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Full text of "Contribution a l'etude de l'Air. Hymenopteres Formicidae."

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2 ^4 CONTRIBUTION A I/ETUDE DE I/ AIR 

Glyptomorpha punctidorsis BR. Niamey, juillet. 

Merinotus fasciipennis SZEPL. Agadez, juillet et aotit ; Monts Baguezans (Tasse- 
set, 1.500-1.600 m.), 31 aout-4 septembre. 

Apanteles sp. Kori Isserserrene, 12 aout. 

Phanerotoma leucobasis KRCHB. Agadez, aout et septembre ; Teouar (800 m.), 
17-22 aout ; Dabaga (600 m.), 13-16 aout ; Monts Baguezans (Irabellaben, 1.200-1.300 
m. et Tassesset, 1.500-1.600 m.), aout et septembre. 

Phanerotoma sp. Teouar, 17-22 aout. 

Disophrys lutea BR. Agadez, 23 aout ; Dabaga (600 m.), 13-16 aout ; Teouar 
(800 m.), 17-22 aout. 

Cardiochiles testaceus KRCHB. Agadez, 23 aout ; Tabello'(8oo m.), 23-26 aout ; 
Kori Isserserrene, 12 aout. 

Macrocentrus sp. Dabaga (600 m.), 13-16 aout. 

Fam. ICHNEUMONIDAE 

Cremastus (n. sp. ?). Teouar (800 m.), 17-22 aout ; Dabaga (600 m.), 13-16 aout ; 
Monts Baguezans (1.500-1.600 m.), 31 aout-4 septembre. 
Epicremastus (n. sp.). -- Agadez, juillet-aout. 



CONTRIBUTION A L'fiTUDE DE L'AIR 

(Mission I,. CHOPARD et A. VIUJERS) 



HYMENOPTERES FORMICIDAE 

par F. BERNARD 

MM. CHOPARD et VILUERS ont eu 1'obligeance de me confier pour etude les Four mis 
recoltees par eux dans 1'Air meridional et central en 1947. Ce materiel est d'autant plus 
mteressant que 1'Air restait une des regions sahariennes les plus mal connues, et 'que 1'au- 
teur .de ces lignes possedait de nombreux exemplaires venant des pays voisins (Fezzan, 
Hoggar, bassin du Niger...) d'ou comparaisons plus fructueuses. 

Ces Fourmis comprennent 28 formes distinctes, appartenant a 21 especes dont une 
nouvelle (Crematogaster Chopardi, n. sp.). Etant donne que le Fezzan a deja fourni 33 especes, 
le^Hoggar 27 et 1'Egypte moyenne 28, le massif de 1'Air, a priori plus pauvre que ces con- 
trees, a done livre au moins les deux tiers de sa faune myrmecologique, inalgre I'epoque 
peu favorable (aout a octobre) de la tournee de nos collegues. La saison favorable pour les 
msectes sociaux serait plutot de mars a juin et 1'on trouverait sans doute alors quelques 
formes sahariennes banales, dont 1'absence dans le lot examine est tres surprenante. 

i Iviste des recoltes. 

Grace aux travaux de FOREL, EMERY et SANTSCHI, les Fourmis sahariennes sont rela- 
tivement bien connues. On a decrit 58 especes du grand desert, dont 17 endemiques, soit 



ZOOLOGIE 



27 % d'endemisme. i,a determination est assez sure, sauf pour le genre Messor ou regne 
encore la plus grande confusion a cause de la rarete des sexues ailes dans les collections. 

Plus difficile est 1'etude des formes tropicales, la zone soudanienne et nigerienne etant 
plus riche et moins exploree. J'evalue son peuplement a 120 especes, dont 18 n'ont pas 
ete signalees ailleurs, soit au maximum 15 % d'endemisme soudanien; mais ces nombres 
sont tout a fait provisoires. L,a region subtropicale est, en tout cas, beaucoup plus pauvre 
que le Congo, ou Ton cite deja 441 Fourmis dont un tiers endemique. I,a systematique est 
assez satisfaisante, sauf pour les Cremato gaster arboricoles (138 especes africaines) qui ont 
fait le desespoir des specialistes et necessiteront une revision basee sur les sexues. 

Ce preambule statistique paraissait utile pour mettre en place 1'Air entre les domaines 
geographiques dont il marque le contact, et permet d'emettre toutes reserves sur la classi- 
fication des Messor mediterraneans et des Cremato gaster tropicaux, encore incertaine. 

