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Nota. Pour faire partie de i^Associalion normande , H faul adresser
sa demande h M. de Gauuont , rue des Carmes , n» 23 , ou îi M. Daniel,
recteur de TAcadémie , et premire l'engagement de payer 5 francs par
année.
Le Conseil se réunit chaque mois , et prononce sur les admissions.
La réunion générale de la Société fhinçaise peur la conservation des
monuments aura lieu à Metz le 30 mai , et durera six jours.
La i4« session du Congrès scientifique de France s'ouvriri, le i«
sc])tembre , à Marseille.
La 8« session du Congrès italien s'ouvrira , le 15 septembre , à
Gènes.
La 4fi session du Congrès agricole de TAssociation bretonne s'ou-
vrira à Saint-Brieux , le 2 août.
La 5« session du Congrès agricole du Nord s'ouvrira k Amiens ,
en novembre.
DES CINQ DEPARTEMENTS
L'ANCIENNE NORMANDIE ,
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1846. — DOUZIEME ANNÉE.
C4EN.
IMPRIHBBIË DB H. LB ROT , RUB NOTRB-DAHB.
1846.
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JANVIER. Signe le Verseau «.
soleil entre au Verseau le ao. Il se lève à 7 h. 4? min. ,
et se couche à 4 h* ^6 nilu.
Premier Quartier le 4 > à 2 heures 35 mîn. soir.
Pleine Lune le 12 , à 1 h. 1 1 inih. soir.
Dernier Quartier le 20 , à 4 heures 1 min. soir.
Nouvelle Luie le 17 , à g h. 32 min. matin.
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Baptême de N. S.
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s. Maitr , abbë.
s. Guillaume.
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Chaire do s. Pierre.
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s. Sebastien,
sto. Agnès , V. ni.
8. Vincent.
&le ErpérAntimne, v.
5. BabyJfls , ëvéque.
Conv. de s. Paul.
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s. Julien I ëvèqne.
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s. François de $•
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Pleine Lune le 11 y à 9 h. 11 miu. niatln.
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ste. Félicité, mart.
s. Entycke» martyr.
ste A|plhe , y. et m.
s. Philéas.
s. Homuald.
Sepiuagésime*
s^e Apollioa v. «t m
ste.ScoIastîque.
s» Sév-rio, évêtjue.
sfe Eiiiatic , vierge.
s Licin , é^éque.
s. Va lent in.
»te. Julienn6t!vierf;e.
8 Sylvin , tfvéquc.
s. Simon, évéqiie.
s. Gabien y prêtre,
s. Eucher, évéque.
A. Fcpin I duc.
Quinq uagésirn e«
s Svrenne , martyr,
s. Mathias , apôtre.
Les Cendres»
s. Félix , pape,
s. Nestor,
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Pleine Lune le 11 , à 6 heures 16 min. matin.
Dernier Quartier le 18 , à i heure 36 min. matin.
Nouvelle Lune le aS , à 4 heures 54 min. malin.
Jours
de la
Semaioe.
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Noms
des Saints.
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Lev.
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H. M.
LUKE.
Si, Jacques et Philip.
s. Athanase, évéqiie.
Inv. de la ste. Croix.
ste .Monique.
s. Pic V, Pape.
s. Jean Porte- latine.
s. Stanislas.
s. Viron , évêque.
s. Grégoire,év. et d.
s. Antonin.
s. M.imert , évêque.
s. £piphane.
s. Servais , ë^êque.
s. Pacôme, abbé
sfc Dimpne, vierf^e
s.Regnohertjév. de B.
ste.Restitu**, vierge.
Zej Rogations,
s. Yves , prêtre.
s. Paul, évcque. '
Ascension.
sie. Julie , vierge
s. Didier , évê'jue.
s. Don.ilien,!u.jrlyr.
s. Urbain , p^pe.
f. Augustin, ëxê^ue.
s. Hildevert.
s. Manvieo, é%êqur.
s. Maximin, é' êque.
Vijçilc , jeûne*
PENTECOTE.
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Le soleil entre à TEcrevisse le 2 1 . Il se lère à 3 h. 58 m. ,
et se couche à 8 h. 5 min.
Premier Quartier le 2 , à 5 heures 89 min. matin.
Pleine Luiie le 9 , a 3 heures 45 iiiiii. soir.
Dernier Quartier le 16 , k 6 heiucs 47 ^nin. matin.
Nourelle Lune le aB , k 5 heui*eâ 67 min. soir.
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Noms
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et M couche n 7 heures 49 min.
Premier Quartier le i , !i 9 heures 33 inin. soir.
Pleine Lime le 8 , 3 1 1 heures 30 min. soir.
Dernier Quartier le i5, à 1 heure 33 miu. soir.
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Premier Quartier le 3i ,à n h. 13 min. malin.
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et se couche à ^ h. om.
Pleine Lune le 7 , k 6 heureiginin, ma(in.'
Dernier Quartier le 1 3 , à 1 1 licures i min. soir.
Nonrelle Lune le ai , à 11 heures 35 inin. soir.
Premier Quartier le 39 , h 10 heures aS min. loir.
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et M conche à 5 b. 55 min.
Pleine Lune le 5 , h i heure 36 mÎD. SMr.
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Pleine Lune le 4 . à lo lieur«g i6 min. goir.
Dura ier Quartier le la , à 4 beurei fj min. matin.
Nouvelle Lune le ao , 37 Loures 53 m. matin.
Pivinier Quartier le 37 , à 3 heures 19 min. soîr.
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et se couche a 4 h- > < m.
Pleine Lune le 3 , à 9 heui^s ai min. matin.
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Nouvelle Lune le 18 , à 11 heures 9 mih* soir*
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des Saints.
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LUBE.
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3o lundi
La Toussaibt.
Les Trépassés.
s. Marcel « é>éque.
s* Charles B«
ste.Berlilde*
s. Léonard.
s. Willebrod.
stes*Kelic|ues.
s. Mathurin.
Léon I.»» , pape.
Martin , évérpie*
René , cvéque.
Brice , é^éc|ue•.
Maclou.
Eugène » martyr,
Euclier ) é\éque.
Agnan , évêque.
ste.Aude , vierge.
ste.Elisabeth.
s. Edmond , roî.
Présent, de la ste.V.
$te*Cécile.
s. Clément,
ste. Flore , viexge.
ste.Catherine.
ste.Gen. des A.
s. Maiime, évéque.
s. Soktliéne.
l'Avebt.
$, André.
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DÉCEMBRE. Signe le Ca))ricorne % .
■au C^rîconie le 32. Il selére à 7 b. 54 m, ,
et >e couche à 4 h. 4 mil.
(Pleine Lune . 1
Deroier Quariiei
Nouvelle Lune
Premier Quart'n
- le aS , à 6 heures 46 uùn. inaiio.
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, Nicolas. _
'C't'arc , viei^c.
■JdmCEPIUlII.
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ste.VaUr.; , vierge.
Fuicien , martyr.
c.Luce , vierge m.
. Uralien , ëiéque.
Oclare
tle-Ulympiadc.
SI. RufetZoïime.
s. Neméie , martyr.
•. Pliilogone , mart.
s, Thomas , ap.
s. Honorât,
s le .Victoire.
s. Delphin. F. J.
HOEL.
*. Elienne , martyr.
t, Jtan, apàlre et iv.
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ste .Colombe.
Syîveslrp.
Lit».
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DE NORMANDIE;
Par M. DE CAUMONT^
( Ctitotrihiu Jvajgtatnti )
1a toute directe de Caen à Redties, par Vire , Mortâifi)
St-Hi1aire-du-Harcouet et Fougères ^ est celle qui commua
nique le plus directement avec le centre de la Bretagne*
£lle otite un grand intérêt , non-seulement à cause des
rapports qu^elle éteblit entre deux grandes provinces «
mais aussi par la variëtë des sites ^ qui distingiiënt le
Bocage normand qu'elle traverse dans son parcours.
ROUTE DE CAEN A FOUGÈRES.
§ ler.-^De Caen à Villen-Bocage.
Cette route de Caéû à Yillers-Bocage « dirigée vers le
S. 0., passe d'abord à Venoix, pui^ à Bretteville-la-
Pavée , où la route départementale d'Evrecy et d'Aunaj
vient se joindre à elle.
Bretteville , dont le patronage appartenait à l'abbaye
du MoDt St-Michel > avait autrefois deux églises (i). N.-D.«
(i) V. ma StalistMpie monumentale da Calvados , !« volume*
1
3 STATISTIQUe
qai sert aujourdliui au culte et qui est la plus ToisÎDfl de
Caen, offre p«n d'intérêt. On j voit quelques parties du
XTIt* sif^cle ; le reste ne mérite guère d'attention. St-
Pierre , qui , avant la Bévolulion , était succursale de
N.-D. et servait de chapelle aux moines du prieuré , est
maintenant en ruine. La nef a perda sa totture ; il n'en
reste plus que les murs latéraux , qui offrent une corniche
è. modillons et une porte latérale ornée de zigtags. Le
chœur est presque intact , voûté en pierre , et l'arcade à
plein cintre, par laquelle il communique avec la nef,
prtente âne riche bordure de loaanges- Tons ces détails
■nDODcent le XII* riède. La tour , ap[rtkpiée après coup
contre l'extrémité occidentale de ]a nef, est de l'an 1680.
Les maisoDS da prienrë, bu snd de l'ëgilse , et la grange
qui en fait partie , doivent dater en grande partie da XV*
•iëcle. Le village de Bretteville garnit de ses maisons les
deux bords de ta route , sur une assez longue étendue.
Vereon , que l'on i;mcontre ensuite , offre aussi denx
lignes de maisons assez jmportautes. L'église , à gauche
r le bord de l'Odon est considérable ,
4 STATISTIQIJB lOUTIÈRS
et de plusieurs époques. Le chevet est droit, orné de deux
fenêtres arrondies , séparées par un contrefort et surmon*
tées d'un gable ou fronton triangulaire : sous ces fenêtres
se développent des arcatures trilobées fort élégantes , re-
posant sur une base continue à plusieurs retraits (1).
Cette partie de Téglise , les murs latéraux du chœur , et
peut-être les transeps « me paraissent ce qu'il y a de plils
ancien dans l'édifice, et remontent peut-être à la première
moitié du XIIP siècle. La nef peut dater du XIY*. La
porte principale, placée au nord, était précédée d'un
joli porche , dont la façade a été défigurée et refaite sans
goût en 1752(2).
Yerson dépendait autrefois du diocèse de Lisieux* La
cure se divisait en deux portions.
M. Donnet, liaire de Caen, vient de faire construire àVer*
son, sur les plans de M. Guy, un château élégant, que Ton
aperçoit facilement de la grande route.
Bntre Yerson et Mouen , on trouve la voie romaine ,
nommée le Œemin-Haussé , dont j'ai déjà signalé le pro**
longement sur les routes de Caen à Harcourt et de Caen
à Falaise. Elle arrive sur le bord de l'Odon, au lieu dit
le Pont-Jalon , près de la ferme nommée la Plauderie , où
l'on a trouvé anciennement des constructions romaines (3)»
Un peu plus loin, des médailles ont été découvertes dans un
vase en terre grise , et l'on assurait , il y a quelques an«
nées , que les fondations dû pont antique existaient encore
au fond de la rivière^
(1) y. ma Statistique monamentale da Galtados » i« volume.
(2) y. pour les détails arcliitectoniqnes de l'église de yerson , FaN
ticle que je lui ai consacré dans ma Statistique monumentale du Cal-
vados , i^ volume.
(^ y. mon Cours d'antiquités monumentales » tome S.
DB nOWAnDIB.
On dUtlng^ee la-deU de rOdoD , àunel/ilKeiM vers le
Mid, l'égliae de Fontaioe-Eloupefour, et {dus loin la tour de
Bsroo. Elle appartient , aioal qae le dusur de l'église ,
C STATISTIQUE «OUTlàBE
au atjle ogival primitif; mais la pyramide à quatre pans
qui la lermioB a été reooostruite posLérieuremeat (l).
L'église de Uauen est h peu de distance de la route . au
nord : c'est une des plus inléressuntes du département du
(]] V. ma Siatùliqua nioDumeoUle. 1' volume.
OB NORXAIfDIE. 7
CalYados, et le yoyageur fera bien de la TÎsiter. Le
X^ourtour des murs au niveau des fenêtres est com*
platement garni d'arcatures , dont les archivoltes sont
ornées de zigzags. La façade occidentale montre cette or-
donnance. II est fâcheux qu'une sacristie, appliquée
sur le cheyet droit qui termine le chœur , vienne mas*
quer désagréablement les élégantes arcatures qui le
décoraient. Hormis cette addition et Tagrandissement
de quelques fenêtres , l'église est à peu près intacte ,
et c'est un des spccimen les plus complets et les plus
brillants que nous puissions citer de l'architecture ro-
mane du XII* siècle , en Basse-Normandie.
Tounrille et Mondrainville succèdent à Mouen. L'église
de Tom^ille est ruinée etn'ofirequ'unfaiUe intérêt ; celle de
Mondrainville, en grande partie du XIIP siècle et du XIV*,
mérite Tattention, à cause d'une inscription latine très-an-
cienne, incrustée dans le tympan de la porte méridionale.
Elle parle d'un certain Mundretus, lequel avait contribué à
l'érection ou à l'accroissement de l'église qui avait précédé
celle qu'on voit aujourd'hui. La paroisse s'appelait , au
moyen-âge , JHundreti villa. J'ai publié cette inscription
dans le premier volume de la Statistique monumentale du
Calvados.
A gauche de la route , on trouve la grille du parc de
M. le comte d'Osseville, dépendant du château de Gavrus,
Ce parc , dont une partie s'étend sur Mondrainville , est
remarquable par sa grande étendue. La rivière d'Odon
le traverse. Il est peuplé d'un grand nombre de lièvres ,
de lapins , d'écureuils , etc , etc.
8 STATISTIQUE ROCITiBRE
Etienne Duval , riche marchand de Caen , né à Mon-»
drainYiUe , s'est rendu célëhre par le service important
qu'il rendit en feisant entrer adroitement des vivres dans
la ville de Metz , en 1 55â , pen de temps après qu'elle fut
assiégée par Charles Quint. Henri II , pour l'en récom-
penser , lui donna des lettres de noblesse. Ce Duval , sei-
gneur de MondrainviUe , fut trésorier de l'ordre de Saint<*
Michel en 1569»
Jacques Duval , son fils , lui succéda dans la même
charge, et donna sa démission après avoir été fait che-i
valier du même ordre, en octobre 1577.
La route passe ensuite sur le territoire de Grainville.
L'église, au nord de la route , dépendait de l'abbaye de
Sainte-Trinité de Caen ; et , comme toutes celles dont les
abbayes avaient le patronage , elle offre de l'intérêt par
son architecture. La nef appartient au style roman ; le
chœur et la tour, au style ogival de la troisièn^e époque (1),
L'église de Noyers , à peu de distance à droite de la
route , à 3 kilomètres de Grainville , appartenait aussi à
une abbaye ( l'abbaye d'Ardennes près Caen), Elle parait
du XIIP siècle.
La nef était autrefois garnie de bas-côtés, qui ont été
Bupprimés. On distingue de chaque côté cinq arcades
}>ouchées , au-dessus desquelles s'ouvrent de petites fe**
pêtres en lancettes , sans colonnes. Le portail de l'ouest
(I) Voir la description détaillée do cette église dans ma Statistl^^
Slwmn^^ie4i)(C:9lY9dQ5^ i«vo)ma^
De NOUfAIfDIB. 9
tat m qui mérite le pius d'attentioD. L'esquUse que voici
offre la moitié de ce portail ; elle en fera comprendre l'or-
donnance. Au-dessus de la porte surbaissée et festonnée
s'élëre l'ogive centrale , dont l'archivolte principale est
muée de létea plates.
Le chœur , percé de deux fenâtres au chevet , doit être
à peu près du même temps que la nef; mais les voûtes ne
■ont que du XVI* siècle. La toor centrée est massive et
moderne.
Tout près de la route eit une maison peu importante,
dont la cour est précédée de deux portes cintrées , l'une
ponr les charrettes , l'autre pour les piétons. L'une do
ces ouvertures est sunnoatée de l'inscriptioa suivante :
ÙKin DtHUDx n'i juuis de uros ;
Assu T* flDi rOKTDSE rusE.
IGW.
ariTUTKIfl'E 80UTIBBE
Missy est en face de Nojers, du cOté opposé de la
route. L'église n'offre de remarquable qu'une porte ogi-
vale entre deux arcades obscures. Le travail des chapiteaux,
et des archivoltes se rapporte au XUl* siècle.
Tout pris et i l'est de l'église , exûle une maison de la
première iooiLi(5 du XVP siècle , dont les fenêtres sont
DE HORMAIIDIR. 11
encore assez bien conservées. Elle appartient à H. le
oomte de Chazot , membre de l'Association normande.
La butte de Montbroc est un point culminant d*où la
irue s*étend au loin , au sud et au nord. On découvre de
là la cathédrale de Bayeux , et une assez grande quantité
de points divers : ce terrain , autrefois couvert de bois et
de bruyères, fut le sujet de longues contestations entre
les moines d'Ardennes et les habitants de Monts. Les
moines prétendaient que la montagne de Monlbroc était
une dépendance de la baronnie de Tesnière, qui leur avait
été donnée y en 1190 , par Richard Cœur-de-Lion , roi
d'Angleterre. On trouve un grand nombre de pièces rela*
tives aux contestations qui s'élevèrent , à difl'érentes
époques , relativement à ces bruyères , dans le cartulairo
de l'abbaye d'Ardennes (1).
Du point culminant de Montbroc , la route descend vers
le bourg de Yillers , laissant à droite le village de Viily,
à gauche celui de Parfouru et d'Epinay-sur-Odon (2).
Gédogie, — Entre Caen et Yerson , la route est établie
sur le calcaire secondaire (grande Qolite et oolite infé-
rieure); à Yerson, elle passe sur les phyllades dénudés
sur ce point , le long de la vallée de l'Odon ; à Mouen ,
une chaîne de grès quartzeux se montre à la surface du
sol ; puis , à partir de Tour ville , la route court sur roolilo
inférieure et peut-être le lias, jusqu*à Epinay , à 1 kilo-
(1) V. ma Statistique monumentale du Calvados , t. l«r , page âOO ;
on y trouvera une longue note extraite du cartulaire.
(2) V., sur ces deux communes, ma Statistique mouumeJitale du Cal-
vados, t. !<»'.
IS STATISTIQUB MOUTIBRE
mètre 1/3 de Villere , qu'elle entre dans la régioii des
phyllades (1),
Agriculture, -— Suivant la nature géologique des ter-
rains que je Tiens de citer , le sol arable offre des qua«
lités très-diverses : ]jk région la plus productive , celle où
le colza et toutes les cultures épuisantes réussissent le
mieux , est comprise entre Mouen et les buttes de Mont«
broc , au-dessus de Toolite inférieure et du lias : ce sont
des terres argileuses et profondes , dans lesquelles la vé-
gétation des arbres est aussi très-belle. Les terrains ara-
bles qui bordent la route dans le reste de son parcours
( grès schistes grande oolite ) , sont généralement plus
légers , quoique productifs , dans des proportions diver^
sèment graduées, suivant les circonstances ùciles à appré-
cier sur place y mais qu'il suiBt d'indiquer ici,
TUXSnS-BOGAGB.
Yillers , aii^ourd^hui chef-lieu de canton , était autre-
fois le chef-lieu d'un doyenné, comprenant 31 paroisses, et
d'une sergenterie^qui en avait 26 dans son ressort.
n y avait deux églises paroissiales à Yillers : St-Ger-
main et St-Martin. L'une d'elles ( St-6ermain ) a été re-
construite tout entière , et n'est pas encore achevée ; c'est
l'église paroissiale actuelle. Elle est d'un assez pauvre
style; on vient d'y construire une tour, ornée de colonnes,
et au haut de laquelle se trouve un édicule où Ton doit
placer la statue de St-Martin , devenu premier patron de
(i) V. la preuve de ces assertions dans ma Topographie géognostique
du Cfdvados. Y. aussi la carte géologique de ce déi>arlcineui.
Vinen, depuis que Fëglige SMfartia a élé suppriniëe et
abattoe*
Yillerg possédait un priearë hospitalier , fondé en 1366'
par Jeanne Bacon , ehâtelaine de Lisie» dame du Mollay
et de ViUers. Elle fonda cet hôpital dans un grand manoir
qu'elle ayait acquis de Perrin Gastel ^ en ia bonne ville de
Villen , paroisse de St-Germain « et le dota de 200 livres
de rente. Un second acte, passé trois ans après ^ en 1369 y
explique les Tolontés de la fondatrice.
L'administration de l'établissement fut confiée à deux
prêtres séculiers , dont Tun était prieur et administrateur
en titre , et l'autre chapelain : le prieur devait rendre
compte à l'évèque de son administration une fois chaque
année.
Cet établissement utile ne demeura pas long-temps dans
un état florissant ; il fut dans la suite réduit à l'état de
prieuré simple.
M. d*Angennes , évèque de Bayeux > substitua an
prieur, du consentement du seigneur de Yillers, des reli-
gieuses bénédictines que l'on appela de l'abbaye des Vi«
gnats , près Falaise La démission du prieur en faveur de
la dame de Belin , prieure, est du 26 juin 1643. Le décret
de révéque , donné le 12 septembre suivant, porte union
du prieuré de l'hApital de Yillers au monastère de reli-
gieuses nouvellement établi ; il fut confirmé par lettres-
patentes du mois d'avril 1647 et du 20 février 1650, en-
registrées au parlement de Rouen , le 3 juin 1652.
En 1740 , le mauvais état du temporel obligea le supé*
rieur de ùire défense à la communauté de recevoir des
novices ; IL de Luynes , évèque de Bayeux , se détermina
A supprimer le couvent. Ce projet trouva une opposition
14 STATtSriQIÎB lOUTliftE
très-forte dans M. le marquis de BlcQg^y , ^igneur de
Villers , et dans les religieuses elles'^mômes. Cependant ,
par un arrêt du 15 avril 1743 , Févéque fut autorisé à
transférer ces religieuses ailleurs , et à faire administrer
par un économe le revenu du prieuré , en attendant qu'il
en fût ordonné autrement.
L'hôpital de Villers a conservé la plus grande partie de
ses revenus , et est aujourd'hui administré par une dame
religieuse.
Le château de Villers , précédé de belles avenues y est
situé au midi du bourg , sur la route allant à Aunay. Le
côté gauche, avec sa tour carrée angulaire en encorbelle-
ment, ce qu'il reste de bossages et de hautes cheminées,
peuvent dater du temps de Louis XIII ou de Louis XIV. Le
pavillon formant la partie droite de l'édifice près des dou-
ves est moderne et d'une grande pesanteur. Il y avait une
chapelle sous l'invocation de St- Jacques .eC de St-Rom-
phaire. Robert de RoncheroUeS , seigneur du lieu , dé-
clare en 1609 , dans un acte de nomination pour : cette
chapelle , qu'elle était ruinée depuis environ 16 ans : elle
fut rebâtie dq^is , mais elle n'existe plus*
Ce château , qui appartient aujourd'hui A H. le baron
de Granddos, n'occupe pas l'eàiplacement du château
primitif: celui *ci, que j'ai décrit dans le 5* volume de mon
Cours d'antiquités monumentales, était k quelque distance
à l'est ; il se composait , d'après ce que j'ai pu conclure
par ce qui reste , d'une motte ronde, entourée de fossés.
Cette éminence , maintenant couverte de bois , se trouvait
à l'un des angles d'une place à peu près carrée , dont le
tracé du Vallum est encore indiqué par une dépression au
milieu des (erres labourées.
DE 1f01l]IAin>IB« 15
n 7 a , tons les mercredis , un marcLë considérable à
Vaiers-Bocage.
S II. — . Dj Vaieri à Viré.
En sortant de Villers , on reconnaîtra fiicilement qae
l'oD a passé d'une région pliysique dans une antre région
Iié8«dîstincta ; cette région, c'est le Bocage , dont le sol
appartient aux terrains intermédiaires et aux terrains pri-
mitifs , et présente des élévations et des enfoncements «
des vallées profondes à pentes rapides ; en un mot , des
accidents que n'offrent pas habituellement » au moins , les
terrains secondaires.
La roule que nous avons à suivre jusqu'aux confins de
la Bretagne , va se prolonger constamment sur lés roches
anoiennes.
A pen de distance de Villers , on traverse la Seulino.
Le village de Tracy , qui se trouve à 1 kilomètre du côté
droit , offre une petite église , dont quelques parties sont
construites en arêtes de poisson ( côté nord de la nef) ,
mais qui est en grande partie du XIII* et du XY* siècle. La
tour doit être du XV* ; elle sert de chapelle. On y voit
un aiitd en pierre , scellé d'un eôté dans le mur et porté
en avant sur deux colonnes, dont les chapiteaux et les bases
annoncent le XY* siècle. Je l'ai figuré dans mon Cours
d'antiquités ( pi. Lxxxxm , fig. 6 ).
J'ai remarqué , à l'angle qui termine le mur latéral du
sud , une inscription très-fruste^ qu'il ne m'a pas été pos-
sible do bien déchifiirer. Les lignes sont séparées les unes
des autres par des traits gravés dans la pierre ; je les crois
au moins du XII* siècle.
16 STATISTIQGB BOUTIÈRB
Les actes des martyrs saint Rayen et saint Rasiplie font
mention d*an miracle opéré dans cette paroisse vers 865,
lors de la translation des reliques de ces saints du village
de Macé à Saint^Wast. Les chevaux qui portaient ce dépôt
précieux , passant par Tracy , ne voulurent pas , si l'on
en croit la légende , aller au-delà ; lé seigneur du lieu fut
obligé de donner de Jeunes chevaux, qui n'avaient pas en-
core été dressés La relation dé ce iait prouve au mdins
Tancienneté de la paroisse de Tracy*
La terre de Tracy est ude ancienne baronnie d*où tirait
son nom la famille de Tracy ^ bien connue sous nos duos
de Normandie , rois d'Angleterre. Le sire de Tracy ac«
compagna Guillaume-le-Conquérant à.la conquête dé l'An-
gleterre, en 1066. Elle a passé ensuite à la famille Pelletey,
puis a été vendue successivement à plusieurs proprié-
taires. L'un des derniers , avant la Révolution , a été mon
bisaïeul maternel , M. Léonard Radulphe , lieutenant<»gé-
néral de police , à Caen.
Maisoncelles-Pellevey se trouve du c6té gaiiche de la
route. L'église n'a de remarquable que^la porte d'entrée,
dans le style du XIII* siècle.
A Conlvain , on rencontre l'embranchement de la route
départementale allant^ par la Perrière et les Resaces , re-
joindre la route de Torigny à Vire ; puis on aperçoit à
droite le village de Saint-Pierre^du-Fresne et l'église de
Jurques. On franchit à Jurques une chaîne d'éminences
fort élevées* en grès quartzeux^ dont la direction est de
l'ouest N.-0« à Test S.-E.
Après avoir franchi les hauteurs de Jurques, on descend
au village du Mesnil-Auiouf , résidence d'une brigade de
gendarmerie, et qui n'ofire , du reste , rien d'intéressant.
b» jiaivAinNii. ^i
do iiioiitre,fl est Traîi, dan&lës bois^ ranofddb îli jmhotss^,
une pierre de grès ars^ienx , éôtinne 'soIk le Bom de pierfe
émiktn , et qui a été «igvalée par M. Gàstèl ; mriê dbtte
pierre paadt en jiace. Siqoelqiiestf édifions »*y îattàcliieiii,
on ne peut ^ areb certitéide, en fiiire «n iabtitfiBefft dmiv
(S^e« . • '
A peu db ê&sïskbéé dd Mêshil-Adiôâr ; bii rèncôh^i»', à
droite de lâl^outte ,' les avenues dé Moatàtej; De 6e point
4ort éleré , dn di^tin^ué la ville dé Tiré. '- - «
On ne ta^dé pai à descendre dAns l'es vaux àé Saulosùviré,
IL 1 « 1*1"'" "l ' ' ' *■ I
profondément encaissés an milieu dé coteaux scnisteux ;
puis on gravit Une seconde chaîné de grès' qiiârtzeùx et de
conglomèrafts (1) ^ suivant k peti près là même direction
que celle de Jurques. Ce fut dans la vallée de Soul'œuvrey
'k i iieue 1/2 de là i'ôote , i\x cÀté âirbit » que s'établirenît
d*abord lès religieux dû Val-Ricïier , pires de Lîàieux'.
LeBény, cbef-Iieu de canton , est à peine à 2 kilo^
mètres de l^TOute. Du côté opposé, et 4l^a m4ipe^c|i^t^^çf^
se trouve ïe Dézert, ^ncien prieuré dépendant 4^jl]fb<'
l)aje de Troam, En 1118, Henri I*" avait d(^nné. ^u^
religieux du Dézert la dîme du revenu du château dé
Vire. Le prieur était seigneur de la paroisse, et possédait,
dans d'autres communes du canton , des revenus prove^
I)antdelapercq>tk^d0s#m6s>. -, . m*. : '' ;''
En 1250 , le prieur dû Déiert dédiarà à Fàfcbévéque'de
ftotien y Odôn R4gaidt , que le personnel de sa ' nfaisM
' '. '^
(1) V. Bâ Topographie géogna^tique du Q^ndo»; wn vpMn-go,aTec
atlas , et ^f Carte géologique du même dépai^temeut.
.. „ g,
M STAvaruyOE ioutièrb
devait ètie de «ix moines ; les reTenns da prieuré étaient
alors estimés à 21M> livres (1).
Etou?j et la Graverie se trouvent à peu de distance à
Tovest ; puis , après avoir reçu la route départementale
de Saint-Lo et passé la rivière d'Allier , la route parcourt
le territoire de Neuville, paroisse limitrophe de Vire.
Il 7 avait , dans cette commune » un fief de Tracy et un
château en ruine , qui a été dessiné et décrit par feu
M. Dubourg d'Isignj. Une léproserie y avait aussi existé.
Le collège de Vire fut fondé y en 1682 y par François Le
Qiartier , curé de Neuville.
Agriculture. — De Yillers à Vire, le terrain , assez acci-
denté , divisé par de nombreuses clôtures , est , comme je
Tai dit, entrecoupé de ruisseaux et de vallées plus ou moins
profondes» Tous les vallons sont en^prairies , et notre Bo«
cage peut être considéré comme une région agricole mixte*
On y élève beaucoup de bestiaux. Les terres arables ,
reposant sur un sous-sol schisteux ^ sont assez produc*
tives dans plusieurs communes , et l'emploi de la chaux
comme engrais j qui est général dans cette contrée ,
y a produit les meilleurs résultats sur la production des
céréales.
VIRB.
On entre à Vire , en arrivant de Caen , par une belte
rM réf ttUèrement idignée ( la rue du Calvados ). On pé-
nètre ensuite dans la viUe » après avoir passé soos
la porte du beffroi , dont une partie date de l'an 1480é
(i) V. FExtraâi des tîsîtes d»Odon Riganlt, arcberèqne de Rcmen» an
XI n« siècle» que f ai pubUé , il y a plvsieiirs Uinées^ diaprés le
Buscrit de la bibliolbècpie royale.
DE NnUMAHDIB.
M STÂTISTIQtlft ROtTriBRE
Anciennement trois autres portes principales donnaient
accès à la ville ; elles étaient munies d'un appareil im^
posant de herses et de ponts-leviii. D'épaisses murailles ,
dont il reste encore quelques vestiges , défendues aux an-
gles par de grosses tours à mâchicoulis » formaient , der»
rière de larges et profonds fossés , une enceinte continue
sur un développement de près de 700 mètres (1).
Des porches garnissaient encore plusieurs maisons il y
a vingt ans ; il n^en reste plus aujourd'hui que deux ou
trois.
L'église paroissiale de Notre-Dame fîit d*abord une
simple chapelle ; bâtie au commencement du XII* siècle ^
sous le règne de.Henri I*' , elle ne devint paroissiale qu'au
XIII* siècle ( 1272 )« Elle est asse:& Vaste et de plusieurs
époques.
Dans son ensemble , la nef présente tous les caractères
du XltP siècle ; on remarque seulement sous l'orgue des
parties qui doivent dater du XIP. Les bas-côtés de la nef
paraissent attssi du XlIP. Les chapelles attenantes sont
du XV.
D convient d'assigner la même date au chceur , à Tab*
side et à une partie des bas-c6tés qui l'entourent. Le
transept méridional , avec le portail qui en Mi partie ^
doit être du XÏV* siècle ou de la fin du XIIK
(i) Dlsigny ; Etioi sur Ja ville 9t \le ehdieau de Tin.
SB NOIHAIfBIB.
Sa STATMTIQUIt KOOTIÊI»
La JoHe place , située près de Téglise , occupe l'étendue
de l'anciea château.
Ce château , reconstruit au XII'' siècle par Henri P' ,
et situé sur une presqu'île rocheuse comme ceux de Fa-
laise et de Domiront , était inaccessible de tous côtés »
excepté de celui qui regarde la ville et par où le cap s'at*
tache aux plateaux voisins. Mais un fossé profond et
d'épaisses murailles, fortifiées par des tours, en défendaient
l'approche. Deux de ces tours qui flanquaient la porte
d'entrée avaient plus de 60 pieds de hauteur. On entrait
d'abord dans une première enceinte , où se trouvaient
des logements et des écuries ; plus loin était un second
fossé avec un pontJevis, pour entrer dans la seconde en-*
ceinte, qui était garnie de bons murs avecHrois tours. Il
y avait entre les deux autres tours une chapelle dédiée
à saint Biaise. À l'extrémité opposée et sur la pointe du
rocher se trouvait le donjon dans lequel on entrait par
plusieurs degrés.
La plupart des fortifications ont été démolies en 1630 ,
par les ordres de Richelieu.
Ce fut à la môme époque que le donjon fut démantelé ;
il était divisé en quatre étages. Au reje<de*chaussée se
trouvait un escalier maintenant complètement détruit, qui
accédait au premier étage et à une galerie pratiquée dans
l'épaisseur du mur , d'où partaient sans doute des esca*
liers tournants, donnant accès aux deux étages supérieurs.
On remarque dans la partie des murailles qui répond au
premier étage une vaste cheminée , près de laquelle était
une fenêtre , qui a été élargie long-temps après la fonda*
tioQ de la tour.
Au troisième étage sont deux fenêtres ; le quatrième
étage n'offre que des ouvertures étroites.
OB NORIIANDIB. SIS
Les mars de œ damier étage étaient beaucoup moins
épais que les autres , de sorte qu'on avait pu ménager à
Textérieur de la tour et à un niveau correspondant au
plancher, un trottoir. Ce trottoir est encore garni de con-
soles ou de longs modillons saillants , qui ont probable-
ment supporté un mur en encorbellement , de manière
qu'il restait entre chacun d'eux une ouverture pour laisser
tomber des pierres ou autres corps pesants sur ceux qui
auraient tenté d'assaillir la tour.
M. d'Is^nj a , dans un mémoire remarquable sur le
château de Vire , indiqué les principaux &its de Thistoire
militaire de cette ville, depuis le XII* siècle. Durant les
guerres de religion , la ville fut exposée aux ravages des
Calvinisles. Elle fut prise et reprise plusieurs fois. Mont-
gommery s'en empara^dèsle commencement des troubles,
en 1662 ; il pilla et enleva le tréMr de l'église. Le duc
d'Estampes la reprit sur Montgommery, et Montgommerj
s'en empara une secondé fois, en 1563. La ville fut encore
prise et pillée , pour la troisième fois , par Montgommery,
en 1568.
Vire prit part aux troubles de 1639, qui agitèrent pres-
que toutes les villes de Normandie , au sujet des va-nu-
pieds. ^ '
Elle était menacée du pillage par l'armée du Roi , sous
les ordres de Gassion,qui venait pour punir ses habitants;
mais elle en fut préservée par la prudence et la sage con-
duite de Philibert-le-Hardi » avocat du JRoi.
En 1759 ^ un incendie réduisit en cendres une partie
des faubourgs de Vire.
n y avait autrefois, à Vire, trois couvents de femmes et
f 4 STATISTIQUB KOUTIÉRE
4eiii d'iMMUnas; saroir : les Cordelien, étabKs en 1481 (i ) ;
leaCapndoi, qui dataient de 1625; les Ursalines^ de 1691 ;
^Bénédictines, de 1646.
L'hdpîtaJ général, auquel on accède par la rue tendant à
Vaasy eà à GandëNiur-Noireau , fut établi Fan 1683.
l/hûtcl-Dieu « qui avait été fondé vers le miSeu du
Xlh siècle , fut ocoii^ , en 4661 , par des religieuses
Ihospitalièrei.
Tout le monde sait que l^ire est la patrie/ d'Olivtêr'Bas-
selia ^ àonti les poésies ont élé éditées d'abord par H. Âs-
selin 1 puis p^r Af . Traviers , l'on et Uaytre membres de
J'Ai^^çkÇJ^tion pQClDaQde. Le poète contemporain ChénedolM
^tait ai^i Yicois, car. son châtean n'est qu'à 2 lieues de la
YÎUei^oivilipassait, d'ailleurs, quelque temps chaque année.
Virf) a,per4)u récemneot.un homme d'ua grand mérite ,
H; d'Isis^ny , et un sftvailt botaniste ^ M. IMise ; leurs
Botiœa bicifçràphiqnes ont été pubtiées. M. Le Normand ,
dont les magnifiques oollections botanique» ^sont connues
foi loin^ soutient, par ses tcaraux remarquables ,Ja haute
if^putation do;it jouit sayllle natale parmi les naturalistes.
(i) les bâtiments du coQvent firent achevés en 1491 , et l'église
fui consacrée , sous le titre de Saint-Michel , le 20 mai i500 , par
Guillaume , évèque de Porphyre. Il est sorti de ce cpuyent plusieurs
religieux dii^lingués par leur érudition. En 1568., les Calvinistes firent
mb^iHr cinq religieux de cette maison et y firent de grands dommages.
OH' MsiÉAi' ce qui suit sur use poutre sculptée dA PégUse auJourd*htii
^émoiie :
L'an mil cinq cent soixante-huit
Ce temple fut destruit ;
L'an suivant , que Ton dit ,
Ls9go>iQ me resjUiurit.
VB IVORMAlfDIB. 25
L'industrie principale de Yire consiste dans la £ibrica«
don des draps et da papier. L'Association normande a pu-.
Nié, en 1837, des documents très-préeis sur l'importance
de ces deux industries , sur leurs progrès et leur origine.
MM. Chemin et Lemarchand ont Ait des recherches
intéressantes sur Tbistoiredu pays.
M« Mary, doicteur en médecine, inspecteur deTAssocia-
tion normande, connaît parfaitement la statistique agricole
et géologique de rarrondissement ; il met la plus grandie
obligeance à donner ans voyageurs qui le yisitent les ren-
seignements dont ils peuvent avoir besoin (I).
n n'y a pas à Vire de collection publique d'histoire na-
turelle ; mais on y trouve une bibliothèque publique de
7,000 volume».
§ IIL — De Vire à Moriain,
La route de Yire à Mortain traverse une zone grani-
•
tique y large environ de 8 kilomètres , offrant une suite
d'éminences et de dépressions , comme au nord de la ville.
A 3 kilomètres de distance , on remarq\^e , à droite de If
route, commune de St-Germ^in-de-Talvende, l'habitaliop
et les jardins deM. le chevalier du Clos-Fortin. AYengeons,
où l'on p^^ sur le département de la Manche , un soulè-
vement granitique ^^ plus él^vé^que les autres , forme une
ligne d'éminences ; parvenu au sommet de la côte , on ne
tarde pas à quitter le granit pour passer sur le micaschiç^*
(1) On reii^ur(|[i:(e sotfs l^escarpemem Uu château de Vire des
filons de granit , injectés dans les micaschistes , que les géologues vi-
siteront avec intérêt. Le même fait se reproduit sur plusieurs autres
points du Calvados et de la Manche. ( V. mon Euoi iur la gérgron'
fhie des roches de la Mitnche et Us coupes qui l'accompagnent.
M STATISTIQUE ROUTIBHB
9ourdeyal , bourg considérable (3,000 habitants), repose
sur cette roche , qui cède à son tour la place au granit ,
ft 3 kilomètres au sud de cette bourgade. Là , comme à
Vengeons , le soulèvement granitique a produit une es-
pèce de barrage , et il faut gravir une côte assez longue.
Après avoir couru 2 kilomètres à peine sur le gra«
nit , on retrouve le micaschiste , puis le grès quartzeux,
ce grès qui forme les pittoresques escarpements de Mortain.
Après avoir franchi la petite rivière de Cance, qui s'en va
l]^ndissant sur les rochers, on se trouve en fisice de Tabbaye
Blanche , où il faudra s'arrêter un peu.
Abbaye Btanehe.-^^Vabhaje Blanche , construite au fond
du vallon de la Cance , en vue des rochers les plus pitto*
resques et près d'une cascade qui rappelle celles de la
Suisse y offre une église qui , k cause de la certitude de
sa date , mérite d'être examinée arec soin.
Le chœur et les transepts offrent un des plus beaux
types que l'on puisse trouver de l'architecture , durant la
première moitié du XIP siècle. Les chapiteaux des co-
lonnes sont simples et élégamment profilés ; mais les bases
offrent une pureté et une élégance que Ton trouve ra-
rement , et qui montrent que la dureté du granit n*a
point empêché les sculpteurs habiles de donner à leurs
œuvres toute la rectitude de lignes qu'on remarque
dans les églises construites en pierres tendres et faciles à
travailler.
La nef oflre beaucoup moins d'intérêt que le chœur et
les transepts ; elle a été réparée à plusieurs reprises , et,
dans ce moment, les voûtes demandent des travaux consi-
dérables. On y remarque des stalles de la fin du XY** siècle.
Au sud de l'église était le cloître, dont il reste plusieurs
UK .tOKMA.'tUllf. â7
parties fort intéressantes. Ce sont d« arcades A plein cintre
eu granit , portées sur des oolooDes dont le fût est d'un
seul morceau , avec base atlique et des espèces de pattes
ou de bourrelets aux aogles.
Ce doitre doit être du XII- siède.
La vue que voici d'une salle qui existe à l'extrémilé do
réglise , montre le miaxv nAyle et les mêmes chapiteaux.
38 6TATI8TIQV£ BOUTIÈllE
L'abbaye avait été fondée, en 1105, par le fils du comte
de Mortain. On croit que l'église fut commencée peu de
temps après. On j yoit quelques ogives de transition mé-
langées aux pleins-cintres ; mais les cbapiteaux , les co->
lonnes et rornementatioo appartiennent au style roman.
De l'abbaye Blanche à Mortain , on parcourt la vallée la
plus pittoresque et la plus romantique qu'il soit possible
de trouver en Normandie. Outre la belle cascade que j'ai
déjà citée , on en trouve une autre plus loin , du côté
droit de la vallée , en face du château , qui tombe per-
pendiculairement d'une hauteur de 7 mètres (1).
La position de Mortain s'harmonise merveilleusement
avec ce délicieux vallon et ses abords si heureusement
accidentés. Elle est construite sur le versant d'un coteau
abrupte sur plusieurs points, et couronné de blocs énormes
^ grès couverts de lichens. ^
M. Gally Knigt , savant voyageur qui a parcouru tojut^
l'Europe , s'exprime ainsi en parlant de Mortain :
« La scène ' qu'offre la position de Mortain a quel-
» qu« chose de plus enchanteur et de plus attachant
» que les autres sites de la Basse-Normandie ; les vallées
9 sont plus étroites , les montagnes plus rocailleuses et
» plus boisées i l'eosemble du tableau nous rappelait les
» paysages italiens et Tivoly , et les cascades qui murmu-
9 raient au-dessus de nos tôtes et dont nous sentions la
» fraîcheur , justifiaient encore ce rapprochement entre
(i) On cite comme croissant près de cette cascade : VhymencH
fhyllum ttmbridgeme , plantes U'ès-rares en Normandie.
DB MOUUIIDIB. 29
» les objets de nos joinssances passées et ceux d^iitti
B seosations prëseates»
» Nos I^teurs otit eotteÀdu parler de ces rocs bù l^aigle
* âadaciéilx Ta déposer son oid : qa'ib aillent à Utôrtâio,
» et qu'ils disent si le rocher sur lequel est suspendu le
9 cbâteaii n'est pas l'image de ce séjour favori du roi des
» oiseaux. Un roc escarpé , qui n'est lié à l'émitience iquë
» par un étroit cordon de pierres , laissait à peine un es-
> pace suffisant pour l'établissement d'un cbâteau féodal.
B La position formidable de lu forterissse en fit autrefois
» une place de la plus haute importance* »
Aujourd'hui il ne reste plus de Ce château célèbre que
le Toqiqui le supportait , et & sa place se trouve l'hOtel
de la sous-préfecture.
Tout escarpée qu'elle était, la position du château
était dominée par une chaine degrés fort élevée, dont les
crêtes déchiquetées forment un rideau derrière la ville, qui
s'élève elle-même en pente àu^essus du château.
L'église collégiale de M ortain , aujourd'hui paroissiale^
est oblongue, terminée circulairement à l'est; elle n'ofiî^e
point de transepts» Les bas-côtés font le tour du cho^r, et
donnent accès à une seule chapelle derrière le sanctuaire*^
Mais j'ai tout lieu de penser que» dans la partie orientale,
on a fait des changements qui ont modifié» de ce cêté, le
plan primitif. En efiet g l'examen auquel je me suis livré
ne me permet pas de douter que cette partie de l'église ,
depuiâ la courbure de l'hémicycle du chœur , ne soit pos*
lérieore au reste. Bien qu'aucun de ceux qui ont visité
l'édifice n'ait été fi'appé des différences qui annoncen|t un^
reprise en sous-ceuvre , je n'hésite pas à tenir ce faitjpour
SO STATISTfQVB ROUtlRRE
hieowteiUible. Déjà l'examen des colonnettes et de^ etia«
pileaax qai les surmontent , dans la partie de l'église
que Je viens de citer , suffirait pour annoncer une diffë*
rence d*ëpoque ; mais si Ton exanùne Vextérieur de l'é*
difice , on verra que ni Fappareil ni les corniches de cette
partie semi-circulaire ne correspondent au corps du bàti«
ment avec lequel ils ont été rajustés de manière à tromper
l'observateur. Cette apside à pans coupés annonce tout au
(dus le XIV^ siècle ; peut-être même est^elle postérieure.
Quant À la partie ancienne de l'église ^ on ne peut que
la signaler comme un excellent modèle du commencement
du XIIP siècle. Les piliers engagés dans les murs latéraux
du pourtour supportent les arceaux des voûtes ogivales ,
et sont ornés de colonnes groupées. Ces colonnes en
granit offrent toutes des bases attiques très-pures et des
chapiteaux d*un excellent goût et & volutes , comme on
les faisait partout au XIII* siècle. Du côté de la grande
nef, les arceaux de la voûte allaient s'appuyer sur de
grandes colonnes nionocylindriques^qui portaient en môme
temps les niurs du grand comble. Les bases de ces co-
lonnes sont attiques , avec le second tore épanoui et orné
de pattes aux angles , caractère si fréquent à la fia du XIP
siècle et au XIIP.
Les travées de la grande nef offrent des arcades ogi-
vales portées sur les colonnes monocylindriques dont je
viens de parler , et qui correspondent aux fenêtres à lan-
cettes des bas*côtés. Au-dessus de ces arcades se trouvent
des lancettes courtes » obscures , représentant le frt/briiim,
et de niveau avec le grenier formé par le toit des ba»<êtés.
Une lancette , de la même dimension à peu près que celle
des bas*cêtés , occupe le niveau du Heresiory, Il n'j a
Bi mùKMÂjnali. i\
poÎBt en 4e ToAte i cctteégliM , et le plancher est encore
en bois.
Une porte latérale au sud , décorée de zipaga , eat tout
ce qui reste de la collë^le , qni arait été constmite en
1062. Il est facile de voir que cette porte et le pao dfl
mar qui l'encadre De se lient pas avec le reste.
La tour , séparée de l'église du cOté du nord , est
postérieure au XIII* siècle , par conséquent au corps prin*
cipal de l'édifice.
Quand Odon Rigault , archevêque de Ronen , visita Uê
chapitre de Hortain en 1360 et en 1369 , il y avait seize
cbanoioes réguliers ; il j trouva des abus k réformer.
|B STATHTIQOS BOUTlàRB
Le pri«Dr4 4« Rodier , dent l'égHae existe «ta ham iht
coteau hors la villes était , en 1263, habité par dix mmiea
de l'abbaye de MarnuHitiers , près de'Tours,
Od a commencé à former è rHôtel-de-Ville de Mortain
une bibliothèque publique. Les archiTes de Tabbayede Sa^
i^ignyy ont été déposées pendant quelque temps; puis, sur
un ordre du ministre , elles ont été transférées aux archi^
yes du royaume , sans la moindre opposition de la part de
l'administration locale. On remarque , dans la cour de
l'Hôtel-de^Ville, quatre beaux chapiteaux romans du XIP
siècle , en granit , provenant des ruines de Savigny , que
nous y avons fait transporteri M* de Milly et moi. Ils mé^
ritent l'attention.
§ iV^-^tk iloriam à Paugèréi,
En sortant de Mortain , point culminant de la centime ^
Fteil s'étend , au sud et à l'ouest , sur une^ immense dé-^
pression, qui annonce la formation schisteuse (phylladeset
micaschiste ) , et que diverses éminences, foriiiées par des
soulèvements granitiques , viennent borner vers le sud
( Saint-Symphorien, Ferrières et le Tilleul ). jusqu'à Saint*^
Hilaire et au-delà ', là roiitè court sur la formation schis-^
teuse (1) , qui offre lès mêmes faits agricoles et le même
aspect que' dans les régions de ménie nature déjà pai^-
courues. On rencontré, à Û lieues de la ville, du côté droit,
le château de M. le comté de Bonvouloir , membre de
FAssociation normande et président de là Société d'agri*
(1) V. ma Carte géologique da département de la Manche, partie da
sud.
Dl IfOUHAHDIE. 33
coltere de Hortain ; c'est rhabitâtion la plas importante
des enirirona. L*ëglise et le cbdteau de Milly se trouvent
plus loin , du côte opposé , à 2 kilomètres. L'église de
Parigny borde la route , du même côté , à 3 kilomètrea
de Saint-Hilaire. A un kilomètre au-delà de cette église, la
route, qui, depuis Mortaio , se dirigeait vers le sud-ouest,
prend la direction du nord au sud , et traverse la Selune
en entrant à Saint-Hilaire.
Saint-Hilaire-do-Harcouet est un bourg considérable ,
qm prend de Faccroissement cbaque année.
*
Le cbâteau appartenait en grande partie à la fin du
XYP siècle et au commencement du XYIP (1). Tout dé-
labré qu'il est , il mériterait d'être dessiné.
L'église n'est pas d'un grand intérêt. On y voit, à Tinté*
rieur du cbœur , des colonnes romanes du XIP siècle ou
dtt XI* ; mais d'autres parties de l'édifice appartiennent
an XV*^« Deux fenêtres , surmontées de frontons aigus et
ornées de feuilles roulées et de divers animaux , parais-
sent de l'époque de Louis XL La tour , carrée et très-
feaokie , n'offre de remarquable que l'inscription qui en
apprend la date * M IIH Illf XV ( 1495 ) , et qui est
gravée sur une bande de granit ^ vers le milieu de la bau*
teur de cette pyramide.
M, l'abbé Caret , curé de Saînt-Hîlaîre , a le projet de
Reconstruire cette église et de lui donner des dimensions
plus spacieuses. Il y avait à Saint-Hilaire un prieuré , dé-
pendant de St^Benoit-snr-Loire , qu'Odon Rigault trouva
miné, par suite d^un incendie , en 1363.
(1) Quelques autres parties sont modernes.
34 STATISTIQUE ROLTIÉERB
Oo voiU dans la principale rae de Saini-Hilaîre, le bâti-
ment neuf des halles et de la justice de paix , construit en
granit , dans un style qui ne ferait guère soupçonner sa
destination.
Après avoir traversé Saint-Hilaire, on passe une rivière
qui va se réunir à la Selune , puis on monte une côte
assez longue , formée par le micaschiste. Au haut du co-
teau, on trouve le granit , qui forme dans les micaschistes
de nombreux filons, et des Ilots « dont un est exploité sur
le bord de la route même (1). Ces filons , qui sont venus
traverser les roches maclifères et forment*au milieu d'elles
des trouées et des injectiom, prouvent peut-être là , mieux
que partout ailleurs , que le granit est une roche ignée,
qui est venu , suivant l'ingénieuse théorie de M. Elie de
Beaumont, soulever les schistes, et les a plus ou moins al-
térés par son contact.
Parvenue sur les confins du département de la Manche,
à 7 kilomètres environ de Saint-Hilaire , la route ne se
trouve guère qu'à 2 kilomètres des ruines de Tabbaye de
Savigny.
Cette abbaye , qui remontait au XII* siècle , devint
mère de plus de quarante maisons de Tordre de Çiteaux»
L'église , dont il ne reste plus que quelques pans de mur,
avait été commencée en 1173 par l'abbé Josse , pour rem-
placer une église plus ancienne , trop petite. La consécra-
tion de cette nouvelle église n'avait eu lieu qu'en lâ20 ,
(l)'V. ma Carte géologiqne du dëpartement de la Manche ( partis da
sud ) ; Paris , Derache , rue du Bouloy , 7. — V. aussi mon Essai sur
la distribution géographique des roches dans ie département de la
Hanche , et les coupes figurées qui raccompagnent.
DR nOWANDW. H
«B présence de l'arehevéque de Rouen' et de plusieurs
érCquee.
Les ruines' des bâtiments claustraux étaient considéra*
blee encore qnand je tes visitai il 7 a quelques années.
Alors Je fus particulièrement intéressé par une vaste »aUe
repoeaDt sur d'autres salles voûtées , que l'on était en
train de détrnire. C'était l'aociea réfectoire ; il commua
niquait au cloKre par une magnifique porte à deux baies,
dont les moulures , d'une grande finesse , montrent avec
M STATISTIOUB lOUTIÈIIK Dl NOBMAIIDIS.
quelle babikté on a sculpté , au XII* siècle , le granit le
plus dur. Je fis immédiatement des propositions aux pro-
priétaires pour acquérir ces beaux restes, afin d*en arrêter
la démolition ; mais ils appartenaient à plusieurs person-
nes, et j'attendis en vain, à St-Hjlaire, la réponse qu'ils
m'avaient promise. Ce ne fut qu'un an après que M. de
Milly » membre de l'Association normande , parvint à con-
clure ce marcbé pour moi ; mais alors il ne restait qu'une
partie des murs du réfectoire, ceUe dans laquelle s'ouvrait
la magnifique porte donton voit l'esquisse : nous sommes
Iieoreux d'avoir encore pu sauver cette belle ruine de la
destruction. Plosieurs chapiteaux romans de la salle infé-
rieure nous furent cédés en même temps « et ceux que
nous avons signalés à Hortain en proviennent.
Savigny est sur les confins de la Normandie , k i kilo-
mètre du bourg de Landivy , qui fait partie du départe-
ment d'Ille*et- Vilaine. Après avoir franchi les limites bre-
tonnes, on rencontre sur la route le bourg de Louvigney ^
dont l'église est en grande partie du XY* siècle.
Le granit domine sur ce point ; mais plus loin on re-
trouve les inicaschistes , qui forment le sol d'une partie
de la forêt de Fougères. Au-delà de la forêt , on rencon-
tre à droite le château de M. le comte de La Riboissière^
pair de France I et plus loin quelques habitations moins
importantes.
La ville de Fougères se présente ensuite avec ses rem-
parts couronnés de mâchicoulis , son château en ruine ^
et quelques autres curiosités ; mais déjà nous sommes i
è lieues des frontières normandes, et nous devons bornef
nos indications à cet aperçu.
NOTIONS UTILES.
Hnonoii liInsTiuiK w plques tebies dibciuiectdre!
Par m. it Caunumt ,
Directeur de l'Association nonnand».
1^6 Conseil de rAfisociatioa normande a décidé , il y a
long-temps , que l'Annuaire renfermerait des instrue-
tioBS élémentaires , non-seulement sur l'agriculture et les
sciences accessoires, mais aussi sijr les beaux-arts , et no-
tamment sur l'architecture , la peinture , la musique ,
etc. , afin de populariser des notions qui devraient être
généralenient répandues, et dont manquent pourtant bon
nom)^ de personnes éclairées.
n 7 a près de dix ans ^e je traduisis le dictionnaire
d'architecture de M. Parker , d'Oxford , dans l'intention
de le publier avec deï figures et de nombreux change-
ments ; mais diffërents travaux me détournèrent de ce
projet. M. Beaude , de Beauvais , annonça d'ailleurs qu'il
s'occupait de la rédaction d'un glossaire conçu sur le
Btaie plan.
H. Beaude n'a point donné suite à son projet ; mais un
magistrat. M» Pejré, membre du Conseil général du dépar-
tement du Rhône , a £aiit paraître , en 1843 , à la fin d'un
Manuel d'architecture , un glossaire très-court , qui m'a
rappelé celui que j'avais en portefeuille : je l'ai donc
HNimis au cooqdté de l'Ai^sociaiion , qui m'a engagé à en
faire un extrait pour l'Annuaire , pensant que cet extrait
3$ DÉrimnoN klkmntaihb
pourrait être utile. Je dois déclarer, avant tout, quejen'ai
nuUemeot eu l'idée de faire un dictiounaire d'architeo-
ture(*), mais seulement de préciser le sens de quelque»
termes doDttoulle monde ne connaît pas bien la yaleur.
i. DB CADHONT.
ABAQtli. —Partie supérieure
des chapiteaux , en forme de .
tablette , sur laquelle reposent
les arcbitraves et, dans l'archi-
tecture A ogives , les arceaux
qui s'élèvent pour soutenir les voûtes. Jusqu'à la fin du
jj XIII' 8iô-
r de , l'aba-
I queesttou-
jonrs car-
ré; mais, à
partir
cette époque , il est souvent octo-
gone. On désigne aussi l'abaque sous le nom de tailloir.
Absidi. — Par- j
tie circulaire à
l'extrémité des
édifices :
, (1) Al moment où nou» motions cet arlido sous pra&se , aoos reca-
TOiisle prospeclus d'un OiclIoiiDaîre d'arcbilccture , qui doit être
prochai nemenl publié i Paris, par M. Berty, arcbiteclc. En Angle-
terre, on connaît plusieurs ouvrages de ce genre , noumnent
ceint de H. Parker , dont Je viens de parler , el celui de H. Briitoo.
H. Gnenebaul publie ea France un UoUonnidTe inograpliique des
DB QOBLQOKS TBHMBS D'UCBITRCTVM. 99
toaire des églises se termloe souvent par une abside.
C'était là que, dans les premiers siècles, siégeait l'Evéque,
accompagné de ses prêtres assistants , la face tournée
Ters le peuple. Les églises présentent parfois plusieurs
absides distribuées dans différentes parties de l'édiGce.
AcANTBa. — Plante méri-
dîooale employée par les
Grec» A l'oraemeDt du cbapï-
teta corinthien , et dont les
farines ont été , loas les Bo-
auiDS , et sont encore , daits
notre architecture moderne , '
nn des plus beaux élémenls de
la décoration architecturale.
AcROrtaga. — Piédestaux placés A l'angle des frontons
on des entablements , et destinés à supporter des statues ,
des vases ou d'aub'es ornements.
AiGCiLLES ou PiMCus. — Tourelles terminées
' par des tofts coniques fort aigus , en forme d'o*
bélisques carrés ou octt^onei , qui décorent di-
verses parties des édifices , à partir de l'adoption
du style ogival , particulièrement les contreforts.
Les aiguilles >oaI souvent creuses à l'intérieur et
ouvertes sur les côtés ; elles servent alors , dans
beaucoup d'églises, de niches pour des statues de
grande proportion. Quelques aiguilles réGsein-
blent tout-Â-fait à depcliles tours , et ou les dé-
(igne aouvent sous le nom de clocbotons.
40
DBFIMTIUK BLEllE^TÂlaE
rO
AiLK. ~ On appelle aîosi les divi-
fions lalérale* d'une église , c'esl-i-
dire les ae& §econdaires , que l'on
nomme vulgairement bas-cdté«.
Les ailes ou bas-cfltés s'arrêtent a&sez
fiouveat piës de l'abside, dans les églises
antérieures au XII* siècle; dans d'autres
églises, elles ea font le tour. '
f.
Allais «odtbbtbb. -- J'ai dooné ce nom i des lignes
parallèles de pierres dressées et pOTtant d'antres pierocs
placées horizonialeiDeHt. Les allées couTertes ne sont que
de grands dtdmeos. ( V. le tome 1" de mua Cours, p. 83.)
Ahboh. — Espèce de tri-
boue ou de chaire à la-
quelle on noBtail par deux
escaliers , et dans laquelle
on venait lire l'épltre et
l'évangile. L'amboa ser-
vait aussi de chaire A prêcher : on eu voit encore dans
plusieurs églises de Rome. A partir du XIII* siècle, oo
abandonna l'usage des amboas dans les églises.
DK (jtfiLUUKS TBBMKS D'AECmXKCTLRIl. 41
AMrutpiosTYLK. — Oa appella ainû uu Mifice qui a un
]K>rtîque à chacune do sei extrémilës : c'est le iroUièew
ordre de temples dont Vitruve lait meotioa. ( Voir le 3*
volume de mon Cours , chap. 8.)
AMrHtTuùTRB.— Edi-
fice très-spacieux et de
Jorme ovale dans lequel
les emperean romsins
donnaieiit an peuple If
spectacle des combats de
gladiateurs et de bétes
féroces. (Voir, dans le 3*
volume de mon Cours
d'antiquités , la descriptiou d'an cerlain nuuibre d'amphi-
théâtres comparés. ) Une grande loUe velarium était éleu-
due sur l'amphithéâtre, pour garantir de l'ardeur du soleiL
AxTBriXE. — On désigne ainsi des
figures de diverses espèces placées
•ODS le toit des temples , soit pour
maintenir les tuiles , soit pour en
cacher les lignes de jonction et décorer
la corniche. Les aatefixes de plusieurs
monuments anciens étaient en bronze;
on les faisait aussi en terre oiite.
Quelques-unes ont été dorées,
Apophisb. — Petite bande an soiamet et à la base des
filts des colonnes.
ArpAKUL. — Forme, taille et disposition des pierres ou
des briques employées dans la cunslrucliua des murs. J'ai
4S
DEFINITION ÉLBMBNTAIKS
donné, dans le 4* volume de moa Cours , une classification
des appareils , qui a été géoéialement adoptée. La nature
de l'appareil est d'un grand secours pour reconnaître Tâge
d'un édifice.
Akc-dovblbau. -* Arc en saillie formant plate-bande
sous une voûte qu'il est destiné à fortifier. Les Romains
ont parfois employé les arcs-doubleaux ; j'en ai trouvé
dans une des salles des bains de Dioclétien. Au mojen-âge,
ils ont été habituellement employés ^ et ont acquis une
grande élégance dans les monuments en ogive.
Arc-boutant. — Arcade portée en
l'air sur un pilier et allanf butter
contre la partie supérieure des murs,
pour les soutenir et neutraliser la
poussée des voûtes. C'est à partir du
XIII* siècle que les arcs-boutants ont
été usités. Ils sont bientôt devenus
d*une étonnante légèreté » et ces ar*
cades aériennes ont , dans les édifices
les plus élevés , été superposées les
unes aux autres jusqu'au nombre de
trois.
Ababesqdb. — Feuillages et moulures diverses d'orne-
mentation empruntés à l'architecture mauresque.
ABBtE DE Jbssb. — Représentation par laquelle les
sculpteurs et les imagiers du moyen-âge rendaient sen-
sible l'accomplissement de la prophétie qui avait prédit
que Jésus-Christ naîtrait de la race de Da%ad , huitième
fils de Jessé]: Et egredietur Virga de radice Jette , et flot de
radiée ejuê aecendet. Les nombreuses représentations qui
existent <le ce sujet symbolique , présentent un arbre ffé-
néalogîque oB'ranl les diOereuL': personnages de la race de
David , depuis Jessé jusqu'à la saiaCe Vierge : la iîgurede
celle-ci occupe le faite de rarl)re , et les autres figures
■ont habituellement portées cliacuae t>ar une branche ,
dont la hauteur dëterniine l'ordre chronologique. Ce sujet
ce trouve dans un grand nombre de cathédrales et dans
beaucoup de vitrauxpeints , depuis le XUI* siècle jus-
qu'au XVI-.
AacADB. ~ On distingue plusieurs espèces d'arcades ;
savoir:
L'Abcadb SEin-cntcD-
Luu — Offrant la moitié
^a cercle , que les Ro-
mains ont constamment
employée dans leurs édi-
fices, et dont les arcbitec •
tes dn mojen-âge se sont
■ervisjiisqu'à la fin duXIIl' siècle, qu'ilsont adopté l'ogive.
L'Arcade sdkhavssék ou ek feb a cheval , dont le
dntre excède le demi-cercle.
L'argadb soBBAissÊ*, dont Ja oourbure n'atteint pn»
celle d'un demi-cercle.
L'Abcadb bvbtbi-
LOB^E.— Offrant trois
)obes sous le cintre ,
et qui était usitée
principalement à la
fin du XII' siéde.
W BÙlfllTlON ELUISnTAIRB
L'Arcadb ooivalb od bn
TiBBS-poiifT. — Usitée géné-
ralement à partir du XIII*
■iëcle , et dont les propor-
tions varient un peu de siècle
eu siècle.
Les Anglais l'appeUeot or-
eade en point».
L'Abcadb poi.tlo>
b£b. — Garnie de lo-
bes arrondis , que
l'on -trouve assez ra-
rement , il est vrai ,
dans les moonmenIJi
du XII' siôcie et dans i
les première temps de '
l'arcliitecture ogivale ( première moitié du XIII* siècle ).
' L'Abcadbogitalbsdbhad»-
nsB oi; URCBOLU. — Arcade
dont la courbure se prolonge
au-dessous des centres. Elle
est d'une très-grande élé-
gance , et donne aux monu-
ments du XIII* -siècle une
partie de la noblesse qui les
distingue.
SB QDELQVU TËMUES 1
L'ASCAM Kl TALOM OU BIf |
ACCOLADB. — Arcade formée
par le relèvement en pointe
aiguë de la partie supériéare
d'une ogÎTe : dùposition que
l'on ne rencontre guère avant
le XV* Biècle, et usitée Hurtout
ven la fin de ce sjèole et an
commencement du XVI*.
L'AlCADB Ofil-
FEST05- .^jTjt
^i
du XV* siècle.
L'AiCADB MACBESQUE. — Quelquct arcIiéo1ogue§ ont
non déliré l'arcade présentant Iroii
quarts de cercle et se liant sans impostes
aux piedfrdroits. Cette arcade se ren*
contre très-fréquemment dans les mo
numenls mauresques de l'Espagne , et
donne à l'architecture do moyen-dge ,
dans ce pajs , une physionomie parUcollère et très-dk*
tincte. H. de Prangey a publié sur les monuments maa*
lesques d'Esp^oe un bel ouvrage , qoe l'on peut con*
su) 1er •
Abcatdsb. — Série d'arca'des fermées et supportées
par des colonnes on des piliers. On a souvent employé
les arcatnres pour l'ornement des mtiraîUeB , aux XI*
et Xn* siècles, et dans les siècles suivants. A partir du
46 DeFlUlTIOK ILEMinTAIllE
commeiiceoteal du Xllb siècle , le« arcatuies foot en
tiers-point.
ABCHTnLiTE. — Partie inférieure de l'enlaUemeat, qui
repose sur l'abaque du chapiteau.
Archivolte. — Bordure simple
ou décorée de moulures qui règne
autour des arcades.
Au XI' et au XII' sjède , les
archivoltes sont ricbement ornées
de dessins variés. A partir du XIII*
siècle , elles portent des canelures
plus ou moins nombreuses.
Abckab. — Partie cintrée d'une voûte , d'un passage
ou d'une ouverture. Les arcs-doubleaux des voûtes s'ap-
pellent aussi' arceaux.
SB QUHLQDBS TBUIBS D'AaCBlTBCTimB. 47
AsTmiAAUS. — Moulure arrondie qui entoure une oih
lonne au-dessous du chapiteau.
Atbium. — Salle d'entrée des maisons grecques et ro^
maines. On désigne ainsi la première cour ou le vestibule
d*une maison moderne.
Attiqcb. — Etage élevé au-dessus de la corniche ser-
Tant à cacher la toiture.
Baiics. — Vastes édifices publics où les anciens venaient
se baigner, et qui se composaient d'une suite de pièces dis-
posées suivant les exigences de l'époque et les habitudes
des anciens.
Les ruines des bains* de Titus , de Caracalla et de Dio-
clétien , à Rome , peuvent donner une idée de l'impor-
tance de ces établissements « dans lesquels on trouva sou-
vent, à partir du temps de Néron , des gymnases , des
palestres , de longs portiques , etc. Sans être aussi gran-
dioses que ceux de Rome, les bains des villes de province^
ceux de Nimes , par exemple , furent d'une grande ma«
gnificence. J'ai donné des détails étendus sur lesbaind
dans mon Cours d'antiquités , tome 3 , chapitre 1*'. On
y trouvera le détail de toutes les parties de ces édifices
et l'indication de leurs usages. Les bains modernes n'ont
aucune importance, comparés aux bains antiques. Il n'y a
il'ailleurs de grands établissements publics pour les bain^
que dans les lieux où des eaux thermales existent, au liea
que , sous la domination romaine , toutes les villes ^ et
souvent de simples bourgades , en étaient pourvues.
Baignoires. — Réservoir dans lequel on se met au bain.
Chez les anciens , il y avait des baignoires en porphyre,
48 MPIMII-iOX »:l.BXIM<TAItK
m baulle et en tiiari>rea de diverses natores. Qoriqsea bai-
frnoiree élaient ansKi Tormëes en maçonnerie et suspen-
dues Kur des fourneaux au moyen desquels on pouvait
ehaufier l'rau du bain. Telle* étaient celles de Saintes «
figurées daos le second volume de mon Cours , dont je
reproduis ici l'esquisse.
BALOSTBAns.— Rmn- ■
j»e en pierre , reposant s
tantôt sur de petits pi- /
tiers , tanlU snr dis K
compartiments décou-
pés de différeatea for- -
mes, dont le bal est de -
servir de ^rde-foa '
\t long d'une galerie ^^^^^^^HBI^H^^^^^V
intérieure ou extérieu- ■ i ^
le. Dans les monuments A ogives , les balustrades coU'
ronnent souvent les combles , et forment des espèces d'at'
tiqnee ao'^tessas de l'entablement.
Baptistbhr. — Edifice où l'on administrait le baptême.
DB QCBl.QCkB TUims D'AICBitSCtURli. 40
nn Les baptistères ëlaieat, dans IV jm h^
^^ ^^ rîjtine , séparés des églises. Leur J^ ^^^
■ ^^ ■ forme tlaît ronde ou octogone [ fljjj (~\ ]||l
^^ ^ le réservoir qui contfeaaît l'eau ^^n^___,<^^
^^ du baptême était au milieu. Tels ^^^^^^
sont encore les baptistères de Si-Jeau-de-Latraa , de Flo-
rence , de Ravenne , de Parme , de Pise, et autres, H y eut
pourtant quelques baptistères d'une ailtre
ferme, notamment de carrés. Par la suite , on I
a cessé de construire des édifices séparés pour \
le baptême, et la cuve baptismale a été placée
dans une cbapelle de l'église. (Voir mon Cours d'anliqui-
tés , 6* partie , chap. 1".)
lUifeAC&iiK. — Sorte de tonr d'obset-ration , Ouvrage
Avancé devant la porte d'un château ou d'une place for-
tifiée. On appelle edcore hùrhacàM an ouvrage extérienf
placé tk qodque distancé des fortifications principales.
Bm. — Pïrtie basse de la co-
looMi Dans l'architecture antique,
la base est ornée de tores , dilTé-
reninent disposés , suivant l'ordre
de la colonne. {V. art. ordra. ) Au
mojcD-Age * elle offre aussi des
Inodificatîons , suivant les éges de
l'arcbileclure , et même des varié-
tés à la même époque. La base
ci-joinle appartient au XII" siècle.
(V, mon Cours d'antiquités , tome 4, pages 1*4~ 334.)
Basiliqdi. —Dénomination appliquée par les Romains
4
SO DEriNinO.t ÉLÉMENTAIRE
aux édifices publics dans lesquels on rendait la justiro ,
011 l'on parlait d'affaires commerciales ,
T et qui servaient parfois de niarcltés cou-
I voris. Les basîliquffs se coinposai''nt do
I trois nefs et d'une abside ; dann la s»Ha
I elles devinrent des temples chréiiens :
I leur plan fut imité dans la ronsiruclion
j des premières églises , qui long-temps
■ furent désignées sous le même nom (V.
mon Cours d'anltquités, t. 4 , et mon Histoire de l'ar-
chitecture religieuse.)
Bas-cAtës ou coLLATÉRAiis. — Vojez alla.
Bas-hf.liep. — Sculpture dont la saillie , sur une sur-
Ëce plate , est moindre que la moitié de sa propre épais-
seur. Quand la sculpture égale en proportion la moitié de
■on épaisseur , on l'appelle moyen relief ; quand elle semble
se détacher de la surface plaréo derrière elle , elle prend
le nom de haut relief. Hans le discours ordinaire , on lait
rarement ces distinctions, et l'on appelle fins-re/ie/" toute
sculjiturc appliquée sur une surface plaie avec laquelle
elle fait corps , n'importe quelle en soit la saillie.
Bave. — Divisions principales
d'uue ouverture ( porte ou fenêtre ,
etc. ). Au moyen-dge , il y a des
fenêtres à deux , à trois bayes, et
plusieurs en ont ciDi] et un plus
grand nombre encore : c'est an
XI y et au XV' siècle que ces larges
fenêtres oDt été usitées.
DE QtElQUES TBBUES D'^R€lilTl£CTl'RE. &i'
BEFFROI. — Haute toui* d'où des seDtinelles pouvaient
observer au loin et avertir de rapproche de rennenii. Le
beffroi était au nombre des privilèges des communes; on y,
suspendait des cloches pour appeler les habitants. J'ai fi-
guré et décrit plusieurs beffrois dans mon Cours, 5** voL
On appelle aussi beffroi la charpente sur laqueUe on
suspend les clm^hes dans les tours d'églises.
Bemtiek. — Réservoir placé à l'entrée des églises pour
contenir l'eau bénite. Il y en a quelques-uns d'intéressants
par leurs sculptures.
Bu. LETTES. — Nom par lequel on désigne un orne-^
ment des XI* et Xïï* siècles , * placé le plus souvent
sur les archivoltes et les corniches , et ressemblant aux
jjAorceaux d'un bàtdn cylindrique scié par petits mor-
ceaux d'égale longueur. On les ^^rf*^'
dispose quelquefois sur plu- » ■ t
ftieurs rangs , de manière à ^^
présenter alternativement des
parties vides et des parties pleine?.
BiSRAD. — Coupe en talus des parties saillantes dans
les édifices. Les bases des colonnes sont taillées en bise^i^
dans le dorique de Pestum, et souvent dans l'architecture.
du XI"" siècle.
Bossage. — Saillie non taillée , ménagée au milieu dos^
pierres de l'appareil. Le bossage , que l'on trouve parfois;
dans les murs romains , a été aussi usité au moyen*âgq
dans le midi de la France , principalement dans l'archi-
tecture militaire. A la renaissance , les architectes l'ont em-
ployé souvent, à Fimitation de Brunelleschi, qui l'adopta ^
à Florence , pour un grand nombre de ses constructions.
Ce goût pénétra bientôt en France, et l'on vit les colonnes,
Isa séninTiON ÉLéasiiTAiRB
dlm-memes coopées de bossages trés-prononcés ( palais du
Luxeraboui^, Tuileries, gderie du LoDVre ). Le goût
du bossage est tombé depuis (ong-temps.
Bbodbhibs. — i'ai désigné ainù
dans mon Cours certaines mow
lores romanes tria<riches et tr^
Tariées, quiierencontrentsurtout
an XII* siède. Rien de plus élé*
gant que ces moulnret , qui nous
offrent une imitation des dessins
des plus riches éteSIss du temps.
C
Cablb. — Moulure on torsade imitant un gros cdJtle ^
quel'onrencontreaBsezsourentdaQs j
l'architecture des Xl'etXII* siècles.
Caissons. — On appelle ainsi des panneaux concaves
pratiqués dans les planchers plats ou voûtés des ëdiBoM
coDEtruits d'après les règles de Tarchilecture antique.
Caldabich. — Salle des bains romains où l'on échaufr
bit l'air pour (aire suer. (V. mon Cours d'antiquités , t. 3,
chap. 1" , p. 25 et SK.l
CAHPAinLLB. -^ Ce mot , tiré de l'italien, est synonyme
de clocher. On désigne ainsi en Italie des
tours rondes ou carrées, séparées des églises.
Tout le monde a va des dessins du charmant
campanille de Florence et de la tour penchée
de Pise. Les archéologues français ont parfois
désigné sous le nom de campanille les pe-
tites tours de cette forme . placées sur les
mura des chapelles ou des églises peu im*
portantes.
9M QtWLQnê maas s'iEcamcruiB.
B»
CABiàTiDBS. — Personnages faisant l'o&
fce de colonnes et supportant l'en^-
klement. Au moyen-âge , on voit peu
de cariatide , mais beaucoup de figures.
d'hommes on d'animaux en encorbel-
lement , portant des consoles sur les«
quelles reposent des colonnes. On dé-,
signe souvent ces figures sous le nom
de cariatides.
Certaines boiseries du XVP siècle
offrent des cariatides d'une belle exé-
cution.
Cavucolbs. — Petites volutes plïicées aux angles de«'
Fabaque du chapiteau corinthien , et qui représentent les»;
extrémités entrelacées des feuilles d'acanthe.
CATXBim. «•- Cour intérieure d'une maison. ( V. mon
Cours d'antiquités , t. 3 » p. 92 et suivantes , et l'Atlas.
dn même Tolume* )
Cayea. -^ Partie des anciens théâtres occupée par les
gradins ou sièges des spectateurs. ( T. mon Cours d'anti-
qpiités , t. 3 » pi. X ; et l'Atlas y pi. 41. )
Castbixuii . -^ Ce mot » qui signifie château fprtifié ^
désigne aussi parfois un château d'eau.
Castiuv-. — Camp ou caserne des Romains. J'ai décrit.
ITordonnance des camps romains dans mon Cours , t. 2^
ch. 8. Les garnison^ sédentaires des villes occupaient de&
^mps ipuréSt quelquefois ornés d'édifices, comme le au-
Irum MagufUiaeum à Mayence » où il y avait des temples
et divea monument? sur le bord, même des rempartji.
m D^FIKITIO?! Ll.liHll>TUIIE
l.e camp prétorien à Rome est encore Irès-curiciix , et
nomme je ne sache pas que jiersonne ait publié des ïues
lies petites chambres voftlées et peintes à l'encauHlique, ((ni
garnissent l'intérieur des remparts , je place ici le desna
que j'ai fait mni-mCmo do qiielques-ime.e de ces chambres.
■ On sait quel riVle joua la milice prélorienne dans les révo-
lutions de l'Empire : aussi le vaste camp qu'elle occupait
et que personne ne visite , m(5rite pourtant tout l'intérât
des touristes. Il se. trouve près de la porte ^Vomen^irna ,
aujourd'hui Parla pia , ni communiquait avec les thermes
de Dioclélien. L'intérieur est cultivé en vignes , et appar-
tient à nn couvent.
' Celi.a. — La partie fermée d'tin temple antique.
DK QOELQUES TK1HX5 1>'aI(:IDTM:TVHB. !UI
Céiluiiqck. — On déagne par ce mot , tiré du grec y
tons les produits de l'art àa potier. M. Alexandre Bron-
goiart , directeur de la mauuraclurc de Sèvres, vient
de publier un savant ouvrage sur la céramique ancienne
el moderne , qui ne laisse rien k désirer, ( 2 vol. 8* , el
Allas renfermant un grand nombre de planchti. )
Cebcceils. — Depuis le IV* siècle jusqu'au
XV* , les cercueils paraissent
avoir «lé liabi lu elle ment en pier-
re. Ik sont , en général , d'une
seule pièce , larges vers la li>le et
allant en diminuant vers les pieds.
Les couvercles , égalenient en
pierre , ont souvent la forme pria-
malique. (V. mon Cours d'antiqui-
tés, t. 6,cliap. 3,p. 3l2elsuiv.)
Chaiub. — On donne ce nom à deux objets différenls :
d'abord au siège qui était destiné & l'évétjua dans les égJi-.
ECS, siège qui était en marbre et pUfié au fond de l'abside,
comme le siège du présideot dans un prétoire.
Secondement , à la petite trihuno k laquelle on monte
par on escalier et qui , dans les églises , sert aux prédi-
cateurs. L'Dsage des chaires , placées dans la nef des
églises, ne paraît guère remonter qu'au XIII' stMe;
auparavant l'ambon en tenait lieu. Les plus anciennes de
celles que je connais , ne sont que du XV" siècle . ( Stras-
bourg , Fribourg , Vitré , St-Lo , etc; )
CflAPtTEin. — Voir ordre» d^ architecture.
Chassk. -— CofTi-e ordinairement on cuivre, Remaillé ,
BÀniflTIOM KLUIIItTAlUI
nlui ou moios riche , dans lequel on dépotait lea paliques
^ei laiots. Od donnait ordinairement à Ge« coffires U form»
â*ane église. Les chdsses d'Aix-la-Chapelte , celle es trois
rois , à Cologne , et celle de St-Taurin , à Evrenx , smit
des plus riches et des plus belles qui existent, ( Voir mon
Cours d'anUquités , 6* vol. , cbap. 7. )
CHimT. — C'est le nom qu'on donne ,
avec celui d'ahsîde , & l'extrémité du
chœur , derrière le mattre-autel. Quand
il n'y a pas d'abside , le chevet est droit,
commff dans cette figure , et il est alors
flécoré, suivant l'importance de l'édifice,
soit de pinsieurs fenêtres, soit d'une laig«
jêoétre à plusieurs bayes.
CiBOïKBS. — Espèces de baldaquins , portés sur des co-
lonnes , qui recouvraient les autels dans les {u^miers
siëcles^de l'église.
Dans beaucoup d'églises , les ciboires n'étaient compo-
y^ que de quatre colonnes , avec des rideaux plus ou
J>K QOKLQOSS TUMES D'aICHITKCTDBB. S7
■MMiu riches. Aoastase , le biUiothë*
caire, décrit plusieiira ciboires msgni-
fiques élevés par les papes Léon III
ctLétHi IV. f Conrs d'aotiquiiés, t. 6,
cb. 2.) Ottappelleaiissî ciboire le Tase
dans lequel od conserrait lea bostiei
ctnsacrëes. Ces vases, assez souvent
en brtHiie ëmaillé, alTeolaient des fort
mes diverses ; quelques^ns avaiept
la forme d'oDe colombe. Ou en con-
naît plusieurs, dans les collections , qui ont la Ibrme d'uM
petite bo!(e ronde surmontée d'une couverture conique.
CnranÈwi ou cbaitp de flÉPCLTosE. —. Lieux où l'on
jubumait. Les cimetières ont été très-vénérés chez tous
les peuples. Au moyen-âge , divers cimetières ont ét4
fermés de murs et entourés de galeries ; il j avait de pa«
rais cimetières à Nimes , à Orléans , à Houtreuil-Bellay .
•t dans un grand nombre d'autres villes. Tout le monde
connaît le rampo tanto de Pise.
CnQOB. — Vaste emplace- .
ment oblong où se donnaient 1
les courses de cbars chez les '
Romains , et qu'il ne faut pas
confondre avec les amphithéâtres, comme ou fait souvent.
(V. mon Cours d'antiquités, t. 3, p. STletsuiv.) Le cirque
dit de Caracalla, hors les murs de Honte, est le plus com-
plet que j'aie vu et le seul peut-être qui puisse donner
une idée de ces grands mopuments. Monlùucon a figuré
plusieurs cirques restitués.
Clsekstoky. — Mot anglais par leqnel on désigne ré-<
tjige supérienr des fenêtres des grandes églises , plus pari
^ulièrepient destiné i éclairer U nef centrale.
hS DkHMnON KI.ÉMI;^TAIHH
Cf.ntQUEf, — Egoiits on condnils voAlés prnti<]iié<( soiis
les ru^s [wur IVcoirtoiiient dps eaux pJiivinies et <les im-
Tii(indt4.-es : Rome et los viiloK deit provinrps avnicut des
('(iotils reman[uablcs par kur solidilé. Les cloaqiips de
IVinii's . d'Aritis , de Lyon antiipio , ont élé retrouv(^«.
C.uinuE. — On appelle ainsi leK galeries oo portiques
couverts disposés en carré dans tes irionasiLTes , et l'es-
pace dérou vert , nommé pMU on jardin , que ces por-
li<|ues enviruiment. l*s cluilres sont deslint^s A servir de
promenade couverte , et à faciliter dnns Ions les temps la
communication entre les diverses parties dn cotivent et
r^glisc, llansbeancoupdemonnsières, le cloftroétait, après
IVglise, la partie la plos intéressante, soit par la bcanté et
la sinj^Hiarito de son arrhitcctnre.soil. parles inscriptions,
les loniix'anx et les iieiiiinrfs qui s'y trouvaient. On pent
citer, en France, leji doitros d« Mnissac, d'Arles, du l'nj ,
cnVclay, comme étant dns pk» remarqnables.
CossDLF.s ou cuRBEAtJX. — Morccaux de pierre on ào
bois encliiissés dan» une ronraille, et qui ont pour objelde-
supporler une masse quelconque placée aii-dessns, I.'ima-
ginsEion du sculpteur a dotiné diverses formes à la porlie
apparente des con-
soles. Celles'q ni snp- ;
portent l'entable-
ment offrent les fi-
gtires les plus bi-
zarres dans l'archi-
tcclure des XI' et
XII' siècles. Vers-
lafinduXII'siècIe.
elles chang^èrcnt un
DE OI^ELQUIU TBBUES D'AICRITECTlntF. 59
pen de forme et s'amincirent. (V. mon Courg d'antiquités,
V volnme, p. 134 et suivantes.) Au XIII* siècle, les con-
soles d'entablement n'étaient plus que des ftislons sculptés
EOU9 les comicbes. Les consoles supportant des colonnes
ont été parfois sculptées avec beaucoup de soin aux Xni%
XIV et XV' siècles.
CoHTXEFoiTs. — Supports extëneuTG des moraillcs dont
!■" les formes varient suivant les
époqnes. Jusqu'au Xll" siècle ils
sont peu saillants; mais, à partir
du XIII*, ils se partagèrent en
éUf^s, et devinrcttl d'autant pins
saillants ((u'ils apparlinrcol à dos
temps plus voisins de la seconde
moitié du XV' siècle. J'ai dit
qu'à partir du XIII* siècle ils sup-
portaient souvent des arcs-bou-
taots.
CoasicHE. — Partie supdrieiire de l'entablement au-
dessous de laquelle est la frise. An mnjcn-Sge , la frise
manque souvent , ou elle est considérablenicDt réduite.
Costume. — C'est ainsi qu'on désigne rngencomcnt des
vélemeuts. Il varie suivant les siècles et ne peut être
bien connu que par les sculptures et les statues, si mul-
tipliées dansles églises depuis le XII' siècle jusqu'au XVP.
I.,es statues dit XII* siècle ont des robes et des manteaux
40 ranRiTie<f ÉLÉHRirrAmi
richement bordés de iF^Ioas. Les femnes portent d»
fnitdes trcnes de cbeveux , tombant de ^
cbaqne cAlë sur la poitrAie; leor robe e»t
qoelqiiffbii fiide par une ceinture nouée
et lonItMit en avant juKqn'aux genoux.
Elles avaient souvent de doubles man*
cbes ; les manches extérieures s'élargis-
uienl démesurément en a^trocliaDt des
poignets.
Itens la classe élevée Jesbommes portaient aussiune robe
on babit fermé , et par-dessas nn manteau bordé de galons.
Deux statues , Urées du grand portail de Chartres ,
&gsrëes ci-contre , donneront une idée du costume le plus.
riche de» Temmes et des hommes au XII* siAcIe.
An Xni* sîède , et dans le*
lièdes suivants , le costume fut
différent r les cheveux étaient le
plus souvent nattés ; les femmes
portaient ordinairement un maa-
teait sur les épaules. Les hommes
riches portaient U robe longue, et
souvent en dessus un gurcot avec
ou sans manches. A partir de cette
époque , les statues et les vittaux
d'église fournissent des types nom-
Ivenx pour étudier les costumes.
«B QURLQUS9 TIUUS D'AKWTCCTDRB.
(12 mnitiTion liLEiii^riiiiB
Cqttr d'aburs, — Espèce
df. c.iBuque saas manches que
les rlifivaliera portaient par-
dessus leur colle de mailles ou
leur cuirasse cotnine orne-
ment, et aussi pour distinguer
les ilifTérfinU partis. La rotte
d'armes a été plus ou moins
longue , suivant les époques.
On déploya henuroup de luxe
dans cette partie du vi^tement:
le drap d'or et d'argent , les
riches fourrures y étaient em-
ployés. Le schevalieis p«i<;ni-
rent sur leur lolted'armes les
si(;Qes et les figures qui étaient
sur leurs enseignes.
CoTTB DE MAILLES, —C'était l'cspèce d'habîl , composé
d'anneaux de fer formant une sorte de tis^u , que lus
clievaiiers portèrent sous la cotte d'armes jusqu'au XV"
si6de. ( V. mon Cours d'antiquités , t. 6 , p. 419. )
I-a figure précédente porte une cotte de mailles au-
dessous de la cotte d'armes. Cette cuirasse flexible était
muuie d'une espèce de capuchon , qui pouvait se relever
sur la tête. On Joignit aussi à la cotte des gants et des
h au ts-dc -chausse en mailles , comme on le voit par celte
figure.
UB yiELOLES TEBKEl I> ARCHlTBCTL'Bi:. 63
Cotte hakdie. — Celait une wpÀee
d'babillement rc^seaihhml à une suu-
taoe el qui avait une (|iieui!lrairiRiUe;
les maiM'hef; en élaientétruitei,boiilon-
nées co dessous jusqu'au cnudo. Les
femmes faisaient usage de ce vétumeat
aa XIV* siècle ; au-dessus de la colle
Lardie , elles portait;nt un surent , ou
surtout , STunt de grandes ouvertures
pour laisser passer les brus. La tl;;ure
que voici présente un surcot au-dessus
de la coite hardie.
Beaucoup de statues officnt des
exemples de ce coslumc. Le siircot
se nomniaîl aussi ^rini(fc/«!; ci'liii lît'S
hommes était plus court que celui des
femmes.
Coupole.— Vot'ile , de forme circulaiiv , resseiiihiaiit 4
uoe coupe renvi'rsiie, Plusieurs «églises des X!* cl XII'
siècles , en Frauce . ont ct6 voùtiies en coupoles. ( V. mon
Cours d'aiitiquités, 4* partie, p. 172 elKuiv.) Les coiinnioa
modernes sont, en général, elliptiques, c'est-à dire un peu
.plus hautes que larges, au lieu d'olfrirluforuie d'un demi-
globe, comme celles des anciens et diis aniliilectes du
mov en -;!;.'(•. La coupole du p;i iitlii^uii de Konie et culte
de Sainte-Sophie , à roristaiitimiple , sont les plus belles
que l'on puisse citer,
CuoRTi.XE. — On appelle conrline l'e-pace compris eutro
deux tours dans les anciens murs de déPensit. Li;s rouiliu^'S
64 DËFI?IITtOK ÉI.ÊIIKNTitlBE
étaient crénelées , et un chemin de ronde ou plate-forma
pMvieltait de les garnir de défenseurs en cas de siège.
CklÊbsIfCB. — Niche pratiquée dans
le mur voisin de l'autel pour y déposer
les burettes et ce qui est nécessaire au
■ervice de la (posse. Les crédences
sont rares dans les églises avant le
XIII* siècle , et on n'en trouve pres^
que jamais dans les églises romanesi
^V.mon Cours d'antiquités , t. 6 ,
dtap. 2. J
CiàRBÀOX. — Echancrures pratiquées au haut des mors
âe fortification pour Toir au dellors et pouvoir tirer sur
l'ennemi sans être à découvert!
GkOCBKTS ou CBOS5ES. —
Feuilles détacliées en for-
me de crochets , dont on
décorait principalement
les angles des pyramides
et des frontons dans l'ar-
chitecture t^vale. Les
plus anciens crochets n'of-
frent qu'une courbe ou vclute , qui s'allonge dans le
IW QDRbOVBS THRMB» DAKCWTBCTCTK. OS
Xni' siècle, et prend parfois au XIV* la fonAe d'un
bouquet de feuillace. Dans les derniers tenpt de la pé-
riode ogivale ( XV' siècle ) , les crocUets Ggurcnt des
feuillages frisés et coutournés , offrant beaucoup de relief
et de saillie. ( V. mon Cours d'antiquités , 4' volume )
Caoulbcks. — Enceintes ordinairement circulaires on
fmales , formées par des pierres plus ou moins volumi-
Beiues. J'ai donné , dans le 1" volume de mon Cours,,
p. 87 et snivantes , la description de plusieurs cromleclu
de France , et celle dn Stonehen|;e et dn grand cercle
d'Avebur; , en' An^terre , cromlecks très -compliqués.
CiTTTE. — Eglise ou chapelle souterraine pratiquée
uns le cboBur des grandes église*. Les crjples sont con-
temporaiaes de l'architecture romane ; on n'en voit guère
après le Xll* siècle. ( V. mon Cours d'antiquités , 4' vol, )
Les cryptes de Saint-Gilles (Bonches-du-RhAne) ; de Saint-
EutFope , à Saintes ; de Uputsi^jor , i Arles , peuvent
Ctre citées parmi les ^ua vastes qui existent en France,
n 5 en « de trè«-graades aussi dans certaines églises de la
Haute-Italie.
On a sonveot désigné sous le nom générique de crypte
des caveaux de sépulture annexés fiux églises ; mais les
66 ftHTiKrriox bléMextaihb
«rohéoMgiiej; res(r«{goenl IWcc^plion dil mot aux dia-
pellcs MniterraiÀes que je vicm d'indiquer. '
CnvrTO-PoitTiQLE. — Galerie couverte que les Romains
praliquaicnt dans leurs maisons de campagne et dans leurs
palais , pour prendre le frais et se garantir , le jour , des
rayons du soleil. Ccrtnines galeries , ainsi appelées par les
tffteîcns . déblaient ressembler ^ nos doflres du moren-
âgé et être édairées par di» arcades. (¥. moa Ciours d'an-
liquilés , t. 3 , chap^ 3. )
Cymaise. ~ Ou donne ce nom à la moulure qui ter-
mine ou couronne les eotoîclies. Au moyen-âge, ^a forme
des cymaises a beaucoup varie. On désigne paclbis sous, ce
nom la moulure qui forme le bord extérieur <des arclii-
YOllCS,
. Dais. —Petit couronnement en pierre qui décore la
parlie supérieure des. niches des statues , depuis le Xljft*
siècle jùsqu*au XV*" : Tes dais du XV^ siècle sont chargés
de cisehircs et surmontés de pinaéles.
Bi^castVLe. — Façiade ornée de dix coloAnes. *
DirrÈtiB. -^ Dénohiination que l'en donné au!«-temptes
entourés d'un doublé rang de colonnes. ( Courii d^nti-
quités, t. 3 , cbap. 8. )
Dirrvx}ces.— Doubles feuilles d'ivoire ^'ouvrant, comme
la Couverture d*nn livre, et offrant des figures séul^tées.
Les diptyques sont rares dans les coHeclîotts, etremontent,
en général , à une haute antiquité. On appelle diptyques
consulaires côux qui offrent l'image en relief des consuls
romains parés de leurs ornements.
|ïotMS!f. r- ]||Wqiif«*f>t |ir6«»inM'. driiitligtio, ol qijl. m
compose d'une pier-
re aplalîc , orc]^
naireoinnl plus Icin-
fme (|iie lnr|;p, ile-
\ée comme ime ta-
ble gr«s«îëni $\ir
ptiiBWura smtt^t
pierres TerlkAl«fi i
I-es tables de" , , . , .
grands dolmens sonl composdos jo'plnsV'Hui^ 'morceaiiv
(Cours d'anli(|iiitiS8 monumontalçs, i. 1" , p. "i et siilv.)
Quelques dolmen* sont divisiis inliirio uniment en deii!^
ioyes ou chamtiros, el beannnip ont U-ur oin'crlure irru
l'orient. I^ grand» dolmenïdi>l.«;mariJi-kor;Jl|irliiliiiriJ,
Offrewt q^eiqnes. scnlptiirc» g nisslérçs , ',,:.,.,,,, ;,|
yftoiaùTi. — Tour ina«iit<* ef-
«ouTêtlitftirr*cï(iic*wbiï centre \
d« ancien* châtedmilOrt ytii-"
tMlt queliliieftts paf lihe 'porté ■■
placée * une certaine baiitcnr,
et- à -latrtrfte tin aecM*i( 4u
moyend'un escalier: pliisienrs
(ft ,|KyifRiie«l iUge..i,9ti*Kà$:.il>i\
Kdwité fMir.Ja^.pbt» <em(I»i)
sûreté de la tour (V. mt»).:!
Cp,urs d'smli^vf^, tffflïe,3;j,.i
A par^^u.;4(J',sWc;e.,„l**
donjons furent plus souvent rond^ , et ils finirent y 4iaiu,
68 D^FnVTTIOX l^LI^MCNTAtftK
les siècles suWanU, par se lier aux corps de logb qui
faisaient partie des forleress^es^
Dorique. — Voyez Ordres ^arehitecture^
U.
Egyptien.— Architecture égyptienne. C*est une opinion
assez généralement répandue que cette areUlecUire est lé
prototype de tous les styles qui Tout suivie.
Emailloek. -^ Procédé par lequel on disposait sur des
plancti'es d^ cuivre ou d*un autre métal des entailles de
la forme du ' dessin que l'on voulait reproduire , et que
Ton remplissait ensuite d*émail de différentes couleurs.
Après la fusion de ces couleurs dans un foUrneàu , elles
formaient corps avec la planche qui leur servait de réci-
pient, et offraient les tableaux vitrés que' Ton connaît soutf
le nom d*éniaux. Les châsses du XU* siècle sont prei^e
toates en bronze énuiillé et fort remarquables. Au XV\et
au XVI* siècle , de grancfs changemepts s'opérèrent dans
l'émaillure. (V. ce que j'ai dit à ce sujet daps le chap. 7
de^ mon Cours » t. 6. )
EiiBaASURB. — Ouverture pratiquée dans un mur* ( V#
er9Man. )
"^ Encavstiqob. ^ Genre de peinture à la eire, appliquée-
avec le secours du feu , dontles anciens ont fint vo ffuni-
usage. Une partie des peintures murales de l'ère gallo-
romaine étaient à l'encaustique*
Encobbbllbubiit. — Construction fldsant saillie sur
le plan vertical du mur et soutenue par des corbeaut ou
consoles.
I« QVIUrVU TBMU » iKKTVCTtlIB. fiS
Eitra. —Lieux destinés, après la mort, A la demeura ijes
jifiwi GOttpaUeii. Les peines de l'enRsr sont MHivent répré-
■entéeSjavecIéJugement dernier, sur les bçaden des églises^
surtout au XHT* sldcle et an XtV. Ces bas-reliefs ofirent
toujours un grand intérêt par la variété des figures et lu
dramstïqne de la scène. Les sculpteurs et les peinlrea sur
T nre en ont Uré un (rand parti.
Les flammes de l'eafer paraùseot souvent ,.daa« ces re>
pniseiitatiom , sortie d'uiui imovn»e gueu^ béante , ven
laquelle des diables , aux formes bizarres et hideuse*) en>i
trainem la Toute des damnés. Les costumes variés de ceux-
ci annoncent que toutes les classes de la société fournissca)^
des suppliciés.
ErmOtLEMENTâ OtJ ttlN-
CBACX. — Moulures cm-
ploj<^3 à la dëcoralioD ,
particulièremont ait XU* -
siècle.
CerlaîlH cnroulemeiiU
Bonl d'une gratule ri-
dlésse de dessin.
ËriTkBLuiiiNT. — AsscnltTagc des parues i
aux colonnes , et qhî se divise en architrave , Trise et-cor-
■■ BÏcbc ( V, l'art. Ordre* d'tuxhiietiwr». )
L'e.ilablcmenl a présenté, au mojen-âge, des «lUiralioDs
cwisidérablcs, qu'il serait trop long d'indùjaer ici. {V. mon
Cobirs d'antiquité , 4' volume. )
ENTRK-coi^K^eiiEitT. — Espaci existant entre les co-
lonnes. ( V. l'art. Ordru. ) Selon Vilruve , les Romains
avaient cinq propoKioni djftévMtes d'wtre-colunoeiuents,
désignés par les noms picnotUjle , tittyle, âioMgU, ariailfle,
eutlyle { V. mon Cours d'antiquités, t. 3 , p. 7. }
Entrelacs. — Mouluies- Irës-usilées mk XÏ° et XU*
siècles , et figurant des bandelelles ou des cordons eolacà
les uns dans les autres. ( Y. le i' volupui de inoa Cours. , )i
ENTaE-Momi.LON. — Espace qti'oo laisse entre les cor.
bennx ou modillons. F..es entrc-mudillons sont parfois ornés
de «cutplures dans l'architecture romane ; on tes appelle
aussi enire-eorbtaux.
Efiscemuji. — EUiçe supérieur de la scène dans les
théâtres antique'.
i n'UKailTKTUU!
BacAkCELLS. — Bourse que , dans la
■KtTen-Age , les personnes des deux
Kxes portaient suspendue & la «tin-
Inre. Ces bourses, (|Tii ressembleiU '
snx ' sacs dans lesquels leK fcinâies
portent aujourd'hui leur moncboîr ,
s'appelaieat aussi aumônUre et tour-
attoi. Elles dlaieut plus ou moins riches
et sauvent garnies de glands aux an-
«le..
De cette contame de porter sa bourse
uosi Mispeitdue , vinrent ces exprvs-
nons qui, aujourd'hui que les choses
aoiA changées, ont besoin d'être expli-
quée* : coaftr Ut koune, fouiller à l'tt-
evceUe.
Etohcs. -^Mealnpn trfts-uiitées ea
Normandie aux XI* et XII* siècles ,
et figurant atwA bien d« étoiles. On
les teaconlFc aar le tjnpan des portes ,
sur les archivoltes , etc.,, ete.
EuHiptis. — Espèce de retranchement ou de canal qui
entourait l'arène des cirques et la séparait dt'S sièges des
spectateurs.
EusTVLE. — Le cinquième ordre de lomples inillquO par
Vitruve , qui lé regardait comme le plus élëgaat. La dis-
tance qui séparait les colonnes était de 2 diaiuèlres f/i.
72 BÎPRHT
EviKQÉLiSTES. — Lcs qiutre évangëliites sont MMivent
repréfteulés , au moyea-ëge , sous les quatre figures sjiu-
boUques désigaées dans l' Apocalj'pse de saint Jeao ; Baroir:
l'aigle (saint Jeaa) , l'ange [saint Mathieu ),.lfl lion (saint
Marc ) , et le boHif ( saint Luc ). Les artistes ont aculplé
ces figures autour de l'image du Christ , sur beaucoup de
portails romans. ( V. non Cours d'antiquités , t. 4 , p. 1S4
elsuiv.)
ExBDRBs. — Portiques annexés aux paloctres et aux
gymnases des anciens , «t dans loaqii^ les ^ilosophes et
les savants disiierUiient en public.
ExTKADos. — Courbe extérieure d'une arcade opposée
à l'intradoE.
F.
Fahal. — Tour élevée près d'un port de mer , au haut '
de laquelle on entrelient du feu la nuit , pour servir de
signal aux navigiiicurs. I^s Romains ont eu des lanaux &
l'entrée de quelques-uns de leur^ ports.
DE QCELQOES TlUIBS R AKCUTSCTVBB. 73
Fanadx i>b cniKTiÉBB. — J'sï le pre-
nàer décooTcrt et ngoalé , il ; i long*
leiBp§ , dei coloiii)e§ creuses , rosdesou
carrées , ajant au Bominet ploùeurs ou-
verloreset daiu leiqueUe§ onenlrel^Mt,
au mojen-dge [ XII* et XIII* liècles s«r-
loul), des lampes aUumto au milieu des
grands cimetières. J'ai décrit , dans le 6*
Toinme de mon Cours, page 32^ et sui*
vaDleSgplusieim monuments dece genre.
n paraît que tous les fanaux de cime-
tïère avaient , i leur base , un autel
orienté, où l'on disait parfois la messe ,
lors des inhumatioDS. La lampe servait
à éclairer , la nuit , les convois mortuai-
res qui venaient de loin , et qui pou-
Taîent tHeu ne pas toujours arriver
avant la Gn du jour. ( V. ce que j'ai
dit des cimetières dans le L 6 de mon
Cours.)
FsHtnis. — Ouverture par laquelle le Jour pénétra
dans les édifices. I.es fenêtres des églises ont présenté suc*
oessivement, depuis le XI' siècle Jusqu'au XVI* , de>
formes diverses , qui ont été figurées sur une plaacbe
spéciale de la 4" partie de mon Cours. Les fenêtres ont
acquis, dans l'architecture ogivale ( XIV* et XV° siècles
surtout ) , des dimensions colossales , dont les archi-
tectes dos siècles précédents n'auraient pu se fiùre ane
T4 fiBVI^ITIlKI
idée , tint les éléments de la Douvelle archilectare modifie
cette putiedea édifices relig{eux.
FeiiLLAGES. — Les feuilles de divenea espAoes de végt-
taux ont été l'ornetneitl le plus iMité dm 'arChileelet.
Au mojren-dge surtout , ils ont reproduit av»o Imii-
heur un grand oombre de reuillages , et l'on pont ramaiv
quer , i cet égard , que les végétaius indigènes ont ^té , à
partir du XIII' siëde. iurilés irès-fidèleffient par les sculp*'
leun, qui abandonnèrent une partie de ieeos qu'ils arateaC
reproduits le plus songent doas les temps antérieurs.
FLAMBoyA-iT. — Expression
inventée par H. Le Prévost ,
ponrdésigner le st^le ogival du
XV* siècle. Celle dénomination
est liréede la broderîedes fené-
lre«,c]ui simule as$ez bien leson-
dmemenladela Oammc, et qui :
constitue ua de» principaux
caractères distinctiSide ce sljle.
Le stjle flamboyant ne s'est
pas développé en Allemagne
aussi bien qu'en France ; en
Anglelerre , il est remplacé
par le stjle perpendiculaire.
Toute» ce^ variétés ont , du
reste, detearaclèrescomiiums qui constituent mon sljlo
•gKal' tertiaire. (V. moo Cours d'antiquités, t. 4.)
Fonxs BAmsuAtx. — On appelle ain^i le réservoir en
ptvrrc , en marbre , en plomb , dans lequel on conservait*
l'eau qui servait à. administrer le baptême dans les ^lises.
DE Ql'RLQ*» TBUKS D AMMTECTUIB. 71!
ieu Coatê sodI 1«ës4atérfluuits A emniner ; ib
•■t parMs Hé MUlpiris avec fcpsnMirp de sditt, etieurs
famm varleNt comnw celtes Aï'f*rehit«ctiire. J'oi figuré
ira auez grand nenbre ds fonts de dfSSrents àfces dans
le toute 6 de id«b Coura d'anli^mlës. ( V. le cbap. 1*' de
••Tohme*)
FoHUJï. — Pln<re publique qui , dàDS les villes romaines,
«laîl souvent entourée d'êdiflcespublics et de colonnes ,
et ob l'on se réaniS^ait ^tiàt les àflkîres publiques et piv
Tées. On eoatiSiU le forum roiàaniim , qui se développé au
jAei du Capilolë jusqu'au Cotisée : c'était le principal
de Rome,
76 BlfllUTION àUBMEntàMME
Les villee de province «a peu conndërableft avaient
leur forum , et plusieurs éUient d'une grande richesse. On
peut citer ceux d'Arles » de Nîmes , d'Avignon, d'Orange,
de Lyon , de Vienne , d'Avanches (Suisse) , et plusieurs
autres. ( V. mon Cours , 3* volume , page S68 et suiv. )
Francs-maçons. ^ On a beaucoup parlé des confréries
de francs-maçons qui , au moyen-âge , construisaient des
églises dans tous les pays. Ce que les auteurs anglais et al-
lemands ont écrit & ce sujet ne nous a pas complètement sa-
tisfait, en ce sens que nous n'avons pas vu dans leurs ouvra-
gesde preuvessuffisantesdesiaitsavancés. Voici,au surplus,
le résumé de ce qu'ils disent à cet égard : vers la fin du X*
siècle, il exbtait en Lombardie une corporation de francs-
maçons. Vers la fin du même siècle, ils obtinrent du pape
des bulles qui vinrent confirmer et multiplier leurs pri-
vilèges. Ces bulles leur eonfiéraient le droit exclusif de
bâtir des églises par toute la chrétienté. Elles venaient les
soustraire à l'autorité des souverains des différents pays
qui étaient le théâtre de leurs travaux , et ne les fiiisaient
dépendre que du pape seul. Des hommes de tous les pays
furent appelés dans leurs rangs ; et partout où se prépa-
rait l'érection d'un grand monument » des francs maçons
s'assemblaient en assez grand nombre pour L'entreprendre*
Aussitôt qu'ils avaient mis à cette entreprise la dernière
main , ils se portaient sur un autre point , quelquefois
assez éloigné , où leurs services étaient nécessaires. De
cette manière, les progrès de l'art et les découvertes
se communiquaient avec tant de rapidité d'un pays A
va autre » que l'avancement de plusieurs pays dans
la voie des progrès architectoniques paraissait presque
simultané ; et, pour nous servir des paroles de M. Hope ,
DB QCBLQtCS tCftHfeS Û^AUCllItÈCTtme. T7
dans «on histoire de 'l^ardiifecture : « Les arcbitectes
de tcNM leg temples ée TégHse Wtine, à quelque pays
qelk appartinssent, an nord ; an sud, au levant et au
eonefaant , tiraient tous leur science de la même école ,
do même centre , obéissaient tous pour la conf^tion de
leors plans à la même Mérarchîe , marchaient tous dans
leurs constructions sous la même bannière et suivaient
tons les mêmes principes de netteté et d'élégance , gar-
daient tous entre eux , quelqu'éloignés que fussent les
pajs où ils étaient mandés , les rapports les plus cons-
tants , et fliisaient de tout progrès , quelque faible qu'il
ftt , la propriété dû corps entier et une nouvelle conquête
de Fart. Le résultat de cette marche unanime était qu*à
chaque période successive de la dynastie maçonnique ,
quel qoe tài remplacement choisi pour Férection d'une
église ou d*uoe maisoâ monastique nouvelle y elle ressent-'
Maità toutes celles élevées dans la même période, sur
toot autre point , quelque distant qu'il fût de remplace*
ment de l'autre; et cette ressemblance était si frappante
qu'elles semblaient avoir été construites au même endroit
jiar le même architecte. Ainsi nous rencontrons, à certaines
époques , des églises aussi distantes les unes des autres
que le. nord de l'Ecosse l'est du sud de lltalie , et ces
monuments offrent de véritables analogies entre tous leurs
caractères essentlds. « (Hope , Hiêiaire de Varehiteeture.)
Il est presqu'inutile de dire que les francs-maçons for-
maient une corporatbn ecclésiastique , puisqu'à leur tète
était le pape ; les directeurs étaient les évêques et les plus
grands dignitaires du clergé : comme les seôls hdmmes
instruits d*alors , ils étaient presque de droit les seuls
architectes.
Au XV* siècle , les loges maçonniques sont très-bien
oripni^ en, \9o)na8i>c,^'p,i^v(tyqns,¥n,l{m, Délai nsnr,
arcliilccle dclncalhéckalc dç Slrashoiirg, xéimù- loiitfit Wft
Corporalioiu éparsos pQiv former une grande AsGOCÎarînty
compreniint la pkis graode paclic de l'AUitinafcnv- f V.->Mll
Cours d'antjquiLvH , i* partie , p, 46T. ) Cetlfs As^ocMliaa
fut cunsolidûe.eQ 1459, par uoe asticmbliîe générale lewo
à Ralifibonoe. La suprématie dii graod-inajlrq de l'alflfisr
deStranboiiresurleslofc^ de rAIldn^aenece&gaqu'apFJ»
la réfipioa de celle ville A la France. , ;,
Jii^u'au XV* &i^le , je ne oooaajs rien fie pasilirgup
l'ori^aDisalvii) des francs-inaçons , et (oui ce. qui a iSld dit
sur les temps antérieurs me parait, je lo répète, çnawiuw
de preuves «uin.saates, .
Sir CbristOfiie Wrea , architecte de Saiat-Pauldç Loii-,
dires, et plusieurs autces, ontpiétcitdii tuela,frajBc-maç(>if-
q«rie npo^ne.^n'avait pas f^'^^t^. ^W^I^Q- ^^ suit^incpm*
pètent pour traiter ce^e q^ifattlioa .;f|u^ je.nlai nulten^
étudiée.
, Fbëtr n4^>-KS- .— Ifowlure cooqposiije.d*uii tore oco^
santà angle drqit ,
dcmanièreàlbrmcT i|
alt^alivement.au* ^
dessus et au-des- i
8IMXS, les trois cOtéa
d'an.carré, cl are-
préacnier de* cré»
nUHx.. Cet oraenent|C!i|t enqilqyé.,. surtout co NVnf>i>die
et en Anglel^rre., au Xj' , et au XM* siècle. J'ai dist^tugué
deux,.ï^iSiÈs do Irôtw,, que j'ai appelées /"«/rt créneléet
diiKMuéa^ eL frifa criiuim trioaguinini. ( V., mon Cours:
d'antiquités , 4-" volume , p. (23—124. )
. FiE9QSE« — Qepre.,4« peinture appliqM^ piu-'lvs .^u-
DE QVBbQL-88 TUtNE» > ARCSITECTDRB. -Ht
raiQes Iralcfaement enduites , et dana lesquelles les cou-
leurs s'imbibent de lelle sortj, qu'ellt-s sont extrêmement
solides. On appelle également fretqnrt des peintures sur
mur, n|:pliqii(!es long-temps aprèi quclesenduîb oUt'été
faits. ( T. mon Cours d'antlqulfâ , I. 6. , chap. T. )
Les fresques de Safnt-Savin , in Poitou , sont peut-Ara
les plus imporbrotes qui nous restent du ' moyen^l^ , «il
France. Plusîenrs parties d*ét[li»es ont été «aUéremefft
peintes aux XIII- , XÏV et XV* siècle»:
Fntss. — Partie de l'entablement comprise entre I ar-
«bïlrave et la cornicbe. ( V, Ordra d'architecture. ) ' . ,
FiQNTOK. —Couronnement triangulaire
formé de trois corniches et d'un intérieur
nommé tympan , placé au sommet d'un
édïËce., d'une porte ou d'nne fenâtro.
l^sfronlonslriangulairesont été employés
i prafasiaa dans rarchileclure ogivale.
FcTS. — Partît'cjUndriquo àm
cokmnes. { V. Orim iartiàltC'
lun. ] An Xlï* siècle et au X!" ,
les fùla sont parfoïa converU de
ciselures dans les parties les plus
wnées des édifices, telles qae les
portails. A partir du XlU'Viécte,
le fût est toujours uni , mais lés
proportions en varient. { V. mon
Cours d'nniiquilés, 4' volume. )
Bénnmon ÉuÉHSiiTAmi
Garoovillb, — Ouverture saillante destinée i faire
écouler l'eau. Elle figure souvent un monstre qui icmble
«orlk de l« corniche ou du contrerort de l'édifice , et dont
la bouche vomit l'eau et la jette plua ou moins loin des
mure. Les gargouilles . sculptées de la sorte , sont un des
tccessoires des monuments à ogives.
GaiFFOTi. — Animal fabuleux que les sculpteurs ont re-
produit en bas-relief dans l'aiiliquité et au moyen-âge. On
lui attribue le corps du lion , la léte et les ailes de Taigle,
les oreilles du cheval : nu moyen-Age , on a varié la re-
préftenlation d« cet animal ; on lui a donné tanlAt des
plunes , tantAt des écailles , sur le dos , le cou et la
poitrine.
Les deux magnifiques grifToos que voici , sont sculptés
sur un des chapiteaux de la cathédrale de Mayence.
DE QUELQUES TEBHES D'àRCHITECTURE. 8i
Gaine. — Corps aHongé d'où parait sortir la tête et
la partie supérieure du corps d'une statue. Dans l'anti-
quité les statues du dieu Terme étaient toutes des sta-
tues à gaine.
Gaix>ns. — Les étoffes de TOrient étaient au XII'^.
siècle richement ornées de bordures ou de galons , que
les architectes ont imités non seulement dans le costume
des statues, mais aussi dans les nrKMiIures architecto-
niques : on désigne donc en architecture sous le nom
de calons les moulures destinées à reproduire les galons
des étoffies. (V. les détails que je donne dans raon€ours,
4*. partie , 3*. édition , p. 129. )
Gothique. — C'est la dénomination injurieuse que
pendant long-temps on avait appliquée à Tarchi lecture
du moyen-âge , mais plus particulièrement à Tarchi lec-
ture des XIII''. , XIV*'. et XV^. siècles. Comme les Goths
avaient disparu depuis long-temps de la scène du monde
quand cette architecture a paru , cette nomenclature im-
pliquait une idée fausse. J'ai substitué à ce nom im-
propre de gothique celui de style ogival (V. la 4^. partie
de mon Cours d'Antiquités} qui a été adopté en France,
en Belgique, en Italie et en Allemagne. Quelques anti-
quaires persistent pourtant à appeler le style ogival
style gothique.
Gouttes. — Ornement employé dans l'entablement
dorique et qui ressemble à des gouttes. (Y. Tart.
Ordres. )
Grisaille. — On désigne ainsi les vitraux du moyen-
âge dont le fond blanc est couvert de dessins : ces vitres
moins chères que les vitres de couleur à personnages ,
6
82 DÉFINITION ÉLiBBNTAIIIB
produisaient dans les églises un clair obscur d'un eflel
agréable. ( V. Cours d'Anliqnilés , I. 6 , p. 474> )
GnÉniTE. —
en pierre sur U
parts des cbJ
et des places
du moyen-Age
Benlinelle se n
i coufert. Lei
rites sont
rondes, l«ntd
rées, —
GuiLLOCHUREs. ~ Ornement formé par des lignes ou
moulures de différentes formes, entrelacées les unes
dans les autres , de manière à composer une série de
compartiments.
Gymkasb. — Edifices destinés à certains exercices chez
les anciens : il y avait souvent des gymnases attachés
aux bains publics.
GvNEcËE. — Appartements occupés par les femmes
dans les maisons des anciens.
Hache. — Moulure hacbée , ornement employé dans
l'architecture romane (XI'
et XII'. siècles). ( V. mon|
Cours, I. 4' )
Haubert. — Voyez cotte de maille.
Heaume. — Casque du moyen- âge ; il a subi des mo-
difications considérables depuis le XU*. siècle jusqu'au
DE QUEU(IJBg TBKHBS D'aBCPITECTDIB. 83
XVI*. H. Alloa , ingénieur des mines , a publié un tné-
DHiîre et une série de desuns indiquant ces modifications,
nous ae pouvons que renvoyer i son travail.
Hélice. Moulare tracée en spirale
autoar d'nn cyliinlre. Les colonnes
cannelées ou ornées de moutures en
hélice se rearontrent parfois , au KII".
siide , dans le roman fleuri , notam-
ment à la cathédrale de N.-D.-deg>
I^ons , à Avignon , et dans plusieurs
églises du Midi de ta France , qui re-
montent au \1I*. siècle ou au XI*. On
les retrouve au XVIII'. siècle ; elles se
transformèrent alors en colonnes torses-
HEuocAMiNL'g. — Appartement des maisons romaines
exposé an soleil , pour être échauffé par lui. (V. mon
Cours d'Antiquités , (.3, p. 97.)
HËncTCLE. (Voyez absicU. ]
HBKffiH. — Espèce de bonnet surmonté de deux cornes
Irés-èlevées que portaient les femmes sous Charles VI.
Isabeau de Bavière , femme de ce monarque , introduisit
ce genre de coiffure , et ce fut à qui aurait les hennins
les plus riches et les cornes les plus élevées ^ de ces cornes
descendaient de longs voiles (i). On trouve cède coiffure
(1) Let mirlf te plaignirent de U ctterlé de tf» collftirei ; et )ei
conCrwenn, et \rs molnM lurloul, voalurenl entreprendre d'arrêter ce
Inu. Un carme i'biIm de prêcher ronire la mode JHurre de* kennins;
il at put II détruire ; mail il lit déserter lea wrmoiii. a Apréj ion
Mparl, dit ParadlD, lei tïmmet reJe*êrent leun cornef, et firent
CDoine le* limaçon*, iwqael*, quand II* enlendeal quelque bruit ,
TCtlrtot eUreMcrrent tout bellenient leun coraea ; eninlte , ie brait
84 DKriHITlOn tLiMBNTlIBE
dam les baB-reliefs du temps oA elle fui en usage et i
quelques statues de la même ^H}que.
Hebse. — Espace de grille on de barrière [en fer ou
en bois) année par le bas de grosses pointes et placée
entre le pont-levis et la porte des châteaux ou des for-
teresses. La berte abaissée derrière les assiégeants qui
avaient pu franchir le seuil de la porle les séparait de
leurs compagnons d'armes et les enfermait dans une
paué , lli let KlèrenI iiluigraDduqnederint: «ioii Qrcntlndamti;
car let bennlDi ne niKntJiniili plui grandi, plut pompcni et plnc
niperbct, qo'apré) le départ du eanne. { V. Millin , aniiquiiéf
nationaltt et Dictionnaire dei beaux-arts. J
DB QDKtQDBS TBBHES d'aKCHITBCTOKE. 85
sorte de cage où les assiégés pouvaient facilement les
accabler. Ia plupart des portes étaient surmontées d'une
diambre d'où l'on faisait manœuvrer la beree; quelques
pwtes avaient deux herses , l'une du côté des fossés ,
l'autre da cAté de la place : les faerses glissaient dans
des coulisses pratiquées dans l'épaisseur du mur.
BixASTTi^. — Temple dont la façade est «née de
HiproDaom. — V. l'art. Cirques.
H^KL SE TILLE. — Haison destinée aux aisemblées
des représentants des communes. Dans l'origine les bâtds
de Tille furent établis prés des portes des villes , suriAon-
tées de tours; plus tard ce furent des palais ayant uae
baoto tour appelée beffroi , signe de la puissance muni-
cipale. (V. mon Cours, t. 5*., p. (J^s et sutv. )
Htpètbkbs. — Temples ayant dix colonnes sur chaque
face avec un portique doable sur les cAlés , comme les
temples diptères , mais doat la cella était sans toit poor
qoe la lumière pAt éclairer l'intérieur. [V mon Cours
d'Anliqnilét, t. 3 , chap. VllI.)
Htpocadste. — Espèce de calorifère , établi sous les
aires des rez-de-chaussées des maisons romaines: c'était
un plancher élevé d'environ 3 pieds au-dessus du sol
et suspendu sur de
piliers d'égale bau
distants les uns des a
d'un pied, entre let
la chaleur pouvait 1
1er et échauffer le
d'une manière unif
Le feu qui échauffai!
pocaaste était
86 BdniTITION itÉHGKTAIKE
dans un fourneau placé dans une cour Totslne. (V. m(»i
Coure d'Anliquilés, t. 2, p. 170, et l'atlas, pi. 33 et suiv.
Imbkicatioii. — Diiposilion
d'ornement* saperpoiés les i
aux aolres corame des écailles
de poisson, lea plumes des oiseaux on les tailes d'un toit.
IHPLUTIUM, — On appelait ainsi cbez les anciens le
centre des cours qui n'était pas couvert et dans lequd
tombait la pluie. ( V. mon Coure d'Antiquités . I- 3 ,
chap. III. ) Dans les grandes cba-
leon ou tendait quelquefois des j
toiles au-dessus de VimpUmium pour
■e garantir des rayons du soleil.
Voici le plan de deux maiseos de
Vompél avec leur cour carrée ou
nnp/n)àM an centre des b&liments |
de chacune.
Immste. — Assise de pierre qui couronne un jambage
oupîed droit , et sur laquelle vienaent reposer les pre-
mières assises des arcades.
DB QDZLQOBI TBIMBS I>'ABCBR8CTDHB 87
InaiTOi. — GeHre d« maçomerie conpesée de pellls
moelloiiB liés avec du mortier et aùni appela par Vitruve.
(V. mon Conrs , I. a. ]
InTEBSEcnoN. — Point où denx UgiiM «e CTotsent.
An moyen-lge les TOÛteB sont fortîGées par des arceanx
CToisés doDt les intersecllona sont Murent ornés d'un
fleorwi , A partir du.
Xn*. siècle. Ah XVI'.
siicle les poiola d'inter-
leclion des voûtes furent
omfa de cnls-de- lampe
oa pendentif très-sail-
lants. [ V. mon Cours
d'Antiquités, 4*- parlie.)
L'intersection des ar-
calores cintrées produit
aecidenlellement la for-
me de l'ogive.
Intbados. — Surface intérieure et concave d'un arc
ou d'une voûte.
^M
IftROSALH. — Dans les scnlpluros des poctaik d'église
qui représ^tent le Jugement dernier, la Jérusalem cé-
leste a été symbolisée sous la forme d'une maison ou
d'un édifice avec portes et fenêtres , ou par des tount et
des murailles offrant l'image d'une ville fortifiée :
habituellement les bieidieureui .sont conduils par des
■«ges vers la porte de cette enceinte- (V. mon Cours,
88 DtnitmoN ëlémbhtaue
4*. volnrafl , et les nombreiiie* représenlationt qui
exislent de porlaiis d'église. )
JésuS'Cbbist. — Représealalion de N.-S. J.-C, fila
de Dieu. J'ai donné dans le t. 4*- de mon Cours d'An-
iiquilés et dans le t. ti*. de* notioas sur la représealalion
duCbrist, dans les bas-relieb du moyen-Age: Je rappellerai
seulement que le Christ est toujours facile i lecon-
uallre par l'auréole arrondie (nimbe) qui- entoure sa léle
et au milieu de laquelle te demne «or croix gree^ue. On
peut consulter sur l'iconographie du Sauveur un volume
de M. Didron (iconDgra()hiecbrélicnnc), publié dernière-
ment par le Ministre de l'inglruclion publique et qui eal
Irès-eomplel sur ce sujet.
Jubé. — C'est le nom qu'on donne quelquefois à la
galerie placée au-dessus de l'entrée du chœur , à cause
de la formule Jtiie domine benedicere , de. Celait ordî-
nairemenl dans celte galerie que leclure était faîte de
DE QUBLQDB9 TKRMBS D AICWTBCTUBB. 89
l'éptlre et de \'iiwagi\e , celle coulume ('est encore
conservée daas quelques nalbédrales , telles que celle de
Bayeax.
L'établisse naent des jubés remonte à l'époque où pour
se garanlir du froid on entoura le cbœur de beaucoup
de calbédrales , de murs qui barraient la partie infé-
rieure des arcades : on n'en voit guères maintenant qui
remonlent au-delà du XV'. siècle. Si quelques-uns ,
comme celui qui existe dans une des églises de Troyes,
sont remarquable* par la ricbesse de leurs ornements ,
presque tous interrompent Irès^sagréablement la per-
spective et nuisent à l'effet général. C'est donc avec
raison que parfois on les a fait disparaître quand ils
étaient modernes, mais il faut bien se garder de détruire
ceux qui offrent quelque mérite archi tectonique.
JooEnBKT DEBKiBi. — Le tsblcau le plus important
que les sculpteurs aient babilueltement représenté sur
les façades d'églises, c'est le Jugement dernier , la Ré-
surrection des morts , l'examen defc bonnrg œuvres et des
9^
DÉFINITlOlf 'ÉLBNBlfTAIRB
fautes, puis la séparation des bons conduits au ciel et des
méchants livrés aux flammes par les démons , se déve-
loppent au-dessous du tribunal céleste et ont offert aux
sculpteurs les sujets les plus dramatiques. (V. mon Cours
d'Antiquités I 4'- partie.)
L.
Labahuh. — Etendard adopté par Constantin : c'était
une espèce de banière brodée d'or et couleur de pourpre,
suspendue à une longue pique ; à la partie supérieure
était attachée une couronne brillante d'or et de pierre-
ries , au milieu de laquelle brillait le monogramme du
Christ , formé par les lettres grecques initiales X P jointes
ensemble.
On Toit la représentation du labarum sur un grand
nombre de médailles ; on la trouve aussi dans les bas-
reliefs de quelques sarcophages chrétiens en marbre ,
des premiers siècles du christianisme. (Y. sur les tom-
beaux de celte époque le tome 6*. de mon Cours. ]
Lapidaire. — Stjle lapidaire : style consacré pour
les inscriptions gravées sur les monuments.
Lancette. — Nom que l'on donne aux
fenêtres longues et étroites qui se ter-
minent en pointe, comme un fer de lance ,
et qui ont été particulièrement en usage
au XIIP. siècle.
J'ai appelé lancettes géminées dans mon
Cours les lancettes réunies deux à deux
et encadrées dans une autre arcade.
Les proportions des lancettes sont extrê-
mement variables.
DB QUBLQDES TBKMBS D ABCHITECTCIB. yi
Lautbbkb. — En architeclure on appelle lanterne un
petit dAme oa ane pelite tour ouverte flur ses Tacea,
comme on en a construit chez les anciena et chei W
modernes {lanterne de Démoslhènes , lanternes des In-
valides, de la tour centrale de Baveux, du Val de Gr&ce,
elc. ]. Par extension les Antiquaires ont aussi désigné
sous Ifl nom de lanterne la partie supérieure des loors
de grande dimension , qui dans les ^ses s'élèvent
an point d'intersection de
la croix et qui a des fe-
nêtres sar chacun de sei
cAtés. Beaucoup de ces
tonn étaient ouvertes A
leur base et la himière
pésétrant par tes fr^nélres
venait se répandre dans
r^glise, comme i Cou-
.tances.
Cette disposition des
tours centrales est carac-
téristiquede la Gn du KIII".
et ptuB spécialement du
XIV". siècle, ainsi que }e
pourrais le prouver par de
nombreux exemples; mais
on la rencoutre encore au
XV', siècle et même an
XVI*. Dans beaucoup
d'Églises «n a voAté posté-
rieurement l'ouverture 4ei
loors cealrales.
ga DÉFINITION ÉLÉHENTAIRE
Laque ATOREs. — Classes de gladiateurs , plus connus
sous le nom de réliaires. ( Y. mon Cours d^Antiq. « t. 3 ,
chap. XI. )
Lakaibb. ^ Oratoire domestique dans lequel on véné-
rait les dieux lares, chez les Romains: on y déposait
les images des divinités , particulièrement honorées
dans la famille.
Lariiier. -^ Nom donné â la partie carrée d'une cor-
niche. ( y. art. Ordres d'architecture. )
Lavabo. — J'appelle ainsi des réservoirs en pierre que
Ton trouve dans plusieurs cloîtres , notamment dans
celui de St.-Waudrille , et où les moines venaient se
laver les mains avant d'entrer au réfectoire pour prendre
leur repas. Ces réservoirs en pierre souvent engagés
dans les murs recevaient l'eau par divers conduits
et étaient plus ou moins ornés de moulures.
Lesardb. — Crevasse ou fente dans les murailles.
Liaison. — Manière de disposer les pierres posées les^
unes sur les autres, de sorte que les joints montant d'une
assise supérieure se trouvent sur le milieu des pierres de
rassise inférieure.
Lion. — I^ lion a été reproduit par les sculpteurs de
toutes les époques : au moyen-âge on a placé des lions
de grande dimension de chaque côté des portes d'églises ,
et cet usage se rattache à celui qui existait de rendre la
justice et de faire certains actes publics devant le portail
qui devenait ainsi une espèce de tribunal.. (V. le 4**
volume de mon Cours , p. i63. ) De là la formule sedenie
inter leones. Le trône deSalomon était supporté par des
lions , el l'on a voulu probablement iaire allusion à cette
circonstance dans la disposition du siège où Ton rendait
DE QUBLQDES TERMES D'aRCOITKCTDKE. gi
la jasiïce. Le lion est aussi remblâme de la force. Il j
a en dans l'emploi de l'image du lioo , an moyen-ftge,
plaaenrs autres idées syniboliques qu'il sérail trop
loDg de faire connaître.
Les lions les plus remarquablos sont ceux qui ornent
le grand portail des églises de l'ilalie et du Midi de U
France (St.-GiUes). Ils perlent sooyent sur leur doà les
colonnes du péristyle.
Listel. — Petite moulure carrée e( unie qui accom-
pagne une aulre moulure plus grande ou qui sépare des
cannelures.
LocTE. — Machine en fer qu'on engage dans le lit
supérieur d'une pierre qu'on veut enlever, pour la mettre
94 DtPlniTlOIf ËLÉMEKTAIKE
à U place qui lui est destinée. Celles danl se servaient les
anciens s'appelaient forcipet. Les Irous de celle forme wm
queTon (rouTC pretqne toujours dansles pierres de grand
appareil des construclions romaines ont été faits pour
recevoir la louve , et c'est à tort qu'on les a confondus
avec les entailles des queues d'aronde.
LozANfift. — Dénomination donnée dass mon Cours
[4*- volume), et depuis généralement adc^tlée, k une
moulure trâs-fréquenle dans l'architeclure romans du
Nord-Ouest de U F
et composée de ton
duilsde manière à
deslozanges; un Irèi
nombre d'édifices |
cet ornement au:
et XII% siècles. L
s'entend d'une arc
ou d'une autre suriace
garnie de lozanges.
Ldcarnbs. — Fenêtres pratiquées
au niveau des toits et correspon-
dant au grenier ; elles ont été au
moyen -ftge ( XV". et XVI", siècles )
Irès-élevécs et ornées de nombreuses
moulures. Les lucarnes du palais de
Justice et de l'hftlel du Bourtbe-
roulde à Rouen , sont de véritables
monuments ; celles du château de
Gbambord, du cbàleaudeFontaine-
Henry (Calvados) et de beaucoup
d'autres édifices du XVI'. siècle ,
peuvent aussi être citées. ,
DB QUELQUES TBUiES d'aICHITECTUBE. oS
LtmiN. — Pupitre placé dans les ^lises et sur lequel
on plaçait les livres : il en reile quelques-uns du XVI*.
ftiàcle , intéressant par leurs moulures , mais U plupart
ne datent que du XVII*. j ilg prennent alon le plus
ordinairement la figure d'un aigle, le« ailes éteadu es.
Quelques-uns offrent l'image d'un pélican qui s'ouvre le
flanc pour nourrir ses petits. Sur les ailes est le plan in-
cliné deslioé à recevoir les livres.
Macellvm. — Marché oh se vendaient les viandes
chez les Romains.
Mâchicoulis. — Galerie en surplomb portée sur des
corbeaui ou consoles, que l'on établissait au haut des
tours et des courtines^
des chftleaax du moyen-r
ige. On pouvait jeter des j
projectiles par les ouver- p
tures qui régnaient entre^
les consoles , et dérendre'
ainsi le pied des mu-r
raîlles. Les consoles des^
mâchicoulis ont affecté différentes formes depuis le Xlll".
jusqu'au XVI*. Je les ai fait connaître dans le 5". volume
de mon Cours , consacré à l'archJtectnre militaire du
moyen-âge ; au XV*. siècle et au commencement du
XVI*. elles sont très- allongées.
M&nr. — - La main dans les sculptures et les peintures
chrétiennes , était le symbole de Dieu : souvent sur les
tympans des portes d'église oà le Christ est figuré
i^ DÉFINITION ÉLÉHENTAIBE
dans sa gloire , une main placée à la partie supérieure
du tableau représente Dieu le père. ( Y. mon Cours ,
t. 4^. , p. 194- ) 1^9 anciens ont eu des mains votives
ordinairement en bronze , que Ton a désignés sous le nom
de tnams panthées à cause des symboles qu'on suppose s'y
rattacher , et qu'on a cru se rapporter à autant de di-
vinités.
Au moyen-Age , les mains symboliques ont toujours
les trois premiers doigts élevés et les deux autres fer-
mées. Les représentations d'évéques et d'abbés, si nom-
breuses dans les bas-reliefs et les monuments du moyen-
Age, offrent constamment cette disposition des doigts pour
la main droite avec laquelle se donne la bénédiction.
Manipule. — Corps d*infanterie qui formait la lo'.
partie d'une légion romaine.
Manteau. — Le manteau se rencontre si souvent
dans les bas-reliefs , au moyen-âge , qu'il est bon d'en
dire un mol : le manteau s'agrafiail sur l'épaule droite»
de sorte qu'étant toujours ouvert de ce c6ié-là , jamais
par devant , on avait l'entière liberté du bras droit : on
le retroussait sur l'épaule gauche pour laisser le libre
usage de l'épée , il traînait par derrière. On distinguait
les divers ordres des seigneurs par l'ampleur du manteau,
à la qualité de la fourrure en hermine qui l'entourait, â
la largeur du repli du collet, à la longueur de la queue
traînante. Les ducs, comtes, barons, chevaliers , le por-
taient d'un drap écarlate ou violet. Cette dernière couleur
a prévalu dans le long habit de cérémonie pour les pairs.
Le manteau devint pendant long- temps le symbole et le
signe de la chevalerie, an point que nos rois même s'ac-
coutumèrent à faire présent de manteaux aux nouveaux
DE QUELQUES TERMES D' ARCHITECTURE . 97
chevaliers qu'ils honoraient de Taccolade aux fêtes solen-
nelles et aux jours de cour plénîère. Pour les rendre plus
honorables , ils les distribuaient le plus souTent d'écariate
Termeille , couleur qui approchait le plus de leur habit.
Ces manteaux se donnaient tous les ans pour Tété et pour
lliWery par le roi, aux principaux seigneurs du royaume
et aux chevaliers de sa maison , et cela s'appelait utréb
ou livraison de manteaux. Du Cange , dans son Glossaire ,
ao mot Mantum , fait voir que l'investiture des plus
grandes dignités se faisait par le manteau. La cotte
d'armes fut remplacée par le manteau (i).
Maisons. — Chez les anciens les maisons de la ville
et de la campagne offraient des dispositions qui les dis-
tinguaient considérablement des nôtres. J'ai donné des
détails assez étendus sur ce sujet dans mon Cours d'An-
tiquités , tome 3*. , chap. III. Les maisons du moyen-âge
présentent un grand intérêt et il en reste encore beaucoup
du XY«. et du XVt. siècle ; l'hôtel du Bourgtheroulde
et plusieurs anciennes maisons de Rouen sont des plus
curieuses z elles ont été décrites par M. de la Querière
dont l'ouvrage a eu deux éditions. — J'ai donné dans
le 5^. vol. de mon Cours , (histoire de l'architecture
civile , chap. XI] , lindication d'un grand nombre de
maisons anciennes de différentes villes : il y en a très-
peu d'antérieures au XV®. ou à la fin du XIV®. — Celles
qui restent des XV*. et XVI®. siècles sont , les unes
en pierre , les autres en bois. M. Bouet , peintre , a
lithographie dans un grand format les anciennes mai-
sons les plus intéressantes de la ville de Caen. La maison
de bois que voici existe à Dinan (Côte-du-Nord).
(i) miHo , Dictionnaire des beaux-^rts. 7
DËFirtlTIOn ÉLÉMENTAIRE
DE QDELQUKS TSBMBS D ABCniTBCTDRE. 99
BfANSifHt. — Lieu d'étape Eur les routes romaioeg ,
oà les voyageurs pouvaienl passer la nuit. (V. mon Cours
d'Antiquités, t. a*.)
Masdelle. — C'est le nom que l'on donne aa parapet
qui enlonre l'orifice des puits : les anciens étaient plus
recherchés que nous dans cet accessoire de leurs maisons.
Souvent les mardelies de leurs puits étaient en marbre
et garnies de canelures , comm
fât des colonnes. On en a trouvé
beaucoup â Hercuianum et à Pompéï.
Au moyen-Age quelques noardelles
de puits ont été taillées avec beau-
coup de soin; il en existe piusieursa
du XV*. et du XVI'. siècle, qui mé- *
ritent sous ce rapport d'être remarquées.
Maikodset. — Terme par lequel on distingue de
petites figures humaines sculptées sur les monumenls
du mojen-ige et afl'eclani diverses postures.
Mabqdbterie. — Assemblage de pièces symétriques
de diflérentes couleurs , formant ornement soit pour les
murs , soit pour les pavés des édifices. En Auvergne et
,^^, DÉPinlTION ÉLËMBNTÂIRB
M Italie on a tiré parti de l'ornementation versicolore
des pierres de l'appareil pour l'ornement des façades ,
des absides et des arcliivoltes , etc.
En menuiserie la marqueterie se compose de bois
dure de diflerentes couleurs , taillés avec soin et appli-
qués sur un assemblage pour représenter diverses figures.
Les meubles de ce genre ont été autrefois très-re-
Gherchés.
Mascabon. — Tête grotesque que les architectes
placent sur les clefs des arcades.
MÉDAII.LON. —
Encadrement tantAt
rond en forme de
médaille , tanidt
ovale ou elliptique ,
aumilieuduquelsont
sont sculptés des bas-
reliefs , des tètes ,
etc. , etc.
On a fait souvent
au moyen- âge , à
partir du XIII'.
siècle, des médail-
lons ou eucadre-
mentsàquatre lobes,
surtout pour les
sujets symboliques
représentés dans une
série de tableaux
sur les portails des
cathédrales.
DB QUELQUES TBBMKS D «BCHITBCTUHB.
Héâkdrb. — Moulure*'
appdée aussi desBÎn-^
jrec , usitée au XU'.f
siècle et k d'autres épo-|g
qoes. On voit de très-'
beaux méandres au pwtail latéral de la cathédrale du
Mans.
HsifEAcx. — Han-
tants en pierre qui di-
TÎsent les fenêtres des
églises, construites dans
le style ogiral , en
^nsienrs comparti-
ments longiludinaux ,
et qui se ramifient ordi-
Bairement à la partie
snpérienre des fenê-
tres. ( V. mon Cours
d'Anliq. , t. 4*. )
MsfliSQnE. — Espèce de disque ou de plaque en
bronte , que les Grecs plaçaient sur la tête de leurs
statues pour les garantir de la pluie et des ordures des
raseaax. Cet ornement était ainsi appelé à cause de sa
ressemblance avec le disque lunaire-
Méplat. — Terme de sculpture par lequel on désigne
la manière d'exprimer les muscles et les parties rondes
do corps , pour les faire paraître plus grands et plus
larges, sans que les contours en soient altérés. (V.
Millin , dictionn. des beaux-arts.)
Meta. — Borne placée dans les cirques, aux ex-
trémités da barrage appelé spika. (V. l'art. ciVfur.] J'ai
toa DÉnNiTion blAhentaibb
donné dans le t. 3'. de mon coara, cbap. IX, TexpU-
cation des cirques et de toutes leurs parties ; on peut
aussi consulter les pl.4oftùel4i duCoun,oiij*ai figuré
des cirques.
Le musée de Douaj possède une borne, fn^a, trourée
i BaTay , dont j'ai donné une esquisse pi. ^obù.tif. 1 1
de mon Cours.
Ia meta sudans, à Rome , dont on voit la place près
du colysée , était une fontaine qui offrait l'image d'une
énorme borne de cirque , meta.
Métope.— Inlervalle carré qui existe dans la frise do-
rique entre les Irigljphes. (V. l'art, ordres.)
Mboktriéres. — Ouvertures étroites pratiquées dang
les murailles , notamment derrière les créneaux , par
lesquelles on pouvait lancer des flèches sur les assiégeants.
A l'eilérieur de la place les meurtrières ressemblent i
des fentes de la muraille, mais à l'intérieur elles s'évasent
obliquement, de sorte que l'arbalétrier pouvait diriger
sa flèdie À droite ou k gauche dans un certain rayon.
MiLLiAiREs. — Bornes placées de mille en mille sur
les voies romaines pour indiquer les distances. [V. les
détails nombreux que j'ai donnés sur ces monuments et
leurs inscriptions , dans le tome 2*. de mon Cours,
cbap. IV ) et la fig. ■ , pi. 1 7 de l'allas.
DB qublqObs tkrkbs d'architecturb. io3
MiTKB. — Coiffure des èvAques et des archevêques.
Les mitres furent d'abord assez basses et termin^a
par des triangles obtus, jusqu'au XIII*. siècle. Depuis
cette époque elles s'élevèrent snccessÎTemenl jusqu'au
XVI*. , mais ce ne fut qu'à la fin de ce siècle et au
XVII*. qu'elles devinrent pyramidales comme aujour-
d'hui. On peut s'en convaincre par celles des tombeaux
et des statues du moyen-Age. (V. monCours,6*. vol.)
Dés le XI*. siècle le privilège de porter la mitre fut
accordé à différents abbés. Quelques chanoines avaient
le droit d'officier la mitre en téle.
HisÉucoBDB. — On appelle aiusi l'espèce de console
placée eo-dessous de la bascule des stalles , dans le
chœur des églises ; elle était aussi nommée patience ,
à cause de l'attitude qu'a le prêtre lorsqu'il en fait
asage. { V. mon Cours , I. 6 , p. 598. )
Module. — Mesure de proportion qui équivaut au
demi diamètre des colonnes. Le module se divise lui-
même en trente parties , dont chacune prend le nom
de miaule. (V. art. ordre.)
to4 DAFINITIOD ÉLÉMEKTAIBE
JjloNOCTUHDMQUE. — C'est le nom qoe j'aï donné dam
noa Cours et dans mes mémoires aui grosses colonnes
oflnnl un seul cylindre et un chapileau , pour les dis-
lioguer de celles qui se composent de plusieurs colonnes
cylindriques taillées dans la même pierre.
HoHOGKAHME. — Chiffre formé des lettres qui entrent
dans la composition d'un nom propre , entrelacées ou
liées les unes aux autres ; tel est
le monogramme de Théodoric à Ra-
venne. Le monogramme du Christ •
repcoduil très-souvent dans les mo-
numents, se compose d'un X (chil
et d'uD P (ro) entrelacés, et se
traduit par ChrUua, en grec le
DE QDBLQOeS TKBMES D'aBCHITECTDHB. 1o5
ChrisL C'est ce monogramme que Canstantîa avul
ùût placer sur le labarum. Les leltres A et u accom-
pagnent ordinairement le monogramme du Christ :
dies indiquent que J. C. est le commencement et la
fia , suivant les paroles rapportées dans l'Apocalypse
de saint Jean ; Ego lum alpha et oméga, principium et finit.
J'ai trouTé parfois le X remplacé par une
croix aux branches de laquelle l'alpha et
l'oméga sont figurés suspendus par de
petites chaînes.
MonoFTÉBB. — Dénomination appliquée par Vilruve
aux temples circulaires dépourvus de Cella.
UoccHABABTs. — B&lcou en saillie placé au-dessus des
portes et à jour à la partie inférieure , de manière è faire
l'oflSce de mâchicoulis et i défendre l'entrée des tours ou
I06 DÉFINITION ÉtÉMENTAlRB
des maisons. J'ai vu quelques portes de maisons privées y
défendues par des mâchicoulis de ce genre.
Mosaïque. — Pavé composé de petites pierres de
diverses couleurs , formant par leur arrangement divers
dessins symétriques , et figurant quelquefois des ani-
maux , des figures humaines , etc.
Les Romains ont employé à profusion ce pavé de
luxe pour leurs maisons de ville et de campagne.
Toutes les maisons de Pompéi sont ainsi pavées ; et
chaque jour on en trouve dans les anciennes villes du
Midi de la France. On peut juger de l'importance des
mosaïques du midi de la France , par le bel ouvrage de
M . Artaud , et par celles qui ont été^transportées au
musée de Lyon.
Au moyen-Age des mosaïques de diverses couleurs et
dorées , formées de petits cubes en verre , ont été in-
crustées dans les murs et dans les voûtes. Ces mosaïques
dont il ne nous reste qu'un seul débris en France, sont
d'un effet prodigieux. J'ai décrit celles de Ravenne (t. 7
du Bulletin monumental , et Cours , t. 4 * nouvelle
édition); on en trouve aussi â Rome, à Lucques > en
Sicile , etc. , etc.
MuFFLB. — Ornement ainsi appelé parce qu'il imite
la tète d'un animal , le plus ordinairement celle du
lion. Les robinets des fontaines sortent souvent de
muffles qui paraissent ainsi vomir l'eau; les cymaises
des édifices antiques étaient parfois ornées de muiOes :
on trouve encore cet ornement' sur quelques poteries
gallo-romaines.
MuEAL. — Ce mot s'entend de tout ce qui est sculpté
sur murs : ainsi par ornementation murale , j'ai désigné
SB QUELQUES TSRMBS D'àBCHITBCTUKB . 107
dansmonCourgrenEembledeBscuIpluresquidécoraitt, lux
diflërents i^es , toutes les parties des murs des édifices.
La /Zore murale, d'après )a nomenclature que j'ai créée et
qui a été adoptée généralemeut , s'entend de la collec-
tion des végétaux sculptés sur pierre et formant ce qu'on
appelle aussi l'ornementation végétale. J'ai dit ( Cours ,
I. IV'. ) que , à partir du XIII*. siècle , les sculpteurs ont
ûguri presque exclusivement des végétaux indigènes;
auparavant on a souvent reproduit dans ces sculptures,
des végétaux exotiques.
UoTULE. — Espèce de modillon carré placé en-dehors
des trigljplies dans la corniche dorique. (V. art. ordre.)
Naos. — Partie d'un temple qui est environnée de
marailles ; c'est le sjnonyme de cella.
Na*thex. — Portique ou espèce de vestibule placé à
Io8 SAninTIOII ÉLÉaSKTAIKE
l'entrés des basîlîquea et des églises : c'était \k que se
tenaient dans la primitive église, les cathÂcumènea et
les pénitens.
Natté. — Moulure qui imite les
eolacemeots des nates ou des papiers
et qui est employée dans l'architec-
ture romane. En Normandie cet or-
nement n'est pas rare sur les chapi-
teaux.
Nadkachie. — Li«n consacré à la représentation d'un
combat naval et aux joutes sur l'eau ; ce devait être un
grand bassin rempli d'eau, entouré de constructions
analogues à celles des cirques ; il parait d'ailleurs bien
certain que souvent les cirques et les amphithéâtres
ont servi pour les jeux de la naumachie.
Nazal. — Partie antérieure du
casque normand qui ae prolongeait
de manière à couvrir le nez et une
partie du visage. La tapisserie de
Bajeux nous offre un grand nom-
bre de figures dans lesquelles l'on
peut observer cette partie du
casque.
Nbp.— Division principale comprise entre les ailes d'une
cathédrale ou d'une grande église. On entend ordi-
nairement sons ce nom l'espace existant entre le portail
et l'entrée du chœur. Mais les archéologues désignent
quelquefois sous le nom àenefs, les divisions longitu-
dinales des églises ; ainsi la grande nef est la division
centrale des églises depuis l'entrée jusqu'à la courbure
DB QDBLQCBg TBBIfBS D'aBCBITBCTOKS. I09
des ailes , derrière le sanctuaire et les nefs latérales oà
les bas-cdtés sont les petiles nefs.
Nervuies. — Moulures sail-
lanles qui , au moyen-âgo, or-
naient les arêtes des arcades
des fenêtres , des portes , des
arceaux do voûte , elc. , elc.
Les plus anciennes sont ron-
des.
Elles deviennent légèrement ovales au XIV'. siècle ,
puis prismatiques ou aogiileuses.
Ces dernières caractérisent la 3*.
époque du stjle ogival (V. mon
Cours , tome 4'- ) , et l'on peut dire
que le prismatique des nervures est
le caractère le plus saillant du XV*.
siècle.
NiMtB. —Cercle ou disque lamineas qui, sur plusieurs
monumenls antiques , environne la léle des divinités.
L'usage de cet allribut remonte à une haute antiquité;
on le trouve chez les Grecs et les Romains : ceux-ci dé-
corent souvent du nimbe la léle des empereurs, depuis
le règne de Constantin.
Les artistes chrétiens adoptèrent le nimbe ; il fut ponr
eux le symbole d'une nature ou d'une origine céleste.
Ainsi non seulement les trois personnes de la Trinité,
mais la Sainte Vierge et les Saints reçurent le nimbe.
On le voit aussi habituellement à l'Agneau , symbole
du Cbrist , et aux quatre animaux symboliques des
Evangélistes. ( V. la page 72. ) Toujours la tête du
MO DKFIMTION El.liHE>TAIRE
ChrisI est , comme je l'ai dit
précédemment , entourée d'un
nimbe sur lequel se dessine une
crois grecque. (Cours d'Anliq.,
t. 4*>i p' <94-} ^ nimbe croisé
parait l'attribut presque exclusif
des trois personnes de la Tri-
nité.
Le nimbe sans croix qui en-
toure la télé des saints est
toujours rond ou en forme de
bouclier : il est rond , dit Guil-
laume Durand , écrivain du
XIII". siècle , conformément à
ce passage de l'écriture ; tcuto
bonté voUmtatù tua cormaui
nos. Mais quand on représen*
lait un saint vivant, le nimbe
avait la forme d'un bouclier
carré , dont les quatre c6tés
étaient symboliques des quatre
verluB cardinales. [V. mon
Cours d'Antiquités , nouv.
édit. , t. 4''- I P- 207. ) Le
Bulletin monumental renferme
des détails intéressants sur le
nimbe.
NticLEi'S. — Coucbe de matériaux concassés el quel-
quefois mélangés avec de la cbaux et de la terre glaise
qui supportait le pavé ( sttmma crusta ) des voies ro-
DE QUELQUES TERMES D ABCHITBCTURE. ni
mâines. Quand ce pavé n'existait pas , le nucleus et
la rudératîon , couche qui ne dilfôrait souvent que par
la grosseur des matériaux se trouvaient à la surfilée. (V.
moii Cours d'Anliq. , t. 2 , p 9a.)
Ntxphées. — Grottes ou édifices dédiés aux nymphes
et près desquels murmuraient ordinairement des cascades
d'eau limpide. L'édifice connu sous le nom de temple
de Diane , à Nîmes , prés de la fontaine , est aujour-
d'hui regardé comme un nymphée.
G.
Obélisque. — Pyramide ou aiguille à quatre faces ,
laquelle diminue vers son sommet , et qu'on plaçait
sur un piédestal carré devant les temples ou sur les
places publiques chez les Egyptiens. On croit que
ces monuments étaient dédiés au soleil ; ils portaient
le plus souvent des hiéroglyphes sur les quatre
côtés.
Les obélisques étaient d'un seul morceau en granité»
rarement en marbre. Les empereurs romains (Auguste,
Caligula , Claude , Caracalla ) en firent venir plusieurs
à Rome , à grands frais , qui furent dans la suite
renversés par les barbares.
On en voit à Rome plusieurs qui ont été relevés et
employés à la décoration des places publiques par les soins
des papes. On connaît l'obélisque de Louqsor, transporté
dernièrement à Paris. Après ce dernier , le seul obélisque
antique que je connaisse en France est celui qu'on voit à
112 DÉFINITION ÉLÉMENTAIRB
Arles, sur la place de rHôtel-de-Ville, et qui provient,
à ce qu'il parait , de la spina du cirque de cette ancienne
métropole. ( V. mon Cours d'Antîq. , t. 3*. , p. SgS. )
On sait , en effet , que sur la spina des cirques étaient
ordinairement un temple et un obélisque dédiés au
soleil. (Y. mon Cours d*antiq. , t. 3 , p. 377.) Il y
avait des obélisques dans les cirques de Rome. Cons-
tantin en avait fait apporter plusieurs à Constantinople,
et le plus remarquable était dans Thippodrôme , au mi-
lieu de la spina qu'il partageait en deux parties.
OcTOSTTLE. — * Ordonnance de huit colonnes éga-
lement espacées sur une façade d'édifice. (Y. mon Cours
d'Antiq. tome 3, p. 32o.]
Ogive. — Y. Tarticle arcorfe.
Oiseaux. — Les sculpteurs ont reproduit en bas-relief
l'image de divers oiseaux.
Dans les monuments chrétiens des premiers siècles ,
certains oiseaux avaient une signification symbolique :
le paon et le phénix étaient l'emblème de l'immortalité.
Les palmipèdes étaient emblématiques du baptême ,
parce qu'ils vivent dans l'eau. On voit aussi dans beau-
coup de sculptures chrétiennes , des oiseaux becquetant
des fruits, quelques-uns 7 ont vu l'image de l'àme chré-
tienne , se nourrissant des fruits de la foi et de la parole
de Dieu dans la vigne de J.-C.
Opistodomos. — Pièce annexée à la cella des temples
antiques , et où l'on conservait les trésors des temples et
des villes.
Obdmës d'archit£cture. — On appelle ordre, Tar-
rangement de diverses parties saillantes disposées d'après
des proportions fixes , pour composer une ordonnance
régulière.
DB QUBLQUBS TBMIB8 B'ARGHITBCTURE 1 1 S
Un ordre se dirise en trois parties et se compose d*on
piidesuU , d'une coUmne et d'un emtablemenu Ces parties
ont reçn le nom de membres. Chaque membre se dî-
en trois parties , ainsi quMI sait :
]". membre r Base.
on I Dé.
piédestal. ( Corniche.
2*. membre
r Base.
on
j Fût.
odonne.
( Chapiteau.
3*. membre
r Architrave.
ou
/ Frise.
entablement.
j Corniche.
Quelquefois on supprime le premier membre ou pié-
destal , et le fût de la colonne repose simplement sur
une plinthe ou socle servant de soubassement.
Les ordres employés par les Romains étaient au
nombre de cinq :
le Toscan ,
Le Dorique ,
U Ionique , ^
Le Corinthien ,
Lt composite.
Le Dorique , l'Ionique et le Corinthien étaient ori-
ginaires de la Grèce.
Le Toscan et le Composite avaient pris naissance en
Italie.
C'est pour cela qu'on désigne quelquefois les trois
8
11^ DÉFINITION ÈLÉMBNTAIRB
preniers fous la dénomination d'ordres Grecs , et les
deox autres sous celle d'ordres latins.
Toutes les colonnes diminuent d'un sixième de leur
diamètre inférieur , à partir du tiers du fût jusqu'au
chapiteau.
Dans les ordres Toscan , Dorique , Ionique et Co-
rinthien , la colonne a des proportions diflférentes ;
celles du Corinthien et du Composite sont les mêmes.
Voici le tableau de ces proportions , d'après Vi-
gnole :
! Toscan de T fofs *\
Dorique de 8 fols i
Ionique de 9 fols >*°", diamètre In-
Corinthien de 10 fols I 'êrleur.
^ Composite de 10 fols J
Les distances ou vides compris entre les colonnes ,
s'appellent entre-colonnements. Suivant les rèjçles indi-
quées par Vitruve [liv. III), il y en avait de cinq es-
pèces chez les Romains.
Les architectes modernes ont* fixé ainsi , suivant les
ordres , la largeur des entre-colonnements.
L'entre-colonnement Toscan est de 4 modules 7;3.
Le Dorique de 5 modules i;2.
L'Ionique de 4 t^* ^ 6 parties.
Le Corinthien de 4 id. 2;3.
Les principales moulures cmployéf^s dans la compo-
sition des ordres , sont , en nous servant de la nomen-
clature adoptée par les architectes :
Les filets ou listels , moulures étroites dont la saillie
doit égaler la hauteur (V. la pi. , fig. it ).
BB QUELQUES TBEHBS D^ARCHITBCTUBE. Il5
Les larmiers , moulures larges et saillantes placées
dans les corniches , fig. X2.
Les plates'bandes • moulures larges et plates ayaat
peu de saillie , fig. i3.
Le quart de rond ou quart de cercle, fig« i4*
La bagnette^ moulure saillante et très-étroite et semi-
circulaire j fig. i5.
Le tare ou boudin, moulure semi-oircutaire et large;
%• i6{i).
La gorge, moulure semi-circulaire, en creux , fig. 17.
La scotie, moulure en creux , %. 18.
Le caoet , ou quart de rond en creux , 19.
Le congé, qui est une espèce de cavet , fig. 3o«
Le talon , moulure demi-creuse et demi- saillante ,
composée dun quart de rond et d'un cavet , fig. ai.
La douane , moulure semblable au lalon , mais dis-
posée en sens contraire , fig. 22.
Uastragale , moulure composée d'une baguette et
d'un filet réunis , fig. 22»
Oedbe Toscan. Le Toscan , fig. i , est le plus simple
et le plus solide des cinq ordres d'architecture» et con-
séquemmenl il se place toujours au rez-de-chaussée des
édifices. Si l'on examine les membres de cet ordre en
commençant par le bas , on trouve que la base du pié-
destal se compose d'une plinthe et d'un filet, a b
(Y. la pi. , fig 6) ; la corniche du mémo piédestal d'un
filet , d'une cymaise el d'un larmier [c d e ^ fig. 6).
Les moulures qui ornent les parties basses du fût ,
(1) Plusieurs de ces moulures sont ornées de ciselures. On peul
Yolr des baguettes , des tores et des quarts de rond ciselés , n^*.
«7-18-a9 cl 30.
Il6 DÉFINITION ÉLÉMENTAIRE
sont le §ocle ou la plinthe f , le tore g , le filet k et le
congé t ; un astragale orne la partie supérieure du fût.
Le chapiteau se compose d*un gorgerin , d un quart de
rond , et d'un tailloir ( Y. la pi. , fig. i) , sa hauteur
est d'un module ou demi-diamètre de la colonne.
On remarque dans l'entablement l'architrave séparée
de la frise par un listel , la corniche composée d*uu
talon 00 cjmatse inférieure, d*un larmier et d'une
cymaise supérieure.
L'Ordbe Dorique (V. la pi. , fig. 2 et 7 ] n'eut
pas de base chez les Grecs , et les colonnes reposaient
simplement sur un socle ou plinthe. La base qu'on lui
a donnée dans la suite est presque semblable i la base de
Tordre Toscan , et n'en diffère que par un plus grand
nombre de filets au socle et à la corniche.
La base de la colonne se compose d'une plinthe ,
d'un tore , d'une* baguette et d'un filef . — Le fât est
quelquefois orné de canelures, se louchant l'une l'autre,
et dont les intervalles forment des vive>arétes. Ces ca-
nelùres sont au nombre de dix-huit.
Le chapiteau est semblable à celui de l'ordre Toscan ,
à l'exception de quelques moulures.
Varchxirave est composée de deux plates-bandes , dont
la deuxième porte des gouttes [a a a fig. 2}.
La frise est ornée de triglyphes et de métopes {b c ,
fig. 2 y même planche.
Les triglyphes ( fig. 2 ) se composent de plusieurs ca-
naux sculptés verticalement au-dessus des colonnes,
et occupant l'espace d'un module.
Les métopes sont les intervalles laissés entre les tri-
DB QUBLQVBS TBBIIBS D'aUCHITSCTUIB. ïln
giyphes , et qai sont carrés , ayant une largeur égale à
la haotear de la frise ; le centre de» métopes est quel-
quefois orné de sculptures.
La corniche est nmtulaire ou dentiaUaire, selon que
l'on décore le larmier de mutules ou de denticules. La
fig. 2 offre une corniche mutulaire. On distingue dans
cette figare , d'abord une cymaise inférieure i( au-'
dessus des triglyphes et des métopes ; puis deux lar-
miers € e dont l'un inférieur porte des mutules, pièces
saillantes senrant de couronnement aux triglyphes , et
enfin la cymaise supérieure /* surmontée d'un socle.
Dans une corniche denticulaire , les denticules rem-
placeraient les mutules sur le larmier inférieur.
L'Obdes Ioxiqub tient le milieu entre les deux ordres
précédents que Ton a nommés »olide$ et l'ordre Corin-
thien que l'on désigne sous la dénomination de délicat ,
ainsi que le Composite*
La base du piédestal est ornée d'une plinthe , d'un
filet y d'une doiieine , d'une baguette et d'un filet ; sa
corniche, d'une cymaise composée d'un talon et d'un filet,
d'un larmier et d'une cymaise supérieure.
La base de la colonne, plus ornée que dans les ordres
précédents, offre une plinthe et deux tores ou boudins a c
séparés l'un de l'autre par nw saHîe b et des filets (V.
la pi. , fig. 8).
Quand le]{&t de la colonne ionique est orné de cane-
lures, elles y sont au nombre de 24 > séparées les unes
des autres par des côtes ou listels.
Le chapiteau Ionique est composé d'un quart de rond,
d'où partent deux volutes en spirale, en forme de coussin,
ïift DitFIRITlOlf ÉLÉXBlfTAIEB
bordées par on astragale (V. la pl«, fig. 3)*} des oves
décorent souvent le centre de ce chapiteau*
L'architrave est divisée en 3 plates-bandes surmontées
d'un talon ; la frise est unie*
La corniche se compose d'une cymaise inférieure a s
d'un larmier denticulaire 6, d'une cymaise intermédiaire
€ y d'un grand larmier i et d*une cymaise supérieure e
( V. la pi. , fig. 3).
La hauteur totale de l'ordre est de 28 modules 1/2
sans la base.
L'oBDEB GoBiNTHiEif ost le plos svelte et le plus riche
des 4 ordres; son piédestal , dont la base est plus ornée
que dans les autres ordres , se compose d'une plinthe ,
d'un tore , d'un filet , d'une douciue » d'une baguette
et d'un filet. — Sa corniche est composée d'un gorgerin ,
d'une cymaise inférieure , d'un larmier et d'une cymaise
supérieure (V. la pi., figure 9).
La base de la colonne , la plus usitée y se compose
d'une plinthe , d'un tore , d'une baguette ou filet , d'une
scotie y d'un boudin et d'une seconde baguette.
Le fût est orné , comme dans l'ordre Ionique , de 24
canelures séparées par des listels*
Le chapiteau Corinthien est garni de deux rangs de
feuilles d'acanthe, et deux autres volutes plus petites v v
occupent sur chaque face le centre du chapiteau ( V.
la pi. , fig. 4)
L'architrave consiste dans trois plates-bandes surmon-
tées de baguettes sculptées.
La frise est tantôt unie , tantôt ornée de rinceaux ou
de diverses sculptures.
DB QUELQUES TBUIBS D ARCHITBCTUUS. II9
La corniche est encore pins ornée que celle de l'ordre
lomciae , et offre de plus qu'elle , un rang de modillons
ridiement sculptés, de sorte qu'on distingue ordinai-
Tement dans la corniche corinthienne ;
Une cjmaise inférieure a ;
Un larmier couvert de denticules 9 comme dans Tordre
loniqne b ;
Une cjmaise intermédiaire c ;
Un larmier portant des modillons d ;
Un grand larmier e ;
El une cjmaise supérieore surmontée d'un sodé f.
L'OiBRE Composite , dont la base et le fAt ont les
mêmes proportions que dans Tordre Corinthien, est une
variété de ce dernier et ne doit point être regardé
comme un ordre proprement dit , quoiqu'on hii ait
donné cette qualification. Il offre un chapiteau qui tient
de l'Ionique , dont il a à peu près les volutes , et du
Corinthien dont il emprunte deux rangs de feuilles
Mais son architrave n'a que deux plates- bandes et sa
corniche, deux larmiers seulement dont un est orné
de dentelures (Y. la pi. , fig. 5).
f Extrait du tome 3*. de mon Cours d* Antiquités, J
OBiEifTATiON. — On désigne ainsi la direction habi-
tuelle des églises vers Test : cette direction du sanc-
tnaire offre bien quelques variations , mais il est très-
rare qu*elle n'existe pas. Le défaut d'orientation quand
il a lieu tient à des inégalités de terrain ou à d'autres
circonstances qui ont gêné l'architecte. Plusieurs églises
non orientées ont reçu le surnom de mal tournées
)3(> oiwaaTloa tLkmMiriAimx
Odies. ~- Od appelle ftiiui les fenélreB on les oa-
verlures des (oors d'église par lesquelles le ion des
cloches se répand.
Otbs. — Houlnres en forme d'œuf qni entrent dans
la décoration du chapileaa
ionique et de quelques
coroiches (V. la pi. ,
fig. 39 ] ! lea oves ont été
employés au XII*. siècle
dans quelques parties de
la France où l'on a imité
les monuments romain
qui eiistaienl encore ;
ainsi en Provence Je les ai
rencontrés dans diverses
églises. Le cintre de la
nicbe qui renreme la sta-
tue de la Vierge que voici,
i Beaucaire , porte des
oves pour ornement.
Palla. — Manteau ou habillement extérieur , que les
dames romaines portaient au-dessus de la tunique ,
appelée itola : l'art de draper la palla avec grAce était
un point essentiel de l'art de la toilette des dames ro-
maines. L'examen des baB-reliefs antiques fera com-
prendre la forme de celle partie du costume ro-
main.
Palliuh. — Chez les tirées et les Romains, c'était un«
espèce de manteau qui devint aussi l'habit des phî>
losophes. Le PtUiium ecclésiastique qui a plus d'intérêt
BB QSELQUB» TBBIUS D aKCHITECTUIB. IÏI
pour nouS) parce qu'on le trouve dans un trés-grand
■rambra de bas-relîefi et de peintures da moyen-Age ,
élail un ornement par lieu lier aux papes, aux primats,
aux patriarches et aux méiropolitaîns. Il était fait de
laine blanche et consistait dans une bande qui entourait
les épaules et descendait par devant jusqu'à la hauteur
des genoux , et sur laquelle étaient appliquées des
croix de couleur rouge. L'origine du PaUium est très-
obscnre. Il n'appartient qu'au pape de donner le
Patlùm.
Palhbttb. — Petit ornement de sculpture en forme
de feuilles de palmier.
Palodambntum. — Espèce de manteau carré que le
chef militaire portait par-dessus la cuirasse , chez les
Romains. (V. la pi. XII de mon Cours d'Antiquités et la
page 399 du I. 2*.]. Le paludammt était retenu sur
l'épaule avec une fihule ; le manteau ducal que porte
Guillaume-le-Conquérant dans la tapisserie de Bayeux,
a la Ibrme du paludamentum et est agralTé de même.
Panacbb. — On dislingue
BOUS ce nom certains bouquets
de feuillage qui couronnent les
clochetons et les frontons des
églises; principalement an XV'.
siècle les panaches terminent
aussi assez souvent les gables
des maisons des XIV'. et XV.
Paeiheaitx. — Compartiments de boiseries encadrés de
moulures et portant parfois des ornements sculptés ; les
133 DÉFINITION lÏLEJiBIlTAlKB
portes et les lambris des XV*. et XVI*. siècles nous
offrent encore des panneaux riches de sculptures. On a
aussi sculpté ou peint sur les murs des panneaux portant
i peu près les marnes ornements que les lambris en bois.
BB QUELQUES TEBHES D'aBCHITECTOHE. 133
Pabadis. — Les justes ont été le plus souvent figurés
dans la grande scène du Jugement dernier, Redirigeant
sous la conduite d'un ange vers la porte du ciel , repré-
senté, comme je l'ai dit, par la ville de Jérusalem.
Quelquefois la Jérusalem céleste est remplacée par un
personnage, probablement le Seigneur , tenant dans son
giron uite foule d'Ames bienheureuses.
PiïAPETosMATA. — Rideaux ou tapisseries que les
anciens tendaient devant les portes de leurs appartements
Bt qui répondaient à ce qu'on nomme aujourd'hui ;»»-
lièret. Les anciens avaient rarement des portes en bois
k leurs apparlements ; des tapisseries suspendues leur
en tenaient lieu.
Pakement. — Revéleiueut extérieur des murs ( V.
appartil-
ia4 DÉMHlTIOIf iLËHBHTAIBB.
Partis .— Pince située devanl le portail des cathédrales.
Pattb. — Appendices qui retient la base des colonnes
romane* de transition aux angles du piédestal qui les
supporte : ces appendices figurent le plus souvent des
grandes feuilles , quelquefois des pattes d'animaux, elc.
pATts ÉMAILLÉ6. — Pavés en terre cuite, couverts d'un
remis métallique de plusieurs couleurs et représentant des
animaux > des armoiries ou diverses figures : ces pavés
dont nous retrouvons quelques restes dans les anciennes
maisons , tes églises et les cb&teaox , se composaient
de pièces symétriques dont la réunion formait, soit des
espèces de mosaïques, soit des rosaces plus ou moins
considérables : telle élaîl la rosace du pavé découvert , il
y a aS ans , è Callevilie , département de l'Eure, et celle
qui existait plus aiiciennement dans la belle salle des
OB QUELQUES TBUIBS B'iRCaiTBCTUBB. 135
gardes de l'abbaye de Sl.-ELienne de Cten. (V. mon
Coars d'Antiquités, I. 5*. , p. 4^4 )•
Ces deux rosaces offraient beaucoup d'armoiries = dans
la salie des pirdes de l'abbaye de Caen , les écuMona
étaient pour la plupart ceux des familles marquantes qui
avaient fourni des dignitaires au monastère. A Calleville,
les armes des Harcourt , auxquels appartenait le chA-
teau, étaieotBouTent répéléesiony voyait aussi les armes
de plusieurs familles normandes , en témoignage des
rapports de liaison , de service militaire ou d'amitié
qui existaient entre elles et la maison d'Harcourt.
Le sanctuaire du cbœur de l'église de Sl.-Pierre-snr-
Dives (Calvados) est encore en grande partie pavé de
briques émaiUées, dont plusieurs portent des armoiries.
{ V. ma Statistique monumentale du Calvados. }
Péchés. — Au moyen-Age on a
figuré les pécbés et les vices sous
diflërentes formes , la représen-
tation des péchés capitaux a prin-
cipalement exercé la verve des sculp-
teurs : La luxure est représentée
par une femme nue dont les seins
sont déchirés par des serpens enlacés
autour de ses cuisses.
M. Desmoulins , de Bordeaux ,
membre de l'institut des provinces ,
vient de composer un mémoire très-
intéressant sur les sculptures_emhlé-
matiques des péchés capitaux: ce mémoire doit paraître
dans le tome XI'. du Bulletin monumental.
Pédicule. — Espèce de tige ou de piédestal très-mince
servant de support, soit à des statues, soit k des bouquets
126
DÉFINITION &LÉXENTÀIRB
de feuillage , dans rarGhitecture ogivale : les frontons du
XY^. siècle se terminent souvent par un pédicule.
Peduh. — B&ton recourbé qui dans l'antiquité était
le signe de la vie pastorale , et qui a souvent été con-
fondu avec le Utuus à peu près de la même forme et
le signe des fonctions augurales.
La crosse des évéques fut une imi-
tation du pedum; elle était courte ,
droite , avec une légère courbure :
c*était l'emblème des fonctions pas-
torales des évéques chargés de la
direction des chrétiens et des églises.
Au XI®. siècle, la crosse était encore
assez courte comme dans ce bas-re-
lief; elles s'allongent et deviennent
très-élégantes au XI 1\ et au XIIP.
siècle. ( y. mon Cours d*ant. , tome
6 , p. 379etsuiv.). La forme lourde
des crosses acluelles ne date que du XVII*. siècle. Les
crosses des XIIP. , XIV*. et XV*. étaient beaucoup
plus élégantes.
Pendentif. —- Encorbellement dont la forme est
variable et qui a pour but de racheter
les angles d'une élévation carrée , \
pour la relier à une élévation circu-
laire. Nous avons beaucoup de tours
d'églises qui deviennent circulaires
ou octogones à leur partie supérieure
et dont la base est carrée ; cette
transition du carré au cercle, se fait
au moyen de quatre pendentifs. La
même combinaison a lieu pour les
DE QDBLQUES TBUIBS I> AICBITBCTDRE . 107
coopolea qui reposent ordinairemeal sur quatre arcades.
Oo appelle encore pendemifs les clefs de voûtes Irès-
«aillantes que l'on rencontre sorloul au XVI*. siècle.
PBPLUif. — Espèce de manteau que quelques-uns
regardent comme identique avec la palla.
Jésns-CbrisI est représenté ^f'iu du péplum , dans les
fiaçadctdes églises romanes où on le voit en bas-retîef.
138 DKPinlTIUN ÉLftHBHTAlBB.
P«BiPT«KB. — Temple ou antre édifice entoari d'un
raniï de colonnes isolées (V. mon Coure d'antiq. , t.
3, p. 3i7|). PsBDDO-PÉWMTÉM 80 dit d*uD temple
dont les colonnes sont collées lux mure de !■ ceHa au
lieu d'en être détachées.
Pbbles. — Imitation des perles dans les moulures
surtout dans celles du XII'. siècle. Les empereore ro-
mains , après aToir transporté le siège de Tempire à
Constantinople, voulurent égaler les rois de l'Asie, en
magnificence ; leure vétemenUde pourpre ftirent décorés
de broderies en pcrlea et en pierres précieuses. Leur
diadème était couvert de pertes. La croix du tabarum
en était garnie. Au moyen-âge le luxe des perles et
des broderies Tut poussé à l'excès à Bysance; et c'est des
étoffes el des décorations de l'Orient, que les artistes du
XII*. siècle empruntaient cet accessoire des gracieuses
moulures dont ils couvrirent les édifices. Les bandelettes
et^es galons sont couverts de perles dans quelques églises
du XII*. siècle ; certains chapiteaux ont leure feuilles
bordées de perles.
Pésbhent. — Le pésement des Ames est un des
thèmes favoris des sculpteurs du moyen-Age , dans leur
DE OVKLQQBI TmiBS B'a-HCBIYSCTDKE. i 29
npréaenlations du jogemest dwaier ; loufent mime ils
ront figuré séparément sur des chapiteaux. Ovdinii.
remetit rarebange St. -Michel lient la balance , et la
diable , soun la forme d'un animal , fait tous ses
effbris p3ur que le bassin , qui renferme l'Âme 'figurée
par un petit corps humain , penche de son çMi ; mais
l'archange est vainqueur, et sa main puissante imprime
au fiéau de la balance un mouvement qiri amène
Tavanlage à la somme des bonnes œuvres.
Philactêre- — Espèces do banderoltes que tiennent
souvent les statues du moyen-âge et sur lesquelles des'
inscriptions sont peintes ou gravées.
PtcTAVo-RouAN. — C'est ainsi que j'ai parfois désigné
le style roman du Poitou , plus orné que celui dii N.-O.
de la France et offrant des moulures particulières' (V.
le t. 4'- ^^ l'on Cours , p. %5& e( suiv. , et Ifs fnquétei
l3o DftFINITION &LÉHBHTÂ1RE
faite* par la Société française pour la conservatioii de»
monnmetils , dans les villes de Niort , de Saintes et
de Poitiers; Bulletin monumenlal , t. 6, 7, 8, 9 et
Piédestal. ^ Corps carré ou rond omé d'une base
et d'une corniche, servant de support à une colonne , à
un pilastre, à un vase, à une statue, etc. (V. art.
ordres ).
FiÉDOucHB. — Petit piédestal ou base de diERrentes
formes , orné de quelques moulures , qui sert à supporter
de petites figures , bustes , etc. (V. Millin , dicl. des
beaux-arts).
PlBRKB-LBTÊ£ OU
PEULTAN. — Monu-
ment présumé celti-
que , composé d'une
pierre plus ou moins
haute , d'un seul
terre et ainsi main-
tenue en position ver-
ticale. Certaines pier-
rM de cette espèce
d'un plus gros volume
que les autres , re-
lativement à leur hau-
teur, ont simplement
été posées sur la lerre. [V, mon Cours d'Antiq. n
t. i".,p. 70.)
BE QUELQUES TBIHIS » AkCBITBCTDBE. l3l
PiE*BE et Pavl [SS,). Les apAlres Sl.-Pierre et St..
Riul , si soitveDt représenta , sur no église du niojeH-
ige , ont été sculptés , suivant certaines données : St.-
Pîerre est armé de clefs; St. -Paul porte un livre et
une épée. Le livre rappelle sa conversion , l'épée qu'il
ElWfelw EllSlt'aw'ï'
avait été soldat. Du reste , il parait que daits les pre-
miers temps de Téglise ces attributs n'élait-nt pas encore
adoptés.
,33 DÉriNtTION Alénertaiib
PiniB TOMU.B. I
— Grande dalle d'an
seol morccan recou- '
▼ranl les lorabps des
personnes enterrées
dans les églises , les
cloîtres , etc. Ces
grande* pierres qtiî
font partie du pavé
sont ordinairemont
décorées de dessins
on oreuK et olD-cnl
ordinairement, su mi-
lieu d'nne arcade for-
mant encadrements )
l'image du défunt ,
dessinée au Irait. On
peut voir dans mon
Cours, t. &. , ch-
IV , qneHea modiB-
calions les pierres
tombales subirent
dans les différenu
siècles da illôyen-
PiGBO» ou CoLOMBe. — Il n'j a pas d'oiseau qui ait
été plus fréquemment représenté que la colombe , par
les sculpteurs chrétiens des premiers siècles. On la
trouve sur un grand nombre de tombeaux , notamment
DE QCELOniS TSRKES D AIlMniCTlIIIE. l33
SOT celui d'Honorius , à
Ratveane , sur l'ambon
<le la calbédrale de celle
▼nie et iur un très-grand
DMnbre de monamenlB
dea V'. el VI*. siècles.
EUe élait embléroalique
et te rencontrait avec
le mrMMgraninic du
Cbràl Gur les tablettes
qui aecompaf naient les
urcophaçei Telles sont
le* macriptions nombreuses de Trèvei , de Rome , de
Ravenne , de Lyon , etc. , que j'ai estampées.
i34
DiriRITlOll ÉLÉUirrAIRE
PiGifQN. — Partie supé-
rienre d*on mur ayant la
forme d'an triangle. Au
moyen-Age la façade de la
plupart des édifices se ter'
minait par nn pignon qui
était très-aigu, aux XIII''. ,
XIV«. et XV*. siècles. (V. mon Cours d'ant.,t. 4«. et 5«. )
PiLiSTaES. — Les colonnes ne sont pas toujours em-
ployées à la décoration des édifices, on les remplace
soutent par des pilastres, qui, sans avoir l'aspect gracieux
des colonnes , produisent néanmoins un effet très-
agréable à rœil. Les pilastres doivent avoir an moins
1 pouce et au plus la moitié de leur largeur, en saillie;
ils ne diminuent pas de diamètre comme les colormes à
leur partie supérieure.
Quand on place plusieurs ordres de colonnes on de
pilastres dans un édifice > il faut nécessairement que les
ordres légers soient superposés aux ordres les plus solides.
Pile. — C'est le nom douné par les antiquaires, qui.
ont adopté le nom vulgaire , à des pyramides carrées
et pleines à l'intérieur , que Ton trouve sur le bord
de plusieurs voies romaines : la Pile de Pirelonge ,
à 3 lieues de Saintes, est une des plus intéressantes
qui existent; on peut encore citer la Pile St. -Mars ^
entre Tours et Angers.
Polychrome , de plusieurs couleurs. On appelle sculp-
tures polychromes les ornements sculptés qui ont été
peints et dorés. Plusieurs portails d'églises nous offrent
des exemples de la sculpture polychrome des XII*. ,
XIII*. et XIV'. siècles , etc. , etc. V. mon Cours d'ant. ,
6«. vol.
DB QDBLQDSB TKIKB9 D AieHlTICTUHE . l35
Prarr-LKTis. -^ Pont mobile en bois , par leqnri on
accédait k la porte des châteaux et des rillea murées.
Des chaînes fixées A l'extrémité de deux poutres
fnunt l'oflSce de leriers, servwent à lever le poot qui
knuit alors un mur de bois devant la porte i ces poutres
allaient s'engager dans des sillons pratiqués pour les
ncevoir, dans l'épaissear du mur.
ïoacHES. — C'est un petit vestibule couvert , qui
précède quelquefois les portes des églises , surtout
^and ^efl sont décorées de sculptures. Les portails
qui ont ont été peints , ont presque toujours été prér
cédés d'un porche qui les mettait A l'abri de la pluie.
— Un assez grand nombre de porches sont remarquables
et d'ime architecture fort élégante.
i36 >tnnnGH fctiÉKKNTji»if
PMra-BiaD&s. — On désigne
(IHdqofldbn de ta lorte lu portM
ganiira d« fatrurcs Maîntsnnes par
dn cfonB Iris-Bullanti comne on «i
trovrn eneoredans cerlainm églises
et dans quelques numons trte-an-
ciennes. Au \111*. siècle les portes
tardées offrent souvent des ferrures
dessinant des broderies élégantes.
Pditb uk tillb. — Pbrio flanquée de deux loiirs
saillantes ordinairement semi -circula ires ; entre les deux
toeri , au-dessus de la porte , était ordinairement une
salle d'où l'on faisait manœuvrer les hcrees : les portes
en bois qui fermaient le passage étaient revêtues de
fer et hérissées de clous; il y en avait souvent deux,
une à l'eitérieur vers les fossés , l'autre ù Vextrémilé
Of^MMée , du c6(é de la ville.
DB QIIBLQtlCil TUnWS » ABCHITBCTUBB. \i-J
Potbbiss. — Débris de vtee^ en terre cuite. Les po-
lerias gallo-ronMiaee dont on rencontre si «ouyenl les
tléWis offrent des vu-iétés assez nombreuses que j'ai
décrites daiK le a', voiume de men Cours. M. Broogniarl,
membre de l'bislilut , « , depuis , dans sod imporianl
ouvrage sur la Céramique , donné sur les paieries et le*
procédés de fibricalion des détails d'ua baut intérêt.
PoTEBNB. — Porte secrèle po«r Im sorties , dans les
places fortes. Potemu se dit aussi d'une porte apparente .
mais placée en arrière ou dans la partie escarpée du ter-
rain, et à laquelle mi ne pouvait guère aceéder qi'à pied.
PaÉAU. — Espace découvert au niilic:t des (|i!a(re
galeries des cloîtres , lestiuels ressemblent t^mt-à-fait
ii'atrimndes maisons romaines. (V. mon Cours, I.V'.);
PSALTERIOH.
—Instrument de
musi(|ue Tort an-
cien, composé de
cordes métalli-
ques tendues sur
une caisse en
forme do cdne
tronqué , quel-
quefois en forme
de b. Les cordes
métalliques de-
vaient élre pin-
cées avec une
phnue ou quel-
que «hose de
l38 DÉFIIfinOIl ÉLÉHBHTAIRB
QcADiaGB. — Char attelé de quatre che^aiix : on en
voit dans les bas-relîeb antiques, sur les médailles , etc.
(Y. Cours d'Antiq. , t. 3«. , et l'atlas, pi. XLI. }
Quai. — Bord d'une rivière ou d'un bassin , reyétu
d'un large mur de soutènement : les Romains avaient
construit dans leurs ports et le long des rivières qui
baignaient les villes , des quais considérables dont on
a trouvé d'imposants vestiges , à Vienne y à Ljon » à
Aries et dans beaucoup d'autres villes.
QuABT-DB-HOND. — Mouluro offrant un quart de
cjlindre. ( V. art. ordres, )
QuATBE-FBDiLLBS.— Ornement représentant les quatre
pétales d'une fleur crucifère.
(Cours d'Antiq., t. 4*.) Cette
moulure , dont l'emploi a
commencé au XII*. siècle, devint très-fréquente auXIIP.
et au XIV*. J'ai appelé qttaire-feuiUes €ncadrés,ceux dont
les quatre lobes sont entourés d'un cercle. On trouve
dans les mosaïques gallo-romaines, des quatre-feuilles
absolument semblables è ceux du XIII*. siècle.
QuBUB d'aronde. ^ Entaille pratiquée près des bords
des pierres pour les assembler
et les tenir fortement unies ;
ces entailles étaient plus larges
aux extrémités qu'au collet. On
les trouve danç presque toutes
les constructions gallo-romaines de grand appareil : les
tenons qui s'ajustaient dans les entailles étaient en bois
de chêne. J'ai pu, l'année dernière, voir à Saintes les
tenons qui avaient scellé les blocs dont l'arc de triomphe
de cette ville était formé : ils avaient pris beaucoup de
isf^^^T^
4n!^ L i I
DB QDBLQUBS TBUfBS D'&KCHITBCTDRE. iSg
retrait et ilaient devenus très-l^re, mais araîent
encore une certaine solidité. |
Les queues d'aronde étaient
sarlont en usage ponr les parties »■
intérieures de l'appareil , non
exposées à la pluie.
RATALBHEnr. — Opération qui consiste à donner aux
moulures et aux pierres des murs leur dernier poli , en
les frottant avec divers outils : on commence le ravale-
ment par la' partie supé-
rieure des murs.
RAYOHifAMT. Dénomina-
tion donnée au style ogiva|
de la seconde époque , à
cause des compartiments
arrondis et symétriques des
fenêtres et des broderies
appliquées sur les murs.
Le style ogival rayonnant
a été particulië rement usité
au XIV*. siècle.
REUQUiiass. — Charniers accolés aux églises ou
placés près d'elles , dans les cimetières de la Bretagne ,
et dans lesquels on dépose les os des morts que l'on a
déterrés : on désigne plus souvent encore sous ce nom les
chisses ou les boites qui renferment de saintes reliques.
~ Renaisbauce. — Dénomination appliquée à l'a rcbitec*
lure du XVI'. siècle , dans laquelle dominent le plein
cintre romain et diverses moulures imitées de l'antique ;
parce qu'alors on se passionna pour les formes classiques ,
an point de croire que Tirt avait sommeillé pendant les
lia BftriNinOH iLÉNKftTAlBH
siècles pràcéiJeiiU ai qu'il venait de reiullre! Etrange
illusion dont l'observalion fait prompleoienl justice.
Quoi qu'il en soil , les monumenls de ce style ont
quelque chose de gracieux ; ils plaiMnt par l'élégance
de leurs proportions et la délicatesse de leurs ornemente-
Au milieu des orncmenls emprunlés au stjle ogival ,
on remarque une grande «juanlité d'arabesques , de
rinceaux , de moulures imitées de l'Anlique, des bustes,
des médaiUons , des culs-de-lampe , etc. , etc.
Un grasd nombre de maisons privées oit élé con-
struites dans le 5tyle de la renaissance depuis iocommen-
ceneut du XV1<=. siècle j celles qui furent élevées sous
François l*^ et Henri II sont généralement rena&rquablefi.
DE QtELQtlKS TBBHBS D ARCIDTKCTCBe. l4l
RntPLBaiNT. — Augmentation ajonlée «u diamètre
d'une colonne , Yen te premitr tien
inférieur da fAt ; l«a colonnes du
mojen^go n'offrent pas de renflement
bien senrible , mai» parfois one
augmentation de diamètre dans la
partie supérieure d'un fdt , qui alors
se tronve séparé de la partie Inri-
rieure par un tore ou une espèce
de console , taillée en doucine ou
en biseau.
R6SEHY0IB. — Bassin en maçonnerie dans lequel on
amasse de l'eau pftur la distribuer ensuite dans diflé-
i4a DiFUtmoit iLÉMBimus
rentes directions ; les aDciens avaient dca réserroirs où
l'eati de leurs aqueducs se rendait avant de se diviser
dans différenls tujaux qui la portaient dans les édifices
publics ou les maisons privées.
Le réservoir gallo-romaiD découvert â Nloaes , cette
année, est rond, et l'on j voit oomment après avoir
refu l'eau de l'aqueduc du pont du Gard , elle en
ressortait par des conduits cylindriques pour se distribuer
dans différents quartiers-
BËTABLE.— Ouvrage en pierre ou en bois qui forme
la décoration d'un autel ; on appelle conlre-rélable le
lambris dans lequel on encbasse un tableau dans nos
autels modernes qui ne ressemblent guère aux anciens.
(V. mon Cours d'antiq. , t. 6*. , cbap. II ].
Bétiawe. — Espèce de gladiateur qui portait d'une
main un trident et de l'autre un filet avec lequel il
cherchait A embarrasser son adversaire. ( V. Cours
d'Antiquités , t. 3°. , p. 458. ]
BÉTiGCLi. —On désigne ainsi le revêtement dont les
pierres taillées avec soin et de
grandeurs égales étaient placées
de manière que les joints
dessinaient des lignes diagonales
et simulaient ainsi les mailles
d'un filet.
RiNCBAVX. — {V. em-oulemem).
RocAiLLB. — On donne ce nom à une composition
d'archileclure rustique qui imite les rocailles naturelles,
DK QDKLQDBS TE«BBS D'AtCBITECTIIEB. 143
et qui représente des grofteB et des fontaines. (V. Mfflin ,
Bict. des beaui-arts , t. 6*. , p. 4So.} Il ; a de très-
belles rocailles sur une des places de Nancj'.
Rosace. — Ornemenl eo relief figurant une espèce de
flenr et offrant autour du calice un certain nombre de
lobes ou de pétales épanouies. Le point d'intersection
des arceaux des voûtes est parfois orné de rosaces dans
les monuments du moyeu -âge.
Roses. — Fenêtres
rondes qui jusqu'au
XII'. siècle furent
très ' petites et
comme an cal de li
bauf. A celte époque ii
(XII*. siècle) on ai
commencé â les di- \
viser par des me-
naus, qui, partant
dn centre > rajon-
naient vers la cir-
conférence et ressemblaient h une roue. Plus tard les
rajoDs firent place à des
broderies plus compli-
quées , rayonnantes , jus-
qu'an XV". siècle ; puis ,
à partir de cette époque ,/i
contournées et prisma-l'
tiques, comme les com-'
parliments des autres fe-
nêtres. Les roses te ren-
contrent habituellement
1^4 BÉFIItlTian i!|,ËIIKriTAIBIt
aU'dflKus de U porta occideatale de* église» , »ui
extrémité» d« tr«iseplB et quelquefois au clief et ç om
en connaît dont le diaokélre eicède 3o pieds.
RoLBS 8YMBOLIOI1E9. — C'cst ainsi que l'on désigne
certaines roses en forme .
de roue, autour desquelles
sont disposés des person-
nages en bas-relief ; les
uns montant au sommet
du cercle , les anrres pré-
cipités en tws et offrant
ainsi le symbole de la vi-
cissilude des choses hu-
maines et de l'aclioD de
la providence dans tous les érénements de la vie.
