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Full text of "Annuaire de l'Academie des Sciences, des Lettres, et des Beaux-Arts de Belgique"

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ANNUAIRE 


L’ACADÉMIE ROYALE 


SCIENCES , DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS 


DE BELGIQUE. 


QUINZIÈME ANNÉE. 


BRUXELLES , 


CHEZ M. HAYEZ , IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE ROYALE. 


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ANNUAIRE 


DE 


L’ACADÉMIE ROYALE 


SCIENCES , DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS 


DE BELGIQUE: 


L'ACADÉMIE ROYALE 


DES 


SCIENCES , DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS 


DE BELGIQUE. 


em 


- 1849. 


| LS 


QUINZIÈME ANNÉE. 


Sn S 


BRUXELLES , 


CHEZ M, HAYEZ, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE ROYALE, 


MDCCCXLIX, 


(#) 


CORRESPONDANCE 


DES ÈRES ANCIENNES AVEC LÈRE VULGAIRE. 


Année de la création du monde . :, . . . . . . . 5855 
— de la période julienne . . . . . . . . . . 6562 
— depuis le déluge universel. . . . . . . . . 4197 
— de la fondation de Rome, selon Varron . . . . 2602 
— de l'ère de Nabonassar, . . . .:. . + . . 2596 
“+ ‘de Pere chretienne . : . . + 5", "4 "41889 

L'année 2625 des Olympiades, ou la 17€ année de la 6572 Olym- 

piade , commence en juillet 1849. 
L'année 1265 des Turcs, commence le 27 novembre 1848. 
L'année 1849 du calendrier julien commence le 15 janvier 1849. 


ÉCLIPSES EN 1849. 


Il y aura cette année deux éclipses de soleil, savoir : le 22 fé- 
vrier et le 18 août ; aucune ne sera visible à Bruxelles. Il y aura 
aussi deux éclipses de lune ; toutes deux visibles à Bruxelles, l’une 
le 8 mars et l’autre le 2 septembre. La première, partielle, com- 
mencera à 141 h. 43 m. du soir et finira à 2 h. 45 m. du matin; la 
“deuxième, également partielle et visible en partie seulement, com- 
mencera à 4 h. 4 m. du soir et ne finira qu’à 6 h. 50 m., après le 
coucher du soleil. 


1. 


(6) 


FÊTES MOBILES. 


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Premier dimanche de l'Avent. . . . . . . 2 décembre. 


QUATRE.TEMPS. 


Le 28 février. — Les 2 et 5 mars. — Le 50 mai. — Les 1 et 2 
juin. — Les 19, 21 et 22 septembre, — Les 19, 21 et 22 décembre. 


(7) 


Janvier. 


. Cimconcision DE N.-S. 

. S. Adalard, abbe. 

. Ste Geneviève, vierge. 
Ste Pharaïlde, vierge. 
8 Télesphore, pape. 

. Erienanre ov Les Rois. 

. Sozenx. pe L EPIPHANIE. 

. Ste Gudule, vierge. 

. S. Marcellin, évêque. 

. S. Agathon, pape. 

S. Hygin, pape. 

. S. Arcade, martyr. 

. Ste Véronique. 

. S. Hilaire, év. de Poit. 

45 L. S. Paul, ermite. 

16 M.S. Marcel, pape. 

47 M.S. Antoine, abbé. 

. Chaire de S. P. à Rome. 

49 V. S. Canut, roi de Danem. 

S. SS. Fabien et Sébast., m. 

1 D. Ste Agnes, vierg. et m. 
22 L. SS. Vincent et Anastase. 
M. Épous. de la Ste Vierge. 

24 M.S. Thimothée, év. d’ Ep. 

25 J. Conversion de S. Paul. 

26 V. S. Polycarpe, év. et m. 

. S. Jean-Chrysostôme. 

28 D. S. Julien,ev.de Cuença. 

29 L. S. François de Sales. 

50 M. Ste Martine, v. et mart. 

51 M.S. Pierre Nolasque. 


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Premier quartier le 2. 
Pleine Lune le 8. 
Dernier Quartier le 16. 
Nouvelle Lune le 24. 
Premier Quartier le 31. 


Février. 


. S. Ignace, év. et mart. 
. Purrric. ou CHANDELEUR. 
. S. Blaise, év. et mart. 
. Sepluag. Ste Jeanne, r. 
. Ste Agathe, v. et mart. 
. Ste DorothéeetS.Amand. 
. S. Romuald, abbé. 

. S. Jean de Matha. 

. Ste Apollonie, v. et mart. 
5" Scholastique, vierge. 
. Sexagés. S. Sévérin, abbe. 
. Ste Eulalie, v. et mart. 
. Ste Euphrosine, vierge. 
M.S. Valentin, prêt. et m. 
15 J. SS. Faustin et Jovite, m. 
16 V. Ste Julienne, vierge. 

17 S. SS. ThéoduleetJulien.m. 
18 D. Quinquag.S.Siméon, év. 
19 L. S. Bonifacede Latin, 
20 M.S. Éleuthère, évêque. 
21 M. Les Cend. LeB. Pép.deL. 
22 J. Ch. deS. P. à Antioche. 
25 V. S. Pierre Damien, év. 
24 S. S. Modeste, évêque. 

23 D. Quadragés.Ste Walburge. 
26 L. Ste Aldetrude, abbesse. 
27 M.S. Alexandre , évêque. 
28 M. Quatre temps. S. Julien. 


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2 
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7! Indiet. rom. 7 


Nomb. d’or , | 
VI | Lett. domin. G 


Epacte, 
2% 


Pleine Lune le 7. 
Dernier Quartier le 45. 
Nouvelle Lune le 23. 


(8 ) 


V 

S. Quat.-temps. St Cunég. 
D. Reminiscere. S. Casimir. 
L. S. Théophile. 

M. Ste Colette, vierge. 
M.S. Thomas d'Aquin. 
J. S. Jean de Dieu. 

V. Ste Françoise, veuve. 
S 

D 

L 

M 

M 

J 

V 


. Oculi. S. Vindicien, év. 


. St Euphrasie, vierge. 
. St Mathilde, reine. 

. S. Longin, soldat. 

. St Eusébie, vierge. 


17 S. Ste Gertrude, ab. de Niv. 
18 D. Lœtere. S. Gabriel , arch. 


19 L. S. Joseph, patr. de la B. 
20 M. S. Wulfran,év.deSens. 
21 M.S. Benoit, abbé. 

22 J. S. Basile, martyr. 

23 V.S. Victorien, martyr. 
24 S. S. Agapet, év. de Synn. 
25 D. La PAsston. — Annoncrar. 
26 L. S. Ludger,év. deMunst. 
27 M.S. Rupert,év.de Worms. 
28 M.S. Sixte HE, pape. 

29 J. S. Eustase, abbé. 

50 V. N.-D. des 7 doul. S. Véron. 
31 S. S. Benjamin, martyr. 


20e 


Premier Quartier le 2. 
Pleine Luneé le 9. 

Dernier Quartier le 47. 
Nouvelle Lune le 24. 
Premier Quartier le 31. . 


J. S. Aubin, év. d'Angers. 
+ Quat.-temps. S. Simplice. 


. Les 40 SS. Mart. de Seb, 


. S. Grégoire-le-Grand,p. 


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Avril. 


. Les Rameaux. S. Hugues. 


S. Francois de Paule. 


.S. Richard, évêque. 


S. Isidore de Séville. 
Jeudi-Saint. S. Vincent. 


. Vendredi-Saint.S. Célest. 


S. Albert, ermite. 
PAQUES, S. Perpétue. 
Ste Vaudru, abbesse. 


. S. Macaire, évêque. 


S. Léon-le- Grand, pape. 
S. Jules I, pape. 
S. Herménegilde, mañt. 


. SS. Tib., Valér. et Maxirh. 


Quasimodo, Ste Anastasie. 
S. Drogon, ermite., 


. S. Anicet, pape et mart. 
. S. Ursmar, év. et abbé. 


S. Léon IX, pape. 
Ste Agnes de Monte-Pul, 


+ S. Anselme,archevêque. 


Miséricordiu. S. Sotet, p. 
S. Georges, martyr. 
S. Fidèle de Sigmaring. 


. Rogations. S.Mare,évang. 
. SS. Cletet Marcel, p. et m. 


S. Antime, év. et mart. 


. S. Vital, martyr. 
. Jubilate. S. Pierre de Mit. 
. Ste Catherine de Sienne. 


Due 


Pleine Lune le 7. 
Dernier Quartier le 45. 
Nouvelle Eune le 23, 
Premief Qüartier le 29. 


26 S. 
27 D. 
28 L. 


29 M. 
30 M. 


31 J. 


(9) 


SS. Philippeet Jacq., ap. 


S. Athanase, év. etdoct. 
. Invention de la Ste Croix. 


Ste Monique, veuve. 


. S. Pie V, pape. 
. Cantate.S.Jean Porte Lat. 


Stanilas, év. et mart. 
Apparit.deS. Michel. 
Grégoire de Naziance 
Antonin, év. de Flor. 
. François de Hiéron. 
SS. Nérée et Achillée, m. 
Vocem. S. Servais , év. 


cave 


. Rogations.S.Pacôme, ab. 
. Rogations. Ste Dymphne. 
. Rogations. S. Jean Nép. 
. ASCENSION. S. Pascal. 
. S. Venance, martyr. 

. S. PierreCélestin, pape. 
. S. Bernardin deSienne. 
. St Itisberge, vierge. 

. Ste Julie, vierge et mart. 
.- S. Guibert. 

. S. N.-D. Sec. des Chrét. 
. S. Grégoire VIT, pape. 


S. Phil. de Neri. Jeune. 


PENTECOTE,S. Jean, p. 
S. Germain.év.de Paris. 


S. Maximin, év.deTrèv. 
S. Quat. temps. S. Ferd. 
Ste Pétronille. 


DE 


Pleine Lune le 7. 
Dernier Quartier le 15. 
Nouvelle Lune le 22, 
Premier Quartier le 98. 


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_ Suin. 


- Quat.temps.S. Pamphile. 
. Quatre temps. S. Erasme. 
. La Triniré, Ste Clotilde. 
. S. Optat, év. de Mileve. 


S. Boniface, év. etmart. 


. S. Norbert, évêque. 


Fère-Dreu. S. Robert, év. 
S. Médard,év.de Noyon. 
SS. Prime et Félicien, m. 
Ste Marguerite, reine. 
S. Barnabé, apôtre. 

S. Jean de Sabagun. 


. S. Antoine de Padoue. 


S. Basile-le-Grand, are. 
SS. Guy et Modeste, m. 


S. Jean François Régis. 


Ste Alène,viergeet mart. 


. SS. Marc et Marcellin, m. 
. Ste Julienne de Falcon. 
. S. Sylvère, pape et m. 


S. Louis de Gonzague. 
S. Paulin, év. de Nole. 


. B. Marie d'Oignies. 
. Nativité de S. Jean-Bapt. 


S. Guillaume, abbé. 


. SS. Jean et Paul, mart. 
. S. Ladislas,roi de Hong. 
. Léon IT, pape. 

. SS. Prenrs er Pauz, apôt. 
. Ste Adile, vierge. Jeûne. 


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Pleine Lune le B. 
Dernier Quartier le 43, 
Nouvelle Lune le 20. 
Premier Quartier le 27. 


( 10 ) 


Juillet. 


. Soc. ne SS. Prier. rr Paur.. 
« Vis. de la Ste Vierge. 

. S. Euloge, martyr. 

. S. Théodore , évêque. 
S. Pierre de Lux., ev. 
Ste Godelive, martyre. 
S. Willebaud, évêque. 
. St Elisabeth, r. de Port. 
+ SS. Martyrs de Gorcum. 
. Les sept Frères Martyrs. 
Pie I, pape. 


Anaclet, pape et m. 
Bonaventure , évêq. 


2er 


. S. Alexis, confesseur. 
. S. Camille de Lellis. 

S. Vincent de Paule. 
S. Jerôme Emilien. 

Ste Praxède, vierge. 

. Ste Marie-Madeleine. 

S. Apollinaire, évêque. 
. Ste Christine, v. et mart. 
. S. Jacques le majeur. 
Ste Anne, meredela Se V, 
.S. Patiniéoh , martyr. 
S. Victor , martyr. 

. Ste Marthe , Vierge. 

SS. Abdon et Sennen, m. 
. S. Ignace de Loyola. 


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Pleine Lune le 6. 
Dernier Quartier le 43. 
Nouvelle Lune le 19. 
Premier Quartier le 27. 


Jean Gualbert, abbé. 


Sacr. de Mir. à Brux. 
D. du M.-Car. Ste Ren. 


Août. 


. S. Pierre-ès-Liens. 

SS, Etienne et Alphonse. 
. Invention de $S. Etienne. 
S. Dominique, confess. 
Notre-Dame-aux-Neiges. 
. Transfiguration de N.S. 
. S. Donat, év. et mart. 
. S. Cyriac, martyr. 

S. Romain, martyr. 

S. Laurent, martyr. 

S. Géry,év. deCambrai. 
Ste Claire, vierge. 

S. Hippolyte, martyr. 
S. Eusebe, mart. Jeüne. 
. ASSOMPTION. $S. Arn. 
S. Roch, confesseur. 
S. Libérat, abbé. 

Ste Hélène , impératrice. 
S. Jules, martyr. 

. SS. Bernard et Joachim. 
. Ste Jean.-Frane.-Frém. 
Timothée , martvr. 
Philippe Béniti. 
Barthélemi , apôtre. 
Louis, roi de France. 
Zéphirin, pape et m. 


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2 Joseph Calasance. 
2 Augustin, év. et doct. 
29 M. Décoll. de S. Jean-Bapt. 
30 J. Ste RosedeLima, vierge. 
31 V. S. Raymond Nonnat. 


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Pleine Lune le 4. 
Dernier Quartier le 41. 
Nouvelle Lune le 48, 
Premier Quartier le 25, 


(11) 


Septembre. 


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Pleine Lune le 2. 
Dernier Quartier le 9. 
Nouvelle Lune le 16. 
Premier Quartier le 24. 


1 S. S. Gilles, abbé. 

2 D. S. Etienne, roi de Hong. 
3 L.S. Remacle,év. de Maest. 
4 M, Ste Rosalie, vierge. 

5 MS. Laurent Justinien. 

6 J. S. Donatien, martyr. 

7 V. Ste Reine, vierge. 

8 S. Nariviré pe La Ste Viercs. 
9 D. S. Gorgone, martyr. 
10 L. S. Nicolas de Tolentino. 
11 M. SS. Prote et Hyacinthe. 
12 M.S. Guy d'Anderlecht. 
13 J. S. Ameé,ev.Sionen Val, 
14 V. Exaltat. de la Ste Croix. 
15 S. S. Nicomede, martyr. 
16 D. SS. Corneille et Cyprien. 
17 L. S. Lambert,év.deMaest. 
18 M.S. Joseph de Cupertino. 
19 M. Quat. temps. S. Janvier. 
20 J. S. Eustache, martyr. 
21 V. Quai. temps. S, Mathieu. 
22 S. Quat. lemps. S. Maurice. 
23 D. Ste Thecle, vierge et m. 
24 L. Notre Dame de Merci. 
25 M.S. Firmin. 

26 M. SS. Cyprien et Justine. 
27 4. SS. Cosme et Damien, m., 
28 V. S. Wenceslas, martyr, 
29 S. S. Michel, sims 
50 D. S. Jérôme, docteur. 


Octobre. 


. SS. Rémi et Bavon. 

- S. Léodegaire , évêque. 

S. Gerard, abbe. 

« S. François d'Assise. 

S. Placide, martyr. 

. S. Brunon, confesseur. 

S. Mare, pape. 

Ste Brigitte, veuve. 

. S. Denis et ses compag. 

. S. François de Borgia. 

S. Gommaire,p.deLier. 

S.. Wilfrid, év. d'Yorck. 

S. Édouard, roi d’Angl. 

S. Calixte,papeetmart. 

Ste Thérese, vierge. 

« S. Mummolin, évéque. 

. Ste Hedwige, veuve. 

S. Luc, évangéliste. 

S. Pierre d’Alcantara. 

S. Jean de Kenti. 

Ste Ursule et ses compag. 

S. Mellon, évêque. 

3 M.S. Jean de Capistran. 

24 M.S. Raphaël, archange. 

25 4 SS. Crépin et Crépinien. 

6 V. S. Évariste, pape et m. 

: S. S. Frumence, apôtre. 
28 D. SS. Simon et Jude, apot. 
29 L. Ste Ermelinde, vierge. 

30 M.S. Foillan MArÈYr. 

51 M.S. Dents. mnt. Rue, 


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Le, LS 


Pleine Lune le 2. 
Dernier Quartier le 9. 
Nouvelle Lune le 16. 
Premier Quartier le 24, 
Pleine Lune le 51. 


(12) 


Novembre. 


1 J. TOUSSAINT. 

2 V. Les trépassés. 

3 S. S. Hubert, év.de Liège. 
4 D. S. Charles Borromée. 
5 L. S. Zacharieet SeElisab. 
6 M.S. Winoc, abbe. 

7 M.S. Willebrord, év. d'Ut. 
8 J. S. Godefroi, év. d’Am. 
9 V. Ded. del'égk du Saüv, àR. 
10 S. S. Andre Avellin. 
11 D.S. Martin, év. de Tours. 
12 L. S. Lievin, év. et mart. 
13 M.S. Stanislas Kostka. 
14 M.S. Albeéric, év.d'Utrecht 
45 J. S. Léopold, confesseur. 
16 V. S. Edmond, archevêq. 
17 S. S. Grégoire Thaumatur, 


18 D. Déd. deSsS. Pier. et Paul. 
19 L. St Élisabeth, duchesse. 
20 M.S. Felix de Valois. 

21 M. Présent. de la Ste Vierge. 
. Ste Cécile, vierge et mar. 
23 V. S. Clément}, papeetm. 
. S. Jean de la Croix. 
25 D. Ste Catherine v. et m. 
Albert de Louv., év. 
Acaire, év. de Noyon. 
Rufe, martyr. 
Saturnin, martyr. 
André, apôtre. 


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Dernier Quartier le 7. 
Nouvelle Lune le 14. 
Premier Quartier le 23. 
Pleine Lune le 30. 


Décembre. 

1 S. S. Éloi, év. de Noyon. 

2 D. Avent. Ste Bibienne, v. 

3 L. S. François Havièr, 

4 M. Ste Barbe, martyre. 

5 M.Ss. Sabbas, abbe. 

6 3. S. Nicolas, év. de Myre. 

7 V.S. Ambroise, év. et doct. 
8 S. Concept. dela Ste Vierge. 
9 D: Ste Léocadie , v. et mart, 
10 L. S. Mélchisde, pape of mi 
11 M.S. Damase, pape. 
12 M.S. Valéry, abbé en Pic. 
13 J. Ste Lucie, vierge etmart. 
14 V. S. Spiridion, évêque. 
15 S. S. Adon, arch. de Vien. 


16 D.S. Eusèbe, év. de Verc. 
17 L. Ste Begge, veuve. 

18 M. Expect. de la Ste Vierge. 
19 M. Quai. temps. musse. »’on. 

20 J. S. Philogone , évêque. 

21 V. Quat. temps. S. Thomas. 
22 S. Quat. temps. S. Hungère. 
23 D. Ste Victoire, vierge et m. 
24 L.S. Lucien. Jeûne. 

25 M. NOEL. 

26 M.S. Étienne, premier m. 
27 J. S. Jean, apôt. et évang. 
28 V. SS. Innocents. 

29 S. S. Thomas de Cantorb. 
30 D. S. Sabin, évêq. et mart. 
31 L. S. Sylvestre, pape. 


> 


Dernier Quartier Je 6. 
Nouvelle Lune le #%. 
Premier Quartier le 22. 
Pleine Lune le 29. 


Janvier. 


Id. 
Mai. 


Id. 


Id. 
Juin. 
Août. 


Septembre. 
Id. 


Id. 


Id. 
Décembre, 


Id. 


Id. 


(15) 


Calendrier de l’Académie. 


— Réunions de la commission administrative et des com- 
missions spéciales des finances, pour arrêter les 
comptes ; les commissions spéciales font connaître 
à chaque classe, dans la séance suivante, l’état des 
recettes et dépenses pendant l’année écoulée. 


— Présentation des mémoires destinés au concours de la 
Classe des Lettres. 


— Élection du Directeur dans chaque classe. 


— Jugement des mémoires envoyés au concours pour 
les lettres; rédaction du programme pour le con- 
cours suivant ; élection des membres, associés et 
correspondants. 


— Séance générale des trois classes pour régler les inté- 
rêts communs; élection des membres de la com- 
mission administrative de l’Académie. 


— Séance publique de la Classe des Lettres; distribu- 
tion des récompenses décernées. 


— Présentation des mémoires destinés au concours de la 
Classe des Beaux-Arts. 


— Les vacances commencent après la séance de chaque 
classe, 


— Fin des vacances le 20. 


— Présentation des mémoires destinés au concours de la 
-. Classe des Sciences. 


— Jugement des mémoires envoyés au concours pour 
les beaux-arts ; rédaction du programme pour lc 
concours suivant ; élections des membres, associés 
et correspondants, 


— Séance publique de la Classe des Beaux-Arts ; dis- 
tribution des récompenses décernées. 


— Nomination des commissions spéciales pour la véri- 
fication des comptes de chaque classe. 


— Jugement des mémoires envoyés au concours pour les 
sciences; rédaction du programme pour le con- 
cours suivant ; élections des membres, associés et 
correspondants. 2 

— Séance publique de la Classe des Sciences ; distri- 
bution des récompenses décernées. 


Pr 2 


2 


(14) 


APERÇU HISTORIQUE. 


En 1769, il se forma à Bruxelles une société littéraire 
sous les auspices du comte de Cobenzl, ministre plénipoten- 
liaire de Sa Majesté l’impératrice Marie-Thérèse. La pre- 
mière séance de cette société eut lieu chez le comte de 
Nény, le 5 mai de la même année 

Différentes causes portèrent obstacle aux travaux et aux 
succès de la société littéraire, qui, quatre ans après sa nais- 
sance, vit élargir son cadre et reçut avec le titre d’Académie 
impériale et royale , plusieurs priviléges importants pour 
cette époque. La première séance fut tenue dans la biblio- 
thèque royale, sous la présidence du chancelier de Brabant, 
le 13 avril 1773 (1). 

L'Académie impériale et royale continua paisiblement ses 


(1) Voyez dans l'Annuaire de l’Académie pour 1840, 6e année, 
les différents documents relatifs à l’histoire de l'ancienne académic 
impériale et royale, qui y ont été insérés par M. Gachard, d' après 
les pièces relrouvées dans les archives de L'État. 


( 15 ) 


travaux jusqu’à l’époque de la révolution française, et pu- 
blia , outre cinq volumes de mémoires sur les sciences et 
les lettres, un grand nambre d’ouvrages couronnés dont la 
liste a été insérée dans l’Annuaire de 1841, 7e année, 
Dispersée par suite des événements politiques, l’Académie 
s'était assemblée, pour la dernière fois, le 21 mai 1794. 
Elle fut rétablie, sous le titre d’Académie royale des sciences 
et belles-lettres, par arrêté royal du 7 mai 1816. L’installa- 
tion eut lieu, au musée des tableaux de la ville, le 18 
novembre de la même année (1). 

En 1832, l’Académie, consultée par M. le Ministre de l’in- 
térieur sur l’utilité de la création d’une classe des beaux- 
arts, répondit, à l’unanimité, qu’elle regardait cette ex- 
tension comme utile. Différents plans de réforme furent 
ensuite proposés, soit dans l’intérieur, soit à l'extérieur de 
l'Académie , et le gouvernement, par ses arrêtés du 1er dé- 

cembre 1845, sépara définitivement la compagnie en trois 
_ classes, celle des sciences, celle des lettres et celle des 
beaux-arts, 

On trouvera ci-après les pièces qui appartiennent à cette 
réorganisation. 


(1) Voyez le procès-verbal de la séance dans l'Annuaire de l’A- 
cadémie pour 1840, 6e année. 


(16) 


RÉORGANISATION 


DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES ET BELLES-LETTRES 
- DE BRUXELLES, 


RAPPORT AU ROI. 


Bruxelles, le 19 novembre 1845. 


SIRE , 


L'organisation actuelle de l’Académie royale des sciences 
et belles-lettres de Bruxelles n’est plus en harmonie avec 
les progrès que la science et la littérature ont faits dans 
notre pays. 

D’un côté, la confusion des deux classes aujourd’hui exis- 
tantes, et l’infériorité numérique de la classe des lettres, 
doivent nécessairement entraver l’essor de celle-ci, tandis 
que les développements remarquables des travaux littéraires 
en Belgique paraissent devoir lui imprimer une activité toute 
nouvelle. 

D'un autre côté, la littérature flamande, si florissante 
aujourd’hui , n’y compte presque point de représentant. 


(#7) 


En troisième lieu, les beaux-arts qui semblent avoir at- 
tendu notre régénération politique , pour sortir avec éclat 
d’un long engourdissement, désirent un centre commun, 
où les efforts individuels de nos artistes puissent en quel- 
que sorte converger, afin de consolider cette glorieuse 
école flamande qui a jeté tant de lustre sur notre patrie. 

L'Académie elle-même, Sire, a apprécié les inconvé- 
nients de cet état de choses. Il y a longtemps qu’un de ses 
membres, usant de la prérogative que lui donnait sa qualité 
de représentant, a soumis un projet de réorganisation à la 
Législature , à laquelle on avait d’ailleurs présenté d’autres 
projets. Mais les travaux importants dont la Chambre s’est 
trouvée chargée , en ont empêché jusqu'ici et en empêche- 
raient probablement la discussion pendant longtemps en- 
core. C’est ce que l’Académie elle-même a bien compris; 
car plus tard, elle a nommé dans son sein une commission, 
dont faisait partie l'honorable auteur de la première propo- 
sition, et à laquelle elle confia le soin de jeter les bases 
d’un ait qui devait être soumis à la sanction du Gouver- 
nement. 

Une question d'opportunité a suspendu l’exécution de 
cette mesure. 

Dans ces circonstances , Sire, j’ai pensé qu’il appartenait 
au Gouvernement de Votre Majesté de s’acquitter de cette 
tâche. J'ai étudié mûrement la question, et j’ai l'honneur de 
soumettre le résultat de mon examen à la haute apprécia- 
tion de Votre Majesté. | | 

Ne voulant rien innover, j'ai suivi les dispositions proje- 
tées par la commission de l’Académie, dispositions qui 
m'ont paru frappées au coin à d’une parfaite convenance et 
d’une entière sagesse, 


Le a. 


(18) 


L'Académie serait désormais divisée en trois classes : 
Celle des sciences ; 
Celle des lettres et des sciences morales et politiques; 
Enfin celle des beaux-arts. 

Chacune aurait ses attributions distinctes; la première 
s’occuperait des sciences physiques, mathématiques et na- 
turelles ; 

La seconde aurait dans ses attributions l’histoire, l’ar- 
chéologie, les littératures ancienne et moderne {tant fla- 
mande que française), la philosophie ; on y joindrait les 
sciences morales et politiques. Votre Majesté jugera que, 
dans l’état actuel de notre société, avec les institutions 
politiques qui nous régissent, cette adjonction était deve- 
nue un véritable besoin. ; 

Enfin, la troisième s’occuperait de toutes les branches 
des beaux-arts, ainsi que des sciences et des lettres qui y 
ont rapport. ; 

L'Académie se composerait de membres ordinaires, Belges 
ou naturalisés Belges, de membres étrangers ou associés, 
et de correspondants régnicoles. 

Le nombre des membres serait fixé dans chaque classe, à 
savoir : pour la première catégorie, à trente; pour la se- 
conde, à cinquante; pour la troisième, à dix. 

D’autres dispositions règlent les conditions d'admission 
et l'administration de la compagnie; elles ne sont, en 
grande partie, que la reproduction des dispositions exis- 
tantes, mises en harmonie avec les modifications apportées 
à la constitution même de l’Académie. Toutes ensemble, 
elles formeront les statuts organiques de la compagnie, 
statuts qui, pour plus de garantie de stabilité, ne pourront 
recevoir de changements qu’en séance générale et du con- 


< 


( 19 ) 


sentement de l’Académie , donné par les trois quarts de ses 
membres présents. 

Mais, en même temps que je soumets ces statuts à la 
sanction de Votre Majesté, par le premier projet d’arrêté 
ci-joint , j’ai cru devoir réunir en un seul faisceau les dispo- 
sitions réglementaires, aujourd’hui éparses, Elles forme- 
ront le règlement général, indépendamment duquel chaque 
classe devra encore former son règlement particulier. 

Enfin, Sire, par un troisième projet d'arrêté, je propose 
à Votre Majesté , en exécution de l’art. 51 du règlement gé- 
néral , la première nomination des deux tiers des membres 
dans la classe des beaux-arts, 

Tous les noms que je soumets au choix de Votre Majesté 
sont connus depuis longtemps par des travaux importants 
et par des succès signalés; j’espère donc que Votre Majesté 
voudra bien ratifier ces nominations. 

D'autres mesures, Sire, m'ont paru se rattacher naturelle- 
ment à la réorganisation de l’Académie. Ce sont : 

La désignation d’un local qui fût plus en rapport avec 
l’importance et la dignité de la Compagnie ; 

L'établissement d’un prix quinquennal d’histoire ; 

L’exécution de plusieurs travaux, tels qu’une biographie 
nationale , une collection des grands écrivains du pays, la 
publication des anciens monuments de la littérature fla- 
mande ; 

Enfin, la réunion à l'Académie de la Commission royale 
d'histoire. 

Ces mesures font l’objet d'autant de projets d’arrètés 
royaux distincts. 

Je soumets avec confiance, Sire, ce travail à la haute 
sanction de Votre Majesté. Le pays, j'ose le croire, verra 


LL 


( 20 ) 


dans l’approbation qu’Elle voudra bien y donner, une nou- 
velle preuve de la constante sollicitude qui anime Votre 
Majesté pour les intérêts moraux autant que pour les inté- 
rêts matériels de la nation. 


Le Ministre de l’intérieur, 


SYLVAIN VAN DE WEYER. 


a me 


ARRÊTÉ ROYAL RÉORGANISANT L'ACADÉMIE ROYALE DES 
SCIENCES ET BELLES LETTRES DE BRUXELLES. 


LÉOPOLD , Ror Es BELGes, 


A TOUS PRÉSENTS ET À VENIR, SALUT. 


Considérant que, par suite des progrès des lettres et des 
sciences en Belgique, la constitution actuelle de l’Acadé- 
mie royale des sciences et belles-lettres de Bruxelles est 
devenue susceptible de plusieurs modifications essentielles; 

Considérant les services éminents rendus par cette insti- 
tution, et voulant ‘donner plus de développements à ses 
travaux, en étendant son action sur les différentes bran- 
ches des beaux-arts qui, depuis quelques années, ont pris 
un essor si remarquable ; 

Voulant en même temps donner une nouvelle preuve de 
Notre haute sollivitude pour tout ce qui peut contribuer à 


(21) 


encourager la culture des sciences , des lettres et des beaux- 
arts dans le pays; 
Sur le rapport de Notre Ministre de l’intérieur, 


Nous AVONS ARRÈTÉ ET ARRËTONS : 


_ Arr. 1er, L'Académie des sciences et belles-lettres , fon- 
dée par l’impératrice Marie-Thérèse, prend le titre d’Aca- 
démie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de 
Belgique. 

Arr. 2. Le Roiest protecteur de l’Académie. 

ArT. 3. L'Académie est divisée en trois classes. 

La première classe ( classe des sciences ) s'occupe spécia- 
lement des sciences physiques et mathématiques , ainsi que 
des sciences naturelles, 

La seconde classe (classe des lettres et des sciences mo- 
rales et politiques ) s’occupe de l’histoire , de l'archéologie, 
des littératures ancienne et moderne , de la philosophie et 
des sciences morales et politiques, 

La troisième classe {classe des beaux-arts) s'occupe de 
la peinture, de la sculpture, de la gravure, de l’architec- 
ture, de la musique, ainsi que des sciences et des lettres 
en rapport avec les beaux-arts. 

ART. 4. Chaque classe est composée de trente membres. 

Elle compte en outre cinquante associés étrangers et dix 
correspondants régnicoles au plus. 

À l’avenir la qualité de membre absorbera la qualité de 
correspondant, même d’une autre classe. 

ART. 5. Les nominations aux places sont faites par cha- 
cune des classes où les places viennent à vaquer. 

Arr. 6. Pour devenir membre, il faut être Belge ou na- 


E 


(22) 


turalisé Belge, d’un caractère honorable et auteur d’un 
ouvrage important relatif aux travaux de la classe. 

Arr. 7. Les nominations des membres sont soumises à 
l'approbation du Roi. 

Ant. 8. Chaque classe peut choisir le sixième de ses 
membres parmi les membres des autres classes. 

Ant. 9. Tout académicien qui cesse d’être domicilié en 
Belgique perd son titre et prend celui d’associé. 

Ant. 10 Chaque classe nomme son directeur annuel, Le 
directeur n’est pas immédiatement rééligible. 

Le directeur, ne peut-être choisi deux années de suite 
parmi les membres étrangers à la ville de Bruxelles. 

Art. 11. Le Roi nomme, pour la présidence annuelle, 
un des trois directeurs. 

Dans les occasions solennelles où les trois classes sont 
réunies, le président représente l’Académie. 

Ant. 12. Le directeur a la direction générale de sa classe; 
il préside à toutes les assemblées, fait délibérer sur les dif- 
férentes matières qui sont du ressort de la classe , recueille 
les opinions des membres et prononce les résolutions à la 
pluralité des voix. 

Il fait observer tous les articles des présents statuts et du 
règlement , et tient particulièrement la main à ce que, 
dans les assemblées, tout se passe avec ordre. 

Art. 13. Le secrétaire perpétuel appartient aux trois clas- 
ses, et il est élu par elles au scrutin et à la majorité absolue. 
Le secrétaire perpétuel est choisi parmi les membres domi- 
ciliés à Bruxelles. 

Sa nomination est soumise au Roi. 

ART. 14. La correspondance de l’Académie se tient par le 
secrétaire perpétuel, organeet interprète de cettecompagnie, 


(25 ) 


Anr. 15. Le secrétaire perpétuel tient registre des déli- 
bérations , signe les résolutions, délivre les certificats d’ap- 
probation et autres , reçoit les mémoires et lettres adressés 
à chaque classe et y fait les réponses. 

Lorsque, par maladie ou autre empêchement légitime, 
il ne peut pas assister aux séances , il s’y fait remplacer par 
un membre de son choix et appartenant à la classe. 

Ant. 16, Chaque classe forme son règlement intérieur, 
qui est soumis à l’approbation royale. 

Art. 17. Le Roi décrète un règlement général. 

11 ne peut y être apporté des changements qu’une fois par 
an, dans la séance générale des trois classes mentionnée 
ci-après; ces changements doivent avoir obtenu l’assenti- 
ment des deux tiers des membres présents, et ils sont sou- 
mis à l'approbation du Roi. 

Anr. 18. Chaque classe a une séance mensuelle d’obliga- 
tion pour ses membres ; les membres des autres classes peu- 
vent y assister et y faire des lectures, mais ils n’y ont pas 
voix délibérative, 

Chaque classe a de plus une séance publique annuelle, 
présidée par son directeur, dans laquelle elle rend compte 
de ses travaux et remet les prix décernés au concours. 

Les deux autres classes assistent à cette séance publi- 
que. | 

ART. 19. Chaque année, les trois classes ont, au mois de 
mai, une séance générale pour régler entre elles les intérêts 
communs. 

Arr. 20. Les budgets des trois classes sont arrêtés par 
une commission administrative de sept membres, composée 
des trois directeurs, du secrétaire perpétuel et d’un membre 
à désigner annuellement dans chaque classe, La répartition 


LA 


(24) 


des fonds est faite d’après les besoins de chacune, par cette 
commission administrative. 

Arr. 21, Les mémoires des trois classes sont publiés dans 
un même volume et ont chacun leur pagination. Il en est 
de même pour la collection des mémoires couronnés et des 
mémoires des savants étrangers, dont l’impression aura été 
ordonnée par chaque classe. Un bulletin paraît mensuelle- 
ment et contient le résumé des travaux des trois classes (1). 

ART. 22. La bibliothèque , les archives et les collections 
appartiennent en commun aux trois classes, et sont sous 
la surveillance spéciale de la commission désignée à l’ar- 
ticle 20, | 

Art. 23. Les dispositions qui précèdent formant les sta- 
tuts organiques, ne peuvent être changées qu’en séance 
générale, et du consentement de l’Académie , donné par les 
trois quarts des membres présents. Tout changement est 
soumis à l’approbation du Roi. 

Anr. 24. Notre Ministre de l’intérieur est chargé de l’exé- 
cution du présent arrêté. 


Donné à Laeken , le 1er décembre 1845. 


LÉOPOLD. 


PAR LE RoOr: 
Le Ministre de l’intérieur, 
SYLVAIN VAN DE WEYER. 
(1) Les membres et les correspondants reçoivent les publications 
de l’Académie; les associés recevront également les Bulletins et V An- 


nuaire, quand ils en auront exprimé le désir et qu'ils auront désigné, 


4 ra. 
à Bruxelles , uu correspondant chargé de les leur transmettre. 


(25) 


RÈGLEMENT GÉNÉRAL DE L'ACADÉMIE. 


LÉOPOLD, Ror pes BeLces, 


À TOUS PRÉSENTS ET À VENIR, SALUT. 


Revu Notre arrêté de ce jour, portant réorganisation et 
décrétant les statuts organiques de l’Académie royale des 
sciences , des lettres et des beaux-arts de Belgique ; 

Sur le rapport de Notre Ministre de l’intérieur, 


Nous avons ARRÈTÉ ET ARRÈTONS ainsi qu’il suit le règlement 
général de l’Académie : 


Composition de l’Académie. 


Anr. 1er. L'Académie est divisée en trois classes : celle 
‘des sciences, celle des lettres et celle des beaux-arts, 

La classe des sciences est divisée en deux sections, savoir: 
la section des sciences mathématiques et physiques, et la 
section des sciences naturelles, qui se composent de la bo- 
tanique, de la géologie, de la minéralogie et de la zoologie. 
. La classe des lettres est également partagée en deux sec- 
tions : celle d'histoire et des lettres, et celle des sciences 
politiques et morales. La première comprend l’histoire na- 
tionale, l’histoire générale, l'archéologie, les langues an- 
ciennes et les littératures française et flamande ; la seconde 
comprend les sciences philosophiques, la législation, la 
statistique et l’économie politique. 


3 


( 26 ) 


La classe des beaux-arts comprend les subdivisions sui- 
vantes : la peinture, la sculpture, la gravure, l’architecture, 
la musique, les sciences et les lettres dans leurs rapports 
avec les beaux-arts. 

Ant. 2. Les nominations de membres, d’associés ou de 
correspondants, se font, pour chaque classe, une fois par 
an, la veille de la séance publique. 

Art. 3. Chaque fois qu’il est question d’une élection, la 
mention en est faite spécialement dans la lettre de convo- 
cation, qui indique le jour et l’heure précise à laquelle il y 
sera procédé , ainsi que le nombre des places vacantes. 

Arr, 4 L'élection a lieu à la majorité absolue des voix; 
cependant si, après deux tours de scrutin, aucun des candi- 
dats n’a obtenu la majorité des suffrages, on procède à un 
scrutin de ballottage. 

Ant. 6. Lorsque plusieurs places sont vacantes, on vote 
séparément pour chaque place. 

AnT. 6. Les listes de présentation pour chaque classe 
doivent être doubles et contenir l'examen des titres des. 
candidats. 

Toutefois, on peut nommer en dehors de ces listes, 

Ant. 7. Il s’'écoulera une séance au moins entre la pré- 
sentation et la nomination. 

Arr. 8. Le directeur de chaque classe est désigné une 
année avant d'entrer en fonctions, et cette nomination a 
lieu à la première séance de janvier. Pendant cette année, 
il prend le titre de vice-directeur. 

En l’absence du directeur, ses fonctions sont remplies 
par le vice-directeur. 


(27) 


Séances. 


Arr. 9. Des billets de convocation sont adressés aux 
membres de chaque classe, trois jours, au moins, avant 
chaque réunion; ils énoncent les principaux objets qui y 
seront traités. 

Arr. 10. Les associés et les correspondants ont le droit 
d’assister aux séances avec voix consultative , excepté 7 
la classe sera constituée en comité. 

Arr, 11. Chaque classe a une séance publique, à savoir : 


La classe des sciences, au mois de décembre; 
La classe des lettres, au mois de mai; 
La classe des beaux-arts, au mois de septembre; 


On y distribue les récompenses décernées par la classe, 
et on y fait des lectures et des rapports sur les ouvrages 
couronnés. 

Arr. 12. Tous les ans, la veille de la séance publique de 
chaque classe, on proclame les auteurs des mémoires aux- 
quels un des prix aura été adjugé. On détermine ensuite les 
sujets des questions à proposer pour les concours suivants. 

ArT. 13. Le jour des séances, la salle est ouverte depuis 
dix heures. 

ART, 14. La séance commence par la lecture de la corres- 
pondance ; le secrétaire ne peut être interrompu pendant 
cette lecture. 

Arr. 15. Les vacances de l’Académie commencent après 
la séance du mois d’août , et finissent le 20 septembre. 

ART. 16. Des jetons de présence sont distribués aux 
membres de la manière suivante : 

Un jeton aux membres qui habitent Bruxelles ou les en- 
virons; 


LI 


(28) 


Deux jetons aux membres qui habitent de deux à dis 
lieues de distance de Bruxelles; 

Trois jetons aux membres qui habitent de dix à quinze 
lieues de distance de Bruxelles; n' 

Quatre jetons aux membres qui habitent à plus de dix-huit 
lieues de distance de Bruxelles. 


Publications. 


Anr. 17. Les publications de l’Académie sont les sui- 
vantes : 

1° Mémoires des membres, des associés, des ét Soil 
dants ; 

20 Mémoires couronnés et mémoires des savants étran- 
gers; 

30 Bulletins des séances; 

- 4e Annuaire de l’Académie. 

ART. 18. L'annuaire est publié à la fin de chaque année, 
et il en est de même des mémoires, qui paraissent par vo- 
lume ou par partie de volume. 

Les bulletins sont publiés à la suite de chaque séance et 
au moins huit jours avant la séance suivante. 

Ant. 19. Chaque mémoire, dans les deux premiers re- 
cueils, a sa pagination particulière. 

Les mémoires des associés et des correspondants, dans le 
premier recueil ; sont imprimés à la suite de ceux des mem- 
bres. 

Ant. 20. Quand des mémoires composés par des mem- 
bres sont lus à l’Académie, il en est donné une analyse suc- 
eincte dans le bulletin de la séance où la lecture en aura 
été faite. 


(29) 


Les rapports des commissaires sur les mémoires des mem- 
bres ne sont point livrés à la publicité; cependant, s’ils 
présentent, en dehors de l’analyse, des détails qui soient 
de nature à intéresser la science, on peut les insérer par 
extraits, 

ArT. 21. Quand des mémoires composés par des associés 
et des correspondants, ou par des savants étrangers, sont 
lus à l’Académie, on se borne à les annoncer dans le bul- 
letin de la séance où la lecture en aura été faite. 

Les rapports des commissaires, qui devront présenter un 
aperçu de ce que ces mémoires contiennent de plus remar- 
quable , peuvent être imprimés dans les bulletins. 

Art. 22. Le secrétaire peut confier aux auteurs les mé- 
moires qui ont été adoptés pour l’impression, afin qu’ils 
y fassent les corrections nécessaires, mais il est tenu de 
les reproduire aux commissaires, si ces mémoires ont été 
modifiés pour le fond, ou si lun y a fait des intercala- 
tions. 

Quand de ser changements ont été faits, il faut les 
désigner d’une manière expresse ou donner aux mémoires 
la date de l’époque à laquelle ils ont été modifiés, 

Art. 23, Dans aucun cas, on ne peut rendre aux auteurs 
les manuscrits des mémoires qui ont concouru. Les change- 
ments qui peuvent être adoptés pour des mémoires de con- 
cours que l’on imprime, sont placés, sous forme de notes 
ou d’additions , à la suite de ces mémoires. 

ART. 24. Lei mémoires des membres dont l'impression 
n’a pas été ordonnée, peuvent être rendus aux auteurs, 
qui, dans tous les cas, peuvent en faire prendre une copie 
à leurs frais. 

Lee manuscrits des mémoires de concours; de mème que 


Ê 


L2 


(50 ) 


des mémoires communiqués par des associés, des corres- 
pondants ou des savants étrangers , sur lesquels il a été fait 
des rapports, deviennent la propriété de l’Académie. 

Arr. 25. On présente, dans les bulletins des séances, 
les communications scientifiques et littéraires qui ont été 
faites, et l'annonce des mémoires qui ont été lus. 

Le bulletin ne peut être considéré comme appendice au 
procès-verbal , que pour autant qu’il aura été approuvé. 

Ant. 26. Le secrétaire est autorisé à remettre à un bul- 
letin suivant l'impression des notices illisibles, ou des pièces 
dont la composition ou la lithographie exigeraient un retard 
dans la publication des bulletins. 

Arr, 27. Tout mémoire qui est admis pour l’impression, 
est inséré dans les mémoires de l’Académie, si son étendue 
doit excéder une feuille d'impression. La compagnie se ré- 
serve de décider, à chaque séance, d’après la quantité de 
matériaux qui y sont présentés, si les mémoires qui excè- 
dent une demi-feuille , seront ou ne seront pas insérés dans 
le bulletin. 

Arr. 28. Les auteurs des mémoires ou notices insérés 
dans les bulletins de l’Académie, ont droit à recevoir cin- 
quante exemplaires particuliers de leur travail, 

Ce nombre sera de cent pour les écrits imprimés dans le 
recueil des mémoires. 

Les auteurs ont, en outre, la faculté de faire tirer des 
exemplaires en sus de ce nombre , en payant à l’imprimeur 
une indemnité de quatre centimes par feuille (1). 


(1) Quant aux prix des titres extraordinaires, brochures, etc. , le 
tarif suivant a été admis provisoirement : 

Grand titre in-40 (composition). . . . . . .fr. 6 00 

Titre in-80, » NS OU st RUN TE NOR 


(51) 


Arr, 29. L'Académie a son lithographe; mais, à condi- 
tions égales, les auteurs ont la faculté d'employer d’autres 
lithographes, dont les talents leur inspireraient plus de con- 
fiance. 

Arr. 80. L'Académie a aussi son imprimeur. L’impri- 
meur et le lithographe ne reçoivent les ouvrages qui leur 
sont confiés que des mains du secrétaire perpétuel, et ils 
ne peuvent imprimer qu'après avoir obtenu de lui un bon à 
tirer, 

Arr. 31. Les épreuves sont adressées directement au 
secrétaire perpétuel, qui les fait remettre aux auteurs. 
C’est aussi par l’entremise du secrétaire que les feuilles 
passent des mains des auteurs dans celles de l’imprimeur. 

Anr. 32. Les frais de remaniements ou de changements 
extraordinaires faits pendant l’impression, sont à la charge 
de celui qui les a occasionnés, 


Concours. 


Ant. 33. Les médailles d’or présentées comme prix des 
concours , sont de la valeur de six cents francs, 


Impression comme pour les exemplaires d'auteurs, à 4 centi- 
mes Ja feuille. 


Couverture non imprimée, in-4°, papier de pâte, le cent . . 3 00 
» » Pa es Sn ire « E 50 
» imprimée , MO Ne Sonia tee: 0.00 
» » D lu 0 + eo 
Brochure in-40, avec planches, moins de 5 feuilles, le cent. 4 00 
» » » plus de 5 feuilles . . . 5 00 
» in-80, » moins de 5 feuilles . . . 3 50 


» » » plus de 5 feuilles . . . 4 00 


(32) 


Anr. 34. Ne sont admis, pour les concours, que des 
ouvrages et des planches manuscrits, 

Arr 35. Les auteurs des ouvrages envoyés au concours 
ne mettent pas leurs noms à ces ouvrages, mais seulement 
une devise qu’ils répètent dans un billet cacheté, renfer- 
mant leur nom et leur adresse. 

Ceux qui se font connaître de quelque manière que ce 
soit, ainsi que ceux dont les mémoires sont remis après le 
terme prescrit, sont absolument exclus du concours. 

Arr. 36, Aucun des académiciens ne peut concourir 
pour les prix fondés en faveur de ceux qui, au jugement de 
la compagnie, ont satisfait le mieux aux questions propo- 
sées ; au surplus , aucun des membres ne peut donner des 
instructions à ceux qui concoürent pour les mêmes prix. 

Ant. 37. Les mémoires qu’on destine au concours, doi- 
vent être écrits en caractères lisibles, en langue latine, 
française, flamande ou hollandaise et être adressés au secré- 
taire de l’Académie , avant le 1er février. 

Arr. 38. Les académiciens qui ont donné le programme 
des questions proposées pour les prix annuels, sont les pre- 
miers examinateurs des ouvrages qui ont concouru , et ils 
font un rapport détaillé et par écrit, qui est lu dans une 
séance de l’Académie et exposé avec ces ouvrages jusqu’à 
l’assemblée du 7 mai, à l’examen et aux observations de 
tous les membres, afin que les prix soient adjugés en entière 
connaissance de cause , à la pluralité des voix de tous les 
académniciens présents : on peut aussi accorder un accessit 
à un second mémoire , qui, au jugement de la compagnie, 
aura mérité cette distinction ; et si aucun des mémoires 
présentés ne remplit les vues de l’assemblée, le prix peut 
être remis à une autre année, 


(55) 
Finances, 


Arr. 839 Les finances de l’Académie sont gérées par une 
commission administrative , dont les membres sont élus an- 
nuellement à l’époque de la séance générale. 

AnT. 40. La commission administrative est chargée de 
régler ce qui concerne les impressions. 

Arr. 41, À la fin de l’année, les comptes de chaque 
classe sont vérifiés par une commission spéciale composée 
de cinq membres pris dans la classe. | 

ART: 42, Les commissions spéciales, après avoir arrêté 
les comptes de la commission administrative , font connai- 
tre à chaque classe, dans la séance suivante, l’état des dé- 
penses et des recettes pendant l’année écoulée. 


Bibliothèque. — Archives. 


Ant. 43. Les ouvrages qui appartiennent à l’Académie 
sont déposés, après inventaire, à la bibliothèque de ce 
corps. 

Art. 44: Les registres, titres et papiers concernant cha- 
que classe de l’Académie demeurent toujours entre les mains 
du secrétaire, à qui ils sont remis, accompagnés d’inven- 
taires, que les directeurs font rédiger et qu’ils signent à la 
fin de chaque année ; au surplus, les directeurs font aussi, 
tous les ans, le récolement des pièces qui sont annotées 
dans cet inventaire, dans lequel ils font insérer, en même 
temps, tout ce qui est présenté durant l’année, 


LA 


(54) 
Dispositions particulières. 


Arr, 45. L'Académie examine , lorsque le Gouvernement 
le juge convenable, les projets qui peuvent intéresser les 
sciences, les lettres et les beaux-arts. 

AnT. 46. L'Académie peut nommer, quand elle le juge 
convenable, sous l’approbation du Gouvernement , un ou 
plusieurs de ses membres, pour faire un voyage scienti- 
fique, littéraire ou artistique, et elle leur donne des in- 
structions sur les objets dont ils auront principalement à 
s’occuper. 

Anr. 47, Toutes les dispositions antérieures, relatives 
aux matières prévues par le présent règlement, sont et de- 
meurent abrogées. 


Dispositions transitoires. 


AnT. 48. La moitié des nominations aux nouvelles places 
créées dans la classe des lettres se fera, conformément aux 
dispositions du présent règlement, immédiatement après 
Ja promulgation du présent arrêté. L'autre moitié des nomi- 
nations se fera un an après. 

Ant, 49. Les membres étrangers ainsi que les membres 
honoraires actuels restent attachés à l’Académie , en qualité 
. d’associés. 

ArT. 50. Les correspondants étrangers actuels prennent 
également le titre d’associés. 

Ant. 61. La première nomination des deux tiers des 
membres dans la classe des beaux-arts est faite par le Roi. 
L'autre tiers sera nommé par la classe elle-même, à savoir : 
pour une moitié immédiatement après la promulgation du 


( 55 ) 


présent arrêté, et pour l’autre moitié à une année d’inter- 
valle. | 

Art. 52. Les classes des sciences et des lettres complé- 
teront le nombre de leurs associés et de leurs correspon- 
dants , sans cependant faire plus de six nominations à la fois, 

Anr. 53. La classe des beaux-arts nommera immédiate- 
ment la moitié du nombre de ses associés et de ses corres-. 
pondants ; les autres nominations seront faites par dix, et 
à un an d'intervalle, 

Arr. 54. Le secrétaire perpétuel est maintenu dans ses 
fonctions, 

Il continue provisoirement à rester dépositaire des fonds 
de l’Académie et à les administrer, sous la surveillance des 
commissions désignées à l’art. 41. 

AnT. 55. Par dérogation à Part, 8, chaque classe nom- 
mera à la fois, à la première séance de janvier 1846, son 
directeur et son vice-directeur. 

AnT. 56. Notre Ministre de l’intérieur est chargé de l’exé- 
cution du présent arrêté. 


Donné à Laeken, le 1er décembre 1845, 


LÉOPOLD. 
PAR LE ROI : 


Le Ministre de l’intérieur, 


SYLVAIN Van DE WEYER, 


(36) 


ARRÊTÉ ROYAL COMPRENANT LA NOMINATION DES MEMBRES 
DE LA CLASSE DES BEAUX-ARTS. 


LÉOPOLD, Ror pes BELGES, 


A TOUS PRÉSENTS ET A VENIR, SALUT. 


Revu la disposition de l’art. 51 de Notre arrêté de ce jour, 
ainsi CONÇU : 

« La première nomination des deux tiers des membres 
dans la classe des beaux-arts est faite par le Roi. » 

Sur le rapport de Notre Ministre de l’intérieur, 


Nous AVONS ARRÈTÉ ET ARRÈTONS : 


Arr. ler. Sont nommés membres de la classe des beaux- 
arts de l’Académie royale des sciences, des lettres et des 
beaux-arts de Belgique : - 


POUR LA PEINTURE : 


MM. N. DE KEysEr , peintre d’histoire, à Anvers; 

L. Gazrair, peintre d'histoire, à Bruxelles; 

H, Leys, peintre de genre, à Anvers; 

Muapov , peintre de genre, à Bruxelles ; 

Navez, peintre d'histoire; directeur de l’Académie 
royale des beaux-arts de Bruxelles ; 

H. VanpernaErT, dessinateur et peintre de portraits, 
directeur de l’Académie royale des beaux-arts de 
Gand; 


à 
MM. Euc. VERBOECKUOVEN , peintre d'animaux, à Bruxelles; 
G. Waprers , peintre d'histoire, directeur de l’Aca- 
démie royale des beaux-arts d'Anvers. 


POUR LA SCULPTURE : 
MM. G. Gers, statuaire, à Bruxelles; 
Euc. Simonis , statuaire , à Bruxelles, 


POUR LA GRAVURE ; 


M. Braeur, graveur de la monnaie, à Bruxelles. 


POUR L’ARCHITECTURE : 


MM. Rograxpr, architecte de la ville de Gand, membre de 
la commission royale des monuments ; 
Suys , architecte, à Bruxelles, membre de la commis- 
sion royale des monuments, 


POUR LA MUSIQUE : 


MM. Cu. pe BéÉrior, professeur de la classe de perfectionne- 
ment du violon, au conservatoire royal de musique 
de Bruxelles; 

F. Féris, maître de la chapelle du Roi, directeur du 
conservatoire royal de musique de Bruxelles ; 

C. Hanssens, jeune, compositeur, à Bruxelles, 

H. Vieuxremps, compositeur, à Bruxelles. 


ESS 


(58 ) 


POUR LES SCIENCES ET LES LETTRES DANS LEURS RAPPORTS 
AVEC LES BEAUX-ARTS. 


MM. L. Azvin, directeur de l’administration de l’instruc- 
tion publique, ancien secrétaire de l’Académie 
royale des beaux-arts de Bruxelles ; 

À. Querecer, secrétaire perpétuel de l’Académie ; 
À. Van Hasserr, inspecteur des écoles normales du 
royaume. 


Arr. 2, Notre Ministre de l’intérieur est chargé de l’exé- 
cution du présent arrêté. 


Donné à Laeken , le 1er décembre 1845, 
LÉOPOLD. 


PAR LE RoO1I: 
Le Ministre de l’intérieur, 
SYLVAIN VAN DE WEYER. 


re den 
ee 


LOCAL PROVISOIRE DESTINÉ A L'ACADÉMIE, 


RAPPORT AU ROI, 


SIRE, 


Il manque à l’Académie royale des sciences, des lettres 
et desheaux-arts de Belgique, telle que Votre Majesté vient 
de la réorganiser, uu complément indispensable; c’est un 
local digne du premier corps savant du pays. 


(59) 


Malheureusement , il est impossible au Gouvernement de 
trouver ce local parmi les édifices qui sont à sa disposition, 
et les circonstances ne permettent pas de songer immédia- 
tement à faire la dépense nécessaire à de nouvelles con- 
structions, 

Cependant, Sire , l’Académie ne peut continuer à siéger 
dans son local actuel, dont l'insuffisance était déjà reconnue 
avant la création de la classe des beaux-arts. Il faudra donc, 
malgré tous les désavantages qui en FNAISRE recourir en- 
core à des mesures provisoires. 

Par suite d’arrangements récemment pris , les bâtiments 
de l’ancienne cour offrent quelques salles qui peuvent être 
appropriées à l’usage de l’Académie. L’une de ces salles ser- 
vira aux séances publiques. Afin de la rendre plus digne de 
sa destination, le Gouvernement pourra la décorer succes- 
sivement des bustes des fondateurs et protecteurs de l’Aca- 
démie, des Belges illustres, ainsi que des académiciens 
décédés, qui ont doté le pays d’ouvrages importants. Ce 
sera, en même temps , rendre un juste hommage à la mé- 
moire de ces académiciens, et cet honneur, accordé au 
mérite, ne pourra que done le zèle des membres actuels 
de Rad 

Guidé par les considérations qui précèdent, j'ai l’hon- 
neur de soumettre à l’approbation de Votre Majesté le projet 
d’arrêté ci-joint. , 

Le Ministre de l’intérieur, 


SYLVAIN VAN DE WEYER, 


(40) 


ARRÊTÉ ROYAL CONCERNANT LE LOCAL DESTINÉ A L'ACADÉMIE. 


am 


LÉOPOLD , Roi pes BeLGes , 
À TOUS PRÉSENTS ET A VENIR, SALUT, 
Sur le rapport de Notre Ministre de l’intérieur, 
Nous AVONS ARRÊTÉ ET ARRÊTONS : 


Arr. ler, En attendant qu’il puisse être construit un local 
spécial pour l’Académie royale des sciences, des lettres et 
des beaux-arts de Belgique, il lui sera assigné un local pro- 
visoire dans les bâtiments de l’ancienne cour. 

AnT. 2. La salle des séances publiques de l’Académie 
sera ornée des bustes des souverains fondateurs et protec- 
teur de cette institution, de ceux des Belges qui se sont 
illustrés dans la carrière des sciences, des lettres et des 
arts, ainsi que des académiciens décédés, qui ont doté le 
pays d'ouvrages importants, 

Arr. 3. Le Gouvernement fera exécuter, à ses frais, un 
ou deux bustes par an. 

Ant. 4. Notre Ministre de l’intérieur est chargé de l’exé- 
cution du présent arrêté. 


Donné à Laeken, le 1er décembre 1845. 
LÉOPOLD. 


Par LE Roi: 
Le Ministre de l’intérieur, 
SYLVAIN VAN DE WEYER. 


(41) 


TRAVAUX SPÉCIAUX DE L'ACADÉMIE, — ADJONCTION 
DE SAVANTS ET DE LITTÉRATEURS. 


RAPPORT AU ROI. 


SIRE , 


Votre Majesté vient de réorganiser l’Académie des scien- 
ces, des lettres et des beaux-arts de Belgique, et Elle 
déterminé quelles seraient ses publications. 

Ces publications comprennent les mémoires des mem- 
bres , des associés, des correspondants; les mémoires cou- 
ronnés et ceux des savants étrangers. 

Ce cadre, Sire , est assez vaste, et, à en juger par le passé, 
l'Académie continuera à fournir dignement son contingent 
à notre édifice littéraire et scientifique. 

Mais indépendamment de ces travaux, il en est d’autres, 
d’une haute importance, qui exigent le concours et les lu- 
mières d’un grand nombre de personnes. Tels seraient : 

Une biographie nationale ; 

Une collection des grands écrivains du pays, avec tra- 
ductions , notices, etc. ; 

Enfin, la publication des anciens monuments de la litté- 
rature flamande. 

J'ai l'honneur de proposer à Votre Majesté de confier ces 
travaux à l’Académie, qui sera autorisée à s’adjoindre des 
savants et des littérateurs pris en dehors de son sein Flattée 
de ce nouvean témoignage de la confiance du Gouvernement 

4. 


(4) 
de Votre Majesté en ses lumières et en son zèle, elle y ré- 


pondra dignement, et elle acquerra des nouveaux droits à la 
reconnaissance du pays , à l'estime du monde savant, 


Le Ministre de l’intérieur, 


SxLVAIN VAN DE WEYER, 


ARRÊTÉ ROYAL CONCERNANT LES TRAVAUX SPÉCIAUX DE 
L'ACADÉMIE. 


LÉOPOLD , Ror nes BELGES, 


À TOUS PRÉSENTS ET A VENIR, SALUT. 
Sur le rapport de Notre Ministre de l’intérieur, 


Nous AVONS ARRÊTÉ ET ARRÊTONS : 


Arr. 1er. L'Académie royale des sciences, des lettres et 
_ des beaux-arts de Belgique, sera successivement chargée 
des travaux suivants : : 

1° D’une biographie nationale; 

20 D’une collection des grands écrivains du pays, avec 
traductions, notices, etc. ; 

30 De la publication des anciens monuments de la litté- 
rature flamande. | 


( 45 ) 


. ArT. 2. L'Académie soumettra à la sanction du Gouver- 
nement les mesures d'exécution de ces travaux. 
Arr. 3. Notre Ministre de l’intérieur est chargé de l’exé- 
cution du présent arrêté. 


Donné à Laeken , le 1er décembre 1845. 
LÉOPOLD. 
PAR LE Roï: 


Le Ministre de l’intérieur, 
SyLvAIN VAN DE WEYER. 


PRIX QUINQUENNAL DE 5,000 FRANCS EN FAVEUR DU MEILLEUR 
OUYRAGE SUR L'HISTOIRE DU PAYS. 


RAPPORT AU ROI. 
SIRE , 


Les études historiques sont cultivées en Belgique avec 
une espèce de prédilection. Il est permis de croire que l’ac- 
tion du Gouvernement n’est pas restée étrangère à ce fait 
et qu’il y a , au contraire, puissamment contribué. Ainsi la 
recherche et la publication des chroniques belges inédites, 
les soins donnés à la mise en ordre des dépôts des archives 
nationales, la publication des inventaires des archives, la 
création de la bibliothèque royale, les encouragements 
accordés aux bibliothèques communales et aux sociétés lit- 


(44) 


téraires ou savantes locales , toutes ces mesures ont incon- 
testablement servi à répandre et à faciliter la connaissance 
des sources historiques. 

Naguère Votre Majesté a donné une preuve de sa sollici- 
tude pour les travaux historiques, en instituant un prix 
spécial de trois mille francs en faveur de l’auteur de la 
meilleure histoire du règne des Archiducs Albert et Isabelle. 

J'ai l'honneur, Sire, de proposer à Votre Majesté une 
nouvelle mesure qui, j'ose le croire, sera accueillie avec 
faveur par le public savant; c’est l’institution d’un prix 
quinquennal en faveur &u meilleur ouvrage sur l’histoire du 
pays, qui sera publié durant chaque période de cinq années. 

L'expérience prouve, Sire, qu’on obtient souvent, en 
laissant à chacun sa liberté d’action, des résultats plus sa- 
tisfaisants qu’en traçant d'avance le cadre d’un travail. ci, 
aucun point historique n’est désigné de préférence à un 
autre. Tout savant traitera le sujet vers lequel il se sentira 
attiré. Tel cherchera à éclaircir les points encore obscurs 
de la constitution primitive de notre nationalité ; tel racon- 
tera nos luttes et nos dissensions au moyen âge; tel autre 
enfin rapportera les événements qui, pour être plus récents, 
ne sont cependant qu’imparfaitement connus. L’érudition, 
la critique, le style, trouveront à la fois l’occasion de se 
produire et d’être appréciés. 

Déjà plus d’une fois, Sire, l’idée de cette mesure a été 
suggérée. La meilleure occasion de la réaliser me semble 
être la réorganisation de l’Académie. C’est donc avec con- 
fiance que je soumets à Votre Majesté le projet d’arrêté ci- 
joint, 

Le Ministre de l’intérieur, 

SYLVAIN Van pe WEYER. 


( 45) 


ARRÊTÉ ROYAL CONCERNANT LA FONDATION D'UN PRIX 
QUINQUENNAIT.. 


LEOPOLD, Ror nes BELGes, 
A TOUS PRÉSENTS ET À VENIR, SALUT. 


Voulant donner un nouveau témoignage de Notre haute 
sollicitude pour les travaux relatifs à l’histoire de la Belgi- 
que, et exciter, en même temps, le zèle et l’émulation des 
savants qui se livrent à ces travaux ; 

Sur le rapport de Notre Ministre de l’intérieur, 


Nous AVONS ARRÈTÉ ET ARRÈTONS : 


Arr. ie, Il est institué un prix quinquennal de cinq 
mille francs, en faveur du meilleur ouvrage sur l’histoire 
du pays qui aura été publié par un auteur belge, durant 
chaque période de cinq ans. 

Arr.-2, Il sera affecté, pour la formation de ce prix, un 
subside annuel de mille francs sur les fonds alloués au bud- 
get en faveur des lettreset des sciences. 

Arr. 8. La classe des lettres de l’Académie royale des 
sciences , des lettres et des beaux-arts de Belgique, sou- 
mettra à la sanction du Gouvernement un projet de règle- 
ment, qui déterminera les conditions auxquelles le prix 
sera décerné, et le mode qui sera observé pour le jugement 
des ouvrages, 


(46) 


Arr. 4. Notre Ministre de l’intérieur est chargé de l’exé- 
cution du présent arrêté. 


Donné à Laeken, le 1° décembre 1845. 


LÉOPOLD. | 
PAR LE Rot: 
Le Ministre de l’intérieur, 


SYLVAIN VAN DE WEYER. 


TRAVAUX DE LA COMMISSION D HISTOIRE. 


RAPPORT AU ROI. 


SRE, 


Par arrêté du 22 juillet 1834, Votre Majesté a créé une 
Commission, à l’effet de rechercher et de mettre au jour les 
chroniques belges inédites, 

La Commission a dignement répondu au but de son insti- 
tution. Elle a publié jusqu’aujourd’hui huit volumes de chro- 
niques et dix volumes de bulletins de ses séances. 

Ces travaux, Sire, ont obtenu les suffrages du monde lit- 
téraire, Mais, jusqu’à présent, ils avaient été exécutés en 
dehors de l’Académie, quoique, par leur nature, ils parais- 


(47) 


sent appartenir à ce corps savant. En conséquence , il m’a 
semblé qu’il serait convenable de les faire rentrer dans le 
cercle de ses travaux, 

Cette mesure est d'autant plus opportune, que Votre 
Majesté a assigné à chacune des trois classes de l’Académie, 
un cercle de travaux bien distincts. Au premier rang de 
ceux qui sont confiés à la classe des lettres , se trouve l’his- 
toire nationale. Dès lors, Sire, il paraît juste de lui donner 
aussi dorénavant la direction des recherches et des publi- 
cations de la Commission d’histoire. - 

Il est, du reste, à remarquer que tous les membres de 
celle-ci font déjà partie de l’Académie, et rien ne sera 
changé à la constitution actuelle de la Commission d’his- 
toire, si ce n’est que ses travaux auront, dans le patronage 
de l’Académie, une garantie de plus aux yeux du monde 
savant. | | 

C’est pour ces motifs, Sire, que j’ai l'honneur de soumet- 
tre à Votre Majesté le projet d’arrêèté ci-joint, 


Le Ministre de l’intérieur 
£ ! > 


SYLVAIN VAN DE WEYER. 


(48) 


ARRÊTÉ ROYAL CONCERNANT LA COMMISSION D'HISTOIRE. 


LÉOPOLD , Ror pes BELGES, 
À TOUS PRÉSENTS ET À VENIR, SALUT. 


Vu Notre arrêté de ce jour, portant réorganisation de l’A- 
cadémie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts 
de Belgique; 

Revu Notre arrêté du 22 juillet 1834, instituant une 
Commission à l’effet de rechercher et mettre au jour les 
chroniques belges inédites ; 

Sur le rapport de Notre Ministre de l’intérieur; 


Nous AVONS ARRÊTÉ ET ARRÈTONS : 


Arr. 1er, La Commission prérappelée, dans sa formation 
actuelle et avec son budget spécial, est maintenue. 

Elle rentre dans le sein de l’Académie, et sa correspon- 
dance est soumise aux dispositions arrêtées pour cette com- 
pagnie. | 

Il en est de même de ses archives. 

Ses publications serviront de complément à celles de 
l’Académie. ii 

Arr. 2. Notre Ministre de l’intérieur est chargé de l’exé- 
cution du présent arrêté, 


Donné à Laeken, le 1er décembre 1845, 
LÉOPOLD, 


PAR LE RoOï : 
Le Ministre de l’intérieur, 
SyYLVAIN VAN DE WEYER, 


( 49 ) 


ARRÊTÉS ROYAUX 


CONCERNANT 


LES RÈGLEMENTS INTÉRIEURS DES CLASSES DE L'ACADÉMIE, 


LA 


Règlement intérieur de la Classe des Sciences. 


LEOPOLD , Roi nes BELGES, 
A TOUS PRÉSENTS ET À VENIR; SALUT 


Vu le règlement intérieur formé par la classe des sciences 
de l’Académie royale des sciences, des lettres et des beaux- 
_ arts de Belgique; 
Vu l’art, 16 de Notre arrêté du 1er décembre 1845, + 
tant réorganisation de cette compagnie ; 


Sur la proposition de Notre Ministre de l’intérieur, 


Nous AVONS ARRÈTÉ ET ARRÉTONS : 


Arr. 1er, Le règlement susdit est approuvé dans sa teneur 
suivante : 

1. Les deux sections de la classe des sciences, celle des 
sciences mathématiques et celle des sciences naturelles, se 


composent, chacune, d’un même nombre de membres. 


5 


( 50 ) 


2, En cas de vacance dans une section, un membre de 
autre section peut y être admis du consentement de la 
classe, L’'Académicien doit en avoir exprimé la demande par 
écrit, avant que la liste de présentation ait été arrêtée pour 
la section où la place est devenue vacante. 

3. Le bureau se compose du directeur, du vice-directeur 
et du secrétaire perpétuel. 

4. La séance, quel que soit le nombre des membres pré- 
sents, s’ouvre à l'heure précise, indiquée sur la carte de 
convocation. 

5. En cas d'absence du directeur et du vice-directeur, 
le fauteuil est occupé par le plus ancien membre de la 
classe. 

Lorsque plusieurs membres ont été élus dans la même 
séance, l’âge détermine leur rang d'ancienneté dans la liste 
des membres. 

6. Le directeur peut admettre à la séance des savants de 
distinction, étrangers au pays. 

7. Le directeur donne lecture de l’ordre du jour, immé- 
diatement après l’adoption du procès-verbal. 

Ne sont admis, pour être lus en séance, que les écrits dont 
la rédaction est entièrement achevée et qui sont indiqués 
à l’ordre du jour. 

8. Quand un écrit est accompagné de planches, l’auteur 
en prévient le secrétaire perpétuel. L’impression du texte 
et la gravure des planches sont votées séparément, 

En cas de disjonction, l’auteur peut s’opposer à l'impres- 
sion de son travail. 

9. Si une planche doit occasionner des dépenses extraor- 
dinaires, ou si plusieurs planches sont jointes à une notice, 
le vote pour l’impression est différé ; et, à la séance sui- 


(51) 


vante, le secrétaire présente un devis des frais qui seront 
occasionnés par la gravure ou la lithographie, 

10. Le bureau juge quels sont, parmi les mémoires reçus 
pour l’impression, ceux qui doivent être imprimés les pre- 
miers. 

Il a égard: 1° à la date de la présentation du mémoire; 
20 aux frais qui seront occasionnés par la publication; 30 à 
ce que les différentes branches dont s’occupe la classe, 
soient représentées dans ses publications. 

La décision du bureau est rendue exécutoire par la sanc- 
tion de la classe. 

11. Les opinions des commissaires sont signées par eux, 
et restent annexées au mémoire examiné, 

Elles sont communiquées en temps utile au premier com- 
missaire, qui fera fonction de rapporteur. 

12. La classe ne fait pas de rapport sur les ouvrages déjà 
livrés à la publicité. 

Sont exceptés les ouvrages sur lesquels le Gouvernement 
demande l'avis de la classe. 

13. La classe ne délibère que sur des propositions écrites 
et signées. | 

La délibération sur une proposition réglementaire n’a lieu 
que dans la séance qui suit celle de la présentation. 

Toute proposition que la classe n’a pas prise en considéra- 
tion ou qu’elle a écartée après discussion, ne peut être re- 
présentée dans le cours de l’année académique. 

14. La présentation pour les places vacantes est faite par 
la section. 

La section ne délibère sur l’admission d'aucun candidat, 
s’il n’a été présenté par deux membres au moins. Les pré- 
sentations indiquent les titres des candidats. 


L 2 


(52) 


15. La classe met annuellement au concours six questions. 

Chaque section en propose trois. 

16. Quand la classe se constitue en comité secret, elle se 
compose de ses membres seulement. 

Le comité secret est de rigueur : 


1° Pour la présentation et l’élection aux places vacantes ; 
2° Pour la discussion des articles réglementaires ; 


30 Pour la formation des programmes et le jugement des 
concours, 


Sont toutefois admis au comité secret les associés , les 
académiciens des deux autres classes, ainsi que les corres- 
pondants de la classe des sciences, lorsqu'ils ont été désignés 
pour faire partie du jury sur la proposition des commissaires. 

17. Les pièces destinées à être lues en séance publique 
sont préalablement soumises à la classe. 

ART. 2. Notre Ministre de l’intérieur est chargé de l’exé- 
cution du présent arrêté. 


Donné à Paris , le 27 octobre 1846. 
| LÉOPOLD. 
PAR LE Roï: 
Le Ministre de l’intérieur , 


Comte DE Tneux. 


ns 
Lis 
CA 
sr 


Règlement intérieur de la Classe des Lettres. 


LÉOPOLD, Ror pes BELGES, 
A TOUS PRÉSENTS ET À VENIR, SALUT. 


Vu le règlement intérieur formé par la classe des let- 
tres de l’Académie royale des sciences, des lettres et des 
beaux-arts de Belgique ; 

Vu l’art. 16 de Notre arrêté du 1er décembre 1845, por- 
tant réorganisation de cette compagnie ; 

Sur la proposition de Notre Ministre de l’intérieur, 


Nous AVONS ARRÊTÉ ET ARRÊÈTONS : 


Arr. 1er, Le règlement susdit est approuvé dans sa teneur 
suivante : 

1. La séance commence à l’heure précise, indiquée sur 
la carte de convocation, quel que soit le nombre des mem- 
bres présents. 

2. En cas d'absence du directeur et du vice-directeur, 
le fauteuil est occupé par le plus ancien membre de la 
classe. 

3. Le directeur peut admettre à la séance des savants, 


t 
2. 


( 54) 


des littérateurs et des personnages de distinction, étrangers 
au pays. 

4, Le directeur donne lecture de l’ordre du jour, immé- 
diatement après l’adoption du procès-verbal, 

Cet ordre du jour, quant aux mémoires et notices , est 
réglé par la date de leur dépôt entre les mains du secré- 
taire. 

Ne sont admis, pour être lus dans la séance, que les mé- 
moires et notices entièrement achevés et indiqués à l’ordre 
du jour. 

5. Quand des planches devront être jointes à un travail, 
l’auteur en préviendra la classe, L’impression de la notice 
et la gravure des planches sont votées séparément. 

6, Si une planche doit donner lieu à des dépenses extraor- 
dinaires ou si plusieurs planches sont jointes à une notice, 
la publication en est différée, et le secrétaire présente à 
la séance suivante un devis des frais qui seront occasionnés 
par la gravure ou la lithographie. 

7. Le bureau juge quels sont, parmi les mémoires reçus 
pour l'impression, ceux qui doivent être publiés les pre- 
miers : il a égard : 1° à la date de la présentation du mé- 
moire; 20 aux frais qui seront nécessités par la publication; 
30 à ce que les différentes matières dont s'occupe la classe 
soient représentées dans ses recueils. 

8. Les mémoires modifiés (art. 22 du règlement) portent, 
avec la date de leur présentation, celle de l’époque où les 
modifications ont été faites. 

9. Les rapports faits à la classe sont signés par leurs au- 
teurs. 

Le rapport de chaque commissaire reste annexé au mé- 
moire examiné, 


( 55 ) 


10. La classe ne délibère que sur des propositions écrites 
et signées. 

La délibération sur une proposition réglementaire n’a 
lieu que dans la séance qui suit celle de Ja présentation. 

11, La classe, dans ses nominations, veille à ce que les 
différentes matières dont elle s’occupe soient , autant que 
possible , représentées. Ces matières sont : 


10 Histoire et antiquités nationales ; 

20 Histoire générale et archéologie ; 

30 Langues anciennes, littératures française et flamande ; 
40 Sciences philosophiques ; 

5o Législation, droit public et jurisprudence ; 

6 Économie politique et statistique. 


12. Les présentations pour les places vacantes, sont faites 
collectivement par un comité de trois personnes nommées 
au scrutin secret dans la séance précédente, comité auquel 
s’adjoint le bureau, 

La classe ne délibère sur l’admission d’aucun candidat, 
. à moins que deux membres n’aient demandé par écrit que 
son nom soit porté sur la liste des candidats. 

13. La classe met annuellement au concours six questions 
sur les matières indiquées à l’art, 11. 

14. Quand la classe se constitue en comité secret, elle 
se compose de ses membres seulement, 

Le comité secret est de rigueur : 


1° Pour la présentation et l’élection aux places vacantes ; 

20 Pour la discussion des articles réglementaires; 

30 Pour la formation des programmes et le jugement des 
concours, 

Sont toutefois admis au comité secret les associés, les 


( 56 ) 


académiciens des deux autres classes, ainsi que les corres- 
pondants, lorsqu’ils ont été désignés pour faire partie du 
jury du concours. 

15. Les pièces destinées à être lues en séance publique, 
sont préalablement soumises à la classe, 

16. La classe ne fait pas de rapport'sur les ouvrages déjà 
livrés à la publicité. 

Sont exceptés les ouvrages sur lesquels le Gouvernement 
demande l’avis de la classe. 

17. Lorsque l’Académie aura pris une décision d’après un 
rapport rédigé par un ou plusieurs de ses commissaires, il 
ne sera plus permis de changer la rédaction de ce rapport. 

18. Tous les deux ans, et dans l’ordre déterminé par le 
sort, chacun des membres ou correspondants communi- 
quera à la classe un travail inédit , dont la lecture ne dépas- 
sera pas la durée d’une heure. 

Ces lectures seront réparties entre les séances de manière 
qu’il n’y en ait jamais plus de deux par jour. 

Les lectures obligatoires n’excluent pas les autres lectures. 

Le bureau avertira deux mois à l’avance chaque membre 
ou correspondant de l’époque où il est appelé à communi- 
quer son travail, 

La convocation fera mention, pour chaque séance, des 
lectures qui seront faites en vertu de la présente disposition, 
du sujet des travaux qui seront lus et du nom des auteurs. 


Article transitoire. 


19. Les dispositions de l’art. 18 ne seront mises à exécu- 
tion qu’à partir du mois de juillet 1847. Toutefois , dans la 
séance qui suivra l’adoption du présent règlement, un ” 


(57) 


tirage au sort règlera l’ordre dans lequel les membres et 
correspondants devront se succéder. 

Arr. 2. Notre Ministre de l’intérieur est chargé de l’exé- 
cution du présent arrêté. 


. Donné à Paris, le 27 octobre 1846. 
LÉOPOLD. 


PAR LE Roi : 
Le Ministre de l’intérieur. 


Comte DE THEUx. 


58) 


Règlement intérieur de la Classe des Beaux-Arts. 


LEOPOLD , Ror Des BELGES, 
A TOUS PRÉSENTS ET A VENIR, SALUT : 


Vu le règlement intérieur formé par la classe des beaux- 
arts de l’Académie royale des sciences, des lettres et des 
beaux-arts de Belgique; 

Vu Part. 16 de Notre arrêté du 1er décembre 1845, por- 
tant réorganisation de cette compagnie; 

Sur la proposition de Notre Ministre de l’intérieur, 


Nous AVONS ARRÊTÉ ET ARRÊTONS : 


Arr. 1. Le règlement susdit est approuvé dans sa teneur 
suivante : 

1. La séance commence à l’heure précise indiquée sur la 
carte de convocation, quel que soit le nombre des membres 
présents. 

2. La liste de présence est retirée une demi-heure après 
l’ouyerture de la séance. Les inscriptions ne sont plus ad- 
mises, sinon pour des motifs valables et soumis à l’appré- 
dédie du bureau. 

3. En cas d'absence du directeur et du éiale. le 
fauteuil est occupé par le plus ancien membre de la classe. 
Quand l’ancienneté est la même, le fauteuil est occupé par 
le plus âgé des membres, 

4. Le directeur fait connaître l’ordre du jour immédiate- 
ment après la lecture du procès-verbal. 


(59) 


5. On n’admet pour la lecture que les noticesentiérement 
achevées et indiquées à l’ordre du jour. 

6. Quand une notice est accompagnée de planches, l’au- 
teur en prévient la classe. L’impression de la notice et la 
gravure des planches sont votées séparément. 

7. Si une planche doit occasionner des dépenses extraor- 
dinaires , ou si plusieurs planches sont jointes à une notice, 
la publication en est différée , et le secrétaire présente à la 
séance suivante un devis des frais qui seront occasionnés 
par la gravure ou la lithographie. 

8. Le bureau juge quels sont, parmi les mémoires reçus 
pour l’impression , ceux qui doivent être publiés les pre- 
miers : il a égard : si 

1° À la date de la présentation du travail; 20 aux frais qui 
seront occasionnés par la publication ; 3° à ce que les diffé- 
rentes branches dont s’occupe la classe soient représentées 
dans ses mémoires. 

9. Les mémoires modifiés (art. 22 du règlement ) portent 
la date de l’époque où les modifications ont été faites. 

10. Les rapports faits à la classe sont signés par les au- 
teurs. Le 

Lis auront dû être communiqués , en temps utile, au rap- 
porteur. 

11. La classe ne délibère que sur des propositions écrites 
et signées. 

La délibération sur une proposition réolementaire n’a lieu 
que dans la séance qui suit celle de la présentation. 

12. La présentation pour les places vacantes est faite par 
le bureau, qui s’adjoint la section dans laquelle la place est 
vacante. 

En outre, la classe ne délibère sur l’admission d’aucun 


(60) 


candidat, à moins que deux membres ne l’aient présenté 
officiellement. 

13. La classe des beaux-arts met annuellement au con- 
cours quatre questions, à savoir : 

Une sur la peinture ou sur la gravure en taille-douce ; 

Une sur la sculpture ou sur la gravure en médailles ; 

Une sur l’architecture ; 

Une sur la musique. 

Il est entendu qu’il y a un roulement qui permet de repré- 
senter successivement les différentes parties des beaux-arts 
correspondantes aux quatre divisions précédentes. 

14. Quand la classe se constitue en comité secret, elle se 
compose de ses membres seulement. 

Le comité secret est de rigueur : 


1° Pour la présentation et l’élection aux places vacantes ; 
2° Pour la discussion des articles réglementaires ; 
3° Pour le jugement des concours. 


Sont toutefois admis au comité secret, les associés, les 
académiciens des deux autres classes, ainsi que les corres- 
pondants de la classe des beaux-arts, lorsqu'ils ont été dé- 
signés pour faire partie du jury. 

15. Les pièces destinées à être lues en séance publique 
sont préalablement soumises à la classe. 

Arr. 2. Notre Ministre de l’intérieur est chargé de l’exé- 
cution du présent arrêté. 


Donné à Paris, le 27 octobre 1846. 
LÉOPOLD. 


PAR LE Roï : 
Le Ministre de l’intérieur, 
Comte pe THEUX, 


ae 


( 61 ) 


Création de la Commission royale d'Histoire. 


RAPPORT AU ROI. 
SIRE, | 


L'histoire de la Belgique, comme celle de la plupart des 
nations de l’Europe, n’est encore qu’imparfaitement con- 
nue, malgré les travaux recommandables de plusieurs écri- 
vains distingués. | 

Ce qui a manqué à ces écrivains, c’est moins le talent, il 
est juste de lereconnaître, que les matériaux qu’ils auraient 
pu mettre en œuvre avec succès, et qui étaient restés en- 
fouis dans la poussière des archives et des bibliothèques. 

Cependant, depuis que la Belgique, après tant de vicis- 

situdes, a recouvré une existence indépendante, la connais- 
sance de tous Les faits qui se rattachent à son histoire a 
acquis un degré d'importance qu’elle n’eut à aucune autre 
époque; aussi les esprits se sont-ils reportés, avec une 
activité remarquable, vers les traditions du passé, et 
l'étude de nos fastes civiques a pris un essor qui s’est ma- 
nifesté par des indices non équivoques, 

Il appartenait au Gouvernement auquel le vœu national 
a confié les destinées du pays, de seconder de tout son pou- 
voir une tendance non moins favorable au développement 
du patriotisme qu’au progrès des lettres. 

Dans un rapport que j'ai soumis récemment à Votre 
Majesté, j'ai retracé ce qui, dès le principe de notre régé- 
nération politique, etymalgré les embarras de tout genre 
qui préoccupaient l’administration, a été fait pour la mise 
en ordre de nos dépôts d'archives ; j’ai proposé à Votre 


6 


(62 ) 


Majesté, comme l’une des mesures les plus propres à en- 
courager les investigations sur l’histoire nationale, la pu- 
blication des catalogues de ces dépôts, Votre Majesté a 
donné son assentiment à cette mesure. 

Là ne s’est pas bornée la sollicitude du Gouvernement. 

Par une disposition qui date de l’année 1832, la mise en 
lumière des documents intéressants pour l’histoire géné- 
rale de la Belgique, que renferment non pas seulement les 
Archives de l’État, mais tous les dépôts de titres du pays, 
a été ordonnée : cette publication, confiée aux soins de 
l’archiviste général du royaume, se poursuit avec'activité. 
Déjà deux volumes de documents ont paru ; le troisième 
sera imprimé dans le courant de cette année. 

Mais il est une autre source précieuse pour l’histoire et 
à laquelle jusqu'ici il a été trop peu puisé : je veux parler 
des chroniques, des mémoires, des relations de tel ou tel 
événement , rédigés par des contemporains. 

La Belgique était autrefois très-riche en menuments de 
ce genre : on y comptait peu d’abbayes et de chapitres dans 
lesquels il ne s’en conservât; les archives des corps admi- 
nistratifs et judiciaires en recélaient aussi, quoiqu'en 
moins grand nombre. ; 

Les événements qui marquèrent la fin du dernier siècle, 
ont malheureusement occasionné la perte de beaucoup de 
nos chroniques, comme d’une quantité considérable de 
nos chartes : les unes ont été détruites, d’autres sont pas- 
sées à l’étranger ; toutefois il nous en est resté qui méritent 
l'attention des savants : telle est la chronique de Vander 
Heyden, dit a Thymo, pensionnaire ou secrétaire de la 
ville de Bruxelles pendant près d’un demi-siècle , et de plus 
chanoine et trésorier de Sainte-Gudule, mort en 1473; on 


L 


(65) 


crut longtemps qu’elle avait été la proie des flammes lors 
du bombardement de Bruxelles en 1695, Tels sont encore 
la chronique d'Edmont De Dyntér, qui fut successivement 
secrétaire des ducs de Brabant Antoine Ier, Jean LIT, Phi- 
lippe Ier et Philippe IT; lés chroniques flamandes rimées 
de Jean Van Heelu et de De Klerk, les voyages de Phi- 
lippe-lé-Beau et de Charles-Quint et d’autres ouvrages sans 
doute qui ne sont pas connus. 

Je viens proposer à Votre Majesté la publication de ces 
chroniques, 

Bien des fois déjà , Sire, la même entreprise a été tentée, 
sans avoir eu jamais un résultat satisfaisant, 

Dans le XVIe et le XVIIe siècle, des savants isolés en 
conçurent le projet ; mais leurs plans reçurent à peine un 
commencement d'exécution, 

Sous le règne de limpératrice Marie-Thérèse, ce fut 
le Gouvernement lui-même qui le forma : le comte De Co- 
benz! fit faire beaucoup de recherches et d’écrits dans ce 
but ; il s’assura de la coopération d'hommes distingués par 
leurs connaissances dans l’histoire du pays, le comte De 
Neny, chef et président du conseil privé, l’abbé Paquot, 
historiographe de l’impératrice, labbé Nelis, bibliothé- 
caire de l’université de Louvain , MM. Van Heurck et Ver- 
dussen; Différentes circonstances, mais principalement la 
mort du comte De Cobenzl, arrivée en 1770, rendirent 
infructueux tous les travaux préparatoires qui avaient été 
faits pour la publication du recueil dont le plan avait été 
adopté par lui, 

Plus tard, l’Académie impériale et royale des sciences 
et belles-lettres de Bruxelles créa dans son sein un comité 
qu’elle chargea de la mise au jour des chroniques, mémoi- 


(64) 


les et autres monuments propres à servir de matériaux à 
une histoire générale de la Belgique. Cette création sem- 
blait promettre de grands résultats; mais, soit défaut de 
zèle ou de loisir de la part des membres du comité, soit 
manque de fonds nécessaires, tout ce qui en sortit se 
réduisit à Pédition, par le marquis Du Chasteler, de la 
chronique de Gilbert, chancelier des comtes de Hainaut 
sur la fin du XIIe etau commencement du XIIe siècle. 

L'œuvre pour l’accomplissement de laquelle l’Académie 
et le Gouvernement lui-même s’étaient en quelque sorte 
montrés impuissants, M. De Nelis, devenu évêque d'Anvers, 
crut pouvoir l’entreprendre, aidé de ses seules forces, Il 
s'était livré à des recherches 'étendues sur l’histoire de la 
Belgique ; il avait eu accès aux bibliothèques et aux char- 
triers qui contenaient le plus de richesses : il annonça, en 
1783 , le dessein de publier, en trente à trente-cinq vo- 
lumes in-40, une collection d’historiens des Pays-Bas. 

Cette entreprise, ainsi que toutes celles dont le projet 
avait été précédemment conçu, n’eut point de suite. Il faut 
d'autant plus le regretter que, dans son Prodromus rerum 
Belgicarum , le seul monument que nous possédions de 
ses longs et importants travaux, le savant évêque d’Anvers 
a prouvé qu’il eût été capable de s'acquitter de la tâche 
difficile qu’il s'était imposée. 

Dans les dernières années de notre communauté poli- 
tique avec la Hollande, le Gouvernement avait résolu de 
faire publier, aux frais de l’État, les chroniques belges 
inédites , et il avait institué une commission à cet effet (1). 


(1) Un arrêté royal du 23 décembre 1826 nomme membres de cette 
commission : MM. De Reiffenberg, Willems, Van de Weyer, Raoul et 
Bernhardi, 


( 65 


Au mois de septembre 1830, la commission dont je viens 
de parler n’avait encore livré au public aucun des ouvrages 
qu’elle avait annoncé l'intention d'éditer ; seulement deux 
de ces ouvrages se trouvaient entre les mains de l’impri- 
meur : le premier volume de la chronique d’a Thymo et 
quelques feuilles de la chronique fiamande de Jean Van 
Heelu venaient de sortir de la presse (1). 

Je viens de proposer à Votre Majesté de reprendre une 
œuvre nationale, aussi souvent abandonnée ou interrompue 
qu’entreprise. Je ne m’arrèterai pas à démontrer que c’est 
sous les auspices des Gouvernements seuls, que de pareilles 
entreprises peuvent aujourd’hui être exécutées; seuls ils 
possèdent les ressources de tout genre qu’elles exigent : 
d’une part, en effet, les dépenses qu’elles entraînent ne 
sauraient être bien onéreuses pour eux, et, de l’autre, ils 
sont dépositaires des matériaux les plus importants qui 
doivent y être employés. Des individus isolés, quels que 
fussent leurs efforts, n’obtiendraient que des résultats 
partiels et nécessairement bornés. 

Le projet d'arrêté ci-joint a été basé sur cette donnée. 

L'article premier institue une Commission pour la recher- 
che et la mise en lumière des chroniques belges inédites. 

Il est évident qu’un aussi grand travail réclame le con- 
cours d’un certain nombre de coopérateurs, Les hommes 
que je désigne au choix de Votre Majesté se recomman- 
dent à cette distinction par leurs connaissances et par léurs 
travaux sur l’histoire nationale. 

L’art.? porte que la Commission, aussitôt après qu’elle aura 
été installée, s’occupera de rédiger un plan pour ses travaux. 


(1) H faut y ajouter l'Histoire de La Toison d’or. 


6. 


( 66 ) 


Je pense, Sire , qu’à cet égard une grande latitude doit 
être laissée à la Commission. 

Par l’art, 3 du projet d'arrêté, une somme annuelle de cinq 
mille francs, à prélever sur le crédit alloué au budget du 
département de l’intérieur pour l’encouragement des scien- 
ces et des lettres, est mise à la disposition de la Commis- 
sion, jusqu’à ce qu’elle ait rempli la tâche qui luiest confiée, 

Il m’a paru de toute nécessité, pour assurer aux tra- 
vaux de la Commission une marche régulière, de lui al- 
louer un subside fixe et sur lequél elle puisse compter ; 
elle fera ses arrangements en conséquence. Il arrivera que, 
une année, les 5,000 francs ne seront pas dépensés ; une 
autre année , ils auront été insuffisants : le déficit de l’une 
sera couvert par l’excédant de l’autre. 

Au surplus, la Commission est tenue, d’après le même 
article, de rendre compte, chaque A au département 
de l’intérieur , de l’emploi des fonds affectés à ses travaux. 

La somme annuelle de 5,000 francs est destinée à faire face 
aux frais de copie , aux frais de déplacement des membres 
de la Commission et aux frais d'impression que ne couvrira 
pas la vente des ouvrages, 

Dans l’art. 4 et dernier, le Gouvernement fait espérer 
aux membres de la Commission les distinctions ou les ré- 
compenses que leurs travaux auront pu mériter : c’est un 
encouragement dont Votre Majesté reconnaîtra l’opportu- 
nité autant que la justice. 

J'ose me flatter , Sire, que l’ensemble de ces dispositions 
répondra aux vues PS de Votre Majesté, et je les 
soumets avec confiance à son approbation. 


Le Ministre de l’Intérieur , 
Cu. Rogren. 


(67) 


LÉOPOLD , Ror nes BELGES , 
À TOUS PRÉSENTS ET À VENIR, SALUT, 


Considérant que tous les travaux qui ont pour objet de 
répandre des lumières sur l’histoire de la Belgique , mé- 
ritent Notre sollicitude ; 

Qu'ils doivent contribuer à la fois au développement du 
patriotisme et aux progrès deslettres ; 

Que, déjà, müû par ce motif, Nous avons ordonné la pu- 
blication des catalogues des Archives de l’État et celles des 
documents intéressants pour l’histoire générale du royau- 
me, qui existent tant dans ces Archives que dans les autres 
dépôts de titres du pays ; 

Considérant que la mise au jour des chroniques belges 
inédites doit concourir puissamment au même but; 

Sur le rapport de Notre Ministre de l’intérieur, 


Nous AVONS ARRÊTÉ ET ARRÊTONS : 


Ant, 1°. Une Commission est instituée à l’effet de re- 
chercher et mettre au jour les chroniques belges inédites. 

Cette Commission est composée de : 

MM. De Gerlache, premier président de la Cour de cas- 
sation, membre de l’Académie royale des sciences et belles- 
lettres de Bruxelles ; 

L'abbé De Ram, archiviste de l’archevêché et professeur 
au séminaire archiépiscopal de Malines ; 

Le baron de Reiffenberg , professeur à l’université de 
Louvain, membre de l’Académie de Bruxelles ; 

Dewez, inspecteur des athénées et colléges, secrétaire 
perpétuel de l’Académie de Bruxelles; 


(68) 


Gachard, archiviste général du royaume ; 

Warnkœænig , professeur à l’université de Gand ; 

Et J.-F. Willems, receveur à Eeclo, 

Arr. 2. La Commission sera installée par Notre Ministre 
de l'intérieur. 

Elle s’occupera, dans ses premières séances, de la rédac- 
tion d’un plan pour ses travaux, qu’elle soumettra à l’ap- 
probation de Notre dit Ministre. 

AnrT. 3. Il sera mis à la disposition de la Commission, 
jusqu’à l’entier accomplissement de la tâche qui lui est 
confiée, une somme annuelle de cinq mille francs, desti- 
née à couvrir les frais de toute nature qu’elle aura à sup- 
porter. 

Cette somme sera prélevée sur le crédit alloué au bud- 
get du département de l’intérieur, pour l’encouragement 
des sciences et des lettres. 

La Commission rendra compte de son emploi, chaque 
année , à Notre Ministre de l’intérieur. 

Ant. 4. Nous nous réservons d'accorder aux membres de 
la Commission telles distinctions et récompenses dont Nous 
les aurons jugés dignes. 

Arr. 5. Notre Ministre de l’intérieur est chargé de l’exé- 


cution du présent arrêté, qui sera inséré au Bulletin 
Officiel. 


Donné à Bruxelles, le 22 juillet 1834. 


Par le Roi : 


Le Ministre de l’intérieur , 


LÉOPOLD. 


Cn, RoGiER. 


(69 ) 


Règlement intérieur de la Commission royale d’ Histoire (1). 


Le MINISTRE DE L'INTÉRIEUR , 


Vu l’arrêté royal du 22 juillet 1834, organique de la 
Commission royale d'histoire; 
Vu les propositions de ladite Commission; 


ARRÊTE : 


Ant. 1er, La Commission, composée de sept membres, 
nommés par le Roi, choisit dans son sein un président, un 
secrétaire et un trésorier. 

ART. 2, Les membres de la Commission s’assemblent ré- 
gulièrement à Bruxelles quatre fois l’an, dans les mois de 
janvier, avril, juillet et octobre , pour délibérer sur les 
matières soumises à leur examen, se concerter sur les pu- 
blications qui font l’objet de leurs travaux d’après le plan 
approuvé par le Ministre de l’intérieur, conformément à 
l’art, 2 de l’arrêté royal du 22 juillet 1834, et s’aider mu- 
tuellement de leurs lumières et de leurs connaissances. 

La Commission s’assemble extraordinairement, lorsque 
le président le juge convenable. 

ART, 3, Le président met les matières en délibération, 
recueille les voix, et conclut au nom de la Commission. 
En cas d’absence , il est remplacé par le doyen d’âge. 

Arr. 4. Il est publié un compte-rendu ou bulletin des 


(1) Voyez, page 46, les modifications apportées à ce règlement et à 
l'arrêté royal qui le précède. Voir aussi page 74 de cet Annuaire, 


(70 ) 


séances de la Commission , dans lequel sont rapportés les 
sujets dont elle s’est occupée , et les communications 
qu’elle a reçues, en tant que celles-ci concernent l’histoire 
de la Belgique. 

Aucune communication ne peut toutefois y être insérée, 
qu’après résolution prise par la Commission. 

Le secrétaire est invité à continuer de placer , à la suite 
du compte-rendu, un bulletin bibliographique, où seront 
mentionnées les publications relatives à l’histoire de la Bel- 
gique, faites dans le royaume et à l’étranger, mais sans y 
exprimer d'opinion sur le mérite de ces ouvrages. 

Art. 5. La Commission étant instituée uniquement à 
l’effet de rechercher et de mettre au jour les chroniques 
belges inédites, les membres éditeurs s’abstiennent d’in- 
troduire dans les publications qui leur sont confiées des 
matières étrangères au contenu du texte principal de l’ou- 
vrage. : 

Arr. 6. Les règles de publication arrêtées dans lesséances 
de la Commission du 4 et du 16 août 1834, et imprimées 
dans le recueil de ses bulletins, vol. Ier, pp. 4, 5 et 6, 
seront strictement observées. Chaque volume à publier ne 
dépassera pas 100 feuilles in-40. 

Arr. 7. Aucune publication comprise dans le plan ap- 
prouvé par le Ministre de l’intérieur, ne sera autorisée 
qu'après que le membre qui désirera en être chargé aura 
fait connaître, dans un rapport à la Commission, le plan qu’il 
se propose de suivre, ainsi que la nature et l’importance: 
des documents qu’il croit devoir ajouter au texte princi- 
pal. L’impression commencera quand la copie d’un tiers 
de volume, au moins, pourra être livrée à l’imprimeur. 

AnT. 8. Les cartes et planches reconnues nécessaires, 


(71) 


. pour être jointes au texte des chroniques, ou de leurs 
appendices, ne seront confectionnées que lorsque la Com- 
mission en aura autorisé la dépense , sur évaluation ap- 
proximative. 

ArrT. 9. Tous les mois, l’imprimeur adressera à chaque 
membre de la Commission, une bonne feuille de tout ce 
qu’il aura imprimé du texte des volumes de la collec- 
tion. | 

Art. 10. Chaque membre reçoit un exemplaire sur grand 
papier et un exemplaire sur papier ordinaire , des volumes 
de la collection, ainsi que six exemplaires du Bulletin. Il 
a droit, en outre, à vingt-cinq exemplaires dits d’auteur 
de chacun des ouvrages qu’il est chargé de publier (1). 

ART. 11. La distribution et la mise en vente des volumes 
ne peuvent avoir lieu, en Belgique, que dix jours après leur 
présentation au Roi, leur remise aux membres de la Com- 
mission et leur envoi dans les pays étrangers. 

Arr, 12. Les employés attachés à la Commission, adres- 
sent au président, avant chaque assemblée trimestrielle, 
un rapport sur leurs travaux pendant le trimestre qui a 
précédé, 

La Commission elle-même adresse au Ministre de l’inté- 
rieur , à La fin de chaque année, un rapport général sur ses 
travaux. 

ArT. 13, La Commission s’abstient de porter un juge- 
ment sur les ouvrages imprimés d’auteurs vivants, quand 
ces ouvrages n’ont pas de rapport direct avec ses travaux. 


(1) Deux lettres du Ministre de l'intérieur, datées du 12 août et 
du 21 octobre 1847, 5e division, n° 2878, slatuent que {ous les 
membres de l’Académie seront gratifiés également des publications 
de la commission. 


(72) 


Art. 14. Les résolutions et les pièces expédiées par la 
Commission ou en son nom, sont signées par le président 
et par le secrétaire. 

Ant. 15. Le secrétaire est dépositaire des papiers et 
documents appartenant à la commission, Il en tient inven- 
taire. 

Ant. 16. Les comptes sont vérifiés par le trésorier et visés 
par le président et par le secrétaire. 

Ils sont transmis ensuite au Ministre de l'intérieur, qui 
en soigne la liquidation. 

Cependant une somme à détérminer par le Ministre de 
l’intérieur pourra être mise annuellement à la disposition 
de la Commission pour faire face aux dépenses urgentes. 

Il sera rendu un compte régulier de l’emploi de cette 
somme. 

ART. 17. Les livres dont il est fait hommage à la Com- 
mission sont déposés à la Bibliothèque royale, contre le 
reçu du conservateur; ils y formeront une section distincte 
sous le nom de fonds de la Commission royale d’histoire, 
et seront, en tout temps, à la disposition des membres de 
la Commission. Les titres de ces livres, avec les noms des 
donateurs, sont imprimés dans le Bulletin (1). 

ART. 18. Pour les cas d'urgence et de moindre impor- 
tance, ainsi que pour les travaux relatifs à la confection 
de la table chronologique des chartes imprimées, concer- 
nant l’histoire de la Belgique, les membres de la Commis- 
sion domiciliés à Bruxelles , réunis à ceux qui s’y trouve- 
prendre telles 


Li 


raient temporairement , sont autorisés à 
résolutions qu’ils jugeront convenir. 


(1) Cet article a été modifié par l'arrêté qui suit, p, 74, 


(75) 


Il sera rendu compte à Ja Comnussion, dans son assem- 
blée ordinaire suivante, de ce qui aura été fait en consé- 
quence de la présente autorisation (1). 


Bruxelles le 29 mars 1845. 
NOTHOMB, 


(1) Par sa lettre en date du 20 novembre 1846, M, le Ministre de 
l'intérieur à fait connaître que la correspondance officielle de la 
Commission royale d'histoire doit se faire par le Secrétaire perpé- 
tuel de l'Académie, conformément à l'art. 1er de l'arrêté royal du 
Let décembre 1845. Le secrétaire de la Commission royale d'histoire 


reste chargé de la correspondance particulière entre les membres, 


(74) 


Modification au règlement intérieur de la Commission 
royale d’histoire. 


ns 


LE MINISTRE DE L'INTÉRIEUR , 


Revu l’arrêté ministériel du 29 mars 1845, approuvant le 
règlement intérieur de la Commission royale d’histoire ; 
Vu la proposition de ladite Commission ; 


ARRÊTE : 


ARTICLE Unique. L'article 17 dudit règlement est modifié 
de la manière suivante : 


« À l’avenir les ouvrages dont il sera fait hommage à la 
» Commission, seront déposés à la Bibliothèque de l’Acadé- 
» mie, à l’exception de ceux dont le commencement a été 
» envoyé à la Bibliothèque royale, qui continuera à en rece- 
» voir la suite, Les titres de ces ouvrages et les noms des 
» donateurs, seront insérés au Bulletin, » 


Bruxelles, le 8 juin 1847. 
DE THEUX. 


(75) 


Création d’un Bureau paléographique. 


ee 


LÉOPOLD, Ror nes BELGES, 


À TOUS PRÉSENTS ET À VENIR, SALUT. 
Sur le rapport de Notre Ministre de l’intérieur , 


Nous AVONS ARRÊTÉ ET ARRÊTONS : 


Arr. ler, Il est annexé à la Commission royale d'histoire 
et sous la haute direction de celle-ci, un bureau paléogra- 
phique. 

Art. 2. Ce bureau est pes de satisfaire aux demandes 
qui lui seront faites tant par les administrations publiques 
que par les particuliers , et qui auront pour objet des trans- 
criptions , des extraits, des analyses des textes, des tra- 
ductions , des renseignements nee aux manuscrits et 
aux du. 

Arr. 3. Le personnel se compose d’un chef de bureau et 
d’un certain nombre d’attachés. F 

Arr. 4. Le chef du bureau , seul, est salarié; il est nommé 
par Nous et son traitement est fixé par l’arrêté de sa nomi- 
nation {1). 

Arr. 4. Les attachés sont nommés par le Ministre de lin- 


(1) Un arrêté du même jour nomme M. Émile Gachet, chef du 
bureau paléographique. Par un autre arrêté du 8 septembre 1847, 
M, P. Gigot a été attaché au même bureau, 


(76 ) 


térieur ; ils doivent être au moins candidats en philosophie 
et lettres, ils sont exercés dans l'interprétation des manu- 
scrits, dans leur transcription, et généralement dans tout 
ce qui concerne la paléographie, surtout la paléographie 
nationale, 

Anr. 6. Les attachés n’ont point de traitement sis font 
gratuitement les copies et les recherches demandées par 
les départements ministériels pour le service de l’adminis- 
tration , mais celles qui sont exécutées pour des particu- 
liers ou pour des institutions littéraires ou scientifiques, 
leur sont payées suivant un tarif à établir 

Arr. 7, Le nombre des attachés ne pourra dépasser six, 
il sera pour commencer limité à deux et augmenté succes- 
sivement suivant que les travaux du bureau en feront sentir 
la nécessité. 

Arr. 8. La Commission royale d’histoire proposera à No- 
tre Ministre de l’intérieur les mesures réglementaires pour 
l’organisation du bureau. | 

Anr. 9. Notre Ministre de l’intérieur est chargé de l’exé- 
cution du présent arrêté. 


Donné à Paris, le $0 janvier 1847, 


LÉOPOLD. 
Par LE Ror : 
Le Ministre de l’intérieur, 


Comte De Tneux. 


(77) 


LISTE DES MEMBRES, 


DES CORRESPONDANTS ET DES ASSOCIÉS DE L’ACADÉMIE. 


RE 


LE ROI, PROTECTEUR. 


ee 


M. Féris (F.), président pour 1849. 
» QUETELET, secrétaire perpétuel. 


COMMISSION ADMINISTRATIVE. 


(4 S49). 
Le directeur de la classe des Sciences, M. le vicomte B. Du Bus. 
» » des Lettres, M. le baron DE STASSART. 
” » des Beaux-Arts, M. FÉTis (F.). 


Le Secrétaire perpétuel. 

Le délégué de la classe des Sciences, M. DUMORTIER. 
» » des Lettres, M. DE RAM. 
» » des Beaux-Arts, M. BRAEMT. 


M. Dr HEMPTINNF, trésorier de l’Académie. 


(78) 


CLASSE DES SCIENCES. 


30 MEMBRES. 


M. Le vicomte B. Du Bus, directeur. 
- » D'Omazrus »'HALLOY, vice-directeur. 
» QUETELET, secrétaire perpétuel. 


LA 


Section des sciences mathématiques et physiques (15 membres). 