SANTSCHI ne signale de 1'Air que trois Formicides, dont un (Cremato gaster laestrygon 
EM. sbsp. aircnsis SANT.) n'a pas ete retrouve par la mission francaise : il provient peut- 
etre du Nord du massif, et je 1'ai capture dans le Fezzan meridional en 1944. I^a faune de 
1'Air est done presqtie entierement inedite. 

Sous-famille I : PONERINAE 

Euponera (Brachyponera) sennaarensis (MAYR) 

Air : Monts Baguezans (1.500-1.600 m.), septembre, 3 $ . 

Insecte surtout termitivore, tres commun dans toute 1'Afrique chaude, meme dans 
les maisons et les bateaux. II est curieux de le trouver en altitude dans un massif relati- 
vement sec comme 1'Air. 

Sous-famille II : DORYIJNAE 

Aenictus sp. 

Air : un male jaune de 5,5 mm. de Tabello (800 m.), 23-26 aout. 

OBSERVATIONS : Get exemplaire se rapproche d'Ae. luteus EM., tropical et soudanien 
mais avec de legeres differences : je renonce a decrire une forme nouvelle sur un seul $. 
I^es Aenictus, endoges, sont presque tous connus par les <? seuls et plutot subtropicaux car 
on en connait bien plus de Rhodesie et du Soudan que de Guinee et du Congo. 

Sous-famille III : PSETJDOMYRMINAE 

Sima (Tetraponera) bifoveolata (MAYR) 

subsp. maculifrons SANT. 

Air : Agadez, 28 aout, 3 $ ; Dabaga (600 m.), 13-16 aout et dans presque tout le Sahara. 
Groupe remarquable par les exsudatoires thoraciques des larves. 

Sous-famille IV : MYRMICINAE 

Messor instabilis (F. SMITH) 

ssp. hoggarensis SANT. 
Air : Agadez, septembre. 
OBSERVATIONS : I<es 14 exemplaires captures sont tres semblables aux cotypes de la 



CONTRIBUTION A 1,'ETUDE DE I/A1R 



race hoggarensis (commune dans 1'Ahaggar jusqu'aux plus hauts sommets) : M. instabilis 
est une moissonneuse extremement variable, repandue depuis 1'Inde septentrionale jus- 
qu'au Maroc, et dont la forme du Hoggar est beaucoup plus ponctuee que les autres. II 
est tres surprenant de noter a Agadez, c'est-a-dire en bordure de la brousse soudanaise, 
cet Insecte non signale en dehors du Sahara central : un apport recent par les nomades 
est probable. 

Messor galla (EM.) 

Air : Agadez, 28 jufflet, 36 ? , aout, 2 reines ; Dabaga (600 m.), 13-16 aout, 37 5 ; Monts 
Baguezans (1.500-1.600 m.), 31 aout-4 septembre, 30 $ . 

OBSERVATIONS : Cette grosse moissonneuse, probablement originaire d'Afrique orien- 
tale, peuple la Somalie, 1'Abyssinie, le Kenya, et toute la zone soudanienne. En Somalie, 
elle'voisine avec 1'espece M. barbara (L.), dont elle constituait autrefois une race et dont 
SANTSCHI 1'a separee. en 1930. M. barbara n'atteint pas le Soudan, et s'etendau' 
autour de la Mediterranee. Comme la validite de M. 'galla a ete contestee, je donn< 
vement les caracteres distinctifs des ouvrieres et des femelles, et la diagnose des formes de 
1'Air, pour lesquelles une variete nouvelle est creee. 

Distinction des ouvrieres : 

M. barbara : funicule antennaire rougeatre, son deuxieme article egal ou superieur 
au premier, et a peine plus etroit. Tete submate, toujours plus ou moins striee sur les cotes, 
a points epars ailleurs. Sur tout le corps, poils blanchatres, fins et souples, denses. Genera- 
lement les ? major out la tete rouge, les media et minor 1'ont noire. 

M. galla : funicule rouge ou brun, son deuxieme article un tiers ou moitie plus court 
que le premier, et nettement plus etroit : tete tres lisse et luisante, au plus de fines stries 
sur la ligne mediane. Poils jaunes, courts et r aides, peu nombreux. Generalement, les major 
ont la tete rouge ainsi que les media, les minor sont noires ou brunes. Meme taille que bar- 
bara : 3-12 rnm. 