MM. Jourdain et Duval ont publié un très-bon mé-
moire sur les roues symboliques de Bcauvais el d'Amiens,
dans le t. XI*. du Bulletin monumenlal , p. 89 ol
suivantes.
RtntEirrvBBS. — On appelle ainsi un corps arrondi
dont on remplit les cannelures des colonnes et des
pilastres , depuis la base jusqu'au premier tiers , cl
dont la convexité contraste avec la concavité des ran-
nelurcE.
DB QCEIX^OBS TBMMBS D'aKCHITECTUBE. i45
Sacristie. — Les appartements annexés aux églises
et dans lesquels on conserve les ornements et tout
ce qui forme le trésor des paroisses , n'existaient pas
autrefois ; les grandes églises seules en étaient
pourvues ; aussi la plupart des sacrîsliea que Ton
trouve dans les campagnes sont-elles postérieures à
l'an 1600 , a moins qu'elles n'aient été placées dans
une chapelle ou derrière le maltre-autel du chœur,
dont le centre-rétaUe forme séparation , entre le
sanctuaire et la sacristie , et dans ce cas la disposition
du contre-rétable est ordinairement de Tépoque que
jMndique. Dans les églises importantes , la sacristie
s'ouvrait dans les bas-côtés qui entouraient le chœur ;
souvent aussi ^e était attenante au transept. Dans
quelques cathédrales c'était un bAtimeat détaché , mais
accolé à l'édifice.
SiUSiTTAiBB. — Signe du Eqdiaqoe , fréquemment re-
présenté sur les églises romanes ; on le trouve habi-
tuellement accompagné du capricorne. Or , on s'est
deouadé pourquoi ces deax signes isolés des autres
se reaoontraient sur les portails et antres portes
apparentes des églises ; quelques antiquaires ont
pensé que la naissanœ du Sauveur ayant éu lieu dans
le signe du eapricorney les sculpteurs ont pu avoir
pour objet de rappeler cet avènement , et le mois oè il
10
« eu lieu , mais la question mérite d'èlre cxamin<ïe <Ic
nouveau.
Saints. — Les sculpleare du moyen-ige ont reproduit
à prorusion l'image des aainls : rien n'est plus intéres-
sant ()ue rétade de ceii statues , grandes ou petites , qui
Torment sur nos égliiee de longues galeries historiques;
mais il faudrait un volume pour gujder dans Tétude de
l'iconographie chrétienne : il nous suffira de dire ici
qu'on a figuré sur les églises , soit en sculpture , soit en
peinture , d'une part les patriarches et les prophètes ou
Minls de l'Ancien Testament ; de l'autre les apAlres , les
DE QCKLQDE» TRBMBg D ABCHITECTURE. 147
■vtjrs, les confesseurs, qui coDstUuenl le moM per-
jokmI da noQTean Tpatament.
Lee sainls de l'ancien TeBtament sont pRrrois nimbés
amûte ceux du nouveau : ceux-ci ont tons le nimbe
dtM les. stalnes de grande proportion ; quand les petites
Utlaes se détachent des Toussures des portes , elles n'ont
pu lonjonra de nimbe , mais cetle absence ne lient qu'à
la difficulté d'exécater ce détail.
Souvent on a rangé les
martyrs et les confesseurs
dans deux séries distincles.
Saint ^tienne, ■".martyr,
■e Ironve alors à la léte des
martyrs i saint Martin , à la
télé des confesseurs. Les
martyrs portent des palmes,
symbole de leur triomphe,
et quelquefois les instru-
ments de leur supplice. Les
confesseurs sont représenlés
avec leurs insignes , savoir '
les évâques avec une mitre,
les abbés avec leur costume
(V. mon Cours d'Antiquités monumentales, I. 4*., p. 307].
Les attributs particuliers à certains personnages de-
mandent une élude particulière qui nous conduirait trop
loin et qui est du domaine de l'archéologie.
Saikt-esprit. — L'Ë^rit-Saint a été très-ancien-
nement représenté sous la figure d'une cfJombe ; plus
tard , depuis le \l'. , la colombe et l'homme ont figuré
indifféremment et parfois réunis , l'Esprit-Saint ; mais
,48 DinMTIO» iLItHEKTAIHH
depuis le XVI'. siècle, la colombe Bsole eal redeTenue
le symbole du Sainl-Espril.
Saihtb ViBioB coMiONKBB. — Au XIII'. liècle , le
Gouronneroenl de la Sainle Vierge a élé pris pour «ujel
de libleau dans les tympans sculptés de certaines portes
d'églises sous l'invocation de la N«lre-Daine. Voici
pour eiernplfi de ces conipoeîtîons une esquisse du cou-
ronnement de la Vierge que l'on voit sur le portail sep-
tentrional de l'intéressante église de N.-D , à Trêves,
commencée en 1^17. Le Cbrlst , reconnaissable & son
nimbe croisé, pose la couronne sur la léle de sa mère ,
aidé par un ange placé du c6lé opposé ; puis viennent
deux autres anges debout, lenant des couronnes; l'espace
qui reste de chaque cAté est occupé par des arbres. La
bordure du tablean est remplie par huit anges , dont
deux encenseitl la Vierge et six portent des couronnes
qu'ils semblent Inî oflrir.
OB QUBLQOSS TBBXBS d'aBOIIYBCTUEB. 149
SAiHTB^yiBBGB. — Les ÎDiageB de la Sainte- Vierge
oot été traitées avec un soin particulier j et nos cathé-
drales en présentent un certain nombre de justement
rcBommées.
I>orant les premiers siècles jusqu'au XIIP. on re«
présentait presque constamment la Sainte* Vierge as<*
sise (v. la page 120) , tenant Fenfant Jésus sur ses
genoux.
Ce ne fut guère qu'au XIII*. siècle que vint Tusage
de la représenter debout , portant le Christ enfont dans
ses bras.
Salomok. — Le roi Salomou était dans l'esprit des
Pères la figure du Sauveur » comme il en était le pro-
phète dans ses écrits : d'après leurs interprétations , le
temple que Salomon éleva au Seigneur est encore une
figure de la maison que J.-C. bâtit pour Dieu dans
rétemité y non avec la pierre et le bois, mais avec les
homones justes. Les docteurs ont poussé fort loin le pa-
ranèle du temple de Jérusalem et de Téglise , et ont
fait beaucoup d'autres rapprochements qui justifient la
présence de ce roi dans les portails de certaines églises ;
on le trouve entre autres ainsi figuré sur celui de la
cathédrale d'Amiens. (V. dissertation de MM. Jourdain
et Durai sur le grand portail de la cathédrale
d^Amiens).
SAXsœf. — Samson a été pris par les pères pour
remblénM du Christ ^ et sa victoire sur le lion a été
regardée conune le signe de la victoire qm Jésus-
Christ devait remporter pbis tard sur les idol&tres
DKFIRITIOH tLAaenTAlKE
[ Cours d'Anliqiiilés , I. 4*- '
p. 3o3}. Imbus de celle
peméo tes seulpleurs ont
parfoig représenté Ssmson
affourchè sur un lion dont
il déchire la gueule de seii
deux mains. On le trouve
ainsi Gguro à Bourges , à
Nevers et dans plusieurs
•aires églises , notamment
en Poitou.
Saicopbage. — On appelle ainsi les cercueils de pierre
dont j'ai parlé précédemment , cependant on a particu-
lièrement appliqué celle dénominalion aux colTres en
marbre et en pierre sculptés , qui dans les premiers
siècles du mojen-Age ont renfermé les dépoaîUes
mortdles des dtréliens opulents , et sur lesquels j'ai
donné des renseignemenls Irès-étendus dans le chap. III
DB OnBLQDKS TERMBS d'aBCHITECTVRB. i5i
ds 6*. vol. de mou Cours (TAnliquîtés ( V. p. 200 à aSo).
Les Hrcopbage» hïgtoriés sont d'autant plus carieux
qu'ils offrent dans leurs bas-rGliefs un grand nombre
de EDJels sjniboliques , tels que le monogramme, les
agmaux, les cotombn, les palmiers chargés de fruits, elc.
Sceau. — Empreinte en cire représentant les ar-
moiries d'un prince , d'une communauté ou de divers
personnages , et que l'on
suspendait , durant le
mojen Age , aux actes
écrils sur parchemin ou
même sur papier. L'é-
tude dessceaui est 1res-
intéressante, souvent les
éiAques; les barons, les-
ecclésiastiques y sont re- . 1
présentés dans leurs cos-
Inaies : on peut y trou-
ver beaucoup du rensci- ' '
gcMnents précieux que
l'on cberdierail en vain ailleur*- Les, sceaux sont lanlôt
ronds, tanlAt de-forme eliipliqur.
l52 Dl^PUIinON ÉLÉMBNTAIMI
ScoTiB. — Moulure concaTe eolre les deux tores qui
décorent la base des colonnes (V. art. Ordres).
SioNBs d'apparbil. — Ce sont des figures diverses
dont quelques - unes
ressemblent à des let- XT >-^ ^ V II
très renversées , et que
l'on trouve gravées en j^ X ^ -L "^
creux sur les pierres
d'appareil dam la plu-
part des édifices du
midi de la France et
X
>^
^
TI
H
1
l^
A
^
t
X
V
■t
dans beaucoup d*autrea /y i
contrées. -^ ^
So^iTBS. -— Compartimenls des plafonds formés de
moulures en relief et de renfoncements ; ces compar-
timents sont souvent enrichis de peintures. On trouve
des SoflStes au XVI*. siècle et au XVII*. dans les salles
d*un grand nombre de chÂleaux et d*b6tels.
Spina. — Muraille haute de 4 pieds, large de 12 en-
viron, qui régnait au milieu des cirques dans presque
toute la longueur de l'enceinte et la barrait longitudi-
nalement. Des autels , des obélisques , de petits temples
et divers autres (ri>jels s'élevaient sur la spina (V. mon
Cours t t. 3*. , p. 376 et suiv.).
#
Stalles. -— Les stalles que l'on appelle aussi formes,
sont les sièges en bois de chêne qui garnissent le chœur
des églises. L'usage des stalles en bois remonte vers le
XII*. siècle , au moins en général , et l'on peut voir ce
DK QUBLQUBS TBRHES B*ABCHITECTORE. l53
que j'ai dit à ce sojel dans le 6'. vol. de mon Cours , p.
598 et 59g j mais il parait qu'il 7 en a eu auparavant ,
d'après MM. Jourdain et Duval. Quoi qu'il en soit , les
stalles anciennes se divisent en plusieurs parties : on y
dislingue i®. le siège à bascule au-dessous duquel est une
espèce de console sar laquelle on peut , quand le siège
est leyè » s'appuyer en restant presque debout (misé-
ricorde ou patience); 2P. les accoudoirs ou bras du fau-
teuil ordinairement sculptés ; enfin , dans les stalles
complètes , les dossiers et les couronnements ou dais ,
sont couverts de moulures.
J'ai figuré dans mon Cours d'Antiquités , pi. 106 , les
dossiers et les couronnements des stalles de St. -Martin-
au-Bois (Obe) , décrits par M. Barraud, et réparés au
moyen des fonds votés par la Société française pour la
conservation des monuments.
MM» Jourdain et Duval ont publié un volume du plus
haut intérêt sur les stalles d'Amiens y les plus complètes
peut-être qui nous restent. Je donne ici une esquisse des
stalles de Lonlay( Orne) : quoique moins anciennes que
celles qui viennent d'être citées , elles ont conservé leur
couronnement et leurs dossiers.
J'ai cité dans mon Cours (t. 6 , p. 606) , quelques
stalles bien conservées.
Lors même que les stalles ont perdu leurs dossiers
qui ont été détruits depuis le siècle dernier , les misé-
ricordes sont souvent décorées de sculptures byzarres
qui méritent d'être examinées et décrites.
Les stalles de la cathédrale de Poitiers , qui datent
du XIIP. siècle , sont probablement les plus anciennes
qui existent en France.
■M ,
DÉnNlTION ALBMSNTiaKE
DBQUELQDKS TKMIKB d'âBCBITBCTDIE. i55
&T1TDA1KE. — Repriseotalion de
la fi^re humaine en relief, en
pierre , en marbre , en bma ou
en métal. La statuaire , telle que
nous la présentent les monuments
durant plusieurs siècles , est un
curieux sujet d'étude pour l'histoire i
de l'art el U connaisunce des '
usages et des costumes, depuis le
X1I°. siècle jusqu'au \VIK
Les statues du XII*. siècle
offrent de longs bustes , des
draperies collantes et chargées de
plis, des physionomies allongées,
des poses extrêmement raidës ,
l'imitation d'un tjpe à peu près
uniforme dans les traits du visage
et la tournure des différents per-
sonnages.
An XIII*. siècle la statuaire fit
des progrès immenses ; on re-
marque dès la première moitié de
ce siècle, de la souplesse et du
mouvement dans les poses , de l'eipression dans les
figures [V. mon Cours, t. ^'., p. 356 et suivantes}.
CerlaineB figures de cette époque , surtout celles qui
étaient placées dans les grandes portes et exposées pins
que les autres à l'attention et A la vénération des fidèles ,
sont de Tèritables chefs-d'œuvre. Mais pour bien juger
les statues du moyen-Age , il faut observer que la beauté
chrétieDoe n'est pas la beauté païenne: ainsi le déve-
l56 DÈPlNITlOlf ÉLÉMENT AlftB
loppement des épaules et de la poitrine , signes caracté-
ristiqaes de la force et du beau physique , ne sont pas
les attributs de la sainteté; les sculpteurs chrétiens ont
en quelque sorte dissimulé le charnel pour s'attacher à
Tesprit, à Tidéal de Part.
Dans la statuaire antique les sens parlent aux sens,
dit M. Magnan; dans la sculpture chrétienne c'est un
dialogue entre les sens et Tesprit. La statuaire chré-
tienne développe plutôt le sentiment du beau moral que
le sentiment du beau physique (V. mon Cours d*Antiq. ,
t. 4** > p* 358). Ces réflexions peqrent s'appliquer à la
statuaire du X[V«. siècle comme A celle du KIII*. ,
quoiqu'il y eût à signaler des différences si Ton étudiait
à fond les statues de ces deux époques.
Au W*. siècle, les statues ont des poses moins simples»
quelquefois un peu prétentieuses , et quoique lu perfec-
tion des détails soit remarquable dans une multitude de
figures, petites ou grandes, de cette époque, elles n'ont
pas en général la noblesse des statues des XIII*'. et
XIV*; ce qu'il y a de tourmenté dans l'architecture parait
souvent s'être reflété dans la statuaire.
Au XVI*. siècle , la statuaire redevient franchement
charnelle ; dans les statues de femmes, on remarque une
étude spéciale de la gorge , des bras , des hanches ; une
certaine désinvolture prouve que l'artiste avait étudié
l'anatomie , non seulement dans les statues antiques ,
mais aussi sur les modèles vivants et nus. Ainsi , comme
ou le voit par ces quelques mots , la statuaire a suivi les
mômes phases que l'architecture*
Strigiles. — Cannelures en spirale , qu'on appelle
ainsi parce qu'elles ressemblent , par leur forme y à Tins-
DK QUELQUES TERHES D'iRCHITHCTDRB. 167
Inimenl dont les Bomsina se serTaient pour Mer la Hienr
qui couvrail leur cor|« et pour ev oélojer la pcao dai»
le bain. Les camiehireg strigilléet ont priocipalement éii
employées à la décoration des cercueils chrétiens, en
marbre , des premiers siècles [ V. mon Cours d'Aotiq. ,
1.6'., p. 323).
Stvlobatb. — Piédestal continu qui forme la base
sur laquelle reposent les coiomaes d'un cloître ou les
murs d'un édifice.
Stuilles — Ces antiques prophélesses étaient re-
gardées comme ayant prédit la venue du Christ, d'où
elles ont fignré dans la décoration des églises i sculp-
tées, mais plus souvent encore peintes sur verre ,
elles y sont ordinairement, aux}(V'. et XVI'. siècles,
velues des plus riches coslumes. T.es sjbilles les plus
connues élaienl ainsi désignées: la sj'bille de Cumes,
la Tyhvrtine, la Persique ,\» Lybiemte , \a Sarmienne ,
la Delphique, la Phrygienne, VHéUtponûde, VEryircetme,
etc.
Symbolique. — Les figures symboliques embléma-
tiques ou allégoriques , sculptées ou peintes dans nos
monumenls religieux , forment ce qu'on appelle la sym-
bolique chrétienne.
Ainsi , le poisson qui était comme je l'ai dit précé-
demment le symbole du Christ; la palme, symbole* du
martyre ; le liwi , le bceuf , l'aigle , l'ange , symboles
l58 triiriMlTIOK iLiKENTIlBB
des 4 ^vanf^ÂUstes , (onl au nombre des fait» dont te
compose la symbolique chrétienne.
On remarque dans un grand nombre d'églises , que
l'ase de l'abside du chœur , au lieu d'être le prolonge-
ment de l'axe de la nef , forme avec celui-ci un angle
parfois assez sensible , dans lequel il est très-nalnrcl
de voir une représentation de l'inclinaison de la tèle do
J.-C. sur la crois lorsqu'il eipira. C'est encore U un
fait de symbolique cbrétienne.
Parmi les ligures qui paraissent le plus incontesta-
blement symboliques , on peut ciler la sirène qui a été
sculptée avec profusion sur les églises nimanesde cer-
DE QUELQUES TERMES D'aRCHITECTURE. i59
taînes contrées. Au Puy on trouve des sirènes fort re-
marquables sur la porte principale de l'église St.-Michel,
si singulièrement construite au sommet d'une aiguille
de roche volcanique.
A Angers , la sirène tient d'une roaia un poisson ,
emblème du Christ , de l'autre un glaive que Ton a cru
être l'emblème de l'autorité de la foi ou de la puissance
de la parole divine. La sirène est aussi emblématique du
baptême.
Du reste , il faut se garder de pousser trop loin l'inter-
prétation des figures et prendre garde de donner trop
d'extension au symbolisme. A toutes les époques de la
sculpture , la fantaisie a joué son rôle , la fantaisie est
un des éléments de Tart , et l'on ne doit pas s'étonner
qu'il y ait eu dans l'ornementation y au moyen-âge , des
figures de convention comme il y en avait dans l'archi-
tecture grecque et dans l'architecture romaine.
Symphonie. — Concert d'instruments exécutés en bas-
reliefs sur les portails d'églises , quelquefois même sur
les chapiteaux historiés comme dans celui de Bocherville,
Ces représentations sont très-importantes à étudier pour
l'histoire de l'instrumentation au moyen-âge. A Paris,
M. Bottée deToulmon, bibliothécaire du conservatoire;
dans le département du Nord, M. Coussemaker , ont fait
des recherches très-intéressantes sor la musique ancienne,
je m'occupe moi-même de réunir toutes les sculptures
qui peuvent conduire à une connaissance parfaite des
instruments , et j'en ferai plus tard l'objet d'une descrip-
tion spéciale.
On distingue dans le développement du bas-relief de
Bocherville que je viens de citer, la harpe , le nablum ,
l'organistrum, la flûte de pan, le psaItérion,le violon, etc.
DK OUBLOVEt TBIlUKfl O'AWStrRCTIJRK. »6l
«TFMetos. — Bana le Xilff. nècU ;et Iw sUth»
«•WMts , oa a repr^MBli U s^sagogns Mnm k figure
d'âne femne , inuge de laTeligMMvnl^iBa!* ij'amène-
meal fc Christ, et M l'a mîw «■ repai d'oM «iilre
«tatoe couronnée, repvéïanUnt U rdli^^o cIvMeiine
trianpfamle , -et (|di reçoit paribï* d«u ub caUn .le Mlig
de J.-C. crucifié. Cetlepenonnification de l'aMieMwloi
a ité égeleiuenl adoptie ip«r kes peinlrM »tr verre (i) ;
die a èl4 auui fom tea aimfaleiin n» lUan de pséii-
^ 'JMgogue est figurée le* yeuï couTCrls d'un ban-
deao , et penchant «a t6la d'où la couronne se détache
l63 DÉFINITION 6l6HKNTAIRK
et tombe , pour montrer que la religion d'Israël a fléchi
devant la religion chrétienne. Elle n*a point de. man-
teau et tient eu main une bannière ou guidon brisé
en dewxou trois endroits de la hampe. (V. moft Goura,
t. 6*. , p. 4^ )• Enfin » elle laisse tomber de ses mains
les tables de la loi qui ont cédé la place aux lois du
christianisme.
SYNCHaoNiSMB oB. L'ARCHrTBCTVRB. — RappoTts exis-
tant entre le style d'édifices élevés i la même époque ,
dans des contrées différentes. Les monuments de même
âge offrent bien des types généraux uniformes , les
mêmes principes de construction , mais avec des diffé-
rences dans la manière dont les ornements sont traités ,
dans l'adoption de certaines formes , de certaines combi-
naisons habituelles dans une province , plus rares ou
insolites dans d'autres, dans Tavancement ou le retard
de la marche progressive de Vart ^ en un mol , dans, une
multitude de détails qu'un cbII exercé apprécie iivec un
peu d'attention.
J'ai le premier, je crois , après des voyages entrepris
dans un grand nombre de directions , indiqué les carac-
tères qui différencient les monuments de même <^ge dans
les diverses contrées de la France.
J'ai divisé le royaume en plusieurs réjj^ons que l'on
peut circonscrire À peu près- ainsi qu'il suit :
La région du Nord ;
L'Ille de France;
La Normandie ;
La Bretagne ;
Le Maine, TAnjou et la Touraine ;
Le Poitou, l'Aunis , la Saintonge ;
D£ QUBf.QU£S TVBIIE8 d'aRCHITECTUBK. i63
Le Midi , depuis U Garonne jusqu'aux frontières de
ritalie;
L'Auvergne ;
La Bourgogne ;
La région de TËsl ou Franco-Germanique.
Il sérail trop long d'indiquer sur quels faits je fonde
cette géographie monumentale de la France, au moyen-
âge; mais on peut recourir à l'article, assez étendu , que
j*ai lu sur ce sujet au Congrès scientifique (i839).(Compte-
rendu de la session) » et au 4*. volume de mon Cours ,
p. 252 et suivantes.
Tabernacle. — - Tourelle ou niche destinée à ren-
fermer les hosties t les tabernacles placés sur les autels
ne remontent pas A une haute antiquité; Tusage n*en
était pas général au XIII^. et au XIY*'. siècles (V. mon
Cours d'Antiq. , t. 6^,p• 166)» et Ton plaçait lea hosties,
nous apprend l'archevêque de Rouen , Odon Kiganll ,
tft vasi pixide , but m aliquQ loca eelebri ei eminetite supra
aUare veljuxta (1). On ne sait guère comment se com-
posait l'espèce de piédestal , indiqué par ces mots t lûco
eminente supra aUare veljuatto, qui servait d'exposition
au ciboire, mais ce n'était pas , le plua souvent au moins,
une tourelle en pierre comme celles qui, au XY*. siècle,
servirent de tabernacle dans plosieura églises. Ces der-
(1) Voir yUiies pastorales (VOdon Bigault , fragments que j'ai
pabliéi pour la première fois d*aprés le manuscrit de la Bibliolhé((ue
rofsle. €aen, 1887.
i64
DÉFINITION ÉL*!IIENTAI»E
niers (abemacles , dont ▼oîcî un spé-
cimen, n'étaient pas toujours placés
sur l'autel ; quelquefois ils étaient
près de lui accolés au mur et for.
mant encorbetlemeni.
Plusieurs des tabernacles en pienre
que j'ai observés , et que je crois de
la fin du XV*. siècle, offrent l'image
d'une tour è deux étages ; l'étage
supérieur percé de fenêtres flam-
boyantes , comme dans le spécimen
précédent , pouvait servir de lieu
d'exposition, et le ciboire pouvait
être en temps ordinaire enfermé
dans la cavité du premier étage.
An XVI*. siècle , les tabernacles
cbangèrent de forme et devinrent
de petils temples k colonnes , plus
ott moins ornés , comme on fes voit
dans nos églises : alors les contre*
rétables adossés aux^murs, offraient
l'image d'une façade ou d'un péri-
style grec ; une révolvtion s'opéra
dans la forme ^t la déconrtwn des
autels. (V. mon Cours d'Antiq. , t.
€•♦ ,p. 182.)
Dans la description des monuments on donne souvent
le nom de tabernacles à des ornements qui simulent de
petits édifices, découpés â jour, et des clochetons ouvragés,
au-dessus des niches des statues ou ailleurs; j'en ai vu
de très-élégants dans les façades d'églises , et doni ies
DE QUELQUES TBEMK5 D'ABCHlTSaTURfi l65
petites f^oétroa «voient èi& garaies 4e mqrçeaux de verre
poar imiter les vitres.
Tablinuv. — Salon placé i rextréoiilé de Vatriutn
dans les maisons dies anciens et dans le^el en* phf ait
les tableaux de ftimiWe (Y. mon Cours d'Antiq*. , I. 3'.,
page 74)9 les livres , les archives et les tablettes concer-
nant les affaires du propriétaire ou les documents relatifs
à sa profession.
Tbwples. — Edifices consacrés au culte des faux dieux
chez les anciens : ils étaient ronds et le plus souvent en
forme do carré long.
Saivanrt la disposition des oolônnes qai le^ décoraient
on distingue: les temples à aaM« les j^styUs^ Jles
ampkt-prasiyles , les périptèires, les diptères j, les. pseudo-
dipières, les hypèthres^ les monoptères» ( V. pour rejpK-
cation de ces diverses combinaisons de colonnes , le
Cours d'Anliq. , t. 3*. , chap. YIII ).
La cella ou naos était la partie fermée où se trouvait
l'autel éa dieu. Bn avant de la cella était le frorMi^ ou
vestibale dans lequel était psaticpiée lapQcte d'enU|ée«.
L'extrémité opposée d» temple qui répondrait au ebevet
de nos églises portait le nom de posticum.
Les sacrifices ne se faisaient pas à Tintérieur des
temples , mais sur des autels placés dehors en avant du
péristjle. J*ai vu à Pompci plusieurs de ces autels» devant
les temples (ju'on y rencontre encore si bien conservés.
Les maisons carrées de Mimes et de Vienne sont les
temples les plus complets qui nous restent en France , où
ils ont été nombreux sous la domination romaine. ( T.
CoiArsd'Antiq. , t. 3^« » p- 336 et suiv. )
On en voit à Rome et dans le$ diverses contrées de
l66 DÉriMTlON ÉLÉMENTAIRE
ritalîe. n. le duc Serf a di Falco a décrit et figuré teéx
que l'on trouve en Sicile.
T&TB» FLATJBs^ — J*ai défijgné aiofti dans mon Cours
les figures applatie» ou masques qui décorent l'archi'
voltedes portes et des fenêtres danararehiteclure.co-
mane. (V. mon Cours d'Antiq. , t. 4*- » P i26«) Cet
ornement a été fréquemment encore employé , au XIII*.
siècle, dans le Calvados , pour la décoration des archi-
voltes..
TÈTB DE CLOU. — Moulure très-commune au XÏI^.
siècle et ressemblant à la tête d'un clou.
TImAsnrLB. -^ Façade otrnée de quatre ook>nnes dans
les temples ou les autres édifices construits d'après le^
principes de rârchiCeclure antique.
Théitres antiques. — Edifices destinés à la repré-
sentation des pièces tragiques , comiques , saliriques ,
aux pantomimes, et même aux lûtes (ambolies) , etc.
Dans les théâtres , les gradins ou sièges des specta-
teurs étaient disposés en derai-cercle; au pied des gradins
était l'orchestre, répondant à ce que nous appelons le
parterre dans les Ihéâtres actuels. La scène formait une
ligne droite et se divisait en trois parties » savoir : le
pulpùum, la scena et le post-scentum. (Y. mon Cours
d'Antiq., t.. 3% p. Î98. )
DB QUELQUES TBRHES S AKCBlTKCTUItE. 107
L'ensemble d*UD théâtre [vé^enlall donc, d'un cAté,'
h forme semi-circalcire , de l'autre belle d'un i^rré :'
on accédait anx gradins aa mojen de pIuBieurs escaliers
Tenant du pourtour et se dirigeant de la circonférence
▼en le centre , de manière i établir plusieurs divisions ,
qui , à raiBon de leur forme en coin , étaient appaléas
aaiei.
Dans l'élévation des gradins qui eOvirônnaient I'oe'^
ehestre régnaient deux ou trois divieions prîncipalM',
indîjjaées par des séparations nommées 7?r^aMit(»u.
Il nous reste en France un aaseï- grand liomttM ' de
raines de théâtres antiques dont qiielqne^unM étaient
peu connues avant la description que j'am ai dopÉée;
( V. Cours d'AAtiq. ; t 3". , chap. X. ) ■ V»rm .elle» om
peat dter les restes du tbéfttre d'Arles et la w^ne- dot
tbé&tre d'Orange.
Je ne connais pas de ruines romgjnes plus belles . -di-
ploB Imposantes que ce marctflMsal qui bordail la-pl^^^
■w BtnHmoK iuk«BinAiiiB
ou le foruK d« la Tille aotiiiiie d'Ortage. ( V . msB Coun
d'AaUi|. , t. 3-. , {tafw 40& «t suif. )
■Di n LÀ' Kfat fit -ttitnt Mmn BroiirWi.
TnUfts. — Vâatw édi&«ea «}« QwUennuBl des bMU
«I *m ftWÊà Bombro d'aMeweires « tsis qne purliques,
gymnatea, promenades plantées d'arbree, elc. , etc. (V.
nett Cours d'AsIiq. , l. 3*. , dwp. I". ) Lw Ibqrswsi de
PindAlmi «t d«' CwaeaUa i Rome ,' dont laa niiB«
BubtnieM « |tewrM)1 deaner une iJAe de la grandeur et
d* l'inporUdee de oea Mifices pobKca.
l^inia. •- L«B UuB6 wcient af^rti» de l'OrienL, et
dMt ptusleim ont fourni des notifc aux Kolpleura da
Meyea-Ags , M aont pas mbb inlirét pour celmi qui étudia
k son^iiurt el rarofaiiecture. On en « décounu-i ua
usez grand nombre dans les sépultures des ivéques, des
àbbés el 4e» MMrei personnage» marquant* de différeala
sUclest Tela tant le» tianu 4» wie brochés d'or, ornés
DE QUeLQULâ TESMtS D'AltClIITliCTtJllE. 1(3:}
IMS. taOHvés dans les lombeiuiiL dg St.-G«inijuu-',
lient
de Dol :
toutefois on dMgne plus partie uliàreroeat par ce mol ,
laa monnnienls fanéraires qui occupaient un certain
e^iace dans les églises , tels sont ceux de Georges d'An-
boise et de Pieire de Brezi dans la calbédrale de Reuon
(V. nioa Cours d'Antjq. , I. 6*. , chap. IV), et les
I^O DÉriHITlOIt ftLÊHBNTAlKE
nombreui monuments inoin§ imporlants de ^MTérenls
stjles qui dans un grand nombre d'édifices rdigïenx
étaient adossés aux murs.
Les tombeaux an-
tiques , élevés sur le
bord des routes , of-
fraient parfois des
pyramides considé-
rables : tels sont les
monuments funé-
raires de la rue des
Tombeaux, à Ponipéï.
Le monument élevé
par les Juliw â la
mémoire de leurs pa-
rents, dans la petite
ville de St.-Rémy ,
qui se compose de
trois étages superpo-
sés, ayant environ 5o
pieds de hauteur (i) ;
Enfin la belle py-
ramide d'Igel , prés
de Trêves , haute de
70 pieds, tombeau des
Secundins , et bien
d'antres que l'on pourrait citer. "*""" * •"•'■""■-
(0 Le ilcroler jlage offre l'imige d'un pelil temple rood monop-
lére, WB) lequel (onl placées \n (laluet des père el mère des Jullni
qai ont hli èleter le miHiuiiieDi.
DE QUELQUES TEBIIES D'ARCHITECTURE. T'71
TovcHE. — On appelait ainsi les porte-cierges bisto-
nés et parfois très-ridies des corporations , ou corps de
métiers. Ces torches que Ton portait avec solennité dans
les processions, se terminaient, au siècle dernier*, dans
eertaines villes , par des cadres peints oii par des sta-
tuettes représentant le patron de la corporation ; quel-
quefois même on faisait faire quelques mouvements à
ces petites statues y au moyen de cordes.
D'antres torches plus anciennes offraient un énorme
«
manche en métal, richement ciselé /au sommet duqtiel
on plaçait un cierge.
ToBCHis.— Terre mêlée de foin ou de paille et dont
CD a fait parfois des remplis dans les édifices construits
en bois. Les Romains eux-mêmes ont fait «n grand usage
de ce genre de construction pour leors maisons prirées.
On a trouvé à Lîllebonne des débris très^arieuc de>
torchis gallo-romains, qui, tombés sons des ruines amon-
celées, s'étaient conservés intacts : une légère oouche de'
chaux recouvrait l'argile gâchée avec Je foin , et sur
cette couche très- mince des peintures à fresque avaiieat
été appliquées. ... . ^
Tore. — Moulure arrondie , empk^ée à profiisiou:
dans Tarchitecture antique, comme dans celle du moyei^,
âge.
Toscan. —L'un des cinq ordres d'arohileclure. ( V.art.
ordres.)
Tours. — Tours d^ église. Les tours qui couronnent le^
monuments religieux du moyen-âge sont, ij^ne invention
des architectes chrétiens ; ce fut au XI^. siècle que les,
tours acquirent une grande importance et commencèrent
à prendre une place considérable dans le plan des édifices
17a DBFlKlTIUa ÊLÉHIiHTAUE
religieui. On les brouve au iwnitMcede UoUdans lesii^aes
romatu» de, (^luaieura provinces de la France ,,{iu nonjbre
de àoq ,■ de six el oi^me de huîl dans la réf;ion g^rmanor. .
romaiu, ( V. mon
Cours, t. 4'-> V- >7^
et suîranlet. }
I^ toun romanes
se divisent en pl«-
siears i(^B siiper-
poK^t décote» d'ar-
catiires. La forme car-
rifi «st 1» pItM «rdi-
naire , maù on en
twuve aussi 4'oclo-
gancs. Les pjvamidM
lanninries sanl par-
fois tti»«btusea; dans
le nord-««est elles ont
me tendance mar-
qn^ A e'élever , cl
prennent d'assez bon-
ne heure une grande
iMfatmn. Mais ce
fut iurtout au XIII*.
siècle , comme je l'ai
dit ailleurs ( Cours
d'Antîq. , t. 4*- 1 P-
36i ), que le génie
des architectes par-
vint à élever à une
hauteur prodigieuse
DE QUELQUES TBftlIBS D'ARCBlTECTniB. 173
ces pyramides élancées qui feront Tadiuîration de tous
ceux qui seront témoins de leur durée. U faut observer
que certaines contrées ont été plus habiles que d'autres
dans ces sortes d'ouvrages : le Midi dans lequel , du
reste , rarchiteclure ogivale a constammest langui ,
n'offre guère de belles tours , et c'est dans le Nord et
le centre (Ille-de-France , Normandie , etc. , «te. ), là
où le style ogival avait pris de bonne beure son dévelop-
pement que se rencontrent les plus belles tours ; c'est
li que Ton trouve ces flèches qui s'en vont fendant la
nue et portant jusques dans les nuages le signe de la
rédemption humaine , ces pjramides aériciuies 4|ui
semblent ne pouvoir résister au moindre Teat , tant elles
sont frêles , et qui pourtant affrontent depuis des siècles
les tempêtes les plus redoutables.
Tai fait un travail sur la forme comparée des tours du
XIII*. siècle et des siècles suivants dans les différentes
contrées de la France : il serait impossible d'analyser ,
même aommaipement , ce travail dans un ariiche aussi
court que celui-ci. Je présente seulement deux fifuees
offrant des types de tours d'églises assez remarquables
et assez nombreux dans l'Ouest de la France.
Towrt de guerre. -^ Les anciens flanquaient leurs
murs d*enceinte de tours carrées ou nmdes , placées à
portée de trait les unes des autres, de sorte que les
assiégeants pouvaient être pris en flanc de deux cêiés »
lorsqu'ils s'approchaient des remparts dont Fabord était
en outre défendu par des fossés. ( V. Cours d'Autiquités ,
t. 5*. , chap. II. )
Ce système fut suivi durant le moyen-âge et dMindoimé
seulement à une époque assez récente , après Tintroduc**
■ 74 - DÊPINITIOfl ÉLÉMSNTAIBB
BE QDBLQUBS THBMEB D AKCBITECTOHE. I-}5
liaa de l'artillerie et l'adoption de la théorie moderne.
Les tours du Xlil*. et du XIV*. siècle uot faites en
général avec une grande perfection : le cjlindre fat
préféré au carré, surtout à partir de cette époque , et
les tours de guerre s'élevèrent comme de Tobmtéa co-
loanes deslioées à consolider les mar« et à les défendre
contre ratlaqne des machines. C«s lonrs étaient di-
visées en plusieurs étages roulés. Elle» furent cou-
ronnées de machicou))» à partir du XIV". Vers le XV'.
on en fit assez BouvenI de carrées, dans le Midi de la
France, gurloul.
TouBiLLON. — C'est le nom qu'on donne è de petites
lovrs accolées aux édifices du mojen-Age. Ces loarelles
ont souvent pour objet de renfermer un escalier. On en
voit beaucoup au XV*. siècle ou au XVl". qui, éleUies
en encorbellement près des perles extérieures , servaient
i observer ce qui se pastait au-debors.
TiAnsEFT. — Nef transversale qui donnait aux églises
la forme d'une croix. On se sert quelquefois du pltiriei
pour indiquer celle nef tout entière , et on dislirfgue
176 DteUflTIOlf ÉLÉMBKTAIRII
«hscMii fdflfi bras ée la croix sous la dAnmninaUQs de
'traMefiit nopd et transept sud. Il y a des égliiea à deax
«taateptB. (V. mon Cours d'Antiq. , t. ^'^ > ^^ Tatlas,
pK LMi.)
ÏBi^te. -^ Blevatien d'une partie d'église prise d*un
pilier à l'autre : œs dîvisronB symétriques se répétait
dans loule la longueur d'une nef offrent conséquem-
ment un spécimen de son ordonnance architectonique ,
et les descripteurs de monuments feront bien de dessiner
des travées de chaque partie importante des édifices :
c'est un moyen d'analyse excellent que j'ai toujours
employé avec fruit dans mes excursions.
TRIB0NB.— Hémicycle qui, à l'extrémité des anciennes
églises, répond à cette partie des basiliques où siégeaient
le juge et les assesseurs qui formaient avec lui le tri-
bunal ( V. mon Cours, t. 4) P- i?)* ^*^^ ^ussi appelé
tribunes les galeries spacieuses qui , dans certaines
églises , surmontent les ailes , comme à S^^.-Agnès hors
les murs , à Rome , i S^- Etienne de Caen , N.-D. de
Paris , à la cathédrale de Tournai , etc. , etc.
Triglinium. — Appartement qui , dans les maisons des
anciens , servait de salle à manger. ( V. mon Cours
d'Anliq. , t. 3*. , cbap III. )
XaiFOBiuii. — Les Antiquaires anglais ont ainsi nommé
des arcatures formant galerie dans les églises , au-dessus
des arcades du i*'*'. ordre : les arcatures du triforittm sont
simples ou géminées , quelquefois même composées de
plusieurs arcs réunis dans une grande arcade. (Y. mon
Cours\ t. 4** 9 p- 338 et suivantes.)
TiuGLTrHB. ^ Ornement dans la frise dorique. ( V.
art. Ordres, )
DE QtELQDBS TKBMBS D ARCHITECTOIiE. 1^7
TuUTnK. — Notn que j'ai donné aux oionunieaU cel-
tiques , conposéB de trois pierres et formant une porte.
[ V. mon Cours d'Aotiq. , I. i". ] Un des cercles du grand
cromelec de Stonekenge , en Angleterre , était formé de
triKlhes disposés en rond. (Même volume , V. l'Atlas. ] -
TnunTÉ. — Représentation des trois personnes divines,
en peinture ou en sculpture. Une main nimbée , l'agneau
et la colombe représenlèreut fort anciennement le Père ,
le Fils et le St.-Esprit. Mus lard la Trinité fut représen-
tée par trois personnes tdenliques; quelquefois même
par trois létes sur un seul corps ou sur trois corps soudés
les uns aux autres.
La Trinilé a été, au XV*. siècle et au XVK, figurée par
T-8 DÊnniTION tl.ËMBNTAIBB
le Père élernel , coifië de la liare «t lenanl dafanl la
le Christ en crois : une colombe sorlani de la buuebe du
l'ère et appuyée sur sa poitrine figure dans ce groupe
la troisième personne uu le Saint-Esprit. Quoique cette
représentation des Irola personnes dale rn général du
XV'. sièclo et du X.VI'. , on l'a pourtant remarquée sur
des vilraus du Xlil'. siècle ou de la fin du XII*.
Triptïqubs — Panneaux au nombre de trois, sculplés
nu peints et réunis au mojen de charnières. Le panneau
central plus large quelesdeux autres, s« Iruuvail recouvert
par les panneaux latéraux. Les plus anciens tableaux
éluient disposés en trois parliea et mudtés en triptyques.
Tympan. — Espace compris entre les corniches d'un
fronlon ou les arcbivoUes d'un portail. Le (jmpan des
DB QUELQUES TERMES D ARCHITBCTUBE. 179
portes n'est pas toujours uni , il est souvent couvert de
figures en bas-relief.
11.
Ubkks ciKÉRAiBEs. — Vases destinés à recueillir les
cendres des morts pendant le temps et dans les contrées
où l'incinération des corps fut en usage. (Y. mon Cours,
t. 2*. , p. 249 et suiv. )
Les urnes cinéraires gallo-romaines , découvertes dans
un grand nombre de localités , sont très-simples et le
plus souvent en lerre cuite.
Les urnes en verre, beaucoup plus rares, ont dû être
employées pour les personnes riches , aussi bien que
celles en cuivre battu , beaucoup plus rares encore que
les autres.
L*orifice des urnes était recouvert avec une plaque ,
quelquefois avec une assiette retournée, parfois même
tout simplement avec une ardoise , une brique , une
pierre plate, etc. , etc.
Quelques urnes , les plus précieuses sans doute , telles
que les urnes de verre, ont été renfermées dans une espèce
d*étui ou de boite en pierre, munie d*un couvercle.
On a presque constamment trouvé près des urnes ,
des coupes de différents genres et de petits vases à cou
étroit et allongé , espèces de bouteilles de formes assez
variées , la plupart en terre rouge , que Ton suppose
avoir renfermé du vin , du lait ou quelque liqueur
offerte aux mânes du défunt.
Voici des vases cinéraires , découverts dans le cime-
tière gallo-romain de Gièvres ( Cher } , par M. Jollois.
Uo grand nombre d'urnes galio- romaines se trouvent
DKFIMTIOK KLSKBnTAIRB
à BloU ciiuz M. de La Sausujre el dans 1« musée d'an-
tiquitéade Tours.
DE QUELQIFBA nslIBS Iv'ABCfllTBCTURE . l8l
Si Ton vent des notioDs plus complètes sur les sépuU
tores gallo-romaines , on les trouvera dans le tome 2*.
de mon Cours , ebap. VU , p. 24^, 280.
V.
YteÉTAUx. — L'étude desvégélaux sculptés est ialé*
ressante et utile , car elle n'a pas encore occupé sérieuse-
ment les observateurs, e( je suis le premier qui aie pro*
Toqué la détermination des plantes en réunissant les
éléments d'une flore nmraie.
M. Besmoaliiis , de Bordeaux , qui a bien voulu ré-
pondre â mes demandes , fait observer que dans les
monuments, comme dans les tableaux , eomme dans les
modes , on remarque et on remarquera toujours , on
signalera comme une exception , rimitatlon fidèle et
rigoureuse des formes de délai! des végétaux. On peut
même arguer de faux les modèles ciassiqtnes, tout aussi
bien que les types les pins élégants des diverses phases
sculpturales de notre art chrétien. Quoi de plus inexact,
en effet , que FAcanthe Corinthienne? Le ientiment, le
mouvement , comme disent les peintres , s'y trouvent ,
mais non la reprodaotionda détail.
En tenant compte de ces judicieuses observations y il
n'est pas douteux que certains végétaux ont été repro-
duits à des distances très*éloignéés les unes des autre»,
avec des fleurs, des fruits, des feuillages^ qui permet-
tront de les rapporter aux genres ou aux espèces qu'ils
représentent : cette détermination est importante pour
fixer la nomenclature et faciliter la deseription des mo-
numents. Le tome XI'. du Bulletin monumental reo-
ferme un bon mémoire sur les végétaux sculpléa. On
i8a DÉmnnoR élékbiitairb
peot Yoîr aussi le t. 4*« ^^ ^^^ Cours d'AnUq. (p. 3i5
•t SOIT. ).
Vbrtos. — L'antagonisme du bien et du oral est in-
diqué dans les sculptures chrétiennes par diverses figures,
dont quelques-unes ont été déjà citées : la représentation
des Vertus terrassant les Vices est une des plus intéres-
santes» et qui ait offert au sculpteur le plus de mouvement.
Les Vertus , sous la figure de femmes , le casque en
tète, portent des boucliers au bras gauche, et tiennent
de la main droite une épée â deux tranchants ou une
lance, qu'elles plongent dans la gueule de figures hideuses,
représentant les Vices, et qu'elles ont terrassées : ce sont
ordinairement des fen^mes qui représentent les Vertus.
Durand, éréque de Mende, liturgîste du XUI'^. siècle ,
en indiqué le motif. (V. mon Cours, t. 4** 9 P« 199)*
Vksica piscis. ^ Encadrement elliptique ou ovale ,
dont on a souvent entouré le Christ et la Vierge dans
les bas-reliefs, et' que l'on a improprement appelé vessie
de poisson.
ViBiLLABDs DB L'ApocALYPSE.r-J'ai dit quo les sculp-
teurs des XI'. et XI1<. siècles ont souvent cherché i
reproduire l'image du trône céleste, tel qu'il est décrit
dans le chap. IV de l'Apocalypse (art. Evangélùtes.), Or ,
il est dit que, à côté du trône il y avait 2k autres trônes, et
que sur ces 2k trônes étaient assis 2k vieillards, vêtus de
robes blanches ^ ayant des couronnes d'or sur la tête ( chap.
IV , § 4) : ces 24 vieillards ont été sculptés sur beaucoup
de portails d'églises. Conformément aux indications de
l'Apocalypse, ils ont la tète couronnée , et tiennent d'une
main un instrument de musique , et de l'autre , qui est
ordinairement élevée , une fiole ou une coupe à parfums
( V. mon Cours d'Antiq. , t. 4^ p» 86).
DB QUELQUBS TBRMBS d'aBCHITBCTURE i83
ViEB«Bg voiXKS BT ViBiiGEs «AGES. — La représen-
tation deft Vierges sages et des Vierges folles de la para-
bole, rapportée par saint Mathieu, cbap. xxv, a été
fréquemment sculptée sur les portails d'églises, è partir
du XIII'. siècle. (V. mon Cours d'Antiq. , t. 4<'. , p. 345
et saiv. ) Les Vierges sages tiennent soigneusement une
lampe en forme de coupe ; les autres portent négligem-
ment, d'une seule main, la même lampe renversée.
ViGiŒ. — Ce végétal a été très-fréquemment employé
et fidèlement rendu par les artistes du moyen -âge , et
ce n'était pas sans intention. On connaît en eflet TaHé-
gorie sons la forme de laquelle J.-C. se désigne, lui et
ses disci|des : Je suis la vigne , vous les branches , ego
6um yitis, vos palmites ; < celui qui démettre en mai et en
< ipii je demeure, porte beaucoup de fruk ; ceUn i(ui
« ne demeure pas en moi sera jeté dehors comme un sarment
« mutile; U séchera, on le ramassera et on le jettera au
■ feu. >
MM. Jourdain et Duval, membres de la Société
fraoçaise , nous apprennent dans leurs savantes disser-
tations sur les figures du grand portail d'Amiens, combien
les commentateurs se sont plu à développer ces idées
touchantes (i) : saint Bernard leur a consacré dans ses
œuvres on traité tout entier dans lequel la vigne y sa
nature, sa culture, ses propriétés , ses agréments , son
Qtililé , ses feuilles , ses fruits , sont passés en revue.
Avec les feuilles de vigne les mieux caractériseras , on
rencontre les feuilles de vigne sauvage ou vigne vierge,
etc.
(t) BaUeUn monumental , t. XI".
i84
DÉPIHITIOlf ÉLtVBlITAIEB
V1LI4A. «- Maison de campagne ded ondens : les
grandes villœ se divisaient en trois parties , savoir : la
viUa^urbana 00 habitation du maître , Yagraria on
habitation des laboureurs et des ankaanx nécessaires
â^Teiploitation , la vMa fructuaria ûiï Ton déposait les
moissons et les produits de l'exploitation. Le cbap.
III, du 3*. Yolome de mon Cours , renferme des détails
très-étendus sur les vUUb trouvées en France et en
Angleterre.
ViTRAirx PEINTS. — Assor-
timent de morceaux de verre
coloré y formant des mo-
saïques ou des tableaux à
personnages. Le dévelop-
pement de la peinture sur
verre coïncide avec leXII*.
siècle. Au XIIP. siècle
les sujets sont disposés dans
des médaillons circulaires ,
elliptiques , quadrilobés ^ ils
se distinguent par le mélange
heureux et bien entendu de
couleurs brillantes ( V. mon
Cours d'Antiq. , t. 6^ , p.
472 et suiv.) y c'est le bleu,
le rouge et le vert qui domi-
nent.
Les bordures variées de feuillages enlacés, entourent
OB QOSUtCriS TBUUS U'ARCSniCTUtB. l85
d'un cadre général les divers iHJeto d'une mdine fe-
nètre.
Les vitraux du XIII*. siècle sont toujours composés de
pièces de peliles dimensions : l'art était privé de plu-
sieurs ressources dont il usa plus tard pour étendre le
verre en grandes feuilles : la fracture des pièces élait
d'ailleurs plus facile 1 réparer et les verrières avaient
une bien plus grande solidité.
A partir du temps de saint Louis, la peinture sur verre
fit de« progrès notables. Les fenêtres qui s'étaient élargies
dans la seconde moitié du XIII'. , offrirent alors aux
peintres verriers de plus grands espaces à remplir.
Si l'on considère l'effet général, l'barmonie et la ri-
chesse des couleurs , te XIII". siècle est le bel âge du
vitrail : à mesure qu'on s'éloigne de cette période si
brillante aussi pour l'architecture, les productions des
peintres verriers perdent de leur mérite i plus lard , au
XIV". siècle, il j eut une disposition évidente à substi-
tuer le dessin à la couleur. Les figures de grandeur na
turelle prirent souvent la place des encadrements i
petites figures. J'oubliais de dire que, dans les XII'
XIII*. et XIV*. siècles, on fit parfois usage de vitres en
grisailles, c'est-à-dire dont le fond blanc était couvert
X^'.
i86 Btnnmon fcLkBiNTAiM
d'entveltM et de àemnt noirs on gris : moio» ebères «lue.
les vitres A personnages , elles étaient quelquefois .Iràs-
riches de dawin et produisaient un effet de clair-obscur
très- agréable:
Les vitres des grandes églises ont été le plus souvent
données pnr des corporalions i c'était l'usage de figurer
au-dessous du tableau les donateurs avec leurs allribulii :
DE QUELQOCg IVmiiBS D'AKCHITBCTURE . 187
cei espèces de signatttret qu6 Ten trouve |H*esqiiejcoiw«
tammenl , méritent d'être eMamniées ; les abbés i les
barons solit reprèsenlésde même au baa des vitres qu'ils
ont données : quelquefois , quoique très-rarement , dans
le médaillon qui les surmonte.
Au XV*. siècle , lemploi plus habituel des émaux ou
oeulears fusibles , appliquées dans des entailles prati*
quées sur le verre , au mojen de rémeri , permettait
d'emplojer sur le même morceau plusieurs couleurs
diflérentes. On imita , à ce moyen , les étoffes damassée»
pour les vêtements (Y. mon Cours d*Ântiq« , 4. 6*. > p.
Sic et sulv. ) , sur lesquelles on distingue des fleurs
peintes , suivant ce procédé et pour me servir du terme
consacré en apprêt.
Le dessin des figures est assez fin, mais elles manquent
souvent d'effet par suite de l'emploi des blancs , des
jaunes et des couleurs pâles : les détails d'architecture
s'accroissent et se compliquent, ils deviennent écrasants
pour les figures ; elles paraissent succomber sous ces
clochetons et les pyramides sans fin qui s'élèvent au-
dessus de leurs têtes.
A la fin du XV*. siècle et au XVI«. , les vitres peintes
qui n'avaient guère été employées que dans les églises
et les palais, décorèrent les fenêtres des châteaux et des
maisons de ville : cette diffusion dut naturellement nuire
à Fart déjà en décadence , car les maîtres durent
descendre des grandes fenêtres des églises, aux panneaux
toujours assez étroits des ouvertures des salles et des
boudoirs.
En même temps , dans les vitres des églises, on s'at-
tacha à figurer des paysages assez étendus , des lointains;
i88 DÉFimnoiv Éi.6iaiirrAimE
mais les ombres et les reflets du cUir^obscur , le goèt du
dessia plus pur , l'observation de la perspective aérienne
et linéaire , la variété des oestunes et des portraits; en
un mot, toutes ces modifications qui rapprochent la pein^
ture sur verre de la peinture ordinaire, ne furent intro-
duites qu'au détriment des qualités qui lui étaient
propres et en opposition à sa distinction qui est , oomoie
peinture décorative , plutôt de frapper et d'éblouir par
l'éclat et Teffet d'ensemble , que d'attacher par la perfec*
tion des détails. ( Cours d'Antiq. , t. 6^. , p. 53i. )
A la fin du XVI*. siècle et au XVII". , époque où l'on
abandonna le style ogival, la peinture sur verre devait
expirer : à cette époque, on fil de petits tableaux d'une
extrême finesse dans lesquels les artistes épuisaient toutes
leurs ressources et que l'on peignait avec des émaux
habilement étendus à la surCace du verre.
A côté de ces petits chefs-d'cBuvrè de patience , l'em*
ploi de la grisaille devint général , et l'on vit ces teintes
monochromes appliquées à des vitres entières.
Au XVIIP. siècle , une immense quantité de vitraux
magnifiques , qui avaient coûté des peines et des sommes
considérables, furent démontés et anéantis par le clergé
lui-même, et remplacés par des vitres blanches, montées
en petit plomb, afin de se procurer plus de jour. (V.
■
mon Cours d'Antiq. , t. 6". , p. 538. )
Depuis quelques années une heureuse réaction s'est
opérée dans les idées artistiques : on a mis la main à
l'œuvre pour réparer les désastres , résultats de l'aveu*
glement , de Tignorance et du mauvais goût des artistes
du XVIIP. siècle.
Les fabriques de Choisy-le-Roi , de Sèvres , de Paris ,
DB QnBLQUeS TBBMES O'aBCUITECTDRE. 189
de CleriDoni, du Mans, ele. , rivalisent entre elle» : les
procédés ancieDa , qui n'ont jamais été perdus , seront
appliqaés et perfeetionoés peut-être; une seule chose
arrête encore les progrès manifestes de la peinture sur
Terre , c'est l'imitation exacte des styles : des anachro-
niâmes et des contre-sens ont été faits d'abord ; mainte-
nant les artistes s'éclairent , ils se Csimiliarisent avec les
styles de chaque âge, et produiront bientôt , je l'espère ,
des compositions irréprochables. Je suis heureux d'avoir
pu , par mon Cours d'Antiquités et par les Congrès
archéologiques , espèce d'enseignement oral qui n'a
pas été sans résultat , contribuer à hâter cet heureux
résultat et les progrès d'un art aussi important.
Vis. — C'est le nom qu'on donne aux escaliers conduits
en spirale : l'escalier de ce genre qu'on voit attenant au
transept nord de la curieuse église de St. -Gilles, départe-
ment du Gard, est un des plus remarquables qui existent
pour la précision avec laquelle les pierres sont ajustées.
Lavis de St.-GiUes a été long temps un but de péleri-
nage pour les tailleurs de pierre , et elle jouit d'une
grande célébrité.
Des vis moins connues , et pourtant non moins re-
marquables d'exécution , existent dans un grand nombre
de châteaux et de maisons du moyen-àge. Au XV^. et
au XVI®. siècles, les architectes ont fait en ce genre de
véritables chefs-d'œuvre -y ou peut citer entre autres un
escalier du palais de Blois, celui du château de Chambord
et beaucoup d'autres. Dans beaucoup de manoirs et de
maisons d'une importance médiocre , on a fait des vis
en saillie qui ne manquent pas de hardiesse et d'élé-
gance.
190 DÉVINITlOIf ÉLÉMKNTAIBE
VoiBS itOMAiNEs -— Routes au moyen desquelles les
Romains avaient établi des communicatioM eolre toutes
les parties de leur vaste empire. Ces routes se compo-
saient en général d*une première couche de pierres
posées à plat , et quelquefois cimentées , strattmun, d*un
second lit formé de pierres concassées , ruderatio, d'une
troisième couche composée de chaux, mêlée de tuiles
ou de gravier , nucleus; et parfois , surtout dans certains
passages . de pierres poligonales irrégulières formant un
pavé très- solide , ,5imtma crujfa; mais bien souvent on
ne trouve que deux de ces couches , la première et la
deuxième. (V. mon Cours d'Antiq. , t. 2'. , p. 92 et
suiv. ).
Il est assez rare de rencontrer des pavés proprement
dits f summa erusta : j^en ai dessiné un à Aulun, où l'on
a retrouvé , comme à Rome , une partie des anciennes
rues. La voie Sacrée qui conduit du capilole è Tare de
Constantin, en passant sous celui de Titus, nous montre
depuis qu'elle a été mise à nu , un magnifique exemple
des anciens pavés romains : on en voit aussi dans toutes
les rues de Pompéï.
Les voies romaines étaient quelquefois élevées au-
dessus du sol et un agger servait de base è la chaussée »
ce qui leur a fait donner le nom de chemins haussis; leur
largeur ordinaire était de i5 i 20 pieds : elles étaient
bordées de colonnes milliaires , indiquant les distances.
DE QUELQVBS TKRHKS D AKCBITECTDHB 191
On pe«l , pour tout ce qui concerne les voiei , consulter
lecbip. IV du t. 2*. de mon Cours d'Antiquité.
V0D88URB. — On s]>pelle ainsi les vofitee en relratl
qni encadrent le tympan des portes. A partir du XIll'.
siècle, les TOUBSures tant presque consi ■■ment garnies
de slalaellee. (V. mon Cours d'Antiq. , 1. 4*., p. 345-)
La dénomination s'applique aussi aui voûtes en retrait
desj arcades.
VouTBft. — EHerres disposées de manière i former les
plafonds des édi&ces. Les voâtes embarrassèrent d'abord
192 DÉVmiTION ÉLÉ3IEJ<ITAIILE
les arehilecles du moyen-Age » mais ils surnionlèrent
habilemenl tous les obstacles et finirent par jeter «
à des hauteurs énormes , des voûtes d'une incroyable
légèreté. Us divisèrent les voûtes par parties carrées » et
produisirent par Tinterseclion d'arcs cintrés qui la pé-
nètrent , ce que nous appelons des voûtes d'arête. ( V.
mon Cours d'Antiq. , t. 4'- 9 P- 167 , et là fig. de Tatlas )•
La pression se trouvait ainsi dirigée dans chaque travée
sur quatre points perpendiculaires. Les Romains avaient
eui-roémes , dans leurs édifices , pratiqué ces voûtes i
intersections diagonales ; on les voit aux thermes de
Julien , à Paris : je les ai trouvées â Rome , dans plu-
sieurs salles des bains de Dioclétien et deCaracalla. J'ai
même observé dans une des salles des bains de Diocté-
tien , à Rome , des espèces d'arceaux croisés , formés de
briques, sur les arêtes de la voûte ^ mais cet exemple
est peut-être unique.
Depuis le XI*. et le XII* siècle , les voûtes furent
consolidées au moyen d'arceaux on pierre de taille ,
conduits en lignes diagonales. Les points d'intersection
de ces arceaux furent quelquefois ornés de fleurons for-
mant clef de voûte.
On distingue, suivant leurs formes , les voûtes cintrées^
les voûtes en vagon, la voûte en cul-de-taur , en coupole,
la voûte ogivale surhaussée , la voûte ogivale surbaissée^
etc. , etc. ( V. mon Cours d'Antiq. , t. 4'* }
Les arceaux des voûtes offrent aux XIII*. , XIV*. ,
XV*. et XVP. siècles , des profils différents que j'ai in-
diqués dans mon Hist. de l'Architecture (Cours d'Antiq. ,
t. 4*.).
DE QDELQOBa TERHBS B'aRCHITBCTUBB. igS
Zigzag. — Q'est un des omemeatg qu'on renconlra le
plus louvent en Normandie el en Angleterre d«n§ l'ar-
cfailectare romane: il peut être double, triple, qua-
druple , quintuple , multiple , suivant le nombre des
monlnres parallèles qui forment le même dessin.
ZoDiAQDB. — Les figures du zodiaque ont été sculptées
sur les façades d'églises aux XII*. siècles et dans les
siècles suivanlB. (V. Cours d'Antiq. ■ t. 4- )
AttBIflVIiraMb
DE L'ÉPEilITRE,
DE SA CCLTUBE ET DE SES PBODOTS.
( Article tiié de l'ouvrage de Schwen|.
Quoique l'épeaulre ne soit pas cultivé dans l'ouest de la France • M
est fait assez soufeot mention de cette céréale dans les livres d'agricul-
ture pour qu'on ne puisse ignorer quels produits on en tire dans les
départements de l'est et en Allemagne ; nous croyons donc fort utile
de donner on extrait du chapitre très- loi éressant que Schwerz, savant
agriculteur allemand , lui a consacré dans son ouvrage Intitulé : Cul-
tare des planées à grains farineux ou céréales et des plantes à
cosses.
(Note de M, île Caumonf. )
Dès le moment où il lève, l'épeautre se dislingue du
froment par ses feuilles plus étroites et d'un vert plus
vif ; plus tard , il s'en distingue d*une manière encore
plus tranchée , par ses écales déprimées , dans les-
quelles le grain est si fortement enfermé, qu'il ne peut
en être délaché par le batage , qui ne fait que séparer
les écales de l'épi. Un épi bien développé porte de ig
à 23 paires d'écales ou cosses , et par conséquent de
38 à 46 grains.
DE SA CVLTUBE Ef DE SfiS PRODUITS. igS
$ I. Variétés.
Gomme le froment , ré|)eautre est tanlAt barbu ,
tantôt non barba; le graîn est tantôt rude^ tantôt
lisse ; et , comme pour le froment , la présence déê
barbes est accidentelle et dépendante du climat , du
sol et de la culture. Lorsqu'on sème de Tépeautre sur
an $ol non approprié , trop léger ou épuisé , si on lui
donne une mauvaise culture , l'épeautre non barbu
devient barbu avec le temps j et , dans les ciroena*
tances contraires , l'épeautre barbu perd ses barbes. EU
Sooabe , l'épeautre blanc n'est regardé qoe comme uii
très-niauvais grain.
On a , dans le Wurtemberg , deux variétés d'épeantré
non barbu , qui ne se distinguent qu'à l'état de itiatu*
rite ; un épeautre rouge et un épeantre blanc. La va*
riété rouge mérite la préférence , parce qu*eile résiste
mieuiK à l'humidité et au froid , talle niieux ^ pouséë
des tiges plus fortes et plus hautes , porte des épis plils
développés , rend mieux au boisseau et , ce qui la rend
particulièrement préférable dans beaucoup de contrées,
elle est moins sujette au niellât et an charbon i enfln ,
selon l'opinion de quelques-uns. elle donne une Isrine
plus belle et plus liante que la variété blanche. Pour
maintenir cette variété , il faut apporter le plus grand
soin au choix de la semence » ou chercher à se la pro-
corer de cultivateurs reconnus pour la produire pure ,
parce quelle dégénère promptcment : aussi on trouve
souvent, dans le Wurtemberg , les deux variétés mêlées
sor le même champ : toutes deux ^ d'ailleurs , pasfàent ,
dans ce pays, pour une très-bonne culture d'hiver.
icfi DE l'ÉPEACTRE ,
§ 2. Climat:
L'opinion générale est que Fépeautre convient mieux
anx climats tempérés qu'aux climats rigoureux. L'hiver
de i8i5 à 1816, écrit M. de Willen , a détruit toutes,
les récoltes d'épeautre, même celles confiées à des sols
abrités.
Le siège principal de cette culture est la Souabe , la
Franconie, la Suisse et les bords du Rhin. Dans les
dernières contrées , la culture commence aux environs
de Landau et s'étend jusqu'au-dessous de Cobleniz.
Ou cultive encore l'épeautre sur les bords de la Meuse,
si Ton peut donner le nom de culture aux pratiques
barbares que l'on applique â ce précieux produit. L'é-
peautre est inconnu dans les Pays«Bas.
Il paraîtrait que la culture de Fépeautre a été an*
ciennement beaucoup plus étendue dans les contrées
du nord-ouest de l'Allemagoe , et qu'il j a été même
la céréale principalement affectée à la panification ,
parce que les anciennes rentes foncières et même les
fermages temporaires étaient et sont même encore sti-
pulées en épeautre. Mais , comme cette culture a gêné*
ralement ou complètement disparu , l'usage légal s'est
établi de payer l'équivalent de la rente ou du fermage,
soit en une autre céréale, soit en argent.
Suivant le manuel d'économie rurale et domestique
de Schnee , ouvrage utile et consciencieux , l'épeautre
est une des céréales le plus anciennement connues ,
dont il est déjà question dans la Bible, dans Hérodote ,
Columelle , et qui doit avoir été la plus usuelle , sinon
la seule dans l'ancienne Egypte.
DE SA CULTURE ET DE SES PRODUITS. 197
§ 3. Sol.
Comme toutes les céréales , Tépeautre se platt dans
les sols propres au froment ; mais il se contente aussi
de terrains trop peu riches , trop légers et trop secs
pour le froment , ainsi que j'ai pu l'observer dans une
partie du Palatinat d'outre-Rhin. Près de Spire, je
l'ai trouvé dans un sol sablonneux , faisant partie d'as-
solements anciens et réguliers , comme succédant au
trèfle , et ce climat ne peut être regardé comme hu-
mide.
Dans les terres fortes , l'épeautre produit plus de
paille ; dans les sols légers , et particulièrement dans
les sols calcaires , son grain devient meilleur, plus fa-
rineux et ses écales restent plus minces. La même dif-
férence résulte de la situation basse ou élevée.
§ 4* '^<^'^ àe rotation.
Aucune céréale n'est plus accommodante que Tépeautre
pour les précédents et ne se succède plus facilement à
elle-même. Toutes les plantes , à l'exception peut-être
du froment , peuvent venir sans inconvénients après
l'épeautre, et , comme il supporte une semaille tardive ,
l'épeautre peut aussi succéder à presque toutes les autres
plantes, avec plus ou moins d'avantages , sans doute,
ainsi que cela se conçoit facilement. Ainsi l'épeautre ,
succédant à la pomme de terre et au lin , ne viendra pas
aussi bien que celui succédant au trè&e et surtout à la
jachère complète.
Les principaux précédents pour l'épeautre sont donc
la jachère complète , le trèfle , l'esparcette , la luzerne;
198 9X L'i^SAUTEB ,
le Ubac et la nayelle ; puis les choui , la pomme de
terre , les navets , le maïs , le lin , le seigle et le
chanvre. Seuleoieot , lorsque le trèfle est en mauvais
état, comme en 182a, on Csiit mieux de ne pas y
mettre Tépeautre , à moins qu'on ne pv^iwe donner au
moins trois labours et une fumure.
Malbeureusemeat la réputation d*étre très -endurant,
attribuée à Tépeautre, a été cause , dans quelques con-
Iffées, particulièrement sur le Rhin inférieur et la Meuse,
qjue Us euUivateurs ont par trop maltraité cette précieuse
plante , en se fondant sur le proverbe , qu'il faut char-
ger beaucoup qui peut porter lourd ; aussi , dans ces
deux contrées , lorsqu'un champ ne veut plus produire
autre chose , le paysan , qui veut user le peu de force
qui peut lui rester encore , se dit : semons-y encore de
l'épeautrejcela vaudra n^ieux que rien. Le résultat ne
manque pas de se trouver en rapport avec une pareille
pratique et vient réagir sur l'opinion qu'on a de cette
céréale > généralement si mal appréciée. Il arrive ainsi
qu'on reproche à la plante la mauvaise culture qu'on
lui a donnée. Mais dans quel pays le cultivateur est-il
asses clairvoyant pour s'accuser lui-même des mécomptes
qu'il fe prépare 7
ToMtes les mauvaises récoltes de céréales sont un
malheur , dit Hergen ; mais une mauvaise récolte d'é-
peav^tre surpasse toutes les autres en inconvénients,
parc^ qu'elle laisse le sol dans le plus pitoyable état.
§ 5» Préparation du soi.
Dans le Palatinat, on répand la semence de l'é-
peautre sur le chaume du trèfle et l'on enfouit l'un et
DE SA CULTURE BT DE SES PRODUITS. 199
Taolre par un seul labour superficiel. Le sol reste dans
cet état jusqu'au printemps , époque à laquelle on passe
le rouleau , ce qui est indispensable après une prépa-
ration aussi commode. Lorsque la température de
l'automne est trop humide ou trop sèche , on renverse
d'abord le chaume du trèfle , on sème sur ce labour et
on enfouit la semence à la herse ; cette préparation est
d'autant meilleure que la saison est plus humide. Le
labour peut renverser le trèfle peut être très-super-
ficiel , de manière à ce que la herse puisse déchirer le
chaume et le mêler avec la semence, ainsi que nous
l'avons dit en parlant du froment.
Lorsque la luzerne doit être remplacée par l'épeautre ,
il ne faut pas la faucher plus de deux fois la dernière
année. On laboure deux à trois fois et très- profon-
dément la première. Le hersage doit Aire très-énergique
et jouer un grand rôle dans celte préparation. L'épeautre
ne doit pas être semé dru , et encore faut-il que le sol
ne soit pas riche de sa nature , sans quoi l'épeautre ne
conviendrait pas et ne pourrait que verser.
L'épeautre devant succéder aux pommes de terre ,
on unit seulement le sol à la herse , on répand la se-
mence et on l'enfouit , soit à la herse , soit à la charrue.
Lorsqu'il est nécessaire de donner une addition d'en-
grais à un champ maigre , ayant porté des pommes de
terre » on répand l'engrais avant la semence , et l'on
enfouit d'un seul trait de charrue la semence et le fu-
mier; mieux vaut cependant ne répandre le fumier
que lorsque l'épeautre a déjà levé , ainsi que cela se
pratique dans le Wurtemberg.
Après la navetle semée , on donne deux ou trois
200 DB L'ÉPEAUTBB,
laboura ; mais , sur h navette repiquée , on se con-
tente de herser , on sème et on enfouit par un seul
trait de charrue.
En général , les préparations pour l'épeaulre sont les
mêmes que celles pour le froment.
§ 6. Engraù.
L'épeautre aime un sol en vigueur , mais non trop
poussé d'engrais ; sur ce dernier > il verse infailliblement.
Il supporte la fumure récente , et la fumure par-dessus
lui convient également bien , sinon mieux , lorsqu'il a
dépassé le sol de trois centimètres environ. On retire
aussi de grands avantages du pâturage par les mou-
tons , pendant deux à trois semaines , sur les champs
semés d*épeautre. Bien qu'on tfenne le temps sec pour
particulièrement favorable à ce pâturage , l'expérience
a démontré plus d'une fois que ce pâturage , en temps
humide , piétinant le sol et le rendant aussi dur que
l'aire d'une grange y est suivi des meilleurs résultats.
§ 7. Temps de la semaûle et semence.
L'époque de la semaille de Tépeautre coïncide à peu
près avec celle du froment. La période la plus ordi-
naire commence huit jours avant et finit huit jours après
la Saint-Michel. Dans quelques pays de montagnes , on
sème immédiatement après la récolte , et même avant
la récolte , lorsqu'elle est tardive. Sur les Alpes wur-
tembergeoises , on sème une grande partie de Tépeautre
vere la Saint4acques , pour ne récolter que vers la
Saint -Michel.
I^B SA CULTURE ET DE SES PRODUITS. SOI
Cependant , el surtout dans les bons pays , les se-:
mailles très-tardives peuvent avoir de très-bons résul-
tais ; il n'est pas du lout extraordinaire de voir semer
encore de Vépeantre au commencement de février. M.
de Varnbûbler rapporte , dans ses annales , un exemple
d*épeaatre d'biver , semé seulement le i4 nai^rs 1817 ,
qui a parfaitement réussi , et qui nVst arrivé à maturité
que quinze jours plus tard que ceux semés en temps
ordinaire.
Comme l'épeaulre se sème avec les écales, il faut
une beaucoup plus forte quantité de semence ou , du
moins , un plus grand volume ; on en prend à peu
près le double en mesure que des céréales nues. Divers
préjugés augmentent ou diminuent aussi cette pro-
portion ; ainsi , dans le Wurtemberg , on sème par
hectare :
a. Dans les grands bailliages de Vaibtngucn et Léonberg, 3,M>
b. Dans d'autres contrées , 4,ia
e. Dans les plaines , 5,6S
d. Dans roberland , en terres lourdes , f l»ai
ou bien 5-6-8- 16 simri par morgen. On observe géné-
ralement d'augmenter la quantité de semence en pro-
portion que la semence est plus lourde.
Nous semons en moyenne , â Hohenheim , dans les
parties basses , 7 simri ou 4)9o hectolitres par hectare.
Cependant , après la navette , cette quantité est trop
grande , et 6 simri ou 4 hectolitres sont largement suf-
fisants. Moellinger suit , A peu de chose près , la pro-
portion de Vaibinguen , c'est-à-dire 3,84 hectolitres.
Si nous écartons la proportion indiquée pour FOber-
ao3 DE l'éprautrb ,
lând , les cinq autres données nous fournissent une
moyenne de 4)4^' hectolitres par hectare.
Les cultivateurs réfléchis, nous dit M. de Varnbiihler,
se règlent encore sur l'état de développement du grain :
comme , pour Tépeautre , les écales produisent un eflet
sensible en augmentation de volume du grain , le semeur
doit prendre les poignées d'autant plus fortes que le
grain est plus gros , parce qu'il y a une plus forte pro-
portion d'écales.
U est d*usage d'employer moins de semence après la
navette , davantage après la jachère , la plus forte pro*
portion après le trèfle , dans le rapport , à peu près .
de 6 à 7 et de 7 à 8.
Sur les sols qui ne sont pas particulièrement appro-
priés à l'épeautrO) qui manquent de richesse et de co-
hésion , il est avantageux de semer du seigle en mé-
lange avec répeautre ; la proportion ordinaire est de
i;5 de seigle snr ^jb d'épeautre. Cependant il ne faut
pas oublier que, dans un simri de seigle, il se trouve
largement une fois plus de grains que dans un simri
d'épeautre. Ainsi celui qui a coutume de semer six simri
d'épeautre pur par morgen ne doit prendre, à la place de
cette quantité, que cinq simri de mélange. Là où l'on
prend 8 simri d'épeautre , il n'en faut prendre que
6 i;2 de mélange : ainsi cinq parties d'épeautre et
I i;a de seigle. Je ne regarde pas comme admissible
une plus forte addition de seigle, parce que le seigle,
croissant plus vite et s'élevant plus haut , comprimerait
trop facilement le développement de l'épeautre.
Ce mélange oflre une plus grande sécurité que la
semence pure , lorsque les circonstances ne sont pas favo-
DE SA CULTUM BT DS SBS PRODUITS. Ao3
raMM« Lorsque Tune des graines ne réussit pas, Tau Ire
gagna plus d'espace et réussit ordinairement d'autant
mieux. Ce mélange a aussi des avantages particuliers
pour les sols qui se gercent facilement par la gelée. Par
suite de celte remarque, Tusage s'est établi dans le
HundsTuck, pays élevé entre la Moselle et la Nah, où
domine la culture du seigle, d'ajouter à la semence de
celui-ci un cinquième d'épeautre. On attribue aussi à ce
mélange la propriété de garantir Tépeautre du cbarbon;
du reste , la séparation de l'épeautre et du seigle après
le battage est très-facile 3 et c'est une raison de préférer
l'addition de Tépeautre à celle du froment , dont la sépa-
ratbn du seigle est extrêmement difficile , sinon impos«
sible.
§. 8. Soins et façons.
Le hersage au printemps ne fait autant de bien A
aucune céréale qu'à l'épeautre , particulièrement lors-
qu'il est très-rempli de mauvaises, herbes et, bien
entendu , lorsqu'on procède au hersage comme si on
voulait tout détruire; comme le commun des cultivateurs
ne se défie de rien tant que de cette pratique , qu'on ne
saurait trop lui recommander , il me sera permis de
rapporter ici quelques-uns des^ exemples qui sont à ma
eouiaissance et qui constatent ses bons effets*
M. Vacano , maître de poste à Simmern , trouva , aa
printemps de 1817 , ua de ses champs d'épeautre telle-
laeat îafesté de mauvaises herbes , qu'il fut tenté de
désespérer de la récolte ; il eut l'idée de le faire herser ,
et cela avec la herse de fer. Le valet chargé de l'opé*
ration ne voulut consentir A la faire qu'après qu'on lui
2o4 BE L'ÉPBAUniE ,
eut assuré que le champ devait ensuite être labouré et
semé d'orge , il agit en conséquence et fit fonctionner la
herse dans l'intention de tout détruire. Quelques jours
après, la pluie survint , et , quelques semaines plus tard ,
lorsque le même valet revit le champ d'épeautre, il fut
tout étonné de le trouver superbe , et courut Chercher
son maître pour lui faire partager son admiration et le
prier de n'y pas mettre la charrue. J'ai vu moi-même
ce champ d'épeautre en été , il était réellement magni-
fique.
En t8i8 , la carie ayant détruit un seigle dans lequel
on avait semé du trèfle , M. Hergen , propriétaire près
Coblentz , attendit la fin de l'automne pour faire déchirer
le trèfle à la herse, semer de Tépeaulre et enfouir par
un trait de charrue. Au printemps suivant , les feuilles
de l'épeautre ne se montrèrent pas nombreuses; cepen-
dant il fit passer la herse de fer , de manière à briser
toutes les mottes de gazon et tous les grumeaux qui
existaient encore , et cette opération, inusitée dans le
pays , douna lieu à de vives discussions entre les cultiva-
teurs, blâmant , pour la plupart , ce procédé; mais Tété
arriva et donna un démenti aux critiques et un triomphe
éclatant à l'emploi de la herse.
Quelque unanimes que soient les auteurs qui n'écri-
vent pas toujours ce qu'ils savent par expérience , pour
assurer que Tépeautre n'est pas sujet â verser , c'est par
expérience , c'est après une longue pratique dans la
culture de cette céréale, que je suis malheureusement
obligé de les contredire. Là , sans doute , où on ne
donne à l'épeautre que ce qu'il lui faut pour vivre , il
ne peut pas verser par réplétion , pas plus que le seigle
DE 8A CULTURJS ET DE SES PRODUITS. 2o5
sur un sable aride ; mais y sous de bonnes conditions ,
il ne verse pas plus rarement que le froment et Torge.
Le danger du versage est , au contraire , si particulier
â l'épeautre , qu'il y a peu d'années dans lesquelles il
n'y soit pas exposé y raison pour laquelle on l'effiole tous
len ans. En iSaS , à Hohenheim , un champ d'épeautre
qui n'était pas extrêmement dru , mais venu dans un
sol très-approprié, fut effiolé deux fois, et la première
lorsque les liges commençaient à se former en tubes ,
et cependant cela ne Tempécha pas de verser. L'eflBo*
lage , comme moyen d'empécber l'épeautre de verser ,
est si généralement répandu, qu'on dit en allemand
dinkeUn ( épeautrer ] pour effioler.
Suivant M. de Varnbûhler, lorsque les plants d'é-
peautre se présentent trop drus au printemps, lorsqu'ils
tallent fortement et affectent une couleur verte foncée ,
il fiamt eflfioler , si Ton ne vent pas être sûr de les voir
verser. On fait ordinairement cette opération en avril
et, au plus tard , au commencement de mai. Lorsque
les tiges se sont formées en tubes , il faut que l'opération
soit faite avec beaucoup de précaution. Le produit de
Veffiolage est le premier fourrage vert pour les bétes à
corses, et on doit le donner coupé avec de la paille de
vesces ou d'avoine.
L'épeautre n'a pas de maladie qui lui soit propre ; le
charbon ne l'atteint pas aussi souvent que le froment.
Les grains charbonnés , d'une belle apparence exté-
rieure, contiennent une poussière brune d'une odeur
tellement fétide, que, lorsque plusieurs épis char-
bonnés sont voisins les uns des autres, on en est averti
par cette odeur en passant près du champ.
2o6 DE l'ÉPBAVTRE ,
§. 9. Récolle.
•
La matorité de l'épeautre arrive dans la première quin-
zaine d'août. On coupe dès que la paille a blanchi , même
quand l'épi n'est pas encore complètement mûr. Comme
les épis parfaitement mûrs s'égrènent facilement ^ on ne
peut pas retarder la récolte , quand la maturité est suffi*
santé. L'épeautre coupé achève de mûrir en javelles par
l'influence de l'air ^ et le grain y gagne en qualité ; ce*
pendant l'épeautre germe aussi plus facilement que toute
autre céréale sous T influence d'une température hutnide«
On peut couper l'épeautre aussi bien à la faux qu'A ta
faucille. J'ai vu , par une température sèche et chaude ,
rentrer > le soir, de l'épeautre coupé le matin. Dans le
Palatinat , on lie en gerbes et on rentre , à mesure qu'on
a coupé. Seulement, lorsque les épis sont trop peti
mûrs, ou lorsque la paille est mêlée de beaucoup d'herbesi
on laisse mûrir et sécher pendant quelques jours avant
de lier et de rentrer. Pour éviter la perte du grain, on fait
bien de garnir les chariots de grandes toiles , précaution
négligée dans beaucoup de localités , mais toujours ob-
servée dans le Palatinat. On peut battre l'épeautre aus-
sitôt arrivé à la grange II se conserve des années,
étendu sur le plancher des greniers, même sur de bonnes
aires . probablement parce que ses cosses le garantissent
des avaries.
Quatre hommes peuvent battre en six jours le produit
d'un hectare. Le battage ne fait que séparer de l'épi les
grains avec leurs capsules , et c'est dans cet état que
l'épeautre se vend y cependant quelques capsules se bri-
DE SA GULTUBE BT DE SES PKODUITS. 2O7
sent, et une petite proportion de grains est mise à du;
quelques cosses aussi ne contiennent qu*un seul grain.
On sépare ce déchet en passant au crible à épeautre.
Le battage de Tépeautre donne encore ce qu'on appelle
des pointes , qui consistent en capsules vides ou ne con-
tenant que des grains très-petits ; on les retrouve dans
la poussière après avoir passé au tarare, ou en recriblant
après le battage; ces pointes sont destinées aux bestiaux.
Les pointes et le déchet peuvent s'élever de | à 3 hec-
tolitres par hectare
S 10. Rendement,
lioctolilrct.
Moellinger, à Pfeddersdorf , en Palatinat ,
moyenne des années i8o3 à 1812, par hectare. ^6
Plus petit rendement, en 181 1 , 19 ' hectoli-
tres, plus fort rendement, en 181 2 , 86 hectoli-
tres.
M. de Vambûhler donne pour plus fort rende-
ment , dans le Wurtemberg , pour des pièces sé-
parées, n'ayant jamais été atteint par l'ensemble
de ses soles , 1 5 scheffels par morgen , ou 84 hec-
tolitres par liectare.
Dans de bonnes récoltes , dit-il , et sur de bons
terrains, on obtient ordinairement 9 à loschef-
fels, ce qui revient moyennement, par hec-
tare, à 53,60
Pour tout le Wurtemberg pris ensemble, il ne
pense pas néanmoins qu'on puisse compter plus
de 5 i scheflTels , ce qui tient à une forte propor-
tion des mauvais terrains montueux , par hectare. 3i ,00
2o8 DE l'ÉPSAOTEB,
h( rtolitm.
Dans un canton sur la Meuse » où l'on ne sème
de Pèpeautre que dans les champs qui ne veulent
plus rendre autre chose , on obtient encore 32
hectolitres par hectare; mais nous ne mettons pas
en ligne ce rendement , parce qu'il est le résultat
d'une détestahle pratique.
A Hohenheim , 1820 , 7 scheffels, 5 1 simri par
morgen, par hectare. 43|24
Idem, 1821 , 10 scheflels, a | simri parmor-
gen, par hectare. 56,27
Idem, 1822, 9 scheffels, 7 i- simri par mor-
gen, par hectare. 55,90
Idem, 1823, 9 scheffels par morgen, par hec-
tare. 5o,63
Dans le canton de Berne , d'après Tschiffeli ,
en moyenne. 51,26
Moyenne des données ci-dessus. 4^Al
Cette moyenne ne doit se prendre cependant que
pour les terres appropriées i Tépeaulre et avec une
bonne culture. Comme moyenne générale , il ne fau-
drait prendre que 4o hectolitres par hectare.
S 11. Valeur.
On a donné à Tépeautre le nom de demi-céréale ,
parce que le battage le laisse dans ses cosses et quMl se
mesure dans cet état, parce qu'ainsi il se présente,
comme nous l'avons déjà remarqué, sous un volume
relatif beaucoup plus considérable que toutes les autres
céréales. Pour savoir ce qu'il contient en grain net ,
DE SA CULTCIIB ET OE SES PRODUITS» aog
il faut le broyer et séparer l'écale, opération après la-
qoelle il ne reste guère que la moitié de la niasse en
grain.
Celte opération se fait avec des meules plus rudes
que celles employées aux moutures ordinaires ; dans le
Wurtemberg, tous les moulins sont pourvus de ces
sortes de meules, et du mécanisme nécessaire pour
opérer la séparation. On décale ainsi environ sept hec-
tolitres d'épeautre par heure. Le commerce n'admet
que répeautre décalé; les marchés ordinaires Tadmetlent
dans les deux états.
Pour faire connaître la proportion de grains et de
farine qu'on peut attendre d'un scheffel d'épeautre, égal
â 177,22 litres, je produis les tables de mouture qui
suivent» dontl^ sept premières observations sont tirées
des annales agricoles du Wurtemberg et les deux der-
nières ont été faites avec le plus grand soin anmonlin
même de l'établissement de Hohenheim.
AKNÂBS.
Kilogr.
Kilogr.
Kîloor.
ded^cnel
Kilof^r.
Litrei
Kilogr.
Kilogr.
d'épeautre
d« coMei
de grain
de grain
Je furiae
de «on.
1800
74,00
30,56
5,44
48,00
69,13
43,00
5,00
180t
77.00
17.75
3,25
56,00
76;34
51,00
5,00 1
1801
74,00
17,00
2,80
54,20
75,18
48,60
5,60
1817
74,76
58,40
1817
76,40
15,65
4,00
56,77
77.52
51,42
3,72
1817
71,60
16,82
3,27
51.40
74,75
46,73
3,27
1818
74,76
15,30
3,04
56.42
83,00
55,00
1,40
I8il
73,36
20,00
1.66
51,70
68,45
4.5.17
6.53
18SS
Moyenne par scheffel.
Moyenne par heclolîtrc.
78 00
18.53
0,75
58,72
72.65
52,50
5.00
74,t?6
17,66
3.50
54,62
30,82
74,63
49,18
5,00
42,i4
10,00
2,00
42,lt
27,75
3.00
,
i3
21 0 DB L*ApBâUTBB,
D'après ces tables , le poids d'un scheffcl wurlember-
geois d'épeaulre non décalé, ou de 127,22 litrea »
comporte :
Au moins.
71 »5 kli.
Au plus.
7«,0
En moyenne.
7i,ae
Poids moyen de l*hectoUtre.
ia»u
L'épeautre décalé donne par scbeffel :
Au moins.
§s,isiftre3.
An plos.
77,sa
En moyenne.
74,03
En moyenne par bectolltre.
4a,ii
Ainsi on peut regarder un kilogramme d^épeantre
comme donnant un litre de grain; en d'autres termes,
on peut attendre, en moyenne, d'un sac d'épeaotre,
pesant un quintal métrique, un bectolltre de grain.
Comme , suivant notre table , la moyenne en poids de
l'épeautre çn cosse est A la moyenne en poids de
l'épeautre décalé : : 74: 54, il s'en suit qu'on doit
attendre 20 kilogrammes de moins que le poids du
scbeflel d'épeautre, et environ 100 litres de moins en
mesure. Il s'entend que celle proportion peut être un
peu plus ou un peu moins forte, selon l'influence des sols
et des saisons.
Dans les 20 kilogrammes de cosses on peut compter
2 kilogrammes de poussière et, par conséquent, 18
kilogrammes de balle nette. Si l'on prend, pour ren-
dement de l'hectare, 4^ hectolitres d'épeautre, ils
donnent au broyage 4^0 kilogrammes de cosses, plus
i5o kilogrammes de pointes et de barbes ou déchet,
qui ont été recueillis au battage sur l'aire de la grange.
BB SA CULTDIIB BT DE SBS PBODUITS. 311
L'bectare donne ainsi 63o kilogrammes de balle , appU-
eables à la noarritore du bétail et qu'il convient de
GOBiprendre dans le produit en paiUe.
Valeur comparée.
Pour apprécier plus eiaotement la valeur de Tépeau»
tre , il Goilvîent de comparer ses produits en grain et
en farine avec cenx du froment: d'après les données
rapportées au § 9, l'hectare d'épeautre donne en moyenne
48 hectolitres, pesant 2027,5 kilogrammes, donnant 30 ^
21 hectolitres de grain net, au poids de i47974 ^^^*
grammes; le grain donne i3S2 kilogrammes de farin^.
Je remarque que ces données en poids concordent par-
faitement, ainsi que celles de rendement en farine,
avec les données de Lurzer, rapportées dans le manuel
de Burger , tome II > page 22.
Au chapitre du froment , noua avons admis son ren«
dément à 22 hectolitres par hectare: ainsi ce rendement
dépasserait de -^ celui de l'épeantre en grain net^ mais
il reste encore à comparer les rendements en farine, et
mameurensement je manqne de données snffiaamoieat
exactes pour ce rendement du froment.
D'après la motaurt éconûmitftte de Paris, ThectoHlro
de froment, pesant 77 kilogrammes» rend 57,76 kilo-
grammes de farine; d'après J. Syringlon, il n'en rend
que 60,9 ; diaprés une circulaire du ministre du commerce
de France, en date du 20 mai 181 2, il n'en rendrait
même que â3»33. Les premières de ces données me
paraissent avoir été calculées au profit des meuniers;
les dernières ont été établies, sans doute , sous d'autres
influences encore. L'évaluation de Syrington me paraît
également au-dessous de la réalité, lorsque je la compare
212 DB L*ÉPBAUTRE,
avec les données du manuel de Scbneo , et avec celles de
Lurzer, page 23 des Annales de Burger. Suivant ces
données, 85 livres de froment rendent, i la moulure,
71 livres de farine: par conséquent, rhectolitre de
froment , du poids dé 77 kilogrammes , rend 64,32 kilo-
grammes de farine, ainsi i»52 kilogramme de moins
que le grain d*épeautre; mais le rendement en farine de
rheetare en froment est de t4>5 kilogrammes, tandis
que l'hectare d*épeautre n'en rend que i332, ainsi le
premier rend 83 kilogrammes de plus que le dernier.
La différence entre les rendements en farine n'est donc
que de J» , tandis que la différence entre les rendements
en grain est , comme nous Tavons vu plus haut, de -p^.
En ce qui touche la qualité de la farine d'épeautre ,
quelques personnes lui donnent la préférence sur la farine
de froment, comme plus fine et plus blanche; d'autres
la regardent comme inférieure, parce que le pain qu'on
en fait est plus rude et se dessèche plus vite. La vérité
pourrait bien se trouver ici, comme de coutume, entre
les extrêmes, et Ton se tromperait de bien peu, sans
doute, en regardant les deux farines comme égales en
qualité.
Si les diverses céréales trouvaient dans toutes les
contrées un débouché également facile, elles obtien-
draient nécessairement des valeurs relatives, qui pren-
draient leur expression soit en iiuméraire, soit en une
céréale normale donnée. On a reconnu l'inconstance de
l'appréciation en argent , et on a adopté comme normale
celle par comparaison avec une autre céréale, comme
plus fixe, quoique ne valant que pour une contrée:
ainsi, par exemple, le prix du seigle, généralement
DB SA CULTURE BT DE SES PRODUITS. 2li
adoplé comme base normale dans le nord de l'Alle-
magne , ne se trouve ni en France , ni en Angleterre ,
dans on rapport même approximativement exact avec sa
véritable valeur; par conséquent aussi, il ne se trouve
pas non plus en rapport avec la valeur extérieure des
autres céréales, et cependant c'est cette valeur exté-
rieure, cette valeur. représentative en numéraire, qui
est décisive dans tous les cas pour le producteur partout
et toujours, là où il peut arriver avec une partie de ses
produits sur un marché quelconque. Ainsi, dans le
Wurtemberg, on aurait peine à obtenir, pour un
scheffel de froment , le prix qu'on obtiendrait pour ua
scbeflel d'épeautre; dans les Pays-Bas, au contraire»
on aurait de la peine à obtenir pour douze scheffels
d'épeautre la valeur de cinq scheffels de froment, bien
que, comme nous Ta vous déjà vu, douze scheffels
d'épeautre donnent une plus grande quantité de farine
d'égale qualité. Dans les Pays-Bas , on obtient en
édiange deux scheffels d'épeautre contre un gcheffel
de seigle; dans le Wurtemberg, on n'en obtient guère
qa'uD schelEBl deux tiers.
En rapportant quelques données sur le prix et la
valeur relative del'épeautre, il est donc bien entendu
qu'elles ne peuvent se rapporter qu'au Wurtemberg ou
à quelques Etats voisins, et ne doivent servir directe-
ment, ou telles qu'elles, qu'aux cultivateurs de ces
contrées. Sous le bénéfice de cette observation , je donne
ici une table des prix des céréales dans le Wurtemberg,
de 1766 à i8i5, d'après les annales de Varnbuhler, qui
pourra servir à nos cultivateurs pour établir la propor-
tion de leurs cultures, suivant la faveur de prix de
telle denrée relativement à telle autre.
DB l'ApBADTBK ,
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S
DB 6 A CULTUBB JST AB SBS PRODUITS. ai 5
Ainsi se trooyement à peu près égaax en valeur :
611 schefltels de seigle.
818 id. d*orge.
1,000 id. d'épeantre.
1,S90 id. d*avoine.
Eo d^aatres lermes , le rapport de valeur vénale serait :
Pour un scbeffel de leiglc. r= IT
id, d'orge. = 18
id. d'épeaatre. r= 10
id. d*avoine. 8
Je rappelle encore toutefois que ces rapports ne
doivent être regardés que comme temporaires et locaux ,
lorsque nous les employons pour établir une compa-
raison avec les rapports que nous avons énoncés dans
le chapitre consacré au froment.
En ajoutant cet élément de comparaison , nous trou-
vons le rapport suivant :
Seigle. = 17 .
Orge. = 11^4
Ëpeaulre. r= 8.50
Avoine. ir:^ 8,85
Froment. =: as.oe
Avanw^fis H propriétés de la ctdture de l'épeautre.
Si nous réunissons tous les avantages et toutes les
propriétés de Tépeautre pour les comparer à ceux du
froment , il en résultera , après avoir écarté quelques
idées erronées , légèrement admises ou copiées par
des écrivains sans expérience propre de la culture de
l'épeautre :
2l6 DB L*ÉPEAUTRB ,
1 . Queirépeautre semé sur un mauvais terrain , ou
sur un sol tout-i-fait épuisé, ne peut venir que très-mal;
qu*il s^accommode cependant d'un sol un peu trop léger
ou trop sec pour le froment, mais qu'il ne réussit bien
parfaitement que sur une véritable terre à blé.
2. Qu'il exige les mêmes préparations du sol que le
froment et quil supporte mieux la fumure tardive et la
fumure par-dessus.
3. Qu'il se contente d'une proportion moins forte d'en-
grais, et qu'il exige moins que le froment la présence
de vieille force dans le sol.
4« Qu'il est beaucoup plus accommodant relativement
à sa place dans l'assolement, et surtout qu^il se succède
plus facilement à lui-même que le froment , et cela, sans
doute» parce qu'il épuise moins le sol.
5. Qu'il est beaucoup moins sujet aux maladies, nom*
mément au charbon.
6. Qu^il souffre moins de la voracité des oiseaux après
la semaille.
7. Qu'il n'est pas moins que le froment exposé au
versage et au bris des épis, et que, par conséquent,
il ne court pas moins de chances de pertes que le
froment.
8. Que l'humidité n'est pas moins nuisible à l'épeautre
coupé qu'au froment , mais qu'il supporte mieux d'être
lié et engrangé immédiatement après la coupe.
9. Qu'il est plus facile à battre, qu'il tient plus de
place sur les greniers, mais aussi qu'il s'y conserve
mieux que le froment.
10. Que L'épeautre est , à bien peu dechose près, l'égal
du froment, sous le rapport du rendement eu farine.
DE SA CULTURE ET DE SES PRODUITS. 2x7
M. Que répeaiitre fournit une farine plus fine que le
froment j mais cette farine fait un pain plus rude et qui
ne se maintient pas aussi long-temps frais.
12 Que la paille d'épeautre est un peu plus raide que
celle du froment ; mais qu'elle n*est pas moins un excel-
lent fourrage coupé pour les chevaux et une très-bonne
paille longue pour les bétes à cornes.
De ce qui précède on voit ressortir quels grands
avantages sont attachés h la culture de Tépeautre et
combien les cultivateurs de la Souabe ont raison de s y
tenir; et, si cette culture n'est pas à conseiller avec
plus d'insistance à toutes les localités dont le climat lui
est favorable, cela tient bien plus à l'absence des dis-
positions nécessaires dans les moulins existants^u'à la
valeur propre et réelle de cette précieuse céréale.
LE SÉSAME
GONSIDfiRË SOUS LES POINTS DE TUE
MARITIME , œMMERCIAL , AGR1C0LE| ET INDUSTRIEL ;
PAR
m. LE T^. DE ROMAIVET ,
Membre du Conseil général de Tagrlcullure.
Quoique la question relative ans droits dMmportatlon du sésame
soit Jugée par les deux Chambres, nous reproduisons les considéra-
tions suifantet de M* le T**. de Remanet, qui noua ont parti répondre
▼ictorleasement à des obJecUons qui ont été fhites bien des fois et le
aoot encore fonvent : nous pensons que cet article qai se recommande
par la brièveté et la clarté xn la avec intérêt par les membres de
rAssodatlon. ("^ote de M, de Caumoni.J
L'importation de la graine de sésame semble intéresser
à la fois les quatre grandes sources de la richesse natio-
nale, la navigation, le commerce, Tagriculture et
l'industrie, et comme toutes ont des droits égaux à la
sollicitude du gouvernement et des Chambres, il importe
d'examiner également la question sous les points de vue
maritime, commercial, agricole et industriel (i).
(1^ Je pourrais la traiter aussi sous le point de vce des intérêts du
fisc, qui viendraient encore appuyer mes conclusions , mais dans la
diKussIon qui a eu lieu devant la Chambre des Députés, cela a été
parfaitement démontré, et compris, Je crois , par tout le monde.
AUroniT DB VUE AOMCOLE ET COMMERCIAL. 219
Au FOUIT DE VUE MABiTiMB qui , en ce moment , est
à mes jeox le plus important , les adversaires du droit de
10 fr. par loo kiiog. voté par la chambre des députés ,
•ni dit : Le transport de la graine de sésame donnait à
notre navigation un fret coasidérable» et cette denrée
aeule la soutenait dans la Méditerranée. Cela est com-
plètement inexact; voici à cet égard quels spnt les faits :
Le dernier tableau du commerce de la France, publié
par Tadministration des Douanes, est celui de i84S.
Pendant cette année i843 , qui a vu entrer en France la
plus grande quantité de sésame , c'est-à-dire 17 millions
de kilogrammes, la marine étrangère en a transporté 12
millions y et la marine française seulement 5 millions;
donc c'était la marine étrangère qui était surtout intéres-
flée dans cette question. Bien plus, en 1841 ; époque è
laquelle l'importation du sésame ne s'élevait qu'à un
nBUon de kilog. » le mouvement du port d'Alexandrie,
oùaeebarge la plus grande partie de cette graine, a
donné (d'aprèa les doeamenta officiels publiés par le mi-
■islère du commerce» n^. 116 da 1844) loa résultats
sMirenta:
1841 uAvires français entrés ou sortis. . 129
Id. navires autrichiens 83
Id. navires anglais. . • . • . 2^5
Dans l'année 1844 <^« comme chacun le sait, l'impor-
tation du sésame ^n France a atteint son maximum , le
mouvement du port d'Alexandrie a présenté (d'après le
tableau inséré dans la Presse du 14 février dernier) le
résultat qui suit :
1844 navires français entrés ou sortis. 94
Id. navires autrichiens 3o2
Id. navires anglais 438
220 LB SÉSAME,
Donc, l'importaHon du sésame en France a contribué
à ce résultat ; tripler en trois ans la navigation autri-
chienne dans la Méditerranée et doubler la narigation
anglaise, tandis qu'elle n*a pas empêché la navigation
française de tomber , pendant cette même période , de
129 à 94. Il n*est donc pas vrai que le transport de
la graine de sésame ait soutenu notre navigation dans la
Méditerranée: donc, encore une fois, c*est la marine
étrangère qui a été jusqu'à ce jour intéressée dans la
question du sésame , tandis qu'avant l'apparition de cette
graine c'était notre propre pavillon qui transportait i
Marseille les graines oléagineuses de nos provinces du
nord , attendu que la navigation de cabotage nous ap-
partient exclusivement. liC sésame qui donne plus de
fret au pavillon étranger qu'au nétre , étant venu se
substituer sur le marché de Marseille à une denrée dont
le transport était exclusivement réservé è notre pa-
villon j n*est-il pas évident que, jusqu*ici , la navigation
française , au lieu de gagner à l'importation du sésame
a perdu d'autant plus au contraire qu'il en est entré
davantage. La protection nouvelle et fort considérable
que la Chambre des Députés vient, par la même loi ,
d'accorder à notre pavillon , doit nécessairement mo-
difier cet état de choses. J'admets donc que cette pro-
tection atteigne complètement son but , et qu'à partir
du jour de l'application de la loi nouvelle , la marine
étrangère ne nous apporte plus une seule tonne de sésame,
notre marine aura-t-elle plus de fret qu'elle n'en avait
avant l'apparition de cette graine 7 non sans doute : les
quantités de sésame qui entreront A Marseille rempla*
ceront toujours des quantités semblables de graines
AU POINT DE YUB AGBICOLB ET COMMERCIAL. 221
^neuses indigènes qui , Tenant par le cabotage ,
sont exclusifement réservées à notre pavillon. Donc y
en admettant pour Favenir les circonstances les plus fa-
▼ornbles qu'on puisse espérer , la marine française est
sasu intérêt dans, la question du tarif sur la graine de se-
Au POINT DE TUE COMMEBCUL on a dit : qu'en dimi-
nuant la fabricalion des savons à Marseille j la France
perdrait un objet d'échange important , surtout dans le
bassin de la Méditerranée. J'espère démontrer plus bas,
en traitant la question au point de vue industriel , que
la fabrication des savons ne sera nullement diminuée
par l'adoption du droit de lo francs; mais il y a dans
dans cette assertion une erreur de fait qu'il importe de
rectifier. La France ne fournit de savon, du moins dans
des proportions un peu importantes , à aucun des Étals
que baigne la Méditerranée ; le tableau du commerce
de la France , publié par l'administration des douanes ^
prouve que la Turquie et l'Egypte , qui nous vendent
le sésame y nous prennent è peine chacune une tonne
de savon ; et, à l'exception d'un million de kilog» environ
que nous fournissons à la Suisse , le savon que fabrique
Marseille est presqu'exclusivement destiné au vaste mar-
ché de la France et de ses colonies ; donc le savon n'est
pas pour notre commerce un objet d'échange maritime ,
sortent dans le bassin de la Méditerranée.
Dira-t-on que le pacha d'Egypte , ne pouvant plus
nous vendre ses graines de sésame , les livrera à l'An-
gleterre ? Mais nos tarifs ne peuvent rien à cela ; l'An-
gleterre a supprimé , par des motifs extrêmement sages
et qui tiennent 4 Tinsaffisance bien connue de ésl pro*
duclton en céréales , toote espèce de droit sur Fimpor-
tatîon des graines oléagineuses. Notre ancien droit de 3
francs , s'il était maintenu , suffirait donc pour bvoriser
le transport du sésame en Angleterre ; . et si cette con-
trée n'en prend pas plus que nous , c'est que cela ne
convient pas à ses manufactures de savon ; le chiffre de
notre tarif, quel qu'il soit , ne peut avoir à cet égard
aucun effet : le commerce est dame aussi sans intérk réd
dans cette question.
Au POINT DB TUE AGRicoiB , la culluro dcs grainos
oléagineuses n'est pas confinée, comme on Ta prétendu,
dans quelques contrées privilégiées ; cette cullure s'étend
sur soixante de nos départements ; et partout oà la fer-
tilité du sol , naturelle ou artificielle , lui permet de
pénétrer , elle porte avec elle la richesse , parce que
ces graines donnant , à ceux qui peuvent les culthrer ,
un prix convenablement rémunérateur , les encouragent
A fumer grassement leurs terres. Des théoriciens obI
prétendu qu'on ne devait pas chercher A propager la
culture des graines oléagineuses , parce que ne four-
nissant pas de paille , elles ne rendent rien à la terre ,
et qoe ces graines devaient être considérées comme ré-
coltes épuisantes. Si elles ne rendent pas à la terre en
paille , elles lui rendent en tourteaux ; d'ailleurs , ces
raisonnements sont des abstractions qui n'ont aucune
valeur en économie rurale et qui tombent devant les
faits. Si cette culture rend au cultivateur , elle rend par
cela même à la terre , car plus le cultivateur est riche ,
mieux il cultive; et , en effet , on ne peut pas nier que
AU POINT DB T0B COMMBECIAL ET AGBICOLE. 3^3
l'enflemble des procédés de culture n'ait été amélioré
partout oà les graines oléagineuses ont pu entrer dans
l'assoleaient. SI elles se substituent aux céréales une
année sur quatre ou sur cinq dans les terrains les plus
fiertiles , comme une portion considérable de nos terres
labourables est encore incuilB y et que , d'autre part ,
l'usage de la jachère est loin d'être généralement sup^
primé , ainsi que chacun le sait , les bénéfices obtenus
sur lo hectares cultivés en grainesoléagineusespermettent
au cultivateur d'enlever , soit à la jachère , soit aux
terres vaines et vagues, lo hectares au moins pour
cultiver des céréales ou des plantes fourragères; en sorte
que chez nous la culture des céréales ne peut qu'y ga-*
gner , et les faits patents sont encore là pour justifier
ce que j'avance* 11 y a plus , toute culture largement
rémunératrice entrant dans un assolement , lend A faire
diminuer le prix du produit des autres cultures qui font
partie du même système d'assolements ; si donc la rota^
tion se compose de colzayODoine, trèfle et blé,\e& bénéfices
que le cultivateur obtiendra de sa récolte de colza
tendront , grAce à la concurrence locale , à faire baisser
le prix de l'avoine et du blé. Si ^ eomme cela arrive lo
plus souvent » le colza exclut le blé t et si la rotation
adoptée se compose ainsi i fourrages-racines , orge au
avoine , trèfle ei eotza, l'abondance des fourrages amène
dans la ferme l'augmentation du bétail et tourne ainsi
au profit de la culture en général.
En Angleterre , la situation des choses est toute dif-^
férente ; il est reconnu que cette contrée ne prodnit pas
assez de blé pour la subsistance de ses habitants. Si
donc , dans l'intérêt de sa défense en temps de guerre ,
et pour encourager chez elle la culture des céréales ,
TAngleterre se résigne à conserver la taxe exorbitante
sur les grains étrangers qui fait payer le pain si cher à
sa population indigente, il ne faut pas qu'die encourage
en même-temps cbez elle la culture des graines oléa-
gineuses. Elle n*a pas comme nous des millions d'hec-
tares de terres incultes sur lesquelles peuvent s'étendre
les céréales lorsque des cultures plus productives viennent
les remplacer. Chez elle , chaque hectare consacré pen-
dant une seule année aux graines oléagineuses est ri-
goureusement enlevé pendant cette même année aux
céréales ; donc son gouvernement a été sage et consé-
quent avec lui-même , lorsque, par une mesure récente ,
il a affranchi ces graines de tout droit d'importation.
On a dit encore que notre agriculture perdrait les
tourteaux de sésame ; tant mieux cent fois , si elle gagne
en échange des tourteaux de lin ou de colza , et il faut ,
de toute nécessité , qu'elle recueille les uns ou les autres ,
comme je vais le démontrer plus bas en traitant la ques-
tion au point de vue industriel. A ce sujet d'autres théo-
riciens ont prétendu que les tourteaux de sésame étaient
égaux en qualité et même préférables aux tourteaux
d'cnllette et de colza. Je pourrais leur répondre par des
dissertations chimiques , et bien mieux que cela , par
les expériences que j'ai faites nioi<même sur des bêtes
à laine , mais à quoi bon ? le prix du marché n'est-il pas
là pour détruire tous leurs raisonnements < qu'ils ouvrent
le' premier tableau venu du prix des denrées sur nos
différentes places , et ils trouveront les tourteaux dos
graines étrangères d'arachide et de sésame à lo et ii
francs , et les tourteaux des graines indigènes d'œillette ,
AC POIIVT DE YUB AGRICOLE ET COMMERCIAL. 225
de colza et de lin , à i4 fr. 5o c. , i5 fr. et i8 fr. led
loo kil. Comparons maintenant, sous le rapport delà
quantité , le rendement de ces diverses graines en tonr-
teaax. Pour faire loo kil. d'huile , il faut :
200 kiL de sésame ,
280 kil. soit de colza , soit d'œillette ,
333 kil. de lin.
Cela n'est pas contesté , donc la confection de loo
kil. d'huile de lin , donne à l'agriculture 23o kil. de
toarteanx contenant des substances nutritives pour une
ralenr de 4^ fr. (au prix actuel de i8 fr. les tookil.).
I^ confection de loo kil. d'huile d'œillette ou de colza
donne i l'agriculture 1 80 kil. de tourteaux contenant des
substances nutritives pour une valeur de 27 fr. (au prix
de iSfr. les 100 kil.) , tandis que la confection de 100
kil. d'huile de sésame ne donne à l'agriculture que 100
kil. de tourteaux contenant des mêmes substances pour
une valeur de x 1 fr. , prix le plus élevé que les tourteaux
de sésame atteignent habituellement. Ainsi , le résultat
réel, pour l'agriculture, de la confection de 100 kil.
d*hnile de sésame, est au résultat de 100 kil. d'huile d'ceiU
lelte ou de colza , comme 1 1 sont à 27 ; au résultat de
100 kil. d'huile de lin , comme 11 sont à 4^- ^ main-
tenant on déduit des 27 fr. de valeur réelle du tourteau
de colza , ou des 42 fr. de valeur du tourteau de lin
que le sésame nous fait perdre , les 11 fr. de valeur
qu*il nous donne en échange , on trouvera cette con*
séquence positive : chaque quantité de 200 kil. de graines
de sésame qtti entre en France et qui se substitue aux graines
indigènes , enlève rigoureusement à notre agriculture , soit
pour 1 6 fr. , soit pour SI /r. de substance nutritive également
i4
2a6 LE SÉSAME,
propre à fumer directement Les terres ou à nourrir le bétail
quiproduit le fumier. Voilà , sous le rapport des engrais y
le résultat incontestable de Timportalion du sésame.
Au POINT DE VUE INDUSTRIEL , je no répéterai pas les
calculs de M. Darblaj et autres agriculteurs sur les prix
de revient ; ils ont suffisamment démontré qu*il s*en
fallait de beaucoup que la protection accordée par le tarif
de lo francs f&t rigoureusement égale à la différence des
prix de revient , si Ton considère , d'une part , le ren-
dement du sésame en huile, et le prix que vaut la graine
sur les marchés d'où elle nous vient , d'autre part , les
avantages que cettecultureoffre au cultivateur dcrOrient.
Ces avantages sont tels , en effet , qu'en deux ans le
sésame a réduit de plus de moitié la culture du coton
en Egypte et en Turquie , d'où il résulte que , malgré
le tarif de lo fr. , le sésame continuera certainement à
se présenter sur le marché de Marseille ; seulement il y
trouvera une concurrence sérieuse de la part de nos
graines indigènes, tandis que si le droit était abaissé ,
le sésame conserverait le monopole dont il jouit depuis
deux ans. Cela a été parfaitement établi , je n*en dirai
donc pas davantage à ce sujet ; mais j'eiaminerai si la
fabrication des savons a réalisé des progrès sous le rap-
port de la qualité depuis la grande importation du sé«
same. S'il faut en croire les feuilles commerciales pu-
bliées dans les diverses parties de la France , et notam-
ment à Nantes , la substitution de l'huile de sésame à
celle d'œillette dans la fabrication a eu pour effet de
rendre le savon plus mou ; la coupe en est , dit-on, motit^
nette , le transport et la conservation moins faciles. Je ne
AV POINT DE VUE AGRICOLE ET COMMEKCIAL. 227
présente nullement ces assertions comme exactes; à
Dieu ne plaise que je veuille porter atteinte à la répu-
tation d'un seul produit de l'industrie nationale ; mais
du moins est-il certain qu'aucune amélioration n^a été
signalée dans la fabrication depuis que le sésame s'est
substitué aux graines indigènes, et personne, soit parmi
les membres du jury central pour la dernière exposition
de l'industrie , soit parmi les fabricants de savons eux-
mêmes, n'osera affirmer publiquement le contraire.
On a dit , dans la discussion qui a eu lieu à la Chambre
des Députés : Si le sésame , qui joue maintenant , à tort
on à raison , un rôle important dans la fabrication des
savons , est frappé d'un droit si lourd à son entrée chez
nous 9 rindustrie se transportera hors de France , et
▼ons anrez porté une grave atteinte au travail national.
Il y a ici une erreur qu'il importe de rectifier. Le savon
n'est pas pour nous, comme je l'ai dit plus haut , un
objet sérieux d'exportation. La plupart des nations de
l'Europe repoussent nos savons par la prohibition ou des
droits prohibitifs , et se suffisent à elles-mêmes sons ce
rapport. Le produit des savonneries de Marseille est donc
consommé par la France et ses colonies. Or , comme
rien ne tend à diminuer chez nous la consommation , si
la fabrication des savons ou même seulement la con-
version des graines oléagineuses en huile se transportait
ailleurs » il faudrait nécessairement que leurs produits
rentrassent en France sous forme de savon ou sous
forme d'huile. Sous forme de savon , cela est impos-
sible, puisqu'il y a prohibition; sous forme d'huile,
le sésame trouverait nos droits protecteurs de 33 francs
par loo kilogrammes; or , son rendement en huile
2a8 LE SÉSAME,
étant de 5o p. too , le droit nouveau de ii fr. (décime
compris] , par 100 kilogrammes quand il arrive en grain,
ne le frappe dans ce cas que de 22 fr. par 100 kilo-
grammes de Thuile qu'il contient (f ). Il aura donc tou-
jours un intérêt manifeste à se présenter à noire frontière
sous forme de graine comme par le passé. Et pourquoi ,
d'ailleurs , cesserait-il de s'y ^ présenter 7 Le pacha
d'Egypte perçoit, en ce moment, sur la graine de sésame
un droit de sortie de 12 p. too ad valorem , ce qui , au
)[»rix actuel de la graine (2) , équivaut à peu près i 6 fr.
par 100 kilogrammes; ce droit , réuni à notre taxe dMm-
portation de 3 fr. 3o cent., élève à 9 fr. 3o cent, le
droit total que supporte aujourd*hui la graine de sésame
entrant en France. Le pacha, qui a besoin d'écouler ses
denrées, pourrait, sans doute, faire ce que vient de
faire le gouvernement anglais pour faciliter le placement
des houilles anglaises sur le marché français \ il pourrait
supprimer son droit de sortie , et alors la graine de
sésame , qui paye en ce moment 9 fr. 3o cent, de droits»
aurait seulement à supporter notre nouvelle taxe de 1 1
francs, décime compris. La différence serait donc seu-
lement de I fr. 70 cent. , et il est évident que cette sur-
charge de I fr. 70 cent, serait insensible. Mais si les né-
cessités du budget ou d'autres causes ne permettent pas
au pacha de supprimer son droit actuel de sortie, le
produit de la culture du sésame comparé , d'après les
cours du marché d'Alexandrie , au produit de la culture
(1) Je ne liens pas compte des frais de trituration qni sont large-
ment compensés par le prii des lourteaui que Tend le trltaraleur.
(S) La graine de sésame est cotée en ce moment de 50 à 5t fr. las
iOO kilog.
AU POnfr DE TUE AGRICOLE ET COKHEBCIAL. 2^9
des céréales et autres denrées est si avantageux pour le
cultivateur égyptien , que cette graine p^ut facilement ,
comme je l'ai dit plus haut , supporter notre nouveau
droit et continuer à alimenter les savonneries de Mar-
seille , concurremment avec nos graines indigènes. Le
pacha ou les Egyptiens y perdront un revenu , cela est
évident; mais ce revenu , c'est la France , c'est notre
administration des douanes qui le recueillera tout entier.
Si , au contraire , ces calculs n'étaient pas justes y si
la taxe de lo francs , votée par la Chambre des Députés,
pouvait contribuer & diminuer en Egypte et en Turquie
la culture du sésame au profit de la culture du coton » que
le sésame tend , en ce moment , à expulser entièrement
de ces contrées , l'avantage serait plus grand encore pour
nous ; car les cotons des États-Unis , qui font aujourd'hui,
gr&ce au traité de 1822 , des conditions si dures à notre
navigation , pourraient trouver dans l'Orient une con-
currence plus sérieuse 9 et cela rendrait moins difficiles
pour nous des modifications au traité de 1822.
En résuhé , le débat n'existe réellement qu'entre l'In-
dustrie savonnière et l'industrie agricole. On a voulu
intéresser dans la question la navigation et le commerce ;
mais la navigation qui y avant l'adoption du droit diffé-
rentiel de 4 fi** ^^^^ P^ Is Chambre des Députés pour
protéger notre pavillon , perdait en fret presque autant
de tonnes de graines indigènes qu'il entrait en France
de tonnes de sésame , est désintéressée depuis qu'un
droit fortement protecteur lui assure pour l'avenir le
transport du sésame » de même que la réserve générale
du cabotage lui assure le transport des graines indigènes
venant de nos ports de mer. /
23o LE SÉSAME,
Quanl au commerce , le savon n*est pas pour nous un
objet d'échange maritime , puisqu'à l'exception de la
Suisse , nous n*en fournissons pas à Fétranger de quan-
tités appréciables ; puisque l'Egypte et la Turquie réu-
nies nous en prennent environ deux tonnes en échange
des dix-sept mille tonnes de sésame qu'elles nous four-
nissent. D'autre part , l'élévation de notre tarif ne peut
avoir aucune influence pour déterminer le pacha à livrer
ses graines de sésame à l'Angleterre , puisque le gouver-
nement anglais vient , par des motifs qui tiennent à sa
position particulière, de supprimer entièrement les droits
d'entrée sur toute espèce de graines oléagineuses. Notre
ancien tarif de 3 fr. suffirait pour ameuer le résultat
qu'on semble craindre » s'il convenait aux fabricants an-
glais d'employer le sésame. Le commerce est donc éga-
lement désintéressé en ce qui concerne le chiffre plus ou
moins élevé du tarif.
Ainsi , le débat reste tout entier entre la fabrication
du savon , qui jouit en ce moment même des avantages
attachés à la prohibition absolue des savons étrangers ,
et l'agriculture qui n'a et ne demande aucune prohi-
bition , qui ne veut pour ses produits qu'une protection
modérée. L'industrie savonnière exige de l'industrie
agricole un sacrifice immense, et elle ne justifie ses exi-
gences ni par une amélioration dans ses produits résul-
tant de la substitution du sésame aux graines indigènes ,
ni par des avantages équivalents qui puissent compenser
pour d'autres sources de la richesse nationale les pertes
énormes qu'elle veut imposer à l'agriculture. D'autre
part, le chiff're de lo francs n'est, comme on l'a dé-
montré à la Chambre des Députés , que la représentation
AV POllfT BE TUE AGRICOLE ET GOMMEBGIAI. aSi
insufiisante de la différence des prix de revient entre le
sésame et les graines indigènes , et de la différence de
leor rendement en hniie. Donc » lorsque le drort de lo
francs sera perçu , il arrivera ce qui arrive pour les fils
et toiles , pour la laine , pour les bestiaux , pour la
houille , pour les fontes , enfin pour tous les produits de
notre sol qui jouissent d'une protection modérée et pour
lesquels » par conséquent » l'étranger prend une large
part dans Tapprovisionneraent de notre marché ; le sé-
same continuera à s*y présenter , mais au lieu d'avoir le
monopole dont il jouit en ce moment y il trouvera une
concurrence & armes à peu près égalisées , ce qui n'est
que la stricte justice. Les intérêts du contribuable fran-
çais seront donc également ménagés , soit qu*on le con-
sidère comme producteur » soit qu'on le considère comme
consommateur. Si , an contraire , on abaisse la taxe de
lo francs , on laisse le pacha maître d'en paralyser les
effets , parce que, sans parler même du droit de sortie
qu'il perçoit en ce moment » les bénéfices que cette
denrée présente à la culture égyptienne et son rendement
en huile sont tels y qu'elle exclurait encore nos graines
indigènes de notre propre marché.
Enfim , il ne s'agit pas ici d'un traité de commerce
qu'on ne peut rompre qu'en le dénonçant un an d'avance,
il s'agit d'un simple tarif révocable i volonté : les Cham-
bres peuvent le modifier » le gouvernement Ini-méme a
des pouvoirs suffuants pour l'abaisser , si après l'ex-
périence faite , il reconnaît à ce ' tarif des inconvé-
nients sérieux. Toutes les considérations qui ont une
valeur réelle se réunissent donc en faveur duj^tarif voté
par la Chambre des Députés.
MÉLANGES D'AGRICULTURE.
K^, Lm arUelei tffés de diliftrento «uteun , qve depuis plusieurs
années noos donnons dans l'Annaalre sous le lilre de Mélanges
d'agriculture, ont présenté quelqa'inlérét : de tous côtés noos avons
été prié de contlnner ces extraits; nous nous rendrons avec plaisir
an vœn de nos confrères» nous désirons seulement que l'on veuille bien
nous aider dans ce cboli d'articles et nons signaler ceni qui mérite-
raient de figurer dans le chapitre de Mélanges que nons noos pro*
posons de composer chaque année.
{'J. de Caumoni, rédacteur de V Annuaire. J
EMPLOI DU 6VANO
Une foule d*expériences ont élé faites sur la manière
d'employer le guano , et il est maintenanl avéré que
cet engrais est trop puissant pour être employé seul;
qu'il brûle les semences avec lesquelles il est en contact
immédiat. £n Angleterre, les cttitivateurs les plus in-
telligents mélangent le guano de la manière suivante :
Pour fumer un champ de navets tl'hiver au de betteraves
( on suppose que tx champ a 2 hectares) , il faut , à un ton-
neau ou i,ooo kilogrammes de guano, ajouter trente
charretées ( à un cheval ) de terre sèche ; tirée de plu-
sieurs endroits; mais surtout du champ même qui doit
être fumé : on mélange bien le guano par un temps sec ;
le lendemain on retourne la masse dans tous les sens ;
le surlendemain on répand ce compost également sur le
champ f les ouvriers prenant soin d*écraser avec la pelle
toutes les mottes de guano qui se présentent.
BJMPJLOI DU GUAlfO. 233
On met, si cela est possible , en réserve, sous un Aon-
^ar, le tiers de la masse ci-dessus , pour en saupoudrer
les navets aussilAt qu'ils commencent à lever
Le compost dont on vient de parler plus haut étant
étendu dans le champ, il faut labourer immédiatement »
herser dans tous les sens , pendant toute une journée » et
semer le jour suivant et , si faire se peut, par un temps
de pluie.
Pour froment , avoine ou orge , à i ,000 kilogrammes de
guano ajouter quatre fois son poids de terre quelconque,
calcaire ou marneuse , mais sèche ; et quatre fois son
poids de vieux fumier d'élable bien consommé; mélanger
le tout quinze jours avant de s'en servir ; labourer le
champ , étendre le compost uniformément sur ce champ ,
à raison de 1 ,5oo kilogrammes par hectare ; herser de
suite profondément (toute l'opération par un temps sec) ,
semer deux ou trois jours après ; lorsque le grain sera
levé et par un temps de ploie , saupoudrer le champ de
ce même compost mis en réserve (à rabri) à cet effet:
environ 5oo kilogrammes à l'hectare.
Pommes de terre: 1,000 kilogrammes de guano , 3,000
kilogrammes de terre sèche , 6,000 kilogrammes de fu-
mier ; mélanger le tout , immédiatement avant de s'en
servir; fumer comme ou le fait ordinairement pour les
pommea de terre , et k raison de 750 kilogrammes à
Theetare; saupoudrer quand les pommes de terre seront
levées.
Prairies naturelles ou artifidelles t i ,000 kilogrammes
de goano, 5oo kilogrammes déterre, 100 kilogrammes
de charbon de bois réduit en poudre ; aussitôt qn*on aura
bien mélangé et bien écrasé les molles de guano; répan-
234 MÉLANGES d'aORICULTURB.
dre uniformément le compost sur Tberbe par un temps
pluvieux, maïs calme, dans tout le mois (t avril , à raison
de 3o ou 40 kilogrammes par hectare (i).
OBSERVATIONS GÉNÉRALES. — Le guano so Yond , i
Liverpool , 6 1. st. 10 sch. le tonneau de 1,000 kilo-
grammes ; le fret de Liyerpool au Havre est de 1 2
sch. 6 d. ; ainsi le tonneau , rendu au Havre , coûtera
7 1. st. 2 sch. 6 d. , ou, en francs, i85 fr. 5o c.
Une expérience faite, en i843 , sur la betterave, avec
25o kil. de guano, sur un étendue de terrain égale à celle
où, Tannée précédente , on avait mis 22,000 kilog. de
bon fumier d'étabie , a donné un produit égal. (Culture
semblable à celle du navet , ui suprà).
( y^*. DE BRÉzé. Bulletin des séances de la Société
Royale et centrale d? jtgricultare )•
Le professeur Johnston a fait, en Angleterre, sur le
guano et d'autres engrais appliqués à diflérentes natures
de récoltes, des expériences dont il est intéressant de
faire connaître les résultats; nous allons en donner quel-
ques-unes ; les chiffres suivants se rapportent tons à des
champs de 40 ares :
Navets db SuAde.
Fumier de cour 80,900 k. a produit 18»8S0 k.
Guano 150 — 93,745
Gendre 1,163 lit. — 16,075
POMIIBS DB TIBBB.
Guano 900 k. a produit 14,510
Os 1,535 lit. «- 9,885
(1) Il y a probablement erreur ; c'est 300 ou iOO kll. qui doivent
éire donnéa par hectare.
BMPLOI DU GUANO. 235
OmGE.
Guano 150 k. a produit 6i,960
Sans engrais » — 48,455
Atoinb.
Guano 100 ]{. a produit 71,050
Sans engrais » — 13»780
Faomert.
Guano 150 k. a produit 30,650
Sans engrais » — S4,360
Ces expériences ont été faites sur des sols de différentes
qualités et dans différentes parties du royaume. Le
savant professeur fait observer que des résultats obtenus
semblent indiquer que le guano serait plus constamment
convenable aux racines qu'aux blés et aux prairies (i] ; il
croit aussi que son action se prolonge plus d'une année.
Lorsque Ton connaît la composition du guano , on voit
qu'il n*est pas difficile de former de toutes pièces un
engrais artificiel qui probablement lui serait peu inférieur
et régalerait peut-être en qualité. C'est ce que l'on a
fait sur l'indication de M. Johnston ; et c'est ainsi que Ton
a contraint les importateurs à baisser le prix du guano
naturel. Voici la composition et le prix de revient du
guano artificiel:
PolJt. Prix.
Os 14Sk. 70 iif,87c.
Sulfote d'ammoniaque. . < 45 30 iS 75
Cendres 2 26 1 04
Sel marin 45 30 2 50
Sulfate de soude 4 55 l 04
Total. . . 240 11 45 20
(1) Le guano convient mieux aux prairies qu'aux céréales ,
parce qu'il pousse fortement au développement des feuilles et
des liges. D. C.
a36 MÉLANGES D'aQBICULTURB .
qui égalent aoo kilogrammes de guano.
Voici encore une formule qui est adoptée chez M. Pot-
ter y Tun des plus célèbres fabricants de guano artificiel :
Pondre d*os aoo parties.
Sulfate de chaux. ... 100
Sel marin 100
Saiftite de soude. ... 75
Sulfate d*ammoniaqne dé-
layé dans l'urine. . . ss
soo
( Journal d'Àgricnlture pratique ).
QUAUTÉS FERTILISANTES COMPARÉES DES EAUX COURANTES.
La puissance fertilisante des eaui , comparée à la
nature des sols qu'elles ont parcourus , est un curieux
sujet d'études qui m'a intéressé il y a déjà long-temps ,
et qui , au témoignage de plusieurs membres distingués
de l'Académie [des sciences , n'a encore été abordé par
personne que par moi (i) ; le peu d'observations que j'ai
faites sont d'ailleurs bien insuffisantes , mais j'ai l'espoir
que d'autres me suivront dans cette voie et que mon
savant ami , M. Girardin , m'aidera , par ses analyses
précises , à expliquer des faits que je vais annoncer som-
mairement.
Partout , dit avec raison M. Puvis , nous foyons que
(t) Le safanl M. Brongnlart m*a dédaré tout récemmeot qu'il oe
ooDBaisaait aocoo trafaU de la nature du mien.
QUALITÉS FICRTlUSANTEft DBS EAUX. 287
les irrigations , long-temps continuées, niodiBent la na-
ture du sol snr lequel on les conduit ; les eaux même
les plus limpides charrient toujours avec elles j pendant
les pluies , des limons précieux , et en tout temps des
sels terreux dissous qui , s'infiltrant dans le sol , finissent
par changer sa nature. Aussi voit-on presque tous les
sols anciennement arrosés , acquérir de la qualité à côté
de terres de même nature qui restent de la qualité la
plus médiocre : il j a là un important accroissement
de valeur territoriale , et cette valeur une fois acquise
se conserve presqu'indéfiniment.
Ces faits sont incontestables , mais les eaux employées
aux irrigations offrent des différences bien grandes dans
Taccroissement de valeur qu'elles procurent au sol.
Celles qui sourdent de couches calcaires et coulent
constamment sur des couches de même nature , n*ont
pas la même capacité fertilisante que les eaux qui sortent
de couches dune autre nature que les terrains qu'elles
arrosent ensuite et sur lesquels elles circulent pins ou
moins long-temps.
Par exemple, les rivières qui prennent leur source
dans les terrains anciens (granits, micaschistes, grau-
wakes, phyllades) m'ont toujours paru plus fertilisantes
que celles qui ont traversé les bancs des calcaires
jurassiques. Jamais elles ne sont aussi limpides , et j'ai
tout lieu de croire que leur température est en général
un peu plus élevée. Effectivement elles n'ont pas été
filtrées en quelque sorte par les couches épaisses de
cette formation que les eaux pluviales mettent un
temps considérable à traverser. Dans les formations
intermédiaires il n'y a pas , comme dans les calcaires
238 MÉLANGES D* AGRICULTURE.
secondaires et tertiaires, péoétralion du tissu de la
roche, mais seulement infiltration dans les fentes et
les fissures de stratification.
Les matières tenues en dissolution par les eaux
qui ont traversé les granités, les schistes et autres
terrains anciens renferment de la potasse, résultat de
la décomposition du feldspath (i) , et cette substance,
lorsqu'elle est transportée sur les terrains calcaires qui
en manquent , y produit nécessairement des résultats
remarquables.
Les faits sont donc encore une fois ici d'accord
avec la théorie.
Parmi les rivières delà Basse-Normandie dont les eaux
peuvent être regardées comme très-fertilisantes, je ci-
terai la Vire qui sort du granit et coule long-temps sur
les schistes; la Dromme, qui, après avoir parcouru les
grauwakes entre dans la région du lias et s'y perd; FOrne
dont le parcours se fait dans les mêmes circonstances;
la Seulle qui sort aussi des schistes ; enfin beaucoup de
rivières ou de ruisseaux qui ont coulé sur les roches
anciennes avant de parcourir les terrains calcaires*
Il est évident que ces cours d*eau sont un moyen
de transport des parties provenant des terrains argilo-
siliceux sur les terrains calcaires et que , indépen-
damment de rirrigation proprement dite, il y a amen-
dement des terres les unes par les autres quand on
fait dériver les rivières sur les prairies.
(1} La composition du feldspath est d*aprés Tanalyse de Vauquelin :
Silice 64
Alnmine 20
Chaui. .
Potasse. .
...
. . t4 J
QUALITÉS PEBTIUSANTBS DBS EAUX. 239
Comme les roches anciennes sont plus élevées que les
roches calcaires ; beaucoup de nos rivières descendent
de celles-là sur celles*ci , aucune ne porte ses eant sur %
les terrains anciens après avoir coulé sur le calcaire.
Je n'ai donc pas d'observations faites sur les résultats
de l'irrigation des terrains anciens par les eaux impré-
gnées de sels calcaires ; mais la théorie nous indique
que les résultats en seraient excellents.
Les eaux du lias sont généralement fertilisantes : le
lias est composé de couches alternatives de marne
bleuAtre et d'un calcaire argileux, à couches peu épaisses
et fendillées , que les eaux pluviales traversent en s'im-
prégnant des substances solubles qu'elles rencontrent.
Les eaux de TOxford-Clay , de cette marne calcaréo-
argileuse , qui forme la base de la région herbifère de la
vallée d'Auge , sont aussi très-bonnes. Ainsi les irriga-
tions de la Vie , qui coule presque constamment sur ces
argiles, sont regardées comme excellentes dans la vallée
de Corbon , tandis qu'on j redoute quelquefois les eaux
de la Dive qui coule presque constamment sur le calcaire
oolilique et charrie un gravier calcaire.
En visitant les vallées de la région calcaire de la
grande oolite et les rivières et ruisseaux qui les par-
courent, j'ai été frappé de l'infériorité des prairies
qu'elles arrosent , et tout en tenant compte de la qualité
da terrain , je suis convaincu que les eaux qui ont tra-
versé les épaisses couches calcaires de l'oolite avant
d'alimenter les ruisseaux de cette région , ont moins
de propriétés fertilisantes que les autres ; elles sont , en
général , limpides et froides , et leur séjour sur les prés
parait favoriser le développement des carex et de gra-
minées maigres, peu nutritives pour le bétail.
a4o MÉLANGES D'aGRICULTURE.
Les eainx de la craie qui ont aussi traversé des cou-
ches épaisses avant de surgir dans les vallées , sont
aussi très-limpides et peu fertilisantes , en général , je
les crois pourtant meilleures que celles dont je viens de
parler. Dans le Calvados où nous n'avons que la craie in-
férieure et moyenne , et où les sources qui arrosent
cette région coulent presque toutes sur des couches ar-
gileuses suportant la craie verte , elles sont chargées
de principes autres que celles de la craie supérieure , et
tiennent souvent en suspens des argiles et autres parties
terreuses.
Des faits observés ailleurs concordent tout-à-fait avec
ceux que je signale dans le Calvados. Dans les pays de
granit et de grès en décomposition, dit M. Puvis, « Les
« eaux contiennent une quantité notable de potasse dont
c l'effet est très-grand sur les graminées, i M. Puvis
annonce aussi que dans le département de Vaucluse ,
les eaux de la Dtfrance qui prend sa source dans les
terrains primitifs , sont infiniment plus fertilisantes que
celles qui sortent des formations jurassiques telles que
les eaux de la fontaine de Vaucluse , et les agriculteurs
font une grande différence entre ces dernières et les
autres.
A cet énoncé fort intéressant j*ajouterai que la Du-
rance , dont j'examinais encore il y a quelques mois les
dérivations , aux environs d'Arles , charrie souvent , et
dès que des pluies ont gonflé ses eaux > une grande
quantité de matières terreuses ; ses eaux en sont parfois
tellement chargées que , sauf la fluidité elles ressem-
blent à de la vase , elles déposent donc beaucoup plus
de matières sur les terrains qu'elles arrosent , que les
eaux limpides.
FORMATION DES TlNOUfiS. 341
Les rivières da €alvados qui viennent des lerrains de
fransition, parties les plus élevées du département , nous
offrent, en petit , les mêmes faits que la Durance ; elles
affluent sur les éminences A pentes rapides de grès ,
de phyllades , de granits , entraînent une assez grande
quantité de matières terreuses qu'elles tiennent long-
temps en suspension dans les temps des pluies , surtout ,
et leurs apports sur les terrains bas qu'elles baignent
doivent être considérables.
Il résulte , je croîs , de ces faits qui seront expliqués
plus longuement ailleurs , que Faction fertilisante de
Veau, varie suivant la nature des terrains qu'elle a par-
courus , et dont elle a dissous les principes salins , et
selon la nature des sols , à l'irrigation desquels on
Vapptique.
A. DE Gaomont.
C Nouvelles considérations sur les
caries agronomiques, J
COIfDlTIOKS DANS LESQUELLES SB TROUVENT LES RIVIÈRES
A l'embouchure desquelles se DEPOSENT DES
TANGUBS ABONDANTES ET FERTILISANTES.
La tangue est un engrais d'une importance très-grande
pour certaines contrées de l'Ouest. ( Nous avons publié
dans l'Annuaire de l'année dernière , p. 44' > 1^ compo-
sition chimique de ces sables fécondants) ; mais un fait
très-intéressant à signaler, et qui ne l'a pas encore été Je
pense , c'est que toutes les rivières qui en produisent à
leur embouchure, ont coulé sur les phyllades ou d'autres
i5
24^ MÉLANGES D'aGRICULTDRE.
roches intermédiaires dont elles ont dissous les parties
argileuses et siliceuses. Ces parties sont en général d'une
grande finesse dans ces roches , et dans certains temps les
eaux les tiennent en suspens comme les grains de pous-
sière qui voltigent dans Tair , jusqu'à ce que l'équilibre ,
la suspension produite par l'ascension des eaux marines
à rencontre des eaux douces , favorise le précipité.
Pour citer des exemples à l'appui de mou assertion ,
la Vire, la Selune, la rivière de Lessay , la Sienne, et un
très-grand nombre d'autres rivières moins importantes ,
à l'emboucbure desquelles on trouve de bonnes tangues ^
ont traversé le pays schisteui et coulent plus ou moins
long-temps sur les roches intermédiaires ; au lieu que les
rivières qui ont couru sur le calcaire n'offrent que des
attérissements sableux et calcaires qui ne sont point des
tangues.
On conçoit d'ailleurs que la tangue qui contient parfois,
indépendamment des sels solubles , 4^ parties de silice
et 8 d'alumine sur loo, doive emprunter ces éléments
aux roches qui les contiennent , et dont l'état mécanique
a offert pour la dissolution et le transport, les circon-
stances les plus favorables. Ainsi on ne voit point de
tangues dans les rivières qui depuis le Uâvre jusqu'au
département du Pas-de-Calais , coulent sur la craie ,
avant de se rendre à la mer , parée qu'elles ne dissolvent
guère que de la chaux : les rivières qui ont coulé sur
l'oxford-day ne déposent aussi que des vases ou argiles
très-différenls de la tangue par leur composition.
La tangue est donc, jele répète , constamment produite
par les rivières qui ont long-tenops coulé sur les terrains
intermédiaîres ou prinicifs, sur les yiàyllades et les grau*
wackes, les micaschistes et les granits, etc. .. etc.
DANGE15 DE l'eNIHGUAGB DES RIVIÈRES. ^3
C*est eaeore une observalion qui montre combien
l'étude de la géologie appliquée à Tagriculture peut
rendre de services et expliquer de faits ni|turel8.
A. BE Cauhont.
( Communications faites « ii Congrès
scientifique de France, J
VANGEA^ DE I^'eNDIGCAGE BE9 RIVIÈRES.
L'exhaussement du Ht des rivières diguées arrive
assez promptement. Ainsi les cours d'eau d'Italie au*
raient été amenés, depuis la domination romaine , à se
trouver en relief au-dessus du sol.
Lorsque plus tard , on a digue leurs bords, pour faire
échapper leur littdtal aux dég&ls des inondations , leur
lit s'est d'autant plus promptement exhaussé que les eaux
charriaient plus de limon ; et ce limon est resté dans leur
lit , pendant que dans le cours naturel des choses, il se fAt
déposé sur tonte retendue du fond de leur bassin. Nous
pourrions prendre une idée de la rapidité de ces exhaus-
sements par ce qui se passe dans le lit de la Loire,
digue dans une grande partie de son cours. Nous avons
vu dans les lies ao-dessous d'Angers des têtards de frênes
recouverts par les attérîssements presque au niveau de
leur tête. Il est à croire que les alluvions successives
ont bien recouvert un à deux mètres de leur tige. Or, ces
lies sont maintenant peu élevées au-dessus du lit , puis-
qu'elles s'inondent encore dans les grandes eaux. On doit
donc admettre que le lit de la Loire se serait élevé d'un
mètre au moins depuis l'époque où ces frênes ont été plan-
tés Le sol alors était déjà au-dessus des eaux et en culture,
244 MÉLANGBft d'aGRICULTUIIB.
car autrement les frênes n'eussentpas réussi, elson ni veaa
devait être avec celui du lit ancien dans le même rap-
port k peu près que le sol actuel Test maintenant avec
le lit du fleuve.
Mais quel serait Tâge de ces frênes? Nous ne pensons
pas qu'il puisse être de plus de deux siècles. On pour-
rait donc croire que le lit digue de la Loire s'élèverait
d'un demi mètre par siècle , ce qui laisserait entrevoir
pour ce grand fleuve un avenir pareil à ceux d'Italie , qui
cessent d'être les grandes artères par où les eaux surabon-
dantes du pays peuvent s* écouler dans la mer. On pourrait
d'ailleurs avoir quelque chose de précis sur cette impor-
tante question : il suffirait d'arracher un des frênes , ce
qui mettrait à portée de juger d*une part de la hauteur
de l'attérissement, et de l'autre de la date de la planta-
tion par le nombre des couches annuelles.
On ne peut douter que ce ne soit aux diguages du
fleuve que serait due la difficulté actuelle de la naviga-
tion. Les terres et les débris amenés par les affluents des
grandes eaux restent tout entiers dans le lit de la Loire ,
ils y forment des masses mobiles sans cesse déplacées
et poussées par le flot d'un lieu à un autre. Si, dans le
moment des grandes eaux, les digues ne leur portaient
pas obstacle , ces débris , ces alluvions se déposeraient
en plus grande partie sur les rives ; le fleuve alors aurait
toute la force nécessaire pour déblayer sa faible part
de débris ; il conserverait des passages réguliers qui ne
changeraient pas chaque jour, et dans lesquels les na-
vires pourraient circuler à l'aise , pendant que chaque
jour, dans Télat actuel des choses, des hommes sont
obligés, en été comme en hiver, de parcourir le Ht du
DANGERS DB I^'SNDIGUAGB DBfl RIYIÉEES. 24^
ileoYe pour chercher et indiquer par des balises les
passes de la navigation.
Ces eaax, il est vrai^ quelquefois intempestives,
couvrent des ricoltes prêtes A être recueillies et ravinent
parfois le sol. On s'en défend par des diguages ; mais
la sécurité pour les produits agricoles ne a^agranjJit
qu'aux dépens de raccroissement de fécondité que les
eaux apportent au sol. Ajoutons à cela que lorsque les
eaux sont contenues dans leur lit par des digues , les
débris féconds charriés par elles le remplissent, relèvent
bientôt au-dessus des terres environnantes dont elles font
des marais , qu'ils comblent les ports , forment des barres
âleur entrée, éloignent la mer des côtes, et créent des
marais pestilentiels lorsque le sol a été enlevé à Tac-
tion des grandes eaux avant d*élre suffisamment exhaussé,
ou qu'il n'a pas assez de pente pour que les eaux s'en
écoulent facilement. Ainsi sont créés une partie des
maremmes d'Italie, h s marais Ponlins, et d'autres en
grand nombre sur nos rives de la Méditerranée et de
l'Océan.
Lorsqu'on permet au contraire aux eaux de se répan-
dre, tout en opposant cependant quelques obstacles à leur
trop rapide irruption, la plus grande partie du limon
s*épanche sur les terres environnantes; le lit du fleuve
s'élève bien encore, mais ses bords s'élèvent en même
temps, et leur fécondité s'accroît. Il arrive bien alors ,
il est vrai, que l'agriculture ne peut pas être aussi régu*
lîère, qu'elle essuie des pertes ; mais elle en est ample-
ment dédommagée par l'accroissement de fécondité
que lui apportent les eaux. Sans doute les grandes
inondations causent des ravages, mais les diguages le
346 MÉLAimESeB* AMtCOLTUftfe .
plus souvent ne 8*élèvent pas lisses pent préserver le
littoral, et en général ils font payer bien eher è un
pays les avantages qu'ils lui apportent.
C'est ailleurs qtie sur les bords des grands cours d*eaa
qu*il faut travailler à défendre ces terrains précieux;
c^est par la plantation des terrains en pentjSv par le non-
di^uage des cours d*eau secondaires , et surtout par les
irrigations multipliées, qu'on peut, en relardant et mo-
dérant l'arrivée des eaux des grandes pluies, tes proté-
ger, ainsi que nous le verrons» avec quelque eificacité.
Et puis, (es eaux d'inondation, chargées de limon,
peuvent féconder xlos terrains arides et y faire des col-
nuxtages , opérations peu connues , il est vrai,^en France ,
mais répandues en Angleterre sous le nom de Warping ^
fréquentes en Itali^surlesbordsdescours d'eau limoneux:
en France, nous avons vu ceux deM. RîgauddeLiile, sor
les bords de la Drôme ; M. de Gasparin cite ceux de ia ri-
vière d'Ouvèxe dans le département de Vauclnse ; partout
où o^n les pratique , on crée des sols de la plus grande fé*
condité. Cette opération, employée avec discernement,
peut assainir lés marais en élevant \e ^ù\ de lenr siirâtce.
Ainsi la vallée marécageuse de Cfaiana en Toscane s'est
assainie et est deventre de la plus grande fécondité ;
ainsi encore on «spère, avec des colmatages, assainir,
èVi partie dti thoins , quelques maremmes ; ainsi on vou-
drait, enFrat^ce, amener à ce résultat, en \ts élevant,
quelques. parties du gràAd Delta de la Camargue.
Alors mêînë encore que rindustrre de Vbomme ne
vîenl pas provocjucr ces dépôts, tes cours d*eiau, comme
pour compenser en partie dti moins leurs ^arts, for-
ment ^ous nos yeux des attérissements de là plus grande
rBRTlLISATIO!! PAR LES ftiSLS AMMOHlACAtX. ^47
fécondité : ils ferment des lies comme celles da RhAne) de
la Loire , dont le sol naguère couvert de galets s'eihausse
ineeseamment , produit d'abord les arbres des sols inon-
dés , et en s'élevant donne bientôt naissance à des sols
de la pins haute qualité. Sur les bords mêmes des flenres,
on voit se former des attérissemenls comme les Segon-
naux du Rhône qui , chaque année , produisent sans fu-
mier d'abondantes récoltes.
Bien des cours d'eau encore par leur simple extraya-
ston sur leurs borda j répandent la plus grande fécondité
qui disparaîtrait avec leur diguage. Ainsi dans le bassin
de la Saône , les rives du Doubs , de la Looe , de TOgnon ,
celles de TArroux dans le bassin de la Loire , que couvrent
assez souvent les inondations, se cultivaient naguère sans
fumier, comme certaines terres du bassin de TEibe, au
rapport de Thaër ; les céréales y versaient lorsqu'on leur
donnait de Tengrais; mais depuis qu'on y a introduit la
culture alterne et les produits industriels , l'engrais y trouve
un utile emploi ; celte fécondité extraordinaire est due en
premier ordre & la couche d*alluvion qui s'est déposée de
temps immémorial sur les bords de ces cours d'eau ,
mais elle se renouvelle encore annaellement par le seul
effet des débordements accidentels des grandes eaux.
Puvis ,
Membre de rinstital des Provioces.
FBETILlSATiœt DES TEfiUBS PAR LBS SELS AMMONIACAUX ,
LES IflTRATES ET D'AfTERES COMPOSÉS AZOTÉS.
Si tons les chimistes admettent que les végétaux peu-
a48 lIÉtAlfGBS D'AttBlCULTCmJS.
▼ent •'approprier racole , soit qu'ils l'emprantem i l'at-
mosphère, comaie cela a lieu dans cerlaînes conditions ,
soit qu'ils le tirent des engrais , ils ne sont plus autant
d'accord lorsqu'il s*agit d'établir comment s'opère cette
fixation et dans quel état cet azote doit être présenté
àus YégétauK pour permettre l'assimilation la plus facile.
Si donc , pour me servir d'une expression de M. Du-
mas , un des plus beaux problèmes de l'agriculture ré-
side dans l'art de se procurer de l'azote à bon marché ,
il est un autre point très-important â fixer d'une manière
bien positive » c'est de constater les divers états dans
lesquels cet azote doit être présenté aux plantes pour
activer le plus énergiquement la végétation.
L'ammoniaque qui résulte de la décomposition des
matières organiques azotées et l'acide azotique qui ,
ainsi que je l'ai démontré dès i838 par mes expériences
sur la uitrificaf ion , peut se former sous un grand nombre
d'influences par Toxidation de l'azote de l'ammoniaque »
ont dû fixer toute l'attention des chimistes et ont dû
Caire admettre par un grand nombre d*entr'eux , que
c'est dans ces divers états que l'azote est fourni le plus
souvent aux végétaux.
Il restait , en multipliant les exemples de l'action di-
recte de ces divers agens , à faire sortir la question du
terrain conjectural afin de la livrer & la pratique de
Tagriculture dégagée de toute incertitude. L'on ne saurait
porter trop de soins à fixer l'opinion publique sur un
point qu'on peut considérer comme capital pour le dé-
veloppement de la prospérité agricole.
Si des matières servant d'engrais fournissent leur
azote aux plantes à l'état d'ammoniaque ou d'acide azo-
tique ,. les composés salins contenant cette base ou cet
FERTILISATION PAR 1£S SBLS AMMONIACAUX. ^g
acide denendront les sources d'action les plus énergiques,
et tonte l'attention des agriculteurs devra se porter sur
les moyens de se procurer à bas prix des agens d'autant
plus précieux que , présentant une grande puissance sous
un faible poids , ils permettraient de porter la fertilité
dans des contrées privées de voies de communication
faciles.
Occupé depuis quelques années d'essais de culture ,
î'ai fait de nombreuses expériences pour m'assurer jus-
qu'à quel point l'agriculture peut trouver dans les pro-
duits ammoniacaux des auxiliaires utiles et économiques.
Mes essais de 1841 et 1842 m'avaient donné la con*
viction de la baute efficacité de ces sels pour activer la
végétation , et je supposais que les faits observés étaient
tellement conformes aux opinions des cbimistes que leur
publication ne me paraissait pas d'un intérêt assez grand
pour la science ; ils ne faisaient en effet que confirmer
l'application des principes posés dans le travail de MM.
fioussingault et Payen , inséré dans le troisième volume
des AnnaUsde Chimie (3*. série) > en ce qui concerne
les engrais » et appuyer l'opinion de l'influence des sels
ammoniacaux répandus dans Tair , d'après une des pro-
positions énoncées par M. Boussiugault » à la fin de son
Mémoire sur l'absorption de l'azote de l'air par les plantes
(Annales de Chimie^ t. 69, page 353 , i838), propo-
sition qui , par suite des observations de M. Liebig sur
l'existence de l'ammoniaque ou des sels ammoniacaux
dans l'air , ne pouvait plus laisser beaucoup de doute
dans l'esprit des chimistes.
Telle était pour moi la situation de la question , lors-
que dans sa séance du 3o janvier 1843 , M. Boucbardat
a communiqué à l'Académie des sciences un Mémoire
aSo V*tAN0B6 D*AGElGOLTCaB.
sur l'influence des eampoêés amimantaeaux sur la véçào^
tiùn , dans lequel l'auteur arrive aui eonclusions ci -après :
1^. Les dissolutions des sels aminonîacaux suivants :
sesqui-carbonate, bî-carbonate , hydrochlorate , nitrate ^
svifate d'ammoniaque , ne fournissent pas aux végétaux
Taxole qu'ils s'assimilent ;
2®. Lorsque ces dissolutions à un millième sont ab*
sorbées par les racines des plantes, elles agissent toutes
comme des (loisons énergiques.
Ces oonclusions, si peu d'accord avec les faits qui s'é-
taient produits sous mes yeux , avec des résultats liT'ex-
périencesdeux fois reproduites et sur une grande échelle,
m*engagèrent à renouveler mes estais en i843 , et comme
l«8 coucUisions si positives auxquelles est arrivé M. Bou-
chardat , pourraient avoir pour résultat de faire aban-
donner toute expérimentation ultérieure sur l'action des
sels aminomacaux dans la fertilisation des terres, je me
sais décidé à consigner ici le résumé de mes nouvelles
observations , qui ne font que conlirnier mes résultats
antérieurs et me paraissent de nature a faire cesser toute
incertitude*
11 m'a paru , du reste, qu'on ne saurait recueillir avec
trop de soin des faits bien observés » lorsqu'il s'agit
d'asseoir sur des bases bien raisonnées les pratiques de
l'agriculture. Ces observations exigeant des années en-
tières ne peuvent pas être aussi multipliées que celles
qn) concernent les autres branches des connaissances
Mes essais ne se sont pas bornés à l'action des sels
ammoniacaux , j'ai expérimenté l'action du nitrate de
soude ; j'ai comparé les résultats obtenus par ces divers
sets employés comme engrais A l'action d'uwe dissolution
FERTIUSATtON PAR LKS SKLS AM01fIACAUX« aSi
gélatloeuse , i Taclion de Turine de cheval et k l'aGlioii
de l'engraM flamand
J ai choisi pour faire mes expériences ane vaste pfairie
dont toute la surface était dans les mêmes conditions
d*ex^ositioB et de fertilité.
Sa prenant la production du foin pour exemple > j'ai
crû me placer dans des conditions où les soins de culture
ne pouTaienat pas influencer les résultats. Chaque essai
a eu tteu aur une surface de trois ares , et de distance
en dîstimcè entre les bandes destinées aux essais , se
trouvait une bande sans engrais pour permettre de bien
apprécier les résultats produits. Lfs bandes étaient sé-
parées l'une de Taulre par des rigoles.
Tous les ençrra'is ont été dissous ou délayés dans de
l'eau , de manière à présenter chacun un Tolume de 978
litres ou 3^5 hectolitres par liectare. L^arrosement a eu
lieu le 86 mars 1 843 , par un temps trcs-sec ; le 3o mars
est «nrvenu une pluie assez forte et le temps est resté
pluvieux jusqu'au 5 avril , de telle sorte que les engrais
ont été bien uniformément répartis. L'année a été
assez pluvieuse; la récolte a eu lieu le 3o juin ; le tout
a été fauché le même jour , le temps a été favorable i
la dessiccation ; après quelques jours d'exposition à un
soleil ardent , le ibin récolté sui* chaque bande a été
pesé séparément avec les plus grands soins ; je présente
sous forme dé tableau les résultats de ces divers essais
calculés par hectare de ^perGcie, et comme la question,
telle que je me la suis posée ^ comprend l'utilité de l'ap-
plication des produits essayés d'après leur prix actuel
en Flandre , j'ai complété le tableau par des chifires qui
permetient d'apprécier cette utilité pour les autres
a52
MÉLAHGBS d'aGRICULTUSS .
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(ff) L'eao ammoniacale de l'usliie à gas de Lille, qui a aerti à cet
essai, marquait 4". à raréométre; arant d*élre réiModue tor lea terres.
FEITILISATION PAl LES 8BL9 AMHOHIICIUX. a53
Le tableau qui précède pennel d'éuUir les rapporlB
soÎTaDts ;
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16,577
Ml
to,ou
d».
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St,3SS
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Les essais dont le détail se trouve consi^é sur les deux
riniinoniaqtie contenu dini ce liquide ■ été conTertI en ehlorhidrale
par le milange de ce liquide ammonlacil «kc le double de soo volame
iTadde proTcnant de racidiflcalion dei oi dani la bbricalion de la
gélalloe. Ceriaidu n'avait pai été Jaiqu'alon utilisé daoa m» mines.
Le pbocptMie de cbani rAtultanl de la décompoiltlon e«l retté mêlé
an liquide répandu anr lea Itrrei ; mal* aan InOnence imniédlale a dd
<tre peu contidérablc ; car nn euai Tait dam Jei mf nuei clrrontlancef ,
en décomposant la même quantité de dluolatlon acide de phoipbde
de cbaai , an moren d'an léger eicéi de chaui , mal) lani addition
traaaiiHHiUqae n'a donné ancon ré*ultat appréciable. 8toa oler l'in-
flncnce de ce phosphate comme engrais ou amendemeot. J'ai la
contlctlon qne son action ne peut s'eiercer que trét-leotemenL
(6) Liquide obtenu par t'éballltlon dans l'eau à laquelle Je soumeli
les os de cuisine pour en eilraire la graisse. L'eau gélatineuse qui
reste après la séparation du luir d'os contient S Ijl p. 100 de gélatine
hnpnre et un peu altérée.
{c) L'engrais Bsmsnd employé consistait en urine et madères
a54 MKLA7HSB6 D AfiRlCULTUIE.
tableaux qui précèdent donnent liçu aux déductions
suivantes :
POINT DIS VUE THÉORIQUE. -^ I. Lcsscls aminonlacaus
directement employés comme engrais agissent comme
les engrais azotés habituels ; la quantité de produits
récoltés est ass^z en rapport pvec la quantité d*azote
que ces divers sels contiennent*
2. Le nitrate de soude employé comme engrais donne
lieu à des résultats apalogiies; l'azoti^ du nitr/ite de
soude parait même plus facilement assimilé que celui
des sels ammoniacaux , si Ton ne veut pas faire inter-
venir l'action de la soude du nitra'e comme ayant con-
couru au développement de ]^*végétalion (*).
fécales pures, li était moins aqueui que relui livré habituel lement
aux cultivateurs. La Tente de ce produit ay^nt lieu au profit des
domestiques , ces derniers ont soin d' j joindre foutes les eaui ména-
gères, aussi remarque-t-on des différences Tort considérables daof
Tacllon fertilisante de cet engrais.
Aoia. Peu de Jours après que les engrais eurent été répandus , oo
pouvait déjft apercevoir leur action sur la végélalioo , les bandes
chargées d*engrais étaient d*un vert beaucoup plus foncé. Les rësuU
tats étalent surtout remarquables pour Ivs N*^*. 5 , 6 et 8.
Pour les N*^. 1,2, 3 et i , le foin est parvenu h parfaite maturité,
pour les numéros suivants et surtout pour les N"'. 6 et 8 Therbe était
moins mare , mais il convenait i^epcndant de faucher , parce que très-
serrée elle commençait k 8*étioIer au pied et se serait promptement
altérée.
(*} Nota. Un essai fait dons les mêmes circonstances , avec des
quantités de sulfate de soude sec égales à celles du nitrate de soude,
n*a donné aucun résultat. La végétation n'était pas plus active que
sans remploi de ce sel ; mais il est possible que la soude provenant
de ta décomposition du nitrate de soude, et pouvant former des sels
de soude à acide organique , agisse différemment que la soude engagée
dans une combinaison aussi stable que le sulfate de soude.
FKRTILI^ITIO?! PAt LES SELft AMMONIACArX. 355
3, L'imporlance de la recolle a été, dans meseMaîs ,
proporlionnelld à la quantité du nitrate de soude employé^
4. La dissolutioa gélatineuse employée comme engrais
a eu une énergie d'action qui, comparée i celle du
chlorhydrate d'ammoniaque, est en rapport avec les
quantités d'azote que contiennent les deux corps-
poiAT DE yvM PRATIQUE. — Si nous abordous la question
ioduslrielle et commerciale, nous devons reconnaître
que dans les conditions actuelles du prix des sels am<»
mooiacaux et du nitrate de soude en France, si Ton
ne tient compte tiae d'une seule récolte, et lorsqu'il
a*agit de la fertilisation des prairies, il y a une perte
de i;^ du montant de la dépense. Il faudrait donc, pour
qu'il n'y eût pas de perle, lorsqu'il s'agit de cette cul-
ture, que tout au plus les 2|3 de l'action fertilisante
fussent épuisés, et qu'au moins 173 fût produit par
le regain ou les coupes de l'année suivante.
On admet généralement en Flandre que la deuxième
année, il reste dans les terres moitié de la fumure,
lorsqu'on se sert de fumier d'étable. Quant à l'engrais
flamand, on a remarqué que son action fertilisante
est presqu'entièrement épuisée dès la première année ;
ce dernier résultat s'explique, si l'on considère que
dans l'engrais flamand la plus grande partie des principes
fertilisants se volatilise, et celte circonstance m'a fait
recommander à nos cultivateurs d'ajouter à cet engrais ,
avant de le répandre sur les champs , du plâtre en poudre
on des sels qui, par leur décomposition, sont suscep-
tibles de donner plus de fixité au sel ammoniacal. C'est
une pratique déjà proposée par les chimistes pour les
engrais en général, et dont j'ai constaté toute l'utilité
pour l'engrais flamand en particulier.
a56 MÉLANGES d'agricultoib.
Celle grande volalililé du principe fécondanl n'existe
pas dans remploi du sulfate el du chlorhydrate d*ani-
moniaqne , bien que la décomposition de ces sels
doive avoir lieu à la longue par la craie qui fait partie
de la terre végétale.
Il est donc permis d'admettre qu'au prix actuel du
sulfate d'ammoniaque , l'on peut , en faisant emploi de
celle matière comme engrais, môme lorsqu'il s'agil de
la culture des prairies, retrouver dans l'augmenlation
des récoltes l'équivalent de la somme dépensée ; à bien
plus forte raison la dépense sera-t-elle couverte lors-
qu'on appliquera celle méthode de fumure i la culture
des lins, des tabacs, du colza, etc., etc.
D'un autre c^té , il ne faul pas perdre de vue que du
niomenl où les sels ammoniacaux auronl trouvé des
débouchés assurés dans l'agricullure, ils seront recueillis
en plus grande quantilé el leur prix pourra considéra-
blement fléchir.
Lorsque l'heureuse influence des produits ammonia-
caux aura été appréciée par l'agriculteur , ce n^est pas
à l'étal de sels purifiés que ces produits lui seront
livrés, mais à l'étal du produit brul de la distillation
des matières azolées , et pour rendre ces produits moins
volatils el éviter ainsi des pertes considérables qui
se produisent dans l'emploi des engrais en général , on
opérera la décomposition du carbonate d'ammoniaqae
par des matières de peu de valeur, par du plAlre, par
des magmas d'alun , etc. , etc.
Depuis trois années je fais l'application de celte mé-
thode k plusieurs hectares de prairies ; je décompose les
produits ammoniacaux résultant de la distillation de la
FERTILISATION DBS TEABES. QiS']
houille dans les établissements où se fabrique le gaz
par les eaax acides provenant de l'acidification des os,
j*obtiens ainsi uoe dissolution économique de sel am-
moniacal, qui me permet de faire jusqu'à trois et même
quatre coupes d'herbe en une année , et avec une
dépense qui est infiniment moins considérable que celle
que nécessiterait tout aulre engrais pour arriver au
même résultat (i). C'est là une application que je
signale à l'attention des agriculteurs, des fabricants
de produits chimiques et des directeurs d'usines à gaz.
L'on verra, d'après les résultats obtenus par le N^. 5
du tableau qui précède , que de tous les essais faits,
c'est celui qui a donné les résultats les plus remar-
quables. En comparant la dépense à la recette , on
arrive au rapport de ioo*à 34o^ lorsque l'engrais
flamand, qui est sans contredit l'engrais le plus avan-
tageux lorsqu'il est pur, n'a donné qu'un bénéfice de
69 32 p. 100 de la somme dépensée.
ALTEaiCANCE QES ESSENCES FORESTIÉEES.
La question de Talternance des essences que j*avais
formulée au Congrès scientifique de Strasbourg avait
une certaine importance aussi en la vojant inscrite
dans notre programme imprimé. Le Congrès forestier
allemand^ réuni la môme année à Baden, en a fait
l'objet d'une discussion qui nous parait d'autant meil-
(t) Pour obtenir (fttatre coapei d'tierbe, il convient de faucher avant
la floraison ; le prodnll réoolté B*e0t pas aussi nourrisMnt , Il était donné
en vert aui ehevaui et aex vachea •
16
l58 ItfÉLATCGES d'aGRICULTIIIE.
leure 3 reproduire Ici, qtic Yiobs avons dans un précé-
dent annuaire donné le réstimé delà discussion ouverte
à Strasbourg ^ûr )e hnême sujet. [Anpitaire de 184S].
D'ailleurs la conclusion du Congrès fereslîcr n'est
pas la môme que celle du Congi'ès de Strasbourg , el
c'est une raison encore pour que tious la fassions
ôonnatlre aux hommes qui s'occupent de silviculture.
Voici ce que nous lisons à ce sujet dans le compte
rendu du Congrès de Baden, publié par les annales
forestières.
LTnspecteur delà principauté de Sagmaringen eipose,
d'après les documents authentiques, que Tépicéa a com-
mencé à se montrer , il y a trois siècles à peine , dans
cette principauté, et qu'il a successivement empiété
sur le hêtre et sur le chéAe, au point d'être aujourd'hui
presque exclusivement maître du terrain.
Ce fait ne doit-il pas étréattrîbué à une loi d'alternance?
Le président ayant Invité les membres à présenter les
faits analogues qui seraient â leur connaissance, des
exemples en grand nombre sont cités d'abord de l'em-
piétement des bois résineux sur les bois feuillus , et
ensuite du contraire.
Ces exemples tendent à démontrer :
1°. Que les bois résineux en général , et surtout l'épi-
céa , sont plus envahissants que les essences feuillues ;
toutefois, les bois. blancs et l(*s morts-bois sont mis en
dehors de la question , leur introduction spontanée dans
les forêts ne pouvant en aucune manière être attribuée
à une modi0cation élémentaire du sol;
a^. Que Jefl ««eepces à «emences lourdes, même
lorsqu'elles ne sont mélangées à d'autres que dans une
ALT£1INANCC DES ESSElfCBS VOi(£STIÉRES. 25q
proportion lrès*faible, peuvent quelquefois 8*emparer
du sol. Le hêtre surtout, sans doute à cause de son
jeune plant qui persiste long-temps sous le couvert ,
montre., dans certaines localités et dans certaines
circonstances» une disposition très-marquée à l'enva-
hissenient.
Après l'exposé des faits bruts, la discussion est amenée
sur les causes probables qui les ont fait naître.
Un grand nombre d'bjpothèses et de théories^ plus
ou moins plausibles, se produisent â cette occasion.
Les partisans du principe en discussion prennent
d*abord la parole.
L'alternance des essences, disent- ils, est une loi de
la nature.
Le forestier doit, comme l'agriculteur, faire varier
les productions du sol , et adopter dans sa culture une
certaine rotation , un certain assolement , que cepen-
dant l'étal actuel de nos connaissances ne nous permet
point encore de préciser. Les éléments, pour découvrir
celte loi naturelle, se trouveront surtout dans une
Histoire des forêts qui est encore à faire. En attendant ,
nous devons nous conformer aux indications de la
nature et favoriser la croissance et. la propagation des
essences qui montrent une tendance prononcée à s'in-
troduire et â prospérer dans un terrain, en même
temps que l'essence existante devient, malgré nos
soins, à*une régénération de plus en plus difficile. C'est
surtout lorsque les bois feuillus tendent ainsi à rem-
placer les bois résineux qu'il est permis de croire à
une indication positive de la nature.
Pour vérifier cette opinion , les exemples de chan-
:i6fi MÉLANGES D*AaMCLXTirkE.
gement d'essences cités précédemment sont repris ei
examinés de nouveau ; le président adresse aux membres
qui les ont présentés des questions snr les circonstances
administratives ou autres sous IMnfluence desquelles les
faits se sont accomplis.
Bien que les renseignements nécessaires pour rendre
cet examen complet ne soient pas fournis avec toute
la précision désirable, il reste cependant acquis aux
débats que tous les changements d'essence cités et
attribués à une prétendue loi d'alternance peuvent
s'expliquer tout aussi bien , sinon mieux encore , par
des exploitations vicieuses, l'abus du pâturage, l'en-
lèvement continuel des feuilles mortes , la légèreté des
graines de certaines essences , etc.
Par opposition aux exemples de changement d'essence,
on cite des forêts considérables où , de temps immé-
morial , les mêmes essences se sont maintenues sans
difficulté. La plus belle futaie de hêtre du Wurtemberg
se nomme Schoenbuch (beau hêtre), et ce nom lui est
déjà donné dans d'anciennes chartes qui remontent au
xiii°. et au nw. siècle. Dans rarrondissement de
Saint-Dié (Vosges), il existe une forêt appelée Bel
Fays , traduction littérale de Schoenbuch , et dont Tes*
sence dominante est également le hêtre.
Tacite rapporte qu'une partie du grand duché actuel
de Hesse-Darmstadt est appelée par les habitants
Buchonia y nom tiré, dit-il, des vastes forêts de hêtre
qui couvrent cette contrée ; et celte essence y domine
encore aujourd'hui.
César dit que les montagnes des Vosges sont cou-
vertes de sapins (pini) , et la chaîne parallèle n'a très-
ALTERNANCE DES ESSENCES VQESSTIÉEBS. a6l
probablement reçu le nom de Forêt Noire qu'à cause
des bois résineux qui la peuplaient. Or, cet état de
choses s'est conservé jusqu a nos jours » et rien n'annonce
qu'il doive cesser.
D'après ces faits généraux et une infinité d'autres
qu'il serait facile de recueillir « n'est-il pas évident
que les mêmes essences se perpétueront sur un terrain
aussi lonj|[- temps que des cas de force majeure ou l'im-
péritie de l'homme ne les en excluront pas?
Que penser d'ailleurs d'une loi d'assolement qui ne
deviendrait applicable que tous les cinq, dix, quinze ou
^ngt siècles?
Ajoutons, pour terminer, que les savants travaux de
l'illustre chimiste Justus Liebig, dont l'ouvrage se pu-
blie en ce moment, ont répandu sur cette matière
une clarté nouvelle , et qui prête un appui complet aux
adversaires de l'assolement des essences.
Après ces intéressants débats , la réunion , pénétrée
de la haute importance du sujet qu'elle vient de traiter ,
adopte, sur la proposition de son président, les conclu-
sions suivantes:
i^. L'alternance des essences n'est point une loi de
la nature; l'influence que les circonstances extérieures
exercent sur la végétation des forêts en rend suffisam-
ment raison.
2^. Les essences, feuillues, aussi bien que les rési-
neuses, peuvent être introduites ou maintenues à l'aide
d'une culture raisonnée et soigneuse.
3^ Toutes les essences ne prennent pas, dans le sol,
la même quantité de substance nutritive. L'échelle à dres-
ser sous ce rapport s'établira au fur et à mesure quenos ex-
l6l ■ÉLANOBS d'AGEICULTDRB.
périences , déjà nombreuses , deviendront-plus complèfes.
Les essences les moins exigeantes tendent généralement
à évincer les autres; c'est au forestier à combattre
cette tendance, en tant. qu'elle est en opposition avec
les intérêts qu'il a en main.
Je crois devoir ajouter quelques mots à ce qui précède
concernant f'influence qu'eierce la nature géologique
du sol sur l'accroissement et la distribution de certaines
essences. Si parmi des espèces d'arbres qui croissaient
depuis des siècles sur un terrain oà elfes ne trouvaient
pas tout ce qui convient à leur développement , des
espèces nouvelles viennent à s'introduire , espèces qui
s'accommodent mieux de ce sol , il est évident que les
dernières pourront envahir peu à peu le bois sans que
Ton puisse en tirer de conséquences pour Taltemance
des essences. Mais ce fait de l'accroissement de certaines
espèces aux dépens des autres sera encore un fait
important à observer , surtout si l'on étudie les causes
qui l'ont produit. C'est malheureusement ce qui n*a
point encore été fait : les forestiers n'ont point , au
moins à ma connaissance , tenu compte de la nature du
sot ; ils n'ont point , que je sache , recherché quelles
essences s'accommodaient le mieux des terrains calcaires,
quelles essences prospéraient le mieux sur les roches
non calcaires.
L'étude de la géologie appliquée à la sitviculture est
pourtant, selon moi, très-utile et doit amener des ré-
sultats importants. J*ai déjà, dans ma topographie géo-
gnoslique du Calvados , indiqué certains faits que je
croîs devoir rappeler.
Ainsi le hêtre vient mal dans nos plaines calcaires de
I
ALTSRNA5CB DES i^^fiUClÇ» F^MIE^TIÉBES. 26$
la grande oolile ; il croit au contraire très-bien et
acquiert de très-grandes dimensions dans les. lerra^ips de
pbjllades (schistes interjooédiaires ] , les granités et les
autres roches anciennes : il croit également bien dans
les argiles à,sUex qui si^rmontent la craie dans beaucoup
de contrées de la Normandie.
L'orme s'accommode de tous les terrains ; mais quelle
diflérance dans son développement quand on le considj^re
dans les terrains argileuiL el profonds où il acquiert d^
dimensions énormes , ou dans les plaines calcaires où
il s'élève peu. On peut en dire autant du chéoe , si beau
sur les sebisies pbjllades , les argiles profondes , plus
ou flioins mêlées de silex (argiles supérieures à la craie i
(Oxford-ClayjySi chétif et parfois rabougri sur les terrains
calcatres i couches horizontales.
Toutefois il n'est pas de terrain calcaire si. aride qui
ne puisse uourrir quelques arbres , et les clôtures au
mlUeu de nos plaines calcaires , soit de quelques cantons
du Calvados, soît du Poitou , soit de la Champagne et
des attires contrées qui en manquent , serait chose fort
utile i établir et qui offrirait de grands avaniages
pour l'agriculture. Outre qu'elles rompraient le vent qui
dcaoèche les plaines sans arbres et augmenteraient i'hu*
■lidiié si nécessaire pour la végétation des plaines cal-
caires , qui ne retiennent pas les eaux de pluie comme
les terrains argileux , ces clôtures fourniraient du bois
de chauflage là où il est plus cher que dans les contrées
boisées. Mais répétons-le en terminant, il faut» pour ces
plantations de haies.cboisirlesesseucesqui s'accommodent
je mieux des terrains calcaires, et, je le répète, Tétud^
de.la géologie appliquée à la silvicplture est importante
264 MÉLANGES D AtlBICULTOBE.
et devrait avoir depuis long-temps occupé nos forestiers:
j*aî fait sur ce sujet un mémoire que je compte présenter
au Conseil général de l'agriculture* avec quelques consi-
dérations sur le reboisement des différentes parties de
la France. A. de Cavmont.
SUR LA MALADIE DES POMMES DE TEBRE EN l845 , ET SCE
LES MOYENS DE TIRER PARTI DES TUBERCULES GÂTÉS.
Cette année, un fléau^jusqu'alors inconnu dans nos con-
trées , a exercé d'affreux ravages sur Tune de nos récoltes
alimentaires la plus précieuse , la pomme de terre. L'on
peut affirmer, sans crainte d'exagération , que les 2|3 de
la production ont été perdus. Le mal a fait des progrès
si rapides , que c'est i peine si les cultivateurs ont eu le
temps dé mettre à profit les conseils donnés par quelques
agronomes distingués ; c'est à peine s'ils ont pu mettre
en pratique certains procédés industriels et économiques
indiqués pour tirer parti des tubercules gâtés ou en voie
de perdition. La nature chimique et géologique des sois ,
l'exposition des terres , les modes de culture , rien n'a
arrêté la marche de cette nouvelle carie , et parmi
les diverses variétés de pommes de terre cultivées , il
serait difficile d'en signaler quelques-unes qui aient été
moins atteintes que d'autres. Il y a eu là un vice général,
une véritable épidémie , qui a embrassé dans son par-
cours une grande partie des états du Nord de TËurope.
Deux opinions bien différentes ont été émises sur la
cause primordiale de cette désastreuse maladie.
Les uns, prenant en considération que le printemps et
MALADIB 1IB6 POJIME8 DE TERRB. a65
une grande partie de Tété ont été sombres, humides et
froids, pensent que la maladie s'est développée sous
Finfluencé de la basse température et de l'excès d'humi-
dité. C*est là, nous le crojons, l'idée la plus probable ,
celle, au moins, qui s'accorde le mieux avec cette ob«
servatîon que la pomme de terre, étant originaire des
pays tempérés , a besoin , pour sa bonne végétation ,
d'une température suffisamment élevée et d'une sèche*
resse modérée.
D autres admettent l'existence d'un champignon , le
Boirytis in festans^ comme cause réelle du mal, champignon
dont les sporules agiraient de la même manière que
VUredo canes dans le blé noir. Mais hÂlons-nous de le
dire , la presque totalité des observateurs nie formelle-
ment l'existence de ce champignon dans les divers or-
ganes et notamment dans les tubercules des pommes de
terre malades , et regarde avec raison les productions
cryptogamiques , les vibrions , qui apparaissent dans les
dernières périodes de la maladie , connue des effets se*
condaires et non comme la cause immédiate de celle ci.
Les observations de MM. Decaisne, Leveillé, Thuret»
Duchartre, Ad. Drongniart, Desmazières, Philippar ,
Pouchet , les nôtres , celles toutes récentes de M. Greliey
d'£lbeuf , s'accordent pour démontrer que les champi-
gnons et autres niocédinées sont complètement étrangers
à l'altération des tubercules.
En réalité, la maladie consiste dans une altération
des liquides du végétal , et surtout du liquide albu-
mineux ; c'est une simple fermentation qui rentre dans
le cadre des fermentations ordinaires , et qui parait avoir
été provoquée par les circonstances atmosphériques si
266 VÉLANGfiS D*AGRlCVLTtJBB.
défavorables de celle année. On ne peut mieux spécifier
le mal , qu^en lui donnanl , comme Miinler el tant
d'autres Tonl fail, le nom de gangrène humide*
L'invasion de la maladie a eu lieu en France et dans
certaines localités, vers la fin d'août. Dans quelques pays»
elle s'esl présenlée dans le court intervalle de 3 à 4
jours, souvent au milieu de recolles oflVant les plus
belles apparences. D*après Munter, en Allemagne, le
fléau a manifesté sa présence du fî au 8 septembre ,
principalement aux environs de Berlin.
Sur une même touffe de pommes de terre ^ on a sou-
vent trouvé des tubercules parfaitement sains et d'autres
en voie d'altération.
La maladie a commencé â se manifester par quelques
points rougeâtres placés sous l'épiderme. La quantité de
ces points augmentant rapidement , ils n'ont pas tardé à
former autour du tubercule une couche de quelques
millimétrés d'épaisseur , et attaquant principalement
le tissu cellulaire , ils lui ont communiqué une telle
cohérence qu'il a acquis la propriété de ne plus se ra-
mollir dans l'eau bouillante. Dans une période plus
avancée , l'adhésion des cellules est totalement dé-
truite ; elles cèdent au plus petit effort qui tend â les
désagréger. La membrane cellulaire elle-même , d'in-
durée qu'elle était, a fini par se ramollir; alors tout le
parenchyme des tubercules s'est transformé en une
matière pulacée analogue à de la bouillie. C'est à la
suite de ces phénomènes que commence â se dégager
une odeur putride et nauséabonde dans laquelle il est
facile de distinguer celle de l'ammoniaque, dont la
présence a été indiquée par Munter-, de reconnaître
MALAIME DES POMME» DE TEBRE. 267
tiissl Fbyîirogène sulfuré dont TexistenGe a été démontrée
par M. Glranttn et moî. C'est dans eette dernière pé-
riode de décomposition qu'apparaissent ces végétations
microscopiques, ces infusoires , accompagnement obligé
de toute putréfaction organique.
La fécule, dans les pommes de terre les plus avancées
en décomposition , n*a perdu aucun de ses caractères
physiques et chimiques , et sa quantité est à très-peu
de chose près la même que dans les tubercules sains ^
ainsi que M. Girardin et moi l'avons reconnu par l'ana-
lyse.
Bès l'origine du développement de la maladie des
pommes de (erre , ou a cru généralement qu'elles étaient
impropres à la nourriture de l'homme et des animaux ,
et on en a perdu d'immenses quantités en les aban-
donnant dans les champs» On sait aujourd'hui, grâces
aux expériences qui ont été faiteâ de tous cùtés, que
Vusage alimentaire des tubercules malades n'entraîne
aucun inconvénient, alors mémo qu'ils sont dans un
état très-avancé de décomposition.
Pour la consommation des bestiaux, les tubercules
faiblement altérés sont d'un bon usage ; mais autant
que possible, il faut s'abstenir de les faire consommer
crus. La coctionà la vapeur, à l'eau , au four, sera
d'un bon emploi toutes les fois qu'on agira sur des pro-
duits altérés ou en voie d'altération II sera bon de
mélanger la pulpe avec une' certaine quantité de
sel, soit environ 5oo grammes â i kilog. par quintal
métrique de pommes de terre. M. Boussingault a indiqué
un mode opératoire qui est très-commode. Il consiste
i faire cuire les tubercules à la vapeur , et pendant
268 MËLANOKS d'aORJCULTDRE*
qirils sont chauds encore, de les tasser très-Gortemenl
et par couches peu épaisses, dans un tonneau ouvert.
Quand le tonneau est plein , on le démonte , et on obtient
une masse cylindrique, qui bien qu'exposée à l'air» mais
à l'abri de la pluie, se conserve pendant plusieurs mois
sans altération.
Pour arrêter Tallération peu avancée des pommes de
terre , on peut faire usage de la méthode employée ea
Suisse en 1816 et 1817, sur la recommandation de
l'habile agronome Pictet , méthode qui consiste à des-
sécher au four les tubercules préalablement cuits. Cette
sorte de pulpe se conserve indéfiniment. On peut
aussi , comme M. Liebig l'a indiqué , faire macérer
les tubercules coupés en rouelles dans de l'eau con-
tenant I centième de son poids d'acide sulfurique
du commerce. Après ?.4 heures de contact 1 on procède
à des lavages jusqu'à ce que Teau employée ne soit
plus acide ; puis on sèche à l'air ou au four. On obtient
ainsi 25 °;o. du poids des pommes de terre employées »
en morceaux d'une apparence crayeuse qui , passés au
moulin , donnent une farine blanche.
Pour tirer parti des pommes de terre pourries comme
nourriture , on commence par réduire les tubercules en
bouillie , on les soumet dans des cuviers i plusieurs
lavages à grande eau; trois ou quatre lavages suffisent
pour débarrasser complètement la matière pulpeuse de
son odeur infecte. On la laisse égoutter , on la soumet
à une forte pression dans des sacs de toile et on fait
sécher les gAteauz obtenus dans le four après la cuisson
du pain. On recueille ainsi une matière' complètement
inodore , facile à conserver et à transporter, qui peut
MALADIE DES POMMBS DE TBBBE. 269
très-bien servir à la nourriture des bestiaux et s'employer
à la manière des tourteaux de colza. C'est là, en définitive,
ce qui nous a le mieux réussi , à M. Girardin et à moi.
M. le baron d'Haussez, de St.-Saens et M. le comte
Gustave de Robillard, de St. -Maurice (Orne], qui ont
adopté ce mode de préparation pour les tubercules
gâtés en sont très-satisfaits , et ils . ont conservé une
énorme quantité de matière alimentaire pour la nour-
riture de leurs bestiaux fondant tout cet hiver.
Pour ce qui concerne l'extraction do la fécule des
tubercules altérés, on éprouve des difficultés assez sé-
rieuses. Ainsi , il n'est pas facile d'extraire une fécule
marchande des produits à l'état de putrilage , quelle que
soit la finesse des tamis avec lesquels on veut séparer
la fécule du parenchyme; une portion notable de ce
dernier est assez divisée pour passer avec la fécule par
les mailles de ces tamis et tomber au fond du vase en
mélange intime avec celle-ci. Des lavages nombreux ne
peuvent alors la purifier et elle garde toujours une
couleur bise. Nous devons à M. Grellej , d'Elbeuf , un
moyen très-simple et fort ingénieux pour extraire ia
matière féculente à l'état de grande pureté. Cet habile
chimiste , ayant vu au microscope que les fragments
bruns ou roux du parehchyme , qui altèrent la pureté
de la fécule , sont au moins très-dilatés dans l'eau am-
moniacale quand ils n'y sont pas en parties solubles ,
en a conclu qu'ils se tiendraient plus long- temps en
suspension dans une eau faiblement ammoniacale que
les grains de fécule , et qu'en agitant le mélange dans
ce liquide on pourrait facilement en former deux
couches , l'une composée exclusivement de fécule et
270 MÉLANGES D^AGEICULTUBE.
Taulre des fragments colorés. Cette prévision s'est
complètement réalisée. Dans la séance du 23 décembre
1845 , la Société centrale d agriculture de Rouen a reçu
de M. Grellej des échantillons de fécule très-blanche
obtenue par son procédé, que Ton peut considérer comme
très-applicable en industrie.
L'imperfection de la maturité et la présence dans les
masses de tubercules gAtés , qui, malgré le triage fait
avec le plus grand soin^^iéchappent à l'attention des
ouvriers, peuvent devenir la source de grandes pertes
de matières alimentaires, et il est important de prendre
toutes les précautions convenables pour éviter toutes
ces causes d'altération.
Les tubercules devront être placés dans des caves ou
celliers aussi secs que possible et bien aérés. Les cou-
ches devront être fort peu épaisses ^ aCn qu'on puisse fa-
cilement en faire l'inspection et éliminer les racines qui
présenteraient quelques traces de putréfaction. L'ensile-
tage préconise par certains agronomes ne produit que de
mauvais effetç ; il est vicieux surtout, parce que la masse
reste humide et entraine par suite la pourriture. Le sel
marin , dont l'emploi a été indiqué par plusieurs per-
sonnes et notamment par des i^gronoraes anglais, doit
être rejeté, attendu que les esifpériences faites par MM.
Dumas et Melsens ont démontré que ce sel détermine
en 24 heures la putréfaction des tubercules malades. La
poussière de chausL répandue sur les racines qu'on doit
emmagasiner parait donner d'assez bons résultats d*après
les expériences de M. Morren.
Relativement au choix des variétés à préférer pour
la semence prochaine , il y a une raison économique
MALADIE DBS POHM£S DK TERRE. 27 1
qoî domine toutes les autres » c est Tabondanee du
produit et la rusticité. Les innombrables variétés cul-
tivées dans les jardins ne peuvent luUer , âeet égard ,
contre les variétés assez peu nombreuses cultivées dans
les champs pour le bétail et l'industrie ; et dût'K>n , dans
une année malheureuse comme i845, voir la récolte
d'une variété très-abondante plus fortement attaquée que
celle d'une variété moins productive habituellement , il
faudrait encore donner la préférence à la première.
Toutefois , comme il existe heureusement des variétés
suffisamment productives, telles que laShaw, la Patraque
jaune et la tardive d'Irlande, etc., dont la maturité
s'accomplît en trois saisons différentes , les cultivateurs
devront choisir ainsi trois variétés de première ^ deu-
xième et troisième saison , au lieu de se borner
à la culture d une seule variété. De cette manière
chacune des variétés, présentant un degré différent de
maturation , quand viendraient A éclater les influences
atmosphériques nuisibles , on aurait plus de chances de
voir une partie notable de la récolte échapper à ces
influences.
Quelles que soient les variétés cultivées en plein
champ , on devra toujours préférer pour la semence
de 1846, les plus gros tubercules parmi ceux qui ne
présentent aucune trace d'altération. On devra planter
ces tubercules entiers contrairement à l'usage établi trop
généralement de les couper en quartiers ou m^me d'en
extraire les yeux seulement , ou de n'employer que des
petits tubercules. Cet usage est d'autant plus vicieux,
que des expériences positives ont établi que, dans toute
culture de pommes de terre , le rendement s'est tou-
27^ MÉLANGES D*AGBICULTIJBE.
jours montré proportioiinel *au volume des semendes
employées.
En Allemagne , où diverses alléralions allaquent les
récoltes de pommes de terre ^ tous les savants placent en
première ligne comme cause , l'usage où Ton est de
planter des fractions de tubercules.
Quant aux petites pommes de terre, elles résultent
ordinairement d'une formation imparfaite et tardive qui
offre moins d'énergie vitale aux plantes qui en pro-
viennent, et par conséquent plus de prise aux agents
destructeurs qui pourraient les atteindre.
Les gros tubercules , choisis parmi les plus sains et
plantés sans être coupés, devront donc toujours obtenir
la préférence.
A. BiDABD , de Rouen.
XIII* CONGRÈS AGRICOLE
i*p »
SESSION GillRAll AMUEIll
mnm DAm ix viluk ds
NEUFiCHATEL ^ B«A¥
( Ôrinf-3nffrînire ) ,
. '.
OCJVKRtURB DE LA SESSION » LE U JUILLET 1845 ,
«
noms la grwU êolU d$ l'Bôtêl-^yilk.
A 4ix heuvès , M. bb Caiïbk>iit , dhB0tear de TAmo-
riatjofi oonnande , nuMite afei bureau » accompagné de
HM^ GoHBi*SitTft , MNia-préfet de farroudiMement ; Da-
ROTiLUB , maife de Neuftfaâlel ; J. Gnuamn , iuspedeur
de rAflsodatioD peur le départemest^CAPPLBT /inspecteur
do canton d'Elbéuf ; ns Mot y président de ia Société
centrale d'agricutlufe ; Baâvnovin , président des €oniioes
agrioalee de PaviUy ; Dai^ALOMOB dv Tbil , préadenl des
Comices agricole$ de Cailler.
18
M. Capplet est invité à remplir les fondions de trésorier,
en remplaceiçeitf de If. Dooiift »• mjfii&é. H. Bourlet
de la Vallée est prié de tenir la plume comme secrétaire-
général , en attendant l'arrivée de M. le comte de Beau-
repaire , chargé de cette fonction |par l'inspecteur divi-
sionnaire.
Sont ^Tésents : .
