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ANTIQUITES
DE LA RÉGION ANDINE
DE LA RÉPUBLIQUE ARGENTINE
ET DU DÉSERT D'ATACAMA
l'i i;i.i(:\Tin\s i)i: \a mission.
RappoK mur an* MijMion aelmitlflqu* en Amérique du Sud Ikilirie, Rcpiiblique
\u'<ntii»i-. (ihili. l'enui . |>ar (i. ur. (lhr.<.>i i MoNTfonT «-l K. Sr-NEclUL DE L* (ift*\«.E.
Gwrte des renions dea Heute-Pieteaux de l'Amérique du Sud Bolivie. .\rgen(inp.
Chili, Péniu), percounie» par U \li*%ion français*'. Carie drcM^ par V. iiiOT. d'aprè»
Irt travaut de» membnr* <lr la Miaaion, les kources originales inédiles et les docu>
nirnit les plus récent*, k l'échellp de if-jboncKi.
Las Isos 4ss Haut»-PUt«aux de l'Amérlqns du Sud, |»ar le lY M. Nbvki-Leuaiiib
avec la rollalmnition de MM. Havat. E.-A. HiaoB. K. Chbvkbvx, E. Maiiscii , J. Pelle-
r.HIX et J. TilOCLET.
Anthropologie bolivienne, par le D' Ciiervin.
Imne I". Kthnnint^ie, l)émoi.'[.i|ihie. Photographie iiietriipie.
Tome II. Anlhni|><itué(rii*.
Tonir III. Craniologte.
UagnlflUqns ooaaparés dss Bsuts-Plateaux boliTiena et dea régiona oiroonvoi*
■Inss . par G. Di CtiiQVt MorrrtMiT et A. Prit.
■i^plorationa géologiques dana l'Amérique du Sud, suivi de tableaui méléom-
logiqum, par G. Cnvan.
Antiquités de la région andine de la République Âxgmààam et du Déaert
d'Ataosma, |Mir Krir |U)W4>.
Tuiiie I". Vallées inirrandincs de la ni*pul>lii|ue .Xr^rnline.
Tome 11. Ihina argentine. Désert dWtaraitia et Province de Jujuv.
reoUIss aroMoIsflqass à Ttshnsnsoo. par (î. Coirtt et .VIrien de Mortu i i t
Psoas msnunslogtqiM dss Hsats-Plsissax de l'Amérlqvs da Sod, pu io
I»* M. Nr.\n -I.RMUnr ri (i, (ip\M>ii>irR.
Noiss physiologiques si médloslss oonosmsai Iss Hsuta-Plstssux ds l'Amériqus
do tod. |Mr le ir M. Nivbo-Lbii«iri.
yJéoBlalegiquss . |Mir M. Dovli.
Oéogrsphie des Hauta-Platssux dss Andss. par V. lluoT.
MISSION SCIENTIFIQUE
G. DE CRÉQUI MONTFORT ET E. SÉNÉCHAL DE L\ GRANGE
5'0'<=
ANTIQUITÉS
DE LA RÉGION ANDINE
DE LA RÉPUBLIQUE ARGENTINE
ET DU DÉSERT D'ATACAMA
PAR
ÉRIC BOMAN
TOME SECOND
CONTENANT 1 CARTE, 51 PLANCHES ET 45 FIGURES DANS LE TEXTE
PARIS
IMPRIMERIE NATIONALE
LIBRAIRIE H. LE SOUDIER, ROULEVARD SAINT -GERMAIN, I7'i
MDCCCCVIII
\i-
X& S". S7
LA PUNA
ET SES HABITANTS ACTUELS
2()
lill'lirtll.nit Ml
L4 PUNA.
Le '2'2 juin igoS, je laisse derrière moi Incalmasi et j'entre
dans le défilé qui donne accès au haut plateau. Ce défilé porte
sur les cartes le nom de Cuesta ou Abra de Munayoc, mais les
habitants du pays disent : «Cuesta de Munano))^'^ C'est un
étroit passage en zigzag qui serpente entre de gigantesques
masses de roches. Une fois parvenu au point culminant, on
voit, vers le Sud, les neiges du sommet du Nevado del Acay, la
plus haute montagjie de cette région, probablement entre 5, 800
et 5,900"" au-dessus du niveau de la mer^^l La chaîne que
nous traversons est une prolongation de l'Acay vers le Nord. La
partie basse du défilé montre des roches schistoïdes très plis-
sées, de la même structure que celles qui composent les parois
des Quebradas del Toro et de Las Cuevas. Mais, au fur et à
mesure qu'on se rapproche de la crête, ces roches perdent
leur caractère schisteux, changent progressivement d'aspect et
passent, sur les sommets, à des quartzites non feuilletés, très
durs.
Je pensais traverser le col et arriver ce même jour à San
Anlojiio de los Cobres, chef-lieu du Territoire des Andes. Mais,
à l'entrée du défilé, je fus surpris par le redoutable vienlo blanco
(vent blanc) de la Cordillère. C'était la première fois que j'étais
témoin de cette tempête de neige, et j'ai compris depuis ce que
jusqu'alors je n'avais pu comprendre : comment ce vent peut
faire périr des caravanes entières et des troupeaux de plusieurs
'"' Le mot cueslu est cinployé dans les attribue /i,8oo"', tandis (jue, sur la carie
ntonlagnes de l'Argenllne pour désigner de M. Feliciano Lavenas, il est signalé
la partie d'une route ayant une forte In- comme ayant 6,3oo"'. Le l)"" L. Braoke-
clinaison et par laquelle on monte au col busch lui donne 6,000"'. Pour mol, TAcay
(|iii traverse la crête d'une chaîne de mon- doit avoir environ 5, 800 à 5,900'" de
lagnes. Ahra est le nom du col même. hauteur; 11 est en elVot |)lus I)as <|ue le Ne-
'') Les divers auteurs donnent des chif- vado del Chani, qui atteint (i, 100'", comme
Près très dilTérents pour la hauteur du l'ont constaté mes collègues de la Mission
Nevado del Acay. Martin de Moussy lui Suédoise de 1901.
36.
392 ANTlonTKS DK LA llK(ilON ANDINK
milaiiu's cir Ixnifs pMi<lanl Iriir passage «l»- la ( ioidillcre. Le
temps était l>oaii, et soudain la tciii{)ête se (Iccliaina; un v(>nt
tn-s \iolrnt auKMiait une neige dense, coni|X)M''e di' (ines
ai'Miilles df glaci*. .IVtais (orl l)irii rn\<'ln|>|)«' ri»- plusieurs
manteaux et ponchos et j'avais la tète rouxerle d'un cltusl» ' en
laine. Malgré cria, en un instant, je lus |)ns(jue g«l<'. Il me
Nend)lait «nn* les aiguilles d«; glare eussent lra\ersé les \«'le-
ment> ej>ai> (nie je |x»rtais : je sentais des |)iqiin>s d'aiguilles
sur la IMMU. J(* iMMisais involontairement a la marche de Don
Diegode Mmagro, danssa roncpiètedu (iliili.Ovalle 278. i. y. il\\ ^
(Mii a dipeint les soullranres des Kspagnols pendant leur tra-
versée de la (iorflillère, «lit (pie el frio y el vienta les traspasahan
las rntrahas \*\v froid el le \ent Imr transj>er( aient les en-
trailles* . (i'i'st bien la la .sensation (pn* me lit eproii\er l(*
• \eiit hianr ». La temjM'tj? im>iia(;ait de me desar(,*oniier, tant il
était dillicile de se tenir en selle. (]e|)endant je inV>tais ])ro|K)s<''
d'arri\er à San \iitonio d<; ios (iobn\s le .soir même, et, bien
(pi(> iiM's muletiers lissent des protestations, je leur ordonnai
de continuer leur cliemin. Mais un \ioleiit rou|) de vent jette
à tern* et fait rouler 1*1111 des inulels cliargt's de bagagrs, un
animal grand et lort , (|ui |Hirlait des colis (11111 |M)ids dt*
l 'io kilogrammes. Lèvent lui tait taire un tourcoin|)let maigre
les malles attachées sur son dos. Les muletiers le relèvent,
ronimeiicent à arranger sa charge; un autre mulet lombr.
(^inxaincn (pi'il était im|K)Ssiblr <!<■ Iiittn plus longtemps
contre rim|M'tiiosité du « viMit blam ', je lis rebrousser chemin.
\,v lendemain, j'arrixai a San \ntonio (le Ios (iobn>s.
i. •xlremile sud du haut plalr.ni sud-américain, dniil l.i < on-
tiniiation \ers le NonI forme Y lùitrc-Sierms de la l^)li>ie et
du IVroii, apjKirtient à la Hé|)ubli(pii> \rgentine. La partie Kst
"' fkailo, |Mi%M- iiHinlaifitr , «nrir il Vn li'*lr. Uisvanl iinr iNivrrliirr iMmi U- nn.
«rln|i|ir m IrirttI tir Unir, dp ti|;n);n«* Ir» ypin ri la UNirJir , «Mivrrtiirc (|iii |m*iiI
griM^niirnirnl . <|irpiii|tlrarMl \r% \m\tr%\\ «Mrr «gramlir nii (liiiiinu«*r À volonl^.
ilii liaiil |>l<«|p«ii \ji' fltmth r«Mitn* Imilr l»
I,V PUNA KT SKS HABITANTS ACTUELS. :]{)?y
du haut pays argentin, nommée la Piina de Jiijuy^^\ entre les
'l'i^ei 2 4" degrés de latitude sud, était, sous la domination es-
pagnole, une merced royale en faveur du chef de la famille de
Campero, marquis del Valle de Tojo. Après la guerre de l'In-
dépendance, ce territoire a appartenu à la province argentine
de Jujuy, bien que dans la première moitié du xix*^ siècle il
fût continuellement occupé par des invasions boliviennes,
dont la plus importante fut celle du général Guillermo Miller,
en 1825.
La partie occidentale de la Puna argentine, entre les 2 3'' et
27" Sud et les 69° et 7 i'' Ouest de Paris environ, est désignée
sous le nom de Pana de Atacama. Ce territoire est limité à TEst
par une haute chaîne de montagnes qui le sépare, au nord du
Nevado del Acay, de la Puna de Jujuy, et, au sud de ce pic,
(le la Vallée Galchaquie. Au Nord, la Cordillère de d'Orbigny
sépare la Puna de Atacama de la province bolivienne de Lij^ez,
et, au Sud, les montagnes de Catamarca lui servent de sépaïa-
tion d'avec les vallées qui forment la province de ce nom.
A l'Ouest, la limite de la Puna de Atacama est constituée par
la Grande Cordillère. Le versant de cette chaîne donnant sur le
Pacifique descend par gradins vers la côte, interrompu par
d'autres chaînes parallèles, d'une hauteur relativement peu
considérable. C'est ce qu'on appelle le Désert d' Atacama, qui
relève de la République du Chili.
La Puna de Atacama fut, à l'époque de l'Indépendance
sud-américaine, placée nominalement sous la souveraineté de
la Bolivie, mais elle passa au Chili à la suite de la guerre du
Pacifique, 1879-1882. En 1899, le Chili dut céder ce terri-
toire à la République Argentine en vertu d'un jugement arbi-
''^ Puna, dans le sons argontin ot holi- Dans la Répul)rKjnc Argentine, on ein-
vien, est synonyme de haut plalcau. Au ploie aussi le iwoi puna conune nom de la
Pérou, ce mot est employé pour désigner maladie causée par la raréfaction de Tair
seulement les parties plates du haut pays, à une grande altitude au-dessus du niveau
c'est-à-dire qu'une puno est une plaine sur ào. la mer, maladie qui, plus au Nord,
le haut j)lateau, limitée par des mon- porte le nom de .<;oror/ic
tagnes.
.Vj-i WTinlITKS |>K I. \ llKr.loN \M>I\K.
Inil (lu L'nii\«Tii»-iiHiil <l. ^Klals-l ilis daii^ la (iiitslioii dr limiles
niln* vrs clniv {kinn. La IU'|)iil)li<|in» Vr^çriilim» rrij^ca aIoi-s, vu
Jaiixifr i()<»n, la Piiiia (U' Alaraiiia «'ii • trrriloin' national*,
cVsl-à-<lin' niaci* sous ra(linini>tra(i()ii clirorl»* du «,Mm\rnn*-
niriit ri'iilral dr ct'Hr n'|)nl)li(|in' IV-diTaliNr. Il nrnl Ir nom
olUricI i\v Tcrritorio de los [ndcs. «1 San Vnlonin dr lus (.nhirs
lui dj'si«^nr roniUH» son cIu'I-Iumi.
La Ii4»li\ir ri lr (iliili n'axaicnl rxrrcr cju um- snu\riain<'l«''
tout a lail nominale sur la Puna Av Marama. Ils se l)<)rnai«Mit à
nommer, parmi le> Indiens de rliarnii des |>elits liameau\ (|ui
V Cî\is|eiil, une autorité |)4U'tanl di\ei> titres, et ils laissaient l«'s
Indiens m* gouverner à leur «,Miise; ceux-ci étaient donc a peu
()ivs indélMMidants. (iet état «le choses s'explitjue |)arlaileinenl ,
narre (luil «lail prescjin" im|M)>sil)le de perr«*\oir des ini|H>ls
dune iniiNirlaïK-e (pirit ouipie, si minime (pTelir lui, et parce
<pie leN roinmunicalions regulien's entn* les dillerenls liameaux
à traxers des déserts tout a lait stériles sont très c<u*it<Mises et
très dilliriles, pmir ni" pas <lire impossdtles. ( ,r nesl cpi ru
l()oi (pu» la l^'pul)li(|ue Nrgentinea jiris des mesures s<'*rieUM's
iMiur entrer en j)ossession de son nouxean territoin* et |)our se
faire reronnaitre |)arles Indiens (jui v liahileiil.
La propriété cixile rie la terre n'existe «^uer»' «Jans la JNiiia de
Mac.Miia. Les seuls droits de |)roprieté de cet immense dés<*rl
sont Tondes sur dniv concessions d'orij;ineespaj;uole [mcirrr/rj
nalt's) axec <le> limites In»» incertaines et In's indélinies. l/um-
de ce> mcrredes fut conférée, le i .') mars iG.'^i, pii Don lelijM*
de All)orno7., jçouxerneur «•! capitaine j;énéral du n»i d Ks-
Iwi^^Mie dans la proxinre du Turnman et chevalier de l'onln* de
Santia^^o, à don l'raucisco \rias \rlas<pie/.. (.elle concession
donnait à celui-ci \vs terres de la Puna (pii n'étaient pas coni-
pri.HTsdaus jjfs mrnrdrs anteri«Mires; mais. <raj>re> le texte, il
est |)res(pir nu|Hissil>|r de com|)rendre cpirllrs sont ces ternvs.
I,e détenteur actuel des <lroits d'\rias \(*làs<pie7. pnMend ipie
tout le Territoire (les Vndes lui aiipartient. L'autre nirrccd fut
donnée, i>n i'(\i\, au général Luis José l)ia/., dmil 1rs héritiers
LA PUNA ET SES HABITANTS ACTUELS. 395
prétendent à la propriété de la moitié sud de la Puna de Ata-
cama. Les titulaires de l'une et de l'autre de ces concessions n'ont
jamais songé à faire valoir leurs droits : le territoire était pour
ainsi dire sans gouvernement et les terres avaient trop peu de
valeur pour qu'ils se donnassent la peine d'en prendre posses-
sion. Ce n'est qu'après l'établissement des autorités argentines
que le titulaire actuel de la merced Velâsquez a essayé de saisir
des fermages exorbitants, avec effet rétroactif, des Indiens, les-
quels ont toujours considéré le désert comme leur propriété.
Naturellement cela n'augmente pas la sympathie des Indiens
pour le nouvel ordre de choses.
Pour comprendre la vie humaine dans un J)ays, il faut se
rendre compte du milieu dans lequel l'homme est placé.
Gomme la Puna est un territoire presque inconnu géograj^hi-
quement, je crois nécessaire de donner un aperçu de sa nature
et de son climat avant de passer aux études que j'y ai faites
au point de vue ethnographique et archéologique.
La Puna argentine est un plateau d'un niveau presque uni-
forme, divisé par des chaînes de montagnes parallèles, dirigées
du Nord au Sud, en larges plaines composées d'un terrain d'al-
luvion si parfaitement plat que l'on ne peut pour ainsi dire y
découvrir aucune aspérité, excepté çà et là de petites colhnes,
cimes de montagnes enterrées dans l'alluvion.
L'altitude générale du plateau varie entre 3,4oo et 3,8 oo"'
au-dessus du niveau de la mer. La hauteur moyenne des chaînes
au-dessus des parties plates du plateau n'est pas considérai)! (> :
elle atteint 1,200"" environ. Les cols donnant accèsd'une plaine
à l'autre ont au maximum 4,5oo™ au-dessus du niveau de la
mer, le plus souvent moins. Nous avons déjà mentionné les
deux pics les plus hauts de la partie orientale de la Pnna : le
Chani, 6,100'", et l'Acay, d'environ 5,800 ou 5,900'". L(>s
Nevados de Cachi, entre la Vallée Calchaquie et la l\ma de
Atacama, ont plus de 6,000™; dans l'intérieur de ce dcM^iiier
territoire, il y a encore deuvon trois pics d'enxiron 6,o()()"'
396 VMI^UITKS DK \.\ HKrJON ANMINK
(rallifiirlr; rn ;^n/»ral, on jmmiI «lin- (jin" «rllr nlliludr. i rs[-
.i-dirr rii\irnii '^^oo* aii-<l«*ssii.s du iii\«'aii «(riHMal (in liant
i)lat(*au, «'sl l«' niaxiniuni dr liantrnr di's pics. La (irande(]or-
dilli'n' **sl plus lianlr (pu* los autres cliaîiirs : pliisiours de ses
pics ont 6,ooo", on inènie plus. La linnlr A*' la neij^e pcrjM'-
tnrllr, snr Ir (iliani, l'sl à environ r),8oo"'.
Les cliaiiies (lui traversi»nl la Pnna dn Nord an Snd sont,
prosqnr sans exerption, roni|>osres dr (piarl/itos d nnr ronuMir
j^ri.s vrrdalrr, (pn'hpndois ron«;«'aln'. On ohsrnr lnnjoui*s le
iiiènie pliénonicnc cpie nous a\ons vu à la Cuesta <!«• \lnnano :
le (piartzite de la bas«» des nionta^^nes est s(*liisl«Mi\ ••! li^ès
plissé, relui des sounnets est roni|)arl et non srlii>len\. Kn
(pi«'l(pieN ran's endnnts.on voit des «granits. L'én>sion a arrondi
re.H montagnes; les FornK's angulaires ou esrarjxVs ne sont pas
rrrcpirnies. Lrs p(>ntes sont ron\erles de |)etiles pierres déla-
rliee,*» ri <!•• Irrri' de del)lava;^e |)rovenant de I éro.sion.
\a*. iionl dt; la Pnna e.st rou>ert d'une ininiens<> rroùte de
trarlislr UM'Iaii^é d anriésites, de darite.s ri ilr rlivnlites. J'ai
oliMT\é ces Irarlivtes au piefi du volcan éteint le Tnsie (|)n's
de San \ntonio de lo^ (iohres), à SuMpies, antoitr dr (ioclii-
noca et Oasahindo, (*t dans le nord dn dcpartcMnent de Rin-
conada. Les trarlivtes y occupent dnnr un»' «'tencine ronsidé-
rahle. Il.s con\rent tout le nord de la Pnna de \tarania et d(*s
|)artii*s de la Pnna de Jujuv, au pied des nionla^Mies (|ui sé-
|>areut ces drn\ terriloin*s. Les Iraclivtes, étant plus n'»cenls
cpie rêlévalion (\rs rliaines (|uart/.ili(pies, n*e\isl«'nt (pie dans
les jKirties hasMvs. L'érosion a aj;i éner^M(pi(Mnent sur la croûte
tracliyti(pi(>; là où celle-ci est continue, vWv est sillonnée par-
tout i\r profonds ra\ins à parois |M'r|M>n(licnlain>s. Kn d'antres
endroits, I érosion .1 enlevé la pins ;;ian(lr parti<> d(* cette
cniùle et n'a laiss»» f|U(> de jM'tits pialeaux isoli-s. cpii jxMivent
avoir jusipi'à une centaint> de nietnvs de hauteur, éj;alenienl c^
flancs |>«'r|XMidirnlaires« ce cpii les rend preM|ue inaccessibles,
(les pialeaux ont un intérêt etlnio^rr,i|,)ii(|,|,.^ parce (pi'ils ont
.M«r\i aux liahitanls préliispani(pn's |>our y constrniiv leurs
I
].\ PUNA ET SES HABITANTS ACTUELS. 397
villages, protégés ainsi contre l'assaut des ennemis. Dans les
grottes naturelles que l'eau a creusées dans les flancs de ces
plateaux, nous trouvons les sépultures des autochtones du
haut plateau.
On a écrit sur la géologie de la Puna de Jujuy trois petits
ouvrages très intéressants, qui ont pour auteurs le D'' Ludwig
Brackebusch (74 et 75) et M. Vittorio Novarese (271). Récem-
ment, M. Florence O'driscoll (273) a traité aussi ce sujet dans
la description d'un voyage qu'il a fait en même temps que moi.
La Puna de Jujuy comprend deux grandes plaines, renfer-
mées entre les montagnes : la plaine des Salinas Grandes et
celle de Pozuelos. La première commence à la frontière boli-
vienne et se termine au pied de l'Acay. Elle s'étend entre deux
chaînes : à l'Est, la Sierra Occidental de Humahuaca; à l'Ouest,
les Sierras de Cochinoca et de Quichagua et leur continua-
tion vers le Sud, où le Nevado del Acay ferme la plaine, qui s'y
termine en pointe. Cette plaine a environ 260''°' de longueur,
en ligne droite; avec de bons mulets, il faut au moins cinq
jours pour la parcourir du Sud au Nord. Sa largeur moyenne
est d'une trentaine de kilomètres. Aux Salinas Grandes,
la partie la plus large, il y a environ 60''™ de l'Est à l'Ouest,
entre les deux chaînes. La photographie, y?^. S7 '^^\ prise
dans les environs d'Abrapampa, vers le Sud, montre l'aspect
(le cette plaine. Les montagnes qu'on aperçoit dans le fond
sont à quelque trente kilomètres de distance de l'objectif. Les
petits arbustes touffus qu'on voit sur la plaine sont des tolas.
Devant les montagnes, à gauche, se détache une ligne noire
ininterrompue : ce sont d'autres petites tolas, que le mirage
fait ressembler à de grands arbres au bord de lacs imaginaires.
Les points noirs à l'horizon représentent une caravane de mu-
lets se trouvant à 10 ou i5''"\ mais visible et agrandie gràc(^
à l'air pur et transparent et à la réfraction.
La plaine des Salinas Grandes forme, comme la plupart
''' Voir la planche XXXIII, page 4iG.
VtR VNTIoriTKS |)K I. \ hK(.ll>N \MHNK
(1rs plaines (in liant |}lat(an, nn hassni li\(lrn<;ra|>lii(|nr nidt'-
■ HMidant (*t sans rniissain*. L(*s canv <lf' la plaine v[ li'.s (ontMils
(les nionla^no (ini IrntnnnMit sr n-nnisscnl dans !•'> salines.
Leseanx provenant (In Nord forment le Hio de Mirallores. (pii
traverse la jH-tile La^nna de Rnnituvor et al)ontit a la l<Mi«(ue
La^nna de lluavatav(M' ou (îuavatavo; (M'Ile-ci na |)as de
rninninniration \isil)le avec les salines (pii sont pres(pn' ati
niènn* ni\ean (jne la lacune. Prohahlenient, de cette dernière
le» ran\ passiMil sons tern* aux salines. Du c(")te sud, les
Salinas (irandes n*çoivent directenuMit lArrovo del Mohmio,
vtMiant dn (iliani , et 1 \rrovo de San \ntonio on de Or^anuvo,
(pii \ienl de iVcis. 1 ne «(rande partie dn coui's de ce dernier
est ('»^alenient souterraine. La dillerence de nixean des dixei'ses
parties (\v la plaine est tellement insi<;ni(iaiite. (pie l'extn'me
Nord a ensiron .i, .)()(>"' d'altitude, et les Salinas drandes
.S,!<r)o". c'est-a-dire s(Mil«>ineiit i fio" de dillerence sur une
('iendiie de pu -^ de aoo^"*, f^es la^iin«*s scnit p«'ii prolitndes;
je n<* cn>is |)as (pie la |)liis «grande, relli> de (înayataYo, attei^nie
jamais i"" de prolondenr. \ leiMxpie de la seclieres.se, coUe
lacune est pres(pH> à .S4»c.
rnnies les plaines du liant plateau ont, dans leurs partii*s
l«*s plus basses, des salinas, ;;randes eti'iidnes couvertes d'une
concile stratiliee de sels, dont le chlorure de stKlinm con-
stitue relement principal. Les Saluias (tiandrs (»ccujM'nt an
moins i,.'»)»^" rarrt^s. J'ai prati(|iie des excaNations dans celle
couche saline en deux endroits dillerents, assez loin des lH>r(ls,
et j'ai mesiin», comm»' maximum de la rroùle de s«d, o*3o
d'épaisseur. Dans plusieurs eiidroils de la saline, le sel reii-
lerme du horate de chaux en luherciiles ^lohnlenx; ce l>orate
e.st exploite sur une «grande ecli(*lle par une conipa*;nie Ind^e.
L(»D'(i. I^>deiil)ender 64.p. ii8) le détermine iniiieralo^i(pi(*-
iiKMit comme l>oronatn»calcite. \ l'ei^Npie d(>s pluies, la salin(*
est (|uel(pie(ois conxerte d'eau.
Laiilre plaine de la Puna de .lujuv, celle de Po/.nelos, esl
U'ancoiip moins grande ipie les Salinas (irandes; elle a environ
LA PUNA ET SF:S HABITANTS ACTUELS. 3<J9
80*^'" du Nord au Sud sur •i5'^'" de Ttlst à l'Ouest. Les Sierras de
Cochinoca et de Santa Gatalina la bornent à l'orient et à l'occi-
dent. Au Sud, elle a pour limite les trachytes de la Sierra de
Quichagua. Elle est aussi plate que la plaine des Salinas Grandes
et d'un niveau plus uniforme encore. Au centre se trouve la
Laeuna de Pozuelos, d'eau salée, ressemblant tout à fait à celle
de Guayatayo, excepté pour la forme, car elle est presque aussi
large que longue.
La Puna de Atacama est divisée, par deux chaînes princi-
pales, en trois plaines s'étendant, comme celle des Salinas
Grandes, en de longues bandes du Nord au Sud. Chaque plaine
forme un système hydrographique indépendant, avec d'im-
menses salines au milieu, où aboutissent les eaux de la plaine et
tles montagnes environnantes. Quelquefois la même plaine est
divisée en plusieurs bassins à cause de petites élévations du
terrain. D'intéressantes études géographiques sur la Puna de
Atacama ont été publiées par MM. A. Bertrand (60), F. .T. San
Pioman (322), L. Darapsky (112) et E. A. Holmberg(166).
L'eau de la Puna est presque partout salée ; celle des grandes
lagunes particulièrement est chargée et même saturée de sel.
L'eau des rivières est aussi plus ou moins salée, quoique moins
que celle des lagunes. L'eau de ces dernières n'est jamais potable ,
ni pour l'homme, ni pour les animaux. Même l'eau des rivières
occasionne souvent, aux étrangers et aux bêtes qu'on amène
d'autres régions, des dérangements dans les organes digestifs.
Sur les bords des lagunes et des rivières, on voit toujours des
eiriorescences salines; de grandes étendues de terrain à sec
présentent fréquemment aussi ces efflorescences. Ces terrains,
qu'on appelle peladares, sont absolument dépourvus de vé-
gétation. Il n'y a d'eau potable, relativement peu salé(>,
que dans les petits torrents avant leur sortie des montagnes
et dans des sources à de grandes distances Tune de faulre,
quelquefois à So'^'" ou plus. M. Brackebusch (75, p. 289 et sulv.)
formule une théorie, qui me paraît acceptable, sur la forma-
tion des salines de la Puna et sur la provenance des sels qui en
t(M) \\ru)\ rrks dk i.a iiÉciioN andink.
siiluifiil !•• «Mil. Ci's M'Is S4*rai('iil 1rs m'Is iiKirins miiliMius dans
l«»s gn»s nmjji's, nrnbaMciiXMit jiirassi(jiu'>, (|iir rmi a Inmvés
au -dessous (If nn*s(iii(' toutes les salines ilr la H<-|iiil)li(|ue
\r;;»'nline. I/eau dissoudrait les siîls et les ferait moiitrr à la
surfarr.
Lr < iiiii.il «If hi l*im;i rsl r\ces.si\riiu*nt ncc »'l ass»'/. Iruid
|MMir sa latitudr.
La t«'iii|M'*ratun' dr l'air n'est pas trrs basse |>en<laiil le jour,
mais la nuit •■II** di'sccnd, toujours m loM-r rt muimiiI en été,
au-dessous de o". Pendant la jounitM', le soird, ires rarement
rarlié par les iiua«;r>, hrùlr Ir vovaj^t'ur (pii trav<*rse les
st<'|)|M's aridt's du IkiuI plateau, tandi> (piVi I ond>n' ou a froid.
L«'s jours d été, à midi, uiir rxiM-rimcr curinisr à lain* eoii-
sistr à mettre uin' main à ronihre, drrrirre le dos, rt l'autn*
«•\|K)sée au solril : pendant (pie cette dernière est prescjue
liniléf par les rayons solaires, on a la sensation d'un iroid , ass(*7.
inlriisr méiiir, sur l'auln*. Lnrsfpi'on a |oiii d'iinr rlialmr
assez agréable nsaiil li* rourlirr du solril, iint* dcmi-beuiv
apn>s, (piand Ir soleil a disparu derrière les inonta<;nes, on a
froid et il iaiit se vêtir davantage. Même pend.nil li*!»', ou
trouNe irecpiemment, le matin, l'eau rouNerle d iiiie rouelle
de glare di» i ou "à centimètres ilépaisseiir. \ussi |M'ndant la
|M'riode estivale |NMitH)n \oir soiivtMit les montagnes eiilièn'-
iiMMit couv(*rtes de niMge, (pii tpiebpielnis ne disparaît |kis
a\aiit midi. I.a IMiiia de Vlaeama m'a paru plus iroide tpie la
Piina de .liijuv.
La saison d'biver dure de piiii à août; comme été, il {.ml
( ompter de décembre à février.
11 <>st tout naturel (|ue la pn*ssion banunétritpie, à une alti-
tude aussi considérable, soit tn's basse. Les tableaux inétéon>-
logitpies insérés plus bas nt> contiiMineiil mallieureusement |)as
d'observations barométriques. Le seul n'iiseignement ciue je
|M>ssi>di> .-^ ce sujet »'st une movenne jïrise à Cocbinoca (3,.')Oo"
au-dessus fin niNenu de la mer), basé»* sur les observntioiis de
LA PUNA Eï SES HABITANTS ACTUELS. 401
Tablée Lavagna; cette moyenne est seulement de 491™"". Natu-
rellement l'extrême raréfaction de l'air a une grande influence
physique et morale sur les habitants du haut plateau. Cepen-
dant, comme nous le verrons, les Indiens sont rarement sujets
aux afl'ections qui résultent de ce manque d'oxygène et de pres-
sion atmosphérique. Ils sont capables de faire de lourds travaux
et des exercices corporels violents sans avoir le soroche. Mais,
pour l'étranger, c'est autre chose , surtout pendant les premiers
jours qu'il passe sur le haut plateau. Le moindre mouvement
un peu vif lui enlève la respiration et accélère les battements du
cœur. La nuit, on se réveille avec une étrange sensation d'op-
pression, et le simple elFort nécessaire pour se retourner dans
le lit fait perdre haleine.
La pluie sur le haut plateau est nulle pendant les mois de
mai à septembre, comme c'est d'ailleurs le cas dans les pro-
vinces de Catamarca, La Rioja et San Juan, du moins pen-
dant les mois de juin et juillet. Abrapampa et La Quiaca ont
239"""6 et 495"''"9 de pluie annuelle en moyenne, d'après les
observations que je donne ci-dessous. Catamarca en a 280""";
La Rioja, 297"""; San Juan, la j^rovince la plus sèche de la Répu-
blique Argentine, n'en a que 65°"", selon M. W. G. Davis (114).
Cependant je crois que le chilTre de près de 5oo'"'" pour La
Quiaca doit être exceptionnel; peut-être cette abondance de
pluie est-elle causée par la proximité de la Vallée de Sococha,
sillon profond du haut plateau bolivien, voisin de La Quiaca.
Je dois avouer que les chiffres représentant les observations
pluviométriques de la Puna m'ont surpris. Me basant sur mes
expériences personnelles, faites durant deux séjours dans la
Puna, en diflérentes saisons, j'étais loin de croire à une pluie
aussi abondante. Les grandes pluies n'existent qu'aux mois de
décendjre, janvier et février; ce sont, presque sans exception,
des orages violents et de peu de durée, avec tonnerre et
loudre.
L'atmosphèie est sèche; la momification rapide et conq)lète
des cadavres d'honimes et (fanimaux en est une preuNC. Les
-iir» WTM^l ITKS |)K LA IIKCJION \M>INK
onjjifsse cass«Mit, l»*s lèvres s«»j;i»rc<»nl, it's clieveux jH-nli'iit leur
s<)iipl«*sse; 1rs bottes, les courroies et les selles se dessèrlienl r|
M» l»ris«'iil, >1 on ne les graiss<* pas très MniNml. Tous ces faits
(léinonireiif (lUe ratuios|)liir<> d» l.i Puna rs[ i)(>au('OU|) j)lus
srclie (lue celle (les vallées interandin(>s, et cejx-nclant les obser-
\alions nn'|i'«nn)l()«(i(jurs (ionnciit prrsfjne 1rs niènjes inoviMines
(riiuiiiidilr ;ihiiospli<'ri(|iii' pour la Tuna : (i^i.'S p. ino de la
.saluralion à \l»rapaiiipa, et ')(),. H p. loo à La Ouiaca, cpie
pour les provinces interandines, dont les niovennes sont : jM)ur
(ialaniarca, r)i,6 p. loo; |M>ur La Hinja,()i..> p. in(»;rl |MMir
San luaii , (» '|,.) p. i no.
Les \euts Si»nl très \i(»lrnls dans la Piiii.i. Lfs priits csclones
V sont IrècpnMils. Le \enl transporte le sa!)!»' d nn rndioil à
lanlre ••! Ininn' dfs dnin's (pii clianj^MMil (•nnliiMM'iJrnn'nt de
place.
Lair est cliar«(è d^drclrliil»'. Lorscpinn hnld', iiifiiir lèj^ère-
UM'nl, les xèleuMMits nu cihou' le nnil diiii iiinirt, on sent
ininicdialiMuent lèlectricité. La iniil. 1rs lissus ou les poils
frottés produisent iiii*- Iiiiiihti' pliospjiorescente assez, intense.
Les s<'ules ol)ser\ations nieteorolo*(i(pM>s de la Puna publiées
jus^piiri consistent en une série bien incomplet»*, dressée par
labbe (leroninio LaNa^na 38 , a (iocbinoca. le donne ici les
nio>eini(*s de relte série. Kn i()ot, le bureau central de nié-
léon»lo^ie de l.i hepuMniue \ri;eiitnie a nisjallf un service
fi*obs4'r\ations an\ bureaux de |M)stes d'Abrapanipa ••! de La
Quiaca. .le dois à la jurande obli«;eaiM e (\>' \| |).i\is, directeur
de ce bureau central, les séries de ces diii\ endroits «onipre-
nant vin;^t-den\ mois, d'août i()o-> à mai i()n'|. et (pii sont
encore inédites. Dans ces dernières séries, les nioNennes nn'U-
sui'IIeH xiiil les résultats d'obser\ations laites à 7 beures du
malin et h 1 lieun*set 9 beures du soii. jns<pr,iu 3i décendin*
IÇ)ciJi; apK^s celle date, à H heures du matin et à 'i beun*s
el H heures du Miir.
LA PUNA ET SES HABlTAiNTS ACTUELS.
'lOi)
ABRAPAMPA.
AOÛT J 902 — MAI l'.to'i.
MOIS.
Janvier ....
Février . . . .
Mars
Avril
Mai
Juin
Juillet
Août
Sep loin h rc . .
Octol)re . . . .
Novembre . .
Décembre . .
Année
TEMPEUATUUE
MOÏE!*>E.
UAXIHUM.
dcgrds.
degrés.
l'i
72
28 8
l'i
05
27 0
i3
00
2'| 0
1 1
5o
20 0
8
l'i
2 '1 0
?,
7''
18 0
3
'12
1(J 0
h
92
22 0
8
5o
2G 0
1 2
-40
28 3
1^1
00
29 0
l'i
9''
272
I O
3',
29 0
tlegrc's.
- 3 O
— 00
-90
2 o
7 O
O
3 3
-90
- 0 o
PRESSION
<le
LA vArEvr,
atmo-
s|)licri(|uc.
8 2 1
8 82
7 08
0 o\
5 o'i
h 2 5
'1 22
.'1 G 2
5 /|i
7 Vi
8 92
8 7.
G Go
HU-
MIDITÉ
ATMO-
si'iiÉmyiE
relative.
G9 8
69 5
G'i 5
05 o
60 6
O2 o
Oi 0
58 2
O2 7
00 2
70 o
G7 7
O'i 8
MliililU.
7G 0
'i5 5
3o o
2'l o
i3 5
>3(i 0
VENT
DOMII>A>T
à 3 heures
après niult.
E.
N.
N.
N.
N.
O.
0.
O.
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iN.
N.
\.
N.
RESIME.
SAISONS.
lEM-
I'Éhatuue
MOYENNE.
l'IiESSION
l)E LV VAI'Ki;il.
HIMIDITÉ
ATMOSrilÉRlyLK.
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Eté (décembre-février)
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Automne (mars-mail
Hiver (juin-août)
Printemps (septembre-novembre). . .
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LA PUNA ET SES HABITANTS ACTUELS.
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COCHINOCA.
1" JUIN 18S1 -9 AVRIL 1882.
Janvier,
Février
Mars . .
Avril . .
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Juin . .
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Juillet. . . ,
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Septembre
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Novembre ,
Décembre.
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MOÏENNK.
6 77
8 o3
1 2 G7
i5 35
16 64
l'i 3i
Total de la pluie (i" juin 1881-9 avril 1882'
27 2
10 6
7 9
La végétation de la Puna est une des plus pauvres et des plus
mesquines du monde entier.
Les arbres manquent totalement, à deux exceptions près :
la auenoa (Polylepis tomentella, Wedd.) et le clmrcjiu (^Prosopis
ferox, Griseh.). Le premier est un petit arbre de la famille
des rosacées, atteignant jusqu'à 4°" de hauteur, à tronc et bran-
chage tordus et formant de petits groupes dans les quebra-
das (les montagnes, qui lui offrent un abri contre le vent.
La auenoa est de tous les arbres celui qui pousse à la plus
haul(î altitude dans la Cordillère. Le churciui appartient aux
caîsalpiniacées. Il n'atteint sur le haut plateau que 2 ou 3"
de hauteur, et il y est très rare; dans tous mes voyages à tra-
vers la Puna, je n'en ai vu que quatre ou cinq fois. Ces deux
espèces sont tellement peu fréquentes, qu'elles ne peuvent pas
être considérées comme ayant une importance quelconque»,
dans féconomie des habitants actuels. Dans la ])1aine ouverte;,
elles manquent complètement.
[.es plaines présentent une végétation de graminées durcis
et siliceuses, mélangées à d'autres herbes basses et surmon-
tées çà et là d'arbustes touffus et noirâtres, d'enviion 1"' de
hauteur. On ne peut rien imaginei- de plus inonolouc (juc
II. '7
^IMi \NTiniITKSI)K IN r.K.M'N \M>INK.
cviiv M*j;<'lalioii, Hniil 1rs tous sombres se ciMiloiideiit awv l-
i;ri» el le jaune sale rlii sol. Les |)laiites seinhleiit se déleiidn'
roiiire la \ioleiiro (les lem|HMes, eu s'euxeloppaul dans leui-s
hranriies a |M'lil feuilln«;e noiràlre.
(iciH'ndniil on noie c|uel(|iie dillrrenc»' enln* la \«'^'»'tation
dr la Inre leriiie, du sa!)!»' iiiniisaiit. d«'s hords drs saliiirs il
dr> endroits marécageux (mi sml.- i\r la pnsiiu.' dr I'imu (jiii
jaillit <!•• la terre.
Sur la t«Mre ferme, (muimih' \e«(étation hasse, on remanjue
surtout des ^ramiiu'es et des lé(;u mineuses, mais toujoui> dis-
s<''minées, ne formant jamais «çazon. Bien mai«;re r^l l.i nour-
riture (|u'\ iM usent trouver (|uel(|ues àm\s, (|ti<l(|ues lamas.
OnanI au\ montons, ils pn'ferenl les |)entes dr> monta^^nes,
on le lourraj^e est nn pru meilleur. Mnlre les lierhes il n a des
cactéfs basses, énineuses, roncln'es a terre. Au-dessus d»* r«*tte
végétation s'élèvent, disséminées, les /o/a^, ces arbustes noirâtres
dont nous parlions tout a I lifiirt-. L«>s ti^rs des (olas, d<»nt
les plus jçross(»s n'oul «pi»' 4 <>u ^)"" d't'paissi'ur, sonl !•• srui
condinstiblr drs liabitants de la Puna. Le mot tola ne si<;niiie
pas une rertaine esjM'ee d'arbuste; il est applitpié à pn's<pn'
tous ceux (pii lournisseul du rond)Uslibl<'. Les principales
esiW'n's sont : les svnanlberées (Ihiuntinuja alaianunsts. O.k.,
Senecio viridis. Pli il., llaccharis nucntphylla , II. U.K., J\ardo-
phyllnm armntum, iU cdd.) Reirlie; les verIxMiarées l.ippia linstii-
lata, (driseb.) Ilirnui. (très ctunmune, nommée aussi nca-rica)
et Vcritrna srriphioidcs, (idl. et llooh. ; la solanae»'»* Inhuma visatsa,
IlooL.ri \rn.: la lé«rnmineuse Pnlnifomuin llystrn\ {^l*liil.} (). A.,
et d'antres t-sprees de la mémr l.nniiji'; la t^^nétarér Kphedru
amenratia. Il tlll. ' .
I*n*s des lN)nls cb's salines, ces arbustes soiil rrmplan-s par
d autri*s tidas, les verlwnarées l^cpidophylliim aitadranifiilarc,
(\/ryrn) Itenth. ri //on/,., l't phyliavformr , [Meycn) llirron. \.r
•'' Im «Irlcf Il- cr« iilanlr» r»l m . Mllrpif ilo 1.1 Mivsion SuihIoÏm», Ir
ronfoniN* « b 1 ii«> 1.1 riiilcHiiMi D' l\nU. K. Krir* JM •
«Iv lMiUiiM|iir ilr U i'tiiM ilr Jujiiv, (aile |Mir
LA PUNA ET SES HABITANTS ACTUELS. 'i()7
sol, entre ces arbustes, est tout à fait nu, sans végétation , pro-
])ablement à cause de la présence du sel.
Les grandes superficies occupées par le sable mouvant sont
aussi garnies çà et là de tolas, dont les racines fort développées
pénètrent profondément dans la terre, réussissant ainsi à main-
tenir la plante fixe en dépit des orages.
En de rares endroits jaillit de terre de l'eau douce ou plutôt
légèrement salée. Il se forme là une sorte de marécage avec
une végétation un peu moins maigre que dans le reste de la
plaine. Un gazon composé de petites plantes vertes recouvre
le sol, et Ton y voit même des fleurs, jolies comme les fleurs
de nos plantes alpines. La couleur générale de la végétation y
est vert foncé au lieu du ton grisâtre de la Puna. On appelle
ces endroits vegas ou ciénegas. Les animaux domestiques y
trouvent une nourriture un peu plus abondante que dans la
steppe.
Dans la partie basse des montagnes et dans les quebradas,
riierbe pousse entre les pierres, jusqu'à 4,ooo et 4,500*" d'al-
titude. Les moutons peuvent trouver là, non sans jieine, assez
de brins durs et épineux pour ne pas mourir de faim. Les petites
cactées sont très communes sur les flancs des montagnes. A la
famille des cactées appartient une des plantes les plus caracté-
ristiques du haut plateau : le cactus cierge i^Cereus Pasacana,
[RiinipL] JVebh.)^ le cardon des indigènes. Ces cactus, qui ont
jusqu'à lo"" de hauteur, poussent sur les pentes des montagnes
et dans les petites vallées. Cependant ils ne sont pas très
communs; il y a souvent des distances considérables entre un
endroit où poussent les cardones et un autre. La limite d'al-
titude des Cereus dans la Puna de Jujuy est à environ ^/^oo"'.
Les> fi(j. 68 et 69^^ montrent de ces Cereus, de la Quebrada
del Toro. Le cactus cierge fournit le seul bois de conslruc-
tion qui existe dans la Puna. Dans les huttes des Indiens, tout
ce qui est en bois est en bois de Cereus : le faîtage, les poutres,
(') Noir la i)lanche XXIII, pge 378.
-iO» wrinilTKS |)K I.A HK(.I«>N \M»IM.
Ii'scliorons, 1«^ (xirlL-s fl l»'iirs caciivs, les tables, les métiers
à tisser. Les tahleaiix de bois de cactus ont un as|)(3ct asMV.
curieux : les faisceaux <le libres sont entrelacés de manière à
Iaiss4'r des ranj;ées de Imus dans le Imms. Les Indiens préliis-
paiiitnies s«* s(;rvaient aussi du lx)is de cactus : on en tn)U\e
toujours des débris dans 1rs ruines. L«' Ixtis de ('(mis n'est (jur
très dillirileiiimt <-ombuslil)i»'.
\ uuf altitude coiisidérahlf, la nu les (lereus «1 lr> (olas ne
iMiusseiil nlus et où il iiN a presfjue |)as de j^raminées «'t d'autn's
jierl)4*s, lis iiioiita;(nes du liant phiteau |)ortent iinr pbinir
curieuse qui stMile donne, à ces bauteurs, le (-oud)ustible né-
cessaire aux voyaf^eurs. Cette plante, la yareta [Acurclla nuh-
nanthns, Clos.; le liolnx t/leharia drs auteurs .ineiens] ««st uiir
oinb«'Hil«r«' formant entre 1rs pirrres de «grandes toulîcs (jni
ressi inblent a des gazons dv mousses. A j)rennère vue, on
prend ces toulfes |H)ur des |)ierres arrondies, recouvertes de
mousses, mais, si Ton .ittacjue la toulfr avec un couteau ou avec
unebacbe, on découvre, au-<lessous du tapis de leuilla^e mi-
nuscule, le j(ros tronc lij;neu\, entièrement souterrain. Ouand
ces troncs sont vieux et secs, la yareta est un «'xcellent com-
bustible, (pli n pn'Sfpie autant de force calorilicjue cpie le cli;n
In)!! dr t«-rn>. I )r> rnlreprises minières de l.i I'uiki, an|ourd iini
pn'xpic toutes abandonnées en raison des prix de trans|HH-|
trop elevi'»s, ont, prndaii! lun^'lrnips ri a\rc un résultat satis-
laisant, emplové la vaivta comme seul combustible |M)ur leurs
macbines à vapmr.
La culture est naturellemrnt , dans un li'rnloire aussi
|kiii\rt' (pir la Piina, rédnilr a s.i phis simplr r\prrs>ion. Dans
la Puna de .InjiiN, 1rs Indirns rnlti\enl comm«* plantes Imirra-
j;en's la bi/.criie r| un [h'U d or|;e, (jiii ne donne pas de j;rains,
|Nirre «piil ne mûrit |)as. Cette cnlhirr est ln>s n^duite et «n
jçénéral il n'est |»;is du tout sûr (pu* Ir Nova^M-nr pniss»- obtenir
le fourrage nécuss;iin' |H»ur si's niulrls, biiMi cpie dans (juebpies
endroits on im|)orte de la lu/.erne m'cIu* de la terre basse |M)iir
la \endre aux \nNaj»rui-s a d«'s pii\ l'xnrbilaiils. Les plantes
LA PUNA ET SES HABITANTS ACTUELS. 'iO<)
alimentaires cultivées sont les pommes de terre, la qiiiiwa [Clœ~
nopodium Quinoa, Willd.) et les fèves [Vicia Faba, Lin.). Parmi
ces plantes, les seules d'origine américaine sont les pommes
de terre et la cjuinoa, qui existe en deux variétés : cjuinoa hlanca
(blanche) et (juinoa rosada (rose). Les Indiens m'ont parlé de
pommes de terre sauvages qu'ils recueillent et mangent, mais
je n'ai pu en trouver à cause de la saison. Il s'agit peut-être
du Solanum tuberosiim à l'état spontané, si recherché par les bo-
tanistes pour décider la question de l'origine de cette plante.
De Candolle (92, p. /i2), après une étude détaillée sur l'origine
du Solanum tuberosum, arrive à ces conclusions : l'espèce est
spontanée au Chili, sous une forme qui se voit encore dans
nos plantes cultivées; il est douteux que l'habitation natu-
relle s'étende jusqu'au Pérou et à la Colombie; la culture
était répandue, avant la découverte de l'Amérique, du Chili
à la Colombie. Les pommes de terre de la Puna pourraient
être aussi d'autres espèces de Solanum, par exemj)le le Solanum
montanum, Ruiz etPav., en quichua lluki chocjue, qui est spontané
dans la région andine de l'Argentine. Les Indiens de la Bolivie
mangent encore ces pommes de terre , qui sont mentionnées par
les auteurs du xvi*" siècle comme étant l'un des aliments im-
portants des indigènes. M. Philipj)i (286 hU. p. 247), dans un ar-
ticle sur les pommes de terre et la coca, rend compte de plu-
sieurs variétés, ou espèces peut-être , de cette première plante,
qu'il avait reçues du haut plateau et de la province d'Atacama,
et qu'il avait essayé de cultiver à Santiago-du-Chili. Les in-
digènes avaient des noms spéciaux pour chacune de ces va-
riétés. Les fèves que j'ai vu cultiver sur le haut plateau ap-
partiennent à l'espèce Vicia Faba, sans doute originaire, selon
de Candolle (92, p. 253), du Vieux-Monde. Cependant les chro-
niqueurs, par exemple Herrera (164; dec iv, \. w, c. m; t. n, p. 226),
nous disent nettement que les Indiens cultivaient des habas
(fèves) avant l'arrivée des Espagnols. L'oca [Oxahs tuberosa,
Molina), dont les tubercules forment, encore de nos jonrs,
une partie importante de l'alimentation des Indiens (hi Pérou
',10 \NTIQl ITKS |)K l.K IIKCION \Nhl\l
il (Ir l;i li<»liNi«', ri dont loiis les anciens liislori<»^ra|)lies nous
iMiIrnl, iM^t j>asrnlli\V»c acliu'll«Mn«Mil dans la Pnna arj^M'iiline.
i.e mais, cet aliniriil si iiiijMulanl «l- I lioinnir dans prescjue
toute r\niéri(jur du Sud, ne |HHisse, dans la Pnna (le
Jlljliy, widenieul (jue dans (|url(ju«'s \allées très prntéj^ées
contre le >ent el il un mûrit jamais. (ie|M'ndant ou tronxe
narloul «le»» éj>i?% et des j;rains de maïs dans le^ si'pullures pré-
lns|)ani(|m's, et les ruines des «grandes cuilun-^ «n l< liasses,
à (iasahiiido, Sa\ate et Rinconada, démonlunl (|ue cette
niante v a élô jadis cultivée sur uiir «grande échelle, ce (|ui
iiidi(|ue(|ue le climat .1 du <'lian;;er depuis cette e|HMjue. Mais,
d'autre pari, les liahitants préliispani(pies de la Puiia de lujuN
aiiiHirtairul peut-être une j)arlir de leurs prox isimis de maï>
d«'s l«'in'> silui'i's pliishas, ((uiiiiie le lonl les liai)ilanls aclueU
de cette réi:ion el roimne le faisaient autrefois iiomhn' dan-
ciennes trihiis du li.nil pa\> hnliMi'ii , par rxnuplr 1rs Pacajes,
d'aiirès la irhilioii d»- \Iii(;mI(> dr i'eii.dosa 236. |). '.uj . Peut-être
les Indiens d)- l.i Tuna d«> lujuN iiu|N>rlaient-ils du maïs, à
travers la l'uua dr Xhuaiua, des (Mi\irons de San Pedro de
Vtacama «pii In-s prohahlemnil êlairul liahil«'s pai le luêmr
p«'upl«> ainpit'l ils apparlenaii'ui.
|)aus la l'uiia de \lacaiua, la < idhm- c^t nicon- |>lus ri's-
treinte (pie dans la Piina de lujii\. \ Sus(pi('s, la seul»* piaule
(pif Inii \ puisse cullisri- rsl l.i tjmiitxt.
Parmi Ifs animaux sauvaj;es de la Puiia , !•' plus remarcjuaMe
est la\ij;oj;ne lm7ir«i« Virunna. C.uv.). Mlle est assez, commune
dans toute la Piina, surtout dans la Puna de Juju\, et les ren-
contres a\er livs Irouprauv de ces jolis et «gracieux animaux sont
I un «les principaux aj;rêinents du voyaj^e à travers le désert.
Nous parlerons plus loin, paf^e ^fio, des inêlliodescpi iinploient
le.H Indiens |>our chasser la \ij;o^ne. L'autre es|)«*ce .sauvap* du
j;enn* \urhrnm. le hiianaco (i4fie/icni(i Huanam, Afrvr/i), est au
contraire jmu lr«'(pientr. Le j»rand c«>rf andiii, le lanun {^(lervas
nntisirtms. DOrh. rst ran*. Parmi Ifs |)fliK maniinilenvs, les
LA PUNA ET SES HABITANTS ACTUELS. 411
plus comimins sont la viscacha^^' {^ Lagidiani peravianum, Ciiv.)^
rongeur de la grosseur du lapin , habitant les fissures entre les
rochers, et Viicultuco ou oculto {^Ctenomys fïilvus , Phil. [syn.
Ct. brasiliensis, Blainv.?]), petit rongeur qui creuse ses terriers
dans la plaine , souvent si nombreux que de grandes étendues
en sont tout à fait minées. Le chinchilla [Erinmys Chinchilla,
Lichtenst.) n'existe pas dans la Puna de Jujuy, mais seulement
dans la Puna de Atacama. Le seul carnassier dont j'aie vu une
peau est le petit renard, Canis Azarœ, Wicd. Je ne sais pas si
le Canis magellanicus, Gray existe aussi dans la Puna, mais, dans
une grotte funéraire à Pucarâ de Rinconada, j'en ai trouvé un
crâne qui peut-être provient d'une variété domestiquée de cette
espèce ^^^. J'ai entendu les Indiens parler d'un furet [Galictis
vittata, Bell) et d'un chat sauvage (peut-être le Felis Colocolo,
Molina), mais si ces animaux existent, ils doivent être très rares.
Le jaguar et le puma sont inconnus dans la Puna aigentine.
On voit très peu d'oiseaux, sauf dans les lacs et les ruis-
seaux où abondent les oiseaux aquatiques et les échassiers de
diverses espèces. Parmi ces derniers , on note le flamant de la
Cordillère [Phœnicopteras andinus, Phil.), dénommé parina par
les indigènes. Le condor ne manque pas quand un mulet est
tombé mort; fon voit également autour des cadavres deux
autres espèces de vautours, plus petits. Le condor attaque aussi
les jeunes vigognes, les agneaux et les jeunes lamas. Un autre
oiseau de proie est une sorte d'aigle. Le nandou existe dans la
Puna, mais très rarement. J'en ai vu près de San Antonio de
los Cobres.
Les lézards sont caractéristiques du haut plateau. Ce sont les
seuls êtres vivants qui, en courant entre les pierres, animent
un peu la nature morte de la steppe. En les voyant parfois vu
grand nombre, je me souvins involontairement d'un passage
de Zârate (383; l. n, c. xiv; 1. 1, p. 79) : « De toutes les provinces de
son empire (l'empire de Huayna-Capac), on lui payait par an
('' Voir la nolo paj^'o (ji. — <'' Voii' pa^'o flf)! *'t //V/. I^l.'i.
^12 WTinriTKS I)K l.\ llK.rilON \M)I\I
1111 Irihiit (le ('•' cjiir clia(|ui' p.iNs |>ru<luisiiil, juM{ii('N-là (|ii<' ili'
(iii(>l(iii('s riirlroiU stériles (|iii im- |)r(Hliii>ai('iit aucuns iniils^
on lui nivnvait tous les ans une certaine (|uai)tit«' <!«' l«*/.ar(Js,
en sij;n«' cl»' redevance, hi«'ii (jm* (]u«>l(|ues-uiis dr c«'s endroits
fussiMit «•joi'^nés de (]uzco de plus (!«• trois c«'nts li<>ues. »
Nrainirnl. la l*una arj^futine «*st si stériit* (|u il ne serait |>as
(•tonnant (|u'rllr rût été Tune des ré;^ions([ni pavaient «mi lé/ards
Irnr tril)tit à lliira lluavna-(iapae.
I^*s animaux domestiques des Indi<'ns actu«*ls sont le mouton ,
le lama, rànt?, le rliicn, et (pnhpieiois. (hiiis la Puna de Jujuv,
II' cochon d'Inde ou col)a\e donu'stique \^(.ana Hobaya ,
\f«rrvyr.). Les troupeaux dr moutons ronstiturnt la iortunrdrs
Indiens. Les ànrs sont Ifur.s hélcs de somm»'. L«'> «rens très
riches dr la Puna de .liipis possèdent un ou d(>ux mulets, mais
les clie\au\ lie peiiM'iit pas MM'e sur le haut plateau. Dans la
plaine des Salinas (îrandt>s, il \ ;i (piel(pi(>s hétes à cornes dont
le nomhre n'excède ce|)endanl pas une centaine.
(hiant au lama \nrhcma Lama, lllu/cr)^ on n'en \nil plus
aux environs rie Salinas (irandes, ri ils sont éj^alemenl peu
lre(pienls dans le deparleini'iit de (iochinoca. Ils n ont été
presque totalement remplacés par le>> moutons et j)ar les àiu»s.
Mais, dans le nord dr l.i Piina de .Injuv — en Ya\i, liinconada
et Santa (ialalnia — el dans loiil» jj JNina dr Atacama. il existe
des troupeaux assez nomhreux. (iomme j«' lai sij^nalé paj^es 8()
el .^.i;), la plupart des os de lama (pir j'ai rxinnnés dans les
ruines et dans les sépnltnres d»- la Puiia de Jujuv et dv la Oue-
hrada del Toro smil plus Iréh's (pu- les os du lama actuel. La
race la |)lus répandue a I epinpie j)réhis|)ani(| ne était d«>nc moins
lorte <pie la race actuelh», ce (pii concorde avec les rens4'ij;ne-
mentsde Don Pedro .S<)telo Narvaez (253. p. i&i),à projx»» des la-
mas des (àunechin^'onsdeCiôrdoha.el é^'alement avec les études
cpi'a effectuées M. .Alfred N.hrin»; ^255. p. ^ih, .^i(i) surdescrânes
de lamas exhumés des .sépultun-s d'Ancon. L'un de ces crânes,
hien que nasaiil (pie la ;;iandeur de celui de l'alpaca, a\ait
le |Miil si'inhlable i ( rlui rjn lama. Il n a cependaiil dans mes
LA l'UNA ET SES HABITANTS ACTUELS. 'iLl
colieciions des os de lama très ro])ustes et très grands, si
grands qu'on est en droit de les considérer comme provenant
d'une race de lamas différente de la petite race dont nous venons
de parler. Mais ce sont des exceptions , et ces os très robustes
n'ont été trouvés que sous forme d'objets travaillés, comme le
tuhe, fi(j. lââ, de Pucarâ de Rinconada. On pourrait se deman-
der s'il ne s'agit pas, dans ces cas, de lamas d'une autre race,
importés de l'étranger, ou bien d'individus exceptionnels.
L'alpaca i^Aiichema Paca, Cuv. ) n'existe pas dans la Puna argen-
tine, à l'exception de quelques individus qui ont été importés
de la Bolivie à Santa Gatalina. Cette espèce ne semble pas non
plus avoir été élevée dans la Puna argentine à l'époque préhis-
panique, car on ne trouve pas dans les anciennes sépultures
d'os qui, avec certitude, lui puissent être attribuées.
A propos des Aiichenia, M. von Tschudi (353, p. 226,237,257,61
358), à qui nous devons de très intéressantes études sur ces ani-
maux, affirme que le lama ne se croise jamais avec l'alpaca et
que le croisement du lama et du huanaco reste toujours infé-
cond. 11 s'appuie sur vingt-deux cas de ce dernier croisement
dans lesquels il a constaté l'infécondité. Cependant les nombreux
renseignements que j'ai recueillis dans la Puna argentine et en
Bolivie démontrent le contraire. Partout j'ai appris des Indiens
que les huanacos mâles se rapprochent souvent des troupeaux
de lamas et s'unissent aux lamas femelles, qui quelquefois môme
se séparent du troupeau et accompagnent leur ravisseur dans
les montagnes. Ces unions sont souvent fécondes; le bâtard
ressemble au huanaco par le poil plus court et plus rigide que
celui du lama, mais il est comme ce dernier plus grand et plus
lobuste que le huanaco. La lama ravie par un huanaco retourne
toujours au troupeau quand le rut est passé; mais les bâtards,
quand ils sont gi-ands, al)andonnent fréquemment les lamas
pour se joindre aux liuanacos sauvages. Le bâtard du lama et
du huanaco est dénommé haarizo par les Indiens. Quant au
croisement du lama et de l'alpaca, tous les Boliviens que j'ai
inten-ogés à ce sujet m'ont afïiruié que ces deux espèces s'ac-
hl% VNTini ITKS l>K LA IlKf;i<»N WDINhL
rniinlcnt .snu\«Mit ri (|ii«* cvs iiiiioiis |>riiNriil pfn» fôcoiidcs. Ilii
(iiiirliiia, on a|)|)<'ll(' ce l)àtanl cliajni. Kii vv (|iii (-oiic<'riu' la
\i«rn«(iir, il naraîl (jim'II»' m» se croise pas avec les autres es|)èces.
l/iiiinressioii que pro<lui( la l*uiia sur le vovaj^eur esl lelle-
iiiriit i'lraii'(«',(nroii nr la ( roirait pas n'rlle. On se snil «'Inij^m''
il<> la Irrrc; il vrinhlr prr^qiic (pir Ion traNcrsc, an pas lent (in
ninirt e\t«*nn«', un pays lunaire. La nuclilr dr retl»» nature «'sl
ellravaute : elle n>n(l soinhrr, taciturne; on ne rit plus; on a la
poitrine serrée coin m»' (laii> un elau par cet air a j)eine respi-
rahle. Partout où le regard «-<■ poile, mi Noil les mêmes tons
s<)ud>res, j;ris, indélinis : la stej)|M" immense, triste, couleur
jaune s.'de à la<"lies m'iI noirâtre, où les montagnes grises, à
ronlonrs hrntaux, semhleiil «'-tre un rliaos «le rochers hrises, si
on l»'s Noit de près, et des nuages à lliori/on pn'curseurs <le la
tem|M'^te, si on les voit de loin. L harmonie maufpie ahsolument.
Kt tout srinldle dans ce! air raréfié; \*-> ()|>|e|s n'ont |)as de
contours lixes : ils sont entourés d un halo avant les couleurs
du six'ctrc solaire, comme m on les aperce\ail à traNers des
lunettes trop lortes. Le ciel, d un hien pale, n'est j)res(pu'
jamais nuageux. Les ravoiis du soleil ne lron\enl pas de ré-
sistance en pénétrant cet air d inie densité minime. La lumière
esl crue; elle heurte l'œil comme celle du magnésium. 11 n'v a
pas de |)enoinhre : seules rond)re nette, delinie, noire, et la
lumière hianche, im andescente, impitoxahle. Les photogra-
plii(*s du haut plateau le démonlrenl : Toinhre esl représiMitée
par une tache noire comme de l'encre; aux en<lroits iMisoleillés,
la terre est tellement hianche (pielle semhie couverte de neige.
Aucune transition n existe entre le noir «l le hianc; en n'gar-
dant ces photographies, on croit à une erreur dexposition on
de xirage. Un .silence ah.solu règne dans la Puna : |)as un chant
d'ois«'au; les ran>s êtres vivants ne lonl pas de hrnit et, si l'on
devance de (piel(|ues |)as la caravane, on n'entend ni la son-
lU'Ue du cheval qui guide les mulets, ni les cris et les jurons
des muletiers : l'air est si léger, «pie les vihratitms du son
LA PUNA ET SES HABITAMS ACTUELS. 'n5
s'éteignent presque immédiatement. A ôo"", il faut crier très
fort pour être entendu. Un coup de fusil ne se perçoit guère au
delà de loo"".
La tempête sur le haut plateau est imposante. Le voyageur,
monté sur son mulet, chemine lentement sans songer à l'orage.
Soudain le ciel, serein jusque-là, se couvre de nuages noirs,
l'un chassant l'autre avec une rapidité vertigineuse. Quelques
minutes encore, et les éclairs sillonnent les nuées, la foudre
paraît tomber partout à la fois, à peu de distance. On se croi-
rait parfois entouré d'un cercle de feu. Les hommes et les ani-
maux sont fréquemment tués par la foudre; les Indiens ne
veulent pas habiter ou séjourner longtemps en certains en-
droits, car il y a vraiment danger d'y être foudroyé.
La nuit est encore plus étrange que le jour. La lune, qui
adoucit le paysage dans le bas pays, produit sur le haut plateau
un elfet tout différent. Elle donne une lumière étrange, sinistre.
Si l'on s'éloigne un peu de la tente ou de la hutte indienne où
l'on s'est abrité, il semble que l'on est loin de la terre. Il est
impossible de décrire l'impression faite par un paysage de la
Puna éclairé par la lune; il faut l'avoir vu.
Les Européens ne peuvent rester longtemps dans la Puna
sans être envahis par une mélancolie qui amène quelquefois
des dérangements cérébraux. L'une des choses qui a le plus
d'influence sur l'Européen est peut-être l'absence de végétation
verte. Je me rappellerai toujours la sensation éprouvée lorsque,
après un premier séjour de deux mois sur le haut plateau, en
1901, je descendis à Jujuy avec deux de mes compagnons de
voyage. A la vue des premiers arbres verts, dans la Quebrada
de Humahuaca, nous fûmes pris d'une joie folle : nous faisions
des courses sur nos mulets, nous dansions comme des écoliers
qui ont obtenu un congé inattendu.
Pl. xxxih.
Fig. 87. — Plaine des Salinas Grandes, |)rès d'Abrapampa.
Kig. 88. — Apaclieta.
Pl. XXXIV.
-âwR^'^
Fig. 89. — Village de Susques.
I'il;. <)<>. — l'^glist! (le Siis(|ues.
LES INDIENS ACTUELS DE LA PUNA.
SUSQUIiS.
Toute la population delaPuna, à très peu d'exceptions près,
est composée d'Indiens purs, appartenant à la race andine; ce
n'est que dans des cas très rares qu'il peut y avoir dans leurs
veines une petite proportion de sang blanc. Mais, probable-
ment, ils ne descendent pas des anciens habitants du pays. Les
déplacements forcés, ordonnés par les Incas après leurs con-
quêtes, les guerres continuelles entre Espagnols et Indiens,
entre les Espagnols eux-mêmes et, après l'Indépendance, entre
les différentes républiques et entre les divers partis politiques,
l'exploitation des sables aurifères dans les premiers temps de la
domination espagnole, enfin l'abri sûr qu'offre le désert aux
individus poursuivis par les autorités des pays voisins et
l'immigration volontaire d'Indiens de la Bolivie, telles sont les
causes qui ont fait des Indiens de la Puna un mélange d'élé-
ments très divers, bien qu'appartenant à la même race.
Cependant il y a encore, dans la Puna de Atacama, des
Indiens qui y ont vécu, depuis l'époque de la conquête, sans
se mélangei' aux autres, conservant toujours leurs anciennes
coutumes et leurs anciennes croyances. Ce sont les Indiens de
Susques et de Coranzuli, districts montagneux, arides el froids,
en dehors des chemins, et qui ne sont jamais visités ni ])ar
un étranger, ni même par les Indiens d'autres régions ^'^ Ces
*'^ En dehois du rnaïKjue de lourrage ,
d'eau et autres ressources, un inconvé-
nient rend difîlcileun voyage à Suscjuos.
]l consiste dans la présence de graminées
toxiques nommées viscacliera par les In-
diens de la Puna. Ces graminées poussent
partout dans les districts de Sus(jues et
de Coranzuli, et (pielques bouchées sont
sulFisantes pour tuer un iiuilel , un clie\al
ou un i'ine. J'ai [)ublié (71) une élude sur
ces graminées dans le BiiUetin du Muséniii
(l'histoire naliirelle. Ce sont deux espèces
du genre Slipa : Stipa leplostachya , Grisch. ,
et une autre se rapprochant beaucoup de la
Slipa liYsIririna , Spegazz. T/une et l'autre
sont indiirér(Mnnient a[)pelees par les In-
diens viscacliera; cependant, à Susques,
on nommait la première espèce viscacliera
inaclii) (niàle),ctla seconde* viscacliera lirin-
bra (Icmelle). (]es graininces existent . spo
MH
VMlOilTKS |)K I.A I;K(.|o\ \M)|\K
IimIiimin (uiI loiijouis éli* pn'Mjiii» in(l«'jM'ii(hinl.s des Imis n*|)u-
l)li(|ii<'s (lui 1rs iMitoiin'iit, la B<»liNlf. If ^liili «1 I Arj^LMiliiH'.
LorstiiH' rr clprnirr pays \oiiliil. en i()oi, |ir«'ii(ln' jMisscssion
fl<* son nouveau l«>rrit<>in>, le prruiicr ^ouNcrncur, un ^MiéraK
fil un \nvnj;r aulour (\r la Puii.i pour liissiT Ir (IrapiMU ar;;«'n-
(in dans U's (iillrn'nl.s haniraux <1 Jndicus. Il se rrudil aNcr
mn' iM'lilr rscorlr à Suscjnes, mais li* dra|>4'au lui hrnir, vi \r
l'ouveriMMir «'1 son ••M-orlr durent •>«' rrlirrr aussi Nile cjuils
purent, aiiii dr m- pas être chassés a coups i\r j)i( rn- pai- l«*s
ra<lii|U<-iii<*nt,<l.in^ (oiil l<> ni>r(i<l<- la l'un.i
(if* AlaraiiM i-t , liirn «|iir lll(>i^^ rt>iiiiiiuiu>«
(iii'à Sut4|U<"t. «Un» piiuieun «Midrnit.s do la
l*unn (Ir Jiiju\. l.uSiipti hyitricina m- troiivr
auvti dan» la partir iiirridionale du haut
|ilalr.iii l><ili\icn, ;i |>.irlir du lo* drgn* dr
laliludr «ikI. J'ai rrcurilli la .S. leploitachyn
■ SllM|lim, k Piirarii d(> Hinrnnada rt n
A/ul|)ampa, et la .S. h\$lricina dans \vs
dru\ jimuim i'n«ln»il». Mon rolli-pi»* , Ir
\Y Nrvfu l^-iiiairr, a rnj»|M>rl(* <l«' l*ani|>a-
Arrnal, |in*a de Pulacavn (Htilitir;, una-
grainini^ tr ra|i|inK-hant lM>aurou|) d>- la
dfniitTi' «•♦|MTi». rt i|ui . •l'apn'* Ir» n-n-
v'i^nnni'nt» i|ui lui ont t-lv donnt'*» par
Ir» lndii-n«, r$l ^l'-ni-nruM*. M. Al«*j.indn»
IWrtmnd iSO. p- 7)j •*«t,Jr rroi«. le m'uI
«nyap-ur ipii avant moi ail nirntionm-
la rnrnchrra. Il dit ipic \v% Indirn» de la
(^irhrada dr Ourirna, rn l.i|»r/ (|\nli«ir],
lai ninnirfrrnt unr f^aininér v^non<*UM<
dr rv nom qui > |Ntu«viit rt iHait nior-
Irllr |Mmr lr« iiiulrl* ipii rn liroulairnl.
(Irllr |;rainini*« rr«vndilait n la /xt/o
kratm, rr qui indiqur qu'il t'af;il lurn t\r
la StifM ttplotlackirm.
I.'rflfrl t'itiipir dr rr» plautr* rU Irr»
|Nli«Mnl lr« r\\r\ aui . Ir^ Mudrl» , lr« ànr*
«pii rn manffrnl , nirarrnt dou\ ihi lrtii«
hrurr» a|Hrr<i rn a*oir |in«. ui^inr rn petite
quantité. Jr nr r<>nnai» |mi« dr iiM>rt dr
lama» rauvr |»ar Itnloxn .tlmn dr ir»
plantr«. rt Ir» liidirn* di«rnl qn<- Ir» lama»,
•UMÎ liini qur Ir» UrtiU. |N<ti%rnl rn nuin-
Krr «aiM tlangrr; mai» il r»l jilulol pn>-
li.ilii»' qur us lK't<% util iiiin^i-nt i>.is. i.r
•umt »rulriiirnt Ir» aniiiiaul rtrangrnt «pii
hroulrnt 1rs riicachrras , rru\ ilu |ia\» lt*«
laiMont «Ir n'tlr; r'«>»t unr ol>M>r\alion qui*
j'ai d'aillrur» |>rrM>nnrllrmrnt faitr |Miur
dnulrr* planlrs vrnt-nruv» dr i'Amrriqur
do Sud, rointni* par cxrmplr Ir iiinnio
( Itaccharii coiiJifolin , IX '.\
J'ai assisté h un m'uI cas de mort
itrcasionnrr par la riicachera. (Tétait un
ànr, originaire <ir la Qiirhrada dri r«>nt.
ami*n«'- |>ar un Indirn nllanl m tVilnir ri
qui |ia&»ait la nuit à Purani <ie Hinronada,
dan» la Punadr Juju\. I.'Indirn a^ait làrhr
sa In'-tr au pir<l d unr lollinr rou\rrtr dr
loufTrs tie Slipa Irptinlachyt. Is'nnr rn
mangra rt mourut Ir matin, dit uiinuli*»
il jM'inr aprr» mon arrivi-e n l'rmlniil où
il a^'onisail.
J'ai n*rurilli i-t rontmlr. a\rr tiHil Ir
»oin iMtftsililr , di* uomlirrut n*n»ei^nr-
mrnt» sur tirs c:k\ dr mort «Ir niulrt». dr
rh«'%nu\. «>rrasi«>nn«'» |Mir la ritcitchnn.
Ton» Ir» nnilrtirr» «^»nnai»»«'nt un rndmil .
nouuue lUrranras. u lourst «le» .Salina»
(ir.indit. Mir le rhrniin i|ui mène <ir la
Valir«« ('.alrha«|uir rn n«»li>ir. On % »oil,
loul Ir l«fng . iM'aurtHq* dr Slipa hytlricina ,
et les muletier* ) font toujours |»a»ser leurs
tmiqM>au\ au galop |>our rnqMVher leur»
U'-tr» dr mangrr «II* la ii*carhrra. A A/ul
itampa. rn dr»rrndant d'AI>rapainpa à la
<,hi«'lira«la de llumahuara. un Imlirn «pii
) lialiite m'a raconte i|ue de* muletier»
argentin» > ètairnl arrivé* un »nir rnntlai-
LA PUNA KT SES HABITANTS ACTUELS.
'il y
Indiens. Dernièrement, le gouverneur actuel, M. le lieutenant-
colonel Nicolas Menéndez, par sa fermeté et sa bonté, a réussi à
soumettre ces fils du désert aimant leur liberté et leur indé-
pendance.
Depuis mon voyage de 1901, j'avais le désir de visiter ces
Indiens, qui devaient olïrir un intérêt spécial au point de vue
ethnologique. J'ai une grande dette de reconnaissance envers
M. Menéndez, qui m'a aidé sous tous les rapports pour mon
excursion à Susques, entreprise assez difficile.
sant (jo mulets; les conducteurs avaient
lâché leurs bêtes dans une petite vallée
entre des montagnes, où poussait la visca-
chera : le lendemain, ^S mulets étaient
morts. Je visitai la petite vallée et j'y
trouvai encore les squelettes des mulets;
il y avait en effet de la Stlpa leptostachya
en abondance.
Lorsque j'ai questionné les muletiers
pour savoir s'il n'y a pas de remède pour
les animaux empoisoimés, ils m'ont ré-
pondu (jue dans 1res peu de cas il était
possible de sauver une bête qui avait
mangé de la viscacliera, et seulement
si elle n'en avait avalé qu'une très petite
quantité. Un des muletiers à mon ser-
vice m'assurait qu'une fois il avait sauvé
un mulet en le baignant avec de l'eau
froide pendant plusieurs heures. D'autre
part, les muleliers prétendent qu'on peut
prémunir les animaux contre l'effet de ces
graminées en frottant leurs gencives et
leurs narines avec de la viscacliera tri-
turée, et en leur faisant respirer la fumée
de ces plantes, après y avoir mis le feu; la
plante leur donne alors des nausées. La
chose est 1res possible, car j'ai essayé avec
plein succès la même méthode pour pré-
server les animaux de l'empoisonnement
par la Baccharis coridifolia, dont j'ai men-
tionné ci-dessus les propriétés toxiques,
qui pro\iennent d'un alcaloïde , la hacchn-
rinc.
Les échanlillons de viscacliera que j'ai
rapportés ont été analysés, à Paris, par
le prolésseur G. Pouchet et par le
D' F. Heim. Ils ont trouvé que la toxicité
des deux Stipa doit être attribuée à un
glucoside analogue à Tamygdaline, qui,
sous l'iniluence des diastases, se dédouble
en donnant de notables proportions d'fltiV/e
cyaiihydrique. Cet acide ne préexiste pas
dans les plantes et n'est mis en liberté que
par la réaction du ferment sur le gluco-
side à la suite du broyage des tissus quand
les animaux mâchent des plantes.
Les viscacheras ne produisent pas tou-
jours la même quantité d'acide prussiquo.
Ainsi M. Heim en a trouvé, dans la Slipa
leploslachja de Pucarâ, o^'oa pour loo^'
de poids sec, tandis que la même espèce
d'Azulpampa ne lui a donné que des
traces non dosables de l'acide; cependant
le cas des 76 mulets morts dans ce der-
nier endroit démontre que, là aussi, dans
de certaines conditions, la Sllpa Irplosla-
cliya peut être toxique. Par conséquent,
ce n'est pas la différence de région ([ui
détermine le degré de toxicité des Stipa.
C'est peut-être la saison , la lumière ou
d'autres circonstances qui en sont la cause.
La solution de cet intéressant problème
est réservée aux investigateurs de l'avenir.
Les Indiens superstitieux prétendent
que les animaux ne meurent pas de la
viscacliera si on les voit lorsqu'ils en man-
gent. M. le gouverneur Menéndez m'a
assuré aussi avoir \u un nmlet manger de
la viscacliera sans en êlre autrement in-
conmiodé.
<h20 VNTIoriTKS |)K I.A UK(;iC»N ANDINK.
A San Aiiloiiio de los Cobres, j'ai vu les premiers Indiens
de ce district : six prisonniers de Siisques «1 dr Coranzuli,
dontcinti innir rébellion. Ils se distin«;uaient par leur attitude
larourlie et nn'li.iiil»'. le lésai niensurés. mais re n\*st (pu* sur
Inrcln* sé\«'n' <lii rln'l dr jMjlicr (ju ils sr sont soumis ii rettr
niH'ration. Prn<lanl mon séjour à San Antonio, l'un des pri-
sonniers, IN'dn» (iar|)anrbav, s'évadr uiir niiil. Ou «nNnif un
servent ri IrniN snidats à sa rerliercJH', a\«'c deux prisonniers
romiiie j^iides. Les soldats sui\in'nl (hiKnnl 1rs li;u(»s dr
rindirn, mais ils les perdireni hirnlot. Sous les menaces d«'s
soldats, l'un des j;uides leur montra alors, sur le liant d'une
montn^Mic, un tout priil point lumineux provenant du iru
allume par Ir ru;;itii. Mais il n'rtait pas facile d'arri\er aux
nxliers où sr trouNait rindien; il fallut laisser les mulets et
rntrrprendrr a pied, dans l.i nuil, 1 ascension de la monta«(ne
Irè» escariMM». L«*s soldats a\an(;aienl dillicilement, sautant de
rocher en rocher. Kidin ils arrivèrent non loin de l'Indirn;
mais, si celui-ci les avait ajH'rcus, il aurait |)U facilement s'en-
fuir, f^ersonne en eflif lU' peut ponrsuiNre un de ces Inrliens
dans leurs monta^me>. I.e ser^'ent ordonna alors aux soldats de
tirer par-dessus le fu«;itif en évitant de Tatteiiidn*. l/onlre
sVx^rute, el l'Indien tond)e. La petite troupe se j)récipite, crai-
gnant d«' laNoir tué;on relève le fu«;itif,oM le secoue, et lina-
lement on s'aperçoit <pi il n ts| mh'mh' pas blessé. Ci était par
peiii , en entcMidant millier les halles, (pTil t-tait tombé, s'imaj^i-
iiant être mortellement blessi-. L»- lendemain, il était encore
persuade (piil axait et»' atteint, el le «hel de polire dut le fane
dexétir pour lui montrer (pi il n'axait rien.
\l. le j»ou\eriieur Meiiénde/. mit 1 Indien (iarpancbay à ma
dis|H>sition jMHir \r xoxaj^e à Sns(pies, afin «le me serxir de
j^uide v\ sj)érialemenl pnni m'aider à décoin rir, dans leurs
cachettes parmi les monta<;m's, les Indiens de c«* district (pu
mit rhabitndt» de s'échapper a l'approche de tout étran'^er.
\L Menende/. me domia aussi une lettn* |K>ur le cacicjue de
Siistpirs , hii oidnMM.Hil <le f.iiir Minr eu nia présence autant
LA PUNA ET SES HABITANTS ACTUELS. 'i21
d'Indiens que possible, pour être mensurés. Afin d'expliquer
cette opération si étrange pour eux, le gouverneur ajoula
([u'elle avait j^our but une étude sur leur intelligence, prétexte
habilement inventé et qui, plus tard, nous réussit à merveille.
Voyage de San Antonio de los Gobres à Susques. — Avec
mon prisonnier, je me mis en route le 28 juin. 11 fallait
d'abord parcourir dans la journée la partie sud de la plaine
des Salinas Grandes pour arriver au défilé dit VAbra de Cobres,
où Ton doit passer les montagnes qui séparent cette plaine
du district de Susques. Ce sont dix-neuf lieues (environ 95*"")
sur im chemin en partie sablonneux, en partie miné par les
lerriers des Ctenomys, où les jambes des mulets s'enfoncent à
chaque moment jusqu'aux genoux. Comme il n'y a pas d'eau
potable sur tout ce chemin, il faut faire le trajet en une seule
journée, ce qui est une épreuve des plus fortes pour des mu-
lets portant chacun 120 kilogrammes sur le dos. La végéta-
tion consiste en tolas; dans de rares endroits poussent des
toufPes de graminées dures. Le chemin suit toujours la direc-
tion nord, au pied de la chaîne de montagnes sans nom qui
h mitent la plaine vers fOuest. Cette chaîne est uniformément
composée du même quartzite schisteux que nous avons ob-
servé dans toute la Quebrada del Toro^^l Dans un seul endroit
entre San Antonio de los Cobres et Salinas Grandes, j'ai ren-
contré un Indien qui habitait une case en pierre, sans toit, au
pied des montagnes. Il y gardait quelques moutons et devait
apporter son eau de plusieurs kilomètres de distance. Cette
eau était fort salée; je ne crois pas que mes mulets en eussent
voulu boire. Les moutons devaient être amenés une fois par
jour à la mare d'où provenait feau.
''' M. Brackebusch (74), sur la carie Rcpdblica Aiiienlina, conslniidu sohre lus
insérée dans son élude de la foriualion dalos exisleides , y sus proprias observacioiics
pétrolirérc du .lujuy, délormine celle heclias duraiite los afins /<S7.) Iiasla ISSS,
cliaine couuue composée de <;ranil, mais pnr el D' Luis Ihnchebiisrli. — liisliliilo
il s'esl loclillé dans sa carie <;éologic|ue Gco(jrâfia) de C. Ilell/arllt , (lotlut).
générale ( Mapa Gcolùgico del Inlerior de la
2 s
V22 AMIOUTKS |)K I. \ liKCilON \M)INK.
ViTs iiiimiit lions arrivâmes à (iohros, luralilc sIIihm» à
rniilMiurliun* (l<- li (|ii«>l)rn(la iiMMiaiit au (Icliic 11 v a iiii«'
(l<Miii-(l()U7.aiiM- (le liiitti's (1 hidinis, dont la |)lus «grande est
liahilrr par un»* Nirillr Irniiin", roiisiclrrrc («hiiiih' «très
ricin* », car rllr l'st |)roj)ri«'lain' dr j»n's d»» crnt montons, de
(inrlfinrs niniris rt , cr <jni «'^t pins notahlr rncorr, de jM'tlts
champs i\t' In/.«MIM'. L'ean <lii nii^sran (pli v sort (l»'> nion-
taf;ncs «vst douer.
Jo décrirai plus loin les aiicicniH's uiiiirs (!•■ tniMf (pii
existent dans cette localité.
Je laissai à (iohres la |>lnpart de mes l)aj;aj;es et je chargeai
mes muh'ts avec de la luzerne jionr ponxnir leur donnt'r à
mander an moins |)endant la première journée à Su.s<pn">.
sans ri.scpn'r de s'empoisonner asec de la vtstaclirru.
Un j^endarnn- du ( louviTuemenI dr I.,o.s Andes se joi<;nit
à moi à (iohres, et je partis, ma pelilc hoiipe se composant de
si\ hommes, l'Indien (iarpanchav y comj)ris. i.i (jnehrada
de Cohres n'est |)as lon«;ue, mais l'ascension en « ^1 indr. La
\é«;étalion y est un peu moins inai«;re (pu* celle des plaines
du haut |)lateati. IVès du ruisseau (pii coule au lond d<* la
(HU'hrada, on \oit de temiis en teMi|)s un petit ^a/.on \eil «i
d«'s arhustes avant juscju'à >"* «le hauteur.
Les nuMita^nes des deux cotés de la Quehrada de (iohres
re.ssend»lenl parlailemciil . .m |i()iiil de \ ne j;éoloj;i(pn\ à celles
de II (hn-hrada de las (iuevas el de la Cuesta de Munano «pie
nous aNons décrites. \u commencement, dans la partie hasse
de la (jnehrada, c'est du «piarl/ite schistenv hien leudlete, for-
tement plisse et tordu. Mais, au liir et a mesure (pi'on monte,
cette roche, en gardant la même composition minéralo^Kpie,
|M*nl son caractère scliistiMix el se con\ertit en (piart/.ite com-
pact et dur, non ieuilleté. Dans \v délih', on \oit deux on
trois sommets cou\erts (h* couclies de j^rés iisammite, rouj;e
et jaune, Invs semhlahle aux |)sainmites delà Onehrada de Un
inahuaca,(pii ont viv déterminés par M. lirackehusch comme
appartenant à l'éptupie crétacée. (!e sont les derniers restes
LA PU.NA ET SES HABITANTS ACTLELS. 'i2;^
d'une couche secondaire qui jadis a couvert le quartzite paléo-
zoïque dont est formée la chaîne.
Avant midi nous étions sur la crête de l'Abra de Gohres. Un
superbe panorama se développe à nos pieds. On voyait de là
toute la Puna de Atacama. Un soleil brillant dans un ciel sans
nuages envoyait ses rayons au travers d'une atmosphère lim-
pide, dont la minime densité n'est guère un obstacle à la
pénétration de la lumière. D'abord se dressent devant nous
deux chaînes de montagnes d'une direction constante nord-
sud et qui divisent le territoire en trois longues bandes, inter-
rompues çà et là par d'autres montagnes. Ces chaînes sont
sauvages, multicolores, déchirées, hérissées de pics. Derrière
elles on aperçoit, sur le ton grisâtre du sol rocheux, de grandes
taches d'un blanc pur : des salines; enhn, dans le fond, la
série de pics neigeux et majestueux de la Grande Cordillère,
dont les plus proches sont éloignés d'environ 120 kilomètres
en ligne droite.
Mais il faut a])andonner ce spectacle grandiose pour arriver à
notre destination avant la nuit. La descente commence douce-
ment. Une couche de trachyte couvre le pays. La stérilité de ce
sol est presque absolue; rares sont les tolas qui y ont pu prendre
racine. Il n'y a pas de chemin visible. Peu de mulets ont passé
par ce désert pierreux. Ils n'ont pas été assez nombreux pour
y tracer un sentier, et, quant aux Indiens et aux lamas, ils ne
laissent guère de traces. C'est Carpanchay qui guide. Il vou-
drait bien égarer la caravane et se sauver en nous abandon-
nant au milieu du désert. Il fa déjà essayé avant que nous ne
soyons arrivés à Cobres, et pourtant le gouverneur lui avait
promis sa liberté à condition qu'il se comportât bien. La
couche de trachyte devient presque horizontale, mais elle est
sillonnée de profonds ravins, des crevasses d'une centaine de
mètres de profondeur et d'autant de largeur. Les fréqueiih^s
descentes dans ces crevasses et les ascensions de l'aulne coté,
le long des sentiers serpentant sur des murs presque^ à plond),
deviennent extrêmement fatigantes. Dans les coupes de ces
28.
Vil \MinUTKS |)K LA HK(.H»\ \\IH\K
ra\iii> un rL'lruu\e les cjuarl/ilfs r<)iii|)arls ou scliisluï(lL\s; ou
voit que la puissante couche fh» trach\l«' \ a «nlerré de véri-
lahles inonlaf^nes paN'ozonjni -
Nous sommes |)n*s de Sus(|ues. Lr «;«>n(larnir allln' mon
alli'iilion sur un ludirii (|ui <;ar(lail , iiou loin (\r nous, un
IrouiH'aii (le lamas, il m«> demanda la |)«'rmis>iou d aincnri-
ri'l Indien j)our sa\oir où Ion pourrait rencouh-er les autres.
Sur ma réponse alIirmatiNe, i\ part au ^alop pour dispa-
raître dans un ra>in. Au même mom<>nt, I Indien disparaît
également dans un raxin. plus loin; |e le revois monter avec
.son troupeau sur !<• plateau de Irarliste. pnl^ dis|)araitre
rapidement dans un autre raNin. Un peu après, le gendarme
apparaît un instant et disparait aussi. \u \u>\\\ d'un certain
temps d me rejomi avee son niuli'l lali^'Uf. mais sans
.son Indien, (.elui-ri, connaissant trop hien le dédale des
ravins |>our se laisser j)rendre, s'était mis eu sûreté avec ses
lamas.
Susqucs. Le village et les Indiens. Il • l.iil déjà nuit et le
.soled a>ait été rem|)lacé par la lune, d nnr lumière claire et
Iroide, (piaud ( !ar|)auclia\ déclara (jue nous étions a Suscpuvs.
.1»' ne saurais dire (pielle distance uousa\ious couverte depuis
I \l)ra de (iohres, les continuelles descentes et ascensions dans
les ra\ins rendant tout calcul impossihie.
.1 aptTCois sur le Ixu'd d nn |ne(ipir«' une petite (*oustriiclion
carm», en hrupies crues, dr dtn\ lies de liauleur et d'un
mètre de côté, hlancliie a la cliau\ et surmontée «lune cn>i\.
Dans rrllr hatissr, il n aNait une niclu' (pii contenait une
estampe en oleograpliie représentant un .saint, le demande a
(iar))aiicliay ci* (pie c'était. — «l'ne tijmclivta , lui la re|M»use.
— • Mais je croyais (pie les apiuhrtas étaient d('»diees a l*aclia-
inama, non pasaux saints?» — «Oui, Sefujr, aux .saints, mais
nu.vni à Pacliamama. » — .rexamiiie Ar pus la petite hàtisse «•!
je décoiixn' (pielle était pleine i\'u, iiHiros, « es clii(pi(>s de coca
ipu- l«'s Indiens jelteul sin |r> apaclivtas. en .sacrifice à Ta-
LV PIJNA ET SKS II\r,IT\NTS ACTIKLS. '125
cliamama. Mélange singulier de culte catholique et de croyances
païennes !
A nos pieds, à cent mètres de profondeur, un trou s'ou-
vrait, l'élargissement d'un ravin, entouré de tous les côtés par
des murs en trachyte, presque perpendiculaires. La lumière
de la lune laissait voir, au fond du ravin, une petite église
blanchie à la chaux et les silhouettes d'un certain nombre de
petites maisons situées autour de cette église. Nous commen-
çâmes la descente sur un étroit sentier en lacet, dont les tours
et les détours ne paraissaient pas devoir finir. Cette descente
dura une bonne demi-heure.
Enfin nous étions en bas. — « Où allons-nous camper ? »
demandai-je au gendarme. — «A la Casa de Gohienio)^, me
répondit-il. Le «Palais du Gouvernement» était une case
assez grande, avec une autre case plus petite à côté. Der-
rière, il y avait un cnrral, une enceinte pour le bétail, en-
tourée de murs en pirca. Je m'installai dans mon palais, je
fis enfermer mes mulets dans le corral et leur fis donner,
pour la nuit, la moitié de la luzerne que j'avais apportée de
Cobres.
Le village était désert; on n'y voyait aucun être vivant.
J'envoyai le gendarme et l'un des muletiers pour voir si le
village n'avait pas d'habitants. Ils s'en vont examiner toutes
les huttes, mais sans trouver personne. Tout était désert. La
plupart des Indiens ne viennent au village que pour des fêtes
ou des assemblées, mais cependant il y en avait eu quelques-
uns à mon arrivée, car mes hommes trouvèrent du feu dans
plusieurs maisons. Ces Indiens s'étaient enfuis en voyant ma
caravane descendre le sentier qui mène à leurs demeures.
Le lendemain, à l'aube, j'expédiai mes ambassadeurs pour
chercher le cacique. C'étaient mon muletier en chef, le gen-
darme et Carpanchay. Un peu plus tard, l'un de mes hommes
m'avertit qu'il y avait des Indiens sur le haut des rochers qui
dominent le village. Je réussis à distinguer fun d'eux qui nous
observait, caché derrière quelques lolas. Mais il aurait été im-
fi2h WTHM IIKS DK I, \ HK(il(>N XNDINK.
jxis.siMt' i\r I ;ill«-iii(ln', car I a.st rii.si«ni tiil rlrmaiidr r» rl.iiiM'-
IIHMlt |)llls (i lllir liciin».
Vers un*' ln'urr (\r rapivs-midi arriva un liiditii. If ihmu
(lu caci(ju<', jMUir iirannourcr que smi «uiclr riait ru cliciniii.
!*• Il (II- Irmps ann's, iih*s Iioiiiiih's rexiiiunt , tl le (-a(-i(|ur vu
|><>r.s()niir lait son nitréc dans mon logement, arroni|>a«(nr
(rnnc snil<* (\o rjualn* Indiens. (îràce aux menaces sévères (|Me
ja\ais laites a (iarpanrljax , nn-s enNovés l'aNaient trou\é «lans
un rasin à io^"d«' Suxjnes, où il «gardait s«'s troupeaux, liahi-
IjiiI avec sa laniille une •^'lollr lorméi' |t;n ir^ r.mx dan^ le
Irarlivle.
\ i( lori.nio \âs(|ue/., rapilan dis Iiidirii-> dr Suscjuos, suivant
Ir lilrr (|in' lui doiiii.iiciil ses ;idiiiiiii.slres, «-lait un jx'til vieil-
lard a clieNrux *;ri.soniianls ri pnurNU de rares poils é«;alemeut
j^ris, sur le menton. Sa j)liolo;;rapliie rsl reproduite ftij. U I . .le lui
(-ominuni(|uai la lellr»' du j;ou\erneur et lui ex|M)sai ce cpie je
désirai : des moutons |)our mes liomnx's, du paturaj^i' |>our les
iinilcU ri des liidirns pnni" les iiH'iisuier. Mrliaiil ;i h'xtréme,
très di«;ne et très dipl«>mate du irslc, il dr\ait cependant
s'iiK liiMC d('\.iiil Ifs nrdirs joriiiiK df \I. \len«'nd»'/. Il rnvova
chercher un tiiniitoii *'t il mit .1 ma dispo>ition deux Indiens
pour ann'iirr les umlrls .1 uni' (pirhrada a •o^'" au sud de
Suscpu's où il dt'\ail \ a\oir du |)iitura;;e cl (pu dail lihre
de ns( aciirra , selon mon lu)|e. \preslui asoii- «leclan* (ju il res-
terait rn olaj;r pour mrs hi-lrs «1 cpie les «cardions seraient sé-
\ri»iiiiiil punis s'ils perdaient l^«^ iiiiiliK. | i'\p«'diai mou trou-
jtriMi, non sau> craint»' (\r ne pas le rcNoii il dr iih' liiiii\rr
j)rut-étre ohli»;*' dr ii'loiirnrr .1 pird.
Le lendemain, \t'((ii>ilan me montra Ir Nilla^'C. Cinq lu<lien>
se |)n'senter('iil pour l'In* mensurés. .le commençai par \ icto-
riano, et je lui dr( larai eu pn'sence (h»s autres cpie ler> mesures
démontraient chez, lui ufie int«'lli«(ence su|M'Tieure, co qui en
elle! elail \r.ii.au moins pnui dmmer di's ré|M>uses évasivos à
Iniile ipieslinn (pie je lui iaisais sur n inqxirte cpielle matière.
Lf* soir, il det lar.i quil 11 \ a\ait plus d Indiens dans les euvin)us
Pl. XXXV.
Fig. 91. — Vicloriano Vasque/., cainUin des Indiens de Susqiies.
Pl. xxxm.
l'ig. (j2. — \V<;iiceslao Villes, Indien de Susqiies.
Pl. XXXVII.
I''ig. 93. — .Scl);isli:iii \ ;'is(iiir/ , Indien do Siisques.
Pl. xxxvin.
l'"ig. 94. — l''raiirisra Nilli's, IndiciiiK! de Siis([i
LA PUNA ET SES HABITANTS ACTUELS. 'i27
(le Susques; tous étaient eu voyage pour Salta, pour Jujuy ou
pour la Bolivie. Je dus le menacer de la colère du gouverneur;
de cette manière, j'obtins encore, les jours suivants, vingt-
quatre Indiens , parmi lesquels cinq femmes. En voyant que leur
capiian avait été déclaré très intelligent, ils se soumirent de
bonne grâce à l'opération. Seulement l'un deux refusa délaisser
mensurer sa femme.
Pendant ce temps, j'avais réussi à démontrer au capilan que
je n'avais pas de mauvaises intentions envers ses Indiens; mais
toute tentative de leur faire parler de leurs croyances, de leurs
coutumes et de leur organisation resta vaine. Enfin il se pré-
senta une occasion qui me fit vaincre leur réserve. Nous nous
entretenions un jour, Victoriano et moi, de la situation créée
aux habitants de Susques par fannexion de la Puna de Ataca-
ma à la République Argentine. Il se plaignait avec amertume,
et avec raison , du propriétaire prétendu des terres de Susques
et de Goranzuli, le détenteur de la merced Arias Velàsquez.
Celui-ci voulait saisir plus de la moitié des troupeaux des
Indiens pour se faire payer des fermages auxquels il n'avait
nullement songé avant fannexion. Quelques Indiens avaient
essayé d'émigrer, mais une partie de leurs bêtes étaient mortes
pendant la marche; le reste des troupeaux paraissait ne pou-
voir supporter le climat des régions étrangères, et on avait dû
les faire retourner à Susques. Victoriano et ses Indiens avaient
alors intenté des procès à fw usurpateur » du désert que leurs
ancêtres avaient possédé pendant des générations, sans que
personne ne songeât à y prélever des fermages et des impôts.
Ils avaient payé des sommes, pour eux énormes, à des avocats
dont ils ne connaissaient guère les noms, mais sans autre ré-
sultat que de nouvelles demandes d'argent. J'eus une idée: je
donnai à Victoriano le conseil de ne plus payer (racom|)les
aux avocats, mais simplement de s'adresser au l^ésident de la
République Argentine en demandant comme grâce ([u'oii (ex-
propriât son désert et qu'on laissât y vivre tranquilles les ])os-
sesseurs autochtones de ce sol sans aucune valeur. Victoriano
^?H ANTIOI ITKS hK l.\ HKr.KlN \M>IM
liiMi\.i iiHiii rniisrii l>oii ri iim> nii.i t\r |-r(li<;«'i' i.i iH'tlIinii, m
iiinllr.iiit iMMir (•' Iraxail uih* .s<»iiiiih> d'ar^'iit a^MV. lorlt*,
l'iaiil (IniimM'sles rpss(»urces j)éciiiiiaire8dp rt*s pauvres Iiicliciis.
(/«•lail iiiH* ocf^sioii de rendre un service à la fois à ceux-ci
et à la science. Je dis ;i mon liôle cjne j'écrirai j^raluilemenl
la iM'tition, à condition (|n'il ordonnât à ses Indiens de nie
fonrnir (inrlfnn's nMis«'i«;iMMn«'Mls >nr Irnrs crovancrs vi leurs
crn-nionirs. Ma projHtsition lut accej)té«*, et y pus m'occuper
pendant flenx jours à prendre note de ce cpii li^^nn* ci-<lessous
sous le titre de •> l'olklore •. Les séances enn-iit lieu (Luis In
case de Victoriano. \ii (-oiiinuMiceiiK-iii . il •Lut dillirilede tirer
(piehiiie chose de l;i IxMiclie de ces Inchens si n'serNes. Je n»-
iii.'inpi.'ii (pi'ils «'taient gênés par la j)résence de l'un (\v mes
iiiiiieliers; je Ils rassembler mes hommes et h'ur ch'lendis, en
|»ré.sence des Indiens, de s'aj)procher .1 nue certaine distance
de la maison on nos séances aNaient lii'u. I ohtins alors |m>u à
jn'M liMir coiihaiice. \.iliii«'lleiiiriil je rédi«;eai, sui\ant mon
enj;aj;emeiil . I.i jM-lition. le ne sais pas si elle a été j)résenlée et
si elle a en un resiiJLil satisfaisant, mais je désire de tout mon
C(pur cpie ces lils du désert puissent Nivre en paix pendant
plusieurs f»^énérations encore entre leiir^ rochers slZ-riles el
dans les lahvnntluvs de leurs raNiiis.
I.r \ill.ii;e de Siis(pies rs| s||ue ;ni coiillneiit ilil \\u) de
Pastos (iliicos, venaiil du Nml, <l «lu liio Lapao, (lui \ii'nt du
Nonl. (ies (jriix petites rivières iorment le hio de las Hurras
<pii travers** les montai^nes à l'est de Sustpies et se jette dans la
L.it^Mina de (lUavataNo. Le \illaj(t'se com|N)s(> d'einiron cin-
«piante maisons, dont hi phip.irl sont «j^roupées rle\anl fj-^^lise el
a côté délie. (,elle-ciet une partie des maisons sont représentées
fifl' fif^' Les maisons sont situées tn's pn»s les unes des aulnes,
sé|>arées par de petites ruelles «Iroites. Les deux rues princi-
pales ont rii\iroii 10"' de j.iri^enr; les autres les cou|)eiit .1
anj;les |)lus ou moins dn>its et n'ont que 7 ou 3"* de larj^enr.
Lharpie maison est s<'«|>arée de l.i siii> aille |)ar une de ces
LA PUNA ET SES HABITANTS ACTUELS. '\19
ruelles. A gauche fie l'église il ) a une demi-douzaine de
maisons dispersées, sans former de rues. A environ 3 00°" du
village est situé le cimetière. Sur les montagnes, au nord, au
sud, à l'est et à l'ouest du village, sont les «apachetas» avec
des estampes de saints dans leurs niches, et dont l'une avait
attiré mon attention à l'arrivée. Ces apachetas sont placées
intentionnellement dans la direction des quatre points cardi-
naux; j'ai vérifié avec la houssole leur situation, qui est exacte.
Ces petites bâtisses jouent un rôle dans les fêtes religieuses,
où elles sont visitées en procession par les Indiens. L'une
d'elles se \oit,fi(j. 89, sur la pente de la montagne.
Les maisons sont rectangulaires, toutes à peu près de
mêmes dimensions, environ 6°" de longueur sur 3"" de largeur,
bâties en aclobes (briques crues séchées au soleil). La toiture
en chaume [paja hrava) est supportée par un comble à deux
versants. Le faîtage et les chevrons reposent directement sur
les pignons et sur les murs. Faîtage, arbalétriers, chevrons et
pannes sont tous en bois de cactus- cierge [Cereus], seul bois
de construction qui existe à Susques. L'extrémité supérieure
des chevrons est fixée au faîtage au moyen d'encoches ren-
forcées par des attaches en peau. Toutes les autres pièces soni
simplement assemblées au moyen de lanières en peau. Les
clous et les crampons en fer n'existent pas, ni les assemblages
au moyen de chevilles en bois, f^es chevrons et les pannes sont
réunis par un clayonnage de tiges de tola, sur lequel sont
attachées les bottes de chaume, dont fextrémité supérieure a
d'abord été trempée dans de la terre glaise diluée. Il n'y a
pas d'ouverture dans le toit pour la fumée, parce qu'on ne
fait qu'accidentellement du feu dans la maison. Le foyer, une
simple plate-forme circulaire en terre, bordée de pierres, a sa
place dans un petit hangar en dehors de la maison, lequel
est également pourvu d'un toit en chaume et fermé, au moins
de trois côtés, ])ar des murs.
La maison n'a qu'une seule chambre. Contre fun des murs
les plus courts, ou voit le poyo, evhaussemeiil (mi pierre et en
h-irr, orninaiil Imilc la larj^fur d»' la iiiaisi>ii vi ayani niviinii
0*50 <l«' liaiil<Mir ri i"*5o à q" d»' foinl. i.vsi If lit coiniiiiiii «li»
tous \vs iiiniil)n»s ch' la fainiHr, (jui s'y coiiclirnt sans se (ii'»s-
liahilji r, rciMisaiit mit des praiix (le lamas et (!•■ iiioiitoiis (*t
roiiverU d'aiilres iH'aiix. L'exlréiiiilé ()j)jK)sée de la iiiaisnii est
;;rin'ralrmrnl si'parée du ^e^te par mi petit niur dr pn-s de i™
(\r liaiilrur. ( .*'[ rspare reidrniH' srrl a e(Hi>er\er le mais, la
(piinoa et autres articles d aliiiiciitatinn. Le mur loruiaut le Imid
de riiahitatioii est eu «^éuér.il |)<tiii\ii <l iinr hautpu'lt»* fixe, ri\
(uhtIu'S, servaut de sie«^'c. M lùxislr pas de uieuhles, exci'pté, daus
(iiirlipirs uiaisoiis, ce cpii t">l lu\r spécial, uue petili* tahir rt
uiir nu deux prtites cliaisi-s basses, v\\ hois de (!eivus, le sie«;e
étant cnuNert d uu uiorceau <\r peau. Dans la maison Awrapifan
Nictnriaun, il \ a\ait, d<'\aiil i.i haïKpirlIr du Ituid, uu > bu-
reau • l)ali eu udnlus , imilaul n<»s buieaux a tiroii's des deux
cAlés, avec uu es|)are \ide au milieu pour n jjlacer lesjaud>es;
seuleuH'ut les su|)|)orts à tiroirs étaieut reuiplarés par d»
solides supports carrés de mi.k miiiicih'. |).iiis 1rs mui's des
liahitatinus, tm xoxait des iii< lies oiiNerles cniiteuaut toutcvs
sortes de uumuis objets, s|)e( ialeunut des pa(pu>ts euNelopp/'s
daus des uH)rc(MUX d «'toiles et reuleriuaut, j)our la |>lu|)art,
selou ce (Uii ui a ét<' dit, des r»'uu'des. Des bois de la toiture
et dans les c(»ins pendaient une inlinité de vicMlles Impurs
de véteineuls, des cordes en lame de lama, etc. Toutes les
maisons ont une porte ni bois dr C^rrrus , dont les planrbes
sont jointes au inoveii d un babile lressa«;e de lauién»s eu peau.
I/embrasure (Il |;i |n»ile est aussi en bois fie (irrrus. Les cliar-
nières sont en |)eau. Il nv a pas de fenêtres. Vupn's de (pu'I-
(jues-unes des maisons, il \ a\ait une r<»ur b'ruu'e |»ai- des
murs. Les maisons «-taient eu «;éiu*ral bien entreti'uues, i'\rej)té
(piel(pu's-uues (pii a\aient été abandonnées par suite de la
moi I d»' leurs |)ropriétaires. De ces dernières maisons il ne
restait «pu- li's murs, le toit étant t(nub«' et complètement
disparu. Kllf>s nous donnent une preux* <le la ra|)idité a\ec
lafpielle l<> bnis d«> Crmis |HMirril, e| ainsi nous poii\oiis nous
LA PUNA ET SES HABITANTS ACTUELS. 'i31
expliquer pourquoi l'on trouve si peu de ce bois dans les
ruines préhispaniques du pays, alors qu'il a, selon toute pro-
babilité, formé une partie importante de ces constructions.
L'église est aussi bâtie en adohes , mais elle se distingue des
habitations par un recouvrement de terre glaise, blanchi à
la chaux. La^</. 90 en représente la façade ^'l C'est une con-
struction fort solide, avec des murs de l'^So d'épaisseur. Le
toit est fait en planches de bois de Cereus, très bien planés à
l'herminette. Le clocher est couronné par une petite cou-
pole, ravalée avec de la terre. L'intérieur de l'église n'a rien
d'intéressant, si ce n'est les décors peints par un artiste indien,
de Rinconada, dans la Puna de Jujuy, décors assez primitifs,
mais inspirés tout à fait de modèles européens, sans qu'on y
découvre de traces de quoi que ce soit d'un art autochtone.
L'église est entourée d'un mur d'environ 3°' de hauteur, en
carré et pourvu de portes; chacune de ces dernières est située
au milieu de fun des murs. Sur la figure on voit une partie
de fune des portes, lesquelles sont surmontées par des arcs con-
struits en voûte. En dehors de féglise, aux quatre angles de
fenclos, il y a un petit reposoir où Ton érige des autels pour
les fêtes religieuses. La patronne de Susques est Notre-Dame
(le Bethléem, dont fimage, d'après les Indiens, aurait été
trouvée sur une pierre derrière l'église. Nous décrirons plus
loin la fête qui a lieu une fois par an, en son honneur. Les
principaux saints sont ceux qu'on considère comme patrons
du bétail : saint Jean {San Juan) , patron des moutons, parce
que son image est généralement accompagnée d'un agneau;
saint Antoine [San Anlonio), patron des lamas; saint Raymond
(San Ramon^, patron des ânes, et saint Barthélémy [San Bar-
tolo), patron des chèvres. Les cloches semblent être bien
anciennes, mais elles ne portent pas de date.
A côté de l'église se trouve la maison on je m'étais inslallé
'*' Les sujets alignés devant le clocher et mon gendarme. Devant la porte de
sont des Indiens, exce|)té les (|ualro l'rglise sont placés (piatre musiciens in-
lionnncs à gauche, qui sont mes nmletiers diens.
',^^ WTIOl ITKS |)l l.\ IIK(.H>\ \M>I\K
(*t .1 i.'i<|(i«-llr nitiii ^finlaniK* a\ail (loiiitc ir nom |Ktiii|R>iiv de
• Palai^ (lu (loiiviTiiemeiit ». Va\ n'alitô, cetlf maison riait la
salle f|ps assonihlfM's : Casa dr la (.omunidad. Kll<» avait aussi
M rniiiloNtM' iMMir Io^mt 1rs curés dans l«*urs ran»s visites au
\illaj;e. Klle \w (lilIV'rait (l«*s autres que par ses rliniensions plus
grandes.
Le riinetière est nn caiif assez, «^rniid , entouré dr iniir-s »|
aNant, du rot»' opposé à la jMirte, une petiti' rliapelle. Sur le>
tombes, il n a\ait des croix en hois de (Icrcus. Le tout était
très propre et l)i<Mi tenu, mais c'étail un cimetière comme tous
ceux des villages du liant plateau, sans |)articularile> |)ouYaut
indicnier des coutumes païennes. Cependant, le jour de la
Toussaint, on v déjxise, sur les tond)es, des vivres |Miur les
morts.
Organisation sociale. — Suscpies lorme drpui^ Av^ temps
rrcul»'s nm» « communauté p comjxïsée actuellement d'environ
4oo Indii'ns. ItiiiiiH's rt rniants comj)ns. Les Indiens dr
(ioran/.uli, (]ui sont au iiond)n; de 300 environ, appartinrent
à la communauté- dr Snsques jusqu'à ce (pi'ils s'en lussent
sé|)arés,il v a cpn-lcpu-s ainu'es, pour loriner une communauté
.1 |)art, laqnellr occupe Ir terntoir»' situé au nord de Suscpirs
ri (pn setend piscpi au pic de (iovaluiaima , sur l.i Irniitim'
Itolivienne.
(!<unnu! nous l'avons dit, ces lndi(>ns étaient de lait indé-
pendants des Ltats (les(piels relevait l«iii trrriloire avant son
annexion a la né|)ul)li(pie ,\r«;entine. La holi\ir ri le (iliili
s'étaient horné.s à conlirmer le chef de la communauté dans
Min autorité au moven d'une nomination oiliciellc. \icloriano
avait été successixement <orn(jiilnr l>olivi<Mi et iinhnnadnr dii-
lien. Mais ni l'une ni l'autre de ces républiques n était inler-
\enue en aucune manière dans l'administration du district;
menu* les inqmis n étaient inconnus. \ l'annexion argentine,
l»'s Inrliens d»» Susques étaient si convaincus de leur ind«'|M'n-
danre, qu'ils .s<» sont pn'sentés d'altord chez le sous-prélet fl«' la
LA l'UNA ET SES HABITANTS ACTLELS. 'loo
province boliviennede Sud-Lipez , et après chez le gouverneur
de la province argentine de Jujuy, en sollicitant d'être annexés
à l'un ou à l'autre de ces territoires. 11 en résulte qu'ils igno-
raient que Jnjuy fit partie de la République Argentine.
La communauté est dirigée par le capitan, élu par l'As-
semblée pour un temps indéterminé, généralement à vie.
L'Assemblée est formée par tous les individus majeurs de
vingt ans. Ses nominations et résolutions sont proclamées à
haute voix dans la cour de l'église. Un fonctionnaire spécial,
appelé fàhrica, est chargé de l'entretien de l'église, du cime-
tière et de la Casa de la Comaïudad. Sous les ordres du capitan,
il y a des fonctionnaires inférieurs portant des titres militaires ,
empruntés à la langue espagnole : teniente (lieutenant) , sar-
(jento (sergent). Ceux du dernier ordre hiérarchique s'appellent
5a/ifo-j-ma«f/ar, expression difficile à traduire, mais qui signifie
plus ou moins ceci : passer le mot d'ordre et faire des courses.
Malgré les titres espagnols, cette organisation militaire est
tout à fait analogue à forganisation des tribus de l'empire
incasique, telle qu'elle a été décrite par les historiens.
L'un de ces fonctionnaires étant élu, sa dignité lui est
solennellement conférée par le capitan, le samedi suivant,
devant l'église, en présence de tous les Indiens. Le capitan
recommande à tous de le respecter, et le nouveau fonction-
naire promet de servir fidèlement les intérêts de la commu-
nauté. Après quoi tous les Indiens baisent d'abord la maiu
du capitan, ensuite celle du nouvel élu, en lui promettant
obéissance.
La discipline est parfaite. Les résolutions de l'Assemblée
sont sans exception respectées par le capitan^ et tous obéissent
sans hésitation aux ordres de celui-ci. Le capitan était aussi,
jusqu'à l'occupation argentine ^'^ juge poiu* toutes les questions
'"' Récemment, le gouverneur du Ter- de yuardias nacionalcs ( inspecteur géni-ral
ritolre des Andes avait nommé juge de des milices), — • titre loiil à fait (i<lil, car
paix le l'rèrc de Victoriano. et celui ci a la niilirc n'existe |)as.
reçu le litre pompeux de inspeclor ycncral
civilrs ou criiiiiiu'llt's. I)'a|)rès ce «jin* iiu' disairiit \ itloriaiio
ri les auln's lii(ii(>iis, les litiges étaient très rares et l»s délits
i)res(jue iiicoiinus. Les tém«)ij(iia«;es des roiictioiinaires du Ter-
ritoire des \ndes confirnieiit ces laits. Il existe à Sus(jues une
prison, une rase (-(Miiine les autres où ion eiderniait (mmi\ (|ui
asaient roniniis des «l»'lils, j;en<'ralein«Mit des eoups donn»'s
dans des rixes ocrasionnees par I ehriel»*. Sui\ant \ieloriano,
il n'y a pas eu (re\eni|>le ipi un prisonnier se soit édiappé,
l)ii>n <pi il ne fût |)as j;arde.
Je pus nu* riMidr»' conipl»' <!«' la discipline excellente (pii
régnait à Sus(jues par la iacilile astc Lupielle \ ictorian(» lit
venir ses Indiens, après (jue je I eus j)ersuad«* (piil lallait les
con\o(pu'r j)our la mensuration. Kn moins de Nin^'l-tpialre
heures sont accourus des individus (pii se trouxaient diss«'-
niinés partout dans l(>s montagnes, (piehpielois à ^q}''" de
distance. Les sanjcnlus v[ sanlo-y-mainlnr viauiii rmplo\és jH)ur
ces convocations. Les Indiens (!•• Sus(pies .se servent de si-
gnaux poiil' < niMMltlincpiri- cntrr rii\. (^es siguauv sont r(;d)lis
par des ieu\ allumes sur le (.«Tto Bâvaro. Iiantr montagne
située au nord du \illagr. IN'udant la journée, la iumée rein-
j)lace la lumière de ces Iriix. l ii crrl.iin iiond»re de leu\
couNocpient en assend)lée, un aulre noinhn; sigodn* «laii^'r.
se cacher».
(i(Mnm«' la pislicc m gén«'ral, !'• partage des héritages était
du n'ssorl du rapttan. Il paraissait l'xister iiin- l«'gislation sjm*-
ciale sur l'herilage, mais je n ai pu. pinif a\«ni- d«'s renseigne-
ments a ce sujet, vaincre la ré.serve liahiluelle des Indiens. La
terre est considérée connm* propriété de la connnunauté, mais
les maisons a|>pariiennenl à I iiidividn ipii h's a construites.
Religion. — L«'s Indii'us d»* .Sus(pn's sont, comun* tous les
hahitanls du haut plateau, des catholiipu's fervents «mi ce ipii
concerne les cérémoiiii>s exii'rieures imiXKsées par la n-ligion.
Nous vernms, dans le chapitre - Folklore», (jue celle religion
est mélangée à des croxames el a des cérémonies |)aïennes.
LA PUNA ET SES HABITANTS ACTUELS. 435
Rarement un curé allait à Susques ; peut-être tous les cinq ans
ou plus encore, celui de San Pedro de Atacama traversait le
désert pour y faire une visite, ce qui était tout un événement
pour les Indiens. Entre ces visites, ils exécutaient eux-mêmes
les cérémonies religieuses. Le frère du capilaii Victoriano
servait de curé. Il était tonsuré à la franciscaine, et, habillé de
son poncho, il officiait avec un livre en latin, qu'il lisait aussi
bien qu'il pouvait, naturellement sans en comprendre un mot.
Je n'ai pu assister à aucun de ces services religieux, mais un
fonctionnaire du Gouvernement des Andes, qui y avait assisté,
m'a raconté que le rituel catholique était assez bien suivi et
que tout le service était fait en esjDagnol et en « latin », sans y
mélanger de quichua. Le même Indien accomplit les céré-
monies des enterrements, que nous décrirons plus loin,
page 517. Au contraire, les baptêmes ne peuvent pas être
célébrés par les Indiens eux-mêmes. On conduit toujours les
enfants, à de grandes distances, pour les faire baptiser par
un vrai prêtre. J'ai interrogé tous les individus mensurés,
afin de savoir où avait eu lieu leur baptême. D'après leurs
réponses , presque tous avaient été baptisés par le curé de San
Pedro de Atacama; la plujDart y avaient été emportés, d'autres
avaient reçu le baptême lors des visites du curé à Susques. Les
seules exceptions étaient deux individus baptisés à Gasabindo,
un à Gochinoca, un à San Antonio de los Gobres, un à Rosario
de Lerma et un autre à Sumalao (Vallée de Lerma) , tous étant
nés à Susques, sauf le vieux Ascencio Avalos, sur lequel nous
reviendrons et qui était né et avait été baptisé à Gasabindo. Ges
laits sont intéressants, car ils démontrent les relations que les
Indiens de Susques ont maintenues avec Atacama en y em-
portant leurs enfants, au lieu de les faire baptiser à Gasal)in(h3
ou à Gochinoca, situés beaucoup plus près de leur village et
qui ne sont pas séparés de Susques par la Grande Gordillère.
Mariage. Enfants. Fécondité. — Le mariage, non phis, n'est
pas valable s'il n'cîst célébré d'une manière régulière par un
rSù WriOlITKS |)K I.V nKt.InS \MH\K.
iinHn* calliolicjiir. Lr> liidinis \»)iil en j;t*iiéral à San IN'dn» dv
Atacaina jxuir m* iiiarirr. Avant et après la cérémonie ratlio-
li(|nr ont lien rrrlaines aulrrs rérénionies, dont (|url(jiM'>-
unes MTont dêrriles plus loin. Le nïariaj;e est strirttMnent
«•ndo^Mine. Kn rvaniinanl Ir lahli-au anllir<)[>oiné(ri(|u«'. on
lron\er;i (lin* nn'sinir lows les .sujrls sont iics dans Irs dislricls
df SiiMinrs ri tir (ioran/.nli. On\ (|ni ne le sont pas sont ori-
j;inain*s de localités situées dans la Pnna de Atacaina près des
Iroiitirres de ces districtis, comme (iovaluiaima, Anli«;u\«».
Kosario de Atacama, Ton», Olarn/. Sev. Pedro (!ar|)anclia\
(n" 27) est né à San Antonio de los (iohres, mais accidni-
tellement, car son père et sa mrre étaient dr Siiscjurs. \)r
|)ln>, un ^rand nond)n' de sujets mensurés nroni doniic Irur
j;»'nralo;;ir jus(prau\ troisirme ri (pialricmt» «(énéralitms, et,
parmi tou> Irurs ascendants, je n'ai pas relevé de sujets nés en
deliorN du l<i i iloii»' df Suscpn's «-l de (ioran/uli. D'étranj^ers,
a iiroprrnii'iil |).iilri-. \\ i\'\ en a (pic di'iix. Asceiicio A\alos
(n" 29) et \al«Miliiia Gouzàlr/, (n" 'dU). !•• |ti('mier, acturl-
Irmcnt un \iriilard, est né à (iasahindo, dans la Puna de
.Injuy; il aNait été amené à Susques à l'à^e de div ans ruNiron,
il s'i'tail marié avec un«' Innnu; de Sus(pn's et il v était rest»'.
IJien (piv a\ant passé |)res(pie toute sa vie, il sendilait être
moins considéré (pie les vrais Sus(pn>nos. Vu ((uihaiir. \al» ii-
lina (ionzàle/., hrlle-Mi m du cajutan \ ict<u'iano, jouissait
d'uur |N)sition social»* pn\dr«^iée. Kll»' rlail sans <ioute plus
intelligente «pie la plupart des autres Indiennes et parais-
>ait aNoir une certaine iidliience dans les (piestious les plus
im|H>rtantes de la communauté. Mlle était née a Olaro/.
(Ii-inde. situé à l'ouest de Suscpies, près de la Irontière de ce
district. Sa luén' était une Indienne née à Olan)/, (ille natu-
n*lle de parents inconnus; le père, un Indi* n <| ( yuni. dans la
pro\ince de l*orco, en liolixie. (iliose remaniuahle, en exami-
nant a\ec attention les nu'sures anllin»ponu''tri(pn>s, on peut
nnler, dans la desrendauce de cette lennue, certaine» ano-
malies (|u i*lie .1 iniroduiles dans la rare si pure des IndiiMis fie
LA PL^A ET SES HABITANTS ACTLELS. 437
Susques. Son fils (n" 30), par exemple, est l'individu le plus
brachycéphale de tous avec l'indice 84-32, la mère ayant
83.00. Sauf une enfant (n^'SS), il n'y a que f étranger Ascencio
Avalos qui ait un indice céphalique aussi élevé (84-24); après
lui, les hommes les plus brachycépliales présentent f in-
dice 8 1 .
On notera sur le tableau un certain nombre d'enfants natu-
rels, c'est-à-dire nés en dehors d'une union catholique. Poui-
ces enfants, le père n'est pas désigné, mais les sujets en ques-
tion n'avaient aucune honte de déclarer qu'ils étaient nés en
dehors du mariage. Ils auraient aussi volontiers déclaré le nom
de leur père, mais ne le faisaient pas pour la seule raison que
le curé leur avait dit que les unions libres sont défendues par
les lois de f Eglise, et, de mon côté, je n'osais pas le demander
formellement, de crainte d'être pris pour un hérétique, ce qui
aurait troublé mes relations amicales avec ces braves Indiens.
Cependant j'ai su qu'une jeune fdle, ayant des enfants natu-
rels, n'est d'aucune manière méprisée. Tout au contraire, une
grande partie des femmes avaient eu des enfants, de dilférents
pères, avant d'être mariées, et le nombre de ces enfants ac-
croissait la valeur de la jeune fdle, les enfants constituant une
sorte de dot, car chacun d'eux est capable, à partir de sept ou
huit ans, de garder un certain nombre de moutons; la iortune
d'un individu dépend donc considérablement du nondjn; de
ses enfants, noml^re (faprès lequel il peut posséder une quantité
de bétail plus ou moins grande. Les enfants naturels d'une
femme sont ipso facto adoptés par f homme avec lequel elle se
marie, et considérés comme égaux aux enfants issus de funion
légitime. Mais gare à la femme qui aurait des relations avec un
étranger, Indien ou non! Elle serait immédiatement expulsée
de la tribu et ne serait pas tolérée dans le sein de la com-
munauté. Ces cas doivent être extrêmement rares; je n'en ai
pas entendu parler, quoique j'aie questionné les Indiens à cet
effet.
La fécondité des Indiennes n'est pas grande, ce c[ni s'cx-
II. "j
'i.iM \MiniHKS |)K l.\ llK(.loN WDINK.
|)li(|iir |».ir Ir ( liiiiiji il |)ar r('ii(lo<;aiiiir. Mais elles ne sont pas
iinii ])lus exressiveiiHMit stériles. I)e<; -ii couples mariés fi^Miraiit
siii \r l.ihic.iii . il M \ m a «nn' * de stériles. I^es ao autn's ont
|>n>(liiil .111 lolal 71) riilaiils, dont /|/| j^arçoiis et '^ïy lillrs. Lr
couple le |)lus fécoinl a «mi i o eniaiits; il \ a un couple a\ec 8 eu-
lanls, un autre avec y, deux avec (i , Imis iwrv 5, trois axec \
et le reste avec de i a A enlanis. I*.uini ces eniauts, je crois
que sont compris les enfants naturels de la lemun> nés avant
le mari.i^M*; je n ji ixi nhlnni (|iir li'>. déclarants distHi«(uassent
cos eniants des enlants le«;itimes. La mortalité infantile s(>nd)le
Aire assez, «(rancir : parmi les yç) entants notés sur l«' tahlran. il v
en a f)') dr \i\antset a.) d»* morts; ces derniers lornu'ut donc
environ lr tiers de la totalité, l/amour paternel et surtout
l'amonr maternel paraissent èlie \vi'> develo|)pés chez ces In-
diens, cerlainemeni plus (|ne (lie/ les peupl<>s civilisés. \u
contraire, l'amour sevurj ne semhle |)as être très intense;
ri .ipri's les rensei«;neinents (pie j'ai pu ol)l»ini\ les (pu>slions
moliNees |).ir i.i |.il<uiMe étaient exireinement rares, mais,
d;iiilic n.iil. I epnuse e>l en général parjaiteiiieiil fulele.
Isolement. — L isolemenl rlr la pelile Irilxi de Siiscjues t's|
alisnlii. Li*ndo«ramie de ces Indiens le démontre et elle ma
été coniirmee par Nictoriam», suixant le(|uel ils ne se marient
jamais avec des leiinnes étranj^én's, sanl cpielcpielois, mais
très rareineiiL ;t\e( des Indiennes des j)elils villages voisins,
situés dans la riiii;i de \tacania, jamais a\e( i Indienne de
la Piina de .Injus <mi de la nnli\i(>, et encore moins avec une
lemme mélisse, c«'lles-(i d'ailleurs considérant le maria«;ea\ec
un Indien comme une mésalliance, j) autre pari, les lemines
de Sus(pies ne se marient pas avec d«'s «'tran*;ers, el les Sus-
(pienos en «général n ahandonnent jamais leur territoire aride
jtonr einii^rer d.ins d .nitn*s régions pliis j)ii\ ili'«ri«»es. La nature
même du dislricl .\\i\r .i un li.inl dejjré ces Indiens «^ ^e ron-
ser\ei" isoles (je |nnl le ies|r i|m nmiide. (,(»mine d est iinixis-
sfhle de s'\ prnciiiei des .dniieiits d .inriine sorte, le Noya^eui',
LA PLLNA ET SES HABITANTS ACTUELS. YMJ
même l'Indien, est tenu d'apporter des provisions pour toute
la traversée. Pour le transport de ces dernières, il faut des
Lêtes de somme; celles-ci ne rencontrent de pâturage que dans
de rares endroits difficiles à trouver et elles courent à chaque
instant le danger de mourir en mangeant les herbes véné-
neuses que nous avons décrites. Il n'y a d'ailleurs, presque
pour personne , un but quelconque qui nécessite l'entreprise de
ce voyage, les Indiens de la Puna de Jujuy n'ayant rien à faire
dans les déserts de la Puna de Atacama et n'ayant pas non plus
de commerce avec San Pedro de Atacama et d'autres localités
situées à l'ouest de la Grande Cordillère. De leur côté, les
Susquenos font tout ce qu'ils peuvent pour expulser l'étranger
qui chercherait à s'établir dans leur pays et pour lui y rendre
la vie imjDossible. Ils lui refusent l'eau, les aliments et le feu.
L'histoire d'un commissaire de police que le gouverneur des
Andes avait envoyé à Susques est caractéristique de la manière
de ces Indiens de se débarrasser de fétranger importun. Le
commissaire, accompagné d'un gendarme, arriva à Susques;
après lui avoir donné deux ou trois moutons, les Indiens dis-
parurent tous du village, les laissant seuls, sans nourriture et
sans fourrage pour les mulets. Le commissaire, ne pouvant
endurer longtemps ce genre de vie, fut obligé de se retirer
aussi vite qu'il le put pour ne pas mourir de laim, lui, son
gendarme et ses bestiaux.
Langue. — Pendant les séances de folklore, j'ai constaté que
les Indiens de Susques parlent entre eux exclusivement le
quichua. Les hommes connaissent cependant tous fespagnol,
qu'ils parlent bien, quoique mélangé d'expressions indiennes.
Mais les femmes ne connaissent que le quicluia. Parmi celles
que j'ai vues, il n'y en avait qu'une qui parlait couramment
fespagnol, c'était la vieille Valentina Gonzalez, ])elle-sœur de
Victoriano, et elle n'était pas née à Susques, mais à Olaroz
(irande, phis à l'Ouest. Je nu^ suis efforcé de m'(MU|iiérir si les
Indiens savent l'atacamefio, mais ils l'ont nié. Pourlanl je leur
29-
r,iO ANTIQLITKS |)K LA lVK(ilON VNDINK
ai «MiliMidu employer des mots de cette lanj^ur, ri ils la com-
pieiiiinil sans doute Wivii. lU \onlaient pruhahlemenl me
radier leur coniiaissaiice de ratacamt'no.
Si nous examinons le tableau anllin)|M>nM'lri(jue, nous Inni-
vons (lue tous les pnMioms sont e>|)aj;noU, <«' (jui rst naturel,
rar U's curés n'i-n adnu'llrnt pas d'anh-rN. Mais, vu gênerai, les
noms palronvnii(pies sont aussi «'sj)a«;n<»ls. adoptes prohahle-
inent iiar les ancêtres sur l'insistance du ( I. r<rô espa«,niol. Les
seuls noms indiens sont : (iar|)ancliaN , \iltes, (iliin-, l*uca,
(ianavire, IJanipa, Quispe, lila. De ( ts inuns, (illire [cinri
Irnid I, Puca rou«;e), Llamj)a bèclie servant à remuer la
terre), Oiiispe ' (juvsfu lilwrté) et Tila ( f;ros), sont «les mots
(piicliiias; (|u.inl nu\ Irois autres, je \\v puis en trou\er I ets nio-
logie, mais en tous cas ce sont des noms indiens et non <'spa«;nols.
En ce qui concerne Sotar et Vacasur, ils sont douteux, mais
prohahlenieiit es|)aj;iiols. « Suscpies • , le iimn du \dla»;e, serait
dérixédu nom « Jésus», d'après ce (juc me dis;iii unelndieiine
centenaire, l'aïeuli' du fàhrua. (iepen<l;Hil je in* le crois |)as, et
n'en ai |>u trouver aiicum' éls nn»lo«;ie \ raisend)lal>le. Il \ a un
verbe alnranieno iliiis(l,atur ^abnler , e| le r.i\in de Sns<pies
est en ellel bien abrite contre le \riil Innd d. I.i Pun.i m.iis
il serait troj) osé d'en dériver le nom.
(^)uel(pies-uns des Indiens sa\aient écrire l'i'spaj^nol, notain-
tin-iit le rapilnn Victorianii et ses iit\tii\. (ie fait m'étonnait,
car il UN a\ail jamais eu d'école à Susqiies et l<»s Indiens
n'avaient assurément |>as été à l'école ailleurs. Victoriaiio m'en
donna l'explication. Son arriére-^rand-pere a\ait a|)pris à écrire
re>pamiol a San l'«*dro de \tacaina, el cet art a\ail été transmis
de |M*re en lils dans la lamille. .1 ai eu I occasi(»n de laire l'crire
sous ma dictée .liian (ilimaco, iie>eu de Victoriaiio, et je |xmix
dire que son ortlio^rapbe n'elait pas inférieure à c<dle des
uiéti.H de la hepiiblique \r^'entiiie cpii savent écrire.
Véltîinents. Tissus. — Les \elemenls sont lails de lissu^ en
laine de mouton. i.d>ri(piés par les Indiens enx-ménu's. Tout
LA PUNA ET SES HABITANTS ACTUELS. ^l'il
le monde à Susques, tant hommes que femmes, s'occupe à
filer de la laine. On les voit, derrière leurs troupeaux, toujours
avec le fuseau pendant d'une main, l'autre occupée à tordre
la laine. De nos jours, celle du lama a été presque abandonnée,
parce qu'elle est plus fragile et plus grossière que la laine de
mouton, qui fa remplacée pour le tissage. Actuellement, la
première n'est employée que pour faire des cordes, rarement
pour des ponchos ou pour des sacs servant à transporter et à
conserver les graines, etc.; beaucoup de peaux sont gardées
avec leur épaisse toison, pour servir de lit.
Les métiers à tisser des Indiens sont extrêmement simples,
composés de deux bâtons horizontaux, attachés à des pieux
enfoncés dans la terre et entre lesquels sont tendus les fils qui
composent la chaîne de fétoffe et qui sont levés et baissés à la
main. Chaque pièce, qu'il s'agisse d'un poncho, d'une chiispa,
d'une coupe de pantalon ou d'un autre vêtement, est tissée à
part; les Indiens ne tissent jamais de longs lés pour être
découpés après, comme on le fait en Europe. Par suite, les
métiers indiens n'ont pas d'« ensouple » tournante, d'où Ton
déroule la chaîne , ni de rouleau pour recevoir l'étolïe au fur et
à mesure qu'elle est tissée. Les deux extrémités des fils de la
chaîne sont simplement fixées à deux bâtons immobiles. Tous
les outils sont très rudimentaires, fabriqués de morceaux de
bois et d'os. Avec cet outillage primitif, on conhîctionne des
tissus qui ne sont pas plus grossiers que certaines étoiles ial)ri-
quées par les paysannes de quelques contrées européennes où
les grandes usines n'ont pas encore tué le travail manuel. Le fil
conserve en partie la couleur naturelle de la laine, mais la
plupart des tissus sont teints avec des matières colorantes
obtenues de plantes du pays ou avec des ingrédients achetés
dans les villes lointaines.
Le D"" Hugo Ephraim (123), dans son érudite monogiaphie,
récemment publiée, sur le développement de l'art textile chez
les indigènes des dillerentes parties du monde, établit quatre
catégories de tissage : i" Iressage [/îechten); 2" «demi-lissage»
',V2 \Mlol ITKS |)K l.\ HKCION ANDINK.
halhireherci ; ^" tissa«(«' à (wdah* [triltueheivi ],, V li'^saj^e où
1rs dis (l(* la rliaîiM' sont l(*\(*s et haissi^s rn partir au iiioNni
(|r iM'flah's, m j)arlir a\rc (les appareils sjM''ciaii\, maniés à la
main pin mi aidr (lu tisseur ( j»/ryMT/>pm), cettr (Irrnière m«'*-
IIkmI»' rtant praticjuée seul(»m<Mit |)ar l<»s (iliinois <*t 1rs .îajxmais,
snrlonl ponr Irnrs tissus rn soir, «rniir t«'rlini(jur Irrs rompli-
(piiM'. l/aii Irxiilr (1rs Indiens i\v la Pnna a|)parti(>nt a la drn-
\irnu' ratr«;orir, Ir lidUnirhcrci , où 1rs lils dr la rliaiur sont
lev^s et baissés seuirmeni ;»u innsrn (Tonlils maniés avec les
mains. Les indif;énes (!•• I Vmcritpir nr jiralicpirnl, s«'lon
M. Ilj)lnaim . (pir \r liallnieherei. (^et auteur linniuif unr lluMU'ie
très inj;éiiieuse el l)i«ii fondée»; il class»* les nn'tiers de /la/Aire-
herci en deux ralé«;ories : m«'lirrs liori/.ontanx et métiers ver-
ticaux, les premiers « tvpe du l'iicilnpie • étant l<'s seuls métiers
américains dorigine pr(M-olond)ienne^ tandis (pu» les métiers
verticaux («tvpe d»- la Méditerranée») sont répandus chez de
iiond)n-ii\ pfuples de I Miicpie ri de I \si('. Lrs métiers (les
Indiens de la l'una, (pli sans doute sont d (>ri«(ine peruxieune,
coniirment l.i lliroiir df \I. llpIiiMim. Il rs| \ r;n (jn'on xoit
(piel(pieiois, cliey. I(vs métis et clu'Z (pieNpies Indiens de la
l'una de Jnjuv, (l(\s métiers à j)édale, d une construction très
rudinuMitaire, mais ces métiers sont dOrij^ine européenne et
ont été introduits «mi \méri(pn» par les Ksj)agnols peu de temps
après la con(pu'''le. M. \nii IJosimi (3i6. pi. m, fig. i) donne une
InMine reproduction d un <!•■ ces un'liers à pédale, (pii a ete
trouvé j)ar la Mission Suédoise eu usaj;e à Très Cruces, dans
la Ouehrada del Toro. Il est eu hois de (]crcn$. \ucun de ces
nielu'rs n'exis|;iit à Stisipu's, ou t<ius 1rs Indiens sui\aienl la
xieille métlio(l(> pernxienne.
hieii cpiil ne soit |)as de SuscpM's, je mentionnerai ici un
tn\n simple a|)pareil |MMir tisser des ceintures en laine, que j'ai
ac(piis dune xieille Indienne à (^)ueta, dans le département de
(iocinnoca (Puna de lujuy). (iet appareil est repnwluit fhj. 9^.
\'\\\ a ou x«»il la trousse complète attachée telle (pu* la xieille
indienne me l'a donnée. \a\ trousse est comiMisee de la rattu-
Pl. XXXIX.
Fig. qS. - Trousse coinplrtc d'outils à tissri- des rcinlurcs en laine.
1/2 gr. nal. (//. c, <l . r . /', </ cl 1 ,"5 gr. nal. I>\
LA PUNA ET SES HABITANTS ACTUELS. '^'\■^
churana (^), de la pallana (c), de la hmchiiiia (f/), de la v'inasa (ry)
et de deux petits bâtons en bois [c,f) dont j'ignore les noms.
Je donne ici l'explication de l'usage de ces outils telle que l'In-
dienne me l'a donnée. La caituchiirana doit s'attacher à un
pieu, et l'Indienne me disait que les fds de la chaîne y étaient
fixés. La pallana sert à séparer les fds. La hiiichuna, suivant la
vieille Indienne, serait la navette au moyen de laquelle on
passe le fd de la trame d'un côté à l'autre. C'est le métatarsien
droit d'un lama dont l'une des extrémités a été rendue bien
pointue. A fautre extrémité, on a également enlevé une partie
de fos en découvrant le canal médullaire, dont la paroi posté-
rieure n'est conservée intacte qu'au milieu. Par conséquent, le
canal médullaire forme un tube ouvert des deux côtés. Sur
lay?</. 95 cl on ne distingue pas bien l'ouverture inférieure du
canal, qui se trouve dans fombre, à gauche. Avec la vuiasa,
pièce en bois de forme à peu près rectangulaire, on serre les
fds de la trame une fois qu'ils ont été introduits entre ceux de
la chaîne. Avec ces outils si rudimentaires sont tissées les cein-
tures, de dessin quelquefois très compliqué, que portent toutes
les Indiennes de la Puna.
Les étoffes employées pour les costumes des hommes imi-
tent les dessins des tissus européens : de petits carrés, des
raies, etc., toujours de couleurs sombres telles que le brun, le
gris, le noir, de nuances très variées. La coupe est aussi une
imitation des vêtements européens; mais tous les costumes
sont coupés exactement de la même manière, suivant une
mode qui doit avoir été introduite à Susques il y a l{)ngtein])s
et qui y est devenue permanente, hes fig. 91, 92, 93 montreni
ces vêtements. Chaque individu les coud pour lui-même,
autant les hommes que les femmes; le mari confectionne les
siens, son épouse ceux qui sont à elle. Notons que le sujet
//Vy. 93 a deux pantalons superposés. La toile des chenùses
est généralement achetée dans les villes; c'est une toile en
coton, de fabrication européenne, épaisse et grossière, plus ou
moins de la même qualité ([iie celle que nous employons pour
\\\ WIKMITKS m I \ r.KMoN VMMNK.
|i»s slorf»s, rlr. ( iriM'iuLiiil on l;il)ri(ju«' nuiirr .1 >iis(|ius. |Kmr
fil r<)nr«Th<niiH*r (1rs rlirmiM's, uiir sorlr <lr llaiH'lle asst'Z iiiiiiro
»Mi laiiH» cIp mouton, mais la loil«'rlraiij;rn» a pi-fscjur totalcmiMil
riMiiiilarô ces tissus inclijçènos. Les chemises ne s<« la>ent jamais;
on les |M)rle jusiiir.i re (pTelles tomhent en moiT(*au\. Les fou-
lards sont ••♦^alemenl aciielés dans les villes.
Le ponrlio est un \èleinrnt (jiii ne manque à aucun Indien
du liant |)lalean. Les |x)n<li(»s de Snstjnes sont prescpie rarn's,
(•oiniM»sés de dru\ lis rnnsus l'un à l'autre, en laissant une
lente ou\erte au inili<'n poiii |).isst'r la li'lr. Ii»iis les |)onrlios
sont tissés par les Indiens eu\-iMfines. Ils ont près H<* "X reiiti-
mètirs d'cpaisseiii ri pri-sentenl un tissu hcs compact et très
lourd, lait dr* lil tordu (!•• plus d'un d»nii-<t'ntiinètre d'épais-
seur. Dans les couleurs des poncims, i ancien L,'oùt indien
domine. Souvent le dessin consiste en raies multicolores de
dillérentes larirenis rt de <-ouleurs criardes; d'antres lois, la
pièce est dune couleur nnilorme, mais p(»ur\ui' d un Lord
roui^e, \rrl, linnie, rie. Lr nonc lu» des Indiens rs| plus court
que celui des mrlis cl d«»s ««gauchos» (\r l.i l'npuMicpie Arj^eii-
tine; il ne couvre les jainhes (pir juscpra mi-cuisse. L«'s Indiens
ne laiss(Mit jamais Icni- ponclio, ni en été. ni en liiver. Pendant
leurs marclies, ils \ »'n\eloj)|)ent leurs provisions et t»»ut ce
(pi'ils doi\eiit emporter aNec env. Le ponclio, dans ce cas, est
iK>rlé en haudrier, les objets enveloppés restant sur le dos (\v
l'indiNidn. \.r poncho avec son contenu est alors dénommé
qiirpi. Les menus ohjets et l;i proMsion de <'oca sont |>orlés
clans un sac siW'cial, la chnspn . suspendue aux <*panles au
moyen dune conlelette. La rhuspa est tis.sée en laine et géné-
ralement ra\ee de plusieurs couleurs.
pour transp«irter le mais «'t d'antres marchandises. I«'s
Indiens emploient de «grands sacs en tissu de laine. rpTils font
eiiv-mème». Cette étoile est pres(|ue aussi épaisse (pir crlle des
ponchos et généralement ravée. Les sacs .s'attachent de traxers.
sur le dos des lamas et dt*s ânes, de la manière nue montre
la/?//. //7f|»aj;»' .>ç)fi ^ Le sac m* doit pas étrr <oinpletement
LA PUNA ET SES HABITANTS VCTUEES. Vi.')
plein , afin que son contenu se divise en s'entassant des deux
côtés de l'animal, pour établir l'équilibre de la charge.
Tous les Indiens sont chaussés d'usiitas, sandales en usage
dans toute la Cordillère, composées de deux semelles super-
posées. Utisuta est retenue par une lanière qui fait le tour du
pied en traversant trois œillets en peau, dont l'un est fixé à
trois centimètres du bord antérieur de la semelle et passe
ensuite entre le pouce et le deuxième orteil, les autres, ratta-
chés des deux côtés. Cette lanière passe au-dessous des che-
villes, mais au-dessus du talon qui l'empêche de glisser.
L'hiver, les Indiens portent des chaussettes épaisses et hautes ,
qui forment en avant une pochette spéciale, semblable à un
doigt de gant, pour v introduire le gros orteil, laissant ainsi
libre fespace entre cet orteil et le deuxième, par où doit passer
la courroie de la sandale. Le capitan Victoriano [Jicj. 9i) et son
neveu [fifj. 93) ont de ces chaussettes, lesquelles sont toujours
tricotées par les Indiens eux-mêmes.
Les Indiens, tant hommes que femmes, sont coiffes de cha-
peaux en laine, mous, ronds, dits dans le pays sombreros panza
(le hurro («ventre d'àne»), d'après leur couleur. Ces chapeaux
sont fabriqués par des chapeliers indigènes dans la Bolivie; les
Susquenos ne savent pas les faire, mais les achètent généra-
lement à Talina. Un de ces chapeaux dure souvent toute la vie
de son propriétaire. Les autorités ont obligé les hommes à se
couper les cheveux, je ne sais dans quel but, peut-être pour
les «civiliser». Avant ils les portaient longs, tombant jusqu'à
f épaule. Ils gardent toujours, sans la couper, une mèche au-
dessus de la tempe droite ; cet usage est motivé par une super-
stition que je n'ai pu connaître. Ils me cachaient cette mèche,
craignant que je ne fusse un agent du Gouvernement et que;
je ne ia leur fisse couper. Les Indiens préhispaniques (hi
Pérou attachaient une importance rituelle à certaines manières
particulières de couper les cheveux, ainsi que le démontre la
question n** 82 fin questionnaire pour la conlession des « ido-
lâtries» formulé par l'archevêque de Lima, Don Pedro de Villa
(Wniit'/. 370. loi. 58) : ^* .Si nn tnnidn, ô lierliu Irvnzas dt- /»»>• tahcUns
en (ierlas mancras « tranjuili'ultue licrlas jmrtvs ant otrus ih/rrrn-
rias, como de cri:nrja$, que los Indtos siiclcn ii sur para sus supersli-
ciimes v errorrs ?
(ioiitrainMiM'iit aux Iioiuiih's, les femmes, dniil une es! re-
prf^senlée //l'y. .'A^, n'iinilcnt |)a> la nindr eurojM'eune en ce (|ui
concerne les v<>lemenls, de coupe i(lenti(|ue à celle de la plu-
part des Indiennes di- la holi\ie. Cependant re> \èt(Mnents ne
>onl pas un lnMita^e dr {'«'pocpie pn'lnspaiiifpir. où les jupes
élaienl inr<minieN; rellr nicxie a rlr iiiInKluilr «1 lùiroj)e j)eu
de lemps après la contpièle et adoj)lée j)ar les femmes indi-
jçènfs, (|iii I nul gardée |)endant trois siècles, sans en changer
;iii( un dri.iil. l,t-> pipes sont très aiiiplfs et lorlrincnl iilissées
a la c«»inture. (Jtiand l.i |iip'' "'^1 loiil .i f.nl nsèi», cVsl-à-<lire
après axoir ète portée conlniuellenient pendant deux ou trois
ans, l'Indienne en met une imminc, mais elle la met par-<lesMis
le^ iamlx'aux de la \ieille,(pii \ it-sle juscpi'à ce (pielle loinhe
par l'action du triii|)s. Ou dit (pinn peut compter la^e d'une
Indiennr par If noinhir de piprs (pn-llr portf! Les vêtements
des lemmes (pu* j ai Miesètaienl Imis d une èt<dle de couleur
bleu fonc^, un peu plii>> fine (nif celle des liommes, et (|ui
est comme celle-ci un jnoduil de I industrie local»*. L'ètolle
était (pielqnefois bordée de lisi'rés rouj^es. Les InditMines de
Sus(pie.s jMirtenI des ceintures, tissées par elles-mêmes, avec
une ornementation j)lus ou moins complexe, (iependant j ai
Ml peu «le »es ceintures à dessins orij;in.ni\ (pu s«nit une
sjx'cialite de l'art textile de la holi\ie. Lis lemmes |M)rtent sur
les épaules des cliAles carrés, plus léj;i*rs que les jxmclios des
linmmes el .sans ouverture poni la lèle. Onant aux chemises,
aux lonlards, aux chapeaux el aux sandales, il n'v a pas de
dillerence entre les hninmes el les lemmes; seuls li»s chaj)eaux
de celles-ci sont un peu moins «grands (pie ceux des hommes.
Il y avait pen d»- hij(»ux : des hagues, des |KMKlanls en argent
• 'I •Ml laiton. fal>ri(piés très f^rossièreiuent par des orfèvres
indii^eiies i\t' l;i hdliNie un de l.i l'im.i de .Injuv. Les manias
LA PUNA ET SES HABITANTS ACTUELS. 447
(clîàles) étaient attachées au moyen de topos en laiton se ter-
minant en cuiller, comme les topos communs de la Bolivie. Je
n'ai pas vu les Susquenos et les Susquefias en costume de fête,
mais j'ai vu des garde-robes entières accrochées dans les cases
et je n'y ai pas observé de vêtements spéciaux de parade. Je
crois que les Indiens n'en possédaient que tout à fait excep-
tionnellement.
Les Indiennes avaient les cheveux divisés par une raie passant
par le milieu de la tête et formant alors deux tresses tombant
sur le dos. Les jeunes femmes se peignaient probablement au
moins une ou deux fois par mois, mais il y avait des vieilles
qui certainement ne s'étaient pas peignées depuis plusieurs
années. Aussi certains parasites devaient-ils trouver exquis leur
séjour dans ces chevelures. Heureusement le climat est trop
froid pour que les parasites doués d'une mobilité plus grande
puissent y vivre; sans cela il serait impossible d'entrer dans
une case de ces indigènes qui ne se baignent ni ne se lavent
depuis leur naissance jusqu'à la mort, et qui ne se dévê-
tent pas pour se coucher. Une ordonnance du vice-roi Don
Francisco de Toledo (48, foL U6) donne un exemple bien to-
pique de ce manque absolu de propreté chez les Indiens du
liant plateau : il y ordonne que les femmes ne portent pas leurs
enfants nouveau-nés sur la peau, dans fintérieur de l'a/sH
(chemise), comme elles avaient l'habitude de le faire, mais
qu'elles doivent les porter dans les bras ou sur le dos ^^\ Elles
employaient donc Vajsu de la même manière que les kangou-
rous leur poche ventrale.
Bétail. — La principale fortune des Indiens de Susques est
leur bétail : des ânes, des lamas et des moutons. Un Indien
aisé possède environ loo moutons, 5o lamas et /|0 ânes.
^'^ Le texte de cette ordonnance, si- en niriuiias prorincins , y en cnsa de grande
gnée à Are(jui|)a le 6 novembre i575, est snciedad, sino (jue las tniujnn en tus hrazos,
le suivant : lien manda que nintjnna India o espaidnx , conio suclen Iraerlox en ahjnnax
finrida meta la criafnra jinr deniro del acso /xirlcs.
ù ruiz de tas carnes , alcnln û (jne te usa
^^iH wTini iTKs i)K IN ukr;i(>\ wdink.
L liidini I»' nlii^ riclu* (iii dislritl <!•' Su>(|ur> axait .xx) mou-
Ijmis, ^nn lamas (*t 1 5o àiips. I^a valnir cuiiiiniMTialt* (Tim
iiioiitun pst (rt'iiNirnn > piaslrrs arj;«'nlinrs"\ ccllr d un lama,
de 5 piaslrrs, ri'lli» (iiiii âne, de 8 piastiv^. Il «xi^fp aussi
(|iicj(|ii('s (lièvres, mais elles ne supportent j^uere le climat. Le
paturaf^e étant extrêmement mes(piin, l»s troupeaux sont dis-
st'ininrs dans tout !•' disirici, (pii a unr lar^rnr niovenne de
()n^°* ri .seten<l sur environ 'lo^'" au sud et 60^'" au nord du
\illa«;e. La ^çarde des troupeaux ol)li«;e l»«s Indiens à |)asser
pre.S(pn huile l'année lim-s du \dla«;e, dans des huiles provi-
soires construites a piovinnli* du pàtura<;e. Le (limât est si
nidf.(Mii', crrlaines aiUH'e>, ^^'>^ lllnll|n||>^ niriiiriil de fnud m
^rand nond)re.
Ln driiors de ce hrtail ri du clnrn — d»' mis«'ial»lrs ^•|lu•n^
laids, sans rare — d n \ a d antres animaux donM'.sli(pifî> (pu*
(pirKpu's rares pnnifs, mais rlles ne se reproduisent pas, à
cause du (limai. Les riiys «m cnc lions dinde (^('.ario ('jiltnxd ,
Maivifr.^^ si ( oiiiiiniiis d.iiis 1rs liiillrs induMiues du haut |)la-
tiMii du rnoii r\ (jr l.i lutlixir, ne semhleni |)as exister à
Siiscpirs. Ils sniil d .iillfiiis lies rares aussi ehr/ Irs Indiens dr
la Piiii.i (\i' .liipiN .
Chasse. Armes. — Lu (<• ipii < «)ii( rrm' la chasse, il \ a la
xi^ogne, le huanaco cl Ir (liim liill.i. Les troupeaux de vigo-
j^iies ne sont pas très nomhrnix, ««l hm'iih- <ts animaux, parti-
culiers au haut plateau, iir n>sist(M)l (pirltpu'lois pas au Iroid.
Il y a (pirhpu's années, un Iiimt inclriurul les axait lues
pres^pir Ions; après le Iroid, des Iroupeaux entiers axaient <'l«'
trouxes morts dans les (|uel)radas. Ions les animaux de chacun
des troupeaux «•tant toinhes ensemhle, dans le même iMidioil.
Le huanaco est l>eaucoup plus rare (pie la vi«;«>j;iie. Le chin-
chilla est liTs rare e| n'hahite cpie les |)arties les plus hautes
et les plus iiiaccessihies des inontagiies, la nù même les
*' Prtn marinnnl t friinr* m rrnliinm.
LA PUNA ET SES HABITAM'S ACTUELS.
449
Indiens n'arrivent que difficilement.
Les Susquenos ne sont pas en général
de grands chasseurs. Quant au chin-
chilla, il n'y en a que deux ou trois
qui le chassent, et cependant ils peu-
vent en vendre facilement les peaux
de 1 o à 2 G francs la pièce , ce qui pour
eux constitue une somme énorme. Les
chinchillas se chassent avec des pièges
qu'on monte devant les terriers, en y
mettant du maïs cuit comme appât,
mais il faut souvent attendre j)lusieurs
jours avant qu'un chinchilla ne se
fasse prendre dans le piège, ce qui
n'est pas facile à 5,000°" ou plus d'al-
titude, où l'air n'est guère respirable.
La vigogne séchasse avec les lihes^^\
arme de jet semblable aux holeadoras
des gauchos des Pampas et des In-
diens de la Patagonie, si ce n'est que
les Uhes sont moins lourdes. Je repro-
duis, fi(j. 96, une de ces armes. Elle
est composée de trois pierres envelop-
pées dans de la peau et reliées en-
semble par des cordelettes réunies au
moyen d'une épissure. Les pierres
sont en grès. Il y en a deux grandes
et une petite. Les premières sont de
forme arrondie mais aplatie, <\v
o'"o6o de diamètre et de ©""o^o de
hauteur; la dernière est (h; forme
'*' JÀkui en (juiclum du Pérou. La ])ln|)arl des au-
teurs anciens dénoninieiil celle arme uiUa ou ayllu :
ainsi C()l)() (103, n, \>. 19O), (jui en donne la descrij)-
lion.
l-'ii;. (jO.
tJbvs (arme de jet).
,5 "r. liai.
VfO \MinUTK.S DK l.\ HKC.ION WDINK
c»\oï(lr, (If o" (>.').') (if liauti'ur cl (le o"o'i«» d»' diaiiirlrr. Les
j;raii(l«'N jwseiil res|M'(iiveiiieiit ijj et 170 ^ranimes, la |>rlilr
(jf) j;raiiiiiies, les emelojijK'.s comprises dans le |K)i(ls. Pour ces
eiiveloi)|M's, 1rs iiioiTeaii\ (le jxîau oui été appliques frais sur
les pirrrrs, |M>ur\us de trous j)ar les<juels |)asseul les lils de
la rordrjclli' ipii raltadie le iourreaji au-dessus de la |)ierre.
La prau, »ii srciiaul, se ressern* autour (!«• la piei re d'uue
manière si lerm(> (pie le tout vient à formrr un seul corps hieii
solide '. Les cordelrtles oui eu\irou .) milliuu'tres d «'paissrur.
(ielles (\vs grandes pierres ont i"().) d«' lnii;^Mii ur chacune,
«•rllr dr l.i iH-lit»' piiiTc a i". La c«»rdelctte rsl faile i\i' hhrcs
xé^elales et nest |)as (\v lahricatioii iudi;;eur, mais pmhahle-
uu'mI aciielée au cours <Yu\\ vovai^n-, dans liiur «les \dli's (pir
l«'s Indiens \isilrnl pour \ \endre leurs produits ri iaire Icius
achats. Jadis on a emploNé des cordrh'llrs en laine j>our les
IiIh'S, mais aujourd liui on a liouNr 1rs lurllrs m lihres M'^é-
lales mrillriirrs i\ vi'\ flirt, i'nur se srrNir di's hltcs, on j)rend
l.i iiililt* iiirrn* (hnis l;i m, un (iioitcrl Ion jail tourner rapidi>-
meiiL autour i\*' la t«'t<', 1rs driix autres, «pu dni\enl décrin»
un crrrlr liori/.ontal. ^^hiand rllrs ont accpiis nnc i^rande \i-
tcssr, on 1rs lâche dans la direction du «^djnr. Pour h's vi'^o-
^lU's, on les vise j^énéralmient au cou; I animal haïsse alors la
léte et les r()r(l(»s des hlns niNrloppint aussi h's patt(*s, ce(pii
II' l.iil lomhrr; Ir chasscni aN.unr «1 I é«^t»r^e. La Ni^o^nr est
chassée indi\ idiirllenniit on d.ins de ^raiidrs chasses collec-
tives. Dans le premier cas, l«> chasseur altemi !•- pctil troupeau .
comiHisf de iMiiIrt- à di\ aniinanv, a I rndroit où il sait (pw
\m prrtu fraiche l'iiiplovii* cir rrllr
1* 'ii«^ un lôli- lif« iiii|Mirt.inl il.in«
I • ' •nu-nl <lc* «mlii» ••! ilr» ann«**.
|NMir l'aikviiil)l«^p (Ip iiipcrt m Imi», rlr. ,
rhr/ \rs ln)lii*n« |>ri'hi«|>jiiiii|iir«. !.<•« v-hi
rhtr* ri |r« llirll« l'Il ^'rnci 4I llr I<| lUllll
l>lii|iir \r^'rnhn«- m loni fnrtiri' un iim;,')*
lrr« \»ni> ri » rn wrtrnl «\it iiiir li«liilrlr
r\lrMirilîntiirr.
A lilrr llr «iiriiMilr. iumi» iiirnli«inni'
ron» la |M'inr ilr iiioi I <|iir faiMiil Miliir
;i v« rnnctni« Ir ilirlalriir ar);rnlin Wm
Jimn Mmuirl ilr Hiim!» (iHii)- iH.'ii ) , pn
faiftanl rn^ rlo|i|M>r Ir» rnn<iaiiin<*» cUn« U
|N-Aii iriiit IniirtMii nVriiiiiirnl liuv (^'tlr
■M-aii rn«(Misiic mit Ir n>r|i<, Ir iiialhetin-iix
rUil r\|Mi«f «Il iMilril ilonl Im rhalriir m<
rhuit pl rt>»M>miil |h*ii à |«rii la |*raii.
riMii|iriiiianl ir (-<tr|i« «lu «ii|i|ilirir Jiiv|ii 4
ii«-<-«Miinnrr m iikitI.
LA PUNA ET SES IIABITAMS ACTUELS. 'i^l
les vigognes ont l'habitude de passer ou près du lieu où elles
boivent. Pour les grandes chasses, dénommées chaco, les In-
diens se réunissent sous le commandement d'un chef. On tend
dans une étroite quebrada une corde à laquelle sont attachés
des morceaux d'étofl'e rouge , à environ i'" de distance l'un de
l'autre. Par leurs cris et des bruits de toute sorte, les chasseurs
ramènent de très loin les vigognes à cette quebrada, dont
l'entrée est alors fermée, également par une corde tendue où
sont attachés des chilï'ons. Les vigognes ne rompent pas cette
clôture, car elles ont peur des morceaux d'étoifes que le vent
agite. Les chasseurs peuvent alors y entrer et prendre, avec
leurs libes, autant d'animaux qu'ils veulent. Toute la Puna est
divisée, par les Indiens eux-mêmes, en circonscriptions de
chaco. Dans chacune, il y a un chef ou capitan permanent,
charge qui est considérée comme très honorifique. Cette orga-
nisation pour la chasse des vigognes date de fépoque préhis-
panique. Acosta (2; 1. IV, c. XL; I, p. 281) donne une bonne descrip-
tion des chacos des anciens Péruviens. Les peaux de vigogne
valent dans le pays environ de 2 à /i francs, mais la chasse de
cet animal ne peut être considérée que comme un revenu très
accidentel pour les Indiens. Si chaque chasseur emporte une
fois par an d'un chaco une demi-douzaine de peaux, cela ne
lui rapporte qu'une vingtaine de francs , la chasse avec ses pré-
liminaires, etc., ayant peut-être duré quinze jours ou plus.
Les Indiens de Susques ne font pas de tissus de la laine très
belle et très Une de la vigogne, avec laquelle les métisses de
Salta et de Catamarca font de vraies œuvres d'art textile.
Les Indiens possèdent une autre arme de chasse, la fronde.
A Susques, il n'y a guère d'Indien qui ne la porte toujours
avec lui. Le spécimen y?^. 97 a 2"i5 de longueur totale et est
formé d'une seule corde habilement tressée en laine de lama.
A ses extrémités, cette corde est de couleur blanche et com-
posée de quatre torons. A o"' 88 dv. l'extrémité se trouvant à
(h-oite sur la figure, on a doublé l'épaisseur de la corde, en y
incorporaul quatre uouveaux torons, (ies deruiers éléiueuLs
V%2 XMinUTKS |)K L\ IlKC.lON VNDINt.
sont (le (-oiilfiir hriiii chiir it loriiitMit avec les éléments blancs
un dessin à cliexrons. (ielte jçn^sse |)artie de la conle a o"5o
de longnenr. \ii iiiili>u. Ie> huit torons dont «llr est coin|X)sée
sont nattés «i plat |H)nr Inrnirr la |)artie de la Ironde où doit
être placé le projectile. Les huit torons y sont envelopjM*s et
retenus dans Irur position pnr un trrssa'^e fait avec des lils
rn l;iinr de inoulun, hiancs ri noirs, dispnx's de manière à
lormer un dessin rn cchiipiier. (itMte partir plate (\r la Ironde
a o" I !S de longut'ur et o^of) de larj^eur niavinniin. \n «entre,
nn a Liissf» entre les deuv torons du niiliru une lenle ou-
M'rte de o^o.^.) <lr lou^'uiui. (lui ^erl a retenu !•• projectin*
Ki|{. 57. Krnmic. 1 '.'» -^r. niL
à sa 1)1. M)'. \ I indrnil où s'.nunu it la ('nr<le, .1 ^Muche sur l.i
liiTure, les ImmiIs des torons hruns «tul ele atlaclies au nio\en
d'un lil mince, |Mnl)al)lement à cause d'un delaut dans le Ires-
sajçi*. I..1 |>.ulif uiiiMf (il' la «unie a, d«' ce coté, 0*77 «le
lon^ntMir, c i'sl-a-<lin' «jue crllc partie es| |ilus ctmrte (pu* celle
(le lauln* coté, (iouinie prop'ctih's, nu «'niphm' «les pu'rn's
«pieh'oiupies, plus «tu moins arrondies, «Tensiron u'"o.') de
diamètre. Pour lan««'r une «h* ««'s pi«'rn's. I Indieu la place sui
la lente au nuheu d«* la lr«mde, d uilr«)«luil I un de ses d«ii^ts
dans r(L*illet (pii se tr«)U\e à I um* des «'xiremites d(* la corde
(à droite sur la li;;nn*), il pu ud r.nitic houl de la c«)rde dans
la main v{ lait tourner la lr«in«le au-ilessus de sa tète jus(pi a
ce (pril «ihtienne um> grandi* >it«'ss(*. H lâche alors le l>«)ut lihre
«h* la c«»rde et, par suit»* d«* la force c«'ntrilnj;e, le pr«>)ectile
chI dirij;e ^nr la «ihle. I.a liontle e«»l enipln\«'i' pour Iner !«•
LA PUNA ET SES UAIUTANTS ACTUELS. \y,]
menu gibier, surtout les viscaclias [La(jidiiini) et les oiseaux.