M. KESTELOOT, J. L.; à Gand. . . . .Nomméle3 juillet 1816. 


» THIRY, Ch. E. J.; à Bruxelles. : . . — id. 

» QUETELET, À. J. L.; à Bruxelles. . . Élu le 1er février 1820, 
» PAGAN1, G. M.; à Louvain, . , . . — 28 mars 1825. 
» TIMMERMANS , H. À.; à Gand, . + .  — 12 octobre 1833. 
» DE HEMPTINNE, AÀ.; à Bruxelles. , . — 7 mai 1834. 

» CRAHAY, J. G.; à Louvain. . , .:. — 8 mai 1835. 

» PLATEAU, J.; à Gand. . . . . + — 15 décem. 1836. 
» VERHULST, P.; à Bruxelles , . : . — 14 décem. 1841. 
» DELvVAUX , C.; à Liége . . 4 303 , « — id. 

» STAS, Jean-Servais ; à Bruxelles. . , — id. 


» DE KoNINCK, L. G.; à Liége . . . — 15 décem. 1842. 
» DE VAUX, Ad. ; à Bruxelles . . . . — 16 décem. 1846. 


Section dès sciences naturelles (15 membres). 


M. D'OmaLius, J.J.; à Halloy. . , . .Nomméle3 juillet 1816. 
» VANDERMAELEN, P.; à Bruxelles. . + Élu le 10 janvier 1829. 
» DUMORTIER, B. C.; A TOurnaÿ . . . — 2 mai 1829. 

» SAUVEUR, D.; à Bruxelles, , , ,. +,  — 7 novem.1829, 


M. 


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CA 


(79) 


LEJEUNE, A.L.S.;à Verviers. . . . Élu lé 7 mai 1834. 
WEsmAEL , C.; à Bruxelles. . , . . — 15 décem. 1835. 


MARTENS, M.; à Louvain. .« . . + —. id, 
DUMONT, À. H. ; à Liége. è à 0 . o aaad id. 
CANTRAINE, F.; à Gand: + . + © « — id. 


Kickx,J.; à Gand . « + « + . . — 15 décem. 1837. 
MoRREN, Ch.;àLiége . . . . + . — 7 mai 1838. 
Van BENEDEN, P. J.; à Louvain . . — 15 décem. 1842, 
Le baron DE SELys-LoNGcHAMPS, Edm.; 

A De hs des ls de 0 20 GRO. 1946. 
Le vicomte Du Bus, Bern:; à Bruxelles. — id. 
NysT, Henri; à Louvain . . . . . — 17 décem. 1847. 


CORRESPONDANTS (10 au plus). 


. GALEOTTI, Henri; à Bruxelles . . . Élu le 7 mai 1841. 


GLUGE: à Bruxelles . . . , + . .<  +— 17 décem. 1843. 
DurrEi, F.; à Gand. . . . . . . — 16 décem. 1846. 


Maus ; à Bruxelles . . . . . . « — id. 
MEYER , À. ; à Bruxelles . , . . . — id. 
MELSENS ; à Bruxelles . , . . . .  — id. 
LouyErt, P. ; à Bruxelles . . . . .« — id. : 
NERENBURGER ; à Bruxelles . . . . — 17 décem. 1847. 
BRASSEUR , J. B.; à Liége. . . . . — id, 


50 AssOCIÉS. 


Le baron pe GEer, J. W. L.; à Utrecht. Nommé le 3 juillet 1816. 
VROLIR, G.; à Amsterdam. , . . — id. 

NV RAR LS ne 6 0 © la le 2 février 1824. 
GERGONNE, F. D.; à Montpellier. . . — 8 mai 1824. 
MOREAU DE JONNÈS, Alex. ; à Paris. . — 21 mai 1825. 
OGckEN ; à Zurich. . , . + , . . — ‘8 octobre 1825. 


( 80 ) 


M BaBBAGEr, Ch.; à Londres. . , . 
» HERSCHEL, sir John F,; à Londres. , 
ns VILLRNME, LR t S'PNTIS, %à 
» BERTOLONI, Ant.; à Bologne. . . 

» GRANVILLE, À.B.; à Londres. , . . 
» BARLOW, P.; à Woolwich. . . . . 

. » SOUTH, sir James; à Londres. . . . 

_» SABINE, Édouard; à Londres. . . 

» BARRAT , John ; à Grassinton-Moor, 

» TAYLOR, John; à Londres. . . . 

NON: S Pa ed de 7 

» BLUME, Ch. L.; à Leyde 

» BrOwN, Robert ; à Londres. . . . . 

S'RNONE, JORS ER MMR  e .  0 
» SCHUMACHER, H. C.; à Altona. . . 

»s VAN REES, R.; à Utrecht . . . , . 

» Le baron DE HUMBOLDT, À. ; à Berlin . 

n A92GO. D 'FiJ  R Paris 60. à 
» BREWSTER, sir David; à Édimbourg. 

» CRELLE, À. L.; à Berlin. . . 


POUR, DEN TR 4 ue 


» MATTEUCCI, Ch.: à Pise . . . . . 
» DE MaAcEDo; à Lisbonne . . . . 
» DECAISNE, Jos.; à Paris, . . . , 
» TIEDEMANN , Fr.; à Heidelberg .. . . 


» DE BLAINVILLE (H. M. Ducrolay); à. 


PANNE 4 UN us Tale SES 
» GAUSS, Ch. Fr. ; à Goettingue. 
» SCHWANN , Ph.;à Liége. . . . . 
» SPRING, À.; à Liége. : + . . . 
» BACHE, D.; à Philadelphie. . . 7 
» BONAPARTE, Charles P., prince de Ca- 
hino:.8 Rome: 12,5 
» DE La RIVE, Aug.; à Genève. 


ee 


31 
6 


. Élu le 7 octobre 1826. 


id, 
mars 1827. 
octobre 1827. 
id, 


10 novem. 1827. 


2 


id. 


février 1828, 


1er mars 1828, 


4 


9 
— 


“1 


À © 


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14 


id. 
février 1829. 
mai 1829. 
novem, 1829, 

id, 

id. 
mars 1830. 
avril 1830, 
avril 1834. 


novem. 1834. 

décem. 1836. 
id. 

décem. 1837. 


mai 1838. 
décem. 1841. 


(81) 


. DE MarTIUS, Ch, Fr. Ph.; à Munich. 


Fuss, P.H.; à St-Pétersbourg 
OERSTED, J. Ch.; à Copenhague. 
LACORDAIRE, Th,; à Liége. . 
SOMMÉ ; à Anvers . + 
DE Bucua, Léopold; à Berlin . 
Dumas, Jean-B.; à Paris . . . 


FarADAY%, Michel ; à Londres . . . 
OwEN , Richard; à Londres, . 
DE BEAUMONT, Élie ; à Paris . 
LAMANGE: Sd Gand: 5 0 


L L L Lu L 1 . , . L 


Élule 9 mai 1842. 


id, 
id, 
15 décem. 1842. 
9 mai 1843, 


17 décem. 1843. 


id, 
17 décem, 1847. 
id. : 
id. 
id. 


= 
= 


. CORNELISSEN, Norbert; à Gand. . 


( 82 ) 


CLASSE DES LETTRES, 


30 MEMBRES, 


M, Le baron DE STAssanT, directeur. 
mi , . . . , vice-directéur. 
» QUETELET, secrétaire perpétuel. 


Le baron DE REIFFENBERG, F.A.F.T.; 
étre: 5 40" ou 
Le chevalier MARCHAL, J.; à oidie. 
Sveun:is CAS d'Or ee à 
Le baron DE GERLACHE, E. C.; à Brux. 
Le baron DE STASSART ; à Bruxelles. 
GRANDGAGNAGE; à Liége . . + . . 
Le chanoine DE SMET, J.J.; à Gand , 
Le chanoine DE RAM, P.F.X.;à Louvain, 
Rouet, J: EE. G,;à Gand. ,; .. . , 
LESBROUSSART, Ph.; à Liége. . . . 
Moke, H. G. ; à Gand . . . . . . 
NotTaomg ; à Bruxelles . . . . . 
VAN DE WEYER, Sylvain ; à Reusélles ; 


 GACHARD; à Bruxelles . . . . . . 
. Nomméleler déc. 1845. 


QUETELET, A.-J.-L.; à Bruxelles 


. Nommé le3 juillet 1816. 


Élu le 8 juillet 1823. 


— 


4 février 1829, 
5 décem. 1829. 
12 octobre 1833. 
id. 
7 mars 1835. 
6 juin 1835. 
15 décem. 1837. 
id, 
7 mai 1838. 
7 mai 1840. 


9 mai 1842. 


VAN PRAET, Jules; à Bruxelles . . . Élu le 10 janvier 1846. 


BoRGNET, A.; à Liége 

Le baron DE St-GENOiS, Jules; à di, 
avi e Die ns 0... 
Van MEENEN; à Bruxelles, , , , 


(85 ) 


M. DEevaux, Paul; à Bruxelles . , . . Élu le 10 janvier 1846. 
DE DECKER ; à Brunelles,: : . : : à — id. 


» 

» SCHAYES; à Bruxelles , , . . +. . — 11 janvier 1847. 
» SNELLAERT ; à Gand, . . . . . .  — id. 

» L'abbé CARTON ; à Bruges . , . . .  — id. 

A RINRS S OMR +. + + dore) id. 

» BORMANS, J, H.; à Liége. . . : . . — id. 


» LE CLERcQ; M. N. J., à Bruxelles . . — 17 mai 1847, 


. ee » . . e . e e e. ° . ° L D L3 s . . s e 


CORRESPONDANTS (10 au plus). 


M. DE WimTe; à Anvers. 4. . 4 . . Élu le 7 mai 1840. 
» BAGUET ; à Louvain. . . . . ,. . — 14 décem. 1841, 
» BERNARD, Ph.; à Bruxelles. . . . . — 9 mai 1842. 
» POLAIN ; à Liége . .« . . . . . . — 10 janvier 1846. 


» GRUYER, Louis; à Bruxelles . . , ,  — id. 
» FAIDER , Ch.; à Bruxelles ., . . . . — id, 
» DucPÉTIAUX, Ed. ; à Bruxelles . , . — 11 janvier 1847. 
» WEUSTENRAAD , Th. ; à Bruxelles , .«  — id, 
» ÂRENDT: à Louvain. , . . . ,. + — id, 


» SERRURE ; à Gand 0 . . o o . 0 . rc id, 


50 AssoctÉés, 


M. Le duc p’Ursez ; à Bruxelles. , . , Nomméle3 juillet 1816. 


» VAN LENNEP, D. J.; à Amsterdam. .  — id. 
» DE MoLÉON, J. G. V.; à Paris . . Élu le 14 octobre 1824. 
» LENORMAND, L. Séb.; à Paris, . . ,  — id, 
» DE LA FoNTAINE ; à Luxembourg , .  — 23 décem. 1822. 
» MODLAR IR TPE die 4 0 + id. 

! » WITTENBACH: à Trèves. 0 , . . « id. 


» VAN GOBBELSCHROY, L.; à Paris . , — 20 août 1825. 


(84) 


M. Van Ewyck, D. J.; à Bois-le-Duc 
DE JONGE, J. C.; à La Haye. 


» 


» 


Cousin, Victor ; à Paris. . 
CoopEr, C. P.; à Londres. 
LEGLAY, À.; à Lille. . 


BLONDEAU , J. B. À. H.; à Paris. 


MONE, J.; à Carlsruhe . . 


GROEN VAN PRINSTERER, à La Haye 
LENORMANT, Charles ; à Paris. . 


Le vicomte DE SANTAREM, à Lisbonne 


L'abbé GAZZERA; à Turin. 


1 


GRIMM , Jacques ; à Berlin. 


S. E. le cardinal Maï ; à Rome. 


M. 


» 


» 


» 


» 


» 


» 


» 


» 


» 


» 


» 


Prizips ; à Munich , . . 


RAOUL-ROCHETTE , D.; à Paris , 


L] 


DinaAux, Arthur; à Valenciennes. 
ELuis, sir Henry; à Londres . 


GI0BERTI, Vincent; à Turin 
GuizoT, F.P, G. ; à Paris. 


HaALLAM , Henry ; à Londres . 


MiGNET, F. À. À.; à Paris. 
RAFN; à Copenhague, . . 


L2 


RAMON DE LA SAGRA ; à Madrid . 


RANKE ; à Berlin . , . . 


SALVA , Miguel ; à Madrid , 


WARNKOENIG ; à Tubingue . 


Le baron DE HAMMER - PURGSTAL ; 


nd Ad VA Re 
Droz , F.X, J.; à Paris 


e 


Le baron Charles Dupin ; à Paris, 
HERMANN , Ch, Fr.; à Goettingue. 


HURTER ; à Vienne . 
LEEMANS ; à Leyde 
MITTERMAIER ; à Heidelberg 


. Élu le 4 février 1826. 


L1 


* 
a 


ler avril 1826. 
6 octobre 1827. 
5 avril 1834. 
id, 
15 décem. 1836. 
7 mai 1840, 
15 décem. 1840. 
14 décem, 1841. 
15 décem, 1842, 


17 décem. 1843. 
9 février 1846. 


id, 


id. 


M. 


A 


PERTZ ; à Berlin 
RiTTER, Ch ; à Berlin . 
MANzoNt; à Milan 


C1 , 


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. Élu le 11 janvier 1847. 


ee id, 


+ — 17 mai 1847, 


L e. L2 
L L . L 
L1 L LD L2 . 
LL L LU D “ . 


(86) 


CLASSE DES BEAUX=-ARTS. 


30 MEMBRES. 


M. Féris (F.), directeur. 
» BARON, vice-directeur. 
» QUETELET, secrétaire perpétuel. 


Pour la Peinture : 


M. DE KeyzEr, N.; à Anvers. . . . . Nommé le ler déc, 1845. 


» GALLAIT, Louis; à Bruxelles . . . . _ id. 
n' LAS. Hs R'Adtss 0/00", — id, 
»y MADOU, Jean; à Bruxelles. . . . . — id. 
» NAVEZ; à Bruxelles . | SORTE UE — id, 
» VERBOECKHOVEN , Eugène; à Bruxelles. — id. 
» Le baron Waprers, G.; à Anvers . . — id. 


» DE BRAEKELEER, F.;à Anvers . . . Élu le 8 janv. 1847. 
» VAN EYCKEN, J.; à Bruxelles . . . — 22 sept. 1848. 


Pour la Sculpture : 


M. Grers, Guillaume ; à Bruxelles , . . Nommé le 1er déc, 1845. 
» SImOnIs, Eugène ; à Bruxelles. . . . — id. 
» GEEFS, Joseph ; à Anvers . . . . . Élu le 9 janvier 1846. 
» Fraïkin: à Bruxelles. ; :.  : +, — 8 janvier 1847, 


Pour la Gravure : 


M. BRAEMT ; à Bruxelles . . . . . . Nommele 1er déc. 1845. 
» CorR, Érin; à Anvers . . . ,. . . Élu le 9 janvier 1846. 


(87) 


Pour l'Architecture : 


M. ROELANDT ; à Gand . . . . . . . Nommé le 1er déc. 1845. 
SONT alain ee 6 — : Fi 

» BOURLA; 4 Anvers , . . . . « + Élu le 9 janvier 1846. 
» PARTOES ; à Bruxelles . . , . . . — 8 janvier 1847. 


Pour la Musique : 


M. DE BÉrtoT, Ch. ; à Bruxelles ,/ . , . Nommé le 1er déc. 1845, 


» Paris, F,; à Brogelles, . : . +... — id. 
» HANSSENS, C.; à Bruxelles. . . . . — id. 
» VIEUXTEM?S, H.; à Bruxelles . . . — id, 


» SNEL, F.; à Bruxelles + 4 + , : Élu le 9 janvier 1846. 


Pour les Sciences et les Lettres dans leurs rapports avec 
les Beaux-Arts : 


M. ALVIN , Louis; à Bruxelles. ,: . . . Nomméle 1er déc. 1845. 


» QUETELET, À. J. L; à Bruxelles. . . — id. 
» VAN HAssELT, André; à Bruxelles . . | Va id. 
» BUSCHMANN, Ernest ; à Anvers . . . Élu le 9 janvier 1846. 
n BARON, À.; à Bruxelles. . . . . . — 8 janvier 1847. 
» FéTis, Ed.; à Bruxelles .: . . . . — id. 


CORRESPONDANTS (10 au plus). 


Pour la Peinture : 


M. DE Bierve, Édouard; à Bruxelles . . Élu le 9 janvier 1846. 
DyckmMans; à Anvers : . . . . : — 8 janvier 1847. 


(88 ) 


Pour la Sculpture : 


M. JEHOTTE, Louis : à Bruxelles . . . . Élu le 9 janvier 1846, 
soGtanrs: dbonrais , +, : : , + — 8 janvier 1847. 


ES 


Pour la Gravure : 


M. JEHOTTE, père; à Liége. . . . . . Élu le 9 janvier 1846. 
» JOUVENEL, À.; à Bruxelles . . . . — 8 janvier 1847. 


Pour: l'Architecture : 


M. RENARD, B.; à Tournay . . . . . Élu le 8 janvier 1847. 


Pour la Musique : 
M. MENGAL ; à Gand. . . . . . . . Élmle9 janvier 1846. 
Pour les Sciences et les Lettres dans leurs rapports avec 
les Beaux-Arts : 


M. BocarRTs, F.; à Anvers . . . . . Élu le 8 janvier 1847. 


50 ASSOCIÉS. 
Pour la Peinture : 


M. VERNET, Horace: à Paris. , , . . , Élu le 6 février 1846. 


» SCHEFFER, Ary;à Paris . . . . . . — id, 
» CORNELIUS, P.: à Berlin. . . ,. . . — id. 
» DE LA ROCHE, Paul; à Paris . . . wi — id, 


n LANDSEER; à Londres. . , . , . , — id, 


M. 


» 


» 


M. 


(89) 


KavzB\cx. W.:à Munich . . .1. . Élu le 6 février 1846. 


DNONRS, Jr A Pers 0 5 000 67 TC — 8 janvier 1847. 
CALAME, À.; à Genève . . . . . . — id. 
GaaNet, FM: 4 Paris..." "0 _ id. 
MANS. Joe D PARMI. on 4... + — id, 
Hadnhr à Londees. 05220 A UN, dé id, 


Pour la Sculpture : 


Scaanow, Godefroi,.à Berlin . . . . Élu le 6 février 1846. 
MAS, à Dolls 6 2: diet — id. 
PRADIER , James; à Paris. . . . acte id, 
DORE ee Panier — id. 
RAMEY, Étienne-Jules : CN Ci PTE — id. 
Davip , d'Angers: à Paris . . . . . — 8 janvier 1847. 
TENERANI, Pierre ; à Rome . . . . . _ id. 
BARTOLINI ; à Florence . . . , . . — id. 


Pour la Gravure : 


M. Wyow, William; à Londres. . . . . Élu le 6 février 1846. 


» 


» 


» 


# 


M. 


» 


Le baron BOUCHER-DESNOYERS ; à Paris . . id. 
ForsTER , Francois; à Paris, . . . . — Mar” à 
BARRE, père; à Paris. DRAM EE ER ACER sx id. 
HENRIQUEL DUPONT ; à Paris , . . . — 8 janvier 1847. 
CALAMATTA, L.; à Bruxelles . . . , Er id, - 
Toscui, Paul; à Parme . : . , …. — id. 

MOVE ABS Pan 2: TC 2 _— id. 


Pour l'Architecture : 


, ., . 
FONTAINE, P.F, L.; à Paris . . . . Elu le 6 février 1846. 
DONALDSON, Thom.; à Londres . , . Le id. 
Von KzEINZE , Léon ; à Mamich  . à … mis id, 


» 


» 


» 


» 


M. 


» 


CARISTIE, Aug.; à Paris. 
Baray, Ch.; à Londres 
STÜLER , À.; à Berlin, 

Brancai, C.-P.; à Naples, 


Pour 


. RossiN1; à Bologne . . . 
MEYERBEER, Giacomo; à Berlin, 


AUBER, D.F.E., à Paris 


(90) 


SPONTINI, G. L. P.; à Paris 
DAUSSOIGNE-MÉHUL , J.; à Liége . 
HALÈVY, Jacques-F.; à Paris . 


SPOHR ; à Cassel. . 
LACHNER; à Munich . 


. Élu le 8 janvier 1847. 


— id, 
; + id, 
, — id, 


la Musique : 


. Élu le 6 février 1846. 


— id, 
— id. 
À — id, 
. — id. 
» — 8 janvier 1847. 
F _ id. 
Ÿ — id. 


Pour les Sciences et Les Lettres dans leurs rapports avec 


les Beaux-Arts : 


Bock , C. P.; à Bruxelles 


PASSAVANT, J. D. ; à Francfort. 
QUATREMÈRE DE QUINCY ; à Paris. 


WAAGEN, Gust.; à Berlin 


CuuUsSEMAKER ; à Hasebrouck , 


AVELLINO ; à Naples 


GERHARD, Ed.; à Berlin. 
DE CAUMONT, À. ; à Caen . 


| 


. Élu le G février 1846. 


. — à NUE 

k — 8 janvier 1847, 
— id. 

, — id. 

. — id. 

. — id. 

+ : — 22 sept. 1848. 


(91) 


(4 


COMMISSION ROYALE D'HISTOIRE 


(pour la publication des Chroniques inédites). 


. Le baron DE GERLACHE, président. 
Le baron DE REIFFENBERG, secrétaire. 
GACHARD , trésorier. 

Le chanoine DE RAM, 
Le chanoine DE SET. 
DUMORTIER. 
BORMANS. 


(9%) 


COMMISSION DE L’ACADÉMIE 


(pour la rédaction d'une Biographie nationale ). 


Le Président de l'Académie, 


Le secrétaire perpétuel. 


M. MORRFN, délégué de la classe des Sciences. 

» KICKX, | id. id. id, 

» Le Baron DE STASSART, id. id. des Lettres. 

» Le baron DE RFIFFENBERG, id. id. id, 

» FÉTIS, id. id, des Beaux-Arts. 
» VAN HASSELT, id. id, id. 


(95) 


COMMISSION DE LA CLASSE DES LETTRES 


{pour la littérature flamande). 


M. BORMANS. 

» Davin., $ 
» L'abbé CARTON. 

»  SNELLAERT. 

» DE DECKER. 


(94) 


COMMISSION DE LA CLASSE DES BEAUX-ARTS 


(pour la rédaction d'une Histoire de l'art en Belgique). 


M. QUETELET, président. 
» VAN HASSELT, secrétaire. 


»  ALVIN. 

» FÉTIS. 

»  BOCK. 

»  SCHAYES, 


( 95 ) 


Ordre déterminé par le sort, d'après lequel devront avoir lieu 
les lectures dans la Classe des Lettres , conformément à l'art. 18 
du Règlement intérieur. 


M. 


A 


2 
ZT 


= 


SERRURE. 

Le baron DE REIFFENBERG. 
Le chanoine DE SMET. 
VAN DE WEYER. 

Le baron de STASSART. 


M. L'abbé CARTON. 
» Le baron DE GERLACHE. 
» J. VAN PRAET. 
» WEUSTENRAAD. 


» Le chanoine DE RAM. 


v POLAIN. » MOKkE. 
» BORMANS. » ROULEZ. 
» GRANDGAGNAGE:. » AÂRENDT, 


Le chevalier MARCHALe 


» VAN MEENEN. 


» BAGUET, »- STEUR. 

» LESBROUSSART. » NOTHOMB. 
»v CORNELISSEN. » Le baron de St-GENots. 
» P. DE VAUX. » DE DECKER. 
» QUETELET. » BORGNET. 

» HAUS. » BERNARD. 

» GRUYER. » SNELLAERT. 
» Ed. DUCPÉTIAUX. » SCHAYES. 

» GACHARD. » LECLERCQ. 
» FAIDER. : » DE WITTE. 
» DAvip. 


(9%) 


MEMBRES ET ASSOCIES 


DÉCÉDÉS EN 1848. 


Classe des Sciences. 


C. BERZÉLIUS , J.-J., associé , décédé le 7 août 1848. 


Classe des Lettres. 


Louis-Vincent RAOUL, membre, décédé le 25 mars 1848. 

Le baron J.-C.-F, DE LA DOUCETTE, associé, décédé le 19 mars 1848, 
Le baron VANDERCAPPELLEN , associé, décéde le 10 avril 1848. 
Marc-Antoine JULLIEN , associé, décédé le 28 octobre 1848. 
LETRONNE, Antloine-Jean, associé , décédé en décembre 1848. 


NOTICES BIOGRAPHIQUES. 


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ne. se ruxelles 1681. 


4 


NOTICE 


SUR 


LOUIS - VINCENT RAOUL, 


MEMBRÉ DE L'ACADÉMIE ROYALE , 


Né le 2 février 17703; mort, à Bruxelles, le 25 mars 1848. 


ANG 


Louis-Vincent Raoul naquit, le 2 février 1770, à Poincy 
près de Meaux. Il fit ses hümianités chez les Bénédictins ; et 
se rendit ensuite à Paris pour suivre un cours de théologie 
au séminaire St-Sulpicé. Lés succès qu’il obtint dans ses 
études furent $i rapides qu’à l’époque dé la révolution fran- 
çaise , il se trouvait professeur au collége de sa ville natale. 
Cette position étäit d'autant plus honorable qu’il ne la de- 
väit qu’à son mérite et aux résultäts d’un concours. 

L’éxtrait suivant d’une lettre adréssée, au commencement 
de 1806, à Fourcroy, directeur général de l’instruction pu- 
blique, nous donne un aperçu rapide de l’emploi de ses 
premières années. « Je me suis volontairement enrôlé ,avec 
les jeunes gens du collége, en âge de porter les armes, 
dans le moment où toute la France se portait aux frontières 
pour repousser l’ennemi. Les lois d’alors me cotiservèrent, 


( 100) 


pour cette action, mon traitement avec la promesse de 
rentrer dans mes fonctions à la paix. Je suis resté trois ans 
sous les drapeaux, et en passant par les grades intermé- 
diaires , je suis devenu quartier-maître trésorier de la 16e 
demi-brigade de ligne. 

» J’ai donné ma démission, à la paix, poursuivait-il, 
pour reprendre des occupations plus conformes à mes goûts 
et à mes études. » 

Le 30 vendémiaire an VI de la République (21 octo- 
bre 1797), Raoul prononça publiquement l’éloge du général 
Hoche, à l’occasion des funérailles de cet officier distingué ; 
et il Le fit avec tant de talent et de succès, que les mem- 
bres composant l’administration de la commune de Meaux, 
lui adressèrent la lettre de félicitation la plus flatteuse et 
ordonnèrent l’impression de l’éloge, pour être distribué 
dans toute l’étendue de la république (1). 

La lettre adressée à Fourcroy avait pour objet de deman- 
der un modeste emploi dans un des lycées de Paris ; Raoul 
offrait de céder en échange une maison d’éducation qu’il 
avait fondée à Meaux et qui avait mérité du Gouvernement 
le titre d'école secondaire, Cette maison, ajoutait-il, comp- 
tait alors cent cinquante élèves. 

Raoul désirait se vouer entièrement à l’étude des au- 
teurs anciens. Ses démarches à Paris demeurèrent sans 
succès ; mais, au commencement de 1807, il fut nommé 


(1) M. Eugène Verhaegen, qui a payé un digne tribut d’éloges à 
la mémoire de Raoul, son ancien professeur, parle d’une pièce, 
en plusieurs actes et en vers, intitulée : La chute de Robespierre, 
qui aurait été représentée sur quelques théâtres, peu de semaines 


après le 9 thermidor, 


( 101 ) 


conservateur de la bibliothèque de Meaux ; et il ne quitta 
ces fonctions qu’au mois d'avril 1813 , pour occuper celles 
d’inspecteur de la librairie à Amiens (1). 

La première restauration , les cent jours et le retour de 
Louis XVI!Ichangèrent, à trois reprises, la face de la France, 
mais sans atteindre la paisible existence de notre confrère. 
Cependant Raoul désirait rentrer dans la carrière de l’en- 
seignement ; il fit plusieurs démarches infructueuses à ce 
sujet ;et, en 1816, il pritle parti de quitter la France, non sans 
quelque dépit, comme le témoigne l’épitre intitulée : Sur 
mon séjour en Belgique. XL fut appelé à la chaire de rhéto- 
rique de l’athénée de Tournai; et, la même année, le roi 
Guillaume lui accorda des lettres de naturalisation avec la 
remise des frais ordinaires. 

On cherchait alors à réunir le peu de Belges qui pou- 
vaient se présenter, avec quelques chances de succès, dans 
la carrière des sciences et des lettres. Le Gouvernement, 
qui avait succédé au Gouvernement français, s’occupait 
d'organiser les trois universités de Gand, de Louvain et 
de Liége, et de rendre la vie à l’ancienne Académie de 
Bruxelles que la révolution de 89 avait anéantie. Les résul- 
tats de cette espèce d'enquête intellectuelle furent, il fant 
en convenir, très-peu consolants pour notre amour-propre 
national, À quelques exceptions près, les hommes de mérite 
firent défaut quand il fallut nommer des professeurs aux 


(1) Dans toutes les pièces manuscrites que nous avons eues entre les 
mains et qui sont antérieures à cetle époque, nous avons lu Louis- 
Vincent Raoult, et non Raoul. C’est par erreur sans doute que l'ar- 
rêté de nomination d’inspecteur de l'imprimerie porte la dernière or- 
thographe, qui a toujours été suivie depuis. 


9. 


(102) 


chaires universitaires. Loin de blâmer le Gouvernement de 
s'être adressé aux pays voisins pour remplir les lacunes, il 
faut lui en savoir gré; seulement il fit, dans quelques-uns 
de ses choix, preuve de peu de discernément ; plusieurs no- 
minations tombèrent sur des hommes médiocres, qui contri- 
buërent à soulever l’opinion publique contre les établisse- 
ments dont ils faisaient partie. Ces préventions injustes 
éclatèrent plus tard ; et l’on ne tint compte ni du bien 
qu’avaient produit les universités, ni des excellents élèves 
qu’elles avaient formés. 

En même temps que l’enseignement s’organisait, les 
proscrits nombreux que le nouveau Gouvernement français 
avait rejetés loin de leur patrie et dont plusieurs étaient des 
écrivains distingués , contribuèrent, par leur séjour en Bel- 
gique , à donner le goût des lettres et à imprimer de l’acti- 
vité au mouvement intellectuel qui se manifestait dans tout 
le royaume. 

Au commencement de 1818, Raoul fut nommé professeur 
à l’université de Gand et chargé de l’enseignement de la 
littérature française. Il choisit une modeste habitation dans 
un des quartiers les plus réculés de la ville; cette habita- 
tion, entourée de jardins , devint bientôt le rendez-vous 
d’une société choisie. Les jeunes gens qui se distinguaient 
par leurs talents, étaient sûrs de trouver, chez lui, un 
accueil bienveillant et d'excellents conseils pour la direc- 
tion de leurs études : sa bibliothèque, sa table, sa bourse 
même étaient mises à leur disposition. 

En faisant le bien, il lui est souvent arrivé de ne ren- 
contrer que des ingrats. Quand il croyait avoir à se plaindre 
ensuite, sa fâcherie était franche, caustique, mais toujours 
celle d’un excellent homme ; elle s’exhalait en plaisanteries 


r 


( 105 ) 


ét en épigrammes inoffensives. Il était incapable de rendre le 
mal pour le mal. Un jeuné poëté , dans la détresse, lui avait 
emprunté sa bourse, voire même un de ses vêtements les plus 
nécessaires. Le malheureux, lorsqu’il en fit la restitution, ou- 
blia dans le goussét deux ou trois épigrammes, écrites contre 
son biénfaiteur. Raoul en fut irrité, ét promit de s’en ven- 
ger en lançant contre lui une épigramme , tous les matins. 
Sa vengeance s’exérça en effet pendant un témps assez long. 
On peut en trouver des traces dans un petit volume publié 
à Bruxelles , en 1840. 

Presqu’aussitôt après son arrivée en Belgique , notre con- 
frère eut à soutenir une polémique un peu rude contre Ar- 
nault , l’un des réfugiés français qui se trouvaient alors à 
Bruxelles L'auteur de Marius à Minturne ne connaissait 
pas, ou feignait de ne pas avoir reconnu son antagoniste, 


caché sous les initiales L, V. R. Ces initiales donnèrent lieu 


à une série de plaisanteries dont Raoul fut le premier à s’a- 
muser (1); la réconciliation se fit ensuite dès que les ad- 
versaires purent se rencontrer, et des relations amicales ne 
tardèrent pas à s’établir entre eux. 

Au premier abord , rien ne trahissait en lui l’auteur sati- 
rique ; son extérieur annonçait la bonté et la modestie; un 
peu de malice seulement perçait dans son regard animé et 
dans le jeu de ses lèvres; mais il était d’une absence si com- 
plète de prétention, et parfois d’une timidité si grande, 
qu’on pouvait se méprendre sur la valeur de sa personne, 


(1) Il racontait qu’à la suite de ses premières publications, il avait 
paru un article biographique sur sa personne, qui se réduisait à peu 
près à ce mauvais calembour : Raoul a traduit Perse qui ne le fera 
pas percer. STE 


( 104 ) 


« Quand on a bien du mérite, a dit Fontenelle, c’est le 
comble d’être fait comme les autres. » 

On s’est demandé s’il convient que l’homme d'étude s’oc- 
cupe de politique ; et cette demande cache presque tou- 
jours une pensée perfide. Quel que soit le parti qu’il prenne, 
on est également injuste à son égard : ou l’on se montre 
plus exigeant que pour un autre homme, ou, s’il se place à 
l’ombre, on ne lui en tient aucun compte; sa modestie 
même est taxée d'incapacité. 

Et pourquoi l’homme d’étude ne s’occuperait-il pas des 
intérêts de l’État, comme tout autre citoyen? Son intelli- 
gence est-elle moins développée, parce qu'il l’a appliquée 
à un certain ordre d’idées ? Mais l’homme de guerre, le finan- 
cier, le commerçant, l’agriculteur ont dû s’occuper aussi 
de travaux spéciaux. L’essentiel est qu’ils ne prononcent 
que sur des objets qui leur sont familiers. Il importe même 
que le professeur d'histoire et de sciences politiques ne 
reste point étranger aux affaires publiques. Son enseigne- 
ment en prendra plus de solidité et d’étendue; et, d’une 
autre part, il pourra rectifier sur bien des points les idées 
fausses des gens du monde. Les plus grands historiens des 
temps anciens étaient essentiellement exercés au manie- 
ment des affaires : les Xénophon, les Thucydide , les César, 
les Tacite et plusieurs de nos écrivains modernes , en sont 
des exemples éclatants. x 

Raoul expia d’une manière cruelle la part qu’il prit, même 
très-indirectement , aux affaires politiques. Il devait beau- 
voup au roi Guillaume , et sa reconnaissance était extrême; 
il s'était plu à la manifester par la dédicace de sa traduc- 
tion de Juvénal et par la composition de plusieurs ouvrages 
de circonstance. Ce sentiment si louable devint l’origine de 


(105 ) 


sa perte. À l’époque de la révolution de 1830, la faculté 
des lettres à laquelle il appartenait fut supprimée, et il de- 
meura sans place. 11 protesta énergiquement contre ce qu’il 
regardait comme une spoliation ; ce ne fut que six ans après, 
au mois de septembre 1836, qu’il parvint à obtenir sa pen- 
sion; encore était-elle inférieure à la somme qui lui était 
due. Il ne fut satisfait à ses réclamations qu’à la fin de 1844, 
sous le ministère de M, Nothomb, l’un de nos confrères dans 
la classe des lettres. 

Après la perte de son emploi, Raoul était venu s’établir 
à Bruxelles; il fut obligé, pour y subsister, de prendre part 
à la rédaction des journaux et de donner ds leçons parti- 
culières. On l’a quelquefois à tort accusé de faiblesse ; dans 
les circonstances difficiles qui suivirent 1830, il montra de 
l’énergie et fit valoir ses droits avec force et dignité. 

Il avait trouvé un asile dans l’institut Gaggia, qui comp- 
tait alors plusieurs hommes distingués parmi ses profes- 
seurs, entre autres M. Gioberti que lItalie aujourd’hui 
range au nombre de ses plus grands écrivains, et M. Plateau, 
dont l’Europe savante place les travaux de physique expé- 
rimentale dans un rang très-distingué. 

En 1841, l’université libre de Bruxelles lui confia le cours 
de littérature latine et celui d'histoire de cette littérature. 
Il fut également attaché comme professeur à l’école centrale 
de commerce. ‘ | 

Raoul, par un sentiment de reconnaissance, dédia le re- 
cueil d’épiîtres, de satires, de contes, de fables et d’épi- 
grammes, qu’il publia en 1840, à l’homme généreux qui lui 
avait offert noblement un asile dans sa détresse. Ses dédi- 
caces, faites sans ostentation, étaient chez lui l’expression 
de la reconnaissance et de l’amitié, 11 cédait à un sentiment 


( 106 } 


sans songer à aller plus loin, quelquefois même sans pensér 
à en parler à la partie intéressée (1). 

Il était d’une obligeance sans bornes, Quand sa bourse 
était épuisée , il ne craignait pas de prêter sa signature ; les 
abus que quelques personnes ont faits de cette facilité, lui : 
causèrent des embarras financiers qui, malheureusement, 
ont affligé sa vieillesse. Un esprit étroit, souvent aussi un sen- 
timent de basse jalousie, ont exagéré les avantages dont jouit 
le corps enseignant ; et cependant quels sont les professeurs 
qui ont laissé en mourant , je ne dirai pas une fortune telle 
qu’ils auraient pu l’acquérir dans tout autre état, mais de 
quoi mettre leur famille à l’abri du besoin? 

Raoûl s'était marié à Meaux, après sa sortie du service mi- 
litaire. Il avait perdu son épouse vers l’époque de la révolu- 
tion de 1830, et s'était remarié quelques annéés après; cette 
fois, ce fut lui qui succomba le premier. Raoul n’a point eu 
d’enfants, mais il avait toujours auprès de lui quelque pro- 
che parent qui lui en tenait lieu et qu’il traitait avec la ten- 
dresse d’un père. Plusieurs membres de sa famille ont été 
dotés par lui ; d’autres ont vu leurs enfants élevés par ses 
soins ; est-il étonnant alors que ce qu’il laissa à sa veuve fut 
à peine suffisant pour ses funérailles ? 

Deux de ses anciens collègues qui, comme lui, ävaient 
pris part à l’organisation de l’université de Gand, et qui 
avaient été destitués comme lui, s'étaient égalément retirés 
à Bruxelles, ét l'avaient précédé dans la tombe. MM. Hauff 


(1) L'auteur de cette notice en a fait lui-même l’expérience ; ce 
n’est qu’en devenant acquéreur des œuvres de Raoul, qu'il apprit, 
non sans un sentiment d'orgueil, que le volume qui renferme les tra- 
ductions d'Horace et de Perse Jui était dédié, 


( 107 ) 


et Garnier, après plus de quarante ans de services, s’étaient 
vus, eux aussi, réduits à solliciter, pendant plusieurs an- 
nées, la modique pension qui devait les préserver de la mi- 
sère. En présence de pareils exemples, est-on fondé à sou- 
tenir de bonne foi que de toutes les professions, il n’en 
est point qui présente plus de stabilité que celle de l’ensei- 
gnement ? 

L'ouvrage principal de Raoul, celui qui fait le plus d’hon- 
neur à son talent, est, sans contredit, la traduction en vers 
français des trois satiriques latins. La traduction de Juvénal 
parut la première , en 1811 ; elle fut suivie, un an après, de 
celle de Perse. La traduction des satires d'Horace ne fut pu- 
bliée qu’en 1816, avec la seconde édition de Perse et de 
Juvénal (1). 

Le succès qu’obtinrent ces ouvrages ne ferma pas les 
yeux de l’auteur sur les défauts qu’ils pouvaient avoir ; 
Raoul empleya sa vie entière à les revoir et à les corriger ; 
et, sur le bord de la tombe, ils’occupait encore de les perfec- 
tionner.Ilavait surtout fait une étude approfondie des satires 
de Juvénal , qui avaient éveillé son talent poétique, et ou- 
vert la route qu’il a parcourue d’une manière si brillante. 
En rapprochant les différentes éditions qu’il en a données, 


(1) La première édition du Juvénal parut, en 1811, à Meaux ; la 
seconde, à Amiens, en 1816?; la troisième à Tournai , en 1817; 
la quatrième à Bruges, en 1826 ; la cinquième (expurgée) en 1838; la 
sixième à Bruxelles, en 1842. 

La première édition de Perse fut publiée en 1812 ; la seconde en 
1816, la troisième à Bruges, en 1829 ; la quatrième à Bruxelles, en 
1842. 

La premiere édition d'Horace parut à Amiens, en 1816?; la seconde 
à Bruges, èn 1829 ; la troisième à Bruxelles, en 1842. | 


(108 ) 


on peut apprécier les peines infinies qu’il prenait pour les 
rendre plus parfaites. Au mérite d’une scrupuleuse fidélité, 
il joint presque toujours celui d’une versification facile, 
élégante, quelquefois même élevée ; et c’est beaucoup dans 
la langue de l'Europe la plus ingrate peut-être pour ce 
senre de travaux. Le désir de rester fidèle à l'original, fait, 
il est vrai, qu’il sacrifie parfois sous le rapport de la conci- 
sion ; mais, ici encore, le traducteur peut trouver son excuse 
dans la difficulté de rendre toute la pensée de poëtes tels 
que Juvénal, Horace et Perse; de Perse surtout qui, dans 
ses vers, 


Affecta d’enfermer moins de mots que de sens. 


Dans la comparaison qu’il établit entre Horace et Juvénal, 
Raoul a fait preuve d’une véritable impartialité ; et si la ba- 
lance , dans ses mains, semble pencher en faveur du der- 
nier, c’est en quelque sorte à son insu; il fait observer 
avec raison que « ces deux grands poëtes ne sauraient être 
assujettis à un parallélisme rigoureux. » Il fait valoir leurs 
mérites en écrivain qui les a étudiés d’une manière conscien- 
cieuse et qui était digne de leur servir d’interprète ; cepen- 
dant il semble ne pas avoir assez apprécié le point de vue 
élevé où s’est placé Horace, en attaquant les travers de 
l'homme , dans des ufs: pléte de sel et de philosophie qui 
feront, comme ceux de Molière, l'admiration de tous les siè- 
cles, « Le poëte de Vénuse, dit-il, n’attaque guère que des 
vices communs et journaliers, l’avarice, l’ambition, l’art de 
surprendre des testaments, la vanité de quelques magistrats 
subalternes, le côté ridicule des philosophies épicurienne 
et stoïcienne ; et rien de neuf, rien d’extraordinaire n’é- 


( 109) 


veille l'attention et ne pique la curiosité, » Puis il ajoute, 
par forme de correctif, « ces observations ne touchent pas 
même à sa gloire. Qu'importe dans quel genre il s’est exercé, 
pourvu qu'il ait excellé dans ce genre ? Qu'importe qu’il n’ait 
attaqué que des vices ordinaires, que des défauts communs 
à tous les hommes, pourvu qu’il ait su rajeunir ces matières 
rebattues , et prêter à des lieux communs le charme de la 
nouveauté. » 

Cette appréciation, je le répète, semble trop étroite quand 
il s’agit du poëte qui a su peindre de couleurs si vives et 
avec une si haute philosophie, non pas l’homme d’une 
époque, mais l’homme de tous les temps , de toutes les na- 
tions , l’homme tel qu’il est sorti des mains de la nature, 
tel qu’il traversera les siècles, quels que soient d’ailleurs 
les ridicules et les vices qu’il pourra leur emprunter. Ce 
sont ces brillantes qualités qui, de Pavis même de Raoul, 
font que « la palme tout entière est dévolue au poëte de 
Tivoli. » | 

Nous devons sans doute notre admiration à l’écrivain qui 
a su flétrir courageusement les turpitudes et les excès de 
son époque, qui a cité avec éloquence au tribunal de l’o- 
pinion publique le crime réfugié sur les degrés du trône. 
S’élever à cette hauteur, c’est prendre rang à côté des plus 
grands historiens, sans abdiquer la couronne du poëte. 
Cependant ces écrits énergiques n’intéressent vivement 
qu’autant qu’on.se reporte au siècle d’odieuse mémoire 
dont ils révèlent les abominables secrets, 


La chute de Séjan est digne du crayon de Facite : 


Séjan , par des bourreaux dans la fangetraîuc, 
À la fureur du peuple en spectacle est donné, 


10 


(110 ) | 


C’est un jour de bonheur, de triomphe pour Rome. 

Quel air! quels yeux !—crois-moi; je n’aimais pas cet homme, 
Cependant, de quel crime a-t-on pu l’accuser ? 

Quels témoins contre lui sont venus déposer? 

Dit-on les faits ? a-t-on quelque preuve assurée ? 

— Aucune! seulement du roclier de Caprée, 

Une lettre diffuse, équivoque...—J'’entends. 

Et le peuple ? — Le peuple! il fait comme en tout temps, 
S’attache à la fortune, et maudit la victime, (SATIRE X.) 


La forme dialoguée, les ellipses fréquentes, les transi- 
tions brusques, les métaphores extraordinaires qu’on ren- 
contre dans les satiriques latins, et particulièrement dans 
Perse, rendaient la tâche du traducteur extrêmement dif- 
ficile, Notre confrère a lutté courageusement contre tous 
ces obstacles, et souvent il les a vaincus de la manière la 
plus heureuse. Ces obstacles étaient d’autant plus redou- 
tables qu’il s’agissait presque toujours d'interpréter de 
beaux vers que chacun connaissait déjà; et chacun, par 
suite, devait être moins préoccupé du sens que de la forme 
que le traducteur leur prêéterait, La plupart de ces vers 
d’ailleurs, avaient déjà été naturalisés en France, en pas- 
sant dans les écrits de Boileau. Nous citerons un exemple 
qui fera connaître comment Raoul se tirait de ce pas difi- 
cile. Il s’agit de l’homme placé entre l’avarice et la volupté, 


Dans les bras du repos vous dormez le matin : 

— Debout, dit l’avarice ; allons , debout , te dis-je. 
— Il n'est pas temps encor.— Lève-toi, je l'exige. 

— Je ne puis — lève-toi., — Mais pourquoi faire enfin? 
— Pourquoi? l'ignores-tu ? pour traverser l’Euxin ; 
Pour aller au delà de cette mer lointaine, 


(111) 


Chercher l’encens , le poivre et le chanvre et l’ébène, 
Cours donc, et prévenant le retour des chameaux, 
Enlève le premier leurs plus riches fardeaux ; 
Trafique, achète, vends, sois fripon, sois corsaire. 


En se rappelant l’élégante imitation du même passage, 
dans la 8e satire de Boileau, on peut applaudir encore à la 
traduction de notre confrère, qui avait à vaincre une diffi- 
culté de plus, celle de rester fidèle à l’auteur latin, Mais 
poursuivons : 


J'entends la volupté, qui d’une voix plus douce, 
Malheureux! quelle est donc cette ardeur qui te pousse ? 
Quel est ce feu brülant dont à peine , en ton cœur, 

Une urne de ciguë éteindrait la chaleur? 

Quoi! comme un matelot affrontant les orages, 

On te verra coucher sur des tas de cordages, 

Souper sur Le tillac, et boire d’un vin plat 

Qui d’une odeur de poix révolte l’odorat! 

D'où peut naître en ton sein un projet si funeste? 

Es-iu las d'exercer une usure modeste? 

Veux-tu passer la borne , et forcer ton argent, 

Par d’avides sueurs , à rendre cent pour cent? 

Ah! repousse bien loin cette cruelle envie. 

Ne cherchons, ne cueillons que les fleurs de la vie; 

Un seul bien est à nous, c’est le moment présent ; 
Sachons, fréles mortels, le saisir en passant ; 

Jouissons aujourd'hui : demain, cendre légère, 

Nous ne serons qu’un songe, une ombre imaginaire. 

La mort vient ; le temps fuit; il nous entraîne tous. 

Le moment où je parle est déjà loin de nous. 


(SATIRE V.) 


(112 ) 


En empruntant ce dernier vers au satirique français, 
Raoul a fait preuve de goût et de modestie. 

Nous r’avons pas à comparer ici le travail de notre con- 
frère à ceux des autres traducteurs de Juvénal, d'Horace 
ou de Perse, Quelle que soit l’estime accordée à M. Méchain 
et surtout à Daru, les deux seuls dignes rivaux qu’on ait à 
lui opposer, on peut, croyons-nous , affirmer qu’il n’a point 
été surpassé par eux; il conserve, de plus, le mérite bien 
rare de s’être rendu à la fois l’interprète de trois poëtes aussi 
différents par le fond de la pensée que par la forme de Pex- 
pression, et qui représentent , pour ainsi dire à eux seuls, 
la satire chez les anciens. 

Raoul a aussi consacré son talent à traduire des poëtes 
modernes. On lui doit une interprétation élégante de la fa- 
meuse satire de lord Byron, intitulée : £Znglish bards and 
scotch reviewers(les poëtes anglais et les auteurs de la revue 
d’Édimbourg ). Mais l’ouvrage le plus considérable qu’il ait 
entrepris dans ce genre , forme à lui seul, sous le titre de 
Leçons de littérature hollandaise, le quatrième volume de 
ses œuvres. Îl a cherché à réunir dans ce recueil, sinon 
tous les chefs-d’œuvre dont s’honore la littérature hollan- 
daise , au moins un échantillon de tous les genres où se sont 
exercés les auteurs. 

Quand on traduit les modernes, on n’a pas pour eux le 
même respect que pour les anciens ; on se donne plus de 
latitude; l’expression de l’original n’a point ce caractère 
sacramentel dont on n’oserait s’écarter sans encourir le 
blâme. Le traducteur, s’il est vraiment poëte, prend une 
allure plus franche, et ses vers coulent plus librement. 

Raoul d’ailleurs a souvent employé sa plume en faveur 
d'écrivains qui étaient loin d’avoir son mérite ; en ayant l’ap- 


(115 ) 


parence de lestraduire, il leur montrait le chemin qu’ils 
avaient à suivre, et plusieurs se sont bien trouvés de refaire 
leurs compositions poétiques sur la traduction qu’il en avait 
donnée. 

Pour le juger comme poëte , il faut recourir aux tomes 
deux et trois de ses O£uvres diverses ; il s'était exercé dans 
tous les genres, mais non pas avec un égal succès. La tra- 
gédie Guillaume le Conqguérant présente une versification 
facile, mais on sent que l’auteur n’était pas là sur son véri- 
table terrain : il ne s’y place guëre d’une manière plus heu- 
reuse dans la comédie-vaudeville, intitulée : {Écrivain pu- 
blice ou les Pétitionnaires ; cette pièce eu un acte et en 
vers, rappelle malheureusement trop'{a Comédie sans titre 
de Boursault; on voit se succéder sous les noms de Tris- 
sotin , Roussignac, Delcour, différents originaux qui vien- 
nent invoquer le ministère de l’écrivain public pour servir 
leurs intrigues. Si la pièce est faiblement conçue et dénote 
peu d'entente de la scène, si les caractères sont peu natu- 
rels et chargés, d’une autre part, le dialogue est facile et 
présente un assez grand nombre de mots heureux et d’ob- 
servations justes exprimées avec finesse. 

Les deux ouvrages dont il vient d’être parlé , n'ont point 
subi l'épreuve de la scène, et probablement l’auteur eût 
échoué, s’il n’eût écouté sa modestie. Les Écoliers en va- 
cances, la Veille des vacunces et le Jeune homme à la Mode, 
petite pièce produite plus récemment, ont obtenu un 
véritable succès dans les différents colléges où elles ont été 
représentées ; la première surtout répond parfaitement au 
but que l’auteur s’était proposé en la composant. Habitué 
à vivre au milieu des jeunes gens, observateur indulgent de 
leurs espiégleries , il pouvait peindre avec vérité les scènes 


10. 


( 114 } 


qu’il avait été à même d’étudier tant de fois ; il ne faut donc 
pas s'étonner s’il a traité ce genre d’ouvrage dramatique 
avec plus de succès que les autres. 

C’est dans le tome III de ses œuvres diverses que Raoul 
a réuni ses poésies légères, qui se composent en grande 
partie d’épîtres et d’épigrammes ; ce volume parut en 1827, 

On y trouve la pièce de vers qui concourut, en 1811, 
pour le prix de poésie proposé par l’Académie française 
au sujet des nouveaux embellissements de Paris. On sait que 
le prix fut décerné à Soumet, et le premier accessit à 
Millevoye. La pièce de Raoul ne fut pas même mentionnée, 
bien que sous tous les rapports elle fût digne d’un pareil 
honneur. 

Les épîtres de Raoul, et ses discours mêmes, composés 
pour des circonstances solennelles, sont généralement em- 
preints d’une teinte satirique dont il ne pouvait se défen- 
dre. Mais, chez lui, la satire est toujours inoffensive ; inca- 
pable de blesser, il cherchait plutôt à captiver l'attention 
par des traits saillants. L’épiître adressée à Étienne au sujet 
de la comédie des Deux Gendres, en fournit la preuve, On 
sait la rumeur qu’excita la représentation de cette pièce 
qu’on prétendait être le produit d’un plagiat. Raoul prit 
fait et cause pour l’auteur, bieu qu’il ne le connüût pas per- 
sonnellement, contre Bouvet l’un de ses accusateurs les 
plus ardents. 


— Mais direz-vous, six vers de la pièce d'Étienne, 
S'y trouvent mot pour mot empruntés de l’ancienne! 
— Sur deux fois mille vers pleins de grâce et d'esprit, 
En prendre six mauvais dans un vieux manuscrit! 
Quelle audace en effet ! quel crime abominable! 

Au temps passé peut-être on était plus traitable : 


(115) 


Le vol alors passait pour imitation : 

Virgile vole Homère, Horace Anacréon ; 
Despréaux Juvénal, et Molière Térence ; 

Mais on ne permet plus de pareils vols en France. 


Puis s’adressant à Étienne : 


Poursuis, sans t’arrêter , ta brillante carrière ; 

Tu pourras sur ta route essuyer des dégoûts : 

Molière en essuîrait, s’il vivait parmi nous, 

N’en sois pas moins fidèle aux lois d’un si grand maître; 
Vole le feu sacré, quelque part qu’il puisse être ; 

Un sot n’imprime rien qui ne soit bien de lui : 
Daignerait-il descendre à consulter autrui? 

Toi, ne néglige pas ces vulgaires ressources : 

Grecs et Romains, lis tout : puise à toutes les sources : 
Mais pour notre intérêt , et surtout pour le tien, 
Quand Bouvet écrira , ne lui prends jamais rien. 


Le recueil publié, en 1840, contient quelques satires 
remarquables par leur ton de bonhomie et de finesse pi- 
quante; nous citerons surtout les vers adressés au Roi de 
Danemurck et la pièce intitulée : Socrate et Glaucon contre 
les législateurs imberbes qui prétendent régler le sort des 
États. Les épigrammes sont au nombre de cent cinquante- 
cinq; la plupart ne seraient point déplacées dans les meil- 
leurs recueils. Comme l’épigramme et la satire n’étaient, 
chez Raoul, qu’un jeu d’esprit, elles ne tendaient en aucune 
façon à nuire aux personnes qui en étaient l’objet, quel- 
quefois même il s’en prenait à ses meilleurs amis; ces der- 
niers se bornaient à en rire, et je ne sache pas qu'aucun 
d’eux s’en soit jamais offensé. 

Cependant plus sévère qu'eux, Raoul, avant sa mort, 


(116 ) 


a exprimé le désir de voir supprimer tout ce qui pouvait 
porter le caractère d’une attaque même indirecte. 

Dans lerecueil qui vient d’être mentionné, on retrouve plu- 
sieurs pièces déjà publiées dans les cinq volumes de ses œu- 
vres diverses : il les avait revues avec soin, et il les considé- 
rait comme moins imparfaites que ses autres ouvrages .de ce 
nombre sont : /e Savant en us ou discours d’un vieux pro- 
fesseur de rhétorique, la Jeune fille séduite, la Petite fleur 
cueillie, etc. On y trouve aussi la fable Ze Rat de ville et 
le rat des champs, fragment de sa traduction des satires 
d’Horace, et l’un des morceaux les plus irréprochables qui 
soient sortis de sa plume. 

Outre les ouvrages dont je viens de parler, Raoul a pu- 
blié un grand nombre d’articles de critique littéraire dans 
différents recueils, mais plus particulièrement dans les 
Annales belgiques et dans le Mercure belge, dont il était 
l’un des fondateurs (1). Le tome IIT de ses œuvres diverses 
contient une notice remarquable sur la manière dont doit 
être comprise cette tâche pénible et délicate de l’homme 
de lettres. 

Quand il s’agit d'ouvrages scientifiques, ou même d’ou- 
vrages littéraires d’une certaine portée, la critique, chez 
nous, est à peu près nulle. Les écrits les plus savants, ceux 
qui font le plus d'honneur à la Belgique régénérée, sont à 
peine jugés dignes d’une annonce, même dans nos recueils 


(1) Les fondateurs du Mercure belge étaient : MM. Lesbroussart, 
Raoul et le baron de Reiffenberg. Ce journal, publié à Bruxelles, a 
commencé à paraître en 1817. Quant aux Annales belgiques, com- 
mencées à Gand, en 1818, par M. le comte Alméida, elles furent 
continuées par MM. Cornelissen, Raoul, Garnier, etc, 


(117) 


périodiques, qui ont pris pour mission de constater le mou- 
vement intellectuel du pays. 

Ce déplorable état de choses n’avait point échappé à notre 
confrère ; pour tâächer d'y remédier, son zèle et sa bonté 
le portaient parfois à rendre compte d'ouvrages qui sor- 
taient entièrement du cercle de ses études. Pour attirer 
Pattention sur un jeune savant que les journaux laissaient 
dans l’ombre, ilse faisait naturaliste, physicien, géomètre; 
Ja rectitude de son jugement, son esprit éminemment clair 
et analytique, son style pur et élégant, suppléaient à ce qui 
pouvait lui manquer de connaissances spéciales , et lui per- 
mettaient fréquemment de réparer d’injustes oublis. 

Toujours prêt à obliger, il avait assisté à bien des enfan- 
tements littéraires; et, après avoir facilité lesaccouchements 
les plus laborieux , sa bienveillance le portait ordinairement 
à se constituer le parrain et le protecteur des nouveau- 
nés, Sa critique ne devenait vive et acerbe que lorsqw’il 
rencontrait dans l’arène des athlètes dignes de lui et dont 
les talents, mal employés, lui semblaient pouvoir compro- 
mettre la cause littéraire : il attaquait surtout le roman- 
tisme et s’en prenait généreusement à ses plus forts cham- 
pions. Il procédait à la décomposition de leurs écrits avec 
une analyse impitoyable et souvent, il faut l'avouer, avec 
un rare bonheur. Il s'était fait une définition particulière de 
l’ancienne et de la nouvelle littérature. « Les classiques, 
disait-il, sout ceux qui ont fait leurs classes, et les roman- 
tiques ceux qui ne les ont pas faites. » 

Toutefois les vieilles habitudes littéraires de Raoul, ses 
études qu’il avait constamment dirigées vers les grands écri- 
vains de l’antiquité et du siècle de Louis XIV , le rendaient 
parfois injuste envers les écrivains modernes; il ne semblait 


(118) 


préoccupé que de leurs défauts, sans tenir compte des 
beautés que renferment leurs ouvrages. Les néologismes, 
les incorrections grammaticales , l’absence de clarté étaient 
poursuivies avec tant d’ardeur, que le reste passait à peu 
près inaperçu aux yeux de notre Aristarque impitoyable. 
L’Anti-Hugo peut en servir d'exemple. Raoul a fait aussi 
la critique des Vépres siciliennes et du Paria de Casimir De- 
lavigne , de même que de la Démence de Charles VI, par 
Lemercier. Sans le vouloir , il a porté dans l’examen de ces 
ouvrages une sévérité qui ne peut être justifiée que par la 
crainte où il était de voir notre jeune littérature prendre 
une fausse direction. 

On retrouve notre confrère avec plus de plaisir sur le 
terrain de la critique, quand il se livre à l’examen des satires 
d’'Horace et de Juvénal; à l'appréciation de l’Art poétique 
ou à celle des immortels poëmes de Virgile : il méditait sur 
les Bucoliques de ce dernier poëte un ouvrage analogue à 
celui de Malfilâtre , et qui devait former le tome sixième de 
l’édition de ses œuvres publiées à Bruges; « à l’époque ou 
l’école vaporeuse, qui s’appelle romantique, écrivait-il, 
nous inonde d’un déluge de compositions plus ridicules et 
plus barbares les unes que les autres, il ne sera peut-être 
pas inutile de consigner ici quelques réflexions sur les Géor- 
giques de Virgile. Ce poëme, le plus parfait dans son genre 
que nous aient laissé les anciens, est éminemment propre à 
fixer les principes de la saine littérature , et jamais pareil 
antidote n’a été aussi nécessaire pour préserver la jeunesse 
de la contagion des mauvaises doctrines. » ; 

La classe des lettres de l’Académie avait compris ce 
qu’elle avait à gagner en associant à ses travaux le savant 
auteur de la meilleure traduction des trois satiriques latins 


(119) 


et d’un grand nombre d’ouvrages qui occupent un rang dis- 
tingué dans la littérature française. Le nom de Raoul man- 
quait depuis longtemps à la liste de nos membres; sa mo- 
destie faisait qu’il eût sans doute été le dernier à s’en 
apercevoir, L'Académie répara cet oubli et le nomma dans 
sa séance du 11 janvier 1847. 

La mort ne lui laissa pas le temps de nous rendre les ser- 
vices que nous étions en droit d’attendre de son profond 
savoir et de sa longue expérience. Nous avons cependant 
reçu de lui un rapport remarquable sur l'utilité de faire 
participer les jeunes Belges à l’école fondée à Athènes, 
par le Gouvernement français, pour l’étude du grec et des 
antiquités. Ses formes douces et polies, son commerce 
toujours sûr et bienveillant , l'autorité de son âge et de son 
talent lui avaient mérité l’estime de tous ses confrères. 

* Aucune distinction n’était venue décorer la poitrine de 
ce vétéran de l’enseignement. Cet autre oubli fut également 
réparé, et la croix de chevalier de l’ordre de Léopold, dé- 
posée sur son lit de mort, parut ranimer un instant ses yeux 
près de s’éteindre. II n’éprouvait, disait-il, que le regret de 
n'avoir plus la force nécessaire pour remercier le ministre 
(M. Rogier}), par qui il avait obtenu cette distinction; non 
qu’il fût pris d’un sentiment déplacé de vanité, au moment 
même où il voyait la tombe s’ouvrir devant lui; la vanité 
n’eut jamais accès dans son âme, mais parce qu’il était na- 
turellement bon, et reconnaissant à l’excès de tout ce qu’on 
faisait en sa faveur. 

La maladie qui le conduisit au tombeau fut longue et dou- 
loureuse ; il vit approcher sa fin avec résignation. Il exprima 
lui-même le désir de recevoir les secours de la religion, 
et expira à l’âge de 78 ans, dans la matinée du samedi 


( 120 ) 


25 mars 1848. Son convoi fut suivi par une affluence nom- 
breuse, et des regrets vivement sentis furent exprimés sur 


sa tombe, 
A. QUETELET, 


NOTICE 


SUR - 


JEAN = CHARLES = FRANÇOIS BARON LADOUCETTE , 


ASSOCIÉ DE L'ACADÉMIE ROYALE, 


Né le 4 octobre 1772, mort le 19 mars 1848; 


PAR 


LE BARON DE STASSART , 


Membre de l’Académie royale de Belgique. 


Lorsque d’orgueilleux sophistes conspirent le boulever- 
sement de l’ordre social; lorsque les mauvaises passions sur- 
gissent de toutes parts et que d’audacieux intrigants se 
montrent habiles à tout détruire, mais incapables de rien 
édifier ; lorsqu’enfin l’espèce humaine revêt, à nos yeux, 
des formes si repoussantes, il est consolant de porter les 
regards sur l’homme d'honneur dont la vie tout entière fut 
consacrée à la prospérité de son pays, à l'amélioration du 
sort de ses concitoyens. Vous aimerez donc à suivre dans sa 
longue, dans sa laborieuse carrière, Jean-Charles-François 


11 


(12 ) 


Ladoucette, administrateur plein d'intelligence et d’acti- 
vité, législateur instruit et consciencieux, écrivain distin- 
gué par plus d’un genre de mérite. 

Il naquit, le 4 octobre 1772, à Nancy, d’un père avocat 
au parlement. Son aïeul , chirurgien-major de la garnison de 
Metz, avait associé quelquefois ses travaux à ceux du célè- 
bre Antoine Louis , que la science chirurgicale place au pre- 
mier rang de ses adeptes. 

La révolution de 1789 surprit le jeune Ladoucette au 
moment où, ses humanités et sa philosophie achevées, il al- 
lait commencer l’étude du droit. Appartenant à cette classe 
moyenne que tant d'obstacles tenaient éloignée de la car- 
rière des honneurs, il accueillit avec enthousiasme , comme 
presque tous les hommes éclairés, le régime nouveau qui 
s’annonçait d’abord sous les plus heureux auspices. La li- 
berté , toutefois, ne lui semblait désirable qu’appuyée sur 
l’ordre légal. Aussi quand la populace et une partie de la 
garnison de Nancy se mirent en pleine révolte contre les 
décrets de l’assemblée constituante, en août 1790, se plaça- 
t-il dans les rangs de cette courageuse garde nationale dont 
le concours assura la victoire du marquis de Bouillé et le 
rétablissement de la tranquillité publique. Le lendemain, il 
prononça d’éloquentes paroles sur la tombe du chef de son 
bataillon, M de Vigneulle, l’une des victimes de cette san- 
glante journée, Il employa les deux années suivantes à se 
familiariser avec les lois romaines, la connaissance du droit 
des gens et l’économie politique. 

Ladoucette, suspect de modérantisme, n’aurait échappé 
qu'avec peine aux échafauds révolutionnaires, s’il n’était 
allé chercher un asile auprès du représentant de la répu- 
blique française en Suisse, Barthélemy, le neveu de l’auteur 


( 125 ) 


des Voyages du jeune Anacharsis. Ses relations avec cet 
homme d’État furent bientôt intimes et le mirent en posi- 
tion de servir utilement ses compatriotes dans mainte cir- 
constance. C’est à lui que s’adressérent des gardes nationaux 
de Béfort pour obtenir la restitution d’une certaine quan- 
tité de montres payées en faux assignats par des grenadiers 
de Soleure. Barthélemy, dont le caractère diplomatique 
venait d’être méconnu par le canton, n'avait pas cru pou- 
voir intervenir dans cette affaire. Ladoucette écrivit avec 
tant d'énergie au sénat de Solenre, que les montres furent 
renvoyées aux réclamants, et les faux assignats anéantis par 
le vérificateur français à Bâle. Cependant Paris commençait 
à redevenir insensiblement le centre, ja capitale de la ci- 
vilisation; quelques cercles littéraires s’y étaient formés, 
Là brillaient Andrieux, Arnault, Madame de Bourdic-Viot, 
Armand Charlemagne, Collin d’Harleville, Deschamps, 
Dupaty , François de Neufchâteau: Guichard, Le Gouvé, Le 
Prévost d’iray, Philipon de la Madelaine, Piis, Pons de 
Verdun, les deux Ségur, Vigée. Ladoucette vint augmen- 
ter le nombre de ces aimables poëtes destinés à conserver 
intact l'esprit français ; il lut divers morceaux de littérature, 
qui furent réunis, en 1802, sous le titre un peu bizarre de 
ROSE ET NOIR * vol. in-12 de 252 pages, [l avait beaucoup oui 
parler , dans sa ville natale, de la veuve d’'Helvétius (Made- 
moiselle de Ligneville), dont la Lorraine avait été le ber- 
ceau, Elle s'était retirée à Auteuil, où les nombreux amis de 
Pépoux, si vivement regretté, lui faisaient une cour as- 
sidue, Ladoucette se prévalut de son titre de compatriote 
pour se présenter chez cette excellente femme qu’un de 
ses biographes, le médecin-philosophe Roussel, a peint de 
couleurs si séduisantes et si vraies; il en reçut un accueil 


(124) 


flatteur , et bientôt fut au nombre des habitués de la mai- 
son. La mort vint rompre ces douces relations, le 13 août 
1800. Madame Helvétius, calme, résignée, s’éteignit à 
l’âge de quatre-vingts ans. 

Ladoucette avait exprimé dignement son admiration pour 
les vertus d’Helvétius et de sa noble compagne, dans une 
petite comédie jouée avec succès sur le théâtre de Molière, 
le 7 juillet 1798 : Hezvérivs À Voré. 

Une constitution sans cesse violée, un directoire sans di- 
gnité , la soif de l’or poussée jusqu’au dévergondage le plus 

-cynique, la gloire même des armées, compromise par l’im- 

prévoyance du gouvernement , le désordre dans toutes les 
branches de l’administration.….. tel était l’état de la France 
au 18 brumaire (9 novembre 1799). Le génie de Napoléon 
fit promptement succéder à cet horrible chaos une pros- 
périté croissante de jour en jour; toutes les âmes généreu- 
ses furent électrisées; c’était à qui seconderait les grandes 
pensées et les projets du héros législateur. Ladoucette 
éprouva l'effet de cette espèce de magnétisme moral. Il ve- 
nait de faire un mariage où se trouvaient réunies toutes 
les convenances sociales; deux hommes qu’il voyait fré- 
quemment et qui savaient l’apprécier, Chaptal , ministre de 
l’intérieur, et le préfet de Paris, Frochot, le présentèrent 
pour une place vacante au conseil général du département 
de la Seine ; mais le premier consul pensa que le candidat, 
pour lors âgé de trente ans, pouvait rendre ailleurs de plus 
importants services, et, le 13 avril 1802, il le nomma préfet 
des Hautes-Alpes. 

Ladoucette allait fournir une nouvelle preuve que l’amour 
des lettres n’est point incompatible avec l'esprit des affai- 
res, comme l’ont toujours soutenu les médiocrités, ja- 


(195 ) 


louses de jouir d’un privilége exclusif, Le pays qu'il devait 
administrer se trouvait en proie à la plus affreuse misère; 
de mauvaises récoltes avaient produit une disette qui met- 
{ait en danger l’existence des habitants Le premier soin du 
nouveau préfet fut de prendre des mesures pour faciliter la 
circulation des grains et former des greniers d’abondance. 
Les communications avec le Piémont, contrée fertile d’où 
l’on pouvait tirer des approvisionnements, étaient difficiles; 
il conçut le projet d’ouvrir une route par le mont Genèvre : 
c'était le moyen aussi d'occuper un grand nombre d'ouvriers 
sans travail. Cependant, le directeur général des ponts et 
chaussées faisait attendre son approbation, la mauvaise 
saison approchait; Ladoucette résolut de passer outre; il 
fit l'avance, sur ses propres ressources, de vingt-cinq mille 
francs que le premier consul s’empressa de lui rembourser, 
en a-surant les fonds nécessaires pour les travaux subsé- 
quents. La route du mont Genèvre est une des merveilles 
du règne de Napoléon. Un hospice, desservi par des trap- 
pistes et doté de trente mille francs de rente, fut établi sur 
le sommet, à deux mille mètres au-dessus du niveau de la 
mer, Ladoucette ne borna point sa sollicitude aux intérêts 
matériels d’une province jusque-là trop négligée; il mul- 
tiplia les écoles, établit un musée central et une société 
académique sous la dénomination de SOGlÉTÉ D'ÉMULATION 
Des HaurTes-Azpes, à Gap, chef-lieu du département. Un 
Journal d'agriculture et des arts fut publié sous son pa- 
tronage. 

Le 31 mars 1809, un décret impérial fit passer le préfet 
des Hautes-A\lpes à la préfecture de la Roer, où Alexandre 
de Lameth avait laissé d’honorables souvenirs. Ladoucette 
marcha sur les traces de son prédécesseur et mérita, comme 


17. 


( 126 ) 
lui, la reconnaissance des habitants; il s’occupa surtout 
des besoins de la classe ouvrière ; si considérable dans un 
département qui comptait quatre mille fabriques, usines, 
ateliers de toute nature, et favorisa les associations desti- 
nées à secourir les travailleurs infirmes ou malades. Cologne 
lui doit un port de sûreté dont la construction fut achevée 
en moins de trois ans. À son départ d’Aix-la-Chapelle, qui 
n’eut lieu qu’à l’entrée des Cosaques , en janvier 1814, il 
se vit entouré par des jeunes gens de toute condition, qui 
voulurent lui servir d’escorte et l’accompagnèrent à une 
assez longue distance de la ville, 

Après l’abdication de l'Empereur, Ladoucette se préoc- 
cupa de la possibilité de conserver à la France les limites du 
Rhin ; il lui semblait que les nombreuses forteresses encore 
au pouvoir des troupes françaises en Italie, au cœur de 
l’Allemagne , et jusque sur la Vistule et la Baltique, de- 
vaient servir de compensation. Il est hors de doute qu’en 
acceptant l’appui de la Russie, dont les dispositions s’an- 
nonçaient d’une manière favorable, on pouvait se flatter 
d'obtenir ce résultat, résultat d’une si haute importance 
pour des princes ramenés par les baïonnettes étrangères et 
qui se seraient fait ainsi pardonner cette circonstance hu- 
miliante, Le comte d'Artois, dont l’arrivée précéda d’un 
mois le retour de Louis XVIII, accueillit avec une bienveil- 
lance marquée les ouvertures de l’ancien préfet de la Roer… 
Mais l’ascendant du prince de Talleyrand prévalut : l’homme 
qu’on appelait le rusé diplomate, sacrifiant sa réputation 
d’habileté par des motifs à lui connus, fit signer au lieute- 
nant général du royaume , le 23 avril 1814, une convention 
qui remettait aux puissances alliées, de gaieté de cœur, 
pour ainsi dire, et sans condition, cinquante-trois places 


( 127 ) 


fortes, douze mille six cents bouches à feu, des arsenaux 
considérables, des fonderies avec un matériel immense, 
des magasins pourvus d’effets d'équipement de toute es- 
pèce, des ports, plusieurs bâtiments de guerre, bref des 
valeurs mobilières estimées au moins quinze cents mil- 
lions. 

Ladoucette, désespéré d’une pareille catastrophe, passa 
dans la retraite les onze mois de la première restauration, 
lesquels, comme chacun le sait, furent signalés par tant de 
bévues, par tant de fautes politiques qui, jointes aux intri- 
gues de la diplomatie française au congrès de Vienne et à 
l’inexécution du traité de Fontainebleau, provoquèrent le 
merveilleux retour de Napoléon. Vingt jours suffirent pour 
ramener, de l’île d'Elbe au château des Tuileries, sans une 
seule amorce brülée, celui que des écrivains mercenaires 
appelaient encore quinze jours auparavant l’ogre de Corse, 
et qui fut proclamé par l’armée, par le peuple, le libéra- 
teur de la France, | 

Ladoucette, envoyé préfet dans le département de la 
Moselle, ne perdit pas un instant pour se rendre à son 
poste, et, dès le 31 mars, ses compatriotes, devenus ses 
administrés, l’avaient accueilli par de bruyantes accla- 
mations. C'était, en quelque sorte, une mission militaire 
qu’il avait à remplir. Il s’empressa d’assurer lapprovision- 
nement des places fortes que dix mille gardes nationaux se 
montraient disposés à défendre avec toute l'énergie du 
patriotisme ; un corps de quatre cents lanciers volontaires 
s’organisa comme par enchantement, et quinze mille 
hommes, destinés à tenir la campagne, se réunirent sous 
les ordres du général Gérard, l’un des glorieux enfants de 
la Lorraine, Cependant les Prussiens se dirigeaient vers les 


( 198 ) 


frontières ; Metz fut bloqué... Une levée en masse des 
paysans ‘se préparait pour dégager cette ville et marcher 
au secours de Paris, lorsqu’arriva la nouvelle du départ de 
l'Empereur , s’exilant de nouveau, afin de ne pas exposer la 
patrie aux horreurs de la guerre civile. Presque en même 
temps on apprit l'occupation de la capitale par les alliés, 
qui s'étaient avancés à marches forcées après la bataille de 
Waterloo. Louis XVIII reprit son pouvoir, mais un pouvoir 
dépouillé de tout prestige; il se vit contraint de mettre à 
la tête de son conseil deux hommes dont les intrigues 
avaient été pour lui de puissants auxiliaires, Talleyrand et 
Fouché, ce qui fit dire, dans les antichambres mêmes du 
monarque, ce terrible mot : qu'attendre d’un trône qui se 
place entre la boue et Le sang? Les quinze mois qui suivirent 
ces événements furent déplorables, mais la sagesse natu- 
relle du roi finit par triompher des passions haineuses de 
son entourage : l'ordonnance du 5 septembre 1816 rétablit 
le calme et rassura les esprits. 

Ladoucette qui, vers le milieu du mois d'août 1815, avait 
quitté Metz, après y avoir pris les mesures les plus propres 
à garantir le maintien de l’ordre et l’obéissance aux lois, 
ne se sentait disposé nullement à poursuivre sa carrière 
administrative; il se livra tout entier aux douceurs de la 
vie privée. C’est pendant les dix-neuf années de cette re- 
traite studieuse, tantôt à Viels-Maisons (département de 
l'Aisne), tantôt dans une jolie campagne située aux envi- 
rons de Metz, ou bien, à Paris, dans son petit hôtel de la 
rue Saint-Lazare, que, se livrant à la culture des sciences, 
des lettres et desarts, il composa presque tous ses ouvrages, 
qui, la plupart, obtinrent les honneurs d’une et même de 
deux réimpressions. On vit paraître successivement : 


(129 ) 


1° La troisième édition de Philoclès ( deux volumes 
in-8o) imité de l’Agathon de Wieland et qui lui mérita ces 
paroles flatteuses de l’écrivain original : je n’aurais pas 
fait mon livre autrement, si je l'avais écrit pour des Fran- 
çais, 


20 Le Voyage entre Meuse et Rhin (deux éditions), rem- 
pli de curieux détails, d’aperçus neufs et de vues utiles, 


80 Topographie, histoire, usages, dialectes des Hautes- 
Alpes. Ce volume, de plus de huit cents pages, où l’érudi- 
tion et la science se revêtent de formes attrayantes, 
produisit une véritable sensation parmi les hommes qui 
s’occupent de statistique et d'archéologie L’auteur en 
donna, quelques mois avant sa mort, une nouvelle édition 
(la troisième }, dont un exemplaire fut envoyé, par lui, à 
chaque commune du département. C'était une espèce de 
legs pieux de Îa part d’un administrateur dont tant de 
bienfaits déià rappelaient le souvenir à ses anciens admi- 
nistrés. 


40 Le troubadour ou Guillaume et Marguerite (deux édi- 
tions), tableau plein de charme et de vérité des mœurs de 
la Provence au XIIe siècle. 


5o Robert et Léontine , ou la Moselle au seizième siècle, 
roman ingénieux où la Fable se marie avec art aux événe- 
ments historiques, 


60 Nouvelles, contes, apologues et mélanges, d’abord en 
trois volumes in-12 , Paris, 1822, furent reproduits en un 
volume in-8°, 1844, sous le titre de Nouvelles (au nombre 
de dix, dont Vadir ou le livre magique est la plus remar- 


(150 ) 


quable), et en un volume de Wélanges, 1845, même format. 
Les apologues se retrouvent dans un volume in-18, de 1827, à 
réimprimé, avec deux livres nouveaux , le quatrième et le 
cinquième, en 1842, in-8, De la grâce, du naturel et d’heu- 
reux détails ont assuré le succès de ce recueil. On a cité 
souvent ce quatrain moral dont la concision ne nuit point à 
l'élégance : 


L’ALOULTTE. 


- « Ne va pas te mirer, imprudente alouette ; 
Crains le double filet du perfide oiseleur, » 
Les conseils d’un miroir trompeur 


Ont perdu plus d'une coquette. 


Ladoucette a payé largement, par d'excellents mémoires, 
son tribut aux sociétés dont il était membre : la Société 
centrale d'agriculture, celles de l’industrie, de l'instruction 
élémentaire, etc., etc. Correspondant de l’Académie royale 
de Belgique, depuis le 8 mai 1835, il lui faisait parvenir, 
avec une scrupuleuse exactitude, les livres qu’il publiait, 
Secrétaire perpétuel de la Société philotechnique, après 
la mort de Pigault-Lebrun (24 juillet 1835), il en a fait 
connaître les travaux par des rapports qu’on lit avec in- 
térèt. 

Ladoucette, dans d’élégantes notices biographiques, a 
retracé la physionomie de plusieurs personnages célèbres : 
du général Miollis, de Boulay de la Meurthe, du botaniste 
Villars, de Wieland , de Cousinery, de Vigée, de Bouilly, 
du bon aveugle Pougens, dont la mémoire est si chère à 
tous ceux qui l’ont connu, de la princesse de Salm-Dyck, 
enfin, de cette femme au talent viril, qui s’est distinguée 


(151) 


.tout à la fois comme poëte et comme moraliste, Il l’avait 
connue dans le département de la Roer , où le château de 
Dyck était devenu le rendez-vous d’une foule de savants et 
de littérateurs, attirés par le bon accueil et l’amabilité des 
propriétaires. | 

Les électeurs de l’arrondissement de Briey ( département 
de la Moselle), en 1834, et toutes les fois que les élections 
furent renouvelées, portèrent Ladoucette à la chambre des 
députés, où ses connaissances variées, son patriotisme 
éclairé, son indépendance consciencieuse ne pouvaient 
manquer de produire d’excellents résultats. Il prit place 
au centre gauche, et, dans ce temple des lois, transformé 
trop souvent en arène des partis, il s’est moins occupé de 
discussions politiques que de questions administratives. 
La navigation intérieure, les chemins de fer, les grandes 
routes, les communications vicinales, les biens commu- 
naux, le défrichement des forêts, l’éducation publique, 
celle des femmes particulièrement, la colonie algérienue, 
les prétentions des créanciers d'Haïti furent tour à tour les 
objets de sa sollicitude, Président du comité des attributions 
municipales, en 1837, il précisa ce qu’elles doivent être 
pour avoir une liberté suffisante d’action, sans entraver la 
marche régulière de l’autorité supérieure. De nombreuses 
améliorations sont dues à ses rapports toujours remarqua- 
bles , par la sagesse des principes et par la lucidité de l’ex- 
pression, 

Ladoucette était attaché sincèrement à la monarchie 
constitutionnelle... La crainte de la voir compromise par 
un ministère trop confiant dans ses ressources et trop dé- 
daigneux des exigences de l’opinion, le préoccupait sans 
cesse ; il en parla plus d’une fois aux membres mêmés de la 


( 152 ) 


famille royale; mais les prophètes de malheur sont rarement 
écoutés ; on attribuait aux idées moroses de la vieillesse les 
sages observations d’une expérience éprouvée déjà par une 
longue série de vicissitudes politiques, 

Le 24 février parut et dépassa toutes les prévisions. 
Ladoucette ne put envisager qu’avec une douleur profonde 
la ruine de la patrie : devenu tout à coup méconnais- 
sable, sans qu’il fût possible de caractériser sa maladie, 
il languit quelques jours, et, le 19 mars 1848, il cessa 
d'exister. 


Si nous passions de la vie publique à la vie privée, nous 
trouverions Ladoucette non moins digne de notre estime et 
de nos regrets... Peu jaloux de se parer de vaniteux hochets, 
il se contenta modestement du titre de baron de l’Empire et 
de l’étoile d’officier de la Légion d'honneur, qu’il pouvait 
considérer comme de faibles récompenses d’importants 
services, Il faut, pour bien l’apprécier, l'avoir vu dans son 
intérieur dont il jouissait avec délices, entouré d’une 
famille charmante et d’amis recommandables par les qua- 
lités du cœur autant que par les agréments de l'esprit, 
L’intimité bannissait de ce cercle d'élite toute espèce de 
contrainte ; l’envie, ce ver rongeur des âmes basses, ne s’y 
montrait jamais, et l’on y paraissait presque aussi désireux 
de faire valoir ses émules que de plaire soi-même. MM, Bi- 
gnan, Pongerville, Auguste Duvivier, d'Epagny (l’auteur 
de Luxe et indigence), Casimir Bonjour, Clovis Michaux, 
Berville, Anatole de Montesquiou, Lemonnier, Lavalette, 
Montémont, Camille Doucet , Mirault, Vieillard, Desains, le 
vénérable Roux de Rochelle et quelques autres encore y 
récitaient, sans aucune prétention, si ce n’est celle de 


(155) 


contribuer aux plaisirs de la soirée, des vers pleins de 
charme, des vers auxquels il ne manquait, pour avoir la 
vogue, que d’être placés sous l'influence d’une coterie puis- 
sante, sous le patronage d’une de ces sociétés d’assurance 
de succès mutuels, devenues si communes de nos jours, 


12 


NOTICE 


SUR 


LA VIE ET LES TRAVAUX DE J.-J. BERZÉLIUS , 


ASSOCIÉ DE L'ACADÉMIE ROYALE, 
Ne le 29 août 1779, mort le 127 août 1848; 


PAR 


P. LOUYET (!), 


Correspondant de l’Académie royale de Belgique. 


Chaque fois qu’un de ces hommes dont la vie et les tra- 
vaux honorent et illustrent l’humanité descend dans la 
tombe, notre âme éprouve un regret immense à la pensée 
de tant de richesses intellectuelles perdues ; nous nous dé- 
solons en sentant que cette voix révérée est désormais 
muette pour nous, que nous ne recevrons plus ses sages 
conseils ; nous pleurons la disparition de ce flambeau lumi- 


(1) J'ai consulté pour rédiger cet écrit, 1° le Pharmaceutical 
Times, de Londres, du 2 septembre 1848 (Sketch of the Life of 
Berselius); 29 Edinburgh Philosophical Journal, de 1830 ; 30 Ga- 
lerie des contemporains illustres ; 4° l'abbé Moigno (Compte-rendu 
du Rapport de Berzélius sur Les progrès de la chimie, REVUE 
SCIENTIFIQUE, mars 1848) ; 5° Kopp, Geschichte der Chemie. 


(155) 


neux qui guidait nos pas hésitants dans les difficiles voies ; 
nous né pouvons accepter enfin, avec résignation, cette 
terrible épreuve de la mort que la puissance créatrice nous 
a imposée, et qui, grands et petits, humbles ou puissants, 
nous courbe tous sous son implacable niveau! 

Et cependant, la profonde tristesse et les amers regrets 
que nous cause la perte d’un homme illustre ne sont pas 
sans consolations; la mort a ses enseignements, et si nous 
la pleurons d’un côté, en elle-même, nous trouvons néan- 
moins un nouveau gage d’espoir. Queile preuve plus forte, 
en effet, pourrions-nous invoquer en faveur de l’existence 
d’une autre vie, que celle qui nous est donnée par la mort 
d'un savant éminent ? 

Si la carrière de l’homme était bornée au monde d’ici-bas, 
pourrions-nous concevoir cette inquiétude perpétuelle qui 
agite les plus élevés d’entre nous, ce besoin incessant d’en- 
tasser connaissance sur connaissance, comme l’avare en- 
tasse or sur or, qui nuus tourmente ? Est-ce au moment où le 
désir commencerait à se satisfaire, l’agitation à se calmer, 
où l’homme serait parvenu à l’apogée de son développement 
intellectuel, qu’il devrait disparaître ? Tous ces incompa- 
rables trésors de la pensée devraient-ils aboutir à la tombe et 
s’y engloutir avec la dépouille mortelle de l’âme qui les re- 
célait ? Oh! non! il ne saurait en être ainsi! Tout a une raison 
d’être ici-bas, et si nous ne pouvons découvrir la cause qui 
fait tout sacrifier à l’homme pour orner son intelligence, 
pour reculer les bornes de son domaine intellectuel, pour 
arriver à la connaissance de nouvelles vérités, c’est parce 
que la trace de l’homme nous échappe dès qu’il a quitté la 
terre, c’est que l’épreuve du tombeau est couverte d’un 
voile impénétrable pour des yeux mortels. 


(156) 


Mais néanmoins, pour le sceptique, comme pour le croyant, 
pour celui qui doute, comme pour celui qui affirme, il y a 
dans la vie et dans la mort des illustrations de l’intelligence, 
pour l’un, une forte présomption de croire, pour l’autre, 
un motif ajouté à sa foi, que la vie de l’homme n’est point 
bornée à son existence terrestre, et que les trésors acquis 
par l’âme ne seront point toujours perdus pour nous, quand 
vient à disparaître celui qui les possédait. 

Ces réflexions, Messieurs, nous les faisions il y a trois 
mois à peine, quand les journaux nous apportaient la triste, 
mais non pas l’inattendue nouvelle de la mort de Berzélius. 
Depuis quelques années déjà ce malheur nous menaçait. 
Frappé à plusieurs reprises par des attaques d’apoplexie, il 
ne s’était jamais complétement rétabli. Depuis plusieurs 
mois, la moitié de son être était comme envahie par le 
mort. Chaque courrier qui arrivait de Stockholm pouvait 
donc nous annoncer l’une des plus immenses pertes qu’il 
était donné à l’Europe scientifique d’éprouver : Berzélius 
lui-même ne conservait plus de doutes sur son état; il ne se 
dissimulait pas que la mort était proche; mais il la voyait 
venir avec le calme du philosophe et la foi de l’homme 
pieux (1). 

La mort de Berzélius a été considérée par la Suède comme 
un deuil national. Toutes les sociétés savantes de cette terre 
neuve encore , ont déclaré qu’elles porteraient le deuil pen- 
dant deux mois! Le Sénat, l’Assemblée nationale, tous les 


(1) Dans la préface de la 5e édition allemande de son Traité de 
Chimie (paru en 1842), il disait: « Je n'ai pu me dissimuler que 
quand même l'Être suprême m'accorderait encore la vie et les forces 
nécessaires pour l'achèvement de l'édition présente, elle sera néces- 


sairement la dernière, » 


(157) 


corps d’élat se sont réunis spontanément au long cortége 
qui accompagnait à leur dernière demeure les restes de l’in- 
comparable chimiste. 

Notre Académie, Messieurs , à laquelle Berzélius était as- 
socié depuis 1834 et qui entretenait avec lui, de fréquents 
rapports, ne pouvait rester silencieuse devant cette perte. 
J'ai pensé que nous devions saisir cette occasion solennelle, 
pour lui rendre un dernier hommage, agissant non-seule- 
ment comme attaché à la compagnie, mais aussi comme 
lun des plus humbles adeptes de cette magnifique science 
que les travaux du grand Suédois ont tant contribué à dé- 
velopper. 

Apprécier la vie scientifique de Berzélius et analyser ses 
œuvres, aussi nombreuses que variées, offrirait non-seule- 
ment de grandes difficultés, mais demanderait encore un 
temps considérable. Néanmoins, Messieurs, cette tâche dif- 
ficile nous l’eussions entreprise, si le maître n’eût point 
laissé après lui une brillante pléiade de zélés disciples, qui 
tous comptent aujourd’hui parmi les illustrations de l’Eu- 
rope savante, et qui, sans nul doute, ne tarderont pas à 
acquitter la dette pieuse de la reconnaissance, à remplir les 
devoirs de l’amitié. 

Mon rôle se bornera donc à vous rappeler d’une manière 

_concise, le cours d’un existence aussi glorieuse qu’elle fut 
bien remplie. re 

Jean-Jacob Berzélius, naquit le 29 août 1779 à Väfer- 
sunda, village près de Linkœping, dans l’ancienne province 
d’Ostgothie. Son père y dirigeait une école paroissiale, oc- 
cupation assez considérée en Suède. Nous n’avons pas de 
renseignements sur les jeunes années ce Berzélius; il paraît 
que ce fut son père qui lui enseigna les premiers éléments 


12. 


(158) 


des connaissances. À dix-sept ans, il entra à l’Université 
d’Upsal, avec l’intention d’y étudier la médecine, Afzélius, 
neveu de Bergmann, y professait la chimie, avec Ekeberg 
pour aide et suppléant. 

Pauvre comme était la science à cette époque, les leçons 
n'étaient pas disposées de manière à présenter les connais- 
sances acquises sous une forme telle, que l’étudiant püt les 
concevoir aisément; elles étaient simplement lues, sans 
qu’on les appuyât par des-expériences ou par des démon- 
strations. Afzélius et Ekeberg paraissent avoir répandu fort 
peu d'intérêt sur leurs cours. Quelques analyses passables 
qu’ils ont exécutées, constituent leur unique titre à l’hon- 
neur d’avoir guidé les premiers pas dans la science du plus 
grand chimiste du siècle, Berzélius est souvent revenu, dans 
les conversations particulières, sur ses premiers débuts dans 
le laboratoire d’Upsal. Il aimait à raconter que, pour l’habi- 
tuer aux manipulations chimiques, Afzélius lui donna d’a- 
bord du sulfate de fer à calciner dans un creuset, pour la 
préparation du colcothar. Tout manœuvre pourrait faire 
cette besogne , dit Berzélius à son maître, et si c’est là ce 
que vous devez m’apprendre, je ferai tout aussi bien de res- 
ter chez moi. Un peu de patience, répliqua Afzélius, votre 
prochaine préparation sera plus difficile. La fois suivante, on 
lui donna de la crême de tartre à brüler pour en faire de la 
potasse. J’en fus tellement dégoüté, dit Berzélius, que je 
jurai de-ne plus demander d’autre travail, Cependant, ilne 
tint pas sa promesse, et il fréquenta le laboratoire ; au bout 
de trois semaines , il y était quotidiennement, bien que, 
comme élève, les règlements ne lui permissent que d’y être 
une fois par semaine. Afzélius aurait pu le renvoyer; néan- 
moins , il lui permit d’y venir souvent, d’y expérimenter et 


( 159 ) 


d'y casser beaucoup de verreries, Ce qui déplaisait à Eke- 
berg, c’est que le jeune Berzélius opérait toujours silen- 
cieusement, ne faisant jamais une seule question. J’aimais 
mieux, disait-il, chercher à m’instruire en lisant, en mé- 
ditant et en expérimentant , qu'interroger des hommes qui, 
säns expérience eux-mêmes, me donnaient des réponses 
sinon évasives, au moins fort peu satisfaisantes, au sujet de 
phénomènes qu’ils n'avaient jamais observés, 

Après être resté deux années à cette université, Berzé- 
lius passa son examen en philosophie, et il partit en 1798. 
_ Nous le trouvons, l’année suivante, assistant un médecin 
surintendant des eaux-minérales de Medevi. Pour un esprit 
puissant comme le sien, rien ne devait passer inaperçu, tout 
devait être matière à recherches, et il était naturel que ces 
eaux minérales attirassent son attention, Il en fit donc une 
analyse complète, qui fut ensuite l’objet d’une dissertation 
publiée en collaboration avec Ekeberg , son dernier profes- 
seur, Ce travail fut le premier anneau de cette longue suite 
de mémoires qui ont élevé à un si haut degré son nom dans 
l'estime des hommes. 

En 1804, il se trouvait de nouveau à Upsal, et il ÿy obtint le 
titre de docteur en médecine, le 24 mai de la même année. 

Il publia à cette époque ses Recherches physiques sur les 
effets du galvanisme dans les corps organisés. Il s’était déjà 
tellement distingué par ses travaux scientifiques, qu’étant 
allé se fixer à Stockholm , on créa une place à son intention ; 
il fut nommé assistant , c’est-à-dire suppléant de Spaurnau, 
professeur de médecine, botanique et pharmacie chimique, 
qui avait voyagé avec le capitaine Cook. Par suite de la 
modicité de ses revenus, il fut obligé de pratiquer de temps 
en temps comme médecin. À la mort de Spaurnau, en 1806, 


(140 ) 


on récompensa les efforts de Berzélius, en lui confiant la 
chaire vacante, Il n’y avait à cette époque que trois pro- 
fesseurs à l’école de médecine, en sorte que chacun d’enx 
se trouvait surchargé de cours. Plus tard, quatre autres 
chaires furent établies, et Berzélius put se borner à l’ensei- 
gnement de la pharmacie chimique. Ses leçons de méde- 
cine obtinrent le plus grand succès, tandis que celles de 
chimie ne furent, dans le commencement, que très-peu sui- 
vies. Î[l ne paraît pas s’être d’abord élevé dans son ensei- 
gnement, beaucoup plus haut que ses anciens maîtres, Afzé- 
lius et Ekeberg. Dans sa manière d’enseigner , il conserva 
leur mode vicieux de lire les leçons, et il ne les accompa- 
gnait d'aucune démonstration pratique. Ayant la conscience 
de sa propre valeur et le sentiment de ses connaissances 
profondes, il fut quelque peu surpris de voir qu’il n’obtenait 
guère plus de succès que le professeur d’Upsal. Ces pre- 
mières tentatives, jointes aux conseils qui lui furent donnés 
à temps par un savant étranger (1), l’amenèrent à abandon- 
ner entièrement ce mode d'enseigner sans expériences, 
qui, bien qu’il fût conforme aux errements de l’antique 
logique, était en opposition formelle avec la méthode in- 
ductive de la philosophie Eaconienne. I dut créer pres- 
qu’entièrement Îles instruments de cette importante ré- 
forme. Le laboratoire que son prédécesseur lui avait légué 


(1) Ce ne fut qu'en 1812, à l’époque où Lerzélius vint à Londres, 
qu'il recut du docteur Marcet, aux lecons duquel il avait assisté, 
une liste des expériences que ce dernier faisait dans ses cours, et 
qu'il répéla également dans le sien, Cette liste fut tellement augmen- 
tée entre ses mains, que plus turd, quand le docteur Marcet le vit à 
Genève, il copia lui-méme cette liste ainsi amplifiée , et elle fut bien- 


tôt adoptée par un grand nombre de professeurs. 


- (144) 


présentait de nombreuses lacunes ; il n’y existait rien, pour 
ainsi dire, qui lui permit de développer par un système d’ex- 
périences bien coordonnées les lois de la chimie et les pro- 
priétés des corps. Il s’appliqua avec ardeur à combler tous 
ces vides, et lorsqu’à son éloquente parole, il eut ajouté 
une série d'expériences simples et faciles à saisir, il réunit 
un nombre considérable d'auditeurs, et son cours devint 
‘un objet d’'admiration et un modèle pour les autres écoles 
de l’Europe, 

C’est en 1806 que Berzélius, avec la collaboration d’Hi- 
singer, commença la publication d’un ouvrage périodique 
intitulé : Mémoires relatifs à la physique, à la chimie et a 
la minéralogie. L’un des traits distinctifs de son caractère 
scientifique, sa facilité merveilleuse et sa pénétration 
comme analyste, brillèrent d’un vif éclat dans ce recueil, 
Le nombre et la valeur des services qu’il rendit ainsi à la 
science , aussi bien que l’esprit original, dans lequel était 
conçu l’ouvrage sur la chimie animale, qu’il publia peu de 
temps après, engagèrent l’Académie royale de Suède à lui 
faire une rente de 200 dollars pour l’aider à continuer ses 
travaux, En 1807, la même année où il fut nommé profes- 

_seur de médecine et de pharmacie , Berzélius fonda, avec 
le concours d’autres hommes éminents, la Société médicale 
de Suède, institution qui est actuellement des plus floris- 
santes, et qui peut être considérée commel’âme de la Faculté 
suédoise, En 1808 , n’ayant alors que trente et un ans, il fut 
nommé membre de l’Académie royale de Suède, et, en 1810, 
il était élu président de cette Société. Berzélius a fait plu- 
sieurs voyages en France (1); en 1812, il visita Londres, et 


(1) H ne fit que passer à Bruxelles en 1828. 


(14 ) 


il fut dignement reçu par tous les amis de la science , qui 
savaient apprécier à leur juste valeur les services qu’il lui 
avait rendus. En 1815, le roi de Suède lui conféra la croix 
de chevalier de l’Ordre de Wasa. 

Il fut nommé secrétaire perpétuel de l’Académie des 
sciences, en 1818, et il conserva ce poste jusqu’à sa mort. 
En 1821, Berzélius devint commandeur de l’Ordre de Wasa, 
et quelques années après, il reçut la grand’croix de cet or- 
dre. Au couronnement de Charles-Jean (en 1818), il fut ano- 
bli , et on lui accorda, en outre, l'autorisation de conserver 
son nom, ce qui n’était pas dans les coutumes suédoises (1). 
En 1832 , il abandonna les travaux actifs du professorat , et 
il confia à son élève, le docteur Mosander , une chaire qu’il 
avait occupée pendant trente années ; il put alors poursuivre 
sans interruption ses recherches scientifiques, auxquelles il 
consacra presque tout son temps. Vers cette époque, l’illus- 
tre savant se maria, et le jour de ses noces, en lui annon- 
çant qu’il le nommait baron (Freiherr), le roi Charles-Jean 
lui écrivit de sa propre main une lettre où il lui disait entre 
autres : « Que la Suède et le monde étaient les débiteurs 
d’un homme dont la vie tout entière avait été consacrée à des 
travaux aussi utiles pour tous que glorieux pour son pays na- 
tal (2). » En 1843, Berzélius remplissait, depuis un quart de 
siècle, les fonctions de secrétaire perpétuel de l’Académie 
des sciences ; à cette occasion, les membres de la société 
le convièrent à un banquet que le Prince royal présida : en 


(1) Berzélius était officier de la Légion d'Honneur et chevalier de 
l'Ordre Léopold. 

(2) Les directeurs des fabriques de fer de la Suède lui firent une 
pension, en reconnaissance des services éminents qu'il avait rendus à 


leur industrie, 


( 145) 


proposant la santé du savant, le prince lui exprima sa recon- 
naissance personnelle pour l’instruction particulière qu’il 
avait bien voulu lui donner dans sa jeunesse. Depuis cette 
époque jusqu’à sa mort, Berzélius s’occupa continuelle- 
ment , et avec sa patience ordinaire, de ces recherches va- 
riées que son esprit sagace et son active imagination lui 
suggéraient constamment. Sa vie s’écoulait d’une manière 
égale, et la mort n’est arrivée qu’à pas lents, comme un 
messager qui ne vient qu’à regret. D'abord atteint d’une pa- 
ralysie dans les extrémités inférieures , il savait que sa fin 
approchait ; mais rien ne pouvait troubler la sérénité de cet 
esprit puissant ; il se hâta de terminer son œuvre terrestre, 
et comme le travailleur dont le labeur est fini, et qui a ga- 
gné le repos, il s’endormit du sommeil du juste, calme et 
paisible comme il avait vécu (1). 

Telle fut , en quelques mots, la vie d’un homme dont 
l’histoire appartient désormais à celle de la chimie, car elle 
en est inséparable, et qui, pendant le long espace d’un 
demi-siècle, travailla constamment, et avec la même ardeur, 
à augmenter le trésor intellectuel que les générations qui 

passent lèguent aux générations qui s'élèvent. 
Nous venons d'esquisser à grands traits la carrière parcou- 
rue par cet homme illustre, qu’on nous permette mainte- 
nant de nous arrêter, pendant quelques instants, sur le carac- 
tère du savant et sur le mérite de ses productions. 

Ce qui caractérise principalement le génie de Berzélius 
et ce que nous recommanderons surtout à l’attention des 
biographes futurs de ce grand homme, c’est son infati- 
gable ardeur pour le travail, et son inépuisable patience. 


(1) Berzélius est mort le 1er août 1848. 


(144) 


Ceux qui veulent suivre ses traces feront bien de remarquer 
que ces qualités étaient plus une acquisition qu’un don na- 
turel, et qu’elles étaient indispensables pour former ie ca- 
ractère du plus grand analyste du siècle. L’expérience, lon- 
gue, décevante, parfois fastidieuse, fut le levier puissant 
qu’il employa pour faire avancer la science et pour illustrer 
son nom. Une sagacité aussi vive que patiente et circon- 
specte, une lucidité d'esprit remarquable, une adresse, une 
précision, une justesse de mains dans l’expérimentation, 
donnèrent aux résultats pratiques obtenus par lui, un carac- 
tère de certitude universellement reconnu dans le monde 
savant. 

Indépendamment de ses découvertes personnelles, qui 
sont nombreuses, et de ses théories, presqu’aussi multi- 
pliées , il ne s’est pas fait depuis quarante ans en Europe une 
expérience un peu importante, sans qu’elle ait été répétée, 
confirmée, rectifiée ou combattue par lui, Aux yeux de plu- 
sieurs savants, Berzélius sera peut-être mis à un rang infé- 
rieur quand on le comparera à certains créateurs d'idées 
générales, de théories hardies, de vastes rapports, qui, 
comme le monde, renferment tout en eux, mais on le placera 
au sommet, parmi les plus illustres, quand on le jugera d’a- 
près le nombre immense et la valeur des faits positifs que 
sa persévérance et sa pénétration ont mis au jour dans la 
science. Si l’on jette un coup d'œil sur les ouvrages qu’il a 
publiés, on y verra lu preuve de Pactivité perpétuelle qu’il 
déployait dans son Jaboratoire ou dans son cabinet. L'ou- 
vrage périodique dont nous avons déjà parlé, s'étend sur 
un espace de douze années, et renferme le résumé de qua- 
rante-sept recherches originales faites par lui-même. Son 
grand traité de chimie, en huit volumes, qui a eu cinq 


_ 


( 145 ) 


éditions, et qu’il a dû écrire presqu’autant de fois, est un 
monument de recherches et d’habileté (1). En outre, Berzé- 
lius commença en 1822 (2), sur l'invitation de l’Académie 
des sciences de Stockholm, un Rapyort annuel sur les pro- 
grès de la physique , de la chimie et de la minéralogie, qu’il 
continua jusqu’à l’année dernière , et qui constitue le plus 
précieux recueil de découvertes chimiques qui existe en au- 
cune langue. Nous reviendrons tout à l'heure sur cet ouvrage 
remarquable sous tant de rapports. Relativement à ses dé- 
couvertes chimiques, il nous suffira de mentionner les titres 
des plus importantes. Les corps simples : thorinium, cérium, 
sélénium , silicium , zirconium et colombium ont été décou- 
verts par lui. Il a établi la nature métallique de l’ammonium 
ou radical composé de l’ammoniaque, ainsi que les proprié- 
tés acides de la silice, et les différents degrés dans lesquels 
le soufre se combine avec le platine, le phosphore, etc.; il 
a fait de nombreuses recherches sur les sels à acides du 
soufre , sur l’acide fluorhydrique et les fluorures. Les nou- 
velles classifications qui ont suivi quelques-unes de ses dé- 
couvertes ont été du plus grand avantage pratique. Il sentit 
la nécessité de créer de nouvelles règles pour définir toutes 
les combinaisons, de manière à faire ressortir les propriétés 


(1) Cet ouvrage a eu trois éditions francaises, et la dernière n’est 
pas même entièrement terminée. L’une de ces éditions a été imprimée 
à Bruxelles en 1838-1844. Cette dernière comprend son traité du 
chalumeau et une partie des matières renfermées dans quelques-uns 
de ses rapports annuels. 

(2) C’est par erreur qu'on a fait remonter jusqu’à 1820 cette pu- 
blication. J'ai sous les yeux la traduction allemande du premier vo- 
lume de ce rapport, par G. Gmelin. IH porte la date de 1822 et a 
été imprimé à Tubingue. 

15 


( 146 ) 


de chaque corps, ce qui n’était possible par l’ancienne no- 
menclature que pour les composés oxydés. Son travail sur la 
nomenclature commande à la fois l’admiration et la recon- 
naissance de tous ceux qui s’occupent de chimie. On peut 
dire que Berzélius a jeté les fondements de la chimie orga- 
nique. Quand la théorie atomique de Dalton et Ja découverte 
de Davy des métaux alcalins, vinrent révolutionner la 
science , Berzélius appliqua immédiatement les doctrines du 
premier à la constitution des corps composés et à l’ordre de 
combinaison des différents éléments. Reprenant tous les tra- 
vaux de ses devanciers, apportant dans les expériences un 
degré d’exactitude inconnu jusqu'alors, il prouva, par d’in- 
nombrables analyses, les lois qui président aux combinaisons 
chimiques, qu’il réduisit à un degré de simplicité qui les 
rendait plus admirables encore. Ces lois une fois bien con- 
nues, il füt possible de contrôler le résultat des analyses, 
de prévoir même un grand nombre de combinaisons alors 
inconnues, et de porter dans tous les travaux une exacti- 
tude dont il n’eut pas été possible jusque là de prévoir même 
la possibilité. Ne bornant pas leur application aux composés 
que le chimiste peut former, Berzélius procura bientôt à la 
minéralogie, les moyens de connaître scientifiquement une 
grande partie des substances que lui offre la nature, et que 
jusque là on n’avait pu faire rentrer dans aucune classifica- 
tion véritablement scientifique. Il unit si intimement ces 
deux sciences, que l’étude des minéraux ne peut plus être 
séparée de la chimie. | 
L’éclaircissement de la théorie des proportions chimiques 
sera toujours regardé comme un des services les plus impor- 
tants que ce chimiste a rendus à la science. Il publia ces re- 
cherches en 1807, avant que les idées de Dalton ne fussent 


(147 ) 


généralement connues, travaillant d’après les recherches 
presqu’oubliées de Richter, qui démontraient la constance 
des proportions combinantes des acides et des bases. Le ju- 
gement net de Berzélius lui fit reconnaître la valeur des 
idées de Richter. 

Il fit les analyses très-soignées de quelques sels, et put 
ainsi déterminer la composition de plusieurs autres. Pour 
prouver l’exactitude des idées théoriques de Richter, il en- 
treprit l’examen étendu des sels, et lorsqu’ensuite la théorie 
atomique de Dalton vint à sa connaissance, iltrouva qu’elle 
concordait parfaitement avec lesrésultats qu’ilavait obtenus, 

Il prouva, en outre, avec exactitude, que la proportion 
de l’oxygène est constante dans tous les sels neutres du 
même acide, Berzélius détermina encore les poids propor- 
tionnels relatifs dans lesquels s'unissent les divers éléments 
pour former les composés. 

