Skip to main content

Full text of "Antiquités d'Herculanum"

See other formats


>  '       ''  - 

tÀ)    ùe    la     ^niniic    deô    lIloiUô    a  JfityMe 


rom/lÛ/c    t/c  '    liai,u/'/t\i   ^^hvfi<t/?/t\>    <'f  ux    r/nrr\v 
,/   /    ',yra//>rrt'/ù^    r/>ff///YJ    o/jf'fjf^f    ^'^a//<x- -U  )'ti  . 


4 


LOKïj   K'<»H'HKSTEK, 


^  %fi^ 


17 


/♦ 


172  PIROLI  (T.).     Antiquités  de  Herculaneum,  gravées  par  T.  PiroU,  avec  une  Explication  par 

,    "  S.  P.  Chaude. 

Of~e  6  vols.,  sm.  folio,  Large  Paper,  with  308  plates;   tear  in  1  plate  repaired;  contemporary  vellum 

,,  gilt,  uncut.     Piranesi,  Paris,  1804-06  ,   ^       ,.,.. 

6o.  Rare.     Tom.  1-3.     Peintures  ;    Tom.  4-5.     Bronzes  ;    Tom.  6.     Lampes  et  Candélabres. 


(lA 


^ 


ANTIQUITÉS 
D'HERCULANUM. 


DE   L'IMPRIMERIE   DE   LEBLANC. 


ANTIQUITES 
D'HERGULANUM, 

GRAVÉES 

PAR    Th.    PIROLI, 

ET    PUBLIÉES 
PAR   F.   ET  P.    PIRANESI,   FRÈRES. 


TOME     PREMIER. 
PEINTURES. 


A    PARIS, 

S   PIRANESI,  Frères,  place  du  Tribunal,  n.»  i354; 
LEBLANC,     Imprimeur-Libraire,    jilace   et   maison 
Abbatiale  S.'-Germain-des-Prés,  n.°  1121. 

AN  XII.  =  1804. 


A  SON  EXCELLENCE 


LE  C-  GHAPTAL, 


MINISTRE  DE  L'INTÉRIEUR. 


G, 


TOYEN   MINISTRE, 


Les  Antiquités  dUercul^num  ont 
offert  une  source  féconde  de  richesses 


aux  arts  et  aux  manufactures.  En 
dédiant  cette  Edition  à  leur  illustre 
Protecteur  y  nous  lui  offrons  un  fcdhle 
hommage  de  notre  reconnaissance  y  et 
regardons  comme  une  nous^elle  faveur 
î accueil  dont  il  l'honore, 

IVous  avons  l'honneur  d'être  y  avec  le 
plus  profond  respect ^ 


DE  VOTRE  EXCELLENCE^ 


Les  très -humbles  et  tns-ohéissans  sennteurs 


Th.    PIROLI,    graveur. 

F.    ET    P.    PIRANESI,    ÉDITEURS. 


AVEPvTISSEMENT 

DES    ÉDITEURS. 


JljN  offrant  au  Public  cette  nouvelle 
Edition  des  Antiquités  dHerculanum , 
nous  avons  eu  pour  but  de  mettre  cette 
riche  Collection  à  portée  d'un  grand 
nombre  d'amateurs  et  d'artistes^  et  de 
suppléer  en  quelque  sorte  à  la  grande 
Edition  in-folio  de  Naples ,  assez  rare  et 
très-dispendieuse.  La  gravure,  exécutée 
à  l'eau-forte  par  Thomas  Piroli, 
conserve  par-tout  la  grâce ,  l'esprit  et  le 
sentiment  des  productions  originales. 
Chaque  planche  est  accompagnée  d'une 
page  de  texte,  qui  indique  le  lieu  et 
l'époque  des  découvertes,  la  dimension 
du  sujet,  les  traits  mythologiques  qui 
s'y  rapportent,  et  l'opinion  qui  paraît  la 
plus    admissible    sur    son   explication. 


vj         AVERTISSE  M  EN  T. 
Depuis   que  l'Ouvrage  des   Antiquités 
cV Herculanwn  a  paru^  les  Antiquaires 
les  plus  distingués  ont  fixé  leurs  regards 
sur  cette  magnifique  réunion  de  monu- 
mens  de  toute  espèce  :  ils  en  ont  fait 
l'objet  de  leurs  études  et  de  leurs  re- 
cherches, et  cjuelquefois  ils  ont  décou- 
vert ce  qui  avait  échappé  aux  premiers 
commentateurs.  Le  texte  ajouté  à  l'édi- 
tion romaine  n'était   cju'un   extrait   de 
celui  des  Académiciens  & Herculanmn  ; 
nous  avons  pensé  que  les  acquéreurs  de 
cette  nouvelle  Edition  ne  nous  sauraient 
pas  mauvais  gré  de  les  faire  jouir  des 
avantages    que   le   temps  fournit  pour 
l'explication  des  Antiques;  nous  avons 
en    conséquence   inséré    dans   le   texte 
quelques  opinions    qui   nous  ont  paru 
préférables  aux  premières,  et  nous  nous 
sommes  empressés  de  corriger  quelques 
équivoques  qui  s'étaient  glissées  dans  le 


A  VER  T  I S  S  E  M  E  N  T.  nj 

texte  de  l'édition  romaine.  On  peut  donc 
considérer  cet  Ouvrage  comme  devant 
être  une  source  d'agrément  pour  l'ama- 
teur et  d'instruction  pour  l'artiste  :  c'est, 
en  effet,  une  mine  inépuisable  à  exploi- 
ter; un  sentiment  exquis ,  une  grâce 
enchanteresse^  un  style  noble  et  pur, 
offrent ,  dans  tous  ces  précieux  restes , 
des  modèles  à  suivre ,  soit  que  nous  nous 
arrêtions  à  ces  peintures  délicieuses  qui 
retracent  les  scènes  agréables  de  la  vie 
privée  ou  des  faits  héroïques ,  qui  pré- 
sentent, sous  mille  formes  variées,  les 
Divinités  présidant  aux  sciences  ^  aux 
arts^  aux  jeux  naïfs  de  l'enfance,  etc.  , 
soit  que  nous  considérions  ces  ustensiles 
admirables  par  leurs  formes  et  leurs  or- 
nemens,  ou  bien  ces  bronzes  curieux  , 
objets  du  culte  public  ou  familier  :  toute 
cette  Collection  renferme  un  intérêt 
particulier    pour   les  arts   relatifs   à   la 


vîij  A  VER  T  I  S  S  E  M  E  N  T. 
décoration  y  et  qui  savent  embellir  jus- 
qu'aux objets  appliqués  aux  usages  les 
plus  simples.  Le  goût  qui  s'est  répandu 
parmi  les  artistes  qui  dirigent  nos  fa- 
briques et  nos  manufactures;  la  perfection 
apportée  dans  l'exécution  de  leurs  tra- 
vaux ^  rendent  les  étrangers  tributaires 
de  l'industrie  nationale  :  et  nous  croirons 
avoir  atteint  un  but  utile ,  en  lui  four- 
nissant des  alimens. 


Cette  Edition  offre  un  6.*^  volume,  qui  n'a 
point  encore  été  publié  par  l'Auteur. 

Le  I  .^"^ ,  le  2.^  et  le  3/  volumes  contiennent 
les  Peintures, 

Le  4.®,  les  Bustes  et  Bas-reliefs  en  bronze; 

Le   5.*  ,  les  Statues  en  bronze  ; 

Et  le  6.%  les  Lampes  et  Candélabres. 


T.  I  . 


^^SHN-AIO'Z  .\HTr. 


'fu:.     . 


(J)01BH 


i-^al.u'^     h 


PLANCHE     J. 

CjETTE  peinture  est  sur  marbre  et  dune  seule  cou- 
leur; on  l'appelle  par  cette  raison  monochrome.  On 
en  trouva  quatre  de  cette  espèce;  celle-ci,  décou- 
verte dans  les  fouilles  de  Résine  le  24  mai  1736,  a 
le  mérite  très-rare  d'offrir  le  nom  du  peintre  et  des 
figures.  Dans  l'inscription  grecque  ,  Alexandre 
Athénien  peignait j,  nous  trouvons  le  nom  et  la 
patrie  de  l'artiste;  et,  par  la  forme  des  caractères, 
nous  pouvons  juger  qu'il  a  fleuri  à  la  plus  belle 
époque  des  arts.  Les  noms  de  Latone  et  de  Niobéj 
ceux  de  Phœbé,  ^Hileaira  et  ^Aglaé ,  la  plus 
jeune  des  Grâces,  sont  connus  dans  la  Mythologie. 
Trois  des  personnages  paraissent  converser;  les 
deux  autres ,  dans  des  attitudes  pleines  de  grâce , 
jouent  aux  osselets  ,  nommés  astragales  chez  les 
Grecs  ,  et  tali  chez  les  Latins. 


1."  Sujet.  —  Hauteur  ,  i  P.  3  p."  —  Lnrgeur  ,  i  P.  i  p.°  g  'ig 
a'.  SxiJET.  —  Hauleur ,  4  p.»  —  Largeur,  i  P.  i  p."  9  lig. 


Tome  I.  Peint. 


PLANCHE     II. 

i_jANS  ce  second  monochrome j  un  héros,  dont 
l'attitude  est  aussi  fière  qu'animée,  attaque  un  Cen- 
taure à  l'instant  où  il  j^orte  la  main  sur  une  jeune 
princesse  qui  le  repousse  avec  frayeur.  On  croit  y 
reconnaître  Hippodamie,  épouse  de  Pirithous ,  que 
le  centaure  Euritus  voulait  ravir,  mais  à  qui  Thésée 
ou  quelque  autre  héros  donna  la  mort  pour  venger 
cet  attentat.  Ce  fut  la  cause  de  la  fameuse  guerre 
des  Centaures  et  des  Lapithes,  si  bien  décrite  par 
Ovide  (Métam.  XII,  210  et  sm'i>.  ). 

Ce  marbre  jDcint,  d'une  belle  conservation,  fut 
trouvé,  ainsi  que  les  deux  suivans,  dans  les  fouilles 
de  Résine,  le  24  mai  1749. 

Hauteur,  ii  p."  6  lig.  —  Largeur,  i  P.  4  p."  4  Hg. 


Tome  f.  Peint. 


PLANCHE     m. 

Vjette  peinture  a  tellement  souffert  des  outrages 
du  temps,  qu'à  peine  en  retrouve-t-on  les  contours. 
Cet  accident  ne  contribue  pas  peu  à  en  rendre 
l'explication  difficile.  On  peut  j  voir  l'une  des  aven- 
tures de  Neptune,  quand iî/iéa  trompa  en  sa  faveur 
la  voracité  de  Saturne^  ou  l'enfantement  secret  de 
Cérhs  qui  donna  le  jour  à  la  déesse  Regina  et  au 
cheval  Arion ,  ou  peut-être  mieux  l'éducation 
di  Achille j  suivant  Homère  ;  on  retrouverait  alors 
dans  le  vieillard  à  demi-nud,  et  en  partie  couvert 
d'une  peau,  Pliœnix j,  accompagné  de  la  nourrice. 
L'autel  témoignerait  le  sentiment  religieux  quil 
inspire  à  son  élève  ,  et  la  femme  majestueuse  qui 
tient  un  j)Oulain  par  la  bride  serait  le  symbole  de 
la  Kègwn  de  Plitie  ^  renommée  par  ses  excellens 
chevaux,   et  dans  laquelle  Achille  prit  naissance. 

Hauteur,  n  p."  —Largeur,  i  P.  3  p.°  9  lig. 


Tome  I.  Peint. 


PLANCHE     IV. 

V^ETTE  peinture  semble  nous  offrir  la  représen- 
tation de  quelque  scène  tragique.  On  y  voit  trois 
figures  dont  les  masques  et  les  gestes  expriment  la 
douleur  et  les  larmes  ;  elles  portent  des  habillemens 
longs  ,  rayés  en  travers ,  qui  leur  descendent  jus- 
qu'aux pieds,  et  couvrent  une  partie  de  leur  chaus- 
sure. Si  les  traits  n'étaient  pas  chargés,  et  si  dans 
la  première  figure  on  ne  distingviait  pas  visible- 
ment la  bouche  à  travers  le  masc[ue ,  on  pourrait 
croire  c[ue  ce  sont  tvois  pleureuses ^  telles  que  les 
Antiquaires  en  ont  reconnu  dans  plusieurs  monu- 
m.ens  ;  mais  aucune  autorité  ne  permet  de  croire 
que  ces  sortes  de  femmes  se  servissent  de  masques 
dans  les  cérémonies  funèbres ,  oîi  leur  caractère 
était  d'exprimer  au  vrai  sur  leurs  visages  la  tristesse 
et  le  désespoir. 

Hauteur;  II  p.'  6  Ijg.  —Largeur,  l  P.  4  p."  9  lig. 


Tome  I.  Peint. 


T.I 


PLANCHE     V. 

VjE  fragment,  l'un  des  plus  grands  de  la  collection, 
représente  Thésée  en  Crète.  Le  héros  est  nu  et  d'une 
taille  gigantesque  ;  de  sa  main  gauche ,  où  l'on  re- 
marque un  anneau,  il  porte  sa  massue  pleine  de 
nœuds.  On  voit  autour  de  lui,  dans  des  attitudes 
variées,  pleines  de  grâce  et  d'expression,  les  jeunes 
Athéniens  et  les  jeunes  filles  sortant  de  la  porte 
du  labyrinthe.  A  ses  pieds  est  étendu  le  Minotaure 
couvert  de  blessures;  on  le  voit  ici,  comme  dans 
d'autres  monumens  antiques,  avec  la  tête  de  Tau- 
reau ,  et  le  reste  du  corps  conservant  la  forme 
humaine.  La  Déesse  assise  sur  un  rocher,  le  carquois 
sur  l'épaule  et  l'arc  à  la  main,  est  Dyctinna,  ou  la 
Diane  Cretoise,  placée  ici  pour  mieux  déterminer 
la  contrée  oii  se  passe  la  scène. 