Pour ces petits animaux, le tir est mortel, lorsqu'il est bien
fait, à plus de 5o™ de distance. Les Indiens emploient aussi
leurs frondes pour faire marcher les troupeaux, ou des ânes et
des lamas isolés, dans une certaine direction. Le conducteui-
marche derrière les animaux et leur jette des pierres avec la
fronde quand ils se détournent du chemin ou quand ils
s'écartent du troupeau. Il ne manque jamais d'atteindre, a\ec
les pierres, le côté de l'animal qui est opposé au chemin que
celui-ci doit prendre , et la bête , effrayée du coup , court incon-
sciemment vers le but que désire le conducteur. Les frondes
sont aussi des armes de guerre assez redoutables; on raconte,
])artout dans la Puna, un épisode survenu au cours d'une
rébellion des Indiens, dite la «Guerre de Quêta», contre le
Gouvernement de Jujuy. Celui-ci ayant envoyé i5o hommes
de troupes régulières pour en Unir avec la révolte , les Indiens ,
placés sur les hauteurs d'une étroite quebrada où les troupes
devaient passer, les détruisirent à coups de pierres. La fronde
en laine, de la même sorte que celle que nous avons décrite , est
répandue dans toute la région andine et se rencontre fréquem-
ment dans les sépultures préhispaniques du Pérou. Ces frondes
anciennes présentent en général une ornementation beaucouj)
plus riche et plus compliquée que les frondes modernes, et
leur partie plate est souvent tissée en mailles. J'ai rencontré des
fragments de frondes dans les grottes sépulcrales de Sayate et
de Pucarâ de Piinconada, dans la Puna de Jujuy.
Agriculture. — Elle est presque nulle. La quinoa est la seule
|)lante alimentaire de laquelle on puisse attendre une récolte
régulière. On cultive aussi, presque comme un luxe, quelques
pieds de fèves [Vicia Faha) sur de petites parcelles de terrain,
particulièrement protégées contre le vent par leur situation
dans quelque coin abrité des montagnes et encore ])ar des
muis spéciab^nent élevés dans ce bul. Les pommes de leiic
ne poussent pas, et encore moins le maïs. La luzerne, qui se
H 3o
Vi^ \MIOtlTKS |)K LA llK(ilON WDINE.
(If'«v«*l<»j)j>e assez l)ien dans certains iMidroits de la Puiia do
Juiiiv, est à Susqin's détruite ininiédiateinent par le froid, des
(iiii* les jeunes jxmsses sortent de terre.
Alimentation. — (Ju«»i(jur l.i^rKullure n e\ist«* «^urn' a
.Su'^cnns, I alinieutation des Indiens rst j)res<jue en tntalilr
\(^<'tale, coniiMisee de maïs. lr(|uinoa ne iorniaut (|u un stock
(!<• ré.serve en cas de uianijuc de mais. L'Indien ne tue que
rarement .ses lamas et ses moutons; ce Iw'tail rsl consiclen'
comme un c.ipital au(|M*l il nr l.iiit |i;i^ tnuciiei' et dont rintérèt
consiste en laine ou en lian^iMMl (!•■ iii.ii * liaudises. La Mande
des animaux tués est divisée en lanières et sécliee au soleil,
sans s«'l. La siande ainsi préparée s'a|)j)elle <liar<ini , excepté
celle fie miuiton. (pu est dénommée r//(//<«//w. La Mande de la
\i«i;o«;ne sul)il la même préparation, mais les Indiens chassent
trup |)eu de ces animaux |)onr(pie la viande en ait une impnr-
tance (Uielcoiupie dans leur alimentation. La \ian(le séclie est
employée avec une «grande économie; on n en \nit jamais cju un
petit morceau dans la grande marmite (pu contient le maïs
destiné an re|)as dv toute la lamille. (iomme C(»ndinn>nt d<* ce
maïs houilli, il n\ a (pie le sel (>t, comme article de luxe, une
.sorte d«' piuH'ut, \aji \ (lajisunm *'/'.)• Le sel provient des salim*s
voisines. LViyi est acheté dans les vallées; dans celle de Lernia,
par exemple, cette |)lante est cultivée sur um- i^rande échelle.
La \iande iraiclu*, rôtie, est un luxe; on en man^e seulement
les jours de «grande léte.
Coca. Tabac. Boissons alcooliques. — Les Indiens mandent
peu, mais ils ne peuNent |)as M\re sans la coca , et* tonupie
puissant r|ui anesthésie l'fvstomac v\ parait, jusipi'à un certain
|Miint, suppléer au défaut de nourriture, (iomnie on le .sait .
h's JndiiMis chicpient des leuilles de c(>ca {^l'jyfhrttxylon Coca,
Ijinh.) en y ajoutanl flf la //i.</a '', pale formée des cendres de
M. von Tsrhiiiii (Uil rrril ri/tta . ISO . Ilicht . in.ii« i|jin« la iNina ar^rnlino
M MiiklrmiorlT 131 . fliflti . M. Go*»*' Ip mol r«l |tntnonri> //iW<t.
LA PUNA ET SES HABITANTS ACTUELS. 455
certaines plantes, mélangées et pétries avec des pommes de
terre. Dans la Puna, on fait la lUsla surtout des cendres d'une
chenopodiacée sauvage appartenant au genre Alriplex, mais
aussi des tiges ])riilées de la (juiiioa. La première sorte est con-
sidérée comme la meilleure. En Bolivie et au Pérou, suivant le
D"" L.-A. Gosse (150, p. 67), on emploie, en dehors de la (juinoa,
d'autres plantes pour la préj^aration de la llisla, comme la
hampe du maïs, les pétioles et les feuilles du bananier, le bois
de (jaeîioa, etc., toujours réduits en cendres. Le potassium
contenu dans la llista sert, paraît-il, à amoindrir le goût amer
de la coca et j^eut-être aussi à dissoudre ses principes actifs.
Selon MM. Gosse [ihid.) et A. Ernst (124, p. 235), on remplace au
Pérou septentrional et en Colombie la llisla par de la chaux
vive.
A Susques, comme dans toute la Puna, tous les Indiens,
hommes et femmes, chiquent de la coca. C'est leur passion
principale, un besoin absolu qui prévaut sur celui de manger
etde boire. Ils tiennent constamment la chique dans la bouche,
même en dormant. La coca donne une odeur fort désagréable
à l'haleine et il faut vraiment avoir du courage pour supporter
pendant quelc[ues minutes l'Indien qui vous parle, étant
donné surtout qu'ils ont l'habitude de beaucoup s'approcher
de la personne à laquelle ils parlent. La coca est la meilleure
monnaie dans ce pays; avec de la coca, on obtient souvent des
choses qu'on ne pourrait se procurer avec de l'argent. La coca,
dont le prix est assez élevé, constitue aussi la plus forte dé-
pense du budget de l'Indien. Enfin, pour le faire travailler, il
faut absolument lui donner de la coca, sinon il ne travaille
pas.
L'action physiologique de la coca a été très discutée. Dans
sa précieuse monographie, M. Gosse (150, p. 69 et suiv.) rend
comj)te des diverses opinions émises par les savants qui se sont
occuj)és de cette (piestion. La coca, dans le haut pays, exerce
une sllmulalion lente et soutenue, une aclion pnissanhr sur le
cœur et sur les centres nerveux, sans le sentiment pénible de
•^50 WTIOUTK.s DK I- \ UKC.InN WDINK
surexcitation que donne par exenij)!*' Inpiuin. Los auteurs ne
sont pas d'accord sur la nature de cette stimulation. Les uns
admettent une stimulation directe, send)lal)le à celle de i'am-
moniacpic ou des aromates, les autres, une action «'xrilnnl»'
indin-clr, annlo^^ue n cfllf des narroliquos. Prrsoinu'IlemrnL
j'ai i'ssiiw dr cliicpHT dr la rora pnidanl (pielques jours, a
litr»' d'i'xpérieiire, sans rep(Midant v ajontrr (\r la I lista, cr (^ur
y lrou\ais Ikm» drsa«;n»ahl«*. La dn>«(ur n a produit sur moi
aucun ellet, ni hon ni lll.lll^.li'^. Mnii aj)|)étit était !•' môme
(pr.! l'ordinaire, mes forces n'ont ni diminiir ni auj^menlé,
ma sensibilité pour le soroche n'était ni moindre ni plus
Jurande (pic rpiand je no chiquais pas, enfin je n'ai éprouvé
aucune (>\citation. Peut-être laut-il laire un usa^'e plus pn^
lonj^é de la coca pour sentir ses ellels. ou peut-être suis-j«*
particulièrement insensible à ce stinndaiil. \m contraire, j'ai
sou\eiit pris d»' la coca en inlusion. Inrs(pie j'ai tro|) n*ssenti
le sonnlir ou lorsipie j'ai eu le mal de tète ou la fièvre, ci* (|ui
arri>e souxtnl .1 l'Kuropéen dans l'atmosphère raréli»- du h.iut
plateau, «'t dans c«;s cas la coca s'est montrée un excelleut
remède, .le rappelle aussi le cas d'un de mes camarades de l.i
Missiou Suédoise (pii conimit un jour, à environ 'i,r)oo" d'al-
titude, l'imprudence de courir à pied pendant deux ou trois
heun»s dans la mouta«;ne, pour chasser des \i«;o»rnes. Il rentra
a notre cauq) sérieusement malade et son <'tat s'af;[«^rava d une
manière telle, (pie je crai^'iiais (ju il iTeii nu)urùt. Il prit j)lu-
sieiirs tasses d'inlusion de cocn , ce (jui le reiuil complète-
ment.
La pninrii'te de l.i coca la plus ddlu lie a explupuM' est celle
de diminuer à un haut devjré la nécessité de nourriture, sans
diminution de lorces. permettaiil aux Indiens d endurer de
très grand«*s lati;;ues. tels les longs et rapides vovages à |)ied
durant |>liisi(»iirs jours, même plusieurs semaines, ou d'exé-
cuter deslra\au\ fort rudes, c(unme ceux des mines, |>res(pie
sans prendre de nourriture. r\ seulement en mâchant t\r la
coca l)es laits de cetir nature ont i-tr «oustatj's i>ar tous les
LA PUNA ET SES HABITANTS ACTUELS. '157
voyageurs du haut plateau. M. Weddel essaie de les expliquer
par la dose assez forte d'azote qui existe dans les feuilles, mais
l'azote contenu dans la petite quantité qu'en consomme un
individu par jour rend cette explication tout à fait insuffisante.
M. Forbes (135, p. 253) nie la faculté pour ainsi dire nutritive
de la coca. 11 dit qu'il a observé chez des Aymaras qui ne mâ-
chaient pas la coca une résistance et des forces égales à celles
de ceux qui en faisaient usage. Il cite comme exemple les
soldats de l'armée bolivienne, dans laquelle l'emploi de la
coca est défendu, et qui cependant font preuve d'une résis-
tance merveilleuse dans les marches. Il compare le « vice » de
la coca à celui du tabac et autres narcotiques qui ne sont pas
nécessaires à forganisme, mais qu'il est difficile d'abandonner
une fois qu'on s'y est habitué. D'après ce que j'ai observé dans
ce cas, je ne peux en aucune manière admettre les opinions
de M. Forbes, malgré sa grande expérience en ce qui concerne
les Indiens du haut plateau. L'occasion dans laquelle j'ai pu
le mieux me rendre compte des propriétés merveilleuses de la
coca, c'est en allant, en 1901, d'El Moreno à San Antonio de
los Gobres, à l'Acay et à Incachuli. Le juge de paix d'El Mo-
reno avait engagé pour mon compte, comme guide, un vieil
Indien âgé d'environ 80 ans. En dehors du salaire, je devais
fournir la coca; mais, suivant l'usage du pays, il était convenu
qu'il devait apporter ses propres provisions pour manger. Le
juge m'avertit de cette dernière clause. L'Indien se présenta et
je lui demandai ou il avaitses provisions. Il me montra environ
deux kilogrammes de charqai de vigogne et trois kilogrammes
de maïs grillé, le tout enveloppé dans son poncho, et m'assura
que cela lui suffirait pour tout le voyage, qui allait durer une
quinzaine de jours. En nous mettant en route, j'ollris au vieil
hidien de monter un mulet, et il accepta, prohablement pour
montrer, à la sortie du village, aux autres Indiens, flionneur
qui lui était fait. Mais une fois dans le désert, il préféra aller à
pied et ne voulut plus monter. Il courait tout le temps quelques
mètres devant la caravane (|ui marchait au trot. Devant les
VVi
WTioMTKs i>K i.\ HK(;inN wdink
riiisspanx, sans s'arivliT, il |«'lail l«'s iisufas d»* srs |»hm|s «mi
l'air, Irs n'trxaiil rlaii> les niaiiis av«T inn* lial)ii<>t(' .>jM'<iali' ri
passant l'i'aii iiu-nirds, jxtur- in* pas iinuiillrr sps sandalrs. Pour
Ips n'iin'lln*, il avaii(.;ait (|in'l<jin's pas «mi cotiranl «'1 il fiait
déjà cliauss4> hicii avant cpic !•■ nnilrl allaiil *ii Irir (m'iI ])ii le
ralIraiMT. Pas inu* sriilr lois mi m- \il ni lin mir trace d«'
lali^^ue; li's inulrls parai>Nairiit plus lassrs (pir lui. l'A r<'j)»'n-
daiil nous avons lait d«'s joiiriuTs dr yo^'". .l'offris iialurrllr-
ni(;nt a mon vieil Indien de prendre part aux repas ahondanis
(les nndetiers, mais j'ai ronstalé cpi'il ne man^'eait preMpn*
rien. Soul<Mnenl il ( Iikju.hI dr l.i < «k ,i Imitf l.i journée. Au
retour à Kl Morenn. apn-s (pim/.«' |miii-> de \<»\aL,'e, d elail
aussi dis|)os (pie li)rN(|iir nous étions partis. On ne ihiiI reelle-
UKMit pas e\pli(pier celle résistance à la fatigue en ne |)renanl
prescpie pas de nourrilnn», cluv. un Inrlien d'un à«;e si avanci-,
sans admeilre le poiisoir de la coca de .supj)leer au deiaiil de
nonrriliire.
I.i Pnna argenlinr pnil rire (-nnsidérée <'«Miiiiie la limite
australe «le liisage «général de la cim a. Hieii (pi d e\is|e d'assez,
nomhrenv cliiqueurs dans la Ouehrada de I Inmaliuaca , dans
les en> irons de la \ille de lujnv et dans les vallées de Salta,
Tusaj^e de la coca ne s v esl j)as «généralisé et celle dn>L,Mie n'v
conslilue pas un article de première nécessité. A î^alla, j'ai
connu des amateurs de c(»ca, appartenant à la classe éle\ée,
mais ce ne sont que des exceptions. Plus au Sud, en Cata-
inarca et dans La liioja, d n \ a cpie peu de ix'rsonues (|iii
cliicpien! t\r la coca, et c«* sont f^énéralemeiil <l«»s métis mule-
liiTs (pn InnI appris au cours de leurs vovages eu Bolivie.
f.epriid.ini «»n dit (pie l'emploi de la coca était jadis j)lus g»*-
neral dans ces pniMiic(>s. I.'usnge de la «'oca esl répandu dans
tout le liant pays de la hnli\ir <•! du Pérou, dans «pielcpies
distriris de la Héj>nl»li(pie de rKcpiateiir et (\r la (ailomhie.
ainsi (jue clie/. certaines Irihus indiennes du hassiu du Hio
Madré de Di'os ((iam|)as vi Araonas), de celui du llaul-Aïua-
/.one (Juris, Passes, Miranlias. ,'|r.^ el dans les factoreries
LA PUNA ET SES HABITANTS ACTUELS. 'i59
le long des rives de ce dernier fleuve. La limite septentrionale
de l'usage de la coca a été l'objet d'une étude de M. A. Ernst
(124), d'après lequel cette plante est et a été, depuis l'époque
préhistorique, inconnue dans l'Amérique centrale. Quant à la
Colombie, les chroniqueurs parlent d'une plante nommée
hayo que les indigènes mastiquaient avec de la chaux vive.
Au Venezuela, toutes les espèces du genre Erythroxylon s'ap-
pellent encore hayo, et, selon Pietro Martire d'Anghiera, les
indigènes de la province de Gumanâ chiquaient, avant i53o,
les feuilles du hayo. On ne sait cependant d'une façon certaine
s'il s'agit de \ Erythroxylon Coca ou d'autres espèces du pays,
comme \ Erythroxylon camanensc , H. B. K., ou l'E. hondcnse, H.
B. K. Actuellement, l'emploi de la coca s'est perdu en Cumana.
En somme, à peu d'exceptions près, son usage général est
aujourd'hui limité au haut plateau sud-américain, depuis la
République de l'Equateur jusqu'à la République Argentine,
et, à l'époque préhispanique, cet usage paraît également avoir
été peu répandu en dehors de ces limites.
Quant aux plantations de coca, elles se trouvent toutes dans
les vallées chaudes des pentes orientales de la Cordillère, d'une
altitude de plus de 2,200°*. La Bolivie (provinces de Yuru-
carés, Inquisivi, Yungas, Larecaja, Caupolican) en est le prin-
cipal pays producteur. D'après la statistique ofTicielle de 1904,
la Bolivie en produisit, dans cette année, 1,669,628''^, d'une
valeur totale d'environ 7,600,000 francs. Toute la coca qu'on
consomme dans la République Argentine vient naturellement
de la Bolivie. Au Pérou , on cultive la coca dans les vallées de
Caravaya, Paucartambo, Santa Ana, Anco, Huancayo, Huâ-
nuco, etc. En Equateur, la culture de la coca a été inlmdnile
sans y prendre beaucoup de développement. En Colombie, il
y a quelques plantations en Popayan et dans la Vallée d'Upar,
au pied de la chaîne qui la sépare de la province vénézuélienne
de Santa Marta de Maracaibo. On a essayé de cultiver la coca
dans les terres basses, par exemple aux rives du Rio Solimoi^s,
mais la plante y perd ses qualités essentielles. Comme on le
Hrf) VNTIOUTKS hK l.\ UKCilON \MHNK.
\«)il, iurscnif liMiIrs 1rs (-(iI|iii-i>n «|r an a m* Ikhim'iiI dans l«'s
limites rlr l'aiicit'ii riiipin' iiMiisi(jii»*, «'l la zmi»' (\v lusaj^t* <l«'
rrlh* (Iro^iH? coïiicid»' prescjn»' n\rv l»* trrriloire sur Irqurl
srieiulail rct einpirt'. La coca était, coiiiiiie on le sait, encore
|)lns aj)|)réciée à ré|H)(|ue des liiras (|irniij<>iird'lnii; son nsaji^e
l'Iail .dors un |)ri\il«'i;«' jxmr les (dassrs rlinres ri elle jouait un
rôle iiiipnriaiil dans crrlames eereniouies rrlij^ieuses. Dans la
Puna. I emploi <le la coca date aussi de ré|>o(|ue |)reliis|)aiii(|u«'.
car, d'après des renseij^nemenls (pu m ont cl»' donnés à Hinct»-
nada,nM \ a lnMisé, dans rlan» irnues sépultures, des (l«d>ris
de cestos (nattes) dt* coca, idenlnpies aux rcslos (pu «Micorr
aupiurd liui ser\rnt a Irnihaila^M» de ir[ article, (atinme nous
le \erroiis, les Indiens di- la l'uiia atla( lient eiicnn' de nos
jours une importaiMt' reli;;i»'Usr aux leuilles de Y l'.tydinKiylnn ,
(pii (-nnstitiirnt leur prin< ipale ollrande a Pacliamama et (pii
jouent un rôle dans heaucnnj» de leurs cérémonies seini-
reli«;ii'uses.
Les Susquenos iumaient les cij^arettes cpie j»' Itnr i dirais,
mais ils no les ap|)réciaieut j^uère. (domine tous les cliiqueurs
de coca, ils ne tiennent pas au tahac, rontraireineul aux métis
des j)ro\in(es ar^^M-ntines rt aux Indiens sau\a^es du (iliaco.
Les métis iuinent toute l.i journéi* et ne pdurrairnt pas se
passer de tahac. Ils ne Irasaillent pas si on ne leur en donne
pas, et les muli*tiers se révolteraient si la piovision de tahac
saclieNait an cnm > d un \(»\aL;<'. I*nur h's Indiens du (Ihaco,
le tahac est nnr passion rt I un drs meilleurs articles (pToii
puisse em|)loNer coinine monnaie en tralnpiant axec eux. Mais
les Indiens du haut plalran scml iiidillrrenls m vr <pn con-
cerne ce nar<nti(pn'.
La hnissnii i\v prrdil«>rtinn drs liidi«Mis de Sus(jues est la
rhirlio, cominr partout dans le haut |)avs de 1 Américjue du Sud
ou plutôt pn>s(pie )>artout sur ce continent. Comme on le sait,
la rhnha est lait»' t\r maïs qunn fait lermenter dans de l'eau
LA l>riNA ET SES HABITANTS ACTUELS. 'aw
en employant la salive liumaine comme lermenl. Comme tous
les voyageurs ayant parcouru des parties du haut plateau ont
donné la description détaillée de la préparation de la chicJia et
des orgies auxquelles cette boisson donne lieu, je crois pouvoir
l'omettre ici. Je me bornerai à dire que les Susquenos sont
probablement plus sobres que les Indiens de la Puna de Jujuv
et qu'ils font assez rarement de la chicha, excepté à l'occasion
de leurs diverses fêtes. Pendant mon séjour dans le village de
Susques, on ne prépara de la chicha que dans une seule case.
Peut-être la sobriété relative des Indiens de Susques provient-
elle de leur pauvreté et de la nécessité d'économiser les pro-
visions de maïs, pour ne pas s'exposer à movirir de faim à une
certaine époque de l'année. On importe à Susques, de Jujuv,
une petite quantité d'alcool de canne à sucre, lequel est con-
sidéré cojnme boisson de luxe.
Commerce. Voyages. — Les Indiens de Susques sont donc
obligés d'importer leurs deux principaux articles de consom-
mation : le maïs et la coca. Pour les payer, ils exportent les
étoffes qu'ils confectionnent et les ânes qu'ils élèvent, ainsi
qu'un peu de sel qu'ils cherchent dans les Salinas Grandes,
un peu de laine de mouton qu'ils n'ont pas eu le temps de
convertir en tissu et même un peu de chalona. Les tissus sont
vendus à Salta ou à Jujuy, où les métis et les ouvriers en gé-
néral achètent volontiers ces étoiles solides qui durent cinq ou
six lois plus longtemps que les tissus des usines européennes.
Une coupe de pantalon qui a nécessité un travail de plus d'un
mois est vendue 3 francs environ, et pourtant cette industrie
est beaucoup plus importante qu'on ne le croirait.
Nous parlerons plus loin de fexploitation du sel des Salinas
Grandes, qui se vend également à Salta et à Jujuy. Dans ces
villes, les Indiens achètent une fois par an leur provision de
maïs, dont le prix varie, selon les années, entre 2 et 5 francs
Yarroha (environ 10''^). Lorsque j'étais à Susques, le prix avait
baissé au-dessous de 2 francs, et, par suite, il y avait un exofle
162 NMIoriTKS |)K I. \ UK^JON VNhINK.
(I liuliciis |>o(ir ailrr proiitcr de (<> prix cxceptioiiiiollt'iiifiit
Iniii iiiarrli(''. Los ânes se vciiclent en ii4»li\i<*, où ils sont les
Ix'^les fie somme par «•xrelliMice, car il n'y existe |)as assez de
fonrra^r |)onr les inulf>ts. Le marché princi|)al jMUir la vente
(les ânes proNeiiant de Snsqnes et d'antres parties de la Pnna
ar;;eiifiiie est Talina.daris la prosiiice de Snd-( iliirlias, près de
la frontière arj^entine. Très rarenn'nt, les Indiens de Sns(pie>
Nont |)lns an Nord, anx jurandes foires holiNiennes, comme
celles de Uynin. hii prix «juiU nhlirinn'iil de leurs Anes, ils
achètent à Talina ^nrtont de la coca, et aussi des chapeaux et
(piehpies instruments de imisirpie, lahricpiés p.n- les l^dien^
de la Bolivie, comme les flûtes de Pan et les churantins, (|in>
nous (h'crirons pins loin. La roca, fjni |)ave nii droit d'entn'e
assez èle\«\ est sonveiil iiilrndmlc p.ir «oiilrehaiid»' .1 lra\«'rs
les m(»nta^n(>s de Li'pez et Ir iKird de la Pnna di* Macama,
où les douaniers ar«^entins sont un puissants à |)oursuivre les
Indiens. Lu dehors des articles (inr ihmis venons de men-
tionner, les seuls (pi'on acheté dans les villes sont la toile jwMir
les chemises et \n/i venant «(énérahMuent ch» Salta, des cou-
teaux, des foulards m coton, (juel(jue> remèdes et (pn-l(|ues
matières tinctoriales. Du moins, je n'ai pu di-couvrir (laulres
ohjets de provenance étran«;ere chez les Sus(juenos. Sans
<loute, ce commerce date de Tepocpie |)rêhispani(|ue. \ussi
hien a cette èjMKpi»- iju. dr nos jours, l<>s Indiens du haut j>la-
teau ont cherché le maïs dans les régions hasses et y ont vendu
les produits de h-iir industrie lr\lilr «1 le s.j dr Irurs salines.
Tous les historio^^raphes l'attestent. La .seule cho.se qui .soit
peut-être un |)eu rhanir,.,.^ ,,. s,nu\ les routes suivies par ce
< onnuerce. Il doit \ avoir eu jadis des relations comnn'rciales
im|M)rtantes entn' Siistpies et .S.in Pedro de \tacama, relations
devenues maintenant pm frécpicnles, tandis qu'au contraire
lecomnu'rce avec Salta et avec .lujuv s'est prohahlement dévi»-
loppé après la roiKpiète cs|)a<(nole.
Dans leurs vo>a^'es h ces dernières localités, \rs Sus(|uenos
n'iMitrent p.is dans l.i ville IK rainpeni en drhors <les lau-
LA PI NA ET SES HABITANTS ACTUELS. 463
])ourgs, en quelque endroit inculte et abandonné, et vont
traiter leurs affaires chez des commerçants spéciaux qui ha-
bitent la lisière de la ville. A Salta, ils n'arrivent même pas
aux faubourgs, mais s'arrêtent dans les villages de la Vallée de
Lerma, comme Rosario de Lerma, Gerrillos, Sumalao, etc.,
à plusieurs lieues de la ville. Je me suis parfaitement rendu
compte que le capitan Victoriano n'était jamais entré à la plaza
principale de Salta; il ne connaissait pas la cathédrale ni l'évê-
clié, et cependant il avait pour l'évêque une vénération qui
ne devait pas être moindre que celle de ses ancêtres pour
les Incas. Au cours de leur séjour près des villes, les Indiens
s'enivrent quelquefois, mais toujours dans leur camp, avec de
l'eau-de-vie qu'ils ont achetée dans le faubourg, et ils ne sont
jamais bruyants. J'ai questionné sur ce point les fonction-
naires de la police de Salta et de Jujuy, et ils m'ont dit qu'il
n'y a pas d'exemple qu'un Indien de la Puna de Atacama ait
été emmené au poste par suite d'ébriété. Au contraire, les
métis commettent, dans cet état, des forfaits de toutes sortes
et deviennent de vrais énergumènes. Les Susquenos, pendant
leur séjour près des villes, ne parlent pas aux autres Indiens
qu'ils y rencontrent; des Indiens de la Puna de Jujuy me
font confirmé maintes fois. Cette conduite des Indiens
de Susques démontre combien ils sont méfiants et réservés de
leur caractère. A Talina, ils paraissent être un peu plus com-
mun icatifs.
Musique. Danse. — Il y a, à Susques, une troupe de musi-
ciens composée de douze flûtes de Pan et d'une grosse caisse
[homho). Cette dernière est en bois de Cerciis, avec les tympans
en peau de mouton. Une flûte de Pan est reproduite ficj. 98. Cet
instrument consiste en seize roseaux de dilïérente longueur,
attachés en deux rangées au moyen d'un roseau fendu qui en-
toure tous les tuyaux. A Susques, le nom général de cet instru-
ment est fusa; il y en a de trois catégories, des grandes (^sanja),
des petites à seize roseaux (^arra) et des petites à (jualorzc
WH
\MlonTK> l)K l.\ llKC.InN WDINK
roM^ailx lira)^^'. Lfs cloii/.e llùlfs <!•• Tan mmiI ac^(^r(lée^ di
laiton à Inriiirr mif Ikii iiimii. . Les Sus(|ii('nos ne savent |)as
ral>ri(|uerces flûles en\-nièmes, «M d'ailleiirs Us ne |X)ssè(lent
pas les roseanv pour Ir lairr. Ils 1rs achètent a Talina, où ces
instruments smil a|)|>nrl«'> par l<*s lahricanls, (Itn liidieiis de
la h()li\i<'.
I II apn*s-midi, ii'^ iiidn'M.^ me doinicrriil une « s«'»n'Miade ».
La niiiparl drs iinMiihies de la Irnupe «'lairnl ahsenis; il n'\
a\ail (pir trois i(»U('iir> de /usa et le
hninhii. (ies musiciens se trouvenl à
L^auclu', deNant la poitr dr réf^lisr,
^aa^ //'/. HO. laiir mus:(|ur rtail mono-
1 V ■ ^ loiir. hislf. .)<• It's iiisitai à or<(anisri'
I I "Jl un hal cl ji'iir dmiiiai , cnmine ralrai-
^ J ciii^scmeiit^. un demi- Ldo*^ranimc
M (|r |rinlli-> dr Cnca ri n II I it PC d alc(Mll
'■ ^ pur, (pir |a\ais dihic ni m faisant
cinci litres d caii-<lc-\ M'. ( ,cla ctait
Kiillisaiit iMMir nirtiii' tous les Indiens
de honnc liumcur, sans \vs eniNrer.
Pour la danse, les (juatre musiciens
lormaient un cercle intcneur; les
autres Indiens, placés autour d'eux,
IB lin (crclf ••xlrncur. Les musiciens
couraient a jictils |)as cad«Micés I un
après l'autn* «mi jouant de leurs in-
struments. (^)ucl(pn'lois ils s'arrê-
taient une minute, pour reprendre
ensuite leur inar< lie ( irt iilairc. Les Indiens du cercle exIeruMif
taisaient de inènu*, en courant ]>arrois dans la même direction
ipie les musiciens, d'autres lois dans la direction contraire.
Il ns aN.iit pa> assez, de lemmes |>our (pi elles pussent prendre
|>art iï la danse, car ell«'s ne <lni\rnt pas faire |)arti<> des cercles
Aa«(i r«l Ir nom iliinr noir lio niiiMi|iii*, imi i*^|M^nol. Jr nr connai« |ni* lVl\nio
lop{ip *\r% twAs utmjn . nrrm ri in».
Fig. yM.
Klùli* ilr l*«ii ^ h'unt
I '3 gr. n«l.
LV PI NA KT SES HABITANTS ACTUELS. 465
formés par les hommes; quand elles dansent, elles forment un
cercle spécial autour de l'un des cercles d'hommes; leur danse
est semhlahle à celle de ceux-ci. Ni les hommes ni les femmes
ne se touchent pendant la danse. Le hal continua jusqu'à mi-
nuit sans que personne parût se fatiguer. Tout au contraire,
les hommes comme les iemmes paraissaient se réjouir de leui*
danse uniforme et de la musique monotone. Les faces des
Indiens, en général si immohiles, si dépourvues d'expression,
s'animaient et démontraient le plaisir qu'ils éprouvaient. Parti-
culièrement, on pouvait noter chez les femmes les manifesta-
tions de la coquetterie, qui, on doit l'avouer, ne différaient pas
heaucoup de celles de nos femmes civilisées. Quand flndien
ou flndienne ôte son masque d'indifférence, ils ne sont pas
très différents de nous-mêmes.
En dehors des flûtes de Pan et du homho, il y a ejicore
d'autres instruments de musique : la (juena , la caja et le c/ia-
raïujo. La cjuena est une petite flûte simple, avec cinq trous
devant et un trou derrière, sans clefs; la vaja est un petit tam-
hour. L'Indien, en jouant la fiiiena, s'accompagne lui-même en
hatfant avec fautre main la caja qui est suspendue au poignet.
Ces instrinnents, ainsi que le charanfjo, sont fahriqués par les
Indiens de la Bolivie; les Susquenos les achètent généralement
à Talina.
Le c/tarango^^^ est une sorte de luth, dont la hoîte d'har-
monie a le dos fait d'une carapace de tatou. Je reproduis
/i(j. 99 fun de ces instruments, qui sont en vogue parmi les
Indiens de la Bolivie. Latahle d'harmonie, solidement collée à hi
carapace de tatou, est en hois hlanc, prohahlement de |)r()\e-
nance européenne; la queue est de hois de Ccdrcla hrasdicnsis ,
A. Juss., mil sans doute provient du Chaco. La queue est hien
|)olie du côté des cordes; l'autre côté est assez grossièremenl
façonné à l'aide d'un couteau. Pour le chevalet et pour les clefs,
on a aussi emplové du hois de Ccdrcla. Le silh^t esl <m) hois,
'"■' ClifiidiKia , en cspa^iK»! , si^^nilic « l'anlaro mililaiic, coiiiposc'c sciilciiiciil d'insliii-
iiicnls cil iiK'tal ".
',Mi ANTIoriTKS |)K I. \ nK(.H»N WDINK.
mais les louclies, en os, ressemhlnit tout à lait à celles des j;ui-
lares et (les mandolines «'nnjjM'einies. Ces lames d'os ont prnl-
èlreété imiKirlées d'Enn>j)e. Les cordes, en l^oyaii, sont proha-
hlcmcnt anssi fal>ri<jiH'«'s m Knropr. !\)nr 1»' rlnvalft il jMMir
\f> (Iris, on .'I riiinln\«' Ir hois (Ir i.cdivla. L unr (Irs clrls a v\v
iM rdn»' ri on la ninplacér par unr anlre rn lM)is hianc. Nolrr
inslrument a dix cordes, cinq cordts (Inid)les; mais j'en ai \ii
d'anlres irayanl (jue cinq cordes sinq)les. Les charaïujos sont
nrohahlemrnl lahricinés d'apiès des nuKlèles euroiW'ens, inlro-
duits nar les conaiiistadores, mais les iiindillcations ap|)liquées
par les Indiens sont très cnrieuses. En \lri(|u«', nolamment ni
AlL'i'i'ir «t à \lada«rasrar, on IrouN»' des inslrnmrnls à cordes
seml)l.il)l»'s, mais a\ec \v dos lahricpir d une carapace de lorlue,
an lirn dr la caraj)ace de lalou (ju'on emploie à celU* lin sur le
II. Dit plateau snd-améric.un.
Les airs (pinn joue sur Ir cliamiufo ressend)lenl IxMUconp
.ni\ ;mis ixipulaires espaj^nols. Quehpuvs Indirns cliantent en
s'accompaj^nanl sur ci'l iuslrnmenl, mais ce sont en général
drs chansons rspa«;noles. Lmelerio \ âscpiez (n° ni dn lahleau
anlliropomélriipir , un solide ^^aillard ri l)ean «garçon, élail le
cliansonnirr par «'xcelleiuM'. Sou r<'perloire élail pour la plu-
parl espagnol, hieu (piil m' comprît pas toujours le sens exact
de ce (piil clianlait. Il ( ounaissail (pn'l(pn-s clians(»ns «ii qui-
clnia, mais c«'lles-ci étaient prohahlniiciil traduites de res|)a-
gnol, comme ce doit être le cas du sprcinien (pu* nous re-
produisons plus Iniu, page 'J97- J ai essa\e par lous les moyens
d nhtenir (juil cliaiitàl un morc<MU original (*n (|uic}uia, mais
(M' lut en \ain. Les \ raies chansons (piichuas, les \arans «m
YarahiiiSt doi\(Mit être ouhliét's.
Résumé. — Dans les pagi's précédentes, jai e\jM)sé les ohser-
\ations (pie j'ai laites sur la \ie des Indiens de 8us(pies, et j'e\|M>-
M?rai ensuite ce (pie j'ai pu relever concernant leurs ancieniuvs
croNances et les tract-s de leurs prati(pies païennes. Je n'ai pas
eu le temps de jx'Miétrer tout a lait <laiiN leur \ le ititime, iiiaisj ai
Pl. XL
'''d- 90- — Cliarangn. — a/ô ^r. nul.
LA PU>iA ET SES HABITANTS ACTUELS. 'i()7
assez Yu pour me rendre compte qu'il n'y a guère de difïerence
entre ces Indiens et ceux du haut pays bolivien. D'autre part,
les habitants des vallées interandines des provinces argentines
de Salta, de Catamarca et de La Rioja présentent également
une certaine analogie par rapport à ces Indiens, mais aussi
certaines particularités provenant d'une origine différente et
d'autres qui sont évidemment le résultat de la civilisation euro-
péenne et du métissage.
Cependant les Indiens de Susques constituent un matériel
de premier ordre pour l'étude ethnologique de ces régions. 11
serait difficile de rencontrer, dans ces parages, une tribu si
isolée, si pure, si conservatrice, si xénophobe. Quelle est l'ori-
gine de cette tribu .^ Les Indiens eux-mêmes n'en savent rien.
Le capitan Victoriano m'assurait que l'église de Susques datait
d'il y a plus de quatre cents ans , c'est-à-dire d'avant la conquête
espagnole du Pérou [sic) , et que sa maison dans le village avait
été bâtie par son père, il y a soixante ans. D'autres Indiens me
donnèrent des indications semblables à propos de leurs mai-
sons, qui avaient été construites « il y a vingt ou quarante, ou
soixante ans ». Plusieurs Indiens se souvenaient de leurs aïeuls,
quelques-uns même de leurs bisaïeuls, mais aucun ne put me
fournir des détails sur l'origine ou les migrations ]Dossil)les de
la tribu. Ils paraissaient être convaincus que leurs ancêtres
avaient vécu à Susques depuis la création du monde.
L'organisation religieuse de la communauté de Susques
semble démontrer que ce village a été fondé par des mission-
naires catholiques qui auraient réuni les Indiens autour d'une
(loctiina, comme ils avaient l'habitude de le faire. Mais quels
missionnaires et à quelle époque? H ne peut être question que
des jésuites ou des franciscains. En ce qui concerne ces der-
niers, la carte des missions franciscaines, insérée dans l'ouvrage
de Fray Antonio Comajuncosa et Fray Alejandro Maria Gor-
rado (105), et qui j)araît être assez complète dans son genre, ne
fait même pas mention (bi village (\o Sms{[U(\s; cet ouvrage
démonlre d'ailhuirs que les franciscains ne se sont occupés ni
lOM AXTini ITKS |)K l.\ llK(.loN \M)|NK
(Ir i;i l*iiiia «II* .lujuN, ni (!•• I;i l'iiiia (le Alacaina. Quant aux
jéftuilcs, l«Mir> nombreux et «Tudils cliroiii(|ururs ne (lis<Mit rien
nnn plus, à ma connaissance, sur Suscjues. Mais à Casahindo,
dans ia Puna de Jujus , de l'autre coté d<' la chaîne (|ui M'pare
Sustiues de ce ricrnier territoire, il existe des ruines notables
d'un Nienx <ou\ent et d'une Niedie ej;li>e, attribues par la tra-
dition aux ji'suites. (iependant les papiers concernant l'expul-
sion de cet ordre, en i'j(y~. publiés |)ar M. V. J. liralM» 73 /.» ,
ne mentionnent aucune mission jésuitt* à Casabindo. D'autre
p.H I , iabix' l)ominj(o Filj^ueir.i, curé de la paroisse de (iocbi-
noca,a lacpielle appartient r.^sabindo, nu* déclara (pi'il saNait
seulement par tradition (pu' les ruines de (iasabindo étaient les
restes d'une anciemie mission jésuite, mais (pie les rej(islrcs
les |)lus anciens de la paroisse ne datent (pie de i 7(j3, c'est-à-
dire vin^t-six ans après l'i'xpulsion des jésuites, et ne donnent
pas de renseij;neiiiriils pnm- leclaircissenient de cette (piestion.
\l. l'abbe .Iulian l'oscano. sicaire général de {'«'véclié de Salta ,
(pli a lait des recbercbes approlon(li(*s dans les arcbi\(»s (\r r«l
éviM'bé et publie des ouvraj^es sur l'bistoire ecclésiasti(jue du
pa\s, m'a é^^alement dit rpToii n'v lrou\e rien concernant l'an-
cienne mission de (iasabindo, pas plus «pien ce (pu concerne
Sus(pies. (i(*p(>ndaiit les ruines d(> la mission de (iasabindt»
existent, «-t celles de (iobres. (lr^•|•|tr^ phl>^ lom, pa^e hS,^.
sont jirob.iblemeiil b»s vesti^e^ d ime succursale de cet ancien
eiablissrment religieux. Il est asse/. vraisemblable (pie ces mêmes
reli«;ieu\ ont (onM'rti les Indiens dr Sus(pies et fondé leur
é^lisi>. Il me semble moins probable (pie ces Indiens ai(*iit éle
coiiNertis par le clerj^e de San Pedro de \tacaina, bien (pie
.Sus(pns, di'j.i «Il 17H7, fût une • annexe» de cette paniisse,
s<*l(»n Don Juan del Pino Manri(pie 289. p. i3^ Fin somme, tout
ce (pie iKHis |)ouxons dire aNec certitude de rorganisatioii
catlioli(pi(> de la communaiile de .Sus(|ues, c'est (pi'elle est fort
ancienne et (pi elle a été très longtemps maintenue par les
Indiens eux-mêmes sans autre aide de la part du cler«^e callio-
li(pie (pir li's (piebpies \isitfs cpTs jais.iil |r «im»- d'Macama.
LA PL.NA KT SES HABITANTS ACTUELS. WJ
Mais cette organisation religieuse a un caractère tellement
jésuite , qu'elle justifie l)ien l'hypothèse de la conversion des
Indiens de Susques par les religieux de cet ordre.
Quoi qu'il en soit, la tribu a vraisemblablement liabité ce
territoire au moins depuis les premiers temps de la conquête
espagnole. Mais d'où est-elle venue et quelles sont ses affinités
ethniques.^ S'agit-il d'une tribu du haut ])lateau bolivien, dé-
placée par l'ordre des Incas et transplantée dans le désert (\e
la Puna de Atacama.*^ Serait-ce une colonie d'Atacamenos,
qui aurait abandonné sa langue, comme les Atacamenos de
Calama, Ghiuchiu, etc.? Ces deux hypothèses présentent plus
ou moins, l'une et l'autre, le même degré de probabilité. Il
est moins vraisemblable que les Indiens de Susques soient
originaires des vallées interandines de l'Argentine, car ils
ressemblent beaucoup moins à la population indigène de ces
vallées qu'aux Indiens de la Bolivie ou d'Atacama.
En déhnitive, ces Indiens, qui sont restés dans une sorte
de slatu (fao depuis l'époque de la conquête, fournissent une
preuve de f affinité, sans solution de continuité, de la série des
tribus qui peuplent la Cordillère de l'Amérique méridionale.
Les Indiens de la Puna de Atacama. — H n'existe ancun
recensement des Jiabitants de la Puna de Atacama. Le premier
gouverneur du Territoire des Andes les avait évalués à i,5oo
environ, mais, (f après M. le gouverneur Menéndez, il devait
y en avoir près de 3,ooo. Le premier chiffre est beaucoup troj)
bas, car les districts de Susques et de Coranzuli seuls contien-
nent environ 600 Indiens. Pour ma part, je crois que les ha-
bitants de tout le Territoire sont environ i,5oo, distribués
sur une surface de près de {)o,ooo'""''. Les villages, ou philôL
hameaux, sont Rosario de Atacama, Pairique Chico, Pairicpie
(irande, 01a roz Grande, Olaroz Chico, Coranzuh, Susques,
Catua, San Antonio de los Cobres, Santa llosa d(? Pastos
(îiandes, Pastos Grandes et Antolagasia dc^ la Sierra. Ces li.i-
nieaux sont tout à lait iusignidaiils, beaucoup moins iinpor-
11. 3i
170 AMIOI nkS |)K LA nK(.l()N VNDINK.
laiilî> (jm* relui de Siiscjues, excepté toulelois Antofaj^asla <lr la
Sierra. Toutes les autres localités dont les noms sont indi({ués
Mil- les cartes ne sont que des huttes isolées d'IiidicMis, ahaii-
doniHM's nu liahité«'s teni|H>raireMieMl , ou bien des endroits où
ceux-ci ont rii.il)i(ude di- ranijH'r, etc.
Tous les liahilants dr l.i Puiia de \tacaina sont <!«• |)nrs In-
dien-.; Ie^ métis sont si jm-u nombreux (|u'on jKMirrail presijue
les com|)ler sur les doiî»^ls. I^es caractères physique et moral
de ces Indiens, IrurNi»'. Irurs habitudes sont les mêmes (pu*
ceux des Indiens de Su.s<pies. Ces derniers et ceux de Coran-
/uli habilrnl rrpi'iidanl Innt à fait tii «b'hois (h»s chemins,
tandis que les autres hameaux se trouvent sur des routes uù
(nnlipiernis passtMit des troupeaux de ixruls en marche |>our h'
( Jiili, et même de rares Nova^^'urs. Pour ce motd, les Indiens
de ces villages sont peutnMre un |)eu moins farouches (|ue ct-ux
de Susques et de Coranzuli. («ui^ \iNent de leurs trouj)ean\ df
moutons, de lamas et d'ânes. Comme crn\ t\r Snsques, ils nr
passent (in»' peu (h' tiMnps dans les villaj^es; une bonne j)artie
de raniié«>, ils sui\ent leurs trou|)eaux dans les montagnes et
campent là mi \r pàtnra«;e est le mcMlIrur pour \v moment.
SuixanI \l. Mriwndez, Ips Indiens d' Nnfnla^'asla de la Sierra
• n*ss«'nd)lrnl j)lutot a des l «//j.>7(*5 » , c est-ii-<lire aux Indiens
et métis de (iatamarca et du sud de Salta, «qu'aux InditMis du
nord (II- Il l'iiii.i (l<- \la( .nna n. Si crttr npiiiion «'sf fondée, Ir
tait coidirmerait la supposition (pie j'ai émise |)a<;(vs i^-i.'>, tpn'
la partir sud Ar la Puna de \tacama «'tait jadis habit«'e par drs
l)ia«;uites, \vs anciens Atacamas en occu|)ant la partie s«'j>t«'n-
Irlniialr. \iilofat;^asta de la Siri'ra est, de toutes 1rs localités dr
la l'iiiia d«* Vtacama, crllr (pii possède les cultures 1rs plus
L,'raiidrs : «S hertar«'s dr lu/erin'.
Les Indiens de la Puna de Jujuy. La partir du haut pla-
teau reh'\ant de la provinct* d»* Injuy conq>rend,(lu Nord au
Sud. les départements d»» Santa Catalina, Vavi, Hinconada.
(iochinoca rt la mtiitié rn\iron du deparlemtMil d«' rund)ava.
LA PUNA ET SES HABITANTS ACTUELS. 'i7l
Suivant le recensement de la République Argentine de 1895
(37), l'étendue de la Puna de Jujuy est d'environ 2 7,5oo''""i et
le nombre d'habitants de 1 2,000 à peu près. Les villages prin-
cipaux sont Yavi (49^ habitants), La Quiaca (environ 100 ha-
l)itants), Santa Catalina ( 1 79), Rinconada (i5o), Cochinoca
(117), Casabindo (85), Abrapampa (?).
Les Indiens de Susques, que je viens de décrire, sont sans
doute les plus purs et ont gardé mieux que les autres Indiens
de la Puna leurs traditions et les coutumes de leurs ancêtres.
Pour ces raisons, je lésai pris, sous le point de vue de l'ethno-
graphie, comme type des habitants de la partie argentine du
haut plateau, et je n'entrerai pas dans des détails en ce qui
concerne les Indiens de la Puna de Jujuy.
Comme nous l'avons laissé à entendre, ces derniers sont pro-
l)ablement un mélange d'éléments appartenant tous à la race
andine et descendant d'Indiens venus surtout de diverses
parties de la Rolivie et du Pérou, peut-être aussi des vallées
andines de la République Argentine. Quelques fonctionnaires
seulement et trois ou quatre commerçants dans chaque village
sont des métis. Les Blancs ne dépassent pas le nond^re de
trente dans toute la Puna de Jujuy; la plupart sont des em-
])loyés de la compagnie qui exploite le borate des Salinas
Grandes.
Quant à leur genre de vie, leurs coutumes, leurs croyances,
leur folklore, les Indiens de la Puna de Jujuy ressend)lent à
ceux de Susques. Toutefois les ressources sont un peu moins
mesquines : il y a plus de pâturage pour les moutons et poul-
ies ânes, et, dans certains parages, on peut cultiver un |)eu de
luzerne, de fèves et de pommes de terre. D'autre part, les
communications plus faciles avec la Bolivie et avec Jujuy, le
passage des voyageurs allant de la République Argenline en
Bolivie ou vice-versa, ainsi que les visites de prospecteurs de
mines et l'établissement de quelques entre j)ris(\s minières
éphémères, ont jusqu'à un certain point nïodifié les condilioiis
de vie des Indiens de la Puna de Jujuv-
3i.
172 \Mini ITKS l)K I.A HK(.lO\ WDINK
L«' Ifiriloin* t'sl dixise eiilr»' un jxlil iinmhif d»- pnjjirié-
lairos (|ui |)n's<jiic' tous lialutent la ville de .IwJun. (iliaqur j)n>-
nrielé a une énorme étendue et est habitée par une ou plusieurs
centaines d'liidi(>ns (pii doivent abandonner au |)ropriétairr la
j)lus j;raiide partie de> |niKluit> (!•• irurs prlilN troupeaux et,
de plus, lournir leur tra\aii perMinnid (piaud on le n'(pii«*rl.
La plupart des propriétaires nOnt jamais \isil»' b'urs domaines
d«' la Pnna; ils se contmtrnt d'y en\oyer de temps en temps
un régisseur iH»ur recueillir les lerniaj;es et résoudre les ques-
tions liti;;ieuse.s (|ui peu\ent s'être élevées entre les InditMis.
La situation des Indiens vis-à-Ms de leurs maîtres (>st pres-
(Hir la même qu'elle était jadis sous les e/irr*//i<'/i(/e/ïAs- espa«;nols.
(îeu.\-ci avaient conservé certains usaf;es émanant des lois des
Inras, comme i)ar exemple le droit des ciiratas de marier les
Indiens comme bon leur semblait. LOn retrou\e aujourdbui
encore cet usage dans la Puna de Jujuv , ainsi (pu* d'autres
sur\iN;nices de la lé«;islation incasique. .l'ai eu lOccasion de le
constater a Kl Moreno, près des Salinas (îrandes. La jiroprié-
taire de ce domaine, maîtresse d'environ 3oo Indiens, «Mail une
Nord-Américaine, tpii s'était mariée très jeune dans le pas s.
FemnM> d'une éner«(ie peu commune, elle «;ouNernait ses In-
diens en autocrate et ne se «gênait j>ah pour leui .idmniistrer
a\<'C sa craNacbe de Ni«(oureuses corrections, (pund ds le nn*-
ritaienl. Llle habitait la Ouebrada de Humahuaca. mais tai-
sait |MTSonnelleinenl ses visites d'inspt'ction à Kl Moreno. Une
lois par an, elle s taisait rassembler tous les jeunes Indiens
et lndienn«'s et ouxrait alors une en(piéte lormelh> sur les rela-
tions amoureuses qu ils axaient entretenues pendant l'année.
Les jeunes lilles (pii axaient l'U des entants dexaient déclarer
(jui en était le père, et, si le jeune h<unme dénonce naxouail
|)as, on faisait \enir (l(*s témoins. Dans le cas où il tachait de
rejeter la tante sin un autre, ou si I Indienne axait plusieurs
amants c.iinnis, la propriétaire laisait apporter Teidant et ren-
ilait son jugiMuent selon (pielli» trouxait un(> ressend)lance avec
I un ou I autre des incul|M*s. L- instruction • t(*rmiiiée, la prt»-
LA PUNA ET SES HABITANTS ACTUELS.
'i73
priétaire décidait lesquels devaient se marier et avec qui. Ces
décisions étaient sans appel, et les couples devaient immédia-
tement se rendre à Tumbaya, où fonctionne le bureau de l'état
civil du département. D'après ce qu'on me raconta, il n'y avait
pas d'exemple que ces jugements de l'énergique propriétaire
d'El Moreno n'eussent été obéis ^^^.
Quant à leur caractère, les Indiens de la Puna de -lujuy res-
semblent à tous les autres Indiens du liaut plateau; ils sont
farouches, réservés, faux, rusés, paresseux, timides, pusilla-
nimes, soumis à celui qui commande. Les traits caractéris-
tiques qui frappent tout voyageur dans ces régions sont
l'habitude des Indiens de s'enfuir à l'approche d'un étranger,
en laissant leurs huttes abandonnées, et leur refus constant
de vendre quoi que ce soit au voyageur.
Un exemple fort particulier de la première de ces coutumes
est la réception qu'on me fit à Sayate. J'y devais descendre
chez un Indien qui était teniente de policia (lieutenant de police)
et pour lequel j'étais porteur d'un ordre du commissaire du
département de se mettre à ma disposition. Sa demeure était
composée de quatre huttes entourant une cour. Je n'y trouvai
personne, quoiqu'il y eût du feu dans le hangar qui servait
de cuisine. Je me mis à visiter les huttes l'une après l'autre,
mais elles étaient toutes vides. Enfin, dans la plus grande, je
m'aperçus que quelque chose remuait sous un monceau de
peaux de moutons. En relevant ces peaux, j'y vis une jeune
t'' Presque tous les historiographes de
l'ancien Pérou décrivent, d'une manière
1res semhlahle, le procédé des cnrticas
d'imposer, au nom de ITnca, le mariage
aux Indiens se trouvant sous leur com-
mandement. Il me paraît à propos de
transcrire à ce sujet ce que rapporte Don
Pedro de Mercado de Peûaio/.a (236,
p. 60) sur les mariages chez les Pacajes
du sud du Titicaca , qui se faisaient d'une
manière très analogue à ceux d'El Mo-
reno : El modo que tenian en sus casa-
inieiitns esins Pacaxes ern (juc el iiuia ô su
(johernador (> cac.Ujue principal, eu lleyaiulo
al puchlo , hacia jnntar los mozos y mozas
que habla en él solteros , y hnciales poner
por hileras, unos â un cabo y olros à olro ,
y decîa à los varones que tomase cada uuo
su mujcv coufortne à su eslado v talidad ,
diciendu la inujcr priinero delanli; de sus
pudres con cuautos varoucs hahia Icnido
cceso unies que cou cl, y no quericndo liacer
la dicha mujer la confesion , la desechaba y
no la queria por mujer, aunque furiese hijos
en ella.
iT'i WTinlITKS IIK I.\ nkr.lON KNDINK.
lii(liriiiif (1(11 r<»iiimrii(^^i al«)r>» a m* lonlrr ri a ralrr cnimnr m
elle ('lait a«;oiiisaiit«*. .le fis (h* iiioii inioiix p>iir la coiivaiiicrr
(|in' j«* n'avais aiiruiic iiiaiivaisi» iiilriitioii; mais ses j^iMnis-
scinnits coiitiiiiiaicMit i*t iiif lirriil croire qu'elle était vraiment
malade. (i(imm«>il était im|H)ssil)lr (\r linr un mot dr la jeune
lillr, j'cnvovai (lru\ dr mes hommes hatlre lesiMnirons j>our
lrou\rr 1rs habitants (\r la maison. Lne heure après ils n'vinrciil
a\rr un Indirn (lu ds axaient ch'couxrrt caché iMitrc lt>s rochers.
I)e>ant mes menaces, ci't Indien aida mes j^ens à chercher le
frère du •'lieutenant de police», celui-ci se trouvant ahsent
iMHir cause de \ovage. Le frère lut amené à la maison, j<* lui
montrai l'ordre du commissaire, et il lit nMitrer sa famille et
le Inuipeau de moutons que Ton s'était empressé df> cacher.
Iji ce (pii ronrerne la jeune malade, elle se h'va et se montra
de fort honne humeur, (|uand elle \il re\enir les siens. Mn se
sauvant, les autres l'aNaient oubliée, et elle ne s'était |)as aj>er-
(iie de liiir hiile. (iomme nous étions (irj.i (lr\:tnl la |H)rte,
rili- iir |int ln>u\ei- d .mire moven d'éMter l)^ ciuestions des
redoutés étran«^ers (pu* de se cacher .sous les peaux de mou-
lons et de (aire send)laiil d'èjre «gravement malade, lorMpi'elle
fut (h'couveiie.
Le \nNa<MMir arri\e ''eneralemenl le >(»ir .1 l.i hutte ou d doit
passer la nuit. Il a hesoin d'un mouton |>our la nourritun» de
ses j^ens et de lu/erne pour ses hétes. S'il est assez, heureux
|M>nr atteindre l(>s Indiens avant (pi'ils aient eu le tem|)s de fuir,
il l« III di'mande <{>- lui \rndre ce (pi'il lui laut. \o hay, Seimr
(•il ny a rien. Monsieur*), est la n'pon>e uniforme. F)t cepen-
rlanl,on \oil le troupeau dans h» nural, et, vu ouvrant h»shan-
j;ars,on v découx re des monceaux de luzerne. Mais cesdernier>.
d après les Indiens, appartiennent toujours à une tierce jmm-
Actunir (pli les leur a conlii-s |>our les j;arder; ils ne peuvent
donc paâ étn* vendus. Quant mi troupeau, !•• Novajçeur y fait
choisir un mouton ^ras jwr liiii d«'s muletiers de sa caravane.
Mais les IndiiMis prétextent toujours (pi(*lque chose p)ur ne pas
le Nendre. ( )n en «hoisil tm drnxieme. un troisiènn*, etc., et
LA PUNA ET SES HABITANTS ACTUELS. '175
Ton peut ainsi continuer jusqu'au dernier animal du troupeau :
pour chacun, il y a toujours un nouveau prétexte; quelques-
uns appartiennent à des tierces personnes, d'autres sont des
illas protecteurs du troupeau, lequel serait frappé de la peste
ou d'autres fléaux si on les tuait; d'autres moutons sont la
propriété des enfants mineurs de l'Indien, d'autres ont été
élevés dans la maison et sont les favoris de la famille, etc. Pour
aucun animal il ne manque de prétexte. Enfin on se voit
obligé de prendre un mouton par la force. Alors l'Indien et
toute sa famille se jettent à genoux, implorant grâce pour
l'animal, et leurs lamentations, leurs sanglots et leurs hurle-
ments ne cessent que quand le mouton est tué. Cela pourtant
ne les empêche pas d'en recueillir le sang, et d'accepter la
peau, les boyaux et les parties de la viande dont on leur fait
cadeau. Le lendemain, avant de partir, on demande le prix du
mouton tué. Qiùén sabe, Sehor («Qui sait», ou plutôt «Je ne
sais pas, Monsieur ») , est la réponse invariable. On paye le prix
établi officiellement, 3 piastres (6 fr. 6o) pour un mouton,
et 2 piastres (4 fr. /lo) pour une brebis, et l'on donne générale-
ment un petit pourboire par-dessus le marché. L'Indien ne
proteste jamais; quelquefois, chose curieuse, il ne veut même
pas accepter la somme offerte en payement, et l'on se voit
obligé de jeter l'argent par terre pour que les Indiens le ra-
massent plus tard.
Quelles sont les raisons de cette conduite si étrange.^ Elle
s'explique en partie par le pillage auquel les Indiens étaient
exposés de la part des bandits qui jadis parcouraient souvent
la Puna de Jujuy, et aussi par les agissements de certaines
autorités civiles et militaires. Mais ces raisons ne sont pas suffi-
santes pour expliquer les faits dont nous avons fait mention,
car les Indiens ne doutent certainement pas de fhounèleté
d'une certaine classe de voyageurs, et, d'autre part, ils sont
avares et aiment l'argent, surtout pour l'enterrer, comme le
démontrent les nombreux tapados, pots contenant quehiuefois
des sommes considérables eu argent monnayé et qui sont
iTii WTIOMTKS l)K I. \ HKf;H»N WDINK.
rn''(|U('iiiiiii'iit r\liiiiiir> (Inns l.i l'iin.i. i..i liiih' des liidinis à
I j|)|)r()rli(' (If l'»'!raii«;<*r ••! I«'iii- relus (\v lui lournir «Irs vivrrs
siMit sans (loiitc, au iimiiis m partie. iiioliNcs |)ar ries raisons
éinanaiil <!«• jriirs cn>vaiic«*s païennes. Ainsi il est heaueoup
plus Facile «le leur acheter des nK)ut()ns le matin (jue le soir,
leurs idées relii^ieuses leur déjpnd.nil fie hier les animaux
"ri
aiiri's midi.
Les Indiens de l.i INiii;! el du liant plaleaii m général p^'U-
\enl-ils s'assimiler la ci\ ilisalioii «'iirnpéenn»'; |MMivenl-ils a|>-
prrndrt' j.i iiM-llinde de lra\ail des Mnro[x''ens; |)euNeiit-ils être
al)sorl>és dans la niasse de la population d'un Ktat • civili.sé •.'
Kn générai, jp crois (pn> non. (i<>rtes, heaucoup (riudiens ont
été et sont encore employés h destra\au\ miniers et à I exploi-
tation du Ixirate dans la Puna. Il est nécessaire d'y emploxer
des Indiens, car les Murop«*ens et les métis de la terre hasse ne
résistent pas aux durs Iraxaux d.iiis r.iir rareliérlu liant |>lateau.
Mais les Indit'iis nr iouniissenl (pi<- l.i iiniitu- du trayail (|u'on
pt'iil cxi^'t'i- drs métis, l't dallleu|•>^ lU Irayailleul seulement
(piaiid des nécessités impérieuses les y ol)li«(ent. Lors(j ne, après
un mois ou deux, ils ont réuni (|uelrpH>s piastres, ils aban-
donnent le tra\ail et retournent a la yie contemplatiye aupn's
de leurs trouj)eauy. Leur caractère ne .se modilie pas non plus
par le contact ayi'c des «;«»ns d'autres rares.
Les Indiens pfu\»'iil-ils s'éle\er .lu-dessus de l«'ur ui\eaii
iiitelleclurl cl iimral actuel,^ Lu j^énéraL il me send)le cpi'ils
resteront toujours stationnaires, inférieurs aux métis, (pli les
exploitent, ri desipiels ils .sont toujours tributaires d'une ina-
iiieie ou d'une autre, .le n'ai connu (|u'un seul Indieu de la INina
(pli se soit eleye au-dessus de sa race et (jui ait coiupiis une
|Nisilion siM'iale (pie les métis lui eiixiaient. L'était mon vieil
ami Keliciano (iareca. d»- IJinconada. Il «-tait m* en 18^1, à
\ntiguyo, sur la Irontiére de ce départenuMi! et de la Puiia «le
\tacama. Il a\ait «lonc (ii ans «piand je l'ai connu, mais, liidiiii
de pur saii;;. de lare complètement j^lahrr, ii n'avait pas un
clieMMi M.ine ••! ne |)araiss.iit pas avoir plus (\r /jo ans. Il me
LA PUNA ET SES HABITANTS ACTUELS. 'i77
raconta que son grand-père était mort il y avait 3o ans, à Tàge
(le i3o ans. Dans sa jeunesse, Feliciano Gareca avait été i'un
(les contrebandiers les plus hardis pour l'introduction de la
coca de la Bolivie à la République Argentine. Il n'y avait pas de
coin dans les montagnes, pas de quebrada, pas de pic neigeux,
qu'il ne connût jusqu'aux détails les plus insignifiants. Il avait
l'éussi à amasser une fortune très considérable pour la Puna de
Jujuy, et il était le propriétaire de la maison de commerce la
plus importante de Rinconada. Il avait une grande influence
sur les Indiens, qu'il traitait d'une manière patriarcale et qui
lui obéissaient en tout, sans hésitation. Le gouvernement le
lespectait et le craignait. Et, chose rare parmi les Indiens,
c'était un homme franc et loyal. Je lui suis fort reconnaissant
pour les services qu'il m'a rendus pendant mon séjour dans
son département. Quant à son instruction, il ne savait ni lire
ni écrire, mais il avait des connaissances générales très com-
plètes, certainement supérieures à celles de la plupart des hom-
mes qui constituaient la « classe dirigeante » des villages de la
Puna. Je lui dois de nombreux renseignements sur les coutu-
mes et les croyances des Indiens. Mais, comme je l'ai dit, c'était
un homme tout à fait excej^tionnel pour sa race.
'|7H
\MloriTKS I)K l.\ IIKCION ANDINK.
l'M'.iiM M ION hi roi I un: modi i;m:.
I\'irl(>iit (hiiis la Piiiia, ci* sont les ieinines excliisiMMiUMit ciiii
lai)ri(|iH'nl la polrri»;. Pn*s(jiir tontes les liHlicnnes àj^éi's con-
naissent rel art, mais rerlaines sont pins li.ihilfs (jm» 1rs antres
et lont «les \ases non senlenicMil poni' i«'nr pinju-e UM'oai^e,
mais anssi jMinr les \(>n(ln* anx voisins.
A (iohres, à mon retoni- (!•■ Sll^(Jll»•s. j'ai rrncnnlre nue
vitMlIr Indienne (jni était <'n tr.iin de tal)ri(|iiii- ii<> h poterie.
J'ai |>n Miit- tniit (lu lon^ rommiMit elle opérait. Lar^ile, mé-
langée avec une certaine (jnanlité (r(>au, est étendue sur un
vieux |M»nrlio étalé par trrre et jM'lrie avec les mains, en ajou-
t.'Mil pru .1 p«Mi dr Iran. (.nniMir déj^naissaiil ' . la \ieill<* pnlirn'
J'aiio|»t>* n- (rniu-, (i'a|ir('s .Mr\«n-
• Irr lUitgiiiaii 78, ». p- 79. *^. 84], <|ui ,
(iniis «on rl»»*l<|iii- Traite de$ arts rrmini-
tfun , «li-noiiiiiir ainsi !«■» malirrrs (lu'oii
ajouli* atu matii'-rrs pln»liqur« (Ir la p<»
irrir, afin «roliliTiir unr ilr\sii%ilion r«'*gii-
lirrr fl ^^^al•• i-l rinnrrhri li-* vnv» ilr m-
«Irloniirr «•! il«' M' l)-n<irc |>riulant (|u'il«
MThrnl. I^« matiôrr» • tl('>gnii%sanlos • ou
• ari<lr«* agiMml Mir !«■« |Mlr% roiiiiiic
ino^i'ii m«Tanii|ur ou |tln»ii|ur ilr d\\'i
«ion ; fllrs ont rgaloniml unr gramli* in
nut-ncr Mir leur ru«il>ili(r <■! Mir i|Urlc|u«>s-
uni'« ilr Irun auln-<i qualilc». Kilo» iloivt-nl
«^trr rhoiMi» rn raivin «!•• rrtlr doultlc
inilui-nrr )>l tuivanl la nalun> «Ir la Im»4'
|ila«li«|u«' t'I ta ijualil^ ilr |M>lrrip (lu'on
>rul olilcnir. .S«-|nn Bn^'iiuirt iAiV. . 1 . p. .I9 ,
!<•« prinriiMUi ilt>v:rai«%anl« xml !•• quarli.
Ir» mIiIi'*, Ir ^ill■\ . Ia virillf potrrir nul
>cri»«'c (ililr • rimrnl • ou • rharmol • : , Ir»
Korira m^lanfféra Hr rharUin ri provr-
nani «Ir» fori;r« ilr« M'mirirra «lilr» • rarar-
ltillr««K raniianli-, la »riurr lir lioi».
|ï«n» la r<(^'ion amlinr dr l'AiTM^nipir
ilu .S«mI. on rniploir Ir plu« «nuvrni ronunr
malii*rr« (irgrai«Minlr« dr» rorlu'» gnri*-
«iipir* rt graniliipir*. (V> *f>nl cr* rochr%
«|ui ont founii 1rs nonilm-UM^» |Mirliculf>»
(Ir mira cpic l'on Irouvr ilan» In plu|w«rl
ilr» |Mtlrri<'» «Ir rrlli" rrgion. \,rs OuirluLi^
au noni du lar Tilicara rinpioirnt du
viblr, selon M. Nonirnsliold '2M, p. :'.
Lrs Indirns d<>.s pi.iin«->, i»u If» lurrn-^
font altvilunirnl liffaut dan» dr \.i\li
Irrritoirr», m* sonrnl surtout dr \irilli
pfitrrir pul\ëriM>r : ainsi Ir» Atsahuaras
du Ilio Madn* dr Dios, »ui>ant Ir nii^nii*
aulrur. Mai» on i-niploir nu»»i Ix-auctMip
d'autrr» matirrr». M. .\natolr Bainps [51
n\ait ronuiirnrr, rn rollaiKtratinn n^rr
M. \N . Printi. de» étudrs uiirntsropiipii»
d'un ^r.ind nund>rr d'6<-hanlillon» dr r<-
raniiipir anirrirainr. surtout dr la rrpon
nndinr. mais la mort dr M. Bamp» .1
malhrurruMMnrnt intrrrompu rrs inti'rrs
sanir» i-Indr». Il a lrou\r. tlan» rrrlaini'^
dr rrs iMitrrirs, drs n» pulvrrisi^» rt du
ralcairr, pmvrnant (lurltpirfnis dr rai-
dir, d'auln*» fois dr r<Mpiillr» puivrrisér».
I^s Tolta» liu (".har«( m» srrvrnt ilr rrndrr»
provrnant do» lin'dës, d'apn^s M. IVI
(lampana. rite par M. NortlrnskioM 268.
p. 7 . (/>mmr matii-rr» d<(fn-ai»«antr» ln»u
xért dan» dr» |N>trrira anrirnnr» r( nu*
drrnrs provrnant dr divers Indirn» du
LA PUNA ET SES HABITANTS ACTUELS. ',79
employait une roche gneissique, assez elïritée, composée de
mica, de quartz et de feldspath, laquelle provenait d'une mon-
tagne à quelques kilomètres de distance de Cobres. Cette roche ,
bien pulvérisée, était ajoutée par petites portions à la pâte pen-
dant le pétrissage. Pour former un vase, la potière étendait
une couche de la pâte, plus ou moins circulaire, sur un
poncho posé sur le sol. Le centre de cette couche devait for-
mer le fond du vase; les bords étaient recourbés en haut pour
en commencer la panse. La potière prenait alors des portions
de pâte qu'elle aplanissait entre ses mains et appliquait ensuite
aux bords de la partie du vase qui se trouvait sur le sol. Quand
elle avait, de cette manière, achevé d'agréger de nouveaux mor-
ceaux autour de tout le vase, elle commençait un nouveau
cercle ou, pour ainsi dire, un nouvel «étage», puis un troi-
sième, et successivement d'autres, jusqu'à arriver aux bords de
fouverture définitive du vase. Les sutures entre les différents
morceaux de la pâte étaient bien fermées en les comprimant
avec ]es doigts. Au cours de ce travail, elle lissait continuelle-
ment fextérieur et l'intérieur au moyen d'instruments très pri-
mitifs qu'elle tenait avec la main droite et qui se composaierrt
d'os de mouton et de lama jeune, surtout des fragments des
omoplates et des os iliaques. La main gauclie soutenait fautre
coté de la paroi du vase pendant ce travail de lissage. Lorsque
le vase se resserrait en haut, vers fouverture, les outils en os,
trop grands, devenaient difficiles à manier dans f intérieur, et,
pour ce motif, ils étaient remplacés par une vieille cuillère en
bois, sans manche. Par ce procédé primitif, la potière arrivait
à former des vases bien lisses et des courbes très régulières. Le
vase fini, les anses étaient façonnées à part et collées aux parois
de la pièce.
Les vases, séchés à l'air, étaient placés sur le sol et couverts
d'un monceau d'excréments secs de bœuf, qu'on allumait cl
Bas-Amazone, M. C. F. Hartl (162, p. 70-72) dros do corlaines sorlos de bois qui con-
énumèro do la vieille polciie pulvérisée, tiennent heaucoup de silex, enfin des
du sable, du silex, du granit, des cen- spongiaires siliceux.
'kHO WTMH ITKS DK. I.\ HK.rilON \M)|\K.
laissait hriilcr jumui .1 < «- un** < <- coiiihii^tiMr lût C(>in|)lt'tc>iii(>iil
roiisiiin*'* |)ar If Ifii. Los vas«»s avaient alors jiris iiii(> jolie vtwi-
\r\iv nni«;e hriciue et «'laieiit bien v{ réj^iilièreiiieiit cuits, ne
nrésentaiit nresijiie pas de « cniips de Ion ». Los iv\cn»nieiils do
\uv\\\ axaient été ramassés le lon^ du chemin de la \ allée CiaU
clia(|uie ;i la I^Jivi»', (|ui |)asNr jirés de (iohreset j)ar lecjuel on
conduit htMiicnui) de helail en lioliNie. Les excréments d'aue
Minl de (|u;dil<- iiderieure pour la cuisson de la jM)lerie, ceux
de lama l't de mouton étant encon» inlérieurs à ces derniers.
Suixant M""' \l;ilild;i ( inxr Slr\enson 337.p. 376). les /unis du
N(»uxeau-Mexi(nie empioinil l.i inrnii' iiiftliofic |>(iui cuin' la
|M>terie, axec des excréments secs.
Les vases fahricpiés par la xieille potière de ( .ol)res étaient
destinés à cuire les aliments; dans la Puna on emj)loie prescpir
cxciiisixement a cette iin des vases en terre cuite, les marmites
en 1er étant très rares et n'existant «;uère (pie chez les métis
commerçaiits ou autorili's cpii liahilent les \dla«;es. \j)rès la
cuisson, les vases devaient être soumis ;i une autn> o|M''ration
(pi'on appelait '<nrer» {curai las allas . e| (pii consistait à v
mettre t\\\ houilinn d(> mouton houillaiil. puis a les chauiTer
lentement an jeu «>t à laisser houiilir le li(|uide dans \v vase, ,1
len lent, pendant (piehpies heures. Cette o|)eration avait ixiur
hnl, disait-on, d augmenter la sohdile des vases. J'ai rai)|>orté
de Cohres (hnx xases (|ui ont fié iahri(|ués sous mes veux.
dnni I nn est • curé •• et linilre pas, ainsi (ju un troisième vase
de la même sorte, avant .servi |)endanl dix ins comme marmite
a cuire. Ces pièces sont actuellenienl conservées an Musée
d'ethno«jraphir' du Trocadéro.
\u cours de mes vovai^es dans la INina, j'ai rencontr»' plu-
sieurs antri's |K»tières, cpii suixaient la même m»'lho<le (pie
celle de Cohres. I^es seules variantes consistaient en ce (pr(»u
emplovail dillereiites roches, et aussi de l:i \ieille poterie pul-
vérisée, coinim* déj(raissanl. Viicune potière n avait essayé
(rado|)ter le tour, dont ou axait cependant connaissance |>our
I a\nir xii en iisaj^e chez, les |M)ti(*rs de^ villes, et (jui, sous la
LA PUNA ET SES HABITANTS ACTUELS. 'j81
forme primitive du «plat tournant», a été adopté par certains
potiers du haut plateau péru-bolivien , comme par exemple
par les Indiens de la région du Titicaca, suivant M. Erland
Nordenskiold (268, p. 9-10). Tous les vases fabriqués par les po-
tières de la Puna argentine étaient de formes très simples et
très peu variées. La plupart des vases destinés à cuire étaient
de petites dimensions, d'environ o'''2 0 à o'"3o de diamètre et
d'une hauteur à peu près égale. 11 y avait aussi de grands pots,
d'environ o™5o à o™6o de hauteur, destinés à la fermentation
de la cJiicha. La seule tentative de décor que j'aie observée est
la décoration des anses au moyen de dépressions transversales
ou obliques, très grossièrement façonnées avec les doigts. Nulle
part on n'appliquait aux poteries un engobe ou une glaçure
quelconque.
Si nous comparons la méthode de façonnage de la poterie
de Cobres avec les procédés d'autres Indiens sud-américains,
nous trouverons que ces procédés en général se ressemblent
beaucoup. Le D' Gapitan (93) décrit en détail la méthode suivie
par les Galibis qui étaient exposés au Jardin d'acclimatation
il y a quelques années. Une vieille potière de ces Galibis pro-
cédait presque de la même manière que celle de Cobres; seu-
lement elle formait des boudins d'argile plus longs que ceux
que laisait cette dernière, aussi longs que la circonférence (Ui
vase et qui étaient successivement agrégés aux parois, de jna-
nière que le vase, une fois achevé, était formé par une série
d'anneaux superposés. M. Everard im Thurn (348i/.s, p. 276) dé-
crit d'une manière tout à fait semblable les procédés des Ca-
raïbes et des Aruacs de la (iuyane britannique. Chez ces Infhens,
comme chez les Galibis, ce sont seulement les lemmes qui loiit
de la poterie. Le procédé de C^obres pourrait plutôt se com-
parer à la construction d'une coque de navire en 1er ou d'une
chaudière, les boudins d'argile n'ayant jamais plus du tiers
de la longueur de la circonférence, et correspondant, dans celle
comparaison, aii\ pliKpics en fer (bi na\ii'(' ou de la chaudièn».
Sui\ant M. iNordenskiôld (268, p. H), les Chiriguaiios et les .\hila-
'IH^ \Mini ITKS l)K LV IIKCION ANDINK
(<» (lu (huimI (.liaco proct'deiil (111110 inaiiirrc |)lus ou moins
identique à celle des (ialibis, mais certaines trihusde la ré«;ion
du Rio Madre de Dios forment au contraire leurs vases d'une
seule luml. d'arj^ilc, (ju'ils liu-onnent avec les mains jus(|ua ce
(lu'ils ohli.'iincnl la lormc drsiree. Ce derniir pnKcdé est
sans doute hcaucouj) plus jjriniilirfjue l'autre. M. J. Knsinwsky
187 fci«, |>. •j<« (l<Miii«' (jiM'l(|ii«'> n'usci^Micnients sur la lahricalitm
(!•• la poterie par les Indiens ( iualos du Malt()(iross(». Os Indiens
emploient jirescjue la même méthode (pie les (lalil)i>, elc,
mais, au lien de former des anneaux superjM)ses, ils sui\enl
une spirale aNec les lon<(S l)oudin> d'arj^ile (pii servent à la
construction du Nase. Lnliii M. II. hriinin»; 83 rend compte
d'une nu-lliodetlillerente, suisie p;ir des potiers de Piura (pi'il
aNail rencontres a Land)aNe(pn' Pérou . (les potiers moulaient
le tond de leurs vases sur une pierre de la lorine cpi'ils \ou-
laient «lonner aux poteries. Seulement le l)<»i(l elail aj(»ute
après. M. I'. \. KuiMil 188 croit (pu- les vases anciens dr
ri'.tat t\r lîio (li-.iiide du Sid . hn'*sil ) , ou du nis le Imid Ar
ces vases, ont été formt's de cette tuauiere, |mis(|u d a \u,
nrî'S d'anciens ateliers de |M)ticrs, des pii'rres dont la lorme
corresiMMid.iit i celle dererfnins vases trouN«'s nu !u«*Mue endroit.
LA PUNA ET SES lIABlTAiNTS ACTUELS. 483
FOLKLORE DE LA PUNA.
J'exposerai dans les pages suivantes la collection, que j'ai
recueillie dans la Puna, de folklore, de mythes, de restes des
anciennes croyances et du culte des divinités païennes; je
décrirai également les cérémonies du mariage, de l'enterre-
ment, qui sont catholiques, mais cependant mêlées d'éléments
païens.
C'est à Susques que j'ai ohtenu la plupart des renseigne-
ments à ce sujet; d'autres proviennent de La Quiaca et d'El
Moreno. Ceux de Susques sont sans doute les plus intéressants
en raison de l'isolement séculaire des Indiens de ce district,
isolement qui doit avoir contribué à un haut degré à la conser-
vation des anciennes coutumes. Je me rappellerai toujours
avec plaisir ces intéressantes séances de folklore où, placé sur
le banc en pierre de la case du capitan Victoriano, devant son
« bureau » bâti en adobes, j'écoutais les récits des Indiens qui
étaient assis sur le sol autour de moi.
Les mythes, les invocations et les coutumes des Indiens de
la Puna présentent une analogie remarquable avec le folklore
des vallées de Salta et de Gatamarca, dont nous avons donné
un aperçu pages 177 et suivantes, et sur lequel nous devons
des renseignements à MM. Lafone-Quevedo (189, 199), Amhro-
setti (15, 19) et Quiroga (297, 301). Cette ressendolance est si par-
iaite, que, dans beaucouj) de cas, les éléments du folklore de
fune et de l'autre région sont identiques. L'objet |)riiicipal (hi
culte païen, dans la Puna comme dans les vallées diagultes, en
Bolivie et au Pérou, c'est Pachamama^'^ dont l'origine péru-
vienne a été démontrée page 178. Les croyances et les cou-
tumes de la région diaguite et de la Puna argentine se retrou-
vent aussi en général, naturellement avec des variantes, sur
le haut plateau de la Bolivie vA du Pérou. Notre» colleclion de
*'' lioaucoiip (l'aulciirs con(niul(Mil Pa- dofjriia, cl (lii(|ncl IVicltainaina csl Incii
clianiainn avec K; dieu |)(''iuvi«'n Paclia- (lillcrciilc.
cainac, dont lo U'iiiplo so trouvait au sud
'IH^ \MI(^l ITKS |)K LA HK(;i()N WDINK.
lolklnrt' (il- la Piiiia ari^ciitiiic a comblé uni* lacuiic (|ui existait
vidvv Ir lnlkl<m' |x'rii-l)nli\ it'ii «t (M'Iui cIps valléi's dia'^uite.s.
Kii soiiiiiie, ces laits iiniis toiiriiissiMit tin*- iiomt'Ilc preiixt*
(if i'cti'itdiir (l(> la ('i\ilisati()ii |)«'rii\i('iiiH' f*t iiiriiic di- i «ninin»
iiH-asi(|tH' \rrs \r Sud, dans la plus «grande partir d^•^ proxiiiccs
.HidiiM's de la lii'|)"bli(nn* Arj;«'nlinr.
Le Iniklnri' de la Puiia , roniMir ( «iui de toittr ia rr<d()U
aud<>-j)éru\ irnno, est iiiliiin'iiM'ut inèlé à drs éli'UHMits clirr-
ti(MlS. l'oui cv molli, on \oil les ii(m)> dr l)nii, dr .lr>UN »'l
(1rs saints à côte de ci'lin dr l*.i( Imiikiiim. <|u«'I(|u<-Iois mrmr
(oniondus a\<*c crltc diTiiicrc
(iommi'iiou> Ir Ncrroiis. ou Iruuxe nombre «le iimls esna-
;;iiolsdaiis le (|ui('inia de la Puiia. (le dialecte du (juicliua pré-
sente certaines dillereiices par rapport au (piicinia de (ai /ru.
Ou note même de petites \ariantes entre le (piicluia de deu\
lo( alites situées aussi près I un»* de l'autre cpie le sont Susciues
«1 l.ii (juiaca, ce dernier endroit se trouvant sur l.i Irontiere
d<- l.i l'una de .lupi\ et de i.i hoii\ie. \a"> diilerences ne sont
ct'|)endaut pas assez «grandes pour (|ii un Indien de ia l*una
ar<;eiitnie ne compreinie parlaitemeiit un Indien du l'erou.
Les prières et in\ocations liront ele di<l«'es fii (piicliua et
tr.iduites ensuite eu espa«;nol j)ar les Indiens. \u lieu de traiis-
iornuM' le (piicliua suiNant les rè«;les «grammaticales, j'ai préléré
transcrire !• - pln.isr-, iitlcralement , sans v rien ( lian^'er. De
(•'Ite manière, elles ont une \al<Mir nln^ j;rande cniniue sinVi-
inens (\r l.i Liiil;!!»' lelie (piille est |).iriee dans la Puua. Kn
dehors de la tr.idu( tion eu Irançais, j ai ajouté, après cliaipi*
plirasr, la Iradiiclion es|Ki«;nole en coiiser\ant « crliines j).h li-
cularites de I espagnol parlé par les Indiens.
Pour le (pii( liiia. j'ai sui\i aulaiil ipie |M»ssihle I orllio«;raj»lie
de \I. !.. W Middrndorl 238 ' , sans cependant distin-^uer
cuire les nuanccN daspiration nu de piononcialion e\plnsi\c
PiMir l«» niiiii« gfHip(nipliii|Ui*« iiiii «Wl «ont MtmWn \r% Inralili-^ rr^iiorli»! ».
lifCiirrnl «M ii»iii» lin |trrM-iil nii«i A|;r. |M>iir les n<Mii% lii»liHii|iir», i°ii%«f;r p-
J'ai au rttnlrairr «ui«i Iiivi^t «In |»a\« nrial.
LA PUiNA ET SES IJ MUTANTS ACTUELS. 485
de certaines consonnes, indiquées par Middendorf au moyen de
Tesprit rude du grec et de l'apostrophe ordinaire. Cette dis-
tinction n'a pas été ])ossible, car il y a une divergence complète
entre le cpiichua de Cuzco et celui de la Puna argentine, en
ce qui concerne les consonnes aspirées et exjjlosives; cette
divergence n'obéit pas à des règles. Par exemple, le k qui à
Cuzco est aspiré dans un certain mot (7i, selon l'orthograplie
de Middendorf), prend dans la Puna quelquefois la pronon-
ciation explosive (/f'), ou vice versa; dans un autre mot, oii
le k est prononcé à Cuzco avec son son légèrement nasal (/i);
il devient dans la Puna aspiré ou explosif, etc. Il aurait donc
fallu une longue étude spéciale de la phonétique du quichua
de la Puna argentine, pour y pouvoir employer, jusque dans
ses détails, l'orthographe de Middendorf. Je me permets enfin
d'attirer l'attention du lecteur sur la prononciation à fespa-
gnole des lettres cli,j , (ju, II, h et y, selon cette orthographe.
Diverses invocations à Pachamama (Susques). — Pour tous
les événements, pour toutes les l^esognes de la vie, même
pour les incidents quotidiens les plus banals, les Indiens ont
toujours des prières prêtes, adressées à leur divinité protec-
trice, Pachamama. Voici quelques-unes de ces invocations :
En marchant dans les montagnes, pour ne pas se fatiguei-,
])Our ne pas y être atteint du soroche ou poursuivi par les mahjis
esprits de la Cordiilière^''.
''' En disant ces prières, l'Indien jette 'l'erre, mère de tous». Les Indiens dé-
sur la terre la chique de coca [acullico) signent ces actes par un verbe spécial,
(pi'il a dans sa bouche, ou, encore mieux, corpancliar, dont la désinence est espa-
il enterre quelques feuilles de coca à l'en- gnole, mais qui est dérivé du mot qui-
droil où il se trouve. C'est là le sacrifice chua korjni («hôte», «invité», celui (jui
le plus commun que l'on offre à Pacha- reçoit l'hospitalité), ou peut-èlre pJulnl
mama. En général, on doit toujours faire de korpachaj («hôte», celui qui donne
un sacrifice (|uelconque en même temps l'hospitalité). L'Indien se ligure èlre
(|ue l'on invocpie celle divinilé. Dans les l'Iiôle (pii offre à Pacliaiiiama la coca cl
pages suivantes, nous inenlionnerons plu- les aulres ohjels ipii sont sacrifiés.
sieurs manières de saciiliei' à la « Sainle-
33
'ihO WTIOIITKS l)K LA llKCilON WDINK.
I t y »
Quichua. l'diltamama rnanapnni apiliuaydin raicoiatalinalirn's-
Français, racliniiiniiia , im' iii;iiir|r pas. \v rollrirai rcttr
r«M;i.
, .a ...
Espagnol. PailiaiiiaiiKi . ii<> m«' a«;arn's, t'sta coca h* coiiMnarr.
\}\\v aulu' :
Quichua. Jrsns l^arluinuimii amnlinajUihimytlm.
I ■v s .^ J
Français. .Ir>ii> l'acliamaina, lie IIU' lra|)|)«' |>as.
Espagnol. .It'sii^ racliaiiiaina , im mr |)r«;ui's.
M. Viiihrnsrili 19, |> !•):'> rrnrodnit uiir autrr iii\<»(-ali(>ii a
l*a(-|iaiiiaiiia, »lii iih'miio «;eiire, «1 <|ii il a n'curillit' (laii> la
\ allrr (ial('lia(|ui«'.
Pol'R .s\i.rKK i.'\l»\cilKT\. — Nous avoiis déjà parir (lt'> npn-
rhrlns. paj;r l lo. Dans la Piiiia ar«;riiliiu' rt surit* liaiil plalrau
l)nli\ irn , ou tnmvr ers inoiiticiili^s \olils mit If point < uliiiiiiaiit
i\r l«)ii> \r> (l«'lilôs (ju'oii (loil j)ass(*r ri sur Ir honl (h' louU's
1rs liaulrs haimnrns nù Ton (loi! uîoulrr apn*s avoir travi'rsô \v
lond du ra\iii <pMll«'s n>ui(>ruirnl rnlir li iii"^ pamis prrpiMidi-
ndairrs. I n de («s mourcaux d»- pirrrrs, placr sur !«• I»nrd
d un ra\in, rsl rrproduit ////. cS'A*»' . Xsajmclivta v>\ I aulrl <lr
Parliauiaïua où \v vova«;rur doit dr|><»s(>r uni* ollraud»* pour
TaidiMlr la Saiuti*- rrrn*, durant sou \o\a^'«'. Il u\ a pas d lu-
diiMi (pli UN lassr sa prit'rc v\ sou oiîraiidr. S il est Ir «^uidr ou
le scrxitciir d iiii schor de Salta ou {\\' .lupi\, il a pciiln'lrc jM'ur
des plaisanteries indiscrètes et «puhpieloisfçrossieres que lerait
HOU sriior s'il \o\ait c(>t acte |)aïeii; cepciidaiit le pauxn* Indien
troii\e toujours un inoineni nu il pi iil se cacher derrien' le
<'* Xoir la planrlir WMII. (mgr 4i(i.
LA PUNA ET SES IIABITAMS ACTUELS. 'i87
monticule pour jeter sa chique de coca sur les pierres sacrées.
Mais quand les Indiens sont seuls, au cours de leurs longs
voyages, ils prennent une pierre, quelquefois d'un poids de
1 o kilogrammes ou plus, dans le fond du ravin ou de la vallée,
et ils la portent jusqu'au sommet où est placée Yapacfieta, pour
la joindre à toutes celles que les ancêtres y ont amoncelées
pendant des siècles. C'est de cette manière que se sont formés
ces grands monticules qui parfois atteignent jusqu'à 6 et même
8 mètres de hauteur. D'autres offrandes consistent à asperger
Xapacheta avec un peu d'eau-de-vie, à y planter un petit drapeau
composé d'un ])etit hàton en bois et d'un morceau d'étoffe
rouge, ou à y fixer une houppe de laine rouge ou des plumes
roses de parina [Phœnicopteras amlimis, PInL, le flamant de la
Cordillère). Comme conséquence de finfluence chrétienne, on
forme souvent, de deux petits bâtons, une croix que l'on enve-
loppe de laine rouge et que Ton plante entre les pierres de
lapac/ieta. Si la croix est chrétienne, il n'en est pas de même
de la laine rouge, qui constitue une offrande datant de fépoque
préhispanique. Cette laine a un nom sj^écial, cunte; nous y
reviendrons à propos des pompons employés pour « fleurir »
les lamas.
Voici une formule pour saluer Vapacheta :
Quichua. Tala Apac/œla, caipucamillma/iuan caiojacocalinaii''^^
"' . ^ "^ . . . ^ .
ospcdaskaike'^^K Yanapakiiay tucui cUUcjenciaype'^^K
I 2 5 5_ 3 :i :i 'i
Français, i^ère Apacheta, je t'olïVe cette laine rouge et ces
_'i 'i '1 0 0 _ 0 ^ . 8 7 8 ^8
feuilles de coca. Accours et aide-moi dans toutes mes actions!
I 2 ;s ;i 3 ;> i i
EspagnoL Padre Apacheta, con esta lana colorada, con estas
;i '1 '1 5 5 0 0 0 8 7 8^
hojas de coca te hospedo. |Ven â ayudarme en todos mis
s
trahajos!
''' [jOS mois liojd («o/rt i)j ^ rcuillc, Ao.v- (jcniia aclioi), allairc, ^oiil cmpiiiiilc'S à
pcdur («o.«/jecfo») — inviter, oflrir, cl ilUi- l'espagnol.
3a.
'iHH
ANTIOI ITKS |)K I.A HK(.htN \M)INK
\n \.m iiK BiUHK, s|)écial(MiuMit (jiiaïul ^m Ixni de l'eau-<l«'-\ir
ou (\v la chu ha, il faut jeter (ju«l(jues «(oulli'b du liquide sur la
Wiiv rt r«'( ilir I uue de ces formules :
I. Quichua. I\ii hniiiunta , cttitYu , dtchesurttyfi'^'
I •-•3 2 3 3 .» 5
Français, j'arliainaina, joie à toi ' ! I^inlieur et lM)une iliauce!
I 1 3 3 3
Espagnol. Paclianiaiiia . ;ale<;ria '! jDirlia v suerte!
II. Quichua. I*(i( hamama. (Ihidlamuspa.
Français. Parlianiauia. Je t'en ollre (oM Je t «ri nrrose).
Espagnol, j Paeliaiiiaina ! Te hospedaré'^' (on Te roriaré .
Pni H IWSSKMIU.KH I.KS MOlJTO.NS Ol I.KS I. \MAS QUAND ILS SK
SONT DISPKHSKS :
I ••' 3 \ 3
Quichua. imamn muuhastan:a tarisarchus tnnnnachus matchns-
li(inl,ii vanipu hi'hnnhn tmnnaschayachunnsac ovejaunnntn'^ nntnnni
liK nrhaskaiiLit htifita'^^ faltahan^^^ znrrohapipuasca .
I I I I •-• V •.• 3 3
Français. Ils si' sont dispersas. On l»'s hoiiNerai-je? I>ps Irou-
\erai-je? l*out-Atre in les 1 1 (nuerai-jf* pas? Où sont-ils?
Sont-ils loin.' \ (jnrllf lirurr rattraperai-je mes moutons? \v
les ai déjà trouvés. Tous y sont. Un j)etil man(|uait. Le renard
13 13 I)
me In itris.
MkI <miii|n»m>, iiji|iii< !«•* ir^li-% liti ••ii\-iiiriii«>». Li» mtIm" CMia^m»! liinfnLii
(|ilirhilii. «Ir» iiKil* r%|i«^'iloU ilirkn
iMNihi'iir. rt lurrlr iMinnr rhanrc.
' 1/rirlanMlion rastya Miil lrf«|uriii-
liirnl Ir nom ilr P«rh«iiiaina <lan« 1rs
l■^l . «lanft cv »rn», un mol olt^ilrli-. |.«
\rrl>r i|iiirhiia chaBmt »i^nilir «amMcr*
''- Oteja (^ ' mmilnn). r^pagnol.
**' Cniii|KM4* tlii mol «|iiir|iu knj - • un
|t|-i«Vf« I^» lnalirM« IrailuiMirnl imivn a\r>r la (ln^inrnmlitninuli\i> r%|Nigno|r, i/a
|Mr !•> mn( r«p«gnol nlryrtn , i^riui>«|pnl
A • Jnir • vn françai». (^r«l un» dmilp la
'*' Fallahan , rMtagnnl • iU utan
i|u«irnl*. OhtMT rtirieiue, Ir» Imlirn* onl
inoilipurr Iraiiurlion. car riiirya r»l (li*ri\r tn't\ cr \i'H»r nu iiluricl , i|iioii|uo Ir «ujrl
ilu »itIm' iiiu> M' njiMiir.
Tra«lurliiin ilomH*r |>ai Ir» liidii'in
hafila viil au MU^'ulirr
'^' Xorm irnanl . «*«|Mif{nol.
LA PUNA ET SES HABITANTS ACTUELS. 489
Il l . -1 -1 1 3
Espagnol. Se han desparramado. ^ Donde las hallaré ? (t Las
3 II 'I 4 'I 5 5 fi G
hallaré ? Talvez no las hallaré. ^ Donde estân ? ^ Estarân lejos ?
777 7 7 ^. ^. 909 9 10
(i A. que horas haré llegar mis ovejas ? Ya las he hallado. Todas
10 11 11 ^ l'J 13 13 13 13 13 13
estân. Un chico laltaba. El zorro me lo ha aaarrado.
^c»'
Dans cette invocation, qui m'a été dictée par les Indiens de
Susques, le nom de Pachamama ne figure pas, mais est sous-
entendu. A Tujli, près de Cobres, j'étais présent quand les
lamas d'une vieille Indienne se sont effrayés pour une cause
quelconque et sont disparus au galop, ce qui est rare chez ces
animaux. L'Indienne se trouvait là avec deux enfants. Immé-
diatement tous trois commencèrent à réciter une prière sem-
blable, où l'on entendait à chaque instant le nom de Pacha-
mama acclamé avec ferveur. Au commencement, la vieille
femme resta devant sa case; elle laissa passer un quart d'heure
avant de se mettre en marche, lentement, dans la diiection
qu'avaient prise les lamas. Une heure après, je l'ai vue encore
s'arrêter au pied d'une colline, toujours en invoquant Pacha-
mama. Je n'ai pu voir le dénouement de cet épisode, mais les
lamas, j'en suis sûr, ont dû revenir le soir pour passer la nuit
où ils en avaient l'habitude, et de cette manière la confiance
de la vieille Indienne en Pachamama aura été confirmée. Je
n'ai pu malheureusement noter sa prière, qui devait être sem-
blable à celle que nous venons de transcrire.
De la Vallée Galchaquie, M. Ambrosetti (19, p. i()8) a pul)lié
une invocation à Pachamama qui est préventive, c'est-à-diie
dans laquelle on la prie à' empêcher la fuite des troupeaux.
En filant la laine. — Ainsi que nous l'avons dit, les Indieius
comme les Indiennes fdent de la laine toute la journée, aussi
bien chez eux que pendant leurs allées et venues dans les
champs. Voici deux invocations pour le succès de ce travail,
spécialement pour que le fil ne se rompe pas et pour ([ue le
travail aille vile. La premièic de ces prières est sans doiilc
V.K) WTIQMTKS \)\ I \ HKriloN \M>INK
;i(lrrsMM' a Pailiaiii.iiiia ; (laii> la mcoikI»', un a iinlaii;;»' d uin'
iiiaiiirrr riiiinisr >on nom a\«'C Cfliii do saiiilo Amir, |>a-
Iroiiiir (1«>.N lilnirN.
I. Quichua. Piichnitla tallariza ninapiinrliati nuisliataclius iintaia
'• ' ■• . . '•' '" . .
ihirnlaclins ' piirhcani nfalsnlm hus^ pitiiuncat hiis yapurliraituruin
II
ilmyllatiulmpnilirasa.
t . ' . ^ . *
Français. .!«' (ominrnrc à filer, (lomhii'ii Mr fiisraux) n*m-
|)lirai-j«' aiijniirdlmi ? Hkh ri ^olKJriiitnl lilr.' ()ii si»ra-l-il
s ; •> ^ ^ !'>_ |.._ t.. !■> Il
Iraj^ilr? Sr hrisora-l-il (Ir (il) ? J'ai (l(''jà arlirvr «1»' lilrr. Je
Il II ^ Il II M II
IH' fiirrai |)lu> <|ih* cr (Irniirr (lusoau).
Espagnol. l'Impie/*) a liilar. ,' (iiu'iiitos [liii.sos] HrnaiV' liov ?
(.'hirii liiladn? ,; l'unir? ^i) situ lalso? ,: Sr cnrlarâ ri liilo) ?
I<> )•• 10 l<> Il II II _ Il
\ A lir acahado (l<- liilar. l'istc (liiiso) no nias liilaré.
II. Quichua. Miimita S(tnta .\n<i, alnuum ipnchcana ilv ^ liilan-
I, <l _ M |ll
(Icra^^^ tpjcndrni ^ iikiiiki. Shthisinitilitian ( w Intn l\i< Immania.
I I ••■
Français. Prlitr Mrrr .sainte \iiim', li>>n, lilrr, Mrrr (1rs
(iliMisrs ri (1rs lisscMlsrs. One ce soif a^^'^ les jiiniiis. I\i( liamaiiia î
I •.• .
Espagnol. Maniila Saiila \na, trjci-, liilai. Madn* de las liilan-
1. '» 'I H ^ - |0
(leras V de las lejedoras. j Que sea roii lus m; s. Parliainania !
M. Vinhrosrili 49, p. iR<)) reprndml deux luNocalionsdu même
«^enre, prnxenaiil de Mnlinos. dans la \all»'e r..il('lia(|Mie.
r»»! n HMM'KLH» I.KSI'HIT DK OI KI.OI 'l N Ql I I.' ^ • PKRDIi ».
Dans la solilndr des iiinnln^nes, 1rs Indirns •^•miI son\ent nris
/)itro ;r«pa)^nnr tltir. «nlitip. — '*'ô fM|»iiL*iiiih mi ronjiinrlionV /''ii/>n r»|w
gnn\) wm féut. — '*' Mnla mpa^noU
LA PI NA ET SES HABITANTS ACTUELS. 491
«
fTiine frayeur soudaine, sans cause apparente, probal)lement
parce qu'ils croient sentir la présence de Tun des êtres mysté-
rieux dont, dans leur imagination, est peuplée la Cordillère.
Quand une personne s'est effrayée subitement, ils croient que
son esprit Ta abandonnée, et pour le rappeler il faut des invo-
cations, dont voici un exemple :
Quichua. Hcimuy sntimanta kaparina caimanchaskala, Peclro'^^\
\ 3 3 -2 2 2 'I '1 i _ 5
Français. Viens ! Je t'appelle par ton nom. Tu as peur, Pierre.
12 2 2 3 3 ï 4
Espagnol, j Ven ! Por tu nombre te grito. Estas asustado,
5
Pedro.
M. Ambrosetti (19, p. 21 5) publie une prière adressée à
Pachamama, « pour rappeler l'esprit », en vogue parmi les
Indiens et les métis de Molinos (Vallée Galchaquie). Dans cette
prière, au lieu que ce soit une autre personne, c'est la per-
sonne effrayée elle-même qui rappelle son esprit.
Cérémonies pour la marque du bétail (Susques). — Les la-
mas et les moutons de différents propriétaires sont marqués
au moyen de découpures des oreilles. Chaque propriétaire
marque, une fois par an, les animaux nés pendant Tannée.
Cette opération donne lieu à une fête, que je vais décrire
d'après le récit qui m'en a été fait à Susques. Pour cette céré-
monie, il existe près de toute hutte indienne dans la Puna une
sorte d'autel, le liiilri, qui consiste en un monceau de pierres
parmi lesquelles fréquemment quelques-unes sont blanches
(quartz). Ce monticule a de 1 à ')''' de diamètre; il est distant
de 20 ou 3o™ de la maison, et généralement situé du même
côté que l'enclos destiné à renfermer le bétail, le corral. La
cérémonie de la marque ne peut être accomplie ni le mardi,
ni le vendredi.
^'' Pedro PsI lo nom siinposô de icliii (|iii s'est oITmyé.
Vri WTIoriTKS I)K LA HKCiloN WDINK
L<' nronrirlnirc r|riii;iii(ir ;i un pnn'iil on i\ iiii .uni d rlro le
iKirraiii imilrino j)<)ur (••Ih! cV*réiin)iilt', »*t invitr 1(mi^ «»«"n mw-
siii» i\ nirndrr pari a la ffM»*. «mi mio dr la(|u»'llp il s'rsl iiiuiii
(l'alHiudantrs |)ri»Nisions do coca ri d«' tliilia. I^rs iiivitrs arri-
vent la vimIIc, «'I l'urj^ir, avec (laiiso et inusiijue, coininoncc» à .S
r>il 4 lioiin's (\v l'apn's-inidi. (ic inônir jour, un visitr li» knin ,
(lu'oii asiM'r'^r a\<'c dr la cIikIui . rn )«'lant drs Irudlrs dr cora
r>ur le nidnccau, (|U(>l(|u«'l()is «mi s lixani aussi dos houppes de
laine ronge ilaim nintr el en v hrûlanl dr l;i ou/, oii cnlnia ,
j)lanle r^'^sinonse (pi nu arli«»te dans la BoliNie ri (pu c^l coiisi-
di-n-r ('(unnn* un encens précieux, mais doni y ne connais
pa^ !•' nom scirnlilnpie. Kn liMs.nil ces (ilTrandes, on adresse à
l*arlianiani;i l;i pncrc sni\.iiil<- :
I . . •' . ' ' '• "
Quichua. (Jinva ' ncliisLaihr linjin râla \umn Mama^^ rai-
.V . ..' . . '" . .
riniyiîdilaliiuiii , (o/iiiihiildlman , < ainjitailahiian ^ . rainnrnmillmi-
II *■! 13 ^
liululinun (liitYf'nsliaihr. Multinlirarlia^'^ parhajta.
Français, le verse de la rhnxa [rliirha^ , Sei^neur-l*ei-e, Daine-
5 ■• - % % \ ', 'f
Mèrp"^ Je TiillV»' dr l.i clinva , je rollrc de la riJiiKt. Je t'ollVedes
V ■' l<l l<* 1» l<) l<> Il II
petites ieuilles (derora), je t'(»IIVe rett«» laine rou«j[e, je l'ollre
Il 11 i'.> I' I '• i>
rette chiiYd. Qu'il niulliplie par centaines i le troupeau^ I
I 1 i \ i 0 ") :
Espagnol. ( ilniva erlio. ; l\nrli.ilala , Parlianiania'"! Teronxido
^ s s > I •! "I |l'
cnn clin\a, iv cunxido eon coliua, te coinido ron las liojitas, \r
m _ 10 If) II) m II II II n m
ron>ido ron esta lana rolorada, con esta rlniv.i le ('on\ido.
lï ij I.' l^ n
jOuese innllipli(|uen , los animales) |)or centenas!
Ckmjfû '^ ckirhn lrr« liin|tiilr, li.^ i lirrlirn*. (/tiiiinr rriiiici r»l un ^Irr
rUirr. iii«viilin, on nnnlnip âlnm Ir iinni /'«i
*' .4n«^ifi Trtin . inqni Mumn , lillpralc- rfntlala , de pnrka — iiimiuIo , li^rr , rJ titln
nirni • S«*i^'nriir Pirr, Diiinr Mf*n' • , iiiai« on lailu — p^rr.
|p« jiuiirn* iiH' lniiliii*irrnl cr% mot.» p«r '*' Hojiîm (^«p«^nnll, liiminiilif «l<-
• l*.irh«l«l«, pAihiiiiiAiiiA •. P«rh«iii«iiiii r%l hnja rriiilir.
• n i;«'nrr«l un ^Irr Iniiinin . inai» i|iirlipic ' Mnllipliritrw >«|Mif{iK>l) — w luuiti
loi* i'IIp rs\ fonfuiHlur mi-» Ir l)i«i «lr« plirr, %r rrprmluinv
LA PTINA KT SKS HABIT WTS ACTUELS. VX\
Après quoi Ions, lioinines cL leiiiMics, se prciiiieiiL par la
main et dansent en cercle autour du km ri
On retourne à la case, et l'orgie continue toute la nuit. Le
lendemain matin a lieu une autre cérémonie, pour laquelle le
maître de céans place, sur une table ou sur un poncho, un
monceau de feuilles de coca , parmi lesquelles un grand nombre
se trouvent naturellement réduites en petits morceaux par le
long transport sur le dos des ânes ou des lamas venus du
nord de la Bolivie d'où provient cette drogue. Les convives se
mettent à séparer du monceau autant de feuilles entières qu'ils
peuvent y trouver ^^^ et les remettent au maître de céans, en
lui souhaitant, pour l'année suivante, que ses animaux se
reproduisent en aussi grand nombre que celui des feuilles de
coca remises. Le convive prononce l'allocution suivante en
présentant ces feuilles :
Quichua. Huatacanan piunchaa/nna pac/iaj maltipllcani^'-^ canca.
'i 5 5 'i 'i 3
Français. Que les animaux (la viande) se multiplient par
3 _ Il 2 _ ^ ^ -1
centaines, cette année, comme (ils se sont multipliés] aujour-
d'hui!
'i 5 5 'i 'i 3
EspagnoL jQue los animales (la carne) se multiphqueii por
3 112 2 2
centenas este ano como hoy dia!
En recevant les feuilles de coca, le maître de céans les place
dans une chiispa spéciale et remercie par ces mots :
I 2 _ _ 3 _ 1
Quichua. Dîos''^^ pa(jrasunLI^'^^ alli/iorapila^'^^ cacimii.
•1 I 2 2 2 'i 'i 3 3 3 3
Français. Que Dieu te le rende, et que ce soit en une heure
3 _
propice!
2 I 2 2 2 3 3 3 'i i
Espagnol. jQue Dîos te 1() pague; en bueua liora ([ue sea!
'*' Les Indiens désignent celte opéra- '*' Pa(/rtr = payer (espagnol). Les In-
lion par un verbe spécial, sincnr. diens y ont intercalé un r ijmip-a).
'^' MaltipUcnr, mot espagnol. ^'' Dans la composition de <«• mol
<*' D(OS. le Dieu chrétien, en espagnol. entre le mol espagnol lioni heure.
'l'J'l
WTICU ITKS DK I.\ nK(;i(»\ WhINK
KiiMiilr, (mis NDiil ;iii corial nu r>l n'iiicriin* Ir tnmpriui.
Axaiil <lr pnKM'drr a la iiiar(|ii(', on fait a Pacliaiiiaiiia ccUo
invocatinii :
I .' . ' . . . . » . .
Quichua. I ala - Moma ^ (nuanjuniuhayisclnsliaikc alfrrrsniki^*^
rrsilmankn lin manarliii.
I .• , ^ ...'*• .
Français. PrK'-M«'n', aujimid'lml j<» t<* forai mu* 1n)iiii(' joiir-
... » :. :. _ 6
n(^>. Je suis (ou iH>rt(>H''t<Mi(lanl. Mr ronnais-hi nu non?
Espagnol. ; Padro-Mafln*! hov Iimon â liacer tu Inwii (lia. S<>y
lu alIV'rrz. ,M»i coiiocos ô iiô?
L<* pan;nii coui»»' 1rs nrciilo di-s auiniaux ot nKnr 1rs
ninrcoaux (IrcoujM's (laus la vlnisjm, où sr (rou\ru( les i(>uillos
•MilijTos cl<* coca provcnani »lr la cérôinonir |)n''cr(l<'ulr. Lr
|)roj)iii''tain' du Ix'tail niduil a\«'r l<» saut( l«'> jours drs rou-
\iNrs,(|ui vvu{)\\{\v\\\ : Diiis jHiijnisunlii Inlat Mamat (JurDiru
NOUS \v rrudr, nioii Prie, in;i Mi'ir! .
\j)rrs cpII»" opôralion . on proci'dr ;ni « niaria<{(> • dr doux
jruurs lauias. un uKilr r| unr JinM'Ili-. Ils sont altaclirs l'un à
liinlir |).ii li's nattes t)ost(*ri('un>s , (>t Ion Krinl Ir couoN' aNrr
ers mois :
I 3 s \ :, ^ t.
Quichua. Dit'S * hrndinon^^ Inclinrachini uHiii nrani * racliiin
<i 'I II» Il l; is
«//^ui liiita mirarlmn^^ uvliipa lialuitpal, larpalttak caclinn.
Français. Que Dieu nous donne sa iM^nédirliou . dans uin
lieure propiri*! i}y\ \\ m sni| ainsi! I.,a terre et le .sahie (|u'il>
'' Non* rcIriMunn» ici le iii^inr inr-
lan^p tir P«rlt«in«iii« r( «Ir Dini (|iii' nnxw
nvnn» «i , i , nulr i.
' -• ; 1 |»or«r-Hend«nl,
rnwifjnr.
Mii|« r«|i.i^-n<i|«. An iii'ii «|p Purhji
iiimn* li^irrnl it i le Dini <|r« rhrrli<'i)«
ri M ltrn«^iirlif>n , pnilMltlcinrnl |>«n i-
i|iril <« o^il (I iinr imilalifin du niarin^'i'
rlinMirn.
' PrtilMililriiif'nl iirri^r tir korm {f*\^y
gnoi) •- hourr.
^) Iri |p vpHit qiiicliiM miray (i^miil
liplirr' r%\ rni|)lovr «ii lirii ilii irrite r«
|>.iin*<>l inultifiii--ar, qui lipirr (Un» plu-
^ipor» |>hri»»<** |»ct^"drnlr«.
LA PIW ET SES HABITANTS ACTUELS. 495
]■! 1(1 Kl 11
produisent! Que (le bétai]) sufïise pour les petits et pour les
11 13^ 13_ 13
grands! Qu'il en soit ainsi!
1 3 2 _ .-) 1 r,
EspagnoL jQue Dios os dé su bendicion, eu buena liora!
f) G 0 _9 ^ _ 7 S
jQue sea asi! [Que multiplique la tierra y la arena! iQue
12 10 JO 11 11 13 13 13
alcance para cliicos y para grandes! jQue sea asi!
La marque terminée, on amène au laiiri le troupeau accom-
pagné de musiciens qui jouent le charaïKjo ou la (juena.
On apporte aussi la c/nispa contenant les feuilles de coca (*t
les morceaux d'oreilles. On boit de la chic/ia, on mâche de la
coca, et enfin on enterre les morceaux d'oi'eilles dans le hiiiri ,
avec cette invocation :
Quichua. Cusiya, Pachamama , caimuItipUcunta cnlrefjalLe^^K
2 \ll^'ifi^fi 3 3 ^
Français, t^acbamama, joie à toi! Je te livre ce produit.
2 1 3 3 'I 'I
EspagnoL j Pacliamama , alegria ! Este multiplico ^^^ te entrego.
Après ce sacrifice, on retourne à la maison, on tue un lama
ou un mouton, on mange, on boit de la chic/ia et l'on danse
toute la nuit.
Ces cérémonies sont fort analogues à celles que décrit M. Am-
brosetti (15, p. 66; réimprimé 19, p. 69) de Moliuos. La dillérence la
plus remarquable consiste, paraît-il, en ce que le liuiri est per-
manent à Susques et dans la Puna en général, tandis qu'à
Moliuos, d'après M. Ambrosetti, il est élevé chaque fois à cet
('Hel. Les mêmes cérémonies que je viens de décrire de Susques
se pratiquent partout, avec de très légères modifications, dans
la Puna de Jujuy et également en Bolivie, selon des renseigne-
ments qui m'ont été donnés à Rinconada et à La Quiaca.
'"' £n<r(?^ar (esp.) — livrer, remotlrp. haut platoau pour signifier l'augnionlation
'* Substantif formé par les fnclions du du troupeau due à la procréation des ani-
verhe espagnol iiudlliAicar. Usité sur le inau\.
VM\ WTini ITKS DK ].\ HK(;inN \Nhl\K
Les (( fleurs » des lamas. A la iii.iKjiw <iii Ix-lail se rattat lie,
«riiiM' rrriaiiir iiiaiiirri*, la (niitiiiiH' (1rs liidit'iis (le «nriirir»
(finrrarj 1rs lamas, coiitiiiiic rcpaiifliic sur tnni le haut nialrau,
(Irj)nis \r IVmou jus(|u a la Puua arj^iMitiiu*. i.viU' coiitiiinc con-
siste à atlaclicr (1rs h<)U|)|M's dr laine r(»n«çe^*^ à la laine des ani-
maux, surtout aux oreilles, mais aussi sur le ron, les flancs et
(I autres parties du corps. Suivant le \ieux l'eliriano (îarera.
on ne doit einj)lo\er a cette iin (ju une certanie Nort(> de laine,
dénomnn'e lana nintc, (jui est de la laine d'alpaca, teinte en
ronj^e aNec une |)laiite n'collée a ( .liallanata , \nv> d()ruro, en
holiNi(>. On aclièt(M*(?tte laine aii\ li«rl)oristes ambulants boli-
viens, les (iallabuavas. Irn ai \u aussi en vente dans les i)etit(*s
bonti(|ues d(>s villages, par exemple à Kinconada, où ce|)endant
I ai su (pie la laine (pii s\ vendait pro\(Miait ('«paiement de la
Boli\ie. Quand l»'s Indiens im ml pas de luiui riiittr , ils emploient ,
je crois, de la laine ordinaire, teinte a\ec une matière (juel-
(onrpie. Si la lame (|ni coinixise les lioujïlX'S est t(U(lue en
Iniinanl dn lil, elle doit »'|ie loidue à (jaurlir , non a droite,
coinine c e^l le cas dans je fil (»i(|in;nre. Le lil .ni ino\en dn-
(|tiel on alfaclie les « lleurs " doil ehe e^Mleineiil Inidn a «gauche.
lAceplionnelleinenl , | ai \n des lamas d(>C()r(*s de lioiippes de
lain(> bliMie.
I ou s les lamas dn lion peau ne sont pas « lie uns •, et certains
animaux le sont l)eancou|) plus (jue les autres. Les |)lus fleuris
sont ( en\ (pi'on considère comme des Hlas, c*(\st-à-<lire comme
des protecteurs dn Ironpeaii. el les lamas favoris (le la lemnie
de I Indien on d nn anire niemltre de sa famille.
J ai souvent interrogé les Indiens sur le motil (pii les jM)rte
a «fleurir» les lamas, mais je n'ai |)ii obtenir (pie des rejMUises
e\asives. (.ertainenuMit , les houppes de laim* rouge ne sont pas
des marqiii*s de pro|)ri('>t('*. Je suis conxaincu (pidn ne • fleurit -
pas non plus les lamas dans un bnl uni(pHMnent (b'coratif.
II faut se r.ippeler (pie la lami rnnir vs\ consi(l(»n'»e comme
'*' Cr* hrMi|i|ir% «ont flrnoninirr* piiiHn , m «niirhun.
LA PLNA ET SES HABlïAiNïS ACTUELS. 'iU7
une ofïrande très agréable à Pachamama, et, par conséquent,
il est assez probable que les « fleurs » des lamas sont des sa-
crifices à Pachamama, afin d'implorer sa protection 2)our le
troupeau et pour son accroissement.
On « fleurit» aussi quelquefois les ânes, et très rarement les
moutons. Mais c'est surtout pour les lamas que cette coutume
est en usage.
Chanson quichua (Susques). — Les Susquenos ne sont pas de
grands chansonniers, comme les métis des vallées interandines
et comme les gauchos des Pampas. Le jeune Emeterio Vâsquez
(n" 2 2 du tableau anthropométrique) était le chanteur le jjliis
applaudi , mais son répertoire se composait pour la plupart de
chansons espagnoles qu'il avait apprises des métis de la Bolivie
et qui étaient mélangées de mots quichuas. Il y avait aussi des
morceaux en quichua, mais d'un air si espagnol, que l'on est
tenté de se demander si ce ne sont pas des chansons espagnoles
traduites en quichua.
Je reproduis ici un fragment de l'une de ces chansons, la
traduction espagnole m'ayant été dictée par le chanteur lui-
même.
1
Quichua. Caipisayacaiii lacjaij
Cai/iuasiukupi sayacuni
5 (i _
A tchachus Iwrkoita
Ranialnj^^^ licanla.
Il 1 2
Français, [ci je m'arrête pour chanter.
Je m'arrête au-dessous de cet abri
Pour tacher d'enlever
8 8 777_7 77 7
Les fleurs de cet abri formé par des branches.
''' (îéiiilil (|iii(lnia (lu mol espagnol rdiimdti.
VM AMIQLIIKS DK LA HKC.ION ANDINE.
Il 13.!
Espagnol. Ariiii un* paro i\ caiitar.
:. » »
i)<'l)ajo (If esU* leclio un' p.iro
A vtT si nin'do sarar
» » ■: : "
l^as flores île esta raiiiada.
Ouverture des canaux d'irrigation (La Quiaca). — \ Siis-
(llies, i«' Il iii |»ii nMiM'illir i\r reii.M'i^in'inriifs a pnijxis (1rs
crrriiionirs ronciMiiaiit I a^ricullun', la(|u«*ll(' un existe j^in'n*.
Mais à LaOuiara, sur la Iroiilirrr art;;»'Mtiii(>-l><)li\iriiiM'. on m'a
(li'cril 1rs (uuhinies ()l)srr\«M's a lOuNerlun' (1rs canaux d irri-
^'alion, 1*1 aux semailles du mais. Les canaux iacnjuias) sunt
()r;;anis(''s d'.'ipn's le sysl(Mne esj)a«;nnl. (!lia(|n«' |)in|)ri(''taire de
terre ciilliNi-)' .i i<' dimt ddiiNin. |mii(I.iiiI un certain nondirc
(Tliriires par scniaiii*-. uni' nrtitr vaiiuc lal«*i'al«' an canal prin-
cipal, pour laiiT ( (iiilcr de i'can par la ii;i\ill<' parlicnlirrr «pii
la mené a ses champs. I ouh's 1rs \aiinrs siiiil s(m'umllcnn'ul
nuNertes le \" annl.
(!«> j<Mir-là, 1)-^ propi irt.iii es de iiaMlli">, amenant cliacnn
lin (eil.iiii uonihi f d iiixites. se n'unissent près du canal jirin-
cip.il. (.iiacpie ^Moupr \ nKin«;e separémenl . ui.iis Ion j)ieud
à cliatpie peiMMiue jHesenI»' deu\ ( iilllerees d«' lous les mets,
les(pn'll«'s soiil Nersees d.Ml*^ un iJ'cipieni spécial et mélangées
a\ec une certaine (piaiilite de dm lin, dCau-de-xie et autres
li(pieurs dont se miuI ser\is les comixes. Près de (diacnne des
\aimes, on entern' une portion de ce nn'lanL;«" '1 un peu «If
coca.
Pendant cette c«*'n'Mnoiiie, tous se nH*ttent à «genoux en re-
citant celle prière :
I . -, .
Quichua. I*at Immnmn , Snntn l'irrm , cnilialumhapt ' lianiniti»
.'.'•. ■ ■> '• '" . ."
miijmuamnj Innnlla Imnhiins minuit iina. knn Pathanminn mijukanLi
'*' Ihm ^' J<Nir, iiHtI r«|M);niil.
LA PU-NA ET SES HABIÏAMTS ACTliELS. WJ
12 13 ^ l'i _ 15 h) ^ 17
i/mjpacha''^^ patapi. Kancana liuilmalniarKjiuchaj tacuiUa. jSokaica
18 _ 10 . 20 ^ 21 22 _ 23
hautapac katimiisaj ku miitiasiij concorimanta. Ciuian cailiatandiapi^-^
.-''. -^ . . -'^ . . -'' . -?
hcndiciaiita''^^ c/iurahuaic/uic naripasciliii liiiasicunianla chica coii-
2'j _ ;io ;>i S2 :>;>
leiilos^^^^ icasiskas. Adios^'^^ Pacliamania Pacliatala.
1 ^2 '1 i '1
Français. Pachamama , Sainte-Terre, nous sommes venus
'1 0 8 7 3 3 3^35 5 ',» _ 10
nous tous tes fils dans ce grand jour te saluer. Toi, Pachamama,
11 11 11^ 12 12 12 13 l'i 15 15 15
tu es ici et un autre dieu là-haut^^^. Vous nous donnez l'existence
10 18 18 _ 17 _ l'J 20 20
à nous tous. L'année prochaine nous reviendrons te haiser
21 _ 22 ^ 23 23 23 ^ 23 _ 25
à genoux. Aujourd'hui, dans ce grand jour-ci, donne-nous ta
24 _ 20 20 27 27 28 2'J 30
hénédiction. Nous rentrons chez nous très contents et nous
30 30 31 32 33
nous réjouirons. Adieu, Pachamama, Pachatata!
1 2 2 3 3 3 3
Espagnol, ji^achamama, Santa Tierra! en este dia grande
Il -'(^ 5 C. 8 ^1 'J 10
hemos venido à saludarte todos tus hijos. Tu, Pachamama,
11 11 12 12 13 13 13 l'i 15 K')^ 10
estas aqui y otro dios en lo alto. Vosotros nos criais a todos
17 18 18 18 10 21 21 20 20 22
nosotros. Para el ano volveremos de rodillas a hesarte. Ahora
23 23 .23 23 25 2'» ^ 20 20 20 28
en este dia grande denos tu hendicion. Ya nos vamos muy
20 27 27 27 30 30 31 32
contentos a nuestras casas y nos alegraremos.j Adios, Pacha-
33
mama, Pachatata!
Semailles (La Quiaca). — Quand on veut semer du maïs,
le propriétaire invite ses voisins et amis pour l'aider à cette
besogne. On met la semence dans un costal (panier en peau
''' Un autre dieu (ià-haul), sans doute car la plupail des verbes sont au singu-
le Dieu chrétien, invoqué conjointeuient lier.
avec Pachamama. A la fin de cette prière '"' J[)/a=jour, mot espagnol,
il est invoqué sous le nom de Pacliatala ''^' Beiidicinii , mol (>s|)at,Miol.
(lain, /rtj/« .^ père), mais les Indiens s'a- '*' Coiilenlo , mol espagnol,
dressent |)rincipal(iiienl à l'acliainana, '•"' Adios, mol espagnol.
MIO \N riOl ITKS I)K I.A HKCilON VNDINK.
iiMiiilir siM (In Knis. liMjiH'l .«>*attaclM* (le cliaciin' côté, sur le
dos (les àiies . On \ ajoute une certaine (piantite i\i- ieuilles
(le co(*a el de molle ^\ vi Ton asj)er«;r If Iniil ;i\rc (!•• la tinviin
r| de l'eau-de-xie, en mélangeant hien.
I ne \ieiiir li'ninir. (|iii repn'^sente l*a('lianiania, prrnd le
iKinier, s'asseoit dans le (-lianip et le place à cote d'ellr. Tontes
les nersonnrs présentes s'asancent, jettent encore un peu de
cliulia sur la srnience ri la ■ henissent ». Ensuit»* • Paclianiania •
la distrihne entre les personnes pr(^sentes, (pii doi>ent semer
cliacmi l.i (piantit('> de f^raiiirs (pi'il a re(:ues. Ku semant, mi
chante cr refrain, (pii n'est ni (juiclnii , ni avmara, et dont les
Indirns inr d(V la remit in' pas coinpn'inln' riix-iiirines le sens :
Saninhisiiina liuavnuta usi/niitysaliiia /luavndca. (ie refrain in* doit
rlir cliaiilr (pi'eii seiiiaiit du maïs, pas pour d'autn* plantes.
(juaiid on a acln'\t' de sriner, •■ Pacliamama » recueillf
(piel(pirs mottes (l(> tel rr ri 1rs |)lace dans un mouclioir (pTellr
allaclif au (nu d un j^arcMUi dr iq à i .> ans. l'ar nrdir <\i' • l*a-
cliamama*, celui-ci se Naulrr dans la tnre nu I nn a .senu' le
maïs, «'Il criant a liaiilr \ni\ : Pach.nnaina ! Li> |runr «^arc^oii .se
lève et rend .1 la \irill*- Imiine les mottes, en lui rt'pétant â
l'oreillr If (Il (II* Pacliainaiiia ". Mnliii ou lail un trou dans
le champ, nu \ cntcric les molles a\i'C de la (lin lia et (h> la coca,
nn remplil le trou de terre, et l'on danse au-dessus, en réri-
laiil cette roinuli- :
Qiiicliua. Vaihdmanm, ùumjmiujHnlii linliinnrasixcat huit. ,\<»/i(i
iiisinisac junojtihr.
Français. Pachamama, jeviiMisrh* t «'uterrer. (hie ce soil dans
> ^ ^ 1 :< ."t t. I ".
une heure proj)ice! Je me riMoiiirai. (piand In mûriras.
Espagnol. jPachamama! Va !<* lie enliMiado; (hie sea en hueiia
> \ • ■• I. I,
liora ! ^n me alei^'iare ciiaiido madnres.
/.ilA*ir«i (iillrtii. (iritrh, mi Sikinut l<- li.uil iiInIimii. \a'* Ii iiillr» «l<- mitllr muiI
MoUr , /.IN. C«-ft {iilin'« n'i'xivlrnl jw» %iii miii» tliMilf ii|i|ior !«■«■» du Im» |ni\».
LA PUNA ET SES HABITANTS ACTUELS. 501
Ces récits à propos de l'ouverture des canaux d'irrigation et
des semailles, lesquels m'ont été faits à La Quiaca, me semblent
moins détaillés que ceux des Indiens de Susques.
M. Amhrosetti (19, p. i33) publie une invocation qu'on adresse
à Pachamama en commençant les semailles, dans la Vallée
Calcliaquie. Cet auteur (15, p. 6/i) donne aussi des renseignemenls
sur d'autres cérémonies delà même catégorie, pratiquées dans
cette dernière région. L'une de ces cérémonies, que M. Ambro-
setti dénomme (jûaipaiicho , consiste à se jeter de la boue les
uns sur les autres, après avoir accompli la semaille du maïs.
Cette coutume existe aussi à La Quiaca, où elle est nommée
hiiaUpaiicho^^^ et pratiquée seulement après qu'on a semé les
pommes de terre. Le propriétaire du champ doit, dans cette
occasion , être enduit de boue le premier.
Coquena. — Les Indiens de la Puna croient à un personnage
mythique, qui n'est pas connu, du moins sous ce nom, dans
les provinces montagneuses de l'Argentine, ni même en Salta,
qui est la province la plus proche du haut plateau. Cepen-
dant Coquena, avec certaines modifications, correspond plus
ou moins au Llastay des vallées interandines, duquel nous
avons donné une description succincte page i8o. Dans la Puna,
j'ai recueilli, ]:)artout où je suis passé, des renseignements sur
Coquena qui tous sont presque uniformes, ce qui démontre le
caractère général de ce mythe.
Coquena est le maître et propriétaire des vigognes et des
huanacos. En cela il se distingue de Pachamama, qui a aussi une
certaine influence sur le gibier de la Cordillère, mais seidemeni
comme étant la mère bienveillante de la terre, des animaux,
et surtout des hommes.
Coquena est un être hermaphrodite; les Indiens disent aussi
bien e/ Coquena que la Coquena. Il est né de la terre, et n'a ni
])ère ni mère. Il est de très petite taille et habillé entièremenl
''^ //««///;« ^- poule: ucliu - |)iiiiciit. .le co nom à luw ct'iciiioiiio où nv ligiirriil ni
ne comprends pas poun|uoi on a ilonné des poules, ni du |)iinenl.
II. 33
5(»2 \MlOlHKS I)K I.V llK(;i(»N XNDINK.
(le rirh<»s tissus de laiin' (!♦• \ij;oj;iie : culotte larj^e orner dor.
|MMirli(> ri liniit <lia|M'aii, ce dernier à Inn-ds très larges et éga- ^
lenieni en lainr dr \ij;()j;ne.
(^(Kiuena se nroniene surt(»ut jMMidant la nuit, toujours en
('(induisant une troupe de Ni^o;^nes cliarj^ees (i*ai«(ent ri d'or.
\j'r> lanières aver lrs(juelles les charj^es .sont atlaclirrs sur If
dos des >i«;oj;nes s(»nt dvs \ij)eres vivantes. Lorscju un lioninie
le voit, (!o(|urna disparait, car il n'est (jue un aire, un cspcrito^^^
• un air, un esprit ». Les cliarj^es d'arj^enl di>|)araissent aussi
et seules les \ij;o^nes restnil . iiiiiis on recoiniait 1rs >igo«;nes
de (](Knicna, car elles onl i»' dos, où la charj^e a «l»' placée,
nioiiillt' de sueur.
Dans srs N<»\a^Mvs nocturnes, (iofpiena s'oerujn- A*- pnili-i dr
I arj^ent de toutes l«'s mines dr la (iorddiere à crlle dr l*(»lnsi;
c'est |M)ur cette raison (pie le minerai d'arj^ent d«' Polosi ne prui
jamais ^Ire épuisé.
I ur irncoiitre sur les ciiemins avec (io(juena est toujours
funeste, mais cept'iidaiil m* pn'sa^e |)as toujours la mort ou un
grand mailinii-. Il m rsl anirniD'iil si (loipu'na parait de\anl
un Indien occuj)e a chasser «son bétail-, les >i«;o«;nes, sur-
tout s il nr 1rs chasse pas pour rassasier sa Inim. mais les tur
en grand nond)re pour en \endrt' les prau\. Mors il arriNe
(pu' (IcxpuMia tue le chasseur ou le punit sévèrement d un«*
.lulif manière. Parlois l'apparition scnii- (l<' (!o<pnMia sullît
poiii (|iir |r chasseui Idiiih*' niori .1 Iriidroit mcmi- où il la
rencontré.
Sur ces châtiments de (iiupuMia, il y a heaucouj) d'anecdotes.
Kn Noici une (pii m'a v{r racont<*e à La (^)uiaca. (iiNpu'ua, mmi-
contrant un richr Indien (jui chassait d«'s \ii;ogn«'s à cou|)s de
lusil pour en vendre les j)eaux, attacha I honinu' sur le dos
d un»' vigogne et l.i lit L;.iloprr rntre les rochers jus(ju'à ce (jur
l'Indien mourût des chocs cjue suhit sa léle contre les pierres.
Mais, ensuit!*, (io(pi<i).i n>ncontra un aiitir Indien (|ui l'Iaii
C Btptrih» (avec l'armil loniqiir <uir I i r»l la foniir in<iirnn<' «lu uuA r»|M^nol
rtfHrilm (r»|inl, àinr).
LA PlJiNA ET SES HABITANTS ACTUELS. 503
pauvre et n'avait que ses Ubes, avec lesquels il cherchait à tuer
une vigogne pour avoir de quoi manger. Ce pauvre Indien
inspira de la compassion à Coquena, qui lui donna une poignée
d'omas^^^ d'or pour qu'il n'eût plus besoin de tuer des vigognes.
Le conte qui suit provient de Tilcara, dans la Quebrada de
llumahuaca. 11 y avait une fois, dans ce village, un homme
très habile dans le maniement des Ubes. 11 tuait beaucoup de
vigognes. Un jour, Coquena parut devant ce chasseur dans la
montagne, et lui demanda pourquoi il poursuivait son béLiil
avec tant d'acharnement. Coquena lui offrit une forte somme
d'argent, s'il lui promettait de ne plus chasser. La promesse
donnée, Coquena fit venir sa trou2:)e de vigognes chargées d'ar-
gent et lui remit plusieurs charges de ce métal, mais en le me-
naçant de la mort s'il continuait à chasser. Il raconta sa bonne
fortune à un Indien qui était riche et très avare. Celui-ci se
mit alors à chasser des vigognes tous les jours afin d'obtenir
de Coquena le même prix que f autre Indien. Coquena parut
devant le chasseur dans la montagne, mais au lieu de lui don-
ner de fargenf , le réduisit en captivité et le condamna à garder
ses troupeaux de vigognes. Cet homme n'est jamais retourné au
village, mais des Indiens font vu dans la montagne, gardant
les vigognes de Coquena.
Tous les chasseurs sacrifient à Coquena de la coca, de rcaii-
de-vie, etc., qu'ils enterrent pendant la marche dans la mon-
tagne, en priant Coquena de ne pas se fâcher s'ils tuent une ou
deux vigognes.
Les Indiens croient à Coquena avec une conviction absolue.
Même le vieux Feliciano Gareca de Rinconada, en général si
libre de superstition, si exempt de préjugés, m'assura cpiil
avait en effet vu ime fois Coquena. Comme exemple de la crainte
des Indiens pour cet être surnaturel, je raconterai fépisodc*
suivant. Un jour, comme je partais de Yavi pour Abrapampa,
avec l'intention d'examiner les ruines qui existent à Cangre-
^'' Monnaie e.sj)tignol(' 8o francs.
33.
MVi ANÏIQIITKS |)K LA UKf.M'N \M)I\K.
jilios, loralit*^ sitiu^f à environ /lo^" au sud de Yavi, jallai \
passer la iiuil. Le matin, j'rxjM'diai mes j^ens et mes mulets, en
retenant seulenn-nt l'un drs midetiers, un nommé lunln'^uez.
Un Indien sVtant présenté au mnnn'ul où j'allais partir r[
sollrant à me montrer des anti(|uités (pii, d'après sa d»'srri|>-
lion, paraissaient intéressantes, je restai n \n\\ justprau s«)ir
et n'arrivai à (ian«;rejillos (ju'à minuit, par une nuit Iroide,
éclairée par cette lune particulière au haut plateau, (pii d'un
ciel sans nnaj^es ré|)andait sa iumièrr hianclie et jM'uétrante,
prescpii' incandescenlc. j'i-iidaiit !•• ti.i|tl, iioiis lunes deux <mi
trois haltes |>our laisser reprendre haleine aux niulrts. (ihaipir
foi», i^nlri^Miez, selon l'hahitude des muletiers, incendia les
titlas i)our nous donner un pru de chaliMU- cl cette «'spècr d'ider
de confort (piinspire toujours un ieu au milieu du (h-sj-rt.
J'avoue cpu', pendant ces haltes, j'ai songé aux légendes cpie
l'on m'avait sou\ent racontées h pro|)os de Oxpiena.
\ minuit, nous arrivâmes à Cangrejillo.s. M«s hoinnu's m'at-
tendaient av(*c un rôti de mouton e| du mate, I infusion hien
comme des feuilles de YIlcx parai/ttaycnsis, St.-Hil. Ils avaient
campé à côté d'une case, et mon lit de campagne «'tait dress»*
dans cette case, (pie in(*s hommes a\aienl prealahleinent nel-
tovée. L'Indien et sa lamilie rodaient autour de notre jeu.
mais ils étaii'ul trop timides jK)ur s'engager dans une conver-
sation a\ec nn»i. Il> III' ré|)ondaient «pie : Si, Schor, à toiiliîs h*s
(piestions cpu' je leur laisais. MvidemuHMit, ils ne |K)Uvaient |)as
s'explitpier «•oninienl j'avais osé traverser \a piina depuis \n\i
jus(pi a leur hahilation j)ar inie nuit si Iroide et si luguhre. Ne
pou\ant pas tirer un mot des Indiens, je me mis à plaisanter
avec liodrigue/, sur uni* n-ncontre imaginaire (pie lunis «mimiv
«Mie avec (!o(piena.
Le lendemain, |e me reveill.ii <le très bonne heure |M)ur non*
li>s ruines v[ continuer ensuite mon vovage pour \hrapani|>;i.
Je lis mander llndn'n et lui dein.nicl.ii d** me montrer ra/i/f/fi/
[les ruines). l*onr rien an mondi* il ne >e laissa |M'rsiiader de
m'y conduire. Mes promesses d argent «l mes nn-naces n'eurent
LA PUNA ET SES HABITANTS ACTUELS. 505
pas plus (le succès. Enfin il me vint l'idée de le menacer de
Coquena. Rodriguez se trouvait à mes côtés. Je lui demandai :
« Que vous semble de notre rencontre avec Coquena.^ Je n'aurais
pas cru que Coquena fût un personnage si bien élevé. Vous vous
rappelez quand il alluma sa cigarette aux tolas qui brûlaient. Je
suis bien content de l'avoir rencontré et d'avoir fait sa connais-
sance. Et son troupeau de vigognes! Comme elles étaient bien
dressées! Nous n'avons pas de mulets si bien dressés que les
vigognes de Coquena » , etc. , etc. Piodriguez répondait fort intel-
ligemment à mes remarques, et je vis l'Indien trembler en nous
écoutant. Il prenait bien cela comme une chose sérieuse. Enfin
je dis,, toujours en m'adressant à Rodriguez : «Et c'est dom-
mage pour des pauvres Indiens. \ous vous rappelez ce que
disait Coquena. Dans huit jours , ils seront tous morts. Vous
vous souvenez que Coquena n'aime pas les Indiens qui ont peur
des andguos; mais ici il n'y a rien à faire, il faut que nous nous
mettions en marche. Faites charger les mulets. » Rodriguez
exécute l'ordre, et je vois mon Indien s'éloigner en murmurant
des prières. Il revient et me dit : « Huiracocha^^^, là-bas il y a un
antigain . Nous sommes allés voir Vantigal, flndien s'est bien
comporté, je fai bien indemnisé et je suis parti de Cangrejillos
en lui promettant de le recommander à mon ami Coquena, la
première fois que je le rencontrerais. Tout cela était si naturel,
si sincère, que je dois considérer cette aventure comme fun
des épisodes les plus amusants de mes voyages, et en même
temps comme l'une des expériences les plus intéressantes en
ce qui concerne les croyances intimes des Indiens du liaut
plateau.
<"' Les Indiens (lu haut plateau donnent les vallées inlerandines de Salla et de Ca-
ce titre, lluiracocha, comme une marque tamarca, mais de nos jours il n'y est plus
de respect aux Blancs voyageurs qui leur guère usité, sauf dans les vallées situées
semblent occuper une position élevée, à tout à fait en dehors des chemins, commi»
cause de la caravane composée de servi- la Vallée del Cajon, en Santa Maria.
teurs, de mulets et de bagages contenant Con-Tici-lluiracocha était le nom d'un
des objets inconnus des Indiens, etc. Ce dieu péruvien, blanc et barbu, dont nous
litre était jadis également en usage dans reparlerons plus loin.
:»<Mi wrioi iTKs i>K. I. \ hk.ckjn nndink
Deux ((Huacasn. — (.oiniiir mi h* .s;iiL Irs l'ci ii\ uns doit-
iKiirnl ;iii iiinl hnaca plusieurs si<;niiicati()i)s (lillcrmli's.
IVîilMinl. ils ndor.'iitMit. coiiiinc (liNinit«*s locales et coiniiif
<»rarlrs, ci'rtaiiirs liantes iiioiita^iies, certaines sniirros clVaii,
rerlaiiis rorliers, certains arbres, etc., (jiii Ions étaient dénoni-
nu's liuaras. D'antres htutcas étaient (l«'s idoles en |)ierre on en
ImjÎs, adorées coiiiine riieux protectenr^ d'nne nation on dnne
|)ro\ince. ()i\ a|)|)el;tit e«;alemeiit hutnas les mdroils on re>
idoles étaient consersées on les lien\ (jnoii sti|)|)(isnit étn* la
résidence de ces di\inités. Enfin les tond)ean\ et les corj)s des
ancétn's étaient anssi dénommés liuncas.
Les Indiens d< l.i l*iiii;i d»- ln|ny croient encore aux luiacas.
dans Ir premier sens du mol. <'est-à-<lire coninit* êtres snr-
iialnreis jiahiianl «ertaines localités. Pendant iimn séjuin- dans
l.i l^iria. j'en ai entendu parler fie deux.
L un est un énorme taureau noir aux mux de leu (jui liahite
les Salinas (trandtvs, dans le centre, on il est pres(jne imixis-
sd)li' de p.uNcnir, à cause de la hnue InruM'e par un inélanm*
de sel, d argile et d'eau d (pu ne sèche jamais, (ie hnaca est
plulol nialvedl.ml ; on dit (pir firs ixTsonnes sont mortes
subitement <ii h» voyant, «1 (pic d autres m nul perdu la
raison.
I )ans la La«;una de Po/uelns, au milieu du lac, eu lace d'une
localité nommi'e I lualiualniafiu/.ca , il x a un antre huât a. Ce^t
ini mouton lio <^'rand, (pii nest ni mâle ni femelle, c'esl-à-
dne (pi d «si lirmiapliroditi'. Il rsj dune couleur hlancli»'.
rrsplrndissanle, (pii dans la nuit se détache bien de la couleur
blanc sale des montons ordinaires. Parfois, pendant la nuit,
le - monton-hnaca • sort du lac et n-joint l'un des troupeaux de
moutons des Indiens cpii habitent aux e?ixirons. (!rs montons
connnencent alors à siiupiirler el a bêler. Quehpielois les In-
fliens (mt essayé d'amener le lidnp<»an an cornai |)onr v faire
entrer le hiinrn avec les autres moutons, mais celni-ci dis|)arait .
sans que Ion puisse voir ce qu'il devient. I^a présence momen-
tanée fie ce hnaca dans un tn»uj)ean est dr très bon augure.
LA PlINA ET SES HABITANTS ACTUELS. 507
car on croit que cet événement augmente la reproduction des
moutons.
Des croyances semblables se retrouvent chez les anciens
Collas, qui adoraient comme huacas certains lamas fabuleux,
également de couleur blanche.
Opinions des Indiens actuels sur les vestiges préhispaniques.
— Au cours de mes voyages dans les différentes parties de la
Puna, j'ai naturellement toujours questionné les Indiens pour
connaître leurs croyances à propos des ruines, des sépultures
et des vestiges en général, des habitants préhispaniques du
pays. Les Indiens actuels ne croient point qu'ils sont les des-
cendants des anticjuos (anciens), (jentiles (gentils) ou infelcs
(infidèles), comme ils les nomment. Tout au contraire, on
entend partout la légende que les anticjuos ont vécu avant que
le soleil existât. Quand le soleil parut pour la première fois,
tous les anticjuos moururent, et, comme ils étaient méchants,
ils ont cassé, avant de mourir, tous leurs pots et tous leurs
autres ustensiles. C'est pour cette raison que Ton ne rencontre
guère d'objets entiers dans les ruines. Cette légende est com-
mune à tous les Indiens de la Puna argentine et à ceux de toute
la Bolivie. Une seule fois, une autre explication me fut donnée
sur des vestiges préhispaniques. C'était à Quêta, près de Cochi-
noca, où une vieille femme me disait que les squelettes, les
fragments de haches en pierre , les pointes de flèches , etc. , que
l'on y découvrait provenaient des Indiens qui y avaient habité
avant la « Guerre des Cuïcos » , et que les Cuïcos les avaient exter-
minés. Mais il ne peut s'agir là que des invasions boliviennes
après rindépendance sud-américaine, dans la première moitié
du xix*^ siècle, car cuïco^^'' est le sobriquet populaire des soldats
boliviens. Comme on le voit, la vieille Indienne de Quêta rap-
portait les anticjuos à une époque trop récente, tandis que tous
les autres Indiens leur attribuent un âge par trop reculé. Mais
^'' À^H/Vu (quichna) = vor.
Sns WTIQIITKS |)K l.\ nK(;i()N \MHNK.
.'iiiniii IikIm'ii iir rmil rtn* un (It'M'riidaiil (les antuiiios ou ni)-
|)arU'iiir à la iuôiih* rar<' (|u\'ii\.
Ci*lt(' (>|)iuiou (les lu(li(>u<^ (|ii«- les anlnjuas auraient \ôcu
avant ra|)|)ariti()ri du soiril a une certaine analo<;ie avec la
I»*j;cmk1«' cjuc racontent Juan (\v Rotanzos (61, ci. p. i) et d'autres
clirniiicMU'urs, .1 propos du diru roii-Tiri-lluiracoclia, (|ui,
surtrissant «If sa diMiirun* dans Ir lac Tilicara, erra la terre, le
riel et certaines «(eus. Ces f^ens, (jui >iNaieut dans I obscurité,
olltMisèrent (ion-Tiii, (jui sur«;it alors une antre fois du Titicaca,
créa le solnl, I»' )<>iii. I.i Imir. les étoiles, «•! coiivfrlit les «(«mis
(l< l:i nuit en |)ierres.
L<-N InditMis dr l.t Piiiin otit une jxMir prolonde d«> trouhler
les rt/*//yMo.< dans l«Mir sommeil éternel, lin Indien, en décon-
Nraiit accidenirlirmeiil une «grotte lunéraire dans (pnd(]ue coin
des montagnes jus(jue alors ij^non*, sfmpresse de la relermer
avec des pierres, sans niènje oser re^^arder les cadavres nioniiliés
cini s\ linMXt'iil, encore moins les loucher. (Juand il rentre
cln'/. lui. \\ i-.i( Mille peul-élre a Noix hasse à sa fiMnnie (pi'il a
Ml nn anlujiut , mais il ne |)arle plus à personne de sa niacahre
lrou\aille, v{ il trend)le lon<;tein|)s a|)rès^ en son<(eant au\
malheurs (pie cette rencontre j)eul a\oir comme consécpience,
pour lui-même, pour les siens et pour ses troupeaux. Dans plu-
sieurs localités, on m'a raconl»' 1 histoire d un Indien axant
hahilé certaine case ahandonnée (ju on me montrait; cet Indien
serait tomhé malade parce (|ii il a\ail \n un anluiiin, et il en
était ninil (piehpies jours a|)res. l iiie autre lois, un ludi(Mi axait
reiH'onlré une sépulture ancienne, et, a la suite de c<*tte ren-
contre, tous ses moutons j)érireut en j)eu de tt'inps, et» (pli lui
amena la ruine com|)lél(>. (iett(> superstition a contrihué à la
conservation des loinhes anciennes, mais, dautn* j)arl, elle
rend très dilliciles les fouilles arcli(''oloj;i(jues, car il est pre.s(jue
iiii|Hissihle ddhtenir des Indiens (pi'ils indiquent les sépul-
tures, etc. «que seuls ils connaissent. Kn étudiant les ruines de
INicar.'^ de Hinconada, je m'étais lo«;é chez un InditMi qui rein-
|)lissait lt*s jonctions de jn<;e de paix et (pii a\ait nue casi*
LA PUNÂ ET SES HABITANTS ACTUELS. 509
assez confortable, dont j'avais pris possession. J'y étalais, tous
les soirs, sur les poyos, les crânes, les cadavres momifiés et les
objets que j'avais recueillis pendant la journée. Le maître
de la maison lui-même n'osait rien dire, à cause des lettres de
recommandation que j'avais du Gouvernement de Jujuy, mais
sa femme était désespérée , augurant pour sa famille et pour sa
maison tous les malheurs possibles. A mon départ, je réussis
cependant presque à les convaincre que les antiguos n'étaient
pas si dangereux qu'ils le pensaient. Il n'en lut pas ainsi pour
un Indien nommé Pedro, grand connaisseur de tous les coins
des montagnes et qui habitait près de la maison du juge. Je
l'avais fait requérir par celui-ci pour m'aider à chercher des
grottes sépulcrales, ce qu'il faisait avec une bien mauvaise
volonté et en essayant de toutes les manières de me cacher ce
qu'il en savait. Par pitié, je l'avais dispensé de prendre part
aux travaux d'excavation, déblayage, etc., mais, un jour, mon
bon ami le vieux Feliciano Gareca, que j'ai déjà mentionné,
vint de Rinconada me faire une visite. Celui-ci, qui a beaucoup
d'influence sur les autres Indiens, ordonna à Pedro de prendre
la pioche et même d'entrer à quatre pattes dans une grotte très
basse pour en extraire un cadavre. Pedro obéit. Mais, le len-
demain matin, il se présenta tout effrayé : il avait vu Yantigtio.
Il s'était couché seul dans sa case, la porte fermée, mais, au
milieu de la nuit, il s'était réveillé en voyant de la lumière qui
pénétrait par les fissures de la porte. Il avait regardé dehors et vu
Xanlujuo assis dans le petit hangar qui servait de cuisine, à côté
du foyer où il avait allumé du feu. Pedro m'accompagna encore
ce jour-là, mais le lendemain il ne revint pas. J'allai le visiter
dans sa hutte où je le trouvai sérieusement malade. Je fis de
mon mieux pour le convaincre que le revenant n'avait été
qu'une vision, mais ce fut en vain. A mon départ de Rinconada,
huit jours après environ, on m'informa qu'il était près de
mourir. Je ne sais pas s'il a survécu à son entrevue avec ïan-
t'ujno, ou si, en efl'et, il en est mort. J'ai choisi cet épisode
parmi plusieurs autres pour démontrer combien les Indiens
:.|0 NNTIOUTKS hK I, V HKr.ln\ WDINK
rfduiilfiil (lu tr<)iil)lrr Ir rr|x»> <l»:> - iiili(lflr> ». An cniitrain'.
los morts acliipls ne liMir inspirent aiiciin(> crainte» suj)ersti-
lirnsr; j«» n\ii jamais entendu parler ci«' revenants de cette sorti»,
ri 1rs \i\ants passeraient, j en suis sûr, sans souci une nuit
dans un < inn'lière moderne, si cela était n«'»cessaire jM>ur une
raison (|nr|(-(»nr|ue.
Traitement d une personne frappée par le Pujio (El Moreuo).
— Lr l*nii(> rsl un être surnalurrl, (pii n-side d.ins 1rs itjos de
(Kjiui, c'est-à-<lire dans les sources où l'eau j.-nilit dr l.i In rr. Lrs
Péruviens adoraient 1rs Pujios rt faisaienl. rn 1 honneur d(* c«*s
;;énies, des sacrifices et des cérémonies très variés, (iette ado-
ration des Pujios est nirulionnée par nomhrr d'ancii'iis auteurs,
parmi Irsrpn'ls nous cilrrons .\rria«(a 39, y. m. i3o\ (ialanclia
,89; i. II. < . \; 1» .I71 , H<'rrr!a 464-, ili< . v, I. iv. «-. iv; 1. m, p. 1 1 ^ .
Dans la l^una (\i' .lnjn\,(>n croit aussi au Pujio. A Kl Moreuo
ir rrnronlrai nnr lamrusr mcdua dojloresse) indiennr, nom-
mée l'rhniia Alrjo r| (pM ll.ll)llr à pril (|r dlstaUCe d«' Crllr
Incalilé. J'avais passé la un il précédent»* a la helle éloile, ri 1 nn
dr nirs lidinnirs, Sr«(undn. soutirait du mal d«' Irir, ç\' (jur |r
racontai rn causant a\rc Petrona. Klle mr dnnanda si nous
n avions pas camp»* j)rrs d'nnr sourcr. vr (pir | allirmai en i\v-
criNanl I rmplacrmrnl <lr notre camp. I..1 mcV//ai d«'clara alors
(pir Sr<;nndo a\ait v\v Irapp»* j)ar lr Pnjio de cette source rt
(pir crlui-ci avail « iflmn son rsj)nl ... J'apprlai Srj^undo ikmii'
lr lairr rv.iniini r p.ir la mnlun. rt jr lui rrcommaudai de iairr
semhlant d avoir j)erdu la tétr. Il s'en a<"(jnitta à mrrveilli'. ri
Petrona déclara (pie le cas était «;raNe. Movennant deux piastres,
un jxMi dr coca rt une houteille d'eau-de-vie, elle promit dr lr
^'urrir rt consentit à mr raconter comment rllr allait |)nM «'(Irr.
Mlle aNait phisirurs rrmèdrs à l'usat^'r rxternr rt à l'usajçe
intrrnr (pi'rllr n*commandail pour 1rs prrsonnes qui avaient
• |>erdu l'esprit» : ampiliina. n-méde véf^étal |M)ur se frotl«»r lr
C(»r|)s; des suhslanc(»s mineral«>s nommé(»s mnraya , pirdrn biznnn
(c'était simplemtMit fin (piart/. hlanc\ pirdrn uijuda , les(jurlles
I. V IH N A I:T ses habitants ACri KF.S. 511
servaient aussi Jnen à Tusage externe qu'à l'usage inlerne. Deux
plantes, matate et toroncjil, devaient se prendre en infusion; un
remède minéral, piedra de! rayo, devait être pulvérisé et pris
dans de l'eau. Enfin Petrona recommandait la fumigation du
malade avec de la copatola et de la chacha, deux plantes qui
devaient être brûlées ^^l Je crains bien que le patient ne fût
tombé vraiment malade, s'il avait fait usage de toute cette phar-
macopée.
En deliors de ces remèdes, il fallait amener Segundo à la
source où il avait perdu son esprit, et faire un sacrifice au Pujio
pour qu'il permît à l'esprit de rejoindre le corps. En y arrivant,
nous devions brûler une certaine quantité d'une plante dé-
nommée coa ou co}iua^'^\ qui vient de la Bolivie, et dire cetle
prière : Hamiuni visitaso^^^ caicoca apamuni caila convidashaïke ^^^
caitamihni caitacoke cacharihui espiritunia^^^ liamnkui («Je viens te
visiter, je t'apporte cette coca, je t'olfre cette coca et ceci pour
7 7 7 7 0 0 9 10 10 10 1 1 ) 1 _
que tu le manges et que tu permettes à son esprit de lui
revenir »). Nous devions y amener une brebis pleine qui devait
être tuée au bord de la source. Après avoir extrait le cœur du
''' Plusieurs do ces remèdos avaient
sans doute été achetés aux Callahuayas,
les herboristes et médecins ambulants de
la Bolivie que nous avons mentionnés
page i32. Ainsi, le minéral nommé ina-
caya est vendu comme remède à La Paz ,
d'après des renseignements de M. Erland
Nordenskiôld. Le ioroncjil [Melisxa ojjlci-
nalis. Lin.) est une plante d'origine euro-
péenne, souvent cultivée dans les cam-
pagnes de la Répul)liqiie Argentine comme
plante médicinale.
Piedra agiiila («pierre aigle») est un
Irilobite assez commun dans la l'ormation
silurique de la Puna , et qui , pulvérisé , est
[)ns comme remède.
Piedra del rayo («pierre d'éclair») est
simplement un minéral noir, manganési-
lère, et non pas, comme on pourrait le
croire , du fer météorique. Dans d'autres
parties de l'Amérique, les indigènes dé-
nomment «pierres d'éclair» les haches en
pierre préhistoriques. Le D' Hainv (161)
décrit deux, de ces haches, du Minas
Geraes, où les Indiens croient que ce soni
des éclairs pétrifiés, qu'elles peuvent se
ranimer et se lancer à travers les maisons,
perforant planchers et cloisons et ne r(>s-
pectant ni les animaux, ni l'homme même.
Quant aux indigènes de la Puua, ils ne
considèrent pas les haches préliispani(|ues
conune des pierres d'éclair, mais savent
très bien que ce sont les armes des un
tiffuos.
(') Appartenant probahlemenl à la fa-
mille des labiées.
'^' Visitar. cnnvidar, cspirilii , mots espa-
i:nols.
r>i2 ANTioiJrii."> l'i i.\ i.»«.M»\ \\i)i\K.
ixTirardi', crliii-ci (Irxailrlrr n'iii|)li <!«' Iniillfs (it* ccM'a t*l oriiô
(l>* laiii(> roii^o. En in<*ttaiit la coca flans le pcricanlf. oii(lr>:iil
<lir<' : Setjiiniln ajupHvskaitli à nu peon '' caclian tuLuisiinki
convidasiaihc^^ («Je te lais un sacrilice |M)ur qu«* lu vitMines eu
V J I > j 6 0 6 ■ ft
airle à S*^un(lo mou .s(>r\itcur et (juc tu doinies «Milin la
lilxTlé» [à son esj)rit]). Pour l«)|>éralion dr • llniiir > \v jmti-
ranle, cVsl-à-<lin' de le df^rorer avec de la laine rouj^i', il y
avail uiif aulrr iiiNocation (iorpaclicsLailic caitn ajHunum
\ a (, - ', Il a ^
josumaitii tnhinavishaffa nuhunhi Marna (tramlc^^ («Je rollre reri,
j<- t)> rannniif |M)iir (jiic tu niantes tout ceci, Mania-(îrande •].
\a' l(eliis (le l.'i hrehis devrait être placé driniut, sur ses
riualn* patlr^, ri on introduirait un peu de coca dans sa houclie.
Il lalliil aussi attaciirr, sur \v dos du fcetus, avec du Id tordu
à ;(au<ln' . dtMi\ |H'lih's corlx'illcs rcmpiirs de coca. Le jM'ricanle
'I If I. il Ils (IrNiiinil cln- l'iiterrés au hord dt; la source. Au-
dt*ssus de cette sépulhirr ou h;ictiMil niic croix dans la terre,
• 1 SrL;im(l(> devrait preiidr»', aM'c d»- Iran, iiii jm-u de terre
recueillie au point d'intersection des deux li;;nes iorrnani c«'tte
croix , et, v\\ iiu^'un' temps, les |)ersonnes (pii assistaient de\ aient
1 ï t I •;
(lier: Vanws'*^' esjwrilo npiisunilm esjwrito (•Allons, esprit I
lie\ iens, esprit ! ■).
Le traitenieni de l'ilion.» jiour fain' rentnT lesprit dans
Sei^nndo est un illlele^sanl ecliantillon de l'art médical des In-
diens du haut plateau. J'aurais xoidu le laire exécuter sur le
terrain, mais je n'en eus j)as le temps. Si je l'avais fait, j«» suis
sûr (pie Petrnna sérail reloiirnee à la source le jour suivant
|M>ur s'i'uiparer fie la coca fine nous flevions v avf»ir enlern^e.
f A mi ffon , f»|M^Mioi : «à mon mt- rliainaniii , c|iii |Hirt«il iri rr n«Hn »|irri«l .
vitmr*. «car rllr Imliitail \r\ Salifiai f*raiiiir%>.
** Conmiiiar, r»|Hi);nol ; lilléralrinrni On (lrv.il( l'in^iNfiicr, |Mii!M|iie la brrliis
- invilrr, offrir. «Vtail nourrir «Ir» hrrltrt qui |)oiUM<nl Mir
''• Marna (Iraniir (•(iraixlr Mrrr • , Irt l»onl» «Ir rr» Mlinr».
i^lail, Miitanl I ripliralion dr Prlnma, Pa '*> InlrrjrclifUi r»|iagnolr.
LA PUNA ET SES HABITAiM'S ACTUELS. 513
L'enterrement rituel du fœtus d'un animal est un sacrifice
en usage en Bolivie également. Ainsi, suivant M. Nordenskiôld
(265, p. 66,67), les Quichuas au nord du Titicaca enterrent des
fœtus de lama, chargés avec des petits vases contenant de l'eau-
de-vie, etc. , à fendroit où ils vont construire une maison ou un
moulin à sucre.
En dehors du traitement de la médica Petrona, j'ai vu un
autre fait qui atteste la crainte qu'inspire le Pujio aux Indiens
de la Puna. A certain endroit d'El Moreno, l'eau jaillit de la
terre, formant un gazon vert, une vecja. Sur le bord de cette
ve(ja, il y a une maison en pierre très bien construite, presque
Tune des meilleures maisons de la localité. Mais elle est aban-
donnée et personne ne veut y habiter de peur d'être tué par le
Pujio de la source voisine. On disait que le Pujio avait pris
possession de la maison.
Diverses superstitions. — I. Pour tuer un mouton, les In-
diens le placent étendu sur le sol, la tête tournée vers l'Est. Celui
qui va le tuer fait avec le doigt le signe de la croix sur la tête de
l'animal en récitant à voix basse une prière que je ne connais
pas, car on n'a jamais consenti à m'en communiquer la teneur.
Comme je l'ai dit, on ne tue jamais des bêtes ni le mardi, ni
le vendredi ; les Indiens croient que le troupeau serait frappé
de la peste ou d'autres fléaux, si on le faisait.
M. Ambrosetti (15, p.70-73) décrit des coutumes pratiquées
dans la Vallée Calchaquie, lorsqu'on tue des moutons et des
chèvres. Dans un autre ouvrage du même auteur (19, p. 196) sont
insérées deux prières qu'on adresse à Pachamama dans ces
occasions, et qui sont en usage dans la même région.
II. Le 2 août , tous les Indiens de la Puna , ainsi que les métis ,
attaclient à leurs doigts, ])articulièrement au petit doigt, un fil
loi(hi à (jauc/tc qui, selon l(;ur croyance, doit les préserver des
malheurs (|ul pourraient leur advenir et des maladies doni ils
pourraient être atteints au cours de l'année. Quelques-uns
b\'i \\\lnl\n.s DK l.\ liK(.M»\ \M)IM.
aUaclit'iit aii>>i «lu fil <l«' la même sorte autour dr Iimns jambes
(Ml (!•' It'urs hra^.
III. Il N .1 lin j»«'lil MisriHi (Ir cniilrur rnii«;ralrr (ju«' l'ou
n-iicoutn* (juel(|uelois mu !<• < IhiiiIm. >>i nu TiMitend cliauter
(w/5ivrt, r//5/v«, il auiiouie uue lK)nur iiouxt'Ilr; mais, s'il chante
l*t((i( , nilai , il j)resa<;r un iiiallirur pour crlui (|iii l'a rntrndu.
(iellf même rrovance existe dans beaurou|) i\v pas. s, aussi
hirn dans le Nouveau qur dans le Vinix Monde Sui\aiit Ir
D' Lrn/ 213,|». Vj5), rlle est courante chez les Araueaiis (|ui
altrihuriit a un oiseau nommé (jallanla la menu* iartdl(> de
nmlire la honin- cl la iiiau\ais(; cliance, en (hantant de ddlé-
renies manières.
I\. Lorxjur le Icii |M'hll(', \] f;iul W' clialier a\ec une ha-
•;u«'ll«*, car c Cst un esprit inaliii (pu cau^e ce hruit. il n a une
crriaine analo^^ir entrr c«'ci rt iinr ancienne coulunn* p<'rii-
Nieime, mmlionnrc dans une " instruclion » pour le cirr»;*'. «Ir
168.*) 18i bii;c'\. ic \:\; y. loj , et coiisistal à jeter du mais, de
la rliicha, etc., d.ni> le Iru (piaiid il prlillail. afin de I apaiser
»l (il- If NJ-nérer i*.
Cérémonies du mariage (Susques). — Ciomme nous laxtms
dil, le mariai;»' drs Sns(pirini> ('«>l Nuijours crh-hré suivant le
ritr catlinli(pic et par un prêtre de I enlise catholiipie. On \
ajonle (piehpies c»'r«'iiioiiies secondaires, mais dans les(pielles
on ne irouNe p.is de liâtes ( «Tlaines du pai^aniMue. I^es In-
di«'iis m Ont assure cpie Ir (pinliua n e>l pins emplové dans ces
cérémonies, mais IVspaj^nol seul. <'l (pion un lait pas d in\o-
cations a l'achamama ou à d'autn^s anciennes di>inites. (ie|M'ii-
<lant il ne laut acce|>ter celte déclaration (pie sous réser>e.
car les Indiens ne mOnt prohahlement pas dit la serité, de peur
d elre (lenoiices au cleri^e \ nu 1 Ii di'>(-riptiiiM dis ( nmininrs
du maria»;»'.
Les liancés, accompaji^nés du parrain, de la marraine et fh*s
LA Pl.NA ET SES HABITANTS ACTUELS. 515
invités, se présentent devant le curé dans l'église. Le sacristain
enlace les fiancés d'un ruban rouge qui forme un 8 , en passant
autour du cou de f un et de fautre et en se croisant entre eux.
La cérémonie catholique commence. Les bagues, en argent
ou en laiton, fabriquées par des orfèvres indiens de la Boli\ie,
sont présentées au curé, sur un plat, par le parrain. Le curé les
remet aux fiancés; le fiancé place fune des bagues au doigt de
la fiancée qui, à son tour, met fautre au doigt du fiancé.
La cérémonie religieuse terminée, le parrain tend sur le sol
à la sortie de f église un poncho rouge, qui doit être neuf,
jamais usé. Sur ce poncho s'agenouillent rf abord les nouveaux
mariés. Le parrain et la marraine, f un après fautre, les bénis-
sent avec cette allocution :
EspagnoL Ya Bios les ha juntado y la Santa Madré hjlesia. Vican
bien Iwnrando padre y madré y al padrino y à la niadrina. En nom-
bre de Dios, del Hijoy del Espirita Santo.
Français. Dieu et la sainte Mère f Eglise vous ont unis. Wwa
bien en honorant vos père et mère, votre parrain et \olvv mar-
raine. Au nom de Dieu , du Fils et du Saint-Esprit.
