interdire  l'entrée  de 
la  ville  de  Reims  (3).  Il  y  avait  apparemment  des  liens  de  famille  entre  eux 
et  le  comte  de  Chiny  ;  car  on  se  rappelle  que,  un  siècle  auparavant,  Sophie, 
comtesse  de  Chiny,  avait  épousé  en  troisièmes  noces  un  seigneur  du  même 
nom,  à  savoir  Galcher  de  Nanteuil,  sire  d'Ivoix. 

Les  deux  frères,  lîenaud  et  Baoulin,  étaient  les  chefs  d'une  faction  qui 
avait  déclaré  la  guerre  à  la  ville  de  Reims.  Le  roi  de  France  les  poursuivait 
d'une  haine  implacable.  Qu'on  en  juge  :  le  3  juin  1311,  il  donne  des 
ordres  aux  habitants  de  Reims  afin  d'organiser  leur  action  contre  les  deux 
frères  et  leurs  complices  (4)  ;  le  22  du  même  mois  il  lait  raser  les  maisons 
qui   leur  ont  donné  asrle  (5)  ;   le  même  jour  il  ordonne  aux  justiciers 

(1)  Saint-Genois,  Monum.  anc.  page  211  ;  Wûrth-Paquet,  Analyse  etc.,  tom.  XVII,  page  130. 

(2)  Cartulaire  d'Orval,  page  632.  Les  trois  points  en  litige  étaient  les  aornements  de  l'église, 
le  charroy  pour  marrien,  et  les  pierres  et  escailles. 

(3)  Archives  administratives  de  Reims,  tome  II,  page  139. 

(4)  Ibidem,  page  118. 

(5)  Ibidtm,  page  119. 


-    201     - 

d'autoriser  les  habitants  a  s'emparer  d'eux  morts  ou  vifs  (1);  le  lendemain, 
aux  assises  tenues  à  Laon,  les  deux  frères  sont  condamnés  à  la  peine  de 
bannissement  (2)  ;  un  mois  après  (23  juillet),  leurs  têtes  sont  mises  à  prix  : 
le  roi  promet  mille  livres  tournois  pour  chacune  des  têtes  des  deux  frères, 
deux  cents  livres  pour  chacune  des  têtes  de  leurs  adhérents  condamnés 
comme  eux  au  bannissement,  cent  livres  pour  celles  de  leurs  gens  à  cheval 
et  trente  livres  pour  celles  de  leurs  gens  à  pied  (3)  ;  le  même  jour  il  est 
prescrit  de  saisir  ceux  qui  leur  donnent  asile,  de  détruire  leurs  maisons  et 
de  les  amener  sous  bonne  escorte  au  châtelet  de  Paris  ;  cinq  jours  après 
renouvellement  de  cette  ordonnance  et  promesse  de  récompenses  (4)  ;  le 
même  jour,  ordre  au  comte  de  Grandpré  de  saisir  les  bannis  partout,  hormis 
les  églises  (5)  ;  le  lendemain,  levée  d'impôts  sur  les  gens  de  l'archevêque, 
malgré  l'opposition  de  celui-ci.  C'était,  disait  le  roi,  pour  subvenir  aux 
frais  de  la  guerre  contre  les  de  Briaigne  (6).  Enfin,  après  d'autres  ordres 
non  moins  sévères,  apparut  la  lettre  suivante,  adressée  au  comte  de  Chiny. 

«  Lettre  de  Philippe  le  Bel,  adressée  au  comte  de  Chini  (7),  au  sujet  de  la  prise 
de  Jean  Coquelet,  bourgeois  de  Reims,  par  les  seigneurs  de  Brienne.  » 

Le  15  août  1311. 

PhilippusDeigratiaFrancorumrex,  Philippe,  par  la  grâce  de  Dieu  roi 

amico  nostro  charissimo  comiti    de  des  Français,  à  notre  très  cher  ami 

Chimiaco  (sic)  salutem  et  dilectionem.  le  comte  de  Chiny,  salut  et  dilection. 

JohannesdictusGoquelet,civisremen-  Jean  surnommé  Coquelet,  bourgeois 

sis,    nobis  fecit  conquerendo   mon-  de  Reims,  est  venu  se  plaindre  de  ce 

strari  quod  Raoulinus  etRenaudusde  que  deux  hommes  d'armes,   Raoulin 

Briagnia,     armigeri,    fratres,    ipsum  et     Renaud    de     Briaigne,     frères, 

Johannem    nuper    in    regno    nostro  s'étaient  saisis  de  lui  sur  le  territoire 

rapuerunt,   et  de    regno    nostro    in  de  France  et  l'avaient  emmené,  par 

Imperium,  in  Gommitatum  vestrum,  violence  et  à  l'aide  de  gens  armés, 

cum  gentibus  armorum,  per  violen-  dans  les  terres  de  l'empire,  en  votre 

(1)  Ibidem,  page  119. 

(2)  Ibidem,  page  120. 

(3)  Ibidem,  page  121 . 

(4)  Ibidem,  122. 

(5)  Ibidem,  123. 

(6)  Ibidem,  124. 

(7)  Tantôt  le  roi  de  France  rappellera  au  gouverneur  du  comté  de  Chiny  que  sa  charge  lui 
a  été  confiée  par  le  père  du  comte  actuel.  C'est  donc  bien  à  Louis  VI  qu'il  écrit  cette  lettre 
et  non  au  comte  Arnulphe  IV. 

15 


—    202    — 


tiam  transtulerunt,  et  in  quodam 
Castro  vestro,  quod  dicitur  Mont- 
medy,  in  catenis  et  compedibus, 
per  septem  septimanas  et  amplius, 
tenuerunt  ipsum  Johannem  carceri 
mancipatum  ;  et  antequam  exire 
posset,  oportuit  ipsum  per  vim  car- 
ceris  redimere  se  mille  quingentis 
libris  parisiensibus  ;  (que  redemptio 
una  cum  hoc  trecentas  libras  pari- 
sienses  sibi  constiterat  et  amplius,  ut 
dicebat  ?)  ;  que  summa  (XVe  lb  par.) 
soluta  fuit  dictis  armigeris,  a  regno 
nostro,  suis  exigentibus  meritis,  ban- 
nitis,  vobis  presentibus,  in  Castro 
predicto.  Et  a  tempore  dicti  raptus, 
dicti  banniti  in  comitiva  vestra  et 
Castro  vestro  predicto,  ad  beneficium 
vestrum  remanserunt  hactenus,  et 
adhuc  manent,  vobis  scientibus  et 
receptantibus  eosdem.  Et  sic  dictus 
Johannes  in  summa  predicta  et  in 
trecentis  libris  premissis  damnificatus 
extitit,procurandoliberationemipsuis. 
Quarevos  requirimus  rogantes  attente 
quatenus,ut  predictus  Johannes  dictam 
pecuniam  rehabeat  et  dedamnificatus 
existât,  velitis  efficienter  interponere 
partes  vestras,  et  dictos  bannitos,  visis 
litteris  dicti  bannimenti,  capi  faciatis, 
et  ad  sumptus  exhibitoris  presentis 
ballivo  nostro  viromandensi,  per  quem 
banniti  dicuntur,  sub  fida  et  secura 
custodia  remitti,  pro  demeritis  secun- 
dum  justitiam  puniendos  ;  sic  super 
hoc  vos  habentes  ;  quod  nobis,  (qui  ?) 
in  casu  consimili  remissionem  vobis 
consimilem  faceremus,  debeat  esse 
gratum.  Actum  apud  S.  Audœnum, 
décima  quinta  die  augusti,  anno 
DominiM"  CCC°XJA 
Archiv.  administrât,  de  la  ville  de  Reims,  t. 


château  dit  de  Montmédy  ;  que  là, 
enchaîné  et  les  entraves  aux  pieds,  le 
dit  Jean  avait  été  détenu  pendant  sept 
semaines  et  au  delà  ;  que,  pour  obte- 
nir sa  mise  en  liberté,  il  avait  été 
forcé  de  se  racheter  aux  prix  de  quinze 
cents  livres  parisis,  non  compris  trois 
cents  livres  d'autres  dépenses  ;  que 
cette  somme  de  quinze  cents  livres  a 
été  payée  en  votre  présence  et  dans 
votre  château,  à  ces  deux  hommes 
justement  bannis  de  notre  royaume  ; 
que,  depuis  cet  enlèvement,  ils  sont 
restés  avec  les  gens  de  votre  suite, 
et  à  votre  service  dans  votre  château, 
où  ils  ont  été  bien  accueillis  pas  vous  ; 
qu'ils  y  sont  encore  présentement,  à 
votre  su  et  avec  votre  autorisation. 
C'est  ainsi  que  le  plaignant  a  subi, 
pour  sa  délivrance,  un  dommage  de 
dix-huit  cents  livres.  Nous  vous  requé- 
rons en  conséquence,  avec  instante 
prière,  de  vouloir  vous  employer  effi- 
cacement à  faire  réparer  ce  dommage 
par  la  restitution  de  la  dite  somme  ; 
en  outre,  sur  le  vu  des  lettres  de  leur 
bannissement,  de  les  faire  arrêter  et 
envoyer  sous  bonne  escorte,  aux  frais 
de  celui  qui  vous  remettra  ces  lettres, 
à  notre  bailli  du  Vermandois,  lequel 
a  prononcé  l'arrêt  de  leur  bannis- 
sement, afin  de  leur  infliger  le  juste 
châtiment  qu'ils  ont  mérité.  Veuillez 
croire  que,  dans  un  cas  semblable, 
nous  nous  empresserions  de  vous 
renvoyer  de  pareils  hommes. 

Fait    à    Saint-Ouen,    le    15    août 
1311  (1). 


II,  p.  127. 


—    203    — 

La    réponse    que    le    comte    de  Chiny  fit  au  roi  de  France  nous  est 
connue   par  une  nouvelle  lettre  que  ce    monarque    adressa,    sept    mois 
plus  tard,  au  sire  de  Hans,  gouverneur   du  comté  de  Chiny.   Bien  que  la 
lettre  royale  soit  assez  embrouillée,  on  y  voit  clairement  que  la  réponse  du 
duc  avait  été  catégorique  et  digne.  Louis  Vî  y  disait  au  roi  que  ni  les  deux 
personnages  réclamés  par  lui  ni  leur  suite  ne  se  trouvaient  parmi  ses  gens 
ou  sur  ses  terres,  et  que  jamais  ils  n'y  avaient  été.  Puis  il  ajoutait  avec 
une  noble  fermeté  et  sans  forfanterie  que,  dans  son  pays,  la  loi  de  l'hospi- 
talité était  telle   qu'un   prince   ne   pourrait,   sans    lâcheté,   expulser   des 
gentilshommes  qui  n'ont  commis  aucun  méfait  sur  ses  terres,  mais  sont  ve- 
nus s'y  réfugier.  Ce  mâle  langage  convainquit   le    roi  de  l'impossibilité 
d'aniver  à  son  but  par  des  négociations  directes  avec  le  comte  de  Chiny. 
Il  changea  donc  ses  plans  et  essaya  de  suborner  le  chevalier  Henri,  seigneur 
de  Hans,  vassal  du  comte  et  son  lieutenant  au  pays  de  Chiny.  Après  lui 
avoir  résumé  la  réponse  de  Louis  VI,  le  roi  rappelle  au  chevalier  les  faits 
dont  il  poursuit  le  redressement,  puis  il  essaye  de  lui  persuader  que  son 
maître  n'a  pas  dit  la  vérité  et  qu'il  se  trompe  sur  les  principes  de  l'honneur. 
Nous  savons  a  suffisance,  lui  écrit-il,  que  les  assertions  du  comte  ne  sont 
pas  conformes  a  la  vérité;  et,  quant  à  ses  principes  en  fait  d'honneur,  nous 
croyons,  nous,  que  pour  tout  seigneur  terrien,  le  plus  grand  des  honneurs 
est  de  faire  justice  et  de  punir  les  malfaiteurs,  quels  qu'ils  soient,  gentils- 
hommes ou  autres.  Pour  conclusion  le  roi  requiert  le  gouverneur  avec 
toute  l'instance  possible  et  le  somme,  tant  au  nom  de  l'amitié  que  par  des 
menaces  de  guerre,  de  lui  livrer  les  deux  frères  Renaud   et  Raoulin  de 
Briaigne.  Citons  cette  pièce. 

Mandement  du  roi  au  garde  de  la  conté  de  Chiny,  pour  l'extradition  des  frères 
Brienne  qui  retiennent  prisonniers  des  bourgeois  de  Reims  dans  le  château 
de  Montmédy. 

15  mars  1312. 

Philippe  par  etc.,  à  nostre  amé  et  féal  Henri,  seigneur  de  Hans,  chevalier, 
garde  de  la  conté  de  Chigni,  salut  et  boine  amour.  (Nous)  aviens  esciipt  au 
conte  de  Chigni  que  il  —  Renaudin  et  Raoulin  de  Briaigne,  frères,  et  leur  autres 
compaignons,  bannis  de  nostre  royaume  pour  homicides  que  il  firent  à  Rains, 
et  qui  demeurent  et  sont  récepté  en  sa  terre  ;  et  les  prisons  (prisonniers)  de 
Rains  que  il  prennent,  tiennent  et  gardent,  (comme)  nous  entendons,  en  ses 


—    204    — 

tbrteresches  et  en  ses  chastiaux,  et  espécialement  Jehan  Coquelet  deRains(l), 
que  il  tenoient  en  son  chastel  de  Monmaidin,  —  nous  vausist  renvoier  pour 
droit,  au  lieu  où  il  avoit  meffait,  penre  et  faire,  en  la  manière  que  nous  vou- 
sissiens  bien  que  (nos  justiciers  feissent  pour  li  en  autel  (un  tel)  cas.  Et  il 
nous  a  rescript  (que?)  ne  sont,  ne  ont  esté,  en  sa  compaignie,  ne  en  sa  terre; 
de  quoi  nous  nous  sommes  informé  dou  contraire  souffisamment,  et  encore 
avec  ce  que  lidiz  Jehans  Goquelès  ne  pot  onques  estre  délivrés  dou  chastel  de 
Monmaidin,  où  ledit  frères  le  faisoient  tenir,  jusques  à  tant  qu'il  se  fu  raiens 
envers  eus  de  XVe  livres  de  parisis.  Et  encore  nous  a-il  escriptquetropgrans 
hontes  li  sambleroit,  selonc  la  coustume  de  son  pays,  de  renvoyer  gentils- 
hommes que  riens  ne  li  ont  meffait,  en  autrui  seignourage,  et  sont  venu  par 
devers  eus.  Et  nous  considérons  et  savons  que  nul  plus  grans  honnour  ne 
puet  estre  à  nul  seignour  terrien  que  de  faire  justice,  et  que  li  malfateur, 
quel  que  il  soient,  gentilhomme  ou  autre,  (soient  punis  ?).  Et  se  il  eussent 
meffait  à  li  ou  en  sa  terre,  il  ne  les  nous  deust  pas  pour  ce  renvoier,  mais 
punir  pour  leur  meffais.  Mais  pour  ce  que  il  avoient  meffait  en  nostre  royaume, 
nous  samble-il  que  il  les  nous  deust  avoir  renvoyés  pour  faire  droit  là  où  il 
meffirent.  Et  comme  il  n'est  mi  esté  fait,  et  nous  entendons  que,  pour  la  terre 
garder  et  maintenir  à  droit,  li  pères  audit  conte  vous  a  establi  garde  et  souve- 
rain en  icelle  conté  par  dessus  tout  le  conté  et  autres,  nous  vous  requérons, 
si  accertes  comme  nos  poons,  et  mandons  par  la  foy  et  par  l'amour  que  vous 
avez  à  nous,  que  vous  le  dict  malfaiteurs  faites  penre,  où  que  il  pourront  estre 
trouvé  en  vostre  terre  et  en  celi  que  vous  gardés,  hors  de  liu  saint,  et  les 
renvoies  à  nostre  baillif  de  Vermandois,  pour  penre  et  faire  droit  ou  lieu  où 
il  ont  meffait  ;  ne  ne  souffrez  mie  que  li  malfaiteur  de  nostre  royaume  soient 
récepté  en  vostre  terre,  ne  que,  parmi  la  réceptation  de  vostre  terre,  ne  de 
celi  que  vous  gardés,  domaiges  puist  estre  fais  à  nostre  royaume,  ne  à  nos 
subgiez  d'iceli  ;  car  nos  ne  porriens  souffrir  que  nous  n'en  quérissiens  adresse- 
ment  tel  comme  il  affiert.Donné  à  Lyons,le  mercredy  devant  Pasque  florie  (2). 

On  ignore  la  suite  de  ces  négociations.  On  ignore  même  ce  qu'il  peut  y 
avoir  de  réel  dans  les  affirmations  contradictoires  du  roi  de  France  et  du 
comte  de  Chiny,  et  ce  serait  sans  doute  pousser  les  choses  à  l'excès  que 
de  voir  uniquement  dans  les  deux  lettres  royales  une  des  manœuvres 
inspirées  par  l'avarice  du  prince  ou  de  ses  ministres.  Il  est  plus  naturel  de 
supposer  que  les  affirmations  du  comte  ou  du  roi  ont  été  basées  sur  des 

(1)  En  l'an  1312,  les  habitans  de  Reims  furent  de  rechef  travaillés  de  guerre  que  leur 
faisoient  Regnauldin  et  Raulin  de  Briaigne,  près  de  Reims,  avec  leurs  complices  ....  les 
quels  ayans  comys  deux  homicides  en  la  dite  ville  se  retirèrent  hors  du  royaume.  Bïbl.  de 
Reims,  Rogier,  t.  II,  fol.  38  v\ 

(2)  Archiv.  administratives  de  la  ville  de  Reims,  t.  II,  p.  139. 


—    205    — 

rapports  erronés.  Que  si  l'on  veutadmettre  la  présence  des  bannisfrançaisdans 
le  comté  de  Chiny,  on  doit  conclure  qu'ils  n'y  ont  pas  été  arrêtés  selon  les 
désirs  du  roi  ;  car  trois  mois  plus  tard,  ce  prince  faisait  raser  la  maison 
de  leur  mère  Poncia  de  Briaigne,  parce  qu'elle  leur  avait  donné  asile  (1), 
et  quatre  ans  après,  un  autre  roi  de  France,  Louis  X,  priait  l'évoque  de 
Metz  de  se  bien  garder  de  les  mettre  en  liberté,  avant  qu'un  arrangement 
à  leur  sujet  n'eût  été  conclu  (2). 

Vers  cette  époque  le  comte  Louis  VI  épousa  Marguerite,  dame  de 
Montaigle,  fille  du  vaillant  duc  de  Lorraine  Thibaut  II  et  d'Isabelle  de 
Rumigny.  Pour  faire  voir  combien  ce  mariage  était  honorable,  contentons- 
nous  de  rappeler  que  la  duchesse  de  Lorraine  était  fille  du  comte  de 
Champagne,  roi  de  Navarre  et  que  le  frère  de  Marguerite  Ferry  IV,  qui 
succéda  à  son  père  en  1312,  avait  épousé  Isabelle  d'Autriche,  fille  de 
l'empereur  Albert.  A  l'époque  où  nous  sommes  parvenus,  le  comté  de 
Chiny  n'avait  plus  qu'un  demi-siècle  à  vivre  d'une  vie  indépendante.  Son 
annexion  au  comté  de  Luxembourg  devait  à  la  vérité  lui  laisser  son  nom 
et  ses  libertés,  voire  même  sa  physionomie  de  pays  à  part  ;  mais  elle  ne 
pouvait  manquer  de  lui  ravir  un  bien  essentiellement  nécessaire  à  la  jouis- 
sance de  tout  autre  bien,  à  savoir  sa  personnalité.  Au  moins  pouvons-nous 
constater  que  jusque-là  la  couronne  comtale  de  Chiny  n'avait  rien  perdu 
de  son  premier  lustre,  puisqu'elle  figurait  encore  avec  honneur  à  côté  du 
premier  diadème  de  l'univers. 

Il  ne  nous  reste,  concernant  le  mariage  de  Louis  VI  avec  Marguerite  de 
Lorraine,  que  des  résumés  de  chartes  originales  ;  mais  ces  simples  résumés 
sont  du  plus  haut  intérêt,  comme  on  va  s'en  convaincre.  Le  premier  nous 
fait  connaître  une  charte  publiée  par  le  comte  Louis  VI,  le  30  août  1313. 
Le  doyen  du  chapitre  d'Ivoix  fit  une  copie  de  cette  charte,  le  7  avril  1336, 
et  la  revêtit  de  son  sceau  et  de  celui  de  son  chapitre  ;  c'est  cette  copie 
qui  existait  encore  à  Metz  vers  la  fin  du  dix-septième  siècle  et  dont  nous 
allons  reproduire  l'analyse. 

Le  comte  y  rappelait  qu'au  moment  de  son  mariage,  il  avait  promis 
d'hypothéquer  en  faveur  de  noble  dame  Marguerite  de  Montaigle,  sa  femme, 
la  somme  de  quatre  mille  livres  de  petits  tournois.  Cette  hypothèque  devait 
frapper  le  comté  de  Chiny,  y  compris  les  châteaux  et  châtellenies  de  Chiny 
et  d'Ivoix  ;  mais  non  les  forts  et  les  donjons  de  cette  dernière  ville.  La  pro- 

(1)  Archives  de  Reims,  p.  142. 

(2)  Ibidem,  page  161. 


—    206     - 

messe  du  comte  avait  été  garantie  par  trois  des  témoins  du  contrat  de  mariage, 
c'est-à-dire  par  Gaucher,  comte  de  Porcien  et  connétable  de  France, 
par  Louis  de  Looz,  sire  de  Chauvancy  et  de  Sorcy  et  par  Jacques  de 
Tongres,  sire  de  Leutes.  Le  temps,  dit-il,  est  venu  d'accomplir  ces  promesses 
et  de  dégager  la  responsabilité  de  ses  pleiges.  C'est  pourquoi,  après  mûre 
délibération,  il  déclare  qu'il  charge  de  cette  hypothèque  les  châteaux  et 
châtellenies  de  Chiny  et  d'Ivoix,  y  compris  toutes  leurs  dépendances.  Le 
comte  condamne  ensuite  à  une  amende  de  vingt  mille  livres  celui  qui,  étant  ou 
n'étant  pas  son  héritier,  mettrait  des  empêchements  à  la  jouissance  de  ce 
douaire.  Les  deux  tiers  de  l'amende  appartiendront  à  ladite  dame,  l'autre 
tiers  aux  seigneurs  suzerains  de  ces  terres,  afin  qu'ils  interviennent  et  exigent 
l'exécution  des  présentes  lettres.  Suit  l'approbation  du  comte  de  Bar,  suze- 
rain en  partie  desdites  terres. 

Tel  est,  croyons-nous,  le  sens  du  résumé  suivant. 

Le  30  août  1313. 

«  Copie,  en  parchemin ,  donnée  sous  le  scel  du  doyen  et  chapitre  de  Notre-Dame 
d'Ivoy,  le  dimanche  de  Quasimodo,  7  avril  1336,  des  lettres  de  Louis  de 
Loz,  comte  de  Chiny,  contenant  que  : 

«  Gomme  au  traité  de  son  mariage  avec  noble  dame  Marguerite  de  Lorraine, 
dame  de  Montaigle,  il  ait  promis  luy  asseoir,  d'un  commun  consentement  de 
ses  amis,  la  somme  de  IIIIm  livres  de  petits  tournois,  à  prendre  en  son  comté 
de  Chiny,  suivant  la  coutume  du  pays  et  du  comté,  au  dire  de  deux  pru- 
d'hommes, éleus  de  part  et  d'autre,  et  particulièrement  es  villes  d'Ivoy  et  de 
Chiny,  châsteaux  et  châstellenies  en  dépendantes,  les  forteresses  et  donjon 
d'Ivoy  sans  prix,  suivant  les  lettres  qui  en  ont  esté  faites,  scellées  de  son 
sceau  et  de  ceux  de  monsr  Gaucher  de  Chastillon,  comte  de  Porcien,  connes- 
table  de  France  ;  monsr  Louis  de  Loz,  seigneur  de  Chauvency  et  de  Sorcy,  et 
monsr  Jacques  de  Tongres,  seigneur  de  Leutes  ; 

*  En  accomplissant  les  quelles,  et  en  deschargeant  les  pleiges  qu'il  en  a 
donnés,  par  grande  délibération  de  conseil  de  ses  hommes,  amis  et  pru- 
d'hommes, il  assiet  les  dites  IIIIm  livres  à  la  dite  dame,  sa  compagne,  à  prendre, 
après  son  décès,  es  châsteaux  et  châstellenies  d'Ivoy  et  de  Chiny,  apparte- 
nances et  dépendances,  sans  charge  de  debte  ;  excepté  le  chasteau  et  chas- 
tellenie  de  Montmédy,  et  autres  forteresses  dudit  comté  de  Chiny,  qui  n'entre- 
ront en  ladite  assiette  :  Voulant  qu'au  cas  qu'il  y  ait  empeschement  eu  la 
jouissance  dudit  douaire  par  aucuns  de  ses  hoirs  ou  autres,  ils  fussent  con- 
damnez en  la  somme  de  vingt  mille  livres,  dont  les  deux  parts  appartiendront 


-    207    — 

à  ladite  dame,  son  épouse,  et  l'autre  tiers  aux  seigneurs  de  qui  meuvent  les 
terres,  pour  contraindre  ceux  qui  y  formeroient  empeschement,  la  dite  assise 
demeurant  en  sa  force  et  vertu  :  Priant  et  requérant  son  très-cher  et  amé 
seigneur  Edouard,  comte  de  Bar,  duquel  il  tient  la  plus  grande  partie  desdites 
terres,  qu'il  veuille  consentir,  et  confirmer  la  dite  assiette  et  y  veuille  mettre 
son  sceau.  Fait  l'an  1313,  le  jeudy  après  la  Décollation  de  saint  Jean-Baptiste, 
en  aoust. 

«  Ensuite  du  quel  acte  est  la  confirmation  du  comte  de  Bar,  comme  seigneur 
souverain  desdites  terres  en  partie  ;  desdits  jour  et  an. 

Ladite  copie  scellée  en  cire  verte,  une  vierge  assise  sur  un  banc,  tenant  de  la 
droite  un  rameau  de  lys  à  trois  branches,et  de  Vautre,  son  fils  sur  ses  genoux.  (1]  » 

Cette  pièce  n'indique  pas  l'époque  du  mariage  de  Louis  VI.  On  peut 
néanmoins  croire  qu'il  eut  lieu  peu  de  temps  avant  la  confection 
de  cette  charte,  c'est-à-dire  dans  les  premiers  mois  de  l'année  1313.  A 
coup  sûr  il  ne  peut  remonter  beaucoup  plus  haut  puisque,  comme  on  le 
verra  bientôt,  le  premier  mari  de  Marguerite  de  Montaigle  vivait  encore  à 
la  fin  du  mois  de  septembre  1311.  Or,  en  supposant  même  qu'il  mourut  le 
mois  suivant,  il  serait  nécessaire  de  tenir  compte  au  moins  de  quelques 
mois  de  deuil. 

Dans  l'acte  qui  précède,  Marguerite  de  Lorraine  est  dite  dame  de 
Montaigle,  d'où  lui  vient  ce  nom  ? 

Rappelons  d'abord  que  Montaigle  était  un  château  formidable,  situé  sur 
la  rive  gauche  et  à  une  lieue  et  demie  environ  de  la  Meuse,  dans  la 
direction  de  Florennes.  Il  n'en  reste  plus  qu'une  tour  en  ruine  et  quelques 
épaisses  murailles,  percées  de  meurtrières.  Le  voyageur  qui  croit  avoir 
épuisé  son  admiration  devant  Crèvecœur,  Poilevache,  Agimont  et  autres 
grandioses  débris  du  moyen-âge,  ne  manque  jamais  d'en  retrouver  une 
source  abondante  a  la  cime  de  ce  mont  solitaire,  véritable  nid  d'aigle,  qui 
semble  encore  faire  la  loi  aux  rochers  et  aux  gorges  boisées  du  voisinage. 

Le  château  de  Montaigle  prenait  aussi  le  nom  de  Faing,  qui  était  celui 
du  ruisseau  voisin  et  même  de  la  belle  vallée  qu'il  arrose  (2). 

Cl)  Compte-rendu  de  la  com.  ray.  d'Hist.  tom.  X,  page  119,  de  la  troisième  série. 

(2)  Non  loin  du  château  de  Montaigle  ou  de  Faing  se  trouvait  Jamagne,  autrefois  Jamoigne 
(reliefs  des  ducs  de  Lorraine  en  4373,  1397,  etc.  Mon.  de  St-Genois,  page  995).  Dans  le 
comté  de  Chiny,  sur  la  rive  gauche  de  la  Semois,  il  y  avait  également  Jamoigne,  non  loin 
du  château  de  Faing.  Ce  serait  une  étude  utile  et  bien  intéressante  que  de  rechercher  les 
rapports  qui  existaient  originairement  entre  ces  localités.  Voir  l'IIist.  de  la  Baron,  de 
Jamoigne,  par  le  docteur  Neyen,  dans  les  Publicat.  de  la  Soc.  luxembourg.  livrais.  X,  page 
77,  et  surtout  les  Archives  de  Faing  ou  de  Montaigle  au  dépôt  de  l'État  à  Namur. 


—    208    — 

Il  serait  difficile  de  dire  à  quel  titre  Marguerite  de  Lorraine  possédait  la 
seigneurie  de  Montaigle  ou  de  Faing,  mais  c'est  nécessairement  à  l'un  des 
suivants,  peut-être  à  deux  ou  h  trois  réunis. 

Celte  contrée  de  l'Entre-Sambre-et-Meuse  avait  appartenu,  du  moins  en 
partie,  aux  sires  de  Rumigny  et  de  Florennes,  ancêtres  maternels  de  la 
comtesse  Marguerite.  Plusieurs  reliefs  qui  existent  encore  aux  Archives  de 
l'Etat  à  Namur,  prouvent  que  les  ducs  de  Lorraine  l'ont  également  possédée. 
Il  peut  donc  n'y  avoir  la  qu'une  simple  transmission  de  biens  héréditaires  : 
Montaigle  serait  la  dot  totale  ou  partielle  donnée  à  Marguerite  par  le  duc 
de  Lorraine.  D'autre  part  les  comtes  de  Chiny  ont  eu  peut-être  dans  ces 
parages  des  droits  antérieurs  à  ceux  des  ancêtres  de  la  comtesse  :  dans  une 
charte  de  l'année  1068,  le  comte  Arnulphe  II  donne  au  prieuré  de  Saint- 
Sulpice  à  Pries  «  la  moitié  des  revenus  des  églises  de  Stavels,  Auré  et 
Villers.  »  Si  ces  trois  localités  sont  (il  y  a  un  peu  de  probabilité)  Stave,  Ont 
et  Villers,  villages  peu  éloignés  de  Montaigle,  cette  seigneurie  peut  avoir 
été,  non  la  dot,  mais  le  douaire  de  la  comtesse,  voire  même  en  partie  dot 
et  en  partie  douaire  (1).  Ce  qui  corrobore  singulièrement  l'idée  de 
douaire  constitué  par  le  comte  de  Chiny,  c'est  la  pièce  suivante,  datée  du 
29  juin  1327  : 

«  Louis,  comte  de  Los  et  de  Chiny,  déclare  au  comte  de  Namur  qu'il  a  assigné 
à  sa  femme  toutes  les  terres  de  Montaigle,  de  Fleurus,  et  tout  ce  qu'il  avait  à 
Hastiers  et  Orets,  pour  en  jouir  par  elle,  tant  à  cause  de  son  douaire  que  pour 
ses  joyaux  et  autrement.  Il  prie  le  comte  de  Namur  de  vouloir  donner  ses 
lettres  ouvertes  à  ladite  dame,  afin  que  ces  biens  ne  soient  ni  vendus  ni 
séparés,  sans  son  consentement.  Le  jour  de  S.  Pierre  et  S.  Paul  1327  (2).  » 

Enfin  Guy  de  Namur,  frère  puîné  du  comte  Jean  et  fils  du  comte  de 
Flandre  Guy  de  Dampierre,  intervint  également,  du  moins  pour  quelque 
chose,  dans  la  donation  faite  à  Marguerite  de  Lorraine  de  la  seigneurie  de 
Montaigle  ;  car,  outre  que  ce  domaine  était  un  fief  relevant  des  comtes  de 
Namur,  il  est  bien  certain  que  ce  seigneur  fut  le  premier  mari  de  la  prin- 
cesse lorraine. 

Comme  ce  fait  n'a,  ce  semble,  été  signalé  par  aucun  historien,  il  importe 
d'en  fournir  la  preuve.  Mais  rappelons  d'abord  ce  qu'a  été  Guy  de  Namur. 

(1)  Voir  ci-dessus,  à  l'année  10G8,  la  première  note  de  la  charte  concernant  la  fondation 
de  Pries.  Je  n'y  ai  pas  dit  qu'entre  Étalle  et  Villers-sur-Semois  se  trouve  le  village  de 
Ste-Marie  que  l'on  disait  autrefois  en  Orcet. 

(2)  Monuments  Anciens  de  St-Genois,  première  partie,  page  996,  d'après  l'original  en 
français  sur  parchemin.  Sceau  en  cire  de  Louis,  comte  de  Los  et  de  Chiny. 


-    209    — 

Le  vieux  comte  de  Flandre,  Guy  de  Dampierre,  avait  eu  neuf  enfants  de 
Mathilde  de  Béthune.  Devenu  veuf,  il  épousa  Isabelle  de  Luxembourg,  tille 
du  comte  Henri  le  Blond,  et  par  ce  second  mariage  acquit  le  comté  de  Namur. 
Cette  princesse  lui  donna  huit  enfants,  dont  trois  fils.  Jean,  l'ainé,  fut 
comte  de  Namur  ;  Guy,  le  second,  né  vers  1266,  devint  seigneur  d'un  «jet 
de  mer  »  situé  entre  Nieuport  et  la  villelte  dite  la  Neuve-llede,  deBailleul, 
Peteghem  et,  en  1"297,  comte  de  Zélande^l).  C'est  à  lui  surtout  qu'est  due 
la  fameuse  victoire  que  les  Flamands  remportèrent  à  Courtray  en  1302  ; 
car  il  fut  de  fait  leur  général  en  chef,  sans  cesser  un  instant  d'être  leur 
premier  soldat.  Il  combattit  avec  le  même  courage  en  Hollande,  en  Italie, 
et  sous  les  murs  de  Brescia.  Vaillant  soldat,  véritable  homme  de  bien,  cœur 
généreux,  tel  était  Guy  de  Namur  (2). 

On  ignore  a  quelle  époque  il  épousa  Marguerite  de  Lorraine.  Moreri, 
dans  son  Grand  Dictionnaire,  affirme  que  ce  seigneur  avait  pour  femme 
Alix  de  Bar  (3).  Ce  qui  ne  peut  être  vrai  que  dans  le  cas  où  Guy  aurait  été 
marié  deux  fois,  chose  peu  probable. 

D'après  Galliot,  dans  son  Histoire  de  Namur,  ce  n'est  pas  Guy,  mais  son 
frère  consanguin  «  Guillaume,  seigneur  de  Dendermonde  et  de  Kichebourg, 
(  qui  fut  marié  à  Aline,  fille  du  comte  de  Bar,  par  laquelle  il  devint  comte 
«  de  Cliiny  (4).  »  Notons  d'abord  l'impossibilité  absolue  de  cette  dernière 
affirmation.  Guillaume  de  Termonde  n'a  pas  été  comte  de  Chiny  ;  de  plus 
il  n'a  épousé  aucune  princesse  de  Bar  et,  quand  même  il  l'eût  fait,  il 
n'en  serait  résulté  pour  lui  aucun  droit  au  comté  de  Chiny  (5)  ;  enfin  il  n'a 
pas  été  seigneur  de  Richebourg.  Malgré  ces  graves  méprises,  l'historien 
namurois  n'était  pas  loin  de  la  vérité  lorsqu'il  écrivait  ces  lignes.  Seulement, 
il  a  confondu  Guillaume,  fils  puîné  du  premier  lit,  avec  Guy,  fils  puîné  du 
second  lit  ;  il  aura  confondu  en  outre  Thibaut  II,  duc  de  Lorraine,  père  de 
Marguerite,  avec  Thibaut  11,  comte  de  Bar. 

La  pièce  suivante  ne  laisse  aucun  doute  sur  le  mariage  de  Guy  avec 
Marguerite  de  Lorraine.  C'est  une  analyse  faite  sur  la  charte  originale  et 
publiée  dans  les  Monuments  anciens  du  comte  de  St-Genois. 

(1)  Mon.  anc.  de  St-Genois,  première  partie,  pages  678,  940,  922  ;  2de  part.,  pag.  1,  etc. 
Marchant,  Flandr.  descript.  page  244  ;  Oudegherst,  chroniq.  et  annal.  f°  208.  Guy  conserva 
ce  titre  jusqu'en  1310.  Le  comte  de  Hainaut  n'avait  cessé  de  lui  contester  et  le  titre  de  comte 
et  la  possession  du  comté. 

(2)  Miles  probatissimus  et  generosus.  Monach.  Gandav.  388. 

(3)  Article  Flandre,  édition  de  1759,  tome  V,  page  180,  2de  col. 

(4)  Tome  I,  page  350. 

(5)  Dav.  Lindan.  de  Tenerœm.  pagin.  26. 