Ce fut là un des sujets dont il s’occupa avec le plus 
d’ardeur ; aussi lui devons-nous la plupart des équivalents 
des corps simples. 

Ce grand chimiste a non-seulement contribué à établir 
et à perfectionner la théorie atomique, mais il l’a intro- 
duite dans la science, donnant ainsi une impulsion puis- 
sante à la chimie organique et minéralogique. 

La théorie électro-chimique avec toutes ses conséquences 

réalisées et à venir, est encore une de ses œuvres les plus 
remarquables. Cette théorie a été vigoureusement attaquée - 
dans ces derniers temps, mais jusqu’à ce jour, elle n’a réel- 
lement pas été entamée; l’application des lois de la com- 
binaison à l’organisation animale et végétale, est, nous le 
croyons , l’un des plus beaux résultats obtenus par la puis- 
sance de son génie. 


(148) 


Dans la chimie analytique, Berzélius a été infatigable.' 
Depuis que Bergmann a donné les premiers procédés d’ana- 
lyse exacte, beaucoup de savants se sont occupés de cette 
branche importante de la chimie : mais les méthodes de 
Berzélius l’emportent sur tout ce qui a été fait de plus exact 
ence genre. 

On lui doit les meilleurs procédés pour la séparation 
quantitative des différentes substances, et il a déterminé 
la composition d’un plus grand nombre de composés na- 
turels ou artificiels qu'aucun autre chimiste, Parmi les pro- 
cédés analytiques les plus importants dont la science lui 
est redevable, nous citerons l'emploi de l’acide fluorhy- 
drique dans l’analyse des minéraux silicifères; l’emploi du 
chlore pour la séparation des métaux. Ses analyses de 
différents minéraux, des eaux minérales de Bohème et 
autres localités ne peuvent être surpassées pour l’exacti- 
tude, L'analyse qualitative aussi a été fort améliorée par ses 
soins, et l’application qu’il y a faite du chalumeau , a rendu 
les plus grands services aux recherches minéralogiques. 

Les chimistes suédois, parmi lesquels on peut citer prin- 
cipalement Gahn, ont fait un usage extrêmement précieux 
du chalumeau comme moyen d’essai des minéraux ; alors 
à peine employé en France, cet important instrument était 
devenu entre les mains de Berzélius un moyen des plus 
exacts pour l’analyse des substances inorganiques. Dans un 
ouvrage sur cet instrument, il a fait connaître son utilité et 
toutes les ressources que l’on peut tirer de son emploi (1). 


(1) De l'emploi du chalumeau dans les analyses chimiques et 
les déterminations minéralogiques ; traduit du suédois par F. Fres- 
nel; Paris, 1827, 


( 149 ) 


Il serait impossible, à moins d’entrer dans des détails ex- 
trêémement minutieux, de rappeler seulement le titre detous 
les mémoires de Berzélius; peu de chimistes en ont publié 
un aussi grand nombre ; on peut à peine citer quelques corps 
sur lesquels il n’ait pas fait d'essai, et chacun de ses travaux 
renferme quelque méthode nouvelle, ou quelque modifica- 
tion de procédés connus qui devient d’une utile application 
pour la science. 

Berzélius n’a jamais publié une théorie, que quand elle 
était appuyée sur des faits, et éprouvée par une longue 
expérience. À une époque peu éloignée, nous avons été 
témoins de nombreuses discussions sur des idées théori- 
ques; mais l’illustre Suédois considérait comme définitive 
une idée théorique , une fois qu’elle avait été admise dans 
la science, à moins qu’elle ne fût écrasée sous le poids de 
faits irréfutables. En chimie, Berzélius faisait opposition 
à plusieurs théories spéculatives qu’il reconnaissait cepen- 
dant comme ingénieuses, mais il leur préférait des opinions 
antérieures, jusqu’à ce que de nouveaux résultats fussent 
venus les consolider. Si quelques-unes de ses opinions parti- 
culières ne sont pas adoptées par tous les chimistes, c’est 
surtout à son excessive circonspection qu’il le faut attri- 
buer ; dansune science entièrement fondée sur l’expérience, 
cette réserve peut bien retarder l'admission d’uneidée vraie, 
mais elle ne conduit que très-rarement à l’erreur. Lorsqu'il 
commença ses travaux à Upsal, toute la science consistait 
en une masse de théories grossières, soudées les unes aux 
autres, et dont on se hâtait de remplir les vides les plus ap- 
parents par des chimères dépourvues de toute espèce de 
vraisemblance. Ce sont là les plus grands obstacles qu’il eut 
à surmonter, et de là vient aussi la répugnance qu'il a tou- 


49 


( 150 ) 


jours montrée pour la manie des théories, qui, usurpant la 
place de la vraie philosophie, a bâti hypothèses sur hypo- 
thèses et a donné le nom de science à des résultats ab- 
surdes. Cependant, l’on serait peut-être en droit de dire 
que Berzélius dépréciait trop les recherches purement théo- 
riques. Mais de cette tendance un peu exagérée, il est ré- 
sulté un avantage important, c’est que, quand Berzélius 
adoptait une théorie, on pouvait la considérer comme re- 
posant sur des bases certaines. 

Cette circonspection l’a souvent exposé à de violents re- 
proches; et cependant cette réservé extrême a eu pour la 
science d’excellents résultats; car aucune idée théorique 
ne pouvait être impunément introduite dans la chimie, 
quand il y avait là une autorité aussi imposante pour la dis- 
cuter sous toutes ses faces, et éprouver ainsi sa valeur 
réelle. Sans vouloir attaquer les efforts méritoires des sa- 
vants qui cherchent à introduire de nouvelles idées dans la 
science, nous pensons néanmoins, que Berzélius a plus fait 
par son esprit analytique et réservé, que la plupart de ceux 
qui ont adopté sans examen préalable les idées nouvelles, 
et qui, lorsqu'elles sont devenues générales, se sont haute- 
ment vantés de leur perspicace sagacité. Il était naturel 
qu’un homme aussi excessivement soigneux et précis dans 
ses propres recherches, jugeàt avec sévérité les travaux et 
surtout les découvertes présumées des autres, On a osé at- 
tribuer cette tendance du savant à la critique, à une jalousie 
indigne de son noble cœur, ne voulant absolument pas la 
considérer comme une preuve de l'ardent amour qu’il por- 
tait à la science qui occupait chaque heure de son existence. 

Berzélius n’était jaloux que pour la chimie. Avec son im- 
mense expérience , il devait nécessairement être opposé à 


(151) 


ces théories imaginaires dont se joue l’esprit ardent des 
novateurs. S'il tenait fortement aux anciennes vérités, sa 
propre conduite démontre surabondamment qu’une sem- 
blable disposition n’était nullement incompatible avec la 
recherche obstinée de ce qui restait à découvrir. 

Les recherches de Berzélius sur la chimie animale sont 
aussi très-importantes ; nous citerons surtout celles qu’il a 
faites sur le sang, la bile, et d’autres parties de l’orga- 
nisme, Il découvrit la présence de l'acide lactique dans 
les différents liquides animaux, tels que le sang, le lait, 
urine, les larmes, etc.; découverte qui fut d’une grande 
importance pour la science médicale, c’est-à-dire pour la 
chimie de la vie. 

L’électricité, la chimie végétale et la physiologie ont été 
enrichies par les travaux de l’illustre chimiste. Il a amé- 
lioré tout ce qu’il a touché, et nous pouvons dire de lui, 
sans crainte d’être contredit, qu’il fut le travailleur le 
plus infatigable et le plus fécond qui ait jamais paru dans 
le champ de la science. 

Après avoir parlé de Berzélius au point de vue de ses tra- 
vaux personnels , il nous reste encore à le considérer comme 
- critique. Sous ce rapport, il a eu sans nul doute, autant d’in- 
fluence sur les sciences que par ses propres découvertes. 

L'examen et la censure à laquelle Berzélius soumettait 
depuis vingt-cinq ans les travaux des chimistes et des phy- 
siciens dans ses Comptes-rendus annuels (1), ont fréquem- 


(1) Comme nous l'avons dit plus haut, cet ouvrage périodique pa- 
raissait depuis 1822; aussitôt son apparition à Stockholm, il était 
traduit en allemand. En 1837 et en 1839 on tenta de le publier en 


français; mais ce n'est qu'en 1840 que sa traduction française a été 
faite régulièrement, 


( 152 } 


ment soulevé contre lui l’irritation des savants envers les- 
quels il avait parfois le tort de s’exprimer avec une trop 
grande franchise. De nos jours, on a été jusqu’à dire que 
peu de travaux français trouvaient grâce à ses yeux, à moins 
d’être rédigés dans l’esprit de ses doctrines ou formulés dans 
le sens de ses théories. C’est là un des plus injustes reproches 
qu’on ait jamais pu lui adresser, et il suffit de parcourir ses 
intéressants Comptes-rendus, pour s'assurer de la fausseté 
de cette accusation, On aurait voulu sans doute que le tra- 
vail consciencieux de Berzélius fût une simple statistique 
du mouvement de la science, au lieu d’être un rapport sur 
ce mouvement, c’est-à-dire , tout à la fois, une exposition 
rationnelle et un jugement motivé. 

D’autres ont prétendu que ces jugements officiels n’a- 
vaient aucun but, aucune utilité; qu’exposer, juger et 
combattre des recherches qui ont exigé de longues et pé- 
nibles études, était une entreprise mauvaise et déloyale. 
Enfin, on a été jusqu’à dire que les rapports de Berzélius 
n'étaient pas son œuvre, mais que ce n’était qu’une com- 
pilation faite par des élèves complaisants et inexpéri- 
mentés !! 

Quand la critique scientifique est faite consciencieuse- 
ment, nous la soutiendrons toujours contre tous ses détrac- 
teurs; et ceux qui aiment la science pour elle-même, et 
non pour la gloire qu’elle procure quelquefois ou les béné- 
fices qu’elle donne plus rarement encore, seront certaine- 
ment de notre avis. Il est de la plus haute importance que 
l'erreur ne s’introduise pas dans la science, et il faut, par con- 
séquent, que des hommes éminents veulent bien se dé- 
vouer au pénible labeur d’avoir à examiner les découvertes 
et les travaux qui surgissent chaque jour, pour appuyer de 


( 155 ) 


leur autorité celles qui sont vraies, ou pour faire justice 
de ceux que leurs auteurs produisent, bien plus pour faire 
parler d’eux, que pour enrichir le domaine, commun, C’est 
même un des plus grands malheurs que nous ayons à dé- 
plorer, que cette absence presque complète de critique 
scientifique, où la mort de Berzélius vient de nous laisser ; 
car lui seul, pour ainsi dire, sentinelle avancée, veillait à 
l'horizon, se tenant toujours prêt à signaler les théories ha- 
sardées ou fausses, les expériences mal faites et les explica- 
tions factices. 

Loin de reprocher à Berzélius le courage de ses appré- 
ciations franches et nettement formulées, nous espérons 
vivement que son glorieux exemple ne restera pas sans imi- 
tateurs. La eritique a ce grand avantage d’exciter l’ému- 
lation, d’appeler l’attention des juges compétents sur des 
expériences et des théories qui naïtraient pour mourir, si 
elles n’étaient pas combattues, Qui ne sait, qui ne pro- 
clame hautement, qu’un examen sérieux, fût-il hostile et 
acerbe , est de beaucoup préférable à la conjuration du si- 
lence ? 

Mais pour critiquer les œuvres des autres, pour les appré- 
éier sainement et en connaissance de cause, il faut réunir 
des qualités qui, malheureusement, se rencontrent rare- 
ment chez un même homme et que Berzélius possédait à un 
haut degré. Certes, nous ne prétendrons pas que cet illus- 
tre chimiste fût sans défauts, que c'était un diamant sans 
tâche ! Hélas! non; il était homme , et, comme tel, sujet à 
l’erreur. Mais , enfin, nous soutiendrons contre tous que 
peu de savants ont réuni au même point un mérite éminent 
et incontestable , une supériorité théorique et pratique 
universellement reconnue , une connaissance profonde de 


( 154 ) 


tout ce qui a été fait, enfin, la conscience d’un devoir à 
remplir, d’une mission à exercer. 

Oui, nous regrettons Berzélius; car nous n’oublierons 
jamais les éminents services qu’il rendait chaque jour 
à la science, car nous tremblons en voyant le seuil du 
temple, sans gardien désormais, permettre le passage à 
toutes les creuses théories, à tous les écarts de l’imagina- 
tion. La chimie prend de nos jours une direction fausse, et 
Pœil du philosophe la voit, avec tristesse, reprendre la 
route des ténèbres dont le siècle passé l’avait retirée à 
grande peine. Le chancelier Bâcon , le mystique Paracelse 
et, avant eux, notre compatriote Van Helmont avaient pour- 
- tant montré la supériorité des expériences sur les théories 
préconçues et la nullité des systèmes formés avant les expé- 
riences! Aujourd’hui, point d’unité dans le travail : les 
uns cherchent une classification nouvelle, un système nou- 
veau; ils s’imaginent qu’on trouve un système en le cher- 
chant, et donnant, suivant l’expression d’un auteur mo- 
derne (1), un nouvel aspect au grand œuvre, ils prennent 
tout à fait le caractère des anciens alchimistes; d’autres 
cherchent à régenter la chimie organique ; ils la retournent, 
la froissent , mais ils n’en font rien qui vaille. Un nouveau 
Berzélius ne viendra-t-il pas saisir le sceptre échappé désor- 
mais des mains glacées de l’illustre critique, pour rappeler à 
l’ordre tous ces travailleurs inutiles et leur montrer par son 
exemple comment on fait progresser la science (2)! 


(1) Kiréevsky, Histoire des législateurs chimistes. 

(2) Que nul ne voie dans ces paroles du dédain pour les illustres 
chimistes, l'orgueil de notre époque, et que nous avons le bonheur 
de posséder encore, Nous avons trop de respect pour les maîtres de 


(15) 


Pour terminer cette rapide esquisse , nous emprunterons 
au professeur Johnston quelques détails sur une visite qu’il 
fit au grand chimiste en 1829 : 

« J’arrivai à Stockholm, le 6 septembre, dit M. Johnston, 
et, dès le lendemain, je me rendis à l’Académie pour voir 
Berzélius. Je le trouvai dans son cabinet, occupé de la 
nouvelle édition de son traité de chimie. Lorsque je fus 
annoncé , il n’attendit pas mes lettres d'introduction, et il 
m'accueillit aussitôt d’une manière franche et amicale. 
Quoique je n’eusse pas une idée bien précise de son exté- 
rieur, je fus cependant un peu surpris lorsque je l’aperçus. 
La figure de Berzélius n’est peut-ètre pas belle, mais sestraits 
sont très-délicats et leur expression est pleine d'agrément. 
Celle de la bouche est tout à fait particulière et indique un 
bon naturel. Berzélius a maintenant environ cinquante ans ; 
il est de taille moyenne et paraît avoir de la disposition à 
P’embonpoint. C’est en vain que lon chercherait dans son 
extérieur quelque chose qui correspondit à sa juste célé- 
brité. Rien, sous ce rapport, ne le distingue du reste des 
hommes; il n’affecte ni prétentions , ni réserve , ni origina- 
lité, et sa simplicité a fait dire à plus d’un voyageur, après 
lavoir vu : « Je n'aurais jamais cru que ce füt là l’homme 
dont on parle tant. » Il est d’un caractère aimable ; ses ma- 
nières sont celles d’un homme bien élevé, et il comble 
d’attentions et de prévenance les étrangers qui vont le vi-_ 
siter. 


la science, pour nos maîtres à nous, pour avoir la pensée mauvaise 
de chercher à ternir leur gloire si justement acquise, Nous n’avons 
pas prétendu dire : après Berzélius , plus de chimie, mais bien après 
Jui, peut-être, plus de bonne et consciencieuse critique, 


L4 


( 156 ) 


» L'Académie des sciences, dont Berzélius est le secrétaire 
perpétuel et dans les bâtiments de laquelle il a son appar- 
tement et son laboratoire particulier, a acheté dernière- 
ment pour lui une maison plus vaste et plus commode, et 
j'arrivai précisément lorsqu'il était occupé de son déména- 
gement, époque bien peu favorable pour le but que je me 
proposais. Son premier laboratoire était déjà presque vide, 
et le nouveau n’était point encore complétement organisé. 
Cependant il m’offrit , avec la plus grande bienveillance, de 
faire une série d'expériences avec moi, proposition qui me 
plut infiniment ; car elle me fournissait l’occasion d’exami- 
ner sa manière d'opérer et de recueillir une foule d’obser- 
vations précieuses. Pendant le cours de ces opérations, il 
ne négligea rien ; désireux d'expliquer les circonstances les 
plus minutieuses, nécessaires pour arriver à des résultats 
précis, il cherchait à me faire apprécier tous ces petits 
soins, toutes ces précautions de détails en apparence inu- 
tiles, mais dont son expérience lui avait démontré la né- 
cessité dans les recherches analytiques. « Venez, disait-il, 
tandis que cette opération est en train, je vais vous montrer 
deux ou trois petites choses que vous ne serez peut-être 
pas fâché de connaître. » Et tout cela se faisait le même jour, 
en sorte que j'avais à la fois l’avantage de m’instruire et 
de passer mon temps de la manière la plus agréable. Tantôt 
il me montrait ses échantillons de minéralogie, parmi les- 
quels il possède des objets d’une grande rareté , ou bien il 
me citait les résultats obtenus par des chimistes étrangers 
sur un sujet dont nous nous étions occupés ; il m’aidait en- 
suite à comprendre un passage qui me semblait obscur, ou 
même me traduisait des pages entières d’un auteur que je 
ne comprenais pas. Berzélius avait autrefois des élèves par- 
ticuliers, mais, depuis quelque temps, il a renoncé à cet 


(157) 


üsäge. Leur nombre était cepéndant très-restreint; car, dartë 
toute la Suède, on n’en compte que huit ou neuf qui aient 
joui de cet avantage, et à peu près autant en Allemagne. 
Néanmoins il aime à introduire les étrangers dans son labo- 
ratoire, et il se plaît à leur indiquer les moyens que sa longue 
expérience lui a suggérés. Quoique jouissant en apparence 
d’une bonne santé, Berzélius se plaint néanmoins de l’ap- 
proche de l’âge. Depuis deux ou trois ans, sa vue s’affaiblit 
et a besoin du secours des lunettes : sa mémoire ne lui rend 
plus avec la mème fidélité qu’autrefois ce qu’il lui confie; il 
est obligé d’étiqueter toutes ses fioles qu'auparavant il dis- 
tinguait facilement sahs ce moyen. 

» L’étranger qui veut visiter Berzélius se dirige par Drott- 
ning-Gattan, au commencement de laquelle se trouve l’é- 
glise d’Adolphe-Frédéric. La maison qui forme l’angle de 
cette rue est le grand bâtiment acheté dernièrement par 
l’Académie. En entrant par Drottning-Gattan, il monte deux 
petites marches et se trouve vis-à-vis une porte. Ce qu’il 
a de mieux à faire alors est d'entrer. Qu’il ne craigne point 
de le faire à l’improviste : le son d’une petite cloche lui 
servira d’introducteur. Il reconnaîtra par divers ustensiles 
disposés dans la première pièce, qu’elle fait partie d’un la- 
boratoire de chimie. S’il n’est ni chimiste, ni même ama- 
teur, et quelle que soit la délicatesse de son odorat, qu’il 
ne s’effraie pas à la vue d'appareils de chimie; il n’aura 
rien à redouter de ces émanations qui, dans la plupart des 
laboratoires, affectent si péniblement les organes de la res- 
pirätion. Ici un système de ventilation disposé avec le plus 
grand soin les fait disparaître aussitôt, et même, si quelque 
opération est en train, il pourra s’en approcher sans crainte. 
À sa droite, il verra ajustée avec soin, près de la fenêtre 

14 


( 158 ) 


une cuve à mercure qui brille au soleil d’un vif éclat. Plus 
loin, il apercevra une petite table en porcelaine, à bords 
relevés, et sur laquelle quelques verres indiqueront peut- 
être que des expériences viennent d’y être faites. Après 
avoir jeté un coup d’œil sur le chalumeau, sa grande lampe 
et tous les objets qui l’environnent, il arrivera au bain du 
sable. C’est en vain qu’il chercherait, dans ce laboratoire, 
des fourneaux en briques ou en pierre; on peut s’en servir 
sans aucun doute pour les opérations les plus grossières, 
mais ils sont inutiles dans les opérations délicates de l’ana- 
lyse. L’appareil dont se sert Berzélius, consiste en un foyer 
ou âtre élevé de trois pieds au-dessus du sol, et surmonté 
d’un manteau pour faciliter la disparition des vapeurs. Sur 
ce foyer est un petit bain de sable chauffé avec le charbon 
de bois, et un petit fourneau de fer, présentant des ouver- 
tures pour des tubes, des cornues, etc. Dans la seconde 
pièce, le premier objet qui s’y fait remarquer est une cage 
en verre qui repose sur une table. C’est la balance. Que de 
lumières cet instrument si fragile et si simple a répandues 
sur les sciences naturelles! que de phénomènes il a expli- 
qués! Combien de vérités cachées il a révélées! qui pour- 
rait compter les discussions qu’il a terminées, les hypo- 
thèses qu’il a détruites! Qui eût pu croire , dans les temps 
anciens, que la détermination des vérités abstraites et le 
développement des lois de la nature seraient dus aux oscil- 
lations de ce fléau mobile! Mais considérez cette balance 
avec beaucoup d'attention, car elle a rendu de grands ser- 
vices à la science, et les modifications qu’elle présente n’y 
ont pas peu contribué, Cette manière de soulever et de 
maintenir en repos le fléau et les plateaux est due au der- 
nier assesseur Gahn, dont l’habileté dans ce genre de tra- 
vaux était bien connue, Non loin de là sont de petits poids 


( 139 ) 


en plomb, qui sont les contrepoids exacts (les tares) de tous 
les creusets et de tous les petits vases de platine du labora- 
toire, en sorte que chacun d’eux peut, en un instant, être 
mis en équilibre. Autour de cette pièce sont placés, dans 
des tiroirs ou dans des armoires vitrées, divers appareils et 
plusieurs préparations chimiques, dans un ordre parfait; et 
auprès de la croisée se trouve une table disposée pour les 
recherches avec le chalumeau, sur lesquelles Berzélius a 
écrit un ouvrage si remarquable. Vous tournez ensuite à 
gauche et vous apercevez, dans une autre pièce, celui que 
vous avez cherché en vain dans les deux premières, C’est 
Berzélius : il est occupé à écrire. Sa table est couverte de 
journaux, et ses tablettes ploient sous le poids des livres, À 
sa gauche est un petit cabinet, dans les armoires duquel 
sont placées les substances et les préparations chimiques 
les plus rares ; c’est là que se trouvent le rhodium, l’osmium, 
le sélénium et leurs composés; les fluorures, les sels de li- 
thium, d’yttrium et de thorinium, ainsi que beaucoup d’au- 
tres combinaisons précieuses que l’on chercherait vaine- 
ment ailleurs, et qu'il prendra plaisir à vous montrer; 
peut-être même ne vous retirerez-vous pas sans en emporter 
quelques échantillons; vous pouvez alors vous avancer et 
vous présenter, assuré d’une bienveillante réception. 

» Berzélius est continuellement occupé ; il travaille tous 
les jours de douze à quatorze heures. Mais malgré tout ce 
qu’il a fait pour la chimie expérimentale, il ne faut pas 
croire qu’il travaille sans relâche dans son laboratoire. Sou- 
vent, lorsqu'il compose, il cesse de s’en occuper pendant 
des mois entiers. Si, pendant qu’il écrit, comme il le faisait 
dernièrement pour la nouvelle édition de sa chimie, il ren- 
contre quelque passage qui lui paraisse obscur, il quitte la 
plume, s’établit dans son laboratoire , se livre à denouvelles 


( 160 }) 


recherches jusqu’à ce qu’il ait obtenu le résultat qu’il en 
attendait, et reprend ensuite le cours de ses travaux de ré- 
daction. 

» C’est ce qui luiest arrivé pour ses expériences sur l’indi- 
go, qui n’ont été entreprises que pour la nouvelle édition de 
sa chimie qu’il publie actuellement à Paris. Son appartement 
est , du reste, admirablement disposé pour qu’il puisse ainsi 
passer du cabinet dans le laboratoire. C’est dans son cabinet 
qu’il reçoit les visites du matin; à côté de cette pièce se 
trouve une longue salle, dans laquelle sont disposés ses ap- 
pareils toujours prêts à servir, en sorte qu'il peut, quand il 
lui plaît, commencer une série d'expériences sans perdre 
un seul instant. C’est ainsi qu’il a su ménager son temps et 
lui donner réellement une double valeur. Sa bibliothèque, 
son bureau, ses réactifs et ses fourneaux sont tous placés dans 
un espace convenable, qui réunit à la fois et les souvenirs des 
anciennes recherches et les moyens de faire des découvertes 
nouvelles. Tout ce que renferme le laboratoire de Berzé- 
lius se fait remarquer par une propreté et un ordre admi- 
rables ; chaque objet est à sa place et en état de servir im- 
médiatement. La manière dont il dispose ses appareils pour 
expérimenter est remarquable par sa simplicité et par sa 
netteté. Il emploie, en outre , uue foule de machines ingé- 
nieuses qui facilitent considérablement ou abrégent ses opé- 
rations, et dont il attribue l’invention à l’assesseur Gahn. 
Cependant beaucoup d’entre elles ont été exécutées par 
lui-même, car il tourne ou fabrique celles qui sont en bois. 
Dans tout son laboratoire on retrouve cette exactitude scru- 
puleuse qui a donné tant de valeur à ses analyses, » 

Les manières aimables de Berzélius et les honneurs que 
ses importants travaux lui avaient attirés contribuaient éga- 
lement à accroître sa popularité ; aussi n’était-il pas un Sué- 


(161) 


dois bien élevé qui ne parlât de lui dans les termes les plus 
flatteurs. Sur ce point, tous les partis étaient d'accord. Un 
des chefs de l’opposition, dans la Chambre des Pairs de 
Suède , disait de lui : « Je le connais, je l’estime, et comme 
Suédois, je suis fier d’être son compatriote, En politique, 
ses opinions diffèrent des miennes, car il vote toujours pour 
le ministère, lorsqu’il assiste aux débats de la Chambre ; mais 
il traite tous les partis avec un grand respect, et ne blesse 
aucune prétention ; je ne connais rien qui puisse diminuer 
la haute estime que j'ai pour lui. » Quoique membre du Sé- 
nat , Berzélius prenait peu de part aux affaires politiques, 
et évitait ainsi toute lutte avec l’esprit de parti, qui prévaut 
en Suède comme dans tous les autres pays. Outre les dis- 
tinctions qu’il lui avait accordées, le roi de Suède lui avait 
conféré le patronage des chaires de chimie et de médecine 
de tout le royaume, partout où il lui plaisait de s’en occu- 
per ou de donner des recommandations. Il exerçait cette 
influence de la manière la plus libérale et la plus utile ; car 
s’1l y avait dans son caractère quelque qualité qui l’empor- 
tât sur les autres, c’était son zèle pour tout ce qui concerne 
la science. 11 ne craignait ni peines , ni démarches, lorsqu’il 
s'agissait de lui assurer un fidèle et laborieux partisan. Il 
disait d’un individu auquel il avait procuré une chaire de 
chimie, et qui, depuis plusieurs années n’avait rien fait : 
« Il s'excuse toujours sur ce qu’il manque de temps, mais 
je lui ai dit qu’il était facile de voir qu’il n’avait pas besoin 
de travailler, car ceux qui éprouvent ce besoin trouvent 
toujours moyen de le satisfaire. » On conçoit facilement 
qu’ainsi honoré et estimé (1), Berzélius ne manquait nide vi- 


(1j Il appartenait pour ainsi dire à toutes les sociétés savantes du 


monde. Il était, entre autres, de la Société royale de Londres, et 
14. 


( 162 ) 


siteurs, ni de correspondants. Peu d'étrangers de distinc- 
tion passaient par Stockholm, sans lui rendre visite; et 
quoique ses fonctions de secrétaire de l’Académie lui enle- 
vassent beaucoup de temps, il entretenait des rapports très- 
actifs avec plus de deux cents correspondants qui ne s’oc- 
cupaient point exclusivement de ses études spéciales, et 
parmi lesquels se trouvait notre illustre secrétaire perpé- 
tuel. Comme nous l’avons déjà dit, il était en fréquents 
rapports avec notre Académie ; il avait pris un soin particu- 
lier pour déterminer les savants Suédois à prendre part aux 
Observations des Phénomènes périodiques, vaste entreprise, 
dont l'initiative est due à M. Quetelet (1). 

Son influence à Berlin n’était pas moindre qu’à Stock- 
holm, et presque tous les jeunes professeurs des institutions 
de cette capitale, et dont les leçons se lient à la chimie, s’ils 
n’ont été ses élèves , ont au moins été recommandés par lui. 

Dans ses relations personnelles Berzélius était simple et 
sans raideur, sans ces prétentions qui, provenant d’un senti- 
ment exagéré de sa propre valeur, diminuent parfois le plai- 
sir que donne la compagnie des hommes éminents dans la 
science, Ilse levait de bonne heure, et aucun visiteur ne le 
trouva inoccupé. Toute personne , quelle qw’elle fût, n’eut 
jamais à se plaindre de son accueil, 11 connaissait toute 
la valeur du temps, et il cherchait à la faire apprécier à 
d’autres, Durant une carrière de soixante et dix années, dont 


l’un des huit associés étrangers de l'Académie des sciences de l'Insti- 
tut de France. 

(1) Le 20 octobre 1843, il écrivait à M. Quetelet.…... « Je viens de 
proposer à l’Académie de se joindre à la vôtre pour l'extension des 
observations météorologiques et des phénomènes périodiques. L’Aca- 
démie a nommée une commission qui doit lui faire un rapport lè-desr 
sus, et va ensuite prendre la question en considération. » 


( 165 ) 


quarante-quatre s’écoulèrent dans une même ville, engagé 
sans relâche dans des travaux difficiles et parfois pénibles 
qui aigrissent ordinairement le caractère , Berzélius a su ga- 
gner et conserver l'attachement de ses élèves, l'amitié de ses 
_ collègues, l’estime de son souverain et le respect de tous 
les hommes, Plusieurs des chimistes les plus distingués de 
l’époque sortent de son laboratoire; tels sont Mitscherlich, 
Gmelin, Henri et Gustave Rose, Wübhler, Magnus, Arfwed- 
son, Mosander, etc. Tous ont pour leur maître un respect 
sans bornes, car ils le considèrent comme la cause première 
de leurs succès dans la science, comme l’esprit qui a formé 
leurs esprits, et imprimé une sage direction à leurs études. 

Peut-être, Messieurs, nous accusera-t-on d’avoir tenté 
l'éloge de Berzélius; mais notre ambition a été bien plus 
modeste. Tout en défendant ce grand homme des injustes 
reproches dont il a été l’objet, nous avons voulu, dans une 
occasion solennelle, rappeler ses principaux titres de gloire; 
en développant le cours d’une existence aussi longue qu’elle 
fut bien remplie , nous avons essayé de montrer à tous les 
jeunes chimistes que les tendances actuelles pourraient 
égarer , comment l’on parvient à édifier les bases d’une ré- 
putation impérissable et d’un nom glorieux! comment, 
pour avancer les sciences expérimentales, il faut soutenir 
le génie naturel par une opiniâtre persévérance et par un 
travail continuel que rien ne peut décourager. 


EE) Seb lee 


(164) 


ARRÊTÉ ROYAL 


CONCERNANT LE PRIX QUINQUENNAL D'HISTOIRE. 


LÉOPOLD, Ror pes BeLcxs, 


- 


À TOUS PRÉSENTS ET A VENIR, SALUT. 


Vu les articles 1 et 3 de Notre arrêté du 1er décembre 
1845, concernant l’Académie royale des sciences, des let- 
tres et des beaux-arts de Belgique, articles dont la teneur 
suit : 


« AnT, 1er, Il est institué un prix quinquennal de cinq 
mille francs, en faveur du meilleur ouvrage sur l’histoire 
du pays qui aura été publié par un auteur belge, durant la 
période de cinq ans. » 

« Arr, 3. La classe des lettres de l’Académie soumettra 
à la sanction du Gouvernement un projet de règlement qui 
déterminera les conditions auxquelles le prix sera décerné 
et Le mode qui sera observé pour le jugement des ouvrages. » 


Vu le projet de règlement présenté par la classe des 
lettres de l’Académie, conformément à l’art, 3 ci-dessus 
rapporté; 


( 165 ) 


Sur la proposition de Notre Ministre de l’intérieur, 


Nous AVONS ARRÊTÉ ET ARRÊTONS : 


Anr, Ier, Est approuvé, tel qu’il suit, le projet de règle- 
ment concernant le prix quinquennal d’histoire, institué 
par Notre arrêté du 1er décembre 1845 : 


Règlement pour le prix quinquennal d’histoire, adopté dans 
la séance de la classe des lettres de l’Académie royale de 
Belgique, du 5 décembre 1848. 


« Arr. 1er. La première période de cinq années prend 
cours du 1er janvier 1846, pour finir au 31 décembre 1850. 

» Ant. 2. Tout ouvrage sur l’histoire nationale écrit en 
français, en flamand ou en latin, et publié en Belgique, 
sera admis au concours, s’il est entièrement achevé et si 
l’auteur est belge de naissance ou naturalisé, 

» ART. 3. Les ouvrages dont il n’aurait été publié qu’une 
partie, antérieurement au 1er janvier 1846, seront admis 
au concours après leur achèvement. 

» Art. 4. L'édition nouvelle d’un ouvrage ne donnera 
pas lieu à l’admission de celui-ci, à moins qu’il n’ait subi 
des changements ou des augmentations considérables. 

» ArT. 5. Le jugement est attribué à un jury de sept 
membres, nommé par le Roi, sur la proposition de la classe 
des lettres, 

» Cette nomination aura lieu au moins un mois avant 
l'expiration de chaque période quinquennale. 

» ART. 6. Les ouvrages des membres du jury ne peuvent 
faire l’objet de son examen, 


L3 


( 166 ) 


» Ant. 7. Le jugement du jury sera proclamé dans la 
séance publique de la classe des lettres qui suivra la pé- 
riode quinquennale. » 

Arr, Ile, Notre Ministre de l’intérieur est chargé de l’exé- 
cution du présent arrêté. 


Donné à Bruxelles, le 26 décembre 1848. 


LÉOPOLD. 
à Par LE Roï: 


Le Ministre de l’intérieur, 


Cn. RocGrer. 


( 167 ) 


ARRÊTÉ ROYAL 
CONCERNANT LA CAISSE CENTRALE DES ARTISTES BELGES. 


LEOPOLD, Ror pes BELGES, 


À TOUS PRÉSENTS ET À VENIR SALUT. 


Vu le règlement adopté par la classe des beaux-arts de 
l’Académie royale de Belgique, pour l’établissement d’une 
caisse centrale des artistes belges, qui serait destinée à as- 
surer des pensions et des secours aux artistes infirmes et à 
leurs familles ; 

Vu le désir exprimé par ladite classe de voir ce règlement 
consacré par une disposition royale ; 

Considérant que l'institution projetée offre un haut degré 
d'utilité et mérite, à tous égards, le patronage du Gouver- 
nement ; 

Sur le rapport de Notre Ministre de l’intérieur, et vu 
l'avis de Notre Ministre des finances, 


Nous AYONS ARRÊTÉ ET ARRETONS : 


Arr. ler, Est approuvé, dans sa forme et teneur, le ré- 
glement suivant : 


Règlement pour la caisse centrale des artistes belges. 


« Ant, 1er. Il est formé, sous la dénomination de caisse 
centrale des artistes belges, une association dont le but est 


( 168 ) 


d'assurer des pensions et des secours aux artistes infirmes 
et à leurs familles. 

» L'association a son siége à Bruxelles, au secrétariat de 
l’Académie royale de Belgique. 

» Aur. 2. Pour être membre de l’association; il faut : 
1° être agréé par le comité ; 20 signer une adhésion aux pré- 
sents statuts, dans la forme qui sera ultérieurement déter- 
minée ; 80 payer exactement la cotisation fixée à un franc 
par mois, 

» Tout membre de l’association qui manque à cet enga- 
gement , cesse de faire partie de l’association. 

» Le comité, juge des causes qui empêchent un membre 
de payer exactement sa cotisation, décide si le membre 
doit être relevé de sa déchéance. 

» ART. 3. La caisse est instituée pour les artistés pein- 
tres, sculpteurs , graveurs, dessinateurs , musiciens , archi- 
tectes et littérateurs, qui seront invités à s’associer confor- 
mément à l’art. 4 ci-après. 

» Les membres de l’Académie sont admis de droit dans 
l'association. 

» L'association admet dans son sein, comme membres 
honoraires, les amateurs qui consentent à contribuer à l’a- 
limentation de la caisse. 

» Ant. 4. Pour la premiére formation de l’association, le 
comité adressera aux artistes qui se sont fait honoräblement 
connaître par leurs travaux, une invitation personnelle de 
s’associer, accompagnée d’un exemplaire des présents sta- 
tuts, 

» Chaque année, des invitations seront adressées de ln 
même manière aux artistes qui auraient été involontaire- 
ment oubliés dans les invitations des années précédentes, 


( 169 ) 


ÿu qui se seront fait connaître récemment par la production 
d’un ouvrage important. | 

» Arr. 5. Les intérêts de la caisse centrale des artistes 
belges sont gérés par un comité composé du bureau de la 
classe des beaux-arts de l’Académie royale de Belgique, 
auquel seront adjoints six membres de la classe, nommés 
par elle. 

» La durée du mandat de ces six membres est de cinq 
ans; les membres sortants peuvent être réélus, 

» Si l’un des académiciens désignés pour faire partie du 
comité vient à être nommé du bureau de la classe, il lui est 
donné un suppléant, pour la durée de son mandat de mem- 
bre du bureau. 

» Le comité peut délibérer au nombre de cinq membres. 

» Les résolutions sont prises à la majorité absolue des 
suffrages ; en cas de partage, la voix du président est pré- 
pondérante,. 

» Il est tenu procès-verbal des délibérations; les procès- 
verbaux font mention des membres qui ont assisté à la 
séance. 

» Le comité se réunit au moins une fois par mois, au plus 
tard la veille du jour de la séance de la classe des beaux-arts. 

» Le comité nomme, parmi les associés, un agent dans 
chaque localité importante sous le rapport des arts. 

» Arr, 6. Le directeur de Ja classe des beaux-arts préside 
le comité; il est remplacé, en cas d'absence, par le vice- 
directeur. 

» La classe nomme un trésorier parmi les six membres du 
comité dont le choix lui est confié. 

» Le comité fait un règlement d’ordre intérieur, jeter 
est soumis à l’approbation de la classe des beaux-arts. 


15 


( 170 ) 


» Anr, 7. Les sources de revenu de la caisse centrale des 
artistes belges sont : 

» do La cotisation personnelle obligatoire des membres 
de l'association ; 

» 20 La rétribution volontaire des amateurs, membres 
honoraires ; 

» 30 Les dons et legs des particuliers; 

» 4 Les subventions qui seront réclamées du gouverne- 
ment et autres autorités; 

» bo Le produit des expositions, des concerts ou des 
fètes publiques, que le comité pourra organiser dans lin- 
térêt de la caisse et, en général, de toutes les recettes qui 
seront réalisées au dedans et au dehors de l’association. 

» ART. 8. La cotisation personnelle des membres de l’as- 
sociation, ainsi que la rétribution volontaire des amateurs 
est acquittée tous les mois entre les mains du trésorier 
de l’association pour Bruxelles et, pour la province, chez 
l’agent du comité. 

» Les quittances à délivrer sont coupées dans un registre 
à souche paraphé par le président et le secrétaire perpétuel. 

» Le 15 de chaque mois, le trésorier et les agents de co- 
mité dans les provinces versent chez l’agent du caissier gé- 
néral de l’État de leur ressort, les sommes provenant des- 
dites cotisations et rétributions mensuelles. 

» Les agents provinciaux transmettent immédiatement 
au trésorier le récépissé du versement. | 

» Arr. 9. Les subsides accordés à l’association, soit par 
l’État, soit par la province, soit par la commune, sont li- 
quidés au profit du secrétaire perpétuel de l’Académie, le- 
quel acquitte les mandats, Le trésorier encaisse les sommes 
et opère le versement dans la forme prescrite à l’article 


( 171 ) 


qui précède. Il en est de même des sommes de toute autre 
recette quelconque, opérée au profit de l’association. 

» Toutefois, pour éviter des pertes d’intérêts, le comité 
peut autoriser le placement immédiat de tout ou partie de 
ces sommes. 

» Le trésorier de l’association ne peut conserver en 
caisse une somme excédant 500 francs en espèces. 

» Toute somme versée à la caisse lui est définitivement 
acquise. 

» Îl n’y a lieu, en aucun cas, à restitution. 

» ART. 10. Le directeur de l’administration du trésor pu- 
blic ouvre un compte courant à la caisse centrale des artistes 
belges, 

» Tous les trois mois, il communique un extrait de ce 
compte au Ministre de l’intérieur, qui le transmet au secré- 
taire perpétuel. 

» ART, 11. L’avoir de l'association est placé en rentes 
sur l'État, ou en obligations du trésor. Le comité statue sur 
les placements qui sont opérés par l’intermédiaire du mi- 
nistère des finances. 

» Toute inscription nominative de rente porte l’annota- 
tion suivante : 

» La présente inscription ne pourra être transférée qu’à 
la demande de'la caisse centrale des artistes belges. 

» Les intérêts des capitaux inscrits au nom de l’associa- 
tion lui sont portés en compte par l’administration du trésor. 

» Les titres des rentes demeurent déposés au ministère 
des finances. 

» Arr. 12. Dans la séance qui suit la communication de 
extrait de compte dont il est parlé à l’art. 10, le comité 
statue sur le placement des fonds disponibles, 


(172) 


» Arr. 13. Le compte et le bilan de la caisse sont dressés 
chaque année ; ils sont soumis à l’examen du comité, qui 
les arrête définitivement. Ce compte, accompagné d’un 
exposé général de l’administration de la caisse pendant 
l’année écoulée, est inséré dans l’Annuaire de Ÿ Académie 
royale de Belgique et. dans le Moniteur. 

» Chaque membre de l'association reçoit un exemplaire 
de cet exposé général, par les soins du comité. 

» AnrT, 14. Le comité n’emploie en dépenses que les in- 
térêts de l’année précédente ou les arrérages produits par 
les fonds appartenant à l’association, sans jamais toucher 
au capital. Jusqu’au jour où les intérêts annuels des capi- 
taux de l’association auront atteint la somme de six cent 
cinquante francs, le comité est autorisé à disposer , chaque 
mois, d’une somme de cinquante francs. 

» Arr. 15. Le comité prononce dans toutes les questions 
de collation de pension ou de secours ; il détermine le taux 
et la durée de ces derniers, selon les circonstances, dont 
l'appréciation lui est abandonnée, 

» Les membres de l’association qui se croiraient lésés 
par une décision du comité, peuvent en appeler à la classe 
des beaux-arts, laquelle, après avoir entendu les observa- 
tions du comité, réforme ou maintient la décision. 

» AT. 16. La caisse prend à sa charge : 


» 1° Des pensions; 
» & Des secours temporaires. 


» Les pensions sont exclusivement destinées aux veuves; 
elles sont conférées par la classe des beaux-arts, sur la pro- 
position du comité ; elles ne peuvent excéder douze cents 
francs par an ; la veuve qui se remarie cesse d’y avoir droit, 


(175) 


» Les secours accordés aux orphelins prennent la déno- 
mination de bourses d'éducation. 

» Les bourses d'éducation ne peuvent excéder quatre 
‘cents francs par an; elles ne peuvent être conservées au 
delà de l’âge de 18 ans accomplis. 

» ArT. 17. Le comité nomme, parmi les membres de l’as- 
sociation, un patron à tout orphelin titulaire d’une bourse 
d'éducation. 

» Le patron veille à ce que l’orphelin boursier acquière 
un état en rapport avec la position que son père occupait. 

» Le patron est le seul intermédiaire entre le boursier et 
le comité ; il signale à ce dernier tous les faits importants 
qui intéressent l’orphelin placé sous son patronage. 

“» ART. 18. L'association est pourvue d’un conseil judi- 
ciaire et d’un conseil médical dont les meïabres sont nom- 
més par le comité. 

». Le éonseil judiciaire est composé de la manière sui- 
vante : 


» 19° D’avocats à la cour de cassation; 
» R0 P'avocats et d’avoués à la cour d’appel; 
» 30 D’un notaire, ; 


» Les membres de ce conseil sont consultés individuelle- 
ment par le comité sur les questions relatives aux intérêts 
des veuves et orphelins secourus par l’association. Leurs 
vacations sont entièrement gratuites, L'association ne prend. 
à sa charge que les frais de justice. 

» ART. 19. Le conseil médical est composé de la manière. 
suivante : 


+ 10 De docteurs en médecine; 


15... 


(174) 


» 2 De docteurs en chirurgie en nombre proportionnel 

aux besoins; 

_».80 De pharmaciens dans chaque localité où le comité 
en jugera l’institution nécessaire. 


» Les médecins de ce conseil prêtent gratuitement leurs 
soins , sur la réquisition du comité ou de son agent, aux ar- 
tistes malheureux faisant partie de l’association. 

» Le pharmacien fournit, sur l'ordonnance du médecin 
du conseil, les médicaments à des prix réduits, d’après un 
tarif arrêté de commun accord avec le comité, » 

Arr. Ile. Nos Ministres de l’intérieur et des finances sont 
chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution du 
présent arrêté. 


Donné à Bruxèlles, le 10 janvier 1849, 


LÉOPOLD, 
Par LE Ror: 


Le Ministre de l’intérieur, 


Cu. RoGtrer. 


Le Ministre des finances, 


FRÈRE-ORBAN. 


(175 ) 


ARRÊTÉ ROYAL 


ATTRIBUANT LA FRANCHISE DE PORT A LA CORRESPONDANCE 
DE L’ACADÉMIE. 


LÉOPOLD, Ror pes BELGES, 
A tous présents et à venir, salut. 


Revu Notre arrêté en date du 8 novembre 1841, qui attribue 
la franchise de port à la correspondance officielle de l’Académie 
royale de médecine ; 

Considérant que, par des motifs analogues, il y a lieu d’ac- 
corder le même privilége à l’Académie pi des sciences et 
belles-lettres de Bruxelles; 

Sur la proposition de Notre Ministre des Travaux Publics ; 


NOUS AVONS ARRÊTÉ ET ARRÊTONS : 


Article 1e. Notre Ministre de l'intérieur est autorisé à cor- 
respondre en franchise de port, sous enveloppe fermée, avec le 
bureau de l’Académie des sciences et belles-lettres de Bruxelles, 
et les membres de ce corps individuellement. 

Art. 2. La franchise est également attribuée à la correspon- 
dance sous bandes et contre-seing que l’Académie et son Secré- 
taire perpétuel doivent échanger avec chacun de ses membres. 


176 ) 


Art. 3. Le contre-seing de l’Académie en nom collectif sera 
-exercé , soit par le Président, soit par le Secrétaire perpétuel 
délégué à cet effet. 

Notre Ministre des travaux publics est chargé de l'exécution 
du présent arrêté. 


Donné à Bruxelles, le 22 décembre 1841. 


LÉOPOLD. 
Par le Roi : 


Le Ministre des travaux publics, 
L. DESMAISIÈRES. 


Pour que les envois parviennent avec la franchise de port , il est 
indispensable que les lettres, papiers ou livres soient mis sous bandes 
croisées à l'adresse du Secrétaire perpétuel et contresignées par le 
membre, correspondant ou associé qui fait l'envoi. De plus, les en- 
vois doivent étre déposés au bureau de la poste; l’exemption n'a pas 
lieu pour les papiers qui seraient simplement jetés dans la boîte aux 
lettres, ei 


(177) 


TABLE. 


Ephémérides pour l’année 1849, 

Année d’après les ères anciennes et modernes les plus 
usitées pour la mesure du temps. nie 

Éclipses de soleil et de lune en 1849, . . . . 

Fêtes mobiles, — Quatre-temps. . . . . . 

CHERE db Re nn hante de hi 6 0 014 

Calendrier:de l’Académie. :. 5 0 4. 


APERÇU HISTORIQUE + + + + + + + + + + « 

RÉORGANISATION DE L’ACADÉNIE par S. M. le Roi Léopold 

Arrêté royal de réorganisation , , , . . . 

Règlement de l’Académie . . . ,. , 

Arrêté royal portant nomination des vingt premiers 
membres de la classe des beaux-arts . . . . 

Arrêté royal concernant le local provisoire de l’Aca- 


démie . L L . L e. . + e. L2 È . . Li 
Arrêté royal concernant des travaux spéciaux deman- 
dés à a l’Académie e . . . . . . Di, s 


Arrêté royal fondant un prix isquéaner de 5, 000 fr. 
en faveur du meilleur ouvrage sur l’histoire du pays. 

Arrêté royal qui fait rentrer la Commission royale 
d'histoire dans le sein de l’Académie . . . . 


ARRÊTÉS ROYAUX concernant les règlements intérieurs 
des classes de l’Académie . : . . . . . +. . 


Pages. 


(178) 


Pages. 
49 
53 
58 
61 
69 
74 
75 


77 
91 
92 
93 
94 


95 
96 


97 


Règlement intérieur de la classe des sciences, . 

Id, id. id. des lettres . 

Id. id. id. des beaux-arts . 
Création de la Commission royale d'histoire . +. . 
Règlement intérieur de la Commiss. royale d'histoire, 
Modification de cet arrété. + 47," 7 
Arrêté qui crée un bureau paléographique . . . . 
Liste des membres, des correspondants et des associés 

de l’Académie: 0 1050 474 4 
Commission royale d’histoire (Chroniques inédites) . 
Id. de l’Académie (Biographie nationale). 
Id. dela classe des lettres (Littérat. flamande). 
Id. id, des beaux-arts (Hist. de l’art) . 
Ordre déterminé par le sort, d’après lequel devront 
avoir lieu les lectures dans la classe des lettres, 
conformément à l’art, 18 du règlement intérieur . 
Membres et associés décédés en 1848. . 
Notices biographiques . . . J Nude oi 
Notice sur Louis-Vincent nt par M. Quetelet, . 


Id, sur J.-C.-F. baron Ladoucette, par M. le baron 
Se Dtasbart Un dd 
Id. sur J.-J. Berzélius, par M, Louyet, . . . . 
Arrêté royal concernant le prix quinquennal d’his- 
boites SN 4. Pine Nr DRE 
Arrêté royal concernant la caisse centrale des artistes 
belges... 1415tVé vu et se dre 509 test 
Arrêté royal attribuant la éanibier de port à la cor- 
respondance de l’Académie . . . ,. . : 


FIN DE LA TABLEe 


99 


121 
134 


164 
167 


175 


: 
RER 


D 
Lo E 


pe 
| 


(ue 


Ouvrages publiés par l’Académie Royale, depuis sa 
réorganisation en 1816 -jusqu’à ce jour. 


——— 


Nouveaux Némoires de l’Académie, t. 1 à XXII; in-40. 
Prix: 8 francs, à partir du tom. X. 

Mémoires couronnés par l’Académie, t. I à XXII; in-4. 
Prix : 8 francs, à partir du tom. XII. 

Bulletins de l’Académie, tom. 1 à XV, années 1832-48; 
in-8°. Prix : 8 francs par année, 2 volumes. 

Annuaire de l’Académie, ques 1835 à 1849, in-18. 
Prix: fr. 1 50 es. 

Extraits des manuscrits de la Bibliothèque de Bour- 
gogne , 1'€ partie; in-4°. 

Des moyens de soustraire l'exploitation des mines de 
houïlle aux chances d’explosion, 1 vol. in-8°. 1840. 
Prix : 4 francs. 


Sous presse : 


Nouveaux Mémoires de l'Académie, tom. XXE. 
Bulletins de l’Académie, tom. XVI. 


Publications de la Commission royale d'histoire. 


Chroniques belges inédites et documents divers pour 
servir à l'Histoire de la Belgique, 13 vol. in-4. 

Comptes-rendus des séances de la Commission royale 
d'histoire , ou Recueil de ses Bulletins, tomes I à XV. 
Prix : 6 francs le volume. 


_ 


A — 
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ANNUAIRE 


DE 


L'ACADÉMIE ROYALE 
je DES LETT # ET DES BEAUX- ARTS 


DE BELGIQUE. 


| 
| 1850. 
SEIZIÈME ANNÉE. 
BRUXELLES , 
CHEZ M. HAYEZ, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE ROYALE, 

ES” MDCCCL. ÿ 

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ANNUAIRE 


DE 


L’ACADÉMIE ROYALE 


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SCIENCES , DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS 


| DE BELGIQUE: 


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L'ACADÉMIE ROYALE 


DES 


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SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS 


DE BELGIQUE. 


éreremmee 


1850. 


> 


 SEIZIÈME ANNÉE. 


CS 


BRUXELLES , 


CHEZ M, HAYEZ, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE ROYALE. 


MDCCCL. 


(5) 


CORRESPONDANCE 


DES ÈRES ANCIENNES AVEC L'ÈRE VULGAIRE. 


Année de la création du monde . . . . . . . . . 5856 
— de la période julienne ; : +: . . . ..: , 6563 
— depuis le déluge universel. , ,. . . . . . . 4198 
— de la fondation de Rome, selon Varron . ._. . 2603 
— de l’ére de Nabonassar. . . . . . . . . . 2597 
—: Go fure chréhienne :.: 4 55 SU ONU 880 

L'année 2626 des Olympiades, ou la 2m€ année de la 657€ Olym- 

piade , commence en juillet 1850. 
L'année 1266 des Turcs commence le 17 novembre 1849. 
L'année 1850 du calendrier julien commence le 13 janvier 1850. 


ÉCLIPSES EN 1850. 


Il ÿ aura cette année deux éclipses de Soleil, savoir : le 12 fé- 
vrier et le 7 août ; aucune ne sera visible à Bruxelles. 


Il n’y aura pas d’éclipse de Lune en 1850. 


(6 ) 


FÊTES MOBILES. 


Septuagésime, . . . + + «+ + «+ + . . 27 janvier. 
LE Co le SU 0 0 ob Re 
PM nie ne pee js ee Un 0 MRC 
LesRogations, . , +: + + + «+. «6,7et 8 mai. 
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IaBenté, |. LR ue ul d'A MIRE 
Lashéte-Dign : 2: 7. . Auger RE 
Premier dimanche de l'Avent. . « : : dut 1 décembre. 


QUATRE-TEMPS. 


Les 20, 22 et 23 février. — Les 22, 24 et 25 mai. — Les 18 
20 et 21 septembre. — Les 18, 20 et 21 décembre. 


(7) 


Janvier. 


M. Cinconcision DE N.-S. 
M.S. Adalard, abbé, 

J, Ste Ceneribve, vierge. 
V. Ste Pharaïlde, vierge. 
S. $. Télesphoie, pape. 
D. Epspnanie ou Les Rois. 
L. St Mélanie, vierge. 
M. Ste Gudule, vierge. 
M.S. Marcellin, évêque. 
J. S. Agathon, pape. 
V. S. Hygin, pape. 
S. S. Arcade, martyr. 
D. Ste Véronique. 

L. 
5 M 
M. 
J. 
v. 


; 8, Paul, HS. 


S. Marcel, pape. 
S. Antoine, abbé. 


20 D. SS. Fabien et Sébastien. 


21 L. Ste Agnes, vierg. et m. 
22 M. SS. Vincent et Anastase. 
23 M. Épous. de la Ste Vierge. 
24 J. S. Thimothée, év. d'Ep. 


253 V. Conversion de S. Paul. 
26 S. S. Polycarpe, év. et m. 
_ 27 D. Septuag. S.Jean-Chrys. 


28 L.S. Julien,év.deCuença. 


29 M.S. François de Sales. 


50 M. Ste Martine, v. et mart. 


31 J. S. Pierre Nolasque. 
ne 


Dernier Quartier le &, 
Nouvelle Lune le 413. 
Premier Quartier le 24, 
Pleine Lune le 28, 


S. Hilaire, év. de Poit. 


Chaire de $. P. à Rome. 
49 S. S. Canut, roi de Danem. 


Février. 


S. Ignace, év. et mart. 
Puriric. ou CHANDELEUR. 

. Sexagés. S. Blaise, év. 

S. André et S teJeanne. 
Ste Agathe, v. et mart. 
. St Dorothée et S.Amand. 
S. Romuald, abbé. 

. S. Jean de Matha. 

. St Apollonie, v. et mart. 
. Quinquag. Ste Scholast. 
S. Sévérin, abbé. 

. Ste Eulalie, v. et mart. 
. Les Cend. Ste Euphrosine. 
S. Valentin, prêt. et m. 
SS. Faustin et Jovite, m. 
. Ste Julienne, vierge. 

. Quadragés. S. Julien, m. 
S. Siméon,évêque. 

. S. Boniface de Lausanne 
. Quat. temps. S. Éleuthère. 
Le B. Pépin deLanden. 

. Quat. temps. Ch. de S. P. 
. Quat. temps. S. P. Dam. 

. Reminiscere. S. Modeste. 
. St Walburge. 

. Ste Aldetrude, abbesse. 
. S. Alexandre, évêque. 
. SS. Julien etChronion,m 


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FRANS TERRE TR MRPÉR" RATES 


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Nomb. d’or 
Epacte, . 


8 | Indict. rom. 8 
XVII | Lett. domin. F 


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Dernier Quartier le 4. 
Nouvelle Lune le 42. 
Premier Quartier le 49. 
Pleine Lune le 26, 


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(8) 


Hiars. 


. S. Aubin, év, d'Angers. 


« S. Simplice, pape. 

. Oculi. Ste Cunégonde. 
S. Casimir, roi. 

« S. Théophile. 

. Ste Colette, vierge. 
S. Thomas d'Aquin. 
S. Jean de Dieu. 

. Ste Françoise, veuve. 


. Lœtare. Les 40 SS. Mart. 


. S. Vindicien, évêque. 


S. Grégoire-le-Grand,p. 


. Stt-Euphrasie, vierge. 
Ste Mathilde, reine. 
S. Longin, soldat. 
Ste Eusébie , vierge. 


La Passrox. Ste Gertrude. 


S. Gabriel, archange. 


S. Joseph, patr. de la B. 
S. Wulfran, év.de Sens, 


S. Benoit, abbé. 


N.-D.des7 doul.S. Basile. 


S. Victorien, martyr. 


Les Rameaux. S. Agapet. 
. AnnoncrarioN. S. Humbert, 
S. Ludger,év.deMunst. 
. S. Rupert,év.de Worms. 
Jeudi-Suint. S. Sixte HI. 
. Vendredi-Saint.S. Eusta, 


. S. Véron, abbé. 


. PAQUES. S. Benjamin. 


DO 


Dernier Quartier le 5. 
Nouvelle Lune le 43. 
Premier Quartier le 24, 
Pleine Lune le 27, 


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Avril. 


Hugues, abbé 
François de Paule. 
Richard, évêque. 
Isidore de Séville. 
Vincent Ferrier. 
Célestin, pape. 


nrneveu 


Ÿ Ouasimbis: $. Albert. 


S. Perpétue. 


. St Vaudru, abbesse. 
.- S. Macaire, évêque. 


S. Léon-le-Grand, pape. 


. S. Jules I, pape. 


S. Herménégilde, mart. 


. Misericordia.S.'Tiburce. 
. Ste Anastasieet Basilisse. 


S. Drogon, ermite. 


. S. Anicet, pape et mart. 
. S. Ursmar, év. et abbé. 
19 V.S. Léon IX, pape. 

. Ste Agnès de Monte-Pul. 
. Jubilate. S. Anselme. 

. SS, Soter et Cajus,p. et m. 
. S. Gcorges, martyr. 

. S. Fidele de Sigmaring. 
. Rogations.S.Marc,évang. 
. SS. Clet et Marcellin, p. 
. S. Antime, év. et mart,. 
. Gantate. S. Vital, mart. 

29 L. S. Pierre deMilan, m. 

30 M, Ste Catherine de Sienne. 


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Dernier Quartier le 4. 
Nouvelle Lune le 12. 
Premier Quartier le 19. 
Pleine Lune le 26. 


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(9) 


es 7” 


Ste Monique, veuve. 
. Vocem. S. Pie V, pape. 


. S. François de Hiéron. 


POndnEEnED UNE Es 


S. Servais, évêque. 
. S. Pacôme, abbé, 


. S. Pascal Baylon. 
. S. Venance, m,. Jeune. 
. PENTECOTE. 


. St Itisberge, vierge. 


S. Guibert. 


S. Jean I, pape. 


. Ste Peétronille, 


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Dernier Quartier ie 4. 
Nouvelle Lune le ff. 
Premier Quartier le 48, 
Pleine Lune lc 2%. 


. SS. Philippeet Jacq., ap. 
S. Athanase, év. et doct. 
. Invention de la Ste Croix. 


Rogations. S.Jean P. Lat. 
. Rogations. S.Stanilas, év. 
. Rogations.App.deS.Mich. 
ASCENSION.S. Grégoir. 
S. Antonin, év. de Flor, 


. Exandi. SS. Nér. et Ach. 


. Ste Dymphne, v.et mart. 
. S. Jean Népomucène, m. 


. S. Bernardin deSienne. 
. Quat. temps. Ste Julie, v. 


. Quat.temps. N.-D. S.des C. 
Quat.temps.S Grég. VIL. 
La Trinrré. S. Phil. de N. 


S. Germain,év.de Paris. 
. S. Maximin, ev.deTrev. 
- Fère-Du. S. Ferdin.Ill, 


Juin. 


S. Pamphile, martyr. 

S. Erasme, martyr. 

Ste Clotilde, reine. 

. S. Optat, év. de Milève. 
. S. Boniface, év. etmart. 
S. Norbert, évêque. 

S. Robert obus. 

S. Médard,év.de Noyon. 
. SS. Prime et Félicien, m 
Ste Marguerite, reine. 

. S. Barnabé, apôtre. 

. S. Jean de Sabagun. 

S. Antoine de Padoue. 
S. Basile-le-Grand, are. 
SS. Guy et Modeste, m 
S. Jean François Régis. 
. Ste Alène, vierge et mart. 
. SS. Marc et Marcellin, m. 
. St Julienne de Falcon. 
S. Sylvère, pape et m. 

. S. Louis Fa Gonzague. 
:S. Paulin, év. de Nole. 
B. Marie d Oignies. 
Nativite de S. Jean-Bapt. 
. S. Guillaume, abbé. 
. SS. Jean et Paul, mart. 
. S. Ladislas “roi de Hong. 
. Léon IT, pape. 

. SS. Pienre er Pauz. Jeüne 
. Soc. ESS. Pren.er Pau. 


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SDnAREArEUNAREsNEN LR RESEsNrENnARESsPEUS 


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Dernier Quartier le 3. 
Nouvelle Lune le 40. 
Premier Quartier le 16, 
Pleine Lune le 24, 


(10) 


Juillet. 


ae 


ps 


. S. Rombaut, évêque, 
Vis. de la Ste Vierge. 

. S. Euloge, martyr. 

S. Théodore, évêque. 
S. Pierre de Lux. , év. 
Ste Godelive , m martyre. 
S. Willebaud, évêque. 
Ste Elisabeth, r. de Port. 
SS. Martyrs de Gorcum. 


1 

2 M. 

5 M 

4 J. 

Er 

6S. 

7 D. 

8 L. 

9 M. 

10 M. Les sept Frères Martyrs. 
11 J:°S. Pie}, pape. 

12 V. S. Jean Gualbert, abbé, 
15 S. S. Anaclet, pape et m. 
14 D. S. Bonaventure, évéq. 
15 L. S. Henri, emp. d AN. 
16 M. N.-D. du M.-Car. St Ren. 
17 M.S. Alexis, confesseur. 
18 3. S. Camille de Lellis. 
19 V. S. Vincent de Paule. 
20 S. S. Jerôme Emilien. 
21 D. S. Sacr. deMir. à Brux. 
22 L. Ste Marie-Madeleine. 
23 M.S. Apollinaire, évêque. 
24 M, Ste Christine, v. et mart. 
25 J. S. Jacques le majeur. 
26 V. Ste Anne, méredela Se V. 
27 S. S. Pantaléon, martyr. 
28 D. S. Victor, martyr. 

29 L. Ste Marthe, vierge. 

30 M. SS. Abdon et Sennen, m. 
51 M. S. Ignace de Loyola. 


Dre 


Dernier Quartier le 2. 
Nouvelle Lune le 9. 
Premier Quartier le 46. 
Pleine Lune le 24, 


DO RO HO => > han pe M pe jen fn jen 


Août. 


 $. Pierre-ès-Liens. 
. SS. Étienne et Alphonse. 
. Invention de S. Etienne. 
S. Dominique, confess. 
otre-Dame-aux-Neiges. 
ransfiguration de N.S. 
Donat, év. et mart. 
Cyriac , martyr. 
Romain, martyr. 
Laurent , martyr. 
Géry, év. ‘de Cambrai. 
Ste Claire , vierge. 
n.” Hippolyte: martyr. 
. S. Eusèbe, mart. Jeûne. 
ASSOMPTION. S. Arn. 
S. Roch, confesseur. 
S.' Libérat, abbé. 
Ste Hélène, impératrice. 
S. Jules, martyr. 
S. Bernard, abbe. 
. Ste Jeanne-Françoise. 
Timothée , martyr. 
Philippe Béniti. 
Barthélemi , apôtre. 
Louis, roi de France. 
Zéphirin , pape et m. 
. Joseph Calasance. 
. Augustin, év.et doct. 
29 J. Décoll. de S. Jean-Bapt. 
30 V. Ste RosedeLima, vierge. 
31 S. S. Raymond Nonnat. 


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23 V. 


Dernier Quartier le 1. 
Nouvelle Lune le 7. 
Premier Quartier le 14. 
Pleine Lune le 22. 
Dernier Quartier le 30. 


(11) 


Septembre. 


Gilles, abbe. 
Étienne,roide Hong. 


t@ Rosalie, vierge. 

S.: Laurent Justinien. 
S. Donatien, martyr. 
Ste Reine, vierge. 
Nariviré pe LA Ste Vence. 
S. Gorgone, martyr. 

S. Nicolas-de Tolentino. 
S 


bc d À stef 0 né En cl tot: 26e 


D. 

L. 

M. 

M. 

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Y. 

S. 

D. 

L. 
10 M. 
11 M. SS. Prote et Hyacinthe. 
42 J. S. Guy d’Anderlecht. 
13 V. S. Ame, év. Sion en Val. 
14 S. Exaliat. dela Ste Croix. 
15 D. S. Nicoméde, martyr. 
16 L. SS. Corneille et Cyprien. 
17 M.S. Lambert,ev:deMaest. 
18 M. Quat. temps. S. Joseph. 
19 3. .S. Janvier, martyr. 
20 V. Quat. temps. S.Eustache. 
21 S. Quat.temps. S. Mathieu. 
292 D. S. Maurice et ses comp. 
25 L. Ste Thecle, vierge etm. 
24 M. Notre-Dame de Merci. 
25 M.S. Firmin, 

26 4. SS. Cyprien et Justine. 
27 V. SS. Cosmeet Damien, m. 
28 S. S. Wenceslas, martyr. 
29 D. S. Michel, archange. 
50 L. S.. Jérôme, docteur. 

- ne ù 


Nouvelle Lune le 6, 
Premier Quartier le 13. 
Pleine Lune le 21, 
Dernier Quartier le 28. 


S. 
S. 
S. Remacle,ev.deMaest. 
S 


Oetohbre. 


1 M. SS.Rémiet Bavon. 

2 M.S. Léodegaire, évêque. 
3 d. S. Gérard, abbé. 

4 V.S. François d'Assise. 

5 S. S. Placide, martyr. 

6 D. S. Brunon, confesseur. 

7 L. S. Marc, pape. 

8 M. Ste Brigitte, veuve. 

9 M.S. Denisetsescomp.,m. 
10 J. S. François de Borgia. 

11 V. S. Gommaire,p.deLier. 
12 S. S. Wilfrid, év.d’Yorck. 
13 D. S. Édouard, roi d’Angl. 
14 L. S. Calixte, pape etmart. 
15 M. Ste Thérèse, vierge. 

16 M. S. Muninolin , évêque. 
17 J. St Hedwige, veuve. 


18 NV. S. Luc, évangéliste. 

19 SS. Pierre d'Alcantara, 
20 D. S. Jean de Kenti. 

21 L,. Ste Ursuleet sescomp.m. 
22 M.S. Mellon, évêque. 

23 M.S. Jean Et Capistran. 

. $. Raphaël, archange, 
25 V. SS. Crépin et Crépinien. 
26 S. S. Evariste, pape.et m. 
27 D. S. Frumence, .apôtre, 
28 L. SS. Simon et Jude, apôt. 
29 M. Ste Ermelinde, vierge. 
30 M.S. Foillan, martyr. 

31 J. S. Quentin, mart.Jeéne. 


> 


Nouvelle Lune le 5. 
Premier Quartier le 13. 
Pleine Lune le 21. 
Dernier Quartier le 28. 


r Jin fol jan (ele ln (fon fee jen bit jen 
her ete MR Dep Re pp er 


Novembre. 


. TOUSSAINT. 
. Les trépassés. 
S. Hubert, év.de Liège. 
S. Charles Borromée. 
S. Zacharieet StcElisab. 
S. Winoc, abbé. 
J. S. Willebrord, év. d'Ut. 
V. S. Godefroi, év. d’'Am. 
S. Déd.del’égl.du Sauv.àR. 
D.S. André Avellin. 
L. S. Martin, év. de Tours. 
M.S. Liévin, év. et mart. 
M.S. Stanislas Kostka. 
J. S. Albéric, év. d’'Utrecht 
V. S. Léopold, confesseur. 
S. S. Edmond, archevéq. 
D. S. Grégoire Thaumatur. 
L. Déd. deSS. Pier. et Paul. 
M. Ste Élisabeth, duchesse. 
M.S. Félix de Valois: 
J. Présent. de la Ste Vierge. 
V. Ste Cécile, vierge et mar. 
S. S. Clément I, papeetm. 
D. S. Jean de la Croix. 
L. Ste Catherine, v. et m. 
M. S. Albert de Louv., év. 
M.S. Acaire,év. de Noyon. 
J. S. Rufe, martyr. 
V. S. Saturnin, martyr. 
S. S. André, apôtre. 


se 


Nouvelle Lune le 4. 
Premier Quartier le ii. 
Pleine Lune le 19. 
Derhier Quartier le 26. - 


Déceinbre. 


E 


. Avent. S. Éloi, év. de N. 

. Ste Bibienne, v. et m. 

. S. François ‘Xavier. 

. Ste Barbe, martyre. 
‘2 Sabbas, abbe. 

S. Nicolas, é év. de Myre. 
. S. Ambroise,év.etdoct. 
. Concept. de la Ste Vierge. 
Ste Léocadie, v. et mart. 
. S. Melchiade, papeet m. 
.S. Damase, pape. 

. S. Valéry, abbé en Pic. 
Ste Lucie, vierge etmart. 
S. Spiridion, évêque. 
S. Adon, arch. de Vien. 
S. Eusebe, év. de Verc. 
. Ste Begge, veuve. . 

. Quat. temps. messe D'or. 
S. Némésion, martyr. 
+ Quat. temps. S. Philogone. 
+ Quat. temps. S. Thomas. 
S. Hungere, év. d'Utr. 

. Ste Victoire, vierge et m. 
. S. Lucien. Jeüne. 
NOEL. 

S. Étienne, premier m. 
S. Jean, apôt. et évang. 
SS. Innocents. 

. S. Thomas de Cantorb. 
. S. Sabin, évêq. et mart. 
. S. Sylvestre, pape. 


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Nouvelle Lune le 3. 
Premier Quartier le 1f. 
Pleine Lune le 19. 
Dernier Quartier le 25. 


(15) 


Calendrier de l’Académie. 


Janvier,  — Réunions de la commission administrative ct des com- 
missions spéciales des finances, pour arrêter les 
‘comptes ; les commissions spéciales font connaître 
à chaque classe, dans la séance suivante, l’état des 
recettes et dépenses pendant l’année écoulée. 


Id. — Élection du Directeur dans chaque classe. 


Février. — Présentation des mémoires destinés au concours de la 
Classe des Lettres. 


Mai. — Jugement des mémoires envoyés au concours pour 
les lettres; rédaction du programme pour le con- 
cours suivant; élections des membres, associés et 
correspondants. 


Id. — Séance générale des trois classes pour régler les inté- 
rêts communs; élection des membres de la com- 
mission administrative de l’Académie, 

Id. — Séance publique de la Classe des Lettres ; distribu- 


tion des récompenses décernées. 


Juin. — Présentation des mémoires destinés au concours de la 
- Classe des Beaux-Arts. 
Août. — Les vacances commencent après la séance de chaque 
classe. 
Septembre, — Fin des vacances le 20. 
Id. — Présentation des mémoires destinés au concours de la 


Classe des Sciences. 


Id. — Jugement des mémoires envoyés au concours pour 
les beaux-arts ; rédaction du programme pour le 
concours suivant ; élections des membres, associés 
et correspondants. 


Id. — Séance publique de la Classe des Beaux-Arts ; dis- 
tribution des récompenses décernées. 


Décembre. — Nomination des commissions spéciales pour la véri- 
fication des comptes de chaque classe. 


Id. — Jugement des mémoires envoyés au concours pour les 
sciences; rédaction du programme pour le con- 
cours suivant ; élections des membres, associés et 
correspondants. 


Id, — Séance publique de la Classe des Sciences ; distri- 
bution des récompenses décernées. 


nee 
2 


APERÇU HISTORIQUE. 


L4 


En 1769, il se forma à Bruxelles une société littéraire, 
sous les auspices du comte de Cobenzl, ministre plénipoten- 
tiaire de Sa Majesté l’impératrice Marie-Thérèse. La pre- 
mière séance de cette société eut lieu chez le comte de 
Nény, le 5 mai de la même année. 

Différentes causes portèrent obstacle aux travaux et aux 
succès de la société littéraire , qui, quatre ans après sa nais- 
sance, vit élargir son cadre et reçut, avec letitre d’Académie 
impériale et royale , plusieurs priviléges importants pour 
cette époque. La première séance fut tenue dans la biblio- 
thèque royale, sous la présidence du chancelier de Brabant, 
le 13 avril 1773 (1). 

L'Académie impériale et royale continua paisiblement ses 


(1) Voyez dans l'Annuaire de l’Académie pour 1840, 6e année, 
les différents documents relatifs à l’histoire de l’ancienne académie 
impériale et royale, qui y ont été insérés par M. Gachard, d'après 
les pièces retrouvées dans les archives de l'État. 


(15) 


travaux jusqu’à l’époque de la révolution française, et pu- 
blia, outre cinq volumes de mémoires sur les sciences et 
les lettres, un grand nombre d'ouvrages couronnés dont la 
liste a été insérée dans l'Annuaire de 1841, 7e année, 
Dispersée par suite des événements politiques, l’Académie 
s'était assemblée, pour la dernière fois, le 21 mai 1794. 
Elle fut rétablie, sous le titre d’Académie royale des sciences 
et belles-lettres, par arrêté royal du 7 mai 1816. L’installa- 
tion eut lieu, au musée des tableaux de la ville, le 18 
novembre de la même année {1). 

En 1832, l’Académie, consultée par M. le Ministre de l’in- 
térieur sur l’utilité de la création d’une classe des beaux- 
arts, répondit, à l’unanimité, qu’elle regardait cette ex- 
tension comme utile. Différents plans de réforme furent 
ensuite proposés , soit dans l’intérieur, soit à l’extérieur de 
PAcadémie, et le Gouvernement, par ses arrêtés du 1er dé- 
cembre 1845, sépara définitivement la compagnie en trois 
classes, se des sciences, veus des lettres et celle des 
beaux-arts, 

_. On trouvera ci-après les pièces qui LAPRArHanonS à cette 
réorganisation. 


(1) Voyez le procès-verbal de la séance dans l’ Annuaire de l’ Aca- 
démie pour 1840, 6e année. 


( 16 ) 


RÉORGANISATION 


DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES ET BELLES-LETTRES 
DE BRUXELLES, 


RAPPORT AU ROI. 


Bruxelles, le 19 novembre 1845, 


SIRE, 


L'organisation actuelle de l’Académie royale des sciences 
et belles-lettres de Bruxelles n’est plus en harmonie avec 
les progrès que la science et la littérature ont faits dans 
noire pays. sé 

D'un côté, la confusion des deux classes aujourd’hui exis- 
tantes, et l’infériorité numérique de la classe des lettres, 
doivent nécessairement entraver l’essor de celle-ci, tandis 
que les développements remarquables des travaux littéraires 
en Belgique paraissent devoir lui imprimer une activité toute 
nouvelle. 

D’un autre côté, la littérature flamande, si florissante 
aujourd’hui , n’y compte presque point de représentant. 


(17) 


En troisième lieu , les beaux-arts qui semblent avoir at- 
tendu notre régénération politique , pour sortir avec éclat 
d’un long engourdissement, désirent un centre commun, 
où les efforts individuels de nos artistes puissent en quel- 
que sorte converger, afin de consolider cette glorieuse 
école flamande qui a jeté tant de lustre sur notre patrie, 

L'Académie elle-même , Sire, a apprécié les inconvé- 
nients de cet état de choses, Il y a longtemps qu’un de ses 
membres, usant de la prérogative que lui donnait sa qualité 
de représentant, a soumis un projet de réorganisation à la 
Législature , à laquelle on avait d’ailleurs présenté d’autres 
projets. Mais les travaux importants dont la Chambre s’est 
trouvée chargée , en ont empêché jusqu'ici et en empêche- 
raient probablement la discussion pendant longtemps en- 
core. C’est ce que l’Académie elle-même a bien compris ; 
car plus tard, elle a nommé dans son sein une commission, 
dont faisait partie honorable auteur de la première propo- 
sition, et à laquelle elle confia le soin de jeter les bases 
d’un travail qui devait être soumis à la sanction du Gouver- 
nement. 

Une question d'opportunité a suspendu l’exécution de 
cette mesure. | 

Dans ces circonstances, Sire, j'ai pensé qu’il appartenait 
au Gouvernement de Votre Majesté de s'acquitter de cette 
tâche. J’ai étudié mürement la question, et j’ai l’honneur de 
soumettre le résultat de mon examen à la haute apprécia- 
tion de Votre Majesté. 

Ne voulant rien innover, j’ai suivi les dispositions proje- 
tées par la commission de l’Académie, dispositions qui 
m'ont paru frappées au coin d’une parfaite convenance et 
d’une entière sagesse, 


2. 


(18) 


L'Académie serait désormais divisée en trois classes : 
Celle des sciences ; 
Celle des lettres et des sciences morales et politiques; 
Enfin celle des beaux-arts. 

Chacune aurait ses attributions distinctes; la première 
s’occuperait des sciences physiques, mathématiques et na- 
turelles ; 

La seconde aurait dans ses attributions l’histoire, l’ar- 
chéologie, les littératures ancienne et moderne (tant fla- 
mande que française), la philosophie; on y joindrait les 
sciences morales et politiques. Votre Majesté jugera que, 
dans l’état actuel de notre société, avec les institutions 
politiques qui nous régissent, cette adjonction était deve- 
nue un véritable besoin. 

Enfin, la troisième s’occuperait de toutes les branches 
des beaux-arts, ainsi que des sciences et des lettres qui y 
ont rapport. 

L'Académie se composerait de membres ordinaires, Belges 
ou naturalisés Belges, de membres étrangers ou associés, 
et de correspondants régnicoles. 

Le nombre des membres serait fixé dans chaque classe, à 
savoir : pour la première catégorie , à trente; pour la se- 
conde, à cinquante; pour la troisième, à dix. 

D’autres dispositions règlent les conditions d'admission 
et l’administration de la compagnie; elles ne sont, en 
grande partie, que la reproduction des dispositions exis- 
tantes, mises en harmonie avec les modifications apportées 
à la constitution même de l’Académie. Toutes ensemble, 
elles formeront les statuts organiques de la compagnie, 
statuts qui, pour plus de garantie de stabilité, ne pourront 
recevoir de changements qu’en séance générale et du con- 


(19 ) 


sentement de l’Académie, donné par les trois quarts de ses 
membres présents. 

Mais, en même temps que je soumets ces statuts à la 
sanction de Votre Majesté, par le premier projet d’arrêté 
ci-joint , j’ai cru devoir réunir en un seul faisceau les dispo- 
sitions réglementaires, aujourd’hui éparses. Elles forme- 
ront le règlement général, indépendamment duquel chaque 
classe devra encore former son règlement particulier. 

Enfin, Sire, par un troisième projet d’arrêté, je propose 
à Votre Majesté , en exécution de l’art. 51 du règlement gé- 
néral , la première nomination des deux tiers des membres 
dans la classe des beaux-arts. 

Tous les noms que je soumets au choix de Votre Majesté 
sont connus depuis longtemps par des travaux importants 
et par des succès signalés; j’espère donc que Votre Majesté 
voudra bien ratifier ces nominations. 

D'autres mesures, Sire, m'ont paru se rattacher naturelle- 
ment à la réorganisation de l’Académie. Ce sont : 

La désignation d’un local qui fût plus en rapport avec 
importance et la dignité de la Compagnie ; 

L'établissement d’un prix quinquennal d’histoire ; 

L’exécution de plusieurs travaux, tels qu’une biographie 
nationale , une collection des grands écrivains du pays, la 
publication des anciens monuments de la littérature fla- 
mande ; 

Enfin, la réunion à l’Académie de la Commission royale 
d'histoire. 

Ces mesures font l’objet d’autant de projets d’arrêtés 
royaux distincts. 

Je soumets avec confiance, Sire, ce travail à la haute 
sanction de Votre Majesté. Le pays, j'ose le croire, verra 


(20 ) 


dans l’approbation qu’Elle voudra bien y donner, une nou- 
velle preuve de la constante sollicitude qui anime Votre 
Majesté pour les intérêts moraux autant que pour les inté- 
rêts matériels de la nation. 


Le Ministre de l’intérieur, 


SYLVAIN Van DE WEYER. 


ARRÊTÉ ROYAL RÉORGANISANT L'ACADÉMIE ROYALE DES 
SCIENCES ET BELLES-LETTRES DE BRUXELLES. 


LÉOPOLD , Roi es BeLGes, 


À TOUS PRÉSENTS ET A VENIR, SALUT. 


Considérant que, par suite des progrès des lettres et des 
sciences en Belgique, la constitution actuelle de l’Acadé- 
mie royale des sciences et belles-lettres de Bruxelles est 
devenue susceptible de plusieurs modifications essentielles; 

Considérant les services éminents rendus par cette insti- 
tution, et voulant donner plus de développements à ses 
travaux, en étendant son action sur les différentes bran- 
ches des beaux-arts qui, depuis quelques années, ont pris 
un essor si remarquable ; 

Voulant en même temps donner une nouvelle preuve de 
Notre haute sollicitude pour tout ce qui peut contribuer à 


(21) 


encourager la culture des sciences , des lettres et des beaux- 
arts dans le pays; 
Sur le rapport de Notre Ministre de l’intérieur, 


Nous AVONS ARRÈTÉ ET ARRÊTONS : 


Anr. ler. L'Académie des sciences et belles-lettres, fon- 
dée par l’impératrice Marie-Thérèse, prend le titre d’Aca- 
démie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de 
Belgique. 

Arr. ®. Le Roi est protecteur de l’Académie. 

Ant. 3. L'Académie est divisée en trois classes. 

La première classe (classe des sciences ) s’occupe spécia- 
lement des sciences physiques et mathématiques , ainsi que 
des sciences naturelles. 

La seconde classe (classe des lettres et des sciences mo- 
rales et politiques) s’occupe de l’histoire , de l'archéologie, 
des littératures ancienne et moderne, de la philosophie et 
des sciences morales et politiques. 

La troisième classe (classe des beaux-arts) s'occupe de 
la peinture , de la sculpture, de la gravure, de l’architec- 
ture, de la musique, ainsi que des sciences et des lettres 
en rapport avec les beaux-arts, 

ART. 4. Chaque classe est composée de trente membres. 

Elle compte en outre cinquante associés étrangers et dix 
correspondants régnicoles au plus. 

À l’avenir la qualité de membre absorbera la qualité de 
correspondant, même d’une autre classe. 

Arr. 6. Les nominations aux places sont faites par cha- 
cune des classes où les places viennent à vaquer. 

Arr. 6. Pour devenir membre, il faut être Belge ou na- 


(22) 


turalisé Belge, d’un caractère honorable et auteur d’un 
ouvrage important relatif aux travaux de la classe. 

Arr. 7. Les nominations des membres sont soumises à 
l'approbation du Roi. 

Art. 8. Chaque classe peut choisir le sixième de ses 
membres parmi les membres des autres classes, 

Arr. 9. Tout académicien qui cesse d’être domicilié en 
Belgique perd son titre et prend celui d’associé. 

Arr. 10. Chaque classe nomme son directeur annuel. Le 
directeur n’est pas immédiatement rééligible. | 

Le directeur, ne peut-être choisi deux années de suite 
parmi les membres étrangers à la ville de Bruxelles. 

Ant. 11. Le Roi nomme, pour la présidence annuelle, 
un des trois directeurs. 

Dans les occasions solennelles où les trois classes sont 
réunies, le président représente l’Académie. 

Anr. 12. Le directeur a la direction générale de sa classe; 
il préside à toutes les assemblées, fait délibérer sur les dif- 
férentes matières qui sont du ressort de la classe , recueille 
les opinions des membres et prononce les résolutions à la 
pluralité des voix. 

Il fait observer tous les articles des présents statuts et du 
règlement , et tient particulièrement la main à ce que, 
dans les assemblées, tout se passe avec ordre. 

Ant. 13. Le secrétaire perpétuel appartient aux trois clas- 
ses, et il est élu par elles au scrutin et à la majorité absolue. 
Le secrétaire perpétuei est choisi parmi les membres domi- 
ciliés à Bruxelles. } 

Sa nomination est soumise au Roi. 

Ant. 14. La correspondance de l’Académie se tient par le 
secrétaireperpétuel,organeet interprète de cette compagnie. 


(25 ) 


Ant, 15. Le secrétaire perpétuel tient registre des déli- 
bérations , signe les résolutions, délivre les certificats d’ap- 
probation et autres , reçoit les mémoires et lettres adressés 
à chaque classe et y fait les réponses. 

Lorsque, par maladie ou autre empêchement légitime, 
il ne peut pas assister aux séances , il s’y fait remplacer par 
un membre de son choix et appartenant à la classe. 

Ant. 16. Chaque classe forme son règlement intérieur, 
qui est soumis à l’approbation royale. 

" Arr, 17. Le Roi décrète un règlement général. 

11 ne peut y être apporté des changements qu’une fois par 
an, dans la séance générale des trois classes mentionnée 
Rat ces changements doivent avoir obtenu l’assenti- 
ment des deux tiers des membres présents, et ils sont sou- 
mis à l'approbation du Roi. 

AnT. 18. Chaque classe a une séance mensuelle d’obliga- 
tion pour ses membres ; les membres des autres classes peu- 
vent y assister et y PAS des lsctures, mais ils n’y ont pas 
voix délibérative. 

Chaque classe a de plus une séance publique annuelle, 
présidée par son directeur, dans laquelle elle rend compte 
de ses travaux et remet les prix décernés au concours. 

Les deux autres classes assistent à cette séance publi- 
que. 

ART. 19, Chaque année, les trois classes ont, au mois de 
mai, une séance générale pour régler entre elles les intérêts 
communs. 

Ant. 20. Les budgets des trois classes sont arrêtés par 
une commission administrative de sept membres, composée 
des trois directeurs, du secrétaire perpétuel et d’un membre 
à désigner annuellement dans chaque classe. La répartition 


(24) 


des fonds cst faite d’après les besoins de chacune, par cette 
commission administrative. 

Ant. 21, Les mémoires des trois classes sont publiés dans 
un même volume et ont chacun leur pagination. Il en est 
de même pour la collection des mémoires couronnés et des 
mémoires des savants étrangers, dont l'impression aura été 
ordonnée par chaque classe. Un bulletin paraît mensuelle- 
ment et contient le résumé des travaux des trois classes (1). 

Arr. 22, La bibliothèque , les archives et les collections 
appartiennent en commun aux trois classes, et sont sous 
la surveillance spéciale de la commission désignée à l’ar- 
ticle 20. 

Arr, 23. Les dispositions qui précèdent formant les sta- 
tuts organiques, ne peuvent être changées qu’en séance 
générale, et du consentement de l’Académie, donné par les 
trois quarts des membres présents. Tout changement est 
soumis à l’approbation du Roi, 

Arr. 24. Notre Ministre de l’intérieur est chargé de l’exé- 
cution du présent arrêté. 


Donné à Laeken , le 1er décembre 1845. 


LÉOPOLD, 


PAR LE Ro: 
Le Ministre de l'intérieur, 
SYLVAIN VAN DE WEYER, 
(1) Les membres et les correspondants reçoivent les publications 
de l'Académie ; les associés recevront également les Bulletins et V An- 


Lg . . LA LA] LE d V:4 La 
nuaire, quand ils en auront exprimé le désir et qu'ils auront désigne , 
à Bruxelles, un correspondant chargé de les leur transmettre. 


(25) 


RÈGLEMENT GÉNÉRAL DE L'ACADÉMIE. 


LÉOPOLD, Ror Des BELGES, 


À TOUS PRÉSENTS ET À VENIR, SALUT, 


Revu Notre arrêté de ce jour, portant réorganisation et 
décrétant les statuts organiques de l’Académie royale des 
sciences , des lettres et des beaux-arts de Belgique ; 

Sur le rapport de Notre Ministre de l’intérieur, 

Nous AYONS ARRÊTÉ ET ARRÈTONS ainsi qu’il suit le règlement 
général de l’Académie : 


Composition de l’Académie. 


Arr, 1er, L'Académie est divisée en trois classes : celle 
des sciences, celle des lettres et celle des beaux-arts. 

La classe des sciences est divisée en deux sections, savoir: 
la section des sciences mathématiques et physiques, et la 
section des sciences naturelles, qui se composent de la bo- 
tanique , de la géologie, de la minéralogie et de la zoologie. 

La classe des lettres est également partagée en deux sec- 
tions : celle d’histoire et des lettres, et celle des sciences 
politiques et morales. La première comprend l’histoire na- 
tionale , l’histoire générale, l'archéologie, les langues an- 
ciennes et les littératures française et flamande ; la seconde 
comprend les sciences philosophiques, la législation, la 
statistique et l’économie politique. 


5) 


(26 ) 


La classe des beaux-arts comprend les subdivisions sui- 
vantes : la peinture, la sculpture, la gravure, architecture, 
la musique, les sciences et les lettres dans leurs rapports 
avec les beaux-arts. 

Arr. 2. Les nominations de membres, d’associés ou de 
correspondants, se font, pour chaque classe, une fois par 
an, la veille de la séance publique. 

Arr. 3. Chaque fois qu’il est question d’une élection, la 
mention en est faite spécialement dans la lettre de convo- 
cation, qui indique le jour et l’heure précise à laquelle il y 
sera procédé, ainsi que le nombre des places vacantes. 

Arr. 4. L'élection a lieu à la majorité absolue des voix; 
cependant si, après deux tours de scrutin, aucun des candi- 
dats n’a obtenu la majorité des suffrages, on procède à un 
scrutin de ballottage. 

Arr. 6. Lorsque plusieurs places sont vacantes, on vote 
séparément pour chaque place. 

Arr. 6. Les listes de présentation pour chaque classe 
doivent être doubles et contenir l'examen des titres des 
candidats. 

Toutefois, on peut nommer en dehors de ces listes, 

Ant. 7. Il s’'écoulera une séance au moins entre la pré- 
sentation et la nomination. 

Ant. 8. Le directeur de chaque classe est désigné une 
année avant d’entrer en fonctions, et cette nomination a 
lieu à la première séance de janvier. Pendant cette année, 
il prend le titre de vice-directeur. 

En l’absence du directeur, ses fonctions sont remplies 
par le vice-directeur, 


(27) 


Séances, 


Arr, 9. Des billets de convocation sont adressés aux 
membres de chaque classe, trois jours, au moins, avant 
chaque réunion; ils énoncent les principaux objets qui y 
seront traités. 

Arr. 10. Les associés et les correspondants ont le droit 
d’assister aux séances avec voix consultative , excepté quand 
la classe sera constituée en comité. 

ArT, 11. Chaque classe a une séance publique, à savoir : 


La classe des sciences, au mois de décembre ; 
La classe des lettres, au mois de mai; 
La classe des beaux-arts, au mois de septembre; 


On y distribue les récompenses décernées par la classe, 
et on y fait des lectures et des rapports sur les ouvrages 
couronnés. 

Art. 12. Tous les ans, la veille de la séance publique de 
chaque classe, on proclame les auteurs des mémoires aux- 
quels un des prix aura été adjugé. On détermine ensuite les 
sujets des questions à proposer pour les concours suivants. 

Arr. 13. Le jour des séances , la salle est ouverte depuis 
dix heures. 

ART, 14. La séance commence par la lecture de la corres- 
pondance ; le secrétaire ne peut être interrompu pendant 
cette lecture. 

ART. 15. Les vacances de l’Académie commencent après 
la séance du-mois d’août, et finissent le 20 septembre. 

ART. 16. Des jetons de présence sont distribués aux 
membres de la manière suivante : 

Un jeton aux membres qui habitent Bruxelles ou les en- 
virons; 


( 28 ) 


Deux jetons aux membres qui habitent de deux à dix 
lieues de distance de Bruxelles; 

Trois jetons aux membres qui habitent de dix à quinze 
lieues de distance de Bruxelles; 

Quatre jetons aux membres qui habitent à plus de dix-huit 
lieues de distance de Bruxelles. 


Publications. 


Ant. 17. Les publications de l’Académie sont les sui- 
vantes : 

1° Mémoires des membres, des associés, des correspon- 
dants ; 

Ro Mémoires couronnés et mémoires des savants étran- 
gers; 

3° Bulletins des séances; 

4 Annuaire de l’Académie. 

Art, 18. L'annuaire est publié à la fin de chaque année, 
et il en est de même des mémoires, qui paraissent par vo- 
lume ou par partie de volume. 

Les bulletins sont publiés à la suite de chamne séance et 
au moins huit jours avant la séance suivante. 

ArT. 19. Chaque mémoire, dans les deux premiers re- 
cueils, a sa pagination particulière. 

Les mémoires des associés et des correspondants, dansle 
premier recueil , sont imprimés à la suite de ceux des mem- 
bres, 

Ant, 20. Quand des mémoires composés par des mem- 
bres sont lus à l’Académie, il en est donné une analyse suc- 
cincte dans le bulletin de la séance où la lecture en aura 
été faite. 


(29) 


Les rapports des commissaires sur les mémoires des mem- 
bres ne sont point livrés à la publicité; cependant, s’ils 
présentent, en dehors de lanalyse, des détails qui soient 
de nature à intéresser la science, on peut les insérer par 
extraits. 

Ant. 21. Quand des mémoires composés par des associés 
et des correspondants, ou par des savants étrangers, sont 
lus à l’Académie, on se borne à les annoncer dans le bul- 
letin de la séance où la lecture en aura été faite, 

Les rapports des commissaires, qui devront présenter un 
aperçu de ce que ces mémoires conticnnent de plus remar- 
quable , peuvent être imprimés dans les bulletins. 

Ant. 22. Le secrétaire peut confier aux auteurs les mé- 
moires qui ont été adoptés pour l’impression, afin qu’ils 
y fassent les corrections nécessaires, mais il est tenu de 
les reproduire aux commissaires, si ces mémoires ont été 
modifiés pour le fond, ou si l’on y a fait des intercala- 
tions. 

Quand de pareils changements ont été faits, il faut les 
désigner d’une manière expresse ou donner aux mémoires 
la date de l’époque à laquelle ils ont été modifiés. 

Ant. 23. Dans aucun cas, on ne peut rendre aux auteurs 
les manuscrits des mémoires qui ont concouru. Les change- 
ments qui peuvent être adoptés pour des mémoires de con- 
cours que l’on imprime, sont placés, sous forme de notes 
ou d’additions , à la suite de ces mémoires. 

Ant. 24. Les mémoires des membres dont l'impression 
n’a pas été ordonnée, peuvent être rendus aux auteurs, 
qui, dans tous les cas, peuvent en faire prendre une copie 
à leurs frais. 

Les manuscrits des mémoires de concours, de même que 


( 50 ) 


des mémoires communiqués par des associés, des corres- 
pondants ou des savants étrangers , sur lesquels il a été fait 
des rapports, deviennent la propriété de l’Académie. 

Arr. 25. On présente, dans les bulletins des séances, 
les communications scientifiques et littéraires qui ont été 
faites, et l'annonce des mémoires qui ont été lus. 

Le bulletin ne peut être considéré comme appendice au 
procès-verbal , que pour autant qu’il aura été approuvé. 

Ant. 86. Le secrétaire est autorisé à remettre à un bul- 
letin suivant l’impression des notices illisibles, ou des pièces 
dont la composition ou la lithographie exigeraient un retard 
dans la publication des bulletins. 

Arr. 27. Tout mémoire qui est admis pour l’impression, 
est inséré dans les mémoires de l’Académie, si son étendue 
doit excéder une feuille d'impression, La compagnie se ré- 
serve de décider, à chaque séance, d’après la quantité de 
matériaux qui y sont présentés, si les mémoires qui excè- 
dent une demi-feuille , seront ou ne seront pas insérés dans 
le bulletin. ) 

Anr. 28. Les auteurs des mémoires ou notices insérés 
dans les bulletins de l’Académie, ont droit à recevoir cin- 
quante exemplaires particuliers de leur travail, 

Ce nombre sera de cent pour les écrits imprimés dans le 
recueil des mémoires. 

Les auteurs ont, en outre, la faculté de faire tirer des 
exemplaires en sus de ce nombre, en payant à l’imprimeur 
une indemnité de quatre centimes par feuille (1). 


(1) Quant aux prix des titres extraordinaires, brochures, etc, , le 
tarif suivant a été admis provisoirement : 

Grand titre in-4° (composition) . . . . . . .fr. 6 00 

Titre in-80. » CO D UE 


(51) 


Arr, 29. L'Académie a son lithographe; mais, à condi- 
tions égales , les auteurs ont la faculté d'employer d’autres 
lithographes, dont les talents leur inspireraient plus de con- 
fiance. 

Arr. 30. L'Académie a aussi son imprimeur. L’impri- 
meur et le lithographe ne reçoivent les ouvrages qui leur 
sont confiés que des mains du secrétaire perpétuel, et ils 
ne peuvent imprimer qu’après avoir obtenu de lui un bon à 
tirer, 

Arr. 31, Les épreuves sont adressées directement au 
secrétaire perpétuel, qui les fait remettre aux auteurs. 
C’est aussi par l’entremise du secrétaire que les feuilles 
passent des mains des auteurs dans celles de l’imprimeur. 

Arr. 32. Les frais de remaniements ou de changements 
extraordinaires faits pendant l’impression, sont à la charge 
de celui qui les a occasionnés. 


Concours. 


Ant. 33. Les médailles d’or présentées comme prix des 
concours, sont de la valeur de six cents francs. " 


Impression comme pour les exemplaires d'auteurs, à 4 centi- 
mes la feuille. 


Couverture non imprimée, in-4°, papier de pâte, le cent . fr. 3 00 


» » CE RON RE OR EU ML 

» imprimée, .in-40. . . . ,. +... + + +. 5 00 

» » Ne à 4 2. x Nu oO 0 
Brochure in-40, avec planches, moins de 5 feuilles, le cent, 4 00 
» » » plus de 5 feuilles . ,. . 5 00 

»  in-80, » moins de 5 feuilles . , . 3 50 


» » » plus de 5 feuilles , . . 4 00 


( 32:) 


Ant. 34. Ne sont admis, pour les concours, que des 
ouvrages et des planches manuscrits. 

Arr. 35. Les auteurs des ouvrages envoyés au concours 
ne mettent pas leurs noms à ces ouvrages, mais seulement 
une devise qu’ils répètent dans un billet cacheté, renfer- 
mant leur nom et leur adresse. 

Ceux qui se font connaître de quelque manière que ce 
soit, ainsi que ceux dont les mémoires sont rémis après le 
terme prescrit, sont absolument exclus du concours. 

Ant, 36. Aucun des académiciens ne peut concourir 
pour les prix fondés en faveur de ceux qui, au jugement de 
la compagnie, ont satisfait le mieux aux questions propo- 
sées ; au surplus, aucun des membres ne peut donner des 
instructions à ceux qui concourent pour les mêmes prix. 

Ant. 37. Les mémoires qu’on destine au concours, doi- 
vent être écrits en caractères lisibles, en langue latine, 
française, flamande ou hollandaise et être adressés au secré- 
taire de l’Académie , avant le 1er février. 

Anr. 38. Les académiciens qui ont donné le programme 
des questions proposées pour les prix annuels, sont les pre- 
miers examinateurs des ouvrages qui ont concouru, et ils 
font un rapport détaillé et par écrit, qui est lu dans une 
séance de l’Académie et exposé avec ces ouvrages jusqu’à 
l'assemblée du 7 mai, à l’examen et aux observations de 
tous les membres, afin que les prix soient adjugés en entière 
connaissance de cause , à la pluralité des voix de tous les 
académniciens présents : on peut aussi accorder un accessit 
à un second mémoire , qui, au jugement de la compagnie, 
aura mérité cette distinction ; et si aucun des mémoires 
présentés ne remplit les vues de l’assemblée, le prix peut 
être remis à une autre année, 


(55) 


Finances. 


Anr, 39. Les finances de l’Académie sont gérées par une 
commission administrative , dont les membres sont élus an- 
nuellement à l’époque de la séance générale, 

Art. 40. La commission administrative est chargée de 
régler ce qui concerne les impressions. 

Art. 41. À la fin de l’année, les comptes de chaque 
classe sont vérifiés par une commission spéciale composée 
de cinq membres pris dans la classe. 

AnT. 42, Les commissions spéciales, après avoir arrêté 
les comptes de la commission administrative , font connai- 
tre à chaque classe, dans la séance suivante , l’état des dé- 
penses et des recettes pendant l’année écoulée. 


Bibliothèque. — Archives. 


AnrT. 43. Les ouvrages qui appartiennent à l’Académie 
sont déposés, après inventaire, à la bibliothèque de ce 
corps. 

ART. 44. Les registres, titres et papiers concernant cha- 
que classe de l’Académie demeurent toujours entre les mains 
du secrétaire, à qui ils sont remis, accompagnés d’inven- 
taires, que les directeurs font rédiger et qu’ils signent à la 
fin de chaque année ; au surplus, les directeurs font aussi, 
tous les ans, le récolement des pièces qui sont annotées 
dans cet inventaire, dans lequel ils font insérer, en même 
temps, tout ce qui est présenté durant l’année. 


(54) 
Dispositions particulières. 


Arr. 45, L'Académie examine , lorsque le Gouvernement 
le juge convenable, les projets qui peuvent intéresser les 
sciences, les lettres et les beaux-arts. 

Arr. 46. L'Académie peut nommer, quand elle le juge 
convenable, sous l’approbation du Gouvernement, un ou 
plusieurs de ses membres, pour faire nn voyage scienti- 
fique, littéraire ou artistique, et elle leur donne des in- 
structions sur les objets dont ils auront principalement à 
s’occuper. 

Anr. 47, Toutes les dispositions antérieures, relatives 
aux matières prévues par le présent règlement, sont et de- 
meurent abrogées. 


Dispositions transitoires. 


Arr. 48, La moitié des nominations aux nouvelles places 
créées dans la classe des lettres se fera, conformément aux 
dispositions du présent règlement, immédiatement après 
la promulgation du présent arrêté. L'autre moitié des nomi- 
nations se fera un an après. 

Arr, 49, Les membres étrangers ainsi que les membres 
honoraires actuels restent attachés à l’Académie , en qualité 
d’associés. 

Ant. 50, Les correspondants étrangers actuels prennent 
également le titre d’associés. 

Ant. 51. La première nomination des deux tiers des 
membres dans la classe des beaux-arts est faite par le Roi. 
L'autre tiers sera nommé par la classe elle-même, à savoir : 
pour une moitié immédiatement après la promulgation du 


(35) 


présent arrêté, et pour l’autre moitié à une année d’inter- 
valle. 

Ant. 52. Les classes des sciences et des lettres complè- 
teront le nombre de leurs associés et de leurs correspon- 
dants, sans cependant faire plus de six nominations à la fois, 

ART. 53. La classe des beaux-arts nommera immédiate- 
ment la moitié du nombre de ses associés et de ses corres- 
pondants ; les autres nominations seront faites par dix, et 
à un an d'intervalle, 

Arr. 64, Le secrétaire perpétuel est maintenu dans ses 
fonctions, 

Il continue provisoirement à rester dépositaire des fonds 
de l’Académie et à les administrer, sous la surveillance des 
commissions désignées à l’art, 41. 

AnT. 55. Par dérogation à l’art. 8, chaque classe nom- 
mera à la fois, à la première séance de janvier 1846, son 
directeur et son vice-directeur. 

Arr. 56. Notre Ministre de l’intérieur est chargé de l’exé- 
cution du présent arrêté. 


Donné à Laeken, le 1er décembre 1845. 
| LÉOPOLD. 


PAR LE RO!I : 
Le Ministre de l’intérieur, 


SYLVAIN Van DE WEYER. 


(56) 


ARRÊTÉS ROYAUX 


CONCERNANT 


LES RÈGLEMENTS INTÉRIEURS DES CLASSES DE L'ACADÉMIE, 


—— - — — 
eee 


Règlement intérieur de la Classe des Sciences. 


LÉOPOLD , Roi nes BELGES, 
A TOUS PRÉSENTS ET A VENIR, SALUT : 


Vu le règlement intérieur formé par la classe des sciences 
de l’Académie royale des sciences, des lettres et des beaux- 
arts de Belgique ; 

Vu l’art. 16 de Notre arrêté du 1er décembre 1845, por- 
tant réorganisation de cette compagnie ; 

Sur la proposition de Notre Ministre de l’intérieur, 


Nous AVONS ARRÊTÉ ET ARRÉTONS : 


Ar. 1er, Le règlement susdit est approuvé dans sa teneur 
suivante : 

1. Les deux sections de la classe des sciences, celle des 
sciences mathématiques et celle des sciences naturelles, se 
composent, chacune , d’un même nombre de membres. 

2, En cas de vacance dans une section, un membre de 
l’autre section peut y être admis du consentement de la 
classe, L’Académicien doit en avoir exprimé la demande par 
écrit, avant que la liste de présentation ait été arrêtée pour 
la section où la place est devenue vacante. 

3. Le bureau se compose du directeur, du vice-directeur 
et du secrétaire perpétuel, 

4. La séance, quel que soit le nombre des membres pré- 


(57) 


sents, s'ouvre à l'heure précise, indiquée sur la carte de 
convocation. 

5, En cas d'absence du directeur et du vice-directeur, le 
fauteuil est occupé par le plus ancien membre de la classe, 

Lorsque plusieurs membres ont été élus dans la même 
séance, l’âge détermine leur rang d’ancienneté dans la liste 
des membres. 

6. Le directeur peut admettre à la séance des savants de 
distinction, étrangers au pays. 

1: Le ahebièur donne lecture de l’ordre du j jour , immé- 
diatement après l'adoption du procès-verbal. 

Ne sont admis, pour être lus en séance, que les écrits dont 
la rédaction est entièrement achevée et qui sont irdiqués 
à l’ordre du jour. 

8. Quand un écrit est accompagné de planches, l’auteur 
en prévient le secrétaire perpétuel. L’impression du texte 
et la gravure des planches sont votées séparément. 

En cas de disjonction, l’auteur peut s'opposer à l’impres- 
sion de son travail. 

9. Si une planche doit occasionner des dépenses extraor- 
dinaires, ou si plusieurs planches sont jointes à une notice, 
le vote pour l’impression est différé ; et, à la séance sui- 
vante , le secrétaire présente un devis des frais qui seront 
occasionnés par la gravure ou la lithographie. 

10. Le bureau juge quels sont, parmi les mémoires reçus 
pour A ceux qui doivent être imprimés les pre- 
miers. 

Il a égard: 1° à la date de la présentation du mémoire; 
20 aux frais qui seront occasionnés par la publication ; 3° à 
ce que les différentes branches dont s’occupe la classe, 
soient représentées dans ses publications. 

4 


( 58 ) 


La décision du bureau est rendue exécutoire par la sanc- 
tion de la classe, 

11. Les opinions des commissaires sont signées par eux, 
et restent annexées au mémoire examiné. 

Elles sont communiquées en temps utile au premier com- 
missaire, qui fera fonction de rapporteur. 

12. La classe ne fait pas de rapport sur les ik dé; 
livrés à la publicité. 

Sont exceptés les ouvrages sur lesquels le Gouvernement 
demande l’avis de la classe. | 

13. La classe ne délibère que sur des propositions écrites 
et signées. 

La délibération sur une proposition rite n’a lieu 
que dans la séance qui suit celle de la présentation. 

Toute proposition que la classe n’a pas prise en considéra- 
tion ou qu’elle a écartée après discussion, ne peut être re- 
présentée dans le cours de l’année académique. 

14. La présentation pour les places vacantes est faite par 
la section, | 

La section ne délibère sur l’admission d'aucun candidat, 
s’il n’a été présenté par deux membres au moins. Les pré- 
sentations indiquent les titres des candidats. 