Ensuite, le parrain et le père du marié s'agenouillent sur le
poncho rouge, fun en face de fautre, en posant les mains cha-
cun sur les épaules de son vis-à-vis et en s' adressant ces mois :
. EspagnoL Ya Bios hapernulido que seamos Itermanos espintuales'^^^
en esta vida y en la otra. En nombre de Bios, del llijo y del EspiriUi
Santo.
Français. Dieu a \oiihi que nous sovons des Jrères spiriluefs
dans cette vie et dans faulre. Au nom de Dieu, du Eils et du
Saint-Esprit.
La même cérémonie est répétée par la mèie du marié a^ec
la marraine, par les jeunes mariés avec leurs beaux-lrères et
''* Ils sont dorénavant coinixres (<-o/;i/;<(r/»r.\j ; les Iciinncs. coiinMrres [cunnulrcs .
510 AMini I rK> 1)K LA IlKClO.N A.NDl.Nh^
hcllfs-sipiirs, mais (oujoiirN rnln" deux hommes ou entre deux
it'iiiriM's, |.'iiii.'iis nilrc Iioiimim* et leiinne.
On rnilrr a ia maison on e^l srrNi un rrpas, donl l«s jxinci-
naux mets sont nn lama rôti et du nmlr (maïs Ininilli |)ré|>an'*
d'une maiii«'n' paiiicnlièrej, le tout arrosé de grandes (|nantités
de chu ha et d'eau-<le-vie.
\lors commence ia danse au son dr In iiinsifjur exécutée par
ia trou|M' (|ue nous a\ons décritt; plus liant. Les jeunes mariés
et it's parrains ne prennent pas part à cetta danse.
l'rndant i après-midi, on tue devant la maison deux jeunes
lamas, liin maie, l'autre fenudle, et cjni doivent être de couleur
noire. Ces animaux sont coupés, ir ionj^du corps, en deux par-
lies égales, sans en enle\<'r la peau. I)rii\ personnes prennent
l'une de ces moitiés, cru»-. |);ii ies pattes de dt'\ant et de der-
rière; ils luttent jM)ur s'eideNer le morceau, et celui (pii réussit
à l'arracher à l'autre se sauve en courant avec son hutin. i\v
jeu, (pli doit être très ancien, est deimmmé A;s ciiarttts («les
(piaris .^
\.r lit iHiptial, (()m|M)sé de peaux de lamas et de jMinchos,
est préparé dans une case ou doiM-nl .nlnr d'ai)ord le parrain
et la jeune mariée, tpii \ restent renlermés pendant (piel(pie
temps. Le parrain sort alors, et la marraine y entre avec le
marié. I^a marraine v reste jusipi'à te (lue les nou\eaux mariés
.se soient cou<liés; ensuite elle .sort et lerme ia porte de deiiors.
de manière cpu' les mariés ne |)uissent .sortir sans l'appeler.
Le |)arrain et la marraine montent la «^ardi* devant la |M>rti*
toute 1,1 iiiill, et. >i (piricpii' |)e>(>in naturel n|»lii;c i Ull des
jeunivs époux à sortii, il doit èlr»- escorté j».ir I un «i'eux ju.s-
c|u'à ce (pi'ii rentre dans la chand)re nuptiali*. (!e n'est (pu* le
jour sui\anl (pion ou\re la |M)rle pnm iaissrr ies jeunes maries
sortir iii)remeiit.
De ia Vailee ( iah liacpiie, \l. Anduosrlli 15. |.. 7f)-Mi) pul)lii'
(pn'l(pies ren.stMgnements à pro|>os de coutumes relalix's au
mariage, mais (|ui ne |)réseiitent jkis heaiicoiip d'anaiogit* avec
celles de Sus(pie».
LA PUNA ET SES HABITANTS ACTUELS. 517
Enterrement (Susques). — Sur les cérémonies funéraires,
je n'ai pu obtenir que peu de renseignements, probal)lement à
cause de la crainte qu'ont les Indiens de voiries éléments païens
de leur rite révélés au clergé catholique.
Le jour de la mort d'un Indien, on sonne les cloches de
l'église toute la journée jusqu'au lendemain malin. Pendant
la nuit, le corps repose dans une hutte, entouré de cierges,
c'est-à-dire de chandelles en suif, et y est veillé par les parenls
et les amis. Le lendemain, quatre personnes portent, dans un
poncho, le corps à l'église, où il est placé sur une table destinée
spécialement à cette fin. Le corps est entouré de chandelles
placées dans des chandeliers en terre cuite, de fabrication
indigène. J'ignore les cérémonies qui y ont lieu.
Après ces cérémonies, le corps est porté de nouveau à une
case pendant le temps nécessaire pour creuser la fosse, opé-
ration qui est accomplie par quatre amis de la famille, qui,
de même que les sonneurs, reçoivent pour leur travail des ra-
tions spéciales de coca et de chiclui. La fosse doit être exacte-
ment de la même longueur que le corps ; si elle était trop longue,
le mort reviendrait, croit-on. La fosse terminée, on enterre des
pincées de coca dans le monceau formé par la terre qu'on a
extraite de la fosse. Dans fintérieur de celle-ci , toutes les per-
sonnes présentes sèment aussi des feuilles de coca, de même
que sur le cadavre, déposé sur le sol près de la fosse, sans cer-
cueil, mais enveloppé dans une j^ièce de tissu gris, dénommé
barcliila, spécialement confectionné à cet elfet. Le mort j)()rte
ses usulas, mais on lui attache la sandale droite au pied gauche,
et vice-versa. On descend le cadavre dans la fosse au moyen de
cordes en laine, et fou sème encore des feuilles de coca sur le
corps. On remplit la fosse de terre, en continuant à y jeter (kî
la coca de temps en temps, pour bien mélanger la tern; a\ec
les leuilles de coca.
Quand on a rempli la fosse, toutes les personnes présentes
otenl avec le doigl Yacallico de; leur boiiclie, cl le jettent sur Ici
tombeau, s'agenouillant ensuite tout autour pour réciter des
518 WTIQl ITKS I)K LA l\k(iH)N WDINK.
|)rii*n».s (lui mr soiit inconnues, niais (|ni |)rnl)a])lrm«'nl ont
nnelcMir clicjsr dr païen, suivant l'aumùnier du ( iouNerncnicnt
cies Andes, qui a>ait acconipaj^iH' !♦• ^'ouM'nicur M. Menéndez
à Snsfiurs. fur fnninr riant iiKufr, rniMnnrii«T pnu-éda à son
(•ntfrn'iMfiit sui\.inl If rite calli<)li(|in'. (hiaiid il >«• n-lira après
la crn-inonif, il Nil 1rs Indiens restera jçenonx près d«» la Inndw»,
récitant clés |)rières à \ni\ hasse. Il leur demanda ce cpi iK
iaisairnl, mais il lui lut iiujx^siMr (\r ncii apprmdre à vv
sujrl. S'il se lût aj;i d«* j)rieres chrétiennes, les hidirns n au-
raient rn aucune crainte h l'avouer; il <*st donc prohahie (pi'iis
récitaient des prières nnïcnfies. ce (iiiils n'osaient pas axoner
an curé.
On lail une noiv (\r deux hâtons «mi hois (h' C.rreus, liés
avec d«' la laine noirr. La « loix est porlri- d'alxird à l'éj^lisr ri
pla<«'«' siH' la lahir où si- IrouNail 1»- ^(l|•|)^, hupn-llr rst couNrrlc
d'un p<tu( lu» uoii-. Dr (luKjur cnlr (le lacroix, il V a IIU»' lèlc
de mort; anlour, drs chandellrs. L ludirn faisant fonctions de
prètn- hénil la croix, et on la porir au < inirlière sans la tou-
chrraM'c les mains, mais en iiitii-|)(is,iiil tiu honi dr poncho
entre celles-ci el la croix. ( )n plante la cinix sur le tondx'an.
A vv moment , les parents h»s plus jirorhes du délunt tiennent
dans les mains dru\ hâtons d'on pendent «les «glands noirs, les-
cpiels iH' dni\rnt pas non plus être touches directenu'ut avec
la main, mais seulement par l'intermédiaire d'un ixuit du
pnu( ho ou d'un fonlard. (jes emhlèmes |>assent de I un des
j)arenls a lanlre; (hacnn embrasse les i;lainls r\ recide (\r
<piel(pies pas en s'a<;enonillant.
La cérémonie se termine par une or^ie a\ec de copieuses
lihations.
Lavage des effets du défunt (Susques). Le lendemain de
l'enterrement, tons les ellels asiut ipparlenu au mort sont
|MM-té> a la ri\i«'re, où tous les nuMnhres <le la famille s'entrai-
dent a les la\er. Pour celte cérémonie, on ameiir un jenni*
lama et un agneau, tous deu.x de rnuitui uoii-e. On tue ces
LA PUNA ET SES II A IMITANTS ACTl KL S. 519
petits animaux en leur piquant le cœur avec un instrument
pointu. Après avoir laissé couler le sang, les déchirures de la
peau sont soigneusement recousues. Ensuite les animaux sont
ornés de rubans noirs, et on place, en forme de licou autour
du museau, des cordelettes en laine noire. Sur le dos du petit
lama on attache, au moyen d'autres cordelettes noires, âxi petits
sacs contenant des comestibles et de la coca. On dénoninn; ce
petit lama le maletero ciel aima. 11 porte les provisions du mort
pour le voyage dans l'autre monde ; l'agneau doit servir de
nourriture au défunt. Les deux animaux sont enterrés à environ
200'" de la hutte de ce dernier.
Suivant des renseignements que j'ai recueillis à Abrapanq)a
(Puna de Jujuy), cette cérémonie y est célébrée presque de la
même manière qu'à Susques, mais huit jours après le décès.
Certaines prières y sont récitées, pendant le lavage des effets,
par des personnes qui sont désignées à cet effet, en jouant à la
laba^^K Dans la Vallée Calchaquie, suivant M. Aml)rosetti (15,
I). 61), la cérémonie du lavage est également en usage, mais
elle n'a lieu que huit jours après le décès et elle y est plus
compliquée. On y baigne aussi, dans la rivière, l'époux sur-
vivant, ce qui n'est pas la coutume dans la Puna. Dans la
Vallée Calcliaquie, on tue, au lieu d'un jeune lama, le chien
favori du mort pour quil lui serve de monture dans la vie
d'au delà. Cette modification est très facile à expliquei-, car,
dans la Vallée Calchaquie, tous montent à cheval, tandis que
les Indiens de la Puna vont toujours à pied, faisant porter leurs
bagages par des lamas ou par des ânes. A Susques, les (dfels
lavés sont conservés pour fusage des héritiers; dans la Vallé(i
Calchaquie, on ne s'en sert pas durant un an, et même on les
brûle quelquefois, comme beaucoup d'Indiens de la Bolivie 1(;
font des biens mobiliers des morts.
Cette coutume du lavage des eftets du défunt esl nettement
péruvienne, comme le démontre la description dv celle (-eré-
''' Voir la noie |»ago ?}6\.
M.
:,20 AN TIOl ITKS DK LA IlKCJloN ANDINE.
iinmie iiiM»ré«' dans les listes des • Mi|KTslilions » des Indiens
(in P«'run (ine donnent !♦• P. \rria«;a 39. |.. ^h el l'arclieNt^qne
d«* Lima, Don Prdn» dr \ illa (iônn'Z (370, loi. (>) : Jùi alijunos
inirhlits lie lus Ifaims, dtc: dias dcsptws de la miicrle ilcl (li/iinlo, se
initta toiitf vl HYlItf y pareiUela , y Hevan al paneiUe mas cerrann a la
/uenle, 6 corricnte del no, (jue tienen schalado y le rebullrn très
rcces, Y lahan a la ntpa , (jue era de! dijnnlo, y luctut se liacv una
merienda , y el nnmer bocado que masian lo eclian fnera de la Ipoca,
Y avabada la borrac/iera se baelven a rasa y bairen el ai>oseiUo de!
difiiitto, y etlian la basura fnera, cantandn lus hechzeros, y esprran
canlandn , y behiendn loda la noc/ie SKfuienle al anuna drl di/anto,
que diren que à de vemr a nmier, y bebcr; y quaiidn eslan ya Unuados
dil nnn dirrii que vtene el anuna , y le (tfrecvn derramandole marin»
vinn, y a la mahana que ya esta ri anima en Zamaybaart . que qutere
decir casa de descanso, y que no bidverà mas.
La Toussaint (Siisques). — Le i" n()vend)rr, p)nr la lèlfdi'
l.i r<Mi>Nainl, 1rs indiens placent snr le soi de 1 enlise et sur les
lonihes du riinetiere des récipients contenant des mets et l)ois-
snns (dinisis, par exem|)le de la viande rùtie de monton et de
lama, de la rhirlia, etc. Dans l'éj^iise, ces réci|)ients forment
nn «^roniM* ponr cliacnn des morts auxrpiels ils sont destinés.
Qniconcpie récilf im cerlaiii nomhre de prières |)our 1«» nmil
accpiiert le droit di' man«;er ces nn"ts. A léj^lise de San Antonio
de los (iohres, les indiens des environs font <\r même |M»ni'
ienrs parents défnnts.
dette contnine, cnii est sans «loni»' nn reste des rites païens,
est en nsaj^e dans tonte la Bolivie, a\ec certaines \ariantes, el
aussi, .selon M. \nd)rosetti i5. |>. 63. 63), dans la \ allée (iaiciia-
rpiie, où le i)an(|net des mânes e.st oilert dans nne cliand>n*
clo.se (pi«' Ion non\re (|ne le lendemain a midi, |H>ur «Miterrer
alors nne partie des mets et des l)oissons et ctMi.sommer le reste.
Cérémonie de l'nangelito » (Susques). — .lai parlé ion-^ne-
menl, jwges itij-iyo, «les luntnmes oi)ser\é<'s dans les pn»-
LA PUNA ET SES HABITANTS ACTUELS. 521
vinces interandines de la République Argentine pour les funé-
railles des petits enfants, qu'on y dénomme ainjelilos. Je me
suis efforcé d'y démontrer que ces usages sont d'origine euro-
péenne.
J'ai interrogé les Indiens de Susques à ce sujet, mais
j'avais commis l'imprudence, contrairement aux principes de
la diplomatie, de raconter d'avance ce que j'en savais de Salta,
de Gatamarca et de La Rioja. Par suite, je n'ai pu obtenir de
renseignements détaillés en ce qui concerne les cérémonies
funéraires des amjehtos. Cependant, suivant Victoriano, les Sus-
quenos revêtent également les petits enfants morts de papier
de couleurs criardes, surtout de papier rouge, et l'on danse
pendant vingt-quatre heures autour du cadavre.
Fête de Notre-Dame de Bethléem (Susques). — La fête de
la patronne de Susques se célèbre d'une manière assez sem-
blable aux fêtes religieuses des villages de la Bolivie.
La fête commence par la décoration des images de la Vierge
et des saints. Les images sont placées sur des ponchos tendus
sur le sol de l'église. La troupe de musiciens entre et avance à
genoux en jouant de leurs instruments. En arrivant devant la
Vierge, les musiciens et les autres Indiens baisent ses pieds et
ses mains, en interposant le bout du foulard entre la bouche
et la sainte image. Les musiciens sont accompagnés de deux
étendards rouges, dont l'un est porté par l'Indien qui lait
fonctions de prêtre, fautre par le fâhrica. Le premier remplit
dans cette occasion les fonctions lYalfcre: (porte-étendard) de
la Vierge.
Des femmes décorent la Vierge et les saints avec du pa])iei'
peint, des petits miroirs, de la verroterie, des plumes, des ru-
bans, etc. Pendant ce temps, la troupe de musiciens et toute»
l'assemblée se tiennent à genoux. La décoration des saints Icr-
minée, les Indiens se retirent, en marchant en arrière à ge-
noux, la face tournée vers l'autel, les musiciens jouani de leurs
instruments.
r»22 \NTI(}I m N I)|. I.\ l'.KCION WDINK.
Les ((MiiiiH'N piarciil \^'y^ im;i';rs sur des hraiicards. L«'s ln»in-
iiM's rcnln'iil dans l'rj^lisr ri dé|x»s«'iil d«*s ciri*«;os en suif de-
N.inl Yal/rrr:. I ne narlie de ces rier«;es sont placés s«ir Tanlel,
daulressnr \vs i)ran('ar(l.s, anlour des saints.
Mors eoninience la |)rocessi()n. Les images, précédées de la
inusi(|iir «1 (1rs ftiMidards, sont |M)rtéi»s d'ahord a (jiialrr rejH)-
soirs dressés daii.s les petites ( liapelles des (piatre an«;les de
l;i riMii (\r r«*;,dise, ensuite aux (piatre aporlirlas, (jui, comme
iHMe> Taxons dit, sont situé(>s sur les montagnes an nonl, an
sud, a Trst «'I à l'onesl fin villai^e. On rapj)orle li's maints à
ré«^|i«>r, on le fàlniiu lail ini discono.
Les éjrndards son! rmportés dan> la conr, où on Irs rn-
lonir (if ( n ri;rs r| où sont allnin«'s denN «grands len\. Pendant
loiilfs ces cérémonies, on lait d»- nomhn'nv lirsavec ces mor-
tiers spéciaux dénommés ramarvtas , (ionl nnns reproduisons
lin spécimrn /i/y. K^fî a.
Lnsnile 1rs ét«'ndar<ls son! portes a la case de Yalltn:. Le
mnr s est reconveil d'nn ponclio ron^T, derrière Ir imv». On
) place les étendards, anionr descjuels on allume des rier«(es.
\a* rajutan , \nl/rrr: de la Vier«;e et le fâhrira pnMinenI place
de\.inl les étendards, e| Ions les Indiens enlrenl a ^«'iioux
baiser ceux-ci.
On laisse un Iminnie p(Uii- lain- la j;arde des dra|)(*aux, el
tous se mettent en marciie, inusi(jue vu tête, |X)Ur visiter les
rases I une après ranlic Mans toutes les maisons, on sert de la
rhirlia il de la coca, il de\anl «liacnne (»n danse un moment.
(^)iiand on a panonrn ainsi toni le \illat;e, on lelourne à la
case de laljinr:, on le liai e| rorL;ie conliniienl toute la nuit.
LA PU\A ET SES IIABITAMS ACTUELS. 523
ANTHROPOMETRIE DES INDIENS DE SUSQUES.
Le D'" A. Chervin , auquel avait été confiée rorganisation de
la partie anthropologique de la Mission, a imaginé d'adopter,
pour les mensurations, le système inventé par M. Alphonse
Bertillon, pour l'idenlification anthropométrique des crimi-
nels. Ce système est universellement reconnu et adopté pour
l'objet pratique que poursuit la justice et la police : l'identifica-
tion sûre et rapide des individus. Mais je ne le crois ni adap-
table, ni suffisant pour des fins scientifiques. Cependant, ayant
reçu à ce sujet des instructions précises, j'ai dû les suivre pour
la mensuration des Indiens de Susques, dont le résultat est
consigné sur le tableau inséré page 626, dressé exactement
en conformité du modèle qui m'a été remis. Je publie ce ta-
bleau sans commentaires, dans fespoir que quelques-unes des
mesures pourront servir de matériaux pour fétude anthropo-
logique comparative des races américaines.
L'ouvrage dans lequel M. Bertillon (59) expose son système
est rare, mais M. Chervin (99, n, p. 3-34) le décrit en détail. Je me
bornerai donc à donner les définitions suivantes :
Buste. — Mesure prise sur l'individu assis, depuis le vertex jusqu'au
siège.
DiAMFiïRE antÉi\o-postérieur (Bertilf.on ). — Piis de la concavité do la
racine du nez au point occipital maximum. Cette méthode de prendre I(ï
diamètre antéro-postérieur augmente un peu l'indice cépliali<|ue calculé
d'après le procédé général.
Doigts. — Le doigt, plié d'équerre par rapport au dos de la main, est
mesuré entre les branches d'un compas à glissière.
Coudée. — Mesure depuis l'extrémité du doigt le plus long jusqu'à l'ex-
trémité saillante du coude, le bras étant plié. Prise entre les hianches du 11
compas à glissière.
Couleur de la peau. — (iénéralement observée sur l'avaiit-bras (|ue \os
Indiens portent toujours couvert par les vctemenis. Cependant, couune ils
ne se lavent jamais, leur peau paraît plus foncée qu'elle n'est en réalité. Une
échelle spéciale de la Mission, au lavis de la leire de Sienne n"' 1 à y, a été
suivie. Celte échelle est décrite par le D' Chervin (99, i, p. Sy-i),
52^ ANTini ITKS DK r. \ llKfilON \MHNK
.r.ii iiiPiisiin* .i.) Mijt'ls, (loiil .) IfiiiiiH'S. (svs iiie.surt>s doii-
iiciit les iiioyfMiiirs siiivaiit<*s :
Taillr i.<ilfi
(iraiulf f-nviT^un* i ,<»*JO
Wuslr «73
Imlicf c(*|ilialiqii(* ' HrriiUon] 7y-l •
Diamrln- antiTo |MMiUTicur [lifiiillnn) i8.i
l)i.iiiii-ln' lmii>\«'nM' 1.^6
On'illr dn»iU* longunii 62
l'ii-il ^diirlir 'loii^'Uriir •' \^
l)i*i;{t iiiifiiuN ^aïK'lir 1 l 1
l>iii);t aiirictiUirr gaurlic . K()
Oiud/t' );.'iiicli< \\\
Kn «'Tarf.iiil les rrinini's ri () individus àj;»'^ de iikums dr m»
nii dr |iliis (]>' 60 ans, il ri'sfi' » 1 Ihhimihs d»' uo à [)() ans. L<'^
iiinyriiiM's df Itiirs im •^^||•^■s soiil :
'l.iill. iJtS-i
(iraii<li* i-ii\rr^iii'f . i,(îV>
hnsir HH\
liidirr (V-|i|i.-||i(|iir Itrriillnii 7^«7**
hiaiiirtp- anli'n>|»«>*U'Ticur t^UcrùUnu] 1 H(l
DiaiiK'trr Iraiisvrr»»' 1 A7
Orrillc (Iroilr 'longueur) (iî
Pii-il gaiichr (lungurur).. . th"/
I)«)igt ni<kliu« gaucho 110
l><»igt aiiriciilairi' gaurlji- 87
t'^Midn* ganrhi'. . ,^5î
\,v i.ijjjMwl i\r la laillr .1 la i^iaiidr «'n\rr^iir«' rsl d«' loo à
100.3^1 clu'/- 1rs y,^ sujrls iniînsun's, ri «'^airinrnl d«* ion
h loo.Q^ ç\\v7. Ir.H Q I lioinmes do ao à r>() ans. (1rs rliilTn's dr-
iiKiiitri'iil niir rnv»'r;^iirr trrs iwlito, .si on la conipan» «î rrllr d»'
la pliiparl drs j)rn|)l«'s dr la frrnv Mais 1rs Indiens dr Snsc|urs
n»ssrinl)lrnl , «ious cr ra|>|>ort, aii\ llldil'n>^ i\y' la Unlivir :
7r> • Qiiirlmas »,' dont K ItMiinics, mrnsun's dans re pay?* |>«t
la Mission, oui donné «mi niovmnr la |)r()j>()rtion de 100 à
loo.()4; i II Avinaras, dont 7 irinincs, donnrnt loo.i 100. 8.*).
\a*s nicsiin'.s (jui m'ont S4*rvi d<* ha.s<> «i ces ralrnls ligunMit (*n
LA PUNA ET SES HABITANTS ACTUELS. 525
détail dans i'ouvrage du D*" Ghervin (99, n, p. 190, 272). D'ail-
leurs, déjà Forbes (135, p. 216) fit remarquer la disproportion du
membre supérieur par rapport à la taille, chez les Aymaras.
D'après ses mensurations, c'est l'humérus qui est excessive-
ment court chez ce peuple, tandis que lavant-bras et la main
ne présentent pas, en proportion avec la taille, de diflerence
notable avec les Européens.
Suivant Forbes {ibid., p. 2o3, 215, 216), les Aymaras ont aussi le
membre inférieur beaucoup plus court, par rapport à la taille,
que les autres peuples, et c'est le fémur qui est excessivement
court, même plus court que le tibia, ce qui n'est pas le cas ni
chez les Européens, ni chez les Africains. Comme, d'après la
méthode de M. Chervin, on obtient la longueur du membre
inférieur en retranchant la longueur du buste de celle de la
taille, je ne peux pas comparer les Indiens de Susques aux
Aymaras mensurés par M. Forbes, qui a pris la mesure de ce
membre depuis le grand trochanter jusqu'au sol. Je dois donc
me borner à les comparer avec les « Quichuas » et les Aymaras
mensurés par la Mission en Bolivie, et dont les mesures sont
exposées en détail dans fouvrage de M. Chervin (99, ii,p. 180, 264).
En prenant ces mesures comme base et la taille étant ramenée
à 100, le membre inférieur (méthode Chervin) devient 46.84
chez les 76 «Quichuas» mentionnés plus haut, 45. 3o chez les
1 1 1 Aymaras, 45.98 chez les 35 Indiens de Susques, et fiG.iG
cliez les 21 hommes de 20 à 69 ans de Susques. Par consé-
quent, les Indiens de Susques se trouvent sous ce rapport
entre les « Quicluias » et les Aymaras de la Bolivie.
Je n'ai pu voir aucun Indien nu, et, par conséquent, quant
au système pileux, je n'ai pu observer que les cheveux et la
barbe. Tous les sujets mensurés avaient les cheveux lisses,
droits, durs, rigides et parfaitement noirs. J{^ n'ai pas vu de
cheveux pouvant être classés comme châtains ou marrons. La
calvitie n'a pas été observée. Un sujet seulement, le capilan Vic-
toriano (n" 6), avait les cheveux grisonnants.
La barbe manquait totalement à la plupart des sujets
b'iù \MHMin> i)l. I.\ HK/ÎION \\m\K.
iiieiisiin'vs, ri jf suis sur (jin- l «pilatioii iirUiil pas ru usa»;»*,
rarnii U's individus ix)ur\us t\v harlx', ccdir-ci était surtout
HrNrIonnér sur Ir menton, toujours rrlativennMit rlairsmu'f
♦•l rourlr, mèuir dans les ras (|ui sont annules sur le tahloau
ronnne • harlx* assez, épaisse ». I.a harhe était noirt> couinie les
cliev«Mix, l«*s |)oiutes cependant tirant (|uel(pie|ois au rou«;e,
sans doute par suite de Ijelinn du cliinat e| du inan(pie de
juoprele. Deux vieillards ( u"* 7 et 20) avaient la harlx» «^rison-
nanle hien (pie les cheveux fuss4»nt encore noirs
l/iris était sans e\re|)tion de couleur < liatain ou iii.iirnii.
.1 ajouterai (pir la deinrniation arlihcielle du crâne est tout
a lait inconnue j)arnii les Indiens de Sus(pu's et également
|)arnii tous les Indiens actuels du liant plateau (pie jo coii-
naiss4'. (ietlf < onluine, si répandue jadis, iw paraît être conser-
véf» de nos jours (pie par de rares lid)iis. tris les Colorados de
la liepul)li(pif df rilcpiatt'ur, coiniue la coiislaté réceniiiH'nt
le D' lli\el 312, |i. i«<j . La delorination enc<u'e praticpiée jKir les
Teliuelclies de la l'ata«;onie et par les \raucan> n'est pas inlen-
tionnelleinent a|)pli(piee aux eniants dans un hut pour ainsi
Him • eslliéticpie ■, mais (»llo est le résultat de riiahitude de
tenir 1 riilant lii^ot»- dans iiiie soiji- de herceau n^'ide (pu s at-
tache à la la(:oii d'une selle sur !»• dos d'un ( he\al; la pression
exercée par celte couclielt»' mii iiMcipital amène un a|)plalis-
sement de l.i nmpie. Le h'\ennau 368. |». in) décrit celle cou-
tume telle (pi'ellc a ete ol)serv<'e elle/, les Tehuelclies par le
comte de La \ .iiiK , (pli a rapporte un herceau teliiirlclir, con-
servé maintenant au Musée du rrncadero.
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Sanlia|:n Vii.nn. . . .
Salina* Mbmmi/» . . . .
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Néant.
Idem,
Idem.
(-'6)
Néant.
(37)
(28)
(■29)
Néant.
(30)
Néant.
Idem.
(31}
Néant.
Idem.
(32)
Néant.
Idem.
(33)
Néant.
Idem.
Idem.
y,)
Néant.
Idem.
(•■V.)
30)
Néant.
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Idrm.
'" >3. — l'> l.e n" i.') c»l le frùic du n'> 3 '1 , le rousin .lu n' ;to cl le neveu (lu n" tj. — (») \.e» n" 19 el .lo «oui frère cl sœur. — !"' I.e n" .Wi
0 ilci Andc» , à l'oucit de Susqaci.
l>ér« rUil de Tupi« (IJolivie). — (I') Ca^Ulmlo ( l'unn <U- Jnjuv ). ■ f") Lieu de naissanro inconnu. — (") fvuni (llollvic). — (") Rostrio
,>ucl.|u« pnlls ,ur le- nunlon; i.clllo» mcu^l.nrliet. — ^"1 Knli.re , a«ej. époi«»c. — >') li..rl)e .1 niouola. lie» rh.ir"-inre.. - i") Ouol.|ue« |)oil»
ARCHEOLOGIE DE LA PUNA DE JUJllY
DU DÉSERT D'ATAGAMA
ET DE LA OUEBRADA DE HUMAHUAGA
ARCHEOLOGIE DE LA PUNA DE JU.UIY,
DU DÉSERT D'ÂTAC/VIVIA
ET DE LA QUEBRADA DE HUMAHUACA.
L'un des résultats les plus intéressants des travaux de la Mis-
sion Française, ce sont sans doute les contributions qu'elle a
apportées pour la délimitation géographique de certains peuples
autochtones du haut plateau. C'est justement la grande plaine
aride des Satinas Grandes qui paraît avoir, pour ainsi dire,
servi de « zone neutre » entre plusieurs de ces peuples. Les an-
ciens Atacamas s'étendaient à l'ouest de cette plaine; à l'est ha-
bitaient les Omaguacas, et au nord, plus ou moins sur la fron-
tière argentino-bolivienne actuelle, commençaient les Chichas.
A l'extrême sud de la plaine des Salinas Grandes, c'est-à-dire
au sud de l'Acay, nous trouvons les Diaguites. Quant à la
Quebrada del Toro, qui est située aussi au sud des Salinas,
nous avons déjà dit que les éléments nous manquent pour lor-
muler une hypothèse sur sa population préhispanique.
Mes recherches archéologiques dans la Puna de «lujuy et
dans la Quebrada de Humahuaca confirment cette localisation
des peuples qui entouraient la plaine des Salinas Grandes. Les
vestiges préhispaiHC[ues que j'ai trouvés sur ce territoire peu-
vent être classés dans les catégories suivantes :
I. Mines de Cobres. — Les anciennes mines de Cobres
ont sans doute été travaillées avant l'arrivée des Espagnols, bien
qu'il soit incertain par quel peuple andin elles ont été exploitées
à l'époque préhispanique.
IL Salinas Grandes. — Les environs immédiats des Salinas
Grandes m'ont fourni un grand nond3re d'objets en pierre,
mais on ne trouve pas d'objets similaires dans les ruines d'an-
ciennes habilalions de la Pinia ou de la Quebrada (ici Toro;
et, d'ailleurs, les diverses catégories d'objets en pienc des
5.10 VNTIQUTKS DK I. \ IIKCMCJN \M>INK.
S;ilina.s (Irandi-s iin» jciinciit |MMil-t'tre <l«' (Iil1«'rriit«'.s (''|MK]ue8.
IVaiitri' narl, 1rs ruines tU's «Mivinuis des salines sont Irlleimiit
«létérioives, nu ^•ll^'^ uv iHTiiielleiil pas de comparaison avec
les autres ruiner dr la Pnna dr .lnjn\. Il serait donc osé dattri-
huer l'industrie litlii(|ue drs S.dinas (li;nid«'s .1 1 un <»u à Tautn*
di's iM'upIrs j)reliistori(jues \oisins.
III. Kk<.ion dks Vtacamvs. — Au point (l( mh- (!•• Irtlnio-
•;rapliie ancienni', la ré«;i<»n (\t' (.asahindo, (iocliinoca, Hinco-
nada et Santa Catalina. limitée du cote dr la plaiiu* |)ar des
contreforts de la Sieria de ( locliinoca, contiinii' a l'Ouest, à
tra>ers le nord de la INina de Atacania, jus(|ue dans la partie
septt'utriiMiale du l)«'serl d'Vl.KMuia. On trouve là, flans li's
cimetières des en\ irons du Hio Loa, des dehris identi(pn>s à
ceuv (Mie lournissent les f^rottes lunérain's du nord-tuiest
de la Puna d«> liiiiis. \ (ialania, sur l<■^ IxinU (lu Wnt Lna ,
\l M. Sénéclial dr la (iran«;e a décdUMil une «grande nécro-
|M>le; en comparant les noinhrrnx ohjris (|ii \\ \ a evlnnnés
a\ec ceux di- (!ocliinoca «■! de Hinconada, on >oit (piil n'v a
pres(pie pas d nlijcts dr (ialama dont on n'ait trouvé un autrr
spécimen tout .1 lait pan^l dans la l*inia de .lujuv. Les M'sti<;es
i\r la n'«Mon du Ton Loa. de San Lidro r|r Atacama, etc., et
ceux dr la l'niia (\i' .ln|ii\ proNiennnit donc du niéiiie peuple,
ri. rniiiiiir 1rs picm irrs duix eut être atlrd)u«'s ;mi\ anciens \ta-
cainas, les vestij^es i\r la rr^don de (iasahindo, (iocliinoca, Hin-
conada ri Santa (iatalina pro\iemiriil aussi dt» ers Atacanias,
sur lescpiels nous avons donné, paj^es 58 et suivantes, un ré-
sumé des renseit^nemetits Instoricpu's f|ue nous possédons. Je
décrirai par conséipient la collrction dv (ialama conjointrinnil
avec mes n'clierches dans la Puna de .lujuv.
I\ l'iiMoN 1)1 s Om m;|'\c;\s. — L'arcliéoloj^ie des monta^iu's
(Hii séparent la Luna de JujuN dr la (Jurhrad.i t\r llurnaliuaca,
nommées Sierra Occidental dr I luin.diuaca, pri'sente heau-
r<»U|) fl'analoj^ie avec l'arcliéolji^'ie de cette «piehrada, et tous
rrs \estij;es proxiennent prohahlenirut di's anciens Onia-
^liacas, ces Indiens indomplahlrs «pii, d'après les clironi-
ARCHEOLOGIE DE LA PUNA DE JU.IUY. 531
queurs, opposèrent une résistance si opiniâtre aux Espagnols.
Ils paraissent avoir occupé les montagnes clés deux côtés de la
Quebrada de Humahuaca, jusqu'à la frontière actuelle argen-
tino-bolivienne au Nord, et également une petite partie du
haut plateau, car la poterie que j'ai exhumée à Sansana et à
Yavi Chico ressemble beaucoup à celle de la Quebrada de
Humahuaca. Je décrirai ces vestiges dans le chapitre consacré
à l'archéologie de la région des Omaguacas.
A propos des ruines et des sépultures de la Puna, je dois
faire une remarque générale : celles des montagnes sont beau-
coup mieux conservées que celles de la plaine. Dans les pre-
mières, comme par exemple à Pucarâ de Rinconada, les murs
restent encore debout, les cadavres, les objets en bois, les
tissus, etc. , sont bien conservés. Au contraire, les ruines situées
sur la plaine, comme à El Moreno, à Quêta, à Pozuelos, sont
complètement rasées; les squelettes qu'on y trouve, réduits à
des ossements émiettés; la poterie y est brisée en petits frag-
ments; seuls les objets en pierre ou en métal se sont conservés
intacts. En jetant un coup d'œil sur la carte archéologique, on
se rendra compte de ce fait d'après les dilférents signes par
lesquels j'ai désigné les ruines importantes et bien conservées,
d'une part, et celles qui sont très détériorées ou sans inrpor-
tance, de l'autre.
On a peu écrit sur l'archéologie de la Puna de Jnjuy. La
littérature sur ce sujet se réduit aux travaux suivants : Le
l)"^ R. Leliinann-iNitsche (210) a publié un catalogue descriptif
sur les collections de cette région que possède le Musée de
La Plata. M. J. B. And)i-osetti (23) décrit dans un de s(«s ouvrages
d'autres collections de la même provenance. Ni lun ni l'autre
de ces auteurs n'ont visité personnellemeni l.i Pun.i de bquy.
Le comte E. von Rosen (346) a j^ublié un lappoil |)réliniinaii<'
sur l(vs fouilles (^Ifectuées à Casabindo en i()()i par la Mission
Suédoise. Nous avons aussi une noie sur les haches de picric
532 \NTI(^HTKS DK I. A nK(.lu\ WhINK.
(les Salifias (lrainlr> du baron Erlaiid Nonlniskiuld 259 . Knl'iii
\v \y K. S(>lrr 327 a fait une (-oiiiiiiuiiication soiiiiiiain' à la
Sorii'lr (l'aiillirn|Mil<)«;i«' (Ir Hrriiii sur l»*.s rnllr(lioii> (!«• la Puna
dr .lujuN ra|)|M»rhM's vu i^<).i |>ai- I»' D' \l.i\ l lil«'. (juanl à
rarrlHMilo«;ii' du Drst'rl d'Vlarania, il iirvisl»' (|ur drs riMisi'i-
^nnnt'iits «'pars, (|ut» nous résuincruns |)lu> loin. |>a«^«*s 715
(*l siiivaiitf's.
COHUES.
PETKOGLYPHKS. - ANCIEN^VES PIRCAS.
La Quebrada de Gobres ou de Gabi'^', sou ancien nom, Ira-
veise, comme nous l'avons vu, la chaîne qui sépare la plaine
des Salinas Grandes du district des Indiens de Susques, dans
le Territoire des Andes.
Justement à l'endroit où cette quebrada s'ouvre sur la j)laine,
on voit sur les rochers verticaux, du côté nord de ]a quebrada,
des inscriptions rupestres. Le quartzite schisteux de ces ro-
chers y forme des superlicies plates et lisses, assez grandes.
Ges pétrogiyphes , dont l'emplacement est indiqué sur le plan
Jl(j. 102, sont en partie effacés, mais quelques-unes des ligures
sont encore assez bien conservées. Les traits ressemblent à cen\
des pétrogiyphes de la Quebrada del Rosal, décrits page 34 H,
et paraissent avoir été tracés, comme d'ailleurs tous les ])étr()-
glyphes de la Pnna, d'après la même méthode.
La ligun» le mieux conservée du pétrogiyphe /i(j. 100 esl
laie face humaine carrée, aux yeux circulaires et au nez en
lorme dé triangle. Le nez est réuni au menton j)ar trois lignes
verticales et parallèles. La lace est couronnée cl'nne soile (!<'
rayons représentant |)robablement une coiffure de plumes. Siii-
beaucoup de pétiogK plies de différentes légions, on voit des
laces humaines ornées de ces ravons. Mallery (228. |>. 90) repi-o-
duit un grand pétrogiyphe du \ebraska où l'on soit plusieurs
têtes à rayons send^lables.
Au-dessous de cette face, il y en a une luilic, en pailie
'"' t)an.s lo piocès-verbal de la session Cor/«</eni le col de la Quebrada de Cobics.
femio par la Commission des limites II doit \ a\oir une erreur, car Ions les
ari^enlino- chiliennes à Buenos- Aires, le habilanls de la contrée np|)li(|iient à ce
24 mars iSyy, le représentant du Chili, délilé les noms de A^na de Coin es ou !/"</
M. Enri(|uc Mac Iver, dénonnne Ahra de Cnin.
53^ ANTM^IITKS l)K I.A UKC.ION KNDINK.
«•Iliurf, (»ù la lM>iiclif a|)))arait sous la Foriin' <l mu* t'lllj)>r. Le
Irait à f^auclie ïI«* la face roiiiplfle est une partie des c«iitour>
(l'iMie IroisieiiH' lare humaine dont le reste a disparu.
\n-<lessus fie ces laei'S se IronNf un j.iL,Miar ;i dus «niiilM'
ri a\ec une lon^in* (pu'ue.
Kig. loo. — Cohn-*. lVlrn^K|ilir. iltn gr. n«l.
Sur uiuî aulre partie planr «In rncher M)nl j^ravés les trois
animaux /((/. iOI a. h, r. Les deux premiers sont sans doulr
des jaguars; les rIilVerentes atlitudt's de ces animaux sont très
hieii imitées : rrlui désigné j>ar la lettre A «»sl hn'u un jaguar
sapprétani à sauter. La représentation di's tètes, deux cerrli's
roiu eut ri(pH*s avec un jMWut eentraL est «u'iginale. Auprès de
ARCHEOLOGIE DE LA PUNA DE JUJUY.
535
ces jaguars, il y en a d'autres pareils, mais à moitié eflacés. On
y voit également les vestiges d'une figure qui paraît avoir été
celle d'un homme, etd'autres dessins méconnaissables par suite
de l'action du temps.
L'animale, qui semble être un insecte, se trouve aussi non
loin des jaguars. Il est à peu près de la même grandeur (pu;
ceux-ci. Je ne connais pas d'autre animal de cet aspect, repré-
senté sur im pétrogiyphe.
::iox
l'i;^. loi. — Cobres. Figures d'un |)clrogl\|)li('. — ijio |^r. nat.
En lace des pétroglyplies, de l'autre côté de la quebrada, sur
les pentes marquées FF [\)\anfi(j. 102), il y a des restes d'an-
ciennes pircas, mais elles sont en si mauvais état qu'on ne pcul
se faire une idée de la forme des constructions dont elles ont
fait partie.
L(! iu{)v[\vv fi(j. i05, en grès vert, a été trouvé (miIcitc piiinii
ces vieux murs. Il a o"*!/! de hauteur et o^io de diamètre
35.
536 \MinilTK.S l)K I. A BK(,I()N VM»I\K
exlériiMir; sa cavité a o^ofiS (\v prulniuleiir. Vu iniluMi, à
IVxtériiMir, il v a iiii«* larj;»* rainure assez irn*<çuliere eiitouraiil
tout \t' mortier et avant |MMit-4"*tre spr\i à rattaclu*r à (|n('l(|nr
<»l)i«'l .111 ninvrn d une corde on (Tnnr conrn»i('. j^.i |);irli('
(In mortier ;nMli'Nsnî> (le la rainure est d'une snriace livse «•!
|M»lie, niais celle qui e.^l inlrTieun' à la rainure est j;n»ssièn'-
ment tr.iNaillee : on n a lait saut(*r de «grands éclats de pierre
nnui lui donner sa lorme.
mim:s PHKifisivwK^i i:s I)i: ( oiiUKs.
\ l.i sortie de la (^)n('l)ra(ia de (.ohre.s, dans les dernien's
collines an |)i(>d descjuidles s'étenfl la plaine, il existe un iilon
de silicate de cuivre hvdralé (clir\socoll«* , minerai très fré-
(|nenl au Chili et assez ri<lie. les anaKses publiées par les cher-
cheurs de mines de ce paNs iiidi(|tiaiit de t i «i 'j |>. loode
cui\ re.
(!e lil(tn a été exploité aNanI larri\ee des Ks|)a^nols, comme
le pron\ent les xesti^es (Tune industrie nnniere prehispanicpie
(pie jai trouvés aux en\ irons. Ln renseij^nement historicpie
coidiriiK» c«> lait. Dans sa description de la Nille et du territoire
de l'ntosi, écrite en \~*^~, le «(ouvernenr I )oii .In. m del Tino
ManrKpie 289 |> ■ i dit (|iie dnis le partido d'Atacama, il \
axait, sur la Irontien* dr l.i proNinc*- de S.dl.i. cpiatre niint>s
d'or, Incahnasi, Snscpies, Olaroz et San Ant<mio de los(iohres,
(pli avaient toujours »'ti' exploiti'es par les Indiens selon les
metliodes primiti\es <*l peu avanta^^euses «jni leur étaient |)arti-
culières». Nous rexiendrons sur Inc^ihuasi en parlant des ^ise-
nuMits d or de Hinconada; à Suscnies, il n s a pas du tout de
mines connues; la mine d'Olaroz est ex|)loilée encore aujour-
d Inii. et j ai en ma |)ossession un échantillon de «piartzaiirilere
pro\efiant de cette mine. Les iniin's d Incahnasi et d'()lan)Z
sont meiitioiiiMM's.iMi I 7() 1 , par Don l'ilihertode Mena 235. (• ^*^)
comme datant (In temps des liuas-. (^)uaiil au «San \iitoiiio
de los(iohn*s» de Piiio Manri(pi(>, c'est le même (iohres <iue
Al\CHh:OLOGlE DE LA PINA DE .11.11 Y. 537
celui qui nous occupe. Comme nous le verrons, on y remarque
encore les ruines de l'ancienne chapelle de saint Antoine des
Cuivres, et ce n'est qu'à une époque relativement moderne que
ce saint a été transporté dans le village actuel de San Antonio
de los Cobres, chef-lieu du Territoire d^ Andes, qui a pris
alors son nom. Seulement Pino Manrique se trompe en disant
que Cobres était une mine d'or, car ce n'est qu'une mine de
cuivre. Cette erreur n'a pourtant rien de surprenant, étant
donnée la fantaisie dont ont toujours fait preuve les Espagnols,
en Amérique, lorsqu'il s'agissait de mines d'or.
Les collines contenant le filon sont du même quartzite
schistoïde qui forme toute la chaîne dont elles font partie. La
gangue est composée de la même roche, mais très métamor-
phisée et teinte avec de l'ocre rouge. Le chrysocolle est mé-
langé avec une roche quartzeuse et ferrugineuse, d'une cou-
leur brune.
Voici l'analyse chimique ' d'un échantillon contenant des
parties de chrysocolle et d'autres parties de la roche ferrugi-
neuse :
[Analyse sar minerai desséché à 100° C]
Silice ly.oD p. loo.
Oxyde de cuivre 16.70
Oxyde de fer 5i . 20
Oxyde de ploml) traces.
Alumine o . i .'^
Chaux 0.37
Magnésie 0.07
Perte à la calcination 1 /i . 3o
L'oxyde de fer provient de la roche ferrugineuse.
Deux galeries ont été ouvertes dans le (don; elles sont dô-
signées sur le plan^?^. 102 : Mine A et Mine B. Toutes les deux
sont dirigées de haut en bas, à environ 4^^° d'inclinaison du
plan horizontal; celle en A a 1 5'" de profondeur, celle en B, 3o"\
''' Faite par MM. Morin frères, ainsi que les analyses de cuivre et de scories insérées
à la suite.
t^H
WTMHITKS DK I. \ nK(.M»N \MHNK.
Lr llluii, iiilrirniiinii n.H li'H»«>n»ii (jiii .1 loiiiir les Ici raiii> nas
fiiln* li's folliius. apjMraîl à la siiiiatr (!<• la l»*rrr à reiilive (li*s
19
//i II II ru y
KtirftrtiiKT
«C.
xL Instrrptfn* sur Ita nniktrx
.- \
1
— 'Jl
Kif(. loi. Mail lie* n)ui<** itn'ltit|Miii<iiM>« lir (Uiltr*** cl ilr lr<ir« pn«irnn«.
I . ».. II.' aplirntimalitr î if6ooa.
.Sur le ^iiinnct de la tollinr mi est siiii(M> ia iiiiin*/! s<* tn>iiYO
.1 Mihstnirlinn (rmir linairn. un i]r r»»s fniirin'.nn prrlnspainqiirs
ARCHEOLOGIE DE LA PUNA DE .lUJUV. 539
où le vent était employé coiiuiie soufflet. Une autre substruc-
tion de huaira est placée sur le sommet de la colline à Touest
(les cases ( C sur le plan) de la propriétaire actuelle de Cobres,
une vieille Indienne que j'ai eu l'occasion de mentionner en
parlant de sa fabrication de poterie. Sur les collines des envi-
rons, il y a encore huit ou dix substructions de haairas, suivant
les renseignements qui m'ont été donnés par cette Indienne.
Les deux substructions de huairas que j'ai examinées consis-
tent en des plates-formes circulaires en pierre de i"" 5o de dia-
mètre, couvertes d'un monceau de scories, de culots de cuivre
fondu, de cendres et de fragments de terre cuite.
Les analyses d'un fragment de cuivre fondu et d'un autre de
scorie provenant de la huaira au-dessus de la minei out donné
les résultats suivants :
CULOT DK Cl IVRE,
Cuivre 98 . 7/1 j). loo
Plomb o . 3 1
Fer 0.92
scoRu:.
{Analyse de la matière desséchée à iOO" C.)
Silice 40.82 p. 100.
Oxyde de cuivre 8.i5
Oxyde de plomb traces.
Oxyde de fer /i 9 . 00
Alumine o . 33
Chaux I . âo
Magnésie o . 1 3
Ces analyses indiquent que le cuivre fondu et les scories
proviennent du mineiai dont nous venons de donner l'analyse,
page 537.
Les fragments de terre cuite que j'ai trouvés autour de la
huaira sont trop petits et trop détériorés pour qu'on puisse se
rench-e compte exactement de la forme des pièces dont ils ont
fait partie. Ces fragments ont à peu près o'" o5 d'é|)aisseur. Les
îAo wTioi rrks dk i.\ nv.i,in\ wdink
i»iiis «M'aiids soiil Iniius (I ••ii\inm i .> t l'iiliiiM'Iirs. Lrs siiri;in's
suni riiiH' lé^iM'ciiinil c<»iivc»v ••! l'aiiln' roiicavr; retli» «Irriiièn»
l'sl lus hmliT : mi \nil (iirelK» a vit* r\|x»s^«* à iiim' i liainir iii-
h'iis«*. La Inrmi- <\rs lra«(iiirii!s déinoiitre cjuils provipiinoiit <!«'
«;raii»lrs nii'crs <!«• lonin' r\ lindricjin', à parois livs «'paisst's, t'I
riaiis riiitiM-ifiir «IrMiurlIrs il s a imi (lu I«mi (liAcloppanl niirtn's
liaiili* IrmiMialiirr. ( irs lra;;mriils srinhlnit donc rire» clos
ij'sIps fit* liumrus rii Wvrv do la iik'miio Ininic (pu* ndlrs rpii
ont tir décrites par les liislorii'iis (jiir j»* rilr plus loin.
Lrs di'hris <lr siriix l«nini<Mii\ (pir | ai Iroiivi's sur 1rs som-
mais drs collines dt* ( iohrt^s ^oiil d'aiiriciiiirs hnatms : il n*\
a aucun doute. Personne n'aiirail placé sur le haut de colline>
d'un acj-es didicile des louriMMiix autres (pie ceux (pii axaient
hesoiii d'elle exposes ail Neiit, laille de soulllt'is. \ (.ohres, la
liuaira la plus proche des mines est celle cpii se trouve au-
dessus de la mme 1 ; les clieniins d'acc»»s vsont très escarjX's et
l'ascension n'esl pii^ du Imit lirile; elle est même assez |M''nil)li*,
el il a certaiiM'iiMiil lallii heaiirmip de tr.iN.id ixtiir \ iimnlei
le minerai et l(> comhustihle. Les autres hiiairas sont loin des
mines et sont situées sur drs j-nllines d'un accès aii^si dilîicdr».
sinnii plus (IllIlClIr.
Li* coml)iis|ii)ie eiiipln\e dans <-es hiiairus |M)uvail être la
Ynri'ln . ipii t\is|»' dans les montagnes autour de Cobres, ou
peut-être !•• I»(»is (\t> rliumm , arhre très rare dans la Piina.
comme |e l'ai dit, mais dmil nu trouve justement (piel(nu*s
spécimens sur les coteaux de l.i |)e|||i' \ allée près des mines.
Peut-être jadis v avait-il «JaNaiila;;»' de ces arhres; |XMit-/^tre
aussi einplovail-on la Iminui . excreiiH'nfs secs de lama, (.es
sortes de comImstiMe donnent une chaleur sullisanle |>our
loiidre le ( lirv.s<M*olle dans des lourneaux construits connue les
hiuuras.
\ii pnd dr rextrêmitéde la colline où se trouve la mine A,
j.ii lencontre un mantv. riin de ces grands Mo» s de pierre ciue
les Indiens prehisp.iiihpies employaient pour hrover les mi-
nerais. Il est reprodiiil //</. lO.'i et sa coupe \erhrale fiq. iO^t.
ARCHEOLOGIE DE LA PUNA DE .H.IUV. r)M
L'Indien dessiné à coié du maray csL siinplenienl desllné à
servir d'échelle de proportion. Le maray est nne œnvre de
lapidaire bien achevée avec des superficies planes et parfai-
tement lisses; les arêtes sont arrondies. La roche employée est
(hi granit dur et compact, grisâtre avec des grains de mica
noir-^l (^ette roche existe seulement dans un endroit de la Que-
hrada de Gobres, à environ s*""' des mines : il est probable que
les Indiens ont apporté de là ce gros bloc. Le maray a o™88
de hauteur verticale, 0^70 de longueur maximum, o™54 de
largeur maximum. Ces deux dernières mesures ont été prises
près de la base, où commence la surface bom]:)ée qui devait
être mise en contact avec le minerai à bi'oyer. Vers le sommet,
\v maray diminue peu à peu en longueur et en largeur. Sur la
face supéj'ieure, il y a une dépression longitudinale, et, à o'"3()
au-dessous du sommet, le maray est entouré par une rainure
assez profonde. Des deux côtés les moins larges il existe, à la
partie supérieure, deux trous d'environ o'"o5 de diamètie et
d'une dizaine de centimètres de profondeur. Ces trous, la dé-
pression sur le sommet et la rainure ont servi à attacher les
barres en bois qui devaient mettre le maray en mouvement.
Deux ou plutôt quatre hommes, vu le poids considérable^ du
bloc, devaient imprimer ce mouvement, placés un à un, ou
deux à deux, de chaque côté.
Le maray se trouve actuellement en dehors de l'enceinte
londe qu'on voit sur le plan ficj. 102. Cette enceinte est bâtie
en pierres unies au moyen de terre glaise. Elle est presque* cii-
culaire et son diamètre le plus long est d'environ 8'". Le mur,
(le 2™ de hauteur et de o'"8o d'épaisseur environ, est appuvé
du côté sud contre un grand bloc de pierre de ^4"' de hauleui-,
et, vers le nord, le mur est percé d'une porte. Derrière le
giand bloc se trouvent les murs d'une petite habitation appuyée
également contre ce bloc cpii reuqilace l'une d(»s parois d(*
riiabitation. Au milieu de l'enceinte circulaire esl placée une
'"' «Gianit à hiolilo, un peu chlorilisé ; (|uarl7. bleuâtre», suivant M. Lacroiv.
:,vi wnoiiTKS i)K i.\ nK(;ic»N vndink.
;;i.Miil«' |)i«in* |ilalf «Inivinui S'" .u> dr Inii^inMir sur «"' t\r
larj(«Mir. Ou a saiis<loiil«*l)n)>«* |M'ii(laiil l<ui«;lom|)s (li»s iiiini>i-ais
sur vriif nirrrr, car «'Ihî ••ii [X»rlr (l«»s Iraci's \isil)l«'s.
I.r maray est cerlainriiieiit l'œuvre cirs ln<li«'us préliispa-
iii(|urs il Irur a s«'r\i à hrover l«*s luiuerais. Ku Auiêriqui»,
axaut rarii\«M* (1rs Ksn.i«;u<>ls, sauf |xnir des lins anliiterluralps
flans les j^rauHi's villes, ers cirrnicrs \\v |)rati(|uai('iil pas la
sruli)lun' sur pirm*. lis s»* horuaii'ul sans cloule a faire l)ro\er
les minerais par les Indiens avec les marays cjue ceux-ri avaient
fal)ri(pi«'s |)alieniinriil .1 l.iidr de inirs iiistruuieuts primitifs.
Au contraire, le mm (|iii rulniirr le maniy de (!ohi*es a rU'
prohahiement ronsiruil par f«'s pninitMs flspaj^nols; sa otms-
Iruttion ne parait pas d'<>ri*;ine indienne.
Kn dehors de ce mnniy, j'en .m \n, dans ht l*nna. daulres
avant des formes anal«)j;ues. Deux marays se trouvent |)res de
i'r^lisr (te Hinrona(ta (*t un autre à Pomp(*ya, à lo^" au sud
de San \nloni(» dr fosOohres. Nous rn ronnaissons deux de l.i
région dia«;uil«' : I nn se IrouNr ,1 l.a l*la<illa, dans la Sierra de
las (iapillitas, (léj)arl)iii('nt d'Andal<;alâ (province de (iatamar-
ca), et l'autre à lluasan, j)res du xilla^^e d' Andali^alâ. Le |)re-
mier a «'lé décrit d'ahord par M. l.afonr-( )uevedo 189. |». 5tj), et
ensuit*' par te |V ten Kate 342. |> ^^2j (|ui en donne une ii^un*.
Le second maray es! Ii«;un' par M. And)rosetti ,19. p- irïi.«t29,
I». 178. 179), qui repnMiuil aussi le dessin de ten Kate, du maray
de Las (iapiltitas. M. \. (jnimi^a 295. p. 107) dit ('>tra|ein(Mil a\oir
Nil, daii^ le déparlrnit-nl dr 'rino((asta (( latamarca) , de n«un-
hreux marays «piil a|)pelle ronanas, et \I. I>. S. \«;uiar (6. p. i^
nous apprend (in'il v a aussi (l(>s manivs dans la |)roviiic(* de San
luan. Ce dernier reu'^eij^niMnent est confirmé pai- le fait (pinne
|)arlie de la Sierra de la lluerta, dans le département de Valle
l'erlil de c(»tte proxince. est dénommée .Sierra de los Maraves.
\l 11 \. l'Inlippi 285. |. -'i a \n. rn i8.*>8,dans la n»ine de
San liartolo, .1 une \in^tainr d<- kilometr(*s au noni d<* San
Pedro de Atacama, liroyer li* nouerai de cuivre «au m(»ven
dune |)ierre d'iMniron nn pirtl et demi d'i*iKiisseur et un piivl
Pl. XLT.
Fiif. lOo. Cobres. Maray. — i^ao gr. nal.
Fig. io/|. — (lolires.
Coupe verticale du inaruy.
1/20 gi'. nal.
Fig. loô. — Colires.
Mortier eu pierre.
1/3 gr. nat.
Fig. loO. — (( . Caniavrld en ciiixi'e. — 3//| gr. nal. — b, c, Fragniruts de inoulfs de l'oudi'i'ie
(lis aiicieunes mines de Cobres. — 3/7 gr. nat.
ARCHEOLOGIE DE LA PUNA DE .TUJLM. 5'i3
de largeur, laquelle avait deux J)arres eu bois lixées à ses extré-
mités ». Ce serait là uu véritable maray, mais l'auteur ue dit
pas si la pierre était spécialement taillée à cette fin, ou si c'était
une pierre brute employée dans le même but. En Bolivie, les
anciens marays ne sont pas rares; on leur v donne le nom de
(jmmbalrles.
Les mines de Gobres ont été exploitées, apiès les Indiens
autochtones, par les Espagnols, qui y ont laissé les ruines
d'une mission, c'est-à-dire, d'une station pour les religieux, qui
probablement faisaient travailler les Indiens à leur profit. Ces
religieux étaient sans doute détachés du grand étalîlissement
religieux de Casabindo, que nous avons déjà mentionné à
propos des Indiens de Susques.
Sur le plan^f^. 102, on voit, à une échelle très réduite, ces
ruines qui consistent en des murs en pierres , unies au moyen
de terre glaise. Les murs sont encore conservés jusqu'à plus
de i*" de hauteur; ceux de la chapelle ont plus de 2'". La mis-
sion était située au fond d'une petite quebrada où jadis un
ruisseau, aujourd'hui à sec, descendait des montagnes. Les
ruines se composent d'une grande cour de 28™ de longueur,
Est-Ouest, sur 20"' de largeur dans sa partie la plus large, vers
FEst. Deux portes latérales, à f Ouest, servent de communi-
cation entre la cour et l'extérieur. Dans le fond, à fOuest, il y
a une petite voûte au bas du mur, probablement destinée à
donner entrée au ruisseau qui paraît avoir traversé la cour,
bien que je n'aie pu en découvrir la sortie qui devait se trouver
à TEst, mais que les terres de déblayage apportées par les eaux
ont probablement cachée. Au sud de la cour, on remarque
un édifice qui paraît avoir été la chapelle. Son intérieur a
4""X2'"v5o de superficie; ses murs sont plus épais et faits avec
plus de soin que ceux des autres constructions. Des murs
d'appui sont placés à fextérieur, comme on le voit encore .1
de vieilles chapelles européennes. La porte qui donne sui- la
cour est surmontée d'un arc; à l'Ouest, il y a une fenêtre. Au
nord de la cour se trouve une chambre fei-mée par des muis
511 VMinlITKS DK I. \ IIKCMON WhlNK
«If lr«»is rôli's seiiltMiinil iiiai> nii\«'rlr \«'is la cour, •^n^ iiiir
li»rr.iss«* i'*l«'v«'i' (\v |»n'> d un iiM'lrc aii-<lessiis du n(»|. \,r toit t\o
cviU* rliaiiihn* «1 vir soiiIimiii di* vt* vôiv par deux coIoiiik's (|ui
sont LMicorc t*oiis«*n(*f>s jiiMjuà uni' ccrlaiiu* liaiiUMir. Le long
di's trois murs dr la rliainhn* il v n dos bancs lixrs, hàlis «mi
j)i<»rn'. (!«'tt«' nirrr a jXMilH'tn* i*h* \v n'Ircloirc on nn lira de
rcnnion des n'lii;irn\. A coté se tronve nne antre cliainhre a\ec
(inatre ninrs et nne ixirtc dnnnaiit mit iiiir aiitn- Icii.ism' (Hm
lonrlir rrllr (ine nons >enons de dcc rut". I ).ms les coins snd-
on«'sl t't nord-est, il existe encore <ien\ cliand)res, •'! nne Irni-
sienie en drliors du mur de circonvallation.
La tradition roMsrr\(M> par les Indiens actnels raconte (ine
rima^T dr saint \ntoiin' des (inivres, considérée coinine très
iiiiiaruliiisi'. aNait jadis sa |)lace dans la clia|)<>lli> de cette mis-
sion, <l ou elle a ét«' transportée dans l'église de San \nlonio
de los (,ol)res ou ejjr m- trouxe iiiaiiitenant.
|).His l.i lueiiir p(>tlte \allee on est située la station des reli-
j;i«'n\ se li'oiiveni, eu deux eiidn»ils, les restes désignés sur le
plan: ■ toiirneanx espa;>;nols •.(]<• sont des j)lales-lormes prestnie
carré<»s, deiniroii .V" de côte chacune, <'onstruites en iiierre.
(.es constructions sont sitn«*es dans la plaine, et non sur les
<'ollines comme l«*s hiiniras. Les c^irrés sont couverts de pierres
hrniée», avant e\ ideninniil apparleiiu a fies lonrneanx riestinés
a fondre du Minieiai. Mélanges aNec ces pierres, on tronve en
ahondance des scories, des fragments de culots (!•■ (UiNie fondu
et de dehris fie moules en terre cuite de formes diverses.
Parmi les inouïes, riont il ne reste en général (pie des frag-
ments, ou reconnaît snrl<»ut ceux «pii ont servi à couler di's
cnmarelas, s<»rte de |)etits mortiers en < ui\re destim's aux tirs
• •Il I lionneiir des saints, exécutés encore n.u les Indiens |M'n-
daiil leurs innomhrahles fêles semi-religienses. La /rVy. Kffi a
représente I nn<> de ces canuirvlns cpie j'ai acciuise d'un Inflien
a Pncarnde Hinconada. I Va près ce (jnil médit, ou ne fait pins
maintenant de rnmnirtas dans la Puna; celles (pii > existent
\ienn(>nt des ancetivs; l'art de fondre fes mi'tanx est lotafe-
ARCHÉOLOGIE DE LA PUNA DE JLJLY. 545
ment oublié des indigènes de nos jours. La poudre, introduite
par l'orifice supérieur de la camarela, est parfois préparée par
les Indiens eux-mêmes d'après la méthode que j'ai décrite
page 369 ; mais, en généi'al , elle est de provenance européenne.
Sur la ligure, on remarque le trou qui sert à introduire la
mèche.
A coté de la camareta est représentée la moitié d'un moule
(^fi(j. 106 b) ayant servi à couler des mortiers de cette catégorie.
Ce moule provient des « fourneaux espagnols » , ainsi que le
tube en terre cuite fig. 106 c, qui doit être le fragment d'un
moule à couler des barres cylindriques. On recoimaissait éga-
lement, parmi les moules des «fourneaux, espagnols», ceux
qui avaient servi pour couler les lingots circulaires, plans
d'un coté et convexes de l'autre, et qui étaient en usage au
temps de la domination espagnole.
Il y a une vingtaine d'années, les mines de Gobres ont été
exploitées par un Chilien, nommé Roco, qui, selon les rensei-
gnements que m'a donnés un Indien ayant travaillé poui- lui, a
creusé plus profondément de o"* chacune les anciennes ga-
leries-4 et i>, mais a surtout recueilli des culols de cuivre et (hi
minerai laissés par les anciens Espagnols. Il faisait transporter
le minerai à Pompeya, au sud de San Antonio de los Cobres,
où il possédait une fonderie avec des soufflets actionnés ])ar
un ruisseau. Il a construit les deux maisons dont les nuirs
existent encore et qui portent les lettres D et E sur le plan,
mais il n'a pas fondu de minerai à Cobres.
Avant de terminei" ce ciiapitre sui; les mines de Cobres, il
me semble à propos de dire quelques mots sur les liuairas en
général.
Ces fourneaux, d'une origine certainement préhispanicpic,
ont été en usage jusqu'au commencement du dernier siècle,
au moins flans rpiekpies endi'oits cachés dnns les labyrinllies
de la Cordillcic, isolés de ioiil le reste du monde, de la ciM-
lisation et du progiès.
jiij Wrini ITKS l)K I. V IIK(.I(»N \M»INK
\(»V()iis (l'iihonl ce (jur (list^'iil (juelqiH's-iiiis des anciens
('liroiii(|iieni's snr les Ininiras :
IVilrn <!•• rii'Zii «II* IxMHi 101. r. ij«. |i. ti8) : {Ijos Iiums] iMint «i/iMurrAurM-
ilrl inriul hiu uin iiiuis jitnitits ilr Intint . ih'l luUi' y inunrm ifiir vs lut iiIlHihatfiirni
lit' l'.sptina . Iniinuln pin mmhtis ptirlf^ iilijitnus tnjiijrnis o irspirailents. Hit rslus
tain fttntinn carhtnt . v el inctal enrima; y puesius por las cernts o Ituirnts doiide
ri rirnto tciiui mas fuerza . sacahan tU'l plata . . . Drsia manrra se sacà (mia vsia
iniilltliifl tir plata anr ha saluln drste rerm l'otnsi] y los Indins se ilntit nm ri
mrtal ti los allns dr la rrdnnda dri . a sticar plata. IJaiitan a rslas fin mas ipiai-
ras, Y dr noehe hay tanta* drilas pm tinlos los campas y col lados que parrrrn
litmuutrias , y m liempo tfitr hacr riento recio se sara plata ni cantidad; niandn
il vtrnto falta , pi>r ninqniui manrra pnrdrn sacar ninffuna. — uLes Inc^is, jxnir
iiii'lln- il jirulil Its iii«'-tdii\. fuisiii«'iit des loniios «n Icrn* ruit»*. s«*mlil;il)li*>
iiiix ihAs clf ha^ilic d'Kspafçno, et munis d** trous en plusieurs endroits. I)an>
ce» formes ils niettuienl du rharbon et uu-dessus le nuUai (niiner.ti). 0>
Tonnes plarj^es sur les rollines et sur les coteaux où le vent était !•• plus fort .
ils en retiraient l'argent. . . C'est de cette manière qu'on a obtenu toute
cette grand«> quantité d'argent qu'on a extrait de cette montagne (Potosi). et
le.s Indii-ns allaient avec le minerai partout aux ••n% irons pour en extraire
l'arfjent. Ils ap|M-llent ces formes d»'s gtiairas . vl la nuit il y on a un si grand
ni*inltie sur toutes les collines, (|u'il send)l«- > a\oir une illumination gén<'^
raie. l^irM|ue le vent est violent, on obtient beaucoup d'argent; quand il n'y
a pus d<* \ent, il est inqHissibl*' d en obtenir. •
Ikilta/ar Hamirez 305 . hJ minlo antiijiio para iH'neftctar los mrtairs aitto
ifiir se introilnirsr ri azogiir . rnt una fundirion m hornos dr virnto . los ciutles los
imlios llamaUan iptainis. Estas son hornos portaliles de jonna de itiui cajitritt dr
Imrro rrndo dr un driln dr ifnirso. Tirnr nna vara n pin-it mas dr alto \ nna trivia
m anrho m ri pu-, dr alli la rnsanchando hasta metlia vara rn In nuis alto. E.sla
lleno de ojas à Intcas por la driantrra , por dondr reciltr el riento ron que se enriende
yfuniie,y en los Ltdos y espalda tienrn otnts ojas poeos v petfurnos por donde salr
el humo. F.stm hnrnn.t pintrn los indios rn Inifarrs allas v r.rentns , donde 1rs da ri
nrnin ron Uln-rtad . rtiando ri vtrnto rs rsctuo , sr snben à los rrrnts . y ruanda r.«
mnrho fe Inijan à la llano qne en ronocer estas tiempos .wn harto dieslros. lùmdrn
rn estas hitrnas de dia v dr nin'he, rama tienrn ri vienta, hinrhenlos de carbon y
fMUtrnlrs fitnjn, v rn la alto erhan ri mrtal. M pir drI homa tienen pursta nna
ra:nrla dr Inirn» rrndo, dondr ui nitirandn ri pinmn nnr noir del métal , \ alli »c
hare lejiieins. las rnales despaes rrfinan rn hornos de rrfinar {ttoemrhimpn) donde
«c hare plata. E* fnndirian lotira mrtalr* iiiiiv liras v itara indias que trnqan
jUrma pani rtftrnilla.-^ » \>anl l'introduclion du meiruri-. l'ancienne manien-
|M>ur niellri' a |tiolit les métaux était de les londn- dans des fourneaux a
ARCHÉOLOGIE DE LA PUNA DE JUJU^. 547
vent que les Indiens appelaient des (jiiainis. Ces fourneaux sont portatifs et
ont la forme d'un pot en terre crue d'un doigt d'épaisseur. Ils ont une
vara^'^ ou un peu plus de hauteur, et un tiers de vara de diamètre au pied , et
s'élargissent jusqu'à avoir une demi-vara au sommet. La (juaira est pleine de
trous sur le devant où elle reçoit le vent au moyen duquel le minerai
s'échauffe et se fond. Sur les côtés et derrière il existe d'autres orifices, petits
et peu nombreux, par où sort la fumée. Les Indiens placent ces fourneau\
dans des endroits élevés et exposés au vent, qui y peut souiller librement;
lorsqu'il y a peu de vent, ils montent sur les montagnes, et, quand il y en a
beaucoup, ils descendent dans la plaine. Ils sont très habiles à reconnaître
le temps qu'il fera. Ils fondent dans ces fourneaux jour et nuit, selon le
vent; ils les remplissent de charbon qu'ils allument, et ils versent le métal
(minerai) d'en haut. Au pied de ces fourneaux ils placent un pot en terre
crue où tombe goutte à goutte le plomb '2) qui se désagrège du minerai, et
qui prend la forme de lingots; ces lingots sont ensuite affinés dans des four-
neaux spéciaux [toccochimpu) , où ils sont convertis en argent pur. Ce procédé
de fonte ne peut être employé que pour des minerais très riches et par des
Indiens qui ont assez de flegme pour attendre. »)
Fray Baltazar de Ovando (279) : (hmiido los metales acudian à mnclw, no
los fundian los espaiwles , sino los indios. La causa no se sabe. El mctal cernido
y lavado echàhanlo à hoca de iioche en unas hornazas que llaman (juairas,
acjujereadas , del tamano de una vara, redondas , y con cl aire (jue cntonces es
mas veemente fundian su métal. Decuando en ciuindo lo limpiaban y cl indiofun-
didor, para (juarecerse, eslàbase al reparo de una parcdilla sobre ifue senlaba la
(juaira y derrelido el métal, limpio de la escorta, sacaba su tcjo de plata r veniàse
à su casa muy contento, y a este paso de noclie este cerro era todo luminarias de
guairas fundiendo plata . . . Cesaron totalmente las guairas desde (jue se empczo
el béiiefcio de azocjue quefaé el segundo afio del gobierno de don Francisco de
Toledo. — (« Quand il y avait des métaux (minerais) en grande quantité, ce
n'étaient pas les Espagnols qui les fondaient, mais les Indiens. La cause de
ce fait n'est pas connue. Les Indiens, le soir, mettaient le minerai bluté et
lavé dans des fourneaux qu'ils appelaient (juairas, d'une vara de hauteur,
ronds et percés de trous. x\ l'aide du vent, qui est très violent à cette heure-
là , ils fondaient leuis métaux (minerais). De temps en temps, ils les épu-
raient. Pour se garantir contre la chaleur, le fondeur se plaçait devant un
j)etit mur, sur lequel la (juaira était placée. Le métal une fois fondu et lihic
''* La vara ou aune espagnole, varie un '"' Sous le nom de plunil) , i^aniire/. «I»--
|)eu dans les diirérenles provinces. La vara sij^ne sans doute far^'enl non adlne ,
rtisIclhtiKi a ()"'<Sr). Daprès liaiMiic/, les niélauf^é a\ee du plonil) el il aulics inipu-
liiiairas a\aii'nl donc einiion i " de liaii relés.
leur.
:,Ï8 \\TIOllll> l»l. I.\ r.K(.h»N \M)INK.
<!•• scorie, rintlicfi ivlirail vm liiij^ot tiarpnl «l ivnliait rli»/. lui liv> >ii lis-
fait <l«- son Irav.iil. l-i imil. la moiila«îm' seiublail loul illuiiiinw par le«.
hiiuims où lim lomlail «I»' rarj:i-nl . . I-.«'S huaints ressu-rent d'être en usajje
<l«!i ilu'cMi roniineiira à uliliM-r !•• ini'nun-. cv qui airixa dans la d«Mi\i«'n»«'
aiMié«' du pouvinnMn»Mil d«- l)«»n KranriMO d«' ToK'do ' . •
\l\;iin Moii.so H;irl)a (53. civ.ji. 79,801, (iiir (Ir Pulosi. dans
son r\n'll«iil Iniilr Mir l'ail iinlallur^niHH* <h' son r>|MM|ii«>,
(li^rril l«'H huairas ri les tmiulnmju»s (!•• la maiiit'n* sui\aiilr :
[>« imtnmlrs ilr rstii tierni mmo 110 iilcanrurvii <7 «.<» de ntwslnts furllrs , iisu-
nm piint nu ftiiuliciourf lus liornos tfnr Uaman guaints , y uy lus tisan ItHlttVM en
fsin tillit linfuTial, Y nlnii pttilcs. Sitti sfiin'ifiiilrs à lus (iitsteUnims dirlws . difr
riiuuinsv m une fun linluf fMirlis isUm llrmis dr m/Jiyrnw , fnti dnitdv eiitnt cl itiir
aiiimdo el vienlo luipla , lirmpti m ifur soin puedcn fnndir. Stilrn ^mr la fmrtc df
nluijo de cuda uim dvftos atmjmts nnns conio orrjtts iHUiiieiuis . m t^iir se siislenla
mil rtirlnm f^u lu Imndii dr f\ura . ptim ifiir entre el nire calientr. I^ànen.w rii
huinivs idloi , V dnnde cnrrti ri vii'nhi dr nnhnnmt
l.lamaiise rit esta Pnivinriit Umtrhimpits nnns linrnns senirjanles à las tfne Ins
nlalrnis llanum ninflas , y à Ins en tfur se hnn'n lus rnsayes de lus Inirnis. h\indrsr
m eltns jHtr crin Un mrtal nm, m ptan ninlidnd , y los Jndins Ins nsiilmn fMim itJi-
ntir snlttmrntr : rs un fâlirtni drsir nnnln. Ilà:rsr nn Iwrnn rednndfi , rninn Ins dr
relM'ih'itirtnn . jM-n» npenns de rrini de ditunrin». Tiene dos pnerltis . la nna fte
anrnn , adnndr se fuirdr arnmmlar el fnrlle. si sr tinisirsr, p*ini alnvviar lu »»/»m.
ifrandr la nini . rnfirnlr desia . ruptiz a qnr pur rlla se pnrda fumer denint det
hnrnn la innfla , nnr es rninn nna inrdia nlla ipandr parlida drsdr la lun^a de alln
à Imjrtt, Itena Imia de aqnjrnts pur dnnde el fnetpt del rtirinai se mmmnniai. El
rirrnln nnr descnltc In irdnndn desta innfla ha de lener whn n dirz dédits de diàine
tw inenns nnr In hnrrn del hnrnn, fHira ifnr m ri rsparin ifiir jutr Indas parlo
i/iAni #ivfi Inijar fuira el rai^nni. El rnrlln de la innfla lletfne ajnsladainenle a ein
fHirejar nm la fmertit ifrande del laettrhiiiifin, y si se hnviere de nsar del fuel Ir h<i
de Irnrr la dnha innfla dn\ riicllits , tfiir llrtfnen ftttr la nna v nlni faille à las dns
fmerlas. l*nr In alln de la Imln^la de arnlnt sr de.ra nn aifiifcm ivdimdn, futr dnnde
se aiiadierr el rarlmm nerrssitnn . nmie se fuere (fosiandn v /iirjjpo se eerrtini ctm
nn liifum de iarm rmidn. yiir se ftimdni y tfiulani fntm este efecln. En cl sneln
drl hnrnn sr asurnia n '■ ■ , o rrndradn , wifnn >r ifinsirrr olirar. Innpi sr
arniinnla la innfla > nlf: '• nm nna rninn lalda llana dr Imrn Imrm, Inrn
rociJo, $e lafta In tfne tfiiedô desritbierln . desde el rnelln de la innfla . hasia In irs
lanlr dr la fmrria ftnr dnndr se enini. v se enilHirni v ajnsia lurn. ) à In hiiem
'' l.'aii i.'i7n.
AIICHEOLOGIE DE LA PUNA DE .lUJUV. 5'i9
del caello se acomoda olra pueiieçuela de barro , que se (juitay poiie para cebar cl
métal, ver cl bafio y limpiarlo y lo dénias (jne convemja.
(« Les indigènes de ce pays, comme ils ne connaissaient pas l'usage de nos
soufflets, employaient pour fondre leurs minerais des fourneaux qu'ils ap-
pelaient (juairas, et il les emploient encore aujourd'hui dans cette ville im-
périale (Potosi) et dans d'autres endroits. Les fjaairas diffèrent des fourneaux
castillans'^' déjà nommés, en ce qu'ils ont partout des trous par lesquels
entre l'air lorsque le vent souffle, et ce n'est que lorsqu'il y en a que l'on peut
fondre des minerais. Au-dessous de chacun de ces trous, il y a des hords
saillants, où l'on met du charbon que Ton maintient allumé pour que fair
soit chaud lorsqu'il entre dans le fourneau. Les cjuairas se placent sur des
hauteurs, oii il y a généralement du vent.
«Dans cette province, on appelle tocochimpos une sorte de fourneaux
ressemblant à ceux que les orfèvres nomment moufles et dans les{[uels on
(les Ivspagnols) fait les essais des lingots. Dans ces fourneaux, on fond par
bougeage des métaux riches, en petite quantité. Les Indiens les employaient
seulement pour affiner les métaux. C'est un fourneau rond, comme ceux à
réverbère, mais ayant à peine une vara de diamètre. Il a deux ouvertures,
dont une petite, où Ton peut mettre le soufflet, si l'on veut, pour accélérer
le travail. En face de cette ouverture, il y en a une autre, sufTisainment
grande pour introduire dans le fourneau le moufle, qai ressemble à une
moitié de marmite, fendue de haut en bas et pleine de trous par lesquels
doit entrer le feu. Le moufle doit avoir huit ou dix doigts de diamètre de
moins que la cavité intérieure du fourneau; l'espace ainsi laissé libie est
rempli de charbon. Le col du moufle doit correspondre parfaitement avec
la grande porte du <o(ot7jmtpo, et, si on emploie le soufflet, le moufle doit
avoir deux cols correspondant aux deux ouvertures du locochiinpo. Au som-
met de celui-ci, on laisse une ouverture ronde par laquelle on ajoute du
charbon au fur et à mesure qu'il est consommé; on la ferme avec un bou-
chon en terre cuite (jui doit pouvoir se mettre et s'enlever pour cela. Le sol
du fourneau est fait avec du mortier de chaux, de sable et de brique pilée ou
avec une pâte de cendres. On fait entrer le moufle dans le fourneau et on
ferme sa grande ouverture au moyen d'une porte plate en lern> cuite (|ui
doit bien s'ajuster et dont les fentes sont bouchées avec la terre mouillée.
Le col du moufle se ferme au moyen d'une autre petite porte que l'on doit
*'' Ces lioriios casleUanox , (|U(> dérril ouvciUiit' pour y inlroduiro la liiycic du
BarJja avant de parler des /iHo/Va.s- et (lonl il souHlet. En avant, à la base du lourncaii ,
donn(* dos (îf,iiros (|U(' je reproduis//*/. /^> 7 il y avait une aiilre ouverture |)our la
A, H. étaient r.ylindri(|ues ou carrés, sortie du iné'lall'ondu et de la scorie. (. esl
d'une ou deux varas de hauteur, ils avaient la Ibriiie la plus simple d'un lourneau a
à l'arriènî, un peu au-dessus du sol, une soulllet.
550
WTIQUTKS I)K l.\ IVfcK.lnN WDINK
|)uu\oir iiilf\»M p«iur voir L- l»ain i-t le nettoyer, et faire ce qui est iiéc«»siain-
en général. •)
L'(»u\raj;«Mlr harha «-laiil ran- «I pni (oiiiiu, je rfpnKluis
ici .M«s lijçiin's, lt>s stuilt'.s (|in; j»' loiiiiaissr njuV-sriiliiiil l«'>
lotiriicaiiv iin*!alliirj(i(jiH's niiploys par 1rs Iii(lii'ii> a\aiil la
Kig. 11*7. ( . /?. Knnrnraiu •radilUoti. C lluniiit. D t., Toeoekimpn.
Kr|irudiirlM>n ilr« ri-^iirr* tlii P. lUrlta . i6io.)(''
coiunu'lr. \,ajii/. 107 ('. n'pn'stiiji' la Intaira, (Ion! il isj ln'>
iiih'rrssaiil dr coiiiiailn' la Iimiih'. On \nil les Ilaiiiinr> .sortir
|)ar 1rs Irons.
/) .1 // (ioiiiinit \r locinlnmpo t'I si's (lilIV'n'Mh's parlirs.
''* l^a Irgmilr nrii;iM«lr ilr cr% npiirr* (» pmetlit Ae Imrro rom qme M tafta In liri
p«l !• Miit«nti< I llitiHt tftiti h^rtirhimptt; II. f>nri In (ar^iiniA. /. lapon
i/ritf/ii /{ h'irmntrt' C.tjimmtit ron ynr ^r nrrm ri Incrn kimpo p.ir anilm ,
Àr Ut* ImAtn*. It. Inrnrktmpn, H. »« pmilr pnr tlnmlr tr rrhn ri mrhnn
frmudt fot tUmJt tmlrm /« mmfla ; F. mafia ;
ARCHÉOLOGIE DE LA PUNA DE JUJUV. 551
D est le tococliimpo ouvert et montrant la cavité E où doit
être placé le moufle. F est le moufle, par les trous duquel
on voit aussi sortir des flammes, et L, non indiqué sur la
légende originale, doit être une représentation assez primitive
(le son col, qu'il fallait ajuster dans Touverture que Ton voit
dans la grande' porte en terre cuite G, destinée à fermer la
cavité E. H est la petite porte qui sert à fermer l'ouverture
de la porte G, et / le bouchon appliqué dans l'ouverture du
sommet du tocochimpo, par laquelle a lieu l'alimentation avec
du charbon. Naturellement les tocochinipos originaux des In-
diens préhispaniques n'étaient pas bâtis en briques d'une
forme régulière, rectangulaire, comme la figure les présente.
L'application, mentionnée par Barba, d'un soufflet aux loco-
chinipos , a été, comme on le comprend, pratiquée seulement
par les Espagnols, qui paraissent avoir adopté ce fourneau
indien pour y fondre des minerais tout particulièrement
riches.
\a\ p. Bcriiabé Cobo (103; I. m, c. wwm; 1. 1, [k 3o8) : « Eslc bencjicio cou fncf)
es de dos inaneras : iina en giiairas , otra en liornos de rcverberacion. Giiâyranse
solamente las metales muy ricos . . . Para derretirlos se ponen en los coUados y
laderas donde con mas fiterza soplan los vicntos , con unos hrazeros (fraudes de harro
(jue Uanian giiairas , con carbon encendido y cl métal adenlro , y como se va der-
riiiendoyVa consumiendo el Jiiego la escoria y piirijicando la plala. Toda la que
sacahan los indios del Peru anlujuamenle era por esLe modo de Jnndicion porque
no supieron otro béneficio en este reyno y a esta causa no aprovechaban sino los
metales muy ricos ; y por machos afios no usaron los espanoles otro beneficio en
este reyno hasta que siendo virey Don Francisco de Toledo se diô con el azo(jue. »
(« La mise à profit des métaux par le feu se fait de deux façons diflerentes;
dans des guairas et dans des fourneaux à réverbère. Dans les (juainis on ne
peut fondre que des minerais très riclies. Pour les fondre, les Indiens se
placent sur les collines et sur les coteaux où le vent a le plus de force , avec
une sorte de grands réchauds en terre qu'ils appellent guairas, remplis de
charbon allumé et de minerai. En même temps que le minerai se fond , le
feu consume la scorie et purifie l'argent. Tout l'argent que les Indiens du
Pérou possédaient jadis était obtenu par ce procédé, car dans ce royaumi' ils
n'en connaissaient pas d'autres, el c'est pour cela qu'ils ne nieltai<>nl à profil
que des minerais très riches; pendant longtenq)s, les Kspagnols ne se servi-
3(1.
:»5Î ANTini ITKS I)K I.V UK(iM>N WDINhL
n-iit qiu» (le co pnicédé jusqu'à ce qu'on découvrit le m«îrcure, Don Fran-
cisco (!♦' ToIpcIo étant vice-roi. •)
i^c i*. (.uImi (loiiiir l'iiMiilf uin- «Irscriptioii dôtaillrr clrs
• roiiriir.iiix à n'\frh<'n' », iiiInMliiils <rKiin)|)«' par Irs Ks|);i^Minl>
ri (iiii a>airiil l'axaiila;;*' (|u «m \ |H)ii\ail loiidn' aussi (1rs iiii-
ncrais pauvres, ri (pi'il iiVlall pas inTi'ssairr d»- hiovrr Ir
liiiiicrai a\«M' aillant <lr soin (pi il l«' lallail pour l»'s hiunras.
Lille doiiiMM* iiilfrcssanlr du V. Colx) (lAuf.. p. 509 sr rapporh-
au hois (pi'nii «•iiij)lovail dans l<»s « luiirneaux à réverbère» :
Laliûa ijur se iiucmn es mvnnda , de rama, (jur U vanta gran Ilama.
(- L»' Ixiis (pToii hriil»' «'si luiiin', en priiirs hianclirs; il |)ro-
diiit iiiu' «^raudr ilaiiiiur. ») (^cla corn'spniid |)arlaiti>iiieiil aux
diverses esiM'ces de loin de la Piiiia. Tous les auteurs cités par-
lent de •• (liarhon |)<iiii !•■ ( i>iui)ii>>til)l<' rinplové dans les littai-
ras: mais il id- iid* p;ir.iit pa> pi-ohaMc (|iii' l«>s judirns aient
ron\erti la yarvUi «m le cliurijni en cliarhnn axant de les iiietlre
dans les idiirneaiiv. (larlttiu veut peut-èlrr dire ■ roinhiistihie ►.
Si la Inla élail aussi en usaj;e pour les Inmiras, re serait la
uni' preu\e cpinn poiiNait v einplover du Ixiis iioii carl)<>nisé,
piiistpie ses hranclies sont trop iniiues |MUir en faire du
('liarl)on.
(Îie7^ a érril «'u i.).).S. Kaiimr/, m 1 .)(j~, ()\ando m ifio.).
harha en i()'|oel Toho en i().).i.
Pour résumer les descri|)tions de ces auteurs, les liuatias
preliispanitpies étaient de «grands vaisseaux en terre; ellrs
étaient rondes, d'euNiron 1'" de liatiteur et o" '|o de diamètre;
plus larges au sommet cpiVi la hase (Hamire/. et Harba); elles
avaient de nomhreux trous |M>ur laisser enli< r le vent, «pu
devait attis«'r le leii. Selon Hamire?., ces trous étaient places (11111
côté siMdemenl. <■( de {'.mire c(')té il v avait des trous d'iint*
sorte dillérenle, moins j^rands. jxmr laisser échapper la fumée.
Mais les descriptions des autres auteurs et la li^Mire de IVirha
semhleiit demonirer (pie les trous fiaient e«;aleinenl distrihui's
de tons les côtes du lournean. n.nh.i doinir un reusei^ncment
ARCHEOLOGIE DE LA PUNA DE JU.IUV. 553
que ne donnent pas les autres : au-dessous de chaque trou il y
avait un bord saillant où l'on plaçait des braises pour cliaufl'er
Tair avant son entrée dans le fourneau. Selon Ovando, les
hiiairas étaient placées sur des socles en pierre, comme nous
avons vu que c'était le cas à Gobres. Un seul auteur (Rami'rez)
dit que les hnairas étaient portatives; cependant il me semble
difficile de transporter des vaisseaux en terre de pareilles di-
mensions. Peut-être y en avait-il de deux sortes : des hnairas
portatives et des hnairas fixes. Elles se chargeaient toujours
par le sommet. On n'y pouvait fondre que des minerais très
riches. Elles étaient toujours placées en des endroits élevés et
exposés au vent. Dans les environs du Cerro de Potosi, il y en
avait un si grand nombre que la montagne paraissait, la nuit,
toute illuminée. Piamirez dit que le métal, l'argent tout au
moins, ne sortait pas de la hiiaira à l'état pur, mais qu'il était
nécessaire de l'alïiner dans un autre fourneau spécialement
construit à cet effet, le tocochunpo , dont Barba nous donne la
figure et une description très précise.
Ovando nous donne un renseignement très intéressant en
disant que c'étaient les Indiens et non les Espagnols qui fai-
saient fondre les minerais, et il ajoute : La causa no se sabe. La
raison était naturellement que dans les armées des conquérants
il y avait peu de personnes ayant des connaissances en métal-
lurgie, et d'ailleurs ces conquérants n'aimaient pas le travail
assidu : ils préféraient profiter du travail qu'ils obligeaient par
la force les Indiens à exécuter. C'est ainsi qu'à Co])res nous
voyons les Espagnols faire continuer l'exploitation des mines
par les Indiens, après avoir conquis le pays.
Suivant Barba, il paraît que les Espagnols, qui connaissaient
le soufllet, remplacèrent les ïmairas par les «fourneaux castil-
lans»; mais, en général, il semble que les huairas ont servi à
fondre les minerais d'argent jusqu'à l'époque de finlroductioii
du procédé par amalgamation, c'est-à-dire jusqu'à la décou-
verte des mines de mercure de Iluancavélica. Si le procédé de
l'anjalgamation a supplanté celui des huairas pour fargeiit, il
554 AÎSTIQL'ITKS |)K LA BKGION ANhINK.
■rt'ii a pas ('•U* (11* iiKMiK* en CP (iiii conrcriir le (-iii\ r«*. (jui iir
jM'iil |)as (*>tr(> soiiiiiis à rniiial«(aiiia(ion. Pour vv iiinlil, \vs
/iiiatias ont rcrtaiiiriiKMil coiitiiiiic à siM'vir jxtiir fondn* i(*s iiii-
iirrais rl<' «•imm*»' anrrs (iircllrs n'ôlaii'ut plus rniplovjM's pour
l'arf^cMil. Dans rrrlalurs rt'j(ions, couium* nous Ir n errons, Ir
vent a ôté nnplové au lieu du souillrl jus(|u\i nos jours.
Lrs liuairas en terre ronsenées jus(ju a notre e|HKnn' sont
tialurellenieni Ires rares. (!e|MMHlant M. (!arl<»s Perô, anciiMi
administrateur de plusieurs mines en hoiisie, arlueilement
domicilie a Huenos-Aires, ma raconté (piil .i\.iit \n, en 1880,
à lolapampa, |)res de lluanrliaea, un de ces l(Mirneau\ en
terre cuite, a j)ar(»is Ires i'j)aisses, avant an soujinel un orilice
pour introdiiin* le minerai, et poni\ii de plusieurs petits
Irons sur les <(»lés. dette liiintra «'lail |)lac«'»e sm ini socle cir-
culaire hall en pierre. Lts Indirns iKiniiit. lient ce Inniiiean
liuatra-( lutta . el ils disaiml (|im 1rs (jcntUt's v a>aienl londu di»
larj^enl. M. Luis M. Sol.i, acIueHenienl administrateur «géné-
ral des mines d ar;;enl de lluancliaca, a «'^aleuH'ut vu, entre
Pulaca\oel Polosi, sur l«'s scunmels de iilnsienrs collines, des
débris de Intanas en terre cuite dont les Iraj^uM'uts très épais
étaient jioimnus de hous pour laisser entrer le \ent.
Dans la ploMinr de Ijpe/, il e\i>,|r l)ea mnil p (je A»/(///Yr< .
dapresdes renseijr|ipin,»ii|s (|im inoiil ej.- donnés par im \ien\
nnneur cnilien ayant beaucoup vova«;é «lans ces para«;es, n^u-
5ei«;nemeiil> (pn* m'ont conlirnu's toutes les personnes connais-
sanl Lipe/. a (pii j'ai parlé de ce sujet, (ies Imaints, situées
sur les sonnnets des collines el nonnuées par les Imliens httaiia-
chitins . snu\ bâties en pierre avec de la terre j^laise connue mor-
tier, l'i Iles ont enxiion 1"' dr liautein. Les trous carrés |>our
{entrée du vent ont eii\iroii ()'"()') <!,• ionirneiir el autant de
larj;iMir, et sont dis|M)sés de tons 1rs cotés, (les fourneaux se
cliai^'ent |>ar en liant avec du i liarbon de rZ/J/rf/f/» «1 a\e«
le minerai. Onand le fourneau loucli<mne, les trous du cote
op|x)sé au \enl sont Unicbes axec de la terre. Mon inferlocu-
leiir a>ait \u ces Ittiniras encore en nsa^'e parmi les Indiens de
Hi
ARCHEOLOGIE DE LA PUNA DE JUJUY. 555
San Vicente, Estarca et d'autres iocalités de Lipez. Don Juan
Lozano Machuca (222, p. xxrv) écrit, en i58i, que «les Lipes
avaient dans leur pays beaucoup de hiiairas sur les montagnes
et qu'ils s'occupaient tous à fondre des minerais d'argent ».
En Catamarca, M. Lafone-Quevedo (189, p. 53) a vu des huairas
flans la Sierra de las Capillitas, mais il ne dit pas si c'étaient
des huairas en terre ou en pierre.
Les huairas bâties en pierre sont sans doute plus modernes
que les autres, puisque les anciens chroniqueurs n'en parlent
pas. Cette façon de construire les huairas doit avoir été inventée
par les Espagnols.
En résumé : Les mines de Cobres ont sans aucun doute été
exploitées par les Indiens avant l'arrivée des Espagnols. Ce fait,
démontré par les huairas et le maray, est confirmé par Pino
Manrique. Les pétrogiyphes sont également préhispaniques;
mais sont-ils contemporains des huairas et du maray? Gobi-es
nous donne lin bel exemple de l'histoire de beaucoup de mines
de ces régions depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos
jours.
ïï. - ENVIRONS DES S4LINAS GRANDES.
EXPLOITATION ANCIENNE DU SEL.
Les Salinas Grandes de la Piiiia de Jujuy, situées dans la
partie sud de la grande plaine qui porte leur nom, sont,
comme nous l'avons dit, formées par une immense couche de
sel, parfaitement horizontale, de plus de i,5oo'''"'i d'étendue
et d'une épaisseur d'environ o™io à o'^bo.
A l'ouest et au nord des Salinas Grandes, c'est-à-dire dans
la Puna de Atacama et dans la partie bolivienne du haut pla-
teau, il existe de nombreuses salinas ; vers l'Est, il n'y en a pas,
et, vers le Sud, les plus proches sont les Salinas de Poman, en
Catamarca, et celles de Côrdoba, sur la limite de cette pro-
vince et des provinces de La Rioja, de Catamarca et de San-
tiago del Estero. A l'époque préhispanique , c'étaient donc les
Salinas Grandes de Jujuy qui devaient fournir aux habitants
des vallées de Jujuy et de Salta tout le sel que l'on y consom-
mait, cet article si indispensable aux peuples civilisés et telle-
ment convoité par les sauvages qui l'achètent parfois au poids
de l'or, si l'on peut s'exj)rimer ainsi en parlant d'un commerce
où l'or n'est pas le régulateur de la valeur des choses.
Les chemins de fer n'ont rien changé au commerce du sol
dans ces régions. Pas plus aujourd'hui que jadis, on n'importe
le sel parce moyen de transport; ce sont toujours les Salinas
Grandes C[iù fournissent cet article. L'extraction et le commerce
(hi sel sont toujours faits par des Indiens d'une manière très
primitive. Les métis, même les plus pauvres, ne s'occupent pas
d'un travail qui rappoile un aussi petit bénéfice. Ces Indiens,
qui habitent les montagnes des environs de la Quebrada (Ici
Toro et de la grande plaine de la Puna, quittent leurs de-
meures, distantes quelquefois de iSo""", avec un ti'oupeau de
5.'.K WTIoriTKS |)K l.\ nK(;ipN WDINK
<li\ à nÏiij;! ain'^ |H)iir allrr tlinrlu'i* Ir '>r\ .m\ Sdliiias. Suivriil
riii<li«'M riiiiiH'nc avec lui Imilr sa lamill»'; d'antres fois (Iimiv mi
trois liidiiMis s'associi^iit pour l<* voyaj^r, chacun d't'ux n«* |)os-
s/'dant (iiir (iiiatrc ou ciutj àncs. Il v a jhmi de temps encore,
les lamas riaient «;ein*ralement emploves |M)ur ces trans|)orts,
mais, depuis (pie les ânes se son! niidhpliés et sont d(>venns
plus comnnins, on noiI peu de lroupeaii\ de lamas, l ne lois
arri\es aux SjJinas, les Indiens découpent dans la couche de sel
des hliK-s carrés (reiiNiron o".'^o à o"3ô de cùlé et a\ant l'epais-
s«Mir nainrellrde la couche, environ o"io à o^i'j. Ces biocs
p'sent chacun de joà n^^'^; ils sont charj^és, un de chaque côté,
sur le dos de l'ane ou du lama. Les Indiens conduisent alors
leur troupeau à la \ille de Salta ou à celle de .lupi\, où le sel
e.st vendu à des marchands (pu le dehitent dans la ville ou Ten-
NoienI d.nis les campagnes. La distance des Salinas (irandes à
Salla esl d'cii\ non «oo^", el à .liipis dciiNiron i.^o"".
La •• cliar«;e ■ de scL c est-à-<lii «• drii\ hlocs, .sepaNedaiis h's
\illes eii\iron S lianes. SouNent les Indiens prennent du maïs
en «•chaii'^e de leur sel. Les ânes marchant très lentenuMit . les
Indiens ne mettent pas moins d un mois ri demi iMiur aller de
chez eux aux Salinas, pour rexiraction du sel, le vovaj^e h la
Nillf l'I le n'Ioiir .1 leurs hahitations. Si un lrou|HMU .se com-
pose de \ in^'l ânes, ce (pu esl juescpir le ni.i\nMiiiii . tnni le srI
iap|MM-|e donc eiuiron (io lianes, un hien niai<;re profil |>our
ce Iraxail d«* tout un mois et dont il laiit dediiin* les Irais : la
nourritiirt* drs hoiiiim*s et un iin|MM d'env iron .'>o centimes par
hele charj^ee de sel, à pa\ei- an ^'on\erneinent de la proxince
de Salta ou à celui de Injus, selon la partie de la saline lui le
sel a j'Ie extrait. Quant aux ânes, ils mangent ce (lu'ils troii-
Nenl .ni\ Imrds du ( lit'iiiiii : un maiirre lourra«:e dans ces
desiTls pi(M'ren\. Lt encon» ce IxMiéhce est-il généraleuM'iit
partagé «Mitre trois ou (piahe Indiens; car ce ne sont (pie les
Indiens ri( lies «pii |H)sse(lent xingt ânes |K)u\ant .s(»rvirde Ix^les
de somme. Les cain|M>ments de ces trouiMMUx dans les (iiie-
hradas s4mt curieux a voir : le»» blocs do .sel arrangés en piles.
ARCHEOLOGIE DE LA PUNA DE JU.IUV. 559
les bals placés en cercle devant, les Indiens, lenrs leninies et
les enfants assis dans ce cercle antour (In feu où bout une
marmite avec du maïs, le frugal repas de ces fds du désert.
Il n'y a que deux endroits sur les bords des Salinas Grandes
où il y ait de l'eau potable; l'un au Nord-Est, là où l'on voit
indiquée sur la carte archéologique la Receptona de Jujuy,
c'est-à-dire la case qui sert de bureau au receveur de l'impôt
sur le sel du gouvernement de Jujuy; l'autre au sud de la
saline, à Huâncar, où se trouve la Receptona de Salta.
En ce dernier endroit, à Huàncar, sur le bord de la saline
et vers le Sud, le long du chemin entre Huàncar et Lipan, on
trouve de nombreuses haches de pierre, plates, très grandes
et très lourdes, en général taillées grossièrement dans des
grès, des trachytes ou des roches granitoïdes. Ces haches ont
toutes, sans exception, une gorge entourant toute la hache. La
Mission Suédoise en a recueilli dix-huit, et dans mon dernier
voyage j'en ai fait, en trois jours, une récolte de quarante-six
spécimens. Les dimensions, le poids et la détermination de la
roche dont ces haches sont faites se trouvent sur le tableau
de la page 56o où les numéros d'ordre des spécimens reproduits
fuj. 108 et 109 sont imprimés en italique. Dans ces figures,
les haches n"* i , 7 , i o , 2 8 , 3 6 et 3 7 sont présentées de face et
de profil.
En général, ces haches sont grossières et leur surface garde
en partie les rugosités de la pierre; mais il y a des exceptions,
comme les numéros 7 et 12 de ^Sifig- 108, qui sont plus lisses
et d'une facture supérieure. La moitié des haches sont faites de
ti-achyte, roche assez tendre pour ne pas permettre un travail
av(!C la hache sur des corps durs. Anx environs des Salinas
(irandes il n'y a pas, à ma connaissance, de trachyte. Il a fallu
aller chercher le trachyte ou fabriquer les haches assez loin des
.salines, aux environs de Susques ou à Iluachichocana, dans la
Qnebrada de Purmamarca. Le granit dont quelques haches
sont faites doit provenir dn sommet du Nevado del Chani, qni
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1
ARCHÉOLOGIE DE LA PUNA DE JUJUV. 561
est composé de granit; on trouve aussi cette roche en blocs
roulés dans les petites quebradas au pied de la montagne.
Excepté à de longues distances, le Chani est la seule montagne
qui contienne du granit, et seidement au sommet.
D'après Tun de mes muletiers, qui avait été auti'elois au
service de Fingénieur chilien M. Francisco J. San Roman, lors
d'un voyage que ce dernier fit à travers la Puna de Atacama,
on trouva alors des haches de pierre de la même forme et
ayant les mêmes dimensions, sur les bords de la Salina de Pastos
Grandes, au sud-ouest de l'Acav.
M. Erland Nordenskiôld (259) a émis f hypothèse que ces
haches servaient, à f époque préhistorique, pour l'extraction du
sel et pour en former les blocs destinés à être chargés sur les
lamas. Je me rallie tout à fait à cette opinion, d'autant plus que
je me suis convaincu par un essai pratique que ces grandes
haches en pierre peuvent être employées dans ce but. Pendant
mon dernier séjour aux Salinas Grandes, j'ai fait mettre nn
manche en bois à l'une de ces haches et j'ai parfaitement réussi
à décou])ei- ainsi, dans la croûte de sel de la saline, un bloc au-
quel j'ai donné ensuite, avec la même hache, la forme voulue.
On n'a pas trouvé, dans la Piépublique Argentine, de grandes
haches de pierre du type de celles des Salinas Grandes, sauf aux
endroits que nous avons nommés. La présence de ces haches
uniquement sur les bords des salinas indique bien qu'elles ont
été employées pour l'extraction du sel, et leur forme et leur
poids confirment cette théorie. Elles sont d'ailleurs trop lourdes
pour avoir servi (farmes ou d'outils à travailler le bois, et leur
manque de décor et leur exécution j)eu soignée* démontrent
qu'il ne s'agit pas de haches de cérénjonie.
Poui- l'Europe, M. Much (251, p. -iScj) mentionne des mai-
teaux de pierre trouvés dans les mines de sel piéhistoricpies
de llallstalt, dont deux spécimens sont conservés an Musée de
Klagenfurt. M. Chanire (95, i, pi. n, li^. 3,6,9) donne ch's ligures
de «( Miarl(','iu\ en dioiilc hoiivcs dans les mines de sel de
Koulpc, en Arménie, exploih'cs (l('|)uis la plus lianle anli-
:»f,2 WTini ITKS DK I. \ HKCION WDI.NK.
(jiiilt' ». Ces (iiTiiiers iiiarl«'aii\ sont i\i'> liaclu's plaies ri largt's
romme les noires, bien (hm* de (liiiieiisioiis plus JM•lit^•»^, <\r
o"'lo à o^'^O Hr loiij^iieiir el i\o o"»)') à o'"i() (le larj^eui-.
Les liajiies (pie j'ai Iroiivees aii\ Salinas (iraudes nul, |H)ur
la pliiparl, de ()•"»() à o^.^o de loii^Mieur, de o"i'.i à o"!^ de
lar«;»'ur, ri pèsent de j à \ kil(><;raiiiin(>s. ri*es(|ue loules les
li.irlies de la MissKni Suédoise (tut des diuiiMisions seinhlahles.
mais il v en a aussi paruii ell(>s, e«(alein(Mil n'cueillies sur les
l)(U*ds des Salinas, de plus petites, de o"iode lon«(ueur, faites
de ruelles plus dures, rap|)elaul les haches de pierre de la
\ allée de Sau I* raurisco et de la Sierra Sauta harhara, doul je
parle paj^eS'iy. Ces petites harhes uOut pas, uaturelleuu'ul
ser>i à tailler le sel; \I. Nnrdenskinid ( roil (pie re sont des
haches de «guerre. |).ms iiion deinier vovaj^e, |i' im'ii ai pas
liniisj* avaul CI» Ispe, mais, parmi les (piaraute-si\ haches de
ma collection, il v en a Imis d'ime loii^Mieur iulerieure à o" i () ,
et elles ont la im^'iiie loriiie plate (pie les haches «fraudes. Ce
sniit prohahliMueiit des copies «mi miniature des haches de sel.
asaiit peut-être ser\i de jouets. Deux d eiilre elles, les u*** 'i 'i et
^f), sont reproduites //(/. Kfff.
I.i Missinii Sueduise trouNa à Lipaii une Ii.k lie eu «rres,
de diiipusions extraordinaires : o^fi'i.S de lou<;ueur, o"« i d»'
lar«;eur, <)"'io d'épaisseur, et pesant r» kil(»«;ramines. Celte
énorme hache, li;;urée par \ordenskiold 259. p 3.1H, fig. i , n'a
pu servir a (h'couper le se|; elh* est he.mcuup trop lourde
pour cela. L explication de M. N(»r(leuskiold (pu suppose (|ui*lle
aurait ('>lé eni|)lov(M' sans manche, attachée à la ceintnn* du
traxailleur et maniée directenuMit a\ec les mains |>our atla(pier
la couche de sel. ii est pas M'aiseiuhlahle. Klle a prol)ahl(Mn(*nt
sei'M plutôt d.iiis (piehpie ceremonii* se rap|M)rtaiil au sel et au
tra\ail des saliuiers
\ucun indice ne pei mel de di'lerminer I a«;e (le ces haches
de pien»'. \ucuue h.iclie de <e t\jM' lia ete troinee dans les
ruines ou dans les sépultures de la Piiiia. Ce|><Mi(lanl il est
prohahie cpie ces haches ont seixi |>eii(lant lon^tiMups, jmmiI-
AUCHÉOLOGll^ DE LA PINA DE JUJUY. 503
être aussi longtemps que la Puna a été habitée. Dans les der-
niers siècles avant la conquête, on a certainement exploité les
salines, car les Indiens de la Cordillère appréciaient fort le sel,
comme nous pouvons le voir en lisant les chroniqueurs qui
mentionnent souvent le lait que l'Inca avait, dans presque
toutes les salines du haut plateau, des mdios salineros (Indiens
saliniers) chargés de l'extraction du sel.
Aucune des haches des Satinas Grandes n'a été trouvée poui-
vue de manche, ce qui est tout à fait naturel; les manches en
bois n'ont pu, en effet, se conserver à travers les siècles, expo-
sés sur le sol à l'influence de l'air et de la pluie. Mais mon col-
lègue M. Courty a rencontré, dans les anciennes mines de
cuivre, à Chuquicamata, près de Calama, dans la province
chilienne d'Antofagasta, un grand marteau en quartzite très
intéressant, car il conserve encore son manche original. Ce
marteau, reproduit y?^. liO sous deux faces différentes, nous
montre clairement comment on emmanchait ces lourdes haches.
Le marteau est formé d'une pierre de o°'2 2 de longueur et de
o™io d'épaisseur, de section presque carrée, sans gorge, gros-
sièrement façonnée à grands coups. L extrémité qui sert à
frapper est légèrement arrondie , et semble, d'après les marques
qu'elle porte, avoir beaucoup servi. Le manche est fait d'une
branche d'arbre, assez souple, portant encore de l'écorce et
recourbée autour de la pierre. Il est attaché et renforcé par
des ligatures en peau assez compliquées. L'une de ces liga-
tures passe tout autour de la pierre, enveloppant la partie
courbe du bois, à la hauteur où les haches des Salinas
Grandes ont leur gorge; l'autre ligature passe au-dessus dw
talon de la massue et réunit la partie antérieure de la pre-
mière ligature à sa partie postérieure. Les extrémités de la
branche servant de manche sont retenues ensemble par une
autre lanière. Le tout est encore très sohde; le marteau est
fortement fixé à son manche. La longueui- fotale de ce der-
nier, piise d(; son extrémité jusqu'au devant du marteau, est
.'ili'i \NTIOllTKS |)K I, \ IlKr.luN WDIM
(le o"ir». l/eiiïlnût où vr iiiarti'au a été ln)ii\r iail sii|)|M>.si*r
(lu'il a (Iti srr\ir à cUrrliicr iiii tra>ail (|U('lcoii(|iii> dans la
miiir, i)«'ul-rlir a (Irtaclirr on a hroM'i* \r iniiicral.
\l. (iiislal Ntn<l«'iiskiol(l 270. |i. 107' nprorillit mu- liaclir «Ir
pirrrr, a f;or«;i', ciniiiaiirliiM' dr la iin'iiif iiiaiiicn', (|iril a
lroiiM'(> dans in riiiiir dcnoiiiiiHM> Mu;; IIoum', située sur li* i)la-
t« 111 <\r II \lrsa Wrdr, d.iii«> le (iolorado Fatals-Unis. D'autrr
part, l< \lll^^•^• d'clliiio^ranlin- du I rncadrin ixKsscdf iim* ih'-
lilr liarlir a j^oi'^»', catalo«(in'r soiis le 11" t)OJo, proNriiaiit (\*'
/uni, don d«' llnslitiition sniitliMiniiMine. (]«>tt(> liarlu* est ciu-
niainluM' (\r la nirin»' nianirrr, mais son nianriir rst trlIiMiirnl
liiliir, <pM'Ilr na pu srr\irà un usa«;r pralitpir. il s'aj^it proha-
hlrinful d un»' iiarlir anrirnuo asant flr trou\(M> par un sorcier
(les /unis actuids, (pu I .1 1 iinnanrlirr pour la |>nrli'i' dans s(*s
r(^réni()nies. Mais il f^l nileressani dr niuarcpirr (pie ce M»r-
cirr a rniploNt* la nicuii' inrlliodr d ciuniaiu lirnirnt (pu* les
Indiens pnM-olond)iens.
I.r \lnsrr du I rorndél<» pnssrdr aussi drs iiailirs inodnurs
tu picrrr, de I Ausli.die, eniinaïudiees de la inèineiaron; deux
lia( lies à j;orge, n"* 'jfitiy.'^ et •t()(>7'|. du Miittiiell District en
OiM'eiisland, dont les inaurlies soûl en inlaii»; et les ligatures
e«(aieiuent en Id.iiueiitsdr rot.int^'; une autre, n" i.^i 'i'i« sjiiis
•;or«;e, proNenanI «lu iiiver l'ehhle. (iippsland. <laiis le sud-
est de la enlonie \ irtoria, a uu luaiM'Iii' eu hnis «'t des li*^atures
eu lihri's Ne'çelales. \l. K. M. (ii«;lioli 144. p. 4i. Iïk- ^3) décrit et
lii^nre aussi nue liaclie eminain liée «!<• même, proNenant <les
Walookas, du nord (\r {Australie, (.ette hache à la(pielle les
\\al(N>l^as doniii'iit le imm (le hnl-hal^ est taillée à éclats et
n»s»(»nihle aux coups-<ie-poiu^ chelléens rrKiii*o|x\
(je in(Mle d'eminaiicliemenl pour les haches de pierre existe
dans dilîéreiiles parties du monde, ri d est plus (|ue prohahie
(pie les haches des Saliiias (iraudes oui e|r i-mmanchees de
celle lacon.
Pl. XLU.
•,^.î'*--t:"ï^-.'>^
12
20
15
'/s die la grandeur naturelle 1
l'i<r. loS. — Saliiias (iraiidcs. Ilarlics en nicnc
Pl. xliii.
13
/s de la grandeur nàtur-elle
Fig. 109. — Saliiias (iiaiidos. Ilarlios on pierre,
Pl. xliv.
Fi^. iio. — Marteau m [)iprro, 0,111 tnaiirlu', i\v (',liiif|uiraiiiala (proviiirc d'Aiilofagasta, Cliili]
i/'l ;,'r. liai.
Pl. XLV.
' '.!,'• I ' I .
Saladillo (Salinas (iraiidcs). OI)jol.s en f|iiaT-t/.il(! lailléf, (li'rlicts cl pirccs iiiarlicvécs.
(irandeur natiirell(!.
RUINES DES ENVIRONS DE SALINAS GRANDES.
Les vestiges d'anciennes habitations autour des Salinas
Grandes sont insignifiants. Ces vestiges se réduisent à des pir-
cas si mal conservées qu'il est souvent difficile d'en distinguer
les traces. L'âge de ces murs est également douteux; il est
en général impossible de décider avec quelque certitude s'ils
proviennent de l'époque préhispanique ou s'ils sont plus
modernes.
Ces vestiges d'anciennes habitations se trouvent naturelle-
ment près des rares endroits où il y a de l'eau potable. El
Moreno, désigné sur la carte archéologique sous son ancien
nom, Tambo del Moreno, se compose actuellement d'une
vingtaine de huttes d'Indiens et de quelques cultures, arrosées
par l'Arroyo del Moreno. La localité , favorisée par feau douce
de cette petite rivière, a sans doute été l'un des premiers en-
droits de la Puna où se sont établis les Espagnols. Les titres de
propriété de ce domaine, appelé aussi « Rodeo del Moreno », le
prouvent. H y a une petite chapelle, construite en 1773 par un
Indien, nommé Pedro Molina. D'autre part, on trouve dans les
environs beaucoup de vieilles pircas rasées, et j'y ai aussi fouillé
plusieurs sépultui-es, dont les squelettes étaient placés dans la
position accroupie, habituelle chez les Indiens préhispajiiques,
mais qu'on ne retrouve plus chez les Indiens christianisés. Tous
les ossements étaient complètement elfrités et les sépultures ne
lournirent que des fragments de poterie grossière. Ces sépul-
tures doivent être classées comme préhispaniques et elles dé-
montrent que la localité était déjà habitée avant farrivée des
Espagnols.
Nous avons déjà, page 353, mentionné les ruines qui se trou-
vent sur le versant nord-ouest du Nevado del Chani, mais
qui pi'obablement sont d'origine espagnole. Au pied de celle
nioiilagne, à (pieKjiies kilomèli-es d'El VFoi-eno, on renconlri^
II. 37
51i<i ANTIQl ITK.S DK I. \ r.l.(.l<»N \MH\K.
aiissidcscli'briscl»* pin as, r«'llf»s-ci corlaiii«'m<'nl préhispaniques,
à «Ml jiij(or par 1rs srpiilliin's riniit (jiiel(jiios-unes ont été loiiil-
léc»8 par moi. (.** son! (!«• p«'ht«»s ctMistnirtions isolées, cliai une
un pu s«'r>ir rriiahilatinn cpi à uiu* (»u deux la m il 1rs.
\u sud (le l.i saline, au\ euNirnus de lluânrar «•! cir Lipan,
il existe de nond)reu\ restes de vieilles pirvas raM'es. Il en est de
niènie à Saladillo, à l'est de la salin»-.
Mnlin, «l'après des rensei«;nenn'iils (jui m On! été donnés, il
va des ruines à l^injel, à l'om'^l fir l:i s.iHih'. Malheureuse-
inenl , je n'ai pu les visi!er.
Les ruines des en> irons des Salions dr.nides resseinhiciil
très peu à relies du noi'l-nn.sl d.- Ii l^ima de lojoy.
s\i \hil.l n. (Il \i;t/.i ii;s T\ii.i.h:s.
\ loiifNi des Salinas (irandes, près d»' l.i loealilc dciioinniée
Saladillo, dans deux pe!ites vallées lorniées |)ar les derniers
ronlrrlnils des innnlai^nes (lui rie re rô!é serxent de btirnes à
la «^randr pl.iin»' des s.dnn's, le s(»l l'sl parseoM*, ri i-ii cpielcpies
en<lroi!N lilli'raienit'nl rnu\er!, de derlii'!s ri «l»- jurcrs ina-
clipvéps provenan! de la lal)rira!ion rrou!ils «*n piii re !aillér (pii
s'y laisai! sur uin* «grande «•< IhIIc. Poiii Imis ers ou!ds on a mi-
ployé la même rnelie : un (jn.nl/ilf, dont le «(isenuMi! doi! se
trouver sur les li<ii\. Il m \ a prescpn* pas de pièri's acliexées,
re (pii deinnnirr rpi d >a«;i! rra!eliers de ial)ri('a!ioii. Ces lirux
préHiMi!en! rerlaiiu's analnj^ies aver les ^rand> a!rliers pndiis-
Inricjnrs di's |'*.!als-l nis. eonime rrux (pn nul •'•li- <li'rri!s par
\l W II llulnirs 170.171
\l. l'.rlancl \ordenskiold 261. |> i.|.,) a lij^urr (pirhpies-nns de
<M».Hnu!iU, recueillis par la Mission Suédoise, el j'en reproduis
iri, /i</. ///'. d'autres jïiéces. Ellrs snni en «;<'néral oxales.
|M)in!ne^ ou eliipli(pH*s; raremen! on en Irouvt* (lui (léno!enl
un»' ♦«prri.dis.ihtHi (luelroïKnir. Les plus petiles. romine ('«'Iles
l'Iaiiilii' \l.\ ii>«iiii Mil. » Il ii-^ijr âG^.
ARCHÉOLOGIE DE LA PLNA DE .IL.IUY. 507
d'en haut à droite sur la figure, peuvent aAoir été employées
comme j^ointes de flèches, mais ces petits spécimens sont
très rares à Saladillo. Presque toutes les pièces sont de ces
instruments universels que Ton trouve dans les gisements
paléolithiques du Vieux Monde et qui doivent aNoir servi à
dilïérents usages : comme couteaux, comme grattoirs ou ra-
cloirs, etc. Les pièces de Saladillo sont un peu trop petites
pour être comprises sous la dénomination de « coups-de-poing- » ,
d'après la définition que donne de ces instruments Gabriel de
Mortillet (246, p. loi etsuiv.), et si on les comj)are avec les figures
typiques de coups-de-poing chelléens du même auteur (247,
pl. V, fig. 28-39).
Les pièces de Saladillo ressemblent parfaitement aux instru-
ments acheidéens et chelléens d'Europe. En les comparant aux
spécimens typiques réunis par de Mortillet au Musée des anti-
quités nationales de Saint-Germain-en-Laye, je les classe plutôt
comme chelléens que comme acheuléens.
Beaucoup d'instruments en pierre taillée de la Patagoiiii»
ressemblent d'une manière remarquable à ceux de Saladillo. Il
en est ainsi, par exemple, des pièces qui ont été reproduites
par le D"" Verneau (368, p. 2G9, 271, pi. xijîg. u, 20) et par M. Féliv
F. Outes (276, p. -x-i'.u 275, 276, 286, 288, 291, .379, etc.). A l'exception des
pièces trouvées en Patagonie, et de quelques trouvailles dans la
province de Buenos-Aires, on n'a pas décrit d'outils en pieri'c
taillée de la Bépublique Argentine analogues aux outils paléo-
lilhiques eujopéens. Il ne faut pas en déduire que ces instru-
ments n'existent j)as dans d'autres parties de ce pays, les
collectionneurs n'ayant proba])lement pas considéré ces objets
primitifs comme assez intéressants pour méi'itei' d'être recu(Ml-
lis. Pour la République de l'Uruguay, M. José H. Figueira (131,
p. 186, 187, 19/1), et pour le Chili, M. José T. Médina (234. il-. (;:>,
i/i8, i.')!), ont publié des spécimens ressend3lanl beaucoup à
ceux de Saladillo.
Mon collègue; M. G. Courty a rap[)()rlé de plusieurs lociililés
(le la province de Sud-Lipez, en Bolixie, des inslnini<'nls iden-
;i7.
:.r,« A.NTIOIITES |)K I.V IIK(.I(»N \M>INK.
liciiH'S à ceux cl»» Snlndillo coiiiine foriiH», facture el nialiiTe.
(^u;inl aux autres ré«(ioii^ «l»- 1' Nimricjur du Sud. je ne connais
nas (le publications en ce (|ui concernr ces iiishumeiits pri-
niitils; excepte toutefois rouMM*;»' <l«' MM. Stûbel l'I Hi'iss
(340. I. pi. -jo, iig. I 1 1„ où Ton \oil (pit'l(|Mrs spécimens proxenant
(\r di\erses localités de la Ui'puhlicpie de rK(pialeur. (iepMi-
danl ns diTiiières pièces sont «'ii nh^idirnne. el rlles pré-
senlenl des dilTereiices notables par rap|K)rt à nos pièces de la
Pun;i.
\u coiiliaire, aux Llals-l-nis, nous trouvons beaucoup d'où-
lils en jïlrrre ciui sont fort analo«^ues à ceux de SaJadilIn. Kn re-
gardant les plancliesdu j;rand ouvrage de M. Ilohiies 171.|il. wii.
\\. xMi. \\\. \\\i. x\\\. xi.m.pir.* sur l'ancienne industrie litbi(pie de
la région du Poloniac it de la baie de (ibesapeake, nous trou-
vons un grand nond)n di l\ prscpii sont identi(pies à des pièces
de Saladillo, excepte de petites dillérences résultant des (jua-
lilés des diverses roclies (|iii ont été employées. M. Abixitt
(1. I». 7^*. Hi, 90) reproduit des pièces du New Jersey, égalenuMit
similaires à celles de la Puna. Les mêmes tvpes, (pioicpie en
général de dimension j)bis grande, se retrouvent dans deux
études de \I. rii. W ilson 378. fig. 7-11. pi 379. fiK. 30. ai, >5,a7),
insérées «lans les comptes rendus des congrès tiMius à Paris en
|8()() et en i()oo. Ces sjM'ci mens son! de dillerentes matièn>s :
argile srbistensr durci»', (piart/, (|uart/.ite, silex, argilit»', etc.;
ils pro\ienm>iit du \lassa<bussets, du Wasbington ^Klal), du
New .fersev, «lu |)ela\vare. Les formes les plus communes de
Saladillo, c'est-à-dire la forme elli|)ti(|U<' et la lorme o\ale
iM»inlue, corn*s|)oiulent aux Iv|M'S A' et Fi\r M. (îerard Kowke
(136. |> iV'>;, (pn donne leur distribution géogra|)bi(pie aux
Ktats-liiis de la nianien* suivante : Tv|M' /•.' : Wiscunsin, Ten-
ni'ssee, \ikansas, (iORdine du Nord, Illinois, \ irgini<», (ian>-
line du Sud; l'xpe /•': \\ isconsin, Teiniessee, Obio, Illinois,
\ irginie, K«'nlurk\ . \ikansas, (uMU'gie. Il serait trop long de
(iter davantage di- littérature sur lindustrie litbitjue de iVun*-
ri(pi(* septentri«»nale; les exemples donnes sullisenl adenionln^r
ARCHEOLOGIE DE LA PHNA DE JU-IUY. 569
r
que presque partout aux Etats-Unis, excepté peut-être clans les
Etats de la côte du Pacifique, on rencontre des outils en pierre
taillée du même type que ceux de la Puna de Jujuy. Seulement,
à Saladillo, il n'existe pas de ces spécimens de grande dimen-
sion que l'on trouve en Amérique du Nord et aussi, ajoutons-le,
en Patagonie.
Ces instruments primitifs en pierre, analogues à ceux de
Saladillo, ne se retrouvent pas dans les ruines ou dans les
sépultures que j'ai examinées dans la Quebrada del Toro et
dans la Puna de Jujuy. Par conséquent, l'industrie lithique
de Saladillo appartient sans doute à une époque différente de
celle des ruines de la Puna et de la Quebrada del Toro. 11 est
logique de supposer que cette industrie est plus ancienne que
les ruines.
Quel peut être l'âge des instruments en pierre taillée de Sala-
dillo.-^ Ces quartzites ressemblent bien aux instruments paléo-
lithiques de l'Europe; mais appartiennent-elles, pour cela, à
une époque paléolithique américaine.^ Il faudrait des fouilles
très considérables dans le gisement pour obtenir des indices
d'ordre géologique ou autres, pouvant servir à éclaircir ces
questions, et, d'autre part, les époques paléoethnologiques éta-
bhes pour l'Europe n'ont pas d'équivalent en Amérique, où les
hommes des époques les plus récentes ont souvent continué à
faire des instruments paléolithiques ou néolithiques. Ainsi, il
n'y a pas longtemps, on a vu à Paris, au Jardin d'Acclimata-
tion , des Indiens de la Terre de Feu fabriquer des instruments
qui ne différaient en rien des spécimens authentiquement pa-
léolithiques. Tout essai pour établir un synchronisme entre;
l'Europe et l'Amérique me paraît absurde.
huAncar.
Huàncar. — Les montagnes servant, du côté sud, de liinilc
à la plaine des Sahnas Grandes tournent brusquement, ]nès de;
Huâncar,en angle presque dioil vers le Sud, laissaiil ainsi libre
570 WTinriTKS DK I. \ llK(.ln\ WhINK.
I;i |>l;iiiii' n.ii l.i(|ii«'llr nii arriM' à San Viiloiim df ln> (.ohros.
.liisIriiHMit a l'anj^lr (juv loriiH'ut (M's montagnes, il existr uni*
|)«lil<' (niliiir (|iii (Iniiiiiir vi la saiitif «•! la plaine (|ii(> nous
xriioiis (Ir mnilioiiiirr. Sur vt'Hr rolliiir il n'y a jias dr ruinos,
mais, dans 1rs iM'lilrs \allécs diTrirr»*, «m \oil (jihjjjin's n-sli's
<!•• pinas (Irtniilrs.
La cnlliiic (>sl narscilKM' (l«> |»niiilrs Ar ilcclio, (Iniit (|iiri(|ii(*S
.sp'riiinMis sont rrpnnliiils fuj. I I \\ n' lfi-'25. (!rs ilèrlies
soiil ïlr inriiirs assez variérs. Pn'Sijiic toutes sont |)«''(lnuculéos,
(|Mni(|iMl \ ni ait r\(rj)li()mi('llriiicril (1rs spiMiiinns sans p<^-
(loiM nie. Le n" "l^i est un exeiiiplc de ces dernières |>ointes, h
ailrrniis, (lui sont du même tspe (lue relies (lue nous avons
renmuln'es eu ":raud u()ud)rf a Moroiniasi et a Tasld. ()uanl
a la malirrr, 1rs pointes de lluânrar sont éj^aleinent d'<»s|H»c«»s
di\erse> : la plupart snn! m sde\ de |)lusieurs sortes ou
eu ithsidininc iinire; mais on remar(pi<- aussi dts pmiiti's v\\
jaspe, en ralcedoiiif, m ( i ii.i i !/, dr div»*rses roulrui s et r\\ roc II es
\nlcani(pies.
.lai reciirilli (piehpies ira^iueiil> (rohsidieiiiii- , dfclirls de
lal>ricaiioii ; mais é\idemiueul ce n'est cpTune |)etite partie
des pointes «pii ont été lahiupiees sur les lieux : la \ari«'t«' de
lorine et df matière le dniioiil i r. Il laudrait |)lutôt sup|)oser
(|tn' «lis h.it.iiijis (iiij iti Jiiii siif 1,1 coHiiu' et (pir celle-ci a
souvent servi de <-amp au cours de «grandes cliassps ou d'exjx^-
rlitioiis t;uerri«'res. I.i |)nsitSo!i slraté«;i(pie dominant les deux
pi. unes cl l'existence d eau douce au pird de crttr coHiin' la
rrudeut trrs prn|)re à ces lins.
Pointes de flécties de la Quebrada de! Toro cl de la Puna
de Ju)uy. — .l'ai réuni, fi(\. I l'J, des spécimins dr jxtintes de
lleclirs (pir j'.ii recueillies dans dillerenls endroits, an cours
de mou dernier \(»vaj;e, et je prolite de celle occasion |>oui-
laire (pielcpirs réflexions résultant de la comparaison de ces
|HMUfes.
Lis \ill.|ir(.s dc Moiuluiasi, i\c Tastil ri dr l'iKai.i cir Ilin-
ARCHÉOLOGIE DE LA PUNA DE .lU-IUV. 571
conada avaient évidemment chacun leur fabrication locale de
pointes de flèches. Toutes les pointes trouvées dans chaque vil-
lage sont du même type et de la même matière : à Morohuasi ,
des pointes d'obsidienne noire sans pédoncule, à ailerons et à
bords légèrement arqués; à Tastil, des pointes en silex vert, de
la même forme, mais plus grandes; à Pucarà (voir le n" 42 de la
planche) , des pointes en silex gris , toutes absolument semblables
comme forme et égales comme dimensions, pédonculées, lon-
gues et étroites, à bords droits. A Morohuasi et à Tastil, j'ai
rencontré , il est vrai , quelques spécimens qui diffèrent du type
général; mais ces exceptions sont tellement rares, qu'il n'y en a
pas une sur cent pointes de forme ordinaire. Il n'y a que les
pointes de Huâncar et de Quêta qui varient de forme et de ma-
tière. Quant aux ruines de Puerta de Tastil, j'ai déjà, page 35 7,
signalé ce fait remarquable qu'on n'y trouve pas de pointes de
flèches. A Sayate, comme nous le verrons, les flèches trouvées
avaient des pointes en bois. Enfin, à Sansana, j'ai rencontié
quelques pointes en silex, identiques à celles de Pucarà de Piin-
conada.
Nous remarquons une différence très notable entre les
pointes de flèches de la Quebrada del Toro et celles de la Puna
de Jujuy : les premières n'ont pas de pédoncule, tandis que
celles de la Puna sont en général pédonculées, à de si rares
exceptions près, qu'on est tenté de croire que les flèches sans
pédoncule sont de provenance étrangère.
Pour comparer nos pointes avec celles des régions environ-
nantes, il nous manque malheureusement des documents de la
région diaguite. De Lipez, mon collègue M. Gourty a rap])orté
un grand nombre de pointes, toutes pédonculées, à de rares
exceptions près. La plupart se rapprochent comme forme de
celles de Pucarà de Rinconada, et sont faites de silex gris.
M. A. de Mortillet a recueilli aussi de nombreuses pointes dans
la Vallée deTarija , toutes pédonculées. De Tolomosa, dans cette
même vallée, M. E. von Rosen (316, pi. x.) donne des figures d(^
quelques spécimens, dont un de noire typcdc» la Ouebrada del
572 WTini ITKS |)K I. \ IIK(.I(»N XNDINK.
Toro, sans pédoncule; mais il s'a«;it l.i d mir rNcrptimi. I.a
Mission Fraiiçai.s<> a rap|X)rt(' aussi une collection i\ti noiii-
lireuses |)ointes (h' fleclics do Tialiuaiiaco, de roches très \i\-
riées : silex, cahédoim', quartz, ohNidienne, etc. (les |><)inte><
sont |)n*s(jue toutes pr(loii(ul«M's. Kii se basant sur ««• uialeriel,
on |M?ul «'tahlir la re^ie (jue les |Knutes de llèclies |M'd(nicul<'es
son! 1rs |)liis (-oniiuuiies d.uis la Puna argentine et sin le liaul
plateau i)(>li\ieii, et (|ue celles de la Quebrada del Inrn n Oui
pas de pedonculf.
Quant à la Pata«^onie, à la H«'pul)li(|ur de II ru«;uav et au
(iliili, on a décrit de nombreuses pointes de llecbes en piene
l'ii provenant. Pour le pninier de <es |)avs, le D' NeriU'au 368
pl. XII', M. Lane l*'o\ (204) et M. Ouïes ,276. p. 376 ri «liv.) en li«;u-
reiil un bon nr)nd)re. Puni- Il ru;^uav, M. Figueira {130.pl. 7. »-i,
i3i, p. 19.1-309), et pour I)' rliili, M. MiMlina (234. lii;. Ati-56. 6o-64),
reproduisent beaucoup d(> s|x>ciiiieiis (pii . jxiiiil.i |ilu|).iit. n's-
.send)lent aux Iniims iiataj^oniennes. (i«'s jK)intess<jnl en général
très dillerentes de celles du liant plateau. Prescpu* toutes .sont
beaucoup plus grandes cl pins grossièreuïent traN aillées. \.v
type le plus conunun dans l«'s pays nientionnes est une grande
|)oiiite presfpu' aussi large qtn» longue, et pourNur d'un pé-
doncule court el Ires large. O tvj)e n'existe pas sur le li.uil
plateau. Quant au type à ailerons sans pédoncule, de la (^)ue
brad.i de| Toro, ain un des auteurs cités n'en rej)ro<luit desp*-
ciinens. i^es lornu's patagoniennes s'étendent sur la côte du
Pacifnpie juscpi'an nord du (ibili. \ Antofagasta, à en juger
par une collection publiée par M. l'\. Senecbal de la (irange
(329), il y a déjà très peu de j)ointes des types j)atag(Miiens. Des
formes à )>édoncules larges y existent ce|)endant, mais les |)lus
communes sont les p<»inles fines el petites, à ailerons et sans
pédoncule, ressemblant asse/.an Ispede la ( hnbrada del Toro,
(pioi(pu* les ailerons .soient moins jirononcés et la base plus
anguleuse. Des '>(') pointes de (elle collection, 8 seulement sont
pedoncnlees. |,f»s |M>intes d' \ntoiagasla xarienl beaucoup de
fornu' et de matière.
ARCHÉOLOGIE DE LA PUNA DE .lU.lUV. 573
Je donne ici la iiste des pointes reproduites sur la planche :
FiG. 119. — Pointes de flèches en roches siliceuses
DE LA QlEBRADA DEL ToRO ET DE LA PuNA DE Jujl Y O.
QUEBRADA DEL TORO.
Tastil.
1-5. Pointes sans pédoncule, à ailerons très prolongés, base profondément
concave, bords légèrement arqués. Silex vert. (La pointe n" 2 n'est
pas achevée.)
6. Même forme. Obsidienne noire.
7. Même forme. Silex vert.
8. Pointe pédonculée, forme triangle isocèle, base presque droite, bords
droit. Silex vert.
9. Pointe non achevée, même forme que les n"* i-5. Silex vert.
Morohaasi.
10-14. Pointe sans pédoncule, à ailerons prolongés, base concave, bords
arcpiés. Obsidienne noire.
1 5, Même forme. Cachelong blanc.
PUNA DE JUJUY.
Haàncar.
16. Pointe pédonculée, à barbelures peu prononcées, forme triangle iso-
cèle , bords droits. Silex résinite jaune.
17. I^ointe à large pédoncule, barbelures très peu prononcées, fornu'
triangle isocèle, bords très légèrement arqués. Calcédoine.
18. Pointe pédonculée, forme triangle équilatéral, base droite, bords
presque droits. Jaspe rougeâtre.
19. Pointe pédonculée, forme triangle isocèle, base droite, bords droits.
Cachelong blanc.
20. Pointe pédonculée, asymétrique, forme triangle isocèle, base droite,
bords droits. Silex gris foncé.
C' Les roches ont été délermiiiôos par M. le professeur Lacioix.
57'l WlloniKS DK l.\ llKCilON NMUM
21. Poinle p*iluii(*ulë«.' , lonm* triaiigli' isocflf, bas»* droile, bords droits,
Sil«'\ pri-. r«»nri".
'2'2. Mriiif lorm»'. ( )b>uli»'nin' noin*.
2'.S. Point»* |>»*»loncul«''»*, foriiK* Irian^l»' «'(juilali-ral . I»as<* pr<*M|U«* droit»*,
boni» tn** l»*g»»r»*m«*nl arqu»*s. irn''puli«'n'm«*nt dj'nl»*!»'». Obsidiennt*
noir»*.
2'l. Point»* san*» |>»'*tlonculc , à ailorons prnloiii^i's . baso proiondt'ninit con-
cave, bords arqiK's. ()bsidi<>nn<^ noin-.
2r». Point»' non a» lM*vr«*. Mj^in»* f(»rm»* quo la pn^V-denl»*. Sil»«x gris foncé.
(hithi.
2i'). Point»* p<''«lonriil»''»*, f»>rn»«' trian^i»* is<)C«*l«* tn*s allongi*. base droit»*,
b<»r»ls droits. Sil«'\ gris fonc»'*. ((jclt»* pointt*. cpii n'rst |ws acli»*vé<*,
•'■(.lit sans doutf (irstinr»* il avoir la in<''nu> fornit* qu** la |M>inli* n" /|:i ,
• 1' Purani d«* Hinronada.)
27. I*ns«ju«' la niùin»* fonn»*. Caln-doino.
2H. Point!' p«'*donriili'r, à ail<*rons vrartrs, foruH- triangii* isoc»*l»*; Intnls
li'p'p'nipnt ronravfs. p»>(Ionrnl(* s»* terminant »*n point»*. ()arb«'lon^
I , .SI-,
2'.). Piiiiilf sans pcdunriilt*. .1 ail*r<iiis, bas»* profomli'nii'nt ronravc. bords
l(^(>n*nii*nt aupit's. Obsidienne noire.
M). Mi^nie Tonne. Silex pris fonr*^.
IW . P»)inl«' pcdonciiire , triangulaire, l».is« «Imiie, Imids dentelée, l»*g»*re
nient iinpirs. JasjH' rou^i'àln-.
.'^2. Poinlr pedonrub'e, trian;;iilaire. à coins arrondis, bonis légi renii-nt
anpié.s. Calr('*doine.
XS. pointe p<'*donrul('>c , f(»nne triangb* isoci-le. bas»» droite, bonis ilniits.
Sijev j»ris lonré.
.'^'l. Pointe sans pedon<ule, (orme triangle presque étpiilatt'rai . base |»'*ge
renient ronrave. bords pres^pie «Iroits. Silex gris fijnr*'.
,'tr». Pjiinle il large pi^donrnle, à barbeiure» tn*;» |x*tites. forme triangle
é<piilatér:d . bords très Irgèrenient arqu<'*s. ()alc«'*doine.
'MS. Point»' pédonculée, jonne triangle isor»*le, bas»* prespie «Iroite.
b»»nls droits. Silex gris fonn*. {C»*lte |>oinle n'est pas compl»*te-
ment acbevi-e. ou plutôt s;i taille a •'•té manqu«'*e. rar elle »*sl ln»p
épaisse.)
'M. Pninti' siUïH |)»'*donrule , à ailerons. bas«> aiicub'Use. bonis li^gi>remenl
arqués. S'i\rx gris foncé,
.'IM. Pointe p'donrulée, fonne triangle ivïcèle. base presque dntite, b«»rds
anpit's. Sile\ uris fonr»'*.
AHCHKOLOGIE DE LA PITNA DE JU.IUY. :^l:^
39. Pointe pédoiicLiléc, ioiiiic triangle presque équilatérai, base droite,
bords droits. Silex gris foncé.
^lO. Même forme. Obsidienne noire.
41. Presque la même forme, bords légèrement arqués. Silex gris foncé.
PacarA de Rinconada.
42. Pointe pédoncules, forme triangle isocèle très allongé, base droite,
bords droits. Silex gris foncé.
Pl. XLM.
4 4 ♦ ♦a^'
IAA44
♦ ♦
l'i
g. ,,2. __ Ourl.nula .Ici Toro cl l>.ina dr .Iiijiiy. |'(,inl,.s .Ir ll.Vhcs. - Cran.lc.ir ik.ImivII,
III. - REGION DES ATACAMAS.
D'El Moreno je me suis rendu flirectement à Al^raparni^a,
en suivant le bord oriental de laLaguna de Guayatayo. C'est un
long voyage, de près de i5o''°', à travers la plaine désolée de la
Puna; on ne rencontre d'eau douce qu'en un seul endroit,
à peu près à mi-chemin. D'Abrapampa je me suis dirigé en-
suite à l'Ouest, vers Cochinoca, chef-lieu du département de
même nom, petit village habité par des Indiens, par les auto-
rités et par deux ou trois commerçants qui vendent principale-
ment l'alcool de canne à sucre apporté des plantations de la
Vallée de San Francisco. La consommation de cet alcool paraît
être la principale occupation des habitants de Cochinoca,
surtout des autorités. Ces représentants de l'ordre vivent en
effet dans une orgie continuelle : ils étaient tous tellement ivres,
qu'il me fut littéralement impossible de leur parler pendant
trois jours. Aussi l'honnêteté n'est-elle pas une de leurs prin-
cipales qualités; j'ai la certitude que les autorités ne furent pas
étrangères au vol de l'un de mes meilleurs mulets. La seule
personne sensée était le curé, un Espagnol d'une instruction
supérieure à celle de la plupart des membres du clergé de ces
pays. Ce prêtre, M. Domingo Filgueira, s'est occupé de fouilles
dans les nombreuses grottes funéraires des environs, et je lui
dois nombre de renseignements intéressants à ce sujet.
Le village de Cochinoca est ancien. Son église fut achevée
en 1698; les frais de construction, y conq:)ris le vieil autel,
ont été payés par le maestre de campo Camperos et par sa
femme, Dona Juana de Ovando de Camperos. L'église de Casa-
bindo doit être encore plus vieille , mais les registres qui y restent
ne datent que de 1793. M. Ambrosetti (23, p. n) cile un docu-
ment, conservé dans les archives de la ville de Salta, d'après
lequel Don Pablo Bernardez de Ovando fit, le ').(] octobre 1655,
meired en laNcur des Indiens de Cochinoca et de (-asabindo des
:,78 wrinuTKs DK i.v r.».i.h)\ wdink.
l<»rn*s sitiHM's autour (l«* ces villages. Les Indirus en soiil encore
|)ro|)riélain's, en Nertu (le cet!»' merced. el ils uni ;;a«(né un Ion»;
prorrs intriil»' contre eux par l.i laiiiillr Camperos (pii n\eii(li-
(piail crllr propririr.
\la \i>itr a (iocliinoca a\ait pnm l)nl d i \plorer se> j^nitlrs
îMMHilcrales •'! il»* m»' rriidn- conipir dr I «Inidur du territture
jadis liahitt' par Ifs Indiens ayant i«-iM ( nilrr a Ciasahindn. Ir
iTai pas cru à projMjs de prendre ce dernit-r endroit, situe à
lô^'an Mid dr (iocliinoca, connue tlieatre dv mes recherches,
<ar ir l'aNais d«'ja \i>it«' en i()(>i.«t les collections cpii v lurent
laites à celte iMxxpie p;>r la \Ii>>Mon Suédoise seront, je res|)èi-e.
puhliees lot ou tard.
(iasahindo a été aiissi Nisite p;ii \I. \l.i\ I hl» en i8i).). .lai
donc IrniiM' itlus nileicss;iii| de ( Ii(>i«>ii- pour nu's ioudies une
autre (piehrada des eii\nniis, c cilc de SaNate, dont l'entrée est
située à nii-chennii entre (ineinnoca et (.asahnido.
s\^ \l i;.
\ iainhdlos, on entre dans l.i «piehr.id.i de I \rrn\(» de
Savat»', ruissr;iu \enant de l.i Sierra de ()uichaj;ua et se jetant
dans le Hio Doncellas (pii n'joint le j^m Miraflores; les eaux de
ce dernier se deNerseiit d ins la La;funa de (iuavatavo. Kn n*-
inontant celle (pu'hrada pendant i)^"*, on pai'\ient à un endroit
où elle s'elar^^it. Le sol de la petite \allé«' et les inonta«;nes cpn
la hornent s<»nt lorinees de Ira» lixtes el d'andésites, sur h's<pn'|s
l'érosion a lorleinent exercé .son iniluence. Des j;rottes natu-
relles ont été creusfM's par les eaux dans ces n>ches. La plus
^rand»' a une trentaine de nn'tre^ de laii^eur sni' une pro-
londeur \ariaMe de i^.ïo à .>"'. Llle est divisée en plusieurs
conipartiinenls naturels, tellement onxerlsdn cote de la «pie-
hrada , (pie dans certains endroits le nom d ahri sons nudie leui-
conviendrait mieux (|ue celui de grotte.
Les di\ers compaiiimeiils de celle :;rolte conlenaieni un
•;rand noinhre de s<pielettes recouverts en partie <h* chair ino-
ARCHEOLOGIE DE LA PUNA DE JUJUV. 579
mifiée naturellement, mais tous avaient été bouleversés par les
chercheurs de trésors qui en avaient détruit la plupart. La
grotte avait certainement servi de sépulture à plus de cent
individus, ])eut-être à deux cents. Tous les cadavres y avaient
été déposés en position accroupie, les jambes et les bras rej)liés
sur la poitrine. Des murs en ])ierre, bâtis à l'aide d'un mortier
déterre glaise ^'^ avaient jadis lermé les compartiments de la
grotte vers l'extérieur; on voyait encore les débris de ces
murs, bien que les chercheurs de trésors les eussent détruits
presque partout.
Crânes. Mutilation dentaire. — J'ai recueilli, dans la grande
grotte sépulcrale de Sayate, les crânes que décrit le D'' Chervin
(99, t. m) sous les n°' i5, 16, 17, 18, 20, 21, 22 et 2 3. Le
crâne n° 19 et le squelette n** 2 /l proviennent d'autres grottes
de cette localité, comme nous le verrons plus loin.
La plupart de ces crânes, comme aussi de ceux provenant
de la Quebrada del Toro (Golgota, Puerta de Tastil et Tastil),
de Pucarâ de Rinconada et de Galama, sont artificiellement
déformés. Je laisse à M. Chervin la description des crânes
et de leurs déformations, mais je remarquerai ici que l'on
trouve des déformations dilïérentes dans la même localité
et que la distribution des diverses catégories de déformations
ne permet pas d'établir des analogies ou des différences entre
les diverses localités. Tout au plus peut-on dire qu'une cer-
taine catégorie de déformation est plus fréquente ou plus rare
dans une localité que dans une autre, ou qu'une certaine dé-
formation manque dans telle localité. Cette même observa-
tion a été faite dans les cimetières préhispaniques du Pérou et
de la Bolivie. Les documents du xyi*" et du xyii" siècle nous
donnent d'ailleurs des renseignements au moins sur deux
''' Chose curieuse, les ruines dan- mais les rnuis (|ui referment les grottes sr-
ciennes habitations, dans h» Puna comme pulcrales sont tous bâtis avec de la terre
dans la région diaguîte, sont presque sans glaise comme morliei-.
exception en pierre sèclie, sans mortier,
hm)
\NiioiiTK> \n. I. \ i;k(.I()n wdink
calr«;orir.s (liMlcIorinatiuiis rraiiirniirs vu vof^ue parmi \vs In-
diens (le ces rrgioiis. \ illa Gômez (370, fol. 5«) iiieiitioiine l<*s
Hrlormalioiis nminnôos cavtiima '■ et paltaiima \ et, clans une
lisfj' (\i's • sii|><>rstilinii.s (1rs Inriicns ■, dn'.ssjT par le (ionriii'
proxincial (!<• Lima «mi i 5()- il816ù.p. ao.^), nous Inuntuis cl«»s
(If'fiiiilinn.s, hirn (|iif* pm pn*cis<*s, clo ces rlélormatioiis dont
1rs noms \ son! rcrils rnito/mmn «•! paUtthoma. La jinMiiièn* con-
sistai! a • allon«;<T fl amincir la tr*le ■ [llaccn \^las cahczas^ miiY
lari/as (ulrhiazanihlas . y liazivndulns aiir reiu/a al nutlde de iinos ronut
hnin'hs, tjiir llaman iliuni, nnifosltis v Inrutjus ; la si'cnnfle, à
• aplalir la Irlr rt élar;;ir Ir iront •• [Uacrn las lahnas llanas y
mu lias en la /rriitr . Dans l»* prrmirr cas, il s'aj^il éNidrmmtMil ilv
la déformation rnnrilormo rourlif'e, dite > dciormation av-
marai;dans jr second, d un»- driormation Irontalr, condtimH'
|MMil-(^trr a\r<* un»- driormation ocripitalr, siiivaiil un plan
jilns nu iiinjns |)arall('lr à rtjiii dr la déformation in>ntale.
(îarcdaso de la \ «';;a '140: 1. 1\. c. \iii; i.»l. a.l3) décrit le procède
(|n'emplo\ aient les Indiens de Manta, sur la rôle de la Hepn-
l)li(pie acintlle de 1 li(jiiatenr, pour applicpier à leurs eidanls
une deiormation ironlo-ocripilale; ils le taisaient on atlarlianl
mit planche dr hois mii K- Irnnl el une autre sur roccipnt ;
tous les jours on serrai! lis lii^atures <le ces |)lanclies, juscpia
ce (|nr l'eniant eut atteint la»;»' dr \ on f) ans ( Drfttrmahan las
laht'cas à Ins ninns en nasncndn, juniianlrs una lahlilla m la /irntr,
Y olra m cl mlndnllo, y sr las apn-taltaii dr dia m dia hasia uur
rrnn dr (juatm e rmrn a fins , para niir la ( ahr:a mirdasr am ha dr un
ladii al nlm, y ant/ttsta dr la /rriitr al mlodnlln . ( iieza de Le»)n
(fOi.c. i..p. 5o4) parle aussi de deux déformations: « . . .les nus
allon;;eaient la tète, li-s an!ns rélarj^dssaienl • umts la liairn
[la caltrza] anrlia, y nlms lanja'. Kn iSy.S, le \ ire-roi Tolecio,
flans I nnr i\r ses ttrdrnancas 48: I ii. lii. i\. ord. \m; fol. iA<>), «lé-
lend .Mi\ hxliens d«' rontinuer a déformer les tètes de leurs
entants.
kmln lit. Iici«||i«. ronlrlcllr. mima li^all|^r••. — ' Pnllhi «|il«li;
li'lr .Ti'ii- • ■•iii|iriiiii>f> au iiKi\rn «Ir l«Mr : «T^c «nliilir ».
ARCHEOLOGIE DE LA PUNA DE JUJUY. 581
Le crâne le plus intéressant de Sayate est le n° 1 5 , reproduit
fi(j. 113. C'est le crâne d'un enfant âgé de 7 ans^^l Les inci-
sives supérieures et l'une des incisives inférieures sont tombées
après la jnort, probablement lorsque le squelette a été remué
par les chercheurs de trésors. Les trois incisives inférieures
restantes ont été limées, pendant la vie du sujet, en formant
des incisions presques rectangulaires, partant du bord tran-
chant des dents et ayant environ o™ 00 3 de largeur et près
de o™ oo4 de profondeur (de haut en bas). Les surfaces limées
sont à peu près planes, les angles de l'incision presque droits
et bien déterminés. Sur l'une des incisives mutilées, les par-
ties saillantes ont été cassées, comme on le voit sur la figure,
mais la surface des cassures démontre clairement que cette
dent a été limée de la même manière que les deux autres. Pro-
blablement, la quatrième incisive inférieure, celle qui manque,
a été aussi mutilée. En ce qui concerne les incisives supérieures ,
on ne peut pas le savoir, car elles manquent.
La Mission Française a rapporté de la Bolivie d'autres
crânes ayant des dents limées et qui seront décrits par M. Cher-
vin. Ces dents diffèrent de celles du crâne de Sayate par la
forme des encoches qui sont triangulaires, terminant en pointe,
au lieu de former un rectangle comme les encoches des in-
cisives de ce dernier crâne.
Ces crânes sont les premiers crânes anciens à dents défor-
mées qui ont été trouvés en Amérique du Sud , si nous excep-
tons toutefois une dent incrustée d'une turquoise, dont
l'existence paraît d'ailleurs très douteuse, car le seul renseigne-
ment que l'on ait sur cette dent est celui donné par M. Heber R.
Bishop (63, II, p. 101), qui dit : « Une dent, incrustée d'une tur-
quoise et étiquettée «Peru», est exposée au Musée d'ethno-
graphie de Berlin». Sur ma demande, le D*" W. Lehmann a
eu l'obligeance de rechercher cette dent au musée, mais il n'a
'*' L'àg(; a élé déterminé par M. le D' Verneau.
ir. .18
r,82 WIKMITKS I>K I. \ nK.r.loN \M)INF.
j.ii 1.1 troiivpr. I.<'.s clironi(jin'urs espaj^nols ne parlant pa> di»
mulilalions dnitain's dans rAnurirju»* nuTirlionalr, sauf («•lli»
pralicnuM' par !••> lluan(M\ilras(l«' la cotr (le Ihcpiatriir, hujucll»'
ii'c^sl pas uiit' (Icroriualioii aililicitlh- |)mpn*nn'i!t dih*. ( .'wza de
l^<Mui 101. r. xtix. p. iioî) rap|X)rte que ces Indiens arracliaienl à
leurs enfanls trois dents à chaque mâchoire, suivant une cou-
tume relif^^ieuse im nin* Iraditioii (jiii h'ur «'tait j)roj)re. D'apn»s
(iarrilaso dr la Vega (140; I. u.c. m: fol. aa8i, ce serait i'Inca
lluavna-(!apac (pii aurait inqK)sé aux chefs des IlnanraNilcas
cettr mutilation commr punition, parce rju'ils avaient manque
a ienrs promesses di- lidrlit»- envers son père. Le |)enple, en
\ovanl si's caciques se distin«(uer de cette manière du rrste de
la nation, adoptait alors Noiontairement 1 hahitudi- (\r cette
Miutilalioii dentaii')' <|iii (lt\iiil :iiiisi unf iii(»de «générale chez,
les lluancavilcas.
Parmi 1rs Indiens actuels du Hresii, on a constate (piehpies
cas d'une (h'Inrmatiofi denlnire (jui consiste à limer les inci-
si\es e| les canines p<»ur les rendiM' pointues. I)'a|)res \on
Martius 231. 1. 1». BSfi;, les Miraidias (pii hahilenl entre le Hio
Cauinarv, le Rio I(;a et le liio \iipur.'i, au nord de r.\ma/.one,
aij^uiseiil leurs (anines juscpTà les rendre hien pointues.
\l. (luido Ho^'i^iani (65. |». ic»5) a observé chez les (iaduv(M>s du
Matto (irossn ta même hahitude, s\ipj)li(piant aux canines et
a toutes les incisi\es supérieures. Kn les limaul , ds 1rs < n'iidenl
lrian;;ulaires comme les dents d'une scie». M. Hoi^^iani croit
(pie rohjet de cette mutilation est |)Uieinent esllieti(pie. Dans
l'extrême nord de l'Américpie meridional(>, sur 1 isthme de
Panama, M \ !.. Pinarl 288 a (>l)srr\(> la coulume de limer
les canines en lorme de |K)inte. < Im / les (luyamis de Veraj;uas.
(ihez ces Indiens, les jeuiu's lemines eide\ent aussi la canine
sup'rieure j^auche, à l'occasion de leur j)reiniere inenstruaii<tii
et en si^ni' de nuhilité. (l'est à c»'s mêmes Indiens, prohahle-
ment, (jue se rap|M>rte le renseignement pul)li«' j)ar M. von
Tschudi (358. V. p. .4oî , d'après lequel les indiens de l'isthme de
Panama ont les dents limées en pointe. Linfin, suivant M. von
Pl. xlvii.
Fie
Sayatf
Crâne ayant les incisives inférieures déformées à encoches.
Fig. ilxlx. — ((. Incisives médiane et latérale supérieures, à encociies, de Cerro Monloso (\era
Cruz), Mexique. — /'. Incisive latérale supérieure, à encoclie, di; Cuicallan |^Ua\ara\ Mexique.
— c. d. Bouches humaines à dents déformées, représentées sur des poteries; de Mislequilla et
de Paso de Coyoluca (\'era Cru/.) , Mexique. — (Dessins du D' \\ . I.ehmann. i
ARCHEOLOGIE DE LA PUNA DE JUJUY. 583
Ihering (176, p. 21 5), les indigènes de Pernambuco ont également
l'habitude d'aiguiser leurs dents en les limant, mais cet usage
aurait été introduit chez eux par des Nègres esclaves qui l'au-
raient apporté de l'Afrique ; d'ailleurs cette coutume est en train
de disparaître à Pernambuco. Ce sont là tous les renseigne-
ments que je possède sur les mutilations dentaires de l'Amé-
rique du Sud.
C'est plutôt au Mexique et dans l'Amérique centrale qu'il
faut chercher les différentes formes de la mutilation dentaire.
Le D"" Hamy (155; déc. n, n° xx, p. 161 ; déc. III, n" XXVIII, p. 88) a publié
deux intéressantes études sur ce sujet sous les titres de : La
dent (l'or de Tepito et Matilalions dentaires des Huaxtèques et des
Mayas. Ces études et une publication récente du D' Richard
Lasch (207) sont les principaux ouvrages que nous possédions
sur les déformations dentaires en Amérique.
Le Popol-Vuh (76, I, c. 6, p. 45) nous offre la légende du per-
sonnage mythologique Vukub-Cakix (Sept-Aras), qui avait des
dents incrustées de pierres précieuses. Il mourut parce qu'il
laissa extraire ses dents par le vieillard et la vieille nommés
le Grand-Sanglier-Blanc et le Grand-Blanc-Piqueur-d'Epines.
Brasseur de Bourbourg traduit : « On acheva de lui enlever ses
dents de pierres précieuses qui brihaient dans sa bouche ^^^).
Plusieurs des premiers historiens espagnols du Mexique men-
tionnent aussi la coutume des Indiens de se mutiler les dents.
Ainsi Sahagun (320; l. x, c. xxix, S 8; t. m, p. i33) dit que les Huax-
tèques « aiguisaient leurs dents et les teignaient avec des cou-
leurs noires». Suivant De la Mota Padilla (249, p. 1), les Indiens
de Pânuco (Etat de Vera Cruz) non seulement taillaient leurs
dents en pointes aiguës, mais encore y pratiquaient de petils
trous qu'ils mastiquaient avec une matière noire. Gomara (148,
''^ H y a un autre passage [ibid., p. 33) face du ciel » La traduction serait plutôt :
où Vukub-Cakix se vante d'être lo Soleil. «Mes dents brillent de pierres bleues
11 dit : Nuipu ve rax çavacoli cJii ahnli (juche connue la face du ciel» , car le mot cjuiché
ri u «a caA, ce que Brasseur traduit :« Mes rax est «bleu» et ahah est «pierres». Il
dents brillent dans leur émail comme la s'agirait donc probablement de turquoises.
38.
58^ WTloriTKS DF. I. A F\Kr.ION WDINF..
r.xi.%11. iol. 55) mentionne également Tappointage des dents, «en
forme de scie», chez ces Indiens. Diego de Landa '203. p. i8i),
rn parlant d<*s lndi«'nn«*s de Yurat.in, dil • qu'elles avaient |M)iir
routunic d«' se rouprr Ifs dents rn iorine de scie, ce (lu'elles
consid»Tairnl c<»inmr une manjue de beauté; c'étaient les
vieilles femmes (Uii leur rendaient ce senice en Imr limant
1rs (jrnts avec une certaine pierre et de l'eau ^. Qvw veut dire
cettr phrasr : «Se couper les dents «ii forme de scie»? Cette
expn'ssion n'est pas très claire et peut sa|)|)li(juer aussi bien à
rap|>ointage des (b'nts (pi'à la déformation (Irs dfiits du crànr
dr .Sa\;ite rt aux dents mexicaines conservées au Musit dr
Hrrlin et (pie nous allons décrire.
Les trouvailles arcbéologicjues faites au Me\i(jue compren-
nenl drs |)ièces présentant trois catégories de délormation den-
taire : 1. les creux faits à la surface des dents |Miur v incruster
des j>i»»rn's précieuses; II. l'appointage drs drnts; III. les <mi-
coclirs d<'N bords Ir.nicliants, comme sur b's incisives du crâne
de Saxale.
I. ( i'esl .1 la j)remiére catégorie (jue se rapporte la legiMide
de \ iikiib ( !aki\ , el iinr variante de celte coutume était celle des
Indiens de IVmuco, (b» pralicpier à la surlace de leurs dents de
petits trous «piils rempliss^iient avec une matière noire, au lieu
d'y incruster d«'s pierres. M. Ilamy (155: «l«v. m. n* \\\ut: p. <)i) dé-
crit et ligure une tète bnmaine, en terre cuite, appartenant à
la collection du comte de Leslrang»* el provenant de loudies
exécutées dans le» ruines de Tejar, j)rès de Me<lellin, dans
l'Klalde Vera (Iruz. Lcsqu.itre incisives su|>4>rieureNd(> la boucbe
«Milr'ouverte de cette t^te présent<*nt des trous cvlindri(jues
réguliers, avant emiron o* oo3 (1< diamètre el o"ooi de
profondeur. Dans une sépulture des environs de (^im|>ecbe,
on a rlecouvcrt un maxillaire su|><'rieur. reproduit aussi par
M. Ilamv ny»^.. p giy et présentant une mutilation pre.s<pie
identique h celle de la t/^te en terre cuite de Tejar. I^es inci-
sives el les canines ont au centre de leur surface antérieure des
AKCHEOLOGIE DE LA PUNA DE JUJUY. 585
trous cylindri(jaes, de o" oo3 de diamètre et o" ooi de pro-
fondeur. Dans ces trous sont incrustées des turquoises, de
couleur bleu-verdâtre , dont la partie visible est convexe et
polie. Le percement de ces dents paraît avoir été obtenu par la
rotation d'un petit cylindre creux manœuvrant indéfiniment
sur une mince couche de poudre siliceuse. M. Marshall H. Sa-
ville (323,p. 35/i) a rencontré des dents décorées d'une manière
semblable dans une sépulture de fEtat d'Oaxaca. Ces dents
étaient incrustées de morceaux d'hématite, au lieu de tur-
quoises. La tombe, bâtie en pierre et montrant une archi-
tecture et des décors zapotèques, se trouvait à f intérieur d'un
tumulus, fun des « mogotes de Xoxo», près de Xoxocotlan,
dans la Vallée de Zachila, à deux lieues au sud de la ville
d'Oaxaca. Le tumulus avait été antérieurement fouillé par le
D"" Sologuren, et les dents étaient éparses sur le sol de la
chambre funéraire. Quelques-unes de ces dents étaient aussi
limées. D'autre part, M. Heber R. Bishop (63, n, p. loi, n° 3io),
dans sa magnifique Iconographie sur le jade (imprimée ré-
cemment, après la mort de l'auteur, à cent exemplaires seu-
lement) , représente trois dents incrustées dejadéïtes vertes, de
la même manière que celles que nous venons de décrire. Ce
sont la canine droite, f incisive médiane gauche et f incisive la-
térale gauche, toutes trois appartenant au maxillaire supérieur
d'un crâne trouvé par M""" Mary Robinson- Wright dans une
sépulture de quatre pieds de profondeur, à Tacamarca, près
de Guadalajara,dans fEtat de Jahsco.Les autres incisives et la
canine gauche supérieure étaient perdues; le crâne, comme
tout le squelette , était trop effrité pour qu'il fût possible de le
conserver. M. Bishop émet fopinion que cette incrustation de
pierres a été opérée pendant la vie de findividu. Le Peabody
Muséum possède aussi, d'après M. Bishop, des dents incrustées
de pierres et provenant du Yucatan. Il paraît enhn que der-
nièrement, au cours des fouilles pratiquées dans la Galle de las
Escalerillas, à Mexico, M. Leopoldo Batres a trouvé des dents
incrustées de pierres.
586 ANTIQUITÉS DE LA RÉGION ANDINK.
II. La cleuxirmr calcgorie de déformation denlain*, ra|>-
jX)iiila«;«', |M'iil se voir sur un crâne trouvé dans un cinietirn»
tollr(|Uf (!•' Crrrn (!»• las Paliiias, au sud-est de Mexico, en
l86ô, par M. Doutn'laiin*, pirsid^nl de la Commission fran-
çaise crrtlmn<;ra|)liir au M«\i(jur. Cr cràiu' <*st (nnscrxr au
Muséum d'hisloin' nalurcllr dr Paris. L«* mavillain' su|)4'rieur
conserve les drnts, dont les incisives et les canin(>s ont été
enlamé«»s aux an«;lrs internes j)ar \v lima«;e à l'aidt' d'un corps
dur cvliiidri(pu'. Les surfaces limées sont n'^ndimuncnt jKjJii's
et nettement concaves; les vides qui résultent <1«' la pert»' de
substance mesurent de o^ooq à o"o()'i dr prolmidrur. Parmi
les llua\té(|ues actuels, il semble (pie l'Iiahiludr (!«• limer les
dents rn pointe ne s'est pas eucori' |)erdue. Dans nnr commu-
nicali<m a la Société d'anlliropolope de Paris, M. llamy (157
rapporlr (pu- (piehpus I lna\t»'(pies j>nrs. Nivaiit isolés dans les
iiKUiiaLnies, ai'Miiseiit encore leurs dents, comme Ta constat»'
\I. Piiiarl pendant son dernier Noya^^e au Mexi(jue.
III. La linisiciMi' catégorie de délormaiiou dentaire est celle
des dents a encoches formant hun'clieti»', comme celles de
notre crâne de Savate. Mais c«' cram* est unicpie, car ses dents
présentent des incisions rectan^'ulaires, tandis (pu* les encoches
de toutes les autn*s dents connues de la même catégorie son!
trian«;ulain's, terminant en nn sinl an^le ai^^u.