Distinction des femelles : 

M. barbara : meme funicule que 1' $ . Second segment du petiole, vu du profil, aussi 
haut que long, sa face inferieure pourvue de deux outroisbourreletstransversaux. Sculpture 
cephalique analogue a celle de 1' ? . Corps a poils fins et denses, notamment 8 a 12 grands 
poils sur le dos du postpetiole. Bord posterieur des tergites du gastre noir, a poils rares. 
Taille : 12-15 mm., corps noir, peu luisant, tete rouge ou noire. 

M. galla : meme funicule que 1' ? .Second segment du petiole deux fois plus haut que 
long, sa face inferieure avec une lame saillante longitudinale munie de deux dents mousses. 
Tete tres lisse. Corps a poils courts, jaunes, peu nombreux, notamment 4 poils sur le dos 
du postpetiole. Bord posterieur des tergites du gastre a mince ligne jaune, frangee de poils 
dores raides. Taille et couleur comme chez barbara. 

M. galla, variete airensis, n. var. : 

? : Longueur 4-12 mm. Differe du type galla d'Abyssinie meridionale par les carac- 
teres suivants : (ouvrieres major de 8 a 12 mm.) : 

Tete un peu plus large en arriere qu'en avant (bien carree chez le type). Base du 
metanotum avec deux gibbosites, parfois spiniformes. Sommet du premier nceud petio- 
laire plan (tronque obliquement, et non aigu ou arrondi comme chez letype). En Abys- 



ZOO1,OGIE 2O7 

sinie, les major sont rouge vif sur la tete et le thorax, avec taches noires pres du clypeus 
et des mandibules. Dans 1'A'ir, les major sont plus sombres et de taille variable selon les 
nids : Dabaga (600 m.) : major noires, 11,5 mm. ; media : tete rougeatre sombre, corps 
noir. Monts Baguezans (1.500 m.) : major 10 mm., tete et thorax rouge fonce, media 
noires. Agadez (525 m.), : major 7-8 mm., noires; media a tete rouge. Les minor (4-6 mm.) 
sont noires ou brunes partout. 

: 14 mm. (Agadez). Tete rouge, carree. Ne differe du type que par le premier seg- 
ment du petiole tronque en dessus. 

Cette variete de 1'Air semble bien distincte des deux autres formes decrites de la region 
soudanienne (var.rufulus FOREL 1918, et var. triimpressits S., 1917), qui toutes deux ont 
la couleur typique. Par la tete, la sculpture et le petiole des major, elle tend a se rappro- 
cher du M. aegyptiaco, (En.), espece sahaiienne banale mais non rencontree dans 1'Air jus- 
qu'a present. II est a remarquer dans le Sud du Fezzan un phenomene analogue pour une 
race mediterraneenne du M. instabilis, s-sp. minor ANDRE, qui converge aussi avec aegyp- 
tiaca. Deux hypotheses peuvent rendre compte de cette ressemblance superficielle : hybri- 
dation avec aegyptiaca, ou action semblable du milieu saharien sur la forme et la couleur 
des ouvrieres. Ce dernier processus parait le plus vraisemblable ; car, entre exemplaires 
telliens et sahariens de Fourmis tres diverses, on observe le meme genre de changements, 
attribuables aux climats locaux si varies de la Berberie. 

Pheidole megacephala (FABR.) 

Air : Agadez, 2 . 

OBSERVATIONS : Sur des $ il est bien difficile de determiner les races de cette Fourmi 
commune, largement cosmotropicale. 

Pheidole sinaitica MAYR 

Air : Monts Tarraouaji (900 m.), 8-12 septembre. 

OBSERVATIONS : Insecte saharien tres repandu, atteignant aussi les Hauts plateaux 
berberes et 1'Arabie. 

Pheidole pallidula (NYL.) 
ssp. arenarurn var. recticeps FOREL 

Air : Agadez. 

OBSERVATIONS : I/e seul specimen recolte est un soldat semblable aux exemplaires 
du Fezzan. Race saharienne et asiatique d'un Pheidole largement mediterraneen. 

Gen. Crematogaster I/UND. 

Fourmis des regions chaudes, dont les especes primitives sont petites, brunes et nichent 
dans le sol, tandis que les types les plus evolues sont de couleur claire et font sur les arbres 
des nids de carton. La taille et la coloration, dans une meme espece, peuvent changer d'un arbre 
a 1'autre, ainsi que, dans une certaine mesure, la sculpture et les epines du segment me- 
diaire. Aussi la classification est encore tres incertaine, et la denomination des formes ci- 
dessous assez provisoire. Le microclimat de chaque arbre doit agir sur le tegument des Four- 
mis et il y a sans doute aussi de multiples croisements entre races et especes voisines : a 
Oumez Zouher, minuscule oasis du Fezzan meridional, chaque Tamarix aphylla abrite 



2 88 CONTRIBUTION A L ETUDE DE L AIR 

une forme distincte du C. laestrygon ssp. airensis SANTS., et seul le nombre des arbres etu- 
dies a per mis de rattacher toutes ces fourmis a une meme race. 

