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Full text of "Apiculture moderne"

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L'API  CULTURE     MODERNE 


N  F.  V  VI  ÉM  E    ÉD  1  T I  n  X 


A    LA    MEMOIRE 

DE 

Severiano  DE  HEREDIA 

Ancien  Ministre, 
Président  de  la  Société  centrale  d'Apiculture  et  d'inseclologie. 

HOMMAGE    DE    L'AUTEUR 


BIBLIOTHÈQUE  RURALE 


L'APICULTURE 

MODER 

Par    A.-L.     CLÉMENT 

Professeur  d'Enlomologie   agricole   au   Luxembourg. 


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154     GRAVURES 


MORISSET   LIER/- 
UHWER51TY    OF   OTTA. 1  ^ 

OTTAV.'A.   0.>nAK»u 


Librairie 
Paris.     - 


Larousse 

ontparnasse 


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PREFACE 

DE    LA    SEPTIÈME    ÉDITION 


L'accueil  fait  aux  précédentes  éditions  de  notre  Apiculture 
moderne  nous  a  engagé  à  donner  plus  de  développement  à 
celle-ci. 

Nous  l'avons  revue  entièrement,  surtout  pour  les  chapitres 
relatifs  ù  l'anatomie,  à  la  physiologie  et  à  la  biologie  de 
l'abeille. 

.Xous  avons  tenu  néanmoins  à  conserver  à  ce  livre  son  ca- 
ractère essentiellement  pratique,  et  c'est  à  dessein  que  nous 
avons  passé  sous  silence  certaines  méthodes  inaugurées  dans 
ces  derniers  temps  tant  en  France  qu'à  l'étranger  et  qui, 
nous  semble-t-il,  n'ont  pas  encore  suffisamment  fait  leurs 
preuves  :  l'élevage  artificiel  des  reines,  par  exemple,  qui  a 
pris  en  Amérique  un  développement  si  intensif. 

L'apiculture,  comme  toute  science,  progresse  sans  cesse; 
mais  nous  ne  saurions  ici  entrer  dans  l'exposé  de  tous  ses 
progrès,  que  seules  des  publications  périodiques  apicoles 
peuvent  suivre  pas  à  pas  et  qui  chaque  année  formeraient  la 
matière  de  volumineux  traités,  et  nous  conservons  à  notre 
ouvrage  la  forme  sous  laquelle  il  a  reçu  de  toutes  parts  un 
si  bon  accueil. 

.Vous  remercions  les  sociétés  qui,  en  récompensant  succes- 
sivement nos  précédentes  éditions,  nous  ont  donné  une  haute 
marque  d' approbation  et  il' encouragement . 

A.-L.   CLÉMENT. 
Paris,  1906. 


:Mcm 


COMPOSITION    DE    L'OUVRAGE 


I".  —  Objet  de  l'apiculture » 

II.    —  Rôle  de  l'abeille 10 

ni.    —  Installation  d'un  rucb2r 15 

iv     —  Physiologie  de  l'abeilla n 

1,  Les  Mouches  à  miel.—  2,  I. 'Abeille  ouvrière.  —  3,  L'Abeille  femelle 
ou  reine.  —  4,  L'Abeille  mâle.  —  5,  Rayons  et  Cellules.  —  6,  Métamor- 
phoses des  abeilles. 

V.    —  Fixisme  et  mobilisme 33 

VI.    —  Essaimage *o 

l,  Essaimage  naturel.  —  2,  Lssaimage  artificiel. 

VII.    —  Les  Ruches.  Les  Cadres.  Le  Rucher si 

1,  Les  Ruches.  —  2,  Les  Cadres.  —  3,  Entrée  et  couverture  de  la 
ruche.  —  4,  Ventilation  de  la  ruche.  —  5,  Installation  des  ruches. 
Le  Rucher. 

V1H.    —  Divers  types  de  ruches 66 

IX.    —  Conduite  du  rucher 82 

I,  Début  du  rucher.  —  2,  En  janvier  et  février.  —  3,  En  mars,  visite 
des  ruches.  —  4,  Piqûres.  —  5,  Nourrissement.  —  6,  Réunion  des 
colonies.  —  7,  Soins  à  donner  jusqu'à  la  récolte.  —  8,  Pillage.  — 
9,  Récolte.  —  10,  En  août,  septembre  et  octobre.  —  il,  Remplacement 
des  mères.  —  12,  Hivernage. 

X.    —  Maladies  des  abeilles io» 

XI.    —  Ennemis  des  abeilles 1 12 

XII.    —  Le  Miel 121 

1,  Le  Miel  naturel.  —  2,  Falsification  du  miel.  —  Usages  du  miel. 
—  4,  Boissons  et  liqueurs  au  miel. 

XIII    —  La  Cire 139 

1.  Propriétés  et  usages  de  la  cire.  —  2.  Lxiraction  de  la  cire.  — 
3,  Falsifications  de  la  cire.  —  La  propolis. 
La  Propolis uo 

Carte  apicole;  Statistique Mi,    n» 

XIV.    —  Apiculture  coloniale lit 

(Voir  a  la  fin  du  volume  lu  Table  de-  Matières  et  des  Figure^./ 


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APICULTURE    MODERNE 


CHAPITRE    PREMIER 

OBJET    DE    L'APICULTURE 

L'apiculture  (de  apis,  nom  latin  de  l'abeille)  est  l'art  de  cultiver 
les  abeilles,  vulgairement  appelées  mouches  à  miel. 

On  sait  que  l'apiculture  remonte  aux  temps  les  plus  reculés. 
Les  anciens  savaient  apprécier  les  qualités  du  miel  et  faisaient 
Krand  cas  des  liqueurs  qu'il  servait  à  préparer.  Qui,  en  effet,  ne 
connaît  de  réputation  le  fameux  hydromel,  et  les  abeilles  du  mont 
Hymette? 

Les  transformations  du  miel  en  boissons  ou  autres  prépara- 
lions  d'un  emploi  direct  peuvent  rendre  de  grands  services  aux 
producteurs  et  leur  assurer  une  honnête  rémunération  de  leurs 
peines. 

Mais,  en  dehors  des  bénéfices  qu'elle  procure  directement  par 
f  exploitation  du  miel  et  de  la  cire,  l'apiculture  présente  un  intérêt 
•l'ordre  plus  général  et  plus  élevé  :  les  abeilles  jouent  un  rôle 
important  dans  la  fécondation  des  fleurs. 

Pour  cette  seule  raison,  l'élevage  des  abeilles  devrait  tenir  dans 
toute  exploitation  agricole  une  place  beaucoup  plus  considérable 
que  celle  qu'on  lui  accorde  généralement. 

Dans  ce  traité,  nous  étudierons  d'abord  les  mœurs  des  abeilles, 
puis  leur  culture  proprement  dite,  et  enfin  l'utilisation  du  miel  et 
de  la  cire. 


<OK? 


10  ROLE    DE    L'ABEILLE. 


CHAPITRE    II 

ROLE   DE   L'ABEILLE 

Le  rôle  des  abeilles  dans  la  fécondation  des  fleurs  est  aujourd'hui 
bien  reconnu.  Autour  d'un  rucher,  les  champs  et  les  vergers  sont 
toujours  plus  florissants.  M.  Jobard,  de  Dijon,  a  recueilli  d'inté- 
ressantes observations  à  ce  sujet  '. 

Pendant  sa  jeunesse,  il  a  remarqué  que  dans  la  propriété  de 
son  père,  où  le  rucher  tenait  une  grande  place,  les  arbres  fruitiers 
étaient  couverts  de  fruits,  les  récoltes  abondantes.  Quarante  ans 
plus  tard,  il  revient  au  lieu  de  ses  observations  :  le  rucher  a  dis- 
paru, les  arbres  sont  morts  ou  ne  produisent  que  des  fruits  de 
qualité  inférieure.  Dans  les  propriétés  voisines,  où  l'influence  des 
abeilles  ne  se  fait  plus  sentir,  il  constate  la  même  stérilité. 

M.  Donnot,  apiculteur  à  Vouiller  (Marne),  nous  apprend  qu'en 
Normandie  une  commune  s'étant  trouvée  pendant  trois  années 
sans  abeilles,  les  pommiers,  quoique  chargés  de  fleurs,  ne  pro- 
duisirent pas  de  pommes,  et  que  ces  mômes  pommiers  recommen- 
cèrent à  donner  des  fruits  dès  qu'on  eut  rétabli  les  ruches. 

C'est  par  centaines  que  l'on  pourrait  citer  des  remarques  de 
cette  nature.  En  Australie,  nous  dit  M.  Weber  *,  rapportant  d'ail- 
leurs des  observations  déjà  anciennes,  les  colons  ne  pouvaient 
obtenir  de  graines  de  certaines  variétés  de  trèfle,  malgré  d'abon- 
dantes floraisons;  ils  eurent  l'idée  de  faire  venir  des  ruches,  et 
depuis  ce  moment  les  mêmes  trèfles  produisent  des  graines. 

D'après  le  même  auteur,  en  Californie,  où  la  culture  des  arbres 
fruitiers  atteint  une  grande  importance,  on  installe  des  ruches 
dans  les  vergers  pour  assurer  la  fécondation  des  fleurs  et,  par 
suite,  l'abondance  de  la  récolte. 

Scientifiquement,  d'ailleurs,  la  question  a  été  étudiée  à  fond  par 
divers  auteurs.  Darwin  a  fait  des  expériences  qui  ont  été  con- 


1.  E,  Jobard,  Utilité  des  abeilles  (Dijon,  chez  l'auteur,  9,  place  I>arcy;  in-8°). 
ï.  Weber,  Manuel  pratique  d'Apiculture  (Paris,  Garie),  1889;  in-8°). 


ROLE    DE    L'ABEILLE. 


trôlées  plusieurs  années  de  suite.  Après  avoir  semé  près  d'un 
rucher  du  trèfle  et  du  colza,  il  enveloppait  plusieurs  touffes  d'une 
gaze  qui  les  préservait  du  contact  des  abeilles.  A  la  maturité  des 
graines,  il  prenait  le  même  nombre  de  capsules  sur  ces  plantes 
abritées  et  sur  d'autres  qui  ne  l'étaient  pas;  il  comptait  les  graines 
fournies  par  chaque  lot  de  capsules  :  chaque  fois  il  put  constater 
que  chez  les  plantes  non  abritées,  et  par  conséquent  visitées  par 
les  abeilles,  leur  nombre  était  de  50  à  60  pour  100  plus  élevé. 

Chose  remarquable,  ces  trèfles  fréquentés  par  les  abeilles  con- 
tinuaient de  grandir  après  la  récolte,  tandis  que  les  autres  ces- 
saient de  croître. 

On  peut  répéler  la  même  expérience  en  enveloppant  de  tulle 
une  branche  en  fleur  d'arbre  fruitier.  Les  abeilles  ne  pourront 
pas  venir  y  butiner,  et  plus  tard  on 
pourra  constater  qu'elle  ne  portera  que 
peu  ou  pas  de  fruits,  alors  même  que 
les  autres  branches  de  l'arbre  en  se- 
raient couvertes. 

En  regardant  les  abeilles  sur  les  fleurs, 
on  se  rend  facilement  compte  de  la  façon 
dont  la  fécondation  s'opère  par  leur 
intermédiaire.  Notons  d'abord  que  parmi 
les  abeilles  qui  fréquentent  les  fleurs 
les  unes  récoltent  spécialement  du  pollen 
et  les  autres  du  miel.  Après  avoir  saisi 
dans  une  fleur  {figA),  au  moyen  de  ses 
mandibules,  tout  ce  qu'elle  a  pu  prendre 
de  pollen,  l'abeille  s'élève  un  instant  en 
voltigeant  sur  place;  elle  agglutine  ce 
pollen  en  y  ajoutant  probablement  un  peu  de  miel,  pour  le  rendre 
adhérent.  La  petite  pelole  ainsi  formée  est  fixée  (en  passant  d'une 
paire  de  pattes  à  la  suivante)  aux  cueillerons  que  portent  exprès 
les  jambes  postérieures,  puis  le  même  manège  recommence  pour 
une  autre  fleur. 

"  En  récoltant  ainsi  le  pollen,  l'abeille  s'en  répand  sur  tout  le 
corps  et  si,  en  se  posant  ensuite  sur  une  autre  fleur,  elle  en  frôle 
seulement  le  pistil,  la  fécondation  sera  artificiellement  effectuée, 
et  cela  d'autant  plus  sûrement  que  le  stigmate  est  enduit  d'une 


Fig-  1. 

Abeille  récoltant  le  pollen 
dans  une  fleur  de  coquelicot. 

Abeille  emportant  des  pelotes 
de  pollen. 


ROI. F.   DE   L'ABEILLE. 


matière  visqueuse  au  moment  de  sa  maturité,  et  qu'une  ouvrière 
dans  le  même  voyage  ne  visite  ordinairement  qu'une  seule  espèce 
de  fleur,  soit  qu'elle  récolte  du  pollen,  soit  qu'elle  récolte  du  nectar. 
Divers  auteurs  ont  constaté  qu'une  abeille  visite  en  moyenne 
deux  cent  cinquante  fleurs  par  heure.  Si  l'on  considère  qu'elle 
butine  pendant  huit  heures  par  jour  environ,  et  que  chaque 
ruche  compte  au  moins  quarante  mille  abeilles,  on  se  rendra  faci- 
lement compte  de  l'importance  de  leur  inlervenlion  dans  la  fécon- 
dation, en  admettant  même 
qu'une  petite  partie  seulement 
des  fleurs  visitées  soit  ainsi 
fécondée. 

Quant  aux  récolleuses  de  miel, 
elles  sont  presque  toujours  obli- 
gées de  pénétrer  dans  la  fleur 
pour  atteindre  avec  leur  (rompe 
les  nectaires,  généralement  pla- 
cés au  fond  de  la  corolle  '  fly.  2, 3)  ; 
c'est  à  ce  moment  que  le  pollen 
s'attache  à  leurs  poils,  pour  être 
ensuite  transporté  dans  d'autres 
fleurs  dont  elles  opèrent  la  fé- 
condation comme  les  récolleuses 
de  pollen1.  Parfois  aussi,  dans 
les  fleurs  où  elles  ne  peuvent  pénétrer,  on  les  voit  puiser  le  miel 
par  une  ouverture  percée  à  la  base  de  la  corolle,  ouverture  pra- 
tiquée par  les  bourdons  {fig.  4),. dont  les  mandibules  sont  plus 
fortes  que  les  leurs. 

Les  abeilles  viennent  encore  en  aide  à  l'agriculteur  en  s'oppo- 
sant  à  la  multiplication  de  certains  insectes.  On  croit  avoir 
constaté  qu'elles  empêchent  le  développement  de  Vanthonome,  cet 
ennemi  si  redoutable  des  pommiers.  On  assure  qu'en  butinant 
elles  font  tomber  l'œuf  déposé  par  la  femelle  au  milieu  de  la  fleur 


Fig.  2.  —  Abeille 
récoltant  le  nectar 

dans    une    fleur  de 
■auge. 

«.  Anthère  de  l'éta- 
mine. 

»t  Siiemate  du  pis- 
til. 


Fig.  3.  —  Fleur 
de  sauge  coupée 

pour   montrer    les 
nectaires. 

n    Nectaires. 
et-  Ëtamines. 
a.  Anthères 
p.  Pistil. 
St.  Stigmate. 


1.  Il  semblerait  d'ailleurs  qu'un  grand  nombre  de  fleurs  aient  été  construites 
pour  être  fécondées  par  les  insectes  et  surtout  par  les  abeilles;  mais  nous  ne 
pouvons  nous  étendre  davantage  ici  sur  ce  sujet,  malgré  l'intérêt  qui  s'y 
attache. 


ROLE    DE   L'ABEILLE. 


encore  en  bouton,  ou  plutôt  la  jeune  larve  dont  le  pollen  est,  pro- 
bablement, la  première  nourriture. 

On  affirme  également  que  les  champs  de  colza  situés  près  des 
ruchers  sont  moins  attaqués  par  les  pucerons.  Les  abeilles  les 
troublent  sans  doute  par  la  trépidation  qu'elles  causent  aux 
planles  en  butinant,  ou  par  le  battement  de  leurs  ailes. 

On  a  songé  à  utiliser  les  abeilles  pour  le  transport  des  dépèches 
à  l'instar  des  pigeons  voyageurs.  Ce  sujet,  un 
peu  spécial,  a  été  de  la  part  de  M.  Teynac 
(Gironde)  l'objet  d'essais  intéressants.  Elles 
ont  même,  s'il  faut  en  croire  l'histoire,  joué 
autrefois  un  rôle  belliqueux.  Les  Espagnols, 
d'après  M.  Pingeron,  furent  arrêtés  au  siège  de 
Tanly  où  les  assiégés  avaient  garni  les  brèches 
avec  des  ruches.  11  en  fut  de  même  au  siège 
d'Albe-la-Grecque,  où  elles  firent  reculer  les 
janissaires  d'Amurat,  empereur  des  Turcs. 

Ajoutons  que  les  Chinois  consomment  un 
mets  presque  entièrement  composé  d'abeilles  à 
l'état  de  couvain. 

Enfin,  nous  mentionnerons  l'utilisation  de  la 
piqûre  de  ces  précieux  hyménoptères  dans  la 
guérison  des  rhumatismes.  Ce  traitement,  pa- 
raît-il, a  donné  d'excellents  résultats.  Il  aurait 
également  une  action  salutaire  contre  les  pe- 
santeurs de  cerveau,  et,  si  l'on  en  croit  Toussenel,  l'ours  se  ferait 
volontairement  piquer  par  les  abeilles  pour  se  soulager  de  ses 
pesanteurs. 

On  voit  donc,  d'après  ce  qui  précède,  combien  la  culture  des 
abeilles  est  utile,  surtout  aux  agriculteurs.  Chateaubriand  le  com- 
prit admirablement  lorsqu'il  écrivit  :  L'abeille  est  Variant-garde 
du  laboureur : 

On  les  voit  quelquefois  butiner  sur  les  fruits  très  murs.  Mais  il 
est  bien  constaté  que  leurs  mandibules  sont  impuissantes  à  les 
entamer,  et  qu'elles  n'y  viennent  puiser  le  suc  que  lorsque  les 
fruits  ont  déjà  été  percés  par  les  oiseaux  ou  les  guêpes,  ou  bien 
qu'ils  se  sont  fendus  accidentellement. 

Il  serait  à  désirer  que  l'État  pût  venir  plus  largement  en  aide  à 


Fig.i.  —  Abeille 

récoltant  le  nectar 

dans  une  fleur  de  linaire 

percée  par   les  bourdons 


14  ROLE    DE   L'ABEILLE. 

l'apiculture.  Legouvernemenl  allemand  subventionnait  largement, 
en  Alsace-Lorraine,  plusieurs  publications  apicoles. 

En  Amérique,  des  sociétés  financières,  au  capital  de  plusieurs 
millions,  se  sent  formées  pour  développer  l'apiculture.  Elles 
réalisent  de  grands  bénéfices,  et  dans  les  régions  ainsi  exploitées 
l'agriculture  est  généralement  très  prospère. 

La  France,  d'après  la  dernière  statistique  publiée  par  le  ministère 
de  l'Agriculture  (1902),  possédait  1795  205  ruches,  ayant  produit 
9123347  kilogrammes  de  miel,  qui  au  prix  moyen  de  1  fr.  39 
le  kilogramme  représentent  une  valeur  de  10  972  236  francs,  et 
I  815  999  kilogrammes  de  cirequi,  au  prix  de  2  fr.  19  le  kilogramme, 
représentent  une  somme  de  3873  312  francs,  soit  un  total  de 
14  845  548  francs. 

La  carte  et  le  tableau  placés  à  la  fin  de  ce  volume  représentent 
la  répartition  de  la  production  apicole  dans  chacun  de  nos  dépar- 
tements, o  Cette  production  pourrait  être  encore  considérablement 
augmentée.  Dans  les  prairies  ou  dans  les  landes,  dans  les  champs 
de  colza ;  dans  presque  toute  l'étendue  des  contrées  montagneuses 
et  de  la  région  méditerranéenne,  les  fleurs  de  notre  pays  pro- 
duisent une  énorme  quantité  de  liquide  sucré,  dont  la  plus  grande 
partie  est  entièrement  perdue  l,  »  disent  MM.  de  Layens  et  Gaston 
Bonnier,  dont  nous  partageons  tout  à  fait  la  manière  de  voir. 


1.  G.  de  Layena  et  Gaston  Bonnier,  Cour»  complet  d' Apiculture  (Paris,  1887  ; 
ln-8»). 


INSTALLATION    D'UN    RUCHER. 


CHAPITRE   III 

INSTALLATION   D'UN    RUCHER 

L'élevage  des  abeilles  demande  relativement  peu  de  travail: 
bien  des  préparatifs  peuveût  se  faire  l'hiver  (construction  et  répa- 
ration des  ruches,  cadres,  hausses,  etc.)  ;  au  printemps  et  en  été, 
quelques  heures  suffisent  pour  conduire  un  rucher  d'importance 
moyenne,  susceptible  de  procurer  au  petit  cultivateur,  à  l'insti- 
tuteur, au  curé  de  campagne,  un  appoint  annuel  de  quelques 
centaines  de  francs,  sans  préjudice  des  occupations  courantes. 

La  mise  de  fonds  nécessaire  à  la  création  d'un  rucher  est 
minime  pour  qui  veuf  prendre  son  temps  et  procéder  graduelle- 
ment. Une  ou  deux  ruches  la  première  année,  cela  suffit  pour  ?e 
familiariser  avec  les  abeilles;  l'année  suivante  elles  s'augmen- 
teront d'une  troisième  par  essaimage.  Les  instruments  et  le 
matériel  n'entraînent  pas  une  forte  dépense,  et  si  l'on  a  la  chance 
de  débuter  par  une  bonne  année,  les  premières  dépenses  se 
trouvent  couvertes  par  la  première  récolle. 

Si  l'apiculteur  est  satisfait  du  modèle  de  ruche  qu'il  a  choisi,  il 
lui  suffira  d'un  peu  d'adresse  pour  en  construire  à  peu  de  frais  de 
semblables  pendant  l'hiver;  il  les  modifiera  d'ailleurs  suivant  ses 
propres  idées  et  les  peuplera  au  printemps  de  ses  nouveaux 
essaims. 

Le  rucher  pourra  donc  s'augmenter  d'année  en  année,  le  nombre 
des  ruches  n'étant  limité  que  par  le  temps  qu'on  peut  y  consacrer 
et  la  richesse  mellifère  de  la  contrée.  Cette  dernière  considération 
a  une  très  grande  importance,  car  si  le  nombre  des  ruches  deve- 
nait trop  considérable,  les  abeilles  ne  trouveraient  plus  qu  un 
faible  butin,  insulfisant  pour  élever  leur  couvain  et  surtout  pour 
faire  des  provisions. 

Lorsqu'on  veut  construire  soi-même  une  ruche,  il  faut  s'aider 
d'un  bon  modèle,  se  rendre  bien  compte  des  conditions  qu'elle 
doit  remplir  pour  répondre  aux  besoins  des  abeilles,  et,  s'il  se 
peut,  prendre  les  conseils  d'une  personne  expérimentée. 

Il  existe  des  types  de  ruches  qui  réussissent  très  bien  dans 


INSTALLATION    D'UN    RUCHER. 


certaines  localités  et  moins  bien  dans  d'autres.  De  même,  les  ma- 
nipulations, les  soins  du  rucher,  doivent  varier  un  peu  suivant  les 
régions.  L'expérience  faite  antérieurement  par  d'autres  apiculteurs 
pourra  être  mise  à  profit  par  les  commençants. 

Les  instruments  les  plus  indispensables  ne  sont  ni  bien  nom- 
breux ni  très  coûteux.  La  plupart  peuvent  aussi  être  construits 
par  l'apiculteur  lui-même.  Nous  n'en  donnerons  pas  ici  le  détail  ; 
nous  les  étudierons  plus  loin,  ainsi  que  les  divers  types  de  ruches 
les  plus  usités.  Il  suffit  d'un  peu  de  tact  pour  les  modifier,  de 
même  que  les  ruches,  suivant  ses  goûts  et  ses  idées  personnelles. 
On  trouve  dans  le  commerce  de  nombreux  modèles  de  tous  les 
instruments  apicoles.  Disons  d'une  manière  générale  que  les 
meilleurs  sont  ceux  dont  la  construction  est  simple  et  solide,  et 
qu'il  ne  faut  pas  entièrement  s'en  rapporter  aux  prétendus  per- 
fectionnements des  fabricants,  lesquels  n'ont  pas  toujours  les  con- 
naissances techniques  ni  l'expérience  nécessaire  pour  réaliser  de 
réels  progrès  en  apiculture. 

Toutefois,  nous  ne  voulons  nullement  faire  ici  le  procès  des 
fabricants.  Nous  insistons  seulement  pour  qu'on  ne  s'adresse  qu'à 
des  maisons  sérieuses,  et  il  serait  injuste  de  méconnaître  les 
services  réels  qu'ont  rendus  certains  industriels  à  l'apiculture  par 
leurs  persévérants  efforts  à  perfectionner  le  matériel  apicole,  tant 
au  point  de  vue  de  sa  bonne  fabrication  qu'à  celui  de  son  bon 
marché. 


PHYSIOLOGIE  DE   L'ABEILLE 


i7 


CHAPITRE    IV 

PHYSIOLOGIE    DE   L'ABEILLE 

1.  Les  Mouches  à   miel. 

L'abeille,  scientifiquement,  appartient  au  genre  Apis  de  l'ordre 
des  Hyménoptères,  insectes  caractérisés  principalement  par  la 
présence  de  quatre  ailes  membraneuses  et  transparentes. 

On  connaît  plusieurs  espèces  d'abeilles.  Nous  ne  nous  occupe- 


Yig.  5.  —  Abeille  mâle. 


Fig.  6.  —  Reine  ou  mère.  Fig.  T. 

Abeilles  {grandeur  naturelle). 


roiis,  bien  entendu,  que  de  l'abeille  domestique  ou  mouche  à 
miel  {apis  mellifica). 

11  en  existe  plusieurs  races,  que  l'on  a  croisées  avec  succès,  et 
dont  chacune  présente  des  qualités  particulières.  Nous  n'entrerons 
pas  ici  dans  une  étude  approfondie  de  ces  races;  nous  pensons  que, 
comme  dans  tout  autre  élevage,  les  races  locales  sont  généralement 
les  meilleures  et  celles  dont  la  culture  donne  le  plus  de  profit.  Nous 
croyons,  cependant,  qu'une  sélection  et  des  croisements  bien  en- 
tendus peuvent  empêcher  la  dégénérescence.  — Le  mâle  transmet 
le  caractère,  la  femelle  les  aptitudes  an  travail  cl  la  constitution. 

Les  abeilles  vivent  en  familles  nombreuses  appelées  colonies. 
corn  posées  chacune  (fig.  5, 6, 7)  d'une  femelle  ou  reine,  de  plusieurs 
centaines  de  mâles  ou  faux  bourdons,  et  de  quelques  milliers  d'ou- 
vrières, lesquelles  sont,  en  réalité,  des  femelles  modifiées,  et  non 


APICULTURE. 


1« 


PHYSIOLOGIE   DE   L'ABEILLE. 


des  neutres,  comme  on  le  croit  généralement  ;  leur  organisation 
s'est  adaptée  aux  fonctions  multiples  qu'elles  ont  à  remplir.  Ce 
sont  elles  qu'on  voit  chaque  jour  sur  les  fleurs  et  qu'on  considère 
généralement  comme  le  véritable  type  de  l'abeille;  nous  en  don- 
nerons d'abord  la  description,  puis  nous  indiquerons  les  carac- 
tères qui  différencient  les  mâles  et  les  femelles. 


2.  L'Abeille  ouvrière. 


lie  corps  de  l'abeille  ouvrière,  comme  celui  de  tous  les  insectes, 
se  divise  en  trois  parties  :  la  tête,  le  corselet  ou 
thorax,  et  Y  abdomen. 

La  tête  [fig.  8)  porte  les  yeux,  les  antennes, 
et  les  pièces  constituant  la  bouche. 

Il  y  a  deux  sortes  d'yeux  :  sur  le  dessus  de  la 
tête,  trois  placés  en  triangle  sont  les  yeux  sim- 
ples, appelés  aussi  ocelles,  sUmmates  ou  yeux 
lisses;  el  de  chaque  côté,  un  beaucoup  plus 
gros  qui,  observé  à  la  loupe,  présente  un  grand 
nombre  de  facettes,  correspondant  chacune  à 
un  petit  œil;  de  là  le  nom  d'yeux  composés,  à 
facettes  ou  en  réseau.  Los  simples  sont  desti- 
nés à  voir  de  près,  et  les  autres  à  voir  de  loin. 

Les  antennes,  formées  de  douze  ou  treize  seg- 
,.  ments  articulés  {articles),  sont  les  organes  du 
*.  Yeux  compoiéi  ou  en  toucher  et  probablement  aussi  ceux  de  l'ouïe  et 

réieau.  r 

■  Ant-nne.  de  l'odorat . ;  elles  sont  très  mobiles,  et  lorsqu'on 

les  coupe  l'insecte  n'est  pluscapabledesediriger. 
La  bouche  se  compose  d'une  lèvre  supérieure 
ou  labre,  de  deux  fortes  mandibules,  puis  d'une 
trompe  ou  langue  formée  par  la  lèvre  infé- 
rieure, et,  enfin,  des  mâchoires,  portant  chacune  un  palpe  et 
transformées  en  gaine.  L'extrémité  de  la  lèvre  inférieure  a  reçu 
le  uom  de  languette;  elle  porte  également  deux  palpes. 

La  trompe,  ainsi  constituéo,  sert  à  lécher,  à  humer  le  miel  ;  les 
mandibules  servent  à  malaxer  la  cire  et  à  exécuter  les  travaux 
de  construction,  concurremment  avec  les  pattes  postérieures.  La 
longueur  de  la  trompe  a  une  grande  importance.  Il  est  évident  que 


Fig.  g. 

Tête  d'abeille  ouvrière 

(grosiie). 


Chaperon  ou  clypeui. 
Lèvre    «uporieure    ou 

labre. 
Mandibules. 
Mâchoire 
Palpea  labiaux. 
Langue. 


PHYSIOLOGIE    DE   L'ABEILLE. 


19 


si  elle  est  courte  l'abeille  ne  saurait  atteindre  le  miel  au  fond 
d'une  corolle  profonde,  qui  pourra  être  visitée  avec  profit  par  une 
autre  dont  la  trompe  sera  plus  longue.  De  là  est  venue  l'idée  de 


Fig.  9. 


Glossomètre  Charton. 


a.  Cals»»  métallique  portant  un  fond  incliné  et  gradué  permettant  de  mesurer  le  ait» 

du  liquide  à  un  dixième  de  millimètre  près  sur  l'échelle  6. 
e.  Couvercle  muni  de  toile  métallique  dont  les  maille»  ont  deux  millimètres  et  a  traver» 

teiquelles    les    abeilles    sucent   le    miel    dont   on  a  empli  la   caisse  jusqu'au  0  de 

i'écbelle,  après  avoir  placi"'  l'appareil  bien  de  niveau. 


construire  des  appareils  appelés  glossomètres  [fig.  9),  au  moyen 
desquels  MM.  Charton  et  Froissard  ont  pu  constater  que  la  longueur 
de  la  trompe  peut  varier  de  plus  de  deux 
millimètres.  Il  y  a  donc  avantage,  pour 
la  reproduction,  à  choisir  des  mères  pro- 
venant des  ruches  dont  la  langue  des  ou- 
vrières eoit  aussi  développée  que  possible. 
Ajoutons  que  M.  Legros,  qui  est  aussi 
l'inventeur  d'un  glossomètre,  a  pensé 
que    le   meilleur  moyen  d'augmenter  la  Fig  l0  _  Thorax, 

longueur  de  la  langue  était  d'augmenter   Abeuie  mâie  dont ie  thorax  «eut  («> 

,        .     ...  h    i_    •!•         11  a  ii  a     été    teinté    pour  bien    montrer 

la  taule  de  I  abeille  elle-même.  11  assure    »d  relation»  avec  les  autre»  parti» 
y  être  arrivé  en  augmentant   la  capa-  ucorp». 

cité  des  cellules  dans  lesquelles  les  larves  sont  élevées,  chosi 
facile  avec  la  cire  gaufrée. 

Le  thorax  [fig.  10),  composé  de  trois  segments  intimement  sou 
dés  ensemble  {prothorax,  mésothorax,  métathorax),  porte  à  sa 
partie  supérieure  deux  paires  d'ailes,  et  à  sa  partie  inférieure  trois 


20 


PHYSIOLOGIE   DE  L'ABEILL  K, 


Fi(j.  il.—  Peigne 
à  antennes. 

a,  jambe;  6,  tibia;  e,  en- 
coche  du  peigne  ;  d,  vélum. 


Fiy.  il  àis.  —  Patte 
postérieure. 


paire  de  pattes.  Ces  paltes  sont  munies  de  brosses,  qui  servent  à 
rassembler  le  pollen  dont  le  corps  des  abeilles  se  couvre  dans 
les  fleurs.  Chacune  de  ces  pattes  se  compose  elle-même  d'une 

hanche,  d'une  cuisse,  d'une 
jambe  et  d'un  tarse. 

La  première  paire  porte  un 
orgiine  spécial  appelé  peigne 
à  antennes  [fi g.  1 1). 

Les  pattes  postérieures 
{fig.  Il  bis)  sont  remarqua- 
bles par  leur  conformation. 
Leur  jambe  est  triangulaire, 
et  la  l'ace  externe  présente 
une  cavité  appelée  corbeille 
ou  cuilleron,  destinée  à  loger 
le  pollen,  lequel  y  est  retenu 
par  une  série  de  poils  raides 
qu'on  appelle  le  râteau. 
Le  premier  article  du  tarse  est  carré  et  porte  en  dessous  huit  ou 
neuf  rangées  de  poils  raides  constituant  la  brosse  et  servant  à 
recueillir  ie  pollen.  La  jambe, 
dont  le  bord  est  aussi  garni  de 
poils  raides,  l'orme  avec  le  pre- 
mier article  du  tarse  prolongé 
en  haut  sous  forme  d'éperon 
une  articulation  dans  laquelle 
sont  pincées  les  lamelles  de 
cire  sécrétées  par  l'abdomen. 
Les  tarses  se  terminent  par 
deux  crochets  :  ces  crochets 
servent  aux  abeilles  à  se  main- 
tenir sur  les  surfaces  rugueu- 
ses; entre  eux  se  trouve  le  pul- 

villus,  pelote  spongieuse,  sorte  de  ventouse  avec  laquelle  les 
abeilles  adhèrent  aux  surfaces  unies. 

Les  ailes  [fig.  12)  sont  formées  de  deux  membranes  appliquées 
l'une  contre  l'autre,  et  soutenues  par  des  nervures  qui  lesreudent 
rigides  et  se  ramifient  en  formant  des  cellules. 


Fig,  12.  —  Ailes  d'xbeille  grandies 
pour  montrer  la  disposition  des  nervures. 

Enrt  Betrouventde  pelitsernehetsqui  s'adapt'  ni 

k  lacôie  li  pour  maintenir  les  deux  ailes  r<  iniea 

pendant  le  vol. 


PHYSIOLOGIE    DE    L'ABEILLE. 


21 


Fig.  13.  —  Abdomen 

vu  en  dessous. 

a.  Lamelle  de  cire  se  dé 

tachant  des  glandes. 


Fig.  15. 
Lamelles  de  cire. 


C'est  le  battement  précipité  des  ailes  qui  produit  le  bourdonne- 
ment. 

L'abdomen  [fig.  13)  est  formé  d'anneaux  ou  segments  au 
nombre  de  six;  les  qua- 
tre derniers  portent  cha- 
cun à  la  partie  infé- 
rieure une  paire  d'or- 
ganes [fig.  14)  qui  sé- 
crètent la  cire  sous  forme 
de  lamelles  {fig.  15). 

L'aiguillon  ou  dard 
{fig.  16),  situé  à  l'extré- 
mité de  l'abdomen,  pos- 
sède deux  glandes  :  l'une 
b  sécrète  un  liquide  al- 
calin, l'autre  c  un  liquide  acide;  leur  mélange  forme  le  venin. 
Cet  aiguillon  se  termine  par  une  pointe  barbelée,  particularité 
à  laquelle  il  doit  de  rester  dans  la  plaie  quand,  après  avoir  piqué, 
l'abeille  s'échappe  brusquement.  11  en  résulte 
pour  elle  une  lésion  entraînant  généralement 
la  mort. 

Lés  ouvrières  sont  des  femelles  infécondes, 
dont  les  ovaires  {fig.  25)  restent  à  l'état  rudi- 
menlaire,  et  dont  les  pattes  postérieures  ainsi 
que  d'autres  organes  se  sont  adaptés  aux  fonc- 
tions qu'ils  ont  à  remplir.  Cependant  on  en  ren- 
contre parfuis,  dans  les  ruebes  privées  de  mère, 
qui  àQyiawwQwi pondeuses  (leurs  larves,  dit-on, 
ont  reçu  une  nourriture  plus  choisie);  mais 
elles  ne  produisent  que  des  œufs  de  mâles,  et 
sont,  à  cause  de  cela,  nommées  bourdonneuses. 
Leur  ponte  se  reconnaît  à  son  irrégularité  : 
cerlaines  cellules  contiennent  plusieurs  œufs, 
tandis  que  d'autres  n'en  ont  pas  reçu. 

il  est  à  peu  près  impossible  de  distinguer 

ces  ouvrières  productrices  de   mâles.   Elles 

sont  inutiles,  et  le  meilleur  moyen  de  s'en  débarrasser  consiste 

à  balayer  devant  une  autre  ruche  les  rayons  qui  les  contiennent. 


Fig.  16.  —  Aiguillon  [r, 
avec  sa  vésicule  a  venin 
et  les  pièces  accessoires 


« 


PHYSIOLOGIE    DE    L'ABEILLE 


Les  abeilles,  ainsi  chassées,  viendront  renforcer  la  population  de 
cette  ruche,  ou  bien  elles  seront  mises  à  mort.  En  tout  cas,  les 

abeilles  de  la  ruche  se  chargeront 
de  reconnaître  les  bourdonneuses  et 
de  les  détruire. 

Les  ouvrières  seules  travaillent  : 
ce  sont  elles  qui  construisent  les 
rayons,  récoltent  le  miel,  le  pollen, 
et  se  chargent  d'élever  les  jeunes. 

L'ouvrière  absorbe  le  miel  des 
fleurs  et  vient  le  dégorger  dans  la 
ruche  lorsque  *onjaôote$l  rem  pli.  Elle 
y  ajoute  un  peu  de  venin  contenant 
de  l'acide  formique,  sécrété  par  les 
glandesdesonaiguillon.pouren  assu- 
rer la  conservation,  puis  ferme  par 
un  mince  couvercle  plat  ou  opercule 

/>7/ 


Fig.  17.  —  Appareil  digesti; 
de  l'abeille. 

.D'après  Léon  Dufour.) 

ci.  Glande»  «allralres 

a.  Œsophage. 

/.  Jabot. 

«.  Ventricule  chiliflqu*  ou   estomac 

(m.  Tubes  de  Malpigbl. 

r.  Rectum. 

(v.  Glandes  à  venin. 

a.  Aiguillon. 


.,yit:À"  /S?« 


Fig.  18.  —  Cellules  k  miel  operculées, 
a.  Cellules  contenant  du  pollen. 


formé  de  cire,  chacune  des  cellules  remplies.  La  cellule  est  alors  dite 
operculée  ou  cachetée  ;  c'est  le  pot  à  miel  dans  toute  sa  perfection. 
Les  abeilles  récoltent  aussi  au  printemps,  principalement  sur 
les  bourgeons,  les  chatons  et  les  écorces,  une  matière  résineuse 
appelée  propolis,  qui  leur  sert  de  ciment  et  d'enduit,  pour  cal- 
feutrer la  ruche  et  consolider  les  rayons.  Elles  conservent  parfois 
la  propolis  en  dehors  des  cellules,  dans  les  coins  de  la  ruche,  où 
elles  la  reprennent  suivant  leurs  besoins 


PHYSIOLOGIE    DE    L'ABEILLE.  23 

On  sait  que  le  nombre  des  ouvrières  dans  chaque  ruche  est 
assez  considérable  :  il  atteint  et  dépasse  même  souvent  quarante 
mille. 

3.  L'Abeille  femelle  ou  reine* 

La  femelle  ou  mère,  que  les  anciens  appelaient  roi  et  qu'on 
appelle  encore  aujourd'hui  reine,  diffère  surtout  de  l'ouvrière  parla 
forme  allongée  de  son  abdomen.  Ses  ailes  paraissent  plus  courtes; 
ses  pattes  postérieures,  ne  possédant  ni  brosses  nicuillerons,  ne  sont 
pas  organisées  pour  la  récolte  du  pollen  ;  sa  trompe,  en  quelque  sorte 
raccourcie,  ne  lui  sert  qu'à  se  nourrir  dans  la  ruche  au  début  de  sa  vie 
plus  tard  elle  est  nourrie  par  les  ouvrières);  se^  mandibules  sont 
également  moins  développées.  C'est  Swammerdam,  analomiste  hol- 
landais du  xvuBsiècle,qui,le  premier,  a  reconnu  son  véritable  sexe. 

La  femelle  possède  un  aiguillon,  mais  il  est  recourbé  et  inca- 
pable de  percer  la  peau  de  l'homme;  elle  n'en  fait  usage  que  pour 
tuer  ses  rivales,  en  l'introduisant,  disent  quelques  auteurs,  dans 
une  des  ouvertures  respiratoires  ou  stigmates  situées  à  la  base  de 
l'abdomen,  afin  d'y  injecter  son  venin. 

Elle  ne  sort  généralement  qu'une  seule  fois  de  la  ruche  pour  la  fé- 
condation, ordinairement  le  septième  jour  après  son  éclosion;  c'est 
le  vol  nuptial.  Celle  fécondation  unique,  qui  a  lieu  dans  les  airs, 
suffit  pour  assurer  la  fécondité  d'une  ponte  qui  se  prolongera  pen- 
dant plusieurs  années.  11  arrive  parfois  que,  pendant  cette  sortie,  la 
femelle  s'égare  et  ne  reparaît  pas.  La  ruche,  devenue  orpheline,  doit 
alors  recevoir  une  nouvelle  mère;  nous  reviendrons,  plus  loin,  sur 
ce  sujet.  Si  la  fécondation  n'a  pas  eu  lieu  dans  les  premières 
semaines  qui  suivent  l'éclosion,  elle  ne  se  produit  plus  jamais. 
Pendant  les  dix  premiers  mois,  la  femelle  ne  pond  guère  que  des 
œufs  d'ouvrières;  ce  n'est  que  vers  l'été  de  la  seconde  année 
qu'elle  commence  à  déposer  dans  les  cellules  des  œufs  de  mâles 
et  de  femelles.  Devenue  vieille,  elle  ne  pond  plus  que  des  œufs  de 
mâles;  c'est  pour  cela  qu'on  ne  la  conserve  guère  que  trois  ans, 
au  bout  desquels  elle  devient  ùourdonneuse . 

Les  femelles  non  fécondées  ne  pondeut  que  des  œufs  de  mâles. 
La  faculté  que  possèdent  quelquefois  des  femelles  vierges,  chez 
certains  insectes,  de  pondre  des  œufs  féconds,  porte  scientifique- 
ment le  nom  de  parthénogenèse. 


PHYSIOLOGIE    DE    L'ABEILLE. 


La  parthénogenèse  a  élé  contestée  par  divers  auteurs;  mais, 
depuis  les  recherches  de  Dzierzon,  le  fait  a  élé  prouvé  p.ir  de 
nombreuses  observations  amitomiques.  Celles  de  deux  au'res  na- 
turalistes allemands,  Siebold  et  Leuckart,  entre  autres,  ne  peuvent 
laisser  aucun  doute. 

Le  nombre  des  œufs  pondus  par  une  seule  femelle  peut  s'élever 
à  trois  ou  quatre  mille  par  jour.  Il  est  proportionné  à  la  quantité 
de  nourriture  consommée.  Suivant  le  professeur  américain  J.  Cook, 
le  poids  de  ces  oeufs"dépasse  celui  de  l'abeille  môme.  En  effet, 
d'après  les  observations  de  ce  savant,  une  abeille  femelle  pèse 
0  gr.  22,  et  trois  mille  œufs  pèsent  0  gr.  39,  soit  une  différence 
de  0  gr.  17. 

Au  retour  de  la  belle  saison,  la  ponte  atteint  son  maximum; 
c'est  ce  qu'on  appelle  la  grande  ponte. 

Les  œufs  pondus  par  la  femelle  s'élèvent  au  moins  à  cent  mille 
par  an,  et  peuvent  même,  suivant  Hamet  ',  atteindre  le  nombre  de 
cinq  cent  mille!  L'abeille  douée  d'une  telle  fécondité  mérite  donc 
le  nom  de  «  mère  »  qu'on  lui  donne  généralement,  beaucoup 
mieux  que  celui  de  «  reine  »,  qui  tend  justement  à  disparaître. 

Nous  avons  dit  qu'il  n'y  a  qu'une  femelle  par  ruche;  exception- 
nellement, pourtant,  on  en  a  observé  deux  au  moment  de  l'essai- 
mage :  l'une  devant  partir  avec  l'essaim,  l'autre  continuant  la 
ponte  dans  la  ruche.  On  a  pu  voir  aussi,  dans  une  môme  ruche, 
deux  mères  vivant  en  bonne  intelligence  et  pondant  chacune  de 
son  côté.  Mais  il  faut  ajouter  que  ces  cas  sont  fort  rares.  Dans 
une  grande  ruche  les  mères  se  renouvellent  naturellement  tous 
les  ans,  de  sorte  qu'on  en  peut  voir  deux  et  même  plusieurs  dans 
la  même  ruche  à  une  certaine  époque  de  l'année. 

4.  L'Abeille  mâle. 

Les  mâles  ou  faux  bourdons  sont  plus  gros  que  les  ouvrières. 
Leur  tête  est  très  rcconnaissable  aux  deux  énormes  yrux  à 
facettes  qui  sont  développés  au  point  de  se  réunir  sur  le  milieu. 


1.  Hamet,  Cours  complet  d'Apiculture  (Paris,  7'  édition,  revue  par  Sevalle, 
1893;  in-12). 


PHYSIOLOGIE    DE    L'ABEILLE. 


Leurs  pattes  ne  portent  ni  brosses  ni  cuillerons  et  leur  trompe  est 
très  courte.  Ils  sont  dépourvus  d'aiguillons  et  par  conséquent  ne 
piquent  pas. 

Les  mâles  possèdent,  dit  Hamet,  surtout  au  moment  de  l'essai- 
mage, une  odeur  assez  forte  qui  leur  sert  à  se  faire  rencontrer  par 
les  femelles,  lesquelles  produisent  elles-mêmes  une  odeur  alcoo- 
lique rappelant  celle  de  la  mélisse  lorsqu'elles  sont  dans  la  ruche, 
car  au  moment  de  la  fécondation  elles  ont  une  odeur  toute  spé- 
ciale. 

Les  mâles  se  nourrissent  du  miel  qu'ils  consomment  dans  la 
ruche  aux  dépens  de  la  colonie;  leur  estomac  en  contient  à  leur 
sortie  de  la  ruche  et  n'en  contient  plus  à  leur  rentrée.  Ils  ne 
butinent  jamais;  aussi  sont-ils  chassés  et  massacrés  en  grand 
nombre  par  les  ouvrières  après  l'essaimage,  leur  rôle  étant  rem- 
pli. De  môme,  à  l'entrée  de  l'hiver,  où  les  provisions  doivent  être 
comptées,  toute  bouche  inutile  est  supprimée.  M.  Perez  '  fait  remar- 
quer à  ce  propos  que  les  ouvrières  ne  tuent  pas  les  mâles,  mais 
les  chassent  de  la  ruche;  réduits  ainsi  à  leurs  propres  ressources, 
ils  ne  tardent  pas  à  mourir-de  faim  et  de  froid. 

Le  nombre  des  mâles  n'est  ordinairement  que  de  quelques  cen- 
taines à  quelques  milliers  par  ruche. 

5.  Rayons  et  Cellules. 

Nous  avons  vu  que  les  ouvrières  seules  travaillent.  Suivant  leur 
âge,  les  unes  sont  nourrices,  d'autres  butineuses,  et  d'autres 
enfin  civières. 

Ce  sont  ces  dernières  qui  construisent  les  rayons  ou  gâteaux, 
appelés  aussi  brèches  dans  certaines  localités,  et  dont  le  doubla 
but  est  de  contenir  le  miel  et  de  servir  de  berceau  à  la  nombreuse 
couvée. 

Chacun  connaît  ces  rayons  fabriqués  avec  la  cire  sécrétée  par 
l'abdomen  des  abeilles.  Ils  sont  formés  de  cellules  ou  alvéoles 
appartenante  plusieurs  types.  Une  fois  l'emplacement  choisi^  une 
abeille  y  dépose  une  parcelle  de  cire,  une  outre  lui  succède,  et 
ainsi  de  suite,  jusqu'à  ce  qu'une  masse  assez  volumineuse  soit 

1.  J.  Perez,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences  de  Bordeaux,  Les  Abeilles 
(Paris,  Hachette,  18S9;  in-12). 


u 


PHYSIOLOGIE    DE   L'ABEILLE. 


formée;  l'une  des  abeilles  y  creuse  une  cavité  cylindrique  dont 
elle  façonne  les  parois  avec  ses  mandibules,  pendant  que  d'autres 
ouvrières,  travaillant  à  l'extérieur,  contribuent  à  lui  donner  la 
forme  hexagonale.  Lorsque,  après  avoir  procédé  ainsi,  la  pre- 
mière cellule  a  été  commencée,  d'autres  y  sont  adjointes;  puis 
un  second  plan  de  cellules  est  exécuté  sur  la  même  base  à  l'op- 
posé du  premier;  de  sorte  que  les  rayons  sont  formés  de  deux 


-MM 


ÊÊÊtëk 


Fig.  18.  —  Cellules  de  reine 
et  d'ouvrières. 