—    210    — 

t  Accord,  en  français  et  en  parchemin,  scellé  des  sceaux  de  Marguerite  de 
Lorraine,  comtesse  de  Los  et  de  Chiny,  et  de  Guillaume,  comte  de  Namur, 
fait  entre  eux,  au  sujet  du  douaire  que  cette  dame  avait  sur  la  terre  de  Mon- 
taigle,  au  pays  de  Namur,  par  la  mort  de  Guy  de  Flandre,  son  mari.  Le  mardi, 
i6  mars  1344,  de  Liège.  AA.  3  (I).  » 

On  trouvera  une  preuve  surabondante  de  ce  mariage  dans  une  charte 
publiée  en  1334  par  Raoul,  duc  de  Lorraine,  et  neveu  de  la  comtesse  Mar- 
guerite. Il  y  est  dit  formellement  que  cette  princesse  a  été  mariée  «  à  monsr 
Guy  de  Flandre.  »  Cette  charte  sera  citée  plus  loin. 

Ainsi  Guy  de  Flandre  est  intervenu  dans  la  formation  du  douaire  de 
Marguerite  de  Lorraine  à  Montaigle,  et  il  a  été  le  mari  de  cette  princesse. 
Or,  il  ne  peut  être  question  de  deux  Guy  de  Flandre,  c'est  bien  ici  le  frère 
puîné  de  Jean,  comte  de  Namur,  et  l'oncle  du  comte  Guillaume,  son  fils  ; 
en  voici  la  preuve  : 

Le  25  septembre  1349,  le  comte  Guillaume  et  Robert  de  Namur,  son 
frère,  faisaient  un  accord  relatif  aux  biens  «  que  ledit  Robert  demandait  en 
«  la  succession  de  ses  père  et  mère,  de  son  oncle  Guy  de  Namur,  et  de  sa 
«  tante  la  comtesse  de  Chiny  (2).  » 

Quoi  qu'en  disent  Marchant  et  d'autres  auteurs  (3),  Guy  de  Namur  n'est 
pas  mort  au  siège  de  Rrescia  ;  car,  le  29  septembre  1311,  il  fondait  une 
chapelle  au  château  de  Peteghem.  Dans  la  charte  de  fondation,  il  rappel/e 
que  le  pape  Clément  V  lui  a  permis,  par  une  bulle  datée  de  Carpentras,  le 
6  juillet  1309,  l'érection  d'une  chapelle  dans  chacun  de  ses  trois  domaines 
de  Peteghem,  de  Montaigle  et  de  Bailleul  (4*. 

Le  3  juin  1314,  Jean,  comte  de  Namur,  était  avec  son  frère  Henri,  comte 
de  Lodi,  au  château  de  Winendale.  C'est  là  qu'ils  firent  un  accord  au  sujet 
du  partage  de  leurs  biens.  On  lit  entre  autres  choses,  dans  l'exposé  de  cet 
accord,  que  Jean  assigne  a  son  frère  Henri,  deux  mille  cinq  cents  livres  et 
qu'il  promet  en  outre  cr  qu'après  la  mort  de  la  comtesse  de  Chiny,  il  lui 
c  donnera  une  rente  de  cinq  cents  livres,  à  prendre  sur  les  revenus  qui 
«  avaient  appartenu  à  feu  Guy  de  Flandre,  leur  frère,  laquelle  rente   le 


(1)  Première  partie,  page  923. 

(2"  Ibidem.  Ils  conviennent  que  Robert  aura  les  terres  de  Beaufort  et  de  Balàtre,  à  charge 
de  les  tenir  en  foi  et  hommage  des  comtes  de  Namur.  Ces  terres,  mais  non  le  château  de 
Beaufort,  pourront  être  engagées  à  des  particuliers,  jamais  à  des  princes. 

(3)  Flandr.  descript.  p.  244  etc. 

(4)  Mon.  anc.  page  959. 


—     211     — 

«  comte  de  Namur  pourra  racheter  cinq  ans  après  la  mort  de  cette  prin- 
«  cesse,  pour  la  somme  de  cinq  mille  livres  (1).  » 

Il  était  nécessaire  de  traiter  un  peu  longuement  ce  fait  du  premier 
mariage  de  Marguerite  de  Lorraine,  parce  qu'il  doit  naturellement  servir  a 
faire  apprécier  les  relations  du  comte  de  Chiny  et  même  de  son  père  le 
comte  de  Looz,  avec  les  comtes  de  Namur,  de  Flandre  et  de  Hainaut,  voire 
même  avec  l'empereur  Henri  VII  ;  car  la  princesse  lorraine  était  devenue  la 
cousine  germaine  de  ce  dernier  par  Guy,  son  premier  mari.  Elle  était  par 
le  même  motif  la  tante,  a  la  mode  de  Bretagne,  de  Jean,  roi  de  Bohême  (2). 

Le  22  mai  1313,  <s  Louis,  comte  de  Chiny,  fils  aîné  du  comte  de  Los,  » 
se  trouvait  h  Bruxelles  avec  Jean  de  Flandre,  comte  de  Namur,  Gérard, 
comte  de  Juliers,  et  Guillaume,  comte  de  Hainaut.  C'était  le  mardi  avant 
l'Ascension.  Là  «  ledit  comte  de  Chiny,  comme  mainbour  de  sa  femme, 
promet  de  tenir  en  fief  du  comte  de  Namur  et  de  ses  successeurs,  le  château 
de  Montaigle,  et  de  le  garder  pour  le  service  de  ce  comte,  auquel  il  doit 
céder  tous  les  droits  honorifiques  de  ce  château  (3).  i> 

Cette  charte  fixe  l'époque  avant  laquelle,  et  peut-être  à  laquelle,  il  faut 
placer  le  mariage  de  Louis  VI  et  son  avènement  au  comté  de  Chiny. 

Le  29  novembre  de  cette  même  année,  Louis  VI  était  en  pourparlers 
avec  le  comte  de  Luxembourg,  Jean,  roi  de  Bohême.  Lui-même  nous 
apprend,  par  la  charte  qu'il  fit  dans*  cette  circonstance,  que  des  dissenti- 
ments existaient  de  vieille  date,  entre  les  comtes  de  Luxembourg  et  ceux 
de  Chiny,  au  sujet  d'un  certain  nombre  de  familles,  fixées  sur  les  territoires 
de  Neufchâteau,  de  Mellier  et  d'Orgeo.  Les  comtes  de  Chiny  prétendaient 
que  ces  familles,  étant  leurs  vassales,  ne  devaient  aucun  service  aux  comtes 
de  Luxembourg  ;  mais  ceux-ci  répondaient  que  leurs  exigences  étaient 
fondées  sur  une  coutume  immémoriale.  Quelques  années  auparavant,  l'em- 
pereur Henri  VII,  père  du  roi  Jean,  et  le  comte  Arnulphe  IV,  père  du 
comte  Louis,  avaient  agité   cette  question  ;   mais,  ne  pouvant  se  mettre 

(1)  Ibidem,  page  944. 

(2)  Comme  l'empereur,  elle  descendait  aussi  de  la  comtesse  Ermesmde  ;  mais  cette  seconde 
parenté  était  plus  éloignée. 

(3)  Mon.  anc.  de  St-Gen.  lre  partie,  page  996.  Cette  charte  portait  les  sceaux  de  ces  quatre 
comtes.  Il  n'est  pas  étonnant  de  n'y  pas  voir  celui  du  duc  de  Brabant,  Jean  III,  qui  n'avait 
que  quatorze  ans.  Il  ne  l'est  pas  non  plus  de  voir  les  nouveaux  époux  à  la  cour  de  Brabant  : 
par  son  premier  mariage,  Marguerite  de  Lorraine  était  grand'tante  du  jeune  duc.  Mais  que 
d'autres  liens  de  parenté  et  d'affinité  entre  ces  familles!  Bien  que  par  sa  tante  l'impératrice 
Marguerite,  Jean  III  s'apparentait  en  quelque  sorte  à  toutes  les  familles  unies  à  celle  de 
l'empereur. 


—    212    — 

d'accord,  ils  étaient  convenus  de  placer  provisoirement  ces  familles  en 
séquestre.  Pour  l'aire  cesser  cet  état  provisoire,  Louis  VI  déclare  que,  sur 
l'avis  de  ses  amis  et  de  ses  gens,  il  a  fait  la  convention  suivante  : 

Très  haut  et  noble  prince,  Jean,  par  la  grâce  de  Dieu,  roi  de  Bohême  et 
de  Pologne,  vicaire  général  de  l'empire  en  deçà  les  monts  et  comte  de 
Luxembourg,  lui  cède  à  lui  et  à  ses  hoirs,  seigneurs  de  Neufchâteau  et  de 
Mellier,  toutes  les  familles  constituées  en  séquestre.  Sont  exceptées  toute- 
fois certaines  familles  dont  les  fiefs  relèvent  des  comtes  de  Luxembourg, 
comme  le  constate  la  coutume  du  pays. 

De  son  côté,  Louis  cède  au  comte  de  Luxembourg,  son  cher  sire,  les 
villages  de  Thibessart,  de  Rancimont  et  d'Àlonsart(l),  avec  bans  et  finages, 
droits  et  appartenances  quelconques,  comme  l'ont  défini  son  frère,  Arnould 
de  Looz,  alors  seigneur  de  Neufchâteau  et  de  Mellier,  avec  plusieurs  autres 
personnages  du  comté  de  Chiny  et,  d'autre  part,  Jean  de  Montplainchamps  (2), 
chevalier  ;  également  avec  plusieurs  autres  personnages  du  comté  de 
Luxembourg. 

Il  est  entendu  que  le  breuil  (3)  situé  sous  Thibessart  restera  au  comte 
de  Chiny  ;  que  ceux  de  ses  autres  sujets  qui  venaient  jusqu'ici  faire  moudre 
leur  grain  à  Thibessart,  cesseront  désormais  ;  enfin  que  les  habitants  des 
trois  villages  cédés  qui  ont  des  biens  dans  le  comté  de  Chiny  devront  y  payer 
les  droits  et  les  impôts  ordinaires,  comme  le  feront  ceux  de  ce  comté  qui 
auraient  des  possessions  dans  ces  trois  villages. 

Louis  VI  déclare  ensuite  qu'il  lui  sera  désormais  interdit,  a  lui  et  a  ses 
hoirs,  d'arrêter  pour  dettes  ou  d'emprisonner  les  sujets  du  comte  de 
Luxembourg,  si  ce  n'est  avec  son  consentement  préalable.  Les  comtes  de 
Luxembourg  agiront  de  même  par  rapport  aux  habitants  du  comté  de  Chiny 
et  auront  besoin,  pour  leur  faire  violence,  du  consentement  du  comte  de 
Chiny  ou  de  ses  hoirs,  seigneurs  de  Neufchâteau  et  de  Mellier.  Cette  règle 
du  reste  ne  porte  pas  atteinte  à  l'ancien  droit  d'entrecours,  qui  existe  entre 
les  terres  du  comté  de  Laroche  et  du  ban  de  Mellier,  d'une  part,  et  celles 
des  bans  d'Anlier  et  de  Neufchâteau,  d'autre  part. 

Il  est  convenu  enfin  que  les  habitants  de  Thibessart,  de  Rancimont  et 


(1)  Alansart  selon  M.  Wurth-Paquet  :  Publicat.  de  Luxemb.  Livrais.  XVII,  page  31.  Peut- 
être  Vlessart  (Anlier),  autrefois  Valansart. 

(2)  Surnommé  Vaillou,  ibidem,  Livrais.  XVIII,  page  42. 

(3)  Le  breuil  était  une  prairie  assez  vaste,  ordinairement  entourée  d'une  haie  et  plantée 
d'arbres. 


—    213    — 

d'Alonsart  n'auront  aucune  espèce  de  droits  dans  les  forêts  de  Mellier,  de 
Suxy  et  de  Chiny. 
Voici  le  texte  de  ce  document. 

Accord  entre  les  comtes  de  Luxembourg  et  de  Chiny,  au  sujet  des  terres  de 
Neufchâteau,  de  Mellier  et  d'Orgeo. 

Le  29  novembre  1313. 

Nous  Louys  de  Loz,  contes  de  Chiney,  faisons  cogoissant  et  savoir  à  tous 
ceuls  qui  ces  présentes  lettres  verront  et  oiront  que,  —  comme  bestens  et 
discors  ait  esté  longuement  entre  nobles  bommes  les  contes  de  Luccembourg, 
d'une  part,  et  les  contes  de  Chiney  d'aultre,  sour  ce  que  li  contes  de  Chiney 
disoient  que  li  contes  de  Luccembourg  avoient  trait  en  lour  services,  sens 
cause  raisonnable,  plusieurs  hommes  et  femmes  des  terres  de  Neuffschastel, 
de  Maliers  et  d'Orjou  ;  et  que  li  contes  de  Luccembourg  afïermoient  qu'il 
estoient  lours  en  bonne  et  en  juste  cause,  et  que  en  si  longue  saisine  en  estoient 
qu'il  n'estoit  sa  mémoire  d'home  par  quoy  il  avoient  aquis  la  propriéteit,  (li 
quelz  hommes  et  femmes  furent  mis  en  estât  par  le  gré  de  très-excellent  prince 
Henris,  par  la  grûje  de  Dieu  roy  des  Romains,  empereur  de  Rome,  cuiDieus 
absolleit,  et  noble  homme,  nostre  très-chier  signeur  et  peir,  Arnould,  conte 
de  Loz,  ou  temps  que  li  uns  estoit  cuens  de  Luccembourg,  et  li  atres,  cyres 
de  Chiney),  —  nos,  [par  le  conseil  de  nos  amis  et  de  nos  gens,  et  maiement 
por  ce  que  très-hanlt  et  nobles  princes  Jehans,  par  la  grâce  de  Dieu  roys  de 
Bohaigne,  de  Polaiue,  et  vicaires  général  de  l'empire  d'Alemaigne  par  deçà 
les  monts,  et  cuens  de  Luccembourg,  nos  chiers  sires,  à  nous  et  à  noz  hoirs, 
signeurs  dou  Neuffschastel  et  de  Maliers,  (1)  tous  les  hommes  et  les  femmes 
qui  furent  mis  au  dict  estât,  si  comme  il  est  contenu  ens  lettres  sour  ce  faictes, 
que  nous  avons  de  luy  ;  saulf  ce  qu'il  ne  nous  at  mie  donneit,  ne  quitet  les 
fies  que  aucuns  desdits  hommes  et  femmes  tiennent  dou  conte  de  Lucembourg, 
les  quelz  fyes  on  doit  mostrer  à  uz  et  à  costumes  dou  pays,]  avons  donnei  et 
susportey  perpétuellement  et  héritablement  à  contes  de  Lucembourg  quanecque 
(quant  et  que)  nous  avions  et  poions  avoir  ens  villes  de  Thietbert-Sart,  de 
Ranciemont  et  de  Alonsart,  ens  biens  et  ens  fmaiges  desdits  lieus,  et  en  touttes 
lour  appartenances  ;  tout  ensi  comme  il  ont  esteit  confermeit  et  abonneit  par 
nobles  hommes,  nostre  très-chier  frère  Arnould  de  Loz,  qui  fut  adonc  signeur 
dou  Neuffchastel  et  de  Maliers  et  par  plusiours  de  nos  atres  hommes,  et  par 
monseigneur  [Jehan  de  Montplainchamp,  chevalier,  et  par  plusiours  atres 
hommes  de  la  contei  de  Luccembourg,  en  maisons,  granges,  places,  meix  et 

(1)  Il  manque  ici  quelques  mots,  par  exemple  nous  a  donné. 


—    214     — 

masures,  en  hommes,  en  femmes,  chens,  prés,  bois  eaues,  fours  et  molins, 
en  dismes,  terraiges,  rentes,  et  en  touttes  aultres  droictures,  débites  et  sei- 
gneuries, quelles  qu'elles  soient  ;  saulf  ce  que  nous  avons  retenut  et  retenons 
nostre  bruel  qui  gist  desous  Thiebert-Sart,  et  que  li  manans  de  nos  villes  qui, 
aveukes  les  trois  villes  dessus  dites,  soloient  aler  more  par  ban  à  molin  de 
Thiebert-Sart,  n'iront  plus.  Et  est  à  entendre  se  aucunes  des  dittes  villes  avoient 
héritaiges  en  nos  bans  et  ens  fmaiges  de  noz  villes,  qu'il  les  doient  poursuivre 
et  tenir,  paiant  telle  rente  et  débite  comme  li  héritaiges  doient  ;  et  en  semblant 
manière  doient  faire  cils  de  nos  villes  ens  bans  et  ens  fermaiges  de  Thiebert- 
Sart,  Ranciemont  et  Alonsart  deseur  ditte.  Et  est  encor  à  sçavoir  que  doré- 
navant nous,  ne  nostre  hoirs,  ne  porons,  ne  ne  deverons  retenir  en  comman- 
dise,  ne  en  warde,  nuls  des  hommes  le  conte  de  Luccembourg,  se  ce  n'estoit 
par  la  volunteit  des  dis  contes  ;  ne  il,  ensi  des  autres,  se  ce  n'estoit  par  la 
volunteit  de  nous  ou  de  nos  hoirs,  seigneurs  de  Neuffchastel  et  de  Maliers  ; 
sauf  ades  que  li  vies  entrecourt  d'entre  les  terres  de  la  conteit  de  la  Roche  et 
dou  ban  de  Malier,  d'une  part,  et  dou  ban  d'Anlier  et  dou  Neuffchastel,  de 
atre  part,  doit  estre  tenuz  et  wardeiz.  Et  est  encore  à  sçavoir  que  cils  des 
villes  de  Thibert-Sart,  de  Ranciemont  et  de  Alonsart  desour  nommée,  ne 
puevent,  ne  ne  doient  demander,  ne  avoir  nulles  droictures,  ne  nulles  aysances 
ens  forets  de  Maliers,  de  Suxey  et  de  Chiney. 

Et  pour  ce  que  ce  soit  ferme  chouse  et  estable  à  tousjours,  avons-nous  mis 
et  pendut  nostre  saiel  à  ces  présentes  lettres,  en  tcsmoignage  de  vériteyt.  Ce 
fut  faict  et  donnet  l'an  de  grâce  nostre  signeur  mil  trois  cens  ettrèze,  la  vigille 
de  la  feste  saint  Adrieu,  appostre  (1). 

Il  est  à  présumer  qu'à  l'avènement  du  comte  Louis  VI,  la  situation  du 
comté  de  Chiny  n'était  guère  plus  brillante  que  celle  de  l'abbaye  d'Orval. 
Or  cette  abbaye  succombait  alors  sous  le  poids  de  la  misère,  et  peu  s'en 
fallut  qu'elle  ne  cessât  d'exister.  Déjà  l'abbé  de  Cîteaux  avait  chargé  Arnulphe, 
abbé  de  Trois-Fontaines,  d'aller  vendre  ses  immeubles  pour  mettre  ordre 
à  ses  affaires  et,  s'il  le  jugeait  nécessaire,  d'en  répartir  les  religieux  dans 
d'autres  maisons  de  l'ordre.  Heureusement  l'abbaye  de  Clairefontaine,  près 
d'Arlon,  put  acheter  à  celle  d'Orval  (26  juillet  1314)  les  dîmes  de  Vieux- 
Virton,  de  Bleid  et  de  Gommery,  d'Ethe  et  de  Latour,  de  Rulles  et  de 
Marbehan,  plus  une  rente  de  quatre  muids  vertenois  de  seigle  sur  la  dîme 
de  Meix-devant-Virton.  Le  prix  de  l'ensemble  était  de  580  petits  tournois  (2). 

Celte  première  somme  fut  aussitôt  portée  aux  usuriers  auxquels  l'abbaye 

(1)  Wolters,  Codex  diplom.  loss.,  pag.  203. 

(2)  Cartulaires  de  Clairfontaine  et  d'Orval. 


—    215    — 

avait  dû  recourir.  D'autres  biens  furent  également  vendus  ;  mais  ce  n'est 
pas  ici  le  lieu  d'en  parler,  puisqu'ils  n'étaient  pas  situés  dans  le  comté  de 
Chiny.  Quant  à  ceux  qui  viennent  d'être  énumérés,  c'étaient  des  biens 
féodaux  relevant,  du  moins  en  grande  partie,  des  comtes  de  Chiny.  Or,  à 
cette  époque,  les  transactions  semblables  ne  pouvaient  pas  encore  se  passer 
du  consentement  des  seigneurs  suzerains  (1).  Le  comte  Louis  VI  fut  donc 
prié  de  permettre  aux  religieux  de  vendre  ces  dîmes,  et  aux  religieuses  de 
les  posséder  en  toute  franchise.  La  charte  du  comte  montre  qu'il  acquiesça 
sans  peine  à  cette  double  demande  (2). 

L'évêque  de  Liège  Adolphe  de  la  Marck  avait  rétabli  la  paix  dans  la 
principauté,  mais  sans  en  extirper  les  germes  de  discorde.  Ces  germes 
s'étaient  bientôt  développés  et,  dès  l'année  1314,  tout  le  pays  liégeois  se 
voyait  de  nouveau  plongé  dans  l'anarchie.  A  son  insu  l'évêque  donna  lui- 
même  le  signal  de  la  révolte  en  nommant  au  maréchalat  de  l'évêché  Henri 
d'Hermale,  chef  du  parti  des  Waroux,  c'est-à-dire  en  lui  confiant  le  suprême 
commandement  des  troupes  du  pays.  Il  avait  ensuite  pris  les  armes  contre 
les  rebelles  et  livré  l'un  des  chefs  des  Awans  à  une  cour  militaire;  ce  qui 
était  une  violation  flagrante  de  la  coutume.  L'exaspération  fut  dès  lors  à 
son  comble  chez  les  Awans,  et  bientôt  après  elle  avait  gagné  les  cours  de 
justice,  les  magistrats  et  le  peuple  lui-même,  toujours  prêt  à  se  battre  pour 
le  maintien  des  anciens  usages.  La  révolution  était  donc  un  fait  accompli, 
mais  il  lui  manquait  un  chef.  C'est  alors  que  les  confédérés  oflrirent  au 
comte  de  Chiny  la  charge  de  mambour  du  pays  de  Liège  (3).  On  ignore 
quelle  fut  la  réponse  et  la  conduite  de  Louis  VI. 

Cependant  deux  effroyables  calamités  vinrent  presque  en  même  temps 
ralentir  la  course  vagabonde  de  la  révolution  en  épuisant  ses  forces.  Depuis 
le  mois  de  mai  1315,  une  pluie  souvent  torrentielle  ne  cessait  de  tomber. 
Grains,  fruits,  recoins  diverses,  tout  pourrissait  avant  d'atteindre  la  maturité. 
Bientôt  survint  une  peste  horrible  qui  emporta  le  tiers  de  la  population. 
Au  mois  de  juin  4316,  les  deux  partis  voulaient  ia  paix.  L'évêque,  qui  s'était 
retiré  d'abord  au  château  de  Huy  et  puis  au  duché  de  Brabant,  promulguait 
à  Fexhe,  le  18  du  même  mois,  un  traité  de  paix  dont  voici  les  premières 
lignes  : 

(1)  Ce  n'est  que  plus  tard  qu'on  put  se  passer  de  ce  consentement,  d'après  une  coutume 
contraire,  formulée  art.  1  du  titre  VI,  Coutumes  génér. 

(2)  On  peut  la  lire  daiio  le  cartulaire  d'Orval,  page  648  et  dans  celui  de  Clairefontaine. 
page  142. 

(3)  Chapeaville,  Historia,  etc.,  tom.  II,  pag.  372. 


—    216    — 

c  A  tous  ceux  qui  verront,  etc.  Nous,  Adulphe,  par  la  grâce  de  Dieu  évesque 
de  Liège  ;  ly  prevost,  ly  doyen,  ly  archid'acque  et  tout  le  chapitle  del  grand 
engliese  de  Liège  ;  Arnul,  comte  de  Looz  ;  Louis,  comte  de  Chiny  ;  Johan  de 
Bailhuel,  sire  de  Morealmeit  ;  Johan,  sire  d'Agymont,  etc.  (4).  » 

Le  prieur  de  Suxy  s'est  étrangement  trompé  dans  le  récit  qu'il  fait  des 
événements  dont  nous  venons  de  parler  ;  mais,  ici  comme  ailleurs,  à  côté 
de  méprises  grossières,  il  rapporte  l'exacte  vérité.  «  L'evesque  de  Liège, 
«  dit-il,  après  une  guerre  cruelle  et  de  longue  durée,  fut  constrainct  de 
«  s'accorder,  et  la  paix  fut  conclue  le  vendredy  avant  la  St-Jean-Baptiste 
«  1316.  Et,  comme  on  dit  vulgairement  que  il  n'y  a  pas  sy  grande  guerre 
«  qu'il  ny  soit  plus  grande  paix,  parmi  le  traicté  de  paix  se  fit  le  mariage 
«  entre  Thiry,  seigneur  de  Heinsberg,  nepveu  de  la  comtesse  Margarite,  et 
«  la  sœur  de  l'evesque  Adolphe.  Dont  depuis  Arnould  assista  ledit  évesque 
«  es  guerres  qu'il  eut  contre  le  conte  de  Namur  et  puis  contre  le  duc  de 
«  Brabant.  » 

L'auteur  parle  encore  ici  de  cette  prétendue  Marguerite,  comtesse  de  Chiny 
après  Louis  V,  son  père,  et  Jeanne  de  Blamont,  sa  mère,  et  de  son  prétendu 
premier  mari  Arnould  d'Agimont  ;  or,  ni  elle  ni  lui  n'ont  jamais  existé,  si 
ce  n'est  comme  créations  imaginaires  qu'on  dirait  faites  pour  dérouter  les 
historiens.  Le  passage  précité  est  néanmoins  exact  à  beaucoup  d'égards, 
voire  même  a  l'endroit  de  cette  comtesse  Marguerite,  pourvu  qu'on  l'entende 
de  Marguerite  de  Montaigle,  laquelle  était,  par  son  mari,  la  tante  du  futur 
comte  de  Chiny,  Thierry  de  Heinsberg. 

Le  lendemain  de  la  paix  de  Fexhe  et  au  mois  de  novembre  suivant,  on 
fit  divers  décrets  pour  définir  ou  compléter  les  articles  du  traité.  L'un  de 
ces  décrets  garantissait  au  comte  de  Looz  l'avouerie  de  la  principauté  de 
Liège  ;  un  autre  concernait  les  vassaux  du  comte  de  Chiny  et  tous  ses 
partisans,  lesquels,  y  était-il  dit,  ne  pouvaient  être  inquiétés  au  sujet  des 
frais  de  la  guerre  (2).  Ces  stipulations  semblent  démontrer  que,  dans  ces 
luttes  sanglantes  de  la  principauté  de  Liège,  Louis  VI  agissait  moins  comme 
comte  de  Chiny  que  comme  héritier  du  comté  de  Looz.  Quant  à  la  querelle 
qui  s'engagea  peu  après  entre  le  même  évoque  de  Liège  et  le  roi  Jean 
l'Aveugle,  comte  de  Luxembourg,  ce  qui  causa  la  destruction  de  Marche  et 
de  Bastogne,  la  prudence  lui  conseilla  sans  doute  de  garder  une  stricte 
neutralité  ;  aussi  n'y  voit-on  nulle  part  aucune  trace  de  son  intervention. 

(1)  Recueil  des  Ordonnances  de  Louvrex,  tome  II,  page  10.  Seulement  en  deux  endroits 
de  cette  pièce,  au  lieu  de  Huy  et  de  Thuin,  il  faut  lire  Chiny. 

Cl)  Schoonbroodt,  Cartul.  de  l'église  de  St-Lambert,  n.  1290  :  Daris,  Histoire,  etc.,  page 
518  ;  Hocsem.  dans  Chapeaville,  tom.  II,  p.  373,  etc. 


-     217     - 

Il  en  fut  tout  autrement  par  rapport  a  la  lutte  qui  s'engagea  vers  le 
même  temps  entre  le  prince-évêque  et  le  comte  de  Namur.  Sur  la  fin  de 
l'année  1319,  les  habitants  de  Bouvignes,  aidés  de  quelques  Namurois, 
vinrent  sous  les  murs  de  Dinant  pour  provoquer  au  combat  les  habitants 
de  cette  ville.  Ceux-ci  répondirent  au  défi  et  se  précipitèrent  sur  eux.  Mais 
les  agresseurs  eurent  bientôt  lâché  pied  et  repris  la  route  de  Bouvignes. 
Leur  fuite  simulée  excita  les  fougueux  bourgeois  et  les  attira  dans  une 
embuscade.  Il  y  eut  des  morts  et  des  blessés.  En  outre  trente  Dinantais 
furent  faits  prisonniers.  Le  lendemain  pas  un  des  trente  ne  restait  en  vie. 
A  cette  nouvelle  les  Dinantais  indignés  accusèrent  les  Namurois  de  les 
avoir  assassinés  après  le  combat.  Leurs  clameurs  soulevèrent  le  peuple 
liégeois,  de  sorte  que  l'évêque  se  vit  forcé  de  prendre  les  armes  pour 
venger  un  crime  encore  douteux.  Une  partie  du  comté  de  Namur  fut  mise 
à  sac,  puis  survint  une  trêve  dont  les  Dinantais  profitèrent  pour  élever  la 
fameuse  tour  de  Montorgueil,  à  proximité  des  murs  de  Bouvignes.  Sans 
égard  à  la  trêve,  les  Bouvignois  attaquèrent  cette  tour  et  la  démolirent.  Bientôt 
l'évêque  de  Liège,  usant  de  représailles,  vint  assiéger  Bouvignes.  De  son 
côté  le  comte  de  Namur  alla  dévaster  la  Hesbaye  et,  bien  que  repoussé 
par  Jacques  de  Leutes,  il  fit  lever  le  siège  de  Bouvignes  (août  1321). 

La  présence  de  Jacques  de  Leutes  dans  ces  démêlés  prouverait  déjà 
suffisamment  que  la  maison  de  Looz  avait  épousé  les  intérêts  de  l'évêché 
de  Liège,  conformément  à  la  convention  du  3  juin  1318.  Mais  une  pièce 
conservée  dans  les  archives  de  Lille  ne  laisse  aucun  doute  sur  la  profonde 
mésintelligence  qui  existait  alors  entre  le  comte  de  Chiny  et  les  deux  frères 
Jean  et  Bobert,  l'un  comte  de  Flandre,  l'autre  de  Namur.  Cette  pièce  est 
une  commission  donnée  par  le  premier  à  son  frère  de  Namur,  au  sujet  des 
biens  que  le  comte  de  Chiny  possédait  en  Flandre,  et  qui  avaient  été  con- 
fisqués à  cause  de  ses  méfaits  (1).  Nous  connaissons  déjà  l'un  de  ces 
méfaits,  à  savoir  l'assistance  prêtée  au  prince-évêque.  Le  second  est,  selon 
toute  apparence,  le  rétablissement  de  bons  rapports  entre  le  comte  de 
Chiny  et  celui  de  Hainaut. 


(!)  Voici  l'analyse  de  cette  pièce  importante.  «  Commission  délivrée  par  Robert  III,  comte 
de  Flandre,  à  Jean,  comte  de  Namur,  son  frère,  pour  recevoir  en  son  nom  les  revenus  des 
biens  que  le  comte  de  Chiny  possédait  en  Flandre,  et  qui  avaient  été  confisqués  sur  celui-ci 
à  cause  de  ses  méfaits.  » 

Inventaire  somm.  des  archiv.  de  Lille,  tome  II,  page  98,  cartidaire  de  Namur,  1209  — 
1321,  p.  100.  Cette  pièce  n'est  pas  datée,  mais  elle  se  trouve  la  dernière  ;  ce  qui  semble 
en  indiquer  suffisamment  l'année. 

16 


-    218    - 

Ce  comte,  nommé  Guillaume  I  et  surnommé  le  Bon,  descendait,  au  qua- 
trième degré,  comme  Louis  VI,  de  Jacques  d'Avesnes,  le  héros  de  Saint- 
Jean  d'Acre.  Or  l'amitié  des  d'Avesnes  entraînait  encore  à  celte  époque 
l'inimitié  des  Darnpierre. 

On  se  rappelle  que  Louis  V,  grand-oncle  de  Louis  VI,  avait  acheté  quel- 
ques parties  du  beau  domaine  de  Mirwart.  Il  avait  également  acquis,  on 
n'en  connaît  pas  l'époque,  d'autres  terres  et  des  rentes  provenant  de  la 
même  seigneurie  ;  mais  les  complications  qui  survinrent  entre  le  Hainaut 
et  la  principauté  de  Liège  ne  lui  permirent  pas  de  songer  longtemps  à 
s'agrandir  de  ce  côté.  Plus  tard  son  arrière-neveu  Louis  VI  vendit  au 
comte  de  Hainaut  ceux  de  ces  biens  qui  se  trouvaient  situés  dans  le  voi- 
sinage même  du  château  de  Mirwart.  Cette  vente,  dont  on  ignore  le  prix, 
eut  lieu  le  2  mai  1322.  L'acte  en  fut  scellé  par  le  comte  de  Juliers, 
grand-oncle  de  Louis  VI  ;  par  Guillaume  son  frère,  seigneur  de  Neufchâ- 
teau;  par  Ernoul,  seigneur  de  Stenes  ;  par  Jacques,  seigneur  de  Leutes,  et 
Jean  Doutre,  chevaliers  (1). 

Revenons  un  peu  en  arrière  pour  rappeler  quelques  autres  faits  indé- 
pendants des  luttes  qui  ensanglantèrent  les  rives  de  la  Meuse  depuis  Dinant 
jusque  Liège. 

En  1320  le  comte  de  Chiny  apposait  son  sceau  au  contrat  de  mariage 
entre  Jean,  tils  de  Gilles  de  Vance,  chevalier  et  seigneur  de  Villemont,  et 
Alix,  fille  de  Jean  dit  Bel  Petit  d'Ivoix.  Le  château  de  Villemont  formait  la 
dot  ou  une  partie  de  la  dot  de  l'époux.  A  côté  du  sceau  du  comte,  on 
voyait  ceux  de  Louis,  seigneur  de  Chauvancy  ;  de  Ferry  et  de  Jacquemin 
de  Looz  ;  de  Jean  de  Clémency  ;  de  Pierrard  de  Ville  ;  de  Protin,  dit  Épar- 

(1)  «  Lettres,  en  français  et  en  parchemin,  scellées  des  sceaux  en  cire  brune  de  Louis  de 
Loos,  comte  de  Chiny  ;  Gérard,  comte  de  Juliers  ;  Willaume  de  Loos,  seigneur  de  Neuf- 
chastel,  frère  du  comte  de  Chiny  ;  Ernoud,  seigneur  de  Stenes  ;  Jacquemon,  seigneur  de 
Leute,  et  Jean  Doutre,  chevaliers,  par  lesquelles  le  comte  de  Chiny  déclare,  en  présence 
des  seigneurs  ci-dessus  nommés,  avoir  vendu  à  Guillaume,  comte  de  Hainaut,  toutes  les 
rentes,  terres  et  revenus  qui  lui  appartenaient  à  Mirouart,  le  tout  pour  une  somme  dont  il 
était  payé  et  qui  n'est  pas  spécifiée  dans  ces  lettres.  Le  2  mai  1322.  » 

Mon.  anc.  de  St-Gen.  lre  partie,  page  276. 

On  lit  à  ce  sujet  dans  un  inventaire  d'une  partie  des  archives  de  Mirwart,  dressé  au 
17e  siècle  :  «  Par  tiltre  de  l'an  1322,  le  conte  de  Chiny,  Loys  de  Loos,  transporte  à  Guil- 
laume, comte  de  Hainnau,  tous  les  terres,  rentes,  droictures  que  avoir  pouvoit  en  la  terre 
de  Mirwart,  en  bois,  eaue,  pasturaige,  foings,  rentes,  justices,  et  seigneuries  quel- 
concques.  » 

Quel  est  cet  Ernoul,  seigneur  de  Stenes,  ailleurs  Steyne  ?  Dans  la  charte,  citée  plus  loin, 
du  mois  de  mai  1331,  Louis  VI  le  nomme  son  neveu.  Cette  charte  prouve  qu'il  est  un 
personnage  distinct  d'Arnold,  fils  de  Guillaume  d'Oreye.  Il  est  cité  de  nouveau  dans  une 
charte  datée  de  Bruxelles  le  27  novembre  1333.  Mon.  anc.  de  St-Gen.  i1'  partie  page  003. 


—    219    — 

gnemaille  ;  de  Bertrand  de  Tassigny  ;  de  Guillaume  de  Biourge  et  de  Jean 
de  Tinligny  (1).  Peu  après  le  nouveau  marié  était  mort  et  le  même  comte 
de  Chiny  avait,  avec  le  roi  Jean  l'Aveugle,  comte  de  Luxembourg, 
fait  «  aucunes  prises  »  sur  sa  jeune  veuve  ;  on  ignore  à  quel  sujet.  Mais  il 
est  certain  que  le  roi  Jean  restitua  ce  qu'il  avait  pris  et  qu'il  assigna,  en 
1323,  aux  héritiers  de  cette  dame  soixante-dix  livrées  de  terre  dans  le 
comté  de  Luxembourg  (2).  De  son  côté,  mais  seulement  en  1328,  Louis  VI 
répara  le  tort  qu'il  avait  causé  à  dame  Alix  en  lui  enlevant  sa  dot.  La 
restitution  consiste  en  une  rente  annuelle  de  cent  livres  tournois.  Onze  ans 
après  la  mort  du  comte,  sa  veuve  Marguerite  de  Lorraine  confirma  cette 
rente  (1347)  (3). 