15. La classe met annuellement au concours six questions. 

Chaque section en propose trois. ( | 

16. Quand la classe se constitue en comité secret, elle se 
compose de ses membres seulement. 

Le comité secret est de rigueur : 

1° Pour la présentation et l’élection aux places vacantes; 

20 Pour la discussion des articles réglementaires; 

30 Pour la formation des programmes et le jugement des 
concours, 


(59) 

Sont toutefois admis au comité secret les associés , les 
académiciens des deux autres classes, ainsi que les corres- 
pondants de la classe des sciences, lorsqu'ils ont été désignés 
pour faire partie du jury sur la proposition des commissaires. 

17. Les pièces destinées à être lues en séance publique 
sont préalablement soumises à la classe. 

Art. 2. Notre Ministre de l’intérieur est chargé de l’exé- 
cution du présent arrêté. 


Donné à Bruxelles, 1e 23 janvier 1847. 
LÉOPOLD. 


. PAR LE Roï : 
Le Ministre de l’intérieur , 
. Comte »E THEUx. 


Po 


. Articles additionnels au règlement intérieur de la classe des 
sciences adoptés par arrêté royal du 24 octobre 1849. 


Arr. 1er. L'élection du directeur et celle de membre de 
la commission administrative ont lieu à la majorité ab- 
solue des suffragés. | 

Si, après deux tours de scrutin, personne n’a obtenu la 
majorité, il est procédé à un ballottage entre les membres 
qui ont réuni le plus de voix. M 

En cas de parité de suffrages, après ce dernier scrutin, 
le plus ancien membre est élu. 

ART. 2, Dans les scrutins qui seront ouverts pour l’élec- 
tion des membres de la commission des finances ou de 
toute autre commission que la classe jugera à propos de 
nommer, le membre le plus ancien, en cas d’égalité de 
voix, sera toujours préféré. 


( 40 ) 


Règlement intérieur de la Classe des Lettres. 


LÉOPOLD , Ror pes BELGEs, 
A TOUS PRÉSENTS ET A VENIR, SALUT. 


Vu le règlement intérieur formé par la classe des let- 
tres de l’Académie royale des sciences, des lettres et des 
beaux-arts de Belgique; 

Vu l’art. 16 de Notre arrêté du 1er décembre 1845, por- 
tant réorganisation de cette compagnie ; 

Sur la proposition de Notre Ministre de l’intérieur, 


Nous AVONS ARRÊTÉ ET ARRÈTONS : 


Ant. 1er, Le règlement susdit est approuvé dans sa teneur 
suivante : 

1. La séance commence à l’heure précise, indiquée sur 
la carte de convocation, quel que soit le nombre des mem- 
bres présents. 

2, En cas d'absence du directeur et du vice-directeur, 
le fauteuil est occupé par le plus ancien membre de la 
classe. 

3. Le directeur peut admettre à la séance des savants, 


(41) 


des littérateurs et des personnages de distinction, étrangers 
au pays. 

4, Le directeur donne lecture de l’ordre du jour, immé- 
diatement après l’adoption du procès-verbal, 

Cet ordre du jour, quant aux mémoires et notices, est 
réglé par la date de leur dépôt entre les mains du secré- 
taire. 

Ne sont admis, pour être lus dans la séance, que les mé- 
moires et notices entièrement achevés et indiqués à l’ordre 
du jour, 

5. Quand des planches devront être jointes à un travail, 
l’auteur en préviendra la classe. L’impression de la notice 
et la gravure des planches sont votées séparément. 

6. Siune planche doit donner lieu à des dépenses extraor- 
dinaires ou si plusieurs planches sont jointes à une notice, 
la publication en est différée, et le secrétaire présente à 
la séance suivante un devis des frais qui seront occasionnés 
par la gravure ou la lithographie. 

7. Le bureau juge quels sont, parmi les mémoires reçus 
pour l'impression, ceux qui doivent être publiés les pre- 
miers : il a égard : 10 à la date de la présentation du mé- 
moire; 2° aux frais qui seront nécessités par la publication; 
30 à ce que les différentes matières dont s’occupe la classe 
soient représentées dans ses recueils. 

8. Les mémoires modifiés (art.22 du rèclement) portent, 
avec la date de leur présentation, celle de l’époque où les 
modifications ont été faites. 

9. Les rapports faits à la classe sont signés par leurs au- 
teurs. 

Le rapport de chaque commissaire reste annexé au mé- 
moire exatuiné. 

4. 


(4) 


10. La classe ne délibère que sur des propositions écrites 
et signées. 

La délibération sur une proposition réglementaire n’a 
lieu que dans la séance qui suit celle de la présentation. 

11. La classe, dans ses nominations, veille à ce que les 
différentes matières dont elle s’occupe soient , autant que 
possible , représentées. Ces matières sont : 


1° Histoire et antiquités nationales ; 

20 Histoire générale et archéologie ; 

30 Langues anciennes, littératures française et flamande; 

4 Sciences philosophiques ; 

5o Législation, droit public et jurisprudence ; 

6° Économie politique et statistique. 

12. Les présentations pour les places vacantes, sont faites 
collectivement par un comité de trois personnes nommées 
au scrutin secret dans la séance précédente, comité auquel 
s’adjoint le bureau. 

La classe ne délibère sur l’admission d’aucun candidat, 
à moins que deux membres n’aient demandé par écrit que 
son nom soit porté sur la liste des candidats. 

13. La classe met annuellement au concourssix questions 
sur les matières indiquées à l’art. 11. 

14. Quand la classe se constitue en comité secret, elle 
se compose de ses membres seulement. 

Le comité secret est de rigueur : 


1° Pour la présentation et l’élection aux places vacantes ; 

20 Pour la discussion des articles réglementaires; 

30 Pour la formation des programmes et le jugement des 
concours. 

Sont toutefois admis au comité secret les associés, les 


( 45 ) 


académiciens des deux autres classes, ainsi que les corres- 
pondants, lorsqu’ils ont été désignés pour faire partie du 
jury du concours. 

15. Les pièces destinées à être lues en séance publique, 
sont préalablement soumises à la classe, 

16. La classe ne fait pas de rapport sur les ouvrages déjà 
livrés à la publicité. 

Sont exceptés les ouvrages sur lesquels le Gouvernement 
demande l’avis de la classe, 

17. Lorsque l’Académie aura pris une décision d’après un 
rapport rédigé par un ou plusieurs de ses commissaires, il 
ne sera plus permis de changer la rédaction de ce rapport. 

18. Tous les deux ans, et dans l’ordre déterminé par le 
sort, chacun des membres ou correspondants communi- 
quera à la classe un travail inédit , dont la lecture ne dépas- 
sera pas la durée d’une heure. 

Ces lectures seront réparties entre les séances de manière 
qu’il n’y en ait jamais plus de deux par jour. 

Les lectures obligatoires n’excluent pas les autres lectures. 

Le bureau avertira deux mois à l’avance chaque membre 
ou correspondant de l’époque où il est appelé à communi- 
quer sontravail. 

La convocation fera mention, pour chaque séance, des 
lectures qui seront faites en vertu de la présente disposition, 
du sujet des travaux qui seront lus et du nom des auteurs. 


Article transitoire. 


19. Les dispositions de l’art. 18 ne seront mises à exécu- 
tion qu’à partir du mois de juillet 1847. Toutefois, dans la 
séance qui suivra l'adoption du présent règlement, un 


( 44) 


tirage au sort réglera l’ordre dans lequel les membres et 
cor>espondants devront se succéder. 

Arr. 2, Notre Ministre de l’intérieur est chargé de l’exé- 
cution du présent arrêté, 


Donné à Bruxelles, le 26 janvier 1847. 

LÉOPOLD, 
Par LE Ro! : - 

Le Ministre de l’intérieur, 


Comte pE ThEux. 


Articles additionnels au règlement intérieur de la classe 
des letires adoptés par arrété royal du 25 mars 1819. 


Ar. 1er. L'élection du directeur et celle de membre de 
la commission administrative ont lieu à la majorité ab- 
solue des suffrages. 

Si, après deux tours de scrutin, personne n’a obtenu la 
majorité, il est procédé à un ballottage entre les membres 
qui ont réuni le plus de voix. 

En cas de parité de suffrages , après ce dernier scrutin, 
le plus ancien membre est élu, 

ART. 2. Dans.les scrutins qui seront ouverts pour l’élec- 
tion des membres de la commission des finances ou de 
toute autre commission que la classe jugera à propos de 
nommer, le membre le plus ancien, en cas d’egalité de 
voix , sera toujours préféré. 


(45) 


Règlement intérieur de la Classe des Beaux-Arts. 


LÉOPOLD , Ror nes BELGES, 
A TOUS PRÉSENTS ET A VENIR, SALUT : 


Vu le règlement intérieur formé par la classe des beaux- 
arts de l’Académie royale des sciences, des lettres et des 
beaux-arts de Belgique ; 

Vu l’art. 16 de Notre arrêté du 1er décembre 1845, por- 
tant réorganisation de cette compagnie; 

Sur la proposition de Notre Ministre de l’intérieur, 


Nous AVONS ARRÊTÉ ET ARRÊTONS : 


Ant. 1°. Le règlement susdit est approuvé dans la teneur 
suivan£e : 

1. La séance commence à l’heure précise indiquée sur la 
carte de convocation, quel que soit le nombre des membres 
présents. 

2. La liste de présence est retirée une demi-heure après 
l’ouverture de la séance. Les inscriptions ne sont plus ad- 
mises, sinon pour des motifs valables et soumis à l’appré- 
ciation du bureau. 

3. En cas d'absence du directeur et du vice-directeur, le 
fauteuilest occupé par le plus ancien membre de la classe, 
Quand l’ancienneté est la même, le fauteuil est occupé par 
le plus âgé des membres, 

4. Le directeur fait connaître l’ordre du jour immédiate- 
ment après la lecture du procès-verbal. 


( 46 ) 


5. On n’admet pour la lecture que les noticesentièrement 
achevées et indiquées à l’ordre du jour. 

6. Quand une notice est accompagnée de planches, l’au- 
teur en prévient la classe. L’impression de la notice et la 
gravure des planches sont votées séparément. 

7. Si une planche doit occasionner des dépenses extraor- 
dinaires , ou si plusieurs planches sont jointes à une notice, 
la publication en est différée , et le secrétaire présente à la 
séance suivante un devis des frais qui seront occasionnés 
par la gravure ou la lithographie. 

8. Le bureau juge quels sont, parmi les mémoires reçus 
pour l’impression , ceux qui doivent être publiés les pre- 
miers : ila égard : 

1° À la date de la présentation du travail; 20 aux frais € qui 
seront occasionnés par la publication ; 80 à ce que les diffé- 
rentes branches dont s’occupe la classe soient représentées 
dans ses mémoires. | 

9. Les mémoires modifiés (art. 22 du HtémEnt) portent 
la date de l’é époque où les modifications ont été faites. 

10. Les rapports faits à la classe sont signés par les au- 
teurs. | 

Ils auront dû être communiqués , en temps utile , au rap- 
porteur. HU 

11. La classe ne délibère que sur des propositions écrites 
et signées. 

La délibération sur une proposition réglementaire n’a lieu 
que dans la séance qui suit celle de la présentation. 

12. La présentation pour les places vacantes est faite par 
le bureau, qui s’adjoint la section dans laquelle la place est 
vacante. 

En outre, la classe ne délibère sur l’admission d'aucun 


(47) 


candidat, à moins que deux membres ne l’aient présenté 
officiellement. 

13. La classe des beaux-arts met annuellement au con- 
cours quatre questions, à savoir : 

Une sur la peinture ou sur la gravure en taille-douce ; 

Une sur la sculpture ou sur la gravure en médailles ; 

Une sur l’architecture ; 

Une sur la musique. 

Il est entendu qu’il y a un roulement qui permet de repré- 
senter successivement les différentes parties des beaux-arts 
correspondantes aux quatre divisions précédentes. 

14. Quand la classe se constitue en comité secret, elle se 
compose de ses membres seulement. 

. Le comité secret est de rigueur : 


Lo Pour la présentation et l’élection aux places vacantes; 
20 Pour la discussion des articles réglementaires ; 
30 Pour le jugement des concours. 


Sont toutefois admis au comité secret, les associés, les 
académiciens des deux autres classes, ainsi que les corres- 
pondants de la classe des beaux-arts, lorsqu'ils ont été dé- 
signés pour faire partie du jury. 

15. Les pièces destinées à être lues en séance FAR 
sont préalablement soumises à la classe, 

Arr, 2. Notre Ministre de l’intérieur est chargé de ds 
cution du présent arrêté. 


| Donné à Paris, le 27 octobre 1846. 


LÉOPOLD. 
PAR LE Roï : 


Le Ministre de l’intérieur, 
Comie pe Tneux. 


ne 


( 48 ) 


LOCAL PROVISOIRE DESTINÉ À L'ACADÉMIE, 


ee 


Rapport au Roi. 


SIRE , 


Il manque à l’Académie royale des sciences, des lettres 
et des beaux-arts de Belgique, telle que Votre Majesté vient 
de la réorganiser, un complément indispensable; c'est un 
local digne du premier corps savant du pays. 

Malheureusement , il est impossible au Gouvernement de 
trouver ce local parmi les édifices qui sont à sa disposition, 
et les circonstances ne permettent pas de songer immédia- 
tement à faire la dépense nécessaire à de nouvelles con- 
structions. - 

Cependant, Sire , l’Académie ne peut continuer à siéger 
dans son local actuel, dont l'insuffisance était déjà reconnue 
avant la création de la classe des beaux-arts. Il faudra donc, 
malgré tous les désavantages qui en résultent, recourir en- 
core à des mesures provisoires. 

Par suite d’arrangements récemment pris , les bâtiments 
de PAncienne Cour offrent quelques salles qui peuvent être 
appropriées à l’usage de l’Académie. L’une de ces salles ser- 
vira aux séances publiques. Afin de la rendre plus digne de 
sa destination , le Gouvernement pourra la décorer succes- 
sivement des bustes des fondateurs et protecteurs de l’Aca- 
démie, des Belges illustres, ainsi que des académiciens 
décédés, qui ont doté le pays d’ouvrages importants. Ce 
sera , en même temps , rendre un juste hommage à la mé- 


( 49 ) 


moire de ces académiciens, et cet honneur, accordé au 
mérite, ne pourra que stimuler le zèle des membres actuels 
de l’Académie. 

Guidé par les considérations qui précèdent, j'ai l’hon- 
neur de soumettre à l'approbation de Votre Majesté le projet : 
d'arrêté ci-joint. 


Le Ministre de l’intérieur, 


SYLVAIN VAN DE WEYER. 


Arrêté royal concernant le local destiné à l’Académie. 


es 


LÉOPOLD , Ror es BeLGrs , 


À TOUS PRÉSENTS ET À VENIR, SALUT. 
Sur le rapport de Notre Ministre de l’intérieur, 
Nous AVONS ARRÊTÉ ET ARRÊTONS : 


AnT. 1er, En attendant qu’il puisse être construit un local 
spécial pour l’Académie royale des sciences, des lettres et 
des beaux-arts de Belgique, il lui sera assigné un local pro- 
visoire dans les bâtiments de l’Ancienne Cour. 

D) 


( 30 ) 


Anr. 2. La salle des séances publiques de l’Académie 
sera ornée des bustes des souverains fondateurs et protec- 
teurs de cette institution, de ceux des Belges qui se sont 
illustrés dans la carrière des sciences, des lettres et des 
arts, ainsi que des académiciens décédés, qui ont doté le 
pays d'ouvrages importants. 

Arr. 3. Le Gouvernement fera exécuter, à ses frais, un 
ou deux bustes par an. 

Arr. 4. Notre Ministre de l’intérieur est chargé de l’exé- 
cution du présent arrêté. 


Donné à Laeken, le 1° décembre 1845. 
LÉOPOLD. 


Par LE RoOI: 
Le Ministre de l’intérieur, 


SYLVAIN VAN DE WEYER. 


TRAVAUX SPÉCIAUX DE L'ACADÉMIE. =—— ADJONCTION 
DE SAVANTS ET DE LITTÉRATEURS. 


Rapport au Roi. 
SIRE , 


Votre Majesté vient de réorganiser l’Académie des scien- 
ces, des lettres et des beaux-arts de Belgique, et Elle a 
déterminé quelles seraient ses publications, 


(51) 


Ces publications comprennent les mémoires des mem- 
bres , des associés, des correspondants; les mémoires cou- 
ronnés et ceux des savants étrangers. 

Ce cadre , Sire, est assez vaste, et, à en juger par le passé, 
l’Académie continuera à fournir dignement son contingent 
à notre édifice littéraire et scientifique. 

Mais indépendamment de ces travaux, il en est d’autres, 
d’une haute importance , qui exigent le concours et les lu- 
mières d’un grand nombre de personnes, Tels seraient : 

Une biographie nationale; 

Une collection des grands écrivains du pays, avec tra- 
ductions, notices, etc. ; 

Enfin, la publication des anciens monuments de la litté- 
rature flamande. 

J’ai l'honneur de proposer à Votre Majesté de confier ces 
travaux à l’Académie, qui sera autorisée à s’adjoindre des 
savants et des littérateurs pris en dehors de son sein. Flattée 
de ce nouveau témoignage de la confiance du Gouvernement 
de Votre Majesté en ses lumières et en son zèle, elle y ré- 
pondra dignement, et elle acquerra des nouveaux droits à la 
reconnaissance du pays , à l'estime du monde savant. 


Le Ministre de l’intérieur, 


SYLVAIN VAN DE WEYER, 


(52) 


Arrêté royal concernant les travaux spéciaux 
de l’Académie. 


LÉOPOLD , Ror pes Beuces, 
À TOUS PRÉSENTS ET À VENIR, SALUT. 
Sur le rapport de Notre Ministre de l’intérieur , 
Nous AVONS ARRÊTÉ ET ARRÊTONS : 


Ant. 1er. L'Académie royale des sciences, des lettres et 
des beaux-arts de Belgique sera successivement chargée 
des travaux suivants : 

1° D’une biographie nationale; 

20 D’une collection des grands écrivains du pays, avec 
traductions, notices, etc. ; 

30 De la publication des anciens monuments de la litté- 
rature flamande. 

AnT. 2. L'Académie soumettra à la sanction du Gouver- 
nement les mesures d'exécution de cestravaux., 

Arr. 3. Notre Ministre de l’intérieur est chargé de l’exé- 
cution du présent arrêté. 

Donné à Laeken , le 1er décembre 1845. 


LÉOPOLD. 


PAR LE Roïr : 
Le Ministre de l’intérieur, 


SyLvaIN VAN DE WEYER. 


( 55 ) 


PRIX QUINQUENNAL EN FAVEUR DU MEILLEUR OUVRAGE 
SUR L'IHISTOIRE DU PAYS. 


Rapport au Roi. 


SIRE, 


Les études historiques sont cultivées en Belgique avec 
une espèce de prédilection. Il est permis de croire que l’ac- 
tion du Gouvernement n’est pas restée étrangère à ce fait 
et qu’il ya, au contraire, puissamment contribué. Ainsi la 
recherche et la publication des chroniques belges inédites, 
les soins donnés à la mise en ordre des dépôts des archives 
nationales, la publication des inventaires des archives, la 
création de la bibliothèque royale, les encouragements 
accordés aux bibliothèques communales et aux sociétés lit- 
téraires ou savantes locales , toutes ces mesures ont incon- 
testab'ement servi à répandre et à faciliter la connaissance 
des sources historiques. 

Naguère Votre Majesté a donné une preuve de sa sollici- 
tude pour les travaux historiques, en instituant un prix 
spécial de trois mille francs en faveur de l’auteur de la 
meilleure histoire du règne des archiducs Albert et Isabelle. 

J'ai l'honneur, Sire, de proposer à Votre Majesté une 
nouvelle mesure qui, j’ose le croire, sera accucillie avec 
faveur par le public savant: c’est l'institution d’un prix 
quinquennal en faveur du meilleur ouvrage sur l’histoire du 
pays, qui sera publié durant chaque période de cinq années. 

L'expérience prouve, Sire, qu'on obtient souvent, en 
laissant à chacun sa liberté d'action, des résultats plus sa- 

d. 


(54) 


tisfaisants qu’en traçant d’avance le cadre d’un travail, Ici, 
aucun point historique n’est désigné de préférence à un 
autre. Tout savant traitera le sujet vers lequel il se sentira 
attiré. Tel cherchera à éclaircir les points encore obscurs 
de la constitution primitive de notre nationalité ; tel racon- 
tera nos luttes et nos dissensions au moyen âge; tel autre 
enfin rapportera les événements qui, pour être-plus récents, 
ne sont cependant qu’imparfaitement connus. L’érudition, 
la critique, le style, trouveront à la fois l’occasion de se 
produire et d’être appréciés. : 

Déjà plus d’une fois, Sire, l’idée de cette mesure a été 
suggérée. La meilleure occasion de la réaliser me semble 
être la réorganisation de l’Académie. C’est donc avec con- 
fiance que je soumets à Votre Majesté le projet d'arrêté ci- 
joint. ; 

Le Ministre de l’intérieur, 
SYLVAIN VAN DE WEYER. 


Arrêté royal instituant un priæ quinquennal d’histoire. 


LEOPOLD, Ror pes BeLGrs, 
A TOUS PRÉSENTS ET A VENIR, SALUT. 


Voulant donner un nouveau témoignage de Notre haute 
sollicitude pour les travaux relatifs à l’histoire de la Belgi- 
que, et exciter, en même temps, le zèle et l’émulation des 
savants qui se livrent à ces travaux ; 


( 55) 


Sur le rapport de Notre Ministre de l’intérieur, 


Nous AVONS ARRÊTÉ ET ARRÊTONS : 


Arr. 1er, Il est institué un prix quinquennal de cinq 
mille francs, en faveur du meilleur ouvrage sur l’histoire 
du pays qui aura été publié par un auteur belge, durant 
chaque période de cinq ans. i 

Art. 2. Il sera affecté, pour la formation de ce prix, un 
subside annuel de mille francs sur les fonds alloués au bud- 
get en faveur des lettres et des sciences. 

Arr. 3. La classe des lettres de l’Académie royale des 
sciences , des lettres et des beaux-arts de Belgique, sou- 
mettra à la sanction du Gouvernement un projet de règle- 
ment, qui déterminera les conditions auxquelles le prix 
sera décerné, et le mode qui sera observé pour le jugement 
des ouvrages. 

Arr. 4. Notre Ministre de l’intérieur est chargé de l’exé- 
cution du présent arrêté. 


Donné à Laeken, le 1er décembre 1845. 
LÉOPOLD. 
PAR LE ROI; 
Le Ministre de l’intérieur, 


SYLVAIN VAN DE WEYER. 


( 56 ) 


Règlement pour le prix quinquennal d’histoire. 


LEOPOLD, Ro pes BELGEs, 
À TOUS PRÉSENTS ET A VENIR, SALUT. 


Vu les articles 1 et 3 de Notre arrêté du 1er décembre 
1845, concernant l’Académie royale des sciences, des let- 
tres et des beaux-arts de Belgique, articles dont la teneur 
suit : 


« Ar, 1er, Il est institué un prix quinquennal de cinq 
mille francs, en faveur du meilleur ouvrage sur l’histoire 
du pays qui aura été publié par un auteur belge, durant la 
période de cinq ans. » 

« Arr. 3. La classe des lettres de l’Académie soumettra 
à la sanction du Gouvernement un projet de règlement qui 
déterminera les conditions auxquelles le prix sera décerné 
et le mode qui sera observé pour le jugement des ouvrages. » 


Vu le projet de règlement présenté par la classe des 
lettres de l’Académie, conformément à l’art. 8 ci-dessus 
rapporté; 

Sur la proposition de Notre Ministre de l’intérieur, 


Nous AVONS ARRÊTÉ ET ARRÊTONS : 


Anr, Ier, Est approuvé, tel qu’il suit, le projet de règle- 
ment concernant le prix quinquennal d'histoire, institué 
par Notre arrêté du 1er décembre 1845 : 


(57) 


« Arr. 1er. La première période de cinq années prend 
cours du 1er janvier 1846 , pour finir au 31 décembre 1860, 

» Arr. 2. Tout ouvrage sur l’histoire nationale écrit en 
français, en flamand ou en latin, et publié en Belgique, 
sera admis au concours, s’il est entièrement achevé et si 
l’auteur est belge de naissance ou naturalisé, 

» ART, 3. Les ouvrages dont il n’aurait été publié qu’une 
partie, antérieurement au 1er janvier 1846, seront admis 
au concours après leur achèvement. 

» ART. 4. L'édition nouvelle d’un ouvrage ne donnera 
pas lieu à l’admission de celui-ci, à moins qu’il n’ait subi 
des changements ou des augmentations considérables. 

» Arr. 5. Le jugement est attribué à un jury de sept 
membres, nommé par le Roi, sur la proposition de la classe 
des lettres. 

» Cette nomination aura lieu au moins un mois avant 
l’expiration de chaque période quinquennale. | 

» Ant. 6. Les ouvrages des membres du jury ne peuvent 
faire l’objet de son examen. 

» Ant. 7. Le jugement du jury sera proclamé dans la 
séance publique de la classe des lettres qui suivra la pé- 
riode quinquennale. » 

ART. Ile. Notre Ministre de l’intérieur est chargé de l’exé- 
cution du présent arrêté. 


Donné à Bruxelles, le 26 décembre 1848, 


LÉOPOLD. 
Par LE Roi: 


Le Ministre de l’intérieur, 
Cu. RoGter. 


( 58 ) ; 


COMMISSION ROYALE D'HISTOIRE. 


f 


Rapport au Roi sur la création de la Commission. 
SIRE , 


L'histoire de la Belgique, comme celle de la plupart des 
nations de l’Europe, n’est encore qu’imparfaitement con- 
nue, malgré les travaux recommandables de plusieurs écri- 
vains distingués. | 

Ce qui a manqué à ces écrivains, c’est moins le talent, il 
est juste de lereconnaître, que les matériaux qu’ils auraient 
pu mettre en œuvre avec succès, et qui étaient restés en- 
fouis dans la poussière des archives et des bibliothèques. 

Cependant, depuis que la Belgique, après tant de vicis- 
situdes, a recouvré une existence indépendante, la connais- 
sance de tous les faits qui se rattachent à son histoire a 
acquis un degré d'importance qu’elle n’eut à aucune autre 
époque; aussi les esprits se sont-ils reportés, avec une 
activité remarquable, vers les traditions du passé, et 
l'étude de nos fastes civiques a pris un essor qui s’est ma- 
nifesté par des indices non équivoques. 

Il appartenait au Gouvernement auquel le vœu national 
a confié les destinées du pays, de seconder de tout son pou 
voir une tendance non moins favorable au développement 
du patriotisme qu’au progrès des lettres. 

Dans un rapport que j'ai soumis récemment à Votre 
Majesté, jai retracé ce qui, dès le principe de notre régé- 
nération politique, et malgré les embarras de tout genre 
qui préoccupaient l’administration, a été fait pour la mise 
en ordre de nos dépôts d’archives ; j'ai proposé à Votre 


(59) 


Majesté, comme l’une des mesures les plus propres à en- 
courager les investigations sur l’histoire nationale, la pu- 
blication des catalogues de ces dépôts, Votre Majesté a 
donné son assentiment à cette mesure. 

Là ne s’est pas bornée la sollicitude du Gouvernement. 

Par une disposition qui date de l’année 1832, la mise en 
lumière des documents intéressants pour l’histoire géné- 
rale de la Belgique, que renferment non pas seulement les 
Archives de l’État, mais tousles dépôts de titres du pays, 
a été ordonnée : cette publication, confiée aux soins de 
l’archiviste général du royaume, se poursuit avec activité, 
Déjà deux volumes de documents ont paru ; le troisième 
sera imprimé dans le courant de cette année. 

Mais il est une autre source précieuse pour l’histoire et 
à laquelle jusqu’ici il a été trop peu puisé : je veux parler 
des chroniques, des mémoires, des relations de tel ou tel 
événement , rédigés par des contemporains. 

La Belgique était autrefois très-riche en monuments de 
ce genre : on y comptait peu d’abbayes et de chapitres dans 
lesquels il ne s’en conservât; les archives des corps admi- 
nistratifs et judiciaires en recélaient aussi, quoiqu’en 
moins grand nombre. 

Les événements qui marquèrent la fin du dernier siècle, 
ont malheureusement occasionné la perte de beaucoup de 
nos chroniques, comme d’une quantité considérable de 
nos chartes : les unes ont été détruites, d’autres sont pas- 
sées à l’étranger ; toutefois il nous en est resté qui méritent 
l’attention des savants : telle est la chronique de Van der 
Heyden, dit a Thymo, pensionnaire ou secrétaire de la 
ville de Bruxelles pendant près d’un demi-siècle , et de plus 
chanoine et trésorier de Sainte-Gudule, mort en 1473; on 


( 60 ) 


crut longtemps qu’elle avait été la proie des flammes lors 
du bombardement de Bruxelles en 1695. Tels sont encore 
la chronique d’Edmont De Dynter, qui fut successivement 
secrétaire des ducs de Brabant Antoine Ier, Jean LIT, Phi- 
lippe Ier et Philippe IT; les chroniques flamandes rimées 
de Jean Van Heelu et de De Klerk, les voyages de Phi- 
lippe-le-Bcau et de Charles-Quint, et d’autres ouvrages sans 
doute qui ne sont pas connus. 

Je viens proposer à Votre Majesté la publication de ces 
chroniques. 

Bien des fois déjà , Sire, la même entreprise a été tentée, 
sans avoir eu jamais un résultat satisfaisant, 

Dans le XVIe et le XVIEe siècle, des savants isolés en 
conçurent le projet; mais leurs plans reçurent à peine un 
commencement d'exécution. 

Sous le règne de l’impératrice Marie-Thérèse, ce fut 
le Gouvernement lui-même qui le forma : le comte De Co- 
benzl fit faire beaucoup de recherches et d’écrits dans ce 
but ; il s’assura de la coopération d'hommes distingués par 
leurs connaissances dans l’histoire du pays, le comte De 
Neny, chef et président du conseil privé, l’abbé Paquot, 
historiographe de limpératrice, l’abbé Nelis, bibliothé- 
caire de l’université de Louvain, MM. Van Heurck et Ver- 
dussen. Différentes circonstances, mais principalement la 
mort du comte De Cobenzl, arrivée en 1770, rendirent 
infructueux tous les travaux préparatoires qui avaient été 
faits pour la publication du recueil dont le plan avait été 
adopté par lui, 

Plus tard, l’Académie impériale et royale des sciences 
et belles-lettres de Bruxelles créa dans son sein un comité 
qu’elle chargea de la mise au jour des chroniques, mémoi- 


(61) 


res et autres monuments propres à servir de matériaux à 
une histoire générale de la Beloique. Cette création sem- 
blait promettre de grands résultats; mais, soit défaut de 
zèle ou de loisir de la part des membres du comité, soit 
manque de fonds nécessaires, tout ce qui en sortit se 
réduisit à Pédition, par le marquis Du Chasteler, de la 
chronique de Gilbert, chancelier des comtes de Hainaut 
sur la fin du XITcet au commencement du XIIIe siècle. 

L’œuvre pour l’accomplissement de laquelle l’Académie 
et le Gouvernement lui-même s’étaient en quelque sorte 
montrés impuissants, M. De Nelis, devenu évêque d’Anvers, 
crut pouvoir l’entreprendre, aidé de ses seules forces, 11 
s'était livré à des recherches étendues sur l’histoire de la 
Belgique ; il avait eu accès aux bibliothèques et aux char- 
triers qui contenaient le plus de richesses : il annonça, en 
1783 , le dessein de publier, en trente à trente-cinq vo- 
lumes in-40, une collection d’historiens des Pays-Bas, 

Cette entreprise, ainsi que toutes celles dont le projet 
avait été précédemment conçu , n’eut point de suite. Il faut 
d'autant plus le regretter que, dans son Prodromus rerum 
Belgicarum , le seul monument que nous possédions de 
ses longs et importants travaux, le savant évêque d'Anvers 
a prouvé qu’il eût été capable de s'acquitter de la tâche 
difficile qu’il s’était imposée. 

Dans les dernières années de notre communauté poli- 
tique avec la Hollande, le Gouvernement avait résolu de 
faire publier, aux frais de l’État, les chroniques belges 
inédites , et il avait institué une commission à cet effet (1). 


(1) Un arrêté royal du 23 décembre 1826 nomme membres de celte 
commission : MM. De Reiffenberg, Willems, Van de Weyer, Raoul et 
Bernhardi. 


6 


(62) 


Au mois de septembre 1830, la commission dont je viens. 
de parler n'avait encore livré au public aucun des ouvrages 
qu'elle avait annoncé l’intention d'éditer ; seulement deux 
de ces ouvrages se trouvaient entre les mains de l’impri- 
meur : le premier volume de la chronique d’a Thymo et 
quelques feuilles de la chronique flamande de Jean Van 
Heelu venaient de sortir de la presse (1), 

Je viens de proposer à Votre Majesté de reprendre une 
œuvre nationale, aussi souvent abandonnée ou interrompue 
qu’entreprise. Je ne m’arrêterai pas à démontrer que c’est 
sous les auspices des Gouvernements seuls, que de pareilles 
entreprises peuvent aujourd’hui être exécutées; seuls ils 
possèdent les ressources de tout genre qu’elles exigent : 
d’une part, en effet, les dépenses qu’elles entraînent ne 
sauraient être bien onéreuses pour eux, et, de l’autre, ils 
sont dépositaires des matériaux les plus importants qui 
doivent y être employés. Des individus isolés, quels que 
fussent leurs efforts, n’obtiendraient que des résultats 
partiels et nécessairement bornés. 

Le projet d’arrêté ci-joint a été basé sur cette donnée. 

L'article premier institue une Commission pour la recher- 
che et la mise en lumière des chroniques belges inédites, 

Il est évident qu’un aussi grand travail réclame le con- 
cours d’un certain nombre de coopérateurs. Les hommes 
que je désigne au choix de Votre Majesté se recomman- 
dent à cette distinction par leurs connaissances et par leurs 
travaux sur l’histoire nationale. 

L’art. 2 porte que la Commission, aussitôt après qu’elle aura 
été installée, s’occupera de rédiger un plan pour ses travaux. 


(1) 11 faut y ajouter l'Histoire de la Toison d’or 


(65) 


Je pense, Sire , qu’à cet égard une grande latitude doit 
être laissée à la Commission. 

Par l’art. 3 du projet d'arrêté, une somme annuelle de cinq 
mille francs, à prélever sur le crédit alloué au budget du 
département de l’intérieur pour l’encouragement des scien- 
ces et des lettres, est mise à la disposition de la Commis- 
sion, jusqu’à ce qu’elle ait rempli la tâche qui luiest confiée, 

Il m'a paru de toute nécessité, pour assurer aux tra- 
vaux de la Commission une marche régulière, de lui al- 
louer un subside fixe et sur lequel elle puisse compter ; 
elle fera ses arrangements en conséquence. Il arrivera que, 
une année, les 5,000 francs ne seront pas dépensés ; une 
autre année , ils auront été insuffisants : le déficit de Pune 
* sera couvert par l’excédant de l’autre. 

Au surplus, la Commission est tenue, d’après le même 
article , de rendre compte, chaque année , au département 
de l’intérieur , de l’emploi des fonds affectés à ses travaux. 

La somme annuelle de 5,000 francs est destinée à faire face 
aux frais de copie , aux frais de déplacement des membres 
de la Commission et aux frais d'impression que ne couvrira 
pas la vente des ouvrages. 

Dans l’art. 4 et dernier, le Gouvernement fait espérer 
aux membres de la Commission les distinctions ou les ré- 
compenses que leurs travaux auront pu mériter : c’est un 
encouragement dont Votre Majesté reconnaîtra l’opportu- 
nité autant que la justice. 

Jose me flatter , Sire, que l’ensemble de ces dispositions 
répondra aux vues libérales de Votre Majesté, et je les 
soumets avec confiance à son approbation. 

| Le Ministre de l’Intérieur , 
Cu. ROGIER. 


( 64 ) 


Arrêté royal organique de la Commission royale d’histoire. 


LÉOPOLD , Ror nes BELGES , 


À TOUS PRÉSENTS ET À VENIR, SALUT. 


Considérant que tous les travaux qui ont pour objet de 
répandre des lumières sur l’histoire de la Belgique , mé- 
ritent Notre sollicitude ; 

Qu'ils doivent contribuer à la fois au développement du 
patriotisme et aux progrès des lettres ; 

Que, déjà, müû par ce motif, Nous avons ordonné la pu- 
blication des catalogues des Archives de l’État et celles des 
documents intéressants pour l’histoire générale du royau- 
me, qui existent tant dans ces Archives que dans les autres 
dépôts de titres du pays ; 

Considérant que la mise au jour des chroniques belges 
inédites doit concourir puissamment au même but ; 

Sur le rapport de Notre Ministre de l’intérieur, 


Nous AVONS ARRÊTÉ ET ARRÊTONS : 


Ant. 1%. Une Commission est instituée à l’effet de re- 
chercher et mettre au jour les chroniques belges inédites. 

Cette Commission est composée de : 

MM. De Gerlache, premier président de la Cour de cas- 
sation, membre de l’Académie royale des sciences et belles- 
lettres de Bruxelles ; 

L'abbé De Ram, archiviste de l’archevéché et professeur 
au séminaire archiépiscopal de Malines ; 

Le baron de Reïffenberg , professeur à l’université de 
Louvain, membre de l’Académie de Bruxelles ; 


( 65 ) 


Dewez, inspecteur des athénées et colléces, secrétaire 
perpétuel de l’Académie de Bruxelles; 

Gachard, archiviste général du royaume; 

Warnkœnig , professeur à l’université de Gand ; 

Et J.-F. Willems, receveur à Eecloo, 

Arr. 2. La Commission sera installée par Notre Ministre 
de Pintérieur. 

Elle s’occupera, dans ses premières séances, de la rédac- 
tion d’un plan pour ses travaux, qu’elle soumettra à l’ap- 
probation de Notre dit Ministre. 

AnT. 3. Il sera mis à la disposition de la Commission, 
jusqu’à l’entier accomplissement de la tâche qui lui est 
confiée , une somme annuelle de cinq mille francs, destinée 
à couvrir {es frais de toute nature qu’elle aura à supporter. 

Cette somme sera prélevée sur le crédit alloué au bud- 
get du département de l’intérieur, pour l’encouragement 
des sciences et des lettres. 

La Commission rendra compte de son emploi, chaque 
année , à Notre Ministre de l’intérieur. 

Art. 4. Nous nous réservons d'accorder aux membres de 
la Commission telles distinctions et récompenses dont Nous 
les aurons jugés dignes. 

Ant. 6. Notre Ministre de l’intérieur est chargé de l’exé- 
cution du présent arrêté, qui sera inséré au Zulletin 
Officiel. 

Donné à Bruxelles, le 22 juillet 1834. 

LEOPOLD. 
Par le Roi : 
Le Ministre de l’intérieur, 


Cn, Rocier. 
PT ST 


en) 


(66) 


Règlement intérieur de la Commission royale d’histoire (1). 


LE MINISTRE DE L'INTÉRIEUR , 


Vu l'arrêté royal du 22 juillet 1834, organique de la 
Commission royale d’histoire; 
Vu les propositions de ladite Commission ; 


ARRÊTE : 


Arr, 1er, La Commission, composée de sept membres, 
nommés par le Roi, choisit dans son sein un président, un 
secrétaire et un trésorier. 

AT. 2. Les membres de la Commission s’assemblent ré- 
gulièrement à Bruxelles quatre fois l’an, dans les mois de 
janvier , avril, juillet et octobre, pour délibérer sur les 
matières soumises à leur examen, se concerter sur les pu- 
blications qui font l’objet de leurs travaux d’après le plan 
approuvé par le Ministre de l’intérieur, conformément à 
l'art. 2 de l’arrêté royal du 22 juillet 1834, et s’aider mu- 
tuellement de leurs lumières et de leurs connaissances. 

La Commission s’assemble extraordinairement, lorsque 
le président le juge convenable, | 

ART. 3. Le président met les matières en délibération, 
recueille les voix, et conclut au nom de la Commission. 

En cas d’absence , il est remplacé par le doyen d'âge, 

ArT. 4. Il est publié un compte-rendu ou bulletin des 


(1) Voyez, page 70, les modifications apportées à ce règlement et à 


l'arrêté royal qui le précède. 


(67) 


séances de la Commission , dans lequel sont rapportés les 
sujets dont elle s’est occupée, et les communications 
qu’elle a reçues, en tant que celles-ci concernent l’histoire 
de la Belgique. 

Aucune communication ne peut toutefois y être insérée, 
qu’après résolution prise par la Commission. 

Le secrétaire est invité à continuer de placer , à la suite 
du compte-rendu, un bulletin bibliographique, où seront 
mentionnées les publications relatives à l’histoire de la Bel- 
gique, faites dans le royaume et à l'étranger, mais sans y 
exprimer d'opinion sur le mérite de ces ouvrages. 

ART. 5. La Commission étant instituée uniquement à 
l’effet de rechercher et de mettre au jour les chroniques 
belges inédites, les membres éditeurs s’abstiennent d’in- 
troduire dans les publications qui leur sont confiées des 
matières étrangères au contenu du texte principal de l’ou- 
vrage. 

AnT. 6. Les règles de publication arrêtées dans les séances 
de la Commission du 4 et du 16 août 1834, et imprimées 
dans le recueil de ses bulletins, vol. Ier, pp. 4, 5 et 6, 
seront strictement observées. Chaque volume à publier ne 
dépassera pas 100 feuilles in-4o. 

Ant. 7. Aucune publication comprise dans le plan ap- 
prouvé par le Ministre de l’intérieur, ne sera autorisée 
qu'après que le membre qui désirera en être chargé aura 
fait connaître, dans un rapport à la Commission, le plan qu’il 
se propose de suivre, ainsi que la nature et l’importance 
des documents qu'il croit devoir ajouter au texte princi- 
pal. L’impression conimencera quand la copie d’un tiers 
de volume, au moins, pourra être livrée à imprimeur. 

AnT. 8. Les cartes et planches reconnues nécessaires, 


{ 68 ) 


pour être jointes au texte des chroniques, ou de leurs 
appendices, ne seront confectionnées que lorsque la Com- 
mission en aura autorisé la dépense, sur évaluation ap- 
proximative. 

Agr. 9. Tous les mois, l’imprimeur adressera à chaque 
membre de la Commission, une bonne feuille de tout ce 
qu’il aura imprimé du texte des volumes de la collec- 
tion. 

ArT. 10. Chaque membre reçoit un exemplaire sur grand 
papier et un exemplaire sur papier ordinaire , des volumes 
de la collection, ainsi que six exemplaires du Bulletin. Il 
a droit, en outre, à vingt-cinq exemplaires dits d'auteur 
de chacun des ouvrages qu’il est chargé de publier (1). 

Arr. 11. La distribution et la mise en vente des volumes 
ne peuvent avoir lieu, en Belgique, que dix jours après leur 
présentation au Roi, leur remise aux membres de la Com- 
mission et leur envoi dans les pays étrangers. 

Arr, 12. Les employés attachés à la Commission, adres- 
sent au président, avant chaque assemblée trimestrielle, 
un rapport sur leurs travaux pendant le trimestre quia 
précédé. 

La Commission elle-même adresse au Ministre de l’inté- 
rieur , à la fin de chaque année, un rapport général sur ses 
travaux. 

Arr. 13. La Commission s’abstient de porter un juge- 
ment sur les ouvrages imprimés d'auteurs vivants, quand 
ces ouvrages n’ont pas de rapport direct avec ses travaux. 


(1) Deux lettres du Ministre de l'intérieur, datées du 12 août et 
du 21 octobre 1847, 5° division, n° 2878, statuent que tous les 
membres de l'Académie scront gratifiés également des publications 


de la commission. 


(69 ) 


Ant, 14. Les résolutions et les pièces expédiées par la 
Commission ou en son nom, sont signées par le président 
et par le secrétaire. 

Art. 15. Le secrétaire est dépositaire des papiers et 
documents appartenant à la commission. Il en tient inven- 
taire. 

Arr, 16. Les comptes sont vérifiés par le trésorier et visés 
par le président et par le secrétaire. 

Ils sont transmis ensuite au Ministre de l’intérieur, qui 
en soigne la liquidation. 

Cependant une somme à déterminer par le Ministre de 
l’intérieur pourra être mise annuellement à la disposition 
de la Commission pour faire face aux dépenses urgentes, 

Il sera rendu un compte régulier de lPemploi de cette 
somme. 

Art. 17. À l’avenir les ouvrages dont il sera fait hom- 
mage à la Commission, seront déposés à la Bibliothèque de 
l'Académie, à l’exception de ceux dont le commencement 
a été envoyé à la Bibliothèque royale, qui continuera à en 
recevoir la suite. Les titres de ces ouvrages et les noms 
des donateurs , seront insérés au Bulletin (1). 

Arr. 18. Pour les cas d'urgence et de moindre impor- 
tance, ainsi que pour les travaux relatifs à la confection 
de la table chronologique des chartes imprimées, concer- 
nant l’histoire de la Belgique, les membres de la Commis- 
sion domiciliés à Bruxelles , réunis à ceux qui s’y trouve- 
raient temporairement , sont autorisés à prendre telles 
résolutions qu’ils jugeront convenir. 


(1) Cet article a été adopté par l'arrêté royal du 8 juin 1847, qui 
modifie la réduction primitive. 


(70 ) 


Il sera rendu compte à la Commission, dans son assem- 
blée ordinaire suivante, de ce qui aura été fait en consé- 
quence de la présente autorisation (1). 


Bruxelles le 29 mars 1845. 
NOTHOMB. 


Rapport au Roi sur l’adjonction de la Commission royale 
d'histoire à l’Académie. 


SIRE, 


Par arrêté du 22 juillet 1834, Votre Majesté a créé une 
Commission, à l’effet de rechercher et de mettre au jour les 
chroniques belges inédites. 

La Commission a dignement répondu au but de son insti- 
tution. Elle a publié jusqu’aujourd’hui huit volumes de chro- 
niques et dix volumes de bulletins de ses séances. 

Ces travaux, Sire, ont obtenu les suffrages du monde lit- 
téraire. Mais, jusqu’à présent, ils avaient été exécutés en 


(1) Par sa lettre en date du 20 novembre 1846, M. le Ministre de 
l’intérieur a fait connaître que la correspondance officielle de la 
Commission royale d'histoire doit se faire par le Secrétaire perpé- 
tuel de l’Académie, conformément à l’art. 1er de l'arrêté royal du 
1er décembre 1845. Le secrétaire de la Commission royale d'histoire 
reste chargé de la correspondance particulière entre les membres. 


(T1) 


dehors de PAcadémie, quoique, par leur nature, ils parais- 
sent appartenir à ce corps savant. En conséquence , il m'a 
semblé qu’il serait convenable de les faire rentrer dans le 
cercle de ses travaux. 

Cette mesure est d'autant plus opportune, que Votre 
Majesté a assigné à chacune des trois classes de l’Académie, 
un cercle de travaux bien distincts, Au premier rang de 
ceux quisont confiés à la classe des lettres , se trouve l’his- 
toire nationale. Dès lors, Sire, il paraît juste de lui donner 
aussi dorénavant la direction des recherches et des publi- 
cations de la Commission d'histoire. 

Il est, du reste, à remarquer que tous les membres de 
celle-ci font déjà partie de l’Académie, et rien ne sera 
changé à la constitution actuelle de la Commission d’his- 
toire, si ce n’est que ses travaux auront, dans le patronage 
de l’Académie, une garantie de plus aux ÿeux du monde 
savant. 

C’est pour ces motifs, Sire, que j’ai l'honneur de soumet- 
tre à Votre Majesté le projet d’arrèté ci-joint, 


Le Ministre de l’intérieur, 


SYLVAIN VAN DE WEYER. 


(72) 


Arréié royal qui fait rentrer la Commission royale d'histoire 
dans le sein de l’ Academic. 


LÉOPOLD , Ror nes BeLGrs, 
A TOUS PRÉSENTS ET A VENIR; SALUT. 


Vu Notre arrêté de ce jour, portant réorganisation de 
l’Académie royale des sciences, des lettres et des beaux- 
arts de Belgique ; 

Revu Notre arrêté du 22 juillet 1834, instituant une 
Commission à l’effet de rechercher et mettre au jour les 
chroniques belges inédites ; 

Sur le rapport de Notre Ministre de l’intérieur; 


Nous AVONS ARRÈTÉ ET ARRÈTONS : 


Anr, 1er, La Commission prérappelée, dans sa formation 
actuelle et avec son budget spécial, est maintenue. 

Elle rentre dans le sein de l’Académie, et sa correspon- 
dance est soumise aux dispositions arrêtées pour cette com- 
pagnie. 

Il en est de même de ses archives, 

Ses publications serviront de complément à celles de 
l’Académie. 

Art. 2. Notre Ministre de l’intérieur est chargé de l’exé- 
cution du présent arrêté. 


Donné à Laeken, le 1er décembre 1845, 
LÉOPOLD, 
PAR LE RoI : 
Le Ministre de l’intérieur, 
SYLVAIN Van DE WEYER. 


(75) 


Création d'un Bureau paléographique. 


Das 


LÉOPOLD, Rotr pes BPLGES, 


À TOUS PRÉSENTS ET À VENIR, SALUT. 


Sur le rapport de Notre Ministre de l’intérieur , 


Nous AVONS ARRÊTÉ ET ARRËTONS : 


Art. ler, Il est annexé à la Commission royale d’histoire 
et sous la haute direction de celle-ci, un bureau paléogra- 
phique. 

Arr. 2. Ce bureau est chargé de satisfaire aux demandes 
qui lui seront faites tant par les administrations publiques 
que par les particuliers, et qui auront pour objet des trans- 
criptions, des extraits, des analyses des textes, des tra- 
ductions , des renseignements empruntés aux manuscrits et 
aux archives. 

Arr. 3, Le personnel se compose d’un chef de bureau et 
d’un certain nombre d’attachés. 

Arr. 4. Le chef du bureau, seul, est salarié; il est nommé 
par Nous et son traitement est fixé par l’arrêté de sa nomi- 
nation. 

Arr. 4. Les attachés sont nommés par le Ministre de l’in- 
térieur ; ils doivent être au moins candidats en philosophie 
et lettres, ils sont exercés dans l’interprétation des manu- 


scrits, dans leur transcription, et généralement dans tout 
cer 
d 


(74) 


ce qui concerne la paléographie, surtout la paléographie 
nationale, 

ART. 6. Les attachés n’ont point de traitement ; ils font 
gratuitement les copies et les recherches demandées par 
les départements ministériels pour le service de l’adminis- 
tration, mais celles qui sont exécutées pour des particu- 
_liers ou pour des institutions littéraires ou scientifiques, 
leur sont payées suivant un tarif à établir. 

ART. 7, Le nombre des attachés ne pourra dépasser six, 
il sera pour commencer limité à deux et augmenté succes- 
sivement suivant que les travaux du bureau en feront sentir 
la nécessité. 

ART. 8. La Commission royale d’histoire proposera à No- 
tre Ministre de l’intérieur les mesures réglementaires pour 
l'organisation du bureau. | 

Ant. 9. Notre Ministre de l’intérieur est chargé de lexé- 
cution du présent arrêté. 

Donné à Paris, le 30 janvier 1847 (1). 

LÉOPOLD. 
Par LE Roi : 
Le Ministre de l’intérieur, 


Comte pe THEux. 


(1) Un arrêté du même jour nomme M. Émile Gachet, chef du 
bureau paléographique. Par un autre arrêté du 8 septembre 1847, 
M. P. Gigot a été attaché au même bureau. 


(75 ) 


CORRESPONDANCE DE L'ACADÉMIE. 


Arrêté royal accordant la franchise de port. 


LÉOPOLD, Ror nes BELGES, 


A tous présents et à venir, salut. 


Revu Notre arrêté en date du 8 novembre 1841, qui attribue 
la franchise de port à la correspondance officielle de l’Académie 
royale de médecine ; 

Considérant que, par des motifs analogues , il y a lieu d’ac- 
corder le même privilége à l’Académie royale des sciences et 
belles-lettres de Bruxelles ; 

Sur la proposition de Notre Ministre des Travaux Publics ; 


NOUS AVONS ARRÊTÉ ET ARRÊTONS : ‘ 


Article 1. Notre Ministre de l’intérieur est autorisé à cor- 
respondre en franchise de port, sous enveloppe fermée, avec le 
bureau de l’Académie des sciences et belles-lettres de Bruxelles, 
et les membres de ce corps individuellement. 

Art. 2. La franchise est également attribuée à la correspon- 
dance sous bandes et contre-seing que l’Académie et son Secré- 
taire perpétuel doivent échanger avec chacun de ses membres. 


(76 ) 


Art. 5, Le contre-seing de l’Académie en nom collectif sera 
exercé , soit par le Président, soit par le Secrétaire perpétuel 
délégué à cet effet. 

Notre Ministre des travaux publics est chargé de l'exécution 
du présent arrêté. 


Donné à Bruxelles, le 22 décembre 1841. 


LÉOPOLD. 
Par le Roi: 


Le Ministre des travaux publics, 
L..DESMAISIÈRES. 


NB. Pour que les envois parviennent avec la franchise de port, il est 
indispensable que les lettres, papiers ou livres soient mis sous bandes 
croisées à l'adresse du Secrétaire perpétuel et contresignées par le 
membre, correspondant ou associé, qui fait l'envoi. De plus, les en- 
vois doivent être déposés au bureau de la poste; l’exemption n'a pas 
lieu pour les papiers qui seraient simplement jetés dans la boîte aux 
lettres. 


(77) 


\ 


LISTE DES MEMBRES, 
DES CORRESPONDANTS ET DES ASSOCIÉS DE L’ACADÉMIE, 


(Janvier 1850.) 


DK 


LE ROI, PROTECTEUR. 


D 


M. D'Omwazius D'HALLOY, président pour 1850. 
» QUETELET, secrétaire perpétuel, 


COMMISSION ADMINISTRATIVE. 


Le directeur de la classe des Sciences, M. D'Omazrus D'HALTOY. 
» » des Lettres, M. le chanoine DE RAM. 
» » des Beaux-Arts, M, BARON. 

Le Secrétaire perpétuel. 

Le délégué de la classe des Sciences, M. DUMORTIER. 
» » des Lettres, M. le baron DE GERLACHE. 
» » des Beaux-Arts, M. BRAEMT. 


es 


M. DE HEMPTINNE, trésorier de l'Académie. 


(78) 


CLASSE DES SCIENCES. 


M. D'Omazrus D'HALLOY, directeur. 
» DE HEMPTINNE, vice-directeur. 
» QUETELET, secrétaire perpétuel, 


30 MEMBRES. 


Section des sciences mathématiques et physiques (13 membres). 


ÿ 


Ca 
- 


= 


5 


T 


. KESTELOOT, J. L.; à Gand, , . . . Nomméle3 juillet 1816. 


Tiny, Ch. E. J,; à Bruxelles. . . . — id. 
QUETELET, A. J. L.; à Bruxelles, . . Élu le 1er février 1820, 
PAGAnNI, G. M.; à Louvain. . . . . — 28 mars 1825. 
TIMMERMANS , H. À.; à Gand, . , . — 12 octobre 1833. 
DE HEMPTINNE, À.; à Bruxelles, , . — 7 mai 1834. 
CRAHAY, J. G.; à Louvain. . . . + — 8 mai 1835. 
MaRTENS, M.; à Louvain, . ,. . +. — 15 décem. 1835. 
PLATEAU, J.; à Gand. . , . . + — 15 décem. 1836. 
Dezvaux , C.; à Liége . . . . . + — 14 décem. 1841. 
STAs, J: S.; à Bruxelles. . . , . — id. 

DE Koninck, L.G.; à Liége . . + — 15 décem. 1842. 
DE Vaux, Ad. ;à Bruxelles . ,. . . — 16 décem. 1846. 


NERENBURGER , G, À.; à Bruxelles, , — 15 décem. 1849, 


Section des sciences naturelles (15 membres). 


. D'Omazius D'HALLOY, J.J.; à Halloy . Nommé le3 juillet 1816. 


VANDERMAELEN , P. ; à Bruxelles. , +. Élu le 10 janvier 1829. 
DumorTier, B. C.; à Tournay . . . — 2 mai 1829. 
SAUVEUR , D.; à Bruxelles. . . . . — 7 novem.1829,. 


M. 


» 
» 


LA 


ÿ 


3 


(79) 


LEEUNE, A.L.S.; à Verviers. , . . Élu le 7 mai 1834. 
WESMAEL , C.; à Bruxelles. . « + +  — 15 décem. 1835. 
Dumonr, A. H,.;àLiége. + , + + +  — 15 décem. 1836. 
CANTRAINE, F.5; à Gand. , . + + 6 — id. 
KickX,J.; à Gand . + + + + + + — 15 décem. 1837. 
MORREN , Ch. ; à Liége . . + « + + — 7 mai 1838. 
VAN BENEDEN, P. J.; à Louvain . +. — 15 décem. 1842, 
Le baron DE SELYs-LONGCHAMPS, Edm.; 
RLIMS Ed se lu e à ss mm: d@ décegin, 1846, 
Le vicomte Du Bus, B.; à Bruxelles. .  — id. 
NysT, H.; à Louvain . . . . . . — 17 décem. 1847. 
GLUGE, T.;à Bruxelles. . « + . . — 15 décem. 1849. 


CORRESPONDANTS (10 au plus). 


. GALEOTTI, H. ; à Bruxelles : . . Élu le 7 mai 1841. 


Durrez, F.; à Gand. . . . + « .  — 16 décem. 1846. 


Maus, M. H. J. ; à Bruxelles. , . . — id. 
METES, À j'a Liége OUT à 000 id. 
MELSENS ; à Bruxelles . . . . . + — id. 
LouyErT, P.; à Bruxelles . , . . . — id, 


BRASSEUR , J. B.; à Liége. . . . . : — 17 décem. 1847. 
ScHAAR, M.; à Gand . + .. . . .  — 15 décem. 1849. 


50 ASSOCIÉS. 


. Le baron DE GEER, J. W. L.; à Utrecht, Nommé le 3 juillet 1816. 


V£oziIK, G.; à Amsterdam. , «4 . «  — id, 

VERRE, Aus Pass à 4 à «dut Élu le 2 février 1824. 
GERGONNE, F. D.; à Montpellier. , ,.  — 8 mai 1824. 
MOREAU DE JONNES, Alex.; à Paris. ,  — 21 mai 1825. 
OckEN; à Zurich. , . « + « + « æ— 8 octobre 1825. 
BABBAGE, Ch. ; à Londres. :. . . . — ‘7: octobre 1826. 
HERSCHEL, sir John F. W.; à Londres. — id. 


GA 


( 80 ) 


. VILLERME, LORS TA Paris. 2410774 


BERTOLONT, Ant.; à Bologne. . . 
GRANVILLE, À. B.; à Londres, , . 
BarLow, P.; à Woolwich, , . . 
SouTu, sir James; à Londres. , , 
SABINE, Édouard ; à Londres, . . 
BARRAT , John ; à Grassinton-Moor, 
TAYLOR, John; à Londres. +. . . 
URASLENT S' Paris 1e et 0e à 
BLUME, Ch. L.; à Leyde +. . . . 
Brown, Robert ; à Londres. . . . 
ENCKE, J.F. ; à Berlin. . . 
Scnumacuer, H. C.; à Altona. , . 
VAN REES, R.; à Utrecht , ... . 
Le baron DE HumMBoLDT, À. ; à Berlin 
AkAGo D. F.7.: 4 Pants. 2 0.16 
BREwSTER, sir David ; à Édimbourg. 
Crete, À.:L.s8 Berlin: 500 oi) 
PLANES Ted Turin, SENTE ae 
Marreucer, Ch;5 à Pise: 0: 0: 
DE MAGEDo ; à Lisbonne , . . . 
DEGAISNE, Jos. : à Paris. , . . , 
TIEDEMANN, Fr.; à Heidelberg . . 
DE BLAINVILLE (H. M. Ducrotay ); 
ds DE PP PA EE à CLIP TN RES 
Gauss, Ch. Fr.;à Gocttingue. . . 
SCHWANN , Ph.; à Liége. . . . . 
Brarno, À; à liée. it 
BACHE, D.; à Philadelphie. . . , 


. Élu le 31 mars 1827. 


BONAPARTE, Charles P., prince de Ca- 


Minor Bbmés us 
DE LA RIVE, Aug.; à Genève, . , 


DE MarTius, Ch. Fr, Ph.; à Munich. 


Fuss, P.1IL.; à St-Pétersbourg . 


_— 


6 octobre 1827. 
id, 
10 novem. 1827, 
id, 
2 février 1828. 
ler mars 1828, 
id. 
4 février 1829, 
2 mai 1829, 
7 novem, 1829. 
id, 
id. 
6 mars 1830. 
3 avril 1830, 
5 avril 1834. 


8 novem. 1834. 
15 décem. 1836. 
id, 

15 décem. 1837. 


8 mai 1838. 
14 décem. 1841, 


(81) 


M, OrrsTED, J. Ch.; à Copenhague. . . Élule 9 mai 1842. 
» LACORDAIRE, Th.; à Liége. . . ,. . — 15 décem. 1842. 
» SOMME ; à Anvers. . 4. + +, , . « — 9 mai 1842, 
» DE Bucu, Léopold; à Berlin . . . . — 17 décem. 1843. 


» DUMAS 34 Paris à .  . ais à. id, 
» FArADAY, Michel; à Londres . . ,. ,.  — 17 décem. 1847, 
» OwEN, Richard; à Londres, , , . . — id. 
» DE BEAUMONT , Élie: à Paris. . . . — id, 
DOS RES Cat D 1 id. 
» WAHBATSTONE, Ch. ; à Londres . . .  —- 15 décem, 1849. 


M. 


> 


LA 


LA 


(82) 


CLASSE DES LETTRES. 


M. Le chanoine DE RAM, directeur. 
» LECLERCQ, vice-directeur. 
» QUETELET, secrétaire perpétuel. 


30 MEMBRES. 


La section des lettres et celle des sciences morales et 


politiques réunies. 


Le baron DE REIFFENBERG, F.A.F.T.; 

R Prades à MEN AUS 
Le chevalier MarcHAL, J.; à Bruxelles. 
STEUNC CR: 1 à Gad sr se 
Le baron DE GERLACHE, E. C.; à Brux. 
Le baron DE STASSART, G. J, À.; à 

ORGUE AU Dane er be 
GRANDGAGNAGE , F. C. J.; à Liége . . 
Le chanoine DE SMET, J.J.; à Gand ,. 
Le chanoine DE RAM, P.F.X.;à Louvain. 


'ROULEZ, J. E.G.; à Gand. : . . . 


LESBROUSSART, Ph.; à Bruxelles . . 
MOKS Hi Gsè Gandi... 7 ,.:. 
NotTaomg, J. B.; à Bruxelles. . . . 
VAN DE WEYER, Sylvain ; à Bruxelles . 
GACHARD , L. P.; à Bruxelles. , . . 
QUETELET , À. J. L.; à Bruxelles . 


Élu le 8 juillet 1823. 


a 


4 fevrier 1829. 
5 décem. 1829. 
12 octobre 1833. 


id. 
7 mars 1835. 
6 juin 1835. 
15 décem. 1837. 


id. 
7 mai 1838. 
7 mai 1840. 
id, 
id. 


9 mai 1842. 


. Nommé le 1er déc. 1845. 


VAN PRAET, Jules; à Bruxelles , . . Élu le 10 janvier 1846. 


BORGNET, À.; à Liége . . . à 
Le baron DE St-GENOts, Jules; à dat 
DAV1D, 3: B3 4 Douvéim 0,050 
Van MEENEN, P,-F ; à Bruxelles. , 


M. 


>; 


4 


}] 


M. 


( 85 ) 


DE VAUX, Paul; à Bruxelles . 

DE DECKER, P.J.F.; à Bruxelles. 
SCHAYES, À. G. B.; à Bruxelles. 
SNELLAERT ; à Gand. . . . . 
L'abbé CARTON , C.; à Bruges. 

Hans, fi: A Gand, 2 à 
Bormans,J. H.; à Liége. . . . 
LECLERGQ ,; M. N. J.; à Bruxelles 
Potants Lis à Liége, -:.: 2 . 


L] C2 0 [2 e * a o L] L] 0 


. Élu le 10 janvier 1846. 


du or à) pe id. 
. — 11 janvier 1847. 
d 6 3 id, 
: — id. 
ee AMEN id. 
 — id. 
s + 17 mél 1047. 
— 7 mai 1849. 


LE CL] o (2 0 . a" e e 


CORRESPONDANTS (10 au plus). 


DE Wire, J.; À Anvers . . . 
BAGUET, EF. N. J. G.; à Louvain. 
BERNARD, Ph. ; à Bruxelles. , . 
GRUYER, Louis; à Bruxelles . . 
FAIDER , Ch.; à Bruxelles . . . 
DucrÉTIAUX, Ed. ; à Bruxelles 
ARENDT, G. À.; à Louvain. . . 
SERRURE , C. P.; à Gand . . 


‘. « Élule 7 mai 1840. 


arr 14 décem. 1841, 


+. — 9 inai 18472, 

. + — 10 janvier 1846. 
nu id. 

+ + — 11 janvier 1847. 
due PE id. 
+ id. 


50 ASSOCIÉS, 


Le duc D’UrsEL, C.; à Bruxelles 


Nommé le 3 juillet 1816. 


Van Lennep, D. J.; à Amsterdam. .  — id. 


DE MoLéon, J. G. V.; À Paris . 
LENORMAND, L. Séb.; à Paris, 
DE LA FONTAINE ; à Luxembourg 
MuzLEn; à Trèves . «+ + . . 
WITTENBACH ; à Trèves. , . « 


. Élu le 14 octobre 1820. 
di id. 

+ + — 23 décem. 1822. 
Wa id. 
_— id. 


VAN GOBBELSCHROY, L.; à Bruxelles. — 20 août 1825. 


(54) 


M. Van Ewyck, D, J.; à Bois-le-Duc . Élule 4 février 1826. 


» DE JONGE, J. C.; à La Haye. . . . — ler avril 182. 
» Cousin, Victor ; à Pariss « , + « + — 6 octobre 1827. 
» CoopEr, C. P.; à Londres. . . . , — 65 avril 1834. 
n REGLAT ASE LIN UT le PT Des id, 
» BLONDEAU , J. B. À. H.; à Paris. ,. ,.  — 15 décem. 1836. 
» MONE, J.; à Carlsruhe . . . . . . — ‘7 mai 1840. 
w GROEN VAN PRINSTERER; à La Haye . — 15 décem. 1840. 
» LENORMANT, Charles ; à Paris, . , . — 14 décem. 1841. 
» Le vicomte DE SANTAREM; à Lisbonne, — 15 décem. 1842. 
» L'abbé GAzZERA, C.; à Turin « + + — id, 
» GRIMM, Jacques; à Berlin, , , 4, . — id. 
S. E. le cardinal Maï, A. ; à Rome , . . — id. 
M. Paixrps; à Munich . « + . + « «+ — id, 
» RAOUL-ROCHETTE , D.; à Paris .« . . — 17 décem. 1843. 
» DiNAUX, Arthur; à Valenciennes. . . — 9 février 1846. 
» Erzis, sir Henry; à Londres . , , . — id, 
» GIOBERTI, Vincent; à Turin. . . .« — id. 
» GUIZOT, F.P,G.;à Paris... : , . ‘— id. 
» HALLAM , Henry ; à Londres . , , , — id. 
» MiGnET, F. À. À.: à Paris. :  . . — id. 
» RAFN; à Copenhague, , . . . . . — id. 
» RAMON DE LA SAGRA ; à Madrid , . , — id, 
s'RANKETS Berlin ss on. id. 
» SALvA, Miguel; à Madrid . , . . . — id. 
» WARNKOENIG ; à Tubingue,. . . . . — id. 
» Le baron DE HAMMER- PURGSTAL ; à 


Vienne. . + + . « + . . . * ‘— "11 janvier 1847. 


L'DROLS FE. ML Pan 5e , 1.0 id. 
» Le baron Dupin, Charles; à Paris . , — id. 
» HERMANN ;, Ch. Fr.; à Goettingue, , .  — id. 
s'HURTER: à Visans 28 6, eu id. 
» LEEMANS; à Leyde ,. , . . . . . — id. 


3 


MITTERMAIER ; à Heidelberg . . , . — id. 


LA 


(85) 


Petra, été ee à 
Rirrer, Ch ; à Berlin. + : + . , 
MaANzonts à Milan 4 +: +: . , 
PANOMR ENS Dar 5 «: à 
NOLET DE BRAUWERE VAN STEELAND ; 

Rlrénehes sd dE 
DE BonNNEecosE, Em, ; à Bruxelles, , 
WuEewELLz, W.;à Cambridge, , . 
NaAssAU-SENIoR; à Londres , . « . 
Le duc pE CARAMAN; à Paris, , . , 


Élu le 11 janvier 1847. 


— 


id, 
17 mai 1847. 
7 mai 1849. 


M. 


» 


» 


M. 


» 


» 


» 


M. 


» 


( 86 ) 


CLASSE DES BEAUX=-ARTS. 


M. BARON, directeur. 
» NAVEZ, vice-directeur. 


». QUETELET, secrétaire perpétuel, 


on ee re 


30 MEMBRES: 


Section de Peinture : 


DE KEYzER, N.; à Anvers. 
GALLAIT, Louis; à Bruxelles . 
Leys, H.; à Anvers .… . . . 
Mapou, Jean; à Bruxelles. . 
NAVEZ, F.J.; à Bruxelles. . 


. Nommé le ler déc. 1845. 


VERBOECKHOVEN , Eugène; à Bruxelles . — 
Le baron WaApPrERSs, G.; à Anvers 
DE BRAEKELEER, F.; à Anvers . . . Élu le 8 janv. 1847. 
. — 22 sept. 1848. 


VAN EYCKEN, J. ; à Bruxelles. 


Section de Sculpture : 


GEEFS, Guillaume ; à Bruxelles 
Simonis, Eugène ; à Bruxelles. 
GEers, Joseph ; à Anvers . . 
FRAIKIN ; à Bruxelles . . . 


LI 


id, 


. Nommé Le 1er déc. 1845, 


id. 


. «+ Élule9 janvier 1846. 


Section de Gravure : 


BRAEMT , J. P.; à Bruxelles . 
Cor, Érin ; à Anvers . . . 


8 janvier 1847. 


. Nommé Le 1er déc. 1845. 
. Élu le 9 janvier 1846. 


(87 ) 


Section d'Architecture : 
M4 ROELANDT, L.; à Gand. . . . . . Nommé le 1er déc. 1845 
» SUYS,:T. Fi: A Bruxelles .:, , —— id, 


» BOURLA, P.: à Anvers .« . ,,... Élu le 9 janvier 1846. 
» PARTOES, H. L. F.; à Bruxelles. , .  — 8 janvier 1847. 


Section de Musique : 


M. DE BértoT, Ch. ; à Bruxelles 4 , : . Nommé le 1er déc. 1845. 


v'PÉTE, F5; à Drutolles 71% 1 ee - + — id. 
» HANSSENS,  É Lit à Bruxelles. . ° - us ad id, 
» VIEUXTEM?S, H.; à Bruxelles . . . — id, 


» ONELQ TP: sa Dipxelles ve 0, Élu le 9 janvier 1846. 


Section des Sciences et des Lettres dans leurs rapports avec 
les Beaux-Arts : 


M. ALVIN, Louis; à Bruxelles: , + « + Nommé le 1er déc. 1845. 


» QUETELET, À. J. L; à Bruxelles. . . — id. 
» VAN HASSELT, André; à Bruxelles , . — id. 
» BUSCHMANN, Ernest; à Anvers . . . Élu le 9 janvier 1846. 
» BARON, À. AÀ.;- à Liége, 4: . +. . :. — 8 janvier 1847. 
» FÉTIS, Ed.; à Bruxelles . , . . . — id. 


CORRESPONDANTS (10 au plus). 
Pour la Peinture : 


M. DE BIEFVE, Édouard; À Bruxelles , , Élu le 9 janvier 1846. 
» DYCKMANS; à Anvers . , , , , , — 8 janvier 1847. 


(88 ) 


Pour la Sculpture : 


M. JEHOTTE, Louis; à Bruxelles , . . . Élu le 9 janvier 1846, 
s CENTS A PONT 6 7 7. à — 8 janvier 1847. 


Pour la Gravure : 


M. JEuOTTE, père ; à Liége. . . . . . Élu le 9 janvier 1846. 
» JOUVENEL , À.; à Bruxelles . . . , — 8 janvier 1847. 


Pour l'Architecture : 


M.RENARD, B.; à Tournay . . , . . Élu le 8 janvier 1847. 


Pour la Musique : 


M. MENGAL. ; À Gand. . . . + . . . Élu le 9 janvier 1846. 


Pour les Sciences et les Lettres dans leurs rapports avec 
les Beaux-Arts : 


M. BoGarrTs, Félix; à Anvers . . . . Élu le 8 janvier 1847. 


50 ASSOCIÉS. 


Pour la Peinture : 


M. VERNET, Horace; à Paris. , , « . . Élu le 6 février 1846. 


» SCHEFFER, Ary; à Paris . . . «. + . — id. 
» CORNELIUS, P.: à Berlin, . . . . + — id. 
» DE LA ROCRE, Paul; à Paris . . . . — id, 


nLMANDSEERS À Londres, 4.  , . + — id. 


(39) 


M. Kauzsacn, W.;à Munich . , . , . Élu le 6 février 1846. 


POIRORES, SE TO DT — 8 janvier 1847. 
N'CÉDANE, AA Doeve Li, eo. — id, 
# BECKER, J5 8 Francfort, +, * — id. 
S'HAGNPS A EDBdres, À 5 5 270 4 re id, 


ou . . 0] , L L . we a Li . L . L . . + LL . L 


Pour la Sculpture : 


M. Scuapow , Godefroi; à Berlin . , . . Élu le 6 février 1846. 
» RAUCH:; à Berlin , . ons — id, 
» PRADIER, James; à Paris. . .;:, « . — id, 
DR TERRE. — id. 
» RAMEY, Étienne-Jules ; à Paris, : —- id. 
» Dayin, d'Angers: à Paris. . , . — 8 janvier 1847. 
» TENERANI, Pierre ; à Rome . . . . . —_ id, 
» 


BARTOLINI; à Florence . + . . . — id, 


Pour la Gravure : 


M. Wyow, William; à Londres. . . , . Élu le 6 février 1846. 


» Le baron BOUCHER-DESNOYERS ; à Paris . — id, 
» FORSTER, Francois; à Paris. . . . . — id. 
N'PARAR, péter Pris. Lu 5 0%. — id. 
» HENRIQUEL DUPONT; à Paris . , . . — 8 janvier1847. 
» CALAMATTA, L.; à Bruxelles ., . . , — id, 
N'TOSCRES Faure Parme," 2 0 — id. 
NODONES AM SRR BUS ue ne — id, 


Pour l'Architecture : 


, 4 4 . 
M, FONTAINE, P. F. L.; à Paris . . . . Elu le 6 février 1846. 
» DONALDSON, Thomw.; à Londres , . . — id. 
» Von KLEINZE, Léon ; à Munich  . +, . _- id, 


(90) 


M. CARISTIE, Aug.; à Paris. . 


. Élu le 8 janvier 1847. 


» 


L1 


M. 


» 


.« RossiNt; à Bologne 2: 4.3 "3 ‘à 


BARRY, Ch.; à Londres L . e . . . cs LS id. 
STÜLER , à:: à 2,00 FR DONNER UE . > id, 


Pour la Musique : 


. Élu le-6 février 1846. 
MEYERBEER, Giacomo; à Berlin, . . . 
in ét ne dv à di MOINS "ex 
SPONTINI, G L. P.; à Paris . . . . — id, 


DAUSSOIGNE-MÉHUL , J.; à Liége. . . — id. 
HALÈVY, Jacques-F.; à Paris . i — 8 janvier 1847. 
SPOHR; à Caséels ni ES Faure re _. id, 
LACENERS à Monioh "0 à d' e —— id. 


Pour les Sciences et les Lettres dans leurs rapports avec 
les Beaux-Arts : 


Bock, C. P.; à Bruxelles . . . . . Élu le G février 1846. 


PASSAVANT, J. D.; à Francfort. . . . — id. 
WAAGEN, Gust.; à Berlin . . . . . — 8 janvier 1847, 
CouUssEMAKER ; à Hasebrouck , . . . _— id. 
A YILDINOS RNADISE 6 ee + + ss — id. 
GERHARD, Ed.; à Berlin. , . . . —_ id. 


DE CAUMONT, À.; à Caen . — 22 sept. 1848. 


L2 2 * L2 LI Le LL La L . L2 Li D e Li LL 2 . e La L 


(91) 


COMMISSION ROYALE D'HISTOIRE 


pour la publication des Chroniques inédites. 


. Le baron DE GERLACHE, président; 


Le baron DE REIFFENBERG , secrétaire. 
GACHARD , trésorier. 

Le chanoine DE RAM. 

Le chanoine DE SMET. 

DUMORTIER. 

BORMANS. 


(92) 


COMMISSION DE L'ACADÉMIE. 


Commission pour la rédaction d'une Biographie nationale. 


Le Président de l’Académie, 
Le secrétaire perpétuel. 


M. MORREN, délégué de la classe des Sciences, 

» KICKXx, id, id. id. 

» Le Baron DE STASSART, id. id. des Lettres. 

» Le baron DE REIFFENBERG, id. id. id. 

» FÉTIS, id. id. des Beaux-Arts. 
» VAN HASSELT, id. id. id. 


(95) 


COMMISSIONS DES CLASSES. 


C lasse des lettres. — Commission pour la littérature flamande. 


M. BORMANS. 

» DAVID. 

» L'abbé CARTON. 
» SNELLAERT. 

» DE DECKER., 


Classe des Beaux-Arts. — Commission pour la rédaction d'une 
Histoire de l'art en Belgique. 


as 


M. QUETELET, président. 
» VAN HASSELT, secrétaire, 


» ÂALVIN. 
» FÉTIs e 
»  BOCK. 


»  SCHAYES. 


(94) 


NÉCROLOGIE. 


Classe des Sciences. 


VERHULST, P.-F., membre, décédé le 15 février 1849. 


Classe des Lettres. 


COoRNELISSEN , Norbert, membre, décédé le 31 juillet 1849. 
WEUSTENRAAD , Th., correspondant, décédé le 25 juin 1849, 


Classe des Beaux-Arts. 


QUATREMÈRE DE QUINCY, associé, décédé le . . . décemibre 1849. 
GRANET , F.-M., associé, décédé le . . . décembre 1849. 
BrANCH1, C.-P., associé, décédé le. . . . janvier 1850, 


NOTICES BICGRAPHIQUES, 


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P. F. VERHULST. 


NOTICE 
PIERRE-FRANCOIS VERHULST (1, 


_ MEMBRE DE L'ACADÉMIE ROYALE , 


Né à Bruxelles, le 28 octobre 1804 ;:mort le 15 février 1849. 


« L’éloge d’un homme de lettres doit être le récit de ses 
travaux, dit d’Alembert; mais, ajoute-t-il, il peut être 
utile aussi de faire connaître ce qu'il a été, et de peindre 
l’homme en même temps que l'écrivain (2). » Et en effet, ne 
rappeler que les travaux par lesquels il a pu servir la 
science, c’est le montrer d’une manière incomplète, le 
dépouiller de son individualité, et ne satisfaire qu’impar- 
faitement la curiosité du lecteur. 

En général, ce qui nous intéresse dans une biographie, 
c’est de nous sentir plus près de celui qui en est l’objet; 
d’être en quelque sorte initié dans le secret de sa pensée; 
et, s’il s’est distingué par un talent supérieur, de recon- 


(1) Cette notice a été lue, à la séance publique de la classe des 
sciences de l'Académie, le 16 décembre 1849. Le portrait que nous 
donnons ici , a été exécuté sous les yeux de M. Calamatta, d'après un 
dessin faisant partie d’une collection de portraits appartenant à 
l’auteur de cette Notice. 

(2) Réflexions sur les éloges, p. 151, t. I des OEuvres de d’'A- 
lembert, édition de Belin, Paris, 1821, 


9 


(9%) 


naître, par les détails de sa vie privée, qu’il appartenait 
à notre nature, et qu'avec quelques efforts peut-être nous 
aurions pu nous élever à sa hauteur. 

Ces détails d’ailleurs ne sont pas sans intérêt pour l’his- 
toire générale des sciences et des lettres. Si l’on veut juger 
des progrès qu’un écrivain a fait faire, il faut nécessaire- 
ment tenir compte des circonstances dans lesquellés il s’est 
trouvé , et des obstacles qu’il avait à vaincre. C’est surtout 
à ceux qui ont vécu dans son intimité qu’il appartient de 
recueillir impartialement les éléments d'appréciation qui 
manquent presque toujours quand arrive l’instant d’en 
faire usage. Par suite de cette conviction et à défaut d’autre 
mérite, je me suis attaché, dans les différentes notices 
que j'ai eu l’honneur de présenter à l’Académie sur ceux 
de nos confrères que la mort a frappés, d’être véridique 
avant tout, mais non cependant au point de me permettre 
d'entrer dans tous les détails de leur vie privée, surtout 
en présence de tombeaux quelquefois à peine fermés. « Le 
but des éloges littéraires, dit encore d’Alembert, est de 
rendre les lettres respectables, et non de les avilir (1). » 

Je me hâte de le dire, le savant dont j'ai à vous parler 
aujourd’hui n’a point à craindre de réticences. Sa vie a été 
pure et limpide; on peut, sans ÿ trouver la moindre tache, 
l’examiner dans toutes ses parties. J’ai pu moi-même en 
suivre les différentes phases, Il fut successivement mon 
élève et mon collaborateur ; mon collègue à l’École mili- 


(1) Réflexions sur les éloges ,p. 151, t. IE. Pour être plûs sûr de 
rester dans le vrai, jai souvent emprunté, maïs dans une juste me- 
sure, à la correspondance intime des auteurs dont j'avais à retracer 


la vie, les particularités qui pouvaient le mieux les caractériser. 


(99) 


taire et mon confrère à l’Académie ; je m’honore d’avoir 
été son ami, depuis l’instant où j'ai pu le connaître jusqu’à 
celui où la mort nous a séparés; c’est vous dire en même 
temps que je dois pouvoir compter sur votre indulgence 
pour les détails dans lesquels je me laisserai entraîner. Ces 
détails trouveront d’ailleurs leur justification dans les té- 
moignages particuliers d’estime que vous lui avez donnés, 
et dans les titres mêmes de directeur de la classe des 
sciences et de président de l’Académie, qui ont honoré ses 
derniers jours. 


Presre-Françors VERHULST était né à Bruxelles le 28 oc- 
tobre 1804. Il appartenait à une famille honorable qui 
n'avait rien négligé pour faciliter ses études. Entré de 
bonne heure à l’Athénée de sa ville natale, il s’occupa avec 
succès de l’étude des langues anciennes; et, deux années 
de suite, il remporta des prix de poésie latine. Ses incli- 
nations le portaient cependant de préférence vers les 
sciences exactes; il sy appliqua avec passion, au point 
même de négliger son cours de rhétorique ; et, au mois 
d'août 1822, il partageait les premiers prix de mathéma- 
tiques avec MM. Plateau et Nerenburger qu’il était des- 
tiné à retrouver, plus tard, comme confrères, dans la 
classe des sciences de notre Académie. 

Déjà du temps de l’empire, l’Athénée ou plutôt le Lycée 
de Bruxelles avait donné à l’école polytechnique une série 
d'élèves distingués; le goût des sciences s’y était conservé; 
et, par un concours de circonstances favorables, il se 
trouvait, à l’époque dont nous parlons, dans son plus com- 
plet développement. Cet établissement comptait, en effet, 
parmi ses élèves, un grand nombre d'hommes qui se sont 


( 100 ) 


distingués, depuis, dans le haut enseignement, la magis- 
trature et l’armée (1). Jamais cependant l’enseignement 
n’y fut réduit à des proportions plus simples; peut-être 
est-ce à cette simplicité même que l’on doit la fécondité 
des résultats qu’on y obtint ? En n’étendant pas outre me- 
sure le terrain à défricher, il est permis d’atteindre à plus 
de profondeur. s 

Verhulst se rendit à l’Université de Gand, au mois de 
septembre 1822, sans même avoir terminé ses études litté- 
raires, tant était grand son désir de se pousser dans les 
sciences exactes. Ce manque de formalité lui causa quelque 
embarras pour obtenir son inscription comme élève de la 
facuité des sciences. 

Parmi les savants auxquels il avait été adressé, il distin- 
gua particulièrement Dandelin, pour qui il conçut une vé- 
ritable admiration; et il était difficile, en effet, qu’il en 
fût autrement. Voici comment , dans une lettre qu’il écrivit 
à cette époque, il rend compte de ses premières relations 
avec ce savant, dont le tombeau devait un jour être placé 
si près du sien : « Je ne vous ferai pas l’éloge de M. Dan- 
delin; vous le connaissez assez pour savoir apprécier par- 
faitement son caractère obligeant et ses vastes connais- 
sances dans les sciences. Je puis vous assurer que les 
entretiens que j’ai eus avec lui, m’en ont donné la plus 
haute idée. Que je lui expose une difficulté quelconque 
qui m’embarrasse , il me donne sur-le-champ toutes les 
explications désirables, énoncées avec une facilité et 


(1; Entre autres les professeurs des universités, MM. Plateau, 
Kickx, Verhulst, Morren, Nypels, De Cuyper, Guiette, Van Esschen, 
Kiudt, Van Ginderachter, Uytterhoeven, etc, 


(101 ) 


une clarté qui plus d’une fois ont excité mon admiration. 
Il traite de bagatelles ses découvertes les plus intéres- 
santes. » 

Les études de Verhulst à l’Université de Gand furent, 
comme à l’Athénée royal dé Bruxelles, couronnées d’un 
plein succès. Une même année lui vit remporter deux palmes 
académiques : au mois de février 1824, il fut couronné par 
la faculté des sciences de l’Université de Leyde, pour un 
mémoire sur la théorie des maxima et des minima ; et, au 
mois d’octobre de la même aunée, il reçut la médaille 
d’or de la faculté des sciences de Gand, pour un travail sur 
le calcul des variations. Il serait injuste, on le conçoit, 
d'exiger des jeunes auteurs de pareils travaux autre chose 
que de la méthode et de l'élégance dans l’exposition; l’in- 
vention mathématique ne saurait être une condition né- 
cessaire d’un semblable concours. 

Le prix sur la question des maxima et des minima fut 
partagé avec M. Verdam, élève de l’Université de Leyde, 
On peut voir dans la Correspondance mathématique et phy- 
sique (1), une analyse des ouvrages des deux concurrents, 
faite par M. Garnier, notre ancien confrère. L'auteur de 
cette analyse n’a pas fait pencher la balance en faveur de 
son élève; il semble laisser comprendre au contraire que 
son jugement lui eût été défavorable, s’il eût été appelé à 
le prononcer. 

Quant au second mémoire sur le calcul des variations, 
M. Garnier se borna à en promettre une analyse (2), qu'il 
ne publia jamais. Il n’existait pas entre le professeur et 


(1) Tome I, pp. 23 et suiv. 
(2) Correspondance mathématique et physique, ?t. 1er, p. 284. 


9. 


( 102 ) 


l'élève cette sympathie si favorable aux études et si propre 
à en assurer le succès. 

Nous avons déjà eu l’occasion, dans la notice consacrée 
à M. Garnier, de faire remarquer que des chagrins, éprou- 
yés dans sa carrière professorale, l’avaient rendu méfiant 
dans ses relations avec ses élèves. D’une autre part, le 
jeune Verhulst n’avait peut-être pas conservé à l’Université 
de Gand toute la modestie qu’il y avait apportée, et il avait 
pu froisser, sans le vouloir, un vieillard naturellement 
ombrageux. 

Deux prix universitaires remportés successivement et les 
ovations qui en sont la suite, en fallait-il davantage pour 
exciter l’amour-propre d'un jeune homme, dépourvu d’ail- 
leurs d’expérience et de conseils! Au milieu de ses élans 
d’amour-propre, Verhulst conservait encore sa simplicité 
primitive; tout ce qu’il apprenait, il le croyait nouveau 
pour les autres ; il les questionnait , les pressait sur le ter- 
rain qu’il croyait s’être conquis exclusivement; et, comme 
Gil Blas, il entamait avec feu des argumentations dont il 
était quelquefois très-difficile d’entrevoir la fin. La discus- 
sion a toujours eu pour lui un puissant attrait. Ce penchant 
pour les disputes scientifiques se tempéra cependant beau- 
coup au sortir des bancs de l’école, où il avait pris ses 
premiers développements. | 

La même inconstance qui l’avait conduit à l’Université 
de Gand, sans avoir terminé ses études littéraires, le porta 
à prendre ses grades académiques plus tôt que son intérêt 
ne semblait l’exiger. Il soutint sa dissertation pour le titre 
de docteur en sciences, le 3 août 1825, après moins de 
trois années d’études universitaires, Cette dissertation, qui 
traitait de la résolution algébrique et linéaire des équa- 


( 105 ) 


tions binômes, était dédiée au commandeur de Nieuport, 
ce vénérable vieillard, qui a rempli, à lui seul, dans 
notre histoire des sciences, à peu près toute une époque 
de transition. 

Quoique nous soyons peu éloignés du temps où s’organi- 
sèrent nos Universités, cependant, chaque jour, le souve- 
nir s’en efface davantage. Les facultés des sciences, dans leur 
origine, n'étaient composées chacune que de trois ou quatre 
professeurs. L'enseignement s’y réduisait à ses formes les 
plus simples et se donnait pour ainsi dire en famille, Les 
examens n’avaient guère lieu que pour remplir une for- 
malité obligatoire; je ne pense même pas qu'aucun réci- 
piendaire, pour le doctorat en sciences, ait jamais été 
refusé. C’est qu'aucun élève en effet n'eût osé se pré- 
senter à l'examen , sans ÿ être bien préparé et sans avoir 
préalablement obtenu l’assentiment de ses professeurs. 
S'il se distinguait dans une branche, il était sûr d’avance 
de trouver des juges indulgents dans celles qu’il avait dû 
négliger. Ce vaste champ onvert au développement des 
spécialités a singulièrement contribué à produire les ex- 
cellents résultats qu'ont donnés les anciennes facultés des 
sciences. | 

La révolution de 1830, en proclamant la liberté de l’en- 
seignement , a dû nécessairement amener une réforme. 
dans les examens, et par suite modifier les relations entre 
les professeurs et les élèves. Aussi voit-on ces derniers 
moins occupés de la science que du désir de satisfaire des 
examinateurs dont la plupart leur sont complétement incon- 
nus. Devant porter également leur attention sur un nombre 
considérable de branches des connaissances humaines , ils 
sont en général dans limpossibilité d’en approfondir au- 


(104) 


cune (1). Comme il n’existe pas même de programmes qui 
précisent les limites dans lesquelles ils doivent se renfer- 
mer , leur admission reste toujours problématique. Serait ce 
exagérer de dire que les docteurs en sciences, même les 
plus distingués, formés dans les anciennes universités, eus- 
sent très-probablement échoué devant les jurys nouveaux ? 
l’état de choses actuel peut être avantageux pour les services 
publics, où il s’agit bien moins de créer des hommes distin- 
gués dans Punce ou l’autre spécialité, que de former des 
employés au courant de tout ce qu’exigent leurs fonctions. 
Mais ici, du moins, on a compris la nécessité de programmes 
dans lesquels rien ne soit laissé dans le vague ou livré à l’ar- 
bitraire des juges. 

Une trop grande multiplicité d’études finit par engendrer 
la satiété, et souvent le jeune homme, après avoir conquis 
laborieusement ses grades, abandonne complétement la 
science. Verhulst n’était point arrivé jusqu’à ces fâcheuses 
limites; il prétendait, au contraire, qu’il ne rentrait à 


(1) La physique figure jusqu'à trois fois parmi les sciences formant 
l'objet de l'enseignement , sous les noms de physique expérimentale, 
physique mathématique et physique industrielle. On pourrait y join- 
dre aussi la physique médicale, la physique agricole, la physique du 
globe, etc. Il y aurait sur ce pied autant de physiques qu'on peut 
faire de combinaisons entre la physique et les autres sciences. Ne 
serait-il pas préférable de s'en tenir simplement à l’enseignement de 
la physique? Quant aux dénominations de physique mathématique, 
d'astronomie mathématique, etc., qu’on emploie assez fréquenx- 
ment, autant vaudrait dire physique anglaise, physique allemande, 
perce que les principes de }4 physique seraient écrits dans ces langues, 
Les müthématiques forment une langue aussi, et pour ceux qui la 
connaissent , il suffit de l'étude de Ja physique et de l'astronomie. 


( 105 ) 


Bruxelles que pour se livrer plus exclusivement à la partie 
des mathématiques qu’il affectionnait le plus. La théorie 
des nombres fixait alors toute son attention ; il inséra dans 
la Correspondance mathématique et physique quelques ré- 
sultats de ses récherches, et promit de devenir un des 
collaborateurs les plus assidus de ce recueil périodique, à 
la rédaction duquel concouraient alors à peu près tous les 
jeunes mathématiciens belges qui, depuis, se sont fait 
un nom dans la science, 

Cependant un arrêté royal, qui parut à cette époque et 
qui réglait le payement de la dette différée, par la voie du 
sort et de 25 en 25 ans, fit descendre notre jeune géomètre 
de la région des abstractions sur le terrain de l’arithmé- 
tique politique. Un autre arrêté royal, qui créait une lo- 
terie nouvelle, le porta à examiner les chances que pré- 
sentait cette institution, et à en apprécier le côté financier 
en même temps que le côté moral. 

Depuis ses premières études, Verhulst m'avait toujours 
conservé le plus sincère attachement; il me consultait sou- 
vent sur la direction à donner à ses travaux : je crus devoir 
lui conseiller de rester dans la voie où il venait d’entrer et 
pour laquelle il montrait une aptitude toute particulière. Il 
pouvait être utile d’ailleurs d’avoir quelques hommes qui fus- 
sent en état d'examiner et d’approfondir les questions d’in- 
térêt général en rapport avec les sciences mathématiques. 

ll se mit à étudier la théorie des probabilités, et à se 
rendre familiers les principes de l’économie politique ; il se 
trouvait là sur un terrain nouveau, mais encore peu ferme 
et mal limité; il pouvait y donner large carrière à son goût 
pour la discussion ; aussi ce genre d’études devint-il pour 
lui l’objet d’une passion nouvelle. 


( 106 ) 


Verhulst m'avait parlé de publier une édition complète 
des œuvres d’Euler, cet admirable modèle de l’élégance 
mathématique. Je crus devoir l’engager, avant d’entre- 
prendre une tâche aussi difficile, à consulter les hommes 
les plus compétents dans ces matières; et je J’adressai à 
M. Poisson, qui n’eut pas de peine à le détourner de son 
projet. | 

11 désirait cependant employer utilement ses loisirs et 
faire diversion à ses autres études. Je lui parlaï de la tra- 
duction du Traité de la lumiére par sir John Herschel, qui 
avait paru successivement par parties séparées dans la vaste 
collection de l'Encyclopédie métropolitaine de Londres. Il 
yavait de l’utilité à faire connaître sur le continent cet ex- 
cellent ouvrage, dont l’accès était si difficile aux, physi- 
ciens. Nous devions faire la traduction en commun; les 
parts changèrent ensuite; Verhulst s’occupa seul de ce 
travail, et je restai chargé de la rédaction du supplément à 
l'ouvrage de l’illustre astronome anglais. 

Cependant le Gouvernement avait organisé des cours 
publics au Musée de Bruxelles, où, déjà depuis plusieurs 
années, j'étais chargé de l’enseignement de la physique 
expérimentale. Comme les mathématiques n’étaient pas 
comprises dans cette organisation, j’engageai trois de mes 
anciens élèves à remplir cette lacune. 

M. Verhulst s'était chargé de donner le cours d’analyse, 
mais il dut renoncer bientôt à la nouvelle tâche qu'il s’était 
imposée; sa santé s'était considérablement altérée (1). Il 
lutta pendant longtemps contre le mal qui faisait des pro- 


(1) Cet état maladif semblait particulièrement dû à l'excès du tra- 
vailet à un développement de taille peu ordinaire; sa hauteur était 
de 1%,89 ou de 6 pieds environ. 


(107) 


grès rapides; mais cédant à Ja fin aux conseils de ses amis, 
il prit la résolution de se transporter sous un ciel plus 
favorable, et partit pour FPltalié, au commencement 
de 1830. | 
Il avait pris avec lui les livres nécessäires à sés études ; 
mais à peine arrivé à Turin, il dut rénoncer au désir de les 
porter plus loin, pour éviter des contestations incessantes 
avec lés douanes dés petits États qu'il avait à traverser. Il 
visità successivemerit Milan, Bologne, Florence, Pise, Li- 
vourne ét Rome , ayant soin partout de se mettre en relation 
avec les hommes les plus éminents dans les sciences. Je le 
suivis de près dans cés différentes villes, maïs en arrivant 
à Rome , j’eus le regret d'apprendre que nous nous étions 
croisés sur la route de Florence. Nous touchions alors à 
la fin de séptémbré : la révolution qui venait d’éclater 
en Belgique, avait le plus vif retentissement en Italie; 
on en exagérait considérablement les effets et les résul- 
tats. Je dus précipitamment quitter Rome, sans y avoir 
vu Verhulst, qui n’y rentra que quelques jours après mon 
départ. | 
C’est à cette époque et sous l’influence des nouvelles 
qu’il recevait de France et de Belgique, qu'il lui vint à 
l'esprit un de ces projets qui ne peuvent guère trouver 
place que chez des jeunes gens dépourvus de la connais- 
sance des hommes et des choses, Il concut l’idée d’opérer 
une réforme dans les Ëtats pontificaux et de persuader au 
Saint-Père de donner une constitution à son peuple. Il ne 
s’en tint pas au projet. Verhulst marchait toujours droit aux 
conséquences d’un principe, avec toute la fermeté que 
donne une pleine conviction. Il rédigea le pacte constitu- 
tionnel, et alla le communiquer à des cardinaux dont il 


( 108 ) 


avait été bien accueilli. Ce qu’on aura peut-être peine à 
comprendre, c’est que ce projet fut pris en considération 
et renvoyé confidentiellement à l’avis de plusieurs minis- 
tres étrangers. Mais l’affaire passa des mains de la diplo- 
matie à celles de la police, et notre compatriote reçut 
brusquement l’ordre de quitter Rome, 

Des avis officieux lui avaient fait craindre déjà que des 
émissaires ne vinssent l’attaquer dans sa demeure, Verhulst 
résolut de se barricader ; et, le cas échéant, de soutenir un 
siége; il avait pourvu à tout, même à la retraite, si ses 
premiers remparts étaient forcés. Il avait voulu associer à 
ses plans de défense l’un de nos confrères de la classe des 
lettres, qui partageait alors son appartement mais nulle- 
ment son ardeur belliqueuse. Ces détails, je les tiens de la 
bouche même de Verhulst; et s’ils sont mentionnés ici, 
c’est parce qu’ils ont eu quelque retentissement dans les 
journaux et les mémoires de l’époque (1). 

Après cet épisode, notre jeune compatriote rentra en 
Belgique; c’est dire assez qu’il ne demeura pas étranger 
aux événements qui s’y passaient alors. Il se trouva bientôt 
au courant du véritable état des choses, et déploya une 
activité qui semblait annoncer un complet rétablissement 
de sa santé, Quand, vers le milieu de 1831, l’armée hol- 
Jlandaise fit invasion sur notre territoire, Verhulst, malgré 
toutes les représentations de ses amis, voulut absolument 
se rendre à l’armée. Le 9 août, vers 9 heures du matin, je 
reçus de lui le billet suivant : « Je pars aujourd’hui, à 
10 heures, pour le quartier général, chargé par le ministère 


(1) Particulièrement dans les Mémoires de la reine Hortense, 
qui avait fait un bon accueil à notre jeune géomètre. 


( 109 ) 


de suivre l’armée pour tenir le Gouvernement au courant 
des mouvements de nos troupes. » 

Une fois lancé dans les affaires politiques, Verhulst 
abandonna à peu près complétement ses études mathéma- 
tiques, et fit un appel aux électeurs pour devenir membre 
de la Chambre des Représentants. Toutefois cet appel n’0»- 
tint pas le succès qu’il en attendait, et je crois que ce fut 
un bien pour lui. 

Les savants, et les artistes surtout, doivent-ils chercher 
à se présenter dans l’arène parlementaire? On pourrait en 
douter , en considérant que peu s’y sont distingués, et que 
beaucoup au contraire y ont perdu de leur réputation. On 
prétendra peut-être que la chose publique y a gagné : la 
thèse est plus problématique encore; la plupart du temps, 
l’État perd des hommes éminents dans leur spécialité, et il 
est souvent difficile de les remplacer, hormis dans le poste 
qu’ils ont cru devoir rechercher. La véritable source de 
leur talent, l'imagination, au lieu de s’exercer et de se déve- 
lopper dans les assemblées délibérantes , finit au contraire 
par s’émousser et s’éteindre en présence d'intérêts presque 
constamment matériels sur lesquels portent les discussions, 

Au milieu de ses préoccupations politiques, Verhulst 
relisait notre histoire nationale et y cherchait avidement 
les époques qui pouvaient offrir quelque analogie avec 
celle où le pays se trouvait alors. Cette étude le porta à 
écrire le Précis historique des troubles de Bruxelles, en 
1718, publié avec des détails inédits sur le procès et l’exé- 
cution d’Agnecssens, que le peuple bruxellois considère 
encore comme l’un des martyrs de ses libertés (1). Cet 


(1) Une brochure in-18 de 72 pages. Bruxelles, chez Th. Le- 
jeune , 1832. 


10 


(110) 


opuscule est écrit d’une manière intéressante et prouve que 
l’auteur ne se serait pas trouvé déplacé sur le terrain de 
l’histoire , s’il avait jugé à propos de s’y arrêter. 

Lorsqu’en 1832, je m'occupai de réunir les éléments né- 
cessaires pour calculer les premières tables générales de 
mortalité de la Belgique, où se trouve établie la distinc- 
tion des sexes, Verhulst voulut bien m’aider dans ce pénible 
travail. C'était encore à ma prière qu’il avait calculé, en 
1827, une table de mortalité pour la ville d'Amsterdam, 
en faisant usage des documents recueillis dans les {nnuaires 
de Lobatto (1). 

Ce genre de recherches porta son attention sur un travail 
relatif aux populations spécifiques, publié par le baron de 
Prony, dans {’ {nnuaire du bureau des longitudes de France. 
L'écrit qu’il composa à ce sujet fut inséré dans se même 
annuaire pour 1833. L’illustre géomètre français reconnut 
avec courtoisie la valeur des observations du jeune géo- 
mètre belge, et lui adressa à ce sujet une lettre intéres- 
sante, dans laquelle il revenait sur plusieurs de ses pre- 
miers calculs pour les corriger (2). 

En 1834, Verhulst avait été attaché à l’École militaire ; 
il avait commencé par y remplir gratuitement les fonctions 
de répétiteur d'analyse. Nommé ensuite professeur, il se 
consacra tout entier à l’accomplissement de ses impor- 
tantes fonctions. Quel plus digne éloge pourrait-on faire de 
sa carrière professorale, que celui qu’a prononcé sur sa 


(1) Voyez p. 105 dut. IH dela Correspondance mathématique 
et physique. 

(2) Voyez pages 227 et suivantes du t, VII de la Correspondance 
mathématique et physique. 


(111) 


tombe l’honorable commandant de l’École militaire, qui 
avait su apprécier avec tant de tact toutes ses éminentes 
qualités? « Dans ses fonctions de professeur, disait le 
général Chapelié, dans ses relations avec ses collègues et 
avec ses élèves, Verhulst montra continuellement, et le 
besoin d’être utile, et les sentiments de justice et d'équité 
dont il était pénétré. Il rédigea le précis des cours dont il 
était chargé. Chaque année, ce travail était perfectionné., 
1 s’en occupait avec ardeur, et s’efforçait, tout en tenant 
ses résumés à la hauteur de la science, d’aplanir les diffi- 
cultés qu'offre l’étude des mathématiques. » 

Sentant le besoin de concentrer ses affections, Verbulst 
s'était allié à une famille distinguée dans les beaux-arts et 
les sciences (1). Il avait épousé, en 1837, Mile Debiefve; 
et de cette union naquit une fille, qui, plus tard, contribua 
à lui donner, dans son intérieur, un bonheur tranquille 
que l’état de sa santé ne lui permettait plus guère d’es- 
pérer. : 

Nos travaux les plus importants se rattachent souvent à 
de faibles causes, Verhulst avait acheté, dans une vente 
publique, un bel exemplaire des OEuvres de Legendre. Le 
plaisir que lui procurait cette acquisition lui inspira le 
désir d'étudier le Traité des fonctions elliptiques. Insensi- 
blement le cercle de ses recherches s’étendit, et il conçut 
l’idée de résumer dans un traité élémentaire les principaux 
résultats analytiques obtenus par Legendre , Abel et Jacobi, 
Ilne recula pas devant les difficultés d’une pareille entre- 


(1) El avait pour beaux-frères M. le Dr Debiefve et M, Ed. Debiefve, 
l'un de nos principaux peintres, Son frère, du côté maternel, 
M, Wynants, est capitaine du genie dans l'armée belge. 


(112) 


prise; ilse mit à lire, la plume à la main, non-seulement 
les différents mémoires de ces iliustres géomètres, mais 
encore tous les écrits relatifs à ces matières, et finit par 
publier, en 1841, son principal ouvrage, le Traité élémen- 
taire des fonctions elliptiques, destiné à faire suite aux 
traités élémentaires de calcul intégral (1). 

La publication de ce livre était un véritable service rendu 
aux sciences ; il fallait plus qu’un mérite vulgaire pour faire 
rentrer dans le domaine de l’enseignement une série de tra- 
vaux de haute analyse qui se trouvaient disséminés dans dif- 
férentes collections et écrits dans différentes langues. Peut- 
être l’auteur a-t-il eu letort de substituer quelquesnotations 
nouvelles aux notations généralement admises ; il ne l’a fait, 
du reste, qu'avec la plus grande réserve et en protestant de 
sa répugnunce pour les innovations. 

La publication du Traité des fonctions elliptiques lui ou- 
vrit les portes de notre Académie; Verhulst fut nommé 
correspondant de la section des sciences, le 7 mai 1841; et, 
dans la séance générale du mois de décembre de la même 
année, il fut nommé membre, en remplacement de M. Gar- 
nier, son ancien professeur à l’Université de Gand. Ces deux 
distinctions, données à des termes si rapprochés par le pre- 
mier corps savant de son pays, ne furent pas les seules ré- 
compenses de ses travaux. Le Roi lui conféra la croix de 
chevalier de son ordre, et le Gouvernement lindemnisa des 


(1) M. Garnier a donné une analyse de cet ouvrage dans les Bulle- 
tins de l’Académie pour 1840, première partie, p. 322 el suiv. 

M. Verhulst, avec la loyauté qui le caractérisait, a fait connaître 
que plusietrs tables renfermées dans son ouvrage, ont été calculées 
par M. Loxhay, son ancien élève el son ami, qui lui donua les soins 


les plus touchants pendant sa dernière maladie. 


(115) 


frais de publication de son livre, dont le nombre des lec- 
teurs devait être d’autant plus restreint que le sujet suppose 
des connaissances mathématiques assez approfondies. 

Déjà, depuis le mois de septembre de la même année, 
Verhulst avait été contraint de reprendre le chemin de l’Ita- 
lie , et d’aller respirer sous un ciel plus favorable à sa santé, 
Son absence se prolongea jusqu’au printemps ; et à son re- 
tour, on pouvait croire, comme la première fois, à un 
complet rétablissement. Cependant ses facultés intellec- 
tuelles avaient perdu de leur énergie ; il renonça presque 
entièrement aux études mathématiques qui exigeaient un 
travail trop soutenu. Il publia cependant encore, en 1847, 
un petit opuscule intitulé : Lecon d’arithmétique dédiée aux 
candidats aux écoles spéciales (1); il a cherché à y présen- 
ter quelques simplifications dans les procédés ordinaires 
de calcul pour la multiplication et la division, et dans Îles 
moyens de reconnaitre le degré d'approximation où l’on est 
parvenu en faisant l’extraction d’une racine cubique. 

Son attention s'était plus particulièrement tournée vers 
les sciences politiques et vers la théorie de la population. 
Voici à quel sujet. On admet, en général, que la tendance 
de la population à se multiplier suit une progression géo- 
métrique; c’est la loi de Malthns. Cependant de nombreux 
obstacles s’opposent à ce que cette loi mathématique se 
confirme par l’expérience. Le célèbre économiste anglais, 
qui s’était occupé avec soin de l’énumération et de l’exa- 
men de ces obstacles, avait gardé le silence sur leur mode 
d’action. Dans mon Æssui de physique sociale , j'avais cru 
pouvoir avancer que la résistance ou la somme des obstacles 


(1) Bruxelles, 1847, 1 vol. in-12. 
10. 