L,es Cremato gaster captures dans 1'Air Sud peuvent etre attribues a trois especes : sene- 
galensis, soudanienne ; Chopardi, nouvelle (d'affinites sahariennes) et laestrygon ssp. airensis 
berbere. I,es Fourmis les plus sahariennes : C. aegyptiaca et oasium semblent manquer dans 
le massif. 

Crematogaster senegalensis (ROGER) 

Ai'r : forme typique : Agadez, 29 $ et une reine. 

Variete petite et jaunatre : Agadez, 30 . 

Variete de montagne, a tete rembrunie en arriere : Monts Tarraouaji (900 m.), 8-12 
septembre, 13 ; Monts Baguezans (1.500-1.600 m.), 31 aout-4 septembre, 16 <. 

Race entierement brune, a tete plus large et epines plus fines : Agadez, 30 $ ; Monts 
Tarraouaji (900 m.), 8-12 septembre, 10 $ . 

OBSERVATIONS : Cette enumeration montre la variabilite du senegalensis, commun en 
Somalie et dans toute la region subtropicale Nord de 1'Afrique. II me parait inutile de creer 
un nom nouveau pour la race brune citee en dernier, qui montre une curieuse convergence 
avec laestrygon typique de Sicile : la nomenclature des Crematogaster est deja assez enccm- 
bree (plus de 500 formes africaines) pour ne pas 1'alourdir sans raisons serieuses. 

Crematogaster Chopardi, n. sp. 

Air : Dabaga (600 m.), 13-16 aout, 31 $ . 

I/ong. : 3,6-4,5 mm. 

Type : une $ de 4,5 mm. ; cotypes : 30 $ , dont 20 dans 1'alcool. 

I/a variabilite individuelle est faible, et tous les individus ont sensiblement la forme 
et la couleur du type. Vu de face au-dessus de la tete, le proiiotum est etroit, eleve, convexe, 
intermediate entre celui d'aegyptiaca typique et celui A' oasium du Eezzan. De profil, le 
pronotum est subrectangulaire, sa face anterieure en angle droit tres arrondi par rapport 
a la face dorsale : la fig. i montre qu'il differe nettement de toutes les autres formes saha- 
riennes, notamment A' oasium et de senegalensis. I/e segment mediaire (epinotum) est ana- 
logue a celui de senegalensis, mais un peu plus court et a epines legerement incur vees vers 
le bas (relevees ou atrophiees dans les autres especes du desert). 

I/es antennes ont, au funicule, des articles de base relativement courts, le second a 
peine plus long que large, le troisieme plus large que long, les suivants sensiblement aussi 
longs que larges. C. Chopardi est ainsi celui des Crematogaster nord-africains et soudaniens 
qui a le funicule le plus court : oasium est analogue, mais avec un troisieme article aussi 
long que large. Ces caracteres du thorax et des antennes paraissent separer nettement cette 
espece des voisines. En outre, la sculpture est assez particuliere, au moins pour une forme 
de 1'AIr : seules des especes franchement equatoriales ou du Natal (C. liengmei, etc...) ont 
une ponctuation aussi dense : 

Tete mate, tres finement et microscopiquement striee en long ; stries plus fortes sur 
les joues. Partout, des points luisants superficiels, espaces entre eux de deux fois leur dia- 
metre. Meme sculpture sur le pronotum et la moitie anterieure du mesonotum. En arriere 
du mesonotum, les points se rejoignent, s'elargissent, donnant un aspect faiblement reti- 
cule. Segment mediaire luisant, a fortes stries obliques basales, sa face declive tres lisse et 



luisante, airisi que le dessus du petiole. Postpetiole et abdomen mats, tres finement ponc- 
tues reticules. 

Tete, postpetiole et abdomen brun-rouge tres fonce, presque noir. Thorax, pattes et 
antennes brun-rouge, mats. Tarses, articulation des pattes et derniers articles du funicule 
jaunatres fences, le bout de la massue antennaire rembruni. 