Le  fait  suivant  prouve  que,  pour  affranchir  une  localité,  le  seigneur  du 
lieu  n'avait  besoin  que  du  consentement  de  son  suzerain  immédiat.  Raoul, 
seigneur  d'Olisy  et  de  Lamouilly,  accorda  a  cette  dernière  localité  les 
privilèges  dont  Gérard,  son  père,  avait  gratifié  la  première.  On  sait  que 
Gérard  était  oncle  de  Louis  VI  et  sire  de  Chauvancy.  La  charte  d'affran- 
chissement nous  apprend  que  Raoul  pria,  non  le  comte  de  Chiny,  suzerain 
médiat,  mais  «  son  cher  frère  Louis  de  Chauvancy,  chevalier,  de  mettre 
son  sceau  avec  le  sien  à  ces  lettres  faites  à  Lamouilly,  le  jeudi  après  la 
Toussaint  (1323).  »  Raoul  a  soin  de  se  réserver  certaines  redevances  et  de 
déclarer  qu'il  ne  veut  en  rien  amoindrir  les  droits  de  l'Église  et  de  ses 
francs-hommes  (4). 

Le  comte  de  Looz,  à  force  d'emprunter,  s'était  mis  dans  l'impossibilité 
de  satisfaire  ses  créanciers,  du  moins  en  puisant  dans  sa  propre  bourse. 
Il  prit  donc  le  parti  de  recourir  h  celle  de  ses  vassaux  nobles,  en  leur 
avouant  sa  détresse.  Ceux-ci  résolurent  de  lui  venir  en  aide  de  la  manière 
suivante  :  chaque  chevalier  lui  fit  cadeau  de  dix  sous  de  vieux  gros  tour- 
nois, et  chaque  écuyer  de  la  moitié  de  cette  somme. 

Le  12  mars  1321  (5),  Arnulphe,  comte  de  Looz;  Louis  de  Looz,  comte 
de  Chiny,  et  Guillaume,  son  frère,  sire  de  Neufchâteau  en  Ardenne  (6), 

(1)  Bertholet,  tome  VI,  page  283.  Cet  auteur  a  lu  Gilles  de  Wecz,  au  lieu  de  Gilles  de 
Wenf.  En  outre  il  donne  à  Louis  VI  le  titre  de  comte  de  Los  ;  c'est  trop  tôt  de  trois  ans. 

(2)  Recueil  Gérard,  n.  22i,  fol.  74  V°  ;  Wiirth-Paquet,  Publicat.  hist.,  livr.  XIX,  page  3. 

(3)  Bertholet,  Hist.,  tome  VI,  page  272;  Recueil  Gérard,  n.  224,  fol.  74. 

(4)  Compte  rendu  de  la  Comm.  d'Hist.,  IIIe  sér.,  t.  X.  page  138. 

(5)  «  L'an  de  grâce  mille  trois  cent  et  vingt,  le  jour  de  feste  saint  Grégoire.  » 

(6)  «  Arnoult,  cuens  de  Los  ;  Louis  de  Loz,  cuens  de  Chiny,  et  Guillaume  .sos 

dans  Neufchastel  en  Ardenne.  »  Les  deux  mots  ses  frères  doivent  se  traduire  évidemment 
par  son  frère  ;  Mantellius  s'y  est  trompé  et,  pour  lui,  Arnulphe,  Louis  et  Guillaume  sont 
trois  frères.  Hist.  de  Looz,  page  245. 


—    220    — 

remettaient  aux  nobles  vassaux  du  comté  de  Looz  une  charte  curieuse. 
Elle  n'est  autre  chose  qu'une  lettre  de  non  préjudice  de  la  plus  grande 
ingénuité.  Les  trois  frères  reconnaissent  le  pitoyable  état  de  leurs  finances, 
et  remercient  «  très-grandement  »  les  donateurs  de  leur  aimable  largesse. 
Car,  ajoutent -ils,  nous  n'y  avons  aucun  droit,  si  ce  n'est  de  leur  bonne 
volonté.  Aussi  nous  leur  donnons  notre  parole,  en  notre  nom  et  au  nom 
de  nos  successeurs,  que  jamais  nous  ne  réclamerons  d'eux  aucune  somme 
quelconque,  soit  comme  cadeau,  soit  comme  taxe.  Que  s'il  était  un  jour 
démontré  que  nous  avons  droit  à  exiger  d'eux  quelque  redevance,  nous  y 
renonçons  à  jamais. 

Quatre-vingt-dix  ans  plus  tard,  Jean  de  Bavière,  évêque  élu  de  Liège  et 
par  suite  comte  de  Looz,  se  trouvera  lui  aussi  dans  une  grande  disette 
d'argent  et  confirmera  les  privilèges  de  la  noblesse  lossaine,  mais  seulement 
après  en  avoir  reçu  un  subside  (1). 

Il  y  avait  à  Bouillon  un  échevin  nommé  Henri  Henreckel.  Sa  maison 
touchait  au  pont  de  celte  ville.  Elle  devait  être  spacieuse  ;  car,  le  3  dé- 
cembre 1323,  on  y  voyait  réunis  autour  du  prince-évêque  de  Liège,  le 
vieux  comte  de  Looz,  avec  son  fils  le  comte  de  Chiny  ;  Henri,  abbé  de 
Saint-Hubert  en  Ardenne  (2)  ;  Engelbert  Francoy,  chanoine  de  Liège  et 
abbé  séculier  d'Amay  :  Jacques,  sire  d'Orchimont  ;  Jacques  d'Agimont  ; 
Thierry  de  Haneffe  et  Goswin  de  Berg,  tous  quatre  chevaliers  ;  Régnier  de 
Fallise,  chanoine-écolâtre  de  Saint-Jean,  à  Liège  ;  Louis  d'Agimont  ;  Guil- 
laume, châtelain  de  Waremme  et  maréchal  du  diocèse  de  Liège  ;  Judoc 
de  Waha  ;  Arnold,  dit  Carpeal  de  Halle...?;  Robert,  dit  Pinekin  ;  Arnold 
de  Seraing,  panetier  du  prince-évêque.  et  Goswin  du  Rieux  de  Jehoncourt, 
camérier  du  même  prélat,  tous  hommes  prudents  et  feudataires  de  l'évêché. 
Autour  d'eux  on  voyait  encore  un  grand  nombre  de  témoins,  convoqués 
expressément  pour  cette  circonstance. 

En  présence  de  cette  solennelle  assemblée,  le  comte  de  Looz  déclara  que 
sa  volonté  était  de  rentrer  désormais  dans  la  vie  privée,  aussitôt  après  avoir 
résigné  son  comté  de  Looz  en  faveur  de  son  fils  le  comte  de  Chiny.  C'est 
pourquoi  il  prie  le  prince-évêque,  son  seigneur  suzerain,  de  vouloir  reprendre 
ce  comté  et  d'en  investir  le  comte  Louis.  Aussitôt  après,  l'évêque  conféra 

(1)  Robyns,  Diplom.  Loss.  pag.  35. 

(2)  Cet  abbé  ne  se  trouve  pas  dans  la  liste  donnée  par  M.  de  Robaulx.  paye  112  du  Can- 
tatorium.  Il  faut  probablement  le  placer  entre  l'abbé  Thibaut,  mort  en  1302  et  l'abbé  Jean. 
L'élection  de  ce  dernier  serait  donc  postérieure  à  l'année  1323. 


-    221    — 

ce  fief  à  Louis  VI  et  reçut  son  hommage.  Arnulphe  ne  se  réserva  qu'une 
pension  viagère  de  quatre  mille  livres. 

Jean,  dit  de  Spire,  clerc  de  Tournay,  notaire  apostolique  et  impérial,  fit 
un  acte  authentique,  où  tous  ces  faits  sont  fidèlement  détaillés.  On  peut  le 
lire  tout  au  long  dans  le  recueil  des  chartes  de  Looz  de  Robyns  (1).  Dans 
cet  acte,  l'évêque  de  Liège  donne  aux  deux  comtes  les  qualités  de  fidèles 
et  de  cousins  (2).  Il  y  avait  en  effet  une  petite  parenté,  puisque  Isabelle 
de  Fauquemont,  aïeule  paternelle  du  prince-évêque,  était  la  cousine  germaine 
du  vieux  comte  Arnulphe  IV.  Tous  deux  descendaient  d'Arnulphe  III  et  de 
Jeanne  de  Chiny,  le  premier  par  Jean  comte  de  Looz  ;  la  seconde  par 
Jeanne,  femme  de  Thierry  de  Fauquemont. 

Quelque  temps  avant  cette  assemblée  de  Bouillon,  le  comte  Arnulphe 
avait  chargé  son  fils  le  comte  Louis  de  payer  ses  dettes  et  de  faire  tout  ce 
qui  est  requis  pour  le  repos  (de  l'âme)  de  l'évêque  de  Châlons,  et  aussi  de 
son  père,  de  son  oncle  et  de  sa  femme  (3). 

Six  semaines  après  l'abdication  de  son  père  le  comte  de  Looz,  Louis  VI 
accordait  au  village  d'Aufflance  le  droit  d'usage  dans  les  bois  situés  der- 
rière Martué,  ainsi  que  dans  ceux  de  Sainte-Cécile  et  de  Merlanvaux.  Il 
leur  fit  également  part  des  droits  que  possédaient  sur  les  cours  d'eau  les 
bourgeois  de  la  prévôté  d'Ivoix.  Chaque  bourgeois  ayant  charrue  ou  demi- 
charrue  devait  lui  payer  un  franchar  d'avoine  et  une  geline  ;  les  autres 
bourgeois,  une  geline  seulement. 

Le  25  janvier  1323  (v.  st.) 

Nous  Loys,  cuens  de  Los  et  de  Chiney,  faisons  savoir  à  tous  celz  quy  ces 
présentes  lettres  verront  et  orront,  que  nous  avons  donneit  et  octroyeit,  don- 
nons et  octroyons  à  toujours  mais  perpétuellement,  pour  nous  et  pour  noz 
hoirs,  et  borjois  de  la  ville  d'Aufflance,  pour  ealz  et  pour  leurs  hoirs,  quy 
sont  de  nos  fies  et  en  nostre  sauve  warde,  teiles  aisance  en  nos  bois  et  en 
nos  rivières  queiles  nos  borjois  de  nostre  terre  de  la  prévosteit  d'Ivoix  les  ont 
et  doient  avoir,  c'est  assavoir  :  ou  bois  derièr  Martuel,  ou  bois  de  Ste-Cézile  ; 
ou  bâtis  {bois?)  de  Merlonval,  et  en  autres  lieus  partout  ou  cil  de  ladite  pré- 
vosteit ont  aisance  et  doient  avoir  ;  et  ans  aisances  des  rivières,  telles  aisances 
partout  comme  noz  bourjois  de  la  dite  prévosté  les  y  ont  et  doient  avoir.  Par 

(1)  Diplom.  lossens.,  pagin.  18. 

(2)  Inter  nobiles  viros,  nostros  fidèles  et  consanguineos,  dilectos  dominos  Arnoldum, 
comitem  lossensem,  et  Ludovicum,  ejus  iilium,  comitem  de  Chysneio. 

(3)  Hinnisdael,  livre  IV,  n°  132  ;  Daris,  ibidem,  paye  522. 


—    222    — 

ensy  que  chascun  borjois  et  habitans  en  ladite  ville  d'Aufflance  aians  charrue 
ou  demy  charrue  nous  payera,  chascun  an,  à  jour  de  feste  St  Remy,  ou  chief 
d'octobre,  un  franchar  d'avoine,  à  franchar  d'Ivoix,  et  une  geline.  Et  chascun 
borjois  quy  n'auroit  charrue  ou  demy  charrue  nous  payera,  à  jour  desseur 
nommeit,  une  geline  tant  seulleraent.  La  queile  rente  d'avoine  et  de  geline  li 
maire  et  li  jureis  de  la  ville  d'Aufflance  recevront  pour  nous  et  en  nom  de 
nous  et  déliveront  à  nostre  commandement...  Et  seront  creuz  nosdits  maires 
et  jureis  de  ce  que  ilz  receveront  parleur  seul  sairement.  Touttes  ces  conve- 
nances sy  dessus  dites  avons  nous  promis  et  prometons  de  tenir  et  à  warder 
en  bonne  foit,  bien  et  loyallement  ausdits  borjois  d'Aufflance  à  toujours  mais, 
sans  aller  à  rencontre  par  nous  ne  par  aultre. 

En  tesmoinaige  des  queiles  chozes,  (pour)  queiles  soient  fermes  et  miex 
tenues,  nous  Loys,  cuens  dessus  nommeit,  avons  donneit  ausdits  borjois 
d'Aufflance,  ces  lettres  présentes  saiellées  de  nostre  grant  saiel,  et  avons  dé- 
prié noz  chiers  fiables...  Jehan  de  Verton,  nostre  chevalier,  et  Jacomin  de 
Lus,  nostre  baillit,  qu'ils  messent  leurs  saielz  à  ces  lettres  avec  le  nostre,  en 
tesmoingnaige  de  vériteit. 

Et  nous  Jehan  de  Verton,  chevalier,  et  Jacom  de  Lus,  baillit,  devant  nom- 
meis,  à  la  prière  et  à  la  requeste  de  nostre  chier  et  ameit  seignour,  avons  mis 
nos  saielz  à  ces  présentes  lettres  avec  le  sien.  Ce  fut  faict  en  l'an  de  grâce 
nostre  Seigneur  mil  trois  cent  et  vint  trois,  le  jour  de  la  conversion  St  Pol  (l;. 

Malgré  les  graves  préoccupations  que  lui  créaient  les  troubles  sans  cesse 
renaissants  du  pays  de  Liège,  Louis  VI  ne  se  permit  jamais  de  négliger  l'ad- 
ministration du  comté  de  Chiny.  Vers  cette  époque  il  fît  des  échanges  assez 
nombreux  avec  l'abbaye  d'Orval.  Ces  échanges  sont  rapportés,  dans  divers 
écrits,  aux  années  1323,  1324,  1325  et  même  1328  (2).  Peut-être 
ne  sont-ils  autres  que  ceux  qu'on  trouvera  réunis  dans  la  charte  dont  nous 
allons  parler. 

Le  comte  et  la  comtesse  y  établissent  d'abord  que  l'abbaye  d'Orval  possède 
diverses  rentes  de  grain  sur  des  terres,  des  terrages  et  des  moulins  qui 
appartiennent  au  comte.  Ces  rentes  sont  : 

Sur  les  terrages  du  comte,  à  Puilly,  5  muids  mewiois  de  seigle  et  1 

(1)  Scellé  de  trois  grandz  seelz  à  double  queue  de  parchemin.  D'après  une  copie  authen- 
tique de  l'original.  Archiv.  du  gouv.  Arlon.  Deux  exempl.  feuilles  vol. 

(2)  Compte  rendu  de  la  Com.  d'IIist.,  sér.  I,  t.  IV,  p.  38;  p.  36;  Recueil  Gérard,  n.  224» 
loi.  75.  Mais  c'est  par  erreur  que  l'on  y  donne  la  date  1328.  Comment  Jacques  de  Loz  l'au- 
rait-il  scellée  en  cette  année,  lui  qui  mourut  avant  le  8  septembre  1327  ?  Cartnlaire  d'Orval, 
page  005.  La  charte  dont  on  parle  est  du  5  mai  1325.  On  peut  la  lire  dans  le  même  cartu- 
laire,  page  051.  Il  suffira  d'en  donner  ici  le  résumé. 


—    223    — 

rauid  mesmois  d'avoine,  mesure  d'Ivoix  ;  sur  les  terrages  a  Mogres,  12 
franchars  de  seigle,  même  mesure  ;  sur  ceux  de  Gérouville,  12  franchars 
de  seigle,  mesure  de  Montmédy  ;  sur  ceux  de  Grand  Verneuil,  dans  la  part 
du  comte,  12  frar.chards  de  seigle  ;  sur  ceux  de  Meix,  6  franchars  de  seigle 
et  6  d'avoine  ;  sur  ceux  de  Saint  Mard,  2  franchars  de  seigle  ;  sur  le  moulin 
de  Thonne-la-Long,  36  franchars  de  seigle  ;  au  ban  de  Jamoigne,  48  fran- 
chars de  seigle  et  26  petits  muids  d'avoine. 

Après  celte  énumération,  le  comte  et  la  comtesse  se  reconnaissent  débi- 
teurs de  toutes  ces  rantes  envers  l'abbaye  d'Orval.  Ils  reconnaissent  encore 
que,  comme  les  receveurs  et  les  sergents  refusent  parfois  de  payer  ces 
rentes,  il  convenait  que  les  religieux  vinssent  faire  leurs  réclamations.  C'est 
pourquoi,  ajoutent-ils,  après  mûre  délibération,  sur  l'avis  de  notre  féable 
conseil  que  nous  aimons  à  suivre  en  ceci  comme  en  choses  plus  impor- 
tantes, du  consentement  et  a  l'invitation  des  religieux,  et  de  notre  au- 
torité souveraine,  nous  leur  donnons  en  échange  des  susdites  rentes  : 

Le  tiers  de  la  grosse  dime  et  le  terrage  de  Prouvy,  en  toute  franchise  ; 
le  terrage  de  Valansart  ;  le  tiers  de  la  grosse  dîme  de  Romponcel  et  du 
Faing;  quatre  petits  muids  de  seigle  sur  notre  part  du  terrage  de  Gérou- 
ville, terrage  dont  l'abbaye  avait  déjà  la  moitié. 

Suit  l'amortissement  de  ces  biens  et  les  formules  ordinaires  de  la  mise 
en  possession. 

A  côté  des  sceaux  du  comte  et  de  la  comtesse,  on  voyait  ceux  de  mes- 
sire  Jean  de  Virton,  chevalier  ;  de  messire  Jacques  de  Luz,  chevalier  et 
bailli  du  comté  de  Chiny,  et  de  Thirion  de  Montmédy,  chanoine  et  tréso- 
rier de  l'église  d'Ivoix  (1). 

Le  Ier  août  1326,  Louis  VI  prononçait  en  qualité  d'arbitre  dans  un  différend 
qui  s'était  élevé  entre  l'abbaye  d'Orval  et  les  paroissiens  de  Jamoigne.  Ils'agis- 

(1)  Cartulaire  d'Orval,  page  651.  Au  17e  siècle  des  contestations  s'élevèrent  entre  l'abbaye 
d'Orval  et  Philippe-François  du  Faing,  baron  de  Jamoigne,  comte  de  Hasselt,  etc.,  an  sujet 
des  dîmes  et  du  terrage  des  villages  de  Jamoigne,  des  Bulles,  etc.  On  nomma  cinq  arbitres. 
Le  4  juin  1642,  ils  se  réunirent  à  Tintigny.  C'étaient:  Bauduin  de  Yillers,  curé  de  Sainte- 
Marie,  doyen  rural  de  la  chrétienté  de  Longuion  ;  Claude  de  Gorcy,  seigneur  dudit  lieu  et 
chanoine  de  Longuion  ;  messire  Louis  de  la  Fontaine,  seigneur  de  Sorbey  et  rlarnoncourtj 
capitaine  et  prévôt  de  Marville  ;  Jean  d'Orsinfaing,  seigneur  dudit  lieu  et  lieutenant-prévôt 
d'Etalle.  et  Adrien  de  la  Fontaine  de  Heimemont.  Après  avoir  réglé  différents  points  liti- 
gieux, ils  ajoutent  :  «  Sur  la  difficulté  qui  touche  les  terrages  de  Prouvy  et  Valansart,  avons 
dit  et  disons  que  le  dit  B.  abbé  (c'était  (loin  Henri  Meugen)et  couvent  d'Orval  continueront 
la  jouissance  d'iceluy,  en  suite  de  l'eschange  qu'ils  eu  ont  fait  avec  Louis,  comte  de  Chiny, 
en  l'an  1325,  le  5e  jour  du  mois  de  may,  excepte  les  terres  qui  ont  esté  et  sont  particulière- 
ment affectées  au  terrages  de  Bomponcel  et  du  Faing.  »  Cartul.  manuscrit  d'Orval,  archiv. 
Arlon,  tome  II,  page  213. 


-    224    — 

sait  de  la  reconstruction  et  de  l'entretien  de  la  tour  de  l'église.  Le  comte 
fit  examiner  la  question  par  des  personnes  instruites  et  honnêtes,  et  il  dé- 
cida que,  pour  cette  fois,  la  moitié  des  réparations  a  faire  à  la  tour  de 
l'église  serait  à  la  charge  des  paroissiens,  et  l'autre  moitié  a  la  charge  de 
l'abbaye  ;  que  le  transport  des  matériaux  devra  aussi  se  faire  par  les  parois- 
siens et  tout  le  reste  par  l'abbaye  ;  que  dans  la  suite  l'abbaye  seule  aurait 
h  pourvoir  aux  réparations  et  a  l'entretien  de  la  tour,  hormis  le  transport 
des  matériaux  qui  reste  a  la  charge  des  habitants  ;  hormis  également  le  cas 
de  destruction  ou  d'endommagement  par  des  gens  de  guerre.  Alors  ce  sera, 
non  à  l'abbaye,  mais  aux  bourgeois  d'exiger  réparation  des  auteurs  de  ces 
dommages.  L'abbé  d'Orval  et  les  paroissiens  de  Jamoigne  acceptent  ces 
conditions  et  le  comte,  en  sa  qualité  de  suzerain,  promet  de  les  faire  ob- 
server. 11  prononce  ensuite  que  c'est  a  l'abbaye  qu'incombe  l'entretien  du 
presbytère  ;  mais  si  elle  se  soustrait  à  cette  obligation,  c'est  par  devant  les 
supérieurs  ecclésiastiques  qu'il  faudra  porter  les  réclamations. 

On  connaîtrait  mal  le  comte  Louis  VI,  si  on  ne  le  suivait  pas  au-delà 
des  frontières  du  comté  de  Chiny.  Ce  comté  lui-même  ne  serait  guère 
mieux  connu,  puisqu'il  n'apparaîtrait  que  dans  l'isolement,  sans  relation 
avec  les  contrées  voisines.  Reprenons  donc,  a  partir  de  son  inauguration 
comme  comte  de  Looz,  les  principaux  événements  auxquels  il  lui  fut  im- 
possible de  rester  étranger. 

Depuis  l'année  1324,  la  discorde  régnait  de  nouveau  partout  au  pays  de 
Liège,  surtout  entre  l'évêque  Adolphe  de  la  Marck  et  le  peuple.  Se  jugeant 
trop  faible  pour  rétablir  l'ordre,  le  prélat  s'était  encore  une  fois  retiré  au 
château  de  Huy,  d'où  il  n'avait  pas  tardé  à  lancer  l'excommunicalion  contre 
les  perturbateurs.  Le  pape  Jean  XXII,  dans  l'espoir  de  faire  renaître  des 
idées  d'ordre  et  de  paix,  avait  chargé  l'abbé  de  Saint-Nicaise  de  Ileims 
d'aller  le  représenter  à  Liège.  Grâce  a  ses  instances  et  à  l'appui  que  lui 
prêta  le  comte  Louis  VI,  il  obtint  des  concessions  mutuelles  ;  mais  il  lui 
fut  impossible  de  réconcilier  le  peuple  et  l'évêque.  Après  bien  des  efforts 
inutiles,  il  reprit  le  chemin  de  Reims. 

Le  samedi,  \  mars  1326  (1),  le  comte  Louis  VI  était  à  Huy,  occupé  à 
resserrer  le  traité  d'alliance  qu'il   avait  contracté  précédemment  avec  le 

(1)  Il  s'agit  ici,  non  du  style  de  Liège,  mais  du  style  romain.  Car  cette  charte  qui  existe 
encore  aux  archives  de  Liège  fut  faite,  «  el  Castel  de  Hui,  »  en  l'année  «  mil  trois  cens  vint 
et  six,  le  noevime  indiction,  le  premier  jour  del  mois  de  marche,  à  savoir  le  samedi  après 
le  dimence  k'on  cante  Oculi.  »  Or  toutes  ces  conditions  ne  sont  réalisées  qu'en  13!26,  style 
nouveau.  On  trouvera  tout-à-1'heure  une  charte  du  1  mars  1326,  style  ancien. 


—    225    — 

prince-évêque,  Adolphe  de  Lamarck.  «  Pour  plus  grand  amour,  »  dit  le 
prélat,  et  «  pour  plus  grand  confort  avoir  li  uns  de  l'autre,  »  nous  <r  serons 
«  tenus  et  nous  obligons  envers  ledit  conte  de  lui  aidier  partout,  contre 
«  tous  hommes,  h  savoir  à  wardeir  lui,  ses  biens,  et  ses  droitures  et  son 
«  honneur,  par  nous  et  par  nos  gens,  à  armes  et  seins  armes,  a  piet  et  à 
*  cheval,  si  comme  hoins  sires  doit  faire  a  son  homme  de  fief.  » 

À  son  tour  le  comte  Louis  définit  ses  obligations  : 

«  Et  nous  Loys,  coens  devant  dit,  avons  enconvent  à  noslredit  signor 
«  mons.  l'évesque  de  Liège,  et  nous  obligeons  envers  lui  de  lui  aidier  et 
«.  consorteir,  par  nous  et  par  nos  gens,  et  à  armes  et  seins  armes,  à  piet 
«  et  à  cheval,  por  wardeir  et  defTendre  ses  biens,  ses  droitures,  sa  terre 
«  et  son  honneur,  dedens  sa  dite  terre,  en  tous  cas,  contre  tous  hommes, 
«  sauf  che  :  s'il  avenoit  que  nosdis  sires  mess,  li  évesques  euist  à  faire 
«  contre  aucune  des  villes  dont  nos  sommes  avoez,  en  l'éveschiet  de  Liège, 
a  pour  sauver  ou  maintenir  ses  droitures,  ses  signories  ou  ses  usages,  » 
en  ce  cas  le  comte  ne  devrait  aider  l'évêque  qu'après  avoir  essayé  pendant 
quinze  jours  de  ramener  ces  villes  à  leur  devoir. 

Les  témoins  de  cette  charte  sont  : 

Courars  de  la  Marche,  prévôt  de  Tongres  ;  Engelber s  François,  abbé 
d'Amay  ;  Renier  des  Falises,  chanoine  et  écolâtre  de  l'église  Saint-Jean  à 
Liège  ;  Wamier,  seigneur  de  Daules  ;  Jean,  seignenr  deFçtus  (Fooz),  che- 
valier ;  Ernous  Carpeaus  de  Halli  ;  Pierrelos  de  Horion  ;  Willamés  de  Los, 
seigneur  de  Noef  Caslcl,  en  Ardenne  ;  Theris  de  Heinsberg  ;  Ernous,  sei- 
gneur de  Steyne  ;  Jean  seigneur  de  Pietersem  (1). 

Trois  mois  après,  Louis  VI  était  a  Wihogne  s'efforcant  lui-même  de  ré- 
concilier les  partis,  mais  n'obtenant  d'eux  que  des  rapprochements  momen- 
tanés qui,  en  facilitant  les  récriminations,  ne  faisaient  souvent  qu'aigrir  les 
esprits.  Il  voulut  au  moins  maintenir  intacte  la  convention  de  Fexhe  et 
déclara  que,  si  cette  convention  venait  à  être  violée  par  n'importe  quel 
parti,  et  si  réparation  n'était  pas  faite  dans  la  quinzaine,  il  prendrait  fait  et 
cause  pour  le  parti  contraire. 

Une  fois  lancé  dans  la  voie  des  émeutes  ou  de  la  révolte,  le  peuple 
traite  en  ennemis  tous  ceux  qui  ne  flattent  pas  ses  désordres.  Aux  exhor- 
tations et  aux  conseils  de  Louis  VI,  les  Liégeois  répondirent  par  la  conlis- 


(1)  Chartes  de  Saint-Lambert,  n°  575.  Le  grand  sceau  du  comte  Louis  est  presque  intact. 
La  plupart  des  autres  sceaux  le  sont  également. 


—    226    — 

cation  des  émoluments  qui  lui  étaient  dûs  dans  la  cité  et  la  franchise  de 
Liège,  à  raison  de  son  avouerie. 

Le  1er  mars  1327,  Louis  VI  cédait  à  Wernerde  Alst,  écolâtre  de  l'église 
de  Looz,  contre  une  rente  annuelle,  une  pièce  de  terre  inculte,  voisine  de 
son  mont  castrai  de  Looz  (1).  On  a  conclu  de  ces  mots  que  déjà  alors  le 
château  de  Looz  avait  cessé  d'exister.  Cette  preuve  est  loin  d'être  suffisante. 

Cinq  jours  après,  le  comte  rappelait  dans  une  assemblée  capitulaire, 
tenue  à  Liège,  qu'il  s'était  engagé  a  prendre  parti  contre  les  violateurs  de 
la  paix  de  Fexhe,  et  qu'il  croyait  indispensable  de  redresser  les  injustices 
commises  dans  les  derniers  troubles  (2).  Celte  double  déclaration  montre 
que  son  but  était  toujours  de  se  poser  en  médiateur. 

Pendant  qu'il  continuait  a  remplir  cette  ingrate  mais  charitable  mission, 
il  reçut  la  nouvelle  de  la  mort  d'un  fidèle  vassal,  messire  Jacques  de  Luz, 
chevalier  et  bailli  du  comté  de  Chiny.  On  lui  transmit  en  même  temps  les 
dispositions  testamentaires  du  défunt,  avec  prière  de  vouloir  les  confirmer. 

Le  comte  y  lut  que  peu  de  jours  auparavant,  le  18  août  1327,  le  bailli 
étant  encore  «  en  sa  plaine  santé  de  cors,  »  faisait  néanmoins  son  testa- 
ment, en  présence  de  Jean,  abbé  d'Orval,  de  Jean  de  Verton,  chevalier, 
son  cousin  et  de  Jean,  curé  d'Avioth  et  doyen  de  la  chrétienté  de  Juvigny. 
Après  avoir  choisi  l'abbaye  d'Orval  pour  lieu  de  sa  sépulture  et  fondé  une 
chapelle  dans  l'église  de  ce  monastère  ;  il  priait  «  homme  noble  et  puis- 
«  sant,  son  très  chier  et  ameit  seigneur,  Loy  comte  de  Los  et  de  Chiny 
«  qu'il  leur  veille  (aux  religieux  d'Orval)  amortir  et  faire  joir  de  celui 
«  héretage,  se  nuls  les  en  voloit  tort  faire.  »  Venaient  ensuite  une  foule  de 
donations  presque  toutes  pieuses,  au  milieu  desquelles  on  trouve  celle-ci. 

«  Item  de  la  debte  que  messires  de  Los  et  de  Chiny  me  doit,  c'il  li  plait, 
t  sens  conleir,  je  l'en  quitte  trois  cens  livres  tournois  et,  dou  remanant, 
«  je  domp  à  mons.  Jake  de  Verton,  chlrs,  mon  cousin,  dolz  cens  livres, 
«  et  li  remananl  après  soit  partis  à  mes  hoirs  et  as  hoirs  ma  dame  Aelis, 
«  et  c'il  plait  à  mons.  avoir  le  compe,  je  veil  qu'il  l'ait  (3).  »  Que  de 
simplicité  dans  cette  antique  façon  d'agir,  mais  aussi  que  de  noblesse,  de 
respect  et  de  généreux  dévouement  ! 

(1)  Inter  mansionem  scholastici...  et  montem  nostrum  castrensem  in  Los.  Robyns,  Diplom. 
loss.,  p.  33.  Le  titre  donné  à  cette  pièce  :  Litlern  qua  constat  castrum  lossense  jam  dirutum 
anno  i326,  est  au  moins  hasardé  et  incomplet. 

(2)  Cart.  de  St-Lamb.,  nn  576.  Émanant  du  chapitre  et  non  d'un  notaire  impérial,  cette 
charte  est  nécessairement  datée  dans  le  style  de  Liège. 

(3)  Cartulaire  d'Orval,  page  360. 


—    227    — 

Le  8  septembre  qui  suivit  la  mort  de  messire  Jacques  de  Lus,  le  comte 
Louis  VI  déclarait,  de  concert  avec  la  comtesse  Marguerite,  sa  femme,  que 
tous  les  biens  dont  avait  disposé  le  défunt  mouvaient  de  lui,  comme  sei- 
gneur suzerain,  qu'ils  ne  pouvaient  en  conséquence  être  aumônes  sans  son 
agrément  ;  mais  que  «  pour  le  remède  de  l'aime  doudit  monsigneur  Jake, 
«  et  en  recompensation  des  boins  et  loiaulz  services  qu'il  nous  avoit  fait  à 
«  sa  vie  ;  pour  le  remède  de  nos  aimes  et  de  nos  ancessours,  aussi  pour  la 
«  faveur  et  la  grani  dévocion  que  nos  ancessours,  contes  et  contesses  de 
«  Chiny,  ont  euit  à  ladite  églize  d'Orvaulz,  et  que  nous  yavonsausi,  lesdit 
«  don  et  amoine  que  lidis  messires  Jakes  et  madame  Aelis,  sa  femme,  ont 
«  fait  des  chozes  deseurdites  à  ladite  églize  d'Orvaulz,  pour  nous  et  pour 
«  nos  hoirs,  avons  greit  et  gréons,  amortit  et  amortissons,  etc  (1).  » 

Cette  charte  de  Louis  VI,  n'étant  destinée  qu'à  confirmer  et  à  amortir  les 
donations  faites  par  le  bailli  défunt  à  l'abbaye  d'Orval,  ne  nous  apprend 
pas  si  ce  comte  a  bien  accueilli  le  legs  que  lui  offrait  si  délicatement  son 
fidèle  vassal. 

Le  10  décembre  de  la  même  année,  Louis  était  à  Bruxelles  avec  le 
prince-évêque  de  Liège.  Ils  y  prirent  des  engagements  réciproques,  relatifs 
a  leurs  revenus  que  les  perturbuteurs  avaient  confisqués.  A  l'avenir  ils 
travailleront  de  concert  à  rentrer  en  possession  de  ces  revenus  et  à  les 
transmettre  à  leurs  successeurs,  el  ils  s'abstiendront  de  faire  l'un  sans 
l'autre  des  arrangements  sur  cette  matière  avec  les  Liégeois  ou  leurs  adhé- 
rents. Que  si  l'évêque  de  Liège  venait  à  publier  des  statuts  ou  des  ordon- 
nances à  ce  sujet,  il  veut  que  le  comte  de  Looz  et  ses  successeurs  «  en 
«  aient  telle  part  de  droiture,  comme  ils  auraient,  si  les  ...  échevins  en 
«  jugeaient  (2).  » 

Au  printemps  de  l'année  1328,  les  troupes  des  villes  confédérées  de 
Liège,  de  Tongres  et  de  Saint-Trond,  formant  un  effectif  de  trois  mille 
hommes,  s'approchèrent  de  Huy,  pour  commencer  les  hostilités.  Après 
quelques  escarmouches,  elles  attaquèrent  cette  ville,  mais  l'évêque,  sou- 
tenu par  les  bourgeois,  fit  une  si  vigoureuse  résistance  qu'il  les  mit  en 
fuite  après  les  avoir  décimés.  Pour  venger  leur  défaite,  les  confédérés  se 
mirent  à  brûler  et  h  ravager  la  Hesbaye  et  le  comté  de  Looz.  L'évêque  et 
le  comte  Louis  VI  n'avaient  pas  assez  de  troupes  pour  tenir  la  campagne  ; 
ils  firent  appel  au  comte  de  Gueldre.  Grâce  à   ce  secours,  les  confédérés 

(1)  Cartulaire  d'Orval,  page  665. 

(2)  Charte  inédite.  Daris,  Hist.  de  Looz,  tome  I,  page  527. 


-    228    — 

furent  vaincus  et  forcés  d'accepter  la  paix  de  Wihogne  qu'ils  avaient  re- 
poussée en  1326  (1). 

L'évêque  de  Liège  manquait  d'argent.  11  avait  emprunté  douze  mille  livres 
à  ce  même  comte  de  Gueldre,  huit  mille  a  son  chapitre  et  quatre  mille  à 
Jean  roi  de  Bohême  et  de  Pologne,  comte  de  Luxembourg.  Il  pria  le  comte 
Louis  VI  de  rembourser  en  son  nom  cette  dernière  somme  au  roi  Jean, 
et,  pour  garantie,  il  lui  remit,  le  4  juillet  1328.  une  promesse  écrite  de 
lui  céder  le  château  de  Bouillon,  s'il  ne  la  lui  avait  pas  remboursée  à  lui- 
même  pour  le  12  juin  1329,  et  en  outre  mille  livres  a  titre  de  dédomma- 
gement (2).  Puisqu'on  ne  voit  nulle  part  que  le  comte  Louis  VI  ait  été 
possesseur  du  château  de  Bouillon,  il  faut  conclure  que  la  condition  a  été 
remplie  avant  le  terme  fixé. 

Le  22  août  1328,  le  vieux  comte  Arnulphe  IV  rendait  le  dernier  soupir, 
et  le  comte  Louis,  après  lui  avoir  fait  prodiguer  les  honneurs  suprêmes, 
accompagnait  sa  dépouille  mortelle  h  l'abbaye  d'Averbode,  qu'il  avait  choisie 
pour  lieu  de  sépulture. 