Fig.  20.  —  Cellules  des  mâles. 
Troie  contiennent  du  pollen  (a).    - 


constructions  parallèles  d'alvéoles  hexagonaux  ayant  une  base 
commune. 

On  trouve  dans  les  rayons  trois  types  de  cellules  :  celles  d'ou- 
vrières, celles  de  mâles  et  celles  de  femelles.  Les  plus  petites 
[fig.  19),  qui  sont  de  beaucoup  les  plus  nombreuses,  servent  à 
élever  les  larves  d'ouvrières  ou  sont  utilisées  comme  magasins  à 
miel.  Celles  des  mâles  (fig.  20)  sont  hexagonales  comme  celles  des 
ouvrières,  mais  elles  en  diffèrent  en  ce  qu'elles  sont  plus  grandes, 
biles  peuvent  également,  dans  certains  cas,  servir  à  emmagasiner 
le  miel.  Des  cellules  irrégulières,  dites  «  de  raccordement  »,  réu- 
nissent celles  de  mâles  et  celles  d'ouvrières  quand  elles  se  trouvent 
sur  le  même  rayon. 

Les  cellules  d'ouvrières  ont  12  à  13  millimètres  de  profondeur 
sur  5  de  large;  celles  des  mâles,  15  millimètres  et  plus  sur  0  et 
demi,  ce  qui  donne  24  millimètres  d'épaisseur  pour  les  rayons  des 
ouvrières  et  30  au  moins  pour  ceux  des  mâles.  Mais  quand  ces 


PHYSIOLOGIE    DE    L'ABEILLE. 


87 


cellules  contiennent  du  miel  leurs  parois  sont  souvent  prolongées 
et  peuvent  atteindre  une  profondeur  double.  Il  faut  en  lar- 
geur environ  dix-neuf  cellules  d'ouvrières  et  quinze  de  mâles 
pour  atteindre  un  décimètre  de  longueur,  et  un  décimètre  carré 
contient  environ  425  à  450  des  premières,  260  à  275  des 
secondes. 

On  sait  que  la  forme  hexagonale  donnée  par  les  abeilles  à  leurs 
cellules    est    celle    qui   permet  d'en 
construire  le  plus  grand  nombre  pos- 
sible  avec  une  quantité  de  matière 
donnée. 

Les  cellules  ne  sont  pas  tout  à  fait 
horizontales;  elles  présentent  ordinai- 
rement une  légère  inclinaison  qui 
s'oppose  à  l'écoulementdu  ni  iel(/£$\ 21). 
Le  miel  est  déposé  au  retour  de  l'a- 
beille dans  la  première  cellule  venue 
près  de  l'entrée  de  la  ruche  ;  là  il  se 
concentre  et  s'épaissit  par  évapora- 
tion  :  au  moment  de  la  récolte  il  est 
très  liquide.  11  est  ensuite  transporté 
dans  les  cellules  du  magasin  à  miel, 

situé' dans  la  partie  de  la  ruche  la  plus  éloignée  de  l'entrée. 
Celles-ci  une  fois  remplies  sont  fermées  par  un  couvercle  de  cire 
plat,  blanc  ou  jaunâtre,  plus  ou  moins  transparent,  dont  nous 
avons  déjà  parlé  (v.  page  22). 

Les  cellules  à  miel  reçoivent  également  du  pollen,  qui  est 
déposé  dans  le  bas  de  la  ruche  et  au  milieu,  à  proximité  du  cou- 
vain, c'est-à-dire  près  de  l'endroit  où  sont  élevées  les  larves  et 
les  nymphes.  Dans  ce  cas,  elles  ne  sont  jamais  remplies  entière- 
ment ni  operculées. 

Les  rayons  sont  ordinairement  construits  de  haut  en  bas;  il 
suffit  de  placer  dans  une  ruche  un  fragment  de  rayon  provenant 
d'une  autre  ruche  ou  même  simplement  une  barre  de  bois  taillée 
en  biseau  pour  déterminer  les  abeilles  à  suivre  une  direction 
donnée. 

Les  alvéoles  sont  renforcés  par  un  bourrelet  de  propolis  rou- 
geàtre  sur  leur   bord  extérieur  et  dans  les  angles.   Ceux  des 


Fiij.  21.  —Coupe  monlrant 
l'inclinaison  des  cellules  à  miel. 


PHYSIOLOGIE    DE    L'ABEILLE. 


ouvrières  occupent  le  plus  souvent  le  milieu  des  gâleaux;  ceux 
des  mâles,  le  pourtour. 

Les  rayons  des  abeilles  portent  une  troisième  sorte  de  cellules, 

plus  grandes,  en  forme  de  gland,  isolées  et  placées  à  peu   près 

verticalement  sur  les  bords  :  ce  sont  les 

cellules  de  mère  ou  alvéoles  royaux  (fig.  19, 

22)  ;  leur  diamètre  dépasse  8  millimètres. 

On  en  trouve  parfois  au  milieu  des  rayons, 
c'est  lorsqu'une  mère  vient  à  mourir;  alors 
les  ouvrières  détruisent   plusieurs  cellules 
ordinaires  et  en  construisent  une  plus  grande 
dans  laquelle,  au   moyen  d'une   nourriture 
choisie,  elles  transforment  en  larve  de  mère 
une   simple  larve  d'ouvrière,   lui    donnant 
ainsi  à  volonté  la  fécondité  :  grâce  à  l'ac- 
tion simultanée  de  l'emplacement  et  de  la 
nourriture,  ses  ovaires  vont,  en  effet,  atteindre  un  complet  déve- 
loppement. La  femelle  qui  sortira  de  celte  cellule,  dite  cellule  de 
sauveté  {fig.  23,  24),  porte  le  nom  de  mère  de  saitveté. 


Fig.  22.  —  Coupe 
d'une  cellule  de  reine. 


Fig.  23. 

Cellule  de  sauvelé. 


l'ty.  24.  —  Cellule  de  sauvclti 
dans  un  rayon  excavé  aur  une  seule  de  aea  hCM. 


Au  moment  de  leur  construction  les  rayons  sont  d'abord  blancs, 
mis  ils  deviennent  jaune  soufre,  jaune  foncé,  et  enfin  complèle- 
nent  bruns. 

Frais,  ils  sont  peu  solides,  mais  ils  acquièrent  de  la  consistance 


PHYSIOLOGIE    DE    L'ABEILLE. 


29 


en  vieillissant,  consistance  augmen- 
tée encore  quand  ils  ont  servi  à  l'é- 
levage du  couvain,  qui  les  tapisse 
de  minces  couches  de  soie. 


6.  Métamorphoses 
«les  abeilles. 

Nous  avons  dit  que  la  ponte  de  la 
mère  s'élève  à  trois  ou  quatre  mille 
œufs  par  jour  ;  elle  s'opère  de  la 
façon  suivante  :  l'abdomen  étant  en- 
foncé dans  la  cellule,  l'œuf  est  fixé 
debout  sur  le  fond  au  moyen  d'un 
enduit  gommeux.  Le  second  jour  il 
s'incline  obliquement,  le  troisième 
il  est  couché.  Sa  longueur  est  d'en- 
viron 1  millimètre  et  demi,  sa  cou- 
leur presque  blanche.  Dans  le  cas  t-JSSîSSSSSISrc^ 
où  une  femelle  pond  plusieurs  œufs 

dans  une  cellule,  les  ouvrières  n'en   laissent  qu'un  :  elles  man- 
gent les  autres  ou  les  enlèvent. 

L'éclosion  de  l'œuf  [fig.  26\  a  lieu  le  quatrième  jour  après  la 
ponte,  sous  l'influence  de  la  température  de  la  ruche,  qui  atteint 

et  même  dépasse  30°  centigrades.  Il 
en  sort  une  petite  larve  blanche 
sans  pieds  {fig.  27),  contournée  sur 
elle-même,  qui  reçoit  pour  nourriture 
une  sorte  de  gelée  blanche  al  bu  mi- 
neuse, peut-être  élaborée  par  l'esto- 
mac des  ouvrières,  peut-être  sécré- 
tée par  des  glandes  spéciales  situées 
dans  la  tète;  cette  bouillie  est  déposée  au  fond  de  la  cellule;  la 
larve  nage  en  quelque  sorte  dedans.  Celte  première  nourriture  de 
choix  sera  continuée  pour  les  larves  de  mères,  mais  pour  les  autres 
elle  sera  remplacée  par  un  mélange  de  miel,  de  pollen  et  d'eau. 
An  bout  de  cinq  jours,  la  cellule  de  l'ouvrière  est  operculée, 


Fig.  25.  —  Ovaires  des  abeilles. 
Ovaires  Je  la  femelle  ou  reine. 


Fig.  î» 

(Knfi 


PHYSIOLOGIE    DE    L'ABEILLE. 


'est-à-dirc  fermée  par  un  couvercle  de  cire  el  de  pollen,  légère- 
lent  bombé. 

La  larve  de  mâle,  après  un  nourrissement  de  six  jours,  voit  de 
riême  sa  cellule  fermée  par  un  couvercle  de  même  matière,  mais 
orientent  bombé. 

Quant  à  la  larve  de  femelle,  elle  reçoit  pendant  cinq  jours  la 
ourriture  de  choix  qui  la  rendra  prolifique,  puis  sa  cellule  est 
percutée. 

Les  larves  subissent  plusieurs  mues  et,  une  fois  enfermées,  se 

tissent  un  fin  cocon  de  soie  dans  le- 
quel elles  se  transforment  en  pseu- 
donymphes, puisen  nymphes(/fy.  28). 
Les   rayons  contenant  des  œufs, 
des  larves  et  des  nymphes  sont  dits 
rayons  à  couvain  (du  mot  couver, 
parce  que  les  ouvrières  couvent  en 
quelque  sorte  les  jeunes  en  se  main- 
tenant   sur    ces.rajons    pour    leur 
conserver  une  certaine  chaleur,  et 
le  couvain  est   dit  operculé  quand 
les  cellules  sont  fermées   par   leur 
couvercle  {fig.  29). 
L'ensemble  du    couvain   présente 
i  forme  générale  d'une  ellipsoïde,  parce  que  la  femelle  commence 
pondre  au  centre  d'un  rayon  et  sur  ses  deux  faces,  puis  elle 
asse  sur  les  rayons  voisins  à  droite  et  à  gauche,  et  ainsi  de  suite 
ans  le  même  ordre. 

A  un  moment  donné  le  couvain  éclùt  vers  le  centre,  puisque 
'est  le  plus  anciennement  pondu.  Dès  que  les  cellules  sont  vides 
t  netloyées,  la  mère  revient  y  pondre  el  continue  en  s'éloignant 
u  centre  vers  la  périphérie  au  furet  à  mesure  que  les  cellules  se 
ident.  Et  la  ponte  recommence  dans  le  même  ordre  pendant 
Diife  la  saison. 

Quand  la  métamorphose  est  complète,  la  jeune  abeille  déchire 
3  cocon  avec  ses  mandibules,  brise  le  couvercle  de  sa  cellule  et 
ort  ;  les  ouvrières  la  brossent  et  lui  offrent  du  miel. 
Cette  sortie  du  cocon  a  lieu  au  bout  de  vingt  à  vingt  et  un  jours 
pi  es  la  ponte,  si  c'est  une  ouvrière. 


Fig.  29.  —  Cellules  de  mâles 
à  couvain  opereuU'. 


PHYSIOLOGIE    DE    L'ABEILLE.  3! 

La  femelle  se  développe  en  quinze  à  seize  jours,  et  le  mâle  en 
vingt-quatre  jours  environ. 

Le  duvet  de  l'abeil-le  fraîchement  éclose  est  grisâtre,  son  corps 
est  petit,  ses  mouvements  sont  lents. 

L'ouvrière  nouvellement  éclose  ne  sort  pas  de  la  ruche  pendant 
une  quinzaine  de  jours,  mais  il  faut  qu'elle  se  rende  utile.  Son 
travail  consistera  d'abord  à  nettoyer  les  rayons,  à  nourrir  les 
larves;  puis  elle  produira  de  la  cire.  Lorsque  les  abeilles  sortent 
pour  la  première  fois,  ou  les  voit  tourbillonner  au  soleil  on  grandes 
masses,  la  tête  tournée  vers  l'entrée  de  la  ruche,  c'est  ce  que  l'on 
appelle  en  apiculture  soleil  d'artifice.  Les  premières  sorties  sont 
employées  à  rapporter  de  l'eau,  ensuite  elles  rapporteront  du 
pollen  et  enfin  du  miel.  Cette  seconde  phase  dure  une  quinzaine 
de  jours. 

Dans  chacune  de  ces  fonctions  les  abeilles  sont  remplacées 
successivement  par  celles  qui  éclosent  chaque  jour.  iVais  il  ne 
faudrait  pas  croire  pourtant  que  celte  division  du  travail  est  abso- 
lue :  les  abeilles  savent  changer  de  fonction  suivant  les  besoins 
du  moment. 

Le  corps  des  abeilles  noircit  peu  à  peu;  lorsqu'elles  sont 
adultes,  leur  duvet  s'use  en  butinant,  leurs  ailes  se  déchirent, 
elles  paraissent  maigrir.  Devenues  vieilles,  elles  restent  dans  la 
ruche  pour  y  produire  de  la  chaleur;  la  température  nécessaire  à 
la  ruche  est  de  30°  environ;  elle  peut  osciller  entre  23°  et  36°  et 
même  descendre  jusqu'à  20°  en  hiver. 

Les  ouvrières,  sauf  celles  qui  éclosent  à  l'automne  et  qui  hiver- 
nent, c'est-à-dire  passent  l'hiver  dans  la  ruche,  vivent  environ 
six  semaines;  les  mâles  vivent  deux  à  trois  mois,  et  les  femelles 
plusieurs  années. 

La  jeune  mère  est  vive,  cherche  à  s'envoler  quand  on  l'effraye; 
son  corps  est  couvert  d'un  duvet  très  jaune  et  bien  garni. 

A  la  deuxième  année,  l'abdomen  est  très  gonflé  par  les  œufs, 
les  mouvements  sont  plus  lents,  le  corps  esl  déjà  moins  velu. 

A  trois  ans,  le  corps  est  allongé,  la  ponte  diminue,  les  poils 
sont  partis,  usés  par  le  frottement,  et  l'insecte  paraît  plus  noir, 
plus  luisant;  ses  ailes  sont  déchiquetées. 

Passé  trois  ans,  la  ponte  devient  irrégulière  et  bourdonneuse, 
c'est-à-dire  composée  d'oeufs  de  mâles.  Il  est  nécessaire  alors  de 


M  PHYSIOLOGIE    DE   L'ABEILLE. 

remplacer  cette  vieille  mère  par  une  jeune.  Nous  dirons  plus  loin 
(page  104-106)  comment  se  fait  le  remplacement  des  mères. 

Les  abeilles  ont  pour  le  couvain  un  véritable  attachement.  Ce 
sentiment  peut  parfois  être  avantageusement  exploité  par  l'api- 
culteur, car  il  suffit  de  placer  dans  une  ruche  vide  des  rayons 
contenant  des  œufs  et  des  larves  à  élever  pour  que  les  abeilles 
qui  couvrent  ces  rayons  s'y  établissent  d'une  manière  définitive. 

A  la  moindre  alerte  les  abeilles  qui  ont  du  couvain  se  préci- 
pitent de  toute  part  pour  le  défendre  :  c'est  à  ce  moment  surtout 
qu'elles  sont  à  craindre. 

Après  Téclosion  d'une  abeille,  les  ouvrières  nettoient  complète- 
ment sa  cellule,  en  rectifient  l'ouverture,  mais  y  laissent  le  cocon 
Boyeux.  Cette  cellule  recevra  de  nouveau  un  œuf  et  pourra  même 
servir  à  plusieurs  éducations  successives;  c'est  une  économie 
notable  de  travail  pour  la  colonie. 


FIXISME    ET    M0B1LISME. 


13 


CHAPITRE    V 

FIXISME    ET   MOBILISME 

A  l'état  de  nature,  les  abeilles  se  logent  dans  une  cavité  quel- 
conque :  un  trou  de  rocher,  un  tronc  d'arbre  creux  sont  des  gîtes 
tout  trouvés  ;  on  a  vu  des  essaims  se  lixer  dans  un  grenier,  der- 
rière un  volet,  dans  une  cavité  de  quelque  vieille  muraille.  Un 


Fiy.  30.  —  Ruche  en  liège. 


Fig.  31.  —  Ruche  en  osier. 


apiculteur  de  Seine-et-Oise,  M.  Sylvestre,  nous  a  montré  en  1893 
un  groupe  d'abeilles  tournoyant  autour  du  clocher  de  l'église 
de  (Ihiimarande.  Un  essaim  s'y  était  installé  depuis  plusieurs 
années  et  y  prospérait  dans  le  voisinage  immédiat  des  cloches  de 
l'églis 

Guidés  par  la  simple  observation,  les  premiers  apiculteurs  ont 
dû  tout  naturellement  leur  donner  un  logement  conforme  à  ce 
qu'ils  voyaient,  et  il  existe  encore  certaines  localités  où  ces  tradi- 
tions se  sont  conservées  à  travers  les  temps  :  on  y  trouve  encore 
des  ruches  formées  d*une  grosse  bûche  creusée  ou  d'une  écorce 
de  chêne  liège  {fig.  30)  fermée  en  haut  par  une  planche,  et  percée 
d'un  ou  plusieurs  trous  pour  la  circulation  des  abeilles.  Mais  cette 
tradition  ne  se  conserva  qu'exceptionnellement  :  depuis  bien  long- 
temps on  a  construit  des  ruches  en  paille  et  en  osier  [fig.  31,  32)  se 


APICTJÎ.TURB 


35 


FIXISME    ET    MOBILISME. 


rapprochant  plus  ou  moins  de  la  l'orme  d'une  cloche,  et  rappelant 
ainsi  la  forme  même  de  l'essaim,  toujours  arrondi. 

Dans  ces  ruches,  les  aheilles  construisent  leurs  rayons  vertica- 
lement, mais  en  leur  donnant  une  direction  généralement  peu 
régulière  [fig.  34).  Ces  rayons  adhèrent  complètement  par  leurs 
bords  aux  parois  de  la  ruche;  ils  sont  à'ûs  fixes,  de  là  le  terme  de 


i^jËfiRglSi 


Fig.  32.  —  Ruche  en  osier 
avec  son  surtout  en  paille. 


Fig.  33.—  kucheen  panle  a  calotte. 

2  Calotte  contenant  des  rayons  dont  on 
a  coup*  une  partie  pour  montrer 
l'Intérieur. 

b.    Corps  de  la  ruche. 

r.  Ouverture  servant  a  établir  la  com- 
munication entre  la  hausse  et  le  corps 
de  la  ruche. 


ruche  à  rayons  fixes,  et,  par  suite,  celui  de  (ixisme  donné  i\  cette 
méthode  de  culture.  Le  fixisme  présente,  entre  autres  inconvé- 
nients, celui  d'obliger  l'apiculteur  ù  chasser  les  abeilles  et  à  briser 
les  rayons  pour  les  enlever  de  la  ruche. 

Les  ruches  à  rayons  fixes,  auxquelles  on  donne  généralement 
50  litres  de  capacité  environ,  sont  souvent  trop  petites  au  moment 
de  la  grande  récolte.  On  a  d'abord  remédiée  ce  défaut  en  les  per- 
çant d'une  ouverture  en  dessusety  superposant  unecalottei/îç.33), 
sorte  de  chambre  dans  laquelle  les  abeilles  construisent  égale- 
ment des  rayons  verticaux  pour  emmagasiner  leur  miel,  quand 
la  ruche  proprement  dite  est  pleine  ;  mais  on  a  été  bien  vite  amené 
à  chercher  un  autre  système  qui  pût  se  prêter  plus  facilement 


FIXISMB   ET    MOBILISME. 


34.  —  Disposition  des  rayons 
dans  une  ruche  fixe. 


aux  manipulations,  aux  changements  de  capacité  nécessaires,  et 

l'on  est  arrivé  à  construire  des  ruches  dans  lesquelles  on  oblige 

les   abeilles  à    bâtir  leurs 

rayons  dans  des  cadres  de 

bois  {fig.  35),  que  l'on  peut 

à  volonté  retirer  des  ruches, 

soit   pour   les  visiter,    soit 

pour  récolter  le  miel.  Ces 

ruches  sont  dites  à  cadres 

ou  à  rayons  mobiles,  d'où 

le  nom  de  mobilùme  donné 

à  cette  seconde  méthode  de 

culture,  qui  prend  de  plus 

en  plus  d'extension,  à  cause 

des    nombreux    avantages 

qu'elle  présente. 
Nous  ne  nous  arrêterons 

donc  pas  ici  à  l'élude  du 

fixisme,  qui  tend  de  jour  en  jour  à  disparaître  pour  faire  place 

au  mobilisme,  méthode  qui  peut  être  considérée  en  toute  cer- 
titude comme  celle  de  l'avenir. 

La  ruche  moderne  se  compose 
essentiellement  d'une  caisse  ayant 
à  peu  près  la  forme  d'un  cube, 
dans  laquelle  sont  disposés  ver- 
ticalement et  parallèlement  des 
cadres  en  bois.  Si  dans  le  haut 
de  ces  cadres  on  fixe  au  mi.yen 
de  colle  forte  ou  de  cire  fondue 
des  fragments  de  rayons  «ides  el 
bien  droits,  les  abeilles  n'hésite- 
ront pas  à  construire  'ours  cel- 
lules en  suivant  la  direction  qu'oc 
leur  aura  ainsi  indiquée.  C'^st 
ce  qu'on  appelle  amorcer  \ez 
cadres.  On  donne  à  ce  commen- 
cement de  travail  le  nom  de  grefe  ou  d'amorce  [fig.  35). 
On  peut  aussi  placer  dans  ces  cadres  des  feuilles  de  cire  gaufrées 


t'ig.  35.  —  Cadre  amorcé. 


3  6 


PIXISME    ET   MOBILIsMK. 


mécaniquement,  et  imitant  très  exactement  la  forme  du  fond  des 
cellules.  Les  abeilles  n'auront  plus  qu'à  construire  les  parois  per- 
pendiculairement à  ces  fonds  qu'on  appelle  fondations,  et  elles 
n'hésiteront  généralement  pas  à  le  faire.  Ces  feuilles  de  cire  dites 
gaufrées,  inventées  par  le  Bavarois  Merhing  en  1857,  consti- 
tuent l'un  des  plus  intéressants  progrès  réalisés  par  l'api- 
culture moderne.  On  les  fabrique  au  moyen  de  laminoirs  ou  de 
presses,  dont  les  figures  36  et  37 
donnent  une  idée  suffisante. 
Elles  ont  l'avantage  d'obliger  les 


Fig.  3$  —  Gaufrier  à  cylindres. 


Fig.  37.  —  Gaufrier  Rietsche. 


abeilles  à  construire  des  rayons  bien  droits  et  de  réduire  considé- 
rablement le  nombre  des  cellules  de  mâles. 

Pour  ftxe*  les  feuilles  gaufrées  dans  les  cadres,  on  commence 
pai  tendre  dans  le  milieu  de  leur  épaisseur  des  fils  de  fer  étamés, 
et.  au  moyen  d'un  petit  instrument  appelé,  du  nom  de  son  inven- 
teur, éperon  Woiblet  {fig.  39,  40),  que  l'on  chauffe  légèrement,  on 
les  noie  dans  l'épaisseur  de  la  cire.  Ces  fils  de  fer  sont  très  utiles 
au  moir.ent  de  l'extraction,  en  donnant  aux  rayons  une  grande  ré- 
sistance.. Cette  opération  de  la  pose  des  feuilles  gaufrées  dans  les 
cadres  est  rendue  très  facile  par  l'emploi  d'un  calibre  [fig.  38) 
formé  de  deux  planches  clouées  l'une  sur  l'autre  :  la  supérieure 
p.utre  exactement  dans  le  cadre,  dont  elle  a  la  moitié  de  l'épaisseur. 
La  figure  39  montre  l'emploi  du  calibre  et  celui  de  l'éperon.  Les 
feuilles  doivent  être  tout  d'abord  collées  à  la  hausse  supérieure  du 
cadre  avec  de  la  colle  forte  ou  de  la  cire  fondue  mélangée  de  ré- 


FIXISME    ET    MO  B  IL  I  SUE. 


37 


Fig.  38.  —  Calibre 
pour  fixer  dans  les  cadres  les  feuilles  de  cire  gaufrées. 


sine.  On  les  limite  quelquefois,  par  économie,  à  une  simple  bande 
de    quelques    centi- 
mètres de  largeur. 

La  cire  qui  sert  à 
la  fabrication  de  ces 
feuilles  doit  être  abso- 
lument pure,  et  les 
•  feuilles  doivent  être 
placées  comme  l'in- 
dique la  figure  41  ; 
sans  quoi  les  abeilles 
refuseraient  de  s'en 
servir.  On  emploie 
quelquefois  une  sim- 
ple lame  de  cire  qu'on 
obtient  en  versant, 
au  moyen  d'une  bu- 
rette, de  la  cire  fon- 
due le  long  d'une 
règle  appliquée  con- 
tre la  partie  moyenne 
de  la  traverse  supérieure  du   cadre ,  que  l'on   tient   renversé. 

Si  la  ruche  est  assez  grande,  il  sera  facile  de  limiter  dans  son 

Haut. 


Fig.  39.  —  Emploi  de  l'éperon  Woiblet  et  du  calibre. 


Fig.  40.  —  Éperon  Woiblet. 


Fig.  40  bis.  —  Tension 

des  fils 

placés  en  hauteur. 


Bas. 

Fig.  41.  —  La  cire 

gaufrée  doit  se  placer 

dans  la  ruche 

de  manière  que  deux  parois 

de  chaque  cellule  soient 

verticales. 


Fig.  42. 

Planche  de  partition 

à  charnières. 


milieu  par  de  fausses  parois  mobiles,  appelées  planches  de  'par- 
tition {fig.  42),  une  capacité  qui  recevra  les  cadres,  proportionnée 


38  PIXISME    ET    MOBILISME. 

au  nombre  des  abeilles  à  loger.  Ces  planches  peuvent  être  con- 
struites en  deux  parties  réunies  par  des  charnières,  pour  en  faci- 
liter le  maniement.  Au  fur  et  à  mesure  que  la  population  aug- 
mentera, on  éloignera  ces  planches  de  partition  l'une  de  l'autre 
et  on  ajoutera  entre  elles  de  nouveaux  cadres.  Cette  population 
pourra  ainsi  atteindre  un  grand  développement  sans  être  gênée; 
car  il  importe  d'avoir  dans  chaque  ruche  le  plus  d'abeilles  possible 
pour  le  moment  de  la  grande  miellée,  qui  est  aussi  celui  de  la 
grande  récolte. 

Par  contre,  dans  d'autres  moments,  pour  l'hivernage,  par 
exemple,  il  sera  facile  de  réduire  la  capacité  de  la  ruche  en 
enlevant  des  cadres  et  en  rapprochant  les  planches  de  partition. 
Ces  planches,  d'après  des  expériences  nombreuses,  peuvent  sans 
inconvénient  être  remplacées  par  des  cadres  contenant  des 
rayons  construits.  On  peut  aussi,  comme  dans  la  ruche  à  rayons 
fixes,  augmenter  la  capacité  en  ajoutant,  par-dessus,  des  sortes 
de  boîtes  cubiques  appelées  hausses,  propres  à  recevoir  des 
cadres,  ou  même  ajouter  une  seconde  ruche. 

Cet  agrandissement  progressif  a  pour  conséquence  de  supprimer 
Y  essaimage  (voir  page  40),  ou  au  moins  de  le  réduire  dans  de 
fortes  proportions,  et  comme  cet  essaimage  peut  être  f;»il  arti- 
ficiellement, suivant  le  besoin,  c'est  là  encore  l'un  des  grands 
avantages  du  mobilisme. 

Les  cadres  mobiles  permettent  aussi  de  supprimer  à  volonté  les 
mâles,  la  plupart  du  temps  bouches  inutiles  :  dans  la  ruche,  ils 
consomment  beaucoup  de  miel  et  ne  travaillent  pas.  l'our  les 
supprimer,  il  suffit  d'enlever  les  cadres  qui  contiennent  leurs 
larves  et  leurs  nymphes  (couvain  de  mâles). 

En  outre,  au  moment  de  la  récolte,  on  peut  débarrasser  les 
rayons  de  leur  miel  en  les  passant  à  Y  extracteur  (voir  page  123) 
et  les  rendre  vides  aux  abeilles,  qui  les  rempliront  une  lois  de 
plus,  au  lieu  de  perdre  leur  temps  à  en  construire  de  nouveaux 
au  moment  de  la  récolle.  Les  mêmes  rayons  serviront  ainsi  un 
grand  nombre  de  fois.  11  en  résulte  que  les  abeilles  donneront 
plus  de  miel  et  que  la  récolle  sera  plus  abondante. 

La  ruche  mobile  offre  encore  et  surioUl  le  précieux  avantage 
de  se  prêtera  une  visite  de  tous  les  instants  :  il  suffit  de  soulever 
le  couvercle,  de   retirer    chaque   rayon,  et,    après  examen,  de 


FIXISME    ET    M0B1LISME. 


39 


remettre  en  place  rayons  et  couvercle;  on  peut,  s'il  y  a  lieu, 
enlever  la  mère,  ajouter  ou  retrancher  des  rayons  deeouvain  ou 
des  rayons  de  miel  avec  la  plus  grande  facilité. 

Toutefois,  il  ne  faut  pas  oublier  que  les  abeilles  aiment  à  être 
tranquilles,  et  qu'il  est  important  de  ne  jamais  les  déranger  sans 
nécessité.  M.  de  Layens,  l'un  de  nos  maîtres  les  plus  autorisés, 
conseillait  même  de  placer  en 
une  seule  fois  dans  la  ruche 
autant  de  rayons  qu'elle  en 
peut  contenir  :  on  réduit  ainsi 
le  nombre  des  visites,  et  les 
abeilles  en  sont  d'autant  moins 
dérangées. 

C'est  pour  les  raisons  que 
nous  venons  d'exposer  que 
nous  considérons  le  mobi- 
lisme  comme  la  méthode  de 
l'avenir.  Il  est  déjà  celle  du 
présent,  car  le  fixisme  n'a 
plus  aujourd'hui  que  de  rares 
adeptes,  la  plupart  reculant 
devant  les  frais  d'une  inslal- 
lation  nouvelle  et  conservant, 
pour  ce  motif,  leurs  anciens 
ruchers.  A  ceux-ci  nous  pour- 
rions conseiller  une  méthode 

mixte  qui  présente  déjà  de  réels  avantages.  Elle  consiste 
{fig.  42  bis)  à  couper  le  haut  de  la  ruche  fixe  et  à  la  recouvrir  d'un 
plateau  percé  à  son  centre,  sur  lequel  on  pourra  placer  au 
moment  de  la  grande  miellée  une  caisse  ou  hausse  à  cadres, 
facile  à  construire  économiquement  et  dont  on  pourra  récolter 
le  miel  au  moyen  de  l'extracteur,  qui  donne  toujours  un  produit 
très  pur. 

Il  faut  reconnaître  toutefois  que  les  ruches  vulgaires,  malgré 
leurs  inconvénients,  ont  l'avantage  par  leur  forme  en  cloche  de 
se  bien  prêter  à  l'hivernage,  et,  comme  elles  essaiment  beaucoup, 
il  n'est  pas  rare  de  voir  de  grands  ruchers  dans  lesquels  on 
en  conserve  encore  quelques-unes  intentionnellement. 


Fig.  42  bis.  —  Ruche  mixte, 
a.  Corps  de  ruche  fixe. 
6.  Hausse  a  cadres  mobiles. 


40  ESSAIMAGE. 


CHAPITRE    VI 

ESSAIMAGE 

1.  Essaimage  naturel. 

La  ponte,  interrompue  pendant  l'hiver,  recommence  au  prin- 
temps, et  nous  avons  vu  qu'elle  atteint  pendant  la  belle  saison  le 
chiffre  de  trois  à  quatre  mille  œufs  par  jour.  La  population  de  la 
ruche  va  donc  augmenter  rapidement.  Pour  une  ruche  moyenne, 
le  nombre  des  ouvrières  est  de  quarante  à  soixante  mille,  et  si 
la  capacité  de  la  ruche  n'est  pas  bien  considérable,  ses  trop  nom- 
breux habitants  vont  se  trouver  à  l'étroit.  A  ce  moment,  s'il  y  a 
des  jeunes  mères  prêtes  à  éclore,  une  partie  des  abeilles,  choisissant 
une  belle  journée,  sortiront  en  masse  avec  la  vieille  mère  pour 
aller  fonder  ailleurs  une  nouvelle  colonie,  c'est  V essaimage  ; 
cet  essaimage  est  dit  naturel,  et  l'essaim  lui-même  est  appelé 
essaim  naturel,  pour  le  distinguer  d'autres  essaims  que  l'on 
obtient  artificiellement. 

L'essaimage  est  annoncé  quelques  jours  à  l'avance  par  la  sortie 
bruyante  des  mâles  ;  les  abeilles  se  groupent  en  dehors  du  la 
ruche,  suspendues  au  bord  du  tablier  ou  plateau;  on  dit  alors 
qu'elles  font  la  barbe  ;  on  entend  à  l'intérieur  un  bourdonnement 
sourd. 

Si  l'on  écoute  attentivement  et  qu'il  s'agisse  d'un  second  essaim, 
un  entend  aussi  la  mère  qui  va  sortir,  chanter,  pour  ainsi  dire, 
pendant  que  celles  qui  ne  sont  pas  encore  écloses  semblent  lui 
répondre  ou  l'accompagner  sur  un  autre  ton,  de  l'intérieur  de 
leurs  cellules.  Lorsque  la  vieille  mère  est  merle  pour  une  cause 
quelconque  (vieillesse  ou  accident),  la  première  jeune  mère  écluse 
chante  et  part  avec  l'essaim.  C'est  ce  qu'on  appelle  un  essaim 
primaire  de  chant. 

Ce  chant  étant  produit  par  la  mère  nouvellement  éclose,  n'a  pas 
lieu  lors  de  la  sortie  de  l'essaim  ordinaire. 

Ce  chant  de  la  reine  est  un  avertissement  précieux  pour  l'api- 


ESSAIMAGE. 


culteur,  qui,  ainsi  prévenu,  pourra  se  préparer  à  recevoir  l'essaim. 
Il  est  rare,  en  effet,  qu'il  ne  parte  pas  le  lendemain,  si  la  tem- 
pérature est  favorable  et  s'élève  au  moins  à  une  vingtaine  de 
degrés.  On  voit  alors  les  abeilles,  après  s'être  gorgées  de  miel, 
gagner  la  porte  en  battant  des  ailes  l,  et  sortir  en  masse,  accom- 
pagnées de  la  mère.  L'essaim  va  généralement  se  fixer  à  peu  de 
dislance,  s'accrocbant  généralement  à  une  branche  où  il  sera 
facile  de  le  recueillir  C'est  pourquoi  les  apiculteurs  qui  ont  de 
nombreux  essaims  naturels  à  surveiller  plantent  parfois,  auprès  de 
leurs  ruches,  quelques  piquets  à  l'extrémité  desquels  ils  attachent 
un  bouquet  de  bruyère  ou  de  feuillage  quelconque;  les  essaims  s'y 
attachent  volontiers,  surtout  si  l'on  a  introduit  au  milieu  de  ces 
feuillages  un  fragment  de  vieux  rayon  de  cire  dont  l'odeur  les 
attire.  Cette  pratique  n'est  utile,  bien  entendu,  que  s'il  n'existe 
pas  d'arbustes  dans  le  voisinage.  Les  premières  abeilles  qui  se 
sont  fixées  sur  un  point  quelconque  commencent  à  battre  le  rap- 
pel. D'autres  ne  tardent  pas  à  venir  les  joindre  en  faisant  de 
même  et  bientôt  l'essaim  est  complètement  groupé. 

On  reconnaît  la  ruche  d'où  est  sorti  l'essaim  à  son  plateau  por- 
tant des  traces  semblables  à  du  noir  de  fumée.  Parfois  aussi  on 
trouve  sur  le  sol  de  jeunes  abeilles  mortes. 

La  cause  principale  de  l'essaimage  naturel  étant  l'élroilesse  du 
logement,  il  en  résulte  que  si  l'on  veut  empêcher  cet  essaimage, 
on  aura  grande  chance  d'y  réussir  en  augmentant  la  capacité  de 
la  ruche,  soit  au  moyen  des  planches  de  partition,  soit  au  moyen 
des  hausses,  soit  en  juxtaposant  ou  en  superposant  une  seconde 
ruche  à  la  première.  C'est  là,  nous  l'avons  déjà  dit,  l'un  des  grands 
avan'ages  du  mobilisme. 

.  L'essaimage  n'est,  naturellement,  qu'un  embarras  pour  celui  qui 
ne  veut  pas  augmenter  le  nombre  de  ses  ruches,  et  une  ruche  qui 
essaime  donne  conséquemment  moins  de  miel. 

Eu  Amérique,  pour  ne  pas  augmenter  le  nombre  des  ruches 
malgré  l'essaimage,  on  installe  l'essaim  recueilli  dans  une  ruche 


1.  Los  abeilles  batt-nt  ainsi  des  ailes  dans  toute  circonstance  où  elles  veu- 
lent s.>  réunir  :  elles  battent  le  rappel  ou  appel.  A  ce  moment  elles  relèvent 
l'abdomen  en  l'air,  ce  qui  les  distingue  des  ventileuses  qui  au  contraire 
l'abaissent. 


ESSAIMAGE. 


vide,  à  la  place  de  la  souche  (on  appelle  ainsi  la  ruche  d'où  il  est 
sorti),  que  Ton  pose  au-dessus,  après  avoir  détruit  tous  les  alvéoles 
de  mère  qu'elle  pouvait  contenir,  et  Ton  sépare  les  deux  corps 
de  ruche  par  une  tôle  perforée  [fig.  43),  inventée  par  l'abbé  Collin 
vers  1849,  ne  donnant  passage  qu'aux  ouvrières,  et  non  à  la  mère; 
la  ponte  continue  en  bas,  le  dépôt  des  récolles  en  haut.  D'ailleurs, 
quand  une  ruche  n'essaime  pas,  la  veille  mère  tue  au  berceau 
toutes  les  jeunes  mères  près  d'éclore. 
On  a  proposé  de  remplacer  la  tôle  perforée  par  des  baguettes 

de  bois  rondes  et  régulièrement 
espacées,  entre  lesquelles  les 
abeilles  s'abîment  moins  les  ailes 
en  passant.  Ce  moyen  peut  cer- 
tainement avoir  de  réels  avan- 
tages. 

Cet  essaim  dont  nous  venons  de 
parler  est  dit  primaire  naturel. 
La  ruche  dont  il  est  parti  se  re- 
peuple rapidement  par  l'éclosion 
du  couvain,  et  si  une  jeune  mère 
vient  à  sortir  de  sa  cellule,  elle 
peut  être,  elle  aussi,  entraînée  au 
dehors;  on  aura  ainsi  un  essaim 
secondaire;  certaines  colonies  ayant  une  grande  tendance  à  l'es- 
saimage donneront  encore  des  essaims  tertiaires,  etc.  L'essaim 
secondaire  sort  une  huitaine  de  jours  après  le  premier;  le  ter- 
tiaire, trois  ou  quatre  jours  après  le  second;  le  quatrième,  deux 
ou  trois  jours  après  le  troisième;  le  cinquième,  le  lendemain,  ou 
le  même  jour  que  le  quatrième. 

Il  arrive  parfois  que  les  essaims  secondaires  partent  avec  plu- 
sieurs reines.  On  les  retrouve  mortes  sur  le  sol  au-dessous  de 
l'essaim,  qui  n'en  conserve  qu'une. 

Dans  une  ruche  qui  n'a  pas  donné  d'essaim  secondaire,  la  pre- 
mière reine  qui  viendra  à  éclore  tuera  toutes  les  autres  au  mo- 
ment de  leur  éclosion  ;  elle  sortira  pour  sa  fécondation,  rentrera 
dans  la  ruche,  et  quelques  jours  après  commencera  sa  ponte  pour 
ne  plus  sortir  que  l'année  suivante  avec  l'essaim  primaire,  si  on 
laisse  la  ruche  essaimer,  bien  entendu. 


Fig.  43.  —  Tôle  perforée. 

Le»  ouvertures  peuvent  être  de  deux 
grandeur!  différente»  suivant  qu'on  »eut 
laisser  passer  seulement  les  ouvrière» 
ou  bien  les  ouvrières  et  les  femelles- 
Dans  les  deux  cas  le»  mâles  ne  peuvent 
les  franchir. 


ESSAIMAGE. 


Les  ouvrières  qui  sont  restées  dans  la  ruche  mère  ou  souche 
(celle  qui  a  fourni  un  essaim)  auront  bientôt,  nous  venons  de  le 
dire,  une  nouvelle  mère  qui  ne  tardera  pas  à  éclore  et  qui,  après 
fécondation,  continuera  la  ponte,  interrompue  par  le  départ  de  la 
vieille  mère. 

Au  moment  de  l'essaimage,  la  ruche  renferme  toujours  un 
certain  nombre  d'alvéoles  contenant  des  mères  prêtes  à  sortir. 
Si  l'on  veut  empêcher  la  formation  d'essaims  secondaires,  on  enlè- 
vera tous  ces  alvéoles,  à  l'exception  de  deux  (les  plus  beaux  natu- 
rellement), qui  fourniront  à  la  ruche  deux  mères  pour  remplacer 
l'ancienne,  partie  avec  l'essaim  primaire.  L'une  des  deux  sera 
détruite  par  l'autre  ou  par  les  abeilles.  Dans  ce  dernier  cas,  ces 
dernières  rongent  la  cellule  et  l'ouvrent  par  le  côté,  pour  tuer  la 
reine  au  berceau.  (Lorsque  la  mère  est  sortie  par  éclosion,  la 
cellule  est  rongée  par  l'extrémité.) 

Mais  si  cependant  on  veut  éviter  les  essaims  secondaires  sans 
supprimer,  comme  nous  venons  de  le  dire,  les  alvéoles  de  femelles, 
on  installera  l'essaim  primaire  à  la  place  de  la  souche:  les  abeilles 
revenant  de  butiner  viendront  le  renforcer  et  y  apporteront  leurs 
provisions. 

La  ruche  mère  sera  transportée  plus  loin,  et  mise  à  la  place 
d'une  autre  déplacée  dans  ce  but.  Doublement  affaiblie,  elle  n'aura 
plus  lieu  d'essaimer  de  nouveau;  elle  possède  des  alvéoles  de  fe- 
melles qui  bientôt  lui  donneront  une  mère. 

D'ailleurs,  quand  on  entend  le  chant  des  reines,  si  la  ruche  est 
déplacée  de  plus  de  5  mètres,  les  abeilles  rentrent  dans  les  autres 
ruches,  et  la  souche,  affaiblie  d'autant,  n'essaime  plus. 

C'e«t  ordinairement  en  mai  et  juin,  sous  noire  climat,  que  l'es- 
saimage a  lieu,  et  le  plus  souvent  au  milieu  de  la  journée,  rare- 
mement  avant  neuf  heures  du  malin  ou  après  quatre  heures  de 
l'après-midi.  Il  dure  environ  six  semaines,  et  est  précédé  par  l'ap- 
parition de  faux  bourdons  (on  n'en  voit  pas  au  printemps,  les  ou- 
vrières les  détruisant  ou  les  chassant  avant  l'hivernage). 

Quand  on  s'attend  à  un  essaimage,  on  prépare  d'avance  une 
ruche  vide  dans  laquelle  on  place  six  ou  sept  cadres  construits, 
ou  tout  au  moins  garnis  soit  de  fondations,  soit  d'amorces.  Nous 
avons  vu  qu'on  appelle  amorces  les  fragments  de  rayons  qu'on 
fixe  en  haut  et  sur  les  côtés  des  cadres  au  moven  de  cire  fondue 


ESSAIMAGE. 


ou  de  colle  forte,  el  qui  servent  à  donner  aux  abeilles  la  direction 
à  suivre;  et  que  les  fondations  sont  constituées  par  des  feuilles 
de  cire  gaufrée. 

On  recouvre  celle  ruche  d'une  toile  et  on  la  dispose  de  manière 
à  recevoir  facilement  un  nourrisseur  (v.  page  91),  car  on  a  sou- 
vent besoin  de  nourrir  les  nouveaux  essaims  :  les  abeilles  qui  quit- 
tent la  souche,  quoique  bien  gorgées  à  leur  départ,  ne  peuvent 
pas  emporter  de  grandes  provisions.  A  l'aide  d'une  planche  de 
1  mètre  environ,  on  établit  une  communication  entre  le  sol  et 
ladite  ruche,  dont  on  ferme  l'entrée. 

On  se  munit  alors  d'une  caisse  carrée  d'environ  30  centimètres 
de  coté,  ayant  un  couvercle  ;  on  la  tient  ouverte  au-dessous  de 
l'essaim,  et,  d'un  coup  sec,  on  l'y  fait  tomber;  on  referme  vive- 
ment le  couvercle,  et  retournant  rapidement  la  caisse,  on  la  pose 
à  terre  à  l'endroit  même  où  l'on  se  trouve,  et  on  l'abrite  contre  les 
rayons  du  soleil.  On  glisse  une  cale  entre  le  couvercle  et  la  boîte, 
de  façon  à  soulever  légèrement  celle-ci,  afin  de  laisser  un  passage 
aux  abeilles  qui  auraient  pu  s'envoler  pendant  cette  manœuvre  et 
qui  viendront  rejoindre  les  autres. 

On  enfume  la  place  où  se  trouvait  fixé  l'essaim  pour  en  chasser 
les  dernières  abeilles,  puis  la  caisse  est  portée  près  de  la  ruche 
vide,  préparée  d'avance.  On  ouvre  l'entrée  de  la  ruche,  ainsi  que 
le  couvercle  de  la  boîte,  et,  d'un  nouveau  coup  sec,  on  fait  tomber 
l'essaim  sur  la  planche  servant  de  pont,  tout  près  de  rentrée. 

Les  abeilles  passent  dans  la  ruche;  celles  qui  restent  dans  la 
caisse  sont  brossées  avec  une  plume  d'oie  mouillée,  et  on  enlève 
la  planche.  Le  soir,  surtout  s'il  n'y  a  pas  encore  de  miellée  et  que 
le  temps  soit  mauvais,  on  nourrira  l'essaim,  et  cela  jusqu'à  ce  qu'il 
puisse  se  suffire  à  lui-même.  S'il  arrive  qu'après  avoir  retourné  la 
Caisse  les  abeilles  se  hâtent  d'en  sortir,  c'est  que  la  mère  n'est  pas 
tombée  avec  elles  :  elles  vont  alors  la  retrouver,  se  groupent  de 
nouveau,  el  l'on  n'a  plus  qu'à  recommencer  l'opération. 

Quand  un  essaim  se  fixe  à  une  branche  trop  élevée,  on  secoue  la 
branche  avec  une  perche  :  il  tombe  et  souvent  se  replace  plus  bas. 

L'abbé  Voirnot  dit  avoir  observé  des  abeilles  sortanl  en  es- 
saims sans  être  accompagnées  d'une  reine;  mais  le  l'ait  est  acci- 
dentel. Il  a  même  été  mis  en  doute  :  en  règle  générale,  les 
essaims  ne  sortent  qu'avec  une  mère,  qu'ils  suivent  partout. 


ESSAIMAGE. 


ts 


Parfois  l'essaim  qui  quitte  une  ruche,  au  lieu  de  se  fixer  dans 
le  voisinage,  tourbillonne  quelques  instants  en  l'air,  part  droit 
devant  lui  et  parcourt  ainsi  des  kilomètres  avant  de  s'arrêter.  Sa 
poursuite  devient  souvent  difficile;  dans  ces  conditions,  il  n'est 


Fig.  44.  —  Récolte  d'un  essaim. 


pas  rare  de  le  perdre.  Aussi  a-t-on,  depuis  longtemps,  cherché  les 
moyens  d'arrêter  dans  sa  course 'folle  l'essaim  fugitif. 

La  pluie,  le  tonnerre,  l'éclair  sont  des  causes  naturelles  qui 
mettent  souvent  fin  à  ces  promenades  vagabondes  ;  de  là,  sans 
doute,  la  vieille  coutume  de  poursuivre  les  abeilles  qui  essaiment, 
en  les  accompagnant  d'un  véritable  charivari  :  cris,  bruits  de  cas- 
seroles, de  poêles,  de  pelles,  de  chaudrons  sur  lesquels  on  frappe 
à  coups  redoublés  ;  on  y  joint  encore,  dans  certaines  localités, 
les  exhortations  les  plus  sentimentales,  voire  même  les  prières; 
les  coups  de  fusil,  encore  en  honneur  dans  certaines  localités, 
paraissent  avoir,  il  faut  en  convenir,  une  action  beaucoup  plus 


46  ESSAIMAGE. 


sensible!  Mais  ce  qui  semble  réussir  le  mieux,  c'est  l'emploi  de 
l'eau  froide  lancée  au  moyen  d'une  seringue  d'arrosage.  Le  sable 
aussi  a  été  employé  avec  quelque  succès  ;  enfin,  lorsque  le  soleil 
brille,  on  fait  usage  quelquefois  d'un  miroir  au  moyen  duquel  on 
renvoie  les  rayons  solaires  sur  les  abeilles.  Quoi  qu'il  en  soit, 
il  faut  s'ingénier  à  recueillir  l'essaim  dès  qu'on  peut  le  faire.  Si 
l'essaim  est  secondaire  avec  mère  non  fécondée,  il  est  bon,  pour 
le  retenir  dans  la  ruche,  de  lui  donner  au  moins  un  rayon  de 
couvain  non  operculé  qu'on  placera  au  milieu. 