A cette (jeniiere \ariete aj)partiennent les crânes Iniliviens
à dents déformées cpii ont et»- raj)|)ortés par la Mission. Les
encoches de ces dents ressend)lenl beaucoup à celles des dents
d'un crâne décrit et hj^uré par le D' Nicolas Léon (216 , pro-
venant d'une sej)ullure de .San Luis de Jacona, |)rés de Zamora,
dans l'Ltat de Michoacan. Ce crâne conserxe toutes les dents,
excepté la canine inférieure gauchi'. Les incisives et la canine
gauche du n«a\illaire supérieur ainsi cpie I incisiNe mi'diaue
droite du maxillaire inlV'riiMir sont limées de façon à former
une encoche triangulaire de 0-003 à o"*oo5 de |)rofond«'ur,
terminant vu angh* aigu; les autres dents sont intactes. La
deni d'or de Tepilo, décrite par M. Ilainv 155; <It. n. n*x\; p. i6i).
ARCHÉOLOGIE DE LA PUNA DE JUJUY. 587
est rimitation d'une dent à encoche. C'est une dent artificielle
en or qui a fait partie d'un collier trouvé à Tepito (Mexique).
Cette pièce est conservée au Musée du Trocadéro et provient
de la collection Pinart. La face antérieure de cette dent est
creusée de bas en haut par un sillon large de o^'ooi vers le
bord tranchant, se rétrécissant de plus en plus à l'autre extré-
mité et se terminant à o°'oo6 de distance de ce bord. Ce sillon
représente l'encoche des dents que nous sommes en train de
décrire. M. H. Strebel (339, i, p. 49, pi. vm, fig. M) reproduit photo-
graphiquement un crâne qu'il a rapporté de Cerro Montoso
(Etat de Vera Cruz, Mexique) , et dont les deux incisives supé-
rieures médianes présentent chacune deux encoches triangu-
laires, mais l'incisive latérale droite, une seule encoche, l'inci-
sive latérale gauche étant intacte. Le D'^ Walter Lehmann a
bien voulu me donner des renseignements sur les dents défor-
mées qui existent au Musée d'ethnographie de Berlin. Parmi
ces spécimens on remarque un maxillaire supérieur, catalogué
sous le n" IV Ca. i8o85 provenant de Los Otates, dans l'Etat
de Vera Cruz, et rapporté par M. Strebel, de son deuxième
voyage au Mexique. Les incisives de ce maxillaire, dont deux
sont reproduites, y?</. lia a, présentent également deux en-
coches dans chacune des incisives médianes, tandis que les
incisives latérales n'en ont qu'une chacune. D'autres incisives
à une ou deux encoches, de la même collection Strebel, sont
numérotées IV Ca. 17^28 (Cerro Montoso) et IV Ca. 18193
(Los Otates). Le Musée de Berlin possède aussi un crâne de
Cuicatlan, dans l'Etat de Oaxaca, numéroté IV Ca. 16-] li^ et
provenant de la collection du D"* Sologuren. Sur ce crâne,
seule une des incisives latérales supérieures présente une en-
coche limée, triangulaire. Cette dent est reproduite y/</. ii4 b;
sa racine est cassée. Je dois ces dessins à l'amabilité du D"" Leh-
mann. Il est incertain si les dents « limées » du tumulus de
Xoxocotlan, mentionnées, comme nous l'avons dit, par M. Sa-
ville, présentaient cette même déformation ou une autre.
hesfiçj. lia c, d, également dues à M. Lehmann, repré-
^8« AMIQLrrÉS DE LA REGION ANDLNE.
sentent une autre variété de defunnation dentaire , intermédiaire
entn* notre troisième et notre deuxième catégorie. Ce sont
des |K)leries décorées de faces humaines, dont la ixuiclie est
reproduite sur nos li'rures. Ces pièces appartirnufut aussi à la
colli-rlion Sln-hei; r jHirle au Mus<''e de lierliii le m" I\ Ca.
14.^70 et provient de Mislecjuilla Vera Ou/. ; d, nunu*roté
IV Ca. 19727, est de Paso de Coyaluca, étralement en Vera
Cruz. Au liru de faire des incisions au milieu du l>(>rd tran-
chant des'dents,'()n paraîtS-Ja voir limé en équerre les incisives
hig. iiS. - MM-m4l>|i|ir« (Ir^ lunniimrnU ilf C<i|tan \iiriilan
I^ r«rr du Dirii Soiril . «wv I.-, inrnm-* lnn.-rv |) «i.i^^ |r I)' K. SrW.
médianes suprnnires, laissant une partie de ces <leu\ dents
.1 un niveau plus has (jue les parties où «-lies se touchent; on a
rofitiuur «'usuite à limer hori/.oulalemeut le> incisives lati'rales
juMpi'à ce cju'elles airnt le nu^Mue ui\»'au cpu' les parties has.ses
des médianes. Cette drlormation se Noil aussi dans des hiéro-
l^lyphes gravés sur les monuments de Copn (Yucatan). J'em-
prunte au \Y Seler (328. ,. 719. 7.î,.8i3) les dessins de quelcpies-
uns de ces hirroglyplies,y(r/. //.'). a est la face du Dieu-Sdeil
avec les incisives des maxillaires su|M'ri«Mir et inlV-rieur limées;
h, c, d represefiteut l'hirroglyphe km - Mileil , joiir, l)ieu-S<deil;
e est rhién>glyj>he du inuiMni i '| . compose de la face du
ARCHEOLOGIE DE LA PUNA DE JUJUV. 589
Dieu-Soleil (lo) et du maxillaire des morts (4). Tous mon-
trent des incisives supérieures limées de la même manière que
les dents que l'on voit sur les poteries que nous venons de dé-
crire. Je ne connais pas de vraies dents présentant cette défor-
mation, qu'on ait exhumées des sépultures préhispaniques.
Pour compléter le présent chapitre, il ne me reste qu'à
mentionner la déformation dentaire, bien connue, des Esqui-
maux, qui emploient leurs dents pour toutes sortes de travaux ,
comme pour extraire des clous, pour gratter et découper des
peaux, pour des travaux de menuiserie, etc. Les dents s'usent
bientôt de cette manière, et alors on les corrige en limant ho-
rizontalement toute la rangée. Ainsi les individus d'un certain
âge ont souvent les dents limées jusqu'aux gencives. Cette dé-
formation présente une différence par rapport aux autres caté-
gories : elle a une fin pratique, tandis que les autres sortes de
déformation, selon toute probabilité, ont été pratiquées dans
un but esthétique.
Grottes funéraires ''\ — L'un des cadavres de la grande
grotte de Sayate se distinguait par les vêtements de luxe et
les outils de tisseur qui l'accompagnaient. Ce cadavre était
revêtu d'une chemise en fin tissu de laine de lama, dont un
échantillon est reproduit fiq. 119 , jf 1; au-dessus de cette
chemise, il y avait une enveloppe en tissu grossier et épais éga-
lement en laine de lama. Dans les plis de ces vêtements se
trouvaient quatre fuseaux, dont trois sont reproduits //ry. 121
c, (1, e, WmiWfig. 121 b, et, formant un rouleau, un tissu ina-
chevé en fil rouge, récemment commencé, ])eut-être par cette
même personne à qui on l'avait joint dans son tombeau.
Les fuseaux sont en bois blanc, d'environ o"'20o de lon-
gueur et o"oo4 d'épaisseur, pointus à leur extrémité inférieure.
Les fusaïoles sont d'une forme peu commune : une pyramide à
^'' Voir les planches XLVIII li, insérées après la page 6o8.
590 ANTIOl lïKS DK L\ IU.(.H).N ANDINE
base carm* dViiviroii o^O'jo de côté. Lune d'elles, vue d'en
bas, est re|)résentée par \à ftg. 1*21 , c'. Ces fuseaux seinhlrii!
avoir éli* nrinls «mi rnu;;»* : il^ |M»rttMit des traces visibles de cettr
coult'ur.
l/oulil //«y. l'^ ï h, «Il I)nis(jiii j).»rait pruvrnir dr la Hrdrcla
brasilicnsts, sans tranch.Mit <l sans pointe, est |)rol)al)l(Mnent
aussi un outil dr ti^>a«;<'. Il a n'ic) de lonj^ueur, mesuré «mi
iif^ne droit»' d une extrémité à 1 autre.
Ce cadavre est un exemj)l<' dr lliahitud»' (juOiil 1rs Indiens
d«* toujours joindre aux morts les ohji'ts avant eu un ra|)|)orl
intiiiH' avrc ruv |)<Midanl l»'ur vir. (.eltr pcrsoiinr occupait
nroi)al)lement une j)()sition «'1«'\«m', comme \v démontrent ses
vêtements de luxe. F^llc devait élrr liahile tisseuse ou tisseur, et ,
«^ sa moil, oïl l'a mloiirée des outiU «loiit t'll<» se servait iniur
son art. En rxaminant les sé|)ultures, on linu\f tonjours des
excinnies de la menu* coutume; de ces cas, I un d<s j)lns lra|>-
pants me lut rapjxnlé par l'ahhé l'il«;urira : d avait ren-
contré dans une ^rollc ImuMain', auprès d'une momie, plus
de cent mètres de cordes roulées; cétait sans doute la lomi)e
d'un cordier.
.le ne m'arrêterai pas a la description de chacun des autres
cadaNres pinson moins him ( onservés. Li'urs vétenuMits étaient
tous réduits à l'étal de lamheaux; cependant j'ai pu me rendre
compte (pu> la plupart consistaient en un(> chemise ou tunicpie
juste assez longue pour couvrir les organes «génitaux, sans man-
ches ou à manches courtes, l^ajig. 1 16 montre la iornu* de
CCS vêlements, ils sont composés de deux lés de tissu «mi laine
de lama, cousus ensemhli- en I. lissant une lente pour |)asser l.i
tète. On .1 alors plié par le milieu la pièce ainsi formée et ou
l'a cousuf* des deux cotés, laissant des fentes |K)ur |)asser le>
bras. Quand il y a des manches, elles sont fornu'es de pièces
séparées, cousues aux fentes. La tunicpie présente donc des
coutures jiar devant, |)ar derrière et sur les deux cotés. Les cou-
tures sont l.ntes au surjet. Suivant la description sommaire du
ARCHEOLOGIE DE LA PUNA DE JUJUY.
591
D"" Seler (327), les cadavres découverts par le D' Uhle dans les
grottes funéraires de Casabindo avaient des vêtements de la
même forme. Plus loin,^?^. 189 , je donne aussi un dessin sché-
matique d'une de ces tuniques, sans manches, en tissu grossier,
trouvée dans une sépulture de Chiuchiu, sur le Rio Loa.
Ces chemises, ou tuniques (^camisetas) , dont nous avons parlé
page i4o, au sujet de l'industrie textile des Diaguites, étaient
le vêtement principal des Indiens de la région andine. Tous les
historiens en font mention. Cobo (103, iv, p. i6o) les décrit sous
leur nom quichiia iincii. Herrera (164; dec. v, i. iv, c. n; t. m, p. loO)
dit, à propos des Péruviens, que leurs vêtements étaient une
min
Fig. 11 6. — Sayate. Coupe des chemises dont étaient vêtus les cadavres
des grottes funéraires.
chemise courte et étroite, sans manches ni collet, et une mante
de laine ou de coton, d'une aune [vara) et demie de longueur.
MM. Reiss et Stûbel (308) reproduisent de nombreuses tuniques
provenant de la nécropole d'Ancon, sans manches et ayant plus
ou moins la même longueur que celles de Sayate. Ces auteurs
figurent aussi des chemises à manches du même cimetière, mais
qui sont en général plus courtes, ne pouvant couvrir le corps
que jusqu'au nombril. Le D"" Hamy (160, pi. xLvm) donne ia
figure d'une « tunique en coton brodée en laine » , de Pachaca-
mac. Celle-ci a exactement la même forme que les tuniques à
manches de Sayate, et elle est cousue de la même manière.
Seulement les manches sont un peu plus longues. Elle a 0^83
de longueur et i™2o d'envergure, les manches comprises.
M. Wiener (377, p. 8i ) reproduit d'autres tuniques, de Paramonga.
Sur la fresque de Pucarà de Rinconada,y?</. M7, n"' J-S , 22-
.VJ2 ANTIQIITES DE LA KECJIO.N ANDI.NE.
29, 60-66, et sur celle de Chulin, //</. 194, n" 4, on voit des
personiiaj^es ainsi liabHle>. (ifrtains Indiens actnels pirtent
aussi ces simples vêlements. M. Nordenskiold 264.|>. ^99) en
fif^nn' nn, sniis manches, de la même lorme que les Inniqnes
de Savate, lait dr lilnes >é^'élales, en usaj^e ciie/. les Vtsaiiuacas
et les (iuarayos du Itio Tand)(>|)ata, au nord du lac liticaca.
Les tuniques des cadavres de Sayate démontrent (jue l'art
textile V était assez développé. Sans (loiitf, on a trouve dans
les ancieimes nécro|)oles du l^érou des tissus supérieurs, mais
cependant les tissus fins de Sayate peuvent être comparés à
certains de Tancien Pérou comme (pialité, dessin et richesse
de couleurs. Trois Iraj^ments de tissus tins en laine de lama,
provenant des tunnnies des cadavres de Savate, son! irpro-
duitsyùy. 119.
Ces étoiles sont tissées avec heaucouj) de n'«;ularité et d ho-
mo«;énéit«', Ir (il rxl partout dr la même épaisseur. L'etolle est
mince, mais très compacte et assez lourde; sa surface j>arlait<'-
ment liss(> a un certain reflet ressend)lant un |)eu à celui de la
soie, (les (pialités sont idfnticpu's à celles des lisstis péruviens,
et l'aspect ^«'UJ-ral est le nicnn' chez, les uns et clu'Z les autres.
Les Indiens actuels de la Puna ne produisent |)lus aujourd hui
cpir (les tissus ^ro.ssiers, mais certains produits des tisseuses
mélisses de (intamarca et de Salta rap|)ellent des tissus anciens
«le II INina. L\idemment , celles-<'i ont en partie hérité leur art
ilf leurs ancêtres préhisj)ani(pies.
(Ju.int au dessin, il consiste en i;''inTal simplement en rairs
de dillerenies couleurs et de ddierenles lanceurs. Les n" I
ri 2 de la //y. 119 en <lonnent des exemples, mais il y a aussi
des dessins plus complicpiés, comme ceux du n* S, surtout
celui (11- la h.Midi- <lii inilit'M. Le procéd(> |M)ur inlercah'r dans
le fond rou«;e toutes li's petites lij^ures jaunes et verles est le
même (pie celui •Mn|)lové |>our les anciens tissus pTuviens, et
décritavec beaucoup de précision par M Holmes 169. p. la.fig. 7),
dans l'une des pui)lications du liureau d ♦thnoloj^ie des Etats-
Lnis. C.rWr ihode de ti.ssaj^e a une certaine analogie avec
ARCHEOLOGIE DE LA PUNA DE JUJUY. 593
celle mise en pratique pour la fabrication des gobelins :
chaque petite figure d'une couleur spéciale est tissée à part,
les fils de cette couleur couvrant entièrement les fils de la
chaîne.
Au-dessus de la tunique, les cadavres de Sayate étaient en
général enveloppés d'un tissu grossier en laine de lama, d'un
centimètre environ d'épaisseur et ayant la forme d'une couver-
ture rectangulaire ; elle était pourvue parfois d'une fente pour
passer la tête, comme les ponchos. Le tissu ressemble à celui
des ponchos piillus, épais ponchos d'hiver des Indiens actuels.
Ces couvertures enveloppaient toute la momie y compris la
tête; le paquet ainsi formé était ficelé au moven de cordes en
laine de lama. C'étaient évidemment les vêtements ordinaires
du vivant qu'on y avait employés. Les enveloppes spéciales,
comme des filets, des sacs, etc., qu'on voit sur les momies
péruviennes, n'existent pas à Sayate.
Une tunique et un poncho formaient l'habillement général
des momies de Sayate; mais il y en avait aussi avec deux tuni-
ques et un poncho, d'autres avec le poncho seul.
Quelques-uns des cadavres portaient aux pieds des restes
de sandales en peau ayant la même forme que les iisiitas des
Indiens actuels.
Sur plusieurs crânes, les cheveux étaient conservés et la coif-
fure assez intacte. Les cheveux avaient la longueur suffisante
pour arriver jusqu'aux épaules ou un peu plus bas. Ils étaient
divisés par une raie, sur le sommet de la tête, et formaient
de chaque côté plusieurs tresses dont les bouts étaient repliés
et réunis par une cordelette. Cette coiffure ressemble à celle
de la tête momifiée de Calama reproduite fifj. 167 ; seulement
il y a sur cette dernière un plus grand nombre de tresses. Les
Indiennes actuelles de la Puna emploient la même coiffure,
mais le plus souvent avec une seule tresse de chaque coté et
sans les réunir. En Bolivie, les femmes ont généralemeni deux
tresses de chaque coté. Les hommes boliviens portc^nt aussi
b'J'i \\TinriTF<^ OF. I.\ I.IMuN WDINE
les chovpux longs et, dans certaines réj^ions, unis en tresses,
onlinnireinent une seule fie clia(|ue cM^. CepriuLint, aux envi-
rons (le Tnrnn.'ilra. dans la province de NOnl-Ciliiclias, ils ont
juscju'à dix (Ml (juin/.<" tressr^. En l^olivie, certaines coilTun's
>er\ent (iiMlcjnelnis à distinguer les Indiens des diflerents
districts.
Quel(jues-uns des cadavres de Sayate avaient d«*s cheveux
M.iiKs, comme d'ailleurs cVtait également le cas jWMir (juelcjucs
cadavres de Pucarâ '!•' Tiinconada el du cimetière de Cala ma.
\uj)n's des cadavres se Irouvaienl une gr.mdr (luaulite de
ces croclu'ls m hnis si communs dans les sépultures de ces ré-
gions, et dont nous avons déjà décrit des spécimens d*' Mnro-
huasi ri «le r.iNlil, it|»r<»(lmK fiq. 7.3 h-n el <!-/. \.,i /nj. I "30 en
uni t'sciilf (|url(nii'>-uris pin\cii;Mil (les grottes luuéraires de
SaNalc l.r |)liis l;imii(I dr ces ( rocliets a o" i » en ligne droite
(rime poiiilc a I autre, le plus petit ()"<)(). PreMjue tous portent
lis iMar(pi('s de cordes cpii ont été attachées à leurs eviremilés.
Le plus pclil conserNe encore une grande iiartie de cette corde
en laine de lama n(»ire el hianche, couleurs naturelles de la
l.une, sans teniliin'. Il n \ ;i p;is dr ikimkIs : les attaches des
(Iriix i okIcs ,111 croclicl ainsi (mh- I.i rt'iiiin»ii dr (l'Iles-ci son!
lattes ;iii iii(>\<'ii d Cpissures semhLihles a celles (prein|)loieiil
nos marins. M. Lehinaiin-Nitsche (2i0.|>l. iv, i n ) donne aussi la
ligure d'un de ces crochets, provenant de (insnhindo. nll.iché .i
une corde comme celle dont nous parlons.
Il UN a pas un cada\re(pii ne soit accompagne d'un, de deux
ou plusieurs de ces crochets en hois (hii scml jnut h fait une
caractéristicpie (h»s si'pullnies de la (hiehrada del Toro, de l.i
Tuiia et de ( ialaiiia.
M. Sejer 327) les a interprètes comme des „ mnrs de lama •;
M. Lehmann-Nits<-he 210. |». njj accepte cette interprétation,
tandis ipie M. \nn Ih)sen 318. p fi* suppose (piils ont du être
pla<-es au-dessus du museau du lama.iaisant ainsi partiedune
sorte de licou. Ni l'une ni l'autre de ces hx|)othesi*s n'est adnii»-
ARCHEOLOGIE DE LA PLINA DE JUJUY. 595
sible. Le lama n'a jamais été monté et son mors n'avait donc
aucune raison d'être. Zârate (382; 1. m, c. n; p. 485) nous raconte
que les Espagnols de l'armée d'Almagro, après avoir perdu
leurs chevaux, voulurent monter les lamas des troupes auxi-
liaires indiennes , mais que ces bêtes ne le supportèrent pas.
Gieza de Léon (101, c. xxxix, p. 390), en faisant le récit du vol du
trésor de la ville de Carangue par le chef péruvien Otabalo, dé-
crit une ruse employée par celui-ci : Otabalo , ayant des forces
inférieures à celles qui se trouvaient à Carangue, donna l'ordre
à quelques-uns de ses hommes qu'il avait fait monter sur les
lamas les plus grands, de paraître ainsi sur les hauteurs près
de la ville. Otabalo se rendit alors à Carangue, se disant pour-
suivi par des Espagnols à cheval. Les habitants en voyant de
loin les hommes montés sur des lamas, les prirent pour des
cavaliers et reçurent Otabalo qui, une fois dans la place, trouva
l'occasion de s'emparer du trésor. Il s'agit là d'un stratagème de
guerre , et cette anecdote démontre que les Péruviens n'avaient
pas l'habitude de monter ordinairement les lamas. Aucun des
historiens de la conquête espagnole ne parle du lama comme
d'un animal de selle, et les Indiens actuels ne le montent jamais.
Nos crochets ne portent jamais de marques de dents, ce quj
devrait pourtant être le cas s'il s'agissait de mors. Leurs formes
et leurs dimensions ne sont pas aptes à cet usage; il y en a, en
effet, de si petits qu'il est impossible de songer qu'ils aient pu
servir à cette lin. D'ailleurs, les hypothèses de l'emploi des cro-
chets en bois comme mors, ou comme licou de lama, tombent
devant le fait que tous sont très usés à l'angle formé par leurs
deux bras, ce qui ne peut être produit avec la langue ou avec
le museau de l'animal.
Alors quel a été leur usage i^ J'ai vu à Sayate des cordes mu-
nies de crochets employées pour le ficelage des momies, le
bout de la corde noué autour du crochet. Mais il est impossible
que les crochets aient été fabriqués spécialement dans ce but,
caries cordes immobiles d'un paquet contenant un cadavre ne
peuvent avoir causé l'usure que nous venons de sigualei-. H est
beaucoup plus probable (|ue nos crochets en bois renq)la(;aient
5W
K.-
ANTIQriTÉS DE L\ RÉGION ANDINK.
les anneaux de fer actuels
j)our nouer les cordes avec
leMpielles on altaclu* les rliar-
f^es sur 1rs lamas. I.a //y. //7
srri (le d<'iMnii>tration de rel
(Mnpioi prnhahlr (ini evnli-
(juerait I usure de ces crochels
à Tauf^le où ils ont été conli-
nuelleuient e\p»sés au frolt»--
imiit de 1.1 rord»'. D'ailleurs,
les Araix's eui])loienl aujour-
d'Iiui eiirnre, d'une manière
send)lal)lr, des crochets en
bois |K)ur les charges de leurs
cham(>au\.
(hiel(jues-uns des crochets
de Savate présentt'ut une cer-
taine particularité : on Irouvi',
comme on le voit sur la plan-
che, en diih'rents endroits de
leur surface de petites conca-
vités circulaires produites par
la carbonisation du l>ois. Klles
|)roviennriit . nu h» voit (daire-
iMciil . de te (HM' les Indiens
ont lait lonrner un |H'lit ha-
ton >uv Ir rnH-hel alin de pro-
duirrdu len. (i'elait là la ma-
nière hal)i- Inelle de fain* du
leu chez les Indiens prehis|>a-
nitpies de la Puna, comUK' le
démontrent les outils tn)U\és
dans une grotte funéraire à
Pucar/i <le llinconada, décrits
naiçe (iâq et reproduits //ry.
loi |ir<ilt«hlr « * -» ^ t-»
,. L. jig. lio. 11V. r f. Fin supj>osnnt (pic
ARCHEOLOGIE DE LA PUNA DE JUJUV. 597
l'emploi des crochets ait été celui que j'ai indiqué, il n'y a rien
d'étonnant qu'ils aient aussi servi pour allumer du feu pendant
les voya«i;es, lorsqu'il n'y avait pas d'autres morceaux de bois
sec utilisables pour cela.
La présence en grand nombre de ces crochets dans les
sépultures n'a rien de surprenant non plus, car l'une des plus
importantes occupations des Indiens du haut plateau était de
conduire des troupeaux de lamas chargés, comme ils le font
encore de nos jours. Etant donnée leur habitude d'enterrer
avec les morts les objets dont ceux-ci s'étaient servis pendant
leur vie, il est tout naturel qu'on ait lié les cadavres avec les
mêmes cordes et les mêmes crochets employés pour attacher
les charges sur les lamas.
Ainsi que nous l'avons déjà dit, les grottes funéraires de
Sayate avaient été bouleversées par les chercheurs de trésors
d'une façon telle, que tout était déplacé. Les débris qu'on pou-
vait encore voir auprès des cadavres étaient principalement
des cordes de laine en grande quantité, des tronçons d'arcs et
de flèches, des morceaux de calebasses et de poterie grossière,
enfin des fragments de ces instruments en bois, en forme de
couteaux, que j'ai trouvés aussi dans les cimetières et les ruines
de la Quebrada delToro, et qui sont communs dans les sépul-
tures de la Puna de Jujuy et de Calama.
Les flèches étaient toutes en bois, avec pointes également
en bois; leurs hampes faites des tiges très droites d'un arbuste
dont la moelle est tendre comme celle du sureau européen.
L'état spongieux de la moelle permet de l'extraire facilement
de la tige, transformant ainsi la partie supérieure de la hampe
en tube où l'on insère la pointe. Ces flèches sont faites de la
même manière que celles du cimetière de Calama, dont un
spécimen est reproduit y?^. 163. Le bout postérieur est poui-vu
d'une encoche pour maintenir la flèche sur la corde de l'arc et
de pennes collées et attachées au moyen de tendons. Devant
les pennes, la hampe est décorée d'anneaux peints en noir. La
598 \Mini ITKS DK I. \ HKGION ANDINK.
luf. I J I h. i, j, montre trois pointes en l)ois, de différentes
lornies; h est entière, tadins qui* i «t / ont leur partie |M)sté-
rieiire cass<'*e. La |)<>inte i est de la nièine sorte que celles si
coMMiiiines à (ialania. La point»'/ <'>t iclrntiipir à uni' jwiinte
<li' llrclir rn l>ois, de (^a.sal)indn. piihlicf piir M. Lrliiii.iiin-
\ils( lu- ,210. I' 3;. |.l. IV II 8 ; cet aiilrur »'ii doinn' d'autres «le
dillfn'ules formes, du uuMne endroit. .!♦• n'ai pas tn)uvé à
SaNatrdi' pointes en pierre, ce qui esl i-tiinuant, carces |M)intes
ne sont lias rares à Cas;d)indo, situé très |)res i\v SaNate; à
Ourta ri à Purarà d«' liiiiconada, dans la nn'nn' n*;;i<»u, il n'\
a (jur d«*s ll»Mlies à |M»inl»' en pierre.
La /In. I "J 1 a monlrr l'un i\v ces «rout»'au\- m l>ois, pro-
liaMeuirnt des inslrunirnl> d'aj^riculture, si Ireipu'uts dans
toute la réf;ion. La distance, en li«;ne droite, ««ntre les deux
extrémités de cette j)ièce, est de «"iio; elli* rst lait<* en lH»i>
dm, l)l:uM . pi-ol)iil)l«'iurut (le Pmsifis allni , (irisch.; elle est
poinlur, mais non t imih liaiitc. I.:t Im me de ce s|)écinH>n dif-
jen» un niii «li- crlle des «couteaux - dr la Ourhrada del l'oro,
//</. 7^ h, ( , ( . ••! dr (ialaina, /if/ KiS h, c ••! I(i9 /; mais il v
a>ait à Sa\ate éj^alemenl des Ira^^ments de «couteaux ■ s<* rap-
prorliaut de ers drruii'rs.
Les aif^uilles à coudrr, fuj. l'}l I, , l, p(»urvue.s d un «lias, dut
l.i iiH'iiic loi iiir (|u<' nos aij^uilles à cou<li»' dernes. La |)n*-
mit-rr a o*" i<>() ri l.i (iiMixiènu' ()'"o87 de longueur. Une autre
send)lal)lr, pioNruaiil dr (ialama, t's[ re|iroduilr ////. I/'J c.
(ies ai^uillt's son! laites en l)oi> noir, tn-s dur et Iicn hirn |M>li.
Li* P. (iol)o 103. IV. |i. i63, dit (pu* 1rs indii mis du Pérou fahri-
(piai(*iit leurs aiguilles, (pi'ils iioiniii.nriil riradinas, d uin*
sortr d l'pinr, et M. \iiil)rosrtti 29. |>. aSs), en n'produis.'inl
uni» aiguille de Oasahindo, siipposr «iiir cell<»-<*i est lailr d'iinr
é|)im' de cactus, (iepriidant un examen inicroscopi(jU«>, «pic
je dois au D' A.- T. de Boclirhrune a démolit n* «pir les
ai«^uill«'s fir Sasale «'t de (ialama sont r\\ hn'is. \|. Thomas
Lwbank ,125. |»l \ ii • ». di-rnl ri rrproduit une ;^rande aif;uill<'
ARCHÉOLOGIE DE LA PUNA DE JUJUï. 59<J
en bois noir, d'une sépulture d'Arica; un bout de fil en laine
de lama était resté dans le chas de cette aiguille. M. Erland Nor-
denskiôld (269, p. 18, 3/i) a trouvé aussi des aiguilles en bois de
chonta ( Bactris sp. ) dans des grottes funéraires des Vallées de
Queara, province de Gaupolican (Bolivie), etdeCorani (Pérou)
au nord du lac Titicaca. Toutes les aiguilles préhispaniques
supposées épines de cactus sont sans doute en bois. On fabri-
quait également en Amérique du Sud des aiguilles en os et en
cuivre. MM. Stûbel et Reiss (340, i,pL 20,%. 61) reprodidsenl
une aiguille en os provenant de Ganar, dans la République de
fEquateur, et dont le chas est de forme rhomboïdale. M. Am-
brosetti (29, p. 232) figure cinq spécimens en cuivre, de la région
diaguite, et M. Nordenskiold (269, p. 18) trouva aussi, dans
fune des grottes sépulcrales de la Vallée de Queara, une ai-
guille en cuivre. Les aiguilles à coudre, pourvues d'un chas et
presque identiques à nos aiguilles modernes, ont été inventées
indépendamment par beaucoup de peuples primitifs de dilfé-
rentes parties du monde. Pour f Europe, les plus anciennes,
faites en os, proviennent de fépoque magdalénienne. Mortillel
(247, pi. xxiv) en reproduit un spécimen. De fw âge de bronze »
(larnaudienne) il y a de nombreuses aiguilles, mais peu par-
laites. Les aiguilles romaines, en os et en cuivre, sont égale-
ment assez grossières. Elles ressemblent plutôt à des passe-
lacets qu'à des aiguilles, et elles sont de grandes dimensions,
ce qui d'ailleurs est le cas des aiguilles préhispaniques de la
région andine. Cobo dit que les ciraciinas étaient largas mcdio
jeme y (jruesas como naestras colchoneras , horadadas el caho y muy
puntiagadas.
Dans la grande grotte funéraire de Sayate, j'ai trouvé une
autre sorte d'aiguilles, du même bois noir que les aiguilles à
coudre, mais sans chas et pointues aux deux extrémités. Deux
de ces pièces sont reproduites yf</. 121 m, n. Ce sont j^eut-être
des dents ayant appartenu à un petit peigne.
Les fragments de poterie — on pouvait s'en rendre conq)l(»
h.
600 ANTigUTKS Dt l\ HKCilON WDINE.
|).ir Irur foriiir — apparlfiiaicnt prescjue tous à des vases ou
il des éruelles de jMîliles dimensions. Les tind)ales |)n>s(|n('
cNlindriiino, d'enNiron huit à dix centiinrtrrs dr liauh'ur.
n'étaient pas rares; on >oNait éj^aleinenl de jM'tils plaU a>er
ans<*. Toulr relie polrrie élail ^^rossière, ni.tl ciiile, sans (h'ror.
Le seul Iraj^iiuMil peiiil (|iH' j'aie trou\eesl reprinluil /kj. I"^! ;I-
Ce fra;(nniil a lail partie du goulot d'une petite ciiulie v[
présente un miienient, en forme de main, |)eiul m imir.
La //</. 1*2 1 1 représente un fra^^meiil d un ohjet taillé en fçrés
vert siliceux j)ro\enanl de la «grande ^rotti'de Savate. Il e>l dif-
(irile d»* de>inei- (jiicHe ••l.nl la forme de cellr pirce (niand elle
était enliere.
.le n'ai pas riMicontré à Savate de jjhm ««s denlda<;<* en
pierre — les «crains des colliers des anci(>ns hahitants de I i
Pnna, — mais M. ral)l)«' lll^ueira me lil cadeau d un c(»llier
très intéressant , délaclie du «nu d une momie (pi'il avait trou\(*e
dans une «grotte d'inn* petite (piehr.ida situiM> non loin de celle
de Sayale. Ce collier est reproduit fuj. l'Jff, n' IS, et d«'( rit
pa«(e ()'j~. Il est composé de Iroi.s >orles de perle>; la plupart
sont de lon«;s c\ lindre> perlores, laits d une nudie d'une jolie
couleur \ert-j)omme r| 1res bien |)olis. Celte roche est fort rare
et c'est la seule foi> (uie y i .m \ue cmplovi-e pour i.ure de>
pièces d*en(ila«;e. h. mires cvlindn's plus courl>,<lu même col-
lier, sont en a«;ate jaune /.onée, et un cslindre iormant jM'ude-
lo<pie est en sodalile hieue. Le collier est remanpiahie |Kir la
cordi'Ielte vu laine de lama servant à réunir li'> |)erles et (pii
s'i'Nt conservée intacte. I'!lle n'es| pas teinte; elle i «insirN»- l.i
couleur naturelle de la laine.
Kn dehors de la grande j^rotte dont je viens de décrire le
contenu, j'en ai examiné deux autres situées l'une à une cin-
«piantaine de métn*sde distance et l'autre du côté op|>osé de la
(^)uehrada de Sa\ate. La |>remiere. aussi lH)!de\ersée par les
chercheurs de trésors cpie la «grande «^rolle. était de dimen-
ARCHEOLOGIE DE LA PUISA DE JUJUY. 001
sions beaucoup plus petites que cette dernière, environ i°'6o
de hauteur, 2°* de largeur et i™5o de profondeur. Elle conte-
nait trois squelettes, dont j'ai rapporté le crâne n° 19, le seul
qui ne fût pas brisé; on y trouvait surtout des tronçons d'arcs
et de flèches.
La seconde grotte n'avait qu'un seul cadavre , intact et bien mo-
mifié, dont le squelette est figuré par le D'Chervin (99, t. m), sous
le n° 2 4. Le mort avait été déposé dans la grotte dans une position
tout à fait différente de celle des autres cadavres : il se trouvait
en effet en décubitus latéral; les jambes n'étaient pas repliées,
mais posées comme celles d'un homme couché sur le côté
droit. Ce cadavre était nu; je n'ai pas observé de traces de
vêtements, qui cependant, étant donné le bon état de conser-
vation dans lequel se trouvait ce corps, auraient dii exister
encore s'il en avait eu lorsqu'on l'avait déposé dans la grotte.
Aucun objet ne fut rencontré dans cette grotte, mais on voyait
à l'entrée les débris du mur qui l'avait fermée. Cette sépulture
est tout à fait irrégulière, si on la compare aux autres sépul-
tures de Sayate ou à celles de Casabindo et de Pucarâ de Rin-
conada. Dans des cimetières du Pérou, on trouve aussi des
sépultures exceptionnelles comme celle que nous avons décrite.
Ainsi, suivant MM. Reiss et Stûbel (308, i, pL 10, fig. 7), les momies
d'Ancon étant en général ficelées en forme de paquet, entou-
rées de plusieurs vêtements et enveloppes, on en rencontre
cependant par exception quelques-unes en position étendue et
nues ou enveloppées dans très peu de tissus.
En amont de la Quebrada de Sayate, il y a un monticule en
trachyte complètement percé de grottes, toutes fermées, comme
celles que nous venons de décrire, par des murs en pierre et
en terre glaise. Plusieurs de ces murs étai(mt intacts, mais
toutes les grottes étaient vides; on ne peut pas s'(«xpliqu('r
pourquoi on les avait closes sans y avoir déposé (h» cachivrcs.
Andenes. — Dans la Quebrada de Sayate, il ne reste presque
rien des anciennes habitations. L'Arroyo de Sayate a changé de
fi02
ANTIOI ITKS Dl. I. \ Hl.dinN WDINK
cours à une «''poinn' récente et a détruit beaucoup de \ieu\ murs
en pirca, dont on >oit encore des débris sur l'une de ses rives.
I^escullures divs Indiriis actuels ont aussi sans doute contribué
à faire di^parailn* b»auroup de ces constructions, et cv^i peut-
être là (pi'rtairnt situjM's jadis les demeures des babitants pré-
liis|)ani(pi('s dr la (jucbrada.
Le mortier /m. //<*>' (i, de o"' i T) de dianièlre extérieur ri
o"o() i\r bauli'ur, en {(rès rou<;«'àtre, y a été trouvé, ainsi
(Mif l.i pirrre à broyer fi(j. I IS l>, de o^ogS de diamètre el
o^o.'io dr liaulrur au cenlrr. Crlle pierre, en ^'rès roupie
siliceux, a la tiiém»' Innix- cpir celles dv (larbajal, décrites
pa«;e 'i(»K.
Kig. Il 8. — - Sa>ali-. «i , Mortirr rn pirrrr. h, l'irrrr à liroyrr. — i/i gr. imU
Mais, birii (|ii il iir r^•>^ll• (|iif dt'> vesti«;es insii^niiiants des
\i«'ill«'> habitations, nii xoil \r Imii; de I Arroyo de Savate di»s
terrasses |><>iii raj^riculliirr : andcfus \ Klli's couvrent le v«»r-
sant des ninntn«;iies (pii bornent la <pirbrada au Nor<l el éj;a-
Irnirnl tiiir p.irlir incliîirc dn sol, ,-in j)irr| de rrs iiioulaf^nes
'*• 1^ mol iM>|ta^nol aniien vs\ . rnron*
ilr nm Joim , t'iiiptuM* an FVniii el en
iWilivie |K»iir «li-^i^iuT Iim nnrirnnr» Iit-
ra&v« (ii>«linrr« n la iiilliirt*. (V-nmiInnl
Ir» hi«|iin<i^'ra|ihi*«, mmmr (ianilAV) de
la Vega ri Monlrsinm, vntpinicnl ce mol
non M>ulrnirnl |w»ur «lôsignor rrl|p»-ri.
iiiai« aiiAfti |Miiir \v\ |prni««r» <lr<« lotir
n*»<M>« «le» lnr««. Ain»i Monlr^ino* (341.
r. tu. p. «i' parle irnno f«»rt«'rr*»e n»er
anêenet tpie l'Inra Tilu-Yii|Mn«pii fil r«tn-
*lniire |K»iir v (If^lrniln* contre une in»»
^ion lie» Anii» el d'aiilret ennemi». ( hi
«lil auMÎ : • letandene» ii'OllanUyUmlM>*.
I.e mol qnirhiia |M>ur •lerra%»e* ou • fCra-
ilin • r\\ pola.
I
ARCHÉOLOGIE DE LA PUNA DE JUJUY. G03
et de celles du côté sud. L'angle d'inclinaison du versant est
de plus de 3o degrés, et je calcule la hauteur de la montagne
à 25o ou vSoo"'. Du pied jusqu'aux deux tiers à peu près, le
versant est transformé en gradins de 1°" de hauteur et d'une
largeur qui varie suivant les accidents du terrain , mais que l'on
peut évaluer en moyenne de 2 à 3"". Des murs en pierre sèche
limitent à l'extérieur ces terrasses, retenant la terre dont elles
sont composées. Les terrains du fond de la quebrada, au pied
des montagnes, n'ont qu'une faible inclinaison; aussi les ter-
rasses y ont-elles jusqu'à 10"* de largeur. La différence de
hauteur entre une terrasse et la suivante y est de moins de i"".
Les murs de ces andenes présentent, à certains intervalles,
des ouvertures laissant passage à l'eau. L'ouverture d'une ter-
rasse ne se trouve jamais directement au-dessus de celle de la
terrasse suivante, mais toujours loin de cette dernière ouver-
ture , de sorte que l'eau devait couler le long des terrasses avant
de rencontrer la sortie menant au gradin inférieur. Ce système
de conduits semblerait indiquer une irrigation artificielle par
canaux, dont l'eau proviendrait de l'Arroyo de Sayate. Mais je
n'ai pas trouvé de traces du canal principal par lequel devait
venir cette eau , et il me semble d'ailleurs impossible qu'on ait
pu l'amener à de pareilles hauteurs. Certainement, les Indiens
préhispaniques du haut plateau, notamment les Péruviens,
étaient des constructeurs très habiles de conduits d'irrigation
— ace^uias en espagnol, — mais pour la Quebrada de Sayate
je n'ai pu me rendre compte de la possibilité de ces canaux.
D'ailleurs, tous les andenes de l'ancien Pérou n'étaient pas
arrosés par des canaux d'irrigation. Dans une relation de Don
Juan de UHoa Mogollon (359, p. 46), sur les CoUaliuas, nous
trouvons un renseignement précis à ce sujet : l'irrigation arti-
ficielle par canaux n'y était pas en usage pour les andenes.
La pluie n'étant pas actuellement suffisante pour permettre
une culture sans irrigation artificielle, il reste deux hypo-
thèses : l'irrigation par feau apportée à la main, ou un change-
ment de climat.
604 ANTIQLITKS l)K LA IIKC.ION VNDINK
Bien (|ur M. von Tscliudi 357. |». i; î,upjX)se que les aiidencs
péruviens ainit été*, en «général, arrosés à la main, en appor-
tant l'eau (\t' loin flans des récipients en terre cuite, il ne me
parait pas prohal)!»' rpi'on rùl pu h* laire à Savate, il aurait
lallu pour cela une |H>pulation l)('aucou|) plus nombreuse que
celle (pi'a pu contenir cette p<'tite qurhrada à l'éjXMpn» |)réhis-
panicpu', et (pir (-rll*- (pic (li'iiiontre le nond)re (\r cada\res
contenus dans les j^rottes luneraires.
Reste riiv])otlieM' d tiii clian'^rmrnt dr climat. Les jurandes
CultuH's df Savate nu- .send)ient , en eflet , indiipu'r que la iduie
y était plus ahondantf il v a (pn'l(pn»s siccirs (pir de nos jours.
Kn parlant, paj^e S/'i, du climat des valler> d»* la réj;ion dia-
«;uit«', j'ai mentioinié des faits prouvant que là aussi la (niantitc
dr pliiir a diiniinii* ri dimniuc nicor»', ri jr suis convaincu
«|iM 1. iiiiiiir phénomène .se produit dans la l'una. Dans ce c^is,
1rs h-.Mi's de (niidiiits diMii rt'iM'ont rér> d.iiis 1rs Irrrasses di»
Sayale srrait'nl des ouNrrtures prali(ju»'«'s dans les murs pour
lain- écouler, d'un «gradin à l'aulre, le Irop-plein des eaux de
pluir. On en aurait ainsi profile pour arroser les cultures,
m rtiriiani sur les terrasses, pcMulant un certain temps, ces
eaii\ j)i(»\rn.iiil eu ^M'néral d'averses xiolentes et qui, sans les
amirnrs, aiii.iHril smim Imr clieniiii ii;»liirtl directement vers
le ruisseau du fond (\r la (luchrada.
Ouelles liaient les plantes (pion culliNail sur \vs andvncs de
Sayale.' Dans les droites funéraires, on trouve des épis de maïs
si lre(|uemnMMil et en si «grande al)ondanc(> rpTon ni' peut sup-
jMiser (pie les Iinliens preliispa!ii(ju(>s aient apporte toutes leurs
provisions d«' cette céréale de la terre basse, c'est -à-clin» des
vallrrs de S.ill.i ••! (\v .lujuN nu «les oasis du Désert d' \Licaina.
l'it le maïs étant , jadis comiiM' de nos jours. If principal ali-
mt'iil rlis Indiens du li.nit piileau, lellr <*éreale devait sans
doute être fa principale plante cultivée sur les lerras.ses de
Sayate, d autant plus (jurlle jiousse aujourd'hui justement dans
les vallers très al)rilees ctmnnc celles dr Savate «'t de (iasa-
oiiiïlo, fpioique li-s crains n'y mùrissi'iit pas et hien que dans
ARCHEOLOGIE DE LA PUNA DE JUJUY. 605
la Puna elle n existe que dans ces vallées. Les autres plantes
alimentaires qui pouvaient exister dans la Puna de Jujuy à
l'époque préhispanique sont le quinoa, les pommes de terre,
les haricots, peut-être Yoca. Mais ces plantes n'avaient qu'une
importance secondaire, et, d'autre part, leur culture réussit
sans anclejws. Au surplus, selon les historiens, ces terrasses
servaient, au Pérou, surtout à la culture du maïs. Nous devons
donc admettre que les aiulenes de Sayate étaient destinés à
cette dernière culture; cette hypothèse si vraisemblable indique
que le climat était plus chaud autrefois qu'à présent.
En voyant les andenes, on se demande pourquoi l'on a con-
struit avec tant de soin des terrasses destinées à la culture. Les
raisons en sont très claires : dans les étroites vallées entre les
montagnes, il n'y a presque pas de terrains horizontaux, et ces
terrains, qui ne sont auties que de petites bandes çà et là
auprès des ruisseaux, sont en général saumâtres et par consé-
quent imj)ropres à la culture. Les plaines du haut plateau
sont, comme nous l'avons vu, complètement arides. Ce n'est
que sur les pentes des montagnes que l'on trouve un peu de
terre végétale, produite par la décomposition des rares plantes
qui y ont poussé. Ces circonstances expliquent sulFisamment
la raison d'être des andenes.
Les andenes de Sayate sont construits tout à lait de la même
manière que ceux du Pérou, dont tous les voyageurs nous
parlent et dont M. Wiener (377, p. 172, ly."^, Z-^W) a douiié de
bonnes descriptions et une bonne figure. Dans une réceute
publication, M. A. F. Bandelier (52,p. 45o) décrit les andenes
des environs du lac Tilicaca, dont l'énorme étendue a tou-
jours fait supposer une population très noud)reuse au lenq)s
des Incas. Mais M. Bandelier observe que les Indiens n'em-
ployaient pas d'engrais pour leurs terres et qu'ils les laissaieul
reposer pendant une période variant de un à dix ans. Tous
les andenes n'auraient donc pas été cultivés en même temps,
et le calcul de la population préhispanique basé sur leur
étendue diminuerait considérablement. Cett(* information est
OOf. ANTIQLITKS DE LA REr.H»N WDINE
aniiiiVLM* par lr> rciisci^iKMiK'nts de M. Krland Niirdeiiskiuld
263. p. io5) sur les cultures des Indiens actuels d»- l.i \ illir dr
Qut'ara, (lui laissent leurs terres se re|X)ser |)eiidant cincj (»u
six ans entre rliacint* période (!«• culfnn' d'une dure»' de trois à
(luatrr ans. (!rs ohsirNations ni«*ritinl drtr»' prises aussi en
ennsidi'ralion pour Savair ri sa réj^ion, si l'on vent essayer de
calcidrr son anci«*nin' po|)ulalion d'après l'élciMluf dr> (uulcncs.
Suivant \I. I>iindrllrr, l« ^ liidinis du Tilicaca construisent
rncore des andenes, <'l , dans les Ordmancas del Pcru AS. I. n, lii. u.
ord. xxv; fol. iA8), nous trouvons un décret du vice-roi Oon Fran-
cisco de Tulrdo, par li'cpirj il ordonnr aux alradrs de niain-
trnir en hon rial 1rs < Iuk ras de (indcnrs andriies |)nnr la rnllurr
de mais] , cecpii drinontri'ipi au Pérou les lvspa';nols proiitaient
des anciennes terrasses. De nos jou^^, on i\v construit plus
lïandrni'S dans la l*iiii;i ar«;<Mitinr ni dans la réj;i(>n dia«;uite.
fitw ANTIQl ITKS I)K L\ HfcCilDN WhINF.
Tir.. 119. SaYATK. Tisses PROVKMVNT D*C \K GROTTE rt'XKIl\IRK.
(Inulenn.
\* I. Ftiiid jauin-. Haies iurgi's : liniii fonrc. Haio |)hi> «tmilfs, rassein-
IiIi'ts par Irois : nuij;r au iiiiiiiHi. avoc hurds hriin foiio-. (.ouliin* Cfiilrali- :
roiig)'. I^trfi siiiW^ricur surfila : rougr à droilo de la coutun* r4>iilrai(>; bleu à
gaurlir.
V 2. 1^ coulure centrale (|ui rasvinble d«*u\ lé.s d elolTe est faite Av lil
rouge, vert i>t jaune. I^s couleurs des raies de letofTe alternent à paiiir de
la rniiture renlrale mts la gaiirlir ou \rrs la dmite, dans lUrdr»' suivant :
l>nni li)n<'<'*, jaune, Imm elair. imu. jiiiiiii-. brun clair, bnni lonr*'*. jaune,
brun clair, noir, jaune, etc.
N* 3. Le dessin de ce tissu est divisr en tniis parties qui se r«*pètent. Kn
coinnienrant du côté gnucbe de la ligure, la prenuèr(> de ces l>aiides est
composée de carrés contenant d'autres carrés plus petits; les couleurs sont
jaune fl bnin loncé.
\m deuxième bande. \i\ plus large, a un fond rouge, sur letpirl est répété
trois fois en forme de bandes le dessin (pie montn* la figure, com|K>s«* de
triangles \rrt clair et de |>«tilrs iigiin>s tridi-nlérs, de petits cariV-s et di* |vlils
rrrlangles jannes. Tiuites ers ligures sont réunies rntre elli's par des ligne>
d'un*\eii plus foncé.
I.i troi>irnie bande est composée de rarn'>s jaunes et brun fonc*'* nlti*rnanl
comme les cnsrs d'un «'cbiipii«'r.
.\prèv r.fi.' troisième bande, on nlioiivi- la «leuxieme. piii> l.i pi<-
mien».
l'Iiot. G, Hij^ar
Savate. — 'l'issu provenant d'une grotte l'uncrairc.
'/} «r. liât.
Pl. xlix.
Fi?. I20. — Savate. Crocliets en bois, provenant de grottes funéraires. — ^ 7 ?•". nal.
Pl. L.
'3 gr. nat.
+ t
C
k I
m
'/2 qr. nat.
I''ii
Sayalc. a-r, li-ii. Divcis ()l)j(ts m hols. - /. Kriii;mriil (riin i)li|«l en pinii
f/. l''r;iL;iiiciit (Ir polcrii' |)cirili'.
QUEBRADA DE RUMIARCO.
Un peu en aval des grottes funéraires de Sayate, un sentier
conduit à travers les montagnes du côté nord de cette que-
brada à celle de Rumiarco'^^ ou de Asuera. Je fus amené à faire
une excursion dans cette dernière quebrada par les renseigne-
ments des Indiens disant qu'il y avait là une grande grotte oii
l'on trouvait beaucoup d'ossements. Je fis des excavations dans
cette grotte naturelle, creusée par les eaux dans un rocher de
trachy-andésite altérée. Le sol était couvert d'une couche d'au
moins o™5o d'épaisseur, formée par les excréments des trou-
peaux qui, encore aujourd'hui, cherchent dans cette grotte un
abri contre le mauvais temps. Au-dessous de cette couche se
trouvait une autre strate, de o"'o8 à o*" lo d'épaisseur, com-
posée de petits fragments de roche détachés du plafond et
mélangés à des excréments; elle était tellement dure, qu'il
fallut employer la pioche pour la rompre. Elle recouvrait un
dépôt de débris laissés par les hommes qui avaient fréquenté la
grotte avant la formation de cette couche solide, et com])osés
de fragments de poterie grossière, sans décor, de monceaux de
chaumes assez bien conservés, d'os brisés et fendus de lamas
et de huanacos, de morceaux de bois, etc. Un grand fragmeni
d'un tissu grossier et épais en laine de lama et un bout de corde
en fibres végétales furent les trouvailles les plus intéressantes.
Malheureusement, aucune des pièces rencontrées ne permet
de juger, avec quelque vraisemblance, de l'âge de ce dé])ôl
de débris, mais la corde que nous venons de citer ne parait
pas être de fabrication moderne, ce qui tend à faire croire
que les débris proviennent d'un temps reculé.
Près de cet endroit, sur le haut d'un monticule d'accès assez
''' Lv nom, compose des mois (niiclim clans cellt- quebrada cl qui a clé fonno
rumi = pierre, el espagnol aveu — arc, parles eaux dans la roche lrachyli(jue.
provient duii arc naluiel tjui se trouve
lilO WIIOIITÉS DK LA HK(.I(>N \NniNK.
(HHicilc*, j«» trouvai un «;rau(l iionihn» d»' petites grtittes avec
uiH' clôture |)arti('ulii'rr <-oMi|>osée d'un mur en |)ierre ri eu
mortier d»* Irrrr ^dai>r, irrmant r»nlnM'. Dans ces murs, on
Novail i\t' nrlilrs j)nilrs, <!«' o"'4o de liauteur sur O^So de
larj;rur, riicadnM's dr dciiv j)iern's |)lates posées verticalement
et surmonli'es d'uur autre pierre plate horizontale. Ces murs
élairnl intacts. L<»s niisniures sont liii|» prlilcs |)<iur pt-rnirtlrr
IrnlnM- d'un linminr siNaiil ou d un ( ;i(l;«\ ir. (.es jx'tites «grottes,
d'rn\irnii i mclrt' d.nis tnus les sens, n'axaient donc jamais
servi de sepulturcN. Kllrs contenaient une cpiantité considérahie
de maïs à moitié man«;és par des ron<;eurs. (.vs «grottes d'épis
oui |M'ul-èlre servi de «^arde-man«;er. Les Indiens |)réliispa-
ni(jnes y auraiejït caché leurs provisions de maïs afin d«' les
mellie, l'ii lriii|>-> df t^iifiTe, à l.ilui de^ Irihus eniuMuies ou
pour .i\(>ii Iriif .snhsistaiice assurée s'ils étaient, |)our une
raison nu iMif ;hi(ii', ohli^n's de se cacher dans hvs montagnes.
A cette sorle de j(arde-man«;er doivent appartenir les grottes de
Casahindo, de même coiislrnclion , meiilionnées j>ar M. von
liosen 316 |>. s , .liiisi (pn* < elle^ de liincon.ida et de Sanjuan-
maNodonI parle M. \ud)roselti '23.|>. M(i. La snp|H)sition de ce
deiuni (pif les grottes anxtpu'lles il l.iil allusion seraient des
sépultures \ides n'est pas vr.iisemhlaMe.
IMiis Iniii, \ers riiiN'neiir de la Oiiehrada de Itumiarco, |'ai
rencontré, dans un tenaiii |mu mm line, d anciiMis umicnes, uti-
lises anjonrd hni par h's Indu'ns actuels |M)ur cultiv<*r (h's fé\es.
Des ^i<>ll«'s liineraires exislaieni aussi dans une haiile nuui-
ta«;ne dans la (Juehrada de llumiarco, mais les clierriieiiis de
trésors avaient |)assé |)ar là, et tout était détruit.
CASM'.IMM), ( ()(;ill\()( \ Il I.KI HS i:nmiu)\s.
Toute celh' le^Mon est cc>u>erte (h' ruines, de j^rottes tuue-
rain's et d (inilrnrs, tels cpu* ceux de Savate nur nous axons déjà
d/'crits.
D après l'ahhe l'il'^ueiu. les principales ruines des eiiviruiis
ARCHEOLOGIE DE LA PUNA DE JUJL'\. 011
de Casabindo se trouvent à Piiebio Viejo, à environ ib^"" au
sud-ouest de ce village, et dans un endroit nommé Doncellas,
situé au nord de Casabindo.
Pueblo Viejo est une grande agglomération de vieilles con-
structions en pirca situées sur un plateau escarpé, d'environ
So™ de hauteur au-dessus du thalweg de la petite Quebrada de
Sorcuyo. Ce plateau est à peu près inaccessible. On ne peut
arriver aux ruines que par un seul chemin de i™ de largeur,
composé de gradins formant une sorte d'escalier. Aux environs,
il y a des grottes funéraires et des andenes.
Les ruines de Doncellas se trouvent aussi sur un plateau
escarpé qui n'a qu'un seul accès. Je n'ai pas indiqué ces ruines
sur la carte archéologique, car je ne connais pas exactement
leur position géographique.
M. von Rosen (316, p. 8) a vu, à S""" au nord-ouest de Casa-
bindo, dans une quebrada, les restes d'anciennes constructions
en pirca, « toutes de forme circulaire », forme qui est rare dans
les ruines de la Puna. Quant à la comparaison que fait M. von
Piosen entre ces ruines circulaires et une case de la même forme
construite par les Indiens modernes (j^iV/., pi. m, 2), il n'existe
très vraisemblablement aucun rapport entre cette dernière et
les ruines préhispaniques. Les huttes circulaires construites par
les Indiens actuels de cette région, sont en effet, tout à fait acci-
dentelles; je n'en ai vu que quatre ou cinq pendant mes deux
voyages dans la Puna, et je me rendais très bien compte qu'elles
étaient provisoires, faites en toute hâte; on leur avait donné la
forme circulaire parce qu'on n'avait pas de l)ois et que la con-
struction circulaire était plus facile qu'en la forme générale
rectangulaire. On ne peut donc considérer ces huttes comme
une survivance de l'époque préhispanique. Au contraire, les
Aymaras habitant entre les lacs Poopo et Titicaca construisent
encore de nos jours habituellement des huttes rondes. Mes
collègues de la Mission Française, dans lenr voyag(; vers le
Nord, ont rencontré les premières de ces huttes aux environs
d'Oruro. Suivant M. Forbes (135, p. 254), les Aymaras «ont des
012 \NTIOMTF> I'» l.\ liH.loN ANDINK
huttes circulairi's ou (>\al»*s, (jurltjui'lois rt'clauj^ulairt's. Ces
cas«»s sont l)àti«'s m picrn* avrc (!«» la Irriv «;lais«* roui un* uior-
li«T; h' toit isl <l«' cliauuir. l'orlx's, à Sautia«;o de Marliara,
.i\ait liahiti' une de res ra^'s, dmit la |K)rte n avait (jue S pieds
de liaulrur ••! i .") |K)UCI's au^dais <!«• I.ir^'eur.
Les versants des montagnes eniennant l.i (|u«'l)r.ida où sont
>iluées les ruines décrites par \l. nom hi»N«'n snni «ouverts
(Wimlfiirs.
Non loin, dans une j^rollr limrraire. M. nou liosen OlS.p. 9)
a nMM'oiilrr une <'()r;ie (\r hirui cl les déhris d'un couteau en
fer à nianclir de hois. Si ces ohp'l.s se trouvaient en ellet eiiv»'-
lopjM's dans les \étenieiits d'un cadavre intact, ce serait là une
nreuN»' coiicluaiil»' (jwc les «;n>llr^ ont continué à être ein-
nlovees (oinine sépultures à ré|NKpie espa<;iiole, mais si la
<<»rne et le conlt'jn niit été siniplenniil li(»nN«'> auprès des c^i-
da\res dans la «(rollf, lU p()n\;iifnl .lussi hnii y avoir été intro-
duits après. \'.\\ ellrl , pre>(jne Innlrs ces grottes lunéraires ont
cil' «ni\rrte>, >iiion par les ciienlieurs de trésors, au iin)iiis jiar
(piehpir Indirn (pii a peut-être reli'nné ensuite le iiiur d'en-
trée, (\r priir d'être cliàlie j>ar l'aiin' du n'douté antiguo. Ce-
pendant riivpollièse d un a«^e n»lali\»ni('nl nindernp de ces
sépultures est Inrl \ iMlsrnd)lal)li'. Pour !•• ciinetiénMle Calaina ,
l.i présence daii^ niir sfpullnr»' diin \\\ de 1er servant à n'»|Ki-
rer une pelle en bois lendue prouve a Tevideiice cpie certaines
tonihes de ce rinirtièrc sont postérieures à Tarrivce des Kspa-
^iiols.
Dans les en\ irons iiniuediats de (.asahindo, il \ a beau-
coup i\(ui(lrnrs. \l. mmi Hosen 318. pi. i\. i donne une bonne
pliolo<;r.iplu«' d une parln- du versant d'une iiiouta^ne cou>ert
de restes de ces terrasses. L'auteur les appellr uiujalum terraccs,
mais celles cpn» j'ai vues à Ca.sabindo ii'onl pu, encon* moins
(pii' celles de Savate, avoir d»»s canaux d irn;;alion. Kn x'uaiit
de la plaiiu' des Salinas Grandes, à I enin'r dr la |M'tite vallée
où est situe le village actuel (lf> ( iasabindo, on Noit même une
petite nmntagne com|)lètemenl isolée qui est couverte (Van-
ARCHEOLOGIE DE LA PUNA DE JUJUY. 613
denes. Il aurait été tout à fait impossible de conduire l'eau d'un
ruisseau au sommet de cette colline. D'après ce dont je me sou-
viens, c'est justement cette colline que représente la photogra-
phie mentionnée.
M. von Rosen (316, j». 3 ei suiv.) a décrit sommairement les
grottes funéraires des environs de Casabindo qui furent fouillées
parla Mission Suédoise'''. Elles ressemblent tout à fait, comme
position et comme contenu, à celles de Sayate et de Pucarâ de
Rinconada que j'ai examinées.
Le D' Max Uhle a effectué, aux environs de Casabindo, des
recherches dans les grottes de la Quebrada de Tucute, près
des ruines de Pueblo Viejo, et à x\gua Galiente. Il en a rapporté
au Musée royal d'ethnographie de Berlin une belle collection ,
dont les crânes ont été sommairement décrits par M. Virchow
(373), qui en a trouvé 64,7 P- ^^^ ^^ brachycéphales et 35.3
]). loo de mésocéphales, mais pas un seul dolichocéphale. Sur
124 crânes, 1 1 7 présentaient des déformations artificielles des
catégories les plus diverses : Natchez, Flathead, Longhead,
« Tête trilobée ».
Le D"^ Seler (327) a publié une note sommaire où il énumère
les principaux objets ethnographiques rapportés par M. Uhle.
Ils sont en général identiques à ceux des grottes funéraires de
Sayate, de Pucarâ de Rinconada et du cimetière de Calama.
La collection est spécialement riche en objets de vannerie et
de corderie. Des cordes très diverses en laine de lama et en
fibres végétales en font partie. M. Seler mentionne un fait
curieux : il y a des morceaux d'une certaine racine noués
dans un grand nombre de cordes, parmi lesquelles quelques-
unes sont attachées à des crochets en bois, tels que ceux que
nous avons décrits à propos de Sayate. Ces morceaux de racine
ne peuvent y avoir été placés que dans un but mystique ou
superstitieux. H y a également une douzaine d'autres cordes
dans chacune desquelles sont noués une oreille desséchée et
'"' Ces fouilles ont été faites par (|iip jV'Iais absent, on voyage pour San
MM. Nordenskioid et von Rosen pendant Antonio de los Cobres et l'Acay.
11. ''10
i,ii WTIOl ITKS DK I.\ I;K(.IoN WDINK
Il II (lnii:l (If lama dont on a enie\e \v sabot. Ces drriiières
cordes lurent loutrs trouvées dans la même i.Totte. A uno
de ces niècrs est nttarlic un couteau en cuivre (!»• la mèmi'
rornic (|Ufî celui (jur j'ai renconlrr à Quêta (y/*/. /l^V A).
M. Dhle trouva à (iasahindo des fl«Vhes à piinte imi os et d'autres
à ix)inte vi\ silrx, ce (|ui sendiie prouver (jur U's dru\ sortes
rtainit contemporaines.
\ii\ examinant à IJerlin la coilrt lioii dr \l. Uhle, j v ai trou\é
deux objets très intéressants (jiw M. Soler ne mentionne pas :
deux clocbes en bois exactrmnit de la mémr lorme cpie cellr
de (ialama, décrite j)lus loin rt reproduite //(f/. //.), mais qui
n'ont (nu* les deux tiers de la f^randeur de crttr dernière. Les
dcM-lies sont cataloguées sous les n^'X . \. i i.)<».)tt\. \. i i.S/|G,
il proviennent l'une de Taranta cl l'aulu' d»- la (hn'brada de
Tucnlr.
Dans cette même collcctinn [i«(un'nl (lr> pLupirs circulaires
et rcctanj(ulairrs en cuivre, l ne pLupie de celle dernière forme,
trouvée par M. l hie à iiio Negro, près de (iasabindo, e>l lii^u-
ré»' par \I. Viiihrnsetti 29. p. 375). d'aiirès une pboto^rapbie cpii
lui a été comiiiiiiiKpK'i' di- Berlin. (]ett«' placpie est ornée à sa
partie supérieure d'une tel» Inimaine et de deux animaux raj>-
pelant l)eaucnii|) la visradin de la Puna Ijuiidnim prruviantim,
Cuv.]. On connail dr la Piiiia de .InjuN diMix autres placpies
décorées en cuisrelondu, lesquelles ont ete publiées |)ar M. \m-
brosetti 23, j». iS. 19 •■( 29. |>. i(»h. a8^ . Ces deux pla(]ues sont de
lorme circulaire et proviennent, suivant 1 auteur, de (iasabindo.
L'un di' ces dis(pn*s est très «;rand, de o*.'^!.') de diamètn*,
décoré d'un donbl»» serpent formé en reliel dans l.i lonte même.
L'autre s|M'cimeii, de n"'H de diamètre, présente un animal stv-
iisé, probablement un crapiiid mi niu* grenouille, dont le
corps est orné d'une croix, comme les animaux similaires
qu'on voit peints sur ries urnes lunéraires de la région diaguite.
\\. Lebmanii-Nitsclie (210, |>. 1 ^. |>l. n. ■'^«•i reproduit également un
dis<pie en cni\ re, de o^o-M de diamètre, sans décor, niaisc«»usu
dans une en\elo|>pe de p<'au. Cett<* pièce provient aussi d une
ARCHEOLOGIE DE LA PUMA DE JUJUV. 015
grotte funéraire de Casabindo. Enfin, Tune des momies de Ta-
ranta, dont nous allons parler, porte sur la poitrine un grand
disque en cuivre, sans décor. Etant donnée la rareté, dans les
grottes funéraires de la Puna, des objets en cuivre, décorés ou
d'une facture compliquée, on est tenté de se demander si ces
spécimens exceptionnels n'auraient point été importés de la ré-
gion diaguite ou du Pérou.
M. Ambrosetti (23, p. i4) reproduit une photographie de
«quatre momies trouvées à Humahuaca, avec tous les objets
qui les entouraient dans leurs sépultures». Or ces momies ne
sont point de ïfumahuaca. En effet, cela est impossible, puisque
le climat de Quebrada de Humahuaca ne permet pas la momi-
fication naturelle des cadavres. Ces momies furent découvertes
par M. Advertano Castrillo, commissaire de police à Huma-
huaca, dans des grottes funéraires à Taranta, à cinq kilomètres
environ de Casabindo. M. Castrillo les avait exposées à Jujuy,
où l'on pouvait les voir moyennant un prix modique. La photo-
graphie fut prise à ce moment- là. D'après ce que m'a dit
M. Castrillo lui-même, les objets qui entourent les momies ne
proviennent pas tous de leurs tombes. Il avait en effet, poui'
rendre son exposition plus importante, réuni des objets d'un
peu partout, et même y avait ajouté quelques pièces appartenant
aux Indiens actuels. Les « momies » furent achetées à M. Cas-
trillo par M. Waldi, commerçant en peaux de chinchilla, qui
les vendit à M. Uhle pour le Musée de Berlin.
A Taranta existe le seul pétroglyphe que l'abbé J^'ilgueira ait
pu voir pendant toutes ses excursions autour de Casabindo. 11
est principalement composé de lamas figurés avec des traits
droits comme la plupart des lamas des pétroglyphes. On y
remarque aussi des figures circulaires de la même forme que
celles de la grotte de Chulin , fi(j . 195, ii" i, mais peintes en
rouge, au lieu de blanc comme à Chidin.
Le catalogue descriptif et illustré des collections de la Piina
au Musée de La Plata, publié par M. Lehmanii-Nitsrlie (210),
nous fait connaître de nombreux objets trouvés (hins les groltes
'lO.
GI6 ANTIQIITKS l)K LA HK(ilO\ VNDINK.
luiu'Tairfs par un «Miij)lové de ce musée ou aciirtés à des liahi-
lanls rl«- l.i H'^^iou. l'anni ces objets, il v en a l)(>auc()U|) (h*
Casahiiitin. M. Anihrnsrlli 23 rr|iro(liiil |»lusi(Mir> ohjt'ls li«(U-
H's par M. Lrliiiiann-Nilscln* *'[ ri\ dri rit (picl(|ti( ^ aiiln ^.
(.rs piiTfs, rrllt's a|)|)artenaiit aux colKctnms drj;i ciliM-s ri
rclli's trouvées jM-ndant mon voyage dans la Puiia ou |)roM'naiit
(lu « iinrtiiTe d<' (lalama se ressemhli'iil Imilt-s. L'imilr arcliéo-
lo^Mcjur i\r rrttr «;rand<' réj^ion est rriiiar(pial)lf.
1,1 /OUI' lra<livli(|in' dr (iasahindn •! dr Sa\alr contenant
drs «^rollrsluncraires i'nI très grande. Aux environs du HiuCîuai-
razul il «'xistr rricorr cir ers «^rottrs intactes d'aprôs l«*s rensri-
gnrmnits rjui mont été donnrs par Ir capitan t\v Suscpu's,
rens»'i«;nrnnMits confirmés par des liahitants dr (.ocliinoca. I^e
mémr <ai>ilan m ;i pari»' é«;aleineiil d un «^rand nonihn- (\r c.i-
(l;iMt'> lYanliiiitiis (pi'il a\ait vus dans les j^rottes d un pioloml
canon rnlff dt-^ iocIuts «ii Ir.nlislc, .1 mi nidroii noinnir
Penas, a Iniirsl du ilio (ïuaira/.ul ri a (>ii\iron 3J^" au nord
df Siis(|iir.s. Il N aur.iil, aiiprrs dr ers cadaN r»'s, des |)ol«'ri<'s ri
des priirs ru pirrr»'. J'ai iiidicpir rrs deux rndroils >nr la rarir
ar('ln'olo«^i(pir; IN'ûas, (pii ne ji«;un' sur aucunr rarlr, a élr
placé suivant 1rs rensfijj^nriin'iils du caintan de SuMpies. Il ni»'
lui impnsMJ>|f di- \isilrr ces jocalilés, car une excursion rn
ces li»'n\ (li'p<inr\u^ d»' l<>nii.iL,M' cl de Innlfs rr^sources «'si
une véritable expédition au désert, poui' l.i(|ui>lli- |<- n'étais jias
préparé.
Dans la priifr plaine enradriM' par drs monta*;nes <pii sr-
Irnd a l'ouest it au sud du \illai;(' de (iorliinoca, à lo^^enxi-
ron, à Tinati', j'ai exploré diMix ju'titi's monta«(nes tracli\ti(pM>s,
isolées au indien dr la |)laine. Ces collines étaient j)ercées de
j^rotteN >ides, mais où les nombreux jn-tits ira<;iii<'nts de jM»le-
ries et d'autres débris rbiuontraient (pie celaient d'anciennes
f;rolles binéraires dépouillées de leur contenn. l'inate est indi-
(piee sur la carte ar( bi'nlnL,d(pii'.
ARCHEOLOGIE DE LA PUNA DE JUJUY. (,17
ABRAPAMPA, LUMARA ET CANGREJILLOS.
Ces trois endroits sont situés dans la plaine des Salinas
Grandes, à l'est et au nord de Gochinoca. Je ne sais si je dois
rattacher les ruines et les autres vestiges préhispaniques de ces
localités à la région des anciens Atacamas ou à celle des Oma-
guacas, mais je préfère les mentionner ici, car Abrapampa n'est
qu'à une petite distance de Gochinoca et parce que Gangrejillos
et Lumarâ possèdent de ces haches plates en pierre schisteuse si
caractéristiques de Gasabindo et de Rinconada. Cependant je
place ces ruines ici sous toute réserve, tout en considérant leur
classification comme douteuse.
Fi;^. 12 2. — Al)rapainpa. Mortier en pierre. — 1/2 gr. nal.
Les ruines d' Abrapampa sont situées au pied d'une colline
isolée et consistent en pircas entièrement rasées. On voit claire-
ment, par la- disposition des murs, qu'il s'agit de constriiclions
préhispaniques. Les fouilles que j'y ai elfcctuées ont donné
pour unique résultat le mortier^?^. 122, en quartzite très (hir,
de o'" loo de hauteur, o"' i25 de longueur et o'" loo (\v lar-
geur.
Lumarâ se trouve au pied delà Sierra Occidental de Iluma-
huaca, à environ 20""" au sud-sud-est d'Al)ra|)ampn. Il \ a,
CI8 ANTK^riTKS DE L\ nKCilON ANDINK.
à I^uinara, un crrtaiii noiiihn* d'anciennes constructions en
pirra , rii;il conservées, conij)OS«*es d rnclns dr (iii1cr('nt(>«
(linienNi()n>, «généralement cle forme rrctan'^iilaire.
\/d li(j. i'23r, d représente (l<»u\ haches «mi pierre, plates,
pr(»venant (h* Lumarâ. (ies iiaches sont decoujH'es (hms des
plarpies de pierre schisteuse et, après le (h'»coupa«;e, |M)lies des
diii\ côtés. Le tranchant <>st hieii aildc. dans la hache rd'un s<'ul
c6lé, et dans la haclir d de^ drn\ c()l^•^. Lr tranchant de la
pn'mière présente la lorme |J, celui d» la liai lie d < elle-ci (J.
I/épaissrur d«' chacune de ces haches est pn-scpie uniforme
dans joules les parties de la pièce, o" o i -> j)our la haclu' r et
o'"()l.) pour la hache d. Seul«'iiM>iit le laloii est plus im|)arlai-
teinent poli et, par consé(|ueiit , un pru plus rpais. \u ceuln*
(lu l.ilnii, la iiache r a o"'<)a» d'épaisseur et la hache d o"oi().
Les deux hach(*s sont cassées à l'une «h s t \(n*mités. (Juan<l
elles élait'iil riilHTrs, le Irauchanl dr la Iiache f dr\ail aM»ir
0*'i7 i\r loii^nieur, celui de la hache d o" ly. La hauteur «If la
Iiache ( est de o" i '>;'); celle de la hache d de o"' i 'i , non com-
pris une |)artie du talon (pii «'st cassée. Les haches plates de
celle lorme sont tout à lail caracl«'risli(pies de la Puna de
.lujuv, où elles ont été trouvées «i Lumarâ, à Casahindo, à
Quela, à Pucarâ de Hinconada, a l*o7,uelos, à (!anj;rejillos et
à Sanjiiaumavo. I ru parlerai plus au loui,' «ti d«*crivant,
pa«;e f)'|(), la iiniiihiriisr colleclioii (pir |'cii ai lailr à Pucani
d«> F^iurouada.
I)ru\ pi'iites pierres trouvées dans les ruines de Lumar.î
sont rej)roduiles //y. t'2>i a,h. Llles ont prohahirment viv em-
ployées j)our hroNer des drogues, des couleurs, etc. La pierre
desi<;n«'e A a cerlainriuinl servi a |)ul\rriM'r de l'ocre rouge,
ainsi cpie le druiontmil 1rs traces encore \isihles h la surlace
inlrrit'ure plaie. ! ii |i<'lil pilmi. dr la luiiiic Inruir «1 (\t' la
même grandeur «pu* celle dernière pièce et pro\euanl des col-
uM-lioMs lail«'s a /uni |)ar M. .lames Ste>enson, existe au
Musée du I ro(Mdero, catalogué sous le n" iTîo'iÇ). Noln* pièc»*
Juj. I*2'i(i. eu andi'silc noirâtre, a o".»- de h.niteur et o'"r).'î.'^
Pl. LI.
Fig. 123. — Lumarâ. Ilaclies ot molettrs on [n'errc. — \l\ (jr. nat.
Fi". 12/|. — Liirtiarà. l'olriics. — i;3 -rr. iial
Pi., lu.
a b c
Fig. nS. — Oucla. AForlipr en piorro ol l'cnollps en terre cuile. — 1/3 s;r. naf.
d'
d e
Fig. 12 G. — Quota. Ilarlies e( autres objets eu pierre. — i/4 gr. nal.
m
Fig. 127. — Oueta. Pièees d'enfilage cl aniies «ilijets en pierre. — u 3 gr. nat.
ARCHEOLOGIE DE LA PUNA DE JU.IUV. 019
de diamètre pris au milieu; la pièce h, en andésite verdàtre, a
o""54 de hauteur et o™45 de diamètre maximum.
Les deux poteries de Lumarâ,^?^. 12â a, h, rapjDellent par
leur pâte et par leur technique plutôt la poterie ancienne de
la Bolivie méridionale (Ghichas) et de la Quebrada de Huma-
huaca, que celle de la région des Atacamas. Le vase a, de
G™ 100 de hauteur et o™2 25 de diamètre à l'ouverture, est
d'une pâte fine, de couleur jaunâtre et de cuisson parfaite.
L'intérieur a été très régulièrement engobé avec de la plom-
bagine avant la cuisson, ce qui lui donne un joli émail noir et
brillant. Le vase b, de o"" 2 i de hauteur et o'" 3 1 de diamètre
à l'ouverture , est également fait d'une pâte jaunâtre , mais moins
fine que celle du précédent.
Cangrejillos, à /\o "^"^ au nord d'Abrapampa, a été exploré
par M. vonRosen (316, p. 9), qui y a recueilli une hache plate en
schiste , trouvaille qui m'a fait nommer ici les ruines de Can-
grejillos, au lieu de les rattacher à celles de Yavi et de la Que-
brada de ïfumahuaca. J'ai pu visiter rapidement les ruines de
Cangrejillos : grande agglomération de constructions en pirca,
mais très mal conservées.
QUEIA.
Cochinoca est située dans la partie nord-est d'une petite
plaine renfermée par les Sierras de Quichagua et de Cochi-
noca, et par un contrefort de cette dernière qui sépare cette
plaine de celle des Salinas Grandes. De Cochinoca, je me
dirigeai vers Rinconada en traversant la petite plaine et j'ar-
rivai à l'Abra de Quêta, défilé menant à travers la Sieria de
Cochinoca à la grande plaine de Pozuelos.
Queta''^. — A l'entrée de ce déhlé, au pied des montagnes, à
un endroit nommé Quêta Cliico ou Pueblo Viejo, se trouve un
'*' Voir la planrho Ml , insérée a|)rc.s la pape ()i<S.
C20 ANTIQIITKS DE LA REGION ANDINE.
villa^'i" pn'lnsj)aFn(nir , mais tt'lIciiKMit réduit à l'état d»' ruines
(ju il iM'u n*>tf» (|u'un grand entasseinenl de pierres, déliris
d'anrijMis murs, couvrant une élrndur dr .Son* de longueur
sur environ ioo" de largeur. Il v a i)eau('oup de Iragnienls de
vieille poterie grossière parmi les pierres, .l'v ai «'\lnnin' (piatre
>>(iurlrlles, mais rompl«'tement eilrites. Trois étaient enterrés
ensemble, le quatrième était seul. Deux des crânes présentaient
la délormation cunéilornie couchée, dite à tnrt « délormation
ayinara •. \n|)rés des trois squelefte> furent rencontrées les
j)etites écueUesyîVy. 125 b, r, en j)oterie gros.siére rougi'alre,
de o" I I et o^oQ de diamètre maximum chacune. L'ecuelle r
n'a aucun décor; h est pourvue de d«'u\ jietits mamelons, un
de cha(nie cot«*, et une cassure (hi IxmjI «leinniitre (jue <rtte
écuelle a eu un appiMidice proloiig(>ant à cet endroit le Ixud
vers le li.iiil, jMiil ('(le en Iniiiic (le télf liiiiiiaine ou d'ani-
iii;il , rniiiiiM' nii !•' \<»il soumiiI sur I ancifMiue poterie de ces
régions.
i-f iihmIh r /nj. 1"2îi a , en .indcsilr dr ( nuirur gris foncé, a
rte troinr pnrmi les pircas éboulées, (ie mortier est de forme
ohlongur rt ;i o'" i .S 3 de longueur sur o'" 1 m d«' largeur. Sa
caNit«' rsf prolonde; les parois «l !•■ loml oui lr«'s ikîu d'epais-
siMir.
A Ouet.i, loiil II' sol (Ifs iMHiii's ««tait coiiNtrl «I»' fragments
de ces li.iclirs plates m nicrrr s( histeUM', «onime crlles (pie j'ai
déjà figurées pro\rii.iiil dr 1 ,11111.11.1. I ,.i //«/. l 'Jfî il, r repré-
.sente deux sprjimcns de Quêta, et leurs profils sont donnés
par (t et r . La hache r a o™ l '\ i de hauteur. \r talon coin|)ris,
et .son tranchant a o^aoj de longueur. Lepaisseur est de
o*()iQ prés du tranchant et s'augnuMite jus(|irà o" o 1 8 dans
la partie non polir , .111 < iiilrr du talon. Il est iinpossiltle de
ni(>sun>r la longunii ri la haiilrm de l.i hache (/, (jui est cass<'*e
aux drux rxiremités et égaleiiitnl .111 f.don. l/<'|>ais.seur maxi-
mum de rrllr haclu» est de o"" o l 7.
\/,\ fiij. t 'Jf) a, h, r rej)résenle trois petits outils en forim' df
croi.vs;int. Ils sont faits de la inèmr pierre schisleu.se (lue les
ARCHEOLOGIE DE LA PUNA DE .lU.lUY.
021
haches. Leurs bords ne sont pas affilés, mais le bord convexe
est arrondi par le polissage. Les trois pièces sont cassées à l'une
des extrémités, mais ce qui reste intact indique que leur forme
primitive devait être sans nul doute celle d'un croissant. La
pièce a, avant d'être cassée, a dû avoir o"* 120 de longueur,
mesurée entre les deux points les plus éloignés de ses extré-
mités, la pièce b, 0°' 100, et la pièce c, 0^09 5. L'épaisseur,
presque uniforme partout, est d'environ o'^oi. Ces croissants
en pierre paraissent avoir été employés dans le sens de leur
longueur pour tracer des raies, par frottement sur des corps
durs, par exemple sur la pierre. Des outils presfjue de la
même forme, provenant de Pucara de Rinconada, sont repro-
duits/^. 139feilâ0c.
Fi^. 1^8. — Quêta. Couteau et pentleloqun, en cuivre. — 2/3 gr. iial.
Le couteau en cuivre fuj. 128 h a été aussi trouvé parmi les
restes de pircas de Quêta. 11 mesure o" i35 de longueur sur
une épaisseur maximum de o°'oo2. Le tranchant, I)ien
aiguisé, indique incontestablement un long usage. Le Musée
d'ethnographie de Berlin possède, suivant le D"" Seler (327), un
couteau en cuivre, exactement de la même forme, qui pré-
sente la particularité d'être attaché au moyen d'une corde eu
laine noire de lama à une oreille coupée de lama et à un doigl
de ce même animal dépourvu de son sabot. Cette pièce a été
trouvée par fabbé Filgueira dans une grotte funéraire aux en-
virons de Gasabindo. Elle est cataloguée sous le n" V. A. i i 3/| i
fi22 ANTIQl'ITKS DE I. \ nF.rJON ANDINK.
ri ri«(iimî |)ar M, Aiuhro^'lli 29. \>. 193 , d'aprcs uiu' |)lioto<(ra-
pliic (|iii lui a rté coiiiiiiuni(|ii(M' (!•■ Brriin. (ioininc l«- dit
\î. \ml)n»srlli, rot ohji't inlén'ssanl se raj)|Kjrlo pn>l)ai)li'iii(Mit
(1 une iiiaiiirn' (|im>I('()ih|iii> à la c('*n'MiK)ni(> dv ra|)|)(»ition des
m.'ircjiu's (Ir ijinjuirt»' sur Ir Ix'lail, ()|H'M*ati<>u (|ui rousist»' à
|)rati(jurr dr.s iucisious dans les oreilles. Nous av<»u.s drcril
naj^e 49* celle cérémonie, en nsage |K)ur les moulons el jx)ur
les lamas. Elle esl sans doule une survivance dr (}url(|ue cért^-
monie |)i*éliis|)aMi(|u<>.
La fit/. l'JS a, a rej)résenle, vue de deux côtés, une pende-
iiKjue en cuivre, laile d une lame circulaire pliée en qualre
el avant les hords rccourhés dr manière à former une sorte
de pelil»' rloclie à (jii.ittc j)ointe.s. i.a lame j'.sl assez «'|)aiss4",
o^ooif), ri r<)l)jrl, (|iii iM'sl pas ])arraiti'menl svinétricjue, a
o^oV» 'lia^^onalrmriil , ciilrr j«'s pointes 1rs pins «'loij^ni'es, ri
o^o.Sf) nilrr 1rs (|tii\ .mires pomtrs. I ..1 j)it( »• |M»se 20^.
\ INicarâ (le ruiiroiiada, | ;ii ImiiM' iiiir .iiilif pcndcinipir
t'ii riMNir, (!«• la mèmr lorme, mais j)lus priilr; vWr esl repro-
duile /kj. tSa (L Ces ohjels ont é«;al('mrnl rlé trouves dans
la région (lia«;uil<'. Suivant \ï. \ml>rosrlli '29; |». 2^7. an), !.%<>;
fip. 43 a. I. , li; Musée national de Buenos-. \ires en pissede
«pialre spérimens, dont deux provenant de la province de Ca-
l.iiii;ii ( .1. |)iii\ d.' ers pièces .sont jx'tiles comme la nôtre, mais
<lrii\ autres soiil hiMiii nii|i plus «grandes, d'euNiron o^og de
dia«>;onale r[ pesant i 70 et 100"' resperlivemenl. \IM. .^Iiilxl
rt lîriss 340.1. pl. if), lif;. i3) re|)roduis(Mit une priidiltNpii* en
rni\rr, t\t' l.i ménie forme, de TialiuanaiM». M. Xndtrosi'lli su|>-
po.s4> (pir ces pièces ont été londues dans leur lorme actuelle,
ce (|ui n'est pas le cas de celle de Oueta, au moins, car les
l>ords de ( elle-<i prés4Milent des traces Ires nettes de cou|)s
au inoNeii destpiels la lime de cuivre a été pliéi*; il s*v
est même produit nue petite fracture, >isil)le en a\ occa-
sionnée par un excès de tension en pliant la pièce. Les spéci-
mens reproduits par M. \nd)ros«*lti ont exactement la même
forme (uir relui rie ( hieta . et ont sans doute également été
ARCHÉOLOGIE DE LA PUNA DE JUJUY. Cri?,
plies à coup de marteau. Pour ce qui est de la destination de
ces objets, la pièce de Pucarà de Piinconada était, comme nous
le verrons page, 655 une pendeloque servant de parure. La
pièce de Quêta et les petits spécimens de Catamarca ont certai-
nement eu le même emploi. Quant aux pièces de grandes
dimensions que reproduit M. Ambrosetti, il ne me paraît pas
probable non plus que ce soient des campamllas , comme le dit
l'auteur, c'est-à-dire des sonnailles, qui, pourvues d'un battant,
s'attachaient au cou des lamas. Elles n'ont jamais pu donner un
son assez fort pour être employées comme sonnailles, et leur
forme identique à celle des petits spécimens rend cette hypo-
thèse invraisemblable. Le spécimen à battant que reproduit
M. Ambrosetti (i7»iVi, p. 280, %. 46) est sans doute, comme le dit
l'auteur lui-même, une pièce moderne.
Un petit objet en pierre est reproduit y?<y. 127 a. 11 est diiïi-
cile de déterminer sa destination. C'est un fragment de cy-
lindre creux dont le diamètre extérieur a été d'un peu plus de
o™ 020, et qui, à son extrémité supérieure, a un trou de 0^007
de diamètre; comme on le voit sur la figure, il y a aussi un
autre petit trou latéral, de o™oo/i de diamètre. La cavité inté-
rieure du cylindre est plus large que le trou de fextrémité.
Toute la partie inférieure de ce cylindre manque, et il ne
reste que la moitié de la partie supérieure, la pièce ayant été
cassée aussi dans le sens longitudinal. L'extérieur, bien poli ,
est décoré de traits gravés en escalier. Cette pièce est faite d'une
roche noirâtre assez dure, du micaschiste à biotite^'l
En b et b' de la même ficj. 127, on voit des deux côtés une
autre pièce énigmatique, faite de la même roche que la pré-
cédente. Cette pièce est également cassée; la cassure princi-
pale, oblique, est bien visible en /;; il est probable que le corps
principal de l'objet a eu, à l'origine, une forme rectangulaire,
au lieu d'être triangulaire comme à présent. La pièce est percée
de part en part par trois canaux tubulaires, visibles à la sni-
''' Collodélorminalion, ronitiic les siiivaiitos, est laile |)ar \\. \o profossnir Larroix.
ftn ANTIQIITKS DK L\ llK(;iON AVDINE.
face (Ir la rassure. I)«'ii\ de ces canaux Iraverseiil loulr la |>ièce
«•l (l('lM)ucliont à la j)arti«» supTieun'; le troisièiiie n'a pas cl'ou-
\erlure (!«• ce coté et se termine au-<iess()us de la tète, qui a la
Ifjpnie de trapèze et est déron'e flune croix de Malle «gravée.
( ne cassure a ouvert latrraleiiieiit le canal (pu* l'un Miit à
;;aiiclie en //. Kn dehors de la croi\, la pièce est ornéi* de traits
;(rav«^s, des dniv côtés, l ii Irnii, de suspension sans doute,
(*st prati(pié dans un ^ippcndice taille dans la même pierre.
Il ne serait |)as in)|)ossil)ic (juc celle pièce fût une sorte de
silllet.
Le sol des riiirirs de (hieta était Ircs riclie en discpics r!
«slindres perloH's, de diMirnsioiis et de nialière lrè> xariées;
des pièces d'eidila;;e asanl lait partie de colliers, etc. La
fif/. Î27 c-m re|)réseiite, aux deux tiers de la grandeur naturelle,
un certain nonihrr (1rs plus «grands de ces di.sques pt'rlorés.
Les plus communs étaient < < ii\ dont les siM'cinKMis .sont dési-
«;nés /. /, /. . ///. Ils ont mNiion ii"'n> de dljinirlrr sur n"* o i
d « paisseur et sonl d une lorme assez irn'«;ulirre, «;rossienMnenl
l.nllrs d.iiis des rocln's tendres : tufs volcani(pies, traclix li(|ues
«Ml rli\<>lillii(pies, de (ouleur j;ris clair, et ar;;il«' laicpieuse
vi'rte. M. Lelimann-Nitsclie (210. (il. iy, c 3) donne la ligure d'un«'
série de pièces d'eidila'^e de (!asal)indo, dont plusieurs res-
seMd)leiil ;ni\ discpies perlon's (pie nous venons de d«'crire.
(jes dis(jues ressemhlenl anssi heaucoup .1 d .mires de la Pala-
goni<>,dont !•• I)'\rrnean 368. |>. Qtj.'t. pi. \i\ repnxiuit (luehpies
spécimens.
La rondelle r, de o"' ().<() dedi.imelre et ()"'()o.') d'épais.seur,
hieii polie, est en micascliiste à hiotile, noirâtre; un autre s|M'-
cimen de mêmes dimensions est en cldorilorliite verte. La n)n-
delle (l, en nncascliiste, <*st ilii même diamètre, mais elle a
.seuliMuent o^oo.'^ d'épaisseur, et .ses l>ords sont arnindis d'un
côté. La j>ièce rectangulain* e, en cldorilorliite verte, est le
seul s|)écinien trouvé (\v cetti* form»'. La forme conique est
rare au.ssi : / et y représentent les deux si'uls spj'cimens ren-
conlrésde ce genre. Il sont faits en talc . 1 un de couleur blanche.
ARCHÉOLOGIE DE LA PU.NA DE JUJUV. G25
l'autre violacé avec des taches blanches. La pendeloque li est
en micaschiste noirâtre. Enfin / est un grand disque en soda-
lite bleue, de o^ooy d'épaisseur.
Pièces d'enfilage de la Quebrada del Toro et de la Puna de
Jujuy. — Quêta a donné, de toutes les ruines que j'ai exami-
nées, la récolte la plus variée de petites perles en ])ierre dure,
objets de parure communs dans toute la région andine. Pour
ce motif, je place ici une planche, y?fy. 129, où sont reproduits
des spécimens de ces perles provenant des différentes localités
que j'ai visitées dans la Quebrada del Toro et dans la Puna
de Jujuy.
A Quêta se rapportent les jf' 6 à 17. Le dernier de ces nu-
méros comprend une série de très petits disques en coquille ,
les seuls de ce genre que j'aie trouvés au cours de mon voyage.
Au contraire, ces disques en coquille étaient communs dans
les anciennes sépultures des environs de la Sierra Santa Bar-
bara, que j'ai fouillées en 1 90 1 . Dans le cimetière d'Arroyo del
Medio, décrit plus loin, j'en ai rencontré beaucoup. A Quêta,
il y en avait tellement, que j'en ai recueilli une cinquantaine
en quelques heures. Ces petits disques en coquille se trouvent
fréquemment au Pérou et en Bolivie. MM. Stûbel et Pielss
(340, 1, pi. 20, %. /j5, 58, 59, 60) en reproduisent plusieurs spécimens
de Tiahuanaco. Le if 16 de ^Sificj. 129 est un petit disque en
calcaire, d'une jolie couleur rose, trouvé également à Quêta.
Je ne sais si ce calcaire provient d'une roche ou d'un co([uil-
lage, mais sa structure semble indiquer cette dernière piove-
nance. A Tiahuanaco, on trouve des perles en coquille de cou-
leur rose, comme le démontre l'une des figures de MM. Sliibel
et PieisS {ibid.. lig. 57).
Parmi les perles en pierre de Quêta, nous voyons, en dehors
de la turquoise (n°' 9, 12, Ui) et de la sodalite (/r 6, 10, 7/),
75), (le rares spécimens en roches volcaiii(|ues de couleurs
grisâtres et noirâtres (/r 7, S, II). Le disque n" 15 est la seule
020 WTKMIIKS DK I. \ |;K(.I()N \M)INK
|)i<T<» vn scxlaiitc l)laii('iie que j aie trouvée au cours de mou
No\af;e; les auln's jK-rlt's eu sodalile étaient toutes de couleur
\oici la lislr drs jMTles ou litininis. coninir Ifs imlis r[ \vs
Indiens les appcllrnl , lij^urées sur l.i |)lancli(' :
Fie 129. QUKUBADA 1»EL T«mo KT VlW I»K JlJlK
PkRI.KS. l'ENDKLOQl l'IS ET COLLIKB '".
(hirhnitld ilrl l'ont.
1. (jOi.gota. Pffli's «ni forme cl»' disqur, Irouvërs aiiprrs d'un Nqurii*lU>.
DiiiiiirU'r Av \;t j)lii<» giMiid»' . o"«»i5; «'•paissiMir. o'oo-. r)iain«>tn> d»» la plii>
pelilf, o" ()(»(>; l'paissnir, o'ooa. Turtfnotsr. Poids $|)<'ri(if|tir ini'^al , variani
do a. 7 à 1.6. à causo do |)articules di* niiiH'raiix «'Inmgfis ({ui adhrrnit à la
tiir(|iioi.M'. (À)ulour vert-iticii.
2. (ioi.(;nT\. I^•rl•'s l'ii loniH' de dis4|il)' «t |)<ii«l<|(i(|iii* Kvoidr, Inuivrt's
auprès (11111 fidixir Di.iini lu- dcs p'rics. o~(M)G. l'ui^uoi.M'. (<uiilrur vt-rt-
Moii.
3. (ïoLGOT\. Pi'titr.s |)erl(>.s (ui forme d<> dlMpif. trouvées doiTJèn' i'ocripiil
d'un sipicli'ltr. |)i;itii<>lri'. »»"«m'| à o"»»Mi. Tlllfiunisr. Poids SI>iVifi(UH- .
•À.tj.i H -L-j. Deux rniidfllrs analyv'fs ftniiriKtiini •!.■ l'jirid"' pliosphnritnii*
vl de i'alumiiir. douleur vertTl)leu.
k. MuKoili AM. Perle trouvée sur le sol du \dlap' pn'>his|Knii(pie. (iylin-
dri(|u«'. aNM'z inégulitVe; diamètre, <i"(ii'i; r|tai*^vur. o"oio. Smialilr
l»l»Uf.
f). Tastil. PeiideliKpie rordifonne. trouvée aupn's d'un Mpielelle. K|Mi>-
seur. o"oo5. Tiinfuoise verte.
Ptirm (Ir JitjtiY-
ft. QiKT\. (,<'H»' |K'rl»'. aui^i «|ur l< > n* - .i i(», a «le lr<iu\t«' sur le
s<»l «le l'iinplaremenl de l'anrien village pré|iis|).uii(|ue de Quela Chicti.
Forme de discpie; épaisseur, o"oo5. •Wfi/i/r hli-ue.
7. QvKTA. Cylindre pcTfor»'*. Diamètre, o'oocj; longueur (é|>ai.sM'ur),
n"oM{). Rtnhi- voiraniqitr. Couleur l»rune.
I.r* riM lir^ mil rir ilclrrnilni'r« |Mr voulu on fuirr une Hn<l«- mmiil^lo, mi
M l«» iirurcMcur A. I.«rnti\, i|ui a hirn riu«co|iiqiir el rliiinii|iif.
AKCHEOLOGIE DE LA PUNA DE JUJUY. 027
8. QuETA. Disque. Epaisseur, o'"oo5. Roche i'o/cfl/i«(/He. Couleur gris clair.
9. QuETA. Discpie. Epaisseur, o'"oo/(. Tiirquoise verte.
10. QuETA. Discjue. Epaisseur, o^ooS. SodaUte bleue.
11. Qdeta. Disque. Epaisseur, o'"oo5. Roche volcanique. Couleur noire
avec des points blancs.
12. QuETA. Cylindre j^erforé. Diamètre, o"'oo7; longueur, ()"'oi2.
Tunjiioisc verte.
13. QuETA. Disque. Epaisseui% o"'oo5. Sodalile hlcue .
14. QuETA. Disque. Epaisseur, o"'oo'|. Turquoise \erie.
15. QuETA. Discjue. Epaisseur, o"'oo5. ^So^/a/t^e blanche.
16. QuETA. Disque. Epaisseur, o"'oo35. Calcaire rose.
1 7. QuETA. Petits disques blancs en coquille. Epaisseur, o"' 002 à o'" 00 1 .
18. Sayate. Collier trouvé sur un cadavre momifié dans une grotte funé-
raire. Les longs cylindres perforés, bien polis, d'une jolie couleur vert-
pomme , qui composent la plus grande partie du collier, sont d'une substance
très hétérogène , résultant de la transformation d'une roche : sous le micro-
scope, on voit que cette roche est composée d'une substance isotrope, de
débris de mica et de quartz, et aussi d'une substance fibreuse à structure
calcédonieuse. Contient de l'acide phosphorique. Poids spécifique, 2.66.
Les petits cylindres de o'"oo2 à o'°ooG de longueur (épaisseur) que l'on
voit à droite, en haut sur la figui^e, sont en agate zonée jaunâtre, d'un poids
spécifique de 2.65. Le long cylindre isolé, au bout du collier, est en sodalilc
bleue, d'un poids spécifique de 2.26. La cordelette en laine de lama jau-
nâtre, peut-être blanche à l'origine, est intacte. Cette cordelette présente des
nœuds faits sans soin, en trois endroits différents, et un autre nœud à l'ex-
trémité pour retenir le cylindre en sodalite.
19. PucARA DE RiNcoNADA. Dcux Cylindres perforés, trouvés auprès d'un
cadavre, dans une grotte funéraire. Sodalite bleue.
20. PucARA DE RiNcoNADA. Disque provenant d'une grotte funéraire.
Epaisseur, o"'oo2. Chiysocolle, d'une johe couleur verte, marbrée de veines
blanches.
21. PocARA DE RiNcONADA. Pcudcloque provenant d'une grotte funéraire.
Epaisseur maximum, o'"oo55. Chiysocolle verte. Poids spécifique, 2.16.
22. PucARA DE RiNcoNADA. Pcudeloquc provenant d'une grotte funéraire.
Epaisseur, o'" oo3. Turquoise verte.
Excepté les pendeloques de formes ovoïde, cordifonne, tra-
pézoïdale, etc., toutes ces pièces ont la forme cylindricpie,
mais la longueur de l'axe des cylindres varie beaucoup : de
quatre fois le diamètre jusqu'à un demi-diamètre. Dans le
628 WrMMIII.s I>l. l.\ I.IC.IO.N AM)I\K.
l.'iMcaii (|iii pn'crdr j'ai floiinô aux < vliiidn's diiii a\«' court 1(»
iiniii (le (iis(ni('s nu rir rondrlles.
La jMTr<)ralinii (1rs |)ir(tvs peut avoir ô\^ op(^r<^o en faisnul
luiiriKT (III |)rtit l>al(»n on Iniis sur une couclir dr sahlr iiii
iiiouillf, cleinlur sur la pirrro, ou prut-rln* los anri«*ns liahi-
laiits (If la Qurhrada (l«l Toro ri de la l^una (\v .lujuv eni-
plosaii'iit-ils Ci* fon-t |ii'iiiiitit (pii consiste en unr pointe de
pi«'rn' silicrusr li\éc au Ixml d un l)àton (lu'oii tourne entre
les mains. M. von dru Sliiiini 335, p. io\< reprodnil un de ces
insirunicnis (pTil iioiiiinr (jiurlbohrrr vu allemand, et (ju'il a vu
en usa^e (lie/, les Indiens liahitant la réf^ion des sources du
liio \in;;n. D'après li-s ol)ser\ations de ce Novaj^eur C(del)re,
nii iiiritail une cou(die de sahlt- lin sur la pierre (pi'on voulait
perlorer, ri Ion laisjil a^ir I»' Inid sur le sahl.-, (pu |)nil)al)le-
UM'iil rliil inoniil)'. Hii |)eut-ètre Ifs ludiciis |)reliispanic|ues de
la Piina connaissaiiMil-ds le diillr a ar(liel (pu riait rii nsaj^e
clir/, certains ln(li(>ns chî rAnn>ri(pie du Nord, connue les
/unis. \l. .lames St«'\enson '336, |il.xiii (lniiii«> une int('*ressante
plioto^rapliir d'un /^uûi en train de |)erlorer des tunpioises au
nioven d nii de ces forets. La lorinr l)iconi(pn' du creux des
perles en pierir (pu nous occupriil dnimntrr (pir la perfora-
lion a et("^ ^(MK'rali'iiiriil opérée des deux côt(!*s de la pièce, les
creux sr rriicontraiil au niiliru.
Lrs perles ont sans doute servi, en j^eneral, à former des
( olliris. L(' collirr de Savat»», conservé intact, le d('*inonlre, et
dailirnrs, d.ms 1rs s(''pnltnres, on les troUNc pres(pn' toujours
près du cou des s(jurlrttrs. (ieprndant elles ont (pH'l(|ueiois
M tMuploNëes aussi pour d antres parures. Ainsi les |M*lites
perles d(» la séri(» n" »'i Inrrnl lioii\rrs dninrr l'occiput d un
s(jiirlrttr, vr (pu sriiiMr iiidiipirr (pi Cllrs ont ser\i (le parure
|M»ur les cheveux, eidilees dans un lil tirs Un. La prndel(Kpie
en cuivre /i(f. t.'ifi (/. de Pucara de ilinc(»nada, avec son lil de
suspension cnn\rrl <\r prrlrs, dnnr»r aussi un exemple d'un
antre i>ni|iloi.
Les pelles lie sont pas egalemeiil communes dans toutes les
f
(i
19
I
^jracpry^^y^^^j^^ ^^u^^ic^
Phot. G. Pissarro
QUKBRADA OEL 'loRO ET PuNA DE JujLY
Gr. liât.
— Perles, pc-ndeloqucs et collier.
ARCHÉOLOGIE DE LA PUNA DE JUJUY. 629
ruines ou cimetières. Ainsi elles étaient assez rares à Moro-
huasi; à Puerta de Tastil, je n'en ai pas rencontré; à Tastil,
où j'ai fait des fouilles pendant plusieurs jours, une seule
perle en turquoise fut trouvée sur le sol des ruines, et aucune
dans les sépultures. Au contraire, à Golgota, à Quêta et à
Sansana, il y en avait beaucoup. Dans les grottes funéraires
de Sayate, je n'en ai pas rencontré, et dans celles de Pucarâ
de Piinconada, j'en ai trouvé très peu; mais, par contre, il y
avait quelques petites pendeloques en pierre, de différentes
formes.
La matière employée le plus fréquemment est la turquoise
de diverses nuances : du vert clair jusqu'à un vert tirant sur
le bleu céleste. Partout où j'ai trouvé des pièces d'enfilage, la
plupart étaient en turquoise, et, comme nous le verrons,
presque toutes les perles trouvées par M. E. Sénéchal de la
Grange dans des sépultures d'Indiens Changos, à Chimba,
sur les bords de la baie d'Antofagasta , sont en turquoise,
ainsi que les perles qu'il a exhumées à Galama. A Ghimba, il
y avait également des perles en chrysocolle. Mais je ne connais
pas de gisements d'où la turquoise a pu être tirée, quoique
j'aie souvent questionné les Indiens sur ce point. D'ailleurs le
D"" G. Bodenbender (64), dans son catalogue des minéraux de
la Piépublique Argentine, ne nomme pas la turquoise, et, à ma
connaissance, le seul minéralogiste ayant mentionné un gise-
ment de ce minéral dans l'Amérique du Sud est M. I. Domeyko
(118 iix, p. ^125), qui l'a trouvé à San Lorenzo, dans le départe-
ment de Ligua (province d'Aconcagua, Ghili). Au contraire,
aux Etats-Unis on exploite actuellement de nombreux gise-
ments de turquoises, dans les Etats du Nouveau-Mexique,
de l'Arizone, de l'Alabama et du Nevsr-Jersey. Dans plusieurs
gisements du Nouveau -Mexique on a trouvé des vestiges
prouvant qu'ils ont été exploités sur une vaste échelle à
l'époque préhistorique. Au Mexique, où les bijoux préhisj:)a-
niques en turquoise sont communs, on a récemment, en
igoS, découvert un gisement de ce minéral dans l'Etat de
H. hi
i(ini4I.R
i,:jO \\li«ji ilhN l>K I. \ nFU;iON ANDI.NH
Zacalrcas. Dans un inéinoin' de M. (icorge F. Kunz 188fcù),
publié dans h* rompt»' roiuUi dv la \\' sossioii du (!(m«;rès
iiitiTiiationai drs \iiirricainslrs, a Qiu'Ixt, ou trouNcra li'> d«'r-
iiicTfs iiouM'lIrs sur U'> «;isi'iufuls dr tur(jUois«'> daus TAnir-
ri(pir srpli'iilrioualr. AssunMiK'nt , tôt ou lard ou «mi découvrira
l'gairiurut dans l'AuuTi<pii" nirridiouah'.
Ou !rou\r aussi prrscjur partout d«'s priles en s<Mlalitr. uiais
ru iM'lit uoud)n', j;éiiéral«Murut drn\ nu trois pcrii's vu scxlalitr
iKiur riurpiaute ou immiI eu tuiMjuoisc. Le seul eii<lroit où je
n'eu ai ii.is reuroutré est le ciuirlitrc de fîoli^'ota. \n INtou et
eu li<>li\ie, ou euiploxait égaleuu'ul ce uiinerai pour faire drs
p«Mles. H lut si«;ualé la |)reuiièrp fois en Auiéricpir par MM. K.
l5aud)rr^M'r el K. l''eussler (49), par lixannii drs pirrrs d'eu-
lila''»' *\*' la colltM-tiou de MM. Stuhel » I lî. i^s. M. Slid)el avait
IrouvtMlrs pirjfs en scKlalile sur ji- sol des ruines de Tialnia-
naco, ainsi cjue des fra«;n»euts de ce uiinéral (ju'il croit être des
déchets de Irur fahricatiou. M. lîeiss axait é«(aleineut a|)j>orté
d'Vucoii (pirl(pies-uiies t\t' ces j)erles. Suixaut M. Lacroiv, la
sudalite avant serxi a la lal)rication do toutes ces |)erles j)ro-
viPiit rertainenieiit d'une svénit<> népliiliui(|ue, hii-n <pit> cette
roche soit actuelleuieiit inconnue dans T AnuMUCiuc du Sud. I)r
rAinéri(pie septentrionale, on conn.iit un certain nond)re de
j;isenieuts de cette roche renlerinant (h's >ariélé.s de sodalitt»
hlcui* comparahles à la nôtre. De ces f^isenu'uts proviiMuient
les s|ïécimrns de sodalite (!•• r\méri(pie du Nord (|ui existent
à la galerie de minéralogie du Muséum d liisloire naturelle de
Taris : un échantillon pro\enant de Bancroft (Ontario); nu
autre, de néphéliue et de sodalite hieue. d. Diingannon (On-
tario); un Iroisièine rapjMirlé |)ar M. Lacroix de Kangerdlnar-
Mik ((inienlancr; un (piatriénn* |)rovenanl d»- Ki<'lviug Morse
Pas» (Oolomhie hritanni(pie). O dernier échantillon a|)parlient
h la collection de j)ierr«'s précieuses de r\meri(|ue seplenlrio-
nale, donnée nu Muséum |)ar M. .1. Pier|)out Morgan. Quoicnu'
aucun giseuuMit similaire m> soit connu dans la Pnna,tres prt>-
hahlenu'ut la syénitc néphilini(|ue contenant de la sodalite
ARCHÉOLOGIE DE LA PUNA DE JUJUY. G31
existe dans les masses de roches érupth es qui composent une
grande partie du sol de ce plateau. M. Bodenbender (64, p. i25)
dit qu'il possède dans sa collection minéralogique un spécimen
de sodalite provenant de la République Argentine , mais il ne
donne pas d'indication plus précise de la localité.
Le silicate de cuivre hydraté ou chrysocolle, dont nous
avons parlé à propos de l'ancienne mine à Cobres, fut trouvé
en forme de perles et de pendeloques à Pucarâ de Rinconada
et à Chimba seulement. Au Pérou et en Bolivie, on rencontre
souvent des pièces d'enfdage faites de ce minéral.
L'agate ne se trouve que dans le collier de Sayate.
Les pièces cylindriques de Lapaya, mentionnées page 287,
reproduites ^</. 13 h, et ayant probablement formé un collier,
sont faites avec une variété compacte de muscovite , de struc-
ture cryptocristalline et de couleur vert assez foncé ^^K
Les perles de couleur noire ou sombre sont rares. Les n"' 7,
8, 11 de ^^fi(J' 1^9 en donnent quelques spécimens, qui sont
en roches volcaniques. Une autre roche volcanique , mais d'une
jolie couleur verte, constitue la matière dont sont faites les
grandes perles du collier de Sayate.
La forme et le mode de fabrication des pièces d'enfdage
trouvées dans les ruines préhispaniques du Pérou et de la
Bolivie sont les mêmes que celles des perles de la Quebrada
del Toro et de la Puna de Jujuy, mais la turquoise y semble
rarement employée ; on ne la rencontre pas parmi les perles
décrites et figurées par MM. Stûbel et Reiss (340, i, pi. 30). Celles
qu'ils reproduisent sur cette planche sont en cristal de roche,
émeraude, serpentine, schiste chloriteu.v, chrysocolle, fluorine,
sodalite, calcaire, stéatite et en coquille. Il y en a même en
substance dentaire de mastodonte, qui proviennent de Mani-
zales, en Colombie.
*'' Avant l'analyse microscopique et rées comme étant des turquoises, ainsi
chimique, ces perles avaient été considé- qu'il a été dit page 237.
'1 1 .
it.yi
WTIOI III. s |)| l.\ HHCiloN \M)I\F.
l'I ( \H \ 1)1. IMNCnN M) \ ".
\i>n»s .'i\oir IrnNriM' la pnriir mi'I <!•• li |)laiin' <!•• I*o7.im'Io>,
i'.irri\.'ii n liiiirim.Ml.i , rlirl-lii'ii du (l('|Kirt(Mnriit du iiiôinc nom.
Il- iir m \ aiT(^lai (|in' l<' l«'in|)> ucrcssairi' |K>ur ('(unplclrr
iiips provisions ot aclirlrr du lournij;»', mais ri ln/.(>rn(' si'clie,
ahsoluuHMit nc^cessairrs |x>Mi nii Nova^c dans ce d(>|)art<>mfMit ,
où il n'v a nrrsfiur pas un st-ul hriii d'Iirrhc. Je mr dirij^rai
(>nsuitr >rrs 1rs iiuportaufrs ruinrs df l^icarâ, situet's à <Mni-
ron jn kilomrtrrs au sud du \dla^r dr iliucouada.
M. Aluhrosctii 23, p. 8.%-85) a puhlii^ sur ces ruines (pi(>l(pM*s
renseignements (im Im <>iil ilr louriii^ |)ar M. (irrlin;;.
rnipioM' .111 Must'c (|r La iMaia. uiai-^ (|iii ^nnl m partie
inexacts.
Ruines. — L'anrieu villaii^e se trouvait sur I un de^ petits
plalr.ujx fornir^s par le ra\iin'ment i\t- I uumeuse croûte de
traclivte ''^ (nii limite la | daine de Pozuelos au Sud -Ouest,
sVlendaut vers l'Ouest jusipran pud du massif pal(W>7.oi(pie
de (]al)alon«;a, et (-ontinuanl. \«'rs le Sud, juscpià (iasahindo.
Cette <(»urlie trarliN licpir est divisée en plateaux s<»|Mrés |>ar
un lal)\rinlln' de ravins. Mlle a une surlare pn*s(jue horizon-
tale, d Où il n'sullf (pu- Ions les plateaux ont à |)eu prrs la
même hauteur. Les ra\ins sont d une largeur très \arial)le; ils
ont (juehpielois moins de l oo"', d autres fois ils srlar^dssrnt
formant de véritables jwtites plaines entourées de plateaux.
La rou|>e srliématicpu' /»ry. t 'iO donne une kIit de la forma-
"> Voir Ir» plAnrhr* l.V-I.X. insérée»
■près la fMgp r»()V
* (,r» tr«rh\lr« vtnl iii<*l«nf?<'» <lr (la
rilr». «l'aiulr^ilr* ri i|r rh\<>li(<'« M. Iji
rn»i». «pH»* une cimir mirmMrnpu|UP . n
ilrlrnninr la rorlic du plalrau de Purara
rnminr dp l« Jarilf n hinlile. C.'r%\ iinr
rnrhr «olcaniqiir lrr« rirhr m verrr incn-
lorr, w montrant, au niicro«copr. Irw
«*lirô. ¥À\r te coinpose dr biolilr inica).
do ipiarli ri d'un plau'i'X"!**'' don! qiicl-
ipir» IviH*!» «îkv» l>a«i«pir» allr n
dr»inr. inaclr« »iiivanl le» lor ii.*
d«> Carlahad. Cet mint^raui rii»lcnl rn
f^rand» rri^laux Iré» bris*-» qnî iir «<»nl pa»
«ccumiva^nc» dr niirrolilr» li>|ii*|Mtluipir«.
ARCHEOLOGIE DE LA PUNA DE JUJUV.
()33
tion de ces plateaux. L'action continuelle de l'air et de l'eau sé-
pare et fait tomber des blocs prismatiques, qui, brisés dans
leur chute, forment un entassement d'éboulis (^/j au pied du
plateau. Les éboulis atteignent en général plus de la moitié
de la hauteur des plateaux. Les flancs de ceux-ci, au-dessus
des éboulis, sont toujours parfaitement perpendiculaires. Le
sol des ravins et de la plaine est couvert d'une couche de
terre et de sable apportés par les eaux. Dans les endroits où
les ruisseaux ont dénudé le fond , on reconnaît les roches tra-
chytiques. Les terres de déblayage qui les couvrent n'ont
souvent que i ou 2°" de profondeur.
C GroU& /\4Jiéreur-e; cr'euj-ée' peu- l'eai^^
ti> EboulLr de /r'ac7iijt^
Fig. i3o. — Pucarâ de Rinconada. Coupe schématique d'un plateau de trachyte
avec grotte funéraire.
Le plateau sur lequel se trouvent les ruines est situé sur la
lisière de la plaine de Pozuelos. Du haut de ce plateau, on
domine celle-ci tout entière. A TEst, on voit le Pan de Azùcar,
montagne isolée, de forme conique, et à farrière-plan la chaîne
de Cochinoca. Vers le Nord la plaine continue sans interrup-
tion jusqu'à la frontière bolivienne. A l'Ouest, par- dessus la
couche trachytique, s'élèvent la Sierra de Cabalonga et la Sierra
de San José, séparant cette plaine de la vallée ou quebrada
n.Ti ANTIQIITKS DE LA RKfilON ANDINK.
Inrmt'e par \v Kio Urusinavo, affliUMit du Rio Sanjuaiiinayo'",
(Hil,à travers le haut platrau lM)liNieii, va rejoiudrr \r Pilc»»-
inavn.
La /ùy. I.'il inoutn- Ir platrau vu flu \onl. 11 a ruxiroii
I .'^o" (Ir loM'nn'ur, Ho'" (\r Inrjrcur et lo" (le liauli'ur. La sur-
face en est bien nlalr il couNerte d une couche de terre de i"
d'épaisseur iiiaxiniuni. Le ])lateau est coni|)leleineut iuacces-
sihle, sauf du (*ôté sud p.ir un ( hrimii aihlicirl ni hu rt , très
es<*ar|M* et a\aiil nioins (h* i "" de larj^eur. \ liiMhml où ce
chi'iiiiii ahoulil sur le nl.ilfaii. rii a sm |i- pi, m. If iinir d«'
circoiaallation du village est |)articuhen lueut solide et hien
construit, (le |)lateau iif présenir |)as de «grottes naturelles
dans M's flancs, coninir j)lusieurs autres |)lateau\ des envi-
rons.
Sur le pi. in juj. I.'i.'i -, on \oil la disposition des ruines, .l'ai
dressf» ce croquis d'après h'N nif^nirs (pi.- j\ ;ii prises; cep<Mi-
dant, lis murs étaiil m partie conipleirnient démolis du côté
ouest (In \illa«;e, il a él«' (pnlijnclois dilVnih' d'en retrouNer
la direction aNer exarlitnd)'.
Les murs sont des pircas h.ilirs a\ec des pierres de la nuMue
roche dont est formé le plateau et prises piohahlement parmi
les éhoulis. (!es pierres assez dures sont aplaties, à cause de
l.i lissdil»' (\r la roche, fc^lhvs sont, pour ( •• niolil, hien sujW'-
rieures pour la constriu lion drs miMN aux j>ierres roulées (les
puras d'autres ruines, j)ar «xcmple de relies de Taslil. On
\oit ///y. /.ïî? la structure (\r l'un de ces murs, ils .sont en gé-
néral conservés juscjtrà r"de li.inlenr. parfois jusrpr.'i i".^o.
i^' épaisseur est de o'" 5o à o"" 60.
*"' Cr nom f>l cnni|>oM^ ihi nom r»|»n-
gnol Sait Juan (<uiin( Jran) et ilii mol
«|iiirhii« mayo {n>wrv). l^hm la lilli^mliin'
«rrlirtiliif^iqur. on Ta rrril k lort • .S«n Juan
t\r \|a>o* ; S.iinl Jr<«n lie-Mai] . m rn>\.inl
(|u il *°a^>il tlii fiiiii« (Ir niai. |MMi«lAnl Ir
•|ui'l on! liru li^ f^lr» cir llnilc^prniUnro
dr la IWpuhiic|ur Argentine.
(*' M. Amhmarlli 23. p. S3] |Hibiic un
plan tli* Piirara cir Hinronada. drcM^ par
M. (ii'rling. Fji rom|»aranl ci> rrorpii» avpr
Ir mirn. on nr Inuivo pa« une truie ligne
v^mlil.ililr »ur l'un rt Mir l'aulrr. I.<* pian
ilr M (irrling r»( lollcnioni fantaiMstr.
qu'on nr peut «'rnip^her dr douter qu'il
•oil vraiment monté Mir le plateau.
Pl. LIV.
Fig. .3.
Plateau sur lequel est situé le village preliispauK[ue de Pucarâ de Rinconada.
\ u du Nord.
l'"ig. i32. — i'ucarà de Ilinconada. I\irlii'dis ruines du village j)iTlMsj)aiii(|ue
[c sur le plan lig. i33).
ARCHEOLOGIE DE LA PUNA DE JU.TUV. G35
La forme et la disposition des constructions sont beaucoup
plus variées à Pucarâ de Rinconada que dans les ruines de la
Quebrada del Toro. Tandis qu'à Moroliuasi , à Puerta de Tastil
et à Tastil, presque tous les enclos sont rectangulaires et ont
à peu près les mêmes dimensions, à Pucarâ nous voyons des
enclos de diverses formes et dimensions, et, d'autre part, de
grands enclos ayant jusqu'à lô'^x lô"", dans l'intérieur des-
quels se trouvent de petites « chambres » de 4 à 5°" de côté.
Cependant, à l'Ouest, les constructions sont plus uniformes :
là dominent presque exclusivement les enclos carrés ou rec-
tangulaires de 5 à 6™ de côté, sans «chambres» intérieures.
On est tenté de s'imaginer que cette partie a été le « quartier
populaire » de la ville, et que le « quartier aristocratique » était
à l'Est. Des rues tortueuses, au niveau du sol naturel, renfer-
mées entre des murs , réunissent les différentes parties du vil-
lage. Ces rues sont indiquées sur le plan lorsque j'ai pu les
tracer avec certitude, ce qui n'a pas toujours été possible à
l'Ouest, où des pircas tombées empêchaient de les suivre.
Quelques-unes des rues se terminent en cul-de-sac, et, comme
à Tastil, beaucoup d'enclos ne touchent pas les rues; il y faut
passer par-dessus les murs de plusieurs autres enclos, pour
atteindre une rue.
A côté de l'entrée a est située une grande construction h,
de 8™ de longueur sur 4"" de largeur, mesures intérieures. Elle
est bâtie plus soigneusement que les autres, avec des dalles en
trachyte spécialement choisies; ses murs ont plus d'épaisseur
que les autres murs du village et sont encore bien conservés
jusqu'à plus de i" 5o de hauteur. Cette maison est la seule
pourvue d'une grande porte, au milieu de la faça(h* (h)nnant
sur le village. Derrière la maison, il y a une petite cliambre
semi-circulaire reliée au mur, mais qui n'a pas d'ouverture ou
d'issue d'aucune sorte. En parlant, page ^ly, des ruines de?
Lapaya, nous avons vu que dans ce dernier village préhispn-
nique il existe aussi une maison de construction spéciale,
comme celle que nous venons de décrire. Quelle était la desli-
6S6 AMIQIITÉS DE LA HKGION ANDINE.
nation (l«* ces maisons? Peut-tHre étaienl-ce ies habitalion^ du
cln'f ou l)irn (l«*s iocaux (lrstin<^s aux asseml)lées, coninir la
(lasa (Ir la C.nmuiiitlail (lu Nilla«;e nuxln nf (l«' Suscjues?
KÏK. i33. Porarâ lir Hinmnaila. IMan ilii «ilUitr pn''lii*|MiiiK|ur. l'X'Itolk! i i/iooo.
].rs porlrs sont tn-s rares dans les murs de l'ancien villaj;e
t\r Pur.ir.i ri Ir hon rial de rons«T\alion dr rrs murs pernu'!
d ailirnuT (|w«' l.i plupart des enclos n (>n ont jamais eu; ceux-ci
ne communi(pirnt |)as non plus avec les rues |)ar des i)ortes.
ARCHEOLOGIE DE LA PUNA DE JUJUY.
637
Nous nous retrouvons ici, comme dans la plupart des ruines
de la région diaguite et dans celles de la Quebrada del Toro,
en face du même problème au sujet des communications entre
les divers enclos : on ne peut les expliquer qu au moyen
d'échelles. Les quatre ou cinq portes que j'ai vues, toutes de
petites dimensions, i"" de hauteur sur o°'5o de largeur, ser-
vaient d'entrée à de petites « chambres » situées à l'intérieur
de grands enclos. Au pied du mur
d'une construction ayant la forme
d'un quart de cercle et qui se trou-
vait dans le coin d'un grand enclos ,
non loin de feutrée a, il y a une
ouverture rectangulaire de o"5o
Xo'^ôo, c'est-à-dire si petite qu'un
homme adulte ne peut y entrer qu'à
plat ventre.
Dans de nombreux enclos, la
moitié environ, se dressent, debout,
des pierres cylindriques, taillées ar-
tificiellement en dacite tendre. Pres-
que tous ces « menhirs » sont main-
tenant tombés, mais leur position IMkn^'
démontre qu'ils avaient été placés
dans le centre des enclos. Ce n'est
que dans les petits enclos que fon
rencontre des pierres de cette caté- f^'s- ^'^^ — î'^^a'-â do Rincona.ia.
^ T . , . «Menhir» (c sur le plan /?(/. 133).
gorie ; dans les grands je n en ai pas 1/20 gr. nat.
trouvé. L'un des plus grands de ces
«menhirs» est reproduit de deux côtés fuj. 134. Il a r"(S8
de hauteur, o'^gG de circonférence et o"'3o de diamètre.
L'extrémité inférieure, introduite dans le sol, est arrondie;
le sommet est légèrement aplati des deux côtés; à o''''2'^ de
l'extrémité supérieure une rainure est esquissée, ressemblai! l
un peu à la gorge des haches de pierre. Ce même « menhir »
se voit sur la photographie fig. 132, et sa place est marquée c
«3« WTIQIITKS DK LA HKCION ANDINF.
sur \t' phiii. Qii«|(jin»î*-uiis de ces « ineiiliirs • ont des jçorj^es,
d'autres n'en ont pas, mais tous sont cvlindricjues, \ariant dr
i" à I* dr liautrur. (!es pij'rri's corres|)ondent à celles (jue l'on
IrouM* souNrnl plantées drhnut dans les ruines d«* la ré;^ion
din^Miili' il dont nous avons parif pa»;»' 107, et aussi aux
dallfs jMi pirrn' \erle des enrlr>s de I a>lil, décrites pa«;e ^^70.
Dans la plupart des enclos, il v avait des pierres à surface
li'gèrenuMit concave destinées à hrover les grains. Ces mrtalcs
ne sont pas à proprenirnl parlrr drs niortiiM's, la concavit»' de
lf>ur surface étant trop pni |)rolon(l<' pour (|n On leur donne
ce nom. \\s portent des traces d'un lon^ u>a^e vi sont tous
faits (\r (piart/itr micacé ' , rochr durr (pii, d'après les Indiens,
ne sr trouM' pas auv en\ irons de Pucara, mais (pii doit avoir
été a|>|)ortée dr loin. La lonj^ueur de ces métalt's est générale-
nit'iil df» ()".*>o à o"(>t).
lin louill.nit, il I ^'>^l «lu Nilla^M-, |'.ii découvert dans dru\ en-
clos une sorlf de cli.iinhres soulerrauies d'enN non 1'" de r«>l«',
formées de i^iandes dalles de dacite. Te ne sont pas là des
sépultures : les ossements humains, en elle!, v faisaient défaut;
les seuls dehris «•laienl <piel(pies os brisés de liuanaco et de
vif(o«jne. PeutH'tre étaienl-ee des ^'arde-inan;;er ou des raclietles
pour les ohjels précieux.
I .11 loudie e|;alemeu! le sol d;ni^ |)lusieurs autres endroits
des ruines et j'en ai evlinmé lieaucoup de morceaux de jK)tt»rie,
de nond>ren\ ira<;ments (\v ces haches |)lates en piern* schis-
loïde, si caracti*i'isli(pn's de toute la réf;[ion, et dont j'ai troux»'
un grand nond)re entières, rej)resentées //ry. /.V/V, dans les
grottes d«»s environs; enfin, des (»s i\v huanaco et de xigogne,
mais peu <ros (pir I nu j)uisse attribuer avec certitude au lama.
I.a |M)terie consistait pres<pn' Inule en fragments de très
grands récipients, h |)arois épaiss<>s et |>ourvues danses, <le
pâte gn)ssiére, sans décor, (iftinme sur le plateau il na
'*' Dpirnninr |tar M. luirroii. Fomu' Irllr» i\f tnuacovitc. avec quoique» minr
lirllniirnl (\i' i|ii.iiii ri ilr finr^ |Mil mut iirTO*»oirr« . romnir U tourmâlinr.
ARCHEOLOGIE DE LA PUNA DE JUJUY. 639
jamais pu y avoir de source d'eau, les anciens habitants de
Pucarà ont dû apporter leur eau d'une source qui existe encore
dans le ravin, à quelques centaines de mètres de distance du
plateau. Il était alors nécessaire, surtout en cas de siège, d'en
avoir de grandes provisions. Ainsi s'explique la surprenante
quantité de débris de ces grands récipients en terre cuite dont
les fragments démontrent qu'ils avaient en général une hauteur
de o'^So à i"".
On trouvait aussi des débris de poterie plus fine , provenant
de vases et d'écuelles de formes simples, quelques-uns engobés
avec de la terre ocreuse rouge, presque tous sans décor ou
ornés simplement de lignes noires, ha ficj. lâl représente un
grand fragment d'une de ces écuelles qui, avant d'être cassée,
avait o'" 35 de diamètre et o"i2 environ de hauteur. Cette
pièce est intéressante par son décor de lignes noires quadrillées
qui ressemble parfaitement à celui d'autres poteries que j'ai
trouvées à Morohuasi et à Tastil, lesquelles sont reproduites
fi(j. 70 et 85.
L'anneau en ipierre fig. lââ f,f', en andésite décomposée,
provient aussi du sol de l'un des enclos. Cet anneau pèse SSô^*"
et a ©""oQ de diamètre extérieur maximum et o™o4 de hauteur
(épaisseur); le trou a o^oil\, de diamètre minimum. C'est la
première fois qu'une pierre perforée de ce genre, si communes
au contraire dans d'autres parties de l'Amérique, a été ren-
contrée dans cette région. Je parlerai de ces pierres plus en
détail, en décrivant les pièces similaires que j'ai trouvées à
Pozuelos. La pierre ronde, y?^. iàO e, de o^'oy de diamètre
maximum et de o™o53 de hauteur, provient également des
ruines. Elle a une concavité de chaque côté, mais peu pro-
fonde. Peut-être s'agit-il d'un anneau de pierre comme celui
que nous venons de décrire, mais dont la perforation était à
peine commencée.
Le fragment, y/</. 1Â0 c, de o"'oi'.^ d'épaisseur, est la moitié
d'un de ces outils en pierre schisteuse, en forme de croissant,
semblable à ceux de Quêta qui sont décrits plus haut et repro-
6^0 \NTI(HITKS DK LA REGION ANDINE.
duils //(/. l'jfj a. h. t. La //</. I.'W / rtipiéseiiie un autre de ces
outiU. Ces deux pièces ont été trouvées dans le sol des ruines.
L'objet fuj. L'iiS h est un tnjxt ou peut-être plutôt un instru-
ment cîe tissa«;e, lait de la moitié d'un métatarsien Tendu de
lama ou de huanaco. Du rofé NJsihle sur la llj^ure, on voit les
traci's de la coiuaNite natureile de l'os. Ci'tte pièce a o"* l .') de
longueur. LU»' a été trouvée dans le sol de l'un des enclos.
Sur Ir sol (lu jil.ili-.m j ai iciicontré, m <»ulrf, d»- prlites
perles perforées, en lurtpioise, et deux ou trni> pointes de
lleclies identi(pies à celles des jçrottes funéraires dont la fuj. î 12,
n' 42 (page ^7^]^ montre un spécimen, et Ivsftu. I,'i7 aai î3Sa
trois autres avec leurs llamp(•>^. H n\ .nait pa^ (\v pointrs dr
IUmIh's d'autres itunies.
Au cours de mes fouilles sur !•• plalrao, |r n ai rxliumé des
os Inimains (Mir dans un >ciil riKJrnit, mannié d sur le pl.iu.
C'étall un s(jinlrllr riilnr, (pu se IroiiNait couché sur le dos,
pres(pi«' iinincdiatement au-d«'ssnus de la surface du sol, <'n
drlicirs drs riiclos, pn-s du Ixud du plalrau. Les OS étaient
dishxpies et en partir drtruits par le pirtiiirment sur le sol,
mais, chose curieiisr, Ir criiiir «'tait assr/. hieii conservé. Il
présiMile la déformation cum'ilorme couchée, 1res prononcée,
déformation (pii était rare dans les grottes funéraires des en-
virons. Ce cràni' poilr Ir n" 3u dans InuNi.ii;»' <l>i h' ( ,|jrr\iii
99. 1 III i. 11 v avait, auj)rés du scpudette, des os hri.ses de
huanaco et des morceaux di* cliarixin. ( . rs| le srui cadaxre
(h' Pucarâ cpii ait été Irome en dehors des gn»ltes srpulcrales.
|)es circonsl.nuTs parliculirres, avant ra|)j)ort à la mort dr ce
^njrl. pourraient seulement e\pll<jii»T crltr anomalie.
Grottes funéraires. - l)<u\ plalraux situes a l'ouest de
celui ou sr trouM'iit Ifs niiiirs ^\r Pucarâ pn'senlent ties
grottes ou les hahilants de ce >ill.igeout rusjM'Ii h»urs inortâ.
Les trois |)lateaux .sont s«^|>arés entre eux |)ar des ravins de
aoo* de largeur environ. I^a formation des grottes s<^ voit sur
la coupey/<y. L'iO c. Llles sont toutes sur la ligue ou .se termine
ARCHÉOLOGIE DE LA PUNA DE JUJUY. 611
la partie perpendiculaire du mur trachytique [b) et où com-
mence l'entassement d'éboulis [cl); elles ont été creusées par
l'action de l'eau sur la roche, qui est très tendre. Je n'ai pas
observé de traces d'un approfondissement artificiel de ces
creux. En dehors des grottes de ces deux plateaux, il doit y
avoir d'autres sépultures de la même catégorie dans les plateaux
des environs. Les Indiens disaient, en effet, qu'il n'était pas rare
de trouver des grottes sépulcrales même à une assez grande dis-
tance de Pucarâ, mais il lut impossible de les leur faire mon-
trer, par peur de la vengeance des antujuos dérangés dans leur
sommeil éternel. Ces dires des Indiens sont vraisemblables, car
le nombre des morts dans les grottes des deux plateaux men-
tionnés ne correspond pas du tout à un village aussi grand
que celui de Pucarâ. A environ 600™ au nord -est des ruines,
isolé dans la plaine, se trouve un petit plateau très miné, très
déformé et très morcelé par l'érosion, où j'ai trouvé aussi des
grottes funéraires, mais, à une exception près, complètement
détruites et dépouillées de leur contenu. C'est sur ce même
plateau, comme nous le verrons plus loin, qu'il y a de nom-
breuses figures de lamas gravées sur les rochers. Les Indiens
ont un nom spécial pour les grottes funéraires; ils les ap-
pellent J)OtOS.
J'ai fouillé une vingtaine de grottes ; dans la moitié les
cadavres étaient dans un assez bon état de conservation. Ces
grottes avaient été pourtant visitées par les chercheurs de
trésors, mais ceux-ci s'étaient bornés à fouiller légèremcMit les
cadavres et ils les avaient même quelquefois laissés dans leur
position primitive.
Les grottes ont des dimensions à peu près uniformes : :^"' de
hauteur, environ 2™ de profondeur et 3 à 4"' de largeur. L'ou-
verture est en général d'une forme circulaire irréguhère,
d'environ i°'5o de diamètre; les parois, le plafond et le sol
sont concaves : la ficj. 130 c en montre une coupe normale.
Toutes les grottes avaient été fermées par des murs en pierres
assemblées avec de la terre glaise; comme nous l'avons déjà
i,,2 WTinilTKS I>K I. \ itK(.lUN ANDINK.
VU, ('«'sl aussi \v cas |X)ur \vs j;rotU*s funérairrs de Sas aie et de
louli' la réj^ion. (^es murs sont inaiul«Miaiit , ou compIrlenxMi!
rasrs, ou a moitié écroulés : U'i> clierclieurs de Iresors .soûl
ualurrllruirnl lr> auliMirs de ces dégàls.
La couca\ilé du sol des j^rolles «'st n'iMj)lir d uii«' couche
dr sahlr d*ru\irou o".'h) dépaissrui, :ij)|M)rlé sans douh' j)ar le
mmI. ann's la deslrucliou des iimis (jui Irrmaienl les f(n)lles.
\l. \nii llosrn '318. p. 4) rapporlr I»' iiu'Iih' Hiit nu sujrl des
groltcs (luil a examinées à (^asahiiulo, mais, sui\aul sou ttpi-
niou, la conclu' de sahle aurail déjà exislé lors(|Uon a déjH)sé
1rs morts dans la grotte, et crnx-ci auraient ele enterrés dans
le sahle. Il insinue ménu' (jin' 1rs murs avaient eu |X3ur but
(rrmiMclM'r !•• \«iil d ridr\er ce sahle. Ci'llr «'\|)li(ahon est tout
à lait in> raisrMd)lal)lr, coiiiinr la position des cadavres de
Pucarâ le démontre. Il \ a\ait en ellel plusieurs cadavres assis
nres(jui' sur la roche et recouverts de sahle jusqu'à la taille à
peine. Or il est impossible (jne l'on ait creusé un trou pour v
laire entrer uni(piement la partie inlerieuie du corps. A Pucarà
aussi hieuipia (iasahindo', les cadavres ont certainement tou-
jours été déiMisés dans la grotte ni poMlimi assisi*, sans être
eiilern's. Le sahle a ••!(• .ippoite ultenenremeiil par h* \ent et
est entré jiar les fissures des murs.
(.harpu* grotte contenait eu général (piatre ou ciufj caflavres,
parfois jus(pi'à sept ou huit; dans une seule grotte il n'v avait
(pie d(Mix cada\res, mais aucune n'en aNait moins. La plupart
des cadaM'es étaient des adultes; il v avait |)eu d enfants Là ou
la grotte n'avait pas été Iroj» bouleversée, on |>ouvait se n'udre
compte (pir 1rs morts axaient ete placés h' long des parois,
dans leur |>osilion accrouj)ie hahiliielle, les jamhes rejïliées sur
la poitrine et les genoux touchnut prescpie le menton. Les
hras axaient dilTériMiles |)ositions, mais ils etaitMit aussi tou-
jours plus ou moins re|>liés sur la |K)ilrine. Lu général, la
chair n était j)as hit'ii conservée. Plusieurs cadaxri's gardaient
encore leurs cheveux arrangés en tresses, de la manière déjà
décrile à pn>|v»s des cadavres de Savate. Comme à Sayale et
ARCHÉOLOGIE DE LA PUNA DE JUJUY. 043
à Calama , il y a avait à Pucarâ des cadavres ayant les cheveux
blancs.
Les crânes recueillis dans les grottes funéraires de Pucarâ
de Rinconada portent, dans l'ouvrage du D"" Chervin (99, t. m),
les n°' 25, 26, 27, 28, 29, 3i, 33, 34, 35, 36, 37.
Tous ces crânes proviennent des grottes situées à l'ouest des
ruines. Le squelette n" 3o a été trouvé dans l'une des grottes
du petit plateau isolé, au nord-est des ruines. De ce cadavre
il ne restait que les os réunis par leurs ligaments. La chair et
les vêtements avaient disparu, et, autour du squelette, je n'ai
rencontré aucun objet qui pût avoir un rapport quelconque
avec le mort.
Les vêtements des cadavres de Pucarâ étaient tous presque
détruits par l'action du temps : je n'ai pu recueillir que de
petits fragments d'étoffes semblables à ceux de Savate comme
technique textile, dessin et couleurs. En dehors de ces étoffes
en laine de lama, il y avait à Pucarâ d'autres tissus en fdDres
végétales, provenant probablement de l'une des broméliacées
qui existent dans le pays, peut-être d'une Pitcairnia. Ces der-
niers tissus ressemblent aux gilets en fibres de Bromelia Serra,
Griseb., employés par les Matacos et autres Indiens du Chaco
comme cottes de mailles pour se protéger contre les flèches de
l'ennemi.
Parmi les objets trouvés dans les grottes de Pucarâ, les arcs
et les flèches étaient très communs. Les arcs étaient tous brisés;
lay?<y. 135 donne la section de fun d'eux, très semblable à
celle de deux arcs de Santa Catalina, dont des coupes sont
figurées par M. Lehmann-Nitsche (210, p. 5). Le bois de ces arcs
n'est pas originaire de la Puna; il n'y a aucun arbre sur le
haut plateau susceptible de l'avoir fourni. Ce bois, de même
que celui qui a servi à la fabrication des autres outils trouvés
dans les ruines et dans les cimetières de la Puna, ainsi que
la plus grande partie du bois des outils préhispaiiiques de la
Quebrada del Toro, a dû être apporté du Chaco ou des vallées
fii'i WTIQUITh.S m. \.\ i;h(.l(>N ANHINF.
fie Jujuv pt (\v Salla. Ce fait i\\w \v> liidifiis de la réf^ioii
.iiidiiu' clirrcliaioiil l«* bois dans la basse lerre, à de longues
dislaiicrs, est roidiriné par le \\ Lo/.aiio 220.\.p.Ho\ suivant
lr(jurl on a\ait rrntontrr, \ers i(».>7, dans les forêts de la
rr«(inn d'Ksjrro, trois rents (ial(*lia(|nis (|ui v étaiiMit di'sceiidus
ixHir enniM'r dn Ixùs et m ial)ri(|ner des arcs. Ils retournaient
chez eux cliarnn awc >ingt arcs. Bien qu'il y ail m des arbres
dans l:i N.illée (^alclia(|iiie, l»- bois d«' ces arbres ne servait pro-
bablement |)as à faire cb's arcs.
Kig. |3S. ~- l'iiraru <ir Kinrooaila. (i«ii|w 11*110 arr.
('•raixlt-nr nahirrllr.
Les lleclies ilf l'iic.ir»i sont toiiles idrMiticpns nitre rljes. .lai
«'•lé nssr/ lienreiiN j)«)ur «mi rmieillir (nirJMucs-imrs entières,
dont Tune est rc prcKhiile Jnj. L'i/ a, et la j)arlie antérieure
(\v deux antres, j)n*s(nH* en «j^randenr natundlr. /nj. l.'iS n. La
lianinr rs| di\is«M' m drux |)arties : la j)artir postérieure e>l
(piehinclois lailr d imr sort»' d«' roM-au, cf d'antn's fois du
inéin»' l)oi> à nio<dl(* ti'ndr»' (pu- im)Us a\oiis iinulioinjé plus
liant, pn«;es l\\} et ô()7, à j)roj)os des flècbes de Moroliuasi ri
de Sas air. \ Piirarâ, les banipes de ce bois, roninie crile de la
Jitj. L'i? a, son! beanron|) |)lns communes (pic (elles en ros(>au.
(iette partie |>ostérieure de la bamj)e est j)oiirvue de |M»nnes
lixées au ino\rn d nnr malière collante et attacbées avec des
iilaiiHMits de Irndons. Les barbes de ces pennes .sont con|)ers
• 'Il li«;in' droite très près (!<• la liampe, de façon (jiir la lar-
geur de la p<>nne ne dépas.s(> |)as S ou f\ milliini>lres. Près de
r«'xtiémité |>o>térieure, la bampe est entourée dnii anneau fait
dune malirre résineuse nirlaiiL,'»'»' dr terre et ser\ant de conlre-
|Mnds. (iel anneau est noir, Nerdalre ou rougeàtre; il |>orte de>
stries longiludinaies. La hampe a toujours à .son extrémité une
ARCHEOLOGIE DE LA PUNA DE JUJUY. dS
légère encoche destinée à l'empêcher de ghsser sur la corde.
Elle est ornée, au-devant des pennes, d'anneaux peints en noir
le plus souvent, mais aussi en rouge. Les dimensions et la
disposition variées de ces anneaux permettent de supposer
qu'ils constituaient des marques personnelles que chaque
guerrier appliquait sur ses flèches. A l'autre extrémité de la
hampe, lorsque celle-ci est en bois, on a extrait, comme dans
les flèches de Sayate, un peu de la moelle spongieuse pour y
insérer la partie antérieure , qui est toujours en bois : un bois
dur, assez lourd. Quand la partie postérieure est en roseau,
on a simplement inséré la hampe antérieure dans le tuyau
formé par le roseau. Le bout creux du bois ou du roseau est
toujours renforcé par une ligature de tendons coupés en fila-
ments très fins. La pointe est emboîtée dans ce creux; elle y
est consolidée avec une matière résineuse et attachée exté-
rieurement au moyen d'une ligature de tendons. Toutes les
pointes de flèches recueillies à Pucarâ sont taillées en silex
d'une couleur grise, et sont à peu près de la même grandeur et
de la même forme : triangle isocèle à base droite et pédoncule
cylindrique relativement gros. L'une de ces pointes est re-
produite^^. iî2 (page 576), sous le n" â2. Les pointes en bois
semblent ne pas avoir existé à Pucarâ. Les flèches ont une
longueur très uniforme d'environ o"6o; la partie antérieure
de la hampe comprend environ le tiers de la longueur, la
partie postérieure les deux autres tiers. Les flèches se trou-
vaient auprès des cadavres des grottes funéraires en faisceaux
de 10 à 20 chacun. Au Pérou, on trouve des flèches à pointes
en silex, emmanchées exactement de la même manière que
celles de Pucarâ de Rinconada et de Morohuasi. M. Ch. G. Ab-
bott (1, p. 279) reproduit l'une de ces flèches péruviennes, qui
ajustement la même longueur que celles que nous venons de
décrire, o™6o.
Un autre objet que j'ai trouvé dans toutes les grolles sans
exception est la hache plate du type de celles de Lumarâ et de
II. '12
fi'iG \NliniITFS I)K LA liK(.h»N VMUNK.
OiK't»'! , (Irja (i<Miit«'.s j)aj(«'s6l8el Gin.fin. 123 c, d vi l'2(hl,e.
Six s|M•cillH'Il^ (Ir Piirarâ sont n'profluits f(j. l.'W d, h, i,j,
/. . /; / ri /. N sniil i';;.ili'mriil n'pirsiiitrs cil prolil. (ifs hacllPS
soiil tontes laites d iint* vovUt' srlii^teuse, assez dnro, cléter-
iiiinée par M. le pnilesseur Lacroix, comme étant nne aii-
«lésite à hypTstèiie à j^rains lins, renlernianl niir assez ^rancl(>
(inantité de phéno-cristan\ d livprislene de pelili* taille. La
lissilite de la rorhe pTinet de la diviser assez. larilcMnent en
lames rie i à 'i centimètres d'épaissenr. ni.n^ «'lie n'est |)as
lendleléi-,
(ii'tti* rodu", très propre a la ronleclion i\r> iiaciies v[ dr.s
pelles n'existe pas dans la Pnna de Jnjuv, d'aiirès ce que m'a
assuré mon excellent cicérone à Pucaré, le viel Indien l'eii-
cianoCîareca, ponr (pii. coninn* ]• Tu (|i|.i dit. il ii\ a pas une
pierre, |)as une |)rlile (jnehrad.!, pJ^ un s<Miinn*| de monta«(ue
dans toute la Pnna cpii lui soit incornui. Il ma ditaNoir\n près
de Itosario de Al.icani.i, dans je Territoire dt-s .\nd(*s, nne an-
cienne carrière de celle j)ierre (lui paraissait avoir ete exploitée
an temps des anlnjtios, et où il v avait beaucoup de ces haches
inachevées et cassées. Si on 1 en croil — «1 je ne doute pas de la
véracité de ses renseij^nemcnts, — touti's ces haches plates des
endroits les plus dilleriMils di» la Puna seraient <»ri«;inaires de
cette carrière située à plusieurs journées de distanc(> des ruines
où je les ai lrou\ées.
(.es ji.irhes soiil toul à iail «araclerislnpies de l.t Puna <le
Jujuy; nulle antre pari en \m<*ri(pn* on n'a renconln' de haches
de ce type. Au contraire, dans la réj^ion cnie j'ai étudiéi*,
elles ne maïKjueut dans aucun ancii-u Nilla«;e, exci'pté à Savate.
A PucaCtî, nous avons nu (jne le sol du plateau est parsemé de
fra^^'uients rie ces haches et (piil en existe dans toutes les j;n)ttes
lunéraires; en outre, j'en ai trouxé de nondireux s|)cciinens
a Lumarâ, à Quêta et à Pozmdos. M. Leinnann- Nitsrhi'
(210. I» ^M, |il. \, \ :\) reproduit I une de ces haches «h* Sanjnan
mayo, en Santa f'.alalina, endroit indicine sur la carte ar-
chéolo^icpie. \|. \ud)rosetti(23, 1». 5.Î) en représ<Milc une autre
ARCHÉOLOGIE DE LA PUNA DE JUJUY. 647
«de Rinconada ». La Mission Suédoise a recueilli plusieurs
haches de ce type à Casabindo et à Cangrejillos; le comte von
Rosen (316, p. 6-9, pi. vm, à) les décrit et donne la figure de l'une
d'elles.
J'ai rapporté de Pucarâ onze haches de cette catégorie. Elles
sont assez minces, d'une épaisseur qui, dans différents spéci-
mens, varie entre o'" 010 et o*" 020. Comme nous l'avons
dit, la pierre dont elles sont faites se fend facilement en lames
assez lisses et d'une épaisseur qui ne varie que de 2 ou 3 milli-
mètres dans les diverses parties de la même hache. La surface
des haches est très souvent polie ; le talon fest cependant moins
fréquemment que le reste de la hache. Le tranchant est soi-
gneusement affdé d'un ou des deux côtés, donnant ainsi fuu
de ces deux profits : P ou IJ ; la première de ces formes est
plus fréquente que la seconde. La longueur du tranchant et la
hauteur verticale, y compris le talon, des onze haches de
Pucarâ sont les suivantes : o™ 35o eto™ 196; o'" 2 55 et o™ 1 70;
G"' 2 10 et o"" 2 10; o™ 100 et o"" 1 yS; o'" 220 et o"' 196; o"' 1 70
et o'" i55; o"" 220 et o'" i3o; o*" 2 3o et o"* 200; o'" i85 et
o"" 195; o™ 2 25 et 0*" i4o; o™ 120 et o" i2 5.
M. von Rosen (316, p. 7) croit avoir trouvé à Casabindo un
manche en bois ayant appartenu à fune de ces haches, mais
cette pièce fut recueillie dans une grotte où il n'y avait pas de
lame de hache. D'après M. von Rosen, les lames s'adaptent
bien à ce manche et plusieurs lames présentaient des stries
pouvant provenir du frottement d'un manche sendjlable contre
la lame de pierre. Le manche dont M. von Rosen donne une
figure sur la couverture de sa brochure est courbé, et la partie
au bout de laquelle devait être fixée la lame forme un angle
d'environ 45 degrés avec la partie qu'on devait tenir dans la
main. Quant à la direction de la lame, elle aurait été placée
suivant le plan formé par les deux branches du manche, et
non, comme on pourrait le supposer, verticalement contre ce
plan, tel que les lames des outils dits « herminettes». La hache
emmanchée de cette façon aurait, suivant M. von Rosen, servi
li'iH AMinUTF.S DF r\ RKCION \M>INF
à cli'tarhrr rfiivrl()j)|)e extôrieiire tiMicIre des caclus-citTges.
Pour moi, c«'s li\ j><)lli«*srs nt* sont pas sullisammtMit fondées,
hirn (lu'il ne s<»il jki^ absolument impossible (pie les liarbes
aient été emnian('b«'«'> et employées de la manière cpie nous
venons d'exiMiser. Mais je trouve l'instrument présenté par
M. \on Rosen p<n prati(jue et très diiriril(> à mani<*r. r[ y nr
puis romiirendre pourrpioi on aurait en brsnin d'un nntil si
sixVial |>our peler les cactus. n'aiil«in> I li\ polliés»* n est fon-
dée (uie sur un seul spécimen du mancbe snp|)osé, et d'autre
part je n'ai trouvé, sur aucune des nomi>rens«'s lames de
liarlu's n'cueillies par moi en dillérentes localités, de stries
send»lables à celles (pie mentionne M. von Rosen. En somme,
il n \ a (pie la trouvaille d'une véritable iiaclie emmanrliée
(lui pourrait nous doiuicr la snliilmii de re |)roblèine.
Avec la même rorlie scbisteuse, les anciens babitants de l*u-
carà ont é»;alement fabritpié des jielles: la //</. Î>i9 a, h, c en
inontn' trois spérimeiis, dont h est représentée aussi de profil.
(!es j)rllrs, lonles d'environ o"* oi dCpaissenr, ont leur bord
allil»', mais moins (pi(> les bacb(>s. Drs j)rlles en srbisteaNanl la
même iornuî ont élt- lioiivées pai \l. Si-m'cbal de La (iranj^e
dans le cimetière dr (ial.mi.i ; (jt'iix d rnlrr rllrs, donl lune ein-
manrlié(\ soni re|)r(»diiil»s //y. jfiS <l »| l(i!/ p. Une pelle m<H
derne «Ml \ri\ l.ibiKpn'e par les Indiens acinrjs de la proMiice
bolixirnne de Nord-Lipe/, /nj. Uiiy, démonln* (pic les Indiens
de nos jours ont conservé très fidèlement la lorine des onlils
en pierre contectionnés par leurs ancéires. La fin. î.'iff (j (Umïiw
une autre |)elle en scbiste de l'ncarâ, mais plus petite (pie les
autres it d un tra>ail moins arbevé. M. (ieor«;es (iourt\ a re-
( u»'illi en Lipe/. de nombreuses petites pelles exactement sem-
blables. |)i's prlles vu scbiste. de la inèine f«»nu«' cpie celles
de l'iicar.î et de ( ialaina, ont été nMicontrees dans des minimls de
1 \inéri(pie du Nord.
Les deux j)etiles pièces en scbiste. /kj. /.V/V r. f, provenant
aussi des grottes de Pucara, servaient |)robableinenl a faire des
raies sur des matières dures, par exemple sur la j)ierre. Leur
ARCHEOLOGIE DE LA PUNA DE JUJUY. 049
bord convexe est très usé et arrondi par le frottement. Ces
pièces ont o"' oo5 d'épaisseur.
Parmi les outils qui se trouvaient presque toujours dans les
grottes funéraires, il faut citer une sorte de bâtons rustiques
de o™ ^o à o"" 60 de longueur, dont la^^/. iS7 h montre un
spécimen. Ces bâtons, quelquefois étaient peints en rouge,
sont d'un bois qui ressemble beaucoup à celui de Xahjarrobo
(^Prosopis alla , Griseb.)^ et ils ont tous une de leurs extrémités
taillée en pointe. Il s'agit probablement d'instruments pour
fouiller la terre, pour extraire des racines, etc.
ha. fig. 137 c est un «couteau» en bois, semblable à ceux
que nous avons décrits, provenant de la Quebrada del Toro
[fy. 74 b, c, e), de Sayate [fiçj. 121 a) , et à ceux de Galama
que nous décrirons plus loin [fig. 168 b, c; 169 J). Le spéci-
men dont il est question est cependant moins bien travaillé
et d'une forme un peu différente. Cette pièce est de o"" 28 de
longueur, pointue et très tranchante; le bois dont elle est
faite semble être Valgarrobo. J'ai trouvé aussi des fragments de
« couteaux» plus grands, du type de ceux de la Quebrada del
Toro. Suivant M. Seler (327), M. Uhle rapporta de Casabindo
de nombreux spécimens de ces instruments. M. Ambroselti
(23, p. 5i) donne la figure d'un autre spécimen provenant «de
Rinconada « ; il le désigne sous le nom de « boomerang » ; nous
avons déjà signalé, page 34o, qu'il est impossible que cet
instrument ait été une arme de jet, c'est-à-dire un boome-
rang.
Les crochets en bois, si fréquents à Sayate, étaient moins
communs à Pucarâ; cependant il n'y avait aucune grolle où
l'on n'en rencontrât au moins un ou deux. Deux de ces crochets
sont reproduits fig. 137 e, J; celui marqué c mon Ire bien
l'usure de ces pièces dans l'angle formé par ses deux bras. Le
fragment de corde qui adhère à ce dernier crochet est en laine
de lama, tandis que la corde du crochet /est en libres végé-
tales et attachée autour du bois au moyen d'une épissure.
Ii50 ANTIOl!ITI^S I)K LA Bl^r;IO^ ANDINU
Sur l'einplni prohahlr de ces crochets, nous avons exposé
noln' ojiiniuii |)age 5c)r>.
I^a li(f. 137 d re|)rés«Mile une |)arlie d'un cordage assez
romplifjué. (i'esl une corde en libres végétales, provenant
prohahleinent d'une hnunéliarée; les dilTérentes j)arlieN ont
été réunies par fies i«pissures assez lial)ilenient laites. Lci'illrl,
où passr le bout terminé par un gros nœud, est entouré d "un
tressage en p<»au j)our éviter que la corde ne soit usée par le
frottement, (ie cordage nous oHn» un exemple dr i habileté
des anciens habitants de Pucarâ à se seoir dis cordes. Les
fragments de cordes en libres végétales étaient (Tailleurs com-
niuns dans les grottes funéraires. L un de> cadavres avait um*
corde dr crite sorlf attachée aiiloiir (bi cou i*l 1rs j.iinbrs Iiim'S
par une autn*.
Sur la fuj. l'iS sont n'j»ru(hiil~> plii^^i» m s prlils outils en
bnis. Lrs (\v\i\ cndlères c et d soiil ilr loinifs (hilérentes. La
|niiiin I r, dont l«' III. niche est cassé, rappcllr nos cuillères
mndi'iiies, tandis (nir l.i (irii\ici si rmianpiahle par son
mancln* courbe. M. Lehmann-.Nitsche 210 publie 1rs figures de
|)hisieur.s cuillères en bois de la Puiia di* .Iii|ii\, i\r Imnie cir-
culaire, mais toutes à manche droit.
Les petits gobelets en bois ne soiil p.is rares dans les grottes
• II- INicar^. Deux d'entre eux sont reproduits fuj. 138 c, f; le
premier a f)" o()2 de haut(>ur, sa surlaci» extérieure est incur-
vée,et, dans sa j)arlir l.i plus ««troitcà mi-hauteur, il est orné
d'un anneau en relie!. L intérieur est <'\ lindri(pie et prolond,
h* fond avant seulenuMit o"* ooK d'«'paisseur. M. Lelimann-
Nitscln' 210. |i. .!.*>. |il. IV «. H re|)n)duit un j>etit gobelet de (!asa-
bindo, de la même fornu», mais dont la cavité nest cn-usée (pie
juMpi'à la moitié. Oiiant à l'os |>erforé |)lacé dans ce dernier
gobeirl, je doute (ju il en l.issr p.ulir. Le gobelet f, de o" o5()
de hauteur, est très simple, ex lin(lri(|U(\ .sans décor.
Les pièces ficj. 138 h, I, en l>ois blanc tendre, sont arron-
dies d'un C(')té et plates de l'autre; elles ont donc la forme d'un
cylindre diN isé longiludinalenienf par In moitié. L(»c6té arrondi
ARCHEOLOGIE DE LA PUNA DE JUJUV. (iôl
porte les traces très visibles des fils qui ont attaché ces pièces
à un autre objet. Le côté plat ne porte aucune trace de lils.
haficj. iS8 fj représente un outil en bois, dont l'emploi m'est
inconnu. C'est une mince tige ronde avec une petite boule à
l'une de ses extrémités. Cet objet a actuellement o"" i55 de
longueur, mais il est cassé à l'extrémité opposée à celle de la
boule.
Les curieuses tablettes en bois, dont l'une est reproduite
fi(j. iS8 j, ont été rencontrées depuis la région diaguite jusqu'au
Pérou. Notre spécimen de Pucarâ, dont la moitié manque, a
o" 086 de longueur sans le manche, o'" 01 1 de hauteur, et
avait o™ o4o de largeur à l'origine; le manche a o™ o43 de
longueur. La tablette présente une dépression rectangulaire
entaillée de o" o63 de longueur, o™ 3oo de largeur primitive
et o™ 008 de profondeur. La pièce est faite d'un bois blanc,
pas très dur. Des tablettes semblables, mais d'un travail plus
achevé et avec des manches sculptés en forme de figures hu-
maines monstrueuses et de têtes de condor, ont été trouvées
par M. Sénéchal de la Grange à Calama, et sont reproduites
jig. 171 a et 172 a. Une autre tablette avec deux manches plus
simples provenant d'une sépulture de Chiuchiu, près de Ca-
lama, est représentée^!!/. 174 h. Le Musée d'ethnographie du
Trocadéro possède une de ces tablettes, en bois dur, orné(î
de deux figures humaines rudimentaires servant de manches.
Cette pièce, cataloguée sous le n" 4538, appartient à la collec-
tion Gaimard et provient du Bas-Pérou. M. Lehmann-Nitsche
(210, p. 8, 22; pi II, 17, 18 et m, 26) décrit et figure deux tablettes de
Santa Catalina et une autre de Sanjuanmayo. Les deux pre-
mières ont des manches assez simples, mais fune d'elles est
incrustée de pierres polies de diverses couleurs; la labhîtle
de Sanjuanmayo a comme manche un mammilère sculpté.
M. Ambrosetti (19, p. /i3 et 23, p. 23, 25) reproduit deux tablettes :
la première, de Quilmes (Vallée de Yocavil), ornée de trois
personnages sculptés formant manche; la deuxième, provenant
052 ANTIQL'ITKS DE LA REfJION ANDINE.
• (Ir Riiiroiiacla •, avec deux jx^rsomiaf^es. \I. \ in hrosctti s'étend
lon«;iiein«Mil sur la valeur invtlu)ln«;i(|up de ces ligures et lait
|)r»Miv»' d inu' iniat^iiiation très riche : l«'s trois pTsoiniaj^esde la
l.il)l«'tt«'d(>Qnilrn('s se uoiinncraicnt * l'idolr Taii'^alaii^a », sim-
nlfiiit'ut |)an'(> (lur li> V. (ialaiulia inciitioiiiir une triiiitc ixtr-
tant vr nom «1 (|ni était adorée j)ar les Indirns dr ( lliu(|nisara ".
Encore : les rliu\ j)ersonnaj;es de la lahltllr dr l'iiuconada
seraient la in^'uie ■ idole Tanj^alanga ■, où I un (li'> nnwnhres de
l.i Irinité aurait été omis par le sculpteurl M. I). S. \guiar
(6, p. a3j pul)li(> la j)lioto«;raj)hie (h» deux tahlelles de Calin«;asta
(San Juan , l'une en hois ornée de d«Mi\ létes humaines, l'autre
eu |ii«'rn' pourvue d'un manche i>im|)le. La photo<^raphie
montre une tele humaine de lautre côte de cette tahlette, mais,
d'aj)res M. A«;uiar, elle n appai lien! pas à cette dernière : elle
y a élécollée ulterieuremenl. \l. \mhrosetti 23. p. aH) rej)nKluit
ces figures, mais il donne l.i t.ihlellr m hois comme étant cellt*
en pierre, et vice-versa. Cette tahlette en pi«»rre est la premien*
de cetle matière (pie je connaisse; cej)end.inl , il v a (inehpn'
temps, le I)' \\ . Lehmann, du Musée d ethnoi^raphie de Herhn .
m'a iidorme cju»', dans une grande collection achetée j)ar ce
musée à M. Manuel /avaleta, se trouvent plusieurs tahlettes
en pierre provenant de it \all«'e Calchacpiie.
Le décor si varié de ces tahlettes en hois el en j)ierre — dé-
cor (jiii, sous forme de manches, représente (les jM'rsounages
humains, des personnages monstrueux, de simples tètes hu-
maines, des tètes de condor, des (piadrupèdes et même des
lorines gèometricjues, — celle \ari«'t«' de décor indi(pie (piil
ny a aucune signiiication ni\ iiiologicpie dans ces tahlettes; en
e(T«'t,sil y en avait une, lc»s ligures devraient toutes représenter
la même «Hn inite à laipielle elles auraient été consacn'*es. Les
ligures formant les manches ne sont pr(»hahleme!tt (jue des es-
sais arlisti(|ut>s du sculpteur indien |M)ur emhellir les ustensiles
d un usage (pioli»lien. M. \nd)r<»srlli siijipose cpie ces pièces M^
llrrrna 164. ••" ». I n. «.•.!. m. viiUiil trUr lnni««* ri qui ^lâil «tior^
I». lift) inrniH.nnr aii%«i unr iilojr rrpns |>ar I» IniliciM dr (JiiM|uiMCA.
ARCHÉOLOGIE DE LA PUNA DE JUJUY. 653
raient des tahlitas de ofrendas, c'est-à-dire des tablettes sur les-
quelles on présentait des ofFrandes en sacrifice aux dieux; mais
cette théorie n'est appuyée sur aucune donnée exacte.
Quel aurait été alors l'emploi de ces tablettes? 11 est impos-
sible de résoudre ce problème avec quelque certitude, mais
je me permettrai de rappeler à ce sujet les tablettes très ana-
logues en bois sculpté, à manche et à dépression, employées
par les Mundurucùs du Brésil pour pulvériser les semences
d'une légumineuse, la parica (^Pipladenia peregrina, Benlh.
[syn. Mimosa acacioides, Benth,])^ qu'ils prisent comme du
tabac. Spix et von Martius (333, atlas, pL 33, fig. 6i) reproduisent
une de ces tablettes de Munduruciis, et récemment le D"^ Do-
menico Del Campana (91,p. loetsuiv.) en a décrit et figuré un
autre spécimen de la même provenance, conservé au Musée
préhistorique et ethnographique de Rome. Ces pièces ressem-
blent beaucoup à nos tablettes. D'après la relation de Don
Pedro Sotelo Narvaez (253, p. 162), les Indiens de Côrdoba (Ré-
publique Argentine) prisaient une poudre provenant d'un
autre arbre du même genre, le cébil [Piptadenia Cehil, Griseh.)
et, suivant Lozano (219, p. 96), les sorciers des Lules (Tono-
cotés) du Grand -Chaco absorbaient aussi cette poudre par
le nez, au moyen d'un tube. La poudre de ce&t/ leur produi-
sait une extase qui était nécessaire pour les danses et autres
cérémonies. Naturellement, je cite ces faits sans vouloir pré-
tendre qu'ils prouvent fusage des tablettes de la Puna pour
la préparation d'une poudre à priser. J'ai seulement voulu dé-
montrer que ces dernières tablettes peuvent avoir servi pour
la pulvérisation d'une substance précieuse quelcon([ue. Le
fond de la dépression de certains spécimens porte en effet
des traces d'un tel usage.