Louis  VI  assistait  à  Bruxelles,  le  28  octobre  suivant,  au  contrat  d'un 
mariage  que  la  mort  devait  rompre  avant  même  qu'il  fût  accompli.  Le  duc 
de  Brabant  et  le  comte  de  Hainaut  étaient  convenus  de  marier  ensemble 
tous  leurs  enfants.  Déjà,  en  13^2,  il  avait  été  décidé  que  Guillaume,  fils 
aîné  du  comte,  épouserait  Jeanne,  fille  aînée  du  duc.  Cette  fois  c'était  l'in- 
verse :  Jean,  Ois  aîné  du  duc,  devait  épouser  Isabelle,  fille  du  comte.  Pour 
saisir  quelque  chose  des  mille  ramifications  de  parenté  qui  existaient  dans 
les  familles  princières  de  cette  époque,  recherchons  les  rapports  les  plus 
immédiats  qu'avaient  entre  eux  quelques-uns  des  trente  a  quarante  témoins 
de  ce  contrat.  Après  les  noms  des  pères  et  mères  des  deux  fiancés,  vien- 
nent les  suivants  :  «  Renaud,  comte  de  Gueldre  ;  Jean,  comte  de  Namur, 
Willaume,  comte  de  Juliers;  Louis  comte  de  Looz  ;  Godefroid,  seigneur 
de  Heinsberg  ;  Florent  Berthout,  seigneur  de  Malines  ;  Gérard,  seigneur  de 
Diest,  châtelain  d'Anvers,  etc.  (3).  »  Or,  le  comte  de  Gueldre  était  parent 
de  la  fiancée,  puisqu'il  descendait  comme  elle  de  la  célèbre  comtesse  de 
Flandre,  Marguerite  de  Constantinople  ;  il  était  gendre  de  Florent  Berthout. 
Le  comte  de  Namur  descendait  également  de  la  comtesse  Marguerite.  Celui 
de  Juliers  était  le  beau-frère  de  la  fiancée  et  l'oncle  à  la  mode  de  Bretagne 

"""(1)  Hocsem,  dans  chap.  tom.  II,  pag.  395,  etc.;  Gest.  abb.  Trud.  cont.  II,  p.  II,  de  gest. 
Adae,  cap.  13;  Dans,  Hist.  de  Looz,  p.  528. 

(2)  Chartes  de  Saint-Lambert,  n°  581. 

(3  Monum.  de  St-Gen.  lre  part,  page  219. 


-    229    - 

du  comte  de  Looz  et  de  Chiny.  Enfin  celui-ci  était  le  beau-frère  des  sires 
de  Heinsberg  et  de  Diest,  également  de  Gilles  Berthout  qui,  en  mourant, 
avait  laissé  à  son  oncle  Florent  tous  ses  droits  sur  la  ville  de  Malines. 

Entre  Jean  l'Aveugle  et  le  comte  de  Bar  régnaient  de  profonds  dessenli- 
ments  ;  mais  le  roi  quittait  la  Belgique  au  commencement  du  mois  de 
juillet  1328.  Il  rentrait  à  Prague  le  17  du  même  mois,  six  jours  après,  il 
s'élançait  sur  l'Autriche  et  la  Hongrie,  y  conquérait,  en  moins  de  quatre 
mois,  une  quarantaine  de  villes  et  de  places  fortes,  puis  concluait  la  paix, 
revenait  victorieux  dans  sa  capitale  de  Bohême  et  reparaissait  l'année  suivante 
dans  son  pays  de  prédilection,  le  duché  de  Luxembourg. 

Les  hostilités  avec  le  comte  de  Bar  commencèrent  aussitôt  et  les  deux 
armées  se  poussèrent  dans  la  plaine  devant  Florenville.  Les  Annales  de 
Mouzon  nous  apprennent  que  la  bataille  fut  très  meurtrière.  Plusieurs  nobles 
personnages,  ajoutent-elles,  y  perdirent  la  vie  ou  la  liberté,  entré  autres 
messires  Alexandre  de  Bazeilles  et  Ourillies  de  Landres,  tous  deux  cheva- 
liers, messires  Habran  de  Breux  et  Bichier  d'Aufflance.  Les  deux  premiers 
furent  tués,  les  deux  autres  faits  prisonniers.  Ils  étaient  tous  du  parti  du 
comte  de  Bar  (1).  Dès  le  13  août  de  cette  même  année,  on  posait  à  Mar- 
ville  les  bases  d'une  sincère  réconciliation. 

Comme  on  le  voit,  le  comte  de  Chiny  s'était  trouvé  dans  une  des  situa- 
tions les  plus  compromettantes,  car  il  était  vassal  des  deux  rivaux.  On 
ignore  complètement  la  conduite  qu'il  tint  au  milieu  de  ces  difficultés. 

Des  trois  faits  connus  qui  appartiennent  à  l'année  1330  et  qui  concernent 
le  comte  de  Looz  et  de  Chiny,  le  plus  important  est  la  belle  donation  qu'il 
fil  à  la  ville  de  Hasselt.  Par  une  charte  datée  du  23  août,  il  déclare  que, 
en  vue  du  bien  public  de  la  ville  et  des  habitants  de  Hasselt,  et  en  mé- 
moire des  services  que  lui  avaient  rendus  le  maire,  les  échevins,  les  jurés 
et  toute  la  communauté  de  cette  ville,  il  leur  donne  a  toujours  tous  les 
fossés,  grands  et  petits,  qui  lui  servent  d'enceinte  et  de  défense,  ainsi  que 
les  constructions,  et  les  terres  plantées  ou  semées  qui  font  partie  des  for- 
tifications, de  sorte  qu'à  l'avenir  ils  pourront  en  disposer  selon  leur  bon 
plaisir.  Il  leur  donne  encore  tous  les  droits  d'aisances  du  territoire  de 
Hasselt  et  même  de  certaines  parties  des  territoires  voisins.  Ensuite  il 
approuve  et  confirme  toutes  les  franchises  et  tous  les  privilèges  qui  leur 
ont  été  accordés  par  ses  ancêtres  ;  également  toutes  les  coutumes  et  tous 
les  statuts,  tels  qu'ils  existaient  alors.  Enfin  il  promet,  sous  la  foi  du  ser- 
ti) Publ.  hist.  Luxemb.  tome  XIX,  p.  73  ;  Pertz,  Mon.  Germ.  tom.  V,  p.  105. 


—    230    — 

ment,  en  son  nom  et  au  nom  de  ses  successeurs,  de  maintenir  et  de  faire 
maintenir  ces  concessions. 

Il  prie  ensuite  son  cher  neveu  et  futur  successeur  Godefroid  de  Heins- 
berg  et  de  Blanckenberg,  chevalier,  fils  aine  de  Thierry,  sire  de  Heinsberg 
et  de  Blanckenberg,  d'apposer  son  sceau  a  côté  du  sien  (1). 

Cette  même  année  Louis  confirma  les  privilèges  de  l'abbaye  d'Averbode. 
Le  prélat  de  cette  abbaye  élait  chancelier  perpétuel,  garde-scel,  camérier 
et  conseiller  des  comtes  de  Looz  (2). 

Le  12  octobre,  Louis  VI  se  trouvait  a  Malines,  avec  le  comte  de  Hainaut 
Guillaume  le  Bon.  La  mort  assez  récente  de  Sophie  Berlhout,  femme  du 
comte  de  Gueldre  ;  la  mort  prochaine  et  prévue  du  vieux  Florent  Berlhout; 
les  dispositions  peu  rassurantes  de  son  gendre  quant  a  l'avouerie  de  Ma- 
lines, et  surtout  les  fiançailles  de  Guillaume,  futur  comte  de  Juliers  et 
petit-fils,  par  sa  mère  Jeanne,  du  comte  de  Hainaut,  avec  Marguerite,  l'ainée 
des  quatre  filles  que  la  comtesse  défunte  laissait  à  son  mari  (3)  ;  telles  sont  les 
raisons  qui  peuvent  expliquer  la  présence  à  Malines  des  comtes  de  Hainaut 
et  de  Chiny.  Ils  profitèrent  de  leur  rencontre  pour  faire  un  contrat  relatif 
à  Mirwart.  Louis  VI  vendit  a  Guillaume  le  Bon  «  toute  la  terre  et  héritage 
qu'il  avait  au  ban  et  au  territoire  de  St-Pierre  à  Chevigny,  en  ban,  justice  el 
autres  droits,  ainsi  qu'il  les  avait,  et  que  Thierri  de  Mirewal  les  avait  autre- 
fois donnés  à  sa  sœur,  lors  de  son  mariage  avec  Thierri  Damelle  {ailleurs 
Dametté),  de  qui  ce  comte  de  Loos  avait  eu  cette  terre.  »  Le  prix  n'est 
pas  indiqué.  La  charte  du  comte  Louis  était  scellée  de  son  grand  sceau  en 
cire  verte  ;  elle  était  accompagnée  d'une  pièce  moindre,  scellée  seulement 
du  petit,  sceau  de  ce  comte.  Elle  contenait  la  promesse  «  de  rendre  au 
comte  de  Hainaut  tous  les  privilèges,  chartes  et  lettres,  touchant  la  terre 
et  les  revenus  du  ban  de  St-Pierre  à  Chevigny.  »  Ces  deux  actes  sont  datés 
de  «  Malines,  le  vendredi  après  la  St-Denis  1330  (4).  » 

Les  esprits  s'étaient  calmés  peu  à  peu  dans  le  pays  de  Liège.  Depuis  un 
an  les  bourgeois  de  Saint-Trond  avaient  fait  leur  soumission  au  prince- 

(1)  Cette  charte  est  en  latin.  On  la  trouve  entière  dans  Mantellius,  Hist.  Los.  page  254. 

(2)  Notice  sur  l'abbaye  d'Averbode,  page  118,  et  Codex  diplom.  loss.  page  227,  par 
Wolters. 

(3)  Marguerite  fut  en  effet  fiancée  à  Guillaume  VI,  comte  de  Juliers,  avant  la  vente  au 
comte  de  Flandre  de  l'avouerie  de  Malines  (1333).  Le  mariage  n'eut  pas  lieu  et  Marguerite 
mourut  célibataire  en  1346.  C'est  Marie,  la  plus  jeune  de  ses  trois  sœurs  qui  devint  la  femme 
du  comte  Guillaume  VI.  On  verra  plus  loin  que  Mathilde,  seconde  fille  du  comte  Renaud  et 
de  Sophie  Berthout  épousa  le  quinzième  comte  de  Chiny.  Jeanne,  la  troisième  se  fit  reli- 
gieuse. Recherches,  etc.  par  V.  d.  Branden  de  Reeth,  page  174. 

(4)  Mon.  anc.  de  St-Gen.  1™  partie  page  340. 


—    231     — 

évêque  dans  les  conditions  les  plus  humiliantes.  Deux  cents  des  plus  no- 
tables, y  compris  les  chefs,  étaient  sortis  de  la  ville,  nu-tête,  nu-pieds, 
chacun  tenant  un  glaive  la  pointe  tournée  vers  sa  poitrine,  et,  suivis  de 
tous  les  habitants,  étaient  venus  à  l'évêque  qui  se  tenait  avec  l'abbé  de 
Saint-Trond  dans  une  plaine  peu  éloignée.  Là  ils  s'étaient  tous  prosternés 
et  avaient  demandé  grâce  (1). 

On  ne  voit  pas  que  le  comte  Louis  VI  ait  été  présent  à  ces  formalités 
singulières,  tant  goûtées  autrefois.  Sa  qualité  d'avoué  de  Saint-Trond  ne 
lui  permettait  pas  d'aller  repaître  ses  yeux  d'un  spectacle  aussi  honteux 
pour  ceux  dont  il  était  le  défenseur  né  ;  mais,  d'autre  part,  les  procédés 
dont  il  avait  lui-même  a  se  plaindre  le  forçaient  d'abandonner  les  habitants 
de  cette  ville  au  malheureux  sort  qu'ils  avaient  mérité.  L'année  suivante, 
lorsque  l'effervescence  des  passions  fut  un  peu  calmée,  il  conclut  lui-même 
un  trailé  de  paix  et  d'alliance  avec  les  habitants  de  Saint-Trond. 

Le  comte  Louis  VI  avait,  nous  l'avons  dit,  une  prédilection  particulière 
pour  sa  sœur  Jeanne  et  les  deux  enfants  qu'elle  eut  de  son  second  mariage, 
Arnoul  et  Marie.  Aussi  voulut-il  leur  donner  un  témoignage  magnifique  de 
ses  sentiments.  Il  existe  deux  résumés  de  la  charte  qu'il  fit  a  celte  occa- 
sion, l'un  dans  l'ouvrage  de  Mantellius  (2),  l'autre  dans  les  manuscrits  de 
Lefort.  Cette  dernière  pièce,  étant  plus  authentique  et  peu  ou  point  connue, 
mérite  d'avoir  ici  la  préférence. 

«  L'an  1331,  le  mardi  après  la  Pentecoste,  Louis  comte  de  Looz  et  de 
Chiny,  donne  par  donation  entre  vifs,  à  toujours,  à  sa  chère  etbien-aimée 
sœur  légitime,  Jcnne  de  Looz,  dame  de  Quaebecke,  et  a  son  fils  légitime, 
son  cher  et  bien-aimé  neveu,  Arnoud,  le  village  de  Rummen,  avec  tout  ce 
qui  en  dépend,  sçavoir  :  aussy  loing  et  large  que  la  justice  de  Rummen 
s'étend,  avec  haute,  moyenne  et  basse  justice;  en  chapons,  moulins,  cens, 
preits,  terres,  bois,  rivières,  étangs,  hauteurs,  et  toutes  autres  choses, 
ainsy  qu'il  les  at  eu  possédé,  et  comme  son  seigneur  père  les  at  aussy  eu 
possédé  ;  excepté  seulement  que  ledit  comte  de  Looz  se  réserve  le  droit 
féodal,  le  son  de  la  cloche  de  Rummen  et  les  prières  du  cloistre  d'Orient. 
Fait  à  Carence,  en  présence  de  nos  hommes  et  gentils-hommes  :  noslre 
bien-aimé  neveu  Arnould,  seigneur  de  Sleyne  ;  monsieur  Gosivin  van  Elde- 
ren,  chevalier  ;  L ou > s  de  Looz,  noslre  fils  naturel;  Ghis  van  Curingen, 
qu'on  appelle  Schooulcete  ;  et  seigneur  Renier  van  den  Schuren  ;  et  mon- 

i)  Gest.  abb.  Trud.  Cont.  III,  part.  II,  de  gest.  Adae.,  cap  14. 
^  (2)  Hist.  Loss.  page  252. 


—    232    — 

sieur  Martin  van  Loen,  qui  est  dit  frère  dudit  comte  Louis,  et  chevalier. 
11  est  aussi  parlé  de  Louis,  seigneur  de  Dipenbeeck,  etc.,  lesquels  ont  tous 
scellé  ladite  donation  (I).  » 

Citons  deux  autres  petits  détails  de  cette  époque.  Louis  VI  percevait,  par 
l'entremise  du  receveur  de  Namur,  une  rente  qui  «  lui  appartenait  sur  les 
revenus  de  Fleurus.  »  Il  en  donna  quittance  le  jeudi,  5  mars  1031,  style 
ancien  (2).  Le  vendredi  de  la  semaine  suivante,  il  se  trouvait  au  couvent 
de  Hocht,  non  loin  d'Aix-la-Chapelle,  en  compagnie  de  l'évêque  de  Liège 
et  d'autres  membres  de  sa  famille.  Cette  assemblée  avait  pour  but  de  ter- 
miner amiablement  une  contestation  qui  s'était  élevée  entre  les  deux  fils 
aînés  du  sire  de  Heinsberg,  mort  récemment.  Thierry,  le  plus  âgé  de  ces  deux 
frères,  sera  un  jour  l'héritier  des  comtés  de  Looz  et  de  Chiny.  La  mort  de 
son  père  Godefroid  II,  venait  de  le  faire  seigneur  de  Heinsberg  et  de 
Blanckenberg,  mais  non  sans  des  réclamations  de  la  part  de  Jean,  son 
frère.  Le  bon  accord  fut  rétabli  par  voie  d'arbitrage  (3). 

Le  roi  de  France,  Philippe  de  Valois,  avait  exprimé  à  Jean  III,  duc  de 
Brabant,  le  désir  de  voir  une  alliance  entre  sa  fille  Marie  et  l'héritier  pré- 
somptif du  duché.  Mais  le  prince  brabançon  préférait,  on  le  sait,  chercher 
pour  ses  enfants  des  alliances  dans  la  maison  de  Hainaut.  Quelque  ménagé 
que  soit  un  refus,  il  irrite  nécessairement  un  roi  plus  ambitieux  que  ca- 
pable. Bientôt  après,  le  roi  maria  son  fils  aîné  avec  Bonne,  fille  de  Jean 
l'Aveugle.  Il  voyait,  dit-on,  dans  ce  monarque,  peu  favorable  au  duc,  un 
instrument  dont  il  se  servirait  prochainement  pour  assouvir  ses  rancunes. 
Une  autre  cause  de  mécontentement  du  roi  de  France  était  l'hospitalité 
généreuse  que  le  duc  donnait  à  Robert  d'Artois,  leur  commun  parent.  Dans 
sa  haine  maladroite,  le  roi  avait  essuyé  un  second  refus,  en  demandant  que 
ce  prince  lui  fut  livré.  C'est  alors  que  Philippe  de  Valois  devint  l'âme  d'une 
ligue  formidable  contre  le  duc  Jean.  Son  influence  sur  le  roi  Jean  l'Aveugle, 
l'influence  de  celui-ci  sur  les  autres  princes,  expliquent  les  moyens  qui 
furent  mis  en  œuvre.  On  réveilla  les  torts  des  ancêtres  du  duc  et  on  les 
adjoignit  aux  sujets  de  mécontentement  qu'il  avait  lui-même  donnés  aux 
princes;  bref,  le  11  mai  1332,  le  comte  Louis  VI  se  liguait  contre  «  haut, 
bon  et  noble  Jean,  duc  de  Brabant,  »  avec  le  roi  de  Bohême,  l'archevêque 
de  Cologne,  l'évêque  de  Liège,  les  comtes  de  Gueldre  et  de  Juliers,  le 

(1)  Archiv.  de  l'État  de  Liège,  IIIe  partie,  feuille  volante.  L'extrait,  dit-il,  est  d'une  copie 
authentique  en  flamand. 

(2)  Première  partie,  page  970  des  Monum.  Ane.  de  St-Genois. 

(3)  Wolters,  Codex  diplomat.  lossensis,  page  229. 


—    233    — 

connétable  de  France,  le  comte  de  Namur  et  Guy  son  frère,  et  avec  le  sire 
de  Beaumont.  Ce  qu'il  y  a  de  remarquable,  c'est  que  ce  traité  d'alliance  a 
été  fait  dans  les  états  du  duc,  à  Perwez  en  Brabant.  La  raison  en  est  que 
depuis  cinq  jours  déjà,  tous  ces  princes  étaient  sortis  de  Liège,  pour  aller, 
selon  la  triste  coutume  de  ces  temps,  faire  des  dégâts  sur  les  terres  du 
duché  (I). 

Pendant  que  les  princes  délibéraient,  leurs  troupes,  après  avoir  incendié 
Hannut,  brûlèrent  les  faubourgs  de  Jodoigne  et  firent  d'autres  ravages.  Le 
13  mai,  une  trêve  fut  conclue  par  l'entremise  du  comte  de  Hainaut. 

Ce  comte  adhérait  à  la  ligue  ;  mais  par  un  reste  de  ménagement  envers 
le  duc  Jean  111,  il  s'était  abstenu  d'en  sceller  l'acte.  Le  duc  de  Bar,  qui 
faisait  également  partie  de  l'expédition,  avait  agi  de  même. 

Durant  tout  cet  orage  déchaîné  sur  sa  tête,  Jean  III  avait  fait  preuve  de 
fermeté  et  de  prudence.  La  trêve  ouvrit  carrière  à  son  habileté  diplomatique. 
11  lui  fallait  a  tout  prix  détruire  la  ligue  formée  contre  lui.  Que  faire? 
Après  tout,  son  fils  aîné,  pour  lequel  il  avait  refusé  la  main  de  Marie  de 
France,  n'était  que  fiancé  a  une  princesse  de  Hainaut.  C'était  le  cas,  ou 
jamais,  de  rompre  de  simples  fiançailles.  Son  parti  pris,  il  fit  des  ouvertures 
en  ce  sens  au  roi  Philippe.  Celui-ci,  chez  qui  l'ambition  dominait  tout, 
même  la  fierté,  envoya  deux  évêques  pour  «  présenter  au  duc  toute  sorte 
d'asseurance  »  et  l'inviter  à  une  entrevue. 

Le  roi  était  alors  a  Compiègne  ainsi  que  tous  les  princes  confédérés  du 
11  mai  précédent.  Le  20  juin  1332,  Jean  III  vit  le  monarque  en  tête  à  tête 
et  lui  façonna  l'esprit  à  sa  guise,  au  point  de  le  détacher  de  tous  les  princes 
réunis  à  sa  cour.  Pour  sauver  les  apparences,  il  fut  convenu  que  le  roi  se 
donnerait  comme  arbitre  entre  les  princes  et  le  duc  de  Brabant.  Ces 
arrangements  faits,  Jean  III  rédigea  un  acte  où  il  déclare  qu'il  «  remet  à 
«  l'arbitrage  du  roi  de  France  le  jugement  des  différends  qu'il  avait  avec 
«  l'archevêque  de  Cologne,  l'évêque  de  Liège,  les  comtes  de  Luxembourg, 
«  Gueldre,  Juliers,  Los-Chiny  et  Namur,  avec  le  seigneur  de  Beaumont  et 
«  Guy  de  Namur  (2).  » 

(1)  Hocsem,  dans  Chapeaville,  tome  II,  page  408;  Wolters,  ibidem,  page  231  ;  Monum.  de 
St-Genois,  I  part.,  p.  202. 

(2)  Monum.  anciens,  ibidem,  page  989. 

Hocsem,  ibidem;  Art  de  vérifier  les  dates,  tome  VI,  page  48;  Mantellius,  Histor.  loss., 
p.  258  ;  Dynter,  traduct.  de  Vauquelin,  liv.  V,  page  790  ;  Trophées  du  Brabant,  tome  [,p.  &03. 
Dynter  dit  que  le  roi,  informé  des  injustes  machinations  des  princes,  les  repoussa  etc.  Voir 
Liv.  V.,  p.  561.  C'est  trop  d'enthousiasme  pour  le  duc.  Le  roi  trahit  ses  alliés  ;  mais  rien 
n'oblige  de  croire  qu'il  fut  impoli. 

17 


—    234    — 

Que  se  passa-t-il  le  lendemain  et  les  deux  jours  suivants?  On  l'ignore. 
Il  est  à  croire  que  le  roi  cacha  sa  volte-face  sous  des  grands  airs  de  satis- 
faction et  qu'il  essaya  de  présenter  le  duc  à  ceux  qu'il  avait  ligués  contre 
lui,  cinq  semaines  auparavant.  Ces  princes  en  furent  indignés.  Le  24 
juin,  ils  se  réunirent  à  Compiègne  et  firent  un  acte  solennel,  résumé  de  la 
manière  suivante  dans  les  Monuments  de  St-Genois. 

«  Jean,  roi  de  Bohême  et  de  Pologne,  et  comte  de  Luxembourg;  Walerand, 
archevêque  de  Cologne  ;  Adolphe,  évêque  de  Liège  ;  Renaud,  comte  de 
Gueldre  ;  Willaume,  comte  de  Juliers,  et  Louis,  comte  de  Los  et  de  Chiny  ; 
Raoul,  comte  d'Eu  et  de  Guines,  connétable  de  France  ;  Jean  de  Hainaut,  sire 
de  Beaumont  ;  Jean,  comte  de  Namur,  et  Guy  de  Namur,  frères,  promettent  . 
de  vivre  ensemble  en  bonne  amitié,  de  faire  terminer  à  l'amiable  les  diffé- 
rents qu'ils  pourraient  avoir,  et  de  ne  point  appeler  le  duc  de  Brabant  à  leur 
secours.  A  Compiègne,  le  jour  St-Jean-Baptiste  1332  (1).  » 

Un  point  qui  est  omis  dans  ce  résumé,  c'est  que  les  amiables  compositeurs 
devront  se  réunir  à  Binche,  dans  le  cas  où  les  discordes  «  seraient  en  romain 
pays,  »  et,  dans  le  cas  où  elles  seraient  «  en  thiois  pays,  »  dans  «  la  ville  de 
Hays  (2).  » 

Les  princes  confédérés  laissèrent  le  roi  et  le  duc  consolider  leur  récente 
amitié  par  les  fiançailles  de  la  princesse  Marie  avec  l'héritier  présomptif  du 
Brabant,  et,  après  avoir  accepté,  non  sans  mauvaise  grâce,  Philippe  de 
Valois  en  qualité  d'amiable  compositeur,  ils  reprirent  le  chemin  de  leurs 
états.  Le  roi  les  avait  ajournés  pour  le  mois  de  mai  de  l'année  suivante 
dans  la  ville  de  Cambrai. 

De  retour  chez  eux,  ces  princes  ne  tardèrent  pas  a  donner  libre  cours  à 
leur  mécontentement.  La  cession  de  Malines  au  comte  de  Flandre  était  un 
des  plus  mauvais  tours  qu'il  fût  possible  de  jouer  au  duc  de  Brabant. 
C'était  lui  créer  un  adversaire  de  plus  dans  la  personne  du  puissant  comte 
Louis  de  Nevers,  et  fournir  à  celui-ci  un  point  d'appui,  ou  même  une 
espèce  de  camp  retranché,  au  sein  même  des  états  de  J'ennemi  commun. 
Cette  ville  dépendait  de  l'évêque  de  Liège  et  du  comte  de  Gueldre.  Ils  la 
vendirent  au  comte  de  Flandre.  Aussitôt  le  duc  de  Brabant  de  réclamer  et 
contre  l'évêque  qui,  prétendait-il,  n'avait  pu  aliéner  une  partie  de  sa  prin- 

(1)  St-Gen.  ibidem  page  979.  En  français  et  en  parchemin,  scellé  des  sceaux  de  ces 
princes. 
(•2)  Wolters,  cod.  diplom.  loss.,  page  23i. 


—    235    — 

cipauté  sans  le  consentement  de  l'avoué  du  pays  de  Liège,  et  contre  le 
comte  de  Gueldre,  qui  avait  agi  sans  l'aveu  de  son  suzerain,  puisque 
l'avouerie  de  Malines  était  un  fief  de  Brabant. 

Le  8  janvier  1334,  une  nouvelle  ligue  se  constitua  dans  la  ville  de  Va- 
lenciennes  contre  le  puissant  duc.  Elle  se  composait  du  même  roi,  Jean 
l'Aveugle,  de  l'archevêque  de  Cologne,  de  l'évêque  de  Liège,  des  comtes 
de  Flandre,  de  Hainaut,  de  Gueldre,  de  Juliers,  de  Zélande,  de  Looz  et 
Chiny,  d'Eu  et  Guines,  de  Namur,  de  Soissons  et  de  Guy  de  Namur.  Ces 
treize  princes  promettaient  de  se  détendre  et  de  s'assister  mutuellement 
contre  le  duc  de  Brabant  (1). 

Heureusement  pour  le  duc  Jean  III  que  le  comte  de  Bar  n'entra  pas 
dans  cette  conjuration. 

Dynter  rapporte  que  les  duchés  de  Brabant  et  de  Limbourg  furent,  pen- 
dant neuf  à  dix  mois,  cernés  de  toutes  paris  et  soumis  a  une  espèce  de 
blocus.  Cet  état  de  chose  commença,  dit-il,  le  II  novembre  1332  et  dura 
jusqu'au  1er  septembre  suivant.  Ici  Dynler  est  en  retard  d'une  année  en- 
tière. Cette  erreur  et  plusieurs  autres  proviennent  de  ce  qu'il  place  la 
prise  de  Rolduc  au  31  mars  1333,  et  non,  comme  il  convient,  au  11  mars 
de  l'année  suivante. 

La  guerre  n'a  donc  recommencé  sérieusement  que  vers  la  fin  de  l'au- 
tomne 1333,  et  n'a  déchaîné  toutes  ses  furies  qu'après  la  nouvelle  ligue 
formée  à  Valenciennes,  alors  que  les  hérauts  réunis  de  tous  les  princes 
confédérés  eurent  fait  au  duc  de  Brabant  les  sommations  d'usage.] 

Le  métier  des  armes  avait,  pour  les  Brabançons,  beaucoup  perdu  de  son 
prestige,  depuis  que  l'opulence  et  la  richesse  devenaient  décidément  le 
partage  de  la  bourgeoisie  (2). 

Aussi  le  duc  se  vit-il  obligé  d'appeler  à  sou  secours  son  parent,  le  comte 
de  Bar.  A  cette  époque  il  n'y  avait  aucune  honte,  même  pour  un  prince, 
de  se  mettre  momentanément  au  service  d'un  autre  prince,  sans  embrasser 
pour  cela  son  parti,  si  ce  n'est  pour  un  temps  très  limité.  Ces  espèces 
d'engagements  ne  se  contractaient  généralement  que  pour  trois  semaines, 
terme  ordinaire  de  ce  qu'on  appelait  alors  une  chevauchée. 

Edouard  J,  comte  de  Bar,  était  donc  arrivé  dans  le  duché  de  Brabant 
avec  un  corps  de  troupes  formé  de  «  trois  cens  bachines  et  gens  très-bien 

(1)  A  Valenciennes,  la  nuit  des  Rois,  1383.  Mon.  anc.  de  St-C.en.  l«  part,  page  204. 

(2)  Hocsem,  dans  Chapeav.,  tome II,  page  415:  Ditalis  numqueburgensibus,  et  depauper- 
tatis  militibus  et  scutiferis,  et  numéro  diminutis,  contra  consuetudincm  pristinain  dux  sup- 
plementum  de  stipendiariis  faciebat. 


-    236    - 

estofîés  (4).  »  On  remarquait  entre  autres  les  comtes  de  Salm  et  de  Vianden, 
avec  les  sires  de  Grimberg  et  de  Manderscheidt  (2). 

C'était  au  commencement  du  mois  de  mars  1334.  Depuis  près  de  deux 
mois,  le  comte  de  Looz  et  de  Chiny  était  occupé,  avec  plusieurs  autres 
princes,  à  faire  le  siège  de  Rolduc,  place  forte  du  duché  de  Limbourg.  Ce 
siège  touchait  a  sa  lin.  Déjà  même  il  était  convenu  que,  si  la  ville  n'était 
pas  secourue,  elle  ouvrirait,  peu  de  jours  après,  ses  portes  aux  vainqueurs. 
Les  princes  étaient  tellement  sûrs  du  succès  que  la  plupart  d'entre  eux 
s'étaient  quelque  peu  éloignés,  laissant  au  roi  de  Bohème  le  soin  d'achever 
l'entreprise.  Quant  au  comte  Louis  VI,  il  était  allé,  avec  l'évoque  de  Liège, 
au  monastère  d'Hoçht,  lieu  choisi  pour  l'examen  de  quelques  différends 
qui  existaient  entre  le  nouveau  sire  de  Heinsberg,  futur  comte  de  Looz  et 
de  Chiny,  et  son  frère  puîné,  Jean  de  Heinsberg. 

Cependant  le  comte  de  Bar,  avec  ses  trois  cents  preux  et  un  corps  de 
Brabançons,  venait  de  livrer  bataille  «.  a  une  très-grosse  compagnie  (de 
Flamands  qui)  estoienl  entrés  en  Brabant  et  faisoient  ung  très-grant  bruit, 
semblant  que  tout  fuist  à  eulx.  )>  Sa  victoire  était  complète  ;  car  <r  incon- 
tinent, les  Flamens  furent  déconfis  et  s'enfuirent  qui  mieux  mieux,  et  en  y 
eut  grant  fuison  d'ochis  et  de  prins.  Et  fu  la  déconfiture  en  un  lieu  que 
on  dit  Ten  Hellekenne.  Et  de  ces  Flamens  envoyèrent-ils  à  Bruxelle  plus 
de  trois  cens  prisonniers  dont  les  Brabanchons  furent  moult  resjouis,  et 
emprisèrent  très-grandement  le  comte  de  Bar  et  tous  ceux  qui  avoient  esté 
aveuc  li  à  la  bataille  (3).  » 

On  commençait  à  parler  de  cet  événement  dans  le  Limbourg,  lorsqu'une 
nouvelle  tout  autrement  grave  tomba  comme  la  foudre  dans  le  camp  des 
confédérés.  Le  duc,  y  disait-on,  arrivait  à  marches  forcées,  en  compagnie 
du  comte  de  Bar. 

L'auteur  de  l'Histoire  du  Limbourg  affirme,  sans  en  donner  la  preuve, 
que  le  duc  de  Brabant  «r  se  mit  en  marche  avec  le  comte  de  Bar  (4).  » 
Mais,  s'il  en  est  ainsi,  comment  expliquer  l'inaction  absolue  de  ce  vaillant 
guerrier  ;  car  il  n'est  fait  de  lui  aucune  mention  dans  les  événements  qui 
vont  suivre.  D'autre  part,  pouvait-il,  sans  violer  tous  ses  devoirs  de  suze- 

(1)  Wauquelin,  page  795.  Dynter  cap.  12G  :  «Cum  trecentis  galeatorum  lunicis  sive  loricis 
squammatis  armatorum.  »  page  504. 

(2)  Ibidem. 

(3)  Hocsem  ne  parle  que  de  cent  et  deux  prisonniers  de  melioribils,  dit'il  ;  ce  qui  en  sup- 
pose d'autres  de  moindre  qualité.  Ibidem  page  415. 

(4)  Ernst,  tome  V,  page  45. 


—    237    - 

rain,  aller  combattre  Louis  VI,  comte  de  Chiny  ?  Pouvait-il  assister  impas- 
sible ou  prendre  part  a  la  dévastation  du  comté  de  Looz?  Certes  il  n'en 
fallait  pas  tant  pour  rendre  toute  liberté  à  son  vassal  et  pour  lui  faire 
transporter  son  hommage  au  roi  de  Bohême  ou  h  tout  autre  prince.  Ajou- 
tons que  d'autres  engagements  liaient  le  comte  de  Bar  à  ce  même  roi  de 
Bohême  ;  mais  ce  n'est  pas  ici  le  lieu  d'en  parler. 

A  la  rigueur  le  comte  de  Bar  a  pu,  sans  forfaire,  guerroyer  contre  le 
comte  de  Flandre,  parce  qu'il  ignorait,  du  moins  officiellement,  la  ligue  de 
Valenciennes  ;  mais  la  devait  s'arrêter  sa  coopération.  11  est  donc  à  sup- 
poser que  le  comte  reprit  le  chemin  de  ses  états,  au  moment  où  le  duc 
pénétrait  dans  le  Limbourg. 

Le  8  mars,  Jean  III  avait  passé  la  Meuse  à  Macstricht  et  était  venu  cam- 
per sur  les  hauteurs  de  Galoppe  (1). 

Lorsque  le  roi  de  Bohême  reçut  la  nouvelle  que  le  duc  devait  arriver  la 
nuit  suivante  devant  la  ville  de  Rolduc,  il  en  «  fu  moult  esbahis,  et  dist 
que  il  ne  polroit  chou  croire.  »  Lorsqu'il  en  eut  la  certitude,  il  se  plaignit 
que  «  son  cousin,  le  conte  de  Flandres  l'avoit  faussement  et  honteusement 
déchu,  »  en  lui  promettant,  à  lui  et  à  ses  confédérés,  de  serrer  le  duc  de 
Brabant  de  si  près  qu'il  ne  pourrait  passer  la  Meuse.  Cette  première  émo- 
tion passée,  «  le  roi  de  Bohesme  manda  a  l'arcevcsquc  de  Coulongne,  à 
l'évesque  de  Liège,  au  conte  de  Los,  et  à  plûisieurs  aullres  grands  barons, 
que,  bien  en  haste,  à  tous  leurs  gens  d'armes,  le  plus  tôt  que  ils  polroient 
et  le  plus  estolTément  de  combatans,  venissent  pour  prendre  ung  grant 
poisson,  ..  ou  vif  ou  mort;  de  laquelle  chose  il  ne  faisoit  nulle  doubte  (2).» 

La  ville  de  Sittart  faisait  alors  partie  du  duché  de  Limbourg.  C'était  une 
conquête  glorieuse  de  Jean  III  sur  le  brave  Renaud,  sire  de  Fauquemont  et 
de  Montjoie.  Le  duc  avait  confié  le  commandement  de  celte  place  à  Arnold, 
sire  de  Steyn,  neveu  du  comte  Louis  VI.  Sans  songer  au  danger  qu'il  y  avait 
de  laisser  cette  place  sans  garnison,  il  envoya  au  commandant  l'ordre  de 
le  rejoindre.  Celui-ci  obéit  à  l'instant.  C'était  une  double  imprudence. 
Dès  que  les  habitants  de  Sittart  s'aperçurent  que  leur  ville  était  dégarnie, 
ils  résolurent  de  rappeler  leurs  anciens  souverains  et  fermèrent  leurs 
portes  (3). 

A  la  vue  des  retranchements  qui  protégeaient  les  troupes  assiégeantes, 

(1)  Hocsem,  ibidem. 

(2)  Wauquelin,  page  797. 

(3)  Hocsem,  page  797  ;  Wauquelin,  page  800  ;  Dynter,  ib.,  p.  oC7. 


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le  duc  comprit  que,  dépourvu  comme  il  l'était  de  machines  de  guerre,  il 
perdrait  son  temps  à  les  attaquer.  Il  lui  fallait  donc  les  attirer  en  rase 
campagne  ;  aussi  n'épargna-t-il  aucune  sorte  de  provocations.  Le  lende- 
main, il  vint  présenter  la  bataille,  sommant  <r  le  roy  et  les  aultres  seigneurs 
que  ils  restituassent  sa  ville  de  Rode,  ou  (qu')  ils  venissent  sur  les  champs 
combattre  contre  lui»  »  Ses  ennemis  étaient  bien  décidés  à  le  satisfaire  ; 
mais  ils  voulurent  d'abord  le  railler  et  l'invitèrent  à  dégager  auparavant  la 
ville  de  Rolduc,  comme  il  l'avait  si  bien  promis. 