La  loi  a  prévu  le  cas  où  un  essaim  viendrait  à  se  poser  dans 
une  propriété  voisine,  et  elle  autorise  son  propriétaire  à  le  récla- 
mer et  s'en  ressaisir,  tant  qu'il  n'a  pas  cessé  de  le  suivre  :  c'est 
ce  qu'on  appelle  le  droit  de  suite. 

Si  l'essaim  s'est  réfugié  sur  un  terrain  non  clos,  le  poursuivant 
a  le  droit  d'y  entrer.  Si  le  terrain  est  clos,  il  a  le  droit  d'en 
réclamer  l'entrée,  et  en  cas  de  refus  le  propriétaire  du  terrain 
est  responsable  du  préjudice  causé  au  propriétaire  de  l'essaim. 

Le  droit  de  suite  ne  cesse  que  par  l'abandon  de  la  poursuite; 
il  ne  cesse  pas  lorsqu'elle  est  interrompue  par  un  obstacle  tempo- 
raire: l'arrivée  de  la  nuit,  par  exemple,  ou  le  passage  d'un  torrent1. 

11  arrive  parfois  qu'au  sortir  de  la  ruche  la  mère,  faible  ou 
infirme,  tombe  sur  le  sol;  dans  ce  cas,  l'essaim,  s'il  ne  la  retrouve 
pas,  ne  tarde  pas  à  réintégrer  la  ruche,  et  il  en  sera  de  même 
chaque  fois  que,  pour  une  cause  quelconque,  il  aura  perdu  sa 
mère.  Quelquefois  môme  il  entre  dans  une  ruche  voisine;  mais 
alors  il  est  généralement  lort  mal  reçu  et  une  bataille  acharnée 
s'engage  de  suite.  On  peut  d'ordinaire  ramener  le  calme  au  moyen 
de  la  fumée. 

il  arrive  aussi  que  des  essaims  se  réunissent,  ou  se  fixent 
l'un  près  de  l'autre  à  la  même  branche;  s'ils  sont  petits,  on  peut 
les  recueillir  ensemble,  car  il  vaut  mieux  réunir  les  petits  essaims  : 
il  y  a  avantage  incontestable  à  former  de  fortes  colonies;  dans  ce 
cas,  les  abeilles  se  chargent  de  se  débarrasser  des  mères  inutiles. 

Un  essaim  primaire  pèse  de  2  à  4  kilogrammes,  et  1  kilogramme 
d'abeilles,  au  moment  de  l'essaimage,  en  contient  environ  dix 


I.  Bâchant,  L'Avocat  de  l'apiculteur  (Paria,  Librairie  Giard  et  Brière,  lb9i; 
in-18) 


ESSAIMAGE. 


nulle  (en  moyenne,  on  en  peut  compter  onze  mille  par  kilogrr.  '). 

Un  essaim  fort  et  précoce  produit  quelquefois  lui-même,  daos 
l'année,  un  essaim  auquel  on  donne  le  nom  de  rejeton  on  reparon 
(le  premier  essaim  est  dans  cei  tains  pays  appelé  jeton).  Ce  cas 
est  rare  en  France,  mais  non  dans  les  pays  cliauds. 

Il  est  important  de  savoir  que  les  essaims  ont  besoin  d'air  et  de 
fraîcheur.  Quand  on  les  installe  dans  une  ruche,  il  faut  donc  en 
assurer  soigneusement  la  ventilation  et  l'ombrager.  Au  reste,  on 
doit  agir  de  même  toutes  les  fois  qu'on  manipule  les  abeilles,  liépé- 
tons  ici  que  les  petits  essaims  ne  donnent  généralement  pas  de 
bons  résultats,  et  qu'il  est  plus  avantageux  de  les  réunir  à  leur 
souche.  Tour  cela,  après  les  avoir  recueillis  comme  les  autres,  on 
les  enveloppe  dans  une  toile  d'emballage,  et,  après  un  séjour  de 
quarante-huit  heures  dans  une  cave,  ils  seront  versés  le  soir  sur 
le  sol  près  de  la  ruche  mère,  qui  sera  ensuite  posée  par-dessus, 
et  dans  laquelle  on  l'ait  monter  les  abeilles  au  moyen  d'un  peu  de 
fumée  (la  ruche  reposant  sur  des  cales). 

Les  petits  essaims  peuvent  encore  être  conservés  pour  l'édu- 
cation des  mères  destinées  aux  remplacements  qui  sont  quelquefois 
nécessaires  lors  de  la  visite  d'automne  (voir  page  103). 

2.  Essaimage  artificiel. 

Si  l'un  des  avantages  du  mobilisme  consiste  dans  la  facilité  de 
restreindre  le  nombre  des  essaims  naturels  et  môme  de  les  sup- 
primer, il  présente  encore  celui,  non  moins  grand  peut-être,  d'ob- 
tenir avec  la  plus  grande  facilité  des  essaims  artificiels. 

Les  procédés  d'essaimage  artificiel  sont  variés.  Nous  citerons 
d'abord  celui  de  M.  de  Layens,  dont  le  grand  mérite  est  d'être  très 
simple,  il  consiste  à  enlever  d'une  ruche  bien  peuplée  deux  cadres 
contenant  du  couvain  et  à  les  placer,  avec  les  abeilles  qui  les  cou- 


I.  Los  auteurs  ne  smit  pas  d'accord  sur  ce  point  :  quelques-uns  estiment 
que  le  nombre  d  abeilles  nécessaire  pour  former  I  kilogramme  est  d'environ 
sept  mille  cinq  cents.  On  conçoit  que  ce  nombre  peut  beaucoup  varier  suivant 
la  Laille  des  abeilles  et  leur  étal  de  réplélion.  Les  essaims  secondaires  ne  pèsent 
sou*  «ml  que  1  kilogramme.  D'après  des  recherches  faites  en  Amérique,  une 
abeille  pèserait  907  dix-millièmes  de  gramme.  Chargée  de  bulin  à  son  retour 
des  ubaïups,  elle  peul  peser  jusqu'à  0  '^w  i.ot. 


ESSAIM  AGE. 


vrent,  dans  une  ruche  vide,  après  s'être  assuré  qu'ils  ne  portent 
pas  la  mère.  On  ajoute  dans  cette  nouvelle  ruche  six  cadres  conte- 
nant des  rayons  vides  et  on  la  met  à  la  place  de  la  première,  qu'on 
transporte  dans  un  autre  endroit.  Les  abeilles  revenant  de  butiner 
y  rentreront  et  continueront  d'élever  le  couvain;  au  bout  d'une 
semaine  elles  auront  construit  des  alvéoles  maternels  que  l'on 
enlèvera,  sauf  deux  (ceux  enlevés  pouvant  être  utilisés  pour  la 
formation  d'autres  essaims).  La  première  mère  qui  éclora  tuera 
l'autre  et  la  ruche  sera  complète. 

Cette  précaution  de  conserver  deux  alvéoles  n'a  évidemment 
pour  but  que  d'éviter  un  insuccès  dans  le  cas  où,  pour  une  cause 
accidentelle,  l'une  des  deux  mères  viendrait  à  périr  avant  de  sortir 
de  sa  cellule. 

La  souche  qu'on  a  déplacée  contient  toujours  l'ancienne  mère; 
celle-ci  continuant  sa  ponte,  la  ruche  sera  vite  repeuplée  par 
l'éclosion  de  son  couvain. 

Un  second  procédé  consiste  à  enlever  de  la  ruche  le  rayon  por- 
tant la  femelle  et  à  le  mettre,  avec  la  moitié  du  couvain,  dans  une 
ruche  vide  que  l'on  in-talle  à  la  place  de  la  souche.  Celle-ci, 
transportée  ailleurs,  ne  lardera  pas  à  construire  des  alvéoles  do 
mère. 

On  peut  encore,  après  avoir  installé  l'essaim  à  la  place  de  la 
souche,  mettre  celle-ci  elle-même  à  la  place  d'une  autre  ruche 
qu'on  déplace  dans  ce  but. 

Si  l'on  veut  gagner  du  temps,  on  peut  à  l'essaim  nouvellement 
formé  donner  dès  le  lendemain  un  alvéole  de  femelle  ou  même 
une  femelle;  mais  pour  la  lui  faire  accepter,  il  faut  qu'il  soit 
amplement  nourri  :  cela  semble  le  mettre  de  bonne  humeur.  De 
même,  l'essaim  qui  doit  se  faire  une  reine  a  besoin  de  beaucoup 
de  miel,  pour  la  préparation  de  cette  gelée  spéciale  qui  donne  la 
fécondité. 

Dans  un  récent  ouvrage  \  M.  de  Layens  décrit  un  nouveau  pro- 
cédé qu'il  considère  comme  plus  sûr  que  tout  autre  :  Soient  deux 
ruches  fortes  A  et  B,  et  une  troisième  ruche  vide  C.  On  fait  passer 
toutes  les  abeilles  de  la  ruche  B  dans  C,  qu'on  met  à  la  place  de  B. 
Puis  la  ruche  B,  qui  ne  contient  plus  d'abeilles,  est  mise  à  la 

1    G.  de  Layons,  Le  Rucher  illustré  (P;iris,  Librairie   Paul  Dupont,  in-8-/. 


ESSAIMAGE. 


place  de  A,  qu'on  transporte  au  loin  dans  le  rucher.  Les  abeilles 
de  A,  à  leur  retour  des  champs,  rentreront  dans  B  et  la  peuple- 
ront. La  ruche  B  se  refera  une  mère  et  on  aura  trois  ruches  au 
lieu  de  deux. 

11  arrive  parfois,  mais  rarement,  que  B  donne  un  essaim  pri- 
maire naturel  au  bout  de  treize  ou  quatorze  jours.  On  le  recueille 
et,  après  un  séjour  de  quarante-huit  heures  dans  une  cave,  on  le 
rend  à  sa  ruche. 

M.  Derosne  !  conseille  pour  faire  un  essaim  de  prendre  cinq 
ou  six  cadres  de  couvain  contenant  des  cellules  à  pollen  avec 
leurs  abeilles,  de  les  placer  dans  une  ruche  vide  et  d'ajouter  trois 
ou  quatre  cadres  de  chaque  côté.  On  bouche  l'entrée  de  cette 
ruche  avec  de  la  toile  métallique,  et  on  la  met  dans  une  chambre 
obscure.  Après  un  nourrissement  de  trois  ou  quatre  jours,  on  la 
rapporte  au  rucher.  Par  ce  moyen,  les  abeilles  auront  oublié 
l'ancienne  ruche,  et  la  ruche  nouvelle  se  développera  normale- 
ment. 

L'essaim  artificiel  offre  une  grande  ressource  lorsqu'on  a  besoin 
de  femelles;  il  permet  d'en  obtenir  autant  qu'on  le  désire.  En 
effet,  nous  venons  de  voir  qu'en  enlevant  la  mère  avec  quel- 
ques rayons  pour  en  faire  un  essaim  les  abeilles  devenues  orphe- 
lines se  font  immédiatement  de  nouvelles  mères  :  il  est. alors  tout 
simple  de  les  enlever  avec  les  rayons  qui  les  portent. 

Le  premier  essaim  lui-même  peut  servir  au  bout  de  peu  de 
temps  à  en  faire  un  nouveau.  L'opération  renouvelée  un  certain 
nombre  de  fois  donnera  donc  toutes  les  reines  dont  on  pourra 
avoir  besoin  pour  remplacer  celles  qui  sont  épuisées  soit  par  la 
vieillesse  ou  la  maladie,  soit  par  suite  d'un  accident  quelconque. 
«  Afin  que  les  reines  élevées  artificiellement  soient  aussi  bonnes 
que  celles  des  essaims  naturels,  il  faut  donner  aux  abeilles  des 
œufs  qui  se  trouvent  sur  les  bords  des  rayons  à  peine  commencés 
en  construction.  A  cette  condition  les  abeilles  ont  la  possibilité  de 
construire  des  alvéoles  de  mères  en  forme,  normale  »,  dit  M.  Zou- 
bareff  dans  L'Apiculteur  de  décembre  1895. 


1    Derosne,   Exposé  sommaire  de  l'Apiculture  mobilisée.  (Paris,  Librah 
agricole  de  la  Maison  rustique,  in-12). 


APICULTURE. 


ESSAIMAGE. 


Fiq.  45.  —  Cage  pour  le  transport 
des  mères. 

a.  Trou  d'entrée  et  de  sortie  des  abeilles. 


iNous  terons  remarquer  ici  qu'on  fera  bien,  lorsqu'on  perd  une 
reine,  de  la  remplacer  par  une  autre  provenant  d'une  localité 
différente,  pour  éviter  les  conséquences  fâcheuses  de  la  consan- 
guinité, bien  connues  de  tous  les  éleveurs.  Il  sera  facile,  en  ce  cas, 
d'échanger  des  reines  avec  d'autres  apiculteurs  ou  tout  au  moins 
de  croiser  ses  abeilles  d'une  ruche  à  l'autre.  Il  n'est  pas  néces- 
saire pour  cela  de  faire  venir  des  femelles  de  loin  :  il  suffit  de  les 

prendre  dans  un  rucher  voisin, 
éloigné  par  exemple  d'une  di- 
zaine de  kilomètres. 

On  a  inventé  différents  systè- 
mes de  boîtes  pour  le  transport 
des  mères.  La  boîte  la  plus  sim- 
ple est  celle  recommandée  par 
Hamet  [fig.  45).  Elle  consiste  en 
un  morceau  de  bois  dans  lequel 
on  pratique  une  cavité  de  4  à 
5  centimètres  de  diamètre,  qu'on 
recouvre  de  toile  métallique  ; 
sur  l'un  des  côtés,  on  perce  un  trou  pour  l'entrée  et  la  sortie  des 
insectes  ;  on  ferme  ce  trou  au  moyen  d'un  bouchon  de  liège. 
Dans  la  boîte  ainsi  construite  on  place  un  morceau  de  sucre 
candi  (ou  de  sucre  fondu),  et  l'on  met  avec  la  mère  quel- 
ques ouvrières  qui  la  nourriront  en  route.  Ces  sortes  de  petites 
boîtes  voyagent  par  la  poste  comme  échantillon.  Sur  la  demande 
de  la  direction  de  l'Agriculture,  l'administration  des  Postes  reçoit 
en  effet  aujourd'hui  les  envois  d'abeilles  vivantes  pour  toute 
l'étendue  du  territoire  français  à  titre  d'échantillon.  Ces  envois 
n'étaient  jusqu'à  ces  derniers  temps  autorisés  que  dans  les  rela- 
tions internationales. 

Pour  terminer  ce  qui  est  relatif  à  l'essaimage,  nous  dirons  qu'il 
arrive  parfois,  mais  rarement,  que  les  abeilles  quittent  leur  ruche 
en  masse  avec  leur  mère;  c'est  ce  qu'on  appelle  un  essaim  de 
Pâques.  Il  est  occasionné  par  le  manque  de  nourriture;  mais  ce 
n'est  pas  là  un  véritable  essaimage.  Notons  ici  que  l'élevage  des 
reines  se  fait  aujourd'hui  artificiellement,  d'après  des  méthodes 
dont  DooliUle  a  été  le  promoteur,  et  donne  lieu,  surtout  eu  Amé- 
rique, à  un  important  commerce. 


LES  RUCHES.  LES  CADRES.  LE  RUCHER.      51 


CHAPITRE    VII 

LES  RUCHES.  LES  CADRES.  LE  RUCHER 
1.  Les  Ruches. 

«  I.a  meilleure  ruche,  dit  l'abbé  Voirnot1,  est  celle  qu'on  con- 
naît le  mieux.  »  Nous  sommes  tout  à  fait  de  son  avis,  car  on  voit 
journellement  certains  systèmes  réussir  parfaitement  entre  les 
mains  de  leurs  inventeurs  ou  de  ceux  qui  en  ont  l'expérience, 
tandis  qu'ils  ne  donnent  que  des  résultats  médiocres  entre  les 
mains  d'autres  personnes.  La  localité  paraît  aussi  avoir  une 
influence  marquée  :  certaines  formes  semblent  mieux  convenir 
en  pays  de  montagne,  d'autres  en  pays  de  plaine. 

Les  différentes  sortes  de  ruches  à  rayons  mobiles  peuvent  se 
ramener  à  un  petit  nombre  do  types  principaux,  que  nous  passe- 
rons rapidement  en  revue,  après  quelques  considérations  géné- 
rales. 

La  ruche  ancienne  à  rayons  fixes  consistait  en  une  sorte  de 
corbeille  en  paille  ou  en  osier,  et,  tout  naturellement,  le  nom 
de  panier  lui  était  couramment  appliqué.  On  disait,  et  il  faut 
ajouter  que  dans  bien  des  campagnes  on  dit  encore,  un  panier  de 
mouches  à  miel,  pour  désigner  une  ruche  et  sa  population. 

Avec  le  mobilisme,  ce  terme  n'est  plusemployable;  mieux  vau- 
drait celui  de  rucàée,  proposé  par  Hamet,  et  qui  peut  convenir  à 
tous  les  apiculteurs,  fixistes  et  mobilistes. 

Les  ruches  à  cadres  sont  presque  toujours  faites  en  bois  ;  c'est 
en  réalité  la  seule  matière  qui  se  prête  commodément  à  leur  fabri- 
cation, et  c'est  la  seule  que  nous  conseillions. 

Les  bois  les  plus  employés  pour  cet  usage  sont  le  peuplier  et  le. 
sapin  ;  ce  dernier  à  cause  de  son  odeur  résineuse  éloignerait, 
dit-on,  dans  une  certaine  mesure,  la  fausse  teigne,  l'un  des  para- 
sites les  plus  redoutables  des  abeilles  (v.  page  113). 

1.  Abbé  Voirnot,  curé  de  Villers-sous-Prény  (Meurthe-et-Moselle),  V Api- 
culture éclectique  (1890,  in-8°).  • 


52  LES   RUCHES.   LE'S    CADRES.    LE    RUCHER. 

Il  est  bon,  pour  conserver  les  ruches,  de  les  peindre  ou  de  les 
vernir  ;  mais  il  faut  avoir  soin  de  leur  donner  une  teinte  qui  n'ab- 
sorbe pas  trop  les  rayons  du  soleil  :  le  blanc  et  le  gris  pâle  sont 
les  seules  couleurs  qui  semblent  convenir.  Mais  les  vernis,  s'ils 
ne  sont  pas  durs  et  secs,  sont  attaqués  par  les  abeilles  elles- 
mêmes,  qui  les  récoltent  en  guise  de  propolis. 

Quelques  apiculteurs  construisent  leurs  ruches  avec  des  parois 
doubles  entre  lesquelles  ils  introduisent  de  la  mousse,  des  feuilles 
sèches,  des  copeaux,  de  la  laine  ou  toute  autre  matière  isolante, 
dans  le  but  de  maintenir  à  l'intérieur  une  température  à  peu  près 
constante.  Cela  peut  avoir  certains  avantages,  mais  il  en  résulte 
une  très  forte  augmentation  du  prix  de  revient.  On  peut  arriver  au 
même  résultat  en  garnissant  les  parois  extérieures  de  paillassons 
semblables  à  ceux  qu'emploient  les  jardiniers. 

Si  l'on  veut  construire  ses  ruches  soi-même,  il  est  indispensable 
d'avoir  sous  les  yeux  un  bon  modèle  ;  nous  répétons  qu'on  fera 
sagement,  s'il  se  peut,  de  demander  les  conseils  de  quelque 
praticien  expérimenté. 

La  forme  des  anciennes  ruches  avait  ceci  de  logique,  qu'elle  se 
rapprochait,  autant  que  possible,  de  la  forme  de  l'essaim  lui- 
même.  La  ruche  moderne  semble  s'en  éloigner,  en  ce  qu'elle  est  à 
peu  près  cubique,  tandis  que  l'essaim  est  toujours  arrondi. 
Mais  les  abeilles  s'en  accommodent  pourtant  très  bien.  Au 
milieu  de  cette  maison  cubique  ou  parallélipipédique,  la  mère  pond 
et  donne  à  son  nid  à  couvain  1  la  forme  arrondie.  Les  angles  de  la 
caisse  et  l'espace  restant  libre  seront  employés  pour  les  provi- 
sions. 

Les  ruches  à  cadres  sont  donc  toutes,  en  principe,  formées 
d'une  caisse,  appelée  corps  de  la  ruche,  qui  a  la  forme  d'un  paral- 
lélipipède;  mais  les  unes  peuvent  s'agrandir  par  la  superposition 
de  caisses  appelées  hausses,  construites,  comme  la  niche  même, 
pour  recevoir  des  cadres,  tandis  que  dans  les  autres  la  partie 
occupée  par  les  abeilles  est  limitée  par  deux  planches  qu'on  recule 
au  fui'  et  ù  mesure  de  l'addition  des  cadres,  à  droite  et  à  gauche, 


1.  On  appelle  nid  ù  couvain  la  parlie  occupée  par  les  abeilles  et  leur  cou- 
vain.   La    partie   occupée    par   les   provisions   s'appelle   grenier  à    miel  ou 

magasin. 


LES   RUCHES.    LES   CADRES.    LE   RUCHER.  53 

et  qui  sont  appelées  planches  de  partition  (voir  page  37)  ;  ces 
ruches  doivent  être  assez  grandes  pour  répondre  à  tous  les  besoins 
pendant  la  grande  récolte. 

Nous  rappellerons  que,  d'après  les  expériences  de  MM.  Bonnicr 
et  de  Layens,  les  planches  de  partition  peuvent  être  remplacées 
par  des  cadres  contenant  des  rayons  vides,  mais  complètement 
bâtis. 

On  a  remarqué  queles  abeilles  produisent  davantage  lorsqu'elles 
sont  groupées  en  plus  grand  nombre  ;  ainsi  une  ruche  de  quarante 
mille  abeilles,  par  exemple,  donne  plus  de  miel  que  deux  ruches 
de  vingt  mille  chacune  ;  on  a  constaté  aussi  qu'en  hiver  -les 
grandes  colonies  ne  consomment  pas  beaucoup  plus  que  les 
petites  et  qu'elles  conservent  mieux  leur  chaleur.  II  est  donc 
avantageux,  en  principe,  d'avoir  de  grandes  ruches  pouvant  conte- 
nir de  fortes  populations.  —  Le  nid.  à  couvain  doit  avoir  une 
capacité  de  40  à  50  litres.  Celte  capacité  est  basée  sur  le  volume 
de  la  colonie  et  celui  des  rayons  qu'elle  couvre,  et  qui  correspond 
à  60  ou  65000  cellules.  D'après  Liegward,  une  abeille  occuperait 
un  volume  de  375  millimètres  cubes.  —  Le  grenier  à  miel  pourra, 
dans  la  belle  saison,  avoir  une  capacité  à  peu  près  double  de 
celle  du  nid  à  couvain,  ce  qui  porte  la  capacité  totale  de  la  ruche 
entre  120  à  150  litres.  Il  lui  faut  au  moins  85  à  90  000  cellules. 
Mais  cette  capacité  peut  être  avantageusement  dépassée,  si  l'on 
tient  compte  de  ce  fait  que  les  abeilles  emmagasinent  leur  miel 
dans  la  partie  de  la  ruche  la  plus  éloignée  de  l'entrée  et  que  ce 
miel  n'est  pas  placé  directement  dans  le  magasin.  En  rentrant  de 
butiner,  elles  le  déposent  dans  la  première  cellule  venue  près  de 
l'entrée;  là  il  subit  une  évaporation  qui  se  traduit  par  une  réduc- 
tion de  poids  d'environ  un  quart  ;  c'est  pour  la  faciliter  que  l'on 
voit  les  abeilles  le  soir  battre  des  ailes  à  l'entrée  des  ruches,  en 
faisant  entendre  un  fort  bourdonnement;  elles  établissent  ainsi 
un  courant  d'air  qui  active  cette  évaporation.  Elles  ont  encore  re- 
cours à  ce  moyen  chaque  fois  que,  pour  une  cause  quelconque, 
l'excès  de  chaleur,  par  exemple,  la  ruche  a  besoin  d'aération. 

M.  l'erez,  de  Bordeaux,  semble  pourtant  l,   émettre  un  doute 


1.  J.  Perez,  Les  Abeilles. 


54       LES  RUCHES.  LES  CADRES.  LE  HUCHE!!. 

à  ce  sujet  ;  il  paraît  croire  que  les  abeilles  dites  ventilateuses  ou 
ventileuses  sont  généralement  des  jeunes  exerçant  leurs  ailes 
au  vol.  Toutefois  M.  Chaplet,  instituteur  à  Ostel  (Aisne),  nous 
fait  remarquer  que  les  vieilles  abeilles  qui  arrivent  avec  du  miel 
ou  du  pollen  se  mettent  souvent  à  battre  des  ailes  à  l'entrée  de 
la  ruche. 

Nous  avons  vu,  page  41,  que  les  ventileuses  en  battant  des  ailes 
baissent  l'abdomen  tandis  que  les  abeilles  qui  battent  le  rappel 
le  relèvent. 

Quoi  qu'il  en  soit,  la  ruche  doit  être  assez  grande  pour  donner 
place  au  dépôt  provisoire  du  miel,  et  sa  capacité  peut  être  de  ce 
chef  augmentée  d'une  dizaine  de  litres,  d'autant  plus  que  les 
abeilles  doivent  y  circuler  librement  et  que  la  population  d'une 
bonne  ruche  peut  atteindre,  sans  inconvénient,  le  chiffre  de  cent 
mille  individus. 

En  résumé,  la  capacité  de  la  ruche  doit  être  assez  grande  pour 
qu'il  y  ait  place  à  la  ponte,  aux  provisions,  et  que  les  abeilles 
trouvent  encore  l'espace  nécessaire  pour  y  construire  des  rayons, 
car  à  certains  moments  d'humidité  où  le  pollen  est  abondant,  ou 
les  voit  construire  sans  qu'il  semble  y  avoir  nécessité. 

La  capacité  totale  sera  réduite  pour  l'hivernage  au  moyen  des 
planches  de  partition  ou  par  la  suppression  des  hausses.  Elle  sera 
augmentée  de  nouveau  pendant  la  belle  saison,  au  fur  et  à  mesure 
des  besoins. 

2.  Les  Cadres. 

Les  cadres  sont  placés  parallèlement  dans  la  ruche.  Leur  sur- 
face, variable,  a  donné  lieu  à  de  nombreuses  discussions  ;  elle 
atteint  10  à  12  décimètres  carrés,  celte  dernière  mesure  étant  la 
plus  fréquente.  On  en  distingue  trois  types  :  les  cadres  hauts,  les 
cadres  bas  et  les  cadres  carrés.  Comme  type  du  premier~genre, 
en  peut  citer  le  cadre  Layens  {fig.  46),  ayant  0m,37  de  haut  sur 
0m,31  de  large  dans  œuvre.  Comme  types  du  second,  citons  :  le 
cadre  Langstrolh  (fig.  48)  l,  qui  a  0m,43  de  long  sur  0ra,22  de 

1.  Langstroth  peut  être  considéré  comme  le  fondateur  de  l'apiculture  amé- 
ricaine; son  traité  The  Hive  and  Honey  Dee  est  un  des  plus  complets:  il  a 
eié  traduit,  revu  et  complété  par  Charles  Dadant  (U  Abeille  et  la  Bûche.  Paris, 
Librairie  agricole  de  la  Maison  rustique.) 


LES    RUCHES.   LES    CADRES.   LE    RUCHER. 


55 


large;  le  cadre  Dadant  (flg.  47),  qui  a  0m,46  de  long  sur  0m,27 
de  large,  et  le  cadre  anglais,  qui  mesure  0m,343  sur  0m,203.  La 
première  idée  du  cadre  carré  {fi g.  49)  revient  à  Debauvoys  »,  qui 
lui  donna  0m,30  de  côté. 
Pour  faciliter  les  transactions  entre  apiculteurs,  on  a  depuis 


47     Cadre   Da 


+0.  Cadre  Layens. 


^ 


é 


■o.  43 


.0,50- 


-5S- 

<5> 


i-J 


*8.    Cadre  Langstroth.  *9.    Cadre  Debauvoyi.i 

Fig.  46  h  49.  —  Types  des  cadres  les  plus  généralement  employés. 

longtemps  songé  à  l'adoption  d'un  cadre  unique;  mais,  chacun 
tenant  au  sien,  il  est  difficile  de  s'entendre.  Pourtant,  dans  les 
achats  ou  les  échanges,  cette  diversité  de  formats   n'est*  pas, 


i.  Paix  Debauvoys  -naquit  à  Seiches  (Maine-et-Loire)  le  27  août  1797,  et 
y  exerça  longtemps  la  médecine.  En  1846  il  établit  sa  niche  à  cadres  mobiles 
et  écrivit  le  Guide  de  l'Apiculteur,  qui  eut  plusieurs  éditions,  dont  la  dernière 
parut  en  1856.  Il  publia  divers  autres  ouvr.iges  sur  l'histoire  naturelle  et  l'api- 
culture, qui  lui  valurent  plus  de  trente  médailles  d'or  et  d'argent.  Il  mourut 
le  17  janvier  1864. 


56 


LES  RUCHES.  LES  CADRES.  LE  RUCHER. 


on  le  conçoit    facilement,    sans  entraîner  de  grands   inconvé- 
nients. 

Le  Congrès  des  Sociétés  apicoles  de  France,  dans  sa  réunion 
du  2  septembre  1891,  s'est  occupé  de  cette  importante  question, 


Fig.  50,  51,  52.  —  Schéma  des  trois  types  de  cadres  adoptés  par  le  Congrès  apicole. 

et  tout  ce  qu'il  a  pu  faire  a  été  de  ramener  à  trois  les  nombreux 
types  employés  aujourd'hui  {fig.  50,  51,  52),  sa\oir: 

mesurant 


Un  cadre  haut 

—  bas 

—  carré 


i0  centimètres  sur  30, 
30  -  40, 

3b         —  de  côté. 


é 


La  traverse  du  haut  des  cadres  doit  être  assez  forte  pour  porter 

le  poids  du  rayon  plein,  poids  plus 
élevé  qu'on  ne  croit  communé- 
ment l  .  Elle  doit  dépasser  les 
côtés,  de  manière  que  les  cadres 
soient  en  quelque  sorte  suspendus 
par  les  extrémités  de  celte  tra- 
verse. On  lui  donne  générale- 
ment f)m, 01 5d'épaisseur.  Elle  porte 
sur  les  deux  parois  opposées  de 
la  ruche.  Les  montants  des  ca- 
dres, faits  en  bois  d'un  demi- 
centimètre  environ  d'épaisseur, 
auront  la  largeur  d'un  gâteau  d'a- 
beilles ordinaire,  environ  0m, 025,  et  la  traverse  du  bas  pourra  être 
plus  étroite,  pour  laisser  un  plus  largo  passage  à  l'air. 


.0.5, 


CM 


Fig.  53.  —  Cadre  de  l'abbé  Voirnot 

avec   traverse  au  tiers  supérieur. 


1.  On  peut  évaluer  à  4   kilogrammes  le  poids  d'un  rayon  dont  ia  surrace  de 
base  serait  de  12  décimètres  carrés,  t  décimètre  carré  de  rayon  ptein  de  miel 

pesant  environ  .330  grammes. 


': 


LES   RUCHES.    LES    CADRES.    LE    RUCHER. 


S" 


Fig.  54.  —  Deux  traverses 

supérieures 

du  cadre  Abbott  vues  par  le  haut. 


L'abbé  Voirnot,  qui  adopte  les  dimensions  du  cadre  dit  national, 
soit  33  sur  33,  conseille  de  diviser  les  cadres  par  une  traverse 
horizontale  aux  deux  tiers  de  leur  hauteur  {(ig.  53).  Cela  les  con- 
solide, et  comme  les  abeilles  ne  mettent  ordinairement  que  du 
miel  dans  la  partie  supérieure,  on  peut  le  récolter  facilement  sans 
déranger  le  couvain  qui  occupe  la 
partie  inférieure.  Cependant  on  a  cru 
remarquer  que  parfois  cette  traverse 
forme  un  obstacle  à  la  régularité  de 
la  ponte  de  la  mère,  qui  hésite  à  la 
franchir,  et  beaucoup  d'apiculteurs  y 
ont  renoncé  pour  celte  raison.  En  hiver  les  ouvrières  hésitent 
aussi  à  la  franchir  pour  aller  chercher  le  miel  au-dessus,  et 
meurent  quelquefois  de  faim  au-dessous.  Employée  autrefois,  on 
y  avait  déjà  renoncé. 

Entre  les  cadres  et  les  parois  de  la  ruche,  il  faut  laisser 
aux  abeilles  un  passage  d'environ  0m, 006.  Enlre  ces  mêmes  cadres 
et  le  plancher,  ce  passage  aura  0m,015  en  été;  on  l'augmente  de 
moitié  en  hiver.  L'écartement  des  cadres  placés  dans  la  ruche 
sera  d'axe  en  axe  de  0m,035,  0m,040  au  plus,  et  pour  l'hiver  seule- 
ment. Cet  écartement  est  maintenu  par  divers  moyens  :  points  de 
repère,  tasseaux,  crochets,  etc. 

Dans  le  cadre  Abbott,  la  traverse  du  haut  porte  deux  saillies  aux 
extrémités,  comme  le  montre  la  figure  54. 

Les  cadres  peuvent  être  placés  parallèlement  à  l'entrée  de  la 
ruche,  qui  est  dite  alors  à  bâtisses  chaudes,  ou  perpendiculaire- 
ment, et  alors  elle  est  dite  à  bâtisses  froides. 
Ce  dernier  système  est  le  plus  généralement 
adopté  ;  il  a  le  grand  avantage  de  faciliter  l'aéra- 
tion de  la  ruche.  Abandonnées  à  elles-mêmes, 
les  abeilles  construisent  en  bâtisses  froides. 

On  appelle  sections  {fig.  55)  des  petits  ca- 
dres qu'on  introduit  soit  dans  les  hausses, 
soit  dans  les  cadres  ordinaires  et  auxquels 
on  donne  des  dimensions  telles  que,  remplis 
de  miel,  ils  représentent  un  poids  déterminé;  on  a  ainsi  des 
sections  d'une  livre,  d'une  demi-livre,  etc.  Comme  ils  sont  exclu-' 
sivement  destinés,  dans  la  ruche,  à  recevoir  du  miel,  on  peut  leur 


Fig.  55.  —  Section. 


"8 


LES  RUCHES.  LES  CADRES.  LE  RUCHER. 


Fig.  56.  —  Cadre  à  neuf  sections. 


donner,  ainsi  qu'aux  cadres  qui  les  reçoivent  et  qu'on  appelle 
cadres  à  sections  {fig.  56),  une  épaisseur  plus  considérable,  0,n, 04 

ou  0"',05  par  exemple;  cette  der- 

^  uière  dimension  est  la  plus  usitée. 
Les  sections  fournissent  une  ma- 
nière élégante  de  présenter  au 
commerce  le  miel  en  rayons,  fort 
apprécié  sur  les  bonnes  tables, 
par  la  raison,  sans  doute,  qu'il 
ne  peut  être  falsifié  (à  moins  que 
l'on  ne  nourrisse  les  abeilles  avec 
du  sucre). 

Pour  obliger  les  abeilles  à  don- 
ner plus  de  régularité  aux  rayons 
construits  dans  les  sections,  on  recouvre  celles-ci  de  lames  de 
bois  minces,  percées  d'ouvertures  pour  le  passage  des  abeilles  ; 
c'est  ce  qu'on  appelle  les  séj  a- 
ratcurs  [fig-  57).  Pour  les  ruches 
horizontales,  les  sections  peu- 
vent être  placées  dans  un  casier 
qu'on  pose  sur  les  cadres  et  qu'on 
recouvre  avec  de  la  toile  cirée. 

Lorsqu'on  les  introduit  dans  la 
ruche,  les  sections  sont  garnies 
de  cire  gaufrée  et  les  abeilles  y 
travaillent  comme  dans  les  cadres 
ordinaires.  Il  est  reconnu  que  le 
travail  des  abeilles  est  gêné  par 
les  sections  et  qu'elles  y  em- 
magasinent moins  que  dans  les 
grands  cadres. 

Les  sections  ne  donnent  de 
profit  qu'à   la  condition    de  les 

vendre  cher.  Quand  on  veut  les  employer,  il  est  bon  de  prendre 
des  cadres  bas  (Langstroth  par  exemple],  qui  obligent  tics 
abeilles  à  monter  dans  les  sections.  C'est  là  la  vraie  raison  d'être 
des  cadres  bas  si  employés  en  Amérique  et  en  Angleterre,  où  le 
miel  en  sections  est  très  recherché. 


Fig.  57.  —  Séparateur. 

La  partie  enlevée  dans  l'angle  de  a  en  * 
laisse  voir  l'une  des  section» 


LES  RUCHES.  LES  CADRES.  LE  RUCHER.       59 

3.   Entrée  et  couverture  de  la  ruclie. 

L'entrée  de  la  ruche  doil  être  large,  pour  que  les  abeilles  puis- 
sent circuler  facilement  lorsqu'elles  entrent  et  sortent  à  la  fois  en 
grand  nombre;  mais  sa  hauteur  ne  doit  pas  dépasser  0m,009, 
afin  d'arrêter  au  passage  les  animaux  nuisibles,  tels  que  papillons 
(sphinx),  souris,  etc. 

On  peut  garnir  celte  entrée  d'une  porte  à  coulisse  permettant 
de  la  raccourcir  suivant  le  besoin.  On  y  adapte  aussi  quelquefois 
une  lame  de  zinc  dentelée,  sorte  de  peigne  ou  de  râteau  qui  entre 
chaque  dent  ne  laisse  que  le  passage  d'une  seule  abeille.  On  peut 
même  arriver  au  résultat  voulu  au  moyen  d'un  bloc  de  bois  un 
peu  épais  qu'on  place  devant  cette  entrée  de  manière  à  la  mas- 
quer sur  une  plus  ou  moins  grande  étendue. 

Quand  les  abeilles,  au  retour  des  champs,  stationnent  à  l'en- 
trée de  la  ruche,  c'est  que  cette  entrée  est  trop  petite  :  il  faut 
l'agrandir.  Lorsqu'elle  est  trop  grande,  elle  pourrait,  à  certaines 
époques,  être  cause,  d'un  refroidissement  dans  la  ruche  :  il  faut  la 
rétrécir. 

Au-dessus  des  cadres  on  laisse  un  espace  libre  de  0m,01  à  0m,02 
surmonté  d'un  châssis;  on  le  recouvre  d'une  couverture  de  toile, 
sur  laquelle  on  peut  mettre  des  débris  de  tapis  ou  des  boîtes 
remplies  de  sciure  ou  tout  autre  corps  isolant,  paille,  balle 
d'avoine,  etc.  Le  but  à  atteindre  est  d'empêcher  toute  déperdition 
de  chaleur  pendant  les  nuits  fraîches,  sans  élever  la  température 
de  la  ruche  durant  les  chaudes  journées  d'été. 

On  emploie  beaucoup  pour  cet  usage  la  toile  cirée,  qui  a  la 
propriété  de  condenser  l'eau  à  sa  surface  et  d'intercepter  totale- 
ment le  passage  de  l'air;  elle  conserve  l'humidité  nécessaire  aux 
abeilles  et  permet  de  laisser  l'ouverture  de  la  ruche  grande  ouverte 
pour  la  ventilation  (0m,  15  à  0m,25)r-Avec  les  couvertures  de  laine, 
par  exemple,  on  doit  souvent  réduire  l'ouverture  deOm,03  à  0"\05 
pour  éviter  à  l'intérieur  un  trop  fort  courant  d'air  qui  refroidirait 
la  ruche. 

4.  Ventilation  de  la  ruche. 

Il  faut  aux  abeilles  de  l'air  et  de  la  chaleur,  mais  sans  excès. 
La  cire  fond  facilement,  surtout  dans  les  rayons  nouveaux  ;  les 


bU       LES  RUCHES.  LES  CADRES.  LE  RUCHER. 

anciens  qui  onl  servi  à  élevei'  du  couvain  restent  enduits  à  l'inté- 
rieur des  cellules  d'une  couche  de  soie  qui  les  consolide. 

On  s'aperçoit  que  les  abeilles  ont  trop  chaud  ou  qu'il  y  a  mau- 
vaise ventilation  quand  elles  se  tassent  au  dehors.  La  ventilation 
doit  être  soigneusement  réglée;  elle  doit  modérer  la  température 
et  épaissir  le  miel  nouveau  par  évaporalion.  Ce  sont  là  deux 
points  d'une  grande  importance,  il  ne  faut  pas  l'oublier. 

Pour  faciliter  la  ventilation,  quelques  apiculteurs  pratiquent, 
dans  le  dessous  de  la  ruche,  une  ouverture  de  0m,  12  à  0m,15, 
garnie  de  toile  métallique,  et  qu'une  porte  pleine  à  charnières 
permet  de  fermer  et  d'ouvrir  à  volonté. 

5.  Installation  des  ruches.  Le  Rucher* 

Les  ruches  placées  à  l'air  libre  doivent  être  préservées  de  l'hu- 
midité ;  on  y  parvient  en  les  élevant  au-dessus  du  sol  par  un  socle 
formé  de  pieux,  de  planches  ou  de  briques.  Elles  doivent  être 
espacées  d'au  moins  un  mètre  dans  tous  les  sens;  en  hiver,  le 
plancher  sera  légèrement  incliné  en  avant,  pour  laisser  facilement 
écouler  l'eau  de  condensation,  qui  sans  cette  précaution  donne- 
rait trop  d'humidité  à  L'intérieur. 

L'humidité,  qui  à  certaines  doses  est  indispensable  aux  abeilles, 
peut  avoir  par  son  excès  de  graves  conséquences.  Elle  engendre 
la  moisissure  des  rayons  et  peut  être  pour  les  abeilles  une  cause 
de  dysenterie;  de  là  le  soin  que  l'on  doit  apporter  à  choisir  un 
lieu  pas  trop  humide  pour  y  installer  un  rucher. 

Il  est  bon  de  peindre  les  planchettes  de  vol1  de  couleurs  diffé- 
rentes pour  que  les  jeunes  abeilles,  à  leurs  premières  sorties, 
reconnaissent  facilement  leur  ruche,  et  meilleur  encore  de  placer 
sur  le  toit  de  chaque  ruche  un  objet  apparent,  brique,  pierre,  que 
les  abeilles  reconnaissent  de  loin. 

M.  de  Layens  conseille  de  placer  les  ruches  au  pied  de  grand- 
arbres  que  les  abeilles  distinguent  aisément,  et  vers  lesquels  elles 
se  dirigent  sans  hésitation. 


1.  On  appelle  planchette  de  vol  la  tablette  placée  en  dehors  de  l'entrée, 
sur  laquelle  les  abeilles  se  posent  en  arrivant  et  d'où  elles  prennent  leur  vol 
un  départ. 


LES  RUCHES.  LES  CADRES.  LE  RUCHER.      61 

On  sait  que  les  ruches  sont  soigneusement  gardées  à  leur  entrée 
par  des  sentinelles  qui  repoussent  impitoyablement  toute  étran- 
gère. A  la  moindre  alerte  elles  appellent  au  secours,  et  malheur 
à  l'abeille  qui,  par  mégarde  ou  par  mauvaise  intention,  cherche- 
rait à  pénétrer  dans  un  autre  logis  que  le  sien  ! 

Au  printemps,  il  est  également  bon  d'agrandir  les  planchettes 
de  vol,  car  on  voit  souvent  à  cette  époque,  par  les  mauvais  temps, 
des  abeilles  chargées  de  pollen  et  mouillées  tomber  par  terre 
avant  d'atteindre  l'entrée  de  leur  ruche.  Rarement  elles  se 
relèvent  :  presque  toutes  périssent  sur  le  sol. 

L'orientation  des  ruches  variera  suivant  le  climat  et  la  disposi- 
tion des  lieux.  L'ouverture  peut  être  tournée  de  n'importe  quel 
côté;  mais  il  est  essentiel  qu'elle  soit,  par  un  moyen  quelconque, 
abritée  contre  les  grands  vents. 

Nous  avons  dit  qu'un  espace  d'un  mètre  au  moins  est  néces- 
saire entre  chaque  ruche.  Si  l'on  dispose  d'un  parc  ou  d'un  grand 
emplacement,  il  y  aura  toujours  avantage  à  espacer  les  ruches 
autant  qu'on  le  pourra;  ajoutons  qu'il  est  rationnel  de  n'en  réunir 
qu'une  petite  quantité  dans. le  même  endroit.  Les  plantes  melli- 
fères,  cela  se  comprend  facilement,  seront  moins  vite  épuisées 
sur  un  même  point,  et  les  abeilles,  mieux  réparties  sur  une 
grande  superficie  de  terrain,  perdront  moins  de  temps  dans  leurs 
nombreux  voyages. 

Mais  il  est  une  condition  qu'il  ne  faut  pas  ignorer,  c'est  que  la 
dislance  qui  sépare  les  ruches  des  propriétés  voisines  et  des  che- 
mins n'est  pas  facultative.  Elle  est  rigoureusement  fixée  par  des 
arrêtés  préfectoraux  et  même  par  des  arrêtés  rendus  par  les 
maires  après  avis  des  conseils  généraux;  mais  elle  est  tellement 
variable  que  nous  ne  pouvons  donner  ici  aucune  indication  pré- 
cise; ainsi,  pendant  que  dans  certains  départements. elle  est  de 
2  mètres,  dans  d'autres  elle  est  de  100  mètres!  Il  y  a  assurément 
là  une  exagération,  car  dans  beaucoup  de  régions  les  habitants 
ne  possèdent  pas  une  propriété  suffisamment  étendue  pour  que 
leurs  ruches  puissent  se  trouver  dans  tous  les  sens  à  100  mètres 
des  propriétés  voisines,  et  une  pareille  distance  est  tout  à  fait 
inutile  pour  assurer  la  sécurité  des  voisins  et  des  passants. 
Une  semblable  condition  constitue  presque  une  interdiction  de  faire 
de  l'apiculture  à  ceux  pour  lesquels  l'élevage  des  abeilles  serait 


62 


LES  RUCHES.  LES  CADRES.  LE  RUCHER. 


justement  d'une  si  grande  utilité.  Avant  donc  d'établir  un 
rucher,  on  devra  s'informer  de  ses  droits  dans  le  pays  qu'on 
habite. 

Le  rucher  ou  apier,  nous  avons  à  peine  besoin  de  le  dire, 
c'est  la  réunion  dans  un  même  endroit  d'un  certain  nombre  de 
ruches  [fig.  58).  Il  doit  être  installé  dans  un  lieu  sec,  un  peu  om- 
bragé, à  l'abri  des  grandes  chaleurs,  aussi  nuisibles  aux  abeilles 


rtg.  58.  —  Rucher  type  composé  de  ruches  de  Layens  et  de  ruches  DadanVBertrana. 

que  l'humidité.  Le  voisinage  des  piantes  mellifères  est  une  con- 
dition naturellement  indispensable. 

Autant  qu'on  le  pourra,  on  sèmera  autour  du  rucher  les  plantes 
qu'on  sait  être  les  plus  recherchées  par  les  abeilles.  Nous  ne 
pouvons  citer  ici  toutes  celles  qui  donnent  beaucoup  de  miel. 
Il  faut  noter  que  certaines  d'entre  elles  peuvent  être  très  melli- 
fères dans  une  localité  et  ne  l'être  que  peu  ou  même  pas  du  tout 
dans  une  autre.  Dans  le  choix  des  espèces,  on  doit  également  tenir 
compte  de  la  nature  du  climat  et  surtout  du  terrain. 

Les  sols  calcaires  semblent  favorables,  sinon  nécessaires,  aux 
plantes  mellifères.  D'après  M.  Zoubareff,  apiculteur  russe,  ils  con- 
viennent aux  labiées,  dont  les  nectaires  sont  garanties  de  la 
pluie  par  la  forme  même  de  leurs  fleurs. 


LES  RUCHES.  LES  CADRES.  LE  RUCHER. 


fi  H 


La  liste  suivante,  qui  indique  les  principales  espèces  végétales 
fréquentées  par  les  abeilles,  doit  donc  être  considérée  comme  une 
information  n'ayant  rien  d'absolu. 

Au  printemps  :  arbres  fruitiers,  saules,  noisetiers,  ormes,  peu- 


Fig.  59.  —  Rucher  couvert  de  Montsouris. 

O  rucher,  comme  celui  du  Luxembourg  Ipage  89),  appartient  à  la   Société  centrale 

d'Apleulture  et  d'Insectologie.  Il  est  établi  sur  un  emplacement  concédé  par  la  Ville  à  cette 

Société,  qui  projette  d'y   construire   une    école   modèle   d'apiculture,  comprenant   un   musée 

destiné  à  compléter  le  rucher  pour  l'enseignement  apicole. 


pliers,  cytise,  buis,  ajonc,  romarin,  violette,  primevère,  giroflée, 

mouron,  corbeille  d'argent,  marronnier,  érable,  sycomore,  chêne, 

bouleau,  acacia,  épines,  seringa,  navette,  colza,  choux,  trèfle,  etc. 

En  été:  tilleul, châtaignier, luzerne,  sainfoin, mélilot, moutarde, 


Gt      LES  RUCHES.  LES  CADRES.  LE  RUCHER. 

sauge,  vipérine,  centaurée,  bourrache,  thym,  serpolet,  ronce, 
fusain,  sapins,  pins,  etc. 

En  automne  :  sarrasin,  bruyère,  linaire,  réséda,  aster,  lierre, 
genêt,  etc. 