(114) 


opposés au développement indéfini de la population, aug- 
mente proportionuellement au carré de lu vitesse avec la- 
quelle la population tend à croitre. Une proposition analogue 
avait été avancée par Fourier , l’iliustre auteur de la Théo- 
rie de lu chuleur, dans son introduction au tome Ie: des 
Recherches statistiques sur Puris (1). Je priai M. Verhulst 
de soumettre ce principe à un calcul approfondi et d’en 
faire l’application aux meilleurs documents connus sur la 
population. Notre confrère voulut bien se prêter à ma de- 
mande, et publia les résultats de ses recherches dans le 
tome X de la Correspondance mathématique et physique. | 
fut conduit à cette conclusion, que les données de l’obser-- 
vation étaient encore trop peu nombreuses pour que le 
principe énoncé pût être vérifié, de manière à ne laisser 
aucun doute sur son exactitude; ou, en d’autres termes, 
que la théorie avait devancé l'observation et qu’ilétait pru- 
dent de s’arrêter. Cependant il ne s’en tint pas à ces sages 
conclusions ; et, l’année suivante (1844), il nous présenta 
un mémoire intitulé : Recherches mathématiques sur La loi 
duceroissementde la population (2); on trouve dans ce tra- 
vail, remarquable du reste sous différents rapports, quel- 
ques conclusions qu’on peut considérer tout au moins 
comme hasardées. Aussi. l’auteur reprit-il son travail avec 
cette patience et cette bonne foi qui le caractérisaient ; 
et, en 1846, il présenta un second mémoire sur le même 
sujet (3). 


(1) Tome ler, p. 277, chez Bachelier, Paris, 1835. 

(2) Tome X VII des Mémoires de l’ Académie royale de Bruxelles. 

(3) Tome XX des Mémoires de l’Académie royale, \847. Lu dans 
la séance du 15 mai 1846. 


(115) 


En récherchant, à son tour , le mode d’action des obsta- 
cles au développement de la population, notre confrère a 
cru pouvoir établir en principe qu’iis augmentent propor- 
tionnellement au rapport de la population surabondante à la 
population totale, Dans cette hypothèse, il a cherché les 
limites entre lesquelles la population belge doit toujours 
se trouver re:serrée, et il a fixé la limite supérieure à 
9,409,060 habitants. Dans son mémoire précédent, il avait 
fixé cette même limite à 6,600,000 habitants, en partant, 
cette fois, du principe que les obstacles croissent exacte- 
ment dans la même proportion que la population surabon- 
dante. 

On conçoit que lorsqu’on se place sur le terrain des hypo- 
thèses , on peut donner une vaste carrière à son imagination; 
surtout quand les observations manquent pour les mettre à 
l'épreuve. Si quelque chose peut les justifier, c’est la loi des 
analogies ; mais il n’existe, à notre connaissance, aucun 
principe dans la nature, analogue à celui posé par notre sa- 
vant confrère. 

ll se montrait, d’une autre part, peu favorable à l’appli- 
cation de la théorie des probabilités aux phénomènes mo- 
raux, et particulièrement aux déductions a posteriori que 
lon tire de lobservation des faits. Il était, à cet endroit, 
d’une réserve et d’une timidité qu’on pouvait regarder 
comme extrêmes : il ne jugeait le calcul applicable que 
quand on aperçoit un rapport direct entre la cause et l'effet. 
Sa conviction paraissait cependant ébranlée, quand on 
lui parlait des tables de mortalité et des applications diver- 
ses qui en ont été faites, même dans ses propres écrits. 

Vers la fin de sa vie, il revint encore sur sa thèse favorite, 
et me confia qu'il méditait, pour notre séance publique, 


( 116 ) 


un discours dans lequel il entreprenait de combattre mes 
idées sur la théorie des probabilités appliquée à la statisti- 
que morale ; il craignait que sa santé ne lui permit pas de 
le lire; j’offris d’en donner communication à sa place, disant 
que sa réfutation en serait d'autant plus piquante. Cette idée 
lui souriait, mais il n’eut ni le temps ni la force de donner 
suite à ce er 

Moins exclusif que la plupart des écrivains politiques, il 
accordait une égale importance à la statistique et à l’écono- 
mie sociale. Ilne concevait pas, comme on le fait si souvent 
de pi anis le besoin de sacrifier l’une de ces deux scien- 
ces à l’autre, Naguëre encore n’avons-nous pas vu la France 
supprimer son cours d'économie politique du Collége de 
France, et y substituer différents cours de statistique , tan- 
dis que, chez nous, comme par représailles, l’économie 
politique prenait le dessus et que le nom de statistique 
disparaissait des programmes de nos Universités ? 

. La Belgique cependant, par une glorieuse initiative, ré- 
gularisait ses travaux statistiques et donnait l’exemple du 
plus vaste recensement qui ait jamais été exécuté chez au- 
cun peuple (1). C’est quand une science est naissante, qu’il 
importe surtout de suivre, en historien fidèle et impartial, 
les différentes phases que présentent ses premiers dévelop- 
pements, et de signaler les causes qui peuvent en accélérer 
ou retarder les progrès. 

La nature des études de notre confrère , les excellentes 
qualités de son cœur et ses inflexibles principes de droiture 
lui valurent de nombreux témoignages d’estime et de con- 


(1) Le triple recensement de la population, de l’agriculture et de 
l'industrie, 


(117) 


fiance. Je citerai en particulier les pénibles fonctions de 
maître des pauvres qu’il exerça aussi sf que Pétat 
de sa santé le permit. 

Dans les derniers temps de sa vie, le Gouvernement l’avait 
appelé successivement dans la commission pour l’amélio- 
ration de la condition des pauvres dans les Flandres, et dans 
celle pour les assurances générales par l’État. La classe des 
sciences, de son côté, l’avait nommé son directeur pour 1848, 
et le Roi lui avait conféré , pour la même année, le titre de 
président de l’Académie. 

Vous savez combien il s’attachait à justifier cette distinc- 
tion par son esprit droit et conciliant, par ses habitudes 
douces et polies. Il prévenait avec le plus grand soin tout 
ce qui pouvait devenir un germe de discorde dans le sein 
de la classe. Jamais de paroles blessantes ; il se montrait 
d'autant plus modeste, que sa position devenait plus élevée. 

Exempt lui-même de toute susceptibilité personnelle, il 
respectait religieusement celles des autres, S’il discutait, 
c'était par le désir de s’instruire et non par esprit de con- 
tradiction ou pour imposer ses opinions, Ce qui le distin- 
guait surtout, c'était une inaltérable égalité de caractère. 

11 eût été difficile d’être plus rigoureux observateur de 
ses devoirs. « Pour juger du courage de l’homme dont nous 
déplorons la perte, il faudrait l’avoir vu, comme nous, di- 
sait auprès de son tombeau l’honorable général Chapelié, 
il faudrait Pavoir vu obligé de se reposer à chaque pas pour 
parvenir au lieu de ses leçons, et arriver essouflé, haletant, 
après avoir mis près d’une heure pour parcourir la petite 
distance qui séparait son domicile de l’école. » 

J’ai déjà rappelé que, sur son lit de mort, il ne croyait 
pas que ses souffrances pussent lui servir d’excuse et lui 


(118) 


faire négliger ce qu'il regardait comme ses devoirs de prési- 
dent de l’Académie. C’est ici même, dans cette séance pu- 
blique , qu’il eût voulu se faire entendre une dernière fois, 
comme vous y aviez entendu, dans des circonstances sem- 
blables, le colonel Dandelin qui, lui aussi, avait pris à tâ- 
che de réserver en quelque sorte son dernier soupir pour 
vous remercier publiquement de l’avoir nommé directeur 
de la classe des sciences (1). 

I était un autre devoir à laccomplissement duquel notre 
confrère n’attachait pas une importance moins grande. Nos 
usages réservent au président l’honneur d'exprimer au Roi 
nos félicitations au sujet de chaque renouvellement d’an- 
née. Verhulst avait préparé l’allocution qu’il comptait faire; 
ilavait, pour ainsi dire, calculé ce qu’il lui fallait de force 
physique pour monter le grand escalier du palais ; mais, ici 
encore, la gravité de sa maladie déjoua toutes ses prévi- 
sions. Il me mit dans la confidence du chagrin qu’il en 
éprouvait. Je crus pouvoir lui promettre que ses désirs ne 
seraient pas complétement trompés, et que le Roi enten- 
drait les paroles qu’il avait eu l’intention de lui adresser, 
Je m’empressai d’en parier à M. Fétis, son successeur à la 
présidence; et notre savant confrère, avec toute la modes- 
tie et la bienveillance qui accompagnent d’ordinaire un 
talent supérieur, voulut bien accepter cette mission, peut- 
être insolite , mais dictée par un sentiment pieux. 

Depuis cette époque, l’existence de Verhulst ne fut plus 
qu’une longue agonie qu’il supportait avec une résignation 
et un courage dont il serait difficile de se faire une idée. 


(1) Par un rapprochement singulier, tous deux sont morts le 15 fé- 
vrier, l’un en 1847, l’autre en 1849. 


( 119 ) 


Habitué à lutter contre la maladie, lui seul n’en prévoyait 
pas Le terme prochain, bien qu’il létudiât comme un pro- 
blème, et qu’il s’observât mourir , si je puis m’exprimer 
ainsi, Son extrême douceur ne se démentit pas un instant ; 
la veille de sa mort encore , lorsque sa voix se refusait à 
rendre sa pensée, il me tendait affectueusement la main, 
voulant témoigner toute sa reconnaissance à ses confrères 
des sentiments d'amitié que je venais lui exprimer en leur 
nom, Îl s’éteignit avec calme, après avoir reçu les secours 
de la religion et au milieu des soins Les plus touchants de sa 
famille, le 15 février 1849 , vers sept heures du soir. 


Approche-t-il du but , quitte-t-il ce séjour ; 
Rien ne trouble sa fin ; c’est le soir d’un beau jour (1). 


À. QUETELET. 


(1) Ses funérailles avaient attiré un grand concours de monde : 
plusieurs discours furent prononcés sur sa tombe: au nom de l’Aca- 
démie, par le secrétaire perpétuel ; pour FÉcole militaire, par M. le 
général Chapelié, commandant de cet établissement , et par M. Fer- 
rier, élève sous-lieutenant, au nom de ses camarades qui assistaient 
tous à cette triste cérémonie. 


( 120 ) 


PUBLICATIONS FAITES PAR M. VERHULST. 


, L. Petri Francisci Verhulst commentatio de maximis et 
minimis, in certamine literario civium Academiarum bel- 
gicarum die 8 mensis februarii an. MDCCCXXIV, ex 
sententia ordinis disciplinarum math. et phys. Academiae 
Lugduno-Batavae premio ornata. Leyde , 1824, Broch. in-4°. 


IL. Petri Francisci Verhulst commentatio ad quaestionem 
mathematicam a nobilissimo disciplinarum math. et physi- 
carum ordine Academiae qgandavensis propositaum an. 
MDCCCXXIII, quae praemium reportavit die IV  octo- 
bris MDCCCXXIV. Gand, 1825. Broch, in-4°, 


ITL Dissertatio mathematica inauguralis de resolutione tum 
algebraïica, tum lincari acquationum binominalium quam..… 
pro gradu magisterit et doctoratus summisque in mathesi et 
philosophia naturali honoribus et privilegiis in Academia 
regia ganduvensi, rite ac legitime consequendis publice 
defendet Petrus Franciscus Verhulst, bruxellensis, die 
TITI" augusti MDCCCXXV, hora XI. Gand, 1825, Broch. 
in-40. 


IV. Traité élémentaire des fonctions elliptiques ; ouvrage 
destiné à faire suite aux traités élémentaires de calcul 
intégral , par Verhulst; Bruxelles, 1841, chez M. Hayez. 
1 vol. in-8o, 


V. Précis historique des troubles de Bruxelles, en 1718. 
Bruxelles 1832, chez Th, Lejeune. Broch. in-18. 


VI. Leçon d’urithmétique dédiée aux candidats aux écoles 
spéciales, Bruxelles, 1847 , chez M. Hayez. 1 vol. in-12. 


(121) 


VII, Traité de la lumière, par J.-F.-W. Herschel, tra- 
duit par Verhulst, avec notes par À. Quetelet. Paris, 1829, 
chez Malher et compag. 2 vol. in-8, 


MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE, 


Recherches mathématiques sur la loi d’accroissement de 
la population, tome XVHII, 

Deuxième mémoire sur la loi d’accroissement de la popu- 
lation, tome XX. | 


BULLETINS DE L’ACADÉMIE. 


Sur la réduction des fonctions elliptiques de la troisième 
espèce à paramètre circulaire , à des fonctions de deux ar- 
guments ; année 1839, tome VI, 1r° partie, p. 2. 

Calcul approximatif des transcendantes elliptiques ; année 
1839 , tome VI, 2° partie, p. 424, 

Sur une nouvelle manière de trouver à priori la différen- 
lielle de y — log. x; année 1840, tome VIl, 1re partie, 
pp. 53 et suiv. 

Note sur l’équation approchée F' (c) — log. 33 année 1843, 
tome X, 2e partie, p. 378. 


Nota.— Les Bulletins contiennent, en outre, différents 
rapports faits par M. Verhulst. 


CORRESPONDANCE MATHÉMATIQUE ET PHYSIQUE. 
Tome II, p. 80. 


Solution de la question : 


Si l’on désigne par m-+nV” — 1 une des valeurs de La 
11 


(12 ) 


racine nme d’une quantité quelconque réelle positive ou né- 
gative + 2, on aura identiquement 


Verre Væi-Vez, 


les signes supérieurs ayant lieu en même temps dans Les 
deux membres de l’équation, aussi bien que les signes ënfc- 
rieurs. 


Tome II, page 196, 


Solution de la question : 


On demande ce que devient, au bout de n années, un 
capital z à r pour 100, lorsqu’à la fin de la première année 
on retranche du capital augmenté des intérêts, une somme 
égale à cc, ce qui donnera lieu à une différence que l’on plu- 
cera également à r pour 100, en ajoutant les ‘intérêts au 
capital, mais dont on retranchera Rc ; et ainsi de suite ,en 
retranchant successivement 8c, 4c... , nc, à lu fin de la 3e, 
4e,.., n° années, 

Cette question s’était présentée à l’occasion d’un arrêté 
royal qui réglait le payement de la dette différée par la 
voie du sort et de 85 en 25 ans. 


Tome IIE, p, 5. 


Démonstration du théorème de Fermat : Soit p un nombre 


premier et a un nombre quelconque premier avec p , la puis- 


sance #7 * — 1 sera exactement divisible par p. 


(135) 


Tome IIT, page 71. 


Démonstration du théorème de Wilson : sip désigne un 
nombre premier, le produit 1X 2 X38....p — 1, augmenté 
de l’unité , sera divisille par p. 


Tome IIT, page 269. 


Solution du problème : On donne dans un plan un angle et 
un point, et l’on demande de faire passer par le point une 
droite qui coupe les deux côtés de l’angle, de manière que 
l’aire interceptée soit de grandeur donnée. 


Tome IV, p. 57. 


Tableaux des chances de la nouvelle loterie, établie par 
arrêté de Sa Majesté, en date du 13 novembre 1827. 


Tome IV, page 141. 


Rectification au même articie, 


Tome V, p. 174. 


Note sur un article d'analyse de M. de Montferrier. 


Tome V, page 329. 


Sur l’intégration de quelques équations différentielles, 
relatives au problème des oscillations du pendule simple 
dans un milieu résistant, 


(124) 


Tome VI, p. 120, 


Note sur l’expression de l'aire d’un quadrilutère, donnée 
par M, Lefèvre, dans son TRAITÉ D’ARPENTAGE, 


Tome VII, p. 183. 


Note sur une remarque de M, Pagani, relative au mou- 
vement rectiliqne d’un point materiel attiré par un centre 


five. 
Tome X, p.113. 


Notice sur la loi que la population suit dans son ac- 
croissement, | 
Tome XI, p. 225. 
Sur la réduction des fonctions ciliptiques de la troisième 


espèce à paramètre circulaire, à des fonctions de deux ar- 
guments. 


“ f: " L. + 
rot seu} Bruxelles 1 


74 


4 
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/) 


(22 0 


NOTICE 


Jean-Tnéonore-Huserr WEUSTENRAAD, 


CORRESPONDANT DE L'ACADÉMIE, 


Né à Maestricht, le 45 novembre 4805 ; mort à Jambes, provinec de Namur, 
le 25 juin 1849 (1). 


Qu’a de commun la poésie avec ce siècle sceptique et 
tourné vers les choses matérielles ? Quelle oreille s’ouvre 
encore à ses chants, au milieu des clameurs sauvages qui 
menacent nos institutions séculaires ? La Iyre ancienne 
créait les villes et fondait les empires, dont le génie de la 
destruction s’attache aujourd’hui à saper les fondements. 
S’il surgit de loin en loin un poëte animé du feu sacré, il 
ne tarde pas à être entraîné par le torrent. Mais, pour qui 
lui résiste et l’observe, ce torrent même a son côté sublime ; 
les plus violentes tempêtes que la main de Dieu déchaine 
sur la terre ont aussi leur caractère de grandeur. C'est le 
spectacle imposant de la vaste transformation sociale à la- 
quelle nous as:istons, qui a donné ses plus b£lles inspira- 


(1) Lu à la séance de la classe des Icttres du 7 janvier 1850, 


11. 


( 126 } 


* 


tions au poëte dont j'aurai à vous retracer la carrière si 
courte, hélas! et qui promettait de devenir si brillante, 

Son origine était modeste, mais moins humble que ne 
pourraient le faire croire quelques passages de ses poésies. 
Jean-Théodore-llubert Weustenraad était né à Maestricht, 
le 15 novembre 1805. Son père, qui exerçait la profession 
d’avoué, le fit entrer de bonne heure à lathénée de sa ville 
natale. Le jeune Weustenraad fit de brillantes études dans 
cet établissement, qui jouissait d’une répulation justement 
méritée, et y développa les premiers germes de son talent 
poétique. 

En 1823. il alla suivre les cours de la faculté de droit de 
Puniversité de Liége, et s’attacha particulièrement au cé- 
lèbre professeur Kinker. Il puisa dans les préceptes de ce 
savant un goût prononcé pour les littératures du Nord, et 
produisit même quelques compositions en hollandais. Les 
ouvrages qu’il a publiés depuis portent presque tous un ca- 
chet emprunté à ses premières études. 

Après avoir obtenu le grade de docteur, il retourna à 
Maestricht. Le désir de donner de l’activité à.sa pensée et 
de se poser en défenseur de la cause liberale, le porta à 
s’enrôler dans la presse militante, et il contribua, vers la fin 
de 1827, à fonder l’Éclaireur du Limbourg, journal mo- 
déré, mais faisant partie de l’opposition. 

Une rixe qui eut lieu, au mois d'août de l’année suivante, 
entre des bourgeois et des soldats de la garnison de filaes- 
tricht, rixe dans laquelle ces derniers firent usage de leurs 
armes, excita l’indignation de W eustenraad. Sous l’inspira- 
tion des sentiments qui le dominaient , le jeune publiciste 
écrivit un article qui donna lieu à des poursuites judiciaires ; 
mais malgré l’opiniâtreté de ces poursuites, il triompha suc- 


( 127 ) 


cessivement devant la cour d’assises, le tribunal de police 
correctionnelle et la cour d’appel. 

Ce procès à peine terminé, le ministère public en com- 
mença imprudemment un second, qui promettait de snivre 
à peu près les mêmes phases que le précédent, quand 
éclata la révolution de 1830 Weustenraad se rendit aussitôt 
à Bruxelles pour coopérer de tous ses moyens à lindépen- 
dance de la Belgique. Pendant qu’il servait de sa plume la 
cause qu’il avait embrassée avec tant d'enthousiasme, son 
frère la servait de son épée : c’est à ce sujet qu’il composa 
la pièce qui commence par ces vers : 


C’est ici que tomba l'élite de nos braves, 
C’est ici que mon frère est mort pour son pays, 
Mort, à vingt ans, sous les canons bataves... 


Dans cette espèce de dithyrambe, l’auteur annonce, d’un 
ton prophétique , que le régime du sabre est désormais 
passé : 


Soldats! pour le bonheur du monde 
Vous ne pouvez plus rien; non, vos chefs ne sont plus 
Les symboles vivants du verbe qui féconde : 

Place donc à d’autres élus! 


Ces derniers mots trouvent leur explication dans Îles 
Chants de réveil, qu’il publia vers la même époque, sous le 
nom supposé de Charles Donald (1). Weustenraad y pro- 
clame, avec enthousiasme, l’ayvénement du saint-simonisme 
et l’inauguration d’une ère nouvelle, 

Le saint-simonisme , en effet, venait de faire irruption en 


(1) Tongres, chez J. Billen, 1831, 1 broch. de 32 pages. 


(198 ) 


Belgique. M. Pierre Leroux et un élève de l’ancien lycée de 
Gand, M. Margerin, furent ses deux premiers apôtres parmi 
nous. Prêchée ensuite par une série de jeunes missionnaires, 
dont plusieurs ne manquaient ni de savoir, ni d’éloquence, 
la religion nouvelle causa, au premier abord , une assez vive 
sensation. Des observations justes sur les vices de notre état 
social , des aperçus brillants sur les différentes époques his- 
toriques, un système mathématiquement coordonné en ap- 
parence et paré de tout le luxe des images orientales, la 
réhabilitation de la théorie des plaisirs sensuels, en fallait- 
il davantage pour frapper les esprits et surtout pour séduire 
de jeunes imaginations ? Toutefois, les choses n’allèrent pas 
aussi loin que chez nos voisins ; le bon sens, qui caractérise 
si éminemment notre nation prévint les déceptions nom- 
breuses qu’ils eurent à enregistrer. 

Les Chants de réveil annonçaient déjà un véritable talent 
poétique, mais qui avait besoin de se perfectionner encore. 
C’est ainsi du moins que leur auteur en jugea lui-même ; 
car, dix ans plus tard, il les refit presque complétement ; il 
adoucit les images exagérées , supprima différents passages 
faibles et en conserva le Chant du prolétuire, ainsi que /e 
Vieux drapeau. 

Il jugea également à propos de tempérer les acclamations 
trop vives dont il avait salué la religion nouvelle, Au vers 
peu harmonieux d’ailleurs : 


Gloire à toi, saint Simon, seul vrai dieu deta race, 


qui commençait le troisième chant de réveil, il substitua : 


Gloire à toi, saint Simon, gloire aux fils de ta race! 


( 129 ) 


Il débuta en même temps par cette strophe qu’on ne 
trouve pas dans la première édition : 


Quand sur les splendides ruines 
De ce siècle âgé de trente ans, 
L'essaim des nouvelles doctrines 
S’abattit à cris triomphants, 

Un poëte éclos sous leurs ailes, 
Qui les suivait dans leur essor, 
S’éprit d'amour pour l’une d'elles, 
Et chanta plein d'espoir encor. 


Faut-il entendre, par ce dernier mot, que cct espoir 
n’existait plus dix ans plus tard? Weustenraad, du reste, 
n'avait pas la prétention d’être invariable dans ses convic- 
tions; et qui pourrait l’être dans nos temps de crise? « Ne 
suivant que ma libre fantaisie, dit-il, n’écrivant que sous le 
coup d’une émotion réelle, je ne me suis pas même demandé 
si ma pensée de la veille était toujours conforme à celle du 
lendemain. La face des choses change et se transforme cha- 
que jour , et la nature de nos sensations change et se trans- 
forme avec elle (1). » 

Les Chants de réveil furent publiés à Tongres, où Weusten- 
raad avait été nommé substitut du procureur du Roi. Notre 
poëte resta peu de temps dans cette ville : il y avait été 
envoyé le 24 février 1851, et le 19 novembre de l’année 
suivante, il fut appelé à Liésce en qualité d’auditeur mi- 
litaire. 11 passa, dans cette position nouvelle, quinze des 
plus belles années de sa vie, partageant ses loisirs entre ses 
études, ses amis et des promenades dans la vallée la plus 
pittoresque et la plus riche de notre pays. 


(1) Poésies lyriques , préface, p. 2. 


(150 ) 


Cependant la lecture des poésies qu’il a composées vers 
l’époque de son établissement à Liége fait naître, en gé- 
néral, un sentiment pénible. On souffre, en rencontrant 
des oppositions trop fréquentes entre la misère des prolé- 
taires et la dureté des grands, des malédictions conti- 
nuelles contre ces derniers et des paroles de décourage- 
ment jetées aux autres. Ces paroles ne font qu’engendrer 
des sentiments d’envie chez le pauvre, sans améliorer son 
sort : s’il est, d’ailleurs , des hommes écoïstes et durs, il en 
est d’autres généreux et compatissants. Quel bénéfice a-t-on 
retiré depuis plus d’un demi-siècle de ces nombreux appels 
à toutes les mauvaises passions des hommes ? En excitant 
constamment une partie de la societé contre l’autre, on 
n’a fait qu’augmenter la masse des misères communes. 

Ce n’est pas que nous refusions au poëte la faculté d’ex- 
primer ses appréhensions à la vue des tempêtes qui gron- 
dent sur notre vieille Europe. Nous applaudissons, au 
contraire, à son vers prophétique , quand il nous met en 
garde contre les dangers qui menacent l’ordre social : 


Place , place au torrent! il grossit , il s’avance! 
Pour arrêter sa marche et dompter sa puissance, 
En vain les rois du monde ont uni leurs efforts: 
Encore un jour, une heure, et le lit séculaire, 
Le lit étroit, obscur, où gronde sa colère, 

Il va l’abandonner pour engloutir ses bords. 


Riches trop indolents qui craïgnez ses ravages, 

Au lieu de l'insulter du haut de ses rivages , 
Creusez-lui done un lit plus large et plus profond , 
Où puissent librement, à travers nos vallées, 
Rouler au grand soleil ses ondes nivelées , 

Sans ébranler la digue ou menacer le pont. 


Ce langage est élevé . et mérite d’être entendu. Que l’on 
compare la pièce d’où ces vers sont extraits (/4 Démo- 
cratie) à celle à peu prés analogue qu’on trouve dans les 
Chants de réveil, et l’on aura la mesure de l’espace que 
Pauteur avait parcouru en quelques années. 

Un suicide lui inspira deux élégies (Mystère et Chute et 
Purdon). Ces pièces, ainsi que plusieurs autres qu’il com- 
posa vers 1832 et 1833, laissent encore beaucoup à désirer; 
elles portent l’empreinte d’une misanthropie qui ne se 
trouvait point dans le cœur du poëte, et qui n’était que 
l’œuvre de sa plume. Weustenraad, sans s’en apercevoir, 
payait son tribut à cette poésie échevelée qui, prétendu- 
ment grave, ne respecte ni les mœurs, ni le goût, ni la 
langue. On se croit grand parce qu’on est extraordinaire, 
et neuf parce qu’on peint des turpitudes que la littérature 
avait repoussées jusqu'alors. 

N'est-ce pas avec un sentiment pénible que nous avons 
vu se reproduire, avec affectation , dans notre jeune litté- 
rature toutes ces excentricités de style dont quelques écri- 
vains, d’un certain mérite du reste, ont donné le funeste 
exemple chez nos voisins? Des images forcées, des rappro- 
chements bizarres et inattendus, des paroles triviales em- 
ployées avec une certaine prétention, un usage immodéré 
des enjambements, affectant de violer toutes les règles 
de la versification , sont-ce là des modèles à suivre ? Est-ce 
là le langage de la poésie? Et ne vaudrait-il pas mieux se 
résoudre tout d’abord à écrire en prose ? 

Weustenraad avait trop de goût pour persister dans une 
voie aussi fausse ; et il avait l’âme trop noble et trop grande 
pour ne pas sentir ce qu’avaient de dangereux ces appels 
incessants à une croisade contre l’ordre social. Jamais le 


(152 ) 


sentiment religieux ne l’avait abandonné ; c'était la source 
la plus pure de son talent. Lisez son {ymne au siècle, et 
jugez ; l’épigraphe seule révèle toute son âme : Au lieu de 
blasphémer, apprenons à bénir. 
Déjà, dès 1836, en s'adressant aux barbares de la civili- 
sation , il faisait entendre courageusement ces paroles : 


Vous avez à la Foi coupé ses vastes ailes, 
Restitué le glaive aux archanges maudits, 

Des temples profanés expulsé les fidèles, 

À l'âme du chrétien fermé le paradis, 

Étouffé l'esprit pur sous la matiére immonde, 
D'un abject égoïsme exaucé tous les vœux, 
Placé l'impiété sur le trône du monde, 

Et mis le désespoir au premier rang des dieux. 


Il fallut quelque temps encore à notre jeune poëte pour 
se reconnaître et pour prendre l'allure libre qui convenait 
à son talent. C’est en 1841 qu’il se plaça décidément à la 
hauteur où l’appelait son génie poétique. Inspiré par les 
merveilles de l’industrie, cette source nouvelle de gran- 
des images où il avait puisé déjà l’idée de plusieurs de ses 
compositions , il écrivitle Remorqueur , et l’on put dès lors 
lui assigner le premier rang parmi nos poëtes lyriques. 

Jamais, en effet , la poésie, en Belgique, n'avait pris un 
essor plus élevé. Ge n’est pas cependant que cette pièce 
soit irréprochable; la critique trouverait à reprendre, et 
nous serions peut-être d'accord avec elle : mais, ici, le 
poëte vole de ses propres ailes; ses pensées sont nobles et 
grandes, bien que parfois l’expression manque de noblesse 
et de grandeur, Dans les hautes régions où il s’est élevé, 11 
se trace sa route à lui-même; et cette route est giorieuse, 


car elle lui appartient tout entière, J'aurais voulu citer 
quelques passages de cette œuvre remarquable, mais je 
m'aperçois que les citations, ici, deviennent impossibles; 
parce que le mérite réside moins dans les détails que dans 
l’ensemble; il est d’ailleurs des choses qui ne permettent 
pas une froide analyse, 

Le Haut Fourneau n’est pas d’une conception moins heu- 
reuse que /e Remorqueur, mais les difficultés à vaincre 
étaient plus grandes. Trop de détails techniques et la des- 
cription de procédés généralement peu connus donnent à 
cette composition quelque chose d’embarrassé et de mono- 
tone que l’art du poëte n’a pu sauver entièrement. Entraîné 
par le plaisir de décrire, peut-être ne repose-t-il pas assez 
son lecteur et ne donne-t-il pas assez de variété à ses ta- 
bleaux. 

Les poésies de Weustenraad sont, la plupart, politiques 
ou destinées à célébrer les merveilles de l’industrie ; ce- 
pendant quelques-unes, composées vers la fin de sa vie, 
sont d’un caractère plus doux; il y a répandu toute la sen- 
sibilité de son âme; son vers prend plus de mollesse et de 
grâce ; il coule d’une manière plus lirupide et plus harmo- 
nieuse. Nous distinguerons surtout {a Charité, l’une des 
pièces les plus suaves que renferment les Poésies lyriques 
publiées en 1848 : 


Femmes, l’hiver est là dans toute sa tristesse, 
Ramenant avec lui ces longs jours de détresse 

Qui répandent le deuil sous plus d’un toit glacé : 
Le pauvre attend quelqu'un pour sauver sa famille ; 
A son foyer muet plus de rayon qui brille, 


Le pain a disparu , le travail a cessé. 


( 154) 


Ce début si simple est parfaitement en rapport avec le 
sujet. Plus loin il continue : 


Ne versez pas vos dons en des mains étrangères, 
Faites le bien pour vous, comme l’ont fait vos mères ; 
Il n’est point de devoir et plus noble et plus doux. 
Le bien, semé sans bruit, ne tarde pas d’éclore ; 

: Qu'importe à votre cœur que le monde l’ignore! 
Il est quelqu'un là-haut qui le saura pour tous. 


La petite pièce intitulée Zes Vuées a de la grâce et de la 
fraîcheur. On trouve en général, dans ses dernières produc- 
tions, des progrès très-sensibles ; sans avoir moins de dis- 
tinction, la période est plus pleine, plus harmonieuse; la 
diction est plus pure , la pensée plus complète. 

C’est par l’une de ses odes les plus remarquables, la plus 
remarquable peut-être, que Weustenraad a payé sa bienve- 
nue parmi nous. Vous vous rappelez tous, Messieurs, avec 
quel enthousiasme nous avons applaudi à l’Jymme au siè- 
cle dans le banquet fraternel qui, au mois de mai 1847, 
réunissait les trois classes de notre Académie, et avec quels 
transports le public à son tour accueillit cette même pièce 
dans notre séance publique du lendemain. Le poëte en effet 
s’y révélait dans toute la maturité de son talent; dès son 
début, on lui voit prendre ses inspirations dans une sphère 
élevée , et proclamer avec magnificence l’œuvre éternelle 
du Tout-Puissant. 11 répudie ces cris de désespoir qui se 
mélaient à ses premiers chants, et ne pense plus qu’en fran- 
chissant le seuil de la vie on dépasse en même temps les 
portes que Dante fixe à son enfer : 


Gloire au Dieu juste et fort qui nous donna la vie! 
Tréve à ces chants de deuil, à ces cris d’agonie 


RE En CT LE LT UT 


PEL: me Lé 


(155). 


Dont trop souvent mà muse atirista son berceau! 

L’homme est toujours puissant, la femme est Loujours belle, 
L'enfant sourit encore au vieillard qui l'appelle, 

Le raisin à la coupe et la fleur à l'oiseau, 


Frèrés , le beau soleil, astre que tout adore, 
Brille aussi radieux qu’à sa première aurore; 
Rien , à l’œil du savant , n’annonce son déclin, 
La féconde nature, auguste et tendre mère, 
De son lait généreux nourrit toujours la terre, 


Nul flot de volupté n’a tari dans son sein. 


Ah! sans doute, l’auteur dé l’Jymme au siècle et du Re- 
morqueur était l’homme le plus capable de faire fleurir la 
grande poésie sous lé climat de la Belgique. 

Weustenraad était l’ami sincère de son pays; là plupart 
dé ses poésies lyriques en font foi. La Prière pour la patrie, 
l’ode Z La statue de là patrié surtout , renferment de géné- 
reux sentiments exprimés avec élégance. Il concevait très- 
bien Palliance de la royauté avec une liberté sage ; il était 
avant tout ami de l’ordre, et craignait pour sa patrie les 
fléaux qui attristaient nos voisins : 

Des querelles sans but, dignes du Bas-Empire, 
L'oubli de tout respect pour les droits les plus saints, 
Le désordre des mœurs poussé jusqu’au délire, 
La révolte toüjours suspendue aux tocsins. 
L'amour de nos vieilles institutions et nos libertés com- 
mupales, uni au désir d’en rendre la connaissance popu- 


laire, le porta anssi à travailler pour le théâtre. Il donna, 
en 1836, son drame historique, Laruelle ; cet ouvrage eut 


plusieurs représentations, et fut chaudement applaudi ; 


mais ce succès, il faut en convenir, s’adressait plus aux sen- 


(456) 


timents patriotiques de l’auteur qu’au mérite de sa pièce. 
Trop de longueurs et d’invraisemblances devaient nécessai- 
rement nuire à ce drame, qui semble plutôt destiné à la 
lecture qu’à la représentation. L'ouvrage est dédié à notre 
confrère, M. Polain, en témoignage d’amitié et de recon- 
naissance pour ses utiles conseils, 

M. Polain n’était pas le seul de nos confrères avec qui 
Weustenraad se füt lié d’amitié pendant son séjour à Liége ; 
MM. Borgnet , Lesbroussart et Grandgagnage vivaient égale- 
ment dans son intimité. Ils avaient été les confidents de ses 
travaux et de ses projets d'avenir; ils avaient pu lire dans 
cette belle âme et ils se trouveraient mieux que moi en 
position de payer un digne tribut à sa mémoire. 

Weustenraad avait été nommé correspondant de la classe 
des lettres, le 11 janvier 1847; au mois d’août de la même 
année , il fut appelé à Bruxelles en qualité d’auditeur mili- 
taire du Brabant, Son séjour parmi nous contribua à répan- 
dre de la variété dans nos travaux académiques; il nous 
communiqua successivement les prémices des charmantes 
compositions qu’on trouve à la fin de ses Poésies lyriques et 
qui ont si dignement couronné sa carrière. 

Il paraît qu’il avait écrit un poëme flamand en plusieurs 
chants; dans ce poëme héroï-comique, qu’il ne comptait 
pas publier, il donnait un libre essor à sa gaieté et passait, 
selon l’expression du poëte, du grave au doux, du plaisant 
au sévère. 

En quittant Maestricht et en abandonnant la rédaction 
de L’Éclaireur du Limbourg, Weustenraad n’avait point re- 
noncé à la presse périodique; il s’en occupa au contraire 
pendant toute sa vie; c’était pour lui une espèce de besoin 
de déverser dans un journal l’excès d’activité de son intelli- 


(137) 


gence; il prit successivement part à la rédaction du Cour- 
rier belge, du Politique, de la Tribune, de l’Indépen- 
dance , etc. I était l’un des soutiens les plus actifs et les 
plus éclairés de la Revue belge, recueil périodique fondé en 
1835, par l’association pour l’encouragement et le dévelop- 
pement de la littérature en Belgique. Il se distinguait sur- 
tout par son impartialité et sa bienveillance, c’est un hom- 
mage que s’est plu à lui rendre un de ses plus dignes émules. 
Voici en effet comment s’exprime M. Ed. Wacken, dans l’ar- 
ticle nécrologique consacré à Weustenraad dans la Aevue 
de Belgique (1) : « Il s’empressait d'accueillir et d’encoura- 
ger les jeunes gens chez lesquels il avait cru deviner quel- 
que espérance d’avenir : il ne négligeait rien pour leur 
ouvrir la route du succès, lui qui souvent négligeait le soin 
de sa propre renommée. Nous acquittons nous-même une 
dette de reconnaissance, en rendant ce témoignage à la 
mémoire de celui dont les conseils et l’amitié ne nous aban- 
donnèrent jamais. » 

En 1835, la croix de fer avait été la récompense du ci- 
toyen; la croix de chevalier de l'ordre de Léopold devint 
celle du poëte au commencement de 1848, Le rapport qui 
le présentait au choix du souverain établissait les titres in- 
contestables que notre confrère avait à cette distinction : 
aussi jamais nomination ne fut accueillie avec plus de fa- 
veur. Ce rapport était formulé par M. Rogier, Ministre de 
l’intérieur, l’ancien ami auquel Weustenraad avait dédié le 
Remorqueur, sa composition lyrique la plus importante, 


(1) Numéro de juillet 1849. On trouve dans ce même numéro une 
pièce de vers également consacrée à la mémoire de Weustenraad , 


par M. Ad. Matthieu, l'un de nos poëtes les plus estimés. 


12 


(158 ) 


L'amitié n’était entrée pour rien dans ce choix ; si Weus- 
tenraad lui-même avait pu s’y méprendre, un incident sur- 
venu vers la même époque eût pu le détromper. La retraite 
de M. Lesbroussart (1) avait laissé vacante la chaire de lit- 
térature française à l’université de Liége. Weustenraad, 
qui tournait toujours les yeux vers sa ville de prédilection 
et qui ne désirait rien tant que de pouvoir se consacrer 
exclusivement aux lettres, demanda la place au Ministre 
de l’intérieur; elle fut donnée à un autre. Loin d’en pren- 
dre de l’humeur , notre poëte fut le premier à reconnaitre, 
avec la plus complète modestie, tout ce qui pouvait lui 
manquer pour remplir convenablement le poste qu’il ambi- 
tionnait, Avant même de connaître la décision du Gouver- 
nement, il rendait pleine justice au mérite de son compé- 
titeur, et parlait de l’issue probable de cette affaire comme 
s’il n’y eût été intéressé en rien. 

Cependant sa position ne tarda pas à s'améliorer; vers la 
fin de 1848, il fut investi des fonctions de greffier du tri- 
bunal civil de Bruxelles; il trouva dans cette place, avec 
une certaine aisance, les loisirs nécessaires pour se livrer à 
ses travaux favoris. Ce n’était pas justement l’ofium cum 
dignitate, mais un état qui en approchait beaucoup. 

Aux dernières vacances de Pâques, Weustenraad avait 
été appelé à faire partie du jury d’examen pour les lettres; 
ce genre d'occupation, auquel il n’était point habitué, l’a- 
vait beaucoup fatigué ; il avait également souffert d’une 
violente atteinte de la grippe; il sentait le besoin dese dis- 
traire et de rétablir sa santé. Ce fut à regret qu’il renonça 


(1) L'élégant auteur des poëmes les Belges et l'Art de conter qui 
figurent en première ligne dans notre littérature nationale. 


he. honte nude ee où mt el g. 


(159 ) 


à se faire entendre dans notre séance publique du mois de 
mai dernier, pour laquelle il préparait une composition 
lyrique nouvelle qui n’eût certes pas été le joyau le moins 
admiré du précieux héritage qu’il nous a légué (1). Mais le 


_ chant qu’il méditait, ce dernier chant du cygne , ne devait 


pas s’achever sur cette terre. 

Après s'être arrêté quelque temps dans la province de 
Liége, il était arrivé à Namur dans l’après-midi du 23 juin; 
il avait quitté Fauquemont la veille et avait passé la nuit à 
Liége ; il comptait rester une partie de la journée du di- 
manche en famille, avec ses amis, et partir ensuite pour 
Bruxelles. 11 était heureux et content ; et avec cette gaieté 
franche et naïve qui le caractérisait,. il se livrait aux plus 
riants projets d’avenir pour sa famille et pour lui. Rien 
n’annonçait encore le coup fatal qui bientôt devait anéantir 
cette belle intelligence. 

Ce ne fut que dans la matinée du dimanche, vers 9 heures, 
que Weustenraad sentit les premières atteintes du mal; 
vers 2 heures de l’après-midi, il désira voir un médecin, 
qui, en arrivant , reconnut tout d’abord les terribles symp- 
tômes du choléra. Le mal faisait des progrès effrayants; la 


(1) Voici l'extrait d’un billet que je reçus de lui avant notre séance : 


“« Mon ami, les traraux du jury ont si complétement absorbé mon 
temps , depuis plus de trois semaines, qu'il m'a été impossible d’a- 
chever la pièce que je destinais à notre séance publique. Ajoutez à cela 
que j'ai eu une violente atteinte de la grippe, et que je me trouve, 
aujourd’hui encore, dans la nécessité de m’abstenir de toute occupa- 
tion sérieuse. Je regrette vivement ce contre-temps. Je m'étais fait 
une véritable fête de déférer à vos désirs et à ceux de mes collègues, 


qui se montrent si bienveillants envers moi. » 


( 140 ) 


plus profonde consternation avait succédé aux élans de 
bonheur qui, le matin encore, régnaient dans la famille. 
Weustenraad, exténué par d’atroces souffrances, se trou- 
vait dans le délire; son épouse était anéantie (1); M Jules 
Borgnet , son gendre, et quelques amis lui prodiguaient les 
soins les plus empressés, mais sans se rendre bien compte 
de son état. Vers la fin de la soirée, le malade leur parais- 
sait plus calme, sa respiration seule était encore très- 
agitée ; c'était, hélas! le râle de la mort. Toute illusion dut 
bientôt cesser ; et , vers une heure du matin, Weustenraad 
avait cessé de vivre (2). 

L'annonce de cette perte cruelle retentit de la manière 
la plus douloureuse dans toute la Belgique : le pays sentait 
en effet qu’il venait de perdre l’un de ses meilleurs citoyens 
et son poëte lyrique le plus distingué. Chacun regardait 
comme un sujet de deuil public la mort prématurée d’un 
écrivain dont le talent faisait l’orgueil de notre jeune litté- 
rature. Notre Académie se joignit aux nombreux amis que 
Weustenraad comptait à Bruxelles, pour lui ériger un mo- 
nument funèbre ; le Cercle artistique et littéraire, dont il 
était membre, fit inscrire dans ses salons, son nom en 
lettres d’or, en attendant qu’on puisse y placer son por- 
trait. Le Cercle artistique et littéraire de Liége faisait, en 
même temps, frapper une médaille pour consacrer son sou- 


(1) La plupart des détails qui précèdent sont extraits de deux 
lettres écrites immédiatement après la mort de Weustenraad, par 
l'une des personnes qui l'ont soigné. Nous en devons la communi- 
cation à l'amitié de M. Ad, Borgnet. 

(2) Weustenraad s'était marié en 1829; sa belle-fille, plus tard, 


épousa M. Jules Borgnet, archiviste de la ville de Namur, 


(141 ): 


venir; et, là aussi, ses amis s’unissaient pour couvrir d’un 
monument le lieu où reposeront désormais ses restes (1), 
Tant de manifestations simultanées ne prouvent pas seule- 
ment en faveur du mérite poétique de notre confrère ; elles 
montrent encore qu’il avait mérité l’estime générale par sa 
droiture et par la noblesse de son caractère. 


À. Querecer. 


(1) Weustenraad est mort dans la commune de Jimbes, située 
aux portes de Namur; c’est là qu'ont été déposés ses restes et que 
sera érigé son tombeau. 

Le portrait, placé en téêle de cette notice, a été gravé, sous'les 
yeux de M. Calamatla, d’après un buste de notre habile sculpteur 
M. Gecfs. Le buste lui-même a dü être fait d'après les souvenirs de 
l'artiste, aidés d'une image daguéréoptypée et d’un croquis dessiné 
par M. Balat. 


(145) 


CAISSE CENTRALE DES ARTISTES BELGES. 


Arrélé royal organique. 


LEOPOLD, Ror pes BELGEs, 
A TOUS PRÉSENTS ET À VENIR SALUT. 


Vu le règlement adopté par la classe des beaux-arts de 
l’Académie royale de Belgique, pour l’établissement d’une 
caisse centrale des artistes belges, qui serait destinée à as- 
surer des pensions et des secours aux artistes infirmes et à 
leurs familles ; 

Vu le désir exprimé par ladite classe de voir ce règlement 
consacré par une disposition royale; 

Considérant que l’institution projetée offre un haut degré 
d'utilité et mérite, à tous égards, le patronage du Gouver- 
nement ; ù 

Sur le rapport de Notre Ministre de l’intérieur, et vu 
l'avis de Notre Ministre des finances, 


Nous AVONS ARRÊTÉ ET ARRÊTONS : 


Arr. Ier, Est approuvé, dans sa forme et teneur, le ré- 
glement suivant : 


Règlement pour la caisse centrale des artistes belges. 


« Ant. 1er. Il est formé, sous la dénomination de cassse 
centrale des artistes belges , une association dont le but est 


(144) 


d'assurer des pensions et des secours aux artistes infirmes 
et à leurs familles. 

» L'association a son siége à Bruxelles, au secrétariat de 
l'Académie royale de Belgique. 

» Ar. 2. Pour être membre de l’association, il faut : 
1° être agréé par le comité ; 2 signer une adhésion aux pré- 
sents statuts, dans la forme qui sera ultérieurement déter- 
minée; 30 payer exactement la cotisation fixée à un franc 
par mois, 

» Tout membre de association qui manque à cet enga- 
gement , cesse de faire partie de l’association. 

» Le comité, juge des causes qui empêchent un membre 
de payer exactement sa cotisation, décide si le membre 
doit être relevé de sa déchéance. 

» ART. 3. La caisse cst instituée pour les artistes pein- 
tres, sculpteurs, graveurs, dessinateurs , musiciens , archi- 
tectes et littérateurs, qui seront invités à s'associer confor- 
mément à l’art. 4 ci-après. 

» Les membres de l’Académie sont admis de droit dans 
l'association. 

» L'association admet dans son sein, comme membres 
honoraires, les amateurs qui consentent à contribuer à l’a- 
limentation de la caisse. 

» Ant. 4, Pour la première formation de Passociation, le 
comité adressera aux artistes qui se sont fait honorablement 
connaître par leurs travaux, une invitation personnelle de 
s'associer, accompagnée d’un exemplaire des présents sta- 
tuts. 

» Chaque année, des invitations seront adressées de la: 
même manière aux artistes qui auraient été involontaire- 
ment oubliés dans les invitations des années précédentes, 


Sie us bus it 


© 


(446) 


ou qui se seront fait connaître récemment per la production 
d’un ouvrage important. 

» Arr. 5. Les intérêts de la caisse centrale des artistes 
belges sont gérés par un comité composé du bureau de la 
classe des beaux-arts de l’Académie royale de Belgique, 
auquel seront adjoints six membres de la classe, nommés 
par elle. 

» La durée du mandat de ces six membres est de cinq 
ans; les membres sortants peuvent être réélus, 

» Si l’un des académiciens désignés pour faire partie du 
comité vient à être nommé du bureau de la classe, il lui est 
donné un suppléant, pour la durée de son mandat de mem- 
bre du bureau. 

» Le comité peut délibérer au nombre de cinq membres. 

» Les résolutions sont prises à la majorité absolue des 
suffrages ; en cas de partage, la voix du président est pré- 
pondérante. 

» Îl est tenu procès-verbal des délibérations; les procès- 
verbaux font mention des membres qui ont assisté à la 
séance. 

» Le comité se réunit au moins une fois par mois, au plus 
tard la veille du jour de la séance de la classe des beaux-arts. 

» Le comité nomme, parmi les associés, un agent dans 
chaque localité importante sous lé rapport des arts. 

» Art. 6. Le directeur de la classe des beaux-arts préside 
le comité ; il est remplacé, en cas d'absence, par le vice- 
directeur. 

» La classe nomme un trésorier parmi les six membres du 
comité dont le choix lui est confié. 

» Le comité fait un règlement d'ordre intérieur, lequel 
est soumis à l’approbation de ia classe des beaux-arts. 

15 


(146) 


» Anr. 7. Les sources de revenu de la caisse centrale des 
artistes belges sont : 

» 10 La cotisation personnelle obligatoire des membres 
de l’association; 

» 20 La rétribution volontaire des amateurs, membres 
honoraires ; 

» 30 Les dons et legs des particuliers ; 

» 4o Les subventions qui seront réclamées du gouverne- 
ment et autres autorités; 

» 50 Le produit des expositions, des concerts ou des 
fêtes publiques, que le comité pourra organiser dans Pin- 
térêt de la caisse et, en général, de toutes les recettes qi 
seront réalisées en dedans et en dehors de l’association. 

» Ant. 8. La cotisation personnelle des membres de l’as- 
sociation, ainsi que la rétribution volontaire des amateurs, 
est acquittée tous les mois entre les mains du trésorier 
de l’association pour Bruxelles et, pour la province, chez 
l'agent du comité. 

» Les quittances à délivrer sont coupées dans un registre 
à souche paraphé par le président et le secrétaire perpétuel. 

» Le 15 de chaque mois, le trésorier et les agents de co- 
mité dans les provinces versent chez l’agent du eaissier gé- 
néral de l’État de leur ressort, les sommes provenant des- 
dites cotisations et rétributions mensuelles, 

» Les agents provinciaux transmettent immédiatement 
au trésorier le récépissé du versement, 

» Ant. 9. Les subsides accordés à l’association, soit par 
l’État, soit par la province, soit par la commune, sont li- 
quidés au profit du secrétaire perpétuel de l’Académie, le- 
quel acquitte les mandats. Le trésorier encaisse les sommes 
et opère le versement dans la forme prescrite à Particle 


LEE PT ME 


(147) 


qui précède. Il en est de même des sommes de toute autre 
recette quelconque, opérée au profit de l’association, 

» Toutefois, pour éviter des pertes d'intérêts, le comité 
peut autoriser le placement immédiat de tout ou partie de 
ces sommes, 

» Le trésorier de l’association ne peut conserver en 
caisse une somme excédant 500 francs en espèces. 

» Toute somme versée à la caisse lui est définitivement 
acquise, 

» {1 n’y a lieu, en aucun cas, à restitution. 

» Arr. 10. Le directeur de l’administration du trésor pu- 
blic ouvre un compte courant à la caisse centrale des artistes 
belges. 

» Tous les trois mois, il communique un extrait de ce 
compte au Ministre de l’intérieur, quile transmet au secré- 
taire perpétuel. 

» ART. 11. L’avoir de l'association est placé en rentes 
sur l’État, ou en obligations du trésor. Le comité statue sur 
les placements qui sont opérés par l’intermédiaire du mi- 
nistère des finances. 

» Toute inscription nominative de rente porte l’annota- 
tion suivante : 

» La présente inscription ne pourra être transférée qu’à 
la demande de la caisse centrale des artistes belges. 

» Les intérêts des capitaux inscrits au nom de l’associa- 
tion lui sont portés en compte par l’administration du trésor. 

» Les titres des rentes demeurent déposés au ministère 
des finances. 

» ART. 12. Dans la séance qui suit la communication de 
Pextrait de compte dont il est parlé à l’art. 10, le comité 
statue sur le placement des fonds disponibles, 


(148 ) 


» AnT. 13. Le compte et le bilan de la caisse sont dressés 
chaque année ; ils sont soumis à l’examen du comité, qui 
les arrête définitivement. Ce compte, accompagné d’un 
exposé général de l’administration de la caisse pendant 
l’année écoulée, est inséré dans l’Annuaire de l’Académie 
royale de Belgique et dans le Moniteur. 

» Chaque membre de l'association reçoit un exemplaire 
de cet exposé général, par les soins du comité. 

» Ant. 14. Le comité n’emploie en dépenses que les in- 
térêts de l’année précédente ou les arrérages produits par 
les fonds appartenant à l’association, sans jamais toucher 
au capital. Jusqu’au jour où les intérêts annuels des capi- 
taux de l’association auront atteint la somme de six cent 
cinquante francs, le comité est autorisé à disposer , chaque 
mois, d’une somme de cinquante francs, 

» Arr. 15. Le comité prononce dans toutes les questions 
de collation de pension ou de secours ; il détermine le taux 
ct la durée de ces derniers, selon les circonstances, dont 
Pappréciation lui est abandonnée. 

» Les membres de l’association qui se croiraient lésés 
par une décision du comité, peuvent en appeler à la classe 
des beaux-arts, laquelle, après avoir entendu les observa- 
tions du comité, réforme ou maintient la décision, 

» ART, 16, La caisse prend à sa charge : 


» 1° Des pensions; 
» 20 Des secours temporaires. 


» Les pensions sont exclusivement destinées aux veuves; 
elles sont conférées par la classe des beaux-arts, sur la pro- 
position du comité; elles ne peuvent excéder douze cents 
francs par an; la veuve qui se remarie cesse d’y avoir droit. 


( 149 ) 


» Les secours accordés aux orphelins prennent la déno- 
mination de bourses d'éducation. 

» Les bourses d'éducation ne peuvent excéder quatre 
cents francs par an; elles ne peuvent être conservées au 
delà de l’âge de 18 ans accomplis. 

» Ant. 17. Le comité nomme, parmi les membres de l’as- 
sociation, un patron à tout orphelin titulaire d’une bourse 
d'éducation. 

» Le patron veille à ce que l’orphelin boursier acquière 
un état en rapport avec la position que son père occupait. 

» Le patron est le seul intermédiaire entre le boursier et 
le comité ; il signale à ce dernier tous les faits importants 
qui intéressent l’orphelin placé sous son patronage. 

» ART. 18. L'association est pourvue d’un conseil judi- 
ciaire et d’un conseil médical dont les membres sont nom- 
més par le comité, 

» Le conseil judiciaire est composé de la manière sui- 
vante : 


» 10 D’avocats à la cour de cassation; 
» 20 D’avocats et d’avoués à la cour d’appel; 
» 30 D’un notaire. 


» Les membres de ce conseil sont consultés individuelle- 
ment par le comité sur les questions relatives aux intérêts 
des veuves et orphelins secourus par l'association. Leurs 
vacations sont entièrement gratuites. L'association ne prend 
à sa charge que les frais de justice. 

» Ant. 19. Le conseil médical est composé de la manière 
suivante : | 


» 10 De docteurs en médecine ; 


( 150 ) 


» 20 De docteurs en chirurgie en nombre proportionnel 
aux besoins ; 

» 830 De pharmaciens dans chaque localité où le comité 
en jugera l'institution nécessaire. 


» Les médecins de ce conseil prêtent gratuitement leurs 
soins, sur la réquisition du comité ou de son agent, aux ar- 
tistes malheureux faisant partie de l’association. 

» Le pharmacien fournit, sur l'ordonnance du médecin 
du conseil, les médicaments à des prix réduits, d’après un 
tarif arrêté de commun accord avec le comité, » 

ART. II. Nos Ministres de l’intérieur et des finances sont 
chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution du 
présent arrêté. 


Donné à Bruxelles , le 10 janvier 1849. 


LÉOPOLD. 
PAR LE Ror: 


Le Ministre de l’intérieur, 


Cu. Rocrer. 


Le Ministre des finances, 


FRÈRE-ORBAN. 


Comité d’administration de la Caisse centrale des artistes. 


(Année 1850.) 


M. BARON, directeur de la classe des Beaux-Arts, président, 
» NAVEZ, vice-directeur. 

» QUETELET, secrétaire perpétuel. 

» F, FÉTIs. 

» GALLAIT. 

» BRAEMT. 

» ALVIN. 

» FRAIKIN. 

» PARTOES. 


Exposé général de l’administration de la Caisse centrale 
des artistes, pendant l’année 1849. 


ee 


Avant de vous présenter, conformément à l’art. 13 du 
règlement, un £zrposé général de l'administration de la 
Caisse centrale, pendant l’année écoulée, permettez-moi, 
Messieurs, de vous rappeler sommairement ce qui se rap- 
porte à l’origine de l’institution dont les intérêts vous sont 
confiés. 

C’est dans la séance du 4 décembre 1846 que la classe 
des beaux-arts de l’Académie, sur la proposition de deux 
de ses membres, fut saisie du projet d'établir une caisse de 
secours pour les artistes malheureux. 

Cette proposition, dans la séance suivante, fut renvoyée 
à une commission composée des membres du bureau et de 
M, Gallait , l’un de ses auteurs. Plus tard (6 août 1847), qua- 
tre membres furent encore adjoints à cette commission. Le 
projet de règlement pour la Caisse centrale des artistes 
belges fut présenté et adopté, dans la séance du 2 décem- 
bre 1847, et la classe chargea son bureau de prendre toutes 
les dispositions nécessaires, afin d’obtenir le haut patro- 
nage du Gouvernement et la consécration des statuts de 
la Caisse centrale par une disposition royale. Elle recom- 
mandait spécialement d’insister auprès de M. le Ministre 
de Pintérieur, pour obtenir, en faveur de la Caisse, une 
part dans le produit des expositions nationales des beaux- 
arts. 


(155) 


Ces démarches furent couronnées d’un plein succès, Le 
Roi, par arrêté du 10 janvier 1849 , voulut bien approu- 
ver le projet de règlement. Sa Majesté accepta en même 
temps, dans les termes les plus flatteurs, le patronage 
de l’institution nouvelle, et se plaça à la tête des sous- 
cripteurs pour une somme annuelle de 1000 francs (1). 


(1) Nous reproduirons ici la lettre écrite à ce sujet aux membres 
du comité de la Caisse centrale : 


« MESSIEURS, 


» Je suis heureux de pouvoir vous annoncer que le Roi a daigné 
accueillir, avec une bienveillance particulière, la demande dont 
vous aviez bien voulu me prier de l’entretenir, et qui tendait À 
obtenir sa haute protection pour la Caisse centrale des artistes 


Ÿ 


ÿ 


M 
> 


y 


belges : Sa Majesté consent très-volontiers, Messicurs , à aecepter 
le patronage de cette utile institution, et elle m'a autorisé à l’inscrire 
sur la liste de souscription pour une somme de 1000 francs. 


ÿ 


> 


»  Agréez, etc. 
» L'intendant de la liste civile, 
» E. CoNwarx. 


» Bruxelles, 24 mars 1849, » 


Nous rappellerons aussi les paroles contenues dans la lettre par 
laquelle M. Ch. Rogier, Ministre de l'intérieur, donnait communica- 
tion de l'arrêté royal du 10 janvier : 


« Je félicite l'Académie d’avoir pris l’initiative de cette mesure, 


Ÿ 


qui prouve tout l'intérêt qu’elle porte aux artistes belges. De son 
côté, le Gouvernement fera tout ce qui dépendra de lui, pour 


A 


MA 


assurer le succès d’une institution qu'il juge digne, au plus haut 
degré, de sa sollicitude, » 


1 
> 


(154) 


Le Gouvernement, de son côté, ne se montra pas moins 
favorable à la Caisse centrale des artistes, et la jugea digne, 
au plus haut degré, de sa sollicitude. Pour en assurer, au- 
tant que possible, le succès, M, le Ministre de l’intérieur 
soumit à la signature du Roi un arrêté qui accordait au co- 
mité administratif de la Caisse centrale, un subside de 1000 
francs, pour le mettre à même de pourvoir aux frais de pre- 
mier établissement. 

L'arrêté du 10 janvier ne put être communiqué à la classe 
des beaux-arts que dans la séance du 8 février suivant. Aux 
termes de l’art. 5, le comité de la Caisse centrale fut aussi- 
tôt constitué, et se composa de MM, Fétis, père, Baron et 
Quetelet, membres du bureau de la classe, et de six mem- 
bres : MM. Gallait, Braemt, Navez, Alvin, Fraikin et Partoes. 

La première réunion de la commission eut lieu le 22 fé- 
vrier, sous la présidence de M. Fétis, directeur de la classe 
des beaux-arts. C’est donc à partir de cette époque que date 
réellement l’existence de la caisse centrale. Il fut convenu 
que M. Quetelet remplirait les fonctions de secrétaire et 
M. Braemt celles de trésorier. Le président et le secrétaire 
furent chargés de s’entendre pour l’impression du règle- 
ment et pour la rédaction de la circulaire destinée aux per- 
sonnes qui seraient invitées à prendre part à l’association. 

Il fut écrit à cet effet aux principales sociétés artis- 
tiques et académies de peinture du royaume pour les invi- 
ter à faire les présentations des membres et agir, chacune 
dans son ressort, de la manière la plus efficace pour faire 
prospérer linstitution établie en faveur des artistes. Parmi 
les moyens indiqués, le comité proposait particulièrement 
des fêtes, des expositions et des tombolas. 

Le Cercle artistique et littéraire de Bruxelles , ainsi que 


(155 ) 


l'Association des artistes d'Anvers, s’empressèrent de répon- 
dre à cet appel et de promettre leurs concours à la classe 
des beaux-arts. | 

Non content de cette promesse, le Cercle artistique de 
Bruxelles a fait verser, depuis, dans la Caisse centrale des 
artistes , une somme de 1300 francs, montant du reliquat 
de la fète donnée au marché de la Madeleine, pendant les 
fêtes de septembre 1847. 

En même temps qu’il faisait cet appel aux principales so- 
ciétés du royaume, le comité de la Caisse centrale; désirant 
prendre l'initiative, conçut le double projet de donner, au 
profit de l’association, un concert que M. Fétis voulut 
bien se charger d’organiser, et d'ouvrir une liste de sous- 
cription pour la formation d’une tombola. Cette liste ne 
tarda pas à se couvrir des noms les plus recommandables 
(voyez la liste, page 166). Quelques artistes désignèrent 
même les objets qu’ils se proposaient de mettre à la dis- 
position de la classe : ainsi MM, Gallait et Navez pro- 
mirent d'exécuter les portraits des personnes qui auraient 
les premiers numéros sortants à la tombola organisée en 
faveur de la caisse centrale; MM. Fétis et De Bériot promi- 
rent des albums de lettres des musiciens les plus célè- 
bres, etc. 

Une circonstance imprévue fit ajourner l’époque de la 
tombola projetée. Au moment où le comité s’occupait le 
plus activement d’en concerter l’organisation, il reçut 
une lettre par laquelle il était informé que, dans le dé- 
sir de ramener l’activité dans les ateliers de nos artistes, 
un projet avait été conçu de donner une grande fête ar- 
tistique avec tombola, au théâtre royal de la Monnaie, 
le 5 janvier suivant. M. le président de la commission 


( 156 ) 


directrice faisait connaître qu’il avait été décidé que 
cinq pour cent seraient prélevés sur toute commande, 
au profit de la Caisse centrale des artistes, Cette offre 
fut acceptée avec reconnaissance; et, pour ne point nuire 
aux intérêts communs des artistes, la tombola à organiser 
par l’Académie, avec le concours du Cercle artistique et 
littéraire de Bruxelles, fut remise à une autre époque. Le 
produit de cette œuvre philanthropique n’est pas encore 
connu jusqu’à présent. 

Le Gouvernement a fait espérer également qu’il pourrait 
être perçu un tantième au bénéfice de la Caisse centrale 
dans toutes les expositions artistiques qui se feront désor- 
mais sous ses auspices. L'exposition annuelle pour les beaux- 
arts qui, cette année, avait lieu à Anvers, se faisait, 
comme on sait, sous les auspices de la Société royale pour 
l’encouragement des beaux-arts établie dans cette ville, 
C’est donc à cette Société que le comité de l’Académie 
crut devoir s’adresser pour obtenir un tantième à prélever 
sur le prix d’entrée au salon d'exposition; mais il lui a 
été répondu que la société regrettait de ne pouvoir satis- 
faire à cette demande, les fonds dont elle dispose étant 
destinés à encourager directement les beaux-arts, Le co- 
mité de la Caisse centrale des artistes belges se flatte 
que les commissions d'exposition d'œuvres artistiques com- 
prendront dans un sens plus large les encouragements 
aux beaux-arts, et suivront les exemples donnés par le 
Cercle artistique et littéraire de Bruxelles, ainsi que par 
la commission directrice de la fête du 5 janvier. 

Il me reste maintenant à vous présenter un aperçu des 
ressources de la Caisse centrale et du nombre des membres 
qui contribuent à l’alimenter. 


(157 ) 


A l’époque du 15 janvier de cette année, Ie nombre des 
souscripteurs s'élevait à 123 (voir la liste page 159); et le 
montant des souscriptions à une somme annuelle de 2,531 fr. 
La plupart de ces souscriptions ne sont parvenues que vers 
la fin de l’année, et, par conséquent, les rentrées de fonds 
n’ont pu être faites encore en totalité. Les sommes reçues 
par le trésorier, d’après les comptes arrêtés à la date du 31 
décembre 1849, sont les suivantes (1) : 


Produit des souscriptions, en y comprenant celle de 

DR eine is os ee ét 15800: % 
Don fait par le Cercle artistique de Bruxelles . +, . 1,300 » 
Subside du Gouvernement. . . ,. . , ,. . . . 1,000 » 
1er coupon d'intérêt d’une obligation, etc. . . . . 202.33 


TOTAL. - +. « sf, 2107.98 


Si l’on tient compte des sommes qui se trouvaient encore 
entre les mains des receveurs et de celles qui ont été 
reçues depuis, lavoir de l'association peut s'élever à 
4,500 francs. Quant aux dépenses, elles ont été nulles jus- 
qu’à présent. 

Tout fait espérer que les revenus de 1850 excéderont de 
beaucoup ceux de l’année précédente, puisqu'il sera per- 
mis d’y comprendre, outre un accroissement dans le nom- 
bre des souscripteurs, le produit de la fête du 5 janvier et 
ceux du concert projeté, ainsi que de la tombola pour la- 


(1) M. Delemer a bien voulu se charger obligeamment de faire re- 
cevoir le montant des souscriptions. }1 n'a pas encore été fait de dé- 
pense de ce chef, 


14 


( 158 ) 


quelle lélite de nos artistes a bien voulu promettre géné- 
reusement son concours. Ils n’ont point confondu cet appel 
fait à leur talent avec ces appels indiscrets dont une phi- 
Janthropie exigeante et quelquefois peu éclairée ne les im- 
portune que trop souvent, comme si l’œuvre de l'artiste ne 
faisait point partie de son revenu. 

Il n’échappera sans doute pas que, parmi les nombreux 
souscripteurs à la Caisse centrale des artistes, bien peu se 
trouveront dans le cas de devoir recourir, soit pour eux soit 
pour leurs familles, aux ressources dont l’association pourra 
disposer ; et qu’ainsi les avantages seront considérables eu 
égard au faible taux des mises particulières, Sous ce rap- 
port , la Caisse centrale des artistes belges présente un ca- 
ractère tout spécial et qui la sépare complétement des autres 
institutions de prévoyance. 

En terminant cet exposé , il sera bon d’ajouter aussi que 
le comité se propose de faire un appel à tous les amis des 
arts et des lettres, et de demander leur généreux appui pour 
augmenter encore les revenus d’une association appelée à 
rendre des services si éminents. Espérons qu’ainsi devien- 
dront désormais impossible dans l’histoire des arts, du 
moins en Belgique, ces exemples affligeants d'hommes de 
mérite luttant contre l’adversité ou d’orphelins réduits à 
l’indigence dans le pays même illustré par les travaux de 
leurs pères. 


Bruxelles, Le 22 janvier 1850. 
Le Secrétaire perpétuel de l’Académie, 
QUETELET. 


( 159 ) 


Liste des membres de l’association de la Caisse centrale 
des artistes (15 janvier 1850). 


Quotité 
par an. 


SA MAJESTÉ LE ROI, protecteur de la caisse centrale . fr. 1,000 
AERTS, Égide, professeur au Conservatoire royal de musique 


de Bruxelles , rue Verte, 10, faubourg de Schaerbeek , . 12 
 Azvin (de l’Académie), directeur au Ministère de l’intérieur, 

ADAM TS NM QU US SERIES LA, Le ER TE2 
BARON (de l’Académie), professeur à l'Université de Liége. 12 


BATTA (père), professeur de solfége au Conservatoire, rue 

du Méridien, 40, faubourg de Schaerbeek . , . . . . 12 
BERNIER, F., professeur de contre-basse au Conservatoire, 

A Bruxelles 7:15 2 PMR, 26 ARRETE Né 12 
BILLOIN , Ch. , peintre , rue Léopold, 36, à Ixelles, . . . 12 
BLAESs , Jean-Baptiste, professeur de clarinette au Conserva- 

toire, rue du Midi, 7, fauboury de Schaerbeek . . . . 12 
Bock, C. (de l’Académie), homme de lettres, à St-Josse- 

ER-NOBAS. PTS ONU NN, PREMIER ER EN CR 
BOssELET, P., professeur d'harmonie au Conservatoire, à 

REVERS ET NT EC EPL SC GR RONDS 12 
BRAEMT (de l’Académie), graveur des monnaies à la Banque, 

à Bruel ee  VR E MRPRE pis à OR MARS 12 
BROWN , Henri, graveur, rue de la Couronne , 245, à Bor- 

Serbout | lenAnvers ,: 2 7 5 47 eo: UC NUNE Sen 94 


( 160 } 


BUSCHMANN , Ern. ‘de l’Académie), à Anvers. , . . . . 
CAPRONNIER , J.-B., peintre sur verre , rue du Brabant , 114, 
faubourg de‘Schaerbeek is 6 4 nn s 
CuALON, Regn., numismate, rue d’Anderlecht, 37, NE 
CLAYS , Paul-Jean, peintre, rue Royale neuve, 53, à Bruxelles, 
CLUYSENAER , Jean-Pierre, architecte, courte rue des Arts, 6 
à Dt-Josse-teneNopde 00 NN eu MERE 
CoomANs, Jos., peintre, ruc de Brabant, 93, faubourg de 
DOURS PRO ARS ET UE SR a et pe re 
Coomans, Aug. (fils), peintre , rue des Pierres , 69, faubourg 
en rt ce POSE nr Ge Em PE a ce ii ie LE 
CorNeLzis, J,, professeur de chant au Conservatoire, rue de 
la Péilie, 12,0 Bitbeliés PEER RE ES < 
Corr, Erin {de l’Académie}, graveur à l’Académie d'An- 
VOLE US ae ta nos 


e ° L . # . C0] D e 
Daussotenr-Méuuz (de l’Académie), ocete du Conser- 
valoire de Liége © . s . L] e. Li . e. L e. . 


DE BÉrIOT , C. (de l'Académie), pr Shen de violon au Con- 
servatoire , Hôtel des Princes, à Bruxelles . . . . . 
DE BIEFVE, P. (de l’Académie) , peintre, à Anvers, . . . 
DE BRAEKËLEER, Ferd. (de l'Académie), peintre, à Anvers. 
DE CoRNILLON, P., professeur de violon au Conservatoire, 

rue de Ruysbroek , 31 , à Bruxelles, , , . . . + : 
DE HEMPTINNE, A. (de l’Académie), rue des Fripiers, à 
Brassens else orne ap is Lt set ne nus d 
De Keyser, À. (del'Académie), peintre, à Anvers, , . . 
DELMOYTE, Henri, commissaire de district, à Nivelles. . . 
DEMAN, Gust., architecte, rue Léopold, à Ixelles . . . . 
DrMANET, Ch.-A.-J,, peintre, rue Carreveld, 155 bis, à Ixelles. 
De MARNEFFE, Fr,, peintre, rue des Palais, à Schaerbeek . 
DE Serys-LonwccnAmprs, Edm, {de l’Académie), à Liége. 
De SrassarT (Le baron), (de l'Académie), ministre pléni- 
potentiaire, ancien président du Sénat, rue Montoyé, fau- 
bourg Léopold. 4 04 TS RE Me ER TE 


mé 


nt bed 
© tt LD 


12 


( 161 ) 


DE Witre, Ph.-Jacq., professeur à l’Académie de Courtrai, 
Greude-Plsce: DÉDUCIPAR in nn 0e: «51e ef 
Drerman (père), P.-E., peintre, Vicille chaussée, 15, à 
PRO ne Rd dd it ei «4 
DiLLENS (aîné), Henri, peintre, rue Ste-Anne, 1985, à Anvers. 
Drrens, Adol., peintre, ruc de l'Escalier, 5, à Bruxelles. . 
D'Omanus , J. (de l'Académie), à Halloy. , . . . . . 
DuxonrT, À. (de l’Académie), professeur à l’Université de 
OR ND DR nie Elles: Si de ele UE ue 
DumonT, J., architecte, rue de l'Observatoire, 11, à Bruxelles. 
Dyckmaxs, Mile, professeur de piano au Conservatoire, rue 
du Parchemin, %. à Bruxelles... ere le 
Féris, F, (de l’Académie), directeur du Conservatoire, à Brux, 
Féris, Éd. (de l'Académie), rue d'Or, 12, à Bruxelles . . 
FrAIKIN, C.-A. (de l’Académie), statuaire, chaussée d'Haccht, 
Rene Se 1e is vi a Sd Mets: dre nie 
Friarp, professeur de hautbois au conservatoire, ruc de la 
Senne, 17, faubourg de Schaerbeek ,... . ,.:.. .  , 
GALLAIT, Louis (de l’Académie), peintre , rue des Palais, à 
POS RS nd de se el ils lierd ie dun di 
GAuUcHEZz, Léon, homme de lettres, Nouveau-Marché-aux- 
Grains , à Bruxelles . «+ . .« . An SH 
GEEFS, Guillaume (de l'Académie), ue à se de 
DCR SUR nn Ed NE Qu ie si Ya 
GEEFrs, Jos. (de l’Académie), professeur à l’Académie 
APR ES NM St date : det 
GrErTs, Ch. (de l’Académie), professeur à l'Académie de 
AOMNOIDE En Ra Del ie LOL de ei ele UN 6 de 
GOoDiNEAD, Léop., professeur de piano au Conservatoire, rue 
de Ruyshroek, 50 2à Rruxdllgs,, ie hu es 
GoDINEAU, Léon, professeur de solfége au Conservatoire, 
Vieux-Marché-aux-Grains , 49, à Bruxelles. . . . . . 
GOOssENs, Hom., professeur de chant au Conservatoire, à 


Re OS NT PR Sd nes 


15 


( 162 ) 


GURNET, François , peintre, rue Nevraumont , 2, à St-Josse- 
teu-Npode: 16" ie ins oe TA PATES PART 
HANIscH , Henri, chef de musique au corps de sapeurs-pom- 
piors., Bruxelles 5 SN TR SR en NS RES 
HanT, L.-J., graveur en médailles, Passage St-Hubert, Ga- 
lerie du Ro! 04 Brmréliés". | 4 Dors 
HENNE, Alex. , secrétaire de l’Académie des Beaux-Arts, 3884, 
Chad mr RO RE PUR A PS Mn Lx ane 
HEYNDRICKX , Fél., peintre , premier professeur à l’Académie 
CARO RE EUR PRE SRE RE er She 
ISTAS , Aimé-Lam., chef de musique au 5me de ligne, rue de 
l’Écluse 84; Broxelles: di: Ga Met 8 gran 
JAcoB-JAcoBs, peintre, rue du Navet, à Anvers. . . . . 
JEHOTTE, Louis { de l’Académie}, statuaire, à Bruxelles. . 
Jones , Ad., peintre , rue des Palais, 65, à Schaerbeek. . . 
JouvENEL, Ad, (de l’Académie), graveur, à St-Josse-ten- 
Modo Si CET NE US TEL TE EEE 
Lapos, professeur de solfége au Conservatoire, à Bru- 
ROen HUE AU Ce St SENTE NT ie se nt AE 
LAMBÉLÉ , professeur de clarinette au Conservatoire, Passage 
St-Hubert , Galerie du Roi, à Bruxelles, , . , . . . 
LATOUR , Éd. , peintre du Roi, rue du Moulin, 33, faubourg 
de SERRE, UT a ARTE SN SERRE 
Lavry, Ch., homme de lettres, Boulevard de l'Observatoire, 
20, L'RSS  S e N S de a 
LECLERCQ, Julien, sculpteur et graveur, rue du Commerce, 
22,4 St-Josse-ten-Nodde 145: 8 2 Lou 30,10 
LEMMENS, Jacq., professeur d'orgue au Conservatoire, à 
Branelles 15 CD Ep. autel 
LE Roy, Ét.- Vict, peintre, rue Ducale, 13, à Bruxelles, 
LE Roy, Jos., peintre, rue de Paris, 5, à Ixelles . , . . 
LE Roy, Will, — — — di ES 
LESBROUSSART (de l'Académie), professeur émérite à l’Univer- 


sité de Liége , rue Verte, à Bruxelles . . . . . 


(165) 


Mapou (de l’Académie), peintre, rue de la Limite, 4, à 
DOM ICReNOOUS a M ST ee 1 7, Mae ENS 
MAGNÉE, F., calligraphe du Roi, rue Royale, à Bruxelles . 
MEGANGK, Jos: , peintre, chaussée d’Etterbeek, à Ixelles, . 
MEUNIER , Ch.-Jean-Baptiste , graveur, Place du petit Sablon, 
ÉD MER Ce a eat et à os" CU 
MicHELOT, professeur de piano au Conservatoire, rue du 
Bois-Sauvage, 16, à Bruxelles, .: "2 0 4. . . 
Mots, Florimont , peintre, rue Vanschoonbeke, section 5 , à 
St-Laurent , lez-Anvers . . , . . LR NE , 
NAVEZ, F.-J. ( de l’Académie), peintre, ditéiens de l'Aca 
démie des Beaux-Arts , rue Royale, à Bruxelles, . , . 
NOLET DE BRAUWERE VAN STFELAND , J. (de l'Académie), 
rue du Brabant, À Ixelles SE SE vou biere ASS Se SES 
PARTOES, H.-L.-F. (de l’Académie), architecte, à Bruxelles. 
PARTOES, Alexis, architecte, rue des Boiïteux, 1, à Bruxelles. 
PLANQUE, Fél., musicien, rue des Alexiens, 64, à Bruxelles, 
PLATTEEL, peintre, rue du Curé, 20, à St-Josse-ten- 
ND db na mea 
QUETELET (de l’Académie), directeur de l'Observhtoire ; à 
DUR D ane nt die qe QI Re 
QuINAUX, Jos., peintre , rue de la Procession, 14, à St-Josse- 
ŒR-NoOOde: 5 20 M ST EE MAR 
Ricaro, professeur de chant d'ensemble au Conservatoire, 
Grande rue du Nord, 5, à Bruxelles. , , , . . . . 
ROBERT ; Alexandre, peintre, rue du Commerce, 22, à 
Stdossiten-Novde ste PET LURRMENT ER SUR 
RoBerTt, Alb., peintre d'histoire , rue Marais-Meyboom, 40, 
À DÉRROMRENSUS NRRRELINTE QUES EME ERE ET GERS 
ROELANDT, L. (de l'Académie), professeur à l’Université de 
Gandi SRE RE NT EE ER RON RARES 
ROFFIAEN, Fr., peintre, rue Goffaert, 48 , à Ixelles ... 
RUMMEL , Jean-Antoine, fabricant de pianos , Boulevard Bo- 
tanique, 14, à Bruxelles. . .: . , 


(164) 


Sacré, L.-J., musicien compositeur, Passage St-Flubert, 
Galcrie de la Reine, 28, à Bruxelles. . . . . . . . 
SAEMEN, Ant.-Franc., peintre, rue de la Régence, 30, à 
Druxchlés hu PT Le sl et ee ri 7 Ne 
ScRUBERT, Jos., dessinateur, rue de la Madeleine, 51, à 
Dre Sn EST eee es NN R er + 
ScnusEerT, F.-J., professeur de solfége au Conservatoire, 
rue ECONOM 70 A TMS the 0 1 dise 
SERVAIS, Adr.-Franc., professeur de violoncelle au Conserva- 
toire de Bruxelles, à Hal. 4.7". LE nr, 
Srmonis, Eug. (de l’Académie}, statuaire , à Koekelberg. . 
Sxez, J. (de l’Académie), rue de la Forge, 13, à St-Josse- 
tet- NO TT UOTE RS M ES 
Soure, Étienne, compositeur, Boulevard de l'Observatoire, 
24, & DEMO" LS NN ere A 
Sras, J.-S. (de l'Académie), professeur de chimie à r École 
milituite 2 rusélless: UE a ein SET vs 
STERNBERG, Louis, fabricant de pianos, ruc de Ruysbroek, 40, 
CDs À CR dat dE ie AIN D OP O Aie PET EE 
STROOLANT , Francois, peintre, rue des Douze-Apôtres, 5, 
PRES TS TT PM Te UC Te LEO 
Suys (de l'Académie), architecte, rue Royale extérieure, fau- 
hotte de Schaorbeek "5." 06/0 8) 65e 4e etant 
TARDIEU, Am.-Louis, homme de lettres, rue de l'Alliance, 
274, A SUJotse-ten-Noodei: 0 1 ou ne eve 
TAYMANS, Louis-Jos., peintre, ruc d'fdalie, 27, à Ixelles, , 
THIBERGIMIEN, Louis, peintre, rue des Palais, 92, à 
IxeHoe ie ee MORE EE dite € el Po DA UT CENT rite 
TnomaAs, Alexandre, peintre, ruc Royale extérieure, 64, 
à SJotsc-tad- NO LE D LS Lt PM 
VAN BOMBERGHEN , Guillaume, peintre, rue des Flamands, 
808,4 Anvers LES MIE RTS nié ré es en NT QT 


Van Eycken, J. (de l’Académie), peintre, professeur à 
l’Académie des Beaux-Arts, à Bruxelles. . . . . , . 


12 


24 


( 165 ) 


VAN HAssELT, À. (de l’Académic), inspecteur de l'instruc. 
tion primaire , à Bruxelles , . . . . . . . . . . 
VANHOESEN , P. J., professeur au Conservatoire de musique, 
rue Neuve, 15, à St-Josse-Llen-Noode . . . , . . . 
Van LAMPEREN , professeur de solfége au Conservatoire, rue 
Cher, 12, 2 PROMO Sd Li h 
VAN Morr, Jean-Baptiste, peintre, ruc d'Or, 42, à Bruxelles, 
VAN VOzxEM, professeur de solfége au Conservatoire, rue de 
Ruysbroek, 80bis a Bruxelles . : , , . + .', . 
VENNEMAN, Ch. , peintre , rue du Jardin, 406, à Anvers, . 


VERBOECKHOVEN, Eug. (de l'Académie), peintre, chaussée 


do necht, à Schaprhabk 5: 0. + Se sta eut « 


VERBOECKHOVEN (fils), Eug. , peintre , chaussée de Haecht, à 
Bchaerheëk T4 ent a ar me Ce 
VERWÉE, Louis-P., peintre, rue Royale extérieure , 26, à 
P'NOIedOnAN os. ei és ee. nie 
WeEry, professeur de violon au Conservatoire, rue Carre- 
ET Re ne tait en de cent ave 
ZANI DI FERRANTI, professeur de langue italienne au Con- 
DENVAIDT Nu di Baneulen ee ne dun Sir Au 


ToraL des souscriptions. . . .fr, 


2,531 


( 166 ) 


Liste des artistes et gens de lettres qué ont promis un ouvrage 
en faveur de la tombola. 


M. ACHARD. 

» ALVIN. 

» BALAT, 

BAL, J. 
BARON. 

BILLOIN. 
BRAEMT. 
BOGAERTS, F. 
BROwN , L. 
BUSCHMANN, Em. 
CALAMATTA , L. 
CHARETTE-DU VAL. 
CLAES , J. 

CLAYS, P. 

Cor, Er. 

FÉTIs , F. 

FÉTis, Ed. 
FRAIKIN. 
GALLAIT, 

GEEFS , G. 

GEEFS, J, 
GUFFENS. 

DE BRAEKELEER, F. 
DE BRAEKELEER , fils. 
DE BÉRIOT, 
DE KEYZER. 

DE SENFZCOURT, 
DERO-BECKER. 
DucPrÉTIAUX , Ed. 
DUMORTIER , P. 
DUTRIEUX., 
HuarrT, L. 
HENNE, 


Ÿÿ 


Ÿ 


JACOBs. 
JAcoB-JACOBS. 
LACROIX. 
LENNICQ, Euc. 
LENNICQ, Jos. 
LAvRryY, Ch. 

LEYs. 

MaADou. 

NAVEZ. 

PARTOES. 

PAYEN, Aug. 
PELLAERT (le baron). 
QUETELET. 
QUINAUX. 
ROBERT. 

ROBIE, . 
RoELANDT , L. 
ROELANT. 
SCHUBERT. 
SERRURE. 
SIMONEAU. 
Srmonwis, Eug. 
SWERTS. 

THoMAS. 

VAN EYCKEN. 
VAN HASSELT. 
VAN LAETHEM. 
VALERIO. 

Van BOMBERGHEN. 
VAN More. 
VERBOECKHOVEN. 
Wap»pers, G. (le baron). 
WATERMAN, Em. 


Ephémérides pour l’année 1850. — Correspondance 
des ères anciennes avec l'ère vulgaire. — Éclipses, 
Fêtes mobiles. — Quatre-temps. . ,. . , . 


OR te NM ie et « 
Calendrier de l’Académie. ses 
Aperçu historique de l’Académie. . . . dite 


Réorganisation de l’Académie. — Rapport au 1 Roi : 
Arrêté royal de réorganisation . . . . . . 
Règlement général de l'Académie . . ue 
Règlement intérieur de la classe des sciences. . 
Articles additionnels. . +... . . ... 
Règlement intérieur de la classe des lettres 

Articles additionnels . . . . or FRE 
Règlement intérieur de la classe des Lette ii 
Local provisoire de l Académie. — Rapport au Roi . 


Arrêté royal concernant le local destiné à l’Académie. 


Travaux spéciaux de l’Académie. — Adjonction de 
savants et de littérateurs. — Rapport au Roi. . . 
Arrêté royal concernantles travaux spéciaux de l’Acad. 
Prix quinquennal d'histoire. — Rapport au Roi . 
Arrêté royal instituant un prix quinquenmnal d'histoire. 
Règlement pour le prix quinquennal d'histoire . 
Commission royale d'histoire. — Rapport au Roi sur 
la création de la commission. , . , . dit 
Arrêté royal organique de la comm. royale d'histoire. 
Règlement intérieur de la commiss, royale d'histoire. 


Pages. 


( 168 ) 


Pages. 


Rapport au Roi sur l’adjonction de la commission 
royale d'histoire à l'Académie , . . . ,°. . 
Arrêté royal qui fait rentrer la commission royale 
d'histoire dans le sein de l’Académie . . . . . 
Création d’un bureau paléographique. . . . . . 
Correspondance de l’Académie, — Arrèté royal accor- 
dant la franchise de port : :. 4 . . + , «+ 
Liste des membres, des correspondants et des associés 
de l Académie.— Bureau et commiss. administrative. 
Classe dos sviences si: + 3 (2 ne ot 
Ciasso dés lettres. ,: 2: 5 "JUMENT RSS 
Classe dos beaux-arts .:., "1 "272 ER 
Commission royale d'histoire . . , ,. . . . . 
Commission pour {a rédacton d’une biographie nationie, 
Commission pour la littérature flamande. . . . 
Commission pour la rédaction d’une histoire de l’art 
on Beinique ss ture ee ce NT ORAN 
Nécrologie; 6702 SP SSP 
Notices bivyraphiques .… à . . +: 4, 
Notice sur P.-E. Verhulst, par M, Quetelet , . . . 
Notice sur J.-T.-H. Weustenraad, parle même . 
Caisse centrale des artistes pe — Arrêté royal or- 
ganique. "54". oc 
Comité d’administon de la caisse trié des artistes. 
Exposé général de l’administration de la caisse cen- 
traic des artistes, pendant l’année 1849 , . . . 
Liste des membres de l’association de la caisse cen- 


troie des arts Ts Er ee Hs 
Liste des artistes ct gens de lettres qui ont promis un 
ouvrage en faveur de la tombola. . . . . . . 


FIN DE LA TABLE, 


70 


125 


143 
151 


152 


159 


166 


Ouvrages publiés par l’Académie Royale, depuis sa 
réorganisation en 1816 jusqu’à ce jour. | 


a — 


Mémoires de l’Académie royale de Belgique, t. EL à 
XXIV; in-40. Prix : 8 francs, à partir du tom. 4. 

Mémoires couronnés par l’Académie, t. I à XXIT; in-4o. 
P;ix : 8 francs, à partir du tom. XII, 

Bulletins de l’Académie, tom. I à XVI; in-8°. Prix : 
8 francs rar année, 2 volumes. 


Annuaire 4 l’Académie, années 1835 à 1850, in-18. 
Prix : fr. 1 60 cs. 

Des moyens de soustraire l'exploitation des mines de 
_houille aux chances d’expiosion, 1840. 1 vol. in-8o. 
Prix : 4 francs. 

Mémoire sur la fertilisation des landes de la Campine 
et des dunes; par M. Eenens. Publié par l’Académie 
royale de Belgique. 1 vol. in-80, 1849. 2 francs. 

Exposé général de l’agriculture luxembourgeoise, ou 
dissertation raisonnée sur les meilleurs moyens de 
fertiliser les landes des Ardennes, ete.; par Henri 
Le Docte. Publié par l'Académie royale de Belgique. 
1 vol, in-80, 1849, fr. 1 60 cs. 

Mémoire sur la chimie et la physiologie végétales et 
l’agriculture; par le même. Publié par l’Académie 
royale de Belgique. 1 vol. in-8°, 1849. 2 francs. 

Recueil de documents historiques relatifs à la Bel- 
gique, publiés par la Commission royale d'histoire. 
14 vol. in-4. | 

Compte-rendu dc séances de la Commission royale 
d'histoire ou Recueil de ses Bulletins. 15 vol, in-8o, 


D 


Ë ANNUAIRE 
| DE 


L 


| ?A CADÉMIE ROYALE 


M + m2 


DES 
| scENEIS, DES LETTRES ET DES dis ARTS 


Le BELGIQUE * 


1894. 


DIX-SEPTIÈME ANNÉE. 


BRUXELLES, 


CHEZ k. HAY LS LPRIMEUR DE L’A TE HOYALE. 


MDCCULH. 


SR DL 
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74? 


ANNUAIRE 


DE 


L’ACADÉMIE ROYALE 


DES 


SCIENCES , DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS 


DE BELGIQUE. 


47) ) 

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D 4 L L F4 


SEA PME] 


L'ACADËMIE ROYALE 


SCIENCES , DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS 


DE BELGIQUE. 


té 


1854. 


Dites 


DIX-SEPTIÈME ANNÉE. 


ETS 


BRUXELLES , 


CHEZ M, HAYEZ, IMPRIMEUR DE L’ACADÉMIE ROYALE. 


 MDCCCLI. 


(5) 


CORRESPONDANCE 


DES ÈRES ANCIENNES AVEC L'ÈRE VULGAIRE, 


Année de la création du monde . . . , . . . . , 5857 
— ‘de la période julienne. . . . . . . . . .. 6564 
— depuis le déluge universel. . . . . . . . . 4199 
— de la fondation de Rome, selon Varron . . . : 2604 
"de F'éré de Nabonagsar.! raies nus 1 0440 2898 
—— dé lere chrétienne . . . . 1851 


L'année 2627 des Olympiades , ou la 3me année de la 6 657€ Olym- 
piade , commence en juillet 1851. 
= L'année 1267 des Turcs commencée le 6 décembre 1850, finit le 
26 octobre 1851 , selon l'usage de Constantinople. 
L'année 1851 du calendrier julien commence le 13 janvier 1854. 


ÉCLIPSES EN 4854. 


Il y aura cette année deux éclipses de Soleil, savoir : le 1er fé- 
vrier et le 28 juillet; cette derniere, partielle à Bruxelles, y sera 
seule visible et commencera à 2h 26m du soir pour finir à 4h 36m. 

Il y aura également deux éclipses de Lune : la première, par- 
tielle et visible à Bruxelles en partie seulement, commencera le 
47 janvier à 3h 58m du soir (la lune ne se lève qu’à 4h 24m) et finira 
à 6b 17m; la seconde aura lieu le 45 juillet, mais ne sera pas visible 
à Bruxelles. 


1 


(6) 


FÊTES MOBILES. 


Septuagésime . 

Les Cendres . . 

Pâques . 

Les Rogations. 

Ascension . 

Pentecôte . 

La Trinite . 

La Féte-Dieu . . . . . . 
Premier dimanche de l'Avent. 


16 février. 

5 mars. 

lu te 20 avril. 
+ 26; 27 et 28 mai. 
29 
8 juin. 
dt 15 
19 

30 novembre. 


e . . « rs » 


» 


» 


QUATRE-TEMPS. 


Les 12, 14 et 15 mars. 


19 et 20 septembre. — Les 17, 


Les 11, 13 et 14 juin. — Les 17, 
19 et 20 decembre. 


mm pe de 
OT 19 = © © OÙ 1 Où Or À O1 DO 


bd le jan je en in jaès 
BERASES 
RÉRRPEPSNMELEPET RARES RE ER 


19 


HSE SLEÉERE 


79 


Janvicr. 


. Cinconcrsion DE N.-S. 

S. Adalard, abbé. 

Ste Geneviève, vierge. 
. Ste Pharaïlde, vierge. 

. S. Télesphore, pape. 

. Errpnane ou Les Rois. 
Ste Mélanie, vierge. 

. St Gudule, vierge. 

S. Marcellin, évêque. 

. S. Agathon, pape. 

. S. Hygin, pape. 

. SOLENNITÉ DE L’EPIPHANIE. 
ar Véronique. 

. S. Hilaire, év. de Poit. 
. S. Paul, er isés 

S. Marcel, pape. 

. S. Antoine, abbé. 

. Chaire de $. P. à Rome. 
. S. Canut, roi de Danem. 
. SS. Fabien et Sébastien. 


Argnas 


. 


. SS. Vincent et Anastase. 
. Épous. de la Ste Vierge. 
. S. Thimothée, év. d’ Ép. 
. Conversion de S. Paul. 

. S. Polycarpe, év. et m. 

. S. Jean-Chrysostome. 

. S. Julien,év.deCuença. 
. S. François de Sales. 

. St Martine, v. et mart. 
. S. Pierre Nolasque. 


NE 


Nouvelle Lune le 2. 
Premier Quartier le 10. 
Pleine Lune le 17. 
Dernier Quartier le 24. 


. Ste Agnes, vierg. et m. 


Février. 1 


a 


S. S. Ignace, év. et mart. 
. Purrric. ou CHANDELEUR. 
. S. Blaise, év. et mart. 
S. André et Ste Jeanne. 
Ste Agathe, v. et mart. 
. Ste Dorothéeet S.Amand. 
. S. Romuald, abbe. 
S. 
.S 


4 


.S 


Jean de Matha. 
t@ Apollonie, v. et mart. 
: Sté Scholastique, vierge. 
11 M.S. Séverin, abbe. 


.142 M. Ste Eulalie, v. et mart. 


13 J. Ste Euphrosine, vierge. 

14 V. S. Valentin, prêt. et m. 
15 S. SS. Faustin et Jovite, m 
16 D. Septuag. St Julienne, v 
17 L. SS. ThéoduleetJulien,m. 
18 M.S. Siméon, évêque. 


- 49 M. S. Boniface de Lausanne 


20 J. S. Éleuthère, évêque. 
21 V. LeB. de Pépin deLanden. 
22 S. Ch. deS. P., à Antioche, 
23 D. Sexagés. S. Pierre Dam. 
24 L. S. Modeste, évêque. 

25 M. Ste Walburge, vierge. 
26 M. Ste Aldetrude, abbesse. 
27 J. S. Alexandre, évêque. 
28 V. SS. JulienetChronion,m 


Nomb. d’or. 9 | Indict. rom. 
Epacte . . KXVIII | Lett. domin. 


mes 


ne 


Nouvelle Lune le 4. 
Premier Quartier le 9. 
Pleine Lune le 16. 
Dernier Quartier le 22. 


KO æ © © CO =1 © CE M OÙ 19 ne © (© CO =1 © CZ à OÙ 49 > 
PR Aa D DER AE de 2 Rd 


DO RO HO de be je bn pin ju 


19 


(8) 


Nars. 


an 


. S. Aubin, év. d'Angers. 
; sen $. Simplice, p. 
Ste Cunégonde, impérat. 
. S. Casimir, roi. 

. Les Cendres.S. Théophile. 
Ste Colette, vierge. 

S. Thomas d'Aquin. 

S. Jean de Dieu. 
Quadrag. SEFrançoise. 


. Les 40 SS. Mart. de Séb. 


. S. Vindicien, évêque. 
+ Quat.-lemps.S. Grégoire. 
St Euphrasie, vierge. 


Quat.-temps. Ste Mathilde. 


Quat.-temps. S. Longin. 
Reminiscere. Ste Eusébie. 
. Ste Gertrude, ab. de Niv, 
Gabriél, archange. 


Wulfran, év. de Sens. 
Benoit, abbé. 
Basile, martyr. 
Oculi. S. Victorien, m 


rare 


. S. Agapet, év. de Synn. 
. ANNONCIATION. S. Humbert, 
S. Ludger, év. deMunst. 


S. Rupert,év.de Worms. 
S. Sixte IT, pape. 

S. Eustase, abbé. 

. Lœtare. S. Véron , abbé. 
. S. Benjamin, martyr. 


pue 


Nouvelle Lune le 3. 


Premier Quartier le 40. 


Pleine Lune le 47. 


Dernier Quartier le 24, 


Æ& O1 19 = © © O0 «1 Où 7 dE OI RO 
TP DÉRESPS Er 


D pin pin fn jen 


1 doseph, patr. de la B. 


Avril. 


—— 


Hugues, abbé. 
François de Paule. 
Richard , évêque. 
Isidore de Séville. 
Vincent Ferrier. 

La Passion. S. Célest., p. 
S. Albert, érmite. 

S. Perpétue. 


ERPRM 


. St Vaudru, abbesse. 


S. Macaire, évêque. 
N.-D. des 7 doul.S. Léon. 


. S. Jules I, pape. 

. Les Rameaux.S.Hermén. 
+ SS.Tib., Val. et Max., m. 
. St Anastasieet Basilisse. 
+ S: Drogon, ermite. 

- Jeudi-Saint. S. Anicet. 

. Vendredi-Saint. S. Ursm. 
+ S. Léon IX, pape. 

. PAQUES. ge Agnes. 

. S. Anselme, archeyêq. 
. SS. Soter etCdjusp. etm. 
- S. Georges, martyr. 

. S. Fidèle de Sigmaring. 
. Rogations. S.Marc,évang. 
. SS. Clet et Marcellin, p. 
. Quasimodo.S. Antime. 

. S. Vital, martyr. 

. S. Pierre de Milan, m. 

. Ste Catherine de Sienne. 


>> 


Nouvelle Lune le 1er. 
Premier Quartier le 9, 
Pleine Lune le 45. 
Dernier Quartier le 25. 


. SS. Philippeet Jacq., ap. 
. S. Athanase,év. et doct. 
. Invention de la St Croix. 
. Misericordia.Ste Monique. 
. S: Pie V, pape. 

S. Jean Porte Latine. 

. $S. Stanilas, év. et mart. 
Apparition de S. Michel. 
S. Grégoire deNaziance. 
. S. Antonin, év. de Flor. 
. Jubilate.S.Franc. de Hiér. 
. SS. Nérée et Achillée, m. 
. S. Servais, évêque. 

14 M.S. Pacôme, abbé. 

13 3. Sté Dymphne, v.et mart. 
36 V. S. Jean Népomucène, m. 
17 S. S. Pascal Baylon. 

18 D. Cantate. S. Venance, m. 
19 L. S. Pierre Célestin, pap. 


QU LD = © © D 1 O À O1 9 = 
HUOVAeSEENSN A 


pen jee ben. jus 


20 M. S. Bernardin deSienne. 


21 M. Ste Itisberge, vierge. 
22 J. Ste Julie, vierg. et mart. 


23 V. S. Guibert. 

24 S. N.-D.Sec. des Chrétiens. 
25 D. Vocem.S. Grégoire VIE. 
26 L. Rogations.S. Phil. de N. 
27 M. Rogations.S.Jean], pape. 
28 M. Rogations.S. Germain,év. 
29 J. ASCENSION.S. Maximin. 
30 V. S. Ferdinand IIE, roi, 
31 S. Ste Pétronille. 


20% 


Nouvelle Lune le 4°. 
Premier Quañtier le 8. 
Pleine Lune le 45, 
Dernier Quartier le 95. 
Nouvelle lune le 30, 


9 19 
OO 


27 V. 


1D 
2 L 
5 M 
4 M 
5 J. 
6%: 
7 $S 
8 D. 
9 L. 
10 M. 
11 M 
12 J. 
13 V. 
14 S. 
15 D. 
16 L. 
17 M 
18 M 
19 J. 
20 Y. 
21 $S 
29 D 
23 L 


Juin. 


— 


. Exaudi. S. Pamphile, m. 
. S. Erasme, martyr. 

. Ste Clotilde, reine. 

. S. Optat, év. de Mileve. 


S. Boniface, év. etmart. 
S.. Norbert, évêque. 


. S: Robert ,év. Jeüne. 


PENTECOTE S.Médard. 
SS. Prime et Félicien, m. 
Ste Marguerite, reine. 


. Quat.-temps. S. Barnabé. 


S. Jean de Sabagun. 
Quat.-temps.S. Antoine. 
Quat.-lemps.S. Basile. 
La Triniré. S. Guy, m. 
S. Jean François Régis. 


. Ste Alène, viergeet mart. 
. SS. Marc et Marcellin, m. 


Férs-Du. Ste Julienne. 
S. Sylvère, pape et m. 


. S. Louis de Gonzague. 
: S. Paulin, év. de Nole. 
. B. Marie d’Oignies. 

. Nativité de S. Jean-Bapt. 
. S. Guillaume, abbe. 

. SS. Jean et Paul, mart. 


S. Ladislas,roi de Hong. 


28 S. S. Léon Il, pape. Jeûne. 
« SS. Pierre £r Pau. 
. Ste Adèle, vierge. 


AE 


Premier Quartier le 6, 
Pleine Lune le 43. 
Dernier Quartier le 24. 
Nouvelle Lune le 29, 


( 10) 


Juillet. 


. S. Rombaut, évêque. 
. Vis. de la Ste Vierge. 
S. Euloge, martyr. 

. S. Théodore, évêque. 


.- Ste Godelive, martyre. 
. S. Willebaud, évêque. 


.- SS. Martyrs de Goreum. 
. Les sept Frères Martyrs. 
S. PieÏ, pape 


S. Anaclet, pape et m. 
S. Bonaventure, évêq. 
.S. Henri, emp. d'AIL. 


LS DRUI ES DS D 1 Wu O1 19 
BenDDAnS SMS 0 AS 


æ 


S. Alexis, confesseur. 
18 V. S. Camille de Lellis. 
19 S. S. Vincent de Paule. 


20 D. S. Sacr. de Mir. à Brux. 


21 L. Ste Praxède, vierge. 
22 M. Ste Marie-Madeleine. 
25 M.S. Apollinaire, évêque. 


24 J. Ste Christine, v. et mart. 


. S. Jacques le majeur. 


V 

S 

D. S. Pantaléon, martyr. 
L. S. Victor, martyr. 

M. Ste Marthe, vierge. 

M 
J 


REA C1 19 19 19 RO 19 
= © © @ 1 E CG 


. S. Ignace de Loyola. 
pe 


Premier Quartier le 5, 
Pleine Lune le 43. 
Dernier Quartier le 24. 
Nouvelle Lune le 28. 


S. Pierre de Lux., év. 


. St Elisabeth, r. de Port. 


S. Jean Gualbert, abbé. 


. N.-D. duM.-Car. Ste Ren. 


. Stt Anne, meredela Se V. 


. SS. Abdon et Sennen, m. 


Août. 


— 


1 V.S. Pierre-ès-Liens. 

2 S. SS. Étienne et Alphonse. 
3 D. Invention de S. Etienne. 
4 L. S. Dominique, confess. 
5 M. Netre-Dame-aux-Neiges. 
6 M. Transfiguration de N.S. 
7 J. S. Donat, év. et mart. 
8 V.Ss. Cyriae, martyr. 

9 S. S. Romain, martyr. 

0 D. $. Laurent, martyr. 

1 L. S. Géry,év. deCambrai. 
2 M. Ste Claire, vierge. 

5 M.S. Hippolyte, martyr. 
4 J. S. Eusebe, mart. Jeüne. 
5 N. ASSOMPTION. S. Arn. 


46 S. S. Roch, confesseur. 
17 D. S. Libérat, abhé. 

18 L. Ste Hélène, impératrice. 
19 M.S. Jules, martyr. 

20 M.S. Bernard, abbe. 

21 3. Ste Jeanne-Françoise. 
22 V. S. Timothée, martyr. 
23 S. S. Philippe Béniti. 

24 D. S. Barthélemi, apôtre. 
25 L. S. Louis, roi de France. 
26 M.S. Zéphirin, pape et m. 
27 M.S. Joseph Calasance. 
28 J. S. Augustin, év.et doct. 
29 V. Décoll. de S. Jean-Bapt. 
30 S. Ste RosedeLima, vierge. 
51 D. S. Raymond Nonnat. 


ere 


Premier Quartier le 4, 
Pleine Lune le 14, 
Dernier Quartier le 20. 
Nouvelle Lune le 28 


(5) 


Septembre. 


—— 


S, Gilles, abbé. 
. S. Etienne, roi de Hong. 


Ste Rosalie, vierge. 

. S. Laurent Justinien. 
S. S: Donatien, martyr. 
D. Ste Reine, vierge. 
8 L. Narivrré ne La Ste Viencs. 
M.S. Gorgone, martyr. 
M. S. Nicolas de Tolentino. 
3. SS. Prote et Hyacinthe. 
V. S. Guy d’Anderlecht. 
S. S. Amé,év.Sion en Val. 

. Bxaliat. de la Ste Croix. 

. S. Nicomede, martyr. 

. SS. Corneille et Cyprien. 


- S.. Joseph de Cupertino. 
. Quat.-temps.S. Janvier. 
21 D. S. Matthieu, apôtre. 

. 8. Maurice et ses comp. 
25 M. Ste Thecle, vierge et m. 
24 M. Notre-Dame de Méreï. 
25 J. S. Firmin. 


26 V. SS. Cyprien et Justine. 


27 S. SS. Cosmeet Damien, m. 
D. S. Wenceslas, martyr. 
L. S. Michel, archange. 

M.S. Jérôme, docteur. 


Premier Quartier le 2. 
Pleine Lune le 10, 
Dernier Quartier le 48. 
Nouvelle Lune le 25, 


L. 
M 
M.S. Remacle,év. de Maest. 
J. 
> V 


D 

L 

M 

M. Quat.- temps. S, Lambert. 
J 

v 

S. Quat.-temps. S. Eustache, 
D 
L 


Gctobré: 


_—— 


. SS. Rémi et Bavon. 

- S. Léodegaire, évêque. 
Gérard , abbé. 
François d'Assise. 
Placide, martyr. 
Brunon , confesseur. 
Marc, pape. 

te Brigitte, veuve. 
Denis et ses comp., nm: 
. François de Borgia. 
ere D deLier. 
Wilfrid, év. d’Yorck. 
Édouard, roi d’Angl; 
 Calixte, pape et mart. 
e Thérese, vierge. 

16 J. SN Mümmolin, évêque. 
17 V. Ste Hedwige, veuve. 

18 S. $S. Luc, évangéliste. 
19 D. S. Pierre d’Alcantara. 
20 L. S. Jean de Kenti. 

21 M. Ste Ursuleetsescomp.m. 
22 M.S. Mellon, evêque. 

23 3. S. Jean de Capistran: 
24 V. S. Raphaël, archange. 
25 S. SS. Crépin et Crépinien: 
26 D. S. Evariste, pape et m: 
27 L.S. Frumence, apôtre. 
28 M. SS. Simon et Jude, apôt. 
29 M. Sie Ermelinde, vierge. 
30 J. S. Foillan, martyr. 

31 V. S. Quentin, mart.Jeüne: 


Forte 


+ 


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2 
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Premier Quartier le 2. 
Pleine Lune le 10. 
Dernier Quartier le 18, 
Nouvelle Lune le 24. 
Premier quartier le 34, 


in en pu ne je ju je Me jun 
© OÙ "1 D 7 Re OÙ 19 me © À OÙ I Où CE O1 LO 


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(12) 


Novembre. 


. TOUSSAINT. 
. Les trépassés. 


Hubert, év.de Liege. 
Charles Borromée. 


Winoc, abbé. 
Willebrord, év. d'Ut. 
Godefroi, év. d’Am. 
éd. de l'égl. du Sauv. àR. 
André Avellin. 
Martin, év. de Tours. 
Liévin, év. et mart. 
Stanislas Kostka. 
Albérie, ev.d’Utrecht 
Léopold, confesseur. 
Edmond, archevêq. 
Grégoire Thaumatur. 


penrrrrppereene 


2 Déd. de SS. Pier. et Paul. 
. Ste Élisabeth, duchesse. 
. S. Félix de Valois. 

. Présent. de la Ste Vierge. 
. Ste Cécile, vierge êt mar. 
. S. ClémentI, papeetm. 
. S. Jean de la Croix. 

. Ste Catherine, v. et m. 
. S. Albert de Louv., év. 
. S. Acaire,év. de Noyon. 
. S. Rufe, martyr. 