Cette  peinture,  avec  plusieurs  autres,  se  trouvait 
dans  une  grande  salle  qu'on  prit  d'abord  pour  un 
temple.  On  en  fit  la  découverte  dans  les  fouilles  de 
Résine ,  en  173g. 


1.*^'  SrjET.  —  Hauteur,  5  P.  3  p."  —  Largeur  ,  4  P.  4  p.* 
2  Autres.  —  Hauteur  ,  10  p.°  —  Largeur  ,  i  P.  11  p.* 


Tome  I.  Peint. 


T.r 


Jctf  .    r" 


PLANCHE      VI. 

JLj  EXPLICATION  la  p)lus  raisonnable  qu'on  puisse 
donner  à  cette  peinture ,  est  qu'elle  représente 
Hercule  et  son  fils  Télhphe  .,  fruit  d'un  commerce 
clandestin  avec  Auge  ^  fille  diAlée,  roi  d'Arcadie, 
et  qui  fut  nourri  par  une  biche.  La  belle  figure  de 
femme  assise, couronnée  de  fleurs,  ayant  à  ses  côtés 
une  corbeille  de  fruits ,  et  tenant  un  long  bâton 
rustique  ,  peut  personnifier  YArcadic  et  le  mont 
PartheniuSj,  sur  lequel  Télèphe bit  exposé,  ou  repré- 
senter la  déesse  Tellus ,  nourrice  des  enfans  ;  ce 
que  semble  indiquer  plus  particulièrement  le  lion 
pacifique  qui  est  à  ses  pieds;  derrière  elle  est  le 
dieui^«7î  avec  sa  flûte  à  sept  tuyaux  et  le  peduni;  à 
côté  d'Hercule,  on  voit  une  Divinité  avec  des  ailes, 
une  couronne  d'olivier  et  des  épis  dans  la  main 
gauche.  Ce  pourrait  être  Cérhs  ou  la  Providence 
qui  montre  l'enfant  au  héros ,  en  lui  indiquant,  dans 
faigie ,  l'emblème  de   sa  postérité. 

Cette  peinture  fait  le  pendant  de  la  précédente; 
elle  est  du  même  style,  et  fut  trouvée  dans  les 
fouilles  de  Résine  avec  le  Thésée. 

Hauteur ,  6  P.  3  p.»  —  Largeur ,  4  P.  7  p." 

J'ome  I.  Peint. 


XlU. 


PLANCHE      ru. 

V_^ETTE  fresque,  admirable  clans  toutes  ses  par- 
ties, représente  le  premier  des  travaux  ô^ Hercule , 
quand  ,  encore  au  berceau ,  il  étouffe  les  deux 
serpens  suscités  par  Junon  pour  le  faire  périr.  Le 
mouvement  ^Alcnihie  exprime  avec  vivacité  toute 
la  terreur  dont  elle  est  pénétrée.  Dun  côté,  on  voit 
Amphytrion  avec  le  sceptre,  comme  un  des  princes 
d'Argos,  et  portant  la  main  à  Tépée  pour  chasser  les 
serpens ,  suivant  la  belle  description  que  Tliéocrite 
nous  a  laissée  de  cet  événement;  de  l'autre  côté, 
un  pédagogue  tient  dans  ses  bras  Iphiclus  effrayé , 
bien  différent  de  l'intrépide  enfant.  Pline ,  en  nous 
donnant  la  description  d'une  semblable  peinture 
de  Zeuœisj  pourrait  faire  soupçonner  que  celle-ci 
en  est  l'imitation.  On  doit  faire  attention  au  cos- 
tume barbare  dont  le  peintre  a  revêtu  le  pédagogue; 
ce  costume  est  convenable  h  la  condition  d'esclave , 
d'où  étaient  ordinairement  tirés  les  pédagogues  aux 
temps  héroïques.  Hercule  porte  un  collier,  parure 
qui  était  en  usage  parmi  les  enfans  de  distinction. 
L'ornement  qui  est  au  bas  est  indépendant  du  sujet. 

1."  Sujet.  —  Hauteur ,  3  P.  ii  p.°  —  Largeur,  3  P.  g  p.° 

2.'  StJJET.   —  Hauteur  ,  i  P.  2  p."  4  lig.  —  Largeur,  3  P.  9  p.° 

Tome  I,  Peint. 


PLANCHE     VIII. 

i^ETTE  excellente  peinture  représente  le  jeune 
Achille  apprenant  du  centaure  Cliiron  à  toucher 
de  la  lyre  :  tout  y  est  digne  d'attention;  l'attitude 
du  Centaure  ainsi  décrite  par  Stace  ;  la  peau  qui  le 
couvre  comme  le  premier  chasseur,  ou  comme 
suivant  de  Bacchus  ;  l'herbe  dont  il  est  couronné 
qui  n'est  point  le  lierre ,  ornement  ordinaire  des 
Centaures,  mais  qui  paraît  être  l'une  des  herbes 
auxquelles  il  a  donné  son  nom ,  et  décrites  par 
Pline;  enfin,  l'archet  qui  se  distingue  des  formes 
les  plus  connues.  La  chaussure  d'Achille  s'accorde 
mal  peut-être  avec  la  nudité  du  héros  aux  pieds 
légers;  mais  rien  n'est  mieux  saisi  que  le  geste  des 
doigts  en  devoir  de  toucher  les  cordes  de  la  lyre  ; 
on  admire  siir-tout  la  tête  du  Centaure  et  les  formes 
gracieuses  et  délicates  d'Achille.  L'architecture,  qvii 
fait  le  fond  du  tableau,  ne  correspond  point  à  la 
perfection  des  figures.  Cette  peinture  fut  trouvée 
avec  la  suivante  ,  à  Résine ,  en  173g. 

Dans  les  deux  ronds  sont  représentés  deux  mi- 
nistres de  Bacchus.  Le  premier  porte  d'une  main 
un  flambeau,  et  de  l'autre  un  instrument  qui  paraît 
propre  à  l'attiser;  le  second  porte  un  ruban  et  un  tyrse. 

I."  S'JJET.  —  Hauteur,  3  P.  ii  p.»  —  Largeur,  3  P.  g  p». 
2  Ronds.  —  Diamètre  de  chacun  ,  i  P.  4  p". 

Tome  1.  Peint. 


T.I 


PLANCHE     IX, 

i  ARMi  les  beaux  ouvrages  du  célèbre  Poljgnote. 
Pausanias  parle  d'une  figure  du  satyre  Marsias 
assis  sur  un  rocher,  et  enseignant  au  jeune  Olympe 
à  jouer  de  la  flûte;  c'est  le  même  sujet  que  l'artiste 
a  rendu  ici  avec  tant  d'habileté.  La  grâce  et  la 
beauté  du  jeune  Olympe  forment  une  heureuse 
opposition  avec  la  robuste  virilité  de  Marsias  ;  l'air 
de  tête  de  ce  dernier  et  l'expression  générale  du 
tableau  montrent  assez  que  l'artiste  a  voulu  en 
faire  le  pendant  de  celui  qui  précède ,  Chiron  et 
Achille.  Les  ornemens  d'architecture  qui  couvrent 
le  fond  de  chaque  tableau  indiquent  que  ces  deux 
groupes  étaient  placés  dans  la  même  salle ,  et 
faisaient  partie  de  sa  décoration. 

L'ornement  qui  est  au  bas  n'a  aucune  relation 
avec  le  sujet. 


i."  Sujet.  —  Hauteur ,  3  P.  7  p.°  —  Largeur,  3  P.  5  p."  6  lig 
i-«  Sujet.  —  Hauteur,  i  P.  —  Largeur,  3  P.  5  p.°  6  lig. 


Tome  I.   Pf 


PLANCHE     X. 

V_/N  ne  peut  s'empêcher  de  reconnaître  ici  le 
cyclojie  Polyphênie,  célèbre  par  son  amour  pour 
Galatée ,  et  par  les  dédains  que  lui  fit  essuyer  sa 
difformité;  mais  le  peintre  s'est  écarté  de  l'opinion 
commune ,  en  nous  représentant  son  cyclope  sous 
des  traits  qui  ne  sont  point  difformes  ;  il  lui  donne 
trois  yeux,  et  dément  ainsi  l'entreprise  à'UUsse 
racontée  par  les  poètes  et  les  mythologues.  Un 
passage  de  Serçius  sur  l'Enéide  (  liv.  III j  vol.  6  ) 
vient  cependant  motiver  le  caprice  du  peintre  : 
Multi  illiirn  dicunt,  unum  habuisse  oculiiin ,  alii 
duos,  alii  très;  le  cyclope  tient  sa  lyre  d'une  main; 
de  l'autre ,  il  est  prêt  à  recevoir  d'un  Génie  monté 
sur  un  Dauphin^  messager  de  sa  Galatée,  des 
tablettes  de  la  môme  forme  que  celle  qui  était 
usitée  pour  les  distiques  amoureux  ■  l'air  triste  et 
empressé  avec  lequel  il  tend  la  main ,  semble 
exprimer  à -la -fois  son  amour  et  ses  craintes. 

La  peinture  qui  est  au  bas  représente  un  Amour 
guidant  un  char  attelé  de  deux  cygnes. 


\."  Sujet.  — Hauteur,  i  P.  9  p°.  —  Même  largeur. 
2."=  Sujet.  —  Hauteur,  8  p.°  —  Largeur,  i  P. 

Ironie  I.  Peint. 


%i.   du 


9.-,. 


PLANCHE     XI. 

JLjes  opinions  ont  beaucoup  varié  dans  l'expli- 
cation de  cette  peinture  trouvée  dans  les  fouilles 
de  Résine  en  1740.  Est-ce  le  dévouement  d^Alceste, 
ou  l'entrevue  de  ces  frères  implacables  ,  Ethéocle 
et  Polinice ,  ou  le  jugement  à'Oreste  dans  V Aréo- 
page ?  Nous  pencherons  plutôt  à  voir  ici  la  belle 
scène  de  la  reconnaissance  d'Oreste  dans  l'Iphigénie 
en  Tauride  ^Euripide.  Nous  retrouvons  Oreste 
dans  le  jeune  homme  sombre  et  pensif,  assis  sur 
un  siège  couvert  de  la  peau  d'un  animal;  cette 
vierge  qui  pleure  en  l'embrassant ,  exprime  avec 
vérité  sa  sœur  Iphigénie  à  l'instant  oii  elle  le  recon- 
naît; le  jeune  homme  assis  devant  lui,  tenant  une 
feuille  déroulée,  et  qui  paraît,  en  la  lisant,  désigner 
Oreste  ,  sera  son  ami  Pilade.  Il  nomme  à  la  prê- 
tresse ce  même  frère  auquel  il  devait  remettre  sa 
lettre;  la  jeune  fille  et  la  vieille  peuvent  représenter 
le  chœur  qui  promet  le  silence;  le  vieillard,  frappé 
d'étonnement ,  sera  le  roi  Thoas-  enfin,  la  statue 
revêtue  d'une  chlamyde  avec  le  carquois  suspendu 
à  l'épaule  ,  sera  celle  de  Diane,  que  les  fugitifs 
devaient  enlever. 

Hauteur,  5  P.  —  Largeur,  4  P. 

Tome  I.  Peint. 


PLANCHE     XII. 

1^1  l'on  a  vu  dans  la  peinture  précédente,  Oreste 
reconnu  par  Iphigénie,  celle-ci,  quoicjue  trouvée 
dans  un  lieu  et  dans  un  temps  différent  ,  offrira  la 
continuation  de  la  même  aventure.  Euripide  est 
encore  le  guide  qui  nous  expliquera  le  sujet  de 
cette  scène.  Voici  donc  Oreste  et  Pilade,  conduits 
par  un  satellite  du  roi  à  la  mer,  pour  j  être  purifiés  ; 
les  mains  liées  derrière  le  dos  ,  le  front  ceint  de 
bandelettes ,  et  les  tempes  couronnées  comme  vic- 
times destinées  au  sacrifice  ;  voilà  la  statue  de  la 
Déesse  sur  la  Table  sacrée;  auprès  sont  deux  vases. 
Iphigénie  intime  aux  citoyens  Tordre  de  s'écarter 
de  la  cérémonie  mystérieuse,  et  invoque  secrète- 
ment la  Déesse  pour  le  succès  de  l'enlèvement  mé- 
dité; l'une  des  ministres  de  la  prétresse  porte  une 
lampe  allumée,  et  l'autre  parait  occupée  à  ranger 
dans  la  cassette  le  reste  des  instrumens  sacrés. 

Le  paysage  au-dessous  de  cette  peinture  est  d'une 
composition  fort  agréable ,  et  digne  d'attention. 


I."  Sujet. —Hauteur,  5  p."  3  lig.  —Largeur,  i  P.  2  p.°  6  lig 
2.*^  Sujet.  —  Hauteur  ,3  p.°  —  Largeur  ,  i  P.  2  p.°  6  lig. 


Tome  I.  Peint. 