Tout  à  coup  les  choses  changèrent  de  face.  Le  duc  apprit  à  la  fois  que 
le  comte  Louis  VI  acceptait  son  défi,  et  que  sa  retraite  en  Brabant  était 
devenue  impossible;  car  le  même  comte  avait  rompu  les  ponts.  Le  duc  en  fut 
«  moult  esmerveillié,  »  d'autant  plus  «  que  ledit  conte  de  Los  lui  avoit 
piécha  fait  offrir  et  concéder  son  service,  et  otlriié  le  passage  parmi  sa 
conté  libéralement  et  franchement  (1).  > 

La  manière  dont  parlent  Dynter  et  son  traducteur  tendrait  a  faire  croire 
que  Louis  VI  avait  récemment  permis  au  duc  de  traverser  le  comté  de 
Looz.  C'est  trop  de  naïveté.  Évidemment  Jean  III  n'avait  pas  informé  son 
ennemi  qu'il  se  proposait  de  venir  le  combattre  à  Rolduc  et  ne  lui  avait-il 
pas  demandé  l'autorisation  de  passer  et  de  repasser  sur  ses  terres.  Que 
Louis  VI  ou  ses  prédécesseurs  aient,  en  temps  de  paix,  permis  aux  ducs 
de  Brabant  de  traverser  amicalement  leur  comté  de  Looz  pour  se  rendre 
dans  le  Limbourg,  c'est  possible  et  même  très  probable  ;  mais  si  Jean  III 
s'est  «  émerveillé,  »  en  apprenant  quel  parti  venait  de  prendre  Louis  VI, 
ce  fut  uniquement  pour  cacher  son  dépit  et  donner  un  prétexte  a  ses 
projets  de  vengeance. 

Ce  duc  venait  de  subir  un  échec  humiliant.  Après  avoir  promis  de  déli- 
vrer Rolduc,  il  avait  en  effet  paru  sous  ses  murs  au  moment  suprême,  mais 
pour  s'y  voir  dans  la  cruelle  alternative  ou  de  fuir  ou  d'assister  l'arme  au 
poing  à  sa  capitulation.  D'autre  part  quelques  heures  avaient  suffi  pour 
intervertir  les  rôles.  Tantôt  il  était  le  provocateur  ;  provoqué  maintenant  et 
sachant  que  ses  ennemis  se  rapprochaient,  il  ne  se  sentait  pas  plus  disposé 

(1)  Mane  facto,  in  summo  diliculo,  prrelibatus  dux,  clangenti  tuba  exercitu  suo  coadunato 
et  deinde  in  campis  ante  Rode,  vexillis  suis  explicatis,  suisque  gentibus  ad  debellandum 
adversarios,  in  ordine  debito  positis,  fuerunt  sibi  praesentatae  certiB  litterae  diffidatoriae  ex 
parte  comitis  lossensis,  fuitque  tune  sibi  etiam  reportatum  qualiter  idem  cornes  in  terra  sua 
pontes  et  passagia  dirui  et  evelli  fecerat,  ne  dux  per  dictum  suum  comitatum  redire  valeret. 
Unde  dux  multum  adiuirabatur,  pi'yesertim  cum  idem  cornes  sibi  transitum  per  suam  ter- 
rain liberalitcr  annuens  et  concedens,  suum  servitium  fecerat  oflerri.  Dynt.  lib.  V,  cap.  131, 
pag.  008. 


-    239    - 

qu'eux  h  combattre  contre  des  forces  supérieures.  Il  allait  donc  reprendre 
pour  son  propre  compte  tous  les  sarcasmes  qu'il  avait  envoyés  aux  troupes 
confédérées. 

Au  même  moment  le  duc  fut  informé  que  l'évêque  de  Liège  songeait  à 
lui  fermer  le  passage  de  Maestricht.  Cette  nouvelle  hâta  son  départ  ;  il  dé- 
campait le  lendemain  «  pour  s'en  r'aler  en  sa  terre  de  Brabant.  »  Heureu- 
sement il  trouva  libre  le  pont  de  Maestricht,  de  sorte  qu'il  «  estoit  ja  re- 
passés quant  l'évesque  vint.  Et  quant  li  duc  fu  oullre  Tret  (Maestricht),  il 
entra  en  la  conté  de  Los,  que  il  commencha  comme  toute  à  fourdryer,  à 
ardoir,  à  pillier  et  à  rober  ;  ne  il  ne  laissa  à  paines  villages  nuls  où  il  ne 
boutast  les  feux.  Et  ils  prinrent  les  Brabanchons  grant  foison  de  prisonniers 
et  de  bagages,  que  ils  reportèrent  et  remmenèrent  aveuc  eulx  en  leur  pays 
de  Brabant;  et  en  furent  tous  riches  (1).  » 

Où  était  le  comte  de  Looz  et  de  Chiny  pendant  que  le  duc  assouvissait 
ainsi  sa  vengeance?  Tout  indique  qu'il  était  à  proximité  de  Rolduc,  lors- 
qu'il informa  Jean  III  de  sa  prochaine  arrivée.  On  conçoit  en  eiïet  qu'à 
une  saison  froide  et  pluvieuse,  les  alliés  ne  laissaient  dans  les  retranche- 
ments que  le  nombre  de  troupes  absolument  nécessaire  pour  les  défendre. 
Le  reste  de  l'armée  devait  être  cantonné  dans  les  villages  voisins.  C'est  la 
sans  doule  que  le  comte  Louis  aura  reçu  le  message  du  roi  de  Bohême,  et 
c'est  de  la  qu'il  aura  pris  ses  mesures  pour  empêcher  son  ennemi  de  re- 
passer dans  ses  états  lossains.  Mais  est-ce  la  trop  grande  précipitation  de 
ce  comte,  ou  la  lenteur  de  l'évêque  de  Liège,  chargé  de  la  garde  du  pont 
de  Maestricht,  qui  a  fait  manquer  le  «  grant  poisson,  »  changé  le  lende- 
main en  un  monstre  dévastateur?  Pour  répondre  à  de  pareilles  questions, 
il  faudrait  être  beaucoup  plus  rapproché  ou  mieux  informé  de  ces  événe- 
ments lointains. 

De  retour  à  Nivelles  le  duc  se  plaignit  beaucoup  et  menaça  de  s'en  aller 
«  de  rechief  sur  ses  ennemis  ;  mais  après  un  conseil  de  guerre,  tenu  a 
Bruxelles,  il  reconnut  prudemment  la  nécessité  d'un  armistice  et  permit 

(1)  Wauquelin,  page  800.  Dynter  s'exprime  ainsi:  Mane  autem  facto  et  exercitu  clangenti 
tuba  coadunato,  dux  cum  suis  se  transtulit  versus  Trajectum,  causa  ulterius  progrediendi 
versus  terram  suam  Brabantiam...  Episcopus  vero  Leodiensis  fuit  cum  magna  potentia  in 
motu,  qui  si  tempestive  supervenisset,  forsitam  ingressum  ducis  in  Trajectum  impendiisset. 
In  crastinum  dux  ex  Trajecto  proficiscens,  per  terrain  Lossenscm,  Beringhen  et  ommes 
alias  villas  rurales,  omniaquealiaquse  reperit  extra  castra  et  oppidamuratainter  Trajectum 
et  Brabantiam  depopulando  devastavit,  incendio,  gladio  atque  praeda  sive  rapina,  unde 
quamplures  ex  spoliis  acquisitis  et  hominum  captionibus  fuerunt  ditati.  Lib.  V.  cap.  13, 
parj.  570. 


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au  roi  de  Navarre  et  aux  deux  comtes  d'Estampes  et  d'Alancon,  d'aller  le 
demander  aux  princes  confédérés.  Ceux-ci  l'accordèrent  sans  peine.  Mais 
ils  se  montrèrent  plus  difficiles,  lorsqu'on  leur  proposa  de  nouveau  la  média- 
tion du  roi  de  France.  Il  finirent  cependant  par  y  consentir,  à  condition 
que,  jusqu'à  la  sentence  définitive  de  ce  monarque,  les  choses  resteraient 
dans  le  statu  quo,  c'est-à-dire  que  le  Drabant  et  le  Limbourg  continueraient 
à  être  cernés  de  toutes  parts. 

Ces  négociations  préliminaires  avaient  duré  jusqu'au  21  mars,  et  avaient 
abouti  à  une  trêve  de  quarante  jours  pendant  laquelle  Philippe  de  Valois 
devait  accorder  les  partis.  Dès  le  lendemain  les  princes  confédérés  faisaient 
route,  qui  pour  leurs  états,  qui  pour  la  France,  où  presque  tous  devaient 
se  rejoindre.  Le  23,  le  roi  de  Bohème  était  à  Huy,  avec  ses  cousins  les 
comtes  de  Chiny  et  de  Soissons.  Avant  de  les  quitter  momentanément,  il 
leur  remit  certaines  lettres  d'indemnité  dont  on  possède  deux  résumés  : 
l'un,  daté  du  23  mars,  dans  l'Inventaire  des  chartes  de  Saint-Lambert  ; 
l'autre,  daté  du  26  mars,  dans  les  Monuments  anciens  de  St-Genois  (1). 
Voici  à  quelle  occasion.  Le  roi  Jean  avait  acquis  de  l'évêque  de  Liège, 
Adolphe  de  la  Marck,  les  villages  de  Villance,  de  Graides  et  de  Maissin, 
avec  leurs  bans  et  toutes  leurs  dépendances.  Dans  l'impossibilité  de  payer 
immédiatement,  il  avait,  selon  l'usage,  fourni  au  prélat  ses  pleiges  ou  cautions, 
lesquels  étaient  ses  deux  compagnons  de  voyage.  Il  lui  restait  une  dernière 
formalité  à  remplir  ;  c'était  de  promettre  à  ceux-ci  sous  serment  et  sous  la 
garantie  de  tous  ses  biens,  de  les  dégager  des  obligations  qu'ils  avaient 
contractées  envers  l'évêque  de  Liège.  Tel  est  l'objet  de  ces  lettres. 

De  Huy,  le  roi  se  rendit  dans  son  duché  de  Luxembourg.  Il  se  trouvait 
dans  la  ville  même  de  Luxembourg  le  40  avril  suivant,  c'est  ce  que  prouve 
un  acte  de  ce  jour  (2).  Comme  l'évêque  de  Liège  prenait  les  devants  et 
devait  bientôt  rencontrer  le  comte  de  Hainaut,  le  roi  avait  chargé  ce  prélat 
de  lui  acheter,  si  c'était  possible,  la  seigneurie  de  Minvart.  En  effet,  dès 
le  1  avril,  l'évêque  et  le  comte  passaient  dans  l'abbaye  d'Orcamp,  au 
diocèse  de  Noyon,  le  contrat  préliminaire  qui  transportait  cette  seigneurie 
au  comte  de  Luxembourg  (3). 

Le  29  de  ce  même  mois,  l'abbaye  d'Orcamp  voyait  dans  ses  murs, 
outre  l'évêque  et  le  comte  de  Hainaut,  le  roi  de  Bohême,  avec  les  comtes 

(1)  Schoonbroodt,  000  ;  St-Gen.  lre  partie,  page  277. 

(2)  Chlumecky,  cod.  dipl.  Morav.  V.  Wurth-Paq.  Livrais.  XX,  p.  G. 

(3)  Wùrth-Paquet,  ibidem  ;  Bertholet,  tome  VI,  page  99. 


»    241     — 

de  Gueldre  et  de  Chiny,  et  beaucoup  d'autres  seigneurs.  C'est  alors  que  fut 
fait  le  contrat  définitif  de  la  vente  de  Mirwart.  La  charte  émane  de  l'évêque 
de  Liège,  suzerain  de  celte  terre.  Le  prix  est  de  «  trente  mille  petitz  florins 
de  Florence,  de  pois  et  de  loy,  lesquels  lidit  conte  de  Havnault  recognut 
et  confessât  que  le  dit  roy  de  Boème  luy  avoit  bien  pleynement  soulz  et 
payet.  »  Les  témoins  sont  :  «  Haus  hommes  et  nobles  Renaut,  comte  de 
Gueldre;  Loys,  comte  de  Looz  et  de  Chiny,  notre  cousin  et  féalz  ;  Waultier 
de  Warfeseis,  sr  de  Moniale  ;  Rase,  dit  Masereit  ;  Arnold  de  Ardanges  ; 
Rasse  de  Pinthaye,  chevaliers  ;  Nyvarc  de  Loncin,  escuyer,  notre  varlct,  et 
plusieurs  autres,  nos  hommes  de  fiez,  h  ce  et  pour  ce  requis  et  appeliez  (1).  » 

Enfin  la  paix  fut  conclue,  le  26  août,  dans  la  ville  d'Amiens  (2).  Parmi 
les  innombrables  stipulations  qui  se  firent  à  la  suite  et  en  conformité  du 
traité  de  paix,  on  voit  le  duc  s'engager  à  payer  une  somme  de  six  mille 
florins  à  son  cousin  le  comte  de  Looz  (3).  Hocsem,  auteur  contemporain, 
rapporte  que  le  duc  a  payé  :  160,000  réaux  au  roi  de  Bohême,  35,000  a 
l'archevêque  de  Cologne,  130,000  à  l'évêque  de  Liège,  13,000  au  comte  de 
Juliers  et  18,000  au  comte  de  Looz  (4)  ;  faible  dédommagement  sans  doute 
pour  toutes  les  pertes  qu'il  avait  éprouvées  pendant  la  guerre. 

Un  des  premiers  actes  du  comte  Louis  VI,  en  rentrant  dans  le  comté  de 
Looz,  fut  de  donner  son  assentiment  à  la  construction  d'une  chapelle  dédiée 
à  la  sainte  Vierge  dans  la  ville  de  Hasselt,  entre  l'église  paroissiale  et  celle 
des  Auguslins,  presque  à  égale  distance  de  ces  deux  églises.  Il  n'en  vit  pas 
l'achèvement. 

Il  employa  l'hiver  suivant  à  faire,  avec  Raoul,  duc  de  Lorraine,  une  con- 
vention fort  détaillée,  relative  a  la  dot  de  la  comtesse  Marguerite,  tante  du 
duc.  Lors  du  mariage  de  cette  princesse  avec  Guy  de  Flandre,  le  duc 
Thibaut  II,  son  père,  lui  avait  donné  pour  dot  les  «  terres,  châteaux,  villes 
et  appartenances  de  Charmes,  Mircourt  et  Darney,  »  plus  une  rente  annuelle 
de  deux  mille  livres  tournois,  à  percevoir  «  sur  les  salines  de  Rosières.  » 
Marguerite  possédait  les  actes  authentiques  de  celle  donation  ;  mais,  depuis 
plus  de  vingt-quatre  ans  elle  n'avait  rien  louché  de  ce  chef.  Elle  réclamait 
donc  à  son  neveu  les  arrérages  de  ces  vingt-quatre  années.  De  son  côté  le 

(1)  Recueil  des  Édits,  par  Louvrex,  tome  IV,  page  '212. 

(2)  Dynter,  ibid.,  pages  573-591  ;  Louvrex,  Édits,  tome  I,  p.  175. 

(3)  Monum.  anciens,  t.  I,  page  27S. 

(4)  Dans  Chapeaville,  tome  II,  page  417.  Ces  18000  réaux  font  environ  157000  francs,  somme 
alors  considérable. 


—    242     - 

duc  réclamait  a  sa  tante  et  a  son  oncle,  le  comte  Louis  VI,  «  les  fruits  et 
levées  qu'ils  avaient  faits  de  la  terre  de  Fleurine  (Florennes)  et  de  ses 
appartenances.  » 

Pour  régler  ces  points,  il  fut  convenu  que  le  duc  de  Lorraine  garanti- 
rait au  comte  et  a  la  comtesse  une  rente  annuelle  de  quinze  cents  livres 
petits  tournois,  le  gros  valant  douze  deniers,  «  sur  toutes  les  villes  (terres?) 
et  chastellenies,  villes  et  forteresses  de  Charmes,  de  Dompairc.  »  Cette 
rente  était  personnelle  à  la  duchesse  et  viagère.  Quant  aux  châteaux  de 
Florennes  et  de  Peys,  le  comte  et  la  comtesse  continueront  d'en  percevoir 
les  revenus,  jusqu'à  la  mort  du  dernier  survivant.  Après  quoi  ces  biens 
reviendront  a  la  maison  de  Lorraine.  Ils  pourront  seulement  en  distraire  à 
leur  gré  deux  cents  livrées  de  terre.  A  ces  conditions,  le  comte  et  la  com- 
tesse cédèrent  immédiatement  au  duc  le  château  et  la  ville  de  Sarguemines, 
y  compris  les  dépendances.  Ces  derniers  biens  leur  appartenaient  «  pour 
cause  de  don  de  mariage.  » 

Il  existait  d'autres  difficultés  encore,  notamment  au  sujet  de  la  succession 
du  Thibaut  II  et  de  la  duchesse,  sa  femme.  Pour  les  aplanir,  on  convint 
de  nommer  deux  arbitres.  Le  duc  porta  son  choix  sur  messire  Gérard  de 
Haraucourt,  sire  de  Louppy,  chevalier;  le  comte  et  la  comtesse,  sur  messire 
Willaume  de  Biourges,  également  chevalier.  Que  si  ces  deux  personnages 
ne  parvenaient  pas  à  s'entendre,  les  autres  clauses  du  traité  n'en  seraient 
pas  moins  obligatoires. 

Enfin  Louis  VI  et  Marguerite  sa  femme,  s'engageaient  à  remettre  immédiate- 
ment au  duc  tous  les  titres  concernant  «  Charmes,  Mircourt  et  Darney,  » 
ainsi  que  ceux  qui  leur  conféraient  la  rente  de  deux  mille  livres  sur  les 
salines  de  Rosières.  Pour  ce  qui  était  des  titres  relatifs  aux  terres  de 
Florennes  et  de  Peys,  ils  promettaient  de  les  lui  rendre  ultérieurement.  En 
retour  le  duc  promettait  d'employer  tout  son  pouvoir  à  maintenir  sa  tante 
en  possession  de  tous  les  biens  susmentionnés,  dans  le  cas  où  elle  survivrait 
à  son  mari.  Ce  accord  portait  la  date  du  «  jeudi  après  l'Apparition 
(Epiphanie)  de  Nostre  Seigneur,»  l'an  1334, c'est-à-dire  le  12  janvier  1335(1). 

Presque  en  même  temps,  Louis  VI  prenait  part  à  la  conclusion  d'un 
traité  célèbre  dans  les  annales  de  Liège.  Bornons-nous  à  en  dire  quelques 
mois.  Depuis  trente-huit  ans  déjà  les  principales  familles  de  cette  princi- 

(1)  Compte  rendu  de  la  Com.  d'Hist,  série  III,  tome  X,  page  107.  A  la  rigueur  ce  pourrait 
être  le  13  janvier  1334.  Eu  cette  année  l'Epiphanie  tombait  le  jeudi.  Le  jeudi  suivant  coïnci- 
dait donc  avec  l'octave.  Il  eût  été  plus  naturel  de  dire,   le  jeudi,  octave  de  l'Apparition. 


—    243    — 

pauté  se  livraient  à  ces  luttes  fratricides,  dites  guerres  des  Avvans  et  des  Wa- 
roux.  Trente-deux  mille  guerriers  y  avaient  laissé  la  vie.  Celte  fureur  de  destruc- 
tion, due  non  à  la  haine,  mais  à  une  sotte  appréciation  de  l'honneur,  venait 
enfin  de  se  ralentir,  un  peu  faute  d'aliment,  comme  l'incendie.  Une  trêve 
de  trois  ans  avait  été  conclue,  le  25  septembre  1334.  Les  deux  partis 
avaient  même  fait  choix  chacun  de  six  personnages,  chargés  de  rédiger  un 
traité  de  paix. 

Pour  venir  en  aide  à  ces  bonnes  dispositions,  l'évêque  et  son  clergé,  le 
comte  Louis  VI  et  les  magistrats  tant  de  Liège  que  des  autres  villes  de  la 
principauté,  déclarèrent,  le  8  mars  1335,  que  «  pour  terminer  les  horribles 
et  sanglantes  guerres,  »  qui  duraient  depuis  si  longtemps,  ils  tiendraient 
t  pour  bien  fait,  résolu  et  ordonné,  »  tout  ce  que  les  douze  élus  feront, 
résoudront  et  ordonneront.  Deux  mois  après  (16  mai  1335),  fut  promulgué 
ce  beau  traité  de  paix  qu'on  peut  lire  dans  les  écrivains  liégeois  (1). 

Au  mois  de  juin  de  cette  même  année,  on  aperçoit  Louis  VI  empruntant 
à  son  cousin  le  comte  de  Hainaut  la  somme  de  cent  cinquante  vieux  gros 
tournois,  remboursable  dans  trois  semaines  (2). 

Tout  en  travaillant  à  ramener  la  paix  dans  le  pays  de  Liège,  Louis  VI 
s'occupait  alors  de  l'établissement  des  Frères  Mineurs  dans  la  ville  d'Ivoix. 
Bien  qu'on  ne  sache  pas  à  quelle  époque  furent  entamées  les  négociations 
relatives  à  cette  établissement,  il  est  nécessaire  d'admettre  que  ce  lut  vers 
la  fin  de  la  vie  du  comte  Louis  VI.  En  effet  Benoît  XII  n'était  pape  que 
depuis  le  20  décembre  1334.  Or  c'est  à  lui  que  le  comte  et  la  comtesse  écri- 
virent pour  le   prier  de  consentir  a   cette  nouvelle  fondation.   La  bulle 
pontificale  nous  apprend  en  outre  que  le  comte  et  la  comtesse  de  Chiny 
avaient  eux-mêmes  permis  aux  religieux  Mineurs  de  la  province  de  Lorraine 
d'acquérir  ou  de  recevoir,  dans  la  ville  d'Ivoix,  un   lieu  propre  à  la  con- 
struction d'une  église  et  d'un  couvent.  Le  pape  remet  la  décision  de  cette 
affaire  à  l'archevêque  de  Trêves,  Bauduin  de  Luxembourg,  en   lui  recom- 
mandant d'examiner  s'il  est  utile  de  créer  un  pareil  établissement,  ensuite 
si  la  ville  d'Ivoix  peut  convenablement  entretenir  douze  religieux  francis- 
cains. 


(1)  Voir  notamment  Jacques  d'Hemricourt,  édition  de  Jalhcau,  pages  264,  3U(.KJ-2I. 

(2)  Mon.  Ane.  de  St-Gen.,  I  part.,  p.  406. 


—    244    — 

Le  2i  novembre  1335. 

Benedictus  episcopus,  servus  servorum  Dei,  venerabili  fratri  archiopiscopo 
trevirensh  salutem  et  apostolicam  benedictionem. 

Sacrœ  Religionis  dilectorurn  filiorum,  fratrum  ordinis  Minorum,  promeretur 
honcstas  ut  petitiones  ipsorum,  illas  praesertim  qute  ampliationera  Deo  gratam 
et  dictis  fratribus  ac  aliis  Christi  lidelibus  salutarem  ordinis  praedicti  respi- 
ciunt,  quantum  cum  Deo  possumus,  ad  exauditionis  votivae  gratiam  favora- 
biliter  admittamus. 

Cum  itaque,  sicut  ex  tenore  petitionis  pro  parte  dilectorurn  filiorum  fratrum 
ejusdem  ordinis  de  custodia  Lotharingiae  nobis  oblatse  collegimus,  dilectus 
filius  nobilis  vir  Ludovicus,  cornes,  et  dilecta  in  christo  filia  nobilis  mulier 
Margarita  de  Lotharingia,  comitissa  de  Loz  et  de  Chineyo,  conjux  ejus  (1), 
eisdem  fratribus  acquirendi  seu  obtinendi  in  villa  sua  de  Yvodio,  tuas  diœce- 
sis,  locum  ubi  dicti  fratres  ecclesiam  et  domos  pro  babitatione  ipsorum 
necesssarias,  construere  valeant  et  habere,  concesserunt  libère,  quantum  sua 
interest,  per  eorum  patentes  litteras,  plenam  et  liberam  potestatem,  pro 
parte  fratrum  praidictorum  fuit  nobis  humiliter  supplicatum,  ut  eis  recipiendi 
locum  hujusmodi  in  dicta  villa  licentiam  concedere  dignaremur. 

Nos  itaque,  qui  statum  prosperum  et  ampliationem  hujusmodi  dicti  ordinis 
plenis  desideriis  affectamus,  prsefatorum  comitis  et  comitissse,  qui  super  hoc 
nobis  per  suas  patentes  litteras  humiliter  supplicarunt,  et  eorumdem  fratrum 
supplicationibus  humiliter  (favorabiliter?)  inclinati,  fraternitatis  tuœ,  de  qua 
plenam  in  Domino  fiduciam  gerimus,  per  apostolica  scripta  mandamus  et 
committimus  quatenus,  si  est  ita,  et  in  dicta  villa  expédiât  fieri,  ac  ibidem 
duodecim  fratres  dicti  ordinis  secundum  eorum  regulam  honeste  et  congrue 
vivere  ac  perpetuo  sustentari  possint,  eisdem  fratribus  auctoritate  nostra 
concédas  hujusmodi  licentiam  postulatam,  jure  parochialis  ecclesiaB  et  cujus- 
libet  alterius  in  omnibus  semper  salvo. 

Datum  Avenione  VIII  kalendas  decembris,  pontificatus  nostri  anno  primo  (2). 

La  vie  du  comte  Louis  VI  s'epuisail  de  plus  en  plus  rapidement.  En 
lui  devait  s'éteindre  la  branche  masculine  de  la  seconde  dynastie  des  comtes 
de  Chiny,  car  il  était  le  dernier  descendant  mâle  du  comte  Arnulphe  III  et 
de  la  comtesse  Jeanne.  Mantellius  affirme  qu'il  lit  un  testament,  mais  il 
n'en  donne  pas  la  preuve.  Selon  cet  auteur,  il  choisit  pour  héritier  Thierry, 
sire  de  Heinsberg  (3).  Ce  prince  était  le  fils  aîné  de  Mathilde,  seconde 

(1/  L'auteur  dit  dans  une  note  marginale  Legi  débet  filia.  C'est  une  erreur. 

(2)  Mir.  et  Fopp.,  diplomat.,  tom.  IV,  pagin.  593. 

(3)  Ilist.  lossensis,  pag.  201. 


-    245    — 

sœur  du  comte  Louis  ;  mais  on  sait  que  la  première  n'avait  pas  eu  d'enfant. 
C'était  donc  Thierry  qui  devait  hériter  ab  intestat  des  deux  comtés  de  son 
oncle,  puisque  la  branche  collatérale  masculine,  dite  d'Agimont,  y  avait 
autrefois  formellement  renoncé.  Il  était  dès  lors  peu  nécessaire  que  Louis  fit 
un  testament,  du  moins  pour  cet  objet.  Ajoutons  qu'il  n'avait  pas  le  droit 
d'intervertir  l'ordre  naturel  de  la  succession  à  ces  comtés.  Peut-être  cepen- 
dant a-t-il  voulu,  par  le  moyen  d'un  testament,  empêcher  l'église  de  Liège 
de  réclamer  le  comté  de  Looz,  en  qualité  de  fief  masculin,  excluant  les 
branches  féminines. 

Peu  avant  sa  mort  Louis  VI  rendit  perpétuelle  une  donation  faite,  par 
son  beau-frère  Gérard  de  Diest,  a  la  chartreuse  de  Zeelhcm.  11  s'agissait 
d'une  rente  annuelle  de  quarante  muids  de  seigle  et  de  trente  livres  noirs 
petits  tournois.  Celte  rente  provenant  du  douaire  de  Marie  de  Looz,  pre- 
mière femme  de  Gérard  et  sœur  du  comte,  ne  pouvait  être  donnée  défini- 
tivement par  Gérard.  A  sa  mort,  elle  redevenait  de  droit  la  propriété  des 
comtes  de  Looz  (I). 

On  connaît,  h  trois  jours  près,  la  date  de  la  mort  du  comte  Louis  VI. 
Selon  Mantellius,  il  expira,  après  avoir  reçu  pieusement  les  secours  de 
l'Église,  le  20  janvier  1330,  un  peu  avant  la  nuit  (2).  L'Art  île  vérifier  les 
dates  lui  prolonge  la  vie  jusqu'au  lendemain  (3)  et,  en  un  autre  endroit,  jus- 
qu'au surlendemain  (-4).  Le  manuscrit  de  Suxy,  tout  en  confondant  ce 
comte  avec  son  grand-oncle  Louis  V,  le  fait  néanmoins  mourir  «  la  nuict 
SS.  Sébastiain  et  Fabiain,  »  c'est-à-dire  la  nuit  du  19  au  20  janvier.  Enfin 
Butkens  dit  également  qu'il  «  trespassa  le  19  janvier  de  l'an  1336.  » 
Quant  à  la  menteuse  épitaphe,  dont  il  nous  faudra  bientôt  parler,  elle  parle 
du  19  janvier  1330. 

Le  même  manuscrit  de  Suxy  nous  apprend  que  Louis  VI  rendit  le  dernier 
soupir  au  château  de  Stokhem,  aujourd'hui  province  de  Limbourg.  11  ajoute 
que  «  ses  exèques  furent  célébrées  a  Maseick  et  (que)  en  Liège  fut  consulté 
de  sa  succession.  «  Malgré  la  confusion  que  fait  le  chroniqueur,  de  Louis  V 
et  de  Louis  VI,  il  est  évident  qu'il  parle  ici  du  dernier  de  ces  deux  comtes; 
car  la  succession  du  premier  ne  pouvait  être  l'objet  d'aucune  délibération, 
tandis  que  celle  de  Louis  VI  devait  presque  nécessairement,  vu  les  préten- 

(1)  Mantellius,  ibidem,  page  249. 

(2)  Ibidem,  page  262. 

(3)  Tome  XIV,  page  2G5. 

(4)  Ibidem,  page  274. 


—    246    — 

lions  déjà  avouées  du  chapitre  de  Liège,  donner  lieu  aux  discussions  les 
plus  embrouillées  sur  le  loi  salique. 

La  phrase  qui  suit  immédiatement  dans  le  manuscrit  de  Suxy  traite  du 
lieu  de  sépulture  du  comte  Louis.  Il  y  est  dit  que  le  cœur  de  ce  comte  fut 
inhumé  devant  l'autel  de  saint  Thibaut  à  Suxy. 

Nous  avons  cité  celte  phrase  dans  la  vie  de  Louis  V,  supposant  qu'elle 
s'appliquait  à  ce  comte.  C'est  Louis  Y  en  effet,  et  non  son  arrière-neveu,  qui 
fut  le  fondateur  du  prieuré  de  Suxy  et  le  grand  bienfaiteur  des  habitants 
de  ce  lieu.  Mais  la  vraisemblance  n'est  pas  toujours  vraie.  Il  peut  donc  se 
faire  que  le  passage  précité  concerne  le  comte  Louis  VI  et  Marguerite  de 
Lorraine,  sa  femme. 

Louis  VI,  dit  le  P.  Berlholet,  était  «  un  prince  d'un  naturel  doux,  modéré 
<r  dans  les  affaires  civiles,  brave  et  intrépide  dans  la  guerre,  libéral  envers 
«  les  siens,  fidèle  à  garder  ses  promesses,  ferme  à  maintenir  la  justice  et 
«  vigilant  a  la  faire  observer.  Il  s'acquit  par  tant  de  belles  qualités  l'amour 
«  et  l'estime  de  tous  les  gens  de  bien  (I).  » 

Tempérons  cet  éloge  en  rappelant  que  ce  prince,  mort  sans  enfants 
légitimes,  en  laissait  trois  illégitimes,  savoir  :  un  fils  nommé  Louis,  qu'il  cite 
lui-même  dans  sa  charte  du  21  mars  1331,  et  deux  filles,  Elisabeth  et  Marie. 
Cette  dernière  épousa  le  seigneur  de  Peer. 

A  l'exception  des  prévôtés  de  Montmédy  et  deNeufchàteau,  tout  le  comté 
de  Chiny  devait  appartenir,  en  qualité  de  douaire,  à  la  comlesse  Marguerite. 
C'est  ce  que  l'on  verra  dans  la  charte  citée  plus  loin.  Aussi,  h  partir  de  la 
mort  de  son  mari  jusqu'à  la  sienne,  arrivée  Ireize  ans  plus  tard,  Marguerite 
de  Lorraine  fut-elle  considérée  comme  la  vraie  souveraine  de  la  majeure 
partie  du  comté  de  Chiny.  Telle  est  la  cause  des  erreurs  dans  lesquelles 
sont  tombés  la  plupart  des  historiens.  Pour  eux  celte  princesse  devait  être 
l'héritière  directe  des  comtes  de  Chiny.  Son  neveu  Thierry  d'Heinsberg 
dut,  pendant  ces  treize  années,  se  contenter  de  la  propriété  foncière,  sauf 
dans  les  deux  prévôtés  susdites,  où  il  percevait  les  droits  de  souveraineté. 

Après  la  mort  de  son  mari,  la  comtesse  vécut  selon  toute  apparence, 
dans  le  recueillement  et  la  retraite.  On  verra  dans  la  vie  de  Thierry  qu'elle 
possédait,  outre  sa  part  légale  de  la  succession  du  comte  défunt,  une  rente 
annuelle  et  viagère  de  quatre  mille  livres.  Le  3  février  1333,  Thierry 
reconnut  que  cette  rente  était  hypothéquée  sur  les  prévôtés  de  Chiny, 
d'Jvoix,  de  Virton  et  d'Étalle,  y  compris  les  droits  seig^nriaux  de  justice 

(1)  Tome  VI,  page2i8. 


-    247    - 

et  d'hommage  (1).  Nous  avons  un  acte,  daté  de  cette  époque  et  prou- 
vant qu'elle  jouit  dès  lors  de  ces  droits  de  justice  et  d'hommage.  C'est  la 
notification  d'une  vente,  faite  par  Isabelle  de  Sainte-iMarie  et  par  ses  en- 
tants, Richier  et  Jean,  au  curé  d'Étalle,  nommé  Jean,  et  à  Henri,  son  frère, 
de  divers  biens  féodaux,  situés  a  Sainte-Marie  et  à  Rossignol. 

Le  21  avril  J336. 

Nous  Marguerite  de  Lotier,  contesse  de  Chinj  et  dame  de  Florine,  faisons 
savoir  à  tous  que,  en  nostre  présence,  pour  ce  spéciallement  que  s'ensuicte, 
establis  en  leurs  propres  personnes  :  damoiselle  Izabel,  fille  messire  Richier 
de  Saincte-Marie,  chevalier,  qui  fat  ;  Richier  et  Jehans,  enfiàns  à  ladite  da- 
moiselle Isabel,  ont  recongnus,  de  leur  bonne  et  plaine  volunté,  que  il  ont 
vendu  à  Jehan,  le  cureit  d'Estalle.  et  à  Hanry,  son  frère  :  le  quart  du  prey  que 
on  dit  ou  Chazelier  ;  le  quart  du  jardin  de  Ste-Marie  ;  le  quart  du  prey  des 
Courtis,  séant  devant  ladite  maison  de  Ste-Marie,  qui  fut  à  monseigneur  Ri- 
chier, père  à  ladite  damoiselle  Isabel  ;  et  six  solz  de  parisis  que  li  dessus  dit 
vendeurs  avoient,  chascun  an,  de  rente,  à  four  de  Lorcignoy,  défies, avec  les 
dessusdis  Jehan,  curey  d'Estalle  et  Hanry,  son  frère,  à  tenir  et  avoir  par  eulz 
et  par  leur  hoir  à  tous  jour  mais,  perpétuellement,  en  heritaiges. 

Et  est  fait  li  dis  vendaiges  parmi  la  somme  de  vingt  seix  libvres  de  bons 
parisis  tournois,  que  li  dessusdis  damoiselle  Izabelz,  Richier  et  Jehan,  ven- 
deurs, ont  eut  et  receut  des  dessusdis  Jehan,  cureit,  et  Hanry,  son  hère,  en 
bons  deniers  compteis  et  nombres,  mis  et  convertis  en  leur  proffit,  ansy  qu'il 
s'en  sont  tenus  par  avant  bien  solz  et  payés  entièrement  ;  et  ont  entconvenus 
par  devant  nous  que  jamais  encontre  cestui  vendaige  n'iront,  ne  venront  eu 
priveit  ne  en  apeit,  en  manière  nulle,  ne  soutireront  que  aultrcy  viengnes,  et 
par  leurs  foy  corporellement  donneis  en  nostre  mains.  Et  ont  renunciet  li 
dessus  dis  vendeurs,  que  à  cest  vendaige....  à  toutes  exception  de  droit  escript, 
et  généralement  à  tout  ce  que  à  venir  contre  les  convenances  et  vendaiges 
dessusdis  leur  pourront  ayder  et  valloir,  et  as  dis  Jehan  et  Henry  en  ce 
pcevoir  (?)  et  nuyre. 