Nous  ne  parlerons  pas  d'un  grand  nombre  d'autres,  telles  que 
les  phacélies,  dont  les  qualités  mellifères  varient  suivant  les  lieux 
et  les  terrains,  à  tel  point  qu'après  avoir  été  vantées  par  certains 
apiculteurs  elles  ont  été  rejetées  par  d'autres 

Il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  les  plantes  essentiellement  polli- 
ni/ëres,  le  pavot,  par  exemple,  qui  approvisionnent  la  ruche  de 
pollen.  Le  coquelicot  donne  un  pollen  noir. 

Les  abeilles  doivent  toujours  avoir  de  l'eau  à  leur  portée  ;  on 
place  près  des  ruches  des  vases  peu  profonds,  où  on  les  attire  en 
y  mettant  d'abord  de  l'eau  miellée  et,  un  peu  plus  tard,  de  l'eau 
pure  ou  légèrement  salée.  On  peut  faire  flotter  à  la  surface  du 
liquide  des  morceaux  de  liège,  des  pailles,  des  corps  légers  quel- 
conques, de  manière  à  faciliter  aux  abeilles  l'accès  des  abreuvoirs 
sans  qu'elles  courent  le  risque  de  se  noyer. 

On  a  préconisé  les  ruchers  couverts,  c'est-à-dire  ceux  dans 
lesquels  les  ruches  sont  rangées  sous  un  abri ,  un  petit 
pavillon,  par  exemple,  dont  les  parois  sont  percées  d'ouvertures 
correspondant  à  l'entrée  des  ruches,  les  planchettes  de  vol  étant 
situées  au  dehors  [fi g.  39).  Le  rucher  couvert  peut  recevoir  plu- 
sieurs étages  de  ruches.  Sa  couverture  doit  abriter  de  la  pluie 
leur  entrée,  et  elle  doit  être  de  nature  à  ne  pas  concentrer  la  cha- 
leur; un  toit  de  chaume  semble  tout  indiqué  pour  cet  usage. 

S'ils  présentent  quelques  avantages,  les  ruchers  couverts  ne 
sont  pas  exempts  d'inconvénients  ;  le  plus  commun  est  qu'on  y 
manque  de  place  pour  les  opérations  à  faire.  Les  maladies  conta- 
gieuses, la  loque,  la  dysenterie  y  sont  sans  doute  plus  à  craindre. 
Nous  les  recommandons  d'autant  moins  que  l'hivernage  se  fait 
tout  aussi  bien  dans  les  ruches  en  plein  air.  C'est  donc  là  une 
dépense  dont  le  chiffre  n'est  pas  en  proportion  avec  les  services 
rendus  ;  d'ailleurs,  il  est  toujours  facile  d'abriter  les  ruches,  soit 
sontre  l'ardeur  du  soleil,  soit  contre  les  fortes  gelées,  avec  des 
paillassons  ou  par  tout  autre  moyen  plus  simple  et  plus  écono- 
mique. 

Nous   mentionnerons    pour   mémoire    seulement   les   ruchers 


LES  RUCHES.  LES  CAURES.  LE  RUCHER. 


65 


flottants.  Les  anciens  Grecs,  à  l'instar  des  Egyptiens,  paraît-il, 
installaient  des  ruches  sur  des  bateaux  auxquels  ils  faisaient 
remonter  le  cours  du  Nil. 

Une  maison  de  Chicago,  nous  dit  Langstroth,  tenta  sur  le 
Mississipi  un  essai  de  ce  genre,  mais  ce  fut  sans  succès. 

Nous  n'avons  pas  connaissance  que  rien  de  semblable  ait  été 
essayé  en  Europe. 


^^i^^^pmpsn^rrt, 


s 


\ 


Lûrgei/r 
6  mètres 


Plan 
du  rucher 


* 


Fig.  59  bis.   —   Rucher  octogonal  de  M.  Robert -Aubert, 

«britant  23  ruches  et  laissant  au  milieu  un  large  espace 

pour  les  manipulations. 


APICULTURE 


«*  DIVERS    TYPES    DE    RUCHES. 

CHAPITRE    VIII 
DIVERS     TYPES    DE    RUCHES 

Les  divers  types  de  ruches  à  rayons  mobiles  actuellement 
usités  sont  très  nombreux  ;  on  les  compte  par  centaines.  D'une 
manière  générale,  on  peut  classer  ces  ruches  en  deux  groupes: 
les  unes,  comme  nous  l'avons  dit,  s'ouvrent  par  le  haut  et 
peuvent  s'agrandir  par  les  côtés  en  y  ajoutant  des  cadres;  elles 
sont  dites  horizontales  ;  les  autres  s'agrandissent  par  la  superpo- 
sition de  hausses  ou  caisses  contenant  des  cadres  comme  la  ruche 
elle-même;  elles  sont  dites  verticales.  Il  est  curieux  de  noter  que 
ces  deux  types  se  retrouvent  également  dans  les  ruches  fixes  : 
dans  nos  campagnes  la  ruche  en  osier  est  verticale.  En  Egypte 
et  en  Algérie  les  ruches  sont  formées  de  cylindres  en  terre  ou  en 
bois  placés  horizontalement. 

Disons  d'abord  que  la  ruche  à  rayons  mobiles  n'est  pas,  comme 
on  pourrait  le  croire,  une  invention  toute  moderne.  Liéger,  en  1752, 
décrivit  une  ruche  à  la  grecque,  dans  laquelle  les  abeilles  suspen- 
daient leurs  rayons  à  des  lames  de  bois  qui  pouvaient  être  en- 
levées isolément.  Cette  ruche  {fig.  68),  Hamet  nous  la  repré- 
sente en  osier,  ronde,  un  peu  plus  large  en  haut  qu'en  bas,  et 
selon  lui  c'est  aux  anciens  Grecs  eux-mêmes  qu'il  faudrait  faire 
remonter  l'invention  des  rayons  mobiles.  Les  Grecs  modernes  s'en 
servent  encore,  paraît-il,  et  en  obtiennent  avec  la  plus  grande 
facilité  des  essaims  artificiels. 

En  1790,  l'abbé  Della-Hocca  publia  un  Traité  complet  sur  les 
abeilles.  Afin  de  changer  les  rayons  de  place,  il  construisit  une 
ruche  cariée,  et  y  superposa  une  seconde  caisse  de  même 
forme  [fig.  61)  :  la  hausse  était  inventée  (v.  page  68.) 

Vint  ensuite  la  ruche  Dzierzon,  de  forme  allongée,  à  deux  com- 
partiments, et  dans  laquelle  les  rayons  se  retirent  par  les  deux 
extrémités. 

Nous  ne  saurions  passer  sous  silence  la  ruche  à  feuillets  de 
Huber  {fig.  <U)  qui,  au  commencement  de  ce  siècle,  permit  à 
son  auteur  aveugle  de  faire  ses  admirables  études  sur  l'abeille. 
Cette  ruche  se  composait  simplement  de  cadres  juxtaposés  main- 


DIVERS    TYPES    DE    RUCHES. 


tenus  par  deux  barres  sur  les  côtés.  Les  deux  cadres  aes  extré- 
mités étaient  munis  d'une  vitre  permettant  de  voir  tout  ce  qui  se 
passait  à  l'intérieur. 

Dans  le  même  genre,  citons  la  ruche  en  ogive  ou  à  arcade 
{fig.  65),  généralement  construite  en  paille  et  formée  de  cadres 
accolés,  employée  en  Allemagne. 

Viennent  ensuite  les  ruches  de  Munn  (1834),  de  Prokopovitch 
(1841),    de   Paix  Debauvoys  (1846), 
qui  sont  formées  de  cadres  mobiles 
contenus  dans  une  caisse  en  bois. 

Vers  1850  le  révérend  Père  Lang- 
stroth,  d'Uxford,  présente  sa  ruche, 
qui  peut  aussi  recevoir  des  hausses 
permettant  de  l'agrandir  suivant  le 
besoin,  et  s'ouvre  par  une  de  ses 
faces,  comme  une  armoire  (fig.  66V 

En  1853  paraît  un  cadre  de  0m,  1^3 
sur  0m,220  de  l'auteur  allemand  Berlepsch,  qui  recommande  en- 
suite un  modèle  d'une  hauteur  double  (0m,366  sur  0m,220),  le 


l 


J    } 


Fig.  76.  —  Porte  d'entrée  à  pitons. 

(OuYerte  et  fermée 


Fig.  77.  —  Nourrisseur  de  la  ruche  Dadant. 

a.  Curette  creusée  dam  le  plateau,  destinée  à  recevoir  le  sirop  que  l'on  introduit 
tu  moyen  de  l'entonnoir  6. 

premier  pour  une  ruche  à  hausse,  le  second  pour  une  ruche 
horizontale. 

La  ruche  haute  de  Berlepsch  se  compose  de  plusieurs  étages 
(deux  ou  trois)  surmontés  d'une  partie  vide  (fig.  67). 

Les  ruches  de  Favarger  (fig.  69)  et  de  Fumagalli  sont  formées 
de  trois  corps  superpusés  fonctionnant  comme  des  tiroirs  pour 
la  visite  d^s  cadres.  Elles  ont  le  défaut  de  coûter  cher. 

Celle  de  Mona  et  YVaiquin  est  beaucoup  plus  simple;  les  cadres 
s'enlèvent  par  le  haut  (fig.  70). 

Les  ruches  les  plus  usitées  aujourd'hui  en  France  sont  la 
«  Dadant  »  et  la  «  Layens  »,  ainsi  désignées  du  nom  de  leurs  au- 


62.— ^UCHE     fi     TROIS    HAUSSES 


6J.—     BUCHE     OE     wueER 


61.    —    RUCHE     OELLfi-ROCGA 


w& 


,;;,     TUCHE     METRIQUE 


BUCHE    BERUEPSCH 


F\g.  «o  à  «7.  —  Typas  de  ruche». 


72.— RUCHE  DA  01  NT-BE  RI  R  A  N  D 


i.   —  RUCHE  DE  LA  YENS 


;i.  —  RUCHE  BURKI-JEKCR 


RUCHE  JUMELL 


Fig.  68  à  75.  —  Types  de  ruches. 


DIVEHS   TYPES    U  E    HUCHES. 


teurs;  nous  entrerons  dans  quelques  détails  au  sujet  de  ces  deux 
types. 

La  ruche  Dada?U  {fig.  88)  est  une  modification  de  la  ruche 
Quinby,  qui  dérivait  elle-même  de  la  ruche  LangstrotR,  et  c'est 
ainsi  modifiée  qu'elle  l'ut  adoptée  aux  États-Unis  par  un  Français 
fixé  depuis  longtemps  dans  l'Illinois,  M.Ch.  Dndant,  qui  l'a  décrite 
dans  son  Petit  Cours  d'ajnculture,  paru  en  1874. 

Le  corps  de  la  ruche  [fig.  68,  83)  forme  un  parallélipipède 
ayant  intérieurement  0m,49  de  long,  0m,42  de  large  et  0m,32  de 
haut.  Les  parois  font  feuillure  en  haut  pour  supporter  les  cadres, 
et  en  bas  pour  recevoir  le  plateau  qui  mesure  environ  0m,80  de 
longueur;  la  partie  qui  dépasse  (environ  0m,25)  sert  de  plan- 
chette d'entrée  ou  de  vol. 

Les  cadres  de  cette  ruche  ont  intérieurement  0m,27  sur  0ra,46; 
il  y  en  a  onze;  leur  écartement  est  maintenu  dans  le  bas  par  un 
dentier  formé  d'un  fort  fil  de  fer  replié  et  dans  le  haut  par  des 
agrafes  fixées  dans  la  feuillure. 

On  peut  augmenter  ou  diminuer  la  capacité  intérieure  de  la 
ruche  au  moyen  de  planchettes  de  partition. 

Le  trou  de  vol  placé  en  avant  mesure  environ  0œ,22  sur  0m,008; 
sa  longueur  peut  être  modifiée  en  plaçant  tout  simplement,  devant, 
un  morceau  de  bois  carré,  ou  au  moyen  de  portes  en  métal  à  cou- 
lisse, voire  même  d'une  simple  lame  avec  deux  lentes  obliques 
maintenue  par  deux  pitons  {fig.  76). 

Les  cadres  sont  recouverts  d'une  toile  cirée  que  l'on  peut  fixer 
en  y  clouant  des  lattes. 

Cette  ruche  reçoit  des  hausses  munies  de  feuillures  destinées  à 
maintenir  les  cadres.  Les  hausses  ont  0m, 165  de  hauteur,  et  leurs 
cadres  ont  en  dedans  0m,135  de  haut  sur  0m,46  de  long. 

La  ruche,  avec  ou  sans  hausses,  est  abritée  par  un  couvercle 
qui  l'emboîte  en  haut,  formant  feuillure,  de  même  que  les  hausses; 
ses  bords  reposent  sur  des  tasseaux  cloués  sur  les  parois  de  la 
ruche.  Ce  couvercle  peut  avoir  une  vingtaine  de  centimètres  de 
haut;  il  porte  devant  et  derrière  deux  orifices  pourvus  de  toile 
métallique  pour  l'aération. 

M.  Bertrand  a  introduit  dans  cette  ruche  quelques  modifica- 
tions :  il  termine  le  chapiteau,  par  exemple,  en  double  pente 
dépassant  la  ruche  et  formant  toit.  Dans  le  plateau,  dont  il  aug- 


DIVERS   TYPES    DE   RUCHES. 


mente  la  hauteur,  il  réserve  une  cavité  destinée  à  recevoir  du 
sirop  de  sucre,  qu'on  peut  y  introduire  de  l'extérieur;  pour  cela, 
il  se  sert  d'un  entonnoir  {fig.  77)  dont  le  bec  recourbé  passe  par 
un  trou  pratiqué  exprès  dans  le  bas  de  la  paroi  de  la  ruche;  enfin, 
il  recouvre  le  dessus  des  cadres  d'un  matelas  de  balle  d'avoine. 

La  ruche  Dadant,  telle  que  nous  l'avons  décrite  plus  haut,  a 
été  modifiée  encore  autrement  par  M.  Bertrand  •  qui,  adoptant  le 
cadre  Langstroth  agrandi  en  hauteur  par  Blatt,  lui  donne  0m,45 
de  largeur  et  autant  de  longueur,  sur  0m,32  de  hauteur;  il  y  met 
douze  cadres  ayant  intérieurement  0m,27  sur  0m,^2.  Cette  modi- 
fication permet  de  placer  les  cadres  à  volonté,  parallèlement  ou 
perpendiculairement  à  l'entrée  de  la  ruche,  et  d'obtenir  ainsi 
des  bâtisses  chaudes  ou  des  bâtisses  froides  [fig.  83).  De  même 
on  peut,  dans  les  hausses,  placer  les  cadres  perpendiculaire- 
ment à  ceux  du  bas.  De  cette  façon,  on  évite  souvent  que  les 
abeilles  construisent  des  rayons  réunissant  les  deux  étages  de 
cadres.  C'est  la  ruche  Dadant-Bertrand  (/lg.  72). 

La  ruche  Layens  [fig  73,  82)  a  la  forme  d'une  caisse  allongée, 
mesurant  intérieurement  environ  0m,80  de  long  sur  0m,40  de 
large  et  0m,45  de  haut.  Elle  peut  recevoir  une  vingtaine  de  cadres 
ayant  dans  œuvre  0m,37  sur  0m,31.  On  fait  de  même  des  ruches 
de  ce  système  qui  peuvent  en  recevoir  un  plus  grand  nombre. 

La  paroi  d'arrière  est  munie,  dans  sa  partie  intérieure,  d'une 
vitre  qui  permet  de  voir  ce  qui  se  passe  à  l'intérieur  de  la  ruche. 
Cette  vitre  est  abritée  par  un  volet  à  charnières  et  peut  à  la  ri- 
gueur être  supprimée. 

L'écarlement  des  cadres  est  maintenu  dans  le  bas  par  de  petits 
crochets,  laissant  entre  eux  la  distance  voulue;  dans  le  haut,  on 
bouche  les  intervalles  qui  les  séparent,  soit  par  des  bandes  de  zinc 
pliées  en  V,  soit  par  des  lattes  ou  des  tasseaux,  ou  mieux  encore 
par  des  lames  de  bois  minces  de  5  à  6  centimètres  de  largeur  sou- 
tenues à  2  ou  3  centimètres  au-dessus  des  cadres  au  moyen  de 
tasseaux  cloués  sur  les  côtés  de  la  ruche  ;  le  tout  est  recouvert 
d'une  toile  trempée  dans  la  cire  fondue.  L'écartement  entre  le 
haut  des  cadres  est  réglé  par  des  points  de  repère  marqués  sur  le 
bord  de  la  feuillure. 

1.  E    Bertrand,  Conduite  du  Rucher  (Genève,  1802,  in-8°). 


DIVEHS    TYPES    DE    HUCHES. 


Les  parois  de  la  ruche  porlent,  en  bas,  deux  longues  ouvertures 
pour  le  passage  des  abeilles.  Elles  sont  fermées  par  des  portes  à 
coulisse  en  zinc;  une  seule  de  ces  entrées  fonctionne  :  suivant 
les  circonstances,  on  emploie  alternativement  l'une  ou  l'autre.  Le 
couvercle,  recouvert  de  tôle,  est  assez  haut  pour  recevoir  à  la 
rigueur  de  petits  cadres  bas  à  sections;  devant  les  entrées  le 
plateau  peut  être  muni  de  petites  planches  de  vol.  Les  parois  exté- 
rieures sont  garnies  de  paillassons  qui  remplacent  économique- 
ment les  doubles  parois.  La  capacité  de  la  partie  occupée  par  les 
abeilles  peut  être  modifiée  par  deux  planches  de  partition  à  char- 
nières (page  37)  qu'on  peut  plier  et  qui,  comme  nous  l'avons  in- 
diqué précédemment,  peuvent  être  remplacées  par  des  cadres 
garnis  de  rayons  vides. 

Cette  ruche,  comme  toutes  les  autres  d'ailleurs,  a  subi  des  mo- 
difications dans  ses  diverses  parties;  mais  elle  a  toujours  le  grand 
avantage  d'être  très  simple  et  d'un  maniement  facile  en  toute 
saison. 

M.  de  Layens  a  publié  une  brochure  très  détaillée  sur  la  cons- 
truction économique  de  sa  ruche,  et  M.  Bertrand,  une  brochure 
analogue  pour  la  construction  de  la  ruche  Dadant  '. 

M.  de  Layens  conseille  l'emploi  du  sapin  rouge,  qui  se  trouve 
dans  le  commerce  sous  forme  de  lames  à  parquet  [fig.  78)  ra- 
botées sur  une  face.  Ces  lames  de  bois  porlent  sur  un  côté  une 
rainure  et  sur  l'autre  une  languette,  ce  qui  rend  l'assemblage  des 
plus  faciles.  Le  sapin  rouge,  bien  qu'il  soit  plus  cher  que  le  blanc, 
est  en  réalité  plus  économique,  parce  qu'il  dure  beaucoup  plus 
longtemps.  Il  y  a  plusieurs  mesures  pour  ces  lames  ou  frises  à 
parquet;  il  faut  prendre  celles  qui  ont  0m,li5  de  largeur  et  0m,<  »24 
d'épaisseur.  Les  petits  côtés  de  te  ruche  [fig.  79)  seront  formés 
de  trois  frises  verticales  emboîtées  deOn,,42,  réunies  en  haut  et 
en  bas  par  deux  traverses  formées  elles-mêmes  de  frises  aux- 
quelles on  a  enlevé  rainure  et  languette.  Celle  du  haut  dépasse 
pour  former  une  feuillure  de  0m,04.  Les  grands  côtés  sont  formés 


1.  1°  Georges  de  Layens,  Construction  économique  des  ruches  à  ca<ires 
(Paris,  Librairie  Paul  Dupont). 

2°  M.  Bertrand,  La  Huche  Dadant  nwdifiée.  Description  et  construction  (au 
bureau   de  la  Revue  internationale  d'apiculture,  Nyon  [Suisse],  1891,  in-8°). 


DIVERS   TYPES    DE   RUCHES. 


73 


de  quatre  frises  horizontales  emboîtées,  de  0m,83  de  longueur; 

l'une  des  frises  est  coupée  de  manière  à  ramener  l'ensemble  à 

0m,42  de  hauteur  {fig.  80). 

Sur  la  surface  intérieure,  on  cloue 
une  rangée  de  crochets  de  0m,037  de 
long  sur  0"\010  de  large,  destinés  à 
maintenir  l'écartement  des  cadres  par 
le  bas  {fig.  81).  Ces  crochets  peuvent  à 


« 115  •*■: > 

Fig.  78.  —  Frise  à  parquet 


inentrant  la  languette  a  et  la  rainure  6. 


<■- 593 ----- 


Fig.  79.  —  Petit  côté 

de  la  ruche  Layens 

tu  par  sa  faee  interne  pour  montrer 

li  feuillure  a  et  les  clous  b  reployés 

en  dedans  afin  d'augmenter 

la  solidité. 


Fig .  so.  —  Coupe  montrant  la  construction 
de  la  ruche  Layens. 

a.  Crochets    destinés   à  maintenir  l'écartement 

des   cadres  c  par  le  bas. 
6.   Points  de  repère  indiquant  l'écartement  des 

cadres  par  le  haut. 


la  rigueur  être  remplacés  par  deux  pointes.  Les 
quatre  côtés  étant  assemblés,  on  cloue  une  traverse 
sur  chacun  des  deux  grands.  On  obtient  ainsi  à  l'inté- 
rieur de  la  ruche  une  feuillure  correspondant  à  celle 
des  petits  côtés  et  qui  servira  à  supporter  les  cadres. 
Le  bord  de  cette  feuillure  portera  des  points  de  re- 
père indiquant  l'écartement  des  cadres  par  le  haut 
et  correspondant  aux  crochets  du  bas. 

Le  toit  est  formé  de  quatre  frises  sur  lesquelles 
on  cloue  une  feuille  de  tôle  dont  on  rabat  les  bords 
tout  autour.   Il  peut,  vu    sa   hauteur,    recevoir  des 
sections  ;  en  avant  et  en  arrière,  il  doit  porter  un  trou  d'aéra- 
tion de  0m,03  de  diamètre,  garni  de  toile  métallique.  Le  toit  à 


Fig.  81.  —  L'un 
des  crochets 
servant  à  mainte- 
nir   l'écartement 
des  cadrei. 


DIVERS    TYPES    DE    HUCHES. 


double  pente  a  des  avantages;  ou  fera  bien  de  l'adopter  si  l'on 
ne  recule  pa*  devant  la  complication  qu'entraîne  sa  fabrication. 


Fig.  82.  —  Ruche  de  Layens  construit?  en  frises  à  parquet. 

Le  plateau  est  formé  de  quatre  lames  de  0m,88  de  longueur 
reliées  par  deux  traverses  en  lames  de  bois  sans  rainure.  En  avant 


Ftg.  ti.  —  Ruche  Layens  modifiée,  avec  toit  à  double  pente. 

de  l'entrée,  obtenue  par  une  entaille  pratiquée  dans  la  paroi  de 
devant,  on  fixe  une  planchette  de  vol. 


DIVEHS    TYPES    DE    RUCHES. 


75 


On  emploie,  pour  clouer  les  différentes  pièces  ensemble,  des 
clous  longs  et  minces  que  l'on  peut  river  en  reployant  l'extrémité 
qui  dépasse  le  bois,  ce  qui  augmente  la  solidité. 

L'auteur  donne  des  renseignemonts  détaillés  pour  l'exécution 


Fig.  84. 
Construction  du  cadre  Layens. 


Fig.  85.  —  Feuillure 
garnie  d'una  bande  de 
linc  a  pour  éviter  la 
propolisation. 


de  ce  travail,  lequel  devient  très  facile  par  l'emploi  de  guides  et 
de  calibres  bien  compris.  Il  indique  également  la  construction 
d'un  moule  pour  la  fabrication  rapide  des  cadres.  Chacun  d'eux 


\Aj 


Fig.  s«.  —  Dentier  Dadant. 


Fig.  87.  —  Calibre  pour  faire  les  dentiers. 

Le»  deux  chevilles  a  et  a'  se  retirent  pour  séparer 
les  deux  pièces  6  et  b',  et  le  fil  de  fer  se  sépare  de 
lui-même   des  clous   c  autour   desquels  il  est  reployé. 


se  compose  de  cinq  pièces  :  une  traverse  supérieure  avec  pièce  de 
renforcement,  deux  montants  et  une  traverse  inférieure  placée  de 
champ  ;  on  emploie  pour  toutes  ces  pièces  des  lattes  de  sapin 
ayant  0m,025  de  large  sur  0m,008  d'épaisseur. 

Un  perfectionnement  important  consiste  à  garnir  les  feuillures 
d'une  bande  de  zinc(/?^.  85)  et  les  bouts  de  la  traverse  du  haut 
des  cadres  de  clous,  sur  lesquels  portera  le  cadre;  on  évite  ainsi 
toute  propolisation. 


10 


DIVERS    TYPES    DE    HUGHES. 


La  ruche  Layens  ainsi  construite  revient,  selon  l'auteur,  à  8  ou 
9  francs  si  on  la  fait  soi-même,  et  de  10  à  12  si  on  a  recours  à  un 
menuisier  qui  y  passera  six  ou  sept  heures. 

La  construction  de  la  ruche  Dadant  modifiée  [fig.  88)  est  peut-cire 
moins  simple.  M.  Bertrand  préconise  aussi  le  sapin  rouge,  mais  il  le 

prend  de  0m,027 
d'épaisseur,  sauf 
pour  le  -  chapi- 
teau auquel  il 
donne  0m,013. 

Les  parois  du 
devant  et  du  der- 
rière de  la  ruche 
ont  0m,4o  sur 
0m,32;  les  parois 
latérales,  0Œ,505 
sur  0m,345.  La 
paroi  de  derrière 
est  double  et  sou- 
vent aussi  celle 
de  devant. 

On  cloue  au  de- 
hors de  la  ruche 
des  lattes  for- 
mant     feuillure 

a   na<J8ic. 

pour  supporter  le 
plateau,  mais  celle  qui  supporte  les  cadres  à  l'intérieur  doit  *"tre 
faite  à  la  main  et  prise  dans  l'épaisseur  du  bois. 

L'écartement  des  cadres  est  maintenu  en  haut  par  des  agrafes 
de  tapissier  et  en  bas  par  un  dentier  Dadant  en  fil  de  fer.  Les 
figures  86,  87  représentent  le  dentier  Dadant  et  le  calibre  qui 
sert  à  reployer  le  fil  de  fer  comme  il  convient. 

Le  plateau  se  compose  d'une  partie  horizontale  de  0œ,46o  sur 
0«,57  et  d'un  plan  incliné  de  0m.465  sur  0m,-25. 

En  général,  la  construction  d'une  ruche,  quel  qu'en  soit  le 
système,  doit  varier  suivant  les  idées  ou  les  besoins  de  l'api- 
culteur. 

En  reprenant  notre  nomenclature,  nous  mentionnerons  larucAe- 


Fig.  g8.  —   Ruche  Dadant. 


DIVERS    TYPES    DE    RUCHES. 


77 


Fig.  88  bis.  —  Ruche  De  Kesel, 

feuilletable  et  démontable. 


album,  ou  feuilletable ,  inventée  par  M.  Derosne  {fig.  71),  qui  per- 
met de  voir  constamment  ce  qui  se  passe  dans  son  intérieur  sans 
déranger  les  abeilles. 
Malheureusement,  à 
cause  de  sa  perfection 
même,  cette  ruche  est 
d'un  prix  assez  élevé. 

C'est  pour  parer  à  ce 
grave  défaut  qu'un  api- 
culteur belge,  M.  De  Ke- 
sel, a  inventé  la  ruche 
diagonale  {fig.  88  bis) 
dans  laquelle  les  cadres, 
disposés  obliquement, 
peuvent  facilement  pivo- 
ter sur  un  de  leurs  cotés.  Sa  ruche  paraît,  en  outre,  avantageuse 
pour  l'hivernage,  cette  disposition  des  cadres  devant  se  bien  prêter 

à  la  concentration  de  la 
chaleur  dans  le  haut, 
où  se  fait  surtout  l'éle- 
vage du  couvain. 

Elle  a  été  modifiée 
par  M.  Bruneau  et  en- 
suite par  M.  Decroly, 
qui  la  suspend  sur 
deux  supports  laté- 
raux à  écrous,  de  fa- 
çon qu'on  peut  la  pla- 
cer verticalement  pen- 
dant la  grande  miellée 
et  diagonalement 
pour  l'hivernage  ou 
pour  le  moment  des 
opérations  diverses, 
visites,  récoltes,  etc. 
Nous  mentionne- 
rons également  la  ruche  métrique  de  MM.  Villard  et  Weil  [flg.  65), 
dont  le  cadre  mesure   10  décimètres  carrés;   elle  s'ouvre  par 


Fig.  89.  —  Ruche  Sagot. 
«    L'a  cadre  de  hausse  isolé. 
»'  Caire»  en  place  montrant  la  forme  du  grenier  ou  magasin  à  miel 


78 


DIVERS    TYPES    DE    HUCHES. 


côlc  el  peut  recevoir  des  hausses.  Elle  a  une  capacité  totale  de 
50  litres;  les  hausses  contiennent  16  litres.  Cette  ruche  peut 

aussi  être  agrandie 
par  addition  de  ca- 
dres. 

L'abbé  Sagot  a 
également  construit 
une  ruche  (fig.  89), 
d'un  usage  assez  ré- 
pandu, dans  laquelle 
la  hausse  est  trian- 
gulaire el  formée 
d'équerres,  a,  a  , 
simplement  juxta- 
posées; el  M.  Gariel 
a  donné  son  nom  à 
un  modèle  (fig.  90) 
qui  esl  une  modifi- 
cation de  la  ruche 
anglaise  Abbott.  Il  a 
eu  l'heureuse  idée 
de  rendre  le  pla- 
teau mobile,  et  de 
le  pourvoir  d'un  ventilateur  dont  les  avantages  sont  très  réels. 

La  ruche  Burki-Jeker  (fig.  74)  est  très 
"employée  en  Suisse.  C'est  une  caisse  me- 
surant intérieurement  0m,63  de  haut,  0m,30 
de  large  et  0m,50  de  profondeur,  munie  en 
arrière  d'une  porle  à  charnières.  Les  ca- 
dres sont  de  deux  formats  :  les  uns  onl  in- 
térieurement Om,345  sur  0m,27  ;  les  autres 
0m,  105  sur  0m,27;  ils  portent  chacun 
quatre  poinles  qui  maintiennent  entre  eux 
un  écartement  de  0m,13,  et  ils  sont  sup- 
portés par  des  tasseaux  cloués  dans  l'inté- 
rieur de  la  ruche. 

Ces  cadres  ne  peuvent  s'enlever  que  les  uns  après  les  autres. 
Quand  les  trois  étages  qu'ils  forment  ne  sont  pas  occupés  par  les 


Fig.  90.  —  Ruche  Gariel. 
avec  deux  hausses  de  cadre  Abbott  et  socle  ployant 


Fig.  91.  —  Dessous 
du  plateau  de  la  ruche  Gariel 

montrant  la  porte  ouvert* 
pour  aérer  la  ruche- 


DIVERS   TYPES   DE    RUCHES- 


abeilles,  on  place  au-dessus  de  l'étage  habité  une  planchette  hori- 
zontale de  recouvrement;  en  avant  des  cadres,  et  à  chaque  étage, 
on  met  un  châssis  vitré,  dit  fenêtre-partition;  en  bas  se  trouve 
une  ouverture  de  0m,07  de  long  sur  0m,0l  de  haut,  servant  de 
passage  à  un  nourrisseur  en  fer-blanc,  dont  un  3  partie  dépasse  en 
dehors  et  reçoit  une  bouteille  renversée  contenant  du  sirop  de 
sucre  (v.  page  91).  L'entrée  est  fermée  par  une  porte  à  coulisse; 
la  planchette  de  vol  est  pourvue  de  charnières  ;  on  la  relève  pen- 
dant l'hiver  contre  la  paroi  pour  abriter  l'entrée. 

Les  ruches  Burki-Jeker  ne  sont  avantageuses  que  dans  un  rucher 
fermé;  on  les  accouple  par  paires  pour  l'hivernage,  ce  que 
l'on  peut  faire  aussi  avec  les  Dadant.  On  a  observé,  en  effet,  que 
deux  colonies  séparées  par  une  simple  cloison  s'établissent  de 
chaque  côte  de  celte  cloison.  Cela  supprime  dans  chaque  ruche 
une  surface  de  refroidissement  et  constitue  une  précieuse  res- 
source pour  l'hivernage,  surtout  si  les  colonies  ne  sont  pas  très 
fortes.  Dans  les  ruches  ainsi  accouplées,  les  deux  entrées  doivent 
être  rapprochées  de  la  paroi  séparative. 

M.  Devauchelle  a  expérimenté  une  ruche  jumelle  (ftg.  75) 
d'environ  72  litres  et  contenant  seize  cadres,  divisée  en  deux  par- 
ties par  une  cloison  mobile  en  zinc,  chaque  moitié  contenant  une 
colonie  avec  sa  mère.  Si  parfois,  à  la  visite  de  mars,  une  colonie 
se  trouve  orpheline,  elle  se  refera  une  mère  si  on  lui  donne  un 
rayon  contenant  du  couvain  de  tout  âge  pris  de  l'autre  côté.  — 
M.  Wells  a  construit  également  une  ruche  jumelle  qui,  paraît-il, 

lui  a  donné  d'excellents  résultats. 

En  mai,  au  moment  de  la  grande  miellée,  on  enfume  la  ruche 
et  on  ôte  la  partition  de  zinc.  On  peut  enlever,  pour  l'utiliser 
ailleurs,  une -des  deux  reines;  sinon  elle  sera  tuée.  On  a  ainsi 
une  très  forte  colonie,  à  laquelle  on  pourra  donner  des  hausses  en 
temps  utile. 

La  partition  étant  remise  vers  la  fin  de  juin,  la  ruche  se  trouve 
de  nouveau  divisée;  la  colonie  qui  n'a  pas  de  reine  s'en  refait 
une  et  l'on  peut  compter  sur  un  bon  hivernage. 

L'abbé  Voirnot,  dont  les  ouvrages  apicoles  sont  si  justement 
appréciés,  a  proposé  une  ruche  cubique  de  40  à  liO  litres  de  ca- 
pacité, avec  dix  cadres  carrés  de  0m,33;  elle  est  susceptible  de  se 
modifier  de  façon  à  obtenir  trois  types  bien  distincts 


KO 


DIVERS    TYPES    DE   RUCHES. 


1°  La  ruche  cubique  simple,  pouvant  s'agrandir  par  l'addition 
de  hausses. 

2°  La  ruche  cubique  semi-double,  avec  quinze  cadres,  pouvant 
recevoir  en  avant  dix  cadres  en  construction  froide,  et  en  arrière 
cinq  cadres  en  construction  chaude.  Une  tôle  perforée  peut  sépa- 
rer les  deux  parties,  afin  d'empêcher  la  reine  d'aller  pondre  dans 
celle  du  fond.  Les  cadres  se  placent,  tous  les  quinze  si  l'on  veut, 
dans  le  même  sens,  et  en  déplaçant  l'entrée  on  transforme  à 


r-^:^ 


Fig.  92.  —  Ruche  «  Française  »  (six  réunies). 


volonté  la  construction  froide  en  construction  chaude.  Cette  ruche 
peut  être  agrandie  par  addition  de  hausses  ou  être  doublée. 

3°  La  ruche  cubique  double,  avec  vingt  cadres,  qui  peut  être 
conduite  comme  la  Layons  :  on  sépare,  si  l'on  veut,  le  nid  à  cou- 
vain par  des  tôles  perforées.  Cette  ruche  admet  plusieurs  entrées, 
une  seule  servant  en  temps  ordinaire  et  les  autres  pendant  la 
grande  miellée  ;4>n  l'agrandit  au  moyen  de  hausses  ou  par  dou- 
blement. On  la  transforme,  par  une  planche  de  partition,  en  ruche 
jumelle,  apte  à  recevoir  deux  colonies. 

Les  apiculteurs  ne  se  sont  pas  tous  arrêtés  à  la  ruche  ju- 
melle ;  M.  Hamonet  a  présenté  à  la  Société, centrale  sa  ruche, 
dite  française  {fig.  92),  construite  de  façon  à  permettre  de 
grouper  sur  deux  rangs  un  nombre  indéfini  de  ruches  dont  on 
peut,  à  volonté,  réunir  les  hausses  pour  en  former  un  vaste  ma- 


DIVERS   TYPES    DE    RUCHES. 


81 


gasin.  Nous  attendons,  pour  formuler  une  opinion  sur  la  valeur 
de  ces  groupes,  que  l'expérience  ait  statué  à  cet  égard.  Notons 
toutefois  que,  si  le  groupement  peut  avoir  quelques  avantages 
pour  l'hivernage,  tous  les  auteurs  sont  d'accord  pour  recom- 
mander d'isoler  les  ruches  pendant  la  belle  saison. 

Nous  ne  terminerons  pas  ce  chapitre  sans  dire  quelques  mots 
des  ruclies  d'observation  {fig.  93).  Depuis  longtemps  les  apicul- 
teurs ont  cherché  à  voir  ce  qui  se 
passe  dans  la  ruche;  ils  pouvaient, 
en  effet,  beaucoup  apprendre  en 
observant  les  abeilles  dans  leur 
intimité.  Nous  avons  déjà  signalé 
la  ruche  de  Huber»  M.  Mona  en  a 
imaginé  une  dans  laquelle  les 
cadres  sont  indépendants  de  la 
caisse;  ils  sont,  en  outre,  dispo- 
sés de  façon  à  tourner  sur  un  pi- 
vot et  s'ouvrent  en  quelque  sorte 
comme  les  feuillets  d'un  livre. 
.Mais  la  vraie  ruche  d'observation 
est  incontestablement  la  ruc/ie 
plate  de  Bosc;  cette  dernière  est 
composée  d'un  seul  cadre,  ren- 
fermé dans  une  sorte  de  boîte 
ayant  une  porte  de  chaque  côté;  le  rayon  qu'elle  contient  est  lui- 
même  enfermé  entre  deux  doubles  portes  vitrées.  Pourtant  il  faut 
dire  qu'elle  n'est  pas  habitable  en  hiver.  On  obvie  à  cet  inconvé- 
nient, comme  le  faisait  llamet,  en  la  superposant  ou  en  la  réunis- 
sant à  une  autre  ruche. 

Signalons  enfin  la  ruchettey  petite  ruche  composée  de  un  ou, 
mieux,  de  deux  cadres,  destinée  aux  expériences  ou  à  l'élevage 
de  mères.  Pour  peupler  ces  petites  ruches  on  prend  dans  une 
ruche  populeuse  un  cadre  garni  de  couvain  de  tout  âge  avec  des 
abeilles,  mais  sans  mère.  Comme  les  abeilles  n'y  restent  pas 
toutes,  on  prend  un  autre  cadre  dont  on  brosse  les  abeilles  devant 
l'entrée  de  la  ruchette,  qui  sera  portée  à  la  cave  pendant  un  ou 
deux  jouis. 


Fig.  93.  —  Ruche  d'observation. 

Les  volets  recouvrent  un  verre  à  travers  lequel 
on  peut  observer  les  abeilles 


APICULTCPB 


8Î  CONDUITE    DU   RUCHER. 


CHAPITRE    IX 
CONDUITE    DU    RUCHER 

1.  Début  du  rucher. 

Nous  avons  dit,  page  15,  que  lorsqu'on  veut  se  livrer  à  l'éduca- 
tion des  abeilles  il  est  bon,  pour  la  première  année,  de  se  conten- 
ter de  deux  ruches,  sur  lesquelles  on  pourra  faire  avec  profit  un 
premier  apprentissage. 

On  peut,  au  début,  procéder  de  plusieurs  manières  :  ou  bien 
acheter  en  été  des  essaims  que  l'on  place  dans  des  ruches  vides, 
ou  bien  à  l'automne  acheter  des  ruches  toutes  peuplées  que  l'on 
installera  pour  l'hivernage  et  qui  seront  toutes  prêtes  au  prin- 
temps suivant,  ou  bien  encore  les  acheter  prêtes  au  printemps 
pour  éviter  les  difficultés  de  l'hivernage. 

Dans  le  premier  cas,  on  se  sera  préalablement  muni  de  ruches 
vides  avec  leurs  cadres  qui  seront  amorcés  ou  garnis  de  cire  gau- 
frée; après  enfumage,  l'essaim  y  sera  versé  et  on  le  nourrira 
pendant  quelque  temps;  bientôt  la  mère  commencera  à  pondre  et 
la  ruche  s'organisera  d'elle-même. 

Si  l'on  achète  à  l'automne  des  ruches  toutes  peuplées,  ce  qui 
présente  l'avantage  d'avoir  au  printemps  des  abeilles  déjà  habi- 
tuées à  l'emplacement  qu'elles  doivent  occuper,  il  est  important 
de  les  placer  sur  des  cales  de  quelques  millimètres  d'épaisseur 
pour  que  l'air  y  puisse  circuler  librement;  elles  seront  bien  cou- 
vertes pour  y  conserver  la  chaleur.  Ces  deux  conditions  sont 
indispensables  à  un  bon  hivernage,  après  lequel  l'installation  sera 
ainsi  toute  faite  (voir  page  106). 

Mais  il  n'en  serait  pas  de  même  si  l'on  s'était  contenté  d'acheter 
des  ruches  vulgaires  en  osier.  Dans  ce  cas  il  faudrait,  après  l'hi- 
vernage, en  opérer  le  transvasement  dans  des  ruches  à  cadres. 
Plusieurs  méthodes  ont  été  proposées  pour  celte  opération;  la 
plus  simple  consiste  à  placer  la  ruche  fixe  sur  celle  à  cadres  et  à 
calfeutrer  le  tour,  afin  que  les  abeilles  soient  forcées,  pour  sortir 
et  rentrer,  de  passer  par  la  ruche  inférieure,  où  elles  ne  tarderont 


CONDUITE   DU   RUCHER.  83 

pas  à  s'établir.  C'est  le  transvasement  par  superposition.  On  peut 
encore  enfumer  fortement  les  abeilles  et  enlever  les  rayons  au 
moyen  du  couteau;  on  les  sort  couverts  d'abeilles  que  l'on  brosse 
dans  la  ruche  à  cadres.  Les  rayons  garnis  de  couvain  sont  placés 
dans  des  cadres  vides  où  on  les  maintient  au  moyen  de  fils  de  fer 
ou  de  ficelles  et  introduits  dans  la  ruche;  on  en  fait  autant  pour 
les  rayons  contenant  du  miel,  car  il  importe  qu'au  moment  du 
transvasement  les  provisions  ne  fassent  pas  défaut.  11  y  a  aussi  la 
méthode  du  transvasement  par  renversement,  qui  consiste,  après 
avoir  fortement  enfumé  la  ruche  vulgaire,  à  l'enterrer  retournée 
jusqu'à  mi-hauteur.  On  pose  ensuite  dessus  un  plateau  portant  une 
ouverture  carrée,  sur  laquelle  on  place  une  ruche  contenant  une 
dizaine  de  cadres  amorcés  ou  garnis  de  gaufres.  Il  faut  mastiquer 
les  jours  qui  pourraient  exister  entre  le  plateau  et  les  deux  ruches. 
Les  abeilles  à  leur  réveil  sont  obligées  de  sortir  par  la  ruche  à 
cadres,  comme  dans  la  première  méthode,  et  finissent  par  s'y 
installer.  A  l'automne  on  change  le  plateau  en  enlevant  la  ruche 
fixe,  qui  n'est  plus  habitée. 

Ce  procédé  ne  réussit  bien  que  pour  de  fortes  ruchées;  il  faut 
opérer  le  transvasement  une  quinzaine  de  jours  seulement  avant 
la  grande  miellée,  quand  les  abeilles  n'ont  plus  à  craindre  le 
froid. 

Si  l'opération  n'a  pas  réussi,  ce  que  l'on  constate  par  l'absence 
du  couvain  dans  les  cadres,  il  faut  redresser  la  ruche  vulgaire  et 
enlever  la  ruche  à  cadres  pour  recommencer  l'année  suivante. 

2.  En  janvier  et  février. 

Vers  la  fin  de«janvier  on  fera  un  premier  examen  sommaire  des 
ruches;  les  plateaux  seront  nettoyés  avec  soin.  Il  y  a  toujours  des 
abeilles  qui  meurent  pendant  l'hivernage  :  on  les  enlèvera  avec  un 
fil  de  fer  replié  en  crochet. 

Certains  auteurs  conseillent  de  s'assurer  à  cette  époque  que 
les  colonies  ont  des  provisions  en  quantité  suffisante;  c'est  un 
peu  tôt:  nous  pensons  que  l'on  ne  doit  pas  ouvrir  les  ruches 
avant  la  visite  du  printemps,  en  mars  ou  avril.  A  peine  cela  peut-il 
se  faire  dans  le  Midi,  et  par  une  température  d'au  moins  10e  à 
l'ombre,  par  un  temps  calme  et  sans  pluie. 


g*  CONDUITE    DU   RUCHER. 

On  ne  doit  jamais  enlever  la  neige  qui  couvre  les  ruches;  il 
vaut  mieux  la  laisser  fondre  naturellement.  Comme  pour  Jes 
plantes,  elle  constitue  pour  les  abeilles  une  excellente  couverture; 
il  faut  seulement  enlever  celle  qui  obstruerait  les  portes,  si  l'on 
n'a  pas  eu  soin  de  les  abriter  en  plaçant  au-devant  une  tuile 
inclinée  ou  tout  autre  abri  analogue,  abri  qui  doit  être  maintenu 
aussi  pour  empêcher  les  premiers  rayons  du  soleil  de  pénétrer 
par  l'ouverture  et  d'exciter  les  abeilles  à  des  sorties  trop  hâtives; 
saisies  par  le  froid  du  dehors,  elles  seraient  exposées  à  périr 
avant  de  pouvoir  rentrer  à  la  ruche. 

En  février,  on  voit  fréquemment  les  abeilles  commencer  leurs 
sorties;  on  peut  lesy  exciter  quand  le  temps  est  très  beau  en  leur 
donnant  du  sirop  un  peu  liquide.  A  partir  de  ce  moment,  il  faut 
veiller  à  ce  qu'elles  aient  de  l'eau  à  leur  portée. 

Dès  les  premiers  beaux  jours,  on  installera  près  des  ruches  de 
petites  augettes  plates  contenant  de  la  farine  de  seigle,  de  pois,  de 
fèves,  etc.,  que  les  abeilles  recherchent  et  qui  remplacent  pour 
elles  le  pollen  encore  absent.  Cette  nourriture,  connue  en  apicul- 
ture sous  le  nom  de  surrogat,  sera  disposée  en  couches  minces, 
afin  que  les  abeilles  ne  puissent  s'y  enfoncer,  car  il  pourrait  leur 
arriver  de  n'en  plus  pouvoir  sortir  et  elles  périraient  alors  infail- 
liblement. 

3.  En  mai**,  visite  des  ruches. 

C'est  en  mars  seulement,  et  même  en  avril  si  la  saison  est 
froide,  que  doit  avoir  lieu  la  première  visite  des  ruches.  On  la  fait 
généralement  au  milieu  de  la  journée  :  les  butineuses  étant 
dehors,  on  est  moins  gêné.  • 

Tour  faire  cette  visite,  on  commence  par  retirer  le  toit  de  la 
ruche,  on  soulève  un  coin  de  la  couverture  et  l'on  projette  à  l'in- 
térieur un  peu  de  fumée.  On  se  sert  pour  cela  d'un  instrument 
appelé  en  fumoir,  sorte  de  soufflet  muni  d'un  compartiment  dans 
lequel  on  fait  brûler  quelque  matière  organique  donnant  beaucoup 
de  fumée,  des  vieux  chiffons  par  exemple  (M.  Hippol  a  conseillé 
l'emploi  de  l'eau  pulvérisée  au  lieu  de  la  fumée;  nous  ignorons 
si  ce  moyen  donne  de  bons  résultats). 

Il  existe  divers  systèmes  d'enfumoirs.  Ceux  à  soufflet  {fig.  95) 


CONDUITE    DU    RUCHER. 


présentent  le  grand  inconvénient  de  nécessiter  l'emploi  des  deux 
mains.  Les  systèmes  américains,  dont  l'enfumoir  Grémy  [fig.  94) 
est  une  heureuse  modification,  n'ont  pas  cet  inconvénient  :  on 
peut  les  faire  fonctionner  d'une  seule  main,  l'autre  restant  libre. 

Celui  de  llils,  dit  enfumoir  américain  [fig.  94  bis), 
est  très  puissant  et  d'un  bon  fonctionnement. 


Fig.  94.  —  Enfumoir  Grémy. 


Fig.  94  bis.  —  Enfumoir  américain  Hils. 


L'enfumoir  mécanique  de  Layens  [fig.  96),  s'il  coûte  plus  cher, 
présente  le  grand  avantage  de  fonctionner  seul,  la  combustion 
étant  activée  par  un  courant  d'air  que  produisent  des  ailettes 


Fig.  96.  —  Enfumoir  mécanique  de  Layens,  perfectionné. 

actionnées  par  un  mouvement  d'horlogerie.  Une  fois  remonté,  on 
peut,  dans  les  moments  où  l'usage  des  deux  mains  est  nécessaire, 
le  poser  sur  la  ruche  ou  auprès  de  soi,  de  façon  à  être  protégé 
par  le  courant  de  fumée  qu'il  émet  continuellement. 
La  fumée  peut  être  produite  au  moyen  de  diverses  matières 


CONDUITE    DU    HUCHE  II. 


combustibles:  papier,  chiffons,  saule  p  >urri  ou  bois  sec  quel- 
conque, bouse  de  vache  desséchée,  marc  de  cire,  etc.  On  vend 
un  charbon  spécial,  le  charbon  Stoker,  qui  facilite  l'allumage  de 
les  diverses  matières. 