MM. DE GiRANCOviT (Joachim) , maître de verrerie aux
Essarls-Varimpré ; w^^ikRAMCimmt (Atetandre) , mattre de
verrerie à Yatierville ; nu Lesmont , maire de NoUeval ;
Lb-M£T4(Tbb, inspecteur 4o F'AiMkdiiltodr pdiif Fârfbnlîaiè-
ith^nf dë^FbYtMËVéque ; OijhaAel , délégué ^e la Société
d'agriculture de Pont-r£véq«e ; Aumont , délégué de la
Société d'agricuHure de Pont-FEvéque ; Dcbreuil (Alpb.),
professeur d'agriculture! à VEtole départementale ; Mabieb
fik,cultivateur à St-Germain-d*£table (Dieppe) ; Houdb*
LiÊBE , cultivateur et ingénieur civil aux Genettes (Orne) ;
BARDydéléguédela Société centrale d'afi;ri|;u]MiJ^.dp^fien ;
Debray , délégué de la Société centrale d'agriculture de
Rouen ; AblriAHtmE , directeur-adljôrlni àe'TVhion généraU
à Rouen ; Oursel , propriétaire à Bertreville-Saint-Ouen
( Dieppe ) ; de Boutowsky , conseiller de Cour de Russie
à P^ris $-X«BAfULUER y Mégilé de k SocMtévoyale S'a-
f^icfultitre et de commerde de Gaen ; MAésé ^ prepriéMre
àGuiaMTfiUe; J^àMtxAi^Yomtm , piopriëlalnft Baudrl-
OMirt ; Ql}EPioeii.LB ^ dëlé^ ides Coibiecs agrieèle» de
Gaiilj; iBrichbt \j irr^oné à Nèiifidiâlel) 'DB MiLtEviLLU
{ Arofaamftadk ) ^ otiitîi{ateiir 4 Neslè^NèrmandinMe ; M
B0UTTEV11.LB pève , proppiélarirè à NeuiUiâtel ; Le HeijW-
TKun ^ propriéUffue A* Mënoiival \ I^Hcifôfc % Aiàiire de
Saint-Valery-sous-Bures ; de BrrÎLLÉ ('M>Claudë ) , ptb^
OITfBBTCBI DS LA 8B86IOK; 378
friéi^m à NedUUitkl.; db BralLB (Alph4nfle)^pfopriët«irie
au chdteaii d'Iseof rcvMr ; BbauisIeb , mpecteur d'«iini«
raaces à NeitfdUttel ; Dblacoitumcb (Pïédénc)^ ppopriélairè
è Neufchâtel ; Mauvb , avocat â Neufchâtel ; Wbnatb ^
pvopriéUîra à Siumofit-]a<>F«terie ; LBHAnrtB , percepteut
à^ FoucanBoiil ; JjroodTTE ( Goiaiiune ),. propriétaire A
Botem; DBMCOiri.Bis (Antoîac) , propriétaire à StiValerjr»
80fi8-Bure«; YTBR*Li<iNi«VB« i^ médecimvétéribaire â Rooat;
BùmsmsiM (AehiUe) » prapriét^re-eokiiraleurà'OsYiUci-
hi^Bîviëre ( Dieppe ) ; db Bif llbtiua ( Racal ) ^ tsaire d6
LonâifiièreB ; tAVcan , àHé^né dé la Sociétë cenlrah
d*agricutture de Rooen ; Le Habib (Louis) ^ prepriétain
à ToaflBreYille-la^GorbeUne (¥vétot) ;fiEtB8Q0B (Isidore H
pcopriélaire à Goomay»; BtarvAfTx , prQprittlaîre4culli;vt^-
iBor à Poix ; DBLAnTBB (Edptiard) , délégué de la Sodété
ceotnle d'agricritare de Rouen ; de Pipbrby, délégué de M
Sociétéde lisieux ; d'Étancovrt» propriétaire à Ste^^roix-»
Mnr»BD€iqr;a«BEAOiiAr 9 propriétaire à Bellevifie ;MoiiBi. ,
«ecrétaire de la tooef réfecCdr» de Ne ufchàtel ; MAâra
(Aniédée) ^ déléfpié des Coonces agricoles de GaiUj ; Ghé^
TBBAUX t iaspeete«r de rAssoeiatioa pour ranroodissMwÉt
d*EvTettx ; Lb Vaillant aa la Fibffe y notaire k Blaagy ;
HooBBYiUB ( Lucien ) , délégué de la Société eentrala d'a^
gricnkiire de Rouen ; Lefbw«b , percepteur à Nesle«Ho^
dbig ; PiifCBOii , Buîré de Douvf end { IKei^pe ) ; LnaLom^ 4
propriétaire à Neste*Hodeng ; le Ticointé pbPobmbbbux
(AimaniiQ^ an lUron ; Pabvbntieb, propriétaire à Ar^ueîl^
AiLr ( Louis- Stanidas) , àEpioay; GraLLOur, notaire 4
Neofchâlel ; LBKoaif an d ^ notaire honoraire à fio6C-le*Hanl
(Dieppe) ; Mctbl-Cotblan , maîredo la'Ferté^St-Samsoii^^
Bamcb (Louis)) cultÎTateur à Sommery ; THnioN, inspec^
876 SÊANCHS GB1IK1AUE8 A NIUrCHATBL.
leor dc« farèts à F<>rges-te«-Eaut ; LfiMn-Wocù ^ pro*
priëtairê à Forges ; Lblohg , propriétalre-^ultiTateiir à
RoaTraj^Catilloii ; Thiesault « propriéUire à Aumale ;
Lbciias \ Michel ) , maire de NeuYille-Ferrière ; Fibub
(Loiiis) , propriëUrire*cultiTaleiir à SuValerj-aoïKoBareB ;
Gossii , propriétairB-culâvateur à Biiisaay ; WAiifiio<GoLoif *
propriélaire au Canl^Ste-Beare ; Pwabt , maire- d'Haut
driooort ; db Lovbbdo , procnreir du Roi A Neafchâlèi ;
Fovbbbt^Dbpaillibbbs , subetUiit do procureur du Rot à
Neufdiàfel ; DBSQuiiiEiiABB (N/A.) , propriétaire à Neuf-
AAM ; Lbobas (Narciss^^propriëtaire à NeuviHe*Ferrièra;
f»B Ligiibmarb , propriélaire^ciiltiTateur A Smermesail ;
Long ( AlphooM ) , prepriétaire«coltiTatear à Croiséafle ;
Mabg (Loiiii^Edouard) , propriétaire A Nonrchâlel ; Sbmi*
CHOU , avocat A Neufcbâtel ; Dbcobdb , juge de paix à
Neufeiultel ; bb Cacx , maire de Forges ; Cis8bviixb ,
docteur en médecine à Forges ; Gillbt , phartnacien à
Forges ; Micmi, propriétaire A NeufchAtel;BaÉBO!t« avoué
A Neufcbâiel ; Dibl ( Josepb ) , A GonneviBe ( Dieppe ) ;
MoiKET y greffier A Neufchâtel ; Gaillard, avoué A Neuf-
ebAtel ; Boubdiii fils, propriétaire à NeoicfaAtel; Hobabd^
avocat A NeofehAtel ; Qubnooillb, greffier A 'NeuiidiAtel ;
NoBiiÀiVD , maire de <Bradiancourt ; db Bbauubu , prési*
dent du tribunal ctvy ; Drbvbt , inspecteur des farèts da
demaine privé du Roi, A Anmde ; Viorbcx , propriétaire
A 8aint*Saëns; Joly-Coqubt (Pierre) , propriétaire A Neuf-
châtel ; LiJCAS ( Philippe ) , à Neufchâtel ; DBSQuii^Bif abb ,
ancien pharmacien A Neufchâtel ; Fbbnbl , avocat A Nèu^
châtel ; BoiytEifOEB , avocat A Neufchâtel ; Suzbmoht , per*
cepteur A Lucy ; Delaflacb , géomètre à Bouelie ; Ddiar-
m!f (Vital), irfgénieur des ponts et chaiissées A Neufchâtel ;
. ommtoftft Dm Làt msmon. 277
TABifK , Mtam A : NewbkÊÈàA ; IIumT4o£ir y propriétaiiie
à Neufchltel ; le baron D*HA«asas , A SaiaUSaèas ; m
BoiJTT£TiLLB , noUite.à Neufebâtol ; Mathosi , bibliolhé%
caire de IVeuicbAlçi ; ds CBOUTstm , mmbre da Comice
de Neurchâtel, à Londinières ; Lkhoi^iiib ., propri^teire-)
cultivateur à Baillolet ; D(w^nivGau.la«o • délégiië . de
la Société d'agriculture pratique de Valmont ; Nassb » dé-
légué de la Société de Lisieux.
Plus , un assex grand nombre dliabitaots et de cultiva'*
teara qui n'ont pa« fiiit conaaltre leurs noms.
M. de Caumont déclare la session ouverte.
Après avmr jeté nu coop-d'cnl sur les progrès de 1- Air*
aoriation normande et sur rîmportaoce des iMts ^iri se
maniliBstent de nos joues y IL de CaQnMmt Conclut ainsi :
« Fartoat les As^oeialliMiii'se mnUfpUeat. La réindon
des ptodncteufs de iainé ^ qiri ^ d*après iios conseils , a ;
r année demîève ; étMân le eer^M de ses discussions à
tout ce qui pent intéresser l'agricnltore' , s'est fortifiée du
eonooprs des pridcfliales notabilités des départemeatsda
Nord , el s'organise en sotMé permanente, tous le titre
à'AiêêciaiimkékNoni dé la France.
• L'Association peitevine et saiâlcMlg'eoise,'dettt les- basèii
ont été jetées à Niort , l'année derniéiM , va ëé réulnr , dani
quelques jours ,. à la . Bncbelle , â^m lu piéaidenoe4aM.
Fleuriau de Qallevue-, pour dîscirtei: dTÂmportantes qneat
lionset adopter fin }régl€tment44Anitir. ... n.Miu
« A Boungep^ t.Mp Spjer , Jinembre du Conseil g4n4n|l
du Cher «vient d^ppser lesbBs^^.d'Moe.Associatîon,]^!!!
le contrp ^. |a:£rtUice. Une va^ As^MK^iation sçrgapiw
encore daiis. te. Midi* G^ diverses, réunions y dont, ÏA^^
378l séances •qénéialu a' nhdibchatbl.
eiation noranande a dwHié ie jpraiÉier eteuple i «ât toatêi
me sesaion générale aamiellè ^ un Con§tè$ aanUaMe à-
aebii qni nous rassemble «i^oard*hui..
» Le Congrès cenlral d'agricuUure fondé ft Paris , il y
deux ans., est iin^méme une création de nos Associations
provinelales : c'est à Sentis qu'il a été orgaidsé.
• Les pliis habiles producteurs y ont apporté le tribut
de leur expérience ^ et leurs vœux pour les progrès de
rietgriculture.
• D'heureuses idées , comme il en jaillit tOMJours du
contact des hommes pratiques et instruits , se sont fixées
sur oe qui petit rendra la pioAttelm pk» riche , pnépapoint
jûofi ]ia 4fifiusMon deif qufMtfon^ 4'4qooihii» politique qoi
se «:«Uaobent 4 De gffiuid art d0 Tag inculture.
» tei Çcpgfiés fîfiitf^ail , où Jfim de Mû délégnés dte dé-
pi^temenU ont paru oetl^ aonée^doil rendcc ë'fanportBntti
fjervii:es ; i^ai» il w ^vt pas que h» réuoîef» régîonalea
sa iassent l'écho du. Congrès ceptrald0 P^rw* 8îdlesâgi»*
saîentmm , ce serait méconnaître leur wssîob « qui est
d'étudier les besa^ls dfs chiuiue conti'ée , d^xamioèr at«
tentivement les faits agricoles qui s'y naiiifestnBt ; il ùaA
quiQ les Congés dQ prince aktit ihfonn.kiir poiAt de
y/ve et Içurs.spéfsialitéii.
• 'Sans doute ^ tMiades sujets d'étude serotit communs
atfiGongrès eenti^âl et aux Congrès pt^ovinciaut ; .mais on
aurait tort décéder à cette tendance, qui ne se manUeiste
que trop souvent, de foravuler la solution des questions
sur l'opinion qui a prévalu dans les asaeittblées qui siègent
«u centre du royaume , tendance que nous croyons devoir
'rignaler kA comme pouvant , si dieti'était maintenue dans
OOVMma M Là fttBMMi ' ' Mt
d» pÊÊtm HaArn, éom^ cb$ i^umoiif 'dû tétîlifalé Mc
H. dcf Catimont a rendu ensailé an è'ètiipte détaillé âeê
iniTaux de t* Association normande depuis là session tcnue^
à Coutances en 1^9 ', et à terminé ainsi i''
« Celle année , lf\ le ministre de'Fàgftfcidture a bien
wda Totu-âoeerier-^^MO franco' pour un Cettoaurapro*
viMial de ke^aihx :' wm ne doaliMiB pM que aetle ImIU
lotion », que vous aviez sollicitée d^p^ïs deux ans ^ ne^ pro'^
ëoise de hoÊ» résultais; oèmlaiie elle^ed a produit ed Bre«
(afne. Volve GonsetI gdawnlstratif regrette toutefeia qu'es
aeeerdant ceiCCeitlIoeàtid'n ^asaez Aiiiilftid'aiHemii pour u^
Cencouriprovinoifll ^ 'M^ l'iiispeol«|ur4(éddnal4le Tafrioul^t
ture ait icvoideveir soppricier rell^oealieft da l/$itO inauet
fae Yeua iMen^s'^defte» Ux bte.) aUocetiou>8iiriaq«Ue
tauseouifilîes peai$ dialHhfeier des fiéseniipeMdB«eiL. luches
UlièraB «aux femes ies -mieui lepueayauap Hgiisutowu'É
qui vou» aMroienlfvëièalé letimeilfeuibJBathiBienlaa^
tama ; enfiu, mÊx mtbwes et aux: fwagedestî IfeiapDrtd
4ue k budget de rAasooiairion soîtelaMe:^ ét^îiiÉltk:boft
de laisser élu- diBptNMen de iar Ceinpegu8B«quemiwiS'éeiidk
applicables à divers eneotti«gei0eBitS'qui.Be.fiekwrpttt'Miiar
dktrifcudsitoaedaua'Ub Co«sôu«e aM|ael>>savlout!dftdg une
paoviuoé mis^ "vaale qiieilà NorBiHnÉiie«" - > <>
- > Quoiqu'il ^*80il»j'Hêssîeérft ^ ùoUs feraup Bôsr^ftwtp
ponr-dèpoer au Gontuu» provincial -tout.. réclat.^ tuuta
Fâupefftaueé'qiAI-pbot et éûitâàiaévir par i» suite. L^àa
ptochala ,•» fioooçiuMiid^ustfhiDënl» iaisataicee: et une
exhibition de produits agricoles seront , surdq pftipiîaîriuii
que j'eq ai;'fidiie*a)uCon8tfiiSi uuuesii au Concourt pro-
vjdcialdebttlkni» ^ h» printi^ wix piodriU
turéfl du pays lerwiMm »%poiés ^|<^iy0qitatt'Vet iioiip
pArvieodroo9 «.ayec le temps » idpj^iner A m>tre Congrès
agricde et induêtrid nornuind la même ioiiportanoe que de
semblables solenoités ool acquise eu Angleterre et eo
Allemagne.
»«Noiia ne deutoQs pas «Messieun, qm le Coneovrs
oimrrt , eetle aattéQ • à.Neufehàtel , pe produ^e un grand
bien. , et nous, vous remereionsdea efforts, ^ue YOna an»
iaitapeur noua secondeif.
» Le Conseil adminIstraAif 4e rAssodation normande
accueillit vreo d'autant plus d'empressement la demanda
que lui adressa l'année dernière M. Deitf^rt « de choisir
la viHe de Neufebàtel pour point . de fcéunioo fa iSM ^
que* 06 pays ait un des plus intéressants à ^étudier ^ un de
eeiix ott ragrkultnraa faii lepliiade progrès depuis viagll
années. Des hommes acti&^tintélHgeats se sontjsppKqués
à l'amâioratton des exploitations rurales. ; les assolements
ont été redifléa , les prairies oonsidér|iblement bomfiéès ,
les' races perfactimBées , les produits -emt sensiblement
augmenté et a^augmentent chaque Jour leneoce : il taidaità
rAssoomt^dnoormandade venir constater «eaftitsat d'en
fiflieiter puUîquenept les a^cultenrs*
» Noos nous oooupeM>ns do«a , Uessîelui yiComéM ki
années précédentes, deééterminev-^ a« moyen d^ne^ea-^
quéle poUiqsws Fétafc do l'agricalUM dans l'atrandime-
ment de 'Néb&hAtel. Nous consearerons aussi plusieufa
séances à l'enquête sur l'état de. l'indipstrSe. dana l'amm^
^ssement , et à l'étude de la atatisisqoe moaaie et inld^.
leatueUedupays.
•^ Vous réserverez «ne pa^tde vaire tempa pourka
. OOVm^Ull M . LA SUMOH« . 381
CoMoarf wrieoto » et pour «Headie, en séafioe f ëmlrale^
les Ifëwoiiw et lD§. Bapperl» qei voqs seront putoerté» ;
enfin ^ l'une :de vos eéaiioee sera epéoUement^oosaerée i
reounien des.pnopositiens qni. tous serootrsomnises et an
rapport de la Gonumsion des mnuc
> M« Giraffdîp» fnspeeteor divinonnaire de rAiseeiâtion
normande » qni n'^ œHé, depuis qunlonê ans^dedwiget
les travanx de la Compagnie , dans la Seino^nlërieure ,
aTiee le talent et ^ zè|o.dont il a donné tanide pcenves y
a réf^ , d'accord nvec nous et M. le maire y préndent 4m
Comîfie , l'oidre qui a^ia suivi chaque jour pour les dilë-
ronfa travaux* ^
r ». Tels sont ^ Memsturai » le^ oUeUprincipanx qui de«
vTODt vous occuper pendant cette sewon; vou^ contMiuetf
d'impiânier aux iprogrès de toute genre une impulsioa pm^
filaUe.. AjfT^ avw Jf^W tans les doçotoents 'Statialiqnai
q/A peuvent fiiire. connailie le mouvement agricole et -in»
dustriel du pajs i après.ayoir dî«eulé Ica intérêts de Fagri*
culture et de l'industrie locales , écouté les propositioni
qui pourront vous étr^ soumises ,.et Carpnulé des vomz ;
sll y a lieu ^ vous aurez , Hessieui^^ rempli dîgnenieon
la lAche que vous vous éfes imposée et que vous penrMii^
vez , depuis treize, aimées > avec tant d^ fiourage «t: de
dévouement».»
M. J. Oirardite V èbargé , en qualité dHospecteur du
département , de préparer les travaux de là session , se
lève et dît:
« Messieites ,
» C'est une j grande et noble pensée que celle qai a
donné naissance à l'Association normai^de. Héler les
Sii SBAICGBS ûàMÈÊJdM à ItBëMBATBt.
progirfe de k morule yuMi^oe, idè rfaidatlrie agriede »
9iMMfiMlnntee «t coniiifreUe ; véuvlr pour oel lAjet
tputes Im Anmm virei: du pagrs; mettre ea eoiiUi* dt*
rwt le» homail» MHnét'd'vfi mmùÊB «ptOietbine , afin
qa'ik donnenl en oodimmi leura uAm «mi pefllM)tioiiae-
■MMl de tout «e qui peut eentriboer A la frospérité de la
peint BèriBaadeS'Iid^dtë y1el^teiioorBle.bat éfreeMnl
qui ^ à la ▼ois génëeeuse de tiMMirable M.'AeQàmtDeaC ,-
çotioaAé.rÀsiedatioii'qtti embrasée , ikfnâ«a sphèi«'d''a(y
iiniAij MMÊq ,dea plut beafax départenentedeta^FraMe: -
> » Depàiii t^3i v cêi$ê Aisoefathm a prfdWeootfaiiieie
aecroissements ; et , à mesure qu'elle a grandi', deaira*^
Yabx^nldeiTMasjdefilus en pbis importants. D^onie
AauwaiwD ^ puMate par «Ae, présënflent «me maase dé
doe^ments, ji» phM hatttiatiMtysor>Fétat aeturtde' ndire
paoriaoe , aux polliti de wede ragrtcahuÉe , 4é FtttéiH^
laie 4 du oèmnierGe, des ëtabKMeeienis'* philatttrepiquea;
de rinsl^uetion > de la Iftlérature , de la A^rice et* des
baaiix<*^arts; L-enqoéCe , si heureusement* commencée à
Caan, sar ces graves questions, et pdorsuiViesrvec^tanl
êapeMév^raMe à Brren , à Alèfiçdiî / * 'Sàînt^D» , à
Pent^Udeiner , à Avranches , à Dieppe; à Cherbourg'',
a Biiyeax', a lilsîefik , à Fiers, à VH« , à IHôrtain ;
à Rouen , à Hortagne , à Laigle , à Cbutandes , est
upe œuvre capital^ qiii , tou(ea ^tis(^mpf:l^ cfiriq^té
du savant , fournit A l'adiqiaîstrale^ ^ à l'éciw^iata
et au pbilantrope , la connaissance des ressous^QS içt f^
besoins du pays , et leur indique la dii;Qction la plus
utile à donner aux tendances progressives des esprits ,
a l-énergiquë' yitatfté qui se manflfesté diins totfttô les
classes de la population.
.• 1
» Lfs rëomoiis annneUei da'rAflaooiatiM'Oat pMduii
d'excellents résulUls ., et ont raniiiié partout l'enour . de
sfd natal , *le zèle pinir le bien publie , . la déair du
progièi social. Aucune aorponation acianlifiqiie n'aju»
qn'id roMontré autai^ de iQwipatbie pour aoo KBOvré*
Bea adikéiiooa eoios^ aoot « veavas et noua anivent Joutj^
■ellciimt de toea las fK>iaits de la Noraiaodie^ las pra>
onéres autorités.» dans las eiaq départemanls , tfous mÊL
aoaordé leur eancoora , et m Isnt «m bovpeuf de remplir
les Ibnctîons d'inspecteurs:; les Saoiélés. d-aiprieullure .et
lea Comicea noes pistent Tappui de leurs noms et da
leur ei^périeaiie; partout .les afieiioaitsei les fcneîei»;
ka in Awtriels , les egaMMarçants., las. ésonoaaistes « lea
banmes de saiente , les artistes les pl«B distînipiés aa
aaat méWa à aovs i aussi airt>oe-nona la satislwtioo de
m
«efar BMPdbnr i^SMAïaMsabses sous >eetDa paaifique
» Comme Ta si bien dit notre directeur, en posant lait
pransèrel basas de eoMs utile institution., jas^'alors< les
AiaoQÎaiiaos pbilaeâsa9iqttaaiev2â(wit:agt' dana -ua cjerolf
Ifop Yaste ou trop restreint. Jteç «ms « fondées à Paxi^
pour toute la France , se sont épuîaées ee vaina^afforla^^
sans pouvoir donner l'impulsion dans des contrées di-
verses et éloignées ; Tes' autres , établies dans Tintérét
de Jocalitte èemées , nCeat .obiaim ^e* das.réànllstSfin-
signifianta j^ et à peine- ée xap^ort ayee Je but' qu'allai
se proposaient.
» Nous ^ Messieurs, nous avons Vavanlage de travailler
au bieB*étre d'une 'province bomogène , dont tbiites les
parties nous sont 4connaës , dont la pepehrtiott est , 'eu
général , éclairée et laborieuse. Nous avons une onga-
88è SBAIICM CniiBAUtt Jk MNVCHATBL.
nûation tiiiifk , sageaient combinée ; nous éôviow donc
véuflfir éààê nos projeb d'«nëlioratioa«
» Pour k trohième £m , F Assodation vieiit viiltar le
départeneot de la 8einé<1afilriearo. CVat sur la deoMUide
de riionorabla M, Doijoliert , dé^ivlé ai défoeé aa« ia»
tévéU de- cet arrondiMemem , que le GMseil d'adoniBia-
tration a fixé à NeuMiâtel te tenue de la êemkm de
1845. Nous devona le déctMrer teiit d'abord: c'est ateo
le {dm vif regret que notfs nons yeyooa prhKét d« coo*
oeort de rnspécteor de rairondiaMuifnt de Nes&hâtd»
Homme de sciemce et dfaoiion, M. Oetjobert eût |Mr«
fintenent dirigé ka travaaic de cette . setrion. 8a ooo*
naissanoe des bommei et dea choses} s» Iclngeé etpérienoe
des «i&Dfea , les sjmpallhiea qui reumonnent dans oe
]iaya qall représente si bien , tout TeÉt senri pam
dadner à noa séaaees nn-inlérèt sontena , eties rendre
aussi fructueuses que possible en résultats efficaces pour
la loeaUDé.
» PermetCQz*moi, Messieorîs , de ¥oos lire la lettre que
Je ^ns de recevoir' de notre sairant confMre ; elle
ajoutera à tes regrets , en tous expliquant la cause ds
aon abaence iarrolontaiee:'
cPariç, 18 juillet 1B45.
» A MamieurJ. Oimriim , \nmibrêé$l'ImêiM'f impeé^
w teiÊrdifMonnaindeVA$iO<>Uaiênmrmmd0,eiù^
» Monsieur l'Inspecteur ,
». Mon étal; n'a pas cfea^gé depuû que j'ai eu. l'Iuiiweuir
» de vous y^ i^ y ^^ j^ x^ains ^ passer l'été conunQ
» j'ai pa/ssé le printemps.
OirvmVftB DB LA SESSION. SSS
» Jett'espërtis. gmèr^ pooToir me rendre à la réunioo
» de l'Association normande à Nèufchâiei ; cependant
• j'ailendais. ADjourd'lini je suis iMigé devons dire com-
» bien je suis peiné d^ rester id daas monappartemesC »
> tandis qne J'amaisëté si henreox de prendre part à
• vosiravaiiE , aime vons^ MessiewB ,: et avec mes amis
» de Tarrondissement de Neofchétel.
» Je m*aamâe d'avanoe à >tottt ce qoe vms tnez pour
» tous nos intérêts et surtout pour Tagriculture.
» Je Yons r^UMHreie de nouveau » ainsi que notre bono-
> raUe directeur, H. de Caumont , d'avoir , cette année ,
» tnuMiiortë cheis nous la session de vos «travaux : nous
> vous en eonsferverons bon souvenir et recennaissaape*
• J*ai Ilionneur d'être , avec la plus bante ceosidé^
» ration ,
• Monsieur et cber confrère ,
» Votre bien dévoué ,
» Dbsiobbbt. •
» Quoique malade depuis kmg-tèmps » M« Oeqobert
B*a pas cessé un seul instant de se préoccuper de notre
réunion* C'est lui qui , de concert avec MM. de Cauraoot
et de Sainte-Marie , k obtenu du mipaistre de l'agriculture
les fonds nécessaires pour le Conconrs provincial des bes*
tiaai. C'est lui qui a invité les membre dn Comice agricole
de Nenibbâtel à réutiir une foule de documents statistiques
qid vous seront communiqués. C'est par son entremise que
nous avons obtenu le bienveillant et empressé patronage
des autoffilés locales^ Enfin , c'est de concert avec loi et
M. de Caumont ^ que j'ai arrêté les dbpositions suivantes
886 SÉANCBS Gi^BKAbBS é- NBCFOIATEL.
pour Forf àoiwdoii àm tniTios pcidanl les quatre jours
que doit durer k session :
- • Tous les- membres assistsol à la rëooioM vont âtre
répRlis daos les trois sections suivantes t
« f* section. «-^Agrîoaltnre et industrie ùgtieolt.
» â* section. ^Industrie 9 commen» ^ scietioes d*appli^
cations.
* 3* secissn. --Sciences morales , ëcenomte sociale ,
instructiou*
» La f* section se réiinira tous les Jouré^dè 7*9 heures
du malin.
» Elle aura pour secrétaire : MM. DubremI ^ pnofesseur
d'agriculture à Rouen , et Lebariliier , délègue de la So*-
ciélé royale d'agriculture de Caen.
» Cette section s'occupera principalement de Tenquéte
agricole de Tarrondissement de Neufcbâlel ; elle signalera
les améliorations à introduire dans' les diverses branches
de l'agriculture locale , et indiquera à la Commission des
tœux les objets d'intérêt général sur lesquels elle désiie
que l'Association provoque et appelle toute l'attention de
l'administra tioB supérieure.
» La section aura à étudier en particulier les procédés
de M. Guenon , de Liboumé , pour Tappréciatieni du
mérite des vaches lâitîère». L'importance de ces procédés,
pom* l'arrondissement de NeufcbAtei , nous a engagés à
tollicitér, de M. le président de la Société centrale d'agri*
culture du département , la faveur d'avoir ici , pendant
ta éession , le sieur Cruenon , venu d RkMten pour le eompfn
de la Société centrale. L'empressement avec lequel notre
demande a été accueillie , nous ftit un devdr d^ei^mer
id puliKquemcot nos remercfments à MM . les membres
de la Société centrde , qui ne négligent , comme mi le
sMt, aucune occasion d'étra utiles è notre économie raràle.
Des expériences . airont lieu yendredi el éamedi sur leA
vadies de la. localité, devant les membres de h 1^ -sec-^
tfon^ et «B wmpifwt dee résnknts sera là en séance fâiérahi
» La S^seetien se féammde^A 11 boutes du matai.
> Elle aura pour secrétaire M. Boiiriet! de liai Yidléë ^
ntoenibrede 1* Association ; à Rbiien.
» Cette seetied établira l'enquête industrielle et e&m^
merciale defartt>adissëmént de NenfcbAtel , et fimsuleni
le progranHne des . anélforaiions et deSi yerfectiotmeffienll
les plus urgents et les plus désirables pour findllstrië M
te cèmmerce du pays. Bile viaitera ]ea'6briqaeBet 'les
ateliers de la ville et des environs, prendra des rensei*
fbemenb sttr ceux des localité» qu'elle ne pourra voir en
parlicriîer , et signalera an Conseil adnrtoiscraftf las «J
dustrida qui kd parallrent dignes dé recevoir des récom-
penses ou des eneanragements^
> La 3* section tiendra ses séances particulières , (oM
\m matins , de tt beures à i bènre.
» EHeaura ponr seèrétiiil« M de BoottefiUe > tiotëirë ^
membre de l'Association , à Neufcbâtel.
. > Cèltè sèotien atnra à eonstater l'état actuel de Tlns-
Iroctien é ses dii«rs degi'éi dans la localîté , à ëxamirï)^
les établissements pbilantropiques , et à traiter toutes les
qneMiohs^ ffécenoinie sociale qui touchent aex intérêts
préaeitls du pays. Bllé préparehi/poiirla Conmimion dèè
rœuûCj les fciiaraleâ dee demandes i trafismetlre àl'atitorîté
supérieure en faveur de l'arrondissemeat et de la ville en
partienlieri
• Tous les .|siw« j de 2 à ^ beures , il y aura réunion
S88 SAaNCIS CÉNÉKALIS a TfBVTCVATBL.
de toutes k» «edioos m- aMemblées géDérales. MM. les
secrétaires de sections présenteront nn résnmé des tra-
vaux aecompUs dans les séances particulières. Il sera en-
suite donné leotnre des Mémoires qui auront été signalés an
Conseil administratif par la CoaMsiissiott'des Ménoireis et les
présidents de sections , comme étant de nature à recevoir
pne grande puMicité.
» Le Concours provineial de bestiaux , dont M. le mi^
AÎstro de ragricultura a iiien venlu' arrêter les bases ,'anra
lieu sous la présidence de M. ^de Sainte^Marie , dâégué
da ministre , d'après lés termes du psogrdmme publié en
avril demier.
» Voici la composition des diflërents jurja appelés A
statuer :
• 1, Junf^ powr le» béiei boûineê. — MM. Leharilier.y de
Qaen ; Beaudouîn , de Pavilly ; Guenon , de Lîbounieb
» 2* J^fy powr U$ Uîe$4mm»^ — MM. Lebarillier , dé
Caen ; Beaudouin , de PayiOj ; Ddalonde An ThSL père ^
dfsCaiUy.
» 3. Jury^pour le» unwHe» r-r MM. Lebarillier, de Caen;
Beaudouin , de Favilly ; Ddalonde du Thil père , de
Cailly.
» 4. Jury four le» imirumetit» arofoîrcf.— MM. Dobreuil,
4a Rpœn ; Houdsiière , do Mortags» ; Bebray , de
Ste^CroiiL-sur-Boçhy.
» &. Jury p(mr le» amiUoraiion» o^'€oles.*^MM. de Moy ,
de Rouen ( Did>rciiil ^ de Aouen ; HoudeviU» , . de Bonen;
Faudiet , de Rouen ; Delaistre , de I4ssy<-Poville.
» 6. Jmyfemr U» mémjùt». — MM.' le baron d'&aussft»
de Saint-Saéns ; le comte de Beaurepatre-Louvagny , de
Falaise ; Bourlet de la Vallée , de Rouen*
OUVEBTCRB DE LA SESSION. 280
* 7. Cùmmisswn pour r appréciation des procédés de M.
Guenon. — UM. Lebarillier , de Gaen ; de Hoy , de
Roaen ; Beaudouin , de Pavilly ; Mabire fils , de Saint-
GennaÎQ-d'EUbles ; de Bray , de Sle-Croix-sur-Bucbj ;
Du LesmoQt , de Nolleval ; Lemoanier , de Baillolet ;
LdoDg , de Rouvray-CalilloD.
» MH. de Sainte-Marie , inspecteur général de l'agri-
Gultare ; de Caumont , directeur de TAssociation nor*
mande , el J. Girardin » inspecteur divisionnaire du
département» font , de droit , partie de toutes les Com-
missions.
» Les primes , médailles et autres récompenses seront
décernées , dans la séance générale et solennelle du di-
manche 27 y à deux heures , après la lecture des rap-
ports de chaque jury et des Commissions spéciales.
» C'est dans cette même séance qu'il sera donné con-
naissance du rapport de la Commimon des vœux. Cette
Commission spéciale , qui recevra les éléments de son
travail des trois sections, sera ainsi composée:
• MM. Tabur , de Nenfcbâtel ; Mabire fils , de Saint-
Germain-d'Etables ; Le Métayer-Desplanches , de Pont-
VEvéque ; de Moy , de Rouen ; Houdeville , de Rouen ;
Da Lesmont , de Nolleval ; Beaudouin , de Pavilly ; Le
Marié , de Touffreville-la-Corbeline ; Drevet , d'Auroale;
Fauchet , de Rouen ; Aumoot , de Ponl-r£véque ;
Dubreuil , de Rouen ; de Boutteville fils , de Neuf-
.châtel ; Lebarillier , de Caen.
» Pour prendre part aux discussions qui auront lieu
dans les assemblées générales , il £aiut appartenir à l'As-
aociation , ou se fiiire inscrire à l'avance sur les listes de
présence qui vont être déposées sur le bureau.
19
290 SÉANCES GENERALES A NEUFCHATEL.
» Aucune lecture ne pourra avoir lieu qu'après Tas-
seotiment du Conseil d'administration. MH. les membres
ou les personnes étrangères auront donc la bonté de
soumettre leurs manuscrits à MM. les officiers du Con-
seil. Cette mesure a pour but d'écarter des discussions
toutes les questions qui ne rentrent pas dans le cadre
des travaux de l'Association.
» En terminant la lecture des dispositions réglemen-
taires arrêtées par le Conseil administratif, dans la
vue d'imprimer une marebe ferme et rationnelle anx
travaux de la session de 18i5 , je dois , comme son
organe officiel , adresser publiquement l'expression de
sa vive reconnaissance à :
M. Desjobett , inspecteur de Tarrondissement ;
M. Combe-Sièys , sous-préfet de l'arrondissement ;
H* Denojelle , maire de Neufchâtel ;
et à MM. les membres du Comice agricole deTarrondisse-
ment , pour le concours empressé qu'ils ont accordé à
l'inspecteur divisionnaire , et Tbospitalité généreuse et
libérale qu'ils ont bien voulu offrir à l'Association.
» Je dois également remercier la Société centrale tl'a-
griculture du département; les Comices de Yalmont ,
de Pavillj , de Cailly , de Goderville ; la Société Ubte
d'émulation de Rouen ; les Sociétés d'agriculture de Caen,
de Bayeux , de Pont-l'Evéque , de Yaiognes , de Lisieux,
d'Argentan, qui ont nommé des délégués à notre réunion.
» Nous sommes convaincus qu'avec tous les bons été*
mentsde travail réunis ici, la session de 1845 produira des
résultats non moins remarquables que les sessions de
IHeppe et de Rouen , qui figurent avec éclat dans lés
fastes de l'Association normande. »
oeruTou dk la sbuioh. a^i
-Aprt. cette kebue , M. Giianlin p«cède au «UpouQ.
lemeiit de 1« c<««|K>iidMce . qui w compte des objet»
novante:
I. — LBTTIBS.
Le secrétaire de la Société libre d'émulation de Rouen
inferme que sa Compagnie a délégué MM. Bourkt de la
Tallée , de Boutteville , de Rouen, et Lefebvre, de Saint-
Saéns , pour la représenter au Congrès de T Association-
M. Graindorge-Desdemaines, secréUire de la Société d>
gricolture pratique des cantons de Valmont , Canj , Fau-
▼îUe, etc. , annonce que cette Société a chargé MM. Dar-
gent (Achille), propriétaire-cultivateur à Gerponville; Dq-
mesnil-Gaillard , propriétaire rural à Angerville-la-Martel;
Belalonde du ThU , fils , propriétaire rural à TocqueviUe-
Henarvilla , et plusieurs autres sociétaires , de venir
prendre part aux travaux de la session.
M. Lantour , maire d'Argentan et inspecteur de l'Asso-
ciation pour cet arrondissement , écrit que le Comice d'Ar-
gentan a invité cinq de ses membres à se rendre à Neuf-
châtel.
M. Desplanches, inspecteur de l'Association pour l'ar-
rondissement de Pont-rEvéqoe , annonce son arrivée et
celle de plusieurs délégués de la Société académique de
cette ville.
M. Gilles , maire de Valognes , a adressé une lettre
semblable à la direction.
M. le marquis de Torcy, membre du Conseil général de
l'agriculture . exprime ses regrets de ne pouvoir assister
à la réunion , attendu que les Courses du Haras du-Pin
doivent avoir lieu le 28 , et qu'il est vice-président de la
Commission chargée de les diriger.
292 SÊAlfCBS GBNBRALBS A NEOFCHATEL.
M. Renaud , inspecteur divisionnaire du département
de la Hancbe , témoigne son vif regret de ne pouvoir
quitter la ville de Coutances , où il est retenu par la pro-
chaine tenue des assises.
n &it connaître le désir que lui ont témoigné les culti-
vateurs de sa circonscription de voir rAssocîation choisir,
pour le concours provincial de 1846 , une des villes du
département de la Hanche , et notamment Yalognes ou
Carentan.
M. de Belfond , inspecteur honoraire à St-Lo , adresse
une réclamation concernant une récompense à décerner à
un membre de FAssociation. ^ Renvoi à la Commission
des améliorations agricoles.
M. Leclerc-Patin , cultivateur à Buchy, expose qu'il a
composé un engrais nouveau pulvérulent, qui convient
beaucoup aux terres argileuses , fraîches et compactes. Il
demande qu'il soit examiné. Il annonce l'envoi d*un petit
tonneau de cet engrais , qu'il vend 3 fr. l'hectolitre , et
dont il emploie 8 à 10 hectolitres par hectare. r~ Cette
lettre est renvoyée à la section d'agriculture.
II. ^OUVRAQBS mPRIUBS.
n est fait hommage des ouvrages suivants :
1** Par H. G. Lecointe , de Rouen :
Comptes rendus des travaux de ta Société pour le pa^rh
nage des jeunes Hhérés du département de la Seine-Inférieure.
—Année 1836 à 1845 inclusivement. — 6 brochures in-8^
2® Par M. de Caumont , de Caen :
Lettre sur les cartes agronomiques et sur l'influence exercée
par la nature du sol sur les productions agricoles;
OUTEKTUBE DE liA SESSION. i93
Bêtement œiuiiivaifde la Sociéié française pour la tomer^
vmiinn €tla deuripîwn <kê monumenU hiêtorique$:
Note sur les toadteaux et les cryptes de Jcuarre (SeiM^i^
Marne);
IjuUtut des provinces de France^^Uémoires^IulrodtACihn:
Rapport fait à la Société française sur ^ptelquee antiquités
du midi delà France ;
Nouveau procédé de rouissage du chanvre et du lin,, par une
Sociëlé gérée par MM. Bisson et Pradet de SUIbades.
3» Par M. Girardio, de Rouen :
Notices Inogr^iques sur MM. de Mord- Yindé, d'Àrcef
et Mathieu de Dombasle;
Mks fumiers considéra comme engrais. -^4* éditioo, adoptée
par le Conseil cpéoéral de la SeioeJnférieure.
Sur te cidre. — Lettre à M. Seminel , directeur do la
Normandie agricole. — Brochure in-8* -^ 184S. (Extrait
Ae la Normandie agricole , â* année » 9^ livraison.)
4"» Par MM. Girardin et Dubreuil , de Rouen :
Extrait de deux Mémoires sur les plantes sarclées à racines
alimentaires, et détermination des meilleures variétés, i cultiver
ions chaque espèce de sol;
Frimes proposées par la Société centrale d'agriculture de
la Seine-lnférieuref et instruction sur la culture de la garance.
S"" Par M. de Bout te ville , de Rouen : .
É
Des SooiétésdeprMganee ou de secours mutuels ;— H^cfer-
ches sur l'organisatien de ces institutions » suivies d'un pro^t
de réglemonl et de taUes à leur usage. — Brochure in-a*" de
154 pages *- 1644.
Cet ouvrage est renvoyé à Vexamen de M. le comte de
Beanrepaire^ qui est invité à présenter un rapport dans
Tune des prochaines assemblées générales*
ÈH SÉANCBS GÉ1IBRALB9 A KEUVC0ÂTBL.
6* Par H. Micéta§ Pénaux , de Ronen :
10 Exemplaires du cahier de juin IMI^ de la Rfwe d$
HûUêHm
7* Par H. A. Dubreuil , de Rouen :
Ihi andemevtU et de leur applicalicn à la culture i» dé-
pariement delà Seme^Inférieare.^Vremiet Mémoire ;
Noie fur deux twueellei ferme; applicablee aux ûrbree /hn-
iien en espalier.
Tons ces ouvrages imprimer sont offerts par l'Associa*
tion normande à M. le maire de Neufebâtel , pour qu'il
en soit fait dépôt dans la bibliothèque publique de la ville.
IIL— MBMOIBBS MANtJSCaiTS.
L'inspecteur divisionnaire a reçu , pour ôtre soumis à
l'Association , les Hémoires manuscrits suivants :
V Rapport eur Vélat de ragrieutiure dam farronéieeement
de Ifeufclèdiel , en 1845 , eomparé à la culture ancienne ; par
M. Mabire , cultivateur et correspondant de la Société
centrale du département. (Renvoi à la 1*^ section. )
2^ Mémoire sur les difficullés pratiques de Vagrieulture et
la néceseiié de régénérer l'apiculture et la marine par d«s
droits de douane fortement protecteurs , combinés auee dée
primes à la sortie pour les produits falbriqué* ; par M. Bien ,
ancien capitaine de navire , propriétaire au yal*de4a-Hayey
près Rouen. (Renvoi & la i'* section.)
S^ Observations agricoles ; par M. Hnbert-Joly , proprié-
taire à Meufchâtel. (Renvoi à la 1** section.)
4* Rapport tiir les forêts et kns de r arrondissement de
NetifchdtA ; par M. Drevet , inspecteur des forêts du do*
maine privé. (Renvoi à la 1'" section.)
5* Obsen>ations sur la vaine pâture;^-" Etat statistigue des
terres arables , herbages , bouveries et prairies des coÊnmunei
OrVEKTUllB DE LA SESSION. 295.
du eanUm d$ Neufchalel; -* SiatUtlque de la racê ovine; — iVa-
Hire et commerce des moutons , etc, ; par M« Quenouille ,
de Neafchàtel. (Renvoi à la l'* section.)
6* Bappcrt sur Vétat des irrigaUom dans Varrondi^if^nt
de Neufchdtel ; par M. Pollet » de Ùaudricourt. (Renvoi &
b 1"^ section*)
7* Leflr^deM.Bertaux-Renout, cultivateur à Hontroly,
sur les instruments aratdres de l'arrondissement. (Renvoi à la
1^ section.)
S^ Mofport sur ht moutons de l'arrondissement, : par M.
Normand , de Bradiancourt. (Renvoi à la 1'* section.)
9« Rapport ^ur fa pér^nemnonie des bftes bovines du foys
de Bray ; par H. Villain , vétérinaire à Neufchâtel. (Ren v.
à la f* section.)
iOf Rapport sur la fahrication des fromages ; par M .
Legras , de NeuviUe*Ferrière« (Renvoi à la 1'* sectio^.)
il* Quelques considérations géologiqy^u concernant la re-
cherche de ta houille dans le départemeni de la Sàne^ Inférieure;
par H.ledocteurÇisseville,deFprgf;s.(]&envoi à la 2* seft.)
12* De l'insiructimi primaire dans l'arrondissement de
Neufchdtel ; par M. Ccsurderoj , employé ^ la sous-préiS^-
tttre. (Reavoi à la 3* section.)
13® Notice sur Godefroy-du^Rdaume, maire et capitaine
de Bouen^ as 1369 ; par M. Uilaîre de Neuville, de Rouen^»
IV Sia jours des Caternes ou compte de Glaude-Goiart ;
Bianiiscrit du xvi^ siède , avec lettre, d'envoi ^ par M.
Dossier père , de Rouen*
Ces deux dernlersllémoirçs sont remis à M. de Caumont
pour être offerts à la Société des antiquaires de NormandiCi
oa à la Société, française pour la conservation des monu-
jaeiits nationaïAi.
296 SÉAlfCBS GKNÉRALES A lIBUFCflATBL.
VM7ÀI02 iDiss saiviKoas»
!'• SECTION.— AGBICIJLTÏJBE,
SÉANCE DU 24 JUILLET 1845.
PftBSlDMCB DE H. DE MO Y.
H. de Moy , président de la Société d'agrieidtare de
Rouen , est appelé au fauteuil.
MM. Delalonde do Thil , père , et Beaudooin siègent
comme vice-présidents.
MM. Lebarillier , de Caen, et Dubreuil, de Rouen, rem*
plissent les fonctions de secrétaires.
La section commence immédiatement I'Enooêtb agki*
coLE/et M. le président lit successivement les diverses
questions du programme.
La première question posée est celle-ci :
Quelleestla nature dv sol dansVarrondissemmtdêlfeufckdtel?
Pour faire Comprendre la question , M. de Caumont
entre dans quelques détails su? la «imposition géologique
et minéralogique du sol dans le pays de Bray , et indique
à priori quelles sont les principales natures de sol cultivable
qui doivent s'y rencontrer. Les terres fortes et argileuses
doivent, dit*il, se rencontrer dans les vallées et les colliiies
ondulées , dont le sol se compose d'argiles et de calcaires
marneux. Les plateaux devront oflrïr, suivant quMIssont
recouverts ou non d'argiles et de silex « des terres tantôt
compactes , tantôt légères ; puis certains dépôts de sable ,
des alluvions entraînées des hauteurs dans les vdions ,
ENQVÊTB AGRICOLE. 297
tiennent modifier , par des raélangeg et des transports , la
nature du terrain Dormal. Ce sont toutes ces circonstances,
ajonte-t-ii , qui devraient donner lieu à une étude ap-
profondie , étude qui mettra en mesure de dresser plus
tard , selon le plan que j'ai proposé , des cartes agrono-
miques pour tous les cantons.
L'assemblée reconnaît que les distinctions qui viennent
d'être faites sont exactes.
Du reste , la nature du sol est très-variée dans Tarron-
dissement de Neufchâtel.
»
Trois vallées traversent Farrondissement ; savoir :
La vallée de Bray, qui commence près Gournaj et se
termine à St«Valery-sout-Bores (environ 60 kilomètres) ;
La vallée A* Aulne , qui s'étend depuis Hortemer Jusqu'à
Wanchy (enviton 26 à 30k3omètres) ;
La vallée XAndHîe , qui commence à Catillon-Sigie et se
termine ^ Groisy-Ia-Haie (environ 18 à 20 kilomètres).
La moitié delà vARée de la Bresle, frontière du départe-
ment de la Somme , se trouve aussi dans rarrondîssement.
Le sol de ces vallées est , pour le versant exposé an sud,
généralement calcaire , marneux ou siliceux ; le sol des
versants , à Touest , est plus communément composé de
ferres fortes ; le sol des prés naturels et des herbages est
composé d*alInviorïs superposées sur une couche de glaise
ou d'argile , mais plus communément sur l'argile. On ren-
contre , dans la vallée de Brtiy seulement , quelques sols
où le sable domine et quelques terrains tourbeux.
Tous les plateaux qui dominent ces vallées ont un sol
argileux , quelquefois calcaire , et reposant sur une argile
plus ou moins éloignée , mais presque toujours imper-
méable.
398 SÉANCBS GéNBRALBS A NBIfVOUTEL.
Au«des8ous de ces plateaux , U existe quelques valions
et mamelons qui ont beaucoup de lerres fortes , argileuses,
calcaires. Ces sols se reucootrent ouauBunéneut dans le
canton de Londinières.
En résumé , est-il dit y le sous-sol » pour les plateaux ,
se compose tantôt de la marne , tantôi de sable méiaagé de
sUex ; dans les vallées , de terre glaise , de catoaire mar-
neux,le tout mélangé parfois de quelques allu viens de sifox.
FLANTBS CULTIVÉES.
Les plantes cultivées dans rarrondissenieni de Neufchâ-
telsont:
1 . -- Dans les terrains cttoiires : sainfoin , luseme ,
céréales » avoine , blé.
2. — Dans les terrains argileux, le trèfle prospère; lé
sainfoin et la luzerne périssent à l'hiver , k cause de l'im-
perméabilité du sou&«ol,qui est argileux :-- céréales,avoine,
blé.— Plantes industrielles:^!»! , peu de lin et de chanvre*
seulement pour les besoins du ménage.
3. —Dans le sol sableux ^SabUtUUwsù: seigle^pommes
de terre , peu d'avoine , trèfle incarnat , trèfle blanc , lu-
puline. — SahU humide y propre à la culture des betteraves :
pommes de terre « navets , avoine, trèfle blanc. — SabU
argileux : argile mêlée de sable , particulièrement propre
k l'établissement de prairies naturelles.
4. — Daoslesol lourbeux* une grande étendue de tourbes
a été labourée et mise en culture après dessèchement. La
marnejadonné de bons résultats. Le bouleau y réussit bien,
ainsi que le saule , l'aune et le peuplier. Le bouleau a poussé
spontanément sur écobuage , et donné de très-beaux pro-
duits. Plus le dessèchement est complet , plus le succès
est certain. Les prairies naturelles ont été essayées sur le
sol tourbeux peu profond , sans beaucoup de suceès , eu
é^ard aux dépenses occasionnées par ce genre de culture.
QÊtelle$$ont les plantes nouvellement introduites ?
H. Mabire dit que le colza , les carottes et la betterave
ont été introduits «depuis quelque temps, dans les cantons
de St-8aêns , Loadinières et Blan^y.
M. Dubreuil pense que , dans Tétat actuel de la culture
derarrotidissement , on devait partieuliéreinent enceura-
gerl a culture des plantes fourragères propres à nourrir un
noaabreux béCsnt et à donner des engrais , le colza épui-
sant le sol et ne donnant pas le moyen de faire des engrais*
M. LebarifHef. soutient que la culture du eotea ofli% des
kénéfiees tels ^qu'on ne doit pas la proscrire. Le colza est
une plante épuisante , mais il donne au cultivateur les
capitaux nécessaires pour acheter des engrais ; il cite la
enlture de Flandre et du Caiyados , oà cette plante enri-
diit le cuUivaleur.
M. Houdelière appuie Topinion du préopinant ; il eîle
des sols médiocres qui , convenaMenent traités, ont donné
de très-beaux résultats. Sans faire une grande quantité de
colza , m doit encourager les essais de cette culture , qui
est pratiquée dans les pays oùragricultareesttrèfr<avaBeée.
M. Dabreuil propose les conclusions suivantes , qui sont
adoptées :
I^ section pense que , dans l'état actuel de Tagricultare
de rarrondtsséroent y la culture du colza doit être limitée^
Ce ne sera qu'au moment où le cultivateur pourra se pro*
cnrer économiquement une plus grande quantité d'eograis^
que cette récolte pourra présenter de grands avantages.
La séance est levée. Le Secrétaire ,
LEBARILLIER.
300 SÉANCES 6JBIIBBALES A HBWCHATBL.
SÉANCE DU 25 JUILLET.
PWBSIDBIICE DE M. ACGUSTB BEAUDOUIN.
La séance est ouverte à 7 heures du malin.
Siégeât au bureau : MM. Denoyelle , maire de Neof*
châtel ; de Caumont , Girardin ; Lebarillier et Dubreuil ^
secrétaires.
M. rinspecteur dWisionnaire de' F Association dépose
sur le bureau les Mémoires suivants:
ObêorwUUmt 9ur la vaine pdiure ; par M. Qveiiouille, gref>
fier de la justice de pain de Neufchâtel ;
Réponas auxqueêliont d'enquête agrieeU poêéeê par l'A$mh
dation ; par M. Parmentier , président du Sous-Gomioe
agricole du canton d'Argueil ;
Obtirtationt eut la toim hygiéfùçuei que réelameni les raeee
bowne^t porcine dam l'arrondiaemeni, el mr Vaetion dupldirei
comme insecticide ; par M. Hubert-Joly , propriétaire à
Neufebdtel;
Notice sur l'industrie agricole et manufadurière dans le
canton de Saint^Saàu ; par M. le baron d'Haussez**
L'ordre du jour appeUe les réponses à iaire aux ques-
tions relatives à Tenquète agricole. La section s'est arrê-
tée, à cet égard , dans la dernière séance , à l'art. 6 ^
ainsi conçu :
Quelle est, dans diaque région agnoole , la proportùm
enêre les terres labourables f les herbages et Us prairies natU"
reUes?
6.— Dans la vallée de Bray, les deux tiers environ de la
surbce du sol sont en terres labourées ; le reste est en
herbages.
ENQCÉTB AGBtCOLI. 30!
Dans la Yallëe d'Aune « les 3/4 en terres labourées ; le
reste en pâturages.
Bans la vallée d'AndelIe^ 1/6 en terres labourées ; le res-
tant en pâturages.
Sur les plateaux y 7/8 en terres labourées ; 1/8 en her-
bages.
L'assolement, généralement usité dans le pays, est Fasso-
lement triennal, sans jachères.
La rotation d'une culture se compose : \^ année , bU ;
2* année , avinne ; 3* année , moitié en trifU et moitié en
moittf grain»,
La culture de la pomme de terre a pris beaucoup d'ex-
tension depuis 25 ans.
On compte maintenant, dans l'arrondissement , huit
exploitations où l'on a adopté l'assolement quadriennal :
c*est H. Desjobert qui a « le premier , employé et propagé
cette rotation.
8. — La jachère morte est employée dans la proportion
de 1/8 environ.
9«— Pour le blé , on donne quatre labours dans les
terrés compactes, et trois seulement dans les terres plus lé-
gères. Quand le blé succède au trèfle , on ne donne qu'un
seul labour.
hti profondeur moyenne de ces labours est de 0 m. 15 c.
environ. Us sont toujours pratiqués à plat.
10. — La charrue cauchoise est généralement employée
dans les terrains horizontaux. Toutefois , la charrue Rozé
commence à être adoptée pour cet usage. Pour les terrains
en pente , on préfère la charrue tourne-oreille. Dans les
cantons d'Aumale et de Blangy , on se sert exclusivement
de ces derniers instruments pour tous les terrains.
30â SÊANCBS QBNBRALBS A NB9FCHATBL.
Sur la charrue cauchoise on met au moins 3 chevaux.
Sur la charrue tourne-oreille, on attële parfois 6 chevaux
pour les terres compactes, 4à 5 pour les terrains plusieurs.
Sur la charme Rozë , on met trois chevaux.
La charrue cauchoise peut labourer 60 à 70 ares de
terrain , dans une journée de 10 heures ;
La charrue tourne-oreille , 30 ares seulement dans les
terres compactes,el 50 environ dans les sols moins difficiles;
La charme Rozë, 65 A 75 ares.
La largeur de la raie est, dans tous les cas, de 0 m. 29 c.
environ.
1 i .— On emploie un exlirpateur imité de celui de
Domhasle , qui fut introduit dans la contrée par M. Deff-
jobert.
On rencontre également, mais en petit nombre, la
herse Bataille , celle de Yalcourt, quelques butors.
Les rouleaux en usage sont presque tous en bois , et
présentent une longueur d'environ 2 m. 33 c. sur 0 m. 33 c.
de diamètre. On commence à diminuer la longueur trop
considérable de cet instrument. L'emploi des rouleaux en
fonte devient aussi plus fréquent pour les pâturages.
12. — Les terres labourées sont égouttées seulement à
l'aide de rigoles à ciel ouvert , pratiquées après l'ense-
mencement.
13. — Les terres sont marnées dans les proportions sui-
vantes :
Oans le canton d'Argueil , on répand de 2 à 3,000
.hectolitres de marne par hectare ;
Dans les cantons d*Aumale et de Blangy , 1,000 hec-
tolitres dans les terres de consistance moyenne , le double
dans les terres compactes;
EKQViTE AGRICOLE. 303
Oans le canton de NeufehAtel , 600 à 1,200 hecto-
litres , sdon la nature plus on moins compacte da
terrain ;
Sans le canton de Londiniëres , de 600 à 2^000
hectolitres, suivant la compacité du terrain ;^
Dans le canton de Saint^Soêns, 900 hectolitres.
La 0iame est extraite dn sol au moyen de puits et de
galeries souterraines*
D existe dans Tarrondissenent deux sortes de marnes :
la marae grasse ou argileuse , puis la marne maigre on
silioense* Elles sont ^employées indifféremment sur tons
les uÀs. M. de Caumont indique le choix qu'il y aurait
à iaire de Tune ou de l'autre espèce , selon la nature
du sol , et entre ensuite dans diverses considérations géo-
iegiqnes sur les résultats que l'on pourrait obtenir au
moyen de ce chois.
L'opération du marnage est répétée tous les 25 ans
environ. Cette opération , qui prend beaucoup d'exten-
sion y est, depuis peu, étendue avec avantage aox pâtu-
14. — Le chariage est rarement employé. Il résulte
des essais tentés à cet égard que le marnage produit,
MT les terres labourées , des effets analogues an chau-
lage ; maïs que , pour les pâturages , le chaulage doit
être préféré. Ce résultat est confirmé par des faits
<di6ervés ailleurs par H. de Caumont, et qui sont
produits par lui dans la discussion.
15. — Le plâtrage est pratiqué , au mois de mai ,
Mr toutes les récoltes légumineuses , et même sur les
(ffairies naturelles. Le prix du plâtrage est de 8 fr.
40 cent, par hectare.
30i SÉANCES 6BNÉKALBS A HKDVCHATEL.
Le plâtre cuit est exclusifement employé. H. Girardin
&it remarquer , et la section reconnaît l'avantage qu'il
y aurait à substituer le plAtre crû an plâtre cuit. Le
second est d'un prix moitié plus élevé , et renferme
une grande proportion de matières étrangères , qui
nuisent à son action. L'expérience d'nn grand nombre
de localités démontre , d'ailleurs , que le plaire crû agit
avec la même efficacité que le plâtre cuit.
A l'occasion de cette question , la section entend la
lecture du Mémoire qui a été présenté à rAssociatioa
par H. Hubert-JoTy , de Neofefaâtel. Ce propriétaire
pense que le plâtre agit sur la végétation, non comme
stimulant, mais seulement en raison d'une certaine
proportion de chaux caustique que renfermerait cette
substance , et qui détruirait les insectes et autres ani*
maux qui nuisent aux plantes fourragères , lors de leur
premier développement.
MH. Girardin et Mabire combattent victorieosement
cette opinion. Ils démontrent que le plâtre cuit ne
renferme qu'une dose de chaux caustique , beaucoup
trop feible pour produire les effets insecticides qa*on
lui attribue. Ils rappellent, d'un autre côté, que le plâtre
crû , qui ne présente aucune trace de chaux vive » et
qui n'a aucune action nuisible sur les insectes , pro-
duit cependant de bien bons résultats sur les récoltes.
La section a donc pensé qu'on devait considérer le
plâtre comme agissant directement sur la végétation , en
la stimidant
En terminant sa notice , M. Joly s'est élevé contre
le préjugé qui fait souvent considérer la moisissure
des fourrages comme étant le résultat du plâtrage , et
ËNQCÊtB ACRiCOLfi. SOtt
aUribue etdUMTemeDt cet accident à ce que les fom^
rages sont rentrés trop boniides. La seclbn partage en»
tièrement cette manière de voir.
Le Secrétairt:
1)UBREUIL, de Rouen.
SfiANCE DU 3« JUILLET.
Pbésideiicb de h. d£ CAUMONT.
La séance est ouverte à 7 heures*
MM. Capplet, Didirenil, Le Hétayer-Desplanchei) baron
d^Haussez ^ Cheveraux , d'Evrenx , siègent au bureau.
Le procès^verbal de la séance précédente est adopté.
La section décide qu*en raison du grand nombre de
questions que comporte Tenquéte , et du peu de temps
qu il reste à y consacrer , elle ne s'arrêtera qu'aux points
les plus importants pour la contrée ; en conséquence ,
die passe immédiatement à la question des bestiaux.
VACBBS.
La première de ces questions est ainsi conçue : Eit^U
jhu atanîageux 4» tirer te vadœê laiiiêreB du dehors que
de te éieeèr î
Le G^mice d'Argneil répond que 9 dans les bons,
fonds , il y a avantage à les tirer du dehors ; mais
que , dans les fonds de moyenne qualité , il y aurait
avantage à élever, pour avoir de bonnes bitières faUee
em crû.
M. Mabire pensQ que les cultivateurs n*ont pas d*a-
20
306 SÉANCES GBlfBBALES A NEVFCHATEL.
VMiâge à élever , parce qu'ils ont plas' de profil i
ceAsacrer leurs péturâges exclusivement à la produc-
tion du beurre , et que les înfluenees atiiiosphëri«
ques sont souvent nuisibles aux jeunes animaux ;
toutefois il conseille Télëve pour les plateaux. Cette
opinion, combattue par M. Duhamel, donne lieu à
une discussion , de laquelle il résulte , conformément à
Fopinion du Sous-comioe d*Argueil , que , dans les
bons fonds , il convient de tirer les vaches du dehors ,
tandis que , dans les petits , il vaut mieux élever soi-
même. M. Parmentier ajouCe que , dans le canton d'Ar-
gueil , non-seulement on élève poor les besoins 'de
Fendrbit , asaiB anssî pour la vente au dehors.
Une bonne vache laitière se reconnaît principalement
à Tâge et à la beauté des formesJ Far exemple , die
doîtavèir de 4 à 6 ans , la couleur vive , la tête moyenne,
les cornes courtes et jaunes , la poitrine et les épaules
larges , le bas de jambe gros , la tète largç et relevée »
lo cuir moelleux , le rein droit, le cimier et le fessier
larges , la queue bien placée , pas trop hante , les veines
prononcées , la mamelle forte , soyeuse , de couleur
jaune , avec les avant et arriére-laits bien saillants.
Le procédé Guenon n'est point usité.
M. Guenon demande si , lorsque la vache est jeune,
pleine ou sèche , on peut reconnaître la quantité de lait
qu'elle donnera , par d'autres caractères que ceux indi-
qués dans son ouvrage. Il est répondu que la plupart
des signes précédents pe\ivent conduire à cette détermi^
nation.
M. Guenon demande encore si la souplesse de lama*
ttielle et la grosseur des veines ne donnent pas quelquefois
"BHQCÈJE AGRICOLE. 307
Keo à àd fausses indicalioos. D'exeellents praticiens lui ré-
pondent que les veines trompent quelquefois , mais rare-
ment; qne , qnantà la mamelle, il est toujours £icile
4e distingaer si eHe est soyeuse ou fibreuse , et que ce ca-
ractère esl toujoara certain. Toutefois i ils déclarent que
ce n'est qu'à 6, et même 15 mois, qu'Hs peuvent juger
ràrement d'une génisse. M. Guenon annonce que non-
seulement il peut distinguer , dés les premiers jours , la
qiiantité de lait, que ' donnera la génisse , mais qu'il peut
distinguer de même dans les jeunes mâles si les femelles
qui en naîtront seront bonnes ou mauvaises laitières.
• U donne ensuite sur son système quelques explications,
qui sont continuées par H. Faucher , de Rouen. Enfin ,
enr b proposition d*un membre , adoptée par la section,
il est décidé, sor le consentement de H. Guenon, qu'il
lait par lui «ne démonstration de son système sur
série d'animaux de différente âges, et notamment
sur les vaches présentées au concours. Il est décidé que
celle expérience se iera piibhqnement , à midi , sur le
champ de l'exposition.
. Qnnmmi fHmrril en la tacka danê le pays (le Bray ?
Les vadies restent a» pâturage depuis le I**" mai
jusqu'au 15 novembre.'^ A l'élable, elles sont altmcntt^cs
avec du foin , du trèfle et de la bourgogne (sainfoin) , des
poîftfdes lentSios, de la paille d'épi et des issues de grains»
mélangés de ratines , telles que betteraves, navets, dits
rutabagas et pommes de terre ; pourtant, ce dernier
aliment n'est bon qu'étant mélangé avec du son ou des
moutures et de la peille d'épi.
Dans le canton de Forges , on emploie moins de ra^-
L M. Pépin bit (dMerver que les spergules sont pré-
308 SBAXCBS GBXBBALKS A 5SUFCHATBL.
férëes par le bétail à tout antre fourrage , et qu'elles
devraient être plus employées.
M. de Caumont pose la question relative aux races
introduites dans le pays , et 4 la quantité de lait
qu'elles produisent. Ces questions donnent lieu aux ré-
ponses suivantes :
On achète beaucoup de vaches de Fespèee dite du
Cotentin ; on se sert aussi de vaches flanuindes.
M. Auquclin préfère les dernières comme plus produc-
tives. M. Guenon appuie cette opinion; il regarde Tes-
pèce bretonne comme supérieure pour la qualité de la
viande et du suif, plus homogène et plus blanc.
M. Tabur parle d'essais faits avec soin chez M. Des-
jobert , desquels il résulte également que c'est la vache
flamande qui donne le plus de lait et le garde le plus
long-temps. Cette observation est également confirmée
par M. Bieron , qui constate toutefois qu'elles no donnent
pas pour cela plus de crème.
Le taureau de la Basse-Normandie est le seul adopté
pour la reproduction , par le cultivateur vraiment in*
telligent. La monte et la saillie des génisses n'y com-
mencent également qu'à 18 mois ou 2 ans ; mais M.
Mabire iait observer qu'il est loin d'en être ainsi dans la
majorité des exploitations.
M. Lebarillier fait remarquer tous les inconvénients
de (aire saillir les géoiises à un an , ainsi que de faire
servir trop souvent les taureaux , qui s'énervent dès la
première année , et ne donnent plus que des produits
chétifs et mal conformés. Il demande qu'ils ne fassent
qu'une ou deux saillies par jour.
M. Tabur iait remarquer qu'on ne choisit pas assex
KlIQtJÉTB ilGRlCOLE. 309
les taureaux; on preod presque toujours le premier
venu et surtout le moins cher.
M. Hubert^oly voudrait que le Gouvernement fit
vendre des taureaux à des prix modérés, pour en. fact*
fiter l'acquisition aux cultivateurs.
Sur cette question , formniée par M. le directeur : ILe$
bœufs prétenientiU pour l'engraiêiêment plat d'avantage qîi0
U$ vaches de réforme ? on répond :
La diffirence entre les bœub et les vadies est peu
sensible , et ne pourrait guère s'apprécier dans Tarron-
dîasement, où Ton n*engraisse guère que quelques vadiès.
C'est l'opinion de M. Auquetin.qoi fait observer cependant
qu'on se procure plus fiscilement les vaches que les bœufs
dans le pays. M. Mafaire donne la préfi^nce aux bœu6 ,
qui sont moins délicats sur la nourriinre , manquent
moins souvent , et ne sont pas / comme les vai^hes , tour-
ineiités de fureurs utérines.
M* Du Lesmont pense qu'en raison de la nature de l'in-
dostrie locale , qui fournit un grand nombre de vaches
de réforme , il vaut mieux leur donner la préférence.
L'engraissement à Tétable est préférable à l'engraisse-
ment au pâturage , soit pour les bœufïi , soit pour les
vaches.
MOUTONS.
QtteUes ton! les espèces (h moutons nourris dans te pays ?
Il existe dans l'arrondissement difTérentes races de
moutons. La meilleure y selon le Comice d'Argueil , est
la rare cauchobe ^ à laine fine ; la seconde est l'es-
pèce picarde , venant du Santerre et de l'Artois, lainage
moins fin. L'une et l'autre race sont à peu près de même
310 SiANCBS «BNÉIALBS A HBDFCHATEL
groweur y et offrent le mdme avantage pour l\
sèment.
MH« Mabire et Tabur pensent qu*eD rafaon de la
laine et de la précocité , il y a tout avantage à crDÎsnr
les moutons de pays avec les moutons Dishley et Near*
kent. Ils sont boas à vendre A 3 ans , tandis que les
attires ne le sont qu à 4.
M. Le Marié craint que les laines précédentes , deve*
nant très«abondantes » ne - soient d'un pkoement plus
difficile.
M. I^barillier explique pourquoi , par suite de leur
fxipformation , les moulons de, pays engraissent moins
Acilement que les moutons anglais. Il cita des toisons de
son troupeau , pesant jusqu'à 6 kilogrammes et a kilo-
grammes et demi.
Les moutons se tirent du pays de Gaux , de la Picardie
et de r Artois* — II y a peu d'avantage à élever, mrigré
les essais des cultivateurs des plateaux. Les fermes de la
vallée , qui engraissent pour la boucherie » réussissenl
infiniment mieux ; ce qui doit être attribué à la supério-
rité du pâturage.
Du 15 avril au i^' août , les moutons sont nourris
au pâturage par des herbes arlificielies faites sur les
jachères.— Du 1*' août au 15 décembre , au moyen de
parcours dans les plaines , après la moisson. — La nour-
riture d'hiver consiste en paille de blé , pois , vescés et
autres fourrages.
CHEVAUX.
La majeure partie des chevaux de l'arrondissement
sont de gros chevaux de charrois , dont l'origine est du
Vlmeux et du Boulonnais. Cependant, depuis quelques
BRQIIÉTB AfiKIOOLB. 311
taaée» , on a laH qneUpie» élèves , provenant des étalons
du Gouvernement » qui ont donné des chevaux plus fins.
. H. LebariiUier caprkne le voiu qu'une Cooimission
dépcrlmentale examine les élaimis.
. Après quelques observations présentées par 11. de
Caumont , la section exprime le vœu que le GouvernOi'
aient eavcie deux stations d'étalons dans l'arrondissement,
n ne but élever que de bonnes races ; elles ne coûtent
pas plus cher à élever que d'aittres.
poacs.
On élève des porcs en assez grand nombre. T:.e meil-
lear' parti est de faire des élèves qu'on vend après le
sevrage, ou qu'on engraisse à un an pour la charcuterie.
VOLAILLES.
Celte industrie est presque nulle. Cependant on élève
éaas certains cantons , voisins des bois , quelques din-
dons , qu'on vend pour Piaris et Rouen ; le reste est con^
sommé dans la localité.
FEMMES^
M. de Caumont pose ensuite une série de questions
sur les fermes ou exploitations rurales de l'arrondissement.
Ces questions donnent lieu aux réponses suivantes :
L'importance des fermes varie jie 10 bectares jus-»
qu'à 120. Les bâtiments sont généralement isolés. Dans les
cantons d' Aumale et de Blangy ^ ils sont plus rapprocbés ,
et la cour même souvent close.
312 SBAlfCBS GKXÉftJLLBS ▲ HBUFCnATBL.
Les elôtures sont des baiisi en majeure partie^ qudqi
bacrièros , des fossés et peo de murs.
Les oonsIradioDs sont généraleraeDt en bois , argile et
cailloux , avec couverture en ohaume. Les constmctiona
d'habttatioa nouvelles sont en briques et pierres j et sont
couvertes en tuiles^ et en ardoises ; peu se font en cbamne
aujourd'hui. H. Lenomand exprime le dësir de Toir ce
dernier genre de toiture complètement disparaître.
H. Hubert-Joly donne lecture d*un Mémoire sur la
mauvaise construction ei ledéfiiut d'aérage des étaUes,
auxquelles il attribue la plupart des maladies qui inihstent
les bestiaux de ce pays. Il voudrait que l'on p6t compai^
les pertes (ailes par les propriétaires soigneux et ceux qui
sont plus négligeuts , pour arriver à la preuve de ces faits
importants pour tout cultivateur. Il indique en même
temps les moyens & employer pour éviter ces inconvé-
nients. Il insiste sur l'importance de la propreté pour
la santé des bestiaux , et voudrait voir bouchomier
chaque jour les vaches « comme on le bit pour les che*
vaux. Il s'élève également contre l'usage adopté de né
faire boire ces animaux que deux fois chaque, jour ; les
eaux étant trop fk'oides en hiver , les animaux ne peuvent
boire asseat ; il voudrait voir l'eau à leur disposition dans
les étables mêmes. Il exprime enfin le désir de voir les
taureaux et leurs génisses soumis à l'examen d^un Comité,
dont l'autorisation deviendrait obligatoire pour qu'ils puis*
sent servir à la reproduction. Il trouve aussi les porcs
beaucoup trop mal nourris, et leurs étables essentiellement
insalubres.
' Une opinion émise par H. Joly , qu'il fkut donner cinq
repas aux vaches, est combattue par M. llabire, qui
nfQtlATB AGRICOLB. 313
ii'eii voudrait voir donner qtie éenu , afin qu*eUes aient
plus de temps ponr riimineret dormir.
Lesbaax sont généralement de nenfans; quelques-uns
de douze à quinze. Les prescriptions ordinaires sont : les
SmpOls prévus et imprévus , la prestation en nature , des
fournitures en beurre , cidre , bois, volailles, cochons
de lait , qudquefois des cliarrois y et la défense expresse
de dessoler.
M. Lenormand exprime le vœu de voir les propriétaires
donner plus de durée aux baux. Ce vceu est fortement
appujé par la section.
Pour une^ferme en labour , le capital doit être au moins
de 350 fr. par hectare , et de 400 fr. pour les fermes en
herbages , non compris le capital de circulation. — Plu^
sieurs membres trouvent ce capital généralement trop
feible, et pensent qu'il devrait être portée 500 fr.
DOMCSTIQUBS.
Un bon domestique màle se paie 300 fr. , une servante
200 fr» ; niAÎs ces salaires , vrais pour une partie de Far-
rondissement , sont trop élevés pour d'autres , et notam*
ment pour le canton de Blangy.
Le prix des journées varie de 1 fr. 50 à S fr. , selon les
aai^ns.
Les instruments de transport sont les chariots j les
charrettes et les banneaux.
Il y a eu de grandes améliorations obtenues ; cependant
ils laissent encore beaucoup à désirer sur certains points.
Les usuriers se rencontrent dans le pays de Bray comme
partout ailleurs: mais Tabus en est moins grand dans les^
lampagnes que dans les villes.
314 SÉANCES ûiniMAlMÈ ▲ lUHWClIATBI..
M. de Hoy explique ee Isdt par le peu do dkposiiMm
qu*a le paysan caueboia il couveclir /sa terre les fonds qu'il
m, el plus souvent ceux qu'A n'i| pas , comme dans les
autres oonUrées de la Normandie.
BBUBRB.
La fabricalion du bourre est en proffèe; on le fSûl
mieux qu'autrefois.
M. Gnyan founrit sur la iSibriealioQ lesdétalb saivanis :
On trait le lait avec propreté, on le meCdans des pots , et
on le dépose dans les caves pour le laisser refroidir et laisser
menlcr k erème , que Ton enlève après 1 3, 1 5. ou 1 8 beu-
res, suivant la saison. On bat deux et trois fois la semaine.
I^eg caves sont orientées d'une flMinière quelconque , mais
Hotanl que possible ouvertes au nord. On lave le pavé dans
des endroits pour rafrafcbir ; dans d'autres on saUe, el
cela vaut beaucoup mieux. L'eau rafraicbit bien,maisavec
une aération suffisante; sans quoi l'air reste cbargé de
miasmes qui font tourner le lait à l'aigre.
M. de Caumont fait observer que les poteries non ver-
nies sont de beaucoup préférables aux autres , et il in-
dique, comme moyen de les perfectionner, de (aire entrer
plus de sable dans la composition de ces pots.
« Ce matin même, dit M. de Caumont, en me rendant à
la séance, j'ai visité, dans plusieurs magasins, les pots qui
servent à recevoir le lait dans les fermes des environs ,
et j'ai reconnu qu'ils ne sont pas assez cuits et que la pâte
ne renferme pas assez de sable siKceux. Il serait très-
iacîle d'améliorer la Êibrieation, en introduisant dans l'ar-
gile que l'on emploie , une certaine quantité de sable
quarlzeux ou siliceux ; on aurait ainsi un grès plus dur et,
ENOIIÊTB AGAICOLK. 3tft
je erojB t beaucoup meilleur. U importe peu que les poU
floienl rugueux et préseoteut des aspériiés ; on a même
cru remarquer que cw pota aont meilleurs que les pota
plus unis. •.
l>es membres praiicieas reoouaaissent qu^en effei le laii
ae fiait, mieux et erènte mieux daos les pots nàgamix que
dans les petift unis.
M. de Moj fait remarquer que nulle part les hiteries ne
sont mieux tenues, ni plus proprement que dans le
pays de Bray. La section est imaniroe à reconnaître cette
extrême propreté « commune aux ménagères aussi bien
qu'aux servantes, et adresse en partieolier des ftlicitations
è ces dernières potfr leurs soins assidus et leur constante
sctivké.
La moyenne du lait d*une vache du pays de Bray est de
quatorze à quinze litres par jour.
Le produit moyen des vaches n'est pas le même dans
tout rarrondissemcnt; la fixation de la moyenne donne
lieu à une longue discussion entre MM. Guyaa et Mabire.
If. Mabire dit que cette moyenne doit être au moins
de 200 fr. , et M. Guyan quelle est déjà forte à 150 fr.
On met aux voix , et une première épreuve est déclarée
douteuse. Après de nouvelles explications^auxquelles pren«
Dent part MM. Levillain et Guenon , une seconde épreuve
a lieu , et le chiffre de 200 fr. est adopté par vingt-huit
voix contre seize.
Des membres font observer que les cultivateurs des can*
tons de Gournay et.aulres , étant en majorité, ont seuls
causé ce résultat , et demandent que leur observation soit
consignée au procès-verbal.
316 SÉANCES «BKBIIALBS A VEITCH ATEL.
On fail trois traites par jour : celle du matin est la pin»
forte , celle de midi la moindre.
La nourriture la plus propre à la sécrétion du lait est,
en hiver , les moutures de toute espèce , et , en été ,
Tberbe la meUleure et h plus nouvelle.
M* MaUre ajoute que les racines sont élément très-
propres à la sécrétion du lait ; surtout la betterave ,
dont font «n ^ad usage les nourrisseara de Paris. On
reconnaf t toutefois que le lait est moins riclie en crème. •
Un membre indique les bons effets da sel dans Tait
mentation par les racines , et Mè de Moy insiste forte-
ment pour que ce fait soit con8%né i afin qu'il serve à
appuyer de l'autorilé de VÂssociatioB la demande de dé*
grèvement , actuellement en instance auprès du Gouver-
nement.
H. Lucas observe que k nourriture A Tétable coûte plus
cher,mais que la sécrétion du lait est tout aussi abondante.
Le petit lait se soutire en inclinant le vase. H. de Cau-
mont conseille, à cette occasion , les pots percés à la
partie inférieure » en usage dans la Basse-Normandie.
Une discussion s'élève sur la fabrication des beurres de
lait frais. Ils ont plus de qualité ; mais cette fabrication ,
exigeant trop de main-d'œuvre , ne peut guèrç se faire
qu'en petit , et là où cette main-d'œuvre serait à très-bas
prix , comme en Bretagne. Quelques cultivateurs en font
cependant , et paraissent y trouver profit.
Généralement on emploie , dans le pays de Bray , la
baratte rotative , à ailes fixes.
M. Guyan exprime le désir de voir les presses à
beurre se répandre. M. de Caumont insiste sur l'impor-
tance extrême du bon lavage des beurres , qui leur fait
MQOtTfi ACiÊMOLt. 317
MUYent acquérir nne valeur de 5 ou 6 sous de plus
par livre sur les marchëii.
MM. de Caumont et Lebarillier donnent ensuite des
détails sur la fabrication du beurre dansJepajsdcCaea
et dans le Bessin . Ils s'étendent d'abord sur l'imiiorlanco
de la quantité et de la qualité de l'eau employée dans
les lavages , ensuite sur la nécessité de ne pas laisser la
crème se rider. On écréme trois fois sur la même terrine ,
deux fois pour la vente , la troisième pour la consomma-
tioo de la maison. Après avoir baratté , on lave le beurre
lorsqu'il commence à perler. Un procédé pour le rendre
plus fin est d'y ajouter , au moment de le battre , du
lait doux de la dernière traite.
Les pots sont lavés aussitôt qu'ils sont vides , écurés
avec des orties, lavés de nouveau , inspectés avec le plus
grand soin par la maîtresse, puis séchés aussi rapidement
que possible, soit au soleil, soit en face du feu, soit même
sur un brasier , pour les griller plus ou moins fortement.
M. Houdeville , de Rouen , indique que plusieurs cul-
tivateurs sont dans Tbabitude , pour conserver leur traite
du midi jusqu'au lendemain , de plonger les vases dans
Veau froide aussitôt que le lait y est versé. C'est une më-
Ibode également uâtée à Saint«Saëns et à Neufcbâtel par
les laitiers.
1H faut , par liilogramme de beifrre , de 120 à 30 litres
de lait : 30 en hiver , 25 en automne , et 30 en été.
L'importance de la fabrication du beurre , pour le
canton d'Argueil , est de 300 à 350,000 fr. Elle est
d'environ 5,000,000 fr. pour l'arrondissement , en y corn*
prenant le fromage.
Les centres d'écoulement sont Paris et Rouen.
Yoici quelques renseignements sur le prix des beurres :
318
SBAIfCBS GBBBBALBS A RKBVCDATBL.
Uiit d€$ Cmliivaieurê qui ofarfenl /et meiUeum qiÊolUm iê
beurre aux iiMrrfMi.
MARCHÉ DE FORCE^LES-EAUX.
ROVS
DEBEOie.
QfiAKTITÉ
vendue
par chacun
d'eux.
* t
PRIX
obieiMispur
des cnlliTatetirs.
kilogramme.
Cousin (M»!").
Trefforest, romm»'
55^40 kil.
irr.80a2rr.30.
•
dn M«8iiil-MRiiger
t.ovill]iîfi-Bloqiicl.
RpAiitMîc la Rosière
:v>à40
Id.
lliirpy(Jean PiciTeVSerqueQX
55 à 00
Id.
nwre.
Yidccoq.
\éTi ( baule, comin"«
70
Id.
de Maaqoencliy.
Tampteu.
Maiiquencby.
70
Id.
Lc'Iong (RminaiH).Kouvniy.
75
Id.
Decittx (Samuel). pleRiibec.
40
Id.
Ilaineniarre.
Serqucux.
45
id.
MM. Forestier.
fiODbwnme.
Hariéc.
Uelajiorle.
Semiclion.
Hergeani.
Boutîn.
Gillet.
Sergcanl.
Gelléc.
Ledcz.
Foreevill';'.
Monnier , maire.
Laronlaine (N^^).
Lerôvre.
MARCHE DAUMALE*
55à40kil.
Boift-Robia, coni-
niiine d'Aiimalo.
Marescot , cointnu-
ne d'ElIccouM.
Idem.
Vieux-Rouen.
IdcMn.
llonaffles , comni»*
du Vicux-Rouei).
.NulliMnont.
llléc,com«d*lllo{s.
La Marre-dii-Bois,
commune d'Hau-
dricoiurl.
Bretagne, conim"*
d'Haudricourt.
Fn'^vcMt, commune
d'Haiidncourt.
Ili'anva], commune
d'Haudricourt.
Marques.
Idem
Rondépine , com-
mune deMftrques.
«>à93
20;ifô
30à55
50 5Ô5
20&25
20îi95
55à40
55à40
50 à 55
SoàSO
50^55
90&S5
20à3ft
a0à35
i rr. 70
M.
Id.
Id.
Id.
Id.
Id.
Id.
Id.
Id.
M.
td.
Id.
Id.
tItOVÊYB AGfet4:ôL«.
$19
Suite 4m nkmcaé B'AOïAts.
MM . Dobac
Rondépine , com-
mune de Marques.
S0à25k.
1 fr. -tÔ
Pepio, Teuve.
Prettseville,coroM
de Marques.
^^^
Id.
Buancbon.
Marques.
f0à25
Id.
By, maire.
Rivery, commune
deS<«-MarKuerile.
l5J!iO
Id.
Blondel.
Mondavcrgne , c"«
de Marques.
i5àâ»
M.
Bonbonune.
Villers, commuuc
d'Haudricoarl.
12à15
Id.
Foomot
Remompré , com"«
de NuUeniont.
isàao
Id.
1
MAtCHÉ DE FOOCAIUIOXT.
UM.CÊKM.
Réalcamp.
35i^40ka.
1 Dr. OS à 1 fir. 75
Le Mire (Pierre).
.St-L.6gers.
55 il 40
Id.
Parrâ.
Aubennesnil.
40
Id.
Débuleus.
Idem.
MàS3
Id.
De la Haie.
Rétonval.
35 à 30
Id.
lySpinay.
Vilters.
t»2i30
Id.
DirfèoiUi.
idem.
S5àS0
Id.
Picani.
Foucarmont
25à50
Id.
Miol.
SirRemy.
as^so
Id.
Langlois.
Idem.
25à30
Id.
MARCHÉ DE 1
ICCRT.
MM. Angué.
Manquencby.
00 kil.
i fr. 80 II SA'.
Id.
Uicroilnler.
Idem.
54) 1
Le RoHX.
Idem.
45à50
Id.
Marendé, maire.
Idem.
45
Id.
Floqaet
Idem*
45
Id.
LjAcîea.
Idem.
30
Id.
LcColnie(Etienne)
Toumery
50
Id.
Cwcboîft, maire*
Rocqucmont.
50
Id.
PajoC (iean).
Monlérolier.
45
Id.
Le Roy.
Idem.
45
Id.
BoudeL
Héron.
45
Id.
Boodet.
Idem.
45
Id.
Rony (Elol).
Daniel , maire.
Héroncbel.
idem.
75
45
id.
Id.
Lbemault.
Bosc-Edeline.
65
Id.
Le Clerc «maire.
RébèU.
45
Id.
Le Clerc.
Vieux-Manoir.
45
Id.
Lefebvre (venve).
Bois-HéroulL
35
Id.
SaiMiel (François).
idem.
35
Id.
Houle (veuTc).
Houle (fille).
St-Germ -de»-Ess.
30
Id.
Idem.
30
Id.
330 SBANCRS «BNKKALES
A MBl'FCHATBL.
miUMÈ BE fiMIXBF03KTA»t.
MX. Thomas. *
Tbil (aux Grands-
Herl)ages ).
150 kïl
2fr.20
TbomM.
lx>ngroc«uU.
125
S 30
Billard. *
Tbîl.
1£S
2 20
Uriaucbon.
iXt^sle-Hodcng.
1i5
2 80
Jean (Jean-Bapl«).
Si-Maurice.
110
2fr.l0à2fr.20
Piaquet (veuve).
Criqnicrs.
60
2fr.20
BloiiileL
Haussez.
60
8fr.10i2fr.20
Gillet.
niois.
50
2 10 2 20
Horcliolle.
MesoiUMauger.
40
2 10 2 20
Gautier.
Tbîl.
40
2fr. 10
Taburet
Gaillefontaine.
1S5
2 iO
Oabancourt; maire
LongmesBil.
75
2 10
Cfosae.
Galllefoiitaine.
40
2 10
Découdre (veuve).
60
2fr.10à2(ir.90
Maasire.
GaiUefoBtalBe.
40
2fr.10
(*) Les noms marqués d'un astérisque indiquent cens ipH n'appor-
tent pas tout leur beurre à Gaillefontalne.
■AtCBÉ BE LOUniXIÊRES.
Londinières.
MM. Gautier (N«s;.
Chevalier.
Letellier.
Cuel-Gonrty.
Gourty (Hilalre).
Bnbrd.
Coorty-Fardie.
Guél (Joseph).
Cnel-Lerasseur.
Delafontaine.
Lelailleur-Bertay.
Renard (Thomas).
Leieu-Delestre.
bienfait aîné
BienCiit père.'
Bienfiiit Als.
Devambez-Gouvcr-!
chel. t
Hiver ,30 k.
Eté, 70k.
Lignemare , oom"* »
die Smermesnil.
Wanchy-Gapval.
MABCBÉ DE GOURIVAT BM BEAT*
2fr. 5Ôk2fr.80.
2rr. 15à2fr.90.
m
Bonricourt , com-
mune de Gancourt
Mont-Louvet
Beuvreuil.
Cuy-St-Fiacre, c"»
du Quesnoy.
Beauvré, commune
de Mont-Ruel.
Eté 200k.
Hiver, 100
Eté, 200
Hiver, lOd
Eté , 125
Hiver, 60
Eté, 125
Hiver, 60
Eté , 100
Hiver, 50
2f\r 20k2fr.40
2rr.50
2fr.10à2fr.30
2 70 S
2 10 2 30
2 70 4
2 10 2 30
2 70 3
Mêmes prix.
Elbeuf.
Mêmes quantités et mênaes
prix.
80 kilogramoieSy même prix.
ini.lliffie>]toiiaiii.
Herbe.
Leien, veii?e.
DebfoBlaine.
BlfQVÉTE AMiCOLr 321
Suit» dm MABCflÉ DV GOOIXAT.
Lngëras (Oise), ( Environ 50 kiiogramines ,
Coy-Si-Fiacre. l même prix.
Oq pane aux quesiions rdatives aux fromagen.
M. Legrat lit une note en réponse à ces questions.
HOTE SUR LA FABElCATlON DBS FEOXAGBS , PAE M. LEGEAS.
Le rapport que Je suis ebarsé de vous frire sur la &**
bricatioD des Tromafes se réduit è des termes bien simples.
La cooversioD du lait eo fromages. s*opère par des liqueurs
acides ou par la prëttire : ainsi le lait « une fois cailTé ,
est déposé dans des fromagers ou des bannettes , pour être
ëgontté et ensuite pressé de manière à en extraire le petit
lait y Tulgaîrement appelé maigre. Arrivés â un élat dé
pâte f les fromages sont moulés et ensuite salés ; après
quoi on les frit sécber sur des casiers placés dans des bâti*
ments aérés , puis on les descend dans des eaves ou des
endroits enfoncés où ils restent un mois ou deux, et même
un temps plus considérable , suivant la température. Oo
frit des fromages de diverses qualités ; on en fait dans les-
quels il entre un tiers de crème et deux tiers de lait ; oa
en frit avec du lait pur , d*autres avec du lait mélangé de
lait écrémé , et enfin d'autres avec du lait tout-à-frit
ëcremé. La bonté des fromages est donc due aux soins et
à la volonté des maîtresses de maison , et à la nature du
terrain , c*e8t*à«dire , que tous les berbages ne sont pas
également propres^à la bonté des fromages ; ainsi il arrive
qu'on berbage de seconde classe conviendra mieux qu'un
antre de première qualité^dans lequel on pourrait engrais-
ser des vadies ou des bCBub. Cette denrée se consomme
21
dâS SÉANCES CBHBBALBS A HBCFCEATEL.
dans toutes les classes de la sociétë , el particuliôreinent
dans la classe ouvrière , qui en fait son priacipal alimrât.
Sous ce rapport donc , la Société d'agriculture trouve ici
une nouvelle occasion de renouveler des vœux au Gou-
\crnement , pour obteftii! ulia diminution sur Tinapôt du
sel , qui peso sur la classe peu aiaée eâ sur ragrioulHIre.
Il me serait difficile, Messieurs, de vous signaler une seule
amélioration h introduire dans la fabrication des fromages;
eHe-est confiée à des mains si exercées , qu'il 'n'y aundt ,
je crois , rien à gagner à déroger à leiM habitildes.
•
NBfUté Mon rqiport sur la fiibvkatioD des fromtgesaTaBt été fait avait
d'avoir eu connaissanee du programme des quesiioas de l'AssociatioA,
jedojs y saouler que je me suis assuré quc,dc 16 Ulrcs de lait» on peut
obleuir 23 fromages , pesant 5 kilogrammes 281 grammes ;
' Lesquels 23 fromages , à raison de 9 fr. le o/o> font. . Sfr. 6 c.
SI, au lieu de faire des fromages, on \eut faire du beurre , de b
même quantité de lait on en obtiendra 5 hectogrammes 70 grinnmes ,
qui, à raison de 2 fr. le kilogramme, font. ..... 4lSr. 15e.
Plus , 12 fromages écrémés à 3 fr. le «/o S6
Ifr.SlC
Itcste h déduire ,sur le produit des fromages, le sel, l'usure des
linges , et un temps plus considérable que celui qn*on emploie pou
fliire le beurre.
M. Gujan lit un Mémoire sur les moyens de se
préserver de la péripneumonie« Il combat l'opinion éonse
de marquer les vaches malades , comme mesure gênante.
Il voudrai^ que Ton obligeât tout individu ifiiire im-
médiatement aux autorités la déclaration de rin¥a8ion
de la maladie dans son troupeau ; qu'il j eût expertise ,
séquestration , cstimaiiw , femboursemeAt , indemnité
même ; el , comme ressource , il indique le Trésor , soit
c|ii*il agisse par voie de centimes additionneb , soit au-
trement.
M. Habirc donne connaissance d*une pétition sur le
même sujet. Il appuie ë|;aleikient sur rimporfance' d*une
indemnité.
Ces deux pièces sont déposées sur le* bureau , ainsi que
le Mémoire de M. Jolj.
H. Anaelin préaente quelques observations au sujet de
la péripneumonie.
La^éaneeestlevéeà il heures et demie.
Itf S(crélaire :
HOIIDELIÈRE.
SÉANCE DU 27 JUILLET.
■
PaasiDEiCB DB M. DK CAUMONT.
MM. DenoyeIIc,baroDd*IIanssez,CheTeraux, d*Evreux,
siègent an bureau. U. Houdelière remplit les fonctions de
secrétaire.
M. de Caumont pose diverses questions relatives à la
valeur des terres et au prix de location dans l'arrondisse-
ment de Neufchdtel.
H. Mabire indique , coihme moyenne du prix de loca-
tion , fe chiffre de 40 francs net l'hectare. Cette estimation
esl trouvée beaucoup trop faible par MM. Houdeville ,
Belalonde du Thil , Du Lesmont et Lenormand. M. Par^
321 SÉANCES GKKBftALBS A NSVFCHATEL.
meniier appuie l'opinion de M. Mabire , d'après laqueUa
on pourrait ainsi classer les prix de loealion par hectare
net de toutes charges :
Herbages IM fr.
Terres cultivées dans les valMes et en corps de
ferme 40
Terres labourées des plateaux , en corps da
ferme • • 3S
Les terres rapportent, dans le pays de Braj, â 1/3 p. °/o.
Sur les plateaux , environ 3 p« */<»•
M. de Cauniont ajant posé diverses questions sur llm-
portance des fermes dans le pays , diverses exploitations
sont successivement décrites.
Le temps n'ayant pas permis de traiter tous les sujets qui
avaient été indiqués comme devant faire partie de Tenquéte
africoledans les questions imprimées , nous consignons
ici , A titre de renseignements , des réponses fiiites par
écrit et adressées à rAssocialion , au nom du Comice
d'Argucil , relativement aux pommiers , par M. Parmen-
tier. Ces réponses aux questions de l'Association ont été
rédigées avec soin et ont mérité les remercfments de ras-
semblée j qui les a trouvées très^jiistes , surtout pour le
canton auquel s'appliquaient les questions.
ARBRKS A CIDRE.
Quellet sont les variéiés de poinoUers et de poiriers etdiivéeê
de préférence ?
Les variétés de pommiers cultivées de préférence dans
le pays sont celles qui produisent les espèces de pommes
suivantes : La Maillarde , le Roquet ou Orteil « la RoufS'
Brière , la Douce JUozette j la Germaine ^ ete^
BMQVftTB ACaiCOLE. 3SS
\ «spèoN ^sgeDi de noms , dans difltfrciites loGaè*
•ans dianger de natnre.
dùU-cnimplaeerf dam h$ k€riagê$? iamhi terre$
Ub(mrée$l9mrleharddê$ rouiet?
De préfireace dans les herbages; ensuile sur le bord de^
routes.
A q^dh dfMtûneê doit-on le$ meiirê enire 4um f
De 15 à 90 mètres les uni des autres.
G^mmaU U$ pré$9r904^om de i'aitêmte de$ keUkuuc î
Au moyen d'une armure composée de deux pieuv, pla-
cés en lace Tun de Tautre, avec un lattage attaché par des
pointes , on de 3 pieux en triangle , liés entre eux par
des chevilles , ou enfin de fascines d'épines ou de Joncs
marins liés autour de l'arbre.
Commeni ptanÊe-t-an , $i queb soim dofme'i-on dam le
On plante une belle ente , <fe Tâge de 6 è 7 ans , dans
un trou de deux mètres de circonférence et d'un mètre
de profondeur , dans lequel on dépose , pour rendre la
terre aussi légère que possible , des joncs marins , des
fougères , des feuilles , des ronces , des genêts et autres
substances mortes j indifféremment ; puis on y ajoute les
meilleures terres végétales possible , avec lesquelles on
recouvre la radne du jeune arbre ; quant aux soins ,
ils consistent à dégager le pied tous les deux ans « en
enlevant une couche de terre de 20 à 23 centimètres de
largeur autour , sur une profondeur de 8 & 10 centi*
mètres , et à y substituer de la terre de vAse ou des dé«
bris de {vieille maçonnerie j ce qui est de beaucoup pré*
férable au meilleur fumier. Il faut observer que si 1^
jeune arbre est planté dans un terrain marneux ou sa-
ZU SÉANCES GKlUBftALttS ^ MBIVCHATBL.
bleux fCe'quilenuid brAIaiil^ildeyra.étre,4aB|ioe'€aft,
repiété de préférence avec de; la terre d» vâae oh argi-
leuse , plulôè qtt'avee des décombres de maçannerie.
Les variétés de poiriers soat celles «{ni produisent le.
flûs et^i fooi le meilleur poifd ; par exempte ^ le Picard,
le Cariiy , etc.
Quant aux soins à. apporter à la plantalioa , .à la dis-
tance et à l'armure des poiriers , ce .soiit exactemBqnt,les
mômes procdiéA que pour kss pommiers^ >
Le Secrétaire ,
HOUPELIÈRE.
W SECTION.
IXBUSTKie ET COIHKtCE.
«»■
PfiÊSIDENCB DB M. LE BARON b*HAUSSEZ.
Wkémwmê ^kmm Sdaneest des 94 , 9A 9 VS et t9
JuUlet %
Par M; Bocrlbt db la Talléb » Secrélaîie.
« MessieCbs ,
» Nous avons déjà eu l'occasioil de vous doaner à dit
verses reprises , dans les procès«veriNWK des séanses de
la ^ section , les résoltats de Tenquéte îadustrieile et
commerciale à laquelle nous nous sommeç livrés , résultais
que un» dX(fi»,9m^jnr 4e ré^ouHir 4«p# ^ fa|ipori«;
» Cooiiiie Yous avez pu^ 1^ voir^niHfatfijpie mmiiftf turjère
«ti fori peu avancée dM9'lK vilfai d^NeufcMM ; eli^quo^pie
plus développée daos les canteofl.de BbuifQr / d*AuiMle ,-
de Saint-S^êas et de Forges « eUe oflre encore as^eoe peu
d'importaace poiur que l'arrondissevient de Neu&hâteî
doive être regardé comme le moins foroductif de holr^
riche déparlemeot , sous le rapport de rindustrie prepre-
naeDt dite. Esl-ce un bien pour cet arrondissement ? eal«ce
un mal , el doit-il s'en pbindre ? C'est une question dif<
fieile à résoudre , Messieurs.; et » en présence des pcédi^:^
résultats qu a offerts, lenquélf) agricole , en présence de la
prospérité que vous avez constatée dans ragrjcuUure de
cet arrondissement , nous nous demandons s'il devrait
désirer de voir ses fertiles et grasses vallées se peupler de
naoufiietures et d'importantes umnes. Nous.avons .parfois
entendu dire , Messieurs y que c'est souvent aux dépens
de l'agricultuEe que s'accroît Tindustrie manufiietnrière ;
souvent • là où elle s'établit , ks travailleurs . séduits par
la trompeuse amorce d*un salaire plus élevé , enlèvent h
l'agriculture les brm qui lui sont. si nécessaires , et ne lui
^rendent plus leurs services que moyennant un prit exor*
bitant. Disons* en outre y que l'industrie est- bien plus
sujette que l'agrieutture k de brusques revirements , et
qu'en conséquence , si Fiddustrie spporte dans qn pays la
richesse et l'opulenee , presque toujours à cùté du luxe se
trouve la misère ; et rappelone qu'hier nous avons enteur
du avec plaisir H. le rapporteur de la section des sciences
morales nous dire que les mendiants , dont cette section
demandait l'expulsion , étaient presque tous des pauvres ,
étrangers * l'an ondissement. Mous ne savons donc si nous
9» 8BAXCBS «ixéftALIS A nmOKMXTBL.
devons fiéliciter m pModre rarromlisMaieiil de NcwCshâlel
du peu de déreloppemeot industriel dont nous yenons de
vous entreteoir. Car qui pourrait mus dire si ragricuUure
aurait donné matière â des rapports aussi intéressants i|ue
eeux que vous venei d'entendre , si nous eussions eu des
résultats plus nombreux et plus brillants à vous signaler
dans la section de l'industrie f
» Mais à quoi peut tenir cette quasi-stérilité industrielle
d*nn arrondissement qn» « d*aprôs le témoignage des a»>
torités locales, est si abondamment pourvu de chutes d'eau
prapres à bire d'admirables moteurs d'usines , et qui aa
trouve si prés des grands marchés manufacturiers, si près
dès ports qui peuvent lui apporter ses matières premières
et emporter ses produits fiBibrîqués, si près , enfin , de ces
grands centres de production manufacturière qui semblent
rayonner autour d'eux l'activité et le besoin do lucre T
Comment se fait-il que , depuis âOO ans, les industries,
primitivement existantes dans cet arrondissement , soient
restées sans progrès, que qnelques«unes se soient éteintes,
et que très-peu d'industries nouvelles soient venues les
remplacer ? Je l'entendais expliquer hier par le raorcdle-
ment de la propriété , d'une part ; de l'autre , par le
maintien du vieux et caduc régime dotal dans les contrais
amtrimonianx. A coup sûr , ce ne sont pas le les véri*
tables causes de cette espèce de stagnation industrielle.
Il est vrai que le réglnue dotal , qui , bon par lui-même ,
parce qu'il maintient la fortune dans la bmilie , peut être
regardé comme trop favorable à la femme lorsqu'il est mêlé
à la communauté d'acquêts , parce qu'il lui acoorde une
l>art léonine ; il est vrai , dis-je , que ce régime est anti*
commercial , parce qu'il immobilise la fortune et met
BM^ÉTB IHMCVMSLLK. SM
dbstade ao crridit ; maig il est aiwt maiiitenu j^r nnerlie
de» pratideoscl par la rovltoe ées maMesdai» les antres
jMVIias de la Normandie <, où ooos voyons cependant rin*
dnatrie flenrir et se défd^Bpper malgré œtte sérieuse en-
trave. Uest vrai aussi quele moroeUement de la propriété,
on fractionBant les IbrUines , s*oppose à raoeumoiatiott
des capitaux^ et par conséquent à la fiMnnatîon on mèoM)
an maintien d'entreprises iodasUielles importantes; omis ,
sauf une partie des départements de la Smne-Inftrieure ,
de l'Eure et du Calvados , oe morceilement de la propriété
M renoDtttre dans toute la Normandie : oe n'est donc point
eneore la véritable cause de la stagnation industrielle de
cal afroadissement. No serait-ce pas plutôt parce que •
pendant long-temps , les voies de communication ont été.
iaeomaiodes et difllciles, et que Tiadustrie» qui avait reftwé
de s'étendre dans cet arrondissement , parce qu'elle n'y
trouvait que d'onéreux moyens de transport , n'a point
encore eu le temps d'y pousser ses ramifications , de-
pois que les moyens de communication avec la métro-
pole , avec les départements de l'Oise et de la Somme,
et surtout avec la mer , sont devenus faciles et peu dis*
pendieux ? Ne voyons-nous pas , en effet , que d(<jà l'in-
dimtrie de Forges a reçu quelques développements depuis-
peu d'années , et n'entendionis-noas pas hier M. le baron
dllaussez nous dire que le canton de 8aint«Saéns n'atten-
dait , pour entrer dans une voie progressive , que Taché-
veoient d'une route depuis long-temps promise, et depuis
long-temps vainement attendue ? Croyons donc, Messieurs,'
que - l'arrondissement de Neufchdtel sortira bientôt do
cette espèce de torpeur industrielle que nous avons cons-»
talée ; croyons que bientôt l'industrie manufiicturière
330 SÊAICCBS. GBIlÉtAUfl ▲•IttlifeHATBL.
iriondru «xfloiter les molaw» ttoUmb offerts p«r «es ri*
vièm-, à umos que la oréatiûa des che&ikiB iefmfém
RMieaas Utirre et A Dteppe ne relègue eaoore cet an«»-
dîfae»enl-daii$ uoeisapèie d'ûp^esae iadottrieL-
9 £tt atf eodiint l'avenir , oeasCatoiift l'état prédent/el per«
MeHes'inotde résumer eo <|uelques> Miots tes wmeiy enieime
que nous a finirais Tesquâlie industrielle' et conuierciade.
• Naus n'avooaeu que {ieu.de rèaeeijinemetttasiir'ies.
caulona de Gournay et d'Acgueil* Seulement on nous a
sipudé dçux filatures- importonles dans ce dernier iaiôton;
mnîs Létons-notts de dire qu'elles sont situées à Crobj-*-
laJiaîe « cow&une Uaiilro|i)ie du départemtet derfinre,
comme ei rinduslrje manuiocturière n'osait mettre qu'aur
pied dans ce oanloQ*
» fi*a|^'^ le rapport trè&-préots et substastielqisi nous
a été. présenté' sur le canton de St-8aéns par M. d*llaus*
862, président de la section , ce serait à ce cantOAqoe
devrait appartenir la première place de rarrondîsseflaeot,
sous le rapport industrid. Deux filatures de oaiton , sises
ù St-Saéns, exploitées par M. Duforestel , donnant du
travail à 130 ouvriers et produisant annuellement eavjron
200,000 kilogrammes de coton filé , une scierie méear
nique y trenle-sept tanneries , cinq établissements de oor-
roierie et quatre raoulias k Un , occupant ensenUe près
de âOO ouvriers et contribuait à la préparation de
45^000 gros cuirs ,. donnant en résultat au pays un proit
de 1^917,000 fr« sur lesquels^ elle ; emploie pour prés de
600,000 fr. d'écorces , dont une grande partie est extraite
des ^èts de rarrondissement ; tels sont les principaux
établissements industriels de ce canton , auxquels nous
devrons ajouter quelques &urs à (rliaux , iabriquant en-
U^ftTB 1HBII6TKIBIXB. 331
YÎroB 7,MM he€tolilics de co phiduit; quelques brique*^
teries , bkrUfHàot environ £,500^000 briqoes , et om-
htiflKrie de Uèrei En tetniiiiittt cette lUMMnclature ,
legrettMB que Findottrie de là fennerie , ri iokportMte
pour oeiersondisBenent , ^it restée slatiooamre et n'ait
pes profité des attéKeraâoos apportées â cette branehe
de (abncatkm par les réoentes éécooTertes jde la efahnie ;
•t ittsofis des vmix poor qn» ies-tanneurs de Saint^^SaGos ,
sortant des sentiers 4le la roatioc , ad^p^ent les procédé»
qui eut pour efflei de diminuer le prix de lu fabrication,en
laiawAt jamus leng^emps dormir dans les fosses les ma^
tières qui çont la représenSatioa de leurs capiUiu^k
« Après le cani»n de Saint-Saêns » nous assignerons lu
seconde phee aux cantons de Uangy et d'Âumaie, qOî
powëdent d^ nombreuses et smportimtea vejprerjes. Mal*-
heurauseuMUt , là aussi nous avons peu de progrès à confi<^
tater : cependant il iaut reconoaitreque M. de Giraoeourî'
fik , désireux de soutenir la gloire des anciens genlih*
bommas verriers dont il descend, et MM. Vimont, Einerjr,
Deain , Gruel , de Saint-Ujiaife , «n important danii
leurs établissements , les uns la fabrication de la verro*
\erie et des cristaux , Tautre la fabrication des verres à
vitre, ont depuis plusieurs années donné à cetU; industrie
un plus vif essor.
» Outre ees importants établissements, le canton de
Haagj possède aussi deux* savonneries , dont l'une , oe«
cupéepar M.CuvelKer et consommant des huiles de oolxa;
aest pas sans importance pour l'agriculluve , et livre aa
commerce des produits qui ont mérité les encouragements
du Gouvernement. Il s'y trouve aussi une brasserie imf
portante » appartenant à M. Lebreton ; une fSsdirique de
333 8BA3ICB9 fiéffUAUBS À KIWCBATU.
drimiqoes ^ fiiiNiqiuial TtcUe pyrolîgMMiv et
tous 1^ pjroligiiitet otilet A la teûiUiffe ; ims leiarie mé^
caniqae » siae à Mut^^aux , et enfin dit tanneries moitts
ioiportanles que celles de 8aint*8aflnf « fonetionnant ansti
d!aprës les anciens procédés. Malheureusement nous n'a-
vons pu obtenir sur ces diverses indostries des ronsnigne-
menls statistiques propres A nous fiiire connaitre le nombre
d'ouvriers auxquels elles donnent dn travail, el le nonve-
ment de capitaux qu'elles occasionnent.
• Le canton d* Aunnle a aussi d'autres ressources indus»
trielles que les manuhctures de verreries prëcédensment
citées. D'un rapport intéressant qui nous a été remis par
M. Orevet , il résulte que si l'ancienne fabrique de draps,
qui avait autrefois apporté quelque richesse dans ce pays,
n'existe plus; si la fabrication du drap, dit St-Lo» qui avait
décadence dont elle ne parait pas devoir se leiover, pnrsnile
de la concurrence intdligente des fabriques de Lisieox et
des villes du Midi , ces branches d'industrie ont été rem-
placées par une filature de laine cardée , par une fabrique
de bonneterie de laine et par un moulin à blé , monté à
l'américaine. --La filature de laine occupe 8ë ouvriers, et
produit, par année, environ 55,000 kilogrammes de laioe
filée. Elle s'alimente de laines-pelures et de déchets pro-
venant, partie de notre déparlement , partie éeè départe-
ments voisins; tous ses produits sont employés pour la
bonneterie, qui se fabrique dans un grand nombre de vil-
lages voisins d'Aumale et dépendant du département de
l'Oise, dont la fiibrication a une importance évaluée à
plus de deux millions de francs.
» Quant à la fabrique de bonneterie de laines , elle
BlKHJftTS I50V&TBIKIXB. S33
livre au eommerce , par année « S,M8 doasaines de hùth
néU iràféê , 1 ,000 doattines de gileU de tricot , qui re-
préseoteot une valeur de 1âO,000 fr. Espérons que cette fa-
brication, de récente création , prendra déraecreiisenient|
et que les essais tentés par M. Ivart , pour ajouter à ses
produits des bas demi*drapés, seront couronnés de succès.
» Le moulin à blé,établi d'après le syslAnse américain ,
improprement appelé tysiémf anglak, et monté de 4 paires
de meules , est aussi une importation utile et fructueuse
pour les cultivateurs du canton , auxquels elle assure un
débouché permanent pour leurs céréales. Il convertit en
farine environ 300à 350 hectolitres de blé par semaine.
Après les cantons d'Aumale et de Blauf j , et peot*étre
sur la même ligne , vient se placer dans la statistique IH^
dnsirielle le canton de Forges, sur lequel MM. Ilecaut
et Ledoux-Vood , ancien fiibricant , nous ont fourni de
précieux renseignements.
» Les établissements industriels se composent, d'abord,
d*ane fiibrique de couperose, exploitée par M. Dopré -,
occupant 20 ouvriers en moyenne , et fournissant des pro-
doits qui peuvent s'évaluer à une valeur de 30 à 35,000 f.
par année» Le minerai , qui forme la matière première ,
est extrait à Forges et i Baubec , ainsi que la tourbe ,
qui seule est employée à la cuisson. Outre le produit dont
BOUS venons de parler , cet étaMissement livre à l'agri-
csdtttre des cendres vitrioliques pour amender et stimuler
les terres , dont la valeur annoelle est de plus de 3,000 fr«
» Mais c'est surtout la ûibrication des firiences qui formé
la principale industrie de ce pays : un étaMissement
exploité par M. Narcisse Ledoux , occupant 50 ouvriers ^
fabrique avec la terre de pipe, extraite des environs, de
1
334 S^AKCRS «A5iftALCS A IfRUFCnATEL.
b faïence façon anglaise ; deux autres , exploités par
IL Diipnis et H. Rilhard-Vood , et occupant ensemble
ICOtNivriers, fabriquent de la faïence façon de Rouen. Les
prodaiila de ces trois fabriques sont de pins de 300,000 fr.
|Mr an-La matière première est aussi extraite dans le pays.
Une f8i>riqae de pipes fines , nouvellement établie et
occupInU dO <i«vriers , et dont les produits petirent s'es-
timer à 90,000 fr. par an, et cinq briqueteries , fabri-
quant ensemble plus de 1(00,000 briques, et, en outre ,des
iMÎks. «1 des parés émaillës, achèvent de compléter la
Bomendature des établissements industriels du pays.
» Mous devons mentionner cependant , avant de ter-
miner ce qui coneeme ce canton , iroe industrie impor-
tante, occupant plus de âO ouvriers et produisant un re-
venu 4e phis^ 150,000 fr. par an; c'est l'extraction de
la terre è creusets, pour les verreries et les manufactures
de glaces et de faïences. Une grande partie de ces pro-
dnita sont exportés à l'étranger , en Suisse , en Allemagne,
en Belgique et jusqu'au Mexique.
• Ce qu*il y a de remarquable dans l'industrie de ce
canton , c'est qu'elle se suffit pour ainsi dire à elle-même,
puisque toutes les matières premières des fabriques , que
nous venons d'énunérer, sont extraites du sol de ce canton,
d'ailleurs si riche et si curieux sous le rapport géologique.
» ?^ous regrettons que le temps trop court assigné à
iiotreGongrès,et la diversilé de nos travanx,ne nous aient
pas permis de nous rendre dans les cantons que noua ve-
nons de citer, a&i.de visiter ces manorfiaictures. D est à
croire -que nous aurions pu appeler les récompenses de
l'Association suc quelques-uns des indualrids qui ont créé
ou développé les établissements dont nous vous avons en-
mqoAtb mwsniBLLV. 335
treteniis ; esfërooB qu'A un^ aalre mbhod hom iserons
liioiheoreox.
» MainflBBaDt ^ Measieiifs ^ il niMig foite é voub entre-
tenir du eadlon et de fai TÎUe do Neufe^âtel. LA quiïlqiies
élaUiiBeiKOts'iBdiulriel» seidemént, et de peè dlmpor-
lanoe , nous mit élé sifiialés. Ce gont ; lA fihture de Ncu-
▼tHe ; deux nouKns A' ramérieaine , Ais A NeufcbAIel ,
exploités fiiff M. Tareroier ; deux tanneries ; une brasse-
rie et une ehapeUerib.
» Votre Commission a ^ëlé visiter quelques-uns de ces
établiteements. Des movKnsdeM. Tavenriei*; INrd est A
â paires de meules «I l'autre A SfMiires, montes tous deux
d*après le nouveau système ,- aveu leurs bluteries et net-
toyages ; ils nous ont par» fonetiooner eonvéoÉblement.
» Quant auxlslnoertes , elles n'emploient guère que kns
cuirs du pays. L*une d'elties >, eehede M. BâuAtre *, tanne
les peauiE de vaehe, de cheval,' de veau et de mouton, pou^
la basane ; l-autre ne tanne que les peaux de vacbe , de
Teau et de mouton. Du reste , lAlés ne fabriquent aucnh
des 'cuirs forts tfai forment la principale 'febrieation des
tumieries de Saint-Saôns. Employant aussi les anciens
procééés , eHes sont, comme celles de Saiat-Saêns, en ar-
rière des progrès felts récemmebt par cette industrie , et
ne peuvent , en conséquence , que rivaliser avec peine
centre les ëtaUiss^nents qui ont suiri le mon vernit d'l^^
pahûm donné A cette fobrioatièn. Disons cependant qu'ut
cuir d*uBe grande dimension , qui a été eiposé par M.
Baoâ^pei, ttous a paru d'eue excellente confection ; mais
pour que riedestrie soit profitable , M ne suffit pas de bien
fidre j il fiiut aussi tfavmlier économiquement ; sans quoi
le tnvaO esteansfNwfit du sans débouché.
336 sÉAUGES etnviALBa a kbcfchatbl.
» Nous a VOUA TU efaez M. Blaaqoet ^ tonnelUsr , des
seaux d'une excellente iabrication , et nous derons à la
v«ril4^ de prodamer que nous n avens vu, ni à Paris , ni à
Rouen » rien qui puisse les dépasser, ni pour la beauté do
travail » ai pour la force unie à la légèreté , ni pour la
complète jonction des douves. Nous eroyons devoir si*
gnaler cet ouvrier dans un pajfs où les laiteries néocssi*
tent l'emploi d'un frand nombre de ces produits^ et où, par
conséquent, ce genre d'industrie est d'une immense utilité.
» Ou nou3 a montré les travaux de deux relieurs ,
MU. Basse et Gcossard. La reliure de M. Grossard , qui
BOUS a été préientée comme spécimen y est d'un très-
frand luxe ; d'un luxe tel, qu'il s'est cru obligé de h
mettre sous verre, et qu'on n'ose j loucber qu'avee les
mains gantées et en retenant son haleîoe; mais nous
croyons que M. Grossard a plus soigné la ferme que le
fond* Ses fers sont bien appliqués , ses fitels bons , cor*
rects; mais son livre s'ouvre mal , ce qui laisse voir que
le dos n'a pas été suiBsamment brisé, et laisse craindre
qu'à Tusage la tranche ne se cofiserve pas unie et plane^
Les reliures de &1. Basse, au contraire, sont parfaitement
brisées et s'ouvrent avec facilité; mais qwHqu'eUes aient
une belle apparence 9 soit défaut dans la confection des
ioslrumenls , soit mauvaise exécution , les fers paraissent
niai appliqués et les filets ont des bavures. S'il foUait ce*
pendant choisir entre les deux ouvriers , nous dénnertons
à H. Basse la préférence sur M. Grossard ; car, dans la
reliure , comme partout ailleurs , la beauté est chose fra^
giie et qui passe. Bendons*lui hommffe ; mais préftronsi
dans la reliure, au moins ce qui est sûiiie et durable.
» Des ouvrages d'or nous ont aussi été soumis par M.
B^OftTE f:CDl'STIltKUfi« 937
Félix Dubos. Nous sommes trop près de Dieppe^ où se fabri*
queot d'admirables ouvrages d'or et d'ivoire , pour que
nous croyions devoir arrêter ici loDg;*temps votre attention;
disons cependant que les petileti fleurs de M. Dobos ne
manquent pas de mérite , surtout quand on songe aux
diflicuUés d'exécution que doit lui présenter l'imperfec-
tion de ses instruments, dont une partie est fabriquée
par lui- môme.
• » 11. Uathon nous a montré quelques essais de mou*
lage en terre plastique ; mais ces essais sont encore im*
pariâila* Malgré toute ta bonne volonté dont M. Mathon
a lait preuve , nous n'avons pu asseoir de jugement cer-
tain sur les avantages qu'on en pourrait tirer , parce qu'ils
ont été exéeutés très en petit , et que d'ailleurs le défaut
d'exercice de M« Hathoa dans Tart du moulage et l'im^
perfection de ses instruments ne lui ont pas permis de
oooa offrir des spécimen de quelque valeur. Ccpendan nous
eroyoïw devoir signaler ces essaii^, afin d'appeler l'attention
des hommes de Tart sur cette matière , dont Temploi
smdrait peolètre des services à l'architecture.
• Nous avions été chargés d'examiner l'état des secours
en matière d'incendie ; mais il nous a paru que les détails
à donner à cet égard étaient étrangers à un rapport sur
llndastrie manufacturière^ Nous nous contenterons de
Cfliciter la ville de Neufchàtel sur ce que la rareté des in-
cendies ne lui a peint fait sentir la nécessité d'appareils
de secours plus importants et plus en harmonie avec les
progrès que cette industrie a faits depuis plusieurs années;
mais èomme les fléaux sont imprévus , et qu'il est toujours
bonde se prémunir contre eux , nous croyons que'ce serait
22
[
338 SÊAXCBS GéXÉttALES A XECFCHATEL.
faire acle de prudence qiio de consacrer quelques fonds à
Tamélioralion de ce service.
» Puisque nous avons appelévotrc attention sur ce point,
nous ne terminerons pas sans vous rappeler les efforts faits
par un homme dévoué au service do I*humanité pour
faciliter les secours en matière d*inccndie , et dont les
travaux vous ont été signalés par M. Capplet. — Bien que
M. Pion, d*£lbeufy n'appartienne pas à cet arrondissement,
nous avoqs cependant pensé qu*il sérail bon de profiler -de
celte solennité pour lui accorder un de ces témoignages de'
satisfaction que la Société réserve à oetix qui ont bien
mérité de leur pajs. L'échelle de secours, inventée par
M; Pion , pouvant rendre de grands services en cas d'in-
cendie , soit pour sauver les jours des malbeareux exposés
à mourir au milieu des flammes ^ soit pour permettre aux
pompiers de préserver d'une ruine complète l'édifice sur
lequel le fléau exerce ses ravages , nous avons regardé
celte invention comme un service poblioet national t et
nous vous proposons d'accorder à M. Piott , pour récom-
pense de ses services pasiH^ et coinaae encouragement
dans Tavenir , une médaille d'argent. »
*
Le Président , Le Secrétaire ,
Baroa d'IIAUSSEZ. BOURLET DE LA VALLÉE.
111' SECTION.
fTlTIOlIlL M L'IBHOSDISSEIEST DE KESrClUTEl-HXSTRIlCnOS
— lœiiOllI SOQALE— ÉTiUMMilTS PHlLimOPIOUES.
SÉANCE DU 2.=V JUILLET.
Prbsioexce de Jf. DE BEAULIEC.
Prscèa-vcrbaux lua en asaeiiibl^ ginérM*.
ParlV* A. de Bodxt^yills , SecréUire de U 3« section.
■
. La 3* section de rAssocîalîpn normande , celle à la-
quelle revient , d'après la distribution des travaux que
V0U8 ave? arrêtée , la tâche de rechercher et de constater
rétat moral de rarrondîssemenl , avait employé sa séance
d'hier à se constituer , à jeter un premier coup-d'œil gé-
néral sur les questions qui lui étaient soumises, et h déter-
miner Tordre dans lequel elle entendait les traiter.
» C'est aujourd'hui seulement ^ Messieurs ^ qu'elle est
entrée en matière , et l'instruction que reçoit la jeunesse
a d'abord attiré son attention .
» Elle a constaté à regret que les sciences physiques ,
naturelles et morales, n'éljaient nulle part professées
dans l'arrondissement , et que si elles étaient cultivées ,
comme il y avait tout lieu de le croire . par quelques per^
sonnes studieuses , leurs travaux ne pouvaient être fort
importants , et n'avaient reçu , en tous cas , aucooe pu*
Uicité.
.340 ftKAXCES GKXKttALfiS A KErFCHATKI..
» Ssir ce qui est, en particulier, de rinstruclîoD primaire,
deu\ MiSmoires iroporfantR ont été sonmis à la section.
» Le premier est de M. C^rderoy ; le second, de H.
Ilubard.
A L'un et l'autre partent des mêmes donnée^Jes rapports
de rinspecteur des écoles primaires du département , et
arrivent au même résultat , la constatation de raccroisse*
ment du nombre des écoles et des enfanU qui y reçoivent
l'instruction.
» Le Mémoire de M. Cœiirderoy , moins étendu que
celui de M. llcibard , moins complet , se trouve en réalité
contenu , ponr sa partie la plus essentielle , dans l'œuvre
de ce dernier , dont lecture va vous être donnée.
» M. Cœurderoy a cru aussi devoir éliminer les considé-
rations morales et In possibilité d'améliorationsdésirables,
sur lesquelles M. Ilubard s*est , an contraire , appesanti.
» Tout en accordant donc la préférence au Mémoire de
ce dernier , la section n*a eu que des éloges à donner au
Rapport consciencieux el écrit avec beaucoup de fermeté
çt de mesure, de M. Cœurderoy; et elle a été d'autant pins
empressée à lui rendre cet hommage , qu'elle a appris
par M. Combes , qui préside en ce moment l'assemblée ,
que M. Cœurderoy était , il y a trés-peu d'années encore ,
toul-à-&it illettré , ce que le manuscrit par lui produit
serait loin de laisser soupçonner.
» En résumé , Messieurs , comme nous l'apprend M.
liMbard , sur 14i communes dont se compose l'arrondisse-
joent , 34 manquent absolument d'écoles ; et , sur les 1 10
qui en sont pourvues , celles qui ne peuvent être classées
i^mme bonnes sont au nombre de 65.
■
» C'est un résultat plus satisfaisant que celui que Ton
ENQUÊTE MORALE. 341
pouvait obtenir preçédemmeat , mafis dont il n*y à certes
pas lieu de s'enorgaeillir.
» Une pépinière de bons maîtres existe à r<$coIe nor-
male , et on doit espérer que Tadministration supérieure
continuant avec la inème énergie son action sur lés com-
mones point ou mal pourvues , cet état de choses s'amé-
Korera rapidement.
» Avant d'entrer en séance , la section a visité Técole
communale de Neufchâtel , tenue par M. Lesueur , et a
interrogé les élèves.
• Cet examen loi a laissé toute satisfaction pour ce qui
est du maître A des progrès des enlants.
» Hais une salle unique, assez exiguë, et peu heureuse-
ment située pour 100 élèves habituellement réunis , n'a
pas paru répondre à toutes les conditions d'hygiène dési-
rables.
» Un membre a fait observer que la mauvaise tenue
d*utte partie des écoles de Tarrondissement venait de l'in-
suffisance des tournées d'inspections , et qu'il serait à
désirer que , dans chaque canton , rinçpecleur eût , au
lieu de Comités qui fonctionnent et se réunissent difficile-
ment , un délégué spécial et non rétribué , désigné par
rao(orl(é , qui serait plus ù portée de surveiller les
instituteurs et de c'onstater les infractions â leurs devoirs,
heureusement rares , qui seraient commises.
» La section a reconnu et déploré unanimement l'in-
sttflisaûce du salaire des instîtutcurs , qui met la plupart
d'entre eiix dans un état de gène voisin de la misère.
• M. Brichet a étevé la question de savoir ai l'Etat ne
devait pas seul supporter le traitement derinsliluteur.
• M. Semichon a fait observer qu'avec le régime
343 8BA2fCES GBfIBRAtBS A NBUFCHATEL.
actuel . une certaioe partie ^eg e^iaoU pauvre étak , dans
beaucoup de communes , forcément exclue des écoles, les
Conseils municipaux ^ auxquels H appartient de désigner
les enfants qui ont droit à Tinslruction fratuUe , ne {lou*
yant satisfaire à toutes les demandes qui lour étaient
adressées.
» M. Brichet a demandé alors que la geetion émit le
\œu que les rétril>ution6 mensuelles et casuelles de Fins*
tituteur soient supprimées ; que les instituteurs » comme
fonctionnaires publics , soient rétribués par l'Etat d'une
manière suffisante , et que rinstmclion tiémeotaire soit
donnée gratuilement à toug les eoSànts pauvres comme
riches.
» Si la section tout entière ne s*est pas associée k cse
vœu , c*est uniquement qu'elle a été arrêtée par la consi*
dération de l'importance des dépenses dont une semblable
mesure viendrait grossir le budget de l'Etat,
f Mais la section a accueilli, sans hésiter ,une autre pro<
position présentée également par M, Brichet.
» Cette proposition , ù laquelle nous avons espéré que
votre Commission des vœux donnerait volontiers son agré*
ment , est cellc>ci :
« Qu'aucun instituteur ne soit admis, à l'avenir, qu'aU'*
» tant qu'il possédera des cennai^sances exactes sur les
» sciences agricoles ; que chacun d'eux soit tenu d'ea
é donner à ses élèves des leçons élémentaires , et qae les
» instituteurs actuels qui ne possèdent pas les notîotts
tt ^filsanlcs, soient mis en demeure de les acquérir.poor
» les répandre dans les campagaes. »
» Après les écoles proprement dites , viennent las éUn
blissemeats d'instruction secondaire.
B?IQI'ÉTP MORALE. 343
» L'arrpodissemeot n'en compte qu'un polit nombre •
les jeunes gens qui d^partiennent à des familles aisées
étant placés de préGérence aux collèges d'Amiens • de
Beauvais , de Rouen surtout.
» Indépendamment d'un pensionnat nombreux et bien
dirigé , établi à NeuCcfaâlel , nous trouvons à Mesniéres «
dans le vaste et magnifique cbdtean de feu H. le marquis
de Biencourt • une institution dirigée par des ecdésias*
tiques , â U tète desqfiels était naguères placé U • l'abbé
Eude.
» Cet établissement renferme encore aujourd'hui 4^
élèves pensionnaires , qui y font leurs études jusqu'à la
seconde inclusivement.
» Les . règlements de l'Université sont observés dans la
maison.
» La langue anglaise , le dessin linéaire , la musique y
sont enseignés.
• Annexée A cette maison , et sous la même direction j
existe une école primaire autorisée pour des orpbelins ,
qui sont là recueillis et élevés gratuitement.
» Kons ne nous arrêterons p^s ai\jourd'bui à ce qui
concerne ces orplieltns ; nous aurons occasioH.d* y revenir.
» La petite viUe d'Anmala est fière » à juste titre » àè
son collège coifimunal , de création ancienne ,. mais qui
était tout-à-fait décbu et comme Abandonné , lorsque
l'administration en a été confiée à M. Tabbé Bouien » qui
l'a réorganisé et l'a porté à un baut degré de prQs^fL'rité*
» L'emplacement de ce collège appartient A la ville »
qui a droit d'y faire entrer , moyennant une réiributioQ
très-modérée , un certain nombre d'eniaots.
» Le nombre actuel des pensionnaires dépasse lOO. Le
344 SÊA?CCBS GÉNÉRALES A RKtTCBATBL.
cours des études est complet, et assez fort pour que les
jeunes gens qui Font parcouru avec fruit subissent heu'»
reusement lesépreuves du baccalauréat ès-lettres.
• L'arrondissement renferme atissi quelques maisons
où les jeunes filles des classes plus aisées de la société
reçoivent une instruction convenable.
• C'est à Ncufchàt^ seulement que se rencontrent une
bibliolbèque publhiue et un musée , si toutefois on peut
appliquer ces noms pompeux & des coHecttons , non dé*
pourvues d'intérêt sans doute , mais trop incomplètes et
composées d'éléments rassemblés avec trop d'indulgence
pour offrir au savant ou à l'artiste des moyens d'étude ou
des inspirations fécondantes.
» Cependant , Messieurs , cette modeste bibliothèque a
déjà plus d*un siècle d'existence.
» En 17S0 , l'abbé Bridoux légua à la ville tous ses
livres , qui étaient, nombreux , et la maison qui les ren-
fermait.
» Des dons successifs vinrent accroître ce dépôt , qui ,
en 1791 , fut transféré à la municipalité et enrichi des
débris des abbayes voisines , de Foocarmont , Beaubec , etc.
Blalheureusement aussi , des commissaires envoyés de
Rouen,ettravaillant au profit du cheMieu du département,
vinrent, peu de temps après, fouiller et piller ces richesses.
» A cette époque de désordres , une partie des livres
fut en outre vendue , et cette vente , comme le triage
opéré au profit de la bibliothèque de Rouen , eurent lieu
avec tant de précipitation , les soins donnés h la conser*
vation de ce qui resta furent si négligents , que la plupart
des ouvrages anciens sont aujourd'hui incomplets.
M Depuis quelques années , grâce aux dons du Gou-
K50UÉTE MORALE. 34$
veroemeiit et h uoe petite subvention accordée sur le
budget de la ville, les rayons vides se repeuplent de beaux
et ,ee qui vaut mienx , de livres utiles.
' • Notre bibliothèque municipale compte donc, en ce
moment, au-delà de 9,000 volumes, et querques manuscrits
I qui vont vous être indiqués :
» Une Bible , sur vélin , du XIII* siècle ; un terrier de
Fabbaye de Foucarmont , composé vers 1700 ; une table
alphabétique de l*histoire du ^uvemement de la France,
IMur le fameux comte de Boulainvillers ; une copie de
rbistoire de Neufchàtel , par dom Baudin et Vigreux ,
tiféesur Toriginal et donnée par M. Le Prévost,de Bernay.
• Le musée comprend :
I » Une centaine de tableaux de* maîtres inconnus et de
pea de valeur], une collection de modèles en plâtre d'or-
nements d'architecture , 600 médailles romaines , 400
médailles modernes , tant françaises qu*étran{2:ères ;
» Bon nombre enfin de petits monuments ou de débris
des époques romaine , gallo-romaine et moyen-age , pro-
venant particulièrement des fouilles et découvertes faites
aux environs de NeufchâtèL
> Après avoir passé en revue ces- 4]Ui4ques richesses
municipales , nous serions impardonnable de nous taire sur
le taieot , sur le zèle et sur le désintéressement de M.
Machott , auquel la conservation en est confiée. Ses efforts
ponr augmenter Timportanco du dépôt remis à ses soins ,
ioot dignes de tous nos éloges.
• A la fin de la séance, H. Quenouille communique une
note historique . sur lé bourg de Saint-Saëns , extraite
des recherches manuscrites bites par M. Concédicu , an-
cien maire de cette commune.
346 8BAHCE3 GÉNÉBALBS A KBCFCDATEL.
» Il en résulte que ce boui^g aurait été fondé , vers l'aa
670 , par Sidpnius « iqoÎJie de l'abbaye de Jumiôges , qui
y fonda un monastère , détruit en 860 par le» Nonnands;
que Saint*Saêns eut pour «e^oeur , en lOiO , Richard ,
\icomte de Rpuen , auquel wcoéda Lambert qui ^ en
1066 , accompagna Guillaume^le-BAtard 4^ la eonfu^te de
l'Angleterre ; que , de Lan»bert , la seigneurie passa à
Hélie , comte de la Flècbe et du Haine, qui , en 1106 ,
donna asile dans son château , dont les vestiges subsisteol
encore ^ à Guillaume Cliton , fila de Robert II , duc de
Normandie » poursuivi par les troupes de Henri V^ , son
oncle ; qu'en 1 408 , le bourg appartenait à l'illustre maison
de Douglas; enfin, que Saint-Saêns , saccagé une première
fois. par les Normands , une seconde fois durant les longues
guerres de l'Angleterre avec la France au XIV® siècle .«
fut brûlé en 1592 par Henri IV , qui tenait à empocher
les Espagnols de s'y établir. »
SÉANCE DU 26 JUILLET.
« MfsssiBVBa,
9 Les établissements de bienfaisance ne poiivaîent
manquer d'attirer toute l'attention de la troisième section,
dqnt j'ai l'honneur d*étre en ce moment l'orgaae auprès
de vous.
» Nous n'aurons point oepepdant .à voua enlr^enir ,
Messieurs y de Thospice de Neufchf tel f que vous avez
visité aviint-hier av^c intérêt et satisfiiction, M. SemîcboPt
un des .administrateurs de cet établissement , dout il a
BNQUiTE MOBALB. 947
depois long-temps dépouillé les riches archives ^ prépare
sur l'histoire et l'état actuel des hôpitaux de cette ville
une Notice, qui prendra place sans doute dans votre pro-
chain Annuaire , où l'antiquaire » l'administratioa et
l'homme du monde seront heureux de la rencontrer.
» Dans l'arrondissement on trpuve :
• A Blaagy, un hôpital fondé par le duc de PenthièvrCt
dont la mémoire est toujours demeurée chère aux pauvres ;
9 A Goumay , un hospice ;
• A Aumale » un autre hospice desservi par les dames
religieuses de l'ordre de St-Vincent-de-Paule, dont la fon-
dation remonte jusqu'au XIP siècle , qui jouit de 7 à
8,C0O livres de revenu , où l'on reçoit des malades, et où
en même temps vingt-cinq en£aints orphelins sont habi-
tueDement recueillis et élevés.
» Tous ces établissements paraissent remplir parfaite-
ment le but pour lequel ils ont été institués.
» M* Semichoj^ &it part à l'assemblée de la fondation
qni eut lieu le 13 septembre 1349, à Gaillefontaine,
d'un hôpital qui a été ^puis supprimé,
> Un autre fait assez remarquable est signalé :
» Le bourg de Saint-Saêns a fait construire , il j a
quelques années, un hôpital; mai^ tous. les fonds que
cette localité pouvait consacrer à cette, pieuse entreprise
ayant été absorbés parles dépenses de construction, il
n'est plus resté d'argent pour, meuhler le bâtiment , que
1 on s'est vu ^édui^ donner â bail à no simple partioutier,
qni j ùit sa demeurée*
I» C'est un nouvel et fâcheux, exemple de l'impjféi
Tojance, qui trop, souvieot: présidée la conception ^es
plaps et à la distrihution des deniers coauounauj^,
348 SBAHCES GÉXÉAALBS À NEUFCilATKL.
» Mesniëres enfin^dans la maison de INazarette > fondée
par M. Tabbë Eude , dont le nom a été déjà hier prononcé
à cette assemblée , offre à un certain nombre d*enfant8
orphelins du sexe masculin, un refuge où ils sont reçus
jusqu'à ce qu'ils se trouvent en état de gagner au dehors
par leur travail de quoi vivre.
» M. Arson , en Tabsence de M. Eude , a bien voulu
nous transmettre sur cette œuvre de charité quelques ren-
seignements.
» La maison de Mesnières a été fondée en 183o.
» Le but de cet établissement est d'accueillir les orphe-
lins de père et de mère légitimes, et âgés de moins de
13 ans. Ainsi adoptés, ces enfants sont nourris , instruits
et formés au travail.
» Pour rinstruction , les orphelins forment école pri-
maire reconnue , et reçoivent les enseignements que sup-
pose ce titre.
» Suivant leur âge , leurs forces et leur aptitude , ils
sont appliqués aux travaux suivants :
» Exploitation des terres (70 hectares) , des prairies
(10 hectares);
• Jardinage;
9 Charrohnage et menuiserie ;
» Fabrication de tresses et de chaussons ;
» Cordonnerie;
9 Brosserie en tous genres.
9 Le nombre des orphelins est présentement de 70.
• De 1835 à 1845 , 217 enfants ont été reçus dans ré-
tablissement ; 148 en sont sortis.
Parvenus & l'âge d^environ IB ans , ces jeunes gens sont
placés, par les soins du directeur , comme commis , arti-
^
fiKQCÊTC XOAALB. 349
sans, ouvriers, domestiques, suivant Taptilude de cbacun.
» La section , à raisoo du caractère privé de Tëtablisse-
menl de Mesnières , ne croit pas pouvoir faire plus que de
dëcLirer qu*i] offre, pour une classe la plus malheureuse et
la plus intéressante de toutes , un asile précieux , et que
Tœavre de H. Eude a fait et peut encore faire du bien,
• La population officielle de la ville de Neufchdtel est
de 3,57*2 émes.
Sur cette population, 72 ménages indigents sont inscrits
sur les listes du bureau de bienfaisance, et reçoivent des
secours.
» I..es distributions consistent en pain, et, dans Fbiver,
en bois, tourbes et couvertures.
• Jamais on ne donne d'argent.
» Le bureau de bienfaisance possède une rente de
3,000 fr. , qui suffit et au-delà aux besoins ordinaires.
■ Le clergé est , là comme partout , animé d*uoe cha-
rité vigilante ; par ses soins , des quêtes à domicile sont
faites mensuellement , et le produit en est réparti parmi
les indigents, de telle sorte qu'il est avéré que les seaours
ne manquent jamais à la misère.
» Nulle part, dans TarrondisseiDient, il n'existe de salle
d*asile.
■ Ces établissements , d'une utilité équivoque et discu-
table 9 qu'on nomme Mont-de-Piété , ne s'y rencontrent
point non plus.
• Aucune société damis ou de secours mutuels , ce qui
est plus regrettable.
» Une salle d'asile, à Neufcbâtel même » a été projetée,
il y a quelques années, et quelques fonds ont été votés
pour cet objet ; mais l'urgence de cette création n'a pas
350 SKAltCES GÉNÉRALES A NECIFCHATBL.
dté reconnue généralement , et la quotité des sacrifices à
faire par une ville dont lés revenus sont très-bornés , a ,
, jusqu*à présent , empoché Taccomplis^ment de cçtte
CDuvro.
» Un membre fait observer que Tenfant du pauvre , qui
ne trouve chez ses parents ni de bonnes conditions hygié-
niques , ni de bons exemples à rr cueillir , appelle à grands
cris l'ouverture d*une salle d'asile.
» M. Corréa objecte qu'il ne faut pas appliquer le remède
là où n'existe pas le mal; que ce qui convient et ce qui est
nécessaire dans les grands centres de population , dans
les cités manufacturières , où te manque d^air et d'espace
se fait particulièrement sentir , est inapplicable à une pe-
tite vîlle dont la population est presque exclusivement
adonnée aux travaux agricoles.
» M. Corréa ajoute qu'il existe deux petites écoles où,
moyennant une très-faîbïe rétribution, lesr ouvriers peu-
vent , s'ils le désirent, envoyer leurs enfants dès l'âge de
deux ans et demi.
» Le secrétaire représente qu'il peut n'être pas sans dan-
ger d'accoutumer , sans nécessité bien manifeste , dés pâ-
fenU à compter sur la charité publique , pour Recueillir
leurs enfants dès le plus bas âge, pour leur donner ensuite
l'instruction gratuite et , plus tard , l'enseignement égale-
ment gratuit d'une profession ; qu'il est à craindre qa'avec
des enfants ainsi élevés , les liens de famille ne s^affaiblis-
sent, et que le^liabitudesdu travail sérieux , qui nourrit
l'homme , ne soient très-difficilement contractées ; il fait
i-essortir l'abondance des secours déjà distribués à la popu-
lation de la ville.
* La section , à l'unanimité et avec la plus grande ins-
feliTQUÉTfS MORALfi. 351
tance^cxprime le vœu qu'une caisse d'ëpdrgnes soit établie
au che&licti de rarrotidîssettieiit , avec des succursales , s*il
est possible, on lieux de dépôts , dans chacun des cantons.
> Elle est convaincue qu*avecle taux des salaires, et avec
les habitudes d'ordre et d'économie qui heureusement
régnent dans une grande partie de la population , cette
caisse ne pourrait que prospérer et rendre dé signalés
services, en offrant un refuge à quantité ^é petits capi-
taux, ou complètement inactifs, ou perdus dans des place-
ments mauvais.
• La section s'étaie do nombre de souscriptions que
reçofvent, dans rarrondissementjes deux banques philan*
tropiques qui y fonctionnent^
» A propos de la mendicité , M. Rîcquier , juge d^ins-
troetioB , représente que la plupart des mendiants vicn^
lient do dehors , de IKeppe surtout ; que ce sont en
grande majorité des fiinéants , des vagabonds , qui por-
tent la terreur et soovent la dévastation dans les campa-
gnes qu'ils parcourent , et que le plus sûr moyen dé pré^
Venir cette irruption et la mendicité ette-méme , est Tem-
brigademéot des gftrdes-ehawipéfres.
• M. de loverdo se jcint à M. Ricqtiier , et tous deux
demandent ^ue rembrigadement soit conçu d'après uil
plan qui rende le gârde«diampétre indépendant de toul#
infliieeoe locale , pour ne rélever , comme oftoier de po*
lice judiciaire , non pas seulement en dit, mais eU' droit,
Jiue du probureurdu roi. ils^soufaaiteniîHil aussi que la
puminatioii des gardés>-cbaiiipétreii Mt enlevée aux maires
et aux Conseils municipaiix /pour être remise & Tautorité
administrative supérieure.
- » Hv de ftf^lieu voudrait que les mendiant» fussent
332 SKA>'CES GÉXÉBALBS A NEUFCBATBL^
munis au moins d*une carie ou permis, h en% délivré par
les maires des communes où ils résident habituellement;
mais on objecte que les maires délivreraient des cartes k
la condition qu'on irait mendier hors de leurs communes,
ce qui est déjà arrivé.
» M. Quenouille souhaiterait qu'on établit, en chaque
commune où il serait nécessaire , un atelier de charité.
» M. de Beaulieu réfute cette pensée , en représentant
la nécessité et la dépense d*nn matériel à créer et à en*
tretenir , l'impossibilité d'avoir toujours dea travaux
prêts , la mauvaise volonté de cette sorte de travailleurs.
» M. de Loverdo met en saillie les g^os profits que re«
tirent les mendiants de leur déplorable industrie» et les
hideux moyens qu'ils emploient pour attirer la charité
publique , comme la location et même le vol des eoiants.
» M. Corréa voudrait qu'on cessdt de traiter les men*
diants avec une indulgence en quelque sorte paternelle, et
qu'on recourût à des mojens rigoureux de répression »
sans lesquels pas de salut.
• Le secrétaire fait remarquer qu'il faut distinguer
avec soin deux classes de mendiants : ceux qui en fimt
métier, et ceux qui recourent à la commisération publique
aecidentellement et par néeessité ; que les moyens k em*
ployer ne peuvent être les mêmes à l'égard de tous et qu'il
serait injuste de punir le malheureux qui n'obéit parfois
qu'au, ori du besoin.
» La discussion (ait demeurer constant qn*un tr^petit
nombre de mendiants appartiennent à FarrondîssemeBt;
qu'ils viennent de Dieppe en grande partie, et un peu du
département de l'Oise.
> Et la section émet le vœu que ladministration pour-
/ .'
i5Qt6Tfi' Mmxt/». SB A
didlé^ otaime il.. s'est} fiir m ifiirl^teg :dé|Mrlêhieiit«
T«iiM»» V aataiaflieiif dans lB>d4)partëmei»l*de tft Somnief.-
a Nous voudrions , Messieurs .• ii*â«oif' piAht 4fViniê
Mlretaiir d*ua Iriâte monuroeiit de cc^te \i\h , qité votre
troifiiëinë'sectioD a dû f i^tef, èt'ddi>CéIle^»'e6l vweiMn^
traînte de faire une appréciation s6vèvé.< ' . • •!
«» Latprâon dr:Nie»fobâtel présente^ à rextërteiir^, une
bçade noBdëpofrVae de 'mérite pen#*èlre r'ïuàis eellA
trompeuse muraille franchie , que de défiiuls yqikatdcila*
nines A déplorer l
• An <fB»rlter des femme»» point de ckttîiflbir '; k'^èee
hme et malsaine ^i porte ce nom ^ suffirait à' peine à
onq«n mu îndividas/et'papfdi^ptiisde Yiaf I i*]f"tro«rvtmt
entassés :diira[nt de» Jonrnrées ehtièrei ; un* Anf (oir in«ofl&
UDl, à ce point qu*onest obligé Uelogbr^niEf' pbrMe'd^â
Conme^dass «ne prétendue 'infintierîe'plaisée dan^-fe côté
tetioé: aoK liommes , ^ont -on lewâiiC IraTerser snîr -et
mûu ie quttlier : les prévenues ,"les condaron^^., les
filles mineures • tout est confondu. Enfin , il. est manifeslè
que si les ibâliipaentb ûfleotés a«x femmesineisent prochai-
nement réparés , ils «^peuvent que<defenii* lottt*à*Ent i»
hahflaUea ,'si même ils>ne:a'<écrDul^rt
» Awr œqui iesl destbammas , .lesprévéiins et les ootf»
damnés sont > séparés ; .mais 'les jeanesiéienus' «ont oon-
faidiK rav(ee> :eqx : même dhauffoiri' méose dortoir. La
OHir dea ooodampés est si ëxigud atisi- matarientée ^ qae
Mi malheareuiE y pour raeevoir quelque» rajans de soleU,
iottl obKgéa de se teaàr debout bot un- bane: '
■ Dn reste.absence complète de secret, pas- d^ifirraerie,
pM d'isolement passible , paa-do tvavail pour les détcnas.
BtH SltANCBS Oàni^JiMM A NEtiFCBATEL.
• Gel éisàéeeboÊH «stUi ., qo'iïeil'doidevoir'de- l'Ail-
mÎAMUttÎQii dépai^itenKnlilc d'.f jipportor remM», jet, dt-*
vani riMgeiM:^ <k» amélioralioOfl à âfiporiar , Umte^mmii
4«iiil«Da'daît dÎBparaHre.
• I>esprii)«M, hk trénailion était tôvia nàturelte ans
malbenireM qttifealiàtiileDt , qui Tiennent jaubir w y
attendre leur chdtinwttt4
r'ii Uirfleolion a pris. connâManw'd^iMi iasportant Hé-
moife de. M. de L«recdo sarcla filalÎBlM|M érimincUe d6
IVtnrondtiweinant.
» Nous n'avons point , Messieurs , à v^ua analysev ce
dMiyiMnt ; toctMfe va toua,€n-étte à ridstaot4ottni^.
. n jyiaîa noMS' avons à neotpHr uaetMtpettâcbe , BMdpia?
oét^e» ttoi'maMia : ceUè de naproduire ici r«xainen.cri«
ljqmi:tiiia>pe»sonneUeoientynaBs a^robs cru deiroir Aûre du
ti»vatt;da M. de Lotead^^ •
]• ta «eetion » en se rangeant à nottf sentioMit , a^cni
devoir noba recamimiadcride voils expoaer, avn quelques
ddveloppemehtS) en 4|uoi noa idées dilTéoaieniide 'delkaés
M» dé Lov^odà.
I» Uéiana-mnia^ Hessicurs, d'ajouter «que. .ce débaba
tmirné toirt k Tboimeur deoe jeof eiet savant magiflnil »
par son empressemettlili recannaftrë Ift|iialessQ d'eJ^erte*
lions fu-il eût assiirément pvétcnacs j m ie>tcnipa' lai eût
fÊtrvM de revoir -ei dai oomplélar son Mémoiiie^ Mais son
désir de tétaaoi^aeff de tout llnlérét qtt'il-porte A vastfa*
\wa% • en y prenant part , ne lui amit pas ipenniad'ain*
»ger, dans: une ani\i» .rainderoent exécutée , œs dillicilas
questions , de tons les. peinte de ^tte-oÀ- elea poavaieot
être considérées.
» C'est dono-à. peu piès en o^ termeagiie ropiniondil
secrétaire de la troisième section a été formulée.
• n est fiort à tegretter-y Messieurs , que M. de! Lûverdo
ait é(é empêché de rapprocher des données statbtiqaei
qu'il YWÉt de vous présenter* pour l'arvondissement de
Neufchàlel , le nombre des crimes et délits commis durant
les aimées correspondait tes dansies arroadissements voi*
sias, en tenant compte du. chiffi'e respectif des popu-
latioB^ JestiiS'CDaTaiâcU). pour ma part, que si Jes ta-
bleaux eomparatife doat je déplore rabsence , euâseotété
dressés , il en tàt ressorti des enseignements tels , qut
M. de Loverdo eût dû modifier les tonolusioos auxquelles
il s*est arrêté. Car je ne vous cacherai pas , Messieurs, que
je ne suis d^aooord arec Tauteurdii Mémoire que vous
venez d'entendre, ni'sqr les causes dé oef^rand nombse
de crimes cainmis dans Tj^rrondissemetit, ni sur le femède
à apportef au mal qui vous est sî|;Balé. ■ •
» U s'agit ici , vous le sentez', d'uae quèstian ca^talf
poumons^ il y va de rhonaeur de^ndtre-pays^'>Poufqpoi
s'y prodait*il plus de crimes qu'en aponae avilie coalrdè
de la Normaadie ? Cet étiit doit^il durer , eu tend*il é disi>
paraître t Quelmo^en à employer pour en amener un racil«
leur t La solution de ces doutes est évidemment poprnous
dhi plus haut ibtérét* '
Et d'abord , Messieurs* , remarquon^què^^du momeBt où
3 est constant que l'arrondissemenit 4 purement agricole ^
de Neu&hâtel effreune |dps> grande proportion de délits «
et sorlout de crimes horribles et de faits d'ude d^liauebe
poussée à ses dernières limites , qoe les arrondissements
voisins , notamment que celui dé Koaen , il (but bien ad*
mettra aussi cette vérité importanto*, qoe Fagglomératioa
de la population dans les graudes^ vièks et la multiplicité
des ateliers dé fabrique ne sont pas des drcoastanoes
d$i6 SÉANCES GtSÊtALE& A KBUFCnATSL.
aussi ËLchtiises pour la moralité des iDdîvidus , qu*bn Ta
dit avec kréflexioit.
». H. de Loverdo , povr guérir le mal qu'il décrit /nV
perçoit qu*un remède 9 la religiod. !
» Je suis loin de -conlealer Theureiise iiifliienoe< des
lio|iB principes religieux; mais je dis que st, de oecùté^
éttiît le remède , ade ee* cMé aussi devrait «e. reneootrer là
source da mal ; que si une jeuiu|sse dlcHrée dans des senti*
nents plus pieux que «eux quelle «ace à présent, devait
nécessairement nous donner de tout autres résoltals,îl (au«
érait en oonclure que- la grande «quantité de crimes et
de d^its signalés lient < à ce qu'une édocation soffisam*
ment chrétienne n'Ii pas été , Jusqu'à ce jour, diâlriboée
dans ce paja. Or il est impossible de sonlenir que la re«
ligion , dans rarrondissement de Neufcàâiel , est professée
faxéè nmos bonS'Oiiaiatres , moins bonopée / moiés pra-
âiqpée qii*el)e .ne Test ailleurs; dans rarrondissement de
iUmens par exempiew Im pemède recotqntondé ne «e
trouve d6nopo» en rapj^art avecla oause de la maladie.
» £tencA»t, llessieiirs/« H. de Loverdo ne nous pré-
sente point l'absetice de sentiments religieux comme le
principe spécial qu*il faille rendre comptable deis eifimes
et des 4éiâts iquil, a constatés* Il trouve ube double pater-
niCé à tiette délesta))leiignée : la dëbaache et Tivrognerie.
» M. de Loverdo n'entend pas assurâDaent que la dé*
bàiicbe et rivrognerie - nfexistent qiie ponr Tarrondisse*
ment de.Neufcbâtel ; maisa4-iil:aii moins établi qu'elles
y régnaicntâvec plu»4e forcé qu'ailleurs t Nullement ! Il
vous A bien dit ( et. vooft Ji^aver pas entendu sans surf^riso
et sans 'effroi les nombres qu'il a: citéà à celte oceasion)
combien il existait de cabarets dans nos 144 communes «
. KNQVàTB .xoiLiis;* , 357
ooaibiaD il y élaithiite UAfcsdMM4e-m:; mab U4t*a
pas préteBdu Beua déçhrer- par Jà ^e em Amestea établia*
floneats fussent moîas; AombreitK ai ifooios fré^uantéa
dans les coalrées lîeaîtropbea^iEt .os {Mmt fùt^U établi^
qu'il iaudraii nous evfillqMeii poiic^oi celte intiItîplîcUë
de cabarets et de buveurs ebez dpvs pivtùi qu'ailleurs;
car y eneom •un ooup^iitMOQ ^il^plipn jcixcepUtowieUe.tt
&•& Dii«:Ciifi8e>eicçptioii>ael|e4U8$|.
». I^es i babiUides . A^.xi^ucbe y.iHyjç^fmTifi/, . yoUli ,
a^lOPi U.4 !de Lov^do^ fie qpî.pojuç^. oo9,.flf^pula^io|i^. k
foire le mal. Mais ces habUodes niiâaies.syift 4i^k uq^. foal,.
muA d4l|à ua nqs , sopt <parlb^., seloi),les.circQns(ai)çes ,
presqulua crifoe. Poucq^9i rè((QeDUellos , d'apr^ yous ^
chez nous pins, que çhe^i^as voUiQ9?.Cçt.bojnj0pe, (^i(es-
vous , va au cabaret , d*où il sortira j^ur accomplir quel;
que mauv^ife açtioa. Mais. jq.,you$ d^manderai^poiirquoi
ya-t-il a« cabaret? La débaucbe., Jl'iYp^oerie ^. ça sont
déjà des conséquences , des causes secoodai^s ;, ipais la
cause première , la cause de la cause ,. où es(-eUe ? .
• £b bien, Messieurs., nous croyons qu'elle, doit être
cbercb^e dans la consti^tutionpby.sique , dans l'é^t maté-
riel du paj#« •
Procédons, Messieurs, par voie.de con^raison; les
iàîfs. rassortiront plus sensible , ot nptre pep^fe.fjera plus
laciJbnent saillie. ; , , .:
9 Les arrondissements de Rouenet de Nçyfcbàtel si;
loocbent sur une trôs;^ rande ciendue. Il sablerait ^ono
naturel de penser qu'une grande:analogie règne ^eçitre eux^
mais il sfiffit d*un coup-d'œil pour reconnaître que e^est
exactement tout le contraire^
» Au. centre du premier, nous trouvons unci grande
358 , SÉAlfCES QisélÊCAtESi A KBCVCHàTEL.
Tflle , siéfe d*«n ièiiftiiniie' «oMmèro»' el fryer imporlmt
de lumîèrM , «(, tout ««(•tir, 911e |M»pii1alMi Utto*pre«ée^.
trèM)ceopée, toujours fm mouvement; une circninti—
incessante et iéfinié du cênlre) |»'ki circonfëiiMoe et de Ja
circonlvrence ou oentl^e-; Ude iiflfklence d'élfangors liràs<-
com^idérable. Et ce sont ; êOfez^n bien {>ci:situdéB , a»
Monvements , cette fi^éqiientnlioii'coptîffiiielle de l^bomme
par rhomme, cesbabiludesfloboiiénses ^c^He'diUîJiiimi^fe^
hmii6res,'tiiH cÎTÎKsent, assouplissent, éni^chiMenl , nnié-
llorent rarrondissement d(*if je ptfrle', et y reiidenl ettftn
plosrare^le^criiïiesèlîès déRbi.'^ '
» L*àspect de rarrondi^scmcKtll de NeuA^iâtél est tùnt
différent. Point de d ré troportariie dont Faction se :fa«âQ
sentir au loin. Çà et là qttelqncs bourgs., décorés du ùùm
de %'jlles ;'une population rare , disséminée dans les cam-
pagnes; quelques manufactures médiocres dans les cân*
tons de Saint-Saëns et de Blan^j ; ailteurs ,'fien. Quant au
âêgré d*instrnction du peuple, M. Hûbard vous a dit hier,
dans son rapport , combien d'écoles étaient encore àr créer,'
combien étaient mat tenues; enfin , les agents môtnes les
plus nécessaires de toute civilisation , les cbeiodtfs tnan*
quent ou manquaient du moins il y a quelques* auriëes.
» Ce sont kk. Messieurs, les traits générau?^ du tàUeau;
mais , vous le savez , et M. de Loverdo a prrs -soin de vous
le rappeler , les crimes et les délits sont loin 'd*étrë reportés
également entre toutes les parties de notre arfondisisement.
Neufchâtel /Blangy , Gouroay , Saint-Saëns , Aumale, et
hi petite ville même de Forges , appellent trôs-raremént
les investigations de la justice. Tout se passe là comme
dans les pays les plus tranquilles ; et c'est à detix cantons^
seulement, celiri de Forges et celui d'Arguen,[qne nous de-
■HQl'ÉTE MOKlkLEé • . . - - d$9
comme les foyers d'une infection que ni rDctipn ivigilm^
éa ma^Uats-; mies'rigueiirside>ia lo&a'^^lp^^jlisqu'â
crjovr, fiilpe:di«paMlHe; Qr^Ja eonfif^mli^a 4t^ 9«s c^n^
tons, MefiileiMls , ' la vnofr:'!» floi yre^tiOfN^v^ripiMidf
eotâferenleÉit d'kerlMigfstv^i prairie»; Jefl eiiploîlM«M^ i
1m fermes^ .ai>:rtm \ iept , ÉMl^ptlile$ ;:«hAotfQft^'eHi^
est séparée de ses roisines par ;mi^rtiysoaa y fiMi ua « ^M
de mière ^ k. plus aoinrisnt-por sdes kafea'haiilW) al tmpé-
nëtrables même àM.t«e:; le>igiwpi<g«>ot; myeii elett
tout temps h peu près iroprali^^^. Chaque. ^pi^iUe vit
sur la ferme qu'elle occupe , o'ayant que peu de relations
avec ses voisins, point du tout avec d*autres. popula-
tions. La pauvreté des communes , rèxtrôme diilîcuUé
des communications . font que les écoles sont plus rares
et moins fréquentées qu'ailleurs : si Tinstruction première
est négligée , cette éducation , tout autrement importante^
qui vient à Thommé adulte par la fréquence de ses ran-
ports avec ses semblables , par Texpérience , le frottement
du monde, manque tôiK4-fâ1(. ^n An, Tunique industrie
de ces cantons est la production dû beurre et du fromage ;
leâ Taches sojftt lèUsèut^b^Htiami r (rr, te^fhnmes prénuent
goîn des vs(ches , tra vMlhM à ' lut récoRe des firink , foot le
iicurre et le lihnnage ^ te transportent, le-rendènt ad
nutrefaé; tout ïë ÏM par elles y etTbofchme, âdéfàui
(f occupations spéciales , s'abandonne àToiâvelé. '
' » Noo^ n*héittôn8 pas à ny'ùtttéi^ , Ubsstevlrs , qu'il y a
dans la ' éttuatién roatéHélle que nous S-enbny de totis es-
quisser de ces deux noirs cantdns '; 'ré^plitatfoti dii'tnal
quiles 'Inurnientâ «I 4}ui su 'mamfeitr»iQUtdehors ,'cèmme
nous l'a montre M.'d^'lîoVerto/pafr'^t^wfcs'qne'ao»
«» » ' >' •
» ••;
860 SÉANCES GBNRIUILES '. A 9BUFCHATEL .
éeufetatenrt la morale réprooTei^ nite que la'loi càt co»
'' 't^'-M. dto'iliÉ^êt^tbttda dît:4-îvitiipherieiet:ladëb^
c^t «t itéustfon» Hlkonii , iu>ii» : irisoieipétitet>rotBra|té.
l;%<]Aeitikli€> <<{iii irtn^l VèoMmefressier^^briilaf^légoIstei
FofeiMéM' /qtri l^condaitaq cabarcti; M Jeu , èJadâtiiH
ebé» frSiOlettMRt: «t r«isîv«lë , qurfontlfannaateran M
lM<|)lM>dM«vtfi8M fussions. . >'h:i > / ^ •< •.
' 'ii>:*Lé0 oaiiie»dir«ial €«teaii^ ;iiea< aiesùreit à «mi
poUr le g<iérir en ilëuwrfeiit AatureHeaàeat:' » >ii " '• I^*
• . 'Ce ^t, suivant boiïs:' *i ' I ' i ' : "' ''
» En premier lieu : — le percement der routes nou-
Yelles . raclièvêment prompt de celles qui sont CQmmen-
cées. A ce moyen , de nouvelles populations visiteront des
contrées encore aujourd'hui inabordables.et y apporteront
dejs germes féconds ; le contact et le piélapgé des hommes
sont de la plus haute importance ; à ce mojen encore, les
capitaux qui maiïquent se. rapprocheront^ et la lèprç de
l'usure , sévèrement stigmatisée par M. de Loverdo, ces-
sera plus sûrement que ie toute autre (açon.
. A.Bxi doui^fi^e lien: T--riatf>odu4io9,'S*il jf^l ppssl'
^e.^ de tjrafaux auxq^el^ Jes Imuiwi^ puii^fi^t se .içoi^-
crer, .dofAAt les saiM^as .çù ila ne sool p^s,occupi^:4iJLf
Jierlm^es; le ,t|&we:, par e^epai^\^.,^,jnév(kp bm>wajt
atteint par r^ipigtatipn des .bommiçi^ aux ^pogijies 9fly^:
girolles leur. présence n*est pas utjleçbefJEHix, $ui.eooore
parle développement de cultures plus .yaçié^ y.f^?^
». En tjmsièDi6ilieu : -rr- une insIrQcUoa priamice don-
née par.de teos Mitlpesyict plus répandoe;*
I i
BSOVAtE INMMLB. 364
i». ••» • ' •
,.£^ .^iMlrièma lieu ,.•! fK>ur>cDtik*oaaèr' Fœavre^'*^
V^hUmm mpcaiJAftnto de iateliglea' ebsèciaiulft/ '
. « f^ mtiêiàn»: prêteraient « Heteiéunri à de vestes
d!éveloRpei9eAt8« . ; /> * • '> 'F
t.]}{aQ8p«iesonaiquace'qne neag vtenbaê d-ëtpritifier à
<ul8 {lOHr que«io4i*;pea«&«eît étéi comprise:^ et
tput^ l^rQiempiMiBid»..oaliUie)d'Affgmil«ëteiénfeMé«t
pas ëgalemenl d'être misesiài'iarite ; qiielhieq dUlle», 1*
^lî^iiJtip , ^^épQt^jilfiOtXkne^^ùïnzèÂwb' d'anhëeÉ^^cenime
ope dçSsi^lui^^uyai^^.dMpliiftdâiigferessee'f dtHîtpap-
fi|itepiefit .tW^uiUe.A préMfnt;.qiie»k^ tribooibx'n^râdevt
plqs,-4 9*ooqpper .délie, i- .*. ..;■.:■:> . m: !. a .••,
» Eh bien , Messieurs, si vous prenez la. Fedillietctte
qu*elii}>.ët^l il y.jaqwiaae avisai tous tronveE^aur gh ter-
jnli>îre qu^.n'a piis.j|poêis de-aq»! lieues de teuii ; «nepopn-
JatioA wi^^Ui ,. dispersée idans sept eii'li«t'hâniea«x!>,
sans rapport les .uns auréole autres , ni avqs lésfpayv veft-
sip^^ une Agriculture «xtréanement «rpiéqée ; «ne pof«-
li^ti^. £|ipé9»lp.^.afi4)(>ulW9éeÂ.yiivce du* produit de:sce
vob dans les .boif 4^ T^tat ; tout à rextréotsté^d^twtaate
lerritpire ^ u|ie .Ur^inaovaise.neiiiteiiet- cpiiinBeâpipMtl-
c^JUe > trachée enU'^ RiHieB et Goilmaj} A œtte époquey la
Feuillie ai^uier^ la plus .tciste oélébrîlé.
» .IIHÎSiM choses cbdogent : <cette h>ote dëtesittible est
tégfffé^.f eQtç0€|i«^>»i.et, devient exoeUenla r lefrdenrées
trouvent un débouché facile $ .de nombreuses voiuicqs
pahliqu^ S(*jéUibIi6seot;Aine.goiidole«pporte chaque jour,
au centre niéinet 4^ la Feuillie^. i4ie pepûlatMo nouHrelIe ;
deSiétrapgers.s'jé^hlissent.) s'y font eonstnikedeilanâi-
36d 5ÉA5CES OBNnJILES A ZiaFCHATEL.
«ODS ;.yttgriciilftwe lait det prêfrèt ; lc»*t»rréd gagnèal
un' tiers de Tohinr dans on lix dtfiiièrê9«iiliëês'( fardent
devient plu^alwodaati; la imiiubtiôn iibeiidellM toplilhge
pour un travail mieux réiribué ; elle fàçoûnm^/an^Wn le
|>oîs Kiv iuiU6 iosItrmieBls de ménags'i'naiirle'beb ()u*eile
a «ciwlié el pajé *|.et cette iwt«stvie;pkus têfêX» ^'Uouvé
être aussi plus lucrative. Bref , cette cèaMMuei^ci^iliset
iravaiUe., ««'iiBricfcct:, l&t iieureilse., et li0»ldéKls'et W
ttiniti tefil aât«ri;Hème0t ^deviettlient 'atissi rams qu*Uà
étaitoKfrtSqmflts précédénintenl. : i
• ii.rCîc^'t4:kiatbire. d'autres ectotimiites '^oé' Je pourrai»
eili;r ^e^ eBe a cela^d^ coli^talnt ; qiA^llèlifmis pré^è eè
«lue. deviendront .rapidement les villages mfdiird'litii Ifeà
■
plus mal notés , dès que les conditions de' leur e&i^tence
«(ùroiU été améliorées;. > •
» Los observations de M. de fiouife^ilte sur le Itf ëmoiié
de &I. de Lovèrdo entendties , M. de Beaùlieti exposé
que «i rarrondissement se distingfiie par le ^àtitfliômbre
d« criminels qu*ii lift^ie mue trvbitnaux , il se ëignale aussi
par la i^nde proportion , et toujours croissante ^'dètf sé-
-paraliong deJuenipionbneées ; que ces séparations biil«ét(^;
en.' tStôy â»%i ; e» IM3 , de SI • «Éf f BM , ùb <S<? f en
ISèâ, pour ie premier aemcstre seiilem^t»d1é 26 ; qu*eHes
eonceroçat aussi, pour la plu» fnnAh pàHie, )e6-1iabilaiH^
des cantons d'Argueil et de Forges ^ ei qu'elle^ doitîent
<èlre attribuées A f aelton :d*una'des^cati8es- ittlicpiées par
-lei aeci^étaire,' ta:fàfnéanfîsc 4 qui amène é sa suite tft Uiss?-
pation-^Iedésordredesaflaines. .» < • : .
. » M. Ilùbnrdidfitiaussi'qu'un jifus graiid nombre def de»
mandn^eniaiftaéiB^ipnée toiibber ians remploi dés somnics
dotales; vient annucltemetit de'cesrantbns f ce qîii iridiqii^
KKQCÙTB «lOKALB» 363
ime géménlisaûàu àiMalMit» , d-hif^rétoyâhcc et de
OMttvaîsr aSniiiiistfisitioti:' :
9 Mi fiemiebbii (ait dbs/trVêt que les entrii?es gônnntos
du ntffiiDe dotal ,^mvl tnnsagcf dans ces cbûlrt^» , peut
expliipierie £itt ailégtid fUtr M. liéèârd. : •
» La section constate que les salafrcs sont à' ira (rafiit
frîx dans tWrokidltsseibénl \ et auséi tjiiè la (iopulaticm y
sfjoarne et^'t^niigre ptas « saur les maçons de la commcmt^
de Bkhenont.
» li. Bvéchet ejEpUqve qoe , dans le tanlonde Londi^
niéffet.^la pliipart^s ouvrieM , feîMttl le' 'meis'd'doâf ',
travaillent à la gerbe et nonél'entreprfoë ^«u moyennant
un BalaJreq«otldiefi';qu^il'yaa¥antafi^{Kkir eoit , et que
ce mode dTeiploftatàon, q^îassocto- te journalier au cuû
Uvaieiir ,inë#iteâ'étfe'erie(Hirag^. '
» Phisieuis nefiabtes' afi^ment , au cDritraîre , que
cette méthode est masiraiseet de plfis-eafrids abandonnée.
» Le secrétaire demande que l'attention de Tautorité
Mit appelée sor l'accroissaifeent du nombre deseabarets
dans le8 eampafuf» , et* la néeessité-de les soun^eltre à une
poKee s6vère. . . >
» M. Quenouille dérirerait que les 4omedM|nes fiissent
astreints à se munir de livrets comme les ouvrière*
• J^es médecins, appelés dans le sein de la section , dé-
darenitiikaaviBémeàt que Tétai saaitaire'de.lii oeotxée est
bon , que les hdbîtaDieiK seot généralement «aiaas^ et qné
la popuhiCMii n'y eal point lifrée h des travaihx éneprants»
» Les maladies k» plus onbosTires) sont les •fiévrca^a**
tarrhales , résultant éelU vacation rapide de la tempéiar
ture. Les fièvre^itftêtnrfttOBfles , qui ontrégné ja4is^ ..ont
cessé.' ' '
d6i SÉANCES GÉNÊiALES A NBVFCHATEL.
» La vacciae wi inëdiocreiiiettivépaiHl«e ; des préjugés
populaires, qui heureusemeot perdeiil«tédii;^iÉ'y opposent*
.». MU. les dopi^iurs VîprMiyfel£oriâa'«igflKdeat cmnme
un vérUabbi fléau, pour les^oampagn^s , l'ekleoâev: dû
cbarlatanisme , la ve/Mt'dosroiadde^sticnéta ^et<l9iil9>la
mMeciae anibulaoïtei' . >.i.. • < • ; > — ^ t >
• II* dp J^ovecdo appelle TaHepiaioo Ailasedion sur ce
^1 qi|>,l>pQqiiediM» pemaiUes » et dao» leseiJ caDli de
Neufchâlel , Ténorme quanlilé de 150 Liloguié'avBéMb est
lîirri^., chaque aoiHte.t :pour élns; dipployéè4Htf:cUâulage
dfa J^iés» U vti^diviit qu'uM . autre' iDatîÉreti|oîiisdaBge«>
. . • U,c|o»D4|.ilefUir9 id'upe Mlite fprt inlëmsaatesaria
léi^islMi<^a: dp la . ptebd « «onlpei^ée à la légialàiioti 4le la
chasse , telle que Ta é(a^î&}a<iieroièrcf]oîj II MuhaMerail
que les «aesures rigotureuses dut Kumpâfliasseolidaiis Tautre.
. ». y<aci la Notifie M. de Loveidou.
KoïK.sva itEiwB ^tOMsnois : £« lài.iu.t mut IMisirr Im
.fdiee dr la* charnu , ne t€mi*Me jpêr m^kpeiiiMttde réwmr,
dam $e$ dùpoêition» pénaUi, la loi du iS atrilA^È^ sur Im
. fiehe^wa/itÊU, a/kt dé meittè en ÀamuMita in dmuû legis^
laiiant^?'
• • i
[t ' i'-» .' • . ' -.f
Trois «otib' primÀpanx ont dÎQté lesdiapaaifont de la
bidu 3 fliài'4814. On « voiil« assvvieif la eanservatUMi
dès biens dakt terre,prévenir:ladii8lraclietiiiwaiNSentedu
gibier, eitipéèher une ehsàlK.nonibreuse et lotéreasadte de
la (Société de se livras à des habitudes* de. désordre etd'oî-
sireté' qui poovaicAt iaicondnîre-auçsifiie.
Le premier de ces motiis , inapplicable à la pèche , a
Qoe importance tnetinte^tabl*' ; mais la preuve qu'il .n^^A
pas seal détermine les auleuradelo loi,c'est4|iu»'laobaBM^
dans «ertaioes cooditiens pFérws €l prohibë^s^ contîuae
d'être uo déliltméme à une époque où les fruita* do la terre
sont •engnofés eC à fabri- de toute entreprise de la: part
de chasseur; c'est que certains prooédési'^ fort îodiie*
nmts/iort inoBenaUf^ mAnie quant au fort que les récoltes
en peuvent éprouver^ deviennent ooupal^lés lorsqu'on les
applique à la poursuite du gibier. Ln conservatiqn du gi*
Mer a donc été aussi un des buts qn'on s'est proposé
d^Btteindre ; lo nMif de rinlérét portée cette conserva^
lion est que le gibier conMitue un élénenl importai^
d'alimentation , que le braconnage étaît« au moment de
Cnre disparaftre» Mais le poisson' «'«ivtre*t*ii pas aussi dans
les nnoyens â'atimentalion d'une porti» de; la population.?
ITest^l pa^ d'un UfOgë -pins général, plus indispensable?
Necom^titue^toil pas,dës-lors^une risssourœ plus pr^deose^
qu'il est' important de sauver' d'une destrudieni oomplèto
et prochaine; car le nombre des pécheurs, et des pécheors
liraoomiierss est plus grand que jamais ; il s'est augmenté
de tous ctVLt que lacrainte desTigneurs de la loi nouvelle
n déterminés à rtioonoeif aux déUts de ehasse ?
La lei du • d mai f 8t4- a teu pour bot ^ et ^ bAlan^-nmis
dele dire, promet d^avoir jiour eliet de démeiner.des
habitudes -d^isiveté qui peuvent devenir uÉieoccasiondé
crimes. £e môme danger eiriste, et pour la cbassev et peut
la pèche.' tl' estsans doute un point sur lequel nnecon«
cession doit être Mie. LHndi^du qni se livre clandestine*
ment à la pèche est moins dangereux que le bcaeeonîer^
qui a^^ntre les- iasàlnsime''arnw fpkii peut devenir un ms«
trumelft de ramrt v qu'il dirigera contre* le* garde qui le
%%$ SÉAXCKS QBXÊiM.E» A NliVCHATEL.
«urprend. Mak il est vrai aum de dire4)ue certaioft modes
proiûbés 'de obasfie 7 notadiBieia le collet vo^oflreoi fias
plus .de da8eer«.fiouf ee raf [nnI, que les engins de pêche.(
et que ce^ndaat la nouTelle loi applique à oèuxL qui toi
emploient «ne pënaliié qai ficot être. Ms'«é>vère. Il .esl
dciu; vrai de dîrèqiie le danger qiie le braoonnier fait cou-
rir ail garde JiVst pas le seul meilif q«i ait dirigé le lëgig*
laienr ; il n'est pas moins Trai 'de dire que les metîfe qui
ont bit proscrire le braconnage Rappliquent aux délils de
pécfae. II y a là ai^si- « eonitte on Ta dit av«c rai)K>n ,, ua
dëitt moins grave eocoro comme attentat à Ja propriété^
qae par la démaralisalâon qa*il peul adieoer ebec les i^di*
vidus qui b*j lirrenl. •
L'IuName qui sadooiie à cemétier ingmtî ^JMmdoane
safomille pour poursuivre une proie qui peutt'lui.flc^app^i^*
Rëussil^il s*en eqiparer , la Y)»pte.qu'iltet|.fera, lui.dpQ^
vmtmà peine de quoi subvenir à des ^eaoMrstMaoins» aux
premiers besoins de s» famille. La misère ,..que Je irarail
aurait chassée, s^asseôit au fbyer domefilique, eC.lea mau-
vaises et funestes inspira tipns de la fi|im conduisenti aa
mal un bommëpeut«^tre. jusque-là bontiéte il y. alà évi-
demment un intérêt social assea p«issanl pour éveiller la
scWritodo du législateur ,. comme Qetle.sol)içiUi4e a «été
éviBiHéepar ies abus qui natssaiefil du Iwif onfiage. Les
Idis sur la péohe sont^^eiles en barmonie avec Jc^ nouvelles
biis sur la ebasse ? Cette question se résoul , ce .i|ous sem-
ble ) d'elfe-ipéme» par up exaaiien sommaire et rapide des
unes et des autres, quanta quelques*uaes de leua disposi?
lions pénales.
L'exercice da droit de ebasse est s«dii{9rdiainé à la d^U-
Yrancc d*un permis par ravtorité compétmte; 1# paiemenl
d'Ha droUnrn» âerécalh condilion âe oetfti(Mivraiic«.
Qiqp d^ MDbUbte^ to a liea pmir l'^ncareic» ilu- droit de
V^k^f q4Î..#IVftr»Mii&J|brëttiefit au.praMkr-tvéna. G«M
diaëf«ii<e^i?^ dqiiUaUe?; L'iMélrétinéiiie^ii fàtan'^Ki^
1^8^41 |mi4ii*Ât «II, fin «utfenièDl? Car , apvte Inrt , cbc»*
il VfiifPyôtpliisJcif^iie, ptoiMiial, qad^^ fKappé
sur le supoi;fllirû^ ^^Atallà pOBfitÎMid^iin {laiaitdoiit on
peiit^ «ef«0ief -stBfr le moindre idçodvéttîeAt? .
L'^rt 11 drila loidudiiMii'ISii pneoneememieiide
de i^à loafir. Mnire «Q^qî qtn.-ckasseéinr je levrailfe d'm-
trui, saosla pemiisBion du propriétaire. La pécbe dans ua
eow^^ffumi mmI* peniiisdoB)du fÉo^élaire dèce cours
d'eau ou éBCebii auquel appirtieiitfardrQÎtde pâche ,eae
pmie.d'ilMaiteiidedèâO^à tOOfr^ parFort. S de la M
/'Une akMidedé 16 A lOO fr. (i) Mt protioncëe eon(r#
cekiî^BitprMidi^iiddlruiivMrle fienrain d'âulruî, désoèiiA
oftiHiimtedé^fiiiHnsvpevdrixiini enilh». U pôclie d6
peiafow .to^jaut paè iono' oertaim dlniei»ioii, e^paiito
d!iiiie BBHMidede âdA SO fr.<9) , et de la ^^n&caliefi des
peîiW».'"'- ■ '^•''' '- . '
VmAmead» dti «b «. 1NH> fl*. (a)€t on emprisonnéiiiefrt
fiurullatif deisiti joiiM'ftideiix' mol» sent iMMncéK- «outre
ceoÉ qm Wiitttettt'im temps-probAlië*, «tax qui chaskeoi
Ifrfiiiil^ ou à Taide > d'engins et d^nstr^Ments prohibes,
œuit qui' soiitdélienteiirs ou sbbt trouvés iM>rteBrs'd'en^
^ita pnoltihés' ^ céM qui , elî'téttips où la' cbassè est pro-
Mkée, meilekitea tenté-; vendeiil y achètent , transportent
(1)L. de 1944, art. il. — (^) L. de 1829 , art ^.
(3) L. de 1844 , art 12.
Mft SÉANCBS GSX£BÀLE9 A NCUFCBATEL.
(Hà «olparlunti do gibier , oeox ^ui-ciiiplôieiiC des drogua
ciU a|)fiâts.liiM.soDt^' Miure A eMvrerlegibhn-M irld
déUUire. Ces pèMcsfienvfnt être polh^lë6»'MPfJk>ikMé coûtté
QMisLqtii tbàssenlv pendant U ûuit, ^ir le têrratii d'aatHiî,
avec enf h» pfohjbés , si. letcbnsaeiii^ e«t mwàï é'une armé
appai«Qlc|où.cacbë^. Sniia, le tiiajcvtfMtti'eSt Q[>iiJ0Ui*5 pro«
nonoé èoalre les gaftxles^tïbMiipélres» duToVesliers, recenatia
coupables de ces îééiîls (1% LWU ISproiiôiM^deppeioetf
plut* rif^attreBacscacqrecoa ire certains déKts ndn prévus
en manière de pèche ^ eê qn supposent uoe àïiààteti \xm
perversî(é.phis^#ajides. • '. . - • .- «l"..
£a msiUèro. de ipfckf y les défiu aqalogws êmi {iiilris* ,
savoir: la .péché vidaba-uii temps 'iNii'à'une heére piièhi*-
bés , d'«ne MoKiidiir dfi W' A 200 fiasèii; M pAehé , «rcq
des engins prohibés , d'une amende de 31kàt bMViradcas^
^i es! portée au (ioublei si te déMt a en lien^damiic ieiAps
du frai.; la péobQ^deii^iiiestfnQÎê dfybepéiMi()do|il«(ft)^
heurte peiae nest praaoncéâitoftreJea détèDleaisd'ed*
fîns; de' pétibe*,firflhibéfl.;. seuleRi0ni.i.<c«iiK/4iii, eBc^sÔDl
lrA«4V^ jporiottffs y h<u*S'de leur domicile. /la^M fwm d-une
amende dont le minimum n*est pas fixé « et qni.M'peol
exicédenrâiX fnaAcs (9). te colporlagi^ da pAissbU'iest jMriiis
eQi:lainpa,priiAâbé.(ijyi en t^st/doi méroeifdei laweote y du
Taduti:, du transport du poi<»oii;s0ubm0ntiiilatâé|feiida^
soQsi t^m d>Qe i9<liep#^ do 20 4 .M. Xrane^ > -dQjco^rilte
e^ débiter des pqi^soipsqttî ooot pAS Jefi.dÎRieps^is.viHH
lues ^)^»Geiu:«qui jettonl^ d/^s les em^ .des 4imM^S'4q
natiure.àeBivrer et id^lr^ire le poiflsoa , soii{..p$miîs dV
(I) L. de 1820, art. 27. —(2) I,. dç f 829, art. 28 et 70.
(3; Id. an. 29.— (4) Id. ' Art. 50.
ËHOuAn MOIALS. ^
âttiéDde de 30 fr. A SMû*. et d*un emprisottoemeiit , non
/bcnitaitft de ini à IroiiBioîs {i)*.
E vîdevunenl ^ au noiiM selon hou» , il y a déiaat d'har-
HMMiié entre les deux lels : l'emprMooaement faeulfattf
darrail être prbnooeé ooatre oelui qui pédie eu temps
et A béiire prohibés ^ avec de» engios proliibës ; cotftre
celui qfui est trouve porteur d*eiiKÎli8 de pèche prohibés y
et la peine devrait être la même que pour les délits de
cba^ae. Pourquoi punir celui qui détient des engins de
dune prohibés , et ne pas punir oelui qui délient des en*
gins de pêche du même genre t Les motifs sont les mêmes
dane les deux cas. Pourquoi' ne pas défendre le colportage
et la vente do poisson en temps prohibé , comme on Ta
lait pour le gibier 1 C'est le seul moyen efflcace de faire
respecter la prohibition, il serait utile aussi de porter ulie
aggravation de peine contre ceini qui , péchant de nuit ,
ebas autnri , M^ree un engin prohibé y sera porteur d'une
arme. Il y a là on fait menaçant pour les personnes, et
indigne de toute indulgence. Enfin , Taggravation de peine
prononcée contre les gardes par \à loi sur la chasse ,
pourrait être prononcée en matière de pêche.
L'emprisonnement aeul* pourra empêcfaerdéfinitivement
t&B abus ; seul , il peut arrêter ou punir le braconnier ,
homme d*ordinaire sans aveu et surtotit sans ressources.
Btra^-on qu'on a un moyen de répression dans Tart. 79
de la loi du 15 avril I8S9 , qui dispose qu^efn cas d'insol*
vabilîté constatée > la détention par ybie de cbnlrainle par
oorpa , pour les frais y amendes et autres condamnations
pécuniaires , cessera au bout de quina^ jours , nn mois ou
(1) Loi de i82Sf , an. 25.
24
d70 ftliAIICBS GilliftÀLBS A NglIFÇHATBL.
deux mois , suivant riiiipQrUoG0>d«0 sommes dues t Nous
répondrions qu'en bonne légidaiMm ^ il bmi aller droit
à son but » surtout quand on édicté «ne peine ; que l*art.
79 n'établit autre chose qu'une peine par une voie détour»
née ; que celte pénalité est mal assise , en ce qu'elle cal
plus ou moins forte , suivant que les frais de radian au*
ront été plus élevés , et non suivant que le délit aura été
plus ou moins grave ; et qu'il peut arriver que , pour
constater un délit d'une importance médteera » on ait été
obligé de laire des frak plus considérables ^e pour cens»
tater un délit trèargrave , qui se trouve«a ainsi plus légè-
rement puni que le pcemier. D'ailleurs , il n'y. a aucune
gradation dans la peine , et le minimulA de quîme joura
peut se trouver beaucoup trop fort pour certains délits.
Les dispositions relatives à la répression desdiHila com-
mis par récidive méritent aussi d'être signalées* D'après
la loi sur la chasse , l'emprisonnement desix. jows à trois
mois peut être prononcé en cas de récidive , mèmis contre
l'individu convaincu de délits de chasse n'entraînant d'or-
dinaire qu'une simple amende , si le délinquant n'a pas
satisfait aux condamnations précédeiites (1)» Dans tous lea
cas de récidive , les peipep , y compris l'emprisonnement ,
peuvent être dotiblées. P€|ut*étre eût^il été à.désirer qu'es
cas de récidive^ l'eraprisofaoement fot oi^ligé au lieu d'être
facultatif. Dans tous les cas , ces dispositions noua paraissent
préférables à celles de la loi de 1829 ^ puisque « même ea
cas de récidive , cette loi ne prononce , en général , que
des amendes (2).
L'art. 18 de la loi sur la v'basse permet aux tribunaux
(1) Loide 1844, art. 14.— (S) Loi de 1829 , art. 69.
ENQUÊTE MORALE. 371
de priver , pendant on certain temps , le délinquant du
droit d'obtenir le permis de cbasse. Là même dispcsilion
pourrait être introduite dans la loi sur la police de la pèche
fluviale.
Les dernières dispositions» dont nous nous occuperons
icnt les art. ^0 de la loi dv 3 mai 1M4 et 79'de la loi du
i% avril 1829. Le premier de ces article» dëféhd de mode-
rer les peînei par une dédaraiion de circonstances attë^
imanles ; le second , au contraire , aotorise cette modéra-
Hm^ Le^ ttotijb qui ont bit défendre , en mârtièM de chasse;
rappHcaCîmi de Tarticle 463 do Godé pénal • s'appliquent
tool-à4iBiU en matière de pèche ; H riôVè ne rëpëteron^
pas id ce qui a été dit lors de la discussioti de la loi ed
tau.
Pour ne pas excéder les Kaites d'une simple ffote, nous'
bornons ici nos observations , que ocfAs résumons en deux
mote : La loi du 15 avril 1829 est bonne ; mais ses dis*
poskioDs pénales sont incomplètes , inefficaces , et ont
besoin d*étre mises en barmedi» avec la loi do 3 mai 1844.
« 11. Ricquier iait observer que les braconniers de là
pèche sont d'Me espèce plus dangereuse que ceux de là
» M. Séttiicbon expose que l# dernière' loi sur la chasse
lui parait en opposition avec les mœurs de Pépoque ^ èn«
tadiée de féûAilité ; que ^ atUiquée de toutes parts , elle
fie peut taider de succùmber , et qu'il ne faut passe bâter
de la prendre pour modèle. •
372 SBAHCKS GBNBEàLBS à NKtFCIlArBt.
SÉANCE DU 27 JUILLET.
« La s dmiee ooveftei le secrélâire a donné lecture d'une
Note d'obiervations sur le Hémoire tmr riottruction pri-
maire de H* Huèard yla à voire dernière atsemblée.
» L*aule«r anonyme deeelteNote expose que le principal
obstacle que rencontre rinstmotion primaire , est la nan*
vaise habitude qu*op| les parents de retirer leurs enfiints
des écoles à de certaines saisons , pour les employer à des
travaux agricoles . , travaux que l'auteur voudrait voir
exécuter par les ouvriers âgés ou les indigents , tandis
que les che& de famille ^«enlieDt astreinis à envoyer réga-
liéremeot » et sans interripption , les élèves aux leçons de
Vinstituleur.
» La discussion ouverte sur cette Note,il est fidt «diserfar
par M. Semicbon « qu'avant dn contraindre les parants à
envoyer leurs enfants aux écoles » il faudrait être en me-
sure d'y recevoir tous ceux qui s'y présentent volontaire-
ment , et qu'actuellement è Neufisbâtel , par exemple , et
dans beaucoup d'autres communes , les Conseils munid*
paux ^nt obligés de rejeter les demandes d'admission qui
leur sont adressas.
.1^ M. Dujardin explique que les enûints pour lesquels la
rétribution est payée trouvent toujours accès ; qu'il en
devrait être de même pour les indigents.
■M. Semicbon répond que la mesure dont on se plaint est
la conséquence de cette disposition de la loi , qui veut que
l'instituteur tire une partie de son alaire de la rétribution
SNQUftTB MÛRAtB. S73
que lai paient le« enbnts riches ; que contraindre lllisti-
tDteur à recetoir une plus forte proportion d'eofiinii
pauvres , quand f école est trop petite pour admettre tooi
les enfants de la commune , serait aonréûî dimAatier son
modique émolument au-delà de h- finrite à laquelto il
faut s'arrêter ; car , avant foui , il Ikul qtie Tinsti^ileiÀr
vive ; car , sans lui , pas d^école.
» M. de Beaurepaire lit le Rapport suivant sur un ou*
vrage récent de M. Lucien de Boiitteville , de Rouen.
RÊfpori de M. Ueomi* db Bêavuê^àibe mr U Mànoire iê
M. h doeîêwr Lucim 4$ BimtleMU , in9Mé: Db8 Socri^
Tés M . VKàWtinCtL 00 MT 88000» MimiBLi ; ' Kfr
enoMaiES sra i/okaiiisatioii ds cas iMTmiTioiis^ seivitts
O'UH PROJET DB RÉGLBUBIIT ET DB TABLES*
i • - • '
Parmi les compagnies qui se sont formées sur le sol
normand par amour et pour le bien du pays , et qui ont
exploité fnictuedâemen tune voie conforme à cette nobfè
origine , une placé honorable et distinguée appartient à
la Société d'émulation de Rouen; Embrassant dans toute
son étendue la vaste et productive sphère d'encouragement
que lui ouvrait soù titre , elle cherche à déveToppër dans
sa source , à augmenter danâ ses résultats et ses effets tout
ce qui constitué la gloire y Tactivild'' industrielle et le
bien-être de notre belle capitale norniande , et , par une
heureuse conséquence , de la Normandie entière.'
Elle a pris l'initiative et le soin dé l'érection d'une sta-
tue au grand Corneille ; elle éclaire de ses conseils » eik-
courage de ses distinctions et de ses récompenses lés per-
374 SÉAXÇBS GfiNÊlULES A KI^VFCHATEL.
fisQU<y9«aiii€HiiVi et les déopaye^te^^ .^lû p^Yeqt apparier,
émsk le&diCfôreiUeft brapcbes de la vi^ usuelle , une jouis-
sante, an soubigemeot et une sfécoriié. Aujourd*bqi sa
AoUi^Dde fiaise Am. ateliers du travail daw la £unille
niéme du In^vaitleuir , pour lui doonor le goût , l'babitude
et leiinajen d*fisaMret son «veair coutrelef chanees d'iofir*
mité ou de mort qui peuvent rattQM)dre^,et frapper dans sa
personne le sort de sa coinpagne , de ses enfants ; pour
lui jlaire» dans ce bu^y/ormer av^>es çaniarades des
engagements et des liens d*assistance réciproque , grâce
auxquels il échappe aux tristes préoccupations d'un misé-
rable indif idualitHiie ; pour venir , daiia un hiureux esprit
de ceofiftoce et de iralerail^ , iiarticiper ; auUNir do (bjer
de la fiimiHeainfri agran<fie el pour loujourf , aux avau-
la|^.<iue lgir«ii#iM aura ceAceiMru à assuser à la com-
munauté. . ;
Dans ce désirable but , la Société d'émulation, ou plul6t
6on bonorable membjç M- de Bouttieyille , directeur;de
l'asile dc^partementa^ des aliénés <^ la'Seioe-Ioffirieure «
9 entrepris une oeuvre très-mériloir^ ^ qar elle n'est paa
jheile k mener ji bien. En etTet , dans cette matière , tï y a
beaMcaup à faire ^ ily a befjkucoujf qi éfjHer.
Guidées soit par un sage instinqt dç pmdencc; et de pré-
vision pers09neUe8 , soit pardescopse^ls ou des encourage-
ments étrapgersyun certain non4)re,(}e personnes qui n'ont
de ressource qiie le travail , veulent ^'assurer des siçcpur?
pour les temps et pçur les circonstances où elles pourront
élre privées delà faculté de eontinuer ce travail ^lllîes cens-
tiluent ces secoqrs éventuels à l'aide d'pne cais^,,cQmmiine
qju'elles dotent ctt aAilienbe.nt.par des cotisatiops ; le fonds
^résnllant de ces divers appprts,form^«\neapita]l.qui s'aug-
IHQCÉTB MOBALS. 376
noiie par Im 4ifùl$ 8iicee«fii et par yiatérét que pfo»
Mfenl les piacemeDli » mA euari qai dinioue fer le
nrfice des seceuc» ou penaem fee FéeUaieiit les dtversee
camtalHés euxquèUes nnsUtutioii' â ckarge de poonroir |
au décès de chaque cointéressë^ la mise apportée par lui
aa fimds eemeaim devanl » ea toot ou en partie « rester en
caisse et s'applîqasr au profit des surrivants.
Ce genre d'étabb^iieHient , asses justement nommé a$êu^
fameêomtairf, rentre dans la classe des tontinei , mot qui
nppelleà nos soorenirs communs beaucoup de mécomptes,
de déceptions et de banqueroutes!.