T.I 


■yiiu  J.Z 


PLANCHE     XIII. 

JLi'iNSTRUMENT  que  poi'te  la  femme  représentée 
dans  cette  peinture  ,  est  une  épée  renfermée  dans 
son  fourreau  qui  se  termine  par  un  bout  en  forme 
de  champignon  ;  on  trouve  l'explication  de  cette 
singularité  dans  quelques  anciennes  autorités  {V^id. 
Herod.  lih.  III,  cap.  64;  Pausanias,  II,  \6).  On  a 
cru  voir  dans  le  sujet  de  ce  tableau,  Didon  aban- 
donnée; cette  épée,  la  bandelette,  ornement  royal 
qui  ceint  ses  cheveux  en  désordre  ;  l'habit  rouge  à 
longues  manches  qui  pouvait  se  rapporter  au  cos- 
tume carthaginois  ;  son  âge  et  sa  stature  majes- 
tueuse ;  ce  visage  à-la-fois  triste  et  superbe  ;  ces 
yeux  égarés ,  et  le  désespoir  exprimé  dans  toute  son 
attitude  ;  ces  degrés  et  la  porte  qui  indiquerait 
rapj)artement  supérieur  destiné  au  repos  et  qu'elle 
viendrait  de  quitter  ;  tous  ces  traits  rassemblés 
paraissaient  se  retrouver  dans  Virgile,  et  faire  re- 
connaître cette  reine  infortunée.  Malgré  ces  appa- 
rences ,  l'opinion ,  le  plus  généralement  reçue  au- 
jourd'hui, nous  présente  ici  Metpomene^  Muse  de 
la  Tragédie;  l'épée  est  l'un  de  ses  attributs  reconnus; 
cette  arme  fait  allusion  aux  meurtres  de  la  scène 
tragique  ,   et  plus  particulièrement  aux  fureurs  de 

Tome  I.  Peint. 


Médée  ;  les  manches  étroites  qui  descendent  jus- 
qu'aux poignets  appartiennent  au  costume  de  la 
scène  ;  on  les  retrouve  sur  un  grand  nombre  de 
figures  représentant  cette  Muse  ;  on  sait  d'ailleurs 
que  les  manches  des  habits  carthaginois  étaient 
très-larges.  Le  fond  du  tableau  rejarésente  la  scène 
d'une  manière  peu  différente  de  celle  dont  les  mi- 
niatures de  l'ancien  manuscrit  de  Térence  nous  la 
retracent. 

Les  deux  j^ilastres  sont  peints  sur  un  fond  noir, 
et  renferment  des  symboles  relatifs  au  culte  de 
Bacchus  ou  d'Isis. 

Le  petit  cadre  offre  une  branche  de  fruits  peints 
très -agréablement. 

Sujet  principal.  —  Hauteur ,  3  P.  lo  p.°  —Largeur,  i  P.  7  p.° 


T.I 


/au.  j.^ 


tr 


:%.! 


M  M^M 


Ben^ffiBomniK^n 


PLANCHE     XIV. 

VJETTE  peinture  vraiment  curieuse ,  trouvée,  ainsi 
que  les  précédentes ,  clans  les  fouilles  de  Résine  , 
représente  une  Chie  voluptueuse.  Les  figures  et 
les  accessoires  méritent  une  égale  attention  :  le  lit 
avec  une  couverture  blanche  ;  le  vêtement  du  jeune 
homme  qui  pourrait  être  la  syntlùse ,  et  qu'il  a  laissé 
glisser  à  moitié  du  corps,  suivant  l'usage,  à  la  fin 
du  repas;  la  manière  dont  il  se  repose  sur  le  coude, 
et  dont  il  boit;  le  vase  en  forme  de  corne  (rliyton); 
la  femme  assise  au  bord  du  lit,  selon  la  coutume 
des  Grecques  et  des  Romaines  ,  le  désordre  de  ses 
vêtemens,  la  synthèse  qui  fenveloppe  jusquà  mi- 
corps  ,  et  le  péplum  d'une  grande  finesse  qui  lui 
couvre  le  sein;  son  réseau  à  couleur  d'or;  la  cassette 
apportée  par  une  esclave ,  et  qui  renferme  probable- 
ment des  parfums  ;  la  table  ronde  à  trois  jjieds  ;  le 
cohini ,  ustensile  percé  oii  l'on  mettait  de  la  neige 
pour  rafraîchir  le  vin;  et  les  trois  vases  pour  faire 
des  libations  à  Jupiter ^  à  Mercure  et  aux  Grâces  ,• 
enfin  ,  les  fleurs  semées  sur  la  table  et  sur  le  pavé: 
tout  retrace  précieusement  l'usage  et  le  costume. 

L'ornement  qui  accompagne  cette  peinture  n'j  a 
point  de  rapport. 

StrjET  principal.  — Hauteur,  i  P.  9  p.»  —  Largeur,  i  P.  7  p.' 
Tome  I.  Peint. 


vcil .    ^nc.J).o 


PLANCHE     XV. 

J_jA  beautë  du  coloris  ,  l'excellence  du  style  ,  l'esprit 
de  la  composition  et  le  nionvenient  gracieux  des 
figures  donnent  à  cette  peinture  le  plus  rare  mërite. 
C'est  une  Bacchante  surprise  par  un  Faune.  Le  site 
montueux  convient  aux  orgies  de  Bacchus  ;  il  est 
semé  de  roches  sur  lesquelles  a  été  renversée  la 
Bacchante  dans  l'instant  ou  elle  cherchait  à  les  fran- 
chir; la  solitude  l'a  rendu  aussi  dangereux  que  ses 
aspérités.  Près  du  faune  est  le  bâton  recourbé  (/?e^î/7??} 
et  la  flûte  à  sept  tuyaux  {syrinx);  aux  pieds  de  la 
Bacchante  est  un  thyrse  dont  la  pointe  est  environnée 
de  lierre.  Comme  instrument  sacré,  il  est  orné  d'un 
ruban  rouge  semblable  à  sa  robe.  Sur  le  fond  du 
tambour  garni  de  grelots  (tjmpanuni) ,  est  peinte 
la  figure  d'un  Sisti^e-  un  peu  plus  loin  est  un  autre 
instrument  rond  et  sans  fond  qui  pourrait  bien  être 
le  RJiombe ,  qu'une  épigramme  de  l'Anthologie 
nous  décrit  comme  faisant  partie  de  l'équipage  des 
Bacchantes. 

Le  Rhomhe  circulaire  anime  les  Bacchantes. 

Hauteur,  i  P.  4  p."  6  Ijg.  —Largeur,  i  P.  I  p." 

Tome  I.  Peint. 


T.I 


i/y,  ±if^ 


Ci)  I  Q 


PLANCHE     XVJ. 

\j  N  Silène  nu  ,  à  la  barbe  touffue ,  s'efforce  d'em- 
brasser un  Hermaphrodite  également  nu  ,  qui 
semble  le  repousser  et  vouloir  s'échapper  de  ses 
mains.  L'excellence  du  style  et  du  coloris  ne  rendent 
en  rien  cette  peinture  inférieure  a  la  précédente  ; 
toutes  les  deux  paraissent  être  de  la  même  main  , 
et  furent  trouvées  ensemble  dans  les  fouilles  de 
Résine. 

Quoique  les  auteurs  anciens  aient  fait  usage  indis- 
tinctement des  noms  de  faunes  ,  de  silènes  et  de 
satyres ,  les  Antiquaires ,  pour  la  clarté  des  descrip- 
tions ,  ont  voulu  les  distinguer  ;  ils  se  servent  du 
nom  latin  à.e  faunes j,  pour  désigner  ces  suivans  de 
Bacchus  qui  ont  entièrement  la  forme  humaine  ,  et 
qui  n'en  diffèrent  que  par  les  oreilles  de  chèvre  et 
par  la  queue  ;  les  faunes  ,  quand  ils  sont  vieux  et 
barbus,  sont  appelés  Silhies,  nom  qui  d'ailleurs  était 
propre  au  père  nourricier  de  Bacchus  ;  enfin ,  on 
donne  le  nom*"grec  de  satyres  à  ceux  qui ,  avec  les 
mêmes  signes ,  ont  des  cornes  de  bouc  et  la  partie 
inférieure  du  corps  semblable  à  cet  animal. 

Les  nymphes  ,  sous  diverses  dénominations ,  peu- 
plaient les  montagnes  ,  les  forêts  et  les  eaux;  elles 
Tome  I.  Peint. 


avaient  à  se  défendre  des  surprises  des  Divinités 
rustiques.  La  représentation  de  ces  scènes  licen- 
cieuses plaisait  beaucoup  aux  anciens,  qui  portèrent 
jusqu'à  la  passion  le  goût  de  ces  tableaux  que  Pline 
désigne  sous  le  nom  de  libidines.  Quant  aux  andro- 
gynes  ou  hermaphrodites ,  également  rangés  dans 
la  classe  des  êtres  fantastiques ,  ils  ne  sont  que  les 
enfans  d'une  imagination  égarée  par  l'amour  des 
voluptés ,  et  qui  a  pris  plaisir  h  réunir  dans  un  seul 
individu  les  attraits  des  deux  sexes  :  les  sujets  des 
Bacchanales  nous  en  offrent  souvent  des  images  ;  et 
des  groupes  qui  représentent  la  même  scène  que 
cette  peinture,  existent  en  Angleterre  et  à  Dresde. 

Hauteur^  i  P.  4  p.°  6  lig.  —Largeur,  i  P.  i  p." 


PLANCHE     XVII. 

Vjette  peinture  et  les  onze  suivantes  de  même 
grandeur  furent  détachées  des  murs  d'une  salle 
découverte  en  1749  dans  les  fouilles  de  la  tour 
de  l'Annonciade  ,  à  Civita ,  où  l'on  pense  que 
devait  être  à-peu-près  située  la  ville  antique  de 
Pompeïa  :  on  parlera  ailleurs  de  cette  salle  qu'on 
croit  avoir  été  un  tnclinium,  lieu  destiné  au  repos 
et  au  plaisir,  et  de  diverses  autres  peintures  qui  s'y 
trouvaient;  toutes  admirables  par  leur  perfection  , 
chacune  d'elles  a  un  mérite  particulier  digne  de 
notre  attention.  Celle-ci  représente  deux  Danseuses; 
dans  leur  mouvement ,  développé  avec  autant  de 
vigueur  que  de  grâce  ,  chacune  saisit  du  pouce  et 
de  l'index  le  doigt  médium  de  sa  compagne,  pour 
former  une  passe  qui  n'est  point  étrangère  à  nos 
danses  modernes.  Le  vêtement  de  la  première  est 
d'un  tissu  vert  très-fin,  transparent  et  bordé  de  rouge. 
Le  voile  qui  lui  ceint  la  tête  à  plusieurs  reprises 
paraît  se  rapporter  à  ce  genre  de  coiffure  que  les 
anciens  appelaient  du  nom  générique  de  mitia.  Les 
draperies  de  la  seconde  Danseuse  sont  jaunes; 
l'une  et  l'autre  portent  pour  chaussure  des  semelles 
lacées  avec  des  rubans  rouges. 

Hauteur,  ii  p.°  —  Largeur,  i  P.  3  p,°  6  )lg. 

Tome  I.  Peint. 


-■J  - 
■  il 


PLANCHE     XVIII, 

On  ne  peut  assez  admirer  cette  peinture;  la  sûreté 
du  dessin,  la  pureté  du  coloris,  une  grâce  char- 
mante dans  lagencement ,  tout  fait  reconnaître  la 
finesse  de  l'art  et  la  perfection  de  l'exécution.  Le 
mouvement  de  cette  jolie  figure  annonce  la  Danse; 
ses  charmes  sont  encore  relevés  par  les  bracelets  et 
le  collier  de  perle  ;  un  ruban  blanc  lie  ses  che- 
veux blonds;  son  vêtement  fin  et  léger  de  couleur 
jaune,  avec  une  bordure  bleue,  est  abandonné  au 
veut,  et  nous  dérobe  \  peine  une  partie  de  son  corps. 
"  Les  danseurs  invitaient  Vénus  à  se  mêler  à  leurs 
»  jeux;  elle  conduit  le  chœur  des  Nymphes  et  des 
M  Grâces  ;  elle  danse  au  banquet  des  Dieux  ;  les 
»  perles  nées  dans  son  berceau  font  sa  parure  chérie  ». 
C'est  donc  Vénus  qui  nous  charme  dans  cette  figure, 
ou  c'est  une  jeune  Danseuse  ou  Bacchante  qui  la 
représente;  nous  la  voyons  exécuter  dans  un  ban- 
quet l'une  de  ces  trois  parties  de  la  danse ,  le  mou- 
vement, la  figure  et  \ indication .  Après  un  mouve- 
ment rapide  ,  elle  s'est  arrêtée ,  et  ,  dans  son 
attitude  pleine  de  grâce  ,  elle  offre  aux  yeux  des 
convives  tous  les  charmes  de  la  Déesse  même. 

Hauteur  ,  ii  p."  —  Largeur ,  i  P.  3  p."  6  lig. 

Tome  I.  Peint. 


T.I 


ifaLL  .  1 1 


PLANCHE     XIX. 

l^ETTE  figure  rivalise  de  beauté  avec  la  précédente. 
Ses  cheveux  sont  blonds;  le  tissu  jaune  et  transpa- 
rent qui  se  joue  en  plis  gracieux  paraît  plutôt  voiler 
que  couvrir  une  partie  de  son  corps  ;  son  fi-ont  est 
ceint  d'un  ruban  bleu-céleste  ;  de  la  main  gauche 
elle  soutient  un  disque  couleur  d'argent,  qui  paraît 
avoir  quelque  rapport  à  sa  danse  et  lui  servir  de 
caractère  distinctif. 