Une  mention  spéciale  doit  être  faite  pour  les  chiffons  nitrés  et 
la  ves  se  -de-loup.  Les  premiers  se  préparent  en  faisant  dissoudre 
o  grammesv  de  salpêtre  dans  une  demi-verre  d'eau.  On  fait  absor- 
ber ce  liquide  par  des  chiffons  de  fil  ou  de  coton  qui,  après  des- 
siccation, brûlent  sans  s'éteindre  en  fournissant  une  fumée  qui 
agit  très  énergiquement  sur  les  abeilles.  Le  salpêtre  employé  doit 
être  pur;  autrement  il  pourrait  contenir  des  sels  qui,  pendant  la 
combustion,  donneraient  naissance  à  des  gaz  délétères  capables 
de  tuer  les  abeilles. 

La  vesse-de-loup  endort  les  abeilles  plus  lentement  que  la  fumée 
nitreuse,  mais  avec  moins  de  risque  de  les  tuer.  On  en  met  dans 
l'enfumoir  un  morceau  de  la  grosseur  d'un  œuf  avec  quelques 
charbons  ardents  pour  entretenir  la  combustion. 

Au  bout  de  quelques  instants,  les  abeilles  enfumées  battent  des 
ailes  et  font  entendre  un  bourdonnement  particulier  ;  c'est  ce  qu'on 
appelle  le  bruissement,  état  durant  lequel  elles  ne  chercheront  ni 
à  s'enfuir  ni  à  piquer.  Ce  qui  a  fait  dire  à  l'abbé  Colin  :  «  La  fumée 
est  un  ambassadeur  qui  réussit  toujours  à  négocier  une  paix 
honorable  entre  les  parties.  »  Ce  bruissement  est  probablement 
produit  par  le  rapide  battement  d'ailes  auquel  elles  se  livrent  pour 
chasser  la  fumée.  D'après  quelques  auteurs,  il  résulterait  de  l'ab- 
sorption du  miel  dans  leur  jabot,  et  ne  pourrait  se  produire  quand 
elles  n'ont  pas  de  provisions.  Il  est  vrai  qu'à  ce  moment  les  abeilles 
se  hâtent  de  s'en  gorger,  mais  la  première  explication  nous  paraît 
néanmoins  la  plus  admissible.  La  fumée,  dit  M.  Bertrand,  est 
sans  effet  sur  les  ruches  sans  provisions. 

On  active  l'état  de  bruissement  en  frappant  sur  les  parois  de  la 
ruche,  ce  qui  naturellement  effraye  les  abeilles,  et  en  désoperculant 
un  peu  de  miel  dans  le  haut  des  rayons;  car  c'est  quand  l'abeille 
est  bien  gorgée  que  le  bruissement  atteint  son  rythme  régulier. 

On  maintient  ainsi  les  abeilles  pendant  le  temps  nécessaire,  en 
continuant  de  les  enfumer  légèrement  et  avec  précaution. 

On  doit  toujours  commencer  par  enfumer  doucement,  et  suivre 
attentivement  l'action  de  la  fumée,  sans  s'effrayer  s'il  tombe  quel- 


CONDUITE    DU    RUCHER. 


>>7 


ques  abeilles  inanimées  au  fond  de  la  ruche  :  elles  reviendront  à 
elles  au  bout  de  quelque  temps. 

Certains  apiculteurs  se  contentent  de  fumer  tranquillement 
leur  pipe  et  de  lancer  leurs  bouffées  dans  la  ruche.  Nous  ne 
conseillerons  pas  ce  moyen;  il  pourrait  d'abord  causer  quelque 
mésaventure,  et  il  est  possible  que  la  fumée  du  tabac  soit  nuisible 
aux  abeilles,  à  cause  de  ses  propriétés  anesthésiques  et  toxiques. 

Il  en  est  de  même  du  soufre,  et,  à  ce  propos,  nous  protestons 
contre  le  procédé  barbare  de  l'étouffage,  qui  consiste,  pour  prendre 


Fig.  97.  —  Voile  ordinaire. 


Fig.  98.  —  Camail  Gariel. 


le  miel,  à  tuer  les  abeilles  par  l'acide  sulfureux  que  produit  la 
combustion  d'une  mèche  soufrée. 

Chaque  fois  qu'on  ouvre  une  ruche  pour  un  motif  quelconque, 
il  est  nécessaire,  surtout  aux  débutants,  de  s'envelopper  la 
tête  d'un  voile  {fig.  97)  ou  d'un  camail  {fig.  98),  que  l'on  peut  à 
la  rigueur  confectionner  soi-même  en  tulle  fort  à  mailles  serrées. 

Il  faut  avoir  soin,  en  outre,  de  ne  pas  se  placer  devant  l'entrée, 
afin  d'éviter  de  gêner  les  abeilles  dans  leur  circulation  ;  attacher 
les  manches  autour  du  poignet  et  les  jambes  du  pantalon  autour 
des  chevilles  pour  empêcher  quelque  abeille  de  s'y  introduire. 


4.  Piqûres. 

«  L'abeille,  a  dit  l'abbé  Voirnot,  est  un  petit  être  très  intéres- 
sant, qu'il  faut  savoir  prendre  par  le  bon  bout,  car  il  y  en  a  un 
qui  pique.  » 


88  CONDUITE    DU    RUCHER. 

Les  piqûres  sur  les  mains  sont  sans  inconvénients  sérieux.  Aux 
gens  trop  sensibles  nous  conseillerons  simplement  l'emploi  d'une 
paire  de  gants;  on  en  fait  de  toutes  sortes  exprès  pour  cela,  en 
coton  épais,  en  laine  et  en  cuir. 

La  vaseline,  dit-on,  de  môme  que  le  citron  et  surtout  l'absinthe, 
ont  la  propriété  d'éloigner  les  abeilles;  il  suffirait  de  s'en  frotter 
les  mains  et  la  figure.  Il  existe  des  préservatifs  spéciaux,  V amé- 
ricain apifuge,  par  exemple,  inventé  par  M.  Pasteur,  photo- 
graphe à  l'Observatoire  de  Meudon. 

Il  faut  dire  qu'au  bout  d'un  certain  nombre  de  piqûres  succes- 
sives on  subit  une  sorte  de  vaccination  et  que  les  suivantes  ne 
produisent  plus  ni  enflure  ni  douleur;  mais  il  est  incontestable 
que  généralement  les  abeilles  ne  cherchent  pas  à  piquer.  Nous 
nous  contenterons  de  donner  aux  débutants  les  conseils  suivants  : 
opérez  toujours  avec  calme,  de  préférence  au  milieu  du  jour  (non 
par  un  temps  de  pluie  ou  d'orage);  ne  chassez  pas  violemment 
une  abeille  qui  semble  vouloir  piquer,  mais  retirez-vous  douce- 
ment de  la  ruche  ;  si  vous  l'effrayez,  il  est  probable  qu'elle  s'achar- 
nera contre  vous  et  que  d'autres  viendront  à  la  rescousse. 

Les  abeilles  s'habituent  au  voisinage  de  l'homme  ;  dans  les  en- 
droits fréquentés,  elles  sont  moins  agressives,  elles  paraissent 
reconnaître  la  personne  qui  les  soigne,  et  attaquent  moins  souvent 
l'apiculteur.  Cela  tient  sans  doute  à  ce  qu'il  n'hésite  pas  dans  ses 
mouvements,  qui  sont  d'ordinaire  mesurés  et  réfléchis  '.  Suivant 
M.  Thibaut  '  les  abeilles  semblent  peu  disposées  à  piquer  quand 
elles  ont  l'abdomen  plein  de  miel,  et  M.  de  Layens  affirme  que 
loin  de  leur  habitation  elles  ne  piquent  jamais  à  moins  qu'on  ne 
les  serre  dans  la  main. 

L'effet  des  piqûres  peut  persister  plusieurs  jours.  Les  remèdes 


1.  Nous  pourrions  citer  ici  un  exemple  frappant  de  la  sociabilité  des  abeilles. 
Le  rucher  de  la  Société  centrale  d'Apiculture  (fig.  99)  est  situé  en  plein  jardin  du 
Luxembourg,  presque  sur  le  bord  d'une  allée,  et  jamais  les  promeneurs,  ni 
les  enfants  qui  viennent  jouer  tout  auprès  n'ont  eu  à  souffrir  d'aucune  piqûn-. 
Le  cours  annuel  et  public  d'apiculture  s'est  toujours  fait  au  milieu  du  rucher, 
sans  qu'on  ait  jamais  eu  lieu  de  signaler  aucun  accident.  Si  quelques  cas  de 
piqûres  ont  pu  être  constatés,  ils  ont  toujours  été  occasionnés  par  des  enfants 
poursuivant  une  abeille  ou  cherchant  à  la  frapper  ou  à  l'écraser. 

2.  Thibaut,  Manuel  d'Apiculture  rationnelle  (1894,  Liége;. 


90  CONDUITE    DU    RUCHER. 

connus,  s'ils  ne  sont  pas  infaillibles,  sont  au  moins  nombreux  et 
parfois  bizarres.  Nous  en  citerons  quelques-uns,  sans  en  garantir 
l'efficacité. 

Les  Chinois  écrasent,  dit-on,  du  couvain  sur  la  piqûre.  L'emploi 
de  l'alcali,  de  l'alcool,  de  l'acide  phénique,  de  la  salive,  a  été 
chez  nous  recommandé  en  certains  endroits.  On  a  également  pré- 
conisé la  nicotine,  le  jus  de  persil,  l'eau  de  chaux,  le  lait,  le  miel 
lui-même,  des  feuilles  de  cassis  macérées  dans  du  vin  blanc. 
Ailleurs,  on  écrase  sur  la  piqûre  des  feuilles  de  poireau,  de 
menthe,  de  plantain,  de  persil  ou  d'absinthe,  des  baies  de  chèvre- 
feuille fraîches,  ou  bien  l'on  frotte  avec  un  oignon  coupé  en  deux. 

L'action  de  ces  remèdes  varie  probablement  suivant  les  indi- 
vidus, et  le  venin  perdrait,  suivant  quelques  apiculteurs,  son 
action  au-dessus  de  50°  centigrades.  L'emploi  de  la  chaleur 
peut  donc  être  logiquement  indiqué.  A  moins  de  circonstances 
exceptionnelles  où  l'on  aurait  reçu  un  nombre  considérable  de 
piqûres  simultanément,  les  suites  sont  bénignes,  la  guérison  est 
rapide.  En  tout  cas,  dès  qu'on  est  piqué,  la  première  chose  à  faire 
est  d'extraire  l'aiguillon  et  de  presser  fortement  pour  faire  sortir 
le  plus  de  venin  possible.  Cette  extraction  se  fera  avec  la  pointe 
d'un  couteau  très  propre  ou  une  aiguille,  sans  presser  sur  l'ai- 
guillon implanté  dans  la  peau  afin  d'éviter  de  faire  pénétrer  dans 
la  piqûre  le  venin  que  cet  aiguillon  contient  encore. 

Ajoutons  que  légalement  l'apiculteur  n'est  pas  responsable  des 
piqûres  faites  par  ses  abeilles  aux  voisins  ou  aux  passants  lorsque 
ces  piqûres  sont  occasionnées  par  l'imprudence  ou  la  malveillance, 
ce  qui  est  le  cas  le  plus  fréquent. 

5.  JVourrissemeiit. 

Mais  revenons  à  notre  visite.  La  ruche  étant  enfumée  comme 
nous  l'avons  dit,  on  soulèvera  les  cadres  avec  précaution,  les  uns 
après  les  autres,  afin  de  les  examiner.  Il  sera  commode  pour  cela 
de  su  servir  d'un  lève-cadre;  on  aura  ainsi  plus  de  force,  car  sou- 
vent ils  sont  rendus  très  adhérents  par  la  propolis  [fig.  100).  Il 
faut  tout  d'abord  voir  si  les  provisions  qu'elle  contient  sont  suffi- 
santes ;  si  l'on  rencontre  des  colonies  qui  n'en  ont  plus  assez,  il 
faut  leur  en  donner:  c'est  ce  que  l'on  appelle  le  nourrlssement. 


CONDUITE    DU   RUCHER. 


91 


Fig.  lbo.  —  Lève- cadre. 

Levier  pour  décoller  les  cadres. 


Disons  ici  quelques  mots  des  nourrisseurs.  Il  en  existe  de  nom- 
breux modèles  ;  nous  n'en  pou- 
vons indiquer  que  quelques-uns. 
Le  plus  simple  de  tous  consiste 
en  une  Wuteille  {fig.  101)  qu'on 
emplit  de  sirop  et  qu'on  ren- 
verse ensuite  dans  une  auge 
quelconque  où  les  abeilles  vien- 
nent puiser  le  miel;  le  goulot 
est  muni  d'une  toile  ou  d'une 
petite  armature  en  fer-blanc 
percée  de  trous,  afin  que  l'écoulement  du  sirop  ait  lieu  lentement. 
En  décrivant  la  ruche  Dadant,  nous  avons  parlé 
de  l'auge  de  nourrissement  creusée  dans  le  pla- 
teau et  qu'on  remplit  au  moyen  d'un  entonnoir 
l'ait  exprès  (v.  page  71). 

M  de  Layens  indique  un  nourrisseur  en  fer- 
blanc  {fig.  102)  qui  se  place  en  dessus  de  la 
ruche  et  dans  lequel  l'écoulement  du  sirop  se  fait 
à  travers  .de  petits  trous.  Il  s'applique  au-dessus 
des  cadres,  sur  une  ouverture  carrée  garnie  d'une 
toile  métallique,  à  tra- 
vers laquelle  les  abeil- 
les viennent  recueillir 
ce  sirop.  Cet  auteur  in- 
dique également  un 
moyen  plus  simple  au- 
quel il  donne  aujour- 
d'hui la  préférence  et 
qui  consiste  dans  l'em- 
ploi d'un  rayon  vide  qu'on  remplit  de  sirop  épais  et  qu'on  intro- 
duit dans  la  ruche. 

Le  nourrisseur  Fusay  consiste  en  un  réservoir  que  l'on  fixe  en 
dehors  de  la  ruche,  et  qui  communique  par  un  trou  avec  une  auge 
ménagée  dans  l'épaisseur  de  la  paroi  de  cette  ruche. 

Le  nourrisseur  de  Sicbenthal  {fig.  103)  se  compose  de  deux 
auges  en  tôle  qui  se  placent  au-dessus  des  cadres  et  peuvent  à 
la  rigueur  s'employer  isolément.  Une  cloison  mobile  est  disposée 


Fig.  101. 

Nourrisseur 

de  M.  Malcssard. 

a.  Récipient  eu  métal 
dans  lequel  le  sirop 
•'écoule  par  les  petits 
trous  de  1 l'armature  du 
goulot,  sans  en  dépas- 
ser jamais   le  niveau. 


Fig.  102.—  Nourrisseur  de  Layens. 

a.  Goulot  pour  emplir  le  nourrisseur. 

6.  Trous  par  lesquels  les  abeilles  vont 

prendre  le  sirop. 


92 


CONDUITE    DU    KUC1IEH. 


dans  chaque  auge,  de  lagon  à  former  un  pelit  canal  dans  lequel 
les  abeilles  viennent  puiser  le  sirop,  sans  risquer  de  se  noyer. 
Une  lame  de  verre  posée  au-dessus  s'oppose  à  la  déperdition  de 
la  chaleur. 
A  côté  du  nourrisseur  Siebenthal,  nous  figurons  le  nourrisseur 


Fig.  102  61*. 
Nourrisseur  Rayr.or. 


Fig.  103. 
Nourrisseur  Siebenthal. 


Fig.  104. 
Nourrisseur  Derosne. 
Le  sirop  se  verse  en  a  et  a'.  Le» 
abeilles  passent  par  l'ouverture 
centrale  et  viennent  le  prendre  en 
b  et  b' -  Les  planchettes  6  et  b' 
sont  articulées,  de  manière  a  ré- 
gler le  débit  du  sirop. 


de  M.  Derosne  {fig.  104),  fort  bien  conçu  ;  c'est  une  modification 
du  nourrisseur  anglais. 

A  signaler  aussi  le  nourrisseur  Abbott,  d'un  emploi  très  répanda, 
et  le  nourrisseur  Brialmont  [fig.   105),  formé  de  quatre  com- 
partiments :  deux  grands 
recevant  du  sirop,  le  troi- 
sième recevant  de  l'eau 
salée,  et  le  quatrième  de 
la   farine    contenue  dans 
des  fragments  de  rayons. 
Certains    nourrisseurs, 
comme  ceux  de  M.  Gariel 
et  de  M,  lîaynor  {fig.  I02ôis\  permettent  de  mesurer  le  sirop 
qu'on  donne  à  chaque  ruche. 

Un  moyen  fort  simple  de  nourrissement  consiste  à  placer  au- 
dessus  des  cadres  une  rondelle  découpée  dans  un  pain  de  sucre, 
et  légèrement  humectée  d'eau,  s'il  est  nécessaire.  M.  Duchatelle 
préconise  pour  le  nourrissement  d'hiver,  là  où  il  y  a  danger  à 
donner  aux  abeilles  un  aliment  trop  liquide,  l'emploi  du  sucre 
candi  qu'on  place  à  l'état  de  cristaux  directement  sur  les  cadres. 


Fig.  IDE 


Nourrisseur  Brialmont. 


CONDUITE    DU    HUCHER.  93 

Ce  serait  une  erreur  de  croire  qu'on  peut  nourrir  sûrement  une 
ruche  verticale  en  lui  laissant  une  hausse  garnie  de  rayons  de 
miel,  car  en  hiver  les  abeilles  n'y  monteraient  souvent  pas  et  se 
laisseraient  mourir  de  faim. 

On  pourrait  donner  également  aux  abeilles  du  miel  épais  en 
nature,  ou  une  pâte  composée  d'une  partie  de  miel  et  quatre  de 
sucre  en  poudre  ;  mais  par  le  froid  on  doit  éviter  de  donner  toute 
nourriture  liquide,  parce  qu'elle  prédispose  les  abeilles  à  la 
dysenterie.  Un  autre  moyen  fort  simple  de  nourrissement  consiste 
à  introduire  dans  une  ruche  un  rayon  plein  de  miel,  pris  à  une 
autre  ruche  qui  en  a  de  trop,  et  que  l'on  désopercule,  s'il  est 
operculé. 

Dans  tout  nourrissement  la  nourriture  donnée  aux  abeilles  est 
de  suite  emmagasinée  par  elles  dans  les  rayons  à  miel  pour  y  être 
reprise  au  fur  et  à  mesure  des  besoins. 

Pendant  l'hiver,  une  colonie  moyenne  ne  consomme  guère  que 
500  à  600  grammes  de  matières  sucrées  par  mois.  Mais  dès  le 
froid  passé  la  mère  pond  et  l'élevage  du  couvain  commence  ; 
alors  la  consommation  s'élève  vers  12  kilogrammes  jusqu'au 
milieu  du  mois  de  mai.  Si  donc  la  récolte  est  faible  pendant  cette 
période,  la  ruche  ne  prospérera  pas,  et  il  y  a  en  conséquence 
grand  intérêt  à  donner  beaucoup  de  nourriture  ;  les  abeilles  ne 
consommeront  jamais  au  delà  de  leurs  besoins,  et  l'excédent 
qu'on  pourrait  leur  donner  ne  sera  pas  perdu  :  il  restera  dans  la 
ruche. 

Passé  le  mois  de  mars,  la  ponte  augmente  rapidement.  Il  faut 
alors  nourrir  plus  abondamment,  pour  stimuler  l'élevage  du 
couvain. 

On  peut  à  cette  époque  employer  un  sirop  formé  de  miel  délayé 
dans  un  peu  d'eau  :  cinq  à  six  parties  du  premier  pour  quatre 
d'eau  par  exemple,  qi/on  additionne,  si  l'on  veut,  d'un  peu  de 
vinaigre  ou  d'une  poignée  de  sel.  Parfois  on  ajoute  aussi  au  sirop 
quelques  gouttes  d'acide  salicylique  dissous  dans  l'alcool. 

Le  nourrissement  doit  être,  en  quantité,  subordonné  à  la 
miellée  du  dehors  el  à  la  température,  plus  abondant  s'il  fait 
froid  et  s'il  y  a  peu  de  fleurs.  Il  sera  continué  durant  tout  le  mois 
de  mai,  époque  des  premiers  essaims.  Le  nourrissement  hùte  la 
ponte  et  1  élaboration  de  la  cire.  Fortement  nourries,  les  abeilles 


9*  CONDUITE    DU    RUCHER. 

élèveront  du  couvain,  au  grand  profit  de  la  colonie  qui  se  renforcera 
plus  rapidement.  On  commence  le  nourrissement  six  à  huit 
semaines  avant  la  grande  miellée,  temps  variable  suivant  les 
localités,  afin  qu'au  moment  où  les  fleurs  donnent  beaucoup  de 
miel  les  populations  soient  nombreuses  et  fassent  d'abondantes 
récoltes. 

Ce  nourrissement  a  encore  pour  but  de  produire  de  bonne  heure 
des  mâles  et  des  femelles  :  c'est  le  nourrissement  stimulant  ou 
spéculatif,  ainsi  nommé  pour  le  distinguer  du  nourrissement 
d'automne,  dont  nous  parlerons  plus  loin.  L'utilité  du  nourrisse- 
ment stimulant  a  été  très  discutée;  néanmoins  nous  pensons  que, 
pratiqué  en  temps  utile,  il  peut  produire  d'excellents  résultats. 

La  quantité  à  donner  varie  entre  100  et  125  grammes  de  sirop 
par  jour  et  par  ruche.  Si  l'on  a  des  rayons  pleins,  on  peut  les  pla- 
cer, désoperculés,  entre  les  rayons  à  couvain;  ils  constituent  un 
excellent  nourrissement. 

Le  nourrissement  doit  toujours  se  faire  le  soir,  quand  les 
abeilles  sont  rentrées,  pour  éviter  le  pillage  (v.  page  101). 

6.  Réunion  des  colonies. 

A  la  première  visite  des  ruches,  on  rencontre  parfois  des  colo- 
nies orphelines.  La  recherche  de  la  reine  est  souvent  difficile; 
mais  on  reconnaît  immédiatement  qu'une  ruche  est  orpheline  par 
l'absence  d'œufs  ou  de  couvain  dans  les  cellules.  Si  l'on  a  des 
doutes,  on  nourrit  pendant  une  semaine,  et  alors  on  doit  trouver 
du  couvain.  C'est  un  fait  acquis  qu'une  ruche  sans  couvain  doit 
être  considérée  comme  orpheline,  et  qu'une  ruche  qui  contient  du 
couvain  de  tout  âge  possède  nécessairement  une  mère,  à  moins 
qu'elle  ne  vienne  d'essaimer.  Toute  colonie  reconnue  orpheline 
devra  recevoir  de  suite  une  mère,  et  si  l'on  n'en  a  pas  à  lui  donner, 
on  la  réunira  à  une  ruche  faible  pour  la  renforcer  '. 

La  réunion  s'opère  de  la  manière  suivante  :  après  avoir  ouvert 
les  deux  ruches  à  réunir,  on  arrose  les  abeilles  avec  du  sirop  de 


1.  On  peut  aussi  renforcer  une  ruche  faible  en  la  changeant  de  place  avec 
une  ruche  forte,  après  enfumage  des  deux  ruches.  Les  abeilles  de  la  ruche 
forte,  à  leur  retour  des  champs,  viendront  augmenter  la  population  de  la  pre- 
mière. 


CONDUITE    DU    RUCHER.  95 

sucre,  aromatisé,  si  l'on  veut,  d'un  peu  d'alcool  de  menthe  pouc 
leur  donner  à  toutes  la  même  odeur;  on  les  laisse  se  gorger  quel- 
que temps,  on  les  met  en  état  de  bruissement,  et  l'on  verse  dans 
la  ruche  qui  a  une  mère  tout  le  contenu  de  celle  qui  n'en  a  pas. 
On  ferme  la  ruche,  et  si  au  bout  de  quelque  temps  on  voit  qu'il  y 
a  combat,  on  enfume  fortement  pour  mettre  tout  le  monde  d'ac- 
cord. Si  l'on  manque  de  sirop,  on  peut  aussi  réunir  les  colonies 
en  saupoudrant  les  abeilles  avec  de  la  farine, 

Pour  éviter  les  luttes,  on  peut,  la  veille  de  l'opération,  placer 
sur  le  plateau  de  chacune  des  ruches  dont  on  veut  réunir  les 
abeilles  un  morceau  de  naphtaline  qui  leur  communique  à  toutes 
son  odeur.  On  peut  encore  placer  sous  chaque  ruche  un  tampon 
de  coton  imbibé  d'élher  et  l'y  laisser  vingt  minutes.  La  réunion  se 
fait  ensuite  facilement. 

En  toutes  circonstances  les  réunions,  comme  le  nourrissemeut, 
doivent  s'opérer  le  soir,  pour  éviter  le  pillage  (v.  page  101). 

Lorsqu'on  reunira  deux  colonies,  il  y  aura  sûrement  une  des 
mères  sacrifiées  par  les  abeilles;  il  sera  bon,  si  l'on  connaît  les 
qualités  de  ces  deux  mères,  d'en  ôter  une  d'avance  :  on  ne  lais- 
sera que  la  meilleure. 

Une  bonne  précaution  pour  empêcher  les  combats  consiste  à 
retirer  la  mère  avant  la  réunion,  en  enlevant  le  cadre  qui  la  sup- 
porte et  en  la  recouvrant  d'une  sorte  de  couvercle,  ou  encore  en 
la  mettant  dans  une  cage  en  toile  métallique  (v.  page  105);  quand 
l'ordre  sera  rétabli,  on  la  remettra  dans  la  ruche. 

Lors  de  la  première  visite  des  ruches,  on  pourra  aussi  quelque- 
fois en  rencontrer  qui  ne  contiennent  que  du  couvain  de  mâles  et 
qui  ne  possèdent  pas  de  reine.  Ce  couvain  provient  d'ouvrières 
pondeuses;  leur  ponte,  nous  l'avons  déjà  dit  (v.  page  21),  est  re- 
connaissable  à  son  irrégularité.  Nous  savons  que  certaines  ou- 
vrières pondent  des  œufs  de  mâles;  quand  ce  fait  se  produit  dans 
une  ruche  normale,  la  reine  s'empresse  de  les  détruire;  mais  si 
la  ruche  est  orpheline,  les  autres  ouvrières  élèvent  ces  œufs  d'où 
ne  sortent  que  des  mâles  :  la  colonie  ne  peut  plus  rien  produire. 
Il  semble,  dans  ce  cas,  que  le  plus  simple  serait  de  détruire  cette 
colonie,  car  il  n'est  pas  possible  de  distinguer  les-ouvrières  pon- 
deuses pour  les  enlever. 

Ou    peut    pourtant  essayer  d'en  tirer  quelque    chose.  Quand 


96  CONDUITE   DU    RUCHER. 

donc  on  aura  reconnu  qu'une  ruche  est  ôourdonneuse  ou  désor- 
ganisée, c'est-à-dire  qu'elle  a  des  ouvrières  pondeuses,  on  pourra, 
au  milieu  du  jour,  l'enlever  de  sa  place  et  lui  substituer  une 
ruche  normale;  puis,  à  quelques  mètres  de  là,  on  videra  la  ruche 
bourdonneuse  en  brossant  lous  les  rayons  à  terre  avec  une  plume 
d'oie  ou  une  brosse  spéciale  {fig.  112),  toujours  de  haut  en  bas; 
les  abeilles  retourneront  à  leur  place  ordinaire,  et  il  arrivera  de 
deux  choses  l'uue,  ou  bien  elles  seront  acceptées  par  les  abeilles 
de  la  nouvelle  ruche  qu'elles  renforceront,  ou  bien  elles  seront 
tuées  si  elles  sont  reconnues  bourdonneuses,  car  s'il  nous  a  été 
impossible,  à  nous,  de  distinguer  ces  dernières  des  autres,  les 
abeilles  ne  s'y  tromperont  pas  :  elles  les  reconnaîtront  à  coup  sûr 
et  les  détruiront. 

On  peut  à  la  place  de  la  ruche  normale  déplacée  mettre  une 
ruche  vide  contenant  un  rayon  de  couvain,  des  nymphes,  des 
larves,  des  œufs  et  les  rayons  de  la  ruche  bourdonneuse.  S'il  y  a 
encore  des  mâles  dans  le  rucher,  cette  ruche  se  refera  une  mère; 
s'il  n'y  a  plus  de  mâles,  on  lui  en  donnera  une.  Nous  dirons  plus 
loin  comment  on  devra  l'introduire  dans  la  ruche  pour  la  faire 
accepter  par  les  abeilles  (v.  page  106). 

7.  Soins  à  donner  jusqu'à  la  récolte. 

Le  rucher  doit  être  tenu  très  proprement;  on  ne  doit  jamais  y 
laisser  traîner  de  débris  de  rayons  :  la  cire  attire  la  fausse  teigne 
(v.  page  112),  et  le  miel  excite  les  abeilles  au  pillage. 

Au  cours  de  la  visite  du  mois  de  mars,  pour  laquelle  on  profi- 
tera d'une  belle  journée,  on  fera  sécher  au  grand  air  les  couver- 
tures des  ruches  et  on  les  replacera  avec  soin.  En  môme  temps 
on  diminuera  les  entrées  pour  que  les  ruches  conservent  une 
température  suffisante  et  le  degré  d'humidité  nécessaire,  condi- 
tions indispensables  au  bon  élevage  du  couvain. 

C'est  au  printemps,  surtout  en  mai,  que  le  transport  et  la  visite 
complète  des  ruches  peuvent  avoir  lieu  avec  le  moins  d'inconvé- 
nients ;  certains  apiculteurs  recommandent  néanmoins  de  n'opé- 
rer le  transport  qu'en  hiver,  quand  il  ne  doit  pas  se  faire  à  plus 
de  2  kilomètres. 

Le  transport  des  ruches  demande  beaucoup  de  précautions.  Il 


CONDUITE    DU    RUCHER. 


91 


aura  lieu  pendant  la  nuit  par  un  temps  frais.  Les  ruches  seront 
enveloppées  avec  de  la  toile  d'emballage.  Les  cadres  doivent  être 
fixés.  Ils  ne  contiendront  pas  de  rayons  nouveaux,  lesquels  sont 


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il    1 


Fiç.  106.  —  Piège  à  bourdons  do  M.  l'abbé  Vialette. 


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Fig.  107.  —  Piège  à  bourdons. 

Coupe  de  l'entrée 

montrant  le  fonctionnement 

des  languettes  a. 


toujours  mous,  ni  de  miel  trop  frais,  qui  coulerait  en  route.  On 
veillera  à  ce  que  les  ruches  soient  forte- 
ment  aérées,   et  l'on  tiendra  les  entrées 
complètement  fermées. 

Les  auteurs  s'accordent  à  dire,  nous  le 
répétons,  que  le  milieu  de  la  journée  est 
le  moment  le  plus  favorable  aux  manipu- 
lations des  ruches.  A  cette  heure  les  vieilles 
abeilles  sont  sorties;  ce  sont,  dit-on,  les 
plus  méchantes. 

Il  faut,  à  l'occasion  de  cette  grande 
visite,  nettoyer  complètement  les  ruches  et, 
s'il  y  a  lieu,  enlever  les  rayons  à  cellules  de 
mâles,  à  moins  qu'on  ne  les  utilise  en  les  plaçant  aux  extrémités 
des  ruches  si  ce  sont  des  Layens,  ou  bien  dans  les  hausses  s'il  y 
en  a  dans  la  ruche  ;  car  les  abeilles  s'en  serviront  pour  y  déposer 
leur  miel.  On  ne  conservera,  toutefois,  que  quelques  centaines  de 
ces  cellules,  trois  cents,  par  exemple,  dans  le  corps  de  la 
ruche. 

Quand  les  mâles  sont  trop  nombreux,  on  emploie  fréquemment  des 
pièges  pour  les  détruire;  ces  pièges  ou  èourdo?inièreS[/iff.\Q6, 107, 
108)  sont  des  sortes  de  cages  dont  une  ou  plusieurs  parois  sont  for- 
mées de  tôle  perforée;  le  diamètre  des  trous  est  réglé  de  manière 
à  laisser  passer  les  ouvrières  et  au  besoin  les  mères,  et  à  retenir 
les  mâles  prisonniers.  Un  moyen  des  plus  simples  consiste  à  dis- 


APICULTURK 


CONDUITE    DU    RUCHER. 


poser  devant  l'entrée  un  fil  de  fer  mobile,  comme  le  montre  la 
figure  109. 

Tout  rayon  défectueux  doit  être  enlevé  de  la  ruche;  on  le  rem- 
place en  resserrant  ceux  qui  l'avoisinent  et  en  ajoutant  à  l'extré- 
mité un  rayon  vide.  On  aura  toujours  prés  de  soi  une  boite  à 
cadres  {fig.  110),  dans  laquelle  les  rayons  sortis  des  ruches  pour 
une  cause  quelconque  seront  soigneusemont  enfermés  pour  les 


Fig.  108.  —  Piège  Lefèvre  à  l'entrée  d'une  ruen. 


Fig.  109.  —  Grille  à  mâles. 

Le  fll  de  fer  a  qui  pivote  en  b  permet  la  sortie  des  mâles,  mais  s'oppose  a  leur  rentrée  ; 
les  ouvrières  seules  peuveDt  passer  dessous. 

soustraire  au  pillage.  Au  fond  de  cette  boîte  se  trouve  une  cuvette 
en  fer-blanc  pour  recueillir  le  miel  qui  pourrait  couler  des  rayons. 

A  mesure  que  la  récolte  augmente  en  miel,  on  ajoute  des  cadres 
vides  entre  le  dernier  et  l'avant-dernier.  Pour  entraîner  les  abeille9 
à  construire,  ces  cadres  seront  amorcés  (v.  page  35). 

En  plaçant  ainsi  les  rayons  qu'on  ajoute,  le  couvain  reste  com- 
pact et  résiste  mieux  aux  nuits  froides  du  printemps. 

C'est  généralement  à  la  fin  de  mai  que  les  colonies  atteignent 
leur  plus  grand  développement.  C'est  alors,  par  conséquent,  qu'il 
faut  leur  donner  le  plus  de  rayons  à  remplir,  et,  si  on  le  juge  utile, 
ajouter  des  sections  garnies  de  cire  gaufrée. 


CONDUITE    DU    BUCHER. 


m 


M.  de  Layens  conseille  de  mettre  d'un  seul  coup  dans  la  ruche, 
au  moment  de  la  grande  visite,  le  nombre  de  cadres  vides  qu'elle 
peut  contenir.  Cette  pratique  doit  avoir  au  moins  deux  avantages  : 
d'abord  celui  de  demander  moins  de  travail;  ensuite  et  surtout 
celui  de  n'ouvrir  la  ruche  qu'une  fois,  et  l'on  sait  que  les  abeilles 
doivent  être  dérangées  le  moins 
possible. 

Cela  s'applique,  bien  en- 
tendu, aux  ruches  horizon- 
tales. Si  l'on  fait  usage  de 
hausses,  ce  sera  le  moment 
de  les  placer;  elles  seront  gar- 
nies de  rayons  vides  dont  un 
au  moins  descendra  jusqu'à 
ceux  du  bas;  il  servira  d'é- 
chelle aux  abeilles  pour  monter 
du  corps  de  la  ruche  à  cette 
hausse,  qui  sera  soigneuse- 
ment préservée  de  tout  refroi- 
dissement. Les  cadres  mêmes 
qu'on  introduit  dans  une  ruche 
ne  doivent  pas  être  froids  ;  on 
les  chauffe  préalablement  au 
soleil.  Si  la  récolte  permet  d'a- 
jouter une  deuxième  hausse, 
on  la  placera  entre  la  première 
et  le  corps  de  la  ruche.  De  même  une  troisième  serait  mise  entre 
la  deuxième  et  le  corps  de  la  ruche,  et  ainsi  de  suite. 

Lorsque  le  moment  de  la  récolte  approche  pour  l'apiculteur, 
généralement  en  juin  ou  juillet,  suivant  les  localités,  on  voit  le  soir, 
au  moment  des  grandes  miellées,  les  abeilles  arriver  lourdement; 
elles  tombent  parfois  à  terre  avant  d'avoir  atteint  le  plateau,  s'en- 
tassent et  se  pressent  à  l'entrée  de3  ruches,  et  l'on  entend  à  l'in- 
térieur un  fort  bourdonnement.  Quand  le  miel  abonde,  les  abeilles 
cessent  de  récolter  de  l'eau  ;  elles  sont  généralement  alors 
plus  maniables  ;  on  fera  bien  d'en  profiter  pour  faire  la  récolte, 
d'autant  mieux  que  le  pillage  est  moins  à  craindre  qu'au  moment 
où  les  fleurs  n'ont  plus  de  nectar 


■ 


f 


Fig.  110.  —  Boite  à  cadres. 


10 


CONDUITE    DU    RUCHER. 


Nous  reproduisons  [flg.  111)  un  diagramme  que  nous  avons 
trouvé  dans  le  journal  V Enseignement  manuel  et  expérimental, 
publié  sous  la  direction  de  M.  René  Leblanc.  Il  représente  les 
changements  de  poids  qu'a  subis  une  ruche  de  Layens  du  1er  au 
20  juin  1890,  au  rucher  expérimental  de  V École  normale  de 
Troyes.  Nous  empruntons  les  lignes  suivantes  à  l'auteur  de  la 


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Fig.  ni.  —  Graphique  de  la  Production  du  miel  dans  une  ruche  de  Layens 
du  1"  au  20  juin  1890. 

Ligne  ponctuée  :  Pesées  journalières  du  matin  et  du  soir. 

Ligne  pleine  :  Production  nette.  Elle  est  de  12  kilogrammes  en  deux  jours  :  le  3  juin,  5  kil.  1/2 

et  le  4,  6  kil.  1/1. 


notice  qui  accompagne  ce  diagramme,  l'un  des  professeurs  dépar- 
tementaux les  plus  expérimentés,  M.  Marcel  Dupont  : 

«  On  voit,  ù  l'inspection  de  ce  graphique,  que  la  récolte  a  été 
abondante  surtout  pendant  les  journées  des  3  et  4  juin.  Pendant 
!a  première,  les  abeilles  ont  rentré  7  kilogr.  500  de  nectaT;  la 
perte  par  évaporation  pendant  la  nuit  a  été  de  2  kilogr.;  le  produit 
net  a  donc  été  de  5  kilogr.  500,  si  nous  supposons  que  pendant  la 
nuit  le  miel  a  été  amené  au  degré  de  concentration  qui  assure  sa 
conservation.  La  journée  du  4  juin  a  produit  une  augmenlation 
brute  de  7  kilogr.,  et  la  perte  de  la  nuit  n'a  été  que  de  500  gr. 


CONDUITE    DU    RUCHER.  101 

Ces  chiffres  montrent  suffisamment  que  les  populations  nom- 
breuses, entièrement  adonnées  à  la  récolte,  peuvent  faire  dans 
certains  cas  de  véritables  prodiges.  11  est  certain  que  si  l'abon- 
dante miellée  des  3  et  4  juin  avait  duré  quelques  jours  de  plus  il 
aurait  été  possible  de  tirer  de  celle  ruche  une  moisson  abondante. 
Mais,  ajoute  l'auteur,  le  mauvais  temps  survenu  pendant  la  florai- 
son du  sainfoin  a  arrêté  complètement  la  récolte,  ce  que  montre 
nettement  le  diagramme.  » 

8.  Pillage. 

On  sait  qu'il  n'est  pas  rare  de  voir  des  abeilles  chercher  à  s'in- 
troduire dans  des  ruches  voisines  qui  ne  sont  pas  suffisamment 
gardées.  Réussissent-elles  à  y  pénétrer,  elles  segorgent  de  miel, 
et  elles  ne  s'en  vont  que  pour  revenir,  accompagnées  de  beau- 
coup d'autres.  Un  combat  s'engage  alors  contre  les  abeilles  de  la 
ruche  envahie,  et  celle-ci  est  bientôt  vidée,  si  ses  habitants  n'ont 
pas  la  force  de  résister.  Aussi  doit-on,  dès  que  la  grande  miellée  est 
passée,  rétrécir  les  entrées  des  ruches  pour  éviter  ces  attaques.' 

Le  pillage  excite  beaucoup  les  abeilles.  Pillardes  et  pillées 
deviennent  vite  furieuses  ;  c'est  surtout  dans  ces  moments  qu'elles 
attaquent  et  poursuivent  parfois,  mais  bien  rarement,  les  per- 
sonnes et  les  animaux  qui  passent  près  d'elles.  Faute  à  l'apiculteur 
d'avoir  pris  les  précautions  nécessaires,  il  est  responsable  du 
préjudice  qui  peut  en  résulter  pour  autrui,  suivant  la  loi. 
'  Dès  qu'on  voit  des  batailles  s'engager,  il  faut  se  hâter  de  rétré- 
cir l'entrée  des  ruches  pour  en  faciliter  la  défense  aux  habitants 
légitimes  ;  il  est  utile,  en  même  temps,  d'activer  la  ventilation.  - 

Il  n'est  pas  toujours  facile  d'empêcher  le  pillage  d'une  ruche. 
Quelquefois  il  suffit,  pour  chasser  les  pillardes,  de  placer  près  de 
l'entrée,  sur  la  planche  de  vol,  un  chiffon  imbibé,d'acide  phénique. 
Parfois  aussi  on  réussit  en  arrosant  la  ruche  avec  de  l'eau  sous 
forme  de  pluie  fine.  Enfin,  un  moyen  souvent  très  efficace  consiste 
à  envelopper  la  ruche  pillée  dans  une  toile  un  peu  claire  lais- 
sant circuler  l'air,  ou  à  fermer  l'entrée  avec  porte  grillée  et  à  la 
faire  séjourner  dans  une  cave  pendant  vingt-quatre  heures,  après 
quoi  on  la  remet  en  place  le  soir,  en  ayant  soin  de  rétrécir  l'en- 
trée de  façon  qu'elle  ne  puisse  livrer  passage  qu'à  une  seule 


TV-'  " 


102  CONDUITE    DU    RUCHER. 

abeille  à  la  fois.  On  peut  encore  arrêter  le  pillage  en  aspergeant 
la  ruche  extérieurement  (moins  l'entrée)  avec  du  pétrole,  ou  en 
plaçant  sur  le  plateau  l'enfuinoir  mécanique  en  fonction. 

9.  Récolte. 

Le  miel  ne  doit  être  récollé  que  quand  il  est  operculé  :  avant  ce 
moment  il  contient  encore  de  l'eau  et  entre  très  facilement  en  fer- 
mentation ;  si  pourtant  l'on  attend  trop,  il  prend  un  goût  de  cire. 
Cependant,  quand  la  récolte  est  très  abondante,  on  peut  enlever 

certains  rayons  non  encore 
complètement  cachetés,  si 
l'on  craint  que  la  place  ne 
vienne    à     manquer    aux 

Fig.  112.  —  Brosse  à  abeilles.  abeilles. 

Pour  récolter  le  miel  on 
commence,  après  s'être  muni  d'un  voile,  par  enfumer  la  ruche  ; 
on  retire  ensuite  chaque  cadre,  et  au  moyen  d'une  plume 
d'oie  ou  de  la  brosse  à  abeilles  [fig.  112),  on  fait  retomber  dans 
l'intérieur  les  abeilles  posées  sur  les  deux  faces  du  rayon. 
On  enlève  les  rayons  pleins  et  on  les  remplace  par  des  rayons 
vides.  On  réunit  les  rayons  de  miel  dans  la  boîte  à  cadres, 
qui  doit  fermer  exactement  afin  que  les  abeilles  ne  s'y  intro- 
duisent pas,  et  on  les  transporte  à  la  maison  dans  une  pièce 
dont  l'accès  leur  soit  rigoureusement  impossible.  Les  rayons 
seront  passés  à  Yextracteur,  si  l'on  en  possède  un  (v.  page  123), 
et  on  les  introduira  de  nouveau  dans  les  ruches,  mais  le  soir  seu- 
lement si  l'on  veut  éviter  le  pillage;  les  abeilles  se  chargeront  de 
les  nettoyer,  de  les  réparer  et  de  les  remplir.  Si  la  miellée  est 
passée,  on  les  leur  retirera  une  fois  nettoyés  pour  les  conserver 
dans  un  endroit  bien  sec  ;  ils  resserviront  l'année  suivante,  à  moins 
qu'on  ne  préfère  en  extraire  la  cire. 

Ce  que  nous  venons  de  dire  de  la  récolle  s'applique  aux  ruches 
horizontales,  car  si  l'on  a  des  hausses  il  est  facile  de  comprendre 
que  le  plus  simple  est  d'enlever  la  hausse  et  de  la  remplacer  par 
une  vide.  11  faut  au  préalable,  bien  entendu,  enfumer  la  hausse 
pour  obliger  les  abeilles  à  la  quitter  et  à  se  réfugier  dans  le  bas 
de  la  ruche  ;  mais,  comme  il  en  reste  toujours  un  certain  nombre 


Fig   113.  —  Chasse-abeilles. 


CONDUITE    DU    RUCHER. 

sur  les  rayons,  on  ouvrira  de  temps  en  temps  la  fenêtre  de  3a 
chambre  où  le  transport  s'est  effectué,  afin  qu'elles  puissent 
s'échapper  et  rejoindre  leur  ruche.  On  peut  encore  munir  les 
caisses  contenant  les  rayons  récoltés  du  chasse-abeilles  [fig'. 113) , 
grâce  auquel  celles-ci  une  fois  sorties  ne  peuvent  plus  rentrer. 

M.  l'abbé  Baichère  remplace  cet  appareil  par  une  simple  ou- 
verture   de    1   centimètre   de 
diamètre,   appelée  vespocule, 
qu'on  ferme  quand  les  abeilles 
sont  sorties. 

Au  moment  de  la  récolte,  il 
est  très  important  de  laisser 
dans  la  ruche  des  provisions  suflisantes.  On  a  même  bénéfice  à  ne 
pas  enlever  tout  le  miel,  et  il  est  souvent  nécessaire  de  nourrir  pen- 
dant les  grandes  sécheresses,  alors  que  la  miellée  manque^ou  est 
tout  à  fait  insuffisante.  Ce  nourrissement  a  surtout  pour  but  de 
maintenir  une  ponte  et  un  élevage  abondants,  afin  que  les  colonies 
soient  assez  fortes,  en  automne,  pour  assurer  un  bon  hivernage. 

10.  En  août,  septembre  et  octobre. 

A  la  fin  d'août,  on  visitera  les  ruches  de  nouveau,  on  enlèvera 
quelques  cadres  de  miel  à  celles  qui  auraient  trop  de  provisions 
et  on  les  donnera  à  celles  qui  n'en  auraient  pas  assez.  Si  l'on 
manquait  de  rayons,  il  faudrait  nourrir  au  sirop  de  sucre. 

En  septembre,  les  provisions  devront  être  complétées,  s'il  est 
nécessaire;  c'est  le  nourrissement  d'automne. 

Pour  ce  nourrissement,  la  formule  suivante  a  été  recommandée  : 
Sucre,  7  kilogrammes;  eau,  4  litres;  une  poignée  de  sel  et  deux 
ou  trois  cuillerées  de  vinaigre  bouilli.  Ce  mélange  se  conserve  très 
bien,  dit-on.  Si  l'on  craint  la  loque  (v.  page  108),  on  peut  y  ajou- 
ter de  l'acide  salicylique  (4  grammes  environ).  Un  mode  de  nour- 
rissement recommandable  est  celui  qui  consiste  à  avoir  une 
réserve  de  cadres  pleins  de  miel  operculé  qu'on  introduit  dans 
les  ruches  dont  les  provisions  sont  insuffisantes.       T" 

Pour  l'estimation  des  provisions  que  possède  une  ruche,  on  peut 
admettre  que  1  kilogramme  de  miel  occupe  dans  les  rayons  à  peu 
près  3  décimètres  carrés  (en  comptant  les  deux  faces),  ou  environ 


CONDUH  E  DU    RUCHER. 


2  500  cellules  un  cadre  plein  pèse  environ  4  kilogramme»;  voir 
page  56),  et  pour  une  ruche  d'une  dizaine  de  cadres  les  provis'ons 
pour  passer  l'hiver  doivent  s'élever  de  15  à  18  kilogrammes. 

Il  faut  proliter  de  cette  visite  (août-sepfembre)  pour  enlever 
encore  les  rayons  défectueux  et  ceux  qui  seraient  dépourvus  de 
couvain;  on  n'en  laissera  qu'un  nombre  proportionné  à  la  quan- 
tité d'abeilles  qui  doivent  les  couvrir,  pour  éviter  toute  déperdi- 
tion de  chaleur. 

A  ce  moment,  on  devra  s'assurer  aussi  de  la  présence  du  cou- 
vain dans  les  ruches,  et  si,  par  son  absence,  on  constate  qu'une 
ruche  est  orpheline,  faire  la  réunion  à  une  ruche  qui  gagnerait  à 
être  renforcée. 

A  cette  époque,  il  y  a  grand  avantage  à  réunir  les  colonies  fai- 
bles :  une  forte  ruche  hiverne  toujours  mieux.  Nous  avons  vu 
comment  se  font  les  réunions  (page  89). 

C'est  à  celte  époque  aussi  que  l'on  pourra  transporteries  ruches 
à  la  hruyère,  dans  les  contrées  où  il  en  existe. 