Ces iSftcheux résultats ont pu avoir dsi catises bien ^f*
firentes; les unes tiennent à «ne. mauvaise ou- impré*
voyante «qj^anisation des statuts , les attires à «aeimpm-
éeate dérogation è l'esprit ou à la lettre des règlements ;
oaUen é une gestion déloyale. LtS' bases constitotives
de Taete social peuvent, de la meilleure Ibi du monde ,
avoir été posées de manière à amener tôt ou tard, pour
déaeûment à pea près inévitable , la fiiillite. Le soin
principal pour prévenir uae si déplorable cbnté ,. consisté
à bien cakider ks dmnces » et surtout à bien diesser M
taUes de asorlalilé; c^est-à-dtre qu'il fkttt avoir scruté,àvëe
asssi d'ensemble et de précision , dans le passé , les éven*
toalités et accidenta de la vie homaine^ penr pouvoir eom*
biner une marabe nlgelière 4 travers raveMr, surpris et
dévoilé dans les secrets de son aotiei» tou^ours^ystériense
al imprévue sur la destinée de rbomitiei •
M. de Bealteville ne recule peint devant cette tâché
ardue et acnbnmse , armé , pour la surmonter aussi beti^
leweaseot qne pofsilfle, d« puissant levier de la sdence
hoamine, laqiidlerwFcepoi0t,en Fusnceetén Bompe »
376 SÊAKCES GnVÉRALES À IfECFCHATEL.
a ttuUi|ilié des rechercbeg eiactcs , miiiiilieiises , mioTM-
copH|ueb j dMl Me a jéuai la masse poar porter qadqoe
fixité s«r un lerraift «n qaehfw sorte mouTiiii , ne laisser
presque pas de prise à à'errenr, et forcer Tliypelhèse dans
aes derniera retrandienients.
Dans ce cbamp de l'obierfation et de ranaljBe des fiiîts,
le savant qaî vient sur le sol aprèy les antres , se présente
toujours avec un avantage réd de position , et M. de
Boutteville n'a rien négligé , à nos jenx , pour donner è
son. travail la supériorité et la garantie relatives que per-
mettait d'attendre d'un explorateur tel que lui ee privi*
lége de dernier vestu «
. L'Jtienune de kien qui se livre à un peieil labeur, ne
Tentreprend quepscune. conviction proCdodede son utilité;
çe\tB convictieii ^ M,, de Boutteville l'a ponède , et fril
d'iieuiieux eflbrte pour la lortifier ebea tauaaes Jeetesue.
A «ce mérite il en j^ute un autre ; c'est une scrupuleuse
(ranphise 4 signaler d'avance , sans ménagenienl, les nom*
breux et funestes écuçils dont est semée la route qu -il veul
noua frayer sur une mer si fôconde en mmfnges ; rien ne
manque i^.rénaméralÎQn des embarras et des sinistres que
les ^oqiétés, comme celle dont il nous entrelieàt , ont
éprouvés des deux cétés du d^roit, à Paris et en province»
àltanlesy k Boueo, où il s'en est éteint dix-neuf. Ces
désastres sont loin détenir ji riustUutîon.eneUe*Diéme, et
l'auteur le fait voir en monirant les biens Qu'elle a pro-
duits , nouoseulement par le soulagement direot des indi-
vidus qu'elle réunit en service d'assistence asntuelle, mais
encore par son influence , tent sur la moraUsation d'une
classe nombreuse que sur la paix publique , tantisnr l'ex-
tinction de la mendiidté. que sur l'épargne considérable de
BKOtÉTB MORALB. 377
iBÎllîoiifr dépensés sais cela en seeourt pabKcs; enfin sur
une heureuse extension dn sentfanent de h idignifé hu-
auiine.
Ces Sociétés de prévoyance mntnene olit encore en
France , comme on le voit , une vie trop précaire , un
avenir trop peo assuré ^ pour qu'on ne cherelie pas na-
tnreUemeat jusqu'à quel- point fl-faut , puremenlet sim^
pieraent , se vattocber à une autre institution plus o«
moins analogue, solidement établie en France, sous l'égide
de h loi et du crédit public , celle des caiiKi d'éfargtiei.
Les dépôts apportés dans les établissements connus sous
€e dernier nom,sonl toujours à la. libre disposition des in*
téressés , qui peuvent , dans un moment de séduction ou
de firaz. ealciil y nstker j pour le compromettre ou le
perdre i le fruit de longues et laborieuses économies ;
d-ailleuvSt les caisses d'épargnes soèc privées des avantages
delà mutualité.' M* de Boutteville , qui &il cette dennère
4dwervation ', rentre lin ^u » par cela même , dans là
q>bëre des réflexions que ees caisses , considéréeis an
point de vue HMral'Ot dans leurs conséquences bur le cœur
bauMUD , on! inspirées à l'un de nos plus respectableii
eeasfloeiés normands , M. Eugène Pagny ; réflexions que
le Comité de rédaotion de l'Ânmiaire a bien voulu consi-
gner dans l'avant-dernier volume , avec un juste bom«
aageao vertueux auteur qui n'a pas à craindre d'en assu-
mer la responsabiKlé. Ssns exclure aucune des combinai^
wns prioeipates pour le placement des économies , IL de
Bouttevfllé veut les coordonner dans une gradation mo-
tivée par leur mérite et leur avantage relatib , et ainsi
fonnaiéo :
« Les Saeiétés de secours raïutuels devraient recevoir
378 SÉARCBS OBlUBALBa ▲ SMTFCHATBL.
» les premièrfa ëparfoos de loat hotame nyaol 4le sa-
» lairea ; puis viendmeoi • «a «econd lien , la e&iscef
» d'épargnes , et , en troisième ordre enfin , les banquet
» de prié voyance, <•
Pour laciliter , dans la pratique , la préférence qiili
rédafloe » an point de vue d'iHililé , pour le» Sociétés de
prévojuaee ^ Tauteur déploie un lèlo édnirpS. U tcaee lea
différentes disposilioas à prendre penr remédier ans vices
qui se son! glissés dans des slntnls connus jusqu'ici » pour
faire firoctifier , par l'intérêt , tes fonds apportés dans la
eaisse de Tonivre • ou peur les répartir équilaUement
entre les ajrant-dreîi , pour cause de malniie ou d'incn»
pacité de travail.
te pr^t de xégiement qm l'milénr a élaboié ponr ia
constitulioA et le service d*une si bienûâsantéinatitoliott »
ne contient pas nnéns de 143 artiefeB ; il est précédé d*un
Inref eoa^mantaire ^ doot la conelasion conalate ^ avec uan
noble franchise ^ toute 1^ gravité d'un. obstacle* Ibndameft-
tal apporté à la sanction de-ee texte léglementai^.
« Pour obtenir , dit-il , le&^i^Ai^aiEalea jaécessaires , la
» législation française n offrirait. matbenreusementjMn les
» facilités que présentent les lois spécialea,. mudunscba
» nos voisins d'outre-^er j en fiiveur des Sbciétés ami*^
» cales* I».
M. de Bout le ville signade souvent le xMe persévérante
éclairé , la paternelle sollicitude ei la prédiletitiptt motivée
du parlement^ anglais p^or qea Associations de prévoyance
qui ,de l'autre côté du déiffolt.. portent le titre de So^
ci^és d'amis» Ce- titrç n esl. pas* indifférée^ A <diserver ,
quand il s'agit de faire au Gouvernement parleaMnAaive
de la Gran4^Bre||jagnem^ part équitable dwe le mérite
f u*îi peu! avoir ici : ceMe part ^t«M disons |to4 dimiaiiée;
naaiselle est, à Gooy sûr, expliquée ea par^îo* Sa lâche a été
grandement £icilitée et adoucie par l'esprit d'union chré**
tienne qui n'a poîat dîmioué . dans le pays depuis le Jour
où il a surgi , par le onouvepienl d'opposition ol par la
besoin de défense que fit naître le sys^taie ineoaséqueai
de domination et d'absolutisme dis l'Ef lise nationde , «Uto
anglicane. D'anejennes et de nouvelles eomamnÂoiis for«*
mèrent entre elles des liens que le temps n'a pas dissoiM.
Parmi ces dernières , il en c&t une qui s'esi donné précisé*
ment ce titre de Société d'amis , et elle le justifie ; car oatte
secte , paraissant résoudre un grand problème souvent
posé par les philosophes et les moralistes , a mi fonder et
maintenir la fraternité au milieu de l'inégalîlédas forfiunef
et des conditions. LaSociélé des Quakers n'est pas la sttule
que sa position, via^-\is de l'Eglise étabye^aîA mise à nséasa
de nourrir et de développer cet heureux esprit de(appro«
chemept et de charités On conçoit que cp même esprit ,
ainsi exdîé et ré^ai^du ,.ait donné un précieux élément
pour infiijser, dans da plus nombreux rameaui^, cette sivn
de religieuse sjmpatbie qnî découle de la son^be^^mère dm
catholicisme , laissi^ à son diévefeppemnnt naturel ; en. un
mot, poar fonder des Sociétés d'assistance mutuelle • pou?
gérer leurs fonds avec loyauté» les distribner Avec juatioa ,
el pour remfdîr ^«ec sincérité et amour .toutes les eondti*
tiona de leur exis^ncB.
Sirauteura'a pas pensé, qw , ches noHf . , les ciimiis-
Innaiisi', diljCteenUrs do ceUjQç-*là , permissent également, -de
fonder de V!éi?ilables Saçiéiéf d'umiê ou amical ; ai o'eatiHi
le maltf qm Va emp4«bé d'adopteir ee Utre , il iaut , tont
enrespectanl saidélMOtease , n^eonmilce , d'un antre cOté,
380 SBÂlfCBS GillSHAtBS A NBCrFCBATEL.
b loaaUa insistance qu'il a mise à vouloir doter le pays
d'une insUtuUon pour laquelle il y a tant d'obstacles à
aplanir.
H. de Boutteville , pénétré de la grandeur et de l'impor-
tance du bienfait qu'il veut procurer à notre ordre social ,
aborde kardinent toutes les difficultés , et lait de nobles
efforts pour les écarter, A eet eft»t , il assume sur lui seul
la tâcbe qu'exploite , en Angleterre , le Comité d'enquête
du parlement « avec tous ses moyens d'information ,
de contrôle et d'action. Il ouvre , lui aussi , son enquête ,
passe en revue les Sociétés , dans ce qu'elles ont de bon à
prendre ou à éviter ; il cite à sa barre tous les témoignages
de leurs fondateurs , et Aes écrivains ou publicistes qui
CD t Jeté du Jour sur la question .
En nu mol , M. de Boutte ville a laborieusement et beu-
reusement eomposé une OMivre utile , complète et méri-
toire* «
Jusqu'ici , parmi nous , la même défaveur ne s'eàt pas
attachée, en firit d'importations anglaises^ aux idiées qu'aux
denrées ) les prohibitionnistes , qui tendent à mettre les
scellés sur nos ports , ne travaiRent pas au^ directement
à frapper d'un embargo Tintroduetion des réformes mo-
Mleft. Gependifnt , plus d'une fois / des projets d'amélio-
ration au aert de l'humanité , appuyés de Feiemple et
présentés à la secte de l'Angleterre , ont éfé , à cause dé
cela , accueillis par le cri répulsif: TSmeo Danâm , etc.
Neus Mlieilons If. de lIouttevfHe d!avo$r tenu ferme
contre un rertiin coursât ; d'avoii^ voidu , non-seulemeet
prendre le bien d'oè il arrive , ou même aller le diereher
où il se trouve , mais encore honorer la source où il àété
puisé. En agissant ainsi ^ en consacrant un kmg et eon*
lUCOtÉTfc MOBALS. 381
sGÎeiiGieux labeor à une œuvre utile plus que brillanle , à
une œuvre difficSe , au moins difficile à naturaliser pleine-
ment parmi noua, M. de BoulteviUe» disona*le en deux
mots 9 Messieurs ^ a iail une bonne brochure et une bonne
action*
La conclusion de ce Rapport sera donc de vous proposer
d'adopter celle que Fauteur lutméme a formulée en ces
termes:
« Nous avons Tespoir que la Société d*émuIation de
» Bouen voudra persévérer dans la voie où elle est entrée»
» et qu'elle saura adopter les mesures les plus propres à
m atteindre sûrement le bnt qu'elle se propose. •
> La section remercie H. de Beaurepaire de cette com-
munication où respirent , admirablement exprimés « les
sentiments les plus élevés et les plus honorables.
» Un Mémoire de M. le docteur Cisseville sur les eaux
minérales de Forges est communiqué à la section. Ce Mé-
moire est, de tous points, digne de la réputation que Fau-
teur s'est déjà acquise près de TAssociation normande ,
par son travail sur les recherches à faire,dans le canton de
Forges , pour la découverte de la houille , dont il a été
donné lecture dans une des précédentes séances publiques.
• Ce nouveau Mémoire est l'histoire et l'analyse complète
et très-intéressante des eaux de Forges , dont l'action to-
nique sur l'économie animale ne résulte pas seulement du
fer qu'elles renferment , mais encore des substances ga-
leuses et salines qui s'y trouvent en dissolution.
» L'efficacité de ces eaux a été nombre de fois éprouvée
dans toutes les maladies qui tiennent à la langueur du
principe vital , à l'atonie des tissus , à la faiblesse des mou-
Tements organiques.
382 SÉANCES GBlrâlAtES A NEtFCHATEL.
» Nëaâtnoiiit,la sectibn Ta reconiin pour le dét^lorer , les
eaux de Forges , après avoir joui A*nne renommée écla-
tante qui leur attirait la visite annuelle d^une multitude dé
finrands personnages , sont tombées dans un état d*oubIi et
d*abandon immérités , où elles languissent , «aigrelet
efforts généreux tentés, dans ces derniers temps, pour leur
redonner, sinon Tédal pompeux du passé, du moins l'Cxis*
tenceetia durée.
» Si ces eaux sont , comme tout l'attesté , aussi efficaces
que celles dTnghien, pourquoi , dans nos pays, coilseille-
t-on celles-ci de préférence à celles-là , plus voisines du
domicile de la plupart d'entre nous?
» Aussi la section recommande-t-elle à TAssociation nor-
ipande tout entière de publier , par tous les moyens en
son pouvoir , Tellicacité incontestée des eaux de Forges.
Notice Èur les eaux minérales de Forges ( Seine-Inférieure) ,
par Jl. le docteur Cisseyille.
Nous nous proposons de scinder cette Notice sur les
eaux minérales de Forges en cinq ftéries , pour faciliter la
description d'objets qui , bien qu'ils aient entre eux une
corrélation réciproque « ont besoiu d'être examinés sépa-
rément. Au moyen do cette division, on évitera une con-
fusion toiyours nuisible à l'intelligence du sujet que Ton
traite.
La première série aura trait à la statistique de Forges
f l à son histoire .naturelle; la deuxième concernera les
propriétés physiques et chimiques des eaux minérales y
ainsi que leur historique ; dans la troisième; nous nous oc-
cuperons de l'établissement en particulier ; la quatrième
BKQOftTB MOBALI. 383
comprendra leB firopriéléB médicaleB de ces eaux ; dans
k cinqnièiDe , enin , xmw traiterons de leur asode d'ad-
ministration.
ForfeaJesJSaiix est mi bourse du département de la Seine-
loCéneore , à 13 njrrîamètres nord ouest de Paris , dont
h population 8*élèv% maintenant de 1 ,550 à 1 ,600 personnes
eoviton. Il tire son nom des aneiénnes forges qui ont
existé à son iFoisinage et à reiidroît Même où il est
csnstmk. Une dfi ses extrémités , celle où les scories fer*
nigineusea se rencontrent en plus ^ande quantité , a con-
flcrvé encore le nom de quartier d'Enfer. Traversé , dans
toute sa longueur , par la grande route royale qui va di-
rectement de Paris à Dieppe , il est en partie entouré par
la forêt de Bray > qui occupe plus de la moitié de son
territoire.
On trouve , aux environs , des fontaines minérales ,
des lestes de foumemx , des portions ou fragments de
tuiles romf ineaet autres terres cuites vitrifiées^qui donnent
à croire qo'dies oui servi à la constoiotion de fourneaux
où fut contenue une matière soumise à uii feu violent.
Ces débris se sont reneontréa , en grande quantité , dans
des terres voisines, qui , de l'état de bruyères dans lequel
des étaient depuis fort long-temps^ ont été converties en
laitages on prairies. Quelques endroitp de la forêt de Bray
renfiMrraent de ces débris , ainsi que de nombreusea scories
de fer.
Lorsqu'on lit , en I77S , les fondements d'un pont sur
l/mière d'Andelle ^ on trouva un grand aqueduc en bois
38i SRANCBS GBSBftALES A lfBUFCBAT£L.
4a chêne « irès^HCn eooservé , et deveiiu «oir ocMmiie île
Tébèoe. Sa dureté était telle , que la hache et la me ne
lentainaient que difficilement.
Derrière rétablissement des eaux minérales et le long
de la rivière d'Andelle , on yoil laeeule Êibricyie de sul-
&te de fer naturel qui existe dans le département , créée
eo 1816 par le sieor Ditpré^ qui en est le ooneesrfoQnaire.
Bn faisant des fouilles pour extraire le minerai nécessaire
à la fiibrication du solfiite de 1er» on a reiicoiitréf au-dessous
d'une couche de tomrbe et à la profondeur d'environ 3
viètres ^ un grand nombre de chênes noirs , dont les uns
étaient durs et les autres friables. I^ plupart étaient eou-
chés ; quelques-uns étaient restés debout* Noos en avons
vu plusieurs dont i'écorce ^ présentant un brillant- et une
dureté métalliques » indiquait une minéralisatîon par le
fer. Eo général » on n'en a guère retiré d'autve emploi
utile que celui d'en feirede médiocre bois de chauffiige.
Le monticule sur lequel est construit le bourg de For-
ges se dirige de Test ii l'ouest. Il est composé ^ depuis
l'argile bigarrée qui apparaît à la surface du sol jusqu'au
grès vert, de nombreuses alternances d'argile iriaslique ,
de sables et grès ferrugineux , ayant une puissance de 30
à 35 mètres , et desquelles sortent , au nombre de tit>is ,
les fontaines minérales dont nous aUons nous occuper ci-
après.
Le bourg de Forges-Ies-Eaux occupe le point le plus
élevé de rhorixon qui l'entoure ; trois rivières prennent
leur source daau se» environs , et coulent dans des direc-
tions diverses et opposées.
liioières. — L'Ëple prend sa source dans les prairies , à
Serqueux ) commune au nord de Forges , et coule vers le
* peo de dttUoçe des fonta&Ms mioëMM , et «e dirigé ait
«id-oue$t. Un^traMèiM a «m orifiiK» «ôntre te c» dtftâïrt
•bbayc deBeimbfe^et m. rend à Mml^htlèl: tw détit
premières mûéàkê^ni iàÉà ie âefaie , «t fc fmirfème ,
WM le nom derivîève d'An|Mf ; Mhi»è Mtt^là iliei^.
Piiiiito. — Les p)«te»4iteJe soi pmè«tt se tmeiitent
UHijouw un peu de sa Mlnm eoefeimeitoêtit ttah^feeuse.
Ob y trowe ie buloiitas iiailM««iu#f jiHiéllefrri) , fe Vac*
dnim» pxyeoeeos (caiuMbinpl), fa ^NIW«itt^Béctaimiigfet;
les plaoles des genres usiileHa ^tylRtfHMi , siëllàrfeÉ, tat*
Kwierie, mifioarfsKs , ItyiM^amtM , MIMeeeHis j (^ntîatia;
pdjgaie. La.flofedft paji'defWàf^est, att* rtrte, an^sf
nomkreuse qâe vanéd^ .. i
LéldvatKHiaksoliMide Forges at»4èMi»détf baillés mèfrf
d'éipiinoM. est de im m.Mê miH^ Oirpemcbhiptet iui*
estte estimatio» , qui^infa «é o^mmmlfjnée par *t. Vlaîéi*
Bevaa«es »• wuAdi^ îègdiiîenr à f(sttfeHMêil', aÛrs qti'if
s'occupait 4iL€aiia}fflisfett 4» t>lsp^à^A^ -^
TmpéraUff4 du fay .-^ L* fenêt d#' BffSf èf le^ (^^crÂ*'
rivières qnifireBiHial naiskanoe m« «iiW^eeii de Pdffres <
ontnae iofluenef awea «staquéti stiMa 'tempi$ra(t!t^ dit
pays; ee ^tfodral» dte is^est |»iqt tuès^libtde, ét'est Mbdi^
fiée par les nombreases haies qui divisent et sëparwri le*
lierbages. Depuis que Ton a défriché les landes des com^^
nranes voisines de Fotgn^, àMr'kflMillards qui rendaient
l'air malsain ont disparu ) ainsi que les fièvres intermit-
tentes doiii ils 4firittl.ilne€ai«ni)diracle* Lethefittomèti^ ,
terme nsoyen ^ dans^ l'été y indique 29 mf M degtés ccït-
tigrades* A rétaMiasÉamiot ^ il^esl'IbnjMrsde^ù^eetf
degrés plus bas qoe.dana -le hopifii ' '
25
386 oiAVGES GiNilàLBS A KnM:HATEL.
Eniémia. '^U.n'j a plaide tnalâdfés endémiques, dé-
pote ledefl^éctieoiMi dfli'Uaéntf et de§ mams quf exis-
taieat ^Ueiiw am.'^lmtooB.d^PiM^
avant q^'on m. •'<M6lipât)de< o» tm^radt iïtipèrtantv'déâ
fièvres mleipiUleiiilM » i>piniMaeB ^ qnt Msbtalétat à tous
les moypaf ea^i)<i74il.eaatre e^. Qiiéiqiies pei^sonnes les
ecMsaeryaiîant. pendant, das- arindef antiln«B ; d^an tre^ étaient
atteintea 4*tÔr4f)W^ aante^v^Mt^Iteê moundenl. Ce
fl/éau.^dëmiqiiet.ajaateeas^aveo'aa eaosé, fut t^mplàcé,
en 1813, par,im.0iiM7iMiàlér>Vi^' qui, traité par Ttisage
de Yemuj^aiif^àiBA^^ ainai 'ifa^oèla etfi liëii en
1768, a'apli|a^^^p|M?P« LMwMfbies, qa^oa a df tes éndé-
mifues 4aili le payaid^Baty^n^ipiift pas plus Tréqoènte^
qu'aiUears. Elles ne se lenoontreol qwe diez ' qtièlqùek
sqjeU^ ci jnft i/^g^/^àM qued^ elreÉnstdneés ittdiiridiiéllfes.
«
Ym^0 ar^ll9i,.r*rLesi.veatsdea'phiè fréquents* qui rè-
goiHit^ Ibinissntes^Einubysoi^ novd^HKlét et de
FoiMt^ V4ntfapt0 :flt»lB^nctbn^^ eesi^^nts sontiiéces-
sairement modM^ps paaln Ibeèt de Bragr, et les nobbreuses'
liaiea:exisla9t dawla vallëe de Brayv Les orages n'y sont
pas pUif ii)0qiieals i|«'aillenn.. Là ^foudt^eaa^ rarement
des drwnnwys de , îguelqtie i mpm tanee* Bë|Hiis 182?, oh
n'a.pl».v^4e.cléles««^ptiUed'<scmkionn^ un notable
piéj
') î
naiiMiJMh sàÊÊW*
FcM^oûm . mîMntfba dis Arpar. -«- Lea tiiris eeîihM d*«nttt
minérales, de KsrfBs » ajppciéefr là Reidette, la Royale ,
la Cfl^nale , sootiSÎtnées'rau «oadumlt'dti bourg y 'datas
nn vallon dominé par quelqaes-éminénoes; *
BNQUÂTB MORALE. 387
Efles coulent dans un enfoncement quadrilatère, prati-
qué en maçonnerie dans le sol , de S môtrei à pen pré»
de profondenr , et où Ton a creosé poar diacnne nn petit
bassin séparé.
La Reinette et la Cardinale content hmzontalement :
la Reinette , de' rest'ft Tônest ; et là Cardinale , dn nofd au
sad. La Royale sourd perpendiculairement an milieu
dès denx antres » et eottle ensuite de Test k Fouest , coottie
la Reinette.
La Reinètté est la source qui fournit le plus d'eau; et
est la moins ferrugineuse.
La Royale coule moins vite que la Reinette ; c'est elle
que Ton boit le plus communément la première.
La Cardinale coule plus kntemenC que les deux autres ;
et M plus chargée de fer que les précédentes 1 Chsf^e
source déverse, pa^un petit' canal pratiqué dans Tépaissenr
iitKrieure, là quantité d'eau qui dépasse son niveau, dans
un réservoir disposé de telle sorte , qu'A reçoit isolément
chaque espèce d*eau.
Prapriétùphysiqueê» -^'Lés eaux des trois sources sont
païfillendënt limpides ; seulement lés bassins sotif pins 6u
moins chargés d'une poudre jaunâtre qui s'attache à^leurd
parois. Les vases dont on se sert habituellement pour
puiser Teau aux bassins , se recouvrent , à la longue, d'un
enduit jànae^^rougeâtre, qui atteste la dissolution dafet
daBsTean. Les buveurs , pour se convaincre , d'iine ma^'
nière évidente , de la pi^ë^nce ée ce métal ,' font macérer,'
pendant quelques minutes , une feuille ou deux de chêne
que Ton a broyée dans un verre d'eau minérale , qiii , de
claire et limpide qu'elle était , devient noire comme de
rcBcre.
3tt SÉANCBS GÉmllÀUS A BtttJFCBATEL.
An rafpoH d» historié» «il ont toit dcpuîft Linaud ,
te pranier qui ea ait fiiit mention , la Reinette offre un
pliéMomèiie «ingid w : • Tous les jour* régulièrement (p^est
Linaud qui parle) , vers les 6 à 7 heures du ^oir ♦ elle sa
hrcwiUe , de i^amtee que >'eaNL s^rt toute. cougeAtre^ et
«Aarfé^t de flacons vm plus ou moins sro« , qui se eban-'
^hM; «n «ne imiu rousse , qjuff,nd oni vient h le&remoer dana
WiMiA. > Marleau ^ute que ce phénomène se répi^le 1^
jour , trois à quatre heures avant l'orage et la pluieu Monnet,,
d'^pcèr M. Lopefq de la Clôture , affiitm^ }e m6(pe fait.
Qfi a môme dit que ces flocons éUient plus abondants et
s»mQntraieiil phia fréqueouoMVit le jour o^ le temps était
orageux, et lorsqueVatmosphèce était pl^s. ou moin&agitée..
Nous d0¥fltn» ajouter que noas n'avons pas remarqué cette
xémaim^ 4|ns l-appanijoa et ^0xist^m:e de ces flocons.
La sav^r n'est pas lambn^ dans l'eau des trois source^^
elle est fcalche dan» toules , peu ferrugineuse dans la Rei-
n^Ue , ferrugineuse dans,la Rojrale, et, décidément, atra*
mentaire dans la Cardinale.
La pesaAl^ui: spécîCqu^i de l'eau des trois sources est «
h p^u dei ç)M>8e,pxëi r^ môme ; la Cardinale , touiefins ,
pèse 1,5.
£lles sont inodores.
La températiure est aussi k peu prts la mémo dsms len
trois sources, et dans le réservoir qui les reçoit en sortant
de leur canal. Le thermomètre , plongé dans Je hasain , a
donné , après un quart d'immersion :
Pour la ReineUe , T*" centigrade» ;
Pour la Royale , 7° id. ;
Pour la Cardinale , 6^" id. ;
Réservoir commun, 6^ 1/4 id. ,
inQuiri MORALE. 3Sé
b tenpétalaffe •xtériaor» étaiU de I5<» oentigrâdst ;
la iireflriûii atOKMipliériqiie y de 76* cenU
La variation de température des soarced , de 9 heureadn
matin à 10 heures du soir , est à peine de 1/4 de degni ,
lorsque la température atmosphérique a varié de 7 à 8
degrés dans la journée.
Nous devons Csiire observer que la Cardinale présente j
à sa surface , nne pellicule irisée fort recherchée , en gé»
néral , des buveurs , et qu'ils appdknt la erême de la
iource.
L'Àndelle , qui est la rivière la plus voisine dea fon^
tailles minérales de forges , est de 5 centimètres plus
élevée que ceDes-ci ; elle ne présente aui réàetlb «uotme
trace de fer. Il en est de même de deux sources é^9Xk vive»
dont Tune est renfermée dans l'enceinte de f étaMissement^
et l'autre n*en est séparée que par la grande route royale
de Paris à Dieppe. Lei réactib chimiques n*ont pu y dé*
celer l'existence du moindre atome ferrugineux.
La quantité d'eau fournie par chaque source a été dé*
terminée par nous avec soin , et a donné les résultats sui-
vants:
Beinette , 900 litres par heure -^ 21600 par jour ;
Royale , 450 id. id. ^ 10800 id. ;
Cardinide, 180 id. id. — 4320 id.
C'est-à-dire , 36720 litres ,
pour les trois sources réunies , pendant 24 heures.
Avant de terminer ce qui a rapport amx propriétés phy-
siques des eaux minérales de Forges^ nous JG^rons observer
890 SBAMCES GBHBIALES A If BVFClUTBt .
que , ^ans le dëpartenent ^elle» «Ml les «euk» eaw mi-
nérales qui D9 «oient pas voisÎBea et ne sortit pas «pour
ainsi dire /de la ceinture crayeuse qui borde nos grandes
Ya4ées , ainsi que cela se voit à Rouen et |i Quiévrecourt ,
près Nauichâtel, Cette différence de position géologique
explique la présence d'ingrédients minéralisateurs dans
les eaux de Forges , qui ne se retrouvent point ailleurs.
Mous devons aussi faire mention d*un phénomène re^
marquable , qui a paru tel à II* £(enry ^ lorsquHl est venu
faire une nouvelle analyse des eaux minérales , eni vertu
d'une mission spéciale que lui a doinnée le Gouvernement.
Lorsqu'on vient à découvrir le bassin qui reçoit séparé^
ment ^afff«M» des trqis sources Reinette , Royale et Gar*>
dinale, on est frappé de l'aspect [ce sont les termes di|
Bapport) qtfm présentent les dépôts qui s*y trouvent. Ce
n'est pku un itmas rouge , ochracé , que l'on aperçoit ,
mais une réunion de flocons lanugineux en. apparence ,
rouges ou rosés , tr^-légers ; quelques-uns même sont
tont-ià-fait blancs et comme soyeux.
jL.orsqu*on a recueilli ces flocons , qui se divisent avec
une grande fiicilité et semblent fuir sous la maiù qui veut
les saisir , on y dislingue , à l'aide du microscope , une
réuidon de confërves parfkifement organisées , au milieu
d'une masse grisâtre, amorphe, et de parties ferrugimeuses
également sans fbrmes régulières. Lavées et pt^Vées de la
substance ferrugineuse , ces conferves ont l'apparence de
filaments brillants et de couleur argentine , qui s'entre*
croisent dans tous tes sens.
L'eau dans laquelle ces conferves se sont développées
( il y en a dans chaque division du bassin ) ^ est toujours
ferrugineuse au goût et aux réaetils.
UfQUlïn MOMU. S«l
Enfia,dpUM pu rés^iroirqm.iàUrorifi^e.diieÉoalsoa^
terrain condinsiuBt Jes trois eaux réwrfes^ et da» eennAoïe
eaoal , on trovme (piqQurs des confenres an milieu du dé-
p6tochracé.
Analyse chhmque.-^hn première analyse chimique digne
de ce nom , et qui ait donné des résultats conformes à la
science , date de 1813. Elle fut ikite , à Forges môme , par
If. R<Aert , pfcarmacien en chef de l'Hôtel-DIeu de Rouen ,
qui y apporta beaucoup de soins et fit de son travail un
résumé aussi consciencieux qu'instructif , hiséré S^ns tes
Annales de physique et de chimie. Ce trarrailfut considéré,
à cette époque ] comme une œayre rema^uable en son
genre.
Après une série <f opérations qu'il décrit avec une grande
lucidité , M. Robert a trouvé qu'une pinte d'eau de la
source Reinette contenait :
« »
Acide carbonique 1/4 son volume.
Carbonate de chaux. • . . • ... 1/4 de grain.
Carbonate de fer 1/8
Chlorure de sodium .3/4
SulGaite de chaux. ....... 1/3
Chlorure de magnésium. , . • . . 1/5
Chlorure de silîcinip. ...••> 1/1^,
.1
Royale,
Aci^e carbonique. • • . une fois et 1/4 ton volume.
Carbonate de chaux 3/4 de grain.
Carbonate de fer. ....... 1/2
Chlorure de sodium. .«•••• 5/8
i9i 8BANCBS OÉNBftALBê A VBeFCllATBL .
Sulfiite de ehattx * i/igfftin.
CUorure de magoéiiimi • 1/8
BiUoe. l/fâ
Sulfate de mafnétie 2/8
• •
Càrdimh»
Acide carbonique. • ,
Carbooale de cbaiix. •
Carbonate de fer. • .
Cblpi^ure de soude. »
Sulfiita de chaux. • .
Chlorure de magnésiam.
Silice.
Sulfate de magnésie, .
« •
^
t
9 foja aoa volome.
3/4 de gnon.
K/6
, 6/10
. 1/i .
1/5
1/6
3/10
L'analyse de M. Robert ne pouvait pas ôtre plus exacte
pour l'époque où cMe eut Heu , bien qu*il fût évident que
la connaissance de la composition des flocons ferrugineux
était incomplète. L'année dernière , M. le professeur Che-
vallier , visitant les eaux de Forgés , crut reconnaître la
présence de Tacidè crénique, combiné avec le fer, dans
les flocons ferrugineux. Comprenant l'importance de s'as-
surer de la réalité'de la pensée de M. Chevallier , le mé-
decin-inspecteur s'adressa , par l'intermédiaire de H. Des-
joberl , député de l'arrondissement de Neufchâtel « à
M. le ministre de l'agriculture et du commerce , pour
qu'il voulût bien ordonner qu'uhe houvelle analyse, en
rapport avec les p'rogVès'de* la' science, fût faite par un
chimiste revêtu , dans cette circonstance , d'un caractère
authentique. L'académie* rdyalb de médecine , d'après
ftKQOÂtB MiniALE. 39S
riovitatlon qu'eflè reçut de M. le ministre de s*occuper da
la demande da médecin-inspecteur , désigna, pour opérer
cette noovdte anaijFi», M. le profeascnr Henry , chef de
068 travaux chimiques , qui se rendit à Forges , où il fit , i
l'établissement, Fopération qui lui était confiée. M. Henrj
eicprime , dans le rapport auquel son travail donna lieu |
l'étoiMiemeot qu'H éprouva en voyant cette espèce da
flocons ferrugineux qu'il n'avait pas rencontrés ailleurs.
Déjà H. Chevallier , à qni le médecin-inspecteur en avait
envoyé une certaine quantité, ainsi que del'ean minérale,
avait reconnu la présence , dans ces flocoqs, dé Tacide cré«
nique et de l'acide apocréniqne , dont la combinaison avec
Toxide de fer ferme le crénate et Tapocrénate de fer. Ces
mêmes acides organiques se rencontrent dans Teau , alors
qu'elle arrive 4latts ses bassins à l'état de dissolndon com«
|>lèle. On sait que c'est le savant Berzéiius qui, le premier»
a signalé, dans les eaux minérales de Porta (Sarde), Texis»
tenoe de ces acides que U. le professeur Gârardin a rer.-
contrés dans celles da St*Allyre (Puy-de-Dôme) .
M. Henry admet comme résultat de son examen chi*
miqoe , pour Teau intacte des trois sources d'eaox miné*
raies de Forges , la composition suivante : . . .
3M
SULNCBS fiBNVKAUtS A HmCIUTBt.
.
WM ifiOO <nUipiE6 l>*EAO UfUCTK 9
^SJSA aOK FOUIT d'
. Bovee '
S«ètla«ees
' Source
. >8çin»
■imévalUantes« .
Cardinale.
* 1
^^ [E.,^!
Ai^tt aTec oxi-
-. - T ■
■
gtoa^mcesu . .
Fwi. '
>e»*
' PM.
Acide carbouqae
1 • 1
•
•
: ttnre.
am. «5. 1/5 TOT.
0 ttt. 150. i/* ^oî.
0 in. i/e voT.
BicarB<ynàles de
Graine*.
1
Granules.
chM9i > (te. nâ«
» 1-
.
• ;•
CMonire de se-
.0 0761
■
0 0934
*
0 lOOSV
' dUi^k.
0 oiao
a 0170
. ooua
C^Uorare de ma-
û
[ gnésiftiifra » » •
0 ooso
• 0 <mo
0 030O
SulEale de chaux.
0 OéUO
0 03i0
0^0100
Stoffate dé souder
; et d^ iBKgnésie.
^ OOiO
^ 0 QAOa
00060
KiUate içagué-
> Bien. .....
» . • ,
Indiœs. '
• '
Créiiate idcalm. .
• 0 0090
0 09^^
Traces. .
Siircë et alumine.
0 0330 .
0 034O
0 0380
M; aanioBkcal
«
* ...
»
( carbonate de
soude). ....
Sensible Si peine.
Traces.
Traces.
Sel de pelasse. .
Id.
w. ..
Jd.
Crénate die pt^to-
wdedefev'ii). .
0 oieo
0 • Oa70td^
OOttOO»;
Cit^nate de man-
f^intse. ....
Sète.
«
EaHpure.. . .
Traces.
' Trace».
' TYaces.
0 S701
0 2554
0 3605(4]
999 9i99
999 7499
999 6345
iOOO »
1000 »
1000 »
(f) RiBpréwBte fer métiltiqiM 0 oJSft
(S) R«pré«ente fer mèuUiquc 0 0(0t
(t) Hepréstnle fer méUlUqnc 0 OtOJ
(V} L'iufmenulioD des acte vient de l'addilion de l'acide carbonique qui consUtue les bicatbo-
aaicftw
Movg àW&fi fait ' «Metrver préoëd^mciit 4{u& Vem des
trois fiovrces eà s'é^alant \ par des rigoles yartieiilières ,
dans un bassin divisé en trois oomparChnents dtetinets, y
laîflBe unprodoit abondant rougeâtre , DoeonneuTi, oà Vm
tfslhigne, à TaSde 4^ k loupe, un 'réseau capillaîre fiUnnen^
teax , et d'une (coidenr d'un lilanc argentin^ Nous âireiiè
ajouté que , dans ion parêours. l'eau forme encore ^un oo»
"véao dépôt ' trèso'abbndant « qui tapisse un •. canal soutërraJn
«t une longue rigole cpH la e<>ndnil dans la rivière d^An*
dene , où oRe se perd.
L'examen de ce dé]^ do'v^nalt tif As-ioipottatit ; pwee
qu'il d<^ i^présenter \é prtnff^ tpécUU ferraginewib deî
eufct de Forges dans un état de concentration ootaidèlè^,
et qu*il devient alors plus facile , par l'analyse ^dTen bien
connaître la nature; Aprèii uiie sérié d'opérations i|«e'riia-
bilo chimiste a faites devant noiis , Il a obtenu, pour 100
do dépôt anèttéà Fétat seo, saVoir : •
liatiôre organique (acMteserénique etapocrénique) f l»^?!
Sesqni-oxide de féi< , avec traces de tnàn|^nèsè Sl^lt
Micft , carbonate de dttiux et conferves/ '• . 4,^
tOO-<î-
C'est ce composé qui lait la base des eaux niinéinlesTdo
Forges. Il existe pt^initiifentent dans' Feau, à son point
d'teeffgenoe 4 à Fétaide^proto-eréMita sotuble^cu disBoos
èla faTeor d'un>excès d'acide carbonique r aussi l'eau fest«
eBe pariaitenMHit liaspido , daire et transparente. Toatts^
fois , après va eertaSn temps qu'elle est exposée il l'air «t
à la lumièro^ ce composéferrugineux déviait insoluble '<M
passant à T'état de eréiale ferrijue , et se dépose en flocons
rougoMres ÎBsohiblé&
396 SÉANCES GBJliAAi.BS A HBUFCHATEL.
Noms tvoqs en , depuis quelque tauip» • l'UtlttiMiMi d'a-
lUiser ce 4éf6i ferrugiieuxi sous forme de pastilles, qui
u'eureiept i en Frmee , d'à peu prés auelogues queeelles
que l'oa pourrait faire A 8i*AUjre { Poy-deOOiue) • dont
les eaux minérales ool 4t^ analynto^ pnr M. loptofeseewr
GIrardin , qui y a trouva les addes i^éoique el apocrtf*
nique combinés ayec le fer. On ^^ que c!es4 BerséUus
qui y le premier, a. signalé t en 1834 » l'existenee, dana les
eaux minéfaice de Pof la (Suède) » de ces acides de naiure
organique. M. le professeur Henry » dans sen rapport »
iail observer qu'il approuve ce dessein d'utiliser le produit
Pûturel 9péei€i des eaux de JForges , parce que sa eompo*
sition dûmique étant eonnue i.il devient facUe d'en pré-
ciser l'emploi*
On peut juger maintenant du résultat donné par les
deux analyses , deol 1« dcf nièce a démontré la préseare ,
dans les eaux minérales de Forges » d'une substance orgar
nique long«temps inconnue » et que lea progrès seub de la
science ont permis d'apprécier.-*-<Quelle est Tinfloence de
cette substance, sur le fer ? En quoi modifie4«lle son action
sur l'économie animale ?— C'est ce que nous essaierons de
déterminer, alors que nous nous occuperons des propriétés
médicalea des eaux de Forges.
Hiêtariq^fi, — L'bistoire est asaea obscure en œ qui con-
cerne l'origine des sources minérales des eaux de Forges.
La présence des mines de fer en asaei grand nombre, Fex*
ploitalion de ces mines dans ce lieu même qui a reçu
son nom des usines qui y étaient étabUes , doivent influer
sur la nature des eaux du pays ; et si , comn» l'ont pré*
tendu la plupart des premiers écrivains , on trouve dans
l'usage des eaux de Forges un remède elBaace am>liqoé
vtiknMal i ki g«ér&Mm é*mk grand kioubre ite maladietf
dwmiyag , cfert que cein ^ ks araieikt d*abord èm-
pluyéot , «raieat vetnarqué cp»c«8 eanx leur éfiiieai. d'un
grud stoofora dhsf qtiriye^viies de Icufs infirmiléi.
Ce fat ca IK7S qu'on tienr Baquet , oôiMilter a« par*
lement de Normandie , fit vider le bassin de TaBcieMe»
ÉMulme die FWgM i qui avail élé cemUë durant les
^pm/Btréê. Les «uvrien d*alora ^ tremfiés par 4e fiwisseg
appatenees » rapportèrent , dH*0B, dea paillette» d'argent,
doal il n'til plus question dîne la suicie. ]>& oe Inoaiiaft
diientles preaniers travauji peur isoler lee sounse»^ en
Tfrmin l'usage plua pttitieabte et plua ieoile.
Le premier otivrage dans lequct on. metitioiliia ftortteiF
lièfVHneni le&eauY dé Fosgeseat de 1603 : c'e^t celui pu*
bKéé Booen « par J« DuvaKBaaacet ouvrage » qui a paur
titre: BfftarHMntfHUiifye dn fénlaùm ^M^êfwkê d$ B0i$m
ei dn enoirom , le docteur Duval fiak rbiaMre de cdtes de
la province. A l'«aeaaîoai des eanx 4a'Foife% \l a'eapriiue
ainaîi « L'ean date Ibnlaine dite de Jouveace ^ pom^ M
» noftiea efclb , est fort daiaec ei froide^ tr^shplaisf^ate A
» boue ; nuiiaapiès qu'on: fa bue, an font quelque légère
» sLjptické àla laûgiae , aveo une odeur telle qu!on1e re«
9 HMfqae en Veau dedan» laquelle on aurait éteint ne finr
> chani. » Btpaatageant l'ernaur à laquelle avaient doeaé
Heu les travaux ordonnés par Buquet » ilajoute': « 'De cela
» il eat nnniliBste qu'elle (îre ses vertus et propriétés du
9 fer confas en loufe sa aabstance , nien toutefiiia d'iedui
9 pur 9 HaisipafliGipaBt de Targent* •
En 1607 , Pierre de Gfousset, apothicaire du prince de
Gaadé , qui , pendant 20 ans ^ avait observé les effets.pro*
dnils par les eaux de Forgea, pvAlia un ouvrage sdua le
398: SÉANCES GBNiBALfiS A. SIDFGHATBL.
tilrede: Reeuml cb la vnim d$ b fimiaimméiiâimiUip Si"
Bkfy iit4deJ(meenœ. Oki ae doitpaBii'atleàdie ài^aveir
ranatyso «des eaiix de Forges ; et^ en eSat, 8*en lappwtaiii
â quelques indices trompeOTs et peu conthante j IVinlnir
aAnne qu'élles-oontiennent du titriol, da niftre>dek terre
eldasM(i*e»
Ce fat en i49S que I»uis XlII , TinAuile d*Atitriclie et
le esrrdinsD deRidtelieu vinrent à Forges et y prirent les
eanx. Jusque-là les troi» sources aTsient été confonduee en
n»» senle V ^és Airent eiifln séparées» exaunnées avec
soin ; et comme ùù avait remarqué qu'elles a^ient dMK-
rents degrés d'énergie ^ on donna le nom de-Jl^îneM à
celle d^nlTla reine (êksit nsage , celui de Hofalv A celle
que bdvaille roi et qai pantissiîfe douée d^une^ufei grande
énergie 9 et celui <de CsrrfCmt/tf^ A «la'sdinisf lapins ferru-
gfaeuBe et lapiùs dctivè, dont la maladie plus igmve du
niimslre nécessitait' Tèmploi. •
La présence du monarque -el te naissance prodiaine de
Letiî»'XIV, que>^ saiis rencontrer' beam6up. de cootia*
Acteur» , dn n'avait paé craint â'aftlriUier èfuSage db ces
emix ^î vantées «Mtre laMériKtl' ^ee iémmes ,"Oo mieux,
sans'^douie', contre tes acddents qui le' plussèvrenten
Sdnt In cause , iajoutèrent à la granderépuGationd^cnux
deFdrges^ eCdècemoinenteI]etfde«lumitlesujet4'd)*
servaiibns importanteir. > •
£n 1670 , Disckm' publia , dans ses OftMrsoliow mtr- la
Muif minétah^ de ééoenes: phibàtcet ife.«te.iFra»0» , me
analyse succincte des eaux de Forges*. Lès di^mentsiclii-
nriqnes qn*on y 'trouve ^ ressentent de rînsuffisancB M la
science k cette époque ; les observatieoB' mëdittiles y «at
plus de solidité et- sont assoz bien recueillies.
BlfQUiTB ttORALB* . 399
Ea 1697 , Barlhâenay Linaud a. publié un TraiM spé-
9l de» eaax tniiM^ales d6.ForgeÉ ,: enfmie le tomfiê'
nent d'va* petit ouvn«6 ^'tt axait mis a« joû^ l'aenée
pr^cédentev M qui se Croiiv0 refendu dam ^ ceM-eu L'aa*
teor piié0en(e <meattx«0HiiDednriéeftdwprii!mpM4Hé!.
menlaire^ dont est «ompos^Je teatyéeÈtkà^r^&uuc^bi
aolation de parties Titrioliques , sulfureuns<ftl tereestras,
vA fmi tout^, la substanœ du fer.et qaise trouténtea {41»
grande qualité dans JaCsardidate , ea ladindre ^atfli
dans ia Bojrale » el oui^adoB eiicoBe dans* la Reiéettè. CM
p:«st ^e par hut %4A{ et leur odeuF qaTil adiqet eés pri».
cîpes dans les eaux de J'ac»es , et on o^ trouve dans la
reste dj^ r&U¥raf a aiiemea«);M>€Uittî«uç. ;
«attldiici,a(dlM(ié patf.Heivdl^,'«ttëdfMJtt>da itd.ea»
treprit ,en 1735 » «l^aiialysëidès^aadbL de Foi^esi San Ira^
vatt ^ qiHiiqaepIfliS qQiQplelf.qaè twl oeiquenous avMtf
T« josqu'akn V jaisseieëiieiriant èko àrdMrcr, Il «xe
9Mam Mea la^^quanlHé 'da*sel ■nrinlqoi se «eiMïMtr^dattà
49seawç <liaiaUipaflé4>eu(duier<;et de la quantité qni^f
^râte. U>Be,fa«it pM.peEdte^avue que fipaUuo oe^fir pas
aas-eei^émnefsiattXiaMniBs.- ,
Aanaat;^ en. 1 751 ^a écrit à peu pràadansjiéaéaie aerfsr
Nous devons à M. Marteau , médecin à AumaW y oné
allasse, detf QMix^ quïha Ait itaFaltré*eftl7a6.: Cetôa-
wafpa y !d*MDe asses ; finnd^ * îasporianoa pouii Fi^poque a^
il pamt, Iié:^ ipéftték cposMéraliolida seaconeiijo^râ;
£a 177B.>'Aairiiti> dans vne ex|Kisittoa rsuocioete don
fKfQCÎpe»êt 4e»^<^pt{éiés,daa enniL minéralea^ qu*on dis-^
tribue a» bureau géaésal de^Paria ^ préBenfe les eaux mu
nécaleseaminefeivii^ineases^Qt oontenanfcflos défer dans
la Cardinale que (daq& Ira deux* antres souroea. > —
400 SÉAXCKS GÉimULGg il mOFCRATEL.
En 1776 , tt» CiflieTiHe y médledfià Forges , û eônmitr*»
nique A M. Lefetq de la Clôture , q«i lès « éomignéetf
4an» ses Epidénia dt fa jRfennfffKflt , des ohêenwipo» entf
le» eeux des Irais soMrcei* Cet oèsermtioiM ne sont fm
leiyevrs oonfermeeècdilee de M. Mâfleeir; meis elles
mml en rapperieveclont ce qui a ëtépirtilië de itius-eseel
sur cette meAièteu
Penni ke eurrages ndatMi etft eem nrinërâles en
lénéral j oli distingue eehii de Socbenoy y qui , sens le
tHre nodeste d'JSsHrî fer Terf à^fmipaferlet 0imwminénriê$i
Ureffert anpnMienn Beetieit et se trouvent rénnis Mus tes
fenseignements qu'en peut ddsirér.
La haute réyiBtntien dont |o«issenC leseanit de Foii^,
ne pouvait menqtier d'inspirer * M. Dnebaney le ddsir de
les faire connattre fit de les kiiter, A la sirite d*uae dlsser^
talion sur les eaux ferrtigineuses,en gënëffad , dissertation
daes laquelle ranteur a fasssnal|lé>les éxpërienoes les pies
jjnpertsnlpiy il eite les eau de Forges ofpnmie eneni|de
d^eanx nênèmies fersugiDeiises. Il rappeHe le trvnrH^ de
II. Marteau,, et passe en.revueles pfq^dlés de ces eauty
dans lesquelles il annonce que le fern'esisie pas'iKMiB ta
forsse vitrieUqne ^ maïs y est dînons àTdide d*nn acide
Saseux.
L'ouvrage de M« Doebanoy f en 1780 ^et les tratinin
p«faliés<pnr M. Fonrerey ^ eut reçu pins tardmynowveaa
dévdnppennnt par M. Bsuillsn Lagrsmge ,' qtdf , dans usf
essai sur les eaux minérahs naturelles et'arlificMIes, a
joint sen prepses expérisnoinè èeH^s des éorivniie qai
l'ont préeëdé. Les eaux de>Fergns censervent , nveirraisiMif
un mng distingué dans Inseaui fevrnginenses; et«e safani
laborieux , qui a déjà fonroi tant de prenee^ de eapaeilé ,
BîiQuÊTÊ aronALB. ilOi
s'atCache à la fois à rappeler ce qu'on a appris de leur
nature eC à indiquer le procédé le plus convenable d'imi-
talion.
TROISlÊlfB SBRIE.
Les avantages qu'on a retirés de remploi des eaux mi-
nérales de Forges, dans un grand nombre de circonstances.
les ont toujours fait considérer de première classe parmi
celles de leur espèce. Elles étaient autrefois très-fréquen-
fées , et les souvenirs auxquels elles se rattachent ont
certes beaucoup d*intérét. Indépendamment de Louis XIII
et de la reine Anne d*AiHriche , d'autres branches de la
famille royale ont honoré de leur présence le bourg de
Forges , dont elles ont pris ïes eaux. G est ainsi qu'en
17S5 , M"*» la duchesse de Bourbon ; en 1749 , M™*» la
dauphine, et . en 1772, M-»* la duchesse de Chartres, sont
venues à Forges et y ont bu les eaux. Nous nous bornerons
à Êdre observer que le fils aîné de cette dernière princesse
(Louis-Philippe) naquit l'année suivante (1773).
Au nombre des circonstances qui ont contribué à l'a*
bandon de ces eaux , jadis le rendez-vous de l'élite de la
société , qui venait y chercher la santé et des distractions,
nous trouvons la doctrine physiologique exagérée , qui ,
dans sa proscription de tout médicament , si peu actif qu'il
soit , avait enveloppé la plupart des eaux minérales. Celles
de Forges eurent leur grande part de cette fâcheuse in-
fluence. Toutefois , l'avantage n'est pas tot^ours resté à la
doctrine physiologique ; une réaction salutaire s'est opérée,
cromme cela devait avoir lieu , en faveur de la thérapeu-
tique médicale bien comprise , et les ferrugineux ont re-
pris , dans cette branche importante de la médecine , le
rang qu'ils n'auraient jamais dû y perdre.
26
40â SÉANCES GSNÉftALES A ITEIJFCHATEL.
La cause que nous venons de signaler n*élait pas , il est
vrai de le dire , la seule qoi ait oecasionnë Toubli immérité
dans lequel étaient tombées les eaux de Forges. La per«
sonne qui en était propriélaire les avait laissées, à peu de
chose près , telles que les avait concédées à la famille
Cisseville la maison Montmorency , sans nullement
s^nquiéter des exigences de la société actuelle. D'autres
considérations s*ajoulant à celles que nous venons de si-
gnaler , il en était résulté que le public les négligeait ,
cherchant ailleurs ce qu'il aime par-dessus tout , le plaisir
et les amusements. Depuis qu^iyie réunion d*habitants de
Forges et d*autres personnes ont fait Tacquisilion de Fan-
cien établissement dn propriétaire , dans les mains duquel
il ne pouvait prospérer , une construction nouvelle , en
harmonie avec sa dcslinalion , a remplacé d*incommodes
et insalubres bâtiments ; une grande prairie,dépendant de
la propriété acquise , a élé desséchée et convertie en un
jardin , où sont dessinées de jolies promenades , en même
temps que Tautre partie du parc va élre agrandie au mojen
de concessions que consentent à faire les voisins , dans
Tintérét de rétablissement.
La construction nouvelle , qui a trois ans à peine d'exis-
tence , consiste en un bâtiment rectangulaire , élégant et
élevé sur pilotis , à 2 mètres et quelques centimètres du
sol. Il se compose de plusieurs salles de réception , fraîche-
ment décorées , dont une à usage de bibliothèque , et une
autre très-grande peut servir de salle de bal, et, au besoin,
de spectacle. Sur chacune des faces latérales se trouve une
aile renfermant les cabinets de bains et les appareils pour
les douches. Un côté est destiné aux hommes , et Tautre
aux dames. Les appareils pour bains et pour douches
à
fonolionnèDt de manière à ne laisser rien à désirer , et les
cabinets tont munis de tous les objets nck^essaircs en pa-
reille circonstance.
L'eau des trois sources , destinée â Tusage des bains et
des douches , est recueillie dans un réservoir en briques ;
spadenx , profond , couvert et placé sons le ]>âtiment.
On la fait monter , au moyen d'une pompe , dans un autre
réservoir en zinc , situé en dehors et au-dessus d'une des
ailes , d'où elle est dirigée dans une chaudière qui lui
communique le degré de chaleur nécessaire , à l'aide du
mode habituel de cbaufiage. Nous avons soin que ce degré
de chaleur soit le moins étevé possible, pour diminuer l'al-
tération qu'éprouve toujours l'eau minérale , alors qu'on
h chauffe.
Le boarg de Forges-Iés-Eaux est , avons-nôus dit , situé
dans la vallée de Bray , sur la grande route royale de
Paris' h Dieppe. Il oflre toutes les ressources que l'on peut
désirer pour le logement et la nourriture des personnes
qui prennent les eaux. Le pain , la viande , la volaille ,
les légumes , y sont excellents. Les étrangers qui viennent
aux eaax de Forges logent le plus souvent chez les habi-
tants , dont les maisons sont disposées à l'intérieur d*une
manière convenable pour les recevoir; ils y sont nourris, à
moins qu'ils ne préfèrent prendre leurs repas à l'hôtel.
Tous les renseignements dont , au reste , les baigneurs
peuvent avoir besoin , leur sont donnés par le concierge de
rétablissement.
OUATRIÈMB SÉRIE.
Prùpriélh médicedei. — L'action de ces eaux sur l'éco-
nomie animale est essentiellement tonique. Elles ne tirent
4pi SÉANCES GBIfBBilLES ▲ NEUFCHATEL.
pas uniqucmoot leur vertu do fer qu'elles renferment ; les
substances gazeuses et salines leur communiquent des pro*
priëtësqui leur sont communes avec d'autres eaux. Une foule
d'observations attestent leur efficacité dans les maladies qui
procèdent de la langueur du principe vital , de l'atonie des
tissus vivants, de la faiblesse des mouvements organiques.
Elles conviennent ^ en général, aux individus d'une consti-
lution lymphatique, d un tempérament humide; mais c'est
principalement dans les digestions lentes ou irréguliëres ,
dans les affections de Tappareil gastrique qui tiennent à la
faiblesse do cet appareil , qu'elles sont employées avec suc-
cès. Elles sont efficaces dans la débilité^qui est la suite d'hé-
morrhagies abondantes; dans certains écoulcments^comme
ceux provenant de la leucorrhée , les pertes abondantes
de semence à la suite de la masturbation. Elles sont indi-
quées dans les catbarres chroniques de la vessie , les go-
norrhées anciennes, les diarrhées chroniques dont les
symptômes inflammatoires ont disparu , les engorgements
abdominaux , l'empalement du foie. En 1768 , toute la
population de Forges , tourmentée par une diarrhée an*
cienne , se guérit en buvant uniquement de la Reinette.
Les Recueils des observateurs sont remplis d'exemples de
guérisoas d'hydropisies passives , de coliques néphréti-
ques « d'incontinences d'urine , d*aménorrhées, par l'usage
de ces eaux.
J'ai dit que ces eaux étaient très-avantageuses dans le^
affections de la matrice , alors qu'il s'agissait de donner
de l'activité à une mcnstnialion irrégulière, peu abon-
dante , ou môrae pour la faire naître quand elle n'existe
pas; j'ajouterai qu'elles sont aussi susceptibles de modérer
une menstruation simulant, en quelque sorte^ la métror-
BlfOCÉTE KOftALfr. kOÈ
rjiagie , si cette dernière dépend de rinettie et d'un trpf^
grand relâchement de la. matrice: dans eeco9, les eaut
Baarlîales , en fortifiant ton» les timus de réoonomie et
cdui de la matrice en- particulier, ont poifr eCKdedi?
.minuer un flux do sang trop abondant.
Depuis plus de 25 ans que nous est confiée Fadminislra-
tion médicale des eaux minérales de Forges , nous avons
pu faire les mêmes observations ; et, parmi celles-ci, il en
est une très-remarquable, concernant un jeune homme
d* Amiens , dont la guérison a été pour les médecins de
celle ville, qui lui donnaient des soins depuis longtemps,
un sujet d'étonnementt Atteint du dernier degré de ma-
rasme et de consomption , provenant d'une affection ra-.
chitique , M. Dujardin fils , après un séjour de deux
mois aux eaux de Forges , qu*il prit en boisson et en
bains , en partit complètement rétabli. M. le docteur
Barbier , d*Amiens, nous a différentes fois dit que ce
ne fut pas sans surprise que ses confrères et lui virent la'
cure radicale d'une affection contre laquelle tous les se-
cours de Fart avaient été inutilement employés. Quelque
temps auparavant , un membre de la même famille s'é-
tait guéri , aux eaux de Forges, d'une paralysie des mem-
bres inférieurs , qui avait pour cause une lésion de la
moelle épinière. \
Ces eaux ont une vertu diurétique pai:ticuliére , en*
vertu des sels et du gaz acide carbonique qu'elles renfer-
Bient. Sous ce rapport, elles conviennent aux personnes
atteintes de la gravelle , en les débarrassant de lexirs gra-
viers, et senivent même en déterminant la sortie de petiter
pierres^ eBes font ainsi cesser les douleurs' atroces aux-
406 SBAHCBS GÊNJBIULES A XBUFCHATEL.
quelles sont en proie les calculeux , et contriboeot à reO'-^
dre aiosi leur existence plus supportable.
J*ai très souvent remarqué , aiasi que j*en ai fait Tob*
servation à H. le professeur Henry, lorsqu'il vînt, au
mois de juin dernier , faire Tonalyse des eaux de Forges,
Ique l'eau de la source Cardinale se digérait très-souvent
mieux, même chez les personnes d'une faible compleuony
que Feau des autres sources. J'avouerai avoir été long-
temps à me rendre un compte satisfaisant de cette circon-
stance. J'ai attribué à la présence de l'acide carbonique
dans la Cardinale , cette facilité plus grande de digestion
que les buveurs , prenant cette eau , me signalaient. II
n'en est évidemment rien , puisque nous savons , d'après
la dernière analyse , que c'est la Royale qui contient une
plus grande quantité de ce gaz. Tout porte donc à croire
qu'il faut en rapporter la cause à une dose plus forte d'a-
cide crénique existant dans la Cardinale. On sait qu*il est^
en quelque sorte , acquis à la science j ou du moins c'est
une grande présomption , que cette substance organique
modiûe d'une manière avantageuse les propriétés trop
styptiques ou trop astringentes du fer ; il favorise alors
bien mieux son absorption. J'ajouterai qu'on ne remarque
pas chez les personnes qui font usage des eaux de
Forges , les accidents qui accompagnent ordinairement
l'emploi des ferrugineux artificiels ou de certaines eaux
ftrrugineuses naturelles.
Mode d'adminiitralion de$ ectux; époqm à laquM» ou le$
preii(2. — C'est vers les mois de juin, juillet, août et
septembre , qu'a lieu le plus ordinairement le rendez-vous
des baigneurs à Forges. Quelques-uns prolongent leur
inqvAtb moralv. 407
séjoar jii84|tt'au mois d*octobre , lorsque la température le
permet.
La Reioette , rougie arec un peu de vin de Bordeaux »
est la boisson à l'usage des baigneurs,à leurs repas. Comme
elle est légère , assez agréaUe au goût , les personnes dé-
licates , en remployant ainsi , disposent leur estomac à
l'usage de la seconde.
La Royale, plus ferrugineuse , eiige quelques précau^
tions : le premier Jour, on en prend deux verres , à la dis-
tance l'un de l'autre d'une demi-heure. On augmente , les
jours suivants, d'un verre , jusqu^à ce qu'on soit parvenu à
en boire cinq à six verres par jour. La distance i mettre
entre chaque verre est alors moindre ; on comprend
qu'elle doit varier suivant le plus ou moins de facilité qu^a
l'estomac à la digérer. Lorsque cette quantité d'eau,conti-
Duée quelques Jours , foue bien , on essaie l'usage de la
Cardinale, et on diminue d^aotant de la première que l'on
prend de la seconde.
Le laps de temps pendant lequel on boit ces eaux , varie
suivant les eirconstances dans lesquelles on se trouve ; où
ne les prend jamais moins de 21 jours , qui composent ce
qn^on appelle une saison , et fort rarement au-delà de 60
Jonrs. ilans ce dernier cas , et lors même qu'on ne boit
que pendant deux saisons, on a soin de mettre entre cha-
cune d'elles un intervalle de quelques Jours , pour donner
quelque vepos au tube digestif.
La température à laquelle on boit ces eaux est celle de
la source où on les puise. Cette température, entièrement
indépendante , comme nous l'avons fait, observer , de cdie
de l'atmosphère , contribue aussi à leur propriété toni-
que* Le plus souvent , et surtout^pour peu qu'il se trouve
408 SÉANCES GSNKlUaES A IKlUJFCHATEt.
cbez les personnes quelque disposilioa ^ Tirrilftiîoii de la
membrane gaslro-pulmonaire , je fais ajouter à cbaqu^
verre d^eau une ou deux cuillerées de sirop do gomma ou
de guimauve.
Quelque convenables que puissent éUe les eau de Forges
dans les cas précités , il est quelquefois uiilp de lésasses
cier à des moyens pharmaceutiques , pour atleiadre plus
sûrement le but que Ton se propose. Le quinquina et d'au-
tres amers , sous diverses formes, peuvent ÔUre heureuse-
ment combinés avec elles. Les différents exercices , en
plein air , à pied , ù cheval , en voilure , etc. » ne doivent
jamais ôlrcomis. L'observation d'un régime approprié est
une condilion indispensable et sans laquelle oa ne peut
guère obtenir de bons effets.
Lorsqu'après avoir iait usage des eaux de For^s pen-
dant le temps utile , oaen a obtenu son rétablissement ou
une amélioration dans sa santé, il faut continuer cet
usage encore huit à dix jours , et ne pas rompre le régime
auquel on s'est astreint. Il est souvent nécessaire de les
prendre l'année suivante j pour consolider sa guérîson et
entretenir les bons résultats obtenus.
C'est toujours le matin , à jeun , et immédiatement
après leur lever » que les baigneurs doivent descendre
aux fontaines prendre leurs eaux. Quoique la promenade
entre chaque verre d'eau «oit recomoiwidéa pour en favo>
riser l'absorption , il est en méme^ temps aasenliel de ne
point être en sueur lorsqu'on les boît : on conçoit le danger
de l'ingestion dans l'estomAB d'un verre d'eau froide, alors
qu'on est en transpiration. J'ai donné des soios à una per-
sonne qui s'est trouvée atteinte d'une pleurésie inleoase ^ à
la suite d'une course rapide , après hiquelie elle avait im-
nMJdiattffment bu uii gnnd verre d'etade la toonee CaD«
dioale.
La conslipation , quel<|iieCs»i8 assea. opiniâtre., qui tour*
manie les malades , est^efficacemeiU ooialNltUie ù Taîdede
lavements émoUieats.
Si quelques symptômes de surcbaiye bilieuse e&islent
avant de fcendxe les eaui^, il est bon de la laireeesier
avec un léger puig^itif « tel qu'une bouteille d'eangueasd
de sediita.
A l'époque de l'évacuation mens4nieHe ^ le» femmes
sont dans la néoei^Mté de suspendrepeadant quelques joun
l'usage des eaux ; elles s'exposeraient 4 srs cetfte hn
lerruption , à une suppression 4ui pourrait être flmeste «
malgré la propriété emménagogue bien connue de eey
eaux. Cette cireonstance ne. sera point oensidérée par
les gens de l'art être en opposition avec cette propriété
confirmée tous les joivs par rexpécienoe»
SCBIE» . .. /
Les eaux de Forges ne sont pas seukmeat-^inplojées eif
boisson., comme nous, venons de le fiiiaeeliseryer cklessus;
on en prend aussi des bains , des douches , et le.dé^
lèrmgineux 4es. baiêiqsicréoale de )kéfoxyde.deJer)'« a
«té utilisé en pi«itil)M ieitrugifieuses . dites de Focgesi :
Ces pastilles Mt pour objet de. remplacer Peau mlaéiniev
alors qu'on n'wpeut pas facjlieaient boire. ; comme, pac
emmple^en biver, à mcinaque oene soit aux reposv L'élft*
Uissementa Qcmcédé. aux dbnix . pbarmacieas deForgea^
MM. GiUet et.MaUard,Je droit dor fabriquer des pastilles ,
avec le dépût ferrugineux dont nous itenoos de parter ^ et
410 SKANCBS G&miftALEd A tl^lîFCBATEL.
d'eaveodre partout 06 ils le Jugeraient convenable. Avong-
110118 besoin de faire observer que les eaux ferrugineuses
de Forges , ainsi que les pastilles do même nom , sont
immùMeêy puisqu'il n'est pas donné an pouvoir de la
science de bire les acides crénique et apocrënique qu'elle
vient de découvrir dans ces eaux.
Les personnes auxquelles on prescrivait autrefois les
bains d'eau minérale de Forges , étaient dans la nécessité
de la faire apporter chei elles , ce qui pouvait l'altérer.
Gît inconvénient , et bien d'autres encore , n'existent
frfus depuis qu'un système de bains , tout-à-iait en bar-
monie avec sa destination , a été construit il y a deux ans.
J'cD ai fait • ci«avant , la description , que je ne répéterai
pas. Je ferai seulement observer que , d'après le conseil
de plusieurs membres compétents de T Académie de mé-
decine , entre autres de M. le docteur Pâtissier , membre
de la Commission des eaux minérales ^ et sur les rensei-
gnements que je lui ai donnés , lorsqu'il vint à Forges en
visiter l'établissement , on a jugé convenable de réunir les
eaux des trois sources pour le service des bains, ainsi que
pour celui des^iouches.
Ces bains se prennent froids /cbauds , et dans des degrés
intermédiaires dei chaleur.
: Les bains froids ne conviennent qu'aux personnes qui ne
sont pas trop irritables ; ils sont Ioniques » et fortifient
tmite l'économie animale. Les bains tièdes conviennent
aux personnes nerveuses , ober lesquelles la sensibilité est
exaltée. La propriété tonique du fer , dissous dans l'eau ,
modifie d'une manière avantageuse , à l'aidé de l'acide
crénique , l'effet , souvent affiiibUssant ; du bain tiède
ordinaire que redoutent beaucoup de personnes. J'ai sou-
BNQUÉTB MOBALB. 411
Teot rencontré des ëlranfers à Forges , à qui TusAge in-
térieur de Teau minérale ne convenait pas ; je pais dire
n*en avoir jamais entendu se plaindre des mauvais résul-
tais qu'auraient produits les bains de la même eau.
Les demi-bains d'eau minérale sont quelquefois employés
avec avantage chez les jeunes personnes dont la région
épigastrique est d'une grande sensibilité ; elles les pré*
firent souvent au bain entier, qui les gène et les oppresse*
Les effets de cette espèce de bains ne diffèrent guère de
ceux des bains entiers.
On prend ordinairement un bain d'eau minérale diaque
jour ; la durée en est de 20 à S5 minutes.
Les effets des bains d'eau ferrugineuse ont quelque
ressemblance avec les effets des bains de mer » surtout si
celle-là est abondamment chargée de fer et contient dea
substances salines en dissolution , qui excitent les tissua
avec lesquels elles se trouvent en contact.
L'usage des eaux minérales k l'intérieur et à rexlérieur,
combiné avec le régime tonique indiqué , a été utile aux
scrofuleux , d'après Cullen.
Les bains d'eau ferrugineuse , à une température mo-
dérée , ont fait cesser des transpirations très^aboodantes »
devenues babituelles , et qui avaient entièrement énervé
réconomieanimale. Qb cas requiert beaucoup d^ prudence;:
m emploi inconsidéré de ce moyen deviendrait funeste* : .
Dana l'hypocondrie , l'hystérie , la chorée , ^t «diverses
antres aCections nerveuses , une administration sage de
ces bains serait très-^ivant^geuse aux malades atteints do
ces affections. Le docteur Russel , dans ses Economiœ tia«
iwœ , les recommande , et cite des observations de leur
léoasite.
413 SÉANCES GBNBBALES A NBOFCHATBL.
TottCcs les fois que Ton prend des bains freids , il ne favC
point abandonner l'idée qu'ils ne sont réellement tooiqaes
qu'aulant que les. malades ont assez de force pour éfMo-
ver , à la sortie* de l'eau , on sentiment agrédrie de cha-
leur. Souvent il est difficile de déterminer , au juste , le
degré de faîUesse organique qot les proscrit ; mais alors
en les- essaie à une température de di à 3B* centigrades t
et si le malade en éprouve ijpielques^ bons effets , on lui
eft administre , gradoeUement , de {dus Qnoids.
Les eaux de Forges sont non-seulement utilisées de h
mapiAre que neus veneas d'indiquer , en boisson et en
bains ; on les administre aussi en touches avec un avantage
égal. Les doucbes peuvent être froides , tîèdes et chaudes.
Toutefois y le principal élément de l'action des douches
consistant dans la percussion , les efiMs'ée la température
sont moins remarquables qu'on ne le pense commune^
ment » surtout dans la partie frappée , & moins qu'on ne
compare leurs divers degrés de chaleur : telles sont les
douchesfroides de I à 10^ , et les douches chaudes de 30 à
40'^;encore les effets observés sonrMls quelquefois les mêmes,
scnrtiout dans tendroH percuté. C'est le Kquide qui coule
et se répand autour de la partie- dotichée ^t smr le reste dn
corps , qui agit réellement, par sa -température, sur les
parties éloignées et placées hors du cercle particulier
d'excifalion. LesalTusiotts agissent-, au contraire , parleur
température bien plus évidemment que les douches ,et
c'est encoi^'upe dlKirence essentieHè entre ces deux, ma-
nières de mettre eh action lès effets de la percussion de
Veau.
La douche froide soustrait' loujouf^^ «me certaine quan-
tité de calorique libre à la partie qui la reçoit. Le refroi*
. BNQLÂTB MOftALB. iH
4teeaid«t conlinueratt , srrexfîtatton qu'elle proToqwM
rq»roduisait pas iwDédiateinenl de la chalear scne wnè
certaine ipteanlé. Aussi , quand la doudie .fraïqw dei
parties peit actives ^ eUes leg raftoidit réellement y et cet
eftt est principalevaent. pr^^Aiit por le liquide qui m ré«
pand autour du point frappé. La douche. chaude, au con«
traire , excite et récbauOe-le point qu'elle frappe » et ppo»
duit le méuie eibt sur les parties envirounanlea par le
liquide chaud qu'elle répand. Ces considérations ne sont
pmnt inutiles daas l'emploi qu'on peut fiiira des douches;
dles établissent , dans certains cas , une graniê diflé^
rencc coUre les eifets de l'une et Fautre douche. C'est
ainsi que , chez les sujets qui présentent peu de force
de réaction , la douche froide , prolongée quelque temps,
produirait un eflat loqal sédatif, au lieu d'un effet excitant^
tandis que • la douche chaude agit constamment comme
excitante.
Les douches d*eaux minérales de Forges ont été em^
plojées avec succès daa9 .plusieurs cas d'aliénation roen*
taie , soit pour produire une vive impression sur le système
nerveux , soit pour calmer , au cootraire , l'irritation
cérébrale. Mais on doit avoir l'idée bien c^xacte de l'effet
qu'on veut produire y ainsi que de l'état des parties ; car
la bauleur de la douche d^t être d'autapt moindre que
reflbt que Ton veut produire doit être moins excitant.
Il est du remarque que la douche n'agit pas seulement»
sur les surfaces , mais qu'elle occasionne une secousse qui
^ communique plus ou moins profondément , et s'étend
jusque sur les articulations et sur les viscères des cavités..
Elle peut agir plus généralement encore ; et la douche ^
80it froide , soit chaude , est susceptible d'ébranler le 8)'s^
414 SKANCBS GBNÉtALES A MlUTCHATSt.
tème nerreux. O» oosçoit qyeoette oommoUon itvlye phM
•ottvent à la suice de la doucbe froMe , par le sakisM*
ment qu'elle opère , qu'après la douche diaiide«
Il fautétre réservé sur l'usage des douches froides chet
les persoones douées d'une vire susceptibilité. H en est de
même si les malades sont arrivés à un degré de biblesse
marquée.
' J'ai administré les douches d'eaux minérales deForges^
avec succès , dans des cas d'hémiplégies , de paralysies
locales : dans les hémiplégies, on douche la tète, la nuque,
les parties paralysées ; dans les paralysies des extrémités
inférieures , on douche particulièrement la colonne verte"
brale. J'ai aussi emplc^é utilement chez une jeune per*
sonne amaurotiqiie j les douches sur le crâne et sur les*
tempes; la maladie avait résisté aux vésicatoires et ao
selon. J'ai déjà cité l'obserration remarquable de M. Du*
jardin , d'Amiens , guéri d'une paralysie des membres in*
Cérieurs , provenant d'une lésion de la moelle, par l'usage,
à la vérité prolongé quelque temps , des eaux de Forges
en boisson , en bains , et surtout en douches.
Les douches chaudes des menues eaux sont convenables
dans les douleurs rhumatismales chroniques ; on les dirige
alors sur la partie endolorie. Amenées sur le trajet du
lierf sciatique , elles ont souvent calmé des doideurs très*
intenses de ce nerf. Quelques ankiloses incomplètes , ainsi
que des engorgements indolents , ont été guéris par les
mêmes moyens.
Dans toutes les aflecltons où l'on croit nécessaire de re*
courir aux douches , on en administre^iine ou deux par
jour , suivant la force des personnes , et on les continue
pendant cinq , dix et quinze jours de suite , au bout des-
KHQUÂTB MORALB. 415
quels on les suspend, poor ensuite j retenir, si besoin est.
La durée de chaque douche varie de 5 à 15 minutes.
La rédaction de ce Mémoire • que j'ai Thonneur de
présenter à l'Association normande , se ressent de la pré-
cipitation avec laquelle il a été j&it , parce que je n*ai reçu
que tout récemment le résultat de la nouvelle analyse
faite par H. Henry. Le temps m'ayant manqué pour lo
transcrire au net et faire les corrections Décessaires y. j*ai
pris la liberté de l'adresser à M. Girardin , tel que je Tai
écrit sous la première inspiration , ne voulant pas perdre
une semblable occasion de foire oonnaftre les eaux miné-
raies de Forges.
» H. Hubert-Joly a déposé sur le bureau une Note où Q
expose la pénurie du musée de Neulchàtel , surtout en ce
qui est d'échantillons d'objets d'histoire naturelle , et de-
mande à ce qu'on vienne au secours de cet établissement
naissant.
• La section entend ensuite M. Semichon dans le déve-
loppement de ses recherches très-curieuses sur l'histoire
des hôpitaux que Neufchàtel a successivement possédés ,
et sur l'état actuel de celui qui existe encore.
« Les Notes de M. Semichon sont réunies ; il ne lui reste
plus qu'à les mettre en œuvre. Comme il a montré qu'il
savait le faire , pour en composer un morceau d'histoire
localc,fécond en enseignements et précieux à toutes sortes
d'égards , nous avons insisté , Messieurs , et nous sommes
heureux de vous donner Tassurance que le travail de M.
Semichon pourra trouver place dans notre plus prochain
Annuaire ; il n'en sera pas un des moindres ornements. •
ÏA Président , Le Secrétaire ,
DE BEAULÏEU. A. DE BOUTTEVILLE.
!
A VBOX HBITKÉS ,
SÉANCE DU 24 JUILLET.
PMBSiMifai M H. COMBE-SIEYS , sous pbépet.
.MH. Il)» secrétairi^ des trois ^sections fiwi ooAnallre ce
qui s*est passé dans la réunion particulière du matin.
M. Girardîn annonce qu'un Mémoire lui a été envojé
par M. Ilubard , sur Vêlai de Vimtruciion primaire dam
Varronimcment de Neufchdiel. Ce Mémoire est renvoya!
A la troisième section.
n donne lecture de lettres de MM. Corneille, inspectem
deTacadémie de Rouen , et Quevremont , de Rouen , qui
s*cxcusent de ne pouvoir assister ausL travaux de TAsso-
ciation.
M. le président accorde ensuite la parole à M. Drevet
inspecteur des forêts du domaine privé du Roi ^ pour h
lecture du Rapport suivant , dont la première section i
demandé la lecture en séance générale.
Happori de M. Drevet sur les Forêts et Bois deVarron^
dissement de NeufchdteL
StJEFACfi OGCUPBE PAB LB SOL FDBS8TIBB.
Les bois et forêts que possède Fârrondissement d
Neufchâtel occupent une surface de 42,^08 liect. 01 are.
ci 43,608 h. 01 a
)PORÊTS Et BOIS DE !(EtFCttATEL. 4|7
Savoir :
A l*EUt , 6,673 h. 67 a. , faisant partie des forêts de
Lyon , d^airy cl de Croixdalles , ci 6,6t5 h, 67 a.
A la commune d'Aumale. ... 175 Ws^lSÔSb. ci à.
A l'hospice de Ncafchâtel. . . 40
Aux pariicvUen 35,617 34
Parmi les forêts et bois aux particuliers, les principaux
sont possédés par le doiBMne privé ^a roi , faisant partie
de la basse forèld'Ba et des boisd^Auroale. S,3ft9 h. » a^
La forêt de Bray , dàas le canton de For>
|es y appartenant à la famille de Montmo-
rency 3,7iO ■
Les forêts deConteville et de Gattlefon-
taine <, qiparlenant à M*' Hoche. ... 817 »
Situation des masses. — Nature du sol.
Les forêts et bois occupent presque tous les coteaux ,
t|iii sont en général escarpés. Leur inclinaison varie entre
1 5 et 40 degrés ; elle est en moyenne > et le plus conunu*
nément , de 20 è 25.
L'élévation des plateaut au-dessus du niveau de la mer
Tarie entre i 00 et 180 mètres*
A la crête des coteaux et sur les plateaux y que nous
estimons devoir former les deux tiers de la surface , le sol
Buperficiel est argilo-siliceux ; ^épaisseur de la couche
arable est de 0 m. 20 c. à 1 mètre y reposant sur une cou*-
ehe d^argile plastique^ au-dessous de laquelle on trouve
des bancs de marne , à une profondeur variable de 3 à 9
mètres. Sur les versants, il est exclusivement calcaire.
Dans plusieurs parties de la forêt de Bray , il est argilo*
sableux et tourbeux.
27
418 SÉANCES ùiniM ALE9 A NEVFCHATEt.
Droits d'usage.
Un droit de chauffage, de hàiisaage et de pâturage, pèse
gur la forêt de Croixdalles , appartenant à l'Etat ; sur
partie de celle d'Eawj , un droit de pâturage.
De$ droits importants de cette nature grèvent la ibrét
d'Eu. Sur quelques parties , le bob mort et les mortB'hon
appartiennent en outre à certaines communes.
Diaprés la Charte normande , les morts-bois sont : le
saule-marsault, l'épine , le sureau , Faune , le genêt , le
genévrier et les ronces. Ces morts-bois ne peuvent être
pris que dans les bois de 30 ans et au-dessus , et pourvu
que leur portion ne soit pas [dus forte que celle des essen-
ces principales , le chêne et le hêtre.
Enfin , la commune du Caule a le droit de prendre dans
toute la basse forêt d*£u : « Toutes espèces de bois morts
» en estant et bois rompus et arrachés par impétuosité des
« vents , pourvu toutefois quil y en ait sept d'une vue
» desdits arbres arrachés ou rompus , et ce pour chauffer
» et édifier, » disent les titres.
AménagerocDt — ^Essences qui forment le peuplemeat.
40,603 h. 07 a. sont trailés en futaie pleine:
A l'Eut. .... 6»263 h. 67 a. i
Au domaine privé. . 4,540 00 ! *0,605b. 67a.
5,751 00 à 30 ans :
An domaine privé. . %90i 00 \
Foxèt de Contevllle. 264 00 ' 5,751 00
Forêt de Bray. . . 2,885 00 )
1S,354 h. 67 ar. A reporter, . . . 16,354 h. 67 a.
i^ORÉTS ET BOIS OB NECFCHATfiL. 41$
46.354 11. 67 a. Repart. . . • 46,354^.67 3.
6,212 00 de25àl3aos:
A b ville d'Anmalë. 175 h. 00 é>
A TËtat , la forêt de '
Croixdalles. . . 402 00
' Partie de la forêt dé
Bray iM5 00 ) 6,212 00
Fo«è( de Gafllefoo-
. . taine. .... 555 oo
Au domaine privé. . 1,257 00
A divers particuliers. 3,000 00
19,641 34 au-dessous de 15 ans , ci 19,641 34
300 00 broussaiHes. • 300 00
42,508 h. 01 a. 42,508 h. 01 a.
Bans les futaies pleines , le hêtre est Tessence domi-
Daote y mâai^ de quelques^ chênes , qui entrent à peine
pour un dixi^nifB dans le peuplement. Dans la forêt de
Lyon , cette ppoportioa est plus forte. Nous ne pouvons
toutefois Findiquer.
Dans les taillis^ e^f^Ioités â 30 ans^ des forêts de Croix*
dalles, d'Eu et de Conteville , le hêtre est aussi Tessence
domioanle , mélangé deduirme et de bouleau. Dans oelle
de Bray , le bouleau domine : vienAent ensuite le chêne t
le Jiétre , le charme et le tremblov
Dans les. taillis de 2^ ans et au-dessous» les essences
dominantes sont très-v.ariées. Â la crête des coteaijx et
sur les |ibiteauX) lo. coudrier domine. Dans le canton
d'Aumale , il forme les deux tiers de la population.
Vautre tier&pe composfa de charme ^ saula-inarsauU , hou*
leau » hêtre , érable > merisier et frêne , et çà et là quel-
ques oçp0^ de chênes eb quelques glands.
4iO SÊA5CB8 GENERALES A NBtrCHATEU
Sur les versants , le hêtre est Tessence dominante , mé*
langé de cornouiller , fréne« érable et merisier.
Il y a peu d'années encore , les futaies étaient, comme
les taillis, esLploilées â tire et aire, c'est-à-dire que les
coupes étaient régulièrement assises , qu OQ les balivait
comme les taillis. D*aprës l'ordonnance de 1 669 , titre XI,
art. 6 , on devait réserver 20 arbres par hectare , et jus-
qu'à la révolution de l'aménagement, on vendait seulement
les chablis.
On conçoit facilement combien un tel système était pré-
judiciable, au point de vue des produits en nature et pécu-
niaires , puisque tous les bois qui n'arrivaient pas au
terme de l'aménagement étaient perdus , ear ib deve-
naient la proie des riverains.
Un autre inconvénient , plus funeste encore , qui a eu
pour résultat de ruiner une partie considérable de nos
forêts , aujourd'hui stériles , ou qui ne donnent que des
revenus très-médiocres ; c'est que procédant de suite à
des coupes définitives, les arbres que l'on réservait comme
baliveaux étaient, pour le plus grand nombre , renversés,
peu de temps après l'exploitation , par les vents , et que
œux qui avaient résisté mouraient presque tous en cime,
par l'effet du changement subit apporté aux conditions
de leur existence , c'est-à-dire que ces arbres , élevés
dans un massif serré , qui n'avaient obtenu la phw grande
partie de leur nourriture que par leurs racines , se trou-
vant , sans transition , exposés à toute l'inÉoenoe deTair
•t^ la lumière , ces deux puissants agents de la végéta-
tion , leurs pores étant très-ouverts , leur tronc se cou-
vrait presque de suite de branches gourmandes qui absor-
baient toute la sève au préjudice dé la tête, le pense aussi
FOftÉTS ET BOIS DB IfBUFCAATEt. 4âl
que cette surabondance d'alimentation les étoufBiit , pour
ainsi dire.
Cet ineonTënient se produit smient sur le cfaéne ^ qui
est plus poreux que les autres végétaux. De là rimpossi*
bilité d'obtenir des semis naturels : or , comme on ne
ponvait attendre la reproduction par lés soucbes , consë-
quemment le sol ëla't envahi par les essences à gfraines
légères , le charme, le bouleau , le saule^ le tremble; dans
les sols maigres , par les plantes parasites. Ces parties de
forêt comprennent aujourd'hui ces nombreux vagues dont
le repeuplement artificiel coûterait des sommes considé«
raMes. Heureusement les forêts de l'arrondissement de
Neufcbâtel présentent peu de cas semblables.
De là, sttDs doute, a pris naissance la question deTalter* '
fiance des essences , qui divise beaucoup de bons esprits.
Aujourd'hui , les forêts de l'Etat et du domaine privé
sont soumises au système nouveau de stlvieulture , c'est-à-
dire que l'on pratique des nettoiements et éclaircies^afin de
prûléger la croissance des bois durs ; que ces ëclaîrcies se
répètent autant de fois qu'il y a nécessité de les opérer, et
qu'enfin Tou ne fait jamais une coupe définitive qu'autant
que le réensemencement naturel est assuré.
L'Etat et le domaine privé soumattent aussi leurs taillis
è des nettoiements et éclaircies. Cette opé^sltion produit
également d'excellents efi<dts sur ces bois. Nous soumettrons
plus loin le résultat d'expériences que nous av<Ais finîtes à
cet égard.
Nous ne connaissons que deux pi^opriétaires qui orppH-
quent ce traftemeut à leurs bois î M<*» Ifocbe , dans la
forêt de CoûteviBe; M. Boreldé Dreti2el,att Vieux-Rouen.
Dans la partie dé rarrondissemeat qui avoisine la forêt éê
42â SÉA?ICSâ GBNfiBALES À MUFCHATBL.
LyoQS, les taillis > quoo exploite à vingt ans ^ y sont aussi
soumis.
On ne compte qu'une très-faible étendue de tafllis sur
laquelle on n'entnetient pas de futaie. Dans le caAton
d*Aumale , la moyenne peut être portée à tâO arbres à
l'heietare , parmi lesquels il en existe de fort beaux. Dana
les autres cantons , la. population est ^ je pense , beaucoup
moins considérable et d'une valeur bien moindre. Les es-
sences dominantes sont le bétre et la cbénç. On élague loua
les arbres de la première. Dîins.les cantons de Saint^aëns,
de Gaillefontaine, de Gournay, de Forges et d'Argueil^ les
cb^nes le sont aussi. Les boîs que nous avons vus daiis oea
parties de l'arrondissement laissent beaucoup à désirer à cet
égard; lesarbressontpresqueélaguésausçibaut^e kspeu-
pliersdans les vallées. C'est là une erreur Cicheuse;€ar, au-
tant un élagage bien fait nous parait utile , autant cette
opération est préjudiciable quand elle a lieu avec iqintellî-
gence. D* abord , en enlevant k up arbre une trop grande
quantité de branches, ayant moins de fisuillesil prend moins
de nourriture, on l'épuisé^ et, Iqin d'activer sa croissance,
on l'arrête ; puis , la tète ne prenant plus assex de nourri-
ture , le tronc se couvre d'une quantité considérable de
jeunes rejets qui le rendent noueux ; enfin ,.ea amputant
de trop gros bras y on fait des plaies qui ne se réouvrent
pas , qui amènent la pourriture et rendent ]e sujet im-
propre, à être employé oomime bois de service.
On ne songe jamais à tailler les baliveaux de l'4ge , 4
le» disposer ainsi pour la suppression de branches basses
etgourmsndes^défaut qu'offrent presque tous iea baliveaux
de taillis, et à les arranger de manière à dervenir de beaux
arbres. Nous nous expliquerons plus loin à cet égard.
FORÊTS BT BOIS J>B 5BIIFCHATBL. 423
Débit des bois.
L'arroodissement ne consomme pas tous ses produits ,
employant, d'ailleurs , cwime bois de charpente et de me-
nuiserie , une grande quantité de sapin du Nord , qu -il tire
de Dieppe et du Tréport.
Une grande partie des hêtres de la forêt de Ljons sont
convertis en boisselerie et en instruments aratoires. On
tire , en outre , de celte forêt des rails pour les chemins
de fer. La forêt d'Eawy envoie du bois de iieu à Rouen et
à Dieppe ; celle d'£u , à Eu , au Tréport et à Abbeville.
Les bois des forêts de Gaillefontaine et de Gonteviile sont
en partie carbonisés et expédiés à Paris et à Rouen ;
enfin , les bois du canton d'Aumale approvisionnent par-
tie des communes des départements de la Somme et de
rOise qui les environnent. Toutes ces localités prennent
aussi une assez grande quantité de bois de service , soit
eo chêne » soit en hêtre. Il existe dans ranrondisseBMnt
8 verreries , une fabrique d'acide pyroligneuxà Blangj , et
plusieurs fiifenceries à Forges-les-Eaux. Ces établissements
n'emploient ni houille , ni charbon de bois. Le bois y est
brûlé dans son état naturel, après avoir subi une dessicca-
tion parfaite dans les séchoirs chauffés pour cela. Les
verreries et la fabrique d'acide emploient 34,000 stère»
par an ; les faïenceries , 6 à 7,000.
Les menus bois servent à la consommation des brique*
teries et chaufours , qui sont en grand nombre dans
l'arrondissement.
Ëtat matériel des forêts et bois.
Les forêts et bois , à rexceplion de celle de Bray , dans
424 SKAKC&5 GÊNÉE ALE9 A NECKCBATBt.
laquelle , il y a sept ans , un cinquième environ pouvait
être considéré comme improduclif , par suile d'une uaau-
Taise exploitation et de manque d^assainissement , reofer*
ment peu de vides* Les propriétaires font tous leurs eObrts
pour reboiser les parties qui sont en mauvais état.
Dans la forêt de Bray , on repeuple annuellement en
plantations faites sur défoncement à la main , de 25 à 30
hectares* Les essenees employées pour ces repeuplements
soûl Taune et le bouleau ; puis on sème aussi des glands.
Les plaata sont placés à 1 (nètre les uns des autres. M,
Thirion , inspecteur de cette forêt , qui opère ces travaux^
m'a assuré qu'il obtenait de fort beaux résultats. Je
craindrais cependant que les glands fusseut étouffés par
les bois blancs.
Deux autres modes de repeuplement sont encore em-
ployés :
Le défoncement à la charrue,dans les terrains en plaine
et d*une culture facile ;
La plantation au fossé sur les sols calcaires y et dont la
couche de terre végétale est peu épaisse.
Ydci comment en l'opère :
La largeur 4 donner aux bandes sur lesquelles la plan**
tation sera fiitte étant déterminée , on ouvre à c^té , sur
une ligne parallèle , un fossé ordinairement de la largeur
de la bande cultivée. Préalablement , deux lignes de
plants sont placées sur la même bande , Tune à droite ,
l'autre à gauehe ; les tiges , bien entendu , se trouvant
dans un sens opposé , c'est-^à-^dire que les racines sont au
bout Tune de Tautre. Ces plants sont recouverts avec la
terre provenant du fossé , qui est enlevée d'abord par ga^
7op^ , de l'épaisseur de la couche de terre végétale. Il est
VOftBTS ET BOIS DB KBUFCBÀTEL. 495
iâutile de dire que c'est la (erre meuble qui couvre les
racioes ; mais elles ont été placées sans que le sol de U
baude cultivée ait reçu aucune préparation , et , d'un côté,
elles se trouvent appujrées seiilen»eat sur le g^zon ; on
recouvre ensuite le gazon , sous lequel ae trouve le plant ,
de la terre provenant du fond du fessé , qui , le plus
cvrdioairemeut , a 1 oiètre de profondeur sur une égale
largeur.
Comme on ne peut remi^acer les plants qui mesrent ,
on les place très«prôs les uns des autres»
Cette plantation réussit ordinairement bien.
J.es futAies des. forêts de l'Etat et du domaine privé
sont généralement très^ndles ; les arbres sont élevés eC
bien proportionnés.
Les taillis du domaine privé renferment aussi de très-
lieaux chênes et hêtres. Les chênes sont propres A la me<«
nuîserie , à la tonnellerie , A la diarpente-et aux travaux
hydrauliques. Il y a peu de temps eneore , on en eonvèN
tissait une grande quantité en planches à Mvires,
La forêt de Bra j en renferme aussi no grand nombre ,
de très-forte proportion et d'une bonne qualité.
Dans plusieurs bois de particuliers du canton d'Aumale»
et notamment dans celui de M^ Borel de Bretizd , on
trouve encore de beaux chênes. Nous pensons que les
prodiiilB des autres boia ne peuvent fournir qu'aux besoins
de la petite charpente.
Tels sont A peu prés Fétat forestier et l'éconotnie fores-
tière dans i'anrondisseareat de NeufcbAIeh
ConsldéràUons sur les aménagements , au point de vue des produita
en nature et en argent.
Nous croyoùs devoir faire précéder les observations que
4SI6 SBAACJBS GBKBAALES A NBUFCHAtfiL.
*
nous allons soumettre d cet égard , d*an état présentant la J
moyenne des produits de cette nature obtenus dans une
4es forêts de l'arrondissement , pendant les années 1842 ,
1843 et 1844. L'étendue des coupes a été de 996 hectares
ÇO ares. ( Foir U tableau d^eontre, )
Nous pouvons garantir l'exactitude de ce renseignement;
il a été relevé sur les états d'estimation. Les produits en
nature ont été plutôt estimés faiblement que forcés. Nous
pensons qu'un tel résultat est aussi satis&isant que pos- TqUL
sible , et que , d'une part , il répond victorieus^nent aux
objections laites par des. forestiers distingués , qui pensent
fue les taillis composés sont impuissants à donner des
produits qui satisûissent aux. besoins de la société , et ,
d'une autre part , aux propriétaires qui siNit dans la per-
suasion que , pécuniairement , il y a désavantage à élever
de la futaie , à raison de l'amoindrissement du taillis , et ,
de l'autre » de l'intérêt du capital engagé dans la futaie.
L'aménagement des forêts en taillis composé est considéré
par de bons esprits coaune tellement videux , que der-
nièrement on exprimait le désir qu'une loi en prononçât
la suppression.
C'est là une erreur évidente ; bSen des considérations
ne peuvent faire craindre qu'dJe se réalise jamais. Ce»
pendant nous croyons. qu'il n'est pas hors de propos de
chercher à. démontrer somauiirement ici quel funeste
résultat elle produirait.
. Nous sommes cependant partisan sincère de la futaie
pleine , mais dans une juste proportioiÉ ; et nous disons
qu'en créer dans toutes les localités serait une chose im-
possible , préjudiciable même aux intérêts généraux.
Ainsijdans les contrées où une grande quantité de cercles
1 of . .
^
FOBÀTS ET BOIS DE NEUFCBATEL. 4â7
est nëoessaire ; dans celles ot il existe des taoneries ; daris
les forêts où , comme certaines près de Paris , tout le
bois est réduit en eharboii pour la cuisine ; dans tes pajs
de forges; dans ceux où les usines consomment une grande
quantité de menus bois, etc. ; là , à coup sûr, des futaies
pleines ne pourraient répondre aux besoiqs locaux. Il
faudrait donc exporter leurs produits, souvent à de grandes
distances, et faire venir ceux dont on a besoin,de contrées
éloignées. Non, il ne pourrait en être ainsi. Tout aménage-
4iient doit être basé sur les besoins auxquels il doit pour-
voir. Et que l'on se rassiu*e à Tégard des taillis composés;
ils sont en état de satisfaire aux besoins usuels du pays ,
sous plus d'un rapport » ils sont même préférables à ceux*
des futaies pleines. D'abord , si les chênes sont n^oins
élevés , ils sont plus gros , ils ont plus de qualité ; en6n ,
les taillis fournissent des pièces , notamment des courbes .
que Ton ne trouve pas dans la futaie » par suite de Télat
serré et uniforme du peuplement : cela est si vrai , que
les chênes de la forêt dont je parle sont beaucoup plus
recherchés que ceux des futaies voisines. Dans celte même
Ibrêt , on trouve beaucoup d*arbres de cette essence , cu-
bant 2 , 3 , 4 , 5 et 6 mètres cubes , et dont la longueur ^
en bois de service , est de plus de 10 mètres; elle renferme
des hêtres de plus fortes dimensions encore. Pour obtenir
de tels produits , il sufiit de maintenir toujours le même
peuplement dans les baliveaux anciens , modernes , et de
r^ge. Ainsi , au moment du balivage , la moyenne .des
arbres composant la futaie était de lOB à Tbectare : 20
anciens , 88 modernes. 10 anciens et 43 modernes ont été
conservés , et 10 anciens et 45 modernes ont été aban-
donnés. Pour remplacer ces 45 modernes , 62 baliveaux
4â8 SÉANCES «BNÉBALBS A ICCOFCHATEL.
ont été marqués. Ainsi , à la prochaine révolniioo , la
population serait de 115 ; mais , par suite de la perte!
inévitable d*une certaine quantité de baliveaax de Tàfs
dans le cours de Texploilation , il &ut compter qo elle m
trouvera réduite à 100.
On ne marque pas d*aneiens an-dessons de 1 mètre €S
centimètres.
Nous conseillons de ne conserver que le moins posnUe
de charmes. La graine de ces arbres est légère et s'étend
fort loin ; et comme les récoltes en sont abondantes , c'est
une des essences les plus envahissantes. Jusque 30 ans ^
die donne de bons taillis ; passé cet âge , sa croissance est
très-lente. Elle n*est nullement propre à donner de la
futaie.
On a vu que, dans le prix à Thectare de 1>406 francs,
le taillis y entrait seulement pour 422 francs. En ad-
mettant que , par la suppression de la futaie , ce produit
doublât , on aurait 844 fr. ; lors même qu'il triplerait , ce
qui n'est pas possible, on n'obtiendrait encore que t,266 f.:
donc , pécuniairement , îl y a avantage incontestable à
élever des futaies sur taillis , et à les conserver jusqu'à ce
qu*elles aient acquis une valeur déjà importante. Outre
que c'est un moyen d'accroître le revenu du sol , on se
crée ainsi un capital qui est toujours à votre disposition;
car il est possible d'enlever sur des taillis déjà âgés des
arbres, sans causer autant de dommage qu'on le suppose
généralement , et c'est là encore , à notre avis , un des
grands avantages des taillis composés sur les taillis simples»
et même sur les futaies pleines.
Ainsi, un propriétaire , par suite de circonstances im-
prévues , a besoin d'une somme importante; cette somme
rOBÉTS Et Bois Dfi NStl^COAtBti 429
«st en partie reprësenlëe par les futaies de son taillis
composé ; îi ne veut pas emprunter , il coupe ^ futaie.
Comme nous Tavons dit ^ son taillis n*épro«vera pas un
dommage sérieux, en prenant les précautions voulues ; par
eiemple , en élaguant le plds baiit possible les arbres.
Le produit des plus jeunes taillis gagnera , augmentera
■ensiblement par suite de la disparition dé la futaie. Ce-
pendant il aura toujours dans son retenu un déficit
considérable ; mais enfin il aura pouHu à des besoins qui
rensscnl oMigé de vendre ou d'emprunter , et le préjudice
qu'éprouYera sa fortune «e trouvera déjà atténué par la
plus*value qu'acquerra son taillis; enfin, il peut travailler
de suite h recréer une futaie nouvelle ^ et , dans un temps
qui n'est pas encore très^reculé » il aura réparé en partie
le sacrifice que des circonstances malheureuses lui ont
imposé ; tandis que s*il avait eu seulement des taillis
simples , ou même des futaies pleines , il lui eût été
impossible d*opérer ainsi sans jeter une perturbation
considérable darts son revenu , puisque les taillis simples
s'exploitent par contenances fixes et régulières , et que
les futaies pleines , bien que s*exploitant par possibilité ,
si Ton dépasse cependant cette possibilité, compromettent
pécuniairement Tavenir. Matériellement l'on renverse
tonte l'économie du système , c'est-à-dire que les coupes
de réensemencement , par exemple , ne sont plus assez
garnies , et que les coupes définitives auront lieu avant
le repeuplement complet du sol , etc.
Il faut même reconnaître que les taillis composés, c'est-
à-dire ceux sous*futaie, présentent un avantage qu'aucune
propriété n'offre ; à savoir , de pouvoir toujours disposer
d*an capital important sans aliénation du fonds.
430 SÊAKCES 6B1IÉRALES A NEtFdUTBt*
La présence d'arbres sur un taillis est d'ailleurs utile à
la vëgétatioo ; elle entretient sur le a<d une humidité qui
lui est favorable , et » . dans cette contrée où les vents de
«ler se font sentir avec forcb , elle en neutralise Faction ^
qui leur serait très-préjudîeiable.
Voici de nouvelles preuves de ce que nous avançons :
Dans la forêt de Bray , les arbres abandonnés avec le
taillis dans les coupes de 30 ans, sont de 15 à dO ii Thec-'
lare ; le prix mojen de i:es coupes est de 1,700 fr. aussi
à Fliectare ; tandis que Tbectare vendu à 20 ans I «406 fr.,
vaudrait à 30 ^ par la puissance de Tintérôt composé à 4
pour V, , 2,066 fr. 82 c.
Dans les taillis À 20 ans , les arbres vendus avec sont ait
nombre de 40 à 50 , mais de faible dimension. La moyenne
de la vente , aussi à Tbectare , est de 900 fr» (1)«
Nous avons assisté , Tan dernier , aux adjudications de
coupes de deux forêts situées ù 20 lieues de Paris, dont
les produits servent à Tapprovisionnement de grands cea«
très de consommation. I^ bois est plus cher que dans
Farrondissement de Neufchâtel , et l'essence dominante
an taillis est le chêne f ce qui en augmente sensiblement
la valeur, à raison de Técorce qu*on en retire ; mab, dans
CCS foréls , le peuplement en futaie est moins considérable
que dans celle de l'arrondissement dont nous avons donné
la moyenne des produits. Dans Tune , le prix., moyen du
(1) La moyenne h Iliêctare du produit du bois appartenant à la
tHIc d'Anmale , aménagé à 23 ans , situé sur un bon sol et dans la
localitô de la forêt oli Fon a obtenu un produit de 1 ,406 francs , a été,
p9ar les ordtoaîros » do 1831 à 1S40 , de 1,260 francs , charges com-
prises.
FOftÉTS ET BOIS DE NEVFCBATEL* 431
faillif , à 20 ans , a été de 1,385 franc» ; dans Tattlra , de
1,228 fr.(l).
Sans donte on obtiendrait un reYeno pins important en
capitalisant la fîitaie, en plaçant seulement le capital à
intérêt à 4 p. 7^. Hais ce n'est pas là ce que nous avons
Yonlu contester , et cette objection pourrait être fiiite à
tous les placements en biens-fonds.
TRAITenSlIT DES B018 ET FORÊTS.
Ëclaircieâ.
Des nettoiements ou ëclaircies nous paraissent utiles ,
indispensables môme , dans tous les bois et forêts , sauf
de très-rares exceptions.
Cette opération offre lés avantages suivants :
1® D'activer la végétation , en enlevant , en temps op-
portun , sur les cépées les brins surabondants les plus
vigoureux , ceux qui doivent composer la population dé-
finitive , étouffent et font mourir ; en permettant à la
lumière et à l'air d'arriver en plus grande quantité dans
(i) Dans le canton d'Ânmalê, la moyenne dn produit des bois des
partîGiiliers , à 90 ans , peut être d^ i ,010 fhiDCs ; savoir :
eo arbres abandonnés avec le Uillis,à 10 tr. Tun. . . 600 »
1 ,000 Êigots de taillis, à 35 (ir. le «/<>• • • • 350 f.
Bois d'industrie que l*on peut en outre tirer » f ^
tels que perches à lioublon , cercles , voles ,
ployons , etc. ...•....'... 60
Total ». 1,010 f. »c.
4i3 SÉANCES €ÉKéRAtES A NErFCBATSt.
les roassib , circonstanoe qui réagit en même temps et sur
le sol et sur le bois ;
3^ De combattre les essences enrahissantes , tels que
)cs coudriers , trembles , charmes , etc. ;
3* De favoriaer Taccroissement des semis naturels des
bois durs , du chêne sortont , dont un trës^tii nombre
dans Tétat pressé des taillis , crûs dans de bons sols , sur*
\ivent;
4° D'obtenir de meilleurs baliveaux , en ce qu^ayant
pris plus de nourriture » leur élévation est en rapport
avec leur grosseur; tandis que, dans des taillis serrés, près*
que tous les baliveaux de semis sont en grande partie trop
minces et trop élevés , de sorte qu*aprës Texploitalion ,
ils ne peuvent supporter leur télé ; ils font Tare ou sont
déracinés , et , dans Tun et Tautre cas , ils sont perdus.
EnGn le bois a 'plus de qualité.
Dans toutes les parties de forêts où j*ai appliqué ce trai*
tcnient (depuis 1836) , il a parfaitement réussi. Jusque*
là y les Jeunes taillis n*y avaient pas été soumis. Au début,
il y a eu de nombreux contradicteurs. Il reste encore un
assez grand nombre d*incrédules ^ qui ne peuvent croire
que Taccroissement en volume est plus que compensé par
la réduction de la population. Déjà quelques coupes éclair*»
cies ont été exploitées , et nous avons pu comparer « par
les états d'estimation de la dernière révointion , que les
produits en matière avaient acquis de Taugmentation.
Kons allons, d^ailleurs, donner ici un tableau présentant
)e résumé de vérifications auxquelles nous nous sommes
itvré , afin de nous former une opinion exacte sur ce sys*
terne. { V» le tableau ci'ConireJ,
Age de
s taillis
Popula-
tion
Volu
au
moment
de l'é-
claircie.
au mo-
ment de
la com-
paraison.
moyenne
à l'hec-
tare.
Groi
seu
b.
c.dl
Eclaircis.
16 ans.
20 ans.
9500
19
Kon éclaircis.
16 ans.
20 ans.
12000
17
Idem.
16 ans.
20 ans.
16000
15
Eclaircis.
14 ans.
16 ans.
11000
18
Non éclaircis.
14 ans.
16 ans.
16000
16
Idem. :
14 ans.
16 ans.
16000
14
Eclaircis.
12 ans.
14 ans.
9800
14
Non éclaircis.
12 ans
14 ans.
15500
12
Eclaircis.
10 ans.
13 ans.
9000
12
Non éclaircis.
10 ans.
13 ans.
15750
10
Eclaircis.
10 ans.
12 ans.
9000
12
Non éclaircis.
10 ans.
12 ans.
■
16000
9
Quoique les dernières éclaircies aient eu Ueu sur des ts
fagots y payée d'abord 14 francs ; et, quoique la qualiti
quetiers et les cbaufoumiers ayant reconnu que ces bc
ne s*arrôtera pas là.
On remarquera que les coupes de 14 ans donnent un v<
Cela tient à ce que ^ sur ces coupes , il existe moins de
I
I
t
IfOBÉts £r ttojs Dr hsupciiàtbL. 43 â
Mes expëriences , toutes rigoureuses » onl porté sur des
superficies de 2$ à 30 hectares. Elles n'ont eu lieu , bien
entendu , que sur des coupes présentant , sous tous 'les
rapports , des conditions de peuplement aussi identiques
que possible ; enfin, pour les bois de 16 et 14 ans , j*ai en
soin d'établir deux bases de comparaison , d'après des
moyennes prises sur divers cantons.
Il résulte donc des chiffres qui précèdent et des résultats
de la comparaison :
1^ Que le volume cubique des brins de tous les massib
éclaircis , est constamo^ent supérieur à celui de ceux qui
ne l'ont pas été ;
, 2^ Qu'il entre par silère cube , savoir :
Bans les taillis de 16 ans éclaircis. . . 53 brin».
Sans ceux du même âge non éclaircis , 71
et 100 ; soit en moyenne 86
Dans ceux de 14 ans éclaircis 67
Idem , non éclaircis , 91 et 100; soit . • 101
Dans ceux de 12 ans éclaircis. * « • • 100
Idem , non éclaircis. 143
Dans ceux de 10 ans éclaircis; en moyenne 1 55
Idem , non éclaircis; en moyenne. . • • 265
3** Que raccroissement d'accroissement » procuré par
Téclaircie , a donné les proportions que voici ^ selon l'Age
.des bois :
Dans les taillis de 20 ans , le volume moyen de chaqiie
brin étant :
Pour les bois éclaircis , de lObrins.
Pour les bois non éclaircis , de. • . • 12
7 représente l'excédant d'acfrois^emeat procuré par
Téclaircie » lequel a été , en 4 ans , de 58 1/3 p. V» } soit
28
4SI SéAlfCBS CéKÉRALES 1 lIBVFCflATBt.
par ao U 58p. «/o
Le même cakul , appliqué aux autres
recrus , a oonstalé :
Dans les taîHis de 16 ans éclaircis à 1 4, un ^
eioédant de 50 p. ^o en 3 ans ; soit par an 25 •
Dans les taillis de 14 ans éclaircis à 13 ,
un excédant de 43 p. ''/o en 2 ans ; soit par an 21 50
Dans les taillis de 13 ans éclaircis à 10 ,
un excédant de 48 p. °/o en 3 ans ; soit par an 1 6 »
Enfin , dans les taillis de 12 ans éclaircis
à 10 , un excédant de 94 p. ^o en 2 ans ;
soit par an 47 »
4^ Que si le produit matériel de quelques coupes non
édaircies est cependant plus considérable que celui des
cantons qui ont été soumis ft cette opération , cela tient
uniquement à la différence considérable du nombre de
sujets qui composent en ce moment la population , et au
peu de temps qui s*est écoolé depuis le nettoiement ; mais
que déjà , en portant le prix du stère à 7 francs pour les
bois de 16 à 14 ans , et à 5 francs pour ceux de 12 et de
10 ans , évaluation qui ne peut être plus élevée pour de
telles marchandises , cette différence est en partie com-
pensée par les produits retirés de Féclaircie » bien que ces
produits aient été vendus à de très-bas prix.
D*où la conséquence évidente que cette opération a pour
eflfet de développer activement la végétation après un très-
court délai , puisque nos comparaisons ne portent que
sur des taillis nettoyés depuis 4 , 3 et 2 ans. Donc , plus
ces taillis vieilliront , plus leur accroissement sera consi-
dérable , et bientôt les différences qui existent encore
entre les produits matériels des cantons qui n'ont pas été
l^OllÊtS tîT BOtS DB NBt't^CltATEL. 43(1
BOumis à ce traitement , auront disparu , tst , au moment
de rexploitation , on aura à la foi8 plu» de bois et , en
outre , le pri\ des fagots obtenus par l'éclaircie » dont le
produit en argent peut être senëiblement accru par Tac
Gumulation des intérêts.
Les grosseurs d^s brins des coupes de 16 et 14 ans ont
été prises à 1 mètre 33 centimètres du sol ; puis , pour
opérer le cubage , on a défalqué un dixième. Le tour des
brins des autres coupes a été mei^uré à la môme hauteur ,
mais on n'a iàit aucune réduction. Toutes les hauteurs ont
été mesurées avec une perche jus()u'à la cime , afin
d'opérer avec plus d'exactitude. En évaluant ces mesures
À Ttieil , on aurait infailliblement commis des erreurs
d'appréciation qui n'eussent pu donner des résultats exacts,
ce qu'il importait d'obtenir. Il est presque inutile de faire
remarquer que le volume ajant été calculé sur une gros*
seur invariablement prise à 1 mètre 33 centimètres du
sol , le cube réel , qut n'aurait pu être obtenu qu'en pre*
nant la grosseur aii milieu exact de la hauteur des brins ,
est nécessairement exagéré dans les résultats présentés ;
et , en effet , les taillis de 20 ans ne produisent environ ,
dans cette localité , que 100 stères de bois à charbon à
Thectare , et non 180 stères donnés par le calcul du volume
en matière dans le tableau qui précède. Mais j'ai dû ré-
fléchir qu'il s'agissait moins , dans l'expérience faite, de
rechercher des bases rigoureuses d'estimation , que de
déterminer , d'une manière exacte et surtout uniforme ,
les rapports et les proportions de l'accroissement entj* e les
taillis éclaircis et ceux qui ne l'ont pas été ; et le mode
que j'ai suivi m'y a conduit. J'aurais pu , sans doute , me*
surer les brins à leur base et les cuber comme des cônes ;
436 siANccs csnAkales ▲ nbofchâtel.
tnaii la grosseur des brkis est très-irrégulièrement déve*
loppëe dans ces taiUis , et , en outre , il serait fort diflScile
de la prendre exactement • A cause du grand nombre de
•qjets qui existent souvent sur une méuM^ aoucbe \ tandis
qu'en mesurant les brins A 1 mètre ou à 1 mètre 33 cent.»
on ne pouvait varier sur le point où cette grosseur doit
^tre prise.
C'est à Tcige de 8 ans qu'il nous paraît le plus conve-
nable d^exécuter ce travail. Les taiUis sur lesquels j'ai
opéré à cet âge , ont parfaitement supporté cette opéra*
tien. I^s recrus de bois durs et les semis , dégagés de
bonne heure des plantes parasites et de bois blancs qai les
dominent , peuvent combattre avec plus d'avantage leur
influence. Enfin, dans les parties mal plantées , les graines
qui sont répandues sur le sol , après ce travail , peuvent
encore se développer et croître.
Depuis long-temps , dans toutes les j^ties de forêts
soumises à mon inspection , quoique la futaie renferme
une grande quantité de chênes*, on ne trouvait que çà et là
quelques glands , et cette essence a disparu entièrement
«u taiUis , si ce n'est dans les sols maigres. Cependant la
richesse de la futaie est une preuve irrécusable qu'elle
était la primitive , et que c'est elle qui dominait. Voici
les causes que nous assignons à sa disparition : d'abord,
pendant long-temps la conservation d'une trop nombreuse
futaie, car un rapport de 1812 dit qu'à cette époque il
existait au moins un ancien ou un moderne par are ; la
rareté des glandées, qui , dans cette contrée » sont presque
toujours détruites par les gelées du printemps , occasion-
nées par les brusques changements de température dus au
FOiAtS et bois PB NBUFCHATBL. 437
Toisinage de la mer ; enfin , et comme conséquence de ces
circonstances , renvahissement des bob blanen.
Ce raisonnement nous parait découler natnrellement da
h présence sur les mauvais sds de cette même essence ^
car là, si les bois blancs poussent d'abord avec vigueur ,
leur croissance s'arrête au bout de quelques années , et ib
se détruisent même promptemeat. Us ne sont donc pas un
obstacle au développement des bois durs ; ils iavorisent
même leur croissance en donnant , dans les premièrea
années, de rbnmidité, oircoostaace si utile dans ces
mauvais sols.
Cependant , dans les taillis éclaircia , on a trouvé un
assez grand nombre de semis de cbénes, qui, dans les cou*
pes e'xploitées , ont donné de bons baliveaux.
Ce fait prouve assez que la disparition du cbéne dans Ie#
taillis ne provient pas de Tépuisement du sol, et peut venir
en aide aux défenseurs de la perpétuité des essences ; car
si 9 comme les partisans do système opposé le soutiennent^
c'est par fatigue , par appauvrissement du sol , que le
diéne 9 qui est nombreux à la futaie et que nous
considérons comme l'essence primitive , cesse de se repro*
duire dans le taillis , les siyets produits par les semis nar
tnrels seraient languissants , ne donneraient aucun espoir,
tandis qu'au contraire , toutes les fois que ces semis se
sont trouvés dans les conditions que leur nature exige , ih
poussent avec vigueur , et il y a certitude qu'ils fourni*
ront de très*beaux arbres. Je le répète , ces faits sont heu-
reusement assez nombreux. A ce sujet , j'ajouterai que ,
dans cette localité , les adjudicataires des coupes sont au-
torisés â arracher les gros arbres, à charge par eux da
replanter les surfaces qu'ils occupaient ; que ces planta*
438 SBANCBS Gé.^êKALBS A NBUFCHATBL.
ttODS sont fiiite$ en firaode parlie en hè(re , et que sur
remplacement où étaient les arbres de cette essence ,
comme sur le terrain où se trouvaient des cbénes , ces
plantations réussisKent également bien. Cette année
môme , on a tiré de semblables repeuplements de forts
beaux sujets , qui ont été replantés dans des clairières ,
où ils ont parfaitement réussi .
Nous avons cru devoir , en soulevant cette question ,
qui déjà a été traitée dan$ les Annales forestières (n^ de
février et d'avril 1843), par M. le baron de Sabune ,
coLservateur des forêts de la Couronne, avec le talent et
l'expérience qui le caractérisent , donner à l'Âssociatioa
le fl-uit de nos remarques.
Dans toute éclaircie , on doit soigneusement conserver
le massif, c'est *à-dire ne pas faire de vide. Afin d'éviter
cet inconvénient , il serait préférable de conserver des
essences que Ton voudrait détruire, ou des arbustes. On
peut enlever sur les brins les brancbes gourmandes et
basses ; mais il faut avoir grand soin de les (aire couper
à cinq centimètres au moins du corps ; car, sans cette pré*
caution , presque toujours l'ouvrier endommage le sujet ,
ce qui lui fait une plaie qui est très-nuisible. Nous insis-
tons à cet égard , ayant été à même de nous assurer da
lort que les brins, ainsi endommagés, éprouvent. Il faut
bien se garder aussi que l'élagage ait lieu trop haut , ça
énerve d'abord les sujets ; puis , le couvert n'étant pas
assez épais , les brins enlevés donnent des jets qui absor-
bent une partie de la sève de la souche , ce qu'il importe
aussi d'éviter.
L'on peut, en faisant ce travail , tailler les jeunes semis
qui doivent fournir des baliveaux , c'est-à-dire leur en-
FOBiTS ET BOIS DE NE17FCHATBL. 439
le^er les branches basses ou gourmandes, raccourcir celles
qui se développent horizontalement et qui prennent une
trop grande quantité de sè\'e. Ces soins ne pourraient être
confiés à l'ouTrier, à raison du temps qu'ils exigeraient ,
car ils augmenteraient sensiblement la main-d'œuyre ;
mais le garde peut en être chargé, après avoir reçu les
indications nécessaires sur le terrain.
Elagage et taille.
•
Comme nous Tavonsdit , nous considérons l'élagagedes
jeunes modernes comme avantageux , afin d'activer leur
accroissement et d'atténuer Tinfluence filcheose que le
convert de la futaie exerce sur le taillis.
Le couvert du hêtre, surtout, est très-préjudiciable, à
raison de Tépaisseur de son feuillage.
Voici le résultat d'une expérimentation que nous avons
faite à cet égard:
Le 29 avril 1841 , nous avons fait élaguer onze jeunes
modernes hêtres. Nous avons pris comme point de com-
paraison , pour chaque arbre élagué , un arbre situé près
de lui , et, bien entendu, offrant le plus d'analogie possible
dans son volume*
La grosseur des dix arbres élagués était de 6 mètres
94 centimètres ; la hauteur » de 131 mètres 60 centim.
L'élagage a eu lieu sur une élévation moyenne de 5 mètres
98 centim. , c'est*à-dire anr à peu près moitié de la hau-
teur de chaque arbre ; la grosseur des 10 arbres non Ma-
gués était de 6 m. 93 c. , la hauteur de 130 m. 22 c.
440 SBàNCBS GBlIBtALlS A NBUFCOATBI^.
Le produit cubique des «rbrei élagués était » em
moyeunei de. ... * 5 M
Celui de ceux aoo élagués , de 4 1^7
Différence » 12
J'ai mesuré ces arbres le 13 avril 1843.
Voici ce que j*ai constaté :
Arbres éUgaés.
Grosseur, 7 m. 53 c. M mil.; longueur, 151 m. 24 c.
Moyenne en produit cubique 6 89 20
Arbres non élagués.
Grosseur,? m. 58 c.; longueur, 144 m. 73 c.
Moyenne du produit cubique 6 68 Sd
Différence » 20 90
Soit, pour les arbres élagués, un accroissement de 35
pour V« ;
Pour ceux non élagués, de 34.
Après l'élagage opéré le 29 avril 1841 ,
La circonférence occupée par le couvert de chaque
arbre élagué était, en moyenne, de. • • 14 m. 45 c.
Celle occupée par ceux non élagués , de 17 90
Au 13 avril 1843 ,
Les arbres élagués donnaient, en moyenne, un couvert
de 16 m. 91 c. »» mil.
Ceux non élagués, de. < • • 21 94 50
Soit, pour ceux élagués, un accroissement de 17 pour */«;
Pour ceux qui ne l'ont pas été , de 28.
Vn tel résultat obtenu en si peu de temps n*a pas be»
soin d'autre explication. Nous ajouterons pourtant que.
F01ÉT5 ET BOIS DE NBUECHATEl.. 44 1
soitf ée trëfli-forts béires suffisamment élagues , il existé
du taiUU assez beau , et qu'ainsi rinQueiice fiàcbeuse du
couvert de la futaie est cousidërablemeat atténué.
Les baliveaux de Tâge ont bien besoin d'être, non pas
élagués , mais taillés ; car les quelques branches à lesr
retirer ne peut être considéré comme un élagage. Cette
suppression doit porter sur les branches basses et sur
eelles gourmandes. Il convient aussi de raccourcir en tire-
sève celles qui ont pris une direction horizontale , qui
absorbent une trop grande quantité de sève, lin baliveau
ainsi diVigé deviendra un beau sujet , tandis qu'il n'eût
donné qu*on vilain arbre; mais il importe de laisser tou'*'
joars à ces jeunes sujets une tête bien garnie et suffisam*
ment de tirants. La tête d'un arbre bien conduit doit tou*»
jours être en rapport avec son pied.
Il existe un instrument très-convenaMe pourjopérer
cette taille. C'est un petit croissant à deux tranchants ; on
le place sur une perche de 4 à 5 mètres. En le tenant
bien perpendiculairement et an peu incliné en dehors , on
enlève fadlement des branches déjà assez fortes. On sait
d'ailleurs que celles à Caire disparaître ne sont jamait
très-grosses.
Dans toute la localité , les plus gros hêtres ont été éla»
gués à un âge d^à avancé ; leurs troncs sont plus élevés,
plua cylindriques que ceux qui ne l'ont pas été; leur port
est |rius majestueux. La plupart sont employés , soit pour
les travaux hydrauliques, smt pour la boissellerie , soit
pour d'autres travaux d'art. Nous n'avons jamais entendo
dire qu'il s'en trouvât de viciés.
Je ne pourrais donner aucun renseignement sur cette
opération appliquée au chêne. J'en ai vu élaguer dans la
443 SÈANCIS fiéNBRALBS A NBOFCBATEt.
forêt de Compiègne , dans de jeunes gaolû. Voici ee que
l'iospecteor de cette forêt , M. PoîrBon « forestier très->di6-
tingué, qui 9*occttpe avec beaucoup de succès d'expéri-
meotations sylricoles , a constaté, par un article publié
dans les Annales forestières (numéro d'octobre 1842) :
qu'ayant lait découvrir au moyen d'une hache y sur plus
de cent sujets coupés en éclaircies, élagués depuis 7 ans
(ces arbres étaient des modernes âgés de 66 ans ) , les
plaies doni l'aspect pouvait faire supposer des vices ,
il a reconnu par l'examen minutieux de ces plaies :
» 1® Que toutes celles dont le diamètre n'excède pas.
10 centimètres , se sont cicatrisées sans renfermer le
moindre principe de corruption y le miroir s'étant asses
promptemeni recouvert et colincidant parfaitement ,
quoique sans adhérence , à l'écorœ nouvelle qui le
préserve maintenant de tout contact avec l'air comme
avec l'humidité ; nous pensons que ces cicatrices peuvent
rester intactes pendant toute la vie de l'arbre.
• 9® Quêni aux plaies qui excèdent le diamètre indiqué
ci-dessus (10 centimètres) , la plupart de celles qui s^eii
rapprochent le plus sont également saines , et ce n'est
que parmi les plus grandes que quelques^nes offrent
des vices qui auraient sérieusement détérioré l'arbre ,
s'il eût été conservé sur pied. Appliquant ces deux re-
marques aux principes d'élagage des arbres forestiers ,
nous disons que , les sujets étant âgés de 58 ans lorsque
cette opération leur a été appliquée pour la première
fois 9 il a été difficile , pour ne pas dire impossible ,
d'éviter^ de couper d'assez fortes branches ; qu'il est
résulté aussi du défiint d'élagage , dans la jeunesse des
s sujets , que les branches basses , étouffées par le taillis
F0ttftT8 ET BOIS DK NBUFCHATBL.
4i3
à mesure qu'il moatoit , sont tombées et ont laissé îles
chicots corrorapos , qui , enveloppés par la sève , ont
occasionné des vices ; mais que . partout où cette cause
n'existe pas et où l'élagueur a pris le soin de ne couper
rez-troDc que les branehes dool la grosseur permettait
cette amputation , sans laisser la crainte d'un mauvais
résultat , les miroirs sont sains et parfaitement recoin
verts.
» Examinant ensuite l'eflel produit par la taille de ces
modernes sur le peuplement du massif, nouer a von»
remarqué que l'accroissement du taillis y est bien su«
périeur à celui des parties qui n'ont pas été élaguées ;
c'était d'ailleurs un résultat infaillible que nous ne si-
gnalons ici que pour compléter les observations qui se
rattacbentà cette importante question.
» Résumant tout ce qui précède , on voit que Télagage
ou la taille raisonnée des arbres forestiers , commencée
dés la jeunesse des sujets et poursuivie d'après les prin«
cipes qui doivent la régler , présente des résultats très-
avantageux y sans qu'aucun inconvénient vienne contre*
balancer ces avantages , et que si les opérations de ce
genre , pratiquées dans la forêt de Compiègne , offrent
quelques exceptions , elles sont bien rares et dues uni-
quement à l'âge avancé des arbres sur lesquels l'élagueur
a pu faire une fausse application des principes , en^rafné
par le désir mal entendu de produire beaucoup de
bois , et croyant par là donner plus d'importance à son
travail. »
Nous considérons cependant que la non-adhérence de
l'écorce nouvelle avec le bois ancien sur les cicatrices
résultant de l'élagage , est uu défaut , car elle doit néces*
444 SKâNCBS GBRiEALBS 1 HEUF€»ATBL.
aairemdot occasionner une solutiea de eoâtlmitté.
Or il peut en résulter , soit une perte dans le débit de
l'arbre , soit qu'il devienne impropre à certain travail au-
quel il était destiné.
Mous estimons donc que les arbres élagués dans la forêt
de Gonpièf ne l'ont été à un âge trop avancé , et que ce
n'est seulement , comme nous l'avons dit , que sur de très^
jeunes modernes qu'il faut appliquer cette méthode ;
nous conseillons même de n'y soumettre qtie des baliveaux
sur taillis , car les sujets qui croissent en massif s'élèvent
toujours assez.
Avantage du chêne » comme taillis , sur les autres essences.
D'après diverses expériences que nous avons faites, nous
avons acquis la preuve que, dans la localité « on ne pouvait
obtenir plus de 100 stères de bois à charbon dans les meil-
leurs taillis , dont l'essence dominante est ie coudrier ,
mélangé de charme, hêtre , saide , bouleau , traDble,etc.,
en convertissant tous les brins en bois de œtte natore , et
portant le prix du stère à 5 francs l'un ; soit 500 francs;
Si , dans les conditions où se trouvent ces taillis , leur
peuplement était en chêne , nons estimons qu'on obtien-
drait, au minimum » 130 stères. Chaque stère produit
une botte et demie d'écorce , pesant 75 kilogrammes ,
valant en moyenùe 7 francs; soit, en natore, 173 bottei 39;
et en argent 1212f.ill c.\
Nous avons trouvé que le bois
écorcé diminuait d'un septième; f jo^ofr Ql
ce serait 19 stères à réduire sur
les 130. Cakulimt seulement
sur 1 10 stères , à 6 f l'ua ; s^ 660 »
PORAtS et bois DB NBOfCKàTEL. 44S
On roH quel avantagd il y aurait à pouvoir sabstituer ,
ou au moins en partie » TeBseBce de ch^ne à celle de cou*
drier. Bans celle contrée , celte dermére essence a aussi
une certaine valeur , attendu que l'on en tire de bons
cercles. Mais elle a pris beaucoup trop d'extension ; il faut
s'occuper à la réduire , à ne fournir seulement qu'aux
besoins de l'industrie.
£corcement.
Beaucoup de bons foresders sont d'avis qu'on doit s'abs*
tenir d'ëcorcer les taillis ntuës dans des aols maigres , où
Ja reproductioâ est dilBcile , et ceux coupés à 1 8 ans.
En premier lieu , parce que la sève du printemps est
perdue, et que le recru n'est plus assez robuste pour résister
aux fortes gelées de Tiiiver ; en second lieu , attendu que
J'abattsigè ayant lieu en fdeine sève , les souches en sont
altérées et que la reproduction en souffre.
Depuis long-temps nous cherchons à établir , sur des
fiiiU matériels , notre conviction à cet égard.
Pour cela y nous avons plusieurs fois fait laisser , dans
des coupes , de petits carrés , qui ont été abattus dans le
iwurant du printemps. L'année suivante , il nous eût été
fort difikile d'établir une diflërenœ entre le recru de ces
carrés et celui qui Tavoisioait. Pendant plusieurs années ,
aeus avojos iiait couper , an commencement de l'hiver ,
4laos une plantation au fossé , les plants jl'un c6té de ces
iÎBSsés y et , au printemps , ceux du côté opposé. A la fin
de l'été , ou au printemps suivant , il n'était pas possiMe
4e reconnaître quel était celui des deux côtés dont la coupe
avait précédé Taotre. Le peu de taillis de chêne qui existe
446 SKÂlfCBfl GéNÉBALES A NfctFGfiATfiL.
daiM les ooapes de moD inspection , est écorcé. Je wiâ
partout que les cepëes donnent de beaui recrus. Enfin ,
ce ne sont pas les gelées de l'hiver que les jeunes pousses
de chêne redoutent; ce sont celles du printemps, psr suite
des effets solaires. D'ailleurs, la perle , dans la première
sève , n'est pas trèsnioBiniageable , car une grande partie
des premières poussées est détruite , soit lorsqu'on relëvd
et façonne le bois , soit par les voitures. A l'appui de ce
que nous venons d'avancer , nous pourrions citer des fo-
rêts entières où , de tout temps , on a écorcé le chêne , et
qui, quoique situées sur de mauvais sok, se maintiennent
dans un bon état de reproduction.
Mais les inconvénients sur lesquels on s'appuie existe*
raient-ils , qu*à raison de l'augmentation du revena que
procure l'écorce , nous serions encore d*airi$ de ne pal
reculer devant , puisque œtte augmentation de revenu
permettrait de satisfaire , et au-delà , à tous les frais d'en-
tretien auxquels la détérioration , plus ou moins éloignée ^
du taillis , entraînerait.
PUmtsdans*
Les divers modes de plantation que nous avons indi*
qués , sont également bons. Nous pensons cependant que^
4lans le système de plantation atf fossé, il convient de
donner aux bandes 1 mètre 5(^ centimètres de largeur^ an
lieu d'un mètre. Les racines peuvent ainsi se développer
sur une surface plus étendue* prendre conséquemment plus
do nourriture et ne plus s'enlacer les unes dans les autres,
epmme ça doit avoir lieu lorsque les bandes n'ont qa ua
mètre de largeur.
rOBÉTS BT BOIS DB NBCFCHATEt. 447
La profondeur à donner aux dëfoncementff doit être dé*
terminée, d'abord, parla nature du sous-sol, et ensuite par
l'épaisseur de la couche superficielle , de manière à pou-
voir remplir la jauge de bonne terre. Ainsi , dans les ter*
mins riches ou perméables , là vous pouvez pratiquer un
défoncement de 50 centimètres au moins , en mettant au
fond de la jauge un lit de gazons coupés à la surface,
dont l'épaisseur sera calculée de manière à conserver assez
de terre meuble pour asseoir les plants et recouvrir les
racines ; puis l'on emploie la terre provenant du fond de
la jauge pour couvrir entièrement.
Hais si le sous-sol est calcaire ou que ce soit une argile
plastique , il importe alors de 8*arréler à ces couches ; car,
en creusant plus avant , f6t*on en mesure de remplir
toute Touvertore d^ bonne terre , elles se trouveraient em-
prisonnées dans une nauraille qu'elles ne pourraient percsr,
ou exposées à trop d'humidité. Dans les premières an-
nées , le repeuplement pousserait avec force, mais ensuite
il languirait ; on attribuerait cet état au sol , tandis qu'il
ne serait que le résultat d'une mauvaise culture.
Au contraire, en arrêtant le défoncement au mauvais
sol, arrive' es là, les racines seront obligées de tracer et
d'aller chercher leur nourriture sur la surface végélalive.
Bien entendu , on doit avoir grand soin de toujours ap-
proprier les essences au sol.
Ainsi , dans les sols riches ou perméables , le chêne , le
hélre , le frêne , le charme , toutes les essences viendront
bien. Dans les terrains calcaires , le hêtre, le frêne , le
merisier , les érables sont les seules essences dont on
puisse espérer de bons produits. Le bouleau et le saule
poussent d'abord assez bien; mais, après quelques années,
446 SÉA^^Cfifi 6ÉKBBALBS A lIBUFCflATSi.
i\ê végèteot* Nous pouvons affirmer que le frêne est fine
4les essences qui s'accommode le mieux de ce soL On peut
.s'en convaincre par les cépées qui j croissent natureile^
jnent. Depuis 10 ans , nous l'employons dans les repeuple*
ments que nous avons opérés dans des sols analogues.
•Elle a toujours parlaitement réussi et ae se dédit pas; elle
trace ou elle pivote , suivant les sols.
Nous lui donnons la préférence sur toutes les autres essen-
ces. D'abord, la réussite en est presque toiiyours assurée;
'Sa croissance est tràs-prompte, et elle donne des produits
abondants , qui sont très-recherchés par l'indusU'ie*
Il est préférable d'employer des plants de pépinière.
Leurs racines capillaires sont beaucoup plus développées
que celles des plants de fiorét, et leur réussite est par cela
.même plus certaine. Cependant on pcipt aussi obtenir de
boosrepeuplementsde cesderniers,en ayant soinde rebuter
,tQus ceuji dont les racines laissent à désirer. Je n'emploie
.que des plants de cette nature , et toutes mes plantations
nlussissent bien, même celles en hêtre, quoique, générale-
ment, on pense que le succès en est très«incertain. Seule-
ment les plaots de cette essence demandent à être em-
ployés peu de temps après leur arrachis.
Ici je dois faire observer que je parle des plants à basse
,tige ; ceux à haute tige ne sont nullement propres à être
replantés. J'en ai fait plusieurs essais , tous ont édioué.
«Les racines ont peu de chevelu ; mais ça tient plus encore
«ji ce que ces sujets qui ont été élevés dans des massiilse^
rés , ne peuvent supporter le changement subit de tempé-
ra ture auquel ils sont exposés. Leur écorce durcit ; elle se
couvre de mousse : s'ils ne meurent , ils languissent.
Les plants de toutes les essences demandent à être re*
l^BÊtS ET BOIS nE NKtrCDATEL. 449
eëpës , en les pldntdnt à 3 ou 4 centimètres au-dessus du
collet de la racine. ]*aî fait , à cet égard , des expériences
qui ne laissent pln6 de doate sur Ta vantage de ce recépagë.
On comprend , eto etiTet , que tout le travail de la sève
ayant lieu dans les racines , elles acquièrent pluil
de force , et que les jets qui en sont le produit sont yU
goureux et robustes, atteignent et dépassent promptetnent
les plants restés entiers, qui ont soufleirt pendant plusieurs
années. Les feuilles des plants coupés confirment tout ce
que j^avance ; elles sont plus développées » d'un vert plus
foncé; enfin,tout en elles témoigne delà vigueur des sujets.
J*ai exécuté avec succès des plantations à haute tige en
châtaignier , A*éne et hêtre ^ dans des parités de coupes
dégarnies de futaies,à ^automne qui a suivi ^exploitation*
Ces jeunes sujets , qui provenaient de pépinière « né sont
pas dominés par le taillis, et beaucoup donneront de beaux
baliveaux. Une précaution utile est d*cntourer les plants
de paille , depuis la racine jusqu'aux branches.
J'ai . cette année , apporté une modification au mode
de plantation au fossé.' Voici en quoi elle a consisté : au
lieu de planter entre deux gazons , de la tnanière que j'ai
décrite , la plantation à eu lieu sur fe sommet de la bande;
j*ai continué à faire augmenter cette bande dé toute l'é-
paisseur de la terré végétale pri^e sur celle voisine , qiii
4
doit rester inculte. Un gazon a d^labord été enlevé et placé
sur celui de la bande à planter , puis recouvert d'une cou-
die de terre meuble , suffisante pOfur bien envelopper et
garnir les racinés'.La plantation a eu lieu sur cette couche,
et a été recouverte ensuite d'une terre de moins bonne
qualité. Ce mode offirè , comme celui généralement em-
ployé , l'avantage de doubler la couche de terre végétale ;
29
459 SÉANCES GBNBIULLBS A IfBUFCIlATEL.
mais il emploie moins de plants , et Ton peut remplacer
ceux qui meurent. Nous pensons que, par FeiTet de FinSU
tration des eaux et de détritus qui en sera la consé*
quence , le gazon , qui est resté inculte , sera incessain-
ment rendu suffisamment perméable pour que les racines
des plants puissent y pénétrer et y prendre la nourriture
qui leur est nécessaire. L'essai que nous avons faiit a eu ,
jusqu'à présent , un plein succès.
Un très-bon moyen de contribuer à la réussite des plan*
talions et d'activer leur végétation, est de les couvrir d'une
épaisse couche de feuilles mortes ; elles tiennent la terre
légère et suflSsamment humide. Si , d'abord , c'est une
augmentation de dépense assez considérable, elle se trouve
en grande partie compensée par les sarclaq^ qu'on n'a
plus à donner.
Abattage.
L'abattage des taillis est une opération fort importante ;
c'est d'elle que dépend la bonne ou mauvaise reproduction
du recru. L'ordonnance des eaux et forêts de 1669 pres-
crivait de couper^ rez de terre , et les cahiers des forêts
de l'Etat portent , je pense , cette clause : a Que les bois
» seront coupés à la cognée , et les souches et étocs ra-
» valés le plus près de terre que faire se pourra. » C'est
aussi ce qu'enseigne le traité de culture professé à l'école
de Nancy.
A notre avis , un. mode uniforme d'abattage ne peut
être adopté. Il cpnvient d'avoir égard : 1^ au sol ; 2^ aux
diverses essences.
Ainsi , dans les sols profonds et perméables , là on peut
couper le chône^et même les autres essences, près de terre.
VûkÂtS kt ROIS bS NEVFCHAtteL. 4SI
babs les ter^aîos hunridcè , tous les bois demandent à
être i»up^ ait'^eflsas do sol.
Dans tes Éoh ttKeeax reposàUk sur «nb argile plastique ou
sur la craie ^ lès racines tracent , snrtont celles de hètrë ^
iBréne^booleau, etc., et se trouvent souvent à la surface» Ici
il Ciut eocoàre abattre an dessus du sol et bien se donner de
garde de toucber au^ racines , de les doler ; car c^est Sur
elles que se développent les bourgeons^ que la reproduction
s*opère. Nous pensons qu'on doit poser comme règle
générale que , dans tous les sols , il faut, laisser intact
\e collet de la racine. NoUs avons remarqué » dans
toutes tes forêts où nous avons été employé ^ qu'il y a eu
^u d'inconvénient à couper un peu haut , et qu'au con-
traire i) y à danger à couper bâSé C*est surtout pour le
liétre que ce danger existe. Aussi , à Tégàrd de cette es-
sence ) le traité de culture y enseigne à Nancjr , indique dé
coupeï* au-dessus du noeud de l^e^cploitatioo précédentes
Nous avotis toujours Tait sùivk-e le système d^abattage que
tious venons d'indiquer , et noiis potkvous assurer que les
taillis de toutes essences donnent de très-beaux recrus*
Réserve des bsAkèanx de l'Age *
Les insthMion^ forestières prescrivent d'espacer le
tftieux pôsribtetes baiiveauii: del'àge, et elles sotit d^aecord
âveis Tosagé. C^est dànà le bût dé répai^tir également le
iBonvërt qu'lb donnent.' Sotis te tappOK , c^esi une sage
prééailtioni eependaiitôttn'MitiendraU ainsi que des arbres
peu élèves , pànéé ^i^ayânt beaucoup d'^pace , les bran-
€hea latérales è( teutf iéte s'attendraient horizontalement ,
et beaucoup de tes Jèîines sujets » étant' très-minees/ ne
452 SéAVCM GBKBRALBS ▲ NEOFCOATEL.
rémstoffaient pas à l'aetkNi Au Tant £a les serrant , au
contraire , ils se soutiennent mutodleflaent et prennent
de l'élévaiion. C'est aîn8H]ue, dam des tnHk de 30 ans^on
parvicmt'à avoir:do( dbénes qui ont ph»^ 18 mètres de
^efYÎee. A la procbaue révotntion , on pe«t sansiaconvé»
nient édâîrcir ces jeimes modérées ^ qnî ont iders acqais
d0 belles proporUoBSw
C*est surtout dans les parties de eonpes el posées aux
TnauTais yents , qa*il est bien essentiel de serrer les jeunes
sujets. Souvent aussi on trouve , au milieu de taillis , de
jolis brins de semis bien filés , sur lesquels on compte pour
donner de beaui arbres.
S'ils sont isolés , on peut être sâr que le plus grand
nombre seront renversés par le vent. Pour prévenir ce fà-
cheux accident, il j a nécessité de conserver autour d*eux
des brins de taillis, quels .qu'ils soient^ afin de les sou-
tenir. Ces brins devront être enlevés à la prochaioe
I
éclaircie.
Plusieurs auteurs trèfr-distingnés ont écrit que le fût des
baliveauit de l'âge, réservés sur les taillis, n'acquérait plus
en bauteup , à paFlir de là. Lorsqu'ils sont complètemeat
isolés , j'admele , jusqu'à un certain point , cette assertion ;
mais je soie convaincu qa'eU» es4 inevacle , peur peu qf 'ils
ae trouvent rapprocbés d!arbr^ o» serrés par d'autres
baliveaux. Voici sinrTqu^l raisonottwnt Jf» m'appirie : Ua
taillis , à S^tX ans , pai; exempte y a d'<lév«tioo , jusqu'à la
dme , djB 8.à 9 nidtfes. Sîi.dass oes MaHî#5 l*«n trouve de^
lirb^res .qui donnent des pi^çen de. S ^ iO jnëtres de loo-
gveur » éi^MeAiofeiit te m4p xx» arbres af àA pandir depuis
qu'ils jonléié epiiwwés cpmmei^Teaux. ,
FOUETS ET BOIâ DS NBCFCIUTBL. i53
DéUto.
On commet y dans le8lK>iB de l'arrondissement , un délit
très-grave et qai , dans eerlaines parties , détruira, avant
peu , l'essence do bouleau. Ce délit consiste à enlever sur
les jeunes recrus, dont très^souvent oneoope aussi la cime,
foutes les branches dont on bit des balais , qu'on exporte
en immense quantité dans les départements voisins.
Tous ces délits restent , on peut dire , impunis. Leurs
auteurs étant insolvables , ou , pour les contraindre à
payer , les propriétaires ayant à s'exposer à des frais de^
Tant lesquels ils reculent , cette impunité augmente le
nombre des délinquants et leur audace. Aussi beaucoup
d'entr'eux , qui pourraient pourvoir à leur existence par
un travail bonnéte , se livrent o^clusivement à ces dévas-
tations.
Les balais soot vendus pttbliquemenl , d^ns les villes ,
les jours de marohé. J'avais peasé qu0 l'autoriilé publique
pouvait exiger que k^ personnes qui vendent ces balais
produisissent des certifteats justifiant A quel titre elles
les possèdent ; ç'cAtéM un nioj en efficace de répression.
Mais M. le préfet , auquel je me suis adreaë , n'a pas cru
pouvoir donner d'instruetionseai «oneéqutnce. Cependant,
éaos le département de la Somme , ou a procédé ainsi ;
et , dernièrement , utt individu ayant exposé des plants
sur le marché d'Oisernoot , le maire , accompagné de la
gendarmerie, a exigé qu'il produisît un certificat d'origine.
Cet homme , mal famé , n'a pu justifier où il se les était
procurés. Les plants ont été provisoirement saisis , et
eomme,pIus tard , il n'a pu fournir ce certificat, un procès-
verbal a été dressé contre lui. Traduit devant le tribunal
4&4 SBANCBS aélfÉRALBS A KEtWCBATEL^
d'Amieiu par suite de cet acte , il a été condamné. Cett^
({uestion in*a paru dig;ne de toute TatteotiOQ de TAsMcia*
tlon.
Percement
Noua avons oublié de dire » mais tout le inonde est
d'acGprd à cet égard , que le percement bien entendu -des
forêts et bois est aussi un point fort important , soit pour
accélérer la végétatiop , ftoit pour faciliter la traite des bots :
pourtant , peu de propriétaires se décideol à entreprendre
cette amélioration. Nous pensons qu'on doit y consacrer
du cinquantième au soixantième de la surface. Ainsi » dans
un bois de 100 hectares, les percées occuperaient de I hec«
tar^ 67 centiares ft 2 hectares. -
Débo^gement.
Au pied de forêts et bois situés dans rarrondissemeat «
plusieurs petites rivières prennent leur souroe , entre
autres la Bresie et la Mesline , qui , sur un parcours
de plus de 40 kilomètres • arrosent une vallée trèfrriehe >
qui leur doit sa fertUilé. Les coteaux qui bordent ces ri«
▼ières ne sont pas trèstélevés , et pourraient faoileaient et
avec avantage élre livrés à la mdture des céréales. Si ja«
mais il en devait être s^insi , il serait très-à craindre , o*^
du moins lÀ notre avis . que la vaUée ne ressentit de fa«
nestes eiets de ce changement de culture. Le déboise*
ment peut donc n*être pas seulen^ent dA|igereu]( d^Bm las
montagnes proprement dites.
Enlèvement des herbes.
L^ Code forestier défend l'enlèvement d'herbes dans les
FOBÉTS ET BOIS DE NECFCHATEL. 455
ferèts* L'ordonnance de 1669 le prohibait aussi. Dans les
fcréCs de TEtat , dans celles de la Couronne et du domaine
prÎTé , cette prohibition est rigoureusement observée.
Beaucoup de propriétaires , au contraire , en autorisent
l'extraction , soit qu'ils l'accordent à leurs gardes y comme
augmentation de salaire , soit comme gratification , soit
enfin qu'ils en tirent un produit.
Nous avons cherché j autant qu'il nous a été possible ,
à nous rendre compte de Teifet qui pouvait résulter de cet
enlèvement , tant dans cette localité que dans celles où
nous avons précédemment résidé. Nous estimons que si
l'herbe , par suite de sa dc^composition , est un engrais
dans les sols gras et humides où elle pousse abondamment
et devient très-élevée , elle fait un grand tort , dans les
premières années , au recru qu'elle domine et surtout aux
semis qu'elle étouffe , ou qui , forcés de trop s'élever d'a-
bord , s'effilent. L'avantage , nous le pensons , ne peut
compenser l'inconvénient. Dans beaucoup de localités , on
retirerait de ces herbes un produit qui aurait une certaine
valeur. En en faisant faire l'enlèvement soi-même , il
pourrait avoir lieu sans danger.
Bans les sols calcaires et légers , là il en pousse peu , et
elle est utile pour y entretenir l'humidité qui leur est
nécessaire. Nous sommes d'avis qu'il serait très-nuisible
de ne pas l'y conserver.
La lecture du Mémoire de M. Drevet donne lieu A quel-
ques observations.
M. de Caumont , après avoir annoncé que ce Mémoire
sera inséré dans l'Annuaire de l'Association , fait remar-
quer qu'au Congrès de Strasbourg , on a demandé s*il n'y
456 SÉANCES GÉNÉRALES A N^UFCHATBL.
avait pas un assolement fiorestier , et s'il m pooyait pas
arriver que la terre , à la longue , se fatiguât de produire
les mômes essences de bois. En admettant cette hypothèsoi
il y aurait avantage à allerner , mais dans de loagxie*
séries d'années , les essences des forêts. Il a été dit » d'ail*
leurs y qu'on avait, remarqué cette aUemance natoreDe
dans les forêts non exploitées.
M. Drevet répond que cettequestion a été laissée en litige
par le Congrès de Strasbourg ; que les causes de Talter*
nance naturelle des forêts ne sont pas bien constatées ;
qu'on a expliqué cette alternance par la facilité qu'ont les
graines de certains arbres d'être transportées au loin par
les vents , tandis que d'autres restent au pied de l'arbre ;
mais qu'au surplus le principe adoûs serait inap^icable
en grand.
Une discussion s'établit ensuite , entre U. Drevet et H.
Dubreuil , sur le moment où doit être bit le recépage des
jeunes plants ; M. Drevet prétendant jqu'il y a avantage à
recéper dès la plantation , et M. Dubreuil exprimant l'oi
pinion qu'il serait préférable d*opérer le recépage après la
première année et lorsque déjà les plants ont pris de la
vigueur. M. Drevet promet de foire rexpérience qui lui est
conseillée.
M. Villain , vétérinaire à NeulchAtd » est appelé à la
tribune pour donner lecture du Mémoire avivant :
Rapport de M. VuLÂiNSur la péripneumonis des Mes bovine»
du pays de Bray,
« Messiecbs,
» De tous les fléaux qui frappent l'agriculture , le plus
redoutable , dans nos contrées surtout y est celui qui dé-
^BBIPHBOVONip DBS BÉTBS BOVIMBS. 457
ùme k bétail , lequel fait à peu près la seule, resaouroe
des herbagers et l'objet de tous leurs soins.
» L^arroodissenent de Neufchâlel serait assez lieureut
sous ce rapport » si une maladie graye n'était veaue s'y
introduire.
> Celle afiTeclion , connue sous le nom de p&ipMumetiU
4e$ Uie$ à cerne , est épizootique , essentiellemait coati»-
gieuse , héréditaire , le plus souvent incurable ; elle ooca*
sionne la ruine des berbagers , tend à entraver les progrès
de ramélioration de l'espèce bovine , et cause de grands
préjudices sur les foires et marchés du pays de Bray.
» Cette maladie , connue depuis long-temps » tant à l'é-
franger que dans plusieurs de nos départements , n'existe
dans l'arrondissement de Neufchâlel que depuis 13 à 14
»tts. Avant l'année (831 , elle était ignorée , ou , si elle
ivait apparu , elle n'avait jamais été signalée.
9 L'objet de mon Rapport étant de vous faire un ta-
bleau fidèle y succinct et précis do la péripneumonte , je
passerai légèrement sur ce qui est dn ressort essentiel de
la médecine , pour m'appesanlir davantage sur les circon-
atanees les plus ioDéressantes , c'est-A-dire les signes qui la
font receaDaitve , les causes locales qui la produisent j la
contagion qui la propage et l'enlretient , et , enfin , je
terminerai par quelques mots sur \^ moyens employés
pour la combattre.
De la péripneomoDie des hèles bottnes.
» On se demande pourquoi cette affection qui agit
épizootiquement avec autant d'intensité » et presque tou-
jours meurtrière sur les botes bovines , n'existe- t«eile pas,
458 SiANCBS GBIfiEALBd A KBUFCHATEL.
avec le§ mêmes caractères , sur d'autres espèces domes-
tiques , qui , le plus souvent , sont soumises aux mêmes
influences ? L'organisation interne , toute particulière, du
poumon des bêtes à cornes rend bien compte , jusqu'à un
certain point , de la fréquence et de la gravité des mala-
dies de poitrine ; mais rien ne peut expliquer les carac-
tères diligents qu'affecte la péripnenmonie dans cette
espèce. Des maladies de poitrine , il est vrai, attaquent
souvent les chevaux , les moutons , etc. ; mais Jamais elles
ne sont ëpizootiques , ni contagieuses , et on en triomphe
facilement avec un traitement rationel.
» La péripnenmonie , examinée sur tout un troupeau ,
présente ces caractères.
» Comme dans toutes les affections qui sévissent sur un
grand nombre d*animaux à la fois , on lui reconnaît trois
grandes périodes :
» 1® Une seule béte est d'abord malade (tnooitofi) ;
» â« Après 8 ou 15 jours , elle sévit sur âou 3 , puis
sur 7 ou 8 (violene0) ;
» 3» Enfin , elle finit par se ralentir , n'attaquer de
loin en loin , tous les mois par exemple , qu'un ou deux
animaux , et enfin disparaître {déeUn).
' » La malignité de la maladie , ainsi t^ue le nombre de
bêtes affectées , dépendent beaucoup de la saison et de la
nourriture ; ordinairement , en hiver et en été , la ma-
ladie sévit sur un plus grand nombre ; plus l'alimentation
est abondante et substantielle , plus cette dernière est
grave.
» La durée sur tout un troupeau n'a rien de fixe; elle
peut exister 3 mois , un an , ou plus. Les moyens curatiw
KEIPNBCTMOHIB DB9 BÉTBS B0VI1VB8. 459
et hygiéniques , employés ratioDellement , la font dispa*
raiCre plus promptement.
> EUe ne fait pas plus grâce aux jeunes animaux qu'aux
adultes et aux vieux ; eependaut elle est plus violente sur
les Jeunes , sur ceux qui sont très-sapguins.
> Elle se lait remarquer plus souvent sur les vaches Iai«
tières que sur celles soumises à l'engrais.
Siège, oatnre et dorée de U pérlpneumonie.
■ Cette maladie a son slëge dans la cavité pectorale. Les
organes aflectés sont les poumoas et la membrane (plèvre),
qui tapisse la cavité et enveloppe les organes qui y sont
contenus : quelquefois un seul de ces organes est attaqué j
mais le |rius souvent les poumons et la plèvre en même
temps.
» La fuitfgre de cette aflbotion est le plus ordinairement
une inflammation vive , aigué , marchant promptement.
D'autres fols , la maladie s'annonce lentement » les symp-
tômes sont moins tranchés ; elle revêt alors une forme
dironique , ce qui a lieu plus rarement.
» La durée varie suivant qu'dle est plus ou moins aiguë^
suivant la saison , Tâge , etc. ; le plus souvent la maladie
parcourt ses périodes de 15 ^ SO Jours ; tantôt la gnérison
s'obtient au bout de 8 jours; souvent enfin des altérations,
dont je vous entretiendrai plus loin, surviennent dans la
poitrine et amènent la mort en peu de tempa,
Symptômes de la péripnemDQnie.
» Pour procéder avec méthode dans Ténumération des
ngnes à Vaide desquels on reconnaît cette maladie sur uo
MO 3BA1CCES GBIIBIULES A KBUFÇAàTBL.
qi4 w est atteint , il Cgiiit diatiagucr trois périodes
bien distinctes , basées sur les changements survenus dans
1^ organes maladesiau fur et à mesure que Tafifoction iait
ses progrès :
» V Le sang afflue rers le poumon et la pierre (coages-
Uon , début J ;
» 2? L'inflammation s'empare de ces organes (éiatj ;
» 3"^ Enfin , dans cette dernière période , ce sont les
diverses terminaisons, soit la résolution ou guérison , soit
Thépatisation du poumon , l'épanchement dans la cavité
peetorale , ou anfin le passage à Tétai chronique.
» PrenUèn période. — - Lorsque la aialadie débute ,
Fherbager ne s'en doute pas , parce que la béte fonctionne
bien ; elle mange , rumine , et donne du iatt comme dans
l'état de santé ; mais le vétérinaire* viûtant cet animal
scrupuleusement , s'aperçoit de ce début à la rougeur et
à l'injection des jeui , à la vitesse de la respiration et de
la circulation ; ToreiUe , appliquée sur les parois de la p^
Irine , perçoit vn bruit plus ton que dans l'état de santé,
lequel bruit est ooeasionné par l'entrée brusque de Tair
dans le poumon ; Tanimal éprouve de la sensibilité lors-
qu'on lui percnte hi poitrine. Après deux à quatre jonrs ,
d'autres symptômes appaitiissent ; c'est h ce moment que
rherbager s'aperçoit ^^ue sa bte est malade.
» Deuxième période* -«* L'appétit et la rumination dimi-
oiient d'activité. L'animal ne mange que les aliments qu*il
appelé le plus y la digestion s'efikctue mal, le ventre se
météorise. L'herbager, soupçonnant alors une indigestion,
administre des remèdes excitants , qui ne servent qu'à
exaspérer les symptômes de la péripneumonie.
9 Si ranimai est à la pâture , il s'abrite le long des
PéRiPNEUVONrB DEâ BÊTfiS BOVINBS. 461
baies et est totrfônirs éloi^Dé ^es autres. La peanjeé cornes
et les oreilles sont froides , on tantôt chatfdes et froides ;
la sécrétion du lait est bien diminuée ; une toux sècbe et
frëepiente se fait entendre; en appuyant la main sur le doâ,
ranimai parait souffirîr beaucoup , & en juger par ta grande
flexion de la colonne vertébrale ; la respiration eât devenue
irès-fréquente ( 110 k 40 respirations par minute , au lieu
ée f 8 à 29 ) ; chaque expiration est accôïvipafçnée d'une
plainte ( ce qu'on exprime dans le pays , en disant que ia
béte tègue ) : c'est ordinairement i ce signe que fberbafet
soupçonne la péripneomonie ; la circulation est devenue
très-aeeéléréei ( 80 à fOO pulsations par minute , au lieu
^e 38 & 42 ). En écoutant c6 qui se passe dans la poitrine ,
du coté où le poiknion e^t enflammé , le murmure respi-
ratoire est devenu Irès^ftliMe , un bruit particulier se fait
«Dtendre (rdie crépitant) ; dit èùté où le poumon est sain ,
te murmure est bien pdus fott (respiration supplémentaire);
Il là percussion , matitë sur les parties malades , résoil-
ttance plus grande sur celles qui sont saines ; en frappant
«urifl poitrine , la bète est très^seaisfUe et se plaint.
» La maladie^ arrivée à cet état, date de buîtàdrt
jours pour le vétérinaire ; il y a seulement trois à quatre
Jours que rbérbaget^ è*en douté. •'•
» ntMème périoUè^^^hai péripneumonie, avant dette pé-
riode 5 peut se terminer par résolution « ce qui n*a lieu que
^andéllë a étécomiattu^ ^vement tors du début,ou que
^Inflammation n*û pas feit trép de progrès ; alors les symptè-
mBÉrdisparaissent^ranimal^après Une courte convalescence,
iuyJoirt d la sanié. Halheureusement cette terminaison
cat'cam^.Aiôra nnflammtflîoD , augmentant , donne lieu à
la formation àt divers pr odovtr moiMdes : c'est ainsi que
46â SÉANCES «ÉHÉBALÊS A JTfitJ^CHATBL.
les éléments du sang contena dans le poomon se sëfuirent 9
rempUasent tous les interstices de cet organe, s'organisent
«vec lui ; il en résulte alors une altération , connue sopis
le nom d'indaralion ou bépatisation. La plèvre devient le
siégad*une sécrétion morbide ( hjdrothorax ) ; la maladie
arrivée à ce degré ^ les sympttoies suivants se manifestenti
l'appétit ) la rumination et la sécrétion du lait sont anéaa«
tis ; le pouls devient petit et vite ;. l€)s baltemenls du eosar
sont tiès'forts ; la respiratioii s'accélère de plus en plus ;
elle est courte et acconipagdéede plaintes.
» L'auscultation et Ja. percussion ici donnent de très-
bon» rensriigoements; c'est pourquoi j'en parle dans les
trois périodes de la maladie* A l'aide de ces moyeos , il
est très-facile de se rendre compte des progrès de l'hépa-'
tisation; l'oreille , appuyée sur les cèles » au lieu d'un lAle
crépitant , ne perçoit plus aucun bruit 5 absence due 4 00
ijpie l'air ne peut plus pénétrer dans les lobes pulmonaireu
Jtépatisés. En frappant au c4té correspondant au poumon
laflecté » il 7 a matité absolue f .c'est le contraire là oA
l'organe est sain et respire ; le murmure respiratoire est
Revenu beaucoup plus fort et rend une grande résomanee
par la percussion.
• La guérison de la maladie , arrivée ft ce peint , de-
vient trèsHlifficile ^ et enoore , quand on y parvient , il
ne £aiut pas^ qu'il y ait complication d'épancbemeot ; la
convalescence en est d'autant plus longue , que l'bépati-
si^tîon elle-même est plus étendue. Sur les jwnea ani-
maux ,|[oq a plus de chances de succès que sur les vieuK >
/et lorsque la température est douce , cowme ati prinlempe
et à,rautomnQ.£n,gj$néral »la jésobitiondel'liépatiflati^
s'obtient du vingtième an quarantième jour.
»niPlfSDll<MNIE DES bAtBS BOVINES. M3
« Hais lorsque répanchem^ot dans la poUrioe d'une plus
ou moÎDs grande quantité de sérosité existe iço même temfNi
que rhëpatisation , ce qui arrive malheiireusement le
plus souvent , la guérison devient impossible.
• Les symptômes suivants surviennent: les mouvements
du fiane , devenus tumuUuenx, » sont irrégu|iflrs ; les parois
€ostaIes sont très-sensiUl^ au toucher ; la fiioa se grippe ^
la toux est très-pénible ; Tanimal allonge la tête pvMir res«
pirer plus à l'aise ; il salive beaucoup ; si on le fait mar«
cher > il chancelé , s'essouQle aussitôt ; des infillratioos
séreuses se font remarquer sous la gorge y sous la poitrine,
au ventre et a^ bas des membres; il ne se couche pas,crainte
de suffocation ; enfin , les forces l'abandonnent , il tombe
etoiQurt aapbyxié.
» Etat chronique. — H est des bétes.sur lesqu^les la
péripoeumottie ne niarch^ pas avec autant 4e i^piditë.
Elle dâwte lenlement ; les symptômes ne sont pas aussi
intenses , aussi aper^^ables ; les lésions de la poitrine pq
s'organisent que petit à petit ; enfin, cette affectioD , au
Heu de débuter à rétatjôgu » revêt une forme chronique.
> D'autres fois . la maladie , qui était k l'état aigu ,
n'ayant pas été combattue assez énergiquemeat , persiste 5
quoique les Ibnctîoas paraisseat à peu près rétablies , et
passe à eet état chronique. .
» Dans l'un et Vautra caa , ces animaux sont de^peu de
vdciir » et oûeux vaudrait les sacrifier q^ede.l€>sçoDser«
fer. Us. ont peu d!appétît , de vraiment très-difficiles pour,
le choix des aliments , se météorisent souvent ,; la peai|
est sèche f attachée ; le lait , si les vaches en donnent , est
très«séreux ; si on les soumet à l'engraissement , elles sont
toujours maigres ; et enfin , après cinq à six mois , -plus
i64 SiANCM GÉlIKftALES A NBOrCBATU*
OU moins , les lësioDS de la poitrine bisaot tonjoors âeê
piogrés , les fonoCions cessent peo à peo ; ces bétes tombent
dans le ■Bti'awne et fini&sent par mourir.
Aatopsie cadavérique.
» Lorsqu^'oB fait roir?ertHred*im animal qni a suGCombë
à la péripnenmonie aiguë , on remarque des désordres tels
qnTon ne peut pas douter de4Mncurabiliié de cette affiectioa.
to Toutes les lénons sont renfermées dans la catitë pec«
terale; ailleurs to6s les organes sont sains, à moins cepen-
dant de complications d*aotres maladies.
' 1» Les côtes qu'on enlèTc sont adhérentes aux poumons,
au moyen de prodoclions moiindes, appelées Caïusses menH
hranes , composés fébrino-albomineux » protenant des
éléments du sang.
•Un liquide séreux, clair ou trouble, se coagulant par ie
refroidissement^ s'écoule de la cavité; la quantité varie ,
quelquefois elle est énorme ;' j'en ai mesuré Jusqu'à 30 et
M litres.
• Le poumon , qui est très^gorgé , remplit an meinsla
niOitié, et souvent les deux tiers de la cavité ; il est reoou'
vert de fausses membranes ; son tissu est dur , sec , et se
déchire dffioilement : ce qu'il y a de remarquable, c'est
Isa pesanteur. Un seul poumon , -qui , dans l'état de santé ,
j[>èse un kilogramme , en pèse, quand il est le siège de
ï'bépatisation , }usqu*à 15 ou 20» Des sections pratiquées
dans son épaisseur laissent voir fadlement le tissu propre
organisé avec le saég.
Causes de la péripneumonie.
».0n a cru long^temps que la périplieuflumîe ne prenait
PlIRiPNEtllONlE DES BÊtES BOVINES. 465
fas naissance dans le pays de^Bray , et qae là où elle exis-
tait , elle y était apportée par des vaches étrangères. Les
recherches et observations que j*ai faites m'ont convaincu
que cette affection , le plus souvent , est transmise par de»
animaux achetés an loin et sortant d'éCables infectées ;
mais qu'elle y éclate sans le concours de bétes contagion*»
nées. En effet , la pérîpneumonié s'est déclarée dans des
troupeaux de vaches qui avaient été élevés sur le sol
môme » qui n'avaient jamais eu communication avec des
liétes étrangères, et dans des communes où la maladie
n'avai t jamais existé.
> C'est pourquoi je parlek'ai d'abord des causes locales
qoila produisent spontanément, pourra venir ensuite à la
cause qui l'entretient et la propage (la contagion).
» Causes locales.— La nature au sol peut'-elle avoir quel*
que effet sur la production de la maladie? Non ; partout
où elle a existé , dans les montagnes , sur les plateau)L
et dans les vallées , et où la constitution du terrain est
bien différente, on ne lui reconnaît aucune influence sur
le développement de cette dernière.
> C*est principalement dans ce qui se rattache à Thy-
giènedes animaux , à la manière de les gouverner , qu'il
faut chercher les causes de cette maladie.
Logemems, alimenlation , séjour daDs \es herbages.
» Les vaches, dans le pays de Bray, restent à peu près
dûq à six mois de Tannée dans les étables.
» Les étables, généralement, sont mal construites; elles
sont petites t basses, mal aérées ; on y met beaucoup
trop d*animaux ; elles sont chaudes , humides ; l'air n'y
30
466 SBAKCES GBXÊBALBS A HBUFCHATEL.
étâDt pas assez renouvelé , les bétes y respireot un ga
impur, chargé d'émanations irriUntes.
• On est dans l'habitude de les sorUr dans la journée
pour nettojer Tétable et les abreuvrer ; elles boivent l'eau
des mares et des sources , qui sont très-finf»des et souvent
glacées ; tout le temps qu'elles sont dehors , elles sont
exposées k la rigueur du temps, éprouvent pour lors l'effet
d*une transition brusque du cbaud au firoid.
» Dans le but de provoquer une plus grande sécrétion
de lait , les vaches k l'étable sont soumises à une alîmen*
talion très-substantielle ; on ajoute au fourrage des pro-
vendes de son , orge et avoine ; avec cette nourriture, le
sang devient abondant , riche , très-épais , circule difficile-
ment , surtout dans les petits vaisseaux du poumon , s'y
aiccumule et finit par y stagner.
» Toutes ces causes agissant sur le poumon , on conçoit
qu'il se trouve dans les conditions pour devenir malade.
» C'est dans le courant de mai et au commencement de
juin qu'on sort les vaches des étables » pour les envoyer
dans les herbages.
» Elles y restent d'abord le jour , puis ensuite le ionr
et la nuit. D'une température très-élevée(âO degrés) à
laquelle elles sont habituées depuis loog«temps , elles res-
sentent sensiblement l'effet de l'intempérie de la saison ,
les courants d'air froid , les brouillards • les pluies; quel-
quefois , k cette époque , de la neige et des gelées blan-
ches. Le décubitus , sur un sol humide , agissant conti-
nuellement sur la peau et le poumon , en trouble Itmvs
fonctions et devient autant de causes déterminantes de
la péripneumonie.
9 Sécrétion laiteuse* — Une cause qui exerce beaucoup
^BRtP?IEU)iO?(IR DES BÊTES B0VI5CS. 467
itiaOrnence sur le dévdoppemeni de la pérSpneaniettie et
que ne cherehen jamais à détraire l'faerbager sang qoe
•es iotéréto en souffrent , c'est In grande qnantilë de lait
qu on cherdie à obtenir des vaches , ce qui s'explique
{ibysiologiqiiemeBt par les rapports foncUounels des or-
ganes génilaox avec le poumon.
• BéréiUé, -^ La péripnenmenie est héréditaire ; leé
produits des vaches atteintes de cette affection apportent,
en naissant» une prédisposition à la contracter. Je puis
citer ce fait comme exact ; car il m'est arrivé de fiiire
l'ouverture déjeunes veaux (nés non- viables) , provenant
de vacbes malades, et avoir remarqué dans leurs pou-
mons des commencements de lésions appartenant à cette
maladie.
» Il est bon d'observer que ces jeunes animaux avaient
été séparés de leurs mères immédiatement après la
naissance.
Contagion de la péripneumonie.
» La péripneumonie a la funeste propriété de se trans-
mettre. Ce n'est que dans ces derniers temps qu'on a jeté
hs yeux sur la contagion ; beaucoup de personnes en dou-
tent encore. Pour moi Je me prononce pour Taffirmative,
ne basant sur les observations que j'ai été à même de
laire , ainsi que sur celles de mes confrères.
• En 184Ô , M. Delafond , professeur de l'école d'Aï-
ftrt , reçut une mission du Gouvernement pour se rendre
dans Tarrondissement de Neufcbâtel, afin d'y .étudier la
péripneumonie , qui , à cette époque , exerçait de grands
ravages ; lui-même émettait des doutes sur la contagion.
4G8 SÉAXCKS GÉNÉBALES A IVRUFCHATBL.
Nous Boufl sommes transportés dans toutes les fermes de
ma cîrconscriptioD vétérinaire où la p^ipneumonie s'était
manifestée, sommes remontés dans chaque troupeau à
l'ori^ne de cette afTeclioii, et, dlnformations en informa^»
tions , de recherches en recherches , sommes arrivés à ce
résultat , que sur 500 bétes peut-être qui étaient mortes
de la péripneumonie , 800 au moins avaient été victimes
de la contagion»
» Pour nous convaincre encore davantage de cette idée,
des vaches , jouissant d*une bonne santé , que nous avons
reconnues comme telles aprôs un examen scrupuleux ,
avant été achetées chez des herbagers et dans des pays
où la pérîpncumonic n^avaîl jamais paru , et qui. depuis
ce temps, ne s'est pas encore manifestée, mises à l'clable
près de vaches malades , 8 , 15 jours, 3 semaines aprôs y
Taffection se déclarait sur ces nouvelles venues. Je pour-
rais citer un grand nombre d'exemples frappants de conta-
gion par des animaux achetés sortant d*étables infectées,
et qui ont porté la maladie dans des troupeaux en santé ,
si ce que je viens de citer ne suffisait pour vous convaincre
de cette funeste propriété de la péripneumonie.
» En examinant les diverses contrées de l'arrondisse-
ment où cette maladie décime le plus de bestiaux , on
reconnait que c*est là où il y a le plus de mutations , de
ventes et échanges de bétail , qu'elle existe et y est conti-
miellement entretenue. C'est ainsi que, dans les cantons de
Forges , Gournay , et souvent Neufchâtel , où l'on ne se
jyivre guère à Télève des vaches , et où l'on remplace celles
.vendues par de nouvelles achetées dans tous les pays où la
ipaladie existe, et sur les foires et marchés des environs ,
FBSIPNBUHONIB DES BÉTBS BOVINES. 469
on reoconlre presque coniiouellement des cas dé plirb
pneumonie,
> Les cantons de Londinières , Blangy et Aumale » au
contraire , où le pins ordinairement on élève et où il n'en*
Ire presque jamais de bétes étrangères pour alimenter les
troupeaux » ont été jusqu'alors à peu près préservés de la
péripneumonie , et, dans le peud'étables de ces cantons
où elle s'est manifestée , j'ai toujours rémarqué qu'elle y
avait été transmise par des vaches étrangères.
» Beaucoup d'berbagers, qui ont essuyé de grandes
pertes par la péripneumonie, font venir des vache| de la
Basse-Normaniie , pays d'élèves » où il n'entre aucunes
vaches étrangères , et qui , jusqu'alors , a été préservée
de la maladie.
» D'autres , qui se livrent à l'engraissement , tirent
des bœufs de l'Auvergne , qui est aussi vierge de la péri-
pneumonie. Depuis ces changements , aucun n'a vu repa-
yai trel'aflection.
» La &cuUé de se transmettre par voie de contagion ne
s'étend pas très-loin, comme dans d'autres épixoolies ; ce-
pendant il arrive fréquemment que, lorsque la maladie
existe sur des bétes à l'herbage , les troupeaux voisins
6*en trouvent atteints.
D Contagion pendant la convalescence: — La contagion ne
s'exerce pas seulement pendant que la maladie parcourt
toutes ses périodes ; elle se fait missi remarquer par des
bètes qui ont été malades , qu'on croit guéries , qui ne
sont que convalescentes , et qui ont conservé dans le pou-
mon quelques traces d'hépalisalion propres à transmettre
la maladie. C'est ainsi que le beau troupeau de vaches
flamandes de M. Desjobert , député de cet arrondissement ,
470 SBAMCBS GÊNBRALBS Jk NBVPCHATBL.
a été décimé, en partie, par deux bètes arhetées qui avaient
éprouvé la maladie.
• Ces vachea , qu*on pensait être en bonne santé , ont
été mises , à leur arrivée dans Tétable , avec les autres
vaches laitières. Quelques jours après , visitant le troupeau,
comme j'en avais l'habitude , je présumai y à hi maigreur
de ces animaux , à la reapiration qui n'était pas ordinaire
et à la salivation ^qtinuelle de Tun d'eux , qu'ils pouvaient
être indisposés , sans présumer le genre de maladie. Ib
ftireot aussitôt placés dans l'infirmerie ; au bout de quioze^
jours , les trouvant en bonne santé » ils furent remis avec
les autres , excepté celui qui bavait toujours. Quarante à
cinquante jours après , la maladie éclata ; les vaches qui
avaient communiqué directement avec ces deux nouvelles
furent les premières aflTectées*
» Qmtagian par Im débris cadav&i^e$. — Les bêtes aU
teintes de péripneumonie ne la transmettent pas seulement
pendant leur existence; leurs débris cadavériques jouissent
encore de cette propriété. H m'est arrivé deux fois d'exa-
miner des vaches qui avaient contracté la maladie après
avoir flairé des débris cadavériques d'animaux qui avaient
succombé à cette affection , et qui avaient été laissés sur
le sol 9 sans les enfouir.
TVaitement de la pérî|iQ6U]iKinie.
» Il consiste en moyens curatife et préservatifs.
» Moyem curaiifi. -^ Ce n'est qu'en prenant l'affection
à son début qu'on peut obtenir quelques succès. Malheu*
reusement , les vétérinaires ne sont appelés que rarement,
dans le principe » pour donner leurs soins aux animaux
PCilPMBUMONIB DBS BÂTBS BOVIIfBS. 471
qui en sont «ttoints* Ce n'est qu*après les avoir traités
eux-mêmes , les avoir confiés à des empiriques , dont lé
plus souvent les prescriptions très-eompliqoées , très-oné-
reoses , dans la plupart des cas contre-indiqués , n'ont
eu pour résultat que d'exaspérer les symptômes de la
maladie ^ que les herbagers se décident à avoir recours à
un vétérinaire. A ce moment « plusieurs vaches ont été
victimes ; celles qui sont aflTeetées le sont à un degré tel
qu'il n'y a plus espoir de guérison.
» AuftsilOtque la maladie se déclare dans un troupeau ,
on doit s'empresser d'isoler les animaux atteints. Le trai«
tement est très-rimple ; il consiste en une diète absolue ,
saignées copieuses , réitérées plusieurs fois , suivant l'état
du malade et la mardbe que prend l'affection ; breuvages
tempérants et émétisés. Comme je l'ai dit pins haut , ce
n'est qu'à l'invasion qu'on peut espérer triompher ; mais
si rhépatisalion a lieu , si la maladie passe à l'état chro*
nique, quels que soient les moyens employés , il est dif-'
ficile de réussir. Il est alors préférable de sacrifier les'
animaux que de les traiter.
» Moyens préunmtifê.^Lotêque la maladie existe dans
un troupeau , les bétes qui sont encore en santé nécessitent
autant d'attention que celles qui sont affectées.
» Elles doivent être examinées et auscultées journelle-
ment ; rentrées la nuit dans les étables , si elles sont à
rberbe , la nourriture , en général , doit être diminuée ;
on pratiquera de légères saignées, qu'on répétera , suivant
l'indication ; enfin , on mettra les animaux dans des con-
ditions opposées à cdles qui ont déterminé la maladie.
> Mais il est d'autres moyens à employer pour prévenir
l'extension et les ravages de l'épizootie : ce sont des me-
472 SKANCBS GBNBBALES JL NBUFCHATEL.
(ures de police sanitaires , qni sont du ressort de raatorUë
administrative, et qui consistent à empêcher la vente d'à.
nimaux qui ont été en eommunioation avec d'autres en
proie à l'affection , et à exiger un cerlifioat de santé pour
chaque animal de Tespèce bovine , exposé en vente sur
les foires et marchés , qu'il soit ou non soupçonné atteint
de l'épizioolie. De cette manière , on parviendrait , sinon
à détruire totalement , du moins à empêcher la propaga-
tion de cette redoutable maladie , et le commerce de bes-
tiaux , sur les marchés, se ferait avec pliis de sécurité.
» Telles sont. Messieurs, les observations sur la péri,
pneumonie , que j'ai l'honneur de vous soumettre, .
Une discussion s*engage à la suite du Rapport lu par
M. Yillain.
M. de Moy demande si , aux causes de îa péripneumonie
signalées par M. ViUain . il ne fatit pas ajouter l'eau des
mares infectées et malpropres. M. Villain déclare que
cela peut causer des maladies antres que la péripneumonie,
mais non cette malatlie même.
M. de Moy demande encore si les bestiaux de la Basse-
Normandie, qui sont constamment au grand air et qui ne
rentrent pas même en hiver , sont affectés par la péri-
pneumonie. M. Lebarillier répond que celte maladie est
inconnue dans la Basse-Normandie , quoique les bestiaux
soient soumis au double régime ; c'est-à-dire que , dans
certains arrondissements , ils sont constamment au grand
air , et , dans d'autres , soumis à la transition du cbaud
au froid : d'où il résulte qu'on ne doit pas Tattribuer aux
changements de température.
M, Guiant , de Bellozane, et M. Mabire expriment Topi*
PÊftIPlIEVUONIB DKS BÂTES B0V1IIB9. 473
pk>n que la maladie ne peut venir d'aueane canse locale.
Us disent qu'elle a toujours été apportée par des vaches
venant des faubourgs de Paris , où elles reçoivent une
nourriture trop abondante , afin de leur faire produire
une plus grande quantité de lait. — M. Lucas, de Long-
mesnil , appuie cette opinion.
M. Hubert-Joly insiste sur Tune des causes citées par
M. Villain « c'est*à*dire la mauvaise tenue des étables ,
comme pouvant amener la péripneumonie. Cette opinion
est combattue par M. Lucas , qui affirme qu'il ne peut y
avoir de causes locales , puisque cette maladie n'était
pas connue il y a quinze années , et que les étables étaient
aussi mal tenues.
M. Yillain soutient l'opinion que les causes locales
peuvent influer sur Ip développement spontané de la ma*
ladie. M. Houdelière appuie son opinion sur des exemples
étrangers.
M. le président engage la première section à formuler
à ce sujet une. proposition pour la procliaioe réunion , et
déclare la séance levée, h 5 heures*
SÉANCE DU 25 JUILLET.
Pbbsidehge de m. DËN0Y£LL£ , màike de neufchatel.
Les secrétaires donnent lecture des procès- verbaux des
séances particulières des trois sections.
M. Girardin rend compte de lettres qu'il a reçues , tant
de M. Feret , de Dieppe , qu'un accident empêche de se
lendre à la réunion , que de M. le docteur Cisseville , de
Forges , qui s'excuse de n'avoir pu venir à la première
^nce.
474 SSA^ICBS GBNBRALKS A NBUFCHATBL.
M. l'inspecteur divisionnaire indique ensuite tfue deux
Rapports ont été présentés : l'un , par MM. les délégués
de Pont-rEvôque , $ur le$ drmiê ffréUvét ntrU cidre ; Tautre,
par M. de Loverdo , procureur du Roi , mr la UaHêiiqva
crimneUe d$ Varr<mdiuetiunf.
M. Lelong , de Rouvraj-Catillon , est appelé à la tribooe
pour donner connaissance du Mémoire suivant , dont la
lecture a été autorisée par le Conseil administratif.
Kapport de M. Lelong $ur Vengraiuement dee bœufs et des
vaches dans C arrondissement de Neufchdlel.
L'engraissement des bœufs et des vaches est tm deâ
principaux produits de notre arrondissement , et spéciale-
ment pour toute la vallée appelée le pays de Bray : aussi
doit-il appeler l'attention de rAssooiaiion normande; c'est
le but de noire Rapport , et nous nous eSbrcerons d'en
fiiire ressortir l'importance.
Les bœufe et les vaches que Ton engraisse dans les
herbages se prennent préfërablement de l'âge de quatre à
sept ans ; les vaches sont prises , tant dans rarrondi8se>
ment que dans les départements voisins, chez les cultiva-
teurs qui en tirent le lait, et les revendent lorsqu'elles ne
sont plus propres à ce service.
Les bœufs viennent de la Basse-Normandie , du Maine
et de la Bretagne ; nous accorderons la préférence à l'es-
pèce Cotentine. Ceux, du Maine sont aussi fort aptes à
rengraissement dans nos localités ; ceuiL de la Bretagne
sont moins convenables.
Les essais qu'on a fisdts sur ceux de la Savoie n'ont JMS
réussie
BlfGRilSSEMCNT DUS DOEtFS ET DBS VACHES. 475
I)*âutre5 essais se font en ce moment chez H, Giiiunt ,
à Bellozâne , poor l'engraissement de la vache hollandaise:
c'est le premier essai qui soit à notre connaissance , et
tionp ne pouvons encore en juger.
Jusqu'à présent, on i/d fait que parler de l'espèce anglaise
comme élant plus propre à l'engraissement. H n'est point
à noire connaissance que quelqu'un de notre arrondisse*
ment en ait tait l'essai.
Pour les vadies, on préfère aussi généralement l'espèce
normande.
Dans toutes les espèces, et même dans l'espèce nor-
mande 9 il se trouve cependant des animaux que l'on a
beaucoup de peine & engraisser ^ et qui quelquefois mémo
n'engraissent pas. Par une grande habitude de l'examen
extérieur de l'animal , le bouvier a remarqué que ce!ui
qui a l'œil plutôt vif que morne , la corne blanche et fine,
le poil long et épais , est préférable pour l'engraissement ;
s'il a le poil luisant ou dégarni , l'animal est sensible aux
piqûres des mouches et au mauvais temps.
Il est d'une grande importance pour le poids et la qua-
lité de la viande que le bœuf ou la vache ait l'âge de 4 à
7 ans , la tête large et courte , la gorge pleine sans avoir,
de fanons, les épaules et la poitrine larges, le nerf du
paleron gros et bien tendu , la côte large et bien arrondie ,
le rein droit , les hanches ouvertes et les jambes grosses.
' i«s bœu& et les vaches n'acquièrent souvent de poids
qu'en raison de ce qu'ils possèdent ces qualités, à un degré
phis ou moins élevé.
Le bœuf Cotentin peut être mis dans les herbages dès le
moi^ de -décembre , en ayant soin de lui donner du foin.
Pendant l'hiver , il passe les nuits dehors et supporte
476 SEANCBS GKNÉBALBS A NBUFCHATBL.
bien les froids el les pluies : ce mode d'eng^issement con-
tribue même à sa supériorité sur les autres espèces. Mis
à Therbeau printemps, il n'acquiert pas la même qualité.
Nous croyons même que celui qui vient du Maine peut
rivaliser avec lui, parce qu'il sera plus tôt gras; mais il ne
supportera pas aussi bien les mauvais temps de Tantomne.
Très-peu de vaches passent Tbiver dans les herbages ;
elles 7 sont ordinairement mises, une partie vers la fin de
mars » une autre partie dans le courant d'avril , et la der-
nière partie au commencement de mai.
Autrefois les bestiaux n'étaient mis à l'herbage que
lorsque l'herbe était montée en graine , c'est-à-dire plus
tard qu'on ne les met aujourd'hui. L'expérience a fait voir
que les bestiaux, mis plus tôt, conservent l'herbe courte et
tendre , et produisent une viande d'une qualité plus belle,
par cela qu'ils prennent plus de poids , ce qui est attribué
à la végétation régulière du terrain , également rongé
dans chaque endroit de Thei-bage.
Nous croyons que cette ancienne qiéthode a été une
des principales causes de ce que les premiers essais sur
l'engraissement des bœufs n^ont pas réussi , tandis qu'au-
jourd'hui cet engraissement se pratique avec succès.
Les bœufs étant généralement plus gros que les vaches,
puisque nous les considérons d'un poids moyen de 350
kilog. , et que les vaches en moyenne ne pèsent que 250
kilog. , sont mis à l'herbage dans la proportion de 2 à
l'hectare , et les vaches 2/5 en plus. A poids égaux , nous
n'en faisons aucune différence sous tous les rapports, môme
pour le bénéGce.
Une des précautions à prendre pour bien engraisser la
vache, est que son lait soit tari avant de la mettre ea
KNGRAiSSBIlENt DES BOEUFS ET DES YAi^ABS. 47t
pleine herbe. Il est bon qu'elle seit vélëe depuis looç«
temps ; elle est plus robuste , et plus elle est robuste ,
mieux elle engraisse.
La vache devient en chaleur plusieurs fois lorsqu^on ne
la fait pas saillir. Il fiiut le faire , mais en temps convc^
nable , afin qu'au moment où elle sera livrée à la bouche-
rie , elle soit pleine de 8 à 4 mois ; car si elle était pleine
de plus de 3 à 4 mois , elle serait préjudiciable au boucher,
et par conséquent vendue à vil prix. On concevra donc
qu'elles ne peuvent être saillies toutes à la même époque ,
et qu'il faut que le bouvier prévoie le temps nécessaire à
h vache pour engraisser , avant de la faire saillir.
Certaines vaches retiennent rarement la saillie ; elles de*
mandent souvent le taureau , et elles poursuivent conti-
nuellement les autres. Ces vaches , connues sous le nom
de robinières ou taureliëres , sont surtout à éviter dans
an troupeau ; car non-seulement elles n'engraissent pas ^
mais elles contrarient beaucoup l'engraissement des autres
vaches.
L'œil trop effronté , le nerf de la quene détendu et la
qnene décharnée , sont un indice de ces vices.
Malgré tous les soins du bouvier , il arrive quelquefois
que, dans un troupeau , quelques vaches ne sont pas plei-
nes , même sans être taurelières. Ces vaches n'en-
graissent pas aussi bien , et le boucher leur préfère pour
la viande et le suif cellea qui sont pleines.
Le boeuf n'a pas ces désagréments , mais aussi il est
presque impossible de le parquer; et, pour la bonne tenue
des herbages , nous croyons le parcage essentiel. En effBt,
dans un terrain accidenté , certains endroits sont plus
et souvent moins poussants les uns que les autres ;
<78 SBAXCSS GÊNERALKS A NEtrCllATEt.
par le parcage on rend Therbe plus régalière , et alor^
les bestiaux mangent partout : sans cette prëcantiott « ib
préfèrent manger dans certains endroits qu'ils déooovreot
totalement, et perdent l'herbe dans d'autres places moins
friandes et qu'ils ne se décident à naager que lorsqu'ils
n'en trouvent pas suflBsamment ailleurs. Si on ne leur assi-
gnait, par le parc, diverses places ^pour coueher , iljs en
adopteraient où ils coucheraient plus ou moins iong^Mips
qu'il ne laut. Noos le répétons , la bonne tenue des her-
bages contribue beaucoup à l'engraisseiDent.
Les herbages frais doivent être sillonnés de rigoles » ooe
humidité trop grande étant contraire aux animaux que
Ton veut engraisser. Les excroissances, tels que chardons,
orties » patiences , bardanes , oseille sauvage , etc. , qui
empiètent sur l'herbe , doivent être arrachées, afin de ne
pas dégoûter les bestiaux , ce qui , du reste , se bit par-
fout par mesure de propreté et à cause du tort que ces
plantes feraient au gazon, en ne les arrachant pas ; daus
disons en ne les arrachant pas, car, dans certaines localités,
pn les coupe avec la faulz. L'expérience nous a montré
l'inconvénient de cette méthode ; car , pour détruire Itt
cbardonsavec la faulx. il iSsint qu'ils soient montés et même
qu'ils aient atteint la floraison, ce qui , jusqu'à ce moment,
empiète sur l'herbe et conserve les herbages dans un état
de malpropreté très-désagréable.
Les bestiaux se vendent A mesure qu'ils engraissent ; lef
plus âgés doivent partir , au p?us tard , au mois d'octobre;
car beaucoup ne supporteraient pas les pluies et les froid».
Les bœufe du Goteotin et les jeunes vaches sappoHen|
mieux ces intempéries , et les connaissances du boovier lui
permettent d'en choisir quelques-uns parmi ces anioM^ ;
' I En total : 4400 bestiaux
KNGKAISSEMBirr DB6 BOEUFS ET DES VACHES. 479
et qu'il laisse , en mojeoBe , jusqu'au 25 décembre dans
les herbages.
Maintenant , jetons les yeux sur les progrès de Ten*
graissement.
Une statistique , d'après laqudle M. le sous-préfet nous
a bit rhonoeur de nous donner des renseignements , indi-
qnait qu'il y a trente ans, on engraissait dans rarrondisse*
ment de Neofcbâtel :
400 bœub
4000 vaches;
et de 1840 è 1844 y par chaque année :
500 bœuls , \
7410 vaches- i ^^*^ bestiaux , anuroximativement.
Nous ferons remarquer que les animaux compris sous
h dénomination de bœufs , et engraissés, il y a trente ans,
au nombre de 400 , ne devaient être que des bœufs taurdireSy
e'est-ili-dire des taureaux qui , n'étant plus aptes au service
chez les cultivateurs , subissaient la castration , et qui ,
nourris dans les herbages , étaient livrés à la boucherie.
Ce n'étaient pas des bœufs comme ceux d'aujourd'hui,
qui , importés des pays que nous avons désignés plus haut,
ont subi la castration dès leur jeunesse ou quelques mois
après leur naissance , et ont été dressés au travail , qu'ils
quittent pour être engraissés.
Nous pensons que le chiffre de 500 bœufs , porté à la
statistique de la sous-préfecture pour 1840 à 1844, peut
être porté à 1 ,000 aujourd'hui , sans exagération ; car i|
a encore augmenté depuis que M. le sous-préfet s'est pro-
curé les renseignements : c'est , du moins , un &it avéré.
Nous aurons donc 8,41 0 bestiaux engraissés aujourd'hui,
au lieu de 4,400 engraissés il y a trente ànsj le nombre
4S0 SÊANCBS GëNÉAALBS ▲ NEt'FGBATBL.
en est donc presque doublé. Cet accroîs^nient est âdsèi
frappant , surtout si Ton considère qu'il y a use aagmeiH
talion assez sensible dans le poids de ces anîmaai ; car
nous croyons que la masse des bestiaux que Von engraisse
produit propoi tionoellement plus d^ viande qu'autrefois.