Pas de poils raides. Pubescence argentee courte, dense sur Tabdomen et les pleures, 
rare et peu visible, 

Cette espece se rattache a des types sahariens (aegyptiaca MAYR, oasium SANT.) par 




Schemas des caracteres distinctifs des Cremate gaster de 1'Air ou du Sahara central : 
de gauche a droite, forme du pronotum (vu de face au-dessus de la tete) ; profil 
dorsal du thorax et du segment mediaire ; base du funicule de 1'antenne. 

a) C. senegalensis, forme soudanienne typique (Agadez) ; 

b) Sa variete entierement brune (Agadez et Monts Tarraouaji) ; 

c) C. aegyptiaca 'typique, individu de Bir Hooker (Egypte) ; 

d) C. oasium typique, de Messegouine (Fezzan Sud) ; 

e) C. Chopardi, n.sp., de Dabaga (Air). 

le pronotum bombe et les articles du funicule courts. I,e Museum de Paris possede des C. 
aegyptiaca d'Egypte (Bir Hooker) qui ont pratiquement la coloration de Chopardi, avec 
une tete plus etroite et une sculpture plus forte. Mais le profil rectangulaire du pronotum, 
et les epines longues et courbees vers le bas du segment mediaire ne se trouvent, a ma con- 
naissance, chez aucun Crematogaster nord-africain ou soudanien : ces profils existent chez 
plusieurs especes equatoriales et sud-africaines. 



2 g CONTRIBUTION A L ETUDE DE i, AIR 

Conclusion : I,es types de Dabaga meritent de servir de base a une espece nouvelle, 
tres isolee dans la faune de 1'Air. La decouverte future des sexues permettra de preciser 

leurs affinites. 

II est interessant de noter 1'absence (ou la rarete) dans I'Aiir des C. aegyptiaca (Egypte, 
Saharien algerien nord), et oasium (Egypte, Atlas saharien, Sahara central, Fezzan). La 
concurrence du robuste C. senegalensis soudanien doit eliminer ici les Insectes du desert : 
leur manque n'est probablement pas du a la deficience des apports, car les reines de Crema- 
togaster se transportent couramment tres loin avec le bois de chauffage des caravanes. 

Monomorium (Xeromyrmex) subopacum (SM.) 
ssp. nitidiventris (EM.) 

Air : Agadez, 28 juillet, 17 ? . 

OBSERVATIONS : Fourmi halophile, habitant de preference les bas-fonds sursales. Les 
exemplaires d' Agadez sont identiques a ceux du Fezzan. La race nitidiventris est connue 
de Chypre, Egypte, Fezzan, Rhodesie et doit exister dans tous les lieux sees et sales de 
1'Afrique moyenne. 

Monomorium (Xeromyrmex) salomonis (I,.) 

OBSERVATIONS : C'est a mon avis, la Fourmi la mieux adaptee a tous les sols du desert, 
commune aussi dans presque toute 1'Afrique et jusqu'aux Indes. SANTSCHI a tente d'y defi- 
nir plusieurs sous-especes, dont la valeur est contestable car la couleur, la taille et meme 
le profil du thorax, changent avec le milieu. La mission de 1947 a recolte relativement peu 
d'echantillons de cet Insecte et je nomme leurs races sous toutes reserves : 

ssp. areniphilum SANTS. 

Air : Monts Baguezans (1.500-1.600 m.), 31 aout-4 septembre, 40 $ . 
DISTRIBUTION : Tout le Sahara Nord et central. Commune dans le Hoggar, rare au 
Fezzan. 

ssp. targui SANTS. 

Air : Agadez, 41 5 . 

DISTRIBUTION : Largement saharienne. Les individus de 1'Air sont semblables a ceux 

du Hoggar et du Fezzan. 

Monomorium (Lampromyrmex) exiguum FOREL 

OBSERVATIONS : Forme franchement ethiopienne : Afrique orientale entiere, Congo, 
Rhodesie. Semble remplacer ici le M. gmcillimum (SM.), venu d'Asie steppique et de plus 
en plus repandue au Sahara central. 

Atopula hortensis BERNARD 

Air : Agadez, i $ ; Dabaga (600 m.), 13-16 aout, 13 5 . 

OBSERVATIONS : Voici une des captures les plus instructives faites par MM. CHOPARD 
et ViLUERS. I/ espece a etc decrite en 1948 du Fezzan Nord, ou elle est commune (essaimage 
en juin). Je 1'ai retrouvee ensuite dans les materiaux de 1'Air, puis dans les belles recoltes 
faites au Mont Nimba (Guinee) par M. LAMOTTE. Frequente dans les savanes du Nimba, 
cette Fourmi est ainsi un element tropical, d' introduction sans doute recente au Sahara. 