En dehors des objets que nous venons de décrire, un grand
nombre de fragments d'objets en bois furent trouvés dans
les grottes, mais tellement détériorés, qu'il a été impossible
de déterminer leur forme primitive. Les fragments de petits
654 ANTIQLITliS I)K I. A HKfilON AM)I\E.
^olwlel.s, siMilMahh'sà ceux (Je la /ny. 138 e, /, étaient très com-
iiiiins, ainsi (|ue les débris (le fuseaux, de cuillères et (1*11111' sorte
de s|)atMlrs dont M. Leliinann-Nitsche 210. |.l. n. ao-aA. iv. 3, repn'»-
sfMite plusieurs provenant de Santa (Àitalina et de Casahindo.
Il f;mt surtout n'uiarcpirr des morceaux de «grands récipients
• •n Iwiis dr ictint (Irdnia brasilirnsis , A. 7mj5. , arl>re (pii |)ousse
dans le Cliaco et dans les vallées de Jujuv. A en ju^'er par les
restes, ces récipients, taillés d'une seule pièce d«' l)ois, devaient
avoir jusipi'à o" 5o de diamètre; les parois en étaient tn*s
minces, de o* o3, pa^ davantaj;e.
Toutes les grottes oH'raient des calebasses coujM'es par la
moitié (|ui a\aient servi de réci|>ients; un spécinuMi était pciiil
rn rnii'^r ;i irvléririir. Ir nai pas Irouv»* dr calebasses graxées
dans la INina, mais MM. Lrlimaiin Nilsciic 210. p. 3(î. .^7; et Am-
broselti 23 . p. fi<j ri «liv. ) |iublieiit (pu'bpies dessins assez coin-
|>li(piés ri \ari«'s de «-alebasses d«* (iasiibindn. de (aM'IiiniMM,
de Santa (ialalina, rlc. M. l'Idr a éj^aleinenl hoiivé des cab*-
hasses pvro^ravées à Casabiiidn, l<'s(Tiirlles, d après M. Seler
(327), prn\i«>iidraient d'une espèce de Cresicntia , cecpii n'est pas
vrais(MMblablr, car louirs les cabdiasses cpie j'ai recueillîesdans
les sépultures de Morobuasi, l'uerta de Tastil, Tastil, Savate
el Pucar/i dr Kinconada, ainsi (|u<* celles qu'a exbunn*es M. Sé-
néclial de la (iraii«,'e à (ialama, sont dis fruits d'une cucurbi-
lacée, comme je l'ai si«(nalé paj;»* 3/|3. D'ailleurs le véritable
calebassier [Cirscmlin (jijrtr, l.in.) , si commun au Brésil,
n'existe pasdans la réj;ion andin»' dr V \rj(entiiie et de la lioli\ir.
Les ira^ments de vannrri*', d'un lv|)e tout à fait idrnli(pir
à celui de la >annerie (\i' (ialama irpn>ent«T //V/. iS^t. IS.'),
187, drmontrcnt iuw 1rs anciens babil. mis (]*- INir.ir.'i ;«\.ii«'nl
une certaine babilete dans ce j;«»nre.
F^es objets en nu'tal étaient assez, rares, comme d'aill<Mirs dans
les mines et les sépultures de la Puna en général. La /i(j. 1^6 vu
donne cin(| : Le p»«tit ciseau imi cuivre a, de o* oij^ de lon-
gueur, In's Irancbanl. est cotnpnsi» dr drnx morceaux soudés.
ARCHÉOLOGIE DE LA PUNA DE JUJUY. 655
Le gobelet minuscule h a o"" 028 de hauteur, o"' 01 2 de dia-
mètre au fond et o"" 01^ de diamètre à l'ouverture. Il est en
argent repoussé, d'un travail analogue à celui des orfèvres
de l'ancien Pérou. La fuj. 136 c représente une pendeloque
en forme de cuillère, faite d'une mince lame de cuivre. Le
couteau e, en cuivre également et dont le côté gauche est cassé,
a son trou de suspension placé de telle sorte qu'il semble ne
pas s'être trouvé au milieu du couteau quand celui-ci était
entier. La pendeloque d, sorte de petite cloche, est une trou-
vaille intéressante. Cette pièce était cousue à un morceau
Fig. i36. — Pucarâ de Rinconada. Ciseau, pendeloques et couteau en cuivre.
Petit récipient en argent repoussé [b). — 2/3 gr. nal.
d'étoffe qui avait fait partie des vêtements d'un cadavre, au
moyen d'un £i\ en laine de lama brun et jaune sur lequel sont
enfilées treize perles perforées : une de grandeur moyenne
en chrysocolle, une grande en sodalite bleue, et onze petites
vertes en chrYsocolle et en turquoise. Le fil passe par le trou
de suspension se trouvant au centre de la petite cloche et
forme un nœud du côté intérieur. La pièce est faite d'une
mince lame de cuivre pliée quadruplemcnt en rayons, ce qui
la fait ressembler à une étoile à quatre pointes. Nous avons
déjà mentionné cette pendeloque page 622, en décrivant une
pièce plus grande, de la même forme, que j'avais trouvée à
Quêta.
G5f» WTIOL'ITKS DE LA HKfJON WDINE.
Parmi l«'s divers objets de parure des uiorU de Pucani se
Imuve le hrarrh't fuj. 138 A. Il est compost» d'une ficelle en lainr
dr lama sur l.i(ju«l|»« <»sl enroulée «mi spirale une étroih' lanière
en |)f'au. M. Lriimniin-NilMlu' 210. p. 19. pi. m, 8) reproduit le
fr.'i;;inriil diin hr.icriel srinhlablr provenant de Sanjuanmayo.
On voyait aussi, auprès des cadavres, des |)erles perforées, en
lunpioise, en clirysocolle et en scnlalile, ainsi (|ue des jMMuie-
lofpns. Deux de ces dernières, provt'naiil d» Pucarâ, ont été
n*|)roduitesy/</. i:?9(paj(e 6'i8) : ie«°2/, en chrysocollr. .1 N-
n" *2'J. efi lunpiois»* verte. Le n' 20 de la même fij;ure est un
|)etit (fis(pie |M)li vi perforé, de o"' 018 de diamètre et o" ooq
d'enaissiMir, en chrNsocoile d'une jolie <"oideur \erl bleu mar-
bré de blanc.
[jw aulr»' peiidelo(jue (»ii amidelle assez curieuse e>l un
Iniit (11' Marlviiui (iiKjnUita , Lnuli. ', aucpnl jhMhim' um IiI en
l.iiiir ;ni moyen (bupit'l I*- Iniil dix.iil .i\<iir été attache à un
véleinnit on .1 nn colber.
L'ocre rou;;e en j)àte se trouNail dans pbisienrs «^rolles. Nous
donnons j)lus loin, pa«;e ()()(i, l'analvse ( liiinicpie d'nn échan-
tillon (h' cette couleur.
La //Vy. t ) ^1 représenir, cir hier ri decoli-.nn lubr apl.ili en
os, de ()■ \!\ de lon«;ueur, o'"o^S (h» lar«;eur «'t 0*02 d'épais-
.senr. H *>s| f.iit de la partie centrah' du radius d'un lama d'une
grandeur extraordinaire. L<»s |)résenle partout les tracesde l'in-
strument (pii a servi à le «gratter ahn de lui donner sa lorme
actuelle. Une partie est impn'j^in'e d Oxyde de cuiNre; les extré-
mités du tube sont taillées de telle sorte que les ouvertures
pn*s(M)tent des arêtes. La cavité qui travers»* lon^itudinale-
nienl cet os est étroit»' : elle na (pu* o"o3 dans un sens et
f»"»)! dans l'autre. !.•- lama aucpiel a a|)partenu cet os était
telliMuent ^rand, cpie ce n est (piaprés beaucoup d hésitation
et après aNoir exaininé attentÎNenient les sfpn-leltrs de tous les
'*' Délrmiini^ |Mir M. Jules l*uusoo.
ARCHEOLOGIE DE LA PUiNA DE JUJUY. 057
autres mammifères de ces régions que je suis parvenu à déter-
miner cet os comme un radius de lama.
D'autres tubes en os ont été trouvés dans les grottes funé-
raires de Pucarâ. Ces tubes sont faits de la partie centrale de
fémurs de lamas. L'un d'eux a o"" 12 de longueur et o™02 5
de diamètre extérieur. A o"" 026 environ de l'une de ses extré-
mités on voit, autour du tube, une raie faite avec un instru-
ment tranchant et destinée à attacher le morceau de peau ou
d'étofle qui fermait cette extrémité. Ces tubes ont donc servi
d'étuis. Ils ressemblent à ceux de Puerta de Tastil, ficj. 78 c,
et de Calama, y?^. 172 h, i.
hâfig. Iâ2 représente un sac trouvé auprès d'un cadavre,
avec les outils qui y étaient contenus. Ce sac, d, tissé en laine
de lama, présente des raies de différentes couleurs : rouge,
noir, vert et trois nuances de jaune. La partie supérieure du
sac est rabattue à l'extérieur, et il était fermé au moyen d'une
ficelle en laine. La cuillère a, en bois blanc, de o"" 2 i de lon-
gueur, se trouvait en dehors du sac, mais elle y était attachée
avec la même ficelle qui servait à fermer celui-ci. J'ai repro-
duit à côté une cuillère moderne fabriquée par les Aymarâs
du sud du Titicaca. On peut voir, en comparant ces deux cuil-
lères, la transition qui existe entre la forme préhispanique et la
forme européenne, transition que Ton remarque d'ailleurs pour
un grand nombre de produits de l'industrie indienne ac-
tuelle de la Bolivie. Ce sac renfermait un autre sac plus pelil , h,
fait de la peau d'une patte de cerf, ce qui a permis d'évitei" les
coutures des côtés. Ce dernier petit sac contenait une pou(he
blanchâtre d'origine organique. Le « poinçon » carré c, en cuivre,
a ©""lô de longueur et o™oo35 d'épaisseur; ses deux extré-
mités ont été rendues pointues à coups de marteau et afïVctciit
une forme presque pyramidale. Cet instrument rap])ell(' la
pièce similaire de Tastil, ficj. 67 a. M. Ambrosetti (29, p. 190,
iig. 7 a, c) en publie de semblables d'hicabuasi, ])rès de l\ischn
(Salta). Notre pièce de Pucarâ est entourée d'une lanière en
fl58 ANTlonrUS I)K I.V RK(;iO.N V.NDINK.
iwaii; entn' les tours de celte lanière, à o^oôS de l'extnMnilé
fin jxjiiiçon, apparaît une licelle en laine de lania, de o" '|6
dr l«ni;;ueur. l/anlre Ixmt de cette licelle, (|ue Ton xoit libre
sur la li«;nre, était, à l'orif^iue, lixé de la uièuie manière à
é;;ale diNtanci* de l'autre extréniil»- «lu |)(iinçon; on voit eu
ellel, à cet endroit, des restes (!•• I.i Ik rllr. J»* nr pui> nie
rendre compte df> leiuploi de cet instrument. Le ciseau en
cuivre, «, «le o" if) de l(»n;;ueur, dillère un |M'u des cistMUX
ordinaires de la Puna. l/onlil li est t<»ut à fait éni^inatique; il
eNl ( (MiiiHtsé de dru\ n)seau\ , (le o'" i" ,i et o'" 'J.');) i\*' lon^^ueur,
dont les houts sont unis, (11111 cc)té, par une li<;ature très
renne, laite avec des libres vi'j^élales. Les exliéinites libres des
roseaux s'écartent I iiiif d»* j.mln' •'( m* sont pas bouclu^es. Au
contraire, b-s oinnliires des extrémités unies sont recouvertes
d un niiM-(-r:iii (\i- piMu (b> iornie oblon«;ue, retenu au milieu
par une attaclir (mii i unit a la ligature enveloppant le.s bouts
des deux roseaux, i'.ir consiMpnMit, le morceau de jieaii n'est
(pie snj)erpos<' aux (»u\<'i lurt's des roseaux, etlair j>eut entrer
librement entre les Inuds (b' ces derniér(»s et ceux du cou-
\ercle. Le .seul objet etlino«;ra|)bi(pie analo«;ue «pie je connai.sse
est une pièce reproduite par Spix el \on Marlius 333, alla». |il. 33.
^•49)«**( (|>>>, comme 1,1 ii()tre,se comi)US<* de deux tubes unis
(11111 C(")te, mais dont les extrémités oppo.sées .sont libres et
s'ecarttMit. Seulement, dans ce spécimen, les tubes sont des os,
et l'on ne peut pas Noir sur la lij;ure si les «'xlnMiiites jointes
ont un couvercle ou non. Les Muras du Hio Madeira .si* servent
de cet instrninenl p<iui absorber, par le ne/., la ^»nricfi , «ette
poudn> iiarcoti(pie (pie iwuis avons mentionnée |)lus liant, .le
cite celle pièce seulement i titre (\r comparaison, bien (piil
soit tout à lait incertain m notre speciim'ii a ete emj>loNé de
cell»' manière ou d'une autre.
Knliii, au lumibre des obp'ts conliMius dans ce sac, il laul
citer les outils |M>ur laire du leii, (b'sij;nes cet /sur la //</. /4î?,
et (pii sont en l>ois hiaiir. La tablette /', sur laquelle ou faisait
tourner les petits bâtons c. a 0*082 de lonj;ueur, o^'oifi de
ARCHÉOLOGIE DE LA PUNA DE JUJUY. 659
largeur et o^'ooy d'épaisseur. Ces bâtons ont o'^oSô, o™07o,
o'^oSô et o'^oyo de longueur; Tune de leurs extrémités seu-
lement est carbonisée^^l La tablette est entière; elle n'est pas
fendue comme pourrait le faire supposer la position, au bord
de la pièce, des trous qui s'y sont formés en faisant manœu-
vrer les petits bâtons. La position de ces trous au bord de la
tablette est donc probablement due à la manière dont on tenait
celle-ci quand on faisait du feu. Les bâtons ont juste l'épaisseur
voulue pour être introduits et fixés dans le creux de l'extrémité
d'une hampe de flèche, comme celles si communes à Pucarâ.
H en était certainement ainsi : c'est en fixant les petits bâtons
au bout d'une hampe de flèche qu'on leur imprimait le mou-
vement de rotation, comme le font encore de nos jours les
Cainguâs du Rio AltoParanâ, d'après M. Ambrosetti (14, p. 708),
et les Chorotes du Rio Pilcomayo, suivant M. von Rosen (317,
p. 8, pi. xrii et XVIII, 3, A). Les outils à feu de ces derniers ressem-
blent beaucoup à ceux de Pucara que nous venons de décrire.
Cette méthode d'obtenir du feu est d'ailleurs la méthode géné-
rale de tous les Indiens de l'Amérique du Sud. M. Everaid
im Thurn (348 his. p. 257-259, flg. 17) fa observée chez les Indiens
de la Guyane britannique; M. von den Steinen (335, p. 22/1 ),
chez les Indiens du Rio Xingù; M. Ehrenreich (121 bis, p. 16, 55),
chez les Carayas du Rio Araguaya (Goyaz) et chez les Yama-
madis du Rio Purus; enfln M. Nordenskiôld (264, p. 29/»), chez
les Atsahuacas et les Yamiacas de la région du Rio Tamb()])ala
et du Rio Inambari, aflluents du Rio Madré de Dios. Ce[)en-
dant les bâtons tournants des tribus de la Guyane et du Xingû,
des Carayas, des Yamamadis et d'autres peuplades sont assez
longs pour être mis en mouvement rotatif directement avec
les mains, sans les fixer au bout d'une hampe de flèche. Dans
un mémoire |du D' Max Schmidt (325), nous trouvons figurés
des appareils semblables provenant des Rotocudos, des Gua-
tos, des Chamacocos et des Yamamadis. Le Musée d'etlnio-
<■' Par l'erreur d'un employa, l'une de ces pièces a été maajuéc « Sayale ■> au lieu
de « Pucara ».
r,i.<» VMIOIITKS |)K I. V IIK(.1»).N ANDINU
j;raj)liif (lu Troradéro |)ossède cies outils pour faire du feu
d'ann'sia nu^me iin'lliodi', provenant du Rio Javarv fn" S.'^.SHc)
du ralalo«(U<'; collrction Jac(jut's d' Anllionay), des Indiens
Apalais du Hio Paru, dans la Guyane (n* 5i63; collection
Crevaux), et de l'OréniKpie (n*** 5o.^6, 5o47, 5o5(); rollfction
Crevaux]. De l'OnMiocjue, Crevaux a égalenuMil rapporté un
drill»' à corde (n" So^ifi du catalojçue), cpii y était «'uij)lové
pour fain* du feu, au lieu du siinplr hàton (pi'on nn-t m niou-
v«MiuMit dirrrtrinrnt avec les mains. M. Scliniidl nproduit un
drillr .s«'nil)lal)lr, en usafçe rhex les Ks(piiinau\, mais cpii est
iM)ur\u d lin arclirt. Suivant Garcilaso de la Ve<;a (140; Lvi.
c. Mil: fol. 149), les anciens Périls MHS ohtrnairnt le 1<mi au moyen
(le (\r\\\ Ihitoiis dune demi-jara (environ o" .^o) d«" lon^urur,
m lor.iul I un .'i\«'c l'iiiitir. IK portaient rrs outils avec eux
dans leurs voya«;('s, pour allumer le ieu à TiMidroit où ils
devaient passrr la imit. (Irt ap|)ar«'il était nommé f/vara. Lrs
anciiMis Araurans rmj)lovairiit «'j^ali'mt'ut (•••Ile mclliodr, selon
plusiiMirs rhronicpii'ursdu (lliili, cités par M. Mrdina 234. p. 174).
1 II ( iiririix imtlic (1rs Populacas de la Mi\té(iue, sur l'orij^ini'
(If lut (Ir lairc du l«'u de ct'tic manière, se trouve dans un
manuscrit intiliilt- : llYsloire tlii Mvchujnc trailnulc de Spannol ,
auto<;raplir d Viidrc IhcNt't 347. p. 1 a), et j)ul)lii' récemment:
•« I n^ i\v « is l*opulo(jncs, comme ils lusreiit oisds, et «(eus
(pii ne avo\n( soin^ de rien, prenant iiit^' haston iort sec, ai<(U
d'un costé, le mit sus une pièce de hois aussi fort séclie,
p. H- le costé ai«;u eslani an soledi, et sans i pen.ser tournovl
le h.iton sus II pi< ( . (Il hoNs à manière de laravre à fçrand
lorj'e, a\ec(pii>s If ipicl iMoiiNeiiieii! ipn-lcpics j>elitN esclats
sortoini d uuf; 1>on.s et de aultres, et se moulovnt iort menu,
jns(pies à tant (pie pour le i;rand et continuel mouvement
(pie le Indien iaisoNl, le haston se aluma par le inoien (l(*s
esclats (pii conceurent soiid.iin le Ieu "
La poterie, dans les grottes luneraires de la Puiia en gém^
rai, n est ni nomhrens4\ ni riMnanpiaMe j>ar son décor (»u sa
ARCHÉOLOGIE DE LA PUNA DE JUJUY. 661
forme. Il en est de même à Pucarâ, où Ton trouvait à peine
quelques fragments de deux ou trois petites tasses ou écuelles
grossières dans chaque grotte. La tasse fuj. 140 d, en poterie
grise, de o" 09 de diamètre et o"" o5 de hauteur, en est un spé-
cimen. Les deux récipients minuscules y<^. 140 a, h, de o'"o43
de hauteur chacun, fun rouge et l'autre noir, proviennent éga-
lement des grottes. La pièce la plus remarquable est la timbale
fig. 145. Elle a o"" 12 de hauteur et o^" 10 de diamètre à l'ou-
verture. Elle est engobée d'un joli rouge et ornée de lignes
peintes en noir; du côté non visible sur la figure, on aperçoit
les traces d'une anse qui devait avoir eu la forme de celle de
certains pots à bière allemands.
Dans fune des grottes funéraires de Pucarâ de Rinconada,
j'ai rencontré un squelette de chien dont le crâne est repro-
duit fi(j. 143. La forte usure des dents démontre qu'il s'agit
d'un individu très vieux. Ce squelette gisait au-dessous de deux
squelettes humains qui ne paraissaient pas avoir été déplacés
])ar des chercheurs de trésors. Le squelette de chien était tout
à lait enterré dans la couche de terre qui couvrait le sol de la
grotte; les squelettes humains conservaient encore en partie
la chair desséchée et se trouvaient à demi enfouis dans cette
couche.
D'après les études approfondies de M. von Tschudi (353,
p. 2/17-250), le chien européen i^Canis Jamiliaris , Lin.) n'existait
pas dans l'ancien Pérou : les chiens domestiques préhispani-
ques de ce pays appartenaient tous aux espèces Caiiis liujœ,
Tschudi''^^ et Canis caraibicus, Less. De la première de ces es-
pèces Tschudi avait rencontré de nombreux cadavres momifiés
qui accompagnaient les cadavres humains dans les sépultures
péruviennes et également des crânes de ces chiens que Ton
avait rangés de manière à former certaines figures pour la
décoration des tombes. L'autre espèce, le Cams caraibicus, lui
<'^ Les principaux caractères du Canis Iiujœ sont son museau recourbé \ers le haut
el son front très bombé.
43
062 WTinriTKS DK LA lUfilON SMUNK.
n'iicoiitm» par (ioloinh aii\ \iilill«'s. pnr (^(>rl<»z au Mrxicjue
ri |)ar Pi/.arm au l¥rou. Ce jx'lil diicii, (jui a la jH'au tout à
r.ill iiur, (IrjM)urvur cir |)oils, rsl riiron' trrs (oiiiiiiuii d.iiis
la ir;;iini ha-NM* (lu IN'rnu , mais il ni' .su|)|H)rt(' |)a> le climal
lrni<l (1(1 liant plateau. On l'v iioniine perro diimi, ainsi (ju'on
donne en France le nom de « cliien chinois •• aux |)etits cliiiMis
sans |K)ils (lu'on >oil assez Iréqueninient chez les marchands
de chiens et (jiii re^seinhhMit heaucouj) au Cams caraibuus de
rAmeri(jue'. Apres Tschudi. M. Mh.d Nehrin^' 254 .-i 255) a
imhlie (rint«''ressanles («tudes mii Ii-^ chiens domestitpieN de
rancieii Pérou et a réuni, dans le musée de 1 l'A'oie ro\al(*
des hautes études d'a'^riculture de Berlin, une j;rande collec-
tion de crânes et de scpielettes de ces chiens. M. N«*hrin{; '255 a
divise l'esprce (juits Inija' en trois Narietes : C. lutjtv pcruanus.
vcrtatiits et ninlnssnidcs. Il \ donne des (ij;ures tspiipies des
crAnes de ces trois varic^tés. I ous les nond)reu\ s|)écimens de
chiens des s«''|>ultures pn-hispanicpies du IVrou (ju'il a etu(li/»s
appartiennent à ces variétés du (,(uns ln<i<r: au contraire, il n'a
>u, parmi ces restes, aucun s(juelette du (.. carathuiis. Sui\ant
M. Nehrin«(, le (!. Iiuja' ne descend ni des chiens eurojx^ens, ni
d inrun ( ;niid»' siid-americain; son ancêtre sau>a«(e serait pn»-
hahlenienl le loup nord - ami'ricain , Canis (Kiidcntalis , lin lis.
Les variétés du (Atnis Ini/œ se seraient loryn'es sans cn>i.se-
nient a\ec des chiens <Miro|)«''ens. MM. Heiss et Stûhel '308 i
pi. .1.^ rt. CiR. f>) rej)roduisent une momie fin Cams liKjœ, de la
nécro|M»le d' \ncon.
Notre chien de la grotte lunerair»* de Pucarâ n'est m le i.nms
Inffir. ni \r (!anis caraibinis. \\. !<• pi-of«»sseui I.. TLile. succes-
seur de M. Ni'hrin^ à la chaire de zoologie d»- I Ixole d agri-
culture de Hnhn, a hien \onlu comparer le crâne de Pucara
'*' Lr Oinif ramiftiriij p»t rotnmiin chn rr* métis Ir nom de cmTco: cvpcncUnl rr
lr« iiirii* (lr« pri)«ln«-r>« intfmnHinrt cir la nom ne virnl im». roiiiiiic on |t(Himiil l«*
iWpiililiqur .\r^rntille, où il est nnmm*^ rroirr, du nom Ho lu >illr de Ciuco, A est,
pila, mol drrix^ dr pr/itr/n •dépoiinudr vion loiilr pmhulttlili^, uni» romiplion
poil**. I)'iiulrr« |tolit« (tiîrns. Iré« m<^lan du mol r«|M^nol yncqiir. qui veut dire
géspl win« rnrr, iiiai» |viidii« , porlriit rhri • itrlil rhirn», rn glanerai.
ARCHEOLOGIE DE LA PUNA DE JLJU\. 6()3
avec les crânes péruviens de la collection de cette école et l'a
déterminé comme Canis magellanicus, Gray, « ou comme une
forme domestiquée de cette espèce». J'ai comparé le crâne de
Pucarâ avec deux squelettes du C magellanicus conservés au
Muséum d'histoire naturelle de Paris, l'un rapporté de la
Terre de Feu en 1891, par MM. Rousson et Willems, l'autre,
de la Patagonie, en 1897, par le comte H. de La Vaulx. Ces
deux squelettes proviennent d'individus adultes, d'environ 2
ou 3 ans. Ils sont presque identiques entre eux, mais présen-
tent certaines différences par rapport au crâne de Pucara.
Ce crâne provient d'un individu très âgé, comme le démon-
trent les dents fort usées. Malgré ceci, le crâne de Pucarâ est
celui d'un individu beaucoup plus grêle que ceux de la Terre
de Feu et de la Patagonie; les dents sont moins fortes, le front
moins bombé et les crêtes occipitale et pariétale beaucoup
moins développées. H y a dans la collection de Berlin quatre
crânes de chiens trouvés dans des grottes sépulcrales de la
Puna de Jujuy, probablement en partie rapportés par le D"" Max
Uhle, en partie provenant des fouilles de la Mission Suédoise
de 1901. Suivant M. Plate, ces quatre crânes sont identiques
à celui de Pucarâ. Un problème se présente ici : le Canis nia-
(jellaniciis de Pucarâ, serait-ce un chien domestique ou s'agit-il
simplement d'un individu sauvage qui serait entré dans la grotte
pour y mourir.'^ La première hypothèse me paraît assez vrai-
semblable, bien que celte espèce soit assez éloignée du Canis
familiaris, car les différences entre le crâne du Canis macjella-
nicas sauvage et les crânes provenant des grottes funéraires
sont assez grandes pour admettre une variété domestiquée, et,
du reste, l'individu de Pucarâ n'avait certainement pas re-
mué les cadavres humains sous lesquels il se trouvait enterré,
comme un animal sauvage faurait fait. Nous aurions alors là
une nouvelle espèce de chien américain qui a été tenue en
domesticité par les Indiens préhispaniques de l'Amérique méri-
dionale.
Il serait à désirer que l'on gardât et qu'on étudiât les sque-
664 ANTIQUITÉS DE LA RÉGION ANDINE.
letles cl les crânes de chiens qui se trouvent quelquefois dans
les anciennes sépultures. ïVapns M. Anii)rosetti (28. p. m, , un
empIoN»' du Musc'e dv La Piata a reuroiitrr un squelette de
chien <lans une sépulture — une «grotte luuéraire sans doute
— à (iasai)in<l<», et M. \nd)n)selli lui-niéuie eu a derouvert
un autre dans une sépulture préhispanicjue à Molinos ^Vallée
Calchacpiie .
Cultures. — En teriuinant la descri|)li()n de Pucarà de Rin-
conada, il nous reste à dire deu\ mots sur les vestij^es d'an-
ciennes cultures qui se trouvent dans plusieurs ravins aux
einirons, fjuelcpies- uns à d'assez «^nandes distances, jusqu'à
lo kilomètres du \iilage. Ces cultures ne sont pas des andcncs
comme à Savate et à Casahindo. Ce sont des terrains d'où l'on
a enlevé les pierres, situés ^généralement sur les plans inclinés
formés par les éhoulis des plateaux de trachvte et couverts de
terre \éj;élale. Les pierres enlevées de ces j)etits chanq)s sont
entassées autour de ceux-ci, formant des luoureaux. Je n'ai
vu aucune de ces cultures où une irri'^ation artificielle ail été
|>ossil)le. Prohahlement , à réjXKpn* où ces clunups étaient cul-
tivés, la pluie était sullisante pour les arroser. Le fait que hvs
anciens hahitants dt* Pucarà mit m leurs < luunps ass(*7. éloi-
fçnés (\r It'iir \dla«(e présente une aualo«;ie avec les Puehlos,
dont les cultures sont en j^éuéral situées à une faraude distance
i\i' leurs liahitations. Dan^ lu in* et dans l'autre de ces régions
il faut chercher la cause de cet éloi<^Miement (h's cultures j>ar
rap[M)rt aux Nilla^es dans la difliculte dr trouver du terrain
cultiNahle. V Pucarà, ce n «'st c|m' sur les |)entes lormées par
les élxiulis de certains plateaux tracln ticjues que l'on ren-
contre de la terre fertile, el encore faut-il que ces terrains
soient ex|K)s<''s au soleil du Nord ri cpiils soient si>écialement
protej^i's contre le vent.
Pl. LV
l'if^. li-j. — Pucai-i'i (le Kiiu'i)ii:i(la. l'Irclic , liiiloii à rmiilli'f, m-inilraii » fil liois.
Corda"!' en lilircs vi'ijclalcs. Crnclirls en liiii>.
Pl. LVI.
Fig. i38. — l'iirarà de; Uinconada. l'IiVlics à poinl.s t-n silex (a). Oiilils en os (/<
cl en l)(»is (c-j). niacclct i-n poaii (A).
Pl. uni.
l'i". i.Mi. — l'iicaWi (l(^ Ilinconaila. IVllcs cl Imclirs m piciTc. — i/â ^r. nal.
Pl. Lvni.
Fig. ilto. — Piicara de Rincoiiacla. Poteries (a, h, d] l'I objets en pierre [r. e . /').
iJ2 gr. nat.
Fit;. il\^- — Piicarà de HiiicniiMdii. I''raj;ment d'une érnelle peinli'. i /i) ^'f. nat.
Pl. LIX.
h'i". 1A2. — l'iicai-à (le lîiriCDiiadii. Sac ni l.iim' i\r lama cl -on cuiilciiii.
(I.a ciilllcic 11" i.')iji csl luiMlcriii'.j — 1/.) i;r. nal.
Pl. LX.
Fig. i43. — Pucarâ de Rinconada. Crâne de rhicn d'uue grotte lunérairc.
1/2 gr. nat.
Fig. l/i4 Purarà de Uiiicoiiad:!.
Tnl)e fait du radius d'un lama.
— 2/3 gr. liai.
Fig. i'i5. — l'ucari'i de Itiiicoiiadu.
Timbale en lerie ciiile.
1/2 gr. liai.
FRESQUES RUPESTRES A PUCARÂ
ET DANS LA GROTTE DE CHACUNAYO.
PÉTROGLYPHES DES ENVIRONS DE RINCONADà.
Abri sous roche de Pucarâ de Rinconada, — En face du
plateau où est situé l'ancien village de Pucarâ de Rinconada ,
vers le Nord, à 5oo™ environ de distance, se trouve un autre
plateau beaucoup plus vaste que le premier. A mi-hauteur
de ce plateau, on voit, sur la ligne
où commence l'entassement des
blocs trachytiques tombés , un abri
sous roche regardant vers l'Est et
formé de la même manière que les
grottes funéraires. Dans cet abri
est peinte , sur le mur de trachyte ,
la fresque que représente la planche
en couleurs, y?^. iàl .
La partie saillante, formant le
surplomb ou toit de cet abri sous
roche, ne s'avance guère que d'un
mètre. Le rocher du fond de l'abri yjjl \\j\
est perpendiculaire et assez plat,
bien que présentant des sinuosités
et de petites aspérités sur toute sa Fig. i/iC. — Reconsiiuuion des pcrson-
^ ^^ nages n°' 1-8 de la In-squc do Piuara
surface. Deux lignes sanlantes de de Rinconada.
la roche, se dirigeant de haut en
bas, partagent le mur en trois parties quon pourrait appeler
des panneaux. Ces lignes n'ont pas été représentées sur la
planche, afin de ne pas troubler l'impression que font les
peintures. Sur la planche ne sont reproduits que le grand
panneau du milieu et le panneau de droite; les figures de
celui de gauche étaient trop effacées par l'influence du temps
6fl6
ANTIQLITKS I)K LA RK(iIO\ ANDINK.
j)<)iir pHivoir pire copiées. La jx-lite crèlc, qui sépare le jwii-
neatidu milieu de criui de riroile, j)ass<* entre la fij^ure u" jg"',
fl'im côlé, et le groujH» n" 3o, de Tautre.
i.e sol d«' Tahri est plat, loniié par la roche elle-mèiiie. qtii
n*e>t recoiiNerte (lUe d'une mince couche (h- terre de (pieKpies
centimètres d'épaisseur seulement. .I«* n'ai pas tniUNe d'ohjets
d'un intérêt (uielconcpie en fouillant cette couche. Le sol
.s'avance en une sorte de plale-lorme natun>lle de » ou .^■' de
larfjeni. (iiii «si hordée en avant par des eJHiulis toinlx^s du
sommet du plateau.
Une partie saillante de la roche fni ine, au pied du mur, au-
de.ssous des peintures, une sorte de hanc naturel en pierre.
I.,a roche sur lacpielle on a j)eint les (i«(ures est couverte
d'une patine ros«» «grisâtre, un jm*u plus sale j)eutH*tre (pie la cou-
li'iir du ImikI de la pl.iiK lie. Les teintes emiiloyées pnin les
(i^'ures sont au nninhre de (juatre : rou«;e tirant sur le ■ hruii \ an
l)v<k <• des peintres, non-, \eit et rose (diair. Kn grattant une des
ligures, j'ai recueilli un peu de roii^'etpii a été analysé etcpii a
donne pour résultat del'owde de 1er. (!«*lte analyse ressend)le
parlaiteinent a celle d Un échantillon de couleur rou(;e, en jxite,
trouvé auprès d'un cada>re dans um* des j^i-ottes luiu'raires
(les en> irons. Les deux échantillons sont ideiiti(|iies (|uant aux
matières (|u'ils contiennent ; hs pnipor limis seules dillerent ^.
le liai j>.is Minlii prendre d'e<haiitilloiis des trois autres cou-
h'Urs pour ne |kis détruire les lij^uri's.
Les peintiin*s du panneau du milieu (iMiNreiit une surLue
d*en>iron i"'.')o de hauteur sur i" :)0 «le lar;;eur; ci'lles du
panneau d«' droite, une surface d'einiron o* .^o de liau-
leiir snr i mètre de largeur. La surlaci* du panneau «gauche.
"' V'«iir Ir niiiiirnilA^r *nr \.^ n-dnclinn
rn noir c|ui Aciotnpa^nr l.i plamho.
^ Voici Iw dm» anAJ^rart, r(r(*rtii<>rs
jNif MM Mnrin ri»rr*. I..1 itrrmirrr ro
lonnr «Ir rhifTn'» v rjpixirtr * I rrlian-
lilli»n <lr U frr^jur; \a «Iriixirmr, a rriui
in.nw <|an« la ^'mllr ««•pulrr.iir
SliCT
0««.|r >ïr Ut
Mununr .
Civaiit
M*|p>4«t
IWlr 4 la «alriMliM.
I 0.6'
••9
tM
4.10
irrnt»».
•M
ARCHEOLOGIE DE LA PUNA DE JUJUY. G67
non reproduit, a plus ou moins les mêmes dimensions que ce
dernier.
Je me suis donné toute la peine possible pour copier exac-
tement les figures, en mesurant avec soin leurs dimensions et
en réduisant ces mesures à Téchelle. Quoiqu'il eût été facile de
reconstituer plusieurs ligures, dont certaines parties sont effa-
cées, j'ai préféré ne pas le faire; mais, sur la réduction en noir
de la planche, j'ai reconstitué toutes les figures dont il était
possible de s'imaginer la forme primitive.
Les figures sont les suivantes :
N*" 1-8. Personnages habillés de tuniques rouges à manches
courtes et portant au baudrier des écharpes ornées de pointes
triangulaires dont la couleur est complètement effacée. Ces
personnages portent des huinchas^^^ rouges, surmontées de
cinq plumes noires. La tête et les jambes des n"' i, :^ , 7 et 8
sont effacées. Ces figures sont tout à fait caractéristiques de
l'art autochtone du haut plateau. La transformation des lignes
courbes du corps humain en lignes droites, formant ainsi des
figures géométriques, est l'un des traits les plus saillants de
ces artistes primitifs. La fig. iâ6 donne la reconstitution
de l'un de ces personnages.
N" 9. Tache de peinture verte. Les contours sont telleuKMit
effacés, qu'on ne peut se rendre compte de la forme primitive
de cette figure.
N** 10. Écu noir à bordure rouge, surmonté d'une sorte d(^
panache noir. Ce panache a dû avoir une autre foruie, mais
il est en partie effacé et il n'en reste que ce que l'on voit sur
la planche.
N'' 11. Lignes rouges, restes de figures effacées.
'"' Huincha (qulcliua), bandeau entou- du Ctiaco , surtout les Cliin{,aianos, en ont
rant la tête et servant à retenir les cheveux. toujours. Les Diaguilcs, suivant les PP.
Les métis et les Indiens actuels, vêtus Homero et Monroy, cités dans le présent
presque à l'européenne, portent souvent ouvrage, page 9.9, portaient «à l'en-
aujourd'hui encore des huinchas. Ils pré- tour de la têle un cordon de laine lllée,
tendent que ces bandeaux préservent du la où ils y mettaient plusieurs plumes
mal de tête. Plusieurs nations sauvages colorées ».
668 ANTIQl'ITKS DE LA RÉGION ANDINK.
N'** 1:^-17. Six reclaiif^les noirs, à jmhi pn's de la lucme
graiidrur, j)Iacés en lij^ne. Il esldiflicilede se faire un»* idée de
ce que ces iip^ures représentent, (^e sont peul-ètn* des maisons,
nu bien on a voulu fij/urer de cette MKniièn» six rliNisions de
guerriers ou six IroujxMUx de lamas.
N° 18. Un lama de la lornje tvpi(pie.
N* 19. Une tache verte à contours eflacés comme celle qui
|H)rte 11* n" g. La couleur verte, prohahlement à hase de carlxn
nate de cuivre, est celle (jui a le moins résiste à I iniluence
du t(>mps.
iN° 20. Un autre écu, rou«;e, avec hord noir. Ce honl j)ré-
M'nle xmv particularité : il a dahord été gravé et rempli en>nile
de couleur, ce (pii n'est pas le cas des autres ligures; celles-<i
sont tout simplein(Mit j)eintes, excepté |)ourtaiit (piehpies-uiis
des lamas cpii figurnil .m h.is <\r l.i h-rs(|(if.
N" 2 I . hectangir imir (!•• o'" i .io sur o^o^f).
N** 2'2-'2{). Personnages doiil la l.ur cl l«'s jamhes sont elTa-
cées. (le sont hien là des ligun^s humaines; il ne peut y avoir
aucun doute : leur analogie ave<' les personnages n"* i -H |r
démontre clairement. Ils ont drs tunicjues vertes, à manches
courtes rouges, et à hordur»' inlérieure rouge également. Ils
|)ortenl dru\ hmnrhns. I iiiii' rougr et I autre noin\
N" M). Sur \r p.min'.iu dr droite : l'n grouj)e de vingt-huit
ligures CM deux lignes. (iha( uiir de ces ligures S4î com|)ose
de deux petits carrés se touchant parles coins, et d'une sorte de
panachr sortant du carr«* supérieur. Il est diilicile de se rendre
compte de cr (pir representiMit ces ligures. Peut-<*'tre chatpie
figure a-tH>ll(> été com|>osée à lorigine de cpiatre carrés au
lieu de deux, comme le corps des jM'rson nages n~ 52-58, les
deux carn's (jui man(|uent avant été pMutsrrune autre couleur
plus jM''ri.s.sahle et se trouvant maintenant rllacés? Ces figun\s
avaient piMit-étn* une tête et des jaud)es, représentant alors
des personnages comme les autres. Tout vr (pii en reste .se
xoit sur la planche.
iN"* 31-35. Corj)^ liiiMi.iius. dont la lele et les jand)es .sont
ARCHEOLOGIE DE LA PUNA DE JUJUY. 669
effacés. Ces personnages paraissent être réunis entre eux au
moyen d'une corde : ce sont probablement des prisonniers.
N"* 36-39. Quatre personnages armés de lances ou de bâ-
tons. La partie supérieure du corps est rouge; la partie infé-
rieure, rose; les jambes, rouges.
N*"' 40-44. Cinq personnages armés de haches. Ici, au con-
traire, la partie supérieure du corps est rose; la partie infé-
rieure, rouge. Le n° [\o est incomplet et n'a pas de hache; au
n** 42 , il manque la tête.
N*** 45-50. Prisonniers attachés l'un à l'autre par le cou,
comme les n°^ 3i-35.
N° 51. Figure humaine bien conservée, et ressemblant
beaucoup à une Indienne moderne de la Puna, avec jupon
court, noir, corsage rouge, les cheveux coiffés en tresse, qui
tombe sur le dos. Il n'est pas possible, cependant, que ce soit
un jupon, car les Indiennes préhispaniques n*en portaient
pas. Il y a probablement des parties effacées dans cette figure
et son aspect primitif devait être différent.
N*** 52-57. Personnages dont le vêtement sans manches est
divisé en quatre carrés : deux rouges et deux roses. Les jambes
sont rouges et d'une forme différente de celle des jambes de la
rangée n°' i-8; la face est rose. Ces personnages ont des coif-
fures qui ressemblent à des bonnets, surtout au béret (hoiiia)
des Basques. Sur certains vases anthropomorphes du Pérou,
spécialement de Trujillo, on voit des coiffures présentant
quelque analogie avec ces bonnets. Ceux-ci sont rouges chez les
n"' 52 et 53, roses chez les n"' 54 et 55, noirs chez les n"' 56
et 57. Le n° 57 présente, au milieu du corps, une tache verte
à contours dégradés, reste sûrement d'un ornement vert du
vêtement. Les tuniques, écartelées de la manière de celles des
personnages qui nous occupent, ont souvent été trouvées dans
les anciennes sépultures du Pérou. Dans la région diaguito,
on décorait aussi les tuniques de la même façon. Ainsi nue
plaque de cuivre de Loma Rica, figurée par MM. Liberani et
Hernândez (217, pi. 3i), reproduite par M. Ambrosetti (19, p. lai
f.70 ANTIQL'ITKS l)K L\ HKr.ION \M)I\E.
fi 29. |) ^73), montre (\vu\ jMTsonnafçes à tiinicjiies écaiifliM's,
'II* (IfTor <Iii (jiiarti«»r supTieur droit sv réjx'lanl dans |r (juar-
tiiT inlorii'iir «(aiirln*, ri Nice-versa.
.\"* 58-59. I)<ui\ iMTSomia'jrs dr la mrmr fnrim- (|ii(' \vs
nH*C^(\vi\{s, a\rv rrtlr srid»' dilL'mir»' (jur Irur Nrt«'m»'iit i»sl
divisé «Ml six l)aiidrs liori/mitalcs, altrrnati\(>iiirii( rmij^o v[
roses, au lini di*s (piatrc carrés. L«»s bonnets sont nMij;«'s.
N** ()0-()i). Nui Ir |)ai)ii('aii «I» droit»*. Srpt |M'r>oiiiia«;»'s à
tiiiii(|ues vertes, avec Ir l)onl iidjTii'iir rmii^r. Les tuni(|ues
ne |)araiss(Mit pas avoir de inanrlies, him (|ii \\ \w soit |)as ini-
|M>ssil)lc (|u il «'Il ait existé, et (jurllrs aifiit ete ellacées par Ir
temps, car c»'s (if^ures sont vw mauvais étal dr (Miiiservalioii.
La tctr et les jandx's maïKpiciil, mais la coiilun*, iormi>r dr
cin(| plumes routes, est conservé»* sur j)lusieurs li«;ures.
N"* ()7-()8. I)«»ux |)ersonnaf(es ni ron«;f, armés de lances
nu de haloiis rt roillés du mémr honiitt (pit' l«'s n*** Si-fïQ. La
lace et livs jaiid)«'s maïupn'nt.
N"* ()9-72. Lamas dr la lorim- l\pi(pn'. prints en noir.
Quel(pirs-uns sont «^raNés d'ahord «t Irs Ir.iits remplis rnsuile
de roult'iir. La pln|)arl sont |)n's(pn' ellaci's; Mids les u * (Jc)-
"1 sont l)irn consrrvés. Tous ces lamas marrlient dans la
ménir dircclioii, \rrs la droitr. Ils couvrent unr surface consi-
dérai)!»- dont II |)lancli<* necom|)nMid (jue la partie su|>érienre.
i\° 73. (]ell«' li;;nn', plus ;;ran<l«' (pu* l<'s antres, dr o"' i fi
de liantfMir, sr Ironve si'ulr à nin' dislancr de o"* i^8 au-<lessus
de \vr\i m" 'M). La li«;un' n'est pas prrpt'ndicnlain', comme on
la \nil sur la planclir; rllr i«st un pru iiirlinrr \<«rs la droite,
(iellf rrprrsrniation Inimainc, si simpir «'t si rudimrntaire, se
retrouve «;ravéf sur l'un des |)élro«;lN plirs de la Puerta de l»in-
cnnada ri prinir dans la ^rolle dr (ilndin, (pu* nous décrinins
|)lusloin. Lllri\is|»» d'ailleurs, comme nous le verrons paj»;e ()8o,
dans (1rs |M'lro^lN|)lH*s dr diverses réjçions de l'Vmériqnr.
(iomme nous l'avons dit, les |)eintnres du panneau de
gauche, (|ui n*«*st pas re|)résenti' sur la j)lanrlir, sont presque
complrfriiiriit «llacées. (ie|)(Midanl on |>t'ul i)ien y distinguer
ARCHEOLOGIE DE LA PUNA DE JUJUY. 671
les traces de rangées de figures identiques à celles du groupe
n" 3o. Seulement elles sont placées en sens inverse de ces der-
nières, c'est-à-dire que les carrés supérieurs des figures sont à
droite et le panache est incliné vers la gauche. On dirait que
les êtres représentés par ces figures se dirigeaient, sur plu-
sieurs lignes de chaque côté, vers les personnages du grand
panneau du milieu.
Dans la fresque de Pucarà, il y a très peu de figures sus-
ceptibles d'une interprétation symbolique. Les seules qui ne
soient pas nettement des représentations d'hommes ou de la-
mas sont les écus, les rectangles noirs et les petites figures
rouges à panaches du groupe n" 3o. En ce qui concerne les
« écus » , il en existe de beaux spécimens sur la fresque de
Carahuasi, reproduite par M. Ambrosetti (13), et également sur
beaucoup de pétroglyphes et de poteries de la région dia-
guite, comme je fai signalé en parlant des pétroglyphes de
cette région. Ces figures ont évidemment la forme de bou-
cliers et rappellent bien les écus nobiliaires de f Europe qui
ont eu leur origine dans les boucliers du moyen âge. Mais
dans aucune des fouilles archéologiques qui ont été effectuées
dans la région diaguite et dans la Puna, on n'a rencontré de
restes de boucliers, et je ne connais pas non plus d'exemple
d'ancien bouclier qui ait été trouvé dans d'autres pays ap])ar-
tenant à la zone de civilisation péruvienne. Cependant des
guerriers tenant des boucliers sont représentés sur certaines
poteries de fancien Pérou, et un renseignement historique
démontre aussi que les Péruviens employaient cette arme de
défense : le P. Cobo (103, iv. p. igS) dit qu'ils avaient des bou-
cliers formés d'une claie de minces tiges d(* bois n^couverle
d'abord de peau de cerf et ensuite d'un tissu lin de coton ou de
laine. Sur ce tissu on peignait « des blasons et des devises » ^'l
<') Le texte espagnol dit : Tvaian unas de Venado j cnbriunlas pov la jxirlv de à
rodetas tcjidas de varus de palma y algodon fuera con un licnzo riro de algodon , lima <>
en las manos, no redondas. xino prolonyadas pluma miiy luhrado de vnrios colores, y en
como escudos, para amparar la cabeza de ellas solian pinlar divisas y Uasones.
los palos y pedradas. AJorràhanlas de cuero
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ARCHEOLOGIE DE LA PUNA DE JUJUY. 673
D'autre part, d'après la description de Jaiija, dressée en 1082
par Don Andrés de Vega (366 bis, p. 85), les Indiens de cette pro-
vince employaient des boucliers en bois (hrocjuelejos de madera).
Il est donc permis de supposer que les « écus » des pétrogiv plies,
de la poterie, etc., représentent en efiet des boucliers. Quant
aux rectangles noirs, comme je l'ai déjà dit, il est difficile de
les interpréter. Ce sont des représentations conventionnelles
d'objets que nous ne pouvons pas nous imaginer. Enfin j'in-
cline à croire que les figures du groupe n° 3o représentent des
hommes.
Pour conclure, la fresque de Pucarâ de Rinconada paraît
être un tableau commémoratif d'un événement quelconque :
une assemblée, une grande fête, le retour d'une expédition
guerrière.
En ce qui coneerne l'âge de ces peintures, il n'v a rien qui
indique une époque postérieure à l'arrivée des Espagnols. On
pourrait objecter que les personnages n°' 52-69 seraient des
Blancs parce qu'ils ont la face de couleur rose, mais les cou-
leurs des fresques préhispaniques sont toujours convention-
nelles et choisies suivant la fantaisie du peintre; par consé-
quent, la couleur de la face de ces figures ne doit pas être prise
en considération. On pourra également observer que ces per-
sonnages paraissent avoir des pantalons, ce qui n'était pas
l'usage chez les Indiens préhispaniques, mais la manière de
ces artistes de dessiner les jambes humaines est en général si
rudimentaire et si variée, que rien ne donne le droit de sup-
poser qu'il s'agisse de pantalon.
Mon opinion est qu'aucune influence espagnole n"a guidé
les peintres de la fresque de Pucarâ, et rien n'indique que
cette œuvre ne soit pas antérieure à l'époque espagnole. Quant
aux rapports entre la fresque et les ruines, il n'y a aucune
raison de douter que la première ait été peinte par les anciens
habitants du plateau de Pucarâ.
La fresque que nous venons de décrire n'est pas le seul ou-
vrage d'iconographie rupestre à Pucarâ. A environ 600 mètres
674 \Mini ITKN DK I. \ KKClnN WiUNK.
au nonl-i'sl «lu plalrau où vWv »*st jK»iutt', se Imuve un auln*
iM'lil nhil«'au (l(> tracliN !♦•, (liTuirr tomoiii (!<• la puissauli'courln'
tracliN li(|U(', (lur Irrosion a lai.s>r i^nlé sur la |>lauii' (|U elle a
di'UudiM'. D'un ( otr di* vr |)lat<'au, il <>\ist(* un ahii sous nM-Jir
Irt'N «çrand dmil 1rs parois sont rou\«'rl<»s ih' lamas jçravés, |M»ur
la nlu|)irl du t\|i<- i\v ('«'lui (|ui portr le n" G() sur la plaurlic
<l«' la liTMiuf dr l'iKara. I).ui> «ri ahri, |<- ii ai J^a*^ \ii «l'aulivs
ii^iu'tvs (|ue ces lamas.
Grolte de Chacunayo. — lin nilraiit d.in^ Irdrdalr d«' ravius
(lui jiariourl tii tous s«'us la coutlu' dt* IracliNlt* fl la divis»'
«•u plateaux, ou trouve h euvin)n 3^" des ruines de Purarâ,
dans la direction du Siid-C )ue>l . un de ces plateaux aucpu'l les
Indiens donnnil le nom d(> (!liaruûa\o. \ l'ouest de ce pla-
teau, rt ( reuM'«> nalni'fllfnn'nt par 1rs rau\ dans son ilauc dr
Iraclivte, il n a une ^'roll<'<reu\irou .V"de proloudeur a\ec uu<'
ouNrrture (\i' V" dr liaulmr sur autant de lar«;eur. Dans «ctti'
grotte se trou\eut 1rs in'scpu's nproduilrs /nj. I jS.
Les couliMirs einpiosees sont : noir, hlanc, hrnn »•! rou^e
minium. L.i pahm* du hacliNlr dt> (iliacunavo <'^t un peu plus
foncée »•! plus jaune (pu» rellf (!•• lahn son>> rorlir de Pucarâ.
\ii plafond di" la ^roltr «'sl peint l«' rerrir ipi»- I on soit dans
la parti»' superirnn' di- l.i |)lan('li('. Son diamrtre est de o" 'J'i,
l«'s dents non mmpiisrs. (ir reirle n est pas tout à fait n'*-
guli«'r. Il a \raisrnil)lal)leinent etc |)eint dans un hut lUNstiipie,
mais je m* veux pas lain* d»' conjectures (piant à sa si«;udica-
liou, car des raisonnements dans un cas comme celui-ci ne
conduisent a rini. Il «st a rmiarcpici- (pir I a\r dente cpii s<*
lion\e dans I inlmnir du cenlr iTesl m diri«:é vers ItMiln'C
(\r II «grotte, ni paiallile à cettt' «Mitrée; il a une |>ositiou
ohlnpu' par rapport a Taxe de la j^rotte, cVst-iwlire à la li«;ne
(pii, partant du centre de lentrée. divisi* la j^rotte en deux
parties ej^'ales. Il tant remanpuT «••paiement (pU' les iMiints noirs
(pli entourent les cercles des extrémités de l'axe iMMut sont de
clia(|ue C()le au nund)rc de douze. L'axe présente sept dents
';-^ESgUE SUR le PTJ\F0ND de lA GRC] :UNA!r'0
prés de PUCARA DE Rïï-ICOî^lADA (Puna de Jujuy)
yV3 grandeur natitrelle
FRESpUE EN FFJSE À L'INT^JEUR
(Vs cpandeur
ARCHÉOLOGIE DE LA PUNA DE JUJUY. G75
d'un côté et six de l'autre. Quant aux dents du cercle extérieur,
j'ai malheureusement omis de relever leur nombre exact.
Autour de la grotte court une sorte de frise formée par une
bande de trachyte plus dur que la roche environnante. Les
eaux n'ont pu corroder aussi facilement cette frise que le reste
du trachyte qui est plus tendre , et il s'est formé ainsi une frise
saillante qui entoure toute la grotte.
Sur cette frise sont peints en ligne un grand nombre de
lamas de différents types et couleurs, mais tous dessinés au
moyen de lignes droites, comme presque toutes les représen-
tations de lamas dans les pétrogiyphes. Les angles des hgnes
formant la tête, le cou, les jambes, la queue sont différents
dans les diverses figures. Quelques-uns de ces lamas paraissent
avoir la tête double, la ligne supérieure représentant probable-
ment les oreilles. Les couleurs sont différentes aussi : les plus
communes sont le brun et le noir; mais il y a aussi des lamas
noirs à cou et tête blancs, des lamas blancs avec des points
noirs, et d'autres combinaisons encore. La figure inférieure de
la planche montre les principaux types.
Sur cette dernière figure on voit aussi une sorte d'ar])re à
quatre branches, peint en rouge minium avec des points noirs
sur la frise et au fond de la grotte. Les lamas les plus proches
de cet arbre marchent de chaque coté vers lui, mais ceux qui
s'en trouvent plus éloignés sont placés sans règle dans les deux
directions, c'est-à-dire quelques-uns vers farbre et d'autres lui
tournant le dos. Cet arbre est la seule figure peinte en rouge
minium.
En dehors de la frise, il y a aussi des ligures de lamas dis-
tribuées irrégulièrement cà et là sur les parois de la grotte.
En bas, dans l'intérieur, l'érosion a laissé une sorte d'échelon
de trachyte plus dur, que l'on pourrait être tenté de prenche
pour un autel, si Ton suppose que la grotte a servi à une (in
cultuelle.
Le sol consiste en pierre nue; je n'ai pas lionvé an\ ('M\i-
rons de vestiges des hommes qui, au tenq)s j)iéhispani([ne,
676 WTinriTKS l)K LA HK(.IU.N ANDINL.
fn-qiHMilaieiil c«*lte f(rotle. Aux alentours, il n\ a pas non plus
«I.' \ifillcs pinas ou d'autres dehris préln«>})nni(niev>.
La j^rotte (le (iliaiuûaNo «'tait |)n)l)al)ieiiu'iil un endroit
saen* ou iii\sti(|n«' jxKir les iialiitauls (le Pucarà de Uiii-
conada.
Pétroglyphcs de Puerta de Rinconada. — Une petite (jue-
hrada, de ^j^"* d«' longueur environ, met le village de Hinco-
nada, rlirf-lieu du département, en rommuniration avec la
plaint' de l*o/nrlos. ( irllr (|n«'i)rada [)ort<' le nom de Pm'rta de
iiinronada. Les monla;;nes (pii l'entourent s«uit de la même
roche (pie la plupart des chaînes (\r l.i Puna de Jujuv : du
(piarl/itr dm , très schisteux , tl (|iii ni rst d luif couleur n»u-
jçeàtre.
Près df l.i ^orln- de crllr (jui'hr.ida mts I.i plainr, il \ a
plusieurs pelroi^ls j>lle^ ^ra\rs sur h's j)arties platrs du mur
loriiH' |)ar les nMlirrs. (hirl(jnes-uns d'entre eux sont tellement
• •Hacj's, <pn' tout»' copie en est im|H)ssihle. .l'ai pu en dessiner
trois, hieii (jue certaines parties en eussent aussi dis|)aru. J ai
naturellement suiM mon pi iii(i|)»' di' in' rrproduire (pir les
li«^nes tout à lait \isil)les, en laissant de ( nli- (•Iles don! je ne
pniisais distinj^uer le tracé avec certilud»'.
La moitié des li«(ures du «^rand j)<'lro«;lN plie, //</. 74^/, st)nt
ella<Tes. (ie iM'troi^K j)he offre un inl<'n'l spécial en ce cpi'il pré-
sente des analfi^'ies aNec certains p«'lroj;l\ plies de la n'j;ion
(liaLMiilc. Les mêmes couches irn'^^uhereiiieiit entrelacées, les
mêmes li*:nes de terminaison di«ntiiornic se retrouvent en effet
sur j)lusieurs jx'lro^ds phes de cette dernière réj^ion.
Le |)étroj;lN j)he //ry. I!}0 est (lu même j;enre; seulement il
est si effacé, (pi il n'en reste (pu- h-^ lij^nes (jue montre la ligure.
La y»'/. /.')/ représente (pialre petits lamas j^ravés sur un
autre rocher à proximit»' du dernier petro^^ls plie. La tête de
ces animaux est representi'e par un douhie trait, et, ce qui
est rare, 1(> lama au-<lessous a aussi le corps formé par une
ligne douhie.
''o- '''O- — Puerta de Rinconada. Pélro.;l)i)lic — i/ao '^i: nat.
67»
ANTinl ITKS DK I. \ UK.KiN A.NUI.NF:.
Dans !♦• piHro^rU phe ftg. ià9, les trois reprôsentiitions hu-
inaiiifs rudiiiH'nliiin's. forini'*es (Ir li^n»»s simples «t (l'un jK)inl
rond pour la l«*lr, m>uI 1res intéressantes. Nous avons déjà vu
une (ij^ure ëenihlable sur la fresque de Pucarà de Rinconada
^. ,.^
rv
\
Kig. iSo. — PaarU lir Rinmnada. IVtro{;ly|)be. — 1/16 gr. nal.
et iHMis en \erron.s une iiulre, peinlr dans la «grotte de (Jiulin,
fuj. 19^1, n° 1.(]ps repr/'senlations tout A (ait priniitivesdu corps
humain sont frécuientes dans les p«'tro«^dvplies d»* pres(pir
rMr-(
r(
Fig. i&i. — Piirrta ilr Rinmoad*. IVirogKpbe. — l/io gr. twi.
toutes les réfçions de I Vuirrupn-. J ai réuni, /kj. Î5'2, i.) de
ces figures, dont la |)lupart sans doute représentent des
hommes. Cependant, les n** Q i-a5 démontrent que les Indiens
ftc servai»*nt et se servent encore de nos jours du môme schéma
ARCHEOLOGIE DE LA PUNA DE JUJUY. 679
si simple, pour figurer des animaux. Le n° i 7 représente peut-
être aussi un animal. Ces dessins d'animaux sont en général
tout à fait conventionnels. Ainsi personne ne pourrait s'ima-
giner que le n'' 21 représente une libellule, si l'on ne savait
que les Moquis actuels dessinent de cette manière cet insecte.
Il serait également impossible de reconnaître le scorpion n° 2 3
et la tortue n** 24, si ces animaux n'avaient été dessinés par
les Oyampis actuels, sur la demande de Crevaux et sous ses
yeux. Quant aux caïmans ou lézards n*" 22 et 26, qui font
partie de pétrogiyphes de la Californie et du Rio Xingù, leur
corps se rapproche un peu de la forme naturelle, au lieu d'être
tracé avec une simple ligne droite. Ces animaux sont donc
faciles à reconnaître. Cependant les figures du n° 26 pourraient
aussi représenter des singes, bien qu'il soit beaucoup plus pro-
bable qu'on a voulu figurer des caïmans.
Dans plusieurs figures nous voyons la ligne représentant le
corps se prolonger en bas, formant une sorte de queue; mais,
dans ces cas, il ne s'agit vraisemblablement pas d'une queue;
cette ligne de prolongation représente plutôt forgane génital
masculin. Sur quelques figures, les bras et les jambes sont
pourvus de doigts. La tête du sujet à gauche du n° 7 présente
une sorte de coiffure, et celle du n° 16, deux appendices en
forme de cornes, représentant probablement deux plumes fixées
sur la tête de ce sujet. Enfin le n° 18 est porteur d'une arme.
La « queue » du n" 19, du grand pétroglyphe de Puerta de
Rinconada, est prolongée par une ligne ondulée, pourvue
de deux appendices terminant en des points semblables à cehii
que forme la tête du sujet principal. Il est possible que ce
soient deux petits sujets secondaires, agrégés à ce dernier,
analogues à une autre figure secondaire que nous voyons agré-
gée à l'une des figures n" 20, laquelle fait partie d'un pélro-
glyphe du canon du Rio Manco, dans le Colorado (Etats-Unis).
Un pétroglyphe de l'Arizone, reproduit comme ce deruier
par Mallery (228, p. 5o, fig.8), offre aussi une figure présentant
des appendices similaires à ceux de notre n" 19.
ÙM) \N TIOI ITKS DK I.A i;K(.l()N A.NDINh:
Voici li'î» localiU's (Ifs jM'lroj^lypIu's qin' compn'ud lay/y. i.*)?.
et les ouvrages dans lesquels se trniivrnt les reprorlurtions dr
ces jM'*lrogl\ plies.
1. GrolU" iJp Chulin (Sii-rni 0<cid«'nlal de lliiiiiuluiar;i . Fivm|ih' rup^stn*.
Voir f,g. i9't.
2. Piirar.1 «If Kiiiconada (Puiia dr Jujiiy). PVesquf ruiH-stro. Voir/i^. /^7.
3. Puerta di- Rinconada (Piina de Jujuy ). Pclrogiyphc gravé. Voir/i«/. I't9.
h. Piurlii dr liiiironada. Prln «j^lyplie fjravr. Voir /i</. 1fi9.
f). Marhuca, jirrN de San harlolo (IK-serl d'Atacama). IVlroglypIu- gra\r.
(Ptiilippi : 28S. p. 73.,
0. Yoiiaii, sur le Rio Jequetepeque (Cajamarca. Pérou). Pétroglyplie
gnivé. (Ilnlrliinton 174. 11. y. 17»"»
7. .\ni|)ajangu (Saiila Man'i \';ill.'r dr Y«Ka\iI . r;il.iin.ii«a\ Pélroglyphe
gravé, ((^iro^a : 303. p. 117.'
8. I>oma (iolorada (Valli-"* dr ^<)ra\il. rurunianj. Priroglvj)hr gruM".
; (}uin>(;a : 303. |>. iil.j
\). Canon du Rio Manco ^Colorado. Ktats-Dnis). PétrogUphr gravé.
( (;. MonlnukiôU : 270. p. i3o.)
M), ('..inon du Rio Nfanro. Pétio^KpIir gi-avé.(r;. NorricntkiAM : 270. p. i3o.
I I. Idalio ; Ktal>-l'ni.s). Pélroglyplir gravé. Mallcry : 228. p. 77.)
12. Owens Valley f Californie. I^tals-Unis). P.troglyphr gra\é. M-IW»: 228.
p. 5^. pi. m.)
13. Piji4' .Sjiring ' l tal> . KtaU-Lnisj. Prlroglyplie gravé.' ^Malfcrj 228.
p. no.)
14. Tundania (Colombie). Fresque i-u|>estn*. (BuUan . 57 ^ù. p. n . pi. 1,
Cg-O.)
15. Cafiond \«uza( I Al» Angeirs, Californie. Klals l nis). Tn Mpn- ruprsip-.
{Mallrrt! 228. p. .^53.)
Mi. l«ii.s Kleclias (San (iarlos, Vallé«« Calchaquie, Salla). Pélroglyjilir
gravé. (AmhrowUi : 13. p. ."l^H.)
17. Rio ^apun'i (Brésil). Pélroglyplir gravé. Spi» r\ »on M*r«ni« : 333. aUai.
pi. 3..)
18. Santa Ikirhara (Californie. KlatvlJnis). Péln>glyphc gravé. Mallrp
228. p. 67.)
lu. Purrla dr l\inronada fPini.i di- .lujuv). Pélroizlvphr gravé. Voir
fS- I^i9.
20. (ianon ilu Rio Manro (Ccdorado, Ktatsl^nis). Péln>glyphc gravé.
(MallTy !S28. p. ^X]
21. Ariione (Ktaivrnis). Figure ron\enti<innrilr , n^prt'senlanl la lil»el
Iule; conunune sur le^ pétroglypht^ des Moquis. (Mdkrj: 221. p. 708.)
ARCHÉOLOGIE DE LA PUNA DE JUJUY. 081
10 11
12 13 14 -^ K
16 17 18
20
19
22 23 ^^ I 2^
Fig. i52. — Figures primitives représentant des hommes et des animaux.
(Pétroglyphes et dessins de diverses régions de l'Amérique.)
(i»2 ANTIQUITES DK LA HKCilO.N ANDINE.
22. Tille River (Califomip. Klats-Unis). FrcMjur rup»î»tn*. Rrpn'sente
prohahloinoiit un caïman ou un léiard. 'M«U«Ty : 238. p. 55.)
2.V (îiivaiM*. Scf)q)i<>n <l«'NNin«'' par l»'s ()\;impis. Oevaut : 111. |». an.)
2'l. (iuyano. l'orlu»' <l«'N>iii««' par l«'s (Kampi-». (>r»«u» : 111. y. ïh.)
25. Itaniarara [Ki«» \ingii. Bn'sil . IVlroKlvpli** gravr. (>,s fi^un'5 ix'pré-
M-ntcnt prohabiiMiicnt il(*s rainian.s. (NpiIo : 356 l>i$. \>\. \.
\ (|ii«-l(|iirN kiloiiirtros (li; l.i l'iit'rt.i (le liiiK oiKid.i , Mil' des
mcher>, dans 1rs inoiilaj^iies (IjhiikiiiI sur la laj;uiie de Pozue-
los, à un endroit iioiniiié Arislucuii, il «visle éj^aleinenl des
|m'»1 roj(lv plies "^ Je regrelle de n'avoir pas eu le tein|)s de m'y
n-ndre jM)iir les relever. Suivant les rensei«;nenients recuiMliis
auj)n's de personnes (jui ni'a(coni|)af^naient iorscpir je relevai
les |M''tro«;l\ plies de la Puerta de Kinconada, ceux (iVrislurun
(*oiiliriineiit aussi des lii^'ucs rourlx's futrclacées et des lamas.
La lii;ure liuiuaiiic rudiuicutairc dt)nt nous \enous (\r nous
mxujMT .s'y retrouve aussi.
Vi)/A KLOS.
La vaste laj^une de l'o/.uelos a q mètres de profondeur à
peine aux endroits les plus prolonds. Le fond est tt-llenient
lanj;eu\, ipic, miinr lors(|u il parait ne pas v avoir d'e.iu dans
la lacune, il est im|M)SMl>li- de s*j'|oi«;uer henucoup des l>ords :
liommes et hèles s'enlisenl ri disparaissml dans la vase sau-
màtre.
\ r<'xtrémit«'' sud dr l.i l.ii;une, il v a (;à et \à (pielipies
Imites (rindiens. C'est à rel endroit (pi'étaient situées les de-
''' iViu rrprrxiiirlion* Hr |M»lmf'|ynlic«
cl'Aritlunin fii^irml «l*n« iinr l»n>rhurr
tlo M. l'ahl»!' Julian T«(vann : Inn-tln/a-
riomei tohrr nryiiro/ii^Kt ar^enlma , S»U» .
M)o^, |i. t\. ^<\; nii%rA^r iUn« lrt|iM-l
r«illriir »'r(TM|Tr (Ir ilriiinnlrrr là |»i'**i
liilili* dr iliVhiiïrrr \r% |M>lmf;lvplir« de
(latAitiarra. dr Salla ri dr JnJilv à l'aidr
d» *ignr<i «^f(vplirn«, ph«^nirirn«, rir. Mai»
lr« rrpnitiurliont dr« tirlroglvphr* ipir
ronlirnl cri nnvragr ont mallirureu»*-
iiirnl ««1^ failp*. Mir la doin.tndi* dr
M. T(t«rano. par dc« prntnnnr» non apir*
!\ Ir fairr. Cr* dr%Mn« n'ont dnnr aiininr
\alrur. r«>mnir Ir dt^tnonlrrnt Im rrpr«»
diirlion» t\r\ |>^trn^l\|)||r« dr Puerta Ar
lUnronada ri dr la (^irlirada dri RiMal
ifciW.. |v 17. >», 3i, Ji; qtii n"onl aiioinr
n-x«oinlilanc<* t\rc me» drsMn» de* mémr»
prln*Kit|ilirt.^5. 59. lii*. LW.
ARCHEOLOGIE DE LA PUNA DE JUJUY. 683
meures des habitants préhispaniques de ces parages^'^ Il n'en
reste plus qu'un entassement de pierres et de débris, de 3oo™
de longueur sur 200" de largeur environ; mais on reconnaît
1res bien l'emplacement de l'ancien village : le terrain envi-
ronnant ne contient guère de pierres et l'épaisse couche sur-
élevée de terre noire, dernier témoin du temps jadis, se dis-
tingue parfaitement de la terre jaunâtre d'alluvion dont est
formée la plaine. Dans cette couche on voit les pierres des
anciennes pircas, maintenant écroulées, des os de huanacos,
de lamas et de vigognes, des fragments de poterie grossière et
surtout de très nombreux morceaux des mêmes haches plates
en roche schistoïde que nous avons observées en si grand
nombre à Quêta, à Pucarâ, etc. Ces fragments sont tellement
nombreux, qu'on pourrait en ramasser des centaines en
quelques minutes, mais je n'ai pas trouvé une seule hache
entière.
A Pozuelos, une trouvaille mérite d'être tout spécialement
mentionnée. C'est celle de trois pierres perforées, en forme
d'anneaux, dont j'avais déjà trouvé, sur le plateau de Pucarâ,
un spécimen reproduit y?^ lâOfei décrit page 689.
La fig. 153 a, b, c représente les trois pièces de Pozuelos,
chacune vue de face et de trois quarts pour mieux montrer
la forme de la perforation. Les dimensions et les poids de ces
anneaux sont les suivants :
DIAMETRE
DIAMÈTRE
HAUTEUR
MINIMUM
KXTiiniEur.
iiia\imuin.
( ÉPVissEcn ).
île la
perforation .
POIDS.
niilliin.
millim.
millim.
grammea.
96
58
21
878
88
r>o
9.6
476
9-^
/il
■>.k
/i49
La pièce a est faite d'une roche très ferrugineuse et très
lourde, h de grès dur grisâtre et c est également en grès, qui
<'' Les vestiges de Pozuelos ont été espagnoles ou douteuses », au lieu de celui
marqués, par erreur, sur la carte arcliéo- de «ruines préhispanicjues très détériorées
logique du signe correspondant à « ruines ou de peu dimportance ».
ÙHï ANTIQUITES DK LA UKGION ANDINK.
contient des cristaux de pyrilr de ler, dunl on xiit plusieurs
enij)reintes sur la surface de la pierrr.
Dans les trois spécimens, particulièrement en A, mi voit
très nettement l.i l<»rmr hiconicpir de la |H>rioralion , (jiii.
comme prescjue toutes les anciennrs perforations dr la piern-,
a été exécutéi» des deux côtés.
(iest la |)remière lois (pir Ton a rencontu- de ces anneaux d«*
pierre tlans le nord de la H«*pnl)li(pie Ar;;eiiliiie. Dans ce pavs,
on n\fn connaissait que de San .luan, d a|)res M. |). S. A^uiar
(6.1». SG.lig.;), et de la ré«;ion andinede la Pata<;onie,dont M. Outes
(276. |). 437 rt ftuiv.) décril cpialre sj)écimens. Parmi les autres
pays de l'AniéricpM» méridionale, c'est surfont dans la partie
c(>nlrale du (iliili, depuis (!n(piiini)o jus(prà \aldivia, (pn*
ces pierres soiil coniniunes. M. .1. 1. Mrdina 234, j». i4«> «•» wii»..
fig. iH\b)vi\ n'|)rodiiil j)lusieurs, provenant toutes de cette der-
nière ré«;ion. Leur diamètre l'xtérieur varie de 0*1 1 à o" iH,
et (>lles on! pom- l.i pliipjil l.i iininr Iniim- (Iid- «elles de Po-
/.nelos. Selnii M. Mrdm.i, le Nhiscr ii.iIkui.iI de Santiaj(o-<lu-
(.liili |)os.sède d'autres spécimens du Pérou, de (iliinchiu dans
I»' Désert d'Atacama, de La Paz en Iiolivie,etc. M. E. 11. Gij^dioli
(144. I». a.'»'») possérie dans sa collection quatorze pierres perlo-
rées • spliéroïdales ou annidaires», é«;alenient du(ilnli, dont
un e\enq)laire emmanché, proviMianl d«' La Sei ena ( iiHpiindM)].
De (ia( li.qMjal, dans ce nn^ne pays, M \l .Stiil)el et Heiss
(340. I. |il. Hj. fiK- •»7) li^urent aussi un sinVinu'ii . «le <>'" 1 1 de
dianu'lre. \IM smi llierin;; 177. |». f>4 . lig. 3. 4 ) et L. Netto (256 bit.
I». ytS. l'i. *i. lig, aa) décrivent des pierres perforées de Hio (îrande
do Sul, de o^oq h <>"' i ■} de diamètre. Klles sont communes
dans cet Ltal hrésilien; M. xori llierin»; les nomme mnrhndm
(marteaux). M. \. de Moilillel a rap|M>rté une InMitaine d«*
s|M'cinu'ns de Tarija, en liolixie. (pii ont en général envi-
ron o" I 5 de diamètre «'xtérieur. La plnp.ul des pierres j>or-
lorées de Tarija ainsi (pie celle^ du \\\i">\\ ne .sont |>as,
comme celles de Pozuelos et la plus «grande partie des pièces
cliilieiines, des ann«MUX .i seclimi pins nu moins cinulairr.
ARCHEOLOGIE DE LA PUNA DE JUJUY. 685
mais elles sont aplaties et leur périphérie forme une arête
assez tranchante. La Mission Française a également rapporté
plusieurs de ces pierres de Tiahuanaco, d'où MM. Stûbel
et Reiss (340, i, pi ig.fig. 16) en figurent aussi six spécimens,
de 0°* 09 de diamètre et o™o3 à o"o4 d'épaisseur. Deux de
ces derniers ont, d'un côté de la périphérie, des creux dé-
montrant que le manche n'a pas passé par le trou de la
pierre, mais qu'il était attaché à la périphérie de celle-ci au
moyen de lanières passant par le trou et ensuite autour du
manche. M. Erland Nordenskiold (269, p. 45, pi. 4, fig. 7) reproduit
un anneau en porphyre, d'environ o"" 10 de diamètre, prove-
nant de la Vallée d'Ollachea (Pérou), au nord du Titicaca.
M. A. Bamps (50, p. 139, pi. xxxiv, %. 9) représente une de ces
pierres, de o'"o85 de diamètre, de Quinjeo, province d'Azuay
(Equateur); MM. Stûbel et Reiss (340, pi. 17, fig. 9, 10; pi. 18, fig. 19),
deux autres, de Quito, d'environ o"'o8 de diamètre extérieur
et o"'od d'épaisseur, et une troisième, de Cajamarca, pierre
naturelle d'une forme assez irrégulière où seul le trou paraît
être artificiel. En ce qui concerne la partie nord du Nouveau
Monde, les anneaux en pierre qui nous occupent ont été ren-
contrés dans l'Amérique centrale et dans le Yucatan, mais ils
sont surtout fréquents dans le sud de la Californie, dans hi
Basse-Californie et dans les îles de l'archipel californien. Le
Musée d'ethnographie du Trocadéro en possède une belle série
provenant des îles San Miguel, Santa Barbara et San Nicolas,
rapportée par M. J.-L. de Gessac. Les pierres perforées de la
Californie ont été décrites par plusieurs archéologues améri-
cains. Ces pierres existent également dans plusieurs régions
des Etats-Unis, suivant M. Henry W. Henshavv (163, p. 5).
La question de l'emploi de ces pierres a été très contro-
versée. De diverses parties de l'Amérique on en a signalé plu-
sieurs applications tout à fait diilerentes; pour ce qui est des
spécimens se rapprochant comme forme et dimensions de ceux
de Pozuelos et de Pucarâ, il y a surtout trois hypothèses qui
6«0 AMiQLITkS DE LA RÉGION ANDINE.
peuvent être prises en considération : ou les pierres ont été
employées comme casse-téte, ou bien connue instruments
(ra«;rirulture destinés à ronipn' les mottes dr tcnr durcie
dans les champs, ou riA'ui pour augmenter le poids de cer-
tains h.ilons à fouiller.
L«' dernii'r de ers riiiiiluis lut .si;;nid«' j).ir M. lltiishaw ^163,,
dans son extrllent inénu)ire sur les pierres |)erforées de la (!ali-
lornie. Dans ce pays, dans les comtés de Santa Bârhara et de
Ventura, iilusieurs Indiens des plus âgés lui avaient déclaré
(lue les nond)reuses pierres perforées qu'on y trouve avaient
jadis fait partie de dujijiiuj- sticks, em|)loyés par les femmes
jM»ur rxtraire de la ti'rre une certaine racine qui constituait un
.dinicnt inqiortaiit pour ces Indiens. Ces (//(/7/m/-5//( /•.< rlairnl
des l)atons sur IcMjuels on avait lixé, plus ou moins au milit'u,
une pierre |)<*rforée, le l)at«)n passant par If h nu dr la j)i<'rre.
Celle-ci servait à augmenter !•• pmcK du h. itou, ( r (jin permet-
tait dr l'enfoncer plus faciliMuent dans la Irrre. Ces renseigne-
ments ont été donnés .1 M II» mi^Imw par drs Indiens en plu-
sieurs endroits dillérents, indeprndamnu'nt les uns des autres,
il n*N a donc aucune raison de douter de leur véracité. Au
(iluli, <n\ p.irail aNoir enq)lo\e jadis les pierres perforées dune
manière semblable, suivant Don Francisco Nùnez de Pineda v
Dascunan (272. p. 19a), qui écrivait veis 1G70 et (|ui dit av(»ir vu
les Indiens du (^liili, à l'occasion d'un enterrement, creuser la
fosse • avec un Indenl en iornie de lourcbelle. en bois dur
et résistant, et (|ui avait autour du manche une j)ierre |)er-
[(irée servant à lui donner plus de |)oids'. D'après ce récit, les
anciens Araucans semblent avoir eu des dujijiinj-slîrks analogues
à ceux des Californiens; seulement ceux des Araucans se termi-
naienl |)ar trois |)ointes. Mais l(>s uns et les autres fa(;onnaient-ils
cl p<*rforaient-ils les |)ierres eux-mêmes on einj)lovaient-ils des
jïierres d'uni* époque antérieure cpiils avaient ramassées sur
le sol? Cette ({uestion reste douteuse. Ln .Xfricpie, plusieurs
peuples emploient des bâtons à fouiller send>lables à ceux de
la (.alifornie. Parmi les llottentots, <>t hvs Hos( jiin.ins «'es bâtons
ARCHÉOLOGIE DE LA PUNA DE JUJUY. 687
sont très communs. Du Harrar (Abyssinie), le Musée du Tro-
cadéro possède des bâtons à fouiller, en bois et à pointe de fer,
pourvus de pierres perforées servant à en augmenter le poids.
Les indigènes de f Abyssinie emploient la même méthode pour
rendre plus lourds les pilons avec lesquels ils pilent du tabac
dans des mortiers en bois. Au Musée du Trocadéro est conservé
un de ces mortiers avec son pilon, qui consiste en un gros
bâton, autour duquel est placée une pierre perforée. Cette
pièce provient aussi du Harrar, et, comme les bâtons à fouiller,
elle a été rapportée par M. Bourg de Bozas. Les pierres per-
forées de l'Afrique sont, en général, plus sphéroïdales que la
plupart des spécimens américains.
Certains peuples de l'Amérique du Sud emplovaient une
sorte d'instruments d'agriculture qui étaient formés d'une
pierre perforée fixée à fextrémité d'un bâton. Ces outils étaient
employés pour briser les mottes de terre après qu'on avait
labouré le terrain. Suivant M. BoUaert (66, p. 178), « Darwin vit
l'une de ces pierres perforées, utilisée par les Indiens, qui
était fixée au bout d'un bâton et formait un instrument rus-
tique d'agriculture. Ces pierres étaient d'une forme circulaire,
aplatie, et avaient cinq ou six pouces de diamètre ». Cette des-
cription correspond bien à une grande partie des spécimens
du Chili. D'autre part, on lit dans les dictionnaires quichuas
de von Tschudi (354, p. 34o) et de Middendorf (238,p. /i63) ce qui
suit : Jiaipu (Middendorf) = pierre ronde perforée pour être
emmanchée, employée pour briser les mottes de terre dans les
champs; huipuha (Tschudi), même définition; hiiipay (verbe)
= briser les mottes de terre dans les champs. Ces deux auteurs
ont recueilli leurs vocables au Pérou même , et le quichua de
Middendorf surtout est celui qui est parlé par les Indiens ac-
tuels des environs de Cuzco. L'existence de ces mois daius la
langue courante démontre que les hiiipiis sont encore, ou loiil
au moins étaient, il y a peu de temps, en usage chez les habi-
tants du haut plateau. Garcilaso de la Vega (140; l. v, c. n; loi. 101),
dans sa description des anciens procédés dr ciiUiirc, bien
MH ANTIQUITKS DK L\ nKGlON ANDINE.
(lu il iH' iiM'iitioiiiic j)a> (riiistriiiiirnts a jiit'rn' |>erforée, ikmis
appnMui c<*|M'ii(laiit (jue l'une dvs jiriiicipales opérations con-
sistait à bris«'r les inoll«*s cir terre, et «jn il «'\istait, |><>ur acconi-
na^^'iHT cette n|M'Tatii»n et la ivIIiiiht, drs ehaiisoiis spêriales
(Iniil Ir nlraiii rtail le mot Havlh. \( liu'llrnient , 1rs IndiiMis
(lu haut plateau ne labri(|uent |)lii.s de pinrrs j)erlorees, mais
les faits (|ue nous vtMions (le signait r |)n)uvent suflis^iminent
(jin- ces pierres senaient jadis de hnipiis.
Les pierres perforées ont éj;aleinent été «•in|)l()yé(*s comme
casM'-téte. Nous imi trouvons mir pniiNr dans la description
de Jauja, écrite en i[yH'À par Don Andres de \c^a 368 6». p. »5),
ntrnujidiir de cette j)rovince, d'après les récits des Indiens jirin-
cipanx de la contrée (pii avaient été conNo(pies |)()ur donner
des renseif,'nements sur h» |kivs et sur les coutumes des indi-
j;ènes avant roccu|)alinfi espa«;nol«». Selmi 1rs déclarations dt*
ces Indiens, ils a\aieiil «n lltal)ilii(l<- «de se hattre avec (les
massues (pi'ils ial)ri(piai«'nt «n iii<>tt.iiit des |)ierres iM'rforées
sur drs hâtons • ( julcalnin cou unas luirrns que liacian po-
mrniht unas nirdrns linrafhutds m uni>s pains ;. D'autre j)art,
on connaît du Pérou, du (iliili et de la (laliiornie des spéci-
nuMis enunancliés de hu^'on a |>ouvoir servir d'assommoirs. Du
cimetière d'Ancon, Ut IV llaniv 160, |>l. ui. fig. utg) re|)roduit
mil- pn'( r (If ( rllr caté^'orie, avant la pierre lixée au l>out d Un
haton ; crlte pii'rre est plus s|)liéroidalf (|in' les s|)écimens d»'
Pozuelos. \l. Iv II. (lii^lioli 144. p. a54) diM i il un .mire casse-
lélr «ornpnsr d uni* pierre p«'rlorée lixée au i)oul <l un JKiton et
exlnnné d'nnr srpulture près dr La Serena (!o(niind)o , au
Chili. Dans la (ialilornie, on a é;;alemenl Irouvédi's spécimens
emmanchés de cette manién*. M. Ilenshaw (163. p. a9.3o)en re-
produit trois (pii ont été rencontrés dans une grotte prés de
Los Angeles, et (pii ont l.i pierre fixée au manclir au iiiuNni
d nn ciment d'asph.dte, matière (pii est commune dans le |)ays.
Les pierres sont d'une forme .srinhlahle à celle de nos sj>éci-
mens de la Piina, mais ellrs sont un peu plus grandes, de
o* I I à o" i fi de diamètre; les manclies ont de o^.iH à o".^()
ARCHEOLOGIE DE LA PUNA DE JUJUY. 689
de longueur. M. Henshaw suppose que ces objets ne sont pas
des casse-tête, mais des bâtons de cérémonie ou de comman-
dement. Cette thèse pourtant ne me semble pas suffisamment
fondée, l'argument principal étant la faible épaisseur des
manches; or, si le bois était élastique et résistant, je ne vois
pas pourquoi ces instruments n'auraient pas été des armes très
efficaces. M. Henshaw va encore plus loin : il incline à croire
que toutes les pièces en cuivre et en pierre , perforées et étoi-
lées, bien connues de la région ando-péruvienne, ont fait partie
de bâtons de commandement au lieu d'avoir servi d'armes.
Un ancien tableau à l'huile que j'ai vu au cours de mon voyage
m'a donné une nouvelle preuve de ce dernier emploi des
pièces étoilées. Ce tableau avait longtemps servi de plafond
dans une cellule du couvent des franciscains de Jujuy. Suivant
la légende, le tableau a été peint à Cuzco, mais malheureuse-
ment la toile était déchirée justement à l'endroit où avait été
indiqué le millésime^''. Cependant l'orthographe de la légende
et le style du tableau démontrent que celui-ci est assez an-
cien et date probablement du xvu'' siècle. Selon la légende, la
peinture représente un miracle qui avait eu lieu à Cuzco en
l'année 1 532 ^^^ : quelques Espagnols se trouvant enfermés dans
un hangar de bois et entourés de nombreux Indiens ennemis,
ceux-ci avaient mis le feu au hangar, qui commença à brûler;
mais, dans ce moment critique, la sainte Vierge paraît dans
l'air, verse de l'eau sur le hangar incendié, éteint le feu et
sauve les Espagnols. En effet, on voit au milieu du tableau
une maison qui brûle et, dans l'air, la sainte Vierge versant
de feau sur le feu. Au fond, à gauche, il y a une forteresse in-
(henne enterrasses. De tous les côtés, des Indiens armés courent
'■' La légende dit : Acahose Kata ohm '■' Suivant la légende du liihleau. Il
En la Nuestra Çiudad del Cuzco En semble y avoir un anachronisme, car
ÎO de Maio de l'Inca Atahualpa ne l'ut oniprisonné par
En 1904, cet intéressant tableau se Pizarro, à Cajamarca, que le i5 novembre
trouvait à Buenos-Aires, en possession i532. Il est difficile ([ue les Espagnols
de M. Eduardo A. Ilolmberg, qui l'avait se soient établis à Cuzco dans la même
acquis des franciscains de Jujuy. année.
OttO ANTIQIITF.S DE I.A RKr.ION ANHINF.
vprs la maison inrrndi(''c; Inirs armes, outr»- (1«> Irondes, sont
pour l;i plupart jiistrmfiit des casse-tète étoiles, lixes près de
l'extrémité d'un halon. (!elui-ci se termine par une pointe, ce
qui semhir indiquer cpie celle ariii»* j)oii\.«it être employée et
comme assommoir et comme arme à percer. Cependant les
Touilles faites au Pérou n'ont pas donné de |)oinles de la forme
(ni'on voit sur le tableau, et il se peut que le peintre ait ajouté
ers pointes suivant son iinaj^ination. Lrs vêtements des Indiens
«•onrorflent avec les descriptions cpii nous sont parvenues du
tennis de la conquête. Quoicjue le peintre les ait peut-être
décorés un pMi selon sa fantaisie, ce tai)leau constitue cepen-
dant un document précieux pour l'i tudf des vêtements et des
armes des anciens P(''rii\iens. Il dcnKniIre (jue les cass<»-tête
étoiles portés par pre.s(pie tous les j^uerriers qui y fif^urenl
étaient en elTet des armes, et non des hâtons de cérémonie.
Naturellement, les casse-tête en pierre ou en cuivre, simples
ou étoiles, mais spécialement décorés, peuvent avoir servi d'in-
.signes d'autorité ou joué un rôle dans des cérémonies. Parmi
tous les peuples, les armes se transforment souvent en insij^nes.
Notre éj>ée moderne loiiiiiil nti exemple de cette transfor-
mation : (lit/ lis olliciers d'inlanterie l'Ile n'est j^uère (piuii
insi«(ne,el chez les fon<lioiinaires ci\ds elle .1 totalement j>erdu
son caractère d'arine.
Dans r\nieri(pie du Sud on a donc constate trois enqilois
dillerents des pierres perfon-es. Quelle a été leur destination
primitiNe? Dans quel hut onl-«||(»s été inventées? A mon avis,
elles ont du seisir d'arnu's cont<»n<lanles d'ahord,car l'homme
était certaintMuenl chasseur avant d'être agricull«Mir, et l.i j)lu-
parl des trihus pi imilives s<» servent de massues c<Mnnie armes
et é;;.deinenl connue outils p<Mn* divers travaux.
l'in dehors de ces trois iis.ii;«'s principaux des pierres jM'rfo-
rées, certains Indiens de 1 Vmeritpie se|)tentrionale s'en servent
dans un jeu où il s'agit de jeter une lance on tirer une flèche*
dans le tron d< l.i pierre pendant (ju elle roide sur le sol. On
a également \n des pierres |>erforées emplovées comm<* jKiids
Pr.. LXIII.
'"ig. 103. — Poziielos. l'icrrcs jH-irorccs. — 1/2 gr. nul.
Pl. lxjv.
Fig. i54. — Kio Urusmayo llincoiiada). Mortier en pierre polie. — 1/2 <^r. iiat.
Fig. i55. — Ouirquimlios (Rinconada . liroyeiir en |)ieiTi; polie. — i/'i gr. iial.
Fig. i56. — Morcno (Rinconada). Ilaeîie en pierre polie. — \\-\ gr. iial.
ig. lO-y. — C'.oNpiiniayo ^ lîiiiconada). Petits reci|)ii'nls j)oiir garder li'> pépites d"or [dorirliuiu]
1/2 gr. liai.
ARCHÉOLOGIE DE LA PUNA DE JUJUV. 691
dans les filets de pêche. Mais, assurément, ce sont là des usages
tout à fait secondaires et auxquels ces pierres n'étaient pas des-
tinées par ceux qui les ont fabriquées.
AUTRES RUINES ET SÉPULTURES
DANS LES DÉPARTEMENTS DE RINGONADA ET DE SANTA CATALINA.
En dehors de Pucarâ et de Pozuelos, il y a dans le départe-
ment de Rinconada, d'après Feliciano Gareca, des ruines pré-
hispaniques à Guayatayo, localité se trouvant au nord-ouest
de la lagune de Pozuelos, à Chacrahuaico, situé à 40""° au sud-
ouest du village de Rinconada, et à Abra de la Laguna et Quir-
chinchos, deux endroits situés sur le Rio Urusmayo, affluent
du Rio Sanjuanmayo. Toutes ces ruines sont désignées sur la
carte archéologique.
Les ruines de Guayatayo sont totalement détruites, comme
celles de Pozuelos.
Chacrahuaico paraît être, suivant la description très précise
qui m'en a été donnée, un grand village en ruine occupant un
plateau inaccessible, comme celui de Pucarâ. Aux environs,
il y a beaucoup de grottes sépulcrales. Chacrahuaico est situé
au milieu d'un dédale de profonds ravins se croisant entre des
plateaux de trachyte. Le manque absolu de ressources de toute
sorte dans ces parages actuellement inhabités y rend une excur-
sion extrêmement difficile.
Abra de la Laguna et Quirquinchos sont des ruines dans
un assez mauvais état de conservation. H y a 5*"" de dislance
entre ces deux endroits. Aux environs, on voit aussi des grottes
funéraires.
La pierre à broyer, ^^. 155, a été trouvée à Quinpiinchos.
Elle ressemble beaucoup à celle de la Vallée de Lerma, repi'o-
duite fi(j. àà a et décrite page 3o6. La première, en grès
vert bien poli, a o°'490 de longueur, mesurée en ligne droite
entre les deux extrémités; sa largeur maximum est de o" 082
et sa hauteur au milieu de o'^oqS. La section de cette pièce
092 \NTIQl ITKS DK I. \ HKCION ANHINK
est asspz srmhlaMc à rrllc du hioyrur do l'iuara dv Lrriiia;
la surface qui .s«'rt a hruyer est (ourlu' dans \o. sens transversal
vi asyuHHncjUJ» do la iiienie manièn».
Lp mnrli<*r//y. J')^i, «mi obsidienne inc <»iii|»l«'lenient \itriliée,
très diirr «1 Mm pnlir, proNicnt aussi des environ^ du Hiu
IJrusniayo. Cv morlirr ••>! d iiin' luriin* oNoidr. de o"' jn de
lnii;;ueur et o" I () dr lar;;rur.
La liarlie fii/. I ~}6 , InMivrr .1 Mdnin», oiidnnl silué aussi
dans Ir drj»arl«'nit'nl dr Hinrnnada, est éj;al«'ini'nl laile en
nhsidienne opacjue 1res dure, pdie. Celle hache a o* i.^b de
lon<;n(>ur loiale, o" 060 dr iarf^eur inaxiiimiii et o^oSf) d'épais-
seur niaxiniuin ; elle iM'sl pas 1res tranrhanle. (!e Ivjwde hache
est rare dans la Puna d»- lujnv : au contraire, il est commun
dans la Vallée de San l'rancisco et dans la Sierra Santa Hâr-
hara, d'où la \lis>ion Sm-dois»' en a rap|)orlé une viuL^laiiie.
rr<»is d entre elles oui él»* li^Min'es par M. Krland Nordenskioid
[262. |il. '). liff. 7. fi. 9). M. .\nd)ros«'Hi 23. y :»i) reproduit aussi
deux de ces haches de Pampa Hl.iiica. daii^ la \alle«' de San
l''ran<'is<-o. \.r-^ li.n lies polies, (\r ^Mandenr moyenne, avec
^or«;e iaisant !<• Imir de l( •nie la li.icln' . du même I vpe (pie celle
«pie nous v<*uo!is de drcru'e, j)euveul elre c(msidérées comme
«aracléristiipies de la ré^don orientale de lujuv. Il v a tout lieu
de sou|)Couuer (pif noire sjxMiiiH'n d»' riiiMonada a ele iin-
pniN' dr cette dernière ré«^iou.
Les seules collections publiées du dip.n Iniuul de Santa
(iatalina soni celles des «^rôties funéraires de Sanjuanmavo et
des environs du Nillay;e de Saida (.alalina. Ces collections ont
él«^ décrites ri liirurét^s par \l Lrlimaini-Nilsche r210 . Nous
avons déjà mentionné beaucoup de ces objets en les coin|)araiii
avec ceux (pu* nous avons trouvés nous-nu"^me. M. \mbn»«>elli
en a |)ublié au^si (juel(pn*s-uns de ce département. rj)us ces
objets sont analo^^ues h ceux de Hincnnada. .le ne connais pas
de ruines de villages préhispaniqnes en Santa Catalina, mais il
tsi probabir (jii il ni existr. cachées dans les labyrinthes de ses
monla*;nes rt de ses quehradas.
EXPLOITATION DES GISEMENTS D'OR. 693
EXPLOITATION DES GISEMENTS D'OR DE RINCONADA
PAR LES INDIENS.
Le sol des quebradas des environs du village de Piinconada
est tout percé de puits construits pour extraire la terre auri-
fère. L'entrée même de ce village par la plaine de Pozuelos,
la petite quebrada nommée Puerta de Rinconada , est tellement
remplie de ces puits qu'on n'a laissé pour ainsi dire intact que
le terrain où passe le chemin. La plupart des quebradas des
départements de Rinconada et de Santa Catalina présentent le
même aspect. Des milliers et des milliers de mètres cubes de
terre ont été remués pour chercher le métal précieux.
L'extraction de l'or date de temps très reculés et, bien qu(î
je n'aie pas trouvé de preuve concluante qu'elle se pratiquât
avant l'arrivée des Espagnols, il est fort probable que les Indiens
préhispaniques ont exploité les terrains aurifères de cette
région. Je ne crois donc pas devoir omettre une courte des-
cription de l'exploitation de l'or par les Indiens actuels, telle
que je l'ai vu faire sur les lieux.
L'or a son origine dans les fdons de quartz des montagnes
des deux départements cités plus haut; ces fdons ont été égale-
ment travaillés comme le démontrent les nombreux puits que
l'on y voit partout. Suivant Juan del Pino Manrique (289, p. i4),
quelques-uns de ces travaux semblent dater de l'époque
préhispanique. Dans sa description de la ville et du territoire
de Potosi, déjà mentionnée à propos des mines de Cobres, il
cite Incahuasi parmi les mines d'or du partido d'Atacama
exploitées par les Indiens avant la conquête espagnole. Selon
toute probabilité, cet Incahuasi n'est autre que le Cerro Inca-
huasi, situé, comme on le voit sur la carte archéologique, au
sud de Rinconada^'l Aux premiers temps de la conquête, les
<') M. F. .1. San Roman (322, 11, p. ! 73) nique serait un autre Inraluiasi (|ui est
suppose que la mine d'or dénommée « In- situé près d'Antofagasta do la Sierra,
cahuasi » et exploitée à l'époque préhispa- dans la partie sud de la l'una de Ala-
II. A3
604 WIl'M FTFS ÎU; I.\ IlKr.ION wniNF.
Fs|)aj;iinls ont sans doute continué l'explnilatinn dp ces fdons
di» cjuarlz anrifcn», mais, à lV*p<K|UP de Piiio Maiiricjue, Inca-
liuasi «'tait d<*jà ahniidonii/', car il dit : «(!«'tt«* ininr d'or vs{
aujourd'hui ruiiHT, hicii (ju'cllt' ait ru jadis un «;raiid riMioni ».
Une autre.» nioiitaj;in', I»' (ierro Cal)alon«;a, situé un jm»u au
nord du (!«rio Incalniasi, seinhlr avoir été Iwancouj) travaillé,
dans des teni|)s très reculés, pour extrair»- l'or cpii se trouve
dans ses liions de (juart/. M. Flnrcncr ( )'(lri^( nll 273. p. 397 3ij8 ,
qui a étudié très en détail les terrains aurifères de Rincona<la,
a exploré cette nionta^nie. Il y a trouvé. j)rès du sommet, dr
nond)reu\ puits d aiirieimes mines vi d'énormes déjHJts dv d»-
blais,dans lesipiels il y avait de iiom])reu\ morceaux de (juarl/.
contenant d«* l'or. Il est p)ssil)lr (|iii I txploilalion de ces mines
date de ré|N>(pie préliispani(ju«
Au siècl»' (Irniin, |)lusieurs entn'j)rises minières ont été
comin(*ncées pour lexploilation de ces liions, mais tous ces
(>ssais, i)lus ou iiioiii>> imporlants, ont périclite faute de ca-
pitaux, de Ixtiiiie administration, à cause (ie> «'normes Irais de
transport des pn»\isioiis, ontds, etc., mais mmIouI par suilr
du manipn* d'eau, de comhusiihie et i\t' lourra«;r.
IjCS Indiens Mexploilnit anjourd liiii <|ih' la Irm* aurdere
pro\enant d«' l'érosion des monta«(nes et lormant le .sol di's
(piehradas, où elle a été amenéi> |)ar les torrents à des éjxnpies
j;éolo;;i(pn'^ anti'rieures. (iette industrie ««lail surtout en |)leiiu'
prospérité il y a un siècle : 1rs villa«;es <\r Hmcoiiada et d«'
Santa (iatalina étaient alors des centres im|>ortants liahites jtar
des connnercants (pii ^a^niaient de petites f(»rtunes en achetant
l'or aux InditMis. Maintenant encore, lorstpi'd jil»'ut, ce (|ui est
tout un évéïienuMit à Rinconada, les pépites d'or a|)|)araiss<>nt
dans la terre sur la pla( r inéinr du villai^'e; après la pluie, on
pnit voir tous les habitants : hommes, ieunnt's <>t enfants, à
plat \«'iitrr sur la i^hi.'n. rJH'rrli.Mil le iiH'tal j)n'cieux. I ne
ratiin. A mu ri>niiai«Mnrr. on n'n |t.^« <lr pnihiililr que irt autour» ancien* font allu
• ••imitI li'nr Mi\ rn\iron« de rv lirriiirr »i<in .tu ()rm> lnr«hua>i que no«i» vcnon»
liiialiuaiti. ri il r»l |Mr (iinMi|urnl ^>\u% ilo mcnlionncr.
EXPLOITATION DES GISEMENTS D'OR. 695
grande partie de la population des deux départements vit, en
effet, du lavage de l'or.
A Colquimayo ^^', à 8^"^ environ au sud de Rinconada, j'ai
pu étudier la méthode de travail des habitants d'une hutte
indienne : un homme, deux femmes et trois enfants, dont la
seule ressource était le lavage de l'or. Cette hutte était située
dans une petite quebrada, de 3""" de longueur et de 3oo à Boo""
de largeur, aboutissant à la plaine de Pozuelos. La terre auri-
fère s'y rencontrait, comme dans toute la région, dans des
aventaderos et dans des veneros. Les Indiens donnent le premier
nom aux anciens lits de ruisseaux à la surface du sol, tandis
que les veneros sont des gisements se trouvant à une certaine
profondeur. Ceux-ci sont aussi des lits de ruisseaux, mais
recouverts aujourd'hui par de nouvelles alluvions.
Pendant toute l'année, les Indiens creusent des puits et ré-
unissent en monceaux la terre aurifère. Ils prétendent que les
veneros sont plus riches que les aventaderos , et leur principal
travail est exécuté dans les premiers, généralement à une pro-
fondeur de 2°", quelquefois jusqu'à 3 ou 4"". Pour rencontrer
et suivre le filon, ils recherchent une certaine terre grasse,
blanchâtre ou jaunâtre, qui contient toujours de l'or et qu'ils
dénomment llampii^^\ Les Indiens regardent aussi comme un
signe certain de la présence de l'or de petits cristaux de pyrite
de fer transformés en limonite par décomposition. Ils appellent
ces cristaux huinchu; ils racontent que «tout l'or de l'inca s'est
converti en huinchu », et c'est pour ce motif que l'on doit trouver
du vrai or lorsqu'on rencontre du huinchu. Je ne sais si les
cristaux de pyrite de fer ont quelque chose à voir avec l'or,
mais j'en ai effectivement recueilli personnellement dans un
venero à Colquimayo.
Lorsque la pluie a rempli une petite mare qui se trouve près
'"' Colique (qulchua) = argent; mayo que les gisements aurifères y sont coni-
= rivirre. Il est assez curieux que cet en- inuns.
droit porte ce nom , quoiqu'il n'y ait pas ''' Le mol (|iiichua Uampii \o\d dire
de mines d'argent dans la région, tandis « tendre ».
45.
696 ANTIQLITKS DK LA Rt(iION ANDINK.
(le leur liutlo, \e> liuVwns cominencenl le iavage. Une certaine
(luaiitité (le terre aurifère, ramassée d'avance, est nnse dans
une batea, bassin en bois oblon*;, assez plat et léj^èrenient
concav*', de o" ôo de lnn<,^ueur a peu près. En balançant la
batca, l'or lourd se de|x)se au fond; on enlève les pierres et
le llampu, et il ne reste avec les pépites d'or qu'un sable fin
nommé relavi (\ue l'on écarte peu à peu en prenant l'or avec
les doij^ts.
L'or est de|H).>é dansdi ptlits récipients ouverts : coruhuas * .
La fi(j. 157 en montre quatre : celle de «;aucbe est un morceau
de limonite en seplaria, naturelle; l'antre, en calcaire verdatr»'.
est taillée et cn-usée artilic ielb'nienl; les deux de droite sont
en terre cuite. Cette babilnde de conserver les pépites d'or
dan> de petits récipients si peu pralKjnes doit être très an-
cienne. Les Indiens attacbent aux conchuas une idée super-
stitieuse, et une vieille ienime me disait (jii il ne serait pas bon
■ de j^arder l'or dans des boîtes modernes». I^es corichuas sont
peut-être un reste des coutumes de l'épcupie prébispanicpie.
La balance employée j)ar les Indiens dr (iolcjuiniav»» jM)ur
pesiM' lor était en bois, d'une construction très |)rnnitive. Les
jMlids consistent en cailloux tarés d'après les poids des com-
merçants de Hinconada. On compte l'or en onces et en crains,
à l'espagnole.
Lne lainille d Indiens, en ex|)loitant les gisements de terre
aurifère dune manière aussi j)rimitive (jue celle cpie nous
^enons de décrire, j)eut gagner, normalement et certainement,
environ Soo a (ioo Irancs par an, somme très sullisante |M)ur
SCS besoins. De nond)reuses lamilles d'Indiens, en Hinconada
et en Santa (iatalina, vivent ainsi. Les commerçants de ces
villages gagnnil pins de loo p. i oo sur lOr (pi'ils acbètent
aux Indiens, et (ju'ils pavent généralement en marcbandises
données à crédit et vendues à des prix exorbitants lors<pi il «
plu et cpie l'on a j)U laver la terre aurifère.
C kori (qukhua - or
EXPLOITATION DES GISEMENTS D'OR. 697
Une pépite d'or de Colquimayo, analysée par MM. Morin
frères, a donné le résultat suivant :
Or 93,00 p. 100.
Argent 6,10
Cuivre o,od
Fer 0,33
M. V. Novarese (271, p. 29) donne, dans son intéressant travail
géologique sur la région aurifère de la Puna de Jujuy, l'ana-
lyse d'une pépite de la mine Eurêka (Santa Catalina), très sem-
blable à la précédente :
Or 93,70 p. 100.
Argent 3,86
Fer 0,43
Dans un district aurifère comme celui de Santa Catalina et
Rinconada, il est étonnant que l'on ne trouve pas d'objets
de parure en or dans les sépultures anciennes, mais c'est
sans doute parce que toutes les grottes sépulcrales ont été
fouillées par les chercheurs de trésors. D'après les dires des
habitants les plus âgés, de véritables expéditions auraient été
organisées dans ce but en Bolivie, et auraient fait une bonne
récolte dans les tombeaux de Rinconada.
«06
wTrnriTF.N m. i. \ i.im.kin whink
ITINKIUIHK I)K M\TIK\/() \ THWKKS I.\ V\ \\ \)V. Jl JIV
IlINKHVIitK i> U.M\(iH().
Itinéraire de Matienzo. — L'un clos plus aiicItMis (lociiiiHMits
r«,|)d^iiols n-liilils a l.i Piina do .liijuv «'st la Carta â S. ^/. dcl
Oitlnr tir Ins (Jiarras, Liccnciadit Juan de \t(itici\:n, lotiro flalôo
(lu À j.iiivirr !.'>()(), où ro foiu lioiiiiairo |)r()|)oso au roi d'Ivs-
pa^iio I l'Iahlissomont d uuo routo stratô«;i(juo ot counuorcialo
(|ui motlrait la vil!»' dr La IMala i artnrll«Mnoul Sucre ou (Ihu-
(juisaca) eu commimic.itinn avec la n dli- dr Saiilla;;o dol Ksloro
ot lo Hio Paranà.
Ce (JornuH'îit rlimm- rimj)rossi()ii (lud a ôlé écrit j)ar un
liomnit* |uali(ni«' (|ui |)()^^^^•dait d'ox(ollrnt> ronsolj^iMMUoiits sur
Ir lorritono dont il j)arl«'. Malioii/.o r>l l'auteur do nlusicMirs
()U\ ra«;o.s r|r juris|)ru<lriuf, j)ul)iio.st'n l>|)a«;iir, ri d'un ouvraj;o
iu)|M)rtaiit sur l«' IVtou, (|ui <»sl resté inodil, uiais dout lo uia-
uusrrit esl conservé au Hrili>li Musouui, srlcui \I. Pascual de
(layauf^os (443. u. Add. 5469. p. 470). ri iiilihil. : Ctovierno de El
Prin, lirhuum dri Idno intitulado Govivi no dv El Pcnt , auc liico cl
Ltr''" Miitienro, itvdur de la andiimia de la riadad dr La Plata^
Ktaut doiinéo la j^raudo iuiportaun* dv la lettre do Matienzo
coniuio source lùstoriijue louruissant dos nMis«'i^uouu'nts sur
les Irihus indiennes (|ui liihilaient la l*una (\o Jujuv iuimé-
diatouieiil iprès la découNerlr de l'Amt riijiic, je reproduis ici,
d'après les lirlarinnrs </c<Kirâ/icas dr Indias (232). les jKirtios du
doeiiriK'iit (jiii peiiM'iil nous inlérossor :
} porqur irti ]'. M. la disposicion de la tierra, ptmgo aqiu las jtvnadas que
hay hasia Sanliagn del Estero, y de alli hasta la lagitna dr Ins Quiloazas y
Fnrtrlc:a de (ialmin . y de allt A Espana.
'' Nir..U« Aninnin ,35, „. p. ,ju, ri
l.mnl*inrln 215, n. roi. ;('>j; tnrnlinnnrnl
rrl nu>r»gr »iiu« Ir liJrr de Gohirrnn i/W
Ver». .Srion I^Min l'inrln (Barria , il y
ni avait . dan« la lNl»linUi(>f|ui> dr Jamlni*
Kritiu». k Amttrrdain . unr mpir m dcat
\uliimi*^. dnni Ir nmiiirr ronirnail rin-
i|iianlr-4l)'tn ri Ir «orond lrrnl(*-<irut rh«-
pilrr^. \.» ropir du Bnli«h Muaroin c»l
r^nlrmnil nMii|to*or dr drii\ \<ilumc».
ITINERAIRE DE MATIENZO. 699
6. La primera jornada en saliendo desta ciudad de La Plata à las ventas de
Qaijada, al Terrado, que llaman , hay seis léguas.
7. De alli por el caniino de Ëstopifian, à un pueblo de yamparaes Uainado
Chacabuco, y luego à Cuesma , pueblo de indios, que es la dormida desta jornada,
y son siete léguas.
5. De allia Calala, pueblo de indios uruquillas, Jiay cinco léguas.
7. De alli à Calcha y pàsase por Ayavisca, pueblos de indios chichas, hay
siete léguas.
6. De Calcha à Vichada, pueblo de indios chichas, hay seis léguas.
5. De alli à Ascande, pueblo de chichas, hay cinco léguas.
Desde agui se ha de advertir que dire luego oiro camino acabado este.
6. De Ascande al Turqui, ques pueblo de indios chichas, hay seis léguas.
5. De alli à Palquisa, pueblo de chichas, cinco léguas.
5. De alli à Talina, pueblo de chichas , cinco léguas.
5. De alli à Calahoyo, tambo real de Inca despoblado , cinco léguas, y hay
alrededor junto à este tambo pueblos de indios chichas bien ccrca , que pueden
servir en el tambo , como servian en tiempo de Inca.
7. De alli à Moreta, pueblo de indios chichas , y tambo del Inga, hay siete
léguas.
6. De alli à Casavindo el Chico, tambo del Inga, y junto à él hay indios
encomendados en Martin Monje, vecino de la cibdad, son seis léguas y média.
5. De alli à Tambo del Llano hay jagueyes de buena agua y mucha, son
cinco léguas y média. Quedan en medio Los Tambos grandes de Casavindo; es
despoblado y hay pueblos de indios muy cerca.
4. De alli al Rincon de las Salinas, cuatro léguas buenas; es depoblado.
8. De alli al Tambo de Moreno hay oclio léguas; es por un llano de salinas,
buen camino, esta despoblado y cerca indios.
6. De alli à Los Tambos de Buena Yerba, que por otro nombre llaman La
Ciénaga Grande, hay seis léguas y esta despoblado.
5. De alli al pie del puerto que se pasa para entrar en el valle de Calchaqui,
tambo del Inga, hay cinco léguas.
4. De alli por la manana se pasa el puerto al Tambo de la Paloma, cuatro
léguas, que no hay otra cosa que no sca muy llana, y esta to es tambien.
0. De alli à Pascaoma, pueblo de indios de Calchaqui , ques el que ahora esta
alzado, hay seis léguas.
6. De alli â Chicuana, pueblo de Calchaqui, otras seis léguas.
4. De alli à Guocuil, pueblo de indios, cuatro léguas.
4. De alli à Angostaco, pueblo de indios, cuatro léguas.
4. De alli à la cibdad de Côrdova^^\ que solia ser de espanolcs , qucsiâ
'"' « Côrdoba de Calchqui », dont nous avons parh'î page 3i.
700 \MI(M MIS DF I.A HKr.FON ANHINF
ahora despiMada por el ubanurnto de (Mlchaqui, (fues en los dutgiutas , seis
ligtuis.
f). De alli à los Tolombones . puehlo de indios, cinco léguas.
'l. I)e alh à los Tambos de la Ciénttga, caalro léguas.
De alh se aparta ri canitnn del inga para la cihJad de Ijondres , y de alli pa'-a
Chili, p*>r la (jtirdillent de Almagro, que dicen, sobre la mono derecha; y .^ubre
la izifuierda se toma el camino parti C.ahete y Santiago del Ester» , gués metièn-
dnse hacia los Uanos del Rio de Im Plata.
(}ae son f^tr tmlas las jornada* que se halla haber desde esta ribdad a la de
Santiago del Estero, ciento y setenta y nuet^e léguas , y antes se han alargado diei
de las que verdaderamcntr ha\. Entre cada una destas jomadas que se han
rontiidn hay pnrhlit.% de indios chirhas y de otras nacionrs . v taml*erias del inga ,
di- que no se ha hrrho nirncion . todas con agna . yerlut y Icna . y rasas y pare
dnnes descubiertos; porque todas las jomadas del Inga son de très léguas, y las
que nuis de cualro;y en los tambos que no se ha dicho que huy indios , apaciguada
la turra , potirinn <alir bts indios romarcanos a servir, como se hace en el Peni y
/o hacian ellos mismos en tumpo drl Inga , fhtnjurstdn sus pueblos cerranos del
eamino , a dos , y a très , y a seis léguas , ri qiies nuis lejos.
hr La l'iala 'J dr rncrv dr i.'i66 ahos . . . El lirrndiado Matienzo.
Le hiil priiK i|>.il (|iM- M.ilirii/o .i\ail m \ii«> vu j)n)|X)sai)l
rclnhlissciiiriit dr si loiitr rtail de donnrr aux vovaf^ours es-
pagnols des st.itioMs où, à la fin de clj.i(|Ut' journJT, ils Irou-
\(>rairnl <lrs Indiens au service du (iouMiininen! qui leur
fourniraient les vivn'S nécessaires el leur serviraient de «guides
el dr |)orleurs. Les chevaux el les hrlrs dr somme devaient \
trouver aussi des paluraL^es el d«>s ^Mrdiens. Malien/.o vou-
lait prohahlement établir dans ces stations de petites j^arnisons
permanentes ou j)rovisoires jxnu ol>lij;er les Indiens du voisi-
nage à rrs|)ectpr la souveraineti' du n»i (rKsj)a^ne el leur
imposer l'obéissance aux Ks|)a^'nols.
•le donne sur la c^irte arcliéolo«;i(|ue la roconstiluliou «le
la route proposée par Nfatien/.o, et je crois, après mes deux
vovaf;es dans la Puna, connaître assez, bien les routes prati-
cables de ce territoire |>our allirmer (ju il n'est j^uère ixissibb'
(pie l'itinérairr rpie j'ai trac<^ ne soit jws celui de Matienzo.
ITINÉRAIRE DE MATIENZO. 701
Cependant les noms de la plupart des étapes de Matienzo
n'existent plus, et d'autres servent aujourd'hui à désigner des
localités qui ne pouvaient pas se trouver sur sa route. Il est
donc nécessaire d'analyser les différentes directions que pou-
vait suivre celle-ci.
En passant de la Bolivie sur le territoire argentin, la roule
va de Talina, village bolivien au sud-ouest de la petite ville de
Tupiza, dans la province de Sud-Chichas, et neuvième étape
journalière de Matienzo, à CalaJwyo (étape X) et de là à Mo-
reta (étape XI). Ces deux localités existent encore sous les
mêmes noms; les distances entre elles correspondent aux jour-
nées ordinaires de voyage de nos jours, et l'on ne peut douter
que ce ne soit là les mêmes endroits que ceux indiqués par
Matienzo.
Casabindo el Chico (étape XII) doit, à en juger par les
distances données, avoir été situé quelque part à proximité du
Rio Doncellas, où il y a de l'eau potable.
J'ignore où pouvait se trouver le Tamho del Llano (étape XIII),
mais dans un ou deux endroits au sud de l'actuel Casabindo,
il y a des sources d'eau douce [jacjûeycs, suivant le texte), et
l'étape devait naturellement être établie dans une de ces loca-
lités. Les « Tambos Grandes de Casabindo » , qui devaient être
situés à mi-chemin entre Casabindo el Chico et Tambo del
Llano, sont sans doute l'actuel Casabindo.
llincon de las Sallnas (étape XIV) est probablement une petite
quebrada, près de l'endroit qui actuellement porte le nom de
Rinconadillas, où il y a de l'eau et de la végétation.
De là le chemin suit les bords des Salinas Grandes, par un
llano de salinas, comme dit Matienzo, jusqu'à El Moreno, loca-
lité où une petite rivière donne assez d'eau douce pour y former
une espèce d'oasis dans la steppe aride de la Puna. Comme
nous l'avons dit page 565, on trouve à El Moreno de nom-
breuses traces d'une population préhispanique, et les documents
démontrent que cet endroit a continué d'être habité depuis les
premiers temps de l'époque espagnole. En raison de ces faits et
un ANTIQl'ITKS l)K LA llKf.lON WhINF
(le sa situation très favoristV aux hnnis d'iiiM' rivièn» d'oau
(louer, jp lu* |)uis douter cju'El Morciio ne soit le Tambo de
\fnrrnn 'rla|M' \\ dr \lalieu/.o, hini que puir entrer dans la
\ allée (ialchaquie il v ail un petit d<'tour a iain» en passant
par cet endroit au lieu de sui>re le rlieniin a l'ouest des Salinas
(Irandes. Néanmoins, le fait que ce dernier chemin traverse un
désert, et p(Mit-4*>tre aussi le voisinajçe d'Indiens ddliriles à ré-
duire ont-ils conduit N!ati<Mizo à se d/'tourner de cette dernière
route. Je ne puis croire (pie le Tandx» df Moreno soi! un
autre endroit (pie l'actuel Kl Moreno.
DMI Moreno. c'est-à-dire du hoid sud-est des Salinas
(irandes, on pcMit arriver à la \ all»'e (^alclia(piie par (leu\ routes
dillrrenles : par San AiiIoîho de los (!ol>res et le défilé de
lAcav, on |).ir la Qnehrad.i il- I Inm, l.i \ .dli'e de Lerma el la
Quehrada de Escoipe.
La raison «pie jnn a donin-e à l'appui de I livpothèse (jne
Matien/.o aurait choisi le cluMuin de la (Juehrada d(>l Toro est
je nom de sa vint(tieine étape, (Juninna, le Nillai^e actuel de
(ihicoana étant situi> dans la partit* sud de la \ allée de Lerma.
Mais Matien/.o dit (pie son ('Jmiiana est un ■ villa«(e de (lal-
chacpif », c'est-à-dire de la \ allée (ialcha(|uie, et, d'autre part,
il est ifnj)ossiJ)|r d'aniMT de l'actuel (ihicoana, celui de la
\ alh'ede Lerma, dans dinx |)etit(\s journées de ■ quatre lieues»
[environ 3a^*) chacune, à \n«;astaco ' , vin;;t-den\ieme éta|>e,
située au sud de Molinos, dans la \ allée ( ]al( liaipiie, car la
distance entre ces deux localil«'s, en sui\ant la (hiehrada de
Lscoipe, seul chemin praticahle, est en realité deiniron 170^".
Le (ihicuana de Matienzo est donc certainement non |)as l'ac-
tuel (illicoana, mais une localité dont le nom (>st aujourd hui
onhlii', et qui se trouvait entre (iachi et Mnlinns. Dailleurs,
le (.hiciiana de la \ allée (!alcha(|uie est nommé par Lo7.ano
(220. n.p. •) . (pii dit clainwnent : (Jiimana rn anucl nswnU* y vallc
fie Cahluujm , ce cpii, en aucune manière, ne |)ent être le (Ihi-
' Malirnio ( ^ v|.«r«». inni^ ilan« la Vailrr (^Irhaquic «m |»rononc«* ■rliirllr
liirnl • •* nmn \ii
ITINERAIRE DE MATIENZO. 703
coana de la Vallée de Lerma, car cette vallée, à l'époque de
Lozano, n'aurait pu être confondue avec la Vallée Calchaquie.
Un autre passage de Lozano {ibid.,\,p. 189) confirme la situation
de Chicoana dans la Vallée Calchaquie : le gouverneur Mercado
y Villacorta, en venant de Salta à la poursuite de l'aventurier
Boliôrquez, campa dans le village de Chicoana quelques jours
après être entré dans la Vallée Calchaquie par la Quebrada de
Escoipe, et quelques jours avant d'arriver àTolombon, dans la
Vallée de Yocavil. Or ces renseignements donnent justement
à Chicoana la situation que je lui ai donnée en suivant l'iti-
néraire de Matienzo. Le P. Guevara (154, p. gS) parle aussi de
Chicoana, dans la Jarisdiccion de Calchacjin. Comme nous le
verrons à propos de l'itinéraire d'Almagro, plusieurs auteurs
emploient même le nom de « Province de Chicoana » comme
synonyme de Vallée Calchaquie.
Il y a, du reste, d'autres raisons qui démontrent que Ma-
tienzo ne voulait pas faire passer sa route par la Quebrada
del Toro. 11 parle d'une plaine qui devait exister entre sa dix-
septième et sa dix-huitième étape; cette plaine n'existe pas dans
le chemin d'El Moreno au Chicoana de la Vallée de Lerma. De
plus, Matienzo dit que la dix-septième étape est située au pied
du défilé [puerto^ par où l'on entre dans la Vallée Calchaquie.
Or cette indication du défilé n'est pas d'accord avec les dis-
tances données, si l'on prend le chemin par la Quebrada del
Toro et l'actuel Chicoana. 11 n'y a que deux défilés qui donnent
entrée à la Vallée Calchaquie en venant du Nord : ce sont la
Cuesta del Acay, si Ton y passe directement du haut plateau,
et la Cuesta del Obispo, dans la Quebrada de Escoipe, si l'on
passe par la Vallée de Lerma. Les étapes de Matienzo ne peuvent
pas s'expliquer si son chemin passait par la Cuesta del Obispo;
il ne nous reste donc qu'à admettre la route par le défilé de
l'Acay.
Si l'on n'admet pas cette route passant par le défilé de l'Acay,
il reste encore l'hypothèse qu'elle aurait suivi la Quebrada del
Toro jusqu'à El Tambo, où est situé le village préhispaniqut»
70'i WIKjUTf^S DK I. A lil.(.lu\ ANOINF
(le Morohuasi. De la, Malienzo aurait eu linteiilion d'utiliser
l'une (les anciennes chaussées, au flanc des monta<(nes, qui
niônont nlncahuasi V^allée de Lernia^ et à I^avon^asta (l«*parle-
iiHMit de La Poina I, et (jur nous avons décrites |)a«;es S\j-3\S.
Dans le premier cas, la route passerait par la \ allée de
I^crma, et nous avons vu (jin* cela était impossihl»'; dans le
deuxième cas, ce sont toujours les distances données et l'exis-
tence, d'après Nfatien/.o, <l un»' plaine entre la dix-septième et
Il <li\-liuitième étape (pii s'opposent à cette livp)thése.
Il n rxiste |)as d'autres cluMuins j^raticahles, et il faut, jxjur
conclure, adnn'ttn' comme le seul j)ossible le chemin par
la plaine dr San Vntimio de los Cohres et par la (iuesta dri
Acay.
La station (pii suit h* I ambo de Morcno sr iioiiiiiif Tamhos de
liiiriia Yerha ou Civna<i(i ( t ra nde [éiàpc Wlj.Le mot cieViaya ou
iiéneffa sif^nilir ■ marais»; il faut «Ioik clitrc 1ht, à une journée
i\r distanc«\ un endroit maréca^^rux , mais ceiiendant |M>urvu
d'rau d(»n<M*, pour v localiser crttr nouvclh» ««tai)»". Dans la
(^)u('l)ra(la drl lOro, nous le trouverions à Très (iruces, niais
nous avons déjà ahandonné l'hvjxithèse que la route de Ma-
tienzo passât par cette (jiiehrada. En tournaiil le coin cpie
iorment !• ^ iiionta<(nes à Can«;rejillos, au ^ud-ouesl des Sa-
linas (îrandes, nous Iioiinoiis une antre ncnvtja où sont des
vestiges de ruines; c l'st vraisend)lal)leinent l.i (jn'efait située la
seizième étape de Matienzo.
La A I //' vtnjw , » au |)ied du delih' (pie Ion prend |M»ur entrer
dans la Vallée (!alcha({uie », était sûrement placée aux environs
de San Antonio de los Cobres,où l'eau est en alxmdance.
if dois avouer (|iit' les distances indicpiées j)ar Matienzo
entre la (piinzième et la seizième étape ((i lieues) et entre la
seizième et la dix-septième (5 lieues) ne coïncident jws tout à
fait avec les endroits où j'ai placé ces stations, |)uisque la dis-
tance entre (ian^'rejillos et San Antonio de los Cohres est plus
grande que celle d El Moreno à Cangrejillos. mais il est im-
possible de |)lacer ces étapes diflén>mnient ; les deux premières.
ITINÉRAIRE DE MATIENZO. 705
en effet, sont séparées par un désert sans eau où une station
ne pourrait pas être établie. Il doit y avoir une erreur de dis-
tance de la part de Matienzo.
Tamho de la Paloma (étape XVIII) était situé au j^ied de la
Cuesta del Acay, au Sud, là où commence la Vallée Calcha-
quie. Dans cette vallée, les noms de Pascaoma (étape XIX),
de Chicuana (étape XX) et de Giixail (étape XXI) n'existent
plus de nos jours, du moins à ma connaissance; mais Amjas-
taco, étape après Guxuil, est encore aujourd'hui un village
de quelque importance. Les étapes mentionnées peuvent être
distribuées proportionnellement aux distances données par
Matienzo de la façon suivante : Pascaoma serait située près de
Payogasta, Chicuana aux environs de Seclantàs, et Guxuil au
sud de Molinos.
M. Lafone-Quevedo (197) a publié une étude accompagnée
d'un croquis, sur la suite de la route de Matienzo jusqu'à
Santiago del Estero.
Matienzo estime la distance de La Plata (Chuquisaca) à San-
tiago del Estero à 179 léguas (lieues), divisées en 32 journées
de voyage. Sur cette distance, 65 léguas calculées pour
1 2 journées correspondent à la distance du chemin entre
Calahoyo et Angastaco que nous venons de décrire. En suivant
le chemin que j'ai indiqué, la distance de Calahoyo à Angas-
taco est d'environ 500""", distance presque égale à 65 lieues
coloniales espagnoles de fépoque, qui font à peu près 52 0*"",
chaque légua colonial ayant 10,000 varas ou 8""" environ. Les
douze journées sont d'environ /IS"^"' chacune, ce qui consti-
tue, en effet, une journée moyenne pour les voyages actuels à
mulet ou à cheval, à travers le haut plateau. Les endroits où
l'on peut établir des étapes sont si peu nombreux, que je ne
puis imaginer une autre manière de reconstituer l'itinéraire
de Matienzo que celle que j'ai décrite.
Nous avons, page 61, attiré fattention sur les renseigne-
ments précieux que nous donne Matienzo en indiquant, dans
son itinéraire, la limite sud des Chichas à Moreta, et la limite
TOfi
WlloriTKS I)K LA HK(;i()N ANDINK
iionl (1rs (ialcIwHjiiis nu Diaj^uilt's, à tPascaoma», c esl-a-<liri*
dans la Vallct* Calclia(|iiir, an ^iid fin Wxado i\v\ \rav.
Itinéraire d'Almagro. — Le premier Kspaj^iinl (|iii a |MM)(''trf>
<laii>l'«*\lrriin* nonl-oin'st (li* rarlin'l U'rrit<»irr dt* la Hfj)iil)li(|ii<>
.\rj;riiliin' rsl lailtlanlmlo Don Dic^o (le Alma«;ro, dans sa
inanlic imhic I.i roiKjinlr du (.liili, ru io3G'''. La narration
dclailItM* du \ovaj;ccr\lina;;nn'lail contenue dans deux roulrauv
de iianier (lui nialheureusiMnent ont disparu, mais dont 1 exis-
tence est prou\ée |)ar TinNentain' des documents (jue laissa à
sa mort Don Mon.so de Santa (iruz, cosnu»«;ra|>lie du n)i d'Ks-
iKi^iie. Suivant cet inventaire^^^ daté à \fa(lri(l du 12 octobre
i56'i , ce seraient :
(In ntllo (jraiidf île fuifnl de nuis de sets à siele nu as , en yiir rsUi puiludn
y hislnriadii todu et viaje «^iir hizo don Diego de Mmagro à (Ihile , figitnidn de
aAorrs.
Oint ndin de la misiiut manent , m que sr eonttnmt la nusma htshna > rutje.
I*.if suil«' d«' I.I |»ril«' de ( l's dn« uiiniiK, d ne nous reste sur
la inarcln' d Mma^Mo d .mires rensei«;iHMnents (|n(' les relations
(pien ont iait(*s les historiens d*' l.i coiMpiète et (pii en, ^i'-
nt'i.d, sniil inconinirirs et confuses.
*'' (,)ur|iMir^ ,iiin<"«> ;»\nnl I «'XIH'iIiIiimi
irAliiiaf^n», Ir vildal pA|M^nol ()(^ar, avrc
<|U)'l(|iii*% I l>lll|Ml^non%. nvnil lra%rrv« In
n-piti) ili.i^'iiili' l'I I.I (i4iriiill«*ri>, aiir^ i|iiiii
iU «'rtairiil n*nilii^ nu IVniii, vn Miivnnt
la vMr rhiliciini' jii«<(u'ii Ataraiiin. CéMir
a|ipartpnnil à la ^'nmiMin «lu Fort «lii.S«inl
K»|»ril . *ih»> Mir lo l\io Pnmnn, |>r^ «Ir
i'riiilHiurliiiri* ilii llio( jtrraranii. iVrr fiH"!
il fui rnvovp |Mir S^liaMirn Cabol |KNir
l'iplorrr II* jMiy» inronnii i|iii v tiniivait h
l'Oiir*!. 0«ar |K'nrlr.» <lnn* le» vallp«'\ ri
lt'« iimnln^nr^ «Ir In rr^iun dia^tiilr, nini«
n Min rrlmir il Innna le fort tlrtniit par \e%
Imlirnt.rl la ^ami«on partie. Il rrlimiuM
«!«»r* rliriiiin ri w» rrmiil au Pj'rtMi on
!»«<«.'« ni pnr \larama , «m il arriva rn i.').^;i.
Sm \o>n^r n ilonnr nai^aanrr n liraunMip
(II* légrnilrs Mir (1rs P*y* myttfnmx <pii
ont, |M-nilnn( lon^lrnip^. prr4M-ru|>o lit
K«|Mgn<>U. Uni |)i.ii lie (lU/inan 116. ■ <.
r. Il; p. 3i) p»l le pn'mirr aulrur cpii a «Ir-
rrit le voya^r avrnlur«nii de (^rMir ri ilr
»p» comfMgimnt.
'" Ihihli*' j»ar M. Jinx^nrf «le la K*p.i<la
«Inn» les aniecrdrnirt du dru\ii-nir «nlunir
dr» IlrlacioKft groyréficas dt Ittdiat, p. Xll
ri S\\\\ . M. JiuK^nri ; %^'^J . mmletrMmIn.p.ltlU ' ,
Mip|io«r ipio (iri^tnlial do Midina oM l'au
tour do latlrM-riplion du «oya^'r d'Alni-i^To.
nionliitnntV dan* I in^rnUirr du roMuo
graplir Santa Crur. (^Ilr opinion, fomli^*
Mir uno Irliro do Molina, r»l Inrt vraitrm
Idal.lo.
ITINÉRAIRE D'ALMAGRO. 707
La plupart de ces historiographes mentionnent le passa"-e
(l'Almagro par un endroit ou district nommé Chicoana, et
tous les auteurs modernes supposent qu'il s'agit là du village
actuel de Chicoana, dans la Vallée de Lerma, au lieu du Chi-
coana dans la Vallée Calchaquie, dont nous venons de parler
à propos de l'itinéraire de Matienzo. Gomme cette question est
importante pour la géographie ethnique, je profite de l'occa-
sion pour rectifier cette erreur.
Gomara (148,c. cxxxi, fol. 167), Zârate (383; 1. m; 1. 1, p. 172 etsuiv.) et
Garcilaso (140; l. n, c.xx; fol. 31-32), en décrivant la conquête du
Ghili, ne donnent pas de détails sur les aventures d'Almagro
depuis sa sortie de la Bolivie jusqu'à sa traversée de la Gordil-
lère entre Gatamarca et le Ghili. Des descriptions meilleures
ont été faites par Oviedo y Valdez (280; 1. xlvh, c. h, t. u, p 263 et suiv.)
et par Ovalle (278, i, p. 25i et suiv.). Herrera (164; déc. v, 1. x, c. i; t. m,
p. 283 et suiv.) ne fait presque que répéter ce que dit Oviedo.
A Tupiza, Almagro se réunit à flnca Paulin, qui devait
l'escorter, accompagné de nombreux Indiens et du luullajumu,
le grand -prêtre de Guzco. L'avant -garde perdit beaucoup
d'hommes et de bagages dans des batailles contre les Omagua-
cas, probablement dans une localité quelconque de la Que-
brada de Humahuaca. Pourtant Almagro arriva à Jujuy :
« Xibixuy » , selon f orthographe d'Oviedo. Suivant cet auteur,
depuis Jujuy jusqu'à une autre province nommée Gbicoana,
le pays se trouvait sans population [Ilasta alli [jusqu'à bijny]
es loch despohlado é de alli adelanle [à partir de 'lujuy] liasta
otra provincia cjiie se dice Chicoana). Ce territoire « dépeuplé »
comprend — on ne peut en douter — l'actuel déparlemcnl de
Caldera (province de Salta) , la Vallée de Lerma et la Quebrada
de Escoipe. Oviedo {ibid., p. 264) continue : De alli pasô cl adc-
lanlado à la provincia de Chicoana (jucs de septcnta Icfjnas ô mâs
de sehorio («De là [de Jujuy] Yadelantado passa à la jH-oviiice de
Chicoana dont les domaines s'étendent à soixanle-dlx bciics
ou plus»). Sans aucun doute, celte «province (h* Chicoana»
n'est autre que la Vallée Calchaquie qui est Icmjoiirs mcnlion-
708 VMigiJTKb Dt LA llK(ill).N ANDI.NL.
nôi» par les auteurs anciens comme avant soixante-dix lieues de
lonj^urur. (iertaint'inent il ne s'a^^it pas du viHaj^e de Cliiroana
de la \allre de Lernia, ni dr cette n allée en gênerai. Toujours
M'Ion Oviedo, liay dcsdr (ujnella pmvincia à la de Ptnayapu cm-
(jiunta jurnadas de dvspohladn , excepta très 6 cuatro pobicçuelos de
caribes ' * Il v a de cette |)rnvince [Chicoana] à celle de FWayajX)
[(iopiapôl cin(piante journées'*^ de désert, excepté trois ou
(piatre petits >illaj;eN d'aiillirn|)<»plia;^es •). Ce désert ue peut
être nue la partie sud de la Puna dr \tacama, et l'un des «vil-
lages d anlhr()|M)pliages • serait Antolagasta de la Sierra.
D'après d'autres auteurs, comme llerrera ibiA.. p. a85) et
Ovalle [ilul.. p. a5a , (iliicoana ou (Jiacuana serait une localité au
lieu d iNir . j»n>\iiice ». Suix.iiiM )\.ill<', Miiiagn» \ livra une ba-
taille aux Indiens (les Cal('lia(|uisi , où il p«*rdil son cheval. De
là, Widclanltido traversa |)endant sej)t jours le désert mentionné
plus liant et arriva enfin à la (Irande (iordillère où son armée
devait suhir, à cause du Iroid, de grandes soullranco vi de
grandes jMMies, jus(|u*à son arrivée à (!oj)iap6. La traversée
de la (iordillere sCllrc lii.i [»i(»l).il)l«'iin'iil p.ir le delilé de San
Francisco; Malien/.o iiniinnc («lli- |)aih(' de la (iordilh're la
• Cordillerade Mmagro <•. ( )uel(ju«s auttnirs modernesont voulu
faire passi'r \lmagro par Sanla M.iria, helni «1 Tmogasta, cVst-
à-din' par les \allees et les (pu'hradas de la pro\ince de (!ata-
marca, masi vr chemin n'est pas la vraie roul«\ car le dfsrrt
dont j)arlent les historiographes n y existe |)as.
(!omme nous l'avons vu, Chicoana était à la fois le nom t\r
tonli- Il \ allée Cal('ha(|iii«* el crliii ci une localité (pii v était
située et OÙ Mmagro livra hataillr ;iii\ Indiens. Cette localité
est .sans doute \v Chicoana de la vingtième étaj)e de Matienzo
(voir |)age 702), et comme Mmagro passa immédiatenuMit au
haut plateau, nous pouvons «(msidiMrr comme un fait (jn il
y entra par Molinos et j)ar la (Ju«'hrada de Luracatao.
'*' l.e rhilTiT (Ir rinquanlr joiirnrr» rtl r( lani dr priant ion«, qur Ir rhrmin Jrvail
fort riaf;rrr, rr qui r%l tout n«lurrl. car paraiirt* In» lon^ à lui ri à tr* roinpa
l'arnirr il' Mnmgm v miIùI Uni <lr |icrln gnuiu.
ITINERAIRE D'ALMAGRO. 709
En résumé, l'itinéraire de Don Diego de Almagro, depuis
Jujuy, passe par Caldera, par la Vallée de Lerma, par la Que-
brada de Escoipe, par la Vallée Cal chaquie, par la Quebrada de
Luracatao , par Antofagasta de la Sierra et par le défdé de San
Francisco. La bataille de Chicoana n'eut pas lieu dans la Vallée
de Lerma, mais dans la Vallée Calchaquie, entre Cachi et
Molinos.
^6
710 ANTIQl ITKS DK LA RK(ilON ANDINE.
LE l)KSFJ5T I)\T\(:AMA".
Hl i.NK.s. 4.IMI.ill IU>. n.iU<M.|.U'lll>
Comiiic nous l'avons dit pa^^e 53o, les foullli's du ( iiiiclièrt'
(If Calaina, effi'rtuôes par M. E. Séiiécliiil dr la (iranj^r, onl
dfiiiofiln* ruiiilé arrlu^ologique d«' la r«'<;inii dv Cas^dtindo.
(iorliiiioca, Hiiiconada vi Santa Catalina d'un càU\ vi du IV-
>rrt d'Nlacania, d** l'autrr. Avant dr cninnionrcr l'ôtudr dr l.i
(hichrada dr llumaliuara et du dcparttMncnt de ^a\i, (|ui.
roniinc rrttr (lut'hrada, scudilc avoir lait partie fin tiTritoirr
drs anciens Oma^uaras. il iix- tant ahandonncr mon itinéraire
»l m«' lransi)orter do liiiironada, à environ .^oo^"'à vol d'oiseau
N«rs l'Ouest, juscpi'à Calania, pour d«M'rlre ce cimetière pro-
\enaiit san^ doute des anciens \tacamas, conjointement avec
les vesti«;es trouvés dans la Puna de lujuv, dicrits plus liant
et (lue j'attrihue é«(alement à ce peuj>le. HnaMuiada e>t sej)aii'
de (Jalania par la partie sud de la |)roMnce de Li'pe/., inai>
les montaj;nes ne permettent pas de suivre une lij^ne droite
pour ^f rendre (\r l'un a I autre de cj's (lis|ri(l>. Il faut |)ren(lre
soit une roule heaucou|) plus au Nord, a travers Lîpez |)ar
Ciaciayo, Pedernales, I^a^una (Céleste, Ouetena Cihiro, La^una
Colorada, (iuesta de Paniri, \i(piina et (llnucliiu. ce (pii f«*rait
plus de '|oo^"'; soit une autre route plus au Sud. à tra\er> la
partie nord de la Puna de Atacama |)ar \nti^uvo, Hosario de
Atacama, /apaleri, Aj^uas (MiliiMites, (lajon, San IVdn> de Ata-
cama et I^a Fera. Le> deux routes traversent des dt^serls sans
ress^nirces, sans lourraj^e, sans cond)ustil)le. et où l'on ne
trouve d'rau potaMe (pi'en certains endroits tnîs éloignes les
uns de> autre>. Le dernier chemin surtout n'est praticahle (pie
|>onr des Indiens à pir-d et des lamas.
•'' Voir la fttrivjij. I. in*^^' «pn » h im^r Wo.
ARCHEOLOGIE DU DÉSERT D'ATACAMA. 711
La partie du haut plateau comprise entre Rinconada et San
Pedro de Atacama est presque géographiquement inconnue
par suite de cette grande difficulté d'y voyager. Si, comme les
trouvailles archéologiques semblent le démontrer, le même
peuple, les Atacamas, habitaient ces deux régions, il doit y
avoir de leurs vestiges dans le territoire intermédiaire, c'est-à-
dire des ruines et des séj)ultures. Bien que ce territoire soit l'un
des plus arides de la terre, il suffisait à ces enfants du désert
qu'il y eût un peu d'eau potable pour qu'ils s'établissent dans
un endroit quelconque de leur haut plateau. En dehors des
sépultures de Penas que j'ai mentionnées, le seul renseigne-
ment que j'aie recueilli sur des vestiges préhispaniques dans
la partie septentrionale de la Puna de Atacama m'a été donné
par un employé du Gouvernement des Andes qui y avait beau-
coup voyagé. D'après lui, il y a près de la Laguna de la Léjia,
sur le chemin de Catua à San Pedro de Atacama, au pied de la
Grande Cordillère, les ruines d'un village préhispanique assez
grand. A Catua, mon interlocuteur aurait vu aussi des «anti-
quités » entre les mains des Indiens.
On donne le nom de Désert d'Atacama au territoire situé à
l'ouest de la Puna de Atacama entre la Grande Cordillère et
le Pacifique, des vallées et montagnes de Copiapô au Sud jus-
qu'au Rio Loa au Nord. Ce territoire, ainsi que la Puna de
Atacama, relevait, depuis la conquête espagnole, de la pro-
vince de Potosi qui faisait partie de l'Audience de Charcas,
l'une des grandes divisions de la vice-royauté du Pérou. En
1776, l'Audience de Charcas fut transférée à lavice-royaulé de
Buenos-Aires, et, en 1782, la province de Potosi fut érigée en
«Intendance de Potosi». En 1787, suivant le gouverneur de
cette Intendance, Don Juan del Pino Manrique (289, p. i3 i/j), le
partido d'Atacama, comprenant et le Désert et la Puna, avait
pour limites : au Nord, les «provinces de Lipez et de Tara-
pacâ»; au Sud, le «royaume du Chili» (Copiapô); à l'Esl, la
«province deTucuman » (Puna de -lujuy et Vallée CalclKH|uie);
à l'Ouest, la «Mer du Sud» (le Pacihque). Après riii(l('|M'n-
712 ANTIQIITKS DK L\ llKdlU.N A.NDINK
(lance, ce même territoire constitua le déparlement lH)livien
(T Atacama, avec San Pe(lro de Atacania comme clH-l-liru. A la
>uile (le la ^MHTH' du Parilicjur de i«S79-i<S8q, la HoliNie dut
If céder au (^liili, Kn i«SM(), Ir (iiiili reda la Puna de Atacama,
cVst-à-<lire le liaul pays, à la l{epul)li(pie Arj^entine. et ce qui
en resta, le Désert d'Alacama, forme acluellemeiil la proNince
( liilieiiiie d' \nt()fa«;asta, d(jnt le chef-lieu est le j)()rl d'Antofa-
•;asla. La province chilienne au sud de celte |)rovince dWnto-
laf(asla |M)rt(î ie nom de «province d'Atacama». Son chef-lieu
est (!npia|)ô.
On ne sail au juste à (piellr <p(»(pie l«'s Lsj)a^MJ()ls m» M»nt
deliiiiliNeinent etahlis dans le Désert d Atacaina, mais les cloches
de l'église de San Pedro de Atacama en donnent un indice.
Selon M. Alejandro hertrand 60, |i. agi), Tinscription (piClles
portent fait mention dn wiT siècle, et il semble exister dans
cette éj(lise des rej^istres (pii datent dn < oinmencement de ce
siècle.
Au pied de l.i (Cordillère, le Désert d \tarama (■omj)rend de«%
njonta;;nes et des vallées ou (juehradas. Au milieu de ces mon-
tap^ncs se trouvent, comme dans la Puna, de grandes |)laines
formant des hassins Indro^^raphiques ni(le|)endants et occu|m^s
par d immenses satinas dont le nom chilien est salarrs; la |)lus
Jurande est le Salai de \l.i( una, à .i,j.)o"' d altitude au-dessus
du lUNean de la mer. A fouest de cette zone nionla;;neuse, les
pentes de la (iordillere forment des chaiîies j)aralleles, séj)an'*es
iwr des plaiiies moins régulières et moins hien uiNclees (pie
celles de la Puna, et dont les échelons de.scendeni juMpià la
cùle. Une dernière chaine s'élève le lonj; de la c<")te même.
Ce dé.sert continue vers le Nord . conservant toujours le même
aspect et |)res(pie la même structure géologique, à travers toute
la pnivince de larapaca. Dans celte province, la longue el
lar;;e plaine formée entre la chanie de la C(»le et les chaînes
au pierl de la (irande Cordillère porte le nom de Pam|)a de
1 amarugal.
Le D(^serl d'Atacama mérite parfaitement son nom : la pluie
ARCHEOLOGIE DU DESERT D'AÏACAMA. 713
y manque absolument, excepté sur les pentes de la Cordillère;
les sources donnant de l'eau potable y sont très rares; la végé-
tation est presque nulle.
Le D' R. A. Philippi (285) a fait, en i853, un voyage à
travers le désert et a donné une description de sa faune, de sa
flore et de sa géologie. 11 mentionne comme seuls mammifères
de cette région : la vigogne, le huanaco, le lama, la viscacha
(^Lagidium peruvianum, Cuv., figurant dans l'ouvrage de M. Phi-
lippi sous le nom de Lagotis crinujer, Lesson) ; le chiacliiUa
( Eriomys Chinchilla, Lichtenst. ) ; deux espèces à'ucultuco ou ociilto,
dénommé au Chili chululo [Ctenomys atacamensis , Phil. et Cte-
nomys fulvus, PhiL); une petite souris [Mus Capito, Phd.^^^) et
enfin des renards, mais dont M. Philippi n'a vu aucun spécimen.
Deux mammifères de la côte sont d'une grande importance
économique pour lesChangos : un loup de mer [Phoca lapina,
Molina) et une loutre, le chuncjungo i^Lutra felina, Molina).
Au point de vue de la végétation, le Désert d'Atacama est
l'un des territoires les plus arides du monde. Cependant, dans
le nord, il y a des oasis, entre autres celle de Calama et celles
de San Pedro de Atacama et deToconao. Ces dernières sont les
plus fertiles. On y cultive de la luzerne, du maïs, des pommes
de terre, des courges, et, dans ces deux derniers endroits, il y
a même des poiriers et des pêchers.
La végétation sauvage est extrêmement pauvre dans le dé-
sert, mais il y a pourtant quelques tolas et dans les quebradas
d'autres sufTrutescents plus ligneux fournissant du combustible;
ces derniers sont des Cœsalpinia, des Cassia. Deux arbres mé-
ritent d'être cités comme ayant été d'une grande ressource pour
les habitants préhispaniques. Le premier est un caroubier,
Prosopis Sili(jaastram, DC, portant, comme les caroubiers de
la République Argentine, le nom vulgaire d'rt/j/arro^o. Quelques
voyageurs parlent aussi d'un autre caroubier, le tamarugu,de la
<*' Ce nom n'est pas un synonyme du Ctenomys j comme le dit M. San Roman (322,
71^ AMIQIITKS DE LA RÉGION ANDI.NK.
provliico (le TarapacM, rl'où !♦• nom d»» Pampa fie Tainaruj^al.
Ils rloiiixMit à cet arbre le nom de Prosopis Tainarwjo, esp*ce
fpie je n'ai pu retrouver dans la littérature botanique; n)al*>;n'»
mes rrrlHMclies, je ne saiN si c'est là un svnonvme dr la /^n>-
snpis Stli(iuastr(irn ou s'il s'aj^it d'une autre espèce, (lomme nous
le verrons j)bi> loin, M. Sénéilial de la (iranj^e a trouvé des
cpiantités de fruits di* plusieurs espèces (Yahjairoho dans les
si'pultures de (ialania, et, en elFi't, il est certain (pie ces fruits
jouaient un ;;rand rôle dans l'alimentation des anci(Mis liabi-
tants du IVsert d Vlacama, comme dans celle d(vs Indiens pré-
liis|>aniques des >allées inter.indines de r\r«;enllne. Beaucoup
d'objels en bois rencontrés (l;in^ le cimetière de (ialama sont
faits en bois de /Vo5*y)/5. M. IMillippi a \u la Prosopts Sili(jitastrum
en |)lusieurs endroits de son parcours, de|)uis ('.opia|)6 jus(pi'iî
San l*edn» <lf \l.ic.ima, not.imnuMil dans ce dernii'r lieu. Il v
a un fin <!• ii\ siècles, les Pmsopis formaient cà et là des fon'ls
dans le Désert d'\tacama, mais iii.iintin.int I e\sndation du sel
et du nitrate; de soude, les sables transportes d'un lieu à un
autre |).ir le vent, et très probablement un clian^«Mnent b'ut
de climat ont lait disparaître ces forets. Fre/.ier 137. p. i.'^i raj)-
p)rte (pi'en i 7 iq il v avait, près de (!alama, là où la x'^j^ètation
berbacéi' elle-même est aujourd lini pres(pie nulle, une fon't
(Ydlijarrnbos, M. Kranci.sco .1. San Homan 322. n.p. i8«i) a vu,
dans le sud du hcs, ri <!' \t.icama, des forêts mortes d'nA/(irn'5oi
enterrées d;ins \v sable. On les exploitait jMJur en tirer du coni-
bnsliblr. Le IV A. Pla^ninann 290. |». 17 , (|ui a beaucoup vovaj^è
dans la |>ro\ince de larapa<\'i. donne, dans un ouvraj^e sur le
.salpélri" du (.liili, des rensei«^'nements très intéressants sur les
Vrosopts de cette» n'gion, «pi il appelle aussi bien lamnrutfos
{\\\(Uijinn>hns. I) après bii, \\ \ a (io ou 70 ans, on vovail en-
core des forêts iX alijnrntbos près d.- I.i \illc {\r Tarapacâ, dont
les f!nvirons seuit maintenant complètement dês(»rts. Les babi-
lants de cette >ille v miMiaient leurs troupeaux de moutons l'I
leur faisaient man;;er les Iruils de ces arbres iK)ur les en-
graisser. Les industries minière rt sa l|KHriere se sont servies au
ARCHEOLOGIE DU DÉSERT D'ATACAMA. 715
début, comme combustible, du bois de Prosopis enterré par le
sable mouvant. Ces forêts souterraines portent dans le pays
le nom de minas de leha (mines de bois). Les forêts qui cou-
vraient jadis le désert ont disparu par suite de la diminution
de l'eau venant des fleuves de la Cordillère, et peut-être aussi
à cause de la diminution de la pluie. M. Plagemann dit avoir
vu, dans une bibliothèque à Santiago-du-Chili, une carte de
Tarapacâ, datant de la fin du xviii*" siècle, sur laquelle on
remarquait un grand nombre de fleuves se jetant dans le Paci-
fique, ce qui est maintenant le cas du Rio Loa seulement. J'ai
signalé, page 84, des phénomènes analogues dans les vallées
interandines de la République Argentine. Le second arbre im-
portant est un chaïiar, mais d'une autre espèce que celui de
f Argentine. Selon M. Philippi, c'est la Gourliea chilensis, Clos.;
il l'a vue en grand nombre en différents endroits qu'il a par-
courus. Il mentionne aussi une plante, Cumingia campamilata ,
Don., nommée papitas del campo par les indigènes qui se nour-
rissent beaucoup de ses oignons, surtout dans les environs de
Paposo.
Ruines. — Plusieurs voyageurs qui ont parcouru certaines
parties du Désert d'Atacama mentionnent des vestiges d'une
population préhispanique; mais aucun de ces voyageurs n'a fait
de fouilles. M. Bollaert(66) même, qui voyageait dans le but de
faire des recherches archéologiques, ne donne que des ren-
seignements très sommaires. Les environs de San Pedro de Ata-
cama et le bassin du Rio Loa paraissent avoir été le centre de
la population préhispanique. D'après des indications ([ui m'ont
été fournies par une personne connaissant bien San Pedro de
Atacama, ily a des ruines et des sépultures en plusieurs endroits
aux environs de ce village, notamment à Catarpe, à 7'"" au AOrd.
Il y existe des constructions anciennes en pirca, d'une grande
étendue etsurle sol desquelles on trouve de nombreuses ])()intes
de flèches en obsidienne. A San Bartolo, à environ iô'"" phis au
Nord, M. Philippi (285, p. 71) a vu beaucoup de ruines formant
716 AMIQintS I)K LA UK(.IuN A.NDINE.
un purarà, c'esl-à-din' un villa«(»' Inrliliô. M. San Homaii 322.
ii.l> i57-iSS) décrit aussi ces ruines. Ce sont, selon lui, sur la
iMMilt' d'une montagne, des ronstrurfions rectanf^ulaires, des
- lourelle.s rirndairr.s » et drs re>t«'S de murs de circouNallation.
Sur les |)entes du volcan éteint, le Licancaur. à Test de San
IVdro de Atacama, il existe aussi, d'après MM. Naisse, Hovos
et Kriievrrria ;361. p. 5^:')), des ruines d'un «;rand xilla^M' })réliis-
|)ani(|ue >isilé lré(|ueninient par les chasseurs dr ( liint Inllas.
\u <»iilrr de ces ruines se trouve une jurande j)ierre creuse,
dans la cavité de Kujuelle les chasseurs déj>i)sent tnujours des
ollrandrs de coca, etc., en sacrihce pour Ir bon succrs de la
ciia>se et du vo\a«;e. Le trou est ensuite lernie j)ar une ])ierre
spéciale. Ijrancaiir veut dire • le villaf^e de la haute montagne •:
lirkan \illa«;e, rt ckabiir h.mlr montagne, en atacanieno.
Sur les hords du Hio Loa, à Chiurhiu, sont situées d'iinp)r-
tanti's ruines mentionnées p.n M l'xrtrand (60. p. aa. 370). A
(iaspana, <>n amont du Hio Loa, il parait (pi'il v a aussi des
ruinrs |)réhispani(pi('.s. M. Hollaert 166. p. 173) j)arle (\ • une
\ieillr lorlrressiî |)éruvienne « à «Lasana», localité que lui-
même, dans une note, supjK)se être identi(|ue à Caspana.
Sel(Mi lui, cette «forteresse» est située sur um* ilr entre les
<leu\ hras d iiiir prhir rivière. Ces ruines, cpir nous aNons
«lèjà mentionnées, à pro|)os de celles de Tastil, |)a^e 3*77,
auraient été jadis, d'après M. l^ollaerl, habitées par 1 Tîo fa-
milles d'IndicMis en\iron. L'auti'ur ajoute (ju'ellrs ressend)lenl
hcauroup à celles nommées Incapirca, |)rès (h» Canar, dans
la lh'puhli(pie de 1 10(|uateur. (Cependant la descri|)tion (pi'il
doniu> de « I^asana • ne concorde pas avec les descriptions
connues d'In^apirca. M. Bertrand 60.p. aa) a vu à Chiuchiu
et à (Jaspana un j;rand nond)r<' de terrasses de culture :
(indrnrs. Plus loin, nous décrirons les fouilles du hanm \. d«*
hirtrich a Chiuchiu. M. liollaert 68. p. if»;) mentionne de nom-
hrrusrs séj)nllures anciennes à (^)uillai;ua dans le hassin infé-
rieur du llio Loa, à environ .'>o^"' dv la cote du Parilicpie.
Le Musée de Herlin |KKssèdf* une c^)llection d'ohjets (pii ont été
ARCHEOLOGIE DU DESERT D'ATACAMA. 717
exhumés dans ce cimetière par le D"^ D. Diehl, et qui ressem-
blent à ceux de Cala ma.
A quelques lieues de distance de Calama, près d'un endroit
nommé Tambo de Huacate, sur le chemin de Calama à Cobiia,
il y a, suivant M. vonTschudi (355, p. 32, et 356, v, p. 96), sur le sol
du désert, des alignements de pierres assez curieux. Ce sont des
rangées de pierres d'une couleur claire formant des cercles et
des rectangles de grandes dimensions. L'auteur (356, v, p. 96)
donne la figure d'un rectangle ainsi formé, divisé au moyen
d'autres pierres alignées en six autres rectangles, égaux entre
eux. Les rangées de pierres blanchâtres se détachent d'une
manière remarquable du sol, qui est de couleur foncée. Le
D' A. Plagemann (291, p. 33-34), dans son récent ouvrage sur les
pétroglyphes du Chili, range pour cette raison les figures ainsi
formées parmi les pétroglyphes ou pintaclos, mais je ne puis
approuver cette classification, car les alignements de pierre de
la même catégorie sont fréquents dans la région diaguite, sans
que la couleur des pierres se distingue notablement de celle
du sol. La couleur distincte des alignements de Huacate est
donc probablement accidentelle , et en général les alignements
de cette catégorie ne sont pas des dessins destinés à frappei*
l'œil. A la page 99, nous avons décrit les alignements de
pierres de la région diaguite. Je ne puis trouver une explication
satisfaisante du but de ce genre de constructions.
Par San Pedro de Atacama passait le chemin que les Incas
avaient fait construire pour mettre le Cuzco en communication
avec leurs domaines du Chili. M. Philippi (285, p. 80, 91) a suivi
de grandes parties de ce chemin, qui allait de San Pedro de
Atacama par Peine, Tilopozo, Puquios, Rio Frio, Agua Dulce,
Pasto Cerrado et Chanaral Bajo, à Copiapô, localités toutes dé-
signées sur la carie fi(j. 1. Selon M. Philippi, ce chemin, sur
de longs trajets, suit une ligne absolument droite et ne con-
siste alors qu'en une bande de terrain, de quatre pieds de
largeur, où toutes les pierres ont été soigneusement enlevées.
Des deux côtés du chemin, il y a beaucoup d'anciennes /7tr-
7IK WlKKillN |)i: I.A nKf.ION WDINE.
cas, surtout dans les enviruns tlt* HioFrio. M. San Roman 322.
II. p. ^o\ n)(M)tioin)(> aussi crtte ancieniu* rout«', mais sans la (ii*-
rrirc*. D'anrrs rrt autiMir, rlli» roininonco à raiiihillos, j)n's dt»
(iopiajx'), rt suit <Mi «;«'n»Tal une li;;n«' sVcartaiit dv 2 > iU'*^rvs
(lu mcri(ii(>n astron(>iiii(|UP, vers l'tlst. M. San Homan a suivi
le chemin justju'.iu pitd du Licancaur, à 58o^" de distance de
(iopiajKS. Un autre «chemin dr l'Iiica» j)araît avoir traversé
la Puna de Atacama du Nord .m Sud; j)rès d'Antola«;asla de la
Sirrra, ce chemin, |)artant de ce village et se dirij^eanl vers
le Nord en ligne droite, rxiste encore sur une assr/, grande
étendue. D'après h's rriisrignements (pii mOnt viv donnés, il
serait construit en remblais.
Pétroglyphes. M. li. \. Tliilippi 285. p. 75) décrit un grand
p<'»troglvphe gravé mif* un mur •11 IimcIinI»- pn-s (lune l(»calile
nommée Machuca, :in imid de S. m Barlolo. L«'^ nombreuses
ligures représrnirni pour l.i plnparl des lamas, mais d v a
aussi des lionimrs, drs clnfiis . des «renards», (h's ■ oi-
seaux», des " serj)ents ". M. Plidij)pi rrpnKluit (piehjues sjH*ci-
mens de ces ligures. D'après M. Plagemann 291. p. a8. fin. 3\, il
existe plusinir^ p»lroglvplies dans les enviroiis de Quillagua.
Il publie la pliotograpinr d un de ces |M''troglvphes gravé sur un
grand bloc de pierre, cpii »• IrnuNc nn pm .m sud de cette
dernière localité. On y voit des lamas et d autres animaux, des
hommes, des cercles à |)oint central, des S et d'autres signes.
.Sni\ant ce dernier aulrnr lAu/., p. 3.» . ilv a également près de
Oiiillagua un jM'IrogIvjibe d'une autre catégorie. (!e .sont des
rectangles, des cercles, des lamas et des images humaines, de
dimensions gigantes(|ue*^ «t (pii remplissriit !•• llun- d une
montagne. I*nnr j)r<)duire ces ligures, on a eidevé, sur de
grandes su|>erlicies de l.i inonlagne. I.i crnnte noirâtre et les
|)iern's détachées (|ni couM'aimt la roche, (lelle-ci étant d'une
ronleur claire, brun-rougeàtre, les ligures se détachent nette-
UHMit sur le fond noir, et, grâce à leurs grandes dimensions.
•'Iles .sont visibles à une longue distance.
ARCHEOLOGIE DU DÉSERT D'ATACAMA. 719
Les pétroglyphes gigantesques de ce genre sont spéciaux, à
la province de Tarapacâ, où on leur donne le nom de pintados.
Le pintado le plus au sud de toute la série est celui que nous
venons de décrire, Quillagua se trouvant dans la province
d'Antofagasta , sur la limite de celle de Tarapacâ. M. Bollaert
(66, p. i58-i62, planche p. 109) mentionne de ces pintadoa de Las
Rayas, d'un endroit situé sur le chemin dlquique à La Noria,
d'une autre localité cinq lieues au sud de Las Tisas, sur une
montagne près de La Pena et à Huara. Ces grands pétrogly-
phes se composent principalement d'énormes figures géomé-
triques, surtout des rectangles formant des sortes de croix et
d'autres combinaisons. H y a également des cercles simples et
des cercles concentriques, des hommes, des lamas, des « pumas »
et d'autres animaux, etc. Quelques-unes de ces figures ont,
d'après M. Bollaert {ibid., p. 162, 2^5), 20 ou 3o pieds de hauteur,
et les lignes ont de 1 2 à 1 8 pouces de largeur et de 6 à 8 pouces
de profondeur. La série de Las Tisas occupe une lieue de
longueur. M. Forbes (135, p. 271, pi. xxi, fig. 10) reproduit un autre
pintado de La Pena : un lama qui présente deux rangées de
triangles sur le corps^^^. M. Plagemann (291,p. 37etsulv.,fig. 5,6, 7)
décrit d'autres de ces gigantesques pétroglyphes, d'une loca-
lité nommée Los Pintados, et il en donne trois bonnes photo-
graphies. On y voit des cercles, des carrés, des rectangles, des
combinaisons de rectangles, des escaliers, d'autres figures géo-
métriques, des hommes, des lamas et d'autres animaux. Ces
pintados occupent 5 ou 6^"' de longueur environ. Tous h's
pintados que nous avons énumérés se trouvent sur un terri-
toire relativement peu étendu, dans la Cordillère Maritime, à
l'est, au sud-est et au nord-est d'Iquique. On ne connaît pas
de pétroglyphes de cette catégorie dans d'autres régions; ils
doivent donc être considérés comme particuliers à Tarapacâ.
L'extension des anciens Atacamas dans cette province étaiil
incertaine, il n'y pas de raison pour les leur attribuer.
<'' Quoique l'auteur ne s'exprime pas saignements, qu'il s'agit d'un pintado de
très clairenjcnt, il parait, d'après ses ren- grandes dimensions.
720 ANTIQl ITES DE LA BEGION ANDINK.
On trouve aussi eu Tarapacâ des |)étr<»«;I\ j)lies j^ravés de
(linieusions ordiuaires, surtout à l'est de la Pampa de Taniaru-
gal, daus les rjuehr.id.is formées par les coulreforts de la
(Irande (iorrlillrre. M. BollaiTl 66. p. i6a, en mentionne di'u\ :
la <• Piedra de! Léon », près de Maraya, rej)résentant un |)nma,
un liomnK', des lamas, des cercles, des serpents; et un autre, à
Manî, où sont fi^ravés > le soleil, la lune, les étoiles, des Indiens
et des animaux ». Macava rt Maiii sont situés sur les lM)rds dv
deux torrents des mêmes noms qui sortent de la (lordillere et
se perdent dan> les sahles de l.i l\imj)a dr ramarn«;al. Selon
M. Francisco Latrill(>, cité par M. iMai^eniaini '291. |». -y , il y a
un antre petro;;l\ plie «^ravé dans la (Jnrhrada de Clni)ana,(nii
appartient an même sNstème liNdro«;raplii(iue cpie les tj)rreiits
de Wnui et de Macaya. M. Pla«;einann (iW..|). 3o) mentionne
encon*, sans cepiMidant en donner des détails, des |)étroj;lvplies
d un endroit nommé Montevidro, iiilrr Icpiicpic et Pisa^ua,
dans la (.ordillére Maritime. Miifiii. le iim-dm' auteur [ibitL.
p. 3o 3:i. lig. ii) décrit et li;.,Mire nn j)étro^d\ j)lie d«' la Quchrada de
finatacondo, située dans la même reL;i'>n (jiie c«'l|«'> dr (ilii|>ana
et de M. mi. Mais ce pétrogK phe (•>! dilh-rent de tous les autres :
ce sont d(îs ii«;ures en relief (méplat^ : un lama, et (juatre
li«;nres j^éométricpies. A ma connaissance, ce pétroj^K plie est
uni(pir m sdii «(enre dans rAim-rirpie du Sud.