Cependant , malgré cet accroissement , la viaade est tau»
jours cbère , plus chère même qu'à cette époque , pois*
qu'elle coûte aujourd'hui au consommateur , dans notre
arrondissement , 1 fr. le kilog. , et qu'elle ne coûtait alors
que 0)80 c* le kilog. ; elle est même montée dans les villes
où nos bestiaux sont conduits pour la boucherie , c'esl-A*
dire à Amiens , à Boauvais , à Rouen ^ à 1 £r. 20 et à 1 fr.
M le kilog. A Paris , elle se vend encore plus cher ; cela
lient à une augmentation de consommation dans les diverses
classes et aux droits d'entrée. Cette consommation pourrait
donc faire croire que le nombre des bestiaux pour la bou*
chérie ira toujours croissant dans notre arroodissemeot»
Malheureusement rtous ne le croyons pas :1e bourierne
gagne presque rien ; les locations sont montées à un degrtf
trop élevé , et les bestiaux maigres coûtent liop cher pour
qu^on puisse espérer la continuation d'un progrès que tout
le mondé a intérêt de voir s'agrandir. On pourrait croira
que le remède serait l'entrée en France des bestiaux
maigres étrangers ; ce n'est pas là notre opinion. Noik
croyons que l'entrée des bestiaux maigres ne ferait que
faciliter Tentrée des bestiaux gras.
En effet , combien cette entrée présenterait-elle d'ote*
tacles !
Le marchand serait toujours dans Tedibarras de savoir
si tel animal moins maigre qu'un autre serait accepté
comme maigre.
KXGBAISSBMEZrr DES fiOSVFS ET DES VACHES. 48t
Il serait à la merci des agents du Gouveraement , qui
sauraient plus ou moins discerner Tanimal maigre d*avec
celui qui est gras, qui vous diraient que tel animal aooejplé
comme maigre n*irait pas à b boucherie.
Le Gouvernement prendrait des .mesures ; mais on ver^
Fait quelles difiicultës d'exécution elles présenteraient.
Une vache maigre , par exemple , serait reconnue pour
telle, lorsqu'elle donnerait encore un peu de lait.
Quoiqu'ayant du lait , certaines vaches seraient assez
grasses pour la boucherie.
L'entrée des bestiaux maigres étrangers amènerait la
ruine de l'éleveur et de l'engraisseur ; mats elle n'amène-
rait pas la diminution de la viande , car les bestiaux gras-
diminueraient , â l'intérieur du pays , d'un nombre égal à
celai que Ton y ferait entrer.
Les locations des frùfriétMkerbag€$ diminueraient , et ,
sans aucun doute , il y aurait diminution des contributions.
Le seul moyen , selon nous , consiste :
10 Dans les baux de longue durée ; car le cultivateur
ou l'engraisseur qui n'a qu'un court bail , ne peut faire
les frais nécessaires pour améliorer un fonds et le faire
produire , sur une propriété qui est toujours Tobjet des
enchères de tous ^ et qui donne lieu à des prétentions
plus élevées de la part du propriétaire (1) , ce qui ùte
au fermier toute possibilité de rentrer dans ses frais ; le
terrain étant par cela moins soigné et moins engraissé ,
ne permet plus un accroissement dans ses produits ;
2^ Dans l'encouragement au bouvier pour Caire produire
une grande quantité d'herbe dans ses herbages,et à réle-
{1} Au renouveUemcat d'un bail.
31
482 SBANCBS QBIfiRALBS A NBUFCtiATEt.
veur {Muria quantité et la beauté de ses élèves. Agir ainsi,
c'est augmenter le nombre de nos bestiaux , c'est en amé-
liorer l'espèce et en augmenter le poids ; c'est donc la di-
minution du prix de la viande , c'est l'amélioration in
sort de la population en France.
Ce qui nuit encore à la diminution du prix de la viande
dans notre arrondissement , ce sont les maladies épi^oo-
tiques , qui , malheureusement trop souvent , ravagent
nos contrées. Le bouvier achète souvent plus cher qu'une
vache qu'il ne connaît pas , celle qu'il sait être saine, dans
la crainte d'être trompé et d'avoir son troupeau atteint de
cette terrible pérîpneumonie , qui , celte année encore ,
a ravagé bon nombre de troupeaux.
Le Gouvernement ne pourrait-il pas s'occuper des
moyens de réprimer ce fléau terrible , si préjudiciable à
une branche d'une aussi grande importance en Franccî
M. le président donne acte à M. Lelong de la lecture de
son Mémoire , en le félicitant sur le mérite de ce travail.
M. de Moy demande la parole. Il signale , comme le
moyen le plus efficace pour l'industrie de l'engraissement,
la substitution du droit au poids au droit par tête , dans
l'octroi des villes.
M. Lelong se joint au préopinant pour le recours a
avoir à celte dernière mesure.
M. deCaumont fait observer que, dans certaines villes ,
à Lyon notamment , le droit au poids a été calculé dans
un esprit fiscal , et de manière àt augmenter , en réali ,
le prix de la viande.
Après une nouvelle et courte observation de M. de Moy,
M. Duhamel fait ressortir la disette de bestiaux maigres ;
SNGRAISSBIIJBHT DBS BOEUFS ET DES VACHES. 483
3 pose ce fait , que le pays de Bray ne fait que consommer
et n*élëve pas. II demande que la Commission des vœux
émette le désir qu*on élève.
M. Viilain répond qu'on n'élève point , parce qu'on trouve
plus d'avantage et de profit h ne pas le feire , mais aussi
parce qu'il règne des maladies dans le pays ; que , dans
beaucoup de ces localités , on a voulu élever des animaux
qui n'arrivaient pas à l'âge de Tengraissemeot.
M. Aumont , délégué de la Société de Pont-l'Evéque ,
signale l'effet que produirait sur le pays qu'il représente
la substitution du droit au poids au tarif par tête ; que ,
dans ce pays , on n'engraisse que de forts bœuCs ; que ,
seuls, les fonds de première qualité nourrissent les grandes
espèces ; qu'ayant voulu , dans ces sortes de pâturages ,
engraisser des bœufs de moyenne taille, on en avait perdu
jusqu'à 10 , sur 60 à 70 bétes ; qu'on avait été obligé ,
pour se soustraire à cette chance , de revenir à des bœufs
de 1 ,000 A 1 ,200 ; que la force du bétail doit être mise en
rapport avec la force du sol ; qu'enfin la mesure indi-
quée tomberait sur les grosses espèces. Il conclut que la
question n'est pas assez mûrie.
M. de Caumont se lève ; il cède la parole à M. de Moy.
Celui-ci fait observer que les fonds de qualité supérieure
sont en grande minorité ; qu'ils ont en privilège exclusif
l'approvisionnement des grandes villes , dont les bouchers
n'achètent point de bestiaux provenant du petit fonds , et
ne vont point JEaiire leurs choix dans les pays de produc-
tion ; qu'ainsi une moyenne , dans ces contrées , de 35 à
40 c. les 500 hectogrammes , s'élève à 70 ou 75 dans les
grands marchés ; qu'ainsi la viande est chère dans les
grandes villes , parce que leurs bouchers ne s'approvi-
484 SEANCfiS GBKBBALES A NBCfCnATBL.
sionoent que dans les pays exceptionnels ; qu'il faut éviter
un résultat tendant à amener Tavilissement du prix de la
denrée , et qu'il importe de donner A la consommation
française la facilité de s'approvisionner dans les fonds mé-
diocres ou mauvais.
M. Leioog demande protection et encouragement pour
les propriétaires de fonds mauvais , aGn qu'ils puissent
vendre leurs produits aussi bien que ceux des bons fonds.
M. la président fait un appel au sentiment d'équité gé-
nérale qui doit régner dans l'établbsement du tarif au
poids.
M. Dujardin reconnaît que , dans la demande d'un chan-
gement de régime , on avait pour but de diminuer un
privilège et d'amener un avantage tout social ; que l'usage,
suivi dans nombre de villes,avait pour effet d'interdire l'en-
graissement dans certaines parties du pays , etdevaît èUe
modifié de manière à répandre l'engraissement sur presque
toute la France ; qu'en un mot , le résultat dont on se
plaint était le but même de la proposition faite.
M. de Caumont expose que le Conseil supérieur avait
envisagé la question sous le point de vue élevé du per-
fectionnement général , et dans le but de forcer toutes les
contrées à fournir de bonne viande et de répandre le pro-
grès partout.
M. Aumont reconnaît que la question s'est fort agrandie;
il demande qu'elle soit renvoyée à un plus ample examen.
M. I>uhamel fait 3es observations sur la difficulté de
l'élevage.
Une industrie , pour laquelle il était supprimé , celle de
la iabricatioB des beurres dans le pays de Gouriiay , va étrp
BKGRAISSBMftMT DBS BOEUFS BT DEg VACHES. 4 80
dëpossée , sur le noarché de Parts , par les provenances
dlsigny et de la Bretagne. Il demande ce qu'on fera si
les oottditiona natureUes do pays no sont pas favorables
pour l'élevage.
M. le président rappelle à la question , qui est l'engraisse-
oient et le droit au poids.
Cette question est renvoyée à la Commission des vœux.
M, Duhamel se plaint de la manière dont on clôt dans
oe pays ; les clôtures basses , minces et à jour , peuvent
permettre aux animaux malades de communiquer la con«
lâgion A ceux du fonds voisin. L'introduction de haies ,
comme en Basse-Normandie , composées de plants propres
A la futaie etrépandusau milieu de rangs d'épines donnant,
tous les six ans , une coupe de taillis , réunirait les avan-
tages d'assainir le pays , de le reboiser et d'empêcher la
contagion.
Après une courte observation de M. de Moy , M. Du-
lunnel reprend la question. Il parle de bestiaux enlevés,en
trois ou quatre jours , dans une pâture que l'établissement
d'une route nouvelle avait fait déclore. Les bestiaux ^ ha-
bitués , dans les ardeurs du Jour et le temps des mouches ,
à s'abriter le long des haies , avaient été frappés de coups
de soleil. Il insiste pour l'adoption de l'usage des haies ,
qiB , en empêchant les bestiaux de se communiquer et de
se flairer , seraient salutaires pour protéger l'élevage et
considérées comme une richesse du sol.
M. Lemétayer demande si ce sont de mauvaises méthodes
en usage qui empêchent réellement d'élever des bestiaux
dans l'arrondissement ; il voudrait que M. Yillain s'expli-
quât sur oe point.
|;^M* Yillain renouvelle son opinion sur les doubles causes
486 SÉANCES GÉMÉBALBS A ]f£I7FCBATfiI..
qui , spécialemenl dans les caotons de Forges et de Goiû-
nay « s'opposent à Télevage.
M. Legras applique plus particulièrement la question
au canton de Neufchâtel , et méconnaît qu'il y règne une
mortalité réelle.
M. Delaplace partage cette opinion ; il voit , dans la
dimension peu étendue de propriétés bien employées , un
motif pour ne pas introduire l'usage des fossés et des haies.
M. Hubert* Joly examine pourquoi on n'élève pas de
bestiaux dans le canton de Forges ; c'est une affaire de
calcul et d'intérêt ; c'est parce qu'on y tire plus de parti
du lait que de l'élève.
M. de Moy demande que M. Lelong veuille bien s'ex-:
pliquer sur ce point.
* M. Lelong reconnaît , comme M. Yillain, que , dans les
contrées de Forges et de Gournay y l'élevage est ooatrarië,
parce qu'on a reconnu y perdre beaucoup déjeune bétail.
Les loyers sont cbers , et ceux qui les paient doivent aHer
à ce qui rapporte le plus.
M. Du Lesmont signale le danger qui menace ce même
pays d'ici à deux ans , l'impossibilité qu'il y aura dese
tenir exclusivement au même système d^exploitation, dont
la continuation exposerait à manquer de placement poar
un tiers des denrées. II demande qu'on examine sérieuse-
ment si on ne peut remplir ce vide par des élèves.
H. le président ramène à la question ; elle offre un poîat
sur lequel on aura à aviser plus tard. Dans l'état actuel ,
il s'agit de savoir si on exprimera un vote sur l'élevage.
M. Duhamel demande qu'on renvoie à la Commission
des vœux , à Teffet de formuler simultanément tout ce
que requiert la situation qui a été signalée ; ilCaïut se pré-
SNOAISfilMBirr BBS BOBUFS BT DBS TACHBS. 487
parer doucement au roTirenient qa'amènera l'établissement
des chemins de fer.
M. Girardin fiiit observer , relativement au renvoi pro<
posé à la Commission des voeux , que cette Commission
ne s'occupe que des questions amenées à un point d'exa-
men et de solution qui permette d'en faire le sujet d'un
Yœu à adresser au Gouvernement.
M. le président propose d'adresser aux cultivateurs un
avertissement d'aviser si , en favorisant l'élevage , ils ne
ae prépareraient pas au revirement signalé.
Cet avertissement est adopté.
M. de Beaurepalre , secondé par M. Duhamel , voudrait
que M. Lelong consentit à ajouter à son Mémoire quelques
développements sur le parcage usité dans ce pays et qu'il
par^trait utile de propager dans le reste de la province ,
sur le mode et les résultats de cette pratique , sur la con*
fection, l'agencement et le travail de placement et de dé*
placement des claies.
Sur Finvilation qu'ajoute M. le président , M. Lelong
vent bien compléter son travail dans ce sens.
La parole est alors donnée à M. Normand , maire de
Bradiancourt , pour la lecture du Mémoire suivant :
Bufpari de M. Nommàhd $ur l'édueatim âe$ moutons dam
l'arrondisêemint dû Neufchdtet.
Le Comice de l'arrondissement a manifesté le désir
qu'il soit mis sous les yeux de l'Association normande un
exposé de la méthode et des usages appliqués , dans cet
arrondissement , àFéducatiob de l'espèce ovine.
Chargé de cette tâcbe , rendue diflScile par I9 privation
488 SBAlfCBS GBZfSBALBS A NBliVCHilTEL.
d'une partie des élëmeots néeesntres , nous avons pensé
qu'il était convenable de nous restreindre dans un eerde
peu étendu.
Avant de traiter la matière , nous exposerons la sitiia-
tion topograpbique du sol de ranrondissement , composé
des vallées de Bray , d'Aulnes , de la Bresle , de l'Yèrea ,
et d'une partie de l'Andelle. Le mode d'exploitation n'é-
tant point le même que eelui usité sur les plateaux , il en
résulte une diflërence dans les moyens de nourriture.
Afin de mettre l'Association à même d'apprécier cette
diflërence , nous avons divisé l'arrondissement en deux
parties , en prenant pour ligne de séparation la grande
route n® 15 de Paris à Dieppe , traversant Gournay et
Forges.
Le territoire situé entre cette route et les limites des
départements de la Somme et de l'Oiae , est composé des
vallées de Bray, d'Aulnes, de la Bresle, d'Hyères, séparées
par des plateaux qui ont peu d'étendue.
La partie de l'ouest , limitéf. parlçis arrondissements de
Rouen et de Dieppe , est composée , en migeure partie ,
de terres en plateaux . L'espèce ovine y est entretenue sur
une plu9 grande échelle.
Nous prendrons pour point de départ les premières
années du XIX' siècle , époque à laquelle l'agricidture a
commencé à porter ses soins sur le perfectionnement de la
race ovine.
Partie nord-est de rarroiidissemeDt.
Dans les vallées du c6té nord-est de l'arrondissement »
les troupeaux étaient composés de la race dite Picarde , et»
ÊDIHIATION DBS MOUTO!l9« 489
en grande partie , de moutoos mâles. Leur laine estgros^
et longue , et pousse par épis. Chaque béte en donne de
1 kil. 7 hect. à 2 kil.
Le prix était de 3 fr. le kil. : cette espèce est la plus
convenable à la localité. La force de tempérament et U
privation de laine a^x pattes leur font mieux supporter
la rigueur du mauvais temps et les inconvénients des
mauvais chemins, en hiver.
Achetés 20 fr. dans les mois de juillet et août , à Fàge
de 3 à 4 ans , ils étaient nourris au pâturage des jachères
jusqu'à la dépouille des récolles , et ensuite ils parcou?
ralenties champs jusqu'au 15 ou 20 décembre, époque
où on les rentrait à la bergerie ; ils y restaient jusqu'à la
fin du mois de mars. Pendant ces trois mois, ils pâturaient
les herbages et prairies , à l'exception des jours où la
terre était couverte de neige, circonstance qui se présente
plus rarement dans les vallées. Lorsqu'ils pâturaient , on
leur donnait chaque jour , à la bergerie , 7 kil. de ronds
grains ou fourrages pour 20 bétes;soit 3 hect. 50 grammes
par tête , non compris la paille , et 14 kil. , ou le double ,
lorsqu'ils restaient à la bergerie. A partir du mois d'avril
de l'année suivante, on les faisait parquer et pâturer
jusqu'au moment de la vente , qui avait lieu en jifin ,
juillet et août. Cette vente, pour chaque animal pesant
25 kil. de viande et donnant 5 kil. de suif , était de 2$ fr.
Les cultivateurs des plateaux usaient d'une autre mé-
thode. Beaucoup de troupeaux y étaient en communauté
on en société; ils se composaient de bétes de tout âge , des
deux sexes et de toute origine. Les béliers et les brebis
y étaient péle-mèle , et souvent d'un mauvais choix. Il en
résultait des productions vicieuses. La monte n'ayant pas
490 SiAlfCBS CBmbtALBg A IVBUFCHATBL.
ë'époqne fixe , les agneaux naissaient depuis le mois de
décembre jusqu'au mois de juillet. Les derniers nés n'a-
Taient ni assez d'âge , ni assez de force , pour résister aax
intempéries de l'automne et de Thiver , qni les surpre-r
Baient avant qne leur tempérament ne fbt formé. Les pro^
priétaîres faisaient peu de sacrifices pour les nourrir en
biTer à la bergerio ; ils ne leur donnaient ordinairement
que de la paille sans grains. En été , les jachères étaient
seules affectées à leur nourriture ; les propriétaires n'y
ajoutaient pas de verdure. Aussi les produits de la laine
et de la vente des animaux étaient extrêmement faibles.
Vers 1805 , les cultivateurs des vallées ont commencé
à entrer dans une meilleure voie ; nous en attribuons la
cause à l'babitnde prise de diriger vers le marché de Poissy
un assez bon nombre de moutons gras. Les propriétaires
des troupeaux, y trouvant de l'avantage , ont perfectionné
leur manière de nourrir à la bergerie , sans cependant
faire de dépenses autres que de porter la ration, pour vingt
bétes , à 18kii. de ronds grains ou fourrages, outre la
paille , ou par tête 9 hect. , et , pendant le temps du par-
cage , de leur donner un peu de trèfle à la crèche , afin de
suppléer à rînsudîsance du pâturage des jachères.
Les cnltivateurs des plateaux qui ne vendaient , dans
leurs troupeaux mal composés , que les moutons de ré-
forme y ont moins profité de Pavantage offert aux nour-
risseurs de moutons gras. Leur insouciance les a privés du
bénéfice qu'ils auraient pu obtenir d^une administration
mieux entendue.
Vers iSIO, dans les vallées , le progrès a été plus sen-
sible. Le marché de Poissy favorisant la vente des moutons
^as , il s'en est suivi un débouché pour les moutons de
EDUCATION DBS MOOTONS. 491
remplacemeot y et on a augmenté les troupeaux d*ua
sixîème.Plusieurs culiiTateurs faisaient même deux levées,
en achetant au mois de décembre , nourrissant à la ber-
gerie avec 21 kil. de ronds grains ou fourrag^^s, chaque
jour, pour 20 b^les, ou un kil. 50 grammes par tète en sus
du pâturage d*hiyer » faisant parquer au commencement
d'avril et donnant à la crèche du trèfle coupé ; ehaque bête
avait pour sa saiçon un are 25 centiares de verdure , rer
présentant 79 kil.
La tonle^opérée au commencement de juin,donnait une
dépouille du poids d*un kil. 8 à 9 hect. Ces mouton»
étaient vendus en juill^l. Pour la seconde levée , les mou-
tons achetés aussitôt après la vente des premiers , étaient
nourris au pâturage jusqu'au mois de décembre, et vendus
pour la boucherie avec peu de gain. Aussi ce mode a été
bientôt abandonné.
Il y a eu ipoiqs de progrès , à cette époque , sur les
plateaux.
Empressons-nous cependant de rendre justice à un
certain nombre de propriétaires de troupeaux de cette
contrée , qui ne sont point restés en arrière. En somme ,
la faveur qu'a éprouvée cette branche de commerce , a
lait augmenter le nombre de moutons d'un sixième , de
1810 à 1815.
En 1825, les perfectionnements introduits dans la cul-
turB ayant diminué l'étendue des jachères et, par suite,
celle des pâturages d'été , il à fisillu y suppléer par des
verdures que l'on peut évaluer à 2 ares par tète de bétail.
A la m^me époque , l'espèce bovine a pris dans les
vallées du développement , et , en raison de FinsuSisance
des fourrages , elle a arrêté celui de l'espèce ovine.
493 SKANCBS CÈIfBEALES A REUFCBATEL.
Les plateaux ont , au contraire , suiiri la marche pro-
gresMYe des choses et des idées. Bon nombre de cuUiva-
teurs ont renoncé au système de communauté , et ont
ibrmé des troupeaux particuliers du même âge et du
même sexe. Us ont essayé des croisements avec des béliers
arlisiens et mérinos , ou au moins métis. Ces derniers sont
ceux qui ont le mieux réussi. Cette méthode ayant été
mal dirigée dans quelques circonstances , il en est résulté
une dégénérescence. Cependant les époques des montes
ont été observées avec plus d'exactitude , et la nourriture
a été plus abondante.
De 1825 à 1840 , il y a eu un mouvement rétrograde
dans les vallées. La grande étendue de terrain souslraîle
à la culture arable et convertie en herbages , a arrêté le
progrès qu'avait (ait jusqu'alors la race ovine. Des cultiva*
leurs se sont vus obligés de réduire et même de supprimer
leurs troupeaux , £iute de pâturages et de nourritures
sèches. Ceux qui ont pu persister ont été dans la nécessité
de donner y par tête, pendant la durée du pAturage d'été ,
au moins â ares 50 centiares de verdure , produisant G3
kiL par are.
Mais bientôt le retour trop fréquent du trèfle et de la
minette sur les mêmes terrres altérant la végétation de
ces plantes et diminuant la quantité ainsi que la qualité
de leurs produits , l'étendue consacrée A la nourriture des
troupeaux est devenue insuffisante , et , par suite , l'enr
graissement a été rendu plus lent et moins avantageux.
Les parlions du système anglais , ne consultant peut-
être pas assez les difiërences qui existent dans les frcultc^
du sol des deux pays , dans les ressources pécuniaires des
exploitants , dans la quantité d'engrais et dans la possi*
ÉDUCATION DES MorroNS. 49S
bîlilé de sacrifices plus ou moins considérables , ont blâmé
les agriculteurs de nos contrées ; ils ont pensé que , mieux
avisés , les propriétaires de montons auraient dû chercher,
dans la culture des racines fourragères , un remède à Té-
puisement de la terre , causé par la trop rapide succession
des plantes bisannuelles. Ils citent les avantages obtenus ,
en Angleterre , de la culture de la betterave , et surtout
des diverses variétés du navet et de leur application à la
nourriture des bestiaux , et ils déplorent la situation de
notre pays, qui , selon eux, se trouve en présence d'un sol
ëpuisé, se refusant à certaines cultures dont on a fait abus.
Reprenons Thistorique de l'éducation des moutons dans
Farrondissement.
Partie onest.
Vers 1800 , la race ovine n'était pas très-répandue dans
la partie ouest de l'arrondissement; elle jetait, au con«
traire , médiocrement cultivée. L'usage de la communauté
y était presque général ; car il fallait exploiter une ferme
d'une contenance d'au moins 50 hectares , pour avoir seul ]
un troupeau composé de 80 à 100 moutons.
L'espèce connue sous le nom de race cauchoise était
celle dominante. Ces animaux , dont la tète est rouge , la
laine courte, frisée et peu tassée, avaient un grand rapport
avec les moutons caennais. La plus grande partie des
troupeaux était mal dirigée , composée de bétes de diffé-
rents âges et des deux sexes, à quelques exceptions près,
mal nourrie et produisant peu.
Vers 1805, on a essayé d'introduire la race des méri-
nos , au moyen de béliers sortant des bergeries de Ram-
494 SÉANCBS GBirRBALBS A NBCFGHÀTEL.
boiiillet. Cet essai n'a pas eu le succès qu'il devait avoir;
Certains ciiltivaleurs avaient en grande répugnance les
productions de Ces béliers croisés avec des brebis cau-^
cboises. Cependant nous devons rendre hommage  quel«
qucs<uos , qui y ont mis de la persévérance. Ils ont , d'aile
leurs , été amplement dédommagés des critiques dont ils
avaient été l'objet » par les avantages qu'ils ont tirés de
Ifsur heureuse tentative. Une toison , pesants kil., se ven*
dait 8 à 9 fr. le kil. , tandis que les toisons communes ,
d'un poids moindre , n'avaient qu'une valeur de 3 &
3 fr. 50 c. le kih
C*est à M. Jouanne , acquéreur d'une ferme importante
dans la commune de Sainte-Geneviève , que revient lé
mérite de l'introduction de la race mérinos dans la con-
trée. Cet agriculteur , remarquable à plus d'un titre , a
su résister à tous les dégoûts qu'éprouvent en général
les hommes qui apportent des innovations utiles. La vue
de ses beaux troupeaux , la vente aux enchères qu'il fai*
sait d'une partie de ses moutons , finirent par accoutumer
ses voisins à l'introduction du mérinos dans leurs berge-
ries ; il ne manquait à ses efforts , pour augmenter le
bien qu'il a fait dans l'arrondissement , que de &ire des
élèves et de pratiquer des croisements , dont il donnait
: les moyens plutôt qu'il n'en a donné l'exemple. Plus tard»
ces croisements se sont accrus considérablement et ont
contraint les propriétaires de moutons à sortir de leur
erreur ; les béliers étaient achetés de 300 à 800 fr. pièce ^
et les brebis de 50 à 150 fr.
Ces circonstances ont donné l'éveil aux cultivateurs et
les ont portés à régler avec ordre et uniformité leur trou-
peau ; les uns se sont procuré des béliers de pure race y
ÉDCCATIOU DES VOUTONS^ 4i^5
lés aotres des béliers et des brebis métis. Le nombre dé
inoutons, l'augmentation de récolte et la qualité des bines
ont subi une progression sensible.
Soit que Ton voulût engraisser les moutons , soit que
Ton Yonlût nourrir des mères arec leurs agneaux , on
donnait , ft cette époque , depuis le P' décembre jusqu^an
10 ou 15 mai suivant , ât kil. de récoltes fourragères pour
âO bétes ( 1 kii. 50 grammes par tète ) , sans compter la
paille de blé fancbée et 10 litres d*avoîne (50 centilitres
par tête) , et , aux champs , 60 ares de plantes fourragères
( 3 ares par tête ) à pâturer , produisant 3,780 kil. Alors le
pâturage des jachères étaitencore très-nourrissant, à cause
des herbes assez abondantes qui le couvraient.
De 1815 à 1825 , l'émulation a eu un élan remarquable^
Le cultivateur , exploitant 30 hectares de labour y avait
un troupeau composé de 80 bétes au moins. On a com-
mencé à classer les troupeaux avec uniformité d'âge et de
sexe ; c'est de ce temps que date leur bonne organisation.
L'un a eu des mères, dont il a vendu les agneaux six mois
après leur naissance ; l'autre n'a composé son troupeau
que de ces agneaux nés en mars et qu'il achetait en sep«
tembre , pour les revendre , sous le titre û^antenoît , un
an après. Il payait ces agneaux 18 fr. , les faisait pâturer
Jusqu^au 1^ novembre ; et , comme ils sont plus sensibles
au froid et à l'humidité' que les vieux moutons , il les ren<
trait à la bergerie vers cette dernière époque. Là , il leur
donnait , chaque jour , pour 20 bétes , 10 kil. de récoltes
fourragères ( 5 hect. par tète ) , 8 litres d'avoine par tète et
f 0 kil. de paiOe de blé fauchée et battue au muid ( 5 hect.
par tête ). Cette paille , ainsi fauchée et battue , conserve ,
dana le pied de la gerbe , des grains et de l'herbe dont
496 sÉAifCiiS genébàles a kkufchâtbl.
les jeunes moutons sont très-friands. Il est peu de nourri*
tures qui favorisent autant leur accroissement. L'animal
est ainsi nourri jusqu'au 10 de mai , saison où il va par*
quer et pâturer.
L'étendue des jachères diminuant successivement par
Faugmentation des plantes fourragères , on dut élever de
25 à 30 ares , coupés , la quantité de verdures données à
la crèche ; ceux qui préféraient donner des verdures en
pâturage » étaient obligés d'en donner 40 ares , parce que
les moutons , en pénétrant dans la récolte y j causaient
des dégâts inévitables en la piétinant , et ne mangeaient
que les parties les plus tendres.
Ainsi entretenus » ces agneaux antenois produisaient
par tête :
Pour la laine , à raison de i kil . 8 becL ,à 4 f. 7 (.20 c.
Au mois de septembre y ils étaient vendus 23 »
30 20
En déduisant le prix d^achat, qui est de. . 18 •
Il reste 12 20
Toute cette somme ne forme pas le produit
net , car il faut déduire 1/20* du prix d'achat
pour les cas de maladie et de mortalité; d. « » 90
Ce qui laisse. • . • • . 1 i f. 30 c.
Les antenois ayant deux dents , achetés en septembre
23 fr. par un autre cultivateur , passent un an chez leur
nouveau maître ; ils sont rentrés à la bergerie du 15 aa
20 novembre. On commence alors A leur donner, à la
bergerie , au moins pour SK) bétes , 14 kil. de récolta
fourragères ( 7 hect. par tète ] , et 21 kil. de paille de \Àé
BoocATiaii OIS Momrom. 497
AnckéBet iMiUue (1 kil« 50 grammes par tôle). L'animal,
ë(aiit plus tort , supporte plus iacilemeot l'intempérie des
saisons et peut vivre plus long-temps au pâturage ; il en
résulte une économie de nourriture à la bergerie. Allant
au 10 mai parquer , il Ëiut compter , pour 20 bétes , 40
aies de trèfle coupé, ou 50 ares à pâturer (2 ares par tête).
Toodu en juin , l'antenois donne , pour t kilogramme
6 liectogrammes 6f»40c.
Au mois de septembre , il est vendu. . . 28 •
Total 34 f. 40 c.
En déduisant, l"" le prix d'achat 23 f. »
2« La perte, évaluée au 20<-. . . 1 15
■^»i
Ensemble. . . • 24f.l5ci24 15'
n reste net. . . . 10 f. 25 c.
A l'âge de trois ans , le mouton , qui a quatre dents ,
€at acbeté par le nourrisseur , qui l'engraisse ; cette ac* ]
qtiisitioD est faite aux mois d'août et septembre. Il pâ-
ture jusqu'à la rentrée à la bergerie ; il faut lui donner de
kons pâturages , afin qu'il rentre bien poussé en viande »
au mois de novembre. Il est nourri , aussitôt rentré à la
ber^rie , à raison , par 20 bêtes , de 21 kil. d%récoltes
fcomgères chaque Jour ( 1 kil. 50 gramme^ par tête ) ,
14 kil. de paille fauchée ( 7 hect. par tête ) , 10 litres
d'avoine ( 50 centil. par tête ) , et , an printemps , par
80 ares de verdure à la crècbe on à pâturer.
L'animal est vendu 34f. »c.
Sa tonte a produit S kil., donnant. * • • 7 60
Total 41 eo
32
498 SBANCM oAlVteALBfl A HBITFGBATHL.
Report 41 f. 60 c.
L'on doit déduire le prix d'achat 38 f. »
El le 90* de perle , qui est de. . 1 40
Ensemble. . . . 29 f. 40 ci 29 40
Il reste un bénéfice net de. . . . 1 2 f. 20 c.
Quelquefois il arrive qu'à cet âge les moutons sont con-
servés deux années ; ils donnent en suif 10 kil. au lieu
de 6. La viande augmente aussi de poids ; elle ne donne ,
à trois ans , que 25 kil. , le suif et les issues déduits , et ,
à quatre ans , l'on obtient 30 à 32 kil. et plus. Le poids
de la laine est aussi plus considérable , et va jusqu'à 2 kil*
3 et 4 hect. ; mais il faut des nourritures plus abondantes
et plus fines , car le mouton devient plus firiand et plus
difiicile à nourrir à mesure qu'il engraisse. Celle spécula-
.lion est en-debors des usages du pays.
. Si l'on ne considérait que le prix brut de 18 fir. » indiqué
plus baul s comme étant le produit de la \%n\jà des agneaux
de six mois , le cultivateur , qui les élèverait jusqu'à ceC
âge , ferait des bénéfices beaucoup plus considérables que
ceux qui les nourrissent ensuite pendant une année ; mais
tout , dans ce prix , n'est pas bénéfice. Les éleveurs coia*
roencent par acheter des brebis de deux ans , qui leur
coûtent 30 francs ; ils les font saillir, au mois de novembre,
par des i>éliers de troisième et quatrième croisements
mérinos. Ils ont un bélier > du prix de 200 francs , pour
80 brebis, et perdent sur son prix, en trois ans, 160fr. ;
mais il faut tenir compte des trois toisons, s'élevant à 30 f.
-pour 7 kil. 5 hect. , ce qui réduit la perle à 130 francs.
Les brebis donnent leurs agneaux au mob de mars ;
KDVCATIOK DBS MOUTONS. 499
leur nourriture doit être forte et la même que celle du
mouton de quatre dents, ou trois ans, que Ton engraisse.
La perte sur les agneaux est d'un 17"^ -, au lieu du âO* ,
parce que les maladies et la mortalité sont plus fréquentes
chez le jeune sujet.
La brebis , achetée 30 francs , donne 3 agneaux en trois
ans , et , à Texpiralion de ce temps , elle ne vaut plus que
.15 francs ; mais elle a donné trois toisons moins abon-
dantes que celle des moutons , et dont la valeur cependant
couvre la perte éprouvée sur le prix de l'animaK
Le part occasionne la mort des mères, ou des infirmités,
qui doivent laire coter leur perte an dix-huitième par an ;
soit > f. 83 c.
La perte sur les agneaux est , à raison d'un
17% de f 06
La perte sur le bélier , à raison de 43 fr.
33 c. par année , pour 90 agneaux. ... » 54
Ensemble 2 43
A déduire de. ... 18 »
Il reste 15f.57c.
tl faut cependant observer que les brebis qui nourrissent
. • • • »
à la mamelle sont toujours d'un meilleur appétit que les
moutons gras. Par cette raison , les terres qu'elles parcou-
rent sont pâturées de plus près , sont plus faciles A net-
toyer , et la culture s'en trouve mieux.
Dans le cours des dernières années qui ont précédé
1825 , le nombre des tètes de bétail composant les trou-
peaux de l'arrondissement a augmenté d*un tiers.
Depuis 1825 jusqu'à l'époque où nous. sommes, il y a
500 SEANCES «BlfBEALBÉ» A IfBVFGBÂTBL.
eu peu de cbangements daos les usages du |Miys, relativc^-
meut à réducalion des inoutoiis et à riudosCrie qui s'y
rapporte. I^s produite sont les néaies , en subordonnant
toutefois leur appréciation aux prix de vente et d'adiat de
chaque année , qui ont pu varier de 3 à 4 fr. par tête ,
et ao prix des laines j dont leur variation possible est de
SOc. par kil.
I>e 1810 à 1815 , la propagation des croisements a
obtenu un résultat avantageux au pajs. Au troisième eroi*
sèment , les productions présentaient des animaux d'une
belle conibrinaliott et d'une constitution convenable à la
localité ; et des sujete de Tâge de six dents ( 3 ans ) , en-
graissés à G kil. de suif , pesaient 30 kil. de viande et
donnaient 2 kiL de laine , même â kii. 5 bect.
Cette contrée , peu étendue de Tarrondissenieni , â
fourni des élèves présentant assez de qualités poar riva-
liser , parfois , avec ceux obtenus dans les arrondisse*
ments de Rouen et de Dieppe, dans lesquels on obtient les
plus beaux agneaux du département.
En résumé , le produit que les moutons procurent dans
Tarrondissement aux agricuileurs est , par année et par
tête , pour les agneaux , de 15f«57c.
Pour les antenois , de 10 2S
Pour les moutons de 3 ans , de. ... 12 56
La nourriture de l'animal coûte des sommes différentes,
selon Tâge.
En voici le détail :
Agneaux arrioanl antenois. — Plantes fourragères «^ S
bect. à 04 c. le kil. — 160 jours donnent. 3ir.20c*
A reporter Sfr.SOc.
BBUCATIO?! DBS MOITrOm. 501
Bepori. 3fr. 90 e.
Avoine— 40 centilitres à 06 c. le iitre^lOO
Joundonneat . 3 84
Paille battue an muid — Blé infëriear-*- 8
litres* 13 c. . i 04
Senx ares de verdure à pâturer produisent
ISSkil. à 36 millièmes 4 89
12fr.47c.
Antewns prenant quatre dents f2 crni^, — Plantes foiyra-
gères — Par tête 7 hect. & 04 c. le kil. — 160 jours don-
^nt- • • 4fr.48^.
Paille battue au inuîd —112 kil., ou 16 bot-
tes, contenant dans le pied 5 centilitres de blé
inférieur, à 13 c. le litre 1 o4
Avoine — 48 litres à 06 c 2 80
Verdure à pâturer — 2 ares, produisant
122 kil. à 36 millîènaes , donnent 4 39
12fr. 71c.
Moutons de quatre dents (^ ans). — Plantes fourragères—
Par tète , chaque jour 1 kil. 50 g- à Oi c. le kil. — 160
jours donnent 6fr. 72 c.
ÂToine — 50 centilitres è 06 c. le litre. 4 80
Trois ares de verdure, produisant 183 kil., à
36 miUiéBies de eeptimelakil 6 60
18fr. 12 c.
On tie compte que 160 jours d'ëtaUe , parce que la
rentrée se fait gradvAttement, et d'abord, pour un nombre
d'heures beaucoup moindre que dans le milieu de rhiver^
502 8ÉANCU «BNBRALBS A NBUFGHATBL.
nage , ce qui permet de ne donner alors au bétail qu'une
faible quantité de nourriture sèche.
Il faut y ajouter les gages du berger , sa nourriture et
celle de ses chiens.
Le berger gagne âOOfr. »»c»
Il coûte à nourrir 172 35
La nourriture de deux chiens est de. . . 9t 25
463 50
n entre dans les conditions ordinaires du contrat de
louage que le berger ait un certain nombra de tètes de
bétail dans le troupeau. Chéries du pasteur et respectées
par ses chiens , ce ne sont jamais les plus maigres de la
troupe ; mais en ne comptant leur nourriture qu*au taux
indiqué pour les moutons du propriétaire , elles sont de
8 à 10 ; en supposant le nombre 9 , elles dépensent dans
la ferme.
Si les cultivateurs pouvaient bannir cette coutume , oe
qui introduirait un peu d'égalité dans le traitement des
bétes du troupeau , le bénéfice du berger serait remplacé
par une augmentation de salaire équivalente ; cela paraî-
trait incontestablement préférable pour leurs intérêts ,
quand même ils paieraient cher le sacrifice auquel le
pâtre consentirait.
L'on doit dire cependant qu'eti admettant les moutons
du berger dans leurs troupeaux , les cultivateurs y trou-
vent la garantie de soins plus assidus et d'un meilleur
pansement de la part du berger , qui craindrait de voir ses
hôtes atteintes du mal dont il ne préserverait pas celles du
maître.
BDCCÀTION DES MOUTONS. 503
Qaoi qu^il en soit » il fout porter, dans tons les eas, la
dépense du berger an môme chiffre.
Ce qu'il en coûte au cultivateur pour le berger est de
650 fr. n suffit d'un seul gardien pour la garde de 200
bétes; mais , en général , les troupeaux sont moins forts,
et le nombre de moutons qui les composent n'est, dans
l'arrondissement , que de 130 , en moyenne , ce qui met
les frais du berger et les accessoires à 5 fr. par tête.
Les cultivateurs qui élèvent des agneaux sont , en
outre , obligés d'avoir un aide4>erger«
Le prix des nourritures a été calculé suivant la valeur
vénale , et il est sensible pour tout le monde que le culti-
vateur , obligé de consommer les récoltes sur la ferme ,
ne pourrait tirer de la vente de ses pailles et verdures le
prix du commerce II y aurait donc , sous ce rapport, une
déduction d'un tiers h (aire sur les prix indiqués.
D'un autre côté , la possession d'un troupeau assure au
cultivateur des moyens d'écoulement de ses produits ,
dont la vente , en la supposant permise , serait plus ou
moins incertaine , selon les circonstances.
En général, les cultivateurs tiennent des moutons, beau-
coup moins pour les profits nets que leur donnent ces
animaux qu'en considération des engrais qu'ils en ob-
tiennent.
Un mouton parque chaque jour 2 centiares de terre ,
ce qui permet de couvrir 3 arcs 60 cent, pendant les 180
jours durant lesquels la troupe, couche dehors : le parc de
130 moutons couvre ainsi par an 4 hectares 68 ares ; mais
Tengrais a moins de durée que les autres fumiers.
Pendant les 185 jours d'étable , le mouton peut pro-
duire , avec la paille qui lui sert de litière , 1/185 de
M4 8BÀRCB8 OÉHMULU A HBOFOIATEL.
mètre d'eugraU par jour ; en tout, un métro cube au plus
par saison. Ces engrais, multipliés par le nombre des
moulons nourris, produisent par ISObètesun cube de
130 mètres, représenté par 52 benndées à icberanx.
Avec ces engrais , on couvre 3 hectares 35 ares , ce qui ,
à raison de 40 mètres par hectare , représente , an taux
de 3 fr. le mètre cube , une valeur de 120 fr. pour l'en*
grais d*un hectare , et de 390 fr. pour la totaKté de Ten-
grais d'hiver.
L'engrais d'été a moins de prix el ne vaut que 2/3 de
celui d'hiver ; soit 80 fr. par hectare : ce qui donne, pour
les 4 hectares 08 ares, 374 fr. 40 c, qui, joints aux 390 f. ,
forment un total de 764 fr. 40 c. pour les 1 30 bêtes , et
donnent , pour chaque béte , 5 fr. 88 c.
La valeur vénale du fumier n'en représente qu'irapar-
fiiitement l'utilité dans la ferme , parce que les cnltirateurs
ne trouvent pas dans les campagnes & faire l'achat
d'engrais aussi fructueux.
L'état où est maintenant l'éducation des bêtes ovines
dans l'arrondissement , fait désirer que Ton s'occupe de
rapprocher lés croisements au moyen de béliers d'une lame
pure. L'espèce actuelle éprouve une dégénération préju-
diciable au poids des laines ; la différence est de 2 hect.
par toison , ce qui fiiit , dans le produit , une perte de
80' c. par tête.
Aujourd'hui les jachères sont considérablement réduites.
L'agriculture a été forcée de remplacer cette sorte de
pâturage par des plantés fourragères , trèfle rouge ou
blanc , et minette , ce qui a à peu près réussi jusqu'en
1835 , et sur quelques terres jusqu'en 1840 ; mais , depuis
ces époques , les terres fatiguées de produire ces verdures,
BDUCATIOH DBS MOUTONf . 505
trop souYenl répétées , au lieu ^e donner 6,1S5 kil. par
hectare • en produisent à peine 3,500 kil.
Le cultivateur augmente d'un 1/4 la contenance dea
tert-ea chargées des verdures destinées aux pâturages des
troupeaux pendant Télé ; cette augmentation des verdures
d*été produit une diminution proportionnella dans les
nourritures d'hiver et trouble l'administration de la ferme:
siiaai , en iSil , le défaut de récoltes a &it réduire le
nombre de têtes de moutons d'un 1/5.
n but dire pourtant qu'en 1841 l'intempérie des saisons
a contribué à la diminution des récoltes.
Il serait utile, dans l'intérêt de l'agriculture en général,
de rechercher s*il ne serait pas possible de modifier tes
assolements , de substituer alternativement de nouvelles
plantes , telles que les racines , A celles que la terre a
l'habitude de produire. Mais de nombreuses considérations
lavorableset contraires à de nouveaux modes de culture
s'offrent à la pensée , et il ne serait guère possible de les
adopter, ou de les repousser, qu'en appelant à son aide
l'expérience et en taisant, pour l'acquérir, des essais appli-
qués, selon la nature du soi, dans les diverses parties dé
l'arrondissementr
Ces considérations excèdent, au surphis, le sujet dont la
tâche nous a été donnée , et nous ne faisons qu'appeler
l'attention de l'assemblée sur une matière digne de ses
méditations , et peut-être de ses encouragements.
M. le président donne acte à M. Normand de son com-
plet et consciencieux travail.
11. Girardin fait connaître que la Commission adminis-
trative a renvoyé à celle des vœux les trois Mémoires
ci-après :
506 SBARGBi GBIféBÂLB» ▲ RtVFC&ATBL.
Sur h fiArieaiimi dm Qxmuige$ ^ par M* Legras;
Sur Vétat de$ irrtgatioui dam l'arrtmdimemoèi de Nêufcké'
M » par M. PoUet ;
Sur t'élat de Vagrieuliure y eoui le rapport de$ diffieulUe
fu*épnmteui le$ bonnee pratiques 9 par M Bien.
M. Boitflet de la Vallée est appelé à la tribune pour
donner lecture du Mémoire de M. le docteur Cisseville ,
de Foiiges , sur la question des honiUès à décooTrir et à
exploiter dans la Seine^Infiérieure*
11. Boufrlet de la Vallée regrette , va rimportance du
sujet et le mérite du travail , de ne pouvoir , à cause de
la brièveté du temps , donner lecture que d'une partie de
cet intéressant Mémoire.
M. le président partage ces regrets ; pour diminuer
ceux qu'éprouve le Congrès , on priera l'Association nor>
mande d'insérer dans ses Annales le Mémoire de H. le
docteur Cisseville. U est donné acte de sa présentation ,
et l'examen des propositions qu'il offre à formuler est
renvoyé Â la Commission des vœux.
L'ordre du Jour appelle une lecture .de M. Lecointe.
H. Capplet demande et obtient la priorité pour une com-
municadon sur les salles d'asile , fondation d'une si haute
importance , et à laquelle l'auteur a consacré toute son
attention , en France et dans les pays étrangers.
M. le président donne acte à M. Capplet de ces rensei-
gnements » l'en remercie et le félicite des sentiments phiI->
anthropiques dont ils contiennent l'expression.
M. G. Lecointe , directeur de la Colonie horticole et
agricole du Pelit-Quevilly , près Rouen , a la parole pour
donner des renseignements sur la fondation , les résultats
moraux et la position financière de l'utile établissement
BTABU9$UIK9T BS3 JEUNES ABTBlflIS DE lOCBN, $07
qu'il a créé et qu'il dirige. Vend le Rapport qu'il a 1« sur
cette question :
Bapport de M. 6. LemiNTE iw VétMiisement dm jeunm
détenus de Rouen.
Deux années se sont écoulées depuis la fondation de
notre Colonie , et nous avons vu se réaliser les prévisions
que nous avions émises daos un Rapport lu en 1836 ; en
effet , nous avons le bonheur de pouvoir vous annoncer
un progrès rapide , tant dans nos essais de moralisation
que dans notre situation financière.
Que demandions-nous alors î
La création d*un établissement qui fût assez va^te pour
réunir à rîmmeose avantage de pourvoir à tous ses be-
soins l'avantage , plus précieux encore , de nous mettre
à même de former des jardiniers et des garçons de ferme
moins ignorants que ceux que l'on rencontre habitudln-
ment dans nos campagnes.
Nous demandions encore des états professionnels qui
pussent y au moment de la libération de nos eofiints , leur
assurer des moyens d'existence , une profession étant le
premier élément moralisateur et Je seul préservatif contre
les rechutes occasionnées- par l'incapacité et le manque de
travail.
Grâce au concours de la Société de patronage et au gé<-
néfeux appui de quelques-uns de nos concitoyens , nous
avons pu mettre [en pratique nos idées de colonisation ,
qui avaient été jugées inexécutables par des hommes qui
les considèrent , les uns comme des utopies , et les autres
comme un moyen propre à favoriser une spéculation par*
ticulière.
506 SBAlfCKS OinÈÊLÂLEB A KECFCHATBL.
Notre but n'est pas de réeiiminer ; noas serions d*antMt
plus mal fondé h le faire , que le temps et Texpërience sont
venus détruire » pièce à pièce , tonte» Ie$ ^ëgationa et les
attaques qui ont été dirigées contre nous et contre notre
système.
Nous aflons donc tous présenter nos résultats , appuyés
sur des fisiits et des cUffres , arguments plos puissants que
tous les raisonnements , et qui , nous l'espérons , vous
feront partager nos convictions:
Pour procéder avec ordre , nous vous parlerons d'abord
du personnel de la Colonie , depuis sa fondation.
60 enfants ont été admis;
53 sont encore présents.
1 a été gracié par suite de sa bonne conduite , et à la
recommandation de M"** la baronne Dupont-Delporte.
3 ont été réintégrés dans des maisons centrales , pour
mauvaise conduite et insubordination.
Sur ces trois , deux n'appartiennent pas â notre dé-
partement.
3 sont libérés :
Le n** 4 , le 10 mars \
Le n® 6 , le 20 mars / 1844.
Le n* 5 , le 5 août ^
C'est encore ici le moment de faire ressortir les incon-
vénients d'un trop court séjour dans la Colonie , et surtout
l'utilité des Sociétés de patronage , pour venir au secours
de ces enfants en leur procurant un placement ou les moyens
de continuer l'état qu'ils ont commencé à apprendre dans
l'établissement (1).
(i) Le no 1 gagne 400 fr. par an , nourri et logé.
ÉTABUMisnirr dbs iEimn dbtshvs be iocen. 509
Le n<^ 4 M tfouvttt dan» celte catégorie ; il savait bè*
clier » eoasqpreBait assez bien la taiHe raisoaoée des arbres
frniliera ; mais n'ayant iiasaé qu'an an dans la Colonie ,
il ne réunissait pas la |»f|i tique à la théorie : il n'aurai*
donc pu se procurer du travail ou se placer , sll eût été
abandonné à lui-raéme.
Grâce aux soins de H. Abel de Bosmelet , l'un des plus
anciens membres de la Société , un horticulteur distingué
a bien voulu s'en charger ; mais ce jeune homme y ayant
éprouvé quelques désagréments de la part des ouvriers ,
qui ont su à quelle source il avait puisé les premières no-
tions de son état , s'est vu forcé d'abandonner son maître
et de travailler pour son compte ; Il vient souvent nous
visiter j et nous savons qu*il gagne aujourd'hui 1 fr. 76 c»
à des travaux de culture.
JLe n"» 6 » depuis le Jour de salibératioo (20 mars 1844) ^
est domestique chez un homme généreux , quf n*a cessé
de donner des marques d'intérêt à notre établissement et
à nos pupilles.
* Nous avons la satisfiaction de vous dire que son maître
lui permet de nous visiter souvent , et que sa eonduite ,
Jusqu'à ce jour , est exempte de reproches.
Le n<* 5 : sa conduite dans la Colonie l'avait rendu
digne de notre confiance, il est le premier qui ait été
Tendre le lait en ville ; nous avona été à même de lui
reconnaître un guûl tréa-proBoncé peur le oommerce. Nous
avions formé le projet d'en faire un colporteur ; mais ajant^
à sa libération , trouvé une place de domestique de con-
fiance dans une maison de banque , il y est emtré^ Nos
craintes se sont réalisées : l'iadépendanoe de son carafiière
était inocNQupatible avec son nouvel état» Sorti de chez son
510 SÉAKCM GBHBftAtW ▲ mRJFCflânt.
BMltre avec on certificat de probité , nous gavoBMiu'il éat
OQwier fileur dans une fabrique , qu'il m coodmt bien.
Nona ne renonçons pas au projet que nous avions formé
pour lui , ne retardant pas sa position comme un placer
< ment beureux.
ÉtatciviL
Sur 60 eniants :
8 sont enfants naturels ,
12 orphelins de père ,
10 orphelins de mère ^
3 orphelins de père et de mère.
Total. . S3
7 sont détenus pour complicité de Tol avec leurs parents*
Ces 60 eniants ont ensemble :
92 frères ,
78 sœurs.
Total- . 170
Sur ces 170 :
7 sont naturels ^
23 orphelins de père ,
32 orphelins de mève ,
5 orphelins de père et de mère.
Total. . 67, privés de leurs parents.
Les ,103 autres sont souvent confiés , pendant que leurg
pères et mères subissent des condamnations plus ou moina
longues 9 à des frères et sœurs Agés de moins de quinze otis •
triBLifflrBiiBirT bis jbvnI» ùétuni» dé roubn. &li
Cetefirajant tableau , lonqu*oB remonte des effets aax
causes , répond ▼ictorieusement aux reproches qui nous
sont parfois adressés de favoriêer te$ enfants qui ont failli^ de
préférence aux tnfaniê paueref*
Tout en applaudissant à la pensée de fonder des Colonies
pour les enfants de la classe malheureuse , pensée que
nous avons émise nous-méme dans un Rapport lu en 1835,
nous avons cru cependant que lesjewMs détenue, qui eux
aussi font partie de la classe pauvre , réclamaient la prio-
rité par Texcès de leur misère , et plue encore par l'excès
des maux dont la société est menacée , si on ne s'applique
à les détourner de la pente du vice et du crime.
C'est donc pour apporter un remède à tant de calamités
que nous nous sommes occupé de sauver ces enlants , sou-
vent abandonnés par leur famille , d'autres fois entraînés
par l'exemple de leurs parents et reniés par la société » qui
les rend responsables des fautes dont ils sont les premières
victimes.
Faits de inonllté.
n y a peu de temps , nous vous disions que nos enfants
se regardaient comme prisonniers sur parole.
Des preuves matérielles , nous ne pouvions en donner ;
nous en trouvions dans leur zèle à accomplir des travaux
plus pénibles que ceux qui leur sont imposés dans les pri«
sons; mais aujourd'hui que nous avons lait des essais qui
ont eu le plus grand succès , nous pouvons aflBrmer , et
sons ne manquons pas de témoins de vieu qui pourraient
affirmer, comme nous, ce que nous ne disions que près-
sentir.
ti2 SIANCW CBllétAUlS ▲ RBUPUiATM»
Ainsi, nous you» dirons que là à 15 de nos enfiints
vont fréquemment , et sous la seule surveillance d'uo chef
pris parmi eux , travailler en ville , soit comme jardinien,
soit comme manœuvres en maçonnerie ; partant au point
du jour , ils rentrent exactement à l'heure du diner , qui a
lieu â cinq heures.
Nous vous en citerons plusieurs qui » tous les jours ,
dès cinq heures du matin, ouvrent les portes de la maison,
vaquent aux soins de la basse-cour et portent alternative-
ment à Rouen, dans une petite voiture, le lait et les
légumes , produits de la ferme , du jardin et du travail
de leurs camarades.
Nous vous parlerons également de ceux qui , à tour de
r6le , font le service intérieur de la maison avec la plus
sarupuleuse exactitude ; de ceux enfin qui, chargés d'aller
au village ou à la ville chercher les outils nécessaires aux
ateliers, n'ont d'autre désir que de s'acquitter le mieux,
et le plus promptement possible des commissions qui leur
sont confiées.
Vous n'avez sans doute pas oublié la montre du contre-
maître aux travaux , perdue dans le parc et retrouvée
avec tant de bonheur par le n° 6 , qui doit à sa bonne con-
duite l'heureux placement dont nous vous avons delà
entretenus.
Nous n'abuserons pas de vos moments en vous citant
beaucoup d'autres faits journaliers qui n'auraient d'intérêt
peut-être que pour les personnes initiées à la vie inté-
rieure de notre famille d'adoption.
Mais nous pensons devoir appeler votre attention sur
un fait qui nous parait la mériter*
Notre aumônier , trop gravementmalade pour pouvoir
i
BTABLfâSEMBNT VK& XBUNBS DÉTENDS BB ROUEN 5t3
rempKr les fendions de son minktère , manifesta le désir
de se fixer près d'an ie ses amis dans le village voisin.
L'homme de GoDfiafice,chargé de son déméndgement,noas
paraissant être dans un état qui ne nous permettait pas
de loi livrer avec sécurité l'argenterie de M. l'aumAnier ,
nous TaviNis confiée à trois de nos colons , qui , fiers de
ce dépôt , se soqt acquittés de leur mission avec zèle et
exactitude.
Nous devons à la vérité de dire que /«/ià^^dont jouis-
sentuqe partie de nos colons n'est qu'une rëeom^nse
accordée à la bonne conduite. Pour obtenir cette faveur ,
ii faut avoir été inscrit sur le tableau de réhabilitation
pendant six mois eonséculifs , n'avoir pas eu une man-
Tttîse «ote pendant ce temps , et, enfin , avoir subi un
scrutin d'élection auquel prennent part ceux quri sont
l'olijet de cette exception ; ceux-ci n'ignorent pas que ; si
un seul abusait i)e sa liberté , la mesure cesserait aussitôt
poor tous. C'est en les rendant ainsi solidaires que nous
maintenons l'esprit de corps , et que nos enfants qui dé-
sirent se rébabilîter aux yeux de la société craignent de
commettre une fyute qui les dégraderait de nouveau.
Nions n'ignorons pas que quelqxies personnes , ponrat'
ténuer ce que nous regardons comme un de nos beaux
succès, objectent que ces enfants sont trop heureux , et
qu'en s'évadant ils ne seraient pas mieux chez leurs pa-
rents ou partout ailleurs.
Ces personnes ne réfléchissent pas qu'à cet âge , où Von
munque de prévoyance H de jugement , le premiei" bon-
heur est la litm^é.
Ces enfants , U est vrai , se trouvent mieux dans notre
étaUdsfieniciit qu'entre quatre murailles , privés d'air et
33
^14 SiiZfCBft CBNBRALBS A NECIFaUTBi;..
de soleil , sous les yeux d*uDe sentÎDelle ^ toi]d<>urs armée ,
qui plane au-dessus d'eux. Là, rarement un étranger
jette sur eux un reg^ard d'intérêt ou de pitié ; pas une
main secourable ne les aide à sortir de Fabime où ils sont
tombés. Ici , au contraire , une société bienveillante les
protège , et des soins , des conseils paternels les encoura-
gent ; de là vient le changement qui s'opère en eux , delà
aussi le développement de sentiments généreux jusqu'à-
lors étouBés ou ignorés.
Qu'on ne croie pas cependant qu'ils oublient la punitioa
correctionnelle.
Us sont soumis à une discipline sévère , couchés, vètos,
nourris comme dans les maisons centrales ; eiqposés à
toutes les tentations possibles , ils y résistent ; les pcnrtes
ouvertes , ils ne cherchent pas à fuir. Au milieu de fruits
de toutes espèces , ils se gardent d'y toucher. Leur travail
jusqu'alors leur a été improductif ; cependant ils s'y li-
vrent chaque jour,pendant huit heures, avec zèle et appli-
cation.
Leur bonne conduite dans l'établissement constate les
progrès de leur moralisation , et est pouç nous un gage de
l'usage qu'ils pourront faire de la liberté après laquelle ils
soupirent.
Etat sanitaire.
Un des grands avantages de cette vie des champs , c'est
que le physique s'améliore en même temps que le moral.
Ces enfants, naguère dissimulés, soutenant le mensonge
avec effronterie , ne regardant jamais en foce , étonnent
aujourd'hui tous ceux qui les visitent par leur bonne mine.
BTABLISSBMBNT DES JBCNBS DÉTENUS DE ROCBIV. 515
lear air franc et ouvert. Leurs mœurs se sont adoucies
et leurs forces se sont développées, par suite de l'exercice
qu'ils prennent dans les différents états auxquels tous se
livrent suivant leur âge. Aucun n'a été malade sérieuse-
ment depuis son entrée dans la 6olonie ; tous sont arrivés
laibles , quelques-uns souffrants et incapables de porter
une bêche et de pousser une brouette: aujourd'hui , leur
état sanitaire est des plussalisiaisants. Ces 60 eniants ont,
en 2 années , coûté , pour médicaments , chacun 17 dix-
millièmes de centime par jour.
II est vrai de dire que le médecin , M. le docteur
Grout (1) y donne ses soins gratuitement , et que le phar-
macien , M. Lescande , livre ses médicaments au prix
eoûtant.
iDstnicUon religieuse.
La mort nous a enlevé le digne .aumônier que nous
devions à l'intérêt que nous porte son oncle , M. l'abbé
Denize , chanoine de la métropole. Privés , par cette
perte cruelle j des conseils et de l'appui de cet honorable
ecclésiastique» nous sommes heureux de pouvoir vous
signaler les sympathies que nous avons rencontrées dans
les membres du clergé auxquels nous avons en recours
dans cette triste circonstance.
Nous adresserons donc ici de sincères remerciments à
MM. Caumont et Juste, grands-vicaires de ce diocèse; &
M. Hotte , curé de Saint-Gervais , qui a bien voulu per-<
mettre à H. l'abbé Billard , prêtre habitué de sa paroisse,
- (i) Gendre de M. Lecointe.
516 SÉANCES GÉNÉRALES A NEUITCHATCL.
de venir provisoirement dire Toffice dans notre chapelle et
faire rinstnictîon relipiense à nos enfants.
Nous devons an zèle et anx instriictfons de cet excellent
ecelésiaslique laHalisf;iclion d'avoir mi douze de nos colons
faire leiir première communion avec recueillement et
modestie. Celle cérc'moiiie , à lav^uellc assistaient les nota-
bililcsde la ville de Rouen, a pn convaincre tous ceux
qui en ont (^té témoins que ces enfants sont susceptibles
de retour \^'rs le bien , et que la rclis^iôn et le travail
pourront en faire d'honnêtes citoyens.
InstrucUon élémentaire et professioimeDe.
Pour stimuler le zèle de nos enfants , Dousfaisois, toi»
les deux jours , à ceux qui savent lire et écrire , un cours
de géométrie , appliquée aux arU et métiers , et un cours
de taille raisonnée des arbres fruitiers. Le jeudi, ils sui-
vent un cours de dessin linéaire , professé gratuitement
nar M. Leplickey , iustituteur comniuBal»
Par ces mojcos , et à i*aide de deux. €ontre-inailres(l)
qui ont compris Timportaote mission qui leur est confiée r
uous foruious des charpentiers , des ctiarrons, des nienui*
siers , des bùcheroas , des jardiniers^ réunissant la pra-
tique à la théorie.
Le coalre-maitre surveillant » qui est en môme temps
moniteur-général , s'acquitte également avec zèle do ses
fonctions et leur enseigne l'éluda du plain*chant (2).
(1) Eugène Trihoul, coulre-niailre aux U'avaux agricoles; Vinay,
cliarpeulier-iuenuisier cl charron.
(2) Nous ne laisserons pas échapper cette occasion d'adresser nos
rcmei'ciniculs h MM. Uullangcr, instituteur cottraniiitl, etPavie» mn-
sici en , pour les leçons de goût qu'ilii ont bien voulu leur donner.
ÈTABLISSKUBNT DES JEUNES DKTBSUS D£ BOUEN. 517
Nous espérons que ce chef d'enseigoement, qui les rend
utiles à rétablissement^ puisque les offices ne sont chantés
que par eux , ppurru leur procurer , à leur libération ,
des relations morales dans les communes qu'ils habiteront.
Après vous avoir entretenus de nos résultats , il est
temps de vous faire connaître les moyens à Taîde desquels
nous les avons obtenus , et qui nous ont valu , de la part
de l'un des illustres fondateurs de la Colonie de Mettraj
( M. Demetz } , ces paroles qui , à elles seules , nous dé-
dommagent de nos soins et de nos peines :
« Je suis profondément touché de ce que je vois ; de-
» puis plus de 20 ans , je suis criminaliste ; depuis long;ues
» années , je m'occupe des enfants ; je connais toutes les
» ressources qu'ils offrent et tout le parti qu'on en peut
^» tirer. On m'avait dit vos résultats ; je ne pouvais j
» croire. »
Règlement.
héctmtpenseê. Punitions,
Les bODoes notes. Les mauvaises notes.
Tableau d*lionneiir el de réhabili- Là suspension du grade.
talion. Descente à un grade inférieur.
Tableau de récompense. Dégradai ion, si l'on est au dernier
Le droil de norumer les cbefs. grade.
Les grades. Ikuivoi dausucc division inférieu le.
La penr/issîon de faire le travail La privalii»!! de rucrôation.
înlrriiHir. - Inlerdieiion de la visite des pa-
La permission do fairb les commis- reiit^.
sious au dehors. tiiscriplioii au tableau de punition ,
La demande au ministre pour ob- avec collet jaune.
tenir le placement avant libé- Le pain et l'eau.
ration. Et enfln , après avoir épuisé tous
ces moyens ,1e renvoi dans tue
maison centrale*
518 SÉANCES GBFfÉBALBS A NBUFCHATBL.
Art. f .— Tout chef qui se mettra dans le cas de subir
une punition , sera suspendu ou descendra d'un grade ;
celui qui se trouvera au dernier grade sera porté le der^
nier sur le tableau de réhabilitation.
Art. 2. — Tous les colons portés sur le tableau de réha?
bflitation ne porteront pas de collet et auront seuls le droit
d'aller en ville , de parvenir à un grade par rang de con*
duite , soit à l'époque du placement , soit à la dégradation
d*un chef. ( Pour être porté sur le tableau de réhabilita^
tionjl faut n'avoir pas eu de mauvaises notes pendant six
mob. }
Art. 3.— Ceux qui , pendant deux mois , n'auront pas
de mauvaises notes , aeront inscrits sur le tableau de rér
compense , porteront le collet rouge , et auropt , ainsi
que ceux inscrits sur le tableau de réhabilitation , le droit
d'élire leurs chefis et de former le jury de punition.
Art 4 . — Pour être élu chef , il faut réunir les deux tiers
des voix. I^ choix ne sera valable qu'autant qu'il aunt
reçu la sanction de M* Leoointe.
Art. 5.— -Celui dont le nom inscrit sur le taUean de
récompense méritera par sa conduite une mauvaise note
dans le mois , sera inscrit , le 1*' du mois suivant , sur le
tableau d'épreuve et portera le collet bleu. Celui inscrit
sur le tableau d'épreuve , qui aura cinq mauvaises notes ,
sera porté sur le tableau depunition.le 1*' du inois suivant,
et portera le collet jaune.
Art. 6.— Pour passer du tableau de punition au tableau
d'épreuve , et du tableau d'épreuve au tableau de réconi^
pense , il faut n'avoir pas eu une seule mauvaise note pei^-
dant deux mois.
iTABLISSBinBlT DBS IBCRES D^TBNUS BB ROUBN. 5i9
Art. 7.— Toat colon est tenu d*obéir sans répondre et
sur-le-champ à ce qal lui est ordonné par son supérieur ,
sauf à présenter plus tard ses observations , s'il les croit
fondées.
Art. 8.— M. Lecointe aura seul le droit d'infliger les.
punitions , sur le rapport du surveillant qui aura porté
plainte. Ce rapport sera lu tous les dimanches , à Tissue
de la Messe , en présence de l'administration et de l'au*
mônier de la maison.
Art. 9.— En cas d'absence prolongée de la part de M.
Lecointe , M. Lecointe fils fera exécuter le règlement.
Comme on a pu le remarquer à la lecture de notre rè-
glement , toute punition corporelle en est bannie ; les peines
infligées ne le sont que par un jury composé des enfiints
dont les noms sont inscrits sur les tableaux de réhabilita-
tion et de récompense. Si quelquefois nous sommes obligé
d'imposer notre autorité , ce n'est que pour atténuer ou
modifier la punition.
Ces jugements sont prononcés et subits sans réclamation
de la part des coupables.
Nous terminerons ce Rapport en mettant sous vos yeux
notre position financière. Cet exposé , qui se trouve justifié
par la présentation de tous les renseignements qui s'y
rattachent , par les livres de la complabilité et par des
tableaux soumis à votre examen « dont la division vous
donnera les moyens de suivre les recettes et leur emploi
dans leurs détails les plus circonstanciés et les plus minu-
tieux j peut vous mettre à même , en voyant notre point
de départ et le but que nous avons atteint en si peu de
temps , de juger si nous avons rempli dignement le mandat
qui nous est confié par le Gouvernement et par vous.
580
SBANGES OB^fBKALBS ▲ NBVFCHATBL.
Élal fiuancier.
La Colonie possède aujourd'hui :
Chapelle, . . Mobilior du culte , chaises , elc 600 f.
Veetiaire. . . 57 tro jsseaux , à 40 fr 2i80
Dortoir. . . 40 Mis en fer , à 18 fr 720
14 lits de sangle , à 4 fV 56
CUuiâ. . . . Bancs, tablesr, lampes , H ?res, etc. . . . 150
Bifedoire. . Bancs , tables » vaisselle , etc iOO
Cane 50 hectolitres de fûts iSO
Cuisine. . . Fourneaux , seaux , etc 300
EtahUi. . . 4 vaches 600
4 génisses 140
Seuriei. . . i cberal 120
BoMee^eour, . PôtC6 80
2 voilures et bornais 200
Instruments de jardinage» outils de menuisier
et scieur de long. ........ 150
Moulins k blé, à pommes, etc 700
ToUl. . . • • . 6541
L'adininistration de la CokHiie est composée de
1 Directeur (M. Lecointe père).
1 Sous - directeur - inspecteur
(M. Lecointe fils) '
1 Docteur-médecin (M. Grout ,
gendre de M. Lecointe). • .
1 Chef des travaux horticoles
(M. Lecointe père). . . .
1 Agent-complable-greffier (M.
Lecointe fils)
1 Instituteur (MM. Lecointe ,
père et fils)
ÉTABLISSEME!«T DES JEUNBS DÉTENUS DE ROUEN. 521
i Econome (M™* LecoiiUe). , »fr.
1 Auménicr 1300 (logé).
\ Moniteur-général, surteîHant
de nuit 700 y compris la nourriture (logé).
i Ckmire-mattre aux travaux ,
survcUlaot de nuit. . . . 1000 (logé).
i Contre -maître charpentier -
menuisier. 800
4 Employée à la lingerie. . . 530 y compris la nourriture (logée).
i Gontre-maltre tailleur.- . . 240
1 Cuisinière. » 180
Total. . . . 4670
Tableau
t«^
Sommée reçues depuiê U mois d'avril 18i2 ^ jusques et
compris te 31 décembre 18i4.
Souscriptions particulières.
1842
i843J
1844
i843|
18
^
1843 j
1844
Reçu par M. Lecointe
Mcm idem
Idem par M. Lenormand , banquier. .
Idfni par M. Lecointe
R^çii de M. \e ministre de mnléricur :
20 trousseaux , à 80 fr
4,781 journées , à 0 fr. 80 c. . - •
57 trousseaux , à 80 fr
9,577 journées , à 0 fr. 80 c. . • •
Solde des 4,781 journées de 1843. .
Avances faites par M. B'° Durécu. .
Produit de la culture et Tente du lait. .
Idem idem
Reçu du Conseil général
Travail de l'atelier • •
Journées faites en ville par les enfents.
Vente de deux lits de fer
fr.
2263
5442
15644
3877
1800
2060
7G61
1472
300
333
2194
6000
91
61
50
fr. c.
4f
27227 58
A, reporter.
74
A
84.
soi
«(16046 70
60\
30'
vl 300 »
ggj 2527 6»
>.< 6000 »
^] 152 06
vi 50 »
52304 03 52304 03
5â2
SiANCBS GBNiBALBS ▲ irBUFCOATBL.
Repart. . .
Diverses souscriptions provenant de chez
M. Baudou .
Reçu de M. le ministre de rinstmcUon
publique. ...
MoMse des enfanté provenant de leur tra^
vail dam les maisons centrales, . .
Total de la dépense. •
Total de la recette. . .
Différence.
Sur la dépense , montant à.
11 y a de payé
52304 03
1800 9
300
5!2304 03
1800 »
300 B
1038 93
6d017 45
55432 96
Reste à payer. . . .
Pour payer ces 8433 20
Ilyaencaisse. . . . 1848 71\
Dft par H. le ministre 3972 80|602i 51
200
Dû par divers. .
DéOcit . .
(V, le tableau no 4,)
2411 69
6584 49
62017 45
53584 25
8433 20
55432 96
Tableau n* ••
ymmei payées et àpayerpourla dépense de 60 enfants, depuis
le i^ janvier iS^Sjusques et y compris le 31 décembre 1844
f2 ansyùu i9,32i journées J.
KOTA. — Lw MauBM data premier» «rionat te ee tablMn , «lodles Bu^éM 4*m aMéfta^M,
M «Mit poftAea qm» ponr Cdre oosmUt* le chifte euct de duiqw clu]»llro«
FMs de premier établissement
f Indemnité au locataire. . .
Impression de circulaires ,
rapports , etc. . . . ,
Voyages pour obtenir des en-
fants , etc
A reporter. . .
SOMMES
dues.
SOMMES
payées.
fr. c.
fr. c.
10050 >
TOTAL
de
chaque
chapitre'
fr. c.
912 95?11693 50
730 55
TOTAL
générât
^11693 50.11693 50
fr. c
11693 50
11693 50
ÊTiBL|S8|tll«NT PES JEUNES 0ETKNU8 DU BOCBIV. 523
Hepori, • •
Cimstrtêeiions, appropriation
des bâtiments.
Cour des ^l)feDts. . . . ,
Classe
I>ortoirs ancien et nouveau,
Réfectoire et cuisine. . .
Chapelle
Ateliers ancien et nouveau.
Dépenses diverses, . . .
MMlitr.
Classe
Dortoir. ...,.,.
Réfectoire ,
Ateliers
Cave
Cuisine
Chapelle
Culture (bestiaux). . . .
Culture (instruments). . .
frai» non productifs.
Employés (0 f.55 c. 34 m.)
par jour, par enfant. .
Moumture ( 0 f. 34 c. 13 m. )
par jour, par eufant.
Vestiaire et entretien du roo-
hilier. •
Chauffage et éclairage. .
Blancbissage
(1) Loyers (Of. 29 c. 11 m. )
par jour, par enfant. .
TrouMseaux fournis , masses
rendues à divers. . .
Dépenses diverses d'ateliers
classe, réfecloirp, etc.
Dépenses de culture. .
Dépenses de service médical
(Of. Oc. 17 m.). . .
Dépenses du culte. . .
Dépenses de greffe e t instruc
tion ......
JHiuiet duefaux enfants.
Avance* duesà Jlf. Ba» Durécu
1844. Sommes dues SL\kZi déc.
»
11693 50
1738 Q2
210 70
197 75
406 45
4627 25
1009 »
1965 42
1070 65
233 15
80 »
193 >
257 05
1124 »
455 60
56 60
160 »
421 75
1061 25
1483 50
19iO 14
546 50
6281 35
im *3
4990 14
2113 08
WO »
3520 79
828 20
584 10
5625 »
274 90
125 69
442 25
695 »
1739 72
22 05
21 15
10 80
317 45
904 03
180 »
575 78
11693 50
11693 50
75>
25
197
406 45
6565
1009
2174 12
1070 65
233 15
»>11456 37
337 05
1124 »
435 60
56
160 »
421 751
1061 25^
1483 50
2133 14
6827 85
6596 27
5634 47
1078 20
584 19
nu 89
^5(K^70 6a
5625 p
274 90/
820 69|
2181 97
52 85
558 58'
575 78
> 1*1084 03
^^
(1) Les lo;or8 flgnrent pour la sobudc qu
}tê |o^n défricher du bois , doal le terraîa
S435 20|53584 25i » 62017 45
l'en teDiil le locataire , et M. Leooinle a Tait et fait tom
e«l employé au proflt de rétablisaeiiifiit.
5â4
SBAIfCBS GENERALES A TfRUFCHATBL.
Tableau it* S.
Produit en moyenne (le chaque enfutU. — 60 enfants sont entrés
dans l'établiâsement depuis le 14 janvier 18i3 jusques et y
compris le 3i décembre 18H , ce qui forme vn total de
i9, 321^ journées»
i9»%24 journées , à 0 Tr. 80 c.
57 trousseaux , à 80 fr
Produit de la culture , vente de lait , ateOers
et journées
Mobilier du vestiaire existant en magasin ,
ZtiTîjU ir* om V* ••••••■••
A déduire pour les masses et trousseaux four-
nis et rendus aux enfants libérés. . . .
ToUl.
• • -1
fr. c. fr. c. m.
15459 20 ou 0 80 00
4560 » ou 0 S5 59
2679 73 ou 0 13 86
2950 32 ou 0 13 26
274 90 OU 0 01 42
25924 17 ou 1 34 13
TaMeaii it^ 4«
Dépemes en moyenne de chaque enfant. — 60 enfants sont entra
dans Vétabtissement dépuis le \\ janvier iS^3 jtisques et y
compris le 31 décembre 18ii , ce qui forme un total de
id,32^ journées.
Dépêrues eJBtraordinaires,
60 enfeBt3 ont coûté pour l'indem-
nité
Construction d'un bâtiment , con-
sistant tu : trois dortoirs , une in-
firmerie, un réfeetoire.un atelier,
une buanderie , une menuiserie ,
un garde-meuble , un magasin
pour les outils , un pour des mou-
lins
Réparations à la chapelle et achat
de mobilier
À reporter, . .
fr. c. fr. c. m.
10050 » ou 0 52 01
11456 37 ou 0 59 28
7212 89 ou 0 3? 33
28719 26 ou 1 48 62
fy. c. m.
KTABLISftBlIBKT DES JEVNBS DÉTENUS DE ROUEN. 525
Mtepori,- . .
Dépeme» ordinaire».
Fraie doo prodoctiA.
Employés , Boiirriture , vestiaire et
enlrelûn du mobilier, cliaufTage
et éclairage, blanchissage, loyers,
dépenses divc rtos des ateliers ,
des réfectoires, de la classe, des
dortoirs , de la culture , de service
médical , de service du greffe et
instruction , etc
impiression de circulaires, rapports,
etc* ■ ■•••«^a*
Voyages pour obtenir les enfants.
Les dépenses ordinaires étant les
sevies qui doirent être portées
au compte des (>nfants , il résulte
dii tableau ci-dessus que chaque
enfanta dépensé par jour. . .
Dont il faut déduire le produit, qui
est de.
Perte par jour sur chaque. .
28719 26 OU 1 48 62
30570 66 ou 1 118 90
59S89 92
912 94 ou 0 04 72
730 55 ou 0 OS 79
>■ ■ ■ ' ■-■' ' -i
i 58 20
60955 42 ou 5 15 53 p. 2 ans.
M 58 20
\ 54 13
*0 24 07
Lelwsemestredel843,avecl2enfants,laperteaétéde 2164 01 26
Le2« ^ _ 22 — — 1822 59 02
Le fer — 4844 44 — — 638 43 66
Lef» — — 54€t53 — (1)24 93 38
Total de la perte 4649 97 32
on 0 24 07 par jour sur chaque enfant ; ce qui représente TinsufiS-
sance de nos ressources ordinaires.
(t) 8î , n%c 14 «t II ntam , pendant i« denltème lencttre de 1844 , nont n'aron» perda
«ne 44 fr. as c. W B. , il Cft etatoaNM dtaoïlré «n^kreo 60 nous pomlons couvrir not lirtis.
iâ6 SÉANCES GBNÉftALB» A NEUPCHATBL. .
Vous remarquerez une diminution sensible dans notre
perte ; cette diminution est le résultat de Taocroi^sement
du nombre des enfants dans rétablissement.
Nos prévisions de Tannée dernière étaient qu'avec giia-
rante enfants , la perte ne serait plus que de 0 fr. 37 c.
par jour sur chacun ; nous tous établissons qu'avec cin-
quante quatre et €inquante'troii,nons n*avons perdu que 0 f.
24r.7m.(l).
Il est donc à désirer , pour Texbtence de la Colonie ,
que le Gouvernement nous vienne en aide^ non^seulement
en augmentant lé nombre des colons (â) , mais, avant
tout , en donnant les fonds nécessaires pour construire un
bâtiment semblable à colui qui existe , et pouvant égale-»
ment contenir ioixante ensuis. (Nous estimons la dépense
de 8 à 10,000 fr. ).
Pour nous , nous vous avons prouvé que les obstades
de tout genre ne nous eflBrayaient pas ; nous sentons bien
que 'a tâ.'he sera d'autant plus lourde que le nombre
des rn&nts sera plus considérable ; mais , laissant de côté
tout intérêt personnel , guidé et animé par le bien que
nous pouvons &ire , nous avons foi et espérance dans
Tavenir. Nous avons rencontré trop de sympathies pour
(i) Depuis la lecture de ce l^apport^le nombre des colons a él6 fKirté
à 75. — Monsieur le ministre de Piotérieur, reconnaissant la justesse
de CCS ots }rvation8 » vient de décider que le chiffre serait porté à 100
pour la fin de Tannée 1845.
(2) La proximité de la ville nous donne la facilité de voir tous les
jours des chefs d'atelier qui se proposent de diriger eux-mêmes, dans
notre établissement , depuis cinq jusqu'à quinze enfants ; de leur en-
seigner des états rapportant, au début, de 1 fr. jusqu'à 1 fr. 50 , et les
mettant à même , à leur libération , de gagner de 3 à 4 fr. par joor.
liTÂBUâSBlIBNT DBS IBUKES DETENUS DE ROVEIf. Sâ7
que le Gouvernement ne nous soutienne et ne nous en-
courage pas.
Le Conseil général , tout en reconnaissant les services
que rend notre Colonie , a cru devoir se renfermer dans
sa décision de Tannée dernière. ( Espérons mieux pour
l'avenir ! )
Le Conseil municipal, s'associant à notre œuvre , nous
a donné un témoignage de sympathie , en votant une
somme de 400 fr. pour nous aider à payer un instituteur.
Nous devons également à Tappui de M. Desmicheb ,
recteur de l'Académie , une somme de 300 fr. , qui nous a
été accordée par M. le ministre de l'instruction publique.
L*administration de la Banque nous a continué son allo-
cation de 100 fr.
MM. les jurés, grâce au concours de MM. les prési-
dents , nous ont quelquefois prêté leur appui.
La Société d'agriculture , reconnaissant nos efforts
pour propager les meilleures méthodes et les instruments
les plus utiles aux cultivateurs , nous a donné une somme
de 150 fr. pour nous faciliter les moyens d'acheter un
moulin à blé.
Nous avons reçu des paroles d*encouragement de la
part de la Société d'horticulture , qui a pu se convaincre
que , depuis longues années , nous avons adopté les prin-
dpes de la taille raisonné e des arbres à finit , principes si
bien démontrés et si bien {exécutés par le savant et mo-
deste professeur du Jardin botanique (1).
(1) M. Dubreuil[fils. Nous avous reçu, depuis, une médaille d^argenl
pour la taille des arbres , dans la séance publique de la Société d'hof^
ticttlture,' le ^ aTril 1845.
528 SÉANCES GBNÈ1ULE5 A NËLFCBATEL.
La garde nationale elle-même n'a pas voulu rester
étrangère à notre institution , dont le but est de forauer
ies citovcnf amis de Tordre public.
Nous 8i{]^nalei'ons également à la reconnaissance de nos
concîto} ens le Conseil municipal du Graod-Couronne , qui
a voté une somme annuelle de 25 fr.
Puisse cet exemple trouver des imitateurs ; car il n*est
peut-être pas ime commune qf}\ , faute de pareils établis-
sements, n*ait à déplorer le malhicur d'avoir vu traîner un
de ses babitants dans les prisons, dans les bagn^, et
quelquefois sur Téchafaud !
Pourquoi faul-il que nous ayons à vous cacher sous le
Toîle de l'anonyme une de ces personnes qv^e l'on trouve
toujours partout où il y a un. acte de bienCaj^nce À faire ?
Dans un siècle où les porfectionnemcskls surgisseat de
toutes parts , où un grand nombre de Sociétés savantes
accordent, pour Tamélioration des races o\inc, bovine
et chevaline , de fortes primes d'encouragement; où
d'antres décernent an cheval qui , pour un moment, ri-
valise de vitesse avec la vapeur , un prix qui sufiîraità
lui seul pour sauver 20 familles du déshonneur et de la
misère ; dans un siècle où tous Içs esprits s'émeuvent à
l'annonce d'une opizootie qui menace les animaux , et où
des honimos généreux organisent une association pour le
sauvetage physique de l'homme « dans ce siècle ne se
trouverait-il pas des hommes assez amis de l'humanité
pour former des assurances morales contre les innom-
brables atteintes portées de nuit et de jour aux personnes
et aux propriétés ?
Nous avons prouvé qu'une œuvre qui a pour but d'ob-
tenir l'amendement de l'enfance par la «conviction » et non
BTABLISSBMBMT I^Mâ JKUNBS DKTBNUS DE EOUBN. 529
fax la force brutale , est un résultat qui apporte un béné-
fice réel à la société ; nous espérons que chacun voudra y
concourir , et que ceux qui nous onl aidés nous soutien-
dront jusqu'au moment , qui n'est pas éloigné , où nous
pourrons vivre de nos propres ressources.
Après la lecture de ce rapport , H. le président adresse
à M. Lecointe , au nom du pays y de hautes félicitations
sur une aussi grande œuvre de régénération et de morali-
sation, sur le caractère qu'il a déployé dans cette création,
caractère auquel chacun rend justice. — Il veut achever
son ouvrage : honneur lui en soit rendu.
H. le président indique qu'il y aura réunion ce^ir , à
6 heures 1/2 , pour les instruments envoyés au concours ;
à 7 heures, pour une séance de la Société française pour la
conservation des monuments.
Demain , de 7 à 1 1 heures , pour la section agricole.
M. de Boutteville propose une quête pour l'établisse-
ment des détenus dont vient de parler M. Lecointe.
M. le président répond que cette quête sera jointe à
celle qui aura lieu dimanche pour les indigents de la ville.
Séance générale demain, à 2 heures.
La séance est levée à 5 heures et demie.
SËÂNCfi DU 26 JUILLET.
pRiSIDBNGE DB M. DE BEAULIEU.
La séance est ouverte à fi heures.
Prennent place au bureau : MM. le sous-préfet * de
Gaumont ; J. Girardin , de Ste-Marie , inspecteur général
34
530 SÊAlfCBS GBNBRALBft A NBUFCHATBL.
de Vai^riciilture; vicomte deMadrM, délégué deVj
tion do nord; Dojardin et de Beaurepaire.
Le procè^verbal de la aéanee générale de la YelOe est la
el adopté.
Après la lecture des procès* verbaux des sections , M. 61-
rardin fait connaître qu'il a reçu deux lettres , Tune de
M. Descolombiers , président de la Société d'agriculture
de r Allier , qui s'excuse de ne pouvoir assister aux réu-
nions de l'Association; l'autre, d'un anonyme, qui pré.sente
des observations sur le Mémoire de M. Hubard , relatif à
l'instruction primaire dans l'arrondissement. Ce dernier
écrit est renvoyé à la 3* section.
M. Girardin ajoute que le jury formé pour prononcer
sur les résultats du concours d'animaux a terminé son
jugement, mais que la proclamation des noms et la remise
des primes seront ajournées à demain.
M. Girardin dit ensuite que le rapport sur les exploita-
tions les mieux tenues n'est pas terininé , et qu'il sera
également présenté demain.
Enfin , M. Girardin annonce qu'il a reçu de M. le doc-
teur Cisse ville un Rapport sur les Eaux de Forges , qui
sera , par extrait , communiqué à là fin de la séance.
M. de Caumont annonce à la réunion l'arrivée de H. le
vicomte de Madrid , pr^si^ent du Comice agricole de
Yervins , représentant l'Association du nord ; celle de
M. le docteur Le Sauvage , médecin en chef des hospices
de Caen et délégué de la Société royale d'agriculture et
de commerce de la même ville ; celle enfin de H. Adelîne,
délégué de la Société . d'agriculture , »fts et bdJ^fettrei
de Buyeux.
M. le présî4^9t reoierçie ces |f e^i^v/rs ifi if ur ymm-
BTAT DB i.*IN$TttUGTION PRIMAIIUS. 531
M. UutKird y au nom de la Z"" section , donne lecture du
Rapport suivant sur Tétat de Tinstructidn primaire dans
Tarrondissement de Neufchâtel.
Rapport de M, Hubàud $ur l'éfat de Vimtruciîon primaire
dans Varronditsemeni de Neufehdtel.
*
Bepuis 10 anSy Finstruction primaire s*est généralement
répandue dans Farrondissemeot de Neufchâtel ; et si elle
laisse encore beaucoup à désirer sous certains rapports , il
dut reconnaître cependant qu'il j a dans renseignement
amélioration et progrès.
Des communes qui étaient privées d'instituteurs , à dé-
faut de maison d'école , se sont imposé des sacrifices , et
en peu d'années elles se sont placées au même rang que
les autres communes les mieux pourvues. Les instituteurs
qui se sont présentés dans ces derniers temps et qui ont
été admis par les Comités locayx et par le Comité d'arron-
diasement , sont, pour la plupart, des jeunes gens remplis
de zèle et ne manquant pas de capacité. Parmi eux , il
s'en trouve qui ont une instruction aussi solide qu'avan-
cée , et qui en font profiter leurs élèves» De jour en jour
diminue le nombre de ces anciens instituteurs que l'âge
contraint à prendre leur retraite , et qui , n'ayant reçu
qu'une instruction médiocre , ne peuvent transmettre à
leurs élèves que des connaissances autant incomplètes
qu'elles sont insuffisantes. De toutes parts donc l'instruction
primaire peut être donnée et reçue aujourd'hui à peu près
au même degré et aveciles mêmes avantages.
Les habitants des campagnes , coupables autrefois de
tant d'iodiiUreAce en matière d'instruction , apprécient
532 SRAIfCBS GBIIBBALES A NBtJFCHATBL.
maintenant les bienfaits de l'éducation et la supériorité
qu'elle donne à ceux qui sont à portée de la recevoir et
d'en profiter. Ils savent que la valeur de Thonime ne con*
siste pas dans le hasard de la naissance ou seulement dans
la possession des richesses ; mais que la science et le talent
ont aussi leur prix , et qu'ils font la véritable distinction
entre les individus. Ils envoient donc leurs enfants aux
écoles primaires , quand leur position de fortune ne leur
permet pas de faire plus ; dans les pensionnats et les col*
léges, lorsque , sans trop se gêner, ils peuvent faire les
dépenses nécessaires pour que ces enfants reçoivent une
instruction supérieure. Ils se réjouissent de leurs succès ,
et ils font ce qui dépend d'eux pour seconder les institu-
teurs. Ceux-ci commencent à jouir de la considération
qu'ils méritent , qui leur est due, et qui ne leur était
pourtant pas toujours accordée. Ils ne tout plus regardés *
comme des mercenaires jetés dans tes derniers rangs de la
société ; on s'accoutume à voir dans l'exercice de leur pro-
fession un bel et noble emploi. Les hommes vraiment ho-
norables , ceux qui savent combien l'instruction est chose
précieuse , leur tiennent compte des efforts qu'ils font , et
ce témoignage de sympathie ne contribue pas peu , dans
nos communes rurales , à encourager les instituteurs , à
les faire redoubler de zèle et de soins , pour qu'en sortant
de leurs mains les élèves justifient la confiance qu'on a eue
dans le maître.
Le nombre des enfants qui fréquentent les écoles s'est
donc accru d'une manière sensiUe depuis quelques années.
Il s'accroîtra encore en raison des dépenses que feront les
communes pour avoir des maisons d'école commodes et
bien entretenues , et des subventions qu'elles pourront
BTAT DB l'instruction PaiMAI&B. 533
payer pour avoir de bons instiluteurB ; car il &ut le dire ,
Messieurs , il est vraiment déplorable de voir que ceux^
ci De peuvent pas trouver dans le seul exercice de leur
prolessioo les ressources indispensables à leur existence.
Ib ne reçoivent qu'un traitement bien insuffisant , et
souvent ils sont obligés de recoui'ir à quelque industrie
accessoire , comme celle de chantre de paroisse ou do*
secrétaire de mairie. Sans doute, cela n'ùte rien à leur
considération et ne porte nulle atteinte à leur dignité mo-
rale ; mais ils enlèvent ainsi aux leçons de l'école un temps-
qui devrait leur être uniquement consacré ; leur indépen-
dance en souffre , et c'est un très-grand mal.
L'fnstruction primaire est donnée dans les termes de la
loi du 28 juin i843. Elle comprend l'instruction morale et
religieuse , la lecture , l'écriture, les éléments de la langue
française et du calcul» le système légal des poids et mesures»
Quelques-uns de nos instituteurs, asseï instruits pour
pratiquer l'instruction primaire supérieure , étendent
l'instruction éléokentaire à quelques-unes des branches de
ce degré d'instruction , quand ils trouvent des sujets aptes
à profiter de leurs leçons.- Ainsi ils font entrer dans l'en-
seignement les éléments de la géométrie et ses applications
les plus usuelles , le dessin linéaire et l'arpentage. Il yen
a qui donnent des leçons de chant , d'histoire et de géù^
graphie. Si en cela ils s'écartent un peu du programme or-
dinaire, il ne faut pas trop leur en faire un reproche.
Très-peu d'élèves sont en. position d'user de ces bonnei
dispositions ; et si nous signalons ce fait , ce n'est que
pour mieux constater que , même parmi les enfants que
la condition de leurs parents appelle à ne recevoir qu'une
instruction primaire élémentaire , il en est cependant qui
534 SBANCKS GRNBRALBâ A FIBUFGflATBL.
peaveolet quine demandent pas mieux que de recevoir une
instmctian primaire supérieure ; qu'il n*y a pasd^ëloigiie-
ment, de la part des enfants, à s'instruire, et, delà part des
parenis, à leur faire donner de l'iastmction ; que toutes
les classes , au contraire, s'empressent de profiter du bien-
fait qui leur est offert , et que même , dans tm état voisin
de l'indigence , les parents font encore tout oe qu'ils
peuvent pour que leurs enfants soient admis gratuitement
dans les écoles , aimant mieux se priver de quelques res-
sources qu'ils trouveraient dans le fiiible travail de ces
enfiints , que de voir ceux-ci tester tont-à-£aiit sans in*
struclion.
Il ne peat être permis , à l'occasion d'un simple exposé
destiné à vous présenter l'état de Tinstruction primaire
dëmentaire, de vous parler de l'instruction secondaire.
Nous pouvons dire cependant qu'elle est donnée encore
avec succès dans une proportion assez notable de la popu-
lation du pays. Il n'y a que peu d'institotions. Les plus
distinguées sont , pour les Jeunes garçons , celle de
M. Boulen , à Aumale , et la maison de Nazareth , A
Mesnières. Ajoutons que beaucoup d'enfants de nos riches
cultivateurs sont placés dans des pensionnats à Rouen, et
même au collège royal; que ce sont autant d'élèves enlevés
à l'instruction qui se donne dans l'arrondissement, mais
que ces enfants n'en reviennent pas moins phis tard au
foyer paternel avec des connaissances acquises; qu'en
fiibmme donc notre population reçoit, autant que possible,
l'instruction primaire au premier et au second degré ;
qu'elle peut recevoir dans vn certain nombre de communes
l'instruction primaire supérieure , et qu'il y a encore des
ressources suffisantes pour ceux qui veulent et peuvent
BTAT DE LINSTftUCTION FftlMAlRB. &M
acquérir une instruclMHi plus solide et plut étendue , sens
ôtre celle des collèges royaux.
Cependant , Messieurs , nous ne pouvons nous enpé*
cher de voua bire remarquer que si Tétat de rinstructioa
primaire dans notre arrondissement est satisfeisant sous
oertair. s rapports, il est loin de Télre autant aous d'autres.
Ainsi beaucoup de maisons d'école sont trop petites
pour oontemr le nombre des élèves qu'on y envoie ; il y
en a qui sont mal entretenues et dans un grand état de
délabrement. Les communes ne sont pas asseï riches pour
faire les dépenses nécessaires pour rendre ces maisons
propres au service auquel elles sont destinées ; la santé
desenfiintsen peut souffrir; beaucoup d'instituteurs sont
mal logés. Il y en a qui ont été forcés de renoncer A ren-
seignement dana quelques conmiunes , k défaut d'baMIa-
tion convenable pour les reeevoir.
Mais ce que nous devons plus particulièrement signaler
à Taltention , c'est le défout d'institutrices communales
ou privées dans presque toutes nos communes.
Nous n'en pouvons compter qu'un petit nombre , — M
ou â7 au plus , -*- en n'y comprenant pas les trois institu-
tions du cheMieu. Dans les communes où il ne s'en trouve
pas, — et notre arrondissement se compose de 144 com-
munes , — les jeunes filles fk*équentent les écoles des insti-
tuteurs. SI les sexes sont séparés , ce qui n'arrive pas
toujours , la séparation n'a lieu que pendant la durée des
classes , qui se font auit mêmes heures. Mais, les classée
terminées , les garçons et les filles* se rencontrent et se
retrouvent pour retourner ensemble au domicile de leurs
parents , situé souvent A d'aMs grandes dislances. Nous
n'avons pas besoin de vous dire quelles sont les fKcheuses
536 SBANCBB GBNBBALB8 ▲ NBUFGBATBL.
coosëquenoes qui peuvent en résulter ; car oe ne sont pas
seulement des enCaints de 7 on 8 ans qui fréquentent les
écoles primaires , ce sont ajossâ des jennes garçons et des
jeunes fiUes de 12 ^ 14, 15 ansei^ji^iff ; et nos annales ju*
diciaires ne nous offirent mallMureusMient tous les jours
que trop d'exemples d'une démoralisation précoee et d'une
perversité bien grande.
IVun autre côté» il y a inoonvenanoe» et même inconve-
nance très-grande selon nous. Messieurs, à ce que riiistruc-
tion fiimilière soit donnée , en-dehors de la surv^llanoe
des parents, par un jeune instituteur è des jeunes filles
facilement accessiUes à la séduction des sens. Il y a donc
un double danger pour la morale publique dans la confu-
sion des sesLes parmi les élèves admis aux écoles » dans le
déÛMit de surveillance de ces élèves hors des dasses, dans
la fréquentation par des jeunes fiUes, arrivées déjà A Tâge
de puberté , des écoles tenues par un instituteur , qu'il
soit célibataire ou marié. A JKeu ne ptaiae que nous
veuillons insinuer dans vos esprits le moindre doute sur la
pureté des mœurs des jeunes filles de nos hameaux ! Nous
croyons avec vous , Messieurs , que ces jeunes filles sont
toutes chastes et vertueuses ; mais nous croyons aussi que
les bienséances » aux champs comme à la ville , que de
hautes considérations inutiles è rappder id doivent £ûre
désirer que , le plus promptemeot possible , des femmes^
respectables par leurs mœurs et par leur conduite , soient
appelées exclusivement dans toi^tes les communes à Tin-
slruction des jeunes filles,et à leur donner cet enseignement
qui doit en faire un jour des bonnes mères de famille, des
femmes charitables , des parents dévoués et secouraUes.
N'oublions pa» , Messieurs , que les femmes aussi contri-
ÉTAT DE l'instruction PRIMAIBE. 537
buent piijssanunent par leur bonne éducation , par la soli*
dite de leurs principes , par leurs vertus domestiques , aa
maintien des bonnes mœurs , et que ce sont les bonnes
mœurs qui font la prospérité des nations.
Et cependant , Messieurs , ce n'est pas sans une rive
appréhension que nous appelons la réforme sur ceUa
partie de Tinstruction primaire. Tout an bisant des vœux
pour que l'éducation des filles soit exclusivement confiée
à des institutrices aussi capables que zélées y nous ne poi»<
vons nous dissimuler que le moment n'est point encore
arrivé où cette amélioration puisse se foire d*une manière
efficace et dans l'intérêt bien entendu de l'instructioii
primaire.
Le mieux est Tennemi du bien , dit«on souvent , et à
c6té de l'innovation se trouve toujours le danger d'innover.
C'est en matière d'instruction qu'on peut foire, au-
jourd'hui plus que jamais , l'application de cet adage.
En voulant établir deux écoles spéciales dans chaque
commune, l'une pour les enfonts du sexe masculin, l'autre
pour les enfonts du sexe féminin j on courrait le risque ^
il faut bien en convenir :
D'avoir, par commune, un instituteur et une institutrice
qui ne recevraient chacun qu'une très-modique rétribution
mensuelle, insuffisante pour les faire exister l'un et l'autre;
De ne trouver , dans cette circonstance , ni instituteur
ni institutrice qui voulût donner l'enseignement à ces
conditions ;
De ruiner l'instruction offerte aux jeunes garçons, à
défaut d'instituteur , ou l'instruction primaire offerte aux
jeunes filles , à défaut d'institutrice.
En effet, le traitement de l'instituteur est déjà trop
538 SKlflCBS GBNéaiLBS A lYBVFCflATBL.
fidble pour que celui-ci puisse vivre convenablement. Ce
qn'il reçoit est si peu de chose, qu'il reste toujours dans
un état infime , dans on état voisin de la gène et du
besoin. Si vous divisez ce traitement , il ne reste plus rien
à chaque partie prenante , et alors la position de Vinsti-
tutenr ou de l'institutrice n'estpas tenable<
Cela n'est que trop facile à démontrer.
Prenons pour exemple Tun des instituteurs de nos
Communes rurales, le sieur Le Tellier , à Croisy^la-Haye ,
qui reçoit, avec le minimum du traitement fixe donné par
rStat , Tune des sommes les plus élevées qui se paient le
plus généralement à titre de rétribution memudte.
Ce minimum est de 200 fr. • » c.
Le maximum est de. •-..•. 450 « »
Total 650 fr. »» c.
34 garçons et 16 filles fréquentent l'école en été ;
20 garçons et 30 filles la fréquentent en hiver.
Pendant Tannée , Tinslituteur reçoit donc autant de
filles que de garçons dans son école.
Si on établissait, en ce moment, une école de filles dans
la commune de Croisy , rînslîtuteur ne recevrait plus que
la moitié des 450 fr., montant de la rétribution mensuelle.
En tout , il ne toucherait donc annuellement que 425 fr.
L'institutrice toucherait pareille somme , en supposant
qu'on pût aussi lui assurer le traitement fixe de 200 fr.
11 est impossible qu'un instituteur , quelque économe
qu'il soit, puisse vivre avec un modique revenu de 425 f.,
surtout s'il a une femme et des en&nts , ou une vieille
mère infirme , ou une sœur à sa charge , comme cela
n'arrive que trop souvent.
fiTAT DB L*IIfSTEUCT10N PRIMAIRE. 539
L'ioBlitiitrice, placée dans la même position, ne pourra
pas mieux exister que Tiostituteur. Mais en admettant
que , par Teflet de cette économie parcimonieuse que l'on
rencontre chez beaucoup de femmes , rinstitutrice puisse
échapper aux horreurs du besoin et se maintenir en pos«
aession de son école, l'instituteur, réduit à uii traitement de
425 fr. y sera forcé de déserter la sienne et de chercher , si
cela est encore possible pour lui, une profession plus lucra-
tive que celle de l'enseignement. L'école des garçons res-
tera donc sans instituteur ; c'est-à-dire que ceux-là se trou-
veront privés d'instruction , qui en ont le plus besoin et à
qui elle doit le moins manquer.
Ce que nous disons de la commune de Croisy-la-Haye ,
Messieurs, nous le dirons alors de toutes les autres com-
munes rurales. Ainsi , à moins d'une résolution à prendre
par le Gouvernement pour augmenter le traitement fixe
des instituteurs et des institutrices dans des proportions
suffisantes pour assurer leur existence, il devient donc dif-
ficile , pour ne pas dire impossible , et nous l'avouons
franchement , de substituer une nouvelle organisation à
celle qui subsiste aujourd'hui.
Ce ne serait pas sans danger que l'on tenterait de rem-
placer les instituteurs et les institutrices laïques par des
instituteurs et des institutrices appartenant aux congré^
gations. Dans notre pays , nous le croyons , l'esprit public
ne s'accommoderait pas de ce changement , et, loin de le
favoriser , on s'alarmerait de ce qui serait tenté pour le
Élire admettre. Loin donc de gagner sous aucun rapport
que ce soit , nous perdrions tout au contraire.
Ce n'est pas ici le lieu de discuter les graves questions
qui s'agitent , en ce moment, dans des régions élevées, et
540 SBAIfCKS GÉNÉRALES A NBUFCHATBL. '
de savoir lequel doit prévaloir, dans Tiotërôt général, de
renseignemeDi laïque ou de renseigoemeotcongrégaoisle.
A d*aulres que nous il appartient de traiter cette matière,
et de la traiter avec la supériorité de lumières qu'il dut
posséder pour bien l'approfondir. Mais nous ne pouvons
nous empocher de dire que, chez nous, on n'hésite pas à
préférer renseignement laïque , comme le plus propre à
former des citoyens et des pères de famille. Et ce ne sérail
probablement pas sans trouble , sans dissensions dans les
communes de notre arrondissement, qu'on y établirait
exclusivement l'enseignement congréganiste.
Aussi, Messieurs,n'avons-nous point eu, jusqu'à présent,
à lutter contre ces tentatives qui tendent à faire remettre
exclusivement rinslruction primaire aux mains des insti-
tuteurs appartenant à des congrégations, et à faire préva-
loir celle qui est donnée par ces derniers. Nous devons au
bon esprit qui anime les autorités religieuses , si bien à
portée d*apprécier l'opinion publique , de n'avoir pas à
déplorer le douloureux scandale de la mésintelligence
occasionnée par la diversité de principes en matière d'édu-
cation. Nos curés accueillent avec empressement nos
instituteurs laïques , et nous devons dire que les rapports
qui existent entre les uns et les autres sont , en général ,
excellents. Nous avons l'espoir que cet état de choses se
maintiendra toujours. Si, dans certaines localités, les insti-
tuteurs sont mal avec le curé et bien avec le maire , et
vîceversd, ce sont des exceptions assez rares. Elles dispa-
raîtraient peut-être complètement si l'autorité religieuse
et l'autorité civile s'entendaient mieux ; disons le mot , si
les instituteurs étaient , par une position moins précaire ,
dans un plus grand état d'indépendance.
ÉTAT DB L'wSTRtCtlOlf PRlMAtUfi. 541
Le reproche que l'on fait quelquefois au Gouvernement
de protéger les congréganistes, au détriment de nos insti-
luteors laïques, ne peut donc r||cevoir et ne recevra jamais
son application dans notre arrondissement. Ici chaque
Comité local a le choix de l'instiluleur de la commune. Il
s'eiToroe , autant que possible , de le faire bon , et rare-
ment il se trompe sur la capacité et la moralité de Vinsti-
lateor qu'il choisit. Le dernier tableau dressé par M. le
aouft-inspecteur des écoles,nous apprend que tous les livres
employés dans les 177 écoles de Tarrondissement sont en
quantité suffisante dans 167, insuffisante dans 10, uni-
formes dans 166, non uniformes dans 11 ; mais qu'il n'y
es a aucuns qui soient mal choisis ou dangereux. Ce &it
"VOUS prouve , Messieurs , jusqu'à quel degré est observé
le respect dû aux règlements universitaires , et combien
peu OD serait disposé à admettre des doctrines qui ne
seraient pas en harmonie avec nos institutions.
L'enseignement ainsi confié à des laïques , à des pères
de famille jouissant de tous les droits des citoyens , soumis
aux lois dn pays et ne dépendant que du chef suprême de
l'enseignement, du ministre de l'instruction publique,
ne peut donc être que dans une bonne direction. Nous
n'avons point à redouter , quant à présent du moins ,
que la cause de l'éducation populaire soit compromise , et
tout nous fait croire que nos instituteurs arriveront au
but qu'ils doivent se proposer , celui de former pour le
pays des hommes probes et laborieux , honorés un jour
de l'estime et de la considération pnUique.
En TOUS exprimant donc le désir de voir dans toutes les
communes des institutrices chargées spécialement de l'in-
struction des jeunes filles , ce n'est qu'avec la plus grande
$42 SEANCES GÊNÊBALBS A NBUFÇHATBL.
circonspection que nous le formons. Nous ne pouvons nous
empêcher de reconnaître que c'est au temps seul qu'il
faut s'en remettre pour son accomplissement. Lorsque k
Gouvernement se décidera à faire pour l'instruction une
plus large part dans la distribution du budget , alors, roais
alors seulement , il sera possible de voir se réaliser les
vœux que nous formons.
Ici , Messieurs , nous sommes forcés de termiaer le
travail que nous avons entrepris ; le temps et les docu-
ments nous ont manqué pour le compléter* Cependant il
nous est permis de vous donner la statistique de nos ëeoles,
et c*est par elle que nous clorons ce Rapport.
Parmi le petit nombre d'écoles spéciales de filles qui
sont départies sur l'arrondissement • 4 doivent leur ezia-
tence à des fondations : ce sont celles des communes d'Ar-
gueil, Blangy, Montérolier , et l'école tenue par le» Dames
de rhospice, à Neufchâtel.
Nous ne connaissons pas de fondations en bveur des
écoles de garçons.
De nos 144 communes , 97 sont pourvues de maisons
d'école.
13 ont voté des fonds pour en faire construire , et ces
communes sont en instance pour l'approbation de leurs
délibérations.
10 sont sans instituteurs ou sont réunies à d'autres com-
munes, à cause de leur &ible population et de l'exiguité
de leurs ressources.
24 ne sont pas pourvues d'instituteurs.
Pendant l'année dernière (1844), les écoles ont été
fréquentées par 5,357 garçons et 5,05â filles. Ensemble :
10,409.
iTAT DB l'instmjctiok PRIMàIHB. 543
La popidalioii de rarroodûsement n'est que de 85^236
habitants , d'après les tableaux authentiques de recra-
sement
II y a 146 écoles communales et 31 écoles privées.
Dans toutes , Tiastruction est élémentaire.
3 écoles pratiquent l'enseignement mutael.
Iâ4 l'enseignemçnt simultané.
31 l'enseignement mixte.
19 renseignement individuel.
235 garçons ont fréquenté les 3 écoles mutuelles en
iSU.
4,052 ont été ditfribués dans les écoles où se pratique
l'enseignement simultané.
5753ont suivi les écoles où l'enseignement est mixte.
459 se sont trouvés répartis dans les écoles où l'ensei-
gqement individuel est encore en vigueur.
3,694 filles ont reçu l'enseignement au moj^n de la
méthode simultanée.
1,012 parla méthode mixte.
326 par la méthode individuelle.
En été , les écoles sont moins fréquentées qu'en hiver.
Dans l'été, on n'a compté que 3,784 garçons et 3,788
filles.
Dans l'hiver , 4,328 garçons et 3,724 fiHea.
1,029 garçons et 1 ,318 filles ont été admis gratuitement
aux écoles.
D 7 a 156 instituteurs laïques.
V 125 sont mariés.
27 sont célibataires.
4 fiOflit veyfs.
544 SBAHCBS GBRBRALBS A NBVFCHATBL.
21 instituteurs et institutrice» appartiennent à de» cor-
porations religieuses.
Toutes les écoles sont consacrées aux enfanU du coït»
catholique.
' Le revenu approximatif des instituteurs et des institu-
trices peut être établi comme il suit :
Traitement fixe , ensemble 34,711 ir.
Rétribution mensuelle 49,370
ToUl • • . 8*.0gl fr.
Le taux moyen de la rétribution payée mensueUemeot
par chaque élève , est de 184 fr. M c. , au point de vue
général; mai», relativement, la moyenne de U rétribatioa
mensuelle n'est que de 1 fr. 05 c- par mois.
Les écoles peuvent être classées de la manière suivante,
d'après le dernier état de situation des écoles dressé par
M. le sous-inspecteur , pour l'année ISU.
5 sont remarquables et ne laissent rien i désirer.
8 sont excellentes ou très-bonnes.
65 sont bonnes.
16 sooi asBW bonnes.
7 sont en progrès.
33 sont passables.
6 sont médiocres.
. 6 ne sont pas bonnes.
1 6 sont mauvaises.
4 sont très-mauvaises.
Tels sont , Messieurs , les seuls résultats que nous pu*
rions vous présenter aujourd'hui ; nous regrettons de
n'avoir pu mieux faire. Nous ne savons si nos parole»
peuvent avoir du retentissement hors de cette encemte.
ÉTAT DB L'iNSTBUCTIOII PRIHAIIB. 545
Dans tous les cas , c'est à vous , Messieurs de rAssociation
normande , que nous nous adressons. Nous vous prions ,
dans l'intérêt de notre cher pays , de reporter nos vœux
à qui peut et doit les exaucer ; nous vous prions de les
appuyer de votre influence si grande et si puissante» Nous
regardons comme l'accom plissement d'une sainte mission
votre présence dans notre arrondissement. Elle stimulera
le zèle de ses habitants ; elle contribuera , n'en doutons
pas , aux progrès des arts et de l'industrie. Elle prouvera
que l'égoïsme , ce vice de l'époque , n'est pas partout ;
que nos sommités littéraires, scientiGques et industrielles,
s'occupent du bien-ôtre de tous , et elle parviendra , peut-
être , à nous réunir un jour dans un intérêt commun ,
celui du bien public, que nous devons tous envier et
désirer.
M. le président , au nom de l'assemblée , remercie l'au-
teur de ce travail aussi, complet qu'intéressant , et ren-
fermant des vues aussi élevées qu'utiles.
M. Fernet se lève et rend compte d'une proposition
qui a été faite dans le sein de la seclion d'instruction , à
l'eflet d'examiner s'il ne conviendrait pas de demander au
Gouvernement d'élever les instituteui*s primaires à l'état
de fonctionnaires publics , c'est-à-dire d'assurer leur trai-
tement intégral sur les fonds de l'Etat ou du département,
à charge de donner gratuitement l'instruction à tous les
enfants de la commune.
Cette proposition est renvoyée à un examen ultérieur.
M. le sous-préfet demande à présenter une simple ob-
servation qu'il désire voir consignée au procès* verbal: c'est
que l'arrondissement de Neufchâtel , qui est le moins
35
546 8BARCB8 GBHBftALES A NBUFCHATBI..
peuplé , est , sous le rapport de riustruction primaire , le
plus avancé et celui qui possède le plus de maisous
d'école.
M. Mabire est appelé à la tribune pour donner lecture
d'un Rappoi:t historique, critique et raisonné, sur l'état de
l'agriculture dans l'arrondissement.
Bapport de M. Mabire, fils, sur l'étnt de l'agriculiure dont
l'arrondiêsemmi de Neufchdîd ^ en 1845, comparé à la
culture ancienne^
L'agriculture , dans Tarrondissement de Neufchâte! , a
fiiit peu de progrès depuis 40 ans , c'est-à-dire qu'elle est
à peu près ce qu'elle était en 1800 ; car déjà , à cette
époque, les prairies artificielles , les luzernes «les mi-
nettes étaient cultivées. Le peu de changements opérés
consiste dans l'augmentation des herbages , dans quelques
assolements , et aussi dans l'emploi de quelques instru-
ments nouveaux. Nous parlerons plus longuement, et à
leur ordre, de ces derniers changements, de leur avantage
et de leur opportunité.
Les instruments nouvellement mis en usage . sont :
Le semoir , la herse Bataille , l'extirpateur , les char-
rues Raffin, brevetées, etDombasle , la herse Yalcourt et
la charrue cauchoise .
Tous ces instruments ont , sans contredit , une grande
supériorité sur les anciens ; mais suffit-il de le dire ? Non ,
il iaut le prouver. Le semoir Hugues donne une grande
économie de semence , place convenablement les grains ,
et permet à chaque plante, également distancée, d'obtenir
tout le développement dont elle est susceptible.
ÉTAT DB L*AGRICirtTimB. 5(7
Les grains ainsi faits sont toujours plus grands et plus
beaux que ceux qui sont semés à la main. Pour ces der-
niers , ils ne peuvent soutenir de comparaison ; trop pres-
sés ou inégalement répartis , ils se gênent mutuellement
et restent toujours rachittques et malingres , puisque
tantôt ils ont un mètre carré pour les nourrir an nombre
de 100 9 et tantôt quatre mètres. :
On comprendra donc facilement qu'un hectare ainsi
traité ne peut donner qu'une récolte très-inégale.
Dans les trois quarts des exploitations , la somme se
trouve répartie sans compte ni mesure , et le choix du
semeur entre pour bien peu ; la pièce est semée , on la
herse ; viens si tu peux , tout est fini.
La herse Bataille est un parfait instrument. Comme l'ex-
tirpateur , elle évite des labours , donne la propreté aux
terres, et rend de grands services au moment des semailles
du printemps. Dans un jour , avec un de ces deux instru-
ments , 4 chevaux mettront dans un état parfait 3 hec-
tares de terrain , tandis que la meilleure charrue ne
pourrait tout au plus , avec le même nombre de chevaux,
en labourer que 75 ares , labour qui serait inférieur à
l'ameublement obtenu par ces instruments.
La charme Dombasle, ou araire, n'a guère fait que pa.
raftre et disparaître chez nous. La difficulté de la faire
bien conduire , de la bien traiter par les maréchaux , l'a
fait abandonner de tous ceux qui ont pu lui comparer la
charrue Raffin , qui est plus facile & conduire , et qui ,
par ses pièces de rechange , économise les frais de ma-
réchaux , ne fait pas perdre de temps , tout en évitant
les défauts de fabrication , les -réparations et entretiens
inévitables.
548 SBAKCBS oiNÉltàLBS A NBUFCHATBL.
L'araire a aum été remplacée dans quelques localités de
notre arrondissement , et particoUèrement dans le canton
de Londinières , par une charrue Belette , qui est un
composé de l'araire , pour la haie ; de la charrue cau-
choise, pour le club; de la charrue Raffin , pour l'avantp
train et le régulateur. Cette charrue est assez bonne et
très-préférable À l'ancienne oreille. La charrue cauchoise
est la première qui soit venue faire concurrence à la
charrue tourne-oreille ; elle n'est bonne que pour les pla-
teaux; et quoique inférieure à la charrue RaflBn brevetée ,
cUe n'en est pas moins celle qui existe en plus grand nom-
bre , après la charrue du pays« Les maréchaux , les char-
rons j les charretiers , font tout ce qu'ils peuvent pour la
soutenir près des insouciants , et malheureusement ils ne
réussissent que trop pour la poche du négligent qui les
écoute.
La herse triangulaire ne peut être mise en comparaison
avec la herse Yalcourt. Ce dernier instrument gagne tou-
jours à être connu, et n'a jamais été abandonné depuis
15 ans I dans nos localités , par aucun de ceux qui l'ont
mis en action.
Les instruments nouveaux dans l'arrondissement de
Neufchâtel , y sont dans les proportions sui\ antes :
Semoir Hugues. ... 6 pour 144 communes.
Herse Bataille et extirpale.
Charrue Raffin
Charrue composée ou Be-
lette
Charrue cauchoise. . •
Herse Yalcourt. • » .
n résulte de ce tableau que 400 charrues supérieures et
iO
id.
300
id.
100
id.
1000
id.
100
id.
ÎTAT DB l*agriculti;rb. 519
1,000 cauchoises servent à notre pays, qui en emploie en-
▼iroD 3,000.
La herse trian^laire est non-seulement défectueuse
dans son travail , mais elle ne fonctionne à peu près que
dans la moitié de son ensemble et n^offre aucune résistance
à l'usage. Pour la charrue tourne-oreille , c*est le plus
mauvais instrument. Les grands accidents de terrain et
les plus entêtés cultivateurs seuls la font encore exister.
L'engraissement des bestiaux se &it , dans notre arron-
dissement y. principalement à Therbage. Nous ne dirons
rien de cette manière de l'obtenir. Chacun sait qu'elle est
des plus simples : choisir de bonnes espèces , leur donner
de l'herbe toujours en quantité , voilà le secret. Il n'en
est pas de même du peu de bestiaux qui s'engraissent &
l'étable. Cette manière d'engraisser deniande de grands
soins , beaucoup d'attention et de propreté de la pari de
ceux qui veulent réussir à faire payer les réeolles mises
ainsi en consommation.^-Chez la plupart des fermiers , si
une , deux ou quatre vaches sont mises à l'engrais , on
les coupe de lait , on les place dans ua coin de l'étable ;
puis , par une plus grande abondance de nourriture , on
attend qu'elles deviennent plus ou moins grasses ; on ne
s'inquiète pas si elles sont distraites par le va^et-vient
continuel des domestiques occupés à soigner les autres.
Si elles ont besoin d'être saignées » si des démangeaisons
viennent à les tourmenter, on les couvre de cendres.
Couvrir de cendres des animaux pour qu'ils ne se rendent
pas à eux-mêmes ce que la main du nourrisseur atten*
tienne doit leur donner, est une grande anomalie ; cepen-
dant cette incurie, de la part de nos nourrisseurs, est très*
550 SÉANCES GBRBRÀLES A NEUFCHATEL.
commune : raDÎmal, aiosi couvert, essaie de se lécher; il
rencontre des aspérités ou de la malpropreté qui se met
dans sa langue râpeuse , il se dégoûte et souffre sans pou-
voir se guérir. — L'engraissement bien entendu doit se faire
d'une toute autre manière. Voici comme il doit être traité,
selon notre expérience : Isoler d*abord les animaux, pour
qu'ils obtiennent le repos si nécessaire à l'engrais , les
tenir dans le plus grand état de propreté possible , veiller
à ce que le plus grand ordre règne dans les heures où on
leur distribue les aliments , régler la quantité sur leur
estomac , ne les point laisser se dégoûter et les faire
manger beaucoup en peu de repaâ , afin que les heures de
digestion et de repos prennent au moins les trois quarts du
temps. Si un animal se dégoûte , il faut le mettre à la
diète , attendre que son appétit reparaisse. Souvent aussi
il faut lui 6ter un peu de sang, afin de détruire l'assou-
pissement causé par une trop grande masse de sang faite
en peu de temps , et se souvenir que les animaux n'en-
graissent qu'en proportion de l'abondance de la nourriture
qu'ils prennent , mais sans indigestion ; donner beaucoup
et rendre malade , n'est pas le moyen d'arriver à un bon
résultat. Une des grandes erreurs des nourrisseurs , c'est
de croire que l'appétit des animaux assonpîs est de l'as-
souvissement , et que pendant cet assoupissement ils en-
graissent. Les grains , les fourrages , les légumes les
mieux récoltés doivent seuls être employés dans l'engrais-
sement ; les grains médiocres se paient peu par l'engrais,
et sont souvent un obstacle au succès. Il vaudrait bien
mieux vendre , dans ce* cas, les grains avariés, et donner
la même somme d'argent en moindre quantité , bien
entendu , que de Êiire consommer. L'écurie où se fera
ÉTAT DB l'aGRICCLTUBE. 55 t
rengraiBsement devra être propre , aérée ; mais sombre ,
et la nourriture très-variée.
L'augmentation des herbages est , sans contredit y le
plus grand pas vers l'amélioration que notre arrondisse»
ment ait fait depuis 40 ans ; il n'est guère de communes
où cette amélioration ne se soit présentée d'une manière
sensible. Dans beaucoup d'entre elles , les herbages sont
augmentés de moitié. Cette culture est en bonne voie do
progrès, et peu d'arrondissements, en France, ne s'en occur
peut aulant et aussi bien que le nôtre. Tout routinier a dis«
paru devantes progrès. Je connais despropriétés dont la va-
leur est augmentée d'un tiers par la création de ces herbar
ges. Espérons qu'on ne s'arrêtera pas en si bon chemin, et
que l'on deviendra de plus en plus convaincu que l'homme
qui convertit y aussitôt qu'il le peut , des terres labou*
râbles en pré^ naturels au herbages , double sa fortune.
De l'élève des bestiaux nous ne pouvons pas malheU'^
reusement dire , comme dans^ l'article précédent , que
notre arrondissement est en progrès , et il est inconce«
arable que des hommes qui mettent tant de soin dans lai
culture de leurs herbages , soient aussi négligents sur le
choix des animaux qui doivent y yivre^ Les Sociétés d'a«
griculture^ les Comices n'ont encore rien pu contre
cette plaie de notre pays de Bray. Des milliers de veaux
naissent, tous les ans, avec une valeur moindre de moitié
que si l'on s'était enquis du choix du taureau ; la bouche-
rie , l'élève des jeunes vaches , y perdent étonnamment.
Les vaches viennent en folie , on les fait saillir par le
taureau le plus voisin ou celui dont le propriétaire vend
la saillie le meilleur marché ; fùt*il noir , blanc » gros ^
petit ^ de bonne ou de mauvaise espèce » on n*y regarde*
552 SÉANCB8 cAnBRALBS A NBUFCHATBL.
pas. Noire vache eet pleine , disent-iU , Me n'en donnera ni
plus ni moins de lait. C'est vrai pour le lait ; mais pour le
▼eau , si le père est bon , vous le vendrez à la boucherie
10 fr. , 15 fr. de plus à Tàge de deux mois , 5 fr. à Tàge
de deux jours, pour ceux qui les engraissent, et 150 fr. de
plus à l'âge de trois ans, si vous Télevez; et il n'aura pas
mangé davantage.— Notre pays est tributaire du Cotentin
pour les laitières ; et , chaque année , des sommes énor-
mes s'y engloutissent , parce que nous le voulons bien. Ce
que font les habitants de ces contrées, pourquoi ne le
ferions-nous pas ? La supériorité de leurs élèves tient au
grand soin qu'ils apportent dans le choix de leurs tau-
reaux. îl n'est pas rare d'y voir payer un taureau 1,000 f«,
et le fermier , qui sait apprécier le prix que nous lui
payons les jeunes vaches , ne recule pas devant une
somme qui lui est remboursée au quadruple. Si les jeunes
taureaux qu'il élève ne sont pas bons , vous le voyez
courant à droite ou à gauche, jusqu^à ce qu'il les ait rem-
placés ; tandis que , chez nous , si celui qu'on élève est
bon , on le conserve , et s'il est mauvais , on le conserve
de même , jusqu'à ce qu'il plaise au hasard d'en £iire
naître un meilleur. J'ai vu plusieurs foi» des troupeaux
de vaches, dans notre arrondissement, qui valaient moitié
moins qu'ils n'auraient valu , si le choix du taureau avait
été autre.— Les Sociétés , les Comices ont essayé , comme
je l'ai dit plus haut , d'améliorer cette position. Les
moyens qu'ils ont employés , quoique assez bons , sont
insuffisants. Qu'est-ce, en effet, qu'un taureau par canton?
Comment voulez-vous améliorer la race ainsi 7 II faut une
mesure énergique, faire le bien de nos herbagors, malgré
eux ! — La castration des jeunes taureaux défectueux^ ou
iTAT DB L'AfiaiCULTUlB. 553
la défense d'employer à la saillie un animal qui n'aurait
pas été reçu par une Commission composée, dans chaque
canton , des membres du Comice , du vétérinaire de la
localité et du maire de la commune où la visite serait
fiiite tous les ans en janvier , est , selon moi , le meiUeur
moyen pcurrégénérer la race.Le propriétaire qui mettrait
de l'obstination à garder un mauvais animal, serait libre
de le laisser saillir chez lui ; mais il lui serait défendu ,
sous peines de droit, de &ire saillir d'autres vaches
étrangères. Avec ce moyen , avant cinq années , notre
espèce bovine serait augmentée d'un tiers, puisque nos
pâturages et nos conditions de culture permettent d'avoir
d'aussi beaux bestiaux que partout ailleurs en France ,
même en Angleterre , dont le sol a tant d'analogie avec
le nôtre.
Une question qui touche à l'engraissement et à l'élève»
est la question des fourrages. Les fourrages sont-ils tou-
jours &its et récoltés comme ils devraient l'être dans
notre arrondissement ? Non. Trop de cultivateurs ou her-
bagers visent à la quantité, au lieu de viser à la qualité.
Bans les prairies artificielles , les foins ne sont nourris*
sants qu'en fleurs; il fiiut donc toujours les faucher avant
qu'ils perdent leur qualité nutritive : si on attend la
graine, ils perdent leurs fanes, deviennent paille-bois
et cessent d'être fourrages. Nos cultivateurs ne veulent
pas les faucher verts et succulents, parce que , disent-ils ,
c'est de la salade dans les râteliers; tandis que, mûrs, les
animaux les mangent moins vite, et, selon eux, en tirent
plus de profit. C'est une grande erreur : les fourrages
mûrs ont bien moins de qualité nutritive que ceux qui
sont coupés verts ; l'animal n'est bien nourri que parce
564 SiàNGM CÉSÉMàLES A HBUFCHATBL.
qu'il maBgeaYec plaisir. 50 kilogrammes de feorrageg,
coupés en fleurs , nourrisseot mieux qae 75 kil. fauchés
mûrs. Je conseille à HM. les partisans de fourrages des-
séchés de mettre dans leura râteliers des bourrées; les ani-
maux les mangeront encore moins vite. D'ulleurs, je mets
en fait que les fourrages^ en mûrissant, perdent en poids oe
qu'ils gagnent en volume.
Le choix des semences est aussi pour beaucoup dans
le rendement en culture. L'homme habile n'y apporte
jamais trop de soin , et le cultivateur qui néglige d'j
fidre attention éprouve de grands préjudices. Dans beau*
coup d'exploitations , on recule devant la dépense occa-
sionnée par l'achat de grains de première qualité ou de
telle ou telle espèce. Çest pourtant capital ; car une terre
bien cultivée peut ne pas produire tout ce dont elle est
susceptible , selon la semence qu'on y répand. Une dé-
pense de quelques francs par hect. pour les grains, ei de
quelques centimes par kil. pour les graines de fourrages ,
donne des résultats bien supérieurs à ceux qui résultent
du moyen économique en apparence , mais ruineux, d'à*
cheter des semences de seconde qualité, et d'employer à
cet usage des graines avariées , ou celles qu'on achète A
bon compte. Il ne peut jamais y avoir économie, â hect.
de grains choisis , répartis sur un hectare , donneront
plus que 3 de qualité inférieure. 15 kil. de graine-four-
T^E^f première qualité, donneront également un bien plus
beau résultat que 20 de seconde ou troisième , et il n'y a
jamais la différence d'un quart. C'est donc toujours une
économie trompeuse que celle que l'on croit faire dan^
l'acquisition, comme semence, de grains qui n'ont pas
toute la qualité désirable.
ÉTAT DB L'AORICmLTIJRE. 5S5
Les beaux grains ne font pas toujours les belles rëool«
tes, mais souvent; tandis que ceux de qualité secondaire
en donnent rarement de très-bonnes , et souvent de
mauvaises , quand eUes ne manquent pas tout^*fait.
Trop communément , dans les exploilalions , on sème
sans attention , sans choix d'espèce ou de qualité ^ les
graines, ou Ton replace constamment sur la même nature
de sol des plantes qui en sont fatiguées et , parlant de là,
qui dégénèrent pour les plantes comme pour les animaux.
Tout ce qu'il y a de mieux doit toujours être employé à
la reproduction.
La question des assolements vient à son tour réclamer
notre attention. Dire que l'assolement varié ou alterne est
le meilleur » n'est pas chose nouvelle ; les Sociétés d'agri-
culture , les hommes les plus distingués dans cette partie
ont assez clairement prouvé la supériorité qn'il a sur les
autres assolements. Nous nous bornerons donc à dire ce
qu'il est dans notre arrondissement , et quels sont les
motifs qui empêchent de le voir mettre plus souvent en
pratique. Peu , très-peu d'assolements alternes sont suivis
dans nos 144 communes ; une exploitation sur cent est à
peine dirigée de cette manière : pourquoi donc une aussi
bonne méthode n'est-elle pas adoptée plus souvent ? Cela
doit paraître étonnant , au premier coup-d'œil , à tous
ceux qui, voyant la différence des résultats par les chiffres
théoriques , se disent nécessairement : celui qui devant
une telle comparaison reste routinier , est bien incapable
ou bien entêté. Ce jugement rigoureux n'est vrai que pour
l'exception; mais pour la masse , il est injuste. Quelle que
soit l'apathie des cultivateurs , vous en verriez cependant
556 SÉANCBft €ÉNéftAI.BS A NEUFCHATRL.
quelques-uns comprendre oes chiffres et adopter ud assole-
ment qui augmenterait leur richesse ; mais des moti6
paissants arrêtent toot-à-fait ceux qui ohi envie de sortir
de l'ornière. Ces motifr capitaui , selon nous , sont au
nombre de dnq :
1^ Pas d*assoIement citerne possible dans une exploita-
tion, si le directeur n'est capable et intelligent. L'homme
intelligent reste-t-il cultivateur ? C'est ce que nous verrons
plus loin.
â^ Pas d'assolement alterne possible sans une plus forte
mise de fonds. (La culture en est-elle pourvue ?)
3® Pas d'assolement alterne possible sans constructions
particulières qui permettent la conservation desfourra-^
ges et racines, Thivernage et l'engraissement des bestiaux
qui , par ce système ^ augmentent prodigieusement en
nombre.
i"" La nécessité d'avoir plus de bestiaux oblige l'hoflimA
qui veut changer les assolements à une connaissance plus
grande de leur valeur ; pas d'assolement alterne possible
si le chef ne sait pas bien acheter ee qui devient la pins
forte branctiB de commerce de son exploitation. Il en
coûte bien cher pour taire un connaisseur en bestiaux !
5® Si ces quatre motifs arrêtent les progrès de Fassole*
ment alterne, le cinquième le rend impraticable» Les baux
de notre arrondissement, qui sont de courte durée , ont
un assolement triennal obligé. Se ruinerait, à l'avantage
de son successeur et au grand bénéfice de son proprié-
taire, l'homme qui oserait, malgré les baux de notre pays,
prendre l'assolement alterne ou varié* Cette considération
ÉTAT DB L'àGBICULTUBB. 557
seule arrêterait ceux qui réuniraient les conditions dont
il est parlé plus haut ; il liiudrait des baux de i 6 ans au
moins. Que les propriétaires en soient bien convaincus :
enrichir leurs fermiers serait s'enrichir eux-mêmes. La
Société d'agriculture de notre département, pleine de zèle
et de connaissances, a beau engager nos cultivateurs à
sortir de rornière, elle ne peut espérer réussir que quand
elle aura convaincu les propriétaires de la nécessité de
fiim de longs baux avec 4e& conditions qui n'arrêtent pas
ceux qui veulent le progrès. Autrement^ à tous les culti-
vateurs qui voudraient faire l'assolement alterne je de-
manderai : Ave&vous un long bail ? Et s'ils me répondent:
Non; je leur dirai : Tenez- vous tranquilles , car vous ne
travaillez pas pour vous.
L'assolement alterne ne peut et «ne doit pas toujours se
traiter par céréales et racines ; il n'y a pas de culture
générale. On peut être bon cultivateur et ne pas faire de
racines. Les anciens cultivateurs sont toujours effrayés
quand on leur parle de l'assolement alterne , parce qu'ils
pensent qu'il but , malgré tout , faire des carottes et des
betteraves. Il est bon qu'ils sachent que, pour toutes les
terres calcaires , glaiseuses , marneuses ou légères , l'as-
solement alterne ne veut de racines que des pommes de
terre ; les sols argileux et francs permettent seuls la cul-
ture des racines: Faire dans sa localité ce qui vient bien ,
est toujours de l'adresse en culture ; étudier son sol et
chaque pièce de terre, est de nécessité; ne Jamais s'entêter
à vouloir faire venir dans sa ferme ce qu'elle produit diffi-
cilement , est un pui&sant moyen de réussite.
L'assolement alterne nous semble devoir être conduit de
la manière suivante :
558 8BA1ICB8 OinAftALBi À HBITFCHATBL.
Sols francs et argileux.
100 hectares. — Savoir :
âO h. herbages ou prairies \
20 hlé J *0- l'isole.
10 carottes , betterares , pommes de
terre
5 colza ^ 20. â* sole.
8 seigle
S pois et vesoe
âO avoine , orge et blé de mars. . . ; 520. S* sole.
10 trèfle.
10 fourrages verts à enfouir ou à pà- ( 20. 4* sole,
turer. . . • • )
Sols glaiseux , calcaires , marneux et légers.
I 36. i"8ole.
100 hectares. — Savoir :
20 h. herbages ou prairies
16 blé
4 seigle
♦ Pf""»« de terre. . . , . . ^^g. 2.^^.
4 hivernacbe
4 pois et vesce
16 avoine , orge et blé de mars. . . | 16. 3* sole.
8 trèfle )
8 jachères jie.iesole.
16 sainfoin et luzerne | 16. 5^ sole.
. Dans ces deux assolements , Fengrais devra toujours
être mis sur la seconde sole. On voit que, par cette combi-
ETAT DE l'AGUCULTITRE. 559
saison, le trèfle ne reparaît qu'à la seconde rotation, c'est-
à-dire tous les huit ans ; c'est le meilleur moyen de le
faire réussir parfaitement.
Je demande la jachère frandie pour tous les sok où Ton
cultive les luzernes et sainfoins , parce que, pourœtte cul-
ture, il faut des terres propres et bien cultivées. Il sera
donc toujours bon de bien entretenir de labours lajachère,
et d'y semer en juillet des verts pour enfouir ou pâturer:
il est aussi entendu que la quantité d'herbages devra aug*
monter autant que possible ; mais diminuer , jamais.
Dans Tassolement triennal, ily a , selon ses partisans,
une branche qui rapporte : c'est l'éducation du mouton.
Pour moi , je n*en parlerai ici que pour dire que je metf
au défi un cultivateur de me prouver que les moulons
paient la nourriture au même priK que les vaches , et
qu'une seule fois , leur compte fait , ils aient été en bé»
néfice dans la ferme. Mauvaise , mauvaise spéculation que
celle qui met celui qui la fait quatre*vingt-diz fois en
perte sur cent.
Quand un troupeau , chez nous , peut piller sur autrui
sa nourriture et venir déposer l'engrais dans les terres de
l'exploitation de son propriétaire , il cesse seulement
d'être en perte. Des moutons pour les irielies et les ri-
deaux , mais des vaches pour les terres.
L'engrais que donne un troupeau nous coûte toujours
très-cher. Ce qui se perd d'engrais dans notre arrondisse-
ment est bien supérieur à ce que tous les troupeaux réunb
en produisent. Peu d'endroits en France s'occupent moins
des engrais que le nôtre. Les fumiers, toujours mal jriacés,
reçoivent souvent tous les égouts de la ferme et sont ainsi
lavés: c'est de la paille pourrie et leisivée des sels qu'elie
560 S^VCBft GBNBRALBS A IfBUFCHATBL.
contenait , qa'aprè« cela on charrie sur les terres. Les
urines des étables sont presque toujours perdues ; cepen-
dant l'effet de cet engrais est tout et aussi puissant que
celui de la poudrette et du guano , tant à la mode , et qui
coule fort bien 30 fr. l'hectolitre. Que de fois 30 fr. éco-
nomiseraient des citernes placées pour recueillir le meilleur
de nos engrais , que la négligence laisse couler au hasard
dans les cours des fermes , les chemins et les rues! Je crois
que la mauvaise administration de nos engrais laisse
perdre au moins le tiers de ce que la consommation des
récoltes en produit* Nos cultivateurs auraient besoin de
faire un vojage dans le département du Nord , pour y voir
avec quel soin les engrais sont recueillis, et se convaincre
de leur influence sur la culture de toutes les plantes. Les
Sociétés et les Comices devraient aussi y apporter toute
leur soUidtude. — Un de nos meilleurs amendements et
dont l'emploi n'est pas toujours judicieusement fait, c'est le
plâtre cuit. Il a une influence considérable sur tous les sols
qui ne sont pas humides ; il échaufie et donne une force
nouvelle à la végétation ; mais il ne faut pas le semer ,
comme cela se pratique souvent , quand les récoltes sont
avancées ; car alors, au lieu de tomber sur le sol qu'il fé-
conde , il reste sur les plantes qu'il salit, sans leur faire le
moindre bien. Sans eflfeC pour les sols humides, il a beau-
coup d'action sur les sols glaiseux , calcaires et légers.
n'y a en agriculture un animal qui rend d'immenses
services ; c'est le bœuf. Sa démarche, lente en apparence,
fait croire à ceux qui ont l'habitude de se servir Je che-
Taux qu'il n'est bon qu'à nous fournir des biftecks; c'est
une grave erreur. Employé aux travaux de l'agriculture, il
ÉTAT DE L*AGRICI]LTIJRB. 56 1
est adroit, courageux, et fait pour tous ces travaux autant
que le cheval. Sa sobriété le fait employer dans tons les
départements où le sol n'est pas riche. En effet, Messieurs,
ai vous conseilliez à ces départements de se servir , pour
leur cultare , de chevaux , ils vous répondraient , avec
raison : Les chevaux sont beaux et bien séduisants ; mais
avec quoi les nourririons-noos? Ils nous ruineraient. Tous
ees départements ne récolleraient pas assez pour nourrir
des animaux qui , chez nous , mangent la moitié des ré*'
coites de chaque exploitation où on les emploie. Dans
Fassolement triennal de nos contrées , le cheval dépense
la sole d'avoine tout entière , et les deux tiers de la ja-
chère que l'on sôme en trèfle et pois , pour pouvoir le
nourrir , sans compter toute la menue paille de blé. On ne
laisse aux autres animaux qu'un peu de fourrages et la
paille d'avoine. Béte de luxe , le cheval est trop souvent
préféré auxbètes de rapport. Ainsi, communément ,dans
les exploitations de notre arrondissement , on le trouve
gras et superbe , tandis que les vadies sont affreusement
maigres. Beaucoup de nos cultivateurs se croiraient désho-
iioré9,si,en voyant leur attelage, on n'était forcé de s'écrier:
Ah ! qu'ils sont bien équipés , qu'ils sont gras , qu'ils
«ont beaux ! Est-ce de la culture ? C'est ce que je laisse à
juger.
Il y a ffOièi économie dans le service des bœufs :
V Dans la nourriture ;
^ Dans les frais d'attelage et de harnais ;
3<^ Dana le ferrage ;
4^ Dans la pins longue durée de tous les instruments et
Toitures.
On peataiMi y ajouter la dtfiërence de la dépréciation.
36
56S SBÂlfCBf GBÏfBtALM A TCE17FCHATBL.
Voici le tableau comparatif :
4 bœnfe. 4 chevaux.
GApital , i .600 r. Capital , S,000 f.
DiiIéreiicedtDtérèt8paran,90r. it
Dépréciation annuelle— 90 f. cba- Dépréciation , chaque chè-
que—80 f. val , 40 f.
Différence 80 »»
Nourriture , ipiG9 f. Nourrilure , 1 ,825 f.
Différence 657 •»
Harnais 48 f. Harnais , SOO f .
Différence. .... i2 50
Entretien des harnais , 1 2 f . Entretien des harnais , 96 f .
Différence 84 »»
Ferrage , 48 f. Ferrage , 96 f.
Différence 48 »»
Cbalnes , traita et crocbels , »» Chaînes , traits et cro-
cheta, SOf.
Différence 30 >»
Le tirage du bœuf étant plus régulier, tous les instnunents
souffrent moins ; les charmes , les voitures , ont une durée
plus grande. On peut difficilement apprécier cette différence ,
elle est énorme ; et ne la porter qu'à 50 fr. par an, c'est peu : ci 50 » •
ToUl 981 50
On voit y par le travail ci^dessua « que l'exploitatioii où
le bœuf est employé se trouve en bénéfice de 981 f. 50 c;
ce qui donne , par paire , 440 f. 75 c. Dans tout ce calcul
je n'ai pas fait entrer cette considération: si on revendait
les bœufs comme on revend ordinairement les cbevaux ,
le chiffre de 80 f. , posé à leur compte de d<^)réciatîon ,
disparaîtrait tout*à-fait. Je n'ai pas non plus parlé des
accidents sans nombre auxquels le cheval est exposé , tels
que gros jarrets , pousse , cécité , etc. ^ aeddeots tout-
ÉTAT DE L*AGRICULTUIIE. 563
à*fait' nuls chez les bœufs : réconomie csl donc au moins
de 50 f. par paire.
Ce que je viens de dire du bœuf ne diminue pas la
valeur du cheval et l'avantage qu'il y a à s'en servir pour
les charrois accélérés , les postes , les roulages , où il est
préférable. Des chevaux pour tout ce qui doit élre fait
rapidement ou sur route; mais des bœufs pour la culture,
et chaque animal sera à sa place. Séduits par le brillant
du cheval , nos cultivateurs seront lents à reconnaître
cette incontestable ^rité.
Le prix du salaire et l'état des services domestiques,
dans notre arrondissement, doivent tenir rang au milieu
de cet examen de culture. Le salaire est , chez nous , fort
élevé , et cela se conçoit. Placées au milieu d'un dépar-
tement industriel , les exploitations sont obligées de
mettre leurs prix en harmonie avec ceux de l'industrie ,
qui est à même , par ses privilèges , de payer fort cher
les bras qu'elle emploie. Peu d'arrondissements paient
aussi eher la main-d'œuvre et sont aussi mal servis. Dans
beaucoup d'exploitations , les domestiques jouissent d'une
liberté dont ils abusent , suite du défaut d'ordre de leurs
maîtres. On les voit déserter les fermes , les dimanches et
fêtes, pour dépenser le fruit de leur travail dans des
milliers de cabarets , qui ont surgi dans nos communes
depuis 15 ans ; mauvais lieux trop peu surveillés , où ils
puisent des habitudes ruineuses d'abord , puis criminelles
ensuite. La police ne fait pas assez attention à ces cabarets,
que nos cultivateurs laissent fréquenter avec trop d'ia-
différence. Il faut aimer ses domestiques , mais leur être
sévère ; c'est rendre un mauvais service à un domestique
que de le laisser dépenser ce qu'il gagne. Dans quelques
564 SBAlfCBS GBXBBALBS ▲ 2IB0FCBATBL*
exploitations aussi , j'ai vu des maîtres prendre Tavis de
leurs charretiers sur Topporlunité de telle ou telle question
de culture. Je pense qu'ils ont grand tort. Il ne &ut
Jamais laisser établir un commencement d'autorité, qui
toujours s'accroft au préjudice de celle qui doit seule
exister dans un établissement bien tenu. Les maîtres sé-
vères sont mieux servis et gardent leurs domestiques beau-
coup plus de temps que ceux qui les abandonnent à leur
volonté. Les Sociétés , les Comices doivent s'occuper
activement de celle question , qui est toute sociale.
•
Dans ce Rapport , à Tarticle de la Culture alterne , j'ai
dit qu'il fallait plus d'argent et d'intelligence pour ce
système que pour l'assolement triennal , et alors je me
suis demandé si l'agriculture , en France , ne manquait
pas souvent de ces deux conditions. En effet , tout on
la majeure partie de ce qu'il y a d'intelligences et d'argent
ne se porle-t-elle pas vers les privilèges et le commerce ?
Que reste-t-il pour faire valoir? Quelques hommes qui
ont l'amour de cet état, de pauvres gens qui voudraient
mieux faire et qui n'ont pas les fonds nécessaires , et d'in»
différents praticiens , qui prennent ce qui leur vient sans
s'inquiéter des moyens k employer pour améliorer leur
position. Ceux qui ont de l'intelligence et de l'argent ,
n'ont-ils pas raison de quitter la culture pour le commerce,
les places , les privilèges qu'on rencontre à chaque pas
dans les villes?
Le Gouvernement , qui soutient à grands frais le com-
merce et l'industrie , a dicté la nécessité de venir en aide
à la culture. 11 consacre , chaque année , sept à huit
cent mille francs pour encourager les progrès. Cette
somme , répartie sur tous les points de la Franoe , eM
ÉTAT DE l'aGBICULTQRE. 56a
iasuflSsante. Espérons que , mieux éclairé sur les
si généralement sentis de l'agriculture , il lui fera bient<^
la part d'argent et d'honneur à laquelle a droit de pré-
tendre une classe qui forme la majorité du corps social.
M« le président exprime les sentiments de l'assemblée
sur ce travail considérable, et sur les services qu'il pourra
rendre aux agriculteurs de Tarrondissemeut et des pays
vobins.
M. Capplet demande à parler et entretient Fauditoire
sur une question traitée dans le Mémoire précédent , celle
des fumiers ; il signale quelques méthodes , tant bonnes
que mauvaises , pratiquées à cet égard dans certains pays.
M. le président du Comice de Sl-Quenlin provoque
quelques explications de M. Mabire , tant sur l'emploi en
grand du semoir Hugues , qu'il reconnaît comme par*
faitement bon dans les arrondissements de Valenciennes
et de Yervins , que sur l'usage de la mixtion du sel dans
les fourrages.
M. Mabjre répond , en rendant, de son côté^ justice aux
avantages du semoir Hugues , dont l'emploi dans le pays»
là où le sol n'est pas trop inégal , est retardé , soit par le
défaut d'argent , soit par l'apathie de l'homme » que l'ar-
rondissement a peu d'exploitations arables assez consi-
dérables pour exiger plusieurs semoirs, ce qui arrive sur
toutes les fermes d'une grande étendue , à cause des con-
ditions atmosphériques nécessaires pour qu'il fonctionne.
M. Mabire , quant au sel , répond que son usage , pour
l'assaisonnement du fourrage , n'est pas général , mais
partiel. Il estime qu'au prix même actuel , on peutl'em-
560 SKAIfCB3 OBIIÉBALBS A NBCFCUATBL.
ployer ; que lai-môoie a recours à ce stimulant , qu'il tire
du commerce et des salaisons maritimes.
H. Brichet . relativement aux longes baux recomman-
dés par M. Habire , émet le vœu que Tadministration en
donne l'exemple dans les locations qu'elle fiait.
M. Desqninnemare signale certaines terres dont la con-
dition s'oppose au fonctionnement du semoir Hugues.
M. le président résume et clôt cette discussion.
M. Capplet donne des détails intéressants sur les
échelles à incendie imaginées par M. Pion , d'EIbeuf. n
présente deux modèles de ces échelles , qu'il fiût manœu-
vrer devant l'assemblée et qu'il offre au musée de la ville.
M. le président remercie M. Capplet de cette communia
cation,et reconnaît les grands services que peuvent rendre
les échelles de M. Pion.
M. de Loverdo , procureur du Roi , lit le Mémoire sui-
vant sur la statistique criminelle de l'arrondissement , de
1940 à 1844.
Mémoire de M, de Loverdo sur la ttatisHque crimindU de
l'arrondissement de Neufchdiel^ pendant les années 1840|
1841,1842, 1843 «I 1844.
On s'est souvent occupé des travaux de statistique crî<
minelle publiés périodiquement par le ministère de la
justice. On s'est demandé , dans plus d'une circonstance,
quels en avaient été les résultats ; et parce que ces résul-
tats n'ont pas toujours été ceux qu'on avait cru pouvoir
attendre , on s*est pris à contester l'utilité de ces inven-
taires de l'état moral de la France , que le ministère pu?
blic est chargé de dresser chaque année. £n cela on s'est
laissé aller à l'exagération et , par conséquent , à Tin-
STATISTJQUB CRUIINBIXK. 567
Justice, n De peut jamais être indifféreot pour ud peuple
de coonaitre les plaies qui le rongent ; et si quelques dé«
tails de statistique peuvent paraître puérils , les hommes
graves et réfléchis ne peuvent traiter légèrement des tra«
Yaux qui , en leur signalant le mal y leur permettent d'en
rechercher le remède j et ont , par conséquent , plus
d'utilité qu'on ne le pense généralement pour résoudre
quelques-uns do ces problèmes qui tiennent à Torganisa*
tion même des sociétés. Nous aurions désiré » pour oflrir
un travail complet , comparer la statistique criminelle
de Tarrondissemeiit de Neufchâtel avec celle des au-
tres arrondissements voisins , rechercher les causes
qui peuvent expliquer la diflërence des résultats , et
le plus ou moins grand, nombre des faits punissables.
Le manque de temps nous oblige à renoncer à ce travail »
fécond cependant en enseignements utUes. Nous nous
bornerons donc à un exposé sommaire de la statistique
criminelle de l'arrondissement de Neufchâtel pendant cinq
années , de 1840 à 1844 , en envisageant celte statistique,
non pas sous toutes ses faces , mais sous celles qu'il peut
paraître le plus important d'étudier de préfî^rence.
Pour faire eomprendre les chiffres que nous allons
exposer , il &ut rappeler sommairement quelques notions
relatives k Tadministration de la justice criminelle et à
l'exercice de l'action publique. Quand un crime est signalé
au ministère public , et qu'il ne parait pas évidemment
impossible d'en découvrir l'auteur y le juge d'instruction
doit être requis d'informer. Il en est de même lorsqu'il
s'agit d'un délit qui offre de la gravité., ou dont les circon*
stances n'ont pasété suffiuiamment constatées par la plainte.
En matière correctionnelle , lorsque les preuves de délit
568 SÉÂ1ICB5 GBNÉftALUS ▲ NBlHirCBATBL.
ont été recueillies avec soin par les oflSciers de police Ja*
diciaire , le tribunal est saisi par une citation directe.
Lorsque l'affaire n'intéresse pas essentiellement Tordre
public , le procureur du Roi laisse aux parties lésées le
soin de se pourvoir directement devant le tribunal cor-
rectionnel , et se borne à surveiller leur action. Il en est
de même pour les affaires intéressant des administrations
publiques. Enfin , lorsque la plainte ne prétente ni crime
ni délit , que le délit n'a point de gravité , ou qu'il parait
impossible d'en connaître l'auteur , le procureur du Roi
ne peut que laisser la plainte sans suite , sauf à y recourir
en cas de besoin.
Nous envisagerons, d'abord, la statistique criminelle de
l'arrondissement suivant la poursuite et ses résultats;
nous classerons les prévenus suivant l'âge elle sexe; nous
donnerons le tableau des diverses espèces de délits ; nous
dirons quelles peines ont été prononcées , en comprenant
parmi les peines la mise en surveillance; nous parlerons des
circonstances atténuantes , et nous mettrons sous vos yeux
Taffligeant tableau des récidives; puis nous dirons quelques
mots des causes auxquelles doit être attribué , selon nous,
Tétatsi triste de cet arrondissement sous le rapport moral,
cadre immense que nous n'avons certes pas la prétention
de remplir : trop heureux si nos paroles peuvent faire ré-
fléchir sur un sujet qui a bien aussi son importance !
La population de l'arrondissement de Neufchâtel est de
85 à 86,000 habitants.
En 1840, le parquet a eu connaissance de 844 plaintes.
633 ont été suivies de poursuites , à la requête du procu-
reur du Roi , des parties civiles ou d'une administration
publique ; 231 ont été laissées sans suite.
STATISTIQUE CBISIINELLE. 569
Le juge diastruction a été saisi de 171 aCbires, dans
lesquelles il est intervenu 74 ordonnances de non-lieu ,
23 ordonnances de prise de corps par suite de faits em<
portant une peine allliclive et infamante , et 77 ordon-
nances de renvoi en police correctionnelle par suite de
dëliu.
Le tribunal correctionnel a été saisi de 529 affaires y
concernant 622 prévenus , sur lesquels il j en a eu 31
acquittés et 587 condamnés. Quatre jeunes détenus oot
été reconnus coupables , mais acquittés comme ayant agi
sans discernement. Néanmoins un a été mis sous la sur*
veillance de la police , et trois envoyés pour plus d'un an
dans une maison de correction , conformément à Tart. 66
du Code pénal.
En 1841 , le parquet a été saisi de 767 plaintes. 518
ont été suivies de poursuites , soit par le procureur du
Roi , soit par les autres parties; 209 ont été abandonnées.
Le juge d'instructions été saisi de 143 affaires. 42 ont
été terminées par des ordonnances de non-lieu , 33 ont
donné lieu à des ordonnances de prise de corps , 68 à des
ordonnances de renvoi devant le tribunal de police correc*
tionnelle.
Le tribunal correctionnel a été saisi de 479 affaires ,
concernant 583^prévenus, sur lesquels 54 ont été ac-
quittés, 521 condamnés , et 8 jeunes détenus acquittés
comme ayant agi sans discernement. 6 d'entre eux ont
été remis à leurs parents ou à des tiers , et 2 ont été en-
voyés dans une maison de correction.
En 18i2 , le parquet a eu à s'occuper, de 877 plaintes.
620 ont été suivies d'action , soit de la part du ministère
public , soit de la part des autres parties ; 257 ont été
laissées sans suite.
570 SÉANCb'S GRNBftALBfl ▲ NBUrCflATBL.
Le iuge d'ÎDStraclion a été saisi de 14-3 aflaires , parmi
lesquelles 33 ont amené des ordonnances de non-lieu , 33
des ordonnances de prise de corps par suite de crimes ,
et 78 des ordonnances de renvoi en police correctionnelle
par suite de délits.
Le tribunal correctionnel a jugé 549 affaires et 663 pré-
Yenos y sur lesquels 69 ont été acquittés et 59i condamnés.
En 1843 , le nombre des plaintes a été de 743. 440 ont
donné lieu à des poursuites; 303 sont restées sans résultat.
Le juge d'instruction a expédié 1 16 affaires : 16 se sont
terminées par des ordonnances de non-lieu , 17 ont donné
lieu à des ordonnances de prise de corps , 83 & des ordon-
nances de renvoi en police correctionnelle.
Le tribunal correctionnel a jugé 403 affaires et 523 pré-
venus ; il y a eu 41 prévenus d'acquittés et 477 de condam-
nés. 5 jeunes détenus acquittés , comme ayant agi sans
discernement , ont été envoyés dans une maison de cor-
rection.
Enfin^en 1844,!e parquet a dû s'occuper de 803 plaintes,
sur lesquelles 428 ont donné lieu à des poursuites , et 375
ont été abandonnées.
Le juge d'instruction a expédié 137 afbires : 9 ont
amené des ordonnances de non-lieu , 36 des ordonnances
de prise de corps par suite de crimes , et 92 des ordon-
nances de renvoi devant le tribunal de police correction-
nelle , par suite de délits.
Le tribunal de police correctionnelle a jugé 384 affaires
et 475 prévenus. 17 ont été acquittés , 446 condamnés ;
8 jeunes détenus^ ont été envoyés dans une maison de cor-
rection ; 4 ont été remis à leurs parents ou à des tiers.
Les 622 prévenusjugés en 1840,se composaient de 424
STATISTIQi'B CMMIMELLE. 571
hommes et 198 femmes. 7 avaient moins de 16 ans , 19
avaient plus de 16 ans et moins de 21 , 596 avaient plus
de 21 ans.
Les 583 prévenus jugés en 1841 , comprenaient 416
kommes et 167 femmes. 8 avaient moins de 16 ans , 44
avaient plas de 16 ans et moins de 21 , 531 avaient plus
de 21 ans*
Parmi les 663 prévenus jugés en 1842 , il y avait 460
hommes et 203 femmes. 5 avaient moins de 16 ans , 80
avaient plus de 16 ans et moins de 21 , 578 avaient plus
de 21 ans.
En 1843 , il a été jugé 523 prévenus , dont 370 hommes
et 153 femmes. 7 avaient moins de 16 ans , 54 avaient plus
de 16 ans«t moins de 21 , 462 avaient plus de 21 ans.
Enfin 9 les 475 prévenus Jugés en 1844 , se décompo-
saient ainsi : 340 hommes et 135 femmes. 12 avaient moins
de 16 ans , 36 avaient plus de 16 ans et moins de 21 , 427
avaient phis de 21 ans.
Les affaires jugées en 1840 comprenaient les délits
suivants :
Abus de confiance , infraction au ban de surveillance j
diasse , coups et blessures volontaires , dénonciation ca-
I<mmieuse , destruction de marchandises , destruction de
clôtures , dévastation de récoltes , détournement d'objets
saisis, diffamation , escroquerie, évasion par bris de prison,
infraction aux lois sur les inhumations , exercice illégal
de la médecine , mendicité , outrages et violences , soit
envers des magistrats , soit envers des fonctionnaires et
agents de la force publique , outrage public à la pudeur ,
rébellion , vagabondage , vente à faux poids, vols , contra-
ventions aux lois sur les contributions indirectes, la pèche,
et les eaux et forêts.
572 SBAFICKS «BNBRALBS A NBUFCBATBL.
Les affaires jugées en 1841 se classent ainsi :
Abus de conGance , adultère , infraction au ban de sur-
Teillance , banqueroute , blessures par imprudence , bris
de clôtures , cLasse » concussion par un adjudicataire de
droits de place • coups et blessures Tolonlaires , coups à
un agent de la force publique , destruclion de titres , dé-
tournement d'objets saisis , délits ruraux , diflamtion ,
escroquerie , exercice illégal de la médecine , homicide
par imprudence , menaces verbales sous condition , men-
dicité , mutilation d'arbres , mutilation volontaire pour se
rendre impropre au service militaire , outrages envers dea
magistrats et des agents de la force publique , rébellion ,
usure , vagabondage , vente à l'encan de marchandises
neuves , vente d'armes profaibées^^ violation de domicile y
vols simples , contraventions aux lois sur les contributions
indirectes , la poche , et les eaux et forêts.
En 1842, on a déféré au tribunal correctionnd les
délits suivants : abus de confiance , adultère , annonce de
loteries étrangères , blessures par imprudence , bris de
clOtures,cbasse, tentative de corruption de fonctionnaires»
coups et blessures volontaires , destruction de titres , dif-
famation , escroquerie , exercice illégal de la médecine ,
homicide par imprudence » injures publiques envers des
agents de l'autorilé, menaces verbales sous condition,
mendicité , mutilation volontaire pour se rendre impropre
au service militaire , naissance non déclarée à l'officier de
l'état civil , outrages à un magistrat , outrage public à la
morale » rébellion , infraction au ban de surveillance , vio-
lation do sépulture y vols simples , contraventions aux lois
sur les contributions indirectes 9 la pèche » et les eaux et
forêts.
STATISTIQUE CBISflUBLLE. 573
Les délits jugés en 1843 8e classent ainsi qu'il suit :
Abus de confiance , adultère , infraction au ban de sur-
veillance , banqu*eroate , chasse , coups et blessures vo-
lontaires , destruction de clôtures , détournement d'objets
saisis , difl^malion , infractions aux règlements sur les
épizooties , escroquerie , menaces par écrit , mendicité ,
outrage public à la pudeur, outrages à des ministres de
la religion , outrages à des agents de la force publique ,
outrages à des magistrats , rébellion, mutilation volontaire
pour se soustraire au recrutement , ouverture d'un théâtre
sans autorisation , vagabondage , vols simples , contraven-
tions aux lois sur la pèche , les contributions indirectes ,
et les eau& et forêts.
£n 1844 , on a poursuivi les délits dont suit la nomen-
clature :
Abus de blanc-seing « abus de confiance , mutilation
d'arbres , infraction au ban de surveillance , blessures par
imponideDce , chasse , coups et blessures volontaires ,
deistrnction de clôtnres , détournement d'objets saisis ,
jdîffigtmatioB , entraves à la liberté des enchères , escroque-
rie , komicide par imprudence , homicide involontaire
d'un en&fit nouveau-né par sa mère , incendie par impru-
dence , exercice illégal de la médecine , mendicité , nais-
sance Bon déclarée k roffieier de l'état civil , outrages à
des magistrats , outrages à des ministres de la religion ,
outrages à des agents de la force publique , outrage public
à k pudeur, contravention aux lois sur la librairie et l'im-
prinerie , rébellioii , vagabondage , vols simples , contra-
ventions aux 1<M8 sur la pécbe , les postes , les contributions
mdireotea , et les eaux et favéts.
Certes , peu de délits manquent à cette nooMUdaluve ;
574 SBANCB6 GBIIBKALES ▲ NBCFCHATBL.
mais la récapitulation des ordonnances de prise de corps
offre un tableau plus affligeant encore.
En 1840, 23 ordonnances de prise'de corps ont été
rendues ; elles se classaient ainsi : Deux tentatives d'as-
sassinat , Tune des deux avait été commise sur la personne
d'un garde par un braconnier , surpris en flagrant délit ;
deux infanticides , l'une des deax prévenues a avoué avoir
brûlé son eniant pour le soustraire aux recherches ; deux
viols ; une aflSiire de coups ayant occasionné une incapacité
de travail de plus de vingt Jours ; cinq vols domestiques ;
onze vols avec circonstances aggravantes.
Une triste célébrité doit appartenir , dans nos fastes
criminels, à Tannée 1841 , qui a été marquée par plu-
sieurs crimes d'une épouvantable gravité. Le nombre total
des ordonnances de prise de corps s'est élevé à 33. Le 35
mars de cette année , rborribie assassinat de la Ferté-St«
Samson est venu jeter la terreur dans le canton de Forges*
Deux personnes , une vieille femme et un enfant , furent
égorgées avec des circonstances atroces. Quelques-uns des
auteurs de ce forfait ont été atteints ; mais la justice ne
leur a pas donné encore à tous ce qm leur appartient.
Dans cette même année , nous avons vu un fils , après
avoir inutilement essayé le fer et le poison , armer , à prix
d'argent , le bras d'un assassin contre son père , et, après
de longues péripéties judiciaires , subir le supplice des
parricides sur le théâtre même de ses crimes.
Dans le courant ée cette même année , une ordonnance
de prise de corps a été décernée pour crime de suppressioa
d'eo&At ; deux po«ir crime de faux témoignage ; une pour
crime de viol ; une contre mi individu prévenu d'avoir
porté des coups à son père ; deux contre des individus
STATISTIQUE CKIMINBLLS. 575
prévenus d'avoir porté des coups ayant enlraîné une in-
capacité de travail de plus de vingt jours ; deux contre des
individus prévenus d'attentat à la pudeur avec violence :
l'un de ces deux individus , qui a été condamné , avait
commis le crime sur sa propre fille , âgée de moins de dix
ans. Trois ordonnances de prise de corps ont été décernées
contre des individus prévenus d'incendie ; une contre des
prévenus de vol domestique ; dix contre des prévenus de
vols avec circonstances aggravantes ; sept contre des pré-
venus de faux en écriture ; une , enfin,contre deux époux
qui avaient transporté , au milieu des champs , un crime
qui est celui des grandes villes et d'une civilisation plus
avancée ,un crime qui suppose une corruption poussée aux
dernières limites. Spéculant sur les passions honteuses
d'un habitant de leur commune , la femme l'avait attiré
chez elle et fait surprendre par son mari dans une position
où il avait dû se trouver heureux d'échapper à la mort
dont on le menaçait , en signant des ohligations pour une
somme considérable. .
Trente-deux ordonnances de prise de corps ont été dé-
cernées dans le courant de l'année 1842. Deux d'entre
elles frappaient des individus prévenus d'extorsion de si-
g natures dans des circonstances semblables à celles dont
nous venons de parler. Grâce à la sage fermeté du jury et
à la vigueur de la répression , on a pu faire des exemples
qui ont coupé court ik une spéculation que nous semblions
appelés à voir se reproduire. Six de ces ordonnances frap- ■
paient des prévenus de vol domestique ; douze des pré-
venus de vol avec circonstances aggravantes ; cinq des
prévenus de Ùlux en écriture ; trois des prévenus de viol ;
deux des prévenus de meurtre , et deu^ des prévenus
676 5BANCB6 GÉNRHALES A NEUVCHATBL.
d'incendie volonlaire. L'une de ces deux dernières affaires
a offert l'affligeant spectacle d'un fils enflammant le toit
paternel, dans un accès de fureur, excité par les rapports
îaoeslueux que son père était accusé d'entretenir avec sa
femme. Cette même affaire présentait encore quelque
chose d'heureusement insolite : un incendie allumé par
l'influence d'un de ces imposteurs dont nous croyions nos
campagnes purgées , et auxquels la crédulité populaire
attribue un pouvoir surnaturel.
Les crimes suivis d'ordonnances de prise de corps ont
été moins nombreux en 1843 ; le nombre ne s'en est élevé
qu'à dix-sept. JJalbeureusement ce n'est là qu'un progrès»
apparent , mensonger même , car le nombre total des
crimes constatés pour cette année a été le même ; seule-
ment les recherches de la Justice ont été moins heureuses.
Les faits à raison desquels ont été , dans le cours de
cette année , décernées des ordonnances de prise de
corps , se distribuent ainsi : Une ordonnance pour coups
portés à sa mère légitime ; deux pour vol domestique ; neuf
pour vols avec circonstances aggravantes ; deux pour viol
sur dés enfants ; une pour détournement de mineure ; une
pour meurtre. Enfin , une ordonnance de prise de corps a
été décernée contre les auteurs de l'horrible crime commis
en pTein jour , le 9 novembre 1843 , en la commune du
Tbil-Biberpré. Une malheareuse veuve , infirme , a été
Ynassacrée à coups de fer à repasser,et ensuite brûlée , reS"
pirnnt encore , dans sa maison , que l'assassin a incendiée
pour cacher son crime, pour la punition duquel l'échafiiud
s'est encore une fois dressé dans l'arrondissement.
Enfin, Tannée 1844 a été aussi marquée par des crimes
nombreux et graves. 36 ordonnances de prise de corps
STATISTIQUE CRIMINELLE. 577
.ont été décernées dans le courant de cette année. Â la suite
de la condamnation des anloiirs de Tassassinat du Thil-
Riberpré , la vengeance a allumé plusieurs incendies con-
>sécuti& dans la commune de Grumesnil. Les premières
propriétés incendiées appartenaient au maire do Grumes-
nil , qu*on punissait ainsi du témoignage ferme et sincère
qu*il était ?enu apporter devant la Cour d*assises. Les
autres incendies avaient été allumés après Tarrcstation
du coupable par sa femme , qui voulait détourner les
soupçons si graves qui planaient sur son mari . Le magis-
trat instructeur a dû passer , sur les lieux, 17 jours, pour
découvrir les auteurs de ces crimes , les plus graves et les
plus dangereux pour Tordre public qui eussent été com-
mis depuis long-temps ; car ils s*attaqtiaient à ce qu*il
doit y avoir de plus respectable et de plus sacré dans les
institutions sociales , en tendant à détruire T indépendance
du magistrat et la sécurité du témoin.
Dans le courant de cette même année , 3 ordonnances
de prise de corps ont é(é décernées à la suite de 3 assas-
sinats. L'un do ces assassinats , heureusement découvert
après plusieurs années , avait été commis sur la personne
d'une malheureuse femme , à l'instigation de son gendre
et à la complicité de ^ ûlle.
Deux autres ordonnances ont été décernées contre les
auteurs de deux menrircs ; deux contre les auteurs de
coups ayant entraîné une maladie ou incapacité de travail
de plus de ^ jours.
Dans Tune do ces aHaîres , les coups av«>îcnt été portés
à un eniant de 2 ans par un individu dont sa mère était
devenue la concubine.
Une ordonnance a été décernée contre un individu pré-
37
178 8BANGBS 6ÉNÉEALB8 À NBUFCBATBL.
▼enu d'avoir frappé son père ; trois autres contre des in-
dividus prévenus de viol. L'un de ces individus avait
commis ce crime sur ses propres filles ; un autre , em-
busqué dans une des forêts de l'arrondissement , se ruait
sur toutes les femmes qui venaient à passer , et dont
quelques-unes sont devenues ses victimes , avant qu'on
ait osé se plaindre.
Un autre y enfin , s'était adressé à un enfant de 7 ans.
Une ordonnance de prise de corps a été motivée par
des faits de banqueroute frauduleuse , deux par des faits
de vol domestique , seize par des vols avec circonstances
aggravantes. Trois ordonnances frappaient des individus
prévenus de faux , une des prévenus de (aux témoignage,
une un comptable public prévenu de détournement de
fonds y dont il était dépositaire en cette qualité.
On doit faire observer que certains crimes ne sont pas
toujours dénoncés , et que , par conséquent , le chiffre
qu'on en donne ici n'est point leur chiffre réel. Ainsi, des
données certaines , quoique non officielles , nous permet-
tent d'affirmer que le vol domestique et le faux restent
k souvent impunis , parce que des considérations d'indul-
gence , ou même d'une autre nature , dont nous aurons
occasion de dire un mot , paralysent les plaintes.
Telle est la situation de l'arrondissement de Neufchâtel.
Certes elle est loin d'être satisfaisante , et notre arron-
dissement est encore bien au-dpssous de l'arrondissement
le moins &vorisé sous ce rapport. Mais,avant d'arriver aux
réfiexions qù\in pareil état de choses doit suggérer , nous
devons achever de fournir les renseignements que nous
avons promis en commençant ce travail.
Les individus qui ont 'été condamnés par le tribunal
STATISTfQUB CRIMIIfELLE* 679
correctionnel , en 1840 , ont ë(ë condamnés : 21 à un
emprisonnement d'un an et pins, 128 à un emprisonne-
ment de moins d'un an , 437 à l'amende seulement.
En 1841 , 41 ont été condamnés à un emprisonnement
d'un an et plus, 102 à un emprisonnement de moins d'une
année , 378 à l'amende seulement.
En 1842, 36 ont été condamnés à un emprisonnement
d'un an et plus , 131 à un emprisonnement de moins d'un
an , 427 à l'amende seulement.
En 1843, 30 ont dû subir un emprisonnement d'un an
et plus, 143 un emprisonnement de moins d'un an , 304
ont dû payer une simple amende.
En 1844, 24 ont été condamnés à un emprisonnement
d'un an et plus , 119 à un emprisonnement de moins d'un
an , 303 à l'amende seulement.
Le nombre des individus qui ont été mis par le juge-
ment sous la surveillance de la baute police de l'Etat , a
été de 9 en 1840 , de 23 en 1841 , de 24 en 1842 , de 26
en 1843 , et de 13 en 1844.
Enfin , le nombre des condamnés qui ont obtenu le
bénéfice des circonstances atténuantes, a été de 83 en
1840 , de 64 en 1841 , de 89 en 1842 , de 81 en 1843 ,
et de 99 en 1844.
Ces derniers cbiflres sont élevés et répondent d'une
manière suffisante à ceux qui prétendent qu'on ne doit
point, comme le réclament beaucoup de bons esprits , at-
tribuer aux Cours d'assises, et non au jury, le droit de dé-
clarer les circonstances atténuantes en matière criminelle.
L'usage fréquent qui est fait par les tribunaux de cette
prérogative en matière correctionnelle , doit rassurer les
gens les plus disposés à s'alarmer. Cet usage fréquent ,
1^80 SÂANCBS GBNÉBALBS A NBDFCflATBL.
trop fréquent peut-être, lient surtout à ce que la loi fixe,
en général , un minimuiB de peine trop élevé et souvent
hors de proportion avec un délit de peu d'importance «
dont Tauteur , en stricte justice , ne devrait point obtenir
une déclaration de circonstances atténuantes. Cet inoon-
vénient disparaîtrait si le législateur se bornait A fixer an
maximum , sans indiquer de miaimum , de manière à
permettre au juge de descendre aussi bas que possible.
Cette idée a été appliquée une fois dans le Code pénal , à
l'art. 45 , qui fixe la peine du délit d'infraction au ban
de surveillance.
Un mot maintenant sur les condamnés en récidive. Par
récidive, nous n'entendons pas la récidive légale définie
par les art. S7 et 58 du Code pénal, et de laquelle résulte
pour le juge l'obligation d'infliger une certaine aggravation
de peine ; il y a pour nous récidive, dès qu'une- condam-
nation antérieure a été prononcée , quelles qu'en aient été
la nature et la durée.
En 1840 , il y a eu 47 condamnés en récidive. 25 n'a-
vaient précédemment subi qu'une condamnation , 5 en
avaient subi deux , lOen avaient subi trois , 2 en avaient
subi quatre, 3 en avaient subi cinq, 1 en avait subi six , et
1 en avait subi quatorze.
En 1841 , il y en a eu 46. 23 n'avaient subi précédem-
ment qu'une condamnation , 14 en avaient subi denx, 2
en avaient subi trois , 5 en avaient subi quatre , 1 en
avait subi six, et 2 en avaient subi huit.
En 1842 , il y a eu 49 condamnés en récidive. 22 n'a*
vaient subi qu'une condamnation, 10 en avaient subi
deux, 5 en avaient subi trois , 8 en avaient subi quatre ,
2 en avaient subi cinq, 1 en avait subi huit, et 1 neuf.
STâTISTIQCB cbiminblle. 581
En 1843 , il y a eu 50 condamnés en réridWe. Si
avaient subi nne condamnation , 17 en avaient subi deux,
6 en avaient subi trois , 3 en avaient subi quatre , 9 en
avaient subi cinq , et 1 en avait subi douze.
En 1844, il y a eu 58 condamnés en récidive. â7 avaient
subi une condamnation , 13 en avaient subi deux , 9 en
avaient subi trois , 1 en avait subi quatre , 1 en avait subi
cinq , 3 en avaient subi six , 2 en avaient subi sept , et 2
en avaient subi onze.
Un mot maintenant sur les causes déterminantes des
faits punissables. Nous ne parlerons que des crimes , et
encore de quelques-uns ; parler des délits nous entraîne-
rait trop loin*
Les vols sont quelquefois inspirés par la misère ; mais,
on rou^t d'avoir k le dire, car la misère serait nne
cause d'atténuation an moins en morale^ ce sont les
plus rares , les moins considérables , ceux qui dénotent
chez leurs auteurs le moins d'audace. Les vols les plus
graves ont eu pour but de se procurer le moyen de satis-
faire à des goûts de débauche.
Le faux est un crime commun et qu'on ne parvient pae
toujours à atteindre. Ce crime est habituellement commis
pour se tirer d'un embarras pécuniaire que le coupable
espère n'être qtie passager. Une sorte de bonne foi , s'il
n'y a pas une sorte de monstruosité A réunir ces deux
idées , n'est pas incompatible avec les actes de œ genre ;
car noua n'avons eu à poursuivre aucun individu coupable
d'avoir commis des faux pour mettre en circulation des
valeurs illustres, afin de se procurer des fonds et prendre
la fuite après. Le faussaire espère toujours payer à Vé*
chéance et se procurer ainsi l'impunité. Disons que plii*
58d SRAffCBS GBKBBALBS À WIVGflATBL.
BÎevrs caïues , trop loogueg à énuroérer toutes , contri-
bueot à augmenter le nombre des crimes de ce genre. En
première ligne figure l'usure, sur laquelle seule il y aurait
beaucoup à dire. L'usure règne dans certaines parties de
cet arrondissement , où elle fait un mal immense ; elle a
des limiers qu'elle^ met à la piste de tous les embarras , de
toutes les passions , de tous les désastres , et ses perfides
secours sont toujours acceptés. On pourrait citer des fa*
milles que l'usure a élevées d'une position modeste et
humble à une position considérable , tandis que d'autres
ftmilles aisées, et même riches, sont descendues, sans mo-
tif apparent, jusqu'aux derniers degrés de la domesticité*
L'usure encourage le faux , et cela est facile k compren-
dre. L'usurier , qui sait combien son industrie est com-
promettante,est bien aise d'avoir sa victime àsa discrétion.
Aussi les billets faux ne sontôls pas refusés ; au contraire,
dans certains pays, ils se négocient plus facilement que
d'autres , car on sait qu'ils ont plus de chances d'être
payés à leur échéance; on sait bien, d'ailleurs, que la taxe
des frais faits à leur occasion ne sera jamais demandée ;
on sait aussi que, tant qu'ils ne serontpas détruits, il n'y
a pas de plainte possible pour faits d'usure : aussi se
garde-t-on bien de les remettre, même après le paiement.
Se nombreux faux se commettent ainsi sans être connus ,
et , par réciproque, la crainte d'une dénonciation, jointe à
la répugnance qu'on éprouve à avouer qu'on a eu recours
à certaines ressources , explique comment l'usure existe
d'une manière notoire , sans qu'on puisse la réprimer ,
fiiute de preuves. Le nombre des fortunes dérangées est
trôs-considérable. Il y aurait, rien que sur cette matière ,
un long et intéressant travail à ùAre , et le nombre des
STATISTIQUE CKIliniBI.LB. 583
sëparalions de bieDs et autres procédures est un signe
certain de cette géoe , malheureusement bien souvent ac-
compagnée de mauvaise foi.
Pour ce qui est des autres crimes , les assassinats ont
eu , en général , pour mobile la cupidité , le désir de fa-
ciliter des vols , de se soustraire aux luttes quotidiennes
d'une union mal assortie , celui de hâter le moment de
l'ouverture d'une succession ; aucun ne doit être attribué
à la haine ou à la vengeance.
Les meurtres ont été commis dans des rixes ; deux l'ont
été par suite d'une frayeur panique inspirée par la victime
au meurtrier.
Parmi les crimes d'incendie , les uns ont été déterminés
par le désir de toucher le montant d'assurances exagérées;
les autres ont eu pour but de dissimuler l'existence d'autres
crimes ; d'autres , enfin , ont été le résultat de la ven-
geance ou de la haine.
Quant aux causes générales du grand nombre de crimes
et de délits qui se commettent dans l'arrondissement de
Meufchâtel , on a plusieurs fois essayé de les déterminer ;
mais aucune des explications ne nous a complètement
satisÊiit* On lésa d'abord attribués à la position de Tarron*
dissement , placé aux confins de plusieurs départements.
D'un c6té y en effet • l'arrondissement est au point de réu-
nion des départements de la Sei De-Inférieure , de l'Oise
et de la Somme ; d'un autre côté , il est au point de réu-
nion des départements de la Seine-Inférieure , de l'Eure
et de l'Oise. Il est , en outre , au point où le teiritoire du
ressort de la Cour royale de Rouen touche à celui de la
Cour royale d'Amiens. On a prétendu que le changement
de département , et surtout de ressort , o£Grait un moyen
684 SÉAKCBS 6BNÊBALBS il NBCFCHATSL.
d'édiapper aux redierche». Ce motif pourrait servir à ex-
pliquer l'existence d'un phis grand nombre de oontnmaces ,
mais il est impuissant pour exfdîquer l'existence d'ua plus
grand nombre de coupables ; et comme, en résumé, le
nombre des contumaces n'est pas phis grand id qu'ailleurs,
il s'ensuit que l'explication n'est point admissible.
La grande étendue de bois qui couvre cet arrondisse-
ment , a été aussi signalée comme une cause du grand
nombre de crimes commis dans le pays. Cette cause peut »
en effet , avoir de l'influence ; mais nous ne lui pouvons
accorder une influence unique et décisive. Les communes
voisines des forêts ont , en général , une population mai^
beureuse , dont les délits de bois forment la seule ressource;
mais ces délits n'indiquent pas toujours de la corruption
chez leurs auteurs , et sont souvent considérés par en
comme des actes licites, persuadés qu'ils sont qu'ils avaient
précédemment sur les forêts des droits d'usage et même
de copropriété* Ce préjugé , qui va, du reste, en s'amoin-
drissant , explique un grand nombre de faits de maraudage
et même de petils vols ; mais le voisinage des forêts n'est
qu'une cause de délits très-secondaire , impuissante , en
général , à expliquer des faits graves dont on ne reconnaît
pas un plus grand nombre dans ces communes qu'ailleurs.
L'une de ces communes (la FeuilUe) notamment , signalée
précédemment comme trôs*dangcreuse , est peut-être
maintenant une des plus tranquilles de l'arronditssement.
Une cause qui peut être déterminante pour les mal-
fidteurs , c'est l'impunité que leur permet d'espérer la
configuration topographique du sol .surtout dans le canton
de Forges. Chaque héritage y forme , en quelque sorte ,
un petit vallon , séparé des héritages voisins par des haies
STikTlSTIQUE CRIMINELLE. *^^
épaisses et boisées, et par des accidents de terrain. Quand
le hasard amène un homme disposé à mal faire auprès
d'une di5 ces babilalions solitaires , il faut , si elle est en
ce moment abandonnée de seshabiUnts . une circonstance
presque {wovidentielle pour que le malfaiteur soit troublé ;
et si quelqu'un se trouve dans la maison , une triste ex-
périence nous a appris combien alors il peut courir de
dangers , sans pouvoir espérer d'assistance.
Le braconnage , par les habitudes d'oisiveté qu'il fait
contracter , devient aussi quelquefois une cause détermi-
nante de délits et de crimes. Le braconnier , surpris par
le Rarde , peut être entraîné à se r«ttdre coupable d'un
meurtre, pour éviter les conséquences du délit qu'il est sur
le point de voir constater. Néanmoins , si le braconnage
sert à expliquer certains crimes , il en est d'autres avec
lesquels il n'a aucun rapport. D'ailleurs , on ne pense pas
qu'il y ait plus de braconniers dans l'arrondissement que-
dans le reste du département.
On attribue souvent aussi la multiplicité des délits et
des ciimes à la présence d'un grand nombre de libérés
auxquels l'arrondissement de Dieppe est interdit , et qui ,
par conséquent , se trouvent plus nombreux dans l'arron-
dissement de Neufchâtel.'Sans vouloir traiter incidemment
ici cette importante question , nous nous bornerons à dire
que , pour certains délits . qui sont plus particulièrement
les délits des libérés , comme l'infraction de ban , la men-
dicité , le vagabondage et autres , le raisonnement est
juste. Mais la présence des libérés dans l'arrondissement
n'a pas, en général , notamment sur les crimes, l'influence
qu'on lui suppose. De 1840 à 1 844 inclusivement , îlya
eu , dans l'arrondissement , 142 crimes , suivis d'ordon-
586 SÊANCBS GSHSRALES A PfEUFCBATBL.
Bances de prise de corps. Sur ce nombre , 9 seulement
ont ëlé commis par des forçats , réclusionnaires , ou con-
damnés correctionnellement à plus d*un an et soumis à la
surveillance. Ces 9 crimes comprenaient 7 vols» avec cir-
constances aggravantes, et S incendies. Encore ne faut-il
pas omettre que l'an des deux incendies avait été commis
par un forçat libéré, qui avait obtenu des lettres de réha-
bilitation et se trouvait , par conséquent , affranchi de la
sarveillance , et que deux des libérés , prévenus de vol
qualifié , se trouvaient , dans le département , en état
d'infraction de ban.
C^est , en général , sur le nombre des déKts qne l'in-
fluence de la présence des libérés se fait sentir. Quel est
le motif de cette différence î Nous ne savons ; mais ne
a'expliquerait-elle pas par la plus grande expérience des
libérés en matière criminelle , expérience qui leur permet
de calculer l'étendue du danger qu'ils sont disposés à courir
par suite d'une nouvelle faute?
Là n'est point , selon nous du moins , la cause de ce
que l'éiat moral de l'arrondissement présente d'affligeant.
Encore un mot pour le prouver. Les crimes les plus graves,
les plus révoltants , les plus odieux , ont été l'œuvre de
jeunes gens , livrés à toute la fougue de leur ége , à des
passions désordonnées et sans frein moral , sans frein re-
ligieux , sans instruction aucune. Et s'ils en sont arrivés
à ces atrocités devant lesquelles l'imagination recule , ce
n'a pas été à priori ; leur but était de se procurer , au sein
d'une condition humble et infime , des jouissances , gros-
sières sans doute , mais vers lesquelles ils aspiraient de
toute l'énergie de leur jeunesse. Cette soif immodérée de
plaisirs sensuels en a fait des scélérats abominables. On
STATISTIQUE CRIMIiaLLB. 587
les a vus , les mains tièdes encore de sang , se gorger de
débauches avec leurs concubines , et dianter assis sur les
objets dont ils avaient dépouillé leurs victimes.
La débauche et l'ivrognerie , voilà la cause de tous les
crimes. Nous devons à l'obligeance de H. le directeur des
contributions indirectes un renseignement qui pourra
paraître puéril , mais qu'il ne nous est pas permis de
négliger. Il existait , à la fin de Tannée dernière , près de
lyâOO cabarets^ ou cafés, dans Tarrondissement. N'oublions
pas qu'un assez grand nombre de maisons de ce genre
réussissent à tromper l'active surveillance des employés
de la régie , et que ces maisons , où se tiennent des réu-
nions clandestines, sont précisément les plus dangereuses.
La consommation de liquides qui a lieu , pendant une
année , dans les établissements de ce genre et dans les
seuls établissements connus , est réellement effrayante.
Dans le courant de l'année dernière , il y a été consommé
1,878 hectolitres 41 litres de vin , 8,694 hectolitres 72 lit.
de cidre , 3,796 hectolitres 25 litres d'alcool pur ; ce qui
représente environ 7,500 hectolitres d'eau-de-vie , telle
qu'elle se vend dans ces établissements.
On peut se faire, en rapprochant le chiffre d*one pareille
consommation de celui de la population de l'arrondisse-
ment , l'idée de ce qui se passe dans ces repaires, en fait
d'orgies. Ajoutons que , souvent , des instructions crimi-
nelles nous ont prouvé qu'il s'y jouait un jeu effréné , hors
de tonte proportion avec celui que jouent trop souvent les
classes élevées. Mais là ne se bornent pas les débauches ;
et de récentes investigations nous ont initié à des mystères
de lubricité que l'imagination la plus impure n'aurait
jamais pu deviner.
§88 SBAIfCBS CBHBBALBS A NBOTCIIATBL.
On n*aUead pas de nous le détail de &it8 trop lonf-
temps iinpiuiis. INsons seuleaieDt que des cabarets mal
famés servaient de lieu à des rëunioDs clandestines ; qu*ao«
tour de quelques femmes sans honte se pressait une
horde immonde de débauchés du plus bas étage , parmi
lesquels se trouvaient des gens que leur position devait
écarter de pareilles scènes, et dont on réveillait les passions
en leur abandonnant de malheureuses filles perverties
avant Tâge de la puberté. Il en est , oa ne nous croira
pas y il en est qui ont été perdues dès Tâge de 9 ans. La
justice a atteint ces hideuses mégères qui faisaient trafic
de corruption et d'infamie , ces femmes impudiques qui
avaient besoin que le déshonneur de l'enfance vint fiiire
corlége à leur déshonneur , ces vieillards qui avaient ab-
diqué la majesté de leur âge pour souiller de jeunes fronts
avec de la fange. Mais était-il au pouvoir de la magistra-
ture de faire refleurir dans tant de malheureuses victimes
la pureté morte , avant le temps , sous un souffle pesti-
lentiel ? Etait-il surtout en son pouvoir de ranimer , ao
sein d'une jeunesse pervertie , les sentiments qui sont le
fondement de la cité , parce qu'ils sont le fondement de
la famille ? Sera-t-il en son pouvoir d'empêcher que ceux
qui ou( maudit sa sollicitude y parce qu'dle tarissait la
source de leurs honteux plaisirs , n'agissent suivant les
principes qu'ils se sont faits et qu'ils transmettront , après
eux , à d'autres ?
A un pareil état de choses un seul remède est possible,
nous le disons en terminant, c'est la diffusion des lumières»
les progrès d'une instruction moralisatrice. Mais l'instruo
tion môme est insuffisante , si les croyances religieuses ne
viennent lui donner la lumière et la vie ; ce sont elles qui
STATISTIQUE CRIMITfELLE* 589
sont , en définitive , le commencement et la fin de tout
bien , la digue à toutes les passions mauvaises. Et nous
n'entendons pas par là ce je ne sais quoi qu'on a voulu
décorer du nom de religion pour en faire un frein à Tusage
du pauvre qui souffre ^ pour obtenir de lui qu'il veuille
bien ne pas troubler les jouissances du ricbe ; ce qui est
nécessaire , indispensable , c^est une foi respectée par
tous, devant régénérer et rapprocher les différentes classes
sociales, promettant au pauvre des récompenses immenses
pour ce qu'il aura souffert , au riche pour ce qu'il aura
donné. Alors l'édifice de la société sera définitivement
reconstruit sur de larges et inébranlables bases ; et si
quelques faits viennent encore déranger parfois l'harmonie
universelle , les peines pourront être douces , parce que
le danger ne sera pas grand. Ce sont , pour terminer , en
rentrant dans notre sujet , ce sont les seules croyances
religieuses qui sout appelées à arrêter les progrès de la
criminalité. Nous n'en citerons qu'une preuve : l'exemple
de ce malheureux, mourant , à 23 ans , sur Téchafaud ,
pour avoir commis l'assassinat et l'incendie du Thil-Bi-
berpré , et qui , au moment de se courber sous la hache ,
indiquait comme le moment où il s'était perdu , celui où
il avait oublié la foi et les conseils de son père ; et mourait
repentant , acceptant avec soumission et presque avec joie
la terrible expiation dans Taquelle il voyait un gage d'es*
pénincr, 'îc pardon et de miséricorde.
M. le président exprime à M. de Loverdo les remercî-
ments de rassemblée , qui ne peut que s'associer pleine*
ment aux sentiments qui ont dicté ce travail.
V. de Boutteville s'en réfère au procès- verbal de la
590 SBAlfCBS GÉNÉHALBS A NBDFCHATBL.
section où le même Mémoire a été lu , relativement à
quelques points qui y sont touchés.
M. Houdeliëre fait remarquer qu'on avait cru , dans la
dernière séance de la section , reconnaître l'absence d'un
mal dont M. de Loverdo a constaté l'existence , l'usure.
H. Bourlet de la Vallée lit pour M. Cisseville » absent,
'le Mémoire suivant.
Quelques considératiom géologiques eoneernani la recherAe
de la houille dans le département de la Seine^Inférieure ,
par M. le docteur CissEvuLE , de Forges*
Il manque au département de la Seine-Inférieure , déjà
si remarquable sous divers rapports , d'être compté au
nombre de ceux qui alimentent le pays de houille. Si l'in-
dustrie manufacturière doit désirer vivement le succès de
la recherche que l'on se propose de faire de ce précieux
combustible dans cette contrée , l'agriculture n'y attache
pas moins d'importance. La découverte , encore récente,
d'une mine d'anthracite , fait , depuis son exploitation , h
prospérité des départements de la Sarthe , de la Mayenne
et de Maine-et-Loire.
Mue par le désir de doter le département d'une richesse
nouvelle , la Société libre d'émulation delà ville de Rouen
a proposé , il y a quelques années , pour sujet d'un prix
qu'elle avait fondé , la question formulée de la manière
suivante :
« 1<> Indiquer, d'après les données de la science géologique,
corroborées par l'examen raisonné des sondages et des
puits d'extraction de diverse nature exécutés , jusqu'à
ce jour , tant dans le département de la Seine-Inférieure
RRGHBlCHfc DB LA HOUILLE. 591
que dans les départements limitrophes , et par les obser-
vations recueillies sur les mines houillères de France , de
Belgique et d'Angleterre , quel serait le point du dépar-
tement de la Seine*Inférieure où Ton pourrait , avec le
plus de chances de succès , opérer un ou plusieurs son-
dages dans le but de découvrir des bancs houiilers.