«  Telle  se  montrait  Vénus,  vierge  encore,  expo- 
>■  saut  aux  regards  la  beauté  de  ce  corps  parfait,  et 
«  laissant  deviner  ses  charmes  les  plus  secrets  sous 
»  un    léger  tissu    de   lin    que   soulève   doucement 
»  le  zéphir  ;  la  blancheur  de  son  corps  s'unit  à  la 
>^  lumière  du  ciel,  et  l'azur  de  son  voile  se  confond 
»  avec  celui    des  flots  '».  Cette   description  volup- 
tueuse ^Apulée  (Métam.  X)  a  beaucoup  de  rapport 
avec  notre  Danseuse.  Les  Grâces,  les  Nymphes  et 
les  Heures  étaient  également  représentées  dans  les 
danses  avec  les  attributs  que  leur  donnaient  l'ima- 
gination des  peintres  et  des  poètes  ;  et  les  danseuses 
ont    pu  servir  à   leur  tour  de  modèles  pour  ces 
Divinités. 

Les  jolies  frises  à  la  suite  de  cette  peinture  et  des 
cinq  suivantes,  n'ont  aucune  relation  avec  le  sujet. 

Hauteur,  ii  p.»  —  Largeur ,  i  P.  3  p.°  6  lig. 

Tome  l.  Peint, 


PLANCHE     XX, 

V  oici  une  autre  Danseuse  dans  le  caractère  d'une 
Bacchante.  A  demi -nue  ,  les  cheveux  épars  ,  de  la 
main  gauche  elle  élève  un  tamhour  garni  de  grelots 
{tympanum)  qu'elle  est  prête  à  frapper  de  l'autre 
main  pour  marquer  la  mesure  de  sa  danse  ;  elle  est 
parëe  d'un  collier  et  de  bracelets  à  double  rang,  qui 
paraissent  formés  de  perles  ;  sa  robe  blanche  et 
d'une  grande  finesse  est  bordée  de  rouge ,  couleur 
consacrée  k  Bacchus  ;  les  plis  en  sont  élégans  et 
bien  entendus;  ses  sandales  sont  attachées  avec  des 
rubans  également  rouges. 

Parmi  les  personnages  que  les  anciens  aimaient 
à  voir  représenter  par  leurs  danseuses  au  luilieu  du 
festin,  les  Bacchantes  offraient  sans  doute  un  attrait 
piquant  à  leur  goût  pour  le  plaisir.  Les  poètes  don- 
naient leur  caractère.  "  Presque  nues,  à  peine  cou- 
»  vertes  d'une  peau  de  tigre  ou  d'un  vêtement  léger, 
»  prêtes  à  se  livrer  aux  orgies  de  Bacchus  ,  on  les 
"  voit  détacher  les  bandelettes  de  leur  chevelure  et 
»  l'abandonner  aux  vents  ,  s'agiter  vivement ,  et 
»  accompagner  leurs  mouvemens  du  bruit  du 
Tome  I.  Peint. 


))  tambour  ;  elles  ne  donnent  pas  moins  l'image  de 
»  l'ivresse  de  Vénus  que  de  Bacchus  >'. 

Le  mouvement  de  notre  Danseuse  est  plus  com- 
posé; ses  cheveux  dénoviés  ne  sont  pas  encore  en 
désordre  ;  elle  vient  de  commencer  la  danse. 

Hauteur,  ii  p.°  — Largeur,  I  P.  3  p.»  6  lig. 


T.  I 


yl/âu  ■   ^x 


PLANCHE     XXI. 

V^ETTE  Danseuse  se  fail  encore  admirer  par  sa 
grâce  et  sa  légèreté  ;  ses  clieveiix  ne  sont  point 
épars  ,  mais  le  lierre  dont  ils  sont  couronnés  ,  la 
peau  de  tigre  ou  de  panthère  qui  de  l'épaule  gauche 
s'envole  sous  son  liras  ,  nous  font  reconnaître  une 
Bacchante.  Elle  fait  résonner  dans  ses  mains  les 
cymbales ,  dont  le  bruit  harmonieux  doit  accompa- 
gner les  clameurs  des  Prétresses  de  Bacchus  ;  les 
bracelets  à  double  rang  sont  de  couleur  d'or;  son 
vêtement  est  de  cette  couleur  d'azur  c£ue  le  galant 
Ovide  distingue  parmi  celles  qui  plaisaient  le  plus 
aux  femmes. 

Les  Bacchantes  ne  sont  pas  toujours  caractérisées 
par  le  désordre  de  leur  chevelure  ;  on  en  trouve 
souvent ,  dans  les  monumens  antiques  ,  dont  les 
cheveux  sont  soigneusement  arrangés.  Un  poète 
latin  (Corn.  Gallus ,  1.  IV}  nous  peint  ainsi  l'une 
de  ces  femmes  voluptueuses  :  «  Sa  beauté  ingénue 
>)  lui  faisait  donner  le  nom  de  Candide;  les  tresses 
»  de  ses  cheveux  étaient  divisées  avec  art  ;  les 
»  cymbales  retentissaient  entre  ses  mains  agiles, 
>)  et  leur  éclat  se  réfléchissait  sur  tout  son  corps;  je 
>>  la  vis  danser  et  fus  épris  d'amour  ». 

Hauteur,  ii  p."  —  Largeur,  i  P.  3  p."  6  lig. 

Tome  I.  Peint. 


PLANCHE     XXII. 

VJETTE  figure  svelte  et  gracieuse  est  vêtue  d'une 
robe  violette  longue  et  transparente  ;  l'ëpaule  et  le 
bras  nus,  elle  semble  avoir  suivi  le  conseil  du  pré- 
cepteur des  amours,  qui  apprend  à  ses  écolières 
que  la  partie  qui  attire  le  plus  les  regards  des  amans 
est  celle  ou  ces  belles  formes  se  confondent.  (Ovid. 
de  ait.  III j  V.  307.  )  Un  voile  léger  jeté  sur  l'autre 
éj)aule  passe  sur  son  sein,  vient  former  un  tour  à 
son  bras  droit,  et  voltige  agréablement  par  derrière; 
son  poignet  est  paré  d'un  bracelet  d'or;  de  légères 
semelles  forment  sa  cliaussure;  les  feuilles  de  roseau 
dont  ses  clieveux  blonds  sont  couronnés  ,  le  vase 
qu'elle  porte  d'une  main,  le  disque  qu'elle  soutient 
de  iautre  ,  et  où  l'on  distingue  trois  figues  ,  pa- 
raissent faire  allusion  à  son  caractère.  C'est  une 
Naïade,  suivante  de  Bacchus,  ou  une  femme  qui  , 
sous  ce  personnage,  fait  au  Dieu  l'offrande  des  pré- 
mices d'un  fruit  qui  lui  est  consacré,  ou  l'une  de 
celles  qu'on  appelait  pour  servir  dans  les  festins 
somptueux.  La  couleur  violette  qui  distingue  son 
vêtement  était  très-recherchée  des  femmes  dans  leur 
parure,  et  une  profession  en  prenait  h  Rome  le  nom 
de  violarii. 

Hauteur,  11  p."  —  Largeur,  i  P.  3  p.°  6  lig. 

Tome  I.  Peint. 


T.I 


Dau .    13 


PLANCHE     XXI  II. 

VJETTE  jolie  figure  a  beaucoup  de  rapport  avec 
la  précédente  par  l'expression,  cpioique  ses  attributs 
lui  donnent  un  caractère  difîérent.  Sa  couronne 
formée  de  tiges  de  blé ,  et  sa  robe  blanche  ,  ont 
(juelque  rapport  aux  fêtes  de  Cérès,  célébrées  très- 
souvent  par  les  anciens  avec  celles  de  Bacchus.  C'est 
encore  une  Danseuse  appelée  dans  un  festin  ;  elle 
porte  un  panier  de  la  main  droite,  et  de  l'autre  un 
disque;  comme  sa  compagne,  elle  est  sans  ceinture, 
et  son  vêtement  flottant  laisse  à  découvert  le  sein 
et  le  bras  droit;  au-lieu  de  sandales,  elle  porte  des 
chaussons.  Cette  figure  rappelle  la  danse  religieuse 
des  Cernophores  ;  l'imitation  des  usages  religieux 
embellit  souvent  les  fêtes  consacrées  aux  plaisirs. 
La  tunique  flottante  était  une  recherche  des  femmes 
voluptueuses  et  des  hommes  qui  s'en  rapprochaient 
par  leur  goût  ;  elle  prêtait  à  la  grâce  des  mouve- 
mens  ,  et  les  ondulations  produites  par  le  zéphir 
donnaient  un  attrait  plus  piquant  aux  formes  que 
décelait  la  transparence  du  vêtement. 

Hauteur,  ii  p.»  —  Largeur  ,  i  P.  3  p.»  6  lig. 

Tome  I.  Peint. 


T.I 


PLANCHE      XXI  r. 

f/UELLE  est  cette  gracieuse  figure?  La  blancheur 
de  son  vêtement ,  la  candeur  qui  règne  dans  ses 
traits ,  ont  fait  croire  qu'elle  représentait  la  Paix. 
D'une  main  elle  porte  une  branche  chargée  de  deux 
fruits  qui  ressemblent  à  des  citrons  ;  de  l'autre ,  un 
sceptre  couleur  d'or.  «  La  Paix  dispense  les  biens  et 
»  nourrit  la  jeunesse;  elle  est  agréable  au  fils  joyeux 
>'  de  Jupiter;  le  chantre  des  plaisirs  veut  qu'elle 
»  préside  à  la  joie  de  ses  convives  ».  L'image  de 
cette  Déesse  est  bien  placée  dans  une  salle  de  festin; 
mais  ce  diadème ,  ce  voile  autour  de  la  tête  ,  ce 
manteau  azuré  et  les  autres  attributs,  seront  peut- 
éti^e  réclamés  par  Vénus.  Cythérée  orna  ses  jardins 
de  l'arbre  à  pommes  d'or  ;  un  sceptre  désigne  sa 
puissance  ;  elle  aime  la  couleur  des  flots  où  elle 
prit  naissance  ;  les  boucles  de  perles  aux  oreilles 
sont  rarement  oubliées  dans  les  images  de  cette 
Déesse  ,  même  en  sculpture  ;  et  les  médailles  nous 
la  représentent  souvent  avec  la  même  coiffure.  N'est- 
ce  pas  aussi  une  Prêtresse  de  Bacchus,  qui  préside 
au  chœur  des  danseuses,  représenté  par  cette  suite 
de  peintures.  Le  sceptre  était  au  nombre  des  marques 
Tome  I.  Peint. 


de  la  dignité  des  Prétresses;  les  fruits  et  leurs  pré- 
mices étaient  consacres  à  ce  Dieu.  Il  est  souvent  plus 
facile  d'admirer  l'habileté  de  l'artiste ,  que  d'assigner 
une  intention  à  ses  caprices. 


Hauteur,  ii  p."  —  Largeur,  i  P.  3  p.°  6  lig- 


tçf-  -' 


.    r 


»  •  '. 


h.: 


PLANCHE    XX  r- 

JLje  sujet  de  cette  peinture  est  d'une  composition 
aussi  piquante  qu'agréable.  Un  Centaure,  dans  sa 
course  rapide ,  enij)orte  la  Bacchante  qui  l'a  sub- 
jugué; il  ne  peut  fuir  son  vainqueur.  Le  genou 
plié,  \ai  Bacchante  s'affermit  sur  la  croupe  de  son 
captif,  et  foulant  d'un  pied  dédaigneux  ses  bras 
liés  derrière  le  dos  ,  le  tenant  d'une  main  par  les 
cheveux;  de  l'autre  ,  le  pressant  avec  le  bout  infé- 
rieur d'un  thyrse,  elle  le  maîtrise  à  son  gré.  Ses  che- 
veux blonds,  abandonnés  aux  vents,  attestent  la 
vélocité  de  la  course  ,  et  sou  vêtement  qui  s'échappe 
laisse  briller ,  dans  l'attitude  la  plus  hardie  ,  les 
formes  le  plus  heureusement  dessinées.  Ce  groupe 
a  quelque  rapport  avec  les  célèbres  Centaures 
sculptés  par  Aristeas  et  Papias ,  artistes  aphrodi- 
siens.  Les  copies  antiques  de  ces  statues  nous  font 
voir  le  plus  âgé  des  deux  Centaures  dompté  par 
le  génie  de  Bacchus ,  symbole  de  l'ivresse  et  de  la 
débauche  ;  il  a  les  mains  attachées  derrière  le  dos 
comme  celui  de  notre  fresque,  tandis  que  le  plus 
jeune  ,  adonné  à  la  chasse,  est  devenu  lui-même  la 
proie  de  Cupidon  qui  est  assis  sur  sa  croupe.  Dans 
les  métopes  du  Parthenon ,  Phidias  a  représenté 
Tome  I.  Peint. 


les  Centaures  comme  des  ravisseurs  de  jeunes 
femmes  et  de  jeunes  garçons.  Subjugués  ou  vain- 
queurs ,  ces  êtres  imaginaires  nous  offrent  une 
nature  sauvage  dégradée  par  l'intempérance  et  par 
les  plaisirs  les  plus  effiénés  ;  c'est  le  caractère  que 
leur  ont  donné  les  artistes  et  les  poètes.  On  les  voit 
aux  noces  de  Pirithous  violer  les  saintes  lois  de 
riiosjîilalité;  Ne  s  sus  ,,  enlevant  Z)e/'<37^^'re^  périt  sous 
les  traits  ô^ Hercule  ^  ce  héros  venge  la  sœur  à'Eu- 
risthèe  des  attentats  ^Homacle  ;  Rhœtus  et  Hyleus 
reçoivent  de  la  main  ^Atalante  le  prix  de  leur 
témérité,  et  les  Sirènes  prennent  le  nom  de  Cen- 
tauricides :,  du  nom  de  leurs  victimes. 