CM \M \.
Le mII.i^'c (le (.alama ' «-st situe sur les IxinU du Hm Loa, a
aï' a8' latitude Sud et 71" 1 5' longitude Ouest du méridien
de Paris. 11 y a une .station de la ligne du chemin de fer d'An-
lolagasta a Oruro, sur 1(* haut plateau hnii\i<ii. La distance
de Calama à Antolagasta, pu !•• < In min de 1er, est de aS'»^".
n'aj)rès le plan otliciel du clieiiiin «Ir irr, (ialama est à une
•*' MM VaitM*. IInyo« cl Echcvrrri» — drmrurr : • drinrurr Hr pcrdrii ». Chow
(361. p- •U. ci<^rivrnt Ir nom (iaUina do« ruririMT. il riitlr une aiitrr litcalit^ nom-
liiiiU dUiaiiii ri(>« rkiUitm ' |M'nlrM. <-t artt iiin* (iaUnu ilan* \» Vallrr dp Tarija.
ARCHÉOLOGIE DU DÉSERT D'ATACAMA. 721
altitude de 2,266°" au-dessus du niveau de la mer. La localité
est donc située sur l'un des gradins de la Cordillère qui for-
ment le Désert d'Atacama.
Le village se trouve au milieu d'une vaste plaine d'alluvion
bornée par des chaînes de montagnes; cette plaine est dépour-
vue de végétation, et couverte en quelques endroits de sables
que le vent soulève et transporte d'un point à un autre. Cala-
ma doit son existence à une sorte d'oasis d'environ 100""° car-
rés, formée par le Rio Loa. On y cultive, au moyen de l'irri-
gation artificielle par canaux, un peu de mais et une assez
grande quantité de luzerne qui, dans ce pays dépourvu de
fourrage, constitue une grande ressource pour les habitants du
village. Selon M. von Tschudi (356, v, p. 91,92), la culture de la
luzerne ne fut commencée que vers 18^0. On essaya d'abord
avec de la semence européenne, mais sans résultat. On sema
ensuite des graines provenant du Pérou , avec un résultat mé-
diocre. La luzerne ne pouvait prendre racine dans le sable.
On forma alors de petites bandes de culture longues et étroites,
séparées par des murs en pisé. Le sable une fois enlevé, ces
murs empêchaient le vent d'y en apporter de nouveau, et ils
servaient aussi à régulariser la distribution de l'eau d'irrigation.
La luzerne de Calama est toujours cultivée d'après cette mé-
thode. Cette luzerne pousse à une hauteur considérable, mais
elle est d'une qualité inférieure à cause de la forte proportion
de salpêtre contenu dans la terre. Il ne pleut jamais à Calama :
la luzerne sèche est conservée dans des cours ouvertes, sans
loiture. Dans le village on voit quelques rares arbres plantés
et des haies servant à renforcer les clôtures des cultures, for-
uiées avec un arbuste, la clidca (^Baccharis Chilca, H. B. K., selon
M. von Tschudi), qui pousse spontanément dans l'oasis. Sur
les rives du Rio Loa, il y a une ve(ja : ce sont des terrains ma-
récageux dont la végétation ne fournit qu'un maigre pâturage à
quelques animaux domestiques appartenant aux Indiens trop
pauvres pour les pouvoir nourrir avec de la luzerne. L'eau du
Loa n'est guère potal)le; les Indiens pauvres la boivent, mais
722 WTIoriTKS DK I. \ KEGIO.N ANDI.NK.
les liahitaiils un jwu ais<^s fout venir Teau d'une source dis-
tante de huit lieues du \illa«;e. \.a fuj. I5S montre la \é«;éta-
tidii des bords de l'otisis, (*nni|xisée de cinicas et d'autres ar-
bustes semblables au\ Ittlas d»' la Puna. On v voit, à riiori/.on,
la rliaine d(> monta«(nes (jui limite à l'Kst la plaim» où est situé
(ialama. La //y. J.'yff représente une partie (hi lim Lo.i, pn*N (bi
village, et \^ Ji'f- 1^*^^ «i"*' l*<iininc(i, Inriiire j)ar les alVouillt»-
inents de cette ri\ière.
Le villaf;c de (ialama avait, en 1860, :)()() a 600 habitants,
selon M. von Tsebudi; Son en 1880, siiivant W. hertrand, et
1,000 en i8()(i, d'après M. San lîonian. 11 nie semble repen-
daiit (pie €{' dernier rbillre est exa«;éré. A peu d'exeeptions près,
ce sont des Indiens, dmil l.i |ibi|).irl doiNtiil flre des Atacanic»-
nos. Sni\aiit MM. rinbppi i-l \nii Tsebudi, nu \ parl.iit jadis
rataramcno, mais aujourd bui cette lan^Mie a rte totalement
supplantée par res|)a<;nol. (iràce à son oasis, (ialama parait
a\oir ru une certaine imj)ortaiice flepuis les premiers jours de»
la con(pirte espai^nole. Ainsi O\iedo v \al<le/. 280. I. \lii. r. v.
1. 1^. I» ■i-]\) rap|)orte (pi Almaj^ro, à son rrtour du (ibili, «arriva
à la province de (ialama>.
Cimetière'''. — Sur 1rs Ixuds de l'oasis de Calaina, du côté
su<l »bi \ill.ii;r, M. S«MH'cbal de la Granj^e découvrit, en jan-
vier 190^1, un cimetirre ancien d'une vaste étendue. 11 v
trouva (pirbpu's crânes et des ossements bumains parsemés
sur le sol, dans un endroit limite dun côté par une harranca
de i"5o de bauteur, formée |)ar d'anciennes crues du I\io
Loa, ddiil It (ours actuel se trouve à en\in)n Soo* du « inie-
lière. On voyait aussi des os saillir dr la coupe de la barranc«i.
M. (!• (ji'cpii Mniitlort fl08 a piiblii' un rap|M»rt préliminaire
sur les ionilirs (|u ellectua alors M. .Srnécbal de la (iranj^e dans
la nécropole de (ialama, r[ |e compb'trrai i«'i la description de
ce cimetière.
Voir I4 |iIaikIii- l.WI. iiiM-n-r iri. ri li » |ilait(-hr» LWil-I.WXI . inMTr<-» «|)rr«
Pl. LXV.
h:
Fi<;. i58. — Plaine tic, Calaina.
Fig. i5(). — Ia' Win Loa à Calaina.
Pi.. LXVI.
Fig. iGo. — Barranca foniH'c par le llio Loa , à (lalaina.
5 - -
Kitr. i()i. (limctièir <li' C.alama.
ARCHEOLOGIE DU DESERT D'ATACAMA. 723
hdi fi(j- 161 représente une partie du cimetière. Comme on
le voit, la végétation consiste seule en quelques fo/as et chilcas.
Voici comment M. Sénéchal de la Grange décrit ses fouilles
(le 1904.
En partant du bord de la barranca , il a creusé une surface
(le quelque /io"" carrés jusqu'à une profondeur de i™5o. H y
a exhumé environ cent squelettes, dont il a recueilli ôg crânes.
Bon nombre de corps se trouvaient dans la position où ils
avaient été enterrés; leurs vêtements et leur mobilier funéraire
étaient assez bien conservés. Ils étaient tous plus ou moins
momifiés. Dans une partie du terrain fouillé, où le sol paraît
avoir subi des mouvements, les squelettes et les objets avaient
téé déplacés et écrasés par la pression de la terre.
Ainsi qu'on pouvait l'observer sur les cadavres restés en
place, tous ont été enterrés les jambes repliées et attachées
près de la poitrine; les bras, également placés sur la poitrine,
quelquefois croisés; la tête, inclinée. Sur les cadavres bien con-
servés se trouvaient les vêtements : des mantes ou des tuni-
ques sans manches. Tous avaient, suspendus au cou ou pendant
sur les épaules, un ou deux petits sacs en laine, rayés ou por-
tant des dessins multicolores tissés. Le tout était enveloppé
dans une mante d'étoffe grossière et solidement lié au moven
de cordes en laine de lama. Le paquet ainsi formé et contenant
]^arfois, entre les différentes enveloppes, divers objets de pe-
tites dimensions, était placé verticalement dans la tombe, la
tête en haut.
Immédiatement contre ce paquet, en dehors des enveloppes,
étaient disposés les objets de dimensions plus considérables,
tels que des arcs et des pelles; autour, des vases en terre
cuite et des calebasses contenant encore des restes de maïs
et d'autres aliments.
Les têtes des cadavres se trouvaient en général à o™ 5() on
o" 60 de profondeur. La distance d'une sépulture à l'autre ne
dépassait pas i^ôo. Parfois la même sépultnic conlcnnil drnx
cadavres et même plus.
72i ANTIQIITES DE LA REGION AXDINK.
Le cimetière occujx* une* jurande étendue. Il i\\ a aucune
pierre, ni jjour recouvrir les touihes, ni j)our sij^naler leur
«•mplamiiriit. Il existe cependant, au milieu du cimetière,
des restes de murs en |)ierre sèche formant un carré. M. Séné-
chal de la (lran«(e a trou\é dans cet enclos j)lusieurs crant's v{
ossements humains à demi calcinés par le feu, mais il est
prohahle qu'ils l'ont été à une éj)o(|ue postérieure à celle à
laquelle aj)parliennent les sépultures. Ce sont |)rol)ahlement
des os mis à découNcrt par les érosions et brûlés après jM)ur
déblaver le terrain ou |)Our tiii aiitir motif (pielconque.
M. Sénéchal de la Granj^e a donne a tiln- d'exemples les
descrii)tions des si'pnilun's suivantes :
N" I. (iada\re dont la diair et les \('teinrnt>, à re\cej)lion
de (luehiues hnnheaux, avaient disparu par l'action du tenq)s.
Pourtant le tissu en laine de lama, (pii lui servait d'enNeloppe
extérieure, était assez l)i«n conservé, de même qu'un sac, sem-
hlahle à ceux déjà mentionnés, |)lacé sur le dos et susjmmkIu
au cou par une coi*de en laine. Le corps se trouvait incline en
avant; les jambes étaient l«'«;èrement repliées, les bras croisés
sur la |M)itrine. Kn drliors (\v ren>elop|)e, appuvées sur \v
de\ant du pacpn-t iuin'raire, étaient disj)osés, les manches en
haut, unv jhII. rn bois Ji(j. tdS a et une autre (/!</. lOSdj
«Ml pierre schisteuse avec manche en bois, ainsi (ju'un second
s|Mvimen de cette dernière catéj^orir, mais sans manche. Autour
du cadavre étaient placés |)lusieurs j)etits vastes en terre cuite,
un |)lat «Ml sparterii* //Vy. liS^f et deux ou trois moitiés de cale-
basstîs. Oui'hpies-uns de ces réci|)ients contenaient encore du
maïs, des ;;raines d'une autre es|)èce et des matières organi-
ques cpii de\ aient ètn» les restes d'aliments enterrés avec le
ninil. Innl .lulnni (In cailavre se trouvaient des gousM\s d'a/-
fjarroluK
N" 2. Un ciidavn> d'enfant de lo à i 5 ans était en amtact
immédiat avec le précèdent; ses jand)es étaient tout «i fait re-
pliées, sa positiiHi presque verticale. Sur l'enxeloppe avait été
|K)sé un petit arc encore muni de sa corde, dillerents morceaux
ARCHÉOLOGIE DU DÉSERT D'ATACAMA. 725
de bois et un carquois en peau contenant des flèches attachées
avec une cordelette [fuj. 169 s, t).
N° 3. Cadavre enveloppé d'abord dans une tunique sans
manches avec ornements tissés, et ensuite dans une enveloppe
de tissu f^rossier. Il portait deux petits sacs en laine de couleur,
l'un sur la poitrine, l'autre sur le dos. Entre les enveloppes se
trouvait un tube en bois sculpté contenant des épines {fuj. 171
d, e), plié dans des morceaux d'étoffe attachés avec des cor-
delettes de laine. En dehors de l'enveloppe funéraire était
placé un instrument en bois ayant la forme d'un couteau
[fuj. 168 b, c).
N° 4. Cadavre momifié, dans un état de conservation par-
faite, jambes repliés, bras croisés, tête inclinée sur le côté. Ce
cadavre était enveloppé dans une couverture noire en laine,
œuvre de tissage remarquable, garnie d'une longue et épaisse
toison. Cette couverture, dont un fragment se trouve reproduit
fi(j. 188, était attachée à faide de deux grandes aiguilles en
bois noir. Avec ce corps se trouvaient une pelle en bois et une
autre en pierre, analogues à celles de la sépulture n" i. A côté,
il y avait un amas de minces plaques et lanières de viande
desséchée, aliment jusqu'à nos jours très en usage chez les
Indiens du haut plateau et auquel ils donnent le nom de
cliarcjui [fi(j- 169 a).
N° 5. Cadavre très bien conservé quant à la chevelure, (|iii
montre parfaitement la coiffure [ficj. 167) des anciens habi-
tants de Calama. fJans l'enveloppe, un peigne [fuj. 17 IJ) et
un petit sac contenant de l'ocre rouge; enfin divers fragnu^nls
de bois sculpté représentant des figures analogues à celles du
iuhe fi(j. 171 d, e.
En janvier i()o5, M. Sénéchal de la Grange ])assa de nou-
veau par Calama et continua ses fouilles dans le clnu'llère. Ces
dernières fouilles ont été faites également sur le bord de la bar-
ranca, mais à la distance d'une tientaine de mètres des fouilles
de 1904.
II. '»7
720 ANTIQriTÉS DK LA RKCJION ANDINK.
Siirics fouiilps nouvelles, M. S<^nôchal de la Grange m'a com-
iiiiiiii(|U(^ les (li^laiis suivants :
« Dans celle parlie du cunelière, les louilles ont ^nnluil en-
viron une centaine de r.idavres. Aucun d'rux n'rtait nettenimt
isol<^ : cVtail un nirlirN ri renient de corps dans toutes les jxisi-
lions. On tnanait plusii'urs cadavres en contact les uns avec
les autres, et Ton creusait ensuile i" ou i"* ^o avant d'en ren-
contrer d'autres. Cet entassement des cadavres, (jui, en cer-
tains cas, a produit lin inrian^^e intiin»», n'est pas un fait dû à
l(Mir inininiation, mais hwi\ la cons«*(juenc«' d'un déplacement
du terrain <pii !«'> nMir«'nnait.
• L«*s cadavn's cnlij'remrnt moiiiiln*> (jur ) avais n'ncontnvs
laniuM* pn'crdt-nle n'existaient plus (pi'i Tctat d exception, au-
cun d'eux n'était assez comj)l('t pom rire considén' comme
« momie» à proprement |)arl«'r, saul loutelois un cad.iNn' d «*n-
lant comj)let«'ment intact.
' Dans 1rs fouilles nouvelle>, j ai tn)uvé de |)lace en placr
drs i)ierres plates (|ui avaient dû être primilivemenl placées
au-<lcssus de certains cadavres; leur lorme était généralement
rectangulaire. Les plus grandes j)ou\aient avoir o" /:> de lon-
gueur sur o" 5o de largeur et o"07 ou o^oS d'épaisseur, (i'est
du tulcalcaire, et elles ont du «Ire aj>portées du Hio Loa, dont
\r^ allnnillements mettent au j<nir des <'onclies de celte n)clie.
• Les fouilles d." i()()5 onl donne, en j>oterie, des vases plus
élégants de forme, plus grands, mieux ornementés, de |>al«'
plus fine, rpie ceux des louill(*s de H)o^, et une quantité im-
portante de petits oI)j(>ts en lM)is travaille. Les nouxelles louilles
ont été plus riches en objets en pierre taillée, tels cpie pelles
et haches. Kn revanche, en flèches et en arcs, les secondes
Iniiilli's oui donné iimiiis de résultat; du moins les arcs et les
ni'ches trouvés sont inférieurs comme conservation. Les étoiles
étaient idenlicpies à celles trouvées antérieurement. Dans cet
onlre d'idées, je n'atirai à signaler qu'un objet nou\eau : un
fragment delolfe, d'environ o"" 4o sur o* :i(>. orne de franges
en « lirMMix humains. •
ARCHÉOLOGIE DU DÉSERT D'ATACAMA. 727
M. Sénéchal de la Grange a fait don au Musée d'ethnoo^ra-
phie de Monaco des collections provenant de ses fouilles de
1905. Malheureusement, je n'ai pu étudier cette collection,
excepté deux pièces qui m'ont été envoyées à Paris. Je dois
donc me borner ici à décrire la collection de 1 90^ , qui est con-
servée au Musée du Trocadéro, mais j'ajouterai cependant les
renseignements que M. Sénéchal de la Grange m'a donnés sur
les objets recueillis en 1905.
Crânes. — Les crânes exhumés par M. Sénéchal de la
Grange au cours de ses premières fouilles à Calama figurent
dans l'ouvrage du D"" Chervin (99, t. m) sous les n°' 6 1-78, 76-
85, 87-98, 100, 101, io3-i 17, 119, 121-124, 126. La plu-
part de ces crânes, comme également presque tous les crânes
de la Quebrada del Toro et de la Puna de Jujuy, présentent
des déformations artihcielles.
Quelques têtes, comme celle reproduite ficj. 166 , avaient les
cheveux tout à fait blancs, c'est-à-dire d'une couleur blanc sale,
jaunâtre. Dans les grottes funéraires de Sayate et de Pucarâ de
ninconada, j'ai d'ailleurs aussi recueilli des parties de cheve-
lures entièrement blanches. Je n'ai pu soumettre ces cheveux à
un examen histologique , ce qui eût été intéressant pour vérifier
s'il s'agit de cheveux décolorés pendant leur séjour dans la sépul-
ture ou de cheveux ayant naturellement blanchi par suite de
l'âge de l'individu. Cependant il serait étonnant que les che-
veux de certains individus seulement aient été décolorés dans
les sépultures, lorsque la plupart des cadavres inhumés dans
la même sorte de terre conservent leurs cheveux parfaitement
noirs.
D'autre part, la tête que je reproduis est celle d'un sujcl
très âgé, ayant perdu toutes ses dents sauf une molaire, et les
alvéoles sont toutes complètement fermées, excepté celles des
incisives supérieures. L'âge avancé de ce sujet indique donc
que les cheveux des anciens habitants de Calama et de la Puna
de Jujuy blanchissaient dans la vieillesse. Chez les ]ndi(;ns
728 ANTIoriTKS DK LA RKGION ANDINIL
acliiols du haut platrau jp n'ai jamais vu de cheveux hiaiics,
r[ même les individus (grisonnants sont fort rares.
La t(^te momiliée, fiy. 107, très l)ien consentie, montre la
roifliirr des anciens Atacanias. Les rh»'v<'U\. noirs rt ri<^ides,
sont di\i>rs sur If .sommet de la tètr ri tormmt dr rha(|u»' côté
d«* nond>rrus»"s tressrs, dont les extrémités sont reliérsavrc un
lil en laine. D.ins chacun de ces nœuds «si j»lacée une fortr
éninr dr cactus qui sert d «-pin^dr à chrvmx. (irrtains lndi«*ns
du haut plateau de la Bolivie arranj^ent encori» leurs clu'veux
• Il plusieurs tn'sses de chaque côté, (\*' l.i même manièn' (|ue
les anririis h.ihitants d»» (lalama.
Objets en bois. — La collrclion dr (ialama est surtout ricin*
rn ohjrl.s de hois, qui se sont conservés dans un j)arlait état,
j;ràce à la .sécheresse du cliiiKil ••! jm nt-élre aussi à la coinjM»-
sition chimicpic du terrain.
Arcs kt fi.èchks. — Un arc, rrj)r(»<liiil pins l(»in. /<</. Uiii /,
a o"'()fi5 de loii«;ueur. Le hois dont il rsl lait parait avoir été
plus ou moins hianc, à lihres droites et |)roi)al)lement très
dur «'l élasti(pu'. Je m» connais pas de lM)is de cette texture
Kig. 169. - CaUma. (Utiipr de l'arc j(j. iSS /. — Gran<iriir Dalurrllc
poussant <laiis le Heserl d \lacania, et il ne sap;it pas non pins
«in hois de chimta [/hctrts .</5.). <|ni a été employé jM)ur de
nnmhienx ohjel.s trouvés dans les sépultures |)réhis|>ani<pH*H
fin Penm. Le Iwis (|ui s«*r>ait an\ anciens Atacamas |>onr la
conleclioM de leurs arcs était |)rohahleinent aj)j>orté de loin. La
coupe dr cet arc, //r/. !()"?. prise au milieu, est un pMi dilfé-
renli' de celh» des arcs de Morohuasi //«y. 57) p[ do Pucarâ
de liiuconada (Jly. É35]; les arcs de (ialama présentent la lace
ARCHEOLOGIK DU DESERT D'ATACAMA.
antérieure aplatie, et la face postérieure, c'est-
à-dire celle de l'intérieur de la courbe , arron-
(lie, tandis que les arcs de Morohuasi et de
la Puna de Jujuy ont la face antérieure arron-
die et la face postérieure aplatie. D'autres arcs
de Galama sont du même bois, de la même
forme et coupe et à peu près de la même lon-
gueur. L'un de ces arcs porte à l'une de ses
extrémités un reste de la corde, en fibres vé-
gétales.
Toutes les flèches exhumées dans les sépul-
tures de Galama ont leurs pointes en bois.
M. Sénéchal de la Grange n'y a pas trouvé
une seule pointe de flèche en pierre, alors que
celles-ci sont si communes sur la côte, par
exemple à Antofagasta. En ce qui concerne
les flèches, le cimetière de Galama est ana-
logue aux grottes funéraires de Sayate, où il
n'y avait que des flèches à pointe de bois.
Une pointe de flèche de Sayate, y?^. 121 i, est
identique aux pointes de Galama, à en juger
|)ar le fragment que j'ai recueilli. De Casa-
l)lndo, M. Lehmann-Nitsche (210, p. 37, pL ivh.),
rej)roduit plusieurs pointes de flèches en bois
dont quelques-unes sont semblables à celles
de Sayate et de Galama.
Plusieurs flèches de Galama sont reproduites
à une faible échelle, y?^. 169 g-m, et une autre
au tiers de la grandeur naturelle, ficj. 163.
I.es flèches ont de o'^ôq à o'" 5o de longueur
totale. Elles se composent de deux parties, la
lianqie et la pointe. La longueur de la pre-
mière est toujours de o" 4o environ. G'est la
longueur de la pointe qui varie.
La hampe a o"'oo8 à o"'oo9 d'épaisseur el
f\
■2<)
!
730 A.MigilTh.S DK LA RKf;i()N ANDINK
est faite (ruii l)ois à inoeile ln*s sjK)iigieuse, |)r()I)al)lement la
cliilca, qui ewsle en jçrande cjuaiitité dans l'oasis de (ialania.
A l'extréniilé antérieure de la hanijx* on a extrait la nnu'lle
jnsfjira uiH* proloudeur de o^oS à o'oô, formant ainsi un
(Tfux cNlindricjue destiné à recevoir l'extrémité de la |K)inte.
Autour de l'ouverture de ce creux, la hampe est renforcée par
une ligature en tendons ou peut-être en l)oyau. Le i)out jm)s-
térieur est pourvu d'une encoche |)our maintruir la flèche sur
la corde et de deux pennes collées et atlaclu*es par une autre
lij^alure. (]es |)einies ont seulement o^oou dv larj^eur. H y a
de rares fleciies |K)rtant un anneau en résine j)rès de Textrémité
i)ostérieure, comme certaines flèches de Pucarâ de Hinconada,
décrites paj^e 6/|4- La ham{)e est généralement décorée d'an-
neaux peints en noir et en rouge, en nond)re variahle «1 i\v
dilIVreutes largeurs. Le spécimen /?</. Ki.'i j)rés<Milr un large
anneau noir .1 I extrémité antérienir de la hampe et cpialn- an-
neaux d'um* largeur moindre vers le miln'U, également peinis
eu noir, avrr, (pialre cercles hlancs sur chacim. (!es anneaux
sont sans doute dvs manpies de propriétr.
I^es p)int(*s sont de deux catégories. Celles de la première
sorte ont de o^q.S à o^^iS de longueur et sont faites des tiges
hien lisses et < \ liii(lri<jut's (11111 arhuste on d un arhre. VMe^
sont pins légères cjue les pointes dr la deuxième catégorie,
faites d une autre sorte de lK)is, rougeàtre, j)lus lourd et présen-
tant (h's aspérités à la surface, (les dernières pointes sont moins
lonj^nes, de o'" 1 .3 à o" l f) seulement. Toutes les pointes nnl
lune des extrémités pointue, laulre arroiulie. On jmmiI le>
|)lacer comme on le désire, soit l'extrémité pointue, soit l'ex-
trémité ohtuse dans lecrenx de la liam|)e. Dans le^ s(''pult lires.
Il plupart <les flerhes étaient dis|M)sées de la première de ce»
manières. Sur la ////. /6Vi, on voit à gauche la |K)int«» isolée; au
milieu, |)lacé(> l'extrémité |)ointiie dans la haiii|X'; à droite,
lextniniti'ohtuse gardée et lextrémit/' pointue lihre. Cette dis|M>-
silion avait j)n>l)al)leinent pour hut <h' préserver la pointe de»
chocs, etc.; {x'ut-èlre emplovait-on aussi la ]M)int<* obtuse pour
ARCHÉOLOGIE DU DÉSERT D'ATACAMA. 731
étourdir de petits oiseaux ou de petits mammifères, comme le
semble prouver une flèche exceptionnelle, y?^. 169 h, qui est
faite d'une seule pièce de bois, sans hampe spéciale, et dont la
pointe est obtuse. Cette dernière flèche ne pouvait servir que
pour étourdir de petits animaux par le choc. Elle est pourvue
de ligatures et d'anneaux peints comme les autres flèches; son
extrémité postérieure est pourvue d'une encoche et porte des
traces de pennes.
Le petit 3ircfig. 169 ?, de o™6i5 de longueur, fut rencontré
près d'un cadavre d'enfant. Cet arc a la même forme et est de
la même sorte de bois que les grands arcs. La corde est en
laine. Auprès de cet enfant se trouvait également le carquois
fi(j. 169 s, fait de la peau d'une partie du cou d'un lama ou
d'une vigogne. La peau est bien grattée et débarrassée de sa
laine. Le fond du carquois est fermé par une couture, dont on
voit les trous dans la peau, le fil ayant disparu. Le carquois est
rempli de flèches brisées, afin de les rendre toutes de la même
longueur, o™ 4o environ. Elles sont de la même sorte que celles
que nous avons décrites; dans leur état actuel, elles n'ont pu
servir pour tirer; peut-être les a-t-on brisées pour les déposer
dans la sépulture de l'enfant, ou plutôt celui-ci s'était-il pendant
sa vie servi comme de jouet de ces flèches brisées. La corde
qui servait à attacher le carquois au cadavre est en laine
blanche.
Pelles en bois. — Une demi-douzaine de ces pelles font
partie de la collection de Calama conservée au iNIusée du Vio-
cadéro. J'en reproduis ici trois spécimens,y?ry. 168 a et 169 //, o.
Le bois dont les pelles sont faites ressemble à celui de Yahjarroho.
Elles sont toutes très usées à l'extrémité, ce qui démontre que
ces outils sont bien des pelles, et les Indiens du haut plateau
de la Bolivie se servent d'ailleurs encore aujourd'hui de pelles
en bois, de la même forme, pour labourer la terre. La largeur
maximum des spécimens de Calama est de o"* 120 à o°* 10 j;
l'épaisseur de la lame, de o*"oi5 à o'^oio. Les manches sont
7:i2 ANTinnTKS DK LA HKMON ANDINE.
f^rossièromrnt arrondis. I.a |M'lle fi^. i(iS a a i" lo dt* lon-
;;in'iir, dont !«• inaiiclie o" jy; l«* s|>«»ciineii fuj. KiU n, o^Sy,
<l(Mit If* inaiicli(* 0"*!:^; la pfllt» //</. Ifif) o, o^.'x), dont \v
iiiaii(-|i(' ()"' i(). ijv d(>rniiT tlait {)roi)al)i('iiHMit prolongé au
iiiovt'ii d'un hàtoii, qui drvait v ôtre attaché, car If dos du
iiiaiirlir est aplati, et rcxtréinitr, {M)urvuf> d'une incision aniiu-
iain* rpn d(*vait s(*rvir à fixer l.i pitcf lic proloii<;('ni«'nt.
I)«*u\ «le ces pt'llr», ont été tendues j)ar I u.sa«;e, mais on ii-s
a réparées en |)i'alKpiant de petits trous de rlnupie côté de la
lente et e!i les reliant ensuite. Les attaches du s|)écirnen
//y. IfiiS a sont faites avec des cordelettes en laine d»' lama
noire, dont des fra«;nients restent encore dans les trous. Par
contre, pour rattach(> <!•' I.i prllc fi(j. IdU n, on a cniploNé un
iil iiirl.iihipie. l'AideniiiMiit , nti .iN.iit continué à traNailler avec
la pelli* l(Mi;;temps après (pi rjie eut été réj)arée d»* cette ma-
nière, car if II! a lonné un j)etit sillon assez j)roiond dans le
hois. Dans ce mIIoii adhéraii'iil des fra^nienls fort owdés
du hl niétalli(jue. .le les ait lai! analyser |)ar MM. Morin treres.
Voici I aiialvs(>, (pii porte le numéro d enrei^istreinent '|.')8.'>3
(3juill.l i(j()8).
Fer ... Mo. 96 p. 100
Oiydu df liT 1 ij.oi
Cuivre n^ant.
IMoml» ... ntant.
Zinc néanl.
KUin liront.
C'est doiK 1111 lii (le ier certaineiiMMit d(»rij;ine euroj)éenne,
car, comme on le .sait, les Indiens à l'epocpie |)réhisj)anique
Il exploitaient j)as le fer. D'ailleurs, à ma connais.sance, ils ne
.sa>ai(Mit non plus étirer le cuivre |K>ur en lahriipier du fil.
Contre riiV})othè.se de l'ori^^ine européenne du lil de fer dont
il est (|uestion, on |)ourrait ohjecter (pi il aurait pu être lahri(pie
de fer méléoricpie, provenant des grands météorites (piOn a
découverts dans plusieurs endnûts du DéstTt dWtacama. Mais
ARCHEOLOGIE DU DÉSERT D'ATACAMA. 733
cette provenance n'est pas admissible , car la composition chi-
mique de ces météorites est différente de celle du fd de fer^'l
Celui-ci prouve donc, de toute évidence, que les Indiens de
Calama ont continué à se servir du cimetière après l'arrivée
des Espagnols.
Comme les Indiens de la Bolivie, les Chiriguanos actuels
emploient des pelles en bois de la même forme que celles de
Calama. M. Domenico Del Campana (90, pi. vm, fig. i) reproduit
une de ces pelles des Chiriguanos.
Couteaux. — Lesficj. 168 h, c et i^P/ représentent deux
de ces instruments en forme de couteau que nous avons déjà
décrits de Morohuasi, de Sayate et de Pucarâ de Rinconada.
Ce sont peut-être des outils d'agriculture, comme il a été dit
page 34o.
Le spécimenyï^. 168 i, c a 0^4 i5 de longueur, mesurée en
ligne droite entre les deux points extrêmes; celui reproduit
Ji(j. 169 f, o'^Syo. La lame du premier de ces spécimens a
o"'o44 de largeur maximum et o'"o4o d'épaisseur maximum.
La section transversale de la « lame » est donc presque carrée.
La lame du second spécimen est plus mince, o™o'i5 d'épais-
seur maximum sur o"'oGo de largeur maximum. Naturelle-
ment, aucune de ces lames n'est tranchante , mais toutes deux
sont bien pointues. Les boutons terminant les manches sont
presque carrés, avec les arêtes légèrement arrondies. Adhérant
au manche de lapièce^i^. 168b, c, se trouve un morceau d'étoile
grossière en laine de lama couleur brun clair et qui doit avoir
servi à rendre plus doux le contact avec la main. Cela indicjue
que ces instruments étaient employés pour un travail particu-
lièrement dur.
''> Voici l'analyse de l'un de ces mé- Calrimn o.i3
léoiilcs, provenant de la Lafjuna de Inii- " " "".' " ' r
, ' 11^4 Pol.ISMUlU o.lb
lac, au sud-ouest du Salar de Alarania : Pliosnlion' o-33
ff «**•"' I' '"" Celte analyse a été laite dans le labora-
'^'"'^"^ '"'^ tolre de Bunsen et publiée par M. I. !)-.-
Cobalt .
0.70
Magnésium 0.22 nieyko (118 bit, p. 73).
7:»'i ANTinriTKS ni i \ IlECION wdine.
(inociiETS EN BOIS. — Prescjiu* tous les cadavres de Calaina
avaient auprès dVux un ou plusiiMirs crochets en lx>is, de ia
nH'Mue Inniie cpie ceux (|ue nous aNoiis reiicoutrés dans toutes
les sépultures de la (Jiiehr.ida del lOro et de la l*uua de .lujuv.
La //</. 170 en re|)réseiile (]uel(|ues spécimens provenant de
Oalania. Pour la plupart, on a cluiisi des morceaux de branches
darhres naturellement courlw'es. Une seule pièce est faite d'une
ti^e droite et |)résente maintenant la forme d'un arc, à c^use
de la pression à laquelle elle a été soumise. La distance entre
l«»s }N)intes extrêmes des diverses |)ièces tr()uv<*es à Calama esl
de n" i'.\'}. ;i o^o.S.'). Les cordes en laine attachées aux crochets
sont pour la plupart tressées de cordelettes de dillérentes cou-
if m s : iMtir. Manc, hrun loncé, brun clair.
.Nous avons, page ^gS, discuté en détail la destination |)rf>-
hable. de ces curieux crochets.
DiNins oiiiKis. — Fuj. KiS r. Haton en bois l)lanc, proba-
bleiniMit i\ahi<iirnho, de o""u.> de lon«^iietir. L'extrémité su-
périeure de i'v bâton représi'ute une tête humaine a lace plate,
où les veux et la bouche sont indiipiés au moyen d'incisions;
le nez est en rehel. I.fxtrémité iidérieure n'est pas cassée,
ronnne on poin r.iit le mure; la piècx» est donc reproduite sur
la li«;ure dans toute sa lon;;ueur primitive. Il s'ajrit |)eul-élre
d un bâton de eonimandement.
/'*//. las tj. LoiiL^m* pieci* plate en b<us blanc a ld)res
droites, de o'j)!.) de lon^Mieur, o^o'j.) de lar;;eur maximum
et o"oo6 d'épaisseur. Les b»>rds sont léj^erement arrondis et
bien lisse», (iette pièce ressembir |)arlaitement à celle du cime-
tière (II' Morohuasi, reproduite fuj. 7 à a v[ décrite |)age '.\^i. Cv
sont très probablenn-nl des outils niiploNes dans le métier a
tisser, peut-étn' pour serrer le (il de l.i IraiiM' loixpul a «tr
introduit entre les (ils de la chaîne.
Iiij. îff'J h. l'elil balon c\lindri(pie de o™j3 de longueui'. a
extrémités arrondies. Près de l'une des extrémités se trouve une
incision annul.iire. Lmploi inconnu.
ARCHÉOLOGIE DU DÉSERT D'ATACAMA. 735
Fig. 169 d. Pièce mince, en bois très dur, pointue. Emploi
inconnu.
Fig. 169 e. Petits bâtons en bois, de 0"" 18 à o'" 19 de lon-
gueur, et dont l'une des extrémités est perforée. Huit de ces
pièces se trouvaient ensemble dans une sépulture. Leur des-
tination est énigmatique.
Fig. 169 (j, r. Deux petites tablettes rectangulaires, minces,
bien lisses. La première est de o™ i3o de longueur sur o'°o55
de largeur; la seconde, de la même longueur sur o'^oSS de
largeur. Près de l'un de leurs bords, ces tablettes présentent
une rangée de petits trous. La première de ces pièces était
entourée d'une ficelle tressée en laine de lama couleur brun
clair. On ne saurait dire quel a été femploi de ces tablettes.
Fi|^. 164. — Peigne moderne, en bois, fabriqué par les Aymaras du sud du lac Tilicaca.
2/3 gr. nat.
Fig. 171 f. Peigne de g"* i55 de longueur, à dents en bois
blanc. Les dents sont disposées entre deux pièces de bois
renfermées dans un tressaj^e très babilement fait avec de la
ficelle en laine de lama. Cette ficelle sépare les dents en même
temps que le tressage les retient à leur place entre les deux
pièces de bois. Les dents semblent être cassées d'un coté de
ces pièces et ont probablement été de la même longueur de ce
côté que de l'autre, comme c'est le cas pour deux peignes très
semblables, provenant de grottes funéraires de Casabindo et
reproduits par M. Lehinann-iNitsclie (210, p. 34,35; pi. iv, f 7, g 5),
ainsi que pour deux auties peignes, trouvés par M. Erland Nor-
75r, WTini ITKS I)K LA UKCIo.N VMUNF
(ifiiNkiold 269, |>. 3o. 3i; pi. 3.(Ig. 4. i); dans des grottes sépulcrales
de la \ allée (r()Ha(liea, au lun'd du lar Titicaca. Les Indiens
aelufls de la Hnli\ie lahriquent des pei^ii«»s d'aj)rès la même
uielliode. J'en reproduis, y/y. Kr^t, un spécimen jM)ur serxir de
comparaison. Ce |)ei«(ne, de lahrication avmara, lut ac^piis
p.ir il Missidii à ta grande ioire de Copacahana. Il <>st lait
e\act(*menl <!•• la même manièn* cpir (ciin du <imelièn» de
(ialama. Les dents en l)ois sont placées entre deux morceaux
de ro.seau fendu, enveloppés d'un tressage en Id de coton
hieu et hianc. formant un d«\ssin. I)<*s peignes fal)ri(|ués de la
même manière sont «'galrment en usage chez des trihus habi-
tant (Ml rlehors du haut plateau. M. .Nordenskiold \2BA, p. 398)
nprnduit nii peigne fait d'après la même métluKle, des Atsa-
huaca.s di* la région du Ilio Tand)o|)ata. dépendant les dentN
de ce dernier peigne sont moins nond)reuses et l>eaucou|) |)lus
longues (pie celles des |)eignes (pie nous venons d(» décrire.
I''i(j. I7"J (. \iguille a coudre, de o'" 1 .S() de longueur,
poui'Nue d un chas, très j)oinlue, en hois noir très dur. (iette
aiguille servait à attacher r»'!i\eloj)pe du cadavre décrit plus
h. ml soiis le m" 4- L'aiguille l'sl i(lenti(pie à celles de Savate,
reproduites y/*/. 1 '2 1 /. . / e| «jecnles |)age ^98, s<Milement ces
dernières sont plus j)etites.
l'ifj. 17'2 i',/. Deux lusaïol(>s en lK)is dur.
/''jf/. ty'iij. Ltui en hois, de o^o.) de hauteur, ouverture
ohlniigue, creux jus(|u'.i une profondeur de »»'"<» '| , à parois el
lond minces.
De nomhreux fragments d'autres ohjets en l)ois provenant
des si'pullures de (ialaiiia .sont impo.ssihles à identifier en ce
qui concerne |;i tonne d(\s oJ)jets dont ces fragments ont fait
partie. On reconnaît cependant plusieurs morceaux de hâtons
à fouiller, semhlahles a ceux (pie nous avons décrits d(» Pucara
de ninconada, pag»* f>'|(), et (huit un spécimen est reproduit
Juj. I.'i? b. IMusieurs autres fragments pro>iennenl de cuillères
en bois.
Au cours de ses dernières fouilles a Calama , M. .Sénéchal de la
ARCHEOLOGIE DU DÉSERT D'ATACAMA. 737
Grange a trouvé, dans une sépulture, une trompe en bois d'en-
viron o°8o de longueur, affectant la forme d'un olifant.
Une autre trouvaille intéressante de ces secondes fouilles est
une sorte de chapeau ou coiffure composée de petits morceaux
de bois plats ayant des encoches à une de leurs extrémités,
qui permettaient de les réunir en forme de cône. A cette coif-
fure adhéraient encore des plumes roses de flamant.
Une statuette en bois, de o"' 20 de hauteur, ressemble à la
figure sculptée sur la spatule reproduite y?^. 173. Cette sta-
tuette a une main placée sur le ventre et l'autre sur le dos.
Des fouilles de 1906 proviennent aussi de petits récipients
carrés, taillés d'une seule pièce de bois et divisés en plusieurs
compartiments. M. Thomas Evvbank (125, pi. x, Hg. G) reproduit
un objet semblable, provenant d'Arica. Au Pérou, on a fré-
quemment trouvé de ces petits récipients, mais en terre cuite.
Ce sont des boîtes à fard, comme le démontre un spécimen
mentionné par M. L. Wittmack (380). Cette petite boîte, pro-
venant d'une sépulture d'Ancon, avait quatre divisions, toutes
remplies d'une pâte (^urucû) du fruit de Bixa Orellana, Lin.,
duquel, comme on le sait, se servent encore de nombreuses
tribus indiennes pour se peindre la face et le corps. La boîte
était fermée par un morceau d'étoffe attaché avec une licelle.
En dehors des armes et des outils de travail et ustensiles de;
ménage que nous venons de décrire, les sépultures de Calama
ont fourni d'autres objets en bois, d'un emploi problématique,
sculptés avec un soin et une imagination artistique assez re-
marquables. Ces œuvres des sculpteurs du Désert d'Atacama
se retrouvent toutes dans les grottes funéraires de la Puua (!<;
Jujuy. Ces objets, si compliqués et en même temps si res-
semblants, constituent l'une des meilleures preuves cl*' l'nnllc
ethnographique de ces deux régions et indiquent (pie la Puna
(le Jujuy fut jadis habitée par des Atacamas, comme le D('\sert
d'Atacama. Ces pièces consistent en de petites tablettes sculp-
tées, en tubes sculptés contenant des épines et en certains
758 wiioniKs m: i.\ ntmofi andine.
outils avant la forme de spatuir avrr d«\s Hj^iires sculptées au
bout (in manche.
IMu.KTTKS SCLIJ'TKKS. — Lt'S /ay. 1/1 a v[ 17^2 a, a n-piè-
Nriilnil (jru\ fl«* rrs tablettes. La première est faite de l>ois dur,
iXnlqnrntlm probablement; elle a o" i 'i de lonj^Mieur, V compris
le mancli)', el o^o.î de lar«;eur. La dépression rectan«;ulain'
de celte tablette est le«(èrenient concave el le dos montre une
coiiNcxité cfirrespondante. Le manche représente une tète de
condor sculpté»» a\ec beaucoup de naturel. L'autre tablette,
en lw)is noir très dur, se Noit //y. 172 a, a des deux côtés; elle
a o"* 12.) de Ijuij^ueur totale et o°*o'|o de lar«;eur. La dépres-
sion rectan«;ulaire a o^oG.H de lonj^ueur sur o""OQ2 de lar-
f;eur. Une partie dr l.i l.d)lette est detruil»- el des éclats se sont
détachés sur !•• (It\.iiil des dru\ ligures servant de m. niche.
(!elles-ci repré.sentent des personnaj^es monstrueux avec un
museau de chien tombant sur la poiliine. Les deux têtes ont
des oreilles diri^^èes vers le haut; l'une ;i iiiii> corne sur le
Inuit, l'autre a du é«;alement avoir un«' corne, mais elle est
sans doute tombée avec une jiartie de la fac<». Les bras n\s-
seinhlenl a des bras humains; ils .sont séparés du corps par des
fentes. Les deux personnalises ont de l.iri;e> ciintures ornées de
j^reccjues. Le bord latéral de l.i tabh'lle. (|ui est entier, j)résente
au milieu une p(»tite dépression reclani^ulaire; l'autre lM)rd
a\ai( probablement une dépression semblable. Dans la collec-
tinii donnée au Musée de Monaco, d v a une troisième tablette
d(Mil le manche représente un personnaj;e monstrueux. En
décrivant paj;e 6.^1 une de ces tablettes, provenant d<* l'ucani
(Il liinconada, j'ai énuméré tous l»s spécimens connus et j'ai
rendu ( nm|)te de leur distribution ^éo^rajihicpie depuis le Bas-
IVroii jus(prà la province Av S;\u luan, dans la République
Arj;;entine. J'v ai parlé aussi des sup|)ositions émises en ce cpii
coiicrrne l'emploi de ces l.d)letteH.
Tl BK8 SCULPTÉS CONTKN\NT DBS ^.PINKS. Un He CCS lllbes
ARCHEOLOGIE DU DÉSERT D'ATACAMA. 739
est reproduit, vu de face et de profd,^?^. 17i d, e. 11 est fait
d'une seule pièce de bois ressemblant à celui du cedro [Cedrela
Lrasihensis, Jiiss.), qui est employé, comme nous l'avons déjà
dit, pour un grand nombre d'objets de la Puna de bijuv. Le
tube, d'une longueur de o'" 176, est percé d'une extrémité à
l'autre d'un canal cylindrique de o"oo5 de diamètre en liant,
diminnant jusqu'à o"'oo/4 en bas. Le tiers supérieur du tube
est plus large que le reste; cette partie a la forme d'un cylindnî
à surface incurvée. Au-dessous est sculpté un personnage à tête
monstrueuse : grandes oreilles et grand museau. Le corps a la
forme humaine; les bras sont séparés du corps par des fentes;
les jambes manquent. Dans la partie supérieure du tube est
placé un petit paquet d'épines de cactus, dont les extrémités
non pointues étaient, lorsque la pièce fut trouvée, attachées
ensemble au moyen d'un fil de boyau. Cette ligature a été
défaite, de sorte que la figure montre les épines séparées, dé-
passant l'ouverture du tube. Quelques-unes des épines gardent
encore le petit corps discoïde qui reste toujours au bout de
l'épine de cactus quand on l'arrache de la tige, d'autres ne
font pas conservé. Ce tube se trouvait enveloppé dans un mor-
ceau d'étoffe ficelé au moyen d'une cordelette en laine et placé
entre les vêtements d'un cadavre.
Les fouilles à Calama, en igoô, donnèrent une pièce ana-
logue à celle que nous venons de décrire, et qui présente le
même personnage monstrueux, mais représenté dans la posi-
tion assise. Cette pièce est conservée au Musée d'ethnographie
de Monaco. Un autre spécimen, très semblable, provenant
d'une sépulture de Chiuchiu, est reproduit fuj. 17 â a et
décrit page 769.
Un tube de la même catégorie, mais beaucoup plus sim])le,
sans ligure sculptée, reproduit //</. 171 c, a été exhumé à Ca-
lama. Dans cette pièce, la partie supérieure seulement, la phis
large, est en bois (ïahjarrobo, semble-t-il; la partie inférieure
est un tube plus étroit, formé par une portion du radius d'un
pétrel géant, introduit dans le tube en bois. Ce dernier a o"'0 7'i
7'iO ANTIQl ITES I)K LA RECilON \M»I\K.
cl«' lonf^iieur pI 1«* tiilx» en os o" i38; la pièce complète, lorscpu*
l<*s cl»*u.\ tiib«'s son! l'iiilMïifès l'uii dans l'autre, a une lon«;ueur
de 0*165. La ix»rrf)ration de la partie en lx>is présente une
section ohlon'MH*, d»- la même form»* et d»* la mèm«' jrrandrnr
mw Tos (Hii doit \ entrer. Lrxtrémité du tube en os pré>ente
des marques fini jxMivrnt avoir été faites avec les dents d'une
ix'rsonne (jni aurait «ii Ir tuhe dans la 1k)ucIu*.
I)rs tul>es srulj)tés semhlahlrs contenant di's pa(|uets d'épines
de cactus lùuil «li' trouvés que dans le Désrrt d'Ntacama,
dans la Puna de Atacaina et dans la Puna de Jujuy, excejjlé
deux ^pécimi-ns qui ont été décrits comme provenant de la
Vallée de VocaNii. (ies ohjel^ jxMivent donc être considén's
comme caracl<'risll(|ues de rarcln'olo«(ie de la ré«(ion des an-
ciens .Atacamas. \oicl les spécimens (pii ont rU' publiés juscpi'à
présent. \l. I.»liiii.irm-Nitsclie (210: p. 10, a3 el a8: pi. 11, a4. a5, î6:
III. 3i;iv. A 6) décrit, sous la dénomination (Yal/ilvlcms ou escan-
firadiirrs, trois de ces tubes de Santa (iataliiKi. un de Sanjuan-
mavo et un de (iasabindo. M. And)rosetti 28. |». la ri wiiv.. |»l. n
reproduit les |)ièc<«s publiées par M. Lebmann-Nitscbe et v
ajoute un spé( imen (I Wntola^asla de la Sierra partie sud de la
Puna «le \tacama), un autre de Santa Maria <»t un troisième
d.\inaicba. I unies ces pièces .sont send)lables <piant à la lorme
j;énérale «1 a l.i ptrloration; ileiu spécimens de Santa (iatalina
el ciliii (!»• .S;ii)|ii;iiimavo couserveut encore leurs pacpiels
depines, comme les nôtres d(* (ialaina et de (iliiuchiu. Il est
donc liors de doute (lue tous ces tubes ont contenu des éj)ines
de cactus, L»'s lij^ures sculptét's dillerent; 1 un des tubes de
Santa (iatalina n'a pas de sculpture, il ressemble à celui de
(ialama y/y. /// r, a\ec ctllr (bllV-rence (pi'il est fait (l'une
seule pièce en lM>is, au lieu détre coin|)osé d'un tul>e en Ixiis
et d un auln' en os, comme ce diTuier. Deux s|M'*ciniens de
Santa (iatalina montrent ries |M*rsoiniap>s monstrueux tout à
fait stMublables à ceux de (lalama, //«/. /// d. r, et de (lliiu-
chiu. La lij^Mire s<idpté«' sur le tuU» de (iasabindo est incom-
plète el il est ini|)o.sbible de l.i rei oim.iîlre, de même cpie celle
ARCHEOLOGIE DU DESERT D'ATACAMA. 741
du spécimen d'Amaicha, dont il ne reste qu'un fragment. La
pièce d'Antofagasta de la Sierra représente un Indien assis
tenant en mains une hache. Enfin les tuhes de Sanjuanmayo
et de Santa Maria sont ornés de figures sculptées de quadru-
pèdes ressemblant à des pumas; celui de Santa Maria présente
on outre, du côté opposé à la figure de puma, une figure hu-
maine entière, étendue de dos sur le lube. Dans la collection
Zavaleta, à Berlin, il y a un tube entièrement fait d'un morceau
d os et ayant les mêmes dimensions et la même forme que les
tubes en bois : la partie large en cylindre à surface incurvée,
et la partie étroite en tube droit et mince. D'un côté de cette
pièce est esquissée en relief une ligure rudimentaire, peut-être
anthropomorphe; de l'autre côté, un caïman ou lézard est
sculpté dans fos avec beaucoup de naturel. En outre, la pièce
porte comme décor plusieurs cercles à point central gravés,
semblables à ceux du topo ficj. 13 a, et autour de la partie
étroite est enroulé un ruban en cuivre laminé. Cette pièce,
cataloguée au Musée de Berlin sous le n** V. C. 4583, provient
de Luracatao, situé sur la frontière de la Puna de Atacama et
du département de Molinos (Vallée Calchaquie).
La destination de ces tubes, d'un décor tout spécial, et de
leurs paquets d'épines est énigmatique. Les épines n'ont pu
servir d'aiguilles ou d'épingles; elles sont trop faibles pour cet
emploi. Si les tubes avaient été de simples étuis destinés à con-
tenir celles-ci , ils n'auraient pas été perforés d'un bout à l'autre ;
le creux aurait eu seulement la longueur suffisante pour faire
entrer les épines. De plus, les paquets d'épines sont liés d'une
manière qui démontre que cette ligature devait être définitive
et qu'on devait se servir du paquet entier, sans l'ouvrir. D'ail-
leurs, s'il s'agissait d'aiguilles à coudre, elles auraient dû être
pourvues d'un chas comme les aiguilles en bois que nous
avons décrites; les épines de cactus avec le corps discoïde ne
pourraient jamais servir d'aiguilles à coudre. Seraient-ce des
aiguilles à tatouage.^ Plusieurs tribus du Chaco et du Brésil
se servent en effet d'épines de cactus pour se tatouer; mais si,
n. A8
742 ANTinriTKS hl I \ Kh(.lU.\ AM>I.Nh.
comme il me semble, les paquets étaient liés (l'iiiie façon per-
manente, ce n'est pas jHnir le tatuuaj^e que les épines ont été
employées : il n'en fiiiil |X)iir rrttr opération (pi un»' srulr à la
lois. Knlin, iMUircjuoi uirllrr U's éj)inrs a tatouer dans un IuIm-
«1 iMiii pas dans un étui ayant un fond.'
\I. Lrlimann-Nitsche (210. |». io)a iorniulé um li\|Kjlliès<' sur
l'usaj^e de ces paquets d'épines ri mu Inirs ^^aines «mi l)ois.
D'après lui, les épines auraient été employées pour srarilier la
i)eau, et les tubes auraient servi ;i |)niii|M'r le sanj; à l'endroit
scarilié.
T. a srnrillralion lait parlu- des operalions inédirales pra-
ti(piées elle/, beaucoup de tribus indiennes, aussi bien dans
r\niéri(ju»' du Sud cjue dans rAuiéricjue du Nord. Suivant Lo-
zano(219. |». 97), les « médecins » des Lules (Tonocotés)du (ibaro
suçait'ut le sang des malades, en tenant iirn' |nMnle <le flecln"
dans la bourbe. L'opération aebevée, \v <• médecin • montrait
la |)oinle de Herbe vu disant au malade (pu! l'aNait extraite
de la blessure. La tbéorie de M. Lebniami-Nitscbe n'est donr
pas invraisend)lal)le, l)i«'n (pie sa certitude ne soit pas sulli-
samment prouvée. Ce (pii m'étoiuie dans I argumentation de
M. Lelunann-Nitscbe, c'est i|imI \eul voir des « vampires • dans
les iHTsonnages monstrueux des deux tulx>s de Santa (^atalina,
send)lables à ceuxde Calamai't de (ibiucbiii, il donne ce lait à
l'appui de sa ibéorie sur ri'iiij)l(ii de ces tub«'s jK>ur |)omjM'r
bî sang. Ces personnages ont tous un corps bumain, et, d après
ce cpie je pms vou', leurs tètes ont très peu de ressend)lance
avec les vampires. Dailleurs, les autres sjM'cimens, ornés de
pumas, etc., ne confirment |)as rbNj>otbésc de Ttruiploi de ct*s
tubes |)our sucer le sang.
Il faut tenir < (>n)|)te (b> ce cpie la scarification n'avait |)as
loujours un but médical. IVapres Lo/.ano (221. 1. p. 16), les In-
diens d(> Santiago del Lstero se .saignaiiMit lors de la mort d'un
parent. L<»s anciens Mexicains se picpiaient les oreilles et la
langue avec cbvs épines d agav«* ihitit:h , pour ollrir en sacrilite
aux dieux les gouttes de sang qui n>staient a la jKtinte de
ARCHEOLOGIE DU DESERT D'ATACAMA. 7'i;i
l'épine. Ces hiiitzli étaient conservés d'une manière spéciale :
trois épines alignées étaient plantées dans une quatrième et
la pointe de cette dernière était introduite dans une balle de
paille d'une certaine forme, nommée zaca-tapayol IL Les luiitzli
et les zacatapayolli sont ùf^urés dans plusieurs des codices mexi-
cains, et Sahaoun (320, i, p. 21 3) décrit ces sacrifices de santr
extrait au moyen de piqûres laites avec des épines d'agave. Si
les paquets d'épines de cactus décrits plus haut sont des instru-
ments pour scarifier, il se pourrait que cette scarification ait
eu un but religieux aussi bien que médical.
Quoi qu'il en soit, aucune de ces solutions ne dépasse les
limites d'une simple hypothèse; nous n'avons pas en effet de
documents pour pouvoir définir avec quelque certitude fusage
de ces tubes sculptés.
Spatule sculptée. — A sa deuxième visite à Calama,
M. Sénéchal de la Grange a trouvé dans une sépulture une
sorte de spatule en bois noir, conservée au Musée de Monaco
et reproduite de face et de dos fi(j. 173. Elle a o"" 26 de lon-
gueur. A fextrémité supérieure est sculptée une figure hu-
maine, coiffée d'un bonnet dont la partie postérieure retombe
sur le dos. Les yeux sont formés par des pierres verdatres,
cylindriques, incrustées dans le bois, mais celle de fœil gauche
est tombée. Seule celle de fœil droit reste; elle est perforée au
milieu, le trou représentant la pupille. Cet art de décorer les
objets en bois avec des pierres incrustées était commun aux
anciens habitants de Calama et à ceux de la Puna de Jujuy,
comme le démontre une tablette rectangulaire provenant de
Santa Catalina et reproduite par M. Lehmann-Nitsche (210, p. 8,
pl. 11,18). Les oreilles du personnage de la spatule sont repré-
sentées comme étant perforées et traversées horizontalement
par un morceau rectangulaire de bois qui n'est pas visible sur
la photographie. L'homme est vêtu de deux tuniques, fune
plus longue que l'autre, et autour de ses épaules est attaché
un autre vêtement, probablement un poncho roulé de la ma-
is.
744 ANTIQIITES DE LA RKGION ANDINE.
nière en usaj^e chez les Indiens actuels, quand ils v envelopjxMit
des objets jK)ur les porter.
(iette |)ier«Tonlril)ue à un haut de^^re à démontrer l'analof^ie
d«*s Irouv.iilles de (ial.mia avec celles de la Puiia de Jujuv.
MM. Lehniann .Nilsclie 210. p. a;, pi. i\. a a" et And)ro.srlli 23.
p. a;) re|)roduisent et décrivent une spatule très semblable pro-
venant de (iasabindo". Elle est presqu»' de la même grandeur,
et à peu près de la même forint' (jin' le spécimen que nous
avons décrit; .seulement, au liiii d im personnaj^e sculj)té, elle
• Ml j)rést'nte deux, enlacés comme les jumeaux siamois et dont
les coilîureN diflerent de notre spécimen. Par contre, des coif-
fures .send)lables à cr'lle de cettr dernière se trouvent sur la
léle des pi-r.sonnaf^es sculptés qui .ser\ent de manches à unr
labN'It»' rn i)ois provenant dr Itinconada, décrite et n*produili'
pu \I. \iid)rosetli '23. p. 7b).
Cloches en bois. — Ces < loc hes .sont peut-être les pièces les
plus remarcjuables de (lalaina. M. S^Miéchai de la Gran«;e «»n
a trouvé une dans ses premières lojiillrs r[ trois autres a .sa
deuxit'ine visite. La première est rej)ri .sent«*e dans (jualre |M»si-
lions diirérentes, //V/. 175. Klle se trouvait parmi les j)oleries
(|ni acc(Mnpa^naient un cadavre dans .sa sépulture. (!ette doclu'
a o" i()o de hauteur; son ouverture v\ sa face suj>érieun" ont
la lorme d'ellipses dont les ax«*s lon<;itudinau\ «t transversaux
ont resj)ectivemenf : pour l'ouverture, o" 'àSo et o"o93; |)our
la face supérieure, o'" oc).') rt ()"'()(]>. I^a cloche est faite d un
bois fibreux et lé^'er, de couirur brun Iniiré, |)eut-être du bois
de Crdrvlti. iy«'xlerieur est |)nli, parlailrnienl lisse; mais a 1 in-
térieur on voit les traces de linstruinent (pii a .servi à creu.ser,
•'I (pii était une .sort»' (If j)iiiin. priit-être en |)ierre; toutefois
\\ \\\' ^a^^il pas d un instrument m Inmie de coutiMii «î lon^'
tranchant, «-oinin»' !»• démontrent clairement les traces. Les
parois de la cloche sont remarcjuables parla rej^ularite de hur
<*' M. A>nhnt»cUi donnr rrUc pièi-c nad« . I«n«ii> qiM> , d'apiV% M. I^hmann
eommr provenant de Piiram Hr nin«-rv Nil»rhf. rlle « i^té trouvée à CaMbinHo.
ARCHÉOLOGIE DU DÉSERT D'ATACAMA. 745
épaisseur, qui est sur les côtés larges de 0°" oo3 , et augmente,
vers le haut, jusqu'à o'^ooS; sur les arêtes latérales de la
cloche , l'épaisseur est de o"' o 1 o à o"' o 1 1 , et celle de la face
supérieure, de o"* oi5. Dans cette face supérieure, il y a deux
trous rectangulaires dont la position se voit sur la figure dé-
signée b. Sur les côtés, au-dessous de ces trous, on remarque
deux autres petites perforations de o"^ oo4 de diamèlre, visibles
sur les figures b et d. Les grands trous aussi bien que les petits
ont dû servir pour fixer le battant et la corde au moyen de
laquelle la cloche était suspendue. La cloche a été fendue près
du bord, d'un côté, comme on le voit sur la figure b à gauche,
et la fente a été refermée probablement au moyen de ficelles;
les petits trous où l'on a fait passer ces ficelles sont visibles
sur la figure, deux de chaque côté de la fente. Les trois autres
cloches sont identiques à cette première et ont presque les
mêmes dimensions.
Comme il a été dit page 6 i 4, le D' Uhle a trouvé dans les
grottes funéraires aux environs de Casabindo, dans la Puna
de Jujuy, deux cloches en bois de la même forme que celles
que nous venons de décrire. Ces spécimens et ceux de Calama
sont les seules cloclies en bois connues de TAinérique du Sud,
et les trouvailles de ces objets si spéciaux et dans le Désert d'Al-
tacama et dans la Puna de lujuy démontrent d'une manière
positive que le même peuple habitait jadis ces deux régions.
Des cloches en bois sont encore, de nos jours, en usage chez
des peuples sauvages d'autres parties du monde; par exemple,
les Niam-Niams de l'Afrique en ont, pourvues de battants.
Il est étonnant qu'on n'ait pas découvert dans les sépultures
de Calama les instruments qui ont servi à travailler tous ces
objets en bois, dont quelques-uns, surtout les cloches, sont
fort profondément creusés, et d'autres constituent des œuvres
très compliquées de sculpture. On n'a pas trouvé, non plus,
dans le cimetière, d'outils en cuivre pouvant avoir servi à tra-
vailler le bois. Il faut donc supposer que les menuisiers et
7^6 ANTIQl ITKS DK LA RKfilON ANDINR.
Ipssriilptriirsd** (ialaina s«» sont servis dinstniincnts en pierre.
Il est surprenant (piils aient pu faire ce qu'ils ont fait avec
des outils primitifs, |i|s (jue des morceaux <h' sil«'\ «m (f'(»j)si-
(liiMiiir.
Masoii. k> iiois, — Au (ouFbde ses fouilles de lyo.), M. S«»-
nf^'clial de la Graiij^e a trouvé, dans une s«''pulture, un masque
en Imis parfaitement adaptable à la face d'uii jimiime, iMUirvu
(l'un Ihiil; riiiiM'.iii rt ayant des trous pour les yeux. D'autres
petits trous ser\«'nt à fixer la cordelette avec lacpielle on alla-
cliait le mas^pie à la tète. Le mas(|ue a une certaine ressem-
blance avec la fif^ure monstrueuse sculptée sur les tubes con-
t(*nant <fes ••j)ines de cactus (pie nous \eiions de décrire. (!rtt«'
pièce fut trouvée auprès d iiii cada\re, mais en deliors des
vêtements qui I <'ii\('lop|)aient.
N'ayant pas nu cri luléressant objet, (pii est conservé au
Musée (If Monaco, je donne cette descrij)li<ni (raj)rès les i*en-
sei«^nenu'nls (pu* iii'rn .1 fournis M. Sénéclial dr la (îran«;e.
Calebasses. — I^es sépultures dr (ialania ont fourni un
^rand nond)re de calebasses coupées par le milieu et servant de
récipients. Il v en avait dr |>lusieurs «;;randeui*s et de divenw's
Iniiiits. siiriniil (lis spliéricpies rt des i)\riformes. Mais toutes
ces calebasses pn>\ Il iiuiMil , selon M. .Iul(*s Poissnu, de la même
esjxMi" (le (•u(url)ilacée, celle (pu a fourni «'i^alement les cale-
bas.ses de Morobuasi, de Tasiil cl de PucarA de Hinconada.
Plusieurs spécimens, dont (piel(pii>s-uns sont repHubiits
//(y. I /(> el 1/?, montrent d«'s dessins coinpli(pn*s, exi'cuté.N à
la pyroj^ravure. (!es dessins ne présentent pas Ix'aucoup d'ana-
logie avec ceux des calebasses pvn)j;ravées de Tasiil, n'pro-
duites//y. 8â , mais certains ornements de calebassi's de (ialama,
cdimne celui ipii es| < oinposé de S coucbés, s«* retrouxent sur
des calebasse> ^'ia\ee.s |)ro\enanl d'Vrica et dont une est n»pro-
duite par \IM. Slilbel et Heiss 340. 1. pi iT». n^v 19 . (]et ornement
se retrouve, également sur d<'s calebassi's de la Pnna de Jnjuv,
ARCHÉOLOGIE DU DÉSERT D'ATACAMA. ikl
suivant les figures publiées par MM. Ambrosetti (23, p. 7G-78) et
Lehmann-Nitsche (210, p. 47). Les calebasses de Calamay?<y. 176
a, c présentent une rangée d'oiseaux gravés au-dessous de la
bordure. Un décor analogue se trouve sur une calebasse pyro-
gravée de Rinconada, reproduite par M. Ambrosetti (23, p. 72),
mais dans cette dernière pièce on ne voit que la tête et le cou
des oiseaux.
Une des calebasses de Calama contenait des gousses de Pio-
sopis; plusieurs autres, des grains de maïs; dans un autre sj)é-
cimen, on voit encore le contenu de graines de Prosopis,
formant une masse solide qui adhère à la calebasse.
Objets en os. — Deux topos, ou épingles servant à attacher
les vêtements, sont reproduits y/ry. I7'J h et i72 h. Le premier,
dont f extrémité est cassée, est imprégné d'une matière, pro-
bablement un sel de cuivre, qui fa teint en vert. Plusieurs
autres topos en os, la plupart avec la tête en forme de spatule,
comme le spécimen Jig. 171 b, furent exhumés au cours des
fouilles de 190 5.
Les tubes y?^. 172 h, i, de ©""oôS et o"'o85 de longueur
respectivement, sont faits de la partie centrale de deux fémurs,
le premier de vigogne, le second de lama. L'intérieur est bien
gratté, ce qui rend les parois minces. Ces tubes ont dû être
employés comme étuis, puisqu'on remarque, près des extré-
mités, des incisions superficielles qui sans doute ont été faites
pour bien fixer le fil au moyen duquel devait être attaché le
morceau d'étoffe ou de peau qui fermait le tube.
Un autre tube, fifj. 172 d, de o"* 1 6 i de longueur, beaucoup
plus mince que les tubes précédents, est lait d'une portion du
ladius d'un pétrel géant. Ce tube porte les traces do quatre
ligatures. Son emploi est inconnu.
La fi(j. 169 c représente un objet commun dans les sta-
tions préhistoriques de différentes parties du monde. On s'esl
habitué à dénommer ces outils «poinçons», mais peut-être
leur destination était- elle quelquefois tout autr(\ coin me \v
7W
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ANTIQIITÉS DK LA RÉGION ANDINK.
<l»"iii()n!n' l'oiilil à tisser reproduit /i(j. 95 d et
dfcnl [)a«;e V|3, fait de la môme maiiien*. Il v
a\.ii! |)lii>i«Mirs de ces pièces dans les s»*|)ultures
(Ir (iiilaiiiii. Klles sont faites de la partie supé-
rieiin> du nctatarsifii d'un lama, cet os avant
ètè rendu bien pointu en le pilissant avec
beaucoup de patience. M. Lelimann-Nilsche
210. I». 3i. pi. IV. c 5 reproduit un d»' («'s oulds,
|>ro\enaiil d un»* «grotte lunéraire de (iasahindo.
Objets en pierre. — Les j)Iun {(mumiums sont
Ifs jxllrs, dont une est rej)ro(luil«' //y. liiS d.
i.v[U' prli»' est eu scliiste, d'environ G* oi
d épaisseur. !.•• manche, qui send)le en Ixïis
(\ (ilijiirndm , est I)i»mi (IkhI, mais f^rossièrenn'nl
arrondi. •'! a o" 79;') de lon<(ueur et o" o3.) d <•-
p.iisM'ur. l/extrémil»' du niaïuhe présente un»-
iiilaillr aplatir, d'une lon;;u»'ur (le o" 080, ser-
N.uil à v li\»'r la pcHr en s( liiste, (oii prohahle-
Micnt était attaciiee au mau(d)r par i\y> l.uiiere.s
ffi |M'au. De ci'tte manière, il jiarait dilTirile de
lixtT solidi'inrnl l.i j)t'||i', (|ui «st ass«*7. larj^e, au
ni.(ii(lH' htMuroiii) plus rtrnit; mais nue i)elle
• iiiinaiM'Iiee, de (iliiurliiu, la(pielle sera men-
li(inn«''i> plus loin, démontre (|ue ces |X*lies
• liittil ••nnuanrliées comme nous venons de le
Awi'. Lis pidir.s en scliiste sont communes dans
II" cimetière de (ialama. Hans certaini's sé|)ul-
lures, M. Sénéchal d«' la drange a tnmvé des
|»f|l«'s sans maiirlir, dont lune est n»prés«Mitée
//y. laU p: dans d'autn\s sé|)ultures, il y avait
seulement le manche; ce|XMidant la pelle repro-
duite fiif. !f)tS d a été tnuivée n\ec son manche.
Les Indiens actuels lahricpieut des |>elle.s en fer, mais ils
ont garde lancieu modèle des judles en schiste. .le reproduis
ARCHEOLOGIE DU DÉSERT D'ATACAMA. 749
fig. 165 une pelle en fer fabriquée par les Indiens de Colcha
(Nord-Lipez). La forme et remmanchement sont les mêmes
que dans les anciennes pelles en pierre. Cette pelle a o"" 700
de longueur totale, dont la lame o™ 2 45; la partie étroite de
cette dernière, où elle est fixée au manche, a 0°' 080 de lon-
gueur. La lame est très solidement attachée au manche avec
une lanière.
Au cours des fouilles de 190^, il ne fut pas rencontré de
pièces d'enfilage en pierre, ni en coquille; mais, en igoS,
M. Sénéchal de la Grange trouva quelques rares perles en
turquoise , en forme de disque , ainsi qu'une petite pendeloque
perforée représentant un oiseau.
Céramique. — Toute la poterie trouvée à Calama au cours
des premières fouilles de M. Sénéchal de la Grange est faite de
la même sorte de terre, avec le même dégraissant contenant
de très petits grains de feldspath et de mica. La pâte est assez
grossière bien qu'homogène, toujours de couleur rose. La
cuisson est assez parfaite et égale sur toute la surface du vase ,
mais on y voit souvent des taches noires provenant de brû-
lures. Les formes sont très simples, sans décor modelé et sans
peinture, excepté un seul vase décoré de lignes courbes très
simples, et aussi le petit \ase fi(j. 181, qui, je crois, a été intro-
duit à Calama du centre de la Bolivie. Quelques rares pièces
sont engobées avec de l'ocre rouge.
Voici des spécimens des formes principales :
Fifj. 178. Hauteur, o"'238; diamètre extérieur à l'ouver-
ture, o*" 160; diamètre de la panse, o"" 240. Engobé en rouge,
décoré de lignes courbes très simples, peintes en noir. Il existe
deux autres vases de la même forme, sans décor peint; l'un
d'eux a les mêmes dimensions que celui figuré ici; l'autre
est un peu plus grand. Ce sont les vases les plus grands de la
collection.
Fig. 179. Hauteur, o"" 160; diamètre de l'ouverture, o"' 1 4o;
diamètre de la panse, o"" 2 35. Forme sphéroïdale aplatie. Sans
750 ANTIQUITES l)K LA RKCION ANDINE.
décor et sans «mi«(oIm*. La surface présente plusieurs hrùlures
faites |)<Mirlant la cuisson. L'extérieur a été raclé avec un
instrument (|ui v a laissé de nonihreuses stries fines |)res(jui'
toutrs liuri/.oiitales. Lintérirur montre une croûte noire j>ro-
Nenanl d inir matirre or«(ani(ju«' dont ce Nase a été rempli. Il \
a un aulre sjM*cimen, plus pariaitement splu-rique, de o" 180
de liautcur.
l'itj. 180. Vase de la même formr (|ii. !«• précédent. Ilau-
l«'ur, ()"' i,S5; diamctrt' dr l'ouNrrture, o"" \\\i)\ diamètre de la
panse, o" 300. (ie va-se a, au lieu d'anses comme les autres et
au même endroit, de petits mamelons allon«^és. Il a été trouvé
enl<Min' d une corde (pii servait a le suspendre, (ietle corde,
(pli foriiH' aii-dess(Mis du vase un lrianj;le, est tressée en laine
de lama de deux conirurs : l»i nn «'l rouj^e; la première cou-
li iir rsl n.ihirrjl»', mais la «iruxirme a vU' ohienue i)ar une
Il inhirr. Les dillérentes |)arti(*s de la corde sont réunies au
nioNen d'éj)issiires, et non par des lueuds.
/'/y. lS,'i u-i. Neiil vases et éiuelles repn'srniant les formes
les pliiscommunes de» la poterir rln riincfiere de ( lalaina. Toutes
ces pièces n'ont pas de di'cor; deux seulement sont enj^olx'i's
en roupie. Un vase, de la même forme que celui désif^né par la
l«'llrr jf , élait lernn' an niovrn d un morceau d'étolTe serré
autour du «;onlot |i ir nnt> conlel(>ltr m laine noire et hianclie.
I*ar-<lessus s(» tron\.Ml nnNersée la cal<*l)asse j^ravée /k/. 177 c.
hHf. îiSl. Petit vase de o*" 1 jH de liauleiir, 0*100 de dia-
mètre extérieur a l'ouverture et o"' 1 j.) df diamètre à la pan*»e.
trouvé dans lune d(»s sépultures dt» (lalam.i. I\ile plus rouj(«' rt
plus line (pie «elle de la poterie j^énéraN* de ce cinn»tière. Sans
enrobe, décor juin! rn noir, (ie vase, le snd d»' ce jjenre parmi
l(vs lions. lillrs de Calama, est |)r(>s(jue identicpie comme |)ate,
forme et décor à celui re|)roduit //y. ItS'J et cpii j>rovient des
loiiilles de Nt (if ('.ré(pii Monllorl dans d'anciennes sé|)ultures
de la \ allce i\r (!aj;ua, dans le canton «le Yura !|irovince d«*
Porco), sur le liant plateau l>oli\ieii, iMitre Pot<»si et Huan-
chaca, à en\ir<»n Ifw.^"' do distance à \nl d'oiseau de (!alama.
ARCHEOLOGFE DU DESERT D'ATACAMA. 751
Les fouilles dans les vallées formées par les petites rivières de
Cagua, de Panagua et de Yura ont donné une grande collection
de poteries du même style et du même décor que ce dernier
petit vase. La figure de celui-ci se trouve, ainsi que celles de
quatre autres vases de cette région, publiée dans le rapport
de M. de Créqui Montfort (108, pi. vu, vm) sur les fouilles de
Calama.
La céramique de cette région est d'un style si uniforme et
si exclusif, que l'on ne peut douter que le petit Yase fig. 181,
trouvé à Calama, ne provienne du centre du haut plateau,
c'est-à-dire d'un pays habité à l'époque de la conquête par les
Chichas. La trouvaille de ce petit vase, unique en son genre
dans le cimetière de Calama, démontre qu'un commerce exis-
tait, au temps préhistorique, entre ces deux régions; le cime-
tière de Calama et les sépultures de la région de Yura sont
donc contemporains.
La partie du cimetière de Calama fouillée par M. Sénéchal
de la Grange en iQoS a donné, d'après ses renseignements,
des poteries plus élégantes de forme, plus grandes et mieux
ornées que celles de la partie explorée en igo/J. Comme ces
pièces se trouvent au Musée de Monaco, je ne puis les décrire
ni en donner des figures.
Vannerie. — Le platy?ry. 18â a o^Si de diamètre, le petit
plat,/^. 185, 0°' 17. Le petit panier, y?</. 187, a o'^og de hau-
teur et 0°* isî de diamètre à l'ouverture. Les grands plats, de
dimensions plus ou moins égales au premier de ces spécimens,
étaient assez fréquents dans les sépultures. M. Sénéchal de la
Grange en a rapporté une demi-douzaine. Dans fun de ces
plats, en l'exhumant, il avait trouvé des grains de maïs.
La vannerie de Calama est très régulière et bien tressée. Les
fils disposés en cercles sont comjîosés de chaumes réunis en
Faisceaux et provenant probablement d'une (espèce de Siijm.
Les chaumes simples qui croissent et recouvrent ces minces
faisceaux sont d'une autre graminée ou peut-être d'une c)pé-
752 ANTIQL'ITKS I)K LA HKCilON ANOINE.
racée. Ces derniers cliauines sont larges deo^ooS, plats, très
réguliers «»t très longs. A Putarâ de Rincunada, jai trouvi* des
fraifinfiilsde vannerie tout a l.iit (Iri.i même confection. D'autre
part, M. L«'limann-Nitsclir 210. |. s.). |.l. i\. l.^ reproduit un j)lat
de Casahindo, (|ui, a en jug«*r par la figure, est fgalrmfut de
la menu* .sorlr d«* vannrrie cpu' celle de (ialama.
L#e pacniet de joncs, //</. 186, se trouvait dans un p)l cassé,
exliumé d'une s«^j)ullmi'. Il n'v a ri«'n à l'intéririir du p.icjuet.
Je n«' saurai dire (oirlle était la destination de ces joncs, (|ui
sont diUiTtrils des chaumes ayant ser\i à la conlectioii d»- la
vannerie.
lin i()or), M. SéiU'clial de la (irange troUN.i .nilniir de la tête
d'un cadavre, et servant de coillure, un handeau d'In-rhe très
Fortement nattée et ayant inn' longueur de o"()o sur o'" lo de
largeur et o^oa d'épaisseur. Ce handeau formait deux epais-
seu^^ •'! était recouvert d'une lourrure dans no tri état de di'^
«niiijxtsilioii , (|ii'il ne lu! pas possihie (!•• I.i conserver.
Tissus. Cordes. — Les vêtements cpie portaient les cada\res
de (i.ilama «'laient des mantes ( ponchos j et des chemises ou tu-
nicpies ramiscfds^ sans manches. M. S<'»néchal de la (irange
dil (III il ii'.i |);is Nil (If ces tmiicpies avec des manches courtes,
telles cpie j'en ai Kiicontré à Savate, cl (pie 1 on Ikhinc souvt*nt
sur les iMoiiiies péruNieinies. Toutes les élolle> provenant de
(ialama sont en laine de lama ' . Aucun tissu en lihres végétales
n*a «'le trouve.
Prexpie Ions les lisMis sont épais et grossiers, .semhlahh's
aux ponchos des Indiens actuels. Le dessin consiste pre.scpie
exclusivemiMit en raies de dillV-rentes largeurs et cjuileurs. Les
tissus lins, coiiiine ceux de Savate, //</. 119, élaii'ul rares; leur
dessin ne.se com|)os«' (pu- de raies.
' Jr uni |»«* ru l'ocrn^ion tir »ou vign^nr . d(il|>>r.i ri tir iiioiilon , jr liai
mellrr cr% Uinrt à un rtumon mirro Irouvo nurun »pTimcn qui rrttrmlilàt «
«copiqiir, nini», en lr« rompamnt atrr rc» divpr*c» %ort<»» dr Uinr.
tie» ^rhanlilinn« dp Iamio dr hi><tn«ro. do
ARCHÉOLOGIE DU DESERT D'ATACAMA. 753
Comme il a été dit, les morts avaient généralement un ou
deux sacs rectangulaires en tissu de laine de lama, pour la
plupart à raies multicolores et ayant en moyenne o™ 26 à o"" 1 5
environ de longueur. L'ouverture se trouve de l'un des côtés
courts du rectangle. Tous ces sacs ou chiispas sont pourvus de
cordelettes de suspension, également en laine de lama. Un sac
difïere des autres : l'ouverture se trouve de l'un des côtés lons^s
du rectangle, et des quatre coins sortent des cordelettes. Ce
sac devait probablement s'attacher autour de la taille, commet
l'on attache une ceinture. MM. Reiss et Stùbel (308, n, pi. 72)
reproduisent un sac de la même catégorie, provenant de la
nécropole d'Ancon.
Un tissu tout à fait remarquable fait exception aux tissus
communs de Calama; c'est celui d'un poncho noir, dont un
morceau est reproduit fig. 188. M. Sénéchal de la Grange
trouva deux pièces de cette sorte qui servaient à envelopper
deux cadavres, l'un à quelque distance de l'autre. Notre plan-
che ^'^ représente l'endroit et l'envers de l'étolfe qui est tissée de
fd très épais de laine, de o™oo5 à 0^007 d'épaisseur, simple-
ment tordu, mais pas natté. Des bouts saillants de ce iîi, de
o™ 1 o à 0°* 1 5 de longueur, forment à la surface de l'étoffe une
frise ou toison très épaisse, l'étoffe avec cette frise donnant
une épaisseur de o™o3 au moins. Quant à la forme de cette
pièce, il est difficile de la déterminer maintenant, puisqu'elle
est en partie déchirée et détruite. Les bords semblent avoir été
garnis de cordes en laine. Dans un endroit de l'étoffe se trouve
ime fente comme celles des ponchos modernes, qui sert à y
passer la tête. Je ne saurais dire si cette fente était placée au
milieu de la pièce quand celle-ci était entière. La fente est
également garnie de cordes cousues le long de ses bords.
Certains cadavres avaient la tête entourée d'un grand nond^re
de minces bandeaux tressés en fd de laine de plusieurs cou-
leurs dont le rouge prédomine. Chaque bandeau a environ
'' 11 y a une faute d'impression dans la légende de celte figure : ;iu lieu de tissus.
lire lissa.
75^ \NiMM ITK> 1>K I. A IIK(.I(».N ANDI.NE.
un (Irnii-iN'iiliiiH'tre do largeur. Ils étaient placés autour dv la
lét«', une dizaiiK' ensiMiihi»'.
Tous l^•^ radavn'S étairiil liés avi'C drs cordi'b, d«' I ^'j)ais^^'ur
du pouce, ;(énéral«'nu'nt hicolores (l)laiic l't noir, ou hiaur et
hruii), iMi laine de lama. Dans cpieUpies séj)ultures il v avait
une Jurande (piauiité de ces cordes.
Kniiii on V reniarcjuait des fraj^inents de Irondes, bien (pie
rares, liahiliiin'iil tressées en laine de plusieurs couleurs et
pré>i'iil;ml des drs.sins assez compliqués. (!es frondes sont sem-
hlahlrs à (••Iles (pi'on a exlmmces à .\ncon el dans d'autn's
cinielieiTs (in INmou.
Restes d'aliments. — Plusieurs ii'(ij)ifiit.s ••n Irrrc cuitr ri
en vannerie conservaient des n'stes d»' l'ui (ontiMiu.
Il y avail, dans iiii pot cassé provenani duiii' s«'j)ullun*, une
(piantité di' \iai)(|r serlie (rliar(iin\ bien conservée. Nous re|)H»-
diiisons, //y. Kiff a, im morceau de ce rlianiui, avant la formr
d une mince j)l.i(pn', ri d'autres en Iihiih- dr lanière^: I nu»'
de ces lanières sert à lier les autres.
Plusieurs poteries, ainsi ([iit I un des j)lals en vannerie, con-
tenaient flfs L;iMms (il* maïs. M. le con.sedh'r intime L. \\ ill-
mack, prolesseur à l'tcole rovale des hautes études d .i^^ri-
cnlture di* B(*rlin, a bien voulu examiner (l(>s écliantillons de
ce niais (jne je lui ai envovés; comme il a été dit plus liant
(paj;e 8:)), il les a\ait d abord déterminés comme étant des
grains de Zea Mnvs <iuas<<incnsis [<nias(iuinirnsis)^ liona/oiis,
mais postérieurement il les a trouvés plus raj)pr(Khés de Zca
\fays piTUviana , H'tttmack (380 6m), variété qu'il a fondée sur
des épis provenant d» l.i nécropole d'Ancon. Dans une note
publié»' j^ar M \\ illmack (380 frr snr les échantillons de
(ialaina (pie je lui ai remis, b\s grains de mais v exhumés sont
rap|>orlés a cette dernière variété. Dans les fouilles de ipof),
M. .Sénech.il de la (irange a trou\é moins de grains de mais
qu'en 190.^, mais |)ar contre l>eaucou|)de mais en épis.
Dans les sépultures, surtout dans celles fouilléi's en iQoiJ,
ARCHEOLOGIE DU DÉSERT D'AÏACAMA.
/oo
il y avait de grandes quantités de gousses de Prosopis, ahjar-
roba en espagnol. La plupart de ces fruits avaient été jetés sur
les cadavres en les enterrant; une partie se trouvait dans des
récipients. M. Wittmack en distingue trois espèces, l'une, la
Prosopis Siliciuasùmin, DC, et deux autres qui n'ont pu elre
déterminées.
Une écuelle et plusieurs calebasses contenaient des graines
de Prosopis qui ont été reconnues par M. Wittmack et par
M. Jules Poisson. Ce dernier m'écrit, ta propos du contenu d'une
des calebasses : « Quant aux semences qui se trouvent empâtées
dans une calebasse , ce sont des graines de Prosopis enveloppé(\s
chacune dans l'endocarpe cartilagineux du fruit disparu, mais
dont la portion pulpeuse a été en partie conservée et qui forme
terreau autour de ces semences. Les fruits ont probablement
été malaxés avant d'avoir été introduits dans la calebasse. »
Une autre écuelle contenait une matière organique dessé-
chée et mélangée avec de la terre. Dans cette matière M. Witt-
mack a trouvé de petits fragments de l'épiderme de grains
de maïs, du mycélium d'Oidium et de nombreuses cellules d<'
levure. Par conséquent, l'écuelle avait certainement contenu
de la chicha.
La plupart des sacs en laine contenaient une poudre noire
rougeàtre, provenant probablement de la décomposition de
leuilles de coca. Dans les anciennes sépultures du Pérou, on
rencontre souvent des sacs ayant contenu de la coca. M. Wiener
(377, p. 82) en a trouvé à Paramonga, et M. Wittmack (380, p. 328)
mentionne im sac rempli de ces feuilles qui avait été trouvé
auprès d'une momie d'Ancon.
Un petit sac, placé entre les vêtements d'un cadavre, conte-
nait une forte quantité de petites graines noires provenant d'une
espèce de Sisymbriiim, suivant l'examen microsco])ique aucjuj'l
ces graines ont été soumises par M. Wittmack.
Tous les sacs renfermant diverses matières, trouvés auj)rès
des cadavres du cimetière de Galama, étaient fermés, leurs
ouvertures étant cousues.
756 ANTIOI ITKS DK LA UKfMON ANDI.NK.
Crâne de chien. — Dans l'une des sépultures fouillées pen-
dant son (leruirr séjour à Calania, M. Sénéchal de la (iran«(e
trouva un erain* dr cliieii aucjuel adliéraitiit trois xertehres du
cou; mais, malgré de soi«;neuses reclierdu's, il lut ini|>ossible
de retrouver le reste du scjuelette. Ce crâne est conservé au
Musér i\r Monaco. Je l'ai comparé avec la planche cpie donne
M. Mln-d Nrlirin»; 255 dans sa remanjuahle étude sur le chien
des autochtones rlii Pcimi, (|ii«> nous avons déjà mentionnée
pa«;e ()G'i. Le crâne exhumé |);ir M. Sénéchal de la (îranjçp
concorde si j)arlaitrmeiit avec la li^Mire du crâne du C.anis liujiv,
Tschiuli , var. vcrtayiu, .\i'/tnii<j, cpiOn pourrait se demander si
r^îtte lif^ure n'a pas été dessinée justement d'après le crâne ch*
Calama. L'> dimensions de ce dernier concordent éjçalement
avec celles cnir doiiiir M. N» liriu"^ pour l.i variété l'erfatiiis, le
crâne de Calama ayant o'" iaH de lonjçueur hasilaire' , et les
crânes du vviiaijus éhi(li«'s par M. Nrhrm^. de o"'!^" à
o" 1 I 'i .
''* Sous la (Jrnoiiiinalioii Je • lungiu-iir itrcipiul cl lo lK»nl |KnU'*rirtir de l'alvroie
l>a%ilairr*, M. Ncliriiig rniii|ir<M)<i la tli.s- dr l'iinf* df>« incisiTi*» médianes Mi|ié-
ianr*' mire I'- Ix'"' nnlérieur du Irou rii-iire».
Pl. lxvii.
'"^^H
^HHI^^^^''
-'^ x^^^iii^!j|^^^^|
_14^^- -^^QS^^^^^I
^H^BC "T^MHIHH
^^^^^^^kk v^^^^H
Fi". 166. — (lalama. Tète à clie\eiix blancs.
^^^^^^^^^^^
^^^^^^^Hn^'
K|M^L,.v.y^
^HMIH&Mr^ j
^^F^SêBS^
^''W^
Flj;. 1(17. — Cnliiinii. IVlf inomilin'.
Pi. IAVIII.
Ki'-. Mis. Ciilaiiiii. I'
r, iiir il jiiilns onlils in liois. l'illr m |iii>iii- ii iniim lu- ni Imi^.
F.iniron i fi j;r. nul.
Pi.. LXIX.
Ki^'. iCu). - (;;ilim;i. l'.ll.-i 'n. n), nrr (rcnfiint [l], (liVlirs (7-Hi^ fl niilrrs .MiliN ••ii Ixiis.
(:nrc|li<iis (iViil'iinl (..iiloiuml d.s ll.Vlics (*). Poinron i-ii <>» ;. '. l'.ll.- ni |M.Tri> j)). Clianjut (a)
i/G gr. nul.
Pl. I.XX.
Fii,'. 170. - (!iiliim;i. (ii'iii'lii'ls m Imis. — 3/^ ]iV. mil.
Pl. lxxi.
Fig. i-yi. (^iilama. Taljlctli' en l)ois sciil|iti'! (a . l'opo en os iji,. Tiiho cuiitcnaiil des f|>inrs (r. </. cj.
l'eij^iK! (Ml bois (y]. — Einiron 2/3 gr. nat.
Pl. lxxii.
Fig. 172. — Calaina. Tahirll.' vn Ix.is s(iil|.l.' <i\ Aiiiiiillr r , rnsaï.ilrs (.•./; ri éliii [ij] m lM.l^
Topo [h] cl liilx's ^(/, II. 1) t'ii os. — a/;i gr. nul.
Pl. lxxui.
\<ù.
\l^
F'v'. l'ji. — Calama.
Spatule en hois sculpté.
3//| gr. nat.
. i7'i. — r.iiiiK-Jiiii.
l'ulio en liois s(?iil|)l*'' coiih-Daiit (1rs i''|(iiii's (n]
Tul)lctlc (Il liois snilptc Ji^. -- [\j'\ ^r. mit.
Pr.. I.XXW.
l'ig. 175. — Calama. (iliK-lic ni l»<)i>. — 1 'i5 j^i". nal.
P... [AXV
l''i|^. i-G. (ialama. C.iilcImsM's |)yrogravces. — 5/6 i;r. nal.
Vi.. lAWl.
Ci.Iiim;.. (;:.l.-l.ass.-si.)n.-ri.N.Vs. .>,ti i;- ■ '-•■'■
Pi- LXXVII.
Fig. 178. - Calama. \ aso en terre cuilc. — i/3 gr. nal
P'ig. 179. — Calama. — \ ase en leiie cuite. i/3 gr. iial.
Pl. lxxviit.
Fi". 180. — Calaina. Vase (!ii l(!rre cuite suspendu au nioven d'une rorde en laine de lama.
i/.'i '^r. nat.
Kif;. 1 !S I . — Calanin.
Vase en lerre euile, mec diToi' |)einl en noir.
ij?> ^r. nal.
Fin. 1S2. \ allée (le Caiîiin (Yiirn. iirovinn-
de l'oi-ei);.
\ use en terre euile. iivee rléeor peint en noir.
i/.'i gr. nul.
Pi- L\XI\.
Vie. i83. — ("-alaina. l'olcrlcs. — i/?> -t. nal.
Pr- r.xxx.
it:.
Um
Fi". i84- — Calama. Piat en vannerie. — Environ i 3 "v. nat.
Kig. i8ô. — C.alania.
l'elil plat en vanneri»;. — ■ i/3 i,'r. nal.
l'v^. iH(i. C.alania.
I'a(|iiil (le joncs. — i/3 },'r. nnl.
Fig. 187. — Calama. l'anlei' en \aniierie. - i/i ;,'r. nal.
^
i ^
S:^K'll»
/
Phot. G. Pissarro.
Cimetière de Calama. — Fragment de tissus enveloppant un cadavre. Ijulroit et envers.
1/3 gr. nat.
/
ARCHÉOLOGIE DU DÉSERT D'ATACAMA. 757
CHUQUICAMAÏA.
Les mines de cuivre (carbonates, oxychloriin; et pyrites)
(le Chuquicamata sont situées à environ 2 5""" au nord-ouest de
Calama et reliées par une ligne de chemin de fer avec la grande
ligne d'Antofagasta à Oruro. La montagne minière est toute
criblée de petites cavités nommées Uamperas et qui représentent
l'emplacement d'anciennes exploitations de cuivre, à l'époqut»
préhispanique. On y a surtout exploité l'oxychlorure de cuivre
(atacamite), qui se trouve à la surface.
M. Georges Courty a trouvé, dans une de ces Uamperas, un
lourd marteau en pierre, conservant son manche en bois et
que nous avons décrit page 563, à propos des haches de pierre
des Salinas Grandes, et reproduit y?^. 110. M. Courty trouva
également dans une llampera un fragment de pelle en pierre.
M. Sénéchal de la Grange rapjwrta en 1902 de Chuquica-
uiata un cadavre de femme momifié qui a été décrit par le
D"" A. Chervin (98, p. 706). Auprès d'elle se trouvaient un mar-
teau en pierre emmanché, semblable à celui que nous venons
de mentionner; un sac en peau contenant deux pierres; enfin
un petit panier de la même sorte de vannerie que nous avons
décrite de Calama. (^ette femme doit avoir travaillé aux mines
de Chuquicamata, où elle aurait eu la tête écrasée par un ébou-
leinent.
11 est surprenant que les anciens hal)itants de (îalama, (pii
se trouvaient si près de Chuquicamata, n'aient pas eu d'outils
en cuivre, à en juger par fabsence de ces outils dans les sépul-
tures du cimetière de Calama. Ce fait paraît indlquci- (jur les
anciens travaux dans les mines de Chu([uicaniata ont eu lieu à
une époque différente de celle à laquelle appartenaient les morts
enterrés dans ce cimetière. Mais, d'autre part, la vannerie iden-
tique trouvée dans fune et l'autre de ces localités constitue un
argument en Faveur de l'hypothèse qu(» les Iravauxdes mines
seraient contemporains de fépoque de Calama.
n. ''9
r58 .\>riOl ITES DK LA nK(.H).\ ANUINE.
CHU CIIK .
(ioiiimr iMni"> i'a\on.s dit, j)lii.sHMir> «'\j)lnr.ilriirs du |)«'mtI
(lAtacama iiuMitioniinil 1rs ruines diiii f^rainl Nilla»;»' |)réliis|)a-
niqup à (iliiiirliiii. CviU' localitf^ est située à ih^'" au nortl-pst de
(ialania, à l'endroit où le lUo Salado rejoint le Rio Loa. L'eau
de ce dernier est douce jusqu'à ce (ju il re(;oive les eaux sau-
iiKiIrrs du Hio Sala<lo. (lliinrliiu jouit donc d'un avantage très
•;rnnd dans ces ré*(ions, celui d'avoir à sa dis|M>silion de l'eau
(limer. Nussi les terrains sont-ils meilleurs |)our l'aj^rirulture
(jua (ialania; on \ cultive du maïs et des lej^umes. Les domi-
nicains avai(*nt lond<^ un sièjje à (ihiucliiu en i()o(). Les
cloclies de l'éi^lise aciuell»- du villa«;e datml du wiii sirric.
i)'a|)r('s M. San Roman (322, t. i». 176), Cliiucliiu aurait actuelh'-
inenl .Hoo liahitants''^ chillre que je crois exagéré. Ce sont
tous des Indiens. (!onime ceux de (ialaina, ils |)arlaient jadis
Tatacamefio, mais ils l'ont maintenant tout à lait ahandonné
|)<)nr l'rsj)a«;nol. l'rézier (137, |». i.'ii, visita (iliiuclnu >rrs 1713.
Il r.i|)|)*l|c « \tacama la hasse»*^' et évalue sa |)<)|)ulatinn à
<S on 10 Indiens scMdemciit. Je ■^ii|)|>ose (|u il >eut dire 8 ou
I o lamilles.
\ii Mus. I' (r(>tlnio<;ra|)liie du Irocadero, il existe une petite
collection ])rovenant de deux sé|)nllnres de (iliinrliiu, catalo-
L,Miée sons 1rs n"* '|n5.S()-'|()6.i7, et r.»|)jn)rlée en iH{)4 parle
haron Alhert de Dirtricli . (|ui a fouill»- Im-méme ci*s sépultures
r{ a lait don au musée des ohjets (ju'il v a trouvés.
Tous ce.s ohjets ressend)lent ahsolumtMit à ceux du cinie-
tii'^re (\r (ialama. Voici l'inventaire de la collection :
Unr |)elle en schiste (n" /|o599^, emmanchée, de la même
rorme que celles de (ialama. O'ite pdle est attachée au manche
au moyen dniif ligature m |)<mu. dans la même |M)sition (pie
' 1^ iii^mp mitriir (322, n.p >) (>>inmc il • r\é tlil |iliit li^iil.
ilnniir, fUn» iiiir .min» pit*' «lu ' , ,•■ (îS, re nom « «UHM clr nn|ilit|u<- »
ouvi.»w>- uni liifTrviliilcmil , .'»«mi|i«I>i( , ■ (. ilaiiui.
ARCHÉOLOGIE DU DÉSERT D'ATACAMA. 751)
le spécimen de Calama,//</. 168 d. La ligature, fort bien con-
servée, est très solide, bien que la partie étroite de la pelle soit
beaucoup plus large que le mnnche. Celui-ci n'est pas arrondi
artificiellement comme ce-ix des pc^lles de Calama, mais formé
simplement (fune ;ige d'arbre a .s z mince et gardant encore
son écorce.
Des cuillères en bois, un petit gobel l en bo s dir et noir,
revêtu d'une enveloppe en peau; um fu^aïole en bois pareille
à celle de Calama, fi(j. 172/; des crochets pour attacher les
charges sur les lamas ayant la même forme que ceux déjà
décrits du cimetière de Calama, fi(j. 170, et de presque toutes
les sépultures de la Puna de Jujuy et de la Queljrada del
Toro.
Des flèches en bois, avec la pointe également en bois, iden-
tiques à celles de Calama.
Un tube en bois sculpté (n** 4o6i/i), contenant un paquet
d'épines de cactus et reproduit de face et de càlé.fuj. 17 â a^^K
Ce tube est semblable à celui de Calama, y?^. 171 d, c, que
nous avons décrit page 789. H est fait en bois noir, dur, de
la même sorte que celui de la tablette de Calama, f(j. 172 a;
sa longueur est de o"'i85, et le canal percé à l'intérieur,
d'un bout à l'autre, a o™oo4 de diamètre. Ce tube a la même
forme que celui de Calama, et il est également orné d'une
figure monstrueuse ressemblant au personnage que l'on voit
sur ce dernier, mais sculpté avec plus de soin. Le corps a la
forme humaine; les bras en sont séparés par des fentes prati-
quées dans le bois; les mains indiquées, mais sans doigts; les
jambes sont aussi indiquées par une partie plus éj^aisse du bois
avec une dépression au milieu et des raies obliques sur It^s
côtés. Autour de la taille, devant aussi bien que derrièn', on
voit une large ceinture avec des ornements formant des /. I.»'
personnage paraît être vêtu d'une tunique dont le bord inlé-
rieur est indiqué; ce sont peut-être les manches courtes de
('' Voir la planclie LXXIll, insérée apns la page 7IJG.
19-
760 ANTIQIITKS DE LA HtGIO.N AM)I.NE.
cellr tuiiiqup que l'on aperçoit a la partie siipérii'ure (les hras.
La léle est |)ourMie d'un museau très saillant; les niàcliuires
trt»s pn^Mninantes sont fermées, maison >(>it le jour entre (leu\
ranj^'érs (|r drnls trianj^ulaires; sur la l«'\n* supériiMin-, il \ a
une parti»' surelr>ée ou sont placées, dr tiia(jue coté, les na-
rines; les veux sont convexes avec de petites concavités repré-
sentant 1rs pupilles; sur !•• Iront, on renianpir iiim- sort»' (!•
handeau et, au-<lessus de ce bandeau, une protubérance. Deux
autres protubérances, plus ou moins cNlindriijues, une de
cluKiue coté de la tète, représentent probablenu'nt les oreilles.
Sur celte piecr de (ibiurbiu, sur celle de (laiama, a la(pielle
nous \enons de faire allusion, et sur lt> deu\ lubcs de Santa
(iatalina (pie reproduit M. Lelimann-Nitscbe f210,pl. ii.rig. a5. i6),
on a é\idiMnnienl \oulu rejirésenl» r l»- nirm»' p»*rsonna«;e m\-
lliNipie, (pioi(pic la forme d(>s oredies varie un peu dans les
diflV'rentes pièces. Dans la partir suj)érieun' du hibe de Clliiu-
cliiu se trouve un pacpiet de si\ e|)ines d(> cactus (|ui gardent
encore, du côté non |)ointu,le corps discoïdr au nioven du-
(juel elles étaient fixées a la lij;e. (]es «'xlrrimles non pointues
des épines sont liées par une attaclie m libres >éf;elales tpii se
\u\{ Juj. 17 ^i, surpassant l< hibr. Vax drbors de cette ligatun*,
deo"oi.') de largeur, les épines sont IiIm«n »! di- difTerenles
longut'urs; la |)lus longue a o"o(). Nous avons déjà discute la
destination di* ces tidx^s en d>'i-i isint relui de (!alaina.
I n«' tablette rectangulaire en bois ^^^n" 4<>^i''> . reiu'oduiti'
//*/. /7'î A ' , est analo;;iie aux tablettes de Purara de Hincoiiada,
/«/. l'i^ J, et de (lal.iin.i, //(/. 1/ I a et J?:^ a. Lon^MUMir l'xté-
rieure, o*o83; largeur, o*o5.^; longueur de la dépression
rectangulaire, o''o67; largeur, o'^o.'îy. Même .sort»- de lH)is
(}ue le tube |)récédeiit. I,.i t.iMell»- pinte d. h\ a|)pendices ou
manclies (|ui devaiiMit n-présenter des tètes bumaines, car on
y remar(|ue encore, bien que pre^cpie efï'acées, des traces du
ne/, et des veux. L'autre côte dr l.t tablette < -^t b-^n-reinent roii-
'" V«r L |il«iii)ir lAXIil. illMirr «ptr» U pâgr -jbit.
ARCHEOLOGIE DU DESERT D'ATACAMA. 701
vexe. Dans l'intérieur de la dépression on peut observer des
marques qui semblent indiquer que cette tablette a été em-
ployée pour y moudre ou y broyer quelque chose.
Deux topos en os , dont l'un a presque la même forme que
celui de Calama, fg. 171 b. La tête de l'autre est plus large
et presque rectangulaire.
Des calebasses avec des ornements pyrogravés. Le décor
est plus simple que celui des calebasses de Calama dont nous
avons donné des figures. Sur une calebasse, on voit les mêmes
volutes doubles formant des S que sur celle de Calama,
fig. 177 c. Dans fornementation d'une autre, il entre plusieurs
croix .
Vanneries identiques à celles de Calama comme confection
et forme.
La poterie des sépultures de Chiuchiu, sans décor, est de
la même pâte et des mêmes formes que celle de Calama.
A citer : un plat engobé intérieurement avec de la plomba-
gine noire et percé au centre d'un trou fait intentionnellement
après que le plat était déjà achevé et cuit. Un vase en forme
de timbale, fendu d'un côté, a été réparé en réunissant les
deux parties au moyen des tiges fines d'un arbuste passant par
de petits trous pratiqués dans ce but; l'attache a été alors en-
duite de résine.
Trois pièces de tissus. La plus intéressante est une tunique
ou chemise i^camiseta) ^ sans manches, très bien conservée,
portant dans le catalogue du Musée du Trocadéro le n" 40089.
Elle est faite d'un seul lé de tissu épais, grossier, en laine de
lama noire, mélangée de quelques rares fils blancs provenant
probablement d'une tache blanche de l'animal qui l'a fournie.
La/^. 189 montre la forme de cette tunique, vue de devant
et de dos. 11 n'y a d'autres coutures que celles des côtés. Une
fente au miheu, pratiquée en tissant la pièce, sert pour passer
la tête. La partie ouverte de cette fente a o""42 de longiienr
totale, dont o*" 21 de devant et o"" 2 1 de dos. D'un côté, la lente
a été prolongée encore de o"'20, mais cette partie, marquée
76Î ANTIQLITKS I)K LA RÉr.ION ANDINE.
Mir la fi^iirr au iih»v<mi tl'iine li^n«' j>ointiHée, a été recousue
au surjrl. Il UN a pas d'ourlrls : !•• n-hord inférieur ainsi que
ceux fies ouvertures rie la tête et des bras sont formés par des
lisières faites au métier même. La tuuirpie a i"io de lon-
j;ueur, l"o6 de lar«;eur sur les épaules et o^Ha de largeur
dans la partir inférimn'. La lar^^'ui ^^uv les é|)aules r>t lorl
exagérée, eouiUK* daill«'urs, selon \l\l. Ilriss et Slid)»*l 308,
II. inir.IrUpl. s-i^ cVsl |p cas de Ix'aucoup de vêtements ana-
V fi V
Fif(. 1S9. — (Jiiiirlitii. riii>miM* m éloiïr r|iai««r f|<> Uinr dr lama.
Viir (Ir fjcr et «If clo». I -^o (;r. n«t.
lofjues exhumés des sépnlhires d Anron. Pour avoir les hras
libres, on rerurillnil |)rnl)al)lein«'iit ces vélcmenls en plis sur
les épaules; (piand \rs bras étaient inartiis, on laissait tomber
l'étollé |)oiir les proléger contre l«' (roid.
Les autres tissus d»' l.i rnllecllon Dietrieb sont un sar ri
une pièce rectangulaire de i^y^ sur o"8(). (iette dernière
|M»rti' le n" \f^^^()'. (i'esl une pire .• de li>«»u grossier, d Un renli-
inetre d'épaisseur, en l.nne brune de lama. Les relninls sont
des lisièn»s formées dans le nulier. Le sac, catalogué sous
le n" ^o.'»c|H, a o^jj! de longueur sur o^'ii de largeur.
Il est rave. Les raies sont de dilVerenl«*s largiMirs; (juebpies-
uii(>s sont blancbes, mais la plupart sont brunes en (pi.itie
Ions divers, depuis |r brun 1res foncé juscpiau bistre clair. Il
s<Mnble (pie ce soient les couleurs naturelles cle la laine, sans
teinture artiiirielle. Le sac e.st i>our>u d une cordelette de siis-
|MM)sion, en laine noire, simplement tordui'.
line sorte de mirasse en p»Mii. rousnea>er délroih's |,T!iièn»d
ARCHEOLOGIE DU DESERT D'ATACAMA. 7()3
en peau. Cette cuirasse devait protéger la poitrine et le dos de
l'homme qui la portait; elle est d'une longueur suffisante pour
recouvrir le corps à peu près jusqu'au nombril.
Une parure en plumes roses de flamant attachées avec des
ficelles en laine était probablement destinée à être portée au-
tour de la tête.
Il doit certainement y avoir beaucoup de sépultures à
Chiuchiu, mais un renseignement, publié dans un journal
d'Edimbourg et recueilli par M. BoUaert (66), parlant de 5oo
à 600 momies trouvées par le D"" Reid « assises en ligne for-
mant une grande demi-lune, accompagnées de poteries rem-
plies de maïs » , ne me parait pas vraisemblable.
764 ANTIQLITÉS DE LA REGION ANDINE.
CIIIMIU.
Kii janvier 190a, M. N'iirclial <lr la (iraiij;»' a loiiillé d'aii-
ciiMiiH's M'niilliin's sur li's rives <1»' r.in'>r H*- (!liimh.i (jui fail
partir (!«• la liai»* d' Anlolaf^asta.
Os s«'i)iilliin's i)rovi«»iiiHMjt saii> floiilrdts liidinis (!liaii<(os
on (\v li'urs anrèlrps, les lJ^^^ «Ir la cnlc du l*;i(ili(jin'. Sur c<'s
IndifMis nous avons donné, j)apps 67 ri snis.iiiliN, mi résumé
dos nMis(Mj(ncmi'n!s liisloriqu«'s (jiH nmis possédons.
I^'s (ihangosou Uros se distiii^iirnt dr l.i j)lii|)arl desauln^s
iMMiiiIrs dr CCS réf^ions «»n cr (piils rntri riiiml It-urs morts ou
iHisitinii étrudur, comiiu' l'on «'nl«'rn' 1rs (\idiiNn's rn l'.nroj>r.
»'l non accrouiii.s romnn' l«'s <ada\n's du cinirtirn* <lr (.alama
ou riMix des jMMipli's ap|)art('nant à la ci>ilisation ando-|)éni-
virunr m général. lV()rl)i«;n\ 274. 1 p. 3.^71, (|ui lonilla (pidcpifs
sépultures h (iol)ija m i83n. ht l.i n-niarcpir (jin- l«'s cadavri^s
(ini m jnrt'iit rxlinmés «étaient concJH's m Ion»;, routumi*
qu(> nous u avons retrouvée rlie/. aucune autre des nations
anu''riraines, reploNanI «irdinairrnienl li- corps de manière a
les remettre dans la position naturflic i\r i iiomme avant sa
naissance.-. M. Hollaert 66, p 1-1 donne le n>èn>e renseigne-
ment a propos dune • liuaca » (piOn a\.iil oiixerte à Oohija
en i83o; peut-être s*agit-il des louilles d. d()rl)igu\. (|uoicpie
M. Hollaert ne le mentionne pas. liastian 57, n. p. 915) signale
aussi la dillérence des ummIcs dVnti'rnMuent riiez le» anciens
Ouicimas, Vvmaras et Alacamas, (pii «Miterraient leurs morts
en position accroupie et les (ihangos (pii |<>s inliumaient en
|M>sitioii étendue.
\a*» cadavnvs evliumés par M. Sénéchal de la Grange à
/iliimha elai(*nt aussi ent<>rrés en position étendue, cousus dans
des p«'au\ de loup marin { Plioca lupina, Molina). Ouatre crânes
prf)venant de (iliimha ont été donnés par M. Seneclial de la
(irangi- à la Société d'anthropologie de Paris, et des |)hotogra-
plue& de ces crânes figurent dans nne communication laite a
ARCHEOLOGIE DU DÉSERT D'ATACAMA. 765
cette société par le D"" A. Chervin (98, p. 707). Ces cinq crânes
(n'"' A, E, I, 0) et un squelette (n** 69 ) figurent aussi dans l'ou-
vrage de M. Chervin (99, t. m, pi. 45, 46) sur la collection de
crânes de la Mission Française. Les cadavres étaient enterrés
dans le sable de la falaise qui, à cet endroit, a environ 2 5"" de
hauteur au-dessus de la mer et est composée de couches alter-
natives de sable et de calcaire formé par fentassement de co-
quillages.
Les sépultures se trouvent dans la couche superficielle de
sable, à i'"ou i°'5o de profondeur. Aucun signe extérieur ne
décelait leur emplacement qui fut découvert par sondage au
moyen d'une longue tige de fer que l'on enfonçait dans le sol.
De ces sépultures M. Sénéchal de la Grange exhuma trois
squelettes d'hommes adultes, un de femme et le cinquième
d'enfant. Auprès de ces cadavres, il trouva un certain nombre
d'objets en pierre, en bois et en os, qu'il a donnés au Musée
d'ethnographie du Trocadéro, dans le catalogue duquel ils figu-
rent sous les n"' 5383 1-53866. Les objets démontrent que ces
Indiens étaient des pêcheurs. Parmi ces objets, on remarque
surtout une sorte de grands hameçons, dont les manches courts
sont en bois et dont le crochet consiste en un solide os de
poisson spécialement travaillé, inséré dans le manche, dirigé
en arrière, et formant avec celui-ci un angle de /i5 degrés.
M. J. T. Médina (234, p. 420, llg. 120) reproduit un outil ana-
logue, provenant des environs de Santiago-du-(Jhili. D'autres
objets remarquables, de Chimba, sont une sorte de poignards
à manche gros et court, conservant encore leur pointe en
roche siliceuse ^t de forme lancéolée. Ces armes ressemblent i\
une pièce provenant d'Arica que reproduisent MM. Stùbel el
Reiss (340, I, pi. 20, %. 32). Deux tubes, portant dans le catalogue
du Musée du Trocadéro les n"' 53863 et 53864, sont faits du
radius et du cubitus d'un grand albatros, probablement Dm-
medea cxalans, Lin. Enlin, dans les sépultures de Chimba lureiil
aussi rencontrées deux de ces tablettes rectangulaires (mi bois,
dont nous avons décrit et figuré des spécimens de Fucarà de
766 ANTIQUITÉS l)K LA RÉCilON ANDINE.
Kinconada, (!»• ('alaiiia «l de Cliiucliiu. Les lablelles de Cliiinba
nul (l.s iiiaiiclies siiiipl«*s, sans lijçures sculptées, mais elles
sont oriuM's d'un desNlii de li;;nes brisées.
A l'eiidroil où se troiivaiiMit les sépultures, et partout sur les
lïords de la baie d'Anl«)r.iL,Mst;i, M. SeiM'clial de la (lrau«;e a
raniasM* un j;rand nonibn? de pointt's de lleches en roclies sili-
reusi's, d«' di\erîM\s formes et dimensions, mais analo«riies à
celles (nie l'on trouNe le Ion*; de la rôle cbilienne en général.
Ces iMiinles (jr Herbes ont été l'objet d'une publication dr
M.Sénecbal de la Granjçe (329), acconipa«;née (!<• d. u\ plancbes
en cbromoplioto<;ravure.
Kniin lun'iil recueillies dans les sépultures de (".liiinba de
nombreuses jiieces d'enlilaj^e en lorme de discpie, dont ipiel-
(nii's-un«'s sont «mi cbrvsocolle, mais la plupart en tur(jUoise,
d'après M. Lacroix.
REGION DES ATACAMAS. RÉSUMÉ.
RESUME.
Sous le titre de « Région des Atacamas » nous venons de dé-
crire, au point de vue de nos études archéologiques, la partie
de la Puna de Jujuy qui est située à l'ouest de la Plaine des
Salinas Grandes et, d'autre part, la région du cours moyen du
Rio Loa, dans le Désert d'Atacama,
Pour la comparaison de ces deux régions, nous ne pouvons
pas dire grand'chose à propos des ruines de villages préhispa-
niques, car les renseignements que nous possédons sur celles
du Désert d'Atacama sont très sommaires, comme on l'a vu
page 71 5. Cej)endant, s'il existait de petites variantes de con-
struction, etc., entre les diverses ruines de la région, ces va-
riantes n'auraient pas d'importance, car, dans les pays andins
en général, on remarque toujours des différences de ce genre,
même entre des villages situés très près l'un de l'autre et pro-
venant évidemment du même peuple et de la même époque,
comme ceux de la Quebrada del Toro, décrits plus haut. Quant
aux pétroglyphes , les deux qu'on connaît du Désert d'Atacama,
celui de Machuca et celui de Qaillagua, sont, à en juger ])ar
les figures et les descriptions données par MM. Philij)|)i el
Plagemann, plus ou moins du même type que la plupart des
pétroglyphes de la Puna de Jujuy.
Mais, si les ruines ne nous donnent pas de points de coui-
paraison, les collections rapportées du Désert d'Atacama par
MM. Sénéchal de la Grange et de Dietrich et, pour ce (|ui est
delà Puna de Jujuy, ma propre collection, celle du D' Uhle el
celles décrites par MM. Lehmann-Nilsche, Ainbroselti el von
Rosen, constituent un matériel sulTisant pour pouvoir émettre
des opinions générales en ce qui concerne les anciens hahi-
tants de ces régions, sans qu'on ail trop à craindre que les con-
clusions ainsi formulées soient qualifiées de téméraires.
Bien qu'à Calama et à Gliiuchiu on enterrai les morts et
que, dans hi Puna (]v Jujuv, on les déposât dans des grottes, ces
768 WTIQLITKS DK I. V RK(iI<>\ WDINK
cadavres m* n»ssfml)leiit sous tous les raj)|>orts, el la (lillrniicr
de» sépultures sV\|)li(|ue iiaturellenieiit parir fait (jn'il iTevistr
iws de jçrolles dans la réj^inii du Loa. La position des cadavres,
leur coilTure, leurs vêtements, leur parure sont tout à fait si-
uiilain's dans le Désert d'Atacania et dans la Puna. l/art tex-
tile, la cordehe ollrenl les nièuies caractères. La vannerie d«*s
«leux répons présente la ultime technicpie à la fois |)erfec-
lionnée et hieii |)articnlirre. Les |M»teries sont très seinhlahles
ri indicpii'iit l.i même trclmi(pH' «1 Ir même dejjrê de déve-
lo|>prm«'nl dr l'art crraFuitpn". En j^eneral, de |)n's(pi«' tous les
objets provenant des cinu'lieres du Rio Loa, on a trouve des
écpiivalentsdans la Puna de .Injn\. Ponr en citfr qiU'Kjnes-uns,
les jM'Ilrs ou s<liislj', les ■ couleauv • en ixjis, les crochets si
spéciaux «pie nous sup|N)sons avoir été employés |K)ur lixer les
attaclu>s des cliarp's sur le dos des lamas, les hâtons à louiller,
les toDits en os d ini cntain nindrlr, sniit ( «innnnns dans les
M'pultures du IV-simI d \lacama et d.nis < rlles de la l'nna. Les
pei«;nes oITrenl nn rxenipli" d»- lidentite (\i' technicpic de lin
dustrie preliispaiii(pi(> dans les deux réj^icns : ton lron\e dans
I niM* ou dans r.uilrr des specinuMis dr ces onlils, dont le tres-
saj(e Tort complexe sr ressend)le si parlaitement (pie on jxmr-
rail être tenté de croire que ces spécimens ont été fahricpiés
|>;ir la même main. L^'aleintiil id«'iiti(pies sont certains onliU
éni^mati(pies en hois. dmit nn n'.i rencontré que des fraj;meuts
trop incomplets |)our cpron puisse s<* rendre comptr de la iia-
liire et de la destination des objets dont ils ont lait parti»*. Ces
fragments, de lormes assez coinpliqn«'es et idriiticpies entre
<>ux, se retronviMit aussi bien dans la collection de (.alaina (pir
rifliis celles pro\enant de dilVertMits endroits de la Puna de
.liijuy. Otiand on voit que ces objets si .s|)éciau\ sont communs
aux deux n'^ions, on nr |MMit pas douter (pie les xesti^es de
l'une cl de l'autre proviennent du même j>enple. Les cbudies
en lx>is el enraiement les spatules (pie nous avons dt^rites
P^K** 7^'^ ^>"^ certainement des outils très particuliers, et
elles sont caractéristiques autant dti cimetière de (ialaina que
RÉGIOxN DES ATACAMAS. RÉSUMÉ. 709
des stations préhistoriques de la Puna. En somme, de toutes
les pièces de Calama et de Chiuchiu, à très peu d'exceptions
près, on a trouvé d'autres spécimens dans une localité ou dans
une autre de la Puna de Jujuy, tandis que beaucoup de ces
catégories d'outils ne sont pas connues d'autres régions, ou
bien, si l'on en connaît, la forme, la facture, etc., en sont dillé-
rentes.
A cette similitude générale du matériel archéologique de la
Puna de Jujuy et du Désert d'Atacama vient s'ajouter l'identité
de certaines œuvres de sculpture sur bois, dont des spécimens
ont été trouvés dans les deux régions. Les tubes mystérieux
contenant des épines de cactus nous fournissent un exemple
de ces créations de fart primitif. Avec de très légères variantes,
le personnage monstrueux sculpté est le même sur plusieurs
de ces pièces, dont deux ont été exhumées à Colama (voir
page 789 ety?</. J7i d, e), une à Chiuchiu (voir page 769 et
fi(j. i7â a) et deux à Santa Catalina (reproduites par M. Leh-
mann-Nitsche). Un autre personnage sculpté, celui de la spa-
tule de (Calama i^fuj. 173^, se retrouve sur une tablette de
Rinconada que reproduit M. Ambrosetti (23, p. 25 ). Ces person-
nages si caractéristiques sont aussi laciles à reconnaître sur les
pièces du Désert d'Atacama et de la Puna de Jujuy que le sont
certains personnages légendaires des sculptures sur bois, sur
ivoire ou sur pierre, du Japon et de la Chine, ])ar exemplr
les «sept dieux du bonheur» ou « Ashinaga, l'Iionimc aux
longues jambes, etTenaga, l'homme aux longs bras». Si f ho-
mogénéité de la technique industrielle* ordinaire ne sulïll pas
à ])r()uver l'origine commune des vestiges dtî la Puna et du
Désert d'Atacama, ces œuvres de l'art autochtone» nous en con-
vainquent. Et il ne peut pas s'agir là d'objets (pii onl v\r im-
portés d'un pays dans fautre, car ces trouvailles se répètent
trop fréquemment pour que cette dernière explication soil
vraisemblable. Certes, si l'on se base seulement sur la descrip-
tion des ruines et des sépultures que je viens d'éludier, \vs
laits y exj)Osés ne sont pas suffisants poui- en liier la roiirlusion
770 ANTIQIITES DE LA REGION ANDINE.
que j'ai formulée, mais la comparaison de ce matériel avec
criui (lu'oiil fait cnniiaitr** anlérieuremeut d'aulres auteurs
confirme cette conclusion, et nombre de jM'tits dclaiU (jiii
n'ont pu être nHiitionnés dans mon ouvrap* la ronsolidt-iil
d iinr manièrr drlinilix*. Quand , dans l'unr et l'autre de> deux
n*«;ions, on se trouve constamment en présence de vestij^es
olVranl les in«^mes caractères géniTanx. «t (piand on retrouve
il rhajpie instant des p»tits ouliU <'l antres ohjrts hii'u parll-
culiers nui partout smil d«- mêmes lormes, (\r L même fac-
ture, de la même leclini(|ue, ju.s<^pie dans leurs moindres dt^
tails,et si siinilain-s (pi'ils j)araissriif nvoirélé fa ts p;ir 1«' même
ouvrier, — drvant tous ces laits, on nv pmt pas lirsilrr à
classer ces vestij;es comme provenant du nirinr prupl»-.
Les habitants prébispanicpi(>s de (!alama et dr (liinchiu,
ainsi (lue cru\ du bassin (bi Salai d Vlacaina, «-t. lient certaiiu»-
mrnt (b"s \tacainas, comme 1(> dcmonln'nt les renseifçnements
bistoricpies rt lin;;nisli(pn's (pic nous avons résuuH'S pajçes 58-
(iy. Le nord-ourst de la Puna de lujuN clait donc aussi babité
par cb's Vtacamas, rt . par suit»*, d «'si loi;i(pir df snppos(M- (|ur
\v territoin? intt'rmrdiaire, c'est-à-dire \v nord dv la Puna de
Atacama, appartenait aussi à repeuple, dont l'étendue j^éoj^ra-
|)bi(pi«* drmi'iin' par consécnuMit (l(t**i iiniirr dans la forme
qui est sij^nalée sur la carte «'tbnicpic //f/. / , pajçe 80).
I . on pourrait trouver dans la lo|)onvmie (\r l.i Puna de .lu-
ju) une obji'ction contre cette ext«Mision des Atacamas jus<pie
daîiH celte dernièn* réi^ion Mn elTet, celle toponvmie est jK)Ur
la plupart denxee du (piirbna, tandis (|ue dans le Désert d Ata-
cama mil* partie et, dans la Puna de Macama, plus de la moi-
tié des noms de lieux viennent di» l'alacameno. Mais ces faits
s'expliipn'ul larilemenl pai l'action pins un moins ellicace et
C(»ntinue du ^ouveriuMuent péruvien. Dans la Puna d(> Jujuv,
I inlbience jx^ruviiMine parait sèlre lait sentir avec une intensité
plus ^'rande cpu» dans le Desrrl d'\taran)a. et, dans la Puna
de Alarama. prescpie inbabilable et iinpr.itieable, les noms
alacamehos ont persiste mieux, que dans les régions habitée».
RÉGION DES ATACAMAS. RÉSUMÉ. 771
A ce propos, nous n'avons qu'à nous rappeler d'autres régions,
encore plus éloignées du centre de l'empire incasique, où les
noms quichuas ont presque totalement supplanté les noms dé-
rivés des langues indioènes, comme la région diaguite. D'ailleurs
les noms de lieux dérivés de l'atacameno, bien qu'ils soient rares
dans la Puna de Jujuy, sont fréquents jusque dans les mon-
tagnes qui séparent Rinconada et Cochinoca de la Puna de
Atacama. La toponymie de caractère atacameno s'étend donc
au moins jusqu'à la frontière de la Puna de lujuy que nous
attribuons aux Atacamas, ce qui diminue ou anéantit presque
l'objection contre notre hypothèse que l'on pourrait fonder sur
la toponymie.
Quant à l'époque à laquelle les anciens Atacamas occupaient
le territoire où nous avons étudié leurs vestiges, nous savons
qu'ils l'habitaient pendant les siècles qui ont précédé immé-
diatement la conquête espagnole et qu'ils continuèrent de
l'habiter pendant un certain temps après cet événement, sans
changer leurs anciennes habitudes et leur ancienne manière
de vivre. Pour le Désert d' Atacama, c'est ce que démontre le
lil de fer trouvé dans une sépulture à Calama; en ce qui con-
cerne la Puna de Jujuv, les trouvailles de M. von Rosen, dans
une grotte funéraire de Casabindo, d'une corne de bœuf et des
débris d'un couteau de fer l'indiquent également.
Mais, si les Atacamas s'étendaient jadis jusque dans la ré-
gion de Casabindo, Cochinoca, Rinconada et Santa Catalina,
étaient-ils les seuls habitants de cette région ou y avait-il peut-
être aussi d'autres Indiens? Matienzo nous a fait connailre
qu'il existait au xvi'' siècle un village de Chichas à Moreta , loca-
lité située à l'ouest de Rinconada et au nord de Cochinoca.
D'autre part, il est hors de doute que la Puna de Jujuy s'est
trouvée pendant des siècles sous le gouvernement régulier et
continu des Incas. Les renseignements de Matienzo, à propos
du grand chemin incasique qui y passait, le prouvent; la per-
sistance de la langue rpiichua et des croyances péruviennes,
77Î ANTIQIITKS l)K l\ KECilON ANDINK.
ainsi cju»- la toprivinie, le conliriiuMit. Par siiilr, il v^i fort
nrolKil)!»" (|in* It'S Iiiras a\aii'iil nivoyé dans la Piiiia dr Jujun
de»» colonies de milimas, comme ils avainil I li ihitinlr d»- le
faire dans les prn\inces «doignées.
Os col<»nies l'tran^'ères aux Ataramas «vjjlifjiHMaifnl vvr-
laiiies diUV'n-nrj's qu'on peut noter entre \r niairriel arclieo-
lu^'icju»' dis di\»'rses ruines et sépultures de la réfçion que nous
JiMir attril)uoii>, difl'erences qui n« j)« un.hI pas être explicpnM-s
n.H riiv|K»lhes«* (pie ces vestiges proviennent (rt'|)<Kpies dilVé-
rentfs, rar tout inditpn* qu'ils soiil plus ou moins contein|K>-
rains, ou du moins que Imi dill» rnM •• d'a^M* ne doit pas de-
|)ass«'r un si«Vle ou deux.
Sous <e rap[M)rl, le fait li- |ilii> rcnianpiahlf t'^l prul-«'trr
l'absence de llfclu'.s a pointrs d«» |)i«'rre dans le rimelièn' dr
(ialaina. Du moins, M. Séneelial de la (iran«(e ii'\ a renrontré
(pu- drs lin lifs a poiul«'s «'u l)ois, ce (pii rependant ne signilir
ms (pi'il w peut pas y avoir des preniierr.s, ainsi cpi'il en
fxiste dan> daulus 1(m ilil<s du Désrrt d Atacama où ont ha-
bité Ifs Ataramas prilnspaiiicpns, coininr à Catarpr. Dans la
Pniia (\r .lujuv on n'a IrouNr aussi (pu* dfs ponilrs ru pierre
seuleinenl dans certaines localités et (pie des pointes en hois
dans d'autres endroits. Ainsi je n'ai recueilli (pie des premières
a Pucarâ de l\in((»na(la, tandis <pi< Iniihs les llèclies (pie j ai
trouvées à Savate avaient des |Miint(*s en Ixtis. Dans les environs
de Casdiindo on en a rencontre des dnix sortes, mais je ne
sais i)as si elles ont été Ihmivim's ensemhb* dans les méuïes
grottes, ou dans dinerents endroits. La connexil»* d'origine et
la rontein|H)raneite des flèches vi\ hois et en pierre n'est d'ail-
leurs pas invrais(Mnhlahle, car cpiehpies-unes des pn*niièn*s,
pn)venant de (ialama, comme egalemenl plusi(Mirs flèches à
|Hmit(\s en iiierre de Pucar.i, |)rés"ntent a 1 extrémité «le la
hampe un anneau i>n matière resineus«> (pii, dans les deux
localités, est strié longiludinalement d'une manière identique.
Ce petit détail paraitr.i peut-être insignilianl . mais il est néan-
moins d'un(> certaine ini|>ortance, (ai il est dillicile (|U ou ait
RÉGION DES ATACAMAS. RÉSUME. 773
inventé, d'une manière indépendante, dans les deux localités,
cette sorle de contrepoids, d'une facture si singulière, et dont
on trouvera la description page 6/44-
Ces faits sont dignes d'être remarqués, mais, après toul,
peut-être est-ce simplement le fait du hasard que l'on n'ait pas
trouvé dans une localité ou dans une autre des ])ointes en
pierre ou des pointes en bois, quoiqu'il en existe. J'ai déjà
signalé (voir pages Sôy et 67 1) l'irrégularité des trouvailles fie
pointes de flèches dans les diverses ruines et la spécialité que
présente chaque village quant à la fabrication de ces pointes,
même quand il s'agit de villages évidemment contemporains et
appartenant au même peuple. Cependant, Pucarà de Punco-
nada, qui n'a fourni que des pointes en pierre, serait peut-être
une colonie d'étrangers; tandis que Sayate et plusieurs loca-
lités autour de Casabindo et en Santa Catalina, où les flèches
sont à pointe en bois, auraient été habités par des Atacamas.
Pour la solution de problèmes de cette nature, il faut des
fouilles méthodiques dans un grand nombre de localités, el,
malheureusement, ce qu'on a surtout lait dans la Puna,
comme, à peu d'exceptions près, dans la région diaguite aussi,
ce sont des collections de curiosités et non pas des études
arcliéologiques.
Dans le même ordre d'idées, un autre fait cà signaler rsl ((ur
M. Sénéchal de la Grange n'a pas rencontré à Calama de ces
haches plates en pierre schisteuse qui se trouvent (hnis presque
toutes les ruines de la Puna de Jujuy, mais, d'autre ])arl, les
pefles fabriquées de la même roche et suivant la même mé-
thode y sont commîmes.
Mais, comme nous l'avons dit, il ne faut pas être surpris rl«;
rencontrer des petites particularités locales dans une région
dont les vestiges préhispaniques en général préseiilciil uin'
grande similarité et homogénéité. Nous retrouvons |)artuul
dans la région ando-péruviennc le même phénomène : chaque
localité présente des spécialités si remar([ual)l(!s et des difle-
rences si notables par rapport à toutes les autres localités,
5o
774 ANTIQUITES DE LA HE(.ION ANDINK
(luon est quelquefois tente de se deniandiT s'il y a eu autant
de peuplades dillérentes (ju'il y a de viiia^^cs vu ruines. Jr
citerai à ce pr()|)os ce (pie dit M. Wiener ^377. p. i5»j, en par-
lant des ruines i\r l'aiirien IV*rou : On se trouve donc en pr»'»-
seiice d'une double liV|)othese : ou i)ien le Pérou a ete iiahité
mr autant de races que l'on rencontre de groupes de ruines,
ou bien il a été habité par une seule race ayant des dispositions
î>m»ciales et inulliples. Pnui nous servir d'une exj)ression (!«•
notre é|)o<|ue, ces bâtisseurs n'auraient |)as été des caractères
à princii>es, mais bien des tcmprranunts s'assiniilant avec une
extn^nie facilité .lu milieu dans lecpiel les avait amenés le hasard
de la ;;uerre ou la lo^'i(ju«' des migrations. • (iependani je
nadiièn* pas à la dernière partie de cette phrase, car je consi-
dère la race ando-péruvienne comme très homogène et je crois
que ce n'est (pi'à une épupie très reculée (pi'elle a pu être
lormée |)ar le mélange de plusieurs races ou (pi'elle a absorb»*
des éléments étrangers (!<• (juchjue iin|)ortance.
Pour revenir aux vi'sliges de nos Macamas, d nous reste a
signah'r les dillérences (pie présente leur région, en ce cpii
concerne l'archéologie, par rapport aux nagions circonvoi-
î»ines.
D'abord, (piani à celle des l)iaguit(>s, leur culture ne peu!
|>asse confondre avec celle des anciens Atacamas. Chez les pre-
miers, nous trouvons fort (lévelo|)pés l'art de la cérami(pie. I.i
sculpture sur pierre, la métallurgie du cuivre et I arl de tra-
vailler ce métal. Au contraire, ( hez les Vtacamas, ces arts se
trouvaient dans un étal tout à fait primitif et rudimentaire.
Quant au cuivre, il est même douteux (pie ces derniers aient su
extraire ce métal du minerai el m iabri(pier des outils et des
objets de parure. \ (ialama et à (ihiucliiu on n'a pas nMicoutn*
d'objets en cuivre, et il est |)lus (jue probable (pie les ran***
pièces trouvées dans les ruines et dans les grottes funéraires (\r
la Piina de lujuv pn)viennent des >all«'es diaguites, de la
l^>livie ou (lu P/tou. d'où ils seraient par\enns .i la Pnna
REGION DES ATACAMAS. UÉSUMÉ. 775
argentine par la voie du commerce. Ceci est spécialement fort
vraisemblable en ce qui concerne les disques ornés, mentionnés
page 61 4. De plus, sur les objets préhispaniques provenant de
la région des Atacamas, nous ne retrouvons aucun des traits
caractéristiques de l'ornementique diaguite qui présente un
style particulier, bien que dérivé du style général du Pérou
et en faisant partie intégrante. Chez les Diaguites, la céramique
était richement décorée; chez les anciens Atacamas, grossière
et sans décor. Chez ces derniers, l'art textile et la sculpture sur
bois seulement avaient atteint un certain degré de développe-
ment; les autres industries, les autres arts étaient dans leur
première enfance. En somme, la culture diaguite se trouvait
à un degré différent et bien supérieur à celui de la culture
préhispanique du Désert d'Atacama et de la Puna de Jujuy;
fidentilication des autochtones de ces dernières régions avec
les Diaguites est donc impossible, comme, du reste, les ren-
seignements historiques le confirment en partie. D'ailleurs
aucune particularité de l'archéologie des Diaguites ne se
retrouve dans la région que nous désignons sous le nom dv
«Région des Atacamas ".'Seuls, les éléments du folklore sont
très semblables dans ces diverses régions, mais ces légendes
et ces cérémonies sont d'origine péruvienne, communes à
toute la région ando-péruvienne, et ont sans doute été in-
Iroduites pendant la domination péruvienne dans ces |)ays. Au
nord de la Puna de Jujuy, la continuation du haut ])laleau,
c'est-à-dire la partie australe du haut pays bolivien, était, sui-
vant les documents historiques, habitée, à l'époque de la con-
quête, par les Chichas, qui parlaient le quichua et n'avaient
pas de langue propre, motif pour lequel ils sont souvent dé-
nommés « Quichuas ». Une grande partie des Indiens mensurés
en Bolivie par la Mission Française y appartiennent et la plupart
des crânes anciens exhumés au cours de ses fouilles en Bolivie
proviennent probablement des ancêtres de cette peuplade.
M.Chervin, dans son ouvrage sur ces mensurations anthropo-
métriques et sur ces crânes, applique aussi à ces Indiens le
5o.
776 ANTK^I ITK.N DK 1 A hKf;iO\ WDINK
nom de - Oiiichuas"^. Cependant il nw semblo quo ccHo
(l(^nominati()ii psi pliilôl fquiv()(|iif, car ou a|)|)ellf rgalniuMil
.Qiiicliiias» \vs Iiirli^Mis (lu haut pays du IVrou, sr|)an*> des
proinirrs partout»- la n^^'ioii ayniara ; t't hicu qu«' \vs • (Juicluias ►
du Vvrnn «t < «'ux du sud dt* la Bolivie |)arlent la même lanjçue,
leurs aHinitr-s fl dilTéreiires soniatoloj^iques et elliuicpirs iioiil
nas^tô f'ludi<^es et, par suite, ne sont ps connues. \rcln'olo-
gi(pnMii(Mit, l«Mir région est aussi tn-s p» m (oiiuui', les seules
iouillcs (Hii y ont rtô |)ratiquées étant cellrs lïv la Mission Fran-
çaise. Pourtant 1rs rollrclions (pii en ont été le n'sultat, crll«'s
faites i)ar la Mi^^sion Suédoise a Tarija en i()()i et un certain
noiniin* d'nhjrls épars cpie j'ai eu rocrasiou de voir dans la
Hépnl)li(pn' Vrgentine, mont démontré que la culture préliis-
pani(pie de cette région était hien dilliTenl)' dr ( «llr de la
Puna de Injuv et <lu l)é>ri I d' \lacama. Tous lésants mentionnés
ci-dessus y étaient beaucoup plus dévelop|)és cpie dans ces
dernières «•ontrée>, rf Ir matériel arcln-ologicpu» pn'sente un
stylf dlllérent, slxle qui. ainsi (pu* le slvlr di.ignil»'. constitue
une Narieté du style |)eruvien. 11 s'ensuit <pie la jullure des
<!liiclias était hien autre que celle de*; anciens hahitants de la
l*nna argentine el du Dts» ri d'Atacama.
Nous pouxMis en dire autant d«' la cultun> des anciens Oma-
guacas (|ui habitaient à l'est <li l.i Pima dr IwjuN. I/archéologie
de leur région, cpii se compose de la (Jnehrada «le llumahuaca
et des montagnes enNironnantes, a aussi «'te peu «'tudiee. Je
n'ai eu le l«nq)s {\ \ faire (pie de légères observations (pii sont
exposées plus loin, mais j'ai vu assez pour me convaincre cpie
celle culture preliispani(pie était bien dillrnMile dv celle (h* la
Puna de Jujuy. Cesl surtout le slvle assez particulier de la céra-
ndqm» de» anciens Omaguacas (jui Ir prouve; on noie aussi
dans les ruines des |)arlicularite> df < (instruction el de dis|K>-
silion assez, remanpiables.
'' M ('.ln»r»in WTÎI (Jnrrhuas , urth.T iliMH»inin*l!<.ii r|.i«Mi|iir r«ii*t;ni>|r tjai-
gniphr qui iiiiilr un IM'ii niirtn , birn rhnnt . r|iii li^tirr i|.>im t<>n« lo« <li>rtimrnlt
nu f ;«u««i . la nrononrialinii I' ol nui a rlr .nlnnlrr ilAittlmilr»»
(lu qiiirliu.i Jr urrfrrv l.i !• > •'un>p4^('nno«.
RÉGION DES ATACAMAS. RESLME. 777
Sur la côte du Pacifique, les voisins des Atacamas vers le
Sud étaient les Araucans, mais ceux-ci étaient séparés des
premiers par de vastes déserts et c'étaient des Indiens qui
n'appartenaient pas à la civilisation ando -péruvienne et qui
ne présentent pas d'affinités avec les Atacamas.
Au nord du Désert d'Atacama, dans la région basse située
le long de la côte du Pacifique, habitaient une série de peu-
plades, dont la plupart, celles surtout des provinces littorales
du Pérou, sont comprises sous le nom de Yuncas. C'est peut-
être de ce côté qu'on pourrait trouver des affinités en ce qui
concerne les Atacamas, mais les documents nous manquent
pour des études comparatives sous ce rapport.
Voilà les résultats de mon essai de délimiter, surtout à l'aide
des découvertes archéologiques, mais cependant en tenant
compte aussi des données qui existent dans les domaines de
l'histoire, de la linguistique et de l'anthropologie physique,
les grandes sous-divisions de la partie australe du territoire
occupé jadis par la civilisation péruvienne. En commençant
par le lac Titicaca au Nord , c'étaient d'abord les Collas ou
Aymaras, ensuite les Ghichas, puis les Atacamas; à côté de
ceux-ci, les Omaguacas, de moindre importance; enfin loul
ce qui reste de la région andine vers le Sud présente les traces
de la culture diaguite. Toutes ces diverses cultures préhispa-
niques font évidemment partie de la grande civilisation péru-
vienne, de laquelle elles émanent, mais elles présentent aussi
chacune des traits caractéristiques, des variantes assez con-
stantes pour permettre de les distinguer entre elles avec une
certaine précision.
On me critiquera peut-être de formider des théories préma-
turées, mais je suis d'avis que nos connaissances dans I ethno-
graphie préhispanique de la région andine sont (h'jà assez
avancées pour ouvrir la discussion sur ces questions. Les pre-
miers essais d'une délimitation ethnogéographique seront sans
doute modifiés quant aux détails par de nouvelles recherches,
7»
ANTIOI I TKS l)K 1. \ HKGIUN ANDI.NK
niaii^ ce sera toujours pour moi une satisfaction d'avoir pu
;ip|)orlpr ma roiitrihulioii |K)ur r»'rlairrissenn'nt de (jurlquos-
uiis<lr> |)rnl)lrmrs >i iiil«'n'>>Stinls (pic sugfçere rrlude des races
autoclilnins dp la (iordillrre des Andes ''.
■'' La iiii»€ m |>JK^ ^^ prrvnt \olumf
déjà iCTininrr. an rnll^içue <!«• Berlin a
ru l'oliligcanrp île m'cnvoycr un ouvrage
rrrrnt <lr \1. Juan IV .\tiilm>»r((i, dont au-
run exemplaire ne parait Hrr parvenu .i
Pari* et qui est ioliloié : KjrpInrarioHet
m^meoiftaifM m la ciuAail prrhiituricu Âr
Lm l'aya \alle Calrlirttjtti . Prorinria dr
Salla . rrtm/Hin<n d>- l'JOti » l*JO:. ' Hevi*t.i
de la lJni«er»idad de Hueno» Vire*, t. VIII ;
l'ublicarione* de la Facultad de Filosofia n
l.elra«, N* 3 . IWieno* Ain-», u|oy-ii|o8.
I)an« < et (tinra^e. I auteur dérril le^
Toaille* furt ini|)or(ante« cpiil a pratiquée».
|iendanl le» ^ic» de iQof) et de t[)o~. djn»
le» ruine» du villa|,,'e prelii»|tani<pie de
1^1 nnu» avons nu%»i rnppfirtè
uni' Il d'objet», (Im-HIc plu» liant,
pag« 31 5- a46. I^ livre de M. Ambro-
Miti contient lienufoup ' <<-i\\s
inléfMannl» *ur re* nm .et
e^alenii-nl «tir la maivinil onnetee1hu^1<^■
la nillecljuii t|ue nous a«on» eluiliée.
M. Amlinwelli a Toaillé, dan» l'ancien
«illage de I.i|M\a et dnn» le rimeliére r«>n-
li^u. eiMirnii drui reni» ««'pullures et a
dreita^ un inventaire détaillé de» nombreux
i>bjet» ipi'il y a ethumé». l'ne grande partie
«le ce» nb)et« ««int analogie» a ceux qui
••ni été • n% \r iVvrI d'Atarama
'• «laii» I . :•• Jujii\, Ain»i v voit on
plutietin tableurs en lx>i» à manehr» tculp^
le» et lul»e» conirnani de» épine» de f ar
ta», orné* de |iei-»nnnaffe» et de figure»
»nomorpbe» «ruipté». I,e» • muteaux • et
le« rrociiel» en boi», «in»i que le» lopot m
oa retermblent |>arfailemenl à ceux de la
Puna de JttjaY et de (jilama . el également
ont élé exbuine» .i La|>a>.i plusicur» pelle»
en boi» de la même furiiie tjue celle» de ce
dernier cinieticre. Kn somme, le matériel
«I 1 |ue de I«i|tava présente une ana-
l'. 'ii|ualile avec relui que nous al-
Iribuon» aux ancien» Atacainas. et les
fouille» de M. Anibro»«-tli semblent démon-
trer i|ue ce dernier |M-uplc s étendait au»si
dans la partie nord de la Vallée (^alrba-
quie, un est situe Lapava.
Comme nous l'avons vu page aa, cette
partie de In vallée était, suivant les ren»ei
t:nenii'nl* historique*, liabilêe n l'époque
de la conquête espagnole par une peuplade
dénommée Puiare», «juc non» avon» »u|»-
|>oȎ faire partie des Hiaguites, faute de
documents nrrlu-ologiinie» ou linijuisti-
ques, d'après le»«piels elle |K)urniit élre
classée. Or, en conséquence de» dernières
découvertes de M. \ ni bro»el li , c«*» Puiare*
s4-iiiblenl «-Ire une Iriliii des \lacainn».
venue par iininigralion ilans la Vallée Ol
cbaqnie n trn\e » la Puna de Atacama, ce
qui est confirmé |>ar leur nom, dérivé trè»
probablement du Grro Pular. haute mon
lagne située imméiliatement au sud est du
.Nalar de Atacama.
Comme céramique, le» fouille» de l.a-
pava ont fourni, outre île nombreuse»
pièces de poterie grossière el d aiiln"» de
certains Ixpcs pénixien», quehpie» jiiiTe»
de fonues el de décor semblables à la |to
terie cararleristiqiie île la région diaguite.
ce qui est tout naturel , piiis^pie les ancien»
habitants de l.apavA avaient |>otir voisin»
imniiHliat» les Diaguites, avec lesquel» ils
devaient maintenir de» relations commer-
ciales et autres.
IV. - REGION DES OMAGIACAS.
A Pozuelos, je me suis écarté de mon itinéraire, afni do
décrire les vestiges préhispaniques du Désert d'Atacama en
même temps que ceux de la Puna de Jujuy.
De Pozuelos, je me dirigeai vers le Nord-Est, et, traversant
par le col d'Escaya la Sierra de Cochinoca, j'arrivai à LaQuiaca
et à Yavi, deux villages situés sur la frontière argentino-boli-
vienne et appartenant au département de Yavi , qui forme le
coin nord-est de la Puna de Jujuy.
La Quebrada de Humahuaca y commence, et les antiquités
que j'ai exhumées en Yavi sont si analogues à celles de cette
quebrada, que je n'hésite pas à les classer comme provenant
du même peuple. D'autres collections de ces régions conhr-
ment cette appréciation.
J'ai résumé, pages 78 et suivantes, les renseignements histo-
riques que nous possédons sur les Omaguacas, habitants pré-
hispaniques de la Quebrada de Humahuaca et probal)lemoiit
aussi de Yavi. Je n'ai pu y faire que très peu d'études archéo-
logiques, que je vais décrire.
YAVI CHICO. SANSANA.
J'ai fait des fouilles, aux environs de Yavi, en deux en-
droits : à Yavi Chico, à S*"" au nord du village de Yavi, et à
Sansana, à environ i5''"' au sud-ouest de ce même village.
A Yavi Chico, au pied d'une énorme barranca (h 3o"' dr
hauteur, sur les bords d'une petite rivière, on voit des débris
d'anciennes pircas détruites et rasées. Mes fouilles m'y firent
découvrir une tombe bâtie en pierre, formant une chambre
souterraine cylindrique, avec toit voûté, de i""!)^ do hauteur
sur un peu moins de 1 "" de diamètre. Le petit vase Jifj. 190
rM)
ANTIQUITES Dt LA RKC.ION ANDINF.
\ fut trouvf avec un sfjuelcttt? roin|)l«*ltMn«'nt flôsaj;n^gô. Ce
vase a o^ogQ de hauteur et o^ogS de diamètre uiaxiuunn a
la panse. Le fond est apl.iti afin dr jxiunou le piacrr delM)ut
>ur une surlare |)lane. La pâte est asst»/. Iiiie, couleur rose.
L'ouverture n'est pas rirruiaire, roniin(> relie de la |)lupart des
poteries de formes semMahles, mais ohlon^ue, de ()"oj[i de
lon^Mieur et o" o I o d«' lar«;eur. Les anses oi)li(pi(>s ne sont pas
|)larees dans le sens du diamètre du vase, mais (\v telle sorte
KiR.
^«ti (Uiirtt. \«M-.
I 1 ;;r. liai.
jjiie la dislanre entre leurs e\trémit«'*s inférieures, du côte \i-
sihle sur la li«;ure, est de o*" loo, tandis cpie la miMue dislann-
mesurée de lautre côte est de o'^iHo. Sur le hord du j^oulol
WHil escpiissés les yeux, les narines et la Kourlie d'une face
liumaine.
A Sansana, sni- une «ollinr au pie<l de lacpielle roule un
ruisseau, il ) a l)eaucou|) d'anciennes constructions vn pirca;
la plupart sont des enclos rectanj^'ulaires ou carrés de i â 4""
de cote; il n a aussi des enclos plus ^'rands. Une de ces con-
structions était formel* de deux chand)res carrées, dont l'une
a\ait .i*" sur i"*. Dans le sol de cette dernière se triuivail.
à o":>o de profondeur, une faraude pierre plate de i" de
lonj^ueur sur o" 8n de lar^^eui. tellement lourde cpi'il fallut
trois liouimes pour la soulever, \u-dessous de cetti- |)ierre
étaient eiitern»*. dans la position «)rdinaire accroupie, deux
Pr.. TAWII.
*~'
l'i;;. 11)1. - Saiisaiia. l'olci-ii-. rvlmmi'is d'imi' M|Millmr. i^'3 f^r. nnl.
ARCHÉOLOGIE DE LA QUEBRADA DE HUMAHUACA. 781
adultes et un enfant de 12 à 1 5 ans. Ces squelettes étaient
complètement effrités. Autour des trois cadavres étaient placés
les onze vases et écuelles reproduits y?^. 191. La pâte de ces
poteries est identique à celle du petit vase de Yavi Chico que
nous venons de décrire. Cette poterie à pâte rose, assez fine,
est caractéristique de la Quebrada de Humahuaca. Toutes
les pièces ont le fond aplati. Les pièces d,J\ h sont ornées
de figures modelées : fanse du vase d représente une tête de
serpent;y^a une face humaine modelée sur le bord du goulot,
et II, comme anse, une tête de lama. Les anses obliques des
pièces y et i ne se trouvent pas aux extrémités du diamètre
horizontal des vases, mais sont placées de la même façon que
les anses du vase de Yavi Chico. Dans plusieurs écuelles el
vases, il v avait des cuillères de bois qui tombaient en pous-
sière dès qu'elles se trouvaient en contact avec fair. Leur forme
était semblable à celle de la cuillère de Pucarâ de Rinconada,
Jiçf. 142 a. Comme cette dernière, plusieurs avaient sur les
côtés du manche des incisions en forme de dents de scie.
La sépulture de Sansana me fournit une trouvaille très
intéressante: un coquillage de fespèce marine Oliva pernvinna ,
Lmck., qui existe seulement dans fOcéan Pacifique. Ce spé-
cimen était entier, sans mutilation d'aucune sorte. Les Oliia
étaient très estimées par les Péruviens, comme fêtaient et le
sont encore de nos jours, chez les Indiens de la région occi-
dentale des Etats-Unis, les coquillages du genre 0//i;e//a , proche
du genre Oliva. h'OUia peruviana, ainsi que YOlira pnipasia,
Duclos, suivant M. de Rochebrune (314), ont été rencontrées en
grande quantité, formant des colliers, dans les sépultures
d'Ancon. Le Musée du l'rocadéro possède plusieurs de ces
coUiers, provenant des fouilles de M. Wiener. Des anciens
cimetières de Tiahuanaco, M. G. Courty a rapporté de iioiii-
breux spécimens de ce même coquillage a>ant le sommet scié,
de façon à pouvoir les enfder sur une ficelle. Quant à la Répu-
blique Argentine, j'ai rencontré des Oliva peruviana dans 1rs
urnes funéraires du cimetière d'Arrovo del Mcdio, (pie \v
7H2
ANTIQIITKS l)K LA RÉGION ANDINK.
drcrirai nlu> loin. J'ai egalt'iiinil \ii, dans la collection Zava-
lela, au Musée de Berlin, un spécimen du même coquillage
(n* V. C. 6901 dn c.italoj^up , exhumé à Quilmes (\ allée d<»
Yoravil). D'autres c<Mjnillrs marines provenant du Pacifique
ont été trouvées par \l. Moreno '244. p. 11 , dans des urnes
funéraires exhumées Mir 1« .s bords du llio Dulce, province
dr Sanliaj;o del Kstero, et dans une autre urne funéraire de la
province de San Juan. \I. Moreno n'en d«'termine pas l'esp'ce.
Aujourclhui encore, les colliers en coquillaj^es marins sont
en u.saf^e dans (|U(>l(pies endroits de la Pun;i d»* \tacama. \
Pastos (irandes, villa«;e situ»' dans ce territoire, près de la
frontière de Salta, les Indiens, d'a|)res \l. Eduardo A. Holm-
h»'r«,' 186. I». 7-» « im|X)rtenf toujours, pour en conlectionner des
Fij. 19t. S«nMn«. PiJrr» irrnfiUgr. •» ^ zr. nal.
cj»lli»'rs, descjMjuilla^i's (lu (.lnli,dont M. iiolinher^' cej>endant
ne détermine pas resjx'ce. Il aurait été intéressant de savoir si
ce S4»nt des Olivn . «-omme à li-jxxjue |)relns|)anique. Les Ohm
lournissfMit un l)oii iii(h(«' l'u «e (pii concerne le rayon de 1 in-
fluence pTUvienne.
Sur le sol des ruines de ^ansana, j ai recueilli heaucoup de
pièces d'i'nlilaj;e. Les plus communes étaient de «grands discpies
en pierre, dont trois sjx'cimens sont reproduits ////. lif'J. Ils
ressend>l«'nt parlaitement a ceux deChieta. repnxluits //</. t^iJ i.
/, k, m, et .sont taillés d'une manière assez, défectueu.se dans
un tul volcaniqut' tendre, j^énéralement d une couleur j;ris
pâle, quoirju'il y en ait cpu'lques-uns de couleur rose, (.es
distjues ont de o*o.Hr> à o^o:».*» de diamètre sur o"oi5 à
o*oio d'épaisseur; ils sont en j^énéral un peu plus j;rands
que ceux de Ouetn. î.,a pertnratiofi a (pirKpipfois la forme
ARCHEOLOGIE DE LA QUEBRADA DE HUMAHUACA. 783
biconique, d'autres fois le trou est parfaitement cylindrique.
Ces pièces ont probablement servi à former des colliers.
J'ai également recueilli à Sansana de petites perles cylin-
driques en turquoise et en sodalite, deux ou trois éclats d'obsi-
dienne, une pointe de flèche de la même forme et de la même
roche que celles du Pucarâ de Rinconada dont un spécimen
est reproduit/^. 112, jf â2; enfin, un fragment de couteau
en cuivre, dont fanalyse chimique est donnée sur le tableau
inséré plus loin.
LA QUEBRADA DE HUMAHUACA.
Cette quebrada commence au sud-est de Yavi et se termine
à la ville de Jujuy, suivant une ligne à peu près droite du
Nord au Sud. C'est une étroite vallée très analogue à la Que-
brada del Toro, encaissée entre de hautes montagnes. Sa lar-
geur, en certains endroits, atteint 2""". Dans d'autres endroits,
la quebrada se rétrécit, formant des passages de 3o à 100"'
de largeur seulement, où l'eau coule entre des parois presque
à pic, de 50*" ou plus de hauteur. Quelques-uns de ces pas-
sages, nommés nnfjostos, ont 5""° de longueur et parfois davan-
tage. Pendant les crues, il est impossible de s'y aventurer : en
1901, j'ai dû m'arrêter pendant trois jours devant fAngosto
de Yacoraite, jusqu'à ce que les eaux de la crue eussent dimi-
nué. Cette fois, la rivière engloutit deux personnes qui avaient
tenté le passage, tandis qu'en temps ordinaire cette même
rivière ne forme qu'un petit fil d'eau au milieu de son lit
sablonneux. Dans la partie supérieure de la quebrada, c'est-
à-dire dans sa partie septentrionale, les montagnes sont com-
posées de quartzites compacts et de schistes plus ou moins
plissés (phyllades); de Humahuaca à Tumbaya, les schistes
sont en grande partie couverts d'un grès « ])saminile » pulvé-
rulent, tendre, rouge foncé en général, mais aussi jaune, bien,
vert, violet, dont les tons sont très accentués, ce qui donne
lieu qnelquefois à des effets de coideurs tellement étranges
78Ï WTM^IITKS l)K LA REGION ANHINE.
nn'itiï l«> (lirait imj>ossil)l»'s Ni im les vo>ail «mi |MMiihin'. Le
IV L. hrarkcbiiscli 74 considère les schistes comme siluri(|iies
r! il classe les gn»s tendres dans sa • fornialinn jMlrolifi're ».
(lui iirolKihlement serait une formation sous-crelacée. La
végétation t'si la même que dans la Quehrada d»! Ton» : au-
dessus de •j,ot)o'" d'altitude, il n*N a (\w (juchpics arbustes et
de r)etits arbres épineux, (juel(|u«»s toulle^ de ;;raminées, des
broméliacées et (b's cactées jMiussaul entre les pierres (jui
couxrent le flanc des montagnes. A Tumbaya (environ a,ooo"),
le pavsage commence «^ changer, et, dans la jiartie inférieure
de la Qnebrada de Humabuaca, entre Léon ( i «(ioo* et Ju|u\
(l,i58*), une xegélation |)res(pie tropicale remplace la végé-
tation racbiti<pie de la partie haute de la (piebrada. La rivière
(pii cnule au fond de la (hiebr.ida de linniabuaca se nomme
le liin (iraiide de .lujuN. \ (pielipie distance (Ml a\al de la
\iHe de bijuN. cette riNiere tourne à gauche, décrit un grand
arc vers l'Kst. pimi se diriger ensuite au Nord, p.ir l.i Xalléi» de
San Francisco, sous le imin de Hi«> .San l'ranci.sco; puis elle
contourne l'extrémité .septentrionale de la Sierra Santa Hàrbara
et rejoint le Rio Hermejn, cpii tra\erse les forêts du drind
(iliaco jusipiau Hi(» Paraguax. Le Hio (Irande de .lujux est
d un débit plus abondant «pie la rixiere de la (hiebrada del
r(»ro, et jMMir cette raison la culture de la ( hiebrada de lluma
huaca est plus iin|M)rtante (pie celle de la Ouebrada del Poro.
On v cnlti\e pres(jne excInsivenuMit de la lu/.erne et on x xoil
parfois des saules (Sali.r lliimhnldliana. flilld.)^ des |XVhers
et d'autres arbres fruitiers, de la vigne même. Kn (h*»cendnnt
la (pn'brada . les pnMiiiers .saules (pn» j'ai xus se tron>ent dans
le xillage de Humabuaca i'i,'Jt\\'" . Ils sont bien racbiticpu's,
mais ds fdrnu'iil néanmoins des .dlées dans ceil nms lues de
ce village.
IV la Puna, on peut tra\erser la .Si(»rra Occidental de
Humabuaca jiar trois chemins. De Yavi. par de vast(»s step|>es
inhabitées et |)ar le col de l'Abra de las (iordaderas, on des-
cende Ojo de Agna dans la Ouebrada de Humabuaca. O'Xbra-
ARCHEOLOGIE DE LA QUEBRADA DE HUMAHUACA. 785
pampa, par le col de Très Cruces, le Gouvernement argentin a
construit un chemin carrossable aboutissant dans la quebrada
àNegra Muerta. Des Salinas Grandes, par TAbra de Pives et la
Quebrada de Purmamarca, on rejoint la Quebrada de Huina-
huaca à la Puerta de Purmamarca. J'ai parcouru les trois
chemins. H y en a d'autres encore, mais praticables seulement
pour les Indiens allant à pied, non pour des cavaliers.
RUINES DE LA QUEBRADA DE HUMAHUACA.
Malheureusement le temps calculé pour mon vovage étail
presque écoulé, lorsque je parcourus la Quebrada de Huina-
huaca en revenant à Jujuy. J'aurais pu y faire, s'il en eût été
autrement, de longues et intéressantes études archéologiques;
mais, durant mon passage, je n'ai pu que visiter rapidemeiil
quelques-unes des ruines situées sur mon chemin et rele\ei'
quelques pétroglyphes et fresques jusqu'alors inconnus. Le
hunps me fit défaut pour entreprendre des fouilles.
En allant de Très Cruces à Negra Muerla, on trouve, à
environ îK)"""' avant d'arriver à la Quebrada de llmnahuaca,
trois huttes d'Indiens désignées sous le nom d'Azulpai)q)a.
Une route, d'origine préhispanique certainement, traverse à
cet endroit, du Nord au Sud, la route carrossable (pie nous
avons mentionnée. Suivant les renseignements des Indiens, la
route ancienne se continuerait, en passant près de la sourc<'
de fArroyode Coraya, dans fenchevêtrementdes montagnes de
l'intérieur de la Sierra Occidental de llumaluiaca, juscpi'an
Cliani, où elle rejoindrait la Quebrada del Toro. Ces inlor-
mations des Indiens me paraissent vraisemblables, car les
chaussées anciennes ne suivent pas en général les quebradas,
mais sont construites sur les pentes des montagnes <mi con-
servant le même niveau, si bien que leur rampe est toujours
très douce, même dans les terrains les plus accidentés. Nous
avons déjà décrit une de ces routes entre iMorolniasi, dans l.i
Quebrada del Toro, et la Vallée de Lerma. Celle d'A/.ul|)anq);i ,
'bù
ANTIQUTKS DE LA HKCilON \M>INE.
(ioiil j'ai iii(li(|uo sur la carte archéologique la |)arlie que j'ai
vue, n'est pas si bien consenée que cellr de Moroliuasi.
\u Mirl (lu cliemiii actuel et à (jin'l(jiie> kilomètres à l'ouest
(!•• i;i roul«' |)reliis|Miii(jue, il n a heaiM-uuj) de restes d'aii-
i U'iiin's nii ras: ces ruiiirs portent le iioiii de Tfj VDAS.
Kii parcourant \vs nioiitai^nes entre Azulpauipa et le Nilla<;e
de lluMiahuaca, on traverse une haute plaine d'une ass«*y.
Jurande étendue, dénommée Alto dk Zapagua. Dans cettf
plainr. un rencontre à cliacpie pas, pendant plusieurs kilo-
mètres, des Dircws en ruinr. L \lf(» (If /aj)a«;ua jiarait a\nir cte
tn*s peuple a répo(pie preliisjianitpie.
Dans la Quchrad.i df I luniaiiuac a, il \ a , d après ce (pie j en
sais, des ruines aux endroits suiNants : lluinaliuaca, Cialete,
Chucalezna, ^acoraite, lluacalera et Tilcara. De llumahuaca
Ki^;. 193. iliintaltiiarj. Va«r ornilhniiior|tlit-. i/i ;:r. iial.
à Tilcara, la distance est d emnxui ho^"'^ ce (pu démontre une
densité de |H>pulation assez, remanpiahie a re|)oque prèhis-
pani(pie, si toutes ces ruines sont contem|M)raines. ( e «pu mr
semble probable.
lit M Mil ACA. — Sur les liauttMirs à l'ouesl du Niila^^e actuel,
il y a de vieiile;^ constructions. C'est l.i (pia été exhumé le \aM'
fiff. Iff.'i, en forme d'oiseau, peut-étn» \^ pnm del monte (/V/ïc-
lopr nhsntra . Vieill. [?] i , gallinacé assez, grand , existant encore en
grand nond^re dans ces régions et qui est très chasse |>our sa
chair rc&si*mblant un peu a celle du coq de bruyère eiin»-
ARCHEOLOGJE DE LA QUEBRADA DE HUMAHUACA. 787
péen. Ce vase est d'une pâte assez fine, et de couleur rose. La
longueur maximum du corps, la tête et la queue non com-
prises, est de o"" 10. En dehors de l'ouverture principale du
vase, formée par la queue de f oiseau, il y a un petit trou
dans le bec, destiné sans doute à laisser pénétrer l'air quand
on versait le liquide contenu dans le vase. Sur les côtés de
cette poterie, il y a de faibles traces d'un décor peint, grossier,
représentant probablement les plumes des ailes.
Dans les montagnes en face de Humahuaca, du côté est de
la quebrada, il y a aussi des ruines en plusieurs endroits. On
m'a également dit qu'il existe d'importantes ruines à quelques
kilomètres plus à fEst, dans une localité nommée Pucarâ et
située à environ 4,ooo'" d'altitude, c'est-à-dire à près de :^ooo"'
au-dessus du niveau de la quebrada.
Galete est une colline de plus de loo"' de hauteur, située
au point de jonction de l'Arroyo de Calete et de la Quebrada
de Humahuaca, du côté est de cette quebrada. La colline,
presque à pic, est accessible d'un côté seulement, par un pas-
sage qui la relie à une autre montagne. Les pentes de la
colline, à partir de ib'" au-dessus du niveau de la quebrada
jusqu'au sommet, sont transformées en terrasses d'une largeuc
moyenne de 2 mètres, bordées à fextérieur par des murs en
pirca de 1'" à 1 ""50 de hauteur. Ces gradins sont divisés par des
nmrs transversaux formant des enclos rectangulaires dont les
niveaux diffèrent quelquefois un peu de l'un à l'autre, sur
la même terrasse.
La colline de Calete, défendue par des hommes arnu's de
llèches et de pierres, devait être inexpugnable; pour des enne-
mis sans armes à feu, et très difficile à prendre même pour
des soldats européens n'ayant à leur disposition que les arnu's
imparfaites de fépoque de la conquête espagnole. La lorli-
lication en terrasses de cette colline est basée sur h; même
principe que les forteresses incasiques, par exemple ()llaula\-
lambo. La dilférence consiste seulement en ce que les lorle-
resscs permanentes des Jncas, les terrasses et les murs de
788 A.NTiyirrtîi DE LA UEGIO.N A.NDINt.
(léfi'nMî t'taienl construits avec de farauds hlocs de |)ierr«* taillée,
tandis (lu'à (iaiete et dans les autres forteresses de la Ouehrada
di* llunialiuaca, il n'v a (jue d«» sini|)les ^/r(Y/5 ; murs en |)ierre
lu iili' siins mortier. Mais !»• svsteme de terra>ses est le même;
d ailleurs les incas construisaient aussi de^ lorteresses provi-
soirrs m terrasses lorsqu ils crai;;naient les attaques d einiemis
n*doutal)les. Montesinos 241, r. xir. p. 8i) décrit avec l>eaucou|>
dr détails la construction d'une de ces forteresses, très sein-
Mahle à celle de Calete, à I aniputoco, par litu-YupaïKpii, Ir
dernier de la dvnastie des Amautas. (!elui-ri mourut |)endaiil
l'assaut de cette lortf'resse |)ar les Coll.i^ «1 j.v \iilis. ( Ir hit
la fin de l'euipire des Amaula^.