ZOOLOGIE 291 

J/e genre Atopula, mal connu, .existe en Nouvelle-Guinee, a Ceylan, Madagascar, et tous 
ses representants sont rares, sauf hortensis. I^a nourriture, au Fezzan, consiste surtout en 
cadavres d'autres fourmis. 

I/es $ de 1'Air sont relativement petites,- plus pales et moins sculptees que le type : 
il peut s'agir de jeunes nids a individus mal nourris. 

Leptothorax (Goniothorax) angulatus MAYR 
Air : Monts Baguezans (1.500-1.600 m.), 31 aout-4 septembre, i ?. 
OBSERVATIONS : Encore un Insecte tropical, remontant tres au Nord sur les Acacia 
du desert. 

Sous-famille : FORMICINAE 

Acantholepis capensis (MAYR) 

Air : Agadez, 10 < ; Monts Baguezans, 35 $ . 

OBSERVATIONS : Fourmi noire et tres agile supportant remarquablement 1'inondation 
et pullulant au voisinage des eaux. Toute 1'Afrique chaude, du Cap au Soudan. Au Sahara 
central, ne depasse pas vers le Nord la ligne Tibesti-Rhat-Tamanghasset. 

I/es auteurs ont cree une douzaine de races et de varietes ; en 1929 SANTSCHI en a separe 
la ssp. canescens (EM.), erigee en espece valable. I/es de 1'Air me semblent appartenir a la 
forme typique, et sont tres analogues aux individus pris par Th. MONOD dans les inonda- 
tions du Niger. 

Acantholepis sp. 

Ai'r : Agadez, septembre. 

OBSERVATIONS : J'hesite a relier au capensis les 4 exemplaires recoltes, des reines tres 
petites (3 mm.) et pales (thorax jaune orange, tete et abdomen bruns). I/a femelle normale 
du capensis est entierement brune et longue de 4 a 5 mm. II peut s'agir d'une autre espece 
inedite (en Tunisie, je viens de prendre ainsi un Acantholepis nouveau, distinct d'A. frauen- 
feldi par sa reine noire et minuscule). Ces exemplaires seront a reetudier. 

Camponotus (Tanaemyrmex) maculaius (FABR.) 
ssp. aegyptiacus EM. 

Air : Teouar (800-900 m.), 17-22 aout. 

OBSERVATIONS : Comme la precedente, tolere tres bien I'inoiidation : au Fezzan, elle 
loge dans la boue salee collante du bord des lacs, habitat tres rare pour une Fourmi. Banale 
sur trois continents, cette espece tropicale est tres variable de couleur, peut-etre en relation 
avec les compositions diverses des terrains humides ou elle nidifie : chacun salt la frequence 
des teintes jaunatres chez les Arthropodes halophiles. Or la race aegyptiacus, la plus 
pale (<y entierement jaune) est justement celle qui peuple surtout les sols sales. En tous 
cas, les 92 formes decrites chez maculatus n'ont souvent guere de valeur taxonomique et 
demandent revision. 

_ En raison de 1'epoque estivale, MM. CHOPARD et VILLIERS n'ont trouve que des males. 
Trois de ces 12 <J sont semblables & ceux du Fezzan nord (Brfik), d'autres sont moins jaunes, 
tachls de brun sur 1'abdomen, II est rare que les <J de fourmis soient .aussi variables de pigmen- 



2Q2 CONTRIBUTION A I/ETUDE DE I/ AIR 

tation que les $ , cela indiquerait une simple sotnation sous 1'influence du milieu agissant 
sur toutes les castes. : 

Camponotus (Tanaemyrmex) compressus (FABR.) 

Air : Agadez, une petite $ . 

OBSERVATIONS : Probablement originaire d'Asie, cette Fourmi tropicale possede, 
au Sahara, des races tres definies, tres stables de taille, couleur et pilosite : contrairement 
a la precedente, elle est utile a considerer pour limiter les compartiments naturels du desert. 
Ne disposant que d'une <5 minor, je ne puis determiner la sous-espece, sans doute proche de 
Foleyi SANTS., citee du Tassili et du Fezzan. 

Camponotus (Orthonomyrmex) sericeus (FABR.) 

OBSERVATIONS : Egalement asiatique, abonde maintenant dans toute 1'Afrique chaude> 
sauf en Rhodesie. Peu variable sur le continent noir, habite principalement 1'argile pres 
des lacs. Comme au Tassili n'Ajjer, 1'Insecte a dans chaque localite deux formes de teintes 
differentes : 

Variete a tete et thorax clair, pubescence abdominale argentee : 

A'ir : Kori Araoual et Teouar (800-900 m.), 17-22 aout ; Monts Tarraouaji (900 m.), 
8-12 septembre. A Teouar 3 $ ailees, longueur 13-14 mm., qui ont la couleur de la variete 
suivante : 

Variete brun-rouge ou noire, pubescence bronzee : 

Air : Kori Araoual ; Monts Baguezans (1.500-1.600 m.), 31 aout-4 septembre ; 22 ? 
en tout. 