L'artiste  s'est  également  rencontré  avec  les  poètes 
dans  l'image  de  la  servitude  où  nous  assujétissent 
les  passions.  "Armée  d'un  fouet  redoutable,  Vénus 
,)  menace  les  rebelles;  comme  des  captifs  enchaînés 
»  dans  ses  nœuds  magiques  ,  elle  nous  instruit  sous 
„  ses  coups  multipliés  «. 

Hauteur,  ii  P.  —  Largeur,  i  P.  3  p.»  6  lig- 


PLANCHE     XXVI. 

^Euxis  fut  le  premier  dont  rimagination  vive  et 
f  ardente,  cherchant  des  sujets  extraordinaires  pour 
exercer  son  pinceau ,  créa  ,  dans  sa  Centauresse , 
cet  être  singuher  qui  rassemble  les  formes  que 
nous  admirons  le  plus  dans  la  nature.  On  ne  sait 
pas  si  les  poètes  grecs  les  plus  anciens  avaient 
donne  des  femmes  aux  Centaures  ;  mais  parmi  les 
Latins  5  Ovide  est  le  premier  qui  ait  reproduit  sous 
les  couleurs  de  la  poésie ,  ce  caprice  hardi  du 
pemtre  grec.  Nous  ne  rechercherons  point  avec 
quelques  écrivains  ,  la  possibihté  de  si  étranges 
productions  :  les  monstres  ,  dans  la  nature  ,  font 
horreur;  l'imagination  sait  embellir  les  formes  les 
plus  bizarres  ;  elle  nous  transporte  dans  un  monde 
nouveau,  où  tous  les  élémeris  de  la  nature  ïq  con- 
fondent pour  produire  ce  beau  idéal  que  les  artistes 
grecs  ont  toujours  cherché.  Les  erreurs  des  pre- 
miers peuples,  et  plus  souvent  les  traits  brillans  de 
leurs  sciences,  se  retracent  dans  les  chimères  de 
l'antiquité  ;  nous  avons  perdu  le  sens  de  leur  lan- 
gage emblématique  ;  mais  leurs  tableaux  ont  un 
charme  inexprimable  qui  nous  plaira  toujours ,  et 
.  le  plnlosophe  y  trouve  souvent  des  leçons  cachées 
qu'il  nous  exphque.  11  serait  cependant  difficile 
Tome  I.  Pei>jt, 


de  rendre  compte  de  Imtention  du  peintre  dans  le 
groupe  que  nous  avons  sous  les  yeux ,  si  Ton  doit 
y  voir  aaitre  chose  que  la  saillie  d'une  imagination 
brillante. 

La  belle  Centauresse  porte  çn  croupe  une  jeune 
Bacchante  vêtue  d'une  tunique  jaune ,  caractérisée 
par  le  thyrse  et  par  ses  cheveux  en  partie  épars  ,  en 
partie  attachés  avec  soin,  ainsi  qu'on  le  remarque 
dans  plusieurs  monumens.  Une  draperie  verte  jetée 
sur  son  épaule  vient  passer  sur  ses  reins  ;  un  col- 
lier, un  bracelet  lui  servent  de  parure.  Quand  l'œil 
a  perdu  la  trace  des  formes  humaines,  il  suit  celles 
qui  leur  succèdent  sous  une  nuance  très-blanche; 
les  oreilles  allongées  participent ,  peut-être  ,  de 
cette  seconde  nature,  ou  ne  sont  pas  différentes  de 
celles  de  la  figure  peinte  par  Zeuxis ,  qui  les  em- 
pruntait de  la  chèvre.  De  la  main  gauche,  la  Cen- 
tauresse tient  suspendu  un  feston  de  feuillage  qui 
se  termine  à  l'extrémité  par  un  bouton  et  des 
rubans  ;  fautre  bout  est  caché  dans  sa  main  droite 
passée  sous  l'épaule  de  la  jeune  fille,  et  son  mou- 
vement indique  qu'elle  va  lui  ceindre  la  guirlande 
eu  écharpe.  La  pose  gracieuse  de  la  Bacchante 
répond  parfaitement  à  cette  intention. 

Hauleur,  ii  p.°  —  Largeur,  i  I*.  3  p."  C  lig. 


PLANCHE     XXVII. 

Vje  Centaure  sans  barbe  enseigne   à  jouer  de  la 
lyre  à  un  jeune  homme  qu'il  soutient  le'gèremenl. 
La  nuance  de  la  partie  inférieure  est  un  bai- clair; 
les  draperies  sont  violettes  ;  le  tbjrse  et  le  tjinpa- 
num  que  l'on  y  voit  suspendus,  désignent  un  sui- 
vant de  Bacchus.  La  lyre  dont  il  donne  des  leçons, 
nous  rappelle  Chiron,  qui  montre  au  jeune  Achille 
l'art   de  jouer   de    cet   instrument;    d'ailleurs,    les 
suivans  de   Bacclius  cultivent  tous    les   genres  de 
musique,  et  il  n'est  pas  rare  de  voir  la  lyre  entre 
les  mains   des   Centaures   attelés  à  son  char.   Les 
cheveux  hérissés  du  Centaure  sont  assez  dans  le 
caractère  des  êtres  rustiques  que  les  anciens  poètes 
rangent  dans  le  cortège  du  Dieu  de  l'Ivresse,  tels 
que  les  Faunes,  les  Satyres,  etc. 

Hauteur,  ii  p."  —  Largeur ,  i  P.  3  p."  6  lig. 


PLANCHE    XX  r  III. 

ijE  sujet  que  nous  aclniirons  ici  n'a  rien  qui  ne 
rappelle  le  pinceau  qui  a  produit  les  trois  précé- 
dens;  mais  il  est  sensible  que  Fartiste  s'est  surpasse 
lui-même  dans  les  grâces  et  la  délicatesse  de 
l'exéculion.  Ce  charme  inexprimable  qui,  au  rap- 
port de  Lucien  ,  donnait  tant  de  prix  à  la 
Centauresse  de  Zeuxis  ,  se  reproduit  dans  celle- 
ci.  Il  réside  dans  l'union  subtile  des  deux  natures 
de  cet  être  imaginaire  ;  la  blancheur  répandue 
sur  la  carnation  délicate  de  l'une ,  se  distingue 
de  celle  qui  brille  sur  le  manteau  poli  de  la 
seconde  ;  mais  l'œil  se  perd  dans  les  nuances 
incertaines  cpii  les  séparent.  Cette  finesse  ,  ces 
coups  de  pinceau  qui  décèlent  si  souvent  une 
main  de  maître  ,  nous  prouvent  bien  que  ces 
anciens  artistes  avaient  une  connaissance  profonde 
de  l'art;  leurs  fautes  n'étaient  que  des  négligences; 
on  s'aperçoit  quelquefois  de  leurs  repentirs  par 
les  couches  de  couleur  qui  se  retrouvent  sur 
l'enduit  ;  mais  souvent  ils  ne  prenaient  pas  la 
peine  de  corriger  les  premiers  traits  de  leur 
pinceau.  Ici  le  fini  de  l'exécution  répond  au  mérite 
d'une  heureuse  invention.  L'attitude  du  groupe 
Tome  I.  Peint. 


est  admirable  et  le  inouveiucnL  plein  Je  cliarmes. 
Le  jeune  homme  ,  légèrement  soutenu  (l'une  main 
sur  1  épaule  de  sa  belle  compagne ,  lui  présente 
une  cymbale  dorée  quelle  est  prête  à  frapper  de 
la  sienne  ,  en-même-temps  qu'elle  toucîie  avec 
grâce  les  cordes  de  sa  lyre.  Leurs  regards  semblent 
se  rencontrer  comme  leurs  instrumens  harmonieux; 
rarrangement  de  la  chevelure  dans  notre  Centau- 
resse  semble,  comme  dans  celle  dOvide ,  annoncer 
le  dessein  de  plaire  ;  son  collier  {phaleia  )  forme 
une  parure  agréable  et  qui  semble  sur-tout  lui 
convenir,  en  rappelant  ceux  dont  on  parait  les 
plus  nobles  coursiers;  la  draperie  qui  voltige  sur 
son  bras  est  violette  ,  celle  du  jeune  homme  est 
jaune. 

Hauteur,  ii  p."  —  Largeur,  i  P.  3  p."  6  lig. 


T .  r 


■J  cfu       -_:  a 


PLANCHE     XXIX. 

v^ES  deux  peintures  d'un  excellent  coloris  furent 
trouvées  dans  les  fouilles  de  Résine,  le  3i  août 
1748;  elles  représentent  deux  Sièges  majestueux 
enrichis  d'ornemens  recherchés  ,  et  accompagnés 
de  marche-pieds  couleur  d'or;  cet  accessoire  nous 
autorise  h.  voir  ici  cette  espèce  de  Siège  qu'on  appe- 
lait proprement  un  tronc;  il  convient  aux  dieux 
et  aux  souverains.  Les  attrihuts  et  les  amours  ou 
génies  cju'on  remarque  aux  côtés ,  nous  apprennent 
à  quelles  divinités  ces  deux  trônes  sont  consacrés; 
sur  l'un  repose  la  colombe  de  Vénus.,  le  coussin 
est  couleur  de  rose;  la  draperie  jetée  sur  le  dossier 
et  qui  retombe  sur  les  bras  ,  est  de  couleur  verte 
changeante.  L'un  des  génies  y  suspend  une  guir- 
lande qui  paraît  formée  de  feuilles  de  myrte  ; 
l'autre  porte  le  sceptre  :  ce  trône  attend  la  Reine 
des  Amours.  Le  second  appartient  à  son  belliqueux 
amant.  Le  casque  de  Mars ,  surmonté  d'un  pa- 
nache ,  est  déposé  sur  le  coussin  ;  l'un  des  génies 
soutient  son  grand  bouclier;  et  l'autre  arrange  une 
guirlande  qui  paraît  composée  de  laurier,  récom- 
pense de  la  valeur.  Rien  n'est  plus  gracieux  que  la 
pose  des  quatre  génies;  l'opposition  que  le  peintre 


leur  a  donnëe  dans  ces  deux  peintures  qui  font 
pendant,  est  d'une  heureuse  intention.  Les  colliers 
et  les  cercles  d'or  dont  sont  ornes  le  cou,  les  bras 
et  les  jambes  de  ces  beaux  enfans  ,  sont  une  pa- 
rure distinguée. 

Hauteur,  8  p.°  3  lig.  —Largeur,  i  P.  i  p."  6  lig. 


T.I 


'I*  l'i  nrffj.mi^BHp^Mi^^ 


PLANCHE    XXX. 

i_/N  découvrit  dans  les  fouilles  de  Résine,  au  mois 
de  septembre  1748,  ces  peintures  et  les  suivantes, 
oii  sont  représentés  les  Génies  de  la  danse  et  de  la 
musique,  des  jeux  de  l'enfance,  de  quelques  arts 
mécaniques  et  de  divers  exercices.  Dans  le  premier 
tableau,  l'un  des  petits  danseurs  est  en  mouvement, 
tenant  d'une  main  une  espèce  de  roseau  fendu  , 
dont  le  bruit  paraît  devoir  marquer  la  mesure  ; 
l'autre,  prêt  k  partir,  ajuste  une  couronne  de  myrte 
sur  sa  tête  ,  à  l'envi  de  son  compagnon  déjà  cou- 
ronné. Dans  le  second  tableau,  l'un  ,  presque  en 
repos,  tient  aussi  un  roseau  fendu;  l'autre,  en  mou- 
vement, porte  sur  l'épaule  un  long  sceptre,  orné  au 
bout  d'une  pomme  ou  d'une  balle,  et  tient  un  disque 
ou  plutôt  un  petit  tambour  suspendu  à  un  cordon. 
Onpeut  considérer  ce  sceptre  comme  destiné  à  servir 
de  balancier,  ou  à  faire  briller  l'adresse  du  danseur. 
On  sait  à  quel  point  les  anciens  ont  porté  le  goût 
de  la  danse.  Cet  art,  également  consacré  par  la 
religion  et  par  le  plaisir,  faisait  partie  de  l'éducation 
publique  chez  plusieurs  peuples;  et  les  artistes  ont 
pris  souvent  plaisir  à  nous  retracer  les  modèles  qu'il 
leur  offrait. 

Hauteur,  8  p.°  3  lig.  —  Largeur,  i  P.  i  p.°  5  lig. 

Tome  I.  Peint. 