. S. Saturnin, martyr. 
30 D. 


Avent. S. André, apôtre. 


-p664€— 


Pleine Lune le 8. 
Dernier Quartier le 16. 
Nouvelle Lune le 23. 
Premier Quartier le 30, 


Zacharieet SteElisab. 


in Din fin De pè 
D 1 O Or à OI RO me © © O0 I Où Qt à QT RO >> 


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© 


Bécembre. 


S. Éloi, év. de Noyon. 


. St Bibienne, v. et m. 
. S. François Xavier. 


Ste Barbe, martyre. 

S. Sabbas, abbé. 

S. Nicolas, év. de Myre. 
S. Ambroise, év.etdoct. 


. Conceprion ne La S, VIERGE 
. St Léocadie, v. et mart,. 
. S. Melchiade, papeëtm. 


S. Damase, pape. 


. S. Valéry, abbé en Pic. 


Ste Lucie, vierge etmart. 
S. Spiridion, évêque. 
S. Adon, arch. de Vien. 


. S. Eusebe, év. de Vere. 
. Quat.-lemps. Messe v’or, 


Expect. de la S. Vierge. 


. Qaut.-temps.S. Némésion. 
+ Quat.-temps. S.Philogone. 
« S. Thomas, apôtre. 

. S. Hungere, év. d'Utr. 

. Ste Victoire, vierge et m. 
.S,. Lucien. Jeüne. 

. NOEL. 

. S. Etienne, premier ni. 
. S. Jean, apôt. et évang. 
. SS. Innocents. 


. S. Thomas de Cantorb. 
. S. Sabin, évêq. et mart. 
. S. Sylvestre, pape. 


dé 


Pleine Lune le 8. 
Dernier Quartier le 45. 
Nouvelle Lune le 22. 
Premier Quartier le 30. 


(15) 


Calendrier de l’Académie. 


Janvier. — Réunions de la commission administrative et des com 
missions spéciales des finances, pour arrêter les 
comptes ; les commissions spéciales font connaître 
à chaque classe , dans la séance suivante, l’état des 

, recettes et dépenses pendant l’année écoulée. 
Élection du Directeur dans chaque classe. 


Fevrier. — Les mémoires destinés au concours de la Classé des 
Lettres doivent être remis avant le 1er du mois. 
Mars. — Les pièces destinées au concours extraordinaire ou- 


vert par la CZasse des Lettres doivent être rez 
mises avant le 1er du mois. 

Avril. — Les projets destinés au concours extraordinaire ou< 
vert par la Classe des Beaux-Arts doivent être 
remis avant le 1er du mois. 

Mai. — Jugement des mémoires envoyés au concours pour 
les lettres; rédaction du programme pour le con< 
cours suivant; élections des membres, associés et 
correspondants. 

Séance générale des trois classes pour régler les inté 
rêts communs; élection des membres de la com- 
mission administrative de l’Académie. 

Séance publique de la Classe des Lettres; distribu- 
tion des récompenses décernées. 


Juihñ. — Les mémoires destinés aü concours de la Classe des 
Beaux-Arts doivent être remis avant le 1r du mois. 

Août. — Les vacances commencent après la séance de chaque 
classe. 


Septembre. — Fin des vacances le 20. 

Les mémoires destinés au concours de la Classe des 
Sciences doivent être remis avant le 20 du mois. 

Jugement des mémoires envoyés au concours pour 
les beaux-arts ; rédaction du programme pour le 
concours suivant ; élections des membres, associés 
et correspondants. 

Séance publique de la Classe des Beaux-Arts ; dis= 
tribution des récompenses décernées. 

Pécembre. — Nomination des commissions spéciales pour la véri- 
fication des comptes de chaque classe. 

Jugement des mémoires envoyés au concours pour les 
sciences; rédaction du programme pour le con- 
cours suivant ; élections des membres, associés et 
correspondants. 

Séance publique de la Classe des Sciences ; distri- 
bution des récompenses décernées, 


PERTE 2 


( 14) 


ORGANISATION 


DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES , DES LETTRES 
ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE, 


APERÇU HISTORIQUE. 


En 1769, il se forma à Bruxelles une société littéraire ; 
sous les auspices du comte de Cobenz}, ministre plénipoten- 
tiaire de Sa Majesté l’impératrice Marie-Thérèse, La pre- 
mière séance de cette société eut lieu chez le comte de 
Nény, le 5 mai de la même année. 

Différentes causes portèrent obstacle aux travaux et aux 
succès de la société littéraire, qui, quatre ans après sa nais- 
sance, vit élargir son cadre et reçut. avec letitre d’Académie 
impériale et royale , plusieurs priviléges importants pour 
cette époque. La première séance fut tenue dans la biblio- 
thèque royale, sous la présidence du chancelier de Brabant, 
le 13 avril 1773 (1). 


(1) Voyez dans l'Annuaire de l'Académie pour 1840, 6e année, 
les différents documents relatifs à l’histoire de l’ancienne académic 
impériale et royale , qui y ont été insérés par M. Gachard, d'après 
les pièces retrouvées dans les archives de l'État. 


L'Académie impériale et royale continua paisiblement ses 
travaux jusqu’à l’époque de la révolution française, et pu- 
blia, outre cinq volumes de mémoires sur les sciences et 
les lettres, un grand nombre d’ouvrages couronnés dont la 
liste a été insérée dans lPAnnuaire de 1841, 7e année, 
Dispersée par suite des événements politiques, l’Académie 
s'était assemblée, pour la dernière fois, le 21 mai 1794. 
Elle fut rétablie, sous le titre d’Académie royale des sciences 
et belles-lettres, par arrêté royal du 7 mai 1816. L’installa- 
tion eut lieu, au musée des tableaux de la ville, le 18 
novembre de la même année (1). 

En 1832, l’Académie, consultée par M. le Ministre de l’in- 
térieur sur l’utilité de la création d’une classe des beaux- 
arts, répondit, à l’unanimité, qu’elle regardait cette ex- 
tension comme utile. Différents plans de réforme furent 
ensuite proposés, soit dans l’intérieur, soit à l’extérieur de 
PAcadémie, et le Gouvernement, par ses arrêtés du 1er dé- 
cembre 1845, sépara définitivement la compagnie en trois 
classes, celle des sciences, celle des lettres et celle des 
beaux-arts (2), 


(1) Voyez le procès-verbal de la séance dans l Annuaire de l’Aca- 
démie pour 1840, 6e année. 


(2) Voyez dans les Annuaïres de 1846 À 1850 Les documents rela- 
tifs à la réorganisation de l’Académie, 


(16 ) 


STATUTS ORGANIQUES (1). 


a —— 


Anr. 1er, L'Académie des sciences et belles-lettres, fon- 
dée par l’impératrice Marie-Thérèse, prend le titre d’Aca- 
démie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de 
Belgique. 

Arr. 2. Le Roi est protecteur de l’Académie. 

Art. 3. L'Académie est divisée en trois classes. 

La première classe ( classe des sciences ) s'occupe spécia- 
lement des sciences physiques et mathématiques, ainsi que 
des sciences naturelles. 

La seconde classe (classe des lettres et des sciences mo- 
rales et politiques) s’occupe de l’histoire , de l'archéologie, 
des littératures ancienne et moderne, de la philosophie et 
des sciences morales et politiques. 

La troisième classe (classe des beaux-arts) s'occupe de 
la peinture, de la sculpture, de la gravure, de l’architec- 
ture, de la musique, ainsi que des sciences et des lettres 
en rapport avec les beaux-arts. 

Anr. 4. Chaque classe est composée de trente membres. 

Elle compte en outre cinquante associés étrangers et dix 
correspondants réguicoles au plus. 

A l’avenir la qualité de membre absorbera la qualité de 
correspondant, même d’une autre classe (2). 

Ant. 5. Les nominations aux places sont faites par cha- 
cune des classes où les places viennent à vaquer. 

AT. 6. Pour devenir membre, il faut être Belge ou na- 


(1) Adoptés par arrêté royal du ter décembre 1845. 
(2) Ce paragraphe a été ajouté par arrêté royal du 20 août 1847. 


(17) 


turalisé Belge, d’un caractère honorable et auteur d’un 
ouvrage important relatif aux travaux de la classe. 

AnT. 7. Les nominations des membres sont soumises à 
Papprobation du Roi. 

ART. 8. Chaque classe peut choisir lé sixième de ses 
membres parmi les membres des autres classes. 

Arr. 9. Tout académicien qui cesse d’être domicilié en 
Belgique perd son titre et prend celui d’associé. 

ART. 10. Chaque classe nomme son directeur annuel. Le 
directeur n’est pas immédiatement rééligible. 

Le directeur, ne peut-être choisi deux années de suite 
parmi les membres étrangers à la ville de Bruxelles (1). 

ArT. 11, Le Roi nomme, pour la présidence aunuelle, 
un des trois directeurs. 

Dans les occasions solennelles où les trois classes sont 
réunies, le président représente l’Académie. 

Arr. 12. Le directeur a la direction générale de sa classe; 
il préside à toutes les assemblées, fait délibérer sur les dif- 
férentes matières qui sont du ressort de la classe, recueille 
les opinions des membres et prononce les résolutions à la 
pluralité des voix. 

Il fait observer tous les articles des présents statuts et du 
règlement , et tient particulièrement la main à ce que, 
dans les assemblées, tout se passe avec ordre. 

Arr. 13, Le secrétaire perpétuel appartient aux trois clas- 
ses, et il est élu par elles au scrutin et à la majorité absolue. 
Le secrétaire perpétuel est choisi parmi les membres domi- 
ciliés à Bruxelles, 

Sa nomination est soumise au Roi. 


(1) Les articles 10 et 13 ont été adoptés par l'arrêté royal du 
IeY juin 1848, qui modifie la rédaction primitive. 


2. 


(18) 


Anr. 14, La correspondance de l’Académiese tient par le 
secrétaire perpétuel, organeetinterprètedecettecompagnie. 

Arr. 15. Le secrétaire perpétuel tient registre des déli- 
bérations , signe les résolutions, délivre les certificats d’ap- 
probation et autres , reçoit les mémoires et lettres adressés 
à chaque classe et y fait les réponses. 

Lorsque, par maladie où autre empêchement légitime, 
il ne peut pas assister aux séances , il s’y fait remplacer par 
un membre de son choix et appartenant à la classe. 

Art. 16. Chaque classe forme son règlement intérieur, 
qui est soumis à l'approbation royale. 

Art. 17. Le Roi décrète un règlement général. 

Il ne peut y être apporté des changements qu’une fois par 
an, dans la séance générale des trois classes mentionnée 
ci-après; ces changements doivent avoir obtenu l’assenti- 
ment des deux tiers des membres présents, et ils sont sou- 
mis à approbation du Roi. 

AnT. 18. Chaque classe a une séance Midhbstià d’obliga- 
tion pour ses membres ; les membres des autres classes peu- 
vent y assister et y faire des lectures, mais ils n’y ont pas 
voix délibérative, 

Chaque classe a de plus une séance publique annuelle, 
présidée par son directeur, dans laquelle elle rend compte 
de ses travaux et remet les prix décernés au concours. 

Les deux autres classes assistent à cette séance publi- 
que. 

AnT, 19. Chaque année, les trois classes ont, au mois de 
mai, une séance générale pour régler entre elles les intérêts 
communs. 

Ant. 20. Les budgets des trois classes sont arrêtés par 
une commission administrative de septmembres, composée 


(19) 


des trois directeurs, du secrétaire perpétuel et d’un membre 
à désigner annuellement dans chaque classe. La répartition 
des fonds est faite d’après les besoins de chacune, par cette 
commission administrative. 

Art. 21. Les mémoires des trois classes sont publiés dans 
un même volume et ont chacun leur pagination. Il en est 
de même pour la collection des mémoires couronnés et des 
mémoires des savants étrangers, dont l’impression aura été 
ordonnée par chaque classe. Un bulletin paraît mensuelle- 
ment et contient le résumé des travaux des trois classes (1). 

AnT. 22, La bibliothèque , les archives et les collections 
appartiennent en commun aux trois classes, et sont sous 
la surveillance spéciale de la commission désignée à l’ar- 
ticle 20. 

Art. 23. Les dispositions qui précèdent formant les sta- 
tuts organiques, ne peuvent être changées qu’en séance 
générale, et du consentement de l’Académie , donné par les 
trois quarts des membres présents, Tout changement est 
soumis à l'approbation du Roi. 


(1) Les membres et les correspondants reçoivent les publications 
de l’Académie ; les associés recevront également les Bulletins et V An- 
nuaire, quand ils en auront exprimé le désir et qu’ils auront désigné, 
à Bruxelles, un correspondant chargé de les leur transmettre. 


(20 ) 


RÈGLEMENT GÉNÉRAL (1). 


Composition de l’Académie. . 


Arr. 1er. L'Académie est divisée en trois classes : celle 
des sciences, celle des lettres et celle des beaux-arts. 

La classe des sciences est divisée en deux sections, savoir: 
la section des sciences mathématiques et physiques, et la 
section des sciences naturelles, qui se composent de la bo- 
tanique , de la géologie, de la minéralogie et de la zoologie, 

La classe des lettres est également partagée en deux sec- 
tions : celle d'histoire et des lettres, ét celle des sciences 
politiques et morales. La première comprend l’histoire na- 
tionale , l’histoire générale, l'archéologie , les langues an- 
ciennes et les littératures française et flamande ; la seconde 
comprend les sciences philosophiques, la législation, la 
statistique et l’économie politique. 

La classe des beaux-arts comprend les subdivisions sui- 
vantes : la peinture, la sculpture, la gravure , larchitecture, 
la musique, les sciences et les lettres dans leurs rapports 
avec les beaux-arts. 

Arr. 2. Les nominations de membres, d’associés ou de 
correspondants, se font, pour chaque classe, une fois par 
an, la veille de la séance publique, 

Arr. 3. Chaque fois qu’il est question d’une élection, la 


(1) Adopté par arrété royal du 1er décembre 1845. . 


(21) 


mention en est faite spécialement dans la lettre de convo- 
cation, qui indique le jour et l’heure précise à laquelle il y 
sera procédé , ainsi que le nombre des places vacantes. 

Ant, 4. L’élection a lieu à la majorité absolue des voix ; 
cependant si, après deux tours de scrutin, aucun des candi- 
dats n’a obtenu la majorité des suffrages, on procède à un 
scrutin de ballottage. 

AnT. 5. Lorsque plusieurs places sont vacantes, on vote 
séparément pour chaque place. 

Art. 6. Les listes de présentation pour chaque classe 
doivent être doubles et contenir l’examen des titres des 
candidats. 

Toutefois, on peut nommer en dehors de ces listes. 

AnT. 7. Il s’écoulera une séance au moins entre la pré- 
sentation et la nomination, 

Ant. 8. Le directeur de chaque classe est désigné une 
année avant d'entrer en fonctions , et cette nomination a 
lieu à la première séance de janvier. Pendant cette année, 
il prend le titre de vice-directeur. 

En l’absence du directeur, ses fonctions sont remplies 
par le vice-directeur. 


Séances. 


AnT. 9. Des billets de convocation sont adressés aux 
membres de chaque classe, trois jours, au moins, avant 
chaque réunion; ils énoncent les principaux objets qui y 
seront traités. : 

Arr. 10. Les associés et les correspondants ont le droit 
d’assister aux séances avec voix consultative , excepté quand 
la classe sera constituée en comité, 


(2) 
Ant, 11. Chaque classe a une séance publique, à savoir : 


La classe des sciences, au mois de décembre ; 
La classe des lettres, au mois de mai; 
La classe des beaux-arts, au mois de septembre ; 


On y distribue les récompenses décernées par la classe, 
et on y fait des lectures et des rapports sur les ouvrages 
couronnés,. 

ART. 12. Tous les ans, la veille de la séance publique de 
chaque classe, on proclame les auteurs des mémoires aux- 
quels un des prix aura été adjugé. On détermine ensuite les 
sujets des questions à proposer pour les concours suivants. 

AnT. 13. Le jour des séances, la salle est ouverte depuis 
dix heures. 

ART, 14. La séance commence par la lecture de la corres- 
pondance ; le secrétaire ne peut être interrompu pendant 
cette lecture. 

ART. 15. Les vacances de l’Académie commencent après 
la séance du mois d’août, et finissent le 20 septembre. 

AgT. 16. Des jetons de présence sont distribués aux 
membres de la manière suivante : 

Un jeton aux membres qui habitent Bruxelles ou les en- 
virons; 

Deux jetons aux membres qui habitent de deux à dix 
lieues de distance de Bruxelles; 

Trois jetons aux membres qui habitent de dix à quinze 
lieues de distance de Bruxelles; 

Quatre jetons aux membres qui habitent à plus de dix-huit 
lieues de distance de Bruxelles. 


Publications. 


Art. 17. Les publications de l’Académie sont les sui- 
Vantes : 

1° Mémoires des membres, des associés, des correspon- 
dants ; | 

20 Mémoires coüronnés et mémoires des savants étran- 
gers; 

30 Bulletins des séances; 

4° Annuaire de l’Académie. 

Arr. 18. L'annuaire est publié à la fin de chaque année, 
et il en est de même des mémoires, qui paraissent par vo 
lume ou par partie de volume. 

Les bulletins sont publiés à la suite de chaque séance ét 
au moins huit jours avant la séance suivante. 

AnT. 19. Chaque mémoire, dans les deux premiers re- 
cueils, à sa pagination particulière. 

Les mémoires des associés et des correspondants, dans le 
premier recueil , sont imprimés à la suite de ceux des mem- 
bres, 

Aut. 20. Quand des mémoires composés par des memn- 
bres sont lus à l’Académie, il en est donné une analyse suc- 
cincte dans le bulletin de la séance où la lecture en aura 
été faite. 

Les rapports des commissaires sur les mémoires des mem- 
bres ne sont point livrés à la publicité; cependant, s’ils 
présentent, en dehors de l’analyse, des détails qui soient 
de nature à intéresser la science, on.peut les insérer par 
extraits. 

Ant. 21. Quand des mémoires composés par des associés 
et des correspondants, ou par des savants étrangers, sont 


(24) 


lus à l'Académie, ou se borne à les annoncer dans le bul- 
letin de la séance où la lecture en aura été faite. 

Les rapports des commissaires, qui devront présenter un 
aperçu de ce que ces mémoires conticnrent de plus remar- 
quable , peuvent être imprimés dans les bulletins. 

ArT. 22. Le secrétaire peut confier aux auteurs les mé- 
moires qui ont été adoptés pour l'impression, afin qu’ils 
y fassent les corrections nécessaires, mais il est tenu de 
les reproduire aux commissaires, si ces mémoires ont été 
modifiés pour le fond, ou si l’on y a fait des intercalations. 

Quand de pareils changements ont été faits, il faut les 
désigner d’une manière expresse où donner aux mémoires 
la date de l’époque à laquelle ils ont été modifiés. 

Art. 23. Dans aucun cas, on ne peut rendre aux auteurs 
les manuscrits des mémoires qui ont concouru. Les change- 
ments qui peuvent être adoptés pour des mémoires de con- 
cours que l’on imprime, sont placés, sous forme de notes 
ou d’additions , à la suite de ces mémoires. 

Ant. 24. Les mémoires des membres dont l'impression 
n’a pas été ordonnée, peuvent être rendus aux auteurs, 
qui, dans tous les cas, peuvent en faire prendre une copie 
à leurs frais. 

Les manuscrits des mémoires de concours , de même que 
des mémoires communiqués par des associés, des corres- 
pondants ou des savants étrangers , sur lesquels il a été fait 
des rapports, deviennent la propriété de l’Académie. 

ART. 25. On présente, dans les bulletins des séances, 
les communications scientifiques et littéraires qui ont été 
faites, et l’annonce des mémoires qui ont été lus. 

Le bulletin ne peut être considéré comme appendice ant 
procès-verbal, que pour autant qu’il aura été approuvé. 


(25) 


+ 


AnT. 26. Le secrétaire est autorisé à remettre à un büfs 
letin suivant l’impression des notices illisibles, ou des pièces 
dont la composition ou la lithographie exigeraient un retard 
dans la publication des bulletins. 

Arr. 27. Tout mémoire qui est admis pour l’impression, 
est inséré dans les mémoires de l’Académie, si son étendue 
doit excéder une feuille d'impression. La compagnie se ré- 
serve de décider, à chaque séance, d’après la quantité de 
matériaux qui y sont présentés, si les mémoires qui excè- 
dent une demi-feuille , seront ou ne seront pas insérés dans 
le bulletin. 

AnT. 28. Les auteurs des mémoires ou notices insérés 
dans les bulletins de l’Académie, ont droit à recevoir cin- 
quante exemplaires particuliers de leur travail, 

Ce nombre sera de cent pour les écrits HP dans le 
recueil des mémoires. 

Les auteurs ont, en outre, la faculté de faire tirer des 
exemplaires en sus de ce nombre , en payant à l’imprimeur 
une indemnité de quatre centimes par feuille (1). 

(1) Quant aux prix des titres extraordinaires, brochures, etc., le 
tarif suivant a été admis provisoirement : 

Grand titre in-4° (composition) . ,. . . . . .fr. 6 00 
Titre in-80. » Es VOTE VERS +4018700 


Impression comme pour les bles d'auteurs, à i centi- 
mes la feuille. 


Couverture non imprimée, in-4°, papier de pâte, le cent . fr. 3 00 
» » PR cn Jde 1 50 
» imprimée , LE AE te ae TEE Cr + 5 00 
» » *in-80. . : . .. 3 00 
Brochure in-40, avec planches, moins de 5 fouilles, le cent. 4 00 
» » » plus de 5 feuilles . . ,. 5 00 
» in-80, » moins de 5 feuilles . , . 3 50 
» » » plus de 5 feuilles ,; . . 4 00 


3 


( 26 ) 


Anr. 29. L'Académie a son lithographe; mais, à condi- 
tions égales , les auteurs ont la faculté d'employer d’autres 
lithographes, dont les talents leur inspireraient plus de con- 
fiance. : 

Arr. 30. L'Académie a aussi son imprimeur. L’impri- 
meur et le lithographe ne reçoivent les ouvrages qui leur 
sont confiés que des mains du secrétaire perpétuel, et ils 
ne peuvent imprimér qu’après avoir obtenu de lui un bon à 
tirer. re 

ART. 31, Les épreuves sont adressées directement au 
secrétaire perpétuel, qui les fait remettre aux auteurs. 
C’est aussi par l’éntremise du secrétaire que les feuilles 
passent des mains des auteurs dans celles de limprimeur. 

Arr. 832. Les frais de remaniements ou de changements 
extraordinaires faits pendant l’impression, sont à la chargé 
de celui qui les a occasionnés. 


Concours. 


Ant. 33. Les médaillés d’or présentées comme prix des 
concours, sont de la valeur de six cents francs. 

ArT. 84. Ne sont admis, pour les concours, que des 
ouvrages et des planches manuscrits. 

Arr. 35. Les auteurs des ouvrages envoyés au concours 
ne mettent pas leurs noms à ces ouvrages, mais seulement 
une devise qu’ils répètent dans un billet cacheté, renfer- 
mant leur nom et leur adresse, 

Ceux qui se font connaître de quelque manière que ce 
soit, ainsi que ceux dont les mémoires sont remis après le 
terme prescrit, sont absolument exclus du concours, 

ArT. 36, Aucun des académiciens ne peut concourir 


(27) 


pour les prix fondés en faveur de ceux qui, au jugement de 
la compagnie, ont satisfait le mieux aux questions propo- 
sées ; au surplus , aucun des membres ne peut donner des 
instructions à ceux qui concourent pour les mêmes prix. 

Arr. 37. Les mémoires qu’on destine au concours, doi- 
vent être écrits en caractères lisibles, en langue latine, 
française, flamande ou hollandaise et être adressés au secré- 
taire de l’Académie, avant le 1er février. 

Art. 38. Les académiciens qui ont donné le programme 
des questions proposées pour les prix annuels, sont les pre- 
miers examinateurs des ouvrages qui ont concouru, et ils 
font un rapport détaillé et par écrit, qui est lu dans une 
séance de l’Académie et exposé avec ces ouvrages jusqu’à 
l’assemblée du 7 mai, à l’examen et aux observations de 
tous les membres, afin que les prix soient adjugés en entière 
connaissance de cause , à la pluralité des voix de tous les 
académiciens présents : on peut aussi accorder un accessit 
à un second mémoire , qui, au jugement de la compagnie, 
aura mérité cette distinction ; et si aucun des mémoires 
présentés ne remplit les vues de l’assemblée, le prix peut 
être remis à une autre année. 


Finances. 


Arr. 39. Les finances de l’Académie sont gérées par une 
commission administrative, dont les membres sont élus an- 
nuellement à l’époque de la séance générale, 

ART. 40. La commission administrative est chargée de 
régler ce qui concerne les impressions. 

ArT. 41. À la fin de l’année, les comptes de chaque 
classe sont vérifiés par une commission spéciale composée 
de cinq membres pris dans la classe. 


( 28 ) 


Anr. 42, Les commissions spéciales, après avoir arrêté 
les comptes de la commission administrative , font connai- 
tre à chaque classe, dans la séance suivante , l’état des dé- 
penses et des recettes pendant l’année écoulée. 


Bibliothèque. — Archives. 


Arr. 43. Les ouvrages qui appartiennent à l’Académie sont 
déposés, après inventaire, à la bibliothèque de ce corps. 

Arr. 44, Les registres, titres et papiers concernant cha- 
que classe de l’Académie demeurent toujours entre les mains 
du secrétaire, à qui ils sont remis, accompagnés d’inven- 
taires, que les directeurs font rédiger et qu’ils signent à la 
fin de chaque année ; au surplus, les directeurs font aussi, 
tous les ans, le récolement des pièces qui sont annotées 
dans cet inventaire, dans lequel ils font insérer , en même 
temps, tout ce qui est présenté durant l’année, 


Dispositions particulières. 


Arr, 45. L'Académie examine , lorsque le Gouvernement 
le juge convenable, les projets qui peuvent intéresser les 
sciences, les lettres et les beaux-arts. 

ART, 46. L'Académie peut nommer, quand elle le juge 
convenable , sous l’approbation du Gouvernement, un ou 
plusieurs de ses membres, pour faire un voyage scienti- 
fique , littéraire ou artistique, et elle leur donne des in- 
structions sur les objets dont ils auront principalement à 
s’occuper. 

Arr. 47, Toutes les dispositions antérieures, relatives 
aux matières prévues par le présent règlement, sont et de- 
meurent abrogées. 


(29) 


RÈGLEMENTS INTÉRIEURS. 


RÈGLEMENT INTÉRIEUR DE LA CLASSE DES SCIENCES (1). 


1. Les deux sections de la classe des sciences, celle des 
sciences mathématiques et celle des sciences naturelles, se 
composent, chacune , d’un même nombre de membres. 

2, En cas de vacance dans une section, un membre de 
l’autre section peut y être admis du consentement de Ia 
classe, L'Académicien doit en avoir exprimé la demande par 
écrit, avant que la liste de présentation ait été arrêtée pour 
la section où la place est devenue vacante. | 

3. Le bureau se compose du directeur, du vice-directeur 
et du secrétaire perpétuel. 

4. La séance, quel que soit le nombre des membres pré- 
sents, s’ouvre à l’heure précise, indiquée sur la carte de 
convocation. 

5. En cas d’absence du directeur et du vice-directeur, le 
fauteuil est occupé par le plus ancien membre de la classe. 

Lorsque plusieurs membres ont été élus dans la même 
séance, l’âge détermine leur rang d'ancienneté dans la liste 
des membres. 

6. Le directeur peut admettre à la séance des savants de 
distinction, étrangers au pays. 


(1) Adopté par arrêté royal du 23 janvier 1847. 


(50) 


7. Le directeur donne lecture de l’ordre du jour, immé- 
diatement après Padoption du procès-verbal. 

Ne sont admis, pour être lus en séance, que les écrits dont 
la rédaction est entièrement achevée et qui sont indiqués 
à l’ordre du jour. 

8. Quand un écrit est accompagné de planches, l’auteur 
en prévient le secrétaire perpétuel. L’impression du texte 
et la gravure des planches sont votées séparément. 

En cas de disjonction, l’auteur peut s’opposer à l’impres- 
sion de son travail. 

9. Si une planche doit occasionner des dépenses extraor- 

 dinaires, ou si plusieurs planches sont jointes à une notice, 

le vote pour l’impression est différé; et, à la séance sui- 
vante, le secrétaire présente un devis des frais qui seront 
occasionnés par la gravure ou la lithographie. 

10. Le bureau juge quels sont, parmi les mémoires reçus 
pour l’impression, ceux qui doivent être imprimés les pre- 
miers. 

1i a égard: 1° à la date de la présentation du mémoire; 
20 aux frais qui seront occasionnés par la publication; 30 à 
ce que les différentes branches dont s’occupe la classe, 
soient représentées dans ses publications. 

La décision du bureau est rendue exécutoire par la sanc- 
tion de la classe. 

11. Les opinions des commissaires sont signées par eux, 
et restent annexées au mémoire examiné, 

Elles sont communiquées en temps utile au premier com- 
missaire, qui fera fonction de rapporteur. 

12. La classe ne fait pas de rapport sur les ouvrages déjà 
livrés à la publicité. 

Sont exceptés les ouvrages sur lesquels le Gouvernement 
demande l’avis de la classe. 


(51) 


13. La classe ne délibère que sur des propositions écrites 
et signées. 

La délibération sur une proposition réglementaire n’a lieu 
que dans la séance qui suit celle de la présentation. 

Toute proposition que la classe n’a pas prise en considéra+ 
tion ou qu’elle a écartée après discussion, ne peut être re- 
présentée dans le cours de l’année académique. 

14. La présentation pour les places vacantes est faite par 
la section. 

La section ne délibère sur l’admission d'aucun candidat, 
s’il n’a été présenté par deux membres au moins. Les pré- 
sentations indiquent les titres des candidats. 

15. La classe met annuellement au concours six questions. 

Chaque section en propose trois. 

16. Quand la classe se constitue en comité secret, elle se 
compose de ses membres seulement. 

Le comité secret est de rigueur : 

1° Pour la présentation et l’élection aux places vacantes ; 

2° Pour la discussion des articles réglementaires ; 

30 Pour la formation des programmes et le jugement des 
concours, 

Sont toutefois admis au comité secret les associés , les 
académiciens des deux autres classes, ainsi que les corres- 
pondants de la classe des sciences, lorsqu'ils ont été désignés 
pour faire partie du jury sur la proposition des commissaires. 

17. Les pièces destinées à être lues en séance publique 
sont préalablement soumises à la classe. 


Articles additionnels (1). 


Arr. 1er. L'élection du directeur et celle de membre de 


(4) Adoptés par arrêté royal du 24 octobre 1849. 


(32) 


la commission administrative ont lieu à la majorité ab- 
solue des suffrages. 

Si, après deux tours de scrutin, personne n’a obtenu la 
majorité, il est procédé à un ballottage entre les membres 
qui ont réuni le plus de voix. 

En cas de parité de suffrages, après ce dernier scrutin, 
le plus ancien membre est élu. 

ART. 2. Dans les scrutins qui seront ouverts pour l’élec- 
tion des membres de la commission des finances ou de 
toute autre commission que la classe jugera à propos de 
nommer, le membre le plus ancien, en cas d'égalité de 
voix, sera toujours préféré. 


RÈGLEMENT INTÉRIEUR DE LA CLASSE DES LETTRES (1). 


1, La séance commence à l’heure précise, indiquée sur 
la carte de convocation, quel que soit le nombre des mem- 
bres présents. 


2. En cas d’absence du directeur et du vice-directeur, 
le fauteuil est occupé par le plus ancien membre de Ja 


classe. | 

3. Le directeur peut admettre à la séance des savants, 
des littérateurs et des personnages de distinction, étrangers 
au pays. 


{1} Adopté par arrété royal du 26 janvier 1847. 


( 35 ) 


4. Le directeur donne lecture de l’ordre du jour, immé- 
diatement après l’adoption du procès-verbal, 

Cet ordre du jour, quant aux mémoires et notices, est 
réglé par la date de leur dépôt entre les mains du secré- 
taire. 

Ne sont admis, pour être lus dans la séance, que les mé- 
moires et notices entièrement achevés et indiqués à l’ordre 
du jour. 

5. Quand des planches devront être jointes à un travail, 
l’auteur en préviendra la classe, L’impression de la notice 
et la gravure des planches sont votées séparément. 

6. Siune planche doit donner lieu à des dépenses extraor- 
dinaires ou si plusieurs planches sont jointes à une notice, 
la publication en est différée, et le secrétaire présente à 
la séance suivante un devis des frais qui seront nccasionnés 
par la gravure ou la lithographie, 

7. Le bureau juge quels sont, parmi les mémoires reçus 
pour l'impression, ceux qui doivent être publiés les pre- 
miers : il a égard : 10 à la date de la présentation du mé- 
moire; 20 aux frais qui seront nécessités par la publication; 
30 à ce que les différentes matières dont s’occupe la classe 
soient représentées dans ses recueils. 

8. Les mémoires modifiés (art.22 du règlement) portent, 
avec la date de leur présentation, celle de l’époque où les 
modifications ont été faites. 

9. Les rapports faits à la classe sont signés par leurs au- 
teurs. 

Le rapport de chaque commissaire reste annexé au mé- 
moire examiné 

10. La classe ne délibère que sur des propositions écrites 


et signées. 


(54 ) 


La délibération sur une proposition réglementaire n’a 
lieu que dans la séance qui suit celle de Ja présentation. 

11. La classe, dans ses nominations, veille à ce que les 
différentes matières dont elle s’occupe soient , autant que 
possible , représentées. Ces matières sont: 

1° Histoire et antiquités nationales; 

20 Histoire générale et archéologie; 

30 Langues anciennes, littératures française et flamande; 

4o Sciences philosophiques ; 

bo Législation, droit public et jurisprudence ; 

6° Économie politique et statistique, 

12. Les présentations pour les places vacantes, sont faites 
collectivement par un comité de trois personnes nommées 
au scrutin secret dans la séance précédente, comité auquel 
s’adjoint le bureau. 

La classe ne délibère sur l'admission d'aucun candidat, 
à moins que deux membres n’aient demandé par écrit que 
son nom soit porté sur la liste des candidats. 

13. La classe met annuellement au concours six questions 
sur les matières indiquées à l’art. 11, 

14 Quand la classe se constitue en comité secret, elle 
se compose de ses membres seulement. d 

Le comité secret est de rigueur : 

1° Pour la présentation et l’élection aux places vacantes ; 

20 Pour Ja discussion des articles réglementaires; 

30 Pour la formation des programmes et le jugement des 
concours. | 

Sont toutefois admis au comité secret les associés, les 
académiciens des deux autres classes, ainsi que les corres- 
pondants, lorsqu'ils ont été désignés pour faire partie du 
jury du concours. 


(55 ) 


15. Les pièces destinées à être lues en séance publique, 
sont préalablement soumises à la classe. 

16. La classe ne fait pas de rapport sur les ouvrages déjà 
livrés à la publicité, 

Sont exceptés les ouvrages sur lesquels le Gouvernement 
demande l’avis de la classe. 

17. Lorsque l’Académie aura pris une décision d’après un 
rapport rédigé par un ou plusieurs dé ses commissaires, il 
ne sera plus permis de changer la rédaction de ce rapport. 

18. Tous les deux ans, et dans l’ordre déterminé par lé 
sort, chacun des membrés ou corréspondants communi- 
quera à la classe un travail inédit , dont la lecture ne dépas- 
sera pas la durée d’une heure. 

Ces lectures seront réparties entre les séances de manière 
qu’il n’y en ait jamais plus de deux par jour. 

Les lecturesobligatoires n’excluent pas les autres lectures. 

Le bureau avertira deux mois à l’avance chaque membre 
ou correspondant de l’époque où il est appelé à communi- 
quer sontravail. | 

La convocation fera mention, pour chaque séance, des 
lectures qui seront faites en vertu de la présente disposition, 
du sujet des travaux qui seront lus et du nom des auteurs, 


Articles additionnels (1). 


Ar. 1er, L'élection du directeur et celle de membre dé 
la commission administrative ont lieu à la majorité ab- 
solue des suffrages. 

Si, après deux tours de scrutin, personne n’a obtenu la 


(1) Adoptés par arrêté royal du 23 mars 1849, 


(56 ) 


majorité, il est procédé à un ballottage entre les membres 
qui ont réuni le plus de voix. 

En cas de parité de suffrages , après ce dernier scrutin, 
le plus ancien membre est élu, 

ART. 2. Dans les scrutins qui seront ouverts pour l’élec- 
tion des membres de la commission des finances ou de 
toute autre commission que la classe jugera à propos de 
nommer, le membre le plus ancien, en cas d’égalité de 
voix, sera toujours préféré. 


RÈGLEMENT INTÉRIEUR DE LA CLASSE DES BEAUX-ARTS (1). 


sens 


1. La séance commence à l’heure précise indiquée sur la 
carte de convocation, quel que soit le nombre des membres 
présents. 

2. La liste de présence est retirée une demi-heure après 
ouverture de la séance. Les inscriptions ne sont plus ad- 
mises, sinon pour des motifs valables et soumis à l’appré- 
ciation du bureau. 

3. En cas d’absence du directeur et du vice-directeur, le 
fauteuil est occupé par le plus ancien membre de la classe, 
Quand l’ancienneté est la même, le fauteuil est occupé par 
le plus âgé des membres, 

4. Le directeur fait connaître l’ordre du jour immédiate- 
ment après la lecture du procès-verbal. 


(1) Adopté par arrêté royal du 27 octebre 1846. 


(57) 


5. On n’admet pour la lecture que les noticesentièrement 
achevées et indiquées à l’ordre du jour. 

6. Quand une notice est accompagnée de planches, l’au- 
teur en prévient la classe. L’impression de la notice et la 
gravure des planches sont votées séparément. 

7. Si une planche doit occasionner des dépenses extraor- 
dinaires , ou si plusieurs planches sont jointes à une notice, 
la publication en est différée , et le secrétaire présente à la 
séance suivante un devis des frais qui seront occasionnés 
par la gravure ou la lithographie. 

8. Le bureau juge quels sont, parmi les mémoires reçus 
pour l'impression , ceux qui doivent être publiés les pre- 
miers; il a égard : 

1° À la date de la présentation du travail; 2° aux frais qui 
seront occasionnés par la publication ; 30 à ce que les diffé- 
rentes branches dont s’occupe la classe soient représentées 
dans ses mémoires. 

9. Les mémoires modifiés (art. 22 du règlement général ) 
portent la date de l’époque où les modifications ont étéfaites. 

10. Les rapports faits à la classe sont signés par les au- 
teurs. | 

Ils auront dû être communiqués , en temps utile, au rap- 
porteur. 

11. La classe ne délibère que sur des propositions écrites 
et signées. 

La délibération sur une proposition réglementaire n’a lieu 
que dans la séance qui suit celle de la présentation. ; 

12. La présentation pour les places vacantes est faite par 
le bureau, qui s’adjoint la section dans laquelle la place est 
vauante. 

En outre, la classe ne délibère sur l’admission d'aucun 

4 


(58 ) 


candidat, à moins que deux membres ne l’aient présenté 
officiellement. 

13. La classe des beaux-arts met annuellement au con- 
cours quatre questions, à savoir : 

Une sur la peinture ou sur la gravure en taille-douce ; 

Une sur la sculpture ou sur la gravure en médailles ; 

Une sur Parchitecture ; 

Une sur la musique. 

Il est entendu qu’il y a un roulement qui permet de repré- 
senter successivement les différentes parties des beaux-arts 
correspondantes aux quatre divisions précédentes. 

14. Quand ja classe se constitue en comité secret, elle se 
compose de ses membres seulement. 

Le comité secret est de rigueur : 

1° Pour la présentation et l’élection aux places vacantes; 

20 Pour la discussion des articles réglementaires ; 

3° Pour le jugement des concours. 

Sont toutefois admis au comité secret, les associés, les 
académiciens des deux autres classes, ainsi que les corres- 
pondants de la classe des beaux-arts, lorsqu'ils ont été dé- 
signés pour faire partie du jury. 

15, Les pièces destinées à être lues en séance publique 
sont préalablement soumises à la classe. 


(39) 


LOCAL PROVISOIRE DESTINÉ A L'ACADÉMIE. 


me 


LÉOPOLD , Ror Les BELGEs, 
A TOUS PRÉSENTS ET A VENIR, SALUT. 
Sur le rapport de Notre Ministre de l’intérieur, 
Nous AVONS ARRÊTÉ ET ARRÊTONS : 


Ant. 1er, En attendant qu’il puisse être construit un local 
spécial pour l’Académie royale des sciences, des lettres et 
des beaux-arts de Belgique, il lui sera assigné un local pro- 
visoire dans les bâtiments de l’Ancienne Cour. 

ART. 2. La salle des séances publiques de l’Académie 
sera ornée des bustes des souverains fondateurs et protec- 
teurs de cette institution, de ceux des Belges qui se sont 
illustrés dans la carrière des sciences, des lettres et des 
arts, ainsi que des académiciens décédés, qui ont doté le 
pays d'ouvrages importants, 

Arr. 3. Le Gouvernement fera exécuter, à ses frais, un 
ou deux bustes par an. 

Arr. 4. Notre Ministre de l’intérieur est chargé de l’exé- 
cution du présent arrêté. 

Donné à Laeken, le 17 décembre 1845, 
LÉOPOLD. 


Par LE Roi: 
Le Ministre de l’intérieur, 


SYLVAIN VAN DE WEYER. 


( 40 ) 


TRAVAUX SPÉCIAUX DE L’'ACADÉMIE. — ADJONCTION 
DE SAVANTS ET DE LITTÉRATEURS, 


Rapport au Roi. 
SIRE , 

Votre Majesté vient de réorganiser l’Académie des scien- 
ces, des lettres et des beaux-arts de Belgique, et Elle a 
déterminé quelles seraient ses publications. 

Ces publications comprennent les mémoires des mem- 
bres , des associés, des correspondants; les mémoires con- 
ronnés et ceux des savants étrangers. 

Ce cadre, Sire, est assez vaste, et, à en juger par le passé, 
PAcadémie continuera à fournir dignement son contingent 
à notre édifice littéraire et scientifique. 

Mais indépendamment de ces travaux, il en est d’autres, 
d’une haute importance, qui exigent le concours et les lu- 
mières d’un grand nombre de personnes, Tels seraient : 

Une biographie nationale ; 

Une collection des grands écrivains du pays, avec tra- 
ductions, notices, etc. ; 

Enfin, la publication des anciens monuments de la litté- 
rature flamande. 

J'ai l'honneur de proposer à Votre Majesté de confier ces 
travaux à l’Académie, qui sera autorisée à s’adjoindre des 
savants et des littérateurs pris en dehors de son sein. Flattée 
de ce nouveau témoignage de la confiance du Gouvernement 
de Votre Majesté en ses lumières et en son zèle, elle y ré- 
pondra dignement, et elle acquerra des nouveaux droits à la 
reconnaissance du pays, à l’estime du monde savant. 


Le Ministre de l'intérieur, 
Syzvainx Van pe WEYER, 


(784) 


Arrêté royal. 


LEOPOLD , Ror pes Bezcrs, 
À TOUS PRÉSENTS ET A VENIR, SALUT. 


Sur le rapport de Notre Ministre de l’intérieur, 


Nous AVONS ARRÊTÉ ET ARRÊTONS : 


Ant. 1er. L'Académie royale des sciences, des lettres et 
des beaux-arts de Belgique sera successivement chargée 
des travaux suivants : 

1o D’une biographie nationale; 

20 D’une collection des grands écrivains du pays, avec 
traductions, notices, etc. ; 

30 De la publication des anciens monuments de la litté- 
rature flamande. 

ART. 2. L'Académie soumettra à la sanction du Gouver- 
nement les mesures d'exécution de ces travaux. | 

Ant. 3. Notre Ministre de l’intérieur est chargé de l’exé- 
cution du présent arrêté. 


Donné à Laeken, le 1er décembre 1845. 
LÉOPOLD. 


PAR LE Ro: : 
Le Ministre de l’intérieur, 
SyLVaIN Van DE WEYER, 


(42) 


PRIX QUINQUENNAL EN FAVEUR DU MEILLEUR OUVRAGE 
SUR L’HISTOIRE DU PAYS. 


Rapport au Roi. 
SIRE , 


Les études historiques sont cultivées en Belgique avec 
une espèce de prédilection. Il est permis de croire que l’ac- 
tion du Gouvernement n’est pas restée étrangère à ce fait 
et qu’il ya, au contraire, puissamment contribué. Ainsi la 
recherche et la publication des chroniques belges inédites, 
les soins donnés à la mise en ordre des dépôts des archives 
nationales, la publication des inventaires des archives, la 
création de la bibliothèque royale, les encouragements 
accordés aux bibliothèques communales et aux sociétés lit- 
téraires ou savantes locales, toutes ces mesures ont incon- 
testablement servi à répandre et à faciliter la connaissance 
des sources historiques. 

Naguère Votre Majesté a donné une preuve de sa sollici- 
tude pour les travaux historiques, en instituant un prix 
spécial de trois mille francs en faveur de l’auteur de la 
meilleure histoire du règne des archiducs Albert et Isabelle. 

J'ai l'honneur, Sire, de proposer à Votre Majesté une 
nouvelle mesure qui, j'ose le croire, sera accueillie avec 
faveur par le public savant: c’est l'institution d’un prix 
quinquennal en faveur au meilleur ouvrage sur l’histoire du 
pays, qui sera publié durant chaque période de cinq années. | 

L'expérience prouve, Sire, qu’on obtient souvent, en 
laissant à chacun sa liberté d’action, des résultats plus sa- 
tisfaisants qu’en traçant d'avance le cadre d’un travail. Ici, 


{ 45 ) 


aucun point historique n’est désigné de préférence à un 
autre. Tout savant traitera le sujet vers lequel il se sentira 
attiré. Tel cherchera à éclaircir les points encore obscurs 
«de la constitution primitive de notre nationalité ; tel racon- 
tera nos luttes et nos dissensions au moyen âge ; tel autre 
enfin rapportera les événements qui, pour être plus récents, 
ne sont cependant qu’imparfaitement connus. L’érudition, 
la critique, le style, trouveront à la fois l’occasion de se 
produire et d’être appréciés. 

Déjà plus d’une fois, Sire, l’idée de cette mesure a été 
suggérée. La meilleure occasion de la réaliser me semble 
ètre la réorganisation de l’Académie. C’est done avec con- 
fiance que je soumets à Votre Majesté le projet d’arrêté ci- 
joint, 


Le Ministre de l’intérieur, 


SYLVAIN Van pe WEYER, 


Arrété royal. 
LÉOPOLD, Ror nes BeLGes, 


A TOUS PRÉSENTS ET A VENIR, SALUT. 


Voulant donner un nouveau témoignage de Notre haute 
sollicitude pour les travaux relatifs à l’histoire de la Belgi- 
que, et exciter, en même temps, le zèle et l’émulation des 
savants qui se livrent à ces travaux ; 


( 44 ) 
Sur le rapport de Notre Ministre de l’intérieur, 
Nous AVONS ARRÊTÉ ET ARRËTONS : 


ArT. 1er, Il est institué un prix quinquennal de cinq 
mille francs, en faveur du meilleur ouvrage sur l’histoire 
du pays qui aura été publié par un auteur belge, durant 
chaque période de cinq ans. 

Arr. 2. Il sera affecté, pour la formation de ce prix, un 
subside annuel de mille francs sur les fonds alloués an bud- 
get en faveur des lettres et des sciences. 

Arr. 3. La classe des lettres de l’Académie royale des 
sciences , des lettres et des beaux-arts de Belgique, sou- 
mettra à la sanction du Gouvernement un projet de règle- 
ment, qui déterminera les conditions auxquelles le prix 
sera décerné, et le mode qui sera observé pour le jugement 
des ouvrages. 

ART. 4, Notre Ministre de l’intérieur est chargé de l’exé- 
cution du présent arrêté. 


Donné à Laeken, le 1er décembre 1845. 
LÉOPOLD. 
PAR LE ROI : 
Le Ministre de l’intérieur, 


SYLVAIN VAN DE WEYER. 


(45) 


RÈGLEMENT POUR LE PRIX QUINQUENNAL D'HISTOIRE (1). 


ee 


Aur. 1er La première période de cinq années prend 
cours du 1er janvier 1846, pour finir au 31 décembre 1850. 

AgT. 2. Tout ouvrage sur l’histoire nationale écrit en 
français, en flamand ou en latin, et publié en Belgique, 
sera admis au concours, s’il est entièrement achevé et si 
Pauteur est belge de naissance ou naturalisé. 

ART. 3. Les ouvrages dont il n’aurait été publié qu’une 
partie, antérieurement au 1er janvier 1846, seront admis 
au concours après leur achèvement. 

ART 4. L'édition nouvelle d’un ouvrage ne donnera pas 
lieu à l’admission de celui-ci, à moins qu’il n’ait subi des 
changements ou des augmentations considérables. 

Arr. 5. Le jugement est attribué à un jury de sept mem- 
bres, nommé par le Roi, sur la proposition de la classe des 
lettres, 

Cette nomination aura lieu au moins un mois avant l’expi- 
ration de chaque période quinquennale. 

Art. 6. Les ouvrages des membres du jury ne peuvent 
faire l’objet de son examen. 

Art. 7. Le jugement du jury sera proclamé dans la séance 
publique de la classe des lettres qui suivra la période quin- 
quennale. 


(1) Approuvé par arrété royal du 26 décembre 1848. 


(46) 


COMMISSION ROYALE D'HISTOIRE. 


mm 
ee 


Arrêté royal organique (1). 
LÉOPOLD, Roi pes BELGES, 


À TOUS PRÉSENTS ET À VENIR, SALUT. 


Considérant que tous les travaux qui ont pour objet de 
répandre des lumières sur l’histoire de la Belgique , mé- 
ritent Notre sollicitude ; 

Qu'ils doivent contribuer à la fois au développement du 
patriotisme et aux progrès des lettres ; 

Que, déjà, mü par ce motif, Nous avons ordonné la pu- 
blication des catalogues des Archives de l’État et celles des 
documents intéressants pour l’histoire générale du royau- 
me, qui existent tant dans ces Archives que dans les autres 
dépôts de titres du pays ; 

Considérant que la mise au jour des chroniques belges 
inédites doit concourir puissamment au même but ; 

Sur le rapport de Notre Ministre de l’intérieur, 


Nous AVONS ARRÊTÉ ET ARRÊÉTONS : . 


Ant. 1‘, Une Commission est instituée à l’effet de re- 
chercher et mettre au jour les chroniques belges inédites. 

Cette Commission est composée de MM. De Gerlache, 
De Ram, le baron de Reïffenberg , Dewez, Gachard, Warn- 
kœnig et J.-F. Willems (2). 


(1) Voyez les modifications apportées par l'arrêté royal suivant en 
date du 1er décembre 1845. 
(2) Voyez p. 71, les membres qui composent actuellement Ia Com- 


mission. 


(em) 


ART. 3, La Commission sera installée par Notre Ministre 
de l’intérieur (1). 

Elle s’occupera, dans ses premières séances, de la rédac- 
tion d’un plan pour ses travaux , qu’elle soumettra à l’ap- 
probation de Notre dit Ministre. 

ART. 8. Il sera mis à la disposition de la Commission, 
jusqu’à l’entier accomplissement de la tâche qui lui est con- 
fiée , une somme annuelle de cinq mille francs, destinée à 
couvrir les frais de toute nature qu’elle aura à supporter. 

Cette somme sera prélevée sur le crédit alloué au bud- 
get du département de l’intérieur, pour l’encouragement 
des sciences et des lettres. | 

La Commission rendra compte de son emploi, chaque 
année , à Notre Ministre de l’intérieur (2). 

ART. 4. Nous nous réservons d'accorder aux membres de 
la Commission telles distinctions et récompenses dont Nous 
les aurons jugés dignes. 

Ant. 5. Notre Ministre de l’intérieur est chargé de l’exé- 
cution du présent arrêté, qui sera inséré au Bulletin Officiel. 

Donné à Bruxelles, le 22 juillet 1834. 


LÉOPOLD. 
Par le Roi : 


Le Ministre de l’intérieur, 
Cu. RoGier. 


(1) La séance d'installation eut lieu le 4 août 1834, à l'hôtel du 
Ministère de l'intérieur. 

(2) Un arrêté royal en date du 8 décembre 1837 , ordonne la for- 
mation d’une liste chronologique des chartes, diplômes, lettres pa- 
tentes et autres imprimés concernant l'histoire de Belgique, et alloue 
un subside annuel de 4,000 francs pour subvenir aux frais nécessités 
par ce travail. Le règlement pour la confection de cette liste a été 
adopté par arrélé ministériel du 16 novembre 1838. 


(48) 


À rrété royal qui fait rentrer la Commission royale d’histoire 
dans le sein de l’ Academie. 


LÉOPOLD, Ror pes BELGES, 


A TOUS PRÉSENTS ET A VENIR, SALUT. 


Vu Notre arrêté de ce jour, portant réorganisation de 
l’Académie royale des sciences, des lettres et des beaux- 
arts de Belgique; i 

Revu Notre arrêté du 22 juillet 1834, instituant une 
Commission à l’effet de rechercher et mettre au jour les 
chroniques belges inédites; 

Sur le rapport de Notre Ministre de l’intérieur; 


Nous AVONS ARRÊTÉ El ARRÈTONS : 


Anr. 1er. La Commission prérappelée, dans sa formation 
actuelle et avec son budget spécial, est maintenue. 

Ellerentre danslesein de Académie, et sa correspondance 
est soumise aux dispositions arrêtées pour cette compagnie. 

Il en est de même de ses archives. 

Ses publications serviront de complément à celles de 
l’Académie. 

ART. 2. Notre Ministre de l’intérieur est chargé de l’exé- 
cution du présent arrêté, 

Donné à Laeken, le 1er décembre 1845. 

LEOPOLD. 


Par LE Ror : 
Le Ministre de l’intérieur, 


SYLVAIN VAN DE WEYER. 


( 49 ) 


Bureau paléographique annexé à la Commission royale 
d’histoire. 


LÉOPOLD, Ror pes BELces, 


A TOUS PRÉSENTS ET À VENIR, SALUT. 
Sur le rapport de Notre Ministre de l’intérieur, 
: Nous AVONS ARRÊTÉ ET ARRÊTONS : 


Art. ler, Il est annexé à la Commission royale d'histoire 
et sous la haute direction de celle-ci, un bureau paléogra- 
phique. 

Art. 2, Ce bureau est chargé de satisfaire aux Jerssiiiés 
qui lui seront faites tant par les administrations publiques 
que par les particuliers , et qui auront pour objet des trans- 
criptions , des extraits, des analyses des textes, des tra= 
ductions, des renseignements empruntés aux manuscrits et 
aux archives. 

ART. 3. Le personnel se compose d’un chef de bureau et 
d’un certain nombre d’attachés (1). 

- Arr. 4. Le chef du bureau, seul, est salarié; il est nommé 
par Nous et son traitement esl üixé par l’arrêté de sa nomi- 
nation. 

Arr. 4. Les attachés sont nommés par le Ministre de l’inté- 


(1) Un arrêté du 30 janvier 1847 nomme M. Émile Gachet, chef 
du bureau paléographique. Par un autre arrêté du 8 septembre 1847, 
M. P. Gigot a été attaché au même bureau. 


5 


( 50 ) 


rieur ; ils doivent être au moins candidats en philosophie et 
lettres, ils sont exercés dans l’interprétation des manuscrits, 
dans leur transcription, et généralement dans tout ce qui 
concerne la paléographie, surtout la paléographie nationale, 

ART. 6. Les attachés n’ont point de traitement ; ils font 
gratuitement les copies et les recherches demandées par 
les départements ministériels pour le service de l’adminis- 
tiotran , mais celles qui sont exécutées pour des particu- 
liers ou pour des institutions littéraires ou scientifiques, 
leur sont payées suivant un tarif à établir. 

ART. 7, Le nombre des attachés ne pourra dépasser six, 
il sera pour commencer limité à deux et augmenté succes- 
sivement suivant que les travaux du bureau en feront sentir 
la nécessité. 

ART. 8. La Commission royale d’histoire proposera à No- 
tre Ministre de l’intérieur les mesures réglementaires pour 
l’organisation du bureau (1). 

Arr. 9. Notre Ministre de l’intérieur est chargé de l’exé- 
cution du présent arrêté. 


Donné à Paris, le 30 janvier 1847. 


LÉOPOLD. 
Par LE Ror : 
Le Ministre de l’intérieur, 


Comte DE TuEux. 


(1) Le règlement proposé par la Commission a été adopté par arrêté 
ministériel du 9 août 1847, et un arrêté royal du 14 février 1848, 
règle les frais de route et de séjour du chef et des attachés du bureau 
paléographique. 


(51) 


RÈGLEMENT INTÉRIEUR DE LA COMMISSION ROYALE 
D'HISTOIRE (1). 


ee 


Ant, 1er, La Commission, composée de sept membres, 
nommés par le Roi, choisit dans son sein un président, un 
secrétaire et un trésorier. 

AnT. 2, Les membres de la Commission s’assemblent ré- 
gulièrement à Bruxelles quatre fois l’an, dans les mois de 
janvier, avril, juillet et octobre, pour délibérer sur les 
matières soumises à leur examen, se concerter sur les pu- 
blications qui font l’objet de leurs travaux d’après le plan 
approuvé par le Ministre de l’intérieur, conformément à 
l’art, ? de l’arrêté royal du 22 juillet 1834, et s’aider mu- 
tuellement de leurs lumières et de leurs connaissances. 

La Commission s’assemble extraordinairement, lorsque 
le président le juge convenable. 

ART. 3. Le président met les matières en délibération, 
recueille les voix, et conclut au nom de la Commission. 
En cas d’absence , il est remplacé par le doyen d’âge, 

Arr. 4. Il est publié un Compte-rendu ou Bulletin des 
séances de la Commission , dans lequel sont rapportés les 
sujets dont elle s’est occupée, et les communications 
qu’elle a reçues, en tant que celles-ci concernent l’histoire 
de la Belgique. 

Aucune communication ne peut toutefois y être insérée, 
qu'après résolution prise par la Commission. 

Le secrétaire est invité à continuer de placer , à la suite 
du compte-rendu , un bulletin bibliographique, où seront 


(1) Adopté par arrêté ministériel du 29 mars 1845. 


(52) 


mentionnées les publications relatives à l’histoire de la Bel- 
gique, faites dans le royaume et à l’étranger, mais sans y 
exprimer d’opinion sur le mérite de ces ouvrages. 

ART. 5. La Commission étant instituée uniquement àl’ef- 
fet de rechercher et de mettre au jour les chroniques belges 
inédites, les membres éditeurs s’abstiennent d'introduire 
dans les publications qui leur sont confiées des matières 
étrangères au contenu du texte principal de l'ouvrage. 

ART. 6. Les règles de publication arrêtées dans les séances 
de la Commission du 4 et du 16 août 1834, et imprimées 
dans le recueil de ses Bulletins (Ier vol., pp. 4, 5 et 6), 
seront strictement observées. Chaque volume à publier ne 
dépassera pas 100 feuilles in-4o. 

Arr. 7. Aucune publication comprise dans le plan ap- 
prouvé par le Ministre de l’intérieur, ne sera autorisée 
qu'après que le membre qui désirera en être chargé aura 
faitconnaître, dans un rapport à la Commission, le plan qu’il 
se propose de suivre, ainsi que la nature et l’importance 
des documents qu'il croit devoir ajouter au texte princi- 
pal. L’impression commencera quand la copie d’un tiers 
de volume, au moins, pourra être livrée à l’imprimeur. 

Arr. 8. Les cartes et planches reconnues nécessaires, pour 
être jointes au texte des chroniques, ou de leurs appendices, 
ne seront confectionnées que lorsque la Commission en aura 
autorisé la dépense , sur évaluation approximative. 

AT. 9. Tous les mois, l’imprimeur adressera à chaque 
membre de la Commission, une bonne feuille de tout ce 
qu’il aura imprimé du texte des volumes de la collection. 

Ant. 10. Chaque membre reçoit un exemplaire sur grand 
papier et un exemplaire sur papier ordinaire , des volumes 
de la collection, ainsi que six exemplaires du Bulletin. Il 


a droit, en outre, à vingt-cinq exemplaires dits d'auteur 
de chacun des ouvrages qu’il est chargé de publier (1). 

Arr. 11. La distribution et la mise en vente des volumes 
ne peuvent avoir lieu, en Belgique, que dix jours après leur 
présentation au Roi, leur remise aux membres de la Com- 
mission et leur envoi dans les pays étrangers. 

Arr, 12. Les employés attachés à la Commission, adres- 
sent au président, avant chaque assemblée trimestrielle, 
un rapport sur leurs travaux pendant le trimestre qui a 
précédé. 

La Commission elle-même adresse au Ministre de l’inté- 
rieur , à la fin de chaque année, un rapport général sur ses 
travaux, 

Arr. 13. La Commission s’abstient de porter un juge- 
ment sur les ouvrages imprimés d’auteurs vivants, quand 
ces ouvrages n’ont pas de rapport direct avec ses travaux. 

ArT. 14. Les résolutions et les pièces expédiées par la 
Commission ou en son nom, sont signées par le président 
et par le secrétaire. 

Art. 15. Le secrétaire est dépositaire des papiers et docu- 
ments appartenant à la Commission. Il en tient inventaire. 

Art. 16. Les comptes sont vérifiés par le trésorier et visés 
par le président et par le secrétaire. 

Îls sont transmis ensuite au Ministre de l’intérieur, qui 
en soigne la liquidation. 

Cependant une somme à déterminer par le Hinistre de 


(1) Deux lettres du Ministre de l'intérieur, datées du 12 août et 
du 21 octobre 1847, 5e division, n° 2878, slatuent que tous les 
membres de l'Académie seront gratifiés également des publications 
de la Commission. 


D. 


( 54) 


l’intérieur pourra être mise annuellement à la disposition 
de la Commission pour faire face aux dépenses urgentes, 

Il sera rendu un compte régulier de l’emploi de cette 
somme. 

ArT. 17. À l’avenir les ouvrages dont il sera fait hom- 
mage à la Commission, seront déposés à la Bibliothèque de 
l'Académie, à l'exception de ceux dont le commencement 
a été envoyé à la Bibliothèque royale, qui continuera à en 
recevoir la suite. Les titres de ces ouvrages et les noms 
des donateurs, seront insérés au Bulletin (1). 

Arr. 18. Pour les cas d'urgence et de moindre impor- 
tance, ainsi que pour les travaux relatifs à la confection 
de la table chronologique des chartes imprimées, concer- 
nant l’histoire de la Belgique, les membres de la Commis- 


« . 


sion domiciliés à Bruxelles , réunis à ceux qui s’y trouve- 
raient temporairement , sont autorisés à prendre telles 
résolutions qu’ils jugeront convenir. 

Il sera rendu compte à la Commission, dans son assem- 
blée ordinaire suivante, de ce qui aura été fait en consé- 


quence de la présente autorisation (2). 


(1) Cet article a été adopté par l'arrêté royal du 8 juin 1847, qui 
modifie la rédaction primitive. 

(2) Par sa lettre en date du 20 novembre 1846, M. le Ministre «le 
l’intérieur a fait connaître que la correspondance officielle de la 
Commission royale d'histoire doit se faire par le Secrétaire perpé- 
tuel de l’Académie, conformément à l’art. 1er de l'arrêté royal du 
1er décembre 1845. Le secrétaire de la Commission royale d'histoire 
reste chargé de la correspondance particulière entre les membres. 


(53) 


CORRESPONDANCE DE L'ACADÉMIE. 


Arrêlé royal accordant la franchise de port. 


LÉOPOLD, Ror nes BELGES, 


À TOUS PRÉSENTS ET À VENIR, SALUT. . 


Revu Notre arrêté en date du 8 novembre 1841, qui attribue 
la franchise de port à la correspondance officielle de l’Académie 
royale de médecine ; 

Considérant que, par des motifs analogues , il a lieu d’ac- 
corder le même privilége à l’Académie royale des sciences et 
belles- lettres de Bruxelles ; 

Sur la proposition de Notre Ministre des Travaux Publics ; 


Nous AVONS ARRÊTÉ ET ARRÊTONS : 


Ant. 1%. Notre Ministre de l’intérieur est autorisé à cor- 
respondre en franchise de port , sous enveloppe fermée, avec le 
bureau de l’Académie des sciences et belles-lettres de Bruxelles, 
et les membres de ce corps individuellement. 

ART. 2. La franchise est également attribuée à la correspon- 
dance sous bandes et contre-seing que l’Académie et son Secré- 
taire perpétuel doivent échanger avec chacun de ses membres. 


( 56) 


Ant. 3. Le contre-seing de l’Académie en nom collectif sera 
exercé , soit par le Président, soit par le Secrétaire perpétuel 
délégué à cet effet. 

Notre Ministre des travaux publics est chargé de l'exécution 
du présent arrêté. 


Donné à Bruxelles, le 22 décembre 1841. 


LÉOPOLP. 
Par le Roi : 


Le Ministre des travaux publics, 
L. DESMAISIÈRES. 


NB. Pour que les envois parviennent avec la franchise de port, il est 
indispensable que les lettres, papiers ou livres soient mis sous bandes 
croisées à l'adresse du Secrétaire perpétuel et contresignées par le 
membre, correspondant ou associé, qui fait l'envoi. De plus, les en- 
vois doivent étre déposés au bureau de la poste; l’exemption n'a pas 
lieu pour les papiers qui seraient simplement jetés dans Ja boîte aux 
lettres, 


LISTE DES MEMBRES, 
DES CORRESPONDANTS ET DES ASSOCIÉS DE L'ACADÉVMIE, 


(Janvier 1854.) 


nee 


LE ROI, PROTECTEUR. 


ae eee 


M. LECLERCQ, president pour 1851. 
» QUETELET, secrétaire perpétuel. 


me 


COMMISSION ADMINISTRATIVE. 


Le directeur de Ha classe des Sciences, M. DE HEMPTINNE, 
5 » des Lettres, M. LECLERCQ. 
» » des Beaux-Arts, M. NAVEZ. 
Le Secrétaire perpétuel, M. QUETELET. 
Le délégué de la classe des Sciences, M. DUMORTIER. 
» » des Lettres, M. le baron DE GERLACHE, 
» » des Beaux-Arts, M. BRAEMT. 


M. DE HEMPTINNE, trésorier de l’Académie. 


Pr 


(58 ) 


CLASSE DES SCIENCES. 


M. DE HEMPTINNE, directeur. 
» Kicxx, vice-directeur. 
» QUETELET, secrétaire perpétuel. 


30 MEMBRES. 


Section des sciences mathématiques et physiques (15 membres). 


M. 


24 
La 


2 
> 


y 


KESTELOOT, J. L.; à Gand. 
TairY, Ch. E. J.; à Bruxelles (1) . 


. Nommé le3 juillet 1816. 


id. 


QUETELET, A. J. L;; à Bruxelles. + +. Élu le 1er février 1826. 


PAGAN1, G. M.; à Louvain. . , . 
TIMMERMANS , H, À.; à Gand. . , 
DE HEMPTINNE, À.; à Bruxelles. , 
CRAHAY, J. G.; à Louvain. . . 
MaARTENS, M.; à Louvain. . . , 
PLATEAU, J.; à Gand. . 
DEnvAUx, Cs à iége "Ah 00, 
STAS, J. S.; à Bruxelles . . 

DE KoniNcKk, L.G.; à Liége . . 
DE Vaux, Ad.;à Bruxelles , . 
NERENBURGER , G. A.; à Bruxelles . 
MELSENS, H. ; à Bruxelles, ,. . . 


28 mars 1825. 
12 octobre 1833. 
7 mai 1834. 
8 mai 1835. 
15 décem, 1835. 
15 décem. 1836. 
14 décem. 1841. 
id. 
15 décem. 1842. 
16 décem. 1846. 
15 décem. 1849. 
15 décem. 1850. 


Section des sciences naturelles (15 membres). 


VANDERMAELEN , P.; à Bruxelles. 
DUMORTIER, B. C.; à Tournay  . . 


. D'Omazius D'HALLOY, J.3,; à Halloy . Nomméle3 juillet 1816. 


. Élu le 10 janvier 1829. 


2 mai 1829. 


(1) Décédé le 25 janvier 1851, pendant l'impression de l Annuaire. 


_ 
A 


(59) 


SAUVEUR , D.; à Bruxelles, . , +. . Élu le 7 novem.1829. 
: LÉTEUNE , À. L,S.; à Verviers . . . — 7 mai 1834. 
WESMAEL , C. ; à Bruxelles, . . . ,. — 15 décem. 1835. 
DumonT, A. H.;àLiége. . . . . .  — 15 décem. 1836. 
CANTRAINE, F.5s à Gand. , , « ., — id. 
Kickxx,J.; à Gand . . . . , . . — 15 décem. 1837. 
MORREN , Ch. ; à Disge ein Ve ‘à nil —— 7 mai 1838. 


VAN BENEDEN, P.J.; à Louvain . .  — 15 décèm. 1842, 
Le baron DE Sezys-LonGchAmPs, Edm.; 


à Liége. nee danse (+16 décem: 1840. 
Le vicomte Du Bus, B.; à Bruxelles, .  — id. 
NysrT, H.;à Louvain . . . , .. —, 17 décem. 1847. 
GLUGE, T.; à Bruxelles. . ,. , . ,. = : 15 décem, 1849. 
CORRESPONDANTS (10 au plus). 

. GALEOTTI, H.; à Bruxelles . , . , Élu le 7 mai 1841. 
DuPrrez, F.; à Gand. . . . ,. . . — 16 décem. 1846. 
Maus, M. H. J.; à Bruxelles. . . . — id. 
MEtRR SA; s 8 Liège. 6. il id, 
BRASSEUR, J. B.; à Liége . . . . . — 17 décem. 1847. 
ScHAAR, M.3; à Gand . * . , . .  — 15 décem. 1849. 
LrAGRE, J. B.; à Bruxelles, , ,. ,. .  — 15 décem. 1850. 
DONNER SA OM 0 it 4 1 Lo id, 


50 ASssOCIÉs. 


Section des sciences mathématiques et physiques (25 associés), 


. VÈNE, A.; à Paris « + « « « . Élu le 2 février 1824. 


GERGONNE, F. D.; à Montpellier. , ,  — 8 mai 1824. 
BABBAGE, Ch.; à Londres, . . . . —  ‘7.octobre 1826. 


HERSCHEL, sir John F. W.; à Londres. — id. 
BaArLOwW, P.; à Woolwich. . . .:. :— 10 novem. 1827. 
SouTH, sir James ; à Londres, . :. .… .. — id, 


LA 


ENCKE, J.F.; 


LA 
. SABINE, Edouard ; à 
CHASLES ; à Paris. 
à Berlin. 


( 60 } 


VAN REES, R.; à Utrecht 
ARAGO, D.F.J.; à Paris our 
BREWSTER, sir David ; à Édimbourg. 
CRELLE , À. L.; à Berlin. 


e 


PLANA, J.; à Turin . 

Mazreucctr, Ch. ; à Pise 
Gauss, Ch. Fr. ; à Goettingue. 
BACHE, D.; à Philadelphie. 
DE LA RIVE, Aug.; à Genève. 

Fuss, P. H.; à St-Pétersbourg 

OERSTED, J. Ch.; à Copenhague. 
Dumas, J. B.; à Paris 
FArADAY, Michel ; à Londres . 
LAMARLE ; Ern, ; à Gand 
WHREATSTONE, Ch. ; à Londres 


L L * 


Londres, 


L1 


L 


CL] 


} La » 
. Élu le 2 février 


1828, 
4 février 1829. 
7 novem, 1829. 
6 mars 1830. 
5 avril 1834. 


8 novem. 1834. 
14 décem. 1841, 
9 mai 1842. 


17 décem. 1843, 
17 décem. 1847, 
id. 

15 décem. 1849. 


LU L Li L é 


Section des sciences naturelles (25 associés). 


MorEAU DE JONNÈS, Alex. ; à Paris. 
OcKkEN ; à Zurich. 
; à Paris. 
BERTOLONI, Ant.; à Bologne. 
GRANVILLE, À. B.; à Londres. 
BARRAT , John ; à Grassinton-Moor, 
TAYLOR, John; à Londres. 
BLUME , Ch. L.; à Leyde 


VILLERMÉ, L. R 


BrowN, Robert ; À Londres. 
Le baron DE HUMBOLDT, À. ; à Berlin 


. Le £eo DE GEER, J. W. L.; à Utrecht. Nomméle3 juillet 1816. 
VROLIK, G.; à Amsterdam. 


À FE 


;: Élu le 21 mai 1825. 


——. 


—— 


— 


—— 


8 octobre 1825. 

31 mars 1827. 

6 octobre 1827. 
id. 

1er mars 1828, 
id. 

2 mai 1829. 

7 novem. 1829, 

3 avril 1830, 


(61) 


M. DE Macepo; à Lisbonne . . . . . Élu le 15 décem. 1836. 


». DECAISNE, Jos. ; dPanigisss à aies gun: 27 id. 
» TIEDEMANN, Fr.; à Heidelberg . . .  — 15 décem. 1837. 
» SCRWANN , Ph.; à Liége. . . . . . — 14 décem. 1841. 
» SPRING, À. ; à Liéges 5 eur 7 41 — id. 
» BONAPARTE, Charles P., prince de Ca- 

ninos & Home Un Li. ce : 9 mai.i842 
» DE MarTius, Ch. Fr. Ph.; à Munich. — id. 
» LACORDAIRE, Th.; à Liége. .,, . .  — 15 décem 1842. 
» SOMMÉ ; à Anvers. . . serie — : 9 mai 1843. 
» DE Bucx, Léopold; à Berlin + …« . «+  — 17 décem. 1843. 
» OwEN, Richard; à Londres. . . . .  — 17 décem. 1847. 
» DE BEAUMONT, ÉD A hi le ne id. 
». EpwaARDs, Henri Milne: à Paris. , .  — 15 décem, 1850. 


2 
” 


(62) 


CLASSE DES LETTRES: 


M. LECLERCQ, directeur. 
» le baron DE GERLACHE, vice-directeur. 
» QUETELET, secrétaire perpétuel. 


30 MEMBRES. 


La section des lettres et celle des sciences morales et 
politiques réunies. 


. Le chevalier MARCHAL, J. ; à Bruxelles, Élu le 4 février 1829. 
STEUR , Ch. ; à Gand. , . . . . . — 5 décem. 1829. 
Le baron DE GERLACHE, E. C.; à Brux. — 12 octobre 1833. 
Le baron DE STASSART, G. J. A.; à 

Bruxelles 5, au re dt id. 

GRANDGAGNAGE, F. C. J.; à Liége un us TT PS 1085: 
Le chanoine DE SMET, J. J.; à Cd. 008 juin 1835. 
Le chanoine DE RAM,P.F.X.;à Louvain, — 15 décem. 1837. 
ROULEZ : JE. CG. : à Gand... ,:9.,.412— id, 
LESBROUSSART, Ph.; à Bruxelles . . — 7 mai 1838. 
MoKke, H. G.; à Gand . . . , . . — 7 mai 1840. 
NotTaomB, J. B.:; à Bruxelles. . . .  — id. 

Van DE WEYER, Sylvain; à Londres . — id. 
GACHARD , L. P.; à Bruxelles. . . . —- 9 mai 1842. 


QUETELET , À. J. L.; à Bruxelles . . Nomméleler déc. 1845. 
VAN PRAET, Jules; à Bruxelles . . . Élu le 10 janvier 1846. 


BORGNET, À.; à Liége . . . — id. 
Le baron DE St-GENO1S, Jules; à Cévde — id, 
DAVID, J..B.: à Louvain. .:,. :. . id. 
VAN MEENEN, P.-F.; à Bruxelles. , .  — n id. 
DE VAUX, Paul; à Bruxelles . . . . — id. 


DE DECKER, P.J.F,; à Bruxelles. . . — id. 


(65) 


M. ScHAYESs, À, G. B.; à Bruxelles. . . Élule 11 janvier 1847. 


Ÿ 


. DE WITTE, J.; à Anvers 


. Le duc D'URsEz, C.; à Bruxelles 


SNELLAERT ; F. À.; à Gand. |. … : . 
L'abbé CARTON, C.; à Bruges . è 
HAUS, J'I id Gand 0 0 où «4, 
BORMANS , J. H.; à Liége. . . . 
LECLERCQ, M. N. J,; à Bruxelles 
POLAIN, L.; à Liége. .:'. . . 
BAGUET , F. N.J. G. ; à Louvain. 


— id, 
— id. 
—— id. 
17 mai 1847. 
.7 mai 1849. 
6 mai 1850. 


CORRESPONDANTS (10 au plus). 


BERNARD, Ph.; à Bruxelles. 

GRUYER, Louis; à Bruxelles : . . . 
FAIDER Chr & Brusellas 5 51500" 
DucrÉTIAUX, Ed. ; à Bruxelles 
ARENDT, G. À.; à Louvain. : . . . 
BERNORE, CP: a Gand . 1} 27. 
MATHIEU, Adolphe; à Mons . : 
KERVYN DE LETTENHOVE, F.; à Bruges, 


50 ASSOCIÉS. 


VAN LENNEP, D. J.; à Amsterdam. . 
DE MoLÉON , J. G. V,; à Paris . . . 
LENORMAND, L.Séb,.; à Paris. 

DE LA FONTAINE; à Luxembourg 
MULLER ; à Trèves . . . 
WITTENBACH ; à Trèves. . . . . . 
VAN Ewyck, D. J.; à Bois-le-Duc . 


. Élule 7 mai 1840. 


9 mai 1842. 
— 10 janvier 1846. 


— id. 

— 11 janvier 1847. 
RUE 

— id. 

— 6 mai 1850. 
— id. 


. Nommeéle3 juillet1816. 


_— id. 

Élu le 14 octobre 1820. 
—_ id. 
— 23 décem. 1822. 
se. id. 
—$ id. 


— À février 1826, 


M. 


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» 


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» 


» 


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» 


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» 


» 


» 


» 


(64) 


DE JONGE, J. C.; à La Haye, . . 
Cousin, Victor ; à Paris, . . . . 
Cooper, C. P.; à Londres. . 
LOL ARR 4, à 
BLONDEAU , J. B. A. H.; à Paris. . 
MONE, 3. ; à Carlsruhe . .' . + . 
GROEN VAN PRINSTERER; à La Haye 
LENORMANT, Charles ; à Paris. . . 
Le vicomte DE SANTAREM ; à Lisbonne 
L'abbé GaAzZERA, C.; à Turin . 
GRIMM , Jacques; à Berlin. 


S. E. le cardinal MaAï, À.; à Rome . . 
M. 


Puiites ; à Munich. . . . . . 
RAOUL-ROCHETTE, D.; à Paris . 
DivaAux, Arthur; à Valenciennes. . 
Ezuis, sir Henry; à Londres . 
GI10BERTI , Vincent; à Paris . , . 


; Élu le 


GUIZOT, EF. P. G.;à Paris. . . . , 


HALLAM , Henry ; à Londres . 
MiGNET, F. À. À.; à Paris. . 
RAFN; à Copenhague. . . sr 
RAMON DE LA SAGRA ; à Madrid j 
RANKE: à Berlin out 2 ST, 
SAzvA, Miguel; à Madrid . . 
WARNKOENIG ; à Tubingue. . . 
Le baron DE HAMMER - PURGSTAL ; 
MT. TOR PR TT OP PRES A CET 
Le baron Dupin, Charles ; à Paris 
HERMANN , Ch. Fr.; à Goettingue. 


HURTER ; à Vienne % ::. :. .: ."*, 
LEEMANS; à Leyde . . ,. . . 
MITTERMAIER ; à Heidelberg . . , 
PERTZ; à Berlin ., . :… , 


Rirren,:Ch. ;4 Berlin ::74%:35%06 


— 


ler avril 1825. 
6 octobre 1827. 
5 avril 1834. 
id, 
15 décem. 1836. 
7 mai 1840, 
15 décem. 1840. 
14 décem. 1841. 
15 décem. 1842. 


17 décem. 1843. 
9 février 1846. 
id, 


M. 


LA 


LA 


( 65 ) 


Manzon1: à Milan . . . . . . Élu le 17 mai 1847. 


PANGrLA: à Berlimi ini rar 
NOLET DE BRAUWERE VAN STEELAND, P.; 
Brbrutelles ue UT de 0 à 
DE BoNNECHOSE, Em. ; à Bruxelles . 
WaeweLz, W.;à Cambridge. . . . 
NAssAU-SEN10R; à Londres . . . . 
Le duc DE CARAMAN; à Paris, . . . 


7 mai 1849. 


( 66 ) 


CLASSE DES BEAUX=ARTS. 


M. NAvEz, directeur. 
» EF, FÉTIs, vice-directeur. 
» QUETELET, secrétaire perpétuel. 


30 MEMBRES. 


Section de Peinture : 


M. DE KEYZER, N.; à Anvers. . . . . Nomméle 1er déc. 1845. 


» GALLAIT, Louis; à Bruxelles . . . . — id, 
»’L£ts, Hi: ANS He _— id. 
» MADOU, Jean; à Bruxelles . . . . — id. 
» NAVEZ, F.J.; à Bruxelles. . . . . — id. 
» VERBOECKHOVEN , Eugène; à Bruxelles . _ id. 
» Le baron WaAPrERS, G.; à Anvers . . _— id, 


» DE BRAEKELEER, F.;à Anvers . . . Élu le 8 janv. 1847. 
» VAN EYCKEN, J.; à Bruxelles. . . . — 22 sept. 1848. 


Section de Sculpture : 


M. GEEFS, Guillaume ; à Bruxelles , . . Nomméle ler déc. 1845. 


» SiMOnIs, Eugène ; à Bruxelles. . . . — id. 
» GEEFS, Joseph ; à Anvers . . . . . Élu le 9 janvier 1846. 
» FRAIKIN; à Bruxelles . . . . . . — 8 janvier 1847, 


Section de Gravure : 


M. BRAEMT , J. P.; à Bruxelles . . . . Nomméleler déc. 1845, 
» CORR, Érin ; AA 4 7, CRIS janvier 1846. 


(67) 


Section d'Architecture : 


M. ROELANDT, L.; à Gand. . . . . . Nomméle 1er déc. 1845, 
» Ours, MF; A Bruxelles: 7.7, . : — id. 

BouRLA , P.; à Anvers . . . . . . Élu le 9 janvier 1846. 
PARTOES, H. L. F.;à Bruxelles. . . — 8 janvier 1847. 


A 
v 


2 
LA 


Section de Musique : 


M. DE BÉRioT, Ch. ; à Bruxelles , . . . Nommé le Ler déc. 1845. 


» FÉTIS, F4; à Bruxelles . . . 0 . ° SV id. 
» HANSSsENs, C. L.;à Bruxelles. . . . — id. 
» VIiEUXTEM?S, H.; à Bruxelles . . . —— id, 


» SNEL; F.; à Bruxellés +.  . …., Élu le 9 janvier 1846. 


Section des Sciences et des Lettres dans leurs rapports avec 
les Beaux-Arts : 


M. ALVIN , Louis; à Bruxelles. . . . . Nomméle 1er déc. 1845. 


» QUETELET, À. J. L; à Bruxelles, . . _— id. 
» VAN HASSELT, André; à Bruxelles . . — id, 
» BUSCHMANN, Ernest ; À Anvers . . . Élu le 9 janvier 1846. 
nBaRuNGEAS A: à Diége 4. 2. — 8 janvier 1847. 
niEsris , Hd; à Bruxelles "+ ue, — id. 


CORRESPONDANTS (10 au plus). 
Pour la Peinture : 


“M. DE BiErve, Édouard; à Bruxelles . . lu le 9 janvier 1846. 
Dréamans; d'Anreriil. _e 10 4 — 8 janvier 1847. 


4 
2 


(68 ) 
Pour la Sculpture : 


M. JEHOTTE, Louis; à Bruxelles . . . . Élu le 9 jauvier 1846. 
»'CÉERISS à LORS O0 5". — 8 janvier 1847. 


Pour la Gravure : 


M. JEROTTE, père; à Liége. . . . . . Élu le 9 janvier 1846. 
» JOUVENEL, À. ; à Bruxelles . . +. . — 8 janvier 1847. 


Pour l'Architecture : 


MARENARD, B,;:3 Tourhay: 7.77% Élu le 8 janvier 1847. 


Pour la Musique . 


M. MeNGAL ; à Gand. "4 : {:,  , Él le 9 janvier 1846. 


Pour les Sciences et les Lettres dans leurs rapports avec 


les Beaux-Arts : 
8 


M. Bocarrrs, Félix; à Anvers . . . . Élu le 8 janvier 1847. 


50 ASSOCIÉS. 


Pour la Peinture : 


M. VERNET, Horace; à Paris. , , . . . Élu le 6 février 1846. 


» SCHEFFER, Ary; à Paris .. . . . , . — id. 
» COANELIOS ,P,: 4 Beslins  o :, — id, 
» DE LA ROCRE, Paul; à Paris , . . — id, 


» 'DANDSERRS à Londres. 5. "1 1 — id. 


M. 


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(69 ) 


KauLzB\ca, W.;à Munich . . . . . Élu le 
DRONES, J:: Parier eus A — 
CALAME, À. ; à Genève . . .  .. . S 
BECKER , J.3 à Franofort. : ,:.: . _ 
HaGRRI A BOMBE io ee + — 


. 0 . . < . » . 0 . . . . . e ° 


Pour la Sculpture : 


RANGH: 2 Denlm sr ir , :0 Lt x, Élu le 
PRADIER, James; à Paris. . ,. ,. . . — 
Robe, Fi 4 Paris..." Er RE, — 
RAMEY, Étienne-Jules ; a :Parisz ti sis — 


DAyip , d'Angers; à Paris . . . ... _ 
TENERANI, Pierre ; à Rome . . . . . — 


Pour la Gravure : 


Won, William; à Londres. .: . . . Élu le 
Le baron BOUCHER-DESNOYERS ; à Paris . Er 
FORSTER, Francois; à Paris, , . . . —— 
BASRE; por à Paris si" — 
HENRIQUEL DUPONT; à Paris . . . . _ 


CALAMATTA, L.; à Bruxelles , , . , — 
Toschi, Pau: à Paris, 1... _ 
BovyY ’ Aat.; à Paris . e ° ° . . Ê TR 


Pour l'Architecture : 


. FONTAINE, P. F, £is à Paris 0 e e . Élu le 


DoNALpsON, Thom.; à Londres . . . — 
Von KLEINZE, Léon; à Munich . , . —— 


6 février 1846. 
8 janvier 1847. 


8 janvier 1847. 
id, 


6 février 1846. 
id. 


8 janvier 1847. 
id, 
id, 
id. 


6 février 1846. 
id. 


Ÿ 


Ÿ 


M. 


M. 
» 
» 
» 
» 
» 


» 


(70) 


| CARTER, AMG: Paris. 5: Joux Élu le 


BARRY, Ch,; à Londres « . . . +. . — 
SrULER ; À.: 4 Berlin... . . . — 


L LI L2 L . . LL L1 . L . . . L 


Pour la Musique : 


Rossini; à Bologne . . SG Élu de 
MEYERBEER , Giacomo; à Berlin. ee —— 
AUBERS DES ESS Paris... ..: — 
SPONTINI, Ge L. P.; à Paris . . :. ,  — 
DAUSSOIGNE-MÉHUL , J.; à Liége. . . — 
HALÈVY, Jacques-F.; à Paris . . . . — 
Bhonni A Casio 52) US GUb REe 
LAGHNER: à Munich}. 1." ve — 


8 janvier 1847. 


6 février 1846. 


8 janvier 1847. 
id. 
id, 


Pour les Sciences et les Lettres dans leurs rapports avec 


les Beaux-Arts : 


Bocx, C. P.; À Bruxelles .: . . . . Élu le 6 février 1846. 


PASSAVANT, J. D. ; à Francfort. . . . — 


WAAGEN, Gust.; à Berlin : . . . . — 
CoussEMAKER ; à Hasebrouck , . . . —— 
AVELLINO; à Naples. 7. ST. 40 
GERHARD, Ed.; à Berlin. : , . . . — 


DE CAUMONT, À. ; à Caen . + . . : — 


id. 
8 janvier/1847. 


22 sept. 1848. 


(71) 


COMMISSION ROYALE D'HISTOIRE 


pour la publication des Chroniques inédites. 


M. Le baron DE GERLACHE, président. 
»  GACHARD, secrétaire-trésorier. 

» Le chanoine DE RAM. 

» Le chanoine DE SMET. 

#  DUMORTIER. 

» BORMANS. 

»  BORGNET. 


(72) 


COMMISSION DE L'ACADÉMIE 


pour la rédaction d'une Biographie nationale. 


Le Président de l’Académie. 
Le secrétaire perpétuel. 


M. MORREN, _ délégué de la classe des Sciences. 

» KICkx, id, id. id. 

» Le baron DE STASSART, id. id. des Lettres. 
EM A er CN id. id, id, 

»  FÉTIS, id. id. des Beaux-Arts. 
» VAN HASSELT, id. id, id. 


(75 ) 


COMMISSIONS DES CLASSES, 


Classe des lettres. — Commission pour la littérature flamande. 


M. BORMANS. 

»  DAvVip. 

» L'abbé CARTON. 
»  SNELLAERT. 

» DE DECKER. 


Classe des Beaux-Arts. — Commission pour la rédaction d’une 
Histoire de l’art en Belgique. 


a — 


M. QUETELET, président. 
»n VAN HASSELT, secrétaire. 


» ‘ALVIN. 

» FÉTIs. 

»  BOCKk. 

»  SCHAYES. 


NÉCROLOGIE. 


Classe des Sciences. 


LOUYET, Paulin-L. C. E., correspondant, décédé le 3 mai 1850, 
DcerOTAY DE BLAIN VILLE, H. M. , associé, décédé le 17 mai 1850. 
SCHUMACHER , H. C., associé, décédé le 28 décembre 1850, 


Classe des Lettres. 


Le baron de REIFFENBERG, Frédéric À. F. T., membre, décédé le 
18 avril 1850. 

Van GOBBELSCHROY, Louis, associé, décédé le 3 octobre 1850. 

Droz, F. X. J., associé, décédé le 9 novembre 1850. 


Classe des Beaux-Arts. 


Scaanow , Godefroi, associé, décédé le .. janvier 1850. 
BARTOLINI, associé, décédé le 20 janvier 1850. 


NOTICES BIOGRAPILIQUES. 


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NOTICE 


SUR 


ÉGIDE-NORBERT CORNELISSEN (1). 


MEMBRE DE L'ACADÉMIE ROYALE, 


Né le 12 juillet 1769, à Anvers, mort à Gand le 51 juillet 1849. 


Il est différentes manières de se distinguer dans la carrière 
des lettres. Les uns, sans sortir d'une sphère étroite, s'occupent 
uniquement de leurs écrits; et ils obtiennent parfois d'autant 
plus d’estime, qu'ils s'adressent à un plus petit nombre d’a- 
deptes. D’autres, au contraire, moins portés à manier la plume 
qu’à agir directement sur les masses, se rendent utiles par l’in- 
fluence qu’ils exercent, par la lumière et la vie qu'ils répandent 
sur tout ce qui les entoure : peu préoccupés d'eux-mêmes et du 
renom qu'ils pourraient acquérir par leur savoir, ils fort géné- 
reusement le sacrifice de leur avenir en faveur des autres 
hommes. 

D'où vient, cependant, que le public qui leur doit plus qu'aux 


(1) Cette notice, lue à la séance publique de la classe des lettres, 
avait été rédigée avec quelque précipitation , à la suite d’un voyage 
que j'avais dü faire en Angleterre ; je la présente ici d’une manière 
moins incomplète et en y apportant quelques rectifications. 


4. 


(78) 


premiers, soit moins juste à leur égard? Est-ce parce qu'habi- 
tué à matérialiser tout, il n’estime le talent qu’en raison du 
nombre de volumes qu’il produit; ou bien encore parce qu’il 
se lasse même de ses bienfaiteurs , quand il se trouve constam- 
ment en contact avec eux ? 

Le savant dont il sera question dans cette notice, appartenait 
à cette classe d’hommes généreux auxquels je viens de faire 
allusion; pendant près d'un demi-siècle, il a été l’âme d’une de 
nos principales cités; sa biographie, en effet, se confond en 
quelque sorte avec l’histoire littéraire de la ville de Gand. Sous 
ce rapport, elle ne sera peut-être pas sans intérêt : il est tou- 
jours curieux de rechercher par quels moyens on parvient à 
exercer de l'influence sur une population et comment on la dé- 
termine à créer des institutions utiles ou à consolider celles 
qu’elle possédait déjà. 

Égide-Norbert Cornelissen naquit à Anvers, le 12 juillet 1769. 
Il fit ses premières études dans une école de la Campine (1); 


(4) C’est lui-même qui nous l’apprend dans une notice spirituelle 
sur les truffes, intitulée Sur les rusena des anciens, et insérée dans les 
AnnaLes BELGIQUES. Voici comment il s’exprime : « Si ma mémoire me 
retrace fidèlement ce que j'ai appris dans ma première jeunesse, je 
crois me ressouvenir que mon professeur en syntaxe , lorsqu'il ren- 
contrait le mot tubera dans un auteur ancien, le traduisait par aerd- 
appel ou pomme de terre, et il en concluait gravement que ces tuber- 
cules étaient connus des Romains; les élèves, à une époque où la 
civilisation n’était pas aussi avancée qu’elle l’est aujourd’hui dans 
quelques colléges , n'avaient pas encore contracté l'habitude de con- 
tredire leurs maitres sur les bancs de l’école ; j'aurais donc très- 
pieusemént juré, ?n verba magistri, que le tuber de la Rome des 
Césars était ce que je mangeais deux fois chaque jour de l’année 
dans la Campine brabançonne , contrée riche en bonnes volailles, 
mais où le non plus ultra de la science culinaire était une dinde 


(79) 


v’élait, à cette époque, le rendez-vous des jeunes gens qui, par 
la connaissance du latin, se préparaient à entrer à l’ancienne 
université de Louvain. L'état de fortune de ses parents lui per- 
mettait de faire des études régulières; ses premières classes ter- 
minées, il se transporta donc dans cette dernière ville, et com- 
mença son cours de philosophie. 

Il y était à peine, qu’il entendit les premiers appels faits à la 
révolution de 1789. Le jeune Norbert s’y montra plus sensible 
qu’à ceux de ses professeurs; il s'empressa de quitter les bancs 
de l’école et de retourner dans sa ville natale (1). 

L’imagination encore exaltée par les principes d'égalité qu’il 
avait puisés dans sés auteurs grecs et romains, il devint un des 


farcie de châtaignes ; la véritable truffe, de nom et de fait , était in- 
connue dans la Campine : les prélats même de Tongerloo et d'Éver- 
bode n’en avaient jamais entendu parler. » 

(1) Je dois à l’obligeance de M. Vrancken père, médecin à Anvers et 
parent de M. Cornelissen, de nombreux renseignements dont j'ai fait 
usage dans cette notice : les dates ont été généralement tirées de 
pièces authentiques trouvées parmi les papiers du défunt. Voici les 
renseignements qui se rapportent à ses premières années : 

Égide-Norbert Cornelissen , fils d'Abraham Cornelissen , tanneur à 
Anvers, et de Lambertine-Francçoise Cremers, native du fort Phi- 
lippe sur l’Escaut , est né à Anvers le 12 juillet 1769 et a été baptisé, 
le 13, à l’église paroissiale de St-Jacques. 

» Son père, qui était souvent atteint par la goutte, avait cessé 
d'exercer l’état de tanneur, et vivait de ses revenus avec sa femme 
et ses quatre enfants. 

» A l’âge de 12 ans, le jeune Cornelissen fut envoyé à l’école com- 
munale _ Turnhout pour y faire ses humanités. En 1787, il fut 
envoyé à Louvain pour y étudier la philosophie, mais les troubles 
qui survinrent en 1788 firent suspendre ses études, et il retourna à 
Anvers: . . .. » | 


( 80 ) 


apôtres les plus fervents des idées républicaines. If ne s’en tint 
pas à des paroles ni à des chants patriotiques ; il prit une part 
active à la révolution brabançonne, et se rendit à l’armée; il 
fut attaché successivement aux généraux Vandermersch et 
Schônfeld , et il paraît même qu’il fut fait prisonnier à Nas- 
sogne. | 

Cependant le gouvernement autrichien avait été rétabli, et le 
dictateur Vandernoot était en fuite. Notre jeune compatriote 
abandonna ses idées belliqueuses ; et, vers ka fin de 1790, il 
entra modestement, comme teneur de livres, dans une maison 
de commerce. Jamais profession n'avait été plus mal choisie; 
aussi fut-elle bientôt délaissée. Cornelissen alors tourna ses re- 
yards vers l’Italie; et, au mois d'avril 1792, il prit le chemin 
de la ville éternelle où l’appelaient depuis longtemps ses goûts 
et ses études. 

Ce voyage eut toutefois une malheureuse issue. Cornelissen se 
trouvait à Rome au moment de l'assassinat de Bassville, dont le 
célèbre Monti a tour à tour maudit et glorifié la fin tragique (1); 
lui-même, il y courut les dangers les plus grands ; il se hâta de 
gagner le nord de l'Italie; et, après avoir été expulsé de Gênes, 
il rentra en Belgique. 

La bataille de Fleurus (1794) venait de livrer ce dernier pays 
à la France; on créait une administration générale à Bruxelles : 
Cornelissen y fut appelé en qualité de traducteur dans la divi- 
sion de l'instruction publique. Vers la fin de la même année, il 
fut proposé, conjointement avec M. Rouppe, ancien bourgmes- 


(1) Get assassinat eut lieu le 14 janvier 1793. Bassville était secre- 
taire de légation à Naples pour la Convention; on l'accusait, à Rome, 
d'avoir voulu soulever le peuple : il fut assailli dans une émeute et 
reçut des blessures dont il mourut peu de jours après. 


(81) 


lre de Bruxelles, et M. Van Meenen, notré confrère dans la 
classe des lettres, pour être envoyé comme représentant des 
élèves de la province de Brabant, à la nouvelle école normale de 
Paris. 

Notre jeune compatriote ne resta que six mois dans cette 
dernière ville : en 1795, il reprit le chemin de la Belgique, et fut 
nommé chef de la division à laquelle il avait appartenu. Cepen- 
dant ses voyages et les dangers qu’il avait courus en Italie ne 
l'avaient point calmé; sa fièvre républicaine s’exhalait dans les 
journaux ; et, au mois de mars 1796, il fut cité devant le tribu- 
nal civil et criminel d'Anvers comme rédacteur du Républicain 
du Nord, journal très-exalté qui se publiait à Bruxelles (1). 

Après la nouvelle organisation des provinces belges en dépar- 
tements, Cornelissen devint secrétaire général du département 
de la Dyle; et, le 9 vendémiaire an VI (30 septembre 1797), le 
Directoire le nomma commissaire du pouvoir exécutif près du 


(4) Ce journal quotidien, sous format in-4° de 4 pages, publié 
chez Tutot, a paru depuis le 15 novembre 1795 jusqu’au 18 juin 1798; 
il fut rédige d’abord par N. Cornelissen qui, le 28 mars 1797, y con- 
signa cette déclaration : « Je remercie le propriétaire de cette feuille 
de m’en avoir confié la rédaction pendant 18 mois; il sait si jamais 
j'ai considéré son entreprise sous les rapports d’un autre intérêt que 
celui de la République. » Répondant à cette lettre, l’éditeur (L. Tutot) 
ajoute : « Sentant toute l’obligation qu’il doit aux soins parfaitement 
désintéressés que le citoyen Cornelissen a donnés jusqu'ici à la ré- 
daction , il souhaite et espère les voir continuer. Mais comme Ja loi 
exige une responsabilité, et que le rédacteur connu retire la sienne, 
l’imprimeur s’en charge dorénavant pour les articles non signés. » 
Cornelissen continua toutefois à prendre part à la rédaction du jour- 
nal. Voyez à ce sujet le Messager de Gand pour 1844, pages 217 et 
suiv. 


( 82) 


canton de Tirlemont. Il venait de recevoir les instructions né- 
cessaires pour se rendre à son poste, quand M. Lambrechts, an- 
cien professeur de droit canon à l’université de Louvain, fut 
appelé en France au ministère de la justice. Ce haut fonction- 
naire, qui avait pu apprécier les talents de son compatriote, 
l’invita à le suivre en qualité de secrétaire particulier. 

Les habitudes régulières des bureaux et les formes adminis- 
tratives se conciliaient mal avec l'esprit d'indépendance qui ca- 
ractérisait notre confrère. Il avait en horreur tout ce qui res- 
semblait à de la contrainte; et qui l’a connu a pu s'expliquer 
l'étrange fâcherie de Jean-Jacques Rousseau repoussant le bras 
du jeune Grétry qui voulait l’aider à passer au-dessus d’un tas 
de pierres (1). Cetesprit d'indépendance ne l’a point abandonné 
jusqu’à son dernier instant, bien que ses idées sur beaucoup 
d’autres points, et spécialement sur le républicanisme, eussent 


(1) Grétry dit, en rendant compte d’une représentation de La 
Fausse magie : « Je ne quittai pas Rousseau pendant le spectacle : il 
me serra deux ou trois fois la main pendant La Fausse Magie; nous 
sortimes ensemble : j'étais loin de penser que c’était la première et la 
derniere fois que je lui parlais! En passant par la rue Française, il 
voulut franchir des pierres que les paveurs avaient laissées dans la 
rue; je pris son bras et lui dis : Prenez garde, M. Rousseau ; — il le 
retira brusquement, en disant : Laissez-moi me servir de mes propres 
forces.— Je fus anéanti par ces paroles; les voitures nous séparérent ; 
il prit son chemin, moi le mien, et jamais depuis je ne lui ai parle. » 
(Essais sur la musique, tom. Ier, p. 271.) 

Quand Cornelissen assistait aux séances de l’Académie, il venait 
ordinairement finir la journée à l'Observatoire , quelquefois il y pas- 
sait la nuit; mais, sur ce point, il ne fallait jamais l’interroger d’a- 
vance, ni s'occuper de lui quand il était à table ; c’eût été le moyen 
de le mettre de mauvaise humeur et de l’éloigner. Quand, vers la fin 
de sa vie, sa vue était déjà considérablement affaiblie, il fallait, vers 


(85) 


subi les modifications les plus prononcées. On conçoit donc qu'il 
renonça à ses fonctions de commissaire du pouvoir exécutif pour 
se rendre aux désirs du Ministre. 

Cette nouvelle position convenait parfaitement à ses goûts. 
M. Lambrechts recevait une société choisie, et composée en 
partie de savants et de gens de lettres ; par suite, le jeune Cor- 
nelissen put passer successivement en revue tout ce que la capi- 
tale renfermait d'hommes éminents. D'une autre part, il s’était 
mis en relation avec ceux de ses compatriotes qu'on avait ren- 
fermés dans la prison du Temple à titre d’otages. Parmi les cap- 
tifs se trouvait M. l'avocat Van Toers (1), avec lequel il se lia 
d’une étroite amitié, et qui le détermina à venir se fixer à Gand, 
lorsqu’en 1799, cessèrent les fonctions du ministre belge. 

À son arrivée, Cornelissen fut attaché comme secrétaire à 
M. Van Wambeke, commissaire du pouvoir exécutif pres du 


le soir, recourir à des subterfuges pour le faire accompagner, et veil- 
ler à ce qu’il ne lui arrivât pas d'accident. Le malin vieillard s’aper- 
cevait parfois de cette petite ruse, mais, tout.en se défendant de cette 
marque d'attention, ils’y montrait cependant très-sensible, bien dif- 
férent en cela de J.-J. Rousseau, pour qui la reconnaissance , même 
dans les plus petites choses, fut toujours un fardeau insupportable. 

(1) « M. Van Toers est mort cette nuit. c'était le plus ancien ami 
que j'eusse à Gand; car l’époque à laquelle se rattache mon amitié 
date de la prison du Temple, à Paris (1798-1799), où il subissait avec 
quarante à cinquante autres habitants de Gand, la déloyale applica- 
tion de la loi draconienne dite des otages. Ce fut lui surtout qui m’en- 
gagea à me fixer à Gand, » (Lettre du 9 février 1841.) C’est à la 
même époque qu’il fit la connaissance de Van Hulthem, également 
l'un des détenus au Temple. Voyez, pour ce qui concerne cette cap- 
tivité, la Notice sur Van Hulthem, que j'ai insérée dans l'Annuaire de 
l’Académie pour 1835, en faisant usage des renseignements donnés 
par Cornelissen. 


(84) 


département de l’Escaut. C’est à dater de cette époque que con- 
mence une série non interrompue de bons services rendus à sà 
nouvelle patrie adoptive. IL s’occupa d’abord, avec le magistrat 
auquel il était attaché , à faire modifier les listes des émigrés et 
à faire redresser des injustices nombreuses. Il tourna en même 
temps son attention vers les institutions scientifiques et litté- 
raires que renfermait la ville, et chercha à leur donner de la 
vie et de l’activité. Les nouvelles fonctions dont il fut revêtu , lui 
en facilitèrent les moyens. 

Les mairies avaient été organisées en 1800; et M. Lievin 
Bauwens, à qui l’on doit l’introduction des premières filatures 
sur le continent, avait été nommé maire de la ville de Gand. 
Sur l'invitation de ce magistrat, Cornelissen accepta la place 
de chef de bureau de la police administrative, qui comprenait 
dans ses attributions, l'instruction publique et les beaux-arts. 
En septembre 1802, M. De Nayer, successeur de Lievin Bauwens, 
nomma Cornelissen secrétaire-adjoint de la mairie, fonctions 
que notre confrère conserva jusqu’en 1811. 

Par la variété de ses connaissances , par son caractère franc 
et ouvert, Cornelissen sut bientôt se faire des amis nombreux. 
Il avait le rare privilége de pouvoir fréquenter tous les rangs 
de la société, sans se faire remarquer : il était tout aussi re- 
cherché dans les classes élevées qu’il charmait par la tournure 
originale de son esprit, que dans les derniers rangs du peuple, 
qu'il savait captiver par ses conseils éclairés et par ses senti- 
ments de bienveillance. Souvent au sortir d’un salon, il allait 
tout simplement s’attabler dans le plus modeste estaminet et 
prendre part aux conversations qu'il relevait par ses saillies et 
par sa gaieté communicative. Sa popularité devint extrême : il 
était l’homme indispensable de toutes les réunions, l’âme né- 
cessaire de toutes les fêtes publiques. Un peu de brusquerie, 


( Sù 


quelquefois même un peu de causticité qu'il plaçait à propos le 
préservaient des inconvénients d’une familiarité trop grande. II 
sut habilement tirer parti de cette position pour arriver à des 
résultats utiles, dont nous aurons bientôt l’occasion de parler. 

Cependant cette position même lui imposait de nombreux sa- 
crifices , des pertes de temps considérables. II lui est arrivé plus 
d’une fois de composer officieusement tous les discours d’appa- 
rat qui étaient lus dans une même solennité; sa modestie était 
si accommodante que, pour mieux s’effacer, il cherchait à 
mettre en relief le genre d'esprit et jusqu'aux connaissances 
supposées de chaque orateur. Il était cependant un magistrat 
dont il écrivait habituellement les discours et qui lui causait un 
chagrin extrême : malgré toutes les précautions que prenait 
notre confrère pour éviter les rencontres fâcheuses de voyelles, 
le malheureux orateur trouvait toujours occasion de blesser à 
la fois l'oreille et la grammaire (1). Cornelissen ne refusait pas 


(1) Dans les recueils de ses discours de circonstance, recueils 
qu'il a formés pour l’Académie et pour ses amis , il a placé des notes 
manuscrites parfois tres-curieuses, mais qu'il ne nous est pas permis 
de livrer à la malice publique. Parmi ces discours, il en est quatre 
qu’il a composés pour M. Van de Woestyne, président de la société 
botanique de Gand. « Je me nomme sans scrupule l’auteur de ces 
discours, écrit-il, d'autant plus que le digne président , en s’adres- 
sant à ses auditeurs, avait pour invariable usage de répéter avant 
de prononcer ses allocutions , « mes amis , je vais vous lire un dis- 
cours que M. Cornelissen m’a préparé. » 

Quelquefois même des hommes de mérite n’ont pas dédaigné d’em- 
ployer sa plume. Aïnsi, dans le recueil que je tiens de lui, il a écrit 
en marge d’un discours prononcé par M. Hellebaut, à l’occasion 
d’une distribution de prix : « M. Hellebaut écrivait mieux que moi, 
et aurait pu écrire des discours bien meiïlleurs que les miens. Il n’a- 
vait qu’un défaut , c’est qu’il n’écrivait pas. » Miscellanea D. 


8 


(86) 


sa plume même pour les plus humbles services; parfoisencorelors- 
qu'il avait fait quelque composition à laquelle il ne désirait pas 
attacher son nom , il y mettait celui de knaep Fan Dale. Or, 
«ce knaep Van Dale, écrit-il quelque part, était le concierge 
de la société de botanique. C'était un bon homme, une espèce 
d’idiot, qui ne savait ni lire ni écrire; je me suis souvent égayé 
à ses dépens. Au renouvellement de chaque année, il pouvait 
compter sur quelque morceau de poésie, qu’il distribuait aux 
membres de la société pour en obtenir des étrennes (1). » 

Lorsque Bonaparte, premier consul, vint à Gand au mois de 
juillet 1803, la réception fut magnifique; et c’est beaucoup 
dire pour une ville qui a toujours excellé par la magnificence 
de ses fêtes. Les inscriptions se lisaient en abondance; elles 
étaient composées en français, flamand, latin et même en ita- 
lien. Cornelissen avait été largement mis à contribution; il avait 
fait des inscriptions pour tout le monde. Dans quelques-unes 
perçait, sous une apparente simplicité, cet esprit malin et fron- 
deur qui ne le quittait jamais, pas même dans les circonstances 
les plus solennelles. On lui avait demandé une inscription pour 
un immense transparent destiné à orner le portail de Ja petite 
boucherie (2), il conseilla d’y inscrire tout bonnement, disait- 
il, cés mots : 


Les petits bouchers de Gand à Napoléon le grand. 