11.  Remplacement  des  mères. 

C'est  encore  au  moment  de  cette  visite  que  l'on  devra  examiner 
les  mères,  afin  de  remplacer  celles  qui  seraient  défectueuses  ou 
épuisées  par  la  vieillesse,  celles  surtout  dont  la  ponte  aurait  laissé 
à  désirer.  Toutefois  il  ne  faut  pas  intervenir  sans  motif  sérieux, 
car  des  observations  récentes  ont  montré  que  dans  une  ruche  suf- 
fisamment spacieuse,  ce  remplacement  se  fait  naturellement  et, 
suivant  l'avis  de  maîtres  autorisés,  les  apiculteurs  tendent  aujour- 
d'hui à  abandonner  aux  abeilles  elles-mêmes  le  soin  de  ce  renou- 
vellement. 

Le  changement  de  mère  est  une  opération  délicate,  au  cours 
de  laquelle  il  peut  arriver  que  la  nouvelle  venue  soit  tuée  par  les 
abeilles,  et  si  c'est  une  bonne  pondeuse,  la  perte  est  grande.  II 
doit  se  faire  immédiatement  après  l'enlèvement  de  la  mère  défec- 
tueuse. Voici  comment  l'on  procède,  afin  d'empêcher  les  ouvrières 
de  construire  des  alvéoles  maternels,  ce  qui  serait  une  cause 
d'insuccès  et  ferait  perdre  du  temps  : 

Après  avoir  enfumé  la  ruche,  on  soulève  les  cadres  l'un  après 
l'autre  et  l'on  examine  leurs  deux  faces  pour  trouver  la  reine  à 


CONDUITE    DU     II  U  CHER. 


105 


enlever.  Elle  se  tient  généralement  sur  l'un  de  ceux  du  milieu. 
Dès  qu'on  l'a  trouvée,  on  l'enferme  dans  une  cage  en  toile  métal- 
lique (/^.  114),  que  Ton  place  entre  deux  rayons  contenant  du 
miel  et  du  couvain.  Cette  cage  est  ordinairement  formée  d'un  simple 
tube  en  toile  métallique  fermé  à  chaque  bout  par  un  bouchon. 

Au  bout  de  vingt-quatre  heures,  on  substitue  la  nouvelle  mère  à 
l'ancienne  dans  la  même  cage,  que  l'on  graisse  de  c? 

miel  pour  que  celte  mère  puisse  se  nourrir. 

La  cage  sera  ensuite  remise  à  la  môme  place, 
où  on  la  laissera  quarante-huit  heures  ;  mais 
auparavant  on  aura  eu  soin  de  rechercher  et  d'en- 
lever tous  les  alvéoles  de  mères.  Quand  on  ouvrira 
de  nouveau  la  ruche,  on  enlèvera  un  des  bou- 
chons de  la  cage  et  on  le  remplacera  par  un  autre 
formé  de  cire  et  de  miel  pétris  ensemble. 

Les  abeilles  ne  tarderont  pas  à  venir  sucer  ce 
bouchon,  et  en  le  rongeant  elles  délivreront  la 
mère,  qui  se  trouvera  de  suite  sur  le  couvain. 

Si,  au  moment  de  faire  cette  substitution  de 
bouchon,  on  voyait  les  abeilles  s'acharner  après  la 
cage,  c'est  que  très  probablement  il  resterait  des 
alvéoles  de  mères  dans  la  ruche;  il  faudrait  les 
rechercher  pour  les  détruire,  et  attendre  de  nouveau  quarante- 
huit  heures  avant  de  libérer  la  mère.  On  peut  aussi,  comme  le 
conseille  M.  Weber,  placer  la  nouvelle  mère  pendant  quelques 
heures  au-dessus  du  trou  nourrisseur  (après  l'avoir  mise  en  cage, 
bien  entendu);  on  introduit  ensuite  la  cage  à  la  place  de  celle  qui 
contient  la  vieille  mère,  et  comme  elle  a  ainsi  déjà  pris  l'odeur  de 
la  ruche,  elle  est  moins  exposée  à  être  tuée  :  il  paraît  certain  que 
l'odorat  joue  un  grand  rôle  chez  les  abeilles,  et  que  c'est  à  l'odeur 
seulement  que  celles  d'une  même  ruche  se  reconnaissent  entre 
elles. 

Si  la  colonie  ne  contenait  pas  de  couvain,  au  moment  d'opérer 
un  changement  de  mère,  il  faudrait  lui  en  donner  qui  soit  oper- 
culé. Les  jeunes  abeilles  qui  en  sortiront  seront  toujours,  mieux 
que  les  vieilles,  disposées  à  accepter  la  nouvelle  mère. 

Nous  indiquerons  encore  un  moyen  d'opérer  une  mutation  de 
femelle.  Il  consiste  à  superposer  à  une  ruche  une  hausse  dans 


Fig.  114. 

Cage  à  reine 

en  toile  métallique. 

'..  Ouverture    fermée 

de  la  cage. 


106  CONDUITE    DU    RUCHER. 

laquelle  on  a  introduit  des  rayons  à  couvain.  On  sépare  la  hausse 
et  la  ruche  par  une  tôle  perforée  qu'on  enlève  dès  qu'une  jeune 
mère  est  née  dans  la  partie  du  haut.  Cette  nouvelle  éclose,  plus 
vigoureuse  que  la  vieille  reine,  se  chargera  de  la  détruire. 

Quand  une  ruche  contient  des  alvéoles  de  mères  operculés,  on 
peut  essayer  d'y  introduire  une  nouvelle  mère  en  la  plaçant  dans 
la  ruche  après  l'avoir  roulée  dans  du  miel  (l'ancienne  ayant  été 
préalablement  enlevée).  Elle  aura  chance  d'être  acceptée,  et  dans 
ce  cas  les  jeunes  mères  seront  tuées  à  leur  éclosion.  On  peut 
encore  arroser  la  ruche  avec  du  sirop  aromatisé,  y  prendre  un  ou 
deux  cadres  dont  on  brosse  les  abeilles  devant  l'entrée  en  leur 
ajoutant  une  mère  élevée  eu  ruchete,  et  après  les  avoir  arrosées  du 
même  sirop.  Elles  rentrent  avec  cette  mère  qui  est  acceptée. 

Dans  toutes  ces  opérations,  il  faut  saisir  les  mères  avec  beau- 
coup de  précautions.  Le  mieux  est  de  les  prendre  délicatement  par 
les  ailes,  sans  crainte  de  l'aiguillon,  puisqu'elles  ne  piquent  pas. 

On  les  introduit  dans  la  cage,  que  l'on  a  frottée  de  miel  pour 
qu'elles  puissent  se  nourrir. 

Si  une  mère  devait  être  gardée  quelques  jours  avant  son  intro- 
duction dans  une  ruche,  il  faudrait  la  renfermer  avec  quelques 
ouvrières  dans  une  cage  enduite  de  miel,  et  la  placer  dans  une 
chambre  bien  chaude.  Il  est  bon  de  rappeler  ici  que  dans  la 
nature  le  renouvellement  doit  se  faire  tous  les  ans.  Ce  qui  fait 
qu'aujourd'hui,  dans  bien  des  cas,  les  apiculteurs  abandonnent  à 
la  nature  même  ce  renouvellement. 

12.  Hivernage. 

Avant  l'hiver,  on  peut  enlever  toutes  les  hausses  et  réduire  les 
ruches  Layens  à  une  dizaine  de  cadres.  On  profitera  du  moment 
pour  enlever  encore  une  fois  les  rayons  défectueux  et  ceux  à 
alvéoles  de  mêles. 

Les  cadres  seront  recouverts  de  couvertures  ou  de  coussins,  pour 
bien  conserver  la  chaleur.  La  balle  d'avoine  est  pour  cela  d'un 
bon  usage:  elle  conserve  bien  la  chaleur  sans  arrêter  l'humidité, 
comme  le  ferait  une  toile  peinte  ou  une  toile  cirée;  en  hiver,  l'eau 
condensée  aurait  de  grands  inconvénients  pour  les  abeilles. 

Entre  les  cadres  et  la  couverture,  ou  le  coussin,  on  laissera  un 


CONDUITE    DU    RUCHER.  107 


espace  suffisant  pour  que  les  abeilles  puissent  passer,  si  elles 
éprouvent  le  besoin  de  changer  de  rayon.  On  peut  encore  arriver 
au  même  résultat  en  pratiquant  des  trous  dans  le  haut  de  ces 
rayons. 

Pendant  l'hivernage,  la  ruche  doit  être  bien  aérée.  Il  faut,  dans 
ce  but,  la  soulever  légèrement  sur  des  cales,  lesquelles  devront 
être  assez  basses,  toutefois,  pour  qu'aucun  animal  nuisible,  mulot, 
souris,  etc.,  ne  puisse  passer. 

L'entrée  de  la  ruche  n'aura  pas  plus  de  0m,008  de  haut,  pour  la 
même  raison;  mais  la  longueur  pourra  atteindre  0m,20,  afin  d'as- 
surer une  bonne  aération.  En  Italie  on  garnit  l'entrée  des  ruches 
de  pointes  en  ter  ou  de  clous  pour  empêcher  le  passage  des  souris. 

Pendant  l'hiver,  le  plateau  des  ruches  peut  être  incliné  pour 
faciliter  l'écoulement  de  l'eau  condensée;  mais  il  ne  faut  pas 
négligerait  printemps  de  rétablir  le  niveau,  pour  que  les  con- 
structions des  abeilles  soient  bien  verticales. 

Pour  préserver  les  ruches  de  l'humidité  et  même  du  froid, 
les  parois  pourront  être  avantageusement  garnies  de  paillas- 
sons.  Un  apiculteur  hongrois,  M.  Zaretzki,  a  proposé  de  les 
garnir  d'une  couche  de  dix  à  vingt  feuilles  de  papier.  Ce  moyen 
nous  paraît  digne  d'attention,  malgré  son  étrangeté.  La  mousse 
peut  aussi  être  employée  pour  garnir  les  ruches  à  l'intérieur, 
ainsi  que  les  coussins  qui  recouvrent  les  cadres.  Elle  paraît 
éloigner  les  rongeurs,  tandis  que  la  paille  les  attire. 

Afin  de  conserver  les  rayons  vides  durant  l'hiver,  on  les  enve- 
loppe parfois  de  journaux.  C'est  simple  et  pratique;  mais  il  ne 
faut  pas  les  oublier  entièrement  sous  cette  enveloppe,  car  les 
chenilles  de  fausse  teigne  rongent  le  papier  à  l'occasion.  Il  est  bon 
de  réunir  les  rayons  vides  dans  un  local  sec  et  bien  clos  où  on 
peut  les  soumettre  à  la  vapeur  de  soufre,  c'est-à-dire  à  l'action  de 
l'acide  sulfureux  qui  se  dégage  pendant  la  combustion  du  soufre. 

*•«?&*  » 


108  MALADIES    DES    ABEILLES. 

CHAPITRE    X 
MALADIES    DES    ABEILLES 

• 

«  La  plupart  des  maladies  des  abeilles,  dit  Hamet,  viennent  de 
l'incurie  de  l'apiculteur.  »  La  vérité  est  que  dans  un  rucher  bien 
soigné  elles  sont  rares. 

La  plus  fréquente  est  la  dysenterie,  qui  se  manifeste  le  plus 
souvent  à  la  suite  de  l'hivernage;  elle  a  sans  doute  pour  cause 
l'alimentation  forcée  de  l'abeille  qui,  pendant  les  froids,  doit  pro- 
duire une  grande  quantité  de  chaleur; Je  manque  d'air  doit  être 
aussi  une  cause  prédisposante,  surtout  par  des  temps  humides.  On 
s'en  aperçoit  aux  déjections  que  les  abeilles  répandent  au  dehors 
à  leurs  premières  sorties,  et  même  dans  la  ruche.  Comme  remède, 
on  ne  peut  guère  faire  autre  chose  que  de  donner  de  bon  miel 
tiède  aux  abeilles,  mais  il  est  indispensable  de  nettoyer  complè- 
tement la  ruche  et  de  l'aérer  largement.  Le  lavage  à  l'acide  sali- 
cylique  peut  se  préparer  ainsi  :  Solution  d'acide  salicylique, 
30  grammes;  borax,  30  grammes;  eau,  2  litres. 

Dans  la  crainte  d'une  contagion,  nous  ne  conseillerons  pas, 
comme  le  font  certains  auteurs,  de  réunir  à  d'autres  les  abeilles 
dysentériques. 

La  constipation,  maladie  opposée  pour  ainsi  dire  à  la  dysenterie, 
s'observe  ordinairement  à  la  suite  d'un  abaissement  rapide  de 
température.  Nous  ne  sommes  pas  d'avis  non  plus  de  réunira 
d'autres  les  abeilles  constipées,  et  la  simple  observation  semble 
bien  nous  donner  raison.  En  effet,  dans  tous  les  ruchers,  on  ren- 
contre des  individus  isolément  atteints  de  dysenterie  ou  de  consti- 
pation ;  il  en  meurt  fréquemment,  et  Ton  voit  alors  les  abeilles 
se  hâter  de  les  sortir  et  de  les  rejeter  au  loin.  Ne  craignont-elles 
pas,  avec  leur  instinct  inné,  celte  contagion,  que  l'on  favoriserait 
sûrement  en  introduisant  des  insectes  malades  dans  les  colonies 
saines? 

Une  autre  maladie,  la  plus  redoutable  peut-être,  c'est  la  loque 
ou  pourriture  du  couvain  [fig.  115).  Elle  paraît  présenter  une 


MALADIES    DES    ABEILLES 


Fig.  in.  —  Rayon  loqueux. 


certaine  analogie  avec  la  fiacherie,  qui  décime  souvent  les  vers  à 
soie  dans  les  magnaneries,  et  s'observe  d'ailleurs  aussi  sur  un 
grand  nombre  de  larves  et  de  chenilles.  Elle  est  occasionnée  par 
un  microbe,  la  bactérie  de  la  loque  [bacillus  alvei),  formée  de  bâ- 
tonnets ayant  quelques  millièmes  de  millimètres  de  long  f/^.  116). 
Susceptibles  de  se  segmenter,  très  mo- 
biles quand  ils  sont  jeunes,  ils  devien- 
nent immobiles,  et  à  leur  intérieur  se 
forment  des  spores  capables  de  résister 
sans  mourir  aux  changements  de  tempé- 
-rature,  à  la  dessiccation  ou  à  la  priva- 
tion d'air,  et  pouvant,  par  leur  dissé- 
mination, porter  la  maladie  partout. 

La  loque  est  contagieuse  :  elle  atteint 
d'abord  le  couvain,  puis  les  abeilles,  et  se  communique  ensuite 

aux  ruches  voisines.  Cette  maladie 
débute  ordinairement  par  une 
ruche  où  le  couvain,  pour  une 
cause  quelconque,  soit  faiblesse 
de  la  colonie,  soit  disproportion 
entre  la  ponte  et  la  population,  a 
été  abandonné.  Il  meurt  et  ne 
tarde  pas  à  pourrir  en  répandant 
une  odeur  de  viande  gâtée.  Ce  n'est 
certainement  pas  cette  décompo- 
sition du  couvain  qui  engendre  la 
maladie;  mais  si  le  bacille  a  été 
introduit  dans  le  rucher,  il  trou- 
vera là  un  milieu  des  plusfa  vorables 
et  s'y  développera  de  préférence. 
Cette  maladie  nécessite  une  désinfection  complète  "des  ruches 
atteintes,  qu'on  devra  de  suite  éloigner  du  rucher.  Après  avoir 
transporté  les  abeilles  de  cette  ruche  dans  une  autre,  on  y  brûlera 
du  soufre  et  on  en  lavera  toutes  les- parties  avec  une  solution 
d'acide  sulfurique  au  dixième;  les  abeilles  malades  recevront  un 
mélange  de  miel  avec  un  peu  de  fleur  de  soufre. 

On  peut  aussi  arroser  les  rayons,  la  ruche  et  les  abeilles  avec 
un    liquide    composé   de    50    grammes    d'acide   salicylique  et 


Fig.  liu.  —  Bacille  de  la  loque. 

a.  Bâtonnets  simples. 

b.  Bâtonnets  plus  âgés  contenant  des  spo 


110  MALADIES    DES    ABEILLES. 

400  grammes  d'alcool,  qu'on  verse  dans  de  l'eau  distillée  à  raison 
d'une  goutte  par  gramme  d'eau.  Ce  traitement,  indiqué  par 
M.  Uilbert.  apiculteur  polonais,  doit  être  renouvelé  plusieurs 
fois;  le  même  auteur  a  préconisé  aussi  les  fumigations  d'acide 
salicylique,  mais  ce  procédé  nécessite  un  instrument  spécial,  le 
fumigateur.  On  peut  employer  aussi  l'acide  phénique,  le  naphtol, 
le  thymol,  la  créoline,  le  camphre,  la  naphtaline,  l'essence  d'eu- 
calyptus et  surtout  l'acide  formique.  En  1893,  un  cas  de  loque  se 
déclara  au  rucher  du  Luxembourg  ;  la  ruche  atteinte  avait  reçu 
un  essaim  d'abeilles  italiennes.  Elle  fut  de  suite  traitée  par  la 
naphtaline,  dont  on  plaça  simplement  des  boules  sur  le  plateau 
de  la  ruche  après  nettoyage  complet  et  enlèvement  des  parties 
attaquées.  Peu  de  temps  après,  toute  trace  de  mal  avait  disparu. 
Mais  souvent  la  maladie  (qui  présente  d'ailleurs  deux  périodes 
assez  distinctes,  dont  la  seconde  est  toujours  très  grave)  résiste  à 
tous  les  traitements,  ce  qui  justifie  le  conseil  radical  de  la  des- 
truction pure  et  simple,  par  le  feu,  des  ruches  atteintes. 

La  loque  semble  avoir  pour  causes  le  refroidissement  de  la 
température  et  l'insuffisance  de  la  nourriture.  Quand  elle  a  existé 
dans  une  localité,  il  est  prudent  de  n'y  plus  établir  de  ruchers, 
car  on  la  voit  fréquemment  reparaître,  même  après  une  longue 
période  de  temps. 

Chose  curieuse,  les  abeilles,  qui  d'ordinaire  expulsent  de  la 
ruche  le  couvain  mort  d'accident  ou  défectueux,  ne  touchent 
jamais  au  couvain  loqueux;  mais  on  reconnaît  vite  qu'une _ruche 
est  loqueuse  aux  larves  mortes  et  décomposées  dans  les  alvéoles, 
et  si  la  maladie  a  gagné  le  couvain  operculé,  l'opercule  est  affaisso 
et  crevé. 

Le  couvain  se  dessèche  quelquefois;  cette  maladie  ne  paraît  pas 
bien  connue  ;  en  tout  cas  les  abeilles  se  chargent  elles-mêmes 
d'enlever  les  nymphes  desséchées.. 

Les  abeilles  semblent  parfois  atteintes  de  vertige;  on  les  voit 
courir  et  tourner  sur  elles-mêmes.  Cette  maladie  a  été  attribuée 
au  miel  de  certaines  plantes,  du  chanvre,  par  exemple,  car  il 
paraît  bien  établi  que  quelques-unes  fournissent  un  miel  ayant 
des  propriétés  narcotiques  1res  accenluées. 

Ha  met  a  décrit  sous  le  nom  de  narcotisme  une  maladie  daDS 


MALADIES    DES    ABEILLES.  111 

laquelle   les   abeilles    tombent   engourdies  et   meurent  ;    cette 
maladie  aurait  une  cause  analogue  et  serait  accidentelle. 

A  citer  enfin  le  mal  de  mai,  affection  mal  définie,  qu'on  traite 
par  l'acide  salicylique.  Les  abeilles  atteintes  de  ce  mal  ont  l'abdo- 
men gonflé  et  meurent  après  s'être  traînées  quelques  heures. 

Xous  ne  ferons  que  mentionner  la  moisissure  des  rayons,  qui, 
si  elle  n'est  pas  une  maladie  des  abeilles,  peut  incontestablement 
faciliter  le  développement  des  affections  auxquelles  elles  sont 
sujettes.  Elle  est  due  surtout  à  l'excès  d'humidité  et  au  manque 
d'air.  Le  remède  est  donc  bien  simple  :  enlever  les  parties  de 
rayons  moisies  et  aérer  fortement. 

Les  abeilles,  nous  le  savons  déjà,  sont  sensibles  aux  odeurs; 
celles  qui  leur  déplaisent  leur  causent  de  l'irritation,  et  dans 
cet  état  leur  travail  est  de  beaucoup  diminué.  Alors  elles  se 
jettent. parfois  sur  les  personnes  sans  motif  apparent;  l'odeur 
de  ces  personnes  est  peut-être  la  seule  cause  de  leurs  agres- 
sions. 

i\ous  pourrions  ajouter  ici  que  notre  abeille  commune  est  géné- 
ralement d'un  caractère  très  doux,  et  qu'on  ne  pourrait  en  dire 
autant  des  races  étrangères.  Celle  importée  d'Italie  (et  aussi  celle 
croisée  d'italiennes)  particulièrement,  est  parfois  intraitable;  son 
maniement  oblige  souvent  à  beaucoup  plus  de  précautions.  Pour- 
tant, M.  l'abbé  Guyot,  qui  élève  en  grand  les  reines  chypriotes, 
assure  que  par  la  sélection  et  le  croisement  avec  l'italienne  il 
obtient  une  race  prolifique,  travailleuse  et  très  douce. 


us 


ENNEMIS   DES    ABEILLES. 


CHAPITRE   XI 
ENNEMIS    DES    ABEILLES 


«  Le  plus  grand  ennemi  des  abeilles,  a  dit  Hamet,  c'est  P«  api- 
culteur »  :  il  voulait  parler  de  l'apiculteur  ignorant,  et  peut-être 
avait-il  raison;  mais  nous  n'insisterons  pas,  car  il  ajoute  ensuite 
que  l'homme  intelligent  el  éclaire  est  leur  plus  grand  ami.  Occu- 


Fig.  118.  —  Fausse  teigne  : 
Chenille  et  ses  fourreaux- 


Fig.   119. 
Cocons  de  fausse  teigne. 


pons-nous  d'abord  des  insectes  qui  vivent  aux  dépens  des  ruches. 
En  première  ligne  vient  la  fausse  teigne  de  la  cire,  la  g  aller  ia 
cerella  de  Fabricius  ou  mellonella  de  Linné  [fig.  117,  118).  C'est 
un  insecte  de  l'ordre  des  Lépidoptères  ou  Papillons;  les  figures 
que  nous  en  donnons  nous  dispensent  de  le  décrire.  On  croit  que 
la  femelle  pond  sur  les  fleurs,  et  que  les  abeilles  transportent  les 
œufs  dans  la  ruche  avec  le  pollen;  mais,  ce  qui  est  certain,  c'est 
que  le  papillon  pénètre  parfaitement  aussi  dans  la  ruche.  Nous 
l'avons  observé  avec  soin  et  nous  avons  vu  des  femelles,  enfer- 
mée- dans  un  large  bocal  avec  des  fragments  de  rayons,  introduire 
leur  abdomen  dans  les  cellules  el  y  déposer  leurs  .œufs,  ainsi 


ENNEMIS    DES    ABEILLES.  113 

d'ailleurs  qu'à  la  surface  de  ces  mêmes  rayons,  et  de  nombreuses 
générations  se  sont,  dans  ces  conditions,  rapidement  succédé,  Ln 
tout  cas,  il  sort  de  l'œuf  une  petite  chenille  qui  se  nourrit  de  la 
cire;  elle  perce  les  gâteaux  en  tous  sens,  et  se  construit  des  ga- 
leries, sortes  de  tuyaux  en  soie  dans  lesquels  elle  incorpore  des 
grains  de  cire,  voire  même  ses  excréments.  Elle  y  est  à  l'abri  des 
piqûres  des  abeilles,  et  ne  sort  ordinairement  que  la  tête  et  le 
premier  anneau  du  corps  pour  ronger  les  alvéoles.  Cette  tête  est 
fortement  cornée.  Les  gâteaux  sillonnés  par  ses  galeries  s'effon- 
drent, et  le  couvain  meurt  écrasé  ou  englué  dans  le  miel  et  les 
débris  de  rayons.  Lorsqu'elles  ont  atteint  leur  complet  développe- 
ment, les  chenilles  de  fausse  teigne  filent  des  cocons  {fig.  119) 
qu'elles  accolent  en  paquets.  Bientôt  les  papillons  vont  éclore  plus 
nombreux,  pour  continuer  sur  une  plus  large  échelle  l'œuvre  de 
dévastation,  et  plusieurs  générations  se  succèdent  ainsi  dans 
l'année. 

Les  colonies  fortes  se  défendent  et  arrivent  parfois  à  chasser  ce 
redoutable  ennemi;  mais  malheur  aux  populations  faibles  1  11  faut 
donc  intervenir  rapidement,  enlever  les  rayons  attaqués  et  les 
brûler.  Si  les  œufs  qu'ils  contiennent  n'étaient  pas  détruits,  on 
pourrait  s'attendre  à  les  voir  éclore  partout  où  les  débris  conta- 
minés seraient  transportés. 

*  La  créoline  s'emploie  pour  la  destruction  de  la  chenille.  On 
attire  les  papillons,  qui  sont  nocturnes,  en  déposant  des  lumières 
dans  des  vases  contenant  de  l'eau  et  de  l'huile.  Le  soir  les  papillons 
y  viennent  :  on  les  chasse  au  filet  ou  on  les  laisse  tomber  d'eux- 
mêmes  dans  le  vase.  Le  cidre,  dit-on,  les  attire, 
et  ils  s'y  noient  en  grand  nombre.  Des  feuilles 
vieilles  de  radis  noir,  déposées  sous  les  ruches, 
en  attirent  beaucoup,   qu'on  écrase    le  matin. 

La  fausse  teigne  a,  elle  aussi,  un  ennemi  na-  Achraea scella, 
turel,  Yeuphemus  cereanus,  petit  hyménoptère  qui  pond  sur  sa 
chenille,  laquelle  peut  contenir  une  cinquantaine  de  larves  de  ce 
parasite.  Un  autre  papillon,  de  taille  plus  petite,  Yachrœa  gri- 
sella  ou  alvearia  {/ig.  120,,  vit  également  chez  les  abeilles;  mais 
il  est  moins  nuisible.  L'hiver  on  trouve  dans  les  ruches  des  che- 
nilles de  ces  deux  espèces  engourdies;  elles  se  réveillent  au  prin- 
temps pour  continuer  leurs  ravages. 

APICULTURE.  S 


ENNEMIS  DES  ABEILLES. 


Enfin  un  troisième  papillon,  celui-là  de  taille  gigantesque,  fré- 
quente aussi  les  ruches  :  c'est  le  sphinx  tête  de  mort  [acherontia 
atropos]  {fig.  121  .  11  y  entre  pour  se  gorger  de  miel,  et  son  épaisse 
fourrure  le  met  à  l'abri  des  piqûres.  Les  abeilles,  paraît-il,  s'en 
défendent  en  réduisant  l'entrée  de  leurs  ruches  au  moyen  de  piliers 
et  contreforts  en  propolis.  Il  sera  facile  de  les  aider  en  réduisant 


Fig.  I2i.  —  Sphinx  tête  de  mort. 


fortement  ces  entrées  au  moyen  des  portes  à  coulisse  ou  des  tôles 
perforées.  Ce  papillon  possède  la  faculté  rare  de  faire  entendre 
un  cri,  on  ne  sait  pas  bien  comment.  Hubert  pense  que  c'est  ce  cri 
qui  donne  l'alarme  aux  abeilles,  qui,  dès  son  apparition,  se  pré- 
cipitent en  masse  pour  le  chasser  et  boucher  les  portes.  Quand 
ils  se  sont  introduits  dans  la  ruche,  les  abeilles  les  enduisent  de 
propolis  ;  ils  meurent  et  leur  corps  ainsi  enduit  ne  se  corrompt  pas. 
Les  guêpes,  les  frelons  {fig.  122),  les  asiles  [fi$.  123),  quel- 
ques grandes  libellules  s'emparent  des  abeilles  au  vol  et  les  dévo- 
rent. Les  araignées  les  prennent  dans  leurs  toiles.  Les  guêpes  et 
les  frelons  surtout  sont  très  nuisibles.  On  détruira  autapt  que  pos- 
sible tous  les  nids  qu'on  en  pourra  trouver.  M.  Thiébaut  conseille 
pour  cela  de  placer  le  soir  à- l'entrée  des  nids  un  flacon  d'essence 
de  térébenthine.  Nous  avons  détruit  un  grand  nombre  de  guêpes 
communes  en  procédant  comme  suit  :  Rechercher,  le  matin  de 


ENNEMIS   DES   ABEILLES. 


115 


très  bonne  heure,  avant  la  sortie  des  guêpes,  toutes  les  entrées 
de  nids,  et  les  boucher  avec  de  la  terre  mouillée,  sauf  Unet 
verser   dans    l'entrée    qu'on   a   réservée   la  valeur   d'un    verre 

à  liqueur  de  sulfure  de  car- 
bone et  boucher  ce  trou 
comme  les  autres.  Au  bout 
d'un  quart  d'heure  on  peut 


éi 


Fig.  122 


déterrer  le  nid  :  toutes  les  guêpes  seront  mortes;  il  faut  avoir 
soin  de  le  brûler  pour  détruire  toutes  les  nymphes. 

Le  philanthe  apivore  [philaathus  apivorus]  {fig.  124),  appelé 
aussi  en  Allemagne  «  loup  des  abeilles  »,  leur 
fait  surtout  une  chasse  active.  Quand  il  s'est 
emparé  d'une  abeille,  il  la  pique  avec  son 
aiguillon,  et  il  résulte  de  cette  piqûre  une 
anesthésie  complète.  La  victime  est  alors  por- 
tée dans  un  nid  préparé  d'avance  ;  sur  son 
corps  est  déposé  un  œuf,  et  la  jeune  larve 
qui  en  sortira  va  se  nourrir  de  cette  abeille 
engourdie,  mais  encore  vivante. 

Un  voit  quelquefois  de   petites   espèces  de 
fourmis  s'installer  dans  le  couvercle  des  ruches,  où  elles  sem- 
blent attirées  par  la  chaleur;  mais  elles  sont  peu  nuisibles. 

Les  forficules  se  gonflent  de  miel;  on  les  attire  avec  des  rayons 
vides;  ejles  s'y  cachent  le  jour. 

Les  coléoptères  fournissent  aussi  leur  contingent  d'ennemis  : 
Nous  citerons  d'abord  les  méloés{fig.  125, 126).  Leurs  œufs  sont 
pondus  à  terre  et  les  jeunes  larves  qui  en  sortent,  connues  sous 
le  nom  de  triongulins,  grimpent  sur  les  fleurs,  y  attendent  la 


Fig.  123. 

Philanthe  apivore 

emportant 
me  al  cille  aursthésiée. 


116 


ENNEMIS    DES   ABEILLES. 


visite  des  abeilles  et  se  cramponnent  à  leurs  poils.  Elles  les 
irritent  tellement  que  si  leur  nombre  est  un  peu  élevé  la  mort 
s'ensuit.  Elles  sont  pourtant  de  petite  taille,  n'ayant  guère 
que  (J"\002.  Quand  ces  larves  se  sont  ainsi  cramponnées  à  des 
abeilles  sauvages,  elles  sont  transportées  dans  les  nids  de  celles-ci, 
dont  elles  dévorent  la  larve  et  se  nourrissent  ensuite  du  miel  qui 

lui  était  destiné;  mais  trans- 
portées de  même  dans  la 
ruche,  elles  ne  paraissent 
pas  y  vivre,  et  on  les  trouve 
mortes  en  grande  quantité 
sur  les  plateaux  et  les  plan- 
chettes de  vol.  Elles  sont  ce- 
pendant très  funestes  aux 
abeilles  domestiques  :  elles 
passent  facilement  de  l'une 
sur  l'autre  et  en  l'ont  mourir 
beaucoup,  même  des  reines. 
D'après  M.  Assmuss,  les 
triongulins  seraient  la  cause 
de  la  maladie  de  mai  on  rage  des  abeilles.  Si  ces  petites  larves  ne 
réussissent  pas  à  se  développer  dans  la  ruche,  elles  mangent  néan- 


Fig.   1.-6. 
Méloé 

grandeur  naiurtV.r 


Fiç.  127.  —  Clairon  des  abeilles. 


Fia.   128.  —  Cétoine. 


Fig.  129.  —  Dermesta 
(groisi)- 

moins  les  œufs  des  abeilles.  On  ne  peut  guère  les  rechereber  pour 
les  détruire;  mais  il  faut  ramasser  les  méloés  adultes  quand  on 
les  découvre,  et  enlever  soigneusement  pour  les  brûler  les  abeilles 
mortes  attaquées  par  les  triongulins. 

On  trouve  parfois  dans  les  ruches  un  autre coléoplère,  le  clairon 
des  abeilles  [cl erus  ou  trichodes  apiari%s\(fig.  127).  Sa  larve, 


ENNEMIS    DES    ABEILLE: 


11? 


qui  est  rouge,  ne  semble  vivre  que  de  miel  altéré,  ou  de  matières 
animales  en  décomposition.  —  Certaines  cétoines,  la  cetonia  car- 
dui  [fig.  128),  par  exemple,  s'introduisent  dans  les  ruches  pour 
dévorer  le  miel.  —  Les  dermestes  [fig.  129)  attaquent  parfois  les 
rayons  de  cire,  mais  plutôt  dans  les  magasins  où  on  les  conserve 
que  dans  les  ruches.  —  Un  parasite  bien  curieux  est  le  branla 
cœca  ou  pou  des  abeilles  [fig.  130),  appellation  très  impropre, 
puisqu'il  s'agit  ici  d'un  véritable  diptère,  petite  mouche  qui  se 
promène  sous  le  corps  de  l'abeille  et  paraît  peu  nuisible.  D'après 
les  observations  de  IL.  Perez,  quand  elle  veut  manger,  elle  se  porte 


Fig.  130. 
Pou  des  abeilles 

(très  gr 


Fig.  131. 

Trichodactyle 

{très  grosxi)- 


Fig.  132.  —  Mermis. 

a.  Animal  entier.         ■» 
6.  Tète  [fortement  yrossie) 


vers  la  bouche  de  l'abeille  et  y  produit  une  titillation  à  la  suite  de 
de  laquelle  l'abeille  dégorge  un  peu  de  miel  que  le  pou  suce  de 
suite.  Pour  les  détruire,  il  a  été  conseillé  de  saupoudrer  les  abeilles 
sur  leurs  rayons  avec  de  l'encens  en  poudre  au  moyen  d'une  poi- 
vrière. La  naphtaline  est  aussi  très  efficace;  il  suffit  d'en  pla- 
cer quelques  fragments  sur  le  plateau  de  la  ruche.  La  fumée  du 
tabac  les  détruit  aussi  très  rapidement.  —  On  a  vu  parfois  aussi 
des  mouches  du  genre  phora  fréquenter  les  ruches.  Mais  leurs 
larves  ne  vivent  que  de  matières  animales  en  décomposition  et  on 
ne  les  rencontre  très  probablement  que  là  où  il  y  a  du  couvain 
mort.  —  Citons  enfin  les  trichodactyles  [fig.  131),  de  la  famille 
des  acariens  ;  mais  ces  derniers  nous  paraissent  peu  nuisibles. 

Les  abeilles  ont  en  outre  des  parasites  internes,  appartenant 
aux  genres  gordius  et  mermis  [fig.  132),  sortes  devers  qui  pour- 
raient bien  être  la  vraie  cause  du  mal  de  mai. 

Avant  de  clore  ce  chapitre,  nous  dirons  que  les  abeilles  sont 
encore  assez  souvent  victimes  d'autres  animaux.  Les  oiseaux  in- 
sectivores en  mangent  beaucoup;  dans  certains  pays,  le  guêpier 


Ils 


;nxkmi-  des  abeilles. 


-. 


Fig.  133.  —  Guêpier  commun. 


(fig.  133),  connu  dans  le  Midi  sous  le  nom  à'abeillerolle,  en  fait 
une  grande  consommation  ;  la  mésange  aussi,  d'autant  plus  qu'elle 
ne  niante,  assure-t-ou,  que  la  tèle.  La  buse  bondrée  {butes  apivo- 

rus)  mange 
su r tout  les 
guêpes  et  les 
abeilles,  à 
l'état  de  larges 
etde  nymphes, 
car  elle  semble 
craindre  les 
piqûres  de 
l'insecte  lui- 
même.  Lepic- 
vert  perce  par- 
fois la  paroi 
des  ruches 
pour  s'empa- 
rer du  fniel  et 
ilos  abeilles.  La  pie-grieche,  les  gobe-mouches,  le  rouge-gorge, 
le  moineau  mangent  aussi  les  abeilles.  Le  rossignol  et  Y  hiron- 
delle, dit-on,  ne  s'attaqueraient  qu'aux  faux-bourdons. 

Les  lézards 
mangent  quel- 
ques abeilles. 
Les  crapauds 
s'installent  par- 
lis  auprès  des 
ruches  et  hap- 
pent au  pas- 
sage les  buti- 
neuses qui 
passent  à  leur 
portée. 

Les    souris , 
les  mulots  s'introduisent  chez  les  abeilles;  mais  peut-être  n'es! ■< ■<■ 
que  pour  s'y  abriter,  attirés  par  la  douce  chaleur  qui  règne  dans 
la  ruche. 


Fig.  134.  —  Blaireau. 


ENNEMIS    DES    ABEILLES. 


119 


Les  hérissons  se  roulent  sur  les  planches  de  vol  pour  écraser 
les  abeilles  et  les  manger  ensuite. 

Les  blaireaux  {fi g.  134)  et  les 
ours  sont  très  friands  de  miel  ; 
ils  renversent  les  ruches  pour  s'en 
emparer,  surtout  l'hiver.  Le  pu- 
tois {fig.  135)  et  surtout  le 
renard  dévastent  également  les 
ruches. 

Jusque  dans  les  plantes  les 
abeilles  ont  des  ennemies  :  se 
posent-elles  sur  ia  sétaire  ver- 
ticillée  [vulgairement  accroche- 
abeilles)  {fig.  136),  elles  y  restent  Fi9'  135'  ~  Putou- 
accrochées  aux  barbillons  de  ses  panicules;  aussi  doit-on  arracher 


Ftg.  1S6.  —  Sétaire  ou  accroche-abeilles. 

i.  Plante  entière.  —  b.  Épi.  —  c.  Fragment  groni 

montrant  le.  barbulet  avec  leurs  crochets 


Fig.  137. 

Fleur  d'asclépias 

retenant  par  une  patte 

une  abeille. 


soigneusement  cette  plante  autour  des  ruches.  Les  fleurs  des 
asclépias  {fig.  137)  retiennent  les  abeilles  par  leurs  pattes  et  les 
foot  ainsi  mourir  en  grand  nombre. 


150  ENNEMIS    DES    ABEILLES. 


Mais  ce  n'est  pas  encore  tout  :  les  pauvres  abeilles  sont  exposées 
à  toutes  les  intempéries!  Au  dehors,  elles  ont  à  lutter  tour  à  tour 
contre  le  froid,  la  pluie,  les  vents  et  les  tempêtes.  Malheur  à  celles, 
trop  laborieuses,  qui  se  laissent  surprendre  par  quelque  orage, 
chargées  de  leur  butin,  loin  de  la  ruche  !  Par  des  temps  d'orage  on 
a  constaté  la  disparition  de  plus  de  4000  abeilles  dans  une  seule 
colonie  le  même  jour. 

Au  dedans,  les  grandes  chaleurs  les  font  cruellement  souffrir, 
et  la  froidure  parfois  entraîne  la  mort  du  couvain,  si  l'apiculteur 
ne  leur  donne  pas  assidûment  tous  les  soins  qu'elles  réclament. 


LE    MIEL. 


121 


CHAPITRE   XII 

LE    MIEL 

1.  L«e  miel  naturel. 

Le  nectar  est  surtout  secrète  par  les  fleurs  dans  de  petites  glandes 
appelées  nectaires  {fig.  138),  et  que  Vaillant,  botaniste  français 
du  siècle  dernier,  nommait 
mielliers.  Les  abeilles  l'y 
r<  cueillent  au  moyen  de 
leur  trompe,  et  le  trans- 
portent dans  leur  jabot,  ou 
premier  estomac,  où  il  su- 


Fig.  1 38.  —  Coupe  d'une 
tleur  de  giroflée. 
n    Les  nectaire». 


Fig.  13S  bis.  —  Abeille 

récoltant  le  nectar 

à  la  base   d'une   feuille 

de  vesce  cultivé. 


Fig.  139.  —  Abeille 
récoltant  la  mieillée 

sur  une  feuille 
de  chêne. 


bit  certains  changements  chimiques  qui  le  transforment  en  miel. 

Il  ne  faudrait  pas  croire  que  les  butineuses  récoltent  le  miel 
uniquement  dans  les  fleurs.  Certaines  plantes  ont  des  nectaires 
situés  à  la  base  des  stipules  [fig.  138  bis),  et  les  feuilles  de  cer- 
tnins  arbres  [fig.  139),  dans  les  journées  où  la  chaleur  succède 
à  la  pluie,  se  recouvrent  parfois  d'une  matière  sucrée  qui  est  la 
miellée  proprement  dite.  Aussi  en  diverses  régions  transporîc-t-on 
les  ruches  dans  les  bois,  afin  d'en  faire  profiter  les  abeilles.  Elles  ré- 
coltent aussi ,  dit-on,  la  liqueur  sucrée,  si  recherchée  des  fourmis,  qui 
n'est  autre  que  les  excréments  des  pucerons  et  qu'on  nomme  miellat. 

Le  miel  contient  relativement  plus  de  glucose  et  moins  de  sucre 
de  canne  que  le  nectar  dont  il  provient;  cette  transformation  a 
lieu  sous  l'influence  d'une  substance  particulière,  linvertine, 
contenue  dans  la  salive. 


12* 


LE    MIEL. 


Malgré  le  passage  daus  le  jabot,  les  miels  recueillis  par  nos 
laborieux  insectes  conservent  intact  leur  parfum  particulier  et 
leurs  principales  propriétés.  C'est  ainsi  que  certains  mielsontune 
saveur  et  une  odeur  désagréables  ;  ils  peuvent  être  même  plus  ou 
moins  vénéneux,  suivant  les  qualités  des  plantes  qui  les  ont  fournis, 
et  leur  consommation  a  donné  lieu,  dans  certains  cas,  à  des  acci- 
dents graves.  Le  charbon  pulvérisé  est  un  bon  contrepoison. 
Aussi  l'apiculteur  pourra-t-il  fractionner  sa  récolte,  en  suivant 

la  floraison  des  plantes, 
et  obtenir  dus  miels 
d'oranger,  d'acacia,  de 
sainfoin,  etc.,  qui,  for- 
més du  nectar  de  ces 
mômes  fleurs,  eu  con- 
servent l'arôme  dans 
toute  sa  pureté. 

Le  miel  en  sections 
est  vendu  telquel  quand 
les  cellules  sont  oper- 
culées; mais  celui  des 
cadres  est  vendu  en 
pots  ou  en  barils;  il 
faut  donc  préalable- 
ment l'extraire  des 
ravons. 


2.  Extraction 
du  miel. 


Fig.  140.  —  Mellificateur  solaire. 

a.  Couvercle  vitré  condensant  la  chaleur  solaire.  —  b.  O.rps 

r  couvert  d'une  passoire  sur  laquelle  on  pose  les  fragments  'le 

rayons.  —  c.  Cuve  destinée  .'»  recevoir  le  miel  fondu 

.si  l'on  n'est  pas  ou- 
tillé pour  une  extraction  un  peu  importante,  et  qu'on  ne  veuille 
pas  faire  les  frais  d'un  matériel  nécessaire,  on  pourra  se  conten- 
ter du  mellificateur  solaire  {fig.  140).  C'est,  en  principe,  une 
passoire  dans  laquelle  on  met  les  rayons  cassés  en  morceaux. 
Elle  est  placée  sur  un  vase  où  le  miel  s'égoulte,  et  recouverte 
d'un  verre  qui  concentre  la  chaleur  quand  on  l'expose  au  soleil. 
C'est  cette  chaleur  concentrée  qui  fait  fondre  le  miel,  et  souvent 
aussi,  si  la  température  s'élève  trop,  la  cire,  qui  se  fige  à  la  surface 
par  le  reiroidissemenl.  Ce  procédé  n'est  plus  liiière  employé. 


LE    MIEL.  ,,,3 

Grâce  à  Yextr acteur  {fig.  142,  143),  où  les  rayons  sont  soumis 
à  l'action  de  la  force  centrifuge,  on  obtient  en  peu  de  temps  un 
produit  absolument  pur,  tout  en  conservant  les  rayous  intacts.  On 
désopercule  les  rayons  avec  un  couteau  à  lame  longue  et  plate 
{fig.  141),  ou  mieux  au  moyeu  de  deux  couteaux  trempés  dans 
l'eau  chaude,  utilisés  alternativement.  On  les  place  pour  cela  sur 
un  chevalet  à  désoperculer  {fig .  141  bis  .  M.  de  Layens  emploie 


Fig.  141.  —  Couteaux  à  désoperculer. 


Fig.  141  bis.  —  Chevalet  à  désoperculer.  Fig.  Ut.  —  Extracteur  Faure. 

une  sorte  de  plane,  formée  d'une  lame  munie  d'une  poignée  à 
chaque  bout.  On  introduit  les  cadres  désopercnlés  dans  la  eage  en 
toile  métallique  de  l'extracteur,  et,  en  donnant  un  mouvement  de 
rotation  rapide,  le  miel  est  projeté  contre  les  parois  du  réservoir 
qui  contient  l'appareil,  et  se  réunit  à  sa  partie  inférieure,  où  se 
trouve  un  robinet  qui  permet  de  l'extraire.  Quelques  apiculteurs  se 
servent  d'un  petit  instrument  appelé  herse  à  désoperculer;  mais 
son  emploi  nous  parait  peu  recommandable. 

Recueilli  dans  des  bassines  en  bois  ou  même  en  fer-blanc1,  le 
miel  sera  écume  s'il  y  a  lieu,  décanté  avec  soin,  et,  au  besoin, 
séparé  par  qualités  suivant  sa  concentration.  On  le  mettra  ensuite 
dans  des  pots,  et  on  le  couvrira  d'un  papier  parcheminé  imbibé 
d'alcool,  qu'on  recouvrira  lui-même  entièrement  d'un  papier  ordi- 


1.  On  éliminera  les  vases  en  2inc,  ce  métal  pouvant  être  attaqué  par  le  miel. 


124 


LrJ    MIEL. 


naire  ou  mieux  d'un  papier  ciré.  Avant  de  fermer  les  pots,  on  s'as- 
surera que  toute  l'eau  contenue  dans  le  miel  s'est  évaporée  ;  sans 
cette  précaution,  on  s'exposerait  à  le  voir  fermenter. 

Le  miel  ainsi  préparé  est  toujours  pur  et  d'une  bonne  conser- 
vation ;  fraîchement  extrait,  il  est  limpide,  mais  au  bout  de 
quelque  temps  il  devient  opaque,  blanc  ;  on  dit  alors  qu'il  est 
granulé.  C'est  dans  cet  étal  qu'il  est  le  plus  recherché,  pourvu 
toutefois  que  la  granulation  soit  fine. 

Le  miel  à  gros  grains  est  moins  estimé,  mais  il  est  facile  de  lui 
donner  un  grain  plus  fin  :  il  suffit  pour 
cela  de  le  fondre  au  bain-marie,  et  de 
l'exposer  ensuite  au  froid.  Nous  ferons 
une  remarque  particulière  concernant 
le  miel  de  bruyère,  qui  généralement 
est  trop  épais  pour  pouvoir  être  extrait 
à  l'extracteur.  Le  mieux  est  de  sou- 
mettre les  rayons  à  la  presse  ou  de  les 
faire  dissoudre  dans  l'eau  et  d'en  fabri- 
quer de  l'hydromel. 

Quant  aux  miels  qui,  pour  une  cause 
quelconque,  auront  un  goût  qu'on 
voudrait  leur  enlever,  on  y  parviendra 
en  les  faisant  fondre  au  bain-marie, 
et  en  y  plongeant  un  fer  rouge.  On 
peut  encore  les  traiter  par  le  procédé 
suivant.indiqué  par  Thenard  : 
Mettre  dans  une  bassine  en  cuivre 
2  kilogr.  937  grammes  de  miel,  857  grammes  d'eau  et  76  grammes 
de  craie;  faire  bouillir  pendant  deux  minutes;  jeter  dans  la 
bassine  152  grammes  de  charbon  pulvérisé,  lavé  et  séché;  faire 
bouillir  de  nouveau  deux  minutes  ;  ajouter  trois  blancs  d'œufs 
battus  dans  91  grammes  d'eau,  et,  après  une  troisième  ébullition 
de  deux  minutes,  laisser  refroidir  et  filtrer. 

D'après  Payen,  on  trouve  dans  le  miel  un  sucre  liquide  incris- 
tnllisable  et  de  la  glucose  ;  on  y  a  trouvé  de  la  mannite  (principe 
de  la  manne),  des  acides  organiques,  des  matières  colorantes, 
aromatiques,  grasses  et  azotées.  Sa  composition  varie  d'ailleurs 
beaucoup. 


i  vi.  —  Détails 
d'un  extracteur  à  renversement 
permettant  de  vider  les  deux  faces 
des  gâteaux  sans  les  retirer. 