Cataglyphis bicolor (FABR.) 
ssp. nodus var. oasium SANTS. 

Air : Agadez, 28 juillet, une < . 

OBSERVATIONS : Espece de steppes arides, banale dans les oasis, mais absente en plein 
desert ; se nourrit surtout de Fourmis moissonneuses (Messor). I/ $ d' Agadez estidentique 
a celles des oasis du Sahara central, et n'appartient suremeht pas a la race tropicale seti- 



CONSID^RATIONS BIOGEOGRAPHIQUES 

I,es fourmis ne sont pas un excellent materiel biogeographique en raison de leur diffu- 
sion facile par les femelles ailees, et de leur vie sociale qui les rend moins dependantes du 
milieu. Toutefois on a souvent exagefe les facilites de dispersion de ces animaux: les chiffres 
cites au debut du present article monttent qu'il y a de 20 a 40 % d'especes endemiques 
dans chacune des grandes regions africaines. De plus, au Sahara, chaque Fourmi habite 
un terrain defini : erg, alluvions ou rochers ; les formes vivant sur tous les genres de sols 
sont tres peu nombreuses. Enfin, les arboricoles du desert ont leufs preferences d'hotes :; 
les Fourmis des Tamarix ne sont pas les memes que celles des : Acacia, et^difierentes^de eelles 
qui montent sur les Palmiers. - 

I/etude ci-dessus va done permettre quelque^ conclusions sur le peuplement de 1'Air, 
avec deux reserves ; la premiere sur 1'epoque de chasse, qui a pu faire manquer des types" 
sahariens printaniers (.notamment des Cataglyphis), la seconde sur les environs d' Agadez, 



ZOOLOGIE 293 

centre commercial frequente par divers nomades et dont la faune est alteree par leurs apports. 
En outre, Agadez est en bordure de la brousse soudanienne; bien'plus que les localitesde 
montagne situes au Nord. 

I/ensemble des recoltes en montagne donne 16 Fourmis distinctes, celles d' Agadez 
sont au nombre de 14. Separons dans ces lots quatre elements : A, mediterraneens et saha- 
riens ; B, formes probablement endemiques ; C, soudaniens, allant de la Somalie au Niger 
mais nuls au Congo ; D, largement tropicaux, soit ethiopiens comme Monomorium .exiguum, 
soit originaires d'Asie comme Camponotus sericeus. Voici la statistique provisoire : 

A BCD 

Montagues 25 % 19 20 36 soit 56 % venus du Sud. 

Agadez 44 % o 28 28 soit 56 % egalement. 

Total de 1'Air 33 % n 23 33 

On arrive a ce resultat inattendu qu' Agadez est presque deux fois plus riche que les 
montagnes en Fourmis sahariennes et mediterraneennes (A), et notablement plus pauvre 
en types tropicaux. Cela semble montrer que Ton est deja en dehors du domaine saharien 
proprement dit, puisque divers elements caracteristiques du Sahara (Messor instabilis 
hoggarensis, Monomorium salomonis targui, Cataglyphis bicolor oasium), qui sont indigenes 
au Hoggar et au Fezzan, ne se trouvent ici qu'a Agadez, probablement apportes par des 
caravanes, avec du sable ou des vegetaux. Sur les trois formes endemiques de montagne, 
deux sont des varietes d'especes soudaniennes (Messor galla var. airensis, variete brune de 
Crematogaster senegalensis), une est sans doute apparentee aux types sahariens (Cremato- 
gaster Chopardi, n. sp.). 

En resume, majorite assez faible, mais nette, d'insectes tropicaux et soudane ins dans 
toutes les localites explorees. I^eur proportion (56 %) est un peu plus forte que chez les 
Fourmis d'Egypte moyenne (52 %), nettement superieure a celles du Fezzan (40 %) et du 
Hoggar (27 %). . . . 