Ainsi fut fait, mais le transparent fut aussitôt supprimé par 
ordre. 


Des emblèmes et des inscriptions tirées des auteurs latins pa- 


(1) Miscellanea C., vol. de M. de Stassart. 
(2) Par opposition avec la grande boucherie , qui se trouve entre 
le marché aux légumes et celui aux poissons. 


(87) 


_raient la façade de l'hôtel de la préfecture. Quelques-unes de 
ces inscriptions étaient fort ingénieuses; elles ont été recueillies 
dans une brochure devenue très-rare aujourd’hui par une cir- 
constance particulière qui mérite d'être rappelée. 

Dans un des emblèmes, on voyait le débarquement de Bona- 
parte à Fréjus. Un vaisseau arrivait dans le port; un guerrier 
en descendait et courait embrasser sur le rivage une femme 
qui lui tendait les bras et dont les attributs désignaient la Ré- 
publique française. On lisait, au bas, ces vers du VI: livre de 
l'Énéide : 

Quas ego te in terras, et quanta per aequora vectum 
Accipio! quantis ereptum, gnate, perichis ! 
Quam melui ne quid Lybiae tibi regna nocerent ! 


La brochure imprimée, M. Van Hulthem, notre ancien con- 
frère , se disposait à l’offrir au consul, mais on lui fit remarquer 
une incorrection qui pouvait paraître une sanglante épigramme : 
les mots per aequora vectum se trouvaient remplacés par ceux 
per aequora victum. M. Van Hulthem s’avisa de corriger à la 
plume l'erreur qui n’en devint que plus saillante, On refusa de 
remeitre la brochure; le bon M. Van Hulthem insista et s’a- 
dressa à M"° Bonaparte, chez laquelle il avait toujours trouvé 
un facile accès, mais il ne fut pas plus heureux : et en désespoir 
de cause, il jeta au feu tous les ekemplaires, à Pexception d’une 
douzaine qu'il avait déjà distribués (1). 


(4) Nous extrayons ces détails d’une note écrite à la main par 
M. Cornelissen lui-même sur un des rares exemplaires échappés à 
l’incendie et qu'il a remis à M. le baron de Stassart. On y lit que 
Mme Bonaparte refusa de se rendre aux désirs qui lui étaient expri- 
més, par un « fi donc, M. Van Hulthem , fi donc ; c’est trop peu co- 
» quet : vous vous croyez toujours rue Chantereine, » Il est vrai, du 


( 88 ) 


Le premier consul visita tous les établissements de la ville; il 
retrouva à l’école centrale Cornelissen et son ami l'avocat Hel- 
lebaut, qui tous deux venaient d’y être nommés professeurs (1). 
Il prit plaisir à causer avec eux, quoiqu'il püt s'étonner peut- 
être de la manière dont ils pratiquaient avec lui les principes de 
liberté, égalité et fraternité. Dans un moment où la conversa- 
tion était assez animée, Bonaparte ouvrit sa tabatière, y puisa 
copieusement, et s’apprêtait à la refermer, quand l'avocat Hel- 
lebaut y plongea brusquement les doigts à son tour et, en ache- 
vant une phrase, huma bruyamment la poudre précieuse qu’il 
en avait retirée. Le vainqueur des Pyramides parut un instant 
stupéfait, puis il referma tranquillement sa tabatière. 

Il s'était formé à Gand une petite réunion d'amis, convives 
joyeux qui se délassaient de leurs travaux par le commerce des 
lettres et des beaux-arts (2). II y était souvent question des que- 


reste, que la notice est horriblement imprimée et qu’elle ne fait pas 
plus honneur aux imprimeurs et aux papetiers qu'aux correcteurs 
gantois. 

Bien que tres-différents d'humeur et de caractère, Van Hulthem 
et Cornelissen étaient liés d'amitié; autant l’un était grave, lent et 
circonspect , autant l’autre était enjoué, mobile et sans réserve dans 
ses accès de gaieté : Cornelissen , dans ces dernières circonstances, 
ne ménageait pas même son ami dont il imitait les petits ridicules, 
devenus à peu près classiques, avec une vérité saisissante; ce qui 
ne l’empéchait cependant pas de rendre le plus éclatant hommage à 
ses excellentes qualités personnelles. 

(4) Le jury de l'instruction publique avait désigné M. Cornelis- 
sen , le 41 avril 4803, pour la place de professeur d'histoire à l’école 
centrale. La nomination et l'installation suivirent de près la propo- 
sition qui avait été faite. 

(2) C’étaient MM. Cornelissen, Hellebaut, Ph. Lesbroussart, 
Wallez, Kluyskens, Cannaert, Rotier, ete. 


j (89) 


relles archéologiques de l'historien Dierickx et du chanoine De- 
bast, des étymologies du conseiller De Grave et de ses Champs 
Élysées, transportés au beau milieu des Flandres. 

Une discussion avait pris naissance au sujet d’un concours 


Depuis la lecture de cette notice, notre confrère et ami M. Ph. 
Lesbroussart a bien voulu me communiquer les notes suivantes que 
je reproduis textuellement : 

« Jamais homme, avec un esprit et un savoir aussi distingués, ne 
fut plus simple que Cornelissen, ne fit de meilleure grâce les hon- 
neurs de sa personne, et ne se montra aussi naturellement enclin à 
se moquer de lui-même. Dans une de nos assemblées périodiques, 
nous reçûmes une pièce de vers sans signature, relative aux mem- 
bres mêmes de la réunion et à leurs divers travaux. Cette satire, 
assez modérée pour la plupart d’entre eux, n’était violente qu’à l’é- 
gard de Cornelissen, qui s’y trouvait dépeint de la manière suivante : 


Cet escogriffe renomme 
Qui, sous sa verdâtre douilleite 
Ou sous un vieux surtout, par les rats entamé, 
D'un maigre cynique affame 
Vient nous présenter le squelette, 
Qui se croit Diogène et n’en est que le chien; 
Qui, dans de longs discours secs et froids comme lui, 
Distillant goutte à goutte un éternel ennui, 
Croit faire image , et crie à l’'onomatopée. . . . . 


; 
L'indignation des assistants empécha le lecteur de continuer, et 
se transforma en hilarite quand l'objet de tant d’invectives nous eut 
révélé en confidence que ces vers étaient de lui, en ajoutant que c’é- 
taient les mieux pensés qu’il eût jamais écrits. 
... + . «+ Sa joyeuse philosophie et son insouciance, plus appa- 
rente que réelle, ne le mettaient pas à l'abri de sentiments sérieux 


8. 


( 90 ) 


ouvert par l’Académie de Gand, pour le buste de Jean Van Eyck, 
inventeur de la peinture à Fhuile. On n'était pas d'accord sur le 
véritable portrait du peintre brugeois; Cornelissen écrivit à ce 
sujet une brochure intitulée : Factum ou mémoire qui était 


et même profonds, que ceux dont il n’était pas intimement connu 
n'auraient jamais soupçonnés sous cette enveloppe rabelaisienne. En 
1809, il était fort épris d’une personne dont les agréments extérieurs 
et intellectuels justifiaient pleinement , au reste, cette passion, qui 
n'avait d’étrange que l’antithèse qu'elle formait avec les habitudes 
bien connues du disciple de Momus et de Comus. Un soir, le voyant 
pensif et taciturne au milieu de notre réunion, que d’ordinaire il 
animait par ses saillies : « Allons, dit l’un des nôtres, en lui versant 
un verre de bourgogne, il faut noyer cet amour-là dans le vin. — 
Ah ! répondit le philosophe en soupirant, le petit drôle sait nager. » 

Il s’occupait avec succès de botanique, et se plaisait surtout à ob- 
server la nature dans ses bizarreries. Un jour, il mit par distraction 
une pomme de terre dans la poche de sa redingote, où il loublia. Ce 
vêtement, déposé dans une armoire, y resta tout l'hiver. « Au re- 
tour du printemps, ajoutait gravement le naturaliste, je fus étonné 
de voir sortir par la serrure du meuble un long jet végétal, d’une ad- 
mirable fraicheur. Alimenté sans doute par la poussière qui s’amasse 
communément au fond des poches , le tubercule avait germé. » 

Il était membre, ou même haut dignitaire, de presque toutes les 
sociétés littéraires, scientifiques ou artistiques de la ville de Gand. 
Un soir, au sortir de la séance publique qui avait eu lieu dans l’une 
des principales associations de ce genre , il vint, suivant son usage, 
retrouver le petit cercle d'amis qu’il cultivait particulièrement, In- 
terrogé sur ce qui s'était passé dans cette occasion : « On a fait des 
discours , répondit-il du ton d’un homme épuisé de fatigue. — En 
quelle langue? — En latin , en français , en hollandais et en flamand. 
Mais quel affreux latin! et quel horrible français! et quel exécrable 
hollandais ! et quel épouvantable flamand! » 


AUS UT C2 


(91) 


destiné à être prononcé dans une affaire contentieuse où 11 
s’agissait de deux têtes, l'une en pldtre et l’autre en mar- 
bre (1). 

L'auteur s’y amuse surtout aux dépens des antiquaires et des 
fabricateurs d'étymologies. Nous aurions tort de nous arrêter à 
cet écrit, dont les plaisanteries ne sont pas toujours de bon 
goût; l’auteur d’ailleurs en fait lui-même justice dans un des 
volumes de ses œuvres, qu’il a déposés dans la bibliothèque de 
l'Académie (2). 

Il faisait, avons-nous dit, une rude guerre aux archéologues, 
non qu’il dédaignât l'archéologie dont lui-même s'était occupé, 
mais parce qu’il blâämait l’abus qu'il en voyait faire. Nous lui 
avons entendu raconter fort gaiement, dans une de nos séances, 
quelques supercheries qu’il s'était permises dans sa jeunesse 
pour mettre en défaut de graves savants trop confiants dans leur 
mérite. 

Naturellement sceptique et presque constamment en relation 
avec quelques joyeux sectateurs de Rabelais, il ne s'était pas 
complétement préservé de leurs habitudes. On sait, du reste, 
qu’à l'époque de l'Empire, les mystifications avaient une cer- 
taine vogue, même dans les classes élevées de la société. Cette 
débauche d’esprit peut avoir son côté amusant, mais elle ne 


(1) Brumaire an XI (novembre 1802), brochure in-12 de 95 pages. 

(2) Il a écrit en tête de l’opuscule les mots suivants : 

« Véritable salmigondis, rapsodie, et que l’auteur rougirait d’a- 
voir écrit, si on ne donnait pas quelque indulgence aux juvenilia. 
Cette honte que je devrais avoir ne se reporte cependant pas à l’ou- 
vrage même, ni aux intentions que l’auteur a eues en s'amusant aux 
dépens d’un sculpteur désappointé et à ceux de Schrickius , de Go- 
ropius Becanus, de M. le conseiller De Grave et de ses Champs Ély- 
sées qui n'avaient pas encore paru, etc. » 


(92) 


tourne pas toujours à l'avantage de ceux qui se la permettent. 
C’est ce que Cornelissen put reconnaître dans une circonstance 
que je mentionnerai, parce qu’elle montre en même temps le 
prestige qu’un simple paysan avait réussi à exercer, vers le com- 
mencement de ce siècle, dans les campagnes de la Flandre et 
même dans les villes. 

Il n’était question que des guérisons miraculeuses et des pro- 
diges qu'il opérait : on le nommait boereken Buysen. C'étaient 
des pèlerinages continuels qui affluaient vers lui : l’autorité dut 
s’en mêler, non sans exciter des murmures chez ceux qui vou- 
laient être guéris par notre Esculape. Quelques rieurs essayérent 
de mettre sa science en défaut; et, comme il se donnait pour 
versé dans les connaissances astronomiques, Cornelissen, sous 
le nom de Lalande, se chargea de soutenir une argumentation 
contre lui. La discussion roula sur la valeur de la semaine et sur 
celle de la décade républicaine. « Tout est subordonné aux nom- 
bres, disait l’homme aux miracles; et, malgré votre décade, la 
semaine subsistera tant que le nombre sept restera supérieur au 
nombre dix ; tant qu’il y aura sept péchés capitaux et non dix; 
tant qu'il y aura sept planètes et non dix... Arrêtez! répliqua le 
prétendu Lalande; on vient de découvrir trois planètes nou- 
velles, et il disait vrai; mais, par malheur, ni ses compères, 
ni son antagoniste n’avaient oui parler de la découverte. A ces 
mots planètes nouvelles , le paysan partit d’un éclat de rire 
inextinguible. Ce rire homérique se communiqua aux com- 
pagnons de Cornelissen ; et, cette fois, le mystificateur fut 
mystifié, bien qu’il eût la raison de son côté. Cornelissen ai- 
mait à raconter cette petite anecdote, qui venait merveilleuse- 
ment corroborer ses doutes sur la prétendue valeur de nos con- 
naissances. 

Puisque j'ai commencé à parler de ce sujet si futile en lui- 


( 95 ) 


même, qu’on me permette une seconde anecdote; elle achèvera 
de représenter la tournure des esprits à cette époque et de faire 
connaître des tendances qui ne se sont pas encore entièrement 
effacées de nos jours. 

On doit à notre confrère une invention dont il ne tirait point 
vanité : il en rougissait au contraire, à cause des abus qu'il en 
voyait faire; je veux parler de ce qu’on est convenu de nommer 
un canard, mot nouveau dont le dictionnaire de l’Académie 
n’a pas encore consacré l’usage, mais qui s'applique, comme on 
sait, à une nouvelle plus ou moins absurde, à laquelle on donne 
cours , en lui prêtant une forme vraisemblable. Voici, du reste, 
l’étymologie du mot. Pour renchérir sur les nouvelles ridicules 
que les journaux lui apportaient tous les matins, Cornelissen 
avait fait annoncer dans les colonnes d’une de ces feuilles, 
qu’on venait de faire une expérience intéressante, bien propre 
à constater l’étonnante voracité des canards. On avait réuni 
vingt de ces volatiles : l’un d’eux avait été haché menu avec ses 
plumes et servi aux dix-neuf autres qui en avaient avalé glou- 
tonnement les débris. L'un de ces derniers à son tour avait servi 
immédiatement de pâture aux dix-huit survivants; et ainsi de 
suite jusqu’au dernier qui se trouvait , par le fait, avoir dévoré 
ses dix-neuf confrères dans un temps déterminé très-court. Tout 
cela spirituellement raconté, obtint un succès que l’auteur était 
loin d’en attendre. Cette petite histoire fut répétée de proche 
en proche par tous les journaux et fit le tour de l’Europe; elle 
était à peu près oubliée depuis une vingtaine d’années, lors- 
qu’elle nous revint d'Amérique avec des développements qu’elle 
n'avait point dans son origine et avec une espèce de procès- 
verbal de l’autopsie du dernier survivant, auquel on prétendait 
avoir trouvé des lésions graves dans l’œsophage. On finit par 
rire de l’histoire du canard, maïs le mot resta. 


(94) 


Les véritables titres de Cornelissen à l'estime de ses compa- 
triotes et à la reconnaissance de l’Académie résident, comme je 
l'ai rappelé déjà, dans les soins incessants qu'il mit à faire re- 
vivre, chez nous, le goût des arts et des lettres, dont le culte se 
trouvait à peu près abandonné en Belgique. Gand donna la pre- 
mière impulsion , et ce fut par son intermédiaire. 

Cette ville, dès l’année 1799, avait fait l'essai d’une première 
exposition de tableaux ; cet essai fut renouvelé en 1802. Corne- 
lissen lui donna cette fois plus de consistance et transforma, 
désormais , les expositions d'objets d’art en une institution du- 
rable et nécessaire; il en prouva l'utilité par différents écrits, 
et spécialement par celui publié sous le titre lÆZommage au 
salon de Gand. Au moyen de ce recueil, qui servait en même 
temps de catalogue aux expositions, il stimula le zèle des ar- 
tistes et des amis des arts, et montra que notre pays avait tout 
à gagner en reconquérant ses anciens titres de gloire. Plus d’un 
artiste, plus d’un savant doit à ses premiers encouragements la 
persévérance avec laquelle il a continué sa carrière , et marché 
vers le but qu’il se proposait d’atteindre (1). 


(1) L'auteur de cette notice en particulier s'est toujours rappelé 
avec reconnaissance, que &’est à Cornelissen qu’il a dü les premiers 
encouragements, reçus dans sa jeunesse, à propos d'un dessin exposé 
au Salon de 1812. IL y fut d'autant plus sensible que son éloge se 
trouvait associé à celui de son père, qu'il avait eu le malheur de 
perdre à l’âge de six ans: « fils d’un père officier municipal, était-il 
dit, qui, dans des temps difficiles, a rendu, avec probité et avec 
désintéressement, des services que l'administration n'a pas oubliés. » 
(Hommage au salon de Gand , 1812, 5 article, p. 4.) Cette manière 
de louer un jeune homme annonce de la délicatesse et du tact, qua- 
lités que Cornelissen possédait à un haut degré, malgré ses formes 
un peu brusques. 


( 95 


Ce qu'il avait tenté pour les beaux-arts, il le fit aussi pour 
la botanique; et les Flandres lui doivent, en grande partie, le 
goût éclairé pour les fleurs qui forme aujourd’hui une des bases 
les plus solides de leur renommée : c’est surtout par la création 
de la Société d'agriculture et de ce nr des qu’il parvint à ob- 
tenir ces résultats. 

Voici la modeste origine de cette société : deux maisons de 
campagne, occupée l’une par Me la comtesse Vilain XIIJI, 
l’autre par M. Hopsomere, à Wetteren, près de Gand, conte- 
naïent de vastes jardins. On y cultivait un grand nombre de 
plantes rares à cette époque et qu'on nommait plantes de 
bruyère, à cause de l'espèce de terre qui leur était nécessaire. 
Plusieurs de ces plantes étaient journellement introduites à 
Gand, et s’y multipliaient. Une trentaine de jardiniers, qui se 
réunissaient habituellement dans un estaminet, prirent la réso- 
lution de s’entre-communiquer leurs richesses florales et leurs 
succès de culture, d’abord une seule fois par an, ensuite deux 
fois : de là une exposition d’hiver , qui comprenait les plan- 
tes forcées artificiellement par la chaleur, et une exposition 
d'été. 

Telles furent les expositions-mères, comme les appelait 
notre collègue, auxquelles tant d’autres ont dû leur naissance, 
non-seulement en Europe, mais en A$ie et dans les deux Amé- 
riques. Ces expositions n’ont rien de commun avec celles qui 
avaient lieu il y a cent et même deux cents ans; ces dernières 
devaient leur origine à un usage ancien d’une confrérie reli- 
gieuse ; elles se faisaient par les jardiniers, au commencement 
de février, pour honorer, dans l’église, leur patrone sainte Do- 
rothée. La société, telle qu’elle fut organisée à Gand, en 1808, 
a eu pour but fondamental d'encourager l'introduction et la 
culture des plantes, comme aussi l’art de forccr les fleurs, c'est- 


(% ) 


à-dire de faire porter aux plantes des feuilles et des fleurs à des 
époques anormales (1). 

Il est inutile d'ajouter, je pense, que cette société eut, pour 
premier secrétaire, son principal promoteur. Il en fut de même 


(4) Ges détails, extraits des notes manuserites laissées par Corne- 
lissen, ont paru de quelque intérêt pour l’histoire des plantes en 
Belgique ; c’est par ce motif que nous les compléterons, en y joi- 
gnant ses notes sur les catalogues des expositions de la Société d’a- 
griculture et de botanique : 

« Le salon d’hiver de 1815 est le premier. Le prix est donné à la 
plante exotique, plutôt jugée la plus rare que la plus belle. 

1816. La société s’agrandit ; elle propose des prix pour la collec. 
tion d’un herbier départemental, On remarque que tous les fonction- 
aires supérieurs s’honorent de faire partie de ses membres. 

1817. Le roi des Pays-Bas prend la Société sous sa protection. Le 
séjour des ministres américains pendant le congrès de Gand, ouvre 
nos premiers débouchés avec les bofanographes des États-Unis. 

La Société introduit l'usage honorifique d’exposer des plantes au 
nom des étrangers. Les individus le font également pour leurs corres- 
pondants et leurs amis. 

1818. La Société ennoblit l’usage d’exposer des fleurs pour les 
étrangers et les régnicoles, illustrés par un grand nom dans la science 
ou par des bienfaits au jardin botanique ou à la Société de Gand. 

La Société, en 1809, ayait exposé 27 plantes; elle en expose, en 
1818, 690. 

L'usage d'exposer des cyprès funéraires se formule par des inserip- 
tions raisonnées. 

14819. La section d’agriculture continue à donner quelques signes 
de vie. (Les commissions d'agriculture instituées dans les provinces 
avaient à peu près annulé cette section.) 

1820. Culture des abeilles. 

M. Audoor présente quelques bouteilles de vin de son cru de Wese: 
mal. La Société tres-sérieusement prend acte de cette présentation; 


( 97 ) 


de la société des beaux-arts et de littérature de Gand, qui fut 
fondée pendant le cours de la même année 1808, Cette dernière 
société se fit une collection d'ouvrages de peinture, de sculpture 
et de gravure, provenant des dons des nouveaux membres, et qui 


et, le soir, elle fait la dégustation du liquide à son banquet, A l’ex- 
ception du respectable président, Van Hulthem , tous les dégustants 
le trouvent détestable. 

1821. L'administration de la société prend la résolution de dé- 
signer nominativement les juges. 

1822. La société commence à donner des prix aux collections des 
plantes exotiques les plus rares. 

1824. La société choisit, pour quelques-uns de ses concours, des 
juges étrangers à la ville, et la plupart répondent à cet appel. 

.…. Plus tard, la société ne se borne plus à décerner des prix isolés 
à telle ou telle plante; mais elle propose ces prix tant@t pour des 
collections entières de fleurs, pour les plus rares, pour celles qui 
ont été le plus récemment introduites à Gand et sur le continent, 
pour des plantes sans floraison , pour des plantes en floraison, etc. ; 
les médailles qu’elle distribue sont d’or, d'argent, de vermeil , de 
bronze du même module ; mais, au moyen d’un bord plus ou moins 
pesant, on en double, s’il y a lieu, la valeur. 

Au champ de la médaille , œuvre très-belle du graveur Braemt 
de Gand, il ya la tête de Flore, la légende désigne la société ; le re- 
vers, qui est chaque fois gravé au burin, nomme le vainqueur , de- 
signe pourquoi il a le pets et indique le millésime, époque d'hiver 
ou d'été. 

Par une fiction rationnelle, c'est à la fleur qu’est censé être dé- 
cerné le prix. Celui qui a introduit la plante ou qui l’a cultivée, la 
représente : le mot étre propriétaire d’une plante, n’est pas admis. 

1834. La société célebre son jubilé de la 50€ éx position, Des juges 
etrangers au pays assistent au concours. 

Le nombre des plantes exposées s'élève à 2922. 

Accroissements rapides de la société. I faut s'en expliquer la 


9 


(95 ) 


présente aujourd’hui un intérêt tout spécial: on y rencontre, en 
effet, les premiers ouvrages de plusieurs de nos artistes. On peut 
y voir le point de départ de MM. Paelinck, Navez, Van Assche, 


cause ; c’est que la société s’est proposé de faire construire à ses 
frais, ou plutôt par souscriptions nominales , un vaste et magnifique 
enclos, jardin , salon d'exposition, de concert, de danse , etc. ; or 
les membres de la société pourront avec leur famille, et moÿennant 
un supplément de souscription , jouir des fêtes. 

1838. Le vaste bâtiment, construit sous le nom fort impropre de 
Casino , sert à cette exposition. 

1839. La société avait résolu, dans une de ses séances, de célé- 
brer , tous les cinq ans, une fête plus remarquable sous le nom de 
Festival quinquennal de Flore. (Après le jugement, un banquet réunit 
plus de 400 convives). 

Le nombre des plantes exposées s'élève à plus de 3,700; mais il 
devient impossible, non pas qu’on dépasse, mais qu’on puisse doré- 
navant en admettre un si grand nombre; car, comme l'exposition ne 
peut, soit en hiver, soit en été, se prolonger de plus de trois jours, 
pour ne pas nuire, soit par le froid, soit par le chaud, au bien-être 
des plantes , il devient impossible d'imprimer le catalogue numéroté 
et de donner le procès-verbal, pendant les trois jours (chose essen- 
telle) de l'exposition. 

Voici ce que la société, dans la vue de diminuer le nombre des 
plantes envoyées , a résolu de faire. Sous peine d'amende, chaque 
sociétaire était tenu d'envoyer quatre plantes épanouies ; doréna- 
vant , il sera dispensé de ce devoir. On comprend facilement que le 
salon ne sera privé d’aueune de ses richesses : car les plantes en- 
voyées par devoir étaient le plus souvent des individus très-com- 
muns et tres-médiocres. 

1840. Le salon d'hiver, fixé d'abord aux premiers jours de février, 
est reculé ensuite jusqu’à la mi-mars. Le salon en a perdu de son 
attrait, avec ses milliers de fleurs épanouies , au milieu des neiges et 
de la gelée. Mais trop de richesses végétales, tropicales, équinoxiales 


(99) 


Verboeckhoven , Noël, Delvaux, Braemt et de tant d’autres qui 
ont réussi à se faire un nom dans les arts. 
La société des beaux-arts acquit bientôt une certaine célé- 


encombraient le salon, et beaucoup d’horticulteurs refusaient d'expo- 
ser ces plantes à une température trop froide, au risque d’en perdre 
un certain nombre. 

1844. Le nombre des plantes exposées excède 5,100 ; plusieurs 
avaient été envoyées d'avance et avaient pu être cataloguées. (Le 
banquet du festival quinquennal a lieu dans les magnifiques salons 
de concert et le bal au théâtre). Un fait signale particulièrement les 
banquets de la société de Gand , c’est que les jardiniers de la plus 
modeste extraction , même ceux qui sont aux gages des plus riches 
et des plus nobles fonctionnaires, du moment qu’ils sont ou couron- 
nés dans un concours ou souscripteurs, s’asseyent dans les banquets 
sans distinction de place. 

Le roi des Pays-Bas avait donné un noble exemple, lorsque, pour 
honorer l’horticulture , il demanda à sa table M. Mussche, jardinier 
du jardin botanique de Gand. Cet exemple si encourageant vient 
d’être renouvelé. S. M. le Roi Léopold et S. M. la Reine, étant venus 
voir le salon quinquennal de 184%, plusieurs botanistes et simples 
jardiniers, étrangers et régnicoles, ont été admis à l'honneur de 
s'asseoir à la table royale. LL. MM. ont pu voir aussi, que, mal- 
gré la séparation du nord et du midi de l’ancien royaume des 
Pays-Bas, la société conservait des sentiments de reconnaissance 
envers ses anciens bienfaiteurs; et en effet, des cyprès funéraires 
et des inscriptions exprimaient les regrets de la société à laquelle 
la mort venait d'enlever S. M. Guillaume et son ancien ministre 
Falck. 

La société donne également des prix à des concours de Dahlia, 
ou d’autres espèces qu'elle détermine , soit à la fleur sur la plante, 
soit à la fleur coupée et placée dans des fioles remplies d’eau. 

Elle institue , à l'exemple d'autres villes (car cette fois elle ne sert 
pas de modèle), des concours de fruits, de légumes, etc. » 


( 100 ) 


brité à l'étranger; les West, les David, les Canova et d’autres 
illustrations artistiques tinrent à honneur d’en faire partie. 

Lorsqu’au mois de juin 1818, David, à la demande des 
magistrats, exposa à Gand son tableau d’Eucharis et Telé- 
maque, Cornelissen, selon ses habitudes en pareille circon- 
stance, composa sur ce tableau une notice esthétique qui fut 
imprimée par la société royale des beaux-arts et de littérature. 
li y rappelle d’une maniere ingénieuse les principaux ouvrages 
où sont décrites les amours du fils d'Ulysse et de la nymphe de 
Calypso, et fait allusion aux inspirations qu’ils ont pu donner à 
l'artiste. Après avoir lu l'écrit, David diten riant, qu’en compo- 
sant son tableau, il n’avait pensé ni à Homère ni à Fénelon. 
« Et moi, répondit Cornelissen, je n’ai songé qu’à Homère et 
» à Fénelon, en écrivant ma notice (1). » N'est-ce pas là l’his- 
toire de bien des descriptions esthétiques de tableaux et d’autres 
objets d’art? 

Ce goût passionné qu'il professait pour les lettres et pour les 
arts du dessin, il avait tellement réussi à le répandre dans 
toutes les classes de la société, que les distributions de prix 
étaient devenues en quelque sorte des fêtes communales. Chacun 
y prenait l'intérêt le plus vif; on ornait de fleurs et l’on pavoi- 
sait de drapeaux les quartiers de la ville qu'habitaient les van- 
queurs. Ceux-ci étaient solennellement reconduits chez eux par 
les premiers magistrats et complimentés par tous les notables 
de leur voisinage. A la suite de la révolution et à l’occasion de 
la distribution des prix de l’Académie royale de dessin (2), Cor- 

(1) Note manuscrite du volume B polygrapha, donné à M. le baron 
de Stassart. | 

(2) Cornelissen est aussi resté jusqu’à la fin de ses jours secré- 


taire honoraire de l’Académie royale de dessin, de peinture et d’ar- 
chitecture. 


{ 101) 


nelissen prononça, le 3 août 1853, un discours dans lequel il 
eut le courage de s'élever avec force contre le premier ma- 
gistrat de la province qui, contrairement aux usages de ses 
prédécesseurs, n’assistait à aucune des cérémonies où il était 
question de lettres et d'arts. « À Gand surtout, disait-il , la sol- 
licitude pour les arts doit former une des qualités prédominantes 
des premiers magistrats de la Flandre orientale; partout ail- 
leurs , ce peut être pour lui une nouvelle source de jouissances ; 
ici, c’est encore une tâche, un devoir d’aimer les beaux-arts; 
c’est aussi une des conditions de sa mission ; et ne fût-il pas doué 
d'une organisation assez heureuse pour sentir la beauté d’un 
tableau ou d’une statue, ni l’eurythmie élégante et correcte 
d’un grand monument d'architecture, encore devrait-il, ma- 
gistrat flamand, se poser comme sachant au moins apprécier ce 
qu’il ne sent pas assez vivement ; car enfin l’histoire de son pays 
à laquelle il ne peut pas être étranger, a dü lui apprendre com- 
bien le culte classique des arts du dessin et les succès de l’artiste 
contribuèrent à la gloire et non moins aux richesses matérielles 
du pays, et le convaincre que les honorer et les rémunérer 
devient un devoir national et un acte utile d'administration 
locale. » | 

Lorsqu’au mois de juillet 1812, la société de rhétorique de 
Gand célébra avec solennité sa réinstallation, et succéda à celle 
établie très-anciennement sous le nom des 4mis de la fontaine 
d’Hypocrène, c’est encore de Cornelissen que partit la plus forte 
impulsion; c’est à lui que furent réservés les principaux hon- 
neurs de la séance (1). Il prononça à cette occasion, un discours 


(1) Voici ce qu’il écrivait depuis au sujet de cette séance. 
« Croyez-moï: cette fête flamande de 1812 sous l'Empire, et dont 
l'Empereur, sans s’en douter, était le complice, en lautorisant , 


9. 


( 102 ) 


remarquable Sur l’origine, les progrès et la décadence des 
chambres de rhétorique établies en Flandre (2). 

L'orateur y démontre d’abord que, par suite des relations com- 
merciales établies entre l'Italie et les Flandres, le grand siècle 
de la renaissance produisit ses fruits jusqu’au fond de nos pro- 
vinces. « L'histoire des deux pays offre, à chaque page, les 
mêmes institutions, et souyent avec ce qu’elles renfermaient 
d'abus et d’inconvénients ; elle présente quelquefois le tableau 
des mêmes crimes; mais plus souvent encore des traits vigou- 
reux de ce patriotisme et de cet esprit publie qui, selon qu’il 


cette fête en fut le dernier soupir (de la société). On fait des efforts ac- 
tuellement pour reconstruire ce genre d’anciennes institutions... Re- 
marquez que, dans les XVe et XVIe siècles, les rhétoriques de l’époque 
faisaient leurs esbattements et décernaient les prix en flamand et en 
français : on disait wallon et on n’avait pas peur de ce mot. C’est en fai- 
sant valoir ces observations que M. Van H., et bien aussi mot quelque 
peu aidant, nous avions obtenu la faveur de Napoléon. On aurait dû 
ou du moins pu suggérer... de les reconstruire sur l’ancien pied. » 

(2) I se passa, au sujet du concours, qui eut lieu dans cette cir- 
constance, un fait curieux et qui mérite d’être rappelé, Les pièces 
de poésie française étaient en général si médiocres qu’il fut décidé 
qu’on ne décernerait pas le grand prix. Un personnage influent, dont 
le frère avait pris part au concours, alla trouver les juges et leur fit 
observer à chacun en particulier que, puisque le prix ne devait pas 
être donné, on ne ferait tort à personne en décernant une médaille 
d'encouragement à son frère. Ce plan fut goûté, et la médaille d’en- 
couragement votée en principe; mais, quand il fut question de la 
décerner au serutin secret, chacun sans doute se fit le même raison- 
nement , et voulut éviter qu’il y eût unanimité dans les votes , alors 
qu’il y avait tant de divergence d'opinions sur le mérite des pieces. 
Ilen arriva que le frère si bien recommande n’eut pas même une voix 
et que la médaille fut accordée à un autre. 


(105 ) 


est bien ou mal dirigé, commande et fait exécuter tour à tour 
les plus belles actions et les plus noirs forfaits. Un seul trait 
manque à la ressemblance: Florence et ses révolutions eurent 
Machiavel pour historien, et c’est dans Froissard et dans la 
Chronique de Bruges que nous sommes condamnés à cher- 
cher ce qu'était la Flandre sous Louis de Crecy et sous le pro- 
tectorat du premier des Artevelde (1), » Sous le rapport des 
lettres et des arts, l’analogie n’est pas moins saisissante; les ar- 
tistes italiens trouvèrent de dignes émules chez nos aïeux. 
« La littérature flamande dans nos provinces où cet idiome 
était en usage, et la littérature française, dans les provinces 
_ wallonnes , étaient cultivées d’après les mêmes exemples, et avec 
la même persévérance; et à une époque où, dans d’autres pays, 
des hommes distingués par leur naissance, et même par les pre- 
miers emplois militaires, pouvaient, sans avoir à rougir, se 
dispenser de savoir écrire, la Belgique renfermait un grand 
nombre de ces institutions, où tout ce que l'étude des belles- 
lettres a de plus relevé et de plus attrayant, était cultivé avec 
d'autant plus d’ardeur, que des succès dans cette partie étaient 
pour une jeunesse fière et studieuse , un des moyens de s'élever 
aux premières dignités de l'État. On donnait à ces institutions 
le nom de chambres de rhétorique ; et déjà, dès les premières an- 
nées du XIV: siècle, l'on trouve ce nom générique qui paraîtra 
moins singulier, si l’on veut se souvenir qu’il se rendait en fla- 
mand par Rederyke-Kamers, comme si l’on disait, des insti- 
tutions fondées pour avancer les progrès de la raison.» L’au- 
teur fait connaître les nombreuses analogies qui existaient entre 


(1) Ce jugement sévère sur notre célebre chroniqueur, tient sans 
doute à ce que Froissard ne s’est pas montré favorable au dictateur 
gantois dont Cornelissen avait entrepris la réhabilitation. 


(104) 


les sociétés italiennes et flamandes jusque dans la bizarrerie 
même de leurs dénominations. Les rhétoriques cependant ne 
se tinrent pas toujours dans les limites de la gaye science; elles 
mélèrent à leurs esbattements des excursions dans les affaires po- 
litiques et religieuses du temps. Pendant l'insurrection contre 
l'Espagne, elles furent tour à tour supprimées et rétablies. Vers 
l'époque du règne d’Albert et Isabelle, elles avaient repris 
quelque consistance; mais depuis ce temps, et pendant le 
cours des XVII: et XVIII: siècles, les rhétoriques , qui avaient 
cessé de diriger l'esprit public, cessérent insensiblement de 
contribuer avec succès aux progrès des lumières et de la raison : 
plus tard, les guerres de Louis XIV et l’envahissement de la 
langue française amenèrent leur décadence; et enfin celles qui 
subsistaient encore, à l’époque de la révolution française, furent 
comprises au nombre des confréries et supprimées avec elles (1). 

L’écrit dont je viens de parler présente une circonstance re- 
marquable: c'était la première fois, après cinq siècles, et à 
Gand même, où la mémoire de Jean Fan Artevelde était indi- 
gnement flétrie, comme dans le reste de l'Europe, qu’un ora- 
teur obscur, au milieu d’une grande solennité communale, du 
haut d’une tribune publique, en présence des magistrats, et 
sous l'autorité de Napoléon, osait décerner un éloge public au 
grand Ruwaert du XIV: siècle. | 

L'idée, tout inattendue d’ailleurs, et se rattachant à l'Italie 
du moyen âge plutôt qu’à la Flandre, parut neuve et hardie ; 
ce ne fut qu'après quelques périodes qu’on entendit des ap- 


(1) Le discours de Cornelissen, dont je viens de tracer une ana- 
lyse rapide, en empruntant autant que possible les paroles de l’au- 
teur, est intitulé : De l’origine, des progrès et de la décadence des 
chambres de rhétorique établies en Flandres, extrait d’un mémoire, 
lu le 27 juillet 4812. Broch. in-8°; à Gand, chez J. Begyn. 


(105) 


plaudissements timides et réservés; mais, à la fin du discours, 
des acclamations prolongées récompensérent l’orateur de ce 
que cet éloge paraissait avoir d’audacieux. 

Dès ce momont, Cornelissen 6sa entrevoir que J. Van Arte- 
velde serait détaché, comme il le dit ailleurs, du pilori où une 
fausse opinion l’exposait au mépris de l'Europe, depuis tant de 
siècles , et qu’au grand jour où justice serait faite, une statue 
lui serait érigée sur une place publique, par le magistrat et les 
citoyens de Gand. 

Mas dès l’abord surgit une première et assez bizarre oppo- 
sition. M. Desmousseaux, préfet du département de l’Escaut , 
voulut relire, à tête reposée, le discours avant qu'il fût imprimé. 
Or, le plus grand nombre de passages qui établissent le pa- 
triciat du prétendu brasseur et les services qu’il avait rendus 
aux communes, avaient été prononcés à la tribune; le méticu- 
leux préfet s’avisa de craindre que cet éloge d’un démagogue, 
d’un Babœuf, disait-il, ne vint à offenser et à éveiller la sus- 
ceptibilité de l'Empereur ou de ses ministres, et alors il ne con- 
venait plus que les magistrats du département de lEscaut 
eussent assisté, comme le Moniteur même l'avait dit, à la so- 
lennité et eussent applaudi un pareil discours. 

La société de rhétorique avec le corps des juges du con- 
cours, formé de plus de soixante-dix Belges plus ou moins dis- 
tingués dans les lettres, s’honora en s'opposant aux préten- 
tions du préfet, Conformément à l'avis de l’orateur, le conseil 
d'administration envoya le discours à l'examen du comte Réal, 
préfet de police à Paris; celui-ci mit les dissidents à Paise, en 
disant que les passages sur les Artevelde pouvaient être rejetés 
dans les notes (1). 


(1) On lit dans une des notes manuscrites de ses Miscellanea 


(106) 


Au reste, notre savant confrère eut la satisfaction de voir ren- 
dre cette justice tardive, qu'il appelait de tous ses vœux, et 
d'assister à l'inauguration d’un monument à la mémoire d’Arte- 
velde, au lieu même où le célèbre Gantois habitait autrefois. 
Cornelissen était l’ami le plus prononcé de nos anciennes fran- 
chises communales; il est tout simple alors qu'il vit dans le mo- 
nument d’Artevelde autre chose qu’une figure historique : c'était 
le principe qu'il voulait voir consacrer ; et il y avait du courage à 
le demander sous l’Empire. 

Ce qui vient d'être dit suflira pour faire comprendre toute 
l'influence qu’exerçait notre confrère, et les services éminents 
que lui doit la ville, devenue sa patrie adoptive. 

Ses nombreuses relations le rendaient précieux à ceux qui 
avaient le maniement des affaires ; réunissant toutes les sympa- 
thies, dans la confidence de toutes les pensées, il sayait mieux 


(vol. ITE de la bibliothèque de l’Académie) , d’où les détails précé- 
dents sont extraits : « L’orateur a eu la satisfaction bien douce d’a- 
voir rallié à son opinion deux de ses collègues pour lesquels il avait 
la plus grande estime, et qui, d’après les erreurs consacrées, avaient 
beaucoup maltraité les Artevelde : M. Lesbroussart , père, dans ses 
excellents commentaires sur les Annales d'Oudegherst, et M. Dewez, 
dans nombre de ses premiers ouvrages. 

« Un troisième suffrage , celui d’un illustre éerivain, est venu ré- 
compenser également Forateur (M. de Barante). » 

En 1895 et 1826, l’Académie royale de Bruxelles , sur la proposi- 
tion de Cornelissen, avait mis au concours la composition d’un mé- 
moire sur Jacques et Philippe Van Artevelde. Notre confrère, en 
qualité d’auteur de la question, fut nommé premier commissaire. 
M. Ed. de Busscher , dans une notice intéressante insérée dans An- 
nales de la société royale des beaux-arts de Gand, nov. 1850, vient 
de reproduire deux rapports remarquables que notre confrère écrivit 
à ce sujet. 


(107) 


que personne les moyens de faire réussir les entreprises difficiles. 
Il était d'une complaisance inépuisable; et pour répondre à la 
bonne réputation qu’il s'était faite sous ce rapport, il avait re- 
cours à des moyens ingénieux. Cornelissen avait autour de lui 
un grand nombre de personnes dont il pouvait disposer et dont 
il connaissait les différentes portées; quand les touristes af- 
fluaient chez lui avec des recommandations, il commençait un 
premier examen ; et, d'après les résultats qu'il en obtenait, il se 
chargeait de les accompagner lui-même, ou les recommandait à 
des amis, ou bien encore, pour me servir de ses expressions, il 
les livrait, comme les premiers chrétiens, ad bestias. Cette ma- 
nière d'agir accommodait tout le monde et lui évitait des pertes 
de temps. 

Cornelissen faisait partie de notre Académie depuis sa réorga- 
nisation, en 1816; c'était le dernier survivant des membres 
qui composaient la classe des lettres à son origine. S'il n’a 
pas enrichi la collection de nos mémoires, il nous a constam- 
ment aidé de ses lumières dans nos discussions et dans l’appré- 
ciation des ouvrages soumis à notre jugement. Il était un des 
membres qui assistaient le plus régulièrement à nos séances, et, 
ajoutons, qui étaient le plus généralement aimés et estimés de 
leurs confrères. Depuis un tiers de siècle, il avait accepté la tâche 
de composer les inscriptions latines que l’Académie destinait à 
ses médailles de concours; vous le savez, Messieurs, il s'acquit- 
tait presque toujours avec un rare bonheur de ce travail qui 
exige beaucoup de finesse d'esprit et de tact. 

C'est lui encore qui, dans une de nos premières séances pu- 
bliques, fut chargé de prendre la parole et de faire connaître 
les résultats du concours relatif aux découvertes et inventions 
faites en Belgique. On retrouve dans le discours qu'il prononça 
à ce sujet les traces d’une imagination brillante et d’un savoir 


(108 ) 


étendu, C'est aussi dans. une de nos séances publiques qu’il re- 
çut en récompense de ses longs et loyaux services dans la car- 
rière des lettres, la croix de chevalier de l'Ordre de Léopold 
qu’il méritait à tant de titres. 

L’ extrabé suivant d’une de ses lettres, rt À TH TER 
à un ami, à qui il supposait quelque influence, fera connaître 
comment il comprenait ce genre d’honneurs. «. .... . Mais, 
de grâce, mon cher ami, qu’il ne soit le moins du monde ques- 
tion de pousser les avantages qu’on veut me faire entrevoir (1) au 
point de charger ma boutonnière d’une décoration. Vous devez 
bien vous en souvenir, ni sous le règne de l'Empereur, ni sous 
l’ancien Gouvernement, je n’ai désiré recevoir cette faveur, j’a- 
vais cependant des amis dans les deux Gouvernements ; et, par 
les services que je rendais aux beaux-arts, je pouvais bien avoir 
des droits comme tel autre à l'attention du souverain; mais 
alors, comme aujourd’hui, je vivais à ma manière, avec peu 
d'extérieur, etc. | 

» Je ie parfaitement bien que l’homme public, haut 
placé, à la tête d’une administration ou d’une cour supérieure, 
dans un poste en un mot que relève la dignité, reçoive et porte 
avec reconnaissance ces témoignages de faveur de la part du 
prince ou de la nation. 

» Je comprends que le Gouvernement veuille s'honorer lui- 
même et l’ordre dont il dispose, en le conférant à un savant de 
premier rang que ses ouvrages et ses talents ont distingué parmi 
les noms européens. Mais ni par des connaissances spéciales ni 
par des services ad hoc, ni même par les détails de ma conduite, 
je n’ai acquis ni pu acquérir le moindre droit à une distinction, 
toute relative de cette nature, et ce serait réellement surprendre 


(1) Il était question de fixer sa pension de retraite. 


( 109 ) 


la religion du prince, si ses conseillers lui faisaient une proposi- 
tion pareille. 

» Je vous ai si souvent confié mes tribulations; cette fois-ci, je 
le fais encore. Je comprends que M....... ne concevra guère pour- 
quoi je parais m’inquiéter peu de ce qu’il croit être une distinc- 
tion pour tout citoyen; peut-être mes observations tendront-elles 
en partie à le désillusionner sur mon compte. J'aurais du cha- 
grin de cela; je vous le confie à discrétion : transeat a me ca- 
lyx iste. » Quoiqu'il en soit, la décoration fut décernée; et Cor- 
nelissen ne dédaigna pas de la porter, bien différent en cela de 
tel autre qui croit se distinguer en ne la portant pas, après l’a- 
voir longtemps convoitée. 

Cornelissen était membre de la plupart des sociétés littéraires 
du royaume; il faisait depuis longtemps partie de l’Institut des 
Pays-Bas et de plusieurs autres sociétés savantes étrangères ; 
il avait particulièrement des relations nombreuses dans l’Amé- 
rique du Nord, par suite de celles qu’il avait établies avec les re- 
présentants des États-Unis à l’époque des conférences qui eurent 
lieu, à Gand, pour le traité de paix avec l'Angleterre. 

Lors de l’organisation des universités, en 1817, Cornelissen 
avait été nommé secrétaire-adjoint de celle de Gand (1). Cette 
place lui laissait tout le loisir nécessaire pour se livrer à ses 
études favorites ; et quand, en 1821 , M. Van Toers fut appelé 
au conseil d'État, notre confrère le remplaça en qualité de se- 
crétaire inspecteur de l’université; il conserva cette place jus- 
qu'en 1855, époque à laquelle il fut admis à faire valoir ses 


(1) Ce ne fut pas sans quelque difficulté qu’on obtint sa nomina- 
tion à l’université. M. Repelaer van Driel, alors Ministre de l’instruc- 
tion publique, ne le trouvait pas assez grave pour la place. « M. Cor- 
nelissen, disait-il, vous avez fait tant rire ma femme. » Ce motif 
d'exclusion lui paraissait sans réplique. 


10 


(110) 


droits à la retraite (1). Ce changement de position lui causa une 
affliction profonde; cependant les craintes qu’il avait conçues 
d’abord au sujet de sa pension, ne se réalisèrent heureusement 
pas; et le Gouvernement le traita de la manière la plus libé- 
rale (2). 


(1) Il éprouva dans celte circonstance un embarras très-grand , 
que l’on concevra sans peine chez un homme habitué à ne mettre 
aucun ordre dans ses papiers. Il n’avait plus sous la main les titres 
nécessaires pour faire valoir ses droits ; qu’on en juge par ceux qu’il 
croyait le plus en règle : 

« J'ai 41 années de service, il me faudra d’abord EEE mes 
preuves que, déjà en 1794, j'ai été nommé chef de la division de 
l'instruction publique à l'administration supérieure de la Belgique, et 
je n’ai qu’une lettre de M. Lambrechts qui l’indique indirectement. 

» Il faudra ensuite produire ma nomination à l’école normale par 
le Gouvernement , et celle de professeur d’histoire à l’école centrale 
de Gand, ét où trouverai-je ces pièces? 

» Passe encore pour 1794 à 1804, etc. » (Lettre du 12 décembre 
1835.) 

Dans ses préoccupations, il perdait à peu près tout ce qu’il pre- 
nait avec lui. Il ne passait pas de nuit à l'Observatoire, sans y ou- 
blier sa montre, son parapluie, son mouchoir ou quelque autre objet. 
Voici un modèle des billets qui w’arrivaient ensuite : « Par distrac- 
tion, je me suis donné un air tout à fait ridicule, en me faisant 
accompagner d’un parapluie (le temps était admirable). Fort heu- 
reusement je me suis aperçu ici, à Malines, que ce ridicule-là, je ne 
l'avais plus. » 

(2) Sa pension de retraite fut fixée à 5,527 francs. 

Cette somme ne différait que de 500 francs environ de la valeur 
de son traitement : « Diminution en effet si peu sensible, écrivait-il, 
que j'ai pu recevoir avec sincère partage de sentiments, l’effusion 
de la satisfaction de mes vieux amis et leur communiquer toute la 
mienne, » 


(111) 


Si nous le considérons comme auteur, bien que ses écrits 
soient nombreux et marqués au coin d’une érudition solide, il 
n’en a cependant pas composé qui soient de nature à lui faire 
un nom durable dans la république des lettres. Il est des hommes 
qui, avec beaucoup de savoir, avec infiniment d'esprit, ne sau- 
ront jamais faire un livre; et peut-être Cornelissen était-il de 
ce nombre. On conçoit que, par livre, nous entendons, non 
pas un assemblage plus ou moins volumineux de pages, mais un 
travail bien coordonné et dont toutes les parties s’enchaînent de 
manière à présenter de l’unité et à exposer dans un style conve- 
nable des choses dignes d’occuper un lecteur. 

Les écrits qu’il a laissés sont très-variés et témoignent de Pé- 
tendue de ses connaissances ; ils se rapportent en grande partie 
à notre histoire nationale et aux beaux-arts. La littérature an- 
cienne et l'archéologie avaient également fixé son attention; il a 
fait plusieurs excursions heureuses dans le doïnaine de la bota- 
nique et a répandu des lumières sur son histoire dans nos pro- 
vinces. On possède aussi de lui des poésies latines, françaises , 
flamandes et italiennes qui ne manquent ni de grâce ni d’har- 
monie (1). 


(1) Ilne voulait pas que l’on parlât de ses connaissances variées. 
Voici une de ses boutades au sujet d’une demande faite au nom de 
l’Académie par M. Dewez, mon prédécesseur, pour l’engager à pren- 
dre part à une biographie nationale. La demande mentionnait natu- 
rellement la variété et l’étendue de son savoir. 

« Jamais, mon ami, je ne me suis appuyé sur des connaissances 
variées ; j'ai, en effet, écrit dans plusieurs recueils de certains arti- 
cles sur des objets variés ; mais j'avais tellement honte, moi-même, 
d'écrire sur une foule d'objets que j'étais censé peu connaître, que 
mes articles (et tous étaient inoffensifs) n’étaient pas signés de moi. 
Connaissances variées! bustes des grands hommes! Mais si notre 


( 112.) 


On conçoit qu'il serait impossible de donner ici l'analyse de 
tant de compositions différentes, dont plusieurs, du reste, sont 
des ouvrages de circonstance qui ont nécessairement dû perdre 
de leur valeur. Une pareille analyse serait fastidieuse et sans 
intérêt pour les lettres. La plupart de ses écrits ont été imprimés 
dans les recueils auxquels il coopérait, et particulièrement dans 
les Bulletins et les Annuaires de l’ Académie, dans lObser- 
vateur belge, le Messager des sciences et dans les Ænnales 
belgiques, dont il était l’un des fondateurs (1). 


Belgique était une hydre non pas à cent têtes, mais à cent doigts, 
cent doigts à la fois ne désigneraient-ils pas tel autre académicien 
qui, certes, a des connaissances variées et qui n’a garde de s’en ca- 
cher? etc. » Cet extrait montre aussi comment plusieurs idées se pré- 
sentaient assez souvent en même temps à son esprit; et comment il 
passait, sans transition , de l'une à l’autre : aussi sa conversation 
était parfois difficile à suivre. C’est ce qui faisait dire à un autre de 
nos collègues, à M. Garnier, qu’il se présentait toujours simultané- 
ment trois à quatre idées dans sa tête, et tout autant de phrases dans 
sa bouche ou sous sa plume. 

(4) Il lui prit un jour fantaisie de faire lui-même sa critique dans 
les Annales de Gand , à propos d’un discours qu’il avait prononcé, 
en 1816, dans un banquet de la société botanique; et il faut conve- 
nir que ses coups portaient assez juste. « Ce discours, disait-il, 
comme tout ce que l’auteur écrit, se ressent de la précipitation avec 
laquelle il travaille, tant le fond en est léger, tant les transitions 
sont brusques et peu motivées ! Il paraît que, lorsqu'on lui donne un 
sujet ou qu’il a le loisir d’en traiter un à son choix, il ne l’envisage 
jamais que sous un seul rapport, et c’est celui qui pourra faire couler 
le plus de nœuds à son imagination; souvent ses expressions visent 
à la singularité, et c’est une mauvaise excuse que celle de croire 
qu’en affectant lui-même .de les indiquer, en les soulignant, il de- 
vienne exempt de tout reproche. » Quelques journaux, qui n'étaient 
pas dans la confidence, prirent fait et cause pour lui contre lui- 
même. 


(115) 


Notre confrère, pendant les dernières années de sa vie, s'était 
occupé de recueillir ses opuscules ; il y avait joint des remarques 
écrites de sa main et des renseignements historiques précieux. 
Quatre de ces volumes font partie de la bibliothèque dé notre 
Académie; trois autres ont été donnés en souvenir à M. le baron 
de Stassart. Mais la collection la plus curieuse, celle qu’il desti- 
nait à l’auteur de cette notice, se composait de vingt-huit vo- 
lumes. Cinq seulement ont été donnés (1) ; les autres ont été mis 


(1) Dans les derniers temps de sa vie, Cornelissen n’apportait un 
volume chaque fois qu’il venait assister à l’une de nos séances. Sur 
le titre du volume 4 des Miscellanea , on lit : 

« Je prie M. Adolphe Quetelet, directeur de l'Observatoire belge, 
et secrétaire perpétuel de l'Académie de Bruxelles, d'accepter ce 
volume et les suivants, et de trouver en leur faveur un coin de rayon 
vide de sa bibliothèque pour les y conserver comme souvenir de son 
vieux ami, ; 

1849. NonserT CORNELISSEN , 

octogénaire. 


(Vivens vivo, ne mors tardi gradu quidem sed approximans , senem 
puerescentem ante diem auferat.) » 


Les autres volumes portent également des inscriptions. Différentes 
personnes, à qui Cornelissen avait parlé du don qu’il voulait me 
faire, ont bien voulu s’interposer, mais inutilement, pour obtenir 
les volumes qui m’étaient promis; je citerai avec reconnaissance 
MM. l'abbé Carton, le docteur Vrancken et P. Van Duyze qui a con- 
sacré une notice et de beaux vers à la mémoire du défunt. 

Les volumes ou Miscellanea que je possède sont les suivants : 
À, Litteraturia ; D, Oratiunculae ; E, Bibliographica ; K, Instituta ar- 
tium ; L, Monumenta. 

Dans le volume E, se trouve une espèce de défi lance à celui de ses 
confrères qui serait charge d'écrire sa notice nécrologique; et, pour 


(114) 


en vente publique par ses héritiers. C’est dans les notes manu- 
scrites des volumes qui se trouvent à Bruxelles qu'ont été puisés 
plusieurs des renseignements donnés dans cette notice, 

Après tous les services qu'il avait rendus, Cornelissen en ob- 
tint la juste récompense : le 16 juillet 1837, les quatre princi- 
pales sociétés de Gand, celles des beaux-arts, de botanique, de 
Ste-Cécile et de S'-George (1) se réunirent dans un banquet fra- 


que ce défi arrivât à son adresse, il a collé sur la page qui le contient 
un petit papier, en forme de signet, portant ces mots : Note pour les 
biographes. Voici ce qu’on y lit: «. . . Je le dis dans ma sincérité : 
l’on serait tenté de croire que le plus souvent on ne nous les montre 
déshabillés, que parce qu’il n’y a pas assez d’étoffe pour les habiller. 
Je ne conçois (et peut-être en m’énonçant ainsi, ne me montré-je 
pas assez désintéressé), je ne conçois qu’une seule circonstance où 
ces petits détails , racontés avec art et avec choix, remplacent très- 
convenablement un grand vide, en portant quelque intérêt sur la 
mémoire d’un homme qui, tout à fait dépourvu des qualités qui 
brillent et fixent les regards, pourrait bien ne pas être aperçu de la 
postérité. Plusieurs académiciens sont un peu dans ce cas. .... Il 
en est dont le passage calme et peu marqué ne demande que quel- 
ques fleurs inaperçues, espèce d'hommage sui generis qui , sous le 
nom convenu d’éloge académique, ne fait que glisser sur le drap 
mortuaire et n'atteint pas même la tombe : quand on est académi- 
cien , on entend tout cela avec je ne sais quel air de recueillement ; 
et tel, un peu plus malin peut-être (atque aliquis de Dis non tristi- 
bus. Ov., Metam., IV, 5), essaie de deviner, ou même de mesurer 
d'avance dans le panégyrique d’un mort, la part que , lorsqu'il sera 
mort à son tour, il obtiendra de l’éloquente affection ou de la justice 
impartiale d’un Stuart ou d’un Vos Willems, chez nous, d’un Cuvier 
ou d’un Quatremere en France... » 

(1) La société de Ste-Cécile s’occupe de l'art musical, et celle de 
St-George, qui compte plusieurs siècles d'existence, perpétue le 
souvenir des anciens archers et arbalctriers flamands. 


(115 ) 


ternel pour lui offrir une médaille d’or de grand module, en té- 
moignage d'amitié et de reconnaissance. « Tout ce que la ville 
de Gand comptait d'hommes cultivant ou aimant les beaux-arts, 
les sciences et les lettres, magistrats, jardiniers, artistes et pro- 
fesseurs, se réunirent dans la yaste et magnifique salle du Casino 
pour lui décerner une marque d’estime générale, sans antécé- 
dent dans la patrie de Daniel Heinsius et sans doute dans toute 
la Belgique (1). » 

Lui-même, pour célébrer son quatre-vingtième anniversaire, 
projetait de réunir, dans un banquet, tous ses plus vieux amis, 
afin, disait-il, d'en prendre joyeusement congé, Le titre d’admis- 
sion devait être une amitié non interrompue datant de quarante 
ans au moins. Il fallait, on en conviendra, être aimé comme il 
l'était, pour pouvoir compter sur un nombre suflisant de con- 
vives. 

Je l'ai déjà dit, il n’y avait point de fête communale dont il 
ne fût à la fois l’âme et la tête; j'aurais dû ajouter qu'il n’y avait 


(1) Ce sont les paroles du procès verbal de cette intéressante réu- 
nion. On y lit aussi ce passage qui résume l’objet de la fête : « Il est 
à Gand un homme dont le nom est attaché soit à la création, soit au 
développement des institutions scientifiques, littéraires ou même 
d'agrément de l’ancienne capitale des deux Flandres. Depuis près 
de quarante ans, il a rendu et rend encore à ces mêmes institutions, 
avec un dévouement et une obligeance qui ne connaissent pas de 
bornes, des services importants, en faisant connaître aux autres 
villes du pays et à l'étranger ces nombreuses sociétés que la ville de 
Gand compte avec orgueil dans son sein et en rendant annuellement 
compte de leurs travaux, dans des discours aussi spirituels que pleins 
de faits ; et qui, sortant de la ligne des travaux de ce genre, sont 
soigneusement recueillis par les amis de notre histoire littéraire et 
artistique. Cet homme, c’est M. Norbert Cornelissen. » 


(116) 


point de banquet public ou particulier dont il ne fit le principal 
ornement : sa présence y était en quelque sorte indispensable. 

Ceux qui ne l'ont point connu se figureraient difficilement 
combien sa conversation était amusante et pittoresque, combien 
elle était parsemée de saillies et d’anecdotes piquantes. Le jeu de 
sa physionomie, ses gestes nombreux et tout méridionaux, les 
inflexions et jusqu’au son de sa voix imprimaient à ce qu'il di- 
sait un cachet particulier; quelquefois même, sans l’entendre, 
il suffisait de le voir pour saisir toute sa pensée. D’une franchise 
à toute épreuve, il donnait le cours le plus libre à ses paroles. 
Parfois on restait tout étourdi de ses boutades; mais, chez lui, 
l'absence complète de toute arrière-pensée malveillante ne pou- 
vait produire de blessure durable. D'un commerce sûr, d’une 
probité à toute épreuve, il eût été désolé d’avoir été, même im- 
volontairement, cause de quelque peine (1). 

Il avait un talent particulier pour dire à chacun des vérités 
quelquefois assez dures. Dans ces dernières circonstances, il s’as- 
sociait généralement à ceux qu’il gourmandait. « Savez-vous 
comment on parle de nous, disait-il à un individu dont l’avarice 
était devenue proverbiale? On dit que nous sommes deux avares, 
deux arabes, deux . . . ..— Ah! M. Cornelissen, reprit vivement 
l’autre, comment vous, qui êtes si généreux! — Soit, dit le ma- 
lin vieillard, mais prenez que dans tout ceci il n’y ait que la 


(1) Il était trop en évidence pour ne pas avoir excité des senti- 
ments d'envie , ou fait naître des attaques contre sa personne. Quoi- 
qu’il eût toutes les qualités nécessaires pour riposter vigoureusement 
à ses adversaires , et pour les faire repentir de leurs injustes atta- 
ques, toujours il aima mieux garder le silence : il serait impossible 
de citer un article de polémique sorti de sa plume. Il en coûte par- 
fois pour conserver cette attitude digne, surtout quand l'attaque a 
ete traitreuse et déloyale. 


(117) 


moitié de vrai; vous conviendrez que c’est très-fâcheux , et qu'il 
faudrait tâcher de nous amender (1). » 

Cornelissen n'avait jamais été sérieusement malade ; seulement 
dans sa vigoureuse vieillesse, des attaques de goutte venaient 
l’assaillir de loin en loin et porter obstacle, comme il le disait, à 
son besoin de locomotion. Ses goûts étaient extrêmement simples 
et modestes, eu égard aux ressources dont il pouvait disposer (2); 


(1) Qu'on me permette de citer encore un trait de ce genre, et 
celui-ci je l’'emprunte à Cornelissen lui-même , qui l’a consigné dans 
les Annales belgiques ; seulement il l’attribue à son ami M. Helle- 
baut , dans une note manuscrite jointe à l’un des volumes qu’il m’a 
donnés. « Ne serait-ce pas ici le moment de raconter une anecdote 
qui regarde un des anciens serviteurs les plus zélés de Napoléon, 
devenu serviteur non moins zélé de Louis XVIII, qu'il avait suivi à 
Gand; et certes ce n’est pas en cela qu’il m’appartient de le blämer : 
mais toujours fougueux dans ses expressions, il avait pris l'habi- 
tude de ne désigner son ancien maitre que par des épithètes que 
plusieurs d’entre nous ne pouvaient entendre sans dégoût dans la 
bouche du personnage. Nous le laissions ordinairement déclamer à 
son aise, et nous nous moquions de lui en parlant flamand. Cela 
n’était ni bien honnête, ni bien hospitalier ; mais c’était le moyen 
d'imposer silence à un bavard. Un jour il se fâcha, et quelqu'un 
d’entre nous, poussé à bout , lui dit : Mais gredin, dites-vous tou- 
jours, M. le baron; eh bien soit, gredin, cela est très-bien dans 
votre bouche : si Napoléon m'avait, comme à vous, donné une des 
plus belles préfectures de l'Empire; s’il m'avait décoré de ses or- 
dres; s’il m'avait conféré sa noblesse; si, en un mot, il m'avait 
comblé de ses bienfaits, je concois que j'aurais acquis le droit de le 
traiter de gredin. Mais comme je p’ai jamais ni directement, ni in- 
directement reçu la moindre faveur de sa part, vous seriez peut- 
être le premier à me contester le droit d’être ingrat, et je ne veux 
pas donner dans ce panneau. » 

(2) Sa pension, comme nous l'avons dit, s'élevait à 3,527 francs ; 
et cette somme était plus que doublée par son revenu. 


(118) 


il n'était donc pas étonnant qu'avec la plus parfaite indépendance 
et avec la considération générale dont il jouissait, il se trouvât 
dans une position fort heureuse. Cependant, vers la fin de ses 
jours, l’affaiblissement de la vue et de l’ouïe avaient porté at- 
teinte à sa sérénité habituelle; une lettre qu’il écrivait peu de 
temps ayant sa mort se terminait ainsi qu’il suit : « Je remar- 
que, en relisant ce billet, combien la rédaction en est peu soi- 
gnée, combien les idées en sont incohérentes , etc. Oh! si vous 
compreniez (mais Dieu veuille vous en préserver un demi-siècle 
encore) combien tout travail pèse à celui pour qui, il y a moins 
de deux ans encore, il n’avait aucun poids » et ailleurs. « A 
mon âge, on craint la maladie, moins parce qu’elle fait souffrir, 
que parce qu’elle affaiblit les forces morales et vous rapproche, 
par une triste voie, de l'enfance. » Il ne voyait pas sans appréhen- 
sion les approches de toutes les infirmités de la vieillesse. La 
maladie à laquelle il succomba lui évita du moins les ennuis de 
ce triste cortége. Il fut frappé par l'épidémie régnante; et en 
refusant opiniâtrément de se soumettre au régime qu'on lui 
prescrivait, il mourut le 51 juillet 1849, apres avoir reçu les se- 
cours de la religion. 

Sa dépouille mortelle à été déposée dans le nouveau cimetière 
qu'il a contribué à faire construire à proximité de la ville, sur 
la colline de S'-Amand; sa tombe est placée à côté de celle de 
son ami Willems, dont la mort a également laissé une lacune 
déplorable dans nos rangs. 

L'administration communale, sur la proposition de M. de 
Saint-Génois, l’un de nos confrères, a décidé qu’une des nou- 
velles rues de la cité porterait désormais le nom de Cornelissen. 

Nous ignorons si ce nom est destiné à prendre place dans l’his- 
toire générale des lettres; mais certainement, il brillera toujours 
au premier rang parmi les noms des hommes qui ont le mieux 


(119) 


mérité de la ville de Gand, qui y ont répandu le plus de bien- 
faits, qui y ont laissé les traces les plus durables de leur pas 
sage. Toujours il sera cité avec reconnaissance, quand on par- 
lera des savants qui ont préparé chez nous le retour vers les 
sciences , les lettres et les arts, et qui ont donné aux esprits cette 
forte impulsion dont nous goûtons aujourd’hui les bienfaits (1). 


A. QUETELET, 


(1) Le portrait qui se trouve en tête de cette notice a été grave, 
sous la direction de M. Calamatta , d’après un dessin de M, Madou, 
qui fait partie de ma collection particulière. 


NOTICE 


SUR 


PAULIN-L. C. E. LOUYET, 


CORRESPONDANT DE L'ACADÉMIE, 
Né à Mons, le 28 janvier 1818; mort à Bruxelles, le 5 nai 1850; 


PAR 


M, DE KONINCK (1), 


Il est bien rare qu’à chacune de ses réunions publiques, notre 
classe n’ait à déplorer la perte de l’un de ses membres. Pendant 
cette année encore, elle a été douloureusement atteinte par la 
mort de lun de ses plus anciens et de ses plus illustres asso- 
ciés (2) et par le décès de l’un de ses plus jeunes correspondants. 

D'où vient cette loi fatale à laquelle nous semblons assujettis, 
sinon de ce que les travaux de l'esprit usent le corps plus rapi- 


(1) Les notes que M. E. Montefore-Levi, beau frère de M. Louyet, 
a bien voulu me faire parvenir , ont rendu ma tâche beaucoup plus 
facile. Que M. E. Montefiore-Levi, qui lui-même se livre à des re- 
cherches chimiques avec le plus grand succès, veuille bien me per- 
mettre de lui en témoigner publiquement ma reconnaissance. 

(2) M. de Blainville, membre de l'Institut de France. 


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D A N AU LE SF 
PAULIN LOUNIE. 


(121 ) 


dement que le vulgaire ne paraît le croire. La vieillesse atteint 
en général le savant de profession , avant l’âge fixé par la na- 
ture, et si ses forces physiques ne sont pas en rapport avec le 
développement de son intelligence, il est assailli par les infir- 
mités, et le plus souvent il succombe, jeune encore, au moment 
où , à travers mille obstacles , il vient de se frayer une voie sûre 
dans la carrière épineuse et difficile qu’il s'était choisie. 

C'est une cause de cette nature qui a précipité dans la tombe 
celui dont la classe était en droit d’espérer encore de nombreuses 
communications et dont elle m’a chargé de retracer ici la vie 
scientifique. 

La classe, en me confiant cette mission honorable, à sans 
doute compté que le dévouement d’un ami suppléerait au ta- 
lent de l’orateur, Tous mes efforts tendront à ne pas rester en 
dessous de la tâche que j'ai acceptée, et à faire passer devant 
vos yeux le tableau d’une vie courte à la vérité, mais honorable 
et digne, sous tous les rapports , de servir de modele à ceux qui 
se laisseraient trop facilement rebuter par les obstacles qu'ils 
pourraient rencontrer dans leur carrière scientifique. 

Paulin-Laurent-Charles-Evalery Louyet naquit à Mons, le 28 
janvier 1818. C’est à une circonstance fortuite qu’il dut de voir 
le jour dans la capitale du Hainaut, car son père, ingénieur au 
corps des ponts-et-chaussées , résidait alors à Paris, où il s'était 
rendu dans le but de compléter ses études dans l’art de l’archi- 
tecture. 

Les premières années de Louyet s’écoulèrent paisiblement au 
sein d’une famille honorable, dont la probité et les talents du 
chef composaient le principal apanage. 

Vers 1895, il suivit son père à Liége; d’un caractère vif, tur- 
bulent et espiègle, il fit le désespoir de ses premiers maîtres, 
qui n’eurent guère à se louer de la conduite, ni des succès de 


11 


* 


(12 ) 


leur élève. Son intelligence ne se prêtait point aux regles de la 
méthode et sa vivacité ne s’accommodait pas mieux des lenteurs 
de l’enseignement. Cependant Louyet était avide de savoir, et 
pour satisfaire ce penchant irrésistible , il lisait tous les livres 
qui lui tombaient sous la main. La lecture d’un ouvrage élémen- 
taire de physique, composé par un homme dont la ville de Liége 
regrette la mort récente (1), servit à du en lui le goût 
des sciences naturelles. 

Dés lors, Louyet ne songea plus qu’à se procurer les moyens 
de répéter quelques-unes des expériences consignées dans le 
livre dont il fit son vade mecum , et à l’âge de dix ans, il pos- 
sédait en physique, des notions bien plus exactes et bien plus 
étendues qu'on n’en rencontre souvent chez des jeunes gens 
d’un âge beaucoup plus avancé. 

En 1830 éclata la révolution. On se rappelle la sympathie 
avec laquelle elle fut accueillie à Liége et les scènes émouvantes 
auxquelles elle y donna lieu. Eh bien, telle fut l’exaltation de 
Louyet, qu’il y eut bien peu de ces scènes auxquelles il n'ait 
assisté tantôt en acteur, tantôt en simple spectateur. 

Vers la fin de l’année 1831, son père reçut l’ordre de trans- 
férer de nouveau son domicile à Bruxelles. A peine y fut-il éta- 
bli, qu’il envoya son fils à l’Athénée. Mais celui-ci , ne se sentant 
aucun goût pour le grec et le latin, finit par négliger entière- 
ment l'étude de ces langues, pour se livrer avec plus d’ardeur 
à celles de la physique, de la chimie et des mathématiques. En 
même temps, il cherchait à reprendre et à varier ses expé- 
riences. Retiré dans les combles de la maison paternelle, et 
privé de conseils et d’une direction convenable , il faillit à plu- 


(1) M. Rouveroy, plus connu parmi les gens de lettres que parmi 
les savants, 


(123) 


sieurs reprises être victime d’accidents provoqués, soit par l’im- 
perfection de ses appareils, soit par le défaut des Précautions à 
prendre en pareilles circonstances. 

Vers la fin de 1854, Louyet quitta l’Athénée, et, semblable à 
Corvisart, dont le génie se refusait à l'étude du grec et du latin, 
et dont la jeunesse offre plus d’un trait commun avec celle de 
notre infortuné confrère, il en sortit, quant à la connaissance 
de ces deux langues, à peu près comme il y était entré. Il n’en 
fut pas de même, pour ce qui regarde les sciences naturelles. 
Plusieurs prix vinrent couronner ses efforts. 

Avec les connaissances scientifiques se développa chez 
Louyet le goût des voyages. Mais la modeste fortune de ses pa- 
rents ne lui permettant pas d'entreprendre la moindre excur- 
sion lointaine, il profita d’une occasion qui lui sembla favorable 
pour satisfaire ce goût, sans être à charge à sa famille. À cet 
effet , il se présenta aux examens d’aspirant de marine, que le 
Gouvernement ouvrit peu de temps après sa sortie du collége. 
Il eut le bonheur de réussir, et la réception de son brevet mit 
. pour un moment le comble à tous ses vœux. 

Déjà son imagination ardente lui faisait entrevoir la possi- 
bilité de visiter des contrées lointaines, de vivre pendant un 
certain temps sous d’autres climats et d’autres cieux, d'étudier 
des mœurs différentes, d'affronter les périls qui accompagnent 
d'ordinaire les voyages maritimes, en un mot, d'échanger sa 
vie régulière, qui lui semblait monotone, contre une vie instruc- 
tive et pleine d'incidents variés et de vives émotions (1). 


(1) Si Louyet avait été imbu de préjugés, la date de son brevet, 
qui fut signé le 487 avril 1835 , aurait pu lui faire présager les dé- 
ceptions qui devaient l’assaillir à son arrivée à bord du bâtiment qui 
lui avait été assigné. 


(124) 


Mais loin de quitter son pays et de parcourir les mers, il 
resta pendant plusieurs mois à l’ancre dans l’Escaut, cloué pour 
ainsi dire à la même place, emprisonné dans un espace étroit, 
et ayant constammeut devant lui le même horizon; les occu- 
pations du lendemain étaient identiques à celles de la veille; et 
au lieu de ces émotions qu’il s'était promises, ses fonctions ne 
lui valurent qu’une fièvre ardente.... Le courage l’abandonna, 
et il prit la résolution d'offrir la démission de son emploi. Cette 
démission fut acceptée vers la fin de 1835 (51 novembre). 

De retour à Bruxelles, Louyet eut le projet de compléter ses 
études littéraires, mais son père lui ayant manifesté le désir de 
le voir suivre la carrière dans laquelle lui-même s'était distin- 
gué, il s’'adonna de nouveau aux mathématiques qu’il avait cul- 
tivées déjà avec succès à l’Athénée, et vers la fin de l’année 1836, 
il subit l’examen de conducteur des ponts et chaussées. Au 
mois de juin de l’année suivante, il obtint sa nomination de 
conducteur temporaire, avec mission de se rendre à Wolver- 
them, à 5 lieues de Bruxelles. 

Mais cet emploi que Louyet n’avait recherché et accepté que | 
par déférence pour son père, était pour lui un supplice, et ne 
convenait ni à son caractère, ni à ses goûts. Au milieu de ses 
occupations, il se surprenait herborisant dans les prairies et 
dans les bois des environs, ou étudiant un problème de physi- 
que ou de chimie qui s’offrait à son esprit, Sa loyauté et son 
désir de se consacrer désormais exclusivement à l’étude de ses 
deux sciences de prédilection, ne lui permirent pas de conserver 
pendant longtemps ces nouvelles fonctions, et du consentement 
de son père, il les résigna après quelques mois d'exercice. 

La vocation décidée qu’il témoigna pour les sciences natu- 
relles et particulierement pour la chimie, décida son père à le 
présenter à M, Vandermaelen, directeur et fondateur de léta- 


(12% ) 


blissement géographique, situé dans l’un des faubourgs de la 
capitale. Notre confrère, à qui tant de jeunes naturalistes sont re- 
devables des premiers encouragements qu'ils ont reçus au début 
de leur carrière, accueillit le jeune Louyet avec son affabilité 
ordinaire et lui procura les moyens tant désirés de se perfec- 
tionner dans ses études. Ayant obtenu l’autorisation de monter 
un petit laboratoire de chimie dans l'établissement même, son 
ardeur à développer ses connaissances s’accrut avec les moyens 
d'y satisfaire. 

À force de travail et d’application, l'intelligence de Louyet 
s’étendait de jour en jour, et bientôt il se vit en état de commu- 
niquer aux autres ce qu’il avait appris lui-même. 

A peine âgé de vingt ans, il débuta dans la carrière si diffi- 
cile et souvent si ingrate de l’enseignement, en faisant un cours 
public et gratuit de chimie à une école spéciale et préparatoire 
qui venait de s'ouvrir à Bruxelles. Le succès qu’il y obtint lui 
valut, en 1839, sa nomination de répétiteur de chimie à l’école 
normale, fondée vers cette époque, dans l'établissement de son 
premier Mécène. 

Témoin des efforts et de la haute intelligence de Louyet, 
M. Vandermaelen n’hésita pas à lui confier une mission scienti- 
fique pour le nord de l’Europe. 

Cette circonstance lui permit d’assister au congrès scientifique 
des naturalistes allemands, qui, en 1859, eut lieu dans la ville 
de Pyrmont, célèbre par ses sources d’eaux minérales, et de se 
mettre en rapport avec plusieurs des notabilités scientifiques de 
notre époque. Bien que jeune encore, ses qualités aimables et 
sa précoce érudition lui valurent un accueil flatteur. 

En quittant Pyrmont, Louyet se dirigea sur Copenhague. 

Pendant son absence, son père, qu’il avait quitté en bonne 
santé, fut emporté en quelques jours. Satisfait de son voyage, 


ir 


( 126) 


el ignorant envore le pénible événement qui venait de jeter la 
consternation dans sa famille, il arriva joyeux, se promettant 
bien de partager avec ses parents la fête dont son retour devait 
être l’occasion; mais au lieu de l’accueil sur lequel il comptait, 
il ne trouva dans la maison paternelle que silence, tristesse et 
désespoir! 

* A la vue des vêtements de deuil de sa mère et de ses sœurs, 
aux sanglots déchirants qu’elles firent entendre quand il parut 
en leur présence, Louyet ne comprit que trop bien le malheur 
irréparable qui l'avait frappé. Son pére était non-seulement pour 
lui un guide assuré, mais encore pour sa famille un soutien in- 
dispensable. 

Mais ce cruel événement sembla retremper son courage, et, 
après les premiers moments consacrés à la douleur, se repliant 
sur lui-même, il chercha à suppléer par son travail aux besoins 
d’une famille habituée à vivre dans une honnête aisance et que 
la mort de son chef menaçait de plonger dans la misère. 

Dans cette situation déplorable, une chaire de chimie, vacante 
à l’école centrale du commerce et de l’industrie, lui fut offerte. 
Malgré le faible traitement qui s’y trouvait attaché (il n’était 
que de 800 francs), Louyet accepta ces nouvelles fonctions. Pen- 
dant environ deux ans, il s’en acquitta avec la plus louable exac- 
titude et à la plus grande satisfaction de ses élèves, et ne les 
abandonna qu’à la suite d’un refus qu’il éprouva de la part de 
l'administration, d'augmenter son traitement, qui n’était pas en 
rapport avec l’importance du cours dont il était chargé. 

Mais pendant que, par des travaux incessants et par mille sa- 
crifices personnels, Louyet parvient à soutenir sa famille, dans 
un âge, où souvent les passions l’emportent sur le devoir, la 
Providence le soumet à une nouvelle épreuve. Sa mère, cette 
mère qu'il adorait, lui est ravie, quelque temps apres la mort 


(127) 


de son père! Trop faible pour supporter le coup qui l’a frappée 
si inopinément, elle succombe à sa douleur! 

Il fallut veiller à l'éducation et suffire à l'entretien des orphe- 
lins, dont le sort venait de le rendre fatalement le chef et lu- 
nique soutien. Néanmoins, Louyet pourvut à tout, et pour me 
servie des termes de l’un de ses meilleurs et de ses plus anciens 
camarades de collége, que lui importent un travail excessif 
et le sacrifice de sa jeunesse, si sa famille est sauvée (1). 

En 1845, le Gouvernement, dont les efforts constants tendent 
à développer l’industrie nationale, se décida à compléter le 
personnel du Musée de l’industrie, par l’adjonction d’un chi- 
miste. Cette décision était d'autant plus indispensable, que la 
chimie est de toutes les sciences celle dont les applications sont 
le plus nombreuses, et à laquelle l’industrie est redevable des 
perfectionnements les plus importants. 

Louyet que ses écrits avaient depuis longtemps désigné à la 
bienveillance du ministére, fut chargé de ces importantes fonc- 
tions. Dès lors, son avenir lui parut assuré; satisfait de son mo- 
deste sort, il se voua avec une nouvelle ardeur à ses travaux, 
et l’on verra bientôt s’il faillit à sa mission. 

Les détails dans lesquels je suis entré, pourront paraître mi- 
nutieux, mais comment faire ressortir le dévouement fraternel, 
l’'abnégation de lui-même et toutes les autres belles qualités qui 
furent le partage de notre infortuné confrère, si ce n’est par le 
tableau des vicissitudes auxquelles il fut exposé, des luttes in- 
cessantes qu’il eut à soutenir contre l’adversité et du courage 
qu’il eut à déployer pour en sortir victorieux ? 

D'ailleurs comment pourrais-je mieux prouver que lui aussi, 


(1) Voyez le discours prononcé par M. Moreau sur la tombe de 
Louyet. 


(138 ) 


à égal de ses plus illustres devanciers, fut le fils de ses œu- 
vres, et que la persévérance et les talents nécessaires pour ar- 
river au but qu’il s'était proposé, ne lui auraient pas fait défaut, 
s’il lui eût été donné de parcourir une plus longue carrière ? 

Peut-être un motif secret et respectable l’animait-il au tra- 
vail, et le soutenait au milieu des difficultés mêmes qu'il eut à 
surmonter. La passion qu’il nourrissait dans son cœur pour la 
femme dont la main fut la récompense de ses succès, n’a peut- 
être pas peu contribué à entretenir ce feu sacré de la science 
dont il était rempli. 

Quoi qu’il en soit, il est certain qu'on a peine à comprendre 
comment il a pu suffire à la fois aux occupations qui avaient 
directement pour but d’assurer son existence et celle de sa fa- 
mille, aux travaux qu’il a publiés et aux nombreuses commu- 
nications qu’il a faites à notre Académie et à divers autres 
corps savants, ainsi qu'à plusieurs journaux et autres recueils 
périodiques. 

La première publication de Louyet porte la date de 1838. A 
cette époque, l'opinion publique se préoccupait vivement du 
magnétisme animal. Il paraîtra tout naturel qu’un . jeune 
homme de vingt ans, à imagination vive et à idées généreuses, 
ait pu se laisser séduire par des faits vrais en apparence, dont 
on le rendait témoin et complice involontaire, et dont sa droi- 
ture ne lui permettait pas de suspecter la sincérité. 

Heureusement pour lui et pour la science, son esprit prit 
bientôt une direction plus ferme, plus pratique et par consé- 
quent plus utile. Les débats d’un procès tristement célèbre, et 
dont le drame qui y donna lieu, se déroula devant l’une des 
cours d’assises de la France, furent pour notre compatriote 
l’occasion de plusieurs travaux ayant pour objet de perfection 
ner les méthodes qui servent à reconnaître, au milicu de cer- 


( 129 ) 


taines substances, la présence de petites quantités de matières 
arsenicales, et de distinguer d’une manière certaine, ces pro- 
duits dangereux de ceux avec lesquels on pourrait les con- 
fondre. | 

Ces recherches, qui n'étaient pas sans mérite, furent bientôt 
suivies de deux travaux bien plus considérables, que son opi- 
niâtreté au travail et son infatigable persévérance permirent 
pour ainsi dire à Louyet de conduire de front. L'un, provoqué 
par une question proposée par notre Académie, était du plus 
haut intérêt pour notre agriculture et pour la salubrité pu- 
blique; l’autre était destiné à servir de guide à ses élèves et à 
ceux que leur goût entraîne vers l'étude de la chimie, Le pre- 
mier de ces travaux avait pour objet de déterminer par des 
expériences , si les poisons métalliques enfouis dans un ter- 
rain cultivé, pénètrent également dans toutes les parties des 
végétaux qui y croissent. 

Bien que Louyet se füt livré à un assez grand nombre d’expé- 
riences, et que de leur ensemble il fût permis de conclure que 
l'habitude contractée par certains cultivateurs de chauler avec 
de l’arsenic et autres poisons métalliques les graines destinées 
aux semailles et de répandre ces substances vénéneuses dans Le 
sol, afin de se défaire des animaux nuisibles, ne saurait inspirer 
de crainte sérieuse pour la santé publique (1), l'Académie, ju- 
geant sur le rapport de ses commissaires, ne put lui décerner 
que la médaille en argent. Cependant cette récompense de se- 
cond ordre n'ôte rien au mérite du travail de Louyet. Ainsi que 


(1) Les expériences de Louyet tendent en effet à prouver que dès 
que les végétaux, et principalement les céréales , absorbent de l’ar- 
senic blanc ou tout autre composé arsenical, ces végétaux ne tar- 
dent pas à se flétrir et à succomber à l’action du poison. 


(130) 


l’a justement proclamé notre illustre secrétaire perpétuel sur la 
tombe même de notre jeune et infortuné confrère, ce mémoire 
est une œuyre consciencieuse et pleine de faits définitivement 
acquis à la science. Il est hors de doute que l’Académie se fût 
empressée de lui voter la plus haute distinction, si le temps ne 
lui eût fait défaut, pour ajouter aux faits si bien constatés quel- 
ques faits nouveaux qui, en faisant disparaitre les lacunes qu’il 
s’efforça de combler par la suite, lui eussent permis de généra- 
liser ses conclusions et de présenter un travail plus complet. 

Si le mémoire dont je viens de parler n’eut pas tout le succès 
que Louyet en avait espéré, par compensation, son Cours élé- 
mentaire de chimie générale inorganique, qui parut en 1841- 
1842, fut accueilli avec faveur. 

La publication de ce livre, qui, sous un petit volume, est gros 
d’érudition et renferme tous les principes de la science chimi- 
que, fut un témoignage éclatant de l’infatigable activité de son 
auteur. Aussi, le Roi, digne appréciateur du mérite modeste, le 
récompensa-t-il de son travail, en lui décernant la médaille en 
or de grand module à son efigie. | 

Louyet fut d'autant plus sensible à cette distinction hono- 
rable, qu’il ne l'avait point recherchée. Elle fut pour lui un 
motif de reprendre avec plus d’ardeur les recherches qu’il avait 
commencées en 1839 sur la nature du fluor et de ses com- 
posés. ( 

On sait que ce corps est le seul de tous les éléments admis 
par les chimistes qui, jusqu’à présent, n’a pu être obtenu à l’é- 
tat de pureté parfaite, quoique à plusieurs reprises on ait an- 
noncé sa découverte et décrit le procédé par lequel on devait 
se le procurer dans cet état. Davy, dont le génie inventeur dota 
l'humanité de cette lampe merveilleuse, à l’aide de laquelle nos 
houilleurs exploitent sans danger le combustible minéral, qu'un 


(151) 


littérateur anglais a si justement désigné sous le nom de déu- 
mant noir, et qui forme l’une des principales sources de la 
prospérité de notre pays, Davy, dis-je, fut le premier qui es- 
saya d'isoler le fluor. 

Cet illustre chimiste, dans les divers essais qu’il entreprit 
dans ce but, découvrit que le chlore possède la propriété de dé- 
composer plusieurs fluorures métalliques; mais à cause des af- 
finités puissantes que le fluor semble exercer même à froid sur 
la plupart des autres corps, il ne put réussir à le dégager de ses 
combinaisons. 

Désespérant de l’obtenir en se servant des vases métalliques ou 
autres, dont on fait généralement usage en chimie, il manifesta 
à Berzelius l'intention de faire construire des appareils en 
spath-fluor, afin de tenter de nouvelles expériences. 

L'idée de Davy, que la mort était venue surprendre, avant 
qu'il ne püt la mettre à exécution, ne fut réalisée qu’en 1836 
par MM. Th. et G.-J. Knox. Quoique ces chimistes distingués 
eussent la conviction d’avoir atteint le but qu’ils s'étaient pro- 
posé en faisant exécuter les appareils dispendieux qu’ils em- 
ployérent, ils se virent contraints de renoncer à une partie de 
leurs expériences, à cause de l’effet nuisible qu’elles avaient 
exercé sur leur santé. 

Les choses en étaient là, lorsqu’en 1841, l’Académie publia, 
dans son Bulletin, le premier travail de Louyet sur le fluor. 

MM. Knox n’eurent pas plutôt pris connaissance de ces re- 
cherches, qu’ils offrirent à notre compatriote de mettre à sa 
disposition leurs appareils en platine et en spath-fluor, bien 
que ces appareils fussent d’un prix très-élevé et sujets à se dé- 
tériorer facilement, afin de lui fournir l’occasion de répéter 
leurs expériences et de les compléter au besoin. Une pareille 
proposition qui honore à la fois ses auteurs et celui à qui elle 


(132) 


fut faite, flattait trop l’'amour-propre de notre jeune confrère, 
pour qu’il ne l’acceptât pas avec empressement. 

Après cinq années de recherches laborieuses, Louyet en con- 
signa les résultats dans un travail très-étendu, qu’il soumit au 
jugement de l’Institut de France, dans l’une des séances du 
mois de novembre de l’année 1846 (1). 

Quelle que fût la faveur avec laquelle son mémoire fut ac- 
cueilli, et la satisfaction que dut lui causer l'approbation que 
n’hésiterent pas à lui donner les hommes les plus compétents 
de la science, il n’acheta que trop chèrement ses succès. Pour 
le prouver, il me suffira de reproduire ici, la fin de ce travail 
remarquable. 

« En terminant, je ferai observer, dit-il, qu’il est nécessaire 
de prendre les plus grandes précautions pour se préserver de 
l’action des vapeurs fluorhydriques, quand on voudra répéter 
les expériences de MM. Knox et les miennes. Ces vapeurs agis- 
sent avec la plus grande énergie sur l’économie animale. Tous 
les chimistes qui se sont occupés de l'acide fluorhydrique ou du 
fluor, l'ont appris à leurs dépens. Gay-Lussac et M. Thénard 
ont fortement insisté sur ses dangereux effets. Outre les dou- 
leurs aiguës sous les ongles, l’inflammation momentanée des 
yeux, la fatigue de la vue, on ressent des douleurs à la poi- 
trine, de Pirritation au larynx et aux bronches, on souffre de 
crachements de matières épaisses et parfois sanguinolentes, et 
il faut beaucoup de temps pour se rétablir. Il est rare que ses 
effets soient instantanés et rapides. Le révérend Thomas Knox 
a failli en mourir. Le mal n’a disparu qu’en faisant usage de 
l'acide hydrocyanique pendant six mois. M. Georges Knox en a 


(1) Ce travail n’a été publié que par extrait dans le tome XXIHIL 
des Comptes-Rendus de l’Académie des sciences. 


(155) 


ressenti les effets pendant trois années consécutives, et a dû 
aller à Naples pour se rétablir. Quant à moi, ma santé en a 
été profondément altérée, et j'ai craché le sang à diverses 
reprises. » 

Après un aveu aussi formel, doit-on s'étonner que Louyet, 
qui était né fort et robuste, ait néanmoins succombé si jeune! 
Ces simples paroles font ressortir mieux que je ne pourrais le 
faire par de longues phrases, combien il a fallu de courage 
pour se livrer pendant plusieurs années consécutives à l’étude 
d’un corps, qui non-seulement se dérobe à nos investigations, 
mais encore semble avoir été fait pour punir l’audace de ceux 
qui tenteraient de le réduire. Aussi conçoit-on que Louyet ait 
dû de temps en temps suspendre ses recherches. Mais comme il 
n’était pas dans sa nature de rester inactif, il se livrait pendant 
ce temps d'arrêt à d’autres travaux non moins utiles. 

C’est ainsi qu’à la séance du 6 novembre 1841, il communi- 
qua à notre Académie une notice sur un procédé de dorure sur 
métaux par la voie humide, à l’aide du galvanisme. Ce procédé, 
qui a beaucoup d’analogie avec celui dont M. Ruolz avait en- 
voyé la description trois mois auparavant à l'Institut de France (1), 
et qui pendant quelque temps eut une si grande vogué, avait 
coûté à mon ami beaucoup de peines et d'argent (2). Bien qu’il 


(1) Le 12 août de la même année. 

(2) Telle était l’ardeur de Louyet pour l'étude de la chimie, que 
malgré le peu de ressources dont il disposait , il ne reculait devant 
aucune dépense, lorsqu'il prévoyait que ses recherches pouvaient le 
conduire à une découverte utile. Non-seulement il établit son labo- 
ratoire dans la plus belle pièce de sa demeure, mais il ne craignit 
pas de grever l'avenir de charges tres-lourdes pour lui, afin de le 
pourvoir de tous les appareils et instruments de précision que ses 
nombreux travaux rendaient indispensables, 


12 


(154) 


eût réellement découvert ce procédé et qu’il l'eût démontré à 
son cours avant l'existence de la note de M. Ruolz, il perdit ses 
droits à la priorité, pour avoir tardé de prendre date, parce 
que ses expériences n’avaient pas encore acquis la précision 
qu’il voulait leur donner, avant de les livrer au public. 

Il se consola difficilement de cette perte; il avait espéré atta- 
cher son nom à un procédé qu'il croyait destiné à soulager une 
partie des maux qui n’atteint que trop souvent la classe ou- 
vrière, en soustrayant les doreurs sur métaux à l’influence dé- 
sastreuse des émanations mercurielles. 

Cet écrit fut suivi de plusieurs autres, qui tous avaient leur 
côté pratique, ce qui forme le caractère spécial de ses œuvres. 

C’est ainsi que, outre un certain nombre de notices de moin- 
dre importance, il publia successivement en 1842, un Vouveau 
procédé pour dissoudre le caout-chouc, de manière à le rendre 
propre à étre appliqué sur les étoffes; en 1845, deux Votes 
sur le zincage voltaïque du fer et autres métaux; en 1844, 
Des recherches sur la potasse à l’alcool et le carbonate de 
potasse; en 1845, un Mémoire sur un appareil à distiller 
l’eau de mer pour la rendre potable, inventé par M. Th. 
Scheidtweiler ; et en 1846, Des analyses d’alliages employés 
dans les arts. : 

Tant de travaux consciencieux, dont les titres seuls démon- 
trent Putilité, méritaient une récompense de la part de l’Aca- 
démie. Elle la lui accorda en le nommant correspondant de la 
classe des sciences, dans sa séance du 15 décembre 1846 (1). 


(1) Louyet appartenait à plusieurs autres sociétés savantes. Je 
citerai principalement la Société philomatique et la Société de phar- 
macie de Paris ; la Société des sciences médicales et naturelles de 
Bruxelles, etc. Il était en outre, eu 1843, membre du conseil de 
salubrité de Bruxelles. 


(135) 


Louyet fut très-reconnaissant de cette distinction, dont il se 
rendit encore plus digne par de nouvelles recherches non moins 
importantes que celles qui précèdent. C’est ainsi qu’au com- 
mencement de l’année 1847, il envoya à l’Institut de France un 
mémoire tendant à prouver que l'acide fluorhydrique parfaite- 
ment anhydre, ne peut être obtenu par le procédé générale- 
ment usité, et qu'il n’est pas liquide à la température ordi- 
naire. 

Un peu plus tard, il publiait dans les Ænnales de chimie et 
de physique de Paris, ses recherches sur l'équivalent du fluor, 
tendant à démontrer par un grand nombre d'expériences, que 
cet équivalent devait être représenté par 237,50, ou par un mul- 
tiple de l’équivalent de l'hydrogène. Or, comme les équivalents 
du chlore, du brome et de l’iode n’offrent point cette particu- 
larité, il crut y trouver la confirmation de l'opinion qui l'avait 
porté depuis longtemps à rejeter l'hypothèse d'Ampère, hypo- 
thèse généralement admise dans la science, et qui consiste à 
considérer le fluor comme l’analogue des trois éléments que je 
viens de citer. Toutes les recherches que j’ai entreprises sur 
ce sujet important, ajoute-t-il, m'inclinent à penser que le 
fluor forme à lui seul une classe à part. Néanmoins, s’il 
fallait le rapprocher de quelques corps simples, je n’hésite- 
rais pas à le placer à côté de l’oxygène , du soufre, etc., 
c’est-à-dire de la série des corps simples dont les équivalents 
sont des multiples en nombres entiers de l’équivalent de l’hy- 
drogène. Par mes prochaines expériences, j’espère arriver 
à confirmer entièrement cette manière de voir. 

L'espoir dont il se flattait, Louyet n’a malheureusement pu le 
réaliser; j'ignore si les expériences qu’il projetait eussent été 
de nature à faire abandonner l'hypothèse d'Ampère , mais je suis 
obligé d’avouer que, quelle que soit l’exactitude de celles sur 


(156 ) 


lesquelles il s'est appuyé, elles sont insuffisantes pour trancher 
définitivement la question. 

Après ce travail, il n’a plus rien publié sur le fluor et ses com- 
posés, quoique, par l'inspection de ses notes, j'aie pu m’assurer 
que, malgré les atteintes profondes portées à sa santé par les 
recherches auxquelles il s'était livré , il les avait reprises au mois 
d’avril de l’année dernière. Elles eurent pour but, d’abord de 
reproduire le fluorure de carbone dont MM. Knox avaient an- 
noncé l'existence, ensuite, d'obtenir l'éther fluorhydrique par 
d’autres procédés que ceux par lesquels on avait vainement 
cherché à le préparer. Ni l’une ni l’autre de ces deux tentatives 
ne lui réussirent. Néanmoins ses résultats, pour ce qui concerne 
la première, ne furent pas sans quelque importance, en ce qu'ils 
servirent à lui prouver, que le composé que MM. Knox avaient 
pris pour du fluorure de carbone, n’est autre que le chlorure 
de ce même corps, découvert depuis longtemps par Julin, et 
imprégné d’une certaine quantité d’acide fluorhydrique. 

Cependant, bien d’autres questions relatives aux composés 
fluoriques restaient à résoudre, et Louyet comptait bien les 
aborder l’une après l'autre, si, comme il en avait l'espoir, il 
parvenait à rétablir sa santé de plus en plus compromise par 
l'action corrosive de ce$ composés. 

En attendant ce moment, qui hélas! ne devait pas venir pour 
lui, d’autres travaux utiles occupaient son activité. Consulté 
plus d’une fois comme expert et appelé à se prononcer sur la 
valeur et la qualité de nombreux échantillons de farines, Louyet 
avait pu se convaincre, dans plusieurs cas, de l'insuffisance des 
méthodes généralement employées pour constater la fraude, 
que souvent des hommes avides ne craignent pas de commettre 
aux dépens de la santé et de la vie même de leurs semblables. 
L'examen analytique des cendres provenant des graines des cé- 


réales et des plantes légumineuses lui ayant démontré l'exis- 
tence de principes souvent très-différents entre eux, suivant la 
nature du végétal, il conçut l’espoir d'arriver à constater la 
falsification, au moins dans un grand nombre de cas, par la 
seule inspection minutieuse des produits de l’incinération des 
farines soupçonnées. Dans ce but, il fit de nombreuses expé- 
riences, dont les résultats sont consignés dans deux mémoires 
insérés aux Pulletins de l’ Académie. 

Ces mémoires, qui peuvent être rangés au nombre des meil- 
leurs écrits de Louyet, forment encore l’un de ses plus beaux 
titres à la reconnaissance nationale. Leur publication a été d’au- 
tant plus opportune qu’elle a été faite au moment où la cupi- 
dité était excitée par la cherté des matières alimentaires. 

Il est probable que ce travail, joint à ceux qu’il avait publiés 
antérieurement sur les poisons métalliques, contribuérent à le 
désigner au choix du parquet de Bruxelles, qui, en 1848, se 
l’'attacha en qualité de chimiste expert. Il méritait cette distine- 
tion, par sa grande droiture et sa rare sagacité, jointes à une 
modestie réelle. Dans les actions humaines que la loi soumet à 
l'appréciation des tribunaux, on observe souvent des complica- 
tions si singulières, que celui qui, par la nature même de ses 
fonctions, doit exercer une grande influence sur la décision des 
juges, ne réunit jamais à un trop haut degré la prudence au 
savoir, pour éviter de porter atteinte à la liberté, à l'honneur 
et à la vie des hommes, par la témérité de ses conclusions. 

Si j'ajoute à tous ces titres, qui lui mériteront à jamais une 
place honorable parmi les chimistes belges, que pendant deux 
ans, Louyet a occupé la chaire de chimie et de physique à l’é- 
cole vétérinaire de l'État, provisoirement vacante par l'absence 
du titulaire, et que par la manière aussi simple que brillante 
dont il faisait son cours, il avait su captiver l'attention et l’es- 

12. 


( 158) 


time de ses élèves, on comprendra facilement le vide que sa 
perte a dû former. 

Qui de nous ne se souvient qu'il y a deux ans, jour pour jour 
et à cette même place, Louyct, au nom de l’Académie, rendait 
à Berzelius les pieux devoirs qu’elle m'a chargé de lui rendre 
à lui-même. On eût dit, qu’en retraçant d’une voix émue les 
vicissitudes éprouvées par l’illustre chimiste suédois, avant d’at- 
teindre à l'apogée de sa gloire, il avait voulu évoquer le sou- 
venir des luttes de sa propre vie. 

Bien que ses amis eussent déjà conçu à cette époque de 
graves inquiétudes sur sa santé, ils étaient bien loin de s’atten- 
dre à ce que cette belle intelligence s’éteindrait de si tôt. 

Quoique maladif depuis un certain temps déjà, Louyet ne 
tint le lit que quelques semaines avant sa mort. L'absence de 
grandes souffrances et le désir de se livrer de nouveau à ses 
études favorites, furent cause sans doute qu'il se fit illusion sur 
son état jusqu’au dernier moment. Il expira le 3 mai 1850, à 
l’âge de 52 ans, entouré des soins empressés de sa famille et 
particulièrement de son épouse (1), dont le dévouement a été 
admirable (2). ji 

(1) Louyet avait épousé, le 28 mai 4847, Mie Élisa Levi, appar- 
tenant à une honorable famille anglaise établie à Bruxelles. Des 
deux enfants issus de ce mariage, l’un a été emporté récemment en 
quelques jours par une fièvre cérébrale. 

(2) Ses funérailles se firent au milieu d’un nombreux cortége de 
collègues , de condisciples, d'élèves et d’amis. Plusieurs discours 
furent prononcés sur sa tombe. M. Quetelet s’était réservé la tâche 
de lui rendre un dernier hommage au nom de l’Académie ; M An- 
sart, chef de section à l’école vétérinaire de l'Etat, fut l'interprète 
des sentiments d’affection et d’estime de ses condisciples pour leur 
professeur, et enfin M. Moreau, l’un des meilleurs et des plus anciens 


(159 


Il est à espérer que le Gouvernement ne laissera pas dans le 
besoin la veuve d’un savant estimable. 


camarades du défunt, lui adressa quelques mots d’adieu, inspirés 
par cette bonne et franche amitié qui les avait unis dès leur en- 
fance. Ces discours ont été reproduits par le Moniteur du 7 mai 1850. 


a 2 Se 


28 
Ye 
de 

x 


LISTE 
DES OUVRAGES PUBLIÉS PAR LOUYET. 


En 1838. Mémoire sur le magnétisme animal dans ses rap- 
ports avec les sciences physiques (Ce travail, 
divisé en trois parties, a été inséré dans le Cour- 
RIER BELGE.) 


DANS LE RÉPERTOIRE BELGE DE PHARMACIE ET DES 
SCIENCES ACCESSOIRES : 


En 1840. 1° Sur les moyens de revivifier l’écriture ordi- 
naire qui a été enlevée du papier, à l’aide d’a- 
gents decolorants ; 

% Sur la production des taches simulant des ta- 
ches arsenicales , dans certains verres chaujjés 
au chalumeau. 


En 48414. 1° Vouvelle méthode pour reconnaître les sulfures 
arsenicaux ; 
2 Mémoire sur l’absorption des poisons par les 
plantes. (Mémoire couronné par l’Académie;) 
3° Sur le madi cultivé. 


En 48492. 1° Sur l’arsenic qui peut se trouver dans ceriai- 
nes espèces de pipes; 


(141) 


do Nouveau procédé pour dissoudre le caout- 
chouc, de manière à le rendre propre à étre 
appliqué sur les étoffes. 


ee 


De 1841 à 4842. Cours élémentaire de chimie générale 
inorganique. Bruxelles, Société encyclographi- 
que, 5 vol. in-8°. 


En 1849. Lettre de M. Louyet à M. E. Montius. (Cette let- 
tre a été insérée à la page 145 de l'ouvrage de 
M. Montius, intitulé : Faits curieux et intéres- 
sants produits par la puissance du magnétisme 
animal , 3° édition.) 


es 


DANS LES BULLETINS DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES , 
DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE : 


En 4840. 1° Sur l’empoisonnement par l’acide cyanhy- 

… drique. Vol. VIE, 1°< partie, pag. 177; 

20 Sur quelques causes d’erreurs qui peuvent pro- 
venir de l’emploi de l’appareil de Marsh, pour 
reconnaître la présence d’un composé arsenical 
quelconque. Ibid., pag. 406. 


En 1841. 1° Sur les taches métalliques formées dans cer- 
tains verres sous l’influence d’une flamme ré- 
ductive. Vol. VIII, 1° partie, pag. 304. 
2 Sur la combinaison du brôme avec l’axote. 
Ibid., pag. 305; 
3° Sur l’isolement du fluor. Ibid., pag. 306; 


(14 ) 


4 Sur le développement d’un végétal au sein 
d’une dissolution d’acide arsénieuæ. Ibid., 2° 
partie, pag. 285; 

5° Notice sur un nouveau procédé de dorage sur 
métaux par voie humide et courant électrique. 
Ibid., pag. 448. 


En 1844. Recherches sur la potasse à l’alcool et le carbo- 
nate de potasse. Vol. XI, 2° partie, pag. 59. 


En 4845. Note sur l’absorption des poisons métalliques par 
les plantes. Vol. XII, 1re partie, pag. 24. 


En 4847. 1° Recherches expérimentales sur le zincage vol- 

taïque du fer. Vol. XIV, 1°° partie, pag. 206; 

2 Falsifications des céréales et recherches sur la 
proportion relative des éléments inorganiques 
de ces graines. Ibid., 2%° partie, p. 322; 

5° Deuxième notice sur la falsification des cé- 
réales. (Suite à la notice précédente.) Ibid., 
pag. 583. 


En 1848. 1° Sur le procédé Bickes pour obtenir des récoltes 
sans engrais, par la préparation préalable des 
semailles. Vol. XV, 1*° partie, pag. 557; 

2% De l’ébullition des liquides et de leur adhérence 
aux vases qui les contiennent, comme causes de 
certains phénomènes. Vol. XV,2"*partie, pag. 27 ; 

5° Procédé d’extraction du nickel et du cobalt, 
suivi dans une fabrique à Birmingham. Ibid, 
2me partie, pag. 294; 

4 Du passage du gaz hydrogène à travers les 
corps solides. Ibid., pag. 296. 


(145) 


En 4849. 1° Vote sur la préparation de l’oxyde de cobalt et 
sur l’aluminate de cobalt pur. Vol. XVI, 1"° par- 
tie, pag. 428; 

2 Expériences comparatives sur la force et la 
constance du courant produit par différentes 
piles voltaïques , connues sous le nom de batte- 
ries à courant constant. Ibid., pag. 613; 

3° Note sur la polarisation des électrodes du vol- 
tamètre. Ibid., 2% partie, pag. 39. 


DANS LE BULLETIN DU MUSÉE DE L'INDUSTRIE DE BRUXELLES : 


En 1845. Notice sur le zincage voltaïique du fer et autres 
métaux. Vol. IV, pag. 120. 


En 1844. 1° Cause de la non-oxydation des rails sur les 
chemins de fer parcourus dans le même sens. 
Vol. VI, pag. 58; 
2° Notice sur le zincage voltaïque du fer. Ibid., 
_ pag. 295. 


En 14845. 1° Notice sur l’état de l'oxydation du fer contenu 
dans le sol, par M. Richard Phillips, junior. 
Traduite par Louyet. Vol. VII, pag. 205; 

20 Mémoire sur un appareil à distiller l’eau de 
mer pour la rendre potable, inventé par M. Th. 
Scheidtweiler, mécanicien à Bruxelles. Vol. VIXI, 
pag. 10. 


En 1846. 1° Analyses d’alliages employés dans les arts. 
Vol. IX, pag. 259; 


En 1847. 


En 1848. 


(1%) 


9% Analyse d’une poudre terreuse employée dans 
le nettoyage de l’argenterie. Ibid., p. 255; 

3° Recherches analytiques sur une poudre de 
guerre. Ibid., pag. 256; 

4 Analyse de l’eau ur puits artésien, foré hors 
la porte de Flandre à Bruxelles, dans la pro- 
priété de M. Donner. Vol. X, pag. 57; 

bo Nouvelle cuve à mercure. Ibid., pag. 65. 