T.I 


PLANCHE      XXXI. 

jES  deux  peintures  offrent  l'union  de  la  danse 
et  de  la  musique.  Dans  la  jDremière  ,  l'un  des 
Gëniesjoue  d'une  flûte  double  garnie  de  clefs  pour 
en  varier  les  modulations  ;  l'autre  saute  ou  danse 
sur  un  seul  pied  avec  un  bâton  ou  peut-être  un 
balancier  sur  l'éjoaule,  pour  conserver  l'équilibre. 
Dans  la  seconde  peinture  ,  l'enfant  armé  d'un 
instrument,  dont  l'extrémité  fendue  est  retenue 
par  un  anneau  ,  pourrait  représenter  une  espèce 
de  danse  que  Pollux  nomme  fissilia  trahere  •  nous 
remarquerons  au  reste  plusieurs  instrumens  peu 
com^us,  et  qui  paraissent  tous  répondre  à  la  même 
intention,  celle  de  produire  un  certain  bruit  qui 
marque  le  temps  ou  la  mesure.  L'autre  danseur 
accompagne  ses  pas  du  son  d'vme  lyre  à  six 
cordes  dont  il   touche  avec  grâce. 

Hauteur,  8  p."  3  lig.  —  Largeur  ,  i  P.  i  p."  6  lig. 

Tome  I.  Pei>'t. 


T.  I 


^'au      sa 


PLANCHE     XXXII. 

J_jA  première  de  ces  peintures  nous  oflfre  deux 
Gënies  dont  l'action  vive  et  gracieuse  retrace  le 
même  exercice  que  les  précédentes.  L'un  porte 
sur  l'épaule  un  instrument  à  dix  cordes  dont  la 
forme  rappelle  le  trigone  antique ,  quoiqu'il  ne 
soit  point  fermé  par  un  troisième  côté  ;  il  danse 
et  pince  en -môme -temps  les  cordes  de  la  main 
droite.  Son  compagnon  paraît  danser  au  son  du 
même  instrument;  il  tient  dans  chaque  main  deux 
clous  de  bronze ,  espèce  de  crotales ,  dont  on  tirait 
des  sons  en  les  frappant  en  cadence. 

Dans  la  seconde  peinture  ,  on  voit  trois  petits 
Génies  occupés  au  même  jeu.  Celui  du  milieu  est 
facteur  principal;  il  doit  enlever  le  piquet  planté 
en  terre,  et  vers  lequel  il  doit  arriver  en  suivant  la 
corde  qui  y  est  attachée.  Les  deux  autres ,  armés 
de  baguettes,  s'y  opposent  avec  vivacité,  l'un  en 
poursuivant  l'acteur,  l'autre  en  le  tirant  à  lui,  par 
le  moyen  de  la  corde,  pour  le  frapper  de  son  côté. 
La  composition  de  ce  tableau  est  aussi  piquante 
qu'animée. 

Hauteur,  8  p."  3  lig.  —  Largeur,  i  P.  i  p."  6  lig, 

Tome  I.  Peint.  ~ 


T.I 


^7âu, .  33 


PLANCHE     XXXIII. 

v^ES  deux  sujets  fout  suite  aux  jeux  enfantins. 
Le  premier  représente  un  char  à  deux  roues,  tiré 
j)ar  deux  enfans ,  et  guidé  par  un  troisième.  La 
forme  du  petit  cliar  ("  Biroiimi  )  est  semblable  a 
celle  des  chars  en  usage  dans  les  jeux  du  cirque, 
telle  qu'elle  se  rencontre  souvent  dans  les  mo- 
numens  et  sur  les  médailles.  Celui-ci  n'a  qu'un 
seul  timon,  comme  destiné  ordinairement  à  l'atte- 
lage d'un  seul  couple  ;  on  sait  que  les  timons 
se  multipliaient  quelquefois  à  raison  de  chaque 
attelage.  Cet  exercice  donnait  aux  enfans  l'envie 
de  paraître  au  cirque  ,  et  de  se  distinguer  dans 
ces  jeux  célèbres. 

L'autre  peinture  offre  le  jeu  vulgairement  appelé 
cligne-mussette.  On  y  voit  trois  petits  Génies;  l'un 
d'eux  se  couvre  les  yeux  avec  les  mains  pour 
donner  aux  autres  le  temps  de  se  cacher;  un 
second  court  avec  empressement  pour  se  cacher, 
et  retourne  la  tête  joour  s'assurer  s'il  n'est  point 
observé;  le  troisième,  déjà  tapi  derrière  une  porte, 
épie  avec  impatience  celui  qui  doit  chercher.  Ces 
figures  sont  pleines  de  grâce  et  de  naïveté. 

Hauteur,  8  p.»  3  lig.  —Largeur,  i  P.  i  p.»  6  lig. 

Tome  I.  Peikt. 


PLANCHE     XXXir. 

X-^ANS  la  jîreiilicre  peinture,  on  voit  un  enfant 
qui  fait  peur  à  un  autre  avec  un  masque.  Ce 
pauvre  petit  est  tombé  à  la  renverse  ,  et  tout 
clans  son  mouvement  exprime  ingéuuement  sa 
rayeur  ;  un  troisième  parait  venir  a  son  secours , 
et  gronder  celui  qui  l'a  effrayé.  Le  caractère  du 
masque  est  chargé  ;  il  paraît  avoir  les  traits  d'un 
singe.  Cette  espèce  de  masque  était  appelée  nior- 
molycea  ,  et  son  nom  seul  servait  aux  nourrices 
pour  faire  peur  aux  enfans. 

L'autre  peinture  a  quelque  chose  de  très-curieux  ; 
elle  représente  deux  Génies  exerçant  le  métier  de 
menuisier.  On  voit  dans  la  boutique  l'établi  avec 
le  fer  crochu  ou  valet  pour  assujétir  les  planches, 
la  scie,  le  marteau,  et  une  boîte  à  mettre  les  outils. 
Sur  un  support  attaché  au  mur  est  un  petit  vase 
destiné,  peut-être,  à  contenir  de  l'huile  pour  les 
outils.  Chaque  profession  mécanique  avait  ses  Dieux 
protecteurs  ,  auxquels  les  inscriptions  donnent  le 
nom  de  Génies  •  celle  des  charpentiers  et  des 
menuisiers  formait^  à  Rome  ,  l'une  des  principales 
communautés.  On  appelait  aussi  Génie  l'inclination 

Tome  1.  Peint. 


qu'on  sentait  pour  exercer  un  art.  L'intention  du 
peintre  peut  se  rapporter  à  l'un  de  ces  motifs. 

Hauteur ,  8  p.»  3  lig.  —  Largeur,  i  P.  i  p,»  6  lig. 


T.  I 


PLANCHE     XXXr. 

Xja  première  de  ces  peintures  est  très-curieuse  , 
en  ce  qu'elle  nous  retrace  une  opération  rustique, 
avec  des  détails  que  les  Auteurs  anciens  ne  nous 
ont  transmis  qu'avec  beaucoup  d'obscurité.  Ces 
Génies  représentent  les  travaux  des  pressureurs  , 
qui  formaient  à  Rome  luie  communauté  sous  le 
nom  latin  de  Capidatores.  Un  plateau  ,  deux  che- 
vrons plantés  en  terre  ,  réunis  par  un  troisième  dans 
la  partie  supérieure,  quelques  traverses  et  des  coins 
de  bois  composent  toute  la  machine ,  et  forment 
le  pressoir.  11  est  du  genre  de  ceux  qu'on  peut 
appeler  pressoirs  à  poids,  plus  anciens  et  plus  sim- 
ples que  les  pressoirs  à  vis.  Deux  Génies,  frappant 
en  sens  contraire  avec  des  maillets,  enfoncent  les 
coins  ,  et  font  descendre  les  traverses  dont  la  j)res- 
sion  écrase  le  raisin  ;  on  voit  le  moût  couler  par  la 
rigole  et  tomber  dans  un  grand  vase.  Un  Génie  à 
part  semble  occupé  à  faire  cuire  le  moût  ^  qu'il 
remue  avec  une  spatule  dans  un  vase  placé  sur  un 
fourneau. 

L'autre  peinture  représente  une  boutique  de  cor- 
donnier. Deux  Génies  assis  sur  des  escabelles  devant 
une   table,  exercent  ce  métier.  On  voit  quelques 

l'oniç  I.  Pei]\t. 


brodequins  sur  une  tablette  attachée  au  mur;  de 
l'autre  côté  est  une  armoire  où  sont  rangés  des 
formes  et  des  vases  qui  peuvent  contenir  la  cou- 
leur dont  on  teignait  les  chaussures. 


Hauteur,  8  p.*  3  lig.  —Largeur,  i  P.  i  p."  6  lig. 


T.  I 


PLANCHE    XXXVI. 

'n  ignorait  tout-h^-fait  quel  était  le  sujet  du  pre- 
mier tableau.  M.  F isconti  en  a  donne  une  expli- 
cation heureuse  fondée  sur  un  rapprochement  de 
passages  anciens  et  de  plusieurs  monumcns.  {Voye^ 
Museo  Pio-Clem.  Tome  IV ^  pf^ig^  2^  note  1).  Ces 
Génies  s'occupent  autour  d'un  métier  h  former 
une  espèce  de  festons  de  laine  qui  devaient  être 
interrompus  par  de  petits  nœuds  en  ruban  pourpre. 
Ces  festons  étaient  proprement  dits  vittœ-  ils  for- 
maient la  parure  ordinaire  des  temples ,  des  vic- 
times, et  de  presque  tous  les  oljjets  du  culte.  Pour 
faciliter  le  travail  de  ces  petits  ouvriers,  des  éche- 
veaux  de  laine  sont  suspendus  autour  du  métier  , 
sur  la  table  duquel  paraît  un  grand  nondarc  de 
petits  anneaux  de  ruban  pour  en  former  les  nœuds 
que  nous  venons  d'indiquer.  Ces  Génies  font  pré- 
cisément l'opération  que  Stace  a  décrite  dans  l'hé- 
mistiche suivant  (Theb.  Il,  v.  738)  : 

Nectiint  discrimine  villas. 

Dans  le  second  tableau,  on  voit  deux  jjctits  Gé- 
nies dans  une  attitude  gracieuse  qui  samuscnt  à 
pêcher  à  la  ligne. 

Hauteur  j  S  p."  3  lig.  —  Large-ar  ,  i  P.  i  p."  8  lig. 

Tome  /.  Pei^t. 


T.  I 


PLANCHE     XXX  ni. 

JLje  Génie  de  la  Chasse  ne  peut  être  rejDrésenté 
avec  plus  de  vie ,  avec  plus  de  grâce.  Il  tient  deux 
javelots  de  la  main  gauche  ;  de  l'autre  ,  il  lance  le 
trait  qui  va  percer  l'un  des  cerfs  fugilifs;  le  Latte- 
ment  de  ses  ailes  et  sa  draperie  flottante  répondent 
à  la  vivacité  de  son  action.  Les  cerfs  sont  d'une 
belle  forme  et  s'élancent  avec  rapidité.  Les  chiens 
sont  tels  que  les  décrit  un  auteur  ancien  (  Neme- 
siANUS  ,  V.  io8  et  sia'sK  )  »  Elevés  sur  les  jambes  ,  la 
»  poitrine  large ,  les  flancs  effilés  vers  la  croupe ,  la 
»  queue  recourbée  et  les  oreilles  flottant  avec  sou- 
«  plesse  dans  leur  course  >..  Le  peintre  n'a  rien 
négligé  pour  exprimer  cet  exercice  chéri  des  rois 
et  des  héros  ,  et  qui  préparait  les  Romains  à  la 
gloire  ,  en  développant  leurs  forces  et  en  entrete- 
nant leurs  membres  dans  la  vigueur.  (/  o/.  IIoR.  I, 
ép.  XFIII). 

L'autre  peinture  offre  deux  Génies  chacun  sur  un 
char  tiré  par  des  dauphins  accouplés  à  un  timon  ; 
le  second ,  cédant  au  sommeil  et  prêt  à  tomber  dans 
la  mer,  semble  faire  allusion  à  l'aventure  du  fameux 
nocher  dEnée. 

Hauteur,  8  p.°  3  lig.  —Largeur,  i  P.  i  p."  6  lig. 

Tome  I.  Feint. 


T     î 


Jau.  3âr. 


PLANCHE     XXXVIII. 

J_jA  première  de  ces  peintures  offre  un  Génie 
assis  dans  un  cliar  et  jouant  de  la  Ijre.  Le  cliar 
est  traîné  par  deux  griffons  guidés  par  un  autre 
Génie  qui  marche  devant,  et  porte  un  bassin  rempli 
de  fruits.  Le  fond  du  tableau  est  une  draperie  verte 
relevée  dans  le  milieu  par  un  gros  nœud  ,  et  dont 
les  plis  indiquent  une  suite  de  festons.  Cet  appareil, 
cette  marche  solennelle  ,  ces  quadrupèdes  ailés 
consacrés  à  Apollon ,  semblent  annoncer  le  fds  de 
Latone.  Ces  Génies  sont  évidennuent  les  Génies 
d'Apollon  ;  la  draperie  peut  faire  allusion  au  pa- 
villon sacré  décrit  par  Euripide  dans  Xlon,  et  que 
l'on  érigeait  à  Delj^hes  dans  les  fêtes  de  ce  Dieu. 
La  lyre  désignerait  l'harmonie  que  ce  Dieu  puissant 
entretient  dans  la  nature,  et  le  bassin  de  fruits  serait 
l'hommage  offert  pour  les  bienfaits  qu'il  répand  sur 
la  terre  en  la  fécondant.  Ce  que  cette  peinture  a 
pu  laisser  à  désirer  pour  le  fini  de  l'exécution  et  la 
beauté  du  coloris  ,  est  racheté  par  le  mérite  de 
l'invention,  le  mouvement  et  la  vie  des  figures.  Elle 
fut  trouvée  dans  les  fouilles  de  Résine  en  1748.  La 
suivante  fut  trouvée  au  même  lieu  en  1749  ;  elle 
nous  offre  également  un  sujet  religieux  ,  expliqué 
Tome  I.  Peint. 


par  rinscriplion  très -rare  qu'on  lit  sur  le  fond  du 
tableau  :  Genius  hujus  loci  montis,  Génie  de  cette 
montagne.  Ce  jeune  homme  nu,  couronné  de  feuil- 
lages et  tenant  une  branche  à  la  main  ,  vient  de 
déposer  son  offrande  sur  l'autel  rustique  qui  s'élève 
au  sommet  de  la  montagne.  Son  action  indique  le 
silence  qui  convient  au  mvstère ,  à  l'instant  propice 
attendu  religieusement,  où  le  serpent  vient  dévorer 
les  fruits  consacrés.  On  connaît  le  respect  des  an- 
ciens pour  ce  reptile;  né  de  la  terre  ,  il  représente 
ici  le  Génie  du  lieu.  Ln  passage  de  \irgile  se  rap- 
porte merveilleusement  au  sujet.  (jEn.  ï^.  v.  97}. 