Cependant, quelques absences sont surprenantes, car elles portent sur des especes 
sahariennes tres banales, encore abondantes au Sud Hoggar, au Tibesti, et a Bilma auNord 
du Tchad. Ce sont : Messor aegyptiaca (En.), Crematogaster inermis MAYR, aegyptiaca MAYR, 
Monomorium gracillimum SM., Acantholepis f ratten feldi '(MAYR), et surtout Cataglyphis 
albicans ROG. et C, (Machaeromyrma) bombycina ROG. Elles ont pu echapper aux ento- 
mologistes de la mission a cause de leurs besoins d'eau et de leur activite surtout printa- 
niere. Si, comme il est probable, plusieurs de ces formes se retrouvent dans 1'AIr, le. massif 
aurait une faune myrmecologique partagee par moitie entre origine tropicale et origine 
mediterraneenne. Signalons enfin que Messor hoggarensis et Crematogaster laestrygon airen- 
sis sont des types berberes, qui rattachent encore 1'Air au Sahara central, ou la proportion 
de ces types atteint jusqu'a 20 %. 

BlBUOGRAPHIE SOMMAIRE 

On ne citera qu'un petit nombre de references classiques ou recentes, permettant de 
retrouver toute la bibliographie des Formicides sahariens et trcpicaux. 
BERNARD (F.). Repartition des Fourmis en Afrique du Nord (Bull. Soc. Hist. Nat. Afr. 

du N., t. XXXV, pp. 117-124, 1944). , 



CONTRIBUTION 



DE I/A1K 



Les Insectes sociaux du Fezzan. Comportement et biogeographie (Inst. de Rech. saha- 

riennes de I' Univ.. d'Alger. Mission du Fezzan, t. V, pp. 86-200, 14 fig., 1948). 
SANTSCHI (F.). Fourmis du Sahara central (Mem. Sec. Hist. Nat. Afr. Ncrd,t. TV, p. 165- 

177. I934)- 
Fourmis du Maroc et autres lieux (Bull. Soc. Sc. Nat. du Maroc, p. 80, 1939). 

WEBER (N. A.). The Ants of the Imatong Mountains, Anglo-egyptian Sudan (Bull. 

Mus. Comp. Zoology, Harvard College, t. XCIII, pp. 264-389, 1943). 
WHEELER (W. M.). Ants of the American Museum Congo expedition (Bull. Am. Mus. 

Nat. Hist., t. XLV, pp. i-i, 140, I9 22 )- 



CONTRIBUTION A L^TUDE DE L'AIR 

(Mission L. CHOPARD et. A. ViUJERS) 



HYMENOPTERES SPHECOIDEA, VESPOIDEA, ICHNEUMONOIDEA 

par Lucien BERLAND 



: d une pan 



par MM. CHOPARD et VILLIERS dans 1'Air en 1947, c'est-a-dire aux superfamilles des Sphe- 
coidea, Vespoidea (Hym. Aculeates), plus un representant des Gasteruptionidae. 

Ce materiel presente 1'interet de provenir du centre meme de 1'Afrique, dans une region 
jusqu'a present peu connue, et qui se revele etre comme un carrefour de faunes, c'est-a- 
dire qu'il s'y rencontre : 

i Des formes a affinites tres nettes avec 1'Est africain, Abyssinie, Somalie, Nubie.: 
Ammophila cyanipennis, Stizus vespoides, Belonogaster abyssinicus. 

2 Des formes apparentees a la region mediterraneenne, ou tout au moins au Nord du 
Sahara : Sphex niveatus, Ammophila gracillima, A. producticollis, A. (Caloptera) barbara, 
Stizus citrinus, Eumenes dimidiatipennis. 

3 Enfin des formes plus nettement ethiopiennes, c'est-a-dire d'Afrique tropicale : 
quelques-unes se trouvant aussi en A.O.F. : Ammophila insignis, A. confusa, Bembex fusci- 
pennis, Odynerus (Rhynchium) Cunii, 0. (R.) cyanopterus, Ropalidia cincta. 

D'une fagon generale 1'altitude des stations est faible (environ 500 m.) de sorte qu'il 
ne s'agit pas d'un refuge, comme c'est souvent le cas pour les massifs, mais bien d'une region 
ou s'affrontent les elements de plusieurs zones differentes : abyssine, tropicale, nord-afri- 
caine, et a uii moindre degre d' A.O.F. 

Superfamille des SPHECOIDEA 

Famille : SPHEGIDAE 
Genre : Sphex L,., 1758 

Sphex (Calosphex) niveatus DUFOUR 

DISTRIBUTION : Espece nord-africaine (le type est d'Algerie) connue aussi du Soudan 
egyptien : Khartcum, et de Somalie ; Obock. 

Air Sud ; Agadez (525 m,), juillet, i d, I ?. ,