(ilM (, VLKZN \. — J«* n ai pu «'xaiMiMcr (•^'^ rumr>. mais,
d après les renseij^neinents (pii m'ont été donnés, elles for-
iiH'iit une colline fortifiée avec des terrasses coinine celle dr
Calete.
^ NcouMTK. — H y a à <«'| «'iidroil un»' rtiHinr, |(»rlili«M' aNec
des pircas, dominant une |)artie étroite dv la (piehrada; mais
les «(radins n sont moins i<'<(uliers (pi'à (ialetf. Prés de cette
colline un Noit un tre> j^raiid carré formant une sorte de cour.
n'iiferuM'e rntrr des murs en piKn el dans l'intérieur de la(pieili'
se trouNe un ^'laiid ndiiihn- dr prtitrs rliamhres le loiij; des
murs, (ie .sont sans doute <-ts ruines ipie mentionne, en I7()i.
Don l'iliherto de Mena 235.|i. iii comme <>tant situées «dans
un pass;i^(* étroit forme p.ir je |{io de llnmalinaca, entre llua-
calera et I t(piia •. Mena parle aussi d'une forteresse «axec des
meurtrières de forme lei tani^ulaire • à l'entrée de la ()uel>rada
de Purmainarca (Puerta de Purmamarca . .le ne connais |>;is
ces ruines, bien que je me sois arrête plusieMirs fois à Pur-
mainnrca, où les liahitants mont dit (pi d ii \ a\ait j)as de
\ estimes des antuiiufs.
llliACM.F.RA. — A fîoo" en amont de 1 1 ferme putaiil ce
nom, du c(\té est de la qutdirada, on a|)ercoit une colline rou-
\erte fl'enclos carres el reclan^'ulain-s, de difliMentes dimen-
Moiis .11 pirca. Les murs ont et«' roinp|«tement détruits j>ar
ARCHEOLOGIE DE LA QUEBRADA DE HUMAHUACA. 789
l'eau qui a miné et fait effondrer la pente où ces ruines sont
situées. J'y ai fait quelques fouilles, sans résultat.
TiLCARA. — La montagne, au-dessus du village actuel de
ce nom, est parsemée d'anciennes constructions de forme» et
de dimensions variées. Sur les pentes au nord de Tilcara, il y
a aussi partout des sépultures préhispaniques. Au cours des
travaux du chemin de fer de Jujuy à la Bolivie, Hgne actuelle-
ment en construction, on a mis au jour un grand nomhre de
ces sépultures. A mon dernier passage à Buenos-Aires, j'ai eu
l'occasion de voir une collection d'environ cent pièces de poterie
provenant de ces sépultures, poterie dont la forme, la pâte, la
cuisson et le décor modelé ont une telle analogie avec celle
de Yavi Chico et de Sansana, représentée y/</. 190 et 191, que
cette ressemblance est presque suffisante pour considérer les
anciens habitants de ces endroits, situés sur le haut plateau,
comme appartenant à la même peuplade qui a habité la Que-
brada de Humahuaca. Je crois savoir que la collection de po-
teries de Tilcara est actuellement dans la possession du Musée
national de Buenos-Aires. 11 serait à désirer que les nombreux
objets préhispaniques découverts pendant les travaux du che-
min de fer de Humahuaca aient passé en de hou nés maius,
et il est à regretter que des archéologues n'aient pas surveillé
Texhumation de ces objets, qui malheureusement ont été re-
cueillis par des personnes sans connaissances en la matière. Les
travaux du chemin de fer auraient en effet fourni une excelleulc
occasion, perdue maintenant, pour faire des études archéolo-
giques intéressantes.
HuACHiCHOCANA est situé dans la Quebrada de Puruiaiuarca,
sur le chemin des Salinas Grandes cà la Quebrada de Huma-
huaca. Pendant mon dernier voyage, je n'ai pas parcouru l.i
Quebrada de Purmamarca, mais, en 1901, je l'ai suivie deux
fois. A Huachichocana, dans une montagn<» de trachyle, il y a
des grottes qui paraissent avoir été habitées à l'épocpie préliis-
panique et qui routienneut d'anciennes sépullures. Un s(|urlell('
avec le crâne déformé artiliciellement y lut trouvé, ainsi ([uc
700 ANTIQIITKS DE LA KKC.ION A.NDINK
lU'spinas, (Ifs Iraj^iiii'iilsde poiene à (iécorp.iiit , des os brisés
.-l d'autrrs d.'hris dôiiioiilranl (|iio ces grottes avaient été jadis
des demeures Imiiiaiiies. M. Kriaiid Nordeiiskinld 258 p. hbo,
a donné nnr iinlicr sur r.s «;n>tl.'s ainsi (|ue des dissin> dr
fn'Mlurs nrinlrs dans deux ahris soub roclu' ;«ii in«in«' «muIumI.
ri quf jr reproduis plus loin.
Les nu>nlaj;nes séparant la liante plaine des Satinas (irandes
de la Quehrada de llnnialiuara, au nord «1 au >\u\ d. Iluaclii-
choraiia, reidérinent peutH'tr»' d'intéressants xestij^es. (ies ninn-
laL'ues sont jus<|u'à preM'iit t(»ut à lait inconnues au |M)int de
\ue arrliéolo^i(pie, et seuls les Indiens ont pénétré dans vr
lah\rintlu' tU' p«*liles cjuehradas catln*es paiiiii lr> rorliers.
\i.io DK (Jil.MANA. — Sur une lianlnii- portant ce nom,
Mluée au nord-ouest dr la Nill«* dr lnjus, sr lnm\rnt beaucoup
d'ancieinies constructions m pin a, icnides «1 rr( tan^'ulaires.
D'après les traditions des lial)itanl«> df l'ijn\, <»• seraient la
les rester <!•• la Nitill»' \ill«' «>|)a^Miol»', «Idruitr par les Indiens;
mais la construction des murs, la lorme des enclos et les Irajj-
mi'iits de |>oterie «pie l'on N a reiH«)iitn's démontrent (pi'il
saisit de> ruims d un \illa«;e pr«'ln>>pani(pie. 1) ailleurs ces
ruines sont nn-ntionnées sous le nom d'un pucarà ijrande de
pivJra iNu* grande forteresse indiiMUie en |)ierre) dans les
urdcnnn:a$ édictées pu I )nn Francisco de Arjçanara/., fondati'ur
i\v 1.1 nÏH»' de Injuv, le jnm iiMiiie de II loiidation de celle
\ille, le K) avril i.'x).^. î n extr.iil (l« ce dorunuMit a «-té publié
par le D' Quesiida 294, p. a.»
Toutes ces ruines sont-elles cnnteuiporaines et proxiennent-
elles des dernifTS occupants de la (biebrada de llumalmaca.
les Omaguacas? Eu me londani ^\\\ mes nrhercbes jMîfMm-
nelles et sur les collections (pu* j ai examinées, je crois |)ou-
\oir allirmer (|ue |)resque tous ces xestiges datent de la m^nu*
épo<pn'. (biant au |)euple du(|uel ils proviennent, ce ne |>eul
être (p»e celui (pie nous venons de nommer, car, si toutes ces
mines sont coiiteiii|M)raines et ne proN ieinieiit pas «les Oma-
ARCHÉOLOGIE DE LA QUEBRADA DE HUMAHUACA. 791
guacas, ceux-ci n auraient laissé aucune trace. Or cela est
inadmissible, alors qu'il s'agit d'un peuple qui a occupé la
Quebrada de Humahuaca pendant des siècles, ainsi que nous
le prouvent les renseignements que nous possédons sur leurs
guerres contre les Incas et contre les Espagnols. De plus, les
Indiens habitant ces montagnes à l'époque de la conquête
n'étaient pas des Indiens sauvages. D'après la description de
Jean de Laet (188/er;i. xiv, c. xii;p. d68), les Omaguacas «sont tous
riches et civils; ils se vestent de draps de laine, car il s'y
trouve un nombre infini de brebis du Peru (lamas), la laine
desquels ils sçavent d'ancienneté carder, hier et tistre fort
proprement Leur ordinaire viande est le mays ou des
racines des papas (pommes de terre) ». Don Pedro Sotelo Nar-
vaez (253, p. i5o) dit aussi, à propos des Ocloyas, que c'étaient
des « Indiens du Pérou ». Et, en effet, les forteresses et les sépul-
tures de la Quebrada de Humahuaca se rangent sans le moindre
doute dans la série des vestiges provenant de la civilisation
ando-péruvienne.
SANTA VICTORIA, IRUYA ET VALLE GRANDE.
A fest de la Quebrada de Humahuaca, nous Irouvous une
vaste région montagneuse: enchevêtrement de ni()nlagn<is, di»
quebradas et de cols presque isolés du reste du monde, à cause
de la dilhculté de communication. Les diverses parties de ces
montagnes portent des noms différents; les principales chaînes,
si dans un tel labyrinthe on peut distinguer une chaîne d'nin;
autre, sont les Sierras del Porongal, de Zenla et d(^ (i.ililegiia.
Le pic le plus liant paraît être le Calilegua, dont fallihidc ce-
pendant est inconnue. Cette région a])partient, au |)()inl de \\\r
administratif, au\ départements de Santa Victoria, (rhu\;i cl
de Valle Grande. Le seul savant qui y ait pénétré est h\ Dr. L.
Brackebusch (74 et 75), qui visita les deux premiers de ces dé-
partements pour y effectuer des études gé()l()gic|ues. En ce
qui concerne f archéologie, cette région est al)sohinient terra
7«Jt» ANTIOflTKS l)K LA l\K(;i()N ANDINFL
incoyntta. A «mi jnj;«T par cjuehjues ohjt'ls, ))rinri|)al('ment des
pièces en pirrn* >riil|)l»'H' (|Up j'ai vues à Jujuy, je suis sûr
(juiMip rxnrdilioii arrlnM»loj;i<|ue dans ces montaf^nes donnerait
lU'S réMdlals inaiN'iidus.
Suixaiil IrN rriiMM^nriiH'iil.s lii^ltu i(|in'> lUnii nous aM»n>
donné un résunié j>aj;e 76, une grande jKirlie de celle région
montagneuse était, à ré|)o(jue de la conquête, liahilée jwir les
()clo>as, (jiii. d'ajirès ma manière de voir, faisaient partie des
Omagnacas. Kn tout cas, les Omaguacas se répandaient certai-
nenuMit sur un ravon assez considérable à l'est du village de
llunialinara, et, jusqu'à ce que d(»s recherches arciiéologiques
iiirnl démontré le contraire, nous devons supposer (pie ces
inontagnes, ou du moins la plus grande partie, étaient hal)ité(>s
par les Omaguacas.
IKI S(M KS 1)1, LA (.llOTTi: hK ( Hl LIN.
PKTIKMil.YIMIKS lU: I.V «.UKHIUltV 1»! III M VIII \(:A.
Grotte de Chuliii. >iir l.i khiIc prchi>j)aiii(pie dont nou>
a>ons parlé, à 'i ou f)^"* au sud d \/nlp;Miq)a. il v a, du cMv
est de vv chemin, une grande groll»' uahirejje iorinée par les
eaux «lans le grès tendre, (pii est la roche caractéristicpu' de
cette partie de la Sii'rra Occidenl.il <!•• ilumahuaca.
La grotte Ne trouNe près d'une hutte indienne |>ortant le nom
«le (ihulin; elle a en\iron '|o"' de longueur sur \ à .)"' de |>rt»-
londeur et plus i\v H)"* {\r hauteur. Les Indiens app4'llent cetti*
grotte la (i rot te tic (Jiiilin ou Inrariirra, c'est-»î-din' la «grotte
de riiica •. ( .V n'est |)n's<pn' (priin ahri sous roche, comph'le-
ment «»ii\ert >ers le Sud -Ouest; cependant le siirplomh forme
un plalond concave «pii protège |)arlaitenieiit les parois et une
partie du sol conln* la pluie, (^est pour ci inotii (pi<> je préfèn*
la dénomination de «grotte» à celli* d'ahri sous i-oclie. Les pa-
rois sont assez, lisses, et le gre.s.duin* couleur ronge ioncé , est
couvert d'une |>atiiie jaunâtre. Hne couche de terre peuepais.se
ARCHEOLOGIE DE LA QUEBRADA DE IIUMAIIUACA. 79.1
s'étend sur la roche qui forme le sol. Des fouilles faites au
hasard dans cette couche, en deux ou trois endroits, n'eurent
pas de résultat.
La paroi du fond, d'une surface d'au moins 5oo mètres
carrés, et aussi les parois des côtés sont litéralement couvertes
de figures peintes en noir, blanc et rouge. Gomme dans la plu-
part des pétroglyphes , ces figures sont distribuées sans ordre ,
indépendantes les unes des autres ou bien formant des groupes
ou des rangées. Une grande partie des figures sont tellement
effacées, qu'il est impossible de les reproduire sans faire des
reconstructions qui enlèveraient au dessin son caractère docu-
mentaire. 11 faudrait d'ailleurs plusieurs semaines pour copier
toutes les figures et tous les restes de figures qui composent
cette énorme fresque. Je me suis donc borné à reproduire
seulement les figures et les groupes les mieux conservés et les
plus intéressants. Les figures que j'ai copiées donnent une idée
assez complète de ces peintures des anciens habitants de la
région de Humahuaca. J'ai aussi laissé de côté les milliers de
lamas qui forment le plus grand nombre des figures et qui sont
tous à peu près semblables. Je n'en ai copié que quelques-uns
présentant un intérêt particulier.
Comme dans beaucoup de pétroglyphes de rAmérique du
Nord, nous trouvons dans la grotte de Cluilin de nombreuses
figures placées à une hauteur telle, qu'il a fallu des échafaudages
élevés pour f exécution de ce travail.
En examinant les peintures de la grotte, on peut distinguer
deux séries différentes comme style, dimensions et couleurs.
La première série, représentée /fVy. 19 â, comprend des pein-
tures d'un style nettement indien, sans influence européenne.
Elles sont beaucoup plus petites que celles de faulre série
et elles sont noires et rouges, la couleur blanche n'entrant
qu'en petite quantité dans leur composition. La deuxiènur
série, dont hfuj. 195 donne des spécimens, est composée de
peintures de dimensions beaucoup phis grandes, quelquch)is
jusqu'à o"* 5o de hargeur on de h)nguenr, très sinq^los romnn'
79i ANTIQUITES DE LA BÉGIU.N ANDINK
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10 II
Fîf- ij4. — Groll» Je Ctiolin Kifarr* ppinlc* m frMqiir. %'* »rrN>.
V I, tjh fr. fMl. n** 9 à 1 1 . I 6 gr. nal.
ARCHEOLOGIE DE LA QUEBRADA DE HUMAHUACA. 795
ilOiUlOO
QO
'i". lûS. — GroUo (le Cluilin. Fi(;iiros peintes en Inscinr. •.' snie.
" N" 1. l'io ur. nnt.; n"' 5 à 8, 1/8 gr. nnl.
-Ofi ANTIQIITKS l)K I. \ RKC.ION WDINE.
loriiies et rcprt'seiilanl riitre auln ••, «N^ ( lit\au\ très recuiiiiais-
sables, desimaj^es liuinaiiiesd'uii style (jiii <lill«'re absolument
«le celui des Indiens, et des dessins qui semblent imiter des
cornes de IkeuF^. !.a plupart des figures de cette deuxième
série sont blanc ln•^; par exception on a employé le noir, mais
jamais le rouge. On voit très bien (pie plusieurs de ces grandes
figures ont été jieintes par-<lessus cellrs de la première série,
sans avoir égard à ce (pion ellaçait et recouvrait ainsi ces
dernières. En n»gardanl les diNcrses figures des deux j)laucbe>,
on remanjue les diflérences qui existent «iitn' le> deux séries;
mais, iMUir bien se rendre compte de la variété des dimensions,
il Faut se souvenir (pu' l'éclielle n'est |)as la même |M>ur les deux
séries. Etant donnés les Faits (pu? je viens de signaler, je n'bésite
|)as à conjecturer fpie les deux séries ne sont pas de la même
épo(jne : je en »is (pie les ligures de la j)reiniere série ont été
peinle> asanl l'arrivée des Ks|)agfiols, et («Iles de la deuxième,
plus lard, lorsque l'induence européenne avait déjà commencé
à se faire sentir. Il n'est pas (lilllcile de s'imaginer qu'un artiste
indien ;iit \nnlu l;iire une imitation rusti({ue de Fart des moines
(pii accompagnaient les armées esj)agnoles, et cjii il a exécuté
des |>eintnres d'un nouveau style par-dessus celles (pie s(\s
ancêtres aNaienl jadis Failes d'aprrs Irnc r(tnc«'|)lion aulocblone
dt* l'art de. peindre.
riu.MiKHK SKIUK. — Les figures qui ^.• Irouvent sur la pan>i
lalérab* sud de la grotte sont mieux conservées que celles de la
grande paroi du ImikI. Les n*^ / à <S de la //(/. t9^i appartiennent
à celte jKiroi latrrale. tandis (pir 1rs tf U a /l'appartiennent au
lond.
N" 1. (îrand»' image liuiuaiue. dont lecorjjscl les extrémités
sont iorinés |)ar des lignes droite> et dont la tête est circulaire,
nianièri> de représenter FlKunme (pie nous avons déjà vue sur
la lres(pie de Piicani de Rinconada et Mir nu ]>étroglvpbe de
Piierla di* lîinconada. •! (pii, comme nous l'avons expo.^''
page fi8o,r>t Frécpicmment emplovée dans des|)etroglv|)hesde
ARCHEOLOGIE DE LA QUEBRADA DE HUMAHUACA. 797
diverses régions de TAmérique. Gomme à Pucarâ, cette figure
a des dimensions beaucoup plus considérables que les autres
figures de notre première série : le corps, de la tête jusqu'à la
pointe de l'appendice qui paraît être une représentation du
membre viril, a o"" 54 de longueur. Les lignes, contrairement
à celles de la plupart des autres figures, ont été d'abord gravées
et remplies ensuite de peinture noire. Elles ont environ o"'o3
de largeur. La ligure est placée dans une position oblique, à
une hauteur de 3"" environ au-dessus du sol, dans le coin de
la grotte. Entre les jambes et les bras de ce personnage, il y a
diverses figures de petites dimensions.
N*" 2 et 3. Deux figures humaines, la première assise, la
seconde debout, peintes en noir, d'environ o"' i3 de hauteur,
la tête ornée de plumes.
N° 4. Très semblable aux n"' i-8 de la fresque de Pucara
de Rinconada reproduite y?^. Iâ7. La tête et les jambes sont
noires, la tunique rouge. Cette figure est la seule dans son
genre dans la grotte de Chulin.
N° 5. Lama femelle allaitant son petit.
]\" 6. Quadrupède dont f espèce est difficile à déterminer.
N" 7. Lama noir, avec la tête, une partie du cou et la laine
du poitrail blanches. La laine épaisse, qui forme une sorte de
jabot sur le poitrail des lamas, est bien représentée sur celte
figure. Beaucoup de lamas de la grotte de Chulin et despélro-
glyphes de la Quebrada de Humahuaca montrent ce jabol,
tandis que sur les lamas des pétrogiyphes delà Puna il n'exish^
pas. Les pattes de devant de ce lama sont placées sur un
rectangle composé de lignes parallèles, dont la signification
m'échappe. H y a encore deux ligures semblables.
N" 8. Troupeau de nandous noirs à ventre blanc. La forme
des nandous, et surtout leur disposition en marche, avec ini
vieux mâle à la tête du troupeau, sont très fidèlement repré-
sentées d'après nature.
Les figures rf' 9 à 12 se trouvent au milieu du Fond d»' la
grotte, à une faible hauteur : i"' n i'" ^o du sol.
7W VMKHITKS DE L\ HKGION VNDINK.
%• 9. Haiijç<^e de lamas. L<» cou dv chacun de ces iauias pa-
rait èlre rrli«^ à la (|UCMir du |)rr^ced«Mjt .m iiinvrii (1*11111' (onlr.
Le iircniiiT lama de la rangée est mené |)ar un lininine. l ne
rangée de lamas analo^^ue ."i crlle-ci est j;ravee sur l'un des
[M''ln>«(lv|)ln's de Horlero, //y. Iffd.
N" 10. I rois jKT.snnuaf^es, celui du iniiieii asec une coii-
lure remanjuahle. Les deux autres send)lent |)orl«'r celui-ii sur
une sort»' <l«* chaise a jiorleurs indi(|uée par uin' li«;ne hori-
zontale, (iette manière de n'|)n'senter la ( liaise à |M)rteurs est
sans doute très rudimenlaire, mais nous l.i \(tN(ins «'uiploNée
aussi sur la j)olerir du I'«tou, Ires arli>li(|u«>nient décorée
de relirfs d'une exécution adinirahle. M. \\. A. IMiilippi 287.
|. II. |.l \ii. 'i , .1 n'produil un \asr d«' rrn|illo, <(»Ms«'r\e au
Musée national du (.luli, ->iii Ircnjrl on \(iit un personna«;e
|)orté pardrux autres sur une simple harn- droite. Cette lij(ure
difl'ère d(» celle de (.liulni ni « r (jin- lepersonna«(e est assis sur
une sorli' dr Irùne suppoilc par la harrr. au lu ii drlu' pl.irr
directement sur celle-ci, aNrc 1rs jaiiihf^ pendantes, comme le
pers<Hma;;r de notre lres(jue.
N" II. Ilnil persnijiia;(rs hahilles de lnni;ues rohes noires
et (pu seinhieiit être commandes par un neuNieme |)lace plus
haut à droite de la ran«;ée. (les huit |)ersonnaf;es |)ort(Mit des
objets tpii présentent (piehpie analogie avec les haclu»s |)lates
en schiste «If l.i Puii.i. lU sont iniil noirs, excepté les pieds re-
présentés par des taches hianches de forint» circulain»; la coif-
fure consiste en deux j)lumes : hianches v\ droites chez les six
personnn»;es de «gauche; Manches à |)ointes inures et londiantes
chez, les deux de droite. Le chef diilére des autres par la télé,
(pii est hlanch(\ |)ar les plunn^s |)lus j)etites, noires, et pars<Mi
arme, dont la lorine ne corres|K)ud à aucune arme cpie nous
c<mnaissions. Le sixième personnaj^e, à |)artir de la ^'auche,
et la coijlure du (|uatrièuH> sont prestpie elTacés. Ces lij;ures
ont environ o*o8 de hauteur.
N" 12. Ce groupe semhie représenter une scène de lutte.
(^uel(jueH-uns ih's personnages cpii v apparaissent sont pn'sque
ARCHEOLOGIE DE LA QUEBRADA DE HUMAHUACA. 799
eflacés, mais on peut se rendre compte que toutes les taches
représentent des hommes. Les deux taches à droite sont pro-
liablement des morts couchés par terre.
Ces douze numéros ne sont que des échantillons pris parmi
les groupes les plus intéressants de la première série. La plu-
part des autres figures de cette série sont des lamas placés en
rangées ou seuls, qui s'y trouvent par centaines, tournés de
toutes manières et dans toutes les directions. Parmi ces lamas,
])eints en noir et en rouge, quelques-uns ont la même forme
que ceux du groupe n" 9, mais dans la plupart le jabot est in-
diqué comme dans le rf 1 . Plusieurs allaitent leurs petits,
comme le n" 5. Très haut, à 9°* du sol, on remarque d'autres
lamas noirs, beaucoup plus grands.
En dehors des lamas, on voit des groupes représentant des
rangées d'hommes, des scènes de lutte, de petits quadrn-
pèdes, etc. Les différents groupes sont indépendants les uns
des autres. Les parois de la grotte sont entièrement couvertes
de figures.
Deuxième série. — La fi(j. 195 représente les principales
peintures de la seconde série. Pour les raisons que j'ai don-
nées, je considère ces peintures comme postérieures à la con-
quête espagnole et, par conséquent, comme plus modernes
que celles de la première série.
N** L Grands ronds peints en blanc, géométriquement des
«couronnes», de o" 4o à o™ 3o de diamètre extérieur et
environ o™2 0 de largeur. Un de ces ronds est situé à 8"' de
hauteur au-dessus du sol, deux autres à 3"" et six à 2"", dispo-
sés en rangées horizontales au-dessous du premier; à droite
de la rangée inférieure on voit, à quelque distance, une autre
rangée de six figures semblables. Tous ces ronds se Irouvenl
sur le fond de la grotte. Leurs contours ne sont pas parfaite-
ment circulaires, mais présentent de petites irrégularités.
N" 2. Trois ligures blanches, chacune d'un peu moins de
o"* 20 de longueur, formant une rangée à peu près borizontale.
800 ANTIQIITKS DE LA BÈf.lON \NDINK.
Il N a plusieurs aulres ligun*s, pres^jur «'H'arfes, «l»- l.i iim'mihî
lornu*.
N* 3. Grande ima«;e lui mai ne, à bras levés, punie eu hla ne,
de o"56 de hauteur. OUe figure, ainsi que les suivantes, m»
trouve sur I»» fond de la j^rotte,à '.<'" environ du sol.
N" ^1. Celtr ligure, blaneii»' ronune les pn»cédiMil»'s, res-
MMiihle à un»' paire de rornes de IxiHif; au-dessous, trois rec-
tangles. Hauteur verticale, environ o" 3o.
N* T). (hiaire carn*s formant une croix; au-dessus six p«»lils
rectangles en rangée horizontale; le tout surmontr <l un c pois-
sant inverti. Hauteur, o".^ i.
N° f). l'igure humaine peinte en Manc avec larges bords
noirs. Vutour dr la tète, un cercle bl:ni<' (pii rnpp»*ll«' l'atin-ole
des saints. Hauteur, o* t\.
N" 7. Deux mires de cornes d»' hou! d»' la inrmr form»'
(Hie celles du n" ^l. \n-dessniis de < li.i(|iii' paiir dr cornes, il
N a trois rectangles, ««t au-<lessus df l.i p. m»' inlrnenn' on \oil
Mil |H)int circulaire, dette ligure n est pas tout à lait symétri(|Uf;
elle est p<Mnte en blanc. Hauteur totale, o* f)3.
N" 8. Des chr\au\ montés j)ar des cavali(»rs portant des
lances, (ies figures sont peintes en noir avec d(>s bords i)lancs.
Les traits n»présentant les rênes et la |)oint«* de la lance du
cavalif^r de gauche S4)nt blancs, ainsi (pie la lance du c^ivalier
de droite. La longueur des ligures, <l<' l.« léte des chevaux
à l'extn'mité di l.i (|iniir, est (Truviron o"2o. Non loin de
ces figures il v en a une autn» .send)lable. |>rrs(jue eflacée.
\insi fpi'on le voit, ind doute (jue ces ligures m* représentent
«les honunes montes sur des chevaux; elles sont donc |M>sté-
rieures A l'arrivée des con(piérants espagnols dans la (Juebrada
de Hnmahuaca. Ce sont |>eul-élre les soldats dWlmagro ou de
l>on Juan Nune?. del Prado (jue h»s Indiens ont voulu repré-
senter |)ar ces pùntures. L'ex|MMlition d'Almagro eut lieu en
K».'i6. celle de Nunex del Prado en iTi/jy ou i55o; les Ks|)a-
gnols ne réussirent \ soumrllre 1rs Omagnacas cpi'iMi \\^^^.
Une in'Mjur rnpestre, reproduite fir^. "Jth'i »| (pii sr trouve à
ARCHÉOLOGIE DE LA QUEBRADA DE UUMAHUACA. 801
Huachichochana , dans la Quebrada de Purmamarca, repré-
sente aussi des cavaliers portant des lances et montés sur des
chevaux, mais ceux-ci, sauf un, sont dessinés avec des lignes
droites, comme les lamas des pétroglyphes de la Puna.
Les figures que nous venons de décrire forment la prescpie
totalité de celles classées comme appartenant à la seconde
série. Quelques-unes d'entre elles sont répétées plusieurs fois.
Pétroglyphes de Rodero. — A i o""" environ au nord du vil-
lage de Humahuaca finit TAngosto del Rodero , partie étroite
de la Quebrada de Humahuaca, ayant de 1 5 à 20""° de longueur
et qui commence un peu en aval de Negra Muerta, localité où
la Quebrada de Très Cruces rejoint la Quebrada de Humahuaca.
Les parois rocheuses de fAngosto del Rodero présentent de
nombreux blocs de schiste, à surface lisse très propre aux in-
scriptions. La roche, d'une couleur violacée, a été déterminée
par M. le professeur Lacroix comme du phyllade.
11 y a des pétroglyphes en plusieurs endroits. Ceux qui sont
composés de lignes ont probablement été gravés par frotte-
ment longitudinal avec une pierre formant biseau; les figures
à surface étendue, comme les corps de plusienrs des lamas
Jig. 198 , 199 et 200 , doivent avoir été creusées au moyen d'un
instrument de percussion, et on les a polies ensuite par frot-
tement.
J'ai relevé les pétroglyphes suivants :
Ficj. 196. Rangée de lamas; le cou de chaque animal est
rattaché à la tête du suivant par une corde; celui qui est en
tête est mené par un homme, à moitié effacé. Cette rangée de
lamas ressemble beaucoup à celle qui est peinte dans la grotte
de ChxAïnfuj. 194, n" 9; seulement, dans cette dernière, le cou
du premier lama est relié par une corde à la queue du second ,
et ainsi de suite. Dans la collection que le Musée d'ethnogra-
phie de Berhn a achetée récemment à M. Manuel Zavalein, il
existe une écuelle en terre cuite, cataloguée sous le uuniéro
original 3o63, provenant de b'uerte Quemado (Santa Maria,
802 ANTIQIITKS DK l\ HKGI(»N ANhINK
(:alamarca\aaiis riiileri.-ur de laquelle sont juMiiles, en iiuir
sur engol)c jaunp, et séparées par une bande de dessins geonié-
T(r
Fig. 19C. — Rudcru. l'i (rut:l\|tlM'. — i/i« gr. oal.
Iricnies, deux rangéi's de lamas, iepn'>en!ées //</. /.'y/, (jue Ir
\y \\ Leliniann a eu I nhli^M'ance (If m»' rtiiielti»'. (.vs lamas
>()iit d'im lvj)f «lillVinil (\i' c »liii des lamas des petro^KpIies
Fig. 197. Hirrir «^hirmji-io NtnU Maria. GiUinsrra . Drrnr |«-inl clan* une r<iirllr.
» .1 RT. nal lV««in «lu IV W. |>rltmann
de la Puna, mais ( eux de lune <le> lauî'ee^ sont attaches l'un
h l'autre et conduits |Mir un homme « précisément comme les
ARCHEOLOGIE DE LA QUEBKADA DE HUMAHUACA. 803
lamas du pétrogiyphe dont nous parlons. Cette répétition d un
même motif sur une pièce de poterie d'une région si éloignée
est intéressante : elle indique Thabitude des Indiens préhisi^a-
niques de mener les lamas attacliés les uns aux autres en file,
usage qui n'existe plus. Au-dessous delà rangée de lamas gravée
sur la i^ierreficf. 196 , il y en a une autre identique, mais telle-
ment efl'acée qu'il était impossible de la reproduire avec exacti-
tude. Les lamas de la rangée supérieure ont o™i i de hauteur;
V\<^. 198. — Rotlero. l'étroglvplic. — i/i5 |j;r. nat.
la rangée entière, C^yy de longueur. Cette pierre se Iiounc
du côté ouest de la quebiada, presque au commencement de
l'Angoslodel liodero, lorsqu'on y arrive en venant de Huma-
huaca. Près de ce pétrogiyphe il y a un autre bloc gravé, avec
des lamas presque totalement effacés, non placés en rangée,
mais dispersés çà et là sur la pierre.
Les pétroglyphes suivants sont gravés sur iiii groupe (h»
blocs à environ 2""" au nord du premier, du coté est, el à en-
viron 10" de hauteur du sol de la qiiebrada :
Fi(j, 198. Un seul lama, très grand, de o'"3o de hauteur,
avec un jabot représentant la laine épaisse et saillanfc (\\\ pni-
Irail (l(^ l'animal.
804
ANTIQIITKS |)K I. A HK(.I(>N AMUNK
/'iV/. 199. Ni'uf lamas dont la lêle et la queue suiit repré-
siMilee» (le dilléreiiles manières, probablemiMil jxiur in(li(|u»r
«liventes attiUi(lt>s de ces animaux. Six dv cfs lamas ont Irj.ilml
de lainr hirn indi(|in''. \n-d••^s^Is dfs lamas, on Nuil (rois li^Min-s
Kig. 199. H,-I.r. IVir.. .K|.|.. , ,,, ., „4|.
prfsc|ui* nT(an;;nlaires aver un |M»inl .m crnlre, rap|M>lant les
r»Trles .1 |H)int rmlra! (|nr nous a\ons vus sur les iW'tnij^lvplu's
<l«' la Oin'hrada di'l nn>al. //«/. 59 o ri fiO , el (|ni son! d'ail-
Ifurs rnmmuns dans les insrri|)ti()ns rnprslres drs dillrriMiIrs
|>arties dr r.\uiêri(pie. La pierre a i"'3() de hanlenr sur 1"
de larj^eur.
ARCHÉOLOGIE DE LA QUEBRADA DE HUMAIIUACA.
805
Fig. 200. Lamas de différentes formes et en diverses posi-
tions. 11 est à remarquer qu'un seul de ces lamas a le jabot de
laine indiqué, et que les autres ont, à la place, de une à cinq
Fig. 200. — Rodero. — Pétroglyphc. — i/i5 gr. nat.
petites protubérances. Serait-ce qu'on avait fhabitude de par-
tager la laine du jabot en l'attachant avec des rubans, comme
cela se fait quelquefois de la crinière des chevaux? Ou ces pro-
tubérances représentent-elles les pompons de laine rouge que
Fig. 201. — Tilcara (Quebracla de Humahuaca). Vase on terre cuilc. orné d'une tôle de lama,
dont le cou est orné de protubérances. (Dessin de M. E. A. Holmbcrg.)
les Indiens de nos jours placent dans la laine et au l)()ut des
oreilles de leurs lamas, coutume que nous avons mentionnée
page 496, et dont l'usage date sans doute de ré])()qu(' préhispa-
nique.^ M. Éduardo A. Holmberg possède, à Buenos-Aires, un
5'
805 ANTIQLITKS DE LA HK(;iON ANDINU
|K»lil vase en terre cuite trouvé dans une sépulture à Tilcara,
dont l'anse représente la tôte et le cou d'un lama; le cou a de
iHîtites pnilnliérances seinhiaMes a celles (pu* l'on voit sur notre
|)étrof;lNplie. M. Ilolinher^ a bien voulu m»' («nmnunicpier un
cnxpiis de ce \a.se, (pie j«* reproduis //y. "Jifl. M. \oii Tsclnidi
(311,p I03 dit (pie IcN anciennes statuettes de lamas du Pérou
ont souvent sur le cou des protuIxTances et des sillons n»-
pn'>sentant la laine épaisse que ces animaux jKjrtent à cet
(Midroit.
Fi(j. W"2. l'ace humaine j^ravée sur nii autre bloc de schiste,
situé dans !<• même j^roupe que les pélro«;lvphes précédents.
Fif. «OB. — Hotlero. Kigiirr d'un |Kint({iyplM*. i/6 ^r. nal.
IlautiMir de la li^Mire o'"3o, lar«;eur o"' ic). Sur Ir mmimc bloc,
il s .1 beancouj) de lamas et driix tm Irnis ii<;ures liumaint^s,
mais |)res(pi(' com|)l(teNiriit rllacées. La face, gravée en traits
plus protonds, s'est mieux conser\ée.
On m'a dit (pi'il v avait drs pcIroL^dv plies en |»lu.sieiirN
autres cndinits, dans l'Angosto di'l Tiodero. mais je n'y ai rvu-
contré (pic ct-ux cpie je viens de di-crire. Les habitants de llua-
mahuaca mV)nt également rlonné des renseignements sur les
IM'troglyphes existant dans les montagnes, à Test de leur vil-
lage, notamment entre Coctaca et \chic>ole«à environ i.'i^^au
nord-est de lliimahuara. Sur une montagne près de Coctaca, il
y aurait aussi les rniiifs d'un anrim \illage d'une certaine
importanrc.
ARCHÉOLOGIE DE LA QUEBRADA DE HUMAHUACA. 807
Pétroglyphe de Lozano. — Cet endroit est situé dans la
partie inférieure de la Quebrada de Humahuaca, à une ving-
taine de kilomètres de la ville de Jujuy.
D'après les renseignements qui m'ont été fournis, il y a,
à Lozano, une grande pierre couverte de lamas et d'autres
ligures gravées.
Fresques de Huachichocana. — Nous avons déjà eu l'occa-
sion de mentionner Huachichocana, dans la Quebrada de
l''ig. 2o3. — Huachichocana (Quehrada du l'iiriiiainarcaj. Figures peintes en freMjne
dans des grottes. (Dessin du haron Ë. Nordenskiôld.)
Purmamarca, à propos des grottes habitées à l'époque préliis-
])aniques et contenant également des sépultures. Dans deux
aljris sous roche de la montagne trachytique qui renleruie ces
grottes, on voit des figures peintes, la plupart en noir, quelques-
unes en rouge. Plusieurs ligures ont été d'abord gravées et les
traits remplis ensuite avec de la couleur.
M. Erland Nordenskiôld (258, p. 45i) a relevé, lors du passage
de la Mission Suédoise en cet endroit, plusieurs des figures de
ces fresques. Je reproduis ici, fi(j. 20S, sou dessin.
808 ANTIQl ITKS l)K LA ntXION ANDINE.
Les fresques (\v Huaclnchocana, ccrlainenicMil postérieures
à rarriv«'*e des Esnaj^iiol.s, représentent surtout des Iininiiies à
rlieval ixirtaiit des lances et d'autres armes. C^s dessins ni-
|)estres sont iKUir la plu|)arl ((uniMisés unitpieuKMit de lif;;nes
dniites, rommr le M)nt l«'s lamas vi heauroiip d'autres Hj^nires
di'N |M'»ln>j;lvpln*s dr la Puna, des >allées intrrandinrs dr I Ar-
^iMilini-, de la Ikdivie et du IVrou. Sur tous ci*s jM'troglNjdies,
les auteurs ont su n»présenter, au moyen de simples lignes, les
attitudes les plus diverses des lamas, cl. j)ar la même mê-
tlunle primitive, les artistes d«' lliiacliirhorana ont dessin*^ des
rlie\au\ et des cavaliers dans de nond)reuses |H)stures difl'ê-
renles. Dans ces o-uvres rn|)estres, on voit représentées, a\ec
heaucoui) (U' naturel, (\vs lutles nitn' des ra\ali<'rs, dt's luttes
rntre un ca\alier et un hnmmr à j)ie(l, l'tc.
IVrniérenîent, M. Nordenskiold (267, p. 346) a publié la |)lio-
tograiiliie d un pétrogivphe gravé [pcched) de (iarecoa, près de
(!aral)uco (province d'Omasn\ns. H<)li>ie), sur la ri\«* nonl-esl
du Tilicaca. (!e |M'»tro';l\|)l»e présent»! d<*s ligures rectilignes de
ca\aliers i*t de chevaux, très analogues à celles de Muacliiclio-
cana. A ma connaissance, ces drn\ pétrogivplies l't la frexjue
de la grollr i\v (iliwlin [^fuj, l!f'), n" tS'j .sont les seules ou>res
ruiM'stri's reproduisant des chevaux, qu'on ait découverts dans
lAméricpn' du Sud. l n petn»gl\plir présentant l'éhauche
d'un iia>ire euro|)4Tii du wi siècle, et (|ni par (-onstMpienl
date égaleuM'ut d une éptxpir jM)stérieun' à l'arrivei» des Euro-
|)éens, a été reproduit par M. Mverard iiii llnirn 348 /.i. . p. 4oo.
fi|r 3«j). O dessin est gravé sur un hloc dr |)ierre a llha de
Pedra,sur le Hio Nrgro, dan^ la (lUNanr hritannique. Le navire
est iacile à reconnaitif . hnn i|ur !•• dessin M)il de stxle nette-
ment indien.
Rapports entre les pélroglyphes décrits et entre ces pélro-
glyphfs et ceux de l'Amérique du Sud en général. — Outre
nnlir roumé, pages |-o-|--, .sur les prtrogK plies (pii ont
été puhhes de la région diaguite, nous aNons dans le présent
PETROGLYPHES.
809
ouvrage décrit et figuré, ou simplement mentionné, les pétro-
glyphes*'^ suivants.
Quebrada del Toro.
Quebrada del Rosal, pages 348-352, fig. 59, 60.
Pancho Arias, page 352.
Lagunas del Toro, page 352.
Quebrada de las Cuevas , entre Puerta de Tastil et Tastil , pages 364-
367,7/^. 65.
Tastil, page 379.
Incahuasi, pages 3'jQ-^8o,fi(j. 86.
Piina de Jnjny-
Cobres, pages 533-535, /r/. 100, 101.
Taranta (Casabindo), page 61 5.
Pucarâ de Rinconada (fresque), pages 665-673 , [((f. Uil .
Pucarà de Rinconada (pétroglypbes gravés), page 674.
Chacunayo (fresques), pages 674-676,^^. 11*8.
Puerta de Rinconada, pages 676-678, /j^. 749, 150, 151.
Aristucun, page 682.
Désert d'Aiacama.
Machuca(San Bartolo), page 718.
Quillagua, page 718.
Province de Tarapacà (plusieurs pétroglypbes n'appartenant pas aux ré-
gions que nous étudions), pages 719-720.
''' Dans plusieurs auteurs, le nom
« pétroglyphe » , introduit par Richard
Andrée, dans ses Elhnographischc Paral-
lelen uiid Vcrgleiche, est appli<[ué seulement
aux inscriptions gravées, tandis que les
fresques rupestres sont dénonnnées « piclo-
graphies», mot qui ne les définit pas avec
une précision suffisante, mais signifie plu
tôt une peinture sur une maiière (|uel-
conque. D'autre part, les ethnographes
des Etats-Unis emploient ce dernier mot
|)our désigner toutes les difl'érentes caté-
gories de peintures idéographiques des
Indiens, et non spécialement les peintures
sur des rochers.
Pour ce motif, je comprends en géné-
ral, sous la dénomination « pétroglyphcs»,
et les inscriptions gravées et les peintures
anciennes qui se trouvent appliquées (h-
rectement sur des rocliers ou des hlocs
de pierre naturels, l/étymologie (hi mot
« pétroglvplie » scmhicrail peut -être s'y
opposer, mais ou peut aussi liien parler
de « pétroglyphes peints» rpi'on le lait de
« hiérogly[)hes peints». D'ailleurs, si l'on
appelle « pétroglyphes n les inscriptions
gravées et « pictographies • les fresques,
comment dcnommerail-on les inscriptions
qui sont gravées d'ahord et dont les lignes
ont ensuite été renq)lies de couleurs?
glO ANTIQl ITKS DE LA BKCION ANDINE.
()uelrada de Hunuihuara.
(ihulin (frosques). pages 791-801. /î^. t9(i . 195.
UoiLto. pagrs 801-806. /î</./9<î. )9S . 199. WO . 90'J.
Ixizano. papi' 80-.
Iliiarhirhoraiia ( fre!M|Uos ) . paRi'> 8ji 7-808, //j^. ^20.'i.
Mil «•xaniinaiil la localisation dr ccb iiiM'nptioii.^ , iiou.^ rciiiar-
quoiis (HH* la nliijiart (r«'iitn' rllrs se IrouviMil le Ion»; de clieiiiiiis
qiii()nl«'*t<'»fr('*(jiu'iilésà IV'pcKjue |)rélii.sj)ani(jii««,siirt()nl(laiis(irs
endroits où ces cheiiiins traversent des |)arties (étroites des qiie-
bradas.ou bien au |)ied 011 au soiniiirt du passade (Tune inon-
taj;in' ou d'un ra\iii. Ainsi les |)etro^dy|)ln's de Panclio \ria>,
dr la Ourbrada de las C^uevas, de Pucrta (b- Hiiiconacbi et de
Hodi'H) se troiiNtMit dans des j)assa«(«'.s étroits des (juebradas, ou
celles-ci sont ««ncaissc^es entre des parois |)res(pie perjM'ndicii-
laires. Les p<^troj;l\ j)bes de (iobres sont plactVs près de bi sorti»»
dr cettr (Hiebrada sur la j)lain«'. (iciiv de l.i (jnebrada (b'I Hosal
sont j^ravés sur des blocs sr li<m\ant |)res du coininenctMnent
et à la iiii de la cb\sceiite, dans cette dernière (jiH'brada, de la
cbaussi^e prrbispaiii(|iie (|ui va de Morobuasi à la \ allé»» de
Lerina. (!«'uv dr Ta>lil sonl placés é«;ab'iiient à cotéd'un clu'inin
prébis|)aiii(pie, crlui de .\b)i'obuasi a l\ivo«^asta, à l'endroit ou
ce cbeiiiin iiioiilr la ptMite a|)rès avoir traversé bi (piebrada
où coub' rVrrovo de Tastib La «;;roll<' di- (!bulm. a\ec ses nom-
bnMises fres<pies, est aussi située sur un passa^^e étroit d'un»*
roule |)réliispani(jur dont nnr partie est si«;iialée sur notre
carte arcbénln;;ic|ue.
ba j;raii(b' hcsipu* et les p<'*trotjlvj)bes <\i' Piicara de l^iiico-
nada ne se trouM'iit pas à |)ro\iiiiitr d un cbeniin, mais tout
près des ruines du \illap' prébis|)ani(pie de ce nom. La grotte
(b* Cbacunayo est située assez. b)in des li* ii\ bai)ités, mais,
comme nous l'avons dit, tout indi(pie que les fresques de celle
jçrolle .Vînt aussi l'œuvre des anciens babitants de INic^ird. H
est d'ailleurs assez, rare de rencontrer des pétroglypbes dans
les environs imniédiats drs anciens vilInL'es.
PETROGLYPHES. 811
Nos inscriptions rupestres datent-elles toutes de la même
époque, ou sont-elles les œuvres de divers peuples qui se se-
raient succédé dans ces régions à des époques éloignées l'une
de l'autre? A cette question, je répondrai volontiers que tous
ces pétroglyphes proviennent de la même époque et qu'ils ne
donnent pas de traces de races dillerentes qui auraient occupé
le territoire l'une après l'autre. Tous les pétroglyphes gravés
sont plus ou moins du même « style » , et leurs éléments princi-
paux sont les mêmes : des figures de lamas et quelquefois
d'hommes, dont le corps et les membres sont formés par des
lignes simples et pour la plupart droites; d'autre part, des
lignes courbes irrégulières, entrelacées, formant des enche-
vêtrements qui défient tous les essais d'interprétation de la
part de certains archéologues qui s'efforcent de découvrir une
écriture embryonnaire dans les pétroglyphes américains.
Certes, il y a quelques pétroglyphes où ces éléments n'en-
trent pas. Ce sont ceux de la Quebrada de las Cuevas (entre
Puerta de Tastil et Tastil), d'Incahuasi et de Cobres. Le pre-
mier, composé seulement de tracés (Vasntas, gravés dans la
pierre, est unique parmi les pétroglyphes de la région andine
de l'Argentine; mais, comme nous l'avons signalé, l'on ren-
contre çà et là, dans tous les pays, de ces pétroglyphes repré-
sentant des empreintes de pieds humains. Le style du pétro-
glyphe d'Incahuasi diffère des pétroglyphes de la Puna, mais
on y trouve des analogies avec certains pétroglyphes des val-
lées diaguites. Les images de jaguars de Cobres ne se retrou-
vent pas dans d'autres inscriptions rupestres des régions ([ul
nous occupent, mais les faces rectangulaires esquissées au
moyen de lignes presque droites ressemblent à des faces hu-
maines d'autres pétroglyphes, par exemple à celle de l'Augosio
del Wodevo, fig. 202. En somme, les pétroglyphes d'hicahuasi
et de Cobres ne présentent pas de dilTérences de style assez,
importantes pour les attribuer à une époque ou à un peuple
diflérent. Enhn le procédé qu'on a employé pour graver el
ces pétroglyphes et celui de la Quebrada de las Cuevas est
812 WTIQLITÉS DE LA HKGION \M>INK
éviclpiiiiiimt le iiH^me qu'un a omployé jmmm I«'s autrrs cl dont
nous avons parlé pajçe 349-
Passons aux p<'*lro;;lvpliPs p'ints, et commonçons par cou\
de Pucarâ d«* Rinconada et de (iliarunavo. Ces deux <;rand«*s
fn'sques sont assur/Muent l'crtiMe des liahitniits dr Pucara :
la pinxiniilf du >illa^'e riiidi(|ue, les li«;ures de lauias s»' res-
si'nil)l<-iil dans Tune rt dans l'autre, la tec huicpie dr la peintun*
et les couleurs des deux fresques sont aiialo«;ues. Quant à la
grotte cjr (ihuliii. il v a, coniMir nous l'avons reinai-qué, une
si^rii* de lifçures (pii send)lent rlrr plus niodernes(|ue les autn*s
ri <pii ('•videininent datent d'une époque j)ostérii'ure à rarriv«'»c
des prcniiiMS Ksj)a;;nols. Kn cv (|ui ronrerne l'autre série de
li;;ure.«>, — la si'rie prélnspani(|ui', — Ineii (jm- la plupart de
tes dernièn's ne se répélrnl pas dans la ln\s(pir de Pneara, il
V en a d autres (iiii iiidiipiriit la ronnexitc entre r(>tle fresque
• t la série de (iliulin (pie nous siip|M)soiis préliispanicju**. Ce
sniit surtout II' prtit lininnie à hini(pi«' rou^t* de la trescpie
de (iindin, //Vy. //V^ /i' /s, fort send)l iMe à ceux de la fnvsque de
Wu'iivii, Jiij. I^l7 n"' Î-S: éj^aleinenl la lij^ure n" I de la pn*-
niirre, analo«(U(* au n" 7.'i de la derni»'re, ri d'ailleurs de noin-
hrenses li«;ures de lamas (lui sont identi(pn*s dans l'une et
l'auln' ïl«' ces deux œuNres de l'arl rupeslre.
Les pélro<jlv plies |>einls, c'est-à-dire les fresques, sont-ils
dr l.i Oléine orii^Mic <| d.- |;i inrini' cjuMnif (Mir 1rs pétro-
i^In plies j^ravés? En général, les ligures |MMntes ne resseinhieni
pas aux ligures gravi'i's, exce|)lé les ligures rectilignes de
lamas et cnlaines autres. Nfais celte manière si caractéris-
li(jue d»' repimliiire les lamas |)arle à un haut degré en fa-
veur de la connexite entre les inscriplions gravées cl les
Irescpies. Les dilfén'nces (\v slvl»* «1 di- re|>réseiilalion des
divers sujets sVxpli(|iient d'aillriirs |)arlait(*ment par les con-
ditions matérielles dinérenles (|iriin)M>sent l'art de la jMMiilun*
et celui de la gravure sur pierre. Clie/, tous les peuples nous
trouvons d»vs dilfrrences de foriin'. d'altitudes, de developpe-
iiiiii! (If MioiiM'inent, entre les œuvres de peinture, de gra-
PETROGLYPHES. 813
vure, de sculpture ou de modelage. D'autre part, des indices
spéciaux confirment la contemporanéité de certains pétro-
plyphes avec les fresques. Ainsi les lamas peints de la grande
fresque de l'abri sous roche de Pucarâ de Rinconada sont de
la même forme que les nombreux lamas gravés dans un autre
abri sous roche se trouvant sur le flanc d'un plateau trachy-
tique des environs. Comme il n'y a pas d'autres ruines dans
la région que celles de fancien village de Pucarâ, on ne peut
douter que les habitants de ce village soient les auteurs tant
de la fresque que des pétrogiyphes gravés. Quant aux pein-
tures de la grotte de Chulin, nombre de lamas appartenant
à la série de figures préhispaniques de cette grotte, par
exemple le n" 7 de ^Sifig. 194, sont pourvus de bosses sur le
poitrail, lesquelles ressemblent aux bosses de certains lamas
gravés des pétrogiyphes de Rodero^?^. 198 et 199. Ces jabots
si particuliers n'ont pas été vraisemblablement inventés par
des artistes appartenant à des époques historiques différentes.
Les rangées de lamas peints de Chiûin, fig. 19â, n" 9, et de
lamas gravés de Rodero, fuj. 196 , sont aussi presque iden-
tiques. La connexité des pétrogiyphes de Rodero avec la série
préhispanique des fresques de Chulin est donc presque évi-
dente. En ce qui concerne les fresques de Huachichocana,
elles sont de l'époque espagnole, comme le démontrent les
figures de chevaux qu'on y voit, mais elles ont dû être faites
immédiatement après l'arrivée dans le pays des premiers Es-
pagnols, car la technique de ces figures est indienne, et on
voit que ces chevaux et ces hommes ont été dessinés par les
mêmes artistes qui ont gravé les lamas des pétrogiyphes.
Enhn, dans les fresques, il y a quelques figures qui ont été
gravées d'abord et dont les traits ont été ensuite remplis de
couleurs. Ce fait vient aussi à fappui de l'hypothèse que faii
de la peinture rupestre était contemporain de celui des ni-
scriptions gravées.
A propos des rapports entre les œuvres rupeslres que nous
avons décrites, il convient de faire une remarque sur les
8|<k ANTIoriTKS DF LA RKfilON ANDINF.
lamas p)urvus (iiin jabot, cjui lij^urenl dans ies pôlrot^dyplips
(11* Riwirn» pt clans les fn*M|iies de Chiiliti, mais qui nVxistnil
pas dans 1rs n«''trn«;lvplH'S (le la Piina. On ponrrait inrlin(>r
p«Mil-«^lre à voir dans ce détail nn indicé d'indj'pendanre de
l'art rnpcstre de la Quehrada de llnmaliuaca et de la Pnna
dr Jnjnv. Mais, dans rrt <»rdn' d'idrrs, il ne lant pas onhiirr
rni'il «'xistf a (Jndin et a hodern hcanconp d'antres ianias dont
le dessin ri 1rs .itlilndrs resseinhli-nt parfaitement aux lamas
t\ps p<^tn)f;l\pli<'s (U' la Piiiin. Lr jaixtt des lamas de (ilinlin et
dr lUxlero doit donc f^tre considéré comme unr sinipir nuMli-
lication local»* dans la manière d»' n'j)n'senler rrt animal.
Les pélro«;lNpln's rt l<vs Irescjurs sont-ils Itenvre des anciens
liahitanls d»'s \illai^'«'s m rniiic. on rloivent-ils être attrihnés
a un»' rpo(pn' dillrn'nt»' de crllr (\t' ces Ndla«;rs.' Très vraiscni-
l)lal)lrmciil , c»*s «eiivrrs pro\ irnncnt des penpiades (pii ont
liahité les villages anx(pi«>ls ii(»n> faisons allnsion. Onant anx
lr('s<pics et pétro(>;lvplH'> dr j'iicira i\r HuMonada. on ik* priit
pas dontrr (pi'ils aient ét(* peints et gravés par les liahitants de
ce \illa«;r, et , en j;énéral . il ii \ a pas di' raison jK)ur snp|M)ser
que les rninrs rt 1rs prlin^d\ plirs appartiennent à des épinpies
liist»»ri(jni's diiléniilis. liicn «Mitrndn, |e ne jjarle pas, dans cv
cas, d'une contt>nq)oranéité ahsolne. mais ) entends j)ar «'p<Mpie
liistoritpie la période |M>ndant hupielle la même race a liahité le
pays sans autres interruptions «pie |)ent-ètre des immi<;rations
partielles de Irihus (Uii, poin une cause ou pour une antre, se
S4uit >U('s dans la nécessité d'ahandonner leur patrie antérieun*.
Les si'uls vestij^es dans ces réj;ions (pii doi\ent être considérés
comme proxenanl d'une êptupu* tout à lait reculée et dilTérente
de celle di'.s ruines sont les (juart/.iles taillés des Satinas (iran-
dps, pt il n'y a pas de raison |>our mettre les pétn»j;:lN|)lies en
rap|M>rt avec C4»s derni«*rs outils.
Kn ce (|ui concerne le Désert d'.Ntacama, les deux |>étn>-
^lyphes (pie l'on en connatt. ceux de San Bartolo et de Quil-
lagua, sendilent être analoj^ues à ceux de la Pnna de Jujuv.
Vtnxr ronrlnre. to>il |v>rtr à croire (pie les fresc^pu's et les
PETROGLYPHES. 815
pétroglyphes de la Puna de Jujuy, de la Quebrada del Toro et
de la Quebrada de Humahuaca sont plus ou moins contempo-
rains et qu'ils appartiennent à la même époque que les ruines
préhispaniques de ces régions.
Pour comparer nos pétroglyphes avec ceux d'autres régions
il est nécessaire de donner d'abord un aperçu su^ les pétrogly-
phes de l'Amérique du Sud en général, au sujet desquels les
renseignements sont éparpillés dans un grand nombre d'ou-
vrages. Quand on examine les reproductions de pétroglyphes
de ce continent qui ont été publiées, on remarque qu'il est
(lifTicile de les classer en groupes. Logiquement , il devrait y
avoir quelque unité dans les figures, les signes et le style des
inscriptions rupestres provenant du même peuple, et on s'at-
tendrait à retrouver des éléments caractérisques dans les pétro-
glyphes de chacune des régions ethniquement différentes.
Mais, en fait, chaque pétroglyphe présente généralement des
figures et des signes propres qui ne se retrouvent pas dans
d'autres pétroglyphes de la même région. Évidemment, les au-
teurs de ces inscriptions se sont surtout inspirés chacun de son
imagination personnelle. Cependant il y a de rares figures on
plutôt des catégories de figures qui se répètent sur la phqiarl
des pétroglyphes de certaines régions, comme par exemple les
lamas et autres animaux formés par des lignes droites, ([ue
nous avons retrouvés dans de nombreuses inscriptions étudiées
dans le présent ouvrage. On peut aussi distinguer certains
traits qui sont caractéristiques du « style » de presque tous les
pétroglyphes de certaines régions. Pourtant, ces analogies d«>
style sont dilhciles à décrire; on les découvre plutôt, pour
ainsi dire, par intuition, en examinant et comparant attentive-
ment les pièces qui composent la collection d'inscriplioiis
rupestres de chacune de ces régions. De cette manière, Mallery
(228, p. 676(tsuiv.) a réussi à distinguer certains types de pétro-
glyphes nord-américains, comme le «type shoshonien » , le
«type algonquin», etc. Certains pétroglyphes de la Colombie
HI6 wriQlITKS l)K LA HKGION ANDINE.
I)ritamii(nn- *'{ dr I \ia>ka loriiuMit iiii l\|)t' l>i«u caraclérisé
ri offrtMil ai iiiltTèl spécial qui' Ifs lij;iirt»s y représenté«»s soiU
tout à lait sc*inl)lal)l»s à cA\os sculptées sur les colonnes lolé-
nii(ju«'8(l«*s llaïdas, |M'inl<'.s sur Irurs outils et lalouées sur leurs
corps. Au fur el à mesure (pie h' nuitériel puhli»'' s'an«;niente,
on (liTonvre de nouv«'au\ tvpes. Ainsi pliisiiurs spécimens de
|)élrn^dsplu's priiils de la Basse-Caliloi nie, j)ul)lij's recemmenl
par M. Leoii l)i«^uel 117), se jçroupent lacilemiMit avec d'aulres
>j)«'cimcns des régions voisines des Ktals-Unis, cjua re|)roduits
Mallerv, et form»'iil mi lype s|)érial.
Kn Améiicpir du Sud , dans le même ordre d'idées, de nom-
breux pélro;;lvplies du Venezuela et de la (Colombie consti-
lueiil un iNpe assi'Z Facile à reconnaître et (pii est caractérisé
par «les li«;uieN lormées de li^Mjes couches lort n'<;uliéres et
pas très complexes; rré(|uemmeid il v a des laces liumaines
d une certaine Im me particuli«'i r ri (pii représrnlent peut-étn*
des mascpies cérémoiiiaux. \ < •• l\pe <-oloml)iano-véné/.uélien
ipparlieiHit'iil une pailif des pétro^Kphes reproduits par
MM. Bastian 57 t..,|»l. i. n , Ernsi (124 Au. p. tir»i-65î. fig. i, i. 3) el
Hol). Hartmann 161 /rr, pi. xvi), ainsi (pie les spécimens lij^urés
par M. (i. Marcano ;228 /•». p. fif»-»);. lig. Vj -ii^, des environs i\v
(iaracas, tandis (pir 1rs pétroj^lyphcs trouvc'vs par ce dernier
voyaj^eur dans la réj^ion des raudals de l'OréncKpie sont dillé-
rents. Ceux (jue n-prodnil M. un rimin i348 lu>. p. ^cp, Sg.S, tip. 35.
37), sous \v nom dr slialloii' rmiravimis, d< l.i i/^ion du (v>ren-
lyne, dans I.» (invaiir l)ritanni({ue, j)n"seident aussi certains
|K)ints d(> cont«u t av(*c le type aucpiel nous iaisons allusion,
tandis (pie d'autres pétroglvplies de cv. dernier pays, dénommés
|)ar le même auteur [ilid.. p. 3i)3 . .^gA. lîg. 3(1. pi. i\; (Ictp rm//Yir»my5,
sont d'un tv|>e dillérent, ce cpii est aussi le cas d(»s sjM'ciniens
reproduits |)ar Sir Hohrit Sclinnd)ur«;k (325 icr. p. 297), de
rKsse(piil>o, par M. (iliarles li. Urown 78 /ù , de plusieurs l(Ka-
lilés dans la (iuvane hritanni(|U(*, et |)ar M I. (lliaflanjon
(94&ù,p. iHg), du Cerro Pintado, prèsdAlures, sur lOrénoque.
Le ty|>e colomhiamvvéné/.u'dien parait être npniidu as.sez, loin
PETROGLYPHES. 817
en dehors des pays mentionnés , car certains pétroglyphes des
Antilles, ainsi que ceux du Rio Yapurâ, reproduits par Spix et
Yon Martius (333, atlas, pi 3 1) et quelques-uns des spécimens du
Rio NegTO, afïluent de l'Amazone, desquels M. Ladislao Nelto
(256 6j,s, pi. M-xv) a publié des figures isolées, enfin le ]^éln)g]vj)lie
de Caldera (Veraguas), figuré par M. Bollaerl (66, p. .io, pi. i),
présentent quelque analogie avec les pétroglyphes typiques du
Venezuela et de la Colombie.
Le Brésil paraît être très riche en pétioglyphes , la ])lu])art
gravés, quelques-uns peints. M. Tristào de Alençar Araripe
(8, p. 2i3 etsuiv.) donne une longue liste de localités où il y au-
rait des inscriptions rupestres, suivant un manuscrit inédit du
P. Francisco de Menezes. Cette liste comprend les provinces
(actuellement Etats) de Piauhy, Pernambuco, Cearâ, Para-
hyba et Rio Grande do Norte. Dans fouvrage de M. Alençar
Araripe, nous trouvons aussi de nombreuses reproductions
de pétroglyphes : 36 planches, dont 26 représentent des in-
scriptions du district d'Inhamun , dans fEtat de Cearâ. Outre
MM. Spix et von Martius et M. Netto, que nous avons déjà
cités, d'autres voyageurs ont reproduit des pétroglyphes du
Brésil. Ce sont Alfred Russel Wallace (373 tts, p. 524, pi. vu, vm),
du Rio Uaupés; J. Whitfîeld {315 his), de l'État de Cearâ;
H. Coudreau (105 Us, p. 149 i5i), de Cajituba etCaxinguba, dans
la région de Rio Xingù; Max Schmidt (325 bis, p. 1/18-1 49), de la
Lagoa de Gahiba, sur l'Alto Paraguay (Etat de Matto Grosso);
Ph. Rey (308 his)^ de la Serra da Onça, sur le Rio Doce (Elat
de Minas Geraes); P. Ehrenreich (121 bis. p. 45-48, Cg. ^3), de hi
llha dos Martirios, dans le Rio Araguaya (Elat de Goyaz), à
G'' 22' latitude Sud; Edwin R. Heath (1626,5. p. 157-161), du Rio
Mamoré et du Rio Madeira, où les pétroglyphes se trouxcul
généralement à proximité des rapides; F. Keller-Eeu/.iiigcr
(184, p. 45, 48), des rapides de Ribeirào et de Eaage, sur le Ma-
deira. Un spécimen de la Cachoeira (rapide) do Ribeirào a
été dessiné par les deu\ derniers auteurs, mais leurs dessins
diffèrent un peu. Nous possédons trop peu de reproductions
918 ANTIQl ITKS l)K LA BKGIO.N ANDINE.
de iwlrnglvplw's du Brésil \univ jMmvoir liMilrr de ies gr()U|MT.
On |K»urrail nrobahh'iiieiil distinguer plusieurs lyp«"s dilTé-
renb dan» cel immense territoire. L<'s jx-troj^ls plies hrêsiliens,
excepté une partie de ceux de la réj^ion de i'Vrnazone, sont
en j;éneral très imparfaits et iort eniantins ((nnine dessin et
comme exécution; les ligures reconnaissables v sont rares.
La Patagonie j)ossède son Ivpe propre de petro^dx plies. Les
.siMils (lui aient été reproduits sont ceux de Vaca Mala^de Man-
7,anito et df Junin de los Andes, sur les(juels M. (larlos lirucli
79,81) a publié des notes accompaj^nées «le ligures. Mais plu-
sitMirs voNageurs donnent des renseigne inent> sur d'autre>
pétrogU plies de di\«i>rs |)nrlie>(lu territoire patagonien. Ainsi
\r IV Francisco V. Moreno 243, |>. 35o3:>.l , le colonel (iarlos
M. Movano 250. |>. ai. Il), M. Allredo \\. Iglesias (175, p. 8o), le
comte 11. (!.' La VaiiK 365. |.. 127. 167). Suivant ces n*nseigm'-
nieiits, tous ces pétroglvplies se resseMd)l«'iil : ( r sont dr gros-
sières ligures, rouges, |aunes mi blaiiclies, peintes avec de5
couleurs ocn'uses et distribuées irn-giilièreiinMit , sans ordre,
sur la surface drs rorliers. Les traits sont (piel(|uelois graxés
d abord et ensuite remplis de couleur; les ligures seul»'iiieiit
gravées, sans couleurs, .sont rares. L<'s éléments caractéris-
ti(pies des petrogivplies patagoniens sont surtout des repro-
ductions d'eiiipreiiites de |)i(Mls i\r nandous, de Inianacos,
i\r pumas ri d hommes, ainsi (jue de mains humaines et de
cercles concenlri(pii>s 11 v a au.ssi des ligures grotes(pn's, ou
plutôt des ébauches eidantines représentant des hommes. Lin
peirogivphe de la Terre <le l'eu, pr«'seiitanl entre aiitn's li-
gures une main printe en n)iige, mentionne par M. Bastian
{$1 kii, p.b), appartient probablement ,111 l\pi' patagonien. (ie
t>|M* est tout à lait dilFen'iit des pi*lrogl\ plies d»- l.i région
andiiM' de la litpublitpie Argentine ri aussi de ceux des
proxinces centrales du (ihili. (ie|MMidaiit , une .série de fre.s-
ipies rupesires de la |>artie nord (!•• la Sierra de Côrdoba.
c esl-à-dire de la lisière entre la région m«»iilagneuse de I \r-
gentine et les plaines, semble se ra|)prn« Inr du lyiH,* patago-
PETROGLYPHES. 819
nien. Nous avons déjà mentionné, page 89, ces peintures, dé-
crites par M. Leopoldo Lugones (224), et qui se trouvent dans
des abris sous roche et sur des rochers, dans le département
de Rio Seco (province de Côrdoba).
Un autre type de pétroglyphes tout à lait spécial, et cpii n'est
répandu que sur un territoire très limité , est constitué par les
gigantesques ^m^aJos deTarapacâ, desquels nous avons donné
un aperçu page 719.
La région ando- péruvienne à laquelle appartiennent les
territoires que nous étudions est riche en pétroglyphes dans
toutes ses différentes parties. Mais, en ce qui concerne l'Equa-
teur, le Pérou et la Bolivie, la littérature archéologique n'ollre
que très peu de reproductions d'inscriptions rupestres. De la
République de l'Equateur, je ne connais que celles données
par M. F. Gonzalez Suàrez (149, atlas, pl.xiv, fig. 1, 2, etpl.xxxvi), du
Rio de Calaguro (province d'El Oro)''^ et dingues, près d'Angel
(province de Carchi) , sur la frontière de la Colombie. Du Pérou,
des pétroglyphes ont été figurés du Rio Jequetepeque (Caja-
marca), par M. Th. J. Hutchinson (174, n, p. 174, 17G); des en-
virons de Huari (Ancachs), par MM. Rivero et von Tscliudi
(311, p. 102); d'Alto de la Caldera, entre Uchumayo et Vilor, à
l'ouest de la ville d'Arequipa, par M. Forbes (135, p. 271, pi. \xii,
xxin); d'une autre localité à 8 lieues au nord d'Arequipa, ])ai-
MM. Rivero et von Tschudi (311, p. 101); des Vallées de Gorani
et d'Ollachea, au nord du lac Titicaca, par M. Nordenskiold
(269, p. 52, 54; pi. 6, fig. 6). De plus, M. Bollaert (66, p. i52) men-
tionne des petites figures peintes en rouge sur les parois d\uw.
grotte nommée El Infierno, au pied du Mono de Arica, dans
le territoire annexé par le Chih. Cependant les diverses réglons
du Pérou sont sans doute riches en pétroglyphes. Plusieurs
auteurs, comme Bastian (57, n, p. 87(,) et Rivero et von Tschudi
(311, p. 102), l'affirment. On trouve aussi accidenlelIenKMil des
' La ligure de ce pétroglyphr, que inséré dans les Vcrhandkngcn dev licrli-
publie M. F. Gonzalez Suàrez, est la re- ncr Anthrapohfjischrn Gescllsclwjt . iHHo.
production d'un dessin de M. Th. Woll, [>. 222.
820 ANTIQLITKS l)K LA RKGION ANDINK.
rensoij^iiciiH'nls rrlalifs à d«*s péln)«;lypli«'s péruviens dans des
publications locales de divers genres ''. Les nnmhmix arcliéo-
jogues ayanl jjarrouru l<* Pérou ont prohahlenient été trop
occuiMVs d«' IV'lujIr de ses ruines «grandioses jM)ur penser aux
pélro^lvpln*>, e«'s nionuinrnts plus uiodrstrs. mais ec|M>iidani
si iiilrnssanls, d«* ci\iiisalions (lisj)aru«'s. Dr la linliv i»«, M. .\or-
dcnskiold 267. |>. 3^5. 346,ri 269.|>. S.'i) a récenininit puMié des
plioto«;rapliies d«' p«*tn»«;lv plies (h- Ouilinia «1 (\f (Jarecoa, pn*s
de (iarahuco, sur la risf iinrd-<«st du Tiliraca, ainsi que des
ligures iMMntrs sur (l«'s rochers, a (ialia, prés (!•• Nfojos. (]esonl
là h'S seuls pélro«^d\|)lirs de la Holivir (pii airnl été relevés, cr
(pii rst e\pliral)lr, carr»* pavs, ••xcrptr lialMianaco et la région
(1(1 1 iticaca, est tout a l.iit inconnu au point de vue dv l'ar-
clu'ologie. Mais Forlxvs 135, p. 270) dit que les |M'»troglv plies sont
communs dans la région habitée par les Avmaras, et c'est sans
doute le cas d(> tout*- l.i p.ntif bolivienne du haut |)lat(MU. Dans
la pro\inc«> deSicasica, entre Totora et (iurabuara, au nonl-
ouest du lac Poo|m'), \r D' 1 M«', suivant \irrbow '373, p. io8,,
a tn»u\é drs pétrogl\|)bi's. Pour cr (pii est drs inscriptions
ruprstrt's du (.hili, nous avons énunirré, |»agi* 7^0, |)lusi(>urs
p«'*troglvphes gravés «le la provinc»» di» Tarapacâ (Macava.
Mani\ (ibipana, Montevideo', les(|uels stMnbJenl analogues à
ceux du Pérou «l de j.i lM>li\ie; etbnologi(pi(>nient, Tarapacâ
a d'ailleurs plus (rallinité avec ces derniei*s pavs cjuavec le
(.lidi. Km suiNant la côte vers le Sud , après les deux pétroglxpbes
*'> Voiri qurli|u«>4 ItK-iiiilos : ^ancji.
(Un« Ir tli«lrirt lir ilii.«i dr
SanU. (l<^|Mrtrnirnt li \ii i m tu,
MIT le rhctnin tir Sayan (pmvincr dp
(Jianray, tli^partrmrnl de I.infa' à 0\nn
(pm«inrr «Ir ('^jaUiiil>n, il«-|>ar1rinrnl
d' Snr«rh« : lliia^Urn ' pmtinrr dr CA>ln>
^in-ynâ. tlr|Mrtriiirnl dr llu«nr«trlirâ; ;
ParacM (pr^« «Ip Pi«co. pmtinrr dr Chin-
■ ' ■ -î T i.m-
|Mir
ir 4.hdi
A |»fT>p«»t ilr l« noiiirnrUliirr ^iSigTâ-
phiipir dr» rrpuliliipirs andinr». jr miiar-
qiirrai qiraii iVrou ri m B<>li»ir Ir»
grandr» dniticm» Irrritorialrs Ktnl nnni-
méea • dt^i^artniirnU • ri Ira aoua-ditUifin»
• prf»vinrrs ». Au rcintrairr. dan« l'A
linr ri au Ohili. Ir« ^randr» divi»ioii
tlr« •pnivinrr»*. IrMpirlIr» Mtnl MilMim-
M-r» rn •drpartrnirnU •. Kniin, dan» la
l\rpulili(pir dr TMcpialrur, ir» diii»tt4i»
Irrrilorialr» dr prrniirr onirr »nnl dr»
• di»lrirl»«. (Iha<pir di»lrirl %r roinp«>*r
dr «pnninrr»*; rriira-ri »onl divi»<'ra m
• ranlnn»».
PÉTROGLYPHES. 821
que nous avons mentionnés du Désert d'Acatama, aucune in-
scription rupestre n'a été relevée, à louest de la Cordillère,
jusqu'à la province d'Aconcagua, immédiatement au nord
de Santiago-du-Chili , c'est-à-dire sur une étendue de près de
lo degrés de latitude ^^l Mais ce manque de renseignements
ne prouve pas que les pétroglyphes fassent défaut dans cette
région, car le Chili est le pays le moins connu archéologique-
ment de tous les Etats du Pacifique. Tout au contraire, il est
fort vraisemblable qu'il y existe de nombreux pétroglyphes.
Dans la Sierra de Chacabuco, sur la limite des provinces
d'Aconcagua et de Santiago, près d'une montagne dénommée
Morro del Diablo, M. J. T. Médina (234, p. 401-402, lig. 197, 198,
201) a trouvé une grotte contenant des fresques, surtout des
dessins en échiquier, peints en rouge, blanc et noir. Plus au
Sud, dans la province de Colchagua, on a relevé plusieurs
pétroglyphes, les uns gravés, les autres peints. Quant aux
premiers, trois grands blocs couverts d'inscriptions se Irou-
vent dans le domaine de Cauquenes, situé dans la vallée (hi
Rio Cachapoal. L'un d'eux, placé près de l'embouchure de la
petite vallée latérale nommée Quebrada del Rapiante, a été
reproduit par M. Médina (234,p. 46, 423,fig. aSa) ainsi que par
M. Daniel Barros Grez (54,pl. i); ce dernier dénomme cette
pierre la « Piedra de la Batalla ». Quelques-unes des figures de
ce pétroglyphe ont aussi été publiées par M. Richard Andrée
(33,1, pLiii, fig. 17), d'après un dessin du D*^ R. A. Phillppi. Le
deuxième pétroglyphe de Cauquenes se trouve aussi dans la
Quebrada del Rapiante et a été reproduit par M. Bairos Grez
(54, pi. II, m), qui lui applique le nom «Piedra del OHinpo»,
nom qu'il a inventé ^^l Du troisième de ces pétroglyphes, la
C Cependant , d'après M. Forbos (135, tain; peiit-ôtre s'agit-il du district minier
p. 271), une personne lui aurait raconté de Cabcza de Vaca, au sud-est de Copiapo.
qu'il y a de nombreux dessins de lamas ''' Parmi tous les pétroglyphes connus
sur les rochers le long du chemin qui du Chili, la uPiodra del Olimpo» est le
traverse la Cordillère à Cabeza de Vaca, seul que ne menliomic pus le D' Plage-
«dans le sud du Désert d'Atacama». L'en- mann dans son excellent ouvrage où il a
droit oîi se trouve cette localité est incer- épuisé complètement la lill» lalure sur les
53
g22 ANTIQUITÉS DE LA RÊCIOX ANDINE.
• Pirdra del Indio • . M lMaf;«»mann 291, p. ai. Gg. i. a) donne
deux bonnes pholof^raphies. Quant aux pélr<)j;I\ plies |)einls de
(^lrli.'if(ua, il V a une série de li«;iires en noir, rouj^e v{ blanc
dans l'intérieur et dans les environs d'une «grotte située dans le
(iaion de riii;;uiririra. haut»* \;dlée dans la (iordillére. au-<les-
sus de (iaucjuenes. M. Karl Stolp (338, en a reproduit les prin-
ripales. M. lMaj^«Mnann 291, p. 18-19) mentionne d'autres fres(|ues
rupestres dans trois endroits dillérents, aux environs de (iau-
(uienes. De l'une de ces fresques il a donné une (ij^ure cpie je
n'ai pu voir ''. Enfin, de la dordillen' Maritime de la province
de (iolrliagua, M. Médina (234, |.. i;) mentionne un |x''tro-
^Ivplie j;ravé, • représentant le soleil », dans les inonta^jneN
prés du villaj;e de Malloa.
Les pétro^lvpbes de la réj^ion ando-péruvieiine, y compris
ceux de la Hé|)ul)li(]ue Arj^entine et «lu (liili, constituent-ils
un nu |)lusieurs types, dans le même sens (pie le type cohuii-
biano-Néné/.uélien, le tvpe pata^oiiien , etc.? Il est dillicile de
répoiidn* d'une iiianién» délinitive à cette (|uestioii, surtout a
caus«' du nianrpie de documents (juant au Pérou et à la Bo-
livie'^, et, dautn' part, les |)rincij)aux de ces documents, les
dessins de Forbes et de lîivero et voii Tschudi, ne |)eriiiettent
pas (\v voir bien la tecliiiicpu» et la nature des inscriptions qu ils
reprcMluisent. On ne sait pas si les lignes iormant ces dessins
|M-lrt>^>phr« rliilii-n». l'.v p«>lrn^lv|ihr p»l
rrprnUanl liirn ditlinrt tlr<t ilinii «iiIrTf^
intrriplinnt dr (^iiqurnr*. ( luire unr
phniographir . M. Burnt^ (irr/ vn ilimnr
un dMMfl roMlrn«nl \r cirvrinpprmrnt clr«
lÏKnrt ffnvér* %ur l» pirrrr. dëvrlnppr-
inrnl qtii r»» fait avrr dartt^ cl prrcisinn.
l'ttur rr i|ui r%l du mrmuirp accompagnant
rr* figurr*. cr n'r*l cpi'un r«\«i d'« in-
lrr|irrlalion • dépounru de loul»* »«I—f
•ripnlirM|iiP.
I>in« i'navragv Hi* M MAlIrrx 223.
p- ••«>. fcf. Il»' figiirr au««i unr reprmlur-
lion dr la • PiMlra d*»l (Himpo*. d'aprr*
unr plmlngraphi*' quVn a rappniii^ du
Chili un oITirirr lir la niarinr anirrirainr.
mai» «ans indicalion do la localité nti *f
Irotivr ce p<^lroglvphr.
■' Pulil.it' <l«n» un nu'nioirr dp M I''
grniann : Antflàjr m dm kordtUrrc u
lloeiettdm Ae Cau^uenn Wrliandlungrn
dr» [VulM-hm \Vi%»on»chaftlirhrn VVr
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PETROGLYPHES.
823
sont des traits gravés dans la pierre, ou si ce sont les contours
de superficies entamées par percussion, comme le sont les
corps de lamas des pétrogiyphes de Vxodero , fuj . 198, 199, 200,
et les figures de la grotte de Corani. Fort probablement, cette
dernière supposition est la vraie. Les figures du Rio Jequete-
peque, de M. Hutchinson, sont aussi, paraît-il, assez schéma-
tiques ^''. Malgré ces difficultés, en examinant l'ensemble des
inscriptions rupestres connues de la région andine, on s'aper-
çoit qu'il y a dans le style de ces pétrogiyphes certains traits
caractéristiques communs qui les rapprochent entre eux et
qui les distinguent des inscriptions rupestres des autres par-
ties de f Amérique du Sud. Toutefois il faut excepter certains
spécimens mi cj eue ris qui existent çà et là dans la région, ce qui
d'ailleurs est également le cas dans d'autres régions présentant
un type particulier de pétroglypes. Cependant, en passant
d'une partie à fautre de la vaste région ando-péruvienne, on
observe aussi des différences en ce qui concerne les pétro-
giyphes. Au Pérou, le lama est félément principal de l'icono-
graphie rupestre, et ces lamas sont toujours représentés de la
'"' La reproduction des pétroglyplies est
un travail très difficile et fort délicat. On
peut les reproduire par le dessin , par la
photographie ou par le procédé dit « es-
tampage». Quant à ce dernier, il ne peut
être employé que pour des pétrogiyphes
gravés à traits profonds, et qui n'ont pas
été trop endommagés par l'érosion; ces
spécimens sont très rares, voire exception-
nels. On entend souvent recommander la
photographie comme étant le seul moyen
« documentaire » pour reproduire les pé-
trogiyphes, tandis que le dessin est cri-
tiqué, parce (ju'il ne rend pas les ligures
avec une précision absolue. La photogra-
phie est sans doute la méthode la plus
précise, quand les inscriptions se trouvent
sur une surface parfaitement plane, mais
comme c'est fort rarement le cas, les di-
verses courbes, les rugosités et les aspé-
rités de la pierre dénaturent généralement
la plupart des figures, (pieiquefois jusqu'à
les rendre méconnaissables. De j)lus, il
est presque toujours nécessaire de remplir
les traits gravés avec de la peinture blanche
pour qu'ils puissent paraître sur la platjue
photogra[)hique, et, comme frécpiemmonf
il est difficile de suivre les fignes en partie
effacées par l'action du temps, cette opéra-
tion est souvent |)resque aussi dangereuse
pour l'exactitude (|ue le dessin. L'idral
consiste, sans doute, dans l'emploi simul-
tané des deux méthodes : dessiner le pé-
troglyphe d'abord et le photogra|>liier en-
suite; mais, si on ne le fait pas, un bon
dessin est , je crois, préférable à une ph(»lo-
graphie médiocre.
En ce (jui concerne les pétrogiyphes
peints, la j)h()t()graphie n'est guère utili-
sable; les ligures en sont jjrescjue toujours
trop dégradées pour faire impression sur
la plafjue.
53.
Si% ANTIQIITÉS DK LA RÉGION ANDINF
même manière caractéristique, presque sans lignes courbes,
en empinvant Hans le dessin uniquement fies lignes droites
ou fies superficies limitées par fies lignes flroites. Dans le Sufl,
flans la région fliaguitr, les lamas flevitMinent ran»s sur les
pélroi;lvpln*s et sont rrmplarés j)ar d'autres ligures Narif'^es. Au
rontraire, les encln'vètrements de lignes courlx's irrégulières
entrelacées, que nous avons souvent mentionnés, v fle\i«'nnenl
plus Iréfuients, »*t, flans l'extrême Sud, m MmfloAa et flans les
j)rovinces centrales fin riiili. rr dernier genre de pétrogivplies
est 1«' plus rnmmuii. Lr pélrogK j)lir dr Hajo fie Canota, publié
par M. Mf)reno 244, |». 8), et les trois hlfKs gravés fie Cauquenes
en sont fies spécimens tvpiqties. Kn comparant l<'s variatif)ns
extrêmes dvs pélroglvjiln's dr la région andinr, on n«' hmi-
contrerait peut-être pas de points fie cf)ntact; mais si l'on étuflie
toute la sérif, on Inmxrra (pi'nn grou|)e a fies analf)gies très
marfjuées avec le gnmpe \r |)lus jiroclie, celui-ci avec un autn»
group', etc. ; fie ces analogies successives résulta ralluiité géné-
rale fpii flétermine le tvpe. Par contre, cette allinité lait fléfaut,
si l'f)!! conqiare 1rs pétrogivplies fie la région ando-péi in icnne
a\ec ceux d»'s aiitn's régions de r.\nién(|iie du Sud.
N<»s pétroglvpln's de la Puna de .lujuN, fie la QiU'hrafla de
lliimaliiiara et d«> la Qncbrafia (l< i loro forment um* tran-
sitif)!! entre ceux du INtoii ri crux (\v la région diaguite, se
r.ipprocliant rependant j)lusfles premiers. Ceux fit* Hodero, sur-
tout,.sont fl'un ty|M* l)it*n péruvien. Crux fie lluacliiclu>cana n»s-
si'inhlefit l>«'aiironj)an pétrogKpIir dr (îarecoa, sur le Titicaca.
(.«•nx i\t' Pueila d»' Hiiiconad.i. fT Aristncun et de la Quehrafla
i\r\ Hosal présentent et 1rs lignes entrelacées ])articulién*s à la
n'gion flia^iiile et les lamas caractéristiques flu Pérou. A ces
|M'lroglvplies Si* rattachent, au moins en ce qui concerne les
li^^'ures dv lamas, ceux de Lf>7.ano, de Tarant.i, dr TastiLfles
l.agiinaH flid Tf>ni et fie Panclio Arias. Quant aux lamas, f)n
trouve une légi'»re diiïérence rntre ceux de la Puna de .lujuv
et ceux fies pétroglvj)lies péruviens : le Cf>rps fies i^remiers est
généralt'inonl Inrin»' par un»' simplr ligne, celui de.s flerniers.
PETROGLYPHES. 825
plus souvent d'un reclangie. Les pélrogiyphes de Gobres, d'iii-
cahuasi et de la Quebrada de las Cuevas sont, comme nous
l'avons dit, des spécimens exceptionnels.
Les grandes fresques rupestres de Pucarâ de Rinconada, de
Ghacunayo et de Ghulin sont, avec celle de Garahuasi, uniques
jusqu'à présent en Amérique du Sud, mais peut-être en dé-
couvrira-t-on dans l'avenir de pareilles au Pérou et dans la
Bolivie.
En résumé, à en juger selon nos connaissances actuelles,
toute la région ando-péruvienne présente une série de pétro-
glyphes sans solution de continuité et qui tous montrent une
certaine affinité, depuis le Pérou jusqu'à Mendoza et à Golcha-
gua,mais aussi certaines variations locales. Gelles-ci, pourtant,
ne sont pas constantes ; ainsi les inscriptions du Rio Jequrte-
peque, dans le nord du Pérou, sont fort semblables à plusieurs
pétroglyphes de la région diaguite, et, vice-versa, il y a des
figures de lamas bien péruviennes jusque dans le sud de cette
dernière région, dans la province de San Luis.
En parlant des inscriptions rupestres de la région diaguite,
j'ai abordé, page 176, le problème de l'origine des pétiogly-
phes et des raisons qui peuvent avoir motivé leur exécution.
Beaucoup d'auteurs ont donné leur opinion à ce sujet. On
peut dire que c'est Richard Andrée (33, i, p. 259 et suiv.) qui a
commencé la discussion en refusant toute importance à ces
vestiges préhistoriques, qu'il qualifie d'œuvres de simple passe-
temps accidentel d'individus désœuvrés, et qu'il conq)ai(' .111
gribouillage et aux ébauches dont les écoliers couvrent le mo-
bilier et les parois de fécole ou dont la populace rem pi il les
murs de certains endroits publics. M. von den Steinen (335, p. -iU)
se déclare partisan de cette manière de voir, et ajoute, pour
réfuter une objection que l'on a souvent faite à cette tliéone,
que «le plaisir de ce passe-temps n'est qu'augmenté par les
difficultés matérielles de l'exécution; le temps enq)loy«'' n'a pas
d'importance; un caprice banal ne devient pas [)lns sérieux
M2f. ANTIQUITES DE LA RÉGION ANDINE.
narc»' qu'on a dû travailler la pierre pendant une couple de
mois p>ur ex«^cuter ce caprice ».
Bien que je n'admette pas les conclusions de MM. \ïidrée et
von den Steinen,je vais raconter un épismie qui semblerait les
conlirmer, s'il n'y avait pas d'autres raisons p)ur donner aux
p«»tro«;lvplies une l)eauron|i plus haute valeur. En 1901, je
rlinaiH un soir dans une elinumirre située flans la forèl vierj;e,
au pl«(I i\r la Sierra Santa Harhara, du côté du (îrand (iliaco.
Lr métis propriétaire de la chaumière se trouvait auprès de
moi et jf i)rolitaisde l'occasion pour l'interroj^er sur les Indiens
et sur les vestiges des (jentdes (ju'il |)ourrait connaître dans les
envintns. Il me rapporta entre autres choses (pi'il avait vu, au
C4)ursd'uii de ses vova»;es dans le Chaco, \\\w picdra cscrita —
un p<'trn«(lvphe — sur lacjueilr étaient j^ravés «le soleil, la
hnir, U's rloilrs, des Iiomimm's, di's animaux, desarhres», etc.
Sur ma demande, il m'iii(li(|ua lilinéraire (ju'il lallait suivn*
pour N arii\rr <•( nir (IimiimI aNrr |)rérision I «'udroit où s<*
trouxait la j)ierre, près du passaj^e d iiim- jmIiI.' rivièn», h plu-
sii'un» journées de Novaj^e dr la localili' où nous étions. Oes
rens«'i«;nement.s étaient donnés avec une clarté et une |)récision
tellrs, que je restai ronvainru de la vérité de son récit. Le |>étro-
•(Isplie m enthousiasma, car on ne C4)niiait |)as «h* ces inscri|>-
linii» dan» le (îrand (ihaco, et j'étais prescpie résolu à aller le
voir, quoi(pie ma caravane ne lût j^uère en état de sup|M>rter
ce loiij; voyagi' supplémentaire dans la forêt vierj;e. Mais l'un
de mes hommes avait écouté la conversation. Celui-ci iaisait,
tous les ans, |M)ur le conq)te d'une plantation de canne à sucn*
de la \ allée de San l" r.mrisco, des NONaj^es dans le Chaco
|)our end)aucher des Malacos et les amener travailler h la
récolte. Il connaissait hien le |)assaji^e de la rivièn* où devait s<*
lrou\er le jM^roglyphe et avait l'hahitude d'y campT avec ses
Indien.s. C'étaient ceux-<*i (pii étaient les auteurs du • pHro-
glNphe». !«T lx«rge de la |M'lite rivière est formée d'une roche
si tendre cpi'oii |mmiI facilement v fain* des incisions avec un
couteau ou a\er un morceau de verre. Les Matacos, en passant.
PETROGLYPHES. 827
ajoutaient toujours quelques figures nouvelles à celles que
d'autres Matacos avaient dessinées avant eux. Ce « pétrogl\T)he »
est donc fort analogue aux inscriptions que faisaient les char-
retiers sur une longue clôture en planches , dans la propriété
du prince de Fûrstenberg, en Bohême, et que mentionne
M. Andrée.
Contre l'opinion de M. Andrée sur l'inanité des pétroglyphes
se sont levés plusieurs ethnologues. Entre autres, M. im Thurn
(348 his, p. 4o3) la réfute par une série d'arguments forts logiques.
Il existe d'ailleurs des indices du caractère symbolique ou reli-
gieux de certains pétroglyphes de l'Amérique du Nord. Un pé-
troglyphe ayant une autre signification se trouve reproduit
dans l'ouvrage récent de M"*^ Matilda Coxe Stevenson (337, p. àU,
pl. cvn), sur les Zunis. Cette inscription représenterait l'itinéraire
qu'aurait suivi , pendant ses migrations , l'une des « fraternités
ésotériques » de ces Indiens, et, en outre, diverses constella-
tions, etc.
Quant à la cause primordiale qui a porté les hommes à graver
ou à peindre des figures sur les rochers, je crois que c'est ce
que nous pouvons appeler 1'" instinct artistique », c'est-à-dire
disposition esthétique de l'homme. Cet instinct se montre la
d'une manière fort semblable chez l'enfant des races civilisées
et chez l'homme des races primitives. Il n'y a pas une grande
différence entre les premiers essais de gribouillage de nos en-
fants avec un crayon sur un papier et les dessins que font les
sauvages sur le sable avec le bout d'un bâton. Chez les premiers,
c'est une manifestation du penchant naturel pour l'art gra-
phique; chez les derniers, l'expression de l'état définitif actuel,
chez la race, du développement de cette faculté naturelle. Après
le dessin dans le sable, les sauvages ont inventé la gravure sur
des roches très tendres et, en s'apercevant que ces dessins étaient
plus durables, ils ont commencé à graver des lignes sur les
roches dures.
Ainsi ont dû être faits les premiers pétroglyphes, les plus
rudimentaires et les plus incompréhensibles. Plus lard, a ufi
828 VNTIQLITKî» I)K LA UECilON ANDI.NF:.
degré plus élevé dcrivilisalioii, comim* cln*z nos Aiidiiis, on a
gravé dr vraies images (robjrls réels, el on les a stylisées.
Les artistes v ont ajouté les ornements (ju'il> «ml j)u inventer.
Quand l'art fut déjà formé, on l'a iiiipiové jxmr décorer les
lieux sacrés, |)our commémorer certains événements extraor-
dinaires, etc.
Il r.sl naturel (|[if (•«'.•> arti,«>te> priinitil> airiil tu des iiintalem>,
des élèves. ;\insi,dans le cas que nous avons intMitionné plus
haut, les Mataco.s (jui ajoutaiml dr noiiNrlIos li«;ures à c*'ll«'s
de.ssinées sur le rocher au passage de la prtile rivière dans le
(iliaco n'étaient (jue les élèves <1< ^ \latacos (pu avaient com-
nit*ncé ce pétroglsphe unnlerne.
Le.soMiNre.s rupesln-s dr la région ando-péruvieinie montrent
un état heaucoup plus avancé de lart. (pi«>, |)ar exemple, ceux
du Ih'ésil. La In'scpie de Pucarâ de Itinconada a toute rap])a-
rence d'ètn* un tahlrau composé d'éléments cohérents et repré-
.sentant un événement histori(pi«>, prut-ètre une assemhlée ou
\v retour d un«' expédition guerrier»'. Plusieurs des grou|)es de
la grotte d«> (ihulin, (|uoi(pu* indépendants entn> eux, con.sti-
tuent cependant chaniri la rrprésciilation roliérenti' de scènes
de dixerses natures. Les |)eiiitiireâ de la grotte de (iliacunaxo
|)ro<luisent I impression d axoir été exécutées dans un hut n*-
ligieux ou iihnl. Le cercle mystérieux <lii plaloiid de cette
grotte peu! hien a\oir une signification spéciale, relative à
cette destination supposée de la grotte. Lu ce cpii concerne les
|H'*lroglxpli(>s gravés de la Puna et des Quehradas del Toro et
de Minn iliuara, on ne note aucune cohérence entre les divers<'s
ligures de rh.M|ue nisriiption , comme c'est d'ailleurs égalemenl
le cas de pres<pn' tous les pétrogix plies américains. Ce ne sont
«pie des ligures indéjMMidantes les unes des autres et des • signe.s •
et lignes prohahlement ornemeulaux et non idéogra|>hi(|U«'s
ou symholi(pies. Même (juand les in.scriptions sont composées
seulement de lignes courlK*s irrégulièrement entrelacées, il est
|>ossil)le (jue ces lignes aient été tracées dans un hut estlu'ticpH'-
Je me réfcn! aux pétroglyphes du giMire de ceux de Pncarâ «le
PETROGLYPHES. «99
Rinconada, y?^. 149 et 150, ou de celui de la Quebrada del Ro-
sal.fg. 60, qui comprennent cependant aussi quelques rares
figures d'hommes, etc., ou bien de ceux de Bajo de Canota, eu
Mendoza, et de Gauquenes, au Chili, où seul l'enchevêtrement
de lignes irrégulières couvre les rochers tout entiers. Peut-être
les hommes de l'époque des pétroglyphes regardaient-ils même
ces œuvres énigmatiques simplement comme des œuvres d'art
qui satisfaisaient leurs conceptions esthétiques, sans avoir au-
cune signification précise.
Comme je fai dit, je ne crois pas qu'on réussisse jamais à
déchiffrer les pétroglyphes ou à découvrir la signification de
ceux qui en ont eu une. Ce ne serait qu'au moyen de traditions
conservées par les Indiens actuels qu'on pourrait arriver à ce
but, comme fon a de cette manière acquis des renseignements
à propos de certains pétroglyphes de f Amérique du Nord. Mais,
dans les régions qui nous occupent, ces traditions n'existent
pas : tout ce que les Indiens peuvent dire sur les pétroglyphes,
c'est qu'ils ont été faits par les anticjaos.
Cependant fétude des pétroglyphes a une grande impor-
tance. Lorsqu'ils seront définitivement classés en types ou
groupes, suivant leur style, leurs analogies et leurs différences ,
ils pourront nous donner de précieux indices quant à la dis-
tribution géographique ancienne des peuples américains cl
quant à leurs migrations. Mais, pour cela, il faut qu'on relève
un grand nombre de ces monuments. Tout voyageur doit col-
laborer à cette fin, en apportant des reproductions exactes
de toutes les inscriptions rupestres dont il peut obtenir des
renseignements au cours de ses voyages, sans se laisser dé-
courager ni par les excursions supplémentaires, souvent assez-
pénibles, ni par la perte de temps que demande le relevé de
ces inscriptions.
REGION EXTRA-ANDINE
DE LA PROVINCE DE .lUJUV
ARCHEOLOGIE
DE L'EST DE LA PROVINCE DE JUJUY.
Mon dernier voyage dans la Puna s'est terminé à Jujuy.
J'y ai pris le train pour Salta, le 8 septembre igoS, pour y
recueillir et emballer les collections que j'y avais expédiées
des différentes étapes de mon voyage, et ensuite me rendre à
Buenos-Aires.
Ce voyage a compris seulement la partie andine de la pro-
vince de Jujuy, mais, en 1901, j'avais parcouru pendant trois
mois la région extra-andine, c'est-à-dire la région orientale de
cette province, comprenant la Vallée de San Francisco, la Sierra
Santa Barbara et la lisière du Grand Chaco, à l'est de cette
dernière chaîne de montagnes.
Au cours de mes deux voyages, j'ai pu me rendre compte
non seulement de la différence entre les vestiges archéologiques
que l'on trouve dans la région andine et ceux qu'on découvre
dans la région extra-andine, mais aussi de certaines analogies
qui indiquent des déplacements dans la population préhispa-
nique, des mouvements expansifs et rétrogrades de la race
andine. Mon ouvrage ne serait pas complet sans le résumé que
je vais donner dans les pages suivantes des résultats archéo-
logiques de mon voyage dans l'est de Jujuy.
VALLÉE DE SAN FRANCISCO.
A l'est des Sierras de Sapla et de Calilegua s'étend la large
et fertile Vallée de San Francisco, séparée du Grand Chaco
par la Sierra Santa Barbara. Cette vallée est située à /ioo'" <'ii-
viron au-dessus du niveau de la mer. Le climat est chaud et
humide, presque tropical. Le sol est plat et complètement rou-
vert de forêts épineuses et obstruées par les lianes tellement
entrelacées, qu'en général on ne peut pas y pénétrer sans s'y
854 WTIOTITFS Dh I. \ l'.K.r.ION ANDINK.
frayer un chemin à l'aide de la hache. (Cependant de grandes
entendues de forcH C3n Hé ahaltues, pour faire place à de vastes
cultures de canne à sucre. Pour l'exploitatioFi de ces cultures,
driix ini|x»rlantes entreprises se sont installées dans le pavs
depuis une trentaine d'annf^es et \ ont inont^ de grandes
usines. L'une appartient à des Argentins, l'autre à des Anglais,
les frères L(>ach. Ces derniers sont hien connus pour leur Iwau
voyage en canots, ellectu^^, il \ a (jueKpies annr'»es, de leur
«'•lahlissenient Ksperan/.a, par le l\io San Francisco et le Rio
lif'rniejo, jiisnn'nu Para«;ua\ . »'t dont t«Miles les revues g«^()gra-
phiipies ont rendu J'oniple. Lor> de njes vovages dans la j)ro-
vince de Jujus, MM. Leach m'ont cond>lé d'attentions de hniiv
sorte, et je saisis cette occasion pour l« iir en exprimer ma vi\e
gratitude.
l'in i()oi, j'ai e(Terlu«'', dans la \ allrr ilt- San l'rancisco,
un assez. gran<l nombre de louille^s. l.i plupart avi'c M. Kriaiid
Nordenski<)ld. (ie sont les seules explorations archéologicpies
(pii ont été laites dans cette vallée. M. Nordrnskiold 262 a
puhlié une étude sur nos recherches, à lacjuelle je niiMin' !«•
lecteur jMUir la description drlaillée de ces fouilles
Kn décrivant le cimetière d'l!l Carmen, j'ai signalé, page iSf),
les sépultures dans des urnes funéraires, vraisendilahlenu'ut
d'origine tupi-guaranir, (pu* j'ai examinées à Providencia, aux
environs de San Pe<lro.
\ l'i'st du Ilio San Irnu is«o, cnh"' « r Ihinr ri la Sierra
Sanla harhara, nous avons (h'rouverl six stations |)réhispn-
iiicpies, désignées sur la carte archéologicpie, ou plutôt huit
stations, car en deux endroits, Palo c^ Picpie et Santa Clara, il
e\iste deux stations à peu de distance l'une de l'autre, (.es
em|)lacements d'anciiMines hahitations sont signalés par (h*s
couche* de dehris d'une étendue considérable, de plusieurs
centaines, qn«*l(|nrfois même de milliers de mètres de longueur
et d une largeur proportionnidie. L'i'jiaisseiir de ces couches
varie, à p<îu d exceptions près, entre o" 3o r\ o'"f)o, et elles
sont recouvertes par de» couches de lerre, d'une épaisseur
REGION EXTRA-ANDINE DE JUJUY. 835
de o"" lo à o'" 3o, formées après l'abandon de ces endroits par
leurs anciens habitants. Les couches de débris contiennent
des fragments de poterie, des coquillages, du charbon et des
cendres, des os brisés de mammifères, d'oiseaux et de poissons.
Les os de mammifères proviennent d'espèces vivant encore
dans la région, excepté une Auchenia, huanaco ou lama, ani-
maux qui n'y existent plus. Dans deux de ces stations, Palo
à Pique et Agua Blanca, il y avait des enceintes formées par
des remparts en terre. Celle de Palo à Pique est rectangulaire,
de iSo*" sur 80°", sans ouvertures; celle d'Agua Blanca forme
deux croissants renfermant un terrain de forme oblonirue,
mais avec des ouvertures aux extrémités. Nulle part on n'a
observé de ruines de huttes; celles-ci, construites en bois sans
doute, ont totalement disparu.
Ces emplacements d'anciens villages sont couverts d'une
forêt vierge séculaire , appartenant à la catégorie que les bota-
nistes nomment « forêt sèche » , épineuse, dense, remplie d'une
sous-végétation et de lianes qui rendent la circulation très
dilFicile. La forêt est évidemment aussi dense et aussi ancienne
à ces endroits qu'ailleurs. Les habitations préhispaniques ne
peuvent pas avoir été construites dans cette forêt, si toutefois
celle-ci existait lorsque les stations étaient habitées. On ne
s'explique l'existence de ces villages qu'en supposant qu'ils se
trouvaient dans des clairières naturelles ou artificielles, main-
tenant obstruées par la végétation séculaire. Une autre circon-
stance fait croire également à un changement profond dans
l'aspect physique du territoire : les endroits habités jadis sont
en général assez loin de feau, tandis qu'il n'y a pas de courbes
de débris auprès des ruisseaux qui descendent actuellemeni de
la Sierra Santa Barbara; donc ces ruisseaux sont plus mo-
dernes et l'hydrographie n'est pas la même qu'autrefois. Toul
démontre que les stations sont d'un temps très reculé. Quant
à f ancienne population, les couches de débris d'une si grande
épaisseur prouvent qu'elle a été sédentaire et qu'elle était très
nombreuse, car les stations explorées par nous ne sont proba-
896 \NTIQriTES DR LA REGION ANDINE.
hlciiimt qu'une fail)!*' jjarlie de celles qui existent; la fon'l
nrrsiiup inipruôlrahie en cache sans floute beaucoup d'autres.
Lin seul ciinrlirn' fut drcouvcrt dans la \'all(^r do San Fran-
cisco, non loin dr la slalioii d«' PicjurI»'. (In ruissivui v avait
CHMis»' un lit trrs nrolond, loriiiant de liaulrs barrancas dr
ciia(|U(> côté. Dans «ne de ces harrancas ap|)araissaient deux
jjroupos dp scnudettps, enterrc^s à environ 3" i\p j)rofondeur.
Dans la même harranca, entre* les j^roupes de s(juplettes, on
voyait, à x'^l^o au-<lessous du sol actuel, c'est-à-<lire peu au-
dessus du nixMU des s(juel(>tt(*s, un(* couciiecontcMiant c|uel(|ues
fraf^inents de |)olerie, des os d'animaux, entre autn*s des os
i\' Aiu htnin , un peu de charbon et de cendre, il v avait aussi des
Iragments de haches de |)ierre. Si celte couche de débris est
contemporaine des sépultures, les q".^o de Imr sr trouvant
par-<lessus deNaient donc avoir été apportés parles eaux ajirés
renterrement (h's cadavres. Sur six cadiiNre^, (l<'ti\ étaient en-
terrés dans la position assise, un autre étendu sur le dos, et
deux en décubitus latéral, le dos courbé et les |and>(>s ramas-
sées. I/un des scpielelles assis avait le craiu' déformé arlduMel-
lemeut, et, dans la bouche, était plac(> un petit tube fornu* de
la partie su|)érieure d un Iniiiu'rus hiirii.iin. perforé dans le
sens longitudinal; çv luhr paraît <tre une pipe à tuvau droit,
eu forme de porte-cigare, coinmr les piprs eu usage chez plu-
sieurs tribus actuelles du (.haco, par e\«in|il<' les Malacos. Il est
dillicile de dire si ces séjmitures pro\ieiiiieiit (hvs anciens habi-
tants des stations (pu* nous venons de (h'crire.
La |)oterie, toute eu petits morceaux, lrouv«'e dans les cou-
ches de débris des stations est assez gn>ssière comme pâte,
cuisson et iacturi'. Le décor général consiste en lignes gravées,
droites, formant des liguri's géomélricpu's tn\s simples. Les
ornements les |)lus communs sont cb«s triangles, des séries de
triangles en escalii-r, des carrés et des zigzags. Les triangles
snnt (pielrpu^fois reiujdis de points. Les lignes sont souvent
doubles. On voit également de j>etits cercles c«)ncentri(pies et
d autres p<Mits cercles entourés à 1 extérieur i)ar un second cercle
REGION EXTRA-AN DINE DE JLJUV. 837
formé de points. Les traits gravés sont irréguliers et présen-
tent beaucoup de défauts de symétrie. La poterie peinte, avec
des décors très simples, existe aussi , bien que plus rare que la
poterie gravée. Quelques fragments de poterie montrent des
têtes humaines et des têtes d'animaux, modelées en relief",
mais avec un art plus naïf et moins stylisé que celui des
anciens habitants de la région diaguite et du haut plateau
en général. M. Nordenskiôld reproduit une fort intéressante»
série de fragments gravés, peints et modelés de la Vallée de
San Francisco. Les fragments de grands vases grossiers, sans
décor, étaient très communs dans les couches de débris. En
dehors de la poterie, on trouvait des morceaux de haches en
pierre, plus ou moins polies, d'un type que nous avons si-
gnalé comme caractéristique de la région orientale de Jujuv,
en décrivant, page 692, une hache de ce type [fy. 156) qui
a été trouvée dans la Puna (Rinconada), mais qui probable-
ment y a été importée, peut-être au cours de quelque incur-
sion que les Indiens du haut plateau ont faite à la terre basse.
Dans les stations nous avons également trouvé des mortiers en
pierre; de petits disques perforés en coquille, employés comme
pièces d'enfilage des colliers, etc.; quelques rares perles en
pierre; des pendeloques en coquille et en pierre; enfin une
seule pièce en cuivre: une bague de la station près de Piqueté,
et un petit fragment du môme métal, de Palo a Pique.
Dans mon opinion, toutes les stations préhispaniques à
l'est du Rio San Francisco, fouillées par la Mission Suédoise,
sont plus ou moins contemporaines et proviennent du même
peuple. M. Nordenskiôld (262, p. i5) émet des doutes à ce sujet,
parce que les fragments de poterie décorée sont phjs rares
dans deux des stations que dans les autres, mais je ne Irouvc
pas dans ce fait un argument suffisant pour ne pas admettre la
contemporanéité et la connexité de tous ces vestiges. Parloul,
en eifet, nous avons rencontré de la poterie exactement de la
même sorte et avec la même ornementation.
54
898 WTIQIITES DE LA KEGION VNDI.NE.
riMKTIKKK DKNFANTS D'MUiOV) DKL MKhio.
lV*farln' (Ir la \lissi«)n Suéfloisr j)oiir lairc des rechrrriios
archj'olof^iqups dans la Sierra Santa Barbara, je fus assez heu-
reux iMiur (liTouNrir ce cimetière, (jui est sans doute la trou-
vaille la plus intéressante de celte mission au |>oint de vue de
l'arclieoloj^ie, car auparavant ces cimetières d'enfants enterré>
dans des urnes n'étaient connus que dans la région dia«;uite.
J*ai publie 67) un mémoire en espagnol sur le cimetien*
d'Arroyo del Medio; j'en ai aussi 70) donn»' une description
sommaire en rran(;ais ". et M. Krland .Nordenskioid 262 a dé-
crit la collection en provenant, conservée actuellement an
Musée d'ethnographie de Stockiiolm. 11 convient cependani
d'en donner ici une description.
A environ lo^" à l'est de la Sierra Santa Barbara et à 30^*au
sud-<»sl de l'extrémité nord de cette chauie sont situées trois
huttes de métis occupés à la garde d'un certain nombre ih-
héles à corn(»s semi-sauvages, ii|)partenant à des propri«'tain"*«
de Jujuv. < es huttes ont pris leur nom, Arrovo de! Medio, de
celui d'un ruisseau ou petite rivière qui, descendant de la
Sierra Santa Barbara, rejoint une autre ])etite rivière de même
origine, l'Arroyo Santa Bila. lecpiel aboutit au I^io San Fran-
cisco. Tout le pavs est couvert de forêts vierges. C'est le (îrand
(ihaco qui conunence ici, et ses forêts ne se terminent, à l'Kst.
(jue sur l«'s bords du Bio Paraguay. Arrovo del Medio est situr
à une altitude de (piehnie .').)<>'" au-<lessus du ni>e.iu «le la nier.
et ses environs sont légèrement onduli's.
I^a petite rivière a creus*'» dans le terrain friable un lit |)ro-
iond, un véritable canon. Chaque année, à l'épHiue de» crues,
elle emporte des parties des berges, hautes de 7 à 8". C'est
' Lt^ fifn»^* (fo* •rmmiMgnrnl ce» M. Nordrntkioltl . où Iroi» umrt «ont rr
Hrui pulTliraliiin* «nnt dr^ rrnquii qur produites pi 'rlletdmi
J"«i fail« Mir pUrr Cr» figurr^ riani un aiilrr». nin^ . . dcMinée*
peu »rhrm«tiqii«« . j«» pr^ferr, pour \r .i Slorkliolm
priant oavrag». rmpninler crlle» Hr
RÉGION EXTRA-A^DINE DE .ILJl V
839
ainsi qu'elle a mis au jour quelques-unes des urnes funéraires
du cimetière que nous décrivons.
La/</. 20â montre une coupe verticale de mes excavations.
Le terrain se compose des couches suivantes :
a. o'"2 0 déterre noire végétale;
h. o"" 3o de terre rouge, sablonneuse, provenant d'une sédi-
mentation moderne;
c. o"'o2 de sable fin blanchâtre, mélangé de terre végétale;
d. 0^46 de terre noire végétale;
Fig. 20^. — Coupe verticale de la partie fouillée du cimetière d'Arroyo del Medio.
Echelle 1/60.
e. ()'" environ (jusqu'au niveau de la rivière) de terre roii-
geàtre, sablonneuse, poreuse (lœss). Dans cette dernière couche,
j'ai trouvé quatre urnes funéraires, contenant des squelettes
d'enfants en bas âge et désignées sous les n"' II à V; l'un des
métis avait, avant mon arrivée, déterré une autre nrne, !«'
n" I, dont l'empreinte se voyait encore très nettement dans la
barranca. A côté de cette dernière urne, le métis avait essaya
d'en extraire une autre, mais il l'avait cassée. L'empreinle de
celle-ci, qui ne porte pas de numéro sur la coupe, était aussi
parfaitement conservée. Les urnes étaient placées en ligne à
peu près droite et presque à la même profondenr : le lond (h-
l'urne n° I était à a*" au-dessous de la surface actuelle du sol;
H\() ANTIQIITKS DK l\ KKGION ANDINK.
celui du n** Il a i"8^ et celui du n" V à i"7o. La distance
du centre de l'urne ca.ss<'»e par le métis au centre du n" I
était de o" ^9; à celui du n" 11, de q™ iG; à celui du n" \\ di»
^" if). La lijçne (>rcup«*e jiar les six urnes avait (Umc ^"iio
de lon^MH'ur. D'après les habitants dr la localité, un •^rand
nond)re d'urne>, dix ou vin^'t au moins, avaient été cuijKjrlres
par les eaux.
Les dimensions des urnes sont les suivantes :
■ACnCB DUMKT«K HACTSCrH •itiaia
■ tiiara «c tiottor. Ja (••Ul.
n* I <»"i3 0*29 o*M o*i4
n" Il .... o .^7 o 33 o i5 o i4
t'rnr/ 11' III.... o ^4 u 33 o 1.) o i3
nM\ . . . . o V^ o 33 u I ^ (I i3
n* N . . . . o '».'> o 35 o iH o iti
Les urnes sont in Ifirr cuite d'une pâle assez fine et d'une
cuis.son a.ssez |)ariaite. Ltles ont toutes siu* le «goulot, comme
les urnes d'riifants Av l.i r«'i;i(»n di.i«;uite, une lace humaine
j;n)les(pn* comjMKsée d veux et de nex; sur deux urnes, le iirr
est continué vers le haut par de lonj^s «sourcils- arcpiés. (!e>
organes, aiii^i (p>«* la houciu', Icsornllrs «l h»s hras du person-
nage — (|uan(l il \ en a — sont pastilh's en relief par super-
|M)sition de terre avant la cuisson. \\.i\-> 1rs ornements |>eints si
caractéristiques des urnes d<» la région diaguite n'existent |)as;
ils .sont ninplacés |>ar des cond)inaisons très simples ch* traits
grossière un* nt gravés sur le goulot et sur la |)anse. Les cpiatre
urnes rpu' j ai déterrées étaient j^lacées de telh' sorte rpu* toutes
ces lacfs humainrs rl.iii'nt Inn ruées vers l'Kst.
Voici le détail et le contenu i\v chacune ch* ces urnes :
Ummk H" 1 fifj. 905). — C'est cett. urnr (|ni a>ait été
tniuvée jjar le métis. En relief : veux, nez continué par des
• .M)urcils • arcjués, oreilles, Inniche composée de deux lèvre»
tressaillantes. Ortte urne, selon le nn'tis, avait contenu les o»
d un petit enfant et des morceaux de rliarl-K^n.
Pi- LXXXIII.
Kig. 2o5. — Arroyo (Ici Mcdio. l 'mes fiiiirrain-s n"' I, I\ , V. — Knviron i/ô gr. nnt.
RÉGION EXTRA-ANDINE DE JLJLV.
841
Urne n° II [ficf. 206). — En relief : le nez, divisé par trois
dépressions horizontales en quatre parties; celle du bas a les
narines marquées; les yeux avec des pupilles convexes; deux
bras rudimentaires. Au-dessus de la partie supérieure du nez
sont rangés, sur deux lignes horizontales, treize petits mame-
lons pointus. Au dos de l'urne, du côté opposé au nez, on
remarque une anse, mais tellement petite que l'on peut à peine
Fisr. 206.
Arroyo ciel Medio. (rues funéraires n"' Il et 111. — Environ i T) ^i-. nal.
y introduire un doigt. Cette anse n'avait donc pas un but pra-
tique : elle était purement décorative. Cette urno, comme les
suivantes, était recouverte d'une écuelle à décor gravé, mais
qui était brisée; quelques iragments étaient tombés dans l'in-
térieur de l'urne, d'autres à côté. Une reconstitution de celte
écuelle est donnée y?</. 207. L'urne était pleine de terre dans
laquelle se trouvaient : le squelette d'un enfant âgé d'un an
et demi environ; de petites perles formées de disques en co-
quille; de petits morceaux de char])on; des coquillages des deux
h42 ANTIQUITES DE LA REGION AN DINE.
espèces terrestres, le Hiihmus oblon<jus, MiilL, et if Biilimulus
apodemetes. D'Orbe \ enfin sept sjM»ci mens du coquillaj;e marin
OUva peniviana, Lmck., du Pacificpie, dont nous avons déjà
parlé, page 781, au sujet d'une trouvaille idenlicjm* (pie j'ai
faite à Sansana. sur le haut plateau.
I K!«K >" III litf. ^J0() . — Kn reiiel : seuleuieiil le iwi ou la
bouche lormant un her de o"o3 de lon«;ueur, diri«;é un peu
vers le haut; les yeux et deux |)etits bras, plus rudimentaires
encore cpie ceux de l'urne préc»''dente. Il s*a^it sans aucun
doule de bras, aussi bien sur cette dernière que sur les n** II,
l\ . \ . Sur la [xjterie de la réf^ion dia«(uite, on remarque des
bras rudimentaires très anaio<^ues, et, aj)rès la face, les bras
s4int toujours la partie du corps (pii est représentée de j)réfé-
rence; il i*sl facile de suivnî sur la j)ott*rir «h* cette re«ijion le
dévelo|)pement rétrograde des bras avant une forme plus ou
moins nalurelie ju.sfpi'aux bras rutbmentaires ou convention-
nels comme crii\ dr juriii' <pii nous (x ciipr. Sur la j)oterie de
la région diagiute, connue sur nos urnes, la ]M)sition des bras
par rapp<jrt à la lace est très arbitraire. L'urne n" III n'a i>as
d'an.se. Une écuelle, reproduite fiij. '}()/, décoré»* d'un dessin
lormé de traits «graves, lermait lurne, le iond en haut, (ielte
«lerniére était r<Mnpli(> de terre et contenait le .s(pn*lelte d'un
l(L*tus a terme, beaucouji de perles en ccKpiille. de petits
morceaux de charbon et des ccxpiilles provenant des espèces
terrestres, Y Ejnplirntjmnplutia tritjrHmmrphom , D'Orh.. et le Biili-
multts ajHulvmrtes , D'Orh.
\]\\\Y. N* IV (JKj. WC}]. - Kn relief: la i)ouche, en forme
de bec de canard, (h' o"ot de longueur; le nez continué vers
le haut |)ar deux arcs ornés fie raies obli(jues transNcrsales;
les yeux A pupilles concaves et deux petits bras rudimentaires.
\u dos de lurne, du < «>tr opposé au l>ec, um* petite anse
comme celle de l'urne u" il. l/ecuelle, fiq. 207 , servant de
couvercle, le fond ••ii li.ml. .n.iil un (b'cor gravé formant des
• •"« ■ ■ ^ "nl rw lirirrmiiir* p«r \l. N«triirn%ki<ilil
RÉGION EXTRA-ANDINE DE .ILJLV.
843
losanges à lignes doubles; elle était brisée. L'urne, remplie de
terre, contenait le squelette d'un enfant âgé d'un peu plus
d'un an, des perles en coquille, des coquillages et du charbon.
\M\liV\\/V/\\/\\/W
Fig. 207. — Arroyo del Medio. Écuelles ayant servi de couvercles aux urnes funéraires n°' Il à V.
Développement du décor appartenant à lecuelle n° V.
Ukne n" V (//</. 205). — En relief: la bouche avec mie
seule lèvre de o'"02 de hauteur; yeux convexes; nez, aux na-
rines bien marquées, continué vers le haut en hgne (hoile et
Formant un arc à l'extrémité supérieure; bras nubmentaires,
ornés de raies obliques comme le nez; petite anse au dos.
L'écuelle,/?.fy. 207, encore entière, fermait rorifice de l'urne;
S%k A.NTIQLITKS DE L\ RKGION ANDINK
pIIo était placée le fond en bas, et non en haut comme sur les
autres urnes; cette (Misition avait empêché ia terre de ptMiétrer
dans TunH', «jui contenait le squelette diin enfant un |x*n
plus aj;é (un* les autres et des morceaux «le cliarlxm. (iettt'
écuelle a o" ij') de diann'tre entre l<"s ImmcIs et o"* i i .') de dia-
mètre au lond; les parois, o" loo de largeur. Klle est décorée
dr lij^nes en /i^;/.aj; alternant a\ec des tètes de ser|>ents en
Inrnie de losanges remplis de jK>ints. Le fond d»- I urne était
|>osésur deux pierres plates, d'environ o" i ô Xo" 08, indiquées
sur la coup» fuj. "20 ^j, ainsi (pie deux autres |)ierres plate.;
deo"20Xo" i;*>, placées liori/.ontah'ment à o" i.'> au-dessusd«'
lu IxMirlie fie l'urne, à la limite du hess ' e) et de la couche
iidV'rii'ure de ternî \é«;étale r/). Je 11e sauniis dire si ces der-
nifres pierres avai(Mit été mises \h intentionnellement ou si
elles s'y trouvaient déjà, mais la Imrranra ne cimtient |)as de
pierres de celle grosseur; il v «mi a hirn (pieKpies-unes, mais
heniM (MM) |)lll^ priltt's.
Syi KLKFTK DADLi.TK. — A ^'"lo de profondeur et presque
à o" 3o .lu-dessous de l'urne n" I\ etail enterre un adulte
accroupi, les jand)es repliées de telle sorte i\uv les genoux tou-
chaient la |M)itrine; les bras étaient aussi re|)liés sur la poitrine,
les coudes en has et les mains m li.nit; i;i lèle inclinée en
a\ant. \nlnm du cou de ce squelelte y trouvai heaucouj) di'
p«'lits discpu's perlori's «mi nupiille, sans doute h's |)erles d un
collier. Cesl le seul adulte (pii existait dans ce cimetière; il y
avnit sans doute été enterré jxmr une raison parliruln-re, mais
sa présrnci' ne m enqM'>che i)as de classer le cinuîtiere d \rri)yo
del MiMlio conim«> un cimetière s|xVial dVnfants en l)as àfçe
enterrés dans «les urnes caractéristi(jues.
Après axoir degaj^e les urnes et le s(pn*lette, jai continue
mes fouilles autour de l'tMidroit où j'avais trouvé ces objets
jusfpi'a ce (pir mon excaxation atteignit 7" de longueur le long
d.' I.i hiirraïua, à a ii" de largeur et à à 3* de |)n)londenr J'ni
REGION EXTRA-ANDINE DE JUJUY. 8i5
ainsi remué près de ôo""" de terre sans rien découvrir : ni un
seul objet travaillé par la main de l'homme, ni un os brisé, ni
même un fragment de poterie. La terre des couches a et b au-
dessus des urnes ne paraissait pas avoir été remuée; il est pro-
bable que ces couches sont plus modernes que le cimetière.
J'ai fait de soigneuses recherches aux environs d'Arrovo
del Medio jusqu'à 3*"° de distance dans toutes les directions
Je croyais rencontrer des traces d'anciennes habitations près
du cimetière, mais il n'y en pas. La sous-végétation de la forêt
n'est pas très épaisse ici, et, si une couche de débris avait
existé, je l'aurais certainement trouvée, car le sol est miné
par les terriers d'un tatou, le (jualacate [Dasypiis setosus,
Pr. Wied?) , qui met toujours au jour quelques fragments de
poterie lorsqu'il creuse ses terriers aux endroits habités jadis;
ce tatou nous a aidé à découvrir toutes les stations de la Vallée
(le San Francisco. Le cimetière d'Arroyo del Medio send)le
avoir été situé loin des habitations de ceux qui y ont enterré
les urnes avec les enfants.
Des Indiens Matacos que j'ai rencontrés dans ces parages
et auxquels j'ai montré les urnes m'ont raconté que, dans les
forêts environnantes, il y avait en plusieurs endroits «des
vases enterrés de la même sorte et avec la même face sur le
goulot que ceux que j'avais déterrés». Entre autres endroits,
ces Matacos dirent avoir vu à Paso del Tala, à 2 5'"° au nord
d'Arroyo del Medio, trois de ces urnes dont les goulots ap-
paraissaient à la surface" du sol, et à Mealla, à 3o''"' à l'est du
village de Santa Barbara, deux autres urnes^'l Cepenrlanl,
malgré les renseignements des Matacos, je ne suis pas sûr s'il
s'agit de sépultures d'enfants enterrés dans des urnes anthro-
pomorphes, ou si ce sont des sépultures d'adultes dans des
urnes grossières, analogues à celles de Providencia et d El
(larmen que j'ai décrites. Une expédition dans le Cliaco à lesl
et au nord de la Sierra Santa Barbara donnerait peut-être des
('> Paso del Tala est indiqué sur la carte archéologique , mais Mealla est en dehors de
la limite de cette carte.
946 ANTIQLITES DE LA KKGIO.N ANDINE.
résultaU iiiatteiidus, mais le succès dépend tout a fail du
hasard, car les ve-»li^es archéologiques, s'il y en existe, soni
radiés parla lorél iiiijM'iiélrable et muelle, liabiléo seuleiiMMil
par ifs liidifMis .sauva;;es. Du reste, ce voyag«* est diflicile en
raison du niancjuedVau et de fourrage, fie la clialeur excessive
et des insrrlfs xfMiinieux, eidin ;i cause de la necessile d'avoir
iinr nond)r('Use escorte jM)ur se défendre contre les Indiens.
\l. NordenskiOld (262, p. i5), se basant sur l'existence des
nienies ornements gravés sur les urnes d'Arrovo del Medio i*t
sur des fragments de jx)leries des stations |)réliispaniques de
la Vallée de San Francisco, considère ce cimetière et ces sta-
tions comme conlemjMJrains et provenant du même j)euple.
Fin ellèt, les ornements des écuelles avant servi de couvercb's
aux urnes n ' III «l |\ fuj. 207 sont prescjue identitjnes au
décor gravé de deux fragments de pott'rie que rej)rodnil
M. Nonlenskiold ibiA.. pi. ^, Fir. 4. i8), trouvés dans les stations
de |\do à Pi(|ue. \I.iis il s'agit là d'ornements géomélri(pies
ass(>7. simples, et, dantrr |)art et an contraire, les faces Ini-
maine> représentées sur les goulots des urnes d'Vrrovo del
Mrdin sont fort stviiséi's et ont un cachet tout à lait sjx'cial,
tandis (jue les ligures /.noinorplies modelées sur la j)otrrie
des stations imitent la nature «l'une façon assez réaliste, bien
que gn»ssièrement. Cependant ces faces stviisées des urnes ré-
|HMident prut-étre à la destination spéciale de ces vases funé-
raires, et, qiioi(pie la connexité ne soit pas j)rouvée jiiscpi'à
ré\i<b'iHr, il est |)ossibl(> (pie les stations et le cimetièn» soient
dr la inémr proNenanrt», vu les ressemblances du décor de la
|M)teri*' (|ui Inniiriit l'argument de M. Nonlenskiold.
Ml Mil \ s \N r\ u\i;i; \i; \.
Celte sifira forme la partie noni d une longue chaîne de
montagnes qui commencf* près de Metaii, en ,Salta. et (|ni. aux
\vi' et xvir siècles, |H)rtait le nom de «Cordillère d'hlsteco».
.\ctnelliMnent . I.i pnrtir Mid de la rhnine se iionime Sierra de
RÉGION EXTRA-ANDINE DE JUJUY. 847
San Antonio, se continue vers le Nord sous le nom de Sierra
de la Lumbrera et se termine par le pic de Cachipunco. Ici la
chaîne se ramifie formant deux chaînes presque parallèles,
dont foccidentale porte au commencement le nom de Loma
Pelada jusqu'au défdé de fAbra de los Morteros, et, au nord
de ce défdé, celui de Sierra Santa Barbara. La ramification
orientale est la Sierra del Maiz Gordo. Entre cette dernière et
la Sierra Santa Barbara se trouve une haute vallée, montanl
vers le Sud jusqu'à environ i,4oo"' au-dessus du niveau de la
mer, au pied du Cachipunco. Cette longue chaîne de sierras est
isolée des montagnes de Salta et de Jujuy, et forme dans cette
région le dernier contrefort de la Cordillère des Andes. Au
pied commence l'immense plaine couverte de forêts, et, vers
fEst, on ne rencontre plus d'autres montagnes jusqu'à celles
(lu Paraguay.
Dans mon voyage à travers la Sierra Santa Barbara, j'iii
suivi depuis Arroyo del Medio la haute valleé que je viens
de mentionner. Avant d'arriver près du pic de Cachipunco,
je n'ai rencontré en fait de vestiges d'ancienne civilisation
que des haches de pierre qui étaient si communes, ([ue je pus
en acheter une ou deux presque dans chaque hutte de métis
située sur mon chemin; j'en ai acquis à San Rafaël, à San Mi-
guel del Rastro, à Las Juntas, à Santa Barbara et à Cachipunco.
D'après ce que me déclarèrent les métis, ils trouvaient souvenl
de ces haches dans leurs champs. Ces haches, petites, polies,
en général assez bien aiguisées, à gorge entourant complète-
ment la hache, sont identiques à celles dont nous avons ren-
contré des fragments dans les couches de débris de la Vallée
de San Francisco. M. Nordenskiold (262, pi. 5, fig. a, 6, 9) en
figure trois. Comme nous favons indiqué pages 692 et 887, les
haches de cette forme sont typiques pour la région orieiitale
de Jujuy, c'est-à-dire pour la Vallée de San Francisco d |)nin
la Sierra Santa Barbara. J'en ai aussi nu des spécimens pro-
venant du département d'Anta, situé à fest de la Sierra (h- l;i
Lumbrera.
M4S ANTigilTES DE LA REGION ANDINE.
A Saladillo, au pied de Cachijiunco, j'ai evaminé en d<ni\
(Midroits des couches de débris d'anciennes liahilalions, d'une
assez vaste étendue et contenant des os bris«'*s et des lra<(nients
de |M>terie analoj^ue à crlle de la Vallée de San Francisco. Il v
avait aussi drs vestiges d'ancirns murs en puca. Dans un hlor
horizontal étaient creusées sc|)l cupules d'une profondeur de
o" 1.) à o^îo et de inônie diamètre à j>eu près. \ Arlwil Solo,
a lo^" de Saladillo, il v aurait aussi une couche de débris, des
/nrcas et des sépultures mises au joui p.ir !«' ravinement d'un
ruisseau, mais je n'ai eu ces renseignements (pi'aprés mon
n»lour à Santa Barbara et je n'ai |)ii prolonger mon séjour,
Inute de fourrage j)our mes bétes.
I)r La> Juiilas, | ai lait 1 ascensimi dr la Sierra Santa Bar-
bara, en sui\ant la petite cpiebrada lorniée par l'Arrovo Santa
Bita, (lui descend de la montagne à cet endroit. Je suis redes-
cendu de l'autre côté, dans ia \ alhr i\v San Francisco, en lace
d* \gua Blanra. ("est la |)remi<'re ascension de la Sierra Sanla
Barbara laite |)ar un Blanc. Excepté par ces deux chemins, l'as-
ciMisiou est im|>ossibl(', car les flancs de la montagne sont par-
tout couNt'rls d'unr luxuriante Negétation tropicale tellrnirnl
épaissi* et touflue, (piil laudrait «*mplov<»r pendant plusieurs
jours un grand nond)re d'ouvriers pour v ou\rir un .sentier à
la hache, (ie (pli rend ce tra\ail dillicile, c'est surtout la prt»-
MMice d inie band)usacée du genre (lliusquca, rampante et avant
i'a>|M*ct du rotang, tenace conioie cette |)lante. longue d'une
xingtaine de mètres et même davantage, |)res<jue im|X)ssible à
coujM'r avec un couteau ou une bâche, et (pii s'entrecroise
entre les arbres et les arbustes, les reliant et les entourant si
M)lid(*ment, que le tout lorme une seule masse compacte : une
zone im|KMiétrable d'envimn un kilomètre de largeur autour
de toute la montagne. Les Matacos eux-mêmes, |>our les(|uels
il n'y a pas de lorét imp'uétrable, n'v passent |>as. D'ailleurs
h*s flancs de la sirrra .sont pres(pn» |)artout à |)ic, et l'ascension,
même sans celle barrière v«'gélale. ne serait pas facile. Je n'avais
|)as d'instruments |K)ur déterminer la hauteur de la chaîne qui
RÉGION EXTRA-ANDI.NE DE JUJUY. 849
est presque uniforme; je crois quelle a environ 2,000'" au-
dessus du niveau de la mer. La crête est presque au-dessus
de la limite des arbres et des arbustes. Il n'y a qu'une sorte de
(juenoa [Polylepis), probablement la Polylepis racemosa, 1i. P., cl
Valiso [Alnus ferriiginea, Kunth, var. Aliso , Griseh.); ces deux
arbres nains sont ceux qui croissent à la plus grande altitude
des montagnes de ces régions. La crête de la chaîne est cou-
verte de vastes prés de graminées, qui offrent un evcellenl
pâturage et un abri sûr aux timides tapirs et au bétail échappé
aux éleveurs de Jujuy; ils vivent là et s'y reproduisent en hberté
depuis plusieurs générations. Il y a quelques années, trois ou
quatre métis se sont établis dans ces prés où ils élèvent de
petits troupeaux de moutons.
Ces métis, qui doivent connaître tous les recoins les plus
cachés de la crête de la Sierra Santa Barbara, m'ont dit n'avoir
jamais trouvé de vestiges d'anciens habitants, et j'incline à
croire que c'est la vérité : les Indiens préhispaniques n'ont pas
pénétré sur ces hauteurs complètement isolées du reste (hi
monde par une barrière créée par la nature elle-même.
Les vestiges préhispaniques de la haute vallée entre les
Sierras de Santa Barbara et del Maiz Gordo sont-ils contemjx)-
rains de ceux de la Vallée de San Francisco et proviennent-ils
du même peuple.^ Le matériel que j'y ai recueilli n'est pas
assez important pour qu'on puisse émettre une opitiion londéc
à ce sujet, mais les haches en pierre du même type caracléris-
tique, trouvées et dans la vallée et dans la sierra, constitucnl
un indice que ces deux régions ont été habitées jadis par la
même peuplade.
H&O ANTIQUITES DE l.\ HE(.M>N ANDINK
RÉSUMÉ.
mk.iuthjn^ I'I'.kiii^I'vmoi ks.
Nous .iNoiis rciicoiitrc, dnn> ia if^ioii r\tra-aii(liin' lïv la
|)ro\iiu*(> (\v JujiiN, c'est-à-^lire dans la \ allée de San rrancisru
••I dans la Sierra Saiila Barbara, des vestiges |)réliispai)i(|iies
de trois tatéj^ories :
I" Si^pidtures d'adidttvs enterrés dans des urnes j^nissieres, à
Providencia, près de San Pedro, décrites page a.)t);
•j" Les courlu's de déhris des stations préinspan icjues de
In Vallée de San Francisco, (pii seiid)lent pn»N«'inr du même
pruple (jui jadis a liahite la Sierra Santa B.irl)ara, a en ju«;er
d après les ol)S(>rvations tout à lait rapides (jue j'ai |)u (aire dans
cette dernière, au point de \u«' arcliéolo«(i(pi«»;
3" Le cimetière (ItMilants d \no\o dri Nîedio. provenant
peut-être du iiiéine peuple (pii liahilait les anci(>ns villages de
la Vall«'e (!•' >>.m I' rancisco.
1 ou^ ces \esli«;es ii nul .iucuih' aiialo«^ie a\ec ceux des an-
ciens liahit.ints des moiil;i«^r|,,.s à l'ouest de la vallée, les Omagua-
ra». Il tant donc écart«'r l'IiNpollièse (pie les vestiges préliis|)i«-
iii(pn's prérédiMiiment décriK de l.i N.ilJee d»* San Francisco
et de la Sierra Santa Barbai. i proviennent de ces derniers.
Ces vestiges ne peuvent non plus provenir des Tohas qui,
à l'éjxMpie de la concpiète, lial)itai(>nt cette Nallée, comme nous
la>t)iis démontré, |)ages 77-7(). à laide des renseignements
liistorKpM's cpie nous iM>ssé(lons à ce sujet. Les l'ohas étaient,
comme ils le sont encore aujourd'hui, d«'s (iuaNcuri'is nomades
compleleineiit sauvages et |)riinitirs. (jui ne peu\enl être les
auteurs des rruvres de céramicpie trouvées dans les stations de
la Nallée de San Francisco, et rpii étaient également incajiahles
de ial)ri(pier d<'s haches en pierre |>olie; du moins, ils ne le
lotit pas de nos jours, et il n'\ a aucune raison de supix»ser
(pi ik s.iv iiiiii Ir taire jadis.
REGION EXTRA-ANDINE DE JUJUY. HDl
Il faut donc chercher une autre origine j^our ces débris.
Quant à la première catégorie, les cimetières où tous les
cadavres, d'adultes ou non, sont enterrés dans des urnes gros-
sières, sans décor, et que j'ai examinés à Providencia, je suis
convaincu que ces sépultures proviennent d'un peuple tu])i-
guarani, comme je me suis efforcé de le démontrer, ])agesi62-
276, à propos du cimetière d'El Carmen, dans la Vallée de
Lerma, dont les sépultures sont similaires à celles de Provi-
dencia. Mais ces sépultures n'ont aucun point de contact avec
les stations de la Vallée de San Francisco, ni avec le cimetière
d'enfants d'Arroyo del Medio, car les sépultures d'El Carmen
et de Providencia n'ont donné aucune pièce de céramique
décorée, mais seulement de la poterie tout à fait grossière el
])rimitive. Ces sépultures ne peuvent donc provenir du même
peuple qui a fourni la céramique relativement artistique des
stations.
En ce qui concerne le cimetière d'Arroyo del Medio, nous
(levons chercher des analogies ailleurs. Dans notre aperçu sur
les antiquités de la région diaguite, nous avons consacré ini
chapitre (pages i/i8 et suiv.) à la description des cimetières spé-
ciaux d'enfants en bas âge, ensevelis dans des urnes de formes
particulières et pourvues, presque sans exception, d'une gro-
tesque face humaine fortement stylisée et surmontée de grands
sourcils arqués, esquissée en relief ou en peinture sur le goidol.
Nous avons démontré que ces cimetières, où il n'y a ])as de
sépultures d'adultes, existent exclusivement dans la région dia-
guite et qu'ils doivent être considérés comme caractérisli(|ues
de cette région. Arroyo del Medio présente tous les caractères
d'un cimetière de cette catégorie. 1^'adulte qui y a été Irouvé
au-dessous des urnes n'ôte pas à ce cimetière son caractère de
cimetière spécial d'enfants, car cet adulte unicpie y a sans doute
été enterré pour une raison particulière que nous ne ])ouNons
nous expliquer à présent, mais qui existe, car on ne peut pas
s'imaginer un cimetière ordinaire où il v aurait seulement un
cadavre d'adulte sur vingt sépultures d'enfants en bas âge et de
8:,2 \NTIQIITKS l)K I. A UK(.lC)N ANDINh
fcrlus, OU ppuMtre beauwuip |)lu>. IVulH'tre cet homme a-t-il
été inhumé dans re lieu sacré |>our hii rendre un honneur, ou
iMMil-étre M's fonctions ou sa jMisilion dans la Nie sr trouvaient-
rllfs iMi rapport iwvc h* cidti* ou le F'ilr (|ui ont drlnniiin' ce>
mtern-nuMil-s 5*1» ijeneris de petits enliiriK. Ouoi (ju'il en soit,
les seules dillérences entre le cimetièn* d \ii(>\<> d» 1 \Irdio «'1
ceux déniants d»' l.i iM'^lmi dia«;Mite consistent dans la fornir
des urnes ri dans l'absence de peintures polychromes sur
«rllrs d'NrroNo dri Mrdio. Or, comme nous Tavons dit, l.i
coutume d'rnterri'r des |)elits enfants dans des urnes réunies
dans des cimetières ml hoc est tout à lait di.i«;uite, et cette cou-
hiMie ««si trop particulière |)our ne pas \nir dans le cimetièn*
d'\rroNo del Medio un indice ou pres(jue une preuve (|ue la
rej^ion de la Sierra Santa Barbara a été habit«'e a une certaine
épo<pie par une j)eiipla(l»' (!•• I.i iihimc race à hupudle ap|)ar-
tenaient les cimetières d'enfants des vallées diaj;uites. i^es dil-
lérences de la forme el du décor des urnes ne constituenl
pas un ar«;ument suHlsant contre celle li\potbèse, cardes par-
ticularités de stsle el d'exécution dans la ceramitpie peuvent
bien exister chez les diverses pi'uplades a|)j)arlenanl au même
|MMiple, mais habitant des réj^ions éloij^nées l'une (h* l'autre,
et axant vé( u peut-être à des é|)oques dilférentes.
Kn étudiant les objets pro\t nanl drs stations, l'on découvre
aussi certaines analof^ies, certaines ress4Mid)lanc«'s avec larl de
la région dia^niile, bien (pie le matériel de la \allée de San
Francisco démontre nn de<;n' intérieur de deNelop|)einent, ce
(pii pourrait s'explicpier par des influences «'traiif^i'n's ou en
admettant (pie ce dernier matériel est d'une éjMKpie plus
reculée.
Kn acceptant l'IiNpothese d'unr occupation teiii|H)raire de la
région de Santa Barbara par une peuplade dia^uite, on vou-
drait y voir |>eut-élre les • (ialcha(|uis » de la\alleede Cala-
marca, (pii. selon les IM*. Lozano 220. i n. p 171 et Ciuevara
/IS4; I ii.r.\: p 9«;, émigrèrent en masse aux premiers temps de
la cnncpiéte vers l'intérieur du (ihaco, |)our ne |)as se soumettre
REGION EXÏKA-ANDINE DE JUJUY. 853
aux Espagnols. Mais cette émigration est trop moderne pour
s'appliquer aux Diaguites supposés de Santa Barbara. Ces Cal-
chaquis émigrés sont peut-être plutôt ceux qui ont habité nne
partie tout à fait différente du Grand Cliaco : dans l'extrême nord
de la province de Santa Fé, où ils ont laissé leur nom à l'Arroyo
Calchaqai, allluent du Rio Salado. Pendant le xvii'' siècle et au
commencement du xviii% ces Calchaquis ont constitué un
danger permanent pour la ville de Santa Fé. En i64o, d'après
Techo (341; 1. xn, c xxxix; p. 343), ils brûlaient les fermes des envi-
rons de cette ville et tuaient leurs habitants. Quoi qu'il en soit,
la Vallée de San Francisco, comme nous l'avons dit, était, à
l'époque de la conquête espagnole, habitée par des Tol)as, et
les conquérants ne trouvèrent des Diaguites qu'au sud de la
Vallée de Lerma. D'ailleurs, le développement indnstriel cl ar-
tistique plus primitif de la peuplade de la Vallée de San Fran-
cisco indique une plus haute antiquité que celui de la plupart
des vestiges de la région diaguite. C'est donc à une époque
beaucoup plus reculée qu'il faut placer le peuple préhistorique
qui nous occupe.
En somme, les cimetières de Providencia et d'El (iarmen,
auxquels il faut ajouter peut-être les sépultures d'aduUes en-
terrés dans des urnes grossières, découvertes récemment par
M. Ambrosetti à Pampa Grande ^'\ indiquent l'c'xpansion
jusque dans la province (\v Salla, ou ])eut-(Mre encore ])his
au Sud, à une certaine époque, de la race tupie-guaranie, dont
les représentants les plus proches sont, acluellemenl comme
à l'époque de la conquête, les Chiriguanos du Pilcomayo.
D'autres faits servent d'appui à la théorie d'une expansion tem-
poraire tupie-guaranie à travers le Chaco jusque dans la région
diaguite : ainsi les pipes préhispaniques, la coutume de hiiiiei-
la pipe ayant du être introduite au Brésil, comme nous favons
remarqué page 123. D'autre part, les vestiges de ranneime
'"' Voir p;t<,M' i'|(), V raU-f^oric.
Il ."iô
gS-fc ANTIQl'ITKS l)K LA UECION VNDI.NE.
civilisation que nous trouvons autour rie la Sierra Santa Bar-
bara, surtout notre cimetière d'enfants d'Arroyo drl Mrdio,
Mint une indication que les Guaranis eux-mêmes auraient été
i)récè<iès,àune«'|)oquerecul«'*e, |)ardes tribus andines connexes
;iii\ l)ia«,'uites, lescnnds se répandaient alors JMs({n'au\ limites
du ( ihaco, an n«»rd de la Sierra Santa Barbara. Ces tribus aii-
«lines ont «'té reloulées plus tard par les (luaycurûs (jui à
IVMMKiue de la conqu«*'te babitaiml Ir (iliaco et dont faisaient
partie lesTobas de la Vallée d« S;ni Francisco.
\ mniii^ (pir dr nouvelles découvertes ne viennent modifier
ce» conclusions, nous n(ms trouvons par const»quent en pré-
sence de trois minorations di^tin^tes et successives. Un j)remier
ci.urant tnpi-«;narani vi'ini du centie dr rVmrricjne du Sud
se .serait diri«(e vers les vallées du territoin' argentin actuel.
Une expansion postérieure des tribus andines se serait jinn
dniti'dansla direction (oiifraire. Midln les (iuavcurùs, venus
»!•• I l>l , aurairnl oblij^é les Iribus andiiu*s à rétro^^rader vers
leurs inonta«;nes et les (iuaranis i ><• retirer vers le Nord ou Ir
Nord \M.
ANALYSE CHIMIQUE
D'OBJETS PRÉHISPANIOUES EN MÉTAL
bb.
ANALYSE CHIMIQUE
D OBJETS PRÉHISPANIQUES EN MÉTAL.
CUIVRE ET SES ALLIAGES.
Parmi les objets en cuivre rapportés par la Mission Fran-
çaise, j'ai choisi vingt-six spécimens qui ont été analysés par
MM. Morin frères, essayeurs de la Banque de France. De ces
objets, quatorze proviennent des collections que j'ai rapportées
de la République Argentine (vallées de la province do Salta
et Puna de Jujuy); quatre proviennent des fouilles de M. de
Gréqui Montfort dans la province de Porco, en Bolivie; sept,
1
Fii
Hache en cuivre de la Répuhliqiic de l'Kqiialeiir. .\nal\se n" (ti.]
i//j gr. nal.
de la collection faite par M. Gourty à Tiahuanaco; enfin une
hache de cuivre, dont les contours sont reproduits /t^. 20S ,
provient de la République de TÉquateur et a été acquise par
la Mission, à Antofagasta, d'une personne venant de ce dernier
pays. Les lourdes haches de cette forme sont très communes
dans rÉquateur, voire même caractéristiques de ce pa\s. Un
morceau de culot de cuivre, recueiMi par moi à Col)res (Puiia
de Jujuy) parmi les débris d'une liuaira, selon toute proh;»!)!-
lité d'origine préhispauique, a également été analysé.
Ces analyses sont disposées, par ordre géograplncpic (bi
Sud au Nord, sur le tableau inséré a])iès la ])age K(i8, où j'ai
S5A ANTIQL'ITF'S DF I. A HKCJION NNDINE.
ajoiilf* toutes les analyses crobjels anciens en cuivre et en
■ hronze • (le rAniéri(|iie du Sud |)ul)li(^es ant«*rieunM«enl par
divers auteurs.
Parmi les métaux alliés au cuivn' dans ces objets, il ii \ a
que l'étain et, dans certains cas. If zinc, l'or et l'ar^'enl. jui
|)eu\ent avoir été ajoutés inlenlionnellrnient en tondant le in«'-
tal. Tontes les autres matières : le jilcnnl), Ir 1er, l'antimoine,
l'arsenic , If nie k»l, Ir cohall. Ir bismulli, la siln «• ri !«• soufre
proNienntMit sans aucun doiitr drs ndnerais d'où Ion a extrait
il' rni\r«' un l'élain. (l'est certainement aussi le cas des j>etites
(juantites de zinc des analyses n** 3, 5, 9, 12, i4 (0.81 à i.6r>
n. 100^ de la ré<;ion diai^niitc et n° (^C^ ''1.60 p. 100^ de la
llépnl)li(pn> de l'iùiualenr. Parnii les impuretés contenues dans
les minerais de cuivre, il s a souvent de prtit«*s cpiantités d«»
zinc ; d auln's fois, des minerais de zinc, «-ninnie la hiende (pii
est très coninnnu', sr Iioum'iiI à proximité des minerais de
• iMMc, cl (\r> parcelles des pn'uiiers peuvent |)arfois adhérer
aux minerais de cuivre cpn' l'on extrait de la mine. Les jx»lites
quantités d'arj^ent des analxsrs n" i .^) (o.'i» p. 100' et n" .^8
(0.17 p. 100), ainsi (pu* li's traces d(» ce nn-tal (pu* pn'sentent
plusieurs autres j)ie(«'s, sont é«;alenient des impnretc's (pii -exis-
taient dans l<>s minerais de cuivre.
Tn)is pièces senlinnrit ( (mliriinciil du soufre, un lra«;nn*nl
de pla(pH> de Lapava (\ allée (!alclia(piit>], n**î7, et deux cram-
|KMis des ruines de Tialnianaco, n"* 4''> ''t 4^» 1-'* fraj^menl de
f.ap.iNa apj)arle!)ail à la collection de cette localité, (pu» j*ai
acquise de \l. Manni'l I )el«^'ado, et me fut présenté par celui-ci
connue a>ant été exlnnné dans la menu» ionille où il aNait dè-
liTfè tous les objets de cette collection, (le fra^nuMit démontrait
bien (piil avait lait j)artie d'une placpn* rectanj;ulaire; du reste,
il était fort oxydé et présentait nn aspect fort ancien. ()e|)en-
dant l'analyse est bien flilléreutt' de c«'llc de toutes les autn»s
pières; |»» fragment en (piestion ne contient |)as d'étain, comme
la plupart de celles-ci, mais, |>ar contre, deux matières dont il
n existe cpir des Iraccs dans les antres c»bjels de la Hépnblicpn-
ANALYSE CHIMIQUE DE METAUX. 859
Argentine, Tarsenic (5. 20 p. 100) et le soufre (i.46p. 100). Le
métal de cette pièce provient donc d'un minerai différent de
ceux qui ont fourni le métal pour les autres objets^^^ Comme
je n'ai pas exhumé ce fragment moi-même, je ne veux pas,
malgré ma confiance dans la véracité de M. Delgado, écarter
la possibilité que la pièce ait été incluse dans la collection par
un hasard quelconque et qu elle soit alors d'une autre prove-
nance.
Beaucoup plus intéressantes sont les deux pièces qui portent
sur le tableau les n''' 45 et 46, dépourvues d'étain mais conte-
nant respectivement 2.55 et 0.87 p. 100 de soufre. Ce sont des
crampons en forme de I^h^H et qui se trouvaient emboîtés
dans les murs des ruines de Tiahuanaco, servant à maintenir
ensemble les grands blocs taillés qui composent ces murs.
La présence du soufre dans ces pièces indique qu elles pro-
viennent d'un sulfure de cuivre, tandis que l'absence de cette
matière dans tous les autres objets énumérés sur le tableau, —
excepté toutefois le fragment n° 27 dont, comme nous favons
dit , l'authenticité n'est pas parfaitement certaine, — prouve que
les Indiens préhispaniques depuis la République de rÉqualeur
jusqu'à la République Argentine ne faisaient pas usage des sul-
fures, qui sont communs dans les différentes parties de la Cor-
dillère, notamment les cuivres gris, la chalcosine, la chalcopy-
rite, etc. La raison de ce fait est probablement que les Indiens,
avec leurs méthodes primitives , ne pouvaient pas isoler du métal
le soufre qui le rend fragile et friable. D'autre part, ces minerais
sont pour la plupart assez difficilement fusibles. Les Indiens se
sont bornés à exploiter le cuivre natif, les sihcates (chrysocolle ) ,
et probablement les carbonates (malachite, azurite) etfoxydilo-
'■' Suivant M. Lacroix, le cuivre ilc (juc conticnl la pifco pouirail aussi pro-
cette pièce provient probablement de i'é- venir de fragments de inispl( k<l sullo-
nargite (sulfoarséniure de cuivre), mine- arséniure de fer) qui adhéraient au nune-
ral qui est connu de beaucoup de fdons de rai dont on a extrait le cuivre. l>c rapport
la République Argentine, specialeineni de fer et d'arsenic est dilT.T.'nl a (■.•lui <ln
de Famatina (La Rioja) et de Las Capil- niispickei.mais une partie du fer p..unail
litas (Catamarca). Cependant, l'arsenic «"-tre passée dans les scories.
8f,0 ANTIQUTKS I)K I. A RKrilON ANDINE.
rure (atacaiiiit<>y df* cuivre. Ces iiiiiK'rais sont plus faciles à ioiidre
el iTout paslinconvéuientclu soufre. En liolivie, on semble a\(>ir
r\j)l«)il^ un MiiniM'ai rlinV-rent de ceux dont on s'est ser\i dans les
;mln's pavs, car la plupart des objets en provenant coiilienuriit
dr lantiuioine, — de o.nfi à o. i 7 p. i 00; il v a même uih- j)i«'re
avec 3..')'! p. 100, — nn'tal (pii n'existe pas dans l«'s ol)jel> des
autres réj(ions, mais riont la présence s'explicpie j)ar le lait (lue
des niin(^raux anlimonifères sr tioiiMnl hvs souvent, dans c<*
pays, dans les gisements de cassitérite d'où provient lélain
contenu dans ces pièces. De nièiiir. le ploinh fait déiaut dans
les pii'ces p<^ruviennes, mais existe dans la plupart des objets
de» autres pavs, et, d'aulrr part, trois pirces de la côte du
Pérou (n"' r).K .)8 et 60) contiemunl d»- Inrlis cpiantités fl'ar-
senic : d»* ^.\^ h i..^.^ p. 100.
Seuls mit lirr l«'wr <iii\ii' di' sulfures les construcleurs des
monuments cvclojM'ens de riabuanaco. (pii. suiNant lou> b's
bistorio;;rapbes el d'.ijurs 1rs traditions répandues parmi les In-
diens de ré|M>(pu> de la concpiéte, sont fl'un à^e très reculé et
certainement antéri«Mirs à la dvnasti»» des Incas. Mais tous les
outils et objets d art en cuivre trouvés à Tiabuanaco sont laits
de minerais ne conttMiant pas de soufre, et \r cuivre y est allie
avec de lélain, ce cpii n'est pas le cas des crampuis mention-
nés. On |)ourrait facilement en coiicbit» (|iif l«'s objets ne
proviennent pas du |)euple nui a construit les édifices aujour-
d Imi en ruine, mais d'un nutre iieupbMpii a babité Tiabuanaco
.1 nnr éjMMpi»' |)ostérieure. Je ne désire c(M)endant |>as formuler
une tiM'on»' dansce sens, car il v a beaucou|>d autres ar^niments
(pli font sup|)oser (pi'une j;rande partir des objets exbumes du
sol de Tiabuanaco proviennent en réalit»- du peu|)l<* cpii a con-
struit les moiniments mé^alitbi(pirs. le nie borne à constater
les faits.
fous les objets i\r \,\ Hépubli(jue Ar^MMitine, excepté le frag-
ment n" Q7 déjA mentionné, une lourde bâche h oreilles
(n" i.'i) de l.apaya, et un petit ciseau [n" .'^q^ de Tastil (Oue-
brada del l'oni . rontimiirnt dr rét.iin , de même (pie tous les
ANALYSE CHIMIQUE DE MÉTAUX. 8()1
objets de la Bolivie, sauf les crampons de Tiahuanaco. Quant
aux objets péruviens, il y en a d'un alliage de cuivre et d'étain,
mais d'autres pièces ne contiennent pas d'étain. Ces dernières
sont toutes de la côte, de l'ancienne région de Yuncas; des
pièces contenant de l'étain, deux (n"* 5o, 5i) sont du haut
plateau, de Cuzco; les deux autres (n"* 62 , ôgj , de la côte, la
première de Pachacamac, la seconde de Trujillo. Des pièces
équatoriennes, une seule, le n** 65, de Quito, contient de
l'étain. On voit donc que les objets du haut plateau du Pérou
et de la Bolivie ainsi que ceux des vallées interandines de l'Ar-
gentine, presque sans exception, contiennent de l'étain, tandis
que celles de la côte du Pérou et de la Répubhque de l'Equa-
teur n'en contiennent pas, excepté trois objets provenant de
Pachacamac, de Trujillo et de Quito, localités occupées pen-
dant longtemps par les Incas, formant des centres de leur
gouvernement et de leur culte. Ajoutons que le ciseau de
Quito, dont l'analyse a été publiée par Boussingault (73), avait
été trouvé dans une ancienne carrière d'où l'on avait jadis
extrait de la pierre pour paver le chemin incasique de Cuzco à
Quito. Malheureusement on n'a pas publié d'analyses d'()l)jets
préhispaniques en cuivre provenant de la Colond)ie, mais le
D' Uhle (340, I, p. 6q) rapporte qu'un certain nondjre d'objets
de ce pays, conservés au Musée d'ethnographie de Berlin, ont
été analysés par M. Weeren, et qu'aucune de ces pièces ne con-
tenait de l'étain, bien que M. Richard Andrée (34, p. i53) dise,
sans cependant en donner de preuves, que lesCliibchas alliaient
le cuivre avec l'étain.
Comme conclusion de cet examen de la métallurgie préliispa-
nique du cuivre chez les dilïerents peuples de la région andinc
de l'Amérique méridionale, nous pouvons établir, sous ce rap-
port, deux régions bien dilï'érentes. La première, d'où Ton ne
connaît pas l'alliage avec l'étain, se compose de la Colond^ie,
de l'Equateur et de la côte péruvienne. La deuxième région,
où l'on trouve presque constamment l'alliag*'. du cuivre avec
l'étain, comprend le haut plateau du Pérou, dr la holi\i<'«'t dr
Wiî ANTIQIITKS DE LA REGION ANDINE.
la rK|)iil)ii({(i«> Argentine, ainsi (|ue les vallées interandines
(le ce dernier j)ays, c'est-à-dire la réf^ion (lia<(nit('. La ré«(i<»n
des Vuncas semble donc avoir »'u, avant l'in\asion des Incas,
une inétallnrj^ie ind('|)(Midant(> de celle du IV'rou, mais ana-
loj^n»' a la nn'tallnr*,ne autochtone de la (iolond)i(> rt de 1 Kriua-
ti'ur préincasique, les pièces contenant de l'etain (ju'on trou\e
dans ces pays, ou du moins l'art de produin' cet alliage, v
ayant |)rol)al)l«'ment cte importf^s pendant la domination inca-
sicpie. Au contraire, l'ancienne métallurgie de la région dia-
gnitr apj)artirnl à la nn-lallurgie péruvienne, cetpii noiisfournil
un»* preuve de l'origine ando-péruvienne de la cullure diaguite,
comme nous l'avons déjà rcmanjué page i ()o.
Nos deux H'gions UM'Ialliirgicpirs de l'AuM'Hcnir du Sud sonl
l)ien dillérentes de ccllrs de l'Aniéricjue septentrionale. Dan^
crlli» dernière partir du continent, nous distinguons aussi
diii\ H'gions métallurgi(pu>s (jur dtM til tii drl.iil M. Viidréc
(34, |>. i43i5i. 157), dans son érudit travail dcjà cite. La pre-
mière, où l'on prati(piait l'alliage de cuivn» cl dCtain, est
cniujKiMM" du Me\i(jm' et, parait-iL de 1' Vméri(pn* centrale un,
du in«)ins, dr (crtaines parties d«' cette dernicre. Ainsi, tout
a fait au sud de rAméricjue centrale, dans la |)ro>ince de
(iliiricpn. située dans l'isthme de Darien, sur la Iroutien* de
la Ué|)id)li(|ur d»' (iosta lUca, les anciens habitants alliaient
aussi le cuivre et l'élain, sui\aiil M Holmes jl68, p. ab). Cet art
doit avoir été introduit eu (!hiri(pii du Mexicjue, car les voi-
sins du Sud, les ludieus de la C(dond)ie, n'employaient pas cet
alliage. Suivant M. \ndree, «les hrou/.i's mexicains pn>sentenl
une autre com|)osilioii <pie c<mix du Pérou, ce (jui coidirnie
I iude|MMidance de lune et de l'autre de ces régions nielallur-
girpu's». Les alliages mexicains sont de véritables bnmz.es,
contenant presque toujours en moyenne 9 à 10 p. luud'étain.
tandis (|ih' la quantité dv ce métal contenue dans les objets
sucl-ami'ricains est, comme nous le verrons, tout à fait arbi-
traire, n'exréflant généralement j)as 1 à \ p. 100. Les anciens
Mexicains sa\ aïeul fondre le < ul\re e| lallier avec l'élain. mais.
ANALYSE CHIMIQUE DE METAUX. 8r)3
dans la deuxième région métallurgique de l'Amérique du Nord ,
comprenant les Etats-Unis, le Canada, etc., les Indiens pré-
colombiens ne fondaient pas de minerais de cuivre; ils ne
faisaient que travailler le cuivre natif, en le martelant à froid.
La plupart de ce cuivre natif provient des environs du Lac-
Supérieur, d'où le métal, très facile à reconnaître par les grains
d'argent pur qu'il contient, était emporté vers des régions très
éloignées des gisements. H y a quelques exceptions à cette
règle, notamment de petits disques fondus, sorte de monnaies
de o"o3 à o'°o5 de diamètre, trouvés dans des mounds, selon
MM. Squier et Davis (334, p. 196-207), mais il n'est pas prouvé
que ces objets soient précolombiens.
La quantité d'étain contenue dans les objets de l'Amérique
du Sud est très variable. Des 49 pièces contenant ce métal,
les analyses en ont donné de 1.67 à 3 p. 100 en i3 pièces, de
3 à 4 p- 1 00 en 1 G pièces, de 4 à 7 p. 1 00 en 12 pièces, de 7 à
10 p. 100 en 8 pièces. Dans 6 pièces seulement la quantité
d'étain excède le 10 p. 100; ce sont un topo (épingle) de la l^o-
livie (10.2 1 p. 100), une ])laque de la Bolivie (io.3i p. 100),
une hache du nord de la Bolivie (1 1.42 p. 100), un ciseau de
la Vallée Galchaquie (i3.52 p. 100), un bracelet de la Qnc-
brada del Toro (i4.i3 p. 100), un disque de La Rioja, dans
la République Argentine (16.62 p. 100). Presque la moitié des
objets contiennent donc moins de 4 p. 100 d'étain, et, pour cv
motif, je me suis abstenu de dénommer « bronze » cet alliage dv
cuivre et d'étain, car sous ce nom on comprend généralement
dans la métallurgie moderne l'alliage de 90 ]). 100 de cuivre
avec 10 p. 100 d'étain; d'ailleurs, la quantité d'étain des bronzes
préhistoriques européens est beaucoup plus élevée et plus con-
stante que celle de falliage que nous trouvons dans la région
ando-péruvienne. Il me semble qu'on ne peut guère dénommer
«bronze» des alliages qui ne contiennent que 2 ou 3 p. ion
d'étain, et, si nous apphquions ce nom seulement aux alliages
contenant au-dessus de 6 ou de 10 p. 100 d'étain, nous aurions
deux métaux de noms dilférents, le cuivre et 1<' bronze, (juoi-
8f,^ ANTIQUITKS DE LA REGION ANDINE.
(lu'ii ne s'af^isse en réalité que d'une seule caléj^orie d'alliage
a |)r<>|)ortions varial)les.
l'ji classant 1rs ohjrls d'ajjrùs iriir pays de provenance,
nous notoriN cjue la (piaiitité (i'j'laiii est moins élevée et plus
\nrial)l«' dans 1rs pièces dr la H» |)iil)li(pM' \r«;jMitin(» cpie dans
< •'lli"> dr la linliNie v.i du Pérou. i)vs i 7 objets provenant de ces
«Irrniers pays île ciseau de Ouilo, n" 65, y compris), il n'y en
a cpu' f) contenant moins de 5.83 j). 100 détain; de ces cin(j
pièces, deux contiennent respectivement f\ et \.îio p. 100. les
trois autres, de u.io à i.-jb p. 100.
(.(unmr on le sait, on ajoute de Télain au cuivre surtout
dans le l)ut de rendre le métal plus dur. (i'est donc sjM'ciale-
ment pour les armes el les iii>hiiiin'iils Iranrliants, (Muplovés
pour conjM'r, (pie l'alliaj^e est util»'. M.iis les Indiens, en alliant
le cuivre et l'étain, ne se sont absolument pas préoccujM's de
Il destination des objets (|n iU labritpiaient. lai ajoutant aux
'|() pièces contenant (!<• lelain l«'s .'^ ol)|r|s de la He|)nbli(pit*
Ar;;entine qui n'en contiennent |)as, nous pouvons diviser ces
Tï'i objets en trois calé;;ories : 1" 3'i objets de j)arnn' el outils
sans lil. (jui n'etairni pas destinés à cou|)er et pour lescpiels
lallia^^e a\er Triai 11 in'tait j)ar conséquent «;nére nécessaire
[i\ distpu's et |)la(|nes, 1 bracelet, i pendelocpu', 3 épinj;les,
I rpiloir, I casse-téte, 1 b<nde); 'i" i (S outils destinés à ci»U|M*r
(10 barbes de dillérentes sortes, u couteaux et 6 ciseaux);
3* 'i rlocbes on l'alliaj^e avec (!< IrLim |Minvait être utile |H»ur
améliorer le son. Dans aucune <le ces catéj^ories, la tpiantité
délain ne correspond aux difT«'rents dej^res de dureté (pie
devaient motiver les dixerses destinations de^ objets. Au con-
traire, partout la (uiantité d'étain est tout a lait arbitraire, et les
outils |N)nr les(piels la dureté du métal est une qualité (*ssen-
lirllc nn ne contiennent souvent |M)iiil d'etain ou des quantit(*s
ln»s inférieures À celles (|ui ont et»- trouvées dans des pièces où
la dureté n'est pas nécessaire. Ainsi les objets de la |)remiére
catégorie |)résentent toutes les dillérentes (piantités d'etain de
1 erliell(>. depuis o p. mki jnsrpi'an maximum, ifi.f)"» p. 100.