6° Falsification des céruses. Ibid., pag. 64. 


1° Sur les récentes explosions de coton-poudre en 
Angleterre. Vol. XII, pag. 85; 

20 Sur la préparation de l’acide phosphorique an- 
hydre. Ibid., pag. 200; 

5° Sur certains phénomènes d’ignition voltaïique 
et de décomposition de l’eau en ses gaz consti- 
tuants par la chaleur, par W.-R. Grove; tra- 
duit de l'anglais par Louyet. Ibid., pag. 202; 

4° Mémoire supplémentaire sur certains phéno- 
mènes d’ignition voltaïique et de décomposition 
de l’eau en ses gaz constituants par la chaleur, 
par W.-R. Grove; traduit par Louyet. Ibid., 
pag. 221. 


1° Application à Péclairage d’un des produits de 
la distillation de la résine commune. Vol. XIIE, 
pag. 84; 

2° Note sur les falsifications des céréales. Vol. XIV, 
pag. 169. 


DANS LES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE 
DES SCIENCES DE PARIS : 


En 1846. Nouvelles recherches sur l’isolement du fluor, la 
composition des fluorures et le poids atomique 
du fluor. Premier mémoire. Extrait. Vol. XXHII, 
pag. 960. 


En 14847. Recherches sur l’équivalent du fluor. Vol. XXIV, 
pag. 454. 


DANS LA REVUE SCIENTIFIQUE ET INDUSTRIELLE DU DOCTEUR 
QUESNE VILLE : 


En 1848. Corrélation des forces physiques, ou résumé d’un 
cours donné à l’institution de Londres en 1845, 
par M. Grove; traduit librement, par Louyet. 


ES 


DANS LES ANNALES DE CHIMIE ET DE PHYSIQUE DE PARIS : 


En 14849. Recherches sur l’équivalent du fluor. 5" série, 
vol. XXV. 


DANS L'ANNUAIRE DE L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES 
ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE, POUR L'ANNÉE 1849 : 


Notice sur la vie et les travaux de J.-T. Berze- 
dius. 


NOTICE 


HENRI - CHRÉTIEN SCHUMACHER , 


ASSOCIÉ DE L'ACADÉMIE , 


Né à Bramstedt, dans le Holstein, le 3 septembre 1780, 
mort à Altona, le 28 décembre 1850 (1). 


Le célèbre astronome auquel cette notice est consacrée, était 
issu d’une famille distinguée, qui lui laissa, à défaut de fortune, 
un nom estimé et d’honorables antécédents. Ses ancêtres avaient 
quitté la Westphalie au seizième siècle, pour venir habiter le 
Holstein (2). Son père, André Schumacher, conseiller de confé- 


(1) Je dois à l’obligeance de M. Petersen, laide et l’ami de 
M. Schumacher, la plupart des renseignements contenus dans cette 
notice, j'en ai ajouté quelques-uns que j'ai puisés dans mes souve- 
nirs et dans la correspondance de l’illustre défunt, avec qui j'avais 
des relations suivies depuis plus de vingt ans. 

(2) Parmi les membres de sa famille, on trouve l'infortuné comte 
de Griffenfeldt, grand chancelier de Norwege, qui, à la suite d’une 
élévation rapide, se vit dépouiller de ses biens et de ses honneurs, 
ct fut condamne à la peine capitale. Christian V commua sa peine 
en celle dela détention dans une forteresse, d’où il ne sortit qu'après 
23 ans. Le comte jouit peu de sa liberté , car il mourut l’année sui- 
vante (1699). 


(147) 


rence, avait fait partie de l'ambassade danoise à S'-Péters- 
bourg; il fut ensuite attaché au cabinet du roi de Danemark 
Christian VII, et envoyé, en dernier lieu, à Bramstedt, en qua- 
lité d'administrateur du bailliage de Segeberg. 

C'est dans cette localité que notre confrère vit le jour. Il 
reçut sa première éducation dans la maison paternelle ; mais 
il avait à peine dix ans, qu'il fut frappé du malheur le plus 
grand que l’on puisse éprouver à cet âge : il perdit son père (1). 
Celui-ci, dès qu’il.s’était senti dans l'impossibilité de continuer 
ses soins à ses deux fils, avait songé à leur avenir et les avait 
recommandés au prince royal, qui fut couronné, plus tard, 
sous le nom de Frédéric VI. Cette tendre sollicitude eut les 
plus heureux résultats; le prince justifia, sous tous les rapports, 
la confiance placée dans ses bons sentiments. 

Le pasteur Dôrfer de Preetz, homme instruit et auteur d’une 
bonne topographie du Schleswig-Holstein, prit soin de l’édu- . 
cation des deux frères; et l’année suivante, il les amena avec 
lui à Altona, où venaient de l'appeler ses nouvelles fonctions. 
Madame Schumacher ne voulut pas se séparer de ses enfants; 
elle les suivit dans la nouvelle résidence de leur précepteur. 

Dès lors se développait, chez le jeune Henri, le goût des 
sciences mathématiques et de l'astronomie; à la connaissance 
de la théorie il voulut joindre celle de la pratique; il essaya de 
construire en bois des pendules et d’autres instruments pour 
tâcher de se rendre compte des mouvements célestes. Nos pre- 
mières inclinations dominent presque toujours le reste de notre 


(4) Le 2 janvier 1790. — Sa mère, Sophie Hedewig Weddy, était la 
fille d’un pasteur de la province d'Oldenbourg : elle avait été mariée 
en premières noces, au conseiller Busching, frère du célèbre géo. 
graphe; elle est morte à Altona, le 30 octobre 1822. 


(148) 


existence; nous en trouvons ici une preuve nouvelle. Ceux qui 
ont eu le bonheur de connaître notre confrère, savent qu'il avait 
une véritable passion pour les instruments et surtout pour les 
chronomètres (1). 

Cependant la faiblesse de sa santé inspirait quelques craintes; 
son médecin dut le forcer à suspendre ses études et à aller ha- 
biter pendant quelque temps la campagne. Il y apprit que sa 
mère avait fait l'acquisition des ouvrages mathématiques de 
Wolf; et dès lors, il n’eut plus de repos que ces livres tant dési- 
rés ne fussent entre ses mains. Ses études mathématiques ne nuisi- 
rent cependant pas à celles des langues pour lesquelles il montra 
toujours l'aptitude la plus grande : Schumacher parlait et écri- 
vait à peu près toutes les langues vivantes de l’Europe, et pos- 
sédait à fond les langues anciennes, circonstance extrêmement 


(1) En 1852, il m'avait proposé, pour notre Observatoire, l'achat 
d'un excellent cercle de Troughton, construit en 1792, ou plutôt 
c'était un cadeau qu’il voulait nous faire pour faciliter la détermi- 
nalion exacte de notre latitude. Les économies qu'imposait notre 
récente révolution, m'empéchèrent d'accepter ses propositions obli- 
geantes; il me répondit : « Je suis fâché que les circonstances ne 
vous permettent pas de profiter de mes offres; mais puisque vous ne 
pouvez pas vous en servir, je regarde le cercle de Troughton avee 
une nouvelle tendresse, comme un père regarderait un fils retrouvé. 
C’est le plus parfait instrument de pareille dimension, qui me soit 
venu entre les mains. » Les instruments n’inspirent ces passions 
qu'aux hommes qui savent s’en servir. C’est aussi pour ces hommes 
que les plus grands mécaniciens réservent toutes leurs tendresses. 
Le plus habile ingénieur de l'Angleterre, le célèbre Troughton, avait 
pour Schumacher une amitié toute particulière. Comme il hésitait 
à nous envoyer les grands instruments que lui avait commandés le 
gouvernement déchu, Schumacher me proposa de lui écrire. « Pour 


(149) 


avantageuse pour le rôle honorable qu'il eut à remplir plus 
tard, en servant d’intermédiaire entre tous les astronomes du 
monde civilisé. 

Il fit ses études en droit aux universités de Kiel et de Güt- 
tingue, mais en restant toujours fidèle aux sciences exactes. En 
1806, il écrivit, à l’occasion de son doctorat, une dissertation 
De servis publicis populi Romani, qu’il dédia à son ami et 
ancien maître, le pasteur Dôrfer. Il passa ensuite quelques an- 
nées en Livonie, remplissant les fonctions de précepteur dans 
une famille distinguée. 

A son retour, il fut assez heureux pour faire la connaissance 
du comte Reventlow, curateur de l’université de Kiel; et, par 
son influence, il put se livrer entiérement à l'étude des sciences 
mathématiques. À cet effet, il alla passer quelques années à 


moi, disait-il, le vieux Troughton fait l’impossible; tout ce que je 
désire, est aussitôt expédié. Il s’obstine même à faire, lui-même, les 
dernières rectifications. Comme il parait que je suis son enfant gâté, 
il sera peut-être bon que je lui écrive pour vos instruments, et vous 
pouvez compter que je le ferai à la première occasion. » 

M. Schumacher a toujours témoigné le plus vif intérêt au sort de 
notre Observatoire. Lorsque le bâtiment fut achevé, et les instru- 
ments en place, ce furent les moyens de les utiliser qui me man- 
quérent. « J'apprends avec étonnement, m'écrivit-il alors assez 
gaiement , qu’on ne vous a accordé encore aucun aide; c’est comme 
si l’on donnait à un directeur d'orchestre, d'excellents instruments 
sans lui donner de quoi payer les musiciens. Ces messieurs croient 
qu'un astronome regarde les étoiles tantôt par un, tantôt par un 
autre instrument et que c’est là ce qu’on appelle faire des observa- 
tions. Ils n’ont aucune idée que chaque instrument exige son cours 
suivi d'observations et qu’un seul astronome ne peut y suffire. » 
20 décembre 1837. 

15, 


(#0) 


Gôttingue, auprès de l’illustre Gauss, qui à la gloire d’être le 
premier géomètre de l'Allemagne, joint celle d’avoir formé à 
peu près tous les mathématiciens allemands qui marchent avec 
le plus de distinction sur ses traces. Il ne lui fut pas difficile 
d'attirer l'attention d’un homme aussi supérieur; et, ce qui vaut 
mieux encore, de mériter son amitié. Schumacher avait pour le 
géomètre de Gôttingue une véritable vénération; il le consultait 
avec déférence sur tous les points épineux que lui présentait 
sa position délicate comme rédacteur du Journal astronomique. 

En 1810, Schumacher fut nommé professeur d'astronomie à 
Copenhague; et, en 1815, il accepta, avec l'assentiment du roi 
de Danemark, les fonctions de directeur de l'Observatoire de 
Manheim, mais sous la condition de venir remplir le même em- 
ploi à Copenhague, en cas de retraite de Bugge, qui se trouvait 
alors à la tête de l'Observatoire de cette dernière ville. En ac- 
ceptant ce déplacement, il avait surtout cédé aux invitations de 
son protecteur et ami le duc d’Augustenbourg. 

Avant son départ pour Manheim, Schumacher s'était marié (1); 
le choix qu’il fit prouve en faveur de son discernement, et le bon- 
heur dont il a joui dans son intérieur, témoigne en même temps 
de la bonté de son cœur et de l'attachement qu'il savait inspirer. 

La mort de l’astronome Bugge, arrivée au mois de mars 
1815, rappelait naturellement Schumacher à Copenhague. 
Notre confrère fit un voyage en Autriche, pour s'entendre à ce 
sujet avec son auguste protecteur, le roi Frédéric VI, qui assis- 
tait alors au congrès de Vienne, et aussi pour voir son frère, 
Ch. Schumacher, qui se trouvait à la suite du souverain. 


(1) AvecMile Chrétienne Madelaine de Schoon, qui lui a survécu , 
et dont il a eu sept enfants ; quatre fils et trois filles, Il a eu le mal- 
heur de perdre l'ainé et le plus jeune de ses fils. 


(151) 


Notre confrère fut nommé professeur ordinaire d'astronomie 
et directeur de l'Observatoire de Copenhague. Dès son arrivée, 
il commença à donner un cours d’astronomie en langue latine ; 
et, l’année suivante, il fit ses préparatifs pour la mesure d'un 
degré de méridien dans le Schleswig-Holstein. Afin de surveiller 
avec plus d’activité la triangulation de ce pays, il obtint, en 
1821, la permission de s'établir à Altona et d’y construire un 
observatoire. Il choisit l'emplacement de cet édifice, dans un 
site charmant, sur la pente de la rive droite de l’Elbe (1). 

En 1819, il avait fait avec son ami Jean George Repsold, le 
plus habile mécanicien de l’Allemagne, un voyage en Angle- 
terre et en France, pour visiter les Observatoires de ces pays 
et faire la connaissance des astronomes. C’est dans le même 
but qu'il visita, en 1826, à Munich, les ateliers de Reichen- 
bach et d’Ertel, d'Utzschneider et de Fraunhofer; en 1834 et 
1855, il se rendit à Berlin pour y voir le nouvel Observatoire 
d’'Encke et assister aux observations de Bessel sur les oscillations 
du pendule; en 1840, il visita son ami Struve dans son magni- 
fique Observatoire de Pulkova; et enfin, en 1843, il fit le 
voyage de Vienne pour prendre part à l'observation de la fameuse 
éclipse de soieil du 8 juillet, dont il a décrit, dans son jour- 
nal, les apparences si extraordinaires. 

Tous les ans, il faisait un voyage à Copenhague et une espèce 
de pèlerinage à Brême auprès du vénérable Olbers, pour qui 
il professait le plus profond respect. J'ai eu le bonheur de faire 
partie d’une dé ces excursions, vers la fin de juillet 1829. 
Nous étions de compagnie avec le célèbre Repsold (2); le double 


(1) Voyez la description de ce bel ob$ervatoire dans la Correspon- 
dance mathématique et physique de Bruxelles, t. VE, p. 128 et suiv. 
(2) On voudra bien me permettre de citer le récit de cette visite, 


(152 ) 


passage de l’Elbe faillit nous devenir fatal. Au prèmier passage, 
notre frêle embarcation avec les voitures qu’elle portait, fut 
subitement accueillie par un coup de vent et fut sur le point 
de chavirer. Au retour, le feu éclatait dans Hambourg, Repsold 
qui était préposé au service des incendies, nous quitta brus- 
quement et se rendit, sur une nacelle, le plus directement pos- 


que j'ai donné dans les notes d’Un voyage scientifique fait en Alle- 
magne pendant l'été de 1829, 1. VE de la Correspondance mathématique. 

« Je me présentai done , sou: les auspices de ces deux hommes 
distingués, chez le grand astronome, à qui l’on doit la découverte 
de Pallas et de Vesta, ainsi qu’une foule d’autres travaux qui ont 
enrichi le domaine de la science. J'aurais peine à exprimer le res- 
pect que j'éprouvai en approchant de ce beau vieillard, dont la 
physionomie, pleine de noblesse, respire en même temps la bonté 
et la plus touchante bienveillance. Mais mon émotion fu! plus vive 
encore quand j’entrai dans le modeste observatoire, où avaient été 
faites tant de belles recherches ; c'était une chambre élevée, de mé- 
diocre grandeur , qui servait en même temps d’observatoire et de 
bibliothèque. Les murs étaient garnis de livres, et le fond présen- 
tait une espèce de vitrine en saillie vers le jardin , d’où l’on décou- 
vrait une grande partie du ciel: Je témoignai le désir de voir l’in- 
strument qui avait servi à la découverte des deux planètes qui ont 
illustré le commencement de ce siècle. Le célèbre vieillard remit 
entre mes mains un chercheur dont l’objectif était cassé. La pendule 
qui avait assisté à ces grandes découvertes était encore là, elle était 
aussi simple que l’autre instrument; elle n’était pas même pourvue 
de compensation. Quoique M. Olbers ait acquis depuis des instru- 
ments plus parfaits, et entre autres plusieurs lunettes de Munich, 
on voyait sans peine qu’il était demeuré attaché aux premiers, 
comme à de vieux amis qui ont partagé de grands travaux, et qu'on 
conserve avec amour. Les recherches de M. Olbers ne nécessitaient 
sans doute point des instruments d'une grande précision, cepen- 
dant, on ne peut s'empêcher d'admirer l'adresse avec laquelle il a 


(155) 


sible vers le lieu du sinistre. On sait que, six mois apres, il 
périt dans une circonstance pareille, victime de son dévoue- 
ment (1). 

Le célebre horloger Kessels, frère de notre statuaire, n’était 
pas devenu moins nécessaire à Schumacher que son ami Rep- 
sold ; tous les moyens furent employés pour le retenir à Altona 
et ils furent couronnés de succès. Kessels obtint du roi de Da- 
nemark une pension, la décoration de l’ordre de Danebrog et 
la construction de chronomètres pour la marine royale. 

Schumacher jouissait d’une grande faveur auprès du roi; et 
lon doit convenir qu’il en usa toujours noblement, soit pour 
obtenir des distinctions en faveur des savants, soit pour faire 
accorder des récompenses à des travaux utiles à la science. 


su tirer parti de ceux qu’il avait en sa possession. On sait, du reste, 
que le propre du génie est de produire de grands résultats avec de 
faibles moyens. 

» Ïl n’est peut-être pas d’astronome qui ait une connaissance 
plus approfondie du ciel que M. Olbers. En lui montrant seule- 
ment la partie du ciel qu'embrasse le champ de son chercheur, 
il n’aurait guère de peine à reconnaitre les étoiles qui s’y trouvent. 

» 11 s'exprime avec autant de candeur que de modestie sur 
les objets de ses recherches. « Pour Pailas, disait-il, je lai vue 
» par hasard; mais j'ai cherché Vesta; aussi sa découverte m’a 
» causé une bien douce satisfaction. » Je ne sais si j’'admirai dans 
M. Olbers ses talents plus que ses vertus; mais il me semble qu'il 
est impossible d'approcher de lui sans éprouver le plus profond res- 
pect , alors même qu’on ignorerait ses belles découvertes. J'ai eu le 
bonheur de me trouver au milieu de sa famille et de ses amis, et le 
même sentiment dominait chez tous et se montrait dans tous les 
regards. C'était un vrai patriarche , objet de l'amour et de la véne- 
ralion de ceux qui l’entouraient, » 

(1) Le 14 janvier 1830. 


(154) 


À la fin de 1859, il perdit son auguste protecteur ; mais le 
roi Christian VIII, s’empressa de lui continuer les faveurs 
dont il jouissait, et même de lui en accorder de nouvelles (1). 
Rien ne fait plus d'honneur à un prince que de savoir recon- 
naître le vrai mérite et d’aller au-devant de lui. Cet art 
caractérise un esprit supérieur; et devient dans un État un élé- 
ment d'ordre et d'émulation. : 


(1) Le 2 janvier 1840 , il m'écrivait : « Vous avez vu dans les 
journaux la nouvelle de la mort de notre excellent roi, qui a tant 
fait pour l'astronomie. Comme je sais que vous prenez un vif intérêt 
à tout ce qui me regarde, je vous mande en même temps que le roi 
actuel, protecteur éclairé des sciences et des arts, comme le défunt, 
m'a honoré d’une lettre très-gracieuse qui finit par ces mots : Seyn 
Sie versichert, dass ich Jhren verdienstvollen Arbeiten die grôsste 
Aufmerksamlkeit widmen, und eine Freude darin finden werde sie zu 
fôrdern , und zu schuetzen. En déclarant qu’il veut avancer et pro- 
téger mes travaux , il me donne sans doute une assurance que je ne 
saurais trop apprécier. » Le 22 juin suivant , il m'annonçait une nou- 
velle faveur. « Le roi n’a fait Conferenzrath, ce qui, chez nous , est 
un titre plus haut que celui de Etatsrath. À vous dire le vrai, le 
titre m'importe peu, étant généralement connu sous celui de pro- 
fesseur, et ayant une prédilection marquée pour un titre sous lequel 
j'ai été assez heureux pour gagner votre amitié et celle de tant 
d'hommes i'lustres dans les sciences; mais ce qui m'importe, c’est 
que le roi par là m'a donné une preuve publique qu’il me regarde 
avec la même bienveillance que son prédécesseur. Je suis donc très- 
content d’être Conferenzrath. » Schumacher eut le malheur de 
perdre, quelques années après (le 19 janvier 1848), cet autre pro- 
tecteur , qui lui donna cependant, avant sa mort, encore un témoi- 
gnage de bienveillance. « La dernière grâce dont le roi décédé m’a 
comblé, est ma nomination de grand-croix de l’ordre de Danebrog , 
distinction très-rare pour les savants et que j'ai eu l'honneur de 
partager avec M. Orsted. On m'a dit que nous étions les premiers 


(155) 


Les distinctions et les témoignages d'estime que recevait 
notre confrère, n'étaient point bornés par les limites de son 
pays ; il avait été décoré des ordres de Prusse, de Russie, de 
Suède, de France et de Belgique ; et il appartenait à toutes les 
principales sociétés savantes de l'Europe (1). Sans doute ces 
distinctions , les dernières même, ne prouvent pas toujours en 
faveur de ceux qui les obtiennent ; les exemples au besoin ne 


savants grand-croix; je ne veux pas en répondre. J’ai eu, pendant 
les huit années de son règne, entre 20 et 30 lettres écrites de sa pro- 
pre main ; dans celle qui accompagne le cordon blanc, il dit qu’il 
aimait à montrer qu'il estime le mérite littéraire au moins à l’égal 
de tout autre mérite. » (Le”28 janvier 1848). Il est beau de penser 
ainsi el surtout d'agir en conséquence. 

(4) Sa nomination dans notre Académie datait de 1829; il avait 
été nomme officier de l’ordre Léopold , au mois de juillet 1846. 

II lui vint au sujet de cette décoration les plus honorables seru-- 
pules. L'arrêté royal poftait : « Pour la part qu’il a prise à la publi- 
cation des documents scientifiques envoyés au département de la 
Guerre par le gouvernement de S. M. le roi de Danemark. » « Or, 
je n'ai pas pris part , m écrivait-il, à la publication de documents 
scientifiques quelconques qui ont été envoyés à votre gouvernement. 
L’unique hypothèse que je puis former, c’est que le major Olsen a 
envoyé de ses cartes qui reposent effectivement sur mes triangles, 
mais dont le détail et la publication appartiennent à l'état-major 
danois... J’écrirai pour savoir ce qui s’est passé ; et, si mes soup- 
cons sont justes, soyez persuadé que je ferai tout de ma part pour 
que la méprise soit rectifiée. » Je pris des renseignements de mon 
côté, et je pus lui annoncer qu’on avait vou'u, avant tout, honorer 
en lui le mérite du savant, et qu’il avait été décoré non pas à cause, 
mais à l’occasion de l'envoi fait par le major Olsen, qui, du reste, 
avait été décoré lui-même, par le même arrêté royal. Ces scrupules 
sont rares; et c’eût été, à ma connaissance, la première réclamation 
de ce genre. 


(156) 


manqueraient pas à l'appui de cette assertion, bien qu’il existe 
encore des sociétés savantes qui se respectent assez pour ne pas 
prostituer les honneurs dont elles disposent. 

Ce qui formait le plus beau titre de Schumacher , celui au- 
quel l'homme de mérite doit toujours attacher le plus de prix, 
c'est l’assentiment général de tous les gens de bien, de tous les 
hommes les plus élevés dans la science : c'est celui auquel on 
doit aspirer en définitive, si l’on avait eu le malheur de le mé- 
connaitre. Ce bien précieux il le possédait au plus haut degré : 
je ne pense pas que Schumacher eût un seul ennemi dans le 
monde scientifique ; et certes, s’il en eût existé, ils se fussent 
bien gardés d’oser se produire. Schumacher , au contraire, était 
lié avec tous les astronomes de notre époque; par son caractère 
bon et conciliant, par son savoir étendu, par sa droiture, il 
était en possession de toute leur confiance, et l'on regardait 
comme un grand bien d’avoir mérité son estime. L’ami d’Olbers, 
de Gauss, de Bessel semblait en quelque sorte résumer en lui- 
même toute la considération que l’on portait à ces hommes 
distingués (1). 

Il usa dignement de cette belle position pour se faire le 
centre de toutes les communications astronomiques, et pour se 


(4) La mort de Bessel lui causa une peine infinie, et telle qu'il 
négligea toutes ses affaires, même son journal. « La dernière comète 
découverte par Brorsen, n’est autre que la comète de Biéla. Vous 
vous en serez aperçu d’abord, mais lorsque la lettre de M. Brorsen 
arriva, je venais de recevoir les tristes nouvelles de l'état dangereux 
de M. Bessel, qui ne me permettaient plus d’espérer. Toutes les 
comètes du monde m’étaient dans ce moment indifférentes , et je me 
bornai à communiquer la découverte aux astronomes sans y regarder 
de près. Nous vivions, M. Bessel et moi , depuis 37 ans, dans la plus 
intime liaison. » Altona , le 30 mars 1846. 


(157) 


constituer le lien entre les hommes qui cultivaient avec le plus 
d’activité sa science de prédilection. Ses 4stronomische Nach- 
richten forment une des collections scientifiques les plus pré- 
cieuses qui existent, un des recueils qui ont servi le plus utile- 
ment l'astronomie (1). L'annuaire, qu’il commença en 1856, et 
dont il suspendit la publication en 1845, est un petit recueil 
dont l’existence a malheureusement été trop courte , mais qui 
était également conçu sur un excellent plan. 

La complaisance de Schumacher était extrême; il suffisait de 
lui témoigner un désir, pour qu'il appliquât toute son activité 
et celle de ses amis aux moyens d’y satisfaire. Ceux qui l’ont 
visité , savent qu'il exerçait l'hospitalité de la maniere la plus 
grande et la plus affectueuse. Son commerce était très-agréa- 
ble; avec une instruction fort étendue, il causait d’une ma- 
niere attrayante sur les sujets les plus divers : sciences, lettres, 
arts, les objets même futiles en apparence, rien ne paraissait 
lui être étranger (2). Sa conversation était gaie, spirituelle, 
relevée même par un léger grain de causticité qui jamais ne 
blessait personne, mais qui tendait à mettre en relief le côté 
plaisant des choses. J'ai remarqué cette même tendance chez 
un grand nombre d'hommes distingués; et ces élans d’une 
gaieté douce et inoffensive m'ont toujours donné une idée fa- 


(4) Nous avons appris avec plaisir que, grâce aux soins de 
MM. Hansen et Petersen, ce précieux recueil pourra continuer à pa- 
raitre encore. 

(2) Il avait une prédilection pour les arts du dessin; et lui-même, 
en effet, dessinait fort bien ; pendant le séjour que je fis chez lui, 
en 1829, il me fit la proposition de dessiner mon portrait pour l’offrir 
à ma femme. On conçoit que j'acceptai avec reconnaissance une pro- 
position qui tendait à nous procurer un aussi agréable souvenir de 
notre visite à Altona. 


14 


(158 ) 


vorable de la bonté de leur cœur. I serait impossible, en effet , 
de tirer une vengeance plus innocente de l'ennui que causent 
les ridicules, les sottises et souvent les méchancetés. 

Notre confrere était de petite taille et d’une complexion très- 
délicate; il était souvent exposé à de cruelles migraines qui 
le rendaient incapable de tout travail suivi. Dans l’excursion que 
nous fimes ensemble à Brême, il fallut nous arrêter toute une ma- 
tinée à Harbourg, où nous avions passé la nuit, à cause d’un mal 
de tête qui faillit même lui faire reprendre le chemin d’Altona. 

Tout, chez lui, se faisait avec l’ordre le plus parfait : il avait 
ses instants pour ses études , pour ses plaisirs : sa correspon- 
dance était tenue avec une régularité remarquable ; ses lettres 
écrites avec une netteté qui aurait fait honneur à un professeur 
de calligraphie ; la propreté la plus irréprochable régnait dans 
son observatoire, qui était véritablement un modèle dans son 
genre. La précision qu'il apportait dans ses observations et ses 
calculs, est connue de tous les astronomes (1) : est-il étonnant 
alors, si l’on considère surtout la circonspection qu'il mettait 
dans le choix des personnes appelées à le seconder, qu'il ait eu 
pour aides une série d'hommes distingués? Je citerai M. Gun- 


(1) On se demande comment avec une correspondance aussi éten- 
due, des occupations aussi nombreuses et aussi variées, et une aussi 
faible santé, il trouvait encore le temps de se livrer à des travaux 
particuliers. Au mois de juillet 1846 , il me parlait de l'intention 
qu'il avait de donner une traduction de mes Lettres sur la théorie des 
probabilités. « J'aurais envie, écrivait-il, si je trouve le temps néces- 
saire, de les mettre moi-même à la portée de mes compatriotes. » 
Quoique l'honneur d’être traduit par un savant d’un aussi haut mé- 
rite, füt la plus belle récompense à laquelle un auteur put aspirer, 
c'eût été l'obtenir à un prix trop élevé, que d'exposer sa santé par 
un surcroit de travail. 


( 159 ) 


lagler, actuellement professeur en Islande ; M. Nissen , à Ton 
derw; M. Hansen, directeur de l'Observatoire de Gotha; 
M. Clausen, astronome à l'Observatoire de Dorpat; M. le pro- 
fesseur Peters, à Kônigsberg; M. le docteur Petersen, astro- 
nome à Altona (1). 

Les événements déplorables qui, pendant ces derniers temps, 
ont porté le théâtre de la guerre dans son pays, avaient jeté la 
tristesse et l'inquiétude sur la fin de sa carrière (2). Il reçut 
dans cette circonstance un témoignage bien touchant de l’es- 
time de toutes les principales sociétés savantes de l’Europe. 
Elles adressèrent des requêtes au gouvernement danois, pour 
le prier de soutenir de toute son influence l'Observatoire d’Al- 
tona et son savant directeur, dont la conservation intéressait 
à un si haut point la science. Cette démarche tout à fait inusitée, 
est certainement le témoignage le plus éclatant que l’on puisse 
rendre à un homme. Aussi produisit-elle son effet : le gouver- 
nement danois proposa à M. Schumacher de lui payer son trai- 


(1) On compte parmi ses élèves, MM. le professeur Ursin, à Copen- 
hague; Olufsen, astronome dans la même ville; Selander, astronome à 
Stockholm ; Swanberg , astronome à Upsal; Fuss , à Wilna; Agaardh 
à Lund; Sievers, à Copenhague; A. Neuman, en Hongrie; Th.Brorsen, 
astronome à Senftenberg; le docteur Gould, à Cambridge; et, dans 
les derniers temps , son fils Richard Schumacher , MM. A. Sontag, 
A. Quirling et le docteur Olde. 

(2) Voici comment il exprimait ses appréhensions à ce sujet : 
« Vous connaissez l’état déplorable de mon pays, déchiré par les 
factions et par la guerre civile. Il est impossible de dire jusqu'à 
présent si les établissements scientifiques seront engloutis dans ce 
gouffre, ou si on leur permettra de subsister. En attendant, je con- 
tinue mes paisibles travaux , quoique la tranquillité d’âme, si néces- 
saire pour bien travailler, me manque tout à fait, » 28 mars 1848. 


( 160 ) 


tement jusqu’à la paix ; et presqu’en même temps, le gouver- 
nement provisoire du Schleswig-Holstein lui fit des propositions 
semblables (1). Ces deux offres, arrivant simultanément ; pou- 
vaient paraître séduisantes, sans doute, mais elles étaient fort 
embarrassantes en même temps : il était évident , en effet, que 
chacune des parties, en proposant de se charger exclusivement 
des frais de PObservatoire, avait en vue de faire acte de pos- 
session et de réclamer plus tard l'établissement en sa faveur. 
Dès lors, que devenait le sort de l'Observatoire? Y aurait-il 
partage des instruments et déplacement du directeur? C'était 
évidemment anéantir cette utile institution, ce centre si néces- 
saire aux besoins de l'astronomie. 

Notre illustre confrère n’a point pu connaître la solution de 
ce problème, si triste et en même temps si inquiétant pour lui : 
il mourut à Altona le 28 décembre 1850, à 11 heures et demie 
du matin, après plusieurs semaines de maladie. Peu d’hommes 
laisseront des regrets plus universels et mieux sentis; tout ce 
que la science compte d'écrivains éminents, s’est associé au 
deuil de sa famille. 

A. QUETELET. 


(1) « Ma lettre était à peine partie, lorsque des deux côtés, de 
Schleswig (de la part du gouvernement provisoire) et de Copenha- 
gue, on s’offrit de me payer mon traitement et d'entretenir l'Obser- 
vatoire jusqu’à la paix. L'offre du gouvernement provisoire vient de 
lui, sans être sollicité ni directement ni indirectement par moi. » 
Altona, 10 février 1849. 


(161) 


Publications de M. H.-C, SCHUMACHER. 


LA 


Sammlung von Hülfstafeln; 3 livraisons in-8°. Copen- 
hague , 1822. 


Astronomische Hülfstafeln; 10 broch. in-8°. Copenhague, 
1820 à 1829. 


Tables auxiliaires astronomiques pour l’année 1829. Co- 
penhague, 1 vol. in-8°. (Traduction de la dernière livraison des 
Astron. Hülfs.) 


Schreiben an den H. D' W. Olbers enthaltend eine Nach- 
richt über den Apparat, dessen er sich zur Messung der 
Pasis bei Braack im Jahre 1820 bedient hat. 1 cah. in-4°, 
chez Hammerick. Altona, 1821. 


Astronomische Abhandlungen ; 3 liv. in-4°, 1825 à 1895, 
chez Hammerick, à Altona. 


Journal of observations made for ascertaining the time 
of the place, in the observatory, which was erected at Hel- 
goland for that purpose; 1 broch. in-4° 1895. 


De latitudine speculae Havniensis. Viro Exc. Oveno Mal- 
ling solennia quinquagenalia ; 1 broch. in-4°, chez Hamme- 
rick, Altona, 1827. 


Lettre à M. Bréguet sur une pendule astronomique ; 
1 broch. in-8°, chez Hammerick. Altona, 1829. 
14. 


( 162 ) 


Astronomische Nachrichten, 1825 à 1850. 31 vol. in-4°. 
Chez Perthes, à Hambourg. 


Jahrbuch, depuis 1856 jusqu’en 1844. 9 vol. in-12. Chez 
Cotta à Stuttgart. 


= On lui doit aussi la publication de l'ouvrage de Bessel : Po- 
puläre Vorlesungen über Wissenschaftliche Gegenstände. 
Hambourg, 1848. 


NOTICE 


FRANÇOIS-XAVIER -JOSEPH DROZ, 


ASSOCIÉ DE L’ACADÉMIE , 


Né à Besançon, le 31 octobre 1773, mort à Paris, 
le 9 novembre 1850 (1). 


Nos pertes sont bien fréquentes. La tombe est à peine fermée 
sur M. de Villeneuve-Bargemont qu’elle s’ouvre pour M. Droz; 
et la section de morale de notre Académie doit, en quelques 
mois, déplorer deux vacances. 

François-Xavier-Joseph Droz était né à Besançon le 51 oc- 
tobre 1775; il appartenait à une famille parlementaire, qui le 
destina de bonne heure à la carrière administrative. Il allait y 
entrer et se rendre à Paris quand la révolution éclata. M. Droz 
en adoptait les vrais principes avec un sage enthousiasme; et, 
en 1792, il partit pour la défendre dans le bataillon des volon- 
taires du Doubs, où il occupait le rang de capitaine. Appelé 


(1) Quatre discours ont été prononcés aux funérailles de M. Droz 
par MM. Guizot, Barthélemy St-Hilaire, Duvernoy et Mauvais ; nous 
reproduisons ici le discours de M. Barthélemy St-Hilaire , président 
de l’Académie des sciences morales et politiques, en le faisant suivre 
de quelques notes. 


(164 ) 


ientôt dans l'état-major de l’armée du Rhin, en qualité d’ad- 
joint aux adjudants généraux, il y servit trois ans, et il assista 
au siége de Mayence. Mais, quand les dangers de la patrie fu- 
rent conjurés, M. Droz revint aux études paisibles qu’il aimait ; 
et, tout jeune encore, il remplit à l’école centrale du Doubs la 
chaire d’éloquence, qu’il garda jusqu’en 1802. Plus tard, et 
sans cesser de cultiver les lettres, il accepta un emploi auprès 
de M. François de Nantes, directeur des droïts réunis, qui lui 
accordait, comme à plusieurs autres écrivains distingués, son 
intelligente protection, et qui l’honorait d’une amitié plus pré- 
cieuse encore. 

C’est dans ces fonctions, cessées avec l’Empire, que M. Droz 
écrivit ou conçut ses principaux ouvrages. Ils sont assez di- 
vers. Je puis parler de ses titres littéraires même devant cette 
tombe; car vous entretenir de ses travaux, c’est encore vous 
entretenir de ses vertus. Moraliste, historien , économiste, ro- 
mancier même, M. Droz n’a poursuivi, sous ces formes diffé- 
rentes, qu’une seule idée : propager parmi ses semblables les 
nobles sentiments dont son âme était éprise. L’essai sur l’art 
d’être heureux commença, vers 1806, sa réputation, et M. Droz 
s'y trouve déjà tout entier. Des idées saines et élevées, un lan- 
gage simple et empreint d’une sorte d’onction religieuse ,; une sé- 
rénité sincère, une tolérance que rien ne décourage,une douceur 
qui ne se dément point, une composition tout à la fois savante 
et légère, firent le succès de ce livre, et, ce qui touchait bien 
plus le cœur de notre confrère, son utilité. L'auteur révélait à 
ses lecteurs charmés l’art délicat qu’il pratiquait lui-même, et 
les engageait par de faciles conseils à le pratiquer comme lui. 
C'était un doux écho des doctrines que le monde avait jadis 
entendues de la bouche de Socrate, de Platon, de Fénelon, de 
Franklin, et même du ministre de Wakefield, que M. Droz con- 


( 165 


fondait dans son admiration et dans son culte, Les mêmes qua- 
lités, de grâce sans affectation, et de justesse sans austérité, se 
retrouvent dans son ouvrage sur la Philosophie morale, où il 
emprunte avec discrétion aux différents systèmes ce qu’ils ont 
de plus praticable et de plus vrai; dans ses Æpplications de 
la morale à la politique, où il donne aux citoyens et aux gou- 
vernements des leçons trop peu écoutées; et, enfin, dans son 
Essai sur le beau, où la délicatesse du style n’ôte rien à la 
solidité des théories, qu’elle dissimule sans les affaiblir. M. Droz 
a porté ces qualités élégantes jusque dans l’économie politique. 
Il n’a point voulu décider les questions difficiles qui divisent la 
science; mais il s’est prononcé sans hésitation, comme sans 
excès, pour le système de la liberté, qui lui semblait plus con- 
forme aux véritables intérêts et au bonheur de la société. 

Ce sont encore là les principes généreux qui le dirigent dans 
l’ouvrage qu’il a consacré à la révolution, et auquel il travailla 
durant trente années avec la consciencieuse sollicitude d’un 
juge qui doit prononcer une sentence : témoin de cette prodi- 
gieuse époque, il n’a point voulu la retracer tout entière; il en 
a évité les trop douloureux tableaux, ne croyant pas sans doute 
* qu’il püt être utile de les reproduire. Il s’est borné à l’ÆZistoire 
du règne de Louis XVI, pendant les années où l’on pouvait 
prévenir et diriger la révolution française. Le titre seul du 
livre en indique suffisamment la pensée, M. Droz n’accuse per- 
sonne; mais il ne cache point les fautes; il les signale pour que 
des temps plus heureux les évitent. Impartialité, droiture, mo- 
dération, sagesse, amour de la patrie et de l'humanité, toutes 
les grandes qualités de l'historien éclatent dans ce livre accom- 
pli, qui est avant tout l’œuvre d’un homme de bien, et qui a 
eu la rare fortune de mériter l'estime et de réunir les suffrages 
de tous les partis. 


( 166 ) 


Mais des idées plus hautes encore occupaient notre confrère; 
et deux opuscules, Zes pensées sur le christianisme et Les 
aveux d’un philosophe chrétien, sont venus, il y a quelques 
années à peine, nous révéler les intimes et saintes préoccupa- 
tions de son âme : « Lorsqu'on revient à la religion, a-t-il dit 
lui-même, il ne faut ni se cacher, ni se donner en spectacle; » 
maxime bien sage qu'il a su appliquer à sa propre conversion 
avec toute la modestie et toute la fermeté qu’on pouvait attendre 
de lui. Il n'avait jamais cessé d’être religieux; et les principes 
que lui avait inculqués dés l’enfance la piété paternelle, reparu-- 
rent avec force vers la fin de sa carrière. Il avait jadis tenu à 
la société d'Auteuil, sans jamais lui appartenir complétement; 
la philosophie, dont la rigueur effrayait peut-être son gracieux 
talent, ne lui parut plus suffisante sur les dernières années de 
sa vie; et la religion fut pour lui comme le sceau mis aux saints 
efforts d’une existence entière. 

Voilà, Messieurs, ce qu'a été notre vénérable confrère dans 
ses ouyrages et dans ses croyances. Mais ce qu’il y eut encore 
de plus solide en lui, ce furent ses vertus. Grâce à elles, il avait 
trouvé le bonheur sur cette terre autant qu’il est donné à 
l'homme de l’y trouver. Il n’a jamais cultivé que les idées les 
plus nobles et les sentiments les plus purs. Il a inspiré pour son 
caractère le respect profond de tous ceux qui l'ont connu, la 
vénération et la tendresse d’une nombreuse famille. Par ses 
écrits, il a contribué à entretenir dans les âmes le culte du bien 
et du beau : il l’a pratiqué lui-même avec une constance qui ne 
s’est pas un instant lassée, avec une foi énergique et calme qui 
n'a point faibli, même devant les tristes spectacles dont notre 
temps l’a plus d’une fois afiligé. 

M. Droz a cru au perfectionnement des hommes, parce qu'il 
avait toujours su se perfectionner lui-même; et loin de théories 


(167) 


funestes et honteuses qu’il a laissées aux esprits vulgaires et qui 
désespérent de la vertu, il a montré par ses propres exemples 
comment on la fonde et comment on la propage. Si ses ouvra- 
es n’ouvrent point des voies nouvelles à l'esprit humain, ils 
seront comptés du moins parmi les guides les plus sûrs et à la 
fois les plus aimables, Ils seront du petit nombre de ceux qui 
font honneur à notre temps et qui le recommandent à la posté- 
rité. On peut dire avec pleine franchise, devant la tombe de 
M. Droz et en présence de Dieu qui maintenant le juge, que 
nul ne fut de nos jours plus sincèrement homme de bien. 
Que cet éloge mérité nous console, Messieurs, de cette perte 
nouvelle. La vie de M. Droz a été pleine autant qu’elle a été ho- 
norable; et son souvenir vivra parmi nous comme un de ces fé- 
conds exemples qui nous présentent la trop rare union de la sa- 
gesse et du patriotisme, du talent et de la vertu.  B. S'-H. 


Nos tamen haec quocumque modo tibi nostra vicissim 
Dicemus..….. Amavit nos quoque..…. (Vincise.) 


La notice que l’on vient de lire rend un hommage bien mé- 
rité aux talents et aux vertus de l’illustre confrère que la mort 
nous a enlevé. Si je me hasarde à y joindre quelques mots, c’est 
pour rappeler les liens d'affection qui rattachaient M. Droz à 
notre Belgique. Vers la fin de sa vie, en effet, il cherchait à se 
délasser de ses travaux littéraires par des voyages, et souvent 
ses excursions le ramenaient parmi nous : Bruxelles avait fini 
par balancer Genève dans ses affections, et cependant il comp- 
tait dans cette dernière ville d'anciens et de nombreux amis. 

Lui-même il nous a expliqué les causes de cette sympathie, 
en même temps qu’il nous exprimait ses remerciments au sujet 


(168 ) 


de sa nomination d’associé de la classe des lettres. L'opinion de 
cet écrivain distingué sur notre pays, est d’un trop grand 
poids, pour que je ne me fasse pas un plaisir de la citer ici. 
« Vous connaissez mieux que personne la haute opinion que 
j'ai des destinées de votre pays. Lorsque je le visitai pour la 
première fois, il y a une dizaine d’années, je fus frappé d'y voir 
l'industrie agricole et l’industrie manufacturière lutter de pros- 
périté avec un égal succés; je trouvai le goût des beaux-arts 
généralement répandu. J'admirai dans plusieurs villes des éta- 
blissements utiles, que je crus fondés par l’autorité publique, 
et je les admirai plus encore en apprenant qu’on les doit au 
zèle éclairé de particuliers occupés du bien général. Je n'ai 
trouvé nulle part les bons esprits mieux convaincus de cette vé- 
rité que, dans notre siècle éminemment industrieux, il est in- 
dispensable de donner aux facultés humaines un grand dévelop- 
pement intellectuel et moral : en effet, les hommes deviendraient 
bien pauvres, s’ils ne voulaient être que riches. Grâce à la faci- 
lité des communications, j'espère que désormais, Français et 
Belges causeront souvent ensemble sur de tels sujets (1). » 

M. Droz était d’un caractère doux et aimant; il avait besoin 
de l'affection des autres hommes; et il eût été difficile de ne pas 
lui accorder la sienne, quand on avait le bonheur de le connaï- 


(1) Lettre adressée au Secrétaire perpétuel le 29 janvier 1847. — 
L’attachement que M. Droz portait à la Belgique était certainement 
bien désintéressé ; car il est peu d’auteurs français, dont nos libraires 
aient plus contrefait les ouvrages. Dans une de ses lettres, il signa- 
lait avec raison les préjudices que ces sortes de spéculations font aux 
lettres. « Vos libraires se sont bien hâtés de contrefaire mon dernier 
ouvrage, m'écrivait-il. Cela retardera sans doute beaucoup le mo- 
ment où je pourrai faire une seconde édition. Voilà le très-grand in- 
convénient des contrefaçons; elles mettent obstacle à l'amélioration 


( 169 ) 


tre. 11 était le dernier survivant de cette pléiade de littérateurs 
distingués qui rappelaient, sous l'empire, l'union touchante des 
grands écrivains du siècle de Louis XIV. Les noms de Ducis, 
Andrieux, Picard, Droz, Campenon, Boufflers, Auger, sont au- 
jourd’hui naturellement associés, comme le sont ceux de Boileau, 
Racine, Molière, Lafontaine; ils donnent une nouvelle preuve 
du charme que prête aux lettres une estime réciproque, fondée 
sur le talent et sur le caractère. Qui n’a lu avec attendrisse- 
ment les charmantes compositions qu'ils s’adressaient mutuelle- 
ment, surtout les vers si touchants d’Andrieux à Ducis. 


Cher Ducis, quand tu viens visiter ma retraite, 

Il me semble toujours voir entrer avec toi 

L’incorruptible honneur, la franchise, la foi; 

Sur tes beaux cheveux blancs qu’un vert laurier couronne, 
Des talents, des vertus, le double éclat rayonne; 

Je pense que le ciel daigne envoyer exprès 

La sagesse vivante et sous de nobles traits, 

Pour m'en faire éprouver l'influence prospère, 

Et que tu viens bénir mes enfants et leur père! 


Ces vers, on le sait, font partie de la charmante épitre Cécile et 
Térence, qu’Andrieux avait composée pour célébrer le quatre- 


des ouvrages; et c’est là ce qui devrait les rendre odieuses à qui- 
conque voit dans les résultats de l'imprimerie autre chose que des 
produits matériels. » Il ÿ a plus, la curiosité nous avait portés un 
jour à entrer chez un libraire, et à lui demander un exemplaire d’une 
contrefaçon d’un de ses livres pour le joindre à une collection curieuse 
qu’il formait de toutes les traductions et contrefaçons qui avaient été 
faites de ses ouvrages. En ouvrant le volume, M. Droz éprouva un 
sentiment de surprise et d’indignation ; il reconnut que plusieurs 
passages avaient été complétement altérés. 
15 


(12) 


vingtième anniversaire de Ducis. Les détails de cet anniversaire, 
qui donna lieu à une véritable fête de famille, ont été racontés 
avec une simplicité touchante dans le journal où l’illustre Ducis 
consignait de sa main ses souvenirs de chaque jour. Trente ans 
après, j'ai eu le plaisir de remettre cette page précieuse sous les 
yeux de M. Droz, et de lui causer une émotion bien douce (1). 
Sans avoir atteint un âge très-avancé, M. Droz a survécu à- 
la plupart des personnes qu’il avait le plus aimées. Au mois 
d'avril 1841 , il fit une perte cruelle, qu'il supporta avec une 
sérénité d’âme et une résignation qu'on ne saurait trop admi- 
rer. Cependant, malgré son énergie, la mort de son épouse 
opéra une révolution sensible dans toute son existence morale. 
Si l'Art d’étre heureux, si les Pensées sur le christianisme 


(1 ) M. Ducis, le peintre, connaissait le profond respect que je por- 
tais à la mémoire de son oncle; il me fit l'amitié de détacher cette 
page du journal de l'illustre poëte et de me l’offrir en y joignant les 
manuscrits d'Othello et d’Abufar. J'ai cru qu’on ne lirait pas sans 
intéfèt les paroles si simples par lesquelles le vénérable octogénaire 
a exprimé les sentiments dont l'avait pénétré l'affectueuse attention 
de ses amis. 

« 1815, août 25. — Lundi; diné dans le pare, chez Barskeville, dans 
le salon où j'avais diné il y a plus d’un an, avec Andrieux et 
Mme Hauguet. J'avais à ma droite Droz, après Droz, Auger; après 
Auger était Andrieux, après Andrieux était Picard. 

» Ces quatre bons amis sont venus ensemble me surprendre chez 
moi , lorsque j'étais à mon troisième, dans ma bibliothèque, écrivant 
à Droz. Ils m'ont déclaré que je dinerais avec eux ..…...... Entre la 
poire et le fromage, je parlai de mon épitre à Campenon. On me pria 
d’en faire une lecture. Ayant oublié mes lunettes à la maison, An- 
drieux me prêta les siennes, qui ne me servaient pas bien. Je lisais 
assez mal. Droz me proposa de lire à ma place, ce que j'acceptai très- 
volontiers. 11 lut à merveille, et il me donna du plaisir à entendre 


(171) 


n'étaient là pour nous révéler toute sa sensibilité et sa haute 
raison, il suffirait pour l’apprécier de jeter les yeux sur le pas- 
sage suivant d’une de ses lettres, écrite dans le moment où il 
venait d’être soumis à la plus cruelle épreuve. « Tout ce que 
J'ai de philosophie m’eût sans doute abandonné, dans le cruel 
revers que je subis. Si j'ai conservé quelque courage, je le dois 
à ma femme; je lui dois d’avoir pu remplir un des plus im- 
portants devoirs du père de famille, celui de montrer à ses 
enfants comment on supporte le malheur. Le dernier entre- 
tien de ma femme avec moi et avec ses enfanis, est sans 
cesse présent à ma pensée; il fait ma force et ma consolation : 
elle nous parla de la séparation momentanée qui allait avoir 
lieu ; elle nous fit ses recommandations avec une parfaite pré- 


mes vers dans sa bouche. Après cette lecture, Andrieux parla d’une 
pièce de vers intitulée le Saule de Ducis, pour le jour où Jean Fran- 
cois Ducis a eu 80 ans révolus. Cette pièce de 56 vers, composée, 
écrite de la main de Campenon, et envoyée à Andrieux des eaux de 
Plombières, fut parfaitement lue par Droz. Tout le monde en fut en- 
chanté, et moi surtout à qui elle était adressée. 

» Après cette lecture, Andrieux parla d’une pièce qu'il avait 
composée en réponse à l’épitre que je lui ai adressée il y a quelque 
temps, et où il est fort question de feu son ami Collin d'Harleville. 
Andrieux nous lut cet ouvrage où il amène un récit charmant de 
Térence, ce grand poëte comique latin, lisant en tremblant son An- 
drienne à Lélius, poëte vieux déjà et depuis longtemps très-célèbre, 
qui le soutient, qui lencourage, qui finit par être ravi de la comédie 
de Térence, et qui annonce dans lui honneur de la Thalie latine. 
La modestie de Térence et la noblesse d'âme de Lélius y sont ad- 
mirablement peintes. Tout ce qui me concerne dans cet ouvrage m'a 
pénétré jusqu’au fond de l'âme. Andrieux y a déployé toute son 
amitié pour moi. Il allait me le remettre, lorsqu'ayant remarqué 
quelques retranchements nécessaires, il a cru devoir le garder encore 


(172 ) 


sence d'esprit; elle avait plus que du calme, c'était de la sé- 
rénité. Les sentiments que j'éprouvais, en l’écoutant, étaient 
surtout l'admiration et le respect. Maintenant pour ne point 
céder à la faiblesse, il me suflit de songer qu’elle me rendrait 
indigne de ma femme. L'exemple que j'ai reçu dirige ha- 
bituellement ma pensée vers la reconnaissance que je dois 
encore à l’auteur des choses pour les faveurs qu’il a si long- 
temps répandues sur moi; il m’a donné 47 ans de l'union la 
plus heureuse; bien peu d'hommes ont un pareil lot dans la vie. 
Je remercie Dieu de n’avoir interrompu le cours des faveurs 
dont il me comblait qu’à une époque où la vieillesse n’assure 
que mon exil ne peut être fort long. Je remercie Dieu, puis- 


quelque. temps pour me le donner ensuite fixé et dans son dernier 
état. Ces deux pièces sont destinées à être imprimées dans l’édition 
de mes œuvres, qui doit paraitre au commencement de septembre, 
temps où Campenon reviendra des eaux de Plombières à Paris. 

» Ce diner, si charmant, si honorable pour moi, était une petite fête 
de l'amitié, concertée entre les amis de Paris et les amis de Plom- 
bières; car M. de Boufflers, mon ancien confrère à l’Académie fran - 
çaise, et avee qui j'ai toujours été tres-bien, était alors aux eaux de 
Plombières auprès de Campenon à qui il lut mon épitre, et qui me 
fit passer, de la part de M. de Boufflers, des assurances d’estime et 
d'amitié. Ils burent à notre santé à Plombières, et nous à la leur à 
Versailles. 

» Ce diner, où je vis tant d'amis et tant d’amitié autour de moi, 
est un des bonheurs les plus doux que j'aie éprouvés dans ma vie. 
C'est mon premier diner de ma quatre-vingt-unième année dans la- 
quelle je suis entré ce jour-là sous de si heureux auspices. 

» Mes amis m'ont reconduit chez moi. Nous nous sommes {ous em- 
brassés, à ma porte, du meilleur cœur du monde, et ils ont éte re- 
joindre leur voiture. » 


(: 145) 


qu'il a voulu rappeler ma femme, de lui avoir donné une fin si 
paisible et si douce. Je ne puis être ingrat, et le plus léger 
murmure serait de ma part un acte d’ingratitude.... Malgré 
l'exemple que j'ai reçu et les soins qui m’entourent, ne me 
croyez pas plus fort que je ne le suis réellement. Je ne suis 
point abattu; je ne souffre point; mais, par intervalle, j'éprouve 
de l’apathie; il m'est impossible de donner mon attention à tout 
ce qui sort d’un certain cercle d'idées, et, par conséquent, de 
me livrer à aucun travail : la lecture me fatigue et m'ennuie; 
peut-être un voyage me fera-t-il retrouver des facultés qui sem- 
blent me fuir. J'ai un désir extrême de voyager (1). » 

Ce fut encore dans notre pays qu’il chercha quelque diversion 
à ses chagrins; il y vint au commencement du mois de juin sui- 
vant ; et, pour donner un but utile à son excursion, il me proposa 
d’aller visiter avec lui la colonie des frères Moraves établie près 
d’Utrecht. « On parle aujourd’hui beaucoup de phalansthères, 
disait-il, et d’autres communautés de cette espèce, mais je ne 


(1) Les traces de cet abattement se retrouvent dans une autre let- 
tre que je reçus de lui vers la fin de la même année. « Vous me de- 
mandez si j'ai quelque travail en vue. Il me reste assez de liberte 
d'esprit pour suivre des idées, et j’en profite d'autant plus pour 
achever un travail historique, qu’il me tarde de l'avoir termine ; 
d’en être délivré. C’est le mot juste; je trouve en vieillissant, que 
l'histoire est encore plus triste qu’utile. Du reste, ne soyez pas en 
peine de moi : ma position est bonne sous des rapports essentiels. 
Quand Dieu voudra me tirer de ce monde, j'éprouverai un senti- 
ment de joie d’aller retrouver ma femme, mon père, trois enfants 
que je n’ai fait qu’entrevoir et pleurer. Cependant je n’appelle par 
aucun vœu ce moment; puisqu'il affligera les enfants qui m’entou- 
rent et qui me témoignent tant d'affection et de sollicitude. Je me 
laisse aller aux vagues sur mon frêle navire. » Paris, 30 octobre 1841. 


15. 


(174) 


vois pas bien pourquoi ceux qui les vantent le plus, s’abstiennent 
de citer l'exemple de l'association des frères Moraves, qui existe 
cependant avec succès depuis un grand nombre d’années. » 

M. Droz fut profondément édifié de l'air d’aisance et de bon- 
heur de ces paisibles habitations, qui, au milieu des jardins qui 
les entourent, rappellent les poétiques souvenirs des missions 
du nouveau monde. II visita les écoles, se fit rendre compte, 
dans tous leurs détails, des principes qui servent de base à la 
communauté ; et quand vint le soir, il voulut assister aux prières 
qui terminèrent la journée. L'aspect de la modeste église entou- 
rée de vieux arbres, les derniers rayons du soleil qui coloraient 
tes vitraux, les cantiques pieux chantés alternativement par les 
hommes et les femmes, le recueillement religieux qui se pei- 
gnait sur les visages, tout ce qu’il voyait et entendait parut 
faire sur lui une impression profonde. II lui fut facile de recon- 
naître qu’il s'agissait ici d’autre chose que de combinaisons 
sociales reposant sur des principes abstraits; et il s’expliqua 
mieux le silence de nos réformateurs modernes au sujet des 
frères Moraves. 

Vers la fin de sa vie, M. Droz était revenu avec la plus grande 
ferveur vers les principes de la religion dont il s’accusait de 
s'être trop éloigné. Il publia les Zveux d’un philosophe chré- 
tien, « comme les dernières observations d’un vieillard, qui se 
reporte vers les jours de sa jeunesse pour en expier les fautes. (1)» 
S’il se montrait sévère pour lui-même, ilétait plein de bienveil- 
lance pour les autres : il eût été impossible même de trouver plus 
d'égalité d'humeur et de bonté. 

Jamais homme, jusqu’au bout de sa carrière, ne resta mieux 
d'accord avec lui-même et avec ses écrits : jusqu’à son dernier 


(1) Dans l'avant-propos, p. {. 


(175) 


instant il montra la même tranquillité d'âme, la même séré- 
nité et il mourut véritablement en patriarche au milieu de trois 
générations d'enfants qui l’entouraient des soins les plus affec- 
tueux. Son passage dans un autre monde fut tel qu’il l'avait 
désiré, tel qu'avait été celui de l'épouse chérie qu'il aspirait 
depuis longtemps à aller rejoindre (1). 


A. QUETELET. 


(1) Voici quelques détails sur ses derniers instants; je les dois à 
l'amitié de M. Michelot son gendre. « Il était allé à l Académie fran- 
çaise, le mardi 5 novembre. Il avait pris froid en revenant , quoi- 
qu’il fût en voiture. Son catarrhe chronique l’a repris avec une 
grande intensité, lui a ôté son appétit et l’a jeté dans un grand état 
de faiblesse. Cependant il s’est encore levé le mercredi , jeudi et 
vendredi; le samedi , il a quitté un instant son lit, mais il a été 
oblige de s’y remettre pour ne plus le quitter. 

» Le médecin m'ayant dit qu’il avait les plus vives inquiétudes , 
j'avais écrit au confesseur ordinaire de M. Droz, et il était venu lui 
donner l’extrême onction à 4 heures ; notre bon père l’a reçue sans 
parler, mais avec toute sa connaissance et toute sa piété. Ensuite 
il s’est affaibli graduellement , en même temps que’ son pouls et sa 

respiration; et c’est seulement par la cessation de tout bruit et de 
toui mouvement que nous nous sommes aperçus de sa fin. » 

M. Droz n’a laissé qu’une fille mariée à M. Michelot, auteur de 
plusieurs ouvrages estimés et ingénieur dis ingué, comme l’est éga- 
lement son fils, M. Paul Michelot. 


PAROLES PRONONCÉES 


AUX 


FUNÉRAILLES DE Cn.-E.-J. THIRY, 


MEMBRE DE L’ACADÉMIE, 


Ne à Mons, le 8 janvier 1785, mort à Bruxelles, 
le 24 janvier 1851. 


Si je prends la parole sur le bord de cette fosse, c’est moins 
à titre de Secrétaire perpétuel de l'Académie royale de Bel 
gique, que comme l’un des plus anciens confrères du défunt 
dans ce corps scientifique, ainsi qu’à l’Athénée royal de 
Bruxelles : cette double confraternité date, en effet, depuis 
plus de 31 ans. 

Charles Thiry était né à Mons; il avait suivi de bonne heure la 
carrière de l’enseignement ; en 1805, un décret des consuls l'avait 
nommé professeur de mathématiques au Lycée de Bruxelles, où 
il avait été appelé des l’organisation de cet établissement (1804), 
en qualité de maître d’études. Quand l’Académie royale fut 
réorganisée en 1816, il fut désigné par le Gouvernement pour 
faire partie des membres de la section des sciences. 

La confiance qu'il avait inspirée par ses connaissances et sa 
droiture, lui valut, en 1815, le titre de commissaire, et, plus 


(177) 


tard, d’inspecteur général du cadastre. Ce sont ces fonctions 
qui le portèrent à publier, en 1835, le Règlement pour la 
conservation du cadastre en Belgique, le seul ouvrage que 
nous ayons de lui. 

Par suite de la révolution de 1850 et de l’achèvement des 
travaux auxquels il avait été préposé, il fut appelé à d’autres 
fonctions et nommé président du conseil des monnaies. 

Une probité sévère, un commerce sûr, une régularité con- 
sciencieuse à remplir les fonctions administratives si délicates 
qui lui ont été confiées successivement, doivent lui assurer 
l'estime des gens de bien. L'Académie ne peut que regretter 
de n’avoir pas à conserver dans ses recueils des traces de son 
passage. 

En lui exprimant ici un dernier adieu, je me rends, j'en suis 
persuadé, l'organe de ses confrères à l’Académie, comme aussi 
de ceux qui furent ses collègues à l’Athénée royal de Bruxelles. 


A, QUETELET. 


( 178 } 


— M. Lesbroussart avait bien voulu se charger d'écrire la notice 
de M. le baron de Reiïffenberg; des motifs de santé Font empéehé 
de tenir sa promesse. Cette notice paraitra dans l’ Annuaire de 1852. 


— Depuis l'impression de Ha Hste nécrologique, sont décédes en- 
core : le 9 mars 1851, M. J.-Ch. Oersted, associé" de la classe des 
seiences, et, le 416 du même mois, M. Félix Bogaerts, correspondant 
de la classe des beaux-arts. 


CAISSE CENTRALE DES "ARTISTES BBLGES, 


ee 
= 


, 


Exposé général de l’administration de la Caisse centrale 
des artistes, pendant l’année 1850. 


—— 


La Caisse centrale des artistes belges ne compte que deux 
années d'existence ; cependant il est facile de juger, dès à pré- 
sent, des services que cetteutileinstitutionest appeléeàren- 
dre. On peut même dire que ses succès ont dépassé toutes les 
espérances. Pour s’en convaincre, il suffit de jeter les yeux 
sur Ja liste des membres; on y trouvera les noms des artistes 
et des littérateurs les plus distingués dont s’honore le pays, 

Cet assentiment général est d'autant plus remarquable 
qu'aux termes du règlement organique, les cotisations des 
membres forment véritablement une œuvre philanthropi- 
que en faveur d'hommes de mérite qui pourraient être 
atteints par le malheur , ou en faveur de leurs veuves et 
de leurs orphelins. : 

La participation à la Casse centrale ne constitue donc pas 
un droit nécessaire à l’obtention de secours; l'institution 
a un but plus élevé : elle tend à soulager de véritables souf- 
frances, et à le faire d’une manière efficace. Le comité a cru 
devoir mettre, surtout dans les commencements, la réserve 
la plus grande dans les admissions ; en sorte que le titre de 
membre pût être considéré comme une distinction (1). 


(1) C'est en ces termes que s’exprimait aussi le rapport présenté à 
la classe des beaux-arts, dans sa séance générale du mois de septembre 
dernier : 

« Pour en devenir membre , il ne suffit pas de cultiver les arts. ül 


(180 ) 


D'une autre part, on a cru devoir fixer, à partir du 1er jan- 
vier de cette année, un droit d'entrée, très-modique à la 
vérité (10 fr.), qui se trouve suffisamment motivé par l’état 
prospère de l’association et par les sommes déjà recueillies 
par les membres actuels. 

Dès son origine, la Caisse centrale a rencontré la plus 
vive sympathie dans plusieurs sociétés influentes de ce pays, 
et particulièrement dans le Cercle artistique de Bruxelles et 
dans |’ Æssociation des artistes d’ Anvers. | 

Le comité a senti en même temps la nécessité de donner 
à l'institution nouvelle un caractère d'utilité générale, A 
cet effet, il a voulu que les intérêts des membres fussent 
représentés dans les localités les plus importantes de la 
Belgique par des comités spéciaux ; il suffira de citer les 
noms des hommes honorables qui les composent, pour 
prouver qu’ils offrent toutes les garanties désirables. Ces 
comités spéciaux sont formés ainsi qu’il suit : 

Pour Anvers : de MM. F. de Braekeleer, président; de 
Keyzer, trésorier; Corr, secrétaire ; Buschmann, J. Geefs, 
Leys, le baron Wappers, Félix Bogaerts et Dyckmans; 


faut mériter cette faveur par un caractère honorable. L'association 
doit présenter , avant tout , des garanties de moralité. 

» En assurant des pensions et des secours aux artistes infirmes , et, 
en cas de décès, des pensions À leurs veuves, des tuteurs à leurs 
orphelins, les fondateurs de la Caisse n’ont pas entendu faire un 
appel à l’imprévoyance ; ils ont voulu parer à ces infortunes impré- 
vues , imméritées , qui frappent parfois l'artiste et l'homme de lettres 
au bout de leur carrière. 

» J1 s’est également abstenu de faire un appel à la générosité des 
amis des arts en faveur de l'association, avant de les avoir mis à 


même d’en apprécier par eux-mêmes l'utilité et l'importance. » 


A 


(181) 


Pour Gand: de MM Roelandt, président; Ed. De Busscher, 
secrétaire; le baron de Saint-Genois, Mengal, d'Huyvetter ; 

Pour Liège : de MM. Baron, président ; Daussoigne, Po- 
lain, Grandgagnage, Capitaine, d'Otreppe de Bouvette, Fétis, 
Vieillevoie , et de MM les présidents du Cercle artistique, 
de la Société d’émulation , de la Société militaire et de la 
Société du Casino. 

Quant aux ressources de Passociation , le comité a conti- 
nué à recevoir , outre les cotisations annuelles des mem- 
bres, le subside de 1,000 fr. que le Roi, protecteur de 
PAcadémie, a bien voulu lui faire parvenir, Sa Majesté a 
prouvé ainsi qu'elle avait entendu accepter dans toute son 
extension le patronage de la Caisse centrale des artistes. 

Le Gouvernement, de son côté, a continué sa bienveillance 
à l’institution naissante ; nous lui devons un nouveau sub- 
side de 1,000 francs , et l’adoption d’une mesure qui était 
vivement désirée et qui contribuera, du moins il est permis 
de l’espérer, à accroître les recettes de l’association (1). 


(1) Voici la circulaire de M. le Ministre de l'intérieur adressée aux 
gouverneurs des provinces : 


« La Caisse centrale des artistes belges, qui a été créée, l’année 
dernière, sous le patronage de la classe des beaux-arts de l’Académie 
royale de Belgique, est une institution digne au plus haut degré d’être 
encouragée et soutenue par le Gouvernement : les avantages qu’elle 
offre aux artistes de tout genre n'auront pas échappé à votre atten- 
tion, lorsque vous aurez lu, dans le Moniteur, l'arrêté royal du 
10 janvier 1849, par lequel le règlement de cette Caisse a été ap- 
prouvé. 

» Le Gouvernement a alloué un subside de 1,000 francs au comité 
administratif de la Caisse pour l’aider à pourvoir aux frais de premier 
établissement ; mais ce subside ne suffit pas pour que l’on puisse cou- 


16 


( 192 ) 


La commission administrative de l’exposition des objets 
d'art qui était ouverte à Gand, dans le cours de l’année der- 
nière, avait été invitée à prélever, au bénéfice de la Caisse 
centrale, un tantième sur les droits d'entrée; cette de- 
mande a été favorablement accueillie, et il v a été fait 
droit; mais nous ne connaissons pas encore d’une manière 
précise la part qui revient à l’association, Nous devons des 
remerciments à la commission de Gand, pour avoir accepté 
une honorable initiative que nous avions présentée l’année 
précédente, mais sans succès, à la commission administra- 
tive d'Anvers. Quoi de plus juste cependant que le prélève- 
ment en faveur d'artistes malheureux, d’une part, dans les 


vrir ces dépenses, sans toucher au produit des cotisations et des sous - 
criptions personnelles des membres de l'association ,etilest à désirer 
que d’autres ressources viennent s’y joindre, 

» L'un des moyens les plus efficaces pour atteindre ce but, ce se- 
rail de réserver pour la Caisse centrale des artistes une part du pro- 
duit des cartes d'entrée et de la vente du catalogue, lorsqu'il y a 
exposition nationale d'objets d'art. Je me réserve d'introduire une 
disposition dans ce sens dans le règlement de ces expositions. Mais 
cette mesure pourrait être appliquée à toutes les expositions particu- 
lières qui se font dans les différentes villes du royaume, à l'eflet de 
mettre en relief le talent de nos artistes et de faciliter le placement de 
leurs œuvres, ; 

» Comme ce serait en faveur des artistes eux-mêmes que le tantième 
serait prélevé, on pourrait même étendre ce prélèvement au place- 
ment des objets d’art qui s'opère, dans chaque exposition, par l'en- 
tremise de la commission directrice. 

» Jerecommande cette mesure, M. le Gouverneur, à votre attention 
particulière, il ne me semble pas douteux qu’elle n’obtienne l'assen- 
timent des artistes, qui sont tous intéressés à ce qu'elle soit généra- 


lement adoptée. » 


( 183 ) 


recettes que produisent les ouvrages de leurs camarades ? 

Ou se rappelle qu’à Pépoque de la fête du 5 janvier der- 
nier, la commission organisatrice avait, par une pensée 
honorable et généreuse, prélevé cinq pour cent sur les prix 
de tous les tableaux acquis pour sa tombola; cette com- 
mission a versé depuis dans la Caisse centrale, par les soins 
de M. Gauchez, son président, une somme de 4,760 francs, 
Espérons qu’un aussi bel exemple ne sera point stérile, et 
que désormais aux fêtes qui auront pour objet les arts et les 
lettres, s’associeront des actes de bienfaisance en faveur 
des artistes et des gens de lettres frappés par le malheur. 

C’est le même sentiment qui avait porté le Cercle artis- 
tique de Bruxelles, à verser également dans la Caisse cen- 
trale ce qui lui était resté disponible de la fête donnée, il 
y a deux ans, au marché de la Madeleine. 

Nous aurons soins désormais d'enregistrer tous les faits 
analogues ; il est juste qu’ils trouvent aussi leur p'ace dans 
l’histoire de l’art en Belgique; car l’art, dans ses plus belles 
manifestations, se montre toujours généreux et sympathi- 
que pour le malheur. 

Pour augmenter les ressources de la Caisse, le comité a 
conçu le double projet de donner un concert, par les soins 
de M. Fétis, avec le concours de nos principaux artistes 
musiciens, et d'organiser une tombola au moyen des dons 
de nos peintres, sculpteurs, graveurs et gens de lettres, Ce 
dernier projet a reçu un commencement d'exécution, etil 
promet dès à présent les résultats les plus avantageux. Sans 
y avoir été officiellement invités, tous nos principaux ar- 
tistes-ont voulu prendre part à cette œuvre de bienfaisance 
et ont déposé spontanément leurs offrandes, 

M. le Ministre de l’intérieur a saisi cette occasion pour 


( 184) 


donner une preuve nouvelle de sa sympathie en faveur de 
la Caisse centrale; il lui a fait parvenir un riche présent 
de gravures, de lithographies et de livres. 

L'ensemble de tous ces dons a été soumis à l’apprécia- 
tion d’une commission spéciale composée de MM. C. Van den 
Berghe, Étienne Le Roy et Dero-Bekker, et il a été convenu 
qu’en aucun cas, la valeur des billets émis ne dou seins la 
somme fixée par l’expertise. 

La valeur des objets exposés dans les salles de l’Académie 
a été estimée à 21,000 francs. L’exposition a été ouverte au 
commencement du mois de septembre dernier, mais le mal- 
heur imprévu qui a plongé la Belgique dans le deuil, en 
même temps que l’ouverture de deux souscriptions natio- 
nales, ont porté le comité à suspendre temporairement 
l’exposition, qui continue cependant à s’enrichir de nou- 
veaux présents. 

I! me reste maintenant à vous donner un aperçu de l'état 
de la Caisse centrale, d’après les comptes qui viennent d’être 
présentés par M Braemt, son trésorier, comptes qui ont reçu 
Papprobation du comité central. 


Recettes de 1850. 


Subside du Roi, pour 1850 . . . . . . .fr. 1,000 » 
7" du Gouvernemebt 5," 017. à 1,000 » 
APRES EE 
Somme versée par la commission de la fête du 5 jan- 
VIOR ADN D UE eur de ibe es 1e Se 4,760 » 


Produit des cotisations . . . ; 


Intérêts échus au 1er novembre 1850, des rentes ac- 
OR Re mai Ut à Ne 9 Mie 206 20 


À REPORTER. . . .fr. 8,552 30 


(185) 


REPORT, © ‘. ‘fr, 8,552 39 


Bonification sur l’achat des rentes et encaisse . . 185 88 
Premiers produits de la tombola organisée en 1850. 1,500 » 


Hapelles de DIR. us is site me, 10,288. 13 


Racing de uBagiitiitos ar, PIC , ASE 542 4,102 33 
ÉUTALE in svcrirontti NOR 


Dépenses de 1850. 


Frais d'administration de toute nature, . . . . 377 15 


… 


Les dépenses, comme on le voit, ont été peu élevées ; 
encore est-il juste de dire qu’une partie appartient à l’an- 
née 1849. 

L’avoir effectif de l’association s’élevait donc à près de 
14,000 francs. 

À cette somme, il convient d’en ajouter une autre de 
1,000 francs environ, due à la Caisse centrale pour inté- 
rêts échus, pour cotisations non payées, etc.; en sorte 
qu’au 5 février dernier, époque à laquelle les comptes ont 
été arrêtés, l’avoir de l’association s'élevait à la somme de 
fr. 15,100 15 es. - 

Ces résultats, nous le répétons, sont aussi favorables 
qu’on pouvait le désirer, si l’on considère que la Caisse 
centrale ne compte encore que deux années d'existence. 

Bruxelles, le 6 février 1851. 


Le Secrétaire perpétuel de l’Académie, 
QUETELET. 


( 186) 


Règlement pour la Caisse centrale des artistes belges (1). 


Ant. 1er. Il est formé, sous la dénomination de Caisse 
centrale des artistes belges , une association dont le but est 
d’assurer des pensions et des secours aux artistes infirmes 
et à leurs familles. : 

L'association a son siége à Bruxelles, au secrétariat de 
l’Académie royale de Belgique. : 

. Arr. 2. Pour être membre de l’association, il re 1° être 
are par le comité ; 20 signer une adhésion aux présents 
statuts, dans la forme qui sera ultérieurement déterminée ; 
30 payer exactement la cotisation fixée à un franc par mois. 

Tout membre de l’association qui manque à cet engage- 
ment , cesse de faire partie de l’association. 

Le comité, juge des causes qui empêchent un membre 
de payer exactement sa cotisation, décide si le membre 
doit être relevé de sa déchéance. pes 

ART. 3. La caisse est instituée pour les artistes peintres, 
sculpteurs , graveurs, dessinateurs, musiciens , architectes 
et littérateurs, qui seront invités à s'associer conformément 
à l’art. 4 ci-après. | 

Les membres de l’Académie sont admis de droit dans Pas- 
sociation. | 

L'association sito dans son sein, comme membres ho- 
noraires, les amateurs qui oc à contribuer à l’ali- 
mentation de la caisse. 

Arr. 4. Pour la première formation de l’association, le 


(1) Approuvé par arrêlé royal du 10 janvier 1849. 


( 187 }) 


comité adressera aux artistes qui se sont fait honorablement 
connaître par leurs travaux, une invitation personnelle de 
s'associer, accompagnée d’un exemplaire des présents sta- 
tuts, 

Chaque année , des invitations seront adressées de ja 
même manière aux artistes qui auraient été involontaire- 
ment oubliés dans les invitations des années précédentes, 
ou qui se seront fait connaître récemment par la production 
d’un ouvrage important. 

Arr. 5. Les intérêts de la caisse centrale des artistes 
belges sont gérés par un comité composé du bureau de la 
classe des beaux-arts de l’Académie royale de Belgique. 
auquel seront adjoints six membres de la classe, nommés 
par elle. 

La durée du mandat de ces six membres est de cinq ans; 
les membres sortants peuvent être réélus. 

Si l’un des académiciens désignés pour faire partie du 
comité vient à être nommé du bureau de la classe, il lui est 
donné un suppléant, pour la durée de son mandat de mem- 
bre du bureau. 

Le comité peut délibérer au nombre de cinq membres. 

Les résolutions sont prises à la majorité absolue des suf- 
frages ; en cas de partage, la Voix du président est prépon- 
dérante. 

Il est tenu procès-verbal des délibérations; les procès- 
verbaux font mention des membres qui ont assisté à la 
séance. 

Le comité se réunit au moins une fois par mois, au plus 
tard la veille du jour de la séance de la classe des beaux-arts. 

Le comité nomme, parmi les associés, un agent dans 
chaque localité importante sous le rapport des arts. 


(188 ) 


Aurt. 6. Le directeur de la classe des beaux-arts préside 
le comité; il est remplacé , en cas d'absence, par le vice- 
directeur. 

La classe nomme un trésorier parmi les six membres du 
comité dont le choix lui est confié. 

Le comité fait un règlement d'ordre intérieur, lequel 
est soumis à l'approbation de la classe des beaux-arts. 

Ant. 7. Les sources de revenu de la caisse centrale des 
artistes belges sont : 

1 La cotisation personnelle obligatoire des membres de 
l'association; 

20 La rétribution volontaire des amateurs, membres ho- 
noraires ; 

3° Les dons et legs des particuliers ; 

4 Les subventions qui seront réclamées du gouverne- 
ment et autres autorités; 

5° Le produit des expositions, des concerts ou des fètes 
publiques , que le comité pourra organiser dans l’intérêt de 
la caisse et, en général, de toutes les recettes qui seront 
réalisées en dedans et en dehors de l’association. 

ART. 8. La cotisation personnelle des membres de lasso- 
ciation, ainsi que la rétribution volontaire des amateurs, 
est acquittée tous les mois entre les mains du trésorier 
de l’association pour Bruxelles et, pour la province, chez 
l'agent du comité. 

Les quittances à délivrer sont coupées dans un registre 
à souche paraphé par le président et le secrétaire perpétuel. 

Le 15 de chaque mois, le trésorier et les agents de co- 
mité dans les provinces versent chez l’agent du caissier gé- 
néral de l’État de leur ressort, les sommes provenant des- 
dites cotisations et rétributions mensuelles, 


( 189 ) 


Les agents provinciaux transmettent immédiatement au 
trésorier le récépissé du versement. 

Ant. 9. Les subsides accordés à l’association, soit par 
l'État, soit par la province, soit par la commune, sont li- 
quidés au profit du secrétaire perpétuel de l’Académie, le- 
quel acquitte les mandats. Le trésorier encaisse les sommes 
et opère le versement dans la forme prescrite à l’article 
qui précède. Il en est de même des sommes de toute autre 
recette quelconque, opérée au profit de l’association. 

Toutefois, pour éviter des pertes d’intérêts , le comité 
peut autoriser le placement immédiat de toutes ou partie 
de ces sommes, 

Le trésorier de l’association ne peut conserver en caisse 
une somme excédant 500 francs en espèces. 

Toute somme versée à la caisse lui est définitivement 
acquise. 

Il n’y a lieu, en aucun cas, à restitution. 

AT. 10. Le directeur de l’administration du trésor publie 
ouvre un compte courant à la caissecentrale des artistes 
belges. 

Tous les trois mois, il communique un extrait de ce 
compte au Ministre de l’intérieur, quile transmet au secré- 
taire perpétuel. 

ART. 11. L’avoir de l’association est placé en rentes sur 
l'État, ou en obligations du trésor. Le comité statue sur 
les placements qui sont opérés par l'intermédiaire du mi- 
uistère des finances. 

Toute inscription nominative de rente porte l’annotation 
suivante : 

La présente inscription ne pourra être transférée qu’à la 
demande de la cuisse centrale des artistes belges. 


( 190 ) 


Les intérêts des capitaux inscrits au nom de l’associa- 
tion lui sont portés en compte par lPadministration du 
trésor. 

Les titres des rentes demeurent déposés au ministère des 
finances. 

ART. 12. Dans la séance qui suit la communication de 
l'extrait de compte dont il est parlé à l’art. 10, le comité 
statue sur le placement des fonds disponibles, 

ART. 13. Le compte et le bilan de la caisse sont dressés 
chaque année ; ils sont soumis à l’examen du comité, qui 
les arrête définitivement. Ce compte, accompagné d’un 
exposé général de l’administration de la caisse pendant 
l’année écoulée, est inséré dans l'Annuaire de l’Académie 
royale de Belgique et dans le Moniteur. 

Chaque membre de l’association reçoit un exemplaire de 
cet exposé général, par les soins du comité. 

Arr, 14. Le comité n’emploie en dépenses que Îles in- 
térèts de l’année précédente ou les arrérages produits par 
tes fonds appartenant à l’association, sans jamais toucher 
au capital. Jusqu’au jour où les intérêts annuels des capi- 
taux de l’association auront atteint la somme de six cent 
cinquante francs, le comité est autorisé à disposer , chaque 
mois, d’une somme de cinquante francs. 

Anr. 15. Le comité prononce dans toutes les questions 
de collation de pension ou de secours ; il détermine le taux 
et la durée de ces derniers, selon les circonstances, dont 
l’appréciation lui est abandonnée. 

Les membres de l’association qui se croiraient lésés par 
une décision du comité, peuvent en appeler à la classe des 
beaux-arts, laquelle, après avoir entendu les observations 
du comité, réforme ou maintient la décision. 


(191) 


ART. 16 La caisse prend à sa charge : 
1° Des pensions; 
2 Des secours temporaires. 


Les pensions sont exclusivement destinées aux veuves; 
elles sont conférées par la classe des beaux-arts, sur la pro- 
position du comité ; elles ne peuvent excéder douze cents 
francs par an ; la veuve qui se remarie cesse d’y avoir droit. 

Les secours accordés aux orphelins prennent la dénomi- 
nation de bourses d’éducation. 

Les bourses d'éducation ne peuvent excéder quatre cents 
francs par an; elles ne peuvent être conservées au delà de 
l’âge de 18 ans accomplis. 

Arr. 17. Le comité nomme, parmi les membres de l’as- 
sociation, un patron à tout orphelin titulaire d’une bourse 
d'éducation. 

Le patron veille à ce que l’orphelin boursier acquière un 
état en rapport avec la position que son père occupait, 

Le patron est le seul intermédiaire entre le boursier et 
le comité ; il signale à ce dernier tous les faits importants 
qui intéressent l’orphelin placé sous son patronage. 

AT. 18. L'association est pourvue d’un conseil judi- 
ciaire et d'un conseil médical dont les membres sont nom- 
més par le comité. 

Le conseil judiciaire est composé de la manière suivante: 


19 D’avocats à la cour de cassation; 
20 D’avocats et d’avoués à la cour d’appel; 
30 D’un notaire. l 

Les membres de ce conseil sont consultés individuelle- 
ment par le comité sur les questions relatives aux intérêts 


des veuves et orphelins secourus par l’association. Leurs 


( 192) 
vacations sont entièrement gratuites L'association ne prend 


à sa charge que les frais de justice. 
ART. 19. Le conseil médical est composé de la manière 


suivante : 


io De docteurs en médecine ; 
2° De docteurs en chirurgie en nombre proportionnel 


aux besoins; 
3° De pharmaciens dans chaque localité où le comité en 


jugera l'institution nécessaire. 
Les médecins de ce conseil prêtent gratuitement leurs 


soins, sur la réquisition du comité ou de son agent, aux ar- 


tistes malheureux faisant partie de l’association. 
Le pharmacien fournit, sur l'ordonnance du médecin du 


conseil, les médicaments à des prix réduits, d’après un tarif 


arrêté de commun accord avec le comité. 


Liste des membres de l’association de la Caisse centrale 
des artistes (15 janvier 1851). 


Quotité 
par an. 


SA MAJESTÉ LE ROI, protecteur de la caisse centrale . fr. 1,000 
ArrTs, Égide, professeur au Conservatoire royal de musique 

de Bruxelles , rue Verte, 100, faubourg de Schaerbeek . . 12 
ALvin (de l’Académie), directeur au Ministère de l’intérieur, 


PET sn ete ed on dise + à +2. 1 
BALAT , architecte, plaine St-Gudule, n° 9, à Bruxelles . . 12 
BARON (de l’Académie), professeur à l’Université de Liége. 12 


BATTA (père), professeur de solfége au Conservatoire, rue 

du Méridien, 40, faubourg de Schaerbeek . . . . . :. 12 
BIiLLOIN , Ch., peintre , rue Duquesnoy, 36, à Bruxelles . . 12 
BLAES , Jean-Baptiste, professeur de clarinette au Conserva- 

toire, rue du Midi, 7, faubourg de Schaerbeek . . . . 12 
Bocxk, C. (de l’Académie), homme de lettres, à St-Josse- 

LU NE Aa RES bre cree VA À cour CA tu Oil subir nier HP DORA es à 


BossELET, P., professeur d'harmonie au Conservatoire, à 


Bruxelles L 1 LA L2 . L1 LL L2 L1 LL LI . . . . LZ L2 12 
Bovre, Félix, peintre, Marché-aux-Charbons, à Bruxelles . 
BRAEMT (de l’Académie), graveur, à Bruxelles. . . . . 12 . 


BROWN , Henri, graveur, rue de la Couronne, 245, à Bor- 
DONS PUR AIT DR ne ON Et Ur a 24 


16. 


(194 ) 


BUscuMANN , Ern. (de l’Académie) , à Anvers, , . EY: 
CaAPRONNIER , J.-B., peintre sur verre , rue du ie 114, 
faubourg de Schaerbeek. . . . . . . . . ; 
CHALON, Regn., numismate, rue d’Anderlecht, 37, à s'ectile 
CLAYs, Paul- Jean, peintre, rue Royale neuve, 53, à Bruxelles. 
CLUYSENAER , Jean-Pierre, architecte, courte rue des Arts, 6, 
à St-Josse-ten-Noode , . . . . . M HAE AO TE 
Coomans, Jos., peintre, rue des Pierres, so. faubourg de 
SCHACT HER 0. RE PNR UN Re Le 
Coomans, Aug. (fils), peintre , rue des Pierres , 89, faubourg 
de BehabpheeRin ri ER PES ET TRE 
CoRNELIS, J., professeur de chant au Conservatoire, rue de 
HasPaillé 12, à Bruxelles : 1 Un ds eue 
Cor , Erin (de l’Académie), graveur, à l'Académie d'Anvers. 
L. Cousin, chef de musique au régiment de ligne, à Namur. 
DaussoiGNr-MéHuLz (de l’Académie), directeur du Conser- 
vatoire, de Lidge sut ii dns fes REX 
DE BÉRIOT , C. (de l'Académie), professeur de violon au Con- 
servatoire, à Bruxelles . . . . . . SN AE 
DE BIrve, P. (de l'Académie) ; peintre, à RER MEN Tieite 
DE BRAEKELEER , Ferd, (de l'Académie), peintre, à Anvers. 
DE CoRNILLON, P., professeur de violon au Conservatoire, 
rue de Ruysbroek,, 51 ; à Bruxelles... 105 est 
DE HEMPTINNE, A. (de l’Académie), rue des Fripiers, à 
Bruxelles és rte L'ne t ette dotée Riu ete 
DE KeysEr, A. (del'Académie}, peintre, à Anvers. + . . 
DELMOTTE, Henri, commissaire de district , à Nivelles. . 
DEMAN , Gust., architecte, rue Léopold, à Ixelles . . . . 
DEMANET, Ch.-A.-J., peintre, rue Carreveld, 155 bis, à Ixelles. 
DE MARNEFFE, Fr., peintre, rue des Palais, 25, à Schaerbeek. 
DE SELys-LonGcaamPrs, Edm. (de l’Académie), à Liége, 
DE STASSART (Le baron), (de l'Académie), ministre pléni- 
potentiaire, ancien président du Sénat , rue Montoyé, fau- 
bourg Léopold: SAR 


12 


(19%) 


DE WiTrE, Ph.-Jacq., professeur à l’Académie de Courtrai, 
Crande-bhcn. à Gométeahis in à ie 2 
DiEzman (père), P.-E., peintre, Vieille chaussée, 15, à 
Schaerbeek 4 4: 0 + PR AR ET DL 
DiLLENS (aîné), Henri, peintre, rue bn danis: 1985, à Anvers. 
Dizuens, Adolp., peintre, rue de l'Escalier, 5, à Bruxelles , 
D'OmaLius , J. (de l'Académie), à Halloy. . . . « . . 
D'Honr, Vital, peintre, Longue-rue-Neuve, 204, à Bruxelles. 
DumonT, À. (de l’Académie), professeur à l’Université de 

Hiego sr pie nie gens PALIN Bref CFA GR 
DumonT, J., architecte, rue de l'Observatoire, 11, à Bruxelles. 
DycrkMANS, Mlle, professeur de piano au Conservatoire, rue 

du Parchemin, 5, à Bruxelles . . . 1,  . « 
Féris, F. (de l’Académie), directeur du Conservatoire, à Brux. 
FÉTIS, Éd. (de l'Académie), rue d'Or, 12, à Bruxelles , . 
Fratkin, C.-A. (de l’Académie), statuaire, chaussée d’Haecht, 

SSchacrbeek.:, 54, DOS ESSAI MC s 
FriArD, professeur de hautbois au conservatoire, rue de la 

Senne , 17, faubourg de Schaerbeek . .. ,. . . . . 
FourMots, peintre, chaussée d’Ixelles, 104 . . . . . 
GALLAIT, Louis (de l’Académie), peintre , rue des Palais, à 

Sehaërheek:ü2425 ra fee Gi RE eut 2H 69 TO De, 
GAUCHEZ, Léon, homme de lettres, Nouveau-Marché-aux- 

Grains, 32; à:Bruxelles, 4:48 a tn doute 


L2 


GErFs, Guillaume (de l'Académie), statuaire, faubourg de 


Schaerbééki9: 10h92 0 REA ne ne SRI Or Ab ego 
GEEFs, Jos. (de l’Académie}, FRERE à l’Académie 
d'Anvers. . . . Û . . 0 : . b 


GEERTS, Ch. (de l'Académie) À jenféoëie à l'Acadéniie de 
Houvaln,, +: "ee rate 4 relie ee les ra 0e EE 
GODINEAU , Léop., professeur de piano au Conservatoire, rue 
de Ruysbroek, 39, à Bruxelles . . . . :°. 4. 
GopiNEAU, Léon, professeur de solfége au Conservatoire, 


Vieux-Marché-aux-Grains, 41, à Bruxelles, , … : . 


_ 
an 


Li pi 


ni bi 
LD LD D & 


= 


(19% ) 


GoossEens, Honi., professeur de chant au Conservatoire, à 
Bruxelles 34 :xéraûre Lot detue dés ee Reuiie RS le 
GRANDGAGNAGE, F.-C.-Josse (de l'Académie), rue St-Gille, 
à Liége :5 2" aurait des me nie us) a fat RO détente 
GURNET, François , peiatre, rue Nevraumont , 2, à St-Josse- 
ten-Noadè wirtis sd oi net nd, arr éhiditinteatiéh mi à 
Haniscx , Henri, chef de musique au corps de sapeurs-pom- 
piers à! Bruxellés.i 5 consacre ex fear feras dati 
HanT, L.-J., graveur en médailles, Passage St-Huhert, Ga- 
lerie du Roi.,:6 ;2 Bruxelles... Si ess 6 6 bus 
HENNE, Alex., secrétaire de l’Académie des Beaux-Arts, 3884 
chaussée d'Ixelléss:: ru le snice eur carter us l'Mnse 
HEYNDRICKX , Fél., peintre, premier professeur à l’Académie 
d'Alosé is cuclernecodobasoiofté contain at 
IsTAs, Aimé-Lam., chef de musique au 5me régiment de 
ligne , rue du Soleil, à Anvers . .. 4, , . 4 + + 
JAcoB-JACoBS, peintre, rue du Navet, à Anvers. . « + . 
JACQUET, statuaire, rue des Palais, 27, à Schaerbeek . . 
JamBErs, Th.-Joachim, peintre, rue du Poinçon, 25, à 
Bruxelles, fui tûs robert. sannedes-difiorenre 
JEHOTTE, Louis | de l’Académie), statuaire, à Bruxelles . …. 
Jones, Ad., peintre , rue des Palais, 65, à Schaerbeek. . 
JouvENEL, Ad. (de l’Académie}, graveur, à St-Josse-ten- 
Nooderéi ns. 25158 lue us : nié ie tree vs 
KIT, Adèle, peintre, place de la Reine, 8, à Schaerbeek,  . 
Lapos , professeur de solfége au Conservatoire, à Bruxelles . 
LAMBÉLÉ, G., professeur de clarinette au Conservatoire, Pas- 
sage St-Hubert, Galerie du Roi, f'hruzniless 10 
LATOUR, Éd. , peintre du Roi, rue du Moulin, 33, faubourg 
dé -Schaërbeek:. las 51: hat: le ie Ne en MÉEE 
LECLERCQ, Julien, sculpteur et graveur, rue du Commerce, 
22, à St-Josse-ten-Noode + + elles so et 1 atout 
LEMMENS, Jacq., professeur d'orgue au Conservatoire, rue 
de l'Évêque, 28, à Bruxelles . . . . ani tniE a 


(197 ) 


LE RoŸ, Ét - Vict , peintre, rue Ducale, 13, à Bruxelles, 
LE Roy, Jos., peintre, rue de Paris, 5, à Ixelles . . à 
Le Roy; Will: peintre ; à Bruxelles 5.4 Tool à raw 
LESBROUSSART (de l’Académie), professeur émérite à l’Univer- 
sité de Liége, rue Verte, à Bruxelles, , , , . . , 
Mapou (de l’Académie), peintre, rue de la Limite, 4, à 
St-Josse-ten-Noode . : . . ti Fe HAE 
MAGNÉE, F,, calligraphe du Roi, rue deaTeS à Bruxelles 
MancHE, Edmond, peintre, à Belœil, près d’Ath, . . , . 
MEGANCK, Jos., peintre, chaussée d'Etterbeek, à Ixelles. 
MEUNIER, Ch.-Jean-Baptiste, graveur, Place du petit Sablon, 
LD, à Rallonge EL D UE a enad ous or 
MicaELOT, professeur de piano au Conservatoire, rue du 
Bois-Sauvage, 16, à Bruxelles, +, . . ,.. : "TA 
Mozs, Florimont , peintre, rue Vanschoonbeke , section 5 , à 
St-Laurent: lémmhavels;; 54 y Neue meta in 6 
MoysarT, Louis, chef de musique au 2e de lanciers, rue Neuve, 
FPT RSR ie ne 0e SUMMER Bohtoainta le 
NAVEZ, F.-J. ( de l'Académie), peintre, directeur de l’Aca- 
démie des Beaux-Arts , rue Royale, à Bruxelles , 
NOLET DE BRAUWERE VAN STFELAND , J. (de l'Académie), 
rue du Brabant 4 'Ixellès à the mettons coter 
PARTOES, H.-L.-F. (de l'Académie), architecte, à Bruxelles. 
PARTOES, Alexis, architecte, rue des Cendres, 20, à Bruxelles. 
PLANQUE, Fél., musicien, rue des Alexiens, 64, à Bruxelles. 
PLATTEEL , Jean, peintre , rue du Curé, 20, à St-Josse-ten- 
MOD he da RS CES en ASE RE ES 
PORTAELS, peintre d'histoire, à Bruxelles ,; . , . . . 
QUETELET (de l’Académie), directeur de l'Observatoire, à 
BruxeHes ire ele ur sold rte {una bé ct né 
QUINAUX, Jos., peintre , rue de la Procession , 14, à St-Josse- 
LR NOM 5 NS PET UN Shi Déféroe He 1 une te 
ROBERT, Alexandre, peintre, rue du Commerce, 22, à 
St-Josse-ten=sNobdes.. hbh 04 value 2. tete 


17 


( 198 ) 


Roger. Alb., peintre d'histoire, rue du Marais-Meyboom, 
40, à Bruxelles :. , , +, D Ge TITLE er 40 
ROELANDT, L. (de l'Académie), profesenr à l'Université de 
Gandi sui Li Motos bou A. 04) LS ARZEN 
ROFFIAEN, Fr., peintre, rue Goffaert, 48, à Ixelles SET 
RUMMEL, Jean-Antoine, fabricant de pianos , Boulevard Bo- 
tanique} 14, à Bruxelles. 21% 5 L'U4 T6 HOT One 
SACRÉ, L.-J,, musicien compositeur, rue Royale, à Brüxel- 
Jos. 4-4 6 rates rt OSEO TA 
SAEMEN , Ant.-Franc., maître de chapelle à St-Jacques-sur- 
Caudenberg, rue de la Régence, 30, à Bruxelles . , . 
SCHUBERT, Jos., dessinateur, rue de la Madeleine, 51, à 
Bruel 2 GIE EEE NT A RES 
SCHUBERT, F.-J., professeur de solfége au Conservatoire, 
: rue Léopold i78 ; R'AxoMles TE ALT NUE MO PEAU 
SERRUYS, Louis, peintre, rue du Quai, 52, à Ostende . . 
SERVAIS, Adr.-Franc., professeur de violoncelle au Conserva- 
toire de‘Bruxelles, Hal: "2 ras 
Simonis, Eug. (de l’Académie), statuaire , à Koekelberg. . 
SNEL , J. (de l’Académie), rue de la Forge, 13, à St-Josse- 
ten- Nova ER OR PERRET PRIRENT O. 
SouBrE, Étienne, compositeur, Boulevard de l'Observatoire, 
24, à BrutoHése SAUT MAN ENS RARES * 
Sras, J.-S. (de l'Académie), professeur de chimie à r École 
militaire 4: Bruxelles 2 RS Vie OMEGA AIME 49 
STERNBERG , Louis, fabricant de pianos , rue de Ruysbroek, 40, 
d'BPrarelles. Fes AE, UN ie er 00 
STROOBANT , François, peintre, rue ui Doure-Apôures 5, 
à Bruxelles 00 SSSR, UNS E GT TH 
Suys (de l’Académie), architecte, rue "Re extérieure, fau- 
bourg'@e Sthaërbeëk nee: NEC OS ET Qi UT, 7 
T'ARDIEU , Am.-Louis, homme de lettres, rue de l'Alliance, 
274, à St-Josse-ten-Noode. . . . . . . . 
TaAymaANs, Louis-Jos,, peintre, rue d'fdalie, 27, À féelier: 


( 199 ) 


THIBERGHIEN, Louis, peintre, rue de l'Arbre-Béni, 92, à 


ROME Re LIT IRS UE te net ef à unit Au HUGUES T 
Tomas, Alexandre, peintre, rue Royale extérieure, 64, 
à St-Josse-ten-Noode, . . + . . . ; EN 12 
VAN BOMBERGHEN , Guillaume, peintre, rue ce Flanend £ 
DOS RURENURE Ne ee Lo a ERA NE Une 24 
VANDERBELEN, chef de division au Ministère de l’intérieur, 
section des beaux-arts et des lettres . . . ,. . . . 12 
VAN EyckEn, J. (de l’Académie), peintre, professeur à 
l’Académie des Beaux-Arts, à Bruxelles. . . . . ‘ 12 
VAN HASSELT, À. ( de l’Académie }, inspecteur de ne 
Vo primaire ; à bruxelles. 2. 4 12 
VANHOESEN , P. J., professeur au Conservatoire de musique, 
rue Neuve, 15, à St-Josse-ten-Noode . . . ,. . . . 12 
Van LAMPEREN, professeur de solfége au Conservatoire, rue 
Camusel, 12, à Bruxelles. … ,.  . 4 . © 4 +71. 12 
VAN MoEr , Jean-Baptiste, peintre , rue d'Or, 42, à Bruxelles. 2 
VAN VOLxEM, J.-B., professeur de solfége au Conservatoire, 
rue de Ruysbroek, 80 bis, à Bruxelles . . . = Gris 12 
VANSEVERDONCK, J,, tps e, rue de Laeken, 35, à AT 12 
VENNEMAN, Ch. , peintre , rue du Jardin, 406, à Anvers. 15 
VERBOECKHOVEN, Eug. (de l’Académie), peintre, chaussée 
dé Haecht à Schaerheëk 5,8: ue «fav cg tirà 12 
VERBOECKROVEN (fils), Eug. , peintre, Has de Haecht, à 
Schaerbeek . ea LR De Dot en Cle RE de 12 
VERWÉE, Louis-P., peintre, rue Royale extérieure, 20 à 
S'H0oten-Nodde : 644 M ni ee 12 
WERY, professeur de violon au Conservatoire, rue Carre- 
rvold. 277, 4 Frelon Bi ne 12, pote : 12 
ZANI DI FINRANAE professeur de langue italienne au Con- 
seryatoire, à Bruxelles se. 2, Ain, 12 
ToTaAL des souscriptions. . . .fr. 2,651 


ie. 


( 200 ) 


Tombola en faveur de la Caisse centrale des artistes. 


Dbonateurs. 


sd 


ÂCADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE. M. DUTRIEUX. 


M. 


ÿ 


3 


ÿ 


ACHARD. 

ALVIN. 

BAL, J. 

BALAT, 

BARON. 

BILLOIN. 
BOGAERTS, F. 
BovtE, Félix, 
BRAEMT. 

BROwN , L. 
BUSCHMANN, Em. 
CALAMATTA, L. 
CALAMATTA (Me). 
CHARETTE-DU VAL: 
CLAES, Florent. 
CLays, P. 

CorRr, Er. 

DE BÉRIOT. 

DE BRAEKELEER, F. 
DE BRAEKELEER , fils. 
DE KEYZER. 
DERO-BECKER. 

DE SENEZCOURT. 
DUCPETIAUX , Ed. 
DUMORTIER ;, P. 


ÿ 


ÿ 


Ÿ 


ÿ 


ÿ 


FÉrris, F, 
FRAIKIN. 
GALLAIT. 
GAUCHEZ, L. 
GEEFS , G. 
GEEFS, J. 
GUFFENS. 
GURNET. 
HENNE. 
JACOBS. 
JACOB-JACOBS. 
JONES , A-R,. 
KinpT, Mile, 
KROLIKOWSKI, J. 
LACROIX. 
LAMMENS. 
LAvRY, Ch. 
Leys. 

Lres. 
Linie, EG. 
Linie, Jos. 
MADOU. 


MINISTÈRE DE L'INTÉRIEUR. 


M. 


» 


NAVEZ. 
NOTERMAN, Em, 


(201) 


M. PARTOES. M. Swerrs. 

» PAYEN, Aug. » T'ARDIEU. 

» PELLAERT (le baron de). » TAYMANS. 

» QUETELET, » THOMAS. 

» QUINAUX. » VALERIO. 

» ROBBF, » VAN AsscHE, Mile, 
» ROBERT. » VAN BOMBERGHEN. 
» ROBERTI. » VANDEN BERGHEN, C. 
» ROBIE. » VAN EYCKEN. 

» ROELANDT , L. » VAN HASSELT. 

» ROFFIAEN. » VAN LAFTHEM. 

» SAINT-GENOIS (le baron J, de). » VAN Morr. 

» SCHUBERT. » VERBOECKHOVEN. 

» SERRURE, » VOORDECKER, Franc. 


» SIMONEAU. VOORDECKER, fils. 
» SIMONIS, Eug. VoorDECKER, Mlle. 
LA SOCIÉTÉ DES GENS DE LETTRES. » WAPPERS , G. (le baron). 


Ÿ 


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Artistes et gens de lettres qui ont promis un don. 


M. Huarp, Louis.. M. ROELANT, à Anvers. 

» JACOBS, Jos. » VAN HASSELT, André. 
» NOTERMANN. » VERBOECKHOVEN , Eug. 
» PAYEN Auguste. » WAPPERS (le baron G..). 


( 205 ) 


X 
TABLE. 

Ephémérides pour l’année 1851. — Correspondance 

des ères anciennes avec l’ère vulgaire. — Éclipses. 
Fêtes mobiles. — Quatre-temps. 
Calendrier. 4.7... 4, » 
Calendrier de l’Académie. FER nu 
Organisation de l’Académie. — lobe historique. 


Statuts organiques , 

Règlement général. . . 

Règlement intérieur de la Classe hé sciences. 

Articles additionnels . . . . rene 

Règlement intérieur de la Classe de dtiées 

Articles additionnels | MA: ap 

Règlement intérieur de la Cote de beaux-arts . 

Local provisoire destiné à l’Académie à ‘ 

Travaux spéciaux de l’Académie. — Rohan de 
savants et de littérateurs. — Rapport au Roi et ar- 
rété royal 0 57. : . Hat de 


Prix quinquennal d'histoire. _ nier au Roi et ar- 


TOR roma ni Lure de mie 
Règlement pour le prix ad d'histoire . 
Commission royale d'histoire. — Arrêté royal orga- 

miqué Nine se Jos 
Arrêté royal qui fait rentrer la Commission royale 

d’histoire dans le sein de l’Académie . . . . 
Bureau paléographique annexé à la Commission royale 
HROBDIROT Se NT RAR, 


18. 


( 204 ) 


Règlement intérieur de la Commission royale d'histoire. 

Correspondance de l’Académie. — Arrèté royal accor- 
dant la franchise de port . . ‘ 

Liste des membres, des correspondunts et ds associés 
de D doulines— Burods et commiss. administrative. 

Classe des sciences. 

Classe des lettres 

Classe des beaux-arts . 

Commission royale d'histoire . , 

Commission de l’Académie pour !a Adseubn uit 
biographie nationale. tp . 

Commission de la Classe des leitrés | pour la litiératuré 
flamande EN er M ei à 

Commission de la Classe des beaux-arts pour la rédac- 
tion d’une histoire de l’art en as 

Nécrologie. Ene 

Notices biographiques. — Notice sur Égide-Norbe 
Cornelissen, par M. Quetelet. 

Notice sur Paulin-L.-C.-E, Louyet, par M. De Lénine 

Notice sur Henri-Chrét. Schumacher, par M. Quetelet. 

Notice sur F.-X.-J. Droz, par le même. 

Paroles prononcées aux funérailles de 6e -E.-J. f hirÿ, 
par 10"meme "2". "OMETN ‘ : FES 

Caisse centrale des artistes th. — Exposé général 
de l’administration de la caisse rebce l’année 
1860: :. ‘AE $ à 

Règlement pour la Cats splits des artistes belges. 

Liste des membres de l’Association de la Caisse 

Tombola en faveur de la Caisse centrale des artistes . 


FIN DE DA TABLE. 


Ouvrages publiés par l’Académie. Hoyale, depuis sa 


séorganisation , en 1816, jusqu’à ce jour. 
y ; 7487 J 


ne 


Méinoires de l'Académie royale de Belgique, €. E à 
XXV; in-40. Prix: S francs, à partir du tom. X. 

Mémoires couronnés et Mémoires des savants étran- 
gers, tom. ! à XXTIE; in-4°, Prix : 8 francs, à partir 
du tom. AI. : : 


Bulletins de l'Académie, tom. EL à XVII; in-8, Prix 


par année : 2 volumes, 8 francs. | 


Annuaire de l’Académie, années 1835 à 1851, in-18. 
Prix: fr. 1,60 cs. 


“: d | . 
Mémoires couronnés et Mémoires des savants étrangers. 
Collection in-8°. — Tome |. — Des moyens de sous- 


traire l’exploitation des mines de houille aux chan- | 


ces d’explosion, 1840. 1 vol. in-80. Prix : 4 francs. 


Tome Il. — Mémoire sur la fertilisation des landes de 
la Campine et des dunes par M. Eenens. 1 vol. 
in-80, 1849. 2 francs.. . UE 


Fome Hi, l'° partie. — Exposé général de l’agricul- 


ture luxembourgeoise, ou dissertation raisonnéesur 
les meilleurs moyens de fertiliser les landes des Ar- 


dennes, etc.; par Henri Le Docte. 1 vol. in-&, 


1849. fr. 1 60 cs. 


Tome II, 2e partie. — Mémoire sur la chimie et la 


physiologie végétales et sur l’agriculture; par le 
même. 1 vol. in-8”, 1849. 2 francs, 

‘Tome IV, — Mémoire sur le paupérisme dans les 
Flandres, par Ed. Ducpetiaux ;"1 vol. in-8’, 1850. 


orne 


Recueil de documents historiques relatifs à la Bel- 
gique, publiés par la Commission royale d'histoire. 
14 vol. in-4". 


Compte rendu des séances de la Commission royale 
d'histoire ou Recueil de ses Bulletins. 15 vol. in-8e. 
Nouvelle série, 1 vol. | | 


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