• S^ Quel serait le système de sondage à adopter , et à
combien pourrait s'élever la dépense , eu égard au nom*
bre , à l'épaisseur et à la nature des couches à traverser ,
aoit qu'on profite des sondages déjà commencés , soit
qu'on se porte sur un point qui n'ait pas encore été at-
taqué.
9 3® En raisonnant dans l'hypothèse de la réussite du
sondage , examiner si , indépendamment des frais d'ex-
traction, la di£Bculté des communications et i'éloignemeat
des centres de consommation ne seraient pas , quant au
point déterminé , un obstacle à ce que les produits de la
mine découverte , à qualité égale , pussent entrer en con-
currence avec les houilles actuellement employées dans ce
département , en supposant soit le maintien , soit la dimi-
nution du tiers ou même de la moitié des droits dont celles-
ci sont frappées en ce moment. »
J'adressai à la Société d'émulation de la ville de Rouen,
à l'époque où elle publia son programme, quelques ren-
seignements réunis en Mémoire ; je dus croire qu'ils lui
suffirent , puisqu'elle rôtira la question du concours.
Cette division en trois paragraphes fiiciKtant la solution
de cette question, je l'adopterai dans cet Essai soumis à la
- Société savante à laquelle j'ai l'honneur de l'adresser.
L'examen des roches foi mant le sol géologique de notre
département a été fait différentes fois et avec assez de
590 SBANCKB GBIIÉRÂLBS ▲ KSXJVCBÂ^
' / .r natare
section où le même Mémoire a été // jeerver qiie
quelques points qui y sont touchés^// s de ]a série
M. HoudeKére fait remarquer /7/ ' .usieurs endroits
dernière séance de la section .-/r ;ment délenmnée.
mal dont M. de Loverdo a <^ V^'/ .oint à négliger, alors
M. Bourlet de la Valié'//// jment des sondages,
'le Mémoire suÎTant. /./ ivers minerais de fer qu* on
/ «i la vallée de Bray , au moyen
Quelques consid&atv ^ dont il restait toutefois à consta-
de la houille d ^yen 5^ sondages , a été communiqué
par M. le doc marquis de Morleraart , propriétaire de
lii-ay. il n'a pas reç« son exécution , parce
n manq» ^^^^ d'entrer en œuvre , M. de Mortemart est
si remar/ ^j^juent, j'ai conservé la correspondance qu'a
nomhv/f^.^ ce projet.
dust /^
la te département de la Seine-Inférieure, géologiquement
r/ant , appartient an groupe crétacé (terrain secondaire
<Cp^'rieur); la craie blanche , avec quelques-unes de ses
nombreuses variétés , occupe presque toute son étendue ,
et les diflerents étages de ce môme groupe , ainsi que le
premier système marneux de la formation oolitique,
apparaissent sur quelques points de sa surface.
Mous allons maintenpnt faire Texamen succinotet rapide
des roches qui constituent le terrain crétacé dans cette
contrée. Cet exaoïcB est absolument iadrâpeasable en ce
quildoitMHis servir. à déterminer, d'une manière con-
forme à la science , les points convenables pour la recher-
che que Ton a voulu faire de la houille dans la Seine-
Inférieure.
'-XXMWIWWH
a *' j j * i * ^j >^ s -' -j
tlteCtt^UCAlK DS LA aOOlLLB^ ((9S
Craie blaneh<^
La craie Uaiiche > dite aussi sapërieitre , recouverte par
deux espèces de lerraiBs , dont le plus supeitfciel paratt
èlre le dernier dépôt des eaux dîluviales » existe > ainsi
que nous venons de le fiiire observer » dans la majeure
partie du déparlement, dont elle forme le soi géologique.
On la reneoolre chaque fois que Ton perce le sol superfi*
oiel , et on raperçoit à nu, soit que le long des côtes elle
fernie ka falaises qtie Ton j remarque , soit qu'elle vienne^
en se temunant 5 former une ceinture blancàe autour du
pays de Bray , dont elle détermine les limites» Quelquefois
laoouehe amincis par laquelle elle finit 9 est remplacée
par des mamelons ^ plus ou moins saillants » composés en-
tiènement de celte roche : le mont Sauveur , . à Argueîl ,
les monts de. Sigy présentent des exemples bien marqués
da cette disposition* Sa paîssanee , terme moyen , est do
l<M> mètres. £Ue est , en génénd , tendre , et est caracté»
riaée par upe grande abondance de silex en rognons irré'-
gnUers^diq^oséto en couches et liés entre eux par de légères
raniflcationa. Ces rognons de silex deviennent graduelle*
ment plus tares et fiaissent par disparaître entièrement t
c'est cette circoift^Miee qui a Mt partager cette formatioa
eu ctnie supérieure ou crtrie à silex , et craie inférieure ou
eraie sans silex. Cette dis^nction no saurait dtre générale*
ment admise ; car ^ au Havre , par exemple » la craie
inlëffeure , à l'endtei t même où die passe aux grès verts
supérieurs , renferme une grande quantité de silex et de
rognons siliceux. D^un antre cOté , en suivant la cète vers
Test y et à partis^ du cap de la Hève, on observe tme mtiseé
38
5414 SS41ICK8 GÉHCIALIS A HIVrCHATEL.
considérable de craie , où les silex sont rares , bien qu*ë-
videmment celte masse soit siipérieare aux couches du
Havre.
La craie existe souTent en masse ; d'autres fois elle est
disposée ea assise» , qui a«t plusieurs centimètres d'épais-
seur. Ges assises sont presifae toujours disposées horizon-
talement ; toutefois • arrivées vers tes terrains qui leur
sont inférieur» , leur direction incline à gauche et à droite
de ces terrains. Cette ioclkiaison a lieu , principalement ,
par rapport au pays de Bray. La couleur de la craie , le
plus souvent blanche , est quelquefois Jaune on rouge , oe
qui dépend de la présence d'une petite quantité d'oxide
de fer,
La eraie revêt quelquefois la forme snb*cristaUîne dans
le département. M. Elie de fieaumont a signalé le premier,
aux environs de Roneù , l'existenee d'une craie dure , un
peu jaunâ(tre« et dont la cassure est légèrement brillante
et comme cristallina; Un instant oa a cru avoir découv^t
une carrière de marbre , parce que cette variété de craie,
plus dure et plus compacte , M susceptible par le. polis^
§»^ d'imiter la pierre de Florence. On a, plus t^d, acquis
la certitude que le seul marbre véritable , dans- le dépar-
tement y est le calcaire lumac^belle , dirersement colorié ,
qu'on rencontre aux environs de Gournay et de Neufchdiel.
C'est à St-£tienne-du-Rouvr9ty et è Orival » près Rouen ^
que se rencontre cette crai^ compiuîte signalée par M. de
Beaumoi\t*
. Le&téFébralules^tljsséebinitea Caractérisent essentid*
lennent la craie blanche.
Des deux espèces de terrains qui recouvrent la craie ,
l'un, superficiel, est un dépèt Umoneux dont la consbtanœ
ABDRBOHB DB LA HOUILLE/ • 595
et rëpaissecir varient beaucoup , selon les localités ; com-
posé d'éléments divers , taat6t c'e^t le sable qui y domine, i
tantôt c*e8t la glaise. Sa couleur générale est fauve , quel-
quefois mélangée de gris.' On le croit le dernier dépôt ili- .
luvien. L*âtttre terrain , sous-jacent âîi premier , semble
ne pa& avoir été transporte^ par les éà\^i. U est forhië'dë
silex pyromàques , de grdvierd , de sables , d'argiles 'iU^
sibles ,' de ihàâses de grës^ de^udingues , etc.,' etc.Oti ne
trouve point ordinairement de cailloux dans le dilnvium
des plateaux , qui a plusieurs mètres d'épaisseur : ces dé-
bris siliceux sont ordinairement déposés à la surface de la
<Eaie^;4aii« uçte ^orle de marne. jaunâtre ou brunâtre ;
mais ils se «/contrent & Jour dès que je sol est incliné , et
Ton en rM^contre-des amas de 2;â- 3 mèpre^ de pifissance.
C'esBt.aiqfi qiie Tpn efk tqU tii^e grande quantité au Bois-
Ie*BQirgfi0 ^ à Strl^nci^n , près.ArguedL .,.,,. ^
L'épaisseur de ces deu\ çopç^es ^ jtçès- variable , est
estitoëe. I» l&iOu.dQ n\àtres4 .Règle générale ; les cailloux
soAl paln9ei)iitf$:à.la.9nr£|ce ^a ^\y lorsquç oçlui-ci. n'est
yas bfiHze<ital;„ils s^'enfoMissent et ^paraisseiQt dans le
]mion>,|cff9qu^ le terrain est sans xnouvement^
Div^mes ' autres espèci^ dç iroçbps. accompagnent la
xnd^'Haffs qpelqup lpÇflVt(iB ;, tels çont le ca}caice travei> j
lin, )e,iii|Qenai.}de ftr,hidr#W ^. la broche erayeuse.à
structure fragmentaire , les :grte à jâlex pf ronaaques et
les poudingues à silex roulés. Nous ne faisons qu'énumérer
ces terrains , qui n'ont f àms. Tespèce dont il s*agit ici ,
qa*une médiocre importance.
696 9BANCB9 GélIBlALBS A KBOfCHârBL.
Cnàe gciae*
La craie frUe exiile en couche peu épaisse à la c6te
SCe-Cathefine « près Rooeo ; elle est plus (riable que la
eraie maraeusa , dUmt elle n*es(.qu'une modification , et ne
renferme pas de ailei.» Le vallon de la commune de Mont-
ROty , près Goumay , présente cette variété de la craie
privée de sUes.
Craie marneuse.
La craie marneuse , assez semblable à la craie grise et
métne à la craie blanclie compacte, qui lui est supérieure,
passe^dans ses couches inférieures^à la craie glauconieuse.
Elle est ordinairement caractérisée par des parcelles mica*
cées ; on n'y trouve point de grains verts , et les silex ,
lorsqu'ils y existent ^ sont noirs.
La craie marneuse se voit à la partie moyenne de la
côte Ste-Catherine, à St*Adften el â Tourville. Blleetiste
depuis Caudebec jusqu'à Sandonville , où elle est rem*
placée par la craie glauconieuse. Cette même rdche appa-
raît au bas de la côte qui encétnt la vallée de Bray y de
Neufchâtel à Beauvais. Sur la é6!e apposée , â Méeao-
guevifle / à la Ferté'^en-Bray , à Hodenfflodenger , elle
repose sur la craie glaucotâMise.
CMèglaiNSaÈeasè.
La craie glauconieuse , que caractérise la présence de
grains verts, qui ne sont autre chose qu'un silicate de fer ,
se compose d'une série de bancs de craie plus ou moins
imapade» qtti, diittiM 4»achei- le» fias Jirfl^
n^étre plot qu'on saMe. Bile est fotieiKéd d'ime gtmàë
qnaatHé 4e ^aHIetles de«iiea,et les silex ealcédônieiix
se trmifeiit dispersés dans la usÉse ou y formenlées IHs
assez rapproc&és.Ce que tes Anglais appellent grem tand ,
et qui consiste en grès et sable , est tout simplement là
partie inférieure de la eraie glaoconiense. An reste , ici
comme ailleurs , il n'y a pas de limite trancbëe entre la
eraie glauconiëuse compacte et la glauconie sableuse qui
hâ est sous^Jaeentè.
Ma èraâe glanconiense ezisfe à la cMe Ste^atberine
sotis la eraie marneuse , dont elle est séparée par une assez
grande quantité de fossiles. On la voit, à Orcber, former ,
en assises nombi^uses et compactes , la partie sopérienre
de la fidaise. A Litiefconne, elle se montre en bancs diTcrs
de glaoconie sableuse et de grès en blocs. A Bolbec , on la
retrouTe aifec ses fossiles eametéristiqnes.
Dans le pays de Bray , que nous avons occasion de sou-
vent paroonrir . noua la voyons Ibmer les vallons qui se
détacbent de la biaise sud-ouest. A la Ferté-en-Bray, on
la rencontra en banes cempaeles et arénacés. La route
d'Arguetl à la Derté est traeée , en grande partie , dans
cette rocbe. A Féoamp-, la eraie glaneonieuse occupe la
droite do port ^ et on k mtrauve à quelque distance, au*
dessMS de la vîl|e , iormant un relèvement le long delà
rente dû ibme. EBèconstiti^ le sol littoral depuis Tan»
carvHfe joiBqB'ao cap'd'Anlsfisr. Les craies mameiiseB et
glanconieases , réunies , ont une puiasance de 100 à ISO
mètres«
Nous noos bornons è cette eoorte descriptian de la
craie , et nous atons pensé qn'il n^était pas nécessaire de
40 jH4re(jéplu-4«iBieAtavec celtiî'd^ «M^fi iia(ui»de«i ooih
Ufies. .iKOisine^ y parcequ^ln»; ^una^ oont l'élabUrow^iillë*»
rieuceaiej^., là^où il constitua le sol gécdogi^i^y. U laudra
B'ab«.tepir 4», tante, tsnl^tiv^ajaf t pç^^lôie^ la reçberche
de laliouille.
Il ^t vrai que ^ 4aM^ i^kpief locaUtâi., çokoime à Për
treilles ^ pi^ës Bellesta , la Ofak» çofàtie^i4^ oomoIk^ explov
tfibles de houillp ; k Eraai^i ^ • prés Inm , une lûoe d'aur
thracite , d'un demi-mètre an moins d'épaisseur , est ren-
fermée dans des calcajrfts; mais^ ces exoq^os, et quekpies
autres encore qge nous, pourrions citer f n'iafirmeat pas
la rë^oi générale qui a présidé à Tordre suivant lequel les
d^pOls supcQssiis ont eu lieu* Nous aurons, d'aiUeurft, 1*00*
casion de £aiire ressortir l'essai infruotaeax.de 1796 » en*
trepris sur un point de noire départeooient , -00 la çraîe
)>lanche a une puissance considérable.
TernéDS inférieurs à là craie.
, M. de Ehunboldt , dans soq Eaai yéopiogHqw titr Ugùê^
mmt df$ TfKhu dam le$ deus hémiupkéret , fait l'obsenration
qu'en France les formations inférieures à la craie ont été «
malgré les travaux. de M. QaHiliais^'Hal](fy , tnès^nëgU»
gées. Ce reproche a été vivementietati par les géologees
français, qui, depuis dix ans , senUent porter leur at^
tentiott snr ces^terrains qui lèjéritént, à JbîeK deà égards ,
leur intérêt Le nombre des descriptions qui y ont irait
s'est , à partir de cette époque^ multiplié. Il en est résnlté
la oannaiâs|inoeplus «xacte de divers pointe lon94emps
douteux ; d autres sont encore restés obscurs. Au nombre
BICnnClIB »B LA HOUILLC. 599
V •
de cje» demien ae trouvent certains termes de la série
jurassique dool la position gëognostique , dans le pays de
Braj, n'est point, avons-nous éit, e&acleinènt déterminée.
Les ter riaiins inférieurs à la eraîé se présentent ^ dans
le département de la Seine-Infiérienre , sur trois pointâr
diflëvents:
I* Dans le pays do Birai3r ;
S* Dans ta Vallée de la Seine , à Rouen ;
3<^ Au Havre.
Nous altons suecessivement les examiner dans chacune
des localités qne BOUS venons d'indiquer. -
Le pays de Bray , petite région naturelle , remar-
quable par l'absence de la craie , appaKient aux dépar*
tements de la Seine-Infêrieore et dé TOtse. Il forme
une gibbosilé ellipsoïdale qui , d'après les inclinaisons
de 15 et de 25 degrés qu'on y a constatées, résulte
évidemment d'un soulèvement qui a mis au jour les étages
supérieurs de la formation jurassique , selon une direction
du sud-est au nord-ouest , en laissant les eoodhes sapé-
rieures sur lesHanos du terrain' soulevé. Les débris de ces
Goucbes , qui recouvraient la- partie à jour du calcaire
compacte , ont été enlevés ^ et il s'est opéré une dénuda-
tioB transgressive, d'une .coucbe à l'autre Jusqu'au calcaire
crayeux , dont on ne vint aucun vestige sur 1» protubé-*
rance du Bray , quoique la craie lui serve cependant de
limite*
M» Elie de Beaumont pense que le soulèvement du pays
de Bray a eu lieu en même temps que celui des Pyrénées
et des Apennins , entre la période de la formation de la
craie etcelle du dép6t des terrains tertiaires.
Le pays de Bray et celui des Wealds » en Angleterre ^
minfofipn leecmptre I0i|ipiir9» 0Mt4eux ftîti îdttiti9ie««
Qji foroi^ieiit deux ik» 4e fornie M»^«bl9 et à pea prte
^ne la néme dir^ien aq.4p>nM d^Ia «ler teftiaire ; se»*
lemtot ieB coupbes crétacées K^nt «obi qm ruptofe et me
déwdaUoB daoft. le peja à^ Bf^y , q^i e qw , «iwi que
nous Tenons de l'écrire , à découvert le calceiiB eoDi*
pacte épiolitique , circonstance ^ n'a pas^ en lien dfns
les Wealds , et qui eai t<wt à IVantaie d« pipennier pour
l'objet que nous traitons.
Le pays de Bnf « wwon 1$ Ueoen de lettgMur , de
Bures à Frooourt , aiir'4*. W 9 de Imyeqr wm Foiyes»
Voîd l'dirdr^ de spperpositioa d^ diftireiites eoudies
qui s'y rçnixHiitrent :
Glauconie sableuse de la craie.
Marne bleue nmaoéci ou Gauit^
SaUes à grains verts.
Sables fermgiaeux.
Argile à fougères.
Sables ferrugiaeux«
Grès ^uconieux » calcaiœ gIaiiconieux« ,
Calcaire marneux à grypbée virgule ( lamacbelle).
Ne«s allons les examiner Béparément .
La glauconie sableuse consiste en oauohes,plas on moû»
fortes, de sable de couleur verte foncée , dans lequel il y a
peu ou point de calcaire. On y trouve de^ pyrites et du fer
pbospbaté.
M ttme bleue mkncéû ou Gsult.
Bans le système des saMes verts , se trouve comprise
une argQe marneuse » appelée Gault par les géogiosles
ESQEISSCHB DE LA UOCILLE. 601
aoflais. Cultp roche , d'uae bell^ cpvleur bJeuAtffe , qui
lui a vdtt aussi If9 nom de nuirm Uev^ , est rude au tou-
cher. La {lartie siq^eure , entièrement argileuse « iai&
très-bien pAle avec Teau , ce qui la rend propre auji pote*
ries^Ala partie inférieure, on troiive .i|ne marne un
peu micacée , effervescente avec les acides. Ce banc argi*
leux contient ordinairement une grande qipaotité de veines
d'oxyde de fer. Cette roche existe en bancs puissants dms
le pays de Bray , à M ésangueville , à Hodeng-Bodenger.
Au centre de la vallée « on la voit à Louvicaipp , à Ckim-
painville. Dans le puita de Meulers , près Dieppe^ on l'a
retrouvée à une profondeur considérable. Elle a été ren-
contrée à 40 mètres de profondeur , lors du forage du
puits artésien de la rue Martainville , à Rouep. La puis-
sance de cet^ roche , dans le département, varie de 10 i
â0;mètres.
Sables à grains verts et ferrugiiieuz.
Au-dessous de la marne bleue micacée , se trouvent de»
masses considérables de sables ferrugineux. Ils occupent
ordinairement le pied de colKnes couronnées par la craie
glauconiense , et s'étendent dans la vallée. A Forges
comme à NeufcbAtel , où l'en exploite différentes argiles
plastiques , ils ont de 28 A 30 mètres de puissance. Ces
sables présentent des veines de nuances différentes , depuis
le blanc brillant Jusqu'au brun foncé. Le sol de la forêt de
Bray , qui en est en partie composé , renferme beaucoup
de grès ferrugineux , compactes , à grains fins et micacés.
On y trouve aussi des morceaux de fer sulfuré et des frag-
ments de ligttites.
m2 SRANCBd GÉNÉRALES A MKUFCHATEL.
Les bois de Bearabec sont remplis d'un fer limoneux ,
riche en métal. I^ bois dit do Lion est remarquable sous
ùt rapport. M. Girardin, professeur de chimie à Rouen ,
qui a bien voulu analyser , à ma prière , deux ëcban-
tillons de minerai de fer que je lui ai envoyés ^ a trouvé ,
dans l'un :
. 51 parties de fer peroxyde et 48 parties de substances
terreuses ;
Dans l'autre 7
71 parties de peroxyde de fel* ; '
29 parties de matières étrangères.
Le pbys de Bray a été autrefois le siège d'importantes
exploitations de minerais de fer , qui n'ont cessé d*étre en
activité qu'après a voir consumé les forèls qui le couvraient.
Ces exploitations n'ont pas diminué d'une manière sen-
sible le minerai , que l'on emploie maintenant à la cons-
truction des maisons et à la réparation des chemins vici-
naux. Le socle d'une grande quantité de maisons et celui
de toutes les églises de la contrée est fait avec le minerai
de fer , converti en pierres de taille.
Argile bigarrée.
Les sables ferrugineux qui; partent de la limite sud-
ouest de la vallée de Bi?â^,vieBnent se terminer sur l'argile
bigarrée qu'ils laissent à découvert dans les communes de
Roncheroiles, la Ferté*en-Bray, Mesangue ville , etc. Cette
argile existe tantôt en lits minces , tantôt en couphes assez
épaisses. Sa copieur , ainsi que rin4ique son nom , est ua
mélange de diverses couleurs , telles que du rouge y du
jaune et du violet. Quelquefois elle affleure à la surtaco
'RBGHBRCIIb M: lÀ BOUILLE, 60â
do sol ; mifte., 1« plag Muvetit ^ eUé ésit recouyerte fax le
terrain > 8)j^i«ci«l|iiiriiculiër itd ]^ajs de lira j. Dans la
eoniiàmë dn Thii-en-Braj ; elle reiirerif&e tone grande
quantité de géodes ferrngittènses. A Hodeng-HMeéger ,
éUtt< eottlient de la tM^x snMalée. Le sol gMogique de
Fbrgeg> et des entirotts est èoinposë de cette argâe , qni
est emplbyée à âdre des tuiles , des patës de toutes dU
méosMaê et :des poteries^ Les pactes-, ûih earratuk du
JUm^*, pâree' qu'on les fthriquê^aW cette commune , «ont
a^une beauté «t'd'iHne du^eié reinarquables.
Argile à ersmeu (AygiledeFdiges).
' « Cette argile plastique des terrains inférieurs ^ la craie,
dit M. Passy , dans son intéressant ouvrage concernant la
géologie de la Seine-Itiférieure , ofl^e de nombreux rap-
ports de dépôt avec l'argile plastique proprement dite ,
qui appartient à la série des terrains tertiaires. Ses carac-
tères minéralogiques sont presque les mêmes. Des lignites
se rencontrent dans toutes deux ; mais ce qui distingue
Targiie plastique inférieure à la craie , c'est la présence
'd'impressions de fougères. » Nous ajouterons qu'elle edt
en quelque sorte infusible et résisterait à un feu qui
fondrait ftcilement l'argile plastique des terrains ter*-
Aaires. Celte esp^ d^àrgile , remarquable par sa valeur
commerciale , se rencontre à un état plus ou moins grand
ée pureté', et fait partie des rocbes constituante^ de la
vallée de Bray , excepté au cènti^ et vers le nord-ouest ,
où viennent a|)paraltre , à la «urface /dilTérents calcaires
compactes , dont nous nous occuperons ultérieurement.
he banc qu'elle y forme a une puissance de 1 jb 3 métrés,
604 SÉA]fÇ«6 GKN^gAIM À KBUFCiUTBt.
«f on y arrive â uae profondeur 4epiiU 80 jwqu't 30 m*
|«a piof réfirectaire , celle ^i est propre à bi oonfeelîoB
4ee cieoseU » ert d'un gns-argentin > ^ eouvenl to £pnM
8chisle«8e » et derient efileresceiite à Tair. Ce earaetèfo
aebiaCeox appartient esMatieHeoMiU à Taifile qne founiîi
le (enitoire de Forges , et ne ie tetnmve pas dana eelle
eKiraite dei pirita creusés à Cany (Oise) , où cette argite
esisle en alMHidaDce, Ko général, elle est douce au taiober
et savonneuse , et ne fak point eflbrveseeMH) nvee les aeidea*
n parait , au reste « qu'etle est d'aulaaA pins eéinwtnîin el
propre à Tosage auquel on la destine , qu'elle est plus com*
pacte et qu'elle gtt plus profoodénienl. L'argile plastique »
de médiocre qualité , qu'on trouve à peu de distance de la
surface du sol , est ensplojée à la fabrication dee pipes et
de la laîenee anglaise. Nous avons rencontré des édiaiH
liHons , que vus conservons , de cette espèce d'argile
plastiqon y dont la dnrelé et la consistance sont telles
qu'ils léaiatant an marteau*
L'argile à creuseta de Forges t alors qu'elle est pure
et de bonne qodité , ne coMait guère de rivale que celle
de Saxe. Elle est pour ce pays l'oliiet d'un commerce
assez important » et alimente non^-seuleppeni la plupart
des verreries de la France , mais elle se vend aussi pour
l'étranger. On en embarque au Havve pour las Sti|ts4Jais»
à llarseille pour les fies Ioniennes^ L'établissement de
St-Gobio avait «utrefins un agent à Forges » ehatié de
surveiller l'extraction de cette argile , dopt il avait la
jouissance privilégiée dans la forêt de Biay.
Avant d'arriver à la véritable argile à creusets , m ren-
contre des alternances de ceuchea de sables et d'argiles
plastiques. Ces dernières sont plus ou moins mélangées de
RfiCHEKCDB DB hA BOUIIXB* W$
oMes et d'oxyde de fer , ee qui les nùà ta^ptopres à kt
eonfectlon dès cremels.
8al>l«i tt gfèt fetn^ke» ioféricnrs.
Aa*de8Soii8 de Fargile à creusets , on troave encore des
sables et des grès ferragîneiiic qui existent à pea près dans
les mêmes conditions que ceux qui la recouvrent. Il sem*
Mendt que cette glirise à et«usets n'ert qu'un dépôt kolé
au adlieo de ta messe des sriiles qui eenstitaent^en grande
pertié , lé é(à géologique de cette eoiArée* Ces saMes , à
«Mureqti^ib s'éloignent de Tinrgite à eranseti ^ se lrus«
liM'mettt en tine sorte de grès gianooniem^ qni^ lutaiéitte^
pftsse en calcaire. Ces deux dernières roches fenfnrtneiit
éflcore aœ assec grande quantité âe grains yeria. Qoel^
qnelbts le gtês glauconieax rempUièe le calcaite , qui ,
dtfns quelques localité» , se encontre senl.
Nous serions arrivé au moment de nous occuper dos
eaux minérales de Forges , qui , après aroir traversé les
alternances de sables ferrugineux et de glaise plastique
dpnt se coippose la colline sur .laquelle est construit le
bpuripde Fofges , Tienmçnt , au nombre de trois sources ,
•erei|idipe^.c|lm^unf) séparément , dans le bassin en grès
qui Ifnr est desti^. Nom feitms observer que ces eaux
miuJMts.i euégmà à leur céljébrilé^et à leur importance
médicale y méritant d'être ferait^ particulièrement , nous
m. ferons l'ol^et d'un ^Mémoire qpécial > que nous adresse-
ron»àrAeMlénise roifalede m^decii^i.Deuxcons«4écations
nom enfag^d'agiv ainsi: d'abord , nom ne youlons pas
Dans écarter de notre siyet ( la recbercbe de la houille ) ,
et ensuite nous attendons le résultat de la nouvelle analyse
€00 SBAlfCBS «BinÉRALBS A HBtJMBATSL.
dés eaux «mëràks de Fovges , déni le Goiivefveniëiit
vient de charger M. le professeur Henry ^ chef des trmvaaz
chimiques à rAcadémie de médecine.
Nous allons donc continuer l'examen dei roches infë*
rieures à la craie , dans le pays de Bray.
CMcalre gtaaoonian.
Le calcaire glâpiçooiçux ast cgnaposé d'pne iimaem^
qiiaïKîlé.de petilt» coquilles licîsé^s ( chiarna balîoti4es »
gryphseaforata ) ; w y tiviuve ides ^fifUeshifai 0Qnsery:<éM»
La couleur de œealcairej^plus soayentigunttve^estquel-
qoefins U^uâUe.Oo le trotte ahondumnent àPomnereuxi^
à SaimtoAlrla-^Poterie , àDaud^auville», yer^Qou^Day^Mi*
Bray; à ^-fadn»;. à Neufvillfl, yers (feuIohâtel^.A ViUent-
Vermont » filt à S^aa^ute^ , ^ajui ledéparlemaiit de rOiae.
L'épaisseur de cette rocl^ , tFës*varia))le «^.plus grande
que celle du grès gUucon^eux.
. . * • . .
Formation épiolitique. . . .
Les terrains dont fl nous restié à &ire mentidti' , sont les
plus ancien^ de ceux qui entrent ^tis la (tonsthution géo*
logique du pays de Brajr , ou , du' vîfAitk ,' qui se moisirent
& sa surfSaice. ' Ils en occupent; en ^riéfal , à peu près lé
centre , entourés quHs sont , de tous côtés , par les sables
ferrugineux / les^ iiiarnes et grès gla^cônieu'x. Kons
ferons observer , tôutefds ; la diflërence géognostique qui
caractérise ,' dans ^ lé cabton'dcf Forges , les dettxKnrites
de là vallée. La partie hiéridioniaile oftètous les dflKrentt
étages y sans exception , du terrain secondaire , depuis là
craie blanche jusqu'au calcaire de Purbeck , ou son équi«
lOieBBRCHE. DB LA flOVlLLB. 607
Talent* Bu cf^ié âiinord*€&t , dan» les cooimunes de Lon^'
vic^mpselde Gompatiivîile , Tar^ deRiromerygd^, eellë
d'Oxford , ropréseniées par la lumaefaèllê et divers cal^
caires compactes , sontadossées immédiatettient , et sans
aucune transUioti , coolro la ceinture de eraie blanche qui
forme , de ce eùié , la limite do basdn* A Neufville^Fer^
dèreâ , près Neufcbâtel i et à peu de distance de' la conti*
nuaiion de la même ceinture crayeuse , on voit çà et là |
mélangés avec la terre végétale , des calcaires compactes ^
jauoAtres y simulant la pierre litbographîque et ooatenant
des mitilua très-striés* ^
La formation jurassique consiste , daasle paysdefirajr^
en bancs ,.plus ou moins puissants, d'ua calcaire compacte^
ordinairement blanc , qoel^uelbis rongeâtve où Ueudtre;
Le œ^iiie caloûre compacte se présente^aussi.en fragments
d'un blanc, terne , de fovme^.et de grosseur i^ariaUes; il
forme le sol géologique des oemmUnes d'Haussée et asiate
llicbel-4*IbUescourt. Oa les retrouve aussi h Louvtcamp
etè CompapAvilIe ^ avoisinant laialaîse. sud^ouesli .
Au-dessous du cakaire compacte et souvent intercalé
dans son .épaisseur :( ce qui nous a rendu difficile la déteo^
BiioBtioa de sa véritable position gépgbostique ) , se ren?
contre, en lambeaux plus ou moins isoléa» et quelqiiebia
en masses assfz- considérables; peur éUre exploitéeai.,* le
calcaire Iwp^^elle , seul marJbre es^istaat.dans le dépar^*
tement. Il est pite^que entièrement formé :de petites gry-
phées^ réunies ettive elles par im :ei<neiiit calcaira ,|soiivenlk
qiiaf lafiuaii 4st divers^aiient poloré ep gris , en jaune., en
rouga et en bleu* On y trouve iiaifloî^ {des>/erîstsllisationa
de cbam earbonatée. Les communes d*Hanssez , de Dou*
deauville , de Gaucourt , dans la Seine-InCirieure , sont
608 SBAIfCftS JQÉISRALES ▲ «BtrMKàtBL.
celles d'où celle roohe « élé ettnnle ie pli» abondamment
pour faire le» foadeaBieais de la roMe royale de Paris à
Dieppe , depuia Goumay jusqu'à Forges. Là phi» belle
lumacbelie^ «convertie en marbre par le pcdisBage , pro-
venait t il y a quelques années , d'une «arrière sHuée à
Hëooun (Oise) , appartenant à IL Langlois , de Beauvais.
Elle se trouve quelquefois recouverte , dans cet endroit ,
par divers calcaires marneux, bleuàlies on Jaunâtres , avec
ou sans fossiles. On en a fait diMrents meubles , tels que
des tables , des cbambranles ^ «to« Les arehiteotes de la
ville de Paris qui ont lait construire le palais du quai
d'Orsay , ont regretté de n'avoir pas été informés à temps
de l'existence de ce marbre, dont ils auraient pu tirer
parti lors de la constradion de cet ëdMee»
La partie de la vallée de Bray qui dépend du départe^
ment de l'Oise , appartient aux cantons du Gondray^ d*Au*
neuiletde Songeéns. Les terrains ftmigineux et glauoo*
nieox constituent priocipalemeni le sol géologique des
deux premiers. Les mêmes terrains i^appuient , au nord-
ouest , oontre la lumachelle et le calcaire comrpatM mar-
neux y dans le canton de Songeons. La disposition des
couches que ces divers tetrains forment , présente deut
elreottsladces remarquables.
En examinant avec un peu d'attention leur développe-*
ment , en verra qu'elles sont disposées comme antoord'un
axe longitudinal que représente la sOÉomUé Ai Bray. Ainsi
les grès éC sables ftrmgiiieuic qu*^n véit à Hyanoourt ,
à Villérs^snr-Audiy , à Ûeulaneoutt , se dirigent m nord
dans les cantons du Coudrày et deBesurais ^ et se eonti-
nuenl par l'Hérault , Glatlgny , Ilacivoile , Buicourt et
FoBtenay ; en-dedans de cette ligne , les grès verts for*
• t
\
BBCBBRCBB DB LA HOUILLE. 609
ment une autre bande qui, de Hyancourt, passe à Mothoig,
à Hauoache y à Senautes , à Ville-en-Bray , remonte dans
le canton du Coudray, et tourne au nord-ouest par Gla-
tigny , Hauvoile , Hévécourt et Torcy.
Quant aux lumachelles , elles forment , au midi , le sol
de Beaulévrier , d*Hécourt , du Talion d*Haunache, tour-
nant autour de Lanlu , et arrivant presque aux limites
du canton de Formerie , par Grocourt , Buicourt et Hévé*
court. De Lanlu à Bazancourt , le calcaire marneux com-
pacte forme une bande qu'entoure la. Inmachelle.
La deuxième particularité , dont nous allons &ire men-
tion , n*est pas moins intéressante. On remarque que Itf
hauteur relative de ces diverses roches est en raison
inverse de leur niveau géologique ; ainsi le calcaire com-
pacte , qui est inférieur aux autres couches , forme toute
la sommité du Bray. On descend de cette roche sur les
lumachelles. Le grès vert , séparé des calcaires marneux
par des vallons divergents , est de beaucoup inférieur à
la ligne anticHnale du Bray. Le sable ferrugineux , qui
est à une grande hauteur à THéraule et à Yillers-sur-
Auchy , descend au niveau le plus bas dans la partie de la
vallée de Bray qui dépend du canton de Songeons. Les
couches inférieures viennent successivement à jour sur
quelques points qu'on monte des limites du Bray vers son
centre. Cette anomalie rendrait difficile la reconnaissance
exacte de la constitution du pays* , si des mouvements de
terrain n'avaient mis à découvert , en différents lieux , la
superposition des roches. Dans^ le canton de Forges, cette
superposition se distingue assez bien : en trarersant la
vallée du sud au nord*ouest, on voit apparaître, Tun après
39
610 SÉANUtS «KNÛiXBS A HECFGHàTM..
l'autre , les diflërents termes de la série secondaire snpé"
rieure , depub la craie jusqu'au calcaire compacte.
Il parait donc évident que les couches inférieures ont
été relevées par une force impulsive , agissant de bas en
liaut , qui aura mis à découvert les étages supérieurs de la
formation jurassique , en laissant les couches supérieures
sur les flancs du terrain soulevé. Les délnris de ces couches
ont été enlevés, et une dénudation a eu lieu d*nne couche
à Tautre jusqu'à la craie y dont il n'existe aucune trace
dans le pays de Rray.
M, Elie de Beaumont pense que le soulèvement du pajs
de Braj s'est fait en même temps que celui des Pyrénées
et des Apennins, entre la période de formation de la craie
et celle du dépôt des terrains tertiaires.
La coupe théorique des terrains de la vallée de Bray ,
que nous reproduisons ci-contre , donnera une idée aussi
juste que possible de la disposition imprimée à ces terrains
par le soulèvement ; elle indiquera en même temps les
points d'élection pour pratiquer des sondages.
Il a été (ait mention dans l'Annuaire statistique du dé-
partement de rOise , pour l'année 1826 , d'un calcaire
noir , analogue aux marbres carbonifères , qui aurait été
trouvé dans la commune dllécourt , au-dessous du caN
Caire marneux. Cette indication fut donnée d'après des
échantillons dont l'authenticité n'a pas été suflisammeut
établie , et l'on n'a pu rencontrer , malgré de nombreuses
investigations , aucun gisement de ce terrain ancien , dont
il n'est plus possible , dans l'état actuel de la science ,
d'admettre l'existence au milieu du pays^de Bray. M. Bron-
gniart , à qui de semblables échantillons ont été montrés,
KÈCItEBCÎHË DE LA HOCH.tE. 611
les a reconnus ponr appartenir à un banc de la formation
jurassique, autrement coloré que ses voisins. Si la décou-
verte du calcaire noirâtre , analogue aux marbres de
Marquise ^ dont il a été aussi fait mention ailleurs (dans
Touvragede M. Passj) que dans l'Annuaire de Beauvais,
se fût réalisée « la question de la recherche de la houille ]
dans la Seine*Infétieure se serait bien simplifiée y ou
plutôt eût été résolue»
Temins Inférieurs à la craie dans la vallée de la Seine , à Rouen.
Le sol dé la ville de Rouen , entouré de falaises crayeU'*
ses et que recouvre un dépôt alluvial plus ou moins épais ^
présente» à quelques mètres de profondeur, et principale-
ment sur la rive gauche de la Seine , une grande partie
des terrains qui existent dans le pays de Bray. On y ren-*
contre aussi quelques lambeaux de craie , qui toutefois
n'ont que peu d'épaisseur.
Lors du forage du puits artésien de la rue Martainville ,
chez M. Le Cerf , après avoir franchi des argiles , des
sables y la glauconie sableuse , différentes marnes noire et
bleue y des sables verts , on a rencontré, à 66 mètres de
profondeur, le calcaire marneux à grypbée virgule» Le but
de M. Le Cerf se trouvant atteint par le jaillissement de
l'eau , on a discontinué le forage»
Au faubourg St«Sever, le calcaire marneux sans fossiles
s'est montré à 30 mètres de profondeur , et^après de nom-
breuses alternances de marne, de calcaire et de grès , on
a trouvé , à la profondeur de 58 mètres , un grès calcaire
contenant de petites huitres. MM. Flachat , qui foraient ,
en 1832 ^ un puits artésien dans ce même faubourg de la
61 1 SKAlfCBS «BHBKALIfl A NBOTCHATBL.
ifille de Rouen , ayaot obtenu une eau jaiUiasante y
aèrent leur opération. Une autre puiU artésien, qu'un An»
glaîs fit aussi forer à St-Sever , quelque temps après , A
peu de distance de celui que nous venons de citer , amena
à peu près les mêmes résultats géologiques* On peut donc
admettre là , ainsi que dans le Braj , un effort souterrain
qui a soulevé les couches inférieures. Ces soulèvements ne
sont point , au reste , les seuls reconnus dans nos contrées.
A Fécamp , à Lillebonne , les relèvements de craie glau-
conieuse et sableuse sont probablement dus à la même
cause.
Nous ne connaissons pas bien les roches qu'a fournies
le puits de Tabattoir , à Grammont , près Rouen , à peu
de (tisLance de la rive gauche de la Seine ; nous savons
aeulement que les mêmes alternances de marne et de cal*
caire s'y sont montrées à une grande profondeur.
Les puits artésiens d*Elbeuf , qui ont si bien réussi sous
le rapport de l'eau jaillissante, atteignent, à la profondeur
de 150 mètres , les argiles inférieures à la craie. Il est
évident que, dans tout sondage à Elbeuf, cette roche devra
être franchie.
Terrains inférieurs à k craie , au Havre.
Le sol sur lequel est assise la ville du Havre est com-
posé de couches alluviales , auxquelles sont subordon-
nés les terrains inférieurs à la craie. MM. Flacbat , lors de
la tentative du puits artésien qu'ils y ont faite, après avcûr
franchi 18 mètres de terre de remblai , différents sables ,
des eoudies de silex noirs y 39 mètres d'argiles plastiques
et autres, 21 mètres d'alternances de calci^ire et de marne.
lECBBBCflB Dl LA HOQILUI. 61A
entremêlés de quelques btncs peu épais d^ar^Ie sableuse,
sont parvenus à la marne oolitique » la première de cette
espèce qui ait été reconnue dans le département. Lear
but n'étant pas atteint ^ ils ont continué à percer de nom*
breuses alternances de marnes et d'argiles coquillère^"^ jus»
qu'à la profondeur de 208 mètres, que, malgré Tinsuccès
de l'opération , on n'a pas jugé à propos de dépasser.
Il est résulté de cette tentative , au Havre , de puita
artésien , que l'on a acquis la certitude de la présence do
la marne ocditique , subordonnée au calcaire marneui: qui
existe sons le sol de cette ville. On en peut conclure que ce
serait aussi la première rocbe que l'on rencontrerait sous
k calcaire compacte du Bray , si mieux encore elle n'était
supprimée»
Puits de M eulers.
C'est ici roccasion d'examiner la tentative qui a ét#
faite, il j a 48 ans , pour rechercher de la houille dans le
département.
« En messidor an V (1796) , écrit M. Passy {Deserip^
Hon gMogifue de la Seine^InférieureJ , un sieur Castiau a
fait sonder près de Meulers , village situé entre Dieppe et
Neufchâtel , dans le but d'atteindre des couches de houille
qu'il supposait exister dans les environs de Dieppe. Son
espoir se iondait sur une observation qui lui était propre:
c'est qu'en tirant une ligne à peu près par le point central
autour duquel les houillères de France , de Belgique et
d'Angleterre sont répandues , cette ligne aboutirait aux
environs de Dieppe.
» IL Castiau , ajoute M. Passy ^ ne parait pas avoir eu
614 8ÉANCBS GÉNÉRALES A HBDPCHATBL.
connaissance de la présence des terrains inférieurs à la
craie dans le pays de Bray. S*il eùl examiné la constitution
géologique de cette contrée , les environs de Gournay , où
se relèvent les couches inférieures dépendant du premier
système marneux de la formation oolitique , lui auraient
offert les chances les moins défavorables pour son entre-
prise. Il est à regretter pour la géologie , du moins , qu'il
n*ait point dirigé les sondages dans les environs de cette
tUIo : le puits de Meulers n'atteint, à 1,025 pieds, que les
couches qui viennent à jour dans le Bray ; là, peut<élre ,
sa persévérance aurait rencontré oe qu'il a vainement
cherché , à 18 lieues de ce point, »
Les judicieuses observations de M. Passy pourraient,
jusqu'à un certain point , s'appliquer aux environs de
Rouen et du Havre , où l'on a pénétré jusqu'à une profont
deur de 208 mètres , sans rencontrer de nappe d'eau im*
portante. On sait que les travaux du puits de Meulers ,
poursuivis avec vigueur, ne furent abandonnés qu'à cause
de l'irruption d'une très-forte source,qui domina les moyena
d'épuisement.
De la comparaison de quatre points de notre départe-
ment où des sondages ont été pratiqués à une plus ou
moins grande profondeur; savoir : le puits de Meulers , le
pays de Bray , la ville de Rouen . celle du Havre , on ac^
quiert la conviction que les terrains subordonnés à la
craie y ont été déposés dans un ordre assez constant , et
que ceux de môme nature , à quelque différence près , s'y
rencontrent. Toutefois, l'argile à creusets et la véritable
lumachelle ne se trouvent que dans le pays de Bray.
La tentative infructueuse de Meulers , en môme temps
qu'elle a servi à nous dpnner une connaiss^^ace exacte de
IBCHEKCHB Dl LA HOUULB. 6i$
la constitution gëognostique de la partie du département
où elle a eu lieu , démontre évidemment qu'alors qu'il
s'agira de nouveaux essais , il faudra s'abstenir surtout
d'agir sur le groupe crétacé , qui forme non-seulement le
sol géologique de notre contrée , moins cependant le$ poinii
que nous avons indiqués , mais encore celui de toute la
Haute>Normandie et des départements limitrophes.
Il ressort des considérations ci -dessus que , dans l'éten*
due de pays comprenant les départements de la Seine-
Inférieure , de l'Eure, de la Somme , de l'Oise et de Seine-
et-Oise , les points les plus convenables , eu égard à la
suppression d'un grand nombre de roches qui existent par*
tout ailleurs, pour se livrer à la recherche de la houille,
sont le pays de Bray , la vallée de la Seine , à Rouen , la
ville du Havre.
Quel serait celui des trois points qui offrirait le plus de
chances de succès ? C'est ce que nous allons essayer de
déterminer.
Nous avons vu que ces localités , remarquables par
l'absence de la craie et offrant à découvert les différents
terrains qui lui sont subordonnés , avaient été soulevés par
un effort intérieur. Dans le pays de Bray , cet effort , plus
énergique , a produit un soulèvement plus considérable.
En effet , tandis que le calcaire marneux est , à Rouen ,
à 4 mètres au-dessous du niveau de la mer , il est , à
IlécourL(Oise) , canton de Songeons , à 120 mètres au-
dessus ;à Lanlu (Oise), à 220 mètres. Au Ilavre, le calcaire
marneux et le calcaire oolitique sont , le premier à 56 m.
de profondeur , le deuxième à 80 m. II est très-probable
que l'oolite , si elle existe dans le Bray , serait bientôt
rencontrée par la sonde. On sait , d'après M. Elie de
616 SBAIVCBS GÉNÉRALES ▲ irBUFCHATBL.
Beaumont , que l'exhaussement du Bray » contemporain
de celui des Apennins et des Pyrénées , a eu Heu entre la
période de formation de la craie et celle du dépôt des
terrains tertiaires : or , â cette époque , le dépôt houiller ,
s'il existait . a dû être soulevé en même temps que les
couches auxquelles il est subordonné. Si Ton réunit à ces
circonstances la direction , à peu près reconnue , vers la
partie de la Haute-Normandie qui correspond au pays de
Bray , des couches houillères de la Belgique, on sera
disposé à donner la préférence, pour la recherche des gîtes
carbonifères, au pays de Bray. Au reste , quel que soît le
lieu d'élection des sondages , s'il y a réussite ou seulement
signe d'existence du groupe houiller à une profondeur
accessible , nul doute que les deux autres parties du dé-
partement que nous avons signalées (Rouen et le Havre),
ne soient le siège d'autres investigations. On comprend ,
en effet , que la présence de ce groupe ne serait pas bornée
à un seul point de la contrée , mais aurait inévitablement
une étendue plus ou moins grande.
Nous pensons avoir déterminé , d'une manière aussi
précise que le permet l'état actuel de la science , et en
tant que cela concerne l'appréciation de la superficie des
terrains , le point le plus favorable pour pratiquer utile-
ment des sondages. Toutes les difficultés ne seraient ce-
pendant pas levées. En effet, si l'on jette les 'yeux sur une
coupe proportionnelle des terrains qui composent l'écorce
du globe , celle , par exemple , publiée par M. La Bêche,
on voit que l'espace qui s^étend depuis le calcaire com-
pacte ( l'équivalent de l'argile de Kimmerygde } jusqu'au
terrain houiller , semble infranchissable par nos moyens
ordinaires de sondage. Ainsi j il fkudrait traverser une
BBCHBRCHB DE LA HOUILLE. 617
grande partie de la série oolitique , le lias , ainsi que les
groupes pënéen et keuprique , dont lassemblage présente
reffrayante épaisseur de 1,172 mètres. On est tenté de
renoncer à toute pensée de recherche , lorsqu'on songe
aux obstacles à surmonter. Toutefois , on sait , d'après
l'observation qu'en a faite M. de Humboldt , et que l'ex-
périence a toujours confirmée , qu'on ne trouve jamais
réunis , sur le même point , tous les membres composant
la grande série secondaire ; il en manque constamment
quelques-ans. Cette circonstance , très-importante dans
l'espèce qui nous occupe , a lieu , d*abord , pour les ter-
rains supérieurs à Fargile de Kimmerygde , qui n'existe
évidemment pas. Nous allons établir , autant que le per-
mettront les découvertes récentes de la science , que les
roches inférieures au lias , jusqu'au calcaire carbonifère ,
semblent ne pas avoir été déposées. Nous ferons ensuite
remarquer la grande différence qui existe entre la compo-
sition géognoslique de la Basse-Normandie , du Bas-Bou-
lonnais , et celle de la vallée de Bray. L'étude comparative
que nous en avons faite dans les ouvrages de MM. de
Caumont , Rozet et Fournel , nous en a donné la preuve.
Une Note , qui appartient à M. Burat {Traité de gcofjnosîe^
lorae 2 , page 495 ) , vient à l'appui de celte assertion.
Nous allons transcrire ici cette Note : « Ces puits ( aux
environs de Paris) avaient été entrepris , soit pour se
procurer des eaux , soit pour des recherches de houille :
c'est, en effet , une question non résolue que celle de savoir
si l'on trouverait le terrain houiller au-dessous de la craie
de Paris , ainsi qu'on l'a trouvé à Yalenciennes , à Monchy-
le-Preux, etc.', à une profondeur de 112 mètres ; le puits
de Luzarches entrait dans la craie tuffau. Un sondage , en-
616
t j«HVfHATBL.
^^ ^/«cherche d*eaux artésiennes ,
^gff^'u^ métrés , et se trouvait enoore
^'*^^^^ ^'^L^ole en silex. Les incertitudes sont
^ \^ (f^ ^tties : mais il est nécessaire de remar-
•^t^/^^^ijyiirassique qui affleure , vers Test, dans
aer^.^ dei Vosges , oocupe une position analogue
^ Ji^.^tloù (les terrains anciens de la Vendée. Il y a
^^* ^ àe craindre que ce terrain ne joue ici , relative-
^ jj craie , le même rôle que celle-ci remplit par
"^i AUX terrains tertiaires , c'est-à-dire qu*on ne le
^^,'e encore au-dessous de la craie. Au contraire ,
r ifseoce (les terrains keuprique et pénéen , sur les pentes
Agla Vendée , pourrait faire espérer leur suppression
^ire le terrain jurassique et le terrain houiller y 8*il
existe* •
Les prévisions de M. Burat , relativement à la chance
de rencontrer la série jurassique au-dessous de la craie , à
Paris, se réaliseraient très-probablement. En effet , ce
même terrain jurassique affleure dans diOërents endroits
de la vallée de Bray ; il y existe aussi , recouvert par des
masses de sables ferrugineux et d*argiles de diverses es-
pèces. Nous avons vu , ci-avant , qu'il existait à St-Sever
(Rouen) , à quelques mclres de profondeur. Quant à l'opi-
nion émise par ce savant , elle reçoit sa confirmation de
Yétudû des gifes houiUcrs et mélallifèru du Bocage vendéen ,
faite , en 183^ » par M. Henri Fournel , ingénieur des
mines. Dans la description qu'il fait des terrains secon-
daires du Bocage vendéen , M. Fournel ne mentionne ,
entre le terrain jurassique et le groupe houiller , que
Tarkôse , qui , dans la Vendée , repose sur le gneiss , et
dont l'époque est postérieure au terrain houiller.
RBCHBRCUE DE LA HOUILLE. $19
Baas le Calvados , le lias n*est séparé du terrain carbo-
nifère que par trois termes des formations kcuprique et
pénéenne , qui , même dans quelques endroits du dépar-
ment y sont entièrement supprimés.
Bans le Bas-Boulonnais , on voit la ^ande oolite , par-
faitement caractérisée , buter contre le grès houiller. Les
coucbes de grès sont presque verticales , et celles de Toolite
ne sont inclinées que de 15 degrés. Ce fait prouve que ,
dans le Bas-Boulonnais , quatre formations , le lias , le
Tnaschelkalk , le grès bigarré et le zecfatein , qui , sur
beaucoup de points de la France , existent entre Foolite et
la grande époque des bouilles , manquent entièrement^
En Belgique , toutes les formations , depuis le terrain cré-
tacé jusqu'à la bande houillère qui se prolonge sous Bouai
et sous Y^lenciennes , sont supprimées complètement»
^'ous nous bornerons à ces citations , que nous pourrions
multiplier à Tinfini , pour établir l'inconstance des dépôts
de la grande série secondaire. En admettant , comme un
fait bien reconnu ^ la suppression des terrains des marnes
irisées , il nous reste à examiner le nombre et la puissance
des rocbes que nous devons traverser pour arriver au ter-
rain houiller. Un exposé succinct de l'écbelle des forma-
tions géologiques nous facilitera cette évaluation. Les
numéros d'ordre , dont nous accompagnons cette échelle,
nous dispenseront de nous servir de dénominations scien-
tifiques, longues à écrire, et dont les synonymies entraînent
quelquefois delà confusion.
Terrains tertiaires. ...... 1
Fonnalions [ ^raîe supérieure 2
crétacéçs. ( Craie inférieure ou grès vert. ... 3
620
SBANCBd GBNliRALBS A NEUFCflÀTBL.
Argile de Kimmerygde ou oolite sap**
Calcaire 1 Calcaire d'Oxfordouoolite moyenne. .
du Jura. \ Calcaire de Caen ou oolite inférieure
Lias ou calcaire à gryphées.
FonnaUoDs ( Marnes irisées. .
<l«fi , \ Huschelkalk. . .
marnes irisées. J ^ . . .
\ Grès bigarré. . •
Calcaire pénéen. •
Grès rouge. • . •
Terrain houiiler. •
Terrain de transition
4.
7
9
10
if
13^
13
14
Nous n*avons pas à nous occuper des numéros 1 , 2 et 3,
qui n'existent pas là où devront être pratiqués les sondages.
La roche n^ 4 , espèce de marbre lumachelle , ou quelque-
fois simple calcaire compacte , vient affleurer , à la surface
du sol y an centre de la vallée de Bray. C'est à cet endroit
que se rencontrent les indications géologiques les plus la*
vorables & la recherche de la houille dans cette partie du
département. Nous avons admis , d'après les données les
plus nouvelles de la science , la suppression des numéros
8 , 9 , 10 , 11 et 12 ; il ne resterait donc à traverser , pour
atteindre le n* 1 3 ( terrain houiiler ) , que les numéros 4 y
5 , 6 et 7. Nous allons faire Texposé de leur épaisseur ,
extraite , terme moyeu , de différents traités de géologie :
(En Angleterre.) (Dans le Jura.)
Argile de Kimmerygde (4) 150». .. . 30».
Calcaire d'Oxford (5) 150 40
Oolite inférieure (6) 100 100
Lias (7) 100 100
500
m
270
OL
RBCHBRCHB DB LA HODILLB* €21
Nous ne pouvons pas donner d'évaluation plus précise
de ces roches. On voit qu'en Angleterre cette puissance est
plus forte qu'en France. Personne , au reste , n'a pu en-
core calculer les événements qui auront dérangé leur foi^
malien à l'époque de leur dép^t , et la cause de la difiërence
de leur épaisseur, et môme celle de leur suppression en-
tière , est restée jusqu'alors inconnue. Si l'on prend la
moyenne des deux chiffres exprimés ci-dessus , on aura ,
pour arriver au calcaire carbonifère , à franchir une épais-
seur de 300 à 350 mètres. La profondeur la plus forte à
laquelle on soit parvenu dans les terrains inférieurs à la
craie de notre département , est celle du puits artésien
qu'on a essayé de faire au Havre , il y a quelques années^
L'opération a échoué , relativement à l'eau artésienne que
l'on voulait obtenir ; mais , au moins , elle a procuré ce
résultat de faire connaître la nature des roches que Ton ji
traversées.
Quelques-uns des termes de cette grande série secon-
daire renferment quelquefois de la houille. Le lias , en
Ecosse, contient de ce combustible , qui est exploitable ;
ailleurs, ce sont des lignites qu'on y trouve. Un autre
combustible, appelé anthracite , se rencontre quelquefois,
au lieu de houille , et peut la remplacer dans son emploi
industriel.
Les autres roches de la même formation contiennent
au3si souvent , outre de la houille , diverses substances
minérales. Ainsi, le zechtein offre , comme couches sub-
ordonnées > du sel gemme » du gypse , de la calamine ,
du plomb sulfuré , etc* » etc.
Nous avons non-seulement déterminé , d'après les indi-
cations géologiques les plus récentes , les points d\
622 SÉANCES GRKBIIALËS À NÈUFCniTEt.
les plus favorables pour les sondages , ayant pour objet Ift
recberche de la bouille dans le département de la Seine-
Inférieure et dans ceux qui Tavoisinent; nous avons aussi
évalué , en tant que possible i la distance qui nous sépare
du groupe bouiller^ Il nous reste maintenant à nous occu-'
per des moyens de sondage et de la partie économique.
Moyens de ^o&dage.
Le systëtne de sondage à suivre pour la reeberclie de la
houille doit être le même que celui adopté pouf le forage
des puits Artésiens. Il n'y a que dans certaincis circonsfan-*
ees , que nous croyons rares et appréciées seulement par
des hommes spéciaux, qu'il conviendrait mieux d'avoir
recours de suite à un puits. Il n'y a aucun doute qu'alors
qu'il s'agit d'obtenir une eau jaillissante , la sonde ne soit
le seul et unique moyen à employer ; il en est de même
dans les cas suivants :
1° Lorsqu'on a & percer des terrains dont les couches
fiont très-bien réglées *
2» Lorsqu'on a à déterminer l'épaisseur d'un terrain ré-
couvrant une formation plus ancienne que lui ;
3® Pour acquérir la certitude qu'une couche qu*oii
exploite, et dont on soupçonne l'inclinaison, se retrouve et
existe encore à une certaine distance ;
4^ S'il existe de la tourbe subordonnée à des terrains
-d'alluvion formant le fond d'une vallée ;
5® Pour constater qu'un amas qu'on exploite se prolonge
à une distance plus ou moins grande ;
6^ Pour reconnaître s'il n'existe pas de couches de fer
limoneux au-dessous de celles que l'on exploite.
ttECH&nCfiE DE LA HOUILLE. 62i
M. firard , comparant les deux moyens de recherche
(le puits et le sondage) , estime que le dernier , eu égard
âTobligation où l'on est de le répéter plusieurs fois, coûte,
en définitive , aussi cher que le premier , et qu*on n'est
pas dispensé de faire le puits. Les raisons que donne
H. Brard peuvent être excellentes ; toutefois , dans l'es-
pèce qui nous occupe . il est évident qu'il faut avoir re-
cours aux sondages pour reconnaître le gisement de la
roche que nous avons intérêt à découvrir.
L'nsage de la sonde arrêté , voici à peu près quelle en
serait la dépense. Un sondage de 33 mètres , dans un ter*
rain à peu près identique au terrain houiller , coûterait ,
savoir :
Sonde et outils de rechange , avec 33 mètres d'al-
longe. iyOOOf.
300 journées, à 2 f. 25 chacune 675
Surveillance , usage du câble , de la chèvre. 325
2,000
M. Brard estime à 3,000 f. un sondage pour 100 mètres,
non comprise l'action des instruments. J Vu les difiîcultés
qui s'accroissent à mesure qu'on pénètre dans l'intérieur
des roches , nous pensons qu'il est indispensable d'ajouter
500 f. par chaque 33 mètres de terrain que l'on percera :
ce serait donc une dépense de 15,000 f. pour 330 et quel-
ques mètres. A celte profondeur , il est trés-présumable
qu'on saurait à quoi s'en tenir sur l'opération. Le parti
le plus prudent , selon nous, consisterait à prendre des
arrangements avec un entrepreneur s'occupant spéciale*
ment de sondages.
Nous signalerons , à cette occasion , un essai fait à
624 SBANCBS GiNBBA.LBS A MBUFCHATBL.
Bruxelles , il y a quelque temps , d'une macliine à percer
la mine , pour la découverte de laquelle H. Mathieu y mé-
canicien » aurait obtenu un brevet d'invention. Cette mé-
canique 9 aussi simple qu'ingénieuse , nous écrivait-on ,
placée en face du grès le plus dur qu'il fut possible de ren-
contrer dans le restant des anciens remparts , près le
moulin de la porte d'Ânderleck, perça ce grès avec une
telle rapidité, qu'on acquît la certitude que son action était
de 7 millimètres par minute ; qu'elle peut ainsi, en une
heure et à l'aide d'un seul homme , faire le travail que
l'homme le plus robuste ne saurait terminer en un jour.
Sa force motrice , ajoutait-on , est la percussion ; et, à
l'aide d'un engrenage , l'instrument qui sert au bris de la
pierre , fait, en tournant, l'office du foret , ce qui donne
pour résultat le dégagement par l'prifice des matières
brisées.
Il est certain que si cette machine fonctionne ainsi que
l'annonce M. Mathieu , son inventeur , un sondage, qui
est toujours une opération longue , difficile et coûteuse ,
éprouverait, sous ce triple rapport, une modification remar-
quable. Vienne le moment de pratiquer sérieusement des
sondages dans notre département , nous pensons qu^alors
il serait bon de prendre auprès de l'auteur même des ren-
seignements positifs sur sa découverte.
Revenant encore sur l'examen comparatif de la dépense
que nécessite le travail du sondage et celui résultant du
foncement d'un puits de recherche , nous ferons observer
que, bien qu'il soit vrai que , dans ce dernier cas , la dé-
pense puibse ne pas être plus élevée qu'alors qu'on a agi
avec la sonde , qui ne vous donne pas toujours , il faut en
convenir , les renseignements dont on a besoin, et au
mfiGHERCBB DB LA HOUILLE. 625
moyen de laquelle vous n'acquérez souvent qu'une eon-
naissance douteuse et imparfaite de la nature des roches ;
nous ferons , disons«nou6 , observer que rëgalké des
frais , pour les deux modes de recherche, n'existe plus, du
nomeni qu'on pénètre à une certaine profondeur. Le
puits de Meulers, commencé en 1796 et fini en 1806 , a
coûté 500,000 fr. On aurait tait bien des sondages pour
eette somme.
Au reste , l'art de sonder pour la recherche de la
houille et des divers minet*ais a fait beaucoup de progrès
depuis quelques années. Si la découverte de M. Mathieu y
de Bruxelles , n'était pas applicable dans l'espèce qui nous
occupe , on ne manquera pas en France d^hommes ha-
biles qui entreprendront , pour un prix convenu , le mode
de forage qui conviendrait le roieux,et à la profondeur que
Ton désirerait.
70 mètres de forage , exécutés à Forges par M. MuUot ,
de ^aris , pour obtenir une eau jaillissante , ont coûté
4,000 fr.
^artie économique.
n n*j a pas d'exemple dans les Annales de l'industrie
B'un produit semblable à la houille. On a dit, avec raison,
que c^étaît la matière f)rf mière des matières premières »
et il n'y a pas aujourd'hui de question industrielle qui
n'aboutisse à ce combustible. L'importance qu'elle a
acquise depuis un dèmi^siècle > l'immense emploi qu'on
en &it tous les jours et qui ne peut aller qu'en croissant
dans notre département , sont de puissants moti£t de la
40
626 8ÉÀNCM 4&toBIULBS ▲ RBDFGBATBL.
rechercher partout où il esl possible de soupçonner son
existence.
Il en est de la houille comme des dÎTers minerais* Si
l'on ne peut pas dire , d'une manière absolue , que telle
espèce de terrain soît inconciliable avec certaines sub*
stances, il est du moins rationel de n*en faire la recherche
que dans les conditions oà l'expérience indique que l'on
a quelque chance de succès. Faute de s'être conformés à
ce principe, des individuS) comme des compagnies, ont été
conduits à de grandes dépenses ou à de désastreuses opé*
rations.
Les houilles ne se rencontrent ni dans les terrains pri-
mitifs, ni dans les terrains récents; c'est dans les forma-
lions intermédiaires des grès et des schistes qu'on les ren*
contre. Aussi pensons«nous , depuis long-temps , que les
terrains inférieurs à la craie de nos contrées offrent des
chances de succès à des investigations habilement faites.
Quarante-six bassins houillers , répandus sur trente-
quatre départements , constituent la production houillère
française. Il est probable que , lorsqu'une impulsion sera
donnée à un système éclairé de recherche , on en décoo*
vrira de nouveaux , ou Ton retrouvera la trace de bassins
qui ont une étendue plus grande que celle qu'on leur con-
naissait. La longue bande houillère qui est exploitée à
partir d'Eschivcifer , d'Aix-Ia-Chapclle , de liéfe , de
Charleroy , de Mons , jusqu'au-dessous de Valencîennes
cl de Douai , et dont les relations avec les gisements d une
partie de l'Angleterre , avec ceux d'Hardinghm , près
Boulogne , ont été constatées , ne peut-elle pas envoyer
ailleurs des prolongements ? CW d'après de semblablen
suppositions que furent découvertes les mines d'Anzin et
RBCHKBCHE DE LA HOUILLE. 6â7
d*Aniche. Tous ces divers gisements dénotent j à la place
qo*ils occupent , Texistence d'une vaste mer ancienne.
Une remarque , digne d'intérêt , a été faite en France
comme en Angleterre : c'est qu'à mesure que la consomma^
tion de la houille a suivi une progression liroissanle , les-
prix , dans l'un et Taulre pa)s , ont éprouvé une baisse
sensible^ En France, depuis 1819 jusqu'en 1830, les prix
moyens , considérés dans leur ensemble , ont diminué ^
sur le carreau de la mine , dans la proportion de 1 à 0,81 ^
£d Angleterre , la même quantité de combustible , qui
était payée » en 1807 ^ 2 liv. sterlings 7 b. 6 d. » ne valait
que i liv. sterl. 11 .s. 6 d. en 1829;
Du moment que c'est un fait acquis à la scieoee que le
groupe carbonifère est Tune des couches constituantes de
l'écoroe du globe , on peut espérer ^ au moyen do $on«
dages , le rencontrer alors qu'existeront des conditions
géologiques favorables aux recherches. Le pays de Broy
présente ces conditions , puisque , d'une part , la craie et
ses annexes ^ qui constituent le sol géologique du départe-^
ment et cehii des départements voisins ^ manquent entier
rement , et que ,' d'autre paît, toute là formation du
nouveau grès rouge , qui se compose des marAes irisées du
muscbelkalk , du grès bigarré , du calcaire alpin » du
SKechlein et de quelques autres termes du même système ,
la forn^ation du nouveau grès rouge * disons-noos , n'a
point été déposée, ainsi que cela résulte des ohservationd
puisée^ ^dans l'ouvrage de M. Fournel ^ que bous avons
cité.f Nous insistons sur cette dernière circonstance qui *
bien qu'elle ne soit pas'appréciable à la vue, ressort d'un
examen géologique approfondi, et sans laquelle il faudrait
renoncer à toute tentative*
628 SÉANCES GÉKÉKALBS A KEOFCHATEL*
Qae Ton trouve sur l'un des points indiqués de Ift vldléè
deBrayune mine de houille, en voici quelques-unes des
principales conséquences : on ne tardera pas , excité que
Ton sera par une noble émulation , à faire à Rouen , an
Havre et ailleurs, des essais ayant pour objet le même
Tésaltat. La plus grande partie du charbon de terre, brûlé
dans le département , vient de Belgique , d'Angleterre ,
oo du bassin du Nord , en France ; il coûte à Rouen , à
Dieppe , au consommateur , terme moyen , 3 fr. Thecto-
litre , pris sur place ; à laquelle somme il faut ajouter 1 L
pour le transpcvrt, s'il y a 5 ou 6 myriamèires de distance.
Le prix de revient donc est de 4 f . , arrivé à destination
définitive. On Jugera de la différence de prix existant
entre les houilles étrangères et celui de houille provenant
d'une exploitation de mine découverte dans notre dépars
tement , lorsqu'on saura que , dans le Midi , elle est payée
60 e. rhectolilre,et 75 c. dans lo Nord, prise sur le carreau
de la mine. Il est évident que si le pays de Bray devenait
le siège d'une exploitation de charbon de terre , le chemin
de fer de Rouen à Amiens ne tarderait pas à être établi :
de même aussi la construction de ces voies nouvelles né*
eessitera qu'on se livre avec ardeur à la recherche de ce
eombaslible indispensable , sans lequel il n'y a plus d'in*
ddstrîe possible. Dans la supposition d'une exploitation
&cîle de houille sur «ne partie quelconque de notre terri*
taire , il est hors de doute que celle provenant de l'é*
teanffer , déjà frappée à sa sortie d'un droit , grevée d'an
antre à son entrée en France , ne pourrait pas lutter contre
«a prod«it indigène que fevoriscmient une vente aisée et
une grande consoonmafttoii.
Les avantages ne seraient pas les mêmes , & la vérité ,
lECHBaCHB DE LA HOUILLE. 629
avec une houille de difficile extraction et de médiocre
qualité; toutefois on pourrait utiliser un charbon maigre,
pjriteux, en faisant delà chaux avec des pierres calcaires,
ainsi qu'on le pratique dans le Calvados , où une grande
quantité de cette substance sert à amender les terres.
Toute la Basse-Normandie se ressent du bieniait que pro-
duit la chaux, qu'on se procure à bas prix. N*y eût-il que
ce résultat dans notre département , qu*il faudrait encore
s'en applaudir. A Littry , le banc supérieur , négligé
depuis plus d'un siècle , est recherché et regardé comme
précieux , maintenant qu'on lui a donné une application
si profitable.
On sait que la meilleure pierre à chaux est le calcaire
compacte ; or , le centre du pays de Bray est entièrement
composé de roches de cette nature , que l'on pourrait
convertir en excellente chaux avec le combustible , tel
médiocre qu'il fût, que l'on y pourrait trouver. Nous
n'avons pas besoin d*indiquer les avantages qu'en pour-
rait retirer Tagriculture de notre contrée ; ils fessortent
d'eux-mêmes. L'addition au terrain d'un élément qui lui
manqiie, ne pourrait qu'augmenter la quantité et laquai
lilé de ses produits. Nous avons déjà fait observer que
trois départements de l'Ouest doivent leur prospérité à
une mine d'anthracite, récemment découverte. La vallée
de Bray et les pays environnants , où l'on a créé un grand
nombre d'herbages depuis quelques années , commencent
à se ressentir des efiéts d'une redoutable concurrence sur
le marché de Paris. Ces eficls , qui consistent surtout ,
comme on le présume bien , dans une diminution de la
valeur commerciale des denrée» , ne pourront que s'ac-
croUre en présence dea moywa de communication si
630 SÉANCES GBNÉRALBS A NRUFCHATBL.
rapides , qui vont s'ëlabiir de tous les points de la France
avec la capitale. La découverte d'une mine de combustible
quelconque , jointe à un cbangemeni convenable dans le
mode de culture , permettrait à cette partie du dépar-
tement de lutter avec moins de désavantage.
T? n'est pas toujours nécessaire de transporter au loin
la houille ; elle est souvent employée sur le lieu même de
iton exploitation. Il en est ainsi dans quelques mines
houillères du Midi , où le minerai de fer se trouve en
même temps que le combustible. En Angleterre , l'heu-
reuse coexistence du charbon et du fer carbonate fait la
prospérité de diverses contrées. Nous avons déjà fait
observer qu'à Lîttry (Calvados), le premier servait à la
conversion , si utile à l'agriculture , des pierres calcaires
en chaux.
Nous ne connaissons en France de houille qui n*a
cessé d'être exploitée par défaut de débouché et de con-
^oounation , que celle de Fajmoreau ( Boca?:e vendéen ).
La faute en est, non pas seulement à la qualité médiocre
du combustible, qui ne peut pas supporter la concurrence
des houilles anglai.se et belge importées par les ports de
rOues^, mais aussi aux droits d'entrée dont la houille in-
digène est frappée à Niort, et principalement à Fontenaj,
où elle paie un droit d'octroi dont le chiffre égale le quart
de la valeur de son prix de vente. Avec un semblable
tarif, la ville de Fontenay a comme interdit dans son sein
rétablissement de toute industrie faisant une consomma-
tion un peu notable de houille. Nous ne pouvons que con-
seiller à la ville de Fontenay , si elle ne l'a déjà pas fait ,
de supprimer ou tout au moins de réduire le droit d'entrée
IBCflBieHB DB LA MKWILLR. 631
du charbon , de manière à favoriser la créatien d'usiiiefr«
doot tout le DM>nde profiterait
Que si , par suite de sondages habilement prattquite
dans notre département , on trouvait , au lieu de houiUey
une mke d'anthracite , les occasions de Patiliiser ne man*
queraient pas. Ce combustible peut servir maintenant â
tous les usages domestiques ; en Amérique, où il est trèS'»
abondant , on commence à s'en servir sur les bateaux ft
vapeur.
D'après M. Michel Chevalier , Tanthraeite l'emporte de
beaucoup sur la houille bitumineuse , qui est presque la
seule connue aux Etats-Unis. Elle brûle sans fumée , ne
graisse pas les tentures et ne noircit paa les tapis. Rien
n'est plus aisé que d'entretenir un feu d'anthracite : un
foyer, chargé deux ou trois fois par 24 heures, ne s'éteiot
jamais , même pendant la nuit. Son seul inconvénient est
de répandre quelquefois une odeur légèrement sulfureuse*
Le prix de Tanthracile est de 22 à 25 c. le kilogramme.
En 1814» lorsque les Anglais tenaient les Américains
bloqués dans leurs ports et empêcliaient la houille de
Virginie d'arriver à Philadelphie par la voie de mer , qui
était la seule praticable , quelques fabricants , qui avaient
besoin de charbon , ayant entendu dire qu'il existait un .
gîte charbonnier près des sources du Schuylkill , en firent
venir , à grands frais , quelques charretées ; ils ne purent
parvenir à l'allumer. Le hasard fournit cependant une
démonstration irrécusable de la combustibilité de l'an^
thracite. Un de ceux qui en avaient acheté l'axait , dés-
espérant de s'en servir , complètement abandonné en las
près de sa maison. Une nuit il fut réveillé par une clarté
assez vive ; c'était l'anthracite qui s'était embrasé. Oa
€32 tÉAlCCBS 4mmMALK9 M TfSOfOUTBL.
répéta les essm ; on apprit à se senrir de randiracHe y et
on construisit des fourneaux déforme plus appropriée à sa
nature.
L'exemple fourni , 11 j a trente ans , par les Etats-Unis
d'Amérique , ne devrait pas être perdu pour la France.
Qu'une guerre arrive avec l'Angleterre; que cette puissance
Youile interdire la sortie du charbon de terre , nos usines
et tous les appareils , mus par la vapeur , qui sont entre-
tenus par la houille anglaise , chômeraient au moins
pendant quelque temps. C'est pour prévenir un semblable
iocMivéoient , autant que pour nous affranchir do tribut '
payé à l'étranger , qu'il serait nécessaire , alors qu'il en
est encore temps , de se livrer aux investigations qui ,
éaofl de bonnes conditions , pourraient produire un ré-
flultot utile.
Il n'y a pas encore très^long^temps que les Anglais con-
çurent quelque crainte sur la durée des mines de houille
de leur pays. Il en résulta un bill du Parlement , qui dé-
fendit , sous des peines sévères , la sortie du charbon.
Bientôt revenus de leur frayeur , ils levèrent cette inter-
diction , rassurés qu'ils étaient, par une appréciation plus
exacte , sur la puissance de leurs gites carbonifères. On a
calculé que les descendants des habitants actuels de la
Grande-Bretagne pourraient vivre tranquilles sur ce point,
pendant plus de vingt siècles. On arriverait , sans aucun
doute , à des résultats analogues , si l'on se livrait à des
recherches semblables en France , en Belgique , aux Etats-
Unis. En autre , n'est-il pas probable qu'il y a , dans le
sein du globe , d'autres mines que celles actuellement
connues ? Au reste , avant que la houille manque , tout
porte à cro ire qu'on aura trouvé le moyen , en décomposant
BfiCBBKÇHS I>B tA BOOIULS. 63d
Teau , d*emp1o7er ses deux éléments comme agents com-
bustibles. L'électricité n'en fait-elle pas l'office ? Naus-
méme nous avons fait chauffer de l'eau , en la soumet-
tant à un courant galvanique.
Que si les sondages ne produisaient pas le résultat désiré,
on aurait , au moins , résolu le plus curieux et le plus
intéressant problème géologique de notre contrée ; savoir:
Quelles sont les roches déposées dans le pays de Braj ,
depuis l'argile de Kimmerygde jusqn*au terrain houiller ?
En écrivant ces pages , nous n^avons eu en vue qu'un
seul objet , celui d'élre de quelque utilité à notre pays.
Serions-nous assez heureux d'y parvenir? Nous n'osons le
croire. Il est possible toutefois que , si les renseignements
qu'elles contiennent méritent un peu l'approbation des
personnes à qui elles seront soumises , il est possible ,
disons-nous , et nous avons des raisons de le penser , que
des essais soient faits pour arriver à la connaissance des
gîtes carbonifères , s'ils existent.
*
M. Lelong donne lecture de la Note suivante , sur le
fartage des bêles bovine et ovine :
« BlESSlBlttS,
» Vous m'avez demandé hier quelques explications sur
le parcage des bêles bovine et ovine ; je vais avoir l'honneur
de vous les présenter en peu de mots.
» Le parcage se pratique , dans l'arrondissement de
Neufchdtel , ainsi qu'il suit : On enferme les vaches dans
des enclos mobiles , appelés parcs ^ et se. composant de
six ou sept lattes ou planches d'une mince épaisseur et
d'une Jongueur de 2 mètres , surchargées d'une autre
4^34 SBÀNCBg GBIfÊâALU A NBVFCHATRL.
petite planche moins large , d'une hautpur de t m. 33 c«)
qui les prend transversalemenit et que l'on solidifie au
moyen de clous.
» Ces sortes de planches , ainsi superposées , prennent
le nom de claie».
■ Les claies sont fixées debout , au moyen de petites
pièces de bois d*une longueur de 2 mètres , surmontées ^
à leur extrémité supérieure , de deux petites , chevilles
carrées , qui les traversent à une distance de 18 à 13 c.
l'une de l'autre, et fixées en terre , par l'autre extrémité,
au moyen d'une autre cheville, plus grosse^placée dans des
trous perforés à l'extrémité inférieure : c'est ee qu'on
appelle une croche.
* Les bestiaux, ainsi enfermés, répandent l'engrais aux
places que le cultivateur juge à propos de fumer.
» Les claies sont employées en un nombre proportionné
à la quantité de vaches que Ton veut y enfermer, et cette
quantité s'accroît en raison de l'exiguité du nombre des
bestiaux.
» Ainsi , 10 vaches exigeront , pour être A Taise , ub
parc de 50 claies -de périmètre , tandis qu'un troupeau de
40 vaches n'exigera que 90 à 100 claies* On laisse les bes-
tiaux enfermés dans le parc pendant un laps de temps plus
ou moins grand , selon que le terrain a plus ou moins
besoin d'engrais. La facilité de transporter un parc d'un
endroit dans un autre , permet ainsi de régulariser la qua-
lité du terrain.
» En moyenne, 10 vaches peuvent parquer , par jour ,
1 are 50 centiares de terrain .'
» La durée de ce parcage produit dçs effets très-sensibles
pcndaçit deux ans.
KBCHKRCHB DE LA HOlilLLB. 035
» Des claies de même forme servent à confectionner
les parcs où l'on enferme les moutons. Seulement , pour
obtenir un parcage régulier , on divise l'enceinte du parc
en deux parties , dans chacune desquelles ils passent la
moitié de la nuit.
» Des bêtes ovines ne peuvent avoir un parc d'une
grandeur indéterminée , parce qu'ils s^amasseraient daqs
un coin du parc , où ils répandraient une trop grande
quantité d*engrais.
» 1 8 claies , pour chacune de ces parties , est la quantité
généralement employée pour renfermer 100 ipouton^
pendant la nuit. Dans nos localités , on les y laisse jusqu'à
10 heures du matin , c'est-à-dire environ i2 heures par
nuit.
» 100 moutons peuvent parquer, en moyenne , 1 are
60 centiares par nuit , avec un parc ainsi composé.
» L'efTet de ce parca«re est très-sensible pendant les
deux premières années qui le suivent. Il est beaucoup moins
sensible la troisième année.
» Les claies en bois de chêne fendu et non scié , de
première qualité , valent de 3 fr. 50 c. à 4 fr. Leur durée
est de 12 à 15 ans.— Les claies en treillage , qu'on ob-
tiendrait à 1 fr. 50 c. ou 1 fr. 75 c. , ne sont presque pas
employées , parce que leur durée n'est que de 3 à 4 ans ,
et que , d'ailleurs , elles sont beaucoup plus lourdes.—
Les crosses . que l'on fait en toute sorte de bois blancs ,
se vendent de 40 à 50 centimes. »
IjSl séance est levée à 5 heures.
(M SBARCIfl «éNÉBALBS A MIOrGBATBL.
SÉANCE PUBLIQUE DE CLOTURE
»0 37 iOILLBT , A DSOX HEURES.
Présidence de M. le baron DUPONT-DELPORTE ,
Préfet du départeonent.
Vu l'affluence extraordinaire du public , la séanee se
tient sur la place de rH6tel-de-VilIe , où sont exposés les
animaux primés, la veille , par les jurys des concours.
A 2 heures précises , M. le préfet du département, venu
exprès de Rouen, prend place au bureau comme préstdeat.
A ses côtés , siègent comme vices-présidents: MM. de Cau-
mont, directeur de l'Association ; Combe-Sieys^sous-préfet
de l'arrondissement ; Denoyelle , maire de Neufchâtel ;
de Sainte-Marie , inspecteur de Tagriculture , délégué
du ministre ; et comme secrétaires-généraux : HM. le
comte de Beaurepaire , de Falaise , et J. Girardio , de
Rouen , inspecteur divisionnaire de l'Association pour le
département de la Seine-Inférieure.
Ont des sièges réservés près du bureau : le président
de la Société centrale et des Comices agricoles de la Seine-
Inférieure ; le vicomte de Madrid , délégué de TAssocia-
tion du Nord ; et MM. les délégués des Sociétés d'agricul-
ture de la Manche , de l'Orne , de l'Eure et du Calvados.
Après la lecture du procès-verbal de la séance générale
du samedi 26 , M. Bourlet de la Vallée lit le Rapport ré-
digé , au nom de la deuxième section , sur l'industrie et
le commerce de l'arrondissement de Neufchâtel. f Voir ci»
devant, page 326.^ Une médaille d'argent est, sur sa
proposition , décernée à M. Pion , d'Elbeuf , pour l'inven-
. tion do nouvelles échelles à incendie.
COMMISSION BBS TOBUX. 637
H. Tabur donoe lecture du Rapport Suivant , au nom
de la Commission des voeuœ.
Commission des y gev\.^ Rapport de M. TABvn.
Le 26 juillet 1845 , à 7 heures de relevée , la Commis-
^n des vœux s'est réunie dans la grande salle de la manie,
sous la présidence de M. Girardln.
Etaient présents: MM. de Caumont , Dubreuîl , MaUre ,
Du Lesmont , Beaudomn , de Moy, Drevet, Desptonches»
Lemarié , le baron d^Haussez , de Croiitelle , i^long , de
Boutteville , LebarilKer , Bourlet de )a Vallée , Tabur.
La séance ouverte , M. le maire de Neufchâtel a pré-
senté è rassemblée 'deux registres tenas dans jes buvearux
ée h naairie : Tun , destiné A recevoir , d'après les com-
munications officieuses des intéressés , tous les renseigne*
ments relatifs à la consistance des immeubles situés à Neufr
chdtel , à leur origine et aux mutations successives qui
s'opèrent dans leur transmission ; l'autre , destiné à la
généalogie des babilants de la viUe.
Examen feit de ces registres , qui , commencés seule-
ment , ne comprennent qu'une partie des renseignements
miles qu'ils fourniront lorsqe'ils seiKint acbevés , la Com-
mission pense que M. Demrfette mérite ^es félicitations
pour l'heurevse idée qu'il a eue. EHe croit qu'il torait
désirable qoe 4e semblables tegistfes iusseift ouverts dans
toutes les mairies.
Sur la ;proposition de M. de Hoy , président de k So-
ciété centrale d'agriculture du département de la Scraa*
Inférieure , la ComMÛssion a esamiaé le v«bu qu'il désire-
rait voir émetlïo par le Congrès :
63^ SÉANCES GÉIfÊRALES A ffElfFCItATRl..
« Que le mode de perception prélevé par tèle sur les
bestiaux , à rentrée des villes , soit remplacé par le mode
de perception au poids , et qu'un projet de loi soit présenté,
dans la session prochaine , aux Chambres , dans le but de
rendre celte mesure obligatoire , au mcMns pour les villes
dont la popuIaUoD excédera un chiffre que l'Administra-
tion et les Chambres seront appelées à déterminer. »
. Contre la proposition , il a été dit que la perception au
poids serait pr^udiciable à Tarroadissement de Pont-rJ&-
vôque et à toute la Basse-Normandie , qui est en possession
de fournir Rouen et Paris de la majeure partie de la viande
de boMif qui est consommée dans ces deux villes ;
, Que les contributions payées par la Basse-Normandie
sont très-élevées , et ont été portées au chiffre où il se
trouve à cause des avantages dont jouit ce pays , en four-
nissant presqu'exclusivement Paris et quelques grandes
villes ;
Que y par le mode de perception proposé , la grosse es-
pèce de bétail serait exclue dés grandes villes ;
Qu*il serait impossible d*engraisser , dans les pâturages
de Pont-l'Evéque , des animaux d'une taille médiocre ;
que , sans succès ^ on avait essayé de le faire , et que le
ys^ys serait con^ilètement tuiné ;
£nfiil , qu*il y avait pour les ptiys qui élèvent de grandes
races d'animaux des droits acqois , qu'il serait ityuste
de leur ravir.
Il a été répondu que si les impôts sont élevés dans la
Basse^Normandie , c'est ique le sol y est d'une grande
valeur ;
Qu'évidemment] \ le mode de perception des droits
d'octroi n'a aucune influence sur le dhtffce de l'impôt , et
COMMlSSIOlf DBS VOEVl. iS%
qtie , dans fous les cas , s'il y avait surcharge , la voie des
réclamations était ouverte ;
Que la perception au poids n^empéclierait pas la fiasse-
Normandie de fournir les grandes villes , parce que les
bouchers auront toujours plus d'intérêt et moins de frais
à avoir 1 ,000 kilogrammes de viande en un seul animal,
qu^un poids égal avec deux animaux ;
Que seulement les grosses .bétes n^auraient plus le
privilège injuste d'alimenter , presque exclusivement , les
grands centres de population ;
Que l'octroi y étant un impôt , doit être supporté pro-
portionnellement , et que Ton ne demande que le réta-
blissement de l'égalité;
Enfin , que les droits acquis , invoqués , sont l'éternel
refrain à l'aide duquel on défend tous les abus et l'on s'op-
pose à toutes les améliorations.
Le vœu que les droits d'octroi soient payés au poids
ayant été mis aux voix j ce vœu à été adopté par la Com-
mission.
Sur la proposition de la troisième section «l'on a soumis
à l'examen de la Commission le vœu « qu'à l'avenir aucun
instituteur primaire ne soit admis qu'autant qu'il pos-
sédera des connaissances exactes sur les sciences agricoles;
que tout instituteur soit tenn d'en donner à ses élèves des
leçons élémentaires , et que les instituteurs actuels qui
ne possèdeiit pas les notions^suffîsantes / soient mis en
'demeure de les acquérir , pour les répandre dans les
campagnes. *
L'expression de ce vœu n'a eu aucun contradicteur.
Seulement un membre a demandé s'il était prudent de
640 SBAIfCBS 6éllSftAi.BS A RSOPySHÀTEL.
solliciter une modification , si légère qu'elle fût , à la loi
sur riastruction primaire , quand cette loi n'existe que
depuis peu d'années et quand elle fonctionne parfaite-
ment.
La Commission a décidé , à l'unanimité , que ce yœo
serait soumis à la sanction de la réunion générale,
La troisième section a demandé encore le vceu « qu'il
soit pourvu , par une mesure générale « à l'extinction de
la mendicité , comme il s'est fait dans le département de
la Somme. »
En faveur de la proposition , il a été dit que plusieurs
départements voisins s'étaient débarrassés de la lèpre de
la mendicité ; que , dans les départements de la Somme et
de l'Oise « des poteaux indicateurs étaient dressés sur les
chemins , à l'entrée des communes , portant que la men-
dicité était interdite dans ces communes.
Un membre a dit , et l'exactitude de la citatîoo a été
reconnue par un autre membre , que l'abolition de la
mendicité n'avait de réalité , dans les départements dont
il s'agit , que dans les décisions écrites des autorités.
Un autre membre a dit que l'arrondissement de Neuf-
châtel avait peu k souiTrir des pauvres du pays > mais qu'il
était infesté par des caravanes de mendiants , venant de
l'arrondissement de Dieppe ^ qui pillaient «t effirayaient
nos campagnes , et qu'il était d'avis qu'on empêchât de
pénétrer dans l'arrondissement ces dangereux bohémiens.
D'autres ent dit que, depuis 50 ans,la question des pau-
vres et de la mendicité avait occupé les meilleurs esprits ,
tous les hommes animés de la véritable ol^urité chré-
tienne ;
comiimioif DBS Yoeirx. 61 1
Que souvent Texlinction de la mendicité avait été dé-
crétée; mais que, malgré les prescriptions et les remèdes,
le mal n'avait jamais été guéri;
Qu'il ne suflSt pas d'empêcher les pauvres de mendier ;
qu'il faut les nourrir et créer pour eux des établisse-
ments qui ne peuvent être soutenus que par la taxe des
pauvres, taxe qui est devenue , en Angleterre , une plaie
hideuse , qui grandit chaque jour et donne les plus
graves inquiétudes.
La proposition , mise aux voix , a été rejetée.
Sur la demande de la troisième section , l'on s'est livré
à l'examen du vœu « qu'une caisse d'épargne soit établie
au chef-lieu de l'arrondissement , avec des succursales ou
lieux de dépôts » s'il est possible , dans chaque canton. »
Ce vœu a été adopté par la Commission , sans discus-
sion et à l'unanimité.
La Commission s'est occupée du vœu ci«après\ formulé
parle troisième bureau: «que l'embrigadement des gardes-
champêtres soit conçu d'après un plan qui les rende in*
dépendants de toute influence locale , pour ne relever ,
comme oflSciers de police judiciaire , non pas seulement
en fait , mais en droit , que du procureur du Roi ; et que
la nomination de ces agents soit enlevée aux maires et aux
Conseils municipaux , pour être remise à l'autorité admi-
nistrative supérieure. »
n a été dit en Caiveur du vœu que les gardes^^hampè-
tres ne rendaient pas les services pour lesquels ils avaient
été créés et que l'on était en droit d'attendre d'eux ;
Qu'ils étaient souvent mal surveillés par les maires;
41
Oiâ 9RANCKS r.É.NCRALES A NEtFCHATBL.
que, dépendant des Conscib municipaux , ils toléraient
les abus.
On a répondu que Ton ne pouvait attendre de bons
services d'agents mal pajés ;
Que les gardes-cbampétres devaient être maintenus sous
l'autorité municipale , qu'il fallait se garder d'affaiblir ;
Qu'au bout de toute question d'amélioralion , il y a
une question d'argent ; que quelques communes ne peu-
vent même avoir un garde-champêtre , faute de moyens
pour le payer ; que , dans beaucoup d'autres , les traite-
ments alloués s'élèvent de 10 à 30 fr. seulement , et que le
budget de l'Etat , qui va toujours croissant , ne pourra de
long-temps prendre â sa cbarge un traitement pour les
gardes-champêtres embrigadés.
Le vœu , mis aux voix , a été rejeté.
Sur le vœu « que l'instruction élémentaire soit donnée
gratuitement à tous les enfants pauvres comme riches, »
Il a été dit par les uns que les familles aisées de-
vaient payer les frais d'instruction de leurs enfants ; que
si l'on mettait ces frais à la charge de l'Ëlat , on y ferait
contribuer les célibataires et tous ceux qui n'ont pas d'en-
fants , ce qui serait souverainement injuste.
Les autres ont répondu que la distinction dans les écoles
ries enfants en deux classes , l'une payant et l'autre ne
payant pas , était mauvaise ;
Que, dans l'état actuel des choses, beaucoup de parents
a!^;és , mais intéressés , avares , n'envoyaient pas leurs en-
fants aux écoles, pour se soustraire à la rétribution men-
suelle à payer aux instituteurs ;
Que l'instruction étant le plus grand moyen de mora-
COUMISSION DES TOBl'X. 6i3
lisaiion , TEtat avait intérêt à ce que tous les enfants ,
sans exception , fréquentassent les écoles , et que cet inté-
rêt était assez grand pour que la partie du traitement des
instituteurs qui ne pourrait être supportée pak* les com«
munes , fût portée au budget»
Le vœu a été adopté.
' A l'occasion de rexcèllenl Mémoire de M. PoHetsur les
irrigations , et du désir qu'il avait Bmnifesté de voir le
Congrès former le vœu que les terrains en marais et
pâtures de la vallée deBray fussent affermés à longs termes^
la Commission a agité In question de savoir si le vœu ne
devait pas s'étendre à tous les biens communaux*
On à dit que la brièveté des baux était ficheuse pour
l'agriculture ; que cette habitude serait difficilement rem*
placée par une autre meilleure pour le propriétaire autant
que pour le fermier ; que le bon exemple viendrait plutôt
de l'Etat et des communes que des propriétaires , dont
rîntérét, au premier abord, semble lésé par les longs baux;
Que , dans toutes les communes . les terrains abaa*
donnés à la vainc pâture sont dans le plus déplorable
état et ne produisent rien , encore qu'ils soient , pour la
plupart, d'une bonne nature de terre et dans des situa-
tions avantageuses.
Le vœu a été adopté sens presque avoir été attaqué*
Un Mémoire de M. Legras , envoyé à la Commission ,
contient , à l'occaMon des fromages , le vœu d*un abais*
dément du droit sur le sel employé aux besoins de l'agri*
culture*
Un membre a demandé que le vœu fbt étendu à tous les
emplois du sel sans exception , soutenant que cet impôt
pèse bien plus lourdement sur la classe pauvre.
644 SÉANCeS CB^fÊRALES A IfKOPCIIjiTBL.
II a été répondu que Ton exagère la charge de l'impôt,
en tant qu'elle augmente la nourriture du pauvre ; qu'en-
core bien que cette charge soit légère , le projet de rédac-
tion générale ne trouverait pas d'opposant, si l'extension
donnée à la proposition de M. Legras ne la compromettait
pas en ce qui regarde Tagriculture , et qu'il est très-essen-
tiel y dans cette question , de ne pas perdre de vue qu'une
diminution sur le sel viendra bien plus ^cacement au
secours de la classe pauvre , qui profite, comme les classes
riches , des améliorations agricoles , que si l'on se bornait
à diminuer les droits sur le sd employé à la nourriture de
l'homme.
La question ayant été mise aux voix , il a été décidé
que le vœu s'étendrait à tous les emplois du sel sans
exception.
M. Drevet a fait connaître à la Commission que les forôts
de l'Elat , et surtout lés bois des particuliers , se trou-
vaient dévastés par des gens dont le métier est de couper
de petites branches de bouleaux pour faire des balais ;
que cette industrie , exercée par des gens qui n'ont pas de
bois , qui ne possèdent rien , est alimentée par le vol et le
pillage ; qu'elle prend dans le pays tant de développement,
que le bois de bouleau , si utile pour diverses usines » dis-
paraîtra complètement avant dix ans , si l'on n'apporte
quelque changement à ce fâcheux état des choses ;
Qu'à part l'intérêt des propriétaires de bois, il importe
à la société de ne pas laisser prendre à la population des
habitudes de pillage qui la démoralisent*
En conséquence » il propose que l'Association émette le
vœu que toute personne trouvée en possession sur la voie
COmiISSlON DBi TOBVX. 645
publique , sur les places et marchés , de balais ou bran-
ches destinées & cet usage , de harls ou plants provenant
des forêts ou bois , soit obligée , à toute réquisition de
l'autorité , de justifier de sa légitime possession ; sinon
poursuivie ou condamnée à une amende.
La proposition de M. Drevet a été adoptée.
Durant la discussion de la proposition de M. Drevet » un ^
Membre a dit que les délits forestiers commis dans les bois
de TElat étaient poursuivis à la requête du ministère pu-
blic , et les condamnations eicécutées sous la sanction d'un
emprisonnement. Pour les bois des particuliers , au con-
traire , les poursuites ne f;ont faites qu'à leur requête ; ito
ont à supporter les frais des procès et de la nourriture, en
prison , des délinquants qui ne sont pas solvables. Les bois
de TEtat sont admirablement gardés ; ceux des particu«
liers ne peuvent Tétre , surtout quand ils sont d'une faible
étendue; il résulte de ces différences qu'il ne se commet
plus de délits dans les bois de l'Etat, mais que ceux des
particuliers sont dévastés comme ils ne l'ont Jamais été.
La Commission propose à la réunion générale d'émettre
le vœu que la répression des délits forestiers commis dans
les bois des particuliers , soit poursuivie à la requête du
ministère, public , sur la demande de la partie lésée.
Les diverses propositions , ci-dessus formulées , sont
adoptées par l'assemblée , qui sanctionne ainsi le travail
de la Commisiiùn des t<Bux,
M. Beaudouin , au nom du jury pour le concours pro-
vincial des bestiaux j présente le Rapport suivant :
M6 SBAlfCEft GÉNÉmALCS A MBVFCHATBL.
Bfffpori du jury de jugement pour le concours frç/vindal
du Beetiaux,
PRIX A DÉCERNER,
BESTIAUX.
Race bovine.
Ces prix seront dëcerDés aux taureaux les plus par&its
de conformation et les plus précoces en développement, eu
égard à leur taille naturelle.
Première c'aeee, — - Taureaux , nés et élevés dans l'un
des cinq déparlements sus«énoncés , provenant de racé
normande , et àgé% d'un an et au*dessus.
Huit taureaux , d'environ un an , ont été présentés par
MM. Feret , de Neuville ; Guian aîné , de Bremontier-
Merval ; Chevalier , du Gosle-Sainte-Beuve ; Roméquan ,
de Boël ; Godeby , deSauchay ; Bertaux , de Mener val ;
])ebonne,deNeufcbàtel; Anquetin, d'Ernemont«la«Vtllette«
Sept, de deux ans , par MM. Boulanger , du Tronquet.
département de TEure ; Lemonnier,de Duraoville , corn-
mune de Bagnolet ; Vincent , de Massy ; Lanel , de Clais ;
\euve Prudent«Mal]ard , de Longmesnil ; Lefébore , du
Héron ; Gobin , de NeufcbâteK
Onze, de trois ans , par MM. Boutrole , de St-Germaiq ;
Trolét de Menerval : Riqnier, de Bose-Bordel ; Délié, de
Massy ; Dehedin , de Pierrecourt ; Ârçon (abbé) , de Mcs^
nières ; Pinel , de la Pallie; Massif, de Saumon-Ia-Polerie ;
Briancbon , de Longmesnil ; Tbillard , de la Comman-
derle , département de TEure ; Charles Feret , de Nesle«
Uodenç^ Sergent, d'Haudricourt.
COUCOURS FROVI.XCIAL DE BESTIAUX. $%7
Qualre , de diffërents âges et de différentes espèces , par
MM. Frédéric Chairadamc , d'Ecouché , arrondissement
d*Argen(an,dépjy-teinentderOrne; Deltienne, deNeufchd-
tel; Mallard^yr, de Longmesml ; Gresset, de Neufchâtel.
1" jPrtar.— Le premier prix,consistant en une médaille
d'argent et 400 francs,a été mérité par le taureau brange,
âgé de trois ans , appartenant à M. Cbarles Feret ^ de
Nesle-IIodeng.
2* Prix, — Le deuxième prix , consistanten une médaille
d'argent et 300 francs , a été mérité par le taureau rouan-
caille, âgéile deux ans, appartenant àM*^ veuve Prudent-
Mallard , de Longmesnil.
3* Prix. — Le troisième prix, consistant en une médaille
de bronze et 250 fr. , a été mérité par le taureau noir-
eaille , âgé de quinze mois , appartenant à M. Bertaux ,
de Mener val.
4* Prix.— Le quatrième prix, consistant en une médaille
de bronze et 200 fr. , a été mérité par le taureau rouan-
caille , âgé de trois ans , appartenant à M. Sergent ,
d*Uaudricourt.
Deuxième c/a«M.— Taureaux de tout ùge et de toule4*ace,
nés dans Tun des cinq départements ou y ayant été im-
portés avant l'exhibition , et servant à la reproduction ou
y étant destinés.
A" Prix.— Le premier prix , consistant en une médaille
d'argent et 400 francs , a été mérité par le taureau pagne-^
tigré , appartenant à M. Frédéric Chairadame , éleveur et
étalonnier à Ëcouché , arrondissement d'Argenlan , dé-
partement de l'Orne.
2^ Prix. "'Le deuxième prix , consistant en une m^
M8 SBAlfCBS CKHÛALU A
daille d'argent et 300 francs , a été mérité par le taoïmu
noir , appartenant à M. Gresset , de NeofcbâteL
3* Prix, — Le troisième prix^consistant en une médaille
de bronze et âOO francs, a été mérité par le taureau pagne <,
âgé de 14 mois, appartenant à M. Debonne, de NeuCcbâIel.
Rice ovine.
Ces prix seront décernés aux béliers les mieux confor-
més , d'un an et au-dessus , nés , élevés ou importés dans
l'un des dnq départements.
Votre jurj de jugement ayant pensé qu'on ne devait
pas décourager les cultivateurs qui,depuis longues années,
se livrent A l'élève de Vespèce des moulons,dite cauduMe ;
mais , d'un autre côté , pensant également qu'on devait
encourager le croisement des espèces anglaises dont on a
TU, cette année, de si beaux résultats au concours de Poissj,
s'est permis, avec l'assentiment de M. de Sainte-Marie p
inspecteur d'agriculture , qui a bieii voulu en prendre la
responsabilité , de changer votre programme en ce qui
touche les prix accordés à cette espèce. Il a divisé en
deux catégories les béliers présentés au concours , et il a
égalisé les prix A donner à chaque catégorie.
Seize béliers , de diflërents âges et de différentes es-
pèces — douze , espèce dite cauchoise ; trois Dtshley ; un
New-Kent— ont été présentés par MM. François Guébert ,
de Fermentel; Fagnol , de Maucomble ; Deboos , d*Ardoa-
val ; Pierre Maillard , de Neufchâtel; Thillard , de Ste-Co-
lombe-la-Commanderie , département de l'Eure ; Gosse ,
de Boissaj; Pinel , de la Feuillie; Debonne , de Neufchâ-
tel; Fagnol , déjè nommé ; Pessj , de Fontaine-le-Bourg ;
Alexandre Bile , du Bourg-Dun ; Tabur, de Neufi^teU
CONCOURS PROVIRCIAL DE BBSTIAUX. 649
Première catégorie.-— itaee eauehoiie,
1*' Prûr.— Le premier prix, consistant en une médaille
d*argent et 150 francs , a été obtenu par le bélier , dgé de
trois ans , race caucboise , appartenant à M. Pessy , cuU
tivateur à Fontaine-le-Bourg.
2® Prùr. ^Le deuxième prix, consistant en une médaille
de bronze et 100 francs , a été obtenu par le bélier , âgé
de trois ans , race cauchoise , appartenant à M. Gosse , de
Boissay.
Seconde catégorie. — Race anglaise.
i«' Pria?.— Le premier prix , consistant en une médaille
d'argent et 150 francs , a été obtenu par le bélier , âgé de
quatre ans , race New*Kent , appartenant à M. Tabur ,
de Neufchâtel.
2* Prix. — Le deuxième prix, consistant en une médaille
de bronze et 100 francs , a été obtenu par le bélier , âgé
de deux ans , race Dishiey , importé , appartenant à M.
Bile , cultivateur , à Bonrg-Dun.
Une mention très-honorable a été accordée à M. Pinel ,
déjà nommé , pour un bélier , âgé de quatre ans , de la
race Dishiey.
Race porcine.
Votre jury de jugement a été étonné de Tinfériorité des
sujets qui ont été présentés , et a balancé un instant pour
accorder des primes; mais pensant qu'on devait encourager
les cultivateurs à faire un choix de meilleurs reproducteurs
dans ce pays où les laits caillés et les petits laits , résidus
6S0 MAHCBS gbubialbs a nbvfchatbl.
de leur iadustrie , les forcent , pour ainsi dire > à Télève
de ces animaux , et espt^rant que ces récompenses enga-
geraient les cultivateurs à amener de meilleures espèces
dans les prochains concours , il s*est décidé à accorder les
prix annoncés au programme.
Ces prix seront décernés aux verrats les mieux confor-
més et les plus précoces.
Les verrats présentés devront être nés dans l'un des cinq
départenaents ou y avoir été importés trois mois avanl
l'exhibition; ils devront être âgés de six mois , au moins»
et destinés à la reproduction.
Huit verrats , de tout âge et de différentes espèces —
sept » espèce normande , et un de race anglaise — ont été
présentés par MM. Leblond-Gautier , d*Ësclavel ; Romé«
qnan , de Boêl ; marquis du Hallaj , de Gaillefontaine ;
Louis Bance, deSommery ; Demarest,deBulIy; Forestier,
de Maucomble ; Lemonnier , de Bailiolet ; Thillard y de
Sainte-CoIombe<Ia-Commanderie , département de l'Eure.
l*** Prix, — Le premier prix , consistant en une médaille
d'argent et 150 francs , a été mérité par le verrat , âgé de
deux ans , race du Merierault , appartenant à M. Thillard,
deSle Colomb&>]a-Commanderie , département de l'Eure.
m
2* Prix. — Le deuxième prix, consistant en une médaille
de bronze et 100 francs, a été mérité par le verrat, âgé de
dix-huit mois , race normande , appartenant à M. Dema-
rest , de Bully.
3* Prix. — Le troisième prix , consistant en une mé-
daille de bronze et 70 francs , a été mérité par le verrat ,
âgé de six mois , race anglaise , appartenant à M. le mar-
quis du Hallay , de Gaillefontaine.
CONCOURS PROVINCIAL DE BESTIAUX, 651
Vaches laitières.
L'Association décernera deux médailles et deux mentions
aux plus belles et meilleures vacbes laitières de la vallée
de Bray.
Quinze vaches ont été présentées par MM. Habire , de
Neufcbâtel; Debonne , de Neufchâtel ; Gobin , de Neuf-
châtel ; Lasnel, de Clais ; Carpentier,deClavcl ; Vincent,
de Massy ; Boutrol , de St-Germain ; Lesec , dTselavel ;
Leroonnier , de Baillolet ; Guian aine , de Bremontier-
Merval; Jean Trolé , de Menerval.
|er />rûr.— *Le premier prix, consistant en une médaille
d*argent et 150 francs , a été mérité par la vache brange,
âgée de six ans , race normande , appartenant fx M. Car-
pentier , de Clavel.
y Prix.— Le deuxième prix, consistant en une médaille
de bronze et 100 francs , a été mérité par la vache baie ,
âgée de sept ans , race normande , appartenant à M. Ma«
bire père , de Neufchâtel.
Une première mention et une médaille d'argent ont été
méritées par la vache caille-noire , âgée de six ans ,
race hollandaise, appartenant À M. Guian aîné , de Bre-
montier-Merval.
Une seconde mention et une médaille fté bronze ont été
méritées par la vache pagnc-truitée , âgée de six ans, race
normande , appartenant à M. Debonne , de Neufchâtel.
Une mention honorable n été accordée à M. Lesec ,
d'Esclavel , pour une vache pagne«trultée , âgée de cinq
ans.
Voire jury a été surpris dti petit nombre et de la mé-
diocrité des vaches laitières t[ui ont été présentées au
652 SKAKCKS GÉKRttALES A MBVFCnATBL.
concours ; il sait qii*il existe encore de fort belles vaches
dans la vallée de Bray ; il s^est donc étonné da peu d'em-
pressement qne les cultivateurs ont mis à seconder les
efforts des hommes honorables , des savants économistes
qui viennent des diflërentes parties de la France s'occuper
de leurs intérêts.
Votre Jury pense qu*à Tavenir , en pareille circonstance,
vous montrerez que ce pays n*est pas aussi dépourvu de
beaux animaux qu'on pourrait le supposer , et que vous
vous empresserez de faire voir , en faisant paraître vos
élèves dans ces concours , que vous avez su mettre à pro«
fit ces beaux herbages , ces riches vallées dont vous avez
été favorisés.
A la suite de ce Rapport , M. le préfet remet à chaque
lauréat la récompense qui lui a été attribuée , et le public
accueille , avec de grands applaudissements , la procla^
mation de chacun des noms ci-dessus indiqués.
Rapport de M, Lebàmllier sur les procédés de M. Guesnon.
• La Commission chargée d'examiner les procédés de
M. Gitesnon pour reconnaître les qualités laitières chez
les animaux de la race bovine , s'est livrée k diverses
expériences. Nofis vous rendrons compte de l'examen
auquel nous nous sommes livrés chez plusieurs cultiva*
leurs, et sur des animaux de sexe et d'âge différents.
Le système de M. Guesnon est le résultat de l'observa*
tion et d'une longue expérience. C'est en examinant avec
attention lessignesexlérieursque l'on remarque^ l'arrière-
main des animaux , que M. Guesnon est arrivé à déter-
miner leurs qualités laitières.
FBaCBDÉS DE U. GUBS!fOlf. 653
Ces signes sont de diverses sortes et de formes très-
variées. Ils consistent dans la direction du poil ou duvet
qui recouvre la mamelle , dans la largeur et la forme
variée de ces poils , qui présentent à Tœil des ëcussons et
des épis faciles à observer. Ces écussons et épis corres-
pondent , selon M. Guesnon , aux vaisseaux lactifëres qui
alimentent le réservoir du lait et circulent sous la peau qui
recouvre Torgane de la sécrétion.
Ce système semble rationel , et il est à désirer que des
études anatomiques et physiologiques , faites avec soin
sur un certain nombre d*animaux , viennent confirmer oa
détruire cette opinion , qui , du reste , paraîtrait probable
quant aux vaches* Il resterait à expliquer comment on les
rencontre cbex les jeunes vaches et les taureaux. Quoi
qu'il en soit, que ces signes extérieurs correspondent oa
non aux vaisseaux Itfctifères, c'est d'après leur inspection
et celle de quelques autres signes que M. Guesnon déter*
mine la quantité de lait fournie par l'animal soumis à son
examen , sa qualité et sa durée après la saillie y ou plutôt
après une nouvelle fécondation.
M. Guesnon , dans l'ouvrage publié pour la démon-''
stration de sa méthode , a divisé tous les animaux de la
race bovine en ordres et classes résultant de la direction ,
de l'ampleur^et de la nature des signes naturels observés.
Cette classification , qui paraît compliquée au premier
abord, se simplifie beaucoup à la pratique. Nous n'entre*
Tons pas dans les détails de cette classification ; elle est ,
du reste ' rendue |sensible~ et seulement appréciable à
l'aide des gravures qui accompagnent le texte de l'ouvrage
publié par M. Guesnon , pbur l'intelligence de son système.
Les signes qui servent à l'appréciation des qualités lai*
654 SEANCES GÊNBBALBS A NEL'FCHATEL»
tières dans les animaux arrivés à leur croissance cotn*
piclc , se peuvent observer chez les jeunes , et cela dès
Tdge le plus tendre , quelques jours même après leur nai»*
sance. Enfin, les mêmes marques existent chez les taa*
reaux , quoique moins développées.
Chacun comprendra les avantages qui résulteraient , et
pour rintérèt général , et pour Fintérêt des éleveurs , de
la vulgarisation de ia méthode de M. Gnesnon , si les Caiits
venaient confirmer la théorie.
En eflet, du moment que Ion pourrait reconnaltrequ'un
élève ne donnera pas de bénéfice pour la laiterie , on ne
perdrait pas son temps et son argent à le nourrir et à le
soigner pendant trois années , et on le livrera immédiate-
ment à la boucherie.De plus , et par la même raison , on
pourrait conserver , pour la reproduction , les jeunes
génisses qui , dans Tétat actuel de nos connaissances à ce
sujet, sont sacrifiées k la consommation.
Enfin , les qualités laitières , si recherchées et si profit
tables à Téleveur , pourraient être considérablement aug-
mentées dans une race tout entière, puisqu'on ne livre-
rait à la reproduction que les laureaux les mieux nuirqués,
et qu'on amènerait certakiemcnt cette race à un haut
degré de perfection , quant à la production du lait.
Convaincuedel'importancede ces résuUats, s'ils peuvent
être obtenus ^ votre Commission s'est livrée, avec la plus
grande attention, à l'examen de la méthode de M. Guesnon.
Elle a visité plusieurs métairies , et s'est livrée à l'inspec-
tion de plusieurs animaux d'âge et de sexe différents.
' Quant aux vaches laitières , voici comment on a opéré
en procédant ù leur examen i M. Guesnon a d'abord in-
diqué , pour chaque vache qui lui était présentée , la
PROCÉDÉS DE M. GUESNON. 65S
quantité de lait donnée par jour , cette quantité étant
supposée mesurée un mois après le vêlage; en second lieu,
le temps pendant lequel , après une nouvelle fécondation ,
elle continuerait à donner son lait.
La déclaration de M. Guesnon était faite hors de la
présence du propriétaire , de manière à ne pas influencer
sa réponse ; et nous devons proclamer que , sur 25 vaches
laitières soumises à nos expériences , la déclaration des
propriétaires a été conforme à celle de M. Guesnon« Une
seule a donné une différence assez notable , quant à la
quantité du lait ; et nous avons reconnu , depuis . qu'elle
avait éprouvé une inflammation mammaire , qui avait
diminué de près d'un tiers la sécrétion du lait.
Une autre , enfin , a donné une diflérence de 4 litres en
sus de l'indication de M. Guesnon ; mais il convient de
dire qu'elle a pourtant été classée par lui dans le premier
ordre , et que cette difl*érence a été attribuée par nous à la
taille et aux pieds plus qu'ordinaires de l'animal observé.
Quant aux génisses , il a été tenu note de la déclaration
faite par M. Guesnon sur la quantité de lait qu'elles pour-
ront fournir à l'âge de quatre ans , et il sera très-intéres-
sant de la vérifier à cette époque. Si elle était confirmée
par les faits , elle serait de nature à porter la conviction
dans les esprits les plus rebelles à l'adoption de la méthode.
Nous ajouterons que M. le président de la Société cen-
trale a bien voulu nous communiquer le résultat des expé-
riences qui ont eu lieu à Rouen , par les soins de cette
Société, sur plus de 120 vaches. Les résultats ont été tels, ;
qu'ils ont complètement satisfait et convaincu les mem-
bres de la Commission et les propriétaires qui ont soumis
leurs animaux à l'expérimentation.
•56 SÉAMOSS GÉNÊftALKS A NBVFMIATBL.
En présence de ces faits , et par les considérations déj&
exposées , votre Commission pense que la méthode décou-
verte et exposée par M. Gaesnon est réellement fondée
sur l'observation des faits ; que sa vulgarisation doit être
encouragée dans Tintérèt général et dans l'intérêt partico-
lier des éleveurs. Elle vous propose, en outre, d'honorer ,
par un témoignage public de votre satisfaction , la saga-
cité de l'homme qui a su lire dans le livre de la nature et
surprendre ses secrets ; d*honorer surtout cette persévé*
rance si rare , née d'une conviction profonde , qui a fait
braver à M. Guesnon des obstacles et des dégoûts que
rencontre presque toujours celui qui veut propager une
idée nouvelle. »
Immédiatement après la lecture de ce Rapport , M. le
préfet remet k M. Guesnon la médaille d'argent que le
Conseil d'administration a votée, sur la demande de la
Commission.
M. Houdelière donne ensuite communication du Rapport
du jury pour les instruments aratoires.
Rapport du jury pour U$ intirumenU aratoim»
Mbssibuhs y
« Votre jury pour les instruments aratoires , après les
avoir sérieusement examinés, vient vous désigner lea
perfectionnements apportés dans cette branche si intérea-
sante de notre industrie et vous en signaler les auteurs.
» Bien que fort peu nombreux , les instruments expo-
sés sont la représentation assez exacte de tous les moyens
tNSTEUMENtS ABAtOIRÉS. I)&ï
dWion iiiis en lisage dans rarrondissemcnt , tel qu'il
irésulte de l'enquéto dont votire première section vous a
déjà t^endii cbiQpte. Nous n'avons pu juger comparative-
ment lenir travail , car nous n'avions à notre disposition
aucuns moyens dé poiivtrir le fdire ; mais les renseigne-
r
ments que nods avons pu reeafeUlir â ce sujet , sont égale-
ment conformes iui doiinëies qbi vbus ont été remises.
* l^rois Garnies ont appelé notre attention :
» Une cbàrrua Rosé, par iti Mabire fils, do Neufcbâtel i
introduite depuis un an, sans autres perfectionnetnents qiHl
ceux âppoîrlés par le constructeur. Elle revient ici à lâë frb
» tJnèchai'rîiecatiehoise, parlf. LoirisLeelerc, charron
è Sommërj , canton de St-Saëns , notablement amélforée
par Tabaisseinent du collier de traelîon , qui , dans les
cbarrues o^nàires , se meut sur la haie , sur une assez
gralide ItMlgueur , an-dessus du contre , et qu'il a placé
an «-dessous /rapprochant ainsi considérablement la direc*
tion de l'efibrt de celui de la résistance, de manière à
diminuer le tirage.
» Quant à la crétiiaitière et aux deux régulateurs par
lesquels il a cru deVoilr retnpiacer la simple chaîne , ib
n'ont pas pahl à VMk^e jnlry suffisamment motivés. Ils
oompliqMnt la charme ^ en en élèvent Un pea le prix , et
la rendent d'un entretien pluii fréquent et moins tacWe.
Noos pensons ^n'il eût iniéux Êiit de s'en tenir aux
moyens en usage , qu'il a Aû reste eenservés , indépea-
dammentdes siens*
• La position inclinée du contré , appuyé sur le soc »
lui donne aussi plus de force , et , par son action oblique,
lut permet de frandiir des obstacles qui pourraieiil Mser
lecoutre»
42
6&8 SÉANCES GÉNÉRALES A NÊBFCHATEL.
» Enfin , Messieurs , pour déchirer le gazon ou pour
travailler des terres eoherbées , qu'il ioiporte essentielle*
xncnt d'étouffer pour leur destruction complète , en avant
du premier soc , M. Leclerc en a placé un autre plus petit ^
portant aussi son contre et tranchant horizontalement^ afin
de pouvoir lever le gnton A quelques centimètres de profon-
deur^ et de le jeter au fond de la raie, piNir que la tranche
qui suit le recouvre. C'est une addition très-emplojée
ddns lé Brabant , où plusieurs d'entre vous l'ont peut-être
déjà vne , et où l'on s'en loue beaucoup « principalemeot
pour les prairies artificielles et les terrains humides*
» Le prix de cette charrue est de 1 SO francs.
to La troisième chaiYue , par M« Poliet , d'Haodricourt ,
est d'espèce picarde ou à toume^oreille. C'est la dbârrue
ordinaire employée dans le pays , mais modifiée dans son
aile mobile, qui, au lieu d'y être unique comme dans
l'autre y est douUe et ne sert plus que d'un seul côté , ce
qui permet de la faire en fer et de Ini donner la forme des
Tersoirs reconnue la plus avantageuse pour la perfection
du labour. C'est un changement Mm vent tenté ^ mais fort
simple. du reste , qui ne peut avoir , pour cet arrondisse-'
ment en particulier , qile de fort bons résultats.
» Différents extirpateurs et scarificateurs nous ont pa*
reniement été soumis :
tt Deux par M» Biile, du Bourg>*I>ud, importés d'Angh»^
terre , beaucoup trop lourds et surtout trop ohers. L'un
d'eux pèse 750 kil. , ne revient pas à moins de 2,900 fr.»
et exige six chevaux pour le conduire ; l'autre est A peu
près moitié de celui«ci sous tou» rapports.,
» Dcnx autreik lont été par M. Marcaux , taillandier .4
Aumale. Ils sont semblables quant à la forme des dents:
i\STnniRvrs aratoires. Bod
l'un en porte heu! et est monté en bois; l'aulrc o et est tout
en fer. C'est une imitation de celui de Gratien, bien connu
maintenant de tous nos dt^partements du nord. C*est, sans
contredit, le meilleur qui existe, et nous devons louei*
M. Marcaux de Savoir construit sOr des formes simples ^
et , par iJi modicité de son prix , de l'avoir mis à la portée
de (oiis nos cuUi valeurs. Lé ^rand,à 9 dents, se vend 150 f.;
le petit 100 à 120 fr. , suivant sa force.
» Partni les bersfcs, nous avons remarqué une berse Val-
court , exposée par M. Mabîrc , et construite dans le pays
sur un ^rand modèle , d*aprôs celle de M. Desjobert , qui,
le premier , en a doté le pays comme de tant d^autres
innovations , dont nous ne poiivons assez lie féliciter , au
faom dé tous les amisde Tagriculture.
» M. Mabire fait usage de cet instrument pour ses
J)raîrîes. Il lui a coûté 80 francs*
* Aux berses de M. Bille nous ferons toiijours lie même
reprocbe : cVst que les grandes sont par ti-op lourdes , et
beaucoup trop cbéres les unes et lés autres. Les plus pe-
tites exigent trois cbevaux , et ne peuvent pas revenir eu
Trance à moins de 3 à 400 francs.
» Nous devons aussi vous signaler deux semoirs :
» Un semoir tlugues , par M. Mabire ;
» Et un semoir à amendement pulvérulent , importé
d*Angîeterre , et présenté par M. Pessy , de Fontaine-le-
Bourg.— Cet instrument , quoique laissant beaucoup à dé-
sirer à diàérents égards , mérite cependant Tattenlion du
cultivateur , car il donne un moyen de répandre la chaux
vive , et tous savent les difficultés qu'on rencontre dans la
manipulation de cette substance, si éminemment corrosive.
» Voilà ce qui nous a paru , Messieurs , le plus digne
60O SBA:«CKS GÊNÊIIALES a NEUrCIfATELe
de vous être rapporté ; mais votre CommissioD ne g'en est
pas tenue là , elle a dû s'occuper aussi de voir quels se-
raient ceux de ces divers exposants qui pourraient le
mieui avoir mérité vos récompenses).
» Nous avons tous pensé que chacun de eeox dont nous
vous avons présenté le» noois méritaient tous vos éloges;
liiais nous avons distingué plus particulièrement 11. Ma*
l)ire , comme ayant , un des premiers , introduit dans son
exploitation les instruments les plus perfectionnés, les
»neilleurs de Tépoque. La charrue Rosé, le semoir Hugues
et la herse Y alcourt ont réuni trop de suffrages poar qu'il
nous soit bi'soin d'en dire tout le mérite , et nous ne pou'
tons émettre qu'un vœu : c'est de les voir se répandre sur
toutes les {Kirlies de cet arrondissement , où ils sont
appelés , comme partout ailleurs , k opérer la révcrfutioB
la plus salutaire dans les assolements eomoM dans les
fa(t)ns que chacun exige.
» Nous distinguerons également M. Harcaux, qui a rés*
lise , dans son atelier , l'idée féconde de M. Gratien. C'est
en appliquant son intelligence, mm à des instruments vieil-
lis j que l'usage condamne chaque jour ; c'est en s'asso-
ciant À tout mouvement de progrès , c*es( en faisant de ses
facultés l'instrument même des lumières , qu'on se rend
vraiment utile et qu'on sert son pays.
• C'est à ce titre également que nous vous recommandons
M. Pessy , pour son semoir à plâtre. Il est loin d'être
parfait ; mais il est nouveau pour la contrée , il intéresse
et l'agriculture et l'hygiène publique. L'Association ne
peut que l'encourager et l'inviter à achever sa tâche par
les améliorations qu^il réclame encore.
» Enfin , Messieurs, tout en reconnaissant le mérite in-
INSTRVMBMTS ARATOIRES. 661
contestable des améliorations apportées par MM. Leclerc
et Pollet aux deux anciennes ebarrues du pays , fidèle
é ses antécédents , votre jury regrette infiniment de voir
ces perfectionnements s'appliquer à des objets dont elle
poursuit de tous ees moyens , depuis 13 années , la des-
truction ; les encourager serait se déjuger, et l'Association
ne peut avoir de raisons pour en agir de la sorte.
» C'est pourquoi votre Commission a rhonoeur de vous
proposer de vouloir bien accorder :
> A M. Mabire fils, de Neufcbétel , une médaille d'ar-
gent» pour son introduction d'instruments perfectionnés ;
» A M. Marcaux , taillandier à Aumale , une médaille
d'argent , pour son nouvel extirpateur ;
» Et à M. Pessy , de Fontaine-le-Bourg , une mention
honorable, pour son semoir à plâtre. ».
M. de Moy prend ensuite la parole pour faire connaître
les décisions du Jury relativement aux améliorations agri*
cotes :
Rapport du jury pour les amélioraiiom agrteoki.
« Messieurs ,
» Nous allons avoir l'bonneur de vous signaler ceux do
MM. les cultivateurs de l'arrondissement de Neufchâtel
ayant droit de prétendre aux prix que l'Association nor-
mande , dans son désir ardent de propager partout dans
la province le progrès et les bonnes méthodes d'agriculture,
vient décerner aux cultivateurs qu'elle a reconnus comme
les plus méritants dans cet arrondissement.
» Le jury , formé par les soins et la confiance de l'Asso-
66â SBANCBS GÊMJSttALBS A JfBUFCHATEL.
cialion , composé de personnes étrangères à cette localité,
n'a pas cru devoir décliner la mission honorable dont il
était investi , malgré la difficulté de sou accomplissemeiit.
» A Taide des connaissances qu*il pouvait avoir de cette
contrée ; après avoir pris , près du Comice da Neufcbâtd ,
les renseignements capables d'éclairer sa religion , le jury
a rendu les décisions suivantes. Comoke son organe , je
vais avoir l'bonneur de vous en donner conoaissaoce, vous
priant , Messieurs , d*excuser , en raison du peu de temps
mis à ma disposition pour rédiger ce Rapport , s'il n'est
pas présenté avec les détâ^ils aussi con^plets que je l'aurais
désiré.
Fermes les mieux teoues.
« Pour ce genre de mérite , l'Association avait misa la
disposition du jury une médaille d'anrent et deux mentions
honorables ; mais comme, pour faire son choix imique ,
le jury s'est trouvé embarrassé , l'Association a bien voulu
lui venir en aide , en accordant deux médailles ex œquo
à M. Gautier, de Londinîères , et à M. Cuel , de Gournay.
M. Gautier a converti en herha^ces , très -bien amendés
et forts bons , uue notable quantité de ses terres labou-
rables; ses herbages naturels, il les a améliorés par des
égouts judicieusement disposés ; une partie de ses terres
est soumise à l'assolement quadriennal ; les beurres qu'il
confectionne jonissent de la plus grande faveur sur le
piarché. Son exploitation est partout regardée comme
r modèle , par l'ordre qui y préside.
» M. Cuel a beaucoup augmenté ses herbages ; il a su
^uair et entretenir sur sa ferme une proportion remar-
ASléuORATlONS AGRICOLES. 6G3
qiiable de bestiaux ; ses fumiers sont très-bien aménagés ;
il recueille avec soin le purin de ses élables y pour eu arro-
ser ses herbages ; H jouit, enfin, dç Fhonneur d'avoir donné
TexempTe , dans ta contrée , des meilleures pratiquas
agricoles.
» L'Association décerne à MM. Gautier et Cuel une
médaille d'argent.
» M. Savalle , propriétaire à Roncherolles , canton de
Forges , a transformé , depuis plusieurs années , en bons
herbages et tçrres labourables bien cultivées , une grande
étendue de bruyères , jusque-là improductives, rr- Les her-
bages de M. Savalle sont bien. amendés et plantés de bons
pommiers*.
» L'Association accorde à M« $ay^le upe miçntipn ho-
norable.
» Mf Brizeval , du canton d^Argueil ^ fait valoir tme
ferme com»idérabIe , sur laquelle il entretient un grand
nombre de bestiaux , vaches , moutons et chevaux. Cette
exploitation , réputée une des plus mauvaises du canton
avant M. Brizeval , a acquis , par les coins et les eflbrts
bien entendus de ce cultivateur , une valeur telle que le
loyer en a été élevé 9 nous a t-on assuré , de 1,800 francs
à 5,000 francs.
9 L'Association accorde à M. Brizeval une mention ho*
norable.
» Le jury signale encore, avec éloges , les exploitations
die MM. Tabur , Mabire et Levasseur , canton de Neuf-
châtel : celieB de M. Forestier , canton d'Aumale ; de M.
Le Bertier , canton de Blangy , et de H. Le Coq , de Som-
mery , canton de Saint-Saëns.
CCIi S^AISCES GBKêBALES A NEUFCBÀTEI.*
Fumiere les mie^i a«|éiiigés.
» Mcssieurs.cette partie de ragriculture est tellement ioh
portante, que T Association normande en a faitTobjeld^uo
de ses encouragements. Chacun de ceuxqiii m'^^utentle
comprendra facilement > eii songe^mt que cette o^ali^ , si
grossière en apparence , fait la force et Isi riehessf; dq paya.
Il faut donc chercher à la développer par tous les naojens
possibles. Ce n*est qu'ft Taidede fumjers riches et i^bondants
que Tagriculture peut vivre et prospéirer : puisseint tous 1^
propriétaîrefli comprendre cette vérité ^ et donner aujic
écuries , étaUei et bergeries de lemra fermes , les dispv:
titions convenables ^ cet eSfet t
» 1^ Le jury vous signifie l'exploitation de M. Conrty »
de MoniQje , canton de Gournay.— L'Association décerne
à H. Courty une médaille (l'argent 2
» 5I« A M. Desqitinnemare y canton de NeufchâtQl , unct
ffiention honorable ;
» 3^ A M. Emmanuel Rouland , canton de St-Saëns ,
une mention honorable ;
» 4^ A M. Daruel , canton d*Argueil , une mention
.... â - •
honorable.
GonfecUon do benrre.
m
» Nous nous trouvons , Messieurs , dans une. contrée,
célèbre par la confection de se^ beurres. Pour récompen-
ser ceux qui font bien en eette partie , il faudrait citer un
bien grand nombre de oultivateors. L'appréciation de.
ceux qui ae signalent hors ligne en cette industrie ,
nous a été extrêmement difficile à faire. Cependant le
jury se plait à distinguer :
AMÉLIORATIONS AGRICOLES.
iyii^
» l'' M. Teropleu , cultivateur à Reudillon , canton de
forges « et lui décerne une médaille d'argent ;
» 2<* M. de Villeneuve , à Grandcourt * canton de Lon«
dinières, dont la laiterie est remarquablement bien tenue.
Ses produits y obtenus sur des fonds d0 moindre qualité que
dans la vallée de Bray , trouvent pourtanf un placement
facile et avantageux, -^ D est accordé à M* de Villeneuve
|ine mention honorable.
» 3^ M, Gillet , cultivateur à Iloi , canton d'Aumale ,
tire également de ses fonds , situés sur les plateaux , et
d'berbages créés par lui , des produits non moins remar-
quables par leur abondance que par leur qualité. — L'As-
sociation décerne à M. Gillet une mention honorable,
Fpbrication du fromage.
» Messieurs , ce que nous avions l'honneur de vous dire»
il y a un instant , sur la production du beurre , s'applique
égalepient à la production et à la faibrication des fromages.
Le fromage de Neufchâtel est en possession d'une im-
mense réputation en France et à Tétranger. Pour la con-
quérir et la conserver, les cultivateurs de l'arrondissement
de Neufchâtel n'ont reculé devant aucuns sacrifices. Cette
industrie se partage en deux classes principales : la confec-
tion du fromage dit à tout bien y et celle du fromage
^àla crime,
» Voici , pour chacune de ces deux classes , les distinc-
tions que nous croyons avoir à vous signaler.
» Fromage à tout bien :
» 1<^ A M. Gosse, canton de Londiniëres , une médaille
d'argent ;
66G SÉANCES tiÉNÉBALES A NEl'PCHATKL.
• 2^ A M. (le Renaud , de Neufchâtel , une mentiofi
Lonorable ;
• 3« A M. Aimé Feret , de Neuvîlle-Ferrîères , une
mention honorable.
» Fromage à ia crème :
» 1<^ A M. Leieu , d*Avesnes , canton de Gournay ,
une médaille d'argent ;
» 2^ A M. Battement , canton de Forges , une mention
honorable ;
» 3^ A M. Gardin , de Quiëvrecourt , canton de Neuf-
châtel , une mention honorable ;
» 4* A M. Néhout , de Neufchâtel , une mention hono-
rable,
» Messieurs » nous Tenons d'avoir rhonneur de procla-
mer les noms des cultivateurs de Tarrondissement de
Neufchâtel que nous avons crus les plu^ méritants. Nous
désirons que l'opinion publique ratifie les jugements que
nous avons cru devoir porter ; nous désirons surtout que ,
de cette solennité où FAssociatioa normande se félicite
de voir assister les premières autorités du département ,
de l'arrondissement et de la ville , ainsi que Thonorable
M. de Sainte-Marie , envoyé spécial du ministère de l'agri-
culture y ressorte pour tous, grands ou petits cultivateurs,
cet enseignement : que rien n'importe plus au pays que
rhonneur rendu par ses premiers magistrats à TagricaU
ture ; que sa prospérité fait la force principale de r£tat ,
et que, pour l'obtenir, il faut que cbacuntdans s^ sphère,
redouble de soins , de zèle et d'efforts, »
Après toutes les distributions de prix et de médailles ,
M. le comte de Beau repaire , secrétaire-général j prononoft
le discours de clôture :
Discomis DE CLÔTune. 667
Discours de M. le comte de Beavrepaire.
a Messuurs de la ville et de l'arrondissement de Nuufcliùlel ,
» Notre capitale de la Basse-Norpiandîe a vu former unp
iDSlilulion patriotique dont nous , qui avons concouru à sa
fondation , sommes venus dans vos murs , loin de son
berceau , aider à célébrer et à clore en ce moment Ip 13°
anniversaire. Cette date , combinée avec le chiffre croiss^mt
des associés à l'œuvre , fait voir que la semence a fructifié,
et que la Normandie , notre mère commune , n'esf pas
restée féconde dans Tordre seul des produits matériels.
Nulle part , le fondateur de l'Association , et ceux qu'il
appela à l'honneur de la mise en œuvre , n'ont en à re-
gretter la confiance qui avait inspiré leurs premières et
petites réunions. Cette confiance les a appelés à sortir dp
leur modeste et étroite enceinte , pour aller, sous Vçcil de
la Providence, s'établir successivement dans toi)s les çhe£»-
lieux de notre vaste province , et là , eux plus ou moins
inconnus, convoquer hardiment tous les hommes aniiiiés
de l'amour du bien , leur demander un compte public de
leur savoir-faire . de leurs occupations , des bonnes ou
mauvaises affaires du pays. Partout l'appel a été entendu
et accueilli , et il est attendu et sollicité là môme où il n'a
pas encore pu parvenir. Partout la petite colonie no-
made n'a éprouvé , pour sa mission fraternelle , qu'un
moment pénible, celui des adieux. Ceu% que nous sommes
chargé d'exprimer aujourd'hui , rendent bien légitime
l'émotion qu'ils nous inspirent. La bienveillance de l'ac-
cueil, l'empressement du concours pour l'œuvre commune,
la cordialité dans les relations destinées $ la piener à bien ;
669 SÉAKCES GBNÊRALBS A HEUFCHATEL.
▼oilà , Messieurs , ce que les arrivante doivent avoir le
désir et Tespoir de rencontrer ; voilà ce que nous tous «
étrangers à l'arrondissement , mais enfante aussi de la
Normandie , et qui sommes venus pour elle , nous avons
obtenu éminemment parmi vous ; voilà les souvenirs que
nous emportons de cette visite de famille.
» Pour exploiter fructueusement un terrain , surtout
par une méthode aussi expéditive que la nôtre, il faut ,
avant tout , qu*il soit préparé. Il Ta bien , très-bien été
par vons , Messieurs ; 1|i voie a été aplanie d*avanoe ; elle
a été, depuis les premiers momente de la réunion, £icilitée
et adoucie par la constante prévenance , Texquise cour^
toisie et l'exemplaire assiduité de vos premiers magistrats
civils et judiciaires. Nous sommes heureux que notre voix
puisse ici leur fiaiîre entendre ce juste hommage ; nous le
serions plus encore , si elle pouvait retentir jusqu'à votre
honorable inspecteur d'arrondissement (I) , retenu dans
la capitale par une cause douloureuse , qu'il a su braver
pour nous oOrir un important tribut de coopération.
» Ainsi donnée et soutenue , l'impulsion est devenue
générale ; chacun s'est mis à l'œuvre, avec zèle et accord.
Pour concourir au bien d'un pays intéressant parmi les
diverses contrées de la patrie normande , toutes les volon-
tés ont sorgi du sein des conditions les plus diverses de la
vie publique et privée.
» Le jeune magistrat qui veille pour que les citoyens
puissent reposer avec tranquillité (2) ; le cultivateur (3) ;
(1) M. Desjobert.
(2) M. de Loverdo , procureur du Rof.
(ô) MM.LcIong^, Mabirc , Normand , agronomes.
DISCOURS DE CLÔTCRE. 669
le jurisconsulte (1) ; le praticien dans les divers degrés de
Tart de guérir (2); le pieux instructeur agricole des pauvres
orphelins (3) ; l'honinie d^Etat , administrateur émérite de
départements importants qu'il a dotés de monuments
utiles , et qui , depuis ^ a enrichi la France du fruit de ses
voyages (4) ; tous sont venus , à Tenvi ^ apporter leur
part au&isoeau d'observations et de va!ux qu'a réuni celle
session.
» L'arrondissement de Neufchâtel figurera ainsi avec
honneur dans les Annales que l'Association consacre ft la
Normandie. Bon témoignage lui sera rendui au<delà des
limites de la province, soit dans ce département formé de
l'ancienne Flandre , cité comme modèle agricole ^et dont
nous venons d'accueillir on jeune délégué <5) , soit près
des hautes régions du pouvoir « où vous aurez pour in«
terprète de vos voeux le savant et modeste fonctionnaire
de l'agriculture qui est venu assister à vos concours (6) ^
et y plus particulièrement encore ^ le premier administra-
teur de ce beau département (7), auquel nous nous applau-
dissons de pouvoir « après Mt de Caumont ^ venir rendre
hommage pour l'active bienveillance dont il nous donne ^
par sa présence , un nouvel exemple^
» L'enquête locale , but particulier des réunions suc*
eessives et ambulantes de l'Association normande ^ a offert
(1) M. Hubard , avocat.
(2) MM. Cisseville , docteur-médecin.— Levillain , vétérinaire.
(5) M. Tabbé Arçon , de la maison de Nazareth , à Mesnières.
(4) M. le baron d^aiissez.
(5) M. le vicomte de Madrid , délégué de la Société du Nord!
(6) M. de Sainte-Marte.
(7) M. le préfet de la Selne-lnférieore..
6t0 SÉANCES ORXRRALES A Nl-CPaiATK*..
parmi n(Mis , Messieurs , quelques résultats spéciaux dont
je vous demande la permission de vous faire , en quelques
mot» , remarquer l'imporlance^
» Cetle enquête a eu un caractère complet, sous le rap-
port Roùial ; rédfication de la jeunesse , l'état de la mora-
lité d<»s classeïy aduKes ont élé Tobjet d'investiiîatîons du
plus liant Intérêt , parce qu'elles portaient éminemment
le sceau de la franchise et d'une philantropic sincère et
éclairée.
» On est , dans ce tnonde , souvent d^accord sur le mal ;
on Test rarement sur le remdde. [ci nous avons été plus
heureux ; car nous avons entendu lés honorables explo-
rateurs , réunis, sans s'être concertés, pour exprimer leur
conviction que le baume qui , en définitive , doit adoucir
et fermer les plaies de la morale publique , elle doit l'at-
tendre de nolro sainte religion , et que vous possédez ,
dans le sage zôle de ses ministres , une bonne garantie
pour la salutaire application de ce dictame.
» Messieurs , un des premiers vœux que la voix que
vous avez la botité d'éntendré eu ce moment fiit appelée
h formuler , comme expression des sentiments qui ont
présidé à la formation de l'Association normande et comme
un appel à des adhésions dans le pays , ce vœu était
«f de voir régner dans nos communes les vertus chré-
» tiennes. (1) »
» A'^os interprètes ont donné à cette expression de nos
premiers désirs un sympathique retentissements
» L'enquête qui concerne les ressources matérielles du
pays a,par une utile et prévoyante initiative,ouvert Tatlea-
(ï) RcvîKî normande.
t)ISC0ttt6 DE CLÔTUKB. 67 1
tion de l'Association normande sur le gn)ve et inquiétant
earacière que présente l'avenir, par suite de ces communi-
cations rapides qui, en rapprockànt Paris de départements
que la nature en avait |rfus ëcartt^s que les nôtres, vont leur
apporter une part plus oumoins grande dansTapprovision"
nement.que vous donniez à 1& capitale. Oui , Messieurs ,
le péril existe ; le courage que tous avez mis à Tavouer
et à le signaler est un heureux augure de la résolution
que vous mettrez à le braver et à le surroonler.L'Associa*
tien aura à cœur de voiii seconder et de vous guider dans
cette entreprise.
» Un écoulement à Tintérieur pourra nous manquer
quelque jour ; on a dit ici qu'il commence à nous man-
quer : eh bien , il est bon , il est nécessaire d'en chercher
d'autres^ Les premiers rédacteurs de vos statuts ont tenu
ft vous en réserver et à vous en assurer les moyens.
» Messieurs ^-il nous faut ne pas foillir devant Torage.
Le monde a appartenu à l'activité normande : pourquoi
ne lui appartiendrait^il pas encore, aujourd'hui que la lutte
dont il est le théâtre est portée sur le domaine de l'indus-
trie tant agricole qu'industrielle , commerciale et autre T
Dans ce vaste champ-dos de l'émulation humaine , la
lice doit demeurer surtout «^ l'intelligence » au labeur
patient et persévérant , À la prudente combinaison , à
l'esprit d'ordre et d'économie, aux habitudes d^une vie
régulière et sobre , c'est-à-dire aux qualités mêmes qui
tiennent le plus directement au caractère normand.
» Pour Toeuvre qui nous appelle » l'histoire. Messieurs ^
vient à notre secours. Elle abonde pour nous en grands
exemples de nationalité normande, propres à nous animer;
elle nous montre , en particulier , trois grandes Associa-
672 SÉANCES 6ÉflÊRALBS ▲ URUFCtÎAtBL.
lioos normandes qui, opérant sûr des contrées étrangères,
y ont laissé un aulré retentissement que le bruit passager
de leurs armes. La première en date est oèlie âé quelques
enfiints d'un même père i nés à l'ombre du clocher de la
petite paroisse de Itaotëtille^la^uichard, dans leCotentin^
et qoi ont étonné le inldi de rSuropé et TOrlenl , l'eaipire
des Grecs et lés i'ojaumes arabes ^ non-sèulèmènt par dés
merveilles dé valeur guerrière^ mais enoore par ce toura^
civil dont ils ont , dans toute sa frafchenr primitive j fait ^
ënx yeux dti monde , briller la pitls précieuse palme ^ la
chevalerie. Ces cadets de Normandie ont fait fortune en
Syrie 4 et dans ce beau pays d'Italie où leur dépendance
fimininè règne eneofe entré les yolcàné qui dèmlneot lès
eaux de Sicile.
» Aux autreè l^nfins de l'Europe ^ Un trône j/liiâ pi6»*
6àni; et qui Toit à ses pieds bien d'autresl mersy etft occupé
par une petite fille de notre Guillaume de Falaise. Il â
été fondé par une autre Association normande , recrutée,
dans le XP siècle , au sein de nos rîtes , de nos hameaux
et de toutes nos familles. Elle a établi ce trône , l'a élevé
au-de«us des siècles, en le superposant^ comme une def
de voûte , au sol qui s'est ainsi affermi , après avoir été
jusque-là ébranlé et tiraillé par TelTet du système d'indi-
vidualisme et d'aftarcbie des Saxons. Si f Angleterre est
fière du rang qu'elle tient dans lé mdndèf , n'en soyons
pas jatodx ; car les moyens qu'elle a pii ^ecessivement
mettre en œuvre pour l'obfenir , elle en a , 1m historiens
et poblicistes le reconnaissent , un compte à rendre aux
Normands, au durable essor qu'ils lui ont doitné en faisant
prédominer le génie de leur race sur l'esprit des popula-
tions soumises à son eOEipire.
btscôchs t)E CLàruiifi; 6ti
6 Cet essor a acquis toute sa puissance de civilisation
progressive le jour où une autre Association, dans laquelle
dominaient des éléments do même origine, a fait lever sur
la graiide firétagnis et , par elle , sur TEuiope , Taurore
de Tére représentative , en élevant au-dessus dii moyen-
âge ce phare lumineux des franchises nationales, la grande
charte , astre normand qui s'est reflété sur les temps
modernes pour les fécondeir.
» Messieurs ^ ces traditions de chevalerie , dé puissance
politique et de liberté constitutionnelle, sont de nobles
titres dans les Annales que nous avons à continuer ; elles
forment un glorieux souvenir dé notre ancienne préérai*
nencè , et un heureiix garant dé celle que nous pouvons
recouvrer à l'aide des immenses ressources que la bonté
divine nous a données pour occuper une haute et fruc-
tueuse place dans la France et dans le mondé , au milieii
de notre ère de civilisation et de pacifiques progrès. Ce
que nos pères ont fait dans un ordre diflerent , ce que
font nos émules et nos rivaux dans la paisible arène qui
à, grâce à t)ieu, remplacé celle des armes, ils l'ont surtout
effectué , et ils l^obtiennent par le moyen de l'Association.
Ce puissant et irrésistible levier de V Association , vous
avez , Messieurs , aidé à le consolider en Normandie , par
votre zélée , loyale et patriotique coopération. Puissent
Neufchâtel et son arrondissement recueillir une notable
part dans les effets qu'il doit produire ; leurs citoyens n'ont
rien négligé pour Concourir auWcommun:honneuràeux!»
B»to DUPONT-DELPORTE , présidmt.
0« DE BEAUREPAIRE , secréiaire-généraL
I. GIRARDIN , impBcteur du département.
Â. i)E GAUMONT , directeur de VÀssociation,
43
67^ ÉTAT OKS lRlIGATtO!l9
Bappart de M. Poliet $ur Vêlai des irrigatiom iam Vat*
rondimmma de NeufekMA (!).
L^arrondisàemeDt de Neufchâtel comprend huit coun
d*eau principaux , qui prennent leur source dans les can-
tons qui le composent ; savoir :
1® La rivière de BreUe , qui prend sa source à Blargj ,
département de l'Oise ^ commune limitrophe du canton
d'Aumale, se réunit à un autre bras qui prend sa source
à Ilaudricourt , commune du môme canton ; elle coule du
sud-est au nord-ouest, et faitla ligne séparative des dépar-
tements de TOise et de la Somme avec celui de la Seine*
Inférieure ;
â"* La Mdine j qui prend sa source à Marques , canton
d'Âumale , s'embranche à EUecourt , dans la vallée de la
Bresle , ci-devant décrite , en conservant son cours du
' c6té ouest de cette vallée ;
S"" V Tèrei , qui prend sa source à Aubermesnil , canton
de Blangy , coule du sud au nord , en traversant quelques
communes de ce canton et une petite partie du canton de
Londinières à Grandcourt , et entre ensuite dans l'arron"
dissement de Dieppe ;
4° V Aulne , qui prend sa source à Mortemer , canton
de Neufchâtel , coule du sud-est au nord-ouest , traverse
quelques communes de ce canton , entre aussi dans une
autre partie du canton de Londinières , et se prolonge
également dans l'arrondissement de Dieppe ;
5^ La Varenne, qui prend sa source à St^MartinOmon*
(I) Gc Mémoire ayant été omis dans la section d'agriculture de la
session de Neufchâtel, nous le plaçons ici en forme de supplément.
I>APrS L'ARnONDISSEMENT DE NFtPCHATEL. 6î5^
ville , traverse la partie ouest du canton de St-Saëns , et
entre aussi dans Tarrondissement de Dinppe ;
60 Le Therain , qui prend sa source à St-MicbeUDales'
court , passe par Grumesnil , en descendant dé l'ouest à
Test , et entre dans le départennent de l'Oise ;
7<> La Bethxtm, qui prend sa source à Gaillefontainé ^
canton de Forges , coule du sud au nord , en augmentant
son volume de différents ruisseaux qui sillonnent le pays
de Biay , et passe à Neiifchdlel pour descendre à Dieppe ;
8^ VAmlèlté , qui prend sa source k Serqiieux. canton
de Forges , coule du sud-est au nord-ouést , traverse le
canton d'Argueil, et entre dans l'arrondissement de Rouen;
Cinq de ces vallées sont soumises aux irrigations. Ce
sont : les vallées de la Ëresle , de la Melîne , de ITères ,
de r Andelle et de la Varenne. C'est ce qui fait que Ton dé-
signe les prairies de cos vallées sous le nom de Bas-Prés.
Bans lés autres vallées , les rivières sont abandonnées à
leur (Jourant , et les prairies sont qualifiées du nôin de
Hauts-Prés ou t^rt^s-Sccs.
Maintenant nous nous demandons pourquoi Tusage
des irrigations n'est pas mis en pratique dans tout Tarron-
dissement. Quant à nous , il nous paraît que ce système
est três-avantageux , car nous estimons qu'un hectare de
prairie, convenablement disposée et arrosée, donne chaque
année , terme moyen , 9,000 kil. de foin ; tandis qu*UQ
hectare de pré sec ne donne chaque année , aussi terme
moyen , que 6,000 kil. , c'est-à-dire un tiers moîns ; et si
nous déduisons les sacrifices qu'il faut faire pour les en-
grais de ces prcSs secs , on trouvera que le produit sera
plus de moitié moins que celui de la prairie arrosée , qui
n exige aucun engrais.
1176 ÉTAT DES IHIfiATIOXS
Noue conndéroDS , en outre , qne ]es récoltes d'uM
prairie soumise aux irrigations , réunie à one ferme com-
posée de terres arables , sont converties en engrais au
profit de ces terres, et tendent à les améliorer et i augmen-
ter leur valeur.
Quelques agriculteurs prétendent que le foin de kaut»
prés contient plus de substances nutritives.
Noos admettons , en fait , que ce foin convient mieux
i la nourriture des animaux de l'espèce bovine ; et c'ert
sans doute ce qui le fait préférer dans les vallées du pays
de Bray , celle contrée étant la plus peuplée des animaux
de cette espèce. ....
Mais nous peMons, en principe , que le foin de bas près
est Keolaisant pour la nourrilore des animaux de l'espèce
chevaline , étant d'une substance plus rafraîchissante ;
il convient mieux & la nourriture du cheval ; et comme
l'arrondissement de Neufchâtel se compose d'une plus
grande quantité de terres arables que d'herbages, on peut
obtenir suffisamment de plantes fourragères pour la nour-
riture des vaches et des moutons , et conserver les feins
pour les chevaux .
Ainsi , BOUS disons qu'il faut encourager le plus possible
et favorUcr les moyens de iàire arroser toutes les prairie»
qui en sont susceptibles.
Il ne faut pas confondre les herbes auxquelles nous
donnons la préférence avec les foins provenant des terrains
fangeux et marécageux , qui produisent des herbes for-
mant une nourriture malsaine j car , Ken que les irriga-
tions soient mieux conduites aujourd'hui qu'elles nel'éUient
autrefois , elles laissent encore à désirer. En effet , le ter-
rain que l'on veut soumettre à cette méthode exige des
DANS L^AKRONDISSKMENT DE NELFCUATEL. 677
premiers soins ; il faut former des chaussées assez étroites
et bieo bombées avec le sol même , en creusant des fossés
d^égoiit pour recevoir les eaux qui sont amenées , au
mojen de vannes établies sur la rivière y par un ruisseau
ouvert exprès sur le milieu de la chaussée. De cette ma-
niôre , et pour le peu d'inclinaison que Ton peut trouver
pour vider les égouts , Teau passe avec rapidité sur le
terrain ainsi disposé en forme de dos d'âne , y dépose le
limon qu'elle contient naturellement, et fait produire de
rfaerbe en abondance et en bonne qualité.
Il ne fout pas dissimuler que Tusage des irrigations
donne lieu à quelques difficultés entre les propriétaires
d'usines et les propriétaires de prairies; l*intérétdes uns se
trouve souvent en contact avec celui des autres, à cause des
prises d'eau qui se font irrégulièrement et à des époques
différentes dans chaque vallée. Une ancienne coutume,
consacrée par l'usage dans les vallées de la Bresle et de la
Meline, établit l'époque des irrigations pendant la nuit,
depuis le 1 5 du mois de mars jusqu'au 24 du mois de juin ,
pour la première coupe des herbes : dans quelques loca-
lités , on fait encore arroser pour la seconde coupe , et
dans d'autres cette faculté est interdite; de telle sorte que,
lorsqu'il s'élève une contestation sur l'^élévatloo des eaux ou
sur l'utilité que les particuliers doivent en retirer ^il fout se
reporter à l'usage des lieux ; l'affaire se juge par témoins ,
^t l'on sait que ces sortes de procès conduisent souvent â un
mauvais résultat. Il fout dire que le grand nombre d'usines
construites sur les cours d'eau , et qui se multiplient
chaque jour , fait obstacle aux bienfaits des irrigations, en
ce que , pour obtenir une bonne chute , les industriels
font élever les eaux en amont jusqu'au niveau du sol , de
manière qua les prairies ne peuvent plus s'égoutter.
C78 ÉTAT DES IBRIGATIONS
M. le préfet de la Seine*Inférieure , par des arrêtés
réglementaires en date des 28 mars 182t et 7 octobre
f 82i , a prescrit les formalités à observer pour construire
les usines, vannages ou barrages sur les cours d'eau. Des
arrêtés du même magistrat , en date des 17 pluviôse an X
et 6 juin 1820, ordonnent le curage des rivières. Mais,
nous le disons à regret , soitqne les autorités Gommunaies
reculent devant l'embarras de mettre ces arrêtés à exé-
cution , soit qu'elles aient des intérêts à ménager , il ea
résulte que peu d'usines ont des déversoirs *et des repères
pour le nivellement des eaux , et que la curage ne se fait
qu'imparfaitement.
Pour obvier à ces inconvénients , nous proposons d'in-
viter l'administration supérieure du départementà nommer
uneGommisston,oomposée: 1* de M. l'ingénieur de l'arron-
dissement; 2* de propriétaires d'usines; 3^ de propriétaires
de prairies ; laquelle Commission parcourrait les vallées ,
assistée dn maire de chacune des communes et de l'ngent-
Yoyer cantonal , à l'eflfet : 1° de constater si les usines
sont légalement établies ; 2^ de déterminer la largeur de
la rivière en proportion de son volume d'eau ; 3*^ de
fixer Tépoque et la durée des irrigations ; 4<^ de iîxer
aussi l'heure de la prise d'eau de chaque jour. Puis , sur
le rapport de la Commission , M. le préfet prendrait un
arrêté pour servir de règlement dans les vallées de Tar-
rondissement , et obliger l'établissement d'un déversoir et
d'un repère à tontes les usines. Par ce moyen, on pourrait
facilement égosiller les prairies dans le moment qu'elles
n'ont plus besoin d'eau , pour les rendre plus productives
par l'effet des irrigations qui seraient mieux ordonnées
p\ deyiendraient plus profitables.
DANS l'abrondissbmbnt db keupchatel. 679
D'ailleurs , notre proposition n'a rien de contraire au
vœu de la loi du 29 avril dernier , puisque , dans son
article 5 , il est dit qu'il n'est nullement dérogé par les
présentes dispositions aux lois qui règlent la police des
eaux.
Ainsi y suivant le G)de civil , les riverains ont le droit
d'user des cours d'eau non navigables , ni flottables , qui
bordent leurs propriétés , et c'est l'administration qui
fait la dispensation des eaux, c'est-à-dire qui fait les régie*»
ments quand il lui convient ; c'est elle qui fixe la manière
dont on peut user des eaux , parce que la loi nouvelle lui
a conservé ses droits.
Cet exposé nous conduit à faire connaître à l'Associa-
tton normande qu'il existe une étendue considérable de
terrains en pâtures et marais communaux dans l'arron-
dissement de Neufcbâtel , notamment dans la vallée de
la Bresle ; que ces pâtures sont dans un état d'abandon
total ; qu'elles servent à la dépaissance des troupeaux
communs de vacbes , génisses , mulets et poulains , dont
on ne retire , pour ainsi dire , aucun profit.
Il serait plus avantageux pour les communes et pour
les populations entières que ces marais et ces pâtures
fussent mis â ferme par bail de longue durée , en oblir
géant les fermiers à les convertir en prairies, qui devien-
draient fertiles par les efl*ets des irrigations.
Nous prions donc Messieurs les membres de l'Associa*
tion d'user de leur influence près du Gouvernement pour
arriver à cette fin désirée depuis long-temps, et ils auront
mérité la reconnaissAucedes habitants de l'arrondissement.
ma BE L'ASSOCiATieii KOMASN
TKHVt, LE 6 OCTOBBE 1845^
A 0AlMX-PlEKRS-01JB-l»IVE(i ,
sots LA PBÉSIDBNCB DB H. LE DOCTBOE LEGR AND ,
Inspecteur de l^arrondissemenl de Lisien:^.
Sont présents au bureau : MM. de Caumont , directeur
de l'Association ; i>e Bbaurepairb , inspecteur de Tarron-
dissement de Falaise ; J. Girardix , inspecteur division-
naire de la SeineJnférieure ; A. Dubreuil , de Rouen ;
Ch. Richelet , du Mans , membre de Tlnstilut des pro<
\inces.
Noms des principaux propriétaires et cultivateurs prëc
sents à la séance,
MM. Lkmaitbb , vétérinaire à Viette ; comte db Veiv-
dobuvrb , de Vendœavre ; Le Désert , de Percy ; Lb
Nbpvbd , d'EscaJeul ; Lbrot , maire de St-Georges-eo«
Auge ; DE MoiiTBRVif ^ de Quetbiéville ; d*Agieb , de St-
Laurenl-da>Moot ; Lbroi fils , de St-Georges-en-Auge; de
BouQUBBEL , de Piainville ;.Le Saulnieb , maft^e de poste
à St-Pierre-sur*Dive8 ; Rochbt , capitaine d'artillerie en
retraite ; Bblcocr-Cbarlot, de Viette ; Cabtel, jardinier A
St-Pierre-sur-Dives; Lbroi, jardinier à St-Pîerre-sur-Dives;
Fabien, jardinier à St-Pierre-sur-Dives ; MALFiLATBE^maire
BNQUÈTB -SUR LB CIDUE, 081
d*Escot ; GuBSNOif , de Mézîdon ; Lb Brethon , de Vieux-
Fumé ; de Chaumontel , à Montpinçon ; Lamort-Lape-
BBixB , adjoint à St-Picrre-sur-Dives; David , de Bossey ;
Lbcordier , de Bossey ; Bellais , docteur-médecin à St-
Pierre-sur*Dive8 ; Lb Saulkibr , maire de Lieurry ; Mec*
LION , maire de St^Martin-de-Fresnay ; Debled (Adrien) ,
jardinier à St-Pierre^sur-Dives ; Coloncb (Simon) , jardi-
nier à St-Pierre-sur-Dives ; Lbgris-Dbsfontainbs , à St-
Pierre-sur-Dives ; Doucbt , propriétaire à St-Pierre-sur-
IHves ; Duhamel , propriétaire à St*Pierre-sur-Dives ;
Langlois j à Percy ; Aubin , à St-Pierre-sur-Dives ; db
Bbaumont (Ferdinand) , h Percy ; de Ligneroles , à St-
Pierre-sur-Dives ; Picot, à Ouville-la-Bien-Tournée ; Lair,
à Mithois; Le Boucheb-Duparc , à Yiette ; Doucet-Des-
londbs , à Bossey ; Etienne , à Notre-Dame-de-^Livaye ;
Tailus , aux Authieux-Papion ; Jamot (Armand) . à Quer-
ville; Le Boucher (Désiré) , à Yiette ; Le Boucher , à St-
Martin-de-Fresnay , etc. , etc.
M. Legrand , président, ouvre la séance par le discours
suivant :
« Messieurs ,
» Vous avez dignement répondu à Tappel que j'ai eu
rhonneur de vous faire au nom de l'Association normande;
je vois avec plaisir dans cette enceinte Télite des pro-
priétaires du pays. Votre empressement à vous rendre à
cette séance témoigne de votre zèle éclairé et de votre
patriotisme.
» L'engrais des bestiaux , la fabrication du beurre et
des fromages , la fabrication du cidre et des eaux-de-vie ,
C82 SEANCE A 8AINT-PII:URË-5L'R-DIVëS.
voilù co qui nous inlérossc an plus haut degré ; la cuU
ture des céréales nous est presqu'eutièrcment étrangère ,
À nous autres habitants de la vallée d'Auge ; et cependant ,
notez bien ceci : depuis quelques années , les terres ara-
bles ont presque exclusivement fixé l'attention des agro-
nomes et des économistes; aussi ces terres ont-elles doublé
et méuie triplé de valeur dans certaines contrées , tandis
que les nôtres , quant à leurs produits , restent presque
stationnaires.
» Grâce à de meilleurs assolements, à l'établissement de
prairies artificielles , à la culture des racines , des plantes
oléagineuses^etc, on élève,dans les pays de terres arables,
un beaucoup plus grand nombre de bestiaux qu'autrefois ;
on les y engraisse même très-bien , et aujourd'hui ,
vous le savez » la concurrence faite , sur les marchés de
Sceaux et de Poissy , aux herbagers de la vallée d'Auge ,
par les cultivateurs-éleveurs du centre et de l'ouest de
la France , menace notre principale industrie agricole
(l'engrais des bœufs) d'une funeste et prochaine déca-
dence. On s'enrichit ailleurs, et nous nous appauvrissons S
Heureusement nos revenus ne consistent pas seulement
dans Teugrais des bœufs ; l'exploitation des prairies par
des vaches laitières est un mode de faire valoir qui
promet des avantages à ceux surtout qui sauront faire
progresser Tart de fabriquer le beurre et les fromages s
ect art , dans notre pays , n'existe pas ; la science y est
complètement ignorée ; on agit encore d'après les vieilles
routines.
» Je ne vous parlerai pas de ce qui a trait à l'économie
forestière ; cette source de revenus n'est cependant pas
pour nous sans quoique importance , puisque nos coteaux
ËNOt'£TK SUR IP, CIDRE. . 083
sont couronnés de taillis et de forêts. J'aime à reconnaître
toutefois que celle espèce de fonds est de mieux en mieux
administrée ; il y a progrès , et même progrès sensible ,
dans les plantations et les aménagements.
» J'arrive , Messieurs , à l'objet de cette réunion Vous
connaissez ee dicton popuIaire,à l'occasion des fond^ plantés
de pommiers et de poiriers : Le dessus vaut mieux que ledes'
sous. Cela pouvait être vrai autrefois ; cela n'est pas vrai au-
jourd'h:ii. Cela pouvait être vrai quand l'impôt territorial,
oorome Ta fait remarquer déjà notre honorable collègue
Lemétayer-des-Plancbes , ne pesait pas en même temps
sur les arbres et sur le fonds ; quand l'impôt indirect et
d'octroi n'enlevait pas au propriétaire une notable part du
prix de vente de ses cidres et de ses eauxrde«vie ; quand
les étrangers ne venaient pas nous faire une déplorable
concurrence avec leurs vins falsifiés et leurs trois-six
étendus d'eau . relevés d'acide sulfurique et aiguisés à
l'aide des épiées de Java ; enfin , quand il n'existait pas ,
comme sous l'empire des lois actuelles , une si choquante
et si injuste inégalité de droits entre les diverses boissons
dont nous faisons usage , et notamment entre la bière et
les cidres.
» Aujourd'hui , quelque bien plantée que soit une
pièce de terre , te dessus ne vmti pas le dessous , année cou-
rante; car, à toutes; les csniscs de dépréciation des pommes,
cidres et eaux -de-vie , ci-dessus énumérées , ajoutons
qu'en ce qui concerne Fart d'élever les arbres , de los
greffer , d'approprier les espèces de pommes à la nature
du sol et à l'exposition tles vents , c'est la routine aveugle
qui préside à ces diverses opérations , sauf pourtant de la
part de quelques honorables cultivateurs, malheureuse»
684 SÉANCE A SAl.%T-PIEBftB«UR-DlVE9«
ment en très-petit nombre. Parlerai-je du mode de récolte,
eu égard à la maturité des fruits et à la teropérattire
atmosphérique du brassage des pommes , des soins à
donner à la cave et au cidre en fÙt , de la fabrication des
eaux-de^vie , des moyens d'utiliser les marcs de pommes
et de poires , les vidanges de cidres , etc. ? Queiff progrès
immenses il nous reste à foire pour être d*aocord arec la
science !
» Messieurs , il y a dans notre pays des bommes de
cœur qui se dévouent dans l'intérêt de tous ; vrais apê*
très de la science , ils vont , le flambeau en main , éclairant
les peuples , semant partout , laissant généreusement à
d'autres le soin de récolter. Quatre d'entre ces hommes si
dignes de notre estime et de notre reconnaissance , MM.
de Canmont , Girardin , Dubreuil et Richdet , sont venus
nous visiter, dans le but de constater notre situation agri*
cole et , en particulier , l'état de nos connaissances dans
l'art de cultiver le pommier et de fabriquer les cidres et
les eaux*de-vie ; je vous prie de leur prêter votre attention
la plus soutenue. Une série de questions va être soumise
à l'honorable assemblée ; j'attends de l'obligeance de quel-
ques-uns de ses membres qu'ils voudront bien y répondre ,
dans l'intérêt du pays ; et , à l'avance , au nom de ces
Messieurs et au mien en particulier , je les prie d'agréer
DOS rcmerciments et Texpressbn de toute notre recon-
naissance. »
Après ce discours, M. le président donne lecture d'une
lettre de M. Eiie de Beaumont , qui s'excuse de n'avoir
pu se rendre à la séance pour prendre part aux travaux
de l'Association .
KTfQVÉTR 8CR LE CIDIIR. 6^3
M. J. Girardin , sor l'invilation du président , indique
que le but spécial de la réunion est de connaître Télat
actuel de la culture des arbres «^ fruits à cidre dans la
contrée , et les procédés employés pour la fabrication des
cidres et poirés et la distillation des eaux*de-vie. Il ex->
pose la marche que Ton va suivre relativement à cette
enquête , et cède ensuite la parole à M. Dubreuil , chargé
de diriger la partie qui regarde la culture proprement dite*
Goltitîe des arbres h fimits à ddre.
i^ Question. ^^Le$ pépins employée comme semence sont-its
préférablement extraits des fruits de certaines variétés? Serait*
il convenable de faire un choix sous ce rapport ?
On ne sème pas de pépins dans la contrée ; on se pro»
cure de jeunes plants d*un an dans la commune du Pin ,
près Lisieux. Ces jeunes plants sont repiqués en pépinière.
Les pépiniéristes du Pin tirent leurs semences du pays
d^Auge y sans aucun cboix d^espèces.
M. Dubreuil démontre qu'il j aurait avantage à donner
la préférence aux variétés les plus vigoureuseSé
2* Question.*— il quel âge Us jeunes plants sont-Us repi^
quésî
A un an , et à Vâge de deux ans pour remplacer.
3' Question. — Greffe-t-on en tête ou en pied dans les pé^
pinières î
On ne greffe presque jamais dans les pépinières. Les
arbres sont greffés après leur plantation à demeure. Si »
par exception .quelques propriétaires greffent en pépinière,
c'est presque toujours en tète.
4* Question. — Quelles sont les circonstances çvi détermi"
r86 SÉANCE A SAI^T-PIEIllIB-SIJR-DIVKS.
tient le choiœ à faire entre la greffe en tête et celle en pied ,
dans le» pépinièreê ?
Aucune réponse satisfaisante n'ayant été faite à cêlté
question, M. Dubrcuil pense qu'on devra préférer la preflfe
en pied (la greffe en écusson) , lorsqu'il s*ag:îra de variétés
vijroureuses et productives ; on ehoisira . pour cela , les
sujets qui paraissent languissants. On obtiendra de cette
manière des tiges ; on gagne^ra ainsi un an on deii^c sur
la fornr)ation de la tige de ces arbres , et ces titres seront
d'une plus belle venue que si on les eût formées aux dé-
pens du sujet.
La preffe en tête sera réservée pouf les sujets tes plus
forts et pour les variétés les moins vi^sonreuses.
5" Question.— /îcc^j)e-f-on les sujets destinés à être greffés
entête?
Le recepage est pratiqué deux ans après le repiqungcf.
M. de Vendœuvre cite un propriélaîrc qui ne recèpe pas ,
et qui toutefois obtient une belle vép:o!atîon ; maïs ses
arbres sont moins estimés , parce qu'ils ont moins bon
pied.
M. Dnbreuil dit que lo recepage est indispensable pour
obtenir de belles tiges ; qu'il fait gagner du temps pour la
formation de ces tiges. Il reconnaît cependant qu'on peut
s'en dispenser pour les plants qui présentent une belle
venue.
6" Question.— Çwefc soins donne-t-on aux plants recepés,
ou non , pour la formation de la tige ?
M. Cartel répond : Pendant l'été qui suit le recepage ,
on choisit le bourgeon le plus vigoureux parmi ceux qui
se développent à la base de la tige ; les autres sont pinces.
Tous ces rameaux , moins celui qui a été réservé et qui
teNQÙÉTE SCR LE CWHÈ. 687
formera }a tîge , sont suppninés au printemps suivant ,
ainsi que le Fommct tronqué de l'ancienne ti^re , que Ton
coupe immédiatemcnl au-dessus du point où naît la nou-
velle tige. Ce nouveau prolongement reçoit ensuite,chaque
année , des soins semblables à ceux que l'on donne aux
plants non recepés ; c'est-à-dire que l'on conserve , du
sommet à la base , tous les rameaux qui se développent
latéralement sur la tige. On doit veiller à ce que ces
rameaux n'acquièrent pas trop de vigueur. Si certains
d'entre eux dépassent les limites convenables , on pince
leur extrémité herbacée pendant l'été; puis on les supprime
complètement au printemps suivant.
Cette surveillance est continuée jusqu'au deuxième hiver
qui précède la greffe de ces arbres , s'ils doivent être
greffés en pépinière ; ou leur plantation à demeure , s'ils
sont greffés après cette opération. A ce moment, on coupe
fontes les petites ramiBcalions réservées jusqu'alors, moins
quelques unes du sommet.
7« Question.— J?«f-on dans Vtisage de former la tige de*
mijets languissants , en y greffant en pied certaines variétés
extrêmement vigoureuses , mais peu productives et destinées
à être ensuite regreffces en tête ?
Non. M. Dubreuil fait observer que cette opération, qui
équivaut à un recepage , présente beaucoup d'avantages
pour la formation de la tige des sujets languissants sur
lesquels on veut greffer des variétés qui poussent peu.
8« O"*''''"^^!- — Lorsqu'on greffe les arbres en tête dans
les pépinurcs , pratique-t-on ce greffage sans transplanter
prêalahlenicvt ces arbres f
Aucune n^ponse satisfaisante n'cFt faile à cette question.
M. Dukrnnl est d'avis que cette transplantation devra
688 SÉANCE À SAiNt-i>lEllBfe-SiJR-t>lVE5.
(^Irc effectuée lorsque le sol de la pépinière présentera
beaucoup d*huDiidité. Sans celle précaution , la tige des
lirbres se couvrira de chancres pendant Tannée qui suivra
la greffe. Dans les terrains légers , cet accideqt ne se ma*
tiifcstcra pas , parce que la sèvii dés arbres est moins
abondante^
9* Question. •>—£6r< de ta plantation des pàiurageê ovl ieê
terres labùurées , choisit-on des arbres greffés ou non greffésl
On plante toujours des arbres non greffés. H. Dubreoil
pense que cette méthode qui est avantageuse pour s'as-
surer d'un bon choix de variétés lorsqu'on est obligé
d'^acbetcr les arbres , devient moins profitable lorsqu'on
élève soi-même les arbres dans la pépinière* et que celle-ci
ïk*est pas sur un sol compacte. Il démontre , en effet ,
qoe , d'une part , les arbres souffrent moins lorsqu'on les
greffe dans ces sortes de terrains avant leur déplantation 4
et que ^ de Tautre ^ les greffes sont plus faciles à défendre!
des accidents dans la pépinière^
1 0*^ Question. — Quelles sont , pour àe canton t Ut t>ariété$
de chaque saison qu'on devra préférer 7
i" Saison* 3* Saison.
Fréquin . ÂIoulin<â-Yen t •
fosse- Varin^ Peau-de-yache.
2^ Saison. Courte-queue.
i>oux -veret . Lan teau*gro6.
Hariault. Bouteille-rouge^
Routier. tiermaine.
Messire-Jacques. Marin-Onfroj^
Long-pommier. De suiew
Dameret.
kJllOtÈtB SVR Lte Clt>RÈ. 68$
ll^ Question. -^Lor^^ii 'on fait tinépiàntationi eÉt-ôn dàni
Vwage de partager é§alement Veêpaôé etitté leé tariétéê dei
diverêeê iaiêons ?
Ce résultat est toujours abandonné aii hd^afdl. toutefois^
bn plante de préférehce les variétés dé première et de
deuxième saison dans les terres laboUréés , afin que lé sol
soit plus t6t débarrassé 5 et qu'on puisse le cultiver ou y
tnettre les bestiaux;
M; dubreuil fkit ressortir l6à aVantaj^eâ qui résulteraient
du partage égal du sol à planter entre les variétés deH
diverses saisons. Ces séries de variétés ne fleurissent ptkê
au même mbttiëdt ; il s'ensuit qde la técolte est Inoind
exposée à être détruite par les intempéries du printemps.
On n'a presque jamais ainsi Une i*écolte ôoittplète , ce qui
est plub souvent embarrassant que profitable ; mais on a
toujours une récolte moyenne. D'ailleurs » si Ton donnait
la préférenbe à tme seule série , il pourrait ai^rivef ^ dans
les exploitations étendues , qu^on né pût pas brasser tous
les fruits en temps convenable , puisqu'ils mûrissent toui
au même moments
12« Question. — Est-il avantageux de planter de$ atbfeâ
à fruité à tndre dans les terres labourées ? La fertilité du soi »
Uu point de fhj^ du rendement des récoltés herbacées > peût-ellé
servir de guide à cet égard f
La plantatibû des arbres à fruits à cidre est pttis nui-*
sible qu'utile dans les terrés labotlrées de première classe.
Elle présente quelques avantages dans lés dois de dedxième
classe ; elle devient très'lucrative dans les sois de troisième ^
elassë. "¥' ]
M. Dobreûil est d'avis que la culture de Ces arbres j
pourrait ne pas être exclue entièrement des terres dé pre*
U
690 SEANCE A SAINT-FlBftlU^Sini^DlTES.
mièro classe. Il pense que des bordures du côté du nord et
de l'ouest ne présenteraient aucun inconvénient. Il adop-
terait la même disposition pour les terres de deuxième
classe , et planterait entièrement celles de troisième.
13* Question. — A quelle distance planU^Uon lei arbres à
fruUs à cidre dans les terres labourées, sait en bordures, $oU
enpleinî
A 18 mètres pour les plantations enbordures dans lesbons
fonds, et à 1 2 mètres pour les plantations en plein dans les
sols légers.
U. Dubrèuil fait observer que 1 2 mètres ne lui parais*
sent pas être une distance suffisante pour les sols légers
en labour. Il est indispensable que les récoltes placées
sous les arbres reçoivent l'influence du soleil , ce qui ne
peut plus avoir lieu lorsque les arbres, plantés à cette dis-
tance , ont atteint Yàge de 35 ans environ. Il pense qae
cette distance devrait être également portée à 18 mètres.
14* Question. — A quelle distance doit-on planter dans Us
pâturages ? Le degré d'humidité du sol doit-il faire wxrier cette
distance ?
On plante è 12 mètres.
M. Dubreuil croit cette distance convenable pour les
sols d'humidité moyenne ; mais il pense qu'elle devrait
être portée à 13 ou 14 mètres pour les terrains humides y
et seulement à 10 mètres pour les sols légers.
15* Question. -* Quelle fortne de plantation adopte-t-^m
pour les pâturages ou les terres labourées ?
La plantation carrée.
M. Dubreuil fait ressortir les avantages de la plantatioo
en quinconce sur la plantation carrée. Cette plantation , si
souvent confondue avec la première et si rarement usitée ,
BIfQVÉTE SUR LE CIDRE. 691
consiste à disposer les arbres de telle sorte , que chacua
d'eux forme Fangled'un triangle équilatéral. Elle permet
de placer tous les arbres A la même distance les uns des
autres , ce qui n'a pas lieu avec la plantation carrée.
16'' Question. — Comment exécute-t'^n les fosses pour la
plantation ? Comment ces fosses sont-eUes remplies lors de la
mise en terre des arbres ?
Les fosses présentent , en général , 3 mètres de largeur.
Leur profondeur varie selon Tbumidité du sol. Dans les
terres labourées , on leur donne une profondeur de 0 m.
64 c. La terre de la surface et celle du fond sont mises à
part ; puis, lors de la plantation , on met la terre de dessus
en contact avec les racines de Tarbre , et celle du fond i
la surface du sol. Quelques cultivateurs placent une botte
de joQC-marin au fond de la fosse.
Dans les pâturages , les arbres sont plantés à la sur&oe
du sol à Taide déterres rapportées.
17* Question. — Quel moyen emphie-t-on pour défendre
les jeunes plantations contre l'influence de la sécheresse , contre
l'attaque des bestiaux et le choc des instruments aratoires? ]
On défend les jeunes plantations contre la sécheresse i
l'aide de couvertures de cailloux et de jonc-marin employés
isolément ou concurremment. Dans ce dernier cas , le jonc-
marin est placé sous les cailloux. On se sert également
de deux binages. Ce procédé est particulièrement réservé
pour les sols compactes ; il concourt à rendre la terre
l plus perméable aux influences atmosphériques.
Quant à l'attaque des bestiaux , on en préserve les
jeunes arbres à l'aide de diverses armures , qui se com-
posent tantôt d'un seul pieu fixé verticalement dans le
sol y à 0 m. 25 c. environ du pied de l'arbre, et portant un
é9â SÉANCE A 9Alirr-l»IBRAB*SUm-DlVËS.
l^rtaio nombre de chevilles horizontales ; tantôt de deux
^ieux placés de chaque côté de la tij^e et Jiés ensemble au
moyen de petites trayerses ; tantôt ^ en6n « de trois pieux
disposés en triangle et consolidés de la même manière.
Il ressort de la discussion à laquelle on se livre à cet
égard , que Tarmure au moyen de deux pieux doit être
préférée. M. Leroi signale une amélioration qu*il a appor*-
tée dans la disposition de ces pieux « et qui consiste à les
éloigner davantage de la tige de l'arbre vers la base ; il ea
résulte que ces pieux gênent moins le dévdoppement des
racines*
I.«8 érbres plantés dans les terres labourées sont dé**
fendus du choc des instruments artttoires à Faide d'une
corde en paille roulée en spirale sur la tige. M. Dubreuil
fait observer que ce moyen , bon pour les arbres qui ont
atteint Tâge de 1 5 à âO ans , est nuisible aux jeunes tiges ^
attendu qu'il empêche de surveiller l'apparition et la des*
truction des bourgeons qui s'y développent, et qu^il nuit en
même temps à l'accroissement en diamètre de ces tigetf.
M. Dubreuil pense que, jusqu'à l'âge de 12 à 15àns, il sera
préférable d'employer pour ces arbres Tarmuroi au moyen
de deux pieux i
18* Qficstion. — Combien kdite'Uon écouUr d'annéei
entre la plantation des arbru non greffée et l'opération de la
greffe ?
On greffe lorsque les arbres sont bien repris « <;'est*à-
dire deux à trois ans après la plantation.
19* Question. ^ Cofnbien place-t^on de greffes sur le même
sujet ? La longueur de la greffe varie-t-eUe avec la tigueur deê
sujets ?
On place une ou deux greffes sur le même siyet , selon
bnquAtb sur lk cidmb. 693
qu*il est plus ou moins vigoureux. Lorsque la plaie est
cicatrisée , on supprime la plus faible des deux greffes ; la
longueur des greffes est proportionnée à la vigueur des
sujets.
20« Question. -^ Quel moyen empMe-t^n powr empêcher
les greffes d^Ùre rompues par les vents ou les gros oiseaux?
Contre les vents , on se sert dHin tuteur fixé sur la tige
de l'arbre ; contre les oiseaux , d'un rameau fi^xé horizoQ->
talement an sommet du sujet.
M. ]>ubreuil conseille l'emploi d*un perchoir , qui con-%
siste dans une baguette flexible , longue d'un mètre,
ployée en cerceau au-dessus de la greffe , et fixée par ses
deux extrémités au sommet du sujet, k l'aide de deux liens
d'osier. Les oiseaux se posent sur ce cerceau. Vers la fin
de Tété , on fixe sur ee même cerceau les principaux
bourgeons de la greffe^
âi^ Question. — AppUgue-tHm aux greffes, pendant les
fremères années de leur développement , un mode de taille qui
imprime à la tête de l'arbre une forme régulière?
Le plus ordinairement, le développement de la greffe est
ahandc^né & lui-même.
M. de Yendœuvre ne réserve sur la greffe que deux
rameaux principaux , qui concourent ensuite à la forma-
tion de la té(e de l'arbre.
M. Dubreuil pensci qu'il est Indispensable de surveiller le
développement de la greffe pendant les premières années ,
afin 4e donner à la tète de l'arbre une disposition régulière.
Dans ce but, il conseille de ne laisser se développer pendant
la première année que deux ou trois bourgeons sur la greffe;
ils seront maintenus dans un état de vigueur égal au moyen
du pincement ; au piîntemps suivant ^ tous leç rameai^;
694 SÉAlfCB A SAlEfT-PlBRBB-SUB-DIYBS.
qui en régulteront seront taillés à 20 oentimètresde leur
naissance sur deux boutons latéraux ; pendant l'été , oo
ne laissera développer sur chaque rameau que ces deax
boutons latéraux ; au printemps de la deuxième année , on
obtiendra ainsi quatre ou six rameaux principaux. La
même opération sera répétée sur ces nouvelles productions,
et toujours de manière à ce qu'elles rayonnent vers la cir-
conférence , jusqu'à ce que l'on obtienne six ou douze ra-
mifications principales. Ces soins suffiront pour imprimer
désormais une direction symétrique à la tête de l'arbre,
ââ* Question.— Que{« iont les moyens employés pour la
destruction du puceron laniger ?
Parmi les divers essais tentés à cet ég^ard , ce sont les
corps gras qui ont donné les résultats les plus satisfaisants.
M. Dubreuil dit que ce moyen, praticable pour les jeimes
arbres,devient presque impossible pour les plantations Agées.
Il conseille de passer rapidement sous les arbres attaqués
une torche de paille enflammée, et cela après la chute des
feuilles. Il dit avoir obtenu de bons effets de ce moyen.
23* Question.— E#r-or» dans l'usage , lors de la récolte des
fruits , de mettre à part les variétés des différentes saisons ,
celles à fruits acides , celles à fruits amers , etc. ?
En général , les fruits de chaque saison sont récoltés
séparément. On n'apporte aucune distinction quant à la
saveur des fruits.
24* Question. — Quel moyen emploie^t^on pour détacher les
f^tiits des arbres ? Serait-il possible de remplacer le gaulage
par un autre procédé ?
Le plus ordinairement on attend , pour eflbctuer la ré*
coite , que le plus grand nombre des fruits soient mûrs ;
on monte alors dans les arbres et on secoue violemment
SNOVÉTB SUR LB CIDIB. 695
leg bimnehes ; ceux qui résistent à cet ébranlemeat sont
gdMléë.
M. Leroi secoue les arbres au fur et à mesure de la ma-
turité des fruits ^ il ne se sert donc jamais de la gaule.
Dn autre cultivateur, présent, remplace la gaule par le
crochet. Ce moyen est généralement reconnu préférable.
»
Fabrication du cidre.
M. Girardin, chargé de diriger l'enquête sur cette partie,
pose successivement les questions suivantes :
!'• Question. ^Méle-t'On indifféremment les fruits pour le
brassage , ou suit^on quelques règles pour le mélange de plur
sieurs solages ?
On isole les pommes de chaque saison et on les brasse
séparément ; mais toutes les espèces d'une môme saison
sont confondues ensemble, sans avoir égard à leurs qualités
et à leurs proportions respectives.
M. Leroi sépare cependant les pommes de bouteille, qu'il
brasse à part , et dont il réunit le jus à celui des pommes
de seconde saison.
M. Girardin regrette qu'on n'attache pas assez d'impor-
tance au mélange des fruits de plusieurs solages , seul
moyen de neutraliser les défauts des uns par les bonnes
qualités des autres. Suivant lui , le meilleur cidt'e est celui
qui provient du mélange , en proportions raisonnées , des
pommes amôres et des pommes douces.
â^ Question. — A'tH)n soin de séparer les pommes aigres
ou acides?
Il y en a ibrt peu ; mais on les laisse avec les antres.
M. Girardin fait observer que ces sortes de fruits don-
696 8BAKCB ▲ 9AI!IT-nBlRB*6l71*DIVBS.
oent toujours , quel que soit le sol, une liqueur d'u«e quat
lité fort inférieure , e^ qui g^te le jus des pommes douées
etjunères. -
3* Question.— Comm^* cùmerte-t-on hs femmes après ïa
réedhe et avant le brassage ?
On les laisse habituellement sur le sol en grands tas.
Quelques cultivateurs cependant , entre autres H. Leroi ,
les réunissent dans dçs greniers.
M. Girardîn dit que c'est une bonne pratique de réunir
les fruits en tas , afin de compléter leur maturation , mais
que généralement on fait les tas beaucoup trop gro9. Il ea
résulte , suivant lui , le grave inconvénient que la chaleur
s*éléve considérablement dans leur centre , et qu'alors ,
aulieHd*2^voir une simple réaction favorable dans les prin-
cipeji du fruit , il se produit une altération complète j ou
hlossissemeni , qui fait disparaître le principe sucré et ne
permet plus d'obtenir des fruits blets qu'un liquide plat ,
cploré par le parenchyme qui s'y trouve dans un état de
division extrême , et passant très-promptement ^ TaîgrQ
ou à l'aoétification.
M. de Vendœuvre pense qu'il vaut mieux laisser les
pommes dehors que de les serrer dans des greniers. M,
Cfirardin combat cette opinion , et prétend que les alternat
tives do sécheresse et d'hiimidité sont trèstoontraires |i une
bonpe n^aturation^
M. de Vendœuvre dit qu'il serait bien utile de dire dis-
paraître le préjugé qui veut qu'il y ait dans le brassage
yine partie des pommes pourrie.
M. Girardin répond qull combat œ préjugé depuis Xongt
femps, et qu'il s'efforce, dans ses cours et dans ses écrits, de
bnquAts sua lb cideb. 697
^émoBtrer que les pommes pourries ne peuvent améliorer,
pomme on le croU généralement , la qualité des cidres. De
pareils fruits, en ^ffet, daus lesquels le sucre a presqu'entièt
rement disparu, fournissent un jus fade et détestable , qui
donne au jus dçs bons fruits un goût de pourri » qui ne peut
disparaître ni par la fern^entation , ni par le remaniage, ni
par le temps. Ce jus d^s pommes, pourries eiqpéçbe, en
outre, le cidre dç s'éclaircir, et, agissant comme un levain
acide, il en accélère Vac^tification. On devrait toujours avoir
présent à la pensée ce pFJqcipe que I4 forée et la bqnté des
cidres dépendent eptièremçnt de Tétat de msiturité des
fruits , ou , en d'autres termes , de la proportion de sucre
qu'ils contiennent. Avant leur teripe de matqrUé , les
pommes ne renferment qu'une trôs^petite proportion du
sucre que la maturation y développe , aux dépens des
autrçs éléments. Après la maturité,lorsqu*elles sont blètes,
et à plus forte raison lorsqu'elles sont déjà brunes et de
consistance pulpeuse, la majeure partie du sucre a disparu,
par suite d*un commencement de fermentation vineuse,
La disparition du sucre dans ces fruits est la cause du goût
f^de qu'ils présentent alors.
4^ Question.— tJf(;^-^-on les jus des pommes des diverses^
gisons?
Oui , dit M. Leroi «quand on doit vendre les cidres dans
Tannée ; non , dans le cas contraire,
M. Doucet dit que les meilleurs cidres sont ceus^ qu'on
obtient avec les pommes de seconde saison.
tt* Q\iesiipn.T-Pourqu<npréfère4'-<mdans çep^yslestçurs^
â
^ granité ?
Pflirce qu'ils font plus d'quyra^er
W8 SKàNCB ▲ fAIRT-Mflin-Sra-DIVBS.
M. Doucet préfere les tours en bois , paroe qm le pépie
n'est pas écrasé , ce qui donne de Durilleur ddre.
M. de Vendœuvre prétend que les tours en granité
n'écrasent pas les pépins ; mais cette assertion est com-
battue par la plupart des membres. Quelques personnes
avancent , d'ailleurs , que l'écrasement du pépin fait du
bien au ndre. M. Girardin s'élève contre cette assertion
et affirme que les pépins communiquent au moût un prin'
cipe amer , une huile d'un goût fort peu agréable , et du
mucilage qui tend sans cesse à se détériorer.
Relativement aux appareils de trituration , M. Girardin
dit que le tour à piler employé généralement dans ce pays
est une machine défectueuse , qui n'est pas très^xpéditive.'
qui réduit les pommes en une bouillie difficile à bien ex-
pnmer , et qui fournit un jus bourbeux, très-lent à s'éclaîr-
dt , et ayant par cela môme beaucoup de tendance à
tonmer à l'aigre. De plus , ce tour à piler coûte assez
cher de premiers frais d'établissement , en même temps
qu'il exige pour son service un homme et un cheval ; en-
fin il demande un assez grand emplacement , qui est
entièrement perdu pour les travaux de la ferme pendant
plus des trois quarts de l'année.
Tous ces inconvénients , ajoute M. Girardin , devraient
engager les cultivateurs à abandonner cette imparfaite et
dispendieuse machine pour les moulins à cylindres ou à
noix , usités généralement en Angleterre , en Picardie , et
qu'un grand nombre de propriétaires ruraux de la Seine-
Inférieure ont déjà adoptés. Le moulin à écraser les pommes
inventé par Leblanc et figuré par lui dans son ottvragk, stir
les instruments d'agriculture perfectUmnés , est préférable
BKQUl^TB SUR LE aDlB. 699
aax moulins à cylindres et à lames de couteau des Anglais.
II est construit, à Paris , par M. Rosé , et , à Rouen , par
M. Hédiard. Son prix est de 100 francs ; mais , dans les
campagnes , il serait facOe de le faire établir pour une
trentaine de francs : il est vrai qu'alors il serait moins
solide et moins durable.
Ce moulin , dont voici la figure , est formé essentielle-
ment de deux espèces de noix en fonte ou de deux cylin^
dres cannelés à dentures à rochet , de 21 centimètres de
diamètre chacun , avec six cannelures de 5 centimètres
900 SBAifCB A SAiirr-piniKK*9im-i>iyM.
de hauteur. Ces dents ou Ganoelitres , engrenant les unes
dans les autres, saisissent les pommes et les écrasent. Un
seul homme suffit pour faire maroher ce moulin , dont le
maniement est rendu pins facile par un volant , et qui
broie 100 hectolitres de pommes en 10 heures. Tout le
système est monté sur un fort bâtis , et les noix sont
couvertes d^une trémie.
Les avantages de ce moulin consistent en ce qu*il n*oct
eupe que peu d*espace , qu'il est portatif , qu'il fonctionne
rapidement sans exiger beaucoup de force , que ses répa-.
rations sont faciles et peu dispendieuses , et que son bas
prix le met à la portée de tous les cultivateurs. Il faut
avoir le soin de bien nettoyer et essuyer les noix une fois
que le piiage est terminé , de les huiler pour empêcher
l'oxydation pendant le repos de Tinstruinent , et de le
serrer dans un endroit sec.
Il résulte de la discussion qui s'engage an sujet de ce
moulin comparé aux tours , que te premier ftit tout
autant et même plus d'ouvrage que ces derniers. M.Malfi-
litre, cultivateur à £scots*ien«Auge, emploie le moulin dont
il est question , et le préfère à Tanoien mode de piler. Il
appuie tout ce qui a été dit par M. Girardin sur cette
question.
6* Question. — Quand les pommeê sont écrasa, a'4-on
Vhabiiuie de laisser cuver la pulpe pour donner de la coukur
au moût ?
Non , parce qu'on n'en a pas le temps ; cependant on ne
presse pas immédiatement.
M. Girardin dit qu'il est avantageux de laisser cuver
pendant 12 à 15 heures: d'abord, paroe que la pulpe prend
ttne cooleur rougeâtre qui se communiqué au jus i puid
parce que cette macération facilite la sortie du jus , le
inouveméut intestiu qiii se produit dans la pulpe faisant
déchirei^ les cellules qui le retiennent y divisant le paren*
bhyme qui a résisté à Taction des moulins , et probable^
ment aussi déterminant un commencement d^altération
dans lé mucilage qui s^oppose, jusqu^à un certain point ^
à Técoulemetat du liquide sucré.
M. Lehreton dit que le cUvageesttrès''bonpoUr les petits
tidres. M. Leroi reconnaît qu^il ne serait pas moibs avan^
tageux pour les gtos , mais que lé tenlps manque.