LE   MIEL.  125 

Voici, d'après  Caillaud,  la  composition  d'un  miel  de  la  vallée  de 
Ghamonix  : 

Sucre  (Glucose  et  sucre  de  canne) 53,33 

Sucre  liquide  (Mellose) 33,00 

Eau 8,00 

Matière  colorante  (Meléchroïne) 0,60 

Mannite,  matière  muqueuse  et  acide  libre.  .  .  .  3,05 

100,00 

Voici  la  composition  d'un  miel  de  plaine  : 

Sucre  solide 45.10 

Sucre  fluide 43.95 

Eau 7,70 

Matière  colorante  aromatique 1,15 

Matière  muqueuse  et  acide  libre 2.10 

100,00 

Fuis,  d'après  de  Layens,  la  composition  d'un  miel  de  sainfoin 
au  moment  où  il  vient  d'être  operculé  : 

Eau 22.;j4 

Sucre  de  canne 6,10 

Glucose 69,26 

Dextiïne .  o,07 

Gomme i 

Matières  minérales (  2,03 

Perte ) 

100,00 


3.  Falsifications  du  miel. 

Sans  indiquer  ici  les  nombreuses  méthodes  suivies  par  des 
industriels  indélicats  pour  augmenter  leurs  bénéfices,  nous  dirons 
quelques  mots  des  falsifications  du  miel. 

Certains  vendeurs  introduisent  dans  leur  miel  des  corps  étran- 
gers, de  la  glucose,  par  exemple.  Dans  tous  les  pays  on  trouve  des 
produits  vendus  pour  du  miel  et  qui  n'en  possèdent  que  le  nom. 
11  va  sans  dire  que  tout  apiculteur  doit  vendre  son  miel  tel  que  les 
abeilles  le  lui  donnent;  à  ce  propos,  nous  croyons  devoir  signaler 
une  pratique  que  nous  considérons  comme  une  véritable  falsifica- 


LE    MIEL. 

tion;  elle  consiste  à  faire  absorber  aux  abeilles  du  sirop  de  sucre. 
Les  abeilles  le  transforment  bien  en  miel,  mais  ce  miel  n'a  rien 
de  commun  avec  celui  que  fournit  le  nectar  des  fleurs,  et  cela  est 
tellement  évident  que,  pour  le  vendre,  il  faut  le  mélanger  avec  du 
vrai  miel  qui  mi  communique  son  arôme. 

Les  apiculteurs  peu  scrupuleux  qui  se  livrent  à  ce  genre  de 
fabrication  sèment  parfois  autour  de  leurs  ruches  quelques  plantes 
aromatiques,  pour  laisser  aux  abeilles  le  soin  de  parfumer  elles- 
mêmes  le  sirop  de  sucre  qu'elles  ont  absorbé. 

On  reconnaît  que  le  miel  contient  de  la  farine,  des  châtaignes 
pulvérisées,  de  l'amidon  en  y  versant  quelques  gouttes  de  teinture 
d'iode.  Les  matières  amylacées  donnent  de  suite  avec  ce  réactif 
une  teinte  bleue. 

Pour  constater  la  présence  de  la  glucose,  on  versera  dans  une 
éprouvette  (ou  à  défaut  dans  un  petit  verre)  15  à  20  grammes  de 
miel  ;  on  y  ajoutera  de  l'eau  distillée  pour  opérer  la  dissolution,  et 
la  valeur  d'un  dé  à  coudre  d'alcool  à  95°.  On  agite  la  liqueur,  elle 
se  trouble  et  devient  blanchâtre  s'il  y  a  de  la  glucose. 

Le  sable,  le  plâtre,  la  craie  ou  le  blanc  d'Espagne  tombeni  au 
fond  du  verre  quand  on  l'ait  dissoudre  le  miel. 

Le  miel  provenant  de  rayons  loqueux  contient  de  l'acide  su I l'hy- 
drique :  si  l'on  y  plonge  une  cuiller  d'argent,  elle  noircit. 


4.  Usages  du  miel. 

A.  l'état  naturel  le  miel  peut  remplacer  le  sucre  dans  tous  ses 
usages. 

La  pharmacie  en  tire  un  grand  parti  et  la  médecine  vétérinaire 
le  recommande  souvent  pour  les  maladies  des  animaux  domes- 
tiques. 

Le  miel  est  employé'  pour  la  fabrication  du  pain  d'épice.  On 
choisit  surtout  pour  cet  usage  les  miels  de  Bretagne,  provenant  en 
grande  partie  d -s  fleurs  du  sarrasin,  et  le  miel  des  Landes,  prove- 
nant de  la  bruyère.  La  pâtisserie  et  la  confiserie  lui  doivent  aussi 
d'excellents  services,  on  fabrique  aujourd'hui  du  chocolat  dans 
lequel  le  miel  remplace  en  partie  le  sucre. 


LE    MIEL  121 

Mélangé  avec  du  savon  et  de  l'eau-de-vie,  il  peut  être  ntilisé 
pour  le  nettoyage  des  étoffes  de  soie. 

Enfin,  par  la  fermentation,  le  miel  donne  de  l'alcool  :  on  en  peut 
facilement  faire  un  vin  éminemment  hygiénique,  des  liqueurs;  on 
en  extrait  par  là  distillation  une  eau-de-vie  de  première  qualité. 
En  Russie  et  en  Pologne,  l'hydromel  est  encore  la  boisson  ordi- 
naire, qui  remplace  le  vin. 

Les  diverses  applications  du  miel  présentent  le  plus  haut  inté- 
rêt au  point  de  vue  de  la  santé  et  de  l'hygiène;  elles  offrent  à 
l'apiculteur  un  excellent  moyen  d'en  tirer  parti,  si  le  prix  venait 
à  s'abaisser  par  une  trop  grande  production. 

Dans  l'antiquité,  on  croyait  que  l'usage  du  miel  conservait  la 
santé  et  prolongeait  la  vie.  On  l'employait  parfois  à  la  conserva- 
tion des  matières  animales,  cadavres,  etc. 

De  nos  jours,  certains  pays,  l'Amérique,  la  Suisse,  l'Angleterre, 
l'emploient  beaucoup  dans  l'alimentation  et  la  médecine. 

Au  point  de  vue  alimentaire,  il  a  l'avantage  d  être  très  nutritif, 
et  par  conséquent  de  n'occuper  dans  l'estomac  que  peu  de  volume 
tout  en  nourrissant  beaucoup. 

Il  est  à  la  fois  digestible,  digestif,  fortifiant  et  rafraîchissant;  il 
est  même  laxatif  quand  on  n'y  est  pas  accoutumé. 

En  Suisse,  on  fait  des  tartines  de  miel  mélangé  avec  du  beurre 
Dans  certaines  provinces  du  centre  et  du  midi  de  la  France,  on 
l'étend  sur  des  rondelles  de  pommes  de  terre  cuites  à  l'eau. 

Divers  auteurs  ont  publié  des  recettes  pour  la  préparation  de 
desserts  exquis  ;  chacun  peut  en  user  et  suivre  ses  inspirations  : 
depuis  le  simple  grog  au  miel  jusqu'aux  préparations  les  plus 
compliquées,  on  obtiendra  toujours  quelque  chose  de  bon  et  sain. 
Certains  fruits,  les  fraises  par  exemple,  trempés  dans  du  miel 
liquide  lorsqu'on  les  sert  sur  la  table,  constituent  un  mets  déli- 
cieux. On  peut  conserver  les  fruits  secs  en  les  plaçant  dans  des 
vases  de  verre  ou  de  porcelaine  qu'on  remplit  ensuite  de  miel 
liquide;  la  conservation  est  parfaite,  si  l'on  a  soin  de  bien  fermer 
les  vases  (v.  pages  123-124). 

Le  miel  entre  encore  dans  la  fabrication  de  la  bière.  Pour  fa- 
briquer la  liqueur  si  estimée  de  la  Grande-Chartreuse,  on  emploie 
le  miel  du  Gàlinais. 

Nous  n'avons  nullement  l'intention  de  faire  croire  que  le  miel 


1M  LE    M! EL. 

guérit  tous  les  maux.  Mais,  comme  son  action  bienfaisante  a  été 
constatée  dans  une  foule  d'indispositions  et  qu'il  s'agit  là  d'un 
remède  sans  danger,  que  l'on  trouve  facilement  partout  à  bon 
marché,  nous  croyons  bien  faire  de  résumer  en  quelques  lignes 
les  cas  où  il  a  été  conseillé  par  des  personnes  qui  en  ont  reconnu 
l'efficacité,  et  qui  ont  publié  sur  cet  emploi  spécial  d'intéres- 
sanles  brochures.  Nous  nommerons  en  particulier  l'abbé  Voirnot, 
M.  Leriche  et  MM.  Clément  et  Iches. 

Pour  les  affections  de  la  bouche,  aphtes,  muguet,  on  l'emploie 
en  gargarisme,  additionné  d'un  peu  d'alun  ou  de  borax. 

Pour  les  maux  de  dents,  on  frictionne  les  gencives  avec  du  miel 
additionné  de  graine  de  lin,  racine  de  guimauve,  teinture  de  safran. 

Pour  les  maux  de  gorge,  l'employer  en  gargarisme  avec  addition 
de  vinaigre. 

Chez  les  phtisiques,  on  le  donne  additionné  de  plantain,  et  l'on 
choisit  de  préférence  le  miel  de  sapin. 

Une  partie  de  miel  dans  huit  d'eau  donne  une  excellente  boisson 
pour  les  malades.  On  s'en  sert  comme  polion  dans  les  flèvr.-s 
chaudes  (Leriche). 

Un  bol  de  vin  chaud,  de  cidre  ou  de  lait,  sucré  avec  du  miel, 
auquel  on  ajoute  un  petit  verre  de  kirsch,  constituent  un  excellent 
tonique. 

Dans  les  cas  de  rhume,  bronchite,  enrouement,  on  prend  le  soir 
en  se  couchant  une  tasse  de  thé  noir  (une  cuillerée  à  café  de  thé 
pour  un  bol  d'eau  bouillante)  dans  laquelle  on  met  une  feuille 
d'oranger,  deux  ou  trois  cuillerées  de  miel  et  un  petit  verre  de 
rhum. 

Le  docteur  Pauliet,  d'Arcachon,  a  proposé  de  remplacer  l'huile 
fle  foie  de  morue  par  un  mélange  de  deux  parties  de  beurre  frais 
et  une  de  miel,  dont  on  facilite  la  digestion  par  du  thé  aromatisé 
à  l'anis  ou  à  l'orange. 

Pour  l'influenza,  on  se  trouvera  très  bien  de  la  formule  suivante  : 
une  cuillerée  à  soupe  de  miel,  et  une  cuillerée  à  café  de  borax 
dans  une  tasse  de  tisane. 

Dans  les  cas  de  fatigue,  faire  une  tisane  composée  comme  suit  : 
mettre  une  poignée  de  centaurée  dans  un  tiers  de  litre  d'eau; 
faire  bouillir  et  ajouter  trois  cuillerées  de  miel;  boire  chaud  et  pe 
mettre  au  lit. 


LE   MIEL.  129 

Sur  les  ulcères  et  les  abcès,  appliquer  une  pâte  formée  de  miel, 
farine  de  seigle  pétrie  avec  oignon  brûlé,  et  additionnée  d'un  jaune 
d'oeuf  et  de  beurre;  celte  pâte  est  légèrement  vésicante.  —  Pour 
les  brûlures,  le  miel  donne  de  bons  résultats  appliqué  sous  forme 
d'emplâtre  ou  de  pommade.  —  Pour  les  douleurs  sciatiques,  mé- 
langer du  miel  avec  de  la  chaux  vive,  et  s'en  frictionner.  —  Pour 
les,  maux  d'yeux,  laver  avec  une  eau  miellée  à  50  pour  100. 

Les  lotions  miellées  sont  excellentes  pour  la  peau. 

4    Boisson*  et  liqueurs  au  miel. 

Le  miel  renferme,  en  général,  environ  80  pour  100  de  sucre 
fermentescible,  et  peut  facilement  servir  à  la  préparation  de 
boissons  et  liqueurs  présentant,  comme  nous  l'avons  dit,  des 
qualités  hygiéniques  de  premier  ordre. 

Nous  ne  pouvons  entrer  dans  de  bien  grands  détails  sur  ce 
sujet;  nous  donnerons  néanmoins  quelques  formules  que  chacun 
pourra  facilement  utiliser,  en  les  modifiant  plus  ou  moins,  et 
nous  renverrons  aux  diverses  brochures  qu'on  a  publiées  sur  le 
miel,  ses  usages  et  les  produits  qu'on  en  peut  obtenir,  et  que  le 
lecteur  pourra  consulter  au  besoin  '.  La  plus  importante  de  ces 
boissons  est  l'hydromel,  qui  remplace  parfaitement  le  vin,  quoique 
sa  composition  chimique  soit  différente.  Au  saccharimètre,  il  dévie 
la  lumière  polarisée  à  droite,  tandis  que  le  vin  la  dévie  à  gauche. 

On  prépare  un  hydromel  léger  avec  les  eaux  de  lavage  résultant 
des  opérations  que  nécessite  la  préparation  du  miel  et  de  la  cire. 
Ces  eaux  décantées  sont  versées  dans  une  chaudière  en  cuivre, 
et,  au  bout  de  deux  heures  de  cuisson,  on  les  laisse  refroidir. 
On  les  verse,  après  éclaircissement,  dans  des  tonneaux  qu'on 
remplit  complètement  et  qu'on  abandonne,  sans  les  boucher, 
dans  un  endroit  dont  la  température  doit  être  maintenue  à 
20°  environ.  La  fermentation  s'établit  bientôt;  elle  doit  durer  un 
mois.  On  descend  ensuite  les  tonneaux  à  la  cave,  et,  quand  le 


1.  J.-B.  Voirnot,  le  Miel,  notice  dédiée  aux  malades  el  aux  bien  portants 
fl  feuille  in-8°)  ;  J.-B.  Leriche,  Emploi  du  miel,  recueil  de  recettes  pour  Lois- 
sons  fermenlées  (1892,  in-S°);  Clément  el  Iches,  la  Santé  par  le  miel  Pari--, 
iii-S°). 

APICULTURE.  9 


130 


LE   MIEL. 


liquide  est  clair,  on  peut  le  mettre  en  bouteilles  ou  le  tirer  à  la 
cannelle. 

L 'hydromel,  d'après  Hamet,  se  prépare  en  mettant  1  litre  d'eau 
pour  500  grammes  de  miel.  On  verse  le  mélange  dans  une  chau- 
dière en  cuivre,  et  on  le 
porte  à  la  température  de  50 
à  60°;  on  remue,  pour  empê- 
cher le  miel  d'attacher  ;  quand 
la  température  approche  de 
l'ébullition,  on  écume,  et  on 
maintient  cette  ébullition  jus- 
qu'à réduction  d'un  quart. 
La  liqueur  est  d'autant  meil- 
leure que  l'ébullition  a  duré 
plus  longtemps.  Refroidie,  on 
la  met  dans  une  cuve  propre 
et  de  là  dans  des  tonneaux 
où  la  fermentation  se  fait 
comme  précédemment.  On  ne 
bouchera  pas  les  tonneaux  : 
pendant  près  d'un  an  la  fer- 
mentation peut  se  reproduire 
sous  l'influence  de  la  tempé- 
rature. Cet  hydromel,  con- 
servé dans  une  bonne  cave, 
acquiert  en  vieillissant  des 
qualités  remarquables.  Au 
moment  de  la  préparation,  on 
peut  l'aromatiser  avec  diffé- 
rentes plantes,  suivant  les 
goûts.  Le  voisinage  du  vin  ou  du  vinaigre  doit  être  évité  pendant 
la  préparation  de  l'hydromel.  11  ne  faut  donc  jamais  se  servir 
d'un  tonneau  ayant  contenu  l'un  ou  l'autre  de  ces  liquides.  On 
vend  aujourd'hui  dans  le  commerce  des  sels,  des  ferments,  qui 
activent  beaucoup  la  fermentation  et  en  réduisent  considérable- 
mont  la  durée;  mais  il  est  bon  de  noter  qu'on  n'en  obtient  pas 
toujours  d'excellents  résultats. 
M.   Legroa  a  imaginé  un  dispositif  [fig.  144)  qui  nous  paraît 


Fig.  144.  —  Tonneau  à  fermentation 
de  M.  I.egros. 

a.  Tonneau  contenant  le  liquide  en  fermentation. 
6.  Moitié    d'un  tonneau  coup*  en    deux   servant  da 
support. 

c.  Appareil  en  fer-blanc  cloué  sous  le  tonneau  a. 

d.  Ouverture  servant  à  passer  la  lampe  *  pétrole  e. 
f.  Enveloppe  isolante  soutenue  par  les  bâtons  g. 


LE   MIEL.  131 

digne  d'appeler  l'altention;  il  permet  de  maintenir  le  mélange  à 
une  température  constante. 

Quand  la  fermentation  alcoolique  est  terminée,  on  peut  encore 
faire  subir  au  liquide  une  fermentation  acide  en  portant  sa  tem- 
pérature à  30°  et  en  y  ajoutant  une  mère  de  vinaigre  :  on  obtient 
ainsi  un  excellent  vinaigre,  dont  on  peut  augmenter  la  force  en 
le  laissant  macérer  sur  des  copeaux  de  hêtre. 

Voici  une  autre  méthode,  que  nous  empruntons  à  une  brochure 
de  Al.  de  Layens  l  : 

Dans  un  tonneau  de  100  litres,  on  met  25  litres  de  miel  (ce  qui 
t'ait  environ  37  kil.,  500),  puis  on  y  verse  74  litres  d'eau  (il  reste 
ainsi  un  peu  de  vide  pour  l'augmentation  de  volume,  au  début  de 
la  fermentation).  On  ajoute  50  grammes  d'acide  tartrique  et 
10  grammes  de  sous-nitrate  de  bismuth.  On  prend  un  peu  de  ce 
liquide,  on  y  délaye  b0  grammes  de  rayons  contenant  du  pollen, 
on  reverse  ce  mélange  dans  le  tonneau,  et  on  agite  le  tout  à  l'aide 
d'un  bâton.  On  place  sur  le  trou  de  bonde  un  linge  humide,  recou- 
vert d'une  poignée  de  sable  mouillé  bien  tassé. 

Quand  il  n'y  aura  plus  de  bouillonnement,  la  fermentation  sera 
terminée.  On  remplira  le  tonneau,  auquel  on  pourra  alors  mettre 
la  bonde. 

L'hydromel  fabriqué  au  printemps  par  cette  méthode  met 
cinq  ou  six  mois  pour  se  faire;  celui  fabriqué  après  la  récolte 
mettra  plus  de  temps,  à  cause  de  la  température  moins  élevée 
qu'en  été. 

Avant  la  mise  en  bouteilles  on  collera  avec  10  grammes  de 
tanin,  et  si  le  liquide  est  trop  long  à  s'éclaircir,  on  aura  recours 
à  un  second  collage  en  employant  cette  fois  le  blanc  d'œuf. 

Voici  quelques  bonnes  formules  données  par  M.  l'abbé  Guyot 
dans  le  Bulletin  de  la  Société  des  agriculteurs  de  France,  1899  : 

Hydromel  sec  :  miel,  130  livres;  eau,  150  litres;  ferment  de 
sauterne,  200  grammes. 

Hydromel  doux:  augmenter  la  quantité  de  miel  et  employer  un 
ferment  de  l'Institut  de  Laclaire. 

Hydromels  légers  :  miel,  o  livres;  eau,  lo  litres;  on  obtient 
3°  d'alcool.  Avec  6  livres  de  miel  on  en  oblieui  6,  et  ainsi  de 


1.  G.  de  Layens,  L'Hydromel  (Paris,  P.  Dupont,  1894,  in -12). 


132  LE   MIEL. 

suite  jusqu'à  13  livres.  Au  delà  le  miel  reste  dans  le  liquide  sans 
se  transformer. 

En  Belgique  on  fabrique  actuellement  l'hydromel  en  grand  ;  es- 
pérons qu'une  industrie  semblable  ne  tardera  pas  à  se  fonder  en 
France.  Les  producteurs  de  miel  y  trouveront  un  sérieux  débouché, 
et  l'hygiène  publique  en  retirerait  les  plus  salutaires  effets. 

Le  chrysomel,  ou  liqueur  dorée  au  miel,  s'obtient,  suivant  M.  Thi- 
baut, en  prenant  4  kilogrammes  de  miel  qu'on  met  dans  une  cas- 
serole avec  4  litres  d'eau.  On  fait  cuire  jusqu'à  réduction  de  un 
tiers  en  écumant  souvent.  On  ajoute  après  refroidissement  3  litres 
d'alcool  dans  lesquels  on  a  l'ait  macérer  pendant  huit  jours  trois 
bâtons  de  bonne  vanille  coupés  en  petits  morceaux.  Verser  dans 
une  bonbonne  bien  bouchée,  filtrer  après  huit  jours  et  mettre  en 
bouteilles.  On  obtient  ainsi  7  litres  d'une  liqueur  délicieuse. 

Pour  faire  de  la  limonade  gazeuse  au  miel,  mélanger  :  1  kilo- 
gramme de  miel,  10  litres  d'eau  bouillante,  un  peu  de  levure  de 
bière.  Après  deux  jours  de  fermentation,  mettre  en  bouteilles, 
bien  boucher  et  ficeler.  On  peut  aromatiser  préalablemont  avec 
du  citron. 

Pour  préparer  Yoxymel,  prendre  deux  parties  de  miel,  une  de 
vinaigre  de  vin,  et  faire  évaporer  jusqu'à  consistance  sirupeuse; 
ou  bien  faire  bouillir  miel  un  quart  d'heure  et  ajouter  vinaigre  de 
miel.  L'oxymel  s'emploie  comme  un  sirop,  mélangé  avec  de  l'eau. 

Le  vin  au  miel  ou  œnomel  se  prépare  de  la  manière  suivante  : 
prendre  150  kilogrammes  de  raisin,  30  de  miel,  50  litres  d'eau 
chaude;  faire  fondre  le  miel  dans  l'eau  chaude  et  verser  sur  le 
raisin  écrasé;  on  décante,  et  la  fermentation  commence  le  lende- 
main. Au  résidu  provenant  de  cette  opération  on  peut  ajouter 
10  kilogrammes  de  miel  et  150  litres  d'eau  :  on  obtient  ainsi  une 
boisson  excellente.  —  On  prépare  aussi  un  bon  œnomel  en  rem- 
plaçant simplement  le  sucre  par  du  miel  dans  les  vins  de  seconde 
cuvée. 

La  méthode  de  M.  Godon  donne  pour  la  fabrication  de  l'œnomel 
de  très  bons  résultats.  Dans  une  pièce  saine  et  chaude,  installer 
un  fût  de  550  litres  défoncé  par  un  bout.  Y  verser  50  kilogrammes 
de  raisin  frais  et  bien  l'écraser.  Faire  fondre  du  miel  dans  l'eau 
chaude  à  raison  de  400  grammes  par  litre  si  l'on  veut  obtenir  un 
liquide  titrant  après  fermentation  16°  à  17°  d*alcool,  ou  de  230  à 


LE   MIEL.  133 

260  grammes  pour  10°  à  \2°.  Emplir  ainsi  le  tonneau  en  laissai) l 
toutefois  un  vide  de  50  litres.  Le  lendemain,  le  marc  monte,  le  vide 
se  remplit  et  la  température  atteint  25°  à  28°.  On  couvre  la  cuve 
pour  éviter  le  refroidissement.  Les  premiers  jours  le  marc  sera 
foulé  avec  un  pilon,  et  les  jours  suivants  on  tirera  du  liquide  par 
le  bas  pour  arroser  le  marc  par  le  haut.  L'hydromel  est  fini  au 
bout  de  dix  à  douze  jours;  on  soulire,  et  le  marc  peut  servir  pour 
une  seconde  cuvée  de  500  litres. 

La  fermentation  sera  moins  active  et  durera  deux  ou  trois 
jours  de  plus.  On  peut  ajouter  pour  cette  deuxième  cuvée  200  à 
300  grammes  d'acide  lartrique.  La  température  doit  être  d'au 
moins  25°. 

L'œnomel  bien  fait  ressemble  beaucoup  à  d'excellent  vin;  son 
usage  est  éminemment  hygiénique  et  ne  saurait  être  trop  recom- 
mandé. 

Pour  obtenir  du  vin  de  groseilles  au  miel,  mélanger  6  litres  de 
groseilles  pilées  et  12  litres  d'eau;  décanter  ^près  quatre  jours  ; 
presser  le  marc  avec  les  mains;  y  jeter  12  litres  d'eau  et  laisser 
macérer  six  heures;  réunir  les  deux  liquides  et  ajouter  4  kilo- 
grammes de  miel,  faire  fermenter  à  15°  ou  20°. 

On  peut  remplacer  les  groseilles  par  des  murons,  fruits  de 
ronces,  des  mûres,  des  cerises,  des  prunes,  etc.  Ces  vins  se  pré- 
parent aussi  comme  les  vins  de  raisin. 

Pour  faire  du  madère  au  miel,  on  mélange  du  cidre  nouveau 
avec  du  miel  jusqu'à  ce  qu'un  œuf  plongé  dans  le  liquide  se 
maintienne  à  la  surface.  On  fait  bouillir  dans  une  bassine  étamée 
en  écumant  soigneusement.  Filtrer  à  la  chausse,  quand  il  n'y  a 
plus  d'écume,  mettre  en  baril  et  attendre  cinq  à  six  mois  pour  la 
mise  en  bouteilles.  (Il  faut  environ  2  kil.  500  de  miel  pour  6  litres 
de  cidre.) 

Dans  ces  diverses  fermentations  on  peut,  avec  avantage,  em- 
ployer l'acide  lartrique  et  le  sous-nitrate  de  bismuth  en  ne  dépas- 
sant pas  la  dose  indiquée  plus  haut  (page  131),  soit  50  grammes 
du  premier  et  10  du  second  pour  100  litres  de  liquide.  On  détruit 
ainsi  tous  les  ferments  secondaires,  en  ne  laissant  subsister  que 
le  ferment  alcoolique.  On  peut  encore  employer  comme  ferment 
non  seulement  des  raisins  blancs,  mais  aussi  du  moût  de  raisin 
noir  et  même  des  raisins  secs,  et  aromatiser  ces  diverses  boissons 


134  LE  MIEL. 

en  plongeant  dans  le  liquide  un  sachet  contenant  des  grains  de 
genièvre,  de  la  sauge,  de  la  cannelle,  etc. 

On  obtient  par  des  procédés  analogues  du  cidre&u  miel  etde  la  bière 
au  miel.  L'hydromel  peut  encore  être  champagnisé  comme  le  vin. 

Pour  préparer  le  vinaigre  au  miel,  prendre  6  litres  d'eau,  1  kilo- 
gramme de  miel,  une  croûte  de  pain  qu'on  peut  faire  griller  et 
une  cuillerée  du  levain  ;  maintenir  au  chaud  pour  que  la  fermen- 
tation soit  rapide.  Soutirer  quand  le  liquide  est  clair  et  mettre  en 
bouteilles.  (Dennler.) 

Les  eaux  miellées  peuvent  après  leur  complète  fermentation 
donner  par  la  distillation  un alcoolte  première  qualité.  Si  l'on  admet 
qu'il  faut  1  kilogr.  800  de  sucre  pour  donner  1  degré  d'alcool  par 
hectolitre  d'eau,  et  que  le  miel  contient  80  pour  100  de  sucre 
fermentescible,  il  faudra  environ  2  kilogr.  500  de  miel  pour  ob- 
tenir ce  même  degré  d'alcool,  ou  250  grammes  par  litre. 

Lorsqu'on  soumet  à  la  distillation  des  eaux  miellées  après  les 
avoir  aromatisées  en  y  faisant  macérer,  comme  il  est  dit  plus  haut, 
des  fruits  à  noyau,  des  baies  de  genévrier,  des  marcs  de  raisin  ou 
de  pomme,  on  en  tire  d'excellentes  eaux-de-vie. 

L'addition  de  noyaux  à  l'eau  miellée  donnera  un  kirsch  de  pre- 
mière qualité.  Cette  addition  est  très  importante;  elle  enlève  com- 
plètement aux  eaux-de-vie  ainsi  fabriquées  le  goût  de  cire  qu'elles 
ont  presque  toujours. 

Les  eaux  miellées  provenant  de  toutes  les  opérations  pratiquées 
pour  la  préparation  du  miel  ou  de  la  cire  devront  donc  être  réu- 
nies et  conservées  :  il  sera  facile,  par  les  procédés  que  nous  venons 
d'indiquer,  de  les  transformer  soit  en  boisson,  soit  en  alcool.  Le 
giucomètre  Guyot  indiquera  le  titre  en  alcool  qu'elles  fourniront 
après  fermentation;  il  faut  y  ajouter  du  miel  jusqu'à  ce  qu'elles 
marquent  17°,  et  les  utiliser  le  plus  tôt  possible,  sans  quoi  elles 
deviendraient  acides. 

Le  degré  des  eaux  miellées  pourra  encore  être  évalué  avec  le 
liquomètre  que  nous  représentons  ifig.  145)  :  il  suffit  d'aspirer  le 
liquide  par  le  tube  a,  de  le  laisser  redescendre  et  de  lire  sur  la 
tige  graduée  l'endroit  où  il  s'est  arrêté. 

M.  Bourgeois  emploie  des  sirops  à  8°  ou  10°  Baume,  qu'il  fait 
fermenter  avec  la  levure  de  bière  jusqu'à  ce  que  le  degré  du  liquide 
s'abaisse  au  zéro  de  l'aréomètre.  Cette  fermentation  se  fait  à  la 


LE    MIEL. 


135 


température  de  16°  à  22°  centigrades.  L'alcool  obtenu  est  ensuite 

ramené  à  50°  de  l'alcoomètre  centigrade  à  la  température  de  15°. 

Il  prend  de  la  couleur  dans  les  fûts,  mais 

peut  tout  de  suite  être  coloré  avec  un 

mélange  de  thé  et  de  caramel;  on  peut 

aussi  lui  donner  du  goût  avec  des  noyaux 

de  fruits  ou  des  amandes  amères. 

100  kilogrammes  de  miel  peuvent  four- 
nir par  ce  procédé  30  à  40  litres  d'alcool. 


Nous  mentionnerons  ici  les  belles  re- 
cherches de  M.  Derosne  sur  la  fermenta- 
tion alcoolique  des  eaux  miellées.  On 
s'étonnait  souvent  de  voir  que  les  miels 
les  plus  purs  obtenus  à  l'extracteur  en- 
traient difficilement  en  fermentation. 
M.  Derosne  a  démontré  que  le  miel  lui- 
même  ne  contient  en  effet  aucun  fer- 
ment, et  que  le  peu  d'acide  formique  qu'il 
renferme  suffirait  à  les  détruire  tous; 
mais  il  en  est  autrement  du  pollen  récolté 
par  les  abeilles,  et  il  suffit  d'en  ajouter 
quelques  grammes  aux  eaux  miellées  pour  obtenir  un  résultat 
immédiat.  {L'Apiculteur,  Bulletin  de  la  Société  centrale  d'Api- 
culture el  de  Zoologie  agricole,  1893.) 


Fig.  U5.  —  Liquomètre. 

Le  tube  gradué  a  glisse  dans  l'an- 
neau b;  on  amène  son  extrémité  au 
contact  du  liquide,  qu'on  aspire  avec 
la  bouche.  Le  liquide  redescend,  et 
à  son  niveau  on  lit  sur  le  tube  13 
degré  alcoolique- 


<%* 


136  LA    Cl  HE. 

CHAPITRE  XIII 

LA   CIRE 
1.  Propriétés  et  usages  île  la  cire. 

Les  anciens,  voyant  certains  végétaux  exsuder  des  matières 
cireuses,  se  figuraient,  paraît-il,  que  les  abeilles  récoltaient  la 
cire  en  nature  sur  les  plantes.  Nous  savons  aujourd'hui  qu'il  n'en 
est  pas  ainsi,  et  qu'elle  est  un  produit  de  sécrétion  de  l'abeille, 
sécrétion  opérée  par  quatre  paires  de  glandes  situées  entre  les 
anneaux  de  la  face  ventrale  de  l'abdomen,  d'où  elle  se  détaclie  en 
lamelles  pentagonales  minces  et  transparentes  (v.  page  21). 

On  a  constaté  que  des  abeilles  nourries  exclusivement  de  pollen 
ne  produisent  pas  de  cire.  Il  faut,  pour  en  obtenir,  les  nourrir  de 
miel  ou  de  sucre. 

Cependant  M.  de  Layens  et  l'abbé  Boyer  ont  remarqué  qu'à  cer- 
taines époques  où  le  temps  est  humide  et  le  pollen  abondant,  elles 
semblent  poussées  à  construire  sans  qu'on  en  comprenne  l'utilité. 

La  production  de  la  cire  est  plus  abondante  quand  la  tempé- 
rature est  élevée,  et  il  semble  résulter  d'observations  sérieuses 
que  cette  production  augmente  aussi  quand  l'abeille  se  nourrit  de 
pollen  en  même  temps  que  de  miel,  puisque  des  abeilles  nourries 
exclusivement  de  pollen  ne  donnent  pas  de  cire  en  quantité  appré- 
ciable. 

lluber  avait  conclu  de  ses  expériences  que  les  abeilles  produisent 
30  grammes  de  cire  pour  une  consommation  de  500  grammes  de 
sucre  à  l'état  de  sirop,  tandis  qu'avec  le  même  poids  de  miel  elles 
n'en  donneraient  que  20  grammes;  Hamet,  qui  rapporte  ces 
chiffres,  pense  avec  raison  qu'à  l'état  de  liberté  les  abeilles  doi- 
vent produire  plus  de  cire  pour  une  même  consommation  de  miel. 

Quoi  qu'il  en  soit,  d'autres  observateurs  ont  renouvelé  les 
mêmes  expériences  et  sont  arrivés  à  des  résultats  très  différents; 
pourtant  on  admet  en  général  qu'il  faut  7  grammes  de  miel  pour 
faire  produire  à  l'abeille  l  gramme  de  cire.  MM.  de  Layens  et  Bon- 
nier  admettent  qu'il  lui  faut  6  kilogrammes  de  miel  pour  éla- 


LA    CIRE.  137 

borer  1  kilogramme  de  cire.  Berlepsch  compte  douze  livres  de  miel 
et  pollen  pour  obtenir  une  livre  de  cire.  M.  Vignole,  qui  était  un 
de  nus  meilleurs  praticiens  eu  apiculture,  a  observé  qu'à  cer- 
tains moments  les  abeilles  font  une  livre  de  cire  pour  une  livre  de 
miel  absorbé. 

La  cire  fond  à  64°  centigrades,  et  commence  à  se  ramollu 
à  35°.  Sa  densité  est  de  0,966.  Complètement  insoluble  dans  l'eau, 
elle  se  dissout  facilement  dans  les  graisses,  les  huiles,  la  benzine, 
le  sulfure  de  carbone,  l'essence  de  térébenthine,  etc. 

La  potasse  la  transforme  à  chaud  en  savon. 

La  cire  est  principalement  formée  de  matières  grasses;  traitée 
parla  chaleur,  elle  donne  de  l'acide  sébacique,  une  huile,  de 
l'hydrogène,  de  l'acide  carbonique  et  du  charbon.  Les  causes  de 
sa  coloration  sont  peu  connues.  Ce  qu'il  y  a  de  très  remarquable, 
c'est  qu'au  moment  de  sa  production  elle  est  complètement 
blanche,  ce  dont  on  peut  facilement  s'assurer  en  regardant  un 
rayon  nouvellement  fait. 

Pour  blanchir  la  cire  jaune,  le  moyen  le  plus  simple  consiste  à 
la  couper  en  rubans  minces  que  l'on  expose  aux  rayons  du  soleil 
pendant  plusieurs  semaines. 

Les  usages  de  la  cire  sont  assez  nombreux.  En  pharmacie,  elle 
entre  dans  la  composition  du  cérat  et  de  quelques  autres  prépa- 
rations; la  parfumerie  en  fait  une  certaine  consommation;  on  en 
fabrique  des  allumettes,  et  surtout  des  cierges;  l'Église,  d'après 
le  rite,  ne  doit  consommer  dans  ses  offices  que  de  la  cire  d'abeilles 
absolument  pure  de  tout  mélange. 

Elle  sert  dans  la  fabrication  des  toiles  cirées  et  du  cirage; 
dissoute  dans  l'essence  de  térébenthine,  elle  constitue  l'encaus- 
tique des  ébénistes.  On  prépare  pour  les  parquets  un  encaustique 
formé  de  : 

Cire  jaune 500  grammes. 

Savon 125       — 

Eau 5  litres. 

Faire  fondre  à  chaud,  ajouter  60  grammes  de  carbonate  de 
potasse  et  laisser  refroidir.  Étendre  au  pinceau  et  frotter  le  lende- 
main à  la  cire. 


138 


LA    CIHE. 


Pour  préparer  une  excellente  pâte  propre  à  imperméabiliser  le 
cuir,  on  fera  dissoudre  à  saturation  de  la  cire  dans  la  benzine, 
chauffer  au  bain-marie  et  ajouter  un  dizième  de  blanc  de  baleine. 

2.  Extraction  de  la  cire. 

Lorsqu'on  a  peu  de  matière  à  traiter  (déchets  et  débris  de 
gâteaux  provenant  des  rayons  dont  on  a  extrait  le  miel),  il  suffit 
de  la  placer  dans  une  passoire  au-dessus  d'un  récipient  contenant 
de  l'eau,  que  l'on  introduit  dans  un  four  modérément  chauffé. 
A  mesure  que  la  cire  fond  elle  coule  dans  le  vase  avec  le  miel 


'Fig.  146.  —  Cérificateur  ou  Purificateur  solaire. 
a.  Toile  métallique  sur  laquelle  on  place  le»  fragmenta  de  rayons. 

qu'elle  peut  contenir;  celui-ci  se  dissout  dans  l'eau,  et  les  impu- 
retés  restent  dans  la  passoire;  les  parties  les  plus  fines,  qui  se 
trouvent  entraînées  par  la  fusion,  se  déposent  au  fond  de  l'eau. 

On  peut  aussi  mettre  les  déchets  à  traiter  dans  une  chaudière 
remplie  d'eau  qu'on  porte  à  l'ébullition. 

En  tous  cas,  le  refroidissement  doit  toujours  être  très  lent, 
pour  que  les  impuretés  se  déposent  complètement,  et  la  cire, 
qui  surnage,  ne  doit  pas  être  coulée  tant  que  sa  température 
est  supérieure  à  72°. 

On  assure  que  l'addition  à  la  cire  fondue  d'un  peu  d'alcool  et 
d'alun  (1  gramme  par  kilogramme)  facilite  le  dépôt  des  impu- 
letés. 

Les  moules  qui  servent  au  coulage  des  pains  peuvent  être  en 


LA   CIRE.  139 

terre  ou  en  métal.  On  les  enduit  légèrement  de  savon  ou  d'huile 
au  moment  de  couler. 

Le  purificateur  solaire  (fi g.  146)  est  très  employé  dans  les 
exploitations  apicoles  de  quelque  importance.  C'est  une  sorte  de 
caisse  en  forme  de  pupitre,  dont  le  couvercle  incliné  est  garni 
d'une  vitre  qui  condense  la  chaleur  du  soleil.  A  l'intérieur  se 
trouve  un  double  fond  ou  sorte  de  cuvette  n'ayant  que  trois  bords 
relevés.  Il  est  soulevé  sur  des  tasseaux  et  légèrement  incliné  en 
avant.  La  cire  en  fondant  coule  dans  la  caisse  et  est  reçue  dans 
une  auge  disposée  à  cet  effet;  les  impuretés  restent  sur  le  double 
fond  en  fer-blanc.  Nous  ferons  pourtant  remarquer  que  les  rayons 
trop  vieux  y  fondent  difficilement. 


3.   Falsifications  de  la  cire. 

La  cire  est  souvent  falsifiée,  l'ouren  augmenter  le  poids  ou  pour 
en  modifier  la  couleur,  on  y  introduit  frauduleusement  des  ocres, 
des  résines,  des  graisses,  du  soufre,  etc.  On  peut  approximati- 
vement se  rendre  compte  de  ces  falsifications.  La  cire,  pure  se 
dissolvant  complètement  dans  la  benzine  et  dans  l'essence  de 
térébenthine  sans  laisser  aucun  dépôt,  il  suffit  de  mettre  dans  un 
verre  un  fragment  de  la  cire  suspectée  avec  l'un  de  ces  deux  li- 
quides :  s'il  y  a  un  résidu,  soit  solide,  soit  floconneux,  c'est  que 
la  cire  est  impure.  De  Layens  conseillait  avec  raison  de  faire  un 
essai  comparatif  avec  de  la  cire  d'une  pureté  certaine.  Il  est  alors 
facile  de  voir  si  la  dissolution  se  fait  d'une  manière  semblable. 

On  fabrique  même  de  toutes  pièces,  par  des  mélanges  de 
résines  et  de  corps  gras,  des  produits  qui  lui  ressemblent  beau- 
coup et  que  l'on  vend  soit  tels  quels,  soit  mélangés  à  un  peu  de 
cire  vraie  pour  leur  en  donner  l'odeur.  Il  existe  d'ailleurs  dans  la 
nature  une  matière  minérale,  Yozokérite,  que  l'on  emploie  en 
pharmacie  sous  le  nom  de  cérésine.  On  assure  que  quand  elle 
est  pure  les  abeilles  l'acceptent  pour  construire  leurs  rayons,  et 
qu'on  peut  la  mélanger  à  la  cire  qui  sert  à  faire  les  gaufres.  L'ozo- 
kérite  ou  cérésine  jouit  de  propriétés  antiseptiques  et  empêche  de 
rancir  les  médicaments  qui  en  contiennent. 

Il  existe  aussi  des  cires  végétales  ;  mais  il  n'entre  pas  dans  notre 


440  LA    CIRE. 

plan  de  nous  en  occuper  ici  ;  nous  citerons  cependant,  pour  les 
distinguer  de  la  cire  d'abeilles  :  la  cire  de  palme,  produite  par  le 
ceroxylon  andicola,  et  la  cire  dite  carnauba,  fournie  par  le 
copernicia  cerifera  du  Brésil. 

Ajoutons,  pour  terminer,  que  certains  insectes,  de  l'ordre  des 
hémiptères,  jouissent  aussi  de  la  faculté  de  sécréter  une  matière 
cireuse.  Au  Guatemala,  le  coccus  axim,  par  exemple,  donne  en 
assez  grande  quantité  une  cire  blanche,  recueillie  pour  l'usage 
domestique. 

La  Propolis. 

La  propolis  est  celte  matière  résineuse  [voir  pages  22,  27  et  52) 
que  les  abeilles  récoltent  sur  les  écorces  pour  calfeutrer  la  ruche 
et  renforcer  les  cellules,  et  qu'elles  transportent  comme  le  pollen 
au  moyen  de  leurs  pâlies  postérieures.  Elle  jouit  de  propriétés 
remarquables  :  elle  fait  la  base  d'excellents  vernis,  comme,  par 
exemple,  celui  qui  serl  en  Russie  pour  rendre  les  sébiles  imper- 
méables. 

Son  emploi  est  excellent  dans  le  traitement  des  blessures  el  des 
plaies  :  Pline  et  Aristote  en  vantaient  déjà  les  qualités  pour  le 
traitement  des  ulcères  et  des  suppurations,  et,  plus  près  de  nous, 
M.  R.  Spiegler,  de  Saxe,  en  a  tiré  un  produit  qui,  sous  le  nom  de 
«  Propolisin  »,  a  été  employé  en  1900  dans  l'Afrique  du  Sud  par 
le  Dr  Powel,  avec  le  plus  grand  succès,  pour  le  traitement  des 
blessures,  môme  les  plus  graves. 

Employée  seule,  la  propolis  est  un  excellent  mastic  à  greffer. 

Les  abeilles  récoltent  souvent  aussi  et  peut-être  à  son  défaut, 
sur  les  palissades,  volets,  etc.,  les  vernis  qu'on  y  a  appliqués,  s'ils 
n'ont  pas  trop  durci. 


^isa 


CARTE  APICOLE  DE  LA  FRANCE. 


Au-dessous  de  1  ono  ruches. 
De  1  ooo  à  10  000  ruches. 


n  De  10  ooo  à  15  ooo  ruches. 


De  15  ooo  à  îo  ooo  ruche*. 
De  20  ooo  à  30  ooo  ruches. 
De  30  ooo  à  50  ooo  ruche». 


\a  drssus  de  5o  ooo  ruches. 


Nota.  —  Le  numéro  placé  dans  chaque  département  correspond  au  numéro  qui  se 
I  gauche  de  chaque  ligne  du  tableau  de  statistique  ci-après. 


STATISTIQUE   OFFICIELLE    APICOLE    DE  LA   FRANCE 

ANNÉE     1903 
(D'après  le  Bulletin  du  Ministère  de  l'Agriculture.) 

Nota.  —  Le  numéro  placé  au  commencement  de  chaque  li^ne  correspond  k  celui  de  la  Carte 
avicole  île  la  page  précé  le  ne. 


NOMBRE 

M  1  E  L 

:  î  L  e 

DÉPARTEMENTS 

de 

RUCHES 

PRODUCTION 

VALEUR 

VALEUR 

PRODUCTION 

VALEUR 

VAI.ELh 

en  activité 

totale 

totale 

dukil. 

totale 

totale 

du  kil. 

K. 

FR 

FR.  C. 

S. 

FR. 

FR.  C 

21  581 

150  113 

204  803 

1,36 

23  282 

44  293 

L,87 

22  9 1  8 

111306 

17m  039 

1,52 

1  0  090 

4  4  [03 

2,64 

16  036 

66  230 

90  130 

1,36 

23  918 

1.17 

74  Alpes(B5"-). 

24  538 

89  691 

114  804 

1,28 

-r,  '<><>, 

57  52 

2,09 

73  Alpes'H1"- . 

•13  943 

52  473 

85  727 

1,63 

12  122 

17  44!' 

1,43 

75  Alpes-Marit. 

4  515 

22  525 

22  525 

1,00 

12180 

60  Ardèche. . . 

24  779 

64  202 

119  570 

1.86 

13  457 

19  536 

L45 

5  Ardennes.. 

21560 

84  762 

116822 

1,37 

14  506 

37  170 

84  Ariège 

9  404 

29  710 

44  710 

1,50 

8  501 

17  002 

36  493 

129  100 

159  465 

1.23 

31  894 

44  664 

1.40 

S5  Aude 

9  991 

38  726 

55  387 

1,43 

8  203 

19  24  1 

2.34 

69  Aveyron. . . 

2  808 

54  300 

81450 

1,50 

17  520 

35  040 

2,00 

77  Bouch.-d-R. 

15  250 

46  430 

75  473 

1.02 

12  448 

28  332 

2-27 

9  Calvados  . . 

22  743 

118  881 

130  346 

1.09 

18817 

37  560 

1,99 

26  468 

58  787 

60  115 

16  422 

29  645 

L80 

48  Charente  . . 

14  855 

43  420 

60  788 

1,40 

13  520 

47  Chart«-Infe. 

12  490 

49  792 

71677 

1,43 

12212 

20619 

125  090 

143  844 

1.14 

50  Corrèze 

53  828 

123  425 

84  547 

41  779 

58  113 

1,39 

6  250 

1,01 

8  600 

21  718 

2,52 

36  Côte-d*Or.. 

32  403 

138  2*<2 

182  551 

1,31 

31  890 

27  Côtes-du-N. 

62  811 

581  7S7 

538  830 

0,92 

108  196 

221  146 

2,o4 

25  110 

67  630 

90  001 

1,33 

26  435 

64  Dordogne. . 

22  653 

s4  226 

86  924 

1,03 

20  602 

2,33 

Doubs 

25  901 

103  602 

205  583 

1,98 

49  869 

2,00 

137  147 

201548 

1,46 

39  248 

1.53 

1 0  Eure  . 

10  411 

64  002 

85  012 

L32 

11  724 

■l±  Eure-et-Loir 

25  337 

212  650 

243  370 

1,14 

■r,  498 

m  Fmi=  ère  . . 

386 156 

356  629 

0.92 

62  173 

23  201 

97125 

1.09 

1  1  37S 

i',72 

80  Garorr  11.-) 

11  03a 

57  904 

51  791 

1.58 

13  292 

30  688 

81   Gers 

37  708 

45  249 

1.20 

12  656 

20  374 

65  i  rironde  . . . 

Il  584 

65  676 

0,81 

5  895 

n    Hérault.... 

11  161 

63  955 

1,49 

7  882 

26  Ille-et-Vil". 

327  961 

222  223 

2,62 

1  î  743 

83  452 

103  950 

21  130 

2,12 

32  tadre-et-L. 

8  800 

71  94  4 

1,24 

1 1  726 

•  feère ..... 

123  814 

223  755 

1,80 

1,20 

56  932 

84  001 

1,49 

7  250 

1,53 

Landes. . . . 

42  096 

176  80,0 

0,50 

64  718 

Loir-et-Cher 

56  95o 

80  723 

1,41 

86  M9 

19  927 

85  000 

1,70 

9160 

,l   Loire  Hle-) 

1,73 

15  401 

1,04 

m  Loire-Infér. 

• 

172024 

Loi 

21    Loiret 

24  645 

211  557 

261  918 

1,23 

2.20 

NOMBRE 

M  I  E  L 

3  IRE 

DÉPARTEMENTS 

de 

RUCHES 

PRODUCTION 

VALEUR 

VALEUR 

PRODUCTION 

VALEUR 

VALEUR 

en  activité 

totale 

totale 

infiy  lin1 
du  kil. 

totale 

totale 

moyenne 

diikil. 

K.      • 

FR. 

FR    C. 

K. 

FR. 

FR.  C. 