Il  dit,  et  de  la  tombe  un  seipent  monstrueux 
Sort  en  développant  sept  plis  majestueux. 
Embrasse  mollement  la  tombe  paternelle; 
D'un  or  mêlé  d'azur  son  écaille  étincelle , 
Et  son  émail  changeant  jette  un  éclat  pareil 
A  l'écharpe  brillante  où  s'empreint  le  soleil. 
On  s'étonne  à  sa  vue;  et  lui  sans  violence  , 
Parmi  les  vases  saints  s'avançant  en  silence. 
Glisse,  effleure  les  mets,  et,  rassemblant  ses  nœuds, 
Bentre  au  fond  de  la  tombe  et  disparaît  aux  yeux. 
Quel  est,  dit  le  héros,  ce  serpent  tute'laire  ? 
Est-ce  un  gardien  sacré  du  tombeau  de  mon  père  ? 
Serail-ce  de  ces  lieux  le  Génie  inconnu  ? 

D  E  L  I  L  L  E. 

Hauttur,  8  p.°  3  lig.  —Largeur,  i  P.  i  p.°  6  lig. 


PLANCHE    XXXIX. 

VJETTE  peinture  et  les  suivantes,  ayant  pour  sujet 
des  décorations  d'architecture  ,  furent  trouvées 
dans  les  fouilles  de  Résine.  On  cliercherait  vaine- 
ment, dans  ces  compositions  bizarres,  les  principes 
ou  l'application  des  règles  de  l'art  ;  on  ne  doit 
y  considérer  que  l'essor  d'une  imagination  capri- 
cieuse 5  dont  une  grâce  séduisante  excuse  à  peine 
les  écarts.  La  peinture  ,  qui  n'est  que  l'ombre 
des  arts  plus  imposans,  de  la  sculpture  et  de  l'archi- 
tecture, a  pu  jouer  avec  les  formes  les  plus  sévères 
et  produire  des  prestiges  brillans ,  comme  fait  l'ima- 
gination avec  les  ombres  légères  d'un  songe.  Les 
décorateurs  ,  qui  n'avaient  pour  but  que  de  rem- 
placer la  longue  uniformité  d'une  surface  par  des 
olijets  agréables  à  la  vue,  se  sont  abandonnés  sans 
scrupule  à  tous  leurs  caprices.  Kitnive,  ce  grand 
maître  de  l'antiquité,  dont  le  livre  conserverait  en- 
core les  principes,  si  tous  les  monumens  avaient 
péri ,  s'est  élevé  avec  une  grande  sévérité  contre  ces 
écarts  qu'il  croyait  pernicieux  au  bon  goût.  Il  rap- 
pelle la  peinture  à  sa  première  destination  ,  celle  de 
représenter  ce  qui  existe  ;  il  veut  qu'elle  soit  aussi 
vraie  dans  la  représentation  de  l'architecture  ,  que 
dans  l'imitation  de  tous  les  objets  pris  dans  la  nature; 
il  ne  peut  souffrir  ces  fuis  de  candélabres,  ni  ces 
Tome  I.  Peint. 


cannes  légères  (calami)  qui  prennent  la  place  des 
colonnes ,  ni  ces  formes  de  crochets  {harpaginetuU) 
substitués  au  faite  imposant  d'un  édifice ,  tels  qu'on 
les  voit  au  couronnement  de  la  rotonde  dans  notre 
peinture,  à  laquelle  on  jjeut  parfaitement  appliquer 
la  critique  de  Fauteur  latin.  Cette  rotonde  paraît 
former  le  milieu  d'un  ensemble  de  colonnades  dis- 
posées d'une  manière  pittoresque.  Il  manque  la 
partie  gauclie  et  tout  ce  qui  répondrait  au  côté 
droit.  L'arrangement  des  guirlandes  et  des  feuillages 
jette  de  l'agrément  dans  les  espaces  et  sert  à  marquer 
les  distances.  L'ordre  ressemble  à  l'ionique,  s'il  peut 
être  déterminé  malgré  le  défaut  de  proportions.  On 
ne  peut  s'empêcher  de  reconnaître  dans  ces  pein- 
tures une  vivacité  singulière  ,  réunie  à  tant  de  fran- 
chise et  d'esprit,  dans  les  touches  des  ombres  et  des 
lumières  ,  que  Vitruve  qualifiait  d'aspérité  le  relief 
qu'elles  produisaient.  Et  si  l'on  veut  revenir  contre 
la  condamnation  du  critique  latin ,  on  se  rappellera 
que  Raphaël  a  adopté  ce  genre  de  peinture  pour  la 
décoration;  et  le  goût  géuéi-al  avec  lequel  les  anciens 
et  les  modernes  l'ont  affectionné,  semble  faire,  avec 
ce  jugement  implicite  de  Raphaël,  une  autorité  qui 
contre -balance  l'opinion  trop  sévère  que  Vitruve 
avait  de  ce  même  genre. 

Hauteur  j  3  P.  3  lig.  —  Largeur  ,  -i  P.  9  p."  6  lig- 


©^ 


PLANCHE    XL. 

VJETTE  décoration,  du  même  goût  que  la  préce'- 
deiite,  est  également  tronquée.  Elle  règne  sur  une 
bande  qui  forme  comme  le  socle  de  la  salle;  cette 
bande  est  divisée  en  trois  parties.  La  partie  inférieure 
qui  sert  d'arcliitrave ,  est  ornée  d'ailes  et  de  bande- 
lettes disposées  alternativement.  La  partie  supérieure 
est  agréablement  ornée  et  figure  la  corniche.  Celle 
du  milieu  peut  passer  pour  la  frise  {.^ophorus ^  ainsi 
dite,  parce  qu'elle  est  ornée  d'animaux);  les  modil- 
lons  sont  figurés  par  des  têtes  ou  mascarons,  et  les 
métopes  par  des  cygnes  et  d'autres  oiseaux  qui  tien- 
nent des  couronnes  suspendues  sur  un  pavillon  ou 
sur  une  coquille;  le  portique  quadrilatère  forme  le 
milieu  de  la  décoration  ;  il  est  flanqué  de  deux  autres 
de  forme  triangulaire ,  égaux  entre  eux.  Tousles  trois 
sont  couronnés  d'une  espèce  de  pavillon,  et  reposent 
sur  un  soubassement  proj^re  à  cliacun  d'eux  :  les 
chapiteaux  désignent  l'ordre  ionique  ;  mais  les 
colonnes  effilées  n'ont  point  de  base  comme  dans 
le  dorique.  A  quelque  distance  des  portiques,  on  en 
voit  naître  un  quatrième,  dont  on  distingue  seule- 
ment une  colonne  et  un  contre-pilastre  sur  une  base 
isolée  des  premières  ;  l'intervalle  entre  ces  deux  suites 
Tome  /.  Peint. 


est  occupé  par  une  espèce  de  dais  décoré  inté- 
rieurement de  caissons,  et  sur  le  front,  d'une  frise 
et  d'un  tableau  représentant  une  biclie  marine. 
Sous  le  dais  se  voit  un  panier  sacré  ressemblant  à 
ceux  des  Canephores,  avec  ses  anses  et  son  couvercle. 
Ce  panier  est  suspendu  par  une  guirlande  qui 
s'attache  au  pavillon  principal  en  traversant  les 
colonnes  avec  élégance  ,  et  dont  le  second  feston 
paraît  devoir  aller  joindre  une  partie  semblable  au 
côté  visible. 

Hauteur,  3  P.  —  Largeur ,  4  P.  g  p.'  6  lig. 


Jaa. 


PLANCHE     XLI. 

XA-U  premier  aspect,  ce  portique  promet  un  édifice 
régulier;  mais,  avec  quelque  attenlion,  ou  y  dé- 
couvi'e  les  mêmes  défauts  et  les  mêmes  bizarreries 
que  dans  les  décorations  précédentes.  Les  colonnes, 
toujours  en  forme  de  candélabres  ,  paraissent  tenir 
k  l'ordre  composite,  si  l'on  se  borne  à  considérer  le 
chapiteau,  sa  forme  et  sa  proportion.  Les  bases  sont 
attiques  et  reposent  sur  un  socle  ou  soubassement 
orné  en  partie  comme  un  piédestal  avec  une  grande 
ouverture  horizontale  dans  le  milieu.  Le  portique 
semble  fermé  par  une  enceinte  à  hauteur  d'appui , 
dans  le  genre  de  ceux  qu'on  appelait  chez  les  anciens 
pïutei-  ils  étaient  ordinairement  de  marbre  ou  de 
bois.  Dans  le  fond,  on  voit  un  autre  portique  d'ordre 
ionique  dont  la  corniche,  ornée  de  triglvphes  et  de 
métopes  ,  quoique  d'un  goût  bizarre  ,  tient  beau- 
coup au  dorique.  Toute  la  colonnade  ,  comme  les 
précédentes ,  est  réunie  par  une  guirlande  qui  cou- 
ronne un  tympanum  ou  un  bouclier  qu'on  suspen- 
dait aux  portes  des  temples;  cette  remarque  peut 
conduire  à  penser  qu'on  a  voulu  figurer  ici  le 
pronaos  ou  le  vestibule  d'un  temple. 

Hauteur,  4  P.  i  p."  —  Largeur,  3  P. 

Tome  I.  Pjîint. 


PLANCHE    XL  II. 

VJ  E  T  T  E  planche  présente  deux  fragniens  de 
peintures  différentes.  La  première  semble  offrir 
le  vestibule  d'un  grand  palais.  La  colonne  en  avant 
de  la  perspective  ^  décorée  d'ornemens  bizarres  , 
peut  faire  supposer  un  autre  édifice  isolé.  Les 
deux  colonnes  sur  la  droite  du  tableau  et  l'espèce 
de  therme  ou  de  cariatide,  placée  à  l'angle  sail- 
lant ,  indiquent  des  parties  correspondantes  qui 
concourent  à  soutenir  la  frise  et  la  corniche  d'une 
grande  richesse;  à  travers  la  porte  ,  on  découvre 
une  colonnade  ionique  qui  donne  l'idée  d'un 
portique  ou  d'une  cour  (  peristylium  }.  La  dis- 
position des  parties  et  la  dégradation  des  teintes 
dans  ce  tableau  curieux  ,  prouvent  bien ,  contre 
une  opinion  hasardée ,  la  connaissance  que  les 
anciens   avaient  de  la  perspective  et  de  ses  effets. 


L'autre  peinture ,  très -intéressante,  semble  offrir 
trois  parties  distinctes  et  réunies  par  le  seul  caj^rice 
du  décorateur;  l'édifice  semble  indiquer  \e  pronaos 
d'un  temple  qu'on  peut  suj)poser  de  Bacchus  , 
à  cause  de  la  statue  de  panthère,  placée  au  pied 
d'une    colonne.    On    peut   reconnaître  le   nombre 

Tome  I.  Peiist. 


impair  des  gradins,  exigé  par  Vitruve  (III,  3}; 
le  phiteus  et  la  porte  bien  singulière,  divisée  en 
trois  parties  ou  battans  ;  il  n'y  a  de  véritable  rpie 
celui  du  milieu ,  les  deux  autres  étant  dormans  ; 
aussi  Tescalier  na-t-il  la  largeur  que  de  la  seule 
partie   qui  s'ouvre. 


Hauteur,  o  p.°  3  li^-  — Largeur,  i  P.  i  p  "  6  lig. 


^P^ 


T.r 


Jcuj  .  43 


PLANCHE     XL  III. 

\_/N  ne  peut  considérer,  sans  plaisir,  cette  peinture 
singulière.  Sur  un  portique  d'ordre  ionic[ue,  dont 
on  ne  voit  que  les  chapiteaux  avec  la  corniche  et  la 
frise  ornée  de  daujahins  et  de  tritons ,  s'élève  un 
édifice  construit  en  bois.  Le  chapiteau  tient  du  co- 
rinthien; la  corniche,  le  frontisj^ice  et  le  toit  ont 
quelque  chose  de  fantasque  et  d'agréable.  Sur  le 
flanc,  se  détache  un  morceau  de  travail  semblable  , 
consistant  en  deux  pilastres  qui  descendent  jusqu'en 
bas  de  l'édifice  inférieur  ,  et  dont  l'entablement 
porte  un  beau  vase  à  deux  anses  et  à  col  rétréci.  On 
pourrait  penser  que  cet  édifice  représente  un  cœna- 
cuhini^  ou  luie  espèce  de  belveder  sur  la  plate- 
forme d'une  maison  de  plaisance.  {T^oy.  Vitruve  , 
Jih.  H,  cap.  8).  Les  arbres  qui  l'environnent  et 
dont  on  ne  voit  que  les  sommités,  confirment  cette 
opinion. 