En  tesmoingnaige  des  quelle  chozes,  nous  Marguerite,  contesse  dessus 
nommée,  à  la  prière  et  requeste  des  dessusdis  damoiselle  Isabel,  Richier  et 
Jehan,  vendeurs,  avons  faict  mectre  nostre  seel  à  ces  présentes  lettres,  comme 
dame  souveraine  de  cuy  toutes  les  choses  dessusdit  meuvent  à  fies  pour  ce 
que  avons  touché  et  peut  touchier  et  apartenir  pour  raison  de  nostre  douaire, 
sauf  le  droit  d'aultruy.  Et  en  avons  repris  les  dessus  (dits)  Jehan  et  Hanry, 
frères,  à  hommes  de  fies,  avec  aultre  fies  qu'il  tiennent  ja  de  nous. 

Ce  fut  fait  en  l'an  de  grâce  Nostre  Seigneur  mil  trois  cent  trente  seix,  le 
vingt  uniesme  jour  dou  mois  d'avril  (2). 

(1)  Nous  reviendrons  sur  cette  charte  dans  la  vie  suivante. 

(2)  D'après  une  copie  authentique  des  archives  de  l'État  à  Arlon. 


—     248    — 

A  la  suite  de  cet  acte,  plus  de  treize  années  s'écoulent,  sans  laisser 
aucune  trace  de  la  comtesse.  Enfin  elle  est  mentionnée  comme  vivant  encore 
dans  une  charte  que  l'empereur  Charles  IV  adresse  de  Spire  aux  habitants 
d'Ivoix  et  de  Virton.  Ce  document  porte  la  date  du  12  septembre  1349. 
Marguerite  de  Lorraine  ne  mourut  donc  pas  le  21  janvier  1336,  comme  le 
le  dit  l'Art  de  vérifier  les  dates  (1).  Inutile  d'ajouter  qu'elle  ne  se  remaria 
pas  avec  Guy  de  Flandre  qui  était  mort  depuis  bien  longtemps  et  qui  avait 
été  son  premier  mari.  Mais  M.  Darris  est  sans  doute  dans  la  vérité  lorsqu'il 
place  au  25  du  mois  de  septembre  1349  la  mort  de  la  comtesse  Marguerite. 
Seulement  il  n'en  indique  pas  la  preuve  (2). 

Celte  princesse  fut  enterrée  dans  l'abbaye  d'Orval,  vraisemblablement  a 
côté  du  maître-autel.  C'est  la  du  moins  qu'on  lui  érigea  plus  tard  une  tombe 
dont  l'épitaphe  est  grossièrement  mensongère.  Comme  elle  a  induit  en 
erreur  la  plupart  des  historiens,  il  faut  la  faire  connaître. 

Hic  jacet 

Pra3stantissima  et  illustris  domina,  domina 

Margareta, 

Suo  tempore  comitissa  de  Loss  et  de' Chiny, 

Ludovici,  quondam  comitis  de  Chiny,  ejus  nominis  quinti, 

Et  Joanna3  de  Blamont  comitissa3, 

Unica  filia  (3)  ; 

Quae  fuit  postea  serenissimi  et  illustrissimi  principis 

Joannis,  ducis  Lotharingise,  uxor  et  conjux  (4), 

Qui  Parisiis  veneno  vitam  finivit,  a  suis  prœparato, 

Cum  Neapolim  versus  iter  meditaretur, 

Ipsa  die  Cosmi  et  Damiani,  anno 

MCCCLXXXII  (5). 

Quse  quidem  Margareta  decessit  absque  liberis, 

Ipsa  die  divi  Remigii,  anno 

MCCCLXXII  (6;. 

Et  hic  sepulta  quiescit 

Et  quia  sola  vera  hceres  remanserat  (7), 

(1)  Tome  XIV,  page  203. 

(2)  Histoire  de  Looz,  tome  I,  page  53G. 

(3)  Elle  n'était  pas  fille  unique  de  Louis  V  et  de  Jeanne  de  Blamont,  maisleur  petite-niêcâ 
par  alliance. 

(4)  Elle  ne  devint  pas  plus  tard  la  femme  de  Jean,  duc  de  Lorraine,  clic  était  sa  grand' tante. 

(5)  Au  lieu  de  1382,  lisez  1390. 

(0)  C'est  environ  vingt-deux  ans  plus  tôt  qu'elle  décéda. 

(7)  Jamais  elle  ne  fut  héritière  unique,  ni  même  héritière,  à  un  titre  quelconque,  des  comtés 
de  Chiny  et  de  Looz. 


—    249    — 

Duo  supradicti  comitatus  fidelitatis  causa  divisi 

Alter  ab  altero  fuere  (1); 

Prirnum  de  Loss  scilicet  usurpavit  Adolphus  a  Marka, 

Leodiensis  tune  temporis  antistes, 

Post  mortem  Ludovici  comitis,  prœdicta3  Margaretœ  patris  (2), 

Qui   obiit  pridie  divi   Sebastiani,   anno 

MGGCXXX  (3). 

Utpote  quem  ejus  avus  Arnulphus, 

Posteritatis    spe    destitutus    vel    diffisus, 

Hugoni  antea  antistiti 

Sponte,    in    ara,    divo    Lamberto    obtulerat. 

Alter  vero  a  morte  praedictae  Margaretae  (4) 

Recedit   in    potestatem 

Wenceslai  luxemburgensis,  Brabantia3  et  limburgensis 

Ducis. 

Deus   Optimus  Maximus  sit  illi  clemens   et   propitius 

Amen. 

Ce  qui  est  dit,  vers  la  fin  de  cette  épitaphe,  touchant  les  prétentions  de 
l'église  de  Liège  sur  le  comte  de  Looz,  aurait  aussi  besoin  de  rectification  ; 
mais  restons  dans  notre  sujet  et  arrêtons-nous  plutôt  un  instant  à  ces 
mots  :  posteritatis  spe  destitutus  vel  diffisus.  L'auteur  de  l'épitaphe  les 
applique  mal  à  propos  au  comte  Arnulphe  III  qui  n'eut  pas  lieu  de  craindre 
un  manque  de  postérité.  Mais  il  n'est  pas  impossible  que  cette  phrase  ait 
été  inspirée  par  une  tradition  populaire  d'une  extrême  ténacité.  Mantellius 
la  rapporte  dans  son  histoire  de  Looz  et  elle  existe  encore  dans  le  comté 
de  Chiny.  La  voici.  On  s'y  raconte  toujours  que  la  maison  de  Chiny  fut 
éteinte  par  suite  d'un  crime  de  castration,  commis  par  un  oncle  dénaturé 
sur  la  personne  de  l'héritier  du  comté,  son  neveu.  Inutile  de  demander 
des  noms  et  des  dates  :  le  peuple  n'a  de  mémoire  que  pour  les  faits  sin- 
guliers ou  à  sensation.  Exaspéré  de  l'injure  faite  a  son  fils,  le  comte  jura  de 
punir  de  mort  le  coupable  et  courut  mettre  le  siège  devant  son  manoir, 
situé,  disent  quelques-uns,  sous  Florenville,  vers  Martué.  Quand  la  brèche 

ri)  Bertholet,  tome  VI,  page30G,  s'ingénie  à  expliquer  ces  deux  mots:  fidelitatis  causa.  Il 
prouve  seulement  qu'il  ne  les  a  pas  compris.  Ce  qu'on  veut  dire,  c'est  que  les  deux  comtés 
furent  disjoints  conformément  au  droit  féodal. 

(2)  Lisez  non  pas  son  père,  mais  son  mari  ;  car  il  s'agit  ici  de  Louis  VI,  non  plus  de  Louis  V. 

(3)  Ce  n'est  ni  1330,  ni  1339,  comme  le  dit  Mantellius,  page  203  ;  mais  1336. 

(4)  La  mort  de  Marguerite  n'a  été  pour  rien  dans  l'acquisition  du  comté  de  Chiny  par  le 
duc  de  Luxembourg.  On  le  verra  bientôt. 

18 


-     250     — 

fut  praticable,  le  comte  de  Chiny  fit  lancer  dans  la  place  une  lettre  adressée 
à  sa  sœur,  femme  du  coupable.  C'était  un  sauf-conduit  pour  elle,  pour 
ses  enfants  et  pour  ce  qu'elle  pourrait  elle-même  emporter.  Une  heure 
après,  on  vit  s'abaisser  le  pont-levis  et  apparaître  la  noble  dame  entourée 
de  ses  jeunes  enfants  et  portant  sur  ses  épaules  ce  qu'elle  avait  de  plus 
cher,  son  mari.  On  trouve  ailleurs  des  légendes  assez  semblables  à  celle-ci. 
La  seconde  dynastie  de  Chiny  n'avait  compté  que  quatre  règnes  et 
s'était  éteinte  au  bout  de  cent  et  quelques  années,  tandis  que  la  pre- 
mière avait  duré  près  de  trois  siècles,  sous  huit  princes  descendants  les 
uns  des  autres  en  ligne  directe.  De  même  qu'une  branche  féminine  dite 
de  Looz  succéda  à  la  première,  de  même  a  la  seconde  succède  la  branche 
féminine  de  Heinsberg.  Elle  va  nous  faire  assister  au  démembrement  du 
comté  de  Chiny,  puis  elle  en  transmettr  i  les  derniers  restes  à  une  troisième 
branche  également  féminine,  qui  consommera  l'œuvre  commencée  de  déca- 
dence et  de  ruine. 


<s--e>«rf3-<£jfc9'T*0-os-' 


14  juin  1018  et  jours  suivants. 


PRISESDE    POSSESSION 

DU 


DUCHÉ   DE  BOUILLON, 

AU   NOM   DE 

S.  A.  Mongr  GODEFROY  MAURICE 

DE  LA  TOUR  D'AUVERGNE  DUC  DE  ROUILLON. 


PROCÈS  VERBAL 

de  la  prise  de  possession  des  villes,  Place,  Duché  et  Princi- 
pauté souveraine  de  Bùillon. 

Et  l'acte  de  la  Réception  du  serment  de  fidélité  prêté  à  Très 
hault  et  Très  Puissant  Prince  Mongr.  Godefroy  Maurice  de 
la  Tour  D'Auvergne,  Par  la  grâce  de  Dieu  souverain  Duc  de 
Bûillon,  Duc  D'Albret  Et  de  Chateauthierry,  comte  D'Au- 
vergne et  c.  Pair  et  Grand  chambellan  de  franco,  Par  les 
habitants  du  d.  Duché,  avec  l'Etablissement  et  Confirmation 
des  justices  souveraines  et  subalternes  des  d.  Duché  et  sou- 
veraineté ;  Ensemble  les  Lettres  patentes  de  son  Altesse,  por- 
tant commission  à  M.  Desfourneaux,  Mareschal  de  camp,  de 
Recevoir  le  d.  Serinent  et  d'Etablir  et  confirmer  les  des  Jus- 
tices. 


Nous  Antoine  de  Greffin,  chevalier  Seigneur  des  fourneaux,  de  St-Mar- 
çeau,  Don,  et  amblemont,  Mareschal  des  camps  et  armées  du  Roy  très 
chrétien,  Et  anciens  Brigadier  de  la  cavallerie  de  sa  Majesté,  ayant  reçu 
commission  de  S.  A.  Monseigneur  Godefroy  Maurice  de  la  Tour  d'Au- 
vergne, par  la  Graçe  de  Dieu  Souverain  Duc  de  Bùillon,  Duc  D'Albret  Et 
de  Chateauthierry,  comte  d'Auvergne  et  D'Evreux,  vicomte  de  Turenne, 
et  c.  Pair  et  Grand  chambellan  de  france,  en  date  du  neufvième  jour  de 
may  de  la  présente  année  1078.  ;  signé  Godefroy  Maurice  de  la  Tour  D'Au- 
vergne Duc  de  Bùillon,  et  sur  le  repli,  par  son  altesse,  Pouget,  et  Scellé 
du  Grand  Sceau  en  cire  Rouge,  par  laqu'elle  il  nous  est  mandé  de  prendre 
possession  du  d.  Duché  de  Bùillon  ;  de  faire  prêter  aux  habitants  et  officiers 
de  justice  Et  Police  du  D.  Duché  et  Principauté  souveraine,  le  serment 
de  fidélité  Et  Sujeltion  qu'ils  doivent  a  sa  De  Altesse,  comme  a  leur  vray 
et  légitime  Prince  et  seigneur  Souverain,  au  lieu  et  place  de  l'Evesque  et 
chapitre  de  Liège,  qui  avoient  cy  devant  usurpé  le  d.  Duché,  sur  les  pré- 
décesseurs du  d.  Seigneur  Duc,  et  y  faire  doresnavant  Exercer  la  justice, 


—    256    — 

tant  en  première  instance,  que  souverainement,  au  nom  et  en  l'autorité  de 
sa  de  Altesse,  suivant  qu'il  est  plus  au  long  porté  par  la  d.  commission, 
de  laqu'elle  la  teneur  s'Ensuit  ; 

Godefroy  Maurice  de  la  Tour  D'auvergnc,  par  la  Grâce  de  Dieu  souve- 
rain Duc  de  Bùillon,  Duc  D'Albrct,  et  de  Chaleaulhierry,  comte  D'Au- 
vergne, D'Evreux,  du  bas  Armagnac  Et  de  Negrcplissc,  Vicomte  de  Tu- 
renne,  Pair  et  Grand  Chambellan  de  franco,  Gouverneur  et  Lieutenant 
General  pour  le  Roy  de  la  province  du  hault  et  bas  Auvergne  ;  a  louspre- 
sens  et  avenir,  Salut,  sçavoir  faisons  que  la  propriété  et  souveraineté  de  la 
place  et  Duché  de  Bùillon,  ayant  appartenu  a  nos  prédécesseurs  souverains 
Ducs  de  Bùillon  par  droit  Légitime  et  en  ayant  jouy  pendant  plusieurs 
Siècles  ;  ncantmoins  la  jouissance  en  ayant  été  interrompue  Et  usurpée 
sur  Eux  par  les  Roys  d'Espagne  cl  W.s,  Evesqucs  Princes  de  Liège,  nous 
n'avons  pu  trouver  d'occasion  plus  favorable  pour  en  Reprendre  la  posses- 
sion, que  celle  qui  depuis  nagueres  a  fait  cesser  la  d.  usurpation  ;  A  Ces 
Causes,  nous  a  plein  confians  de  la  probité,  Expérience  au  fait  des  armes, 
capacité,  zèle  pour  la  religion.  Catholique,  Apostolique  et  Romaine,  et 
affection  a  notre  service,  de  la  personne  de  Antoine  de  Grefiln,  Chevalier 
seigneur  des  fourneaux,  St-Marçeau,  Don,  Et  Amblemont,  iMareschal  des 
camps,  ancien  Brigadier  de  cavallerie,  avons  le  d.  Sr  des  fourneaux  commis 
et  par  ces  présentes  signées  de  notre  main,  commettons  pour  et  en  notre  nom 
se  transporter  en  la  ville  et  Duché  de  Bùillon,  Justice,  terres  et  Seigneu- 
ries en  dépendantes,  et  de  tout  prendre  pour  nous,  et  en  nôtre  nom,  et  de 
nos  suçesseurs  Ducs  de  Bùillon,  la  Réelle  et  actuelle  possession  de  la  pro- 
priété et  souveraineté  des  dcs  place  et  Duché  de  Bùillon  et  pays  en  dépen- 
dants ;  Et  pour  cet  Effet  faire  tous  actes  de  propriété  et  seigneurie  a  ce 
nécessaires  ;  faire  rendre  la  justice  en  nôtre  nom  souverain  dans  la  de  place 
et  Duché  de  Bùillon  ;  destituer  si  besoin  est  les  officiers  apresent  Exerçans 
la  justice  au  d.  lieu  et  en  instituer  d'autres,  sinon  Recevoir  a  nouveau  Ser- 
ment pour  nous,  et  en  notre  nom  les  anciens  officiers  du  d.  Duché,  même 
les  Pairs  tenant  nôtre  souverain  conseil  au  d.  Duché  en  revision,  faire 
prêter  le  serment  aux  Mayeurs  et  Echevins  de  la  d.  ville,  et  en  cas  de 
Refus  en  nommer  d'autres  en  leur  lieu  et  place  ;  se  transporter  en  l'Eglise 
paroissiale  de  la  d.  ville  et  y  Exercer  en  notre  nom  tous  les  Droits  hono- 
rifiques a  nous  dus;  comme  aussy  aller  au  château  de  la  d.  place  et  Duché 
de  Bùillon,  pour  en  prendre  pareillement  possession  pour  nous  et  en  nôtre 
nom  ;  faire  faire  l'inventaire  du  Trésor  ou  sont  les  anciens  titres,  papiers, 


-    257    - 

et  Documcns  des  d.  place  et  Duché,  et  du  tout  en  faire  faire  un  bon  et 
loyal  inventaire,  suivant  les  anciens  si  aucuns  se  trouvent  sur  les  Lieux, 
et  les  mettre  en  bonne  et  seure  Garde,  entre  les  mains  de  telle  personne 
fidclle  qu'il  trouvera  bon  être,  qui  se  chargera  de  les  Représenter  toutes 
fois  et  quantes  qu'il  en  sera  par  nous  Requis  ;  donner  en  nôtre  nom  touttes 
provisions  d'officiers,  tant  de  justice,  que  de  police,  môme  Etablir  Un 
Chancellier  et  Garde  Scel  de  nos  armes,  pour  touttes  les  Expéditions  qui 
seront  nécessaires  ;  faire  placer  nos  armes  dans  tous  les  Lieux  publics  des 
d.  place  et  Duché  de  Bùillon,  soit  au  Château,  en  l'Eglise,  et  au  lieu  ou 
s'Exerce  la  justice  ;  faire  rendre  foy  et  hommage  h  tous  les  vassaux  et 
tenanciers  du  d.  Duché,  tenir  les  assises  môme  convoquer  les  États  des 
des  Souveraineté  et  Duché  de  Bûillon  en  la  manière  accoutumée,  faire  les 
baux  h  ferme  des  fruicts  et  des  Revenus  des  dcs  Souveraineté,  place,  et 
Duché  de  Bùillon  et  Domaines  en  dépendants,  à  telle  personne,  pour  tel 
prix,  et  tel  temps  qu'il  adviscra,  Et  Genérallemcnt  faire  tous  actes  qui 
appartiennent  a  un  Prince  souverain,  voulant  qu'il  en  soit  en  touttes  choses 
obey  ;  Enjoignons  a  tous  nos  officiers  de  tenir  la  main  a  l'Execution  de 
ces  dcs  présentes,  et  faire  cesser  touttes  Résistances,  oppositions  et  Empô- 
chemens  generallement  quelconques,  pour  lesquelles  ne  sera  nullement 
différé;  de  ce  faire  vous  donnons  pouvoir;  car  telle  est  notre  intention. 
En  témoignage  de  quoy  nous  avons  signé  ces  présentes,  Scelles  fait  sceller 
du  Sceau  de  nos  Armes,  et  fait  Contresigner  par  L'un  nôtre  secrélaire 
ordinaire.  Donné  a  Paris  le  neufvieme  jour  de  may  mil  six  cent  soixante 
Dix  huit  ;  Signé  Godefroy  Maurice  de  la  Tour  D'Auvergne  Duc  de  Bùillon, 
Et  sur  le  reply,  par  son  Altesse  Pouget,  scellé  dun  Grand  Sceau  de  Cire 
Rouge  ; 

Nous  pour  Satisfaire  au  Commandement  de  Son  Altesse  porté  par  la 
de  Commission,  serions  ce  jourdhuy  14-m0  Juin  1678,  partis  de  Sedan,  ac- 
compagnés de  M.  des  Madrics,  Conseiller  du  Roy  en  ses  conseils,  Grand 
Bailly  de  insisheim,  Conseiller  Chevalier  d'Alsace  au  Parlement  de  Metz, 
intendant  de  la  justice,  Police,  finance,  et  troupes,  de  la  frontière  de 
Champagne,  et  acheminés  au  d.  Lieu  de  Bùillon  avant  été  rencontrés  en 
Chemin  d'Une  Escorte  de  Dragons  et  d'infanterie,  que  M.  de  franlicu,  Gou- 
verneur du  d.  Bùillon,  auroit  Envoyé  au  devant  de  nous,  et  de  luv  môme 
aussy  qui  nous  auroit  fait  la  Graçe  d'y  venir,  Et  Etant  arrivés  au  d.  Château 
de  Bùillon,  le  d.  S'-  de  franlieu  nous  y  aurait  reçus  et  logés  ;  Et  le  15me  du 
d.  mois,  nous  étant  transportés  avec  mond.  Sr  intendant,  et  mond.  Sr  de 


-    258    — 

franlieu,  au  logis  du  Sr  de  Sandron,  juge  et  Procureur  General  de  celte 
Souveraineté,  ou  s'Exerce  la  justice  présentement,  le  lieu  d'audience  ayant 
elé  brûlé,  ou  nous  aurions  trouvé  la  noblesse,  les  officiers  de  justice,  les 
maires,  et  Grande  Quantité  de  peuples  assemblés,  mond.  Sr  intendant  leur 
auroit  déclaré  de  la  part  du  Roy  que  l'intention  de  S.  M.  est  qu'ils  prêtent 
serment  à  Son  Altesse,  Comme  à  leur  Prince  Souverain  et  légitime  Sei- 
gneur ;  nous  après  la  lecture  de  nôtre  Commission  dont  la  copie  est  cy 
dessus,  avons  pris  le  serment  des  soussignés  et  sous  marques  ;  sçavoir  ;  les 
Srs  Denis  de  Gerlays,  seigneur  de  Reméhan,  Prévôt  de  la  cour  Souveraine; 
Didier  de  Sandron,  seigneur  de  fromont,  Juge  ;  Jean  le  fevre,  seigneur  de 
Rochault,  Juge  Ecclésiastique  ;  Léonard  de  Sandron  Greffier  ;  Gérard  lias- 
trait,  franc-Sergent  ;  Godefroy  Thierry  substitut  sergent  ;  tous  faisans  le 
corps  de  la  cour  Souveraine,  à  la  reserve  du  Sr  Remy  de  Tavicrs,  seigneur 
de  Corbion,  Juge  ancien,  lequel  s'Etant  trouvé  malade  n'a  pu  être  présent; 
et  pareillement  du  Sr  Jean  de  Rograve,  seigneur  de  Sosure  et  Pair  de  ce 
Duché  ;  du  Sr  Jean  de  la  Biche,  seigneur  en  partie  de  Suny  ;  Albert  de 
Gerlays,  seigneur  en  partie  de  Corbion  ;  de  Nicolas  Tibau,  Rourgmaistre  à 
Bùillon  ;  Evrard  Colet  ;  Jean  Reaudesson,  Lambert  frérard  ;  Servas  de 
Malat  ;  Gérard  le  Page;  Et  Daquet-Doffet,  tous  Dourgmaistres  et  jurés  de 

cette  Ville Maire  de  Paliseu  ;  Nicolas  Colloz,  Mayeur  de  Jehon- 

ville  ;  Poncelet  Rulh,  Mayeur  du  fays  les  Veneurs  ;  Nicolas  Rousseau,  Mayeur 
de  sansanrû;  tous  quatre  faisant  le  corps  des  quatre  mairies  du  d.  Duché  ; 
Gérard  le  Queux,  Mayeur  de  Corbion  ;  Guerlache  Pierrard,  Mayeur  de  Suny; 
Jean  Willéme,  Mayeur  D'Aile  ;  Gérard  Islasse,  Mayeur  de  lavis  ;  Remacle 
Brasseur,  Mayeur  de  Rochau  ;  Gérard  Massin,  Mayeur  de  Pouphan  ;  Jean 
Chedron,  Mayeur  de  Grofays  ;  Colas  Poncelet,  Mayeur  de  Gimbe  ;  Grégoire 
Colart  pour  le  Mayeur  des  Albits  ;  Jean  henry  Javaux,  Mayeur  de  Sausure  ; 
Jean  Colson,  Mayeur  d'Usymont;  Nicolas  Wilmet,  Mayeur  de  Reautassart  ; 
Istasse  henry,  Echevin  en  la  place  du  Maire  de  Noirfonlaine  malade  ;  Gérard 
Mahy,  Mayeur  d'Anloy  ;  Nicolas  Jean  Jot,  Mayeur  D'Asnoy  ; 

En  présence  desquels,  et  de  Grand  nombre  de  peuple  qui  Etoit  là  as- 
semblé, ayant  fait  faire  lecture  de  nôtre  susdc  Commission  par  le  Sr  Sandron, 
Procureur  et  Receveur  General  de  ce  Duché,  ils  auroient  tous  Enscmble- 
ment,  et  Chacun  d'Eux  en  particulier,  fait  le  serment  de  fidélité  et  Sujet- 
tion,  à  Son  Altesse,  qu'ils  sont  tenus  et  obligés  de  luy  faire  en  la  forme  et 
manière  qui  s'Ensuit. 

Nous  reconnoissons  franchement,  de  bonne  foy,  Et  sans  aucune  con- 


—    259    — 

trainte,  son  Altesse,  Monseigneur  Godefroy  Maurice  delaTourD'auvergne, 
par  la  Grâce  de  Dieu  Duc  de  Biiillon,  pour  nôtre  vray,  légitime,  et  seul 
souverain  Seigneur,  promettons  et  jurons,  tant  en  General,  que  chacun  de 
nous  en  particulier,  sur  nôtre  foy  et  salut  devant  le  Dieu  le  créateur,  d'un 
cœur  pur  et  sincère,  et  sans  Exception,  ou  Réservation  quelconque,  d'être 
à  toujours  bons  fidels  et  Loyaux  Sujets,  et  serviteurs,  de  Sad.  altesse,  et 
de  ses  successeurs  Ducs  de  Bùillon  de  la  servir  de  nôtre  vie,  et  de  toutte 
nôtre  puissance  Envers  et  contre  tous,  sans  nul  Excepter  n'y  reserver,  de 
procurer  le  bien  et  avantage  de  son  service  et  Eviter  son  domage  de  tout 
noire  pouvoir,  de  recevoir,  Garder  et  Exécuter  avec  tout  respect  et  obéis- 
sance tous  les  ordres,  Edits,  ordonnances  et  commandemens  qui  viendront 
de  sade.  altesse  ou  de  sa  part,  d'en  avoir  jamais  en  chose  quelconque  au 
préjudice  du  service  de  sade  Altesse,  aucune  intelligence,  ni  correspondance 
avec  quelque  personne  et  de  quelque  qualité  et  condition  qu'elle  soit,  et 
sous  quelque  prétexte  que  se  puisse  être,  même  de  prétention  a  la  de  sou- 
veraineté, même  d'avertir  son  Altesse,  ou  celuy  qui  sera  commis  de  sa  part, 
si  nous  aprenons  qu'il  se  passe  quelque  chose  a  son  préjudice,  etGeneral- 
lemcnt  de  nous  comporter  comme  bons  et  Loyaux  Sujets  doivent  faire 
Envers  leur  Prince  et  Légitime  seigneur,  comme  nous  reconnoissons  apresent 
sad.  altesse,  à  peine  d'être  déclarés,  perjures,  et  Rebelles  et  ont  tous  les 
susnommés  Signé  les  présentes,  En  présence  de  mond.  sieur  L'intendant  ; 
Monsieur  de  franlicu,  Gouverneur;  de  Monsieur  de  Terme,  lieutenant  de 
Roy  au  Gouvernement  de  Sedan  ;  et  de  M.  de  Gaigne,  commissaire  ordinaire 
de  la  frontière  de  Champagne,  conseiller  du  Roy  ;  et  de  M.  de  la  Routinière, 
Major  ; 

Signés  de  Gervais,  Prévost  ;  de  Sandron  ;  Jean  le  fevre  ;  Léonard 
de  Sandron,  Greffier;  Gérard  haslrays,  sergent  ;  de  Gerlays  ; 
Godefroy  Thierry  ;  J.  de  la  Riche  ;  N.  Thibault  ;  Le  Raron 
de  Rongrave  ;  Et  Grand  nombre  d'autres. 

Nous  soussignés,  Certifiions  avoir  été  presens  a  la  prestation  de  Serment 
fait  par  les  susnommés  le  15  juin  1678. 

Signés.  Remadry  ;  de  franlieu  ;  de  Terme  ;  Gaigne  ;  de  la  Routi- 
nière ;  Et  des  fourneaux  de  Greffin  ; 

Et  le  d.  jour  de  relevée,  les  susnommés,  faisant  le  corps  de  la  cour 
souveraine,  ont  prêté  pardevant  nous  en  la  susd.  Qualité,  le  serment  qu'ils 
doivent  pour  l'administration  de  la  justice,  en  la  manière  qui  s'ensuit, 


—    260    — 

moyennant  lequel  nous  les  avons  confirmes  et  confirmons  par  ces  présentes 
en  l'Exercice  de  leur  des  charges,  tant  qu'il  plaira  a  son  Altesse  et  même 
jcur  en  baillerons  de  provisions  ; 

Nous  soussignés,  déclarons  et  jurons  d'être  bons  et  loyaux  sujets,  en 
toultes  obéissances  et  service  à  son  Altesse  Mongr  Godefroy  Maurice  de  la 
Tour  D'Auvergne,  par  la  graçe  de  Dieu  souverain  Duc  de  Bùillon  .  .  ,  de 
....  demeurer  en  la  foy  Catholique,  et  entant  que  touche  nôtre  office, 
de  Garder  les  Droits  de  sad.  Altesse  nôtre  Maître,  d'administrer  la  justice 
a  un  chacun,  d'aider  à  nôtre  possible  les  veuves,  orphelins,  et  lieux  pieux 
en  leurs  bons  Droits,  et  de  ne  les  abandonner  pour  la  vie  ni  pour  la  mort, 
faveur,  haine,  ou  parentagc  quelconque  promettant  d'observer  le  suscrit 
sur  nôtre  part  de  paradis  ; 

Signés.  De  Gerlays.  Prévôt  ; 

De  Sandron,  juge,  procureur  et  receveur  General  ; 

J.  Le  fcvre,  juge  ;  !..  de  Sandron,  Greffier  ;  et  Gérard 

hastrays,  sergent  ; 

Et  à  l'instant  est  comparu  Jean  de  Rograve,  seigneur  de  Sosure,  en  qualité 
de  L'un  des  4  pairs  de  ce  Duché  Coseigneur  de  Sosure,  les  trois  autres 
Etant  absens;  sçavoir  :  M.  l'Abbé  de  St-Hubert:  M.  le  Comte  D'Eguemont, 
pour  la  Baronnie  D'hierges  ;  Et  M.  le  Duc  D'Aremberg,  Coseigneur  de 
Mirvart,  lequel  apreté  le  serment  en  la  forme  qui  s'ensuit  ;  Je  Jure  Dieu, 
mon  createure,  sur  le  péril  de  mon  ame  que  je  seray  bon  et  loyal  Vassal 
à  son  altesse  serenissime  Mongr  Godefroy  Maurice  de  la  Tour  D'Auvergne, 
par  la  Graçe  de  Dieu  Duc  de  Biïillon  ;  et  qu'à  jçeluy  j'obeiray  et  serviray, 
de  touttes  mes  forces  et  pouvoir,  et  que  je  l'avertiray,  ou  ses  officiers,  de 
touttes  Entreprises  contre  luy  que  je  pouray  découvrir,  lequel  je  deffenderay 
et  aideray  à  deffendre,  comme  aussy  le  privilège  du  pays  et  louables  cou- 
tumes, et  de  Garder  le  secret  de  justice,  lorsque  j'y  seray  appelle,  ainsy 
m'aide  Dieu  et  tous  ses  saints. 

Signé  le  Baron  de  Rongrave. 

Et  a  l'instant  sont  encore  comparu  le  révérend  Père  Emilian  de  Belleville, 
Prieur  Administrateur  de  l'Eglise  St-Pierre,  et  représentant  le  curé.  .  .  . 
primitif  de  la  Paroisse  ;  lequel  après  qu'il  a  eu  chanté  ce  matin  la  Ste-messe 
Et  le  te  Deum,  et  fait  apposer  les  Armes  de  Sad.  Altesse  au  dessus  de  la  porte 
de  l'Eglise  Paroissiale,  a  prêté  le  serment  en  qualité  de  curé  primitif,  et 
comme  tenant  le  fief  de  Noirçimont,  pour  lequel  il  viendra  rendre  les  foys 


—    26!     — 

et  homages  et  présenter  un  homme  vivant,  mourant,  et  confisquant,  et  ce 
au  premier  jour  ;  ce  que  pareillement  a  fait  le  révérend  Père  Jean  Brouillard 
Prieur  du  couvent  des  pères  Augustins  de  ce  Lieu,  pour  les  fiefs  nôtre 
Dame  et  Waret  ;  pour  lesquels  il  viendra  aussy  au  premier  jour  rendre  les 
foys  et  homages,  et  nommer  un  homme  vivant,  mourant  et  confisquant  ; 
Signés  Dom  Emilian  de  Belleville  ; 

F.  Jean  Brouillard,  Prieur  ; 

El  De  fourneaux  De  Greffin  ; 

Et  advenant  le  17  jour  du  d.  mois  et  an,  nous  nous  sommes  transportés 
en  la  maison  susdc  ou  se  rend  présentement  la  justice  et  considérant  qu'il 
est  besoin  d'Etablir  un  Garde  des  sceaux,  pour  faire  sceller  touttes  sortes 
d'Expéditions  sous  le  cachet  des  Armes  de  S.  A.  nous  avons  jugé  ne  pou- 
voir faire  un  meilleur  choix  que  de  la  personne  du  Sr  de  Sandron,  Procureur 
General  de  son  Altesse  en  ce  Duché  ;  A  ces  causes,  en  vertu  de  nôtre 
commission,  nous  l'avons  Etabli  et  Etablissons  par  ces  présentes  Garde  des 
sceaux  de  son  Altesse,  lesquels  nous  Lu  y  mettrons  en  main  pour  en  sceller 
touttes  sortes  d'Exepeditions  ;  lequel  dit  sr  Sandron  à  accepté  lade  charge, 
aux  mêmes  conditions  du  serment  qu'il  a  prêté  cy  dessus  ; 
Signés  De  fourneaux  de  Greffin  Et  D.  de  Sandron  ; 

Et  le  d.  jour  est  comparu  pardevant  nous  le  révérend  Père  Dom  Emilian, 
Prieur  de  Sl-Pierre,  se  disant  Curé  Primitif  de  la  paroisse  de  ce  lieu,  de 
la  part  de  M.  l'abbé  de  S'-Hubert,  assisté  de  Jean  Pierlot son  Procureur; 
lequel  nous  a  dit  qu'il  est  besoin  de  réparer  la  maison  Pastoralle  de  ce 
lieu,  et  à  cet  Effet  a  fait  appeller  pardevant  nous  les  jurés  de  cette  ville, 
pour  voir  être  dit  qu'ils  pourvoiront  aux  charrois  des  matereaux  nécessaires 
pour  faire  la  réparation  de  lad.  maison  ;  Et  les  d.  jurés  ayant  aussy  com- 
paru pour  la  communeauté,  assistés  de  Jacques  Colloz,  sindic,  ont  soutenu 
qu'ils  ne  sont  pas  tenus  de  faire  les  d.  voilures  et  ne  reconnoissent  pas  même 
le  révérend  Père  Emilian  pour  leur  Curé  ;  nous  avons  renvoyé  la  connois- 
sançe  du  d.  différend  à  la  cour  souveraine  de  sad.  Altesse,  ou  la  cause  est 
desja  pendante  au  principal,  et  ordonné  que  la  sentence  desja  rendue  pro- 
visionellement  sur  le  fait  des  d.  charrois  sera  Exécutée,  sans  préjudice  du 
Droit  des  parties  au  principal,  et  ont  les  parties  signé. 
Signés  Dom  Emilian  Belleville  ; 

J.  Colloz 

De  fourneaux  de  Greffin  ; 


—    262    — 

Et  le  20  du  d.  mois  et  an,  sont  comparus  les  Gens  du  fief  de  ce  Duché, 
ayant  été  appelles  de  nôtre  part  par  le  Procureur  General  de  son  Altesse  ; 
sçavoir  ;  Girard  le  fevre,  pour  la  moitié  de  la  seigneurie  de  Rocheliault,  et 
du  fief  Bailly  henry  Monssur,  pour  le  fief  de  Blanche  oreille  ;  Albert  de 
Gerlays,  pour  le  quart  de  la  seigneurie  de  Corhion  ;  Jean  le  jeune,  Bourgeois 
de  Bùillon,  pour  le  Prieur  de  S^Pierre,  qui  la  présenté  pour  homme  vivant, 
mourant  et  confisquant  a  cause  du  fief  et  basse  cour  de  l'aide  S'-Pierrc  ; 
Jos  Maximilian  Doden  hoven,  pour  le  fief  de  handuhan  ;  Nicolas  Thibault, 
Bourgeois  de  Bùillon,  homme  vivant,  mourant,  et  confisquant,  pour  les 
religieuses  de  ce  Lieu,  à  cause  du  fief  du  commun  Préz  ;  mailre  Thierry, 
Chapelain  du  Suny,  pour  fief  de  L'amende  ;  Nicolas  Thibault,  homme  vivant, 
mourant,  et  confisquant,  pour  la  communeauté  de  Bùillon,  à  causse  du  fief 
de  Omontfecher  ;  Pierre  Tuilly,  homme  vivant,  mourant,  et  confisquant, 
pour  les  Pères  Augustins,  à  cause  des  fiefs  nôtre  Dame  et  Waret  ;  Gérard 
le  Page,  pour  le  fief  des  Eaux  de  l'Eau  caillou  ;  Jean  Pierret,  pour  les  fiefs 
du  Cul  de  Malet,  et  de  la  Tour  servais;  Adam,  pour  le  fief  du  huitième 
de  la  Dïxme  D'Anloy,  pour  lequel  Remy  Colloz,  au  nom  de  maître  Jean 
Conard,  Chanoine  de  Nassogne,  a  aussy  relevé  ;  Pierre  Tiga,  pour  le  fief 
de  la  closure  ;  hernou,  pour  le  fief  Evrard  le  Maire  ;  Jean  Nimmery,  pour 
le  fief  de  la  faloise  ;  Antoine  Jacques,  pour  le  fief  tient  le  poix  dit,  Gan- 
guray  ;  Poncelet  le  Ruth,  pour  le  fief  de  la  hausse  colterie  et  ecluy  de  la 
Gernclle  ;  Lesquels  ont  rendu  les  foy  et  bornage  en  la  manière  accoutumée, 
pardevant  nous  et  pardevant  la  cour  souveraine  de  son  Altesse  en  ce  Duché, 
et  leur  a  été  enjoint  d'apporter  les  dénombrements  de  leur  fiefs  dans  six 
semaines,  et  ont  prêté  le  serment  en  la  forme  qui  s'ensuit,  étant  a  Genoulx 
Et  après  s'Etre  desçeints  de  leurs  Epées  et  ôté  leurs  Eperons  ; 