9  215 

29  520 

41328 

1,40 

8  000 

15  200 

1.90 

67  Lot-et-Gar. 

11  272 

70  021 

58  269 

0,83 

10  824 

22  922 

2,11 

70  Lozère .... 

10  S72 

37  753 

54  322 

1,43 

9  449 

16  854 

1,78 

31  Maine-et-L. 

15  866 

89  036 

115  202 

1,29 

18  095 

48  604 

2,68 

8  Manche  . . . 

•      40G23 

156  576 

313152 

2,00 

43  002- 

107  505 

2,50 

14  Marne 

41673 

160189 

185  962 

1,16 

36194 

26  926 

1,73 

18  Marne  (H.-) 

27  002 

128  671 

151170 

1,17 

8  943 

19  267 

2,15 

25  Mayenne  . . 

25  022 

129  404 

116  392 

0,89 

25  896 

62  726 

2,42 

16  Meurthe-M. 

20  767 

150  877 

198119 

1,31 

15515 

37159 

2,39 

15  Meuse 

24  626 

139  992 

Loi  768 

1,08 

17  368 

40100 

2,30 

•29  Morbihan  . 

96  810 

740  548 

018172 

0,83 

134  967 

323  492 

2,39 

21  029 

73  845 

108  529 

1,46 

22  180 

47  049 

2,12 

5  244 

25  717 

43  998 

1,71 

5  448 

12  186 

2,23 

7  Oise 

18  005 

99  813 

137172 

.1,38 

19  316 

44  553 

2.30 

23  Orne 

18115 

101  756 

106  035 

1,04 

24  258 

50  524 

2,08 

2  Pas-de-Cal. 

14  856 

97  7S3 

104  931 

1,07 

20  329 

39  148 

1,92 

52  Puy-de-D.. 

21  580 

104  520 

1 47  682 

1,41 

16  079 

29  307 

1,82 

82  Pvrén.(B.-) 

9  96^ 

46  920 

61 117 

1,30 

10  960 

34146 

3,10 

83  Pvrén.(H.-j 

7  065 

29  574 

39  816 

1,34 

6  332 

19  175 

2,89 

86  Pyrén.-Or. 

9196 

28  028 

37  249 

1,32 

11  093 

18  682 

1,68 

38  Rhin(H-)Bt 

1  848 

7  593 

15  212 

2,00 

1  070 

3  238 

3,02 

54  Rhône 

11193 

50  029 

67  313 

1,34 

7  979 

18  383 

2,30 

37  Saône  (H.-) 

13  838 

41957 

72  166 

1,72 

10  035 

22  378 

2,23 

41  Saône-et-L. 

26  278 

136  236 

168  021 

1,23 

15  384 

46  524 

3,02 

24  Sarthe 

9  830 

75  400 

96  051 

1,27 

14  371 

36  290 

2,52 

57  Savoie    .  . . 

14  825 

53  923 

97  005 

1,79 

11  223 

20  914 

1,86 

56  Savoie (II.-) 

21  514 

95  197 

141  672 

1,48 

16  078 

21  439 

1.33 

96 

368 

653 

1,77 

226 

371 

1,64 

6  Sciné-Infér. 

14  214 

67  608 

114  724 

1,69 

10  185 

28  925 

2,84 

3  Seine-et-M. 

17  420 

100103 

145  484 

1,45 

14094 

42  183 

2,99 

11  Seine-el-O. 

14  203 

95  152 

137  494 

1,44 

18  657 

44  870 

2,40 

18  Sèvres  (D.-) 

21 194 

170  611 

213  264 

1,25 

37  912 

105  993 

2,79 

29  744 

120  157 

168  282 

1,40 

20  714 

59  562 

1,90 

70  Tarn  

13  040 

75  194 

105  183 

1,39 

24  912 

38  576 

1,55 

68  Tarn-et-G. 

5  451 

22  432 

28  755 

1,28 

4  791 

12154 

2,53 

76  Var 

14  082 

84  951 

96  698 

1,13 

13  105 

24  295 

1,85 

72  Vancluse . . 

13  242 

61  914 

69137 

1,11 

19  047 

34  187 

1,79 

46  Vendée.. . . 

10  025 

35  667 

46  744 

1,31 

8128 

25  809 

3,17 

44  Vienne. . . . 

21  671 

117  829 

.125  543 

1,06 

17  665 

50  912 

2,88 

49  Vienne  (H-) 

31  821 

64  879 

59  993 

0,92 

27  390 

35  093 

1,28 

17  Vosges 

22  1 93 

77  177 

153  785 

1,99 

14144 

36  361 

2,57 

20  Yonne. 
TOTAUX  ET  MOYENNES 

41883 

129  066 

183  035 

1,41 

26  770 

54  444 

2,03 

1  795  205 

9  123  347 

10  972  236 

1,20 

1  815  999 

3  873  312 

2,13 

I<4 


APICULTURE    COLONIALE. 


CHAPITRE   XIV 


APICULTURE    COLONIALE 


Bien  des  auteurs  ont  signalé  avant  nous  les  richesses  mellifères 
inépuisables  que  possèdent  nos  colonies  et  dont  il  serait  facile, 
semble-l-il,  de  tirer  parti  par  une  exploitation  raisonnée  des 
abeilles. 

L'apiculture  existe  déjà,  mais  à  un  état  généralement  rudimen- 
taire,  dans  ces  régions  privilégiées  où  l'on  rencontre  souvent  à 
l'état  sauvage  plusieurs  sortes  d'abeilles  sociales,  la  plupart  do- 

mesticables ,  et  dont  les  pro- 
duits sont  recueillis  à  l'aide 
de  procédés  plus  ou  moins  pri- 
mitifs par  les  indigènes. 

La  Feuille  de  renseigne- 
ments de  V Office  colonial  nous 
fournit  à  ce  sujet  de  très  in- 
téressantes indications,  des- 
quelles on  peut  conclure  sans 
hésitation  que  dans  toutes  nos  colonies  l'apiculture  pourrait  être 
une  ressource  précieuse,  et  que  dans  certaines  d'entre  elles 
elle  pourrait  réellement  devenir  la  base  d'un  commerce  important 
et  rémunérateur. 

En  Algérie,  l'apiculture  est  pratiquée  de  temps  immémorial. 
On  y  emploie  généralement  des  ruches  fixes  cylindriques  ou  pa- 
rallélipipédiques.  Elles  sont  souvent  construites  avec  les  tiges  de 
la  férule. 

Depuis  1871  on  y  rencontre  aussi  des  ruches  à  cadres.  Une 
société  apicole  s'y  est  fondée  dont  les  membres  possèdent  actuelle- 
ment de  très  importants  ruchers.. 
Dans  un  excellent  manuel  (1),  le  Dr  fleisser  indique  pour  les 


Fig.  147.  —  Ruche  arabe. 


1.  Manuel  d'apiculture  à  l'usage  du  colon  algérien;  par  le  Dr  Reisser,  pré- 
sident de  la  Société  des  apiculteurs  algériens  (Paris,  Challamel). 


APICULTURE    COLONIALE. 


colons  algériens  un  moyen  de  construire  avec  des  vieilles  caisses 
à  pétrole  des  ruches  à  cadres  qui  ne  reviennent  qu'à  2  fr.  30,  et 
il  donne  les  conseils  nécessaires  pour  l'exploiter. 

En  Algérie  la  visite  générale  doit  se  faire  en  octobre,  alors  qu:il 
se  produit  une  nouvelle  floraison.  Le  romarin  y  fleurit  en  no- 
vembre, les  abeilles  y  trouvent  du  pollen.  L'hiver  étant  court,  la 
consommation  hivernale  est  réduite  à  8  ou  10  kilogrammes. 

C'est  seulement  dans  les  régions  tempérées  de  cette  colonie 
que  l'apiculture  peut  être  fruc- 
tueuse. Dans  les  régions  chau- 
des, les  abeilles  ne  sortent 
guère  que  le  matin,  la  produc- 
tion du  nectar  cesse  dans  la 
journée,  et  pendant  la  saison 
sèche  elles  meurent  de  faim. 

La  Tunisie,  de  même  que 
l'Algérie,  se  prête  bien  à  l'api- 
culture. A  l'Exposition  univer- 
selle de  1900  nous  avons  pu 
examiner  des  miels,  cires  et  hy- 
dromels exposés  par  M.  Pilter 
de  Kasar-Tyr.  Les  miels,  récol- 
tés sur  le  géranium  rosat,  le 
romarin,  le  thym,  la  marjo- 
laine, conservaient  le  parfum  des  plantes  qui  les  avaient  produits, 
de  même  que  les  miels  d'oranger  exposés  par  M.  Hue. 

Au  Soudan,  les  ruches  sont  faites  de  paille  fine,  tressée;  elles 
sont  cylindriques,  recouvertes  d'un  toit  conique  et  percées  de 
trous  à  la  base  pour  la  circulation  des  abeilles.  Leur  intérieur  est 
enduit  de  terre;  on  les  suspend  dans  les  arbres  pour  les  mettre 
à  l'abri  des  feux  de  brousse  et  les  préserver  des  rongeurs. 

Les  abeilles,  nullement  domestiquées,  sont  petites  et  foncées; 
leurs  essaims  sont  très  nombreux  dans  certaines  clairières. 

Le  miel,  mal  récolté,  est  brun  et  liquide  ;  il  vaut  de  0  fr.  50  à 
1  franc  le  litre. 

La  cire  quand  elle  est  épurée  est  très  belle  ;  elle  vaut  de  0  fr.  50 
à  1  franc  le  kilogramme.  Elle  est  ordinairement  brune,  quoique 
certaines  régions  en  produisent  de  jaune  et  même  de  blanche. 


Fig.  us.  —  Ruche  du  Soudan. 


APiCULTORB 


10 


146  APICULTURE   COLONIALE. 

Les  frais  de  courtage  et  de- transport  jusqu'en  France  s'élèvent  à 
U  l'r.  70  par  kilogramme. 

Suivant  la  Feuille  de  renseignements  de  V Office  colonial,  l'Eu- 
ropéen qui  acquérerait  une  concession  dans  la  région  sud,  où  les 
essaims  abondent  dans  les  forêts,  pourrait  obtenir  sans  frais  une 
grande  quantité  de  cire,  qu'il  augmenterait  encore  par  l'installa- 
tion de  ruchers.  Il  trouverait  en  outre  chez  les  indigènes  l'écou- 
lement de  son  miel. 

En  Guinée,  les  mouches  à  miel  abondent;  longtemps  négli- 
gées pour  le  caoutchouc,  elles  sont  maintenant  très  recherchées. 
On  les  trouve  à  l'état  sauvage  dans  les  troncs  d'arbres,  d'où  on  les 
chasse  par  la  fumée. 

Les  rayons  sont  récollés  avec  leurs  abeilles  et  introduits  dans 
des  marmites.  On  en  égoutte  le  miel,  et  le  résidu  est  chauffé 
pour  en  extraire  la  cire,  qui  vaut  de  1  fr.  90  à  2  francs  le  kilo- 
gramme. 

Les  indigènes  en  fabriquent  de  grosses  bougies  très  employées 
dans  la  colonie.  Ils  les  plantent  sur  de  grossiers  chandeliers  en 
bois  à  bords  larges  et  creux  où  vient  se  figer  la  cire  qui  coule. 

Dans  le  Fouta-Djallon  et  aux  environs,  les  ruches  sont  faites 
de  paille  tressée;  elles  ont  la  forme  de  tambours  longs  de  1  mètre, 
larges  deOm,50,  qu'on  accroche  dans  des  arbres  qui  portent  le  nom 
de  néris.  Pour  les  récolter  on  fait  périr  l'essaim.  Souvent  le  miel 
seul  est  recueilli  et  remplace  le  sucre  dans  les  usages  domes- 
tiques. 

2  kil.  500  de  miel  valent  un  estagnon  de  pétrole  de  16  litres, 
matière  préférée  aujourd'hui  pour  l'éclairage  aux  bougies  de  cire. 

Le  néri  est  un  arbre  qui  croît  dans  toute  la  colonie,  surtout 
dans  les  endroits  rocheux  et  arides.  Il  est  .toujours  entouré 
d'abeilles,  et  son  abondance  permettrait  de  nourrir  mille  fois  plus 
de  ruches. 

La  cire  vaut  de  1  fr.  50  à  2  francs  le  kilogramme;  elle  est  refondue 
dans  le  commerce  et  coulée  dans  des  moules  en  fer-blanc  (sou- 
vent dans  des  estagnons  de  pétrole  vides)  pour  être  envoyée  en 
Europe  enveloppée  dans  de  la  toile  à  voiles.  Le  fret  coûte  30  francs 
par  tonne.  Le  mitl  est  trop  mal  récolté  pour  être  exporté. 

Au  Dahomey,  on  rencontre  des  ruches  naturelles  et  des  ruches 
artificielles.  Les  abeilles  sauvages  y  sont  domesticables. 


APICULTURE    COLONIALE. 


Il  y  en  a  de  deux  sortes  :  l'une  noire,  non  mellifère,  et  une 
autre,  au  contraire,  très  mellifère. 

Le  miel  vaut  0  fr.  60  et  n'est  pas  exporté. 

A  Mayotte,  les  indigènes  se  servent  de  caisses  de  bois  et  de 
ruches  connues  à  la  Réunion  sous  le  nom  de  bombardes.  11  semble 
y  avoir  trois  sortes  d'abeilles,  dont  deux  sont  facilement  domes- 
ticables.  Pour  la  recuite  les  indigènes  emploient  la  fumée  et  s'en- 
duisent du  jus  de  certaines  plantes  afin  de  se  préserver  des  pi- 
qûres. Le  miel  est  tantôt  jaune,  tantôt  rouge. 

A  Madagascar,  le  miel  est  bon,  mais  impur  ;  il  vaut  de  0  fr.  75 
à  1  franc  le  litre,  et  la  cire  sauvage  de  2  fr.  30,  2  fr.  50  et  3  francs, 
suivant  sa  pureté. 

Dans  quelques  districts  les  Malgaches  l'emploient  pour  la  fabri- 
cation d'une  boisson  fermentée. 

L'abeille  de  Madagascar  est  petite  et  noire.  Les  indigènes  cher- 
chent les  colonies  dans  les  forêts  et  les  asphyxient  pour  recueillir 
la  cire,  qu'ils  compriment  en  boules,  et  qu'ils  expédient  sous  cet 
état  en  Europe.  La  ruche  à  cadres  a  été  récemment  introduite  à 
Madagascar. 

A  la  Réunion,  on  rencontre  trois  sortes  d'abeilles  :  apis  uni- 
color,  apis  ligustica  (italienne)  et  apis  mellifera  et  ses  variétés; 
la  première  plus  abondante.  Les  autres  ont  été  introduites. 

On  y  emploie  les  ruches  Layens,  Dadant,  Gariel,  etc. 

Parmi  les  plantes  mellifères  l'une  des  plus  importantes  est  le 
Tan  rouge,  grand  arbre  qui  donne  le  miel  le  plus  estimé  connu 
sous  le  nom  de  «  miel  vert  ».  Citons  aussi  la  vanille,  qui  commu- 
nique au  miel  son  parfum  exquis. 

La  colonie  manque,  dit  la  Feuille  de  renseignements  de  l'Of- 
fice colonial,  de  débouchés  pour  l'écoulement  du  miel,  dont  plus 
du  tiers  est  perdu.  Il  y  vaut  de  1  à  2  francs  le  litre,  et  la  cire  de 
2  à  3  francs  le  kilogramme. 

En  Indo-Chine,  on  trouve  plusieurs  abeilles  sauvages  :  une 
grande,  entre  autres,  très  redoutée  des  indigènes,  et  une  petite 
qu'ils  domestiquent.  L'ouvrière  de  cette  dernière  mesure  1  centi- 
mètre; la  mère,  12  à  13  millimètres.  Son  élevage  est  pratiqué 
surtout  en  Annam  et  au  Tonkin,  où  elle  a  été  étudiée  en  1887  par 
le  Dr  Rialan. 

Le  miel  est  extrait  en  pressant  la  cire  dans  les  mains;  il  est 


148  APICULTURE    COLONIALE. 

brun.  La  récolte  a  lieu  tous  les  deux  mois,  sauf  en  hiver,  et  donne 
chaque  fois  deux  ou  trois  bols  de  miel. 

La  cire  est  épurée  à  l'eau  chaude. 

En  Gochinchine,  les  forêts  sont  divisées  en  lots  affermés  aux 
villages  pour  la  récolte  des  nids  d'abeilles  vivant  à  l'état  sauvage. 

Chaque  nid  donne  de  cinq  à  dix  bols  de  miel  et  500  à 
700  grammes  de  cire,  tantôt  blanche,  tantôt  jaune. 

Le  miel  (qui  est  toujours  à  l'état  liquide)  de  première  qualité  vaut  - 
1  franc  le  litre;  on  l'emploie  comme  vermifuge,  laxatif,  dépuratif. 
Celui  de  qualité  inférieure  vaut,  en  gros,  de  30  à  40  centimes;  il 
sert  à  la  fabrication  de  certains  mets  indigènes  et  de  gâteaux. 

La  cire  vaut  1  franc  le  kilogramme.  Elle  est  ordinairement 
vendue  aux  Chinois. 

A  la  Martinique,  nous  trouvons  deux  espèces  d'abeilles,  dont 
l'une  est  sauvage  et  intraitable,  tandis  que  l'autre  est  très 
maniable. 

Le  miel  se  vend  sur  place  1  fr.  25  à  1  fr.  50  le  litre. 

Une  ruche  en  produit  30  litres  et  1  kil.  250  de  cire. 

M.  le  marquis  de  Fougères,  qui  a  longtemps  habité  cette  colo- 
nie, nous  dit  (jue  c'est  l'espèce  semi-sauvage  qui  peuple  les  ruches 
del'île. 

Les  essaims  sont  installés  dans  des  caisses  à  pétrole  et  à  ver- 
mout,  et  reçoivent  peu  ou  pas  de  soins.  La  flore,  largement  pour- 
vue de  plantes  mellifères,  pourvoit  à  leurs  besoins. 

Un  certain  nombre  d'apiculteurs  fournissent  à  la  consommation 
un  miel  excellent  et  en  quantité  suffisante.  Ils  en  exportent  pour 
Cayenne  dans  des  dames-jeannes  de  10  litres.  Ils  vendent  la  cire 
aux  pharmaciens  et  aux  particuliers. 

La  récolte  a  lieu  de  novembre  à  avril.  Une  ruche  de  65  centi- 
mètres sur  30  donne  30  litres  de  miel  et  1  kil.  250  de  cire. 

Dans  le  nord  de  l'île,  près  de  Saint-Pierre,  on  trouve  comme  un 
petit  centre  apicole. 

A  la  Guadeloupe,  nous  dit  encore  M.  de  Fougères,  on  trouve 
une  petite  abeille  solitaire~qui  construit  de  petites  capsules  iso- 
lées, grosses  comme  un  bouton  de  fleur  d'oranger,  formées  d'une 
cire  brunâtre  contenant  un  miel  également  brun,  d'un  parfum 
exquis,  et  une  abeille  sociale  dont  le  miel  est  excellent.  Celle-ci 
vil  à  l'état  sauvage;  mais  on  en  fait  aussi  l'élevage  dans  des 


APICULTURE    COLONIALE.  149 

ruches  fort  simples,  caisses  à  pétrole  ou  à  vermouth  qu'on  re- 
tourne sur  une  dalle  ou  sur  des  planches. 

La  caisse  à  pétrole  étant  en  fer  s'oxyde,  noircit  le  miel  et  lui 
communique  souvent  un  mauvais  goût.  Par  contre,  les  caisses  ;'i 
vermout  sont  souvent  détruites  par  les  termites. 

La  Guyane  française  possède  plusieurs  espèces  d'abeilles  sau- 
vages. Les  unes,  appartenant  au  genre  mellipone,  n'ont  pas  d'ai- 
guillon; les  autres  ressemblent  à  notre  abeille  ordinaire  et  sont 
assez  facilement  domesticables.  Le  miel  sauvage  vaut  à  la  Guyane 
de  3  à  4  francs  le  litre  et  le  miel  cultivé  de  5  à  6  francs.  Il  est 
soumis  à  une  légère  cuisson  qui  en  assure  la  conservation  pen- 
dant deux  ou  trois  ans.  Les  fleurs  abondent  à  la  Guyane.  Une 
demoiselle  Cablat  s'y  occupe  de  la  culture  des  abeilles. 

La  Nouvelle-Calédonie  passe  pour  produire  peu  de  miel  ;  pour- 
tant il  existe  à  Nouméa  des  ruchers  importants  composés  de  ruches 
Dadant  et  Layens,  peuplées  en  grande  parlie  d'abeilles  italiennes. 

A  l'intérieur,  les  colons  fabriquent  leurs  ruches  à  l'aide  de 
caisses  d'emballage.  Les  abeilles  sauvages  y  sont  nombreuses,  la 
flore  variée  et  très  mellifère.  Le  miel  et  la  cire  en  Nouvelle-Calé- 
donie sont  de  bonne  qualité;  l'apiculture  pourrait  y  prendre  une 
facile  extension,  qui  aiderait  à  la  fécondation  du  caféier,  du 
vanillier  et  de  tous  les  arbres  fruitiers.  Les  abeilles  y  travaillent 
toute  l'année,  et  la  production  de  la  cire  serait  sans  doute  facile 
et  rémunératrice. 

Le  miel  sauvage  vaut  de  0  fr.  75  à  1  franc  le  litre  ou  0  fr.  50  le 
pot  ou  la  section  d'une  livre  anglaise. 

A  Taïti,  le  miel  a  fréquemment  le  goût  et  l'odeur  de  la  téré- 
benthine qu'il  prend,  paraît-il,  aux  fleurs  du  manguier;  mais  on  y 
récolte  aussi  du  miel  d'oranger  qui  est  excellent. 

Les  indigènes  de  l'archipel  Tuamotou  se  servent  du  miel  pour 
sucrer  leurs  aliments  et  leurs  boissons;  il  leur  est  vendu  par 
boîtes  de  3  à  10  kilogrammes. 

7  à  800  kilogrammes  de  cire  sont  expédiés  annuellement  à 
Hambourg  et  environ  1  000  kilogrammes  sont  consommés  dans  la 
colonie. 

De  tout  ce  qui  précède  il  ressort  évidemment  que  l'apiculture 
pourrait  donner  dans  nos  colonies  d'excellents  résultats. 


150  APICULTUKK    COLONIALE. 


Il  y  aurait,  bien  entendu,  pour  chacune  d'elles,  à  tenir  compte 
des  différences  de  climat  qui  obligeraient  à  traiter  les  abeilles 
d'une  manière  particulière.  Il  serait  difficile  de  donner  ici  des 
indications  bien  précises  sur  le  choix  des  races  et  sur  les  soins 
particuliers  dont  elles  devraient  être  l'objet  :  tout  apiculteur 
quelque  peu  expérimenté  saurait  certainement  se  créer  lui-même 
une  méthode  appropriée  à  la  localité  où  il  résiderait.  Nous  avons 
voulu  seulement  appeler  l'attention  sur  une  source  de  richesse 
abondante  et  trop  délaissée  qu'il  serait,  nous  semble-t-il,  facile 
de  mettre  en  valeur.  Ajoutons  d'ailleurs  pour  terminer  que  dans 
plusieurs  de  nos  colonies  nos  races  d'abeilles  européennes  (mel- 
Ufica  et  ligustica)  ont  été  introduites  avec  succès,  et  il  est  pro- 
bable qu'en  modifiant  suivant  les  lieux  la  nature  des  soins  à  leur 
donner,  on  obtiendra  sans  aucun  doute  dans  beaucoup  d'endroits 
les  meilleurs  résultats. 


TABLE     DES     MATIERES 

ET    DES    PIQURES 


31. 


1  ;  —  le 
la  miel- 


Abdomen,  pages  18,  21;  fig.  13. 
Abeille,  9;  fig.  5,  6,  7. 
Abeilles  chypriote,  —  italienne,  111. 
Abeille  femelle,  17,  18,  23,  30;  fig.  6. 
Abeille  mâle,  17,  24,  25;  fig.  5. 
Abeille  ouvrière,  18,  19,  20,  21,  22,29, 

30,  31,  32;  fig.  7,  10  bis. 
Abeille  sociale,  144. 
Abeille  (Durée  de  la  vie  de  1') 
Abeille  (Poids  de  1'),  47. 
Abeille  (Volume  de  l'J,  53. 
Abeille  récoltanl  le  pollen,  fig 

neclar,  fig.  2,  4,  138  bis;  — 

lée,  fig.  I-i'i. 
Abreuvoirs,  64. 

Accroche-abeilles,  119;  fig.  136. 
Acherontia  atropos,  Il 4;  fig.  191. 
Achraea  grisella,  1 13,  fig.  120. 
Acide  salicylique.  93.  L09. 
Aération  des  ruches,  59,  107. 
Aiguillon  ou  dard,  21  ;  fig.  16. 
Ailes,  19,  20;  fig.  1t. 
Alcool  de  miel,  127,  134. 
Alvearia,  113  ;  fig.  1W. 
Alvéoles  ou  cellules,  22,  2t. 
Amorce,  35. 
Anesthésie,  87,  115. 
Anneaux  de  l'abdomen,  21. 
Antennes,  18. 
Apiculture  :  son  objet,  9. 
Apiculture  coloniale,  144; 
Apier  ou  rucher,  60,  62. 
Apifuge,  88. 
Apis,  9,  17. 

Appareil  digestif,  22;  fig.  17. 
Appel,  41. 

Airêté;  concernant  les  ruchers,  61. 
Articles  des  antennes,  18. 
Asclépias,  119;  fig.  137. 
Asiles,  115,;  fig.  123. 


Bacille  de  la  loque,  109  ;  fig.  116. 

Barbe,  40. 

Bâtisses  chaudes,  57. 

Bâtisses  froides,  57. 

Bière  au  miel,  134. 

Blaireau,  119;  fig.  134. 

Blanchiment  de  la  cire,  137. 

Bloc  d'entrée  des  ruches,  59. 

Boissons  au  miel,  129. 

Boîte  à  cadres,  98  ;  fig.  110. 

Bouche  de  l'abeille,  18. 

Bourdonnement,  21. 

Bourdonneuse  (Ruche),  96. 

Bourdonneuses  (Ouvrières),  21,  23.. 

Bourdonnière,  97. 

Bourdons,    faux   bourdons   ou  mâles, 

17,  24. 
Braula  caeca,  117;  fig.  130. 
Brèche  ou  rayon,  ou  couteaux,  25. 
Brosse  à  abeilles,  102;  fig.  112. 
Brosse  de  l'abeille,  20. 
Bruissement,  86. 
Burette  à  cire.  37. 
Butineuses,  25. 


Cachetés  (Cellules  et  rayons),  22,  102: 

fig.  18. 
Cadre,  54;  fig.  50,  .5/.  52. 
Cadre  Abbott,  57. 

—  Dadant,  55;  fig.  47. 

—  Debauvoys,  55;  fig.  49. 

—  Langstrolh,  55;  fig.  48. 

—  Layens,  55;  fig.  46. 

—  Voirnol,  56;  fig.  '  '. 
Cadre  amorcé,  35,  98;  fig.  35. 
Cadre  bas,  54,  56:  fin.  47,  4S,  51. 


152 


TABLE   DES    MATIÈRES    ET    DES    FIGURES. 


Cadre  carié,  54;  fig.  49,  52,  53. 
Cadre  haut,  54  :  fig.  46,  50. 
Cadre  à  sections,  58  ;  fig.  56,  57. 
Cadres  du  Congrès,  56;  fig.  50,  51,  52. 
Cadres  (Distance  entre  les),  57. 
Cadres  (Superficie  des),  54. 
Cage  à  reine,  105;  fig.  114. 
Cage  pour  le  transport  des  mères,  50; 

fig.  45. 
Calibre  pour  fixer  !a  cire  gaufrée,  37; 

fig.  38,  39. 
Calibre  pour  les  dentiers,  75;  fig.  87. 
Calotte,  34  ;  fig.  33. 
Camail,  87;  fig.  98. 
Capacité  des  ruches,  53. 
Carnauba,  140. 
Carte  apicole.  141. 
Casiers  à  sections,  57. 
Cellules,  22,  25. 

—  de  mâles,  26  ;  fig.  20. 

—  d'ouvrières,  26;  fig.  19. 

—  de  raccordement,  26. 

—  dv  reine,  26,  21,  W,  fig.  19, 22. 

—  de  sauvelé,  28;  fig.  23. 

—  operculées,  22;  fig.  18. 
Cellules    Construction  des),  25. 
Cellules  ^Dimensions  des),  26. 
Cérésine,  139. 

Cérificateur    ou    Purificateur    solaire, 

138  ;  fig.  146. 
Ceroxylon  andicola,  140. 
Cétoine,  116;  fig.  128. 
Cetonia  cardui,  116. 
Chaleur  nécessaire  aux  abeilles,  29,  31. 
Chambre,  grenier  ou  magasin   à  miel, 

27,  53. 
Chant  de  la  reine,  40. 
Chapiteau.  70. 

Chasse-abeilles,  103;  fig.  113. 
Chevaletàdésoperculer,123;/î(7. 141  bis. 
Chiffons  uitrés,  86. 
Choix  d'une  ruche,  51. 
Chrysalide  ou  nymphe,  29,  io  ;  fig.  -28. 
Chrysomel,  132. 

Cidre  au  miel,  134.  ' 

Cire,  9,  36. 
Cire  (Blanchiment  de  la),  137. 


Cire  'Composition  de  la),  137. 

Cire  (Extraction  de  la),  138. 

Cire  (Falsifications  de  la),  139. 

Cire  (Origine  de  la),  136. 

Cire  (Propriétés  de  la),  136. 

Cire  (Usages  de  la),  137. 

Cire  gaufrée,  19,  34  ;  fig.  41. 

Cire  de  palme,  140. 

Cireuse  (Matière),  140. 

Cirières  (Glandes),  21,  136. 

Cirières  (Ouvrières),  25. 

Clairon  des  abeilles,  116  ;  fig.  127. 

Cocon,  30. 

Colonies  d'abeilles,  17. 

—  orphelines,  23,  94. 
Colonies  (Population  des),  40. 
Colonies  (Réunion  des;,  94. 
Combats,  95,  10t. 
Composition  de  la  cire,  137. 

—  du  miel,  125. 
Conduite  du  rucher,  82. 
Confitures  au  miel,  126. 
Conservation  du  miel,  123. 124. 

—  des  rayons 
Consommation  des  abeilles,  94. 
Constipation,  108. 
Construction  des  rayons,  25. 

—  des  ruches,  72. 
Copernica  cerifera,  140. 
Corbeille  ou  cuilleron  à  pollen,  20. 
Corps  de  ruche,  52. 

Corselet  ou  thorax,  18,  19;  fig.  10. 
Couteaux  ou  rayons,  25. 
Couteaux  à  désoperculer,  123;  fig.  141. 
Couvain,  28,  30,  04. 

—  operculé,  30  ;  fig.  29. 
Couvercle  ou  opercule. 
Couverture  de  la  ruche,  59. 
Crapaud,  118. 
Croisement,  17. 

Cuilleron,  20.  —  Cuisse,  20. 


Dard  ou  aiguillon,  21  ;  fig.  '.6. 
Début  du  rucher,  82. 
Dentier,  70,  76:  fig.  86, 
Dermesle,  117  ;  fig.  129. 


TABLE    DES    MATIÈRES    ET   DES   FIGURES. 


153 


Dessiccation  du  couvain,  110. 
Développement,  29. 

—  de  la  mère,  30. 

—  du  mâle,  30. 

—  de  l'ouvrière,  29. 
Diagramme  d'une  récolte,  100. 
Distance  des  ruches,  6t. 
Droit  de  suite,  46. 

Durée  de  l'élevage,  29,  30. 
Durée  de  la  vie  de  l'abeille,  31. 
Dysenterie,  108. 

E 

Eau,  64,  84. 

—  de  miel,  129. 

—  salée,  64. 
Eau-de-vie  de  miel,  134. 
Eaux  miellées,  134. 
Écartement  des  ruches,  60,  61. 
Édifices  ou  rayons,  25. 
Élevage  des  reines,  49. 
Emmagasinement  du  miel,  27,  53. 
Emploi  du  miel,  126. 

—  de  la  cire,  136. 
Encaustique,  137. 
Enfumage,  84. 

Enfumoir,  85  ;  fig.  94,  94  bis,  95,  96. 
Ennemis  des  abeilles,  112. 
Entrée  des  ruches,  59. 
Envoi  des  mères  parla  poste,  50. 
Éperon  Woiblet,  37  ;  fig.  39,  40. 
Essaim  artificiel,  47. 

—  naturel,  40. 

—  primaire,  40. 

—  sans  mère,  46. 

—  secondaire,  42. 

—  tertiaire,  43. 
Essaim  (Poids  d'un),  46. 
Essaimage,  38,  40. 
Essaimage  artificiel,  47. 

—  naturel,  40. 

Essaims  (Récolte  des),  44;  fig.  45. 
Estomac  ou  jabot,  22,  12!. 
Euphemus  cereanus,  113. 
Extracteur,  38.  102,  123;  fig.  142,  143. 
Extraction  de  la  cire,   I38i 

—  du  miel,  122. 


F 

Facettes  (Yeux  à),  18. 

Farine  ou  surrogat,  84. 

Fausse  teigne,  96, 1  i2;  fig.  117, 118,119. 

Faux  bourdons,  17,  24. 

Fécondation  de  la  reine,  23. 

Fécondation  des  fleurs  par  les  abeilles, 

10,  11,  12. 
Fécondité,  23,  24. 
Femelle  ou  mère   (V.  Reine),  17,  23, 

31,  48,  50. 
Femelle  (Transport  par  la  poste),  50.  " 
Fenêtre-partition,  79. 
Fermentation,  127,  129,  132,  135; 
Feuilles  gaufrées,  36. 
Fixisme,  33. 

Flore  mellifère,  62,  63,  64. 
Fonctions  des  abeilles,  31. 
Fondations,  36,  44. 
Fourmis,  115. 
Frelons,  114;  fig.  1-2-2. 
Frise  à  parquet  72;  fig.  7S, 
Fruits  au  miel,  127. 
Fumée,  85. 
Fumigateur,  110. 

Q 

Galleria,  112;  fig.  117,  118,  119. 

Gants,  88. 

Gardiennes  (sentinelles),  61. 

Gâteaux  ou  rayons,  25. 

Gaufre,  cire   gaufrée,    19,  36-,  fig.  H. 

Gaufrier,  36;  fig.  36,  37. 

Gelées  blanche,  —  royale,  29. 

Glandes  cirières,  21,  136;  fig.  14. 

—      salivaires,  22;  fig.  17. 
Glossomètres,  19;  fig.  9. 
Glucomètre,  134. 
Gordius,  117. 
Greffe  ou  amorce,  35. 
Grenier  à  miel,  27,  53. 
Grille  ou  tôle  perforée,  42. 
Grille  à  mâles,  98;  fig.  109. 
Guêpes,  114. 
Guêpier,    118;  fig.  133. 


15'. 


TABLE    DES    MATIÈRES    ET    DES    FIGURES. 


H 

Hanche,  20. 

Hausses,  38, .52,  99. 

Hérisson,  119. 

Herse  à  désoperculer,  123. 

Hivernage,  106. 

Hydromel,  9,  127,  129,  121,  130. 

Hyménoptères,   17. 


Inclinaison  des  cellules,  27;  fig.  24- 

—  du  plancher  des  ruches,  60. 

Installation  des  ruches,  60. 
Introduction  d'une  mère,  105. 
Invertine,  121. 


Jabot,  22,  121. 
Jambes,  20. 
Jeton,  47. 

K 

Kirsch  au  miel,  134. 


Labre,  18. 

Lamelles  de  cire,  21  ;  fig.  15. 
Langue,  18. 
Languette,  18. 
Larve,  18;  fig.  27. 
Lève-cadre,  90  ;  fig.  100. 
Lèvre  inférieure,  18. 
—  supérieure,  18. 
Lézards,  118. 
Libellules,  114. 
Limonade  gazeuse,  132. 
Liqueurs  au  miel,  129. 
Liquomètre,  134;  fig.  145. 
Loque,  109;  fig.  115,  116. 
Eycoperdoo  ou  Vesse  -de-loup,  86. 


M 


Mâchoires,  18. 


Madère  au  miel,  133 . 

Magasina  miel,  27,  52. 

Maladie  de  mai  ou  Mal  de  mai,  110. 

Mâles  ou  faux  bourdons,  17,  24. 

Masque  ou  camail,  82.  87:  fig,  98. 

Mandibules,  18. 

Maternelle  (Cellule),  26. 

Melliflcateur  solaire,  122;  fig.  140. 

Méloé,  115;  fig.  125,  126. 

Mère    (V.    Reine),    17,    23.     31,    47, 

48,50. 
Mère  :  Élevage,  49. 

—  Développement,  30. 

—  Durée  de  la  vie,  31. 

—  Introduction,  105. 

—  Ponte,  24,  29,  31,  93. 

—  Remplacement,  105. 

—  Renouvellement,  105. 

—  Transport  par  la  poste,  50. 
Mère  de  sauveté,  28,  43. 
Mermis,  117;  fig.  132. 
Mésothorax,  19. 
Métamorphoses,  2y. 
Métamorphoses  (Durée  des),  30. 
Métathorax,  19. 

Miel,  9,  12,  29,  121. 

—  en  rayons,  122. 

—  en  sections,  1-22. 

—  operculé,  22. 

Miel  (Composition  du),  123. 

Miel  (Conservation  du),  124. 

Miel  (Emmagasinement  du),  27,  52. 

Miel  (Extraction  du),    122. 

Miel  (Falsification  du],  125. 

Miel  (Granulation  du),  124. 

Miel  (Magasin  à),  27,  52. 

Miel  (Production  du),  100;  fig.  114. 

Miel  (Purification  du),  124. 

Miel  (Usages  du},  L26. 

Miellat,  121. 

Miellée,  94,  99,  121. 

Mielliers,  121. 

Mobilisme,  33,  39. 

Moisissure,  111. 

Mouches  à  miel,  9,  17. 

Moules  à  cire,  138. 

Mulots,  118. 


TABLE    DES    MATIÈRES    ET    DES    FIGURES. 


155 


N 

Narcotisme,  110. 

Nectaires,  12,  121;  fig.  S,  138. 

Neclar,  121. 

Neige,  84. 

Nettoyage  des  ruches,  83. 

Nettoyeuses,  81. 

Nid  à  couvain,  53. 

Nitrate  de  potasse  ou  nilre,  86. 

Nourrices,  25. 

Nourrissement,  90,  93,  103. 

Nourrissement  d'automne,  104. 

—  spéculatif,  94. 

Nourrisseur,  44,  9t,  92. 

—         Brialmont,  92;  fig.  105. 

—  Dadant,  69  ;  fig.  77. 

—  Derosne,  92;  fig.  104. 

—  Fusay,  91. 

—  Gariel,  92. 

—  Malessard,  91;  fig.  101. 

—  de  Layens,  91  ;  fig.  102. 

—  Raynor,  92  ;fig.  102  bis. 

—  Siebenthal,  92  ;  fig.  103. 
Nourriture  des  larves,  29 
Nymphe,  29,  30  ;  fig.  28. 


Ocelles,  18. 

Odeur,  25,  111. 

Odorat  des  abeilles,  1)5. 

OEnomel,  132. 

OEufs,  29;  fig.  26. 

Opercules,  22. 

Orientation  des  ruches,  60. 

Orpheline  (Ruche),  23,  84 

Ouïe,  18. 

Ours,   119. 

Ouvrières,  18. 

—        pondeuses,  21,  95. 
Ouvrières  (Fonction  des),  31. 
Ouvrières  (Nombre  des),  40. 
Ouvrières  (Travaux  des),  22. 
Ovaires,  21,  29;  fig.  25. 
Oxymel,  132. 
Ozokérite,  139  • 


Pain  d'épice,  126. 

Palpes,  18. 

Panier  de  mouches  à  miel,  51. 

Parthénogenèse,  23. 

Partition,  37,  38,  5f,  70;  fig.  42. 

Puttes  de  l'abeille,  20;  fig.  11. 

Philanthe,  115:  fig.  124. 

Phora,  117. 

Piège  à  bourdons,  97  ;  fig.  106, 107, 108. 

Pillage,  95,  101. 

Piqûres,  87. 

Planche  de  partition,  37,   3S,  53,  70; 
fig.  42. 

Planchette  de  vol,  60,  72. 

Plantes  mellifères,  62,  63. 
—      pollinifères,  64. 

Plateau  des  ruches,  74,  76,  78. 

Pollen  (Récolte  du),  11. 

Pollen  rouget  (altéré  par  la  fermen- 
tation). 

Poids  d'un  rayon,  56. 

—  d'une  abeille,  47. 

—  d'un  essaim,  46. 
Pondeuses  (Ouvrières),  21,  95. 
Ponte,  24,  29,  31,  88. 

—  des  ouvrières,  20,  '.'5. 
Ponte  (Grande),  24. 
Population,  38.  40. 

Porte  ou  entrée  des  ruches,  59. 

—  d'entrée  à  pitons,  69;  fig.  76. 
Pou  de  l'abeille,  117;  fig    130. 
Pourriture  ou  loque,  109;  fig.  115. 
Presse  à  cire  gaufrée,  36. 
Propolis,  22,  27,  52.  140 
Propolisation,  75. 

Prolhorax,  19. 
Provisions,  60,  103. 
Purificateur  solaire,  139  ;  fig.  146. 
Putois,  119;  fig.  135. 

R 

Races,  17. 

Rage  des  abeilles,  116. 

Rappel,  41. 


loicrq 


1S6 


TABLE    DES    MATIERES    ET    DES    FIGURES. 


Râleau,  20. 

Rayon  (Poids  d'un),  56. 

Rayons,  25. 

Rayons  à  couvain,  30. 

—  défectueux,  98. 

—  loqueux,  109;  fig.  115. 
Rayons  (Conservation  des),  107. 
Rayons  (Couleur  des),  28. 
Rayons  (Disposition  des),  35;  fig.  34. 
Rayons  (Epaisseur  des,  26. 
Récolte  du  miel,  102. 

Récolte  d'un  essaim,  44  ;  fig.  44. 
Reine  ou  mère,  17,  23,  31,  48,  50. 

—  élevage,  49. 

Reine  :  Envoi  par  la  poste,  56. 
Reine  (Fécondation  de  la),  23. 
Reine  (Fécondité  de  la),  24. 
Reine  (Ovaires  de  la),  29. 
Reine  :  Parthénogenèse,  23 
Reine  (Remplacement  de  la),  105. 
Rejeton,  47. 

Remèdes  contre  les  piqûres,  88. 
Remplacement  des  mères,  105. 
Renforcement  des  ruches,  94. 
Renouvellement  des  mères,  105. 
Reparon  ou  essaim,  47. 
Ressources  mellifères,  15. 
Rétrécissement  de  la  ruche  l'hiver,  106. 
Réunion  des  colonies,  94. 
Rôle  de  l'abeille,  10. 
Ruche,  51. 

—  anglaise  Abbott,  78. 

—  arabe,  145  ;  fig.  147. 

—  à  arcade  ou  en  ogive,  67,  68; 

fig.  63. 

—  à  cadres,  35. 

—  à  calotte,  34  ;  fig.  33. 

—  à  hausses,  67,  68;  fig.  63. 

—  à  double  paroi,  52. 

—  à  rayons  fixes,  34. 

—  à  rayons  mobiles,  34,  51. 

—  en  liège,  33  ;  fig.  30. 

—  en  osier,  33,  34;  fig.  31. 

—  en  paille,  34;  fig.  St. 

—  Berlepsch,68,  69;  fig.  66. 

—  Bertrand,  68,  76;  fig.  7*. 

—  Blatt,  71. 


Ruche  Bosc,  81. 

—  bourdunneuse,  95. 

—  Burki-Jeker,  68,  78;  fig.  74. 

—  cubique,  79. 

—  Dadant,  60,  68,  76;  fig.  68,  8ê 

—  Debauvoys,  69. 

—  Della-Rocca,  64,  68;  fig.  61. 

—  Derosne,  68,  77;  fig.  71. 

—  Devauchelle,  79. 

—  diagonale,  77. 

—  du  Soudan,  145;  fig.  148. 

—  Dzierzon,  66. 

—  Favarger  68,  69;  fig.  69. 

—  française,  80;  fig.  9-2. 

—  Fumagalli,  69. 

—  Gariel,  77;  fig.  90,  91. 

—  horizontale,  66. 

—  grecque,  66,  67;  fig.  60. 

—  Huber,  66,  68;  fig.  64. 

—  jumelle,  69,  75;  fig.  75. 

—  Kesel,  77;  fig.  88  bis. 

—  Langstrolh,  67,  69;  fig.  67. 

—  Layens,  68,  69,  71;  fig.  7$,  78, 

79,  80,  81,  82,  83.  84 

—  mère,  43. 

—  métrique,  67,  77;  fig.  65. 

—  mixte,  3'.»;  fig.  42  bis. 

—  Mona  et  Warquin,  67:  fig.  70. 

—  Munn,  69. 

—  orpheline,  94. 

—  Prokopowitsch,  69. 

—  Quinby,  70. 

—  Sagot,  77;  fig.  89. 

—  verticale,  66. 

—  désorganisée,  96. 

—  faible,  94. 

—  d'observation,  80  ;  fig.  93. 
Ruches  (Aération  des),  59. 
Ruches  (Agrandissement  des),  52. 
Ruches  (Capacité  des),  53. 
Ruches  (Construction  des),  72. 
Ruches  (Entrée  des),  59. 
Ruches  (Espacement  des),  60,  61 
Ruches  (Orientation  des),  60. 
Ruches  (Peinture  des),  52. 
Ruches  (Renforcement  des,  94. 
Ruches  (Toile  cirée  des),  59. 


TABLE    DES    MATIÈRES    ET    DES    FIGURES. 


loi 


Ruches  (Ventilation  des),  59. 

Ruchée,  51. 

Rucher.  60,  62. 

Rucher  de  Montsouris,  63  ;  fig.  59. 

Rucher  du  Luxembourg,  89;  fig.  99. 

Rucher  couvert,  64;  —  flottant,  65. 

—  octogonal,  65;  fig.  59  bis. 

—  type,  62;  fig.  5S. 
Rucher  (Conduite  du),  82. 
Rucher  (Installation  du),  15. 
Ruchette.  81. 


Saison  des  essaims,  43. 

Salpêtre,  86. 

Sauveté  (Cellule  de),  28;  fig.  23. 

Sauveté  (Mère  de),  28,  43. 

Sections,  57;  fig.  57. 

Sections  (Miel  en),  122. 

Sel  (Eau  salée),  64. 

Sentinelles,  61. 

Séparateurs,  58;  fig.  56. 

Sétaire,  119; /fy.  136. 

Socle,  60. 

Soins  généraux,  96. 

Soleil  d'artifice,  31. 

Souche,  42. 

Souris,  118. 

Sphinx  tète  de  mort,  114;  fig.  121. 

Statistique  apicole,  142. 

Stemmates  ou  yeux  lisses,  18. 

Stigmates,  23. 

Sucre,  93. 

Surrogat,  84. 


Tablier  ou  plateau.  74,  76,  78. 

Tan  rouge.  147. 

Tarse,  20. 

Température  des  ruches,  29,  31. 

Tète  d'abeille,  18;  fig.  8. 

Thorax,  18,  19;  fig.  10. 

Toile  cirée,  59. 

Tôle  perforée,  42;  fig.  43. 


Tonique  au  miel,  128. 
Tonneau  à  fermentation,  130;  fig.  144. 
Tranquillité  nécessaire  aux  abeilles,  99. 
Transport  des  mères  par  la  poste   50. 

' —        des  ruches,  96. 
Transvasement,  82. 

Traverses  du  cadre  Abbott,  57;  fig.ôj. 
Trichodes  apiarius,  116;  fig.  127. 
Trichodactyle.  117;  fig.  131. 
Triongulin,  115  ;  fig.  125. 
Trompe  ou  langue,  18, 19. 
Trou  de  vol,  70. 

U 

Usages  de  la  cire.  137. 

—      du  miel.  126. 
Utilité  de  l'abeille,  L0. 

V 

Vaccination,  88. 
Venin,  21. 
Ventilateuses,  54. 
Ventilation,  59. 
Ventileuses,  54. 
Vertige,  110. 
Vespocule,  103. 
Vesse-de-loup,  86. 
Vieillesse  des  abeilles,  31. 
Vin  au  miel,  132. 

—  de   groseilles,     cerises,     mûres, 

prunes,  etc.,  133. 

—  de  Champagne,  134. 
Vinaigre  dans  le  nourrissement,  93. 
Vinaigre  de  miel,  131,  134. 

Visite  des  ruches,  83,  84,  97,  103. 
Visite  (Grande),  97. 
Voile,  87;  fig.  97. 
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Boissons  hygiéniques. 

Champignon.   18   gravures. 

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Cidre  et  poiré.  14  gravures. 

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Bâtiments  ruraux.  7  grav. 

Brés  et  pâtures.  25  grav. 

Matériaux  de  construc- 

Engrais. 

tion,  'i  gravures. 

Bœuf.  14  gravures. 

Maçonneries    et  Hour- 

Vache  et  veau.  18  gravures. 

dis.  17  gravures. 

Bore.  12  gravures. 

Béton  et  ciment.  19  grav. 

Mouton.  8  gravures. 

Bise     et     clayonnages. 

Chèvre.  8  gravures. 

15  gravures. 

Cheval  de  labour  22 grav! 

Charpentes    et   couver- 

Lapin.  14  gravures. 

tures.  22  gravures. 

Boule.  20  gravures. 

Logement    des     ani- 

Oie. 10  gravures. 

maux.  26  gravures. 

Dindon.  10  gravures. 

Annexes  rurales.  20  grav. 

Bigeon.  11  gravures. 

Bois     et    boisement. 

Canard,  13  gravures. 

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Richesses  perdues. 

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La  RtbLLothçLqiLH 
Université  d'Ottawa 
Echéance 


The,  1-lbKa/iy 
Uni  vers ity  of  Ottawa 
Date  Due 


NÛV  2  8 198S 


NOV  2  8 I9K 


Tout  ce  qui  ''  passe  en  revue 

pétents  :  histoire   naturelle  du    poisson,  pis 
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