ANALYSE CHIMIQUE DE MÉÏALX. «65
Quant à la deuxième catégorie , où la dureté du métal est une
qualité essentielle, nous trouvons également que l'étain varie
entre o p. loo et iS.S-j p. loo. Les quatre lourdes haches à
oreilles ont 6.06, 5. 78, 3.34 et o p. 100 d'étain, respective-
ment; les quatre haches à pédoncule central, 6.71, 5.83, 3. 80
et 2.49 p. 100; deux autres haches, 11.42 et 2.10 p. 100; les
six ciseaux, i3.52, 4.5o, 4.43, 4, 2.5i et o p. 100; les deux
couteaux, 7.68 et 3.65 p. 100. Enfin les deux pièces de la
troisième catégorie , deux cloches de la Vallée Calchaquie, con-
tiennent aussi des quantités différentes d'étain, l'une 6 p. 100,
l'autre 3.92 p. 100. La proportion d'étain de ces cloches est
heaucoupplus faible que dans le « métal de cloches » européen,
qui généralement contient 20 p. 100 d'étain.
En ce qui concerne la provenance de fétain contenu dans
les objets analysés, ce métal a sans aucun doute été ajouté au
cuivre intentionnellement, les minerais de cuivre dont peuvent
avoir fait usage les Indiens préhispaniques ne contenant pas
d'étain en alliage naturel' 'l Les arguments qu'on pourrait oppo-
ser à cette hypothèse sont les suivants : 1" Les Indiens préhis-
paniques ne connaissaient pas fétain pur, ])uisqu'on n'a jamais
rencontré dans les sépultures et dans les ruines d'objcls lails de
ce métal; 2° La quantité d'étain contenue dans les pièces est,
comme nous f avons vu, entièrement inconstante : de o à 16.62
p. 100; 3'' Les minéraux d'étain dans certains pays, surtoul en
Bolivie, se trouvent quelquefois intimement mélangés aux mi-
néraux de cuivre, et, dans ces cas, l'étain pourrait prov(Miir de
parcelles du minéral d'étain qui auraient été involontaireinciil
extraites de la mine en même temps que le minéral de cuiMc
Mais contre ces arguments s'élèvent ces faits : 1" liien (pie
fétain des pièces qui n'en contiennent qu'niic laible quanlilé
puisse provenir de parcelles de cassitérite, accidentellenicnl
mélangées au minerai de cuivre, cela ne peut |);is cire le ca.s
<"' Exceplionnelletnent, le cuivre nalil" finciiicnl (iiic m'oul .lomic M\l. Moiiti
de Corocoro (Bolivie) contient de très pc- frères, Icsqii.Is ont .malysè de noinhreiiv
tites quaiilitcs d'étain, suivant un rcnsci- ('■chanlillons de cuivre de ce pays.
H60 ANTIQIITKS DE LA KKf.lON WDINK.
qnaiil aux pièces qui a)iitii>nn(*nt de lo à 16 p. 100 de ce
nu'lal; 'i" L'alliagr du cuivre avec de letain est aussi fréquent
dans It's pays où les niiiiéraux délain s(uit prescnn' inconnus
«•l rrrfaiin'nient 1res rares, roniine I \r«(riilinr rt le IVrou, ciue
dans le.s pass où les j^isenients de ce nn'lal sont très ronnnuns,
ronnne la Boli\ie. f*ar conséquent , il faut ahandonner l'Iivpo-
ihivM' de l'orif^ine accidentrll» . ( niitunllr i\v l'i'tain contenu
dans les objets (jur nous étudions.
Quant au minerai d'élain (jin- les Indiens ont exploité, il
ne jM'ut être (juestion (pie dr la cassitérite (oxvde d'étain),
minéral facilement lusil)!»- rt Ins riche rn métal ~i) i). 100
d'étain, ai j). 100 dow^ènr. La cassitérite est commune en
liolivir, mais au Pérou ellr n'a pas été trouvé**, du moins jus-
(pi'en 187H, d'après M. \. lîaimondi (304/'ii.|). Hiy (pii ne nien-
tionnr d'autn- minéral d'etain dr « •• dernier pavs (pie la plundx>-
stannite. dnul un srnl «;isemrnt n «'\istr, dans la province de
Iluancané, et qui ne parait pas a\nir pu Inuniir lit liii d«\s
alliances |)réhispaniqnes, car ce minerai contient Ixaucoup de
soulre, matin»' (pii ne se trouvi- })as dans ces drrniei^. Les
Lsj)a«;nols du wiT siècle ne connaissaient pas non j)lus de mine
d'étain au Pérou. |)uis(|U(> le P. (ioho (103; I. m. r. \i.i\ ; 1. 1. p. 536)
\\r mentionnr (pi'une miiir d»- ce métal dans la vice-n)vaulé
du Pérou, crllr (li> (iaracoll<», près dOrnin, m BoliNir. Dans
Il Hèpid)li(pir Vr^^entinr, la cassitérite est aussi très ran*;
\L (1. liodcidx'nder (64. p. 171) dit m» ja c(»nnaitre (|ue |)ar un
srui échantillon provenant de la province de (latamarca, et il
i^'uore la localité où .se trouNe la min(> de la(pielle cet échan-
tillon a été extrait. Selon M. \nd)rosetti 29.,. iH.^). dernien»-
ment on a décou\« il um mine de cassitérite dans le Cern»
de las Minas, situé dans le département d*\rauco, pn)\incede
La Hioja. Prohahlemenl, les habitants j)réhispaniques de la
région dia^uite connai.viaitMit d'autres mines (le ce minerai,
maintenant onhiiées, car on peut dillicilenjent sup|>oser qu'ils
aient introduit letain d'aussi loin (pie de la HoliNie. Pour ce
qui est du P(^roii, pjut-ètre y importait-on la cassitérite d. I.i
ANALYSE CHIMIQUE DE METAUX. 807
Bolivie, à moins toutefois qu'il n'y en existât aussi des mines,
bien qu'à présent on n'en connaisse aucune.
Certains auteurs ont émis l'hypothèse que tous les ohjcts en
cuivre de la région diaguite y auraient été importés du Pérou.
Certes je crois que les Péruviens y ont introduit l'art de la
métallurgie, et je crois aussi que quelques-uns des objets pré-
hispaniques en cuivre qui y ont été trouvés proviennent du
Pérou; mais, d'autre part, il est certain qu'on exploitait et qu'on
travaillait ce métal dans la région diaguite même. En dehors
de beaucoup d'autres arguments, deux analyses de débris trou-
vés dans des ruines diaguites le prouvent. Ce sont deux culots
provenant d'anciennes fonderies, l'un rencontré à Fuei-te Que-
mado et l'autre, trouvé par M. Ambrosetti, à Tolombon, ces
deux localités étant situées dans la Vallée de Yocavil. L'échau-
tillon de Tolombon est presque identique, quant à sa compo-
sition chimique, à une hache à pédoncule central provenniil
aussi de Tolombon , et qui figure sur le tableau d'analyses sous
le n** 2 2. La composition du spécimen de Fuerte Quemado esl
très semblable à celle d'un fragment de disque, analyse n" ().
Je reproduis, d'après M. Ambrosetti (29, p. i85), hîs analyses de
ces deux culots :
Cuivre
Etain
Arsenic
Fer
Des différents faits que nous avons signalés résulteul les
conclusions suivantes : i'' Les Indiens préhispani(pies de l;i
région ando-péruvienne, excepté les constructeurs de Tialuia-
naco, n'exploitaient pas les sulfures de cuivre. 2" Ils ()])tenaieiil
leur cuivre des silicates (chrysocolle) et probableiuenl aussi
des carbonates (malachite, azurite) et de roxycidorure (alaca-
mite). 3" Ils alliaient presque toujours le cuivre avec une
certaine quantité d'étain, provenant probablement delà cassi-
TOLOMBON.
KIJERTE Ol'EMADO.
()5.Go
()().8o (). I UO
3.2i
1.3/1
-
o./|()
traces.
traces.
868 ANTIQUITÉS DE LA RÉGION ANDINE.
térite. 4** Les proportions d'étain sont si variables, que l'on peut
conclure que les Indiens en question ignoraient l'art de gra-
duer l'alliage selon la destination des objets. C'est empirique-
ment et au juger qu'ils ajoutaient l'étain, parce que l'expérience
leur avait enseigné cette manière de durcir le métal.
Gomme il a été dit, parmi les objets analysés, il en existe
quelques-uns qui présentent un autre alliage artiliciel que
celui de cuivre et d'étain. Ce sont un bandeau frontal d'Ancon
(n*" 56), en laiton, et deux autres bandeaux (n°' 55 et Sy), de
la même provenance, ainsi qu'un ornement de tête (n° 64),
de Canar (Equateur) , ces trois dernières pièces fabriquées d'un
alliage de cuivre avec de l'argent et, dans deux cas, contenant
de petites quantités d'or. Dans ces trois pièces, l'argent est
sans doute le métal principal, et, pour ce motif, nous en parle-
rons en traitant les objets en argent. Ces pièces n'ont été por-
tées sur le tableau des analyses de cuivre que pour rendre ce
tableau aussi complet que possible, et elles sont aussi indi-
quées sur les tableaux d'analyses d'or et d'argent, sous les n°* 74 ,
76 et 82. Le bandeau en laiton n° 56 est intéressant, car les
Indiens préhispaniques ne connaissaient cet alliage ni n'ex-
ploitaient le zinc; le laiton a sans doute été importé de l'Europe
ou composé en Amérique après la conquête des Espagnols.
Les proportions des deux métaux, 65.90 p. 100 de cuivre et
32.o4 p. 100 de zinc, sont celles du laiton commun euro-
péen. Il n'y a aucune raison de douter de l'authenticité de cette
pièce qui a été exhumée d'une sépulture de la nécropoh;
d'Ancon par M. Léon de Cessac, et analysée par M. Terreil.
Elle prouverait donc qu'on aurait continué d'enterrer des morts
dans le cimetière d'Ancon après la conquête espagnole.
ANALYSE CHIMIQUE DE MÉTAUX. 869
OR, ARGENT ET LEURS ALLIAGES.
Les tableaux ci-dessous contiennent toutes les analyses pu-
bliées jusqu'à présent d'objets préhispaniques en or, argent et
alliages de ces métaux. Ces analyses sont beaucoup moins nom-
breuses que celles des objets en cuivre. La Mission Française
y a contribué par six analyses, dont trois se rapportent à deux
objets en or et à une pièce en argent provenant de mes collec-
tions de la République Argentine, les trois autres à des objets
de la Bolivie. Ces derniers sont de simples lames minces, de
moins d'un millimètre d'épaisseur, sans décor, mais cependant,
selon toute probabilité, employées comme parure, fixées sur
des vêtements ou des coifFures. De ces pièces, une lame d'or
et une autre d'argent ont été rapportées par M. G. Courty, de
Cobrizos, dans la province de Nord-Lipez; et la troisième
lame, en or, provient des fouilles de M. de Créqui Montfort,
en Yura, province de Porco. Toutes les pièces qui figurent sur
les tableaux sont des objets de parure, moins les quatre sta-
tuettes de la Colombie. J'ai dû réunir les objets en or et en
argent dans les mêmes tableaux, car presque tous contiennent
les deux métaux. Dans le premier tableau, les objets sont énu-
mérés par ordre géographique, du Sud au Nord; dans le
deuxième, ils sont rangés d'après leur proportion d'or; dans
le troisième, d'après leur proportion d'argent.
Le plomb, le fer, le cobalt et le nickel qui paraissent dans
les analyses sont certainement des impuretés naturelles qui
n'ont pas été introduites intentionnellement dans le métal. Il
en est probablement de même pour les petites quantités de
cuivre, au-dessous de 5 p. loo, qui existent dans toutes les
pièces de la République Argentine et de la Bolivie, ainsi que
dans quelques-unes des pièces du Pérou (n°' 76, 79, 80, 81).
Il y a peu d'objets dont le métal soit à peu près pur. Ce sont
seulement les pièces en argent n° 69 , de la Quebrada del Toro
(Argentine), et n° 71 de Cobrizos (Bolivie); peut-être peut-on
ji. 50
870
ANTIQUITÉS DE LA RÉGION ANDINE.
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ANALYSE CHIMIQUE DE MÉTAUX.
871
ANALYSES D'OBJETS PREHISPANIQUES EN OR ET SES ALLIAGES,
ÉNUMÉRÉS D'APRÈS LEUR PROPORTION D'OR.
70
71)
72
85
68
76
83
07
77
84
80
81
71
82
l'UOVENANCE.
Cobrizos ( Bolivie )
Huaras ( Pérou )
Yura ( Bolivie)
Bogota ( Colombie ) • • •
Golgota ( Argentine ). . .
Chancay ( Pérou )
« Chibchas « [ Colombie ]
Lapaya ( Argentine ) . . .
Cbnquitanla [ Pérou ) . .
" Chibchas n [ Colombie )
Bogota ( Colombie ) . • .
Virû ( Pérou )
Ancon ( Pérou )
Caûar ( Equateur) . . . .
Jtiiiconada {Argentine) . . .
Santa Catahria (^ Ar(jentuic)
N A T U a E
DE L'OBJET.
Lame
Plaque
Lame
Statuette
Plaque
Objet lie parure. .
Statuette
Bandeau frontal. .
Bracelet
Statuette
Statuette
Bandeau
Bandeau frontal. .
Ornement de tête
PEPITES D'OR
NATURELLES
93.50 6.i0
95.70
3.86
Au.
Ag.
Cu.
Pb.
l'e.
9.3.20
6. 10
0.34
0.43
80.84
15.55
3.17
-
o.5i
65. 80
33.20
0.33
-
o.5i
60.88
6.53
3i.8i
-
-
56. 80
'10. 10
2.o3
-
i.o4
55.57
39.12
5.i4
-
0.18
54.63
16. 3i
ag.Si
-
-
53.95
44.80
0.48
-
0.64
47.93
25.09
25.80
-
i.i3
45.91
10.55
43.70
-
-
5 0.1 5
3.1.
77.01
0.48
-
18.27
77.41
4.i5
-
0. i3
5.42
33.35
6o.83
-
-
a. 88
15.07
77.13
-
-
0.33
0.'i3
Co + Ni
L'iinalysc de la pépite d'or de Sanla Catalina a olc publiée par M. V. Novarese (271, p. luj).
ANALYSES D'OBJETS PRÉHISPANIQUES EN ARGENT ET SES ALLIAGES,
ÉNUMÉRÉS D'APRÈS LEUR PROPORTION D'ARGENT.
N".
80
71
00
7S
81
73
07
es
70
74
72
77
73
83
79
82
84
85
70
80
PROVENANCE.
Huaras ( Pérou )
Cobrizos ( Bolivie )
Tastil ( Argentine)
Cliuquitanta ( Pérou ) . . .
Virû { Pérou )
Ancon ( Pérou )
Lapaya (Argentine)....
Golgota (Argentine) . . .
Chancay ( Pérou )
Ancon ( Pérou)
Yura ( Bolivie)
C/buquitanW (Pérou ]. . .
Ancon ( Pérou)
a Chibchas» (Colombie).
Huaras ( Pérou )
Caûar ( Equateur)
<i Chibcliasn (Colombie).
Bogota { Colombie ) . . . .
Cobrizos ( Bolivie )
Bogota ( Colombie ) . . . .
NATURE
DE L'OBJET.
Plaque
Lame
Objet de parure.
Plaque
Bandeau
Bandeau frontal .
Bandeau frontal.
Plaque
Objet de parure.
Bandeau frontal.
Lame
Bracelet
Bandeau frontal.
Statuette
Plaque
Ornement de tét(
Statuette
SUIoette
Lame
Statuette
99-49
98.15
96.45
88.57
77.41
77.04
44.80
4o. 10
39.1a
33.35
33.20
25.09
17.27
16. 3i
i5.55
15.07
10.55
6.53
6.10
2.4l
o.o5
,8.27
traces.
53.95
56. 80
55.57
5. '12
65. 80
47.93
54-63
80.84
3.88
45.91
60.88
93.20
20. 1 5
Cu.
0.38
0,67
■ .60
i.,39
4. lô
7.0G
0.48
2.o3
5 . 1 4
fio.83
0.33
a5.8o
79.03
29.31
3.17
77.13
43.70
3i.8i
0.34
77.01
Pb.
o.'t%
Co + Ni.
;)().
872 A-MIQUITÉS DE LA REGION ANDINE.
y compter aussi la lame d'or de Cobrizos, n° 70 caries 6.10
p. 100 d'argent qu'elle contient proviennent sans doute d'un
alliage naturel.
L'or natif contient toujours de l'argent. Dans un ouvrage de
M. L. Brackebusch (73 ^r, p. yd) nous trouvons réunies un grand
nombre d'analyses d'or natif de différents pays sud-américains :
quatre échantillons du Chili contiennent de 6.72 417.89 p. 100
d'argent; trois de la Bolivie, de 5.2 3 à 6.^9 1^. 100; trois du
Pérou, respectivement 2.54,9-i4et2i.3ip. 100; sept échan-
tillons de la Colombie, 2 , 1 1.76, 12.6, i5.5o, 28.12 , 26. 48
et 35.07 P- 100- ^^- Morin frères m'ont également dit qu'ils
reçoivent souvent de la Colombie des lingots d'or natif qui con-
tiennent jusqu'à 35 p. 100 d'argent, en dehors de petites quan-
tités de cuivre et de fer. Les deux pépites de la Puna de Jujuy,
dont les analyses figurent sur le tableau, ont donné moins d'ar-
gent que la plupart des pépites que nous venons d'énumérer,
6.10 et 3.86 p. 100 seulement. Ces analyses d'or natif nous
apprennent que même quelques-unes des quantités relative-
ment fortes d'argent, contenues dans les objets d'or, peuvent
provenir d'un alliage naturel. C'est probablement le cas de trois
statuettes de la Colombie, n''' 84, 85, 86, contenant de 2.4 1
à 10.55 p. 100 d'argent; peut-être même de la quatrième
statuette, n** 83, avec i6.3i p. 100 de ce métal, et des pièces
u°* 77 et 79 du Pérou, avec 25.09 ^^ i5.55 p. 100 d'argent.
Au contraire, les 4o.]o et 44.8o p. 100 d'argent contenus
dans les deux pièces en or de la République Argentine n"' 67
et 68, les 3 3. 20 p. 100 de la lame n" 72 de la Bolivie et les
39.12 p. 100 de l'objet n" 76 du Pérou, ont probablement été
ajoutés intentionnellement. En résumé, parmi les onze objets
dont le métal principal est l'or, il y en a quatre dont l'alliage
d'argent est sans doute naturel, trois pièces douteuses et quatre
dans lesquelles fargent a probablement été ajouté intention-
nellement.
Des neuf objets dont le métal principal est fargent, il y en
a quatre qui contiennent de for. Dans l'un de ces objets, le
ANALYSE CHIMIQUE DE MÉTAUX. 873
n° 78 du Pérou, les 0.0 5 p. 100 d'or sont sans doute un alliage
naturel de l'argent, de même que probablement les 2.88 p. 100
d'or de la pièce n° 82 de l'Equateur et les 5.42 p. 100 du ban-
deau n"* 74 du Pérou. Mais l'or du bandeau n° 81, du même
pays, 18.27 P* 1^^' a très vraisemblablement été ajouté inten-
tionnellement.
Aucune des pièces en or et en argent de la République Ar-
gentine et de la Bolivie ne contient du cuivre dans une propor-
tion assez forte pour que ce métal puisse être considéré comme
provenant d'un alliage intentionnel. Du haut plateau du Pérou
nous ne possédons pas d'analyses, mais, parmi les trois objets
d'or provenant de la côte , c'est-à-dire de la région des Yuncas ,
il y en a un (n° 77) qui contient 26.80 p. 100 de cuivre, et,
parmi les six pièces en argent provenant également de la côte,
quatre contiennent respectivement 79.0.3 p. 100 (n" 76),
60. 83 p. 100 (n° 74), 1 1.39 p. 100 (n° 78), et 7.06 p. 100
(n° 73). Dans ces pièces, excepté peut-être la dernière, le cuivre
a sans doute été introduit avec intention dans l'alliage. Parmi
les objets de cette dernière région qui ont été analysés, il existe
deux objets en or et deux en argent, dans lesquels le cuivre
entre dans des proportions si faibles qu'il doit être considéré
comme provenant probablement d'un alliage naturel. La seule
pièce analysée de la République de l'Equateur, un objet en ar-
gent (n° 82), contient 77.1 3 p. 100 de cuivre sur 15.07p. 100
seulement d'argent. Les quatre statuettes d'or de la Colombie
contiennent de 29.31 à 77-01 p. 100 de cuivre. Dans ces sta-
tuettes il y a très peu d'argent; selon toute probabilité, celui-
ci se trouvait naturellement associé à l'or. Le métal de ces
pièces correspond donc à l'alliage d'or et de cuivre que les
auteurs anciens et modernes dénomment chanipi et qui porte
encore ce nom à Cuzco, selon M. Middendorf (238, p. \Mx-?.].
L'or contenu dans les objets est sans aucun doute de l'or
natif. Quant à l'argent, fabsence de plomb est un indice qu'il
s'agit d'argent natif, car, si le métal avait été extrait d'un
minéral complexe, il renfermerait presque certainement du
874 ANTIQUITÉS DE LA REGION ANDINE.
plomb. Surtout la composition de l'objet de Tastil n" 69, de
la lame de Cobrizos n/' 71, et de la plaque de Huaras n** 80
démontre que ces pièces viennent très probablement d'argent
natif. Mais, d'autre part, les historiographes de la conquête
nous apprennent que les Indiens préhispaniques exploitaient
aussi certains minerais d'argent. En ce qui concerne la Répu-
blique Argentine, il est presque certain, comme nous l'avons
vu pages 208-209, ^^^^ ^^^ mines d'argent de Famatina, dans
la province de La Rioja, étaient exploitées à l'époque préhis-
panique. Dans le département de Vinchina, qui fait partie de la
même province, MM. C. et E. Hoskold ont rencontré un lingot
d'argent qui se trouvait encore dans le moule où on l'avait
fondu. Ce lingot très primitif a été décrit par M. Ambrosetti
(19, p. 289) qui le suppose d'origine préliispanique, ce qui est
probable, quoique les preuves complètes en fassent défaut.
Les analyses que nous possédons d'objets préhispaniques en
or et en argent sont trop peu nombreuses pour qu'on puisse
en tirer des conclusions générales en établissant des principes
au point de vue des différences et des analogies entre les di-
verses régions andines, relatives à la métallurgie ancienne des
métaux précieux. Pour le faire, il faudrait aussi que la lacune»
en ce qui concerne le manque d'analyses du haut pays du
Pérou et de l'Equateur fût comblée. D'après les analyses pu-
bliées, il semble : 1° Que les pièces en or de la République
Argentine sont en bas or, c'est-à-dire allié avec une grande
quantité — souvent près de la moitié — d'argent, mais sans
qu'on ait intentionnellement mélangé du cuivre dans cet alliage.
Quelques pièces de la côte du Pérou présentent la même com-
position. 2'' Que les objets en or de la Colombie contiennent
beaucoup de cuivre, parfois plus de la moitié, mais peu d'ar-
gent. Ce même alliage existe aussi dans la région de la cote du
Pérou. 3" Quant à fargent, on le trouve très pur dans les
objets de l'Argentine, de la Bolivie et dans certaines pièces de
la côte du Pérou; par contre, d'autres pièces de cette dernière
région ainsi que la pièce de f Equateur contiennent de grandes
ANALYSE CHIMIQUE DES MÉTAUX. 875
quantités de cuivre. D'après ces faits, la métallurgie ancienne
des métaux précieux dans la République Argentine et en Boli-
vie serait, comme celle du cuivre, différente de la métallurgie
préhispanique de la Colombie, à laquelle se rattache peut-être
celle de la région des Yuncas. Le haut pays du Pérou appar-
tient probablement à la première de ces deux régions métal-
lurgiques, comme c'est le cas en ce qui concerne le cuivre.
Les nombreux objets en or exhumés des anciennes sépul-
tures de la province de Ghiriqui sont d'une composition très
analogue à celle des objets de la Colombie, suivant M. Holmes
(168, p. 25). L'art de l'orfèvrerie de Chiriqui présente aussi cer-
taines analogies avec l'orfèvrerie colombienne. Il est donc pro-
bable que les anciens habitants de Chiriqui ont appris cet art
des Chibchas, bien qu'ils doivent avoir appris des Mexicains
l'alliage du cuivre avec l'étain, inconnu des Chibchas.
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C' Pour les travaux panis dans les puhli- Los ouvrages insérés clans la hihliogra-
cations périodiques, in pa<,Mnalion in(li{|uée phie après l'impression du tome l" ont
dans le texte est celle de la revue, saul dû être désignés 19 bix, 51 liis . etc.
quand un tirage à part (T. « p.) est spé-
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f Écrite en i586.)
(')
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l'espagnol par S. D. C. (Citry de la Guette). Paris, 17/12.
TABLE ALPHABETIQUE.
Romain : Noms géographiques. — Italique : Noms de peuples, de tribus et
de langues. — Les langues sont signalées par un (/.). — Les lieux sans indication
spéciale sont situés dans la République Argentine. — Les fleuves et les ruisseaux
se retrouvent sous les mots Rio et Arroyo.
Abaucan, i3.
Ahaucans, i3, 21.
Abipon (/. ), 17, 20.
Ahipons, 20, li'].
Abrapampa, 23 1, 397, 4oi, 4o2, 4o3,
i4i8, 5o3, 619, 577, 617, 78/I.
Abris sous roche , i/i3, G65, 666, 792.
Abyssinie [Afrique], 687.
Acacia Visco, 32 2.
Acalians , 21.
Acay (Cuesta de), 702, 7o3, 704, 7o5.
AcAY (pic), 12, i4, 22, 325, 34.7, 348,
379, 391, 393, 395, 397, 398, 629,
706.
Acheuléens (Instruments), 567.
Achicoïe, 806.
AcHUPALLAS [Equateur], 298.
Acide cyanhydrique , 419-
Ackso, 65, 66, 447-
AcoNGAGUA [Chili], 629, 821.
AcoNQUiJA (Sierra de), 4, i3, i4, 4i,
53, 56, io3, 174, 194, 207.
Aculllco (chique de coca), 4^4, 485,
487,517.
Adobes, 99, 334, 429, 43o, 43 1.
Afrique, 349, 583, 686, 687, 745.
Âge des enfants enterrés dans des urnes,
i5o, 841,842, 843, 844.
Agouti, 91, 180.
Agriculture ancienne, 38, 106, 109,
110, 290-292, 364, 378, 4io, 602-
606, 664,687.
Agriculture moderne, 85, 86, 4o8-4«o,
453-454, 721.
Agua Blanca, 224, 835, 848.
Agua Caliente (Casabindo), 61 3.
Aguas Calientes [Chili], 710.
Agua Dulce [Chili], 717.
Aigrettes, 38, 218-220, 244.
Aiguilles en bois, 598-599, 725, 736.
Aiguilles en cuivre, i34, 599-
Aiguilles en os, 599.
AiQUiNA [Chili], 710.
Aji, 454, 462.
Ajsu. — Voir Ackso.
Alabama [Etats-Unis], 629.
Alaska [Etats-Unis], 816.
Albatros (os) , 765.
Alférez de la Vierge, 52 1 , 52 2.
Alfileteros, 740.
Algarroba (caroube), 59, 87, 88, 714,
724, 755. — Voir aussi Prosopis.
Algarrobo (caroubier), 87, 88, 180, 649,
713-715, 731, 734,738, 739, 748. —
Voir aussi Prosopis.
Algérie [Afrique], 466.
Algonquin (type de pélrogly[)hes) , 8i5.
Alignements de pierres, 99, 100, 110,
717.
Ahmentation, 34, 59, 68, 71, 86-88,
91, 335, 378, 454, 6o4-6o5, 714-
7.5.
Aliments trouvés dans les sé[)ulluros,
336, 6o4, 724,751,754-755.
Aliso, 849.
Allentiac (/.), 35-37, 5i .
Alliages de métaux, i34, 220, 228, 857-
875.
Almagro (Cordillera de), 204, 700,
708.
Almagro (Diego de), 3o, 59, 74, 3 17,
392, 595, 706-709, 723.
Alnus ferruginea Aiiso, 849-
Aloja, 87.
Alpaca, 335, 4i2, 4i3, 496.
Alpasincue, 1 10.
Alto (El), 175.
006
TABLE ALPHABETIQUE.
Amaicha, 1 iG, 119, 120, 121, 122, 189,
169, 297, 7do.
Amaicha (type d urnes), i5i, i52, 159.
Amautas, 198-200, 788.
Amazoa'e [Brésil], 126, 268, 26^, 278,
27/1, /i58,8i8.
Ambargasta, 279.
Ambato (département en Catamarco),
118, 128.
Ambato (Sierra del), 100, io5, 116,
Ambato [Equateur], 367.
Amblayo, 101.
Ampajango, 17/i, 680.
Anacu, 66.
Analyses chimiques d argent, 869-875;
de minerai de chi-ysocolle , 537 î ^^
cuivre, 23i, 539 857-868; de fer
météorique, 733 ; d'un fil de fer, 782 ;
d'ocre, 666; dor, 220, 697, 869-
875; de scories, 539.
Anas moschata, 90.
Ancachs [Pérou], 820.
Ancasti ( Sierra de ) , /4 1 .
Anco [Pérou], 459.
Angon [Pérou], 261, 328, 342, /|i2,
591, 601, 63o, 688, 737, 753, 75/1,
755,762, 781,868,870,871.
Andahuala, io3, ii5, 159, 17/1.
Andahuala (type d'urnes), i52, i53,
i58, 159.
Andalgalv, 22, ii3, ii5, ii6, 117,
118, 128, i33, 159, 192, 193, 277,
542.
Andalgalàs , 21, 193.
Andenes , 1 09 , 1 1 3 , 1 88 , 290 , 601 -606 ,
611, 612 , 66/|.
Andes (Territorio de i,os), 39/1.
Anes, 89, 323, 412, /|/|7-/|/|8; /|6i,
/i62,558.
Anfama, io3.
Anfamas, 21.
Angastaco, 699, 702, 7o5.
Angel [Equateur], 819.
Angelito (Cérémonie de 1'), 167-170,
520-521,
Animaux domestiques, 89-91, /i47-448,
661-664, 756.
Anjuana, 102, 173.
Anneaux en pierre. — Voir Pierres per-
forées.
Anta, 278, 847.
Anthropométrie, i54, 523-526.
Antilles [Amérique centrale], 274, 662,
817.
Antiguyo, 436, 476, 710.
Antimoine, 858, 860.
Anlis, 199, 602 , 788.
Antofagasta [Chili], 63, 563, 572,
629, 712, 720, 729, 764, 766.
Antofagasta de la Sierra, i4, 106,
170, 3o5, 469, 470, 693, 709, 718,
740.
Antofalla, i4, 106.
Apacheta (cimetière), 139.
Apachetas, 110, 111, 424, 429, 486-
487, 522.
Apalais, 660.
Arancan (?.), 32, 34, 36, 87,
Araucans, 32-33, 34, 35, 87, 67, 109,
122, 2o5, 5i4, 526, 660, 686, 777.
Arauco, 866.
Araunas, 43, 458.
Arbol Solo, 848.
Arcs, 24, 27, 29, 342, 597, 643-644,
723, 724, 726, 728-729, 781.
Arenal, io3.
Arequipa [Pérou], 2o3, 819.
Argent, 24, 27, i34, 219, 220, 3o5,
373, 546, 547, 55i, 553, 554, 555,
655,858, 863, 868,869-875.
Ariga [Chili], 73, 598, 787, 746, 765,
819.
Aristucun, 682, 809, 824.
Arizone (États-Unis), 99, 161, i84,
362, 38o, 629, 679, 680.
Arkansas [Etats-Unis], 568.
Arroyo Calgiiaqui, 853.
Arroyo de Coraya, 785.
Arroyo del Medio, 149, 625, 781, 838-
846, 85o, 851-852,' 854.
Arrovo del Moreno, 098.
Arroyo MoROiiuAsi, 332.
Arroyo de Organuyo, 398.
Arroyo Santa Rita, 838, 848.
Arroyo de Sayate, 578, 601.
Arroyo del Tastil, 367.
Arsenic, 858, 859.
TABLE ALPHABÉTIQUE.
907
Art textile. — Voir Tissus.
Araacs. — Voir Nu-Aruacs.
Aruba [Antilles], 274.
Aryballes, 119, 189, 287, 244, 295-
3o6.
AscANDE [Bolivie], 699.
AssOMPTION-mT-PARAGUAY, 366.
Atacama. — Voir San Pedro de Atacama,
Puna de Atacama, Désert d' Atacama,
Salar de Atacama.
Atacama (Partido de) [Chili], 536,
693, 711.
Atacama (province) [Chili], 713.
Atacama Baja [Chili], 63, 768.
Atacamas, 5, i5, 68-67, 7°' ^o^' 38i,
382, 529, 53o, 577, 617, 711, 719,
737, 764, 767-778.
Aiucameno (/.), 63-64, 69, 44o, 722,
770, 771.
Atacamenos, 62-67, 7<^' ^1^9 > 722.
Atahualpa (Inca), 689.
Atelier de la taille de pierre, 566.
Atsahuacas , 692, 669, 736.
Atures [Venezuela], 8i6.
Auchenia Huanaco, 4 10. — Voir aussi
Huanaco.
Auchenia Lama, 4i2. — Voir aussi
Lama.
Auchenia Paca, 4i3. — Voir aussi Al-
paca.
Auchenia Vicunna, 4 10. — Voir aussi
Vigogne.
Audience de Charcas, 6, 348, 698,
711.
Australie, 34 1, 564.
Autels, 110, 292, 293, 424, 486-487,
491, 675.
Autruche. — Voir Nandou.
Ayacucho [Pérou], i33.
Ayavisca [Bolivie], 699.
Aymara (/,), 36, 69, 72.
Aymaras , 65, 70, 467, 524, 525, 611,
657, 764, 777, 820.
Aymogasta, 1 10.
Azogues [Equateur], 299.
Azorella monanthos, 4o8. — Voir aussi
Yareta.
Azua, 267.
Azuay [Equateur], 298-300, 685.
AzUERA (QueBRADA DE), 609.
AZULPAMPA, 4l8, 419, 785, 786, 792.
AzuzA (CaSon d') [États-Unis], 680.
Bacdiris, 126.
Baccharis Chilca, 721.
Baccharis coridifolia, 4i8, 419.
Baccharis salicifolia, 342.
Bactris sp., 599, 728.
Bagues, i34, 837.
Bahia [Brésil], 122,367.
Bain cérémonial de l'époux survivant,
i83, 519, 520.
BaSado(El), ii3, 148-149, i5i, i52,
i54, 159, 261, 3o5.
Baxcrofï [États-Unis], 63o.
Bandeaux pour la tète : en argent, 24,
27, 219, 870, 871; en cuivre, 24,
27, 219; en laine, 29, i4i, 218,
753; en or, 218-220, 870, 871; en
paille, 762.
Barbe, 52 5-52 6.
Barcelone [Espagne], 168.
Barco. — Voir Ciudad del Barco.
Barranca (définition du mot), 249.
Barrancas, 4 18.
Barres en pierre, i33.
Bârzana (Alonso de) : biographie, 7-8;
œuvres, 17-20.
Basoatos [Afrique], 227.
Basse-Californie [Mexique], 685, 816.
Bâtons en bois (divers), 734, 735.
Bâtons de cérémonie, 690, 734.
Bâtons à fouiller, 649, 686-688, 736,
768.
Batuxgasta, io4, 116.
Bàvaro (Cerro), 434-
Bavière [Allemagne], 291.
Belen, i3, i5, 22, 89, ii5, 116, 118,
i38, 139, i4o, i42, 175, 224, 708.
Bertillon (méthode anthropométrique),
523, 524.
BiBLiAN [Equateur], 299.
Bixa Orellana, 737.
Bodega (Quebrada de la), 171.
Bogota [Colombie], 367, 870, 87 i.
Bohôrquez (Rébellion de), 206-208, 348,
703.
Boites à fard, 737.
908
TABLE ALPHABETIQUE.
BOLA (CeRUO), 379.
Boleadoras, 35, i3i, 222, 367, 36o.
449.
Bolivie, passim.
Boliviens (Indiens actuels du haut plateau
de la Biilivle), 178, 181 , 252, 323,
519, 520, 52 1, 525, 59/1, (h 1 , 657,
728, 731, 733, 735, 7/18, 749.
BoLsoN, 128,
Bombo (grosse caisse), 4^3, 464-
Boomerangs, 340, 34 1, 649.
Borate de chaux, 32 3, 398.
Boschmans [Afrique], G86.
BoTiJUEr.A, 106.
Boucliers (écus), 170, 171, 174, 175,
234,667,668, 671, 673.
Boules en cuivre, i34, 222, 864-
Bracelets en cuivre, 37, i34, 329, 863,
864.
Bracelets en or, 870, 871,
Bracelets en peau, 656.
Brésil, 122, 1 23, 194. 262-267, 273-
275, 3o9,3i8, 366, 367, 458, 582,
653, 654, 658, 659, 680, 682, 741,
817, 818,853.
Bromelia Serra, 643.
Bronze, 1 35, 858, 862,863.
Broyeurs, 3o6,6o2, 618, 691-692.
BuENOs-AiRES (province), 4, 567.
BuENOs-AiRES (vice-royaulé), 711.
B agréa, 265.
Bulimulus apodemetes, 842.
Bulitnus obJongus, 842.
Carai.ongv (Sierra dr), 632. 633, 6q4-
Cabiza DE Vaca [Chili], 821.
Cabi (Abra de), 64, 533.
Cabuya, 89.
Cacan ( /. ) , 12, 16-20, '. 2 . 4o , 5 1 , 53 ,
56, 57, 61, 197.
Cachi (déparlement), 22, 101, 702,
709-
Caciu (pics), 395.
Cachipunco, 847, 848.
Cactus-cierge (Cereus), 69, 335, 353,
373, 407-408, 429, 43o, 43i, 463.
5i8, 648, 784.
Cad us (Epines de], 598, 599, 739,
740, 759, 760.
Cadaveos, 582.
Cafayate , 21, 101, ii5, 116, 118,
120, 159, 171, 173.
Cagua (vallée) [Bolivie], 750.
Cailloux (Dépôt de), 3 10.
Caïman (pétroglyphcs), 679, 681, 682.
Cainguvs, 659.
Cairns, 359.
Caiza [Bolivie], 271.
Caja (tambour), 465.
Cajamarca [Pérou], 3()3, 680, 685, 689,
819.
Cajituba [Brésil], 817.
Cajon ( vallée ) , 1 o3 , 1 1 o , 1 53 , 1 74 , 5o5.
Cajon [Chili], 710.
Calabre [Italie], 168.
Calahoyo, 699, 701, 7o5.
Calama [Chili], 63, 137, 34 1, 342,
53o, 579, 593, 5c)4. 597, 598, 6i3,
614,616, 629, 643, 648, 649, 65i,
654, 657, 710, 713, 714, 717, 720-
756, 757, 758, 759, 760, 761, 764,
766, 767, 768, 769, 770, 771, 772,
773,774.
Calango [Pérou], 366.
Calala [Bolivie], 699.
Calcha [Bolivie], 699.
Calchaqui (nom), 95-96.
Calchaquie (Vallée), 7, 12, i5, 16,
21-29, 35, 42, 61, 83, 96, 101, 120,
121, i33, 137, i4i, 159, 172, 179,
2o4, 2o5, 207, 208, 210, 2i5, 224.
23o, 23i , 253, 317, 347, 348, 38i,
489, 490, 491, 495, 5oi, 5i3, 5i6,
519, 520, 644, 652, 664, 680, 699,
702-706, 707-709, 711, 741, 778,
863, 865.
Calchaquis, i3, 21-28, 61, 62, 66, 67,
76, 96, i83, 206, 208. 254, 644,
706, 852.
Calchaquis de Santa Fé, 853.
Caldera [Equateur], 3oo.
Caldera [Panama], 817.
Caldera (Salta), 2 53, 707, 709.
i.ALDERA (Alto de la) [Pérou], 819.
Calebasses, i38, 343, 358, 375, 597,
654, 723, 724, 746-747, 761. — Voir
aussi Pyrogravure.
Calete, 787-788.
TABLE ALPHABÉTIQUE.
909
Californie [Étals-Unis], 349, 679, 680,
682,685,686, 688.
Calilegua (Sierra de), 76, 791, 833.
Calingasta, 16, 3d. 106, 137 , i38, 652.
Calla [Bolivie], 820.
Callahuayas, i32, 496, 5ii.
Callao [Pérou], 3oi.
Callo [Equateur], 367.
Calvitie, 525.
Camar [Chili], 63.
Camareta, 522, 544-545.
Camisetas (chemises ou tuniques), 25,
29, 3;, 139-141, 590-593, 667, 668,
669, 670, 723, 725, 743, 752, 759,
761-762, 797.
Cammucis, 273.
Camotins, 275.
Camp retranché, 287-288.
Campas, 43, 458.
Campeciie [Mexique], 584-
Camutins (Os) [Brésil], 263.
Canada, 863.
Canada (La), 258, 3i5, 3 16.
Canar [Equateur], 220, 299, 599, 868,
870, 871.
Canards, 9c.
Canards (en céramique), 1 19, 120, 239,
3o6.
Canas (Las), 173.
Candelaria, 322, 323, 33 1.
Canete [Pérou], 261, 366.
CaSete (dans le Tucuman), 3i, 700.
Cangrejillos (Salinas Grandes), 704.
Cangrejillos (Yavi), 5o3-5o5, 617, 619,
647.
Canis Azarae, 4i 1 •
Canis caraibicus, 661, 662.
Canis familiaris, 661, 663.
Canis Ingœ, 661, 662 , 756.
Canis Ingae vertagus, 662, 756.
Canis magellanicus , 4ii, 663.
Canis occidentalis, 662.
Canne à sucre (cultures), 826, 834.
Canota (Bajo de), 175, 824, 829.
Cântaro guallo, 299.
Cânlaro malta, 299.
Cap Frio [Brésil], 263.
Capayan (Catamarca), 84, 116, 118,
120, 122.
Capayans, 21, 206.
Capilla del Monte, 39, 109.
Capillas (Quebrada de las), 322, 347,
379-
Capillitas (mines), i33, 542.
Capillitas (Sierra de las), 160,542,
555.
Capitan (chef de Susques), 433-434, 522.
Capsicum, 454.
Carabuco [Bohvie], 808, 820.
Caracas [Venezuela], 816.
Caracollo [Bolivie], 866.
Caraguatâ, 89.
Carahtjasi, 25, 170, 825.
Caraïbe (/.), 267.
Caraïbes, 262, 274, 48].
Caraxgue (Carangas) [Bolivie], 595.
Caravaya [Pérou], 459.
Carayàs, 659.
Carbajal , 2 1 5 , 258 , 3o8-3 1 1 , 3 1 6 , 370,
602.
Carbonate de cuivre (couleur), 363, 374,
375, 668.
Carchi [Equateur], 819.
Carmen (El), 147, 255-258, 276-278,
307, 3i6, 834,845, 85i, 853.
Caroube, caroubier. — Voir Algarroba,
Algarrobo, Prosopis.
Carquois, 29, 725.
Carrizal, 102.
Cartes du présent ouvrage (explications),
5-6,97,470.
Casabinûo, 12,60,61, i5o, 160, 234.
235, 348, 4io, 435, 436, 468, 471,
53o, 53i, 543, 577, 578, 591, 594,
598, 601, 610-616, 618, 621, 624,
632, 642, 647, 649, 65o, 654, 664,
701, 710, 729, 735, 740, 744, 745,
752, 771, 772, 773, 809.
Casabindo (ancienne mission catholique),
543.
Casabindo el Ciiico, 699, 701.
Casabindos , 12, 61, 62.
Caspana [Chili], 377, 716,
Casse-téte en cuivre, i34, 689, 690,
864.
Casse-tête en pierre , 688-690.
Cassia, 713.
Cassilérite, 865, 866.
910
TABLE ALPHABÉTIQUE.
Catamarca (province), 4, i3, i/|, 89,
123, 128, i3o, i/ji, 170, 180, 192,
20/i, 223, 278, 3g3, 4oi, 4o2, 458,
467, 470, 483, 542, 557, 592, 622,
707, 708, 866.
Catamarca (vallée), i3, 16, 84, 194,
207, 223, 852.
Catamarca (ville), i3, 3i.
Calamarcan (/.), 17, 18.
Catamarcas, 21.
Catarpe [Chili], 715, 772.
Cauim, 267.
Caupolican [Bolivie], 459, 599.
Cauquenes [Chili], 821, 822, 824,
829.
Caurchari, 64-
Cavaliers (figures des pétroglyphes), 795,
800, 808.
Cavia Cobaya, 4i2, 448.
Cavia leucoblephara ,91.
Cavinas , 43.
Caxinguba [Brésil], 817.
Cayo-Manco-Amaula , 199.
Caytuma (déformation du crâne), 58o.
Cayuàs , 266.
Cearà [Brésil], 817.
Cébil, 653.
Cedrela brasiiiensis, 465, 466,590,654,
739, 744.
Ceintures, 139, 442, 446.
Céramique, 33, iii-i23, i43, i5i-i6o,
237-242, 256-261, 287, 288, 294-
307, 3i3, 328-329, 33o, 335, 339,
34o, 344, 345, 357, 36o, 362, 363,
371-375, 539, 540, 55i, 597, 599-
600, 609, 620, 638-639, 660-661,
724, 726,7/19-751, 761, 768, 77/1,
775, 778, 780, 781, 786-787, 789,
801, 802, 806, 835, 836-837, 84o-
8/, 6.
Céramique (fabrication inodcrne), /178-
482.
Cercles funéraires, 36o-363, 370, 373-
375.
Cereus. — Voir Caclus-cierge.
Cereus Pasacana, 322, 334, 353, 407.
Cerf, 91, 357, 4 10.
Cerrillos, 249, 463.
Cerro Colorado de Hualfin, io4-
Cerro Monïoso [Mexique], 587.
Cerro Negro ( Tinogasta), 175,380.
Cerro Pintado, io3.
Cervus antisiensis, 91, 357, 4 10.
Cervus chilensis, 91, 057.
Cervus rufus ,91.
César (Voyage de), 706.
Ceylan [Asie], 367.
Chacabuco [Bolivie], 699.
Chacabuco (Sierra de) [Chili], 821.
Chachapoyas [Pérou], 366.
Chachi, 162.
Chaco (chasse), 45 1,
Chaco (Grand Chaco), 4, 7, 44, 45, 47,
48, 49, 5o, 5i, 53, 54, 78,79, 149,
210, 269-271, 276, 278, 643,654,
667, 742, 826, 833, 836, 838, 845,
852,853,854.
Chacpas, 162.
Chacrahuaico, 691.
Chacuana, 708.
Chacunayo, 674-676, 809, 810, 812,
825,828.
Chahuar, 89.
Chajru, 4i4-
Chalchiuhtlicué, 166.
Challapata [Bolivie], 496.
Chalona, 454, 46 1.
Chamijo (Pedro), 206.
Chamacocos , 659.
Champi (alliage de métaux), 228, 873.
Champi (arme), 228.
Chanar, 87, 88, 716.
Chanaral Bajo [Chili], 717.
Ciianar-Yaco, 116, i42, i45, 1/18, l52,
191, 278.
Chancay [Pérou], 870, 871.
Chancho del monte, 90.
Changos , 65, 67-73, 629, 764.
CiiANi (pic), 32 1, 352-353, 391, 395,
398,559,561, 565, 785.
Chant, 466, 497-498.
Chapelles catholiques. — Voir Eglises.
CiiAPi, 174.
(jhaquira, 37, 38, 219.
(Iharango, 462, 465-466, 495.
CiiARAZANi [Bolivie], l32.
CiiARCAS [Bolivie], 201. — Voir aussi
Audience de Charcas.
TABLE ALPHABETIQUE.
911
Charlevoix (P.-F.-X. de), 1 1.
Charqul, 454, 457, 725, 754.
Chasse, 91, 878, 448-453, 5o2, 5o3,
716.
Chaussées préhispaniques , 345-348, 718,
785-786,861.
Chaya (Fêle de la), 181.
Cheasapeake (baie) [Etats-Unis], i25,
568.
Chelléens (Instruments), 567.
Chemises. — Voir Camisetas.
Chenopodium Qulnoa, 409. — Voir aussi
Qulnoa.
Chevaux (figures des pétroglyphes ) , 795,
796, 800,801,808, 8i3.
Cheveux, 525, 593 594, 642, 727-728.
Cheveux blancs , 594, 643, 727.
Cheveux humains (frange dune étoffe),
726.
Chèvres, 69.
Chibchas ^S6i, 870, 871, 875.
Chlcha, 178, 263, 267, 270, 271, 3o6,
460-461, 481, 488, 492, 498, 5oo,
5i4, 5i6, 517, 520, 522, 755.
Chichas, 61, 67, 73, 77, 199, 200, 529,
699, 705, 75i, 771, 775, 776, 777.
Chighas [Bolivie], 462, 594, 619,
701.
CiiiCLAYO [Pérou], 227, 229.
Chicoana [près de Cuzco, Pérou], 210.
Chicoana (province), 42, 317, 707, 708.
Chicoana (Vallée Calchaquie), 22, 42,
210, 317, 699, 702-703, 705, 707-
709-
Chicoana (Vallée de Lenna), 3i5, 3 16,
702-703, 707, 709.
Chien (cérémonies funéraires), i83, 519.
Chien (crânes), 66 1-664, 756.
Chilca, 342, 721, 722, 723, 730.
Chilcas (Las), 173.
Chili, i5, 32, 33, 34, 37, 59, 109,
122, 161, 192, 194, 199, 201-205,
221, 223, 226, 240, 244-246, 3o5,
394, 409, 418,432,470, 536, 567,
572, 629, 660, 680, 684, 686, 687,
688, 700, 706, 707, 708, 710-766,
782, 818, 819-822, 824,829, 872.
Chiloë [Chili], 32.
Chimba [Chili], 70, 629, 63 1, 764-766.
Chimborazo [Equateur], 3oo.
ChimÛ [Pérou], 229.
Chinchilla , 4 1 1 , 448 . 449 ' 7 ^ ^ ' 7 ^ ^•
Chine [Asie], 769.
Chipana [Chili], 720, 820.
Chiqui, 180.
Chiriguanos , 76, 77, 78, 199, 269-271,
277, 481, 667, 733, 853.
ChiriquÎ [Panama], 862, 875.
Chiuchiu [Chili], 63, 342, 591, 65i,
684, 710, 716, 739, 740, 748,758-
763, 766, 767, 769, 770, 774.
Choele-Choel , ii4-
Chonta, 599, 728.
Chordeleg [Equateur], 298.
Chorotes , 659.
Choya, 160.
Chrysocolle, 536. 537, 627, 629, 63i,
655,656, 766,859,867.
Chucalezna, 788.
Chuchos, 162.
Chucu (sorte de bonnet), 58o.
Chulin, 592, 6i5, 680, 792-801, 810,
812, 8i3,8i4, 825, 828.
Chullpas, 190, 220.
Chululo, 713.
Chnlapis , 53.
Chumpi, 66.
Chunchos , 43.
Chungungo, 713.
Clmniipis, 53, 54-
Chuquicamata [Chili], 563, 757,
Chuquisaca [Bolivie], 58, 61, 652, 698,
7o5.
Chuquitanta [Pérou], 870, 871.
Churcal, 125, 171.
Churqui, 25 1, 4o5, 54o, 552, 554.
Chuslo (passe-montagne), 392.
Chuspas, 444, 493, /194, 753.
Chusquea, 848.
Chuzudo (Quebrada dei,), 171.
CiÉNAOA Grande, 699, 704.
CiÉNEGa(La), 103, 108, 12^.
Ciénegas, 32 2, 407.
Cimetières, i43, i45-i47, 256-261,
327-330, 339-345, 722-756, 763,
836, 85o, 85 1, 853.
Cimetières d'enfants, i46, 148-167, 838-
846, 85o, 851-852, 854-
912
TABLE ALPHABETIQUE.
Ciracunas, 22g, 698, 699.
Ciseaux en cuivre, i34, 282, 807, 336,
340, 375, 654, 658, 860, 861, 863,
864.
ClUDAD DEL BaRCO, 3i.
CiUDAD DEL Valle. — Voir Catamarca
(ville).
C1UDARCITA, io5.
Ckunza (/. ) , 63,
Climat (Changement du), 85, 87, 4io,
6o4, 715.
Cloches en bois, 137, 6i4, 744-745,
768.
Cloches en cuivre, i34, 137, 23o-232,
864, 865.
Clochettes en cuivre, i34, 623, 655.
Cobaye , 4 1 2 .
CoBijA [Chili], 59, 63, 68, 69, 717,
764.
CoKREs, 422, 468, 478-480, 529, 533-
555, 809, 810, 811,857.
Corres (ancienne mission catholique),
537, 543-544.
Coures (Abra de), 64, 421, 423, 533.
Corres (QuEBR\DA de), 422, 533, 536,
541.
CoBRizos [Bolivie], 869, 870, 871, 872,
874.
Coca , 60 , 424 , 444 , 4 54460 , 46 1 , 462 ,
464,485,486, 487, 492-495, 5oo,
5o3, 5io, 5ii, 5i2, 517, 519, 522,
716, 755.
COCHAGASTA, 128.
CociiiNOCA (département), 61, 234, 24o,
24i, 4i2, 442, 470, 53o, 577, 578,
610, 616, 617, 654, 710, 771.
CocHiNOGA (Sierra de), 397, 399, 619.
633, 779.
CociiiNocA ( village ),4oo, 4o2, 4o5,435,
468, 471, 577.
Cochinocas ,61, 62, 254-
Cochon d'Inde , 91, 4 1 2 , 448.
Cochucho, 25 1.
COCTACA, 806.
Cohua, 492, 5x1.
Coillure, 27, 29, 119, 121, i83, 445-
446, 447, 533, 593-594, 642, 667,
669, 670, 679, 725, 728, 737, 743,
744, 752, 753, 763, 768, 797, 798.
COLALAO DEL VaLLE, 102.
CoLCHA [Bolivie], 749.
COLCHAGUA [Chili], 821, 822, 825.
Collahuas, 2o3, 224, 6o3.
CoLLAO [Bolivie], 73, 377.
Collas, 110, 187, 190, 3i4, 377, 777,
788.
Colliers, i3i, 329, 600,627, 628,781.
Colombie, 189, 224, 307, 367, 409,
458, 459, 63i, 680, 816, 822, 861,
862, 869, 870, 871, 872, 873, 875.
Colombie Britannique, 63o, 81 5.
CoLOMÉ, 159, 3o5.
Colorado [Etats-Unis], 564, G79, 680.
Colorados , 526.
CoLPEs, 192.
COLQUIMAYO, 695-697.
Combustibles, 353, 4o6, 4o8, 48o, 54o,
552 , 713.
Comecliingon (/. ), 38, 4i, 5i.
Comechingons , i4, 37-40, 89, i4i, 4i2.
Commerce des Indiens de Suscjues, 46 1-
463.
Conana, 542.
CoNCEPCiON (ancienne \ille dans le Cha-
co), 44, 47-
CONCHAS (QUEBRADA DE LAS), 102, I7I,
23i, 249, 253.
Concile de Lima, 196, 58().
Condalia lineata, 88.
Condor, 4i i-
Condor (tête sculptée en bois), 65i, 788.
COXDORIIUASI, 175.
Cônopas, 1 18.
CoxovviNGO [Etals-Unis], 349-
Constructions circulaires, 98, 102, io3,
io4, 106, 107, 3i5, 337-338, 36o,
61 1, 716, 790.
CopACABANA [BoHvie], i33, 240, 3o3,
736.
CoPAN [Mexique], 588.
Copayampis . 21.
CoPlAPÔ [Chili], 221, 223, 708, 711,
712, 714, 717, 718, 821.
Coquena, 180, 5oi-5o5.
Coquillages, 190, 242, 3o2. 625, 627,
781-782, 837, 84 1, 842, 843, 844.
CoQuiMBO [Chili], 32, 2o3, 684, 688.
CoRANi (vallée) [Pérou], 599, 819,823.
TABLE ALPHABETIQUE.
913
90, 99, 109
CoRDOBA (ville)
CoRANzuLi, 417, /tao, 432, 436, 469,
470.
Cordes, 335, 44 1, ^90, 594, 596, 597,
609, 6i3, 649, 65o, 723, 750, 754,
768.
CÔRDOBA (province), 4, 7, 8, i4, 37-41,
89, i4i, 334, 4i2, 557.
CÔRDOBA (Sierra de), 4, 12, 35, 37-40,
818.
32.
CÔRDOBA DE CaLGHAQUÎ , 3l, 2 54, 699.
Corichuas, 696.
Cornes de bœuf, 612 , 771, 795, 796,800.
Corne de cerf, 357.
CoroadoSj 267, 273.
Corocorg [Bolivie], 865.
CORTADERA (AbRa), 533.
CORTADERAS (AbRA DE LAs), 7^4-
Corumbâ [Brésil], 268.
CosQuiN, 4o.
Costa Rica (République de), 862.
Coton, i4o, 202.
Coton (vêtement), 65, 66.
Cottes de mailles, 643.
Couches de débris, 335, 372-373, 60g,
638, 639, 834-835, 836,848.
Couleur de la peau, 523.
Couleurs en pâte. — Voir Bixa, Carbo-
nate de cuivre , Ocre , Uruci'i .
Coups-de-poing, 564, 567.
Couteaux en bois (instruments d'agricul-
ture), 235, 335, 34o, 374, 597, 598,
649,725, 733, 768, 778.
Couteaux en cuivre, 1 34, 61 4, 621, 655,
783, 864. 865.
Couteau en fer, 612, 771.
Coyahuaima (district), 436.
CoYAHUAIMA (pic). 432.
CoYALUCA (Paso de) [Mexique], 588.
Crânes, 16, 33, 70, i42, i84, 327, 362,
373, 679-581, 620, 64o, 643, 727,
764-765.
Crânes de chiens, 66 1-663, 766.
Crapaud (décor), 128, i55, 61 4-
Crens, 267.
Crescentia Cujete, 654-
Crochets on bois, 335, 342-343, 374.
594-597, 61 3, 649, 73''i , 75(), 768,
778.
Croisement des Auchenia, 4i3-4i4.
Croissant (figures des pétroglyphes),
35i, 795, 800.
Croix (décor) , 167, 172 , 175, 38o,
624, 7 19 , 761.
Cruz DEL Eje, 4o.
Ctenomys atacamensis, 713.
Ctenomys fulvus, 4ii, 42 1, 713.
Cucurbita Pepo, 86.
Cucurbitacées (calebasses), 343,
746-747-
Cuexca [Equateur], 24 1, 299.
CuESMA [Bolivie], 699.
Cuevas (Las), 323.
CuEVaS (QuEBRADA de las), 32 1,
324, 354, 364-380, 809, 810,
Cuïcos, 507.
Cuillères en bois, i38, 65o, 654,
736, 769, 781.
Cuirasse en peau, 762.
Cuivre, 24, 27, 34, 38, 59, 1 34- 137.
219, 220-233, 307, 329, 33o,
340,372, 373, 375, 536-555,
621, 622, 654, 655, 657, 658,
745, 757, 774, 783, 837, 857
869, 873, 874, 875.
Culte péruvien, 110, 111, i36, 162-
178, 180, 193, 485-5o7, 5o8,
520.
Culte phallique, 129.
CUMANÀ [Bolivie], 3o2.
CuMANÂ [Venezuela], 469.
CuMBE [Equateur], 299.
Cumbres DEL Obispo, 3i4-
Cumingia campanulata, 715.
Cupules, 39, 108, 109, 848.
Curaçao [Antilles], 274.
CuRAiiUARA [Bolivie], 820.
CuRicô [Chili] , 161.
Curis, 162.
CURTIEMBRE, 102.
CuRVA [Bolivie], i33.
CuYo, i5, 34, 37.
Cayoënses, 34-
Cuzco [Pérou], 110, 199, 200,
211,240, 244, 3oi-3o4, 346,
485, 687, 689, 707, 717, 861,
Cuzco (variété de chien), 662.
Cylindre en terre cuite, 258.
35o,
6i4,
654
323.
811.
657.
189,
336,
6i4,
689 ,
868,
i65,
519-
20;),
4l2 ,
873.
914
TABLE ALPHABETIQUE.
Danse, -ilx-, 26, 180, 464-465, 5 16.
Dasypus conurus, 91.
Dasypus minutus , g 1 , 129, i3o.
Dasypus setosus , 845.
Dasypus villosus, gi.
Décor d'urnes funéraires, i53-i58, 84o-
844,846, 85 1.
Déformations du crâne, 122, i5i, 526,
579-580, 6i3, 620, 64o , 727, 78g,
836.
Déformalions des dents, 58 1 -58g.
Dégraissants (de ia poterie), 112, i58,
478-47g,^ 48o, 74g.
Delaware [Etats-Unis], 568.
Dents. — Voir Déformations des dents.
Descalvados [Brésil], 268.
Description physique de la région diaguite
83-g2; de la Vallée de Lerma, 24g-
2 54; de la Quebrada del Toro, 32 1-
323; de la Puna, 3gi-4i5; du Désert
d'Atacama , 7 1 0-7 1 5 ; de la Quebrada
de Ilumahuaca, 783-785.
Désert d'Atacama [Chili], 8, 58, 5g,
62-71, 53o, 532, 680, 706, 710-715
(description physique), 715-766 (ar-
chéologie), 767-778, 80g, 8i4, 821.
DiABLO (MORRO del) [Chili], 82 1.
Diadèmes, 21g.
Diagailes, 5, 12-32, 33, 35, 44, 5i,53,
57, 61, 66, 67, 77, g6, g7-2i2 (anti-
quités), 3 17-3 18, 38 1, 382 ,52g, 5g 1,
700, 706, 774, 775, 778,852, 853,
854.
Dicotyles labiatus, go.
Dicotylcs lorquatus, go.
Dieu-Soleil, 588, 58g.
Digging-sticks , 686-688,
Dimensions d'urnes funéraires d'adultes ,
1 53-1 54.
Diomedea exulans, 765.
Disques en cuivre, i34, i37, 372, 6i4-
6i5, 775, 863, 86/1.
Dolichotis patagonica, gi. — Voir aussi
Agouti.
Dolmens, 108.
Domination des Incas dans le Désert d'Ata-
cama, 5g; dans la Puna de Jujuy, 771 ;
dans la région diaguite, 187-212.
DONCELI.AS, Gi 1.
Drille à archet, 628.
Drille à corde, 660.
DuNGANNON [Etats-Unis], 63o.
Eau (Provision d'), gg, 364, 63g.
Ecus. — Voir Bouclieis.
Églises et chapelles catholiques, 43 1, 467,
468, 517, 520-522, 543, 565, 577,
712, 758.
Emmanchement de ciseaux , 336.
Emmanchement de haches, 127, 2 25,
227, 563-564,647-648.
Emmanchement de pelles en pierre, 748-
74g, 758-75g.
Empreintes de pieds (pétroglyphes) , 365-
367.
Empreintes textiles sur la poterie, ii3,
ii4, 358.
Encalilla, i34, 174.
Encomendados, 5i.
Encomenderos, 5i, ig5, 472.
Encomienda, 5i.
Enfants. — Voir Angelilo, Cimetières,
Fa'tus, Sépultures.
Enfants naturels, 437.
Engobe (de la poterie), 112, 287, 307,
328, 335, 344, 375, 661, 749, 761.
Enterrement (cérémonies) chez les anciens
Diaguiles, 24, 26, 28.
Enterrement chez les Indiens de Susques,
5i7-5i8.
pjpilation, 526.
Épiloirs, i34, 864.
Epines de cactus. — Voir Cactus.
Epingles, 221, 86/|. — Voir aussi Topos.
Epiphragmophora trigrammephora, 842.
Epissures, 64g.
Equateur (République de l'), 8g, i25,
18g, igo, 220. 224, 228, 23o, 24o,
24 1, 271, 2g8-3oo, 3o5, 367, 458,
459, 526, 568, 58o, 582, 5gg, 685,
819, 820, 822, 857, 858, 85g, 861,
868,870,871, 873,874.
Eriomys (Chinchilla, 4 11, 7i3. — Voir
aussi Chinchilla.
Erythroxylon Coca, 454.
Erythroxylon cumanense, 45g.
Erythroxylon hondon.se, 45g.
EsCAYA (CuESTA de), 77g.
TABLE ALPHABETIQUE.
«15
ESCOIPE (QUEBRADA de), 253, 7O2 , yoS ,
707, 709.
ESPERANZA, 834.
Esprit («perdre l'esprit»), 179, 490-/191,
5io-5i3.
Escjaimaax , 589, 660.
Estancia (dclinilion du mot), 25 1.
EsTARCA [Bolivie], 555.
EsTEGo, 7, 32, 43, 44, 46, 47, 5l, 52,
55, i4o, 253, 644.
ESTECO (CORDILLËRA DE), 84(Î.
EsTOPiNAN [Bolivie], 699,
Étain, 135,858-868.
Etangs, 289.
Etats-Unis, passim.
Etendards, 52 2.
Etuis en bois, 342, 736.
Etuis en os, 36 1, 657, 747.
Etymologie de noms de lieux. — Voir
Toponymie.
Etymologie des noms des Indiens de
Susques, 44o.
Eurêka (mine), 697.
Fâbrica (fonctionnaire des Indiens de
Susques), 433, 52 1, 522.
Face humaine (pétroglyphes) , 533, 806,
811, 816.
Farahina [Polynésie], 293.
FamaillA, 118.
Famatina, 16, 206, 208-209, 859, 874.
Famatins, 21.
Famayfds ,21.
Faune, 89-92, 4io-4i4, 7i3.
Fécondité des Indiennes, /|37-438.
Felis Colocolo , 4 1 1 •
Fer météorique , 733.
Fer (Couteau en), 612, 771.
Fer (Fil de) ,612, 732 ,771.
Fêtes catholiques, 52 1-52 2, 544.
Feu (Outils pour allumer le), 596 597,
658-660.
Feu (signaux), 434^
Fèves, 409, 453, 471.
Fibres végétales (tissus et cordes), 592,
609, 6i3, 643, 649, 65o, 752.
Figure humaine rudimentaire (pétrogly-
phes), 172, 174, 35 1, 670, 678-682,
79/1, 796-797,811, 812.
Figures humaines sculptées sur bois, 137,
65i, 652, 734, 737, 739, 740, 743,
744, 759, 760, 769.
Fisc aras, 74.
Flamant, 4ii, 487, 737, 763.
Fléchas (Las), 172, 680,
Flèches, 29, 336-337, 342, 36o, 363,
597-598, 644-645, 725, 726, 729-731,
759. — Voir aussi Pointes de flèches.
«Fleurs» des lamas, 496497.
Flore, 8589, 25 1, 32 2, 4o5-4o8, 713-
715, 784,849.
Flûtes de Pan, 462, 463-464.
Fœtus, i5o, 344-345, 362, 373,842.
Folklore, 177-181, 192, ig3, 197, 4^8,
483-5i4,775.
Forêts, 628.
FoRROMECGO (vallée) [Brésil], 265.
Fourneaux castillans, 548, 549, 55o,
553.
Fourneaux « espagnols » , 544.
Fourneaux indiens. — Voir Hualras, Toco-
chimpos.
Fourneaux à réverbère, 55i, 552.
FRA^GHE-CoMTÉ [France], 169.
Franciscains, 270, 271, 467.
Freirina, 24o, 244, 245, 3o5.
Fresques rupestres, 39, 170-172, 665-
675, 792-801, 807-808, 809, 810,
812, 8i3, 81/1 . 818, 819, 820, 821,
822 , 825.
Frias [Pérou], 367.
Frijoles, 86.
Frisoles, 86.
Frondes, 45 1-453, 75/1.
FUERTE QUEMADO, io3, i3o, l3l, 1 38 ,
i58, 159, 239, 337, 801, 867.
Fusa, 463-464.
Fusaïolcs, 122, i3i, 235, 373, 589-
590, 736, 759
Fuseaux, 235, 589-590, 654-
Gadoto (Fort de). — Voir Saint-Esprit
(Fort du).
Gaciayo [Bolivie], 710.
Gaiiiba (Lagoa de) [Brésil], 817.
G alibis , 272 , 481 .
Gahctis vittata, /| 1 1 .
Garcilaso de la Vcga, 200.
916
TABLE ALPHABETIQUE.
Garde-manger, 610, 638.
Garecoa [Bolivie], 808, 820, 82^4.
« Gens nus », 4 1 •
« Gens vêtus», i^i.
Géologie, 321, 391, 396397, 399, /i2i,
4.22, 559, 56i, 632, 783.
Géorgie [Etats-Unis], 568.
Gês, 267.
GiLLEVOisix [France], 349-
GiPPSLAND [Australie], 564-
Gobelet en argent, 655.
Gobelets en bois, 233-235, 3/ri , 65o,
759-
GoLGOTA, 32 1, 322, 327-33 j, 579, 626,
629, 63o, 870, 871.
GoNZANAMÀ [Equateur], 367.
Gourliea chilensis, 715.
Gourliea decorticans, 87.
GoïAZ [Brésil], 659, 817.
Goylacùs, 273, 276.
Grains de colliers. — Voir Pièces d'enfi-
lage.
Grand Chago. — Voir Chaco.
Grita [Co'ombie], 367.
Groenland, 63o.
Grotte de Cliacunayo, 674676.
Grotte de Chulin, 792-801.
Grottes de Iluacliicliocana, 789-790,
Grotte de Rumiarco, 609.
Grottes funéraires, i43, 3o2, 578,
589-601, 612-616, 633, 64o-
691,692, 767.
GUACIIIPAS, 102, 116, 118, 125,
170.
GuADALAJARA [Mexique], 585.
GUADALCAZAR (viUe), 46-47-
GuAiRA [Brésil], 366.
Gualacale, 845.
GUANDAGOL, 2o6.
G uandacoU ,21.
Guano [Equateur], 3oo.
Guarani {/. ), 17, 18, 194.
Guaranis, 91, 268, 269, 854- — Voi
aussi Tupi-Guaranis.
Guarayos, 43, 592.
Guarmeoaucas , 2o3.
Guarpcs. — Voir Huarpes.
GUASAMAYO, lo4, 377.
Guatana [Equateur], 299.
807.
^79'
664 ,
159,
Guatemala, 38o.
Gualôs , 482.
Guayamis , 582.
GUAVATAYO (LaGLNA De), 398, 428, 577,
578.
Guayatayo (Pozuelos), 691.
Guaycaràs , 79, 276, 85o, 854-
Guevara (José), 10.
GuxuiL, 699, 705.
Guyane, 48i, 659, 660, 682, 808, 816.
Habitations (anciennes), 38 98, 99,
3ii, 334. 375-377, 611, 635-638,
834-835.
Habitations (modernes), 428-43o, 611-
612.
Ilaclies de cuivre, à oreilles, i34, 2a3-
225,860, 864, 865.
Hache de cuivre, à pédoncule central,
i34, 226-230,864,865, 867.
Haches de cuivre («sceptres»), i34, 137,
233.
Haches de cuivre, à tranchant semicircu-
laire, 23o, 857, 864-
Haches de pierre, à gorge, 4o, 123-
127, 236, 53i, 559-564, 692, 887,
847, 85o.
Haches de pierre, à oreilles, 223-224-
Haches de pierre, en schiste, 617-619,
620, 638, 645-648, 683, 773, 798.
Hacienda (définition du mol), 261.
Haïdas, 816.
Hameçons, 765.
Haricots, 86.
Harrar [Abyssinie], 687.
Herminettes en cuivre, i34.
Hochàcker, 291.
Hopis, i83, 34o.
HoUcnlota [Afrique], 686.
HOYADA (La), io4-
Huacalera, 788-789-
Huacas (divinités locales) , i64, 5o6-5o7.
Hu AGATE [Chili], 717.
Ilnachaschis , 21, 193.
HuACHiciiocANA, 550, 789-790, 8l3,
824-
Huachipairis J 2 2 5.
HuacJiipa'! , 2 1 .
HuAGO, 192.
TABLE ALPHABÉTIQUE.
917
HUAHUAHUAN'UZC.A, 5o6.
Huaicas, 626.
Huairapuca, 181 .
Huairas, i35, 189, 538-5/io, 5/45-555,
857.
HUALFIN, l3, 10/|, 116, 108, 109, l/\.-2.
Haalfins , 1 3 , 21.
Huallpa-Inca, 206.
Huallpauclio (cérémonie), 5oi.
Huaman-Taco-Amauta , 1 78.
HUAMANGA [Pérou], l33.
HuANACACHE (Lagunas de), 34-36.
Huanaco, 89, 91, i4o, 180, /iio, /ii3,
448, 5oi, 713.
Huanaco (os), 289, 335, 344, 358, 363,
373,374,378, 638, 835.
Huancané [Pérou], 866.
HuÂNCAR, 559, 56o, 566, 569-571, 573-
574.
Huancavélica [Pérou], 553.
HuANCAVILCiS, 582.
HuANCAYO [Pérou], 459.
HuANCHACA [Bolivie], 554, 750.
[JuÂNUCo [Pérou], 459.
HuAQui [Bolivie], 71.
HuARA [Chili], 719.
HuARAs [Pérou], 3oi, 870, 871, 874.
HuARi [Pérou], 819,
Huarlzo, 4i3.
HUARMEY [Pérou], 820.
Haarpes , i5, 33-37, ^°^*
HUASAN, 542.
Huasans, 2 1, 193.
HuAsco [Chili], 68.
HuATACONDO [Chili], 720.
HuATAYOC (Laguna de). — Voir Guayatayo.
Haaxtèqiies , 583, 586.
Huayna-Capac (Inca), 4ii, 582.
Huaytarv [Pérou], 820.
HuERTA (Sierra de la), 542.
Huillajumu, 707.
Huillcanola-Amauta, 199-200.
Huinchas, 29, i4i, 218, 667, 668.
Huinchu, 695.
Huipu(nuipuha), 687-688.
Huiracocha (dieu), i36, i65, 5o5, 5o8.
Hulracocha (Inca). — Voir Yupanqui.
Huiracocha (litre donné aux Blancs), 5o5.
Huitzli, 743.
HUMAHUAGA (QUEBRADA DE ) , 5, ']^-']'],
253, 323, 348, 4i8, 458, 5o3, 529,
53o, 53i, 61g, 707, 710, 776, 779,
781, 783-792, 801-807, 8io, 8i4,
8i5, 824,828.
HuMAHUAGA (SiERRA OgGIDENTAL De), 097,
53o, 617, 784, 785, 792.
HuMAHUAGA (village), 78, 6i5, 783,
784, 786, 787, 792, 801.
Hamalluacas. — Voir Omaguacas.
IIuRVXNA, 101.
1 BARRA [Equateur], 298.
IcA [Pérou], 199, 261, 820.
IcHU [Pérou], 3o3.
Idaho [Etats-Unis], 680.
Igaçabas, 265-267.
Iglesia, i36.
nias, n8, i32-i33, 496.
Illinois [Etats-Unis], 568.
Imbabura [Equateur], 24 1-
Imilag (Laguna de) [Chili), 733.
Impôt sur le sel, Sôg.
Ingacueva, 792.
Ingahuasi (Acay), 379-380, Sgi, 809,
811.
Ingahuasi (Cerro), 536, 693-694.
Ingahuasi (Salla), 34 1, 345, 347, 657,
7o4-
Incapirca [Equateur], 299, 716.
Incas, 3, 33, 59, 66, G'j, 76, i48, i64,
i65, 187, 193, 194, 199-212, 3o5,
345, 4ii, 473, 563, 582, 595, 699,
700, 771, 772, 788, 860, 861.
Incrustation de pierres dans le bois, 65 1,
7/i3.
Indama ( /. ) , 16, 4 1 •
I ndamas, fioài, 196.
Indiens salinlers, 563.
Infantas [ Pérou] , 2 4 1 •
Ixfieles (Laguna de), 172.
Infierno (El) [Chili], 819.
Ingues [Equateur], 819.
I.NHAMUN [Brésil], 817.
Inquisivi [Bolivie], 459.
Instruments en bols pour tisser, 3/|2,
443, 590, 734.
Instruments de musique, 462, 463-466,
737.
59
lUI'niHCME
918
TABLE ALPHABETIQUE.
Intipata [Equateur], 299.
Invocations à Pachamama, 179, 485-495.
Iquique [Chiii], 719.
Iris, 526.
Irrigation artificielle, 38, 83, 202, 498,
6o3-6o4, 664, 721.
Iruya, 75, 791-792.
Isislinés, 44, 45, 46, 52.
Isolement des Indiens de Susques, 438-
439.
Italie [Europe], 168, 296.
Itamarac.v [Brésil], 682.
Itanahem [Brésil], 309.
Itapua [Brésil], 367.
Itinéraire de Malienzo, 61, 2o4, 317,
698-706, 771.
Ivresse, 26, 87, 167, 168, 463, 493,
5i8, 522, 577.
Jabali, 90, 91.
Jachal, 16, 35, 1 15.
Jade, 585.
Jaguar, 92.
Jaguar (figures des pétroglyphes), 171,
534, 811.
Jaguar (tètes en céramique), 119, 120.
Jalisco [Mexique], 585.
Japon [Asie], 769.
Jauja [Pérou], 337, 673, 688.
Java [Asie], 367.
Jésuites, 7-12, 19, 22, 23, 27, 35, 4o,
45, 49, 78, 365, 366, 467-469.
Jeux et outils les concernant, i38, 36 1-
362, 519, 690.
Joncs (Paquet de), 752.
Jouets, 562, 73 1 .
Juglans australis, 344-
JujUY (province), 4, 42, 74, 75, 76,
317, /i70, 559, 644-
JujUY (PuNA de). — Voir Puna de Jujuy.
JujUY (ville), 32, 42, 458, 46 1, 462,
463, 558, 689, 707, 784, 790,
Jujuys, 74.
JuNiN DE LOS Andes, 818.
JuNTAs (Las), 847.
Jiiris , 12, i4, 4i-43, 317.
Juris (de l'Amazone), 4i, 458.
Kakan il.]. — Voir Cacan.
Kangerdluarsuk [Groenland], 63o.
Kentucky [Etats-Unis], 568.
RiCKiNG HoRSE Pass [Colombie Britan-
nique], 63o.
Kuiri, 292, 359, 491-495.
Lac-Supérieur [Etats-Unis et Canada],
863.
Lagidiuin peruvianum, 91, 335, 36 1,
373, 4ii, 453, 6i4, 7i3.
Lagostomus trichodactylus, 91.
Lagotis criniger, 713.
Laguna (Abra de la), 691.
Laguna Céleste [Bolivie], 710.
Laguna Colorada [Bolivie], 710.
Laine (de lama, etc.), 37, i38-i4o,
335, 373, 44i, 589, 609, 643, 649,
657, 724, 725, 750, 752, 753, 761,
762,791.
Laine rouge (offrandes). — Voir Lana
cunte.
Laiton, 868.
Lama, 37, 59, 60, 89, 378, 4i2-4i3,
447-448, 454, 488, 489, 491, 495,
5i6, 5i8, 519, 558, 594-597, 6i4,
713,791.
Lama (Doigt de), 6x4, 621.
Lama (Oreilles de) , 61 3, 621.
Lama (os), 89, 235, 289, 335, 344,
358, 36i, 362, 373, 4i2, 443, 479,
609, 638, 64o, 656, 657, 747, 835.
Lamas (ligures en céramique), 119, 120.
Lamas (pétroglyphes), 171, 172, 174,
175, 176, 35o, 35i, 352 , 379, 61 5,
668, 670, 674, 675, 676, 682, 718,
719, 720, 793, 794, 797, 798, 799,
801-807, 808. 811, 812, 8i3, 8x5,
823,824, 825.
Lamas sculptés en pierre, 128, i32, x33.
Lambayeque [Pérou], 3o3, 3o4, 482.
Lampazar, 33 1.
Lana cunte, 487, 492, 496, 5 12.
Lvns-le-Villard [France], 367.
Lapaya, xox, xx4, 116, x37, x38, 2x3-
246, 3oo, 3o4, 63x, 635, 778, 858,
870, 87 1 .
La Paz [Bolivie], x33, 684-
La Plata [Bolivie], 698, 699, 700,
705.
TABLE ALPHABÉTIQUE.
yi9
La Plata (île) [Equateur], 2/1.1, 298.
Larecaja [Bolivie], dSg.
La Rioja. — Voir Rioja.
Latacunga [Equateur], 867 .
Lavage des effets du défunt, i83, 5i8-
520.
Ledesma, Ab, /19, 78.
LiîJiA (Laguna de la), 7 I 1.
Léon, 784.
Lerma (vallée), 12, i/i, 55, 62, 84,
189, 207, 2/19-254. (description pliy-
sique), 255-3 18 (archéologie), 347,
38i, 4^63, 691, 702, 703, 704, 707,
709, 785, 85i, 853.
Lé^a^ds, 4i i-4i 2.
Lézards sculptés en pierre, 128.
Libellvile (pélroglyphes) , 679, 680,681.
Libes, 222, 449-450, 5o3.
LiCANCAUR [Cliili], 716, 718.
Lieue coloniale, 705.
Lièvre ,91.
Lignes enchevêtrées (pétroglyplies), 172,
173, 174, 175, 176, 352, 676, 682,
811, 824, 828, 829.
Ligua [Chili], 629.
Lihui, 222, 449.
LiPAN, 559, 56o, 562, 566.
Lipes, 67, 555,
Li'pEz [Bolivie], 60, 62, 393, 4i8, 462,
554, 567, 571 , 648, 710, 711, 749,
869.
Lilhraea Gillesii, 87, 5oo.
Littérature archéologique sur la région
andine de la République Argentine,
93-95.
Llamperas, 757.
Llampu, 695.
Llastay, 180, 5oi,
Llicla,65,66.
Llista, 454-455, 456.
LocUMBA [Chili], 820.
LoJA [Equateur], 299.
LOMA COLORADA , I74, 680.
LOMA JUJUY, 98, 103.
LoMA Pelada , 847-
LoMA Rica, io3, 116, 124, 128, i58,
159, 173, 239, 24o, 293, 339, 376,
669.
Lomba Grande [Brésil], 265.
Londres, i3, 3i, 2o4, 700.
LoNQuiM.AY, 109.
Loups de mer, 68, 69, 713, 764.
Loutres, 718.
Lozano (Pedro), 9-10.
LozANO (Quebrada de Huniahuaca), 807,
824.
Lnle (/.), 16, 43-55, 57.
Lules, 12, 42, 43-55, 55-58, 194, 3 16,
317,381,382,653,742.
Lules (village en Tucuman), 56, ii5,
118
LUMAR.A , 617-619, 645, 64^6.
LuMBRERA (Sierra de la), 278, 847.
LURACATAO, 22, lOl, 708 , 7O9 , 74 1.
Lutra fellna, 718.
Luzerne, 32 2 , 32 3. 4o8, 42 5, 453, 470,
4.71, 7i3, 721, 784.
Magapillo, 45, 53.
Macaya [Chili], 720, 820.
Machiasport [Etats-Unis], 349,
Machuca [Chili], 680, 718, 767, 809.
Madagascar [Afrique], 466.
Maine [Etats-Unis], 349.
Mais, 59, 85, 202, 3o6, 307, 336, 378,
ziio, A53, 454, d6i, 499, 5oo, 6o4,
6o5, 610, 713, 721, 723, 724, 751,
754, 758, 791.
Mais Gordo (Sierra del), 847, 849-
Malachochaete Totora, 71.
Malanzan (Sierra de), 128.
Malelero del aima, 519.
Mullis, 21, 193.
Malloa [Chili], 822.
Mamaconas, 202.
Man.âos [Brésil], 274.
Manchao (pic), 100.
Manco-Capnc-Yupanqui (Jnca), 199.
Mani [Chih], 720, 820.
Manizales [Colombie], 63 1.
Manoplas, i34, i36, 233.
Manta [Equateur], 58o.
Mantes, 37, i4i, 446, 591, 728, 752,
Manzamto, 818.
Manzanos (Quebrada de los), 3i4.
il/aorii- [Polynésie], 293
Maqui, i32.
Mara ,91-
59.
920
TABLE ALPHABÉTIQUE.
Marae, 2 9 3.
Marajô (île) [Brésil], 268, 264.
Marayes (Sierra de los), 542.
Marays, i35, 54o-543 , 555.
Marga-Huamachuco [Pérou], 220, 226.
Mariage des Indiens de Susques, 435-
437, 5i4-5i6.
Marque du bétail, 179, 491-495, 622.
Marques de propriété des flèches, G45,
730.
Marteaux en pierre, 56 1, 562, 563, 757.
Martirios (Ilha dos) [Brésil], 817.
Marlynia angulala, 656.
Maryland [Etas-Unis], 349-
Masco, 162.
Masque en bois, 746.
Masque en pierre , 1 3 1 .
Massaciiussets [Elats-Unis], 568.
Mastodonte (substance dentaire), 63 1.
Malaco (/.), 47, 48, 49, 5o.
Malacos, 48, 49, 5o, 54, 78, 481, 643,
826,836, 845, 848.
Malaguas, 5o.
Malaguajo (/.), 48, 49, 5o.
Mataguayos , 45, 49 , 5o.
Matarà (département), 47-
Malaràs, 47, 48, 49, 5o, 5i, 196.
Matienzo (Juan de). — Voir Itinéraire.
Matto Grosso [Brésil], i25, 126, 127,
268, 482, 582, 817.
Maya (/.), 194.
Mayas, 583.
Mayta-Inca, 59.
Mbaever\ [Paraguay], 268.
Mealla, 845.
Médecine indigène, 5io-5i3, 742.
Medellin [Mexique], 584.
Mendoza (province), 4, i5, 34, 35, 37,
109, 110, 175, 2o5, 824, 825.
Menhirs, 107, 108, 370, 637-638.
Méplat (Pétroglyphe en), 720.
Merced (La), 255.
Mérida [Colombie], 367.
MesaVerde [Etats-Unis], 564.
Métal de cloches, 865.
Metales, 108, 638.
Météorologie, 2 5o, 4oo-4o5.
Métiers à tisser, 44 1 -442.
MEXICO [Mexique], 585.
Mexique, 166, 167, 168, 226, 583-
589, 629, 660, 662, 742, 862.
MicHOACAN [Mexique], 586.
Migrations, i23, i48, 85o-854.
Mitlcayac (/.), 36,37.
Minas (Cerro de las), 866.
Minas Geraes [Brésil], 273, 5ii, 817.
M1NASYAC0, 174-
Mines de bois, 7 i5.
Mines préhispaniques, i33, i35, 629,
536-555, 757.
MiRAFLORES (Catamaica), 84-
MiRAFLORES (surle Rio Salado), 45, 46,
48, 52,55.
Miranlias. 458, 582.
MisiONES (territoire de la République Ar-
gentine), 268
Missions catholiques , 23 , 3o , 4 5 , 78 , 467,
468, 543-544.
Mississippi [Etats-Unis], 11 5.
Missouri [Etats-Unis], ii5.
MiSTEQUiLLA [Mexique], 588.
Mistol, 87.
MiTCHELL District [Australie], 564.
Mitimas, 772.
Moche [Pérou], 3oo.
Mocovis, 47.
Mœurs des Diaguites, 22-29.
Mogozna (/. ), 17, 18.
Mogoznas, 17.
Mojos [Bolivie], 820.
MOJOTORO (QUEBRADA DE], 253.
MOLINOS, 22, lOl, ll5, 118, 121, I29,
i38, 159, 2 23, 23 1 , 3o5, 491 , 495,
664, 702, 705, 708, 709, 741.
MoLLAR (El), 107.
Molle, 87, 5oo.
Molettes. — Voir Broyeurs.
Momies, 578, 589-594, 595, 601, 6i5,
723, 725, 726, 757.
Monnaie de Louis XIV, 353.
Monnaie romaine, 242-243.
Montesinos (Fernando de), 198.
Montevideo [ChiH], 720,820.
Moqais, 679, 680.
Morales, 102.
MoRENo (El), 472, 473, 483, 5i3, 53 1,
565, 701, 702, 704.
MORETA, 61, 62, 699, 701,705, 771.
TABLE ALPHABÉTIQUE.
021
MoROHUAsi, i5o, 160, 32 2, 33 1-345,
346, 347, 357, 369, 371, 373, 379,
38o, 570, 571, 673, 594, 626, 629,
635, 639, 704, 728, 729, 733, 734,
746, 785.
MoROHUAsi (Cerro), 332.
Mors de lama, 594-595.
MORTEROS (AbRA de LOS ) , 847-
Mortier en terre glaise, 99, 579, 64 1.
Mortiers, 108, 309, 3io, 336, 370,
535, 602, 617, 620, 638, 692, 837.
Moufle (métallurgie), 548, 549, ^^'^
55i.
Moules (métallurgie), 224, 544, 545.
Mounds de rAmérique du Nord, 283,
648, 863.
Moulons, 323, 4i2, 437, 447-448, 454,
474, 475, 488, 491, 495, 5o6, 5i3.
Mouton (huaca), 5o6.
MuG HousE [Étals-Unis], 564
MuNANO (Abra de), 379, 391.
MuNAYOc (Abra de), 391.
Mundarncds, 276, 277, 653.
Munecas [Bolivie], i32.
Muras, 658.
Mus Capito, 713.
Musique, 463-466, 495, 5i6, 52 1. —
Voir aussi Instruments de musique.
Muso [Colombie], 367.
Mutilation des dents. — Voir Déformalions
des dents.
MuTQUiN, 192.
Nahnatl (/.), 194.
Nahuel Huapi (lac), 365.
Nandou, 34, 4i, 90, 91, 180, 4ii-
Nandou (décor delà poterie), i55, 157,
i58.
Nandou (pétroglyphes), 171, 176,794,
797-
Narvaez (Pedro Sotelo), 6.
Nasacara [Pérou], 3o3.
Nàtica (/.), 17, 18.
Nazca [Pérou], 199.
Nebraska [Étals-Unis], 533.
Negra Muerta, 785.
Nègres, 583.
New-Jersey [États-Unis], 125,309, 568,
629.
Niam-Niams [Afrique], 745.
Nionio, 4 18.
Noctenes, 48.
Noix , 344.
Noria (La) [Chili], 719.
Notre-Dame de Bethléem, 43i, 521-522.
Nouveau-Mexique [États-Unis], 99, i32,
184, 48o, 629.
Nu-Aniacs, 262, 274.
NuEVA RioJA. — Voir Rioja.
Oaxaca [Mexique], 585, 587.
Obispo (Cuesta del), 7o3.
Obsidienne, 337, 357, 371, 372, 568,
570, 573-575, 715, 783.
Obydos [Brésil], 273.
Oca, 409, 6o5.
Ocloya (/.), 75.
Ocloyas, 74, 75, 77, 791, 792.
Ocre rouge, 34o, 656, 666, 725.
Ocullo. — Voir Ctenomys.
Offrandes aux divinités païennes, 26, log,
110, ni, 178, 179, 180, 485-488,
492,498, 5oo, 5o3, 5io-5i3, 519,
520.
Omo [États-Unis], 568.
0.10 DE Agua (Quebradade Humahuaca),
784.
Ojo DE Agua (Quebrada del Toro), 322,
33i.
Olaroz, 64, 436, 469, 536.
Oliva peruviona, 781, 842.
Oliva polpasta, 781.
Olivella, 781.
Ollachea (vallée) [Pérou], 220, 685,
736,819.
Ollantaytambo [Pérou], 296, 787.
Omaguacas. 5, 42, 59, 60,62,67,70-77,
254, 529, 53o, 53i, 617, 707, 710,
11^,111, 119^ 790-79'' 8^0.
Oniaguaa, 73, 271,
Omasuyos [Bolivie], 808.
Omatepec [Guatemala], 38o.
Oinoampas , 45.
Onça (Serra da) [Brésil], 81 7.
Ontario [Etats-Unis], 63o.
Opinions des Indiens actuels sur les ves-
tiges préhispaniques, 5o5, 5o7-5io.
64 1.
9^2
TABLE ALPHABETIQUE.
Opuntia Ficus indica, 88.
Or, i34, 218-220, 33o, 536-537, 693-
697, 858, 869-875.
Or (gisements), 536-537, 693-697.
Oban, 4.7, 78.
Orejones, 211.
Orénoque [Venezuela], ii4, 660,816.
Organisation des Indiens de Susques,
432-43/1.
Orge, 4^08.
Orislinés, 44, 45, 46.
Oro (El) [Equateur] ,819.
Ortega, 45, 5o, 53.
Oruro [Bolivie], 191, 496, 611, 720,
866.
Osas, 74^, 75.
Otabalo (chef péruvien), 595.
Otates (Los) [Mexique], 587.
OuRO Preto [Brésil], 273.
Outils pour allumer le feu, 596-597,
658-660.
Outils de pierre en forme de croissants,
620-621, 639-640.
Outils de tissage, 342, 443, 590, 734.
Owens Valley [Etats-Unis], 349, 680.
Oxalls luberosa, 409.
Oyampis, 272, 276, 679, 682.
Oyapoc [Guyane-Brésil], 272.
Oyon [Pérou] , 820,
Pacajes , '] 1 , 3i4, 4 10, 473.
Pacasmayo [ Pérou] , 3o 1 .
Pacciocas, 21.
Paccipas ,21,
Pachacamac (dieu), 483.
Pachacamag [ Pérou ] , 591, 861.
Pachacuti (Joan de Santa Cruz), 2o3.
Pachacuti-Inca-Yupanqui , 1 64-
Pachamama, 178-180, 424, 483, 485-
5oi, 5i2 , 5i4.
Pacifique (Guerre du), 712.
Pacoval [Brésil], 263.
Pairique, 64, 469.
Pajango, io5, 117.
Paléolithiques (Instruments), 567, 569.
Palicars , 272 , 276.
Palmas (Cerro de las) [Mexique], 586.
Palo À Pique, 122, 834, 835, 837.
Palomau (Abra del), 352.
Palomos, 49-
Palpalv, 75.
Paltauma (déformation du crâne), 58o.
Pampa Arenal [Bolivie], 4 18.
Pampa BLA^'CA, 692.
Pampa Grande, 102, 109, 116, 117
119, 120, 125, i3i, 14^-147,149,
159, 277, 290, 295, 853.
Pampa de Tamarugal [Chili], 712, 713,
720.
Pampas, 35.
Pan deAzûcar, 633.
Panagua (vallée) [Bolivie], 220, 751.
Panama (République du), 582, 862.
Pancho Arias, 352, 809, 810, 824,
Paniri (Cuesta de) [Bolivie-Chili], 710.
Panos, 43.
Pànugo [Mexique], 583, 584-
Papagos , 362.
Papitas del campo, 71 5.
Paposo [Chili], 69, 70, 715.
Paqui (/.), 17, 18.
Paracas [Pérou], 820.
Paraguanà (presqu'île) [Venezuela], 274.
Parauyba [Brésil], 817.
Paraguay (République du), 267, 268,
269, 366, 847.
Paramonga [Pérou], 591, 755.
ParanA [Brésil], 366.
Parica, 653, 658.
Parlna, 4i 1, 487.
Pasains, 45.
Pascaoma, 699, 705, 706.
Pascha, 347.
Passes, 458.
Pasto Cerrado [Chili], 717.
Pastos Grandes , 469, 56 1, 782.
Pata (terrasse), 602.
Patagonie, 32 , 37, 4o, ii4, 122, 192,
526, 567, 569, 572, 624, 663, 684,
818.
Pataguilla [Chili], 161.
Paugartambo [l'érou], 459.
Paullu-Inca, 210, 707.
PauUu-Tolo-Capac , 1 99.
Pava del monte, 90, 786.
Payogasta, 347, 379, 704, 705.
Pay payas, 74, 75.
Pay Zumé, 365.
TABLE ALPHABÉTIQUE.
923
Paz (La). — Voir La Paz.
Peau (Travaux en), i4^i, 363, 445, 45o,
563, 657, 748, 749, 757, 758, 762.
Pécari, 90, 91.
Pécari (tête en céramique), 120.
Pecking (pétroglyphes), 348, 801, 808.
Pecten purpuratus, 242.
Pedernales [Bolivie] , 710.
Pedra (Ilha de) [Guyane], 808.
Pedrera (La), 102.
Peignes, 725, 735-736, 768.
Peine [Chili], 63, 717.
Peinture du corps, 29.
Peleghuco [Bolivie], 220.
Pelles en bois, 72^, 725, 731-733.
Pelles en fer, 648, 748-749.
Pelles en pierre, 648, 724, 7^5, 726,
748, 758-759, 773.
Pena BlaiS'ca (Vallée del Cajon), i44-
Pena (La) [Chili], 719.
Penas, 616, 711.
Penas Blancas (Cerro Raton es), 109,
175.
Pendeloques en argent, 373.
Pendeloques en cuivre, 622, 628, 655,
864.
Pendeloques en pierre, i3i, 329, 372,
626-627, 656, 749, 837.
Pénélope obscura, 90, 786.
Pennes (des flèches), 597, 644, 73o.
Perforation de la pierre, 237, 628.
Perles. — Voir Pièces d'enfilage.
Pernambuco [Brésil], 273, 583, 817.
PÉROU, passim.
Petacas, 45, 53
Pétrel (os), 739, 747-
Pétroglypho (définition du mot), 809.
Pétroglyphes, 170-177, 191, 217, 348-
352, 36^-367, 379-380, 533-535,
6i5, 665-682, 717, 718-720, 767,
792-808, 808-829.
Phascolus multlflorus, 86.
Phaseolus Pallar, 86.
Phaseolus vulgaris, 86.
Phoca lupina, 7i3, 764.
Phœnicopterus andinus, 4 11, 487. —
Voir aussi Flamant.
Phoques, 68, 69, 7i3, 764.
PiAUHY [Brésil], 817.
Pictographies. — Voir Fresques ru-
pestres.
Pièces d'enfilage en coquille, 625, 627,
63 1, 837, 84i, 842, 843, 844-
Pièces d'enfilage en pierre, i3i, 237,
329, 353, 373, 600, 624, 625-63i,
64o, 655, 656, 749, 766, 782, 783,
837.
Pied ra aguila , 5 1 o , 5 1 1 .
PlEDRA BlANCA, i43.
Picdra delrayo, 5ii.
Pierres fusiformes, i3i.
Pierres perforées, 639, 683-691.
Pierres plates placées au-dessus des ca-
davres dans les sépultures, 261, 328,
329, 726.
Pierres sphéroidales , i3i, 357, 639.
Pila (variété de chien), 662.
Pilla-jacica (cérémonie), 29.
Pimas , 362.
Pintades (pélroglyphes), 192, 717, 719,
819.
PiNTADOS (Los) [Chili], 719.
PiPANAGO, 12 1.
Pipanacos ,21.
Pipe Spring [Etats-Unis], 680.
Pipes, 122, 123, i3o, 836, 853.
Piptadenia Cebil, 653.
Piptadenia peregrina, 653.
Piqueté, 836, 837.
Piquillin,88.
PiRACiGABA [Brésil], 264.
PiRATIMNGA [Brésil], 266.
Pircas, 98. — Voir aussi Ruines.
PiSAG [Pérou] , 2 34-
PiSAGUA [Chili], 68.
Pisco [Pérou], 820.
Pisé. — Voir Tapia.
Pilcalrnia, 643.
PiURA [Pérou], 367, 482.
PivES [Abra de], 785.
Places (dans les anciens villages), io4,
371,377.
Placilla (La), 542.
Plaques en argent, 870, 871.
Plaques en cuivre, i34, 34o, 34 1, 6i4,
858, 864.
Plaques en or, 33o, 870, 871.
Plata (La). — KoiVLa Plata.
92^1
TABLE ALPHABÉTIQUE.
Plateaux de roches trachytiques , 0 1 1 ,
632-63/i, 6/io, 665, 674, 691.
Pleureuses, 28.
Pluie (Diminution de la). — Voir Cli-
mat.
Plumes (parure), 27, 29, i/ii, 172,
234, 533, 667, 670, 679, 737, 76.'>,
797' 798-
Plumes (offrandes), 487.
Poignards, 765.
Poinçons en cuivre, i34,3o7, 336,373,
657.
Poinçons en os, 747.
Pointes de flèches en bois, 597-598, 729-
731,759,772,773.
Pointes de flèches en os, i38, 235, 23G,
6i4.
Pointes de flèches en pierre, 127, 33G-
337, 342, 371-372, 567, 570-5^5,
6i4, 64o, 645, 7i5, 766, 772, 773,
783.
Polylepis racemosa, 849.
Polylepls tomentella, 343, 4o5.
PoMA (La), 704.
PoMAN, 100, io5, 117, ii8, 120, i3o,
207.
Pommes de terre, 86, 409, 453, 471,
713, 791.
POMPEYA, 542, 545.
Ponchos, i38, 139, 444, 517, 593,
743, 752, 753.
Poopô (lac) [Bolivie], 611,716, 820.
PoPAYAN [Colombie], 459.
PopocATEPETL [Mexique], 166.
l»opol-Vuh, 583.
PopiilacaSj 660.
Population (recensement), 27, 39, 44,
252, 323, 469,471, 722,758.
Ponco [Bolivie], -220, 750, 857, 869.
PoRONGAL (Sierra del), 791.
Portes des habitations, 98,376, 377, 635,
636-637.
Position des cadavres dans les sépultures,
i42-i43, 257, 263, 273, 3io, 327-
328, 339, 362, 373, 579, 601, 642,
723, 764. 768, 836.844.
Poterie. — Voir Céramique.
Poterie avec cmprointcs textiles ou de
vannerie, ii3-ii4, 358.
P0TOMAG [États-Unis], 568.
PoTOR, 64.
Potos, 64 1.
PoTosî [Bolivie], 60, 5o2, 536, 546
548,549,553, 554,693, 711, 750.
Poudre (l'abrlcation de), 369.
Poudre à priser, 653.
Poules, 90.
Polynésie, 293.
Poyo, 429-430.
PozuELOS (Puna de Jujuv), 53i , 618, 609,
646,682-684.
PozuELos (Campo de) (Catamarca), 160.
PozuELOs (Laguxa de), 399, 5o6 , 682,
691.
PozuELOS (plaine) (Puna de Jnjiiy), 397,
398-399, 619, 632, 633, 693.
Prado (El), 3x5, 3i6.
Préficas. — Voir Pleureuses.
Prisonniers (figures en fresque), 669.
Prosopis (gousses), 724, 747, 755.
Prosopis (graines), 747, 755.
Prosopis alba, 87, 598, 649.
Prosopis ferox, 25i,4o5, 54o,552,554.
— Voir aussi Churqui.
Prosopis nigra, 87.
Prosopis Siliquastrum, 713, 714, 755.
Prosopis Tamarugo, 714.
Prosopis. — Voir aussi Algarroba, Algar-
robo. Caroube, Caroubier.
Providencia, 269-260, 276-278, 834,
845, 85o,85i,853.
Pucarâ (défmition du mot), 255.
PucARv de Acon'quua, 98, io5.
PUCARÀ de HumAIIUACA, 787.
PUCARV DE LeRMA, 279-307, 3l6, 692.
PucARv de Rincoxada, 25, 340, 357,
4i3, 4i8, 419, 453, 5o8, 53i, 670,
571, 575, 579, 591, 594, 598, 601,
6i3, 618, 621, 622, 627, 629, 63i,
632-674, 680, 683, 727, 728, 733,
736, 738, 744, 746, 762, 760, 772,
773, 781, 783, 796, 797, 809, 810,
812,813,814,825,828.
PucARANi [Pérou], 72.
PuCO, l42.
PuEBi.o Hondo [Colombie], 367.
PuEDLO NuEvo [Pérou], 3oi.
Pueblo Viejo [Etats-Unis], 161.
TABLE ALPHABETIQUE.
925
PuEBLo ViEjo (Casabindo), 611, 6i3.
PuEBLo ViEjo (Quebrada del Toro),
352.
PuEBLO ViEJO (Quêta), 619.
Pueblos, 125, i83-i85, 376.
Puelche{l), 36, 37.
Pueîches, 35, Sy.
PUERTA DE PURMAMARCA, 785, 788, 789.
PUERTA DE RiNCONADA, 676-680, 682,
693, 809, 810, 82/1.
PuERTA DE TaSTIL, 1 l4, l5o, 293, 321,
322, 323, 35/4-364, 369, 376, 38o,
38 1 , 571 , 579, 629, 635, 654, 657,
809.
Pujio, 5io-5i3.
Pujllay, 181.
PuLACAYO [Bolivie], 4i8, 554.
PuLAR (Cerro) [Chili], 778.
Pulares, 22, 38 1, 778.
Puma, 92, 4i 1-
Puma (têtes en céramique), 119, 295-
3o5.
Pumas (sculptés sur bois), 741.
Puna (définition du mot), 393.
PuNA argentine (description physique),
391-415.
Puna de Atagama, i4, 106, 107, 109,
171, 175, 324, 391-526, 53o, 557,
56i, 711, 712, 718, 769, 770, 782.
Puna de Jujuy, i4, 54, 58, 60, 61, 67,
76, i5o, 2o5, 253, 3o4, 307, 317,
321, 323, 324, 342, 348, 38i, 391-
4 1 5, 4 18, 438, 439, 448, 463, 470-
477, 495,5o6-5i4, 529-709 (archéo-
logie), 71 1, 727, 729, 734, 737, 740,
743, 746, 759, 767-778, 809, 8i4,
8i5, 824, 857, 872.
PUNILLA, 40.
PuNO [Pérou], 3o3.
PUNTA de LOS VeNADOS, 35.
PuquUes, 74.
Puquina (/.), 17, 18, 72.
PuQuios [Chili], 71 7.
Purix, 267.
Purmamarca (Quebrada de), 74, 559,
785, 788, 807.
Paramatnarcas , 74,
Pyrhuas (dynastie) , 198, 199.
Pyrite de fer (cristaux), 684, 695.
Pyrogravure sur calebasses, i38, 075,
654, 746-747, 761.
Quartzites taillés, 566-569.
QuEARA (vallée) [Bolivie], ii4, 220, 599,
606.
QUEBRACHOS, 279.
Quebrada (définition du mot), 83.
QuEENSLAND [Australie], 564.
Quena, 465, 495.
Quenoa, 343, 4o5, 455, 849.
QuETA,442, 507, 53 1, 571, 574,
6i4, 619-627, 629, 639, 646,
782.
QUETA (AbRA de), 619.
QuETENA [Bolivie], 418,710.
QuiAGA (vallée) [Pérou], 220, 2 24-
QuiAGA (La), 4oi, 4o2, 4o4, 471,
495, 498-501, 5o2, 77g.
QuiGHAGUA (Sierra de), 397, 399,
619.
Quiche {l), 583.
Quichua (/.), 20, 36, 37, 4o, 56
66, 69, 72, 179, 192-197, 323,
484-485, 5i4, 770, 771.
Quichnas, 70,5i3,524, 525, 764,
776.
QuiJADA [Bolivie], 699.
QuiLiMA [Bolivie], 820.
QUXLLAGUA [ Chili ], 716,718, 719,
809, 8i4.
Quilmes, 102, 110, ii3, 137,
i44, i48, i5o, 159, 173, 3o5,
65i , 652, 782.
Quilmes, 21, 33, 5/|.
QUILOAZAS (LaGUNA DE I.OS), 698.
Quimbaletes, 543.
QUIMILPA, 194.
QuiNJEO [Equateur], 298, 685.
QuiNMiviL (vallée), i3.
Quinoa, 409, 4 10, 453, 454, 455,
6o5.
QUINTANA (Al.TO DE ) , 79O.
Qui pus, 193.
Quirandi [l.) , 17, 18.
Quiranguî [l.), 17,20.
Quirqiiincho, 129, i3o.
QUIRQUINGHOS, 69 I.
Quisoqui (/.), 17.
598,
655,
483
578,
439,
775.
767-
iSg,
376,
926
TABLE ALPHABETIQUE.
821.
15/i.
808.
875.
177-
/i8/i,
Quito [Equateur], i25, 19/1., 298, 3/i6 ,
685,861,864.
Racloir en bois, SyS.
Radeaux (balsas), 36, 68, 69.
Ranjel, 566.
Rapiante (Quebrada del) [Chili],
Ratoxes (Cerro), 109, 175.
Rayas (Las) [Chili], 719.
Région des Atacamas, 53o, 577-77^
Région des Diaguites , 83-2 1 2 .
Région extra andine de Jujuy, 833-f
Région des Omaguacas,. 53o, 779
Régions métallurgiques, 86 1-863,
Religion catholique, 27, 168-170,
178, /ta 5, /|3/t-/i35, /t36, 483,
/199, 5i-4, 5i8, 520, 522.
Retricura [Chili], 109.
Rliea americana. — Voir Nandou.
RiBEiRÂo[ Brésil] ,817.
RiNCON DE LAS SaLINAS, 699, 701.
RiNCONADA (département), 60, 160,
4.12, 470, 53o, 610, 6/19, 652,
692, 693-697, 710, 7/1/1, 7/17,
771, 837, 871.
RiNCONADA (village), 471, 495,
632.
RiNCONADA. — Voir aussi Pucarâ de
conada , Puerta de Rinconada.
RiNCONADILLAS, 7OI.
Rio AcARAY [Paraguay] , 268.
Rio Alto Paraguay [Brésill, 817.
Rio Alto ParanA, 268, 659.
Rio das Amazonas. — Voir Amazone
Rio Araguaya [Brésil], G5g , 817.
Rio Arauca [Venezuela], ii/|.
Rio Arias, 32 2.
Rio Bermejo, /i/i, 53, 78, 79,
834.
Rio Bermejo deTarija, 75, 78.
Rio Blanco (Quebrada del Toro),
Rio Blanco (Santa Maria), io3.
Rio Blanco (Tafi), 108.
Rio de las Burras, /128.
Rio Cachapoal [Chili], 68/1, 821.
Rio DE Calaguro [Equateur], 819.
Rio Carcaran a , 706.
Rio Cauinary [Brésil] , 582.
Rio Corentïne [Guyane], 816.
/no,
691,
7^9'
542,
Rin-
784
32 1.
Rio de las Cuevas, 367.
Rio CuLiSEHU [Brésil], i25, 126.
Rio Desaguadero [Bolivie], 71.
Rio Doce [Brésil], 273, 817.
Rio DONCELLAS, 578, 7OI.
Rio DuLCE, 4o, 4i, 42, 43, 278, 782.
Rio de Escava, 3i.
Rio Essequibo [Guyane], 816.
Rio del Estero, 4i , 43.
Rio Frio [Chili], 717.
Rio Grande de Jujuy, 784.
Rio Grande do Norte [Brésil] ,817.
Rio Grande DO SuL [Brésil], 122, 264,
265, 309, 482, 684.
Rio GUAYRAZUL, 6x6.
Rio Iça [Colombie], 307, 582.
Rio Inambari [Bolivie], 126, 659.
Rio DEL Inga, 117, i34.
Rio de Janeiro [Brésil] , 273.
Rio Javary [Bolivie], 660.
Rio Jequetepeque [Pérou], 680, 819,
823, 825.
Rio Juramento, 43, 249, 322.
Rio Lapao, 428.
Rio Loa [Chili], 67, 68, 53o, 591 , 711,
715, 716, 720, 721, 722, 726, 758,
767, 768.
Rio Madeira [Brésil], 273, 658, 817.
Rio Madré de Di'os [Bolivie], 126, 225,
458,482, 659.
Rio Maipû [Chili], 226.
Rio Mamoré [Bolivie] , 817.
Rio Manco [États-Unis], 679, 680.
Rio Mauhé [Brésil], 274.
Rio Maule [Chili], 33.
Rio de Miraflores, 398, 578.
Rio Negro [Brésil], 817.
Rio Negro (Casabindo), 6i4-
Rio Negro [Guyane], 808.
Rio Negro (Jujuy), 75, 78.
Rio de Ocloyas, 75.
Rio Orin'oco. — Voir Orénoque.
Rio Oyapoc. — Voir Oyapoc.
Rio Pablo (Quebrada del), 171.
Rio de las Palmas, 269.
Rio Paraguay, 79, 268, 784, 834, 838.
Rio Parahyba [Brésil], 273.
Rio ParanA, 268, 269, 32 2, 698, 706.
Rio Paranapanema [Brésil], 266.
TABLE ALPHABÉTIQUE.
927
Rio Paru [Guyane], 660.
Rio Pasaje, ;43, 24^9 , 322.
Rio de Pastos Chicos, 428.
Rio Paute [Equateur], 3oo.
Rio Pilcomayo, AA, à(j,AS, 5o, 62, 53,
79 , 269-271, 275, 63/4, 659, 853.
Rio de la Plata, 700.
Rio Purus [Brésil], 659.
Rio DEL RiNcoN, 107.
Rio Salado [Chili], 758.
Rio Salado (affluent du Rio Paranâ), 42,
43, 44, 45, 47, 52, 79, 249, 32 2,
853.
Rio San Francisco, 75, 78, 784, 834,
837, 838.
Rio San Lorenzo, 75.
Rio Sanjuanmayo, 634, 691.
Rio Seco (Côrdoba), 39, 819.
Rio Solimoes [Brésil], 459.
Rio Tambopata [Pérou -Bolivie], 592,
659, 736.
Rio Tapajoz [Brésil], 274.
Rio Teuco, 44.
Rio DEL Toro, 322.
Rio Uaupés [Brésil], 817.
Rio Urusmayo, 634, 691, 692.
Rio Xingû [Brésil], i25, 126, 127,
628, 659, 679, 682, 817.
Rio Xipotô [Brésil], 273.
Rio Yabibiri, 44, 46.
Rio Yapurâ [Brésil], 4i, 582, 680,
817.
Rio DE Zenta, 75.
RiOBAMBA [Equateur], i25, 3oo.
RiOJA (La) (province), 4, i3, i4, 16,
120, 122, 128, i3o, 170, 180, 192,
206, 236, 4oi, 4o2, 458, 467, 557,
863,866, 874.
RioJA (L.v) (ville), 32, 128.
River Pebble [Australie], 564.
Roches trachytiques, 559, ^^o, 578,
616, 632-633, 665-666, 789, 807.
RoDERO, 801-806,810, 811, 8i3, 8i4,
823, 824.
Rome [Italie], 296.
RosAL (QuEBRADA del), 348-352, 533,
682,804,809, 810, 824, 829.
RosARio DE Atacama, 436, 469, 646,
710.
RosARio DE Lerma, 2 55, oii, 3i6, 435,
463.
Routes « incasiques » , i lo, 2o4-2o5, 3/i5-
348, 698-700, 704, 717. 718, 771,
785-786,810, 861.
Rubbing (pélroglyphes), 349.
Rucanas, 2o3.
Rues, io5, 106, 3i4, 370-371, 428,
635.
Ruines, 97-111, 217, 3o8-3io, 3ii-
3i4, 3i5, 33i, 332-339, 347, 352,
353, 354-364, 368-377, 379, 38o,
53i, 535, 543-544, 565-566, 570,
601-602, 611, 617-619, 619-620,
632-64o, 683, 691-692, 711, 715-
718, 767, 772, 779, 780, 785-791,
806, 848.
RuMiARCo (Quebrada de), 609-610.
RUMISAICUÉ, 210.
Sacrifices d'enfants, i64-i66.
Sacrifices modernes. — Voir Oiïrandcs.
Sacs en laine, 444 , 657, 723, 725, 753,
755, 762.
Sacs en peau, 363, 657.
Sacsaihuaman [Pérou], 3o2 , 3o5.
Saint Antoine, 43 1.
Saint Antoine des Cuivres, 537, 544-
Saint Barthélémy, 43 1.
Saint-Esprit [Fort du] (Fuerte de Ga-
BOTo), 698, 706.
Saint Jean , 43 1 .
Saint Raymond, 43 1.
Saint Thomas (apôtre), 366.
Sainte Anne, 490.
Sajil [Equateur], 3oo.
Saladillo (Salinas Grandes), 566-569.
Saladili-O (Sierra Santa Barbara), 848.
Salar de Atacama [Chili], i5, 58, 62,
64, 712, 733, 770, 778.
Salares, 712.
Salina de Pastos Grandes, 56 1.
Salinas Grandes de Côrdoba, 557.
Salinas Grandes de Jujuy, 62 , 32 1 , 323,
397-398, 4i2, 4 18, 421, 461, 5o6,
529, 53o, 532, 557-575, 701. 702,
704, 767, 785, 789, 8i4.
Salinas de Poman, 557.
Salines, 83, 324, 325, 557, 56i , 712.
928
TABLE ALPHABETIQUE,
Salix Humboldtlana , 32?. , 784.
Salpêtre, SBg, 714.
Salta (province), 4, i3, i4, di, 54,
123, 170, 192, 223, /i58, 467, Iqo,
/183 , 5oi , 536 , 559 , 592 , 6Z14 , 853 ,
857.
Salta (ville), 32, 62,253, 258, 3i5,
46 1, 462,463,558.
Salvador (BÉpuBLiQUE du), x55.
San Antonio (Sierra de), 847.
San Antonio del Cajon, io3, i44.
San Antonio de Chaghapoyas [Pérou],
366.
San Antonio de los (Sobres, 391, 392,
420, 421, 435, 436, 469, 520, 536,
537, 542, 544, 545, 570, 702, 704.
San Antonio de Li'pez [Bolivie], 62.
San Bartolo [Chili], 542, 680, 7i5,
718, 809,814.
San Bernardo de Di'az, 249.
San Carlos (département), 21, 101,
172, 38o, 680.
San Carlos (mission jésuite), 23.
San Fernando (Belen), 139, 175, 224.
San Francisco (col), io4, 709.
San Francisco (vallée), 45, 75, 77, 78,
122, 224, 259, 276, 277, 562, 692,
784, 833-837, 845, 846, 847, 848,
849 , 850-854.
San Francisco Mountain [Etals-Unis],
38o.
San Gabriel (Patagonie), ii4-
San Isidro (Cafayate), 171, 173.
San José sur le Rio Maipû [Chili], 226.
San José (Santa Maria), 159.
San José (Sierra de), 633.
San Juan (province), 4, i5, 16, 33-37,
106, ii5, i36, 137, i38, 192, 206,
3o5 , 4oi , 4o2, 542, 652, 684, 738,
782.
San Juan (ville), 16, 32.
San Lorenzo [Chili], 629.
San Lucas (San Carlos), 172, 38o.
San Luis (province), 34, 35, 109, 176.
825.
San Luis (ville), 35.
San Luis de Jacona [Mexique], 586.
San Marcos (Côrdoba), 4o.
San Miguel (île) [Mexique], 685.
San Miguel del Rastro, 847-
San Miguel de Tucuman. — Voir Tucu-
man.
San Nicolas (ile) [Mexique], 685,
San Pedro (Jujuy), 259, 834-
San Pedro de Atacama [Chili], 63, 64,
65, 66, 67, 325, 4io, 435, 436, 439,
44o, 462, 468, 53o, 542, 710, 711,
712, 713, 714, 7i5, 716, 717.
San Pedro de Colalao, 174, 175.
San Rafaël, 847.
San Sébastian [Cuz.co, Pérou], 3o2.
San Vicente [Bolivie], 554.
San Vicente [Brésil], 366.
San Vicente (Côrdoba), 4o.
Sanagasta, 236.
Sanaviron (/.), i6,38,39,4i,5i.
Sanavirons , 4o-4i, 196.
Sandales, 29, i4i. — Vuir aussi Usulas.
Sansana, 53i, 571, 629, 779, 780-783,
789,842.
Sanjuanmayo, 610, 618, 634, 646, 65 1,
656, 692, 740.
Santa Ana [Pérou], 459.
Santa Barbara [Etats-Unis], 680, 686.
Santa Barbara (ile) [Mexicjue], 685.
Santa Barbara (Sierra), 47, 78, 90,
109, 562, 625, 692, 784, 826, 833,
834,835, 838,846-849, 85o, 852-
854.
Santa Barbara (village), 847-
Santa Catalina (département), 60, 4i2,
4i3, 470, 53o, 643, 646, 65i, 654,
691, 692, 693-697, 710, 740, 743,
760, 769, 771 , 773, 871.
Santa Catalina (village) , 471-
Santa Catharina [Brésil], ^64.
Santa Clara, 834.
Santa Fé (province), 853.
Santa Fé (ville), 853.
Santa Maria (département), 12, io3,
ii3, 11 5, 116, 118, 120, 121, i38,
142, i44, i53, 159, 174, 290,680,
708, 740, 801.
Santa Maria (mission jésuite), 23, 207.
Santa Maria (type d'urnes), i5i, i53,
156-159.
Santa Marta de Maracaibo [Venezuela],
45y.
TABLE ALPHABÉTIQUE.
929
Santa Rosa de Pastos Grandes, 469.
Santa Victoria, yS, 791-792.
Santiago-du-Chili [Chili], 766.
Santiago del Estero (province), 7, 8,
12, i3, 4.1, 42, 43, 46, 5 1, 52, 54,
116, 117, i4o, 192, 193, 19G, 210,
278, 279, 742, 782.
Santiago del Estero (ville), 10, 3i, 4i,
278, 698, 700, 705.
Santiago de Guadalc vzar. — Voir Gua-
dalcâzar.
Santiago de Maghaca [Bolivie], 612.
Santiago de Mamaneca [Bolivie], 71.
Santiago de Tlaltelolco [ Mexique ] , 1 84 •
SâoLeopoldo [Brésil], 266.
Sâo Lourenco [Brésil], 122.
Sâo Paulo [Brésil], 264-267.
Sapla (Sierra de), 833.
Sauces (Los), 1 18, 122.
Saujil (Poman), io5.
Saules, 32 2 , 784.
Sayan [Pérou], 820.
Sayate, 24i, 309, 4io, 453, 671, 578-
608, 6i3, 616, 627, 628, 63i, 642,
643, 646, 649, 654, 664, 727, 729,
733, 736, 752.
Scarification, 742-743.
Schinus Molle, 87, 5oo.
Scorpion (dessin des Oyampis), 679, 681,
682.
Sculpture sur bois, 137, 342, 6i4, 65 1,
652, 737, 738-746, 759-760, 769.
Sculpture sur os, i38, 741.
Sculpture sur pierre, i28-i3i, 542, 623,
624.
Seclantas. 1 i5, 705.
Seine-et-Oise [France], 349-
Sel (exploitation des salines), 324, 378,
461, 557-559, 56 1.
Semailles (cérémonies), 499-5oi.
Sépultures, 26, i3o, 142-167, 191, 217,
255-279, 295, 307, 3io, 3i3, 327-
33o, 336, 339-345, 36o-363, 370,
373-375, 377, 38o-38i, 565, 579,
585, 589-601, 612, 6i3, 6i5, 6,6,
620, 64o-664, 691, 692, 711, 715,
723-726, 758, 763, 764-76G, 768,
769,779, 780-781, 789, 836,839-
845,848, 85o, 85i-852.
Sépultures d'enfants. ii4, i3o, )46,
147, i48 167, 19], 217, 295, 344-
345, 36o, 362, 363, 373, 374, 839-
844, 845, 85i-852.
Sépultures dans des grottes. — loir
Grottes funéraires.
Sépultures dans les habitations, 3i3, 336,
370, 373-375, 377, 38o.
Sépultures dans des urnes. — Voir Urnes
funéraires.
Serena (La) [Chili], 684, 688.
Serpent (décor), 120, i53, i56, 157,
296, 3oi, 61 4, 844-
Sey, 436.
Sldwis, i83, )84.
Shoslionien (type de pétroglyphes),
8i5.
S1CASICA [Bolivie], 820.
Sicile [Europe], 168.
SiGSiG [Equateur], 299.
SlLLETA, 3i5, 3 16.
SiNA (vallée) [Pérou], 224.
Sinchi-Roca (Inca), 33.
SixGUiL, 124.
SiNiNCAY [Equateur], 299.
Sinipis , 53.
Sisymbrium (graines), 755.
SocAiRE [Chili], 63.
SocociiA (vallée) [Bolivie], 4oi.
Sodallte, 625-627, 63o, 63i, 655, 656,
783.
Solanum montanum, 409.
Solanutn tuberosum, 409. — Voir aussi
Pommes de terre.
Soleil (Culte du), 25, 193.
Sonnailles. — Voir Clochettes.
SoxoRA [Mexique], 100.
SoRcuYO (Quebrada de), 61 j.
Soroche, 179, 393, 4oi, 456, 485.
Soufflet (métallurgie), i35, 548, 549,
55 1,554.
Soufre contenu dans des objets de cuivre,
858,859-
Sparlerie. — Voir Vannerie.
Spatules en bols, 654, 743-744, 768,
7^'9-
Spatules en cuivre, i34.
Spondylus Plctorum, 3o2.
Stations préhispaniqucs de la \ allée de
930
TABLE ALPHABETIQUE.
San Francisco, 83d-837, 845, 846,
847,849, 85o.
Statuettes en bois, iSy, 737.
Statuettes en céramique , 118, ii(), 120,
121,
Statuettes en or, 869, 870, 871, 872,
873.
Statuettes en pierre , 129.
Stipa hystricina, 4 17-4 19-
Stipa leptostachya , 4 1 7-4 1 9-
SuMALAO, 435, 463.
Sucre [Bolivie], 698. — Voir aussi Chu-
quisaca, La Plata.
SupE [Pérou], 3oi.
Suri. — Voir Nandou.
SuRUGA, 3o4.
SusQUEs, 417-470, 483, 486-498, 5i4-
526, 536, 559, 636.
Taba (jeu), 36 1, 362, 619.
Tabac, 460.
Tableau à l'buile (ancien; de Cuzco),689-
690.
Tablettes rectangulaires en bois sculpté,
137, 65i-653, 738, 743, 744, 760,
765-766, 769, 778.
Tablettes rectangulaires en pierre sculp-
tée, 652.
Tacamarca [Mexique], 585.
Tac a lias, 43.
Tacna [Cliili],82o.
Taday [Equateur] , 3oo.
Tafî, io3, 107, 108, ii5, 118, 124,
169.
Tafis, 21.
Tahua (jeu), 362.
Tala (Paso del), 845.
Talavera, 253.
Talina [Bolivie], 462, 463, 464 , /'i65 ,
699, 701 .
TaltÀi, [Chili], 68, 70, i36.
Tamarugo , 713, 7 1 4 •
Tamberia de Camngasta, 16, 3/i , 106.
Tambili.os [Chili], 718.
Tamrili.os (Sayate), 678.
Tamro (El), 322, 348, 703.
Tambo del Inca, 210.
Tambo DEr, Llano, 699, 701.
Tambo de Moreno, 565, 699, 702, 704.
Tambo de laPaloma, 699, 706.
Tambo DEL Toro, 348.
Tambos, 16, 2o4, 2o5, 211, 699, 700.
Tambos de Buena Yerba, 699, 7o4-
Tambos de la Ciéxega, 700.
Tambos Grandes de Casabindo, 699,
701.
Tangatanga (idole), 652.
Tanwan (jeu), 362.
Tapados, 476.
Tapia, io4.
Tapuyas, 262, 265, 266.
Taquia, 54o.
Taranta, 61 5, 809, 824.
Tarapacâ [Chili], 67, 68, 192, 309,
711,712, 713, 714, 715,719-720,
809, 819, 820.
Tarija [Bolivie], ii4, 224, 238,270,
33o, 571, 684, 720, 776.
Taruca, 4 10. ^
Tastil, 321, 322, 340,347,357, 367-
379, 38o, 570, 571, 573, 579, 594,
026, 629,634,635,639, 654, 657,
746, 809, 810, 824, 860, 870, 871,
874.
Tastil (Quebrada de), 367.
Tatou, 91, 129, i3o, 845.
Tatous sculptés en pierre, 129, i3o.
Taureau (huaca), 5o6.
Teca(La) [Chili], 710.
Techo (Nicolas del), 9.
Tchuclchc {l.),^6.
Tehuelches , 626.
Tejadas, 786.
Tejar [Mexique], 584-
Tenexepanco [Mexique], 166.
Tennessee [Etats-Unis], 568.
Tepito [Mexique], 583, 586.
Terrado [Bolivie], 699.
Terrasses destinées à la culture. — l'oie
Andenes.
Terre de Feu, 569, 663, 818.
Textiles. — FoiV Cordes, Fibres végétales.
Laine, Sacs, Tissus, Vêlements.
TiAiiuvNACO [Bolivie], 71, 120, 198,
199, 220, 224, 234, 3o4, 328, 5;3,
622, 625, 63o, 685, 781, 820, 857,
858,859, 860, 861, 867.
TiLCARA, 7/1, 5o3, 789, 806.
TABLE ALPHABÉTIQUE.
931
Tilcaras, 74.
TilianSj -y^-
TiLOPOzo [Chili], 717.
Timbales en bois, 233-235.
TlNATE, 616.
TiNGUmiRiCA [Chili], 822.
TlNOGASTA, 89, 104, ll6, 117, l3/|,
175, 2o4, 38o, 542, 708.
TiNTi, 3ii-3i4, 3i6,334.
TisAs (Las) [Chili], 719.
Tissus (anciens), i38-i4i, 190, 373,
589, 592, 608, 609, 643, G57, 724,
725, 752 754, 761-763, 768, 775.
Tissus (modernes), i4o, 44o-446, 46 1.
TiTiCACA (lac) [Pérou-Bolivie], 71-73,
220, 3oi-3o3, 481, 5i3, 592, 6o5,
606, 611, 667, 736, 819, 820.
Titu-Yupanqui (Inca) , 788.
Tlaloc, 166.
Toba (/. ), 20, 79.
Tohas, 45, 47, 77-79, 85o, 853, 854-
Tocochimpos (fourneaux), 546-55 1.
TocoxAO [Cliill], 63, 66, 67, 713.
ToDOS os Saxtos (baie) [Brésil], 367.
Toilure, 98-99, 3i3, 334, 378, 429.
Toki, 2 33.
Tolapampa [Bolivie], 554-
Tolas, 353, 397, 4o6-4o7, 421, 423,
429, 5o4, 5o5, 552, 713, 722, 723.
Toledo (vice-roi), 66, 547, 548, 55i,
552, 58o, 606.
ToLOMBON, 171, 700, 703, 867.
Tolomhons , 2 1.
ToLOMOSA [Bolivie], 571.
Tombes voûtées, i44, 216.
Tonocoté [l), 16, 17, 18, 43-55, 56, 57.
Tonocolé^, 42, 43-55, 55-57, C53, 742.
Toponymie, 20, 36, 64, 67, 192, 197,
210, 770, 771.
Topos en métal, 66, i34, 220-221, 447,
863.
Topos en os, i38, 235, 64o, 747, 761,
768,778.
Toquistinés , 44, 45, 46, 52.
Tord (QuEBRADA DEL ), ii3, i43, i5(),
253, 287, 321-325 (description phy-
sique), 327-382 (archéologie), 442, 529.
557, 569, 570-573, 579, 594, 597,
598, 625, 626, 628, 63 1, 635, 643,
649, 702, 703, 704, 727, 734, 759,
767, 783, 784, 785, 809, 8i5, 824,
828,863,869.
Tord (Lagunas del), 322, 352, 809,
824.
Tord (village dans la Puna de Atacama),
64,436.
Toropalca [Bolivie], 594.
Tortue (dessin des Oyampis), 679, 681,
682.
Toscane [Italie], 168.
Toussaint (La), 52o.
Totora, 36, 71.
ToTORA [Bolivie], 820.
Tour ( céramique ) , 111, 48o-48 1 .
Trachyte. — Voir Roches tracliytiques.
Tranchets à manche central, 226, 227,
229.
Très Cruces (Quebrada del Toro), 32 2,
442, 7o4-
Très Cruces (Abra de), 785, 801.
Très Puntas (Cerro de) [Chili], 223.
Troglodytes, 34, 38, 39.
Trompe de musique, 737.
Troussa de divers outils, 657-660.
Trousse pour tisser des ceintures, 442-
443.
Trujillo [Pérou], 167, 227, 3oo, 336,
669, 798, 861.
Tramais, 126.
Taamotus [Polynésie], 293.
Tubes sculptés contenant des épines, 725,
738-743, 759-760, 769, 778.
Tubes en os, 36i, 362, 363, 375, 656,
657, 747, 765.
TucMv, i4o, 194, 201.
TucuMAN (province actuelle), 4, i4, 4i,
43 , 5 1 , 52, 54,55, I i 5 , 1/10,170,
2o4, 210.
TucuMAx (Région de l'ancien), 8, 12,
1 3, 89, i4o, 195, 199, 71 1.
TUCLMAN (ville), i3,3i, 56.
Tucute (Quebrada de), 61 3, 6i4-
TuJM, 489.
Tlle River [Etats-Ums], 68 «.
Tu.MBAYA, 470, 473, 783, 784.
TuMn>A>rPA (Tomebamua) [Equateur],
228.
Tumis, i34, 228, 229.
932
TABLE ALPHABÉTIQUE.
Tumulus, 279-293, 3i6.
Tunas, 88.
TuNDAMA [Colombie], 680.
Tuniques. — Voir Camisetas.
Tupa, 268.
Tupac-Curi-Amaula , 1 99.
TuPAMBAÉ (Cerho) [Uruguay], 369.
Tupi-Guaranis, i/i5, 262-276,318,853,
854.
Tupinamhàs, 263, 270, 276.
Tupinaquins, 266, 276.
TupiZA [Bolivie], 701, 707.
TuRQUi [Bolivie], 699.
Turquoise, i3i, 329, 353, 373, 583,
625-627, 629, 64o, 655, 656, 7^9,
766, 783.
TUSCAMAYO , 1 o5 , 117.
Types d'urnes funéraires, 1 5 1-1 59.
Ubaque [Colombie], 367.
UcHUMAYO [Pérou], 819.
Ucultuco. — Voir Ctenomys.
Uncu, i4o , 591 .
Upar [Colombie], 459.
UuABA [Colombie], 91.
Urnes funéraires, ii4, 11 5, i3o, i43,
i44-i63, 191, 217, 256-279, 29/1-
295, 344-345, 357, 362, 839-844,
846, 85o, 851,852,853.
Uro ( /. ) , 71, 72.
Uros, 67-73, 764.
Urucû, 737.
Uruguay (Bépublique de l'), 359, 567,
572.
Usutas, idi,364, 365, 445, 458, 517,
593,811.
Utah [États-Unis], 680.
Utqui'a, 788.
Uyaca, 660.
Uyumi [Bolivie], 436, 462.
Vaca Mala, 365, 818.
Valbuena, 4^5, 52.
Valdivia [Chili], 684.
Valle Fértil, 542.
Valle Grande, 791-792.
Valle Vicioso, 180.
Vannerie, 358, 654, 7^-4 1 751-752,
757, 761, 768.
Vannerie (empreintes de vannerie ou tex-
tiles i'ur la poterie) , 1 1 3 , 1 1 4 , 358.
Vara (aune espagnole), 547.
Vargas, 128.
Vases à pied, 24o-24i.
Vase en stéatite, 236.
Vase suspendu, 750.
Vega del Cerro Gohdo, 107.
Venezuela, 191, 274, 459, 816.
Vent blanc, 391-392.
Ventura [États-Unis], 686.
Vera Cruz [Mexique], 583, 584, 587,
588.
A^eraguas [Panamâl, 582, 817.
Vestiges d'origine européenne ,612,732,
771, 796, 800, 801, 808, 8i3, 868.
Vêtements, 25, 29, 37, i38-i4i, 44o-
447, 589-593, 643, 690, 743, 752-
754, 761-762, 768.
Viande sèche. — Voir Chalona, Charqui.
ViCHADA [Bolivie], 699.
Vicia Faba, 409, 453.
Victoria [Australie], 564-
Vigogne, 91, i4o, 4io, 448-45 1, 454,
5oi-5o5, 713.
Vigogne (os), 335, 363, 373, 638,
747.
Fj7e/a(/.),53, 54.
Vilelas, 45, 5o, 53-54.
Villa de Boim [Brésil], 274.
Village de Susques, 428-432.
ViLLAPIMA, 84.
Vilques, 2 56.
ViNA (La), 1 i5, 116, 118.
ViNACo, 3i5, 3i6.
VlNCIIlNA, 120, l3o, 874.
Vindelicieiis [Allemagne], 291.
Vipos, 1 15.
Virginie (Etats-Unis], 568.
ViRÛ [Pérou], 870, 871.
Vis, 178.
Viscacha. — Voir Lagidium.
Viscachera, 417-419, 422 , 426.
Viscole, 32 2.
VItor [Pérou], 819.
Vukub-Cakix, 583, 584-
Waloolias [Australie], 564.
Washington [États-Unis], 568.
TABLE ALPHABÉTIQUE.
933
WiscoNsiN [États-Unis], 568.
Wolpis, 34o.
Wurtemberg [Allemagne], 291.
XiBixuY, 42, 707.
XoxocoTLAN [Mexique], 585, 58;.
Yacoraite, 783, 788.
Yahuar-Huacac (Inca), ôg, 63, 201.
Yambui, 270, 271.
Yamamadis , 650.
Yamiacas, 126, 659.
Yanaconas, 195.
Yareta, 4o8, 54o, 552.
Yaravis, 466.
Yauri, 229.
Yavi, 62, 75, 4i2, 5o3, 5o4, 619,
710, 779, 783, 784.
Yavi Chico, 53 1 , 779-780, 789.
YocAViL (vallée), i3, 21, 22, 27, 33,
35, 96, 101, 102, io3, 110, 116,
119, 120, 121, 122, 123, 137, i56,
159, 172, 277, 65i, 680, 703, 740,
782,867.
YoxAN [Pérou], 680.
YucATAN [Mexique], 584, 585, 588,
685.
YucAY [Pérou], 3o2.
Yiinca-mochica (/. ), 72.
Yuncas, 67, 73, 178, 187, 189, 777,
862,873,875.
YuNGAS [Bolivie], 459.
Yupanqui (Inca), 33, 66, 67, 201, 202,
2o3, 212.
YuRA [Bolivie], 750, 75i, 869, 870,
871.
YuRUCARÉs [Bolivie], 459.
Zagatecas [Mexique], 63o.
Zachila [Mexique], 585.
Zamaihuasi, 520.
Zamora [Mexique], 586.
Zantlioxvlum Coco, 25 1.
Zapagua (Alto de), 786.
Zapaleri, 6/i, 710.
Zapallo, 86.
Zea cryptosperma , 85.
Zea Mays, 85. — Voir aussi Mais.
Zea Mays guasconensis, 85, 75/1.
Zea Mays guasquiniensis, 754.
Zea Mays peruviana, 754-
Zea Mays tunicata, 85.
Zea rostrata, 85.
Zexta, 47-
Zenta (Sierra de)
Zhumir [Equateur]
Zinc, 858, 868.
Zizyphus Mlstol, 87.
Zoulous [Afrique], 237.
ZuNi [États-Unis], 564, 618.
Ziinis, 99, i32, 34o, 480, 628, 827.
ZuviRiA, 2 55, 3i5.
791-
, 3oo.
60
TABLE DES FIGURES.
TOME PREMIER.
l'I. FIg. p,
1. Carte ethnique de la région andine entre les 22* et 33'' degrés
[xvf siècle) 80
I. 2, Région diaguite. Statuettes humaines et têtes d animaux mode-
lées en terre cuite 122
II. 3. El Banado (Quilmes). Ecuelle poussée dans de la vannerie. . . 122
II. 4. CapiIlitas{Andalgalâ) et « Vallée Galchaquie ». Barres en pierre. 122
III. 5. Région diaguite. Haches en pierre 126
6. Principales formes d'urnes funéraires de la région diaguite.
1™ série 162
7. Idem. 2^ série i52
IV. 8. Urnes funéraires de la Vallée de Yocavil ayant contenu des
squelettes d'enfants i58
V. 9. Idem i58
10. Carte de la région des Diaguites indiquant les localités d'un
intérêt archéologique 212
H. Plan de la ruine où ont été faites les trouvailles de Lapaya . . 217
12. Lapaya. Coupe verticale de la boule en cuix r e fuj. 13 n, 0 . . 112
VI. 13. Lapaya. Objets en or, en cuivre, en os, en bois, en pierre. . 2 46
VII. 14. Lapaya. Cloche, hache à oreilles et haches à pédoncule cen-
tral, en cuivre 2^6
VIII. 15. Hache en cuivre, à pédoncule central, emmanchée, de Chi-
clayo (Chimû). Modèle ancien, en cuivre, de hache à
oreilles emmanchée, du Haut-Pérou 2^6
VIII. 16. San Fernando (Belcn, Catamarca). Moule en terre cuite pour
couler des haches à oreilles 2^6
IX. 17. Lapaya. Timbale en bois laqué et reconstitution de son dessin. 246
IX. 18. Lapaya. Petites timbales en bois 2/16
IX. 19. Lapaya. Hache de pierre 'i/|6
IX. 20. Lapaya. Coquille marine [Peclen purpuratas, Lmck.) trouvée
dans les ruines 2/16
X. 21. Lapaya. Vase aryballoïde 2^6
X. 22. Lapaya. Vase en terre cuite 2.46
XI. 23. Lapaya. Vase en terre cuite 2 46
XI. 24. Lapaya. Vase en terre cuite 246
XIL 25. Lapaya. Plat en terre cuite 246
60.
936 TABLE DES FIGURES.
XII. 26. Lapaya. Tasse en terre cuite 2.46
XIII. 27. Lapaya. Poteries 2^6
XIV. 28. Lapaya. Poteries 2^6
XV. 29. Lapaya. Plat en terre cuite 2/46
XV. 30. Lapaya. Écuelle de \3ifig. 28 e présentée par le dos pour mon-
trer les empreintes de vannerie du fond 2^6
31. Urne funéraire du cimetière d'El Carmen 267
XVI. 32. Cimetière d'El Carmen. Fragments d'une urne funéraire et
de son couvercle 2 58
XVI. 33. Cimetière d'El Carmen. Cylindre en terre cuite 2 58
34. Urne funéraire de Providencia (San Pedro) 260
35. Tumulus de Pucarâ de Lerma. Aspect général ; plans de deux
tumulus; coupe verticale 281
36. Tumulus de Pucarâ de Lerma. Plan du groupe A (10/17 tu-
mulus conservés) 285
37. Tumulus de Pucarâ de Lerma. Pian du groupe B [ibS tu-
mulus) 286
38. Tumulus de Pucarâ de Lerma. Plan du groupe C (/i63 tu-
mulus) 286
39. Tumulus de Pucarâ de Lerma. Environs des groupes B et C. 288
40. Plan de la ruine de Carbajal Sog
XVII. 41. Pucarâ de Lerma. Urne funéraire 3io
XVII. 42. Pucarâ de Lerma. Ciseau et poinçon en cuivre 3io
XVIII. 43. Pucarâ de Lerma. Aryballe 3 10
XIX. 44. Pucarâ de Lerma. Broyeur en pierre et poteries 3io
XIX. 45. Pucarâ de Lerma. Poteries 3 10
XX. 46. Carbajal. Petit mortier et autres })ièces en calcaire zone.
Pierres à taille commencée, de la même roche 3 10
XX. 47. Carbajal. Mortier en grès rouge 3 10
48. Tinti. Plan d'une habitation du village préhispanique 3 12
49. Tinti. Écuelle en terre cuite 3i7
XXI. 50. Golgota. Hacienda et cimetière préhispanique; vue prise de la
Quebrada dcl Toro 328
XXI. 51. Golgota. Vue de la barranca contenant les sépultures préhispa-
niques 328
XXII. 52. Golgota. Écuelle en terre cuite 328
XXII. 53. Golgota. Plaque en or et fragments de poterie gravée 328
XXII. 54. Golgota. Bracelets en cuivre 328
55. Plan du village préhispanique de Morohuasi 333
56. Morohuasi. Ciseaux et plaque en cuivre. Objet en bois 3/n
57. Morohuasi. Deux arcs en coupe .^43
58 (^iOupe verticale de la route préhispanif[ue de Morohuasi à
Incahuasi 3 A 7
59. Quebrada del Rosal. Pétroglyphe 35o
60
61
62
63,
64
65.
66,
67,
XXIII.
68,
XXIII.
69
XXIV.
70.
XXIV.
71.
XXV.
72.
XXV.
73.
XXVI.
74.
XXVII.
75.
XXVIII.
76.
XXVIII.
77.
XXIX.
78.
XXIX.
79.
XXX.
80.
XXX. 81
XXXI.
82
XXXI.
83
XXXII.
84
XXXII.
85
86
TABLE DES FIGURES. 937
Quebrada dei Rosai. Pétroglyphe 35 1
Pian du village préhispanique de Puerta de Tastil 355
Puerta de Tastil. Poterie 358
Puerta de Tastil. Vannerie 358
Puerta de Tastil. Constructions circulaires 36i
Forme des empreintes dhisutas gravées sur le pétroglyphe
près de Puerta de Tastil 365
Plan du village préhispanique de Tastil 368
Tastil. Poinçon et ciseaux en cuivre. Pendeloque en argent.
Pendeloques en pierre 372
Morohuasi. Restes de murs des enclos préhispaniques 878
Idem 378
Morohuiisi. Ecuelle à décor peint 378
Morohuasi. Poteries, mortier en pierre et bois de queûoa. . . 878
Morohuasi. Urne funéraire d'enfant 378
Morohuasi. Grand vase en terre cuite, du village préhispa-
nique. Urne funéraire d'enfant, du cimetièie 878
Outils en bois de Morohuasi et de Tastil 378
Outils en bois de Morohuasi et de Tastil. Vannerie et petit
sac en peau de Puerta de Tastil 878
Puerta de Tastil. Plateau où est situé le village préhispanique. 878
Puerta de Tastil. Vue sur la Quebrada del Toro vers le Sud. 878
Puerta de Tastil et Tastil. Tubes en os de lama ; bois de cerf;
ocre rouge 878
Puerta de Tastil et Tastil. Poteries 878
Tastil. Partie de l'agglomération d'enclos du village préhispa-
nique 378
Ruines de Tastil. Plan d'une partie de l'agglomération d'en-
clos 378
Tastil. Vase en terre cuite 878
Tastil. Vases peints en trois couleurs 878
Tastil. Calebasses pyrogravées 878
Tastil. Fragments de poterie à décor peint 878
Incahuasi (Acay). Pétroglyphe 879
TOME SECOND.
XXXIII. 87. Plaine des Sahnas Grandes, près d'Abrapampa /ii6
XXXJII. 88. Apacheta 4 lO
XXXIV. 89. Village de Susques 4i6
XXXIV. 90. Église de Susques 4 1 0
XXXV. 91. Victoriano Vâsquez, capitan des Indiens de Susques /j2G
XXXVI. 92. Wenceslao Villes, Indien de Susques ■. A26
938
XXXVII.
93.
xxxvm.
94.
XXXIX.
95.
96.
97.
98.
XL.
99
100.
101,
102,
XLI.
103.
XLI.
104.
XLI.
105.
XLI.
106.
XLV.
XLVI.
XLVII.
107.
XLII.
108.
XLIII.
109.
XLIV.
110
111.
112.
113.
XLVIL 114.
115,
116
117
118
XLVIII.
119
XLIX.
120.
L.
121
TAÈLE DES FIGURES.
Sébastian Vâsquez, Indien de Susques ^26
Francisca Viltes, Indienne de Susques 426
Trousse complète d'ouliis à tisser des ceintures en laine. . 4^2
Lihes (arme de jet) ààg
Fronde 452
Flûte de Pan [Fusa] 464
Charango 466
Cobrcs. Pétroglyphe 534
Cobres. Figures d'un pétroglyphe 535
Plan des mines préhispaniques de Cobres et de leurs envi-
rons 538
Cobres. Maray 542
Cobres. Coupe verticale du maray 542
Cobres. Mortier en pierre 542
Camareta en cuivre. Fragments de moules de fonderie
des anciennes mines de Cobres 542
Fourneaux « castillans ». //««hy/. Tocochimpo. (Rcproduc-
lion des figures du P. Barba, i64o.) 55o
Salinas Grandes. Haches en pierre 564
Idem 564
Marteau en pierre, emmanché, de Chuquicamata (pro-
vince d'Antofagasta , Ciiili) 564
Saladillo (Salinas Grandes). Objets en quarlzite taillé,
déchets et pièces inachevées 564
Quebrada del Toro et Puna de Jujuy. Pointes de flèches. . 576
Sayate. Crâne ayant les incisives inférieures déformées à
encoches 582
Incisives médiane et latérale supérieures, à encoches, de
Cerro Montoso (Vera Cruz, Mexique). Incisive latérale
supérieure, à encoche, de Cuicatlan (Oaxaca, Mexique).
Bouches humaines à dents déformées , représentées sur
des poteries; de Mistequilla et de Paso de Coyaluca
(Vera Cruz, Mexique) 582
Iliérogly|)hcs des monuments de Copan (Vucalan). La face
du Dieu-Soleil, avec les incisives limées 588
Sayate, Coupe des chemises dont étaient vêtus les cadavres
des grottes funéraires 591
Démonstration de l'emploi probal)le des crochets en bois ,
fig-i^o. 596
Sayate. Mortier en pierre. Pierre à broyer 602
Sayate. Tissus provenant d'une grotte funéraire 608
Sayate. Crochets en bois provenant de grottes funéraires, . 608
Sayate, Divers objets en bois. Fragment d'un objet en
pierre. Fragment de poterie peinte 608
122
LT.
123
LI.
124
LU.
125.
LU.
126.
LIL
127.
128,
LIIL
129,
130,
LIV.
131
LIV.
132.
133,
134.
135.
136.
TABLE DES FIGURES. 939
Abrapampa. Mortier en pierre 617
Lumarâ. Haches et molettes en pierre 6i8
Lumarâ. Poteries 6i8
Quêta. Mortier en pierre et écuelies en terre cuite 618
Quêta. Haches et autres objets en pierre 618
Quêta. Pièces d'enfilage et autres objets en pierre 618
Quêta. Couteau et pendeloque, en cuivre 621
Quebrada del Toro et Puna de Jujuy. Perles, pendeloques
et collier 628
Pucarâ de Rinconada, Coupe schématique d'un plateau
de trachyte avec grotte funéraire 633
Plateau sur lequel est situé le village préhispanique de
Pucarâ de Rinconada 63^
Pucarâ de Rinconada. Partie des ruines du village pré-
hispanique 634
Pucarâ de Rinconada. Plan du village préhispanique. . . . 636
Pucarâ de Rinconada. « Menhir > 63 7
Pucarâ de Rinconada. Coupe d'un ai'c 644
Pucarâ de Rinconada. Ciseau, pendeloques et couteau en
cuivre. Petit récipient en argent repoussé 655
LV. 137. Pucarâ de Rinconada. Flèche, bâton à fouiller, «couteau»
en bois. Cordage en fibres végétales. Crochets en bois. 664
LVl. 138. Pucarâ de Rinconada. Flèches à pointes en silex. Outils
en os et en bois. Bracelet en peau 664
Pucarâ de Rinconada. Pelles et haches en pierre 664
Pucarâ de Rinconada. Poteries et objets en pierre. ... 664
Pucarâ de Rinconada. Fragment d'une écuelle peinte . 664
Pucarâ de Rinconada. Sac en laine de lama et son contenu. 664
Pucarâ de Rinconada. Crâne de chien d'une grotte funé-
raire 664
Pucarâ de Rinconada. Tube fait du radius d'un lama . . 664
Pucarâ de Rinconada. Timbale en terre cuite 664
Reconstitution des personnages n" 1-8 de la fresque de
Pucarâ de Rinconada 665
Fresque d'un abri sous roche à Pucarâ de Rinconada.. . . 672
Fresques de la grotte de Chacunayo, près de Pucarâ de
Rinconada ^llx
Puerta de Rinconada. Pétroglyphe 677
Puerta de Rinconada. Pétroglyphe 678
Puerta de Rinconada. Pétroglyphe 678
Figures primitives représentant des hommes et des ani-
maux (Pétroglyphes et dessins de diverses régions de
l'Amérique) 68 1
LXUl. 153. Pozuelos. Pierres perforées 690
Lvn.
139,
Lvm.
140.
Lvm.
141,
LIX.
142,
LX.
143.
LX.
144.
LX.
145.
146,
LXI.
147.
LXII.
148
149,
150,
151,
152
940
LXIV.
154,
LXIV.
155
LXIV.
156.
LXW.
157,
LXV.
158
LXV.
159,
LXVI.
160
LXVI.
161
162
163
164
LXVII.
LXVIl.
LXVIII.
LXIX.
LXX.
LXXI.
165.
166.
167.
168.
169.
170.
171.
LXXll. 172.
LXXllI.
173.
LXXIII.
174.
LXXIV.
175.
LXXV.
176,
LXXVI.
177.
LXXVlf.
178,
LXXVII.
179,
LXXVIII.
180,
LXXVIII.
181,
LXXVIII.
182.
LXXIX.
183,
LXXX.
184
LXXX.
185,
LXXX.
186,
TABLE DES FIGURES.
Rio Urusmayo (Rinconada). Mortier en pierre polie 690
Quirquinclios (Rinconada). Broyeur en pierre polie 690
Moreno (Rinconada). Hache en pierre polie G90
Colquimayo (Rinconada). Petits récipients pour garder les
pépites d'or [corichuas] 690
Plaine de Calama 722
Le Rio Loa à Calama 722
Barranca formée par le Rio Loa, à Calama 722
Cimetière de Calama 722
Calama. Coupe d'un arc 728
Calama. Flèche en bois 729
Peigne moderne, en bois, fabriqué par les Aymaras du
sud du lac Titicaca 735
Pelle moderne, en fer, avec manche en bois, fabriquée par
les Indiens de Colcha (Nord-Lipez) 7^8
Calama. Tête à cheveux blancs 766
Calama. Tête momifiée 766
Calama. Pelle, arcs et autres outils en bois. Pelle en
pierre à manche en bois 756
(^.alama. Pelles, arc d'enfant, flèches et autres outils en
bois. Carquois d'enfant contenant des flèches. Poinçon
en os. Pelle en pierre. Charcjui 706
Calama. Crochets en bois 786
Calama. Tablette en bois sculpté. Topo en os. Tubes con-
tenant des épines. Peigne en bois 756
(ïalama. Tablette en bois sculpté. Aiguille, fusaioles et
étui en bois. Topo et tubes en os 766
Calama. Spatule en bois sculpté 766
Chiuchiu. Tube en bois sculpté contenant des épines.
Tablette en bois sculpté 756
Calama. Cloche en bois 756
Calama. Calebasses pyrogravées 756
Calama. Idem 756
Calama. Vase en terre cuite 756
Calama. Vase en terre cuite 756
Calama. Vase en terre cuite suspendu au moyen d'une
corde en laine de lama 766
Calama. Vase en Icne cuite, avec décor peint en noir . . . 766
Vallée de Cagua (Yura, province de Porco). Vase en terre
cuite, avec décor peint en noir 756
Calama. Poteries 756
Calama. Plat en vannerie 756
Calama. Petit plat en vannerie 706
Calama. Paquet de joncs 756
LXXX. 187.
LXXXI. 188.
189.
190.
LXXXII. 191.
192.
193.
194.
195.
196.
197.
198.
199.
200.
201.
202.
203.
204.
LXXXlll. 205.
206.
207.
208.
209.
TABLE DES FIGURES. 941
Calama. Panier en vannerie ^56
Calama. Fragment de tissu enveloppant un cadavre 766
Chiuchiu, Chemise en étoffe épaisse de laine de lama. ... 762
Yavi Chico. Vase 780
Sansana. Poteries 780
Sansana. Pièces d'enfilage 782
Humahuaca. Vase ornithomorphe 786
Grotte de Chulin. Figures peintes en fresque. 1"= série. . 794
Idem. 2® série 705
Rodero. Pétroglyphe 802
Fuerte Quemado (Santa Maria, Catamarca). Décor peint
dans une écuelle 802
Rodero. Pétroglyphe 8o3
Rodero. Pétroglyphe 8o4
Rodero. Pétroglyphe 8o5
Tilcara. Vase en terre cuite, orné d'une tète de lama dont
le cou est pourvu de protubérances 8o5
Rodero. Figure d'un pétroglyphe 806
Huachichocana (Quebrada de Purmamarca). Figures
peintes en fresque dans des grottes 807
Coupe verticale de la partie fouillée du cimetière d'Arroyo
del Medio 839
Arroyo del Medio. Urnes funéraires n"' I, IV , V 84o
Arroyo del Medio. Urnes funéraires n"' Il et III 8/n
Arroyo del Medio. Ecuelles ayant servi de couvercles aux
urnes funéraires n"' II à V. Développement du décor
de récuelle appartenant à l'ccuelle n° V 8/i3
Hache en cuivre de la République de l'Equateur 867
Carte archéologique du nord-ouest de la Réj)ubli(iue Ar-
gentine (Puna de Jujuy, Quebrada de Humahuaca,
Vallée de San Francisco, Sierra Santa Barbara, Vallée
de Lerma, Quebrada del Toro, Vallée Calchaquie)
avec les itinéraires de l'auteur 9^8
TABLE DES MATIERES.
TOME PREMIER.
P.ge5.
Carte ethnique de la région andine de l'Amérique du Sud entre le 22* et
LE 33^ degré latitude Sud, au xvi^ siècle 1
Sources historiques de la carte ethnique 6
Diaguites 12
Araucans 32
Huarpes 33
Comechiugons 37
Sanavirons et Indamas ko
« Juris » d 1
Tonocotés 43
Lules 55
Atacamas 58
Uros (Changos) 67
Omaguacas 7^
Tobas 77
Antiquités de la région diaguite dite « région calcil\quie » 81
Description sommaire du territoire des anciens Diaguites 83
Littérature archéologique sur la région andine de la Répui)lique Ar-
gentine. Le nom « Calchaqui » 9^
Ruines 97
Industrie m
Céramique 111
Pierre sculptée et taillée i23
Métaux i34
Bois sculpté. Os sculpté 1^7
Industrie textile. Vêtements i38
Sépultures ^^^
Cimetières d'enfants enterrés dans des urnes i48
Pétroglyphes ^7°
Folklore ; • • ^77
Prétendue descendance commune des « Calcha(|uis » et des Indiens
Pueblos ; ^^^
Rapports entre l'ancienne civilisation péruvienne et la culture pre-
hispanique de la région diaguite ^°7
9¥4 TABLE DES MATIERES.
Antiquités de la région diaguite. (Suiio. )
Archéologie 188
La langue quichiia et le folklore péruvien 192
Renseignements historiques 197
Lapaya (Vallée Calchaquie) 2i3
Lapaya 2i5
Objets en or 218
Objets en cuivre 220
Objets en bois 233
Objets en os 235
Objets en pierre 2 36
Céramique 237
Coquillage 2^2
Une monnaie romaine 2^2
Résumé 2^^
Vallée de Lerma 2/17
La Vallée de Lerma 2^9
Archéologie de la Vallée de Lerma 2 55
El Carmen, cimetière probablement d'origine guaranie 255
Pucarâ de Lerma. Groupes de tumulus 279
Fouilles dans les environs de Pucarâ de Lerma et d'El Carmen. 29^
Urne funéraire 294
Aryballc 295
Autres objets 3o6
Carbajal 3o8
Tinti 3 1 1
Ruines préhispaniques dans d'autres parties de la Vallée de Lerma. 3 1 5
Résumé 3i6
QUEBRADA DEL ToRO 3l9
La Quebrada del Toro 32i
Archéologie de la Quebrada del Toro et de la Quebrada de las Cuevas. 327
Golgota 327
Morohuasi 33 1
Ruines 332
Cimetière 339
Chaussées préhis|)aniques de Morohuasi à Incahuasi et à Payo-
gasta. Pétroglyphes. La partie nord de la Quebrada del Toro.
Ghaûi 345
TABLE DES MATIÈRES. 945
QuEBRADA DEL ToRO. (Suite.)
Puerta de Tastil 35/^
Pétroglypties 36^
Tastil 3G7
Pétroglyphe d'incahuasi 3yn
l^t^sumé 38o
TOME SECOND.
La Puna et ses habitants actuels 38q
La Puna 3q 1
Les Indiens actuels de la Puna. Susques 4iy
Voyage de San Antonio de los Cobres à Susques ^21
Susques. Le village et les Indiens ^24
Organisation sociale 432
Religion 43/,
Mariage. Enfants. Fécondité 435
Isolement 438
Langue 439
Vêtements. Tissus 44o
Bétail 4^7
Chasse. Armes 448
Agriculture 453
Alimentation 435
Coca. Tabac. Boissons alcooliques 454
Commerce. Voyages 46 1
Musique. Danse 463
Résumé 466
Les Indiens de la Puna de Atacama 469
Les Indiens de la Puna de Jujuy 470
Fabrication de poterie moderne 478
Folklore de la Puna 483
Diverses invocations à Pachamama (Susques) 485
Cérémonies pour la marque du bétail (Susques) 491
Les « fleurs » des lamas 496
Chanson quichua (Susques) 497
Ouverture des canaux d'irrigation (La Quiaca) 498
Semailles (La Quiaca) 499
Coqucna 5o 1
Deux « Iluacas » 5o6
Opinions des Indiens actuels sur les vestiges préhispani(|ucs . . 5o7
Traitement d'une persoiuie fra])pée par le Pujio (El Moreno). . 5 10
946 TABLE DES MATIERES.
La Puna et ses habitants actuels. (Suite.)
Diverses superstitions 5i3
Cérémonies du mariage (Susques) 5i/i
Enterrement (Susques) 517
Lavage des effets du défunt (Susques) 5i8
La Toussaint (Susques) 620
Cérémonie de l'« angelito « (Susques) 520
Fête de Notre-Dame de Bethléem ( Susques ) 621
Anthropométrie des Indiens de Susques 628
Archéologie de la Puna de Jujuy, du Désert d'Atacama et de la Quebrada
DE Humahuaca . 527
T. Cobres 533
Pétroglyphes. Anciennes pircas 533
Mines préhispaniques de Cobres 536
n. Environs des SaUnas Grandes 557
Exploitation ancienne du sel 557
Ruines des environs des Salinas Grandes 565
Saladillo. Quartzites taillés 566
Iluâncar 569
Huâncar • 569
Pointes de flèches de la Quebrada del Toro et de la Puna
de Jujuy 570
III. Région des Atacamas 677
Sayate 578
Crânes. Mutilation dentaire 579
Grottes funéraires 589
Andenes 601
Quebrada de Rumiarco 609
Casabindo, Cochinoca et leurs environs 610
Abrapampa, Lumarâet Cangrejillos 617
Quêta 619
Quêta 619
Pièces d'enfilage de la Quebrada del Toro et de la Puna de
Jujuy 625
Pucarâ de Rinconada 632
Ruines 632
Grottes funéraires 6^0
Cultures 664
TABLE DES MATIÈRES. 947
Archéologie de la Puna de Jujuy, etc. (Suite.)
in. Région des Atacamas. (Suite.)
Fresques rupestres à Pucarâ et dans la grotte de Chacunayo.
Pétroglyphes des environs de Rinconada 665
Abri sous roche de Pucarâ de Rinconada 665
Grotte de Chacunayo 674
Pétroglyphes de Puerta de Rinconada 676
Pozuelos 682
Autres ruines et sépultures dans les départements de Rinconada
et de Sânta Catalina 691
Exploitation des gisements d'or de Rinconada par les Indiens. . 698
Itinéraire de Matienzo à travers la Puna de Jujuy. Itinéraire
d'Almagro 698
Itinéraire de Matienzo 698
Itinéraire d'Almagro 706
Le Désert d'Atacama 710
Ruines 715
Pétroglyphes 718
Calama 720
Cimetière. 722
Crânes 727
Objets en bois 728
Calebasses 7^6
Objets en os 747
Objets en pierre 7^8
Céramique 749
Vannerie 75i
Tissus. Cordes 752
Restes d'aliments 754
Crâne de chien 756
Chuquicamata 757
Chiuchiu 758
Chimba 764
Résumé 7G7
IV. Région des Omaguacas 779
Yavi Chico. Sansana ... 779
La Quebrada de Humahuaca 788
Ruines de la Quebrada de Humahuaca 785
Santa Victoria, Iruya et Valle Grande 791
Fresques de la grotte de Chu lin. Pétroglyphes de la Quebrada
de Humahuaca 792
Grotte de Chulin 792
948 TABLE DES MATIÈRES.
Archéologie de la Puna de Jujuy, etc. (Suite.)
IV. Région des Omaguacas. (Suite.)
Pétroglyphes de Rodero Soi
Pétroglyphe de Lozano 807
Fresques de Huachichocana 807
Rapports entre les pétroglyphes décrits et entre ces pétro-
glyphes et ceux de l'Amérique du Sud en général .... 808
RÉGION EXTRA-ANDINE DE LA PROVINCE DE JuJUY 83 1
Archéologie de l'est de la province de Jujuy 832
Vallée de San Francisco 832
Cimetière d'enfants d'Arroyo del Medio 838
Sierra Santa Rârbara 846
Résumé. Migrations préhispaniques 85o
Analyse chimique d'objets préhispaniques en métal 855
Cuivre et ses alliages 856
Or, argent et leurs alliages 869
Bibliographie et tables des matières 8
77
Auteurs cités 870
Table alphabétique go5
Table des figures q35
Table des matières 0^3
ERRATA.
Page 20 , note, coionne à droite, les 23', 22' et 21' lignes du bas ont clé interverties; tire
Arte y Vocabalario de los Indios Abipones y Qiiiranijuis , 2 10 panes,
dont M. Sabin a pris le titre de Lvidewig (223, p. jio), qui, de
sa part, dit l'avoir pris de Lozaiio.
Page 50, 6' ligne, Mataguœ, lire Mataguœ.
Page 63, 16' ligne du has , EclievarrKI , lire Echevem'a.
Page 67, 12' ligne du has, SOnt, lire étaient.
Page 95. k' ligne du bas, 1 DaguiteS, tire DiagTliteS.
Page 105, T ligne du bas, ClUDARGITA, lue ClUDARCITA.
Page 106. note 1, CCS endroits, tire Cet endroit.
Page 116. W ligne, 299, p. 3i6, lire 299, p. 3io.
Page 136, 22' ligne, dcs huit încuioplcis , lire de liuit maiioplas.
Page 177, 3' ligne . aimple, lire simple.
Page 210, 10' ligne, langue quicha , lire langue quichua.
Page 210, dernière ligne, RumUSaicué , lire Rumisaicué.
Page 363, 9' ligne du bas, trois, /iVe deuX.
Page 367, T ligne, (Frias, près de Piura du Pérou), lire du Pérou
(Frias, près de Piura).
Page à58 . 2' ligne du bas. AraOUaS, lire AraunaS.
Page 596. 8' ligne du bas. habi-tuclle, lire habituelle.
Page 6U, 9' ligne, Soler, lire Seler.
Page 618, dernière ligne, O"" 67, lire O'" o57.
Page 619, 2' ligne, O"' 54 , Ure O'" o5/i.
Mêmes page et ligne , O"" 46 , lire O'" o46.
Page 651, Vl ligne, O'^ 3oO, lire o"' o3o.
Page ikU, 12' ligne. Cette dernière, lire ce dernier.
Page 828. dernière ligne, Pucarâ, lire Puerta.
iT 61
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PLEASE DO NOT REMOVE
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