Je  jure  Dieu  mon  créateur,  sur  le  péril  de  mon  ame,  que  je  scray  bon 
et  Loyal  vassal  à  S.  a.  Sercnissime  Mongr  Godefroy  Maurice  de  la  Tour 
D'Auvergne  Duc  de  Bùillon,  el  qu'à  Jceiuy  j'obeiray  et  serviray  de  toultes 
mes  forces,  et  que  je  l'avertiray,  ou  ses  officiers,  ou  Representans,  de 
touttes  entreprises  contre  luy,  que  je  pouray  découvrir,  el  que  je  deffen- 
deray  et  aideray  a  deffendre  les  privilèges  du  pays  et  louable  Coutume, 
aussy  de  Garder  le  secret  de  justice  lorsque  j'y  seray  Appelle  ;  ainsy  m'aide 
Dieu  et  tous  les  Saints  de  paradis  ; 

Signé  De  fourneaux  de  Greflin  ; 

De  Gerlays,  Prévôt  ; 

D.  de  Sandron,  juge; 

Et  L.  de  Sandron,  Greffier  ; 


—    263    — 

Le  22me  juin  aud.  an,  a  l'entrée  de  l'audience  ordinaire  de  la  Cour  sou- 
veraine, nous  avons  mis  entre  les  mains  du  d.  sr  de  Sandron,  nommé  cy 
dessus  procureur  General  de  son  altesse  et  Garde  des  Sceaux,  un  Grand 
et  un  petit  Sceau  des  armes  de  Sad.  Altesse,  pour  en  sceller  touttes  les 
Expéditions  qui  seront  faites,  tant  par  la  de  Cour  souveraine,  que  pour 
tous  autres  actes  ;  Et  mandons  aux  quatre  Maires  de  ce  Duché,  comme 
aussy  à  tous  autres  officiers  dépendants  de  son  Altesse,  de  n'avoir  plus  à 
l'avenir  d'autres  sceaux  que  ceux  de  Sad.  Altesse,  Et  a  l'instant  nous  avons 
retiré  les  sceaux  de  M.  l'Evesque  et  Prince  de  Liège  desquels  on  se  ser- 
voit  cy  devant,  et  a  Le  d.  sr  de  Sandron  signé  avec  nous; 
Signés  De  fourneaux  de  Greffin  ; 
D.  De  Sandron  ; 

Le  d.  jour  sont  comparus  maitre  Jean  le  fevre,  curé  de  Rochehault  : 
Pierre  jean  Jot,  curé  de  jedine  ;  George  de  Voeux,  curé  de  Jehonville  ; 
Léonard  Barilly,  curé  de  Sugnj  ;  Jean  Massin,  curé  de  Sansanru  ;  Guil- 
laume Gérard,  curé  de  fays  les  veneurs;  Evrard  nicolas,  curé  de  Grofays; 
Pierre  adam,  curé  D'Offagne  ;  Lesquels  ont  prêté  le  Serment  en  la  forme 
qui  S'Ensuit  ;  et  par  après  maitre  jean  de  la  hayrie,  curé  de  Paliseu,  et 
aparu,  a  fait  le  même  serment  ; 

Nous  reconnaissons  franchement,  de  bonne  foy,  et  sans  aucune  con- 
trainte, Son  Altesse  Mong  Godefroy  Maurice  de  la  Tour  D'Auvergne  Duc 
de  Bùillon,  pour  nôtre  vray  légitime  et  seul  souverain  seigneur,  promettons 
et  jurons,  tant  en  General,  que  chacun  de  nous  en  particulier,  devant  Dieu 
d'être  a  toujours  bons,  fidels  et  Loyaux  sujets  et  Serviteurs  de  sad.  altesse 
et  de  ses  successeurs  Ducs  de  Bùillon,  de  la  servir  de  nôtre  vie,  et  de 
toutte  nôtre  puissance  envers  et  contre  tous,  de  procurer  le  bien  et  avan- 
tage de  son  Service,  Et  Eviter  son  domage  de  tout  nôtre  pouvoir,  de  n'a- 
voir jamais  en  chose  quelconque  au  préjudice  du  service  de  Sad.  Altesse 
aucnne  intelligence,  ni  correspondance  avec  quelque  personne  et  de  quel- 
que qualité  et  condition  qu'elle  soit,  et  sous  quelque  prétexte  que  ce 
puisse  Etre,  et  Generallement  de  nous  comporter  comme  bons  et  loyaux 
sujets  doivent  faire  envers  leur  Prince  et  légitime  Seigneur,  comme  nous 
reconnoissons  a  présent  sade  altesse,  a  peine  d'être  déclarés  perjures  et 
Rebelles,  et  ont  tous  les  susnommés  signé  ces  présentes. 

Signés  J.  le  fevre  ;  P.  Jean  Jot  ;  George  des  Voeux  ;  L.  Barilly  ; 
Jean  massin;  Guillaume  Gérard;  Evraid  Nicolas;  P.  adam; 
Jean  de  la  hayrie  ; 


—    264     - 

Et  à  l'instant  est  comparu  maître  Léonard  de  Vaux,  Soy  disant  curé  de 
la  paroisse  de  Sansanru,  lequel  ii  requis  d'être  reçu  a  pareil  serment  de.cy 
dessus,  ce  qui  a  été  Empêché  par  maitre  Jean  massin,  cy  dessus  nommé 
comme  ayant  charge  et  pouvoir  de  M.  L'ahbé  de  St  hubert,  Surquoy  nous 
avons  oclroyé  acteaud.  maitre  Léonard  de  Vaux  de  sa  comparution,  et  aud. 
maitre  Jean  Massin  de  son  opposition,  et  ont  tous  deux  signé  ; 
Signés  Jean  Massin  ;  Et  L.  Devaux  ; 

Ensuite  de  quoy,  sont  comparus  les  Gentils  hommes  et  Gens  tenans  fiefs 
cy  dessous  nommés,  lesquels  ont  prêté  le  serment  de  vassalité,  en  la  forme 
que  les  autres  feudataires  l'ont  prêté  cy  dessus;  Sçavoir;  le  S1'  Guillaume 
Louis  de  la  Mockh,  pour  la  seigneurie  de  Boutassart  et  la  moitié  de  celle 
de  Grofays,  de  Chateaumont,  Oclin,  et  d'Aupieres  ;  le  Sr  Jean  de  la  Biche, 
pour  la  moitié  de  la  Seigneurie  de  Suny  ;  le  Sr  Jean  le  fevre,  pour  le  quart 
de  la  seigneurie  de  Rochehault  et  le  fief  Travaux  ;  le  Sr  Denis  de  Gerlays, 
pour  le  fief  de  la  cour  Perinet  ;  Nicolas  Briçe,  pour  le  fief  D'Ary  ;  le  Sr  de 
Sandron,  pour  la  seigneurie  de  framont  ;  auxquels  nous  avons  enjoint  d'ap- 
porter leur  dénombrement  dans  six  semaines  ;  et  ont  les  officiers  de  la 
Cour  souveraine  de  Son  Altesse  signé  les  présentes  avec  nous  ;  et  ensuite 
avons  fais  afficher  Jes  armes  de  Son  Altesse  qui  restoient  a  attacher,  tant 
aux  portes  de  cette  ville,  qu'aux  autres  Lieux,  ou  nous  avons  jugea  propos 
pour  le  bien  du  service  de  Son  Altesse  ;  fait  a  Buillon  le  d.  jour  22me  Juin 
1678. 

Signé  De  fourneaux  de  Greffin  ; 

De  Gerlays,  Prevot  ;  D.  de  Sandron,  juge  ; 
J.  Le  fevre,  juge  ; 

Le  Soussigné  déclaré  que  la  présente  a  été  enregistrée  dans  le  Registre 
de  la  Cour  souveraine,  le  jour,  mois  et  an  que  dessus 
Signé  L.  De  Sandron,  Giefficr  ; 

Le  24me  juin  1678,  jour  de  S'  Jean  Baptiste  auquel  se  payent  les  cens 
ordinaires  et  accoutumés,  nous  nous  sommes  Exprés  transportés  au  lieu 
ou  ils  se  Reçoivent  ;  et  la  en  nôtre  présence  ils  ont  été  payés  au  Receveur 
General  de  S.  A.,  qui  Ensuite  et  selon  la  coutume  nous  h  donné  à  diner 
et  aux  officiers  de  la  Cour  souveraine  de  S.  A.  ;  Se  publient  au  plus 
offrant,  et  qui  à  cause  du  bruit  qui  court  de  la  paix,  il  à  Eté  jugé  plus 
Expédient  de  les  Remettre  après  la  publication  de  la  de  paix,  nous  avons 


-    265    — 

différé  jusqu'à  ce  temps  la  de  les  faire  publier,  pour  le  plus  Grand  profit 
de  S.  A. 

Le  27me  nous  avons  fait  attacher  les  armoiries  de  S.  A.  Sur  la  porte 
principal  du  château,  du  consentement  de  M.  de  franlieu,  Gouverneur  pour 
le  Roy  ;  et  ce  jour  la  étant  venue  une   Commission   de  M.  l.'Evesque  de 
Liège,  adressante  à  M.  L'Abbé  de  S1  hubert,  et  de  luy,  à  cause  de  son  in- 
disposition, au  Prieur  qui  dessert  la   Cour  de  ce  Lieu,  pour  connoître  du 
différent  qui  est  présentement  parmy  les  Relligicuses  de  Sle  Sepulchre  de 
ce  lieu,  pour  lequel  Elles  se  sont  desja  pourvues  pardevers  S.  A.  Mongr  le 
Duc  de  Bùillon  ;  et  de  plus  ayant  considéré  que  dans  la  de  Commission, 
M.  L'Evesque  de  Liège  prend  Qualité  de  Duc  de  Bùillon,  et  appelle  cette 
ville  sa  ville  de  Bùillon,  étant  vray  pourtant  que  la  de  Commission  étoit 
datlée  avant  que  S.  A.  eut  pris  possession  de  ce  Duché  ;  nous  avons  fait 
remettre  cette  affaire,  jusqu'à  ce  que  nous  ayons  vu  la  réponse  de  S.  A.  à 
la  de  Requête  ;  outre  qu'il  est  de  Droit  qu'un  commis  ne  peut  commettre  ; 
Les  jours  suivans,  jusqu'au  premier  Juillet,  d'autres  Requêtes  de  divers 
particuliers,  nous  ayant  Eté  présentées,  nous  les  avons  Renvoyées,  les  une 
a  S.  A.,  et  les  autres  à  sa  Cour  souveraine;  sçavoir  ;  Celles  qui  sont  de 
faits  contentieux,  nous  les  avons  renvoyées  à  la  de  Cour  ; 

Le  4me  Juillet  au  d.  an,  nous  avons  ordonné  de  la  part  de  S.  A.,  à  tous 
maires,  Echevins,  et  autres  officiers  de  justice  et  Police  du  Duché  de 
Bùillon,  de  venir  prendre  de  nous,  en  vertu  de  nôtre  pouvoir,  Commission 
de  leurs  charges,  et  aporter  attestations  de  la  Cour  souveraine  le  Procu- 
reur General  de  S.  A.  y  étant  appelle,  de  leur  probité,  capacité,  bonne 
famé  et  Renommée,  en  peine  d'être  privés  de  leurs  dites  charges,  et  ce 
dans  quinze  jours  après  la  publication  de  cette  ordonnance  ;  après  quoy  et 
aportant  par  Eux  leurs  attestations,  nous  leur  donnerons  leurs  provisions  ; 
mais  pour  celles  des  Gens  de  la  Cour  souveraine,  ils  nous  ont  prié  de  les 
faire  venir  de  S.  A.  ; 

Ce  jourdhuy  13me  Juillet,  est  comparu  le  Révérend  Père  Dom  Emilian 
Belleville,  Prieur  du  Prieuré  de  S1  Pierre  à  Bùillon,  comme  fondé  de 
procuration  spéciale  de  M.  l'Abbé  de  S1  Hubert,  en  dalle  du  quatrième  de 
ce  mois,  Requérant,  en  vertu  de  lad.  procuration,  d'être  Reçcu  a  rendre 
les  fois  et  bornage,  dont  le  d.  Sr  abbé  est  tenu  comme  relevant  en  titre  de 
Pairie,  a  cause  de  la  Ville,  terre,  seigneurie,  et  franchise  du  d.  S'  hubert 
en  ardennes,  avec  six  feautés  en  dependans,  ce  qu'il  à  fait,  et  a  prêté  le 
même  Serment  que  les  autres  feudataires  de  cy  dessus;  s'ensuit  la  copie  de 
la  Commission  ; 


-    266    - 

Cyprian,  par  la  permission  divine,  humble  Abbé  Seigneur  de  S1  Hubert  ; 
à  tous  ceux  qu'il  appartiendra,  Salut,  comme  on  nous  auroit  fait  entendre 
qu'à  la  suite  de  nos  prédécesseurs,  nous  serions  tenus  et  obligés  de  relever 
de  Son  Altesse  Serenissime  en  qualité  de  Duc  de  Bùillon,  à  la  manière  et 
ainsy  qu'ils  ont  fait,  nous  avons  Commis,  et  par  ces  présentes  commettons 
nôtre  cher  et  bien  aimé  Dom  Emilian,  Prieur  administrateur  de  nôtre 
Prieuré  de  Bùillon,  pour  en  nôtre  nom  se  présenter  et  faire  les  devoirs 
Requis;  donné  à  S1  Hubert  le  4me  Juillet  1678.,  Signé  Cyprian,  Abbé  de 
S1  Hubert  ; 

Et  à  l'instant  nous  avons  déclaré  au  dit  Révérend  Père  Dom  Emilian, 
que  son  Altesse  n'Empêche  point  que  M.  l'abbé  de  Sl-Hubert,  ne  mette  en 
exécution  de  la  commission  qu'il  à  Eue  de  son  Altesse  de  Liège,  en  qualité 
d'Evesque  pour  faire  la  visite  et  prendre  connoissançe  des  affaires  des 
religieuses  de  Sl-Sepulchre  de  ce  lieu. 

Et  a  l'instant  encore  est  comparu  Lambert  Macherot,  lequel,  en  vertu  de 
la  commission  que  nous  luy  avons  donnée,  à  prêté  le  serment  auquel  il  est 
tenu  en  qualité  de  Mayeur  de  Palisieux,  ayant  fait  le  d.  serment  en  la  même 
manière  que  tous  les  autres  Mayeurs  ont  fait,  et  à  signé  ./. 
Signé  L.  Macherot. 

Et  à  l'instant  à  été  arrêté  qu'il  sera  procédé  dimanche  prochain  à  la 
publication  des  fermes  ;  ce  qui  à  été  fait  le  d.  jour  en  nôtre  présence. 
Signé  De  fourneaux  de  Greffin. 

La  présente  à  été  enregistrée  par  moy  le  soussigné  Greffier  de  la  Cour 
souveraine  de  Bouillon  ; 

Signé,  L.  de  Sandron,  Greffier  sus  dit  ; 


«rvo^a^y^f)^^-» 


VISITE 


DE 


CHARLES  GODEFROY 

A  BOUILLON  M  1757. 

Relation  de  ce  qui  s'est  passé  à  l'arrivée  de  son  altesse  séré- 
nissime  Monseigneur  le  duc  de  Bouillon  dans  sa  souve- 
rainetée  de  Bouillon  et  pendant  les  premiers  Jours  de  son 
séjour  en  la  ville  de  Bouillon. 


Son  altesse  serenissime,  ayant  fait  donner  avis  de  son  départ  de  Paris, 
M.  Bodson  procureur  gênerai  de  la  cour  souveraine  de  Bouillon  et  com- 
mandant des  ville  et  duchez  se  rendit  àRethel  mazarin  pour  avoir  l'honneur 
de  complimenter  S.  A.  Sme  Et  recevoir  ses  ordres,  Elle  arriva  En  Lad.  ville 
le  trente  un  juillet,  Et  en  partit  le  premier  aoust  pour  venir  coucher  au 
village  de  Balan,  ou  Elle  prit  son  logement  dans  la  maison  de  campagne  de 
M.  Husson  subdelegué  de  L'Intendance  de  Metz. 

Le  lendemain  deux  août  Elle  partit  à  midy  dans  ses  Equipages  avec  toute 
sa  suitte  pour  se  rendre  en  cette  ville,  Elle  fut  reçue  sur  les  limites  qui  font 
la  séparation  des  terres  de  France  et  de  celles  du  duchez  de  Bouillon,  par 
M.  de  Larzac  gouverneur  de  ce  duchez  qui  l'avoit  devancé,  Et  par  le  pré- 
sidant Et  deux  conseillers  de  la  cour  sne.  Les  gardes  du  corps  de  S.  A.  Sme 
Etoient  en  bataille  sur  la  droite  L'Epée  à  la  main,  Et  les  gardes  à  cheval 
ordres  du  duchez  étoient  de  l'autre  coté  le  mousqueton  haut. 

Plusieurs  officiers  de  la  milice  Bourgeoise  en  habits  uniformes  s'étoient 
aussy  avancés  de  leurs  Postes  pour  se  trouvera  l'arrivée  de  S.  A.  Sme  ainsy 
qu'une  quantité  de  peuples  qui  fit  Eclatter  sa  joye  par  des  cris  répétés  de 
vive  son  altesse,  vive  notre  Prince. 


-    268    - 

Elle  continua  sa  marche  dans  l'ordre  qui  suit,  quatre  des  gardes  ordi- 
naires du  duchez  à  cheval,  les  chevaux  de  main,  le  sous  Ecuyer  monté  sur 
un  cheval  richement  Equippé,  un  carosse  de  suille  à  six  chevaux,  deux 
pages  à  cheval,  deux  coureurs,  quatre  gardes  de  corps,  un  Brigadier  à  leur 
tête,  un  carrosse  à  huit  chevaux  dans  lequel  Etoit  son  Altesse  Sme,  douze  valets 
de  pieds  à  L'Entour,  les  deux  premiers  officiers  des  gardes  du  corps  aux 
portières,  le  surplus  des  gardes  du  corps  suivoit  le  carosse. 

Cinq  autres  carosse  de  suitte  à  six  chevaux  chacuns  Et  cinq  chaises  de 
Postes,  des  détachements  de  la  milice  Bourgeoise  tant  de  la  ville  que  du 
duchez  formoient  une  double  haye  depuis  le  haut  de  la  montagne  dans 
l'Etendue  d'un  quart  de  Lieue  jusquaux  portes  de  la  ville. 

Son  Altesse  Screnissime,  Etante  arrivée  il  fut  fait  trois  salves  de  toute 
l'artillerie  du  château  et  toutes  les  cloches  de  la  ville  sonnèrent. 

Elle  trouva  en  dehors  de  la  Barrière  M.  Dupé  commandant  du  château 
pour  sa  Majeslée  très  chrétienne,  accompagné  des  officiers  de  son  État- 
Major,  qui  luy  présenta  les  clefs  de  la  ville,  son  A.  Sme  Les  remit  entre  les 
mains  du  premier  Exempt  de  ses  gardes  du  corps,  elles  demeureront  en  la 
possession  de  son  Altesse  Sme  pendant  tout  le  tems  de  son  séjour  et  le 
commandant  du  château  prendra  l'ordre  d'Elle. 

Les  officiers  de  l'hôtel  de  ville  étants  aussy  en  dehors  de  la  porte  luy  présen- 
tèrent en  fléchissant  les  genoux,  le  dais  porté  par  les  trois  Bourguemestres 
et  le  sindicq  de  lad.  ville. 

Son  Altesse  Sme  nayant  point  voulu  se  mettre  sous  le  dais  il  fut  porté 
devant  Elle,  et  Elle  continua  sa  marche  à  Pied  jusqu'à  l'église  paroissiale 
de  St-Pierre  entre  une  double  haye  formée  tant  par  un  détachement  de 
deux  cens  hommes  du  Régiment  de  Bouillon  qui  avoient  eu  ordre  de  se 
rendre  la  veille  de  Mezieres  En  cette  ville,  que  par  différents  détachements 
des  compagnies  de  la  milice  Bourgeoise  du  duchez  tous  presentans  les 
armes. 

M.  Le  Baron  de  Valdence  colonel  en  second  du  dit  Régiment  et  com- 
mandant le  détachement,  et  les  autres  officiers  saluèrent  Son  A.  S™e  de 
L'Esponton,  L'Enseigne  du  drapeau  et  les  tambourgs  battirent  aux  champs. 

Son  Altesse  Sme  fut  reçue  à  la  porte  de  l'Eglise  par  M.  Labbé  de  S1  hubert 
premier  pair  du  Duchez  revêtu  de  ses  habits  pontificaux,  à  la  tête  du  clergé 
en  aubes  et  en  chappes. 

Après  qu'elle  eut  été  haranguée  par  M.  Labbé  de  S1  hubert  Elle  fut 
conduitte  processionnellement  au  cœur,  ou  s'étant  placée  sur  un  prié  dieu 


-    269    — 

garnis  d'un  coussin  et  d'un  tapis  de  velours  brodé  en  or,  environnée  de 
ses  gardes  et  de  toute  sa  cour,  M.  Labbé  de  S'  hubert  entonna  le  tedeum 
au  son  des  instruments  de  musique  et  au  bruit  d'une  triple  décharge  des 
boittes  de  la  ville,  Le  Tedeum  étant  finy  on  chanta  lantienne  dom me  sa Ivum 
fac  Duccm  et  on  recita  loraison  ordinaire. 

Son  Altesse  Sme  fut  ensuitte  reconduite  processionnellement  à  la  porte 
de  l'Eglise,  ou  M.  Labbé  de  S1  hubert  luy  présenta  L'Eaùe  benitte,  Elle  se 
rendit  à  son  palais  dans  le  même  ordre  qui  avait  été  observé  pendant  sa 
marche.  Les  cloches  de  la  ville  ne  cessèrent  de  sonner  que  quand  elle  fut 
entrée,  Elle  fit  jetler  à  différentes  reprises  Beaucoup  d'argent  à  une  foulle 
immenses  de  peubles  qui  étoit  accourue  de  toute  part,  pour  jouir  de  la 
présence  de  leur  souverain. 

Elle  trouva  à  la  porte  de  son  palais  une  garde  de  cinquante  hommes  du 
Régiment  de  Bouillon  avec  un  drapeau,  commandée  par  un  capitaine  et 
deux  lieutenants. 

Son  Altesse  Sme  ayant  pris  un  moment  de  repos,  Elle  reçut  la  visilte  du 
commandant  du  château,  de  son  Etat  major,  des  officiers  de  la  garnison  du 
château,  et  de  ceux  du  détachement  du  régiment  de  Bouillon. 

La  courSne  de  Bouillon  en  corps,  précédée  des  huissiers  la  masse  haute, 
les  gardes  du  corps  étant  en  haye  sans  armes,  fut  ensuitte  introduilte  dans 
la  salle  du  dais  sous  lequel  S.  A.  Sme  reçut  les  hommages  respectueux  de 
celle  compagnie,  M.  Thibault  président  portant  la  parolle. 

Les  officiers  de  lhotel  de  ville  furent  aussy  admis  à  son  audcc  et  luy 
présentèrent  le  vin  d'honneur,  consistant  en  cent  bouteilles  de  vin  du  Cap, 
dans  deux  caisses  peintes  en  blancs  ornées  des  armes  de  la  ville,  d'em- 
blèmes, de  devises,  et  portées  sur  un  brancart  aussy  peint  en  blanc,  garni 
de  rubans  blancs  et  noirs. 

Elle  admit  à  son  audce  les  députés  du  clergé  et  les  relligieux  du  couvent 
des  auguslins  de  celte  ville,  Elle  fut  haranguée  par  lun  et  lautre,  le  prieur 
des  augustins  portant  la  parolle  pour  ses  relligieux,  et  M.  le  curé  de  celte 
ville  pour  le  clergé,  en  luy  offrant  le  don  gratuit  de  son  corps,  les  chano- 
nesses  régulières  de  lordre  du  S1  Sepulchre  luy  firent  présenter  par  leur 
directeur  une  corbeille  très  élégante  remplie  de  fleurs  et  de  confitures 
sèches  et  liquides,  avec  douze  bourses  travaillées  en  or  et  en  argent. 

Les  Députés  du  Duchez  luy  présentèrent  un  colïret  dancien  Laq  garnis 

dor,  contenant  dix  mille  livres  En  or,  pour  le  don  de  première  et  joyeuse 

Entrée  de  S.  A.  Sme. 

20 


—    270    — 

A  L'entrée  de  la  nuit  les  détachements  des  compagnies  de  la  milice 
Bourgeoise  du  duchez  En  armes  au  nombre  de  mil  hommes  s'élant  portes 
sur  une  montagne  au  dessus  de  la  ville  en  face  du  palais  Rangés  sur  une 
même  ligne  firent  une  triple  salve  de  mousqueterie  En  feù  roulant,  chacune 
desquelles  fut  annoncée  par  une  salve  des  boittes  de  la  ville,  ce  qui  lit  un 
très  bel  Effet,  Le  bruit  de  la  mousqueterie  Et  des  boites  se  répétant  dans 
les  montagnes  dont  la  ville  Est  Environnée,  Et  servit  de  signal  pour  allumer 
au  son  des  instruments  de  musique  de  toute  Espèce  un  très  beau  feù  sur 
le  bord  de  la  rivière  vis  a  vis  du  palais,  deux  fontaines  de  vin  placées  a 
quelques  dislances  du  feù  dans  un  enfoncement  orné  de  feuillago,  coulèrent 
pendant  une  partye  de  la  nuit,  toutes  les  maisons  de  la  ville  ainsy  que  les 
deux  façades  du  palais  furent  Illuminées,  ce  qui  h  Eté  repelé  pendant  plu- 
sieurs jours. 

A  Dix  heures,  S.  A.  Sme  se  plaça  à  une  table  de  cinquante  couverts  Et 
y  admit  les  personnes  les  plus  distinguées  de  la  ville  et  de  la  garnison. 

Le  Lendemain  trois  aoust  M.  Dupé  commandant  au  château  pour  sa 
majestée  très  chrétienne  prêta  solennellement  dans  la  grande  salle  d'au- 
dience du  palais  à  Son  Altesse  Sme  Et  en  présence  de  toute  la  Cour,  Le 
serment  conformément  aux  ordres  de  S.  Majesté  de  garder  fidellement  pour 
sa  d.  Altesse  et  ses  successeurs  le  château  et  forteresse  de  Bouillon.  La 
formule  du  serment  ayant  Eté  Lue  par  le  chancelier  de  Son  Altesse,  celte 
cérémonie  achevée  S.  A.  fit  présent  d'une  tabacquiere  d'or  à  M.  Dupé. 

Le  même  jour  le  matin  M.  Daubigny  ministre  de  sa  majestée  très  chré- 
tienne, près  de  S.  A.  Sme.  Em.  M.  le  Cardinal  de  Bavière,  Evêque  El  prince 
de  Liège  Etant  arrivé  en  cette  ville  ou  il  s'étoit  rendu  par  ordre  Exprès  du 
Roy  pour  venir  marquer  à  S.  A.  Sme  la  bienveillance  et  la  proteclion  dont 
sa  majestée  L'honore,  Son  Altesse  prévenue  de  la  mission  de  ce  minisire 
près  d'elle,  L'Envoya  complimenter  par  un  de  ses  gentils  hommes  chez 
M.  Bodson  ou  il  éloit  descendu,  celle  visitte  fut  suivie  d'une  deputation  de 
l'Etat  major  et  du  corps  de  ville,  qui  luy  présenta  le  vin  d'honneur,  à  midy 
S.  A.  Sme  envoya  M.  Bodson  prendre  M.  Daubigny  dans  un  carosse  de 
parade  atlelé  de  six  chevaux,  précédé  et  accompagné  de  toute  sa  livrée,  ce 
ministre  trouva  à  quelque  dislance  du  palais,  la  garde  de  la  milice  Bour- 
geoise en  uniforme  qui  bordait  la  Rue,  et  dans  la  première  cour  un  déta- 
chement du  Régiment  de  Bouillon  en  parade,  ces  troupes  avaient  leurs 
officiers  a  leurs  têtes  leurs  drapeaux  déployés,  les  tambourgs  battants  aux 
champs,  il  fut  reçu  au  haut  /le  l'Escalier  par  M.  de  S1  Germain  chevalier 


—    271     - 

de  S1  Louis,  Ecuyer  de  S.  A.  Sme  les  gardes  du  corps  étaient  sous  les 
armes  et  rangés  en  haye  dans  leur  salle,  S.  A.  S"1C  élait  dans  la  grande 
salle  daudiance  accompagnée  des  officiers  de  la  cour  souveraine,  et  de 
M.  Labbé  de  S1  hubert,  de  la  noblesse  de  son  duebez,  de  la  plus  grande 
partye  de  celle  des  environs,  de  L'Elat  major  et  de  plusieurs  officiers  de 
son  régiment,  M.  Daubigny  ayant  été  introduit  dans  la  salle  par  M.  Bodson, 
il  rendit  à  S.  A.  Sme  les  assurances  dont  il  etoit  chargé  de  la  part  du  Roy, 
après  que  son  altesse  y  eut  répondu  Elle  présenta  à  M.  Daubigny  les 
personnes  les  plus  distinguées  de  la  cour  et  le  retint  à  dîner,  Elle  le  fit 
placer  à  sa  droite,  et  M.  Labbé  de  Si- hubert  à  sa  gauche,  Elle  porta  la 
sanlée  du  Roy  debout,  Ion  y  but  au  bruit  des  tanfarres  de  l'artillerie  et  de 
la  mousqueterie  du  château  et  de  la  ville. 

M.  Daubigny  porta  ensuille  la  santée  de  S.  A.  Smc  Ion  y  repondit  de 
même  il  y  avoit  deux  tables  de  trente  couverts  chacune,  servies  l'une  et 
l'autre  avec  autant  de  magnificence  que  de  délicatesse,  les  principales 
Dames  de  la  ville  y  avoient  été  invitées,  après  le  diner  on  joua  à  différentes 
tables. 

A  l'Entrée  de  la  nuit  il  y  eut  un  bal  que  S.  A.  Smc  ouvrit  par  une  contre- 
danse, on  dansa  jusqu'à  onze  heures,  La  compagnie  se  mit  ensuite  à  Table, 
et  après  le  souper  on  reprit  le  bal  pendant  lequel  il  fut  fourny  des  rafraî- 
chissements de  toutes  espèces,  et  on  le  continua  jusqu'au  jour. 

Le  cinq  les  administrateurs  de  l'hôpital  de  la  miséricorde  de  la  ville  de 
Sedan  fondée  par  les  ancêtres  de  S.  A.  S"1C  vinrent  la  complimenter  encore, 
M.  Pillaz  lieutenant  gênerai  du  Baillagc  de  lad.  ville  portant  la  parolle,  ils 
furent  retenus  a  diner.  Après  le  diner  M.  Daubigny  prit  congé  de  S.  A.  Smc 
qui  luy  fit  présent  d'un  diament  de  prix. 

Le  même  jour  S.  A.  Smc  voulut  bien  honorer  de  sa  présence  une  fête  que 
M.  Bodson  luy  avoit  fait  préparer,  Elle  se  rendit  chez  luy  avec  M.  Daubigny 
accompagné  de  toute  sa  cour  à  huit  heures  et  demyes  du  soir,  Elle  trouva 
la  façade  de  la  maison  sur  la  Rue  illuminée,  Etant  montée  sur  une  salle 
haute  Elle  se  mil  sur  un  balcon  qui  avoit  clé  préparé  avec  des  tapis 
de  perse  et  couvert  d'un  baldaquin,  dez  qu'elle  parut  deux  Bandes  d'In- 
struments qui  etoient  placées  au  dessous  du  balcon  sans  être  apperçùcs  se 
firent  entendre  et  S.  A.  S"u>  fut  saluée  d'une  triple  salves  de  2i  Boëles 
placées  de  l'autre  coté  de  la  rivière  en  face  de  la  maison,  auxquelles  succéda 
immédiatement  un  feu  d'artillice  construit  sur  la  rivière  vis-a-vis  du  balcon 
sur  une  Estrade  qui  figuroit  un  Bosquet,  S.  A.  S'"c  y  mit  Elle  même  le  feu 


—    272    — 

par  le  moyen  d'une  fusée  courante,  L'Execution  de  ce  feû  ne  laissa  rien  à 
désirer,  S.  A.  Snle  eut  la  bontée  d'en  paroitre  extrêmement  contente,  il  y 
eut  ensuite  un  souper  à  deux  Tables  de  dix  huit  couverts  chacune,  La 
santée  de  S.  A.  Sme  fut  portée  debout  par  toutes  les  personnes  de  la  com- 
pagnie au  bruit  des  fanfarres  et  d'une  salve  de  boittes,  Elle  ne  se  retira 
qua  trois  heures  du  matin. 

Le  six  S.  A.  Sme  entourée  de  ses  gardes  du  corps  sortit  de  son  Palais 
pour  aller  visitter  le  Château,  Elle  trouva  sur  L'Esplanade  en  deçà  de  la 
barrière,  la  garnison  en  bataille  présentant  les  armes,  les  officiers  la  saluèrent 
de  L'Esponton  et  les  Tambourgs  battirent  aux  champs. 

M.  Dupé  commandant  étant  à  la  tête  de  la  garnison  avec  son  Etat  major 
savança  vers  S.  A.  Snie  Et  luy  remit  les  clefs  du  château,  toute  l'artillerie 
fit  une  triple  décharge,  S.  A.  S,ne  à  son  entrée  dans  le  Château,  trouva  la 
gardeen  haye  devant  le  premier  corps  de  garde  présentant  les  armes,  L'ofiicier 
de  garde  la  salua  de  L'Esponton,  Et  le  tambourg  battit  aux  champs,  après 
avoir  visittés  les  ouvrages  les  plus  remarquables  des  fortifications,  Elle 
revint  diner  chez  Elle  on  luy  rendit  à  sa  sortye  du  château  les  mêmes  hon- 
neurs militaires  qu'a  son  entrée. 

Pendant  le  diner  cinquante  jeunes  filles  de  la  ville  habillées  en  blanc, 
avec  des  cocardes  de  Rubans  noirs  et  blancs,  armées  chacune  d'un  Pistolet 
vinrent  se  ranger  en  bataille  en  face  du  palais,  et  Saluèrent  S.  A.  Sme  de 
leur  mousqueterie. 

Pendant  le  séjour  de  son  A.  S1110  a  Bouillon  l'Intérieur  de  son  palais  à 
été  gardé  par  ses  gardes  du  corps,  la  porte  de  la  seconde  cour  par  un 
détachement  des  gardes  ordres  du  duchez,  le  grand  Escalier  de  la  première 
cour  par  le  détachement  de  cinquante  hommes  du  régiment  de  Bouillon, 
et  le  corps  de  garde  qui  est  en  face  du  palais  par  un  détachement  de  vingt 
cinq  hommes  tiré  des  compagnies  de  la  milice  Bourgeoise  habillés  en 
uniforme  leurs  officiers  a  leurs  têtes. 

Son  A.  Sme  depuis  son  arrivée  à  toujours  tenu  une  table  de  soixante 
couverts. 

Le  sept  S.  A.  Sme  précédée  des  olficiers  de  sa  maison  environnée  de  ses 
gardes  du  corps  et  accompagnée  de  toute  sa  cour,  fut  entendre  la  messe 
dans  L'Eglise  des  Channoinesses  du  S'-Sepulchre,  S.  A.  Sme  se  plaça  sur 
un  prié  dieu  couvert  d'un  tapis  de  Velours  environnée  de  ses  gardes,  pen- 
dant la  messe  qui  fut  servie  par  les  pages  de  S.  A.  Sme  on  chanta  le  Tedeum 
en  musique  avec  lantienne  domine  Salvum  fac  Ducem,  et  on  recita  loraison 


—    273     - 

ordinaire,  la  messe  elant  finie,  le  célébrant  vint  faire  baiser  le  corporal  a 
S.  A.  Sme. 

Le  dix,  Jour  de  Sl-Laurent,  S.  A.  Sme  s'en  fut  dans  le  même  cortège 
entendre  la  messe  cbez  les  pères  Augustins,  le  prieur  du  couvent  a  la  tête 
de  ses  relligieux  vint  recevoir  Son  A.  Sme  processionnellement  à  la  porte 
de  L'Eglise  et  après  luy  avoir  présenté  L'Eaue  benitte  et  L'Encens,  il  la 
conduisit  au  prie  dieu  qu'il  luy  avoit  fait  préparer,  ensuitte  il  Entonna  le 
Tedeum.  La  messe  fut  célébrée  avec  les  mêmes  cérémonies  qu'aux  relli- 
gieuses,  et  S.  A.  reconduite  après  la  messe  processionnellenl,  Jusqu'à  la 
porte  de  L'Eglise  ou  le  prieur  luy  présenta  L'Eaue  Bénite. 