On  admirera  dans  la  seconde  peinture  {pi.  47  de 
V édition  royale)  l'iniagination  et  le  caprice  ingé- 
nieux de  l'artiste.  Il  a  représenté  d'une  manière  très- 
gracieuse  ,  un  perroquet  attelé  à  un  petit  char  et 
guidé  par  un  grillon  qui  tient  les  rênes  entre  ses 

Tome  I.  Peint. 


dents;  on  trouve  des  pierres  gravées  avec  de  sem- 
blables fantaisies  qui  pourraient  bien  renfermer 
quelques  allusions  satiriques  à  des  noms  propres, 
ou  bien  à  des  anecdotes  relatives  à  l'époque  où 
vivait  lartiste. 


I."  Sujet.  —Hauteur,  3  P.  4  i>.°  —  Largeur,  3  P.  6  p.°  6  lig. 
2.'  Sujet. —  Hauteur,  i  P.  2  p."  —Largeur,  3  P.  6  p." 


\ 


T.  I 


/" 


./.  cL^  == 


.m.^n 


PLANCHE     XLIV. 

JLa  première  peinture  paraît  offrir  un  vestibule  ;  le 
caprice  y  règne  comme  dans  les  préccdentes,  et 
n'exclut  pas  un  certain  agrément.  Les  colonnes  à 
chapiteaux  ioniques  ,  mais  sans  bases  ,  portent  la 
couverture  et  une  corniche  que  l'ornement  presque 
en  Iriglyphe  et  les  modillons  rapprochent  du  do- 
rique. La  lionne  ou  panthère,  le  disque  d'argent 
auquel  sont  suspendus  des  festons  entrelacés  de  ru- 
bans rouges,  le  tableau  au-dessus  de  l'édifice  repré- 
sentant une  marine  ,  sont  des  ornemens  disposés 
pour  la  grâce  et  l'effet  pittoresque. 

Dans  le  premier  tableau  {pi.  5o  de  ledit,  royale) 
qui  est  au-dessous,  on  voit  Osiris  ou  quelqu'un  de 
ses  prêtres  avec  un  masque  à  tele  d'épervier,  sur- 
montée de  la  fleur  mystérieuse  du  lotus;  il  porte 
une  lance  (hasta);  vis-à-vis  est  un  prêtre  d'Isis  ayec 
une  longue  barbe  et  tenant  en  main  un  serpent;  ce 
symbole,  bien  connu  d'Isis,  a  rapport  à  la  faculté  de 
guérir  ,  attribuée  à  cette  divinité  universelle  ;  au 
milieu  est  un  autel  avec  le  vase  de  Feau  du  Nil , 
autre  emblème  propre  à  la  même  déesse. 

La  jDeinture   qui   fait   pendant   représente   aussi 
Osi?'is  et  Isis.  Le  premier  a  une  longue  barbe  ;  cha- 
cune de  ces  divinités  porte  une  lance,  et  de  l'autre 
Tome  /,  Peint. 


main  quelque  chose  de  difficile  à  distinguer,  pro- 
bablement le  tau  ou  la  clef  des  digues ,  symbole  du 
débordement  annuel  du  Nil  qu'on  croyait  du  à  Isis 
et  à  Osiris;  au  milieu  on  voit  une  table  sur  laquelle 
est  un  oiseau  qui  semble  s  élancer  vers  Isis  ;  cet 
oiseau  peut  rappeler  les  fables  égyptiennes  qui  fai- 
saient mention  de  la  métamorphose  d'Isis  en  hiron- 
delle; les  vêtemens  réticulaires  sont  les  mêmes  que 
ces  divinités  portent  sur  la  table  isiaque  ou  dans 
d'autres  monumens. 


i.^'  Sujet.  —  Hauteur,  2  P.  2  lig.  —  Largeur,  2  P.  g  lig. 
a..'  et  3.'  Sujets — Hauteur,  i  P.  —  Largeur,  i  P.  2  lig. 


'i 

^ 


\  V 


^ù 


V 


& 


fH 


PLANCHE     XLV, 

JLje  premier  tableau  représente  un  coniLat  entre 
deux  vaisseaux  de  guerre  ;  un  autre  ,  chargé  de 
gens  armés  ,  paraît  s'éloigner ,  tandis  qu'un  qua- 
trièmej  brisé  contre  un  rocher  et  dévoré  par  les 
flammes  ,  est  prêt  à  disparaître  ,  et  ne  montre 
plus  que  des  débris.  Parmi  les  flammes  et  les 
flots  on  distingue  une  femme  ;  on  en  reconnaît 
d'autres  sur  le  troisième  vaisseau,  ce  qui  n'a  rien 
d'extraordinaire ,  puisqu'elles  étaient  reçues  sur 
les  vaisseaux  de  guerre.  Dans  la  petite  île  s'élève 
une  chapelle  (  Sacclhiin  )  avec  une  statue  de 
Neptune  ;  près  de  là  est  un  guerrier  ,  le  casque 
en  tête  et  armé  d'une  pique.  Il  paraît  que  ces  vais- 
seaux sont  des  hirémes-  on  y  distingue  facilement 
les  deux  rangs  de  rames  ;  le  premier  est  évident , 
le  second  est  visible  aussi  vers  le  bout  des  vais- 
seaux, oii  l'on  aperçoit  les  rames  dans  leur  largeur: 
on  voit  ici  clairement  que  les  rames  ne  composent 
pas  un  seul  rang.  Les  boucliers  suspendus  aux  vais- 
seaux étaient  un  ornement  ordinaire  de  la  marine 
militaire.  La  tour  qui  domine  sur  l'un  des  vaisseaux 
peut  indiquer  le  vaisseau  Prétorien  ,  c'est-à-dire, 
celui  que  montait  le  commandant.  Dans  l'autre 
tableau  sont  peintes  différentes  espèces  de  poissons. 

Chaque  Sujet.  —  Hauteur ,   i  P.  3  p."  6  lig — Largeur,  9  p." 
Tome   I.   PjiIKT. 


v^-^.  'I  '  'r\ 


PLANCHE     XLVI. 

JLja  variété  des  objets  donne  au  premier  de  ces 
deux  paysages  beaucoup  d'intérêt.  Sur  le  rivage 
est  un  édifice  ,  avec  des  arbres  d'un  côté  ,  et  de 
l'autre  un  pilastre  qu'on  pourrait  prendre  pour 
un  phare,  s'il  avait  plus  de  corps  et  de  solidité. 
En  mer  sont  quatre  vaisseaux  chargés  d'équipages 
et  de  soldats.  Trois  ont  sur  les  flancs  une  espèce 
de  parapet  sur  lequel  sont  suspendus  des  boucliers; 
le  quatrième  est  décoré  d'une  balustrade  ;  le  rameau 
de  laurier  planté  sur  la  poupe  indique  vraisembla- 
blement quelque  victoire.  Des  figures  humaines 
en  forme  de  mascarons  ornent  les  proues.  L'autre 
rive  offre  un  paysage  agréable,  orné  de  collines, 
de  plaines,  et  de  fabriques.  Celle  qui  se  fait  re- 
marquer par  une  longue  colonnade  pourrait  être 
un  prœtoriuni  ou  château. 

La  seconde  peinture  (  jjI.  5o  de  Tédition  royale  ) 
représente  un  édifice  champêtre  sur  le  bord  du 
Nil.  L'Egypte  est  évidemment  indiquée  par  le 
crocodile  et  l'hippopotame ,  ainsi  que  par  l'oie  qui 
se  rencontre  fréquemment  dans  la  table  isiaque  et 
dans  les  autres  monumens  égyptiens. 

X."  Sujet.  —  Hauteur,  i  P.  ii  p."  —  Largeur^  4  P. 

2.'    Sujet.  —  Hauteur,  i  P.  2  p."  —  Largeur,  3  P.  4  p.» 

Tome  I.  Pei^t. 


T.   I 


Jctc 


^7 


PLANCHE     XL  VII. 

i_/N  a  réuni  ici  les  deux  arbres  avec  les  bandes 
qui  occupent  deux  planches  dans  Yédition  royale 
{pi.  48  et  49)  ;  au-dessus  de  chaque  arbre  est  sus- 
pendu un  bouclier  d'or  avec  une  tête  de  Méduse  ; 
du  pied  de  l'un  des  chênes  s'élève  une  Dryade  armée 
d'une  coignée ,  comme  attribut  de  la  nymphe  gar- 
dienne de  la  forêt. 

Le  premier  des  petits  tableaux  qui  sont  au-des- 
sous représente  un  petit  temple  égyptien  auquel  on 
arrive  par  cinq  degrés.  La  porte  est  ornée  d'un  fes- 
ton ;  on  voit  un  buste  dans  la  frise  de  l'architrave , 
et  sur  le  faîte  un  serpent  de  bronze  désignant  peut- 
être  le  serpent  d'Isis.  Les  degrés  sont  flanqués  de 
deux  bases  longues  sur  lesquelles  sont  deux  croco- 
diles également  de  bronze  ;  à  gauche  du  temple  , 
dans  une  niche  três-élevée ,  est  une  Idole  égyptienne  ; 
l'édifice  cj[ui  fait  suite  paraît  tenir  au  temple;  et  sur 
le  cordon  qui  règne  autour,  siège  Anubis  en  forme 
de  chien,  comme  pour  veiller  à  sa  garde  {lairator 
uénubis).  On  remarque  différens  j^ersonnages  et  un 
groupe  plein  de  naïveté  ;  c'est  un  paysan  conduisant 
un  âne  chargé  de   bouteilles  ,   comme  l'atteste  la 

Ironie  I.  Peint. 


transparence  de  la  liqueur  rouge  qu  elles  contien- 
nent ,  et  qui  s'efforce  ,  en  tirant  l'animal  par  la 
queue,  de  le  sauver  de  la  gueule  du  crocodile. 

L'autre  peinture  n'est  pas  moins  intéressante  ; 
c'est  une  vue  du  Nil  avec  différens  édifices,  des 
tours  et  une  espèce  de  moulin  près  d'une  grande 
maison  de  campagne  ;  sur  le  devant  on  remarque 
une  conserve  jDour  les  eaux ,  défendue  par  une 
enceinte  de  palissades;  au -dehors,  une  macliine 
curieuse  pour  puiser  de  l'eau,  et  dont  un  homme, 
assis  sous  une  grande  tente  ,  fait  usage  ;  plus  loin , 
on  voit  un  homme  portant  une  lance  et  un  bouclier, 
qui  attaque  un  crocodile. 


I.''  et  2."  Sujets.  —  Hauteur ,  3  P.  —  Largeur,  i  P.  8  p." 
3.'  et  4.'  Sujets.  —  Hauteur,  i  P.  a  p.°  —  Larg.  3  F.  4  p." 


vj^d/   ,      4«<?' 


PLANCHE    XLVIII, 

VJETTE  planche  réunit  quatre  morceaux  servant 
d'orneniens  dans  l'édition  royale  ,  aux  pages  ci-après 
citées.  Le  premier  rond  {pcig-  174)  offre  un  paysage 
avec  deux  colonnes  de  front  qui  soutiennent  un 
architrave  faisant  ruines.  Dans  l'autre  rond  {p.  aSi) 
sur  une  base  élevée,  on  voit  une  statue  qui  pourrait 
être  une  LeucotJiée ;  en  mer  est  un  vaisseau ,  et  dans 
le  lointain  une  maison  de  plaisance.  Le  troisième 
de  forme  longue  (pog.  i5i)  représente  une  maison 
de  campagne  magnifique,  avec  plusieurs  person- 
nages ;  sur  une  base  s'élève  une  statue  de  Neptune: 
Dans  le  quatrième  (page  i\3)  on  voit  luie  tour 
quarrée  avec  des  fenêtres  ;  un  édifice  somptueux 
soutenu  dans  l'eau  sur  des  arcades  ;  à  lliorizon , 
d'autres  fabriques  ,  parmi  lesquelles  on  distingue 
une  pyramide  qui  pourrait  être  un  tombeau.  On 
remarque  dans  cette  peinture  les  deux  figures  por- 
tant des  culottes,  pièce  de  vêtement  qu'on  n'avait 
pas  vu  paraître  jusqu'ici  sur  des  monumens  d'une 
date  aussi  ancienne,  qui  répond  au  règne  de  Titus, 
ou  même  qui  le  devance.  La  colonne  Trajane  en 
offre  d'autres  exemples  ;  cependant ,  les  auteurs 
Tome  I.  PfiiNT. 


de  l'âge  d'Auguste  font  dëjk  mention  des  campes- 
tria,  espèce  de  culottes ,  et  ils  en  supposent  l'usage 
bien  plus  ancien. 


i."^'  et  2.'  Sujets.  —  Diamètre,  x  P. 

3."   et  4.'  Sujets.  —  Hauteur,  10  p."  3  lig.  —  Largeur,  a  P.  2  p. 


FIN    DU    PREMIER   VOLUME. 


'  b  "1       V  . 


THE  GIFT  OF 

THE    RIGHT     HONBLE 
LORD  COLCHESTER    1887 


A 


•s