7* Question. — Quels sont les pressoirs employt^s ? S^esUil
introduit quelque amélinaration sous ce rapport î
On ne èonnaît dans le pajrs qite deux espèces de presse i
le gros pressoir à mouton et le pressoir à yis.tf .Lemaistre,
vétérinaire, a fait venir de Caen un nouveau pressoir à
vis en fer et à levier , qu*il préfère de beaucoup aux an^
tiennes machines»
M. Girardin dit qu^'l serait convenable d'abandonner les
gros pressoirs qui pressent mal , dont le maniement est
pénible et lebt ^ qui exigent beaucoup de force , sont
Sujets à de fréquentes réparations et nécessitent un grand
emplacement. On devrait adopter les presses à vis en fer^
qui fonctionnent bien , avec peu de frottement , dont les
frais d*acbat sont bien moins dispendieux , et qu*on em<*
ploie partout dans les pays vignobles. Parmi ces sortes de
{tresses , il cite comme une des plus remarquables la pressé
à percussion de Révillon , qui est borizontale ou verticale.
La figure ci-après représente le système vertical , qui
SilIlCI A SAlHT-PilUK-MJB-BtrBS.
BNQUÉTB SUR LB CIDRE^ 703
est le plus commode et plus conforme aux habitudes de
nos pays à cidre.
Cette sorte de presse , construite par M. Beuzé , ingé-
nieur-mécanicien à Paris, rue des Vieux- Augustins, n* 6i,
ne coûte que 6 à 700 francs , de moyenne grandeur , et
présente une simplicité Yraiment remarquable. Elle a une
puissance très-énergique et très-expéditive , et offre , en
outre , par le peu de place qa*elle exige , une économie
notable de bâtiments, si importante dans les exploitations
rurales , où ils sont toujours accablants pour le proprié-
taire , par les réparations indispensables qu'ils exigent.
Dans les cidreries un peu considérables , on pourrait
employer avec avantage la presse hydraulique ; on ob-
tiendrait plus de jus de la même quantité de pommes , et
la main-d'<Buvre serait bien diminuée.
M. Girardin ajoute qu'en Angleterre et en Amérique
on préfère se servir de tissus de crin pour séparer les cou-
ches de fruits qu'on soumet à la presse, parce que la paille
communique souvent un léger goût désagréable au jus.
Ces tissus durent fort long-temps ; on les lave à chaque
fois pour les conserver.
Tout le monde reconnaît l'avantage des tissus de crin.
8* Que&i\on,'~C<mibienretire^'ongénér(ilementdeju8 d'un
kectolitre de pommes f
En moyenne , de 30 à 35 litres.
M. Girardin se sert de ces chiffres pour démontrer com-
IiieB les moyens actuek de pression sont imparfaits. Les
pommes et les p6ires ne renferment pas plus de 3 pour */«
de tissu ligneux ; on devrait donc théoriquement pouvoir
en obtenir 97 pour ^/o de jus. En ouvrant toutes les cel-
lules par le frottement des pommes sur une meule , oa
toi $iÀ!fCS A SAI!fT<9lBBRB<>StJK-DlTES.
arrive à en extraire 9S pour ^/o de sac; On est bien loiA ^
comme on voit , de réaliser, dans la pratiquiS ordinaire, ee
qu'il serait possible d'avoir en faisant usage d'appareils plus
parfaits qae ceux que Ton emploie , et il est derttfin qu'on
laisse dans les marcs une partie dëâ matériaux sucrés et
utiles de la pulpe. Il est donc de la plus haute importanoé
d'introduire dans la fabrication des cidres tous les perfiec-
iionnements qii'on a apporiés,depuis dix ans^dans l'iados^
trie du sucre de betteraves , perfectionnements tels qu'on
obtient de 75 à 80 pour ^/o de suc d'une racine qui , comme
la pomme , contient 3 parties sur 100 de matière solide.
9* Question. — A't-ùn reconnu l'influence de la gtandeut^
des vases sur la fermentation du moût.
Oui • la fermentation se fait mieux dans les grandes
ionnes ; cependant, quand on est pressé, on met à bûuillii'
dans de petits tonneaux , parce qu'on à remarqué que Ia
iermentation s'y développe et marche plus rapidemenlt
10* Que&iîon. ^ Suit-an qiielque règle dans la construction
des celliers ? Y a-t-il des moyens de ventilation ? VetUe-t'Ori
â ce qu'il y ait uniformité de température î
Non.— On a tort , dit M< Girardin , parce que les varia-^
lions dé température nuisent k la régularité et à la con-
iinùité de là fermentation;
1 1* Question;— Qi^/atY-an lorsquela fermentation marché
mal et que les cidres ne se clarifient pas f
On ajoute quelquefois des cendres de pommier ^ ou roâ
soutire; M. Leroi blâme, avec raison , l'emploi des cendres,
du sable i ou. autres substances qu'on a conseillées. H.
Girardin dit qu'il n'y a qii'un seul bon moyen de ranimer
la fermentation et de clarifier les cidres : c'est jd'y ajouter
^fÏQUÉTB SUR LB CIDAE. 70^
nn prinrif e Mcré quelconque y avec .un peu de levure de
biôre.
12® Question. '^Soutire^^n iês eiàrês ap/rèi leur fermmu-
îàiUm , 6f em/lhUn de fùu r^e*t-on cette opértaien ?
M. Leroi dit qu'on ne soutire le cidre , apnée sa ferment
tation , que lorsqu'on doit le vendre ; lorsqu'on le garde ^
îl estprëférable de le laisser sur sa lie*
M. Girardîn dît que c'est un tort de croire que le cidre 86
Conserve mieux sttr sa lie et y maintient sa force pliis long-
teinps.L*usagedesfermier6anglais,qui soutirent leur^cidres
jusqu^à quatre fois et ne les laissent jamais sur la lie^Ce qui
leur procure une liqueur excellente et qui se coBS^ve très-
irien^prouveque' nos fermiers obéissent à une vieille routine
qui n'a Hen de raisonnable et de fondë.Le vin est tout«Vfait
ftnalog^ie au cidre , et les procédés de conservation pour
l'im sont toot«à*&it applicables à laotre. Or leS' vignerons
se galdent* bien de -laisser le vin sur sa lié , car ils ont
appris par expérience que celle-ci £iit tourner les vins et
les acidifie. Pomrquoi en seraît-îi autrement du cidre t
13* Question.— Xorsi^t/^ les fruité , dont Us moMoaises
aimées , sont peu sucrés et donnent des jus fades , emfloie't'^m
quelque moyen pour obtenir une bonne fermentation et , pwt
suite , un cidre de bonne qualité ?
Non; Dans ce cas , on les distille;
M. Girardin apprend que , dans ces circonàtances , il
serait trës'avantageux d'ajouter au moût, avant la ferment
tàtion , qitelques kilogrammes de sucre de fécule par hec-
tolitre^ Depuis une quinzaine d'années , on se sert de ce
sucte pour améliorer les moûts de raisin , et , en Boura
gogne , on est très-satisfait de cette addition, introduit
dans le jus des pommes fades ^ le sucre de fécule fermente
45
706 SÉANCe A SA1NT-PIBRAB-SUII*0|V£S.
•voc le sucre natarel de la pomme , et dôme un liqmlè
fipiritaeux , susceptible de conservation pendant plusieurs
années , et qui ne tourne ni au gras , ni à Vaigre.
Sur l'observation qui lui est faite que ce sucre de fd«
cule , à raison de 35 à 30 c. le kilog. , serait trop cher pour
améliorer les cidres , M. Girardin dît qo^on peut le rem-
placer, avec tout autant d'avantages, par du jus de poires^
rapproché sur le feu en consistance de sirop^ Il engage
-beaucoup les cultivateurs à essajfer de Tun ou l'autre
moyen ^ dont il a obtenu d'excellents résultats* La plupart
des eullivaleurs présents promettent de mettre ces procédés
on pratique.
A cette occasion f lf« Rochette rend compte de ce qpl'il
a fait avec des pommes à couteau qu'il ne pouvait con»
server. Ces pommes de toute nature , pigeon , reinette de
Caux , reinette du Canada, etc. , furent brassées sans eau )
elles rendirent beaucottp plus de jus que les pommes à
cidre. Le quart du liquide fut mis à bouillir pendant un
quart*d*heare y avec 100 à 125 grammes de fleurs de
coquelicot y puis réuni au reste du liquide ; le tout fer-
menta très-rapidement et donna un cidre légèrement co-
loré en rose y mousseux , très-agréable y qui se conserve
très-bien depuis un an.
MM. de Caumont , Girardin et Dubreuil y qui ont bu de
ce cidre chez M. Rochette y affirment qu'il est fort boa et
qu'il leur a paru supérieur aux cidres do boisson.
i4<* Question.*— CotNUZ»^-on les cidres qtti se iumt , et o-
uoH des moyens de remédier à ceUe maludie ?
' On: a souvent de ces sortes de cidres « mais on ne sait
pas les guérir.
M. Girardin dit que cette maladie provient de l'eau qu'on
ENOI'KTB suit LE CIDBE. 707
emploie ou de la malpropreté des barriques. Les eaux ded
puits creusés dans la marne , celles des mares reuSued
ammoniacales par luriae du bétail ou lès iofiltrattons des
fumiers y amènent ce résultat; car reaqpérieDCe a dém^ulrë
qu^ Je cidre qui M tué a toujours une réaction alcaline. H
lEaiut donc n*emplo^er ^ pour le bràssag'e des fruité , que
des eaux claires et limpides , et il est absurde do croire
que les eaux dé Inares pourries sont meilleures que les
premières pour le brasàage. Il faut ensuite veiller à la
propreté des tonneaux dans lesquels on doit placer leà
moûts. Il convient de les laver avec un lait de cbaiix y
puis à plusieurs eaux , dès qu'ils sont restés quelque
temps en vidange ; lorsqu'ils ont «ontraoté Todeur de moisi
ou de pourri , il faut les laver , à plusieurs reprises , avec
un peu de cblorure de chaux liquide \ 500 grammes de
ce chlorure solide , délayés dans une vingtaine de litres
d'eau ordinaire , sufB^ut pour le nettoyage de plusieurs
tonneau^ : on rincée ensuite A grande eau.
Le soufrage des barriques serait- aussi une bonne më^
thodé à adopter pour conserver ces vaéses en bon ëtat,d*unë
année à Tautre, lorsqu'ils sont vides.
Pour rétablir les cidres qui se tuent , il y a un moyen
inen simple , dû à? M. Viâu , d'Harfleur. Il consiste à y
^jouter BOh 32 grammes d*adde tartrique par hectolitre;
(Cet acide fait disparaître l'alcalinité du liquide et empêcha*
ie retour de l'altératioa première.
M. Doucet dit que , pour désinfecter des fûts « il a em-
ployé avec avantage une forte infusioarie tan, avec laquelle
illes a lavés. M. Girardin afSrme que le lait de chaux ^st
préférable.
15^ Question. — Cabore-t'on les cidres de venie î
fOè SBANGB A. SAU(T-PUftftB*8IIR4MV£S.
Oui , et on a beaucoup de recettes pour oel ol^et. Ce
qu'il y a de mieux , c'est , en définiUve , le caramd.
i6* Question.— (^ fait^am de$ marcê de pommes t
La plupart du temps , on ne les emploie pas , et fia
deviennent embarrassants. Quelques cultivateurs les con->
servent dans des fosses creusées en terre i et s'en servent
poiir la nourriture des cochons* M. Leroi est le seul qui
les convertisse en engrais. 11 stratifié des couches de mare^
d^ terre et de chaux vive en petits moroeaui ; il emploie
1 hectolitre de chaux par 3 hectolitres de terre et de marc
de pommes pris à parties égales. Trois joufs après la stra**
tification , la chaux s'est délitée ; il recoupe alors & la
bêche; trois semaines après, il opère un nouveau mélange;
trois mois après , on récodpe encore ; enfin , au bout d'un
an, le compost est bon à employer. A cette époque,le marc
est éntièremeni décomposé ; on n'en aperçoit plus de ves^
tiges dans le mélange de terre et de chaux.
M. Girardin dit que c'est là une excellente méthode
qu'il recommande depuis longtemps dans ses cours , et il
félicile M. Leroi de l'avoir mise en pratique ; il invite les
autres cultivateurs à l'imiter.
11. Leroi n'agit ainsi que pour le marc de pommes ; il se
sert du marc de poires pour brûler sous ses chaudières de
distillation. Ce marc, desséché en galettes, brûle très-bien
et sans aucune odeur.
1 7* Question. ^Fait-on beûiuetmp de poiré dans la contrée f
Oui ç mais on le soumet presque en totalité à la distiK
lation.
18* Question. *^if4^«t-on des poires ai)ec tes pommes pour
le brassage ?
Cela se fait quelquefois dans le Pajs4'Auge ; mais oH
BIfQtJÂTB Sim LR CIBRB. 709
obtient alors un cidre plag dur, ou, comme on dit dans le
pays, plus ra§uain, -^M.Doncet dit que 6 hectolitres de
poires sur 100 hectolitres de pommes suffisent pour pro^
duire un mauvais effet.
Dislillation (tes cidres.
19* Question.— Oue2< sont les cidres ^'an soumet à la disn,
ttUation?
Ce sont surtout les cidres malades et les cidres médiocres,
M. de Montbrun dit , avec raison , que les cidres les
plus forts donnent les meilleures eaux-de-vie.
20* Question . -^Les poirés ne donnent-iU jpcw plt» i^eattrâe^
vie que les cidres ?
Non ^ dit M, — Leroi^Oui, disent MM. Jamot et de
Montbrun.
H. Girardin dit que les poires étant toujours beaucoup
plus sucrées que les pommes , le poiré doit fournir plua
d'eau-de-vie que le cid^e^ et il pen^ que M. Lecoiest^
dans l^erreur,
Plusieurs cultivateurs affirinent que TeaUiido-viede cidre
est beaucoup plus agréable et plus délicate que Veau-de-^
vie 4e poiré.
ai* Question. -*-Qti«(s appareOê empUne^t-on pour la dt»*
tiUatumî
l/alambic ordinaire, se composant d^ne chaudière en-
castrée dans un fourneau en briques , et d'un serpentin.
On obtient,d'abord, de Teau-de-vie à ik on lOdegrés^dile.
petite eau; puis, par une rectification, de Teau-Hle^vieà 24^
100 litres de cidre donnent 22 litres 1/2 de petite eau , qui
7i0 SÉAlfCB A 8AlllT*PIBRHB«SUft-DIVES.
fouroiftent à leur tour 1 1 litres 3/4 d*eau*do-Tie à 24"*.
Cette dennère se veud mainteftant t fr. le litre.
M. Girardia dit qu'il a vu avec plaisir chez M. Leroi
une amélioration apportée à l'appareil ordinaire. Elle con-
siste en ce que le serpentin est rafraîchi avoc du cidre ,
qui , après la distillation et l'écoulement des résidus, passe
danç la chaudière pour y être distillé à son tour. Il y a ,
de cette manière , économie de combustible , de main-
d'œuvre et de temps , et l'eau-de-vie est meilleure.
M. Girardin regrette de ne pas voir adopter pour la dis-
tillation des cidres ^ les appareils perfectionnés dont on
fait usage, dans le midi de la France, pour li fabrication des
eaux-de-vie de vin. H donne la description des deux ap-
pareils les plus employés. Ce sont ceux deDerosne et de
Laugier , qui marchent d'une manière continue. H en
présente les figures et il en fait ressortir tous les avantages.
Nous en donnons ici la représentation. Un appareil de
Derosne , construit de manière à pouvoir distiller en 12
heures trois à quatre barriques de vin ou de cidre , coûte
800 francs. L'appareil de Laugier est encore moins dis-
pendieux.
L'appareil de Derosne à distittation gontîntte est composé
de cinq pièces principales :
1® De devur chaudières à dUtUter , A et B , placées à deux
hauteurs diflfërentes sur un fourneau ordinaire. Ces chau-
dières communiquent entre elles par un tuyau supérieur G
courbé j destiné à porter les vapeurs de la chaudière infé-
rieure dans la chaudière supérieure ; puis inférieurement
par UB autre tube à robinet D, destiné à laisser écouler les
vinasses de la chaudière supérieure dans la chaudière infé-
^ievre. Ces chaudières sont munies d'indicateurs en verre
BNQUiTB SVB LH CIDBE.
712 SËA9ÎCE A SAINT'PIEBRB-BCft-DlTES.
b et f f pour faire connailre le niveau du vin dans ces vaseir.
La chaudière inférieure porte un reniflard faisant fonction
de soupape de sûreté , et un robinet hydraulique servapt
à donner issue aux vapeurs lorsqu'on veut éprouver lear
degré. .
2® D'une colonne en cuivre placée sur la chaudière supé-
rieure. Cette colonne ^ dans la première moitié de sa hau-.
teur E£ , est garnie de plateaux /;' , placés les uns sur les
autres, et destinés à recevoir chacun une couche de via
d'environ 27 millimètres d'épaisseur. Cette prenaière partie
de la colonne porte le nom de colonne à disUUer. Dans son
autre moitié supérieure FF , qui prend le nom de colonne
à rectifier , il n'y a point de plateaux.
3° D*un condemateur chauffe-vin 0 , qui n'est autre chose
qu'un serpentin SS, placé dans un réfrigérant ou seau en
cuivre GG , qu'on tient sans cesse rempli de vin. Lo ser-
pentin est muni , dans sa longueur , de plusieurs tubes
inférieurs d'écoulement y z jr, fermés par des robinets, et
qui donnent dçs produits alcooliques à divers degrés de
spirituosité.
4° D'un réfrigéranl R, garni intérieurement d'un serpen-
tin,qui conduit le liquide alcoolique distillé dans une éprou-
Tette d'essai Y , et de là dans les récipients ou barriques^
Le réfrigérant porte, à sa partie inférieure, un tuyau N qui
remonte perpendiculairement bien au-dessus du niveau du
chauffe-vin^ei qui se termine par un entonnoir U. Ce tube-
entonnoir reçoit Iç liquide à distiller d'un réservoir supé-
rieur J. Le même réfrigérant porte, à son centre supérieur,
un autre tube droit K, qui communique avec le chauffe-vin ,
çt qui est destiné à faire passer le vin du réfrigérant dans,
^e chauffe-vin.
BKQGBTE SUR LB CIDRE. 713
b^ D*un réiêrvoir suffisamment grand J , placé sapé*,
rieurenaent au-dessus dn réfrigérant , et destiné à alimen*;
ter Tappareil da liquide à distiller.
Ceci étant conçu , on commence par remplir de vin la
ctiaudière inférieure jusqu'à environ les 3/4 de sa hauteur^
et dans la chaudière supérieure on ne met de vin que
seulement à f6 centimètres s^urdessus 4^ tuyau de dé*,
charge.
Avant de mettre le feu , on a soin de remplir de vin le
réfrigérant, le condensateur chauffe-vin, puis les plateaux de
la colonne à diitiller.Ou c^iaufle alors la chaudière inférieure,
qui seule est placée au-dessus du foyer. Bientôt Iç viq
entre en ébullition , et la chaudière supérieure commence
à s'échiiufler par le courant de la chaleur qui s'échappe du
foyer de Is^ première. Les vapeurs qui s'élèvent de celle-ci
sont transmises dans le liquide de la chaudière supérieure,
où elles se condensent en abandonnant toute leur chaleur
latente à la masse de vin qu'elle contient. Le liquide qe
tarde pas à se mettre en ébullition; alors toutes les vapeurs,
aqueuses et alcooliques passent dans la colonne à plateaux
où , rencontrant le liquide qui descend du réservoir , elles
lui abandonnent de la chaleur , en dégagent une quantité
proportionnelle d'alcool , tandis que les vapeurs aqueuses
se condensent et se précipitent dans la chaudière avec le
vin épuisé des plateaux. Les vapeurs, de plus en plusalcoo-,
liques , s'élèvent ensuite dans le condenMteur chauffe-vin ,
où elles éprouvent une basse température; elles y dépo*
sent encore ime partie de leur eau , et elles vont enfin se
condenser complètement dans le réfrigérant inférieur, d'où
elles s'écoulent, è l'état d'alcool froid, dans un tonneau ou
714 SÉA?(CB A SAINT-PIBREE-SUR-DIVBS.
bassiot, en un filet dont le volume égale celui du vin qui
8* écoule du réservoir supérieur. De cette manière , la dis-
tillation une fois commencée et le vin dépouillé d*esprit
s'échappant sans interruption de la chaudière inférieure
par un robinet , tandis que le vin nouveau arrive conti-
nuellement du réservoir supérieur , l'opération pourrait
être continue , dans toute Tacception du mot , si Tinté-
rieur des vases ne s*encrassait pas.
Ce qu'on fait pour le vin , on conçoit aisément qu'on
peut le faire pour le cidre et le poiré. Dans cet appareil ,
la chaleur destinée à produire la distillation n'étant phis
appliquée directement au liquide , et l'alcool de ce liquide
étant chassé par les vapeurs aqueuses et alcooliques qui
proviennent d'une petite fraction du liquide chauffé immé-
diatement , il en résulte qu'on obtient un alcool plus par-
fait , sans goût d'empyrcume ou de feu , plus rectifié ou
plus fort , et cela avec une grande économie dans la main-
d'œuvre , le combustible et le temps.
Si Ton compare le prix de revient de l'alcool obtenu au
moyen des di verses espèces d'appareils dislillatoires connus,
en tenant compte de la dépense à faire tant pour leur acqui-
sition que pour leur conduite , voici à quels résultats on
arrive.
Pour obtenir 600 litres d'eau-de-vie à 22® , on dépense :
Avec ^^ppa^eil simple 17 f. 16 c.
— à chauffe-vin 11 » »
— à condensateur d'Adam et
de Bérard. .... 8 70
— à distillation continue de
Derosao. 7 16
KIQUBTB SVIt LE UDRE. 713
Quant t l'appai-eil de Laugicr . la figure ci-joinlu et les
«iplications sur l'appareil de Derosne nous dispenseront
d'en donner une minulieuBe dcscriptinn.
On voit qu'il se compose de deux chaudières d'dvapQrsi
tjon A I), semblables â celles de l'appareil précédent ; d'un
vase reclificateur C , et d'un condensateur D. Le Io^im' F
conduit le» vapeurs alcooliques de la chaudière A dans la
seconde chaudière R , et les vapeurs q^ui s'ëlèviint de rellu-
ci passent , au niojen du tube II , dans le serpentin du
rectificateur C. Le serpentin K se compose du ceiclcs dont
la disposition permet facilement aux vapeurs condensées
de retourner dans la seconde chaudière B par le tube J.
Les vapeurs non condcnséeit dans le reclificateur soilent
716 SBANCB A SAIllT-nBllV*8im^ITB9.
par le tube courbe L , entrent dans le tube H et passent
dans le serpentin N du condensateur D, d'où elles coulent»
sous forme d'alcool, dans Téprouvette Q. Le vin à distillep
coule d'un réservoir supérieur dans Tentonnoir P , remplit
le condensateur « puis le rectificateur G , au moyen du
tube de communication 0 , et s'écbappe du dernier vase
par le tube trop plein r , qui le conduit dans la cbaudièra
B. Les vinasses sortent de la pren^iè^ cbaudière A par le
robinet E.
L'appareil de M. Laugier ^ beaucoup plus sfanple ,
comme on le voit, que celui de M. Deroane» donne d'aussi
bons résultat».
Après avoir fait la description de ces appareils, If.
Girardio distribue les figures quMl a apportées aux culti-
vateurs , qui ont accueilli ces divers renseignements aveo
beaucoup de curiosité et dHntérét.
Avant de lever la séance , M. le présidenl disuibne aux prhicipaax
calUvateara et aux jardiniers , au nom du Conseil d'administration de
PAssociation» des eKeaplairea da TrûHé de N. I. Girardin «tir Us
funUen considérée eomm» $ngraU ; diverses l^ochures de MM. Bih
breull et Girardin sur let arbres à fruits à cidre et sf^r la fabneatùm
des cidres , ainsi que la lettre de M. de Gaumont sur la carte agrono-
mique eisur Vin/hienee exercée par lanahsre dusoî sur les productions.
OQ/ricoUs,
(NtlNtl SVùVlSinilit
L'ASILE DES ALIÉNÉS
DE LA SEINË-INFÉRIÊIJRE
( inat0im Tut Simt-t)ùn îre ttourti),
^olur la période comprfse entre le II juillet 1825 et le ^l décembre 184^;
m. L. M NDItimU ET I. PilCHAm»
ef Médeek^ m chef ^ cet BtobUuenwnt.
CHAPITRE PREMIER.
bocuments historiques sur la m&ison de Saitit-Yon.
1 1 . Saint-Tcn avant la création de tante des atiénéii
L'emplacement occupé par Basile des aliéDës de la Seine-
Infërienre s'appelait autrefois le itanoir^de'Haute'Vtlle ,
et , pendant plus de deux cents ans , il a passé , sous cette |
dénominatioil , entre les mains de plusieurs seigneurs de
considération , avant d*appar tenir à M. de Saint- Von , qui
le posséda jusqu'en 1615. Une petite chapelle , qu^il y fit
Mtir en Fhonneur de son patron , lui Valut le nom sous
lequel il continua à être connu.
718 NOTICE sut L ASILE DBS Ai.|É9RS
En 1 G70 ^ la chapelle de Saiot-Yoo fut achetée par M"*«
de Ik)is-Dairphin , et mise à la dispositioa des religieuses
du monastère de Saint-Amand , à Rouen.
M. de I^ Salle, chanoine de Reims , qui avait , en 1680,
jeté tes fondements de Tindlitut des Frères des Ecoles
chriUicnncs, avait, en 1705 , envoyé à Rouen . pour y
tenir les écoles de èliarité , deux de ces Frères. Bientôt
après , sur demacdes successives des administrateurs dii
bureau de Thôpital ^ qui étaient chargés de ces écoles ,
d*autrcs Frères, jusqu'au nombre de dix à douze , vinrent
seconder les premiers.
Cependant , l'institut , en se développant , dut prendre
une forme plus régulière ; on sentait le besoin d'un novi^
ciat. La mdison de Saint- Yon parut propre à le recevoir.
On la prit d'abord à loyer ; puis , avec l'assistance de per-
sonnes éminentcs dé la ville de Rouen , elle fut achetée ,
le 8 mars 1720 , des héritiers de M""" de Louvois.
Eniin , les Frères dés Ecoles chrétiennes , recevant une
existence légale , obtinrent , au mois de septembre 1724 ,
des lettres-patentes portant autorisation et confirmatîod
de la maison de Si- Yon , non-seulement pour y former les
instituteurs qu*ils devaient envoyer dans différentes villes
du royaume , mais encore pour y tenir « les écoles dé
charité , où ils enseigneront les principes de la foi aux
pauvres enfants qui leur seront envoya de la ville , fàu*
bourgs et banlieue de Rouen , et montreront aussi à lire ,
à écrire et l'arithmétique gratuitement ; leur permettons
(ajoutent les lettres-patentes) de recevoir des pensionnaires
de bonne volonté , qui leur seront présentés, les sujets qui
leur seront envoyés de notre part , et par ordre de notre
Cour de parlement de Rouen , pour mettre à la correction, »
i>B LA SEIKB-INFÉRlBtJBE; 719
l)eveDus# propriétaires stables , les Frères ajoutèrent
beaucoup à rîmportance de la maison par les bâtiments
qu'ils y élevèrent. En 1728 , l'église actuelle fut fondée ^
et la construction , entièrement <iingée et exécutée par les
religieux , en fut terminée dans le cours de l'année 1750.
Vers la fin du siècle dernier , la maison de Saint- Yon ,
constituée comme il vient d'èlre dit , renfermait une cen-
taine de religieux , dont trente ou quarante novices , et liii
grand nombre de vieillards de l'ordre ; mais , en outre ,
elle réunissait dans son enceiklte des pensionnaires de
classes bien différentes. C'étaient , d'abord , des élèves
libres et volontaires , qui venaient y cbercher l'instruction
et l'éducation chrétienne ; puis des jeunes gens dissipés et
indoéilés , que les Frères étaient chargés de corriger et de
ramener à ]a vertu , et des personnes renfermées par lettres
de cachet oii par arrêt du Parlement. — Les aliénés et les
épileptiques recevaient aussi des soins dans une partie de
rétablissement , qui , plus tard , devait être consacré en
entier au traitement de ces malades. — Les fondations du
bâtiinent qu'ils occupaient ont été rencontrées lors des
fouilles exécutées pbut la construction de la cour St-Luc.
Dans une maison , rue Saint- Julien , attenant à l'établis-
sement , et n'en faisant plus actuellement partie , étaient
placées les écoles gratuites.
La loi du 18 août 1792 , qui supprima les institutions
monastiques, déposséda les Frères des écoles chrétiennes,
et mît à la disposition du département leur maison de
Sainl-Yon.
Pendant le cours de la révolution , elle fut successive*
ment destinée 6 servir de prison révoliilionnaîrc,d'arsenal,
de maison de détention pour les prisonniers espagnols.
T20 NOTICE SUR l'asile des aliénés
Profilant de la présence de Bonaparte à Rouen , le Cbn-
seil municipal , par déiibératioo du là ivumalre an XI ,
arrêta : 1^ « que le premier consul Serait sollicîté d'or"^
donoer la construclion d'une place ( elle devait porter le
nom de place Bonaparte ) , et rétablissement d'un jardin
public sur l'emplacement de rancieone abbaye de Saint-
Oueh ;
» 2"* Que la maison de Saint- Yon ( servant alors de
qiiartier provisoire à un escadron de cavalerie), et ses dé-
pendances , seront ^ dès à présent , affectées à l'établisse-
ment d'un dép6t de mendicité et d'un atelier d'instructioa
pour la filature et la tissure « dans lequel Seront reçus
gratuitement tous les enfants des pauvres ;
» 3*" Que Tabbaye de Bonne-Nouvelle^ où est un quartier
de cavalerie , sera convertie et dbposée de manière à re-
cevoir deux escadrons ;
* A la charge , par la commune , de iaire les construc-
tions et réparations que peuvent occasionner les établisse*
ments ci-dessus , et d'acquitter toutes les dépenses qui ea
seront la suite. >
La réponse ne se fit point attendre, et,dès le lendemain^
:un arrêté du premier consul , daté de Rouen » le 13 bru-
maire an XI , mit à la disposition de la ville de Rouen les
bâtiments de Fabbaye de Saint-Ouen et ses dépendances ,
aux conditions contenues dans la délibération de la muni-
cipalité.
Toutefois, ces demandes, formulées avec tant d'empres-
sement, accordées avec tant de promptitudcj ne paraissent
avoir eu aucune suite , au moins immédiate.
t^our ce qui est de Saint- Yon , il ne reçut la nouvelle
destination à laquelle il était promis , qu'après les décrets
DB LA SEINB-IKFÊRIBURE. 721
impériaux des 5 juillet et 29 décembre 1808 , portant
înslitutioD des dépôts de mendicité , et lorsque le décret de
création du dépôt de Rouen, en date du 5 novembre 1810^
eut fait des fonds d'appropriation et de premier établisse*
ment , jusqu'à la concurrence de 465,200 francs.— Les
mendiants y furent admis le 1^^ décembre 1812. —Mais
bientôt il devint nécessaire de les renvoyer momentané-
ment , pour convertir les bâtiments en hôpital militaire ,
une première fois en 1814, une seconde pendant les Cent-
Jours.
Depuis 1818 , la stabilité du dépôt de mendicité cessa
d'être troublée , jusqu'au mois de janvier 1821 qu'il fut
définitivement supprimé, pour être remplacé par l'asile
des aliénés.
§ 2. Créatum de VAHle des aliénés.
A l'époque où la fondation d'une maison consacrée au
traitement des maladies mentales fut arrêtée par les auto-
rites qui administraient le département de la Seine-Infé-
rieure , il existait en France un bien petit nombre d'éta-
blissements spécialement destinés aux aliénés. Le rapport
présenté au Roi par le ministre de l'intérieur , en novem-
bre 1818, ne fait mention que de huit hospices de ce
genre, renfermant douze cent vingt-deux aliénés.
Dans le département de la Seine-Inférieure , ces Infor*
tunés étaient reçus , ou dans les hospices 'généraux, ou
dans les maisons de détention ; mais on ne s'occupait
guère , en général , de leur administrer les soins réclamés
par leur état. La plupart restaient au sein de leurs familles
46 '
722 NOTICB SVR L*ASILB DES ALIKNBS
et étaient également privés d*an trailement approprié ; les
plus riches seulement , transportés loin de leurs parents ,
pouvaient trouver des secours souvent tardife , parce qu'il
fallait les aller chercher dans les établissements de la
capitale.
Cependant la voix de plusieurs personnes généreuses
autant qu'éclairées avait réclamé , en faveur des aliénés ,
des secours que rencontrent partout des malades bien
moins ft plaindre. Pinel et Bsquirol s'étaient spécialemeot
distingués par leurs nobles efforts pour l'amélioration du
sort des aliénés ; leur parole avait fini par acquérir l'au-
torité que donne la science jointe à la philantropie.
M. le baron Malouet , préfet de la Seine-Inférieure en
1819 j frappé des avantages qu'offrirait un établissement
dans lequel seraient réunies les dispositions les plus favo-
rables pour recevoir les malades atteints d'aliénation
mentale, méditait sur les moyens d'en réaliser la création,
lorsque une occasion favorable de poun^oir aux dépenses
considérables qu'elle devait exiger s'étant présentée , il
s'empressa de la saisir.
Le ministre de la guerre s'était chargé , à partir du
1**^ décembre 1815 , du paiement des frais de nourriture
et d'entretien des troupes alliées , stationnées en France.
Néanmoins, le département de la Seine-Inférieure, comrao
il arriva presque partout ailleurs , se trouva dans la néces-
sité de fournir à la subsistance de ces troupes jusqu'à la
fin de l'évacuation. On établit ensuite la liquidation des
dépenses , et il fut constaté que le ministère de la guerre
se trouvait redevable , pour prix des fournitures &ites ,
d'une somme de 547,800 fr. Cette somme fut remboursée
en numéraire y dans le courant du mois de mai 1819 , et
DE LA SEINE-INFÉRIEURE. 273
ce fut elle que M. Malouet proposa au Conseil génëral,dans
la session de cette même année , d'aflTecter à la création
d'une maison d'aliénés.
Le Conseil général accueillit très-favorablement cette
proposition , et prit , en conséquence , une délibération
dans laquelle il exprimait le vœu de la conversion en rentes
sur l'Etat d'un capital de 350,000 fr. , pour faire un com-
mencement de dotation à l'établissement des aliénés Les
197,000 fr. restés disponibles, devaient être employés aux
constructions que nécessiterait cette maison.
Le 12 janvier 1820 , fut rendue une ordonnance du Roi,
statuant que la somme de 547,000 fr. dont il vient d'être
parié , sera afiTectée à la formation et à la dotation d'une
maison pour les aliénés , dans le département de la Seine-
Inférieure , conformément au vœu émis par le Conseil
général.
En conséquence , le 1*^' février 1820 , il fut £adt emploi
de 349,628 fr. à Tacbat d'une rente de 23,780 fr. , cinq
pour cent consolidés , jouissance du 22 septembre 1819.
Depuis cette époque , cette dotation fut accrue par Tacqui-
sition , effectuée cbaque semestre , de nouvelles rentes ,
soldées avec les arrérages , jusqu'à ce que le montant s'en
fût élevé au taux de 29,996 fr.
n parait que , d*après le premier projet , l'on devait
laisser subsister le dépôt de mendicité , et placer l'établis*
sèment pour les aliénés dans une partie seulement des bâ-
timents 4e l'ancienne maison de Saint-Yon, Toutefois , ce
plan fut bientôt abandonné , et la suppression du dépôt de
mendicité , votée par le Conseil général » dans sa session
de 1820 , fut autorisée par ordonnance du Roi du 6 dé-
cembre de la même année.
7M NOTICB SUR L*A8ILB DBS ALIBlléS
Ries ne fut négligé pour assurer au nouvel hospice tous
les avantages que les connaissances acquises sur le traite-
ment de la folie pouvaient faire 'espérer. Les principaux
établissements analogues de la France furent visités , les
écrits des médecins et des administrateurs lés plus versés
dans celte spécialité furent consultés. Enfin , l'adminis-
tration invila MM. Desportes et Esquirol à se transporter
à Rouen , pour prendre connaissance des localités et
éclairer de leurs lumières Tarchitecte chargé de diriger
les constnictions.
Les plans , dressés et rectifiés d'après leurs observa-
tiens , furent définitivement arrêtés et approuvés par le
ministre ; et , dans le cours de l'année 1821 , l'on put pro-
céder à l'adjudication des travaux de premier établissemeat
de l'asile.
Le zèle de M. le baron de Yanssay pour le projet
conçu par son prédécesseur j et la munificence du Conseil
général du département , hâtèrent l'avancement des con-
structions nouvelles et la réparation des anciens bâtiments,
qui furent , autant que possible , appropriés à leur des-
tination.
Le mobilier de l'ancien dépôt de mendicité fut affecté ft
l'asile , et accru par une première adjudication , passée le
3 décembre 1 82 i.
Enfin, les travaux de premier établissement se trouvant
assez avancés, M. le préfet fixa au 11 juillet 1825 Ton-
verture de l'établissement : 57 aliénés furent évacués,
dans cette journée , sur l'asile.
DE LA SEINB-IXFÉRIEIJRE. 72^
§ 3. DiipoHtions généraUi de V Asile ; tes agrandissementi
successifs.
L'emplacement de la maison de Saint- Yon est situé à
l'extrëmitë d'un quartier peu peuplé, dans un terrain seo
et sab1onneux,dont la contenance primitive était de 70,400
mètres carrés ; soit 7 hectares 4 ares. Par des acquisitions-
faites en 1829 et 1842 de deux terrains contigus , qui ont
été réunis à l'enceinte de l'établissement en 1841 et 1842,
la superficie totale de la maison de Saint- Yon a été portée
à 83,362 mètres carrés , ou environ 8 hectares 33 ares.
Bien aéré et sufliFaniment vaste , Tasile offre toutes les
conditions de la salubrité. On doit seulement regretter que
la conservation dos anciens bâtiments ait contraint à une
répartition très-inégale du terrain autour des constructions.
Dans l'origioe , l'asile fut créé pour une population
présumée de 400 à 450 aliénés des deux sexes. Les bâti-
ments anciens, disposés pour la plupart à Tentour dedeu^
cours contiguês , furent destinés aux bureaux , aux par-
loirs , magasins et habitations des cmplojés principaux ;
puis à de vastes dortoirs pour les aliénés paisibles , à la
cuisine et à la buanderie. On construisit , à gauche de ces
bâtiments centraux, deux cours pour les hommes aliénés,'^
qui , à raison de leur état habituel d'agitation , ou pour
des causes particulières, doivent être logés isolément dans^
des cellules. Trois cours analogues , placées à droite des
f bâtiments du centre , furent destinées aux femmes : deux
fêtaient achevées lors'de l'ouverture de la maison ; la troi-
sième , fondée seulement, ne fut terminée qu'en 1827.
Sur la limite des deux divisions consacrées à chacun dus
IM KoncB SUE l'asilb des aliénés
sexes , fut édifié le pavilloD des baios , où fut installée une
machine à vapeur qui élëre l'eau d'un puits .voisin dans un
réservoir supérieur , d'où elle est distribuée dans plusieurs
parties de rétablissement.
Ces divers travaux j terminés en 1830 , eomplétaient le
plan primitif de la maison.
De 1831 à 1834 , il ne se fit d*autre travail important
que l'installation d'une double infirmerie destinée au Irai*
tement des maladies accidentelles chez les aliénés des deux
sexes.
De 1835 à 1844, pour satisfaire aux exigences d'ac-
croissement d'habitation résultant de Taugmentatioa
graduelle de la population , de nombreuses et importantes
constructions ont été exécutées , et , en même temps que
l'établissement est devenu apte à recevoir un plus grand
nombre d'habitants , les conditions d'habitation et de
classification pour les malades ont été améliorées.
Du côté des hommes , le quartier des gâteux a été
agrandi et disposé de manière à ce qu'une cour spéciale y
avec galerie couverte , fut consacrée à oes malheureux ,
dont la présence au milieu des autres malades avait do
graves inconvénients.
Des latrines insalubres ont été déplacées et modifiées
avantageusement.
Un quartier a été créé pour les hommes pensionnaires
de première et de deuxième classe , et le local abandonné
par ces malades a été affecté aux pensionnaires de troi»
sième classe , ainsi quune portion de l'ancien logement
du directeur , de telle sorte que les conditions d^habita-
lion pour ces trois classes de pensionnaires sont ainsi
devenues on ne peut plus satisfaisantes.
DB LA SBINB4NFBRIEUBE. 737
Les loges de force , qui , par leur disposition , rappe«
laient les cachots autrefois destinés aux fous , ont été
supprimées et remplacées par un quartier nouveau. Ce
quartier , constitué par cinq cellules chauflëes au moyen
d*un calorifère, et placées entre un corridor intérieur
dans lequel s'ouvrent les portes , et une galerie couverte,
extérieure , qui communique avec une cour plantée d'ar«
bres , est exclusivement destiné aux malades dont l'agita-
tion excessive ou les mauvais penchants exigent une sé«
questratîon plus étroite.
Un nouveau dortoir pour quarante malades a été installé
dans une portion des anciens bâtiments jusqueJà inoc«
cupée.
Deux réfectoires^hauflbirs ont été agrandis.
L'agrandissement des deux cours destinées aux hommes^
agités a été exécuté ,. et le plan en a été modifié de ma-
nière à assimiler ces cours k celle qui avait été construite
en dernier lieu du c6té des femmes , avec le double avan«
tage d'augmenter le nombre des, places, et de mieux pro-
portionner à la quantité des malades l'étendue do la salle
commune qui sert de réfectoire , de cbauflbir et d'atelier
de travail.
Dans l'état actuel des- cours ^ Teoceinte de bâtiments,
qui constitue chacune déciles a 49 ni. de longueur sur
29 m. 25 c. de largeur. Trois des côtés du quadrilatère
sont occupés pour le logement des gardiens et lasalle^
commune , placés de côté et d'autre de la porte d'entrée »
et par les cellules dea malades au nombre de trente^leux«
Le quatrième cOté est fermé d'une grille en fonte donnant
vue sur les jardins. Une galerie couverte , de 2 m. de
largeur , règne au pourtour d'un parterre gazonaé et
728 IfOTIGB SUR l'asile DBS ALIÉNÉS
planté d'arbres. On accède aux cellules par un corridor de
3 m. sur lequel ouvrent les portes d'entrée. Chacune de
ces cellules , large de â m. 50 c. , profonde de 3 m. 3 c.
et haute de 3 m. 45 c. , contient 26 m. cubes d*air. Toutes
sont planchéiées , à Texceptlon de onze , qui , étant des-
tinées aux malades gâteux , sont pavées en bitume ou en
pierre*
Do côté des femmes , les deux premières cours construis
tes ont également été agrandies et ramenées à ce mémo
plan.
Le quartier des pensionnaires de première et de
deuxième classe a été doublé en étendue et perfec-'
tionné. Les magasins qui le réunissaient à la buanderie ont
été transportés aux deux extrémités de celle-ci , de sorte
que ce quartier est aujourd'hui entièrement isolé.
Un vaste dortoir abandonné par les hommes qui ont
trouvé place dans les nouvelles pièces des bâtiments cen*
traux , a reçu une partie des aliénées paisibles.
Un quartier de pensionnaires de troisième classe a été
créé dans deux pièces dépendantes de Tancien logement
du directeur.
Un vaste réfectoire, servant de chaufToir en hiver, et un
second atelier de travail pour les femmes , ont été établis
avec grand avantage pour cette partie de la population de
l'asile.
Sur la limite des deux grandes divisions de l'établisse-
ment en côté des hommes et côté des femmes, la séparation
a été rendue plus réelle et plus complète au moyen d'une
seconde clôture à cIaire<voie. Les deux quartiers se Crou^^
vent ainsi séparés par deux clôtures comprenant , dans
leur intervalle, un jardin où les malades ne sont pas admis,
DB LA SEINB-IMFBRIBDBE. 729
et qui a toute la lar^ur de la façade de rétablissement
des bains.
Aux deux extrémités opposées du bâtiment des bains ,
deux loges de force j malsaines , ont été supprimées et
remplacées par deux vestiaires chaufiës , où les malades
déposent et reprennent leurs yétements à rentrée et à la
sortie du bain.
Les plantations , feites en premier lieu dans les cours ,
promenoirs et jardins , ayant en général mal réussi , ont j
depuis 1830 , été successivement renouvelées ou complé-
tées là où le terrain était encore nu. Par leur belle venue »
elles donnent à l'ensemble de rétablissement un aspect
moins sévère , en même temps qu'elles procurent en été
un ombrage salutaire.
CHAPITRE DEUXIEME.
Mouvement do la population au point de vue médical.
SECTION I''.— ADMISSIONS.
§ 1*'. Nombre des <zdmi$sions.
Le nombre total des admissions , depuis le jour de l'ou-
verture de l'asile, le 11 juillet 1825 , jusqu'au 31 dé-
cembre 1843 , pendant une période de 18 ans et 6 mois ,
s'est élevé à 3,005 malades des deux sexes: 1,536 bommes,
1,469 femmes.
Ces faits d'admission se décomposent en trois catégories,
appartenant à trois périodes successives.
1^ Des malades , pour la plupart depuis long-temps in-
curables , ont été transférés , pendant les années 1825 et
730 NOTICB SCR l'aSILB MSS ALf^BS
1826 , des hospices et des prisons du département où ifs-
résidaient , à Tasile où leur introduction en masse a été un
dit exceptionnel, f^e chiffre des admissions , du 1t juillet
1825 au 31 décembre 1826, — 363 malades : 145 hommes^
191 Temmes,— représentée peu près exactement le nombre
des aliénés transférés. L'état d*iDcurablIilé et le défaut de
renseignements interdisent toute assimilation des malade»
de cette catégorie avec les aliénés ultérieurement admis.
2® Pour les malades admis du 1^ janvier 1^7 au 31 dé-^
cembre 1843, dont le nombre a été de 956 : 504 hommes,
452 femmes , et qui forment une seconde catégorie , Ie&
documents recueillis sont incomplets et insuffisants » soit
en raison du défaut de définition et de classement des fiiits^
soit en raison de Tomission de plusieurs éléments impor-^
tants.
3* Enfin , une troisième catégorie comprend les ad*
missions de malades depuis le l*"** janvier 1835 jusqu'au
31 décembre 1843 » au nombre de 1,713 : 887 hommes »
826 femmes. Ce sont les faits qui , scrupuleusement étu*
diés d'après une méthode rigoureuse , ont été principale-
ment utilisés dans cette Notice pour la solution des ques*
lions relatives à l'aliénation mentale que la statistique est
apte à résoudre.
S 2. Proporiiûn reltUive des diwermi formes de l'aliénaiion
mentide chez les malades admis.
L'aliénation mentale, sous Tune ou l'autre de ses formes,
folie , imbécillité , idiotie , a été constamment , pendant
les périodes de 1835 à 1843 , la condition exclusive de
l'admission et de la conservation des midades à Tasile. Les
DB LA SBlKB-IKFéBIKITRB. 731
ëpileptiques , hors le cas de oomplicalion éTidente avec
la folie , ont été habituellemeDt éloignés ou exclus de
l'asile. Les malades admis pendant celte période peuvent
donc être absolument distribués en trois catégories , et
sont des fous j des imbéciles et des idiots , dans le sens
rigoureux des déGnilions données.
V La proportion relative de ces divers éléments de la
population de Fasile a été fort inégale , ce qui tient à ce
que la dénomination d'imbéciles a été exclusivement ré-
servée pour les malades chez lesquels raffaiblissemcnt de
rinlelligence était évidemment le résultat d'une influence
morbide autre que la folie , et à ce que l'idiotie est une
maladie rare dans le département de la Seine-Inférieure.
Le nombre des admissions , pendant la période de 1835
à 1843 , s'est réparti entre ces trois catégories de malades,
ainsi qu'il suit :
Hommes. Femmes. Deux sex.
Folie simple ou compliquée 850 802 1652
Imbécillité 7 6 13
Idiotie 30 18 48
887 826 1713
La folie a donc constitué l'état morbide pour l'immense
majorité des malades admis. Et c'est ainsi que l'asile do la
Seine-Inférieure a conservé , au point de vue de la nature
de sa population , le caractère qui lui avait été essentielle»
ment assigné lors de sa fondation , et qui convient gêné*
ralement aux institutions dé ce genre. En eflet , c'est à la
folie que la société doit surtout des maisons spéciales de
traitement et de refuge ; c'est sur les fous que se porte
presque exclusivement l'intérêt humanitaire etscientifique
qui se rattache aux asiles d'aliénés.
733 ROTICB BUE L'ASILR DES ALlélIBS
2^ Le nombre des cas de folie , considéré par rapport
au diverses formes de cette maladie , a fourni les propor-
tions siuTantes :
Homm. Femm. D. sex. Homm. F«nm. D.sez.
sur 850 80i 1652 sur 1000
Folie simple 663 749 1412 780 933 855
Folie compUquée. . 187 53 240 220 67 145
Folie simple aiguë. . 526 592 1118 619 738 677
Folie simple chroniq» 137 157 29i 161 195 178
Folie maniaque. . •
351
353
704
413
UO
426
mélancolique.
175
239
414
206
298
250
chronique. . .
137
157
294
161
195
178
oooTulsive.^ .
17
3
20
20
4
12
paralytique. .
117
35
152
138
43
92
épileptique. • .
53
15
•
68 .
62
20
42
§ 3. Nombre annud dêi admissions.
Le nombre total des admissions s*est inégalement réparti
entre chacune des années de la période de dix-huit ans et
demi , et , si l'on veut arriver à une détermination appro-
ximative du nombre annuel des admissions , il faut dis-
tinguer dans cette période trois époques.
Les admissions esceptioonelles de la première époque »
de 1825 à 1826 , doivent ôtre laissées de côté.
Les dix-sept autres années se rapportent à deux époques
bien distinctes , pendant lesquelles le nombre des admis-
sions a été subordonné à des conditions différentes : Të-
poque antérieure à la mise à exécution de la loi sur les
aliénés du 30 juin 1838 , pendant laquelle les placements
d'office étaient peu nombreux ; l'époque postérieure , pen-
OB LA SBWE-mPÉBIBITBB. 733
dant laquelle ces placements sont devenus , au contraire ,
très-considërables.
Période antérieure à la mise à exécution de la loi.
Nombre des admimons.
Hommes. Femmes. Deux sexes.
1827
—
80
—
72
—
152.
1828
—
86
—
44
—
130.
1829
—
74
—
61
—
135.
1830
—
63
—
73
^ —
136.
1831
—
80
—
71
—
151.
1832
—
66
—
61
—
127.
1833
—
62
—
62
—
124.
1834
—
77
—
64
—
141.
1835
—
59
—
58
—
117.
1836
—
68
—
77
—
145.
1837
—
87
—
75
—
162.
11 années. .. 802 — 718 — 1520.
Moyennes. .. 78 — 65 — 138.
Période postérieure à la mise à exécution de la loi.
Nombre des admissions.
Hommes. Femmes. Deux sexes.
1838
— 98
— 106
— 204.
1839
— 109
— 77
— 186.
1840
— 103
— 108
— 211.
1841
— 113
-. 104
- 217.
1842
— 119
— 118
— 237.
1843
— 131
— 103
— 234.
6 années. •
. 673
— 616
— 1289.
Moyennes. .
. 112
- 103
- 216.
734 NOTICE SUE L'aSILB DBS AtlKNÉS
I 5. Récidives.
Les observations sur les récidives ne comprennent qoe
huit années , et il n*a été fait distinction des formes de la
folle que pendant les trois dernières années.
Rapport de$ récidives aux admissions , de 1836 à 1845.
Nombre des récidives. Admissions.
J)eax sexes , 264 — 1540 — 171 sur 1000.
Hommes, 116 — 795 — 146
Femmes, 148 — 745 — 198
Les récidives ont été plus nombreuses chez les femmes
que chez les hommes.
SECTION II.— CAUSES DE L'ALIBHATION MENTALE.
L*étude des causes de Taliénation meptale intéresse à
la fois , et an plus haut degré , le médecin , le philosophe
et Téconomiste. Il appartient à la statistique de fournir à
cette étude ses principales données pour la solution d'an
certain nombre de questions aussi importantes que eu*
rieuses. Hais la statistique, qui peut si puissamment servir
la science, peut aussi l'égarer étrangement. On sait que les
chiffres se laissent assez arbitrairement gouverner. Ainsi ,
en ce qui concerne Tétiologie de l'aliénation mentale , les
questions les plus claires se sont trouvées embrouillées ,
les démonstrations les plus évidentes se sont trouvées con-
tredites ; tantôt , parce qu'on avait confondu dans uno
même étude des faits hétérogènes , des faits de folie , par
exemple, avec des faits d'idiotie, d'imbécillité, d'épilepsie;
DE LA SEINE-INFÉKIBURB. 735
tantôt , parce qu*OD n'avait passa distinguer les diverses
natures de causes: les causes déterminantes, par exemple,
et les simples prédispositions ; tantôt , parce que ayant
négligé de définir les mots , on appliquait à l'aliénation
mentale , qui est un genre de maladie , ce qui n'était ap-
plicable qu'à la folie , qui est une espèce.
Distinguer rigoureusement les faits et les causes, d'après
leur nature , c'est la première condition de tout travail
utile sur l'éliologie de l'aliénation mentale (1).
Quant aux faits observes à l'asile de la Seine-Inférieure,
Ta proportion des imbéciles et des idiots , dans le nombre
des aliénés admis , est trop faible pour que l'étude des
faits qui se rapportent à ces deux classes de l'aliénation
mentale puisse offrir quelque intérêt. Les tableaux con«
tiennent , sur eos classes , des documents distincts qui
pourront être , au besoin , consultés. Les développements
détaillés seront restreints aux faits qui se rapportent à la
folie ^oprement dite.
A. PRÉDISPOSITIONS.
Les prédispositions , comme le sens du mot Tindique
tout d'abord , ne sont pas , à proprement parler , des
causes. Les prédispositions réalisent des conditions favo-
rables à l'action des causes qui déterminent les maladies.
Les prédispositions sont générales ou particulières. Les
prédispositions particulières sont très-nombreuses , très-
(1) Pour de plus amples déTeloppemcnts , voir les Reckerehes sta-
tistiques sur les causes de Valiénation mentale , 1839 , et les Annales
médico-psychologiques, novembre 1843 : De la prédominance des causes
morales dans la génération de la folie; par M. Parchappe.
736
IVOTICB SVR l'asile DES ALIENES
▼ariées , très-difficiles à constater , et ëchappeot , Térita-
Uement , anx études statistiques.
Les prédispositions générales , qui se rapportent à l'âge,
au sexe , aux saisons . aux climats , à l'état ciTÎl , aux
professions , à la culture intellectuelle , à la coustitutioa
sociale , ne peuvent , au contraire , être étudiées dans leur
influence sur la génération de la folie , gu'à l'aide de la
méthode numérique.
§ !•'. Age.
Il suffit de jeter un coup d'œil sur le tableau n* 1, pour
reconnaître que c'est l'âge compris entre 30 et 39 ans qm
a fourni le plus grand nombre d'admissions d'aliénés.
Si l'on examine séparément les foits de folie , on est
conduit à admettre que certaines épocpies de la vie peuvent
être considérées comme prédisposant plus que les autres
époques à la folie en général , et à certaines fermes de la
folie en particulier.
Les admissions de folie se sont réparties entie certaines
périodes d'âge , de la manière suivante :
Au-dessous de 10 ans.
De 10 à 19.
De 20 à 29.
De 30 à 39.
De 40 à 49.
De 50 à 59.
De 60 et au-dessus
0.
38.
163.
271.
223.
117.
38.
Fnnnies-
0.
23.
134.
222.
218.
128.
77.
Deax Sens.
0.
61.
297.
493.
441.
245.
115.
850. 802. 1652.
D.
■or 1,000
0.
87.
180.
298.
267.
148.
70.
1000.
Dl LA SBlUB-IlfFBRtEURK.
737
Le maximum des admissions tombe entre 30 et 40 ans.
Si Ton compare ces nombres à ceux qui représentent la
population d*où sortent les aliénés, distinguée par périodes
correspondantes j on peut arriver à un résultat plus ri«
goureux.
La population totale du département de la Seine-Infé-
rieure , constatée par le recensement de 18(1 , s'élevait à
737,306 individus des deux sexes, qui, classés proportion-
nellement par âges , d'après la table n*^ 3 de Y Annuaire
du Bureau des longiiudes, fournissent, pour chaque période ,
les nombres suivants :
De 0 à 9 ans révolus. •
De 10 à 19. . . .
De 20 à 29. • . .
De 30 i 39. . • .
De 40 à 49. . . .
De 60 à 59. . . .
De 60 et au-dessus. .
D. Sexes. Sur iOOO
160856 218.
135365 184.
120711 162.
103531. .... 141.
85551. .... 117.
65754 99.
65438 89.
[737206 1000.
Le rapport du nombre des admissions au nombre de la
population pour chaque période d'âges, est exprimé par les
proportions suivantes :
De 0 à 9 ans.
De 10 À 19.
De 20 à 29.
De 30 à 39.
De 40 à 49.
De 50 à 59.
De 60 et au-dessus.
Admissions.
. 0, 0.
. 0, 4.
. 2, 4.
. 4, 7.
. 5, 1.
. 3, 7.
. 1, 7.
sur 1000 habitants.
47
738 NOTICB SUR L'aSILB DBS AUBMÉS
Ces (kits établissent que la folie , rare ai^dessous de 20
aos, augmente graduellement de fréquenee de âOà 45 ans ,
et atteint son maiimum de fréquence dans la période de
40 à 49 ans , qui peut , dès-lors , être considérée comme
constituant une prédisposition à la foHe.
L'époque de la vie comprise entre 30 et 49 ans , prédis-
pose d'une manière toute particulière à la folie paralytique»
ainsi qu'il résulte des chiflres s avants :
Folie paralytique. Hommco» Femmes. D. sexes.
Avant 30 ans. ... 3. 4. 7.
De 30 & 49 ans. . . . 89. 22. 111.
De 50 ans et au-dessus. . 25. 9. 34.
117. 35. 152.
§ 2. Seaes.
L'opinion fort ancienne qui attribue au sexe féminin nne
plus grande part, dans le nombre des victimes de la folie ,
semble s'être confirmée , pour les modernes , par la prë-
domiùance habituelle du nombre des femmes dans la popu-
lation des asîies d'aliénés. Si cette opinion était fondée ,
le sexe féminin devrait être , jusqu'à un certain point ,
considéré comme une prédisposition à la folie. Mais y pour
Juger exactement la fréquence relative de la folie dans les
deux sexes , ce ne sont pas les chiffres exprimant la popu-
lation actuelle des asiles qu'il faut comparer , mais les
chiflres exprimant les admissions annuelles pendant une
période de temps déterminée.
La prédominance du nombre des femmes dans la popn-
lation des asiles dépend de causes particulières qui seront
plus loin appréciées.
0B LA SBINB-iNIÉRIBUBS^ 739
Poor le départemeot de la Seioe^InCérieare , la folie ett
incontestablement un peu plus fréquente chez leshommes,
ainsi que forcent à le reconnaître, contrairement à l'opinion
commune , les faits recueillis à Saint«Yon.
Nombre total des admissionê d'aliénés de toute espèce,
de 1827 à 1845.
Hommes. Femmes. D. sexes. Homm. Femm.
1475 1334 2809 — 525 475 sur 1000.
Nombre des admissions de malades atteints de folie ,
dpi^^à 1845.
Hommes. Femmes. D. sexes.
850 802 1652 — 514 486 sur 1000.
Si Ton compare le nombre des admissions au chiffre de
la population du département qui , d'après le recensement
de 1841, se compose de 358,337 hommes et de 379,164
femmes , on obtient des résultats qui font encore mieux
ressortir l'influence du se&e masculin comme prédisposi- ,
tion à l'aliénalion mentale , car on arrive aux proportions
suivantes :
Pour les admissions d'aliénés de toute espèce pendant
la période de 1827 à 1843;
Admissions sur 1 ,000 habitants :
• Sexe masculin 4, 11; sexe féminin 3, 51; d. sexes 3, 81.
Pour les admissions de malades atteintsMe folie pendant
la période de 1835 à 1843;
Admissions sur 1 ,000 habitants :
Sexe masculin 2, 37; sexe féminin 2, 11; d. sexes 2, 24.
Si l'on peut légitimement refuser au sexe une valeur de
quelque importance , comme prédisposition à la folie en
^^déral , il n'en est plus de même lorsqu'il^&'agttde l'onè
740 NOTICB SDl l'ASAB DB0 ALliNBS
des formes de la folie , celle qui est désignée sous le nom
de folie paralytique. La folie paralytique est beaucoup
plus fréquente chex les hommes que chez les femmes , et
le sexe masculin est Téritablement une prédisposition à
cette forme de la folie.
Nombre des ea$ de folie paralytique dam le$ admierimu
de 1835 à 1843.
Hommes. Femmes. D. sexes.
117 35 152.
S 3. Saisons,
La statistique a établi sur un grand nombre de faits la
vérité de cette loi , que la fréquence de la folie est , pour
les climats tempérés , en raison directe de la température
atmosphérique. Les saisons chaudes peuvent donc être
considérées comme constituant une prédisposition à la
folie.
Le nombre des admissions a été beaucoup plus considë-
! rable dans les saisons chaudes que dans les saisons froides.
^;Pour les aliénés de toute espèce.
PeDdant les six mois Pendaot les six mois
les plus ctiauds : les plus froids :
Nombre Proportion Nombre Proportion
desobsezY. sur 1000. desobserv. surlOOO.
Hommes 779 — 560. . . 612 — 440
Femmes 668 — 615. .. 610 — 485
Deux sexes. ... 1447 — 542. . . 1222 — 458
Pour les malades atteints de folie , de 1835 à 1843.
Hommes 473 — 556. . . 377 — 444
Femmes 432 — 539. . . 370 — 461
Deux sexes. ... 905 - 548. . • 747 - 452
DB LA SBINB-nfPBRIBURIS. 741
Si l'on ne fait porter les observations que sur les espèces
de la folie dont le dëveloppement peut être considéré
comme ayant été réellement influencé par la saison y en
ce que l'époque de l'invasion aurait été généralement voi-
sine de l'époque de l'admission , on obtient un résultat
qui est l'expression plus exacte de l'influence réeBe des
saisons.
Le nombre des admissions pour la folie aiguë et para-
ly tique a été:
Nombre Proportion Nombre Proportion
desubserv. sur 1000. desobserv. sur 1000.
Hommes. ... 375 — 583. ... 268 — 417
Femmes. ... 358 — 671. .. . ^69 — 429
Deux sexes. . . 733 — 677. ... 637 — 423
Enfin , si l'on cherche à distinguer , par rapport à l'in-
fluence des saisons , les trois formes symptomatiques les
plus tranchées de la folie , les formes maniaque , mélan-
colique et paralytique , on trouve les résultats suivants :
Six mois plus chauds. Six mois plus froids.
Nombre Proportion Nombre Proportion
Chez les deux sexes, desobserv. sur 1000. desobserv. suri 000.
Folie maniaque. .412 — 585. ... 292 — 415
Folie mélancolique 238 — 575. ... 176 — * 425
Folie paralytique . 83 — 546. ... 69 — 454
§ 4. Etat civil.
La population générale du département de la Seine-
Inférieurp, constatée par le recensement de .1841 , se
compose comme suit :
M2 NOTICti Sim L'aSILC DBS ALTBlfBS
Sexe masculin.
Garçons. Hommes mariés. Veufs. Total.
199265 143790 15282 358337
Sexe féminin.
Mies. Femmes mariées. Veaves. Toul.
198308 142586 38270 379164
Les malades admis à l'asile de 1825 à 1843 , dont Tétat
civil a pu être constaté , se répartissent ainsi :
Sexe masculin.
Garçons. Hpmmes mariés. VeaCs. Total.
403 506 34 943
Proportion sur 1000.
427 537 36 1000
Sexe féminin.
Filles. Femmes mariées. Veuves. Total.
533 529 150 1212
iVe^porrtotifur 1000.
440 436 124 1000
En rapprochant les nombres qui appartiennent à la
population générale du département de ceux qui expri-
ment les admissions à l'asile , on obtient les résultats que
voici :
Admissions sur 1000 habitants.
Célibataires. Mariés. Veufs.
Sexe masculin. . 2, 02 3, 52 2, 22
Sexe féminin. . . 2, 68 3, 71 3, 91
Deux sexes. ... 2, 23 3, 62 3, 43
DE LA 8EIK12-INf£rIEVBC. 743
§ 5. Hérédité.
L'importance de la prédisposilion héréditaire à l'alié-
nation mentale a été dès long-temps compris. Hadamy
dans son Traité de la folie , a réuni sur ce sujet des obser-
vations curieuses.
La part que prend l'hérédité à titre de prédbposilioa
dans la génération de l'aliénation mentale , est dii&oile à
déterminer rigoureusement par les faits. Il n'est poflsîtde
au médecin de la constater que dans un nombre de eas
certainement inférieur à la réalité ; ce qui ne Ueot pas
seulement à l'insuffisance si commune des renseignements
pbtenus , mais encore, et surtout ^ au silence des ùmiiBes
sur une circonstance fâcheuse qu'elles ont intérêt à cacher.
Dans les observations recueillies à l'asile de la Seine-
Infêrieure , la prédisposition héréditaire a été admise
toutes les fois qu'il a été possible de reconnaître l'existence
antérieure de l'aliénation mentale chez un ou plusieurs
ascendants du malade , soit en ligne directe , soit en ligne
collatérale.
Le rapport de la prédisposition hérjéditaire au nombre
des admissions a été le suivant :
PrédisposUiou Nombre
f hérédiuire des
ooDslatée. observations.
•
Proportion
sur 1000.
Chez les aliénés en général :
*
Hommes 99
692
143
Femmes 106
678
156
Deitxsetes. . . . 205
1370
150
Chez tes fous en partieulier :
Hovmes 96
655
147
Femmes 100
654
153
Deux sexes. ... 196
1319
149
744 KOTICB SUE L'aSILB DBS ALIBHBS
J 6. Profeuiom.
Poor tirer quelque enseignement de l'étude des profes-
sioDs antérieures des aliénés , considérées comme cause
prédisposante de la folie , il serait indispensable de con-
naître le nombre correspondant des personnes adonnées
aux diverses professions parmi la population de la contrée
qui enroie ses malades dans Tasile dont on dresse la sta-
tistique. A défaut de renseignements semblables pour le
département delà Seine-Inférieure, on se borne à produire
îd le relevé des tableaux des professions des aliénés , qui
sont établis annuellement , pour être adressés au ministre
de rintérieur.
Nombre Proportion
des obserrations. sur iOOO.
Btmmm. Wrmmm. D. «anf. D. mus.
Culte , droit, médecine, belles-
lettres , employés 143 10 153 79
Rentiers, propriétaires. ... 47 63 110 57
Militaires , marins 94 » 94 48
Artistes 11 » 11 6
Négociants, commerçants. . . 41 » 41 21
Marchands en détail 85 38 123 63
Artisans .' 382 306 688 355
Gens occupés de travaux ara-
toires , jardiniers 98 19 117 60
Gens de peine Journaliers. . . 122 74 196 101
Domestiques 93 .81 104 54
Sans profession. . 88 214 302 156
Total général. . . 1134 805 1939 1000
DE LA SEINB-INFS&IBVRE. 745
§ 7. Habitation.
Le département de la SeiDe-Inférieure a fourni à Tasile
2,146 malades, reçus une ou plusieurs fois dans rétablisse-
ment. En comparant la population des arrondissements au
nombre d'aliénés qu'ils ont envoyé à Saint-Yon , de 1835
à 1843 , on observe une inégalité très-prononcée dans la
fréquence de l'aliénation mentale , pour chacune des
grandes divisions du département.
Pop«taUM Ifoaibi» dM aUtete Àliénte
«■184t. tdatoiSI-To». fwlOOOh.
Arrondissement de Rouen . 2i8115
1371
5,5
du Havre. . 149427
279
1,8
d'Yvetot. • . 142349
201
1.4
de Dieppe. . 112374
187
i,6
deNeufchât. 852 i6
108
i,2
Totaux , pour le département
entier 737501
2146
2,9
En classant les admissions suivant le nombre des habi-
tants des centres de population auxquels appartiennent les
aliénés , on arrive à des différences encore plus grandes
et , en même temps , plus significatives.
AUéoés admit ÀUéaés tnr
PopttlaUon. ASt-Ton. 1000 baMC
Yille de Rouen.» • 96002\ 965> 10,05'
duHavre.. . 27254r^.^.^ iOe/ ^^ 3,901^ ^^
j T^.. .-...J*S*245 ^Jl203 . oJ7, 79
de Dieppe. . 164431 791 4, 80(
d'Eibeuf. . . 14646; 53; 3,61
Yilles et commu-
nes renfermant
de 3 à 10000 h 102375 358 2, 52
A reporter. . . 256620 1561
746 NOTICB sta l'asile des aliénés
Repart : . . 256620 1561
Gommuoes renfer*
HMiDt moioB de
3000 habitants.
Arroad. de Rouen 107573\ 1 56\ 2, il
du Havre 78692J 85J 1, Ogi
d'Yveta. 124208^80881 156| 685 1, 25>1, 42
deDieppe 91954] i02\ 1, lol
deNeufe. 78454/ 82/ 1,04^
Totaux pour le dé-
partement en-
tier 737601 2246
Il convient de noter que , depuis plusieurs années , il a
été établi , dans l'hospice du Havre , un quartier spécial
pour les aliénés indigents de la ville , et que , depuis lors ,
ces malades ont cessé d'être dirigés sur Saint-Yon. Cette
circonstance exceptionnelle explique pourquoi notre relevé
annonce une aussi faible proportion d'aliénés pour la se-
conde ville du département.
Cette remarqua faite , il semble que l'on peut légitime-
ment conclure des faits recueillis à l'asile , que les circon-
stances au milieu desquelles vivent aujourd'hui , dans la
Seine-Inférieure , Ifs habitants des grancU centres de po-
pulation 9 eonstitueat pour eux une pnédisposition à l'alié-
nation mentale.
§ 8. Culture inteUectueîle,
Bien que l'état de la culture intellectuelle ^ chez les ha-
bitants de la Seine-Inférieure , ne soit pas connu de ma-
nière à fournir à la statistique des données susceptibles
DE LA SEINE-INFÊRIEURC. 717
d^étre utilisées , il n'est pas sans intérêt de rrcneillir et de
constater Tétat de la culture intelièctuelle chez les aliénés,
à la manière de ce qui se pratique d^à , et pour les jeunes
gens soumis au recrutement , et pour les accusés.
Un recensement de la population de Tasile , en 1842 ,
a fourni , sur cette question , les données suivantes :
Nombre des malades : Hommes. Femmes. Deux sexes.
Sachant lire et écrire. . . !42 — 129 — • 271
Sacliantlire 21 — 70 — 91
Ne sachant ni lire ni écrire 97 — lOi — 201
260 — 303 — 663
§ 9. Climat et constitution sociale.
L'ensemble des conditions générales au milieu desquelle3
irit une société d'hommes peut constituer une prédisposi^
lion à un genre déterminé de maladie , et par conséquent
aussi une prédisposition à l'aliénation mentale. Celles de
ces conditions générales qui ne se rapportent à aucun des
éléments précédemment étudiés , peuvent être conçues
comme représentant l'influence combinée du climat et de
la constitution sociale. Il est certaines contrées où l'idiotie
est en quelque sorte endémique , et les résultats encore si
incomplets de la statistique , comparée d'un pays à un
autre, établissent des différences considérables de nombre
dans la proportion des aliénés à la population..
On ne pourra apprécier les causes véritables de ces diffé-
rences que quand l'étiologie de laliénalion mentale aura
atteint un degré de perfectionnement dont elle est encore
fort ébignée. En attendant la possibilité d'une interpré-
748 NOTICB SUm l'aSILB DBS ALIBNBS
tation sdeotifique, il serait important que les faits à inter-
préter fussent exactement déterminés dans leur yaleur
numérique. On pourrait arriver assez vite à ce résultat
désirable , si Ton adoptait un peu généralement un bonne
méthode d'observations.
Jusqu'alors , quand il s'est agi de déterminer le rapport
du nombre des fous à la population , on a pris pour point
de départ le résultat plus ou moins exact d'un recensement
comprenant les aliénés séquestrés et présumés libres , et
Ton a comparé le nombre obtenu au chiffre officiel de la
population.
Le nombre actuel des aliénés dans un pays donné, même
après l'élimination des malades étrangers , n'est pas dans
un rapport absolu avec le chiffre de la population actuelle
de ce pays.
Le nombre actuel des malades est le résultat complexe
de plusieurs influences , et peut varier con^dérablement ,
indépendamment du chiffre qui exprime le nombre des
habitants d'un pays.
Il y aurait un élément de comparaison plus fixe , et par
conséquent plus propre à fournir une relation constante :
c'est le nombre des admissions annuelles dans un asile
qui y exclusivement ouvert aux malades provenant d'ua
même pays , recevrait habituellement tous les malades
fournis par ce pays.
L'asile des aliénés de la Seine-Inférieure ne s'éloigne
pas beaucoup, depuis quelques années , de ces conditions;
le rapport des admissions annuelles dans cet asile à la popu-
lation du département fournirait un moyen d'évaluation
plus approximatif, plus exact et plus comparable , pour
juger la question de l'influence du climat et de la consti*
DB LA SBIHB^INFBtlBITEE. 749
lation sociale sur le nombre des aliénés , et pour estimer,
dès-lors, la valeur qui peut être assignée à cette influence,
comme prédisposition à la folie.
Rapport du nombre actuel des aliénés existant dans le dé-
partement de la Seine-Inférieure, avec le chiffre de la
population.
Fin décembre 1843 , Fasile renfermait. • 63d aliénés.
A déduire , étrangers au département. . . 43
Aliénés domiciliés dans le département et
renfermés à Saint-Yon • ^^^
A la même époque, il se trouvait à l'hospice
général de Rouen * *3 aliénés.
AThospiceduHavre • • ^^
A l'hospice de Monlivilliers. ..... 2
Total des aliénés traités dans les hospices. 603
On estime les aliénés vivant en liberté dans
les communes , à *^^
Total général 763
Ce nombre donne la proportion de 1, 03 aliénés sur
1 ,000 habitants.
Rapport du nombre annuel des admissions avec le chiffre de
la population.
Nombre annuel des admissions , 215.
Population du département , 737,206.
Rapport des admissions annuelles à la population totale,
0,29 sur 1,000.
750 « NOTICB 5UB l'aSILB DES AUEXÊfl
B. ^ Causes.
Les distinctions que la pathologie a établies entre les
causes des maladies sont parfaitement appKcables à Talië*
nation mentale. Il serait fort à souhaiter que cette vérité
n'eût jamais été méconnue dans les recherches statistiques
qui eut été entreprises sur l'étiologie de TaliéDation mea^
taie. Déjà , conformément aux. principes de la £eience, les
prédisposiUoru ont été , dans cette Notice , séparées des
causes proprement dites. Il n'est pas moins important,
dans l'étude statistique des faits , de distinguer les causes
qui provoquent immédiatement , qui déterminent la ma-
ladie j c'est-Â-dire les causes déterminantes , de certaines
conditions essentielles à l'état morbide qui ne peuvent être
assimilées à des causes que parce qu'elles ont précédé la
maladie , ou parce qu'elles en ont marqué le début.
C'est ainsi que , quand il s'agit de l'aliénation mentale
en général , il faut se garder de confondre les causes dé*
terminantes ^ telles que l'amour contrarié , la frayeur ,
l'abus des boissdns alcooliques , avec les causes essen-
tielles , telles que les altérations organiques et l'atrophie
sénile du cerveau , qui amènent l'imbécillité, et les défec-
tuosités d'organisation cérébrale , qui entraînent Tidiotie.
Be même ,ien discutant les causes de la folie ea particu-
lier, il est indispensable de ne pas mettre au rang des
causes déterminantes certaines conditions qui , liées à la
maladie , ou comni^e complication , ou comme élément, ne
jouent véritablement pas le rôle de causes. C'est parce que
cette distinction importante a été fréquemment négligée ,
qu'on trouve dans les relevés statistiques , au nombre des
BB LA SElICE-INFBBIBtJIIE. 751
causes de la folie , pour des proportions souvent considé-
rables, Tépiiepsie, qui est un des éléments de la folie
épileptique , maladie dont les causes déterminantes sont
fort variées ; la paralysie , qui est un effet d'une maladie
cérébrale et un des symptômes de la folie paralytique ;
l'apoplexie ou la conjection apoplectiforme , qui est un
des accidents par lesquels débute fréquemment la folie
paralytique.
Les faits relatifs à l'aliénation mentale , recueillis à
Tasile de la Seine-Inférieure , ont été étudiés et classés
de manière à éviter, autant que possible, toutes ces causes
d'erreurs.
Le tableau synoptique dans lequel ils ont été réunis y et
qui comprend tous les cas d'aliénation mentale qui se sont
présentés à l'asile, de 1835 à 1843 , contient des éléments
dénature différente , et ressemble en cela à tous les ta-^
bleaux qui représentent la somme des observations faites
dans les divers établissements dont la statistique a été
publiée ; mais il en diffère en ce que ces éléments y sont
distingués de manière à ne pas permettre la confusion et
les erreurs dans lesquelles sont trop souvent tombés des
statisticiens inattentifs ou inexpérimentés*
Les faits relatifs à l'imbécillité et à l'idiotie se sont
trouvés trop peu nombreux pour qu'il fût utile de les sou-
mettre à une étude détaillée. L'étiologie de ces espèces de )
l'aliénation mentale offre beaucoup moins d'intérêt et a
beaucoup moins d'importance que eeUe delà folie.
C'est à la folie proprement dite que s'appliquent exclusi-
vement les résultats de la discussion numérique à laquelle
TiMit être soumis les faits recueillis à l'asile de la Seine-
Inférieure.
753 NOTICE SUB l'asile DBS ALlBNiS
Voici les bases priocipales de la classification des causes
déterminantes de la folie que le médecin de Fasile a
adoptée dès 1635 , et que les perfectionnements successi-
vement introduits par lui dans ses études statistiques n'ont
pas essentiellement modifiée (1).
Une première classe comprend les causes généralement
désignées sous le nom de causes morales , celles qui ,
corrélatives aux facultés intellectuelles , affectives et
morales de Thomme , représentent ses besoins dans la vie
et ses intérêts dans la société.
Une seconde classe comprend les causes qui consistent
dans Fabus que Thomme peut &ire de ses fiicultés , en re-
cberchant les jouissances intellectuelles ou sensuelles.
Une troisième classe comprend les causes qui , consis-
tant dans un état morbide actuel des organes de rhomme,
provoquent la maladie désignée sous le nom de folie.
f Une quatrième classe comprend les causes externes qui ,
physiquement , chimiquement ou physiologiquement ,
troublent les fonctions cérébrales et déterminent la folie.
La première classe , celle des causes morales , a été
subdivisée en groupes , représentant les principaux inté-
rêts de l'homme dans l'état de société : religion , amour ,
famille et affections , fortune , réputation , conservation ,
patrie.
La seconde classe se subdivise naturellement en excès
intellectuels et excès sensuels.
Dans la troisième classe, ont été distingués les états mor-
(I) Cette classificaUoD a été adoptée par MM. AobaneletThoié,
dans leurs Recherches statistiquei sur l'aliénation mentale, fûiU»à
VhospieedeBieétre. 1841.
M LA siniB*i2fFBammB« 7SS
bidiaf commiinB aps dei^x sexes» de ceuf qui sont propres
à la femme.
Le nombre des aliènes compris dans les rechercbes étio
logiques s*efl!t élevé ji. « , . 887 b. 836 f, 1713 mal.
le nombre des malades .pour lesquels il y a en défaut
defeuseignements sur fanrs antécédents , a été
de. . . . ;. . ^ . ... 195 148 343
Le nombre des. malades smr lesquels portent les ohsenwr
tions s*esl trouvé ainçi réduit à 602 678 1370.
Le nombre des cas dans jesquels la cause déterminante
estdemeurée inconnue, a été de 169 177 346
Le nombre des causes essentielles , représentant le nom*
bre des cas de folie épileptique , d*imbéciliité et d*idiotie ,
a été de. .... • 90 39 129
• • • . •
Le nombre des cas où la cause déterminante de la folie
• « • *
a été reconnue . s*est élevé à 433 462 895
Les causes déterminantes de la folie se sont réparties
ainsi qu'il soit : , . nom^ 4« cm. hop^nk» m i«m.
Hom. Fen. D. m^m. Bom. Fem. D. «eng.
Causes morales. . . 248-353-601 572-764-ë71
Excès intellectuels et ' '
sensuels. . . . 160— 52-212 370-113—2^7
Causes organiques. . 16— 56— 72 37— 121— 8t
Causes externes.*. .9—1— 10 21— 12— li
Les groupes secondaires des causes déterminantes de la
folie se classent , pour la fréquence relative , dans l'onlre
suivant : ....
Gha les deux soses. Sur 605. 8m 4600.
t. Excès sensuels. ....... 284 ^ 228
2. Famine et affections 202 —- 296
3. Fortune 159 ^ 178
4. Conservation. -, *• •• 81 «^ 91
48
754 1I0T1€1 SUB L*Asac VëS Àut^is
• K. Amour 7« — 87
6. Religion. 46 -- 51
V» Causes orfatiîqttes propre» à k-
iemine. ..»<••'•• 45—50
8. Réputatioû M — 3f
9. Causes organiques non cérëbrdes 18 — 2§
10. (îauses externes. .•••.•••• 10 — il
'11. Causés organiques cëréfcrales * • 9 — iO
12- Excèis întellectueb. . . . * • 8 — 9
14. Patrie -.»••• î — ^
Chei rhommè. Sur 43^. Sur 1000.
" 1. Excès sensuels 153 — 353
' 2. Fortune • • 91 ^ ^t<>
3. Famille et affections 63 — 148
4. Conservation ^® — ^^
5. Amour • • 93—63
6 Religion. ......•• i« — M
7. RépuUtion 15—35
• 8. Causes organiques non cérébrales. . 9 — 21 .
9. Causes externes 9—21
10. Excès intellectuels. ..... 7 — 16
Jl, Causes organiques cérébrales. . • 7 — 16 .
12. Patrie. . . • 5—11
• , Chez la femme. . Surieî. Sarieoo.
i. Famille et affections. • #. <. • . 139 — 303
2. Fortune • • 68 — 147
^ Amowr. 55-119
4« Excès 'sensueU. • • • 51 — 119
4^. Consenftttion .• • • • 45 — 98
«. Causes organiques propres > la
femme .• . .• • ? ♦? — ^'
31
— .
67
13
.-.
29
9
.-r.
20
S
—
• ♦ >.
»
•*-
A
i
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0,B
i
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DI L4.iBRIB«nt«ilIBIZIB. 755
• T* Religion» •#.•..•'.»
8. Réputation.. •
' 9. Cause» otfmiqQes non eërëhrale'» •
10. Caiwes organiques cérébrales. . •
■ ' *'* • * atri8« • . k • • . ♦. . • • • •.
12. Cansea exlemes. « « • ... •, »
13. Excès intelleetads
Ces dtf ersés données relatives aux causes déterminanties
ée là (bHe con tiebnênt les conclusions principales suivantes^
condusibns €fii ne manquent si d'intérêt ni d'itnpof-
tance , el qui se trouTent appuyées par lài nombre de
laits assez considérable pour qu'on paisse les considérer
comme définitivement acquises à la sciences.
Les causes morales sont , dans leur ensemble , les omisc^
déterminanies les plus fnéquentes de lafolie.Cette iafluâkice
prédominante des causes morales est plus grande dans le
sexe féminin. Elle se manifeste à son plus balit d^gré daj|0
-la forme mélancolique d& la folie ; elle est encore très pro-
noncée dans la forme maniaque ; elle s*e0iiice dans la ibirme
paralytique.
Les catégories de capses dont Tactivité pour produire la
folie est la plus grande , sont , dans la folie en général ,
les excès sensuels , les intérêts de famille et de fortune.
Les catégories de causes se classent » ponr Tordre d&iré*
quence , ainsi quMI suit':
Suivant le sexe , cfaes llieaMne : i^ excès sensttds; 2?
ibrtnne ; 3» famille ; -^ chez la femme : i"^ lEunille ; 2<' Cwf
tuhé; 3* amorti.
iSuivaot la forine de la folié , dans U foUe jManitfque!S
i^ excès sensnels ; ^ Malle ;. ^ fortune; dans .la forme
, mélancolique: 1^ famUle } 2^ fortune; 3f* conservation;
7SC mnoi mm l'asm bbi AKiàcBS
dans la firiM paraljtkpie z It excès ieasoda ; 9* ferCine ;
Les canses partîeidières ke plus fréquenles da la firfie
soat:
Dans la foSe i-en gëaëral v i* abos des boimas aleoo-
Uques ; S* leven de forlnii» ; 3o ckagftes dmaeidques ;
4* perte d*ane penenne aimée ; eidve qui est , à peu de
ebote près « le oième cbes l' bonfiie » et qui , cbea la femane»
diSèie netablemaiit , et ainsi qu'il suit : V ebag rins do-
mestiques ; ^ perte d'une personne aimée ; 9^ reTers de
fortune ; V abus des boissons akooliques ;
Dans k Ibrme maniaque : i* abus des boissons alcoo-
liques ; S« reyers de fortime ; 3* ebagrins domestiques ; 4i*
ferle d*une personne aimée ;
Dans la forme mélancdique : i^ cbagrins domestiques ;
S* revers de fortune ; 3« perte d'une penonne aimée ; 4"*
détotion exaltée t
* Dans la forme paralytique ! 1* abus des boissons alcoo-
liques ; 9* refurs de fortune ; 8^ chagrina domestiques ;
4^ libertinage.
SKCnoN m.— soiTiis,
• I i. Sorêieê avec gtiériêon.
^ Asseï généralement , l'appréciation du nombre rehlif
des guérisons obtenues dans les établissements d'aliénés
s*est foite par la eomp<iraison4u nombre total des guérisons
au nombre létal des admissions. On obtiendrait des élé-
ments d'appréciation plus exacts et plus utiles , si l'on
tenait eample « dans l'étude dès fliits , de bi nature essen-
tiellement dilërente des maladîss désignées sous le nom
commun d'aliénation mentale. Il n^j a de traitement danf
Di LA ssniMiirABiKimt. YftT
les asiles d'aliénée etil n'y a de gnérisoii possible qtte peur
les malades atteints de folie proprement dile. N*est«oe pas
iolroduire Tolootairement uo élément d'erreur danç les
appréciations , que d*adinettre , dans les termes du rapport
des guérisons aux admissions » des cbif&res appartenant à
des maladies aussi différentes que la folie , rimbéciUité
consécutive et Tidiotîe ? Cet usage ayant prévalu , il est
encore utile d'indiquer le rapport général des guérisons
aux admissions , sans acception de la nature de raliénatioil
mentale.
Le nombre des guérisons ,. dans la période antérieure à
183a y n'a été cooalatd que pour le» années 1833 et 1834»
et il a été le suivant :
Gnérisons* Admissions.
Deux sexes. 72 sur 265 — 271 sur 1000.
Hommes. 32 139 -^ 231
Femmes. 40 iûtL -^ 317
Les fidts de guérîson , dans ta période de 18311 à 1843 ,
fournissent les résultats suivants :
B^nUtaU totam.
Proportion des guérisons aux admirions totales. .
DeU'X sexes. 747 sur 1713 — 436. sii» IMOk
Hommes. 374 867 -* 421
Femmes. 37^ 826. — 441
Proportion des guérisons.aiix admisaiofis danalei.çaa dflK
folie proprement dite.
Dans la folie^ea général ^
^ux sexes. 747 sur 1652 — 452^^ sur lOOOi.
Hommes. 374 850 — 410
Fenunes. 373 820 ^ 465
758 HOTKi>Mi l'asimi DB$ AUinÈ$
Dans les dUenes foraiei d» la folie.
»
Folie aigttè :
•
Deux sexes. €48 sur
itfS
580
Hommes. 318
526
^
605
Femmes. 332
5»
56t
Folie maniaque :
t
Deux sexes. 416
704
—
591
Hommea. 212
351
•
6ai
Femmes. 204
353
—
577
Folie asélaacoli^tte t
Deux sexes. 28d
M4
.—
560
Hommes. 104
175
— .
894
Femmes. 128
299
84a
Folie chronique :
■
Deux sexes. 66
29^
224
Hommes. 29
137
212
Femmes. 37
157
■
242:
Folie convulsive &
Deux sexes. 14
20.
70O
Hommes. - t4^
47
-*-
«23:
. Folie pavai jtiqaei
.
Deux sexes. 8
IK»
—
H^
Hommes. ■ 8
117
5^
Femnes. S •
8S
..1..
57
sur fOOO.
BésuliaU annueb^
La proportion des guérisons aux admissions», considérée
annuellement depuis 1834 jusqu'à 1843 ^ a fourni les rér
sultats suivants :
M 4A SBIll£-lllFàllB(ttB. T59
KoBibe»
■Mkr*
aimbre total des «daiMioiit
P^porUoB vu IMf .
ém f uérlMBa. au admlMioM.
4
dafolif.
t
(
A
1833.
1
35
— U*
m
1
262
1834.
37
— 141
—
•
262
•
1835.
_
50
-, 117 —
112
—
423
- 444
1836.
-î-
56
^ , 145 • —
187
—
386
^ 408
1837.
5S
— 162 —
157
—
339
— 350
1838.
69
— 204 -i.
197
—
338
— 350
t83».
• *
92
— 186 —
182
—
494
— 605
(840.
96
— 211 T-
201
—
455
- 478
1841 ,
114
-. 217 w,
•
21?
-T.
525
— 537
1842.
117
— 23T T-
23a
-.
498
— 509
1843.
«
98
-r 234 -T
223
—
422
— 440
Oo pçut y ju9^'à uo cerl^n point , .iippréoer la solidité
4^ gu4rison%«]^tenufi3» ei^»compa)C9Atla proportion des
récidives aux admissions dan^ chaque, année.
C<Mt d» fiditu
1836.-^2^rëcidiTes sur i37 admissions^ i6% sttP iOOih.
18a7K--3a ^ 157 -- 191 . . .
*838.-.34 ^ 497 — 173
♦839.— 3^ ^ 182 -^ 181 '
1840.— 35 -^ 2©t — 174
i841.--'30 -^ 2ia ^ . 142
M42.— 39 — . 25(^ — no
4843.-4Q ^ 223 — 179
Influence des taisons.
Guérfsonscomparéea aux admissions.
Pendant les six mois les plus chauda :
9M HOTicB mm L'jUitt ms àuiniM
HoBunef. FeraiMS. D. aeies. Proportk» sur 1000.
Hommes. Femmes. D. sa.
Gaérisons, 217 199 416
▲dmiMioDS, 473 432 905 *^^ *^* *^
Péodant ks six mois les plus froids :
Quérisoos, 157 174 331 \
Aànn^.^1 370 747 I **« «^ "^
Inflmnee des égm.
Pe<g ietes.
Proport
Ages. Gnérlsons. Admissions, sviooa
Au-dessous de 20 ans. . . 39 — 61 — 639
— de 20 à 29. . 157 — 297 — 528
^ de 30 A 39. . 244 — 493 — 49S
— de 40"à 49. .175 — 441 — 897
— de 50 A 59. • 94 --' 215 — 383
— - deGOetau-des. 98 ~ 115 — 330
Durée du traîtemeni.
GuériSQiM obtenues. I¥oport. sur f 000.
H. F. D.ses. H. F. D.sex.
,PnidiDtlal«niois , 29 43 49 — 78 35 56
Pend, le 1*' trimestre, 177 136 313 — 473 365 419
Pend, le 2* trimestre, 94 101 195 — 251 271 261
Pend, le 1*' semestre, 271 297 508 ^ 724 636 680
Pend. le 2« semestre , 55 76 131 — 147 204 176
Pend, la prem. année, 326 313 639 — 871 840 855
Pend, la deux, année , 29 25 54 — 78 67 72
Pend, les 2 pr. années» 355 338 693 — 949 907 927
Aprè& deux années , 19 85 54 — 51 93 75
Total. 374 S73 747 — 1000 1000 1000
M LA «BlWl'IKfÉlliraB. 761
Les priBci|Mles ooMéquenees conteniieft âattt le§ frilt
obsenrës à Tasile relativement à la guérison de la UHie ,
sont les suivantes :
Le nombre des guërisons , qui a été , en moyenne , de
452 sur 1 ,000 admissions , s*est notablement aiccru d^ns
la période de 1855 à 1843 y comparativement aux résu^
tats constatés pour les années précédentes.
La proportion plus considérable des guérisons « dans les
dernières années de la période de 1855 à 1845, n*a pas
été obtenue aux dépens de leur solidité.
La proportion des guérisons , pour les malades admis
avant le passage de la folie à l'état chronique , s'es) élevée
à 580 sur 1 ,000.
Les chances de guérison , en ce qui dépend de la forme
de la maladie , vont en diminuant dans Tordre suivant :
Forme convukive , 700 sur 1000.
maniaque , 590
mélancolique, 500*
chronique , ■ 224
paralytique y 52
Le nombre des guérisons est proportionnellement plus
considérable diez les hommes.
Les saisons ne paraissent pas avoir d'inflncnce sensible
sur la guérison» L*âge a , au contraire^ une influence très-
notable sur les ebances de guérison qui décroissent , en
raison do Télévation de l'âge » de manière à ce qu*à partir
de 00 ans^ellessoient de moitié moindres qu'avant 20 ans«
La durée du traitement prouve que les chances de gué*
EÎson diminuent rapidement en raison de la durée de Ja
maladie. Afrès un an de durée > la proportion des gué*
7M HOTICB mm L'iilUK M^ .B1IB8
/
Honmet. PemoMs. D.r ; après deax annëis ,
GoériaoDs, 217 199
Admissions, 473 435> j^ns guérisan.
Pendant las six mo*
GiiérisonSy I S7 ^des non encore guéris ou incura^Ies^
Admissions» 177 cément des asiles d'aliénés par la volonté
^par suite de mesures d'administration pu-
^ntiellemeat variable à propos du même
-yyat j et surtout d'un' établissement à l'autre^
A • ^^>(istiqué « tout en constatant cet ordre de faits »
* /^à en attendre aocun enseigiiement important.
^^bre des malades sortis sans guérison de L'asile de la.
^-Inférieure ^ pendant la période de 1835 à 18.43 ;^
Smums rmaeft. Dmim
1835. — 23 ^32
1836. ^ 1« 18 14
1837. — 14 9 Sia
1838. — » 17 Z%
1839. — 19 19 31
18i0. — » 9 1^
4841. -^ 17 il 3&
1842. ~ 18 6 24
1843. — 20 2a 4a
Totani. 151 118 26ir
ftmii ces aliènes sôKis sans éftre gQéri8,1es uns n'àraîent
pas encore' subi un traitement cotnpiet ; d^àuties étaient
considérés comme incurables ; enfin , il en ëtait un certain
Bomère qui avaient éprouvé une amélioFaHon ffi»ez no-
table pour qu'on pût lés oonsièérer comme sun le peint de
BB LA SElllB4NPiBKimB* HSS
<% nombre des malades appartottânt à celte der-
rie s*est élevé à M pour les deux seies : 37-
>mined. ■■
SBCTiolf • ir,'^pécÈ&^
I 1. Nombre de$ décès.
Le nombre des décès s'est élevé :
Du li juillet 1825 au 31 dé- "<«"«. »-«^ i>««~*
cembre 1834 » à .... 168 133 SOI
Du l^»" janvier 1855 au 51 dé-
cembre 1845 » à 515 207 520
Depuis la fondation de Tasilè jus- ^
qu'au 51 décembre 1845 , à ... 481 540 82t
Prcfortion amiuMede$ d4cè^*^
La proportion des décès a été déterminée en comparant
le chiffre des décès annuels au cbiQre de la population ^
représenté parla somme du nombre des malades existants,
au 1^' janvier de chaque année et du nombre des admis-
sions annuelles. (Voir le tableau n^ 4«)
Rapport du nmbre du dieU au ckifpr$ ioUpopuiUUkak.,
h
HiNniiies.
Feromee. 1
Deux sexes.
1825.
—
47 —
61 —
55 surlOOO.
1826.
—
55 —
27 —
59
1827.
—
99 —
52 —
74
1828.
—
102 —
22 —
62
1829.
—
81 —
M. -
65
1830.
.-.
81. -
22 ^
49
7<i NOTICB WK Î/JOUM »BS AUilIBS
1831.
r-
64
-*.
67
0
60 sur 1000.
1832.
—
92
—
112
103
4833.
—
66
—
87
—
77
1834.
—
76
—
48
—
62
1835.
—
85
—
68
—
77
1836.
—
86
—
41
—
62
1837.
—
92
—
101
—
95
1838.
—
110
—
49
—
7a
1839.
—
94
...
50
;
68
1840.
—
96
—
92
—
94
1841.
—
109
—
61
*«iBV
84
1842.
— r
116
—
48
—
80
1848.
ii.
132
.M
49
1..
87
moyenne des décèê.
Pouf obtenir une proportion moyenne exacte des décès
à la population y il faut retrancher les faits qui se rappor-^
tent aux années exeeptionnelles 1825 et 182S^ pendant
lesquelles a été effectuée la translation h l'asile des malades
résidant dai:s divers établissements.
Période de 1^7 à 1843 , comprenant 17 années.
Nombre des décès* GbiOre total de la pofiulatiofl.
Hommes. Fenllroes. D. sexes. Homnes. Femmes. 9. sexes.
471 332 803 4972 55 1» 10490.
Proportion mojenoe des décès anmids.
Hommes. Femmes. I>. sexes.
91 60 76 sur 1000.
MorliAité wwant l'espèce de Valiénatwn meniah.
Période de 1835 à I8i3.
Hommes. Femmes, b. sexes.
FoKe maniaqae.
S9
96
65
mëlanooliqiie.
19
13 .
9ft
chroDii|iie*
IM
129
990
eonvulsive.
1
1
a
paralytique.
198
31
15»
épilepi
tique.
19
9
91
Folie.
909
202
66*
Imbécillité.
4
1
S
•
Idiotie.^
7
4
11
Morl
513
207
•
520
' .
alité <t(t«anf lei taisom.
Période de 1837 à 1834.
-
SbMli
MiMli
CkN*.
iraMi.
TôW.
ProportfoB Ml
JOM,
Blommes
71
- 87
— 158
449 —
551
Femmes.
59
— 66
— 125
472 —
528
D. sexes.
430
— 153 .
— 283
460 —
540
Périodede 1835 i 18(3.
«
Hommes.
137
— 176
— 513
438 -.
S62
Femmes.
89
— 118
— 907
430' —
570
D. sexes.
926
— S94
— 590
435 —
565
i 2. Cartes de la mort.
La cause de la mort, considérée chez les malades atteints
de folie , pendant ja période do 1835 à 1843 , a été :
f ».
7M noTiOK 0im Và&ttt tBS alikhes
I<» Une lésion organique :
^/cérébro^pinal- . . 161-65-214 533-261-423
lldigestif. 61-71—132 .202—562—264
Ijeirculatoire 14-16- 30 46- 79- GO
g [respiratoire .... 29-4^^ 71 96^-268-140
J V^nito-urlnaire. . i 2— '3— 6 7-*- 46— 10
Divers appareils • . i 12— 7^ 19 40— 36— 38
2"* Un accident :
Asphyxie par le froid. . »— 5— 3 ._ 15— •
Asphyxie par engoue^
ment d'aliments. . 4 4—4-5 13—5—10
Asphyxie dans accès
épilepliqiies. .... 5— *— 5 17— »— ' 10
Brûlures. 1—1—2^3—6—4
3<^ Le résultat de la volonté des malades :
Marasme par inanition
▼olontaire 3—3—6 10— 15—12
Asph. par suspension
Tolontaire 4 — 1 — 5 13— 5 — 10
Blessure volontaire du
cœur. 1— «^ 1 3 — » — 2
k^ Le résultat d'un état morbide dont fa nature est de-
inéuréeinoonliue:
'Mort subite de cause
: inconnue, i . . . . i. 3-^ 4 — 4 - 10 — 6— È
Marasme de caoçe in-
connue. ...... 2 — » — 2 7 — » — 4
502 202—504
Les- causes particnlières'de mort, coneSdërées diaprés
leur fréquence dans la folie en général , se classeal ainà
qu'il suit :
Deux«exes. . «. Sur 504
Congestion cérébrale. « 1.11 *-* 220 sur 1000».
Gastrite ;. entérite. •
Marasme cérébral. . .. •
Phtisie pulmonaire. . •
Maladies du cœur. «. i^
Fneunionie y pleurésie .
Méningite aiguë. . .
Péritonite
Rémorrhagie cérébrale.
Cancer de Pestomac. .
Ramollissement partiel
du cerveau, ou du cer-
velet. ...... iO — 50
La considération de Tespèce de la folie modifie notable*
ment ces résultats généraux , ainsi qu^îl résulte de la tam^
paraison des principales causes de la mort dans la folia
aiguë y la folie chronique et la folie paralytique.
*.0i.
•
200
60
• •
- —
119
42
—
83
.30
y-_
60
29
— .
58
12
—
24
12
—
2i
11
—
2à
11
.^
22
-*■ ^* '^ ■»•■<>»« Ftlie
XifiC CkTMlqm. ' pêniyiqM.1
*^^^^^^^*^^^^^^ ^^^^^*^^^^^^^^ ^^^■•fc^^*^^^™*^^
Ûiei 1m àêfa seket. tur M. «or 1000. wu tisltur 1000. rar ltl.sar lOOé.
Lésions organiques.
«/cérébro-spinal. . . 19—504 46—501 1^5--848
«Uigestlf. 51—533 89—588 9-- M
™rculatoîre. .' . . . > 8- 86 20— 8^ ' i— 13
Z [respiratoire. ... 14—150 50—218 é— 38
pg ^génito-urinaire. . . 1 — 11 4—17 »— i
Divers appareils. . . ; t— 75 9 — 40 5—19
768 KOTICB «m CaSIIA BSS ALlélIBS
Chmembai 4e5 eaqaei partfciditres ïm ^m (réqtmâeê
it la mort.
HuisIaMieftlinpto,
iigaë.
chroalfrte.
!• Gastrite ^ entérite. • • •
95 — 266
I« 65 — 284
^ Ceni^stion cérébrale. •
9—97
2« 39 — 440
S"" Maladies du Odeur. . . •
B — U
3<» 96 -- il3
4* Phtisie pultnonaire. . .
7—75
4* 90 — 87
S** PoeomoDie^ pleurésie. .
7—75
5» 18 — 78
6^ Suppurations
5—54
— - » ^^ »
Cancer de Festomac. • .
» — »
6« 10 — 43
tlins la folie paralytique,
1* Congestion cérébrale» •
66 — 414
Sl^ Marasme cérébral. . , .
55 — 33S
5® Gastrite, entérite. • • .
9—57
4^ Méningite aiguë
5 — 3i
5® RamoUissemeoi partiel
du cerveau. . • • . • 5 — 31
6* Hjdrop. de Tarachnoide
et des ventricules. . • 3 — i9
Le nombre des décès , en somme et en mojenne , a été
plus considérable chez les hommes que chez les femmes.
La mortalité , plus grande chez les hommes » explique le
fiiird*une populatton actuelle plus grande pour les femmes,
bien que le chiffre des admissions d'hommes remporte sur
celui des admissions de femmes. Cette, mortalité , plue
grande chez l'homme « est principalement due à ce que ,
diez lui y la folie revêt , beaucoup plus fréquemment que
dans Vautre sexe , la forme paralytique » et est alors
presque constamment iecurable et mortelle.
La mortaUlé , plus considérable dans les mois les plus
DB LA SEINE-1?fFÊIIIEtJllB. 769
froids j prouve qae les aliénés subissent , à la manière des
autres hommes , l'influence délétère du froid»
La cause de la mort a été une lésion organique de Tap*
pareil cérébro-spinal , 4â3 fois sur 1,000.
Cette proportion exprime à peu près exactement la part
d'influence qu'on peut attribuer à la folie elle-même dans
la D(u>rtalité , la lésion organique de l'appareil cérébro-
spinal qui a causé la mort , ayant été habituellement liée
d'une manière plus ou moins étroite à l'état d'aliénation
mentale.
Cette proportion , beaucoup plus considérable chez les
hommes , 523 sur 1,000 , est expliquée par la fréquence
plus grande des altérations inflammatoires de l'encéphale ,
qui sont un des caractères'essentiels de la forme paralytique.
Parmi les accidents qui ont causé la mort de 15 indivi-
dus , 15 se rattachent à Tétat d'aliénation mentale , et
expriment , pour l'asile de la Seine-Inférieure , le nombre
des accidents fâcheux qui ne peuvent être complètement
prévenus dans ces sortes d^établissements. L'asphyxie par
engouement d'aliments est un des accidents propres à la
folie paralytique ; l'asphyxie , dans les accès d'épilepsie ^
exprime plutôt une terminaison assez fréquente de cette
maladie , qu'un accident réel ; l'asphyxie par le froid ne
pourrait être prévenue absolument qu'à la condition de
l'établissement général de calorifères.
. Le nombre des suicides , déplorables malheurs que toutes
les précautions imaginables ne peuvent prévenir d'une
manière absolue , s'est élevé à 6 en 9 ans.
Tous les moyens que possède la science pour empêcher
que les malades ne réussissent à se laisser mourir de faim,
ont échoué dans six cas pendant la même période»
49
77# KOTICB SUR L*ikSILB DBS ALlBNÉâ
Il serait fort à souhaiter que toutes les statistiques fissent^
comme celle-ci , une mention scrupuleusement exacte de
ees événements malheureux , plus faciles à dissimuler qu'à
éviter.
j 5. Réiukatêdeê recherches d'anatomie pathologique.
L'autopsie cadavérique de tous les malades qui ont suc<*
combé dans la période de 1835 à 1845 a été £iite par le
médecin en chef , et le résultat des recherches d'anatomie
pathologique, relatives à l'encéphale, a été consigné dans
des observations individuelles égales en nombre à celui des
décès.
Dès 1835 , un élément nouveau d'appréciation de l'état
pathologique de l'encéphale , la détermination du poids
absolu de cet organe , a été introduit dans ces recherches
par le médecin de l'asile. La comparaison du poids dcl'encé-
phale dans l'état d'aliénation mentale, au poids de cet or-
gane dansl'état normal, scientifiquement déterminé d'après
des recherches spéciales (i) , paraissait devoir jeter quelque
lumière sur les rapports qui existent dans l'aliénation
mentale entre le trouble morbide des manifestations psy-
chiques et les altérations de l'organe , par le moyen duquel
se réalisent ces manifestations.
Sur les 50i observations individuelles , S29 , c*est-à<>dire
toutes celles qui se rapportent à la période écoulée depuis
le 1*" janvier 1855 jusqu'au i'' mars 1841 , ont été publiées
et disculées dans le Traité théorique et pratique de la folie.
(1) Becherchet sur Veneéphàle ; du volume dH la tête et de Venciphale
chez Vh&mme , par M. Parchappe , 1836.
DB LA SflniE-IIIFÉftlBt7lUS. 771
dont le médecio de Tasile a entrepris la publication. C'est
dans cet ouvrage que doivent être cherchés les développe*
.ments scientifiques qui se rapportent à ces faits (1). Il
suffira d'indiquer ici les résultats les plus généraux et les
conclusions principale^.
Altérations cérébrales constatées, après la mort, chez 313 tna*
Iodes des deux sexes atteints d» fiAie , clcusées é^ après leur
fréquence*
Sur 313.
1 . Epaississement et opadté de l'arachnoïde et
de la pie-mère. . . • 192 fois*
2. Hypérémie générale de la pionnière et des
deux substances cérébrales. .«..**• 110
3. Ramollissement profond et étendu de la
couche corticale ^08
4. Adhérence de la pie^mère à la sur&oe cor-
ticale , * . • . 102
5. Atrophie des circonvolutions ®6
6. Décoloration de la couche corticale 92
7. Induration générale de la substance blanche 79
8. Hypérémîe générale de la couche corticale 72
9. Infiltration sous'arachnoïdienne 70
10. Induration générale des deux substances. . 49
1 1 . Hypérémîe générale de la substance blanche 47
12. Ecchymoses sous-arachnoïdiennes , associées
an ramollissement superficiel de la couche
corticale ^
(i) Traité théorique et pratique de la folie ; obser^^tiODS partien-
lières et documents néeroscopiqaes ; par M. Parchappe^ I84i«
7T2 NOTICE sut L*ASILB DES AlIÉ?fAS
13. If jpérémie générale de la pie-mère 43
14* IlTpéréniîé partielle de Tarachnoîde et de la
pie^mère 32
15* Induration étendue de la surface corticale ,
sous forme de pellicule 29
i6. Mollesse de la couche corticale 24
47. Mollesse des deux substances 23
i8. Granulations à la surface des veniricules. . 2i
19. £cchyiQosessous*arachnoîdiennes, associées
à rinjection pointillée de la surface corti- 13
cale 13
20. Mollesse.de la. substance blanche 8
21. Anémie de l'encéphale • 7
22. Atrophie de la couche corticale 5
Condusionê générales des recherches d'anatomie pathologique.
Presque constamment on trouve des altérations patho-
logiques dans le cerveau des aliénés.
Par leur ensemble , et souvent aussi par leur caractère,
ces lésions diffèrent de celles que peut présenter le cerveau
hors de Tétat d'aliénation mentale.
A chacune des grandes classes de Taliénatioii mentale ,
folie , imbécilUlé , idiotie y correspondent des altérations
différentes dans l'encéphale.
Dans l'idtolfe, il y a généralement défaut de volume
et imperfection de conformation de Tencéphale.
Dans rirobécillité consécutive , il y a atrophie de l'encé-
phale pourl*ixnbécillilé s^njle ;. altération de structure de
l'encéphale pour l'imbécillité paralytique.
Il n'y a pas d'altération constante et spéciale de l'encé-
phale -qui puisse être considérée comme une des condi-
BB LA SBINBMNFBRIBVIIIS. 77S
fions essenrielles & Tétat morbide désigné sous le nom de
folie.
La folie simple peut exister sans qu'à la moi-t on trouve
aucune lésion de l'encéphale ; néanmoins , il j a , en
général , et pour le plus grand nombre des cas, congestion
sanguine subinflammatoire à la périphérie du èerveau
(couche corticale et membranes) , dans la folie simple
aiguë ; épaississementdes membranes et atrophie des cir-
convolutions cérébrales , dans la folie simple chronique.
Il y a un décroissement graduel du volume du cerveau
en raison de la dégradation successive de l'intelligence
dans la folie simple, ainsi que l'établissent les faits suivants:
Poids comparé de V encéphale dans diverses catégories de
malades atteints de folie simple (i).
Moyenne du poids de Tencéphaîd.
Hommes. Femmes.
Folie aiguë 1^.449 — 1^295
Folie chronique 1, 363 — 1, 186
Folie chronique divisée en 4
classes , suivant le degré de dé-
gradation intellectuelle.
1" classe 1, 402 — i, 216
2» 1, 595 — 1, 231
3- 1, 374 — 1, 202
4«. . . . 1, 297 — i. 152
La folie compliquée offre plus constamment des lésions
pathologiques de l'encéphale , qui sont aussi plus carac-
téristiques et plus profondes.
(1) Voir le Trûité théoriq^ «f pretêique d» la folié.
774 HOTICI mm L*ASILB DB8 ALIKIIBS
Dans la folie paralytique \raie , il j a constamment des
lésions da la périphérie du cerveau qui révèlent un travail
inflammatoire , et qui consistent en épaississement et
U^eetioa des mem}Nraiies , adhérence de la pie-mère à la
sorCice cérébrale , ramollissement cm induration da la
coucha corticale cérébrale.
Sians la folie épileptique , les altérations du cerveau
sont plus variables ; la plus fréquente consiste en indor^i-
tioiÉs générales qu partielles de 1^ substance blanche
cérébrale^
«*•■
CHAPITRE TROISIÈME.
Organisation et diseipline de TAsile.
SECTION 1"^. -r- CLASSEMENT DBS MAUlOBS.
Le classement des malades dans l'asile des aliénés de la
Seine-Inférieure est subordonné à plusieurs principes ,
relatib an sei^e, à la condition et à la maladie des aliénés.
4® En raisqn du sexe des malades , l'établissement est
divisé en deux quartiers convenablement séparés , sur la
limite desquels se trouvent placés les bâtiments consacrés
aux services généraux. Des mesures dWdre efficaces sont
prises pour que , dans la fréquentation des localités com-^
munes , l'église , la dépense , etc. , et, dans le cours des
travaux de culture, il n'y ait aucun point de contact entre
les malades des deux sexes,
2® En raison de la condition des malades , les quartiers
d*bommes et de femmes sont subdivisés en trais seclioQs i
DB LA SEINB-INFÉRIEUHB. 775
i^ les pensionnaires de première et deuxième dasscs ,
qui , de chaque côté , ont un quartier complètement
i^olé ; 2* les pensionnaires de troisième classe , qui , du
côté des hommes , ont un quartier distinct ; qui , du côté
des femmes , ont un quartier commun avec les pension^
naires do quatrième classe ; 3» les malades placés d'office
aux frais des communes ou du déparlement, et de plus ,
du côté des hommes, les pensionnaires de quatrième classe.
50 En raison de la maladie , chaque quailier offre les
subdivisions suivantes ;
Infirmeries chauffées et surveillées de jour et de nuit ,
pour les aliénés atteints de maladies accidentelles, et
pour les malades chez qui on a reconnu la disposition an
suicide ;
Cours avec cellules et closes , pour les malades agités ;
Quartiers spédaux pour les malades chez qui la volonté
ne gouverne pi us les excrétions ;
Dortoirs pour les malades tranquilles.
. A chacune de ces subdivisions sont affectés des chauf-
foirs , réfectoires et ateliers spéciaux.
Dans les cours et les dortoirs , qui sont multiples de
chaque côté, les malades sont répartis en raison composée
de la forme de la maladie , du degré de tranquilhtô et
de Vaplilude au travail, ^
Il y a du côté des hommes , pour les malades furieux ,
un quartier de force , contenant cinq loges chauffées.
SBCTION II. - ORGANISATION DES SERVICES DE SECOURS
MEDICAUX ET DE SURVEILLANCE.
Le médecin en chef fait tous les jours la visite des ma. ,
lades dans tous les quartiers de F étabUsse ment , et com^
776 KOTICE SIH L'aSILB DES ALIENES
««ice cette visUe à 7 hoareslet demie da maria en été ,
* 8 heares en h.rer. Il fait , en o„ire , le» visites indivi.
duello. que réclame l'état des malades. Il séjourne à l'asile
tous les jours jusqu'à on„ heure, du matin, tous les
jeudis jusqu'à midi.
Le chirurgien de l'asile est appelé toutes les fois que les
opérations de la grande chirurgie sont nécessaires.
Quatre médecins internes, résidant à l'éUblissement
sont chargés du service de garde à tour de rôle , des pan!
sements de la tenue des cahiers et des observations et
assistent le médecin en chef dans sa visite du matin '
Une pharn.acie est confiée . sous la surveUIance du
médecn en chef, à «ne sœur hospitalière. On y préfZ
les tisanes, les sirops et les prescription, magistrale
qui sont fourmes , sur un hon du médecin , par un nW
macien de la ville. '^ ^'^'
fiéf* r"i"T "' '" "^^ '^'P""' •*•» "«"«<•«« «»»» conT
liés . du Côté des femmes, aux sœurs de Saint-Joseph de
les ordres d un infirmier major.
A chaque cour , con.enant terme moyen 3S malades
2* P-^ÎPosés , du côté des hommes . deux infirmiez di
CÔW des femmes , trois sœurs hospitalières. '
Bans chacun des autres quartiers , les malades , suivant
L« infirmiers couchent dans les dortoim mêmes des
malades ; les sœurs hospitalières couchent dans des^iéZ
rs:;rm^.r^'^'^^'----^--«^-
DE LA SBIME-lXFfiRtEURE. 777
Une sœur hospitalière et un surveillant sont de service
pour veiller chaque nuit dans les deux infirmeries.
Les chambres des médecins internes sont réparties dans
les divers quartiers du côté des hommes , de manière A
favoriser une surveillance simultanée et permanente sur
toutes les parties du service.
(La section 3 , sous le titre de règle et dmîpline hygié*
fiique$t traite du régime alimentaire de la maison de St«
Yon • des vêtements et des heures assignées aux divers
exercices. Nous renvoyons à la Notice elle-même pour ces
renseignements , d'une nature trop spéciale pour trouver
place dans l'Annuaire. )
SECTIOn IV. — TRilTBHEirr.
Le traitement d'une maladie qui naf t le plus ordinaire-
ment sous l'influence du mal moral , soit qu'il consiste en
chagrins que la raison n'a pu éviter ni soutenir , soit qu'il
consiste en excès dans lesquels la raison a cédé ù Tentrai-
nement des passions y et qui consiste en un trouble per-
manent des facultés de l'ame , ne peut être assimilé au
traitement des maladies ordinaires. On conçoit que les
moyens qui agissent principalement sur l'ame , ceux qui
constituent par leur ensemble ce qu'on appelle le traite-
ment moral , déjà si puissants comme ressource acces^
soire toutes les fois qu'il s'agit de porter remède à une
maladie humaine, doivent se présenter à la pensée comme
les premiers en puissance et en efficacité dans le traite-
ment de la folie.
Cette vérité a été connue dès la plus haute antiquité.
778 KOTICB SUR l'asile DBS ALlélVBS
Le» règles à suivre dans le trailement moral individuel de
la folie ont été tracées par Cœlios Aurelianus avec une
netteté et une portée de vues , et avec une fécondité de
ressources qui ont laissé peu de chose à faire à la science
moderne dans cette direction.
Hais l'institution des hôpitaux , en réunissant dans une
même enceinte un nombre considérable d'insensés , a
fait naître un problème inconnu aux anciens, le traitement
moral général de la folie. C'est à notre époque exclusive-
ment , à la Franoe principalement , et surtout à Tinitia-
tive et aux travaux de noire Pinel et de notre Ësqoirol ,
qu'est due la gloire impérissable d'avoir (ait tourner , au
profit des malheureux insensés , les mesures mêmes que
la société s'était vue forcée do prendre contre eux; d'avoir
substitué , pour les fous , à rhabîtation et au régime des
prisonniers l'habi talion et le régime des malades; d'à-
Yoir , en un mot , posé le principe et réalisé en grande
partie l'application du traitement moral général de la folie.
g 1^. -- TraUemeni fnorai générale
Une grave erreur a long^temps dominé les vues de la
thérapeutique et la pratique , en ce qui concerne les fous.
Elle eonsiste à croire que l'isolement des malades ,. si fré-
quemment conseillé comme la condition première d'un
traitement efficace , doit être entendu comme s'il s'agissait
de soustraire le nnlade à tout contact humain , à tout
acte de vie sociale. Cette erreur avait conduit à ajouter ,
pour les fous , sous prétexte de laisser dans le lepos le
plus absolu l'organe malade de la pensée , à la peine de
l'incarcération solitaire Taggratation de l'obscurité.
DE LA SEINB-INFBHiEUftE. 779
On a eofia compris que, s'il est de première importance,
pour In guérison de la folie , de soustraire le malade ai|]L
conditions ordinaires de la vie sociale , à celles dans les-
quelles il a puisé sa maladie et A celles qu*il a réalisées
par suite de son délire , il n'est pas moins important, pour
ramener le calme et la raison dans son ame , et pour le
préparer à reprendre un jour le rôle qui lui appartient
dans la vie commune , de lui créer , dans Tordre et sous
une discipline & la fois douce et sévère , des conditions
d'existence préférables à celles qu'on lui a fait abandonner,
Vnais pourtant analoguea à criie» qu'il doit reprendre u(i
jour , et qui entrent nécesaairement dans la destination
humaine.
C'est en ce sens que l'organisation bien entendue de
l'asile même où sont reçus les aliénés est un premier
moyen de traitement moral dont la puissante influence se
traduit , à propos des malades qu'on y introduit, quelque-
fois par une guérison presque immédiate , ordinairement
par la prompte cessation de leurs manifestations les plus
désordonnées.
Les habitudes d'ordre , de régularité , de propreté , de
soumission , de sobriété , jointes aux conditions favora^
blés d'un régime alimentaire et d'une habitation salubre ,
qui résultent pour les malades du fait de leur introduc-
tlon dans un asile d'aliénés bien tenu , constituent déjà ,
au point de vue du traitement moral , de grandes et eiB-
caces ressources.
On en peut réaliser de plus puissantes enoore, et c'est
en les créant que les. médecins de la génération actuelle se
sont montrés les dignes émules de leurs illustres devanciers.
Yoîci en quoi consistent aujourd'hui j à l'i^sile de la
780 NOTICB SUR L'ASILR DBS ALIBNBS
Setae-Infërieure , les principaux de ce^ moyens dont Fen-
semble constitue le traitement moral général de la folie.
i.Secminâelardigion.
Les secours de la religion , si on les restreint dans ce
qu'en peuvent soutenir ou comprendre de pauvres intel-
ligences malades , sont d*une utilité et d'une importance
incontestables dans un asile d'aliénés. Adoucissement des
peines , résignation , satisfaction du cœur , occupation de
Tesprit j moralisalion , Toilà les principaux effets qu'on en
peut attendre , même pour des insensés.
La prière du matin et du soir est faite à haute voix dans
les divers emplois.
Des livres choisis de piété font partie de ceux qui soot
livrés aux malades pour les lectures communes et privées.
Des chants religieux entrent pour moitié dans les exer-
cices musicaux.
Les offices , le dimanche et les jours de grandes fêtes »
sont suivis par les malades tranquilles, dans l'église que
possède l'asile.
2. Travail
Dès le moment de la création de l'asile , on avait pensé
que les aBénés pourraient y élro employés à divers travaux,
puisque , dans les rapports du directeur , qui réunit les
documents premiers sur l'organisation de l'établissement
à la fondation duquel il présida , les pavillons des angles
des constructions nouveles^désignées sous le nom de cours,
sont indiqués comme devant servir d'ouvroirs. Et en effet,
bB LA SEIIfE-lMFÉBIECBt. 781
aussitôt les premiers malades reçus dans la maison , quel*
queS'Uns d'entre eux furent utilisés. Des femmes furent
appliquées à des travaux de coulure ; quelques aliénés des
deux sexes furent occupés dans leurs emplois respectifs à
des travaux de ménage , ou trouvèrent accidentellement ,
et en petit nombre , quelques occupations dans divers ser-
vices de l'établissement.
Cependant plusieurs années s'écoulèrent sans que l'on
eût tiré toutes les conséquences du principe que l'on avait
posé. On panit redouter de placer aux mains d'individus
dont la raison était altérée , des instruments de travail
dont ils auraient pu abuser , ou bien ce ne fut qu'occasion*
nellement , et par exception , que Ton osa réclamer d'eux
un travail qui parût demander quelque dose d'intelligence
et de soumission.
La coulure seule prit de suite un développement en rap*
port avec les besoins de la maison: c'est là un immense
avantage du travail qui tend ainsi à faciliter le rétablisse*
ment des aliénés curables, et à porter le calme dans l'esprit
de ceux dont la guérison ne doit plus être espérée. Mais
il a encore cette autre utilité inappréciable de bannir des
maisons d'aliénés où il est en vigueur, en même temps que
l'oisiveté , les vices honteux qui en sont la conséquence
inséparable dans les grandes réunions d'hommes voués au
désœuvrement.
Les habitudes d'ordre et de soumission que réclament
des aliénés les occupations auxquelles ils sont soumis, con*
tribuent considérablement, concurremment avec les autres
moyens dont le médecin sait disposer dans les étaUisse-
ments bien administrés, à répandre et à entretenir , de nos'
jours y dans les maisons de fous , la tranquillité et la régu-
792 IVOTICB StR L*A8ILB DES ILlÉKÉâ
larité d'existence que les vkiteors de l'asile de la Seiae^
loférieure y femarquenl toujours a\et surprise. Ce calme
n'est pas seulement , on le comprend , dans Tintërét dil
bon ordre de l'établissement., il est une condition essen*"
tielle du bien-être de la population , en même temps qu'il
en est un témoignage irrécusable*
L'état suivant constate les développements successif
qu'a pris & Saint-Yon l'institution du travail , depuis 1830
jusqu'à 1845.
WtBAca é» JtfvrnéM et InraD. Proportioa 4m |o«ni<M]îa
tnvafl Mm j«sHiéM d« té-
•idenoe eoBptéet p' 1000.
Arain. BommM. Ponmeé. D. teiM. flriMiiiii rn—in H ■mrn
1830 (lluit mois.) 5461—12763 — 18224 » _ » _ »
1831 8162 — 25761 — 31923 128 — 284 — 211
4832 9150 — 25275 ^ 3442S 128 — 296 — 220
4835 9413 — 22709 — 32122 127 — 272 — 204
1834 9896 — ^3684 — 33580 131—280 — 210
1855 8948 — 24959 — 33907 113 — 290 — 205
1836 1889 — 26737 — 34626 100 -^ 297 — 205
1837 8115 — 27051 -- 35166 97 -» 295 — > 200
1838 7611 — 25657 — 33268 87 — 258 — 180
1839 12762 — 27219 — 39981 141 — 259 — 204
1840 16320 — 28861 — 4518< 171 — 255 — 216
1841 ^746 — 30254 — ^ 510ÔO 221—266 — 245
1842 25434 — 34281 — 59715 269 — 28S — 276
1843 31085 — 40268 — ^1399 318 — 509 — 512
Les hommes sont exclusivement employés aux travaux
de jardinage et de terrassement , qui , dans les dernières
années, ont pris une grande extension. Us sont aussi exclu*
sivement employés au bûcher, pour scier, fendre et trans-
porter le bois de chauffage , emmagasiner et livrer le
charbon de terre aux divers emplois.
Quelques-uns peuvent être utilisés aux travaux de me-
DB LA SElNE-INFBftIEUHfi. 783
nuiserîe , serrurerie , tour , peinture en bâtiments , et ,
au besoin, employés comme manouvriers près des maçons.
D'autres sont encore aujourd'liui occupés à confectioniiei*
des paillassons , des chapeaux de paille et des chaussons en
coton. Les deux premières de ces industries sont déjà assez
développées pour suffire aux besoins de Ja maison ; la der«
nière arrivera prochainement au même résultat.
Un petit nombre d*hommes , en raison de leur industrie
antérieure » sont appliqués à la couture des habillements ;
mais cette occupation est surtout celle des femmes , dont
le travail a toujours suffi à confectionner et raccommoder
la totalité du linge et des vêtements de la maison.
Les soins du ménage et de propreté , les lits à faire ,
les dortoirs et réfectoires à laver , balayer ; la vaisselle à
nétoyer , écurer , etc. , fournissent de nombreuses occa-
sions d'utiliser , sous la direction et avec Tassistance des
gens de service , des aliénés quelquefois peu aptes à tout
autre travail. — Cette sorte d'occupation est d'ailleurs com*
mune aux deux sexes. — Les sœurs, comme les infirmiers,
dans leurs emplois respectifs « trouvent assistance dans
les aliénés confiés à leurs soins.
Aux femmes sont exclusivement dévolus les travaux de
blanchissage. Tout le linge de l'établissement est blanchi
par leurs mains , et sous la direction des religieuses.
Quelques malades moins adroites sont empbyées à
ouvrir , à la main , la laine à matelas , de manière à rem-
placer utilement le cardage.
Le rapport qu'on a établi dans les dernières colonnes du
tableau dont il vient d*ôtre parlé , entre les journées de
travail et les journées de résidence, donne par induction,
et avec quelque approximation , le nombre habituel desi
781 NOTICE SLR l'asile DES ALIÉNÉ.^
travailleurs. Toutefois , il est bon d'observer que ce docn*
ment , relevé sur les étals de solde du travail , ne tient
aucun compte des pensionnaires de l'établissement , qui
n*y figurent pas , lors même qu'ils s'adonnent à quelques
travaux manuels , et que le nombre des jours fériés et de
maladie accidentelle diminue nécessairement la proporlioa
des journées de travail rapprocbées des journées de réd-
dence.
Pour donner une idée plus précise du nombre des alié-
nés que Ton trouve moyen d'appHquer utilement au
travail dans la maison de Saint- Yon , il paraît à propos
de présenter , d'après les états de solde dont il vient d'être
question , le chiffre des travailleurs de chaque sexe peu*
dant Tannée 1843 , la dernière de la période qu'embrasse
cette Notice.
Janvier. Travailleurs 2i4 Hommes 92 Femmes i52
Février.
—
244
—
91
—
153
Mars.
—
246
—
90
—
156
Avril.
—
263
—
97
—
166
Mai.
—
271
—
116
—
155
Juin.
—
272
—
115
—
157
JuilleU ~
—
280
—
119
—
161
Août.
IMHV
282
*—
120
—
162
Septembre.
—
303
-—
132
—
171
Octobre.
500
—
132
—
168
Novembre.
-J.
306
—
129
—
177
Décembre.
._«
304
—•
141
»-.
163
Le terme moyen pour l'aunée 1843 est de 276 travail-
leurs. La population moyenne de Tasile , pendant cette
môme année, est de 625 aliénés. La proportion destrar
M LA SEDIB-IKrÉlIEUU. 785
▼ailleurs aux malades est d'un pea plus de 3 sur 7 ; autre-
ment, de 44t sur i »000.
II est intéressant de rechercher la valear des traYanx
exécutés par les aliénés , afin de connaître jusqu'à quel
point ils peuvent être profitables aux établissements qui
sionl chargés de leur entretien. On donne ici l'évaluation
qui a été essayée y à la demande de M. le ministre de
l'intérieur ^ des travaux ainsi eflectués en 1845, dans la
maison de Saint-Yon.
Pour arriver à une appréciation , on est parti de bétÊS
différentes suivant la nature des travaux et la possibilité
de trouver des termes de comparaison dans des ouvrages
exécutés dans les conditions ordinaires.
Tontes les estimations ont été lailes avec beauoeiip<|e
modération.
Couture. — D'après les notes tenues à la lingerie de la
maison , 7,059 pièces de lingerie de toute nature , y <om«
pris les vestes et pantalons des aliénés aussi bien que les
robes des femmes , ont été confectionnées dans Tasile.
Multipliant le nombre de chacun de| articles par les prix
les plus ordinaires d^ouvrages^semjlilabies eséciités en
ville , on trouve un total de 2,837 fr. , pour oonfeclpon
d'objets neu& de lingerie ; c'est envinm fr. 0|40 */'^ par
pièce. 56,604 articles de vestiaire et de lingerie ont -été
raccommodés dans la même année ; en ^estimant chaque
raccommodage à 10 c. , on obtient un total de 6,56^ tt.
pour cet objet , et une somme de 8,497 fir. pour valeur
de l'ensemble des travaux de couture;
Bîanchisêage. — En 1829, dernière année où le liage dé
rétablissement ait été Manchi par des ouvrières dttdelMM,
il a été payé , pour prix de journées' employées an lavage
50
786 NOTICR SI7M l'asile PBS AUÉITÉS
^tt linge de 365 malades , taux moyea de la populalkio
de cette année, 5,212 fr. 71 c. ; d'après lemtoie mode
d'opérer -, le bkaehissage » en 1845 , pour une population
moyenne de 825 aliénée , eût occasionné une dépense de
8,920 francs.
Matd<u9eriê. — Quelques femmes ont été employées à ou-
vrir à la main la laine de 164 matelas^pour chacun desquels
il eût falln payer 0^75 ; c'est donc un produit de 125 fr-.
Traiûaux diveri. — Les aliénés des deux sexes sont
'^utilisés dans les différente emplois aux travaux du ménage,
à la cuisine , aa service des bains et à d'autres besognes ;
Taide qu'ils prêtent diminue le nombre des gens de ser«
vice , mais est pea susceptible d*one évaluation directe et
précise. On estime là journée d'une femme employée de
la sorte . à 0,25 ; celle d'un homme , à 0,50. D'après cette
'base , la valear de cette nature de travaux s'élève , en
totalité , à 4,746 francsv
/artftiMi^è.— La principale occupation pour les hommos
jest celle du travail de la terre , soit comme terrassement »
soit comme cnlture proprement dite des jardins.
D'énormes travaux de terrassement ont été exécutés
depuis dnq à six ans dans l'établissement , pour défoncer
et renouveler « en grande partie , le sel cultivable. Ces
travaux ^ qu'il a surtout été posâble d'établir sur une
grande échelle et avec beaucoup d'utilité , depuis l'adjonc^
tîon des nouveaux terrains acquis pour le département »
augmenteront , dans une proportion extrêmement consi-
dérable , la faculté productive d'un sol naturellement très-
ingiiat. La belle végétation des légumes et des arbres
fruitiers , dana la portion déjà amendée , promet , dans
quelques années , un ample dédommagement ù des travaux
BB LJL SBIlfB-Il«FBEIEUBB» 787
tpii oiil ', en outre , Tavàntage d*ètre îmmëdiatemeDt utiles
aux aliéniez dont ils octmpent les bras.
Les mouyemenls de terres ont donné , en 1843 , ee
résultat : déblai , 4,825 mètres cubes ; remblai , 2,737
mètres cubes. Le déblai nécesdte le passage au crible de
la plus grande partie du terrain , et le remblai , le mélange
préalable des terres qui y sont employées. En estimant
ce travail à 1 fr. à5 c. le mètre cube , prix extrêmement
modéré , on obtient , pour valè^ir totale de ces terrasse-
ments , 9,441 francs.
La culture proprement dite des jardins' , dans leur état
actuel , exigerait , au minimum , l'emploi additionnel de
six ouvriers à la journée ; soit une dépense de 6,050 francs.
Bûcher. — En tenant compte du nombre de stères de bois
emmagasiné , scié , cassé par les aliénés , de la quantité
de charbon de terre emmagasiné par eux , du prix courant
payé pour ces travaux ; en tenant compte également du
nouveau travail de^mesurage et de distribution aux divers
emplois de la maison , on est autorisé à estimer à 507 fr.
la valenr des travaux de b^her exécutés par les aliénés.
Fabrication de ehauMons, paiUassans et chapeaux de paille.
— La main-d'œuvre employée à la confection de 109 cha-
peaux de paille , de 2158 paires de chaussons en coton , et
de 61 grands paillassons , paraît pouvoir être estimée à
561 francs.
BdtimenIs.—'La plupart des inâladês'employés aux tra-
vaux de serrurerie , menuiserie , tour , peinture ou ma-
çonnerie , avaient pratiqué ces travaux ou des travaux
analogues , ce qui rend leur travail généralement bon et
■ profitable. Le prix réel de la journée doit être porté plus
baut peureux que pour les aliénés qui sont utilisés comme
Mi KOTICS SOL t*ASILB 1>ffi AtlilCBS
^éiM àe pdoe ; on croit être au-dessous do la réalité m
évaluant , en moyenne , ee prix de journée à ^ fir. 60 e.
A ce taun on obtient , pour 2,178 joutnéar . une valeur
totale de i,tM>6(ranes.
En récapitulant la valcor approximative des travaux
exécutés dans l'asile par les aliénés , pendant tannée 1843,
on trouve ce qui suit :
Travaux de jardinage; terrassements 9UI ) ^^^^ ^
culture. . • . 4050 /
Bûcber 507
Bâtiments ^306
Chapeaux , chaussons et paillassons. • • • 36 1
Travaux de couture 114
— divers. •• 3738
Total 18617 f.
JFciIMMf.
— raccommodage. 5660
Blanchissage 89S0
Matelasserie 123
Travaux divers S008
19434 f.
Travaux de couture; objets neufs. . 2723 \ .^^^ ^
I <I385 I. •
Le total y pour les hommes , est de. . 18517 >
pour les femmes, de. • • • 19434 »
Total général. ♦ • . f . , 37951 1 »
DB LA SElNfrlNFÉElBCRB* 780
Si l'on cherche à teahr compte des dépenses eflbctive-^
asedl faites pour ohtenir ces travaux , oa trouve qoe ,
pour surveiller et diriger les travaux du côté des Assîmes ,
3 est employé quatre sœurs , deux à la buanderie et deux
dans les ateliers de couture , lesquelles ,^à 600 fr. Tune ,
occasionnent une dépense de 2,400 francs
Pour la surveillance et la érection du travail chez, les
hommes, il est employé deux infirmiers, lesquels, à 700 fr.
l'un , occasionnent une dépense de 1 ,400 francs.
Retranohaot ces deux sommes du produit donoé par le
tiavail des aliénés , on a :
Pour les hommes^ ....... 17tt7 f. »
Pour les femmes. ....... 17034 »
■ Il ■■ m ^^^^^m^^
Ensemble. .... 34151 L »
La dépense en argent que s'impose l'asile
pour rétribution du tcayail fait par les alié-
nés . s*est élevée , suivant le compte de
1843 , à. ........ ,, 7135£30c.
Par conséquent, le boni de Tasile est de. . ^701 5 f. 70 e.
£n résumé , depuis, le jour ait les mors des cachots des
aliénés aécroulèrent sous les généreux efforts da docteur
Pînel ,. et où leurs chaînes forent brisées à sa voix , rien
n'a été fait qui ait autant amélioré la condition de ces in*
fortunés, et les ait autant rapprochés de la position des
hommes raisonnables , que l*habitudc prise d^appliquer à
des travaux utiles ce qui leur leste d'énergie physique et
de facultés morales. ^ Cette belle institution , qtnconciUe
admirablement les intérêts des aliénés et ceux des asiles
qui les secourent , a fiDÛt , à Saint* Yon , de grands progi^
790 ifOTici sum i.*a8ii.b des amârkés
eî s'y développe tous les joan davaolage ; c est un de&
ùAtB qui témoignent en taxeut de U bonté de rocgaoisatioa
de réIriJiwment.
3« Distractionjf..
RéeréatiùM. — Au moment des rëcréetions , les malade»
se promènent dans le» cours et jardins , ou sons les gale-
ries eoihrertes. Ifautres se réunissent pour jouer aux-
dames , aux domfnos , athx cartes , S la raquette , an ton^
neau. Les penstonnaires de premières classe, ixk côté de&
hommes , ont à leur disposition un billard.
Les pensionnaires à la personne desqaels un sunreiHaDt
spécial est attaché , font de tempaà aulrede^ promenadeft
dans la campagne , en compagnie de leurs surveiflants.
Ite& promenades en commun ont été queIq4iefoîs accor^
dées à un certain nombre de femmes non pensionnaires ,.
maïs elles leur ont été refusées depuis révasio0 d'une mia%
lade pendant une de ces promenades.
Eiterciees inteUeetueU. -— Pendant le cours de l'année
18(1 , le médecin de l'asile a réalisé le projet qu'il avait
formé dlajouter aux moyens destinés à discipliner , mora^
liser et distraire les aKénés , des exercices kiteHectuels
consistant enleotnres privées et ccmmimes^et ea e^erdoea
de ehant«
Les succès obtenus dès les premiers essais eot eon-i
vaincu radminiatsation sopésieure de l*iitilité d'une telle
institution»
Une sotmme annuelle de tOO fr. a étédlouée pour la
formation d'une bibliothèque à l'usage des aliénés , et des»
fonds ont été consacrés à rémunérer un professeur dict
chant et & iair^ les fraia de deux conoert^ annuels^
W LA SBIN&tlNFBRIBURB:. 7^1
leeiurei. — Des lectures en commun se font à haute.
YaÎ¥ parles aliénés dans chaque emploi. Pour les femmes,
ces lectures se font dans les ateliers de travail , chaque
jour , pendant une heure. Pour les hommes , elles se font
dans les cbaiofloirs-réfectoires . chaque soir ^ pendant une
heure , après la cessation du travail.
Plusieurs aliénés lisent tr^-bien ; quelques«uns donnent
à rintonalion et à l'expressiop beaucoup de justesse ; tous
observent un silence parfait ; beaucoup prélent une atten-
tion soutenue , et psennent un véritable intérêt au sujet
de la lecture.
Les livres sont choisifLparmi les chefs-d'œuvre de la lit-
térature française et étrangère , et parmi les ouvrages des-,
tinés à Tédacation. Aux livres de religion , de morale ^
d'histoire , de voyages , on jçint un choix de poésies , de
tragédies y de comédies , de^ eontofr ^t de romans. Des
livrcfi soat confiés aux malades tn^nquilles qui désirent
lire en particulier dans leurs nioments de iQÎsi^t £n gé<
néral , les malades prennent beaucoup de soin des livres
qu-'oa leur préte^et très-rareinentil s'çn.Uouvç de perdus
oiida déehirést.
Ckani, meêêeê en musique et €OMert$. -r- Les exercices de
chant ont parfaitement réussi ; ils constituent , pour ui^
ceclain nombre de malades , une occupation intellectuelle
et une» distraction agréable qui se reproduisent uoe fois pas
semaine. Hs deviennent, deux fois par an, pour Timmense
majorité des malades , l'occasion d'une vériiable fête dont
ib se préoccupent agréablement à t'avance , çt dont ils
gardent un doux souvenir.
Le professeur de chant donne chaque semaine deux
leçons de musique vocale , iinç pour les hommes , unç
793 NOTICB SUH l'asile DBS ALISK»
poai^ les femmes. 30 malades environ de diaque côté
sistent à la leçon , et 20 prennent aux exercices de chant
nne part soutenue.
Le professeur enseigne aux malades les principes élé»
mentaires de la musique , et leur fait apprendre , surtout
empiriquement , divers morceaux de chant. Une part
égale est assignée , dans te choix des morceaux , à la
musique religieuse et A la musique profane.
On enseigne aux malades des morceaux concertants
à deux ou trois voix r les hommes sont chargés de deux
parties , et les femmes de la troisième. On leur enseigne
séparément ces parties ; pub , quand elle» sont isolément
sues r on réunit les malades des deux sexes dans une salle
commune y pour répéter et exécuter Tensemble des mor>
ceaux.
C'est ainsi que , pendant chaque moitié de Tannée , on
prépare Texécution d*ime messe en musique qui est célé-
brée dans la chapelle de TétaMissement vers Pâques , et
d'un concert qui est exécuté dans une des salies de l'asile
A la §n de Tété. Un orchestre d'instrumentistes payés ^
auxquels s'adjoignent, avec un louahle empressement, dee
amateurs distingués , accompagne le chant et exécute
des symphonies et des ouvertures.
DéjA trois concerts ont eu lieu et deux meases ont été
exécutées. L'exécution des morceaux de diant a été réel*
lement satisfaisante , et on a pu constater un progrès
sensible d'une année A l'autre. Pendant toute la durée de
cessolennités musicales ,1e calme et l'ordre le plus parfait^
le silence le plus absolu ont régné dans une assemblée de
plus de trois cents aliénés des deux sexes ; et , chaque îws ,
on a pu saisir sur tous ces visages si attenti6 , si
BB LA SElNE^ITCFÉHIBimB. 793
*
OU si recueillis, Texpression franche et vive des plus douces
émotions , au moment où elles se produisaient , et re-
cueillir ensuite, de la bouche même des malades, la preuve
qu'aux manifestations extérieures correspondaient des
sentiments intérieurs réels et vrais , dont le souyenir est
gardé par eux avec honheur*
Ces résultats , qui attestent hautement Texcellenee des
nouvelles méthodes , en ce qui concerne Fart de gouverner
les aliénés , ne sont pas moins dédsib en faveur desavai^
tages qu'on peut attendre de la musique , employée comme
moyen de moralisation et de récréation.
4. Vîntes de$ parents et amis.
Les visites des parents et amis ne sont permises que sur
un ordre écrit du médecin ou dé Tinterne de service ,
soumis au visa du directeur. Généralement les visites ne
sont permises , pour les malades en traitement , qu'à une
époque voisine de la convalescence. Toujours elles sont
surveilléea dans leurs eiïliBts. Les consolations que ks ma-
lades peuvent retirer des rdations de famille ou d^amitié
sont une source précieuse comme moyen de traitement ,
mais exigent , dans leur emploi , beaucoup de circon-
' spection et de discernement.
Quant aux malades incurables , les visites sont permises
toutes les fois qu'un état actuel d'agitation chez le malade
n'y apporte pas obstacle.
Les parents des pensionnaires de première et de deu-
-xième classe sont admis à les visiter dans leurs chambres.
Des parloirs sont destinés pour les autres catégories de
malades.
Un jardin , qui occupe te centre du corps prioeipal de&
bàiimenU, est destiné k servir de promenade aux visitourft
et aux malades , dans les beaux jours.
Le jeudi est le jour consacré aux ytutes pour les per«t.
sonnes qui ont leur résidenee à Rouen. Les parents et
amis , étrangers à la ville , sont reçus les autresc jours de
la-senwne , les dimanches exceptés.
Tous les mois , pour les pensionnaires de première , de
deuxième et de troisième classe ^ tous les trois mois , pour
les pensionnaires de quatrième classe , des bulletins con-i
statant l'état des malades sont adressa par le voédeda 4
leurs familles.
5. Discipline tnaralSB.
On a , dan» ces derniers temps , préconisé • avec raison^ ^
les bien&its du traitement moral dans la folie * et on a
cherché à mettre en honneur une méthode dans laquelle
l'intimidation joue le rôle principal. Il est inconteslable
que l'intimidation a une grande importance comme moyen
de discipliner et d^amender les aliénés. Il est cestain qu'elle
peut faire cesser , chez les malades , les manifestations
eitérieures du délire , et préparer atnsi le retour à la
raison. Mais il n'est pas moin» vrai qn'elle est impuissante
à supprimer directement le délire , et à faire renoncer
réellement les mabdes à leurs conceptions extravagante&.
L'intimidation doit entrer comme moyen dans le gou-
vernement des aliénés ; mais là , plus encore que dans les
sociétés ordinaires , elle doit être tempérée par la bien-
veillance et appuyée sur la justice^ On c^e saurait croire ,
à moins que de l'avoir éprouvé » jusqu'à quel point de
0B LA ftllNB^tlIFiBiinmB. 791^
pauvres insensés sont capables de reoonnattre , dans ceux
qui les gouvernent , les sentiments de bienveillance el
d'équité qui les animent , et combien l'obéissance et la
souQwsioQt leur sont £iciles quand elles leur sont impo-
sées par un bomme qu'ils savent dévoué à leurs intérêts.
L'ordre et la régularité dans tous les actes de la vie
commune et privée, la répression immédiate et incessante
des &utes de toute espèce et du désordre sous toutes ses
foroies , V^ss^iéUaaement au silence et au repos pendant
certains temps déterminés , l'imposition du travail à tous
les individus qui en sont capables , la communauté des
repas , les récréations à beure fixe et à durée déterminée ,
l'interdiction des jeux qui excitent les passions et entre<^
tiennent la paresse , et , par-dessus tout , l'action du mé-t
decin imposant la soumission , l'affection et le respect ,
par son intervention dans tout ce qiû toucbe h la vie ma«
raie des aliénés : tels sont les moyens de traitement moral
qui ne peuvent être employés que dans les maisons spé-
ciales destinées au traitement de la folie , qui donnent au
traitement appliqué dans ces maisons une supériorité
incontestable relativenient an traitement appliqué à do«
micile«
Yoîcî quelques-uns des Mts généraux les plus propres
Il donner une idée des effets de discipline morale qui ont
été olitenus à l'asile de la Seinç-Inférienre par l'emploi
de cette métbode ;
Tous les malades prennent leurs repas en commun.
T pus viennent , à la voix des surveillants , se mettre en
rang pour être passés eo visite , les bommes debout , les
femmes assises , et tous gardent , pendant toute la durée
4e la yisi(e , le repos et le silence^
796 llOnCl 81» L*A$IftB DBS ALfÊMÉS
Les vêlements sont maintenus propres et en bon ordre ^
depuis laceiffore jusqu'aux chaussures » dont les eordons
doivent être noués et les quartiers rdevés. Point de déoo*
ration y point de eostumes excentriques y ni d'aocMitre^
ments bizarres.
On exige que leurs cheveux soient peignés, leurs mains
et leur visage lavés.
Un grand nombre de malades commencent leur Journée-
par faire leur lit« Bientôt ce travail sera obtenu de tous,
les malades qui en soot capables.
Les malades , pendant la visite , quels que soient le
nombre et la qualité des personnes qui accompagnent le
médecin y s^abstiennent de toutes réclamations et de toute
importunitë.
. n leur est également interdit d^aborder , dans les cours,
le médecin > les employés et les visiteurs.
Il leur est défendu d^écrire sur les murailles.
Du côté des hommes, des baquets y placés dans des lieux
convenables , assurent la propreté et k décence.
L'emploi delà camisole devient de jour en jour plus rare.
Du côlé des hommes , elle n'est employée qu'accidentelle-
ment comme punition » et comme moyen de prévenir le
suicide ou de mettre obstacle aux habitudes dépravées.
Du cOté des femmes y eDe est employée pour les forcer à
garder leurs vêtements » pour mettre obstacle aux actes
de violence ou aux habitudes immorales , et aussi comme
punition. La moyenne du nombre des camisole s'est
abaissée an chiffre 8 sur 640 malades : 1 sur â60 hommes,
7 sur 380 femmes.
Jusqu'alors il a été impossible de renoncer à enfermer
temporairement dans des cellules de force et à coucher
. DK Là SnnlE«I!IFBtTBUH«. 7^7
ntis dans Ja paSle , certains hommes qui , dans leurs accès
de manie furieuse , déchirent tout : vêtement , liteifie ^
camisoles. Les cinq loges de force, chauffées pendisiit
rhirer, ont constamment suffi pour le placement de ces
malades ; le plus souvent elles n'ont pas été toutes occu-
pées f et assez sonv^it ettes sont demeurées toutes inoc**
cupées.
Les rixes soitf rares et sévèrement réprimées.
Rarement quelques malades s'abandonnent an penchant
delà destruction , si exalté chc&s les Ibus. Il est rare qu'ils
salissait leurs loges.
II est très-rare que Ton soit forcé de recourir à Femplpi
de la sonde c^ophagienne pour nourrir les .aliénés ; on
triomphe habituellement de leur obstination par la per*
suasion et le traitement.
Les moyens de punition et de répression. sont les sui-
vants :
1* La réprimande ;
9^ La privation de la promenade libre dans les jardins^,
et des autres récréations ;
3^ La privation des visites des parents et amis ;
4^ La privation du travail ;
5^ La privation de certaines douceurs de régime alimen»
taire;
6^ La camisole :
7® La réclusion pour nn ou plusieurs jours dans une
cellule ;
8^ Le bain avec épongé ;
9^ Le bain d'affusion ;
10^ La douche; • '
ii*Lemoxa.
798 HOTICB SUE l'asilb MB àuinis
La réprimande , k bain avec éponge , le baiad'aOuriim
et les prirations sont les moyens de répression le plos
fréquemment eibployés contre les Csutes , et ont en même
temps l'avantage d'èlie dés mdyens de traitement contre
la maladie.
Le bain avec éponge n'est employé commb moyen de
répression que pour les malades qui ne sont plu* en trai-
tement. La durée du bain avefc éponge est généralenlcnt
dé dcut bcuites dans la saison cbaudè , d'une heure et
demie dans la saison froide. Le bain d'affusion , dont la
température est rendue variable de 24 à le* centigrades ,
est employé beaucoup ^lus fréquemment dans les mois
thaûds que danS les tools froids , et est plus souvent un
moyen de répression et de pimition qu^un moyen de trai-
tement. La douche , qui est toujours administrée avec
beaucoup de précautions et de toodération , et qui, depuis
rentrée en fonctions du médecin actuel , n'a donné lieu
à aucun accident fâcheux , est exclusivement employée
comme moyen de punition pour les fautes graves , notam-
ment pour les actes de violence.
La quantité des bains avec éponge , des bains d'affusion
et des douches, a été évaluée , terme moyen, en 1841 , sur
' 550 malades , aux chiffres suivants :
HoBunes. Femmes. D. s.
Bains avec éponge , par jour. . . 26 35 60
par mois. . 750 1050 1800
BainSk'd'affusion. . par mois. . 20 30 50
Douches. ..... par mois. .3 2 5
Le moxa n'est employé que dans quelques circonstances
exceptionnelles, où il est à la fois un moyen de traitement
bB LA SEINB-IN^BRIBURK-. 79^
et de coactioD ; dans les cas, par exemple, de tentative de
suicide par inanition volontaire.
Les malades sont constamment traités avec bienveil-
lance et doucenr. Toat écart des surveillants , à propos dé
cette règle , est sévèrement réprimé*
Toutes les fois qu'un malade en faute témoigne du re-
pentir et s'engage à mieux se conduire à l'avenir , la pu^
idtion est adoucie ou même entièrement remise. Les actes
de violence entre malades sont les seules £iutes ^ur les^
ifUelles il n'y a jamais de pardon.
§ S. Draitement moral inditidùeL
Le traitement moral individuel consiste dans l'emploi
ie toutes les ressources que rexpérience et là science ont
£eiit reconnaître comiàe propres à poirtér soulagement ant
peines des insensés , et à pof ter remède au trouble dé
leur esprit. Ce n^est pas dans une Notice statistique qu'il
est possible d'exposer , avec qùell}ué détail , ni les res*-
spurces que le médecin peut trouve^ dans là science et
aussi dans son cœur aussi bien que dans son esprit , ni les
règles générales qu'il doit suivï'é dànS cette misiSion aussi
difficile que délicate, tl suffira de remarquer ici , dNme mas
nière générale , que les ressources du traitement moral
général doivent être , dans \eut applièation aux individus ,
appropriées et à leur caractère et à là nature dé leur
délire. Quant aux réglés , elles peuvent se résumer de là
manière la plus générale en celléà qui sont à l'usage des
pères et des tuteurs , pour la direction morale dés enfants
et des mineurs. La principale source de l'influence morale
qui peut être exercée sur les aliénés , est dans l'amour in-
telligent qu'on leur porte et qu'on leur témoigne.
800 NOTKB Mm L*AMUE DES
§ S. Traiiement médical»
Moins encore que le traitement moral iiidi?iduel , le
traitement médical ne peut être le sujet de développemeBttf
dans un ouvrage de cette nature. On se bornera donc à in-
diquer ici quelques-uns des principes qui dirigent la pra*
tique du médecin , à Tasile de la Seîne*Infikieure«
A propos de chacun des malades y la détermination d«
traitement médical à appliquer est un problème complexe
pour la solution duquel il ne suffit pas de tenir compte de
la forme et de l'époque de la maladie. La considération de
Tâge y du sexe^ de la constitution ^ et surtout des prédispo-
sitions et des causes y est d'une grande importance dans le
choix des méthodes et des remèdes , et introduit de nom-
breuses variétés dans le traitemeot.
En ce qui concerne ces indications particulières et îndi-
vidiielles du traitement médical , il est absolument impos-
sible d'entrer ici dans aucuns détails.
Quant aux indications générales et communes , celles
qui se rapportent à la nature même de la folie , de ses
lormes et de ses complications , une idée générale de ce
qui se pratique A Vasile peut être donnée en peu de mots.
liCB bains tièdes a^vec application d'eau froide sur la
iél# , et les baios d'affusion , répétés une , deux et trois
filis par jour , pendant un plus ou moins grand nombre de
jours , constituent la principale ressource du traitement
«W'dtif de la fioilie aiguë et du traitement palliatif de la
folie ebronique. Les bains tièdes avec applications froides
jréti^iîssent mieuK dans I9 Iblie maniaque ; les bains d*affu-
sion sont surtout utiles dans la folie mélancolique.
La folie maniaque revêt assez fréquemment une forme
qui ta rapproche des affiectionB lÉÉMinatoim àà cerveaii
tt 4e tes êBrébppes. La méâiode antipMogiiftiqëe est ,
4an» oes cas , indiquée. Les-évacualioos sanfaioes par la
saignée , parles sangsues , 'par les ireAtontises seaiMées ^
ont alors une ineoniestable utilité.
Les évaeualîoBS sangutnes seiH ^eneore soutent trèft'
propres à calmer les accès d^igitation qui se renooutrent
dans les autres formes de la folie aigué et dans la folie
elHroDÎquie. Lès rivacuaûons sanguines, è la condition d'être
appropriées , pour leur quantité et pour leur fréquente,
à ta constUtttiein et uux forées des malades , n'ont pas Vith
couTénient qu'on leur reproche trop généralemettt de &•'
Toriser le passage à la démence.
9i\ est , en général , fort important de régler le régime
des maTades en triritement , et pour la quantité et pour la
qualité des aliments , il est fort rare que l'ribsthieiioe Sêfk
utile. L'abstinence entretient Texcitatlon nCTvewso et
favorise Tépuisement. Souvent Fétat des malades qtt^cMl
amène dans les asiles a été évidemment aggravé par les
pertes de sang evcessivgs et par Jl*alisttlience prolongée
auxquels ils ont été soumis*
L'emploi judicieux et opportun dés purgatiCs , des cal-
mants et des exutoires , est d'une grande ressource dans
le traitement de la folie. Pour satisfaire à ces indications ,
les remèdes les plus ordinaires sont parfaitement suffisants.
La longue liste des médicaments^ 4ont ruaageâêté
préconisé , à diverses épocpies , contre la fUlë en géttév'rfl
et quelques-uns de ses symptômes en particulier , pourraiî
bien n*étre qu'un luxe à peu- près inutile. ....
Lorsque la folie^ menace de se compliquer de paralysie
générale , et lorsque cette Complication existe , le traite^
51
80S KOTICI SUR L*ASIbl mS ALIÎlfBS
meut , qw laitte d'aiUeart peu de chances de guérison »
doit élre ^doi des ioflammaiions chroniques » car la ma-
ludie consiste alors en uoe inflammatioa chronique de la
conehe cerlioale et des enveloppes du cerveau.
Somme toute , le traitement médical , plus simple et
moins paissant qu'on ne Ta souvent admis , n'a générale'
ment toute son eflicacil^ qu  la condition du concours du
traitement moral individuel et i plus encore peut*èlre >
du concours du traitement moral général. L'impuissance
|i (réqoenfe du médecin dans les traitements entrepris à
domicile > même lorsque les conditions les plus favorables
et les mieux entendues se trouvent réalisées ^ atteste hau-
tement ce lait , et est un motif puissant d'encouragement
pour les gouvernements , pour les administrations , pour
les associations charitables et pour les médecins d'aliénés ^
fui font concourir leurs efforts à fonder et à perfectionner
des maisons q^ialement destinées au traitement de la
folie.
GHAnTRE QUATRIÈME.
Recettes et dépenses.
§ !•'. Frais de premier éteMissemenf.
Les dépeoisqs de premier établissement de Tasile de la
flfMin înfi^ritTurr se «ont élevées , pour les bâtiments ,
à • 958S91fci4c*
Pour le mobilier y à 1373ti 22
Total. . • . 1096202 f.B6c.
M LA SBIllB4NFBRIS17ftB.
Sus
§ S. Défenses annueUes pour un Aliéné et prix de journées.
NOMBRE
DÉPENSE
PRIX
DÉPENSE 1
MOYEN
■OTEKKB
AKHÉBS.
des Aliénés
annuelle ,
des
TOTALE.
entretenus
pour
•
dnnsFAsile.
un Aliéné.
r ■
journées.
1825
42669 fr
.71
70
'1218 fr. 78
3f.33
1826
131847
98
186
708 8S
1 94
182T
175184
82
308
562 28
1 54
iS2S
189793
92
342
555 80
1 59
1829
195582
80
565
535 84
1 46
1830
192468
38
' S85
503 22
1 37
1831
190897
91
413
465 24
1 25
18dâ
199110
M
428
465 30
1 26
1833
. 1 90879
22
430
445 39
1 21
1834
193522
30
437
435 36
1 18
1835
203002
11
451
452 31
1 23
1856
205289
16
461
U7 86
1 22
1837
213352
05
479
447 04
i <^
1838
236957
79
505
472 01
1 28
1839
257926
07
535
484 22
1 32
1840
265202
88
671
464 45
1 27
1841
256849
51
568
452 19
1 2$
1842
279668
81
591
473 21
1 29
1843
288448
54
625
461 51
1 26
. Las ressources au moyen desquelles il est pourvu aux
dépenses annuelles, proviennent du prix des peosiouf
payées par les fiuaiîlles , des allo^tious du département
pour entpelien des aUénés indigents, du concours des
communes ^et des bosipices dans les frais de traitement
4es aliénés de leur ressort , et.en^ d^une dotation /de
Tasile en rentes sur l'Etat.
iH RonoB nm l'mkm vm àXÂinis
Al^PËNDICE,
N L'ITOOI M L'iSiU R M SES IESOIS&
Ha1||rë les efibrb peraëvëcanto i .Faide desquels l*asile
des alténéB de la Seioe-Iofitrieure a été ooaduît , par des
IMifeclioanemenli aucoenift y à uo élat d'organisatioo qui
|e jfiaet à côté des ihëilleurs élablissements , le but vers
leqad une admioUtralioa éclairée doit ïocesaauuaeat
tendre n'est pas «acore eottplèteaaent atteint peor le
toiësent « cft Taveirir de l'asite sortent n*e$t fès faranti
tcsitre un déclin de prespërïU qiie raccroissemeat inces-
sant de sa papulalion rend ioMniiteBL
L*asfle , ^i atait été olrigtnatreaient^créë dans la pré»
Vision d'une population de 400 à 450 malades , a pu , aa
knqjen d'agrandissfments en constructions et terrains,
%fÊtiè pehdu propi^ à servir de maison deMftige et de tjtéi*
teimenf poUr 600 ntalades des deut sexes : ^0 hommes»
320 femtnes. En deçà de ces limites extrêmes, Fasile
peut conserver tous les caractères et tous les avantages
d^Un étlMissemeîit mixte , exeellent kespiee d'incurables ,
bdline maison de trattement.
Banis ces^xmditions , l'asile serait enoere susoqitilile d^ j
phisiéuri jterfeotîooneineats qui onk été eifnsîlés à l'adm^ \
tiiittratlion supérieure , et qu*il «t^ im d'émmërer.
Gréufk>n de quattiers spéakwK pour les riiénés épilep^
tiques.
€rëaUoa d'ua quartier ap^Ul ppur let fowam pen^
aionnaires de IroÎMème elasse^
StjbfiUtytioa d'un quartier nouveau a» quartier- deâ
femmes dites gâteuses
SabsiitHiiou graduelle da .eoO0truciiona aanvellet et
appropriées aiix coastructieui ancieane^ ;. d'aptéa un fké
f teéra) doDtles bai^et ont été ooaeerlées antre ledîreeteMffV
Je raédem et rardûteete.. ^
Ijss effets de la la* da l*tkecreîasemaat graduel de la pur
pulation d»na les asiles ouverts aux aliénés ^ tendent
ineessawioent A diminuer les quatilée de l'asile da là
Séiae^Iaférieure ^ en allérant rFéquilibre qui doit accstei^
entre la constkttlion naroHde de réteUissement et le
chiilre de sa population.
Le tere&e- couine peut ôire dépassé sans tes plus gnuref
ineanvénienta e»t aujourd'hui atteint L'adminiBiaratiMi
supérieure a dû être avertie de la néeessité de prendre
des mesurée efficaces panr maintenir l'asile de la Seîné-^In-
férieure au rang qui lui a été donné, au pHx de tiort dV^
forts et de sacrifices* Saisis de cette grai» question par «
un Mémaire spécial du médecin de l'asile, M.'le baroa
Diipont^Delperle , préfet de la Setaie<^Infiértettre , et MM;
les memlMTs du Conseil général oe manqueront pas de lai
donner une solutioa conforme aux véritables intérêts d^ua
étaMissein^At , objet constant de leur sollicitude éoiaîréeû
Dans sa session de 18 ii y le Canseil géaéral a fii^mulé
"la question en ces termes i savoir si- , dans i'aYenir , il con-
^ndraît mieux de créer un étubKssttoiebt sp'édal d*incur
râbles , que d'agrandir Pasîle actuel;.' i
Le médecin de l'asile s'est trouvé conduit , par une dîs-
cusaiofi approfondie, à résumer son opinion en ces tprmes :
806 HOTICB SUR L'âSILB DBS ALIÉNÉS
« le ne erains pa» d'attmMv qu'un agnindissefDenf qui
satisferait aux exigences deTavenir , en élevant la popu-
lation de l'asile jusqu'à 800 malades , aurait pour effet
inévitable de dénaturer eomplètement l'institution, et d*eA
fidre , an décriaoent de l'art et de la société , nn véritable
bospiee d'meuraUes ^fr). » Il peut anjourd'hni , en insis-
taat snr la néœssitéde prévenir à tout prnc une telle trans»-
formation , invoquer Tautorité imposante dès hommes les
plus compétent! de la Grande-Bretagne. Dans un rapport
iail au lord tbancelier et présenté aux deux Chambres à
k saite d'one enquête sur l'état des aliénés en Angleterrov
les commissaires expriment le regret d'avoir- trouvé les
asiles enoansbrés dlocurabies et rendus par4à impropres
à recevoir les malades susceptibles de guértsoa , et s'affli-
feot doee qne la transformation d'hôpitaux de traitement
en maisons de rifugn a, en grande partie, annihilé l'utilité
des asiles publias d'aliénés.
Les perfectioaneDumts qui ont été introduits dans
l'organisation da travail & Tasile de la Seine* Inférienre-,
ne laissent actuellement ri«i à dMrer au point de vue de
l'intérêt des malades. Maifr les ressourQefrdii travail qu'on
a acddenlettement obtenoes pour lea hommes ,.en remar
niant prefondément ^ pour les bonifier , les terrains de
culture , viendront hîentêi A manquer». U deviendra alors
indispensable de créer quelque nouvelle industrie pour
ocoi^er ks bras des hoounes.
Aprèaairoir Atteint pa rForganisalion da travail le but
principal qof'on devait se proposer , c'est-à-dire , occuper
les aliénés dans l'intérêt de leur bonheur et de leur santé^
(f) Rapport sur le service médlcsl'en iS4S., fu M. Parciappe^
BB LA snmMKFBiHnmE^ 807
•B n'a pas encore obtenu tout ce qu*il est permis d'espérer
d'me bonne direction imprimée au tittvait par les alij^aA.
n serait fort important et iln*estpas impqssible de
vendre le travail plus productif » et de (aire ainsi tourner
au profit des asil^ d'aliénés les ressources ménies du.
traitement.
C'est dans une evploitatioa rurale seulement que pe»L
vent se trouver réunies les conditions économiqueset hygié-
niques propres ji rendre le travail des aliénés productif ^^
sans lui faite perdre son caractère essentiel de secours çon^
sol^teur et cur^tif pour les malades.
Depuis les. heureux résultats obtenus à la ferme Sainte-.
m
Aone,^sous l'influepçe dç l'impulsion. donnée par M. le doo
teiir Ferrus , les essais dai^ cette diftection se sqnt multh*
plies, et auJQurd'bui, en France copnme à l'étranger , une-
exploitation rurale est généi:a1ement considérée comme
l'annexQ en quelque sorte obligée de tout asile d'aliéqés
dont la populatiop est un peu considérable.^
Si l'adniinistration supérieure était conduite à créer uno
succursale de Fasile de la Seine-Infërieure , ce serait une
excellente ocqasioi^ pouc compléter l'organisation des se-
cours publics donnés dans ce département aux aliénés ,
par la création d'une .exploitation rurale dont la main**
4,*l]euvre serait confiée 4 ce$ msila^jBS..
H©1!JY1!L!L1S
yMNCDlTDIi N THMISIIIIt IIS AKS, K» 801»»,
R L'USEK^nSf ET DE Ll UTItEATDB.
SESSION DES CONSEILS GBNBEACl DE L'AGtiCirLTIlMi y MT
MmSKE ET DBS màMtrMmmMB.
Les trois Conseils , qui Q*^aT&ient pas été réunis depuis
1842 , ont été convoqués le 15 décembre 1845 , et sont en
session au moment où nous imprimons l'Annuaire. Il nous
sera donc impossible , cette année , de rendre compte des
travauK importants auxquels ils se seront livrés à la fin
de cette session , qui sera ctose le 15 janvier; maïs nous
prenons l'engagement de le faire amplement dans TAn-
Duairc de 1847 , dont rimpressîon commencera immédia-
tement apr4s la puUicalionde celui-ci.
Nous pouvons annoncer pourtant que la session sera
plus fiieonde encore que celle de 1842; de nombreux rap-
ports se préparent , les séances ont été jusqu'ici très-
importanter.
Plusieurs vacances existaient dans le sein du Conseil
général de Tagriçulture ; la mort avait frappé H. de Dom«
basle , M. le comte de Bonne val , ftf . Oscar Leclerc , M. le
mardchsl Clauzel et M. le duc de Marmier (Haute Saône}^
M. Piscatorj ^ ambassadeur à Athènes , et H. Soulange^
Bodin , avaient donné leur démission.
Les nouveaux membres appelés à remplacer des vides
si regrettables sont :
MM. Dupreuil de Pouy (Aube) ; MoU , professeur d'a-
griculture ; le duc de Caumcnt La Force (Orne) ; le baron
de Bernon (Drùme) ; Royer , inspecteur de Fagriculture ;
le vicomte d'Assailly (Deux-Sèms) ; I ecomte de JoufTroy,
(ladre).
Le CoQseil gioéral de ragrusiiUiire a'esl di^ud M one
Commiwioiis , composées ainsi qu'il suit :
Irrigatiant.
* « •
MH . le ccHDte de Gasparin , fvùidint ; de Maufij dc(
Mornay , ucritax^e ; Auguste "de Gas^ria ; le marqiris d«
Cambis; le vicomte Héricart de Thur; ; de Tracy ; le baros
de Tocqueville ; Puvis ; le comte d'ÀDgeville.
Crédit agricole*
HM. Darblay , prétideni ; Pommier , teerélain; li
baron Charles Dupin; Beaumonl (de la Somme); Oaill^y ;
Royer ; de Béhague ; MoU ; Tourret*
Améiiarûtiamd€êbe$it«uTm
MM. Vuitry, frAid^ni • Tourret, vice-président ; le mar-
quis do ToPfy, iwre/ciire; Yvart; le vicomte Perrault de
Jotems ; Lefèvre SainteMarie ; duc dci Liancourt ; conilo
de Jouffroy-Gouaans ; le comte Aaglès; de Béhagoe; le
comte de Morny^ le due de La Force ; Desjob^t. .
ParcùWTê et vaine.pdturt.
MM. le baron Busche , présidenti le baron de Bernon »
eêcrétuire ; Sauoac ; Readu.
Inêtrvttwn apicole. '
MM« Tourret , prétident ; Vullry et de Caumont , eceré^
tairee; MHà; RiefTel ; Nivitee; Moll ; MîrM ; Aagiista
de Gasparin ; Royer.
Caiêêeê de prévoyance.
MM. Dupin , prétOini ; d'Assailly y merétairê ; Darblay;
G. Beauvais ; Saunac.
9t0 NOUVBLLBS
Que$$Um ûmeoU.
MM. le duc de Liancourt, président'; Rendu, secret
tAn ; Saunac ; le baron de Bernoa ; Aug^te de Gasparin..
Quêitûm des làineê^
MM. Lemaire , préùdènt ; Pommier , iecrélaire ; Du-
Fentt de Pouy ; le baron de TOoqaeyiQe ; Ytart ; le yU
«HQle Perrault de Jetems ; 'le Tkomte Romanet; Beau^
iiu>nt(delaSoBune],
Question de$ Uns.
MM. Leroy de Béthune , président ; Reqdu ^ seerdlair^i:
Pommier; Julien Lefethre.
Ââinièsion des fers en franchise pour ta construction des,
bdHments de mer.
MM. le baron Giiarleft Dupio , président ; le baron Buftv
ebe , Secrétaire ; Rendu ; le comte de Gasparià; le Yicomte
Héricact de Xhujry ;. comte de Joudroy^CROosan» ; DarUay ^
VmêsS'et objets di^ers^
MM. Saunac , prAidimt ; De Caumont , secrétaire ; le
baron Sylrestre ; Tilmorin ; Mirbel; Busche; C. Beauvafe;
d*Assailly; Julien- Lefehvre y Leroy de ^thune; de Maupy
deMomay'; Tonrrel ; Bella (t>.
La Commission des vœux a considéré que- son premier
soin devait être de rechercher les moyjens d'améliorer le&
condklona dans ksquelles se trouvent les 45m911on»de
Français oœiqiés d^ la cultuce du sol 9 d'écoutet les pro^
positions qui lui seraient soumises par legagriculteucs el
les Associations agricoles y. d'accueillir j^vec faveur les faits
(I) CeUe année, comoie les. anoées pr^oédeates, M. le dnc de Gazes
a clé D«iuiiif3 président du Conseil gcucnàl d^ ragriculturç. Les irice«
présidents étaient : MM. le comte de Gasparin, Darblay et Tonrret.
qui lui seront signalés , de rempMr , dans k sein do Gon*
seil , les mêmes fendions que la Commission des pétitions
à la Chambre.
La Commission a pensé que sa mission , ainsi comprise ^
était importante , et qu'il était de son devoir.d*examiner |
areè «ne sérieuse attention , toutes les questions qui a^
laient lui être soumises. Elle s*est réunie presque tous lef
jours pour examiner les lettres adressées au Conseil gé-
néral par les Sociétés d'agriculture des départements.
Parmi les Sociétés de la Normandie , la Société royale
d'agrieulture et de commerce deCaen et la Société centrale
de Rouen avaiiaBC » ainsi que TAssoeialion normande ,
adressé , par Hotermédiaire de leurs bureaux » des Tœux
d'une haute portée , dont plusieurs ont été accueillis par
le Conseil généraL
M. de CauQKfint ^ persuadé qu^il importe que le Conseil
général » seule représentation légale de l'agriculture , soit
mia , parla suite y en rapport plus direct avec les Sociétés
d'agriculture du royaume , a , dans la séance du 16 ^
demandé que les. procès.- verbaux des séances des Conseib
généraux de l'agriculture ,des manufactures etdu.com^
merce, soient imprimés en asse? graod nombre pour qu'il en
puisse étredéposé des exemplaires dans chaque cbef-lieu de
préfecture, et dans les bibliothèques des principales Socié*>
tés d'agriculture. On se plaint généralement , a4-il dit y
de ceqœ les tr^j^vaux de ces Conseils sont , pour ainsi dire »
inconnus des Associations agricoles et des Conseils géné-
raux dea départemeata. U Êiut satis&ire à ces plaintes ,
qui ne sont que trop fondées.
Le ministre , toi^oiirs enpres^ d'accueillir Iqs récla-
mations du Conseil , a fait , cette année , imprimer ka
tii
yraeèi*TarlMiu& à f 92OO exeospUres » afia de Mti»fiiii*e à
là dtmtde éaoBoëe dam k séance da i€ (I).
Bans le Coaseil général du commerce, qui s'eat occupé»
de son côté , des qoeslîoos étudiées an saîads Camafl d*a«^
gricttllore , M. Gerraia , délégué delà 'Gbaaybre de 'eom«>
merse de Caen « a fait accueillir dea peopositiona d'im
grand intérêt pour notre agricultare normande.
mmm
CONCOVBâ BE POISSr.
a «
Le concours dé Poissj a eu lieu , en iDf 5 , le 19 mar»^
devant une nombreuse réunioa de notabilités et iTagrt^
eulteurs.
On j Tojait : H. le ministre de l'agricolfirre ; MM. Pa^
ganel; Dilmer; de Benac ; Aubemon , préftt ée Seine^t^
Oise ; le comte Dam ; Dupii» âtfné^
Le Conseil général d*agrtcQltufe , le Congrès central
d'agricoiture , les Associations normande , bretonne et da
Nord » j étaient représentés par tu grand nombre de>
membres ; notamment par r
MBI^ te duc de Gazes ; Lemah^ ; Darbhj ; le baron d»
Tocquevilfe ; le vicomte de Romanet; (tendu ; de Mornaj^
de Sainte-Marie ; Tvart; de Béhagne; Pommier ; le comte
de Tracj ; de Caumont ; Tbouret ; le marquis de Torcy ;
Lebarillier ; Fotiquer-d*IIérouët ; le vicomte de Madrid ;
de Tillancourt ; Bazin , directeur du Mesoil^int<Firmin ^
le baron Rostchild ; le général kaymônd;Delacoan KguetK
(t) Ces procès-verbaox a'élatat précéèraiMat tiféaqv^aûaexem^
4e Sl^Lo ; Bandrain ; d'Angettl ; Gorftet ptet ; Cotnet fils;
BuCrone ; Lemoiae ^ praoner préside»! de k Cour rojale
deFeitier» ; llofer , et. eiiwoii 3M «nlii» agoiciiUeiurs
notables» ..
Après reianen le plos atlttnttr du jopjr (1) et «tdfliM*
ràtîoa , M. le mifïistre a présiâé , dâm vue knmèiu^ tçiiAe
âevée à rextrënrité âe la placé de l^eissy , la séane se»
lènnelle ' dans laquelle les primes ont été diàtrîiliéeiJ
Après un discoure , vivetnent app1a«di d» MJ Cii«ii'fi»>
daine ; M. Trart a hi le Ilappopt d<i $ntj , tet tes lanré^to
ont 4té snccessirement appelés^ Leuvs aéms «ymâ-dté
insérés dans tons les Journaux , noùslM les reppodwinûa
pas ici '; nous rappeirerons toutefois qiie Ifll, ite Torqr^
Goupil , Cornet , Boscber , âeveurs nonnaiids y ont>étéait
nombre des primés.
La séance s*est terminée par deux allocutions ! rutie
de M. le duc de Cazes , président du Conseil général dé
Tagricnlture et du Congrès, central ; rautre , de M. dupiit
9ini r député de la Nièvre.
LemèBie jour:, h ville de Poiasj a offert un banquet
avxiburéat^ , au jurj et aux principalios notabilités agri'^
CQieSk
Une Commission a été nommée par M- Je minîPtre. de
PégrlMiltnre et dn^cotaiiieroe peiit ûonsMefr |e,pe»de«|fDt
des adibîaut iHnméaaucaBOMradeBeîssjtefi t»k^.ÇMe
Commission aytfnt terttinlé sesieavmnt^ m^iiifé oli^de
résuitoer daiiB les septtalileeux M daomieeUiqujèUe arpa
recueillir. Ces tableMX liiil été imprimés ei diatribi#i à
(1) M. Lebarlîîiep, de Caen , fembrc de TAssoclaUba ncJrmsnde ,
faisait partie da jory.
814 naovmiMS
fûDies let Soefëtés 4*agrictitQro ^ par ordl^ da iiii«i$tre«
On a d'abord classé les.aniàHNii^daas l'ordre de leurs
primeft el sniTanl leurs catégories ; ^on a elsaite noSé pour
chacun d'eux le rendement en viande , en qualités de
Tiande j en suif , en cuir. D'un autre c<tté , on a recberché
ks proportions de ces diveiises substances , 1" a?ec le p(Ads,
de rasnmal vivaul, con3taté à Pois^f , sur la bascule de
radfliiiiistratîoD ; â^avec cetui de Tanimalpesé k l'abattoir
ajurès son abattage ; Z^ enfin avec cdui de Tanimal débité
et pesé en détail à l'élal du boucher» On a indiqué , autant
qu'on pouvait la savoir , le mode de voyage employé pour
ameÉeir cea bestiaux, au concours. Les qualités de viande
ont été éppk^ée»! cha, les divers bouchers, par M.
Purget , syndic de la boucherie de Paris et membre du
jury de Poissy.
Les trois premiers tableaux ( n®' 1 , 2 et 3 ] comprennent
les renseignements recueillis sur les bœufs primés dans les
f , S* et 3^ classes du concours de Poissy.
Le quatrième tableau (n® 4] fournit les mêmes docu-
ments sur quatre animaux de Durham , dont trois ont été
exposés en vente et vendus à Poissy le jour duéoneours.
On a cru devoir annexer ce tableau aux trois autres ,
pour donner aux éleveurs des éléments de comparaison ,
dans Hntiérét de leur élevage. .
-Bmis un* cinquième tableau général » on a réuni tons les
animaux du coaccNirs , sans distinction d'âge ni de poids ,
et on les a dassés dans l'ordre de leur rendement :
1» 8ous> le rapport de h proportion do poids vif auix
quatre quartiers, cuir et suif compris ;
, 2*^ S0113 le rapport de la proportiop du poids vif aux
quatre quartiers seuls ;
3^ Sous le rapport de I4 proportion du miifin poids vif
cft au poids des <|iia(re quartiers;
4* Sous le rapport de la proportion des diverses qualités
d« viande ehes ehaqm animal , o^esHk-dire de ht 1>onne
rëpartitioD de la viande sur le corps de chacun d'eux.
Dans un sixième tableau, on a établi le tendement eii
argent ides animaux^ suivant leurs qualités de viande, pour
feîre mieux apprécier ainsi l'importance d'une conforma-
tion riciie en .botis morceaux.
Enfin , dans un scptièn» tableau , on a établi le rende-»
fnent général en argent des animaux du concours , en y
comprenant le» îf rix de la viande , du ^uîf , du cuir et dea
déchete.
Sans ces différents tableaux^ l'oidre dès aniteavix priméi
fletfouve fréquemment interverti. Les élevtBura apprécie*^
iront les mojtifs.de ces déc}a3sementa^, et, guidés par leà
renseignements qu'on a mis sous leurs yeux, ila pourront
conserver et aukéllorér encore les qualités de certaines
races, et réformer ies liants graves qui se rencontrent
dans quelques-unes-.
Si l'on n'a établi aucune ^comparaison entre tesdivèr^
races d'animaux , c'est que les résultais d'un seul cou»
cours sont trop ipsuffisants pour qu'en pu^se en tirer des
conclusions absolues. U faut encore quelques années d';é*
preuves pour qu^on ait lé droit d'assigner la prééminence
à certaines races sur certaines, autres. Jusquei'Ui on doit
s'abf tenir > et seulement prendre notedpa.iaito du ron^r-
quable concours de 1845,
Nous allons reproduire seulement les deux derniers
tableaux publiés par le ministre.
m argent 3m màmavx du ei
Uwt qual^éi ie t)iani$.
Kai., vache Dnrhun.
Deuiu, varhe Dortiaiii.
t*CharaUi,dcH.ChMM«
»D*rtam,dtM.itW«Kj.
(Hjapu, bar Durtiaa.
l*l)wta«'l«i»Miid,deN. BO»
■Il H isa 35
156 SS
Miniu, vachiB DmteB.
i*GtiieDUa Tlenx,deH. Gonpil.
i>8dtr(, de H. Ouirigao*.
«>ColaiiihijMiw,deH.GoBpfl.b)4 «5
ii>CbiraUta,de«.IIU8«.
B«C(ltentln,
&• AnRio-Cbarolai!
I8B 00
S30 00
IM 40
ita,de«.'llU8«. . . .2W Sï
In.deM.GodIeboD. .jsgS 30
'Cbarolais, de M. Her-j
x.t«pim ha»^
I7S 40
W1416b'!
«14 H
1 m
Ï4IM
SS9 SO ISl ID
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WT S0I3I 90^^ 05
(58 75
.«4t OoW M
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B4»T0
ll*Llinoiuia,dell. Damu.
lïKliolïtib, doV. Orieui..
.l!94 50 IM S3 ses SD'TSS 95
1 »
I 1!
BB l'âÛMCCLTDRE.
817
Tabkau général du rendement en argent des animaux du
concours de Poissy , comprenant les prix de la viande-, du
cuùr , du suif, les déchets supposés égaux pour tous.
nuk, va^he DnrhMD.
1* Cotentin yieux.de M. GÔu-
pir
3» Charolaift» deM. CSiaiDard.
Bettina, vache DurhaïQ. .
3»ChaT0lais,(leM.Massé. .
Olympus, bœuf Durham .
Minna, vache Ûurham. . .
4» CotentiD Je«De,deM. Goo-
pil
S'Durfaam-Normand, de M.
Boscher «^ ,„.
6oCholétais,deM.0rieux. .563 95
7*Darhain, de M . de Torcy, 623 65
674 80
936 55
503 «7
704 00
599 iO
884 90
591 05
757 05
668 70
8» Saiers , de M. Chaleif^er.
9« Limousin, de M. Dumas. .
tOQAiiRlO'CharoUis , de M.
• HervieuXy lr« prime. . .
•l</rftfm. . . . 2« prime.. .
120 QoteBtio. de M. Godiehmi.
Anglo-Charolais , de M.
Massé
779 50
758 95
134 64
35 20
67 76
68 64
84 92
63 36
81 84
60 72
70 84
36 96
58 52
65 12
56
37
34
34
56
29
0016
0416
0416
24
81
879 80
849 70
714 80.
16
16
43 6616
42 18
32 19
42 18
45 51
52 54
16
16
16
16
16
75 68 44 0316
65 12'42 18 16
1143
501
821
717
1042
431
37i
801
78
06
44 00.57 37;i6l 812 17
700 22
898 55
787 60
119 03
718 69
899 53
892 61
1015 51
973 00
47
44
43
48
43
43
1 4î
1
1
1
1
1
1
•)!
Les renseignements manquent.
^
SÎH NOCVBLLBS
CONCOl'RS AGRICOLE DE MÉZIOON.
Ce concours a eu lieu le dimanche 21 septembre,
par les soins de MM. CouUbœuf , maire , et Jonquoj ,
propriétaire , tout avait ë(é disposé pour donner de la
solennité à cetlc intéressante cérémonie. Un vaste champ,
non loin du bourg de Mézidon , avait été préparé pour
fexposition des bestiaux et des instruments perfectionnés,
ainsi que pour servir aux exerciœs de labourage. Vers le
oailieu , une tente avait été dressée pour recevoir la dépu-
tation de la Société d'émulation , les autorités et nota-
bilités , et les membres des différents juryi insUtaés pour
apprécier le mérite des divers concurrents. En avant
de cette tente , des jalons avaient été plantés de distance
en distance dans toute la longueur du champ , pour indi*
quer , au point de départ et à celui d'arrivée , l'espace ré-
servé à chacun des vingt-un laboureurs qui s'étaient fidt
inscrire. En arriére de la tente, des espaces enclos étaient
réservés pour chacune des espèces d'animaux admis au
concours. M. Jonquoy , propriétaire du champ , avait eu
la générosité de Caire les frais de ces dispositions. La tente,
élégamment décorée , présentait , au nombre de ses oi^
aements , les plus beaux produits de l'agriculture locale ;
sur le haut on lisait : Société d'émulation de lisibcx.
Dès onze heures , le bourg de Mézidon présentait une
animation inaccoutumée ; les habitants des conuaunes voi«
DE l'agiiicvlture. 819
àaes y affluaient , et de magoifiques besliaax y étaient
ameoéa de toutes parts. Une fort belle compagnie de sa-
peurs^pompiers et une brigade de gendarmerie étaient
rangées sur la place de la Mairie , attendant le signal des
.épreuves ^ur j aller. maintenir Tordre li nécessaire en
pareille eiroodstanee;
À midi , le ctofrtège se mit en marébe potir se réildré au
champ dit concours. Sut* les vingt-nn concurrents inscrits
poar le Taboil^age , quatorze seulenlent ^e {présentèrent ;
les plates fuh^nt tii^és au sort ; le jury délerrinina lés
conditions du concours , puis se retira dans iln enclos
voisin ; et , tandis quiê les fôboiirenrs entraient en lice ,
tm grand nombre de taureaux , vacbes laitières et gë-
nisses, étaient soumis à l'examen d'ifn JTiry prtrtictrHer-,
Cependant on se pressait auloUr de quelques instruments
aratoires perfectionnés , que M. de Caumont , président de
l'Association normande , avait envoyés pour être exposés ,
et qui consistaient en une cbarrue à biner , une autre
cbarrue , une berse en losange , une fourche en bois à
trois dents et autres instruments.
Lorsque les diverses opérations du concours furent ter-
mmées , les différents jurys vinrent rendre compte de leur
mission au bureau présidé par M. d*Hacque ville, délégué à
cet effet par M. le président de la Société d'émulatioil.
Avant de proclamer les primes et les encouragements
qui allaient être décernés , M. d'Hacqueville prononça un
discours dans lequel il s'efforça de faire ressortir toute
l'importance de l'agriculture et des travaux propres & en
favoriser le développement selon les meilleures méthodes,
n se plut à faire remarquer que le canton de Mézidon ,
MO HOirYBLLBS
bien qu'il ne fikt pas encore fort avancé dan9 la nAe an
progrès, n'en présentait pas moins une tendance marqnëe,
par les travaax de plusieurs de ses agricnlteurs, à se placer
en tète des cantons de l'arrondissensent.
Les primes furent ensnite décernées , aux applaudisse-
ments des nombreux spectateurs de cette cérémonie.
D'abord on remit une médailled'argentetdeux médailles
de bronze à tr<MS laboureurs anxquds elles avaient été ac-
cordées il y a deux ans , au concours de Saint-Pîerre«ur-
Dives. Le retard apporté dans la remise de ces médailles
s'explique par Timpossibilité où se trouve la Société d'ému-
lation de iaire graver à l'avance , sur la ùkce à ce destinée ,
le nom du vainqueur et l'indication de la prime obtenue.
Ces trois laboureurs étaient :
Désiré Tiger , de Percy ;
Binet , de Thiéville ;
Eugène Olivier , de Percy.
Ensuite on distribua les récompenses de la journée, dans
Tordre suivant :
Coneoun de Uhourofe*
V^ Prime : 80 fr. et une médaille de bronze ; Désiré
Tiger , domestique chez M. Bence , cultivateur à Percy ,
et le même qui avait obtenu la médaille d'argent au con*
cours de Saint-Pierre-sur-Dives.
2^ Prime : 50 fr. et une médaille de bronze ; Jacques
Julien y domestique chez H. Desmares , cultivateur à Que*
tiéville.
3* Prime : 30 fr. et une médaille de bronze ; Jean-Bap-
tiste Leboulanger , domestique chez M. Marie , cultivateur
iMézidon.
BB l'^gbiculturb. 8SK
i^ MeDtioB honorable : Louis Dionis.
S* Mention honorable : Constant Gaesnon»
Coneùuri de begfPÊmXm
t^ Taureau.
f» Prime : t20 fr. ; M. Allais , cultivateur à Quetiëville^
2* Prime: 80 fr. ; M. Fosse , cultivateur à Mouteille.
20 Vaches laitières.
i'* Prime : i^ fr, ; M. Jamot aine , cultivateur à Bié-
ville,
â« Prime : 80 fr. ; H. Guesnon , caltivateur à llétidon..
3<> Génisses.
!'• Prime : 120 fr. ; M. Ledëzert , coltlratear à Pcrcy.
^ Prime : 8a fr. ; M. Marie » cdtivateur à Mézîdoo.
Progrèê dans la cuUure et t*eapl0iiatia» da ferma.
\^ Prime; une médjùlle d^argenl et un exemplaire de
la MaUomrustifuc au xjx* siècle, en cinq v(d. in 4® , reliés ;
M. Micbel-Auguste Lainé y cultivateur à Magnj-le-Freule.
2* Prime : une médaille de bronze et un exemi>Iâtre de
la Maison rustique ^ semblable au précédent ; M. Ambroise
Gmmoo , cultivateur à Méiidott.
i'* Mention honorable , avee un exeflapiaire du Cams
d^agrieuUure de M* dé Gasparvii ; M. Alpbonse Ledézert ,
propriétaire et euhivaÉenr à Peray.
S* Mealîon bonoraye, avec un exemplaire du Memàrier
ia tviiisatswr , ifmt JUatUi^ de Dooabasie ^ et un exenir
92i KOUVBLLM
plaire de Y Eleveur ie$ Mes à cernée » par YillerQy ; H. Ca-
pelle, cultivateur à fiiéville.
3* Mention honorable, avec un exemplaire du Calendrier
du cultivateur ; M. Bence , euliivateur à Percy.
4* Mention honorable , avec un exemplaire de YEUveur
des béteê à cornes ; M. Eugène Lebret , cultivateur à Que?
Eneouragemenii aux domestiquée des fermes.
l'* Prime : 60 fr, ; Jacques Pavée , âgé de Si ans , do^*
mesiique , depuis 42 ans , ebez M. Deshayeâ , propriéUiire
à Fervaques.
È^ Prime ; 40 fr. ; Louis RaonU , dit Bourot , âgé de 54
ans , domestique , depuis 39 ans , chez M'"^ veuve Montr
pellier , propriétaire à Magnj-Ie-Freule.
1" Mention honorable : François Marie , domestique ,
depuis 23 ans , chez M*** veuve Boucherot , propriétaire à
St-Pair-du-Mont.
2« Mention honorable : Ivan Mikaela , domestique ,
depuis 31 ans , chez M. Bouteiller , ^ Percy.
3* Mention honorable : Pierre Salé , domestique , depuis
23 ans , chez M. Leneveii , propriétaire à Ecajeul.
Récompenses en dehors des prévisions du concours.
Au nom de TAssociatioa normande , M. de Gaumont a
bien voulu mettre à la disposition de la Société une mé-
daille d'argent , une médaille de bronze et uae somme de
25 francs , dont il a été fait l'emiploî suivant :
La médaille d'argent a été décernée à M"*^ Lebrel , fer-
inière à Mézidon , en récompense des succès qu'elle aobte^
DE L*AGB1CULTURE. S23
nils dans la fabrication de fromages , façon Camembert ,
£ibrication qui s*élève annaellement à plus de 13,000.
ha médaille de bronze et les 25 francs ont servi à récom-
penser les bons services de Sophie Létard , domestique ,
depuis 34 ans , chez M"« Larivière , propriétaire à Ecajeul.
Après la distribution des récompenses , M. d'Hacqueville
a annoncé , au nom de M. de €aumonC, que , l'année
prochaine ^ une prime serait accordée à la propagation des
plus belles espèces de volailles.
Pour donner une idée de Timpartialité qui a présidé sifxji
opérations des jurj's , il nous suffit d'en faire connaîtrez ici
la composition.
i» Jurj pour le coocoars de' labourage :
MM. Lailler , maire de l'Hôtellerie ; Foulon , régisseur,
du domaine de Roques ; Capelle , propriétaire et cnUiva:
tour ft Biéville ; Laine , cultivateur k Magiiy4e«Freule )
Ledézert , cultivateur à Perey ; Simon , cultivateur & Méry-
Cor bon. '
^uppléaots:
MM. Allais, propriétaire et cultivateur à Biéville ; Le-
neveu, y propriétaire et cultivateur à Ecajeul .