DE 

L'IMPORTANCE   DES   DIVERSES   LOCALITÉS 

DU 

PAYS    DE    LUXEMBOURG 

EN  1701. 


J'ai  publié  dans  le  dernier  fascicule  de  nos  Annales  le  travail  de  Leistcn- 
schneider  sur  le  cadastre  du  pays  de  Luxembourg  en  1793  et  1794. 

Ce  travail  fixe  d'une  manière  authentique  la  situation  des  diverses  parties 
du  pays  de  Luxembourg  avant  l'annexion  française. 

Il  donne  la  liste  alphabétique  des  villes,  villages,  hameaux,  châteaux  et 
fermes  de  cette  région,  le  nombre  des  laboureurs  et  des  maisons  qui  se 
trouvent  dans  chaque  endroit,  ainsi  que  les  noms  des  offices  et  seigneuries 
dont  ils  ressortissent,  avec  désignation  des  quartiers  de  leur  situation. 

Comme  complément  de  ce  travail,  je  vais  reproduire  un  document  qui 
repose  en  original  dans  les  archives  du  Grand-Duché  de  Luxembourg. 

C'est  une  répartition,  à  titre  d'ayde,  d'une  somme  de  123864  florins 
entre  les  différentes  localités  du  pays  luxembourgeois,  répartition  qui  per- 
met d'établir  l'importance  relative  de  ces  dernières  au  point  de  vue  de  la 
prospérité  et  de  la  richesse  publique. 

Ce  document,  qui  est  daté  du  23  décembre  1701,  est  très-intéressant; 
le  pays  de  Luxembourg  est  dit  renfermer  15  villes ,  savoir  :  1)  Luxembourg, 
2)  Grevenmachery  3)  Echternach,  4)  Arlon,  5)  St-Vith,  G)  Dickirch, 
7)  Vianden,  8)  Neuerbourg,  9)  Bidbourg,  10)  Baslogne,  11)  Marche, 
12)  Durbuy,  13)  La  Roche,  14)  Virton,  15)  Chiny. 

Ensuite  deux  bourgs:  Esch-s-1'Alz.  et  Willz. 

5  franchises:  1)  Remich,  2)  Waxweiler,  3)  Doudeldorf,  4)  llouiïalize, 
5)  Neufchâteau. 

2  cours  :  celles  de  Remich  et  de  Thommen. 

21 


-    278    - 

2  mairies  :  celles  de  Bastogne  el  de  Marche. 

La  juslicerie  de  Grcvenmacher.  v 

La  marckvogley  de  Diekirch. 

Les  terres  de  St-Vith  et  de  Neufcliâleau. 

Puis  5  comtés  à  savoir  ceux  de  1)  Roussy,  2)  Wiltz,  3)  Yianden,  4)  llo- 
chefort,  5)  Montaigue. 

Une  baronnie:  celle  de  Jamoigne. 

On  cite  aussi  le  ban  de  Musson. 

Les  prévôtés  sont  au  nombre  de  13.  1)  Luxembourg,  2)  Echternach, 
3)  Arlon,  4)  Bidbourg,  5)  Bastogne,  6)  Marche,  7)  Durbuy,  8)  Laroche, 
9)  Virton,  10)  St-Mard,  11)  Chiny,  12)  Etalle,  13)  Orchimont. 

Le  nombre  des  forges  est  de  19.  1)  Dommeldange,  2)  Ansembourg, 
3)  Bérich,  4)  la  Sauvage,  5)  Berschiué,  G)  Dieupart,  7)  St-Oude,  8)  Es- 
pioux,  9)  10)  la  Trapperie  et  Boulogne,  11)  Chamisot  à  Mely,  11)  Chas- 
telet,  12)  La  Soye,  13)  la  l'orge  de  la  marquise  de  Ragy,  14)  Busno, 
15)  Grandvoir,  16)  Biourge,  17)  du  las,  18)  Rumelange,  19)  Mchr  et 
Bettenfeld. 

Les  seigneuries  énumérées  sont  au  nombre  de  133  non  compris  les  vil- 
lages dépendant  ci-devant  de  la  terre  d'Agimont  et  deux  censés,  celles  de 
Hassonville  et  de  Verley. 

«  Les  députés  des  trois  Estats  du  pays  duché  de  Luxembourg  et  comté  de 
Chiny,  procédant  ensuite  de  la  commission  qu'ils  ont  des  dits  Estats,  conformé- 
ment à  leur  accord  et  résolution  du  2  novembre  dernier  et  de  l'acte  d'accepta- 
tion du  22e  du  dit  mois,  ils  ont  reparti  sur  la  province  la  somme  de  123,814  fi.  à 
compte  de  l'ayde  accordée  parie  dit  départ  pour  l'année  prochaine,  payable 
en  monnaye  rehaussée  au  prix  exprimé  par  le  placcart  du  roy  du  6  octobre 
dernier  et  interprétation  postérieure  de  S.  M.  du  7  novembre  aussi  dernier  es 
mains  du  sieur  Théodore  Neunheuser  conseiller  et  receveur  général  des  aydes 
de  la  dite  province  endéans  un  mois  après  la  réception  des  ordres  de  son 
Excellence  Monsieur  le  comte  d'Autel,  gouverneur  et  capitaine  général  d'icelle 
province,  faisant  à  remarquer  que  les  lieux  qui  ne  sont  compris  en  la  pré- 
sente, quoyque  tauxés  conjointement,  se  trouvent  dans  une  liste  à  part  pour 
partie  de  l'excressence,  octroyée  par  le  môme  accord  et  acte  d'acceptation, 
jusqu'à  la  somme  de  10845  fi.  pour  être  levée  en  déans  pareil  terme  et  pa- 
reilles monnayes  après  les  ordres  de  sa  dite  excellence  par  le  sieur  Henri 
François  Neunheuser  receveur  de  la  dite  excressence  et  de  suite  être  em- 
ployée aux  nécessités  des  dits  Estats  sur  les  ordres  de  leurs  députés  ordi- 
naires et  les  Ecclésiastiques  payeront  en  même  temps  au  dit  Sieur  conseiller 


—    279 


et  receveur  général  de  l'ayde  la  somme  de  6000  florins  à  compte  de  la  somme 
dont  Testât  ecclésiastique  s'est  volontairement  chargé  par  le  dit  départ. 

1 .  La  ville  de  Luxembourg  est  taxée  à  la  somme    .         .        3375  fl. 

2.  Le  prevosté  de  Luxembourg  est  modérée  à  la  somme 

de  7235  fl.  en  considération  que  la  mairie  deLintgen 
ne  paiera  pour  cette  fois  que  la  moitié  de  la  portée 
ordinaire,  à  cause  du  camp  qu'elle  a  souffert,  et  le 
nommé  Jean  Roden  habitant  de  Strasscn  lequel  a  eu 
sa  maison  brûlée  cette  année,  sera  encore  exempt 
pour  cette  fois  et  que  les  villages  de  Clemency,  Bergem 
et  autres  qui  ont  perdu  leurs  bêtes  par  maladie  seront 
modérément  tauxés  par  les  officiers  de  la  dite  pre- 
vosté     723511. 

3.  Peter  Bevingen,  seigneur  gager  de  Steinbrùck  est  taxé 

à  la  somme  de       .... 

4.  Le  bourg  d'Eseh  est  tauxée  à     . 

5.  La  seigneurie  de  Putlange  à 

6.  La  seigneurie  de  Frisange  à       .         .         . 

7.  La  seigneurie  de  Trintingen      à 

8.  La  seigneurie  de  Heisdorff  à      . 

9.  La  seigneurie  de  Munster  à 

10.  La  seigneurie  de  Mont  St-Jean  à 

1 1 .  La  seigneurie  de  Soleuvre  à 

12.  La  seigneurie  de  Bertrange  à     . 

13.  La  seigneurie  à'Ansembourg      à 

14.  La  seigneurie  de  Schœnfels  à    . 

15.  La  seigneurie  de  Mersch  est  modérée  à  la  somme  de 

1293f  15s-  en  considération  que  les  villages  de  Fen- 
tingen  et  àHAlzingen  seront  diminués  d'un  quart  de 
leur  portée  ordre  pour  cette  fois  à  cause  des  campe- 
ments qu'il  y  a  eus 1293    15 

1G.  La  seigneurie  de  Post  et  Schadeck      .         .         .  101      5 

47.  La  seigneurie  de  Pittange  à      .         .         .         .         .945 

18.  La  seigneurie  de  Fischbach  à 202    10 

19.  La  seigneurie  de  Linster  à         .....       500      5 

non  compris  Johannes  Mayer  de  Gonderingen  qui  a 
eu  sa  maison  brûlée. 

20.  La  seigneurie  de  Heffingen  à     .         .         .         .         .       151     17  1/2 

21.  La  seigneurie  de  Larochette  est  modérée  à  la  somme 

de!001f5s.  en  considération  que  les  villages  de  Schiren 


711 

.  2s.6d. 

337 

10 

585 

135 

168 

15 

915 

1012 

10 

075 

2193 

15 

303 

15 

168 

15 

101 

5 

-     280     - 


haute  et  basse,  seront  diminués  du  quart  de  leur 
portée  ordinaire  pour  cette  fois       .... 

22.  La  seigneurie  de  Heringen  à 

23.  La  seigneurie  de  Beaufort  à      ....         . 

24.  La  seigneurie  de  Berbourg  est  modérée  à  la  somme  de 

considéré  que  le  village  de  Wasserbillig  sera  diminué 
du  quart  de  sa  portée  ordinaire. 

25.  La  seigneurie  de  Herbem  et  Montpach  à 

26.  La  seigneurie  de  Hesperange  à  . 

27.  La  seigneurie  de  Rodemachern  à 

28.  La  seigneurie  de  Russi  à  . 

29.  Le  comté  de  Russi  à. 

30.  La  seigneurie  de  Preisch  à 

31.  La  ville  de  Grevenmacher  à 

32.  La  justicerie  de  Grevenmache) 

33.  La  seigneurie  d'Igel  est  modérée  à  483  f.  15  en  con- 

sidération que  Lauers  Peter  et  Peter  Theis  du  village 
de  Givenig  qui  ont  leurs  maisons  brûlées  seront 
exempts  de  leur  contingent 

34.  La  seigneurie  de  Vinkrange  à 

35.  La  seigneurie  de  Wiltingen  et  Cantzem  à 

36.  La  seigneurie  d'Useldange  à 

37.  La  seigneurie  d'Everlange  à 

38.  La  seigneurie  de  Hollenfeltz  à 

39.  La  seigneurie  de  Kœrich  à. 

40.  La  seigneurie  de  Meysenïbourg 

41 .  La  ville  à'Echternach  à     . 

42.  La  prevosté  à'Echternach  à 

43.  La  seigneurie  de  Rosport  à 

44.  La  franchise  de  Remich  à . 

45.  La  cour  de  Remich  est  modérée  à  la  somme  de 

en  considération  que  le  village  de  Vintringen  sera 
diminué  de  la  moitié  de  la  tauxe  ordinaire,  le  village 
de  Swipsingen  pour  le  quart,  et  autres  qui  ont  aussi 
souffert  par  la  gresle  en  leurs  vignobles  et  grains, 
seront  aussi  modérément  tauxés  à  proportion,  à  l'es- 
timation des  officiers  et  gens  sermentés  pour  cette 
fois. 

46.  La  seigneurie  de  Mandern  à 135 

47.  Id.  de  Stadtbredimus  à  .         .         .         .135 


1001  5 

168  15 

1046  5 

1417  10 


219    17  1/2 

450 
1350 

337    10 
1035 
90 

371      5 
2025 


483    15 

337    10 

337    10 
1350 

405 

472     10 

607     10 

675 

540 
1620 

607 

438    15 
2002    10 


—    281     — 


978 

15 

33 

15 

472 

10 

337 

10 

675 

1012 

10 

508 

5 

3858 

15 

48.  Id.  de  Waldbredimus  à .        .        .        .      H8      2    6  d. 

49.  La  ville  à'Arlon  à 9H      5 

50.  La  prevosté  ^  Avion  à 72 î6      5 

51  La  seigneurie  de  Thyaumont  est  modérée  à  la  somme 
de  978  f.  15  s.  considéré  que  le  nommé  Henry  le 
Meyer  et  Jean  Tafler  de  Habrisard  lesquels  ont  eu 
leurs  maisons  brûlées  ne  contribueront  que  pour  la 
moitié  de  leur  taxe  ordinaire  pour  cette  fois 

52.  La  seigneurie  de  Chastelet  à 

53.  Id.  de  Bologne  à     . 

54.  Id.  de  Vance  à 

55.  Id.  de  Girsch  à 

56.  Id.  de  Septfontaines  à 

57.  La  ville  de  St-Vith  est  à    . 

58.  La  terre  de  St-Vith  a  été  modérée  à  la  somme  de 

en  considération  que  le  village  d'Hammd  qui  a  souf- 
fert le  camp  ne  portera  que  la  moitié  de  sa  quote 
ordinaire  pour  cette  fois,  et  les  autres  villages  aux 
environs  qui  ontj  souffert  par  les  cantonnements  se- 
ront tauxés  modérément  à  proportion  par  les  officiers 
et  gens  sermentés 3858    15 

59.  La  cour  de  Thommen  a  été  pareillement  modérée  à  la 

somme  de  1080  fi.  en  considération  que  les  villages 
de  Thommen  et  Grevelingen  qui  ont  souffert  le  camp 
seront  exempts  pour  cette  fois.  Le  village  de  Espeler 
sera  modéré  pour  un  tiers  de  sa  portée,  à  cause  des 
dommages  soufferts  par  l'orage  en  ses  grains  et  autres 
villages  qui  ont  souffert  par  le  campement  et  passage 
des  troupes,  seront  modérément  tauxés  par  les_  offi- 
ciers et  gens  sermentés 1080 

60.  La  seigneurie    de  Reuland  a   été   pareillement   mo- 

dérée à 973      2      6 

en  considération  que  les  villages  de  Holler,  Binsfeld, 
Breideweiler  et  Liller  seront  diminuésjd'un  quart  de 
leur  portée  ordinaire. 

61.  La  seigneurie  d'Ouren  pareillement  modérée  à  .        .      315 

en  considération  que  les  villages  qui  ont  souffert  sur  la 
route  par  les  campements  seront  modérément  tauxés 
par  les  officiers  et  gens  sermentés,  savoir  que  Huper- 
dangeetHennescheid  ne  payeront  que  la  moitié  de  leur 


-    282     - 


62. 


63. 


61. 
65. 
66. 
67. 


68. 
69. 


70. 
71. 
72. 
73. 
74. 
75. 
76. 
77. 
78. 
79. 
80. 
81, 
82. 
83, 


portée  ordinaire  et  Calborn  et  Leller  seront  considérés 
pour  un  quart. 

La  seigneurie  de  Clervaux"  pareillement  modérée  en 
considération  du  campement  à  Fischbag  et  Urspelt 
lesquels  ne  payeront  que  la  moitié  de  leur  portée  or- 
dinaire, et  des  logements  et  cantonnements  aux  vil- 
lages de  Hosingen,  Muntzhausen,  Marnach,  Grindt- 
hausen,  Reuller,  Dorscheid,  et  Neudthausen  lesquels 
seront  considérés  pour  un  quart  de  leur  portée  et 
payera  la  dite  terre  de  Clervaux  la  somme  de  . 

Le  bourg  de  Wiltz  avec  les  censés  et  moulins  y  an- 
nexés, est  tauxé  séparément  par  résolution  de  l'état 
à  la  somme  de 

Le  comté  de  Wiltz,  non  compris  le  bourg  à 

La  seigneurie  de  Bous  à    . 

La  ville  de  Diekirch  à       ..... 

La  marvogtey  de  Diekirch  est  modérée  à  la  somme  de 
en  considération  que  les  villages  d'Ettelbrùck  et 
d'Erpddange  ne  paieront  que  la  moitié  de  leur  portée 
ordinaire  et  les  villages  d'Engeldorf,  Berich,  Grin- 
dingen  et  Warken  seront  aussi  modérément  tauxés 

La  seigneurie  d'Erpeldange  est  tauxée  à     . 
Id.  de  Bourscheid  est  modérée  à 

en  considération  des  villages  de  Hoscheid  et  de 
Warken  qui  ne  paieront  que  la  moitié  de  leur  portée 
ordinaire  pour  cette  fois. 

La  seigneurie  de  Moesdorf  est  tauxée  à 

La  seigneurie  de  Stoltzembcurg  à 
Id.  de  Scliùtbourg  à 

La  ville  de  Yianden  à 

Le  comté  de  Vianden  h    . 

La  seigneurie  de  Brandebourg  à 

La  ville  de  Neurbourg  à    . 

La  franchise  de  Waxweiler 

La  franchise  de  Doudeletordorf  (sic)  à 

La  ville  de  Bidbourg  à 

La  prévosté  de  Bidbourg  à 

La  seigneurie  de  Bidbourg  à 

La  seigneurie  de  Bùckendorf  à 

Id,  de  Lisen  et  Wolfeld  à 


1507    10 


337  10 

1181  5 

202  10 

270 

1676  5 


.  1670 

5 

33 

15 

.   826 

e 

17 

e 

8'6 

17 

.   270 

50 

12   ( 

16 

17 

.   675 

.  3375 

.   405 

.   405 

.   135 

.   337 

10 

405 

.  1012 

10 

.  1350 

.   101 

5 

.   219 

7  1/2 

—    283    — 


85. 

86. 

87. 

88. 

89. 

90. 

91. 

92. 

93. 

94. 

95. 

96. 

97. 

98. 

99. 
100. 
101. 
102. 
103. 
104. 
105. 
106. 
407. 
108. 
1C9. 
110. 

III, 
112. 
113. 
114. 
115. 
116. 
117. 
118. 
119. 


120. 


Id.  d'Oberweiler  à  * 

Id.  deKailh. 

Id.  de  Falquenstein  à 

Id.  de  Trimporten  à 

Id .  de  Brouch  à 

Id.  de  Sinsfeld  à    . 

Id.  de  Malberg  à    . 

Id.  de  Scharfbillig  à 

Id.  de  Densbom  et  Dhommen  à 

Id.  de  Mohr-  et  Bettenfeldt  à 

La  ville  de  Bastogne  à 
La  prevosté  de  Bastogne  à 
La  mairie  de  Bastogne  à    .         .         . 
La  seigneurie  de  Varden  à 

Id.  de  Tillet  et  Amberlox  à 

Id.  de  Magery  à 

Id.  deHoffelt  à 

Id.  d'Asnois  et  Strinchamps  à 

Id.  d'IIascheville  à. 

Id.  de  La  Valle  à    . 

Id.  deBolléh. 

Id.  à'Arloncourt  à  . 

Le  comté  de  Roche  fort  à  . 
La  ville  de  Marche  à. 
La  mairie  de  Marche  à 
La  prevosté  de  Marche  à  . 
La  seigneurie  de  A/j/e  à  . 
Le  censier  d' Hassonville  à. 
La  seigneurie  de  /toy  à     . 

Id.  de  Hargimont  à 

Id.  d'Harzin  à 

Id.  de  Bande  à 

Id.  de  Va/ia  et  Charneux  à 

La  seigneurie  de  Humain  à 

La  seigneurie  de  Sennen  à 

Le  comté  de  Montagu  est  modéré  à  la  somme  de  f .  630 

en  considération  que  la  mairie  de  Hotton  qui  a  souffert 

le  camp  paiera  en  cette  somme  seulement  la  moitié 

de  leur  portée  ordinaire  pour  cette  fois   .        •        . 

La  ville  de  Durbuy  est  tauxée  à       •        •        •        • 


84 

7  1/2 

168 

15 

84 

7  1/2 

50 

12 

742 

10 

270 

337 

10 

506 

5 

337 

10 

405 

675 

5400 

371 

5 

348 

15 

135 

262 

10 

371 

5 

371 

5 

168 

15 

168 

15 

320 

12  1/2 

101 

5 

270 

742 

10 

573 

15 

337 

10 

151 

17 

11 

5 

95 

12  6  d 

42 

3  9  d 

33 

15 

151 

17  6  d 

151 

19  6  d 

67 

10 

16 

17  6  d 

630 
202    10 


—    584 


123. 

Id. 

124. 

Id. 

125. 

Id. 

126. 

Id. 

127. 

Id. 

128. 

Id. 

121.  La  prévosté  de  Durbuy  a  été  modérée  à  la  somme  de 

4466f  5  en  considération  que  les  habitans  du  village 
de  Barvaux  lesquels  ont  eu  leurs  maisons  brûlées  au 
nombre  de  18  seront  encore  exempts  pour  cette  fois  à 

122.  La  seigneurie  de  My  à 
de  Ville  à 

de  Vervos  à       .         .         . 
de  Ramélot  à     . 
àïOchain  à 
de  Soy  à . 
de  Aywaille  est  modérée  à 

à  raison  du  campement  au  dit  Aywaille . 

129.  La  seigneurie  de  Montjardin  à  . 

130.  Id.  de  Harzé  est  modérée  à     . 
en  considération  du  camp  d' Aywaille 

131.  La  franchise  de  Houffalize  à 

132.  La  seigneurie  de  Rachamps  à    . 

133.  Id.  de  Tavigny  à    . 

134.  Id.  de  Mabompré  à. 

135.  La  ville  de  la  Roche  à 

136.  La  prévosté  de  la  Roche    . 

137.  La  ville  de  Verton    . 

138.  La  prévosté  de  Verto7i 

139.  La  seigneurie  de  Harnoncour    . 

140.  Id.  de  Villers  la  loup  à 

141.  '         ld.  de  La  tour  à 

142.  Id.  de  Montquintin  à 

143.  La  censé  de  Verly  à. 

144.  La  prévosté  de  St-Mard  non  compris  le  ban  de  Musson 

ensuite  de  la  résolution  de  l'Estat  et  des  dénombre- 
ments des  feux  et  considéré  que  les  habitants  du  village 
de  Villone  qui  ont  eu  leurs  chevaux  exécutés  pour 
représailles  ne  paieront  encore  pour  cette  fois  que  la 
moitié  de  leur  portée  ord. 

445.  Le  ban  de  Musson  tauxée  séparément  par  résolution  de 
l'Estat,  conformément  aux  dénombrements  des  feux 
consistant  ez  villages  de  Musson,  Jodancour,  Villan- 
cour,  d' Uzemon,  et  Baransy  paiera .... 

146.  La  seigneurie  de  Basaille  a  été  modérée  en  consu.é- 
ration  de  ceux  qui  ont  eu  leurs  chevaux  exécutés 


4466 

5 

67 

10 

42 

3 

67 

10 

101 

5 

371 

5 

337 

10 

483 

15 

80 

12 

360 

303 

15 

202 

10 

472 

10 

101 

5 

405 

2700 

540 

1350 

168 

15 

135 

438 

15 

270 

11 

5 

1485 

742    10 


—    285    — 


pour  représailles  qui  ne  porteront  que  la  moitié  de 
leur  tauxe  ordinaire  pour  cette  fois,  à 

147.  La  seigneurie  de  Ruette  est  tauxée  à  . 

148.  Id.  de  Sinu  St-Remy  à    . 

149.  La  ville  de  Chiny  à  . 

150.  La  prévosté  de  Chiny  à     . 

151.  La  baronie  deJamoigne  à. 

152.  La  seigneurie  de  Ste-Marie  à     . 

153.  Id.  de  Villers-devant-Orval  à 

154.  Id.  de  Porcher  esse  à 

155.  Id.  de  Limes  h 

156.  Id.  de  Villemont  à  . 

157.  La  prévosté  d'Estaille  à    . 

158.  La  seigneurie  de  Nantîrûont     à 

159.  La  franchise  de  Neufchâteau  à  . 

160.  La  terre  de  Neufchâteau  à. 

161.  La  seigneurie  du  Chaîne  . 

162.  Id.  de  Vitry  à 

163.  Id.  de  Herbemont  à 

164.  Id.  d'Ochamps  à 

165.  La  prévosté  d'Orchimont  à 

bien  entendu  que  les  villages  du  petit  fays  et  mon 
ceau  seront  modérés  pour  le  quart  de  leur  portée  or- 
dinaire à  cause  de  la  grêle. 

166.  La  seigneurie  de  Rienne  à 

167.  Id.  de  Villerey  à     . 

168.  Id.  de  Railliamont  à 

169.  Id.  deRohanh 

170.  Id.  de  Cons  la  Grandville  à 

171.  Id.  de  Membre  h     . 

172.  La  seigneurie  de  Louettz  St-Deny  a  été  modérée  en 

considération  que  la  gresle  a  ruiné  leurs  grains,  à 

173.  La  seigneurie  de  Louette  St-Pierre  pour  pareille  con 

sidération  à 

174.  La  seigneurie  de  Bièvre  pour  pareille  considération 

175.  Id.  de  Bellefontaine  pour  pareille  consi 
dération  à     ......         . 

176.  La  seigneurie  de  Neumesnil     à         .         .         . 

177.  Id.  de  Naomé  à 

178.  Id.  de  Mirwarà  à.         • 


78 

15 

20-2 

10 

168 

15 

303 

15 

1518 

15 

500 

5 

168 

15 

168 

15 

l  s:, 

12 

07 

10 

978 

15 

1012 

K» 

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8 

270 

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5 

Si 

7 

337 

10 

438 

15 

303 

15 

1485 

101 

5 

84 

7 

438 

15 

270 

270 

118 

2 

191 


446   5 

191   5 

67  10 

151  17 

6 

75  18 

9 

2700 

22 

—    286    — 


179.  Id.  de  Focan  à 

180.  Id.  de  Sohier  à 

181.  Id.  du  ban  cCEsclassin  à 

182.  Id.  d'Esclave  à 

183.  Id.  de  Beaurain  à  . 

184.  Id.  de  Han  sur  L'Esse  à 

185.  Id.  de  Daver disse  à 

Forges 
1.  La  forge  de  Dummeldange  à 


2.  Id.       d'Ansembourg  à 

3.  Id.       de  Berich  à 

4.  Id.       de  La  Sauvage  a. 

5.  Id.       de  Bershiué  h 

6.  Id.       de  Dieupart  à 

7.  La  forge  de  Ste-Oude  ù 

8.  La  forge  d'Espioux  à  M .  de  Chastelet  à 

9.  La  forge  de  la  Trapperie  et  Boulogne  à 
10.  La  forge  de  Chamisot  à  Mely  à  . 
H.  La  forge  de  Chastelet  à      .         .         . 

12.  La  forge  de  la  Soy  à. 

13.  Les  forges  de  Madame  la  marquise  de  Ragy 

14.  La  forge  de  Bus  no  h  M.  de  Sl-Oude  à 

15.  La  forge  de  Grandvoir  à  . 

16.  La  forge  de  Biourge  à 

17.  La  forge  du  Fas  à     .         .         .         . 

18.  La  forge  de  Rumelange  à  . 

19.  L'admodiateur  de  Mehr  et  Bettenfeld  pour  sa  part  à  la 

forge 38 

Les  villages  cy  devant  de  la  terre  d'Agimont,  pour  que  le  provenu  soit 
employé  au  payement  des  frais  restant  pour  la  conférence  de  Lille  assignés 
sur  les  dits  villages  et  seigneuries. 

1.  La  seigneurie  de  Vienne  et  Dionlemont  tauxée  à. 

2.  La  seigneurie  de  Ferrange  à 


50 

12 

101 

5 

185 

12 

6 

101 

5 

371 

5 

236 

5 

101 

5 

75 

18 

9 

135 

118 

26 

75 

18 

9 

84 

7 

6 

33 

15 

135 

101 

5 

194 

1 

3 

84 

7 

6 

135 

135 

540 

84 

7 

0 

59 

1 

3 

38 

38 

38 

3. 

Id. 

de  Boursinne  la  vieille  à 

4. 

Id. 

de  Boursinne  la  neuve  à 

5. 

Id. 

de  Mesnil  Sl-Blaise  à 

6. 

Id. 

de  Finnevaux  à 

7. 

Id. 

de  Feschau  à    . 

8. 

Id. 

de  Vouche  à 

9. 

Id. 

de  Saunenneh . 

180 

45 

90 

112 

180 

112 

180 

90 

67 


10 


10 


10 


-     287     — 

Fait  à  Luxembourg,  le  23  décembre  1701  (signé)  Nicetius  abbé  de  St-Maxi- 
min.  — F.  Benoist  abbé  d'Echternach.  — Le  comte  de  Lannoy  —  d'Ouren 
de  Zievel  —  Neunheuser  —  D.  Notomb.  -  P.  Coutelier. 

Que  de  grands  changements  se  sont  produits  dans  cet  antique  pays  de 
Luxembourg  ! 

En  1G59,  le  traité  de  Thionville  commence  l'œuvre  de  morcellement. 
Thionville,  qui  donna  son  nom  à  ce  traité,  est  arraché  au  Luxembourg  et 
devient  cité  française  pour  être,  en  1871,  transformé  en  ville  allemande  ! 

Puis  vient  la  grande  révolution  qui  inaugure  la  théorie  de  la  guerre  pour 
une  idée  que  César  devait  formuler  à  son  tour. 

L'idée  de  Napoléon  III  ne  coûta  à  l'Italie  que  Nice  et  la  Savoie  ;  l'idée 
de  1795  nous  valut  une  absorption  complète.  Nous  restâmes  annexés  jus- 
qu'en 1815,  époque  à  laquelle  la  Prusse,  dont  l'appétit  s'ouvrait  seulement, 
après  s'être  taillé  quelques  bonnes  lanières  dans  notre  pauvre  cuir,  con- 
sentit à  l'érection  du  Luxembourg  en  Grand  Duché  au  profit  de  Guillaume 
de  Hollande,  lequel  dut  pourtant  abandonner  a  son  tour  quatre  petites 
principautés  patrimoniales  qu'il  possédait  en  Allemagne. 

N'est-ce  pas  h  croire  que  l'histoire  se  fait  autant  par  d'honnêtes  trafi- 
quants que  par  les  amateurs  du  bien  d'autrui. 

Nous  voilà  donc  gouvernés  par  les  Hollandais  comme  province  du 
royaume  du  Pays-Bas  :  cela  dura  jusqu'en  1830,  année  où  les  Belges  se 
substituèrent  a  leurs  anciens  concitoyens  du  Nord,  sauf  pour  la  forteresse 
de  Luxembourg  et  son  rayon,  gardés  d'un  œil  jaloux  par  les  armées  de  la 
confédération  germanique. 

Arrive  le  traité  de  1839  et  le  drapeau  rouge,  jaune  et  noir  est  contraint 
de  se  retirer  devant  la  décision  de  l'Europe  qui  coupe  le  Luxembourg  en 
deux  tronçons,  dont  l'un  va  à  la  Belgique  et  l'autre  reste  au  roi  de  Hol- 
lande à  titre  de  Grand-Duché  personnel. 

Jusques  à  quand  donc  ...  ?  mais  trêve  de  réllexions  archéologiques. 

Et  quels  changements  aussi  dans  l'importance  proportionnelle  des  parties 
constitutives  du  pays  ? 

La,  des  bourgs  assez  considérables  ont  cessé  de  croître  ;  leur  population 
s'est  arrêtée  et  a  diminué  petit  à  petit  ;  ici,  des  forges  bruyantes  qui  ré- 
pandaient autour  d'elles  la  vie,  l'activité,  l'aisance,  ces  forges  se  sont 
éteintes  ;  leurs  bocards  sont  muets;  le  lierre  et  les  mousses  masquent 
seuls  leurs  larges  crevasses  et,  dans  les  halles  de  coulée,  aux  loils  effon- 
drés, le  silence  froid  et  glacial  remplace  les  chaudes  et  fauves  lumières  de 
la  fonte  en  fusion. 


—    288     - 

Les  chemins  qui  amenaient  a  l'usine  les  grandes  bannes  h  charbon  de 
bois  et  les  lourds  chariots  de  minerai  d'alluvion,  ces  chemins  disparaissent 
lentement  sous  l'envahissement  de  l'herbe  et  des  plantains  tenaces. 

En  revanche,  des  hameaux  presqu'ignorés  se  sont  rapidement  développés 
et  les  cheminées  des  Hauts  fourneaux  monstres  élèvent  sur  d'autres  points 
de  la  contrée  leurs  panaches  blancs. 

La  vie  qui  s'est  retirée  d'ailleurs  s'est  transportée  là,  près  de  ces  usines 
colossales  qui  engloutissent  chaque  jour  des  trains  entiers  de  minerai  et 
de  coke  transportés  sur  ces  voies  ferrées  qui  ont  livré  à  la  solitude  les 
belles  et  larges  routes  royales  sillonnées  jadis  par  les  lourdes  diligences 
et  par  les  pesantes  voitures  de  roulage. 

Puis  viendra  quelque  nouvelle  découverte  qui  modifiera  encore  une  fois 
les  conditions  de  l'industrie  et  détournera  le  courant  de  vie  active. 

Et  de  nouveaux  bourgs  s'endormiront  peu  à  peu  en  se  rapetissant  comme 
des  vieillards  desséchés  et  oubliés  ;  et  d'autres  hameaux  grandiront  et  se- 
ront fiers  de  leur  force  et  de  leur  jeunesse  qu'ils  croiront  ne  jamais  devoir 
finir. 

Et  des  Hauts-Fourneaux  monstres  se  verront  enveloppés  d'ombre  et  de 
silence,  tout  comme  les  petits  fourneaux  do  nos  pères  ;  et  leurs  gueulards 
ne  recevront  plus  leur  pâture  quotidienne  a  côté  de  leurs  cheminées  élan- 
cées que  ne  couronnera  plus  l'orgueilleux  panache. 

Éternel  mouvement  d'élévation  et  d'abaissement,  de  jeunesse  et  de  décré- 
pitude, de  vie  et  de  mort  ;  renouvellement  incessart  de  toutes  choses; 
évolution  jamais  interrompue  qui  compense  la  mélancolique  ruine  d'hier 
par  le  triomphant  monument  d'aujourd'hui. 

Arlon,  mai  4879. 

Emile  TANDEL. 


VARIA. 


LE  POÊLE  DE  LA  JUSTICE  DE  PAIX  D'ÉTALLE. 

J'avais  remarqué  dans  le  local  de  la  justice  de  paix  d'Étalle  un  poêle 
d'un  dessin  fort  curieux  et  ancien.  J'ai  demandé  à  ce  sujet  des  renseigne- 
ments a  M.  le  Commissaire-voyer  du  canton  d'Étalle,  qui  a  eu  l'extrême 
obligeance  de  m'en  fournir  ainsi  que  le  dessin  qui  est  reproduit  à  la  fin 
du  fascicule. 

Ce  vieux  fourneau  a  été  fondu  en  1749  à  l'abbaye  d'Orval  et  acheté  il  va 
une  trentaine  d'années  par  M.  J.-N.  François,  de  Lenclos,  pour  la  com- 
mune d'Étalle,  à  la  vente  de  Mrs  Fineuse,  de  Chêne,  commune  deJuseret. 
J'ai  cru  qu'il  n'était  pas  sans  intérêt  de  conserver  ce  spécimen  d'une  fabri- 
cation qui  a  pour  ainsi  dire  disparu  de  notre  province  et  qui  avait  adopté 
des  formes  qui  n'étaient  certes  pas  sans  valeur. 

Arlon, 
février,  1879. 

Emile  TANDEL. 

SUBSTRUCTION    ROMAINE    A    ARLON, 
au   lieu   dit   Sandkaul. 


Dans  le  courant  du  mois  de  mai  1879,  des  ouvriers,  en  creusant  les 
fondations  d'une  maison  en  construction  vis-à-vis  la  station  du  chemin  de 
fer  a  Arlon,  dans  un  terrain  vendu  par  M.  Hollenfeltz,  Bourgmestre  de  la 
ville,  à  M.  Apelman,  cafetier,  ont  mis  à  nu  les  restes  d'une  maçonnerie  de 
deux  mètres  environ  de  longueur  sur  une  épaisseur  de  0m,80. 

Cette  maçonnerie  est  composée  de  briques  carrées,  plates,  parfaitement 
conservées  et  reliées  a  l'aide  du  ciment  bien  connu  des  Romains. 

Elle  s'étend  sous  un  terrain  couvert  d'arbres  assez  vieux. 

Il  n'a  pas  été  possible  de  déterminer  à  quel  usage  elle  a  servi. 

Des  spécimens  de  ces  briques  ont  été  déposés  dans  les  collections  de 
l'Institut. 

Ém.  T. 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


Assemblée  générale  du  16  décembre  1878 2 

Am.  de  Leuze.  Histoire  de  Laroche 5 

H.  Goffinet.  Les  comtes  de  Chiny  (suite,  v.  T.   VIII,  p.  255, 

T.  IX,  p.  31  et  299  et  T.  X.  p.  209) 100 

Deux  documents  se  rapportant  à  l'histoire  du  duché  de  Bouillon.  253 
Emile  Tandel.  Le  l'importance  des  diverses  localités  du  pays  de 

Luxembourg  en  1701 277 

Id.            Varia 293 


e-^T^cèKîKjyfcsythsy-D^ 


:  10 


. 


DH 

801 
L9I5 
1. 11 


Institut  archéologique  du 
Luxembourg,   Arlon,  Bel    ' 
Annales 


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