■"'■'.
20 Jury pour le concours de bestiaux :
MM. Louis Gordier , membre du^ Gonseil général ; Du»
rand , vétérinaire ; de Montbrun j niembre du Conseil
d'arnMidi^Minent ; Porin, tnaiwde Méry^Corbon ; Armand
Bovrsîii , proprîélaire et cuhûvateur à Mesnii-M«ager<{
Goesami , propriétaire et €ulti valeur à Méii^n.
RM KOOVftLLBS
Suppléants :
MM. Descoulures-I^cberpin , propriétaire et cultivateur
i Hesnil-Mauger ; Eugène Lebret ,Y''^P"^^û-e et culti»
yateur ft Quetiéville.
y Jjiry pov la visite des fenaes :
IIH. Coulibœuf^ Sevestre , Lailler , Leterrîer , Haasej.
La cérémonie a été honorée de la présence de MH. Elîe
àe Beaumont , membre de l'Institut ; de Caamont , prësi-
dent de TAssociation normande; lecbevaller de BonafousV
directeur du jardin botanique de Turin ; Lebrun, homme
de lettres. Phisieurs dames , élégamment parées ^ sont
aussi venues rembellir» MM. Nasse , soas'préfet , et For-
me ville , maire de Lisieux ;le comte d'Isoo , membre du
Conseil général ; plusieurs autres nola&îlités y et plua de
vingt membres de la Société d'émriatioD de Lisieux , ont
voulu , en y prenant part , témoigner de leurs sympathie»
pour l'objet et le but de la réunios , quis'est terminée par
un banqupt de 80 couverts j où Ton a vu réunis » dans ua
même sentiment d^amour pour ragricnlture , de haut»
représentants de la littérature et de la science ^ de grands
propriétaires ,. des magistrats , des fonctionnaires » et ces
hommes aussi nM)desteft qu'utiles qui foot de constants
eflerts pour améliorer et muttipUer les prodeils de la terre^
cette source iftépiiîaable de fiNiuoe et de richesses. Vers
hi fin de banquet ^lote quête a été faite y an profit des
pauvres de la oonunone j. par M'^ Jonqoey. Cette quéle »
que M*"* Jooquoy a contîauéfi près des dametf réuaieB dieK
DB L'AGRICULTUIUS. 825
elle I ooBtribuera à graver cette belle joamëe dajM le sou*
venir du pauvre eomme du riche.
M. le maire de Hëzidon a prononcé ensuite une alloo»»
lion y à laquelle M. Daufresne , président de la Société
d'émulation , se rendant l'interprète des senlimenta de la
Compagnie , a répondu par quelques mots bien pensés.
PRIMES AUX JUMENTS POULINIÈBES A ARGBNCBd.
Le concours de la St-Luc a été très-remarquable , el le
jury j en supposant que , dès cette année , il eût eu à pri-
mer , comme ce sera en i 847 , 21 juments , n^aurait eu que
rembarras du choix. Une partie des poulains , issus des
juments présentées , étaient vendus sans leur mère , et
la plupart à des prix élevés , de 1,500 , 1,800 et même
2,000 francs.
' Ainsi on peut dire que non-seulement les eflbrts des
éleveurs se soutiennent , mais qu'il j a progrès d'année
en année , el l'on est convaincu que le système des primes
annuelles , en multipliant les chances de succès , secoo-*
dera puissamment les bonnes intentions du Conseil général
en faveur de l'industrie chevaline.
Yoict comment les primes ont été décernées cette année:
Primes de 400 fr.-^l'« à M. Cornet fils , propriétaire 4
Victot.-*2* à M. Lehoguais , propriétaire à Argences.
Primes de 39^ fr. •*- 1'« à M « David , à Grîcqoevlle. ^
5!« à M. Bourget , à BeuvrOB-— 3"" à IL Bedoges, à Butes*
— 4« & M. Auguste Londe ,> Patot*eD*Aiige.
ââ6 N0UTBLLB9
Prime ipëeiale de 300 fr. , fondée par H. DutrOne ,
propriétaire à Trousseauville ^ poor le meilleur poulaia de
demi-sang , à M. Goupil , de Pontfol , poiir une pouliche,
fille de Bjron,
G0NC0i7BS AiPAaTBlIBlfTât D^AGRfCULTIjmE. -* GONCOUBS US
10M8flT8 FOCJLHIIÊBBS A BAVEUX.
Le 2 novembre , un grand nombre de notables agricul-
teurs assistait à ce concours départemental. Nous citerons
M. de Sainle*Marie , inspecteur général de l'agriculture ;
MM. de Caumont , de Meckflet , Lailler , Lebàrillier ,
Paisant-Descoutures , Massieu de Clervat , comte d'Ecqué-
villy , Le Breton , de Lignerollçs^et un très^rand nombre
de membres de l'Association normande ; M, Pezet , pré*
sident de la Société d'agriculture de Bayçux ; MM. Castçl,
6. Villers , de la Boire , Lambert, membres du bureau de
la même Compagnie ; MM. Seminel, de Sallen, Dumanoir,
de Juaye , et environ 100 membres de I9 même Société.
Le temps a été très-favorable aux concours de Bajeux ;
aussi l'affluence des cultivateurs et des curieux a-t-elle été
grande pour examiner les animaux de la double exUbitioQ,
et suivre les opérations du jury.
Voici les résultats du concoure :
Jameuts poulinières^
!'• Prime de 400 fr. à M. Barbey , cultivateur à En^
granville ;— Prime de 300 fr. à M. Jules d'Arthenay , pra-
priétaire à Cardonvllle.
8« Prime à M. Arsène Lecoq , cuhi^tèur à Greully.
8« Prime à M. Adeline , maire de Blay.
Ces primes sont annuelles.
DB 1^*A6MGUL1URK. S^T
Concours départementale
Un assez grand nombre de bétesà cornes étaient inscrites;
la plupart ont été amenées à l'exposhion. Sans rendre
compte du mérite de cette exhibition , nqus npus bornons
à en fJE^ire connaître le résultat.
Tanrofluqt,— 26 nifcrtli. t*- 90 amea^,
l'* Prime de 250 fr. à H. Barbey , cultivateur à En-
granville.
2* Prime de 200 fr. à M. Henri Léfrançoi$,de Saoïuiet.
3* Prime de 150 fr. à M. Blaize , de Bricqueville.
Vaches laitières deZà^ ans, — 18 inscriies, — 15 présentées.
V^ Prime de 200 fr* à M. Simon Aubin , de Saonnet^
2* Prime de iOO fr. à M. Henri Le François,de Saonnet.
Vaches de 5 ans et aihdessus — 17 inscrites et présentées.
V Prime de 150 fr, h M. Beslongcbamps « dé St-Loup-
Hors.
2" Prime de 100 fr. à M. J.-L. Ylmard , de Mandeville.
Mentions honorables : MM. Simon Aubin , de Saonnet ;
Lahausse , de Saint-Gabrie),
Géoisses d'un an, — 14 inscrites et préservées,
Pl'ime unique de 150 fr. : M. Simon Aubin , de Sâonnet,
Mention honorable : M. Durand , de Vaux-sur-Aure.
Génisses de 3 ans. — M mserUss. ^ \^présentéee.
Prime unique de 160 fr. : M. YautiertBuhourg, de Mon-
cei^ux.
Mention hpnoraUe : M, Adelîne , maire de Blaj«
9S$ MOCmLLS»
BâieH.— 5 hueriti et présentés^
f >• Prime de 100 fr. à M. GtriDot , de Sally.
S* Prime de 7S fr. à H. Richer, deGonvîx.
Brebis (lût dé iO) , de ions et au-dètsut,
1'* Prime de tOO fr. à M. Dumanoir » maire deJuaye..
2* Prime de 60 fr. à M. Langlois , de Vendes.
Yemtsâe 6 moie et au-âessut. ^^ présentés.
f* Prime de 100 fr. à M. Lebojteux , de Toarmëres^
S" Prime de 50 fr. à M. GuiUot , de Sully.
Truies de 6 mois et aip-deesue.
l'* Prime de 100 fr. à M. Barbey , d'EngranvilIe.
2^ Prime de 50 fr. à M. Vimard , de MandeYÎUe.
lî^Btrvmentê aratoires*
Prix de 100 fr. , avec une médaille de brome , à M.
Boquet y de Montchamp-le-Grand , près Vire , pour deux
charrues : Tuoe , charrue ordinaire ; Tautre ^ diamio
Dombasie.
â« Prix à M. Désiré Lubiu y deluaye y pour une baratta
de cuivre.
3* Prix à M. Louis Carpentier , une médaille de bronze j.
pour rintroductioo dans la culture de divers ittstroffienU
couyeaux ou perfeclionnés»
Btmne imime des expUntatume.
Médaille d'or A M. Skuon Aubin , de Saonneh
Id. d'argent à M. Armand Lecfaartier , de YouiHy.
Id. id. à M. Bence , de Vaucelles.
DE L'aGMGULTIIRE. 829
Mentions bonoraUes : MM. J.-L Vîmard , de Mande-
TÎUe ; VoÎMD , de Maizy ; Chesnel , de Sommervieu ;
Jacques Lefran^is y de Campigny ; Martin frères j da
Quesnaj-GuesBoiu
Nota. Celle partie da concours était spéciale à Pairoadisseme&t de
Bayenz.
ASSOaATION BRETOmCE.
fZ^ Session).
En 1845 ) le Congrès breton s'est ouvert le 2 août , à
Nantes, par deux discours remarquables : l'on de M. Rîet
SA , direclenr ; l'antre de M. Duchastellier , de Quimper,
secrétaire- général. Le bureau général a été ainsi constitué:
M. de la Haye-Joussdio , président ; — vice-présidents t
MM. Ghaper , préfet de la Loire-Inférieure ; de Caumont,
diredevr de l'Association normande ; de 8ainte*Marie ,
ittspecteur*général de Tagriculture ; comte Olivier de Se»-
maisons ; Ferdinand Fabre , maire de Nantes.
M. Ditmer , conseiller d'Etat , directeur générd de Ta»
griedture et des haras , a passé plustenrs jours à Nantes
pendant la session.
Parmi ceux qui ont pris la parole nous citerons :
Quatre membres du Conseil général de Tagriculture ,
MM. de Caumont , de Sainte-Marie , Rieffel et Pommier ;
la plupart des inspecteurs de rAssociation bretonne ; M. le
marquis d'Argentré , de Vitré ; M. Bom*el-Roneiéres, des
C6tes-du-Nord ; M. Houel , du Morirfhan; M. Tasié, maire
de Vannes ; M. Galles , conseiller de préfecture à Vannes;
M* le baron du Taya , de St«Brieux , qui a traité la ques-
63Q IfOUTRLL^
lioo des linff ; M. Querret , de Morlaix; H. Bizeid ,• de
Blaio ; H* de Keridcc^ el ud grand aonibre d^antres meu-
lires.
Une exposition de fleurs , un concours de diarroes et
une exhibition d'instruments aratoires perfectionnés a eu
lieu pendant la session.
Le concours provincial de bestiaux s'est tenu sur la
prairie de Mauves , où avaient eu lieu les courses de
chevaux.
La distribution des primes a été faite avec solennité en
présence des autorités civiles et militaires du département.
M. de la Haje-Joinselin a ouvert la séance pal* une afilo-
cntion et a successivement appelé les rapporteurs : le prilL
prt^sé pfÈf M. de Caumônt peur l'exécution de carte»
agronomiques en Bretagne , a prodifît le résultat qu'on eh
espérait ; une carte du Finistère , dressée sur ufie grande
ëdielle , a été présentée, et la Commission en a été assez
satiMînte peur donner immédlaimnent à l'auteur la moitié
du prix , en lui indiquant les additions et modifications
qui doivent rendre , pour Tan prochain , son travail
eomplet.
Cette séance , dans laquelle M. Dochastelfier. secrétaire-
général , a résumé les travaux de la session, avait attiré
un grand nombre de spectateurs et de dames. Le Comice
de Ndntes j a distribué ^ès prix « sous le patronage de
TAssociatioa bretonne.
La classe d'histoire de TAsséciatiofei a tenu ses réonioiis
à la préfecture , soils la présidence de M^ de Blois ; H. de
Kerdrel remplissait les fonctions de secrétaite.
La 4*> session du Congrès de T Association bretonne s'ou-
vrira à St-Brieux , dans les premiers jours d'août 1846*
DE t*AUKlC\iVTVVitf 83 1
CQNOkES AGIKOLB DU IfOÙ T>E LA FRAIICB*
/ï« SeêsimJ.
Le Congrès agricole du Nord de la l^rance^réuni à CaoH
lirai , le 5 novembre 1845 , vient de clore la session. â59
membres y ont siégé. Le bureau des séances générales a
été composé de M. le B^. de Conleacin , président ; MM^
de Caumont, Fouquer-d'Hérouâ , Wilbert , vîoe*prési«
dents ; MM. Bochart^de TiUancoort et Evrard, secrétaires.
L'année dernière ^ le Congtès du Nord , ténni à Saint-
Quentin , avait adopté en principe qu'il serait formé une
Association permanente , fondée sur des bases adakignes
à celles de rAssoctfltîon normande et de l'Association bre<»
tonne ; une Commission avait été nommée pour rédiger les
statuts : cette Commission a présenté son travail à Touver*
ture de la session. Mais il était facile de reconnaître que le
projet n'était applicable qu'à la tenued'uli Congrès annuel ^
et nullement à une Association pei^nanente, ayailt une vie
continue et exerçant son action sur plusieurs départements*
M» de Caumont a d'abord attaqué plusieurs dispositions de
ce projet ; et après une diseussidh assez longue , dans la-
quelle ont été entendus MM. Corne , député ; le manfuis
d'Havrinconrt ; Royer, inspecteur<>général de l'agriciil*
ture ; Baucbard , de Saint^Quentin ; le Y ^' de Madrid « de
Vervitts ; de Tillancottrt » de Chàteau*Tbierry ; ce projet ^
adopté en partie» a été renvoyé à la 1'* section du Congrès,
pour être complété.
M. de Caumont a soumis à ce bureau quelques disposi«*
tions concernant l'organisation du Conseil général admiips*
832 mUTBLLBd
tnitir et la nominalion des officiers de rAssociation : ces
dispogitiaof tlangaernentexaniinéeSt ont été adoptées. M.
Bauchard a été chargé de les présenter à Tadoption de l'as-
teoiblée générale.
Après les développements de M. Banchard , M. d*Her-
■ngny a Yivemeot combattu le principe de rAssoeîatîoii ;
Mais rimawnsD najorité du Congrès a adoplé le projet
aprèft tme discussion très-animée,dans lafuelle Vk^à. Gome^
le marqua d'Havriacourt ^ Pdlean^ Mouton^ de Douai» de
lillancourt , de CaumonI , Fooqaer*d'Héroiiâ , le B^** de
TocqoeviHo » ont été entendus. Ce règlement constitua
TAssoeiation du Nord sur des hases excellentes ; son adop«
tion est un événement considérable sot raccompUssemenC
doqud la présence de M* de Gaumont n'a pas été sans in*
fluence. Il est probable même que , sans ses rédamationa
et les renseignemeais qu'il a donnés , on aurait adopté le
projet de la Commission qui ne créait point d'Associatîont
el régularisait seulement les mesures tendant à assurer la
tenue d'un Congrès provincial annuel.
Après l'adoption du règlement , le Congrès a procédé à
l^électien des membres du Conseil général adarintstratif.
Le 7 , une Aiscnsrion s'est ouverte sur l'organisation de
Tagrioulture : MM. CoriA et Rojer ont exposé , avec un
tdept remarquable , un projet d'oiiganisation qui a été
approuvé après une discussion trèfrjntéressaole dans Ia«
quelle MM. d'ilermigoy , d'Havriocourt ^ le Bf*^ de Toc-
qneville , de Caomont , Pelleau » de Tiliancourt , le V^ de
Tureone , Mouton , etc. , ont été entendus.
Le 8, des rapports pleins d'intérêt ont été discutés. --Les
habitants de Cambrai , qui ont reçu les étrangers avec un
empressement tout cordial , ont ofEert un bal au Congrès
DE L'AGRICCLTUBtt. 833
le 8 et le 9; ils les ont invités à un banquet. Précédemment,
M. de Contencin , sons-préfet et président du Congrès ,
avait réuni chez lui les membres de l'assemblée. Ainsi
cette session, qui a consacré définitivement et assuré son
avenir ^ a été , pour l'Association du Nord de la France ,
féconde et intéressante.
L'Association tiendra, l'an prochain , son Congrès à
Amiens; cette ville a été désignée sur la demande de MM.
de Turenne et de Caumont»
ASSOCIATION DE l'OUBST*
(^2® SeesionJ.
La seconde session dn Congrès agricole de l'Ouest s'est
ouverte à La Rochelle , le 29 juillet , et a duré plusieurs
Jours.
La réunion a discuté des questions intéressantes , insé-
rées au programme très*bien fait, qui avait été distribué
d'avance; elle s'est recrutée d'un grand nombre de nou-
veaux membres, et a nommé une Commission pour préparer
le programme du Congrès de 1846 , qui sera le 3^ de
l'Association.
Le ministre de l'agriculture avait envoyé près du Con-
grès de l'Ouest M. Rendu , inspecteur général de l'agri*
culture.
Voici quelques-ans des vœux émis par le Congrès :
Enseignement agricoie. — Qu'il soit créé un institut agri-
cole dans chaque département, et que dans le cas où l'exé-
cution de cette mesure entraînerait trop de kntenr , il
53
§34 NOUVBLLFS
soit immédiatement attaché une chaire spéciale d*agri«
culture à toutes les écoles normales.
* Embrigadement det gardcê'Champélres.-^Que, dans l'inté-
rêt de la police rurale, il y ait un embrigadement général
des gardes-champétrcs.
Parcours et vaine pdture. — Que le Gouvernement soit
appelé Â provoquer les mesures législatives nécessaires
pour empêcher la vaine pâture dans les prés , et généra*
liscr Tusage qui existe dans le Poitou et une partie de U
Saintonge , de pouvoir se préserver de ce droit dans les
plaines , en traçant autour des champs un sillon ou tout
autre signe.
Organiiaihn de Vagriculiure. — Que les services publics
ci*désignés soient attribués au ministère de l'agriculture
et du commerce ; savoir :
Le dessèchement des marais , le reboisement des mon-
tagnes , la plantation des dunes , la construction des di-
gues, les irrigations , le défrichement des terres incultes ,
le curage des petits cours d'eau , les (oréts , la conserva-
tion des dunes , les écoles forestières.
C'est è Poitiers que se tiendra , en 1846 , la 3* session
du Congrès de l'Ouest.
INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE.
La création d'un Institut pour les provinces de France
était le complément nécessaire des Congrès , car les Con-
grès ne se réunissent qu'une fois par an » dans des lieux
éloignés les uns des autres, et leur action , toute puissante
qu'elle soit, ne sera jamais que momentanée.
I>B L'ÀtmiCULTtlRS. 838
Il âilIdU donc, côromo régulatrice du tongrès , une
Compagnie dont les éléments moins variables permissent
de poursuivre constamment l'exécutibn des mesurés rëcla<^
mées par lai ; une société composée d'hommes choisiâ >
Capables de diriger les travaux scientifiques de tout genre,
et de coordonner les matériaux déj& produits par le$
Académie?.
L'Institut des Provinces , pai^ son organisation » est
appelé à résoudre ce problème. Lié aux Congrès par ded
rapports constants et ititimës , il a une vie distincte et
indépendante j une vie continue ; car son Conseil adminis-^
tratif tient rëgulièi^ment des séances mensuelles dans la
ville chef-lieu.
L'Institut devait limitei" le nctnbre de ses memi)i1;s : ce
nombre est fixé à 300 pour toute la France ; mais\ duns
chaque division , il y a iln sous-dirécteui* , qui peut con^
voquer des Réunions dans lesquelles tous lek hommes labo-
rieux sont appelés à fiiire dès lectures , et ces Mémoire^
poui'ront être imprimés dans les 'volumes que l'Institut
fera paraître. Le directeur de 1 Institut peut , d'ailleurs ^
pfovoqueir des séances sur tous les points du royaume et
les présidef .
L'Institut publie deut séries de Mémoires dans le format
in'l*^ : la première , consacrée aux sciences physiques et
naturelles; la seconde , aux sciences morales, historiques,
littéraires , etc. Indépendamment de ses publications ordi*
naires , l'Institut a entrepris une grande centre , celle de
classer tous les travaux de quelque portée épàrs dans les
Recueils de provinces ; il a pris la tâche de répertorier
toutes les publications départementales , d'en extraire ce
qui mérite le plus d'attention , et de le réimprimer dans
836 ifOfrnuxBS
un ordre systëmaiiqae. Déjà le premier yolume de ses
Mémoires a paru Tannée dernière ; deux autres volumes
sont sous presse. L'Institut se propose encore de publier ,
tous les trois ans , un Rapport sur les travaux oomparéa
des Sociétés savantes de France. Si Ton ajoute qu'il tracera
le programme des travaux d'ensemble les plus importants
à entreprendre et qu'il en dirigera l'exécution , qu*î\
décernera des médailles aux auteurs des meilleurs Mémoi-
res sur des questions nombreuses qui seront mises immé-
diatement an concours, on comprendra combien la missioa
qu'il s'est imposée a d'importance et d'utilité.
Le premier siège de l'Institut fut établi au Mans , sous
la présidence d'un homme vénérable autant par son savoir
que par ses 80 ans , dernier reste peut-être de la célèbre
Société des Oratoriens , M. Cauvin , que la mort vient
d'enlever à la science et à ses nombreux amis. Il y a tenu^
chaque année depuis 1839 , ses réunions générales; chaque
année aussi » il s'est réuni dans la ville où siégeait le Con-
grès scientifique : ainsi, en 1840 à Besançon , en 1841 à
Lyon y en 1842 k Strasbourg , en 1813 à Angers , en 1844
à Nîmes , et en Î845 k Reims. Ces réunions ont eu de
l'importance ; des médailles ont été , dans plusieurs de ces
séances , décernées aux hommes qui avaient bien mérké
de la science par leurs ouvrages.
Après avoir accompli six années de résidence au Mans ,
rinatitutdes Provinces a pris pour nouveau cheMîeu la ville
de Gaeuy où une réunion générale a eu lieu le 30 septembre
dernier. Le bureau de cette Compagnie a été renouvelé :
M. de Caumoot a été élu directeur ; MM. Girardin , de
Rouen , et Eudes-Deslongchamps, de Gaan , ont été nom*
mes secrétaires généraux*
DB l'agriculture* 837
L'IfistiCnt des Provinces compte aujeard'hui lOt mem-
bres tUoIaires et 41 membres étrangers. Parmi les mem-
bres titulaires, 18 appaHîeoneat A la Normandie : ce sont
MM. de Caiimont , Eudes-Deslongchamps , Lesaiivage,
P.-A.Lair, de Magnevîlle , de Caen ; J. Girardin,de
Rouen ; le baron d'Haussez, de Saînt-Saëns; Feret , de
Dfeppe ; de Jumelles , d'Honfleur ; Lcgrand , maire de
Saint-Pierre sur Dives ; le vicomte de Cossy , du Calvados;
Lambert , de Bajeux ; le baron de la Frenaye , de Fa-
laise ; L. de La Sicolière et Godard , d*Alençon ; Ollivier ,
d'Avranches ; Tabbé Desroches , dlsigny ; le comte de
Tocqueville , député de la Mandie.
« L'Institut des Provinces , -^ disait > dans une des
dernières assemblées , M. de Caumont, qui s occupe sans
relâche de compléter l'organisation de cette Compagnie ,
— rinstitut a accepté une grande et honorable mission ,
celle de tracer vn plan de travail ralionel et uniforme pour
toutes les Académies de» départements , de rechercher partout
les hommes de mérite , de les distiftguer , de les encourager » de
les honorer.
» L'illustre Compagnie saura remplir celte tâche y qui
est immense^ comme on a dû le comprendre; les membres
de rinstitut des Provinces, armés d'une volonté pergistanfe
et inébranlable , marcheront avec confiance dans la voie
qu'ils ont mesurée , sans s'embarrasser des obstacles ; ils
sauront réussir , parce qu'ils ont foi dans leur œuvre , et
que les entraves ne peuvent rien contre la foi.
» Ils réussiront , parce que leur mission est gratuite ,
parce qu'ils n'ont point de popularité à acquérir , et que
le zèle désintéressé dont ils font preuve est, dans nos mœurs
publiques, une belle et noble exception , qui leur méritera
toutes les sympathies. » •
$29 ROUTBL&.BS »B L-A6BICUUimB,
LlnsUtut des Pro>ioGes de France tiendra vnesëance
générale h Qrléans , dans la huitaine de Pâques 1846.
(ExlraU de la Retup de Rouen.J
KOTA. Un irè^-grai^d nomlre d'çrtù^ê étaient réunis pour,
cette parlie de l'Annuaire; mais l'imporianee et l'étendue de^
cewc qui entv/ent dans la premier^ partie du tolume, nous
forcent à abréger ce chapitre. L'Annuaire aura cette animée plus,
de 900 page^ U On voit far-là quelle ajbondance de maté'
riaux la Commission de rédaction a eue à sa disposition : eU^
regrette vivement de ne pouvoir les employer tous.
NOTICES BIOGRAPHIQUES
Sur M» Plerre-Franfoiii JTAJflET , emeien Reeteup
de V Académie de Cam , Supérieur du Bon-Sauveur ,
Chanoine hùnoraire de Bayeuœ ^ d'AUn et de Coutanees^ ;
ChewUier de la Légion d'honneur , Memhre de VAjuoeiaiion
normande , etc. , etc. , etc. ;
Par M. J.-B. JAMET.sod neveu > Gbapelain du Bon-Sauveuri
Pierre-François Jamet naquit , le 12 septembre 4762 ,
dans la paroisse de Fresnes , département de TOrne. Son
père , simple oiiUîvateur , ne peuvant , à caose de la mo-
dicité de ses ressources, procurer une éducation supérieure
à chacun des neuf enfiints que le Ciel lui avait donné»-,
voulut au moins que deux d^entre eux fissent leurs études,
et qu'à Tavenîr , aussi bien que par le passé , sa faknllle
ftt comme partagée entre tes lettres et ragricuUure.
Pierre-François commença ses études à Tâge de 15 ans ^
il reçut les premières leçons de son frère aîné , qui se
destinait au sacerdoce , et ensuite d'un de ses oncles ,
vicaire dans une paroisse voisine. A t6 ans , i^ flit .placé;
comme externe, au collège de Vire, où il se di^ngua par
«ne prodigieuse facilité et des succès constants. A âOans ,
il vint faire sa philosophie à l'Université do Gaen ; deux
ans après , il entra au séminaire , et , en 1787 , étant âgé
de 26 ans , il alla recevoir à Rouen Tordinalion sacer-
dotale. Il n'entra point alors dans l'exercice ordinaire dut
t^mi ministère ; mais il accepta une place de précepteur »
8i0 NOTICE»
etcoDliDua ses éludes Ihéologiques pour prendre ses grades.
Bienlôl il fut reçu bachelier , el il travaillait activement
pour la licence en 1 790 , lorsqu'il fut choisi , à cause de
sa grande piété , pour être chapelain de la petite Comma«
navlé du Boo^Sauveur.
A cette époqae , la France commençait à raasenbr les
violentes secoumes qui annonçaient Témption frodkaiDe
el tenritde do volean révolutionnaire. La catastrophe ne
tarda pas à éclater ; et non<«euIement la France politi^iie ,
mais surtout la France religieuse fut lioniblenient dé*
chirée.
En 1791 • le chapelain du Bon-Sauveur s'asaoda gêné»
reusement à la célèbre protestation de rUniversitédeGneQ
contre la Constitution civile du clergé. La même année, 3
fiit arrêté , et il làililt être viotime de son refus de prêter
serment de fidélité à cette Constitution toute sckismatique,
contre laquelle il avait protesté. Toutefois , il recouvra la
liberté , naais ce n'était que la liberté de fuir et de se ca«
«ber ; car j à partir de ce moment , il lui fallut se dérober
à presque tous les regards , dans une patrie au sein de
laquelle la foi catholique était désormais un crime digne
de Téchabud. L'abbé Jamet , sans prendre , oomsae tant
d autres , le parti d*éuigrer , réussit à (aire croire qu*îl
avait quitté la France , et sut détourner une partie des
soupçons qui ne pouvaient manquer de planer sur lui. Il
denMura caché dans les environs de Caen. Oi^isé sous
toutes les formes, il exerça • dans ces temps de douloureuse
et sanglante mémoire , un ministère d*a«tant plus prédeux
que les prêtres demeurés «n France étaient pins rares , €(i
que bfc persécution multipliait les besoins et ks dangers
pour les fidèles. Sous le titre de médecin > et avec le nom
BIOGRAPHIQCES. 841
emprunté de Deêchampê , Tabbé Jamet , d'ailleurs reinpli
d'adresse et de sang*fro;d , put souvent pénétrer jusqu'au-
près des mourants , qu'aucun prêtre ne semblait pouvoir
aborder sans tomber entre les mains des bourreaux.
L'abbé Jamet s'était attaché d'une manière toute parti-
culière à la Communauté du Bon-Sauveur , et il lui avait
en quelque sorte voué son existence. Cette Communauté
fut dissoute en 1792 , ainsi que tous les ordres religieux en
France. Mais son chapelain , qui sans doute se sentait
appelé par la divine Providence à la reconstituer un jour ,
n'en abandonna pas les débris épars. Il sut ce qu^étaient
devenues toutes les religieuses: souvent il les visita, même
au plus fort de la persécution et au péril de ses jours , dans
les maisons particulières où elles s'étaient retirées , et il
entretint toujours dans leur cœur l'espoir d'une réunion
future en communauté.
La tourmente révolutionnaire s'apaisa'peuà peu ; le sang
oessa de couler. Mais que de ruines couvraient le sol de la
France I que de plaies restaient à cicatriser! La religion
surtout avait vu presque toutes ses institutions profanées
et renversées. Alors durent apparaître les honnnes pro-
videntiels destinés de Dieu à les réparer et à les relever.
L'abbé Jamet fut un des premiers à l'œuvre. Sa principale
occupation, sa mission sacrée fiit de reconslitaer la Com-
munauté du Bon-Sauveur. En 4804 , il acheta pour elle
l'ancien couvent des Capucins, situé dans l'un des faubourgs
de Caen. L'année suivante , il y réunit le petit nombre de
ses religieuses qui avaient survécu à la révolutioo. Il n'a-
vait point de capitaux : des amis lui en prêtèrent , des
âmes pieuses lui en donnèrent ; son activité pourvut à tout.
Bientôt de nouvelles acquisitions s'ajoutèrent à lajpremière;
842 KOTKE»
àeê répantionB fiirent faites, des constructions s^élevèrenf,
et Ton vit s'accroître peo à pe^ la population du renaissant
a»iie.
En 1816 , Tabbé Jamet enireprit d'instruire des sourds-
muets. Il fut conduit à s'essayer dans cette carrière , où
bien pea de personnes se rencontraient alors , par le désir
d'être utile à une sourde-muette alliée à sa famille. Quoi-
qu'il n'eût pris de leçons d'aucun maître, et qu'il manquât
même des livres encore bien rares qui traftaient de la ma-
nière d'instruire les sourds-muets , il ne laissait pas d^ob-
tenir des snocAs qui l^ncouragearent. Bientôt d*autre9
iOttrda>muets lui furent proposés ; il le» accueillit. Mai»
avant de se fixer entièreaEftent sur la méthode qu'il devait
suivre , il voulut visiter l'institution de Paris , dirigée par
le célèbre abbé Sicard, qui vivait encore. Il n'en rapporta
ni encouragements ni conseils ; maïs il avait assisté à une
leçon donnée aux élèves , et il s'était enrichi des ouvrages
des abbés de TËpée et Sicard, dont il sut tirer un très-utile
parti , sans cependant les suivre pas à pas dans les route»
qu'ils avaient ouvertes.
Comme presque tous les instituteurs de sourds-muet» ,
l'abbé Jamet employait tantôt la pantoùiime , tantôt le
dessin , tantôt l'intuition directe des objets en nature lors-,
qu'elle était possible , pour (aire comprendre à ses élèves
le sens de» mots ; comme quelques-uns , il attachait à
chaque mot un signe simple et facile, qui était pour le sourd^
muet ce qu'est la proooncîationpour ceux qui parlent etqui
entendcAt. Dans la formation de ces signes^auxquelsil atta-
chait une grande importance, comme véhicule rapide de la
pensée , comme moyen précis do conversation avec ses élè-
ves, le fopdateurdc l'école de Caen. suivait un système mé^
BIOGRAVHI0t'E9.
643
tbodique et ralionel , dont il a rendu compte dans un Mé-
moireclair et concis, In devant ^académie en 1821. Maisce
qui dislingue surtout l'école du Bon-Sauveur des autres éco-
les , c'est la manière de procéder dans la tâche si difficile
d'apprendre aux sourds-muets à rendre correctement leurs
pensées dans la langue de leur pays. L'abbé Jamet voulait
que tout fût mis en action sous les joux des élôves. 11 eon-
seillait d'employer plusieurs années de suite à leur faire
écrire des actions multipliées , faites devant eux , ou par
eux-mêmes , et dans Ténoncé desquelles devaient entrev
successivement les mots dont' on voulait leur faire com-
prendre la valeur , les temps des verbes avec lesquels on
voulait les familiariser, les tournures de phrases , les Iocut
tiens auxquelles on voulait les habituer.
Cependant le nouvel instituteur ne tarda pas à voir aug-
menter le nombre de ses élèves , au point que , ne pouvant
suffire seul à les instruire , il fut obligé de réclamer la
bienveillante intervention des religieuses du Bon-Sauveur.
Il forma parmi elles des institutrices pour cette sorte d'en-
seignement ; sur sa proposition , la Communauté adopta
racole des sourds<«muet8 , qui continua néanmoins d'être
dirigée par son fondateur , et , en son absence , par un ou
deux des chapelains de l'établissement. Deux grands locaux
furent successivement bâtis pour ces nouveaux enfants
adoptifs du Bon-Sauveur ! l'un, destiné aux filles, en 1823;
l'autre , destiné aux garçons , en 183S.
Le zèle avec l^nel l'abbé Jamet s'occupait de son école
des sourds-muets ne lui faisait pas perdre de vue les pau-
vres aliénés dont le sort malheureux feisait une si vive
impression sur son cœur. En 1818 , il trouva et saisit avec
çmpressemenl l'occasipu d^xécuter un dessein qu'il médl-
84* HOTKES
tait depuU long-temps, et doat il tvait habilement préparé
le soooës auprès des religieuses de sa Gommouau té. Le Bon-
Sauveur avait , presque dès son origine , oflert un asile
aux femmes atteintes d'aliénation mentale : mais les liorn*
mes frappés de la même maladie ne ponvaient j élie reçus.
Grâce au charitable chapelain , il fut alors arrêté , de
concert avec Tautorité épiscopale , que Ton y en recevrait
désormais. Le département , qui se trouvait dans la néces-
sité de pourvoir à ce qu'une maison spéciale fikt aiEectée à
ces malheureux , fit , par Torfane de M. de MontUvaidt ,
son préfet , un traité avec les religieuses du Bon-Sauveur,
et leur prêta , en denx ans , 90,000 francs , avec stipala-
tion de l'emploi , ainsi que de l'époque et du mode de reai-
bourseroent. Alors le chapelain du Bon-Sauveur , qui , â
cette époque , en fut nommé supérieur , fit élever de
vastes constructions et disposer un local pour les nouveaux
botes dont la charité des religieuses allait s'entourer. Ce
fut en 18â0 que les hommes idiénâs firent leur entrée ao
Bon-Sauveur.
Il ialhit en même temps pourvoir à l'agrandissement du
local destiné aux femmes ; ear leur nomhre angmentaîl
sans cesse. Le supérieur eonçiit alors le plan de cet im-
mense édifice , désigné au Bon-Sanveiir sous le nom de
Sainte-Uariâ , et pouvant contenir plus de 3M femmes
aliénées* Commencée en 1^4 , cette construction , dont la
façade se déploie sur une ligne de âOO mètres, fut acbevée
en 4830 , et n'a pas coOté moins de 600,000 francs.
Le prodigieux développement que l'abbé Jamet a sa
donner au Bon-Sauveur en fait un des étaMissemenls les
plus curieux et les plus intéressants de la ville de Caen.
Formée de plus de trente-cinq acquisitions successives ^
qui se sont ajoutées à Tancien couvent des Capucins , cette
grande création a dû nécessairement porter l'empreinte de
tout ce qui se compose par une suite d'agrégations. EUe
offre, dans son ensemble, des irrégularités que Ton regrette
d*7 trouver, mais qui ne laissent pas d'avoir leur compen*
sation dans les beautés de détail de certaines parties.
L'abbé Jamet fut appelé aux fonctions de recteur de
l'académie de Caen en 182^. Les circonstances étaient as-
surément trèS'diiBciles. Le nouveau recteur sut allier une
juste fermeté à beaucoup de modération et de prudence.
Froidement accueilli d'abord, il ne tarda pas à convaincre
ses adversaires qu'ils s'étaient mépris sur ses véritables
intentions. Faire fleurir les bonnes études et les bonnes
mœurs , contribuer à l'honneur de la religion et de la
patrie, tel fut le but constantde ses efforts. Pour l'atteindre,
il n'épargna ni peines , ni démarches , ni sacrifices. C'est
dans ce dessein qu'il visita par lui-même presque tous les
collèges de son ressort académiqoe^sur lesquels les premiers
inspecteurs qu'il trouva en exercice ne lui communiquaient
que des renseignements trop incomplets. La plupart de
ses choix furent heureux ; et s'il était besoin d'en donner
la preuve , il nous suffirait de dire quels postes éminents
occupent aujourd'hui des fonctionnaires qui furent l'objet
de sa prédilection. Dès le début de son administration , il
proposa de renouveler les demandes faites précédemment
pour obtenir l'érection d'une fiiculté de théologie , et Té-
rection de l'école secondaire de médecine en Êiculté. Les
chaires de droit commercial et de droit administratif à la
faculté de droit sont principalement dues à ses instances
réitérées. Il poursuivait avec une douce persévérance ses
desseins de réformes et d'améliorations , lorsqu'on 1828
8^6, KOTICES
il fut sur le point d« se retirer devant tes trop célèbres
ordonnances qui portaient le trouble et la désolation dans
le champ de l'église^ Cependant il conserva encore son
poste y et ne l'abandonna qti*en face des événements de
1630. Il est des retraites glorieuses: celle deTabbë Jaraetne
le déshonora pas; die n'était qoe la conséquence^' an passé
dont il n'avait pas à rougir. Personne ne niera qu*îl laissait
l'académie beaucoup plus florissante qu'il ne l'avait trouvée
huit ans auparavant^
Rentré dans la vie privée , l'abbé Jamet n'eut plus à
s'occuper que de sa Communauté , dont les soins du rec-<
torat ne l'avaient pas empêché de poursuivre toujours les
intérêts. A l'extérieur, il fonda deux maisons succursales:
l^jne à AIbi , département du Tarn , en 1832; l'autre à
Pont-l'Abbé , petit bourg du département de la Manche «
entre Coulances et Valognes, en 1836. La première de ces
succursales a pris un accroissement raptde«et parait devoir
nn jour égaler presque la maisod^mère ; la seconde, moins
avantageusement située , ne laisse pas néamnoins d'avoir
déjà une remarquable importance. A Tintérieur , il Ira-
iraillait toujours à agrandir et à compléter le Bon«Sauveur,
soit par des acquisitions de terrains , soit par des cons-
tructions que l'affluence des pensionnaires rendait indis-
pensables. Ainsi le 'quartier destiné aux hommes aliénéa
s'est enrichi , de 1834 à 1842 /d'un local séparé pour les
épîleptiques ; de deux habitations isolées appropriées aux
besoins des pensionnaires riches ; d'une chapelle élégante ;
enfin d'une construction sur un plan nouveau , plus parti-
culièrement destinée aux malades placés d'office à la
charge du département. Le quartier des femmes s'est aug«
mente auisi ^ malgré l'imaisnio développement qu'il pré«
biogaàphiques. 847
•
sentait déjà , d'une aile presque entièrement habitée par
ies indigentes que le département y entretient d*office. Les
sourds-muets ont vu joindre des ateliers aux constructions
dont nous avons parlé précédemment. Le service commun
a été rendu plus facile et plus économique par Tadoption
d'une cuisine nouvelle ; par l'érection de deux grands ré-
servoirsen granit, de chacun 190,000 litres, pour laconscr*
vation du cidre ; par la construction d'un vaste séchoir et
d'une buanderie ù la vapeur ; par des basses-cours , des
murs d'enceinte, des ateliers pour les divers ouvriers habi-
tuellement employés dans la maison; enGn par des distri-
butions régulières dans les jardins qui séparent les diverses
parties de l'établissement.
Ainsi » par les soins et sous les yeux de l'abbé Jamet ^
s'est successivement formé , développé , organisé le Bon-
Sauveur. Ainsi l'activité d'un seul homme a suffi pour doter
la ville et le département d'un établissement qui , à la
mort de son fondateur , couvrait une étendue de 16 hec-
tares environ, renfermait 1,269 personnes, et représentait
une valeur de plus de trois millions.
C'est au milieu de cette riche et florissante cité de la
charité chrétienne , due à son dévouement et à son zèle ,
que l'abbé Jamet est mort presque pauvre , le 12 janvier
1845 , laissant pour principal héritage à sa famille , dont
il n'augmenta ni n'entama le patrimoine , un nom béni et
le souvenir d'éminentes vertus ; au clergé , les plus beaux
exemples de zèle éclairé , de charité ingénieuse , d'abné-
gation sacerdotale ; aux malheureux frappés de la plus
affreuse des infirmités , un asile où les attendent un dé-
vouement et des soins empressés ; aux sourds-muets , la
plus grande institution privée que la France possède.
818 ICOTlCfiS
Décoré de la croix de la Légion*d*honoear , et jugé di8:ne
d*occuper one place plus élevée dans TEglise ^ son humi-
lité lui fit refluer an siège épiscopal qui lui était offert ,
se contentant du titre modeste de chanoine honoraire dans
les trois diocèses où le Bon-Sauveur a des établissements.
L'abbé Jamet $ presqu*enlièrement occupé de son œuvre
principale y a néanmoins su trouver mojen de laisser en*
core à la littérature un petit contingent ^ qui se compose :
l'^ de deux Hénmret sur Tinstroction des sourds^muets ;
9^ de Méditationi sur le mystère de la sainte Trinité ; 3*
des traductions de MUténo où VBtmitne heuteux , traduit
de Tcspagnol ; -^ du Trésor de patience , — et de la Pratique
de la dévotion à la $ainte Vierge » traduits du portugais ; —
des Mémoires du cardinal Paeca » traduits de Titalien.
Stir Ht. nearl lIAlIttItME , Membre de l'Association
normande;
Par M. iouEN TRAVERS, Professeur à U FoctiUé des toures de Caca.
Né à Saint'-Lo le 18 septembre 1776 , mort à Caen le
7 mars 1845 » Benri Damemme fut confié de bonne heure
à Tun de ses parents y feu Néel » habile ouvrier , qui con-
tribua, pour une part notable, à faire citer la ville de St-Lo
pour la supériorité de sa coutellerie. L*apprentî étonnait
souvent son maître par ses questions, et révélait prématu-
rément un observateur. Déjà son attention était 6xée sur
la trempe de Facier. Chaque jour , il notait dans sa mé-
moire ce que lui offrait la pratique ; il établissait déjà des
comparaisons , et croyait parfois découvrir des choses
qu'on n'avait point encore aperçues , ou que du moins on
n*avait pas suifisamment remarquées. Une fois établi & son
BIOGBAPtilQVES. ï^ïd
compte , plus libre dans ses expériences , plus maître de
son temps , il consigna sur le papier une partie de sei
remarques , et , dès 1810 , il en avait rédigé un volume
qu*il présenta manuscrit à la Société d'agriculture de Caen.
Cette Société ne se contenta point de faire un Rapport
sur Fouvrage de Henri Damemme ; elle adressa le manu^
scrit à la Société d'encouragement pour Tindustric natio-
nale , en juillet 1812 , avec le Rapport de M. Prudhomme,
professeur d'hydrographie , et ,1e 23 juin 1813 , la Société
d'encouragement fit à son tour un Rapport des plus hono-
rables sur le ttavuii du coutelier Saint-Lois. On parla , en
haut lieu , du mérite de cet ouvrier observateur; on décida
qu'une place serait créée pour lui ; on en portait le traite-
ment à un chiffre élevé , 10,000 fr. au moins. Damemme
était moins heureux de cette fortune prochaine que de
Tespérance de se livrer , sans arrière-pensée , sans souci
dé famille , à ses goûts d'observation , à des expériences
de chaque jour , et ft la propagation de ses découvertes et
de ses idées , car il devait être professeur.
Mais l'Empire avait alors des préoccupations qui lui firent
t>ublier Damemme, et la Restauration trouva bien d'autres
dettes* à payer. Il est vrai qu'«*n 1821 , le directeur de
l'Ecole des arts et métiers de Versailles écrivit à notre
savant praticien pour lui proposer une place de maître à
4,000 fr., ou de sons-maître î^ 2,000 fr. ; mais, en réalité ,
cette proposition se réduisait à une invitation de venir à
Versailles subir les chances d'un concours. Damemmô
était marié à Caen depuis 181 1 ; il avait 45 ans , il refusa.
Cependant , plus il avançait dans sa carrière , plus il
jBivait à cœur de mettre au jour le résultat d'expériences
tant de fois répétées. Il se décida enfin à faire imprimci'
54
i50 NOTICES
è ses frai» ud volume in-8^ de près de 500 paires , et VEsêcti
pratique tur l'emploi ou la tnanière de travailler l'acier parut
en 1835.
H. Le Play, ingénieur des mines , consacra tout un nu-
méro des Annaleê du mines ( 3* série , t. 10 ) A un extrait
de l'ouvrage de Damemme.
« VEêsai pratique sur l'emploi de l'acier, dit M. Le Play,
est un ouvrage complet sur la matière , puisqu'il traite
successivement , en neuf chapitres , de la préparation et
de la nature des diverses qualités d'acier, du forgeage, da
recuit après le forgeage , du récrouit , de la trempe , da
recuit après la trempe, des épreuves de l'acier, de la trempe
en paquet , et de la résistance de l'acier, fces deux cir-
constances principales du travail de l'acier , la trempe et
le recuit après la trempe , ont été particulièrement l'objet
des recherches de l'auteur. Ces deux chapitres , composés
de nombreuses expériences , fruit des recherches de M.
Damemme , se recommandent d'eux-mêmes à l'attention
des savants , et sont tout-à-fait au-dessus du jugement
qu'en pourrait porter un critique , qui ne connaît de la
pratique que les résultats généraux. Si plusieurs conclu-
sions , auxquelles l'auteur est conduit , paraissent contraires
à certains principes établis aujourd'hui , il faut se rappeler
que ces principes ne peuvent avoir d'autorité exclusive ,
puisqu'ils sont insuffisants pour expliquer les phénomènes
connus. D'ailleurs , dans une matière aussi délicate , on
doit méditer avec attention les théories qui semblent in-
complètes ou inexactes au premier aperçu , lorsqu'dles
viennent d'un praticien qui n'y a été conduit qu après nne
longue et minutieuse observation des faits. Cet examen
attentif importe au progrès des sciences , d'abord parce
BIOGRAPHIQUES . 851
que Terreur peut être du c6té de ropinion établie , et en-
suite parce que ces sortes d*erreurs y en les supposant
réelles , renferment souvent de profondes leçons et beau-
coup plus d'avenir que nombre de vérités stériles. »
Un article de M. Girardin , professeur de cbimie indus-
trielle , publié dans la Revue de Rouen du 6 juin 1836 ,
apprécie avec plus de détails Touvrage de Damemrae.
Après des considérations générales et des éloges mérités,
M. Girardin cite la partie de la préface de Pauteur où ce
dernier établit la division de son livre ; il rend hommage à
Térudition du praticien , puis il ajoute :
« Notre compatriote se plaint y à plusieurs reprises , du
peu de sympathie qu'il a trouvé chez les savants , lorsqu'il
leur communiquait les résultats de ses découvertes , et il
parait attristé de l'indifférence avec laquelle ils ont reçu
ses observations. L'un des premiers, il imita cet acier da-
massé dont la surface est ornée de dessins si variés et si
bizarrement conformés , acier que les Orientaux ont su
préparer depuis l'époque la plus reculée , et avec leqpiel ils
fabriquent ces lames si légères et si tranchantes , qu'ils
coupent avec elles une tète de coton mouiUéaussi facilement
qu'un pain de beurre. « Lorsque j'envoyai mon Mémoire
» à la Société d'encouragement , en 1811 , ce moyen (de
» faire l'acier damassé ) y était consigné ; on avait jus-
V qu'alors porté peu d'attention à Tacier-damas , et cette
9 Notice inspira peu d'intérêt. En 1820 » à l'ouverture de
» l'exposition , je vis , par les papiers-nouvelles , que M.
» Bréant , employé à la Monnaie de Paris » proposait un
» nouveau procédé pour la fabrication de l'acier-dainai;
« Je proposai le mien , et, sur le Rapport de l'ingénieur
» des mines , qui certifia que ce moyen que j'indiquais
852 MTICBS
faisait partie de mon Mémoire , M. le comte de Moot*
iivault , préfet da Calvados , voulut bien envoyer ma
Notice au jury central pour IVxposition. Elle fut reo-»
vojée aussitôt ; je l'avais , dît^on , adressée trop tard ,
et M. Bréant fut mentionné honorablement pour la môme
découverte , bien que je fusse antérieur de onze ans :
j'étais ouvrier ! »
» Il reconnut également le premier que l'argent com-
munique à l'acier ordinaire la propriété de Tacier damassé.
Mais cette découverte , qu'il communiqua en 1810 , fut
reçue avec indifférence , et cependant , dix ans plus tard,
plusieurs chimistes annoncèrent le même rés^ultat , qui fit
alors une grande sensation dans le monde savant.
» Beaucoup d'autres fails , qui ont été publiés par
d'autres , ont été trouvés par M. Damemme , dans le cours
de sa longue carrière , et cela n'a rien de surprenant , car
nous savons que ce ne sont pas toujours les premiers in-
venteurs qui jouissent du bénéGce de leurs découvertes.
Ainsi, dès 1811 , il reconnaît que l'huile de baleine donne
à l'acier qu'on y trempe un grain plus fin , et permet , par
des trempes successives , de réparer et même d améb'orer
l'acier qui a été surchauffé en le forgeant En 182i , un
maréchal de Mantes se fait breveter pour le même objet*
Il est arrivé à notre ouvrier de Caen d'être dépouillé de
rhonneur d« ses découvertes par des gens plus habiles et
peu scrupuleux , ce qui s'observe fréquemment dans la
science. Enchanté d'avoir obtenu un résultat nouveau ,
il en fait ingénument part à quelque confrère , qui en
garde bon souvenir et le publie à quelque temps de là ,
sans nommer celui qui le lui a fait connaître. C'est toujours
l'éternel sic vos non vobiê de Virgile f Cela donne parfois de
BIOGRAPHIQUES. SM
l'humeur à notre bon coutelier , lout bénin qu*il soit , car
personne n'aime à ùire pris pour dupe. Aussi y dans une
occasion , il se pcnnet d*accuser directement un de ceux
qui ont joué , à son égard , le rôle du geai de la fabte.
« Comme je faisais part de mon Mémoire , ditiil , à ca
» M. Landrin ( auteur du Manuel du coutelier , publié en
» 1835 ) • il me prévint cependant , en me disant : -—
« Prenez bien garde ! car , 4 Paris , on est bien voleur ! 9
» Je ne sais pas s* il s*e»t compris. » .
» J'espère , quoique n'ayant pas donné une analyse
raisonnée du livre de M. Damcmme , en avoir assez dit
pour inspirer à tous une haute idée du savoir de cet hono-
rable praticien « et recommandé suffisamment son œuvre
à Tattention de tous ceux qui travaillent Tacicr et les
métaux. Les ouvriers y trouveront de bons préceptes et
d'excellentes leçons ; les gens de science y puiseront d'ex*
cellents renseigaemonts. C'est donc un ouvrage vraiment
utile et riche de faits nouveaux. C'est cnGn , ce qui n'est
pas commun de nos jouis , un ouvrage de science et non
de spéculation. Dieu veuille , pour l'avantage des rciences,
que l'exemple de M. Damemme soit suivi par quelques-
uns de ces praticiens vieillis dans les ateliers , et que sa
publication donne à d'autres le désir -de l'imiler ! Je serai
satisfait , pour ma part , si ces lignes , écrites dans l'in-
tention de faire connallre au monde savant et industriel
le livre instructif de notre compatriote , lui font obtenir
la laveur qu'il mérite à tant d'égards. »
Un Rapport de MM. Arago et Gay-Lussac à M. le mi-
nistre des travaux publics , en mars 1839 y présente sous
un jour non moins favorable le méiite éminent de Y Essai
iur l'emploi de Vader ; mais nous, n'e^^ pouvons extraire ^
854 IfOTlCBS
en ce moment , aucune citation , parce que nous ne l'avons
pas sous nos jeux. Qu'il nous suffise d'ajouter qu'en 1839
le ministre du commerce souscrivit à cent exemplaires du
précieux ouvrage de Damemme , et que , Jusqu'à sa mort,
l'auteur n'a cessé d'ajouter à ses expériences et d'améliorer
son livre par de nouvelles découvertes. Il a laissé tous les
matériaux d'une seconde édition , dont la publication est
plus désirable que probable. Les manuscrits sont entre les
mains de H. Mauger , coutelier à Caen , place St-Pierre ,
gendre et successeur du vénérable Damemme (f).
Sur H* JFean-BApilate DUDOU YT, ancien />^pti/0'.
M. Dudouyt (Jean- Baptiste) , dont je vais essayer d' es-
quisser les traits, était né à Prétot , eo 1778. Son père ,
bomme d'esprit et de probité, fut l'un des notaires les
plus estimés du pays. Ainsi le jeune Dudouyt trouva dans
la maison paternelle les premiers exemples et les premières
leçons. Après avoir fait au collège de Coutances d'excel-
lentes études , M. Dudouyt partit ,à 19 ans , pour aller
étudier la médecine à Paris. C'était à l'époque où la Révo-
lution avait tourné toutes les têtes , où la politique était
la seule occupation de tous les jeunes gens ; alors s'impro-
visaient , chaque soir , dans les clubs de chaque quartier ,
les Brutus et les Scevola , qui presque tous ont payé si
chèrement l'entrainemeot si naturel à leur âge. Le jeune
(i) Quelqaes-unes de ses découvertes Douvelles sont consignées
dans le Bulletin de Vlrutrwtion publique et des Sociétés savantes de
V Académie de Caen , n« de jm» 1843.
BIOGRAPHIQUES. 85$
étudiant , dans sa petite chambre d'un petit hOtel de ta
rue de la Harpe , ne perdit même pas son temps à toutes
ces chimères. Déjà doué d^un esprit sérieux et méthodique,
comme il était venu pour étudier la médecine , il étudia
la médecine ; c'est à peine s'il prenait quelques instants ,
chaque jour, pour aller , sous les arbres du Luxembourg,
promener ses idées si paisibles au milieu de Torage qui
souflfiait de toutes parts , et d'avance sourire à Tespoir
d'un temps plus heureux.
Cependant son assiduité à l'école et le succès de ses
examens l'avaient fait remarquer. Le célèbre Dessault ,
qui l'avait rencontré bien des fois au lit de ses malades ,
lui proposa de rester à Paris. M. Dudouyt aimait son pays;
il aimait surtout sa mère , à laquelle nous lui avons tous
vu rendre , pendant de si longues années , des soins si
dévoués et si touchants , et il revint à Coutances.
. La médecine avait , à cette époqne, comme toute chose
du reste, laissé quelques dépouilles dans le naufrage révo-
lutionnaire. C'étaient ces longues ordonnances qui inspi-
rèrent à Molière de si délicieuses plaisanteries , et ces for-
mules sacramentelles hormis lesquelles on ne pouvait
espérer ni salut ni guérison. Le docteur Sangrado , dont
Lesage traçait alors le portrait d'une façon si piquante ,
n'en faisait pas moins école , et M. Dudouyt appartenait à
cette écoIe-Ià. Aussi à peine eut-il vu quelques malades à
Coutances , qu'il devint la béte noire de tous les médecins»
un seul excepté. Le bon et sagace M. Quenault ne se
trompa jamais ni sur le talent de son jeune confrère , ni
sur le bel avenir qui lui était réservé. M. Dudouyt aimait
à revenir sur ces luttes de son jeune âge ; il n'avait con-
servé y et c'est une justice à lui rendre , ni animosité ni
S56 KOTICBS
raocune de la vive oppositioa dont il fut alors Tobjet ; il
rendait même , ot cela tontes les fois qu*il en trouvait l'oc-
casion , hommage aux connaissances de quelqaes-uns ;
mais il ajoutait on souriant : < Les malheureux avaient
• beau faire , avec quelques feuilles de sauge et de bons
» conseils , je guérissais plutôt mes malades qu*ils ne g^é^
» rissaient les leurs avec tous leurs juleps et tous lenrs
» sirops. »
M. Pndouyt n'était pas né pour ôtre un homme poli-
tiquo. Persuadé • comme beaucoup d'autres , que la Res-
tauration avait jeté de profondes racines dans- le sol , s'il
fronda parfois qoelqncs-unes de ses tendances , il ne lai
avait jamais été hostile. L'avènement do ministère Poli-
gnac le lança dans Topposition. Il éLiit riche, il était
indépendant , il était capable , il était sft$?e ; ces qualités
réunies le désignèrent , en 1830 , an choix des électeurs ,
et il fut élu député de Tarrondissement de Coulances.
M. Dudouyt , qui ne recula jamais devant un devoir ,
prit une part assidne aux travaux de la Chambre , et son
nom est resté en mémoire au Palais-Bourbon, comme celui
d'un homme probe , spirituel et capable.
Toutefois , sous le frac du député , la robe de médecin
passait toujours un peu , non point à Téfat de spéculation,
mais comme objet d'étude. A l'époque du choléra , un
jeune professeur de l'école de médecine de Paris , qu*il
avait eu foccasion de connaître à Coutances , l'illustre et
malheureux M. Dance , enlevé sitôt à la science dont il
avait à trente-quatre ans reculé les limites, le prenait tous
les matins , en passant , pour se rendre à son hôpital , et
le vieux praticien aidait puissamment son jeune confrère
dans les soins qu'il donnait aux cholériques , alors entassés;
4aQs les salles de l'hôpital Cochin.
BIOGBAPQIQUES. 857
Après Tcxpiration de trois législatures , M. Dudouyt ,
pensant que, pour lui , Theure de la retraite était sonnée ,
revint vivre au milieu de nous. Sa maison , ouverte à tou(
venant , était devenue le dispensaire des pauvres ; là ,
entouré de quelques amis , il donnait à ses confrères, qu*il
protégea toute sa vie , les avis qu'une longue expérience
et sa grande habitude des malades rendaient si précieux ,
et je n^ai jamais entendu dire qu'il ait refusé de se trans-
porter gratuitement au chevet du mourant qui rappelait.
Les rides qui viennent , djt-on , plutôt à Tesprit qu'au
visage , l'avaient respecté ; il était toujours aussi aimahle,
toujours aussi spirituel que dans la force de Tàge ; qo
délicieux t^lillonnage succédait souvent chez lui aux af*
laires les plus sérieuses , et quand quelqucsruns s'en éton*
naient , il avait coutume de dire qu'il ne connaissait pas de
petites choses, et que c'était Vun de ses privilèges de vieux
garçon.
Tel était l'homme qu'une atteinte d'apoplexie fou-
droyante vient de nous ravir en quelques heures!...
(Extrait du Journal de Couimnees, du 26 octobn i 845^,
Sur mt. lifi jraiiis ni: vii^iiiEiis ,
Ancien Député;
Par M. JuuEN TRAVERS, professeur à la Paciihé des lettres de Gacn.
François-Alexandre-Léonor Le Jolis de Yilliers , né A
Yilliers-Fossard , près de Saint-Lo, le 13 juillet 1760,
d'une famille ancienne du Cotentin , fut mis , enfant , au
f Q]lé^e de la Flèche , d'où il sortit , à i 6 ans , pour entrer»
858 noticbS
en qualité de cadet , dans le régiment de YerniandoU
(infanterie). L'ancien colonel de ce régiment , le marquis
de Timbrune , alors gouverneur de l'école militaire , avait
distingué le jeune de Tilliers ; il lui aplajftit les premiers
pas dans la carrière , et son protégé fut reçu , après un an
de service, officier dans le même régiment, avecleqnd
il alla en Corse > et qu'il ne quitta qu'après son mariage »
en 1787.
A cette époque de pais , dé Villiers occupa ses loisira
par des études aussi solides que variées. Son empressement
à s*inslruîre le portait tour-à-tour vers les divers rameaux
de Tarbre encyclopédique. Les sciences et les beaux-arts
avaient surtout pour lui un charme inexprimable. Il s'a-
bandonnait à ses nobles penchants : le matin , occupé de
physique et de chimie; le soir, de peinture ou de musique»
Une étude dominait toutes les autres, étude immense qu'il
n'est donné à personne de pousser à ses dernières limites ,
étude qui a fait le bonheur et la sécurité de sa vie » et à
laquelle il dut cette expérience prématurée qui fut son
guide , à travers tant d'écueiis : l'étude de Thomme et de
la morale. Quelque voyage qu'il entreprit , quelque com-
pagnie qu'il fréquentât , il était grave et réservé ; il obser-
vait et réfléchissait ; il amassait des idées , recueillait des
principes , en éprouvait la justesse de mille façons avant de
les admettre au rang des vérités , s'exerçait enfin , lui
homme robuste , tempérament de Ceu , à soumettre aux
autres ses veloutées turbulentes , à dompter ses passions
impérieuses , à fléchir tout son être aux règles sévères du
devoir. Il avait trouvé en lui des germes funestes ; mais il
les étouffa , comme Socrate , et se montra toute sa vie un
philosophe pratique , plus soigneux d'achever sa victoire
DIOGMAPHIQUES. 850
surlui*inéiDe que de s*arro^r8ur autrui la moindre action.
De là cette espèce de dureté pour sa personne et cette
inépuisable indulgence pour les antres, qui furent le carac-
tère le plus distinctif de Le Jolis ; de là cette douceur dans
les relations , cette modestie et cet éloignement pour la
médisance , qui lui concilièrent les esprits et firent de
lui , dans toutes les circonstances, un homme entièrement'
inoffensif; de là sans doute encore cette défiance de sol qui
le détermina trop souvent à se tenir à l'écart ; de là même
celte sorte de passivité dans des circonstances solennelles,
où l'indifférence a pu ressembler à de Tégoïsme, où Talten-
tion à suivre sa ligne de conduite personnelle a paru un
oubli des devoirs du citoyen ; de là les grandes qualités et
les légers déCauts d'un des anciens maires de Saint-Lo ,
d'un des anciens députés de son département.
Pendant qu'il était en Corse , de Yilliers eut une sorte
de pressentiment de l'élévation prochaine de la famille
Bonaparte. Il lui fit de fréquentes visites , comme s'il eût
dû s'attacher un jour à sa fortune , et par prudence il ne
se rapprocha jamais de ces illustres parvenus , jamais il
ne voulut qu'on leur rappelât ces liaisons. Il désira vivre '
obscur , et trouva plus sûrement , à l'ombre , un bonheur
qui fuit toujours l'éclat de la célébrité.
Cependant sa vie militaire et pacifique l'ennuyait : il
épousa , en 1787 , la fille aînée du marquis de Geraldin
(Fitz Gerald), brigadier des armées du Roi. Un tel mariage
comblait ses Tceux , en paraissant lui assurer un brillant
avenir. Les droits qu'il devait exercer , par suite de cette
union , ne valaient pas moins de cent mille livres de rente
à cette époque , et rien n'était plus facile que d'accroître
de moitié ces retenus. C'était y comme nous venons de le
960 1I0TICB9
dire , en 1787 y i U v^lle d'une révolution qui devait boiH
leverser bien d*autres existences. De VilKers l'avait prévue^
l'avait m^me désirée ,non furieuse , cflrénëe, implacabJe
dans ses réactions , mais telle qu'il lui a été donné de la
voir dans ses résultats , fondant l'ère constitutionnelle , et
soumeltjiat ^u joug salutaire des chartes les peuples et les
rois.
Quand les décrets de la Constituante ruinèrent les espé-
f ranoea de Le Joib , il acheva de se dépouiller de ses pré-
jugés de famille , et le pbilosc^he , oubliant ses parche-
mins , s'empressa de montrer que le ci-devant noMe était
un excellent citoyen. Vainement cfaercha-t-on à l'entraîner
hors de son pays : pour lui la France ne pouvait être à
l'étranger. Resté dans sa commune , dont il fut maire , i!
j répartît l'impôt foncier d*après le cadastre , ainsi qu'il
l'avait vu pratiquer par les Elats du Languedoc.
« Lorsqu'un décret, dit le Nouvellisie de la Mnnehe du ^7
mai 184b , le priva , attendu qu'il appartenait à !a no-
blesse , de ses fonctions de maire , l'antorité du temps ^
connaissant tout son patriotisme ei ses connaissances en
chimie , lui confîa la direction de la fabrique de salpêtre
de Saint-Clair. IL fut ensuite appelé à fiiire partie du dis^^
trict et chargé,pendant quelque temps, d'organiser en ba-
taillon les jeunes volontaires qui se présenteraient pour vo-
ler à la défense de la pairie. Lorsque legénéral Bonaparte,
saisissant d'^ne main ferme les rênes de l'Etat , fut pro-
clamé premier consul , Le Jolis de Villiers manifesta hau-
tement toute la joie qu'il éprouvait de cet é^'énesKut, et,
comme si le grand homme l'eût entendu , Le }o\îs de ViK
liers fut, quelques jours après, nommé maire de Saint-Lo.
Cette ville lui dut la faveur de conserver le chef-lieu de la
BlOGRAPnODES; 861
préfecture. £q effet , le préfet dealers , éprouvant peu de
sympathie pour SaiotLo y conçut l'idée de faire tranféfer
le chef-lieu à Coutances. Il en adressa la demande par esta-
fette au chef du Gouvernement! mais le maire fit aussi
partir y de son côté , un courrier qui arriva seulement
quelques heures avant celui de son adversaire^ Le che^-
lîeu fut conservé à Saint*Loi
1» M. de Villiers trouva la ville endettée ; il fit de noni^
breuses réformes , paya toutes les dettes et rétablit en peu
de temps les finances municipales. Il travaillait toute la
Journée à la mairie , surveillant ses employés, et leur don^
nant ainsi Texemple de Texaclitude et de TactivitéXe Con-
seil municipal , reconnaissant d*un aèle aussi soutenu, vota
des fonds destinés & disposer convenablement un cabinet
de travail pour son maire ; mais celui-ci demanda la per*
mission d'employer cet argent à faire paver l'emplacement
de la poissonnerie , chose , selon lui , beaucoup plus pro^
fitable pour la ville , que d'avoir un appartement bien
décoré dans la mairie. •
Une maladie grave le détermina , en 1803 , à donner sa
démission pour se retirer à la campagne; mais M. de ftlon^
talivet, ancien préfet de la Manche , qui avait personnelle*
ment apprécié le mérite de Le Jolis , lui écrivit et le déter^»
mina à venir remplir à Saint-^Lo les fonctions de conseiller
de préfecture. Une place pour notre philosophe n'était ni
une sinécure , ni un moyen de se mettre en évidence ; il
regardait toute fonction publique comme un impôt levé
sur son temps et sur ses facultés , comme un ensemble de
devoirs impérieux. Aussi se distingua- t-il parmi ses col*
lègues , en consacrant chaque jour plusieurs heures aux
affaires du département.
862 ROTtci»
« CbacuB se rappelle , a dit encore l'anteur de rarlicle
précité , son administration temporaire , lorsque la TÎHe
fut envahie par les Prussiens , et avec quel bonheur il or-
ganisa , aidé de MM. le commandant Dangas et Froger ,
deux citoyens recommandables , les diverses Commissions
chargées de faire marcher le service public. L'ordre , la
tranquillité ne furent pas troublés un seul instant , et ce
jrésullat fut surtout dû à la grande énergie dont était doué
H. de Viniers. »
Aux élections de 1817 , le PouToir choisit pour candidat
un homme si justement estimé de ses concitoyens. Les
boules paciCques du nouveau député furent acquises à la
plupart des mesures ministérielles. Avec la trempe de son
caractère • nulle opposition de sa part n'était possible. Il
a toujours applaudi au bien qui résultait d'une crise gou-
vernementale ; mais il n*a contribué personnellement à
aucun mouvement révolutionnaire. Du reste , ces esprits
sages , organisateurs du lendemain , ne sont pas moins
utiles que les héroïques turbulents de la veille.
. Une chose à remarquer sur la manière dont Le Jolis
remplit son mandat de 1817 à 1824 , c'est qu'il donna
constamment l'exemple de l'exactitude , en arrivant dans
la salle des séances aux heures indiquées par les convoca-
tions , et en ne quittant sa place qu'après avoir entendu
proclamer la clôture parle président. Dès ce temps-là une
telle ponctualité était rare.
En 1824, une maladie le détermina au repos. Nommé
chevalier de la légion d'honneur,iI rentra dans la vie privée,
et ne garda que quelques places honorifiques , où il fit
encore quelque bien. Au sein du Conseil général , par
exemple , il apportait annuellement le fruit de ses ré-
BI06BAPHIQCBS. 863
fleuonfi I de sa raison pratique , et contribuait , sans se
mettre en avant, à toutes les améliorations dont nous
avons tant à nous applaudir aujourd'hui. Membre de la
Commission de Thospice et du bureau d'administration
du collège , il payait son tribut en zèle assidu et en idées
saines. Partout il prêchait une sage économie qu'il prati-
quait Iui*méme dans son intérieur. Rien de plus simple ,
en effet , que ses vêtements , que ses meubles , que ses
manières. Et parce que les vertus dont il donnait l'exemple
sont d'un autre âge , parce qu'il proscrivait un luxe fri-
vole et qu'il amassait lentement , laborieusement , une
fortune honnête à chacun de ses enfants , des gens peu
sensés traitaient de parcimonie la prudence du père de fa-
mille. Quelle libéralité cependant là où les prodigues mon-
trent tant de convoitise ! Ainsi les loyers de ses ferres res-
taient les mêmes ; il ne les augmentait qu'à proportion des
avances qu'il faisait à ses fermiers pour entrer dans les
voies nouvelles , mais éprouvées de l'agriculture. Répu-
gnaient-ils à faire d'utiles tentatives , il leur donnait un
millier de francs pour les déterminer à s'enrichir. Pas un
de ses censeurs ne l'eût imité.
Ses parents , ses amis diraient encore avec quel plaisir
il faisait fréquemment les honneurs d'une table splendide.
Ces jours-là , le stoïcien empruntait quelques principes à
l'école d'£picure,et la liberté s'asseyait parmi les convives.
De Yilliers alors parlait beaucoup et laissait encore plus
parler les autres , toujours prêt à noter un mot heureux y
à recueillir une pensée féconde.
Comme les sages de l'antiquité , il joignait la gymnasti-
que du corps à celle de l'ame , et dut à cette pratique une
yieillesse des plus robustes, A 84 ans , il faisait encore de
B64 Notices
longues promenades à pied. Depuis quelques nidis il sortait
peu , lorsqu*il s*est éteint le 21 mai 1845;
De Yilliers , qui avait tant tu , tant lu , tant réfléchi i
n'a rien publié , si ce n'est peut-être quelques articles sur
ra^ricultuiHî. Il en a donné deux ou trob à VEthà de lé
Manche , 1829--50i
Nous mentionnerons , en finissant , un de ses actes de
bienfaisance. Dès l'origine de la Société d'agricuUwre, d'ar-'
rhéologie et d'histoire naturelle du département de la Manche,
établie à Saiqt'Lo en 1 833 , autorisée en 1836 , de Villiers
prit part à ses travaux et ne' tarda pas à fonder un prix de
cent francs , décerné chaque année , par la voie du sort ^
à un domestique dit grand-valet, sachant lire et écrire ,
ayant demeuré cinq ans au moins chez le même maître, et
s'étant distingué par son intelligence , son zèle et sa pro-
bité. Cette donation, qui est dite perpétuelle , aux termes
de Tacte qui la constitue , caractérise bien les dernières
années de Le Jolis* L'utilité était son but ; il avait con-
servé le goût du beau; mais il lui préferait l'utile, et Tutilé
pour lui était inséparable du progrès et de la verla«
Sur H. Ii^ift-Vi«ior R^C^&EIiIHr HE FORHt-i
CillîY 9 membre du Conseil admimsttatif de l'Association:
Ptr un Membre de l'Association normande.
La mort a enlevé , Tannée dernière , à rÂssociatioil
normande , un membre qui , quoique pe lui ajanl laissé
aucun monument de son érudition , n'en a pas moins droit
h Une distinction toute spéciale*
BIOGRAPHIQUES. 865
M. Léon -Victor Rouxelin de Formîgny oaquit à St-Lo,
le 12 mars 1794 ; dès ses plus jeunes années . il annonça
un esprit vif et singulièrement apte à Télude des sciences
exactes. Il termina ses études au collège de Caen , à une
époque où la jeunesse , livrée à des préoccupations toutes
guerrières ^ était distraite , par les pompes de l'Empire ,
du recueillement si nécessaire aux lettres ; ses études s'en
ressentirent.
Cependant il révéla déjà cette facilité de travail , cette
rectitude de jugement et cette finesse d'observation qui
le distinguèrent dans la suite.
S'il fût né quelques années plus t6t , il est certain
qu'emporté par les circonstances dans le tourbillon de la
gloire , il eût fourni une brillante carrière , à côté de nos
meilleurs officiers de génie y près de son frère , qui , tout
couvert de lauriers , mourut des suites des blessures qu'il
avait reçues au champ d'honneur.
Mais la Restauration arriva^et imprima une autre direc-
tion aux idées. M. de Formigny en profita pour achever
son éducation , et s'appliquer , d'une manière toute spé-
ciale , aux études vers lesquelles l'entraînaient ses goûts et
la pente de son esprit ; il se livra aux mathématiques j
surtout à la géométrie et au lever des plans , où il excella.
Il s'occupa avec succès de physique et d'histoire natu-
relle; une remarquable dexlérilé secondait*son aptitude
pour la mécanique. Il exécuta , avec un rare bonheur ,
les ouvrages qui exigent le plus de calcul , d'habitude , et
la main la mieux exercée ; tels qu'une machine électrique
et divers instruments de mathématique et de physique
d'une admirable préci8io%: plus tard , ilorna quelques ap-
partemdots de son château de la Londe d'un cabinet d*hi»*
55
SêS NOTICES
toire naturelle ; il y réunit non-sciilement beaucoup d'oi-
seaux étrangers assez rares , mais aussi une collection de
tous les oiseaux du pays , préparée par lui , et une foole
d'objets curieux.
Sa place était naturellement marquée dans toutes les
Sociétés savantes ; c'est ainsi qu'il fit partie de l'Associa-
tion normande , des Sociétés linnéenne et d'horticulture ,
et de la Société des antiquaires de Normandie.
n s'y fit remarquer par une élocnlion facile , un langage
précis , et cette netteté d'esprit qui fait que l'on exprime
toujours clairement ce que Ton conçoit bien.
Dans la vie privée , M. de Formigny , par la bonté de
son cœur , la droiture et la générosité de ses sentiments ,
la noble indépendance de son caractère , était vraiment
le modèle du père , de l'époux , du citoyen ; homme de
principe et de courage , il n'eût jamais, dans quelque cir-
constance que ce fût, transigé avec ses convictions ni avec
ses devoirs.
n est mort au cbAteau de la Londe , le 18 avril 1845 ,
à l'âge de 51 ans , emportant les regrets de sa famille , de
ses amis , et de tous ceux qui avaient pu le connaître eC
l'apprécier.
Sur Bt. Moliii SPEUCER SMITH ^ Membre de
V Association normande ;
Psr M. A. -G. BALLiN, inspecteur honoraire de TAssociation normtiide.
Un étranger , un Anglais , poiiant un nom honoré dans
son pays, et qui , sans motifs d'îniérét ni de bonUo ^ avait
BIOGRAPlirQUES. 867
adopté , depuis une trentaine d'années, la France , la Nor-
mandie , pour sa seconde patrie , k laquelle il a rendu*
hommage par la publication de plusieurs ouvrages éerita
en notre langue, s'est acquis des droits à nos sympathies.
Nous voulons parler de M. John Spencer Smith.
La famille Smith , dont le nom s'écrivait anciennement
Smyffiê j est originaire du comté de Wiits , à l'ouest de
TAngleterre, et vint ensuite s'établir dans le comté de
Kent , à Douvres.
Le chef de celte &mille fut ministre des finances d'Eli-
sabeth , sons le litre modeste de Qmtumter , c'est-à-dire
Receveur général des douanes , cette branche des revenus
publics ayant alors en Angleterre le nom de Oustoms ;
aussi rhOtel des douanes , à Londres , est-il encore inti-
tulé aujourd'hui Cueiom^house , qui signifie littéralement
rhaison de la Coutume. Le chef actuel de la même famille
est pair du royaume , et porte le titre de lord^vkomte de
Sfrangford ; il se nomme Perey*Clinron Sidney Smythe.
Au XVT* siècle , sir Thomas Smith habitait son château
fortifié de Westenhan^rer , à deux lieues de Folkstone /
dans le canton de Kent ; on aperçoit encore ses créneatix
en ruines , à peu de distance du chemin de fer.
Il eut plusieurs fils , dont le troisième , Edward , né à
Douvres, étant parvenu au grade de capitaine de vaisseau,
fut morteHement blessé, à l'attaque, par l'amiral Kno^es,
de la Guira , dans les Indes orientales.
Son fils , John , né aussi à Douvres , fut aide-de-camp /
BOUS Georges II , du général commandant la cavalerie
anglaise à la bataille de Mfndën ', et devint , sous George^-
III , écuyer de la reine Charlotte. Il épousa Mctry , filfe de
Pinkeney-Wilkinson, l'un des plus riches commerçants de
868 notîCU
là GrandeBretagoe , dont une antre fille fut mariée i
lord Camelford » qui était de Ja famille dn ministre Pttt*
John eut troia fils : c'est du dernier que nous nous occu-
pons principalement.
John Spencer Smith , né à Londres le 1 1 septembre
1769 , avait passé quelque temps à l'Universilé d*Oxford ,
lorsque , encore enfant , il entra dans les pages de la reine
Charlotte. Sa première jeunesse fut partagée entre les
rivages de Douvres , où il était presque devenu marin ;
rUniversité , où commencèrent ses études, et la Cour , où
il fil son entrée dans le monde et où il sut se concilier
la faveur de la reine, qui le fit nommer, très-jeune,
lieutenant en second dans le 3* régiment des gardes à
pied. Son zèle et son intelligence lui valurent bientôt le
grade d'adjudant de son bataillon. Jeune homme de grand
talent et de grande espérance , il n'eut pas assez de raison
pour mettre des bornes à ses prodigalités ; trois ou quatre
années s'étaient à peine écoulées , qu'il se vit forcé , par
de« embarras pécuniaires , dépasser dans un régiment de
ligne , et il ne larda même pas à quitter l'état militaire ,
avec le projet , qu'il n'accomplit jamais , d'y rentrer par
la suite.
Bientôt, & l'exemple de beaucoup de ses jeunes compa-
triotes, il vint, avec son frère Sidney, passer quelque
temps an collège militaire de Caeo , auquel était annexée
alors une célèbre école d'éqiiitation. Les deux frères
voyagèrent ensuite dans l'Est , s'embarquèrent sur la mer
Noire , et se rendirent en Turquie ; mais la guerre
ayant éclaté entre la France et l'Angleterre , Sidney s'em-
pressa de rentier dans sa pairie , tandis que Spencer,
resté à Constanlinople , s'occupait de faire une espèce de
BI0GBAPH1QUBS. 869
Bévue militaire de Tempire Ottoniao , loTflqae , dans le
dessein de profiter des connnssances qu'il avait acquises
sur ce pays , sir Robert Liston, ambassadeur d'Angleterre,
le choisit pour son aitathé. C'est ainsi qu'il entra dans la
carrière diplomatique. Bientôt , et précisément à l'époque
de l'invasion de l'Egjpte par l'armée française » soua les
ordres de général Bonaparte y sir Robert Liston sollicita
sa retraite pour caoi« de santé , et laissa Spencer Smitb
à la tète de l'ambassade anglaise à Coostantinople,
Cependant Sidney avait été nommé capitaine du Ti^ ,
vaisseau de guerre de 80 canons , et le Gouvernement^ sur
la réputation qu'ils s'étaient acquise en Orient , voulant
utiliser les talents des deux frères , les nomma ensemble
ministres plénipotentiaires près la Porte Ottomane ; ils
furent autorisés à agir , conjointement ou séparément ,
aux termes des pleins pouvoirs qui leur furent délivrés
par S. M. Britannique ,*sous la date du 30 septembre
i79S , faveur inouïe , eu égard à leur position présente.
Peu de temps après son arrivée à Constantinople ,
Spencer Smith épousa la fille de Tintemonce impérial près
la Porte Ottomane , le baron de Herbert-Rathkeale , un
des hommes d'État les plus distingués de T Autriche.
« Par son noble caractère (1) et son esprit , M'^^ Smith
avait excité l'admiration du prince de Ligne , et , par sa
beauté , celle de lord Byron , qui lui adressa une pièce de
vers ( V. la traduction de Benjamin Laroche , 1. 1 ^ p. d3t
et 597 , édition in-8<^), et lui consacra quatre strophes de
Child*Harold ( chap. II , 30*33).
(i) Ce passage est extrait d'une Notice nécrolojj;iqua rédigée par
M. Trébuticn. — Gaen , 1829.
870 fiOTfCBfl
• Elle-méne âvah im lâiciit irè»4isiiDguë pour la.poé-
sia , et â laissé des vers français dont le charme et Vélér-
fatteereuplissent de surprise, lorsqu'on songe qu'ils sont
rcB&vre d'une étrangère , qui avait à peine passé quelques
semaines en France. »
Née sur les rives du Bosphore, elle avait toujours coar
serve pour la mer un amour plein d'enthousiasme , et ,
sentant Approcher le terme de sa vie (1) , elle voulut revoir
encore une fois l'élément qui lui était si cher ; inspirée
par sa présence , elle retraça les émotions de son ame
dans un poème en trois chants , intitulé : Dermen adieux
à lamer. Cette production , éminemment remarquable et
empreinte partout d'une vraie sensibilité , assure à son
anteor le premier rang parmi les femmes étrangères qui
ont cultivé notre poésie. Le passage suivant nous semble
propre à justifier cet éloge :
c II iSrat donc , sans espoir , que je te quitte encore,
O mer qae jHdoHlre , 6 miroir de l'Aerore l
Et ces tristes regards que t'adressent mes yeux
Sont leur dernier hommage et mes derniers adieux !
Le premier de mes jours naqiiil sur ton rivage;
Tu vis mes premiers pas s'essayer sur la plage ,
Et ces jeux innocents , et ces petits courroux.
Et ce rire enfentln dont le charme est si doux,
^inaimes jeoBes ans près de toi s*écou)ërent!
Ainsi mes premiers pleurs à tes flots se mêlèrent!
Si le sort sur ta rive a tressé mon berceau ,
Pourquoi reftise-t-il d'y creuser mon tombeau? »
C^est pendant son séjour à Constantinople que Spencer
{i) MiM Spencer Smitli est morte à Vienne le 21 octobre 18â9.
BlOQRAPaïQUBS. 671
se lia av€G k baron de Hammer, le priaee des Orieatafistei
de TEiiropo , depuis la raort de Silvestre de Sacy. M. de
Hammer remplissait alors , auprès de Fioteroonce iinpé>
rial , les fonctions d'interprète -, et fit ensuite la campagne
d'Egypte avec Sidney , comme secrétaire et interprète.
Le 5 janvier 1799 , les deux frères signèrent , en leurs
qualités de plénipotentiaires , le premier et môme le seul
traité d'alliance de TAngleterre avec la Porte.
Nous avons sous les yeux un cahier de Y Ambigu • espèce
de Revue publiée à Londres* en langue française (n®89 du
20 septembre 1805 ) ; nous y trouvons quelques documents
d'où il semble résulter que le docteur Pouquevilte , dans
son Voyage en Morée , à Cotistantinople , etc., pendant le$
années 4798 à 1801 , a calomnié la conduite des frères
Smith envers les malheureux Français faits prisonniers par
les Anglais à la bataille d'Aboukir , et que les hasards de
la guerre avaient entassés dans rhorrible bagne de Cens-
tantinople ; tandis qu'ils se sont efforcés , au contraire ,
conjointement avec le baron de Herbert , non -seulement
d*adoucir leur position , mais encore de les faire rendre à
la liberté ; qu'ils les accueillirent honorablement au palais
d'Angleterre, et s'occupèrent de les faire transporter à Tou-
lon , sur un navire impérial parlementaire ,\g San-Nicoio ,
sous la conduite d'un officier anglais du bord de sir Sidney,
M. Beecroft. Ces prisonniers en ont témoigné leur recon-
naissance aux deux frères, avant leur départ et depuis leur
retour en France , par diverses lettres qu'il serait trop
long de rapporter ; mais nous citerons quelques strophes
d'une jolie pièce de vers adressée en son nom et en celui
de quarante six autres prisonniers français sortis du bagne
de Constantinople le 15 janvier 1799, par le colonel du
S7â 1I0TICB9
géoie Pascal Vallonfue , à madame Spencer Smith ,qui ,
elle auMi , avait contribue à leur délivrance et leur avait
témoiglié un généreux intérêt.
Sortis d*un noir cachot » ou plutôt des eufers ,
Quel Jour heureux succède à cette nuit ftineste !
Gr&ce \ cette heureuse Journée ,
Ce qu'en parlant de vous el de tant de beauté ,
De Terios, de talenls , de sensibiiité ,
Noos avons dit an Jour d'après la renommée,
{fous le disons enfln d*après la vérité.
Notre existence était affreuse , insupportable ;
Hais hier , près de tqus , comment s'en souvenir ?
Un jour , chacun de nous , racontant ses malheurs,
A ses en fonts , sa mère ou son amie ,
Fera bénir à tous les cours
Le Sidney , de iS^pmcer-, la mémoire chérie.
Souvent il parlera de vous ,
Et dira : c Mes malheurs surent toucher CofwlonM. a
A la voix des Anglais , la sainte humanité
Doit reprendre en ces lieux ses droits et sa puissance.
Partout alors il sera répété ,
Par la voix de la gloire et de Thumanité ,
Cet hommage inspiré par la reconnalssauce :
Dei Français dans les fers gémissaient à Byxanee ;
Spencer Us entendit , accueillit leur malheur ;
Leur sort toucha la belle et sensible Constance ,
Sidney vjnr , ei Siduey fut leur Ubéraiew,
BI06RAPBIQUBS, §79
€'est ici le tiea de dire que M. Fauve! , qui , pendant
trés-long-temps , fut employé à Athènes à recueillir des
matériaux do toute espèce pour Touvrag^ de M. le eomte
de Choiseul-Gouffier sur le Levantjeté en prison,craignant
d'être dépouillé de son immense oolSeolion do dessins et
d'objets précieux , fruit do dix-huit années de vojafes ,
^e travaux et de peines infinies , eut recours , dans ce
pressant danger , à la puissante- protection de Spencer ,
qui s'empressa de faire rendre à la liberté cet artiste disi-
tingué , bien connu des antiquaires , qui sauva tous ses
papiers ainsi que tous les matériaux qu'il avait si laborieu-
sement recueillis , et dont le docteur PouqueviUc a été
heureux de profiler ensuite , pour la description des Fesr
liges éTOlympie et la topographie des Thermopyla , que lui a
donnés M. Fauvel , et qui font la meilleure partie de son
ouvrage.
D'autres Français , gémissant dans les fers à Constanti-
nople , notamment l'artiste Binet , éprouvèrent aussi les
effets de la protection de l'ambassadeur d'Angleterre.
A celte époque , sir Sidney , promu au grade de com-
modore , fut chaîné de porter Tordre de rappel à Nelson ,
qu'il remplaça , et se rendit célèbre par la défefise de St-
Jean-d'Acre. C'est à cette occasion que le roi d*Angleterre,
pour Ini témoigner sa satisfiiction , lui appliqua le glorieux
surnom du premier vainqueur d'Acre , Richard Cctur^d^
Lion , et c'est lui que M"* Cottin a voulu peindre , dit-on ,
sous le nom de Malek^Adhel , dans son roman de MatkUde.
En 1805 , il fut chargé de protéger la Sicile, pendaqt
l'occupation du royaume de Naples , et , deux ans après ,
il accompagna le roi de Portugal au Brésil. Ce fut sa der-
nière mission ; depuis , il ne s'occupa plus que d*œiivres
874 NOTICBS
philaotropiques , et , vers 1816 , il alla résider à Paris ,
où il fonda la société anti-piraU dêê UbéraUwrt du etelavet
hUmcê , en Afrique.
Homne d'on physique agréable, il portait dans le monde
cet esprit aTentureas auquel il dot en partie sa brillante
réputation , et nous nous trouTÎons , en 1814 , dans une
maison de Vienne , où , par suite d'un rendez* vous de bal
masqué , il s'était laissé conduire , seul , la naît , les jeux
bandés , dans une voiture qui lui fit faire de longs circuits
an milieu des bubourgs , pour l'amener enfin au Léo-
poisladt , cbex la comtesse ZUioska , qui lui avait pré-
paré une charmante réception. Entouré d'abord de per-
sonnes masquées , on lui découvrit successivement d'ai-
mables visages , el la fille de la maison , jeune personne
de quinze à seiae ans , remarquablement jolie , lui adressa
un compliment dont il parut Irès-flallé.
Mais revenons 4 Spencer : au départ de son frère y il
resta seul ambassadeur en titre dans le Levant , jusqu'à
ce qu'il tài remplacé par le comte d'Elgin , et envoyé , en
la même qualité , au mois de février 1804 , à Stuttgard ,
qu'il quitta précipitamment , le 3 avril , après avoir brûlé
tous ses papiers par suite de l'arrivée de l'armée française.
Le gouvernement consulaire l'acousa d avoir reçu alors
tme mission relative A la conspiration de Greorges , et M«
Thiers en dit quelques mots en passant , dans son Hisioire
du Consukit » t. rv , liv. 18. ( Voir les Mémoires tirés des
papiers d'un homme d'Etat , t. vi , p. 296-310, et t. vin ,
p. 344. )
Spencer Smith ne Ait pas plus U>t de retour dans sa
patrie , que la ville de Douvres l'tiut membre du Parle-
ment , et ce fut sa dernière fonction publique^
BIOCEAPfllÇUBS. 675
Msiraat jouir enfin d'une douce (ranqoiUilé , U se ra|i«
pela le beau pays de France , et vînt , en 1817 , après la
seoonde ReGHauralion , se fixer à Caen , où il consacra to
Teste de sa carrière à ses goftis pour le» éludes liUéraired ,
aoxqneUes il se iîvra avec un xèle coasiont , et publia
divers ouvrages qui , sans être dépourvus d*un mérite réel,
sont cependant loin de donner une juste idée de la valeur
de son esprit. Il avait beaucoup vu , beaucoup observé et
beaucoup retenu. Sa conversation était fort intéressante ,
et parfois captivait vivement. i
Spencer, quoique dans une situation nooins émioemoie^t
remarquable que son frère , ne se fit pas moins aimer et
distinguer par les qualités du cœur et de Tesprit , par sa
fidélité à remplir ses devoirs et à veiller aux intérôls par^
ticuliers de^oo pays , sans négliger les intérêts généraux
de Vtaumanîté ; par son babilelé k discerner lea kommesde
mérite ; enfin y par sa constance à semer des bienfaits ,
avec la presque certitude de n'obliger que des ingrats , et ,
dans ses derniers temps , il encourageait les amateurs des
lettres , avec une rare libéralité , en souscrivant à la plu-
part des publications normandes.
C'est le 5 juin dernier qu'il a terminé une longue car-
rière , bonorablement remplie , emportant dans la tombe
les regrets de tous ceux qui l'ont connu. Il laisse deux fils
également recommandables : le capitaine de vaisseau
William Sidney , et le révérend Edward Herbert , un de
ces bommes qui allient la plus haute intelligence aux plus
nobles sentiments de l'ame.
M. Spencer Smith était docteur en droit civil et membre
de l'Vnivernité d'Oxford, de la Société Royale , de la Société
des jéntiqitairei et de la Société pour l'Encouragement de$
876 HOTICM MOMAPHIQUBfl,
ArU , Mmimfaeturêi et Comneree de Umireê ; ié la Société
iê$ As^Hquairm de France; de la Société géologifue e$ delà
SoeiM atiatipie de Parti ; de la Société de$ AtUiçwnreê et
de la Société linnée$me de Normand/ie ; de la Société pkHkar^
fmmiquede Caen,et dee Académim royaki de Caenet deRouem^
HOTA. Plasieura autres Notices nécrologiques dcTaient
paraître dans l'Annuaire de 1846 ; nous sommes forcés
d'en remettre l'impression & Tannée 1847. Parmi ces No^
tices figureront celles de MM, oe VAoauBLnr db Sasst ;
Dàcdibeet de la Yillasse , doyen du chapitre de Bajeux ;
EifODF , ancien député ; Cauvih , de Caen , ancien direc*
tevr de rinstitnt des provinces ; db la Rbitaddibbe , de
Vire , ancien secrétaire de la Société de géographie de
Paris.
.V?W^
^§^
COMPTE
ktniu par le Trésorier de V Association normande ,
des Recettes et Dépenses de l'année 1845.
HBCETTES*
Excédant du compte de i 844 236 2ll
Subvention accordée par M. le Ministre de Ta-
gricuUure et du commerce 3450 ><
Cotisations perçues (i} 2034 85
Annuaires vendus 10»»
Reçu de M. Godefroy fils pour solde de son
compte. . 670 »»
Total. .... 6401 12
DÉPENSES.
A rimprimeur, à valoir 1665 »»
Affranchissements d'Annuaires et factages. . 149 »•
8,000 mandats de l'Association lithographies 75 »»
Gravure de médailles ( Il reste encore à graver
la plupart des médailles). . . • • .
IVaitement du concierge
Frais d'administration et de corre^^ndance
Frais de séances à Neufchâtel
A. reporter*
(i) Par stdte du nouveau mode de recouvrement adopté celte année
par rAssociaUon , et qui n*« pu être employé que très-tard , toutes les
cotisations , moins celles de la ville de Gaen et des villes d*Elbeuf et
de Louviers , sont encore à percevoir. Les mandats actuellement en
circulation pour ce recouvrement, ainsi que pour celui de l'arriéré et
de la vente d'Annuaires , s*élèvent k la somme de 4,496 francs.
63
»»
100
»»
100
»»
997
M
3139
40
878 COMPTE BBNDi; PAt LB tEBSORIBI.
Jbporl. . • . 3139 40
Prime payée à Méiidon à uae aocieoDe àome^
tique »... 25 >•
100 exemplaires de l'ouvrage de M. Girardin
sur les fumiers iOO »»
Frais de séance à Saint-Pierre-sur-Dives. • . 40 » »
3 médailles décernées à Mézidon 28 » >
Vignettes pour TEnquéte des cidres. • « . 20 » »
Primes payéei au concours de NcufchdteL
Primes décernées aux vaches lailières, . .. 2^ p»
Frim» décernées aux taureaux 2050 >«
PriiBM déoernéês aux béliers 500 »•
Primes décernées aux verrats 320 »»
Achat de médailles pour le concours de Neuf-
châtel 420 •»
Total 6892 40
BALANCE.
La Dépense est do. 6892 40
La Recelte effMîtyiëe est de. .... 6401 12
La t)épensé excède là Recette de. . . • 491 28
SMif le recouvrement des primes de 1845.
Le Trésorier,
DOMIN.
■
te prisent compte a été examiné et approuvé par une'
Commission composée de MM. Tabbé Daniel , Lair et
AUBERT.
ASSOCIATION NORMANDE.
COMPOSITION BU BUREAU.
Directeur:
M. DB Câumont y correspoDdant de rinstitut de France ,
membre du Conseil général d'agriculture , à Caen.
Secrétaire général :
M Tabbë Daniel , recteur de l'Académie , à Caen*
M. Pbllebin , professeur en médecine , secrétaire-général
adjoint.
Archiviste :
M. Lb Cbbf y professeur en droit honoraire , à Caen.
Trésoriers :
M. DoMUi y trésorier , à Caen.
M. GoDBFBOY fils j trésorier honoraire, à Caen.
CALVADOS.
Inspecteurs divisionnaires :
HH. DB Maombville y P.-A. Laib.
Inspecteurs d'arrondissement :
MM. DE La Gbocqdais, Caen;
Lambert , Bayeux ;
Mdry, — — — Vire;
DbBrbbisson, — — Falaise;
Nasse , sous-préfet , Lisieui ;
Lbgrand , Sl-Pierre ;
Le Mbtaybr dbsPlancbbs,-^— Pont-rEvéque.
880 LISTB GBIISRALB
MAHCHE;
Inâpecieurs divisionnaires :
Ira. Rbnaclt , juge d'instruclion , à Coutances;
Uarquîs de Bkllefont , à Cavîgny.
Inspeeîeurê d^ctrrondissemeni :
Mil. Nobl-Aghbs, Cherbourg;
GiLLBS, Valognes;
Bloubt, Coutances;
Clbmbnt \ Saint-Lo ;
Bon VALTiBR , A vranches ;
L'abbé YiBL , — '— Sourdeval.
ORNE.
Inspecteurs divisionnaires:
]IH« LanglOis d*AsAlly , aocieD préfet du département i
Db La Sicotièbb , insp' des moouments historiques.
Inspecteurs d'arrondissement :
MH. Sfvestre, »— « Alençoa ;
Lbvéqub , Domfront ;
Laittour , Ar^eotan ;
Bb BioRCFn , *— i-^ Mortagoe.
EURE.
Inspecteurs dwmiownaires :
MM. Marquis dbChahbray, à Dam ville;
Aug. Lb Prbyost y député.
DBS MBIIBMS; ^ ^ï
ImpeotewTê d'arrondissement :
MM. Cbâssart , ^•^— , Evreux-
BocRDON, ~ ^^ . Beri^y^
Canbl , -p— . M-, ,^^ Popt-Audemer ;
P. DiBON, Louviers;
Passj, ._, L^ Aaddjg.
SBlNE-INFBRIBnRB. '
InspecteuTê dioimnnaires :
MM. J. GiRARDiPr , correspondant de rinstitat ;
Ballin , inspecteur honoraire.
m
* ' ^ m
Inspecteurs d'arrondissement :
MM. Ch. Richard, . Rouen;
NicoLLR, ^^ — Dieppe;
I^BMARiB , Yvetot ;
Poulain , 1 :^^ Havre ; ' ^
N. Desjobbrt , Neufchâtel ;
Capplet , _ Elbeuf.
CONSEIL PERMANENT d'aDMINISTRATION.
MM. DE Caumont , directeur de rAssocration ;
Daniel , recteur de TAcadémie ;
RoussBLiN , premier président , pair de France ;
Ed. Rocher , préfet du Calvadps;
Bertauld , premier président honoraire ;
Deslongchamps, professeur à la Faculté des sciences;
Pellerin , professeur en médecine ;
Lafosse , médecin en chef des hospices ;
AuBBRT , propriétaire ;
56
1^ unis iéwtoàw
MM. PiOACBi , pbannacien ;
Di Mbcflr, propriétaire ;
BiLOt , imprimear ;
Ta«iixt , profetiear ;
Btuim , coMcffler à la Coar royale ;
DoMiH , anden avoué ;
StMitâKPi , anden inspectear des forêU ;
Moaitas , membre de ^urieiurt Sodétés savantes ;
GoDBFaoT , trésorier honoraire ;
Di BBaHSK , adjoint an maire de Caen ;
BoEDVAn , avocat * la Cour royale ;
Lbgiahb , de Saint-Pierre-^ur-Dives ;
Castbl , secrétaire général de U Sodété d agncnl.
ture de Bayeox ;
De y iiMas , id.
pAamr , de Médères.
COMMISSION FOUR LA PUBLICATIOHOT LAKOTAMB-
MM. Ml Câi«0!iT . DAWtt . GiiAawH , Dttos.
ctaMer les «tkles destiné, k pwrtlre dm l' Am«i«ire , tprès qalb
ont été agréé* par le Cons^ adminislnUf.
COMinMIOll DBt VOHM*
Ceoe Ca««i«U<m seconde le Trésorier dsns l*»^"^^"^ *^
ciSTSe ta société, ta percepUoadescoitottlon., etc. EBeest»-
DOttTélée chtqae «anée.
lilSTS «ÉBlBRAIiS DBS lOBHBRES.
KM. AjmA-M ART , piopriéuire , à Cou-
AcHARD DB Vâcogkbs» propriétaire, Unces.
à Bajeux. AiCEiiTON(baroii d*) , propriétaire »
AciAiD DE Vacocubs, propriétaire, à St-Marcouf ^Calvados).
à St-Jean-des-Esaartiera (Cal- Auiaodtizoii (Oaudiiu) , fkbricanl
y^àoê ). d'indiennes , à Rouen.
Adam (baron) , manabctuiier , à Auiootillb (d') , propriétaire , à
Rouen. Caen.
AniLiNE, propriétaire , à Blay (Cal- Assilin (Justin) , président du tri«
vados). bunal civil, k Cherbourg.
Agnaux (d*), propriétaire, i Lille- Astood, directeur des domaines,
Marie. à Alençon.
Agkaux (Frédéric d*), propriétaire, Aubert , ancien pharmacien , à
à Bayeux. Caen*
AcoH (d'), propriétaire , à Cou- Aobert (d*), ancien préfet, che*
tances. palier delà légion d'honneur,
AizT(d')y propriétaire, à Vaux- membre du Conseil-général du
sur-Aure (Calvados). Pas-de-Calais, à Yandin (Pas-de*
ALBXA!fDRE , directeur adjoint de Calais ).
l'Union générale , à Rouen. Aubin de BLAKCPaé , propriétaire ,
Allaire , professeur à l'école des à Prulay (Orne).
haras , au Haras du Pin. Aubir (Jules-César) , propriétaire ,
Allard , ancien négociant , à à St-Pierre.
Dieppe. Auger (C.-A.), négociant, à Rouen*
Allard-Isabells , propriétaire , à Adger, notaire, à St-Hllaire-du-
Caen. Harcouel (Manche).
Allcauhe-Deshottes , proprié- Aciiokt, avocat, à Pont-l*Evéque.
taire , à Pont-I^Evéque. Aunonr-TmÉviLLE, député, à Paris.
Ahelirb, curé de Notre-Dame , à Auhet , notaire , à Elbeuf.
Caen. Acvrat ( Alphonse ) , directeur de
Angb-Petit, Juge au tribunal dvfl, Fassurance la Clémentine , k
h Evreux. Rouen.
AiiGERviLLE (Arsène), propriétaire, Avannes (d*) , Tice-présldent du
à SV^erre-sor-Dives. tribunal,, à Evreux.
9»
USTB eÈKÈÊàLE
Atoibl, docteur en médecine, à
ROQM/
Atml, propriétaire, Si GouUnces.
Avril, ancien député, à Pérîers
(Manche).
BACBELiEm (LoDis-Marin) , proprié-
taire, à St«-S€olasse (Orne).
Bàco?v , propriétaire , à Caon.
BAa,ex-notaire,à Mortagnc (Orne).
Eallin, directeur du Mont-de-
piété , à Rouen.
Bance (Louis) , cultivateur ^ à
Somuiery.
Ba^rievillc (tnarquls de) , propri 5*
taire , à Gaen.
BARVU.LE (vicomte ^de) , proprié-
taire , à Gaen.
Banville (de), propriétaire , au
Fresne (Orne).
BAitissLf , profurtêlaire , k Argen-
tan (Orne).
Barbet (Henri) , maire de Rouen^
Barbier (Victor) ^ fabricant de
drap , à Eibeuf.
Barbot , propriétaire, au Fresne ,
(Orne).
Bard (Loms-Philippe),. à Gueures.
Barrois , propriétaire W Dieppe.
Baslt (Augustin)^ éleveur de cher
vaux et maire ^ à St-Goutest
(Galvados).
Batah^le , fabricant do produits
chimiques , à Blangy (Sei^e-
Inférieurc).
Bataille de Bellegarde , membre
du Conseil gépéral de la Seine-
Inférieure , à GremonviUe.
Basdouoi (Auguste) , propriétaire-
cultivateur , aux Vieux , près
Duclair (Seine-Inférieure).
Baudribos (Pierre-Jacques) , con-
seiller municipal , à Dieppe.
Bateux aîné , professeur en droit,
à Gaen.
Bazille I négociant , à Rouen.
Beah , receveur d'enregistrement,
à Lisleux.
BEADjrER , administrateur de TAs-
sociation poitevine , à Niort.
BEADLiEo(de), président du tri-
bunal civil , à NeufclUktel.
Beaumont (Elie de), membre de
l'Institut , à Paris.
Beadmo.nt (Ferdinand de), proprié-
taire , à Perc j.
Beaurepaire (Gt« de) , ex-ministre
plénipotentiaire, à Falaise.
Beaussier, inspecteur d'assuran-
ces , à NcufchIkteL
Béchevel (de) , membre du Gon-
seil général, à GelTosses ( Gal-
vados ).
BÉGOUEx(Paul), receveur géné-
ral , ik Privas (Ardèche).
Bellais, docteur-médecin, à Str
Pierre-sur Dives.
Belleco(]r„ maire dlfs-sur-Laison,
(Galvados).
BelletÉtoile-dc-Mottet, ancien
maire , à Avranches.
Belfond {O^ de), licencié en droit,
à Gaen.
.9BS HIVBKBS. 886
BiLLra6n,propriéUife«àÂleDçoii. Bi60T,docieiir^iiiédeciii»àMaiiTefl
BiLLBT (Louis) propriétaire, à . (Orne).
OuTîUe-la-Bieo-Tournée. Biixs ( Alexandre) » propfiâtaire^
Bellefohd ( Burquis de ), proprié- cultirateur,au Bourg-Don (Seine-
taire,àGaen. Inférteiure}.
Bblutct, ancien notaire , àCaen. Biixon , doctcuMnédedn , Ji.Ii-
Bslloir, docteur-médecin, à Si- sieux.
James (Manche). Boiet , agent d'afiaires , à Gaen.
Belot , membre de la Société dV BiTOuzÊ-DAUxiEmL , ingénieur , à
griculture , à Rouen. SaintrLo.
BEacAssE (Antoine-Alphonse) , Bivillb (de) , propmétaire, à Neof-
avocat , à Rouen. chÂteL
BERKAna, propriétaire, au Neuf- BiTU.Ls(de),Alphonae,proprîétaiie
bourg (Manche). à Iseugremer.
Beeiietz ( de) , adjoint au maire de Blakche , médecin en chefde Pho»-
Gaen. pice de Rouen.
Bertauld , premier président ho- Bunche iUs , avocat-général , à
noraire ,à Gaen. Rouen.
Bbetot , pharmacien ,à Bayeux. Blangt ( C<« de ) , propriéuire , à
Bebtran, juge de paix du canton Canteloop (Calvados).
de Boo8(Seine-Infôneure). Blakgt (de) , propriétaire , à St-
Bertrand , doyen de la Faculté des Pierre-Eglise (Manche).
lettres de Caen. Blanquet , maître de poste , à
Bertrakd ( Gabriel ) , fabricant, à Moult (Calvados).
. Elbeuf. Blaro, ivoirier, à Dieppe.
Bertra:! D ( Louis-Trauquillc ) , fa- Blik-Barojc Juge de paix , àMoult
bricant de drap , à Elbeuf. Blin flU, pharmacien , à Gaen.
Besmoo, adjoint au maire , à Ville- Buvet , propriétaire , à Mittois.
dieu. Bloche , avocat , à Lisienx.
Bessi.i ( Philibert) , avoué , à Blo:c ( Emilien de) , propriétaire ,
Bayeox. au Mesnil- Bœuf (Manche).
BÉzuEL DE PAvUiLT , propriétaire , à Blocet , procureur du Roi , àCou-
Pavilly (Seine-Inférieure). tances.
BiDARD (Anatole).^ fabricantde pro- Bocage , juge de paix , à Brionze
duit^ chimiques , à Maromme , (Orne).
près Rouen. jBociuSR«préfetdttGalvado8,SiGien.
Mt ufn «ÉRiiAU
UkB , à SUaémeal (Miaelie). llovmT»pf«eweur du Roi, à Câeii.
.^itsileptlKylTiMlMènj BoucàUL , docceur en médeetiie »
(C^m). à Erreu.
iaMii(Loiiftaeph)»Mel6n6oii- HouiLUfl^cuié de 8l-Piefre,kSén»
dadev det pmM» ec ehaotséei, Bouillon , notaire, à Gostsaces.
à Dieppe. BooLEiiein , a?oeé , à NenfthiCel.
BoHani(de), prepriteirOy fcSI- Boollae» ,propfffélÉire,à1loiieii.
Aifcii ioma Boillettg ( Setee* Boooocul, tAdea aotalre, k Bi6-
bféileore ). TUle (CilTtdos).
Bemai Diaaiaii , négociant , k Booqobibl (de), propriétaire, à
Tire. PialnTille (Undos).
iMwann yimpriwenf , k Yalognes. Bouarna (François-nrédéric) , pro-
Benmu, négociant, IGherixNtrg. priétaire , k Rouen.
Boamcmaa (de) , propriétaire , k Booaooii tb, propriétaire, k Near»
Monceaux (Calvadoa). cliàtel.
lonMWAnia (laoqnea-Louis) , ina- BooaMm , ndwtitnt do procnreiir
Utnteur primaire » k CoariHe do Roi , à Bemay.
•(Manclie). BooaDOii , avoué k la Conr royale
Boi«znss8nT(Attg«ste), aneien sons- de Caen.
préfet, k CherlMMirg. Booaooa fils (Kallileo) , maire , k
BoifTÂLTm , maire, k Arranclies. Elbeof.
BoNTOuLom (O* de) , propriétaire , Bouacon (Pierre) , propriétaire , k
k Mortaia. Roaen.
BoiitdbRéct, directeur de Pen* BooawiciB, propriétaire, an tfesail»
registrement , k Gien. Patry (Galtados).
BoncAuz , liceocié en droit, k BooaLrr db la Vallée (Adrien), d^
Caen. recteur d'assurances , k Rouen.
BoaaBc6TK , arocat , k Pont- Aude- Bouaao!iT(Ode) », propriétaire , k
mer. Gaen.
BoaDBR ( Gharies) , négociant , k BooasT (Giiaries) , a^oint au maire
Elbeuf. de Pont-Audemer.
BotcAm , graTeur , à Caen. BooTBiLLKa ( Edmond ) , ptiarm»»
BoaTBRAT ( de ) , k La Sauasaye cien , k Rouen*
(Seine-Inférieure). BoomLLEa (Hippolyte), huissier,
DoiiBvjurr, |4iannacieD| au fiivre* k Rooeo*
DM minut. 887
BooTOWAKT (de). copietUeriiMiffie, Bkvcam (de ) , tieê-pirdsident da
gentilhomme de la duunbre de bureau deliieiiftiiaiieeȈ Cber-
S. M. l'Eropereiir de tootea les bouTg.
Ruasies , à Paria. BaucB-WmrB , propriétaire^ I
9oTBa, maire , à Utarot Pont-Vendœntre.
BoTRB (de) , propriétaire , à BeUft> BaoLUEHAiL ( Alfred de) » proprié*
TUIIen (One). taire , à Alençon.
BaAQQKHAia (Loiia)» séfodaAl , à BainwT, conaeiller à la cour ro|ale
IHeppe« de Gaeii*
BaAT (de), aux Bordeaux» prte Bamnr, président du trftuaalci^
Buchy. ril,k Falaise.
Bata8soii(de)9menbre de plu- Bonn, fila (Louis), négociant» à
aieuffa Sociétés savantes , à Fa* Dieppe.
Ittiie* BoEOT, marohand de rins, k Orbee.
Bnta», avoué > à Neufehâlel. CAiN>o-TAn.Lipn , ancien iMui-
BacsaoR (Frauda), ingénieur dril, quier » à Laigle.
à Rouen. Gaoubox , vétérinaire , k Gmu.
BuuTOCQ aîné » propriétaire , ISt- Ckit (A. de), profesaeur d'équité*
Etienne-la-Tillaye (Calvados). tlon au, Haras du Pin.
BuAHD, propriétaire , à Paris. Galou (Waning), propriétaire , à
BaiCHiT , avoué , à Neufchâtd. Gaule-S^^-Beuve.
BWBis , propriétaire , au Mesnil- Gaumou (Alfred), avocat , à U-
Amand (Manche). sîoux.
BairPAa» , adjoint au maire de Gamiaiiz (Oiaries-Edouard) , doc-
Dieppe, teur en médecine , k Rouen.
Bboxart , vétérinaire , à Sl-Pierro* Ganel , avocat , k Pont-Audemer.
sur-Dives. Canist (leOPaul de), proprié*
BnoGLR (princede),kRânes(Ome). taire , k SMames (Manche).
Bioneir ( baron de ) , maire, k Bré- Gakllb, propriétaire , k Magny^la-
hal. Campagne.
BaouARD-DuMAin , négociant , k Gapplet , ancien fabricant , k El-
Tire. beuf.
BnoTxa (Frédéric) , propriétaire , Caair* (Auguste), agent d^birea,
k Goutancea. au BreuU , près Bayenx.
BnoTm, Juge de paix , k Cou- C&inamL(de),propriétaire,kSt»
tances. Sauveur4e-Vicointe (Mandie).
S88
LI»R ÇàKÛMàMM
GAwnnB(J«eqiiet-Lo«is)» pio-
- ptiéuife , à BftyMX.
Gaatiluc ( Gtatliier de ) , proprfé-
Uire» à BaisyroD (Mancbe).
Gambv » propritelie , à EYreoi.
GàmL > agem^foyer chef , ft
Bayeox.
QunUM MB 8Alllt*VlCT0ft , fVO-
piiéU're , à Aynnches.
Omom âto, mille de forges, à
ItàDee(Onie).
CArMcoeTi(Vt*de), membre du
Conseil général, à Laigkw
ÇàUMORT-LAf owa (le dnc de), pair
. deFrsDCe«àClisiida7(0nie).
GACaoïrr (de) , pèrc^ propiiéuire,
àGaen.
GAinoiiT(de),fiU) fondsieurde
rAssociation Dorm«Dde,corres-
poodanideriDSlUal, àCaen.
(Uussni DE Pcaocf AL , procurev-
génénlà ls€oi« royale deCaea.
Cadtet , docteur en droil , 4
Caen.
Gauynhit (baron Aitàv de) t pro-
. priélaive • k Caen.
Cadvight (Paukde), propriétaire,
à VierviUe (Calvados).
CàVALiEB (le général), à Alen^on. .
Catàuer , propriétaire , k Pont-
. Audemer.
Cebbe, notaire à Mauves (Orne).
Ceixieb, cultivateur et maire, k
St Germain-Langot (Calvados).
CE3nvAL(Hellouinde), maire.de
. Fleuré (Orne)»
CuLOT-AcàtD , négociant , k
Dieppe.
CkAaMuiT (le comte de), anden
maire d^Alençon , an Haos.
Ghàhbiat', dOGteor-médecin , k
Alençon.
Chambbat ( marquis de) , proprié-
taire , I DamviHe (Evr^,
Cbafdelbiiii(G>* de), propriétaire,
à Falaise.
Chàpror , docteur en médecine, à
Baroonri (Calvados).
GtisPBirrtBB (Ch«de b), pro-
priétaire , ft Alençon (Orne).
CiuRVBf (Pierre) , mannfccrnrier «
àElbettf.
CEkSBXKTf bibliothécai'«,bEvteux.
Oueuu(banmRnoolde), pio*
priétaife , ^ Vire.
CiiAinru.,Jugedepaiz, àVjmoii-
tiers (Orne).
GHAinttT ., prepriétaiie , à Gon-
tances.
CtaAovKT (Louis) , propriétaire , à.
Coutances.
CoAimii, professeur d^hialdire na-
turelle , à Caen.
CnAZELT(E.), secfétaire de rad*-
. ministiation an Haras du Pin.
Chàzot (de), administrateur des
hospices , à Hortagae.
Chàzot, sons-inspecteur des doua-
nes , à Cberbouig.
Chewn, ancien juge , à Vire.
Gbeiowière (Théodore), fabricant
de drap , à Elbeuf.
DES MEVBItBS. 889
CHéaADAME, conseiller à la cour Cocbet, aarnôoier da collège royal
royale, à Caen. de Rooen.
CHÉR03((Alfred), négociant et ban- Cofpy , professeur d'économie
quier , à Mortagne. commerciale , rue du Faubourg*
Cheruel , professeur d'Iiistoire au St-Marlln , 38 , à Paris.
collège royal de Rouen. Coiurdo:« (de), propriétaire, à
GHESiXEÀU, licHtenantrcolond de Mortagne.
la garde nationale de Rouen. Cohu ( Ferdinaiid) , pharmacien ,
Chesnel fils , avocat , à Alonçon. à MorUgne.
Gheveraux aîné , propriétaire, à Gcllàrd des CHERREs,coimnandant
Conches (Eure). la garde nationale , à Lisieux.
CiiEVERAnx(Tliéobald), avocat, à Collas ( L. ) , manufiicturier , à
Rouen. Elbeuf.
CuEVRKL, receveur de Tenrogis- Collen-Castaigne , fabricant dMn-
trement, à Briquebac (Manche) . diennes , à Bolbec. '
Ghevrel , avoué, à Cherbourg. Collibeaox , secréuîré de la 80-
Choisy , professeur , à Falaise. ciélé d'agriculture de Mortein.
Choppin, docteur en médecine, Gollin (André), docteur en mé^
au Neubourg (Eure). doclne , à Saint-Pierre-EgHse
Christen (de), propriéuire , à (Manche).
Goutances. Gollombclles , propriétaire , à
Christophe , avocat , à Domfiront. Cristot.
Cléheiit , ancien maire de St-Lo. Goudes-Sibtbs , sous-préfet , à
Clément, maire , à St-Germain de Neufcliâtel.
Varreville (Manche). Gonaro , docteur-médecin , à Lî-
Glerct (de) përc, propriétaire, à sieux.
Derchigny (Seine- Inférieure). Goqdart , propriétaire , à Vire.
CLERCT(de), fils , planétaire à Coquatrix (Emile), homme de
Derchigny (Seine-Inférieure). lettres , à Rouen.
GuNCHAMPS (de) , président de la Gorbii^rb, propriétaire, à Alcnçon.
Société archéoh)gi<iue d'Avran- Gorbin, mairede Villebadîn (Orne).
<^*^e.s. CoRcELLEs (dc) , mcmbrc de la
GLmcHAHPs (de) , propriétaire , au Chambre des Députés , àEssay
Manoir (Calvados). ( Orne ).
Clozets , propriétaire , à Cou- Gordey ( de ) , propriétaire , à
tances. Bayeux.
57
CôKB^MMB , avoué, k Alençoa. Orow , (O de ) , propriétaire , à
GoRXEiixe, tBspecienr de l'Aca- Le8Mrt,prèsLharot(CalTados).
dteie luiTersiUlre de Rouen. Grsrr ( V«* de ) , propriéuire , à
CounnLtfi BB Haohomt , menbre Paris.
do Cosaeil général de r£are , Gvrbsiib (de) , propriétaire, à M ar-
k Evreux. tragtiy.
Coa.^BT , propriétaire , à Caen. ©aïowiioirr du Vicel, propriélaîrc.
Coma » QOUire , à Mortagne. à Lttteao ( Gelvadoe ).
GocErriH , Joge de paix , k Rj«8 , DAVUMa^oftTUi , propriétaire , à
(Galvadoa). Ha«drieoon.
Cûouaaair, maire» à liézidoB« DAMPiBaaB (de) , propriétaire, à
GooppBT , jage , à Cherbourg. Uray-la-Campagne ( Calvados ).
CouaDEHAifcaE ( de ) ex*pharaia- Daribl » recteur de l*Acadéoiie ,
«ien , Il Cten. aeeiétaire-général de l*Associa-
CooaHEaiB, direotear d*tine uaioe lion , A Caen.
de prodaiCa cliioiiquas, à Glier* DAo:r ( Alexandre) , propriétaire ,
jyowg. A Bricqaerille ( Cal^dos).
OooaaAiiiiB ( de ) , meesbre de la Daboent, propriétaire-coltiTateiir,
Sodété d'agricvltiffe , à Caea. k Saint-Léoaard , pr^ Fécamp
GooasBAtix a'HATBKTot (Jides), (Seiae-InlénBare).
propriétaire à Féeaoïp ( Seiae» Dabbacox , inatitateor , A Cher-
laférienre ). tMiirg.
CoDRTT, avoeat, à Caen. iKLvaBR-MBsaiL , propriétaire , &
CaassBirr , doctear-médeein , à NeoTcliAtél.
4)ieppe. DAuraBSTOE ( Loais ), notaire , k
GaoïBiLLBS (de) , propriétaire , k Lialeax.
Caen. DAuraBsiiE , notaire , k Caen.
Chox (de) maire de Salljr (Cal< Daoge , filateur, k CroissauTlOe
▼ados). (Caltados).
GoiT Ûls ( Jean-'Bapilste-AdelJ , né- Baobat bb SAiTr-Pors ( Baimond ),
gociant, k Ronen. propriétaire , k Saint-Pois (Bfan-
GoBAr» propriétaire , k Cherbourg. che ).
X]oaiAL'(le O* ) f pair de Fnmoe , DAOsar , arocat, k Dieppe.
k Alcnçon. Dautin , avocat , k Goutances.
CoBBEB, membre da Conseil géaé- IkuaEL, docteur en médecine , k
rai de la Sein s-Iof^ , k Rouen. la Ferrière-snr-Riiie ( Bore ) .
DES NBXBRBS. g^f
Dataus , docteiîT en médecînc , Becboutellb ( Emmanvel) , bpo-
à Isfgny ( Manche ). priélaire-cuUivateur , h Saiiil.
David, député de rarrondissemenl Pierre-des-Jcrn/ioièfes ( Seijic-
^« ^^^'^' Inférieure ).
Datid . ÎKinciitfcr, àCacn. DrCourvai. . commûDdant dq gé-
David , avoué , au Haw. nie , à Caen.
Daviel , ingénieur de la uurii», Œ CooavAi.. propriétoire, à Mor-
à Cherbourg. tagn^
Debaopte , officier supérieur eu DEDACE,arChîlccle du déparlemeot
relraite , à Isîguy. de TOrne , à Alençon.
Deboisla»bert , profesr en droit , BtecmAiicouR pore , à VaUervUIc.
_ ^ ^^*' Decwakcour nis , à VaUervUle.
DEBo«u.BE«T(Charles). avocat, De Labobd. (Oe),menibre de ilns.
^*^^"- lilut,àP«ris,
r [^"""lll' P-'^Pri^^re > ^ DELACHAPEU.E (E.) , p«>fesBe^r ,
Sourdeval ( Manche ). ^ Cherbourg.
Debo,»( Victor), pH,priétairc , à Delaclcse (Jean-EUeene-Pascal) ,
Sounleval(Manchc). pemux) , à Rouen.
Deboxne (Charles), propriétaire, Delacodbe, propriétaire, à Caep.
^"®"- Dblacoodbb , à Neufchâtel.
Deboos , ma graiiiier , h Rouen. Delacoodre ( Fiéd.c),à NeofchiUel.
Deboutte ville ( Alexandre ) , pro- Delafove , professeur à la Faculté
priétaire ,. à Rouen. des sciences de Caen.
DEBouTTEviLLE^^directeurderasUe DBLACowiviftiB ^ propriétaire ^ à
des aliénés , à Rouen. SainUEny (Manche).
Deboctteville père ,.propriélaiBe^ Delaistrb^ propriétaire ,. à Rouoi.
à NoufdiûlcU D«LAttE,capiuinedegendarnieriM,
Debouttev«.lb fils , notaire , à à Escures , près SaiuirPierrfr.
Netifcliâlel. «or-Dives (Calvados).
Dbbaux ( Isidore ) manufacturier, Del ala!! de ,. avocat ,. À Vatogncs .
àElbeuf. , DBLALAin>E( Arsène), avocat, à
Decaux ,. maire k Forges-les-Eaux. Valognes.
Decoedb , juge de paix , à Neuf- Delala.^ob (Constant), fabricant,
châtel. à Elbeuf.
Degoub, cultivateur, à Mittois. Delalotoe du Th l fils^ ps^prié-
Decrou , pharmacien , à Rouen. xalse , k Rouen.
891 LISTE GRXBaÀLft
DcLALOitDC 00 TiftL , propriétaire , Deliiohel , pharmacien , à Elbeuf.
k QaviUo-MottcvfHc ( Scine-ln> Deligmmare , propriétaire-cullî-
Krieiire ). vatnir , à Smermesnil.
DsLAHÀRE (François) , négociant 4 Dblisle (Georges), doyen delà
à Rouen. Facullé de droit de Caen.
Duuuuu , propriétatre, à St-Lo. Delos, imprimeur-libraire^ à Caen.
DsLAXAiie, Ticaire-général , à Cou- Demiau-Csouzillac , conseiller à
tances. la cour royale , k Caen.
BcLAMAiTtiaÈRC , pr^posô en cher Démons , propriétaire » k SaTigny,
de l'octroi , à Cherbourg. (Manche).
DELAMOitnviÈRE , propriétaire , à Deivis (Guillaume) , propriétaire, à
Gontances. Bauneyille-snr-Ajon (Calvados).
Hblahottc , notaire , à ïTvrenx. Dbxis , négociant , rue de Ber-
DiLAHOs , chirurgien de l%»pice^ nières , à Caen.
à Elbeuf. Desos , estimateur,, rue Basse ^ à
DiLAFLACE, géomètre, à BoueBe Caen.
(Seine-loférienrc). De50telle , maire , à Neufch&tel.
DELArOKTB ( Françofs ) , mànufoc- Deroueti , pharmacien , )i Dieppe*.
turier, à Elbeuf. Desalleurs, médecin de l'Hôtel-
Delaporte , directeur des postes ^ Dieu, à Rouen.
h ÎÀSionx. Des Bordeaux , ancien magistrat ^
DsLAQOSRiÊRE , mcmbrc de FAca- à Càen.
demie , à Rouen. Desbuttes ^ propriétaire, à Sainic-
Dblarue (Edouard) , propricUire, Pierre,
à Elbeuf. Dbschamps,. propriétaire, à Caen^
»re
Delaroe, Juge de paix , à Breteuil Desch.vmps de Vadbtille flls,.ppi
(Eure). à Monthuchon (Manche).
Bblautcat , priûcipaT du collège Deschamps (Samson) » ancien ius-
d^ATranches. pecteur des eaux et forêts , à
Dblaunat (François), fiitbricant, Caen.
à Flerff (Orne). Desclosières , avocat , membre
Dblaunay , cultivateur, I (àen. du conseit général , à Bayeux.
DELAVALAi!fERiE , propriétaire , à Descoloxbiers , propriétaire , à
Minières (Manche). Moulins (Allier).
DiLéRue , chef de divîsîon à ta Desegremoitt » membre du Conseil
préfecture de Rouen. général, à Bény-Bocage(Calvad.).
■
BfiS MEMBRES, 803
DEsmiMS, propriétaire, k Man- Desrotovrs, membre du conseil
UDy (Oroe). général , à la GraTerie (Cal-
IhttiuTBs, doeleur-médecin, mem'-* vados ).
bre du conseil général, à Rema- Dbstiq^y, directeur des abattoirs,
lard (Orn«}. à Rouen.
Des Iixcs , propriétaire , à Caen. Détertillb aîné , négociant , à
Bbsiobert , dépvté de la Sefne- Caen.
Inférieure , k Aieux (Seine-Inré- Detruissard , homme de lettres ,
rieure)* à €aen.
Deslandes (Elle) , directeur du Devillb, receveur des contrlbu-
eanal , à Coutanoes. tiens et correspondant de llns-
Deslandes , directeur du Mont-de- titut , à Rouen.
piété , à Dieppe; DiBOit (Paul), propriétaire, à
Deslardes , maire de Dieppe. Louviers (Eure).
Desmaeis, propriétaire, à Alençon. Diel (losepb) , à GonnevîQe.
Desvazures, propriétaire, à Cussy Ducbt ( Alfred ) , directeur de la
(Calvados). caisse d'épargnes ^ à Rouen,
Desmichbls , recteur de TAcadé- Dnozr fils (Pierre) , ségoeisnt , H
nie , à Roues, Rouen.
Desxos, pharmacien , à Alençon. Di«abb, propriétaire , h Touria-
Db8koter$ Ma , arocat , à Caen . ville (Manche) .
Despallièbes, BMire, à Bayeui. DomrABB , architecte du départe-
DsBpaMiEs jeune, négociant , ft ment de la Manche, à St-Lo.
Alençon. Dollet , médecin, à Périers (Man-
Desponts , curé de 8aint»Nioolas , ehe).
k Coutance». Douiif , ancien avoué, à Caen.
Després , ancien professeur de Donkey , maire de Caen.
l»ellefl^Ur0s» àEH>enf. Dornakt , ancien magistrat, à
Desproyotièbe , juge , à Alençon. Alençon.
DBSounEMAREyancienpharmacieD, D'Osseville ( comte Louis ) , pro-
Il Neufebàtel. priétaire , k Caen.
Desbahé-Dubom , prapriéuire, à Dossier (Louis-Jeau) , juge au
Bayeu. tribunal de première instance
Desrivièbes, professeur au collège à Rouen.
royal de Caeq. Dobkbkei^ , ancien procureur dti
DEsaocHES^QUré, à JUigny (Manche). Roi^àBayeux.
894
aiNBBAU
PovwxB.ppr*, àCoutances,
Drstkt y inspectovr des forÊU du
domaine privé , à Aamale.
Diorr BK8 Vaux , Juge de pais » à
GuTOuget (Orne).
ItaiDTAL (de) » propriétaire , 4 Gaen.
Dubois , juge de paix , à Harcoart
(Ulvadot).
DvaosQ » architecte du départe^
ment , h Salat-U>.
DuBOSQQET p maire de Vieux-Pôot
(Calvados).
SuaouuxoKNiT ^ propriétaire » à
Saint-Pferre-Axif (Calvados)*
DuBouaa ^négodaiit »à Oen.
DuawuiL (Alphonse) , profèasear
de culunre , à Ronen.
Burasuiv fils ^docteur en médectoe^
à Ronen.
Uuaoc » propriétaire ^ an Bois-Nor-
mand (Eure);
DocASTSL f propriétaire , àRooen.
DucHcsRF ^propriétaire, hQuevrue
(Calvados).
DucBcvREOiL, chirurgien de la ma*
rlne, il Cherbourg,
DuDouiT , avocat , k Coutances^
DuFOOB» huissier, h Caeo.
Duhamel , ancien jnge de paix , h
Troam (Calvados).
DuHAHBL , propriétaire ,. à Snrville.
DuBAMEL^procnreur du ttoi,à St-U>.
DoBAaEL-WAiLLT (Edouard), pro-
priétaire , à Caen.
DoHonn (Alexandre),propriétairey
à R jes (Calvados).
IkMABHS alaé , tmekn agréé , h
Rouen.
DuJÀBDM (Vital) y ia0éme«r do»
ponts et chaussées , àNeulbhl-
teL
DujooM»AU,.aTOcac , à Bu jeux.
Eki Lbsiioxt , maire de MeUeval
(Seine-lofériaure).
DuxAnoiRDciuATE^piopiiélaife, ^
Juaye (Calvados).
DusERii., propriétaire », h Manelel
(Caivadoa).
DuuESNiL , doctevr-médeeitt , à
Rouen.
Dmmsiot (H.-V:) , propriétaire , 1
Monliguy (Manche).
Ddmesibl nu Buisson, propriétaire ,.
àCaen«
DunoNceL (Thé6dîM(^,propriélahDe,,
àCherlKNirg.
DunonccL (le 0« ) , géaérat dn gé-
nie , il GheriMMfg.
DuBoacEL , propriétaire , h GaiHk
DuxEPVBU , ancien sous^réfct dfr
Pool-rBvéque.
Dupeurojc ,. maixe de- T4>rigB9:
(Manche)..
DupLEix, soBSr4hlendhttimiRtairc*
en retraite, àt^eft,
Bsponr, propriétaire ,.h Goutancesi.
Dupo!fT , membre de la Société-
d'émulation , ii Rouen.
Dupont , instituteur , k Sainte-Cé-
ronne (Orne).
DupoifT-IiOHGRAis ^ président à la
cour royale deCaen.
BB8 HIKim^S. 895
Dof«ET-LE Uakbois , Jage j à Coq- Du Teuthc , maire de CUochamps,
tances. (Calvados).
Doquesxàt , propriétaire , k Ck)u- Do Tkociiet, ex-iDspecleur des fo-
tances. tels , au Mans.
DuQUESiUT , caf^taine d'artillerie , Dutrosne , ancien magistrat , à
officier d'ordon« da Roi, à Paris. Trousseau ville (Calvados).
Durakd , membre da ConseQ 'gé- Dutuit (Eugène) , propriétaire , à
néral du Calvados , à Gaen. Bouen.
Durand ., médecin , à Caen. Ecqoevillt (le comte d^ , proprié-
DuMKD ( François- Adel-Marie ) , taire , à Caen.
président du tribunal de corn- Edoh , inspecteur de TAcadémie
merce de Vire. de Caen.
DuRAifD , propriétaire , à Isigny Eviévillb (Frédéric d^) , proprié-
(Calvados). taire , k Caen.
Durand Juge , à Domfront. Enouf , ancien avoué , à St-Lo.
DuRAifD 9 'professeur à Técole de Enout, architecte, )i Caen.
médecine de Caen. Epiïœ ville (d*), propriétaire, à
Durand , vétérinaire, k Orbec. Ticheville (Orne).
DuRÉcu (Armand) , manufacturier, Espinosb (d*) , propriétaire, à Gos-
à Elbeuf. qoeville (Manche).
DuRsos • propriétaire , )i Caen. Etienne, médecin , à Caen.
DuRT (Frédéric) , propriétaire , à Etienne , négociant , à Caen.
Dieppe. Scdb , propriétaire , li Hortain.
Dosaussàt (IdOuts) , avocat , à Cou- Eudes-Deslongchamps , professeur
tances. à la Faculté des sciences de
DusAOssAT (Constant), juge, à Caen.
Goutances. Etssautibr (d*) , propriétaire , à
DusoiR« médecin, à Argenees (Cal- Avranches.
vados). Fabre , médecin , à Envermeu
DussEAux, vétérinaire, à Dieppe. (Seine-Inférieure).
DussEAux (Florimond) , médecin Fargin-Fatolle , propriétaire, à
adjoint des hôpitaux, à Rouen. Rouen.
DussEAux, ancien maître depen- FAUCAiiBERGE(de), négociant, à
sion , à Rouen. Caen.
DussBAux (Victor), manufaetarîer, Taucbet , maître de poste, ii
à Elbeuf. Rouen.
896
LISTS C^milALB
Faik:oii-Ddque8]UT » médecin , à
Cacn.
JTAOMif , sabstUat, à AlençoB.
Facques, inspecteur des poids et
mesures, à Caen.
FicvEL, professeur d*écrilnre, à
Caen.
FéRET , bibliothécaire, à Dieppe.
Feruox (de) , médecin k Atençon.
Fesiœl f avocat, à Neufchâtel.
Fj&rouel, négociant, âiCaen.
Femund de La Cosité, proprié-
taire, à St-Sauvenr-Landidin ,
près Périers.
FÉuaLST » secrétaire général de la
préfecture, àSt-U>,
FmDE ( Louis ) , propriétaire-eulti-
Tateur , à St^Valery-sous^ures.
FaiOLET » docteur en médecine »
à Elbeuf.
FuviGN Y (Charles), manufacturier,
a Elbeuf.
FtEUftT (Louis) , ancien député , I
Laigle (Orne).
FtEURT , inspecteur de Tenregis-
trement , à Caen.
Flbulibl (Alexis-Louis), institur
leur , à Mortagnc.
.Flotte, professeur à Técole des
haras , au Haras du Pin.
FoACHE (le baron) , payeur géné-
ral, à Caen.
FoiLEBÀRBE, maire, àBeanmani
(CaWados).
FoNTEiUT (de), propriétaire, à
Lonvicrs.
FogrrCTTB (de) , député , à Caen.
FoirrBTTE (le baron Louis de) , ca-
pitaine d*éiai4najor, à Caen.
PmrrETTB (le baron Xavier de) , of-
fleier d*infanterie , ^ Caen.
F#nrBiT , propriétaire , à Toorla-
vitte (Manche).
FoacBi (Charles) , propriéiaiie , k
Parfonds-de-Val (Orne).
FomviLLB ( de) , père , maire de
Lisieux.
FotHEviLLE (de) , fils , conseiller à
la oour royale de Caen.
FouBEET-DESPALLiiRES (Charles) ,
snbslitat, à Neufchitei.
FooCAO»*DBsiieealné, fabricant, à
Fiers (Orne).
FoDcni , agent d*aflaites , k
Laes.
FouLONCifE (Louis-Xavier), fiabrî-
cani d^indienaes , à Rouen.
Focai (Charles), manoCactorier, à
Elbeuf.
FoDMiEAinc , proiHTiétaire , à Fa-
laise.
FomuiBAux, membre du conseil
municipal , à Caen.
FoeRHET^PBTrr ^ pharmacien , à
Lisieux.
FoiTRtnET-BnocHATE , négociant , à
Lisieux.
FootufEUBT , rue de la Ferme des
Mathurlas , 98 , I Paris.
FocRmER, ancien principal du col-
lège de Dieppe, à Châtîilon-sur-
Seine.
DlSS SlBMfinESé 897
l^ouRODEium, agenl-voyer, à St- sieurs Académies, àEvreux.
Pierre-sur-6ives. ÙE^EBRiks , propriétaire , k Cher-
Frère père , ancien libraire , à bourg.
^^^^^- Ceret , ancien notaire , à Ste-Seo-
Frère fils , ancien libraire , à lasse-sui^Sarthe (Orne).
^°"®°* Oertais, avocat, à Caen.
Fret, curé , à Champs (Orne). Ger?ais , membre du conseil gé-
PRILBUZE (de) , avocat , à AÏençon. néral du commerce . h Caen.
Gaalon (le chevalier de) , proprié- GervaisProtais , fabricant, à
taire , à Avrancbes. Elbeuf. ' '
G vALox (Octave de) , propriétaire , Gigon de L\ Bertérie , député , à
à Moutiers-en-Cinglais (Caiva- Vimoutiers (Orne),
^^* )• ÔitBÉRf , médecin, à Avranches .
Gady, juge , à Versailles. Gilles aîné , propriétaire , à Va-
Gahârt, directeur de récole pri- logiios.
maire supérieure, à Lisienx. Gillotin fïls , ni'ijjocsant, îi Lîsieux.
Gaillard, avoué, à Neufchatel. Girird (Fulgence), avocat , à
Gallehakd, secrétaire de la Socle? ' Avrancheà.
té d'agriculture , à Vaîognes. Girard , manufacturier , à Dévîlle-
Gallet, membre de plusieurs So- lès-Rouen (Seine-Inférieure).
cîétés savantes , au Havre. Girard ( Eugène) , propriétaire, à
Garmér', négociant , à St-Lo. Laigle.
Gaskier, directeur des postes, à Girardin (J.) , correspondant de
Orbec. l'Institut royal de France , à
Gaudik de Saint-Brice , sous-pré- Bouen.
fet, à Avranches. Girardih (Antoine) , receveur des
Gaugain , secrétaire de Tévèché , finances , à Mortagne.
àBayeux. Girardville (de), curé, à St-Lo.
Gaultier (Alexandre-Félix-René), Gislot , médecin, à Carentan.
conseiller à la cour de cassaUon, Glanville ( de ) , propriétaire , à
à Paris. . Houen.
Gauthier, aumônier du collège de Godard , graveur , à AÏençon.
Lisieux. Godefroy fils , ancien négociant,
Gazan (de) , ancien député , h h Caen.
Hnest (Eure). Gosse , propriéuire-cultivateur, à
Gazan (de) fils , membre de plu- .Boissay (Seine-Inférieure).
58
B98 LISTB CfoÉBÀLS
GossELW , j^rceptear , à Coa- GtooÀLLB » avocat , à Sjint-Lo.
tances. Gioiilt ( Isaac ] , propriétaire , à
GoDBBAUx , pharroacien, à Cau- Cherbourg.
inoDt (Calvados). Gboolt , négociant, k Lîsienx.
CiOiiBBRviLLE (de)f propriétaire, Goéraro, maître de pension , i
à Contrit'Tos (Manche). Avi.se (Marne).
Goujon db Saikt-Thohas , proprié- Gu£rabd db La QcESNiiKiB , pfo^
taire , ^ Caen. priétaire , à Saint-André-sur-
GoQUUY (de) , conseiller à la cour Cailly ( Seiue-lnrt'rii'nre ).
royale de Caen. Goiam , horonic de lettres , à
GiuFrBY, maire deForroigny (Calv.) Caen.
Gbaihmiigb-Dbsdevxinbs, juge de Guérix-Le Goubt , propriétaire , à
paix, à Valroont (Soine-lufé- Avranches.
rieure). Gdebpel ( de ) , propriéuire , à
Gbainvillb (de), ancien magistrat» S le-Marie-Launiont ( Calvados ).
à Mortain. Guebrier , directeur de l'école de
Granduc (Auguste) , propriétaire^ chant , à Caen.
à Coutances. Gcilbert , banquier , ^ Caen.
Grandin (Jacques-Louis), négo- GuiLLENARD,pharniacien,ik YveloL
ciant, à Elbeuf. Guillehotead , propriétaire , à
GiAifDm (Victor) , député , mem- Goigny ( Manche).
bre du conseil général des ma- GoaLor ( Paul ) , secrétaire de la
nufactures , ik Elbeuf. Société d^agricoUure , \ St-Lo.
GBAnDVAL(de) Ûls, propriétaire, Guillot, ancien notaire^ â Cou-
à Valognes. tances.
GftANDVAL (de), propriétaire , à Guillooet , propriétaire , à Caen.
Saint-Lo. Goillout , noUire , k Neufcb&tel.
Graveixb'Desv ALLÉES, notaire , à Goito?(-Villeberge (Vt^de ) , pro-
Falaise. priétaire, à Montanel (Manche).
GnéGOiRB , architecte , à Bouen. GuijToif , receveur de Penrcgfstre-
Grellet (Jules), manufaclurîer , ment, à Gavray (Manche).
à Elbeuf. GuizoT, ministre des affaires étran-
Grehont fils , propriétaire , à El- gères , à Paris.
bcuf. Guy, archîlocle , h Caen.
Greïiier , propriétaire , à Gray , Guton ( Alfred de ) , propriétaire
(Calvados}. à Argentan.
DES MEMBRES. 899
Halaines (comte d') , proprié- Hellouin , juge de paix , à SainU
taire , à Domfront. Sever ( Calvados ).
Hamard , avocat , à Don]fh)ot. Héloois , vétérinaire , à Goutan-
Hamel , avoué , à Alençon. ces.
Hanel , greffier du Conseil des Henri» docteur-médecin, h Lisieux.
prud*horames , à Caen. Henry , instituteur , à St-Contest
Hahkun , pharmacien ^ à Saint- ( Calvados )•
Hilaire-du-Harcouet ( Manclie ). Henry , membre du Conseil mu-
' Hahelin , notaire , à Saint-Sylvain nicipal , à Cherbourg.
(Calvados). HAricy ( Mq>» d* ) propriétaire, k
Harasse I négociant, à Grauville. Caen.
Hardbl, imprimeur , h Caen. Herpe ^ employé à la mairie , à
HAiu)i^i.A.Y,.(Edo4ard)4>ropriétaire, Rouen.
à Rouen. Herpin , médecin , ^ Coutances.
Hardt (Cbarie^-Augustin)»notaire, Hervieu, avocat, à Coutances.
à Rouen. Hervieit, commandant de la garde
IIaroy (Jean-Vincoat}, manufac- nationale, ^ Ryes (Calvados).
turier, à Elbeuf. Hettier , directeur de l'assurance
Haodoc, propriétaire , à Equilly ^ mutuelle.,, à Caen.
(Manche). Heudron (Pierre) , propriétaire ,,
HAOtoa ( François ), commission- h Rouen.
naire on rouennerie , à Rouen. Heuzé , juge de paix ,. à Isigny
Hauzey, médecin , à Croissan ville ( Manche).
( Calvados ). Hiaumet (Pierre-Xean-Karin) ,'pro-
Havin, député, à Torigny(Manche). priétaire , à Saint-JuUen-sUr-
Hébert « docteur-médecin , à St- Sarthe.
Nicolas-d^AIiermoni ( Seine-In- HiLAms de Néville (Auguste-Lan-
férieure). rent), propriétaire, à Rouen.
HÉBERT , ancien notaire , à Roucq. Holzmann , négociant , à Caen.
Hébert , jjige de paix , à Gravi- Hommey père , ancien notaire ,. à
gny(Eure). Alençon.
HÉBERT , notaire , à Offrauville Hommey-Margautier , avoué à la
( Seine-Inférieure ). cour , à Caen.
Hegtot (leMq^*d') , propriétaire , Houdelliére , ingénieur civil aux
À Aubry-en-£xmes ( Orne ). Genèles, près Moulin&4a-Mar-
HtoARD , aégociant „ à Caen. che ( Orne).
900 USTB Gi!«BRALB
HooDEviLUc ( A. ) , propriétaire- Jàmot , curé , à Alcnçou.
CvUiyatenr, à OuvUlc-la-Riviëre Ieak Dclahare ( Cliarlemagne ) ,
( Scine-lDférieure). propriéialre , à Baycnx.
HocDEvaLB (Louis), négociant , JEBA^rrtE, avocat , à Coatances.
à Rouen. Jobert (Saiol-j^dme) , négociant ,
HooEL père, propriétaire, à St-Lo. à Caen.
HouEL, directeur du haras, à Lan- Jolt-Coquet , propriétaire, klïeaf-
gounay (Morbihan). châtcL
Hqcllier ( Charles ]f banquier, à Jolt ( Hubert ) , propriétaire , à
Elbeuf. Neufcbâtel.
Hqcssard , médecin des hospices, Jolt (Lou!s-Stan!s1as) , à Epinay ,
à Avranchcs. * commune de Londlnlères.
Huard-Maiixe , manufacturier , à Jonquot , propriétaire , à Monde-
Elbeuf. Tii|e,
Hti9ARD , avocat , à Neufcbâtel. Johel (Adolphe) , propriétaire , k
HoBERT ( Eugène -Julien ), notaire, St-Plerre-sur-DiTes.
k Alençon* Jumillac (Cm de) , à Gavriis.
Hue (Louis -Charles), à Mortagne. Kergorlat ( O* Alain de ) , pro«
HoGCES DE (^HAULiEc , propriétaire, prlétalre , à CasUIlj (Calvados).
aux lles-Bardel (Calvados). Kergorlat ( C^* Hervé de ) , pro-
HqiLLARD-DAicifEADi; .ancien maire, priélairc , ï Canisy (Manche).
à Vire. La Barthe (D« de ) , propriétaire ,
HcRAULT DE LicNT ( Alexandre- à Caen.
Daniel ), propriétaire, à Rouen. Labbet (Antoine) , propriétaire , à
HcREL , curé de Monsort , à Alcn- I^isieux.
çon. Labbey (Théodore) , doclewr-mé^
Horel-Masson, négociant, mem- decin , & Bayeux.
bre du conseil général , h Laigle. La Besjiaroière (de) ,'propriétalre ,
Irert, maire , &Gou ville (Manche). à Caen.
Isoif (0«d') , membre du Conseil Labotre (de) , propriétaire, à Cas-
général du Caltados , à Caen. tillon (Calvados).
Iver-Lagnistre , médecin-vétéri- Labdtte (A), avocat, à Honfleur.
naire , à Rouen. Lach ambre, pharmacien, k Dieppe.
James , pépiniérisle-propriéUire , Lacroix , maire , à Orbec.
à Ussy (Calvados). La Charpekterib (de) , Chartes-
Jamet (Pabbé) , à Caen. Lionel, propriéuire, à Mortagne,
DBS HBHBR89. 901
LacrAvre , jBge , à Evrcax. Lambert , con^iratcnr de la bi»
Lafortikiére , juge d'iostraclion , bliothèque publique de Bayent.
à Mortagne. Lambert , propriétaire , à Gonne-
La FOSSE , médecin des hospices , à ville , près Cherbourg.
Caen. Lascelevée fils , à Rouen.
La Fresnate ( Frédéric de } , pro- Landel , propriétaire , à Rétoni al
priétaire , à Falaise. (8eine-lnférieure).
Lacatirrrie ( de ) , commissaire- Langlois d'Amillt , ancien préfet
général de la marine , au Havre. de TOrne , à Alençon.
Lagerrevrat (le Gi>de) , membre Larglois d'Est airtot , avocat , à
du conseil général de l'Orne , à Rouen.
Mortagne. Lanseig:ce atné (Jean) , négociant,
Lahate (Paul), négociant, k Gaen. à Elbeuf.
Lahoussate (de) , élève diplômé de Laferblle, ancien notaire, & Saint>
Féeole des haras , au ch&teau de Pierre-sur-Di ves (Calvados).
Gomeville, près Pont-Andemer. Lapierrr , notaire , à Dieppe.
LaIré , professeur de mathéma* Lapostolle , négociant , à Dieppe.
tiques au collège RoUin, à Paris. La Prévotière ( de) , membre du
Lair , conseiller de préfeeture , à conseil municipal , fi Rouen.
Gaen. LariviAre , propriétaire , à Ecajeul.
Lkïk DE Beauvais , architecte , à Larocqtie ( C^ Léopold de ) , pro*
' Bîryenx. priélaioe , à Caen.
Lalax DE , pharmacien , ^ Falaise. La Rooellerie (B«n de) , préfet de
Lallevard , prêtre , k Sainl-Lo. l'Anège , à Fois.
Lallier , propriétaire , à raôtelle- La Sicotièrb ( 4e ) père , proprié^
xie (Galtndoft). taire , ài Alençon.
LUOQSL ( Emile) , propriétaire , à La Sicotière ( de ) fils , avocat , à
. Tinebebray (Orne). Alençon.
Lavarche , capitaine de vaisseau , LastiO'-St-Jal ( V^ de ) , adminis-
à Saint-Lo. trateur de TAssociation poite-
LAMARE-PicoooT,médin,à Roufleur. vinc , à Niort.
Lambert ( Eugène ) , propriétaire , Lautoub , notaire , à Argentan.
à Saint-Pierre-sur-Dives. Lavalley ,.aumônier de l'hospice,
Lambert, ancien sous-directeur de à Saint-Lo.
la maison centrale de détention Lavalley du Perrou , propriétaire ,
de BeauUeu , à Caen. à Baycux.
90S LISTB 6BNKRALB
La VAftRWEBM ( de ) , propriéiaira , LuaBruoa , propriéuire , à Urvflle
à SainuliO. (Galvadosy.
Uthab (de) , ooMseilltr à la cour LeBasmon, maire, à Evrecy (Cal-
royale de Oicn. vados).
La VILLE (de), procureardu Boi, à Lebretok , notaire boooraire , à
AfMBes. liouviera.
Ledaillt , secrôtatra de la mairie , Le Brumckt , iibcatrc » ^ Boaen.
à Gaep. Le B«m(l8idore),hoinme de lettres.
Le BAiBATCGfla^ , maire , à GoiUiD à Paris.
(Calvados). Us Bwr , docteur anédeciD , à
Lebarillibr , propriétaire , k Lé/hi- QneitréTlile (Manehe).
aey, |)rèa Caeii. Lecarboxhbl , maire de StrL».
LCB.VRT, propriétaire, à Gaoo. LaOâVisLiRR , propriétaîre , à
Lbbbc -Cratel , propriéiaire , à St-Lo.
Alençon. Lbcaveubr (Qusiave) , aéfsoeiattt ,
Le B4BOU , propriétaire ,.k Vinoal à (kieii.
(Galradoa). Lbcbr^, professeur en droit , à
Lkbla7(C«, hôtelier , à GtierliOttig. Caen.
Le Blond, ancien notaire, à Laigle. LtcnAiienni , horlogisr , à Gaen.
Le Blond ( Bogène ) , à Nesle-Ho- Lechaxtbux , maire de la Hajre-du-
deng. Puits (Manche).
Le BtofiD , propriétahe , à Eewii. Lrcoai^tier ,, propriétaire » à Mes^
LEBOncmiR. , nToeat , i Gaen. urj (Cal vados)<,
Leboinicje;oii&, avocat, à Dieppe LEcmivALiE^ orGmioicia*»» pro*
Le Botm<^aoi8 , propriéuhv «1 priélaive ,, à Avrançhes.
maire,, à BlosseviUe^^onsecomrs LEcnsyALiER djd GLOS-Fonn» prcK
(Seine-Inféiieura), prtélairo , à Talleveode (Cal-
Le D0URC&016, propriétaire,aa cëâ-. vados).
leaudc Long pré, près Ralaise. Ljbblbrg (Constanliu) » proprié-^
LcttOOTEiLLEft , sous -inspecteur taire , à Avranches.
des écoles primaires , à StrLo. Leclerc, ancien député, à Falaise*
Lebrbt, phannacieu , à Kooen. Lcglerc , propriétaire, à Mont^
Lbbrethon , ancien maire, à Vieux- sur-Veni (Manclie).
Fumé (Calvados). Leclbrc , médecin, i Caen.
Lboretron (Jean-Charles ) , uégo« liEOomTS ( Amédée ) , fabricant , à
ciant, à Rouen. Rouen.
Lbcoixtk , directeur grataît de la LerEBvnE , h Neafchàtel.
maison correctionnelle , anx Lefebvbe , dlrecteurdes constnic*
Oiarlreux , près Rouen. lions natales , à Cherbourg.
Lecointre fils, propriétaire, à Lepebvre, négociant, îi Cherbourg.
Alençon. Lefebvre , professeur de l'uni*
Lecojite, maire de ChanU (Orne). versité , à Dieppe.
Leconte, pharmacien , à Dieppe. Lepebvre-Doruplé (Nocl-Jacques),
Lecoq (Emmanuel) , propriéuiire , membre du conseil général et
à Martragny (Calvados). maire , à Ponl-Autou (Eure).
Lecoo-Gcibâ, négociant , 21 Ateû- Lefevre , maire , à Héranguertille
çott. (Manche).
Le GoRDiER , membre du conseil Lefevre , médecin des prisons , à
général du Calvados, à LisieUx. CouUnces.
Le Cordieç (Adolphe), auditeur au Leflacoais fils aine , conserva*
conseil d'Etat, k Paris. leur de la bibliothèque publi-
Lecoopeor , docteur-médecin , à que , à Caen.
Rouen. Le Forestier de Mobec , proprié-
Lecoort, avoué, à Pont-l'Evôque. taire, à la H aye-Picnot (Manche).
LECREPs(Abel), propriétaire, à Lefort (Henri) , président du tri-
Gaen. bunal de commerce , à Elbeuf.
Lechir , vicaire do N.-D.,à St-Lo. Lefoye , épicier , à Caen.
Ledart, juge de paix, à Evrecy Le François (Victor), proprié*
(Calvados). taire, à Caen.
LeDené , médecin , inspecteur des Légal, docteur-médecin, h Dieppe.
eaux de Bagnoles, à Domfront. Legendre atné , avocat, à Saint-
Le Déïert , propriétaire, k Percy, Michel-des-Préaux (Eure).
près St-Pierre-sur-Dives. Legentil, membre du conseil gé-
Lédier , membre du conseil gêné- néral des manufactures, à Paris.
rai , à Bacqueville ( Seine-ln- Legràrd , maire de Saint-Pierre-
férieure). sur-Dives (Calvados).
Ledoox-Wood , propriétaire, à Legras (Michel), propriétaire, à
Forges-les-Eaux. Neuville •Ferri6re.
Lefaucoecx , propriétaire, ^ Ga- Legras (Narcisse) , propriétaire , à
-vray. Neuville-Ferrière.
Lefébore , géomètre en chef du Leguerîiay , principal du collège
cadastre , à Evreux. d'Argentan.
9M LUTB tttWBMi K
LccoiLLON, avoué, à Cherbourg. Li MAUcaiEft « Juge do paix, à
LBWirETiEE f propriétaire , à Neuf- Laigle.
ch&tel. Lemari^iel , juge de paix , à Ca^
Leuodct , notaire , à Torigoj reotao.
(Blancbe). LeMa.ne, directeur de la dimion
Lejolys de ViLLiERS , coDseiUer à des bestiaux , au Haras du Pin.
la cour royale de Caen. Levari^. (Louis), proprit^taire-cuf-
Lejcmel, proprÎL'lairc» à Honfleur. ti valeur à Touffrévillc-la-Cor-
Lelau>ieb (Auguste), négociant « ^ beline (Scine-IafiTieure).
Valognes. Lehasquerier , notaire , à Chana
Lelokg , membre du conseil gêné- (Orne).
ni, ï Rouen. Ijeieilledr atné , propriétaire , à
Leloxg (Emmanuel) , à Rouviaj- Rouen.
CaUUon. LEyERcaieR-D^tUcssEz (baron), an-
UxosG , avocat , à Mortagne cien ministre, à Saint-Saëns
Leloup (Richard) , avocat , k Cou- (Seine-Inférieure).
tances. Lembsle , curé , à dauteville-suf-
LcLOUP , vicaire de Saint-Pierre , Mer (Manche).
à Coutances. Le Hétater , avocat , à Pont*-
Le Magiun ûis, négociant , à Cher^ l^vêque,
bourg. Le Moine (Louis-Jean) , contrôleur
Ljsmaistre , sous-préfet de Tar- de l'octroi , à Elbeuf.
rondissement de Cherbourg. LEMOi:<fE-DESMAREs, ancien député,
Lemaistre , conservateur du mu- à Avranches.
séc , à Avranches. Le M oirvE , négociant , À Caen.
Le MaItre, banquier, à Fécamp. Le Moxnier , principal du collège
Le 11 aItre ( Michel-François ) , à de St-Lo.
St-^uveur-Laudelin (Manche). Le Normand , maire, à Quilly (Cal-
Leharchard , avocat , à Vire. vados).
Leharéchal ( Alfred ) , proprié- Le NormaM) , notaire honoraire , à
taire , à St-Jacques-d'AUermont Bosc-le-Hard.
(Seine-Inférieure). Lenôrmahd , maître de pension , à
Le Mare aîné, banquier, à Cou- Pont-Audcmcr.
tances. Le Page , pharmacien , à Ci sors.
Le Mare-Lefcdvre , négociant et Lepaulmier , nc^gociant, à Caen.
cultivateur , à Coutances. Llpée , docteur-médecin, à Caen.
bËS MBMbRBà.
905
Le pÈm, cùr^ de Tîlly ( Calvados ). à CouUnces.
Le Pktsaîit , membre du conseil Lesage , propriétaire, à Rouen.
général > à Goutanôcs.
Lépesse ( (le) I propriétaire , à
Vierville (Calvados).
Lépine , docteur-médecin , à La
Bonncville ( Eure ].
I«EiK>RT, négociant» à Cherï)OUrg.
Lesaovage , chirurgien en chef
des hôpitaux , h Caen.
Lescaudev-Manneville , proprié^
taire , à Périers (Manche) ^
LEsiNÉCAL ( Adrien ) , marchand
de chevaux > à Bayevx.
Lepaestre , docteur-médecin , à L'Espinasse ( de ) > directeur du
Caen. Haras du Pin..
Leprètre f propriétaire , à Saint- Lesplu-Doprez fils , avocat , à
PaiMn-Mont (Calvados). Âvranches.
Le PREvost (Auguste) député, Lesseré-Gr^ozit, manufacturier,
à Bemay. à Elbeuf.
Lbprevost , 'régisseur du domaine Lesdbur , propriétaire , à Huppain
de Tancarville , à la Cerlangue , ( Calvados ).
( Seine-Inférieure ). Lesueur , propriétaire > à Esqoay
Lepriedr , docteur- médecin , à
Pônt-Audemer.
Leprircb , pharmacien , k Sain^
Saëns (Seine-Inférieure).
LeproVost , négociant, à Dieppe.
Leprovost , négociant , à Caen.
Leqdiic, huissier, à Dieppe.
(Calvados).
Letailleor » chirurgien, àAlei^-
çon»
Letbllier , inspecteur des écoles
primaires , à Caen.
Letbllier , maître d*hôtel , à
Dieppe.
Lerefait ( Nicolas ), propriétaire, Le Terrier , propriétaire , à U-
à Pont-Audemer. sieux.
Lerendu, notaire, à Bricquebec Le Tertre , prop'" , à CouUnces.
(Manche).
Le Rot , avocat , à Lisienx.
Lerot , sous-préfet de ^arrondi»-
sèment de Pont-Audemer.
Lerot, propriétaire, à St-Georges-
Lrtbrtrb , conservateur de la bi •
bliothèque publique de Cou-
t nces.
Lrtoret , docteur-médecin , à
Pont-Andemer*
en-Auge, près Saint-Pierre-sur- Létot , propriétaire , k Bayeux.
Dires. Lbtovrirvr (Victor), offleiercomp«
Lerot, avocat, àMortagne. table des subsistances milHai-
Lerot , professeur au séminaire , res , à Oran ( Algérie).
59
906 LISTE cbhAbalb ^
LspftBT , pharmftcieii , au Havre. à Sourdeyad (Manche).
LEVAtLLAirr , ancien notaire, à Lodvel (Jacques-Léonard), iiisti-
Blangy (Seine-lnféricure). tuteur , à Rémalard.
LEVAVAssEDR^arcbilecle, à Falaise. Loverdo (de), procureur du roi , à
Levavasseur ( Charles ) , membre Nenfchâtcl.
du conseil général , à Rouen. Lucette ( Jean-Charlcs) , inspec-
LévEiLLÉ père , négociant, à Mor- teur des domaiues, à tfoitagoe.
iagne. Mabire, à St-Gennain^*Eubles.
L£veill£ (Eug6ne ), négociant, Madrid (V^ de ), fondateur de
^ Morlagne. TÂssociation du Nord , à Ver-
Leveneur (Tabbé) , directeur de vins.
Fétablissement des orphelins , Magneville (de) , membre de plu-
à Caen. sieurs Sociétés savantes , à
LÊvÊooE, maire de Saint-Mars- Caen.
d'Egrenne (Orne). Magkt (Benjamin de),p ropriétaire»
Leverdats , maire de Mortain. à Rapilly, près Falaise.
Letisse, conseillera la cour royale Maillard (Alphonse), juge de
de Rotien. paix , h Sartilly (Manche).
Levt, chef d'Institution, à Rouen. Maille (Parfait-Grandin), propiié-
LHoavE (de) , membre du conseil taire , à Elbeuf.
général de l'Eure , ^ Evreux. Malcourotoi e , propriétaire , à
L*HopiTAL ( de ) , mafre d'^Evrenx. Noyers ( Calvados ).
Liais ( Eugène ) , négociant , à Malhorhe ( de ) , propriétaire , à
Cherbourg. Campigny (Eure).
LiaoGEs ( Vie de ) , sous-intendant Malleî , avoué près la cour royale
militaire , à Evreux. de Caen.
Lue (Ch.-U.) , négociant , 2i El- Mallbville (de), propriétaire , li
beuf. Douvreud (Seine-Inférieure).
LoRDE ( Constant ) , propriétaire , Mallevoce (Louis-Emestde), avo-
à Putot-en-Auge (Calvados). cat , à Mortagne.
Long , propriétaire-cultivateur , à Malo , administrateur du domaine
Croix-Dalle. du haras du Pin.
LoNGCHAHP , docteur-médecin, à Maltëre (Mq» de), propriétaire.
Eu. à Tubeuf (Mayenne).
LoziGiEif , propriétaire , à StrLo. Marcel fils , conservateur de U
LoRiE» (Théophile) , propriétaire , bibliothèque de Caen.
DKS MEMBRES. 907
MANNOiTkT (Phffippe), propriélaire, Mas (de) , propriétaire , à Farcy*
à Caen. les-Lys , près Melan.
Uàkodry ( Paul ), conservateur du HASQUERAT^ageut-TOyer , à Rouen.
jardin des plantes , à Caen. Massé (Alexandre) , propriétaire ,
Marc (Louis-Edmond), à Neuf- )iGuer\111e.
cbâtel. Massieo de Clerval , négt, à Caen.
Marchand , docteur-médecin , à MAssQN,ppro»à Montchevrel(Orne}.
Alençon. Masson , notaire , I Fiers (Omo).
Marchand (Eugène) , pha rmaclen , Masst-Desmaison s, commande de la
k Fécamp. gai de nationale , à Goutances.
Marchand (Auguste) , membre du Mathan (Bon de) , capitaine au l«c
conseil général , à Laigle. de lanciers.
Marguerit ( Léonee de ) , proprié- Maubec , pharmacien , à Elbeuf;.
taire , h Vlerville (Calvados). Mauddit , curé , à Granville.
MARGOERrr DE CLonAY,propriétaire, Maudoit ( Victor ) , secrétaire-gé^
à Savigny (Manche). néral de la mairie de Ronen^
Marguerte (de) , propriétaire, à Maurice de Saint-Léger (A.) , in-
Lorient. génieur en chef des mines , à
Marguerte (&• Louis de)» proprié- Rouen.
taire , à Bayeux. Maussion ( 0« de ) , propriétaire , h
Marie (Auguste) , chef de bataillon - Falaise.
de la garde nationale, k Caen. MAziER,docteur-médecin,li Laigle.
Marie , dfarectcur de l'école pri- Mecflet (de), propriétaire, à Caen.
maire supérieure , à Garentan. Médine ( Ci« de ) , maire de Bois-
Marie , juge de paix , à Isigny Robert (Seine-Inférieure).
(Calvados). MELAT8,docteur-médecin,h Rouen.
Marie (de Rots) , chef de bataillon Ménage, propriétaire , à Neufch&<*
de la garde nationale , à Caen. tel.
Marie , professeur au collège , k Ménage (Jules-Victor), agent d'ïis-
Cherbourg. surances , à Elbeuf.
Martainville ( Mqi« de ) , ancien Ménage (Albert) , manufacturier »
maire de Rouen. à Elbeuf.
Martin , docteur - médecin , à M énard (François), employé à la
Caen. mairie , à Rouen.
Martin de Vilu»s , propriétaire , Menard , prêtre , principal du ço)-
à Rouen. lége , à Gberbouj^.
90$ U$TB GiMlALB
MBRCiBft (B<»), dépoté , à Aleoçou. Moirmim ( de) ,
Meebadx (Aroédée) , professeur de Qaetiéville (Calvados).
musique , à Rouen. lIourcinT ( de ) , propriétaire » I
MtocL , commissaire -priseur , à Moutcuit (Manche).
' Cien. MoHTÉcoT (M q(« de) , propriétaire »
MuÀin , maire de St-Martin-de- à Vergoncey (Hanche).
Boscherville (Seine-Inférieure). MoinTLEniT (dé) , propriétaire , à
Mesril-Borakd (D«b de) , ï Mesnll- Karigny (Calvados).
Durand. Monthugbor (dé) , propriétaire , à
IIkzaize, propriétaire , k CoIooh Monthuchon (Manche).
blers-sur-SeuUes (Calvados). Moquet , propriétaire , à Sîoiivine
MicHAun (Eugène), maire , à Hen- (Manche).
gueviile (Manche). Morand-Lafeiullb, pharmacien ,
MiCHD , propriétaire , it Neufchàtei . à St-Pierre-«ir«Dives .
MiGROT , maire du Mesnil-Bacley Morel , Ihbrlcant , à SaintrPlerfe-
(Calvados). Eglise (Manche).
Millet-St-Pibrre (J.-D.) , courtier Morel (de),propriétûre,kÀlençoii .
d*assurances , au Havre. Morel , agent d'affaires , hBayeux.
MiLLEviLLE ( de) , Archambaud , à MoREL-FRAiiQDEviLLB,propriétaire»
Nesle-Normandenz. à Coutances.
MiLLT (de) , propriétaire » i Milty Morel , secrétaire de la sou^-pfé^
(Manche). fectnre , à Nenfchfttel.
MiQUELOT , vicaire de la paroisse Morige , notaire , à Creally.
de Ste-Croix , à St-Lo. Morière, professeur de mathéma-
MoiNBT , greffier , à NeutbhMeL tiques au collège royal de Gaea.
MolAor (de) , chevalier de la légion MoRiN^membre du consdl g^éral,
d*honneur » rueCanmartin » t6 , à Aunay (Calvados).
à Paris. Mqrim ( François ) , tadpteiir , k
Molbt-Lbjecre , négociant , k El- Vire.
beuf. MoRissE , armateur , à Dieppe.
MoifDESiR ( de ) , commandant du Morlauccocrt (de), colonel coift*
génie , à Cherbourg. mandant la place , à Gherbonrg.
Moricadlt ( de ) » maître des re» Motet , conservateur de la bibUo^
quêtes , préfet de Seine<ot- thèque publique d'Avrandies.
Marne , k. Melun. Motte ( Charles ) , propriétaire » à
Mo2«sAiNT , pharmacien , à Eibeuf. Garnetot (Calvados).
DBS MBMlilHS, 909
MooQUET , ancien sons-préfet de Olivier père » Yétérinaire » à Moiw
rarrondisseineiit de Dieppe. tagne.
MouQUET ( Adolphe) , négociant , Olivier (Edmond) , avocat , à Hor*
à Dieppe, tagne.
MoDSSARD fils , propriétaire , à Oshond , propriétaire , à Gaen.
Mauves (Orne). Ossbville (Ludovic d*), à Caen.
MouTiER , propriétaire , à Lisieux. Oursel , à Bertrevllle-St-Onen.
IfoT (de) , propriétaire , à Bosc- Pagmt , notaire, à Maizières (Gal<
Guerard - Saint- Adrien'. ( Seine- yados).
Inférie^ire). Paisaht ( Panl ) , propriétaire , I
MuRT , médecin , à Vire. Mondeville.
Mctel^Cavelak, maire, à la Ferté^ Parchappe (Jean*Baptiste-Max{rai-
Saint-Samson. lien) , médecin en chef de l^asile
Nasse , sous-préfet de l^arrondiss^ des aliénés , à Rouen.
ment de Lisieux. Parfait-Groult , docteur en mé-
Nasse ( Frédéric ) , banquier , k decine, à Rouen.
Lisieux. Parfait-Qoesn at, avocat, à RoueUt
Néel (de) , propriétaire , à Mesnil- Paru , propriétaire , à VUlers-sur-
Hubert (Orne). Mer (CalvadoA).
Néel (Gustave) , à Saint-Martin-la- Parhentucr , curé de Saint-Remy ,
Gorneili e (Eure) . à Dieppe.
Neuville ( Mqt« de ) , propriétaire , PARnEirriER atné , propriétaire , à
à Livarot (Calvados). Argneil.
NiGOLLE , ancien pharmacien , à Passt , député de l*Eure, à Paris.
Dieppe. Patron (Charles-Alphonse), avoné
NiGREux , propriétaire , k Saint- honoraire à La Bretèque , conH
Saêns. mune de Bois-Gniilauroe.
NoEL-AoNès , maire de Cherbourg. Pattat (S.-L.) , négt. , à Elbeuf.
Normand , cultivateur , à Bradian* Pattu de SAiirr-VmcEivT , propriè-
court taire, au Pin-la-Garenne (Orne).
NouFFLARD (HIppolyle) , à Elbeuf. Paulmier , avocat à la cour royale,
Qbet , médecin , à Cherbourg. à Paris.
Olive , docteur en médecine , à Paulmier père , propriétaire , à
Bayeux. St-Gernialn'Langot.
Olivier, ingénieur des ponts et Payen (Félix), agréé au tribunal
chaussées , à Pont-Audemer. de çomaierce , à RoneO'
910 M9TE QBlfiRALÈ
PAffAKT » agem^voyer , è Gms. Pnxoif , docteur-médecin , k Sainl-
pATtA2iT-Diici.m» propriôulre, à Pierre-sur-Dives.
Qmb. PmtLAirr, professeur, à Goulanccs.
PELLnm » docteor-médedn , à Pivoxr ( Alfred ) » négociant , à
Gmo. Ronen.
Pkuwl (YioUv) , pffopriélftire, à Piaoïrr jeune, febricant dlndfeo-
Cm». nés , membre de VAcadèmlo
PûuAnz (?Iîctet) , dfrecleur de h royale des sciences de Rouen ,
JlBViit ée Rimm » à Rouen. I Bolbee.
PâuAOX (Eatte), Imprimeur,! Pmcnox (Louis), propriétaire eC
Rouen. maire, k St-Yalery-sous-Bures.
Pfgu(iafqDes4ternard^uguste), Piiiel ( Eugène ) , horticulteur , à
leœiunr des hospices, à Rouen. Rouen.
PODiELLE (iules) , avoeut , à Mer- Piori (Léon) , fabricant de drap , à
Ugpie. Elbeuf.
Pbbuieb (Eléonore), négociant, à Pion, Iteutcuanl-colonel d'artllle-
Uaieiix. rie en retraite , à Alençon.
Psuor , Ingénieur civil , à Paris. Pipbuat (Amédée de), propriétaire,
PctET , président du trOiunal civil à Rouen.
de Bayeux. Piquet , avocat , & Mortagoc.
Petrokt (de) , propriétaire , à La- Pirch (baron de) , propriétaire » à
hode-^f Ayron (IfaudM). Avrancbes.
Pblippc , docteuTHnédeeta , à Pittoti-Despku , prêtre , & GoiH
Mortagoe. tances.
Pmau», médecin , à Louviers. Pl46rlat , greffier do tribunal do
PiGQvoT iUs , ftlatenr , à Rouen. commerce , ^ Etbeuf.
PiiL fils , solaire , à Orbec. Plduer fils , propriétaire , à Pont-
PiGAULT DE Beaupré , Ingénieur Audemer.
des ponu et chaussées , à Eta- Pldocrt , pharmacien , à Gaen.
pies (Pafr-de-^lais). Poedevin , ancien élève de Técole
PiBBUE (Louis) , maire de StrMar* polytechnique , à Caen.
tin-le-Gaillard (Seine-lnf^*). Poisson , propriétaire , à Barenton
PiGACHB , pharmacien , à Caen. (Manche).
Puah , capitaine au long-cours, à Poisso:« , président du tribunal de
Gaen. commerce , à Goutances.
PuAK, propriétahre, hAknçon. Polikièrb (de) , prop>«. , i Vbe.
DBS MEMOBESi. 91 1
PoLLET (Paul) , propriétaire et PrAfiui (Charles de) , aTocat gé*
maire , à Hâudricourt. nérai , à Caen.
PoMEREu (vicomte de) , au château PaâFELN (de) » propriétaire , i
do Héron-PomereUyprès Croisj- Argentan.
la-Haye. Preisser , professeur de physique,
PoNTAUMO^iT (Louis de) , proprié- à Rouen.
taire , à Cherbourg. Prel , homme de lettres , à Caen.
PoRET DE MoRVAif , soos-préfet de Prévallée , docteur en médecine,
l'arrondissement de Mortain. à Périers (Manche).
PoRQUET DE LAFERROKmÈRE (Aima- Prévost (Nicolas-Joscph ) , horti-
ble-Augustc), propriétaire, à culteur et pépiniériste au Bois-
Caen. Guillaume (Seiae>lnférieore).
Portes (marquis de), pair de Primois-Baragoat ^ à Laigle.
France , à Fervaques. Puchot , médecin ai^oint de Fhos*
PosTEL (Alphonse de) , proprié- pice général , à Rouen.
taire, à Martainville-du-Cormier Putsatb (marquis de) , à la Pny-
(Eure). saye , près Mortagne.
Potier-Lavardb , propriétaire^ à Qdeiuolt, atocal, siahre de Cou*
Coutances. tances.
Pottier (André), bibliothécaire en Quenaclt , avocat-général à la
chef delà ville , président de la cour de cassation , k Paris.
Société des amis des arts , à Qoehocille aîné, ppr«, à Dieppe.
Rouen. Quenouille, greifier,à NeufchâteL
Pouettre , ingénieur en chef des Quesun , avocat , à Cherbourg.
ponts et chaussées , -à Alençon. Quesnel , président de la Société
Poulain , pasteur, au Havre. d^agricullurc, à Coutances.
Poulet , avocat , ^ Dieppe. Quesset (Jacques-Arsène), mann-
Poulet-Malassis , Imprimeur, à facturier , à Rouen.
Alençon. Queské-Prieur (Victor), banquier.
Poussin (Alexandre), Ikbricant, à à Elbeuf.
Elbeuf. Quevremont (Bruno), banquier,
Pouyer-Hellouin , propriétaire , à à Rouen.
Saini-Waiidrflle-Rançon (Seine- Rabasse , ancien notaire , À Mont-
Inférieure). fort-sur-Rille (Eure).
Pracontal (de) , à SlrSyphoricn , Racaine, docteur-médecin, àMor-
aiTondissement de Mortain. tagne.
918
liAts rtntiÀti
lUiun-OoHiiiiL , Jage de pêlx , I
Flen (Orne).
BAiiDoiMim(Ce«llle) , niàaiiflKtv*
rier, àElbenf.
IUux»earé,à Liigte.
Bathord (le géoéni ), k Ptris.
Rbpotiillk , ei-pbanuaeieD , à
Elbevf.
HtCHÊE, conieHtorktocof royrie
deCaen.
Kbuhd (Gbftflet), prhicipel derc
denoUire, liGien.
RE2IA0LT , avocat , à LOQTlen.
Rbuult , Jage d'instnicUoD , à
Coutanoea.
BtRoop , garde da génie , à Cher-
bourg.
Bbvillb, Médecin de l'hospice , k
Elbeuf.
RtnLLC , ministre , I Dieppe.
RicRARi» ( A. ) , prfncipal de l'école
des haras , an Haras du Pin.
RiCRAnn, conscrvatenr des archi-
ves mnniclpales , à Rouen.
RicHER-L^EvÊQtns , négociant 4 à
Alençon.
RiHODET , propriétaire , à Cher*
bourg.
Roberge , homme de lettres , à
Caen.
RoBiLLARD , ingénieur en chef , à
Evreux.
Robin , évèque de Bayeux.
RocHEFORT , docteur- médecin , k
OuTine (Hanche).
RocHEFORT (de) , propriétaire , à
SirJean-de-SavIgny (Manche).
RoCBET , capitaine en retraite , â
HiesTine , près Sl-Pierre-sur-
Dlves.
RoiHER , propriétaire , à Paris.
Roger (Armand), propriétaire , à
St-Sever (Calvados).
Roger, professeur lia Faculté des
lettres , k Caen.
Roger de la Grouqoais fils , pro-
priétaire , à Caen.
Roger re la Chouquais, président
à la cour royale de Caen.
Roger de la Todrxerie, procureur
du roi , k Domfront.
Roger-Desge!tettes , à Séez.
Roque , curé au Mesnil-Patry.
RoissT (de), propriétaire, kVîUerS'
sur-Mer (Calvados).
RoLET (Victor) , négociant, à
Rouen.
RoLLm (Martin), président du con-
sistoire, à Caen.
RoLLiif ( E. ) , manufacturier , à
Elbeuf.
RossET , ancien conseiller de pré-
fecture , à Gisors (Eure).
Rossignol , avocat , à Cherbourg.
Rossignol, ancien maire, membre
du conseil général, à Laigle*
RosT ( Norbert de ) , propriétaire ,
à Bayeux.
RoDLAND , procureur général , à
Douay.
RoDLAND (Emmanuel ) , à Fieftou-
bert (Seine-Inférieure).
bBs UBiifiitfif;/
9lS
ttooLLtit i dociear en môdednc ,
maire de Saint-Hilaire-du-Har-
couct (Manche).
Rousseau » vice-conservatear du
musée , ^ Saint-Lo.
RoussELiN (Marcel) ^ premier pré-
. sident, pair de France.
RouviK (François) , négociant , à
Elbeuf.
tloTviLLB (de), propriélaire,à Hies-
ville i près S»«-Mère-Eglîse.
ISaffràt ,(Mq»» de) , propriétaire,
k EngrauTilIe (Calvados).
Gaillard , Instituteur primaire , à
Granville.
^AiTTr-CLOUD (Mqi* de), au château
de Fiervii1e-la-<}ampagne.
Saimt-Edhe (de), receveur-géné-
ral , à Saint-Lo.
SAinr^jEiuiAiif (de) , propriétaire ,
à Evreux.
SAiirr-GEBMAM (de) , propriétaire ,
à Versailles.
SAiKT-GERMAiif (dc) , propriétaire ,
à Avranches.
Saint-Germain , ancien jvoué , à
Caen.
Sainte- Marie (de) , inspecteur de
Pagriculture , à Paris.
Sainte-Marie (Albert de), proprié-
taire, Si Allemagne.
Saint-Quentin ( Ct« de ) , proprié-
taire , à Garcelles (Calvados).
Saint-Quentin ( Cm> de ) , proprié-
taire, à Saint -Quentin (Man-
che).
Salen (de), propriétaire, à Pierre-
pont (Calvados).
Saiéson i propriétaire , à Hycsvillc
(Calvados).
Sahson (Antoine), cultivateur , à
OnVan ville (Seine -Inférieure).
Saon (de) , propriétaire , à Sully ^
près Baycux.
Sarrans , agent spécial , au haras
du Pin.
Sartre ( le comte de ) , directeur
des contributions indirectes , à
Cou tances.
Saulct ( de ) , propriétaire , à
Rouen.
Sauvage (Alphonse), négociant,
k Elbeuf.
Savarv , substitut du procureur
général, à Ciaeii.
ScHNETz , propriétaire , à Flerd
(Orne).
Seigneurie fils , notaire , à Caen.
Sellier, manufacturier, à Gonne*
ville (Manche).
Semicron (Ernest), avocat, à Neuf-
châtel.
SÉMiNEL , directeur d'assurances ,
à Caen.
Senival ( de ) , propriétaire , à
Fleuré (Orne).
Senot ( Marin ) , propriétaire , à
Caen.
Seran (Cm de), maréchal-de-camp,
propriétaire , à Caen.
Serrt ( de) , ingénieur des ponts
et chaussées , à Valognes.
60
014 LISTB GBHÙUU
Seivis , maire ei membre da cob- Tasml jeiiue, proprièuire , à Ott-
seil géoéral de POnic , à Loq- viUe-la - Rivière ( Seine - Isfé-
gny(Ome). rieure).
Seshaisons (O de) , propriétaire , Tassillt , proresseor, à Gaen.
à Flamanville (Manche). Tessel , pharmacieD , à Goursenl-
Sevaistee (Paul), président do les-sur-Mer(Galfados).
tribunal de coiumerce , à Elbeuf. Tessier ( Basile ) » propriétaire , à
Sevestre , aucien avoué , k Caeu. Viday (Orne).
Sevestre , nouire honoraire , à TEsso.^f , propriétaire , à Gaen.
St-Julien-le-Faucon. Thu&radt , propriétaire , à Aamale.
SiGNARD D^OoFFiÈRES , propriétaire, Thierry , dojen de la Faculté des
à Gaen. sciences de Caen.
Sinon , membre de la Société dV Thillayb d'Hbodreyillb père, juge
gricuUure,&Caen. au tribunal de commerce de
SiMO!f , professeur de philosopiiie, Lisieux.
àMortain. TniRioiiJnspecteurdesforètsdeM"»*
Sorbier , avocat-général , k Caen. de M ortemart,ii Forges-les-Eaur.
Sote-Soribat , négociant , à Caen. Tbohas , ivoirier , à Dieppe.
Sozeao , propriétaire-agriculteur , Tbomike aîné , avocat , à Caen.
à Beanvaîs , près Niort. Tillt (Vi« de), propr« , à Caen.
SuRVAL ( Bon de ) y propriétaire , à Tillt ( G^ Ad|utor de ) , pair de
Quesnay. France, à Villy (Galvados).
Sozehoict , propriétaire et percep- Titer de Glatigrt ( Gt« de) , pro-
teur , à Lucy. priétaire , à Gaen.
Tabodclle (H.) , agréé et premier Tocqueville (Gt« de) , propriétaire,
suppléant de la justice de paix , à Tocqueville (Manche).
à Elbeuf. Tocqueville (V^ de) , propriétaire,
Tabdr , notaire , k Neufchâtel. à NaqueviUe (Manche).
Taillefer , docteur-médecin , à Tocqueville (B<« de),propriétaire,
Paris. à Gompiègne.
Taillefer , banquier , à Laigle. Torcy ( Mq>« de ) , propriétaire , à
Tanqueray (Paul), négociant , à Paris.
Agon (Manche). Tostain (Edmond) , propriétaire ,
Tardif de Peti ville (Gharle^, pro- à Caen.
priétaire , à Fontenermont (Cal- Tostain ( Pierre) , propriétaire , à
vados). Caen.
DES MEMBRES. 913
TosTAin , propriétaire , à EcoviUc Va^issat (Augaste- Alexandre de) ,
(Calvados). propriétaire » à St-Denis , près
ToucHET (Didier de) , propriétaire , Moriagne.
à Caen. Vai^ssay (de) , ancien préfet.
TouaARD , président de la Société Vantillabd (Victor) , manufactu-r
d'horiicnlUire , à Rouen. rier , à Laigle.
ToussAii^T ( Louis) , négociai^>, , à Vastel , professeur à l'école de
Flejr8(0me). médecine de Gaen.
ToDSTAiif (Cte de) , propriétaire , Vadbbzok (Jean-^Lonts) , proprié*
k Vaux-sur-Aure. taire, ancien notaire, à Bazoches-
Tragin , propriétaire , à Caen. sur^Hoesue.
Travers , professeur à la Faculté Vaucacelles (de) , propriétaii e , à
des lettres de Caen. Campandré (CaWados).
TRéeuTiEN , avocat , à Caen. Vadcellbs ( de ) , propriétaire , à
TrIforêt (de) , projHlétaire , à Lignou (Orne).
Tréforêt, près Neufchàlel (Seine- Vaugeois (Georges-François) , no-
Inférieure), taire , à ElJieuf.
Trillais , pbarmacien , à Saint- Vaugeois (Hippolyte) , avocat , k
Pierre-.sur-Divcs. Laigle.
Trolley , professeur en droit , à Vauqceliiv (B^n de) , propriétaire ,
Caen, à Ailly (Calvados).
TROUARn-RiOLLE,médecin,à Dieppe Vahooelin (E.) , membre du tribu-
TuLoqp DE LA Becqpetièrb , pro- nal de commerce de Bouen,
priélaire , à Fumichon ( Calv. ). Vautier ( Abel ) , membre du cour
ToRGis (Pierre) , propriétaire , an- seil général du Calvados , pré-^
cien fabricant, h Elbeuf. sident du tribunal de commerce
TuRcoT (0«) , pair de France , à de Caen.
Lantlieuil (Calvados). Vehdoeovre (Ct<^de)yancien préfet^
TcRGOT , ex-inspoclcur d'acadé- îf VcndcMivre (Calvados).
mie , à A\Tanches. Verdun delà Crenne, propriétaire,
Valmont , notaire , à Cherbourg. à Aucey (Manche).
Valory (de) , propriétaire , ^ Gaen. Véret ( Louis -Charles ) , juge , à
VAprçANO , docteur- médecin , à Elbeuf.
Yvctot. VéRoif , avocat et membre du con-
Vanssay (Alfred de), propriétaire, seil de l'arrondissement de Lput
à Moriagne. vlers , au Neufbourg (Eure).
916 LISTE GBNBftALB DBS MEMBRES.
ViBBiT ( Chartes ) , propriéuire , à Vivbpot , doctâtir en médecine , à
Coutances. ' Rouen.
ViBRATE ( Mqi* de) , membre de Vivrr (Léon) , professeur de bel?
FlnsUlui des prov«« de France. les-lellres , à Rouen.
ViEL.curé de Sonrdeval (Manche). Voism (Maurice), docteur en më-
ViGiiERAL (comte de), propriétaire, decine , à DeTîlle ( Seine-Infd«
à Ry, près Argentan. riem«).
VicoT, médecin , à GonUnces. Vt (Alfred) , docteur en médecine,
ViLLBis (Georgesde), propriétaire, à Elbeuf .
àBayeux. Walrjis, professeur de philoso?
Vwoirr (Philippe) , fondeoMnéca- phie , à Gaen.
nicien , à Vire. Warheci , négociant , à Paris.
ViHowT , Juge, k Coutances. Wattemarb, homme de lettres ,
VniGBirr , juge de paix , à Dieppe. à Marly-le-Roy.
VmcBTiT-CTftiLLE , médcciu , à WmWBH (de) , substitut du procfc
Dieppe. ronr du roi , à MorUgne.
VmcTiiiif iBR , médecin en chef des Wodiez , imprimeur , \ Caen.
prisons , h Rouen.
ToUl des membres : 1,399.
Nota. Le Conseil administratif a dû procéder à la radia-!
tîon de plusieurs membres qui n'ont point acquitté leur
cotisation , peut-être parce qu'ils étaient absents quand
on s'est présenté à leur domicile. Les noms de ces mem-
bres seront réintégrés sur la liste, dès qu'ils auront envoyé
au Trésorier la rétribution dont ils sont redevables.
MM. les Membres de l'Association dont les noms
seraient mal orthographiés ou omis sur la présente liste ,
sont priés d'en donner avis franco à M. Domin , Trésorier
de l'Association.
TABLE DES MATIÈRES.
Calendrier. _
Pagei.
StatÎ8liqueroutièredeNorinandie,parM« deCaumont. 1
Définition élémentaire de quelques termes d'archi-
tecture , par le même 3"^
De répeaqtre , de sa culture et de ses produits , ar-
ticle tiré de l'ouvrage de Schwerz iS*
|!^e sésame considéré sous les points de vue maritime,
commercial , agricole et industriel , par M, te vi-
pomte de Romanet • • ^18
^^^^"^^^^^
Mélanges d'agriculture.
Emploi du guano. ••..•• 233
Qualités fertilisantes des eauK 236
Formation des tangues. • 241
Dangers de l'endigage des rivières 243
Fertilisation par les sels ammoniacaux. ^ . . . 247
Alternance des essences forestières. . . • • • 257
Maladie des pommes de terre. , . ^ . . • • 265
Congrès agricole de la Normandie , session générale
annuelle de TAssocialion normande , tenue dans
la ville de Neufchâtel en Bray , en 1845. . . 273
Travaux des sections.
i'^<^^»on.— Enquête agricole 294
2* eection —Enquête industrielle. — Résumé des sé-^
ances des 24 , 25 , 26 et 27 juillet , par M. Bouv-
let de la Vallée 326
3^ «ec/ton.— Enquête morale. — Etat de Tinstruction
dans l'arrondissement de Neufchâtel 339
9 ■ fl 1 J
» î ^ 1
TABLB DBS HATrJEBKS,
Pageê^
EUhliwenients de bienfaisance 346
NoCede M . de Loverdo sur la législation de la pèche,
comparée i ta législation de la chasse , telle que
Ta établie la dernière loi 364
Rapport de M. le comte de Beaurepaire sur le Mé-
moire de M. Lucien de Boutteville , intitulé : Des
Sodétét de prétoyance ou de secours mutnels, . . 373
Notice sm* les eaux minérales de Forges , par M. le
docteur Cisse^nlle 382
Rapport de M. Drevet sur les forêts et bois de Tar-
rondissement de Neufchâtel 416
Rapport de M. Villain sur la péripneumonie des bêles
boyines du pays de Bray. ........ 456
Rapport de M. Leiong sur Fengraissement des bœufs
et des vaches dans Tarrondissenient deNeufcbâlel. 474
Rapport de M. Normand sur Téducalion des mou-?
tons dans l'arrondissement de Ncufcbâtel. . . c 487
Rapport de M. G. Lecointe sur rétablissement des
jeunes détenus de Rouen 507
Rapport de M. Hubard sur l'état de l'instructioa
primaire dans l'arrondissement de Neufcbâtel. . BJi
Rapport de M. Mabire fils sur Tétat de l'agriculture
dans l'arrondissement de Neufcbâtel , en 1845 ,
comparé à la culture ancienne 546
Mémoire de M. de Loverdo sur la statistique cri-
minelle de l'arrondissement de Neufbhâtel , pen-
dant les années 1810, 1841, 1842, 1843 et 1844. 566
Quelques considérations géologiques concernant la
recherche de la houille dans le département de la
Seine-Inférieure , par M. le docteur Cisseville ,
de Forges. ••.••«•«•••• 590
TABLE DBS MATIÈftËJ.
Page$.
Séance publique de clôture. • • • 635
Rapport du jury pour le concours provincial de bes-
tiaux. — Prix  décerner 646
Rapport de M. Lebarillier sur les procédés de M.
Guesnon '•-.•••••« 653
Rapport du jury pour les instruments aratoires , par
M. Houdelière 656
Rapport du jury pour les améliorations accoles ,
par M« de Moy 661
Discours de clôture , par M. le comte de Beaure-
paire 667
Rapport de M. PoUet sur l'état des irrigations dans
l'arrondissement de Neufohâtel.. • . . . « 674
Séance de l'Association normande à St-Pierre-sur"
Dives. 680
Discours de M. Legrand 681
Questions sur la culture des arbres à fruits à cidre
dans la contrée. — Procédés employés pour la fa-
brication des cidres et poirés, et la distillation des
eaux-de-vie 685
Notice statistique sur l'asile des aliénés de la Seine-
Inférieure , maison de Saint- Yon de Rouen , par
MM. L. de Boutteville et Parchappe 717
NOUVELLES
De l'agriculiure , de l'industrie , des arts , des
sciences, de l'enseignement et delà littérature.
Session des Conseils généraux de l'agriculture , du
commerce et des manu